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LORÉDAN LARCHEY
DICTIONNAIRE
HISTORIQUE
D'ARGOT
HUITIÈME ÉDITION
i:)ES EXCENTRICITÉS "BU LANGAGE
AUGMENTEE D'UN SUPPLEMENT
MIS A LA HAUTEUR I)ES RÉVOLUTIONS DU JOUR
PARIS
K. UK.NTC. i.iBii Aii{i:-r:j)rTi:i'ii
PALAIS-ROYAL, 1 0-1 7-19, GALERIE D'ORLÉANS
PC
2741
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DICTIONNAIRE
D'ARGOT
te-.
IMPRIMERIE D. BARDIN, A SAINT-GERMAIN.
uORÉDAN LARCHEY
DICTIONNAIRE
HISTORIQUE
D'ARGOT
HUITIÈME ÉDITION
DES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE
AUGMENTÉE D*UN SUPPLÉMENT
Mis à la hauteur des révolutions du jour
PARIS
E. DENTU, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIETE DES GENS DE LETTRES
PALAIS-ROYAL, I 5- 17- 19, GALERIE d'ORLÉANS
1880
Tous droits réservés
INTRODUCTION
I. Universalité du domaine de l'argot. — II. L'argot considéré
dans ses sept éléments de formation (i. Vieux mots. — 2. Subs-
titutions.— 3. Modifications. — 4. L'argot actuel. — 5. Harmonies
imitatives. — 6. Jeux de mots. — 7. Souvenirs. — 8. Importa-
tions.) — III. Richesses de l'argot. — IV. Ses rapports avec les
mœurs. — V. Notre méthode. — VI. Comment le besoin de ce
Dictionnaire s'est fait sentir de plus en plus. — VII. Ce qu'on
pensait de l'argot avant nous.
L — Universalité du domaine de l'argot.
L'argot passe généralement pour être un dialecte spé-
cial aux malfaiteurs. Sans être illogique, nous avons cru pou-
voir étendre son domaine en comprenant dans ce vocabu-
laire toutes les excentricités de langage qui se produisent
chaque jour dans les autres classes de la société. A le bien
considérer, d'ailleurs, le mot d'argot Justifie toutes les exten-
sions. Sans le faire venir du grec argos^ comme on l'a pré-
tendu avant nous, nous y verrions logiquement un diminutif
du vieux mot argu qui signifiait injure, reproche^ et aussi
ruse, finesse, subtilité. — Dès le xive siècle, hargoter vou-
lait dire railler, dire des sottises. On le voit par le glossaire
de Du Gange auquel il faut toujours recourir en matière
d'étymologie.
De même bigorne, synonyme d'argot, qu'un autre étymo-
logiste a confondu avec l'enclume dite bigorne, n'est qu'un
substantif tiré de l'ancien verbe biguer : changer, troquer.
Parler bigorne ou argot signifie donc : parler un langage
a
II INTRODUCTION.
troqué^ changé, user d'un langage de railleur, de sottisier.
A ce compte, les salons ont eu leur argot comme les tapis
francs; les précieuses du jour ne le cèdent en rien aux ;
gueux de nos cours des miracles^ et nous sommes auto- I
risé à prendre notre bien où il se trouve. Mais c'est
surtout au point de vue parisien que nous avons clierché
à rendre ce glossaire complet, parce que, en fait de lan-
gages, Paris est le grand rendez-vous. Là, se fabriquent ou
se retrempent tous les mots nouveaux : ceux du bagne comme
ceux du sport, ceux du boudoir comme ceux de l'ateliei , ceux
delà caserne comme ceux des couloirs de l'Assemblée, ceux
de la halle comme ceux du collège et du journalisme. C'est
dans le grand torrent de la circulation parisienne que les
nouveaux venus viennent se confondre, et s'abandonner au
courant qui doit décider de leur fortune ; car Paris 1 lit la
mode des mots, comme il fait la mode des chapeaux.
Toutefois, je ne signale là qu'un premier pas. Du caprice
de la mode à la consécration de l'usage et surtout au passage
dans la langue régulière, il y a loin. Ici, plus que jamais, on
peut répéter : « Beaucoup d'appelés, peu d'élus. »
Et, cependant, parmi les élus, combien en est-il dont vous
ne soupçonneriez guère la récente origine ! Laissez-moi vous
en rappeler quelques-uns. On ne s'en souvient plus as^ez.
S'imaginerait-on qu'en 1693, les adjectifs haineux, dé-
sœuvré^ respectable^ le substantif im/'o/zVesse, etc., n'étaient
pas français (1) ?
S'imaginerait-on qu'en 1726, on passait pour parler argot
quand on disait : détresse^ scélératesse^ encourageant^ éru-
dit, inattaquable^ improbable^ entente^ naguères (2) ?
Où sait-on maintenant que, en i8o3. Mercier, l'auteur du
Tableau de Paris^ faisait deux grands volumes tout exprès
pour solliciter l'admission de mots aujourd'hui fort bien
portés, tels que : fusion^ fureter^ franciser, flageoler^ etc.,
(i) Voyez Caillières dans son livre des Mots à la mode,
(2) Voyez l'abbé Desfontaines dans son Dictionnaire néolo^^ique.
INTRODUCTION. Ht
etc. (i), mots que ses confrères de l'Académie n'avaient pas
acceptés encore?
Nous en passons, et des plus connus, mais les exemples que
nous venons de donner suffiront pour montrer qu'il ne faut
pas se presser de proscrire une locution nouvelle. Toutefois,
redisons-le bien, les .élus ont été et seront toujours en petit
nombre dans la foule croissante des néologismes. Sans nous
en exagérer la valeur, bornons-nous donc à la considérer
comme une réserve d'enfants perdus qu'on peut utiliser à l'oc-
casion, et que, dans tous les cas, il importe de connaître, —
ne fût-ce que pour savoir ce qu'il faut éviter.
II. — • L'argot et ses éléments de formation.
Autant que notre travail nous a permis de le voir, nos di-
vers argots ne constituent pas ce qu'on appelle une langue,
mais un langage de convention, danâ la formation duquel
n'entrent pas moins de sept éléments. Nous les désignons
ainsi: i° vieux mots; 2© substitutions de mots; 3» modifi-
cations de mots ; 4» harmonies imitatives ; 5» jeux de mots ;
6» souvenirs ; 70 importations.
Cette nomenclature, aussi peu scientifique que possible,
paraîtra plus claire, si on veut bien examiner les courts aper-
çus que nous allons consacrer à chaque classe.
VIEUX MOTS.
Cette première classe constitue le noyau de l'argot. Elle
se compose des vieux mots de langue d'oil ou de langue
d'oc, dont nous avons retrouvé trace dans les trois diction*
naires spéciaux de Du Gange, de Lacombe et de Roquefort.
Ce dernier est le plagiat d'un glossaire manuscrit de Barba-^
zan.
Ces vétérans sont plus nombreux qu'on ne le croit. -^
Ainsi, déjà l'ancienne Provence donnait à certaines vieilles
(i) Voyez sa Néologie,
IV INTRODUCTION.
femmes le nom irrespectueux de vieux cabas. Notre bagou
descend en droite ligne de l'ancien catalan bagol, dont la
blague moderne pourrait bien n'être qu'une forme inter- j
vertie, car les deux mots ont absolument le même sens.
Ainsi, un verbe dont nous nous seVvons souvent dans la
langue familière, le werbe ficher^ se rencontre dans nos chro-
niques du xiv^ siècle. Nous y voyons un maréchal de Bouci-
caut contraindre les Sarrasins en retraite à se ficher dans des
jardins où il les poursuit ; il fiche en prison ceux qu'il at-
trape.
Comme ficher^ truc (rouerie, malice) se retrouve dès le
xiv^ siècle, dans une chronique du duc Jean de Bretagne,
Battre (mentir) et batterie (mensonge) viennent évidem-
ment du vieux mot baster : tromper.
L'usage d'appeler anglais son créancier est constaté au
XV® siècle.
Rutebœuf, un poëte qui rimait du temps de saint Louis,
et qui aimait à dormir, trouve déjà que le réveil est une
chose tannante.
^ Si on ne vendait pas de prunes dans les caboulots du
temps jadis, on connaissait du moins le mot comme syno-
nyme de cabane. Le caboulot est devenu guinguette, puis
petit comptoir. Le trinqueur ami qui vous y appelle ma vieille
branche par pure amitié ne se doute guère qu'on donnait
autrefois le nom de branche' au compagnon associé dans une
affaire.
Si Rabelais, qui est contemporain de François P'", n'écrit
^as piquer le renard^ il écrit escorcher le regnard^ce qui n'en
dififère pas trop. S'il n'écrit pas caner (avoir peur), il écrit
très-souvent faire la cane^ ce qui est absolument la même
chose. Il sait aussi ce que c'est qu'un œil. au beurre noir.
Non moins que Victor Hugo, Rabelais, le profond facétieux,
eût relevé le mot de Gambronne, car il le met sans ver-
gogne à toutes sauces, absolument comme beaucoup trop de
nos contemporains, qui n'ont, hélas ! conservé de Rabela is que
ce mot-là. Vous nous dispenserez de l'écrire, n'est-ce pas ?
Ce sera bienasseztôt quand, avec lalettreM, son tour viendra.
A part ceux que nous venons de rappeler, presque tous les
INTRODUCTION. V
vieux mots d'argot ont été transmis parles classes dangereu-
ses. Là semblent s'être conservées les traditions, comme
dans certains villages où le patois d'aujourd'hui n'est au fond
que le bon français d'il y a quatre cents ans, maintenu en de-
hors de toutes nos modifications. Ainsi les voleurs qui disent
arpion pour pied, imitent nos pères qui disaient harpion
pour griffe. Leur abèquer (nourrir) n'est autre que l'ancien
verbe abécher. Arnache (tromperie) descend en droite ligne
du verbe ^<îrnac/zer (tromper). Uanquilleuse qui vole dans
nos magasins est vieille de plusieurs siècles. Le Jîjî vidan-
geur avait dès Tan i35o Thonneuf d'être nommé dans une
ordonnance du roi Jean. Estrangouiller (étrangler) est un
mot de langue romane qu'on devinerait rien qu'en pensant
au latin strangulare (on prononçait strangoularé). De
même, cadenne (chaîne) et pecune (argent) sont des formes
pures des mots latins catena et pecunia. Le carie et les pim-
pions rappellent des monnaies historiques. — Nous citons quel-
ques exemples seulement, et nous sommes loin de tout donner.
(Voyez Bigorne^ Daron^ Cabas ^ Bouler^ Caruche^ Butter^ Ca-
ler ^Chiquer.) A défaut des glossaires du moyen âge, les patois
de nos provinces éclairentaussi d'une façon inattendue les éty-
mologies de certains mots. Clest ainsi qu'on retrouve brimer
en Poitou et biffin en Champagne. Cherchez dans le dialecte
flamand, et vous retrouverez le charriage dit à l'américaine
dans charrier : mystifier.
SUBSTITUTIONS.
Les substitutions, — qui consistent à remplacer un mot
par un autre pris arbitrairement, — composent une classe
considérable, formée par divers procédés dont les concep-
tions, bizarres au premier abord, finissent par sembler plus
raisonnées qu'on ne se le figure.
Il y a les substitutions de la partie au tout : tricorne pour
gendarme, cadran pour montre...
Les substitutions de l'effet à la cause : tremblante pour
jièvre^ casse- gueule pour bal., musicien pour haricot., pleurant
pour ognon^ raide pour eau-de-vie...
VI INTRODUCTION.
Les substitutions de fonctions : avaloîr pour gosier, palpi^
tant pour cœur, pique en terre pour poule, fauchant pour ci- ,
seauy raclette pour patrouille, cabe pour chien, tourne au* \
tour pour tonnelier, toquante pour montre...
Les substitutions d'aspect : trouée pour dentelle, moricaud
pour broc de vin, bleu pour vin, noir pour café, prime de
monsieur pour évêque.
Il y a surtout les substitutions par analogies qui sont ou
animales, ou végétales, ou matérielles.,.
Presque toujours ironiques, les analogies animales ne res-
pectent rien. Avant Grandville, elles ont signalé tout ce qui
pouvait leur offrir quelque prise dans le roi de la création.
Nous le montrerons tout à l'heure, en parlant des rapports
de l'argot avec nos mœurs.
Si de la description de l'homme, on passe à la désignation
des types, on trouve le sot représenté par le daim, la buse^
le dindon; le niais, par le serin, le blaireau; l'avare, par le
chien; l'inconstant, par le papillon; le méchant, par V aspic;
l'agent secret, par la mouche; l'usurier , par le vautour; le
pingre, par le rat; le superbe, par le lion; le misanthrope,
par Vours; l'homme emporté, par le cheval; le bon c :)mpa-
gnon, par le lapin; l'homme arriéré, par Vhuitre, le mollusque;
la femme légère, par la biche, la cocotte, le chameau. Castor,
canard, bécasse, merlan, ourson, veau, vache, tigre, loup,
couleuvre, chatte, vipère, cloporte, chouette, crapaud, gre-
nouille, viennent encore à la file. La sangsue, le phénix, l'âne
et la mule sont classiques et nous les rappelons pour mé-
moire. On connaît enfin le rôle que jouent mon chai, mon
chien, mon bichon, ma bichette, mon canard, ma cocotte, ma
poule, mon rat, dans le vocabulaire de l'amitié, et aux oi^
seaux, dans celui de l'admiration.
Non moins remarquables sont les termes de comp«\raisoa
demandés au règne végétal.
La dent gâtée est une/ou de girofle } la perruque, ui ga--
INTRODUCTION. VII
!^on : le chiendent symbolise la difficulté; le cœur d'artichaut,
l'inconstance ; les pruneaux sont la mitraille ; les noyaux^
l'argent; la pelure est l'habit; la coloquinte^ une tête énorme;
le cornichon, le melon, le cantaloup désignent un niais d'air
biscornu, à dehors épais. L'homme sans consistance est une
fenasse; le prête-nom, un homme de paille. Le dédaigneux
fait sa poire. Le chou entre dans la composition de six mots
d'acception différente. On sait ce que veulent di'^e tirer une
carotte et donner une giroflée à plusieurs feuilles.
Des navetsï des nèfles! jouent un grand rôle dans les refus.
Mon trognon est amical. Aux pommes ! aux petits oignons!
aux truffes ! ïouvmssQnl trois superlatifs aux gens satisfaits.
— Enfin il y 2i fagots et fagots^ et la fashion a sa fleur des
pois.
Les analogies prises dans le monde matériel s'attaquent à
tout indistinctement. Elles font d'une capsule ou d'un
tuyau de poêle wotre chapeau; des pincettes, vos jambes;
d'une salière, votre creux d'épaule ; d'une fourchette, votre
main ; d'une anse de panier, votre bras. La pioche est le tra-
vail; la scie, une mystification; le raisiné, du sang; la dra-
gée, une balle. Avec tout ce qu'on a demandé de compa-
raisons à la musique, on pourrait composer un grand
orchestre : musette, guimbarde, flageolet, trompette, tam-
bour, cornet, guitare, harpe, flûte, sifflet, grosse caisse. Cela
ne semble-t-il pas complet? Dans cet ordre de chose s -là, on
peut aller encore bien loin. Seulem n , prenez garde aux
tuiles en sortant, et méfiez-vous àQs ficelles!
MODIFICATIONS ET DEFORMATIONS.
Les modifications des mots obéissent visiblement au désir
de ne pas être compris par un importun. C'est un français de
convention. La première syllabe de chaque mot reste généra-
lement seule intacte; les autres sont modifiées de la façon la
plus arbitraire.
Ainsi dit-on cribler pour crier ^ çonnobrer pour connaître^
VIII INTRODUCTION.
coltiger pour colleter^ valtreuse pour valise^ insolpé pour fw-
solent, encible pour ensemble^ galuché pour galonné^ balu-
chon pour ballot...
Les uns affectionnent la désinence ar ou mar : guichemar
(guichetier), épicemar (épicier), arpagar (arpagon)...
Les autres tiennent pour mont, et disent gilmont (gilet),
briqmont (briquet), cabermont (cabaret), promont (procès),
paquemont (paquet)...
Ceux-là sont pour anche : boutanche (boutique) , prêfec-
tanche (préfecture).
Ceux-ci, pour in : madrin (madré), paquecin (paquet),
burlin (bureau), orphelin (orfèvre)...
L'o est très en faveur : icigo (ici), Versigo (Versailles). Pé-
lago (Pélagie), sergo (sergent de ville), tringle (soldat du
train), moblo (mobile), invalo (invalide), excuso (excusez), la-
bago (là-bas).
Demi-stroc (demi-setier), vîoque (vieux), /'(jsfz^wer (passer),
ramastiquer (ramasser), sepère (soi), me^ières (moi), Amélie
(Rouen), Canelle (Caen), offrent d'autres variétés de dési-
nences.
Rococo (rocaille) est un des rares exemples à citer en de-
hors du peuple.
Quelquefois on dénature aussi la première syllabe, en ne
laissant subsister de l'ancien mot que les consonnes initiales.
Exemples : trèfle (trou), trèpe (troupe), la Mine (le Mans),
Brutus (Bretagne), mais c'est exceptionnel.
N'oublions pas les chercheurs de combinaisons qui sou-
mettent leur parler à un procédé de déformation uniforme.
Ainsi prenons l'adjectif bon: ceux qui parlent en lem disent
/ow^em; ceux qui parlent en /mcA disent lonbuch; ceux qui
l>3ir\ent javanais diront bavon; ceux qui parlent en loque di-
ront lonboque; ceux qui parlent en dunon diront nondubon.
Les finales conventionnelles dun^ mar^ aille^ orgue, si^'ue^
ciergue^ offrent encore des combinaisons de même famille.
Et ainsi de suite pour tous les mots possibles. On peut varier
et multiplier à l'infini.
Mais ces modifications qui vous rendent inintelligible pour
INTRODUCTION. IX
les profanes (si elles sont exécutées rapidement), ont l'incon-
vénient d'allonger démesurément la phrase, ce qui est un
grand obstacle à leur popularité, et ne les rendra guère usuelles
en dehors des classes dangereuses pour lesquelles elles sont
une nécessité.
Les abréviations, qui sont aussi des modifications de mots,
sont plus faciles à reconnaître. Sauf deux (cipal pour munici-
pal^ et croc pour escroc)^ il est à remarquer qu'elles portent
sur les finales. Exemples : Autor (ité), — achar (nement),
— aristo (crate),— bac (carat), — bénéf [ïce), — cabot (in),—
can {on), —champ (agne), — comm (erce), — consomm (ation),
— démoc (rate), — émos (ion), — dégui (sèment), — es (croc),
— estom (ac), — from (âge), —job (ard), — lansq (uenet), —
liquid (ation), — méphisto (phélétique), — occas (ion), — paf
(fé), — pante (inois), — perpette (uité), — photo (graphie), —
poche (ard), — réac (tionnaire), — rata (touille), — sap (in),
topo (graphique), — typo (graphe), — voite (ure).
Quelquefois l'abréviation redouble la première syllabe
du mot comme dans :^ou:^ou : zouave, et nounou: nourrice.
l'argot actuel.
A l'heure qu'il est, l'argot obéit plus que jamais aux ten-
dances abréviatrices signalées ci-dessus. On ne dit plus mas-
troquet mais troquet, tailbin mais talbin^fourgat mais /owr-
gue, faffiot mais faffe, pédéro mais pédé, radin mais rade.
Sans la connaissance des termes anciens, on serait souvent
embarrassé de caractériser la formation, ou plutôt la défor-
mation des nouveaux.
Pour ce qui regarde le langage des classes dangereuses, je ne
saurais en donner une meilleure preuve que ce fragment
des Mémoires d'un voleur nommé Beauvilliers, jugé en
police correctionnelle pour tentative de vol en 1878. Il a été
publié par le Figaro du 4 août.
J'ai vingt-trois ans, je suis garçon boucher;
A l'âge de quatorze ans je fesai mon apprentissage à la bouche-
rie Duval, à la Madelaine.
X INTRODUCTION.
i" affaire, 4 mîlîé (4,000 francs), en allant en recête au bout de
huit mois que j'étais dans la maison. J'ai mangé tout, Tesiiacede
quatre mois, mon perd les a remboursé et m'a fait mettre à la
Roquette pour trois mois. Il est mort dans l'intervalle, de là j'ai
goipé au théâtre, fesait la portière et je vendai des talbin, cigare
et du feu.
Dix-sept ans : J'ai commencé à faire l'étalage, réussi pendant
un an; pas d'enfilage.
Dix-huit ans : Je fesai le rade et la condition, je me camouflait
et avec des faux faffe j'allai dans les bureaux de placement avec
une tune, je ne manque pas le coche de 2 pille chez un troquet.
Premier sapement : six mois. Laissez-là.
Dix-neuf ans : de Ik j'ai fait les coquines passage JouffVoi, Notet
des ventes (à la salle Drouot qui est voisine?), etc.
Bien réussi un pédé au chantage de 1,800 francs, un bobe et
une bride en jonc, harnais de toute sorte avec mon poteau Co-
conas.
Vingt ans : Je me remets &uturbin dans la boucherie, je fais les
pièces destaché.
Au bout d'un an, poissé avec une pesée de gigot que j'allais
fourgué, deuxième sapement.
Les trois brèmes {les 3 cartes , jeu de hasard) pendant six mois,
réussi.
Ici Beauvilliers se vante de Texploitation d'une fille qui lui
rapportait 2 5o francs par mois, puis il dit mélancoliquement:
Où est ce temps-là, j'avais bonheur, argent, amour tranquille,
les jours se suive mais ne se ressemble pas. Mon mignon con-
naissait l'anglais, l'allemand, très-bien le français, l'auvergna et
l'argot que je lui aprenais de la boucherie, folie!!!
Un commencement de jalousie me prend et je fais sortir mon
mignon de la maison, et, plus grande folie encore, je la mets sur
le turbin.
Pendant six mois gagneuse d'argent gros comme elle. Au bout
de six mois, malade, cinq mois, à Saint-Lazare. Rebectage de
mon côté, plus d'argent, goipé, paillassonj tourné au vinaigre ; hé-,
las! plus de femme, je la vais perdu.
Vingt et un an, rangé des voitures.
Dansai avec Peau-Rouge, l'Anglais, Simonne et Flageolet, et
moi je remplaçai l'Anglais en Italienne dans les quadrilles gro-
tesques; 5 francs tous les soirs pendant deux mois au concert de
la Gaîté, et un mois au Pavillon-de-l'Horloge, aux Champs-Ely-
sées; pendant quatre mois, l'hiver, aux Porcherons, assez heureux.
A vingt-deux ans, je me remets au turbin.
INTRODUCTION. XI
Le i«' avril, le matin, je rencontre des garçons des halles que
j'avais vu à Sainte-Pélagie, Godard et Dartagnan; le dernier me
dit donc : « J'aurais besoin d'outil, j'ai une condition à faire. » Je
lui dis : Je n'en ai pas, seulement j'ai un monseigneur que je
pourrai te prêter; bref, je lui dis : « Je te l'apporterai à trois
heures, au café de la Boucherie; en même temps j'irai chez mon
fourgue lui porter ce que j'ai à la maison. » Donc, à trois heures,
je lui porte ce monseigneur, et en même temps j'avais les affaires
en question, la bague, la tabatière, les boucles d'oreilles, la montre
et l'épingle; nous buvons ensemble deux ou quatre absinthes, et
il m'ennuit tant que je finis par aller avec lui voir cette fameuse
condition rue Vivien ne.
Nous montons, et moi je frappe à la porte; personne. Je sonne
et personne ne répond. J'allume, et mon Dartagnan file le luc-
trème dans la porte ; au même moment, la porte s'ouvre, et une
femme paraît et elle gueule à la chienlit. Je descends quatre à
quatre les escaliers, et lui aussi; il sort dans la cour, et moi je le
suis ; mais le concierge l'arrête. Moi je file une poussée au con-
cierge et il se faufile, et moi je cours après en criant : Arrêtez-le !
Bref il est arrêté et moi aussi ; je vais à niord, mais mon imbécile
avait gardé son outil et moi j'étais embêté pour mes bijoux que
j'avais sur moi, etc.
Tu va peut-être me traité de loufoque d'aller au turbin avec des
objets pareille.
Dartagnan avout tout, il prend tout sur lui et il dit : Je ne con-
nais pas ce jeune homme, les témoins ne me connaisse pas, bref
tout va bien.
Cette citation sera utilement complétée par la lettre d'un
forçat transféré de Rochefort à Toulon, dont je trouve copie
dans un manuscrit que M. Eugène Demarquay, alors chef
adjoint de la police municipale de Paris, a bien voulu me
communiquer en 1876. Ce manuscrit, oeuvre de M. Rabassc,
inspecteur de police , contenait un glossaire dont la com-
paraison m'a été utile.
De la traverse de Lontou (Toulon). — Mon cher camerluche,
me voilà enfin démarré de ce maudit ponton d'amarrage, par la
grâce du meke (de Dieu) ou du barbé (diable), et sans être aquigé,
qui nous a trimballé igo après nous avoir secoué pendant quinze
reluis au milieu des prés salés.
Tu m'as bonni avant de décarrer que je te raccorde par une
lazagen du truc dont les artoupans de cette traverse nous ont
pésignés. Je honnirai qu'ils nous ont embroqués d'une chasse
moustique attendu que le quart d'œil de Rochefort nous a
XII INTRODUCTION.
rafilé la manquesse (mal noté) auprès de son camerluche de cette
traverse.
Les gaffiers sont plus mouchiques que lago ; il faut igo (ici)
avoir le loubion en poigne pour leur jacter; ou ils vous bous-
culent en véritables artoupans.
La cavale (tuite) est plus difficile que lago; cependant les mes-
siers de cambrouse n'ont pas la même chaleur à pessigner les fagots
en campe (fuite).
La tortillade (nourriture) est la même pour la quantité, mais le
pivoi est plus chenu, le larton un peu plus savonné que lago et
la batouse à limasse plus chenue aussi.
La satonnade roule à balouf. Le toc est un bridon de gaye qui
a une poigne esquintante.
Rien de plus à te bonnir sinon que la Fouine, Classique, Escarpe
et Greve-cœur te refilent leurs bécots de chouettes, et, pour mon
arga, je crois que je serai jusqu'au moment de canner (mourir),
ton dévoué.
La Hyène.
Après ces échantillons de l'argot actuel des voleurs parisiens
et des forçats, on ne lira pas sans curiosité sept morceaux
d'un argot moins connu, celui des malfaiteurs de province. Il
diffère des deux autres en beaucoup de points. Beaucoup de
ses termes restent inexpliqués dans le corps de notre glossaire,
et font soupçonner bien des dialectes inconnus spéciaux à
chaque localité. Nous ne désespérons pas néanmoins d'en
trouver la clef lors de notre prochaine édition, et nous les
donnons dès aujourd'hui parce qu'ils jettent un jour inat-
tendu sur la complexité de notre œuvre. II y aurait dès au-
jourd'hui à établir un glossaire par prison. La collation de
ces œuvres locales pourrait seule produire un répertoire
vraiment utile.
Les lettres auxquelles sont empruntés les passages ci -des-
sous sont de 1860; elles ont été écrites par une détenue de
la prison de Besançon.
PREMIERE LETTRE.
Cet huissier (concierge de prison) ne gêne en rien pour faire
chibis (s'évader) d'ici.
L'onclesse est une coquine finie.
Prenez bien vos précautions de partout et je voudrais que vous
.1 .
INTRODUCTION. XIII
changiez vos centres (noms) de ne plus porter celui de Julie, prends
celui de Clémence et change celui de ses pères et celui de sa
sœur, car l'on a mauché (mangé ! c'est-à-dire dénoncé) sur moi
et la muppère de Caron tombera, alors tous vos centres tom-
beront. Mes bons amis, je ne sais pas comment je vais sortir
de cette affaire, l'on a mauché (mangé) sur moi depuis le 1 6 janvier,
et nous voilà au 2 février et l'on ne m'a encore rien dit, sinon que
l'oncle est venu prendre mon camoufle (signalement) et m'a dit le
centre (nom) de ma pige (prison). Mes chers amis, je vous prie,
s'il n'y a pas moyen de me faire chibis d'ici, il n'y aura pas moyen
plus loin, par Flore cela ne vaudrait rien, car il y a deux griviers
dans la cour des hommes, ce serait bien dangereux et ils se relè-
vent toutes les heures.
Je fais passer ma lettre par la sœur d'Eulalie parce que je ne vou-
drais pas que Virginie ait l'adresse de la vieille.
Je pense que tu auras été chercher le petit, car j'ai peur que le
centre tombe.
Mon ami, je te le répète par M. Flore, je ne pense pas que tu
puisses faire quelque chose, il en faudrait trois mois, je t'ai dit, il y
a deux griviers dans la cour des hommes et ils se trouvent bien en
face de la grande lourde d'entrée, si tu vois la môme, la mère de
Juliette, elle pourra te dire comme c'est, si tu peux chabier, ça
vaudrait peut être mieux. Il n'y a qu'une jeunesse qui est avec nous
et elle ne demande pas mieux que de faire, car elle est pour un
môme qu'elle a tapé.
Si tu vois le grêlé, dis-lui pour le rôti, car il viendrait pour
t'aider.
Dites-moi bien si la lettre était décachetée quoiqu'il n'y avait
rien de mauchigne (mouchique.)
Pour la Philiberte, elle ne s'est pas esbalonée (évadée).
Je te prie de mettre dans un pâté deux ou trois sigolles, car je
crois que je suis encore pour longtemps ici, j'en ai encore quatre,
mais nous sommes obligées de tenir si belle cette femme.
Embrasse ta marraine pour moi ainsi que mon oncle et sa femme
et la petite Moni et ses parents sans oublier la vieille et son fils.
Je ne sais pas encore si on me trimballera à l'endroit de mapinge
[pige : arrestation), car si l'on fait venir l'oncle, je dirai que ce n'est
pas moi qui étais chez lui.
Ma chère Julie, si je peux faire passer des bas chez Collard ou
chez la Virginie, je le ferai, car je suis sûre que vous n'en avez
pas. La malle de ton père a été saisie à cause des chaussons qu'il y
avait dedans, et si vous avez changé de maison vous me ferez trois
petits points tel que cela... et si vous avez reçu la lettre que je vous
ai parlé qui était pour Eulalie, vous ferez une petite croix.
Mon ami, je te prie en grâce de ne pas venir de çhamque.
L'on vient de me tirer mon portrait et l'on va l'envoyer dans
toutes les mottes et dans tous les loirs.
XIV INTRODUCTION.
J'aurais bien mieux voulu que l'on me trimbale, j'aurais tâché de
voir M. Chibis.
Change de centre, je vous en prie en grâce, car les centres des
mômes vont tomber.
Tâchez de faire mettre la lettre à DôIe ou dans les environs, à
seule fin qu'il n'est de cime de personne. Je ne sais pas quand je
pourrai t'écrire, toutes les fois que je trouverai une occasion je le
ferai, et de la prudence.
Les popes sont au fond de la cour des engistes, voilà huit jours
que j'attends cette occasion.
DEUXIEME LETTRE.
J'ai su par le Cosmont puisque tu as dit à Niort (tu as nié), vas
toujours la même chose, il est venu une pureuse (détenue dénon-
ciatrice) pour me topiser (dévisager), elle a dit : « Je ne suis pas
sure, mais elle lui ressemble, » je crois qu'on a fait venir une
autre. C'est la Louise qui fait les bifFetons de Julie, il n'a pas de
meurtre dorine. Courage, tu es jeune, tu as de l'espoir et i^uis tu
n'as rien fait. J'espère que le jugement de ces marchands sera
cassé. Oui, tu pourrais être libre, je mourrai contente, car je sais
que tu as bon cœur, et puis ce malheureux Tours fait réfléchir
toujours à Niort. Il peut demander comment s'appelle ta marraine,
tu diras Catherine Kérer et ton parrain Georges Brun, je le crois,
mais tu ne l'as jamais connu, et je finis en te souhaitant la li-
berté. "
TROISIÈME LETTRE.
Pauvre Jacques, quand je pense te voir dans une position si
triste, et si injustement, je ne peux pas croire à une telle s-élera-
tesse pareille : ne te décourage pas. Le curieux (juge d'ii struc-
tion) m'a dit que je faisais tes passes, je ne l'ai pas avoué, l'auvre
viorne (vieux), je crois que le juge retarde pour le mois do mai,
c'est pour le faire venir ici. Dis moi si on lui a donné des passets,
ils avaient du sauvais dedans une livre.
Quatre billets d'homme, pris à la même source, compléte-
ront utilement ce spécimen de l'argot des voleurs de pro-
vince :
I.
Je n'ai pas grand chose à te dire que les malheurs se suivent
dur. Un accident (une arrestation) sur la ligne (dans la ban le) est
arrivé, il y a neuf blessés (neuf faits prisonniers). Enfin, a\ec les
chemins de fer, toujours la même chose.
INTRODUCTION. XV
II.
Ne te chagrine pas à mon sujet, je fais attention du mieux que je
peux. Nous avons trouvé partout le rouge à boudin qui nous gêne
un peu.
m.
Mon cher ami, c'est avec bien de la peine que je te fais savoir
par mon honorée de ce jour que, ainsi que je te l'avais promis, je
ne peux me trouver à Tours à la fin du mois, il m'est impossible,
mais, en revanche, je compte bien m'y trouver le i5 février.
La cause en est que l'on va procéder à une opération à ma tante
et qu'il faut que je m'y trouve, je te fais savoir aussi que Louis
est bien malade (en jugement). Quand tu m'écriras, écris-n ci
toujours poste restante à Bordeaux (Gironde.)
Plus rien à te dire, je te salue, ainsi que ta femme.
Ton ami — Gros Marro.
Je te souhaite une bonne santé, quant à moi je vais bien.
IV.
Chère femme.
Je fais réponse à ta lettre que j'ai reçue à Saint- Pourçain. Je me
porte bien et je désire que la présente vous trouve de même,
quant à celle de Moulins, je n'ai pu l'avoir faute d'occasion.
Je te dirai que je pars pour Fontainebleau, tu me feras réponse
à Paris, Loiset, pour le 23. — • Les affaires sont toujours les mêmes ; ça
ne va pas, il y a de quoi se dégoûter; mais ma foi ça changera bien,
il le faudra. Ne te chagrine pas à mon sujet; je fais attention du
mieux que je peux; nous avons trouvé partout le rouge à boudin
qui nous grime (chagrine) un peu. Je ne t'en mets pas davantage.
Je suis pressé, je pars par le train de midi pour Fontainebleau,
sans ça je te mettrais quelques lignes de plus. Bien des compli-
ments de ma part à M. et M"» Louis. — Je finis ma lettre en t'em-
brassant de tout cœur pour la vie ton homme qui t'aime.
Emile.
Je te demande (donne) des nouvelles de la Mina (bande) très
mauvaises. Madame Jean trois pige (a trois ans de prison), ainsi
que les deux Juliettes; la mère quatre et les autres une au moins
Ainsi, tu vois les affaires. M. Baron est malade (en jugement) il y
a six mois, mais ça ne sera rien; Jean le mari de madame Jean
aussi. J'ai vu Laurent.
XVI INTRODUCTION.
P. S. — Bien des compliments de la part de mon beau-frère à
tous, et s'il y passe pas trop loin je sais qu'il viendra.
Comme cette correspondance édifiante le prouve, les mal-
faiteurs de province composent une vraie famille trop bien
unie, dont les membres dispersés par les nécessités du métier
ne descendent du chemin de fer que pour aller prendre leurs
lettres à la poste restante. De vrais commis voyageurs en
vols et en assassinats!...
Je ne sais si le lecteur partagera notre impression, mais la
dernière lettre signée Emile nous paraît plus particulièrement
sinistre que toutes les autres. Cette phrase : « Les atlaires
sont toujours les mêmes, ça ne va pas, mais, ma foi, ça chan-
gera bien, il le faudra, » suinte le crime par chaque mot. On
sent que celui qui l'a écrite est prêt à tout, dans l'intérêt de
son commerce.
HARMONIES IMITATIVES.
Nous pouvons citer icïfanffe eifonfe (prise), qui simulent
bien le reniflement du priseur; /&owz5-^ow/5 (polichinelle) imite
le cri de la pratique; cri-cri celui du grillon ;/row-/roM rend
le bruissement de la so\e\faffe, celui du billet de banque ; to-
quante rend le toc-toc de la montre en marche ; fric-frxc le
bruit produit par une effraction; gilbocq celui de la bille qui
va en frapper une autre en roulant sur le tapis du billard;
branque rappelle le braiment de l'âne; toc rappelle le son mat
du doublé; tam-tam etfla-fla font une allusion retentissante
aux coups de grosse caisse et aux coups de fouet dont ne sau-
raient se passer ceux qui abusent de la réclame et qui aiment à
faire grand bruit, ceux qu'on appelle les faiseurs d'esbroiiffe,
— Encore un mot de même famille. — Qu'il vienne ou non
d'Italie, esbrouffe rend bien le fracas de la vanité.
Humble et doux au contraire est le bruit de la larme qui dê^
gouline le long de la joue.
Dégouline.., On croit presque l'entendre tomber.
INTRODUCTION. XVII
JEUX DE MOTS.
Oui, le calembour lui-même s'en est mêlé, et de bonne
heure encore, ^«^er (argent) n'est qu'un jeu de mots du mo) en
âge, temps où la maille était une monnaie^ et où le haubert
était une cotte de mailles. — Avoir de Vaubert^ c'était donc
être couvert de mailles, ou d'argent si vous aimez mieux. —
Ne disons-nous pas encore d'un riche : // est couvert d'or f
Comme jeux de mots nécessitant moins d'explications, ci-
tons l'habillé de soie (cochon), le cloporte (portier), le pendu
glacé (réverbère), la salade (réponse), le billet de parterre
(chute), le numéro loo (latrines), le tirant radouci (bas de
soie), la fièvre cérébrale (accusation entraînant la perte de la
tête), la main courante (le pied), pincer de la harpe (être en
prison), Vamendier fleuri (régisseur de théâtre, donnant des
amendes), le rnowse/^newr (fausse-clef), devant lequel s'ouvrent
toutes les portes.
On peut encore rattacher indirectement à la classe des jeux
de mots quelques transpositions comme Lontou (Toulon),
linspré (prince), nibergue (non, bernique), sans oublier ar-
souille, dans lequel nous avons retrouvé le souillart (art-
souille), qui, au moyen âge comme aujourd'hui, avait abso-
lument le même air canaille.
SOUVENIRS.
Encore une classe importante que celle des mots formés
par nos souvenirs. Ils sont de tout genre, de tout âge : histo-
riques, politiques, dramatiques, littéraires.
Makach, ba^ar, smalah, ra^^ia, fourbi, gourbi, mat^agran,
sont des conquêtes d'Afrique; bachi-bou^ouk vient de la Cri-
mée. Bismarquer restera, pour nous un souvenir éternel.
Cavour, Bolivar et Morillo, Garibaldi \n.\.vo<Xmseni la poli-
tique dans le domaine de la chapellerie.
Antony, Bertrand, Macaire, Demi-monde, Camélia, Fille
de marbre, Benoiton, Calino, et en dernier Jieu Alphonse, té-
moignent de l'influence du théâtre moderne.
XVIII INTRODUCTION.
Du théâtre ancien, nous avons conservé Basile, Tartufe,
Polichinelle, Arlequin, Carline et Pierrot.
Victor Hugo a produit pour sa part Quasimodo, Pieuvre,
Gavroche.
Mayeux et Chauvin rappellent les gloires de la carica-
ture.
A la mythologie, on peut renvoyer Pallas, Cerbère et Cu~
pidon.
Faire sa Sophie est de l'hellénisme raffiné.
Aux temps bibliques remontent Balthasfar, Philistin, faire
son Joseph, putipharder ; — à l'antiquité, Laïus, Romain,
Bucéphale.
A la politique nous devons gauche, droite, voltigeur de
Louis XIV, frère et ami, démoc-soc, aile de pigeon, centre
et juste-milieu, ventru et satisfait, communeux et commu-
nard, purs et pourris, blancs et rouges, badinguiste, henri-
quinquiste, gambettiste, thiériste, intransigeant, opportu-
niste... Et Dieu sait ce que nous lui devrons encore!
IMPORTATIONS.
Le cosmopolitisme toujours croissant de la vie parisienne
a singulièrement accru cette section depuis le second Em-
pire.
Le Sport peut être considéré comme une colonie anglaise
(V. dandy, turf, rider, betting, ring, handicap, bookmaker,
cab, racer, four in hand, mail coach, et une foule d autres).
L'industrie a subi depuis longtemps l'influence étrauf^ère. La
politique a ses leader. Le journalisme lui-même paraît trou-
ver plus drôle de dire racontar que racontage, et reporter
que nouvelliste.
Dans ces nobles étrangers, on reconnaît de temps à autre
de vieux Français qui ont passé la Manche avec les Nor-
mands de Guillaume. Entre notre tunnel de chemin de fer et
notre tonnelle de jardin, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille.
Le mess de la garde impériale n'était que le repas pris en com-
mun par nos moissonneurs du moyen âge.
Les Italiens, amis des arts, nous ont donné brio, piano, riri'
INTRODUCTION. XIX
for^audo, in petto^ in fiocchi^ a giorno, interme^^^o, bravo,
bravi^ brava! etc., etc.
Mais que les langues vivantes ne nous fassent pas négliger
les langues mortes! L'argot a aussi sa classe de latin. Et ce
n'est pas dommage (c'est justice), comme on dit à Belleville
et autres lieux où le quibus jouit de la considération qu'il
mérite. Aussi avons-nous recueilli avec respect les latinismes
ayant cours.
III. — Les richesses de Vargot.
Nous venons de voir comment l'argot est un langage com-
posé moins de mots nouveaux que d'interprétations nou-
velles.
Si la matière n'est pas neuve, reconnaissons qu'elle rachète
ce défaut par une singulière richesse. L'abondance, la va-
riété et, disons-le bien, la précision de beaucoup de termes ne
s'auraient s'imaginer.
S'agit-il, par exemple, de suivre tous les degrés de la sou-
lographie, remarquez la progression parfaite indiquée par les
quarante-six termes qui suivent, dont nous avons justifié
l'existence par de nombreux exemples. Sans rentrer l'un dans
l'autre, ils ont leur signification propre. — Chacun indique,
dans l'état, une nuance.
Au début, nous rencontrons les neuf verbes : être bien,
avoir sa pointe, avoir un grain, être monté, en train, poussé,
parti, lancé, en patrouille.
Un peu plus loin, nous voyons l'homme légèrement ému;
— il sera tout à l'heure attendri, il verra en dedans, et se
tiendra des conversations mystérieuses. Cet autre est éméché;
il aura certainement demain mal aux cheveux.
Pour dépeindre les tons empourprés par lesquels va passer
cette trogne de Silène, vous n'avez que la liberté du choix
entre : teinté, allumé, pavois, poivre, pompette, ayant son
coup de soleil, ayant son coup de sirop, son coup de bouteille,
son plumet, sa cocarde, se piquant ou se rougissant le ne^.
De la figure passons à la marche. — L'homme ivre a quatre
genres de port qui sont également bien saisis. Ou il est raide
XX INTRODUCTION.
comme la justice et laisse trop voir par son attitude forcée
combien il lui en coûte de commander à la matière;
Ou il a sa pente (ce qui arrive souvent quand on est dans
les vignes)^ et il marche comme si le terrain lui manquait ;
Ou il festonne^ brodant de zigzags capricieux la ligne droite
de son chemin;
Ou // est dans les brouillards.., tâtonnant en plein soleil,
comme s'il était perdu dans la brume.
Attendons dix minutes encore ; — laissons notre sujet des-
cendre au plus bas, et vous pourrez dire indifféremment : //
est chargé^ g^vé^ plein^ complet, pion, rond comme une balle,
mouillé, humecté, bu, pochard, casquette, il a sa culotte, son
casque, son toquet, son sac, sa cuite, son affaire, son compte^
il est soûl comme trente mille hommes, il en a jusqu'à la troi'
sième capucine. — Ce n'est plus un homme, c'est un canon
chargé jusqu'à la bouche.
Presque aussi riche est le vocabulaire des voies de fait, —
qui sont une des conséquences ordinaires de l'ivresse. Plus
riche encore serait celui du libertinage, s'il était permis de
franchir des limites que nous avons scrupuleusement respec-
tées, tout en usant du droit qui sauvegarde toute recherche
sérieuse.
Voici quelques-unes des phases les plus intéressantes de la
batterie :
Avec la peignée, on se prend aux cheveux, on se crêpe le
toupet, on se tombe sur le poil.
On se croche ensuite en s'empoignant.à bras-le-corps ou en
se passant la jambe.
L'enlevée, la valse, la tournée et la danse sans violons, dé-
crivent les mouvements précipités delà lutte.
Avec la dégelée, la brossée, la frottée^ la torchée, V étrilla ge^
la raclée, la brûlée, on a l'épiderme bien endolori. La rossée
vous sangle comme un cheval rétif; la trempe^ la trempée et
la rincée vous tordent comme du linge à la lessive.
Avec la cuite, il vous en cuira longtemps.
Si l'adversaire vous tombe, gare à la roulée^ à la trépignée^
INTRODUCTION. XXI
à la tripotée^ à lapîle^ au travail du casaquin! vous êtes à sa
merci. 11 vous pétrira de coups.
Encore une seconde, et vous voilà en compote ou démoli.
~~ Tant pis si vos os ne sont pas numérotés. Il n'y aura plus
moyen de les mettre en place.
Notez que, contre tous ces termes, le langage du monde
n'en a pas un seul qui exprime la même idée en un seul mot.
Et ce n'est point là seulement que nous retrouvons une
variété significative de synonymes.
Prenons boule^ ou balle^ ou coloquinte, ou calebasse! c'est
la tête plus ou moins ronde.
Avec binette^ trombine^ faciès^ frime, frimousse, il y a
quelque chose de nouveau : nous voyons se dessiner la phy-
sionomie.
La sorbonne et la boussole désignent le cerveau qui conçoit,
raisonne et dirige.
Le caisson a été fait tout exprès pour représenter le crâne
éclatant à l'heure du suicide.
La tronche montre la tête tombant sous le couteau de la
guillotine.
De la tête passons à la jambe : grosse, c'est un poteau; or-
dinaire, c'est une quille; mince, c'est uneflûte^ un cotteret^
un fumeron, un fuseau, un échalas; plus mince, c'est une
pincette, Mne jambe de coq; plus mince encore, c'est un Jil
de fer; tremblante, c'est un flageolet. Les jambes du dan-
seur sont des gigues ou des gambilles; celles du marcheur
forment un compas^ une équerre.
Cette précision se retrouve jusque dans les diverses ma-
nières de dépenser son argent. Le prodigue douille, la dupe
casque, l'homme qui veut imposer la confiance éclaire, l'éco-
nome s'allonge, l'avare se fend jusqu'à s'écorcher.
La mort elle-même semble vouloir prêter un verbe à chaque
état. Le pilier de café dévisse son billard, le cavalier graisse
ses bottes, le bavard avale sa langue, le chiqueur pose sa
chique, le fumeur casse sa pipe, l'apoplectique claque, le trou-
pier reçoit son décompte, descend la garde, passe Varme à
XXlî INTRODUCTION.
gauche ou défile la parade^ le pauvre perd une dernière foiâ
le goût du pain^ l'agonisant tourne de Vœil^ l'homme frappé à
mort sue le sang, le Parisien, toujours logé haut, lâche la
rampe.
Mais il n'en faut pas déduire que l'idiome dont nous nous
occupons soit facile à posséder. 11 fourmille, on l'a vu, de
nuances faciles à comprendre, mais dont la distinction de-
mande un certain acquis.
Ainsi, déjà usité comme mot d'amitié, cocotte se dit ou d'un
cheval^ ou d'une/emme, ou de deux affections très-différentes.
Battant veut dire à la fois neuf, langue, cœur ou gosier.
Plomb signifie gosier^ ga:( ou maladie. Blague a sept signi-
fications si variées qu'elles peuvent s'appliquer également à la
facilité d'élocution, ou à une conversation spirituelle, ou à un
mensonge.
Chic présente autant de sens non moins contradictoires. —
Appliqué au crayon d'un artiste, il est un brevet de banalité
ou de distinction... Il ne lui faut, pour cela, qu'être procédé
de avec ou de de. — Il fait tout avec chic est un éloi^e, il
fait tout de chic est une critique très-sensible.
Faire a de même sijc acceptions : ficher en a huit. — Chien
entre dans la composition de neuf mots. — Œil en f )rme
douze. — Chose peut signifier indifféremment dignité ow in-
dignité. — Paumer veut dire prendre ou perdre. — Bachot
s'applique indifféremment à un examen^ à un candidat^ à une
institution. — Extra représente ou un repas, ou un invité^
ou un domestique. — C'est à s'y perdre.
IV. — Ses rapports avec lès nioéuri.
Dans l'argot plus que dans tout autre langage, certains ter-
mes caractérisent un ordre d'idées, d'habitudes, d'instincts.
Seul, un malfaiteur a pu appeler le premier cafarde la
lune voilée, et moucharde la lune brillante, seul encore il
a pu nommer coulant ou collier la cravate avec laquelle il
vo^s étranglera ce soir.
INTRODUCTION. XXIII
Il a besoin de très-bons yeux, — des yeux de chat lui per-
mettant de saisir sa proie dans l'ombre. On le devine en
voyant qu'il les appelle ardents^ reluits^ clairs, quinquets et
mirettes.
Que d'images il a trouvées pour répondre au verbe Assas-
siner : —faire suer^ refroidir, démolir^ rebâtir^ connir^ ter~
rer, chouriner, expédier^ donner son compte^ faire l'a faire ^
capahiiter^ escarper^ butter^ coucher...
Il semble n'avoir pas trop de verbes quand il s'agit d'expri-
mer une fuite : se la briser, se la casser^ s'évanouir^ se dé-
guiser en cerf., se pousser de l'air ^ s'esbigner^ se cavaler^ se
la courir, se la couler., tirer sa crampe., se cramper, lâcher^
décarer^ décaniller., se tirer les pattes...
Et quels noms significatifs décernés aux agents chargés de
réprimer ses méfaits! Par balai^ cogne., raclette ^raille ^pousse
et grive., il désigne le gendarme qui le balaye ou rencogne^
la patrouille qui le racle., l'agent qui Véraille ou le pousse, le
soldat qui le grève.
Par une exception bizarre, il a mêlé les idées de cuisine et
de dénonciation. L'homme qui le dénonce à la police est un
cuisinier^ un coqueur (maître coq), une casserole. Dénoncer,
c'est casser du sucre^ se mettre à table, manger le morceau.
Si le malfaiteur est arrêté, il dit qu'il est servi. Serait-ce
parce qu'il se voit dé]à flambé^ cuit ., fumé ^ frit., fricassé., rôti
et brûlé par dame Justice ?
La fréquence des équivalents indique mieux que toutes les
statistiques morales, la place tenue par certaines passions.
Niera-t-on que le peuple français soit susceptible d'enthou-
siasme en voyant tous les synonymes qu'il a trouvés aux mots
bon et beau? —Chic, chicard., chicandard^ chouette^ bath^
rup^ chocnosof snoboye, enlevé^ tapé., ça^ superlifico, aux
pommes^ numéro i^ aux petits ognons! etc. — Si on n'est pas
content, ce n'est point parce qu'on manque des moyens de le
dire.
Et l'argent, n'occupe-t-il pas dans le néologisme autant dff
place que dans les transactions de ce bas monde ? — Nerf^
XXIV INTRODUCTION.
05, liuile^ beurre^ graisse^ douille^ rond, cercle, bille ^jaiuiet,
roue de devant, roue de derrière^ braise, thune, médaille,
face, monarque, carie, philippe, métal, dale, pè^e, pimpion,
picaillon, noyaux, sonnette, cigale, quibus, quantum, sit no-
men, cuivre^ mitraille, patard, vaisselle de poche, sine quâ
non, etc.
Le manger et le boire, — le boire surtout, — ont à leur
disposition une légion de synonymes.
Le manger : béquiller, becqueter, tortiller du bec, chiquer,
mastiquer, taper sur les vivres, pitancher, bouffer, etc.
Le boire : étouffer, siffler, flûter, renifler, pomper, siroter,
licher, biturer, se rincer l'avaloire, la dalle, le cornet, la
corne, s'arroser le lampas, se pousser dans le battant, s hu-
mecter, pictonner, tuer le ver, chasser le brouillard, etc., etc.
Le vin s'appelle ^icfow, piccolo, nectar, ginglard, ginglet,
briolet, bleu, blanc, etc.
Et l'eau-de-vie! Combien de petits verres dans ces mots :
trois-six, fil en quatre, dur, raide, rude, crik, chenique,
schnapps, eau d'aff, sacré chien, goutte, camphre, raspail,
jaune, tord-boyaux, casse-poitrine, consolation, riquiqui, eau
de mort!
Quant à l'absinthe, cet autre poison, n'a-t-on pas inventé
autant de noms que de manières de la préparer?
Après la satisfaction des besoins matériels ou l'expression
d'une gaieté railleuse, les misères et les laideurs de cette vie
sont largement, exclusivement représentées. Les moralistes
pourraient tirer de cette inégalité des conclusions désolantes.
Elle affirme mieux que la statistique la fréquence de certains
vices.
Chose remarquable! On trouve vingt mots pour montrer
le niais, la dupe ou le fripon; — il n'y en a pas un pour dire :
voici un honnête homme.
La femme digne d'estime est inconnue; — celle quon af-
fecte de mépriser se trouve sous le coup d'un déluge d'in-
jures. Chaque année en apporte une de plus au vocabulaire.
Battre se dit de vingt manières ; caresser n'a pas deux sy-
nonymes.
INTRODUCTION. XXV
Il y a quarante-quatre manières de désigner l'ivresse ; il n'y
en a pas une pour indiquer la tempérance.
Enfin la somme des négations est énorme, et il n'y a pas
une seule affirmation positive.
De même,(( c'est un marlou, c'est un filou! w se disent aussi
bien d'un homme rusé que d'un souteneur ou d'un voleur.
Avoir du vice^ c'est avoir l'esprit ingénieux. Ces assimilations
dégradantes en disent long sur le danger dans lequel se trou-
vent trop de consciences.
L'admiration même se trouve, sur ce terrain scabreux, tout
imprégnée de je ne sais quelle âcreté. — On n'arrive à l'af-
firmation de la qualité que par la négation du défaut. On
ne dit pas : je suis bien fait^ on dit : je ne suis pas déjeté; on
ne dit pas : je suis beau^ on dit : je ne suis pas déchiré; on
ne dit pas : je suis jeune^ on dit : je ne suis pas trop piqué
des vers. — Vous êtes fièrement brave^ rudement bon^ se di-
sent avec la plus douce intention du monde. Un discours
éloquent devient un discours tapé; une scène émouvante vous
enlève^ vous empoigne; une belle action épate le public. On
dit d'une œuvre banale : Cela n'est pas méchant^ cela ne mord
pas. Le travailleur est unpiocheur et le zélé est un fanatique
ou un féroce.
Aussi, comme on s'animalisel Votre peau, c'est du cw/r,de
la couenne; votre bras, un aileron; vos pieds, vos mains sont
des ergots^ des paturons, des abattis, des pattes, des arpions;
votre visage est un mufie; votre barbe, une bouquine; votre
bouche, un bec, une gueule ; vos cheveux sont des crins; le bas
de votre échine est un croupion. Vous ne mangez pas, vous
becqueté^, vous béquille^, vous tortille!^ du bec, et votre esto-
mac est une bauge, jusqu'à l'heure de la crevaison.
En toute justice, cependant, on ne saurait traiter avec une
sévérité absolue l'élément populaire qui sert de base aux ob-
servations précédentes.
Comment le peuple se piquerait-il de délicatesse en son lan-
gage? Le labeur de chaque jour ne lui laisse apprécier que la
satisfaction de ses gros appétits. Aussi ne nous étonnons pas
en voyant ses néologistes si brutaux. Ces rudes inventeurs
b
Mvi INTRODUCTION.
ont fait des mots accentués comme leurs ragoûts 'avoris et
faits pour traverser les palais plébéiens que n'effrayent pas les
fortes cpices.
Si on veut donc bien ne pas se choquer de la rusticité de
cette forme, l'étude de l'argot parisien fera découvrir, au degré
le plus éminent, certaines qualités de couleur.
Comme il est bien nommé brutal ce canon qui, après
avoir grondé de sa grosse voix, culbute tout sans dire gare !
Et béguin^ cet amour terrestre qui vous isole au milieu de
la vie mondaine avec les extases du cénobite !
Combien les mots richesse^ crédit^ fortune paraissent fades
à côté de ces quatre monosyllabes : lia le sac! — Il a le sac,
c'est-à-dire: ses louis sont en tas sous sa main; d'ur geste, il
peut faire rouler à vos yeux ces belles espèces sonnantes.
Nous avons dit que l'argot forgeait en réalité peu de mots ;
— ce sont des acceptions nouvelles qu'il invente de préfé-
rence.
Parfois ces sortes de travestissements sont plus raisonnes
qu'on ne se le figure.
Ainsi, pour n'en citer qu'un, — toquante, ognon ou cadran
sont bien plus expressifs que montre.
Toquante fait allusion au mouvement de l'objet (toc, toc);
ognon, à sa forme; cadran, à la figure tracée sur sa p iroi.Ces
synonymes offrent l'avantage d'une allusion directe à la
chose; ils se gravent mieux dans la tête, tandis que montre
est, pour la mémoire des simples, beaucoup plus énigmati-
que. — Cet exemple est loin d'être le seul, mais il suffira,
je l'espère, pour affirmer les tendances mnémotechniques de
l'argot.
Selon nous, il doit être aussi beaucoup pardonné aux li-
cences du langage populaire, en raison des infortunes qu'il
décèle souvent.
Ainsi la plèbe parisienne a trouvé une équivoque saisis-
sante pour désigner certains quartiers où la misère fait élec-
tion de domicile; elle les appelle quartiers souffrants (i).
(i) On comprendra mieux cette équivoque après avoir lu ce pas-
INTRODUCTION. XXVII
Je me rappellerai toute ma vie le jour où j'entendis pronon-
cer ce nom pour la première fois. C'était en omnibus. Le
conducteur, un gai compagnon, égayait de son mieux la mo-
notonie du devoir qui l'obligeait à décliner tout haut le nom
de certaines voies. A l'instant où son véhicule quittait la
rue des Noyers pour traverser la place Maubert, qui était
alors le centre d'un réseau de ruelles noirâtres où grouil-
lait la plus misérable population, — voilà notre homme qui
s'écrie : <( Place Maubert, rue Saint- Victor, Panthéon! Il n'y
a personne pour le quartier souffrant ? » — Et une pauvre
vieille hâve, déguenillée, se dressa péniblement et descendit
à cet appel comme une justification vivante de l'épithète.
C'est dans le même esprit qu'on a trouvé des expressions
presque gaies pour des choses lugubres. Un faubourien qui
se casse la jambe dira par crânerie : C'est un détail. Une
femme abandonnée par celui qu'elle aime dira, en étouffant
ses sanglots : Ça n'est pas drôle ^ ce qu'il a fait là.
Vous n'avez pas besoin de leur prêcher la philosophie., à ces
pauvres diables! ils connaissent le mot, car ils l'ont pris pour
synonyme de misère. Quelle ironie! Ils ont même décoré
leurs savates du titre de philosophes. Peut-on mieux mon-
trer, — je vous le demande, — la théorie foulée aux pieds par
la réalité ?
Les synonymes significatifs de ^wr, raide., rude, trois-six.,
verre pilé, tord-boyaux, casse-poitrine, disent assez pour-
quoi les malheureux en sont venus à nommer consolation un
verre d'eau-de-vie. Ce n'est pas à cause de sa douceur. Ce n'est
pas la boisson en elle-même qu'ils recherchent, car ils en con-
naissent les tristes effets ; c'est un étourdissement momentané,
c'est une consolation fictive.
Et la pipe, cet autre palliatif populaire, y a-t-il une seule
des cent satires faites depuis cinquante ans contre son abus
sage du journal le Petit Moniteur (9 février 1876) : « Ce n'était
pas Paris, c'était le quartier Mouflfetard; le quartier souffrant,
comme le peuple raillant sa propre misère l'appelait par allusion
aux fabricants d'allumettes soufrées qui s'y étaient établis avant
l'invention des allumettes chimiques. »
XXVIII INTRODUCTION.
qui vaille tout le sens critique de ce seul mot : — brûle-
gueule?
N'être pas méchant et ne pas mordre sont également deux
expressions cousines qui valent un livre sur le moyen Je par-
venir. Vous voulez arriver, faites- vous craindre! — Dans le
monde mêlé où nous allons pénétrer, n'être pas méchant, c'est
être bête. Le naïf qui ne mord pas reste sans valeur aux yeux
du prochain. — De même, avoir du vice n'est pas un défaut,
c'est faire preuve d'intelligence.
V. — Notre méthode.
A l'exemple de ses aînées (i), cette édition présente des re-
maniements et des additions considérables.
Comme tous les sujets mal définis, celui dont nous nous oc-
cupons était difficile à bien traiter du premier coup. Les cu-
rieux assez patients pour comparer ce volume aux précédents,
verront que nous n'avons cessé de chercher des définitions
courtes et une explication naturelle des causes déterminantes
de chaque expression.
Les exemples font notre force. — Nous les avons donc aussi
multipliés, aussi variés que possible. Sans leur aide, on ne se
ferait pas idée du mot, si bien expliqué qu'il fût. Nous y avons
joint des dates toutes les fois qu'elles étaient utiles pour cons-
tater l'ancienneté d'un mot, ouïe moment précis auquel il
avait eu cours, car beaucoup de mots ne durent guère plus
que la mode avec laquelle ils sont éclos.
L'exemple nous a paru encore le meilleur moyen de con-
trôle, de justification, le vrai passe-port des néologismes. Ont
été rejetés sans hésiter ceux qui étaient dépourvus île sa
sanction ou qui ne paraissaient pas avoir réellement cours.
Ces derniers sont moins rares qu'on ne le croirait; ils ont été
acceptés par certains lexicographes qui ont cédé à la faniaisie
de mettre en circulation un mot nouveau, et on trouvera
(i) Si on en excepte la troisième, chaque édition de ce Diction-
naire présente des variantes nombreuses et essentielles.
\
INTRODUCTION. XXIX
dans cette même page quelques échantillons curieux de leur
procédé inventif.
Il fallait aussi se garder de donner comme argotiques des
termes qui ne Tétaient pas.
Nous avons coUationné avec soin notre texte avec celui du
Dictionnaire de l'Académie, qui a fait la part large au langage
familier. Nicodème^ croûte^ pigeon^ filou^ lui appartiennent.
On y trouve : Je m'en bats l'œil. Après un débat dont la
presse a parlé, la Commission vient même d'agréer faire l'œil.
Et, puisque nous venons de parler de l'Académie, croirait-
on que Vidocq a donné arche de Noé comme signifiant Aca-
démie française dans le jargon des voleurs? Arche de Noé me
paraît, comme tour de Babel (Chambre des députés), inventé
par des mystificateurs qui ont été bien aises de railler l'Insti-
tut et le Corps législatif en essayant de représenter, comme
étant dans la circulation, les mots qu'ils désiraient y glisser.
En ce cas, ils n'ont pas trop présumé de leurs imitateurs.
Non-seulement on les a reproduits, mais on a continué leur
tradition inventive. Delvau donne comme synonymes d'acadér-
micien, dans la langue du peuple parisien, les mots enfant de
la fourchette^ mal choisi et cul àfauteuil^que le voyou le plus
inventif n'a jamais soupçonnés. De telles mystifications mon-
trent, comme nous l'avons dit, que la garantie de l'exemple
est nécessaire à tout lexique sincère.
Je n'ai pas voulu non plus spécialiser, c'est-à-dire attribuer
l'usage de tel mot à une classe plutôt qu'à une autre. Il en
est, et c'est le plus grand nombre, qui sortent de toutes les
bouches et qu'on ne saurait attribuer à une seule catégorie
sociale. — Où ne dit-on pas truc^ turne^ avoir le sac^ roupiller^
pépin^ etc.? En attribuant ces mots à l'argot des classes dange-
reuses d'où ils viennent, on ne serait plus du tout dans le vrai.
Pour citer un autre exemple entre cent, où ne dit-on pas
blague et blaguer? Où ne dit-on pas chic?
D'autres expressions portent avec elles un cachet d'origine.
Tel mot sent l'armée, comme tel autre sent le voleur ou l'ar-
tiste. Il n'est pas besoin d'annoncer que blaireauter (peindre
avec trop de fini) vient d'un atelier de peinture, ^qu'accrocher
XXX INTRODUCTION.
(consigner) sort de la caserne, que faire le poivrier (voler un
ivrogne) est une expression partie des classes dangereuses.
Cela va de soi.
En spécialisant, on court un autre danger, on reste fatale-
ment au-dessous de sa tâche. Chaque corps de métier, chaque
atelier, chaque collège, chaque café, chaque quartier ont leurs
petits argots. Si vous donnez l'un, il faut les donner tous.
Vous vous noyez alors dans l'infini et dans le puéril. Si vous
donnez l'argot des marbriers de cimetière, pourquoi ne pas
donner celui des marbriers de cheminée, des praticiens, des
sculpteurs, des carriers des Vosges ou des Pyrénées?
C'est pour cela que nous avons tenu, autant que possible, à
ne prendre que des mots déjà imprimés n'importe où, dans le
gros livre comme dans la chanson des rues(i).
L'exemple a encore un avantage : c'est d'offrir une base
certaine à la recherche de l'étymologie et de vous débarrasser
des anecdotes douteuses qui ont pullulé en ces derniers temps
sous prétexte d'éclaircir certaines origines. C'est ainsi que
(i) Ce cadre était déjà restreint. Nous l'avons restreint encore en
nous bornant à Paris. La tâche eût été bien plus grande sans cela.
Chaque province a son argot, et celui des canuts lyonnais défraye-
rait à lui seul un volume aussi gros que le nôtre. M. H. Nazet
n'écrivait-il pas en 1872 à V Eclair, pour lequel il suiv lit à
Lyon les débats de l'affaire de la rue Grôlée :
« Rien de typique comme l'argot canut.
« MM. les tisseurs ont transporté dans la vie privée le langage
de leur profession; c'est un parler étrange qui ne manque pas de
pittoresque.
« Quand une affaire est difficile, on dit qu'elle tire au peigne,
expression qui provient de ce qu'elle se dit lorsque la soie ne passe
pas facilement dans le peigne du métier et que le travail est dur.
« Tenir tirant est une autre formule, qui se traduit assez bien
par «s'entêter. » On tient tirant, au métier, pour empêcher la soie
d'être trop serrée.
« Enfin, une dernière phrase, toute pittoresque, dérive de ce
que, quand la chaîne devient claire sur le rouleau et laisse voir le
bois, au moment où la pièce touche à sa fin ; le canut dit alors
que son rouleau rit de derrière, et applique cette formule au mon-
sieur qui perd ses cheveux.
« — En voici un dont le rouleau rit de derrière!
f. J'en passe des meilleures. 9
INTRODUCTION. XXXI
Joachim Duflot, — un grand fabricant de ce genre, — à pro-
pos de laver (vendre), met en scène le vaudevilliste Théau-
lon et sa blanchisseuse qui n'ont évidemment rien à y voir,
car une citation du dictionnaire de Dhautel, qui date de 1808,
prouve que l'expression, déjà populaire alors, était antérieure
à Théaulon.
Pour expliquer l'expression avoir son jeune homme (être
gris), le même auteur a imaginé je ne sais quelle histoire de
Lepeintre jeune se grisant à des repas offerts par un jeune
homme ami des artistes. Malheureusement avoir son jeune
homme s'explique beaucoup plus naturellement quand on sait
qu'un jeune homme est une mesure de capacité contenant
quatre litres.
Et ainsi de beaucoup d'autres que nous aurions citées, si
c'était ici une œuvre de critique.
L'argot des classes dangereuses est, comme dans notre der-
nière édition, confondu avec celui de toutes les autres. Il a fait,
de notre temps, le sujet de plusieurs dictionnaires spéciaux. Si
nous en avons relevé tous les mots, le lecteur doit être néan-
moins tenu en garde contre leur actualité. Dans le but de
gonfler son livre, l'homme de lettres chargé par Vidocq de la
préparation de son vocabulaire y a glissé tout le vieux jar-
gon de la Cour des Miracles, dont une bonne moitié n'était
plus en usage. Tous les glossateurs qui ont suivi n'ont pas
voulu donner moins que Vidocq, dans la crainte de paraître
incomplets. Si j'ai cédé moi-même à cette appréhension, — qui
permet d'ailleurs plus d'un rapprochement utile, — c'est parce
que l'argot, tout en se modifiant constamment, souvent aussi
ne fait que revenir au passé, il rajeunit plus qu'il n'invente:
« L'argot va se décomposant et se recomposant sans cesse,
dit M. Moreau Christophe... Cependant de temps en temps et
à cause de ce mouvement même, l'ancien argot reparaît et
redevient nouveau. » Aussi est-il bon de maintenir tout en
lumière sur un terrain aussi mouvant et, disons-le, im-
possible à bien reconnaître, car il n'y a pas d'argot qui ait
XXXII INTRODUCTION.
force de loi, et chaque bande a ses petits procédés de défor-
mation fi).
Je ne saurais aussi me dispenser de faire remarquer que
l'argot des classes dangereuses ne se parle pas en réalité comme
on s'est plu à l'écrire dans certains romans. Se modelant sur
des textes argotiques, — que je regarde comme des exercices
beaucoup plus que comme des reproductions fidèles, — des
auteurs ont fait parler à leurs personnages un argot trop
complet en ce sens qu'il n'y entre pas assez de mots de la
langue usuelle.
Qu'on le sache bien, les vrais argotiers ne sont pas si ex-
clusifs, et leurs phrases admettent au moins 5o pour loo de
français intelligible. Pour le reconnaître, il suffit d'un coup
d'œil sur les documents reproduits dans cette introduction
(pages X et suiv.).
Pour ce qui regarde la partie étymologique, nous avons
toujours marché avec prudence, préférant ce qui paraissait le
plus simple, le plus clair; n'hésitant pas à corriger au besoin
l'opinion émise dans nos précédentes éditions, et à nous abs-
tenir plutôt que d'émettre une douteuse hypothèse. Bien
qu'on nous ait reproché le contraire, nous avons fait le moins
de science possible.
Nous n'avons pas fait dériver archi-pointu (archevêque) du
latin archiepiscopus; nous nous sommes contenté de rappeler
les pointes de sa mitre.
Nous n'avons pas fait venir briolet (piquette) du latin ebrio-
lus (ce qui était tentant), mais des vins de 5n'e,qui avaient
encore en 1820 la réputation un peu acide du Suresnjs.
Nous n'avons pas non plus avancé qu'^vo/r son casque
(être gris) venait de ce que « l'ivresse amène naturellement
une violente migraine, celle que les médecins appellent galea^
parce qu'elle vous coiffe comme un casque. » Non! avnir son
casque^ comme avoir dans le toquet^ comme être casquette,
nous a paru tout simplement faire allusion à l'état de réplé-
(i) V. dans le Dictionnaire les articles Dun {parler en), Dunon,
Lem, etc. V. dans la préface le chapitre III {Des modifications).
INTRODUCTION. XXXIII
tion de l'individu qui a du vin par-dessus les oreilles, c'est-à-
dire dans son casque (chapeau), sa casquette ou son toquet.
Et cela est si vrai qu'au siècle dernier on disait encore s'en
donner dans le casque. De même, la mystification monotone
appelée scie nous a paru suffisamment expliquée par une
image empruntée au va-et-vient agaçant de la scie à bois,
tandis que de vrais savants n'ont pas craint de la faire venir
du mot siou^ interjection usitée au moyen âge.
Pour plus de clarté, nous avons éliminé dans nos explica-
tions des dénominations très-françaises, mais trop scienti-
fiques pour beaucoup de lecteurs.
Ainsi, nous avons préféré abréviation à apocope., vieux mot
à mot de langue romane., harmonie imitative à onomatopée.
On nous excusera en faveur de l'intention.
Quand on veut vulgariser, on ne saurait rien ménager pour
se faire comprendre sans effort.
VI. — Comment le besoin de ce Dictionnaire s* est fait sentir
de plus en plus.
Il est un besoin très-vif et très- répandu que nous appelle-
rons le besoin de savoir ce qui se dit., — par opposition au
besoin de savoir ce qui doit se dire^ — le seul que nos lexiques
officiels satisfont généralement.
On ne saurait en effet négliger la connaissance de ce qui se
dit. — Non pas que nous en recommandions le moins du
monde l'adoption! non pas que nous voulions porter la moin-
dre atteinte au respect de la langue officielle ! Mais il est tou-
jours bon de se rendre compte des choses, ne serait-ce que
pour les mille nécessités de la vie sociale, à Paris surtout, où
un puriste pourrait se trouver exposé au risque de ne pas
comprendre certains Français.
Depuis quarante ans, en effet, l'argot parisien a gagné du
terrain. Le fameux Vidocq sonna le premier la cloche d'a-
larme. Son livre les Voleurs contient cette sortie indignée.
Bien qu'elle soit signée de son nom, je n'oserais garantir
qu'il en soit l'auteur (on l'attribue à Saint-Edme); mais elle
fixe une date, ce qui est l'essentiel :
XXXIV INTRODUCTION.
« La langue argotique semble aujourd'hui être arrivce
apogée; elle n'est plus seulement celle des tavernes et des ma
lieux, elle est aussi celle des théâtres ; encore quelques pa- et
trée des salons lui sera permise. »
Ceci était écrit en iSSy. En 1842, la même remarque était
faite par un homme d'esprit, plus en mesure que Vidocq de
suivre les progrès de l'argot dans les salons. Nous voulons
parler de Nestor Roqueplan. Il constate ironiquement l'inva-
sion prédite.
••■•;T:r .
« Il s'opère depuis quelque temps une révolution sensible de
mœurs et de langage... Le langage surtout a subi d'heureuses alté-
rations, des gallicismes rafi&nés et polis qui feront pester l'Acadé-
mie et sourire agréablement les femmes élégantes. C'est to it profit
pour les gens de goût. »
Presque en même temps que Roqueplan, Balzac s'émeut.
Mais il prend la chose plus au sérieux. L'argot a séduit son ins»
tinct analytique. Il l'admire presque quand il écrit ces
lignes :
« Disons-le, peut-être à l'étonnement de beaucoup de i^ens, il
n'est pas de langue plus énergique, plus colorée que celle de ce
monde... L'argot va toujours, d'ailleurs! Il suit la civilisadon, il
s'enrichit d'expressions nouvelles à chaque nouvelle invention. »
Si les lecteurs doutaient encore de la marche ascendante
que nous venons de suivre pas à pas, deux citations nouvelles
achèveront de les éclairer. L'une est de 1862, et vient du Fi'
garo. C'est M. A. Morel, l'un de ses rédacteurs, qui parle :
a En lisant la nomenclature des termes jadis propres aux con-
versations du brigandage et de la filouterie, on devine d'une part
qu'un certain nombre de ces termes ne subsisteront pas longtemps,
et, d'autre part, on aperçoit que beaucoup ont pris droit de cité
dans l'usage public. Quel Parisien, même rangé, même j rude,
ignore absolument que Veau d'affe, c'est de l'eau-de-vie ; la bouf-
farde, une pipe; la dèche, les ennuis de la misère; que balh' veut
dire tcte, etc. ? Où n'entend-on pas ces mots-là r Les gros railleurs
ont commencé par s'en servir, pour se donner un air de fnesse
et de liberté; mais bientôt ces mots narquois seront comrie les
doublures naturelles des termes correspondants et peut-être pré-
vaudront-ils. »
INTRODUCTION. • XXXV
Presque en même temps, Victor Hugo donnait cette défini-
tion imagée et bien juste de l'argot des classes dangereuses :
( L'argot n'est autre chose qu'un vestiaire où la langue ayant
quelque mauvaise action à faire se déguise. Elle s'y revêt de mots-
masques et de métaphores-haillons...
« Qu'on y consente ou non, l'argot a sa syntaxe et sa poésie.
C'est une langue. Si à la difformité de certains vocables on recon-
naît qu'elle a été mâchée par Mandrin, à la splendeur de certaines
métonymies, on sent que Villon l'a parlée. »
Une dernière citation, datée de 1872, nous est fournie par
le Paris de M. Du Camp, qui, à propos de la Préfecture de
police, rive, en trois lignes, le clou enfoncé par Roqueplan
en 1842 :
« Les voleurs ont un langage pittoresque, très-imagé... c'est
l'argot... Il est de mode aujourd'hui, tant nos mœurs ont subi de
dépression, de se servir de ces termes sales et violents. »
Tout en signalant l'invasion, on ne cesse pas d'examiner les
envahisseurs, et de reconnaître la nécessité de s'édifier sur ce
qu'on entend.
L'auteur, qui avait constaté ce besoin le premier, était
bien plus vieux que Vidocq. Dès 1760, Zacharie Chastelain
écrivait dans la préface du Dictionnaire comique de Philibert
Le Roux :
« Il est bon de se faire des notions claires des choses quand on
le peut... 11 y a une longue liste de termes populaires qui n'est pas
à dédaigner comme elle pourrait le paraître d'abord. Combien de
personnes distinguées qui ne sont jamais sorties de la cour ou du
grand monde, et qui se trouvant quelquefois obligées de descendre
dans de certains détails avec les gens du peuple, ne comprennent
rien à ce qu'ils leur disent ! »
Je ne sais si ce fut à cause de l'avertissement qu'on vient
de lire, mais ce Dictionnaire comique eut un grand succès.
Toutefois, il faut avouer que Le Roux et ses imitateurs (il en
eut beaucoup) ne se piquèrent jamais d'approfondir les cho-
ses. On donnait le mot, on donnait sa traduction et on passait
bien vite à un autre sans l'expliquer davantage.
Il y avait plus à faire, et l'Institut lui-même le reconnut en
XXXVI INTRODUCTION.
couronnant le mémoire de M. Francisque Michel sur l'argot.
Docteur es lettres, professeur de faculté, correspondant de
l'Académie, le lauréat eut le bonheur d'inaugurer, officielle-
ment pour ainsi dire, une ère nouvelle dans l'étude argotique.
Son œuvre, pleine de citations scrupuleuses, parut, en i856,
sous la forme d'un gros volume intitulé Études de philologie
comparée sur Vargot, Mais il n'était pas suffisamment connu
sans doute, car un autre rédacteur du Figaro y M. Albert Mon-
nier, écrit encore deux ans après :
vi II en est de l'argot comme de certaines îles de la Polynésie :
on y aborde sans y pénétrer; tout le monde en parle, et bien peu
de personnes le connaissent. Nous qui ne sommes ni l'un ni l'autre,
et qui ne possédons que notre curiosité pour passe-port, nout> avons
vainement fouillé les géographies sociales pour nous instruire...
Par-ci par-là, un voyageur traverse ce Tombouctou parisien, et en
ressort la tête farcie de mots bizarres qu'il répète sans les com-
prendre. »
Et après M. Albert Monnier, un philologue estimé, M. Marty
Laveaux, ne craignait point d'encourager les commentateurs
futurs en rétablissant leurs droits à la considération des let-
trés :
a Quelque mérite qu'on ait, dit-il très-finement, quelque érudi-
tion qu'on déploie, il est bien difficile, en étalant les mots hideux
du vocabulaire des î'orçats, de ne jamais soulever le cœur, et, en
rapportant nos lazzi populaires si usés, de ne pas exciter parfois
un sourire de dédain; mais quand il ne s'agit plus de notre } ropre
langue, tout change d'aspect : les expressions repoussantes devien-
nent terribles, les.locutions vulgaires, spirituelles, et l'on est porté
à croire, bien injustement d'ailleurs, qu'il faut plus de savoii pour
recueillir et expliquer ces termes étrangers que pour comnxnter
ceux qu'on entend répéter chaque jour par les charretiers ou les
manœuvres. »
VII. — Ce qu'on pensait de Vargot avant nous.
Argot, mots à la mode et nouvelle façon de parler, — tout
cela peut être utile et n'est pas à dédaigner.
Nos anciens auteurs tombent d'accord sur ce poir.t, et nous
ne saurions négliger leurs témoignages ; ils seront notre
égide.
INTRODUCTION. XXXVII
« Le parler que j'aime, tel sur le papier qu'à la bouche, c'est un
parler succulent et nerveux, court et serré; non tant délicat et
peigné, comme véhément et brusque; plutôt difficile qu'ennuyeux;
déréglé, décousu et hardi ; — chaque lopin y fasse son corps ! —
non pédantesque, mais plutôt soldatesque, comme Suétone appelle
celui de Jules César. »
11 est vrai qu'alors on n'innovait pas volontiers en fait de
langage. — Ainsi voyons-nous le poëte Voiture railler quel-
quefois son ami Vaugelas sur le trop de soin qu'il employait
à sa traduction de Quinte-Curce :
« Il lui disait, rapporte l'abbé Raynal {Anecdotes littéraires) ^
qu'il n'aurait jamais achevé; que pendant qu'il en polirait une
partie, notre langue venant à changer, l'obligerait à refaire toutes
les autres. A quoi il appliquait plaisamment ce qui est dit dans
Martial de ce barbier qui était si longtemps à faire une barbe
qu'avant qu'il l'eût achevée, elle commençait à revenir... »
Un auteur que nous avons déjà cité, Caillières, fit, en 1693,
un petit livre sur les Mots à la mode et les Nouvelles façons
de parler. En voici un passage qui convient parfaitement à
notre sujet :
« Pour m'expliquer mieux, je vous dirai qu'il y a deux sortes
d'usages (de mots nouveaux), le bon et le mauvais. Ce dernier est
celui qui n'étant appuyé d'aucunes raisons, non plus que la mode
des habits, passe comme elle en fort peu de temps. — Il n'en est
pas de même du bon usage. Comme il est accompagné du bon
sens dans toutes les nouvelles façons de parler qu'il a introduites
en notre langue, elles sont de durée à cause de la commodité qu'on
trouve à s'en servir pour se bien exprimer, et c'est ainsi qu'elle
s'enrichit tous les jours... »
L'opinion de Caillières devait être vulgarisée plus tard par
l'écrivain le plus éminemment français. Les Voltairiana nous
rapportent que, dans une séance particulière de l'Académie,
Voltaire se plaignit de la pauvreté de la langue; il parla en-
core de quelques mots usités, et dit qu'il serait à désirer
qu'on adoptât celui de tragédien^ par exemple. « Notre lan-
gue, ajoutait-il, est une gueuse fière; il faut lui faire l'au-
mône malgré elle. »
c
XXXVIII INTRODUCTION.
Au commencement de ce siècle, plusieurs hommes distin-
gués ont soutenu la même thèse. Le premier était Mercier,
un enthousiaste du genre. On le sent en lisant ce passage :
« Écoutez ces hommes à imagination pittoresque dont le dis-
cours est un tableau qui amuse, ou une peinture qui échauffe; ils
éprouvent des sensations étrangères à l'auditeur et créent leurs
mots. Les phrases ou les circonlocutions promettent beaucoup et
donnent peu; mais un mot neuf vous réveille plus que des sons
et fait vibrer chez vous la fibre inconnue. Quand une idte pourra
être exprimée par un moty ne souffrez jamais qu'elle le soii par une
phrase. » (Néologie.)
Dans une autre préface, celle d'une traduction nouvelle
d'Hérodote, Paul-Louis Courier rappelle que « M dherbe,
homme de cour, disait : a J'apprends tout mon français à la
« place Maubert; )) et Platon, poëte s'il en fut, Plaron, qui
n'aimait pas le peuple, l'appelle son maître de langue...
Nodier n'a pas craint d'avancer ceci en tête de son Diction-
naire des Onomatopées (1808) :
« Si la manie du néologisme est extrêmement déplorable pour
les lettres et tend msensiblement à dénaturer les idiomes (ians les-
quels elle se glisse, il n'en serait pas moins injuste de repousser
sous ce prétexte un grand nombre de ces expressions vives, carac-
téristiques, indispensables, dont le génie fait de temps ea temps
présent aux langues. Il n'appartient à personne d'arrêter irrévoca-
blement les limites d'une langue et de marquer le poir t où il
devient impossible de rien ajouter à ses richesses. »
Enfin, M. de Jouy, lui-même, l'avouait en 181 5 :
ff Quelque ennemi que je sois du néologisme, il faut bien créer
ou adopter des mots nouveaux quand on n'en trouve pas dans la
langue qui puissent, à moins d'une longue périphrase, rendre
l'équivalent de votre idée. »
Arrêtons ici notre série de citations : elle paraît assez com-
plète pour montrer au lecteur, que l'entreprise d'un diction-
naire d'argot n'eût pas déplu à nos meilleurs écrivains.
LORÉDAN LARCHEY.
AUTEURS CITÉS ET CONSULTES. XXXIX
AUTEURS CITÉS ET CONSULTÉS
Les noms marqués d'une * indiquent des emprunts faits non
à des volumes, mais à des articles détachés ou à des chansons.
Citer tous les titres d'ouvrages eût excédé le cadre de ce voca-
bulaire. Exception a été faite pour les anonymes et pour les livres
où l'argot tient une grande place.
About. — A. Achard. — Alhoy. — D. Alonnier. — Alyge
{VArt de ponter, 1854). — Ambert*. — J. Arago. — D'Arnim*.
— Aubert *. •— E. Aubry *. — Aubryet. — Augier.— Aumale
(duc d'). — A. d'Aunay. — Aycard.
De Balzac. — De Banville. — Barbey d'Aurevilly. —
Barrière. — Comtesse de Bassanville. — Bataille. — Marc
Bayeux. — Beaufort. — Beauvillier (Notes d'un voleur}^
V. Figaro du 4 août 1873. — Becquet*. — Belot. —
F. Béraud. — Ch. de Bernard. — Bertall*. — Berthaud*.
— Beyle. — Léon Bienvenu. — De Biéville. — Ch. Blanc.
— E. Blavet. — Blaze de Bury. — C. Blondelet*. — De
Boigne. — Du Boisgobey. — P. Borel. — Boucher de
Perthes. — Boue de Villiers. •— Bourget*. — Boursault. —
Brazier *. — Briollet. — Buchon.
Cabassol. — Cadet-Gassicourt. — A. Cahen*. — A. Camus.
— Canler. — Capendu. — Carmouche. — Castillon*. — Ca-
vaille(/e5 Filouteries du jeu^ 1875).— Chabrillat*. — Caillot.
— Champfleury. — Chasles (Philarète). — Chenu. —
J. Choux*. — Claretie. — G. Claudin. — Cogniard. — C Coli-
gny*. — Colmance*. — Colombey (l'Esprit des voleurs^
suivi d'un Dictionnaire d'argot. Paris, Hetzel, 1862). — Com-
merson. — M. Constantin. — Cormon. — Couailhac.
Dalès*. — Debraux*. — Decourcelle*. — Delahode, i85o.
~ Delongchamps. ~ T. Delord. — A. Delvau. — Deriège. —
T>QTodde (Dictionnaire du patois flamand). — Désaugiers. —
Deslys. — C. Desmoulins. — L. Desnoyers. — Dhautel (Dic-
tionnaire du bas langage. Paris, 1808, 2 vol. in-8).— G. Droz,
XL AUTEURS CITÉS ET CONSULTÉS.
— A. Dubuisson. — M. Du Camp. — Du Cange et Carpen-
tier (Glossaire de la langue romane, tome VIL Paris, 1848,
in-4). — A. Duchesne*. — J. Duflot. — V. Dufour. —
AL Dumas. — Dumas fils. — DumériL — Dupeuty*. —
P. Durand*. — Durantin. — Al. Duval*. — Duverny*.
Favart. — Feré. — Festeau. — P. Féval. — E. Foa. —
W. de Fonvielle.— Marc Fournier. — Fournier-Verneuil. —
E. Frébault. — Friès.
Gaboriau. — Gangam. — V. Gaucher*. — Th. Gautier. —
Gavarni. — F. Georges*. — Gérard de Nerval. — Gilbert. —
Giraudeau. — De Concourt. — L. Gozlan. — Grandval (Car-
touche, poëme. Paris, 1827, éd. nouv. La première édition
est de 1723, in-12). — M"« P. de Grandpré. — Grévin. —
Guéroult (Ad.). — Guinod*.
Halbert d'Angers (Nouveau Dictionnaire complet de V argot.
Paris, Le Bailly, sans date (1840), petit in-12). — Hardy*. —
Hébert [le Père Duchêne). — D'Héricault. — Hilpert*. —
Honnorat (Dictionnaire provençal). — L. Huart.— Ch. Hugo.
— V. Hugo.
Ignotus (Félix Platel *).
L.-G. Jacques. — Jaime fils. — De Jallais. — J. Janin. —
John Lemoinne. — Joliet. — E. Jourdain. — B. Jouvin. ^
De Jouy.
A. Karr. — J. Kelm. — Paul de Kock. — Krettly (Mé-
moires, éd. Grandin).
R. de Labarre. — La Bédollière. — Labiche. — La Cassa-
gne. — Lacenaire. — Lacombe (Dictionnaire du vieux lan-
gage. Paris, 1765-67, deux vol. in-8). — P. et J. Lacroix. —
J. Ladimir*.— De Lafizehère. — ■ Lagarde {le Bonhomme Po-
pule. Pau, i836). — L'abbé Lalanne (Dict. du patois poite-
vin).— Lamiral (Mémoires, i838).— Layale*. — L'Écluse. —
A. Lecomte, — Le Duchat. — Lefils *. — P. -A. Léf^er. —
AUTEURS CITÉS ET CONSULTÉS. XLI
Le Guilloîs. — Lemercier de Neuville. — E. Lemoine. —
Ph. Le Roux {Dictionnaire comique. Amsterdam, 1756, in-8).
— Lespès. — Letellier*. — De Leusse. — De Leuven. —
Liorat*. — Littré. — J. Lovy. — Lockroy. — Lubize. — A.
Luchet. — De LynoL
V. Mabille. — Francis Maynard. — Mahalin. — G. Mail-
lard. — Mané. — Mansion*. — Marcellin. — Marco Saint-
Hilaire. — Marty-Laveaux. — A. Marx. — Mauricault*. —
Melesville. — Ménage. — Mercier. — De Mcriclet. — Méri-
mée. — Méry. — Métay*. — Michel*. — Fr. Michel. —
C. Michu. — Albert Millaud. — Mirecourt. — Cél. Mogador.
— Moineaux. — Moisand.— A. Monnier. — H. Monnier. —
Monselet. (Son immortel dialogue les Voyous^ nous a beau-
coup fourni). — Montaigne. — De Montépin. — Monstrelet.
— Moreau Christophe (le Monde des Coquins. Paris, Dentu^
1864). — Lady Morgan. — Mornand. — Mouret*.— Murger,
Nadar. — Nadaud. — G. Naquet*. — A. Naviaux. —
C. Nodier. — V. Noir. — Noriac. — Nugent.
R. D'Ornano. — Oudin.
Paillet. — E. Parent {Manuel des Courses, 1868). —
G. Pélin. — De Pêne. — Max. Perrin. — Philipon. —
PoUet*. — Ponson du Terrail. — De Pontmartin. — A. Po-
they. «— Privât d'Anglemont {Paris anecdote, 1860).— F.
Pyat.
Quitard {Dictionnaire des Proverbes. Paris, 1843, in-8o).
Rabelais. — Randon*. — M»« Rattazzi. — Michel Ray-
mond. — Remy. — Rétif. — L. Reybaud. — Ricard. — J. Ri-
chard. — Richepin. — Robquin*. — Rochefort. — F. de Ro-
days*.— H. Rolland. — Roquefort {Dictionnaire de la langue
romane du xie au xvi» siècle. Paris, 1808-20, trois in-8). —
Roqueplan. — J. Rousseau. — C. Rozan {Petites Igno-
rances de la conversation. Paris, Lacroix, 1857, in- 12). —
Rutebœuf.
XLÎI COMMUNICATIONS MANUSCRITES.
Saint-Genest. — Saint-Simon. — G. Sand. — A. Scholl. ^
A. Second. — Signol*. — Th. Silvestre*. — Fr. Soulié. —
Stop. — E. Sue. — A. de Stamir {Corsaire de 1867).
Tallemant des Réaux. — Tarbé {Glossaire du patois cham-
penois),'— E. Texier. — Thiers. — Thuillier*. — Tourneur*.
— Miss Trollope (Paris en i835).
Vachelot*. — Vadé. — Vanecke*. — J. Vallès. — G. Vassy.
— Vermesch. — L. Vidal et le capitaine Delmare la Ca-
serne^ Paris, i833, deux in-8). ■— Vidocq {les Voleurt. Paris,
deux in-8). — H. de Vielcastel. — E. Villars [les Précieuses
du jour ^ comédie, 1866). — De Villemessant. — Villon. —
Villetard. — P. Vinçard. — Virmaître. — A. Vitu. — Voizo.
Wado*. — M. Waldor. — J. de Wœstyne.— Albert Wolff.
Zola. — Zompach*.
COMMUNICATIONS MANUSCRITES
MM. Boyer, Cadol, Demarquay, Valentin Dufour (Journal
d'un prisonnier de Mazas), Fey, Le Pileur, Lombarl, Ch.
Mehl, Rabasse, De Soye, Maurice Tourneux.
JOURNAUX
Corsaire, Éclair^ Éclipse^ Figaro^ Gaulois^ Intermédiaire
(1860), Journal de Paris^ la Correctionnelle {\^^\), Liberté,
Monde comique^ Moniteur^ Paris-Caprice^ Paris- Journal,
Patrie^ Rappel^ République française {x^jb)^ Semaine (^847),
Tam-Tam, Tintamarre^ Vie parisienne, etc., etc.
OUVRAGES ANONYMES. XLIII
OUVRAGES ANONYMES
Almanach du hanneton, 1866 et 1867. — Boursîcotiêrisme
et Lorettisme. Paris, i838, in- 12. — Les Cabarets de Paris,
1821, in-i2. — Caquire, parodie de Zaïre (Sans date, —
xviii" siècle). — La Chronique scandaleuse, 1788, in-12. —
Cinquante mille voleurs de plus à Paris, i83o, brochure in-8.
— Ces petites dames du Casino^ 1860. — Commentaires de
Loriot. Auxerre, 1869, in-12. — Dictionnaire dit de Trévoux,
1771.— La Comédie des Proverbes, 17 14.— Le Dernier Jour
d'un condamné^ drame philosophique (Bruxelles, 1864). —
— L'Écho français, i833.— Les Étudiants et les Femmes du
quartier latin, 1860. — La Maison du Lapin blanc (1857),
typographie Appert, in-12. — Parabole de Cicquot, i.gS,
in-12. — Parnasse satyrique. Bruxelles (i863), in-12. — Pe-
tit Dictionnaire d'argot (tome II des Petits Mystères de Pa-
ris, 1844, Desloges, in-12). — Pétition des filles publiques de
Paris, i83o, brochure in-8. — Physiologie du protecteur, Pa-
ris, 1841. — Physiologie du parapluie, Paris, 1841. —
Rienp, parodie, 1826. — Souvenirs de Saint-Cyr, in-8. —
Le Sublime, 1872. — Vocabulaire à l'usage des débiteurs
{Almanach des débiteurs, i85i, in-12). — Voyage de Paris à
Saint-Cloud par mer, 1754.
La collection des chansons imprimées conservées au Dépôt
de la Bibliothèque nationale a servi beaucoup nos recher-
ches, grâce à l'obligeance de M. le Conservateur Olivier Bar-
hier.
DICTIONNAIRE D'ARGOT
N.'B. Tous les mots dits « vieux mots » ne sont pas postérieurs au xvi* siècle ;
ils ont été relevés par nous dans les glossaires de Du Gange, de Roquefort et
de Lacombe. — Tenir toujours compte des renvois (V) qui complètent nos
explications par d'autres exemples. — Pour les expressions composées de deux
mots, chercher le second, si on ne trouve pas le premier. — Pour les dates
placées à la suite des exemples, nous avons supprimé les deux premiers chiffres
du millésime en ce qui concerne le xix* siècle. Ainsi jS veut dire 1875, 33 veut
dire i833, etc. — Tous les mots suivis des noms de Grandval, Halbert, Vidocq,
Colombey, Moreau Christophe, Rabasse, appartiennent à l'argot ancien ou
nouveau des classes dangereuses. Tous les mots suivis du nom de Dhautel
étaient connus en 1808. Tous les mots suivis des noms d'Alyge et Çavaillé
Tiennent de l'argot des grecs.
J^
ABADIS : Foule, rassemble-
ment. — « Pastiquant sur la pla-
carde, j'ai rembroqué un abadis
du raboin. » (Vidocq.)
ABATIS, ABATTIS : Pieds,
mains. — Allusion aux abatis
d'animaux. — « Des pieds qu'on
nomme abatis. » ( Balzac. ) —
— « C'est plus des pieds; c'est de
la marmelade... Ils me coûtent
joliment cher, ces abattis-là. »
(Commentaires de Loriot , Au-
xerre, 69.) — « A bas les pattes !
Les as-tu propres, seulement, tes
abattis, pour lacer ce corsage
rose if » (E. Villars.)
ABATTAGE (vente à 1') : Vente
sur la voie publique que les ob*
jets exposés couvrent comme si
on les y avait abattus.
ABATTIS. Y. Abatis.
ABATTRE : Faire des dettes.
{Almanach des débiteurs.)
ABBAYE : Four. (Vidocq.) —
Un four est voûté comme un
cloître d'abbaye.
ABBAYE RUFFANTE : Four
chaud. (Idem.) — Mot à mot : four
rouge de feu. RuJ^ant semble dé-
river du latin ru/us : rouge, (r)
ABBAYE DE MONTE A RE-
GRET : Échafaud. (Idem.) —
Comme une abbaye, l'échafaud
I
ABO - :
sépare de ce monde, et c'est à re-
gret qu'on en montelùs marches.
ABÉQUER : Nourrir. (Idem.)
— De l'ancien mot abécher :
donner la becquée.
ABÉQUEUSE : Nourrice. (Id.)
ABLOQUER, ABLOQ.UIR :
Acheter en bloc. (Idem.) — Du
vieux mot bloquer.
ABOMINER : Haïr. V. Bosco.
ABOULAGE: Abondance. (Vi-
docq.)
ABOULER : Arriver. Mot à
mot, bouler à. Du vieux mot
bouler : rouler. —La langue ré-
gulière a dans éboulerle pendant
d'abouler. — « Maintenant, Pou-
pardin et sa fille peuvent abou-
1er quant bon leur semblera. »
(Labiche.) Voyez Bocson.
Le pantre aboule ;
On perd la boule,
Puis de la tôle on se crampe en rompant.
(Lacenaire, Mévioires, 36.)
ABOULER : Donner. — « Mais
quant aux biscuits, aboulez. »
(Balzac, Père Goriot.)— « As-tu
de l'argent ? (Je fis signe que oui .)
Aboule. Je lui donnai cent sous. »
(Commentaires de Loriot.) —
(i Allons, allons, vieux crocodile!
ne faisons pas tant d'esbrouftes
et aboulons simultanément aux
voltigeurs les chameaux qu'il a
besoin.... pour sa consomma-
tion. » (Légende d'une caricature
de i83o sur la prise d'Alger.)
ABOULER DE : Venir de.
V. Mômir.
ABOYEUR : Crieur de bazar
ou de vente publique, canardier
(V. ce mot), homme chargé d'ap-
peler les prisonniers au parloir.
- ABS
— Allusion au retentissement
obligatoire de sa voix. — « L'a-
boyeur est le factotum ce la pri-
son ; il a la permission d'aller
partout. » (Rabasse.)
ABRACADABRANT : Merveil-
leux, magique, d'abracadabra,
mot employé dans les anciennes
conjurations cabalistiques. — «Le
flûtiste Gerold doit exécuter les
variations les plus abracadabran-
tes. » {Figaro, 67.) « C'tst écra-
sant, renversant, horripilant,
abracadabrant, de plus fort en
plus fort. » (Almanach du han-
neton, 67.)
ABSINTHE (faire soi ) : Mé-
langer l'eau avec Tabsinihe, se-
lon certaines règles.
« Il y a plusieurs man'ères de
faire son absinthe : — La plus
ordinaire est la hussarde (en
versant goutte à goutte). — Les
militaires de l'armée d'Afrique
ont inventé \2i purée. La y urée se
faittrès-rapidement, presque sans
précautions, et par le simple mé-
lange d'une quantité d'ei u égale
à la quantité d'absinthe. — Ùa-
ma:{one se tait comme !a hus-
sarde, seulement on ajoute deux
cuillerées à café de sirop de
gomme. La vichy (M .Bavaroise,
Suissesse), moitié absinthe, moi-
tié orgeat, et quantité ordinaire
d'eau. — La bourgeoise (appelée
aussi panachée), dans laquelle
l'orgeat est remplacé par ce l'ani- .
sette. » {Almanach du hanne- i
ton,6j.) i
ABSINTHE (être) : Êf e ivre
d'absinthe.
ABSINTHEUR,ABSINTrIIER: ^|
Buveurd'absinthe.débitartd'ab- '
sinthe. V. Perroquet.
ACA
- 3 ~
ACH
ABSORPTION : Repas offert
à la promotion ancienne de l'E-
cole polytechnique parla promo-
tion nouvelle. On y absorbe assez
de choses pour justifier le nom
de la solennité. — « V absorption,
c'est la réunion annuelle dans
laquelle anciens, conscrits et an-
tiques fraternisent aux lueurs du
punch et aux glouglous du vin
de Champagne. Elle a eu lieu le
jour de la rentrée des anciens. »
(G. Maillard, 66.)
ACADÉMICIEN : Littérateur
suranné. — Injure inyentée par
les romantiques échevelés de i83o
qui avaient pour principaux ad-
versaires les membres de l'Aca-
démie française restés fidèles au
genre classique. On ne se doute
plus aujourd'hui de la fureur
grotesque qui animait les deux
partis. V. Mâchoire.
Et cet exemple, des plus cu-
rieux, donnera uneidéedes luttes
dans lesquelles on se jetait à la
tête le mot d'académicien. Nous
le prenons dans une brochure
d'Alexandre Duval, académicien
et chef du parti qui rendait
M. Victor Hugo responsable des
passions romantiques.
a Ce que je rapporte ici, je l'ai
vu, de mes propres yeux vu. A
certaines représentations, on se
trouvait environné d'hommes ef-
frayants dont le regard scruta-
teur épiait votre opinion, et si,
par malheur, votre figure indi-
quait l'ennui ou le dégoût, ils
vous attaquaient par l'épithète
d'épicier, mot injurieux selon
eux, qui signifie, dans leur argot,
stupide , outrageusement bête ;
mais si vos cheveux étaient blan-
chis par le temps, alors vous
étiez des académiciens, des per-
ruques, des fossiles, contre les-
quels on vociférait des cris de
fureur et de mort. Je vous assure,
monsieur, qu'il n'y a rien d'exa-
géré dans ce tableau d'une pre-
mière représentation romanti-
que. Tout Paris vous en attestera
la vérité. » {De la littérature dra-
matique, lettre à M. Victor Hugo,
par Alexandre Duval, Paris, 33.)
ACCENT : Crachat, signal con-
venu entre les voleurs (Vidocq).
V. Arçon.
ACCORDÉON : Chapeau gi-
bus. Il se replie et s'allonge
comme l'instrument de ce nom.
ACCROCHE -CŒURS : Favo-
ris (Vidocq). Se dit des favoris
courts qui aftectent la forme des
accroche>-cœurs iéva.imns.V . Ar-
çon.
ACCROCHE-CŒURS : Mèches
de cheveux bouclées et colléeâ
sur la tempe. Cet ornementa des
prétentions galantes* Le mot le
fait assez sentir.
Sur mes nombreux admirateurs
Dirigeons nos accroche-cœurs.
(Festeau.)
ACCROCHER: Mettre au mon t-
de-piété. — Mot à mot raccrocher
au clou. V. ce mot. — « Ah ! les
bibelots sont accrochés. » (Mon-
tépin.)
ACCROCHER : Consigner un
soldat. — Mot à mot ; l'accrocher
à son quartier, l'empêcher d'en
sortir.
ACCROCHER (s') : Combattre
corps à corps, en venir aux mains.
Nos braves, s'accrochant, se prennent
aux cheveux.
(Boileau, Satire 3.)
ADÙ
— 4 -
AFF
ACHAR (d') : Sans trêve. Mot
à mot : avec acharnement. —
Abréviation.
Et d'autor et d'achar,
Enfoncé le jobard.
(De Montépin.)
ACHATE : Ami fidèle.— Lati-
nisme. — a Roqueplan et son
Achate. » (Villemessant.) V. Fi-
diis.
ACHETOIRS: Monnaie.— Avec
elle, on achète. — « Il y a des lo-
rettes qui nomment les ache-
toirs quitus. » (Alhoy.)
ACRE : Fort, violent. (Vidocq.)
Vieux mot, conservé par la lan-
gue régulière avec suppression
de l'accent.
AD HOC : Spécial. Mot à mot :
fait, institué pour cela. — Latinis-
me.—«Les déclarations sont lues
par un comité ad hoc. » {Alma-
nach des débiteurs, 5i.)
AD USUM DELPHINI (n'être
pas) : Ne pas convenir aux jeunes
gens. Mot à mot : N'être pas di-
gne de figurer dans la collection
classique imprimée jadis par
Barbou pour l'éducation d'un
Dauphin de France, et où chaque
titre de livre portait la mention ;
Ad usum Delphini, — Ce lati-
nisme se dit à propos de tout :
— « Vous le voyez, le bal Chi-
card n'avait pas été créé ad usum
Delphini, et, cependant, voilà ce
qui pendant six ans fit tressaillir
tous les provinciaux et tous les
étrangers. Les mères le redou-
taient pour leur fils à l'égal de
l'enfer. » (Privât. d'Anglemont.)
ADDITION : Carte à payer.
Mot à mot : addition des prix de
chaque consommation.
AFF : Affaire. — Abréviation.
— « Quant à moi, je maquille
une q^ff", après laquelle j'espère
me débiner. » (Patrie, 2 mars
52.)
AFF : Vie. (Grandval.)
AFF (eau d') : Eau-de-vie. —
Abréviation de pafqm désignait
l'eau-de-vie autrefois, cornme le
prouve cet exemple : « \'oulez-
vous boire eune goutte de paf ?
— J' voulons bien. — Saint-Jean,
va nous chercher d'misequier
d'rogome. » (lySô, l'Écluse.) Il y
a évidemment parenté eatre le
paf du xvni« siècle et Veau d^aff
de l'argot moderne. — « Tu vas
me payer l'eau d'afF, ou je te fais
danser. » (E. Sue.) V. Paffe.
AFFAIRE : Délit ou crime en
voie d'exécution. « Après la réus-
site d'une affaire, ils se livrent
immédiatement à des débauches
nécessaires à l'oubli de leur rai-
son. » (Rabasse.) — A£tairc mûre :
vol ou crime qui va se commet-
tre.
AFFAIRE (avoir son) : Être
ivre-mort, avoir reçu un coup
mortel. — a Je propose l'absin-
the... Après quoi j'avais mon af-
faire, là, dans le solide. » (Mon-
selet.)
AFFAIRES (avoir ses) : Avoir
ses menstrues.
AFFE : Vie, âme. (Moreau C.)
AFFRANCHI (fagot) : Forçat
ayant fini son temps.
AFFRANCHIR : Pervertir. Mot
à mot : affranchir de tout scru-
pule de conscience, — « Affran-
chir un sinve pour griachir :
pousser un honnête homme à
voler. » (Vidocq.)
AGO
AIL
AFFURAGE, AFFURE : Pro-
fit de vol. V. affurer. — «Eh vite !
ma culbute ; quand je vois mon
affure, je suis toujours paré. »
(Vidocq.)
AFFURER, AFFUTER : Trom-
per. (Moreau G.)
AFFURER : Gagner en volant.
(Vidocq.)— Du vieux mot /«rer;
dépouiller.
AFFUT (homme d') : Malin,
roué. Mot à mot : toujours à l'af-
fût de ce qu'il désire.
AFFUTER. V. Affurer
AFFUTER LE SIFFLET (s') :
Boire. Mot à mot : se réguiser
le gosier.
Faut pas aller chez Paul Niquet
Six fois r jour, s'affûter le sifflet,
(P. Durand, Chansons, i836.)
AFLUER : Tromper. (Colom-
bey.) Mot à mot : flouer à.
AGENT DE CHANGE (quart,
cinquième, sixième d') : Proprié-
taire pour un quart, un cin-
quième ou un sixième d'une
charge d'agent de change. On
peut continuer comme cela in-
définiment, cardetellee proprié-
tés se subdivisent en un grand
nombre de parts. M. de Mériclet
a fait paraître son livre sur la
Bourse, sous l'égide de ce titre :
Huitième d'agent de change.
AGOBILLE : Outil.(Moreau G.)
— C'est-à-dire outils de voleur :
pince, fausse clé, etc. Ne se dit
guère qu'au pluriel.
AGONIR, AGONISER : Insul-
ter. Mot à mot : antagonir, anta-
goniser. Ces verbes manquent à
notre langue qui admet cepen-
dant antagonisme. — « Je veux
t'agoniser d'ici à demain. » (Ri-
chard.) — « Si bien que je fus si
tourmentée, si agonie de sottises
par les envieuses. » (Rétif, lySS.)
AGOUT : Eau à boire. (Hal-
bert.) — Mot ancien. V. Lagout,
AGRAFER : Arrêter. — « Le
premier rousse qui se présentera
pour m'agrafer. » (Canler.)
AGRAFER : Consigner. Mot à
mot : agrafer le soldat au quar-
tier. — a J'ai jeté la clarinette à
terre, et il m'a agrafé pour huit
jours. » (Vidal, 33.)
AIDE-CARGOT : Valet de can-
tine.— Corruption d'aide-gargot.
— « Aide-cargot, un dégoûtant
troupier, fait semblant de laver
la vaisselle. » (Wado.)
AIGUILLE : Carte pointant
entre les autres, de façon à secon-
der la tricherie d'un grec. « S'il
voit qu'un pigeon se dispose à
lui tenir banco, il ne manquera
pas de le faire couper immédia-
tement sous l'aiguille. » (Ca-
vaillé.)
AIGUILLE : Clé. (Vidocq.) —
Elle coud la porte.
AILE, AILERON : Bras. —
Allusion ornithologique. — « Ap-
puie-toi sur mon aile, et en route
pour Châtellerault ! » (Labiche.)
— « Je suis piqué à l'aileron; tu
m'as égratigné avec tes ciseaux. »
(E. Sue.)
AILE DE PIGEON : Suranné,
— Allusion à la coiffure conser-
vée par les émigrés à leur re-
tour en France. V. Mâchoire.
AILLE (terminaison en) : «Le
plus souvent afin de dérouter les
ALA
— 6 —
ALL
écouteurs, Pargot se borne à
ajouter indistinctement à tous les
mots de la langue une sorte de
queue, une terminaison en aille,
en orgue, en iergue ou en uche;
exemple : « Vouziergue trouvaille
bonorgue ce gigotmuche. (Trou-
vez vous bon ce gigot ?) Phrase
adressée par Cartouche à un gui-
chetier, afin de savoir si la somme
offerte pour l'évasion lui conve-
nait. La terminaison en mare est
aujourd'hui fort usitée. » (Mo-
reau Christophe, 64.)
AIMER COMME SES PETITS
BOYAUX : Aimer comme soi-
même : a Elle m'aimait! Autant
que ses petits boyaux. » {Paro-
die de Zaïre, ij32.)
AIR (se donner de V, se pous-
ser de r, jouer la fille de 1') :
Fuir. — Les deux premiers ter-
mes font image; le troisième
date de la Fille de l'air, une an-
cienne pièce du boulevard du
Temple. — «La particulière vou-
lait se donner de l'air. » (Vidal,
33.) — «Dépêchez-vous et jouez-
moi la Fille de l'air avec accom-
pagnement de guibolles. » (Mon-
tépin.) V. Ballon.— «. C'est donc
gentil de faire des poufs au
monde et de se pousser de l'air !
Ah ! mais, on ne me monte pas
le coup. » {Almanach du hanne-
ton, 6-j.)
AIR DU TEMPS (vivre de 1').
— Être sans moyens d'existence.
Terme ironique. — «Tous deux
vivaient de l'air du temps. » (Bal-
zac.)
AIRS (être à plusieurs). — Être
hypocrite, jouer plusieurs rôles
à la fois.
garde. (Vidocq.).
larme.
II donne l'a-
ALEA JACTA EST. — Le sort
en est jeté. — Phrase prononcée
par César lorsqu'il passa le Ru-
bicon pour marcher sur Rome.
— « Le fameux aléa jacta est
qu'on a répété tant de fois depuis
César. » (Rozan.)
ALENTOIR. — Alentour. \
Changement arbitraire de la fi- \
nale. '■
ALIGNER (s'). — Tomber en
garde pour se battre. Mot à mot :
se mettre sur la même ligne
que son adversaire. — « Ils met-
tent parfois le sabre à la main
et s'alignent. » (R. de la Barre.) —
« A la suite d'une bisbilL-, ils
sont descendus pour s'aligner.»
(J. Arago, 38.) V. Aplomb.
ALLER DE (y). —Fournir.—
« On y va de ses cinq francs, ou
de sa larme. » (Monselet.) —
« Elle a tourné de l'œil sans
dire : Ouf!... Pauvre vieille !
jy
ai été de ma larme. » (Al out.)
ALLER (y).— Se laisser trom-
per. — Fallait pas qu'il y aille!
dit-on d'un homme malheureux
par sa faute. V. Faire aller.
ALARMISTE. — Chien de
ALLER A NIORT. — Nier. —
Jeu de mots. — « Je vois bien qu'il
n'y a pas moyen d'aller à Niort.»
(Canler.) V. Flacul.
ALLER AU DIABLE AU
VERT. — Faire une excursion
aventureuse.
M. Rozan explique ainsi ce
mot: (nAuvert est une corup-
tionde Vauvert ; on disait ai tre-
fois : Aller au diable Vauvert.
Le V a été mangé dans la rapi-
dité du discours, et il a fini par
ALL
ALL
disparaître si |bien, qu'on a été
amené à couper en deux, pour
lui donner une sorte de sens, le
reste du mot : aiivert. — Le châ-
teau de Vauvert ou Val-Vert,
situé près de Paris, du côté de
la barrière d'Enfer, avait été
habité par Philippe Auguste
après son excommunication ; il
passait depuis cette époque pour
être hanté par des revenants
et des démons. Saint Louis, pour
désensorceler ce château, le don-
na aux chartreux en 1257. »
Rabelais parle encore de ce
diable fameux : — « Je vous
chiquaneray en diable de Vau-
vert, » dit le chiquanous Rou-
ge-Muzeau,dans le chapitre 16 du
livre IV de Pantagruel.
On dit maintenant au diable
vert, ce qui s'éloigne encore plus
de la forme primitive, « J'ai déjà
parlé de celui d'Alexandre Du-
mas, qu'on veut reléguer à Cha-
ronne, au diable vert. » {^Liberté,
26 juillet 1872.)
ALLER GAIMENT (y).— Agir
sans se faire prier, sans que la
gaîté soit précisément de la par-
tie, ^//on^-jr gaiment ne signifie
rien de plus que allons-y. —
Les amateurs du langage en mar
ont imaginé de varier en disant
allons-y gaimar. V. Mar.
ALLER OU LE ROI NE VA
QU'A PIED.— Faire ses besoins.
— Ce rappel à l'égalité est de tous
les temps. Se disait au dix-sep-
tième siècle : — « Aller où le roi
ne va qu'à pied. C'est à mots cou-
verts le lieu où l'on va se déchar-
ger du superflu de la mangeail-
le... » (Scarron.) V. Numéro 100.
ALLER ""se faire FICHE.
V. Ficher.
ALLER SON PETIT BON-
HOMME DE CHEMIN : Aller
doucement.
, ALLER (faire) : Tromper. —
« Te v'ià, charbonnier de mal-
heur. Quoi ! il y a là une voie
de charbon ? Tu nous fais aller. »
{Fort en gueule. Imprimerie
Stahl, 20.) — « Essaie d'en faire
aller d'autres que Florine, mon
petit. » (Balzac.)
ALLEZ VOUSASSEOIR:Tai-
sez-vous. V. Asseoir.
ALLEZ DONC (et) : Locution
destinée à augmenter dans un
récit la rapidité de l'acte raconté.
— tt Quand il a vu ça, y s'est
esquivé rapidement... et allez
donc !... » — (Lamiral, 38.) —
(( J'avais mon couteau à la main...
et allez donc!... j'entaille le ser-
gent, je blesse deux soldats. »
(E. Sue.) — « L'école du bon
sens met le Théâtre-Français en
interdit. Emile Augier porte P^f-
liberte au Gymnase... et allez
donc! » (Mirecourt, 55.)
ALLONGER (s') : Tomber de
son long par terre. — « Mon ca-
pitaine, en cet endroit, s'est al-
longé... Il est tombé de cheval.»
{Commentaires de Loriot.)
ALLONGER (s') : Faire une
dépense qui n'entre pas dans ses
habitudes. Le faire plus forte en-
core, dest se fendre. V. ce mot.
Termes d'escrime.
ALLONS -Y : Commençons.
Mon luth et mon esprit résonnent à la
[fois
Et l'idéal d'amour s'exprime par ma voix
Allons y 1
(// module des accords.) J. Walter.
ALLUMÉ : Échauffé par le vin.
ALL
~ 8 -
AMA
— « Est-il tout à fait pochard ou
seulement un peu allumé ? »
(Montépin.)
ALLUMER : Regarder fixe-
ment, voir, observer. Mot à mot:
éclairer de l'œil. Mot très-ancien.
Se trouve avec ce sens dans les
romans du xiii« siècle.—» Allume
le miston, terme d'argot qui veut
dire : Regardez sous le nez de
l'individu. » (Almanach des pri-
sons, 1795.)
ALLUMER : Faire éclore l'en-
thousiasme. — « Malvina rem-
plissait la salle de son admi-
ration ; elle allumait , pour
employer le mot technique. »
(L. Reybaud.) V. Boutonner,
ALLUMER : Activer, enflam-
mer ses chevaux à coups de
fouet. — « Allume! allume! »
(H. Monnier.)
ALLUMEUR: Compère chargé
de faire de fausses enchères dans
une vente pour allumer les vrais
acheteurs. — « Dermon a été
chaland allumeurdans les ventes
au dessous du cours. » {La Cor-
rectionnelle, journal, 41.)
ALLUMEUSE : Dans le monde
de la prostitution, c'est un syno-
nyme de marcheuse. V. ce mot.
Dans ces acceptions si diverses,
l'allusion est facile à saisir. Qu'il
s'applique à un téte-à-tête, ou à
un spectacle, ou à un attelage,
ou à un repas, ou à une vente, ou
à une provocation charnelle, d!//w-
mer garde au figuré sa significa-
tion incendiaire.
ALPAGUE : Vêtement. (Ra-
basse.) — Abréviation d'alpaga.
Le nom d'un vêtement à la mode
pendant unç année, aurji été
pris pour désigner tout autre.
ALPHONSE : Homme entre-
tenu par une femme galante. —
Surnom répandu depuis qu'A-
lexandre Dumas a fait représen-
ter au Gymnase son Monsieur
Alphonse dont le héros exerce
précisément cette industrie. —
« Si tous les Alphonsesdu boule-
vard se donnent rendez-vous là,
il y aura du travail pour les ob-
servateurs. » (Commerson, 75.)
ALTÈQUE : Beau, boa, ex-
cellent. (Vidocq.)— Du vieux mot
ait : grand, fort, élevé (qui nous
est resté dans altitude), accom-
pagné d'une désinence arbitraire,
comme dans féodec.
Frangine d'altèque : bonne
sœur.
Frime d'altèque : charmante
figure. V. Coquer.
ALTER EGO : Autre moi-
même.— Latinisme. — « M. Chi-
vot occupait la stalle voisine,
applaudissant de tout cœ ir l'a-
musante folie de son heureux
alter ego. » (E. Blavet.)
AMANT DE CŒUR : Les fem-
mes galantes nomment ainsi
l'amant qui ne les paye pas ou
qui les paye moins que les au-
tres. La Physiologie de l'amant
de cœur, par M. Constantin, a
été faite en 1842.
Au dernier siècle, on disait in-
différemment ami de cœur ou
greluchon. Ce dernier n'était pas,
comme on le croit aujourd'hui,
un souteneur. Le greluchon ou
ami de cœur n'était et n'est en-
core qu'un amant en sous-ordre
auquel il coûtait parfois beau-
coup pour entretenir avec une
beauté à la mode de mystérieuses
AMA
- 9
amours. — ce La demoiselle So-
phie Arnould, de l'Opéra, n'a
personne. Le seul Lacroix, son
friseur, très-aisé dans son état,
est devenu Vami de cœur et le
monsieur. » {Rapports des ins-
pecteurs de Sartines, 1762.)
Ces deux mots avaient de l'ave-
nir. Monsieur est toujours bien
porté dans la langue de notre
monde galant. L'ami de cœur a
détrôné le greluchon; son seul
rival porte aujourd'hui le nom
d'Arthur.
AMARRES (les) : Les amis.
(Rabasse.) — Je ne pense pas que
ce soit un jeu de mots. C'est plu-
tôt un exemple du langage en
mar. V. ce mot.
AMARRER : Manœuvrer de
façon à duper quelqu'un. Mot à
mot : jeter l'amarre sur sa cré-
dulité.
AMATEUR : Dans le monde
artistique et littéraire, on appelle
amateur l'homme du monde qui
se fait artiste ou écrivain à cer-
taines heures seulement. — Pein-
ture d'amateur, musique d'ama-
teur et littérature d'amateur sont
des termes souvent ironiques par
lesquels on désigne des œuvres
peu sérieuses.
AMATEUR : « Rédacteur qui
ne demande pas le payement de
ses articles. » (1826, Biographie
des journalistes.)
AMATEUR : Dans l'armée, on
appelle amateur l'officier qui
s'occupe peu de son métier.
AMATKUR sert aussi dans
l'armée d'équivalent au mot^é-
kin. Un officier dira : Il y avait
là cinq ou six amateurs ; comme
AME
un soldat ou un sous-officier
dira : Il y avait là cinq ou six
particuliers.
AMATEUR (clerc) : Dans le
notariat, un clerc amateur tra-
vaille sans émoluments.
AMBIER : Fuir. (Grandval.)
— Vieux mot. On disait au moyen
âge amber.
AMENDIER FLEURI : Régis-
seur.— Jeu de mots expliqué par
l'exemple suivant : — «L'amen-
dier fleuri, comme disent les ac-
teurs en parlant du généreux
distributeur d'amendes qui sur-
veille la scène. y> {Vie parisienne,
65.)
AMÉRICAIN : Escroc feignant
d'arriver d'Amérique. Pour plus
de détails. V. Charriage,
AMÉRICAIN (œil) : Œil scru-
tateur. — Allusion à la vue per-
çante prêtée par les romans po-
pulaires de Cooper aux sauvages
de l'Amérique. — ce Ai- je dans la
figure un trait qui vous déplaise,
que vous me faites l'œil améri-
cain ? » (Balzac.) — « J'ai l'œil
américain, je ne me trompe ja-
mais.» (Montépin.)
AMÉRICAIN (œil) : Œil séduc-
teur.— « L'œillade américaine est
grosse de promesses, elle promet
Tor du Pérou, elle promet une
ardeur amoureuse de soixante
degrés Réaumur. » (E. Lemoine.)
AMÉRICAINE : Voiture décou-
verte, à quatre roues. — « Une
élégante américaine attend à la
porte. Un homme y monte, re-
pousse un peu de côté un tout
petit groom, prend lui-même les
guides et lance deux superbes
pur-sang au galop. » {Figaro.)
ANC — lo —
AMÉRICAINE (vol à 1'). V.
Charriage.
AMOUR : Aimable comme
l'Amour. — « Armée de son re-
gistre, elle attendait de pied ferme
ces amours d'abonnés.» (L. Rey-
baud.) — « Comme j'ai été folle
de Mocker; quel amour de dra-
gon poudré! » (A. Frémy.)
Amour a fini par s'appliquer
dans le sens de « aimable » à la
première chose venue. — «Quel
amour de mollet! Il faut que je
le baise. » (E. Villars.) — « Je
mourrais d'ennui par ici, moi.
J'ai trouvé, rue de la Paix, un
amour d'appartement. (Dumas
fils, le Demi-Monde.)
AMOUREUX DES ONZE
MILLE VIERGES : « Dans le
sens où l'on entend ce proverbe,
dit M. Charles Rozan, aimer les
onze mille vierges, c'est aimer
toutes les femmes, c'est croire,
dans le feu de la première jeu-
nesse , que toutes les femmes
sont également dignes de notre
amour. » — Ce chiffre de onze
mille est une allusion à la tradi-
tion du martyre de sainte Ursule
et des onze mille vierges, ses
compagnes, mises à mort par les
Huns, près de Cologne, vers 384.
ANCIEN : Mot d'amitié. Il peut
se dire à un jeune homme et si-
gnifie : ancien ami. Mon vieux
offre la même idée.
ANCIEN : Vieillard. V. ^s-
phyxier.
ANCIEN (1') : Napoléon I".
Mot à mot : l'ancien souverain.
— Une caricature de i83o porte
cette légende : « Vive Napo-
léon II ! — Tais ta langue, pa-
triote, n'parle pas du fils de
ANE
l'ancien; ce n'est plusqu"an Au-
trichien élevé à l'école d'un jé-
suite. »
ANCIEN : Élève de première
promotion à l'École polytechni-
que ou à l'École de Saiat-Cyr.
V. Absorption.
ANCHTIBBER : Arrêter. (Ra-
basse.) — Ce serait mot à mot :
mettre en botte, chausser. V.
Chtibbe.
ANCHOIS (œil bordé d) : Œil
aux paupières rougies et dépour-
vues de cils. — L'allusioa sera
comprise par tous ceux qji ont
vu des anchois découpés en la-
nières. — « Je veux avoir ta
femme. — Tu ne l'auras pas. —
Je l'aurai, et tu prendras ma
guenon aux yeux bordés d'an-
chois. » (Vidal, 33.)
ANDOSSE : Échine,dos.(Grand-
val.) Épaules. (Rabasse.)
ANDOUILLE : Personne sans
énergie, aussi molle qu'une an-
douille. Un vrai maladroit s'ap-
pelle andouille ficelée.
ANE DE BURID AN (êtreco mme
1') : Ne savoir que décider. —
« Buridan est un dialecticien du
xiv» siècle. Pour prouver le libre
arbitre des animaux, il supposait
un âne également pressé p ir la
soif et par la faim, le plaçait en-
tre un picotin d'avoine et un seau
d'eau, également distants, fai-
sant sur lui la même impression
et il demandait : » Que fera cet
âne?» (Rozan.)
ANGLAIS : Créancier. — Mot
ancien. On est d'autant ]ilus
porté à le regarder comme une
allusion ironique aux Anglais,
que les Français se moquaient
ANG
volontiers de leur perpétuel en-
nemi. — Ainsi, milord et god-
dem sont employés ironiquement
dès le moyen âge. V. Milord,
Goddem.
Malgré des avis contraires,
mais appuyés selon nous par des
exemples trop peu concluants,
c'est encore l'opinion de Pas-
quier qui nous semble préféra-
ble. Il fait venir ce terme des
réclamations des Anglais qui pré-
tendaient que la rançon du roi
Jean, fixée à trois millions d'écus
d'or, par le traité de Brétigny,
n'avait pas été entièrement payée.
Oncques ne vys Anglois de votre taille,
Car, à tout coup, vous criez : baille,
baille !
(Marot.)
On trouve des exemples d'-4n-
glais dans la Légende de Pierre
Faifeu. M. Fr. Michel a relevé
cette mention dans les poésies
de Guillaume Crétin (xv« siècle) :
Et aujourd'hui je faictz solliciter
Tous mes Angloys, pour mes restes
[parfaire,
Et le payement entier leur satisfaire.
« Assure-toi que ce n'est point
un Anglais. » (Montépin.)
ANGLAIS SONT DÉBAR-
QUÉS (les) : Ces mots désignent
une incommodité périodique
chez la femme. Allusion à la
couleur favorite de l'uniforme
britannique.
Il est aussi brave
Que sensible amant,
Des anglais il brave
Le débarquement.
(Chansons, impr. Chastaignon, i85i.)
Recueils de la bibl. nationale.
ANGLAISES : Longues boa-
II —
ANS
clés de cheveux pareilles à celles
dont se coiffent volontiers les
dames britanniques. Elles ont
été surtout à la mode en France
vers 1840. — «Une femme aux
anglaises blondes lui heurte le
bras. » (Monselet.)
ANGLAISES : Latrines à l'an-
glaise, c'est-à-dire munies d'une
cuvette à soupape.
ANGLUCE : Oie. (Vidocq.)
ANGOULÈME (se caresser 1') :
Boire et manger. Mot à mot : se
caresser le palais, mettre en goule,
du vieux mot goule (gueule).
Nous avons encore goulu et gou-
lafre (glouton). — « Il y en a qui
ne se sont pas encore caressé l'an-
goulème depuis la veille. » (E,
d'Hervilly.)
ANGUILLE : Ceinture. (Vi-
docq.) — Une ceinture de cuir
noir gonflée d'argent ressemble
à une anguille.
ANGUILLE DE BUISSON :
Couleuvre. — « Il vend des an-
guilles de buisson, comme on dit
en langage populaire, à certains
gargotiers qui en font d'excel-
lentes matelotes. » (Privât d'An-
glemont.)
ANSE : Bras. L'anse est le bras
du vase. V. Arque-pincer. —
Offrir son anse, offrir son bras.
ANSES : Oreilles.— Comparai-
son de la tête au pot.
ANSES (une paire d') : Une
paire de grandes oreilles écar-
tées. Vues de face, elles ressem-
blent aux anses d'un pot.
ANSES (panier àdeux): Homme
ayant une femme à chaque bras.
ANTIF (battre 1') ; Marcher,
ANT
— 12 —
ANT
Mot à mot : battre le grand che-
min. — Antif est un vieux mot
qui signifie antique, etSQ rencon-
tre souvent dans les textes du
moyen âge uni à celui de chemin.
— Un chemin antif était un che-
min ancien, c'est-à-dire /rayé.
ANTIFFE : Marche. (Grand-
val.) Mot à mot : action de battre
rantif.
ANTIFt'ER : Entrer. (Rabasse.)
ANTIFFER (s') : Se marier.
(Rabasse.) — Forme moderne
d'antijîer. — Se dit aussi pour
être séduit, se laisser circonve-
nir.
ANTIFLE (battre 1'): Cafarder,
dissimuler. Mot à mot : hanter
l'église. V. A ntijler.
ANTIFLER, ENTIFLER : Ma-
rier. (Vidocq.) — Vient du vieux
mot antie, église.— Là se fait la
célébration du mariage. Entifler
est donc mot à mot : mener à
l'église. — « Ah ! si j'en défou-
raille, ma largue j'cntiflerai. »
(Vidocq.)
ANTIPATHER : Avoir de l'an-
tipathie. — « Pas une miette ! Je
l'antipathe. » (Gavarni.)
ANTIQUE : Élève sortant de
l'École polytechnique. V. Ab-
sorption.
ANTONNE : Église. (Vidocq.)
—Changement de finale du vieux
mot antie, église.
ANTONY : Jeune romantique.
— Nom du héros d'un drame
d'Alexandre Dumas qui fut fort
goûté en i83i. — ce Après les suc-
cès à^Antony, les salons pari-
siens furent tout à coup inondés
de jeunes hommes pâles et blê-
mes, aux longs cheveux noirs, à
la charpente osseuse, au:; sour-
cils épais,àla parole caverneuse,
à la physionomie hagarde et dé-
solée... De bonnes âmes, s'in-
quiétant de leur air quasi cada-
véreux, leur posaient cette ques-
tion bourgeoisement affectueuse :
« Qu'avez-vous donc?» A quoi
ils répondaient en passant la
main sur leur front : « J'ai la
fièvre. » Ces jeunes hommes
étaient des Antonys. » (E. Le-
moine.) — « D'ici à quelques an-
nées, il y aura moins de chance
de voir les jeunes Antonys plon-
ger leur dignité dans le fossé
bourbeux de la réclame. » {Fi-
garo, 65.)
ANTONYQUE.ANTONYSME:
La pose funèbre dont nous ve-
nons de parler, fit créer égale-
ment les mots antonyque et an-
tonysme. — a Ce sourire est
mélancolique ou antonyque, ce
qui est un. » (Lemoine.)— Quant
à l'antonysme, il mourut sous
les épigrammcs des lousiics...
lesquels ne voient plus une de-
moiselle de comptoir sur le re-
tour sans lui dire : « N'êtes vous
pas ma mère?» et ne vous dévo-
rent plus la moindre côtelette
de mouton sans pousser la fa-
meuse exclamation : « Elle me
résistait, je l'ai assassinée!»
(E. Lemoine.)
ANTROLER : Emporter. (Vi-
docq.) — Des mots entre roller :
rouler ensemble.
APLOMB : Droit au but.
Sus c' coup-là, je m'aligne.
L' gonse allume mou bâton,
J'allonge sur sa tigne
Cinq à six coups d'aplomb.
(Aubert, Chansons^ i!^i3.)
AQU - i3 -
Ah! fallait voir comme il touchait d'a-
[plomb.
[Les Mauvaises rencontres^ chanson.)
APOTRE : Doigt. (Vidocq.)—
Jeu de mots. Le doigt du voleur
happe souvent.
APPAS : Seins.
Madame fait des embarras.
Je l'ai vue mettre en cachette
Des chiffons pour des appas.
(Matt., Chansons.)
APPELER AZOR : Siffler.
V.A;(or.
APPUYER SUR LA CHAN-
TERELLE. V. ce mot.
A QUIA : Acculé dans une si-
tuation désespérée. — Latinisme.
— S'est dit d'abord des logiciens
pris en défaut, qui, ne sachant
plus quoi répondre, donnaient
un parce que {quia) pour toute
raison. Régnier, le satirique, met
ainsi en scène un donneur de
fausses raisons :
Par hazard disputant, si quelqu'un luy
[réplique,
Et qu'il soit à quia : • Vous êtes héré-
[tique. »
AQUIGER : Prendre, dérober.
— D'où le vieux mot d'argot
aquige-ornie^ maraudeur. Mot à
mot : voleur de poules.
AQUIGER : Palpiter. V. Co-
quer.
AQUIGER : Blesser, battre,
endommager. — « Me voici enfin
démarré de ce maudit ponton et
sans être aquigé. » (Rabasse.)
AQUIGER LES BRÈMES :
Entailler, biseauter les cartes.
(Vidocq.)
ARAIGNÉE DANS LE PLA-
ARC
FOND (avoir une) : Déraisonner.
— La boîte du crâne est ici le
plafond, et l'araignée -folie y tend
ses toiles. V. Plafond.
ARIA : Embarras.— V. Haria.
ARBALÈTE : Croix de cou,
bijou de femme. (Vidocq.) —
L'arbalète détendue ressemble à
une croix.
ARBALÈTE D'ANTONNE :
Croix d'église.
ARBI : Arabe. Pour Arabi; ar-
got d'Algérie. — ce Sobres les
Arbis, une poignée de son, un
peu d'eau, le coin de leur bur-
nous, voilà leur repas dans les
haltes. » {Commentaires de Lo-
riot.)
ARBICO : Petit Arabe. — Di-
minutif à'Arbi. — « La Maghr-
nia : une école de petits Arbicos,
un hôpital et un magasin. »
{Commentaires de Loriot.)
ARCASIEN, ARCASINEUR :
Celui qui monte un arcat.
ARCAT (monter un) : Écrire
de prison,et demander une avance
sur un trésor enfoui, dont on
promet de révéler la place. —
Vient à^arcane, mystère, chose
cachée. — La lettre qui sert à
monter Varcat s'appelle lettre de
Jérusalem, parce qu'on l'écrit
sous les verrous de la Préfecture.
Vidocq assure qu'en l'an VI, il
arriva de cette façon plus de
1 5,000 francs à la prison de Bi-
cétre.
ARCHE DE NOÉ : Académie
française, disent les dictionnaires
d'argot qui ont précédé le nôtre.
Je n'hésite pas à soutenir que
le mot est de pure invention, que
ARC
— 14 -
ARG
les argotîers anciens ignoraient
l'existence de l'Académie , et
qu'aujourd'hui un faubourien ne
sait pas du tout ce que veut dire
arche de Noé. Cette mystifica-
tion philologique est due sans
doute à l'esprit malicieux de
quelque homme de lettres chargé
de surveiller l'impression d'un
vocabulaire que tous les autres
auront copié. Vidocq, ou plutôt
celui qui travaillait pour lui, en
a fait autant. De là une erreur
partout reproduite. Vidocq a du
reste fait école de notre temps et
vers i865 un dictionnaire argo-
tique a donné cul à fauteuil,
mal choisi, enfant de la four-
chette, etc., comme synonymes
à^ académiciens dans la bouche
des voyous parisiens. Toutes ces
petites malices sont de pures in-
ventions.
ARCHE (aller à 1') : Chercher
de l'argent. (Vidocq.) — Du vieux
mot arche : armoire, coffre, qui
a fait archives.
ARCHE (fendre 1') : Ennuyer.
— Mot à mot : fendre le coffre.
— tt Ça commençait à me fendre
l'arche. Je lui dis : Pas de bêtises,
mon vieux. » (Monselet.)
ARCHI : Préambule dont la
langue usuelle se sert à tout
propos, du moment qu'il s'agit
d'inventer un superlatif. — Le
Dictionnciire de V Académie re-
connaît, du reste, qu'on peut
former de la sorte un très-grand
nombre de mots. Nous en citons
un exemple entre mille : — «Je
suis guérie... bien guérie... oh!
archiguérie. » (Villars.)
ARCHIPOINTU : Archevêque.
même observation que pour ar-
che de Noé. Nous ne crovons pas
à l'usage réel de ce mot. Je ferai
de plus remarquer que les dic-
tionnaires où il se trouve ne
donnent pas même le veux, pointu
pour évêque, ce qui deA rait être
en bonne logique, car pc>intu fait
allusion ici aux pointes de la
mitre.
ARCHI -SUPPOT : Voleur
émérite. — N'est plus usité.
ARÇON : Signe d'alerte con-
venu entre voleurs. — Eu vieux
arçon, archet, petit arc. Du temps
de Vidocq (1837), c'éta t un G
figuré à l'aide du pouce croit sur
la joue droite. — La cour 3e du C
représente la forme d'un arc.
ARCPINCER, ARQ.IEPIN-
CER : Prendre, arrêter. — Pin-
cer au demi- cercle est très-
usité dans le même sens. Il est
à remarquer qu'arc et demi-
cercle présentent la. même image.
— « Daignez arquepinctr mon
anse.» {Almanach du hanneton,
67.)
ARDENT : Chandell-. (Vi-
docq.)— Le mot a été biei. porté,
car M. Francisque Mie lel l'a
trouvé quatre fois dans ie Dic-
tionnaire des précieuses, dj 1660.
ARDENTS : Yeux. {Diction-
naire d'argot moderne, .4.) — -
Le verbe allumer, regarder, en-
traînait naturellement ce subs-
tantif. Y. Allumer.
ARGA : Part. « Pour mon arga,
je serai ton dévoué jusqu'à la
mort. » (Rabasse.)j
ARG AN EAU : Anneau réunis-
sant deux forçats. (Colomb ey.)
ARGUCHE : Diminutifs du
vieux mot argue, ruse, fi lesse,
ARM
- i5 -
ARR
irgot. — L'argot est une ruse de
langage. V. Truc.
ARGUEMINE : Main. — « Je
mets l'arguemine à la barbue. »
(Vidocq.)
ARIA : Embarras. — Du vieux
mot arriCf obstacle. — « J'ai eu
bien des arias avec la douane à
cause de mes malles. » (Monse-
let.) V. Haria.
ARICOTEUR : Bourreau. (Vi-
docq.)—«C'est demain que Char-
iot fera un haricot de ton corps.»
[L'Écluse, l'jbd.)
ARISTO : Aristocrate, homme
quelconque se trouvant en bonne
situation. — Abréviation. — « C'est
vrai ! tu as une livrée, tu es un
aristo. » (D'Héricault.)
ARISTOCRATE : Nom donné
par les détenus à ceux qui ont
assez d'argent pour être à la pis-
tole. (Rabasse.)
ARLEQUIN : Assemblage de
rogatons achetés aux restaurants
et servis dans les gargotes de
dernier ordre. — « C'est une bi-
joutière ou marchande d'arle-
quins. Je ne sais pas trop l'origine
du mot bijoutier; mais l'arlequin
vient de ce que ces plats sont
composés de pièces et de morceaux
assemblés au hasard, absolument
comme l'habit du citoyen de
Bergame. Ces morceaux de viande
sont très-copieux, et cependant
ils se vendent un sou indistinc-
tement. Le seau vaut trois francs.
On y trouve de tout, depuis le
poulet truffé et le gibier jusqu'au
bœuf aux choux. » (P. d'Angle-
mont.)
ARMOIRE A GLACE : Quatre
de jeu de cartes. « Tenez sur
galuchet, et de l'armoire à glace
évitez la beauté. » (Alyge.)
ARNAC (à V) : Avec prémédi-
tation. (Rabasse.) — Semble une
forme moderne d'amache.
ARNACHE : Tromperie. (Vi-
docq.) — Du vieux mot harna-
cher, tromper.
ARNAUD (avoir son), ÊTRE
ARNEAU : Être de mauvaise hu-
meur. (Halbert, Rabasse.) D'ar-
nauder,
ARNAUD ER : Murmurer. Mot
à mot : renauder à. V. Renau-
der.
ARNELLE : Rouen. (Vidocq.)
ARNELLERIE : Rouennerie.
(Idem.)
ARPAGAR : Arpajon (Seine-
et-Oise).— Changement de finale.
(Vidocq.)
ARPETTE : Apprenti. (F^a-
basse.)
ARPION, HARPION : Pied.-
C'est le vieux mot arpion : grille,
ongle. Harpon et harponner sont
restés dans la langue. — « J'aime
mieux avoir des philosophes aux
arpions. « (E. Sue.)
ARQUEPINCER : Arrêter. V.
Arcpincer.
ARRACHERDUCHIENDENT:
Chercher une occasion de voler.
C'est un pendant d'aller au per-
sil. V. Persil.
ARRÊTER LES FRAIS : Sus-
pendre une chose commencée. —
Terme emprunté au jeu de bil-
lard où on arrête les frais (de
location du billard) dès qu'on ne
joue plus.
ARS
— 16-
ART
ARRIÈRE-TRAIN : Derrière.
Rien ne me déplaît plus par contre que
[ce crin
Dont les dames se font un faux arrière-
[train.
(H. Briollet.)
ARRIVER PREMIER : Dépas-
ser tout concurrent. — Terme de
sport. — Se prend au figuré. —
« Vous êtes ravissante. Watteau
et Boucher sont distancés. Vous
arrivez première au charme des
yeux et des cœurs. » (Almanach
du hanneton, 6j.)
ARROSER : Payer. V. Galons
(arroser ses).
ARROSER : Couvrir de son
enjeu, faire des sacrifices d'ar-
gent répétés. — a Un monsieur
arrose le onze (à la roulette) de-
puis une heure et le onze n'a
pas plus l'air de sortir. »(R. Mil-
ton.)
ARSENAL : Arsenic. (Vidocq.)
— Changement de finale.
ARSONNEMENT : Onanisme.
(Vidocq.)
ARSOUILLE : Ignoble vau-
rien.— Anagramme du vieux mot
souillart qui désignait Varsouille
du moyen âge. La souillardaille
était la canaille jadis. (V. Du
Cange.) — «C'étaient des arsouil-
les qui tiraient la savate. » Th.
Gautier.)
Arsouille se prend adjective-
ment. — «Je n'étais accusé que
d'un mince délit et je n'avais pas
l'air arsouille. » (Lacenaire, Mé-
moires, 36.)
ART POUR L'ART (faire
de 1') : Cultiver les arts ou les
lettres sans y chercher de lucre. I
Y. Métier. — a'Hous avons connu
ces types si étranges, qu'on a
peine à croire à leur exis-
tence; ils s'appelaient les disci-
ples de Fart pour l'art. » (Mur-
ger.)
ARTHUR : Amant de cœur.—
« Sa conduite lui semble la plus
naturelle du monde; elJa trouve
tout simple d'avoir une collec-
tion d'Arthurs et de tromper des
protecteurs à crâne beurre frais,
à gilet blanc. » (Th. Gautier,
45.) V. Amant de cœur.
ARTHUR : Homme à préten-
tions séductrices. — « Un haut
fonctionnaire bien connu, mem-
bre d'une académie, Arthur de
soixante ans. » (De Boigne.)
ARTICHAUT (cœur d'): Cœur
inconstant, livré à autant de ca-
prices que le cœur de l'artichaut
compte de feuilles.— « Ton cœur
est un artichaut. Donne-m'en
une feuille. j)(Almanach du han-
neton, 67.)
ARTICLE (faire 1') : Faire va-
loir une personne ou une chose
comme un article de commerce.
— « Malaga ferait l'article pour
toi ce soir. » (Balzac.) — « Exa-
minez-moi ça! comme c'est cousu!
— Ce n'est pas la peine de faire
l'article. » (Montépin.)
ARTICLE (être à 1') : Être sur
le point de mourir. Mot à mot :
à l'article de la mort. — « Il est
en l'article et dernier moment de
son décès. » (Rabelais, Panta-
gruel, liv. III, ch. 21.)
ARTICLE (porté sur l')
sur l'article : Luxurieux.
fort
jxurieux.
ARTICLIER : « C'est un arti-
I
ART -
lier. Vernon porte des articles,
ira toujours des articles, et rien
ue des articles. Le travail le
lus obstiné ne pourra jamais
I reffer un livre sur sa prose. »
' Balzac.)
ARTIE, ARTIF, ARTIFFE,
iRTON : Pain. — On écrit aussi
^rtie, lartif, larton. V. ces mots.
En cette piolle
On vit chenument ;
Arton, pivois et criolle
On a gourdement.
(Grandval, 1723.)
ARTIE DE MEULAN : Pain
3lanc. (Halbert.)
ARTIE DU GROS-GUIL-
1.AUME : Pain noir. (Halbert.)
ARTILLEUR A GENOUX :
ilnfirmier militaire. — Allusion
au canon du clystère et à la pos-
ture que réclame sa manœuvre.
•—En 1 718, Ph. Le Roux nomme
déjà mousquetaires à genoux les
apothicaires.
On dit aussi : Canonnier de la
pièce humide.
ARTIS (langage de 1') : Argot.
(Vidocq.)
ARTISTE (trop) : ce il est trop
artiste, a dit madame Lecœur.
Être artiste veut dire : jeter l'ar-
gent par les fenêtres, le dépenser
à tort et à travers sans compter,
boire de ci et de là, courir la
fillette, chanter, rire toujours. »
(Privât d'Anglemont.)
ARTISTE : Vétérinaire. — Abré-
viation du titre connu : artiste
vétérinaire. Mot à mot : Maître
en Vart vétérinaire.
ARTISTE : Balayeur.— Il ma-
nie le pinceau {(falai).
17 - ASP
ARTON : Pain. V. Artie.
ARTOUPAN:Garde-chiourme.
« Ils vous bousculent en vérita-
bles artoupans. » (Rabasse.) V. Pé-
signer.
AS (être à) : Être sans argent.
(Rabasse.) Mot à mot : n'avoir
qu'un sou par allusion à la va-
leur représentée par le point de
la carte. — On dit aussi : être
dans l'as,
AS (à 1') : Au cabinet ou à la
table qui porte le n» i dans un
restaurant ou un café.— Allusion
à l'unité de l'as du jeu de cartes.
« Versez à l'as ! Un soda et une
fine par ici. » (A. Laffitte.)
AS DE CARREAU : Officier
de place. — Allusion à l'aspect
lozangé de ses revers rouges.
AS DE CARREAU : Havre-
sac d'infanterie. — Allusion à sa
forme carrée. — « Troquer mon
carnier culotté contre l'as de
carreau ou l'azor du troupier. »
(La Cassagne.)
AS DE PIQ.UE (fichu comme
un) : Mal bâti, mal vêtu.— Jadis
on appelait a5(iej7/^Me un homme
nul. — «Taisez-vous, as de pi-
que! » (Molière.)
ASPHALTE (polir 1'), Se bal-
lader sur l'asphalte : Flâner sur
les trottoirs (asphaltés) des rues
et des boulevards. — « Y en a
qui vont l'après-midi se ballader
sur l'asphalte. » {Almanach du
hanneton, 67.)
ASPHYXIÉ : Ivre-mort. Mot à
mot : Asphyxié intérieurement
par les émanations du liquide
absorbé. Charlet a représenté un
troupier contemplant un inva-
lide penché sur une table deçà-
ASS
- i8
AST
baret, avec ces mots : « L'ancien
est asphyxié. »
ASPHYXIER ; Boire. — C'est
un synonyme à'étouffer^ qui est
employé dans le même cas.
Asphyxier le perroquet : Boire
un verre d'absinthe. — Les per-
roquets les plus communs sont
verts comme l'absinthe. V. Per-
roquet.
Asphyxier le pierrot : Boire
un verre de vin blanc. — Allu-
sion de couleur. — Pierrot est
blanc. — «J'étais-t-allé à la bar-
rière des Deux-Moulins, histoire
d'asphyxier le pierrot. » (La
Correctionnelle^ journal, 41.)
ASPIC : Calomniateur. (Vi-
docq.) — Allusion au venin du
serpent. Uaspic des voleurs n'est
que la vipère des honnêtes gens.
ASPIQUERIE : Calomnie.
ASSEOIR (s') : Tomber, c'est-
à-dire ironiquement : s'asseoir
par terre.
ASSEOIR (allez vous) : Taisez-
vous. — Allusion à la fin obligée
des interrogatoires judiciaires.
— A. Dalès a fait en 67 une chan-
son intitulée :^//e^ vous asseoir.
ASSEYEZ- VOUS DESSUS :
Imposez-lui silence.
Asseyez-vous d'ssus,
Et que ça finisse.
Asseyez-vous d'ssus,
Et n'en parlons plus.
(Dalès, Chansons.)
« Ici un enfant se met à pleu-
rer. — Donnez-y donc à téter ?
— Asseyez -vous dessus! Une
grosse voix : N'y a donc plus
d'Papavoines? » (Marquet.)
ASTIC : Épée. — Le mot doit
être ancien, car il nous a laissé
le verbe asticoter :{a\vQ de pe-
tites piqûres. V. Astiquer,
ASTIC : Tripoli, mé' ange ser-
vant à Tastiquage des pièces de
cuivre.
Et tirant du bahut sa brosse et son astic,
Il se mit à brosser ses boutons dans le
[chic.
Souvenirs de Saint-Cyr.)
ASTICOT : Vermicelle. (Vi-
docq.) — Allusion de ferme.
ASTIQUAGE, ASTIQUE : Net-
toyage. — Le second tjrme est
une abréviation du premier. « Au
retour de la manœuvre, on en-
dosse sa toilette d'antique. »
{Vie parisienne, 66.)
ASTIQUÉ : Reluisant de pro-
preté, bien tenu. — ^ Peste !
maître Margat, vous avez l'air
d'un Don Juan... — Un peu, que
je dis! on a paré la coque... On
s'a pavoisé dans le grand genre !
On est suifé et astiqué propre-
ment. » (Capendu.)
ASTIQUER : Battre. Mot à
mot : frapper à coups à\istic. V.
ce mot. — Au moyen âge, estiquer
signifiait frapper de la pointe.
On dit encore d'estoc. — ce Sinon
je t'astique, je te tombe sur la
bosse. » (Paillet.)
ASTIQUER : Netto}-er. —
« Quand son fusil et sa giberne
sont bien astiqués. » (33, \'idal.)
— (( Il n'a pas son pareil^ pour
astiquer les cuivres. » (Éclair,
juillet 72.)
AS-TU FINI? i^ocutim em-
ployée pour montrer à l'interlo-
cuteur qu'il se met inutilement
en frais pour convaincre. —C'est
une abréviation de : As tu fini
tes manières? qui est employé
ATO —
dans le même sens. — « Rires,
cris : As-tu fini ?... A la porte!...
Asseyez-vous dessus ! » (Marquer.)
ATIGER : Frapper. Y.Attiger.
ATOMES CROCHUS : Élé-
■ ments mystérieux d'une sympa-
■■ thie réciproque. — « Elle a tous
' les genres d'esprit, de beauté et
d'humeur qui me charment; ce-
pendant nos atomes crochus ne
se conviennent pas. » (Mérimée.)
ATOUSER : Encourager. (Vi-
docq.) Mot à mot : donner de
ïatout, du courage.
ATOUT: Coup grave. — «Voilà
mon dernier atout... Vous m'avez
donné le coup de la mort. »
(Balzac.)
Expression de joueurs de cartes
qui ont appliqué aux accidents
de la vie le nom de l'ennemi
qu'ils craignent le plus. — En
voici un exemple superbe qui
prouve l'influence de l'argot pa-
risien sur la triomphante Alle-
magne. Il nous est fourni par la
Galette de Lorraine du 2 août,
organe officiel (prussien), mi-
français, mi-allemand, mais ré-
digéen entier par des Allemands :
« Tous les atouts sont dans les
mains de l'Allemagne. Elle en
donne et n'en reçoit pas.» (1872).
ATOUT : Courage. — « Je ne
me plains pas. Tu es un cadet
qui a de l'atout. » (E. Sue.)
Même allusion que ci-dessus;
seulement elle est retournée.
L'homme a ici l'atout dans son
jeu.
ATOUT (avoir de 1') : Avoir
le poing solide (Colombey.); —
avoir du courage. (Rabasse.)
ATTACHE : Liaison galante.
9 —
ATT
— Abréviation d'attachement. —
(c Le troupier ou la bonne d'en-
fant disent en changeant de quar-
tier ou de garnison :Ça m'embête
parce que j'avais une attache. »
(J. Choux.)
ATTACHE : Boucle. (Vidocq.)
— Effet pris pour la cause. —
« J'engantais sa tocquante, ses
attaches brillantes avec ses bille-
monts. » (Vidocq.) V. Chêne.
ATTAQUE (d') : Vivement,
spontanément.
Une homme d'attaque est un
homme d'action.
ATTENDRIR (s') : Se griser.
Mot à mot : s'attendrir sous
l'empire d'un commencement
d'ivresse. Dix minutes avant le
buveur attendri n'était qu'emw.
— « Le capitaine qui avait reli-
gieusement vidé son verre à cha-
que mot, s'attendrit.» (Th. Gau-
tier.)
ATTIGER : Frapper, saisir.
(Vidocq.) — Ce doit être un vieux
mot, car Vattingere (atteindre)
des Latins s'y retrouve presque
entier.
ATTRAPAGE : Vive discus-
sion, dispute, pugilat. — « La
femme de l'adjoint se fait remar-
quer au marché par ses attrapa-
ges avec les vendeuses. » {Paris
comique, 69.)
ATTRAPER : Faire un dessin
semblable au modèle. Mot à mot :
attraper la ressemblance. — «Elle
s'éprit de l'artiste qui m'avait si
bien attrapé et alla pleurer dans
son sein sur mon indifférence. »
(Marx.)
ATTRAPER : Critiquer ver-
tement, reprocher, injurier, —
AUM
— 20 —
AUX
«c J'en suis encore à me deman-
der en quoi cette phrase blesse
la morale; ceux qui l'ont attra-
pée, — style de théâtre, — de-
vraient bien me renseigner là-
dessus. » (Dumas fils, 66.)
ATTRAPER (s') :En venir aux
injures ou aux coups.
Attraper Vognon : Payer pour
les autres.
ATTRAPEUR : Critique acer-
be.-— «Ainsi les attrapeurs, fran-
cisons le mot, ne pouvant s'en
prendre à une scène hasardée,
s'en prirent-ils aux mots. » (Al.
Dumas fils, 66.)
ATTRIMER : Prendre. Mot à
mot : faire trimer à soi, attirer.
ATTRIQUER : Acheter. (Vi-
docq.) — Mot ancien, car Du
Gange lui donne un vrai pendant
dans attrosser : vendre.
AUBER : Somme d'argent.
(Vidocq.)— Jeu de mots.— Afa///e
se disait jadis d'une petite mon-
naie et d'un anneau de haubert
(cotte de mailles). — Au point de
vue financier comme au point de
vue militaire, Vauber était donc
la réunion d'un certain- nombre
de mailles. Y. Fouilloiise, Chêne.
— « Il a de l'aubert : il a de la
fortune. » (Rabasse.)
AUMONE (voler à 1') : Voler
chez un bijoutier en faisant éta-
ler chez lui de menus objets et
en plaçant ceux qu'on peut dé-
tourner dans la main de faux
mendiants arrêtés à la porte et
auxquels on semble faire l'au-
mône. Ce genre est pratiqué par
des femmes mises avec élégance.
AUMONIER : Voleur à l'au-
mône. V, ci-dessus.
1
AUTAN : Grenier. (Vidocq.)—
Du vieux mot hautain : élevé. —
Le grenier occupe le haut de la
maison.
AUTEUR : Père.-Motà mot :
auteur de mes jours. — « Il est
impossible de voir un auteur
(père) plus chicocandard. » (Th.
Gautier.) — « Il n'est pas de no-
tre monde, mais mon auteur a
la rage d'inviter des familles de
marchands. » (Du Boisgobey.)
AUTOR (d') : D'autorité. —
Abréviation. — Un coup d'autor
et d'achar est irrésistible. On
joint d'ordinaire ces deux mots.
V. A char, Liquide.
AUTOR (jouer d') : Jouer d'au-
torité, sans demander des cartes.
— « Ah! vous jouez d'autor ! —
Yes, d'autor et d'achar. » (Boue
de Villiers.)
AUTRE (1') : Napoléon I«,
c'est-à-dire l'autre souverain.
Usité sous Louis XVIII.— «M. de
Saint-Robert était, du temps de
V Autre, officier supérieur dans
un régiment de la vieille. »
(Couailhac.)
AUTRE COTÉ (femme de 1'):
Les étudiants appellent ainsi les
lorettes habitant la rive droite,
c'est-à-dire Vautre coté de la
Seine. — « C'est Annette. C'est
une femme de l'autre côté. »
{Les Étudiants, 6o.) V. Goi'
treux.
AUVERPIN : Auvergnat. —
Changement de finale. — c Est-ce
qu'il n'y a pas, dans ce quartier,
un brave Auverpin qui a fait des
affaires? » (Privât d'Anglcmont.)
AUXILIAIRE : Détenu faisant
les fonctions de domestique. —
AVA
— 2t —
kl^
c L'auxiliaire est l'homme de mé-
nage du prisonnier politique. Il
fait son lit, balaye la cellule et
vide ce qu'il y a à vider. » (G.
Guillemot.)
AVALE-TOUT-CRU : Voleur
de diamants. V. Détourne.
AVALÉ LE PÉPIN (avoir) :
Devenir enceinte. (Delvau.) —
Allusion à la pomme qui causa
la première faute d'Eve.
AVALER LE LURON : Com-
munier. (Colombey.) — Allusion
à la forme ronde de l'hostie.
AVALER SA CUILLER, SA
FOURCHETTE, SA LANGUE,
SA GAFFE: Mourir. — L'homme
qui meurt ne mange, ne parle et
ne navigue plus. — - Le dernier
terme a été trouvé, comme on
s'en doute, par un marin.
AVALER SON POUSSIN : Être
congédié. — Mot à mot : être re-
poussé.
AVALOIR : Gosier. (Vidocq.)
— La fonction est prise ici pour
la chose. — « Quand vous rin-
cez votre avaloir, vous êtes prié
de quitter le comptoir. » {La
Maison du lapin blanc, 58.) Cail-
lot, dans son Dictionnaire pro-
verbial {-k^), écrit avaloire (gorge,
gosier), et donne cet exemple,
sans préciser la source : « Je le
vois. Quelle avaloire \i> {Théâtre
italien.)
AVANCE : Voulant le progrès
quand même.— «Il se distinguait
par des idées avancées. » (Ville-
mot.)
On dit aussi : C'est un avancé.
AVANTAGES, AVANT-
CŒUR, AVANT-MAIN, AVANT-
SCÈNES : Seins. — Quadruple
allusion à leur saillie, à leur
avancement naturel. — « De l'a-
vant-main, petite bouche et lè-
vres de carmin. » (A. Belot.) —
« N'étoufFons-nous pas un petit
brin ? lui dit-il en mettant la
main sur le haut du buse ; les
avant-cœur sont bien pressés,
maman.» (Balzac) — « C'est trop
petit ici : la société y sera comme
les avantages de madame dans
son corset. » (Villemot.)
AVERGOT : Œuf. (Vidocq.)
AVOINE (donner de 1') : Fouet-
ter un cheval. (Delvau.) — Ironie.
AVOIR A LA BONNE, AVOIR
CELUI, AVOIR DANS LE VEN-
TRE, AVOIR DU BEURRE, DU
CHIEN, etc., etc. V. Bonne, Ce-
lui, Ventre, Beurre, Chien, etc.
Le verbe Avoir nous a paru ici
l'accessoire et non le principal.
AVOIR RIEN DU COTÉ GAU-
CHE (n'), N'avoir rien sous le
téton gauche : Manquer de cœur,
n'avoir pas de cœur. — « Les
femmes n'ont plus rien du côté
gauche, du coton tout au plus. »
(L.-G. Jacques, 68.)
AZOR : Sac d'infanterie. — Son
pelage lui a fait donner le nom
de chien. — « Le mauvais drôle
avait vendu son havre-sac, qu'il
appelait son Azor. » (Vidal, 33.)
— « Lorsqu'il s'est agi de mettre
Azor sur les épaules, j'ai cru
qu'on l'avait bourré de cailloux. »
{Commentaires de Loriot.)
A cheval sur A:^or : Sac au
dos. — Un fantassin en route du
qu'il part à cheval sur A:{or.
AZOR : Chien.— On dit : Ma-
dame et son A^or, quand même
il s'appellerait de tout autre nom,
BAB
— 22 —
BAC
lellement celui-là s'est répandu,
sans doute à cause du succès de
l'ancien opéra de Grétry, Zémire
et A:(or.
AZOR (appeler) : Siffler un
acteur sans plus de façon qu'un
chien. — « Dites donc, madame
Saint-Phar, il me semble qu'on
appelle Azor. » (Couailhac.)
AZTÈQUE : Petit et chétif
comme cette peuplade cie l'an-
cienne Amérique.— a Péreirem'a
fermé la porte au nez. C'est un
Aztèciue, » (About.)
B
BABILLARD : Confesseur. (Vi-
docq.) — Allusion aux efforts
persuasifs des aumôniers de pri-
son.
BABILLARD, BABILLARDE,
BABILLE : Livre, lettre. — Le
dernier mot est une abréviation.
Comparaison de leur lecture au
babillage d'une personne qui
cause sans s'arrêter. — a Ma lar-
gue part pour Versailles aux
pieds de Sa Majesté ; elle lui
fonce un babillard pour me faire
défourailler. » (Vidocq.)
BABILLER : Lire. (Vidocq.)-
Même comparaison.
BAC : Baccarat. — Abréviation.
— a La musique n'arrivant pas,
on a taillé un petit bac pour
prendre patience. » (A. Second.)
BACCHANTES (les) : Les fa-
voris, la barbe. (Rabasse.)
BACHASSE : Galère. — Aug-
mentatif de bac : bateau. — « En
bâchasse, tu pégrenneras jus-
qu'au jourdudécarement. » (Vi-
docq.)
BACHE : Enjeu. V. Bachot-
teur.
BACHI-BOUZOUCK : Soldat
irrégulier. — Mot turc francisé
depuis la guerre de Crimée où
l'armée turque comptait beau-
coup de bachi-bouzoucks. — «Le
Pays, le bachi-bouzouck de l'ar-
mée impériale, est bona:>artiste
par conviction. » {Figaro, jb.)
BACHO : Cette abréviation de
bachelier désigne indiiférem-
ment : i» le bachelier. On dit, je
suis bacho. 2° L'examen du bac-
calauréat. On dit : // prépare son
bacho, il passe son bacho. > L'as-
pirant bachelier. 4° L'école pré-
paratoire au baccalauréat. V. Po-
tasser, Cornichon.
BACHOTTER : Escroquer au
jeu de billard.
BACHOTTEUR : Filou chargé
du rôle de compère dans une
partie de billard à quatre. Il rè-
gle la partie, tient les enjtux ou
bâches et paraît couvrir la dupe
de sa protection. Les deux au-
tres grecs sont l'emporteur, c hargé
de lier conversation et la bcte qui
fait exprès de perdre au début
pour l'allécher. (Vidocq.)
BACKER. V. Bookmaker.
BACLER : Fermer.— (Yidocq.)
— Vieux mot.
BACON : Pourceau. (Idem.)—
BAD
23 ~
BAG
Vieux mot encore usité dans nos
campagnes de l'Est.
BADERNE (vieille) : Personne
qui n'est plus bonne à rien. — Ce
terme nous vient de la marine où
baderne se dit d'une sorte de
paillasson fait de vieux cor-
dages.
BADIGEONNER (se) : Se gar-
der excessivement la figure. Mot
à mot : se badigeonner comme
un mur.
BADINGUISTE, BADIN-
GOUIN : Bonapartiste. — « Le
reporter d'une feuille non moins
badingouine qu'hystérique. »
{Tam-Tam, 75.)— Du sobriquet
de Badingiiet, {Badingue par
abrév.) donné à Napoléon III dès
le début de l'Empire. Badinguet
était, paraît-il, le maçon sous la
blouse duquel le prince avait fui
sa prison de Ham. Quoi qu'il en
soit, ce sobriquet devint fort po-
pulaire. Si on s'en servait par iro-
nie dans l'opposition, on l'em-
ployaitsansmalicedansle peuple
etdans l'armée. En 1870, lors delà
démonstration qu'on fit sur Sar-
rebruck, je demandais à un sol-
dat resté en gare de Saint-Avold
si l'empereur était à Forbach :
<c Oui, dit-il tout naturellement,
Badinguet est arrivé. » —V. Ca-
pitulard.
BADOUILLARD : « Pour être
badouillard, il fallait passer trois
ou quatre nuits au bal, déjeuner
toute la journée et courir en cos-
tume de masque dans tous les
cafés du quartier Latin jusqu'à
minuit. » (Privât d'Anglemont.)
—Le badouillard fut de mode de
1840 à i85o.
BADOUILLE : Mari qui se
laisse mener par sa femme. (J.
Choux.)
BADOUILLER ; Faire le ba-
douillard.
BADOUILLE RIE : Art de ba-
douiller. — « La badouillerie est
la mort des sociétés de tempé-
rance. » (44, Catéchisme vois-
sard.)
BAFRE (mettre une) : Donner
un soufflet. (Rabasse.) .
BAGATELLES DE LA POR-
TE : Parade destinée à faire en-
trer le public dans une baraque
de saltimbanque. — Désigne
aussi : toute chose accessoire
donnée comme insignifiante à
côté de celle qui doit suivre. —
« S'amuser aux bagatelles de la
porte; c'est regarder les parades
d'un polichinelle. » (Caillot, 29.)
V. Postiche.
BAGOU, BAGOULT : Verve,
faconde, volubilité extrême. — Du
vieux mot bagouler, parler. L'an-
cien catalan a bagol : babil, ba
vardage. En Provençal, on dit
bagoul.
Nos différents auteurs ne s'ac-^
cordent guère sur la signification
précise de ce mot. i» Nodier
trouve dans le bagou une « lan-
gue factice dont le secret con-
siste à former des phrases com-
posées de mots étonnés d'être
ensemble et qui ne présentent
aucune espèce de sens. » — 2° Il
est défini ainsi par Balzac : « Ce
mot (bagou), qui désignait au-
trefois l'esprit de repartie stéréo-
typée, a été détrôné par le mot
blague. » — 3° M. Francisque
Michel se contente de dire :
a Bagou: bavardage, jactance.»
— 40 Auguste Luchet paraît être
MH
- 24 -
BAI
de l'avis de Nodier dans cet exem-
ple : a Tout un argot enfin, tout
un bagou barbare et vieux même
à Bobino. » (Luchet.)
BAGOU : Nom propre. (Vi-
docq.)
BAGUE : Nom propre. Vi-
docq.) — Abréviation de bagou.
BAHUT : Petit logement. —
a Et moi je ne lui paye peut-être
pas son bahut, à Milie.^ Quoi
qu'elle a à se plaindre? » (Mon-
selet.)
BAHUT : Pension, institution
académique. — « Je te croyais au
bahut Rabourdon. Jamais j'au-
rais pensé qu' t'étais devenu po-
tache. Et Furet, as-tu de ses nou-
velles? en v'ià un bahuteur. Il a
fait la moitié des bahuts au Ma-
rais et une douzaine au moins
dans la banlieue. » (Les Institu-
tions de Paris, 58.) V. Potasser.
BAHUT PATERNEL : Quel-
ques fils de famille disent, par
extension : le bahut paternel, en
parlant du logis de leurs auteurs.
BAHUT SPÉCIAL : École spé-
ciale militaire de Saint-Gyr. —
a L'École de Saint-Gyr ! j'ai le bon-
heur d'être admis à ce bahut
spécial. » (La Cassagne.)
BAHUTÉ : Geci est bahuté :
Ceci a le chic troupier (digne du
bahut spécial).
BAHUTER : Faire tapage.
Terme propre aux élèves de
Saint-Gyr.
BAHUTEUR : Tapageur. —
Vient du vieux mot bahutier. —
« Quand un homme fait plus de
bruit que de besogne, on dit
qu'il fait comme les bahutiers.
Car, en effet, les bahutiers, après
avoir cogné un clou, donnent
plusieurs coups de marteau inu-
tiles avant d'en cogner un autre.»
(P. Le Roux, 1718.) — « Cette
écorce rude et sauvage qui allait
au bahuteur de Saint-C yr. » (La
Barre.)
BAHUTEUR: Écolier nomade,
coureur de pensions ou bahuts,
V. ce mot.
BAIGNEUSE : Chapeau de
femme. — Du nom d'une coif-
fure à la mode vers la fin du siè-
cle dernier.
BAIN DE PIED : Excédant de
liquide versé pour faire bonne
mesure; il déborde et fût pren-
dre à la tasse ou au %erre un
bain de pied dans la soucoupe.
De là le mot.
^ BAIN DE PIED (prendre un) :
Être déporté à Cayenne.
BAISSIER : Homme spéculant
à la Bourse sur la biiisse des
fonds publics. — a Les i-iaissiers
ont fait répandre le b uit que
M. Thiers est très-sou iTrant. »
{Liberté, 7 juin 72.) — « Voici
comment opèrent les baissiers.
Sans avoir d'actions, ils en ven-
dent desquantités plus ou moins
considérables, suivant le crédit
dont ils peuvent disposer. Or,
plus une marchandise esi offerte,
plus son cours baisse. Quand
les actions sont descendues à un
cours inférieur à celui auquel ils
les ont vendues, ils les n chètent
et gagnent ainsi la différence. »
(Calemard de Lafayette.)
B AITE : Maison. — « Jorne et
sorgue, tu poisseras boucart baïte
chenument. » (Vidocq.)
BALADE : Flânerie, prome-
BAL - 2S -
nade. — On dit : être en balade,
faire une balade.
BALADER : Chercher, choi-
sir. (Colombey.)
BALADER (se), ÊTRE EN
BALADE : Flâner. — Du vieux
mot baler : se divertir— «Je suis
venu me balader sur le trottoir
où j'attends Mille. » (Monselet.)
BALADER : Choisir, cher-
cher. (Vidocq.) — Même racine.
Le choix comporte toujours un
déplacement.
BALADEUR, BALADEUSE :
Fainéant, coureuse. — ce Elle t'a
trahi sans te trahir. C'est une
baladeuse, et voilà tout. » (G. de
Nerval.)
BALADEUSE : Voiture de bim-
belotier forain. Elle court sans
cesse la campagne.
BALAI : Gendarme. (Vidocq.)
— On appelle de même raclette
une ronde de police; elle racle
comme la gendarmerie balaie.
BALAI (donner du) : Mettre
quelqu'un à la porte. Le Diction-
naire de P. Leroux (1718) a dans
le même sens : donner du manche
à balai.
BALANCEMENT : Renvoi. —
« Le conducteur de diligence ap-
pelle son renvoi de l'administra-
tion un balancement. » (J. Hil-
pert, 1841.)
BALANCER : Berner quel-
qu'un, lui faire perdre son temps.
Mot à mot : lui conter des ba-
lançoires. V. ce mot.
BALANCER : Jeter au loin. —
On sait que l'action de balancer
imprime plus de force à une pro-
jection. V. Litrer, Escrache.
BAL
BALANCER , ENVOYER A
LA BALANÇOIRE : Congédier,
renvoyer. — « J'ai conservé pro-
visoirement les anciens employés;
quand ils auront formé les pa-
triotes, nous les balancerons. »
(Delahodde, i85o.) — « Elle m'a
traité de mufle. Alors il faut la
balancer. » (Monselet.) — « Là-
dessus v'ià mon Chinois qui se
fâche... Je l'envoie à la balan-
çoire. » (Idem.)
On dit aussi exbalancer. —
« Je vais les payer et les exbalan-
cer à la porte. » (Vidal, i833.)
BALANCER SON CHIFFON
ROUGE : Parler. Mot à mot :
remuer la langue.
BALANCER SA CANNE : Vo-
ler, se mettre à voler. Mot à mot :
rompre son ban. V. Canne.
BALANCER SES CHASSES :
Regarder à droite et à gauche,
V. Chasses.
BALANCER SA LARGUE :
Quitter sa maîtresse.
BALANCER SES HALÊNES :
Cesser de voler, jeter ses outils
de voleur. V. Halène.
BALANCER UNE LAZAGNE :
Adresser une lettre. V. Lasagne.
BALANCIER (faire le) : At-
tendre quelqu'un. (Rabasse.)
BALANÇOIR, BALANÇON :
Barreau de fenêtre. (Vidocq.)
BALANÇOIRE (envoyer à la).
V. Balancer,
BALANÇOIRE : Mystification.
— a Le rappel des acteurs est de-
venu une mauvaise plaisanterie
et dégénère en véritable balan-
çoire. » (De Jallais, 1864.)
BALANÇOIRE î Mensonge,
BAL
— 26 —
BAL
conte en l'air. — « Non, mon-
sieur ! je n'avais pas fait un ac-
croc. — C'est une balançoire. »
(P. de Kock.) V. Balancer.
BALAYER : Se dit des femmes
qui marchent sans relever une
jupe longue, formant queue et
balayant le terrain.
BALAYEUSE : Femme mar-
chant comme ci-dessus. — « Te
verra-ton au concert des Champs-
Elysées .'' Il y a en ce moment une
collection de balayeuses. » (E.
Villars.)
BALAYEUSE : Longue redin-
gote balayant la terre. — « Une re-
dingote noisette, dite balayeuse,
dont la jupe drapée en tuyaux
d'orgue, ondoyait à chaque mou-
vement. » (Villemessant.)
BALLE : Tête. — Comme
boule et coloquinte, balle fait
allusion à la rondeur de la tête.
— « Tu fais bien ta tête. Est-ce
que ma balle ne te va pas? dit-il
à la maîtresse du chevalier. »
(Macaire, i833.)
Bonne balle : Tête ridicule.
Rude balle : Tête énergique,
caractérisée.
Balle d'amour : Jolie figure.
(Vidocq.;
BALLE : Franc. — Allusion à
la forme ronde d'une pièce de
monnaie. — « Je les ai payées
200 francs. — Deux cents balles,
fichtre ! » (De Concourt.)
BALLE (être rond comme) :
Avoir bu et mangé avec excès.
V. Rond.
BALLE DE COTON : Coups
de poing. — Allusion aux gants
rembourrés des boxeurs. — « Il
lui allonge sa balle de coton,
donc qu'il lui relève le ne^ et lui
crève un œil. » {La Correction-
nelle, £841.)
BALLON : Derrière. — i:nlever
le ballon : donner un coup de
pied au derrière. ~ « Inutile de
faire remarquer l'analogie qu'il
y a ici entre la partie du corps
ainsi désignée et une peau gon-
flée de vent qu'on relève du
pied. » — (Fr. Michel.)
BALLON : a Ce mot est du
domaine de la chorégraphie. Le
ballon consiste à s'enle er de
terre avec une grande vigueur de
jarrets, et à retomber mollement
et avec grâce sur les poii.tes, si
c'est possible; madame Mon-
tessu est un des premiers ' ^allons
connus. » (J. Duflot, 186:.)
Bien que l'image préseitée ici
paraisse être celle d'un ballon
s'élevant du sol, c'est dans la lé-
gèreté traditionnelle de M. et
M"« Ballon, célèbres danseurs de
ballet sous Louis XIV, qu'il faut
chercher l'origine du m )t. Un
Dictionnaire de la danse du siècle
dernier le constate bien avant
l'invention des aérostats.
BALLON (se donner, se pous-
ser du) : Porter une cri loline
d'envergure exagérée, faire bal-
lonner sa jupe. ■»
BALLON (se lâcher du) : S'en-
fuir avec la vitesse d'un aérostat.
— « Tu te la casses, il se ] mousse
de l'air ou il se lâche du l allon,
nous fendons notre éque Te ou
nous affûtons nos pincettes, vous
vous déguisez en cerf ou vous
graissez le tourniquet, ils pin-
cent leur télégraphe ou ils accro-
chent leur tender. » (Villa] s.)
BALOGHARD, BALOGHEUR:
BAL — 27 — BAN
docq.) Mot à mot
« Le balochard représente sur-
tout la gaieté du peuple; c'est
l'ouvrier spirituel, insouciant,
tapageur, qui trône à la bar-
rière. » (T. Delord.) W.Balocher.
Pardon ! pardon I Louise la Balocheuse,
De t'oublier, toi, tes trente printemps,
Ton nez hardi, ta bouche aventureuse,
Et tes amants plus nombreux que tes
dents. (Nadaud.)
BALOCHARD : Personnage
de carnaval, — C'était une va-
riété du chicardy avec un feutre
défoncé pour casque. A la mode
comme lui de 1840 à i85o.
BALOCHER : « C'est quelque
chose de plus que flâner. C'est
l'activité de la paresse, l'insou-
ciance avec un petit verre dans
la tête. » (T. Delord.) — Augmen-
tatif du vieux mot^^Zer ; se di-
vertir.
BALOCHER : S'occuper d'af-
faires véreuses. (Vidocq.)
BALOCHEUR, BALO-
CHEUSE. V, Balochard.
BALOUF : Très-fort. — « La
satonnade roule à balouf. » (Ra-
basse.)
BALTHAZAR : Repas plantu-
reux. — Allusion au fameux
repas biblique. — « Je vais me
donner une bosse et faire un
baltha:(ar intime. » (Murger).
« Maria. Ah! voilà le bal-
tha^ar qui arrive.
— Eole. Comment appelez-
vous ça?
— Maria. Un balthazar... et
vous?
— Eole. Moi, j'appelle ça un
déjeuner , tout bonnement. »
(Barrière.)
BALUCHON : Paquet. (Vi-
petit ballot.
V. Paqueçin.
BANBAN : Personne de petite
taille, aux membres noués. —
Abréviation redoublée de ban-
croche : rachitique. — « J'entrai
chez Dinah, jolie petite brune
un peu banban. » (Céleste Mo-
gador.)
BANCAL : Sabre courbe. —
Allusion aux jambes arquées du
bancal. — « Voilà M. Oranger
qui apporte le bancal. » (Ga-
varni.)
BANCO, BANCOT, BANQUO
(faire) ; Tenir tout l'argent pïacé
par le banquier devant lui. —
Terme de lansquenet. — « Cer-
tains joueurs arrivent avec dix
louis; ils font des banco de cent,
deux cents, trois cents louis. »
(A. Karr.) — « Il se trouvait sans
argent, et dit à M. de Maucroix
qu'il faisait bancot sur parole. »
(Dumas fils, le Demi-Monde.)
Un coup trop incertain fait soupirer le
ponte,
Mais un hardi banque tout à coup le
remonte. (Alyge, 1854.)
BANDE (coller sous) : Acculer
dans une situation difficile. —
Terme de billard. — « Oui, nous
voilà collés sous bande. Ah !
nous nous sommes bien blou-
sés. » (L. de Neuville.)
BANDE NOIRE : Association
occulte de spéculateurs réunis
dans le but de morceler et vendre
en détail de grandes propriétés.
— a Alors la bande noire ache-
tait vos palais pour les revendre
au détail. » (Rienp, 1825.)
BANNIÈRE (être en) : N'avoir
qu'une chemise flottante pour vê-
BAQ
- 28 —
BAR
tement. — Le mot date du temps
où notre bannière était blanche.
BANQUE : Réunion de sal-
timbanques
BANQ.UE : Opération dont la
valeur réelle est déguisée dans le
but d'exploiter le public. — De
banc : tréteau de charlatan. —
« Ah ! c'est une bonne banque. »
(Labiche.)
BANQUE : Payement des ou-
vriers imprimeurs. V. Salé.
BANQUE (être de la) : Etre
d'accord pour escroquer. (Ra-
basse.)
BANQUE (faire la) : Allécher
le client. Terme employé par les
camelots vendant sur la voie pu-
blique.
BANQUE (faire une) : Ima-
giner une ruse pour duper. (Go-
lombey.)
BANQUETTE : Menton.
(Vidocq.) — La saillie du menton
forme en effet banquette au bas
du visage.
BANQUISTE : Faiseur de ban-
ques, saltimbanque. — « Adieu,
z'agréables banquistes, je n' peux
plus frayer avec vous. »(Festeau.)
BANQUO. V. Banco.
BAPTÊME (se mettre sur les
fonts du) : Se mettre dans l'em-
barras. — « Nous ne voulons
enquiller chez aucun tapissier,
c'est se mettre sur les fonts du
baptême. » (Vidocq.) — En argot,
parrain veut dire témoin à
charge. On s'expose donc au par-
rain en se mettant sur les fonts
du baptême. V. Parrain.
BAQUET DE SCIENCE : Ba-
quet de cordonnier. — « Elle a
été débarbouillée dans le baquet
de science, où trempen: le cuir
et la poix. » (H. Lierre.)
BAQUET INSOLENT : Blan-
chisseuse. (Halbert.) Allusion au
baquet professionnel. Les blan-
chisseuses passent pour avoir le
verbe haut. Colombey donne
baquet insolpé, (c'est insolent avec
changement de finale).
BARANT : Ruisseau. (Colom-
bey.) Il barre.
BARAQUE : Mauvaise maison,
établissement mal administré. —
« J' suis dans une mauvaise ba-
raque, chez des avaricicux qui
me coupent le pain pour mon
dîner.» (Marco - Saint - liilaire,
1841.) — ce II y a longtemps que
vous êtes au service de Madame ?
— Un mois. — Est-ce une bonne
maison? — C'est z'une vraie ba-
raque. » (M. Perrin, 1847.)
BARBAUDIER : Guichetier.
(Vidocq.)— Pour barboticr. V. ce
mot.
BARBE (avoir de la barbe)
Vieillir. V. Pipe (casser sa). —
On dit d'une histoire dcjà con-
nue : elle a de la barbe.
BARBE (prendre la), AVOIR
SON EXTRAIT DE BARBE :
S'enivrer. — oc La Sai.it-Jean
d'hiver, la vSaint-Jean d'été, la
Saint-Jean-Porte-Latine, le mo-
ment qui commence les veillées,
celui qui les voit finir, sont au-
tant d'époques où (pour les com-
positeurs d'imprimerie) il est in-
dispensable de prendre la barbe. »
(Ladimir.) — « L'un d'entre eux,
qui avait déjà son extrait de
barbe, chancelle. » (Moisand,
1841.)
BARBEROT : Barbie-. (Vi-
docq.) — Dimin. de barbier^
BAR — 29 —
BARBET (le) : Le diable. —
« Mon cher camerluche, me voilà
enfin décarré, par la grâce du
mek ou du barbet. » (Rabasse.)
BARBICHE : Large bouquet
de poils couvrant et dépassant le
menton. — « En ce temps-là,
Boudefer, lieutenant aux dra-
gons, et possesseur d'une taille
de guêpe et d'une barbiche
soyeuse. » (Marx.)
BARBICHON : Moine. (Colom-
bey.) Allusion à sa barbe.
BARBILLON, BARBILLE,
BARBEAU : Souteneur de filles.
V. Mac,
BARBISTE : Elève ou ancien
élève de l'institut de Sainte-Barbe.
— tt Jurez, Lexoviens, Barbistes,
Moinillons et Ludovicistes, vous
viendrez célébrer en frères les
haricots de Montaigu. » (Léger,
1819.)
BARBOT : Canard. (Vidocq.)
— Il barbote volontiers.
BARBOT : Vol. — Allusion à
l'action des doigts, fouillant dans
une poche, comme le bec du
canard barbote dans un trou. —
a Je fis le barbot et je m'em-
parai de quelques pièces de vingt
et quarante francs. » (Canler.)
BARBOTE : Fouille des pri-
sonniers avant leur incarcéra-
tion.
BARBOTER : Voler. (Vidocq.)
Mot à mot : faire le barbot. —
« Tous deux en brav's nous bar-
botions, d'or et d'billet nous
trouvons un million, w (Paillet.)
BARBOTER : Fouiller. (Ra-
basse.)
BARBOTEUR : Voleur.
BAS
BARBOTIER : Guichetier ; il
fait la barbote des détenus.
BARBUE : Plume. (Vidocq )
Allusion à sa barbe. V. Argue-
mine.
BARON DE LA CRASSE : Se
dit d'un homme mal bâti, habillé
ridiculement, et qui se donne
des manières de cour. (Caillot,
1829.)
Poisson a fait une pièce inti-
tulée le Baron de la Crasse.
BARONIFIER : Donner le titre
de baron. On peut appliquer à
la formation de ce mot nouveau
la remarque que nous avons faite
à propos d'archi. « D'Aldrigger
fut alors baronifié par S. M. l'em-
pereur. » (Balzac.)
BARRE : Aiguille. (Vidocq.)
— Ironie.
BARRE : Comparaison des mâ-
choires aux barres de cheval. —
(( Ne compte que sur le liquide
pouri'te rafraîchir les barres, cava-
lièrement parlant. » (A. Lecomte,
61.)
BARRER : Rompre, cesser
une affaire. (Rabasse.)
BARTHOLO : Surveillant,
vieux et jaloux. — Surnom dû au
succès du Barbier de Séville,
pièce où le tuteur incommode se
nomme Bartholo. — « Nos mon-
daines Parisiennes... pourront
défier ensuite les Bartholo les
plus adroits. » (Figaro, 75.)
BAS BLEU : Femme auteur,
ou affichant des goûts littéraires.
— Anglicanisme. — Au siècle
dernier, lady Montague, dont le
salon était des plus littéraires,
aurait déclaré que les touristes
pouvaient s'y présenter en tenue
BAS
3o
BAS
de voyage et en bas bleus. Selon
d'autres, elle portait elle-même
des bas bleus, ce qui lui aurait
valu, de la part d'un amant con-
gédié, le poëte Pope, le sobriquet
de bîue stocking, bas bleu. —
« Voyez-la donc dans la rue,
trottinant les coudes serrés con-
tre la taille, la tête haute, le re-
gard baissé, un manuscrit sortant
de son cabas; voyez dans cette
vieille chaussure ce bas qui se
déroule; est-ce un bas bleu ? C'est
un bas sale ! Tope là ! vous avez
l'origine du mot. C'est la grande
habitude des femmes de lettres
de ne jamais s'occuper de ces
minces détails de la vie de chaque
jour. » (Jules Janin.) — « Mo-
lière les appelait les femmes sa-
vantes, nous les avons nommées
bas bleus. » (Fr. Soulié.)
Bas bleu a même droit de cité
dans des sphères plus hautes, si
nous en croyons ces lignes : « La
comtesse de Liéven, bas bleu po-
litique de la plus haute distinc-
tion. » (H. de Viel-Castel.)
BAS DE BUFFET (vieux) :
Vieille femme à prétentions.
(Delvau.)
BAS DU CUL : Homme de pe-
tite taille.
BAS DU DOS : Postérieur,
BAS PERCÉ (être) : Etre dans
l'indigence. — Du temps des cu-
lottes courtes, un bas percé se
voyait, et il fallait être bien mi-
sérable pour ne pouvoir payer
la ravaudeuse.
BASANE : Amadou. (Colom-
bey.) — L'amadou ressemble
assez à une vieille peau de ba-
sane.
BASANE : Peau humaine. —
Animalisme.
BASE : Derrière. — Ne se dit
que d'un homme assis, car s'il
était debout, l'allusion ne serait
plus justifiée. — ce Les brusques
mouvements de l'aniraal qui
souvent écorchent votre base. »
(A. Lecomte, 1861.)
BASE (se porter sur la) :
S'aligner. — Abréviation de : se
porter surla base del'alit nement.
— «Prenez un pinceau e portez-
vous sur la base, » dit un briga-
dier de semaine aux hommes
désignés pour la corvé<; du ba-
layage. (Idem.)
BASILE : Fourbe hypocrite,
calomniateur. — Du n )m d'un
personnage du Barbier d: Séville.
— a Après i83o, on se c éguisait
beaucoup en Basile. » (Privât
d'Anglemont.) — « Son premier
soin sera d'envoyer pronener les
Basiles. » (L. Bienvenu.)
BASOURDIR : Asson mer. —
(Vidocq.) — Abrév. d'ab.sourdir.
BASSIN, BASSINOIRE : Im-
portun.
Allons, vieux bassin,
Avez vous fini vos manières ?
(Becquet, chansons.)
BASSINER : Importuner. Mot
à mot : échauffer comme une
bassinoire. — « Il me bassine,
cet avoué. » (Labiche.)
BASSINOIRE : Grosse montre
de cuivre. Moins le marche, elle
offre un diminutif ass3z exact
de la bassinoire class que. —
« C'était une vénérable montre
de famille, dite bassinoire. »"
(Champfleury.) V. Bassin,
BAT
- 3r —
BAT
BASTRINGUE : Scie à scier le
ter. (Halbert.)
BASTRINGUE : Etui conique
en fer d'environ quatre pouces de
long sur douze lignes de dia-
mètre, contenant un passe-port,
de l'argent, des ressorts de mon-
tre dentelés pour scier un barreau
de fer. (Vidocq.) — Les malfai-
teurs arrêtés cachent dans leur
anus cette sorte de nécessaire
d'armes, qui doit être introduit
par le gros bout. Faute de cette
précaution, il remonte dans les
intestins et finit par causer la
mort. Un détenu périt il y a quel-
ques années de cette manière, et
les journaux ont retenti du nom-
bre prodigieux d'objets décou-
verts dans son bastringue, après
l'autopsie.
BATAILLE (chapeau en) :
Chapeau à cornes tombant sur
chaque oreille. Mis dans le sens
contraire, il est en colonne. —
Terme de manœuvres militaires.
— ce Les uns portent d'immenses
chapeaux en bataille, les autres
de petits chapeaux en colonne. »
(La BédoUière.)
BATEAU : Souliers. — Allu-
sion de forme. — a Je lui dis :
ntoine, t'as pris mes bateaux ;
je me jette sur lui et je trouve mes
souliers. » {La Correctionnelle,
1841.) Se dit aussi d'un soulier
énorme. -~ <c 11 chausse aussi
cette excellente marquise.., une
frégate. Eh bien ! il y a des jours
où, ma parole, ce n'est guère plus
grand qu'un bateau. » (E. Villars.)
BATEAU (mener en) : Escro-
quer.
BATH (du) : De Vor, de l'ar-
gent. (Rabasse.)
BATH : Bon et beau. — / bré-
viation de batif : joli. — « Nous
avons fait un lansquenet n peu
bath cette nuit. » (A. Vitu.)
BATIF, BATIFONNE : Neuf,
neuve, joli, jolie. (Vidocq.) —
De battant avec finale changée.
BATIR : Etre enceinte. (J.
Choux.) — Mot à mot : bâtir un
enfant.
BATON CREUX : Fusil. (Hal-
bert.) —Vieux mot. — Au moyen
âge les armes et bouches à feu
s'appelaient bastons à feu.
BATON MERDEUX : Homme
de relations difficiles. — Mot à
mot : homme semblable à un
bâton merdeux qu'on ne sait par
quel bout prendre. — « Bâton
merdeux, homme brusque qui
repousse tous ceux qui s'adres-
sent à lui. » (Dhautel.)
BATOUSE : Toile. (Grandval.)
— (c La batouse à limace est plus
chenue aussi. » (Rabasse.)
BATTAGE : Mensonge. V.
Batterie.
BATTANT : Cœur. (Vidocq.)
Mot imagé. — Le battant est le
cœur à son état ordinaire. Il ne
mérite pas encore le nom do pal-
pitant.
BATTANT, BATTANTE :
Neuf, neuve. (Idem.) On a con-
servé l'expression de battant neuf.
BATTANT : Gosier. V Pivois.
— Se pousser dans le battant :
boire. — Rien dans le battant :
je suis à jeun.
BATTANT : Langue. — Allu-
sion au battant de la cloche. —
BAT
BAU
On dit d'une bavarde qu'elle a un
bon battant.
BATTANTE : Cloche. Elle
bat les heures. — « Ho ! les amis,
sept plombes qui crûssent à la
battante d'Elisabeth ! » (Caté-
chisme poissard, 1844.)
BATTERIE, BATTAGE :
Mensonge. (Vidocq.)
BATTEUR : Menteur. (Idem.)
BATTEUR DE DIG DIG :
Voleur simulant une attaque d'é-
pilepsie dans un magasin pour
que ses compères volent plus à
l'aise. (Colombey.)
BATTOIR : Main large, main
de claqueur, sonore comme un
battoir de blanchisseuse. —
« Dieu ! la belle tragédienne !
En avant les battoirs ! » (L. Rey-
baud.)
Mais les battoirs du parterre
Font un tel bruit de tonnerre.
[Rien!{i, 1826.)
BATTRE : Tromper. (Vidocq.)
BATTRE L'ANTIFLE : Battre
le pavé, marcher. V. Antiffe.
BATTRE L'ENTIF : Espion-
ner. (Rabasse.) — Forme mo-
derne du mot précédent.
BATTRE LE BRIQUET :
Rapprocher les jambes en mar-
chant, ce qui produit un frotte-
ment analogue au battement du
briquet.
BATTRE COMTOIS : Jouer le
rôle de compère. (Colombey.)
BATTRE COMTOIS, BAT-
TRE JOB : Faire le niais. (Vi-
docq.) V. Comtois f Job,
BATTRE EN DUEL (se) : On
dit des yeux louches qu'ils se
battent en duel. — Allusion à
leur rencontre. — On dit aussi
de petites portions offertes sur
un grand plat, qu'elles se battent
en duel. — Allusion à lespace
sur lequel elles se meuvent par
trop librement.
BATTRE LA PAUPIÈRE
(s'en) ? Ne faire aucun cas d'une
chose. — C'est un synon} me de
s'en battre l'œil. — « Moustache
ou barbe, je m'en bats h pau-
pière... Il faut qu'un homme
pèse deux cents; s'il ne pèse pas
deux cents, c'est pas la peine de
se déranger. » (A. Scholl.)
BATTRE MORASSE : Crier
au secours. V. Morasse.
BATTRE SA FLEMME : Pa-
resser. V. Flemme.
BATTRE SON QUART : Rac-
crocher. V. Qiiart.
BAUCHER : Se moquer. (Co-
lombey.)
BAUCOTER : Agacer. (Idem.)
BAUDE : Mal vénérien. (Vi-
docq.) — Du vieux mot baude :
débauché. — La baude >erait
donc la débauchée, c'est-à-dire le
mal de la débauche.
BAUDRU : Fouet. — Du vieux
mot baudre : qui a fait courroiey
baudrier.
BAUGE : Coffre. (Grand val.)
BAUGE ; Ventre. (Colombey.)
— Animalisme.
BAUME D'ACIER : Instrument
de chirurgie. — Moyen ironique
de faire entendre que tous les
baumes du monde ne peuvent
BAZ
- 33
BEA
dispenser d'une opération. —
(( Quant aux dents, si gâtées
qu'elles soient, il n'est pas de
dentifrice qui ne leur promette
de les mettre à Tabri du baume
d'acier. » (Le Nil, journal, août
1872.)
HAUSSE, BAUSSERESSE :
Patron, patronne.
BAVARDE : Langue. (Ra-
basse.)
BAVAROISE AUX CHOUX :
Verre d'absinthe et d'orgeat. —
« On nous apporte deux bava-
roises aux choux. Nous en étouf-
fons encore deux autres. » (Mon-
selet.)
BAVER : Parler. Abréviation
de bavarder.
BAYAFE : Pistolet. — C'est
un vieux mot languedocien qui
veut dire souffleur. Or, soufflant
veut dire aussi pistolet. V. Souf-
flant. — « On peut remoucher les
bayafes. Alors le taffetas les fera
dévider et tortiller la planque où
est le carie. » (Vidocq.) On dit
aussi bayafre.
BAYAFER : Fusiller. (Colom-
bcy.)
BAYONNETTE INTELLI-
GENTE : Garde national et par
extension militaire s'occupant de
politique. — Le mot date de
1848, et a été dans l'origine une
flatterie maladroite qu'on a ri-
diculisée. — « Notre horreur des
bayonnettes intelligentes est telle
que nous voudrions... » (Saint-
Genest, yS.)
BAZAR : Maison chétive. —
« Petit bazar entre cour et jar-
din. » (Labiche.)
BAZAR se dit aussi par ironie
d'un établissement quelconque.
— « Si tu ne veux pas ouvrir ta
boîte, dis-le! Allons chercher un
autre bazar. » (Cavaillé.)
BAZAR : Mobilier.— Mot con-
temporain de notre entrée en
Afrique. — «J'ai vendu la moitié
de mon bazar pour payer le mé-
decin. » (E. Sue.)
BAZARDER : Vendre. —«L'au-
tre semaine je vous ai encore ba-
zardé trois pendules, même que
vous avez été trop rat et que j'ai
été refait dans le dur, » (Du Bois-
gobey).
BEAU : Homme à la mode. —
«Le 6e<^w de l'Kmpire est toujours
un homme long et mince, qui
porte un corset et qui a la croix
de la Légion d'honneur. » (Bal-
zac.)
BEAU (vieux), ex-beau : Vieil
homme ayant conservé des pré-
tentions à une grande élégance.
— « Un vieux chef de division,
ancien beau, sonne son huis-
sier. » {Figaro, yS).
BEAU DU JOUR : Élégant,
homme à la mode. — Le beau du
jour reçoit d'autres noms qui
varient avec le temps. Depuis
Louis XVI on l'a successivement
appelé petit -maître, incroyable,
merveilleux, fashionable, dandy
mirliflor, gant jaune, lion, gan-
din, petit crevé, gommeux, etc.
BEAU FILS. — Jeune beau.
BEAUCE, BEAUCERESSE :
Revendeur, revendeuse du mar-
ché du Temple.
BEAUSSE : Riche bourgeois.
(Golombey.)
BEB
BEAUTÉ (la) : Le sexe fémi-
nin, fût-il aussi laidement repré-
senté que possible.
BEAUTÉ DU DIABLE ; Se dit
de la fraîcheur de la jeunesse et
non de la beauté. Vénus n'y est ici
pour rien. « Elles ont ce qu'il est
convenu de nommer la beauté du
diable, ce qui veut dire de la jeu-
nesse. » (P. de Kock.)
BÉBÉ : Poupard. — De l'an-
glais baby. — Emma arriva au
sortir du bal de la Porte-Saint-
Martin, en costume de bébé. »
{Ces Dames, 1860.) — M. Gus-
tave Droz a fait un livre inti-
tulé : Monsieur, Madame et
Bébé. On adopta ce mot, vers
1860, mais il est plus ancien.
BÉBÉ : Avorton. — oc Ce bébé
littéraire et turlupin tragique. »
{Epître à l'Empereur, par une
muse villageoise, 1808, in-8.) Al-
lusion à Bébé, nain célèbre du
roi de Lorraine Stanislas (xviii*
siècle.
BÉBÉ : Terme d'amitié. Mot à
mot : petit-fils. — ce Eh bien, mon
bébé, je t'avertis que je compte et
compterai éternellement sur ton
cœur. Bonjour, mon bon bébé,
mon ancien et éternel ami. » So-
phie ArnoulJ, Lettre à Bellan-
ger, 27 février lyqS.)
Voici un exemple plus mo-
derne qui prouve que, si les
mots changent, les besoins ne
changent pas. — « Tu sais, mon
petit homme, que je n'ai plus un
sou, et que ton petit bébé ne
doit pas rester sans espèces. »
{Ces rOames, 1860.)
Un mot dont on nous favorise,
Mot aux nourrices dérobé,
— 34 - BEC
C'est (aurait-on la barbe grise) î
Gomment §a va ! Bonjour, bébé.
<> (Fr. de Gourcy.)
BEC : Bouche. — Animalisme.
— - Le mot est de toute antiquité.
Villon, dans son Testament, parle
des commères « qui ont le bec
affilé. » Dans la ballade des Fem-
mes de Paris, on retrouve en-
core : « Il n'est bon bec que de
Paris. »
Casser, chelinguer du bec :
avoir mauvaise haleine.
^ Fin bec\: gourmand.
Passer devant le bec : passer
sans répondre à l'espoir de quel-
qu'un. — « Il ne sera i^as mal
de profiter du brouillard pour
leur passer devant le bec. ) ( L. Des-
noyers.) On dit souvent : Cela m'a
passé devant le bec.
Rincer le bec : faire boire.
River le bec : faire taire.
Taire son bec : se taire, —ce Pour
lui faire taire son bec, mon hom-
me s'est vu forcé de jouer iu cou-
teau. » (M. Perrin.)
Tortiller du bec : manger.
BÉCASSE : Femme maigre et
guindée comme une béci sse. —
(( La femme a l'air d'une fameuse
bécasse. » (Villemot.)
BÊCHER : Battre, direiiu mal.
— Du vieux mot béchier : frapper
du bec. ^ a Je suis corime je
suis, c'est pas une raison pour me
bêcher. » (Monselet.)
BÊCHER, BÊCHEUSE : Médi-
sant, médisante.
BÊCHEUR : Mendiant (Ra-
basse).
BÊCHEUR : Magistrat chargé
du ministère public. Mot î\ mot :
bêcheur de prévenu . — « Ma Igré le
BEG - 35 -
crachoir de mon parrain, le bê-
cheur ayant demandé l'applica-
tion de la peine, je fus condam-
né. » (Journ. d'un pris. Maz.)
BÉCOT : Petit baiser pris du
bout des lèvres avec la prestesse
de l'oiseau qui donne son coup
de bec. — « Encore un bécot. »
(Ghampfleury.) V. Chouette.
BÉCOTER. : Donner un bé-
cot. — « Tiens, j'effarouche les
tourtereaux.. . On se bécotait ici. »
(Cormon.)
On écrit aussi : bécotter.
BEN
Petit bossu,
Noir et torta,
Qui me bécottes...
De me baiser finiras-tu ?
(Déranger.)
BECQUETER : Manger. Mot à
mot : travailler du bec. — « Dis
donc, Boizamort, si nous becque-
tions une croûte? » (1842, La-
dimir.)
BÉDON : Ventre (Rabasse.)
BÉDOUIN : Dans un volume
de souvenirs sur 1814, M. Labre-
tonnière dit en parlant des bisets
de la garde nationale : « Quel-
ques gibernes se croisaient avec
le briquet sur une pacifique re-
dingote, et constituaient ce que
nous devions, quinze ans plus
tard, gratifier du nom de Bé-
douins. »
BEFFEUR, BEFFEUSE : Fai-
seur, faiseuse de dupes. (Colom-
bey.)
BÈGUE : Avoine. (Idem.)
BÉGUIN : Passion. — Du mot
béguin : chaperon, coiffure. —
Allusion semblable à celle qui
fait appeler coiffée une personne
éprise. — « Il y a un bel âge que
je ne pense plus à mon premier
béguin. » (Monselet.)
BÉGUIN : Tête. — « Tu y as
donc tapé sur le béguin. » {Ro-
bert Macaire, i836.)
BELETTE : Pièce de 5o cen-
times. V. Pastille.
BÉLIER : Mari trompé. (Vi-
docq.) — Allusion aux cornes
symboliques du cocuage.
BELLE (Jouer la) : Toutrisquer
d'un seul coup. — Deux joueurs
jouent la belle {partie), lorsque
après en avoir gagné chacun une,
ils conviennent d'en jouer une
décisive. — Pris souvent au figu-
ré.
BELLE (la perdre) : Perdre,
gain presque assuré.
BELLE A LA CHANDELLE :
Laide.— Ironie. La chandelle est
un triste éclairage.
BELLE DE NUIT : Raccro-
cheuse, ne se montrant, comme
la fleur de ce nom, que pendant
la nuit. — Se dit aussi d'un vi-
sage flétri, qui ne brille qu'aux
lumières. — « La plupart de ces
belles de nuit ne seraient pas pré-
sentables au grand jour. » (P. de
Mairobert, 1776.)
BÉNEF : Bénéfice. — Abrévia-
tion. — « Un billet, mon maître,
moins cher qu'au bureau ! Deux
francs cinquante de bénef! »
(A. Second.)
BÉNISSEUR : Moraliste banal.
Se dit aussi d'un personnage so-
lennel sans nécessité. Il fait hors
de propos des allocutions atten-
dries. — « Cet ensemble donne
au placide vieillard la physiono*
BÈO
36 -
BER
mie consacrée d'un bénisseur. Le
langage onctueux complète l'illu-
sion, r {L'Éclair, 1872.)
BENOITON, BENOITONNE.
— Digne (par l'extravagance de
sa toilette, de ses mœurs, de ses
allures) d'être confondu avec les
types mis en scène par M. Sar-
dou dans sa Famille Benoîton.
— a L'Égliseetlethéâtresemblent
se donner la main pour flétrir
avec indignation les moeurs benoî-
tonnes. » (Dupeuty, 1866.) —
« Madame ***, très-connue par
les audaces benoîtonnes de son
langage. » Yriarte, 1866.)
BENOITONNER : Porter une
toilette ridicule, c'est-à-dire : à
la Benoîton.
Et, le soir, les gandins sur vos pas s'é-
touffant,
Croiront tous, à vous voir ainsi Benot-
tonnée,
Que dans la bicherie une autre biche
est née.
Et tous, ceux du MOUTARD et ceux
du MIRLITON,
Avec leur pince-nez et leurs cols de
carton,
Et leurs gilets ouverts sur la blancheur
du linge,
Crîront, en se pâmant ; « Quel adora-
ble singe 1 »
{Vie parisienne, 1866.)
BENOITONNERIE : Genre Be-
noîton. V. ce mot.
BÉOTIEN : Bête, inintelligent.
^- Dans l'ancienne Grèce, les Béo-
tiens passaient pour illettrés. —
« L'entretien suivant, éminem-
ment béotien, s'il nous est per-
mis d'emprunter cette expression
au très-spirituel écrivain qui l'a
popularisée, Louis Desnoyers,
auteur des Béotiens de Paris. »
E. Sue.) V. Philistin.
BEQUILLARD, BEQUIL-
LEUR. — Bourreau. (Golom-
bey.) Il vous pendait à la béquille
(potence).
BÉQUILLE : Potence. (Vi-
docq.) La potence ressemble à
une béquille monumentale.
BÉQUILLER : Pendre, accro-
cher à la béquille. V. Farre.
BÉQUILLER, BECQUETER.
Manger. Mot à mot : travailler
du bec. — « C'est égal, je lui ai
envoyé un coup de tamj on sur le
mufle qu'il ne pourra ni béquil-
1er, ni licher de quinze jours. »
(T. Gautier). — «On béquille, on
s'amuse, on s' donne du bon
temps, on oublie sa misère. ».f
(H. Monnier.)
BÉQUILLEUR : Mangeur.
BERGÈRE : Dernière carte
d'un jeu battu. (La ber^rère mar-
che derrière son troupeau.) —
ce Le Grec en regardant la ber-
gère a vu qu'elle ne pouvait lui
servir. » (Cavaillé.)
BERIBONO : Nigaud. (Vid.)
BERLUE: Couverture. (Idem.)
BERNIQUER : S'en aller pour
ne plus revenir. Mot à mot: agir
comme si on disait bernique. Ce
dernier mot se trouve dan s \q Dic-
tionnaire de l'Académie.
BERRY : Capote d'ctudes à
l'École polytechnique. — « Tou-
jours plus ou moins culottée,
veuve d'un certain nombre de
boutons.» (La Bédollière.)
BERTRAND : Fripon dupé
par son complice. — Lr drame
populaire de VA ubergede <: Adrets
a mis ce terme à la mode — « Il
s'était posé à mon endroit en Ro-
BET
BEU
bert Macaire, me laissant le rôle
désobligeant de Gogo ou de Ber-
trand. » (E. Sue.)
BESOUILLE : Ceinture. (Co-
lombey.)
BÊTE : Escroc. V. Bachot-
teiir.
BÊTE A CORNES : Fourchet-
te. — Les cornes sont les dents,
qui étaient au nombre de deux
dans les anciennes fourchettes.
BÊTE A DEUX FINS : « Cet
aimable époux prenait sa bête à
deux fins {c'est ainsi qu'il nom-
mait sa canne, parce qu'elle lui
servait à faire taire et à faire crier
sa femme.) » (Privât d'Angle-
mont.)
BÊTISES (dire des). — Tenir
des propos grivois. — Passer des
paroles à l'action, c'est faire des
bêtises. C'est à ce dernier sens
que s'applique l'exemple suivant :
« Elle est belle, ma Joséphine...
Mais pas de bêtises! a vous don-
nerait du mal ! » {Dernier jour
d'un condamné.)
BETTANDER : xMendier. (Co-
lombey.) — On dit aussi Bat-
tander.
BETTERAVE : Nez rouge
comme betterave. — « Il a un «ef
de betterave, c'est-à-dire un gros
nez, rouge et enluminé. » (Cail-
lot, 1829.)
BETTING-BOOK : Livre sur
lequel on inscrit les paris de
courses. (Paz.) Anglicanisme. —
ce Vous la trouverez inscrivant
ses paris sur le betting-book
comme au bal ses valses sur son
carnet. » (E. Villars, 1866.)
BETTING-ROOM : Salon ou-
vert aux parieurs de courses.
(Idem )
BETTING'MEN : Parieur.
(Idem.) V. Cocotterie.
BEUGLANT : Café chantant.
— « Nous allâmes au beuglant,
c'est-à-dire au café chantant....
Vous devez juger par le nom
donné à cet établissement que les
chants des artistes sont fort peu
mélodieux. » {Les Etudiants,
1860.) — « Des caboulots de toute
sorte, des beuglants grands et
petits. » {Vie parisienne, août
1868.)
BEUGNE : Coup violent. —
Du vieux mot beigne.
BEURRE : Argent. — « Pas
plus de beurre que ça, dit la
Zoé au major qui lui remet une
trentaine de francs. » (Jaime fils.)
V. Graisse.
Nous v'ià dans le cabaret
A boire du vin clairet,
A c't'heure
Que j'ons du beurre.
[Chansons^ Avignon, 181 3.)
BEURRE (au prix 011 est le) :
Par le temps de cherté qui court.
BEURRE (faire son). — Préle-
ver un bénéfice illicite. — Le
terme aurait-il été primitivement
à l'adresse des cuisinières faisant
danser Fanse du panier? En tout
cas, ces gras synonymes s'appli-
quent volontiers à l'argent mal
acquis. On sait ce que veut dire :
Se faire graisser la patte. L'ar-
gent est aussi appelé huile. Deux
voleurs mettant la main sur un
riche porte-monnaie, diront : //
y a gras, — « Un fonctionnaire,
puni pour avoir fait son beurre
en prévariquant, trouve souvent
3
- 38 -
peu salé.
BEU
ce même beurre un
Commerson.)
BEURRE DANS SES ÉPf-
NARDS (mettre du) : Augmen-
ter son bien-être. Car les épi-
nards sont la mort au beurre,
chacun sait ça. — « Dans l'espoir
que l'or étranger mettrait du
beurre dans les épinards de la
famille, Chamouillez père s'était
payé un paletot de cent francs. »
(E. d'Hervilly.)
BEURRE : Chose agréable. —
« On recevra un coup de canon
comme on avale un petit verre
Ce sera un beurre. » (Lockroy.)
— « A propos d'une sonate de
Mozart, ce jugement résumé avec
tant de grâce : c'est un petit beur-
re. » (Aubryet.)
— Beurre en ce sens se prend
ironiquement parfois : « Il ne fai-
sait pas bon parfois n'être pas de
son avis. Il vous engueulait que
c'était un vrai beurre. » (Com-
merson, 75.)
BEURRE NOIR (œil au) :
Abréviation de : œil poché au
beurre noir, dont la paupière est
noircie de sang extravasé à la
suite d'un coup. — « L'ouvrier a
un œil au beurre noir; le cocher
cherche partout un morceau de
son nez. » (Sauger.)
Terme ancien, Rabelais l'a em-
ployé : « Il resta tout estourdy et
meurtry, un œil poché au beurre
noir. » (Pantagruel j liv. IV,
ch. 12.)
BEURRE SUR LA TÊTE
(avoir du) : Être couvert de cri-
mes. — Allusion à un proverbe
hébraïque. (Vidocq.)
BEURRIER : Banquier. (Vi-
BIB
docq.) Mot à mot : marchand d'ar-
gent {beurre).
BEZI, BEZIG, BEZiGUE:
Jeu de cartes. — «Ma fe ime est
en train de jouer au be ;i... ou
bezig. » (De Leuven.) — c Au pi-
quet, au bezigue... je suis homme-
à donner leçon au plus malin. »
(About.)
BIBARD : Grand buveur.
(Dhautel.)— « Par rapp( rt à ces
vieux bibards d'invalides. » (La
BédoUière.)
BIBASSE : Vieillefemrie.Pour
birbasse.
BIBELOT, BIBELO'iTER :
Bibloty bibloter.
BIBI : Petit chapeau de femme.
— « Malaga portait de j jHs bi-
bis. » (Balzac.)
BIBI : Non d'amitié c onné à
l'ami ou à l'amie dont on est
coiffé. — « Paul, mon 1 ibi, j'ai
bien soif. — Déjà? » (Mo itépin.)
— ce Encore à boire? — Tiens,
mon bibi ! t'as pas mal au
cœur? » (H. Monnier.)
BIBI : Fausse clé.
S'il faut en croire un fc jilleton
publié par M. Holstein, dans le
Constitutionnel du mois de sep-
tembre 1872, bibi aurait détrôné
monseigneur depuis longtemps.
(( C'était un bout de dial« gue re-
cueilli à la police correct onnelle
(en 1848.)
« Accusé, disait le président,
au moment de votre arrestation,
on a surpris sur vous un trous-
seau de fausses clefs. — 'Aon, ci-
toyen président. — Cet jt donc
un monseigneur f — Il n'y a plus
de monseigneur, citoyer prési-
dent. — Vous comprenez ce que
BIB —
je veux dire ; pour employer vo-
tre langue, j'entends un rossi-
gnol. — Eh bien ! moi je ne l'en-
tends pas, le rossignol, sans doute
parce que je suis en cage. —
Prenez garde! Trêve de jeux de
mots; ils sont déplacés ici plus
qu'ailleurs. Vous savez fort bien
ce que je veux dire par fausses
clefs, rossignol, monseigneur?
— Parfaitement, citoyen prési-
dent, vous voulez dire bibi. » (Hos-
tein.)
Nous devons ajouter qu'au mo-
ment même où paraissait le feuil-
leton de M. Hostein, les journaux
judiciaires disaient, en parlant de
l'arrestation de faux monnayeurs,
qu'on avait trouvé à leur atelier,
boulevard de Grenelle, un mon-
seigneur. Donc monseigneurn' est
pas encore détrôné tout à fait par
bibi.
BIBINE : Cabaret. Mot à mot:
cabine à biberons, à ivrognes.
BIBLOT : Objet de fantaisie
ou curiosité propre à décorer une
étagère. — De bimbelot : jouet
d'enfant.
« On nomme bibîots, en style
d'amateur, cet inimaginable amas
de bronzes, chinoiseries, filigra-
nes, ivoire, saxe, sèvres, bonbon-
nières, médaillons, éventails, cas-
solettes, écaille, laque, nacre, cris-
tal, jade, lapis, onyx, malachite,
marcassite, poignards, kangiars,
bijoux, joujoux, qui doivent né-
cessairement orner, j'ai voulu
dire encombrer, les étagères d'une
femme posée dans le monde par
sa célébrité ou sa beauté. Être
sans biblot, c'est le dernier degré
du discrédit et de la honte. Tou-
tes ces dames du quartier Bréda
ont du biblot; les danseuses en
h-
BIC
ont; ma portière en possède
aussi. » (F. Mornand.)
BIBLOT : Outil d'artisan.
(Vidocq.)
BIBLOT (mon) : Dansla bouche
d'un soldat, signifie : mon atti-
rail militaire.
BIBLOT : Bijou. — « Trouve-
moi des dentelles chouettes, et
donne-moi les plus reluisants bi-
bîots. » (Balzac.)
BIBLOTER : Acheter des ob-
jets de curiosité.
BIBLOTER : Faire sur toutes
sortes de choses de petits béné-
fices.
BIBLOTER : Vendre. —
Venir vendre ses vêtements, s'ap-
pelait bibelotter ses frusques; s'ha-
biller, se renfrusquiner. » {Petit
Journal, i865.)
BIBLOTER : Arranger avec
soin. — a Je me munis d'une pe-
tite réclame que j'avais bibelottée
la veille à propos des toilettes dô
mariées. » (Villemessant.)
BIBLOTEUR : Collectionneur
de bibelots; homme qui biblote.
V. bibloter.
BIBLOTIER : Qui concerne leâ
biblots. — « On comprend que
le sens artistique et biblotier du
patient soit un peu émoustillé. »
(A. Marx, yS.)
BICEPS : Solidité musculaire
de l'arrière-bras. — Terme scien-
tifique vulgarisé par les étudiants
en médecine.— «Mon frère George
a raison. Il faut qu'un valseur ait
du biceps. » (i866, Vie pari-
sienne.)
BICEPS (tater le) : Prendre par
mo
40 -
BIG
la flatterie. (i83i, Almanachdes
débiteurs.)
BICHE : Lorette. — Abrévia-
tion de biche d'Alger, synonyme
poli de chameau. — « Une biche,
il faut bien se servir de cette dé-
signation, puisqu'elle a conquis
son droit de cité dans le diction-
naire de la vie parisienne, se
trouvait cet été à Bade. » {Figaro,
i858.) V. Benoîtonnée.
Forte biche : Lorette élégante.
BICHERIE: Monde galant. Mot
à mot : réunion des biches. —
« Madame Marguerite V..., de la
haute bicherie du quartier d'An-
tin. ï) {Les Cocottes, 1864.) V.
Benoîtonnée.
BICHE, BICHETTE, BI-
CHON : Mots d'amitié pour cha-
que sexe. — Bichette est, comme
biche, la femelle du cerf. Bichon
se dit d'un petit chien du genre
havanais. — a Viens ici, ma biche,
viens t'asseoir sur mes genoux.»
(Frémy.) — « Oui, ma bichette,
oui, mon petit chien-chien. » (Leu-
ven.) — « Mon bichon, tu seras
gentil, faudra voir! » (Gavarni.)
BICHON: Souliers à bouf-
flettes, — « J'avais apporté des
amours de souliers. Prenez nos
bichons, que je lui dis. » (P. de
Grandpré.)
BICHOT : Évêque. (Colom-
bey.) — Germanisme. — L'évêque
allemand est un bischoff.
BIDET : Ficelle transportant
lacorrespondance des prisonniers
enfermés à des étages différents.
(Vidocq.) C'est leur bidet de
poste.
BIDOCHE : Viande. (Vidocq.)
BIDONNER : Boire copieu-
sement. — Le bidon es. un fort
récipient à liquide. — « Hier, j'ai
bidonné et ce matin j'avais la
bouche pâteuse.— Fallait repi-
quer pour te remettre. » (Ladi-
rair.)
BIEN: D'apparence distinguée.
— « Elle aime à causer, surtout
avec \Qsmessieurs bien. y) (P. d'An-
glemont.)
BIEN (être) : Être gris. Mot à
mot: éprouver le bien-être fac-
tice causé par un commencement
d'ivresse, — Ironique.
BIEN MIS : Fashio lable. —
« Ohé! ce bien mis, il vJent faire
sa tête parce qu'il a du linge en
dessous. » (E. Sue.)
BIENSÉANT: Derrière. —
Jeu de mots. — De toutes les
parties du corps, c'est, en effet,
celle sur laquelle on sied bien.
BIER : Aller. (Vidocq.) Abré-
viation d'ambier. V. ce mot.
BIFFER : Manger goi.Iûment.
(Vidocq.) C'est bouger a^ ec chan-
gement de la première syllabe.
BIFFIN, BIFIN : Chiffonnier.
— « Ce n'est pas le chitfonnier
pur sang, c'est celui qui a déchu
d'une position meilleure. De là
sans doute le nom de biffin :
goulu, donné par l'ancien chif-
fonnier au nouveau venu.» (Pri-
vât.) — « J' vois deux l ifins et
leurs femelles. » — {Chai s. 36.)
BIGARD : Trou. (Vid( cq.)
BIGE, BIGEOT : Di pe (Vi-
docq.)
BIGORNE : Argot. - Du vieux
mot biguer : changer, troquer.
L'argot n'est qu'un langage bi'
1
BIL -
gué, d'où le diminutif bigorne.
— « Rouscaillons bigorne. Qui
enterver le saura, à part sézière
en rira, mais les rupins de la
vergne ne sont dignes de cela.
(Vidocq.) V. Jaspiner.
BIGORNEAU : Soldat de
marine. — Terme de matelot.
Comme le petit coquillage de ce
nom, le soldat de marine reste
attaché à la côte.
BIGORNEAU. — Sergent de
ville. (Halbert.)
BIGOTTER : Prier. (Vidocq.)
Mot à mot : faire le bigot.
BIGRE : Juron lancé dans les
cas difficiles. Ah! bigre! se dit
comme ah! diable! C'est une
forme de bougre!
BIGREMENT : Superlative-
ment. Forme de bougrement. —
« C'est bigrement embêtant , al-
lez. » (Gavarni.)
BUOUTIER.— Marchand d'ar-
lequins. V. Arlequin.
BIJOUTIER EN CUIR. —
Savetier. (Colombey) — Ironie.
BILE (ne pas se faire de) :
Ne pas se tourmenter. — a Ne
vous faites pas de bile, elle sera
heureuse avec moi. » (Marquet.)
Après r service on peut sans retard...
Venir chez ses parents, sans s' faire de
bile
Savourer une bonne soupe au lard.
(A. Cahen.)
// ne se fait pas de bile se dit
d'un insouciant.
Il se fait une bile se dit d'une
personne qui se tourmente con-
stamment.
BILLANCHER : Payer comp-
41 —
BIL
tant. Mot à mot : donner de la
bille.
BILLE, BILLEMONT, BIL-
LON : Monnaie. Billemont et Bille
viennent de billon. — « L'ar-
gent au Temple est de la braise,
ou de la thune, ou de la bille. »
(Mornand.) — « Nous attendions
la sorgue, voulant poisser des
bogues, pour faire du billon. »
(Vidocq.) V. Attache, Flacul. —
Billon se dit toujours pour mon^
naie de cuivre.
BILLET A LA CHATRE. —
Garantie illusoire.
« Vous connaissez, sans doute, l'a-
necdote qui a donné naissance à cette
expression tant répétée. Pour le cas,
cependant où elle ne serait pas venue
jusqu'à vous, la voici en deux mots :
— Le marquis de la Châtre aimait ten-
drement Ninon. Obligé, par un voyage,
de la quitter pendant quelque temps, il
s'était demandé si, pendant l'absence,
Ninon l'aimerait toujours. Nous ne sa-
vous quelle idée le marquis se faisait
dej'amour et de la fidélité d'une fille
d'Eve, mais il voulut, pour mettre fin
à ses anxiétés, que Ninon s'engageât,
par écrit, à lui rester fidèle. Ninon
signa, le marquis partit, et... Ninon
qui n'aimait pas les entr'actes, oublia
bientôt promesse et signature. Comme
il était un peu tard quand son billet lui
revint en mémoire, elle ne put s'em-
pêdier de s'écrier : Ah! le bon billet
qu'a la Châtre! C'est depuis ce temps
ou plutôt depuis cette histoire, que le
mot est passé dans la langue. Ayez
dans les mains un billet sans valeur,
un engagement peu sérieux, et l'on
dira pour caractériser votre situation :
Le bon billet qu'a la Châtre! »
(Rozan.)
« Voilà M. Quarteret tran-
quille. Il a la parole de M. Mar-
que. Oh! le bon billet à la Châ-
tre... » {Éclair^ juillet 1873,)
BIN
42 —
BIR
BILLET DE 5oo, BILLET DE
1000 : Billet de 5oo francs, billet
de 1,000 francs. — « Te faut- il
beaucoup? — Un billet de cinq
cents... » (Balzac.) — « Les res-
sources d'une lorette pour ex-
traire un billet de mille. » (Idem.)
BILLET (donner ou ficher
son) : Certifier. Mot à mot : se
déclarer prêt à signer un billet
d'attestation. — « Rienzi ne la go-
bera jamais que de ma main. Je
t'en donne mon billet. » {Rienzi,
parodie, 1826.) — « Il ne faut pas
avoir la goutte aux pattes dans
votre état. Je vous en fiche mon
billet. » {Cabarets de Paris,
1821.)
Prendre un billet de parterre :
tomber par accident. V. Par-
terre.
BINELLE : Faillite. (Vidocq.)
BINELLELOPHE : Banque-
route. (Halbert.)
BINELLIER. — Banquerou-
tier. (Vidocq.)
BINETTE : Tête, dans le sens
de physionomie. — On dit sou-
vent : « Quelle drôle de binette ! »
— a Vous demandez ma tête,
monsieur le procureur du roi...
Je regarde votre binette et je com-
prends votre ambition. » Der-
nier jour d^un condamné.)
Le Journal des Coiffeurs re-
vendique ainsi l'origine de ce
mot : « Binette, le coiffeur du
roi, ne cédait jamais une de ses
belles perruques pour moins de
trois mille livres tournois. Il est
vrai que ce grand perruquier ne
se contentait pas de mettre une
simple petite bande d'implanté
sur le milieu, et qu'il garnissait
toute la partie frontale de Jine
toile de crin, chose qui lonnait
à ses devants de perrui]ue in-
folio une légèreté extraor^l inaire.
Aussi, comme les élég;:nts de
l'époque aimaient à parler toi-
lette, parlaient-ils souvent de bi-
nette (leur perruque), surtout
lorsqu'elles sortaient de chez le
grand faiseur. — Vous avez là
une bien jolie binette! disait-on
lorsqu'on voulait complimenter
quelqu'un sur la beautc de sa
perruque. Aujourd'hui, jt sans
savoir pourquoi, on dit sauvent
par moquerie : Oh! la crôle de
binette ! » {Journal des Co> feiirs.)
— Nous devons toutefo s faire
observer que les exemple, justi-
ficatifs de cette étymologi j man-
quent totalement. En attendant
qu'on en trouve quelques-uns,
nous verrions plus vol «ntiers
dans binette une abréviation de
bobinette. V. Bobine.
BINETTE A LA DÉSASTRE :
Tête du créancier impayé. (i85i,
Almanach des Débiteurs.)
BINOME : « Aux labora
nous verrons chacun des
(de l'École polytechnique)
puler avec un camarade
nomme son binôme. » (I
dollière.) — Allusion à la
fication algébrique de bir
quantité composée de deu
mes.
^ BIQUE ET BOUC
Etre {en.)
BIRBADE, BIRBASSE,
BE, BIRBETTE, BIRB
Vieux, vieille. — Italianisr
(( Les dames des tables *
ont adopté trois mots pour
dre la vieillesse : à cinqi
cinq ans, c'est un birbon ; à S'
toires,
élèves
mani-
qu'il
.a Bé-
signi-
ôme :
X ter-
: V.
BIR-
ON :
le. —
l'hôte
pein-
ante-
)ixan- i
BIS
-- 4D —
BLA
te ans, c'est un birbe; passé ce
délai fatal, c'est une birbette. On
ne lui fait plus même les hon-
neurs du sexe masculin. » (Les-
pcs.) Vidocq donne birbasse :
vieux, et birbe dabe : grand-
père.
BIRBASSERIE : Vieillerie.
(\ldocq.)
BIRBE : V. Birbade : « Mon-
sieur le président, vous êtes un
vieux birbe. J'em... la cour, je
respecte messieurs les jurés. »
{Dernier jour d'un condamné.)
BIRLIBI : Jeu de dés tenu
par des filous dans les foires. (Vi-
docq.) — C'est l'ancien biribi.
BISARD : Soufflet. (Vidocq.)
Mot à mot : souffle bise.
BISCAYE : Bicêtre. — Chan-
gement de finale.
BISCHOFF : Mélange de vin
blanc, de sucre et de citron; la
recette est, l'on s'en doute, d'ori-
gine allemande. — « René agite
le bischoff avec une cuiller à
punch. » (Frémy.)
BISMARCK : Couleur brune,
dite auparavant aventurine. Elle
fut à la mode en France après
Sadowa, car, ne l'oublions pas,
M. de Bismarck eut sous l'Em-
pire ses admirateurs. — « La ba-
ronne est en bismarck de pied
en cap. » {Vie parisienne, iSôj.)
BISTOURNÉ : Cor de chasse.
Allusion aux tours du tuyau. —
Participe du verbe bistourner :
tourner, qui se trouve dans le
dictionnaire de l'Académie.
BISSER : Répéter une se-
conde fois. — Latinisme. — «L'u-
sage de bisser un couplet, un air,
un finale ne remonte qu'en 1780.
Mii« Laguerre mit tant d'expres-
sion à chanter l'hymne de l'A-
mour à la première représenta-
tion d'Écho et Narcisse, de Gluck,
que le parterre voulut l'entendre
deux fois. La partie intelligente
du public eut beau protester con-
tre cette innovation qui entravait
l'action en substituant l'acteur au
personnage, ce fut en vain ; l'u-
sage du bis fut désormais intro-
duit sur la scène française. »
(J. Duflot.)
BITUME : Trottoir. — Du
bitume qui le recouvre ordinai-
rement.
BITUME (demoiselle du) :
Raccrocheuse. V. Côtes en long.
BITUME : (fouler, polir le) :
Aller et venir sur le trottoir.
V. Asphalte.
BITUMER : Faire le trottoir.
(J. Choux.)
BITURE, BITTURE : Con-
sommation copieuse. — Du vieux
mot boiture : goinfrerie. — « N'as-
pirons-nous le grand air que pour
l'ineffable joie d'engloutir impu-
nément dupiqueton jusqu'au g-o-
bichonnage majeur, jusqu'à pren-
dre une biture? » (Luchet.) —
« Le cortège fait halte pour une
è/ïMre générale. » (La BédoUière.)
— «Je peux me flatter de m'être
donné une biture soignée. » (L.
Desnoyers.)
BITURER (se) : Se donner
une biture.
BLACKBOULAGE : Refus,
échec dans une demande d'ad-
mission. V. Blackbouler. — « Le
jockey-club devient de plus en
plus sévère. Le blackboulage se-
BLA
— 44
BLA
vit impitoyablement. » (Virmai-
tre, 1867.)
BLACKBOULER : Refuser. —
a Pour rejeter on dépose une
boule noire. En anglais, noir se
dit black. Or, lorsqu'un candi-
dat est repou.-sé, on dit qu'il a
été blackboulé! Quel mot sau-
vage! » (G. Claudin.)
BLAGUE : Autrefois ce mot si
répandu signifiait hâblerie. Au-
jourd'hui il a quatre sens : 1° cau-
serie, 2° faconde, 3» raillerie,
40 mensonge.
Son étymologie a donné ma-
tière à bien des conjectures. On
ne peut admettre celle de M. Al-
bert Monnier, qui, dans un ar-
ticle du Figaro, fait dériver bla-
guer du braguer de Rabelais; ni
celles de MM. A. Luchet et Fr.
Michel, qui voient dans blague
une acception figurée de la vessie
employée par les fumeurs sous le
même nom.
Il est à remarquer que le mot
blaque fvalaque) désigne, dans le
Dictionnaire de Ménage, les hom-
mes de mauvaise foi (comme
Grec : escroc). — M. Littré, qui
relègue blague et blaguer parmi
les termes du plus bas langage ,
donne une étymologie gaélique
beaucoup plus ancienne (Blagit :
souffler, se vanter.) Malheureu-
sement, nous manquons jusqu'ici
des exemples intermédiaires qui
prouveraient la transmission
d'une origine si reculée. Voici la
sériedesexemplescertains les plus
anciens que nous ayons pu re-
cueillir :
Le Dictionnaire de Dhautel
Ci 808), admet les mots blaguer
et blagueur avec le triple sens de
railler f mentir, tenir des discours
dénués de sens commun. — Cet
exemple, des plus anciens que
nous ayons trouvés, ne prend
blague qu'en mauvaise part.
L'année suivante, Cadet Gassi-
court confirme ainsi la dé.mition
de Dhauiel, dans le récit de la
campagne de 1809 {Voyage en
Autriche) : — ce Les militaires
ont, dit-il, inventé un mt t pour
exprimer un conte pué ile ou
ridicule, un mensonge, u le gas-
connade. Cela s'appelle rlague,
d'où l'on a fait dériver bliguer ,
blagueur, blagomane. »
CommeCadetGassicoun,Beyle
(Stendhal) dit dans sa Rome en
1817 (Paris 1827) en par^ant du
temps de l'Empire, où il avait
servi dans l'administratio 1 mili-
taire : — « Cette vanterie cgoiste
et grossière que nous apj elions
blague parmi les officiers subal-
ternes des régiments, y est abso-
lument inconnue. »
Un peu après, nous trouvons
blague avec le même sens en Bel-
gique et en Champagne. — L'au-
teur d'un vocabulaire lang rois de
1823, mentionne blague comme
appartenant au langage loc il. En-
fin, on trouve black (hâblerie),
dans le dictionnaire wallon de
Remacle. (Liège, 1823.)
De ces divers exemples, et en
attendant mieux, on peut con-
clure avec certitude que llague
était fort usité dans l'armie au'
commencement du siècle, i.vecle
seul sens de hâblerie. Nous allons
voir cette signification se modi-
fier complètement avec l'exten-
sion de son usage.
Voici des exemples poi;r les
divers sens de blague :
BLAGUE : Causerie ordinairç
BLA
45 -
BLA
-- On dit : J'ai fait deux heures
de blague avec un tel, pour j'ai
causé avec un tel.
BLAGUE : Faconde, verve,
habileté oratoire. — « Un homme
d'esprit et de bonnes manières,
M. le comte de Maussion, adonné
au mot blague une signification
que l'usage a consacrée : « l'art
« de se présenter sous un jour fa-
ce vorable, de se faire valoir, et
a d'exploiter pour cela les hom-
(( mes et les choses. » (Luchet.)
Un homme qui a de la blague
est un homme doué d'unegrande
fiicilité d'élocution.
Avoir la blague du métier :
faire valoir certaines choses en
spécialiste consommé.
// a une fameuse blague : il a
une grande verve.
Jl n'a que la blague : il parle
bien, mais n'a pas une valeur
réelle.
BLAGUE : Plaisanterie, rail-
lerie. — « Je te trouve du talent,
là, sans blague! » (De Goncourt.)
— ce Pas de bêtises, mon vieux,
blague dans le coin ! t'es malade. »
(Monselet.)
Une blague est aussi une œu-
vre littéraire sans valeur. On dit
d'un journaliste médiocre ; // ne
fait que des blagues.
BLAGUE : Mensonge. — ce En
leur faisant avaler toutes sortes
de blagues. » (L. Huart.)
BLAGUE A TABAC : Sein flé-
tri. (Golombey.)
BLAGUER : Causer. — « Nous
venons blaguer, » dit Léon de
Lora à M"»* Nourrisson, dans les
Comédiens sans le savoir, de Bal-
zac. — « Et à propos de quoi
choisis-tu ce beau jour pour ve-
nir ainsi blaguer morale? » (E.
Sue.)
BLAGUER : Avoir de la verve.
— « Enfin elle blague aujour-
d'hui, elle qui ne connaissait rien
de rien, pas même ce mot-là. »
(Balzac.)
BLAGUER : Railler. — ce Si
on te blague, fais semblant de
rire. » (De Goncourt.) — « Ne
blaguons plus ! » {Cousine Bette,
Balzac.)
Un homme blagué : un homme
raillé, berné.
BLAGUER : Mentir, faire des
hâbleries. Pour les exemples,
V. Blague.
BLAGUEUR, BLAGUEUSE :
Menteur, menteuse.
Mais qu'un blagueur me raconte
Ses faits merveilleux,
Quand j'en ai plus que mon compte.
Je lui dis : Mais, mon vieux.
Je n' coup' pas beaucoup
Dans c' montage de coup.
(Aug. Hardy.)
— (( Mon beau-père, vous n'êtes
qu'un vieux blagueur! dit Ro-
bert Macaire au baron de Worms-
pire; et ils s'embrassent. » (Lu-
chet.)
— ce En 181 3, deux femmes,
Pauline la Vache et Louise la
Blagueuse, enlevèrent 5o,ooo
francs. » (Vidocq.)
BLAGUEUR : Railleur. —
a II ne pouvait y avoir circons-
tance si grave qui empêchât ce
blagueur fini de se livrer à sa
verve. » (L. Desnoyers.)
BLAIREAU : Conscrit. — Ani-
BLA
-46-
BLO
malismc. — «Moi, j'ai carotté un
blaireau... » (La Bédollière.)
BLAIREAU TER : Peindre avec
trop de fini, abuser du pinceau
de blaireau qu'on a entre les
mains. — « Aussi sa peinture
est-elle fameusement blaireau-
tée. » (La Bédollière.)
BLANC : Vin blanc. — « Al-
lons, vivement! du blanc à un
franc! » (La Bédollière.) — On
dit aussi JPetit blanc.
BLANC : Légitimiste désirant
le retour du drapeau blanc.
BLANC : Pièce d'un franc.
(i85i. Almanach des débiteurs.)
— Allusion de couleur.
BLANC (n'être pas.) — Être en
mauvaise passe. Mot à mot : être
noirci par une accusation quel-
conque. — « La v'ià morte, j'sis
pas blanc. » {Riem^i, 1826.)
BLANCHISSEUR: Avocat.
(Colombey.) Il lave l'accusé.
BLANQUETTE : Argenterie.
(Vidocq.) — Monnaie blanche.
(Grandval.)
BL AN QUETER : Argenter.
(Colombey.)
BLARD , BLAVARD : Châle.
Mot à mot : grand mouchoir. —
Augmentatif de Blave.
BLAVE, 6LAVIN : Mouchoir.
(Vidocq.) — Diminutif du vieux
mot blave : bleu. — Les mou-
choirs à carreaux bleus sont en-
core fort en usage, surtout chez
les priseurs.
BLAVE : Cravate. (Rabasse.)
BLAVINISTE : Voleur de
mouchoirs. V. Butter, Pègre.
BLÉ (du) : De l'argent. (Ra-
basse.)
BLEU : Conscrit. — Ailusion
àla blouse bleue de laplup.irt des
recrues. — «Celui des bleus qui est
le plus jobard. » (La Bane.)
BLEU, PETIT BLEU : Gros
vin dont les gouttes laissent des
taches bleues sur la table. —«La
franchise arrosée par les liba-
tions d'un petit bleu, les avait
poussés l'un l'autre à se fai :q leur
biographie. » (Murger.)
De ce vin, qu'à tort l'on renonme,
Qui grise en abrutissant l'hoiime,
Et qu'on vend pour du petit bleu,
J'en goûte un peu. (H. Val.re.)
BLEU : Très-irrité, très-stu-
péfait. — Allusion à la teinte que
les sentiments excessifs amènent
sur les figures sanguines.
BLEU (bailler tout) : Kester
stupéfait. — Même allusion que
ci-dessus.
BLEU (pays, royaume du) :
Pays imaginaire et radieux com-
me le ciel bleu si contemplé par
les poètes. — « La guerre nême
devient un spectacle agréa île, et
l'on nage dans le royaucie du
bleu. » (J. Richard.)
BLEUE (colère) : Colère vio-
lente. — Même allusion que ci-
dessus. — « La littérature et la
musique l'ont fait entrer dan s des
colères bleues. » {Vie parisienne,
1866.)
BLOC: Prison. — On y est
bloqué. — « Prenez trois hoi imes
et menez cette fille au bl k. »
(V. Hugo.)
BLOCKAUS : Schako a icien
BOB
BŒU
modèle, surplombant comme un
Dlockhaus.
BLOND (beau) : Soleil. (Co-
lombey.) — Allusion de couleur.
— Se dit aussi ironiquement
d'hommes qui ne sont ni beaux
ni blonds.
BLONDE : Amante. « Blonde
s'emploie dans ce sens sans dis-
tinction de la couleur des che-
veux, car il existe une chanson
villageoise où, après avoir fait
le portrait d'une brune, l'amou-
reux ajoute qu'il en fera sa
blonde. » (Monnier, i83i, Vo-
cabulaire jurassien.)
BLOQUER : Consigner. —
a Colonel, c'est que je suis blo-
qué. — Je vous débloque. » (J.
Arago, i838.)
BLOQUER : Vendre, aban-
donner. (Halbert.) V. Abloquir.
BLOT : Bon marché. — (Vi-
docq.) — Corruption dû Bloc. Les
marchés d'objets en bloc sont les
plus avantageux.
BLOUSE : Terme du jeu de
billard. — « On dit qu'on a mis
quelqu'un dans la blouse, quand
on l'a mis en prison, ou quand
on l'a fait tomber dans un piège. »
(Caillot, 1829.) — Se blouser est
donné avec ce sens par le Dic-
tionnaire de l'Académie.
BLOUSIER: Voyou. Mot à
mot : porteur de blouse.
BOBE : Montre. — Abrévia-
tion de bobino. « Bien réussi un
pédéau chantage de 1,800 francs,
un bobe et une bride en jonc. »
(Beauvilliers.)
BOBÉCHON : (se monter le) :
Se passionner. — Comparaison
de la flamme du cœur à celle de
la bougie. (Rabasse.)
BOBINE : Figure. — Du vieux
mot bobe : moue, grimace.
BOBINO : Montre. (Vidocq.)
BOBOSSE : Bossu, bossue.
BOC, BOCARD, BOCSON :
Cabaret mal famé, maison de
prostitution. Du vieux mot èo-
que, bouc. Le bouc était l'em-
blème de la luxure et des que-
relles. On disait jadis boquer pour
frapper. — a Montron, ouvre ta
lourde, si tu veux que j'aboule
et pionce en ton bocson. » (Vi-
docq.)
BOCAL : Petit appartement.
— « Voyons si le susdit bocal est
toujours à louer. » (Montépin.)
BOCAL : Estomac. — « Au
restaurant, le bohème dit qu'il
va se garnir le bocal. » (Lespès.)
Dans les deux sens, l'allusion
s'explique d'elle-même, et les lo-
gements parisiens continuent de
la mériter.
BOCARD : Café. — BOCARD
PANNE : Petit café. {Petit dic-
tionnaire d^arfçotf 1844.) V. Boc.
BOCARD : Lupanar. (Colom-
bey.) V. Boc.
BOCARI : Beaucaire. (Colom-
bey.) — Interversion de Fi.
BOCHE : Libertin, mauvais
sujet (Delvau.)
BOCK: Verre de bière. —
Germanisme.
BŒUF : Monstrueux, aussi
énorme qu'un bœuf. — (c Regarde
donc la débutante. Quel trac
bœuf! Elle va se trouver mal, )>
{Ces petites Dames.)
BOG
BŒUF (c'est) : C'est chic —
Dans le vocabulaire de l'école de
Saint-Cyr.
BŒUF (être le) : — Travailler
pour une chose qui ne rapporte
rien. — Allusion aux travaux de
labourage du bœuf. On dit de
même : se donner une peine de
cheval. — Lors de l'envoi de M. le
général Le Bœuf pour la remise
de la Vénétie aux Italiens, on fit
ces quatre vers par allusion au
rôle plus que désintéressé de la
France. Ils ont été donnés par
M. Jules Richard dans sa chro-
nique de l'Époque, 1866 :
Grâce au ciel 1 de Venise on règle les
affaires.
Ahl vraiment! Là-dessus que savez-
vous de neuf?
Eh bien ! l'on reçoit là-bas des com-
missaires
Et naturellement le Français est Le
Bœuf.
BŒUF (se mettre dans le) :
Tomber dans une situation mi-
sérable. — Allusion au bouilli
qui représente l'ordinaire des
cuisines modestes. — On lit dans
une mazarinade de 164g :
Auprès de la Bastille
Monsieur Elbeuf
Dans sa pauvre famille
Mange du boeuf,
Tandis que Guénégaud
Est à gogo
BŒUF (avoir son) : Être en
colère.
BOFFETTE; Soufflet. (Co-
lombey.) Du vieux mot buffet.
BOG, BOGUE : Montre.
V. Toquante, Butter, Litrer,
Billon.
BOGUE D'ORIENT : Montre
d'or. (Rabasse.)
48 - BOI
BOGUE EN PLATR ;EN
JONC : Montre d'argent, d'or.
— Allusions de couleurs.
BOGUISTE : Horloger.
BOHÈME : a La Bohème se
compose de jeunes gens, tous
âgés de plus de vingt ans, mais
qui n'en ont pas trente, tous
hommes de génie en leur genre,
peu connus encore, mais qui se
feront connaître, et qui seront
alors des gens fort distingaés...
Tous les genres de capacité, d'es-
prit, y sont représentés... C mot
de bohème vous dit tout. La bo-
hème n'a rien et vit de ce q l'elle
a. » (Balzac.)
La citation suivante est le cor-
tifde cette définition optimiste :
oc La bohème, c'est le stage de la
vie artistique, c'est la préface de
l'Académie, de l'Hotel-Dieu ou de
la Morgue... La bohème n'existe
et n'est possible qu'à Paris. »
(Murger.)
BOHÊME : Personnage fai-
sant partie de la Bohème.— ( Tu
n'es plus un bohème du moment
que je t'attache à ma fortune. »
(E. Augier.) — Comme on voit,
le bohème du jour n'a de com-
mun que le nom avec celi;i de
Callot. Saint-Simon a connu l'ac-
ception fantaisiste du mot.
rOIRE (faire) : frapper, bat-
tre. (Rabasse.)
BOIRE DU LAIT : Savourer
uneimpression flatteuse.— « Cela
s'appelle boire du lait, quanil on
lit de ces choses-là sur soi-même.»
(Yriarte.)
BOIS POURRI : Amadot. —
Le bois pourri en fait parfois
l'office.
BOL
BOIS TORTtJ : Vigne (Vi-
docq.) — Abréviation expliquée
par cet exemple.
...Aussi le jus du bois tortu
Sera mou but toute ma vie.
(Ballard, Parodies bachiques, 1714-)
BOISSONNER : Boire avec
excès. (Dhautel.) — « Dites donc,
voisin, on a un peu boissonné
chez vous hier? » (Gavarni.)
BOITE : Logement mesquin.
BOITE : Mauvais établisse-
ment. — « Je conseillerais à mon-
sieur d'aller achever de souper
au restaurant en face. Monsieur
s'est adressé à une pure boîte. »
(Claretie.) V. Ba^^ar.
BOITE, BOITON : Voiture.
— <( Les gentils hommes et les
gentilles femmes qui se piquent
de parler l'argot des quartiers
neufs demandent leur boîte! ça
veut dire leur voiture. » (A. Vitu.)
BOITE A, AUX DOMINOS :
Cercueil. Mot à mot : boîte à met-
tre les os (dominos). — a Toi, à
vingt-cinq ans, tu seras dans la
grande boîte à dominos. » (Petit
Journal, 1866.)
« Puisqu'on va l'un après l'au-
tre dans la boîte aux dominos. »
(E. Aubry.)
BOITE A PANDORE. — Boîte
de cire molle pour prendre des
empreintes de serrure. (Golom-
bey.) — C'est d'une mythologie
bien raffinée pour des voleurs.
BOITE AU LAIT : Sein.
(J. Choux.) Mot créé sans doute
pour les nourrices.
BOITEUX D'UNE CHASSE :
Borgne. (Colombey.) V. Chasse.
BOLIVAR : Chapeau évasé,
— 49 — BON
dont la forme nouvelle en 1S20,
prit le nom de ce héros populaire.
— « Le front couvert de son bo-
livar.» (Cabarets de Paris, 1821.)
V. Morillo.
BOMBE : « Mesure de vin par-
ticulière non classée. Elle repré-
sente un demi-litre. » (Figaro,
1867.)
BOMBE : Entremets glacé. —
Allusion à sa forme ronde.
BON : Bon apôtre, hypocrite.
— « Vous n'êtes bons! vous...
N'allons, vous n'avez fait vos
farces! » (Balzac.)
BON (mon) : Terme d'amitié.
— Abréviation de mon bon ami.
— « Nettové, mon bon, nettoyé ! »
(E. V. ViUars.) — On dit aussi
cher bon , ce qui est encore plus
prétentieux.
BON : Pour un agent de police,
un homme bon est bon à arrêter.
BON (être le) : Être arrêté et
coupable. (Rabasse.)
BON (c'est un) : C'est un homme
solide à toute épreuve. — « Ce
sont des bons. Ils feront désor-
mais le service avec vous. »
(Chenu.)
BON (il est). —Il est amusant,
il est comique.
BONS (être des) : Avoir bonne
chance.
' BONBONNIÈRE A FILOUS :
Omnibus. (Colombey.)
BONDE : Mal vénérien. (Hal-
bert.) — Pour Bande. V. ce mot.
BON-DIEU : Sabre-poignard.
— Allusion à la croix figurée par
la lame et la poignée.
BON DIEU (il n'y a pas de):
BON
— 5o
BON
Mot à mot : il n'y a pas de bon
Dieu qui puisse l'empêcher.
Gn'y a pas d' bon Dieu,
Faut s' dire adieu. (Désaugiers.)
BON JEUNE HOMME : Jeune
homme candide.
BON MOTIF : « Vous ne savez
pas ce que c'est que le bon mo-
tif? — Ah! vous voulez dire un
mariage? — Précisément. » (Ay-
card.)
BON PETIT CAMARADE :
V. Camarade.
BON PREMIER, Bon dernier :
— (c Arrivé bon dernier est une
expression ironique employée
aux courses. C'est le contraire du
arrivé bon premier, qui se dit du
cheval vainqueur quand il a de-
vancé de beaucoup ses concur-
rents. » (A. d'Aunay, iSyô.) Se
prend souvent au figuré.
BONHOMME : Saint. ( Vidocq.)
— Allusion aux statuettes char-
gées de le représenter.
BONHOMME (mon) : Mot
d'amitié. — Il est souvent protec-
teur. — a Oui, mon bonhomme,
s'écria le loup de mer, j'ai fait
une fois le tour du monde. »
(A. Marx.)
BONHOMME : Personnage
sans conséquence et bon pour
une petite spécialité. — Allusion
aux petits bonshommes de bois
que l'enfance tripote à son gré.
— (( Son directeur était enchan-
té... Il avait enfin trouvé un bon-
homme. » (Claretie.)
BONICARD, BONICARDE
Vieux, vieille. (Halbert.) — De
Bonique.
BONIMENT : Disco
suasif, destiné à bonir 1';
ou l'auditoire. — « Vo
arrêtez devant un maga:
qu'un commis s'avance
débite son petit bonimei
filez aussitôt. » {Figaro.
BONIMENT : Ann
saltimbanque. V. Postic
BONIQ.UE : Vieillai
lombey.)
BONIR, BONNIR : .
affirmer, dire. V. Servir j 1
Criblage, Girofle.
BONJOUR (volet
BONJOURIEN, BO;
R I E R : « Voleur s'intrc
de grand matin dans 1
sons où les bonnes lais
portes entr'ouvertes et t
hôtels garnis dont les
res ne ferment pas leurs
bres. » (Canler.) — Ail
l'heure matinale choisie
voleur; il vous souhaite (
que sorte le bonjour. — «
jourien qui s'introduit 1
chez vous pour voler voti
tre. » (Ph. Chasles.) — «
leurs au bonjour ou bonj
dits aussi chevaliers grimf
divisent en plusieurs cl
celle des donneurs de l
exploite spécialement lee
garnis. » {Le Paravoleur
— Le bonjourier exploi
les logés de concierge; il
jours un second qui fait '
Il y a aussi des bonjo.
V. Marner.
BONNE : Bonne h stoire,
bonne charge. V. Mauvc ise. —
« Ah! par exemple, en vlà une
bonne. » (Cormon.)
urs per-
uditeur
is vous
in l'ors-
et vous
t. Vous
)nce de
te.
i. (Co-
Vvertir,
'arrain,
r au),
U O U-
iuisant
js mai-
sent les
;ans les
locatai-
cham-
jsion à
par le
n quel-
le bon-
: matin
^ mon-
des vo-
'uriers,
ants,se
isses...,
lonjour
hôtels
. 1826.)
e aussi
a tou-
ô guet.
rières.
BON
5i
BOS
BONNE (être à la) : Être aimé,
être au mieux. (Rabasse.)
BONNE (être de la) : Avoir
bonne chance.
BONNE (être en ses) : Être
bien disposé. Mot à mot : être
en ses bonnes heures. — « Vous
ne poviez à heure venir plus
oportune... Nostre maistre est
en ses bonnes. Nous ferons tan-
tost bonne chère. » (Rabelais,
Pantagruel, liv. IV, ch. 12.) —
On voit que le mot est ancien.
BONNE (prendre ou avoir à
la) : Prendre en bonne amitié.
— a Je ne rembroque que tezigue,
et si tu me prends à la bonne,
tu m'allumeras bientôt caner. »
(Vidocq.)
BONNE AMIE : Maîtresse. —
a J'appris dernièrement, vers trois
heures de l'après-midi, que ma
bonne amie me trompait avec un
officier de cavalerie. » (Marx.)
BONNE-GRACE : Toile dans
laquelle les tailleurs enveloppent
les habits. — « Le concierge de
l'hôtel a vu Crozard traverser la
cour avec une bonne-grâce sous
son bras. » {La Correctionnelle.)
BONNET DE COTON : Ar-
riéré, mesquin. — La gent porte-
flanelle et bonnet de coton. —
(A. Barthet.)
BONNET DE NUIT : Homme
triste et silencieux.
BONNETEUR : « Industriel
tenant aux foires de campagne
un de ces jeux de cartes auxquels
on ne gagne jamais. » (Vidocq.)
B O N N I R : Dire. V. Mous-
tique.
BONSHOMMES : Croquis
d'écolier, dessin. —« II couvre ses
cahiers de bonshommes, w (Rol-
land.)
BOOKMAKER : Industriel
recevant les paris sur les champs
de courses, mot à mot : teneur
d'un livre de paris de course,
(en anglais book.) — « Aux der-
nières courses on a arrêté plu-
sieurs bookmakers. » (P. Moni'
teur, 1875.)
BORDEAUX (Petit) : Cigare
de la manufacture de Bordeaux.
Avec un sou, tous sont égaux
Devant le petit bordeaux. (Liorat.)
BORDÉE, absence illégale.
— Terme de marine qui fitd'abord
allusion aux conditions dans les-
quelles les équipages vont à terre
par bordées. — « C'est un brave
garçon qui ne boit jamais et qui
n'est pas homme à tirer une bor-
dée de trois jours. » (Vidal, i833.)
— « Les joies et tribulations de la
bordée qu'ils ont courue. » —
{Phys. du Matelot 1843.)
a Quant au troisième c'est un
remplaçant, il est pratique, mais
vaillant et lorsqu'on l'a mis à la
salle de police pour une bordée,
on l'en fait sortir caril se bat si
bien. » (Billet du duc d'Aumale à
M. Odier 1860, Figaro du 3o
janvier 76.)
BORGNE: Derrière. — La
comparaison n'a pas besoin d'être
expliquée. — « V'ià moi que je
me retourne et que j' li fais bai-
ser, sauf votre respect... mon
gros visage... Ce qui a fait dire
aux mauvaises langues qu'il a vu
mon borgne. » (Rétif, 1783.)
BOSCO, BOSCOT, BOS-
CO TTE : « Petit homme, pe-
BOT
— 52 -
BOU
tite femme contrefaits, bossus. »
(Dhautel.) — a Et ta portière
qui me demande toujours où je
vais!... Je l'abomine, c'te vieille
bosco-Ià. » (H. Monnier.)
BOSSE : Excès de boire et de
manger. — Allusion à la bosse
formée par la réplétion du ventre.
— On trouve bosse dans le Dic-
tionnaire de Dhautel, 1808. —
«Douze cents francs, allons-nous
nous en faire des bosses! » (Vi-
dal, i832.)
Se dcmner une bosse de rire :
rire immodérément.
BOSSE (rouler sa) : Che-
miner.
Nous roulons notre bosse
Dans un beau carrosse.
(Decourcelle, i832.)
BOSSE (tomber sur la) : Tom-
ber sur quelqu'un, l'attaquer par
derrière. — jBo55e est ici synonyme
de dos. — « Je te tombe sur la
bosse, je te tanne le casaquin. »
(Paillet.)
BOSSMAR : Bossu. (Vidocq.)
— Changement de finale.
BOSSOIRS : Seins. [— Terme
de marine.
BOTTE DE NEUF JOURS :
Botte percée. Mot à mot : voyant
le jour par neuf trous. — Jeu de
mots.
BOTTER : Convenir : Mot à
mot : aller comme une botte
faite à votre pied. — « Alors, si
vous le permettez, j'aurai l'hon-
neur de vous envoyer ma voi
ture à onze heures. — Ça me
botte. » (Gavarni.) — « Bien que
peu causeur, je l'avais assez botté
pour qu'il me contât ses nom-
breuses campagnes. » (Marx.)
BOUBANE : Perruque. (Vi-
docq.) — Du vieux mot bouban ;
luxe, étalage.
BOUC : Mari trompé. (Vi-
docq.) — Allusion de cornes.
BOUCAN : Vacarme. — De
bouc. Cet animal querelleur était
l'emblème des disputes. — « Faire
boucan : faire un tapage affreux
en se réjouissant. » (Diiautel,
1808.) — « Ils vont faire du bou-
can , et la garde viendra. » (Vi-
dal.)
BOUCANADE : Corru] tion à
prix d'argent d'un juge ou d'un
témoin.
Coquer la boucanade : corrom-
pre. Mot à mot : donner pour
boire : En Espagne, la bouca-
nade est une gorgée du vin ren-
fermé, selon l'usage, dans une
peau de bouc.
BOUCANER : Sentir le bouc,
puer.
BOUCARD : Boutique. V.
Batte, Esquinteur.
BOUCARDIER, B O U-
C A R N I E R : (c Voleurs dévali-
sant les boutiques à l'aid:^ d'un
pé griot ou gamin voleur, qui s'y
cache à l'heure de la fermeture,
et qui vient leur ouvrir. » (Gan-
1er.)
BOUCHE L'ŒIL : Pièce de
cinq, dix ou vingt francs dans
l'argot des filles qui font allu-
sion à la pantomime de certaines
enchères. (J. Choux.)
BOUCHE-TROU : Réd icteur
ou article dont la prose n'est
bonne que dans les cas de néces-
BOU — 53 -
site absolue. — « S. voyant qu'on
avait placé très-mal un de ses
articles dans la Revue, dit au ré-
dacteur en chef : « En vérité,
i' monsieur, me prenez- vous yoav
un bouche-trou. » (Mirecourt,
. i855.)
BOUCHE-TROU : Acteur
I jouant les utilités.
î BOUCHER : Médecin. (Hal-
I bert.) — Ce serait plutôt le chi-
! rurgien.
I BOUCHER UN TROU : Don-
i ner un à-compte. (i85j, Alma-
nacli des Débiteurs.)
BOUCHON : Bourse. (Vi-
docq.) — Corruption du mot J30M-
chon (pochon, poche), qui avait
la même signification.
BOUCHON : Qualité, genre.
Allusion au bouchon cacheté des
vieux vins. — On a dit par ex-
tension : Ceci est d'un bouchon,
comme ceci est d'un bon tonneau.
BOUCLER : Fermer, — oeil
fait frisquet. — Bouclez donc la
lourde, hein. » {Dernier jour d'un
condamné.)
Le mot est déjà vieux. « Si de
mal encontre, n'estoient tous les
trous fermez, clous (clos) et bou-
clez, » dit Panurge, au commen-
cement du chap. IX, livre 3, de
Pantagruel. (Rabelais.)
BOUCLER (se faire) : Se faire
enfermer, emprisonner. ( Ra-
basse.)
BOUDER AUX DOMINOS :
Avoir des dents de moins. (Hal-
bert.)
BOUDER A LA qESOGNE :
Ne pas travailler.
BOUDER AU FEU : Reculer
devant l'ennemi.
BOU
BOUDIN : Verrou. — Allusion
à la forme des verrous ronds qui
ferm.ent les grandes portes.
BOUDIN : Estomac. — « Puis-
que tu en avais plein le boudin.»
(Monselet.)
BOUDINER : Dessiner sans
modeler comme il le faudrait,
faire par exemple des doigts ou
des bras ronds et unis comme
des boudins.
BOUFFARDE : Pipe. — Allu-
sion aux bouffées de tabac qui
s'en échappent.
Je tiens à toi, mon doux tendron,
Comme un rapin
A la bouffarde qu'il culotte.
(Commerson.)
BOUFFARDER : Fumer.
(Halbert.)
BOUFFER : Manger avec ex-
cès. Mot à mot : se rendre bouffi
de nourriture.
BOUGIE : Canne. — Allusion
de forme. — Elle éclaire aussi la
marche de ceux qui n'y voient
pas.
BOUGIE GRASSE: Chandelle.
— Ironique.
BOUGON, BOUGONNE:
Grognon, grognonne. — On dit
dans ce dernier sens : madame
Bougon. Du vieux mot: bouquer,
gronder.
Car toujours madame Bougon
Fait carillon,
Et le torchon
Br^le en tout temps dans ma pauvre
maison.
{Les vrais Rigolos, alraanach chan-
tant pour 1869.)
BOU
BOUGRE : Mot à noter comme
ayant perdu sa portée antiphy-
sique. Ce n'est plus qu'un syno-
nyme de garçon. On dit : un
mauvais bougre, un bon bougre.
— « Lorsque nous aurons ici un
millier de bons bougres^ nous
tiendrons la queue de la poêle, »
(Delahodde, i85o.) — V. Gro-
gnard.
BOUGREMENT : Très. -
Pris en bonne comme en mau-
vaise part.
BOUILLANTE : Soupe.
(Halbert.) — Les soldats donnent
aussi ce nom à la soupe qu'ils
mangent deux fois par jour. Rien
de mieux choisi que cette appel-
lation dans le temps oîi elle était
servie dans des gamelles à cinq
ou six hommes; car celui d'en-
tre eux qui aurait attendu qu'elle
refroidît risquait de n'en point
manger. La soupe est aussi ap-
pelée mouillante.
BOUILLON : Restaurant où
on peut borner sa consommation
à une tasse de bouillon de 20
centimes. — « Vous avez mani-
festé votre horreur pour les éta-
blissements quevous appelez des
bouillons. » {A propos des cali-
cots, 1861.)
Les bouillons ne datent pas de
1860. Une vingtaine d'années
avant, un prédécesseur de Duval
avait fondé à Paris des bouillons
hollandais, mais il fut moins
heureux.
BOUILLON :« Mot en usage
dans la librairie pourpeindre une
opération funeste. » (Balzac.) —
« Cesont eux qui ont bu le bouil-
lon que je destinais à mon li-
braire. Je croyais le ruiner et je
54 -
BOU
re fînan-
fameux
erte con-
808.) — .
complète
n parfait
, 1840.)
i Bourse,
> et des
l'ai enrichi. » (Biogt iphie des
Quarante, 1826.)
B O U I L L O N : E> ^mplaires
non vendus d'un livre: ou d'un
journal, « — On appelé rendre
le bouillon, en style de vento,
rapporter au journal le^ numéros
qu'on n'a pu vendre, et que l'ad*
ministration vous reprend. »
(Vallès, 1866.)
BOUILLON : Désast
cier. — « II a bu ui:
bouillon : il a fait une ;
sidérable, » (Dhautel,
a La liquidation fut si
qu'elle se changea en i:
bouillon. » (Philippon
— Le métier est rude à 1
sans parler des souci
bouillons. » (Mornand,)
_ BOUILLON : Pluie torren-
tielle. — c( Il va tomber lu bouil-
lon, pour dire une avei'se. » — >
(Dhautel, 1808.) — « J2 sais ce
que c'est qu'un bouillon , j'allons
être inondé. » (Désaugijrs.)
BOUILLON (boire le) : Mou-
rir.— Allusion au dernier bouil-
lon que boit un noyé. — (c Ce
n'est pas la peine que vous es-
sayiez de vous sauver, v )us boi-
rez le bouillon comme nous. »
(Éclair, 23 juin 1872.)
BOUILLON AVEUGLE :
Bouillon sans graisse. Mot ù
mot : sans yeux.
BOUILLON D'ONZï HEU-
RES : Noyade, empoison icment.
BOUILLON DE CALARD ;
Eau.
Jamais mon gosier ne se ir ouille
Avec du bouillon de canard. (Dalès.)
BOU
~ !5
BOU
BOUILLON POINTU : Lave-
ment.— Double allusion à sa ca-
nule et à son contenu. — « Dieu !
qu'est-ce que je sens? — Vapo-
thicsLirQ. poussant sa pointe .-C'est
le bouillon pointu. » (Parodie de
Zaïre.)
Le meilleur looch et le meilleur topique,
C'est uu bouillon pointu. (Festeau.)
BOUILLON POINTU : Coup
de baïonnette. — « Toi, tes Co-
saques et tous tes confrères, nous
te ferons boire un bouillon poin-
tu. » (Layale, i855.)
BOUIS ; Fouet. (Halbert.)
BOUISBOUIS : Marionnette.
Onomatopée imitant le cri de
Polichinelle. — « Le véritable
magicien est celui qui ensecrète
les bouisbouis. » (Privât d'An-
glemont.)
BOUISBOUIS : Petit théâtre,
tripot. — De bouis : cloaque,
maison de boue. (Dhautel.) —
« Le bouis-bouis est le café-con-
cert qui a pour montre un espa-
lier de femmes. Le théâtre qui
en étale est un bouis-bouis. »
(1861, A. Daunay.)
M. Th. Gautier écrit bouig-
bouig. — a Ces tréteaux sans pré-
tention qu'on nomme des bouigs-
bouigs dans un nom peu acadé-
mique maisquifiniraparprendre
place au Dictionnaire. » (Th. Gau-
tier.)
BOUISER : Fouetter. (Hal-
bert. )
BOULANGER : Diable. (Vi-
docq.) — Ironie de couleur. Il est
aussi noir que le boulanger est
blanc, et il met au /owr de l'enfer.
— Morcau Christophe donne avec
ce sens la Boulangère.
BOULANGER : Charbonnier.
— Ironie de couleur. Le noir est
mis pour le blanc.
BOULANGER (remercier son) :
V. Mourir. — Même allusion que
dans perdre le goût du pain. V.
Pipe [casser sa).
BOULE : Foire, fête (Vidocq.)
BOULE : Tête. — Elle est ron-
de comme une boule. — « Vu
l'épaisseur de ces boules de cam-
pagnes. » (Balzac.) — « Ils ont
la boule noire comme de l'encre.»
(Cogniard, i83i.) — ce Bonne
boule, n'est-ce pas? figure res-
pectable. » (L. Reybaud.) — ((Po-
lissonne de boule, en fais-tu des
caprices! » (Les Amours de
Mayeux, i833.)
BOULE (perdre la) : Perdre la
tête, devenir fou. (Caillot, 1829.)
— « Et six cents gredins préten-
dent changer tout cela avec une
boule dans une urne! C'est le cas
de dire qu'ils perdent la boule! »
(Félix Pyat, 1871.)
BOULE DE LOTO : Œil sail-
lant et rond, comme une boule
de loto.
BOULE DE NEIGE : Nègre.
— Ironie de couleur.
BOULE DE SON : Figure ta-
chée de rousseurs, qui sont ap-
lées aussi taches de son.
BOULE DE SON : Pain de
munition. — Il contenait autre-
fois beaucoup de son.
BOULE JAUNE : Potiron. (Co-
lombey.)
BOULENDOS : Bossu. (Vi-
BOU
- 56
BOU
docq.) — Il semble avoir une
boule dans le dos.
BOULER : Refuser. — Même
étymologie que Blackbouler.
« Le marquis : Ne m'en parle
plus... je l'ai boulé avec perte;
tu seras la femme d'Oscar.
Yseult : Mon père, je connais
mes devoirs, j'obéirai; l'un ou
l'autre, ça m'est bien égal. » (Mar-
quet.)
BOULER : Battre. Mot à mot :
Faire rouler son adversaire com-
me une boule.
Si tu dis mot, j' te boule.
{Chansons, Avignon, i8i3.)
BOULET : Personne dont on
ne peut se débarrasser. — Allu-
sion au boulet traîné par les mi-
litaires. — « Bal à la Renaissance
ce soir. Lâche ton boulet! » Ga-
varni.)
BOULET A QUEUE : Melon.
(Vidocq.)
BOULETTE : Petite faute. Un
peu plus grave, elle devient une
brioche. On appelle sale pâtis-
sier, un homme peu soigneux ou
tripotant des affaires véreuses. La
pâtisserie est-elle redevable de ces
acceptions aux soins minutieux
qu'exige son exercice? En ce cas,
il faut sous-entendre mauvaise
avec brioche et boulette. V. Brio-
che. — ce Faut croire que j'ai
lâché quelque boulette. » (Fré-
my.)— « Enfin, un quaker l'a prise
en pitié, et dit : Fille, tu as fait
une boulette. » (M. Alhoy.)
BOULEVARDIER : Homme
qu'on rencontre tous les jours
flânant sur les boulevards, du
faubourg Montmartre au Grand-
Hôtel. — « Vous connaissez W.?
un long sec, un boulevnrdier
fini. » {Figaro j 1867.)
BOULEVARDIERE : Femme
galante fréquentant les boule-
vards. En juillet 1872, la Liberté
signale vertueusement la « tolé-
rance dont on continue d'user à
l'égard des boulevardières, deve-
nues aussi nombreuses qi e les
bocks et les sorbets du soir. »
BOULINE : Collecte. — c Les
truqueurs des foires de v liage
font ce qu'ils nomment une bou^
linCy c'est-à-dire une collecta en-
tre eux, et ils chargent un jom-
père de distraire le survei lant,
de l'emmener à l'écart, de Tinvi-
ter et de le griser. Alors malheur
aux pauvres pétrousquins (j arti-
culiers)qui s'aventurent à jouer!
ils sont rançonnés sans merci. »
(Privât d'Anglemont.)
BOULINER : Faire un trou ou
boulin à la muraille. (Vidocq). —
— De boulinoire.
BOULINER : Voler en b luli-
nant. (Halbert.)
BOULINER : Déchirer (Icam.)
BOULINOIRE : Vilebrequin.
(Vidocq.) — Allusion à son laou-
vement circulaire et peut-être
aussi à la boule de bois de sa
poignée.
BOULON (vol au) : a II est
commis aux étalages de dentelles
en les attirant à l'aide d'une trin-
gle à crochet passée par un trou
de boulon de la devanture. 1 Ra-
basse.)
BOULOTTER : Vivre à r;.ise.
Diminutif de bouler : rouler
comme une boule. Bouk tter
l'existence : rouler sans pi;ine
BOU
BOU
dans la vie. — « Ils boulottaient
l'existence, sans chagrin de la
veille, sans souci du lendemain. »
(De Lynol.) — « Pourvu que nous
ayons de quoi boulotter tout
doucement, je serai content. »
(Friès.)
BOULOTTER : Être en bonne
santé. — Même image dans ça
roule. V. Rouler.
BOULOTTER î Prospe'rer,
fructifier, s'arrondir. — « Voilà
deux cent mille francs qui ne
rapporteront rien... Il resterait
donc cent mille francs à faire
boulotter. » (Balzac.)
BOULOTTER : Assister. (Vi-
docq.)
BOULOTTER : Manger. (Hal-
bert, Rabasse.)
BOUM : Cri par lequel le gar-
çon de café annonce qu'il a en-
tendu l'ordre du consommateur.
— « Ces satanés garçons! Avez-
vous remarqué quel sourire nar-
quois ils ont presque toujours
sur les lèvres lorsqu'ils toisent la
pratique et surtout l'habitué ! Va,
mon bon homme, ont-ils l'air de
dire... abrutis-toi dans cette at-
mosphère délétère d'alcool et de
tabac. Prépare -toi une précoce
vieillesse... Versez... Boum!...
Ce boum! lui-même n'est-il pas
une ironie? Boum! c'est comme
la parodie du bruit du canon.
Boum ! cela fait penser aux grands
carnages. Boum! boum! Défiez-
vous... Le café, c'est le tueur en
détail! » (P. Véron.)
BOUQUINE : Barbe poussant
sous le menton comme celle du
bouc. Une mazarinade de 1649
{l'Illustre barbe) fait un crime
y
au cardinal de sa barbe bouc-
quine.
BOURDON : Prostitué. (Hal-
bert.)
BOURGEOIS : Bourg. (Idem.)
BOURGEOIS : « Les grands
seigneurs, si toutefois vous vou-
lez bien en reconnaître, compren-
nent dans cette qualification de
bourgeois toutes les petites gens
qui ne sont pas nés. — Le bour-
geois du campagnard, c'est l'ha-
bitant des villes. — L'ouvrier qui
habite la ville n'en connaît qu'un
seul : le bourgeois de l'atelier,
son maître, son patron. — Le
bourgeois du cocher de fiacre y
c'est tout individu qui entre dans
sa voiture. Chez les artistes, le
mot bourgeois est une injure, et
la plus grossière que puisse ren-
fermer le vocabulaire de l'atelier.
Le bourgeois du troupier, c'est
tout ce qui ne porte pas l'uni-
forme. Quant au bourgeois pro-
prement dit, il se traduit par un
homme qui possède trois ou qua-
tre bonnes mille livres de rente. »
(Monnier, 1840.)
BOURLINGUER : Avanceravec
peine dans la vie, se remuer sur
place. Ce terme vient de la ma-
rine où un bâtiment bourlingue
lorsqu'il lutte inutilement contre
la grosse mer. — « Dans ce pays
que j'ai sillonné dans tous les
sens, où j'ai bourlingué déjà pen-
dant dix ans. » (A. Lecomte, 61.)
BOURRICHON (se monter, se
charpenter le) : S'illusionner, se
monter la tête. — a As-tu fini ?
Des nerfs ! Est-ce à ton âge qu'on
se charpente le bourrichon. »
(Monselet.) — « Sylvia :Tu ne te
montes pas facilement le bour-
BÔU
- 58
BOU
richon, mon chéri . — Dorante :
Pas si pante. » (L. de Neuville.)
BOURRIER : Ordure, fumier.
— Vieux mot. — «Je ne suis qu'un
bourrier de la rue. » (Balzac.)
BOURRIQUE (tourner en) :
Abrutir. — « C'est ce gueux de
Cabrion qui l'abrutit... Il le fera
bien sûr tourner en bourrique. »
(E. Sue.)
BOURSICOTER : Jouer à la
Bourse. — Se dit aussi pour :
amasser une petite somme, un
boursicaut.
BOURSICOTEUR, BOURSI-
COTIER, BOURSIER : Homme
qui joue à la Bourse. — « Bour-
sier hardi, coulissier intrépide.»
(Festeau.) — « L'esprit est inu-
tile à un boursicotier; de cœur,
il n'en faut pas du tout ; d'argent,
on peut s'en passer au besoin;
mais ce qu'il lui faut surtout et
avant tout, c'estde l'audace, beau-
coup d'audace et une certaine
habileté de calculs et d'intrigues
qui lui assure toujours un gain,
même lorsque des événements
imprévus peuvent lui faire subir
une perte. » (Boursicotiérisme.)
BOURSICQTIÉRISME : « Le
boursicotiérisme est l'art de
jouer, de parier, de spéculer en
Bourse, quelquefois sans argent,
comme sans probité; en d'autres
termes, le boursicotiérisme est
l'art de surprendre habituelle-
ment le bien d'autrui par un en-
semble de moyens non prévus par
la loi ou insaisissables à la jus-
tice. » (Idem.)
BOUSCAILLE : Boue. (Vi-
docq.) Addition de finale.
BOUSCAILLEUR : Balayeur.
BOUSIN : Tapage.
Quand on entend le refrain
D'un infernal bousin,
Cent fois pis que le sabbat.
[Chanson des canoti:rs.)
BOUSIN : Maison mal i'aroée,
lieu de débauche. Mot à mot :
maison de bouse ou de bciie. —
« Cette maison est un vrai bou-
sin; pour dire qu'elle es: mal
gouvernée et que chacun y est
maître. » (Dhautel, 1808.)
BOUSINER : Faire du t:.page.
du bousin.
BOUSINEUR : Tapageur, fai-
seur de bousin. — « Est-or bou-
sineur dans ce bahut-ci i — Pas
trop; le sous-directeur est s ivère!
— Ça m' l'enfonce... » {Les Insti-
tutions de Paris, i858.)
BOUSSOLE : Cerveau. — Il
dirige l'homme comme la bous-
sole dirige le navire : « J'ai ça dans
la boussole. Ainsi ne m'en parlez
plus. » (Vidal, i833.)
Perdre la boussole : Devenir
fou.
BOUSSOLE DE REFROIDI :
Fromage de Hollande, dite tête
de mort. (Vidocq.) — Allusion à
la boule formée par ce fror lage.
— On dit aussi : boussole de
singe.
BOUTANGE : Boutique. (Hal-
bert.). — Changement de finale*
BOUT D'HOMME : Tout petit
homme. On dit aussi bout de
c— 1. (J. Choux.)
BOUTEILLE : Latrines. Ter-
me de marine.
BOUTERNE : « La bouierne
est une boîte vitrée où son: ex-
BOU - 59
posés, aux foires de villages, les
bijoux destinés aux joueurs que
la chance favorise. Le jeu se fait
au moyen de huit dés pipés. Il est
tenu par une bouternière qui est
le plus souvent une femme de
voleur. » (Vidocq.)
BOUTERNIER : V. ci-dessus.
BOUTIQUE : » Ce n'est pas
une chose, c'est un esprit de né-
goce, de profits troubles et de
soigneuses affaires, qui ne recule
devant rien pour arriver à un
gain quelconque. Il y a la bou-
tique industrielle, comme la bou-
tique scientifique, artistique et
littéraire. » (A. Luchet.)
BOUTIQUE : Maison mal te-
nue, établissement mal adminis-
tré. — « Quelquefois le piocheur
employé menace de quitter la
baraque ou la boutique. On le
retient, on le décore. » (Balzac,
1842.)
BOUTIQUE : Ne se prend pas
toujours en si mauvaise part que
dans l'exemple précédent, et si-
gnifie simplement la maison, l'ad-
ministration, le parti. — « Le
portier est la cheville ouvrière
de la boutique, comme on ap-
pelle le théâtre en termed'argot. »
(De Jallais, 1854.) — « Dans la
polémique politique, il y a deux
grandes divisions : la polémique
de drapeau (de boutique en style
plus familier) et la polémique
individuelle. « (Joliet, 1860.)
Il est de la boutique : Il fait
partie de la maison, de l'admi-
nistration ou de la coterie.
On dit d'une femme qui, en
tombant, a laissé voir trop de
choses, qu'elle a montré toute sa
boutique. (Dhautel, i8o8.)
- BOY
BOUTIQUER ; Fagoter, mal
faire.
BOUTIQUIER : Homme à
idées rétrécies, parcimonieuses.
BOUTOGUE: Boutique. (Vid.)
BOUTON : Pièce de 20 francs.
(Colombey. ) — Allusion de forme
et de couleur.
BOUTONNER : S'abstenir de
ponter au lansquenet. Mot à mot:
boutonner sa bourse. — a Si la
ponte boutonne et ne s'allume
pas, il faut que le banquier flatte,
chatouille, étrille. » (Alyge.)
BOUZINGOT : « A la révolu-
tion de Juillet, les romantiques
se divisèrent en bouzingots et
en jeunes-France. Les premiers
adoptèrent l'habit de convention-
nel, le gilet à la Marat et les che-
veux à la Robespierre; ils s'ar-
mèrent de gourdins énormes, se
coiffèrent de chapeaux de cuir
bouilli. » (Privât d'Anglemont.)
— Du mot bousineur, tapageur.
— Le bouzingot voulait bousiner
le régime de i83o.
Par extension, on a donné en-
suite le nom de boupngot à tout
homme turbulent en actes et en
paroles. — « Décidément ce pein-
tre est un mauvais sujet, un
mal-appris, un bouzingot. » (A.
Achard.)
BOX : Stalle d'écurie. — An-
glicanisme . — « Ces écuries étaient
organisées à l'anglaise avec des
boxes fort confortables. » Mon-
tépin.)
BOXON : V. Boc.
BOYE : Gardien. (Rabasse.)
BOYE : Le forçat qui fait au
bagne l'office de bourreau, est le
13 RA
^ 60
BRE
boye. (M. du Camp.) — Vieux
mot. — Rabelais conte dans le
voyage de Pantagruel en l'île
des Papefigues, comment ceux
qui ne voulaient pas prendre la
figue au derrière de la mule
étaient pendus. Les autres, do-
minés par la peur, tirent la figue
et la montrent a au boye, disant
ecco lo fico. »
BRAG : Nom. (Grandval.)
BRAILLARDE : Caleçon (Hal-
bert.) Ce sont nos anciennes
braies. Débrailler est resté dans
la langue régulière.
BRAISE : Argent. — Allusion
à sa destination de première uti-
lité. Sans braise, on ne peut
faire bouillir la marmite. — « Pas
plus de braise que dans mon œil.»
(Mornand.) V. Bille.
Dans son Père Duchêne, Hé-
bert appelle l 'argent de sa sub-
vention la braise nécessaire pour
chauffer son fourneau. (Vieux
Cordelier, éd. de 1842, p. ii5.)
BRANCARD (vieux) : Vieille
femme galante. — Allusion aux
chevaux de selle réformés, qu'on
met au brancard comme chevaux
de trait.
BRANCHE : Ami aussi atta-
ché qu'une branche à l'arbre. —
« Allons, Panaris, le dernier
coup, ma vieille branche! » (J.
Moinaux.)
BRANCHER : Pendre. (Vi-
docq.) Mot à mot : accrocher à
la branche.
BRANDILLANTE : Sonnette.
(Vidocq.) Allusion au battant qui
brandille.
BRANQUE : Ane. (Vidocq. —
Onomatopée imitant le cri de
l'âne.
BRAS, BRASSE : Grand,
grande. (Halbert.)
BRASER DES FAFI ES : Fa-
briquer de faux papiers. (Colom-
bey.)
BRASSET : Gros. (Idem.)
BRAVE : Cordonnier. — Dans
une conférence donnée à Meaux,
M. Guénin a donné l'origine du
mot : — « C'était à l'époque de
la Ligue. Henri de Navarre as-
siégeait Paris. La popul ition ou-
vrière venait de passer jn masse
aux Guise, mais les corionniers,
indignés des récents laassacres
de la Saint- Barthélémy, refu-
sèrent de se joindre aux ligueurs.
Henri, apprenantce refus, s'écria:
« Les cordonniers sont des bra-
ves! » {Le National, 18 )9.)
BREDA- STREET (Jame ou
habitante de) : Femme galante.
— Anglicanisme. — VAûe en
même temps que la ruj Notre-
Dame-de-Lorette, la rue Breda
avait, pour la même cause, donné
son nom aux lorettes eu quar-
tier. « En revanche, nous avons
Breda-street, le berceau de la lo-
rette. » (Pélin.) V. Lorttte.
BREDOCHE : Liard, centime.
(Colombey.)
BRELOQUE : Pendule. (Vi-
docq.) — Harmonie imitant le
bruit du balancier.
BRELOQUE (battre 1 1) : Dé-
raisonner. Allusion aux sons bri-
sés de la batterie de tambour
dite breloque, qui est pa ticuliè-
rement saccadée. — a Ciel ! papa
bat la breloque. » {Rien:{ , 1826.)
ÊRI
- 6i -
BRÎ
BRÈMES : Cartes à jouer.
(Grandval.) — Allusion à la brè-
me, poisson blanc, plat et court
Maquiller la brème : Jouer aux
cartes, travailler la carte.
Persévérez toujours en maquillant la
brème,
Maquillez-la sans cesse et la rema-
quillez. (Alyge, 1854.)
BRÈME DE PACQUELINS :
Carte géographique. Mot à mot :
carte de pays. (V.)
BRÉMEUR: Joueur. (Rabasse.)
BREMMIER : Fabricant de
cartes. (V.)
BRENICLE : Non. (Halbert.)
— Pour bernique.
BRÉSILIEN : Personnage se-
mant l'or à pleines mains. Ce
terme a remplacé celui de nabab,
depuis la vogue d'une pièce du
Palais-Royal. — « Un étranger
qui a réalisé le type de Brésilien
rêvé par les auteurs dramati-
ques. » (F. de Rodays, 1875.)
BRIC-A-BRAC : Marchandises
d'occasion, objets antiques. —
a Ces travaux, chefs-d'œuvre de
la pensée, compris depuis peu
dans ce mot populaire, le bric-à-
brac. » (Balzac.)
Bric-à-brac : Commerce du
bric-à brac. — « Le fait est qu'au-
jourd'hui le bric-à-brac est une
industrie formidable, que le gros
marchand de bric-à-brac possède
jusqu'à 5oo,ooo francs de mar-
chandises. » (Roqueplan, 1841.)
Bric-à-brac : Marchand de
bric-à-brac. — « Ce voleur de
bric-à-brac ne voulait me don-
ner que quatre livres dix sous. »
(Gavarni.)
BRICABRACOLOGIE î
Science du bric-à-brac. — Re-
marquons en passant qu'une in-
finité de mots sont fabriqués tous
les jours par le même procédé
que ce laborieux néologisme. —
(( Sans célébrité dans la bricabra-
cologie. » (Balzac.)
BRICARD : Escalier. (Hal-
bert.)
BRICOLE : Petit travail mal
rétribué.
BRICOLER : « M. Jannier bri-
colait à la Halle, c'est-à-dire qu'il
y faisait à peu près tout ce qu'on
voulait. » (Privât d'Anglemont.)
— De bricole : harnais qui fait
de Thomme une sorte de cheval
bon à tout traîner.
BRICOLER : Faire effort. Mot
à mot : donner un coup de bri-
cole. — « Et bricolons tout plus
vite que ça, car j'ai les pieds dans
l'huile bouillante. » (Balzac.)
BRICOLEUR : « Les bricoleurs
sont des gens actifs, entrepre-
nants, hardis, qui ne reculent
devant aucun travail, qui s'of-
frent pour tout faire. » (Privât
d'Anglemont.)
BRICULE : Officier de paix.
(Halbert.)
BRIDE : Chaîne de montre.
V. Bobe.
BRIDE : Chaîne de forçat.
BRIDER : Fermer (Vidocq.)
BRIDER : Ferrer un forçat.
(Colombey.;
BRIDON : Méchant. — a Le toc
est un bridon de gaye, méchant
cheval qui a une pogne esquin-
tante. » (Rabasse.)
4
BRI
- 62 -
BRI
BRIE. — Fromage de Brie. —
« Un morceau du brie le plus
gras de la boutique de la frui-
tière. » (Ricard.)
BRIGADIER : Gindre, pre-
mier garçon boulanger. Il fait le
four et remplit les fonctions de
contre-maître. (Vinçard.) — Ainsi
nommé à cause de ses trois aides
qui forment la brigade.
BRIGAND : Mot d'amitié. —
Henri Monnier fait dire tendre-
ment par une fille à son clieyit :
— « T'as chauffé l'four, pas vrai,
brigand ? Tes n'en ribote ?... J'con-
nais ça; vu qu'ça m'arrive en-
core pus souvent qu'à mon tour.»
(La nuit dans le bouge.)
BRIMADE : Épreuve vexatoire
infligée aux nouveaux de l'École
Saint-Cyr. — « Point de ces bri-
mades, qui ont longtemps dés-
honoré Saint-Cyr. » (La Bédol-
lière.)
BRIMER : Donner une bri-
made.
BRIMEUR : Faiseur de bri-
mades. — Dans le Dictionnaire
Blesquin, de i6i8, Brimare si-
gnifie bourreau.
BRINDEZINGUES (être dans
les) : Être ivre. Mot à mot : avoir
trop bu à la santé des autres. —
« Tiens, toi, t'es déjà dans les
brindezingues. » (Vadé, 1756.) —
Ce termevient du vieux mot brin-
de : toast. — a Ces grands hommes
firent tant de brindes à vostre
santé et à la nostre, qu'ils en pis-
sèrent plus de dix fois. » {Lettre
curieuse envoyée au cardinal Ma-
:^arinpar ses nièces. Paris, i65 1 .)
BRINGUE : Femme de mau-
vaise tournure. — « Allez trouver
votre grande bringue de femme. »
(Balzac.)
BRINGUE (mettre en) : Bri-
ser, mettre en morceau c. — Ces
deux acceptions du moi bringue
sont déjà en 1808 dans le dic-
tionnaire de Dhautel.
BRIQMANN : Sabre de cava- ,
lier. (Halbert.) — C'est Briquet,
avec changement de finale.
BRIQMONT : Sabre c'infante-
rie. (Idem.) Même origine.
BRIO :« Le brio, mot i: alien in-
traduisable, est le caractère des
premières œuvres. C'est le fruit
de la pétulance et de 1 1 fougue
intrépide, du talent jeune, pétu-
lant, qui se retrouve plus tard
danscertaines heures hei, reuses.»
(Balzac.) — « Le théâtre qui avait
vu le luxe et le brio de ses pre-
mières années. » {Physiologie du
théâtre, 1841.)
BRIOCHE : Acte sot eu mala-
droit. V. Boulette. — « Ei vous al-
liez me faire faire une so.tise,une
brioche, une boulette, d (1826,
Ancien Figaro.)
M. Quitard donne à ce terme
une origine historique :
Faire une brioche : « C'est faire une
faute en musique, et par extension en
quelque chose que ce soit, (^eite ex-
pression fut introduite à l'époque de
la fondation de l'Opéra en France. Les
musiciens attachés à ce théâtre avaient
imaginé de condamner à un-; amende
pécuniaire celui d'entre eux qui man-
querait aux règles de l'har nonie en
exécutant sa partition, et le p oduit des
amendes était destiné à l'acl at d'une
brioche qu'ils devaient manger ensem-
ble dans une réunion où les amendés
figuraient ayant chacun u le petite
image de ce gâteau suspen lue à la
boutonnière en guise de dccoration.
BRI
- 63
BRO
Un tel usage ne fut pas jugé propre à
les rendre moins fautifs dans leur art,
et le grand nombre de repas qu'il
amena ne fit pas concevoir une haute
idée de leur talent. Bientôt ils se virent
exposés à la raillerie du public, qui
prit le mot de brioche pour synonyme
de faute, bévue; et l'amour-propre
alors l'emportant sur la friandise, ils
décidèrent qu'ils pourraient faire dé-
sormais autant de brioches qu'ils vou-
draient sans être obligés d'en payer au-
cune. » (Dict. des proverbes.)
BRIOLET : Piquette. Mot à
mot : petit vin de Brie. — C'était
le Suresnes d'autrefois. — « C'est
du vin de Brie, il fait danser
les chèvres, pour dire c'est du
vin acre, dur, du casse-poitrine.»
(Caillot, 1829.)
BRISACQ.UE : Bruit, homme
bruyant. — « Vous voulez faire
du brisacque ici. Vous êtes un
fameux pistolet encore. » (Mon-
selet.)
BRISANT : Vent. (Vidocq.)
Augmentatif de brise.
BRISCARD : Vieux soldat à
chevrons (brisques). — « Per-
mettez-vous à un ancien, un vieux
briscard de spahis, une petite
critique ? » ( Vie parisienne, 1 86 1 . )
BRISER (se la) : Fuir. — Abré-
viation de briser la politesse (par-
tir sans prendre congé). — « Dans
le beau monde, on ne dit pas :
je me la casse, je me la brise. »
(Labiche.) V. Trumeau, Rigolo.
BRISER, BRISEUR, BRI-
SURE : « Les briseurs sont tous
Auvergnats et se prétendent com-
merçants. Ils s'entendent pour
inspirer la confiance à des fabri-
cants qu'ils trompent pour une
grosse somme, après leur en
avoir payé plusieurs petites. Les
marchandises brisées sont reven-
dues à 40 pour 100 de perte, et
le produit de la brisure est placé
en Auvergne. » (Vidocq.) — Le
briseur est ainsi nommé parce
qu'il se la brise dès qu'il a fait
son coup.
BRISQUE : Galon indiquant
le grade ou l'ancienneté dans
l'armée. — Un fourrier a quatre
brisques sur les manches. — Une
vieille brisque est le synonyme de
un vieux briscard. •— « Ces vieux
sous-officiers à brisques qui nous
dressaient à la discipline. » (St-
Genest, 1875.)
BRISQUES : As et figures du
jeu de cartes. Ce sont les gradés
de l'armée des cartes
BROBÈCHE : Liard, centime.
(Colombey.)
BROC : Liard. (Grandval.)
BROCANTE : Objet sans va-
leur.
BROCANTE : Troc de mar-
chandises de hasard. — « Je vais
faire des brocantes. » (Balzac.)
BROCHET : Souteneur. —
Encore un nom de poisson. Nous
en verrons bien d'autres. V. Mac.
— a Les brochets sont aujour-
d'hui fort connus par la police. »
(Stamir, 1867.)
BRODANCHER : Broder. (Vi-
docq.) Changement de finale.
V. Ravignolé.
BRODER : Écrire. (Idem.) Al-
lusion au va-et-vient de la plume.
BRODEUR : Écrivain. (Idem.)
BROQUILLE : Chose sans va-
leur. (Halbert.) Mot à mot : ne
valant pas plus d'un broc.
BRO — 64
Bague. (Hal
BRU
BROQUILLE
bert.)
BROQUILLE : Minute. (Ce di-
minutif du vieux mot broqiie (pe-
tit clou, broche) fait sans doute
allusion au petit signe indiquant
la minute sur un cadran.
BROQUILLEUR : Voleur
ayant pour spécialité de voler les
bijoutiers en substituant du strass
au diamant (Colombey.) — Le
strass n'est qu'une broqiiille.
BROSSE : Formule négative
qui veut dire : non, rien. —
« Brosse pour lui ! Zut pour lui !
Fallait pas qu'y liche. » (A. Da-
lès.)
Dès 1808, on disait : Ça fait
brosse, pour : Rien pour toi!
tout est brossé. (Dhautel.) —
Une caricature de Machereau,
publiée en i83o, porte cette le'-
gende : a Linge sale de M. de
Bourmont. Clinge sale-là, père
±scobard, y f chausserait bien;
mais ça f fait brosse, y sera
trop beau pour nos blessures. »
BROSSÉE : Grêle de coups,
défaite. — a Les Turcs ont reçu
une brossée. » (Ricard.)
BROSSER : Battre. Mot à mot:
brosser de coups.
BROSSER LE VENTRE (se) :
Se passer de manger. Mot à mot :
se brosser le ventre pour lui faire
oublier l'heure du repas. — « Le
régiment a pris le café ce matin,
mais le colonel s'est brossé le
ventre. » {Commentaires de Lo-
riot.) — « Et nous autres? Ah!
nous autres, nous nous brossons
le ventre. » (Sarcey.)
Pris souvent au figuré pour se
passer de n'importe quoi. —
« Vous brosser le vent e faute
d'un éditeur. » (Comme son.)
On dit plus simplenent se
brosser. — « On dit qu'il espère
avoir la croix... il sera forcé,
cette année, de se brosser la bou-
tonnière. » (1866, Vie pari-
sienne.)
BROUÉE : Correction. (Hal-
bert.) Mot à mot : action de
broyer.
BROUILLARD (être d ms le):
avoir l'œil troublé par 1 ivresse.
BROUILLARD (Chasser le) :
Boire un verre d'eau-de--v ie dont
la chaleur combat, dit-)n, les
mauvais effets de l'humi iité.
On dit tuer le ver par in mo-
tif analogue; l'alcool pris à jeun
passe pour causer de vivjs con-
trariétés aux helminthes et aux
ascarides vermiculaires.
Ces deux termes peuvent être
considérés comme une £llusion
ironique aux prétextes hygiéni-
ques des buveurs d'alcool.
-BROUILLÉ AVEC LE DIREC-
TEUR DE LA MONNAIE (être)ï
Être sans argent. — L'ire nie n'a
pas besoin d'explication.
BROUSSAILLE (chevei x en) :
Cheveux hérissés, mêlés comme
les branches d'une brou isaille.
BROUTA : Discours. —^ Du
nom d'un professeur de l'École
de Saint-Cyr, doué d'une certaine
facilité d'élocution. Ce qvi a fait
le verbe broutasser : discourir, et
le substantif broutasscur, iiscou-
reur.
BRUCE : Serrurier. Di vieux
mot bruger : frapper, heurter.
La même allusion se retrouve
dans tape dur.
BRU
— 65 -
BRU
BRUGERIE : Serrurerie.
Jdem.)
BRULAGE : De'confiture. —
« C'est un brûlage général. »
(Balzac.)
BRULE-GUEULE : Pipe dont
le tuyau écourté brûle les lèvres
du fumeur. — « Ils ont un brûle-
gueule à la bouche qui, en leur
enfumant toute la figure, leur
procure une haleine insuppor-
table. » {Caricatures politiques,
an VI.) « Une de ces pipes cour-
tes et noires dites brûle-gueule. »
(Banville.)
BRÛLÉ : Fini. — « Comment
sommes-nous avec le boulanger?
— M'sieur, le boulanger est brûlé,
il demande un à-compte. »
(Champfleury.) C'est-à-dire : le
boulanger est brûlé comme cré-
diteur.
BRÛLÉ : Démasqué. — « Le
grec brûlé prend son parti leste-
ment, et va, sous un autre nom
nobiliaire, se faire pendre ail-
leurs. » (Mornand.)
BRÛLÉE : Correction plus
forte que la brossée. Elle brûle
celui qui en porte les marques.
BRULER : « Messieurs, j'en
brûle huit! Traduction : mes-
sieurs, je retire du jeu les huit
premières cartes qui par consé-
quent ne serviront pas. » (Ca-
vaillé.)
BRULER : Se dit d'un cocher
qui en dépasse un autre.
BRULER : Être tout près de
deviner la vérité qu'on cherche.
— a Olivier. Ah ! je crois que je
brûle, comme on dit aux petits
jeux. Est-ce que M. de Nanjac...
— Su^^cmtie. Vous rêvez. » (Du-
mas fils, le Demi-Monde.)
BRULER LE PÉGRIOT :
Effacer la trace d'un vol. (Hal-
bert.)
BRULER LA POLITESSE :
S'esquiver sans faire la politesse
d'un adieu. — a Quand il nous
met à l'ombre, c'est que nous
avons brûlé la politesse à la con-
signe. » (J. Arago, i838.)
BRULER UNE (en) : Fumer.
Mot à mot : brûler le tabac d'une
pipe.
BRULOT : Mélange de sucre
et d'eau-de-vie brûlée. — « Au
café, c'est avec bonheur qu'ils
cassent les tasses où ils allument
leur brûlot quotidien. » (R. de
La Barre.)
BRULER LES PLANCHES :
Jouer avec beaucoup de feu. Ne
se dit qu'au théâtre. — « M^i* Be-
retta brûle les planches de l'Opé-
ra. » (De Boigne, 1857.)
BRULEUR DE PLANCHES :
Acteur jouant avec feu. — « Le-
ménil était ce qu'on appelle en
argot de coulisses, un brûleur de
planches. » (P. Véron.)
BRUTAL : Canon. — Allusion
au grondement de son tir. —
« As-tu entendu ronfler le 'oru-
tal? » (Dhautel.) — « Une déto-
nation se fit entendre. — Tiens,
dit Pierre, voilà déjà le brutal
qui chante. » (Ricard.) V. Invalo.
BRUTIUM : Elevé du prytanée
de la Flèche. C'est aussi le pry-
tanée lui-même. — Latinisme dont
l'origine nous est inconnue. Voir
Volaille:
BRUTUS : Bretagne (Halbert.)
BUE
- 66 —
BUT
Changement de deux voyelles.
BU : Complètement ivre. Mot
à mot : imbibé de boisson. — Au
moyen âge on disait, sans abré-
ger, oultrebeu (outrebu), — « Le
pochard n'est pas encore un hom-
me complètement bu. » (Ladi-
mir, 1845.) — a C'est pas gentil,
que j'dis, c'que tu fais là, d'au-
tant qu't'es pas bu. » (H. Mon-
nier.)
BUCÉPHALE : Cheval bon ou
mauvais. Allusion ironique au
cheval d'Alexandre. — « Bucé-
phale, le cheval d'Alexandre, dont
le nom nous sert à désigner les
chevaux de parade, et aussi, par
ironie, ceux qu'on appelle vul-
gairement des rosses. » (Rozan.)
BUCHE (temps de):V. Pioche.
BUCHE PLOMBANTE : Allu-
mette chimique. (Vidocq.) Mot à
mot : brin de bois sentant mau-
vais. — Bûche est dit par ironie.
V. Plomber.
BUCHER : Travailler. —Du
vieux mot buscher : fendre du
bois. — a Moïse est un fameux
travailleur; il bûche comme
quatre à lui tout seul. » (M. Per-
rin.)
BUCHER : Battre. (Dhautel.)
r vient pour me bûcher :
Moi, je r fais trébucher.
{Chansons^ Avignon, 181 3.)
BUCHERIE : Combat, lutte
acharnée.
BUCHEUR : Travailleur as-
sidu, bûchant avec amour.
BUEN-RETIRO : Endroit pro-
pice, et quelquefois par ironie :
lieux d'aisances. Mot à mot ;
bonne retraite. Ibérisme.
Sous l'empire d'un p'tit malaise
Je cherchais, pour me mettre a l'aise,
Un certain buen-retiro. (Tantôt.)
BUQ.UER : Voler dans une
boutique en demandant de hi
monnaie- (Vidocq.)
BUREAU ARABE : En Afri-
que, du vin avec du sucre s'appelle
un état-major. De l'absintlie mê-
lée avec de l'orgeat, s'appelle :
un bureau arabe.
BURLIN : Bureau. — Change-
ment de finale. V. Parrain.
BUSARD, BUSE, BUS ON :
Inintelligent, obtus, com ne la
buse qui est le plus couard des
oiseaux de proie. — « Et il ne
sera pas béotien et buson ccmme
toi. » (Ricard.)
BUSTINGUE : Hôtel i;arni.
(Halbert.)
BUTE, BUTTE : Guinotine.—
Elle butte les gens. — « Tu n'es
qu'un lâche. Avec toi, on va
tout droit à la butte. » (Canler.)
V. Tine.
Monter à la butte : Monter à
réchafaud. (Ra basse.)
BUTÉ (être) : Être guillotiné.
BUTTER : Tuer, assassiner.
— C'est le vieux mot buter :
frapper, renverser, qui a fai i cul-
buter dans la langue usuelle. —
« Voilà donc une classe d'indivi-
dus réduite à la dure extrémité
de travailler sur le grand tri:nar,
de goupiner, de faire le bog et le
blavin, de butter même s'il en
était besoin. » (5o,ooo vo eurs
de plus à Paris, 3o.) — « ^■oilà
CAB - 6-j - CAB
sassin, bourreau. (Rabasse.)
BYRONIEN : D'allures à la
Byron, poétiquement inspirées.
V. Tartine,
pour butter le premier rousse,
dit-il en montrant un couteau. »
(Canler.)
BUTEUR, BUTTEUR : As-
o
C (être un) : Être un imbécile. '
(Grandval.) Abréviation de c-o-n.
— Au moyen âge, on disait ca-
nard dans le même sens. V. La-
combe, Dictionnaire du vieux lan-
gage. — Connerie (stupidité), et
comtois (niais), sont de la même
famille.
ÇA (c'est). UN PEU ÇA (c'est) :
C'est superlatif. — « Ils sont laids
que c'est ça. » (Pecquet.) — « C'é-
tait ça, presque aussi bath qu'au
café.' » (Monselet.) — « On me
cognait, mais c'était ça. » (Zom-
pach.)— « Restez, gendarme, mais
ne remuez pas trop, car vous avez
rinfirmitédes piedsque c'est ça.»
{Dernier jour d'un condamné.)
— « S'il tournait une phrase de
manière à lui donner de l'effet,
les tricoteuses applaudissaient et
s'écriaient : Là, c'est ça! » (Lady
Morgan, i8.)
ÇA (il a de) : Il a de l'origina-
lité, du talent, du génie.
ÇA (Il a de) : Il est riche. —
En disant ce mot, on fait ordi-
nairement le geste de compter.
ÇA (elle a de) : Elle est riche
d'appas.
CAB : Cabriolet à l'arrière du-
quel conduit le cocher. — a Là,
il déjeuna à la hâte et demanda
un cab. » (Ponson du Terrail.) —
Anglicanisme.
CAB, CABOT, CABE : Chien.
(Grandval.) — Contraction abré-
gée des deux mots : qui aboie.
Les voleurs ont, comme ils le
font souvent, donné le nom de
l'acte à l'acteur. Au lieu de dire
le chien, ils ont dit : le qui aboie
et en abrégeant : le qu'abe , le
qu'abo.—Co. procédé est fréquent.
Voyez Calvin, Combre.
CABAS : Femme avachie. —
On dit : c'est un vieux cabas. Le,
mot appartenait déjà à l'ancienne-,
langue provençale. En catalan,,
on dit caba:{; en espagnol, ca-
pa^o; en italien, cabaco.
CABASSER : Tromper. (Co-
lombey.) — Vieux mot.
CABERMONT : Cabaret (Vi-
docq.) — Corruption de mot par
changement de finales. V. Pro-
mont.
CABESTAN : Agent de police
(Viùocq.) — Officier de paix. (Del-
vau.) V. Macaron.
CABILLOT : « L'ennemi na-
turel du matelot, c'est le soldat
passager,plussouventnomméca-
billot, à cause de l'analogie qu'on
peut trouver entre une demi-
douzaine de cabillots (chevilles)
CAB
- 68 -
CAC
alignés au râtelier et des soldats
au port d'armes. » (Physiologie
du matelot, 4.3.)
CAB, CABOT : Mauvais ac-
teur. — Abréviation de cabotin.
CABOTINAGE : C'est le mau-
vais côté de la vie de comédien.
— « La comédie de société, cet
élégant cabotinage. » (Villemot.)
CABOTINE : Actrice médio-
cre ou nomade. — « L'actrice,
sage ou non, est pour eux une
cabotine. » (Ricard.) V. Cabot i-
ner. — Le ^dictionnaire de l'Aca-
démie donne Cabotin.
CABOTINER : Faire le métier
de cabotin, fréquenter les cabo-
tins, et, par extension, dans n'im-
porte quelle classe, tomber dans
les désordres de la vie d'artiste
sans en avoir le beau côté. — Un
petit roman de l'an VII (les Co-
médiens Ambulants), nous donne
l'étymologie du mot dans ce pas-
sage : a Je parle des troupes de
comédiens qui sont obligés de
courir de ville en ville, et, pour
me servir de la véritable expres-
sion, de cabotiner. » Ce métier de
courir de ville en ville donnelaclef
du mot. Le cabotin est à Vartiste
ce qu'un navire caboteur est à
une frégate. — « Il a l'air artiste;
dans sa jeunesse il a tant soit
peu cabotine; mais il a renoncé
à Satan, à ses pompes et à ses
œuvres. » (Privât d'Anglemont.)
CABOULOT : « Le caboulot est
un petit café où l'on vend plus
spécialement des prunes, des chi-
nois et de l'absinthe. » (A. d'Au-
nay, 61.) Une monographie des
Caboulots de Paris a paru en
1862. C'est aussi un cabaret de
premier ordre. V. Camphrier.
CABRIOLE : chambrée (Ra-
basse.) — Forme de ce nbriolt.
CABRIOLET : Hotte de chif-
fonnier. — Ironie. Le ch' lïbnnier
roule (marche) avec son rabriolet
comme le fantassin part à cheval
sur A^or. V. Cachemire d'osier.
CABRIOLET : Cha-eau de
femme. — Date du temj s où sa
forme haute ressemblait assez à
la capote d'un cabriolet.
CABRIOLET : Petite corde
courte terminée par une double
poignée. — « Lorsqu'or ne li-
gotte pas un malfaiteur, il y a
a le cabriolet qui sert i le te-
nir par le poignet droit. » (Ra-
basse.)
CACHEMIRE: Torchon.—
Ironie. On dit: «Donnez in coup
de cachemire, » pourcc essuyez la
table! »
CACHEMIRE D'OSIER : Hotte
de chiffonnière. — «Lorsq levoùs
voyez un de ces braves philo-
sophes des faubourgs sortant
crânement son. cabriolet sur le
dos, ou une pauvre femn e piiée
sous son cachemire d'osier , vous
ne pouvez vous figurer tout ce
que renferment ces hottes plei-
nes. » (Privât d'Anglemc nt. —
Cette ironie devait naître c ans le
monde des chitfonnières )ù les
femmes déchues ne marquent
pas. La hotte se met comme le
cachemire sur le dos.
CACHE MIT TE : Cichot.
(Grandval.) — Les rongeurs n'y
manquent pas. C'est un eu de
mots avec changement de inaie.
CACIQUE : « C'était le emps
où Taine était un cacique, c'est-à-
dire le premier de sa section à
> CAD ~ 6()
l'École normale. » (D'Audigier,
66.)
CADAVRE : Preuve d une ac-
tion répréhensible. — On dit : //
y a un cadavre, en parlant de
deux personnes dont les relations
ne s'expliquent pas et qu'on sup-
pose liées par leur complicité
dans quelque mauvaise action.
— Savoir où est le cadavre est
posséder la preuve de cette mau-
vaise action. ~ « P... n'a plus
qu'à se taire. On sait où est le
cadavre. Chaque fois qu'il vou-
dra prendre la parole^on s'écriera :
a Et le débit de tabac? »
(A. Scholl.)
CADAVRE : Corps vivant. —
Nourrir son cadavre, c'est man-
ger. — Ironie à l'adresse des as-
cètes.
CADELLE : Chaîne de montre.
(Rabasse.) — Forme moderne de
Cadenne.
CADENNE : Chaîne. (Vidocq.)
— Vieux mot où se retrouve le
latin Catena.
CADET : Derrière.
Sur un banc elle se met.
C'est trop haut pour son cadet.
(Vadé, 1756.)
CADET : Pince en fer pour
forcer les portes (Grandval.) Voir
Caroubleur
CADET : Apprenti maçon.
CADET : Individu. — Pris
en mauvaise part. Jadis le cadet
n'avait, dans le monde, qu'une
considération proportionnée à sa
fortune, qui était nulle. — « Le
cadet près de ma particulière s'as-
soit sur r banc. » (Le Casse-
Gueule, chanson, 14.) ~ Une ca-
CA?
ricature de i83o porte cette lé-
gende : « C'est de fameux cadets.
Ils ont trouvé moyen de faire de
la panade avec du pain. »
CADICHON : Montre. (Vi-
docq.) Diminutif de Cadran.
CADRAN : Montre. — Partie
prise pour le tout.
CADRAN SOLAIRE, CADRAN
LUNAIRE : Derrière. --Allusion
à la forme ronde du cadran. Voir
Lune.
Est-ce l'apothicaire
Qui vient placer l'aiguille à mon ca-
dran lunaire ?
(Parodie de Zaïre, xvni« siècle.)
CAFARDE : Lune. (Vidocq.)
— C'est la lune voilée se dissimu-
lant derrière un nuage avant
d'être la Moucharde, c'est-à-dire
de dévoiler un homme qui fait
un mauvais coup.
CAFARDER : Faire l'hypo-
crite, le cafard. — «. En sorte qu'il
cafarde avec sa malade.» (Balzac.)
— Cafard est un mot déjà an-
cien, comme le prouve cet exem-
ple : « Un cafard qui eust oublié
en son sermon soy recomman-
der. » (Rabelais, Pantagruel,
V. 4. ch. XLVI.)
CAFE (fort de), FORT DE
CHICORÉE, FORT DE MOKA :
Excessif, peu supportable. — On
sait quelle irritation le café trop
fort cause dans le système ner-
veux. La chicorée jouit des hon-
neurs peu mérités du synonyme.
Il semble qu'ici, comme dans le
café du pauvre, elle tient à en-
trer en fraude. En revanche, on
sait que le moka tient le haut
de l'échelle. — « On dit : c'est un
peu fort de café, pour exprimer
CAG
- 70
CAL
que quelque chose passe les bor-
nes. » (Dhautel.) ■— « Oh! oh!
dirent Schaunard et Marcel, ceci
est trop fort de moka. » (Murger.)
— «S'unira un autre! c'est un peu
fort de chicorée. » (Cormon.)
CAFÉ (prendre son) : Rire, se
moquer. — Honnorat, dans son
Dictionnaire provençal, donne
comme méridionale l'expression
prendre soun café : S'amuser aux
dépens de quelqu'un. — Un des-
sin de Bertall fait dire à une bonne
poursuivie par un troupier ga-
lant : — «Ah ! fusilier, vous vou-
lez prendre votre café. »
CAFIOT : Café faible.— « Elle
restait là tant que je n'avais pas
mangé mon petit cafiot. » {Com-
mentaires de Loriot,)
CAGETON : Hanneton. (Hal-
bert.)
GAGNE : Mauvaise chienne,
mauvais cheval et par extension
personne lâche. Vieux mot. Voir
Rosse.
GAGNE : Gendarme. (Colom-
bey.) — Pour Cogne.
CAGNOTTE : « Espèce de tire-
lire d'osier recevant les rétribu-
tions des joueurs. » (Montépin.)
V Intermédiaire de mars 1866 y
voit avec raison une corruption
du mot gagnotte. Mot à mot :
lieu où se dépose ce qu'on gagne.
— « Le lansquenet brille, la ca-
gnotte est dans son plein. » (Les-
pès.)
Faire une cagnotte : Mettre bs
gains du jeu en réserve pour une
dépense profitable à tous.
CAG OU : VolatBT solitaire.
(Grandval.)
CAGOU : Maître voleur chargé
d'instruire les novices, ((^olom-
bey.)
CAILLÉ : Poisson. Mot à mot;
couvert d'écaillés. Autre rois on
disait caille et non écaille.
CAILLOU : Figure. (Rabasse.)
— Allusion d'ovale et de blan-
cheur.
CAïMAN : Mendiant. — Vieux
mot. La langueusuelle a C( nservé
quémander.
Puisque pauvre et caimande on voit la
poésie.
(Régnier, Satire 4.)
CAISSE (battre la grosse) :
Louer très-bruyamment. — Al-
lusion aux bateleurs qui attirent
leur public à coups de grosse
caisse. — a II faut qu'Artémise
réussisse... C'est le cas de conner
de la grosse caisse à se déman-
cher le bras. » (L. Reybaud.) —
OnditsimplementèaWreZa caisse
pour : faire des annonces.
CAISSE (sauver la) : S'enfuir
avec les fonds dont on est dépo-
sitaire. — A la mode depuis le
fameux mot de Bilboquei dans
la pièce des Saltimbanques : Sau-
vons la caisse ! — « Mais j'en tends
du bruit dans le bazar; sauvons
la caisse. » (Villars.) — a <3n a
des nouvelles de Miron qui avait
sauvé la caisse. » (Claretie.)
CAISS O N (faire sauter le) :
Faire sauter la cervelle d'un coup
de feu, comme un caisson plein de
munitions. — « Quelle mort pré-
férez-vous?... Faites-moi s; uter
le caisson. » (P. Borel, 33.)
CALABRE : Teigne. (Hait ert.)
— C'est calot avec changement
de finale.
CAL
— 71
CAL
CALAIN : Vigneron. (Halbert.)
— Ce doit être une mauvaise lec-
ture pour Calvin.
CALÉ : Riche. — Le terme
vient évidemment de la marine.
Etre calé, c'est avoir assez de
biens pour en remplir sa cale ou
sa maison. Donné en 1808 par
Dhautel. — « Les jours gras!
Dans cette saison, les plus calés
sont quelquefois gênés. » (E. Sue.)
— « Je crois que nous aurons
du joli monde... des calés. »
(Jaime.)
CALEBASSE : Tête. — Allu-
sion de forme. — « Faudrait pas
gros de sens commun pour rem-
plir une calebasse comme ça. »
(Gavarni.)
CALÉGE : Prostituée élégante.
— « La calége vend très-cher ce
que la ponante et la dossière li-
vrent à des prix modérés. Sa toi-
lette est plus fraîche, ses manières
plus polies. Elle a pour amant
un faiseur ou un escroc, tandis
que les autres sont associées avec
un cabriolleur ou à un roulo-
tier. « (Vidocq.) Calége vient de
cale, qui signifiait grisette au
xvii" siècle. — « Gombault, qui
se piquait de n'aimer qu'en bon
lieu , cajolait avec une petite
cale crasseuse. » (Tallemant des
Réaux.)
CALER : Faire. (Colombey.)
CALER : Ne rien faire. — Du
vieux mot : caler, se cacher. —
« La plus grande jouissance du
compositeur d'imprimerie est de
caler. » (Ladimir.)
CALEUR : Ouvrier fainéant.
V. Ogre.
CALEUR : Garçon. (Colom-
bey.)
CALICOT : Commis mar-
chand. Mot à mot : vendeur de
calicot. — (c Triple escadron ! le
calicot s'insurrectionne. » (P. Bo-
rel, 33.) — Dans le commerce
même de la nouveauté, Calicot dé-
signe les employés qui ne sont pas
sérieux, qui s'amusent bruyam-
ment. » (Naviaux.)
CALICOTE : Femme fréquen-
tant les calicots. — « Clara Fon-
taine est une étudiante. Pomaré
est une calicote. » Paris dansant
44-)
CALIFORNIEN : Riche. - Al-
lusion aux découvertes aurifères
de la Californie (49). — « La
jeune fille regrettait de ne pou-
voir garder pour elle-même cette
bonne fortune californienne. »
(Montépin.)
C ALI NO : Homme ridicule-
ment naïf. — Une pièce du Vau-
deville a vulgarisé vers i858 le
nom et le type. Calino n'est, d'ail-
leurs, qu'un diminutif du vieux
mot câlin (niais). On le trouve
dans Tallemant des Réaux (t. 4,
p. 35 1). — « L'artiste était fort
ennuyé par une espèce de calino. »
(Figaro.)
CALINTTES : Culottes. {Pe-
tit Dictionnaire d'argot, 44.) —
On a modifié les voyelles des
deux premières syllabes de cu-
lottes.
CALLOT : Teigneux (Grand-
val.) ^ouT Calot.
CALME ET INODORE (être) :
Affecter une sévérité extrême de
manières. — Ces deux mots ironi-
ques ne vont jamais l'un sans l'au-
CAL
- 72 ~
CAM
tre, et parodient sans doute quel-
que manuel de civilité puérile et
honnête. — «Autrement, il restera
calme et inodore, » (Monselet.)
CALOQUET : Chapeau. —
Ce diminutif du vieux mot Ca-
le : capuchon , désignait n'im-
porte quelle coiffure de femme
en 1808. (Dhautel.) Il s'est étendu
ensuite aux chapeaux d'hommes.
— « V'ià Tonnelier! oh! c' cha-
peau. Oh ! ce caloquet. » (Ourliac).
— «Achetez un caloquet plus mé-
chant, le vôtre n'est pas trop rup. »
(De Neuville.)
CALOQUET : Couronne. Voir
Dab,
CALORGNE : Borgne. Vieux
mot.
CALOT : Dé à coudre, coquille
denoix(Vidocq.) — Comparaison
de ces objets à la calotte, qui est
de même forme.
CALOT, CALOTTE : Tei-
gneux. (Halbert. ) Mot à miot,
Ayant une calotte de teigne. —
« Voyez donc c'te margot avec
sa tête à calot. » {Catéchisme
poissard.)
CALOTTÉE : « Le père Salin
recueille lesasticots dans des boî-
tes de fer-blanc qu'on nomme
calottées, et il les vend jusqu'à
quarante sous la calottée. «(Pri-
vât d'Anglemont.)
CALOTTER : Frapper de la
main sur la tête. Mot à mot : fa-
briquer des calottes avec la main.
— « Calottez-moi, giflez-moi. »
(J. Arago, 38.) V. Escoffier.
CALOTTIN : Ecclésiastique.
Mot à mot : porteur de la calotte
cléricale. — « Ils ont chacun un
calottin. » (H. Monnier.)
Le mot est ancien. Dans le Z)é-
jeuner de la Rdpée (pièce publiée
vers 1750) nous voyons une pois-
sarde repousser un abbé en di-
sant ; « Adieu, monsieur le ca-
lottin ! »
CALVIGNE, CALVINE :
Vigne. (Vidocq, Grandval.) Mot
à mot : lieu qu'a Vvigney (]ui a la
vigne, qui est planté de vignes.
CALVIN, CLAVIN:]laisin.
(Idem.) Mot à mot : qu*a V vin.
V. Cabe.
CAMARADE (bon petit) : Se
dit des confrères qui vous des-
servent. Allusion ironiqi e aux
fausses amitiés. — « En dépit
des bons petits camarades. Pif
Paf est un succès. » {Tarn Tarn,
76.)
CAMARDE : La mort.
(Grandval.) — Un squelette n'a
pas de nez. (V. Carline.)
Baiser la camarde : Mourir.
(Bailly.)
CAMARDER : Mourir. (Ra-
basse.)
CAMARLUCHE : Camarade.
(Rabasse.) C'est la première par-
tie du mot camarade, av^c la
désinence arbitraire luche.
CAMBOLER : Tomber. - De
Caramboler. — «V'ià qu'elle cam-
bole sur son Prussien et feint de
tomber de son digue-digae. »
(Decourcelle, 40.)
CAMBRIOLLE : Chambra. —
Diminutif du vieux raot cambre :
chambre. V. Pieu, Esquinter lent,
Rincer.
CAMBRIEUX : Chapeau ( ial-
bert.) — Pour Combrieu. \ . ce
mot. V. Combre,
CAM
- 73 -
CAM
CAMBRIOLLEURS : Voleurs
s'introduisant dans les cambriol-
les par effraction ou par escalade.
— Canler les divise en six classes.
Vidocq, «ans apporter autant de
méthode que Canler dans la clas-
sification des cambriolleurs, don-
ne des particularités assez curieu-
ses sur leurs costumes où domi-
nent les bijoux et les cravates de
couleurs tranchées, telles que le
rouge, le bleu et le jaune; sur la
manie singulière de faire faire
leurs chaussures et leurs habits
chez les mêmes confectionneurs,
ce qui n'était souvent pas un pe-
tit indice pour la justice; sur leur
habitude de se faire accompagner
d'une fausse blanchisseuse dont
le panier cache leur butin. —Les
plus dangereux cambriolleurs
sont appelés nourrisseurs, parce
qu'ils nourrissent une affaire as-
sez longtemps pour en assurer
l'exécution, et autant que possi-
ble l'impunité. V. ce mot. V. Ca-
lége.
CAMBRIOT : Le chapeau. (Ra-
basse.) C'est une forme de corn-
briot, diminutif de combre. Voir
ce mot.
CAMBRONNE (le mot de) :
Merde! — Cette allusion à un
mot historique discuté, sert par-
fois d'équivalent aune injure trop
populaire. Que Cambronne l'ait
dit ou non, on ne lui en fera pas
moins honneur. Consulter à ce
sujet, un chapitre des Miséra-
bles de M. Victor Hugo; un ar-
ticle de M. Cuvillier-FIeury, aux
Débats, et enfin le journal l'In-
termédiaire, i5 février 64.
CAMBRONNE : Scatologique.
— Même origine. — « M. Vatout
avait l'amabilité un peu Cam-
bronne ; la chanson qu'il préfe-
rait était celle écrite sur le maire
d'Eu. » (de Bassanville, 66.)
CAMBROUX, CAMBROUSE:
Serviteur, servante. (Grandval et
Halbert.) — Changementde finale
du vieux mot : cambrier : val«t
de chambre. Chambrière est resté.
CAMBROUSE : Prostituée.
V. Camperoux.
Ce mot se trouve dans le dic-
tionnaire de Caillot (1829), avec
cet exemple : « Et que tu ne sois
qu'une cambrouse. » ( Ancien
Théâtre-Italien.)
CAMBROUSE : Campagne. —
« La rousse pousse comme des
champignons, et même dans la
cambrouse, ils viennent vous dé-
nicher. » {Patrie, 2 mars 52.)
V. Garçon.)
CAMBROUSIEN : Campa-
gnard. (Rabasse.)
CAMBROUSIER : Voleur de
campagne. (Vidocq.)
CAMBROUSIER : « Au marché
du Temple, les cambrousiers fai-
saient indistinctement commerce
de linge ou de meubles, d'objets
de toilette ou de ferraille. »
{Petit Journal, 65.)
CAMBROUSIERS : Gens de
campagne. (Halbert.) — « C'est
ainsi que les marchands forains
nomment les paysans. » (Pr. d'An-
glemont.)
CAMBUSE : Cantine. —Terme
de marine. — « Dans la cour du
bagne, ou au milieu de la lon-
gueur de chaque salle ou dor-
toir, se trouve un espace entoure
de grilles, qui contient la can-
tine ou caverne, autrement dit
la cambuse, lieu de la distribu-
CAM
74
CAM
tion des vivres, du vin, du ta-
bac. » (Moreau, Sy.)
CAMBUSE : Petite maison.
(Halbert.)
CAMELOT : Voleur. — Ac-
ception figurée dQ camelot : mau-
vaise étoffe. V. ce qui en est dit à
camelotte. C'est ainsi qu'on a
fait panne avec panne.
CAMELOT : Marchand de ca-
melottes, vendant dans les villa-
ges ou exposant sur le pavé des
rues. — «Camelot, c'est-à-dire mar-
chand de bimbeloteries dans les
foires. » (Privât d'Anglemont.)
CAMELOTTE : Objet de nulle
valeur. — Le camelot était une si
mauvaise étoffe, qu'on disait res-
sembler au camelot pour prendre
un mauvais pli. — « Elle portait
la peine de toutes les camelottes
qui se débitaient à son ombre. »
(L. Reybaud.)
CAMELOTTE : Marchandise
volée. (Rabasse.) — « On fait at-
tention qu'il ne refile pas la ca-
melotte à un autre. » (Stamir, 67.)
Camelotte en pogne, camelotte
dans le pied : En flagrant délit
de vol. — « J'ai été pris la came-
lotte dans le pied. » {La Correc-
tionnelle.) — Même allusion dans
pris sur le tas.
CAMELOTTER : Vendre,
marchander. (Halbert.)
CAMERLUCHE : Forme de
Camarluche. V. Ponton.
CAMISOLE : Gilet. (Colom-
bey.)
CAMOUFLE : Chandelle. (Vi-
docq.) — Du vieux mot camouflet,
fumée. — « Tu en as menti, La
camoufle était éteinte. > (Ladi-
mir, 41.)
CAMOUFLEMENT : Déguise-
ment. (Vidocq.)
CAMOUFLER : Déguiser. —
« Je me camouflais et :ivec de
faux faffes, j'allais dans les bu-
reaux de placement. » (Baauvil-
lier.) •
CAMOUFLET : Char délier.
(Vi.)
CAMP (ficher le) : Se retirer
précipitamment. V. Ficher.
CAMPAGNE (aller à laj : Être
enfermée à la maison de Saint-
Lazare. — Usité parmi les filles
qui lui donnent aussi le sens sui-
vant : « Elles ont disparu trois,
quatre ou six mois. On les savait
malheureuses. Elles ont é:é pas-
ser une saison à la campagne
dans une maison de prostitution
de province. » {Ces Dames, 60.)
CAMPE : Fuite, action de
camper. « Cependant les mcssiers
de cambrouse n'ont pas la même
chaleur à pessigner les fagots en
campe. » (Rabasse.)
CAMPER : Décamper, (id.) —
Abréviation.
CAMPEROUX : Fille. - Cor*
ruption de Cambrouse. V. Con-
nerie.
CAMPHRE : Eau-de-^ ie. —
Allusion à une eau-de-vie com-
posée dont il est question dans
l'exemple suivant. Le mot s'est
généralisé ensuite : — « Le vi-
naigrier du coin nous serv t, en
parlant politique, deux tiemi-
poissons d'eau-de-vie assaiscnnée
de poivre long et de camphre. »
{Le Figaro de la Révolutioi.)^
CAI4
«Aux buveurs émérites et à ceux
qui ont depuis bien des années
laissé leur raison au fond d'un
poisson de camphre. »
(Privât d'Anglemont.)
CAMPHRÉ : Alcoolisé. —«Dis
donc, avec ton gosier camphré,
tu fais bien des embarras. »
(Catéchisme poissard, 44.)
CAMPHRIER : Buveur d'eau-
devie. — « Entends- tu, vieux
camphrier, avec ta voix enrhu-
mée.» {Catéchisme poissard, 44.)
CAMPHRIER : Le camphrier
est un sale débit dé liqueurs
atroces à un sou le verre et à dix-
sept sous le litre. Le caboulot ne
diffère du camphrier que par sa
moindre importance comme éta-
blissement. C'est, du reste, le
même breuvage qu'on y débite
aux mêmes habitués. » (Castil-
lon.)
CAMPLOUSE : Campagne.
(Halbert.) — Forme adoucie de
cambrouse.
CAMUSE : Carpe. (Grandval.)
— Elle a le nez camus, si on la
compare au brochet.
CAN SUR LE COMP (prendre
un) : Prendre un canon sur le
comptoir. Double abréviation.
V. Canon.
CANAILLE : Rusé, malicieux.
— Se dit amicalement. — « Elle
m'a dit qu'elle me donnerait son
adresse; mais je ne la lui ai pas
demandée. — C'est canaille ! »
(T. Delord.)
CANAGE : Agonie. (Colom-
bey. V. Caner.
CANARD : Fausse nouvelle,
récit mensonger inséré dans un
75 - CAN
journal. — « Nous appelons un
canard, répondit Hector, un fait
qui a l'air d'être vrai, mais qu'on
invente pour relever les Faits-
Paris quand ils sont pâles. » (Bal-
zac.) — « Ces sortes de machines
de guerre sont d'un emploi jour-
nalier à la Bourse, et on les a,
par euphémisme, nommées ca-
nards. » (Mornand.) — Une anec-
dote du tome i" du Dictionnaire
de l'Industrie (Paris, Lacombe,
1776), semble nous livrer l'ori-
gine de ce mot :
On lit, dans la Ga^^ette d'agricul-
ture, un procédé singulier pour pren-
dre les canards sauvages. On fait
bouillir un gland de chêne, fgros et
long, dans une décoction de séné et de
jalap ; on l'attache par le milieu à une
ficelle mince, mais forte ; on jette le
gland à l'eau. Celui qui tient le bout
de la ficelle doit être caché. Le gland
avalé purge le canard qui le rend aus-
sitôt : un autre canard survient, avale
ce même gland, le rend de même ; un
troisième, un quatrième, un cinquième
s'enfilent de la même manière.
On rapporte à ce sujet l'histoire d'un
huissier, dans le Perche, près l'étang
du Gué-de.- Chaussée, qui laissa enfi-
ler vingt canards ; ces canards, en s'en-
volant, enlevèrent l'hussier. La corde
se rompit, et le chasseur eut la cuisse
cassée.
Ceux qui ont inventé cette histoire
auraient pu la terminer par une heu-
reuse apothéose, au lieu de la terminer
par un dénoûment aussi tragique.
La grossièreté de cette histoire^
comme dit notre citation, — l'aura
fait prendre comme type des con-
tes de ga:^ette, et canard sera resté
pour qualifier le genre entier.
On trouve « donner des canards :
tromper » dans le dictionnaire
d'Hautel (1808).
CANARD : Imprimé banal
CAN
-76
CAN
crié dans la rue comme nouvelle
importante. V. Canardier.
CANARD, COUAC : « Ces
explosions criardes des instru-
ments à vent si connues sous le
nom de canards. » (A. Luchet.)
— Le second mot est une ono-
matopée {couac) ; la comparaison
d'une fausse note au cri du canard
a fait former le premier.
CANARD : Sobriquet amical
donné aux maris fidèles. Le ca-
nard aime à marcher de compa-
gnie. — « Voici, mon canard,
dit-elle... Or, le canard de ma-
dame Pochard, c'était son mari!
Il avait reçu de sa douce moitié
ce sobriquet d'amour. » (Ricard.)
CANARD sans plumes : Nerf
de bœuf servant à la correction
des forçats. (Colombey.) — Jeu
de mots signifiant grosse canne
qui n'a pas la douceur des plumes.
CANARDER : Tromper.—
« On a trop canardé les parois-
siens... avec la philanthropie. »
(Gavarni.)
CANARDIER : Crieur, con-
fectionneur de fausses nouvelles,
— a Place au célèbre Edouard, le
canardier par excellence, le roi
des crieurs publics ! »
(Privât d'Anglemont.)
CANASSON : « Nom familier
donné à leurs chevaux par les
cochers de Paris. » (Lem. de
Neuville.) — « Traitez de canas-
sons les chevaux de M. de La-
grange. » (Marx.) — On dit en
abrégeant can'so)i.
CANCAN : Se dit d'une cer-
taine manière de danser le qua-
drille, avec des mouvements de
bras, de jambes, de tête et de
croupe, non prévus par la choré-
graphie régulière. Cette danse
paraît être née dans le quartier
Latin, sous la monarchie de Juil-
let; mais son nom existait déjà.
Le Dictionnaire du vieux langage
de Lacombe ( 1 766) explique ainsi
le mot cancan : — « Grand tu-
multe ou bruit dans une compa-
gnie d'hommes et de femmes. »
Cela répond assez exactement, on
le voit, à la signification actuelle.
Messieurs les étudiants,
Montez à la Chaumière,
Pour y danser 1' cancan.
Et la Robert-Macaire.
(Letellier, iS3(.)
« Nous ne nous sentons pas la
force de blâmer le pays Latin,
car, après tout, le cancan est une
danse fort amusante. »(L.Huart,
1840,) — M. Littré n'est pas aussi
indulgent. Il dit : Cancan, sorte
de danse inconvenante des bals
publics, avec des sauts exagérés et
des gestes impudents, moqueurs
et de mauvais ton. Mot très- fami-
lier et mêmedemauvais ton. (Lit-
tré, 1864.) V. Chahut: — « Nous
avons le cancan gracieux, la
saint-simonienne, le demi -can-
can, le cancan, le cancan et demi
et le chahut. Cette dernière danse
est la seule prohibée. «(Alphonse
Karr.) — « On va pincer un lé-
ger cancan, mais bien en dou-
ceur. » (Gavarni.)
Voici, pour les archéologues,
une description exacte du Cf.ncan
d'il y a trente-cinq ans. Elle est
extraite des Nouvelles à la. main
de 1841 :
« L'étudiant se met en place, les
quadrilles sont formés. Dès la pre-
mière figure se manifestent chei tous
une frénésie de plaisir, une sorte de
CAN
bonheur gymnastique. Le danseur se
balance la tête sur l'épaule ; ses pieds
frétillent sur le terrain salpêtre : à l'a-
vant deux, il déploie tous ses moyens :
ce sont de petits pas serrés et mar-
qués par le choc des talons de bottes,
puis deux écarts terminés par une lan-
çade de côté. Pendant ce temps, la tête
penchée en avant se reporte d'une
épaule à l'autre, à mesure que les bras
s'élèvent en sens contraire de la jambe.
Le sexe ne reste pas en arrière de
toutes ces gentillesses ; les épaules ar-
rondies et dessinées par un châle très-
serré par le haut et traînant fort bas,
les mains rapprochées et tenant le de-
vant de sa robe, il tricotte gracieuse-
ment sous les volans de sa jupe que
soulèvent des petits coups de pied réi-
térés ; tourne fréquemment sur lui-
même, et exécute des reculades sacca-
dées qui détachent sa cambrure. Toutes
les figures sont modifiées par les pro-
fesseurs du lieu, de manière à multi-
plier le nombre des : En avant quatre
A tous ces signes, il n'est pas possible
de méconnaître que ce qu'on danse à la
Chaumière. C'est le... cancan. » (Ro-
queplan.)
CANCANER : Danser le can-
can. — « J'ai cancané que j'en ai
pus de jambes. » (Gavarni.)
CANCRE : Mauvais élève. —
Allusion au cancre de mer qui
recule au lieu d'avancer. V. Pio-
cheur,
CANE : Mort. V. Canage. —
C'est l'heure où l'on a peur, où
on cane.
CANELLE : Caen. — C'est un
diminutif avec transposition de
la seconde voyelle.
CANER : Avoir peur, reculer,
plonger, comme fait une cane.
— Vieux mot. — « Par Dieu!
qui fera la cane de vous aultres,
je me donne au diable si je ne le
iais moyne. » (Rabelais.)— «Lau-
77 -
CAN
rent de Mcdicis... voyant mettre
le feu à une pièce qui le regar-
dait, bien luy servit de faire la
cane, car aultrement le coup qui
ne lui rasa que le dessus de la
teste luy donnait dans l'esto-
mach. » (Montaigne.) — « Oui,
vous êtes vraiment français; vous
n'avez cane ni l'un ni l'autre. »
(Marco de Saint-Hilaire.)
Madame prend son criard.
Monsieur cane comme une victime.
(Festeau.)
CANER la pégrenne : Mourir
de faim. (Colombey.)
CANER -.Agoniser, mourir.
(Vidocq.) — Les approches de la
mort vous font peur, vous font
caner. V. Rengr acier,
CANER : Aller à la selle. (Mo-
reau C.)
CANESON (mon vieux) : Terme
d'amitié. Mot à mot : mon vieux
cheval. V. Canasson.
CANEUR : Poltron.
CANICHE : Ballot carré. (Vi-
docq. — Sa couverture de toile
se prend par les coins qui for-
ment des oreilles semblables à
celles d'un petit chien.
CANIF dans le contrat (donntT
un coup de) : Commettre une
infidélité conjugale. — « Et puis
ces messieurs, comme ils se gê-
nent pour donner des coups de
canif dans le contrat! La Ga:^ette
des Tribunaux est pleine de leurs
noirceurs, aussi nous sommes
trop bonnes. » (Festeau.) — « Elle
avait tellement trépigné dans le
coup de canif, que c'est à peine
s'il restait quelque chose du con-
trat. » {Vie parisienne j 55.) — «La
CAN
-78-
CAP
poste restante agrandie, c'est la
multiplication des coups de ca-
nif. » (Presse illustrée^ 66.)
CANNE : Surveillance de la
haute police. — Il y a la canne
majeure et la canne mineure. —
— Être en canne : Habiter après
avoir subi sa peine, une localité
déterminée par l'autorité. — Se
dit aussi abusivement pour cas-
ser sa canne.
Casser sa canne : Quitter sans
autorisation la ville désignée,
rompre son ban. — « Malheur à
lui s'il a cassé sa canne. » (Sta-
mir, 1867.)
CANON : Mesure de liquide
en usage chez les marchands de
vins de Paris. — Vient de canon
qui signifie verre dans le voca-
bulaire des francs -maçons. —
(iOscar: Prenons-nous un canon?
— Le marquis (hésitant) : Heu...
heu... — Oscar : C'est moi qui
paye. — Le marquis: Oh! alors. »
(Marquet.)
Les canons que l'on traîne à la guerre
Ne valent pas ceux du marchand de vin.
(Brandin, 26.)
CANONNIER DE LA PIÈCE
HUMIDE : Infirmier militaire.
— La pièce humide est, comme
on s'en doute, la seringue.
CANONNIÈRE : Derrière.
Même allusion que dans pétard.
CANTALOUP:Niais.--Sy-
nonyme de Melon. — a Ah çà!
d'où sort-il donc, ce cantaloup?
Sur quelle couche M. son papa
l'a-t-il récolté, ce jeune légume ? »
(Ricard.)
GANTER: Galop d'essai pré-
cédant la course. •—« On dit d'un
cheval qu'il prend son ca iter. »
(Paz.) Angl.
CANTON : Prison. (Grandval.)
— Du vieux mot canton . coin.
C'est dans les coins qu'on est à
V ombre. On a de même appelé
cognard le gendarme qui vous
met dans le coin, qui vous y
rencogne.
CANTONNIER : Prisonnier.
(Grandval. — De canton : prison.
CANULANT : Ennuyeux. —
Mot inventé par les ennemis du
clystère. — oc Le colonel fait des
siennes. En v'ià un qui pt ut se
vanter d'être canulant. »
{Commentaires de Loriot.)
CANULE : Homme canulant.
CANULER : Importuner. —
« C'est canulant. » (H. Mon-
nier.)
CANUT : « Ouvrier en soie de
Lyon, pauvre animal expiatoire
du Rhône, à la face jaune et mi-
sérable. » (Ricard.)
CAP : Surveillant du bagn;3. —
Du vieux mot cap : chef {caj.nit.)
— « Le commissaire du b;>gne
a sous ses ordres, pour la sur-
veillance des forçats, un grand
nombre d'agents. Ces divers
agents sont divisés en agents de
police et de surveillance intérieure
et en gardes. Les premiers ; ont
les cornes ou comités, au nombre
de trois ou quatre, les argounns
trois, les sous-comes dix-h lit,
sous - argousins dix -huit, et les
caps y espèces de piqueurs, p :)ur
diriger les travaux, » (Moroau
Christophe, 3 7.)
CAPAHUTER : Assassiner
son complice pour s'approprier
CAP
- 79 -
CAR
sa part. — Du nom de Capahut,
malfaiteur coutumier de ce pro-
cédé. (Vidocq.)
CAPE : Écriture. (Halbert.)
CAPET : Chapeau. — Vieux
mot. Capel (chapeau), se pronon-
çait cape au moyen âge.
CAPINE : Écritoire. (Halbert.)
CAPIR : Écrire. (Id.)
CAPITAINAGE : Agiotage.
(Vidocq.)
CAPITAINER : Agioter. Mot
à mot manœuvrer son capital.
CAPITULARD : Homme qui
capitule. — Cette sotte injure fut
d'abord adressée en 1871 à une
armée irresponsable qu'on ne
pouvait accuserdenos malheurs.
— ce Lâche, capitulard, soldat à
Badinguet , et autres ^aménités,
allèrent leur train. » (Éclair, 72.)
Le terme s'est ensuite généra-
lisé. « Tous ces trembleurs, ces
capitulards, qui ne peuvent se
passer du cadenas de l'état de
siège. » (Saint-Genest, 75.)
CAPON : Filou. (Idem.)
CAPONS : Écrivains. (Grand-
val.) Il s'agit ici de ceux qui écri-
vent des lettres pour les autres.
On trouve capous dans Halbert.
CAPORAL : Tabac à fumer.
— Il est plus fin que celui dit de
soldat, ou de cantine, vendu à
un prix moindre. — «Un fumeur
très-ordinaire brûle à lui seul son
kilogramme de tabac par mois. »
(A. Luchet.)
CAPRICE : Vive et subite af-
fection. — « Tu es mon caprice,
et puisque qu'il faut sauter le
pas, que du moins j'y trouve du
plaisir. » (Rétif, 1776.) — Le ca-
price ne dure pas longtemps,
mais il est désintéressé. — « Plus
capable de caprice que la femme
entretenue, moins capable d'a-
mour que la grisette, la lorette a
compris son temps, et l'amuse
comme il veut l'être. » (Th. Gau-
tier.)
Faire des caprices : Séduire à
première vue, inspirer des ca-
prices.— «J'en fais t'y des capri-
ces ! Aussi, avec une balle comme
ça, on peut tout se permettre. »
(Lamiral, i838.) V. Boule.
CAPSULE : Chapeau d'homme
affectant les petits bords et la
forme cylindrique d'une capsule
de fusil. V. Carreau.
CAPUCINE (jusqu'à la troi-
sième ): Complètement fvre, c'est-
à-dire en ayant jusqu'au menton.
La troisième capucine est près de
la bouche du fusil. — « Veuillez
excuser notre ami, il est gris jus-
qu'à la troisième capucine. »
(Murger.)
CARABINE : Maîtresse d'un
carabin ou étudiant en médecine.
Carabin signifiait garçon barbier
au temps où les barbiers prati-
quaient la chirurgie et s'armaient
de la seringue, comparée déri-
soirement à une carabine. « Sois
tant que tu pourras étudiante
en droit. Carabine. » (Almanach
du Diable amoureux, 49.)
Son petit air mutin
Plaît fort au quartier Latin,
C'est Flora la Carabine. (J. Choux.)
CARABINE : Fouet du conduc-
teur du train. — Comparaison
ironique de son claquement à la
détonation d'une carabine.
CAR
— 80 -
CAR
CARABINÉ : De première
force. — Terme de marine. On
sait qu'un vent carabiné est très-
fort. — « On s'attend à une baisse
carabinée à la Bourse. » (Vie pa-
risienne, 68.) — « Le cordonnier
poëte Bochart vient de le lui re-
procher en vers carabinés. » (Le-
guillois.)
Redoutez les veinards et leur chance
obstinée ;
Fuyez au loin leur veine : elle est ca-
rabinée. (Alyge )
CARAMBOLAGE : Chute, suc-
cession de chocs. — Ce terme du
jeu de billard est passé dans le
domainedes accidents etdes voies
,de fait. — « Fixe! A ce mot sur-
vint un coup de roulis suivi de
carambolages sur toute la ligne. »
Paris comique, août 70.)
CARAMBOLER : Tomber,
faire tomber en ricochant. —
« Leur père qui carambole, en
ruinant son fils et sa fille. » Bal-
zac.
CARANT : Planche. (Halbert.)
CARANTE : Table. (Id.)
CARAPATA : Marinier d'eau
douce. — « Les carapatas sont les
marins du canal de l'Ourcq, pas-
sant leur vie sur l'eau tout com-
me leurs confrères de l'Océan. »
— (A. Scholl, 66.) — « Les mœurs
des carapatas sont des mœurs à
part. Ce sont les hommes de
l'eau. » (Privât d'Anglemont,5o.)
CARAPATER (se) : Se sauver.
(Ra basse.)
CARBELUCHE GALICE :
Chapeau de soie. (Halbert.) —
Allusion à la peluche de soie qui
CARCAGNO : Usurier (Vi-
docq.)
CARCAN : Cheval étique, fem-
me maigre, revêche. — a C'est
pas un de ces carcans à querno-
line qui balayait le macadam. »
(Monselet.)
CARDINALE : Lune. ~ Allu-
sion à la couleur des menstrues
(appelées jadis le cardinal), qui
reviennent avec la lune nouvelle.
C'est comme si on disait la rouge;
on sait que c'est la couleur des
cardinaux. — M. Francisque Mi-
chel cite à ce propos une poésie
manuscrite de son cabinet.
Mon cardinal est paresseux
Et ne suit pas sa piste.
S'il ne vient, j'en suis aux abois,
J'en tremble, j'en soupire.
Quand on l'a perdu pour neuf mois,
A-t-on sujet de rire?
CARDINALISER : Rougir. —
«Exceptez les escrevisses que l'on
cardinalise à la cuicte. » (Rabe-
lais.)— «Il buvait... de manière
à Se cardinaliser la figure. » (Bal-
zac.)
CARE (Voler à la), carer, cari-
bener. — Voler un marcha:iden
proposant un échange avantageux
de monnaies anciennes contre des
nouvelles. (Vidocq.) — Care et
carrer sont des formes anciennes
de charriage et de charrier ( Voir
ces mots) ; Caribener est un di-
minutif.
CAREUR : Voleur à la care.
V. Carreur.
CARGE : Balle. (Halbert.) Mot
à mot : charge. La balle de col-
porteur est une charge.
CARGO r : Cantinier. — Cor-
ruption de gargoter. V. Aille.
CAR — 8i -
CARIBlîNER : V. Care.
CARLE : Argent. (Vidocq.)
Forme française de Carolu^, mon-
naie qu'on commença de frapper
sous le roi Charles VIII. — « Le
cidre ne vaut plus qu'un carolus. »
(01. Basselin .)— a J'ay une verge
d'or, accompagnée de beaux et
joyeux carolus. » (Rabelais, Pan-
tagruel, l.III,ch.XVII) V.Bajr^/e.
— On dit par corruption Carme.
CARLINE : La mort. (Vidocq.)
— Allusion au nez camus de
Carlin. Jadis on appelait la mort
camarde, parce qu'une tête de
mort n'a pour nez qu'un os de
très- faible saillie. On l'appelle
aussi camuse pour la même rai-
son.
CARLISTE : Dévoué à la mo-
narchie de Charles X. On appelle
de même Henri quinquistes les
partisans du comte de Chambord
(Henri V). — « Ah! ben oui!
carliste! M. Péguchet? Ben du
contraire, il méprise ben trop les
prêtres pour ça. » (H. Monnier.)
— « Il y avait alors à Sainte-Pé-
lagie deux catégories, les carlistes
et les républicains. (Chenu.)
CARME : Miche. (Halbert.)
CARME : Argent. Forme alté-
rée de Carie.
CARNE : Abréviation de cha-
rogne. — « Un morceau d' carne
dur comme un cuir. » (Wado.)
CARNE : Mauvaise femme.
— Même étymologie. — a Je la
renfoncerais dedans à coups de
soulier... la carne. (E. Sue.)
CAROTTE : De couleur aussi
rousse que la carotte. — On dit
des cheveux carotte.
CAR
CAROTTE : Demande d'argent
sous un faux prétexte. — « Des
carottes! combien qu'y en a des
bourgeois, et des huppés, qui ne
vivent que de ça! » (Gavarni.)
CAROTTE (tirer une) : De-
mander de l'argent sous un faux
prétexte. — « Nul teneur de li-
vres ne pourrait supputer le chif-
fre des sommes restées verrouil-
lées au fond des cœurs généreux
par cette ignoble phrase : Tirer
une carotte. » (Balzac.) — Génin
et Littré y voient une allusion à
la facilité avec laquelle on tire les
carottes d'un terrain suffisam-
ment préparé. Dans certaines ac-
ceptions, ce mot est ancien. Voir
Carotter le service.
CAROTTE (tirer une) : Faire
un mensonge pour connaître la
vérité. (Grandval.)
CAROTTE de longueur, d'épais-
seur (tirer une) : C'est la prépa-
rer de longue main, ou la tenter
sur une grande échelle.
Vivre de carottes : Vivre en
faisant des dupes.
CAROTTÉ : Dupé. — « M. de
Rochegude, comme tous les petits
esprits, avait toujours peur d'être
carotté. » (Balzac.)
CAROTTER: Risquer peu.
Carotter, dans le sens de jouer
mesquinement se trouve déjà dans
le Dictionnaire de Trévoux, 1771.
— « Un homme qui allait à la
Bourse et qui carottait sur les
rentes après s'y être ruiné. » Bal-
zac.)
CAROTTER : Obtenir de l'ar-
gent en tirant une carotte : « Al-
lons, va au marché, maman, et
I ne me carotte pas. » (Gavarni.) —
CAR
- 82 -
CAR
« Cela ne vaut-il pas mieux pour
un garçon que de passer sa vie
à carotter? » (E. Augier.)
CAROTTER , Carotter Vexis-
tence : Ne vivre que de carottes,
c'est-à-dire vivre mesquinement.
— « Il se dépouillait de tout... Il
sera très-heureux de vivre avec
Dumay en carottant au Havre. »
(Balzac.)
CAROTTER le service: Éluder
sous de faux prétextes les obliga-
tions du service militaire. Pris
dans ce dernier sens, le mot paraît
dater du moyen-âge. Dans le dic-
tionnaire Roman Wallon de 1777,
j'ai été surpris de rencontrer son
ancienne forme : « Karotter : al-
ler et venir dans une maison sans
y rien faire. » — Ici karotter
est certainement un péjoratif du
vieux verbe karoler : sauter,
gambader.
CAROTTEUR, CAROTTIER :
Tireur de carottes. — a Allons,
adieu, carotteur! » (Balzac.) —
« Joyeux vivant, mais point gru-
geur et carottier. » (Vidal, 33.)
— « Les pratiques et les carot-
tiers excellent dans ces honteux
subterfuges. » (La BédoUière.)
V. Repincer.
CA ROUBLE : Fausse clef.
(Grandval.) V. Esquintement.
CAROUBLEUR, caroubleur
refilé : Voleur employant des ca-
roubles fabriquées sur des em-
preintes livrées par des domes-
tiques, des frotteurs, des peintres
ou des amants de servantes. 11 ne
fait point d'effractions; il ne vole
que l'argent et les bijoux. — « Le
caroubleur qui va reconnaître les
lieux pour les dévaliser ensuite.»
(Ph. Chasles.)
Caroubleur à la flan , — a l'es-
brouffe : 11 vole aussi avec de
fausseg clefs, mais au ha-ard,
dans la première maison ve lue.
Caroubleur au fric frac ; V( ) leur
avec effraction. Il emploie au lieu
de clefs un pied de biche er. fer
appelé cadet, monseigneur ou
plume. (Vidocq.)
CARQUOIS : Hotte de chij lon-
nier. (Colombey.) Ironie my ho-
logique, car le chiffonnier est ap-
pelé aussi Cupidon. V. ce moi.
CARRÉ: Portion d'étage sur
laquelle ouvrent les portes des
divers logements. Sa forme est
le plus souvent carrée.
CARRÉ (faire un) : Voler avec
effraction dans les divers loge-
ments ouvrant sur un carré.
CARREAU, carreau de vitre :
Lorgnon monocle. — a M. Tou-
pard, cinquante-deux ans, peùte
veste anglaise, chapeau capsule,
un carreau dans l'oeil. » [Mém n-
res d'une Dame du monde, 60.;
CARRÉMENT : Francheme t,
sans formes obliques. — « O \\
tu es rouge, et carrément, mon
bonhomme. » (G. Droz.)
CARRER (se) : Se cacher. (Hel-
bert.) Mot à mot : se mettre dai.s
un coin. V, Carruche.
CARREUR : Forme ancienne
du mot charrieur. Il a la ménre
signification. — ce Le carreur qi:i
escamote des pièces d'or ou d'ar-
gent. » (Ph. Chasles.)
CARROUBLE : V. Caroubk.
CARRUCHE : Prison. (Grand-
val.) — Diminutif du vieux mo:
car : coin. (Roquefort.) Il est an-
cien lui-même, car on le retrouyt;
I
CAR
- 83 —
CAS
dans le patois flamand. V. Can-
ton.
CARRUCHE (comte de la) :
Geôlier. (Id.)
CARTAUD : Imprimerie. (Hal-
bert.)
CARTAUDER : Imprimer. (Id.)
CARTAUDIER : Imprimeur.
(Id.)
CARTE (femme en) : Femme
à qui la police délivre une carte
de fille soumise. — « La fille en
carte est libre, pourvu qu'elle se
présente exactement aux visites
des médecins. » (A. Béraud.)
CARTE (être en carte) : Être
inscrite parmi les filles soumi-
ses.
CARTES (prendre des) : Cher-
cher mieux. Mot à mot chercher
des cartes plus belles, comme au
jeu d'écarté. Se prend au figuré
et en mauvaise part. — a Tu me
disais : bon ! bon ! s'il n'est pas
content, qu'il prenne des cartes !»
(Vadé, 1744.J
CARTE (revoir la): Vomir.
— On comprend l'ironie en se
rappelant que la carte est la liste
des mets choisis pour un repas.
CARTON (de) : Sans valeur réel-
le. V. Miche, Occasion id').— îl y
a longtemps que le carton sym-
bolise une apparence trompeuse.
Saint-Simon appelait déjà le duc
du Maine, roi de carton, c'est-à-
dire roi de cartes.
Céladon
De carton,
Me prends-tu pour un' lorette?
(H. Durand.)
CARTON : Carte à jouer. —
a Lorsqu'on a dîné entre amis,
il faut bien remuer des cartons
peints pour se dégriser. » (About.)
CARTON (donner le) : Faire
jouer. — < « Je n'ai point parlé des
tables d'hôte où on donne le car-
ton, c'est-à-dire où l'on fait jouer. »
(Lespès.)
CARTON (graisser, manier,
remuer, travailler, tripoter le) :
Jouer aux cartes. — Il y a, comme
on voit, des expressions pour
toutes les mains, sales ou non.
— « Ces quatre messiers qui tri-
potent le carton avec une grande
habileté. » (Villemessant, 60.)
CARTON (maquiller le) :
Faire sauter la coupe.
CARTON SAVONNÉ : Pain
blanc. (Rabasse.) Forme altérée
de « larton savonné. »
CARTONNER : Jouer aux
cartes. — « Eh! eh! vous avez
un coup de pouce... Oui, je ne
cartonne pas mal. » (E. Villars.)
CARTONNEUR : Joueur pas-
sionné. — « Ensuite la ravissante
cartonneuse eut un instant de
veine. » {Vie paris. 66.}
CARTONNIER : Joueur de
cartes. — « Pingaud sut le pre-
mier débrouiller l'art confus de
nos vieux cartonniers. » (Alyge.)
CARVEL : Bateau. (Colom-
bey.)
CASAQUIN (grimper, tanner,
travailler le) : Houer de coups.
—L'habit est pris ici pour le corps.
— c( Je te tombe sur la bosse, je
te tanne le casaquin. » (Paillet.)
— « Le premier ami de Pitt et
Cobourg qui me tombe sous la
patte, je lui grimpe le casaquia
CAS
-84-
CAS
et lui travaille les côtelettes. »
(Lombard de Langres, 1783.)
V. Bosse, Sabouler.
CASCADER : Trébucher,
faillir.
Dis-moi, Vénus, pourquoi t'obstines-tu
A faire ainsi cascadcr ma vertu ?
[La belle Hélène, 65.)
CASCADER : Faire des casca-
des. — « M"« Leprevost a-t-elle
appris seulement à cascader? »
(J. Janin.) — « Je vais au cou-
vent... Je suis fatiguée de casca-
dcr sur les planches. » (Villemot.)
CASCADES : Vicissitudes, fo-
lies. — « Sur la terre, j'ai fait mes
cascades. » {Robert Macaire,
ch., 36.)
CASCADES : « Au théâtre ce
mot dépeint les fantaisies bouf-
fonnes, les inégalités grotesques,
les lazzis hors de propos, les
improvisations les plus fantas-
ques. » (J. Duflot.) « La pièce a
paru insuffisante à un public ha-
bituellement moins exigeant en
fait de cascades dramatiques. »
(Monselet.)
CASCADEUR : Farceur, fai-
seur de cascades. — « Je puis
dire que je suis chaque matin en-
vironné d'une douzaine de casca-
deurs. » (E. Villars.)
CASCADEUSE : Femme ga-
lante, farceuse. — « La correspon-
dance entre le prince et la casca-
deuse n'a rien de compromettant
pour l'amant. » (A. Wolff.)
CASCARET : Écu de trois
livres (Fr. Michel.)
CASIMIR : Gilet. (Delvau.)
Nom d'étoffe donné au vêtement.
CASQUE : Chapeau d'homme
ou de femme, casquette. Ironie.
CASQUE A AUVENT : Cas-
quette. {Petit dict. d'argot, 44.)
— L'auvent est ici la visière.
CASQUE A MÈCHE : Bonnet
de coton. — Allusion à la mèche
qui le termine. — « II dévoilera
les mensonges cotonneux de ma-
dame et apportera dans le salon
le casque à mèche de monsieur. »
(Th. Gautier.)
CASQtlE (avoir son) : Être ivre,
Mot à mot : avoir du vin plein
la tête ou le casque, comme le
prouvent les exemples suiva:\ts :
« Il me demande si je veux mhu-
mecter, je lui dis que j'ai mon
casque. » (Monselet.) — « lis
furent ensemble dans un cabaret
boire quelques pots de bon vin...
si bien que ce malheureux Jean
s'en donna dans le casque. »
{L'art de plumer la poule sans
crier, xviii» siècle.)
CASQUER : Donner de l'argent
bon gré mal gré. — De cascaret^
écu, V. Cave, Pognon. — « Le pe-
tit Polonais casqucra. Vive la
Russie! » (Claretie.)
CASQUETTE : Chapeau de
femme. — « Cré chien! Loi se,
t'as là une casquette un peu
chouette. » (Gavarni.)
CASQUETTE : Ivre. Mot à mot,
ayant son casque.
Ai-je manqué, soit à jeun, soit cas-
quette,
De t'apporter ma soif et ma chanso i ?
(Festeau.)
CASQUETTE :« Être casquet te
a un autre sens : c'est manquer
de distinction, c'est d'avoir dans
CAS
- 85 -
CAS
les manières quelque chose de
rude, d'un peu brutal, comme les
gens dont la casquette est la
coiffure ordinaire. » (Mané, 62.)
CASQUETTE : Argent perdu
au café. — De casquer, payer. —
« Le café Voltaire, créancier du
réaliste pour des casquettes py-
ramidales. » (Michu.)
CASSANTE : Noix, noisette.
(Grandval, Vidocq.)
CASSANTE : Dent. (Halbert.)
Dans ces deux acceptions, l'effet
est pris pour la cause. La noi-
sette se casse et la dent casse.
CASSE : Bris accidentel de
verres ou de porcelaine dans un
café ou un restaurant. — <c Dans
beaucoup de villes, le maître d'hô-
tel marié prend des pourboires,
une part pour sa femme, une part
pour ses enfants, une part pour
la casse, etc. » (A. Luchet.)
CASSE : Rognures et raclures
de pâtisseries vendues à deux
sous le cornet par des pâtissiers.
CASSE (je t'en) : Ce n'est pas
pour toi. (Halbert.) Mot à mot
et ironiquement : je casse pour
toi un morceau de ce que tu con-
voites.
CASSE-GUEULE : Bal public
de dernier ordre, où on se bat
souvent :
CASSE -NOISETTES : Tête
dont le nez et le menton se rap-
prochent comme les pinces d'un
casse-noisettes. La perte des dents
donne souvent cet aspect aux
figures de vieillards. — « Les flâ-
neurs du quartier les avaient sur-
nommés les deux Casse-Noiset-
tes. » (Balzac.)
CASSE -POITRINE : « Cettî
boutique est meublée de deux
comptoirs en étain où se débi-
tent du vin, de Teau-de-vie et
toute cette innombrable famille
d'abrutissants que le peuple a
nommés, dans son énergique
langage, du Casse-Poitrine. » ( Pr.
dAnglemont.) — « Ces demoi-
selles n'ont plus la faculté de se
faire régaler du petit coup d'é-
trier, consistant en casse-poitrine,
vespetro, camphre et autres in-
grédients. » (fPétition des filles
publiques de Paris, 3o.) — Se di-
sait autrefois du vin très-acide.
V. Briolet.
î CASSE-POITRINE: Pédéraste.
V. le d"- Tardieu {Attentats aux
mœurs.)
CASSEMENT DE PORTE :
Vol avec effraction. (Rabasse.)
CASSER : Manger. Mot à mot :
casser avec les dents. — « J'avions
déjà cassé trois ou quatre gigots,
cinq ou six cochons de lait, et
une pièce de bœuf à la mode. »
(Vadé, 1744.) V. Casser le cou.
CASSER : Dénoncer. — Abrév.
de casser du sucre. — « Part à
deux , ou je casse sur toi. » (Du
Camp.)
CASSER (se la) : S'enfuir. —
« Vous vous esbignez. Ils se la
cassent. » (A. Second.) — « C'est
assommant ici. Je me la casse.
Cassons-nous-la. « (E. Villars.)
CASSER (à tout) : Avec em-
portement. — S'est appliqué dans
l'origine aux voitures qu'on me-
nait grand train, au risque de
tout casser. Se dit maintenant
de tout. V. Ringuer. — « Que
CAS
tu es belle! sp'endide! à
casser. » (E. ViLars.)
CASSER DU BEJ : Sentir mau-
vais. — Casser a ici le sens de
couper, ce qui donne, mot à mot :
couper de son bec... celui des
autres. V. Couper la Gueule.
CASSER DU GRAIN : Ne pas
faire ce qui est commandé. (Del-
vau.)
CASSER DU SUCRE : De'non-
cer. (Rabasse), — médire (Del-
vau.) — a II en est qui, pour
amoindrir leurs peines, cassent
du sucre sur leurs camarades. »
(Stamir, 67.)
CASSER LA GUEULE ; Frap-
per au visage.
CASSER LA HANE : Couper la
bourse. (Halbert.) — Vieux mot.
CASSER LE COU : Manger.
— « Chère belle, ne viendrez-
Yous pas casser le cou à un fri-
candeau ce soir?» (Lespès, 1866.)
— « Viens-tu casser le cou à une
gibelotte? » (Nadar.)
CASSER LE NEZ (se).— Trou-
ver porte close. Mot à mot : se
casser le nez contre une porte
qu'on croyait ouverte.
CASSER SA CANNE, CASSER
SON PIF : Dormir. — Allusion
à la position d'un dormeur dont
la tête perd son point d'appui et
s'incline brusquement en avant.
— Ils cassent leur canne... ils cas-
sent leur pif.»(Villars.)V.Org-we
(jouer de 1'.)
CASSER SA CANNE : Être
bien malade. (Rabasse.)
CASSER SA CANNE : Rompre
son ban, quand on est sous la
- 86 ~
tout
CAS
la justice. Voir
surveillance de
Canne.
CASSER SA PIPE : Mourir.
(Rabasse.)
CASSER SON ŒUF : Faire
une fausse couche.
CASSER SON PIF : Dormir.
V. Casser sa canne.
CASSER SON SABOT, SA
CRUCHE : Perdre sa virginité.
— Souvenir des chansoi s d'au-
trefois où ces à-peu-près galants
dominaient.
CASSER UNE PORTE : Voler
avec effraction.
^ CASSEROLE (passer par la) :
Être en traitement pour la syphi-
lis. On disait autrefois j^o^vs^r sur
les réchauds de saint Corne.
Comme le vieux jeu d^ mots
aller en Suède , l'une et l'autre
expression font allusion à la cha-
leur requise par les sudoi itiques
qui jouent un grand rôle dans la
cure.
CASSEROLE : dénon-
ciateur, femme dénonçant à la
police. (Halbert.) — Vient le cas-
ser. V. ce mot. Il est à noter que
le dénonciateur s'appelle aussi
cuisinier, que dénoncer c'ee^t man-
ger le morceau ou se mettre à
table. — (c Tout le monde a peur
des coqueuses qu'on appelle en-
core des casseroles ou des mou-
tons. » (P. de Grandpré.)
CASSEUR : Tapageur, prêt à
tout casser. (Dhau tel, 08.) — «La
manière oblique dont ils se coif-
fent leur donne un air casi^eur. »
(De La Barre.)
CASSEUR : Dénonci iteur.
V. Casser du sucre.
CAS
-87
CAT
CASSEUR DE PORTES : Vo-
leur avec effraction. (Halbert.) —
Vêtus de toile bleue comme des
ouvriers, ils marchent par trois
le soir dans les rues, entrent dans
les maisons mal gardées, frap-
pent aux portes des logis non
éclairés, et les forcent, si on ne
répond pas. Un fait le guet, les
deux autres opèrent. (Rabasse.)
CASSINE : a Ce mot signifiait
autrefois une petite maison de
campagne; maintenant, il n'est
plus d'usage que pour dire un
logement triste et misérable. »
(Dhautel, 08.) — Diminutif de
Case: « Ah ! ben, vous n'êtes pas
dégoûté!... voilà une cassine. Je
sors de la cuisine, c'est à faire
lever le cœur, un vrai fumier,
quoi!! !» (Marquet.)
CASSOLETTE (ouvrir sa) :
Vesser. Mot à mot : répandre
des parfums trop connus.
CASSURE: Débit accentué. —
« Le brio et la cassure (encore un
mot commandé par la situation)
avec lesquels elle (mademoiselle
Silly) enlève à gosier déployé son
rôle de Béatrix. » ( Vie parisienne,
63.)
CASTE DE CHARRUE : Quart
d'écu. (Halbert.)
^ CASTOR : Officier de marine
évitant les embarquements et les
expéditions de terre ferme. — Le
castor bâtit volontiers sur le ri-
vage.
CASTORIN : Chapelier. (Al-
manach des Débiteurs, 5i.) Moi
à mot : marchand de castors.
CASTORISER : Dans la ma-
rine, c'est éviter les embarque-
ments. Dans l'armée de terre, c'est
voyager peu ou point, et se per-
pétuer dans des garnisons agréa-
bles. — a Pélissier (le maréchal)
disait : la garde impériale casto-
rise. » (Cluserct, 68.)
CASTROZ : Chapon. (Grand-
val.) C'est castrat, avec change-
ment de finale.
CASTU : Hôpital. (Grandval.)
— Forme abrégée de castuc, à
moins que ce ne soit une équi-
voque sur la grande phrase de
l'hôpital : Qu'as-tu? (que res-
sentez-vous .^ C'est ainsi qu'on
appelle les douaniers qu'as-tu là.
CASTUC : Prison. (Vidocq.)
Du mot castel, château. V. Ka-
vignolé.
CATÉGORIE (i", 2«, 3«) :
Cesdivisions, qu'une ordonnance
(vers 1800) avait rendues offi-
cielles pour la vente de la viande
de boucherie, ont été adoptées
par les gouailleurs pour coter le
degré de distinction de celui-ci
ou de celle-là. On a dit une fem-
me de troisième catégorie, comme
une femme du quart de monde :
(( Docteur, je t'abandonne Bac-
chante. Je la dépècerais bien, mais
les morceaux seraient de troisiè-
me catégorie, et le veau est en
baisse. » (Michu.)
Le terme a fini par s'étendre à
tout, en multipliant à l'infini le
nombre des catégories. — « Les
amateurs se disputent des croûtes
de sixième catégorie, auxquelles
on a mis un faux nez. » (E. Fre-
bault.)
CATOGAN : Chignon de femme
volumineux noué au niveau de
la nuque par un paquet de fa-
veurs. (Modes de 66.)
CAV
CEN
Quand j'aperçois le catogan
De cette charmante personne,
Accompagné de son ruban
Dont le long bout dépasse une aune.
(E. ViUars.)
CAUCHEMAR : Homme en-
nuyeux à l'excès. (Dhautel.) Mot
à mot : vous oppressant comme
un cauchemar.
CAUCHtMARDANT : Insup-
portable. — « C'est cauchemar-
dant. » (Jaime fils.) — « Pour en
finir avec cette profession si af-
freusement cauchemardante. »
{Paris-Étudiant, 54.)
CAUCHEMARDER : Être cau-
chemardant. — « Pour abriter sa
conscience contre certains hom-
mes noirs qui pourraient venir le
cauchemarder. » (Physiologie du
parapluie, 4t.)
CAVALCADES : Vicissitudes
galantes, oc Ça fait des manières,
un porte-maillot comme ça. —
Et qui en avait vu, des cavalca-
des. » (Gavarni.)
CAVALE : Fuite, action de se
cavaler. « La cavale est plus dif-
ficile que lago. » (Rabasse.)
CAVALER (se) : Fuir avec la
vitesse d'un caval ou cheval (vieux
mot). — « Il faut se cavaler et
vivement. » (Chenu.) V. Feston.
— (c Nous nous cavalons, moi et
Todore, du côté du Temple. »
(Monselet.) — « Ces promesses
avaient cavale mon esprit et mon
courage. » (Lettre mystique tou-
chant la conspiration dernière.
Leyde, 1702.)
CAVALLE : évasion. (Petit
dictionnaire d'argot, 44.) Mot à
mot : action de se cavaler.
GAVÉ : Dupe. Mot à mot :
tombé dans un trou, une cave.
— Même image dans enfoncé, cas-
qué.
CAVÉE : Église. (H ilbert.) —
Elle est voûtée comnne la cave,
CE : Argent. (Rabasse.) Voir
Chêne.
Tout de ce : Très-bien. (Vi-
docq.)
CELUI DE (avoir) : Avoir l'hon-
neur de. — Usité par moquerie
des politesses exagérées de la pe-
tite bourgeoisie, où Ion avait
à cœur de répondre : J'ai celui
de, etc., à l'interlocuteur qui
vous avait dit : j'ai eu l'honneur
de, etc. — « Mam'selle. aurai-je
celui d'aller avec vous ? » (J. La-
dimir, 41.)
CENT COUPS (faire les) : Com-
mettre des actes de folie, de dé-
sespoir. — « Tu peux faire les
quatre cents coups dans la cité. »
(E. Sue.)
CENTRALE : Prison centrale.
— « Les centrales, comme disent
les voleurs, sont les prisons dont
ils craignent le plus le régime
sévère. » {Figaro, 76.)
CENTRE : Nom. (Vidocq),
état civil. (Rabasse.)
Faux centre, Centre à Vestor*
gue : Faux nom : V. Estorgue.
Coquer son centre : Donner son
nom. V. Ravignolé.
CENTRE DE GRAVITÉ :
Derrière. — « Il se risque.. . Ne fré-
missez pas, belle lectrice; les don
Juan sont très-forts sur h gym-
nastique. Dès leur plus tendre en-
fance ils se sont exercés à tomber
sur leur centre de gravite. C'est
là-dessus que don Juan Cbt tom-
bé. » (E. Lemoine.)
CER
-89-
CHA
CENTRIER : Député du centre
conservateur sous Louis-Philip-
pe. V. Ventru : « Moreau ! Mais
il est député de l'Oise. — Ah !
c'est le fameux centrier. » (Bal-
zac.)
CENTRIER, CENTRIPÈTE :
Soldat du centre, fantassin.
C E R B È R E : Portier malhon-
nête et grondeur comme le Cer-
bère de la fable : — « Misérable,
disait-elle au cerbère, si mon
mari le savait. — Bah! répondait-
il... un terme de payé, ça aide. »
(Ricard.)
CERCLE : Pièce d'argent. —
Allusion de forme.
CERCLE (pincer, rattraper,
repincer au demi-) : Prendre à
l'improviste. — Terme d'escrime.
— « Filons... je connais l'escalier
de service... Aie! pinces au demi-
cercle. » (Villars.)
CERCLE : Tonneau. (Vidocq.)
Allusion aux cercles retenant les
douves.
CERCUEIL: Bière, boisson.
Jeu de mots. V. Cogne.
CERF : Mari trompé. — Allu-
sion de cornes.
L'amant quitte alors sa conquête
Et le cerf entre à la maison.
(Béranger.)
CERF (sedéguiser en) : Courir.
Allusion à la vitesse du cerf.
V. Ballon (se lâcher du).
CERF-VOLANT : Femme dé-
pouillant les enfants mal sur-
veillés par leurs bonnes. — Jeu
de mots. Elle vole dans les jardins
publics où vole aussi le jouet dit
ce>^/-volant.
CERISIER : Cheval aussi mau-
vais que les bidets qui portent
des cerises au marché. — On dit
d'un mauvais cavalierqu'il monte
en marchand de cerises. (Dhau-
tel.)
CES : Ce pronom a parfois une
valeur ironique particulière lors-
qu'il est placé devant les substan-
tifs. — « On a donné à ces dames
que voici le nom de musardines. »
(Alb. Second.) — Bérangerachan-
sonné ces demoiselles.
CESARIEN : partisan du pou-
voir absolu et surtout du pouvoir
Napoléonien. — « L'abus du par-
lementarisme favorise ce que nous
appelons les Césariens. » (P. Mo-
niteur y 5 août 75.)
CHABANNAIS, CHABANAIS :
Bruit. — « Il m'embête, votre pu-
blic. En font-ils du chabanais. »
(Décembre-Alonnier.)
Ah ! ça prend dans les rues ?
Le chabanais, ça mousse. (Sardou.)
CHACAL : Zouave. (Dans
l'argot militaire d'Afrique.)
CHAFRIOLER : Se complaire.
« L'atmosphère de plaisirs où il
se chafriolait. » (Balzac.)
CHAHUT : Dispute. — « Je
n'ai jamais de chahut avec José-
phine comme toi avec Millie. »
(Monselet.)
CHAHUT : Cancan populaire.
— « La chahut comme on la dan-
sait alors était quelque chose de
hideux, de monstrueux; mais
c'était la mode avant d'arriver au
cancan parisien, c'est-à-dire à
cette danse élégante, décemment
lascive lorsqu'elle est bien dan-
sée. Aujourd'hui le cancan en
GHA
~ 90 —
GHA
l'école moderne triomphe, la
chahut n'est plus guère con-
nue que des titis des Funam-
bules. » (Pr. d'Anglemont, 5i.)
— «Un caractère d'immoralité et
d'indécence comparable au cha-
hut que dansent les faubouriens
français dans les salons de Dé-
noyers. » (Mansion, 33.)
. ... Et pour se meUre en rut
Apprennent là du peuple à danser le
chahut. (A. Barbier.)
CHAHUT: Mêlée, remue-mé-
nage. — « La cavalerie monte à
cheval. C'était un chahut, un
boucan général. » Commentaires
de Loriot.)
CHAHUTER : Faire tapage,
danser le chahut. — a Ça mettra le
vieux Chariot en gaité... il cha-
hutera sur sa boutique.» E. Sue.
CHAHUTER : Renverser, cul-
buter.
Sur les bords du noir Cocyte,
Chahutant le vieux Caron,
Nous r fich'rons dans sa marmite, etc.
(Cha/ison de canotiers.)
CHAHUTEUR ; Tapageur,
danseur de chahut.
CHAILLOT! (A) : Allez vous
promener ! Mot à mot : Allez à
Chaillot! Cette injure, fort usi-
tée, daterait, selon M. Louis Ul-
bach, qui s'en est occupé dans le
Figaro, de l'année 1784, où la
construction du mur d'enceinte
consterna tellement les habitants
de Chaillot que le nom d'ahuris.
leur est resté.
Pour notre part, nous avons
constaté qu'en 1826 ce terme d'a-
huri de Chaillot était encore po-
pulaire, car le Dictionnaire pro~ 1
verbial de Caillot lui donne une
place ; a Ahuri, surprix, étonné.
On dit à Paris : les ahuris de
Chaillot. »
Il convient d'ajouter que le
village de Chaillot était autrefois
le point de mire des mauvais
plaisants. — Quand on parlait
d'une Agnès de Chaillot c'était
pour désigner une fille suspecte.
— « Ah! ciel! disais-je en moi-
même, cette Agnès de Chaillot
serait- elle de ce pays-ci ? » ( Voya-
ge de Paris à Saint-Clou .i, 1 754.)
« A Chaillot les gêneurs! veut
dire tout simplement : Au diable
les ennuyeux ! » (Mané, Paris ef-
fronté, 63.)
J' crois la proposition honnêii
En t'offrant mon cœur et ma main.
Quoi ! tu m' réponds, rêv' de rnon âme :
« A Chaillot ! ton cœur et to 1 nom ! »
(Aug. Hardy.)
CHAIR A CANON : Soldat. —
« L'homme ne fut plus, comme
on disait sous l'Empin , de la
chair à canon. » (D^ Vért-n.)
CHAIR HUxMAINE (vendeur
ou marchand de) : Proj;énète :
Agent de remplacement m ; litaire.
— Au xvine siècle, on cionnait
déjà ce nom aux sergents recru-
teurs.
CHALOUPE : Femme au ju-
pon gonflé comme une v )ile de
chaloupe. — « C'te chalo ipe! »
crie un gamin de Gavarri der-
rière une élégante.
CHALOUPE ORAGE JSE :
Cancan échevelé. — Comparai-
son de la danse au roulis d'une
chaloupe. — « Ils chalou laient
à la Chaumière. » {Étudiant, 64.)
— ce Ohé! les danseurs ! qui est-ce
CHA - 91 -
qui veut du cancan et de la cha-
loupe à mort? » — (E. Bourget,
1845.) — V. Tulipe.
CHALOUPER : Danser la cha-
loupe, faire de'Bauche.
CHA
Et je chaloup'rai
Tant qu' j'aurai
De la vaisselle de poche.
(Poinchoud.j
CHAMBARDER : Bousculer.
— Terme de marine.
GHAMBERTER : Être indis-
cret (Rabasse.)
CHAMBRE DE SÛRETÉ :
Prison de la Conciergerie. (Sta-
mir.)
CHAMBRE DES PAIRS : Ba-
gne. — Côté des condamnés à
vie. Les autres sont les députés.
CHAMEAU : Femme de mau-
vaise vie.^ — On dit aussi : Cha-
meau d'Egypte, chameau à deux
bosses, ce qui paraît une allusion
à la mise en évidence de certains
appas. Cette épithète passe aussi
pour dater de la campagne d'E-
gypte, pendant laquelle nos sol-
dats, profonds analogistes, au-
raient été frappés de la docilité
avec laquelle le chameau se cou-
chait pour recevoir son fardeau.
Tel est du moins l'avis de VEn-
cyclopediana. — « Qu'est-ce que
tu dis là, concubinage? coquine,
c'est bon pour toi. A-t-on vu ce
chameau d'Egypte! » (Vidal, 33.)
— ce Cette vie n'est qu'un désert,
avec un chameau pour faire le
voyage et du vin de Champagne
pour se désaltérer. » (F. Deriège,
42.) — a II n'y a pas d'affront
pour une femme appelée cha-
meau! Cet animal est sobre et
laborieux. Quelle citoyenne du
quartier Bréda peut en dire au-
tan c? » (Commerson.)
CHAMP DE NAVETS : . Un
convoi remontait l'avenue d'Ita-
lie se rendant à ce triste cime-
tièreconnu sous le nom de Champ
de Navets. » (A. d'Aunay, 75.)
CHAMP : Champagne. — <.c Ma-
ria. Oh !... du champ ! — Éole...
■àgne.— Maria. Qu'est-ce que vous
avez donc? — Éole. On dit du
Champagne. —Maria. Ah bah!
où avez- vous vu ça? (Th. Bar-
rière.)
CHAMPAGNE, fine champa-
que : Eau -de- vie fine. — Du
nom d'un village de la Charente-
Inférieure. — « Nous lui ferons
prendre un bain de fine Cham-
pagne. » (Cochinat.) — On dit
également : un petit verre de
Ji7ie, ou de Champagne,
CHAMPOREAU : Boisson
très-goûtée en Algérie. Tous les
cabarets portent sur leur enseigne
ce nom, qui est celui de l'inven-
teur. Le champoreau se fait en
ajoutant une liqueur quelconque
à du café au lait très-étendu d'eau ;
il y a le champoreau au rhum,
le champoreau au kirsch, etc. —
« On y boit des champoreaux
(du lait, du café et du rhum),. ce
qui n'est pas mauvais. » {Comm.
de Loriot.)
CHANÇARD : Favorisé par la
chance. — « Chacun se sauve
comme il peut. Je parle des chan-
çards. » {Commentaires de Lo-
riot.)
CHANDELLE : Mucosité cou-
lant du nez, comme le suif coule
CHA
92 —
CHA
de la chandelle, — quand on ne
la mouche pas.
CHANDELLE : Fusil de muni-
tion. — Il est comme la chandelle,
long, rond, et il en sort une
flamme quand on y met le feu.
Etre conduit en quatre chan-
delles.— Être conduit par quatre
soldats.
CHANDELLE : Bouteille. « Nous
allons chez le marchand de vin
et je demande une chandelle à
12 sous. » (La Correctionnelle.)
CHANOINE, CHANOINESSE :
Rentier, rentière. (Colombey.)
Assimilation de la rente à la pré-
bende du canonicat.
CHANTAGE : Extorsion d'ar-
gent sous menace de révélations
scandaleuses. — <c Le chantage,
c'est la bourse ou l'honneur. »
(Balzac.) — « Le chantage existe
partout. Et celui que Ton punit
n'est pas toujours le plus dange-
reux. Il y a le chantage en gants
paille, qui s'exerce dans un sa-
lon, qui prend des airs de vertu,
qui, du haut de son équipage, écla
bousse le passant ; celui-là, on ne
l'atteint pas! Mais le tribunal est
la terreur de ces exploiteurs de
bas étage qui proposent aux gens
craintits et aux pusillanimes une
terrible alternative : la bourse ou
le déshonneur!
u iNous avons vu autrefois au
Palais un vieux professeur, fort
connu, savant éminent. Ce mal-
heureux, depuis un demi-siècle,
était exploité par une bande de
misérables qui lui demandaient
de l'argent sous peine de lui im-
puter un vice ignoble. Le profes-
seur avait craint le scandale; il
avait payé. Ce qu'il y avait de
singulier, c'est que les premiers
exploiteurs étaient morts ou reti-
rés avec leurs rentes, et avaient
cédé à des successeurs leur part
dans l'exploitation de M. X... A
chaque trimestre, un coup de
sonnette se faisait régulièrement
entendre dans la maison habi-
tuellement si tranquille du sa-
vant; ce coup de sonnette faisait
tressaillir le pauvre homme :
c'était la diffamation qui venait
réclamer le prix de son silence.
Et M. X... a payé comme cela en-
viron 3oo,ooo francs. Enfin la
justice a mis la main sur ces cor-
saires de la vie privée. Les douze
coquins qui vivaient sur la for-
tune de M. X... ne vivront doré-
navant qu'aux frais de l'ii^tat. »
{Figaro.)
CHANTER : Être victime d'un
chantage. — « Tout homme est
susceptible de chanter, ceci est
dit en thèse générale. Tout hom-
me a quelques défauts de cui-
rasse qu'il n'est pas soucieux de
révéler. (Lespès.)
CHANTER (faire) : Rendre
quelqu'un victimed'un cha:itage.
Mot à mot : faire chanter (rison-
ner; ses écus. Chanter plus haut
voulait dire jadis donner une plus
forte somme. Le Dictionnaire de
l'Académie le donne avec ce sens.
— «Puisque l'argot court aujour-
d'hui les boudoirs, nous dirons
que faire chanter signifie obtenir
de l'argent de quelqu'un ei lui
faisant peur, en le menaçant de
publierdes choses qui pourr lient
nuire à sa considération, ou qu'il
a pour d'autres raisons un grand
intérêt à tenir ignorées. » Ro-
queplan, 41.) — « Faire chanter,
c'est faire payer une chose qu'on
CHA
-^93-
CHA
ne doit pas. » (Dhautel, 08.) —
Ce dernier exemple, qui est le
plus ancien, ne semble pas don-
ner au mot sa signification pré-
cise d'aujourd'hui.
CHANTERELLE (appuyer sur
la) : Toucher à un endroit sen-
sible, ou serrer la gorge de quel-
qu'un à le faire crier. — Assimi-
lation de la voix à la corde aiguë
du violon.
CHANTEUR: «Le chanteur
s'est procuré un document im-
portant; il demande un rendez-
vous à l'homme enrichi. Si l'hom-
me compromis ne donne pas une
somme quelconque, le chanteur
lui montre la presse prête à l'en-
tamer, à dévoiler ses secrets.
L'homme riche a peur, il finance.
Le tour est fait. Vous vous livrez
à quelque opération périlleuse,
elle peut succomber à une suite
d'articles : on vous détache un
chanteur qui vous propose le ra-
chat des articles. » (Balzac.) —
Vidocq déclare chanteurs : 1° les
journalistes qui exploitent les ar-
tistes dramatiques; 20 les faiseurs
de notices biographiques qui les
offrent à tant la ligne ; 3° ceux qui
proposent à des prix énormes des
autographes ayant trait à des se-
crets de famille. — « Sans comp-
ter, ajoute-t-il, mille autres fri-
pons dont les ruses défraieraient
un recueil plus volumineux que
la Biographie Michaud. »
On nomma enfin chanteurs les
hommes exploitant la crainte
qu'ont certains individus de voir
divulguer des passions contre na-
ture. Ils dressent à cette fin des
jeunes gens dits Jésus qui leur
fournissent l'occasion de consta-
ter des flagrants délits sous les
faux insignes de sergents de ville
et de commissaires de police. La
dupe transige pour des sommes
considérables. » (Canler.) — La-
cenaire était chanteur de cette
classe, et a consacré à ce métier
quelques pages de ses Mémoires,
36.
CHANTILLY : Dentelle de
Chantilly. — a J'ai là une confec-
tion de velours avec des Chan-
tilly. » {Alm. du Hanneton.)
CHAPARDER : Marauder. —
De chat-pard : chat tigre. — « La
veille, il avait chapardé dans le
village une grosse bûche. » {Alm.
du Hanneton, 67.)
CHAPARDEUR : Maraudeur,
voleur. — « Si le sergent-major
et le fourrier n'étaient pas aussi
chapardeurs, nos rations nous
suffiraient. » {Commentaires de
Loriot.)
CHAPELET DE S» FRAN-
ÇOIS : Chaîne attachant un con-
damné. (Rabasse.)
CHAPELLE (faire) : Relever
sa jupe pour se chauffer à un feu
de cheminée.
CHAPON : Moine. (Colombey.)
— Allusion à la chasteté obliga-
toire.
CHARABIA : « Toutes ces af-
faires se traitent en patois d'Au-
vergne dit charabia » (Balzac.)
CHARABIA : Auvergnat. —
« Que penseriez-vous d'un hom me
qui n'est ni Auverpin ni Chara-
bia. » (Pr. d'Anglemont.)
CHARGÉ : Ivre. Mot à mot,
qui a sa charge de boisson.
CHARGER : Pour les cochers
de fiacre, c'est prendre des voya-
CHA
— 94 -
CHA
geurs. Mot à mot : charger leurs
voitures.
CHARIER : Chercher à savoir.
(Rabasse.)
CHARIEUR : Celui qui cher-
che à savoir. (Id.)
CHARLEMAGNE (faire) : Se
retirer du jeu lorsqu'on est en
gain, sans plus de façon qu'un
roi. — Il paraît que les rois avaient
ce privilège sans manquer aux
usages.
Ce terme contient en même
temps un jeu de mots sur le roi
de carreau, le seul dont le nom
soit français. — « Le lansquenet
fait fureur... Ah! c'est qu'il est
commode de pouvoir faire Ghar-
lemagne sans rougir, et Charle-
magne est le roi du lansquenet.
On se trouve en gain , on quitte
la table ettoutestdit. »(E. Arago.)
— a Le jeu est agréable parce
qu'on n'est point poli. On s'em-
porte et l'on fait Charlemagne. »
(Stendhal, 1826.) — a Si je gagne
par impossible, je ferai Charle-
magne sans pudeur. » (About.)
CHARLEMAGNE : Poignard
d'infanterie. — Allusion à l'épée
du grand monarque.
CHARLOT : Malin. (Rabasse.)
CHARLOT : « Le peuple et le
mondedes prisons appellent ainsi
l'exécuteur des hautes œuvres
de Paris. » (Balzac.)
Le mot est ancien : « JYavons
vu faire la procession dans la
ville, derrière le confessionnal à
Chariot casse-bras, qui t'a marque
à l'épaule au poinçon de Paris. »
(Vadé, 1744.) — « Que Chariot
vous endorme! Tirez d'ici, meu-
ble du Châtelet. » (Ide 11.) V.
Garçon.
On disait Chariot casse-bra- ,
par allusion à la roue ^ur la-
quelle il cassait les bras djs con-
damnés.
CHARMANT, CHARMANTE :
Galeux, galeuse. (Halbert.)
CHARMANTE : Gale. — « La
charmante y fait gratter b en des
mains, aussi la visite étiit-elle
rigoureuse. » (Vidal, 33.)
CHARON : Voleur. (Vi locq.)
— Diminutif de Charriew .
Dessus le pont au Change
Certain agent de change
Se criblait au charon. (Vid )cq.)
CHARPENTER : Tracer la
charpente, le scenariod'une pièce.
— « As-tu vu la pièce d'hier ? —
— Oui, c'est assez gentil. — Sst-ce
bien charpenté? — Peuh ! couci-
couci. » (La Fizelière.) — « Dans
l'art dramatique, les gens cie let-
tres ont bien voulu me recon-
naître une importante quilité,
celle de charpenter une picce. »
(Alex. Duval, 33.)
CHARPENTIER : Collabora-
teur chargé de charpentei une
pièce. — « Il n'est pas si facile de
se montrer un habile charpen-
tier. » (A. Second.)
CHARRIAGE : Escroquerie. —
Action de charrier. V. Charrier.
CHARRIAGE A L'AMLRI-
CAINE : « Il exige deux com-
pères : celui qui fait l'Américain,
un faux étranger qui se dit /amé-
ricain. Brésilien etdepuisquelque
temps Mexicain, 2» celui qu» lui
sert de leveur ou de jardinier.
Le leveur lie conversation avec
CHA
-95
CHA
tous les naïfs qui paraissent por-
ter quelque argent. Puis on ren-
contre VAméricain qui leur pro-
pose d'échanger une forte somme
en or contre une moindre somme
d'argent. La dupe accepte et voit
bientôt les charrieurs s'éloigner,
en lui laissant contre la somme
qu'il débourse des rouleaux qui
contiennent du plomb au lieu
d'or. » (Ganler.) — On l'appelle
aussi vol à l'américaine et vol au
change. — Avec le temps l'Amé-
ricain s'est démodé. Il est de-
venu successivement un Brési-
lien et un Mexicain.
CHARRIAGE AU POT : Il dé-
bute de la même façon que le
précédent. Seulement l'Américain
olîreà ses deux compagnons d'en- o8.)~«C'est pas l'embarras
trer a ses frais dans une maison 1 . ' ' . ,., ^^
faut croire qu il aura reçu une
le dévalise. - Ce genre de char-
riage s'appelle maintenant i'o/<3m
père François.
CHARRIER : Voler quelqu'un
en le mystifiant, dit Vidocq. —
Du vieux mot charier : mystifier,
qui est encore usité dans le dia-
lecte flamand. Mot à mot : mener
en chariot. Il esta noter que rou-
ler a conservé un sens analogue.
CHARRIEUR, CHARRON,
CAREUR : Voleur pratiquant
le charriage. — Même observa-
tion que
routeur.
ci-dessus pour îe mot
CHARÏEUR, CAMBROUSIER :
Charlatan nomade. (Halbert.)
CHASSE : Mercuriale. (Dhau-
de débauche. Par crainte d'un
vol, il cache devant eux dans
un pot une somme considérable.
Plus loin, il se ravise et envoie
la dupe reprendre le trésor après
lui avoir fait déposer une caution
avec laquelle il disparaît, tandis
que le malheureux va déterrer un
trésor imaginaire.
Charriage au coffret. — Variété
moderne du précédent. L'Amé-
ricain confie àunedame de comp-
toir un coffret fermé à clé dans
lequel il a fait voir préalablement
des rouleaux de pièces d'or. Il re-
vient de la journée, il a besoin
d'argent et il a perdu la clé du
coffret. On lui fait une avance et
il ne reparaît plus. Le cotfret ne
contenait que des centimes.
CHARRIAGE A LA MÉCA-
NIQUE : Un voleur jette son
mouchoir au cou d'un passant et
le porte à demi étranglé sur ses
épaules pandant qu'un complice
croire
fameuse chasse pour être remonté
si en colère. » (H. Monnier.)
CHASSE, CHASSIS : Œil. —
C'est un vrai châssis pour la
tête. —«Je m'arc-boute et lui crève
un châssis. » (Vidocq.) V. Co-
quer, Balancer, Estorgue.
CHASSE-COQUIN, CHASSE-
NOBLE : Gendarme. (Halbert.)
CHASSEPOT : Fusil de muni-
tion se chargeant par la culasse.
— Du nom de son inventeur. —
(( Dumanet, lorsqu'il ne fait pas
merveille avec son chassepot, a
de l'esprit comme quatre. » (V.
Noir.)
CHASSER : partir. (Rabasse.)
CHASSER DES RELUITS:
Pleurer. Mot à mot : chasser les
larmes des yeux.
CHASSER LE BROUILLARD :
Boire la goutte. V. Brouillard.
CHA — 96 —
CHASSES D'OGCASE : Yeux j
louches. Mot à mot : yeux mal '
assortis, achetés d'occasion. Voir
Estorgue. (Halbert.)
CHASSIS : Paupières. (Ra-
basse.)
CHASSUE : Aiguille. (Hal-
bert.) — Son trou s'appelle chas
dans la langue régulière.
CHASSURE : Urine. (Halbert.)
CHAT : Guichetier. (Vidocq.)
— Allusion au guichet, vraie
chatière derrière laquelle on voit
briller ses yeux.
CHAT, CHATTE : Sobriquet
d'amitié. — « Alfred, mon gros
chat! — Qu'est-ce que tu veux,
Minette ?»(Montépin.) — a Tu vas
te trouver mal à présent, Fanny !
pauvre chatte chérie. » (H, Mon-
CHA
un chaudf ou vous êtc^ cliaudy
i vous.
CHAUD (être) : Avoir l'œil au
guet. (Colombey.)
CHAUD (il y faisait) : Allusion
aux feux de l'artillerie et de la
mousqueterie. — La bataille était
rude. — « Ah ! vous étiez à Wa-
gram? — Un peu. — Il y faisait
chaud, hein? » (H. Monaier.)
CHAUD (il fera) : Jamais.
Mot à mot : il fera un temps
chaud comme il n'y en aura ja-
mais. — « C'est bien. Quand tu
me reverras, il fera chaud. »
(Méry.)
CHAUDE-LANCE : Gonor-
rhée. (Vidocq.) Allusicn à sa
cuisson et à ses élancements.
CHATAIGNE : Soufflet. —Son
bruit sec peut à la rigueur être
comparé à celui de la châtaigne
qui éclate au feu.
CHATEAU DE L'OMBRE :
Bagne. (Stamir.)
CHATTEMENT : Avec la câli-
nerie d'une chatte. — 0 Elle alla
chattement à lui. » (Balzac.)
CHATTERIE : Friandise, câ-
linerie.
CHAUD : Coureur de belles,
homme ardent et résolu. — Au-
trefois on disait chaud lancier.
— « Le chaud lancier a repris Son
Altesse Royale. » {Courrier bur-
lesque, 2« p., i65o.)
CHAUD : Artificieux, avide.
— Forme du vieux mot caut :
rusé, qui a fait cauteleux. — On
dit souvent dans ce sens : c'est
CHAUDRON : Mauvais piano,
résonnant comme un chiudron.
CHAUFFE LA COUCHE:
Mari trompé et content. Mot à
mot : chauffant pour un autre la
couche conjugale. — « Les maris
qui obtiennent le nom déshono-
rant de chauffe la couche. » Bal-
zac.)
CHAUFFER : Montrer beau-
coup d'ardeur pour faire mar-
cher une affaire. — « La vente des
collections léguées par fevi le ba-
ron Bruel, était chauffée à faire
éclater les soupapes de la fantai-
sie et de la vanité. » (De Pont-
martin, 66.)
CHAUFFER : Presser le crédit.
(5i, Almanach des Débiteurs.)
CHAUFFER : S'animer, deve-
nir très-ardent en parlant d'une
bataille ou d'une entreprise quel-
conque. — « Il paraît ([ue ça
chauffe en Afrique. » (Bakac.) —
CHA - 97 —
« Oh ! tonnerre ! ça va chauffer ! »
(E. Sue.)
CHAUFFER LE FOUR : Boire
avec excès. — « 11 me restait en-
core 4 francs. J'avais chauffé le
four depuis samedi.» (Monselet.)
CHAUFFER UNE FEMME :
Courtiser avec ardeur. — « Toutes
ses lettres disent : je vous aime!
aime:^-moi!! sinon je me tue!!!
Répéter cela pendant trois mois,
cela s'appelle dans la langue don
juanique, chauflter une femme. »
(E. Lemoine.)
CHAUFFER UN ARTISTE :
Applaudir chaleureusement. —
a Elle recueillait les plaintes de
son petit troupeau d'artistes... on
ne les chauffait pas suffisam-
ment. » (L. Reybaud.) V. Em-
poigner.
CHAUFFEUR : Homme d'en-
train.— a C'était un bon enfant...
un vrai chauffeur. » (H. Mon-
nier.)
CHAUFFEUR : Amoureux. —
♦ C'est l'officier, le chauffeur de
la petite. » (H. Monnier.)
CHAUMIR : Perdre. (Vidocq.)
— C'est le verbe « chômer » avec
changement de finale.
CHAUSSER : Convenir.
(Dhautel.) — « Les diamants ! ça
me chausse, ça me botte. » (Mé-
lesville.) — « Cela rentre dans
vos études. . . cela vous chausse-
rait. » (L. Reybaud.) V. Brosse.
CHAUSSETTES (essence de) :
Mauvaise odeur provenant des
pieds. Les raffinés disent ; ex-
trait de chaussettes.
CHAUSSETTE : « La chaus-
sette est un simple anneau de fer
CHA
que porte à la jambe, comme
signe de reconnaissance seule-
ment, le forçat qui n'est plus ac-
couplé. » (Moreau Christophe,
37.)
CHAUSSON (vieux) : Prosti-
tuée, avachie comme un vieux
chausson, une vieille pantoufle.
— On dit, en abrégeant, chaus-
son. (J. Choux.)
CHAUSSON : Science de se
battre à coups de pied. De là le
mot « chausson. » Dans le peuple,
on dit savate. La savate que l'on
appelle aujourd'hui chausson. »
(Th. Gautier , 45.) V. Savate.
CHAUVIN, CHAUVINISTE :
Patriote ardent jusqu'à l'exagéra-
tion. — « Je suisFrançais ! Je suis
Chauvin ! » (Cogniard, 3 1 .) — « Un
spécimen du type Chauvin dans
toute sa pureté. » (Montépin.) —
Allusion au nom d'un type de
caricatures populaires, comme le
prouve cet exemple : «1825, épo-
que où un libéralisme plus large
commença à se moquer de ces élo-
ges donnés aux Français par les
Français, de ces railleries lancées
par les Français contre les étran-
gers. Charlet, en créant le cons-
crit Chauvin, fit justice de ces
niaiseries de l'opinion. » (A. Jal,
Paris moderne, 3^.)
CHAUVINISME : Patriotisme
trop ardent. Le chauvinisme a
son côté ridicule, mais il a aussi
sa grandeur. On s'en est trop
moqué, et cette réaction a été
mille fois pire, mais la science
du juste milieu n'est pas une
qualité française. —«Le chauvi-
nisme a fait faire de plus grandes
choses que l'amour de la patrie
dont il est la charge. » (Noriac.)
CHE
-98-
CHE
— a Le chauvinisme est peut-
être la dernière vertu que nous
ayons possédée. » (Berthaud.)
«Chauvinisme» : Se dit par ex-
tension de toute exagération ba-
nale. — « L'honneur et l'argent,
magnifique écho du chauvinisme
bourgeois. » (Mirecourt, 55.)
CHAUV2NISTE : Patriote ar-
dent.
Se prend aussi adjectivement :
a Nous n'avons vécu qu'avec peu
de gouvernements français dans
des rapports aussi corrects qu'a-
vec le sien, en décomptant quel-
ques intermezzos chauvinistes. »
(D'Arnim, y3.)
CHEF : Cuisinier, chef de cui-
sine.
CHEF : Maréchal des logis
chef.
CHEF DE CUISINE : Coirtfe-
maître dirigeant la fabrication
d'une brasserie. (Vinçard.)
CHELINGUER : Puer.
Chelinguer des arpions ou de
l'orteil : Sentir mauvais des pieds.
Chelinguer du bec : Sentir mau-
vais de la bouche.
CHEMINÉE : « Il est de bon ton
de porter un chapeau de soie,
vulgo cheminée. » {La Lune, 67.)
— Cheminée doit être pris ici
dans le sens de tuyau de poêle.
CHEMISES (compter ses) :
Vomir. — Allusion à la posture
penchée de l'homme qui vomit.
CHEMISE (être dans la) : Ne pas
quitter, être au mieux.
CHEMISE DE CONSEILLER :
Linge volé. (Colombey.)
GHENATRE : Très-bon.
(Grandval.) — Augmentatif de
chenu.
CHÊNE : Homme bon à voler,
riche, abréviation de che m. —
« Qu'as-tu donc morfillé? — J'ai
fait suer un chêne, son auber
j'ai enganté et ses attaches de ce. »
(Vidocq.)
CHENIQUE, CHNIC : Eau-de-
vie. — Diminutif de c/ze«« : bon.
— « Le perruquier de régiment
rase sans rétribution, mais en
avant le chnic. » (Bataille, 43.)
CHENIQUEUR : Buvtur de
chenique.
CHENOC : Mauvais, avarié, et
par extension « vieil infirn e.» —
C'est l'antithèse de cAenw. — (Vous
êtes un vieux birbe... Comment?
un birbe... Oui! vous êtes un
vieux ch'noc. » (^Dernier jour d'un
condamné.)
CHENU : Excellent. — Dès
1718, le Dictionnaire comique de
Leroux dit dans ce sens : Voilà
du vin chenu. Selon (08), chenu,
signifiant au Y'^o'pTQ blanc d : vieil-
lesse, est appliqué au vin ]ue la
vieillesse améliore, et par exten-
sion à toute chose de première
qualité. — « Ce doit être du chenu
et du ficelé. » {Phys. du mMelot,
4.3.) — « Il met sur son nez une
chenue paire de lunettes. » (La
Bédollière.) — « Goujeon , une
prise de tabac ? — Oui-da . t'nez
en v'ià qu'est ben chenu. » (Vadé,
1755.) — « As -tu fréquenté les
marchandes de modes .'' cest là
du chenu! » (P. Lacroix, 32.)
Chenu sorgue : Bonsc ir. —
c( Chenu sorgue, roupille sans
taffe. » (Vidocq.)
Chenu reluit : Bonjour. Voir
Fourgat,
CHE
- 99 -
CHE
CHENUMENT : Très-bien. -
« Une ville a beau feindre de se
défendre ch'nument. » (Vadé,
1755.) V. Artie.
CHER : Rude, élevé'. (Colom-
bey.) — La cherté est prise ici au
figuré.
CHÉRANCE : Ivresse. (Idem.)
CHEVAL : Homme brutal,
grossier.
Je voudrais être un grand cheval,
Un ours, pour laisser une fille.
A la merci de son cheval.
(Boufflers, o5.)
CHEVAL DE RETOUR :
Condamnéconduit au bagne pour
la seconde fois. (Rabasse.) — aC'est
un cheval de retour, vois comme
il tire la droite. » (Balzac.)
CHEVALIER DE L'AUNE :
Commis en nouveautés. — /«Il
n'y a que ces chevaliers de l'aune
pour aimer la boue au bas d'une
robe. » (Balzac.)
Chevalier du crochet : Chiffon-
nier.
Chevalier du lustre : Claqueur.
Chevalier du printemps : Niais
portant un œillet rouge à la bou-
tonnière pour singer une déco-
ration. Mot à mot : chevalier de
V ordre du printemps.
Chevalier grimpant : V. Bon-
)our (voleur au.)
CHEVAU-LÉGER : Député de
l'extrême droite. Ainsi nommé
du lieu de réunion particulier à
Versailles. — « Le groupe mo-
narchique jetant les chevaux-lé-
gers par dessus bord, reprend sa
place de combat. » (Saint-Genest,
75.)
CHEVAUX A DOUBLE SE-
MELLE : Jambes. — « Tiens, ap-
prête tes chevaux à double se-
melle, prends ce paquet et valse
jusqu'aux Invalides. » (Balzac.)
CHEVELU : Romantique. —
Les longs cheveux étaient de mode
dans l'école romantique de 3o. —
(c II peuplait mon salon de jeunes
célébrités de l'école chevelue. »
(L. Reybaud.) — « L'art chevelu
a fait une révolution pour abolir
les tirades de l'art bien peigné. »
(Idem). — « On connaît peu le
restaurateur Dinochau. C'est un
homme que le commerce des lit-
térateurs chevelus a rendu spi-
rituel. » (Marx, 65.)
CHEVEU : Inquiétude, souci
aussi tourmentant qu'un cheveu
dans le gosier. — « Veux-tu que
je te dise, t'as un cheveu. — Eh
bien! oui, j'ai un cheveu. »
(Monselet.)
CHEVEUX (il a de beaux) : Il
a mauvaise mine. Se dit de n'im-
porte quoi et de n'importe qui.
CHEVEUX (Avoir mal aux) :
Avoir la tête lourde un lende-
main d'ivresse.
CHEVILLES : Pommes de
terre frites. (Rabasse.) Allusion
de forme, ou jeu de mots. (Elles
bouchent un trou à l'estomsc.)
CHEVISTE : Partisan de la
réforme musicale de Chevé. —
« Avant trois mois, les chevistes
seront sur les dents. » (S. Lou-
dier, 72.)
CHÈVRE : (Gober ou prendre
sa) : Mettre en colère. — La chè-i
vre est peu endurante de sa na-
ture. — Mot ancien. « Prenez
que la raison lui eût mis de l'eau
CHI
— 100 —
CHI
dans son vin ou que son amitié
d'autrefois fût fâchée d'avoir pris
la chèvre. » (Vadé, 1744.)
CHEVRON : Récidive. (Vi-
docq.)
CHEVRONNÉ : Récidiviste.—
Allusion aux chevrons qui mar-
quent l'ancienneté du service mi-
litaire.
.CHIC : Mot d'acceptions fort
diverses et fort répandues dans
toutes les classes. C'est le vieux
mot de langue romane chic (fi-
nesse, subtilité), qui a fait notre
mot chicane. — « J'espère avec le
temps que j'entendrai le chic, »
dit du Lorens, un poète satirique
du XVI" siècle qui était en même
temps magistrat. Dans la Hen-
riade travestie, Fougeret de Mon-
bron écrit plus tard :
La Discorde qui sait le chic
En fait faire un décret public.
Le chic était donc jadis la scien-
ce du fin. Il s'emploie aujour-
d'hui dans les cinq acceptions sui-
vantes :
Chic : Distinction. — Le mot
serait ancien dans ce sens. A pro-
pos de Reine Audu, la reine des
halles, une des héroïnes de nos
fastes révolutionnaires, le père
Duchesne dit : « Quel chic la li-
berté donne aux femmes! » (In-
termédiaire du 10 octobre 65.) —
« Le port des ordres veut de l'élé-
gance sans afféterie, de la tenue
sans pose et vine aisance qui ne
soit pas du sans-gêne; enfin ce
qu'on appelait la race au siècle der
nier; le bon ton il y a cinquante ans;
c'était moins et c'était plus que le
chic d'aujourd'hui. » ( Vie paris. ,
66.) — « Petite friponne ! auraient
dit nos grands-pères... Elle a du
chic, ou mieux encore elle a du
chien, ou elle a du zing, s'ccrient
les gentlemen, leurs petits-fils. »
(E. Villars, 66.)
Chic : Élégance de toilette ou
d'ameublement. — « Vous serez
ficelé dans le chic. » (Montépin.)
—- « L'officier qui a du chic est
celui qui serre son ceinturon
de manière à ressembler à une
gourde.» (Noriac.) — « La nbert
fut enchanté de son gîte. C est le
dernier mot du vrai chic, dit-il. »
(About.) — A l'école de St-Gyr,
sous le premier empire, chic était
déjà synonyme d'élégance mili-
taire. V. Tic.
Etre au chic : Être bien vêtu.
(Rabasse.)
Chic : Cachet artistique, origi-
nalité. — « Il lui révéla le sens
intime de l'argot en usage cette
semaine-là, il lui dit ce que c'é-
tait que chic, galbe, etc. » (Th.
Gautier, 38.) — a Une première
série du Carnaval de Gavarai est
loin d'avoir le chic étourdissant
de la seconde. » (E. de Mirecourt.)
Chic : Facilité banale, n'ayant
rien de sérieusement étudié. —
C'est le contraire de la significa-
tion précédente. Il y a eu sans
doute réaction contre l'abus in-
considéré du mot. De là cette di-
vergence ironique. — « C'étaient
là de fameux peintres. Goînme
ils soignaient la ligne et les con-
tours! comme ils calculaient les
proportions! ils ne faisaient rien
de c/î/c ou d'après le mannequin.»
(La Bédollière.) — « Un paysage
d'une délicieuse naïveté. Il 1 'y a
là dedans ni chic ni ficelles. »
(Alph. Karr.)
Le mot chic pris dans ce Jer-
CHI
—• (01 —
CHI
nier sens, a fini par s'appliquer à
la littérature, à l'art oratoire. —
« Parleur de chic, comme disent
les artistes, il fait de l'amplifica-
tion. » (P. Véron.)
Chic : Mauvais genre, genre
trop accusé. — « Ce chic que le
tripot colle à l'épiderme des gens
et qui résiste à toute lessive com-
me le masque des ramoneurs. »
(P. Féval.)
CHIC, CHIQUE : Distingué,
opulent, qui a du chic. -«:• « Ça un
homme chic! C'est pas vrai, c'est
un calicot. » {Les Cocottes, 64.)
— « C'est chique et bon genre. »
(Ricard.) — a Ah ! voilà ma femme
chic ! Madame, j'ai l'honneur d'ê-
tre. » (De Concourt.) — « Ceux
qui dansent ce sont des gueux.
Les gens chic font cercle autour
d'eux. » (Blavet.)
CHICAN : Marteau. (Halbert.)
CHICANDARD : V. Chicard,
Chicarder.
CHICANDER : Danser le pas
chicard. — « Chicard est français
de cœur, sinon de grammaire,
bien qu'il ne soit pas encore du
Dictionnaire de l'Académie
L'homme de génie qui s'est fait
appeler Chicard a modifié com-
plètement la chorégraphie fran-
çaise... Chicard existe, c'est un
primitif, c'est une racine, c'est
un règne. Chicard a créé chican-
dard, chicarder, chicandarder;
l'étymologie est complète. » (Ta-
xile Delord.) V. Chicarder.
CHICANE (grinchirà la),
CHERCHER CHICANE : Pren-
dre la bourse ou la montre d'une
personne en lui tournant le dos.
Ce genre de vol exige une grande
dextérité. (Vidocq.)
CHICARD : Personnage de
carnaval (à la mode de i83o à 5o).
Son costume, bizarre assemblage
d'objets hétéroclites, se compo-
sait le plus souvent d'un casque
à plumet colossal, d'une blouse
de flanelle et de bottes fortes. Ses
bras à moitié nus s'enfonçaient
dans des gants de grosse cavale-
rie. Le premier qui mit ce cos-
tume à la mode était un marchand
de cuirs; son chic le fit nommer
Chicard. Il inventa un pas nou-
veau, àitpas chicard. — « Et puis
après est venu Chicard, espèce de
Masaniello qui a détrôné l'aristo-
cratie pailletée des marquis, des
sultans et a montré le premier
un manteau royal en haillons. »
(M. Alhoy.) — « La sage partie du
peuple français a su bon gré à
maître Chicard d'avoir institué
son règne de mardi -gras. » (J.
Janin.)
CHICARD, CHICANDARD,
CHICOCANDARD, CHIGAN-
CARDO : Très-chic, remarqua-
ble. — « On y boit du vin qu'est
chicandard, chicancardo. » (Va-
cherot. Chanson, 5i,) — « Une
dame très -belle, très -coquette,
très élégante, en un mot très-
chicandarde. » (Éd. Lemoine.) —
« Un auteur plus chicocandard.»
(Th. Gautier.) — « Un déjeuner
chicocandard. » (Labiche.) V.
Chocnoso.
CHICARD (pas) : Manière de
danser imitant celle de M. Chi-
card. Le pas chicard s'est conservé
jusqu'à nous sous le nom de chi~
Corée. — « Mais qu'aperçois-je au
bal du Vieux-Chêne ? Paméla dan-
sant le pas chicard. » (Chauvelot
aîné.^
6.
CHI
— I02 —
CHI
CHICARDER : Danser le pas
chicard. — a Quand un bal de
grisettes est annoncé, le vaurien
va chicarder avec les couturières.»
(Deriège.) — « Le nom de Chi-
card est devenu célèbre... Enfin
on a fait un adjectif de ce nom-
là et même on en a fait un verbe :
Homme chiquart , habit-chiquart,
chiquarderj chiquander, » (Jules
Janin.)
CHICARDOT: Poli. (Halbert.)
CHICMANN : Tailleur. (Aima-
nach des Débiteurs^ 5i.) — Allu-
sion aux noms germaniques qui
abondent chez les tailleurs.
CHICORÉE (fort de) : V. Café.
CHIEN : Chien. — Compagnon.
«Tu passeras renard ou aspirant,
après ça tu deviendras chien ou
compagnon. » (Biéville.)
CHIEN : Tracassier. — « Le
chef est chien ou bon enfant. Le
chien est dur, exigeant, tracas-
sier méticuleux. » (Balzac.)
CHIEN : Avare. —Horace (1. II,
sat. 2) emploie le mot canis pour
signifier avare.
CHIEN : Flamme artistique,
feu sacré. — Abréviation de sacré
chien (eau-de-vie, pris dans une
acception figurée.) — «X... disait
de M"« Honorinequ'elle a du chien
dans la voix. — Du chien, fit Z...,
c'est trop peu dire... C'est une
meute! ! ! » (Marcx.) — « Le style
avait du flou, l'alinéa du chien. »
(Michu.)
CHIEN : Eau-de-vie. V. sacré
chien.
CHIEN : Originalité, cachet.
Qu'a donc, disait Chose à Machin,
Ce laideron qui passe et repasse?
Pu chien...
C'est donc pour cela qu'elle c îiasst
Si bien... (E. Viliars.)
« Quel chien! Tourne-moi un
peu. Et il sitïlottait : c'est un Ru-
bens. » (Vie parisienne , 66.) —
Elle a réellement du chien, cette
femme -là. » (Droz.) V. Sacré
chien.
CHIEN (de) : Excessif.— On dit :
une faim de chien, un mal de chien,
une soif de chien.
CHIEN (n'être pas) : Être bon,
de qualité supérieure. — « Voilà
du pomard qui n'est pas jhien. Il
y en a six bouteilles. Je ne verse
qu'une tournée. Nous boirons le
reste à l'ofiSce. » (Bertall.)
N^être pas chien en affaires :
Aller grandement, sans chicane.
CHIEN, CHIENCHIEN : Mot
d'amitié. Le chien symbolise la
fidélité. — « Mon petit chien !
C'est aujourd'hui la manière de
commencer une lettre d'amour
dans tous les mondes. (P. iris Ca-
price, 75.)
CHIEN DE RÉGIMENT : Ca-
poral ou brigadier. — Sa nission
est un peu celle du cLien de
berger.
CHIEN DU COMMISSAIRE :
Secrétaire de commissaire de po-
lice. — « Une table couverte d'un
vieux tapis vert où écrivait le chien
du commissaire.» (Alph. Daudet.)
CHIEN DE COUR, CHIEN DE
COLLÈGE : Maître d'études. —
« Il y a un sous-principal que les
écoliers appellent chien da cour^
parce que, semblable aux chiens
de bergers, son emploi est de
contenir la gent scolastiqae dans
une grande cour, jusqu'au mo-
CHI
~ io3 —
CHI
ment de l'ouverture des classes. »
(Mercier, 1783.)
CHIEN DE faïence (en)
Aussi raide et immobile que ces
chiens de faïence employés jadis
pour la décoration des édifices.
— « Je fus ébloui et je restai
CDmme un chien de faïence à la
contempler. » (Villemessant.)
CHIEN NOYÉ : Morceau de
sucre trempé dans du café noir.
— Plus petit et moins trempé,
c^est un canard.
CHIEN DANS LE VENTRE
(avoir du) : Être de force à tout
supporter.
CHIEN (piquer un) : Dormir
pendant la journée. Allusion à
la facilité avec laquelle le chien
s'endort dès qu'il est au repos.
On trouve dans Rabelais un
exemple de dormir en chien.
Sur l'étude passons. Il n'est qu'un seul
moyen.
De la bien employer, c'est de piquer
son chien.
{Souvenirs de Saint-Cyr.)
CHIENDENT (voilà le) : Là est
la difficulté. — On sait qu'il est
difficile d'arracher le chiendent,
dont les racines longues et noueu-
ses sont fort entrelacées. Usité
en 1808. •— « Et c'est là le chien-
dent. » (Désaugiers.)
CHIENLIT (gueuler à la) : Ap
peler au secours, à la garde. « La
porte s'ouvre, une femme paraît
et elle gueule à la chienlit, j»
(Beauvillier.)
CHIENNERIE : Avarice, la-
drerie.
CHIENNERIE : Luxure, pas-
sion bestiale. On dit dans le mê-
me sens vacherie. — « Oh! la
belle chiennerie ! Il ravale toutes
les femmes au niveau des pros-
tituées. » (Mismer.)
CHIER DANS LA MALLE :
Faire affront à quelqu'un. Mot
à mot : chier dans sa poche. Au-
trefois malle signifiait poche.
Car aussi bien le monde a chié dans
ma malle.
(Dulorens, Satires, 1646.)
CHIER DU POIVRE : S'en
aller au moment où Ton a be-
soin de services.
CHIFFARDE : Assignation.
(Halbert.) Mot à mot : vieille
chitFe, vieux chiffon.
CHIFFARDE : Pipe. (Vidocq.)
CHIFFE : Commerce des chif-
fonniers. — « Aussi y a-t-il une
espèce d'aristocratie dans la chij-
fe, ils comptent leur noblesse
par génération ; il y a des chif-
fonniers de naissance et des par-
venus. » (Pr. d'Anglemont.)
CHIFFERTON : Chiffonnier.
(Vidocq.) Changement de finale.
CHIFFON : Mouchoir. (Id.)
CHIFFON ROUGE : Langue.
(Halbert.) — Allusion de couleur
et souplesse. V. Balancer,
CHIFFONNIER : Voleur de
mouchoirs. V. Pègre.
CHIFFORNION : Foulard.
Dimin. de Chiffon.
CHIGNER : Pleurer. — a Ça
lui fera du bien de chigner. »
; Balzac.) Abréviation de rechi-
gner.
CHIMIQUE : Allumette chi-
CHI
— 104 —
CHI
I
mique. — Abréviation. — « Ou-
vre la blague, prends une chimi-
que, allume ta pipe, yy {La Maison
du Lapin-Blanc, typ. Appert.)
CHINER : Aller en quête de
bons marchés. — « Remonenq
allait chitter dans la banlieue de
Paris. » (Balzac.)
CHINAGE (vol au) : Il con-
siste à vendre du doublé pour de
l'or et à escroquer sur des échan-
ges de bijoux.
CHINEUR : voleur au chi-
nage. — « Ce sont généralement
des méridionaux appelés chi-
neurs ou charieurs qui exercent
ce genre de vol. » (Rabasse.)
CHINEUR : « Les roulants ou
chineurs sont des marchands
d'habits ambulants qui, après
leur ronde, viennent dégorger
leur marchandise portative dans
le grand réservoir du Temple. »
(Mornand.) — «Les chineurs sont
ceux qui viennent à domicile of-
frir des étoffes à bas prix. » (Du
Camp.)
CHINOIS : Cafetier. (Alma-
nach des Débiteurs, 5 1 .)
CHINOIS : Mot d'amitié. —
« En mourant à Sainte-Hélène
Napoléon disait en parlant de ses
serviteurs : « Mes pauvres Chi-
« nois ! je ne les oublierai pas. «
(D' Antommarchi, Mémoires.)
CHINOIS : Homme singulier,
bizarre d'aspect ou de caractère.
— Allusion aux Chinois de para-
vent et à leur aspect étrange. —
« Parmi les badauds attirés à
Paris pour le sacre de Napoléon I",
on distinguait les présidents de
cantons, bonnes gens pour la plu-
part, avec un air d'importance
qui amusait les Parisiens: on les
appelait des Chinois, ei leur
qualité de présidents de cantons.
Celte mauvaise plaisanterie eut
du succès. » (Lamothe-Langon,
Souveyiirs d'une femme de qua-
lité, 3o.) — « Chinois, amène les
liquides. » (Balzac, Père Goriot.)
— « V là mon Chinois qui se
fâche. » (Monsclet.)
CHIPER : Dérober de petites
choses. —Forme de choper. pren-
dre. — « En chipant les sc} t cent
cinquante mille francs. » (B ilzac.)
CHIPETTE. V. Être (en).
CHIPEUR, CHIPEUSE :
Homme ou femme qui chiyie. —
« Chipeur comme un gamin de
Paris. » (Balzac.)
CHIPIE : Femme revêche, que-
relleuse.
CHIQUANDART, GHI-
QUART, V. Chicandard, chi-
card, chicarder.
CHIQUE : Supérieur, distin-
gué. V. Chic.
CHIQUE : Église (Vidocq.) V.
Momir, Rebâtir.
CHIQUE (couper la) : Dtrou-
ter. — «De la réjouissance conme
ça! le peuple s'en passera. C'est
c' qui coupe la chique aux bou-
chers. » (Gaucher.)
Couper la chique à quinze pas :
Se faire sentir de loin.
Poser sa chique : Mourir. — A
l'usage de ceux qui ont chiqué
du tabac toute leur vie.
Poser sa chique et faire le
mort: Rester muet et immobile.
— Acception figurée du terme
précédent.
CHO —
CHIQUÉ : Ayant bonne tour-
nure. — « Dis donc, Troutrou,
nous ne sommes pas trop bien
ficele's. — Zut ! y en a de moins
chiqués. « (Ladimir, 41.) — « Je
leur en ferai des discours, et des
chiqués. » (Chenu.) ,
CHIQUEMENT : Avec chic.
CHIQUER : Faire avec chic,
supérieurement.
Auprès d'elle Eugénie
Nu-bras,
Nous chique avec génie,
Son pas.
{1846, P. d'Anglemont).
CHIQUER : Manger. — Vieux
mot. — « Je me dispose à chiquer
les vivres. » (B. Carême, 29.) —
« Ne pourrions-nous pas chiquer
un légume quelconque? mon
estomac abhorre le vide. » (Bal-
zac.)
CHIQUER : Dépenser. — « Il
m'a fallu tout mettre en plan.
J'ons chiqué jusqu'aux recon-
naissances. » {Dialogue entre
Su{on et Eustache, 36.)
CHIQUER (se) : Se battre.
(Grandval.) Mot à mot ; s'avaler.
Même racine que la précédente.
CHIQUEUR : Glouton — « On
dit d'un homme qui mange beau-
coup que c'est un bon chiqueur.»
(Dhautel. 08.)
CHIQUEUR : Artiste dessinant
de chic, sans étudier la nature.
CHNIG : Eau-de-vie. V. Che-
nique.
CHOCNOSO, CHOCNOSOF,
CHOCNOSOPHE, CHt)CNOSO-
GUE, KOXNOFF : Brillant, re-
marquable. — « Dans cette situa-
io5 -
CHO
tion, comment dire?... — Choc-
noso... » (Balzac.) — Dans Pierre
Grassou, Balzac écrit Chocnosoff.
— « Je m'en vais chez le restau-
rateur commander un dîner kox-
noft. » (Champfleury.) — « C'est
koksnoff, chocnosogue, chicardo,
snoboye. » (Bourget, Chansons.)
— a Sa plume était chocnosophe,
et ses goûts ceux d'un pacha. »
(Commerson.) — « Ce jeune pro-
vincial dont vous riez aujour-
d'hui aura une tenue moderne,
chicarde, chocnosogue. » (L.
Huart.)
CHOLETTE : Demi-litre. —
Double-cholette : litre. (Vidocq.)
CHOPER : Voler. (Vidocq.) —
Du vieux mot choper : toucher
quelque chose pour le faire tom-
ber. Pierre d'achoppement est
resté dans la langue régulière.
CHOPER : Prendre. — Se
laisser choper. Se faire arrêter.
CHOPIN : Vol. (Grandval.) De
choper. — « Quand un voleur
fait de la dépense, c'est qu'il a
fait un Chopin. » (Canler.)
CHOSE, MACHIN : On ap-
pelle ainsi celui dont on ne se
rappelle pas le nom. (Dhautel.)
— « Chose est malade... Qui ça,
Chose? » (H. Monnier.) — « Fi-
gurez-vous que le petit Chose
écrivait un journal. » (Balzac.) —
La coutume est ancienne. Talle-
ment des Réaux conte que « M. le
Mage, conseiller à la Cour des
aides, dit toujours Chose au lieu
du nom. »
CHOSE (monsieur) : Le che-
misier, dans l'argot des débiteurs.
[Almanach des Débiteurs, 5i.)
CHOSE : Dignité. — « Tu me
CHO
— io6
CHO
feras peut-être accroire que tu
n'as rien eu avec Henriette? Vois-
tu, Fortuné, si tu avais la moin-
dre chose, tu ne ferais pas ce que
tu fais... » (Gavarni.)
CHOSE : Indignité. — « C'est
ce gueusard d'Italien qui a eu la
chose de tenir des propos sur
Jacques. » (Ricard.)
CHOSE : Embarrassé, con-
tristé. — Du vieux mot choser ;
gronder. — a Ma sainte te res-
semble, n'est-ce paSjNini?... Plus
souvent que j'ai un air chose
comme ça ! » (Gavarni.) - « Ce
pauvre Alfred a sa crampe au
pylore, ça le rend tout chose. »
(E. Sue.)* — « Mam'selle, v' là qu'
vous m' rendez tout chose, je
vois bien que vous êtes un esprit
fort. . (Rétif, 1783.) — « M. le
prêtre, qui était tout chose de
cette affaire, se scandalisa. »(Vadé,
I744-)
CHOU : Bête. On dit : bête
comme chou.
CHOU (mon), MON CHOU-
CHOU : Mot d'amitié. — « On
dit : mon chou, comme on di-
rait : mon ange. » (E. Carré.) Se
dit surtout aux enfants, par allu-
sion au chou sous lequel on pré-
tend les avoir trouvés, quand on
ne sait que répondre à certaines
de leurs demandes.
CHOU COLOSSAL : Entre-
prise destinée à tromper le public
par des promesses ridiculement
alléchantes, a 11 y a deux ou trois
ans, on vit à la quatrième page
de tous les journaux un éloge
pompeux d'un [nouveau chou...
Ce chou était le chou colossal de
la Nouvelle-Zélande, servant à la
fois à la nourriture des hommes
et des bestiaux et donnant un
ombrage agréable pendant l'été.
C'était un peu moins gr? ad qu'un
chêne, mais un peu plus grand
qu'un prunier. On vendait cha-
que graine un franc... On en ache-
tait de tous les coins de la France.
— Au bout de quelques mois, les
graines du chou colossal avaient
produit deux ou trois variétés de
choux connues etdédaifjnées de-
puis longtemps. La justice s'eîx
mêla. » (A. Karr, 41.)
CHOUAN : Légitimiste. — Al-
lusion aux insurgés de :10s pro-
vinces de l'Ouest. C'était une
guerre de bois et de hai-s qui fit
donner à ses acteurs le nom de
Chouans, employé pour chats-
huants dès le moyen âge.
CHOUCHOUTER : Choyer
tendrement. — a Tu seras chou-
chouté comme un chouchou,
comme un dieu. » (Balzac.) V.
Chou.
CHOUCROUTE (tête ou man-
geur de) : Allemand.
CHOUETTE, CHOUE TTARD,
CHOUETTAUD : Bon, beau. —
« Not' homme m'attend i la bar-
rière pour faire une nocc un peu
chouette. » (M. Perrin.) — « C'est
chouette, ça. » (J. Arago, 3o.) —
a Elle est bonne, votre eau-de-
vie. Oui, elle est chouette. »
(H. Monnier.) — a Ah ! vous avez
là une chouette femme. » (Ga-
varni.)
Voici peut-être un des p rcmiers
exemples du mot. Il rous en
donne en même temps l'expli-
cation : « Ma femme sera coincte
et jolye comme une bell^ petite
CHU — 107 —
chouette. » (Rabelais.) V. Biblot,
Danse, Toc, Casquette.
CHOUETTE : amitié. « La
Fouine, Escarpe et Crèvecœur te
refilent leurs bécots de chouette.»
(Rabasse.)
CHOUETTE (être) : Être pris.
CHOUETTEMENT : Parfaite-
ment.
Suis-je près d'un objet charmant.
Pour l'allumer chouettement,
Mon cœur est comme une fournaise.
(Festeau.)
CHOUFFLIQUER : Saveter
l'ouvrage. ■— Germanisme.
CHOUFFLIQUEUR : Mauvais
ouvrier. (Delvau.)
CHOURIN : Couteau.
CHOURINER : Donner des
coups de couteau. — Formé des
mots surin et suriner, usités dans
le même sens.
CHOURINEUR : Tueur de
chevaux (Halbert.) — Le type du
Chourineur créé par E. Sue dans
les Mystères de Paris est resté
célèbre.
CHRÉTIEN : Étendu d'eau. —
Allusion à l'eau du baptême
chrétien. — « Une douzaine de
drôlesses déguisées en laitières
vendent du lait trois fois chré-
tien. » (Privât d'Anglemont.)
CHTIBBES : Bottes. (Delvau.)
CHUTER : Faire une chute.
— Pris au figuré. — « Si elle est
bonne enfant , je la soutiendrai
à son début au Gymnase... Ah !
je puis faire chuter qui je veux.»
(Balzac.)
CIP
CI-DEVANT : Aristocrate dans
la langue révolutionnaire. Mot
à mot : ci-devant comte, duc ou
baron. — Date de la suppression
des titres de noblesse.
CI-DEVANT : Homme âgé.
Mot à mot : ci-devant jeune. —
« Le ci-devant de province n'a-
bandonne jamais son rifflard. »
{Phys. du parapluie, 4 1 .)
CIERGE : Sergent de ville. —
« On me conduisit entre deux
cierges (non, pardon ! je veux dire
sergents de ville). » (Journ. man.
pris. Mazas.)
CIERGE : « Pour un cierge
qu'on lui mettrait dans la main,
elle se battrait avec le diable. —
Un cierge, c'est une pièce de cent
sous. » (P. de Granpré, 1169.)
CIGALE : Pièce d'or. (Vidocq.)
Allusion au cri métallique de
l'msecte.
CIGOGNE : Préfecture de po-
lice, tribunal, palais de justice.
— « Railles, griviers et cognes
nous ont pour la cigogne en par-
tie tous paumés. » (Vidocq.)
CIGOGNE : Palais de justice.
(Moreau C.)
CIGUË : Pièce de vingt francs.
(Rabasse.) Abrév. de cigale.
CINQUIÈME : Mesure de li-
quide, cinquième de litre. ~ « Et
quand, par hasard, il boit un cin-
quième sur le comptoir. » (Léo
Lespès.)
CINTRER : Tenir. (Colom-
bey.)
CIPAL : Soldat de la garde
municipale. — Abréviation. —
« Les danses ont été légèrement
échevelées, mais,
CLA
Le cipal n'a rien à dire
Aux entrechats de la vertu. ■
— 108 —
CLE
, (Naquet.)
CIRE (voleur à la) : « Dans les
cabinets de restaurant où l'ar-
genterie n'a pas fait place au
ruolz, il la plaque avec de la cire
sous la table sur laquelle il man-
ge. On crie au voleur; il de-
mande à être fouillé et sort après
avoir reçu les excuses du patron.
Un compère vient ensuite se pla-
cer à la même table et décolle les
objets. » (Rabasse.)
CITRON : Note aigre. — «Trois
citrons à la clef. » (Nadar.)
CLAIR : Œil. — Allusion à
l'éclat du regard. — « Allumez
vos clairs et remouchez. » (Bal-
zac.)
CLAQUE : Réunion de cla-
queurs, de compères. — Oublié
par le Dictionnaire de l'Acadé-
mie, qui admet cependant Cla-
quer et Claqueur.
CLAQUEDENT : Maison de
tolérance. (Rabasse.) — Allusion
aux maladies qu'on y gagne. Al-
ler au pays de Suède et au royau-
me de Claquedent, c'était autre-
fois passer par les remèdes anti-
vénériens.
CLAQUES (figure à) : Figure
qu'on souffletterait volontiers. —
« Oui, ces figures à claques, nous
les caresserons. » (Cogniard.)
CLAQUER : xMourir. — « Mal-
heur du diable ! mon pauvre ad-
judant s'est laissé claquer.» (No-
riac.)
CLAQUER : Manger. — Allu-
sion au claquement des mâchoi-
CLAQUER : Dissiper. C'est
manger pris au figuré. « Quand
on s'est permis cette gourman-
dise, plus rien à claquer. » {Com-
mentaires de Loriot.)
CLARINETTE : Fusil d'infan-
terie. Du moment qu'on appelait
le fantassin troubadour, (V. Trou-
bade), on devait appeler son ins-
trument clarinette. Les deux ter-
mes s'expliquent l'un l'autre. —
« Quant au fantassin , il est
obligé de porter un fusil de qua-
torze livres, aimable clarinette
de cinq pieds. » (Vidal, 33.) —
« Tout à l'heure les feux de deux
rangs déchireront la toile, et nous
verrons si vos clarinettes ont de
la voix. » (Richard.) V. Agrafer,
Toile.
CLAVIN
Vieux mot.
Clou. (Halbert.)
CLAVIN, CLAVrKE, CLAVI-
NEUR, CLAVINIER : Raisin,
vigne , vendangeur , viiznoble.
(Halbert.) Formes transposées de
Calvin et Calvigne. V. ces mots.
CLÉ (à la), CLEF (à la) : For-
mule ironiquement confinnative
qui s'emploie à propos de tout,
pour caractériser l'emploi domi-
nant de telle ou telle chose. Ac-
ception figurée de clé; marque
réglant l'intonation dénotes mu-
sicales. — « C'est bien cette
grande queue de vache mal pei-
gnée. Trop de chignon à la clé. »
(Villars.) — « Sa ville natale lui
élève une statue; c'est fort natu-
rel. Je trouve même qu'elle au-
rait pu le traiter avec pi as de
respect, et linaugurer tout seul,
sans agriculture ni archéologie à
la clef. » [Éclair, 72.)
CLO - 1
CLICHÉ : Banal, connu. —
Synonyme de Stéréotypé, et em
prunté comme lui à la typogra-
phie. — « Tel est le discours cli-
clé que le vénérable baron a en
réserve pour toutes les circons-
tances. » (Figaro.)
On dit : c'est cliché, pour c'est
immuable, c'est connu. — Cliché
se prend souvent comme sub-
stantif. V. Guitare.
Bientôt de la prison pour dettes
On sera, dit-on, affranchi.
Gare aux histoires toutes faites!
Ah ! que de clichés sur Clichy.
(Al. Flan, 67.).
GLIQUOT : Vin de Champa-
gne portant la marque de feue
madame Cliquet.
Elle boit beaucoup de cliquot
Et bat volontiers la campagne.
(E. Villars.)
CLODOCHE : danseur de bal
habile dans l'art de se désarti-
culer. Nom d'un ancien émule de
Brididi à la mode dans les bals
de Paris vers 1S44. — a Les do-
mestiques assurent avoir vu, au
milieu d'une douzaine d'indivi-
dus, un clodoche exécuter un ca-
valier seul dans le costume le
plus primitif. » (A. d'Aunay, jS.)
CLOPORTE : Portier. — Ca-
lembour : clôt-porte. — « Jecon
nais le truc pour apprivoiser les
cloportes les plus farouches. «
(Montépin.) — t Qu'a dit le vil
cloporte?... Le cloporte a dit :
C'est huit sous. » (Champfleury.
CLOU : Prison. On ne peui
pas en bouger plus que si l'on }
était cloué. — « Je vous colle au
09 - CGC
clou pour vingt-quatre heures. »
(Noriac.) — « Comme de juste, on
ne vient pas se mettre au clou
soi-même. » (E. Sue.)
CLOU : Mont-de-Piété. Mot à
mot : prison d'objets engagés. —
c( Il avait mis le linge en gage;
on ne disait pas encore mettre
au clou. » (Luchet.)
CLOU (mettre au) : Vendre un
objet, mettre au mont-de-piété.
{Almanach des Débiteurs, 3i.)
CLOU DE GIROFLE : Dent ca-
riée,dent brune et amincie comme
un clou de girofle. — « Madame
Cramoisi demanda à Santeuil
combien ils étaient de moines à
Saint-Victor. — Autant que vous
avez de clous de girofle dans la
bouche, dit Santeuil, voulant
parler de ses dents noires et
gâtées. » [Santoliana, 1764.)
CLOUER : Mettre en gage. --
De clou, d'où dérivent aussi ac-
crocher, clouer, déclouer et sur-
clouer. (Engager, dégager et re-
nouveler au Mont-de-Piété.) —
« Jeune insensé, oublies-tu que
nous avons passé le 20 du mois,
et qu'à cette époque les habits de
ces messieurs sont cloués et 5Mr-
cloués? » (Murger.)
COCANGE : Coquille de noix.
— Le jeu de cocange ou de robi^
gnolle est un jeu tenu par les
fllous qui courent les foires.
COCANTIN : Homme d'affai-
res, intermédiaire entre le débi-
teur et le créancier. [Almanach
des Débiteurs, bi.) ,
COCARDE : Tête. — En pre-
nant la coiffure pour la tête, on
dit taper sur la cocarde, sur le
pompon.
coc
coc
COCARDE (avoir sa) : Être
ivre, avoir le visage teinté comme
une cocarde par un excès de bois-
son. — « J'y voyais en dedans.
Todore ne parlait pas. Robert
nous dit : « Vous avez votre co-
carde. » (Monselet.)
COCA RD 1ER : Homme zélé
jusqu'à l'exagération de ses de-
voirs. Dénomination spéciale à
l'armée. Le cocardier croit tou-
jours avoir l'honneur de sa co-
carde à soutenir. — « Cette vie de
camp reposée est quelquefois trou-
blée par des généraux nerveux ou
cocardiers. » {Vie parisienne, 65.)
COCASSE : Rusé. (Colombey.)
COCASSERIE : Drôlerie co-
mique.
COCHON : Ladre, avare.
COCHON : Libertin, polisson.
COCHONNERIE : Charcuterie.
— « La viande de porc que lady
Morgan, cette virago britannique,
nomme de la cochonnerie. » (Ri-
card.)
COCHONNERIE : Acte indé-
licat. — « Le seul texte de ma
lettre vous suffira pour répondre
à toutes les cochonneries possi-
bles; je vous constitue donc pour
mon défenseur officieux. » {Lettre
de Beurnonville, ambassadeur de
France en Prusse, à M. Besta,
I" germinal an VIII.) — «Oscar,
s'approchant avec dignité : Mar-
quis, vous me faites là une co-
chonnerie qui ternira à jamais
votre blason. » (Marquet.)
COCHONNKRIE : Salauderie,
aliment dégoûtant, préparé par
des gens malpropres comme des
cochons. — a Vous ne mangerez
pas de ça, c'est de la cochonnerie.
(Chenu.)
COCKNEY : Badaud. — Angli-
canisme. V. Philistin.
COCO : Cheval. — « Ce ;^rossier
animal qu'on nomme vulgaire-
ment coco. » (Aubryet.) — ce On
entend la sonnerie de la botte,
de la botte à coco, tu sais. » {Vie
parisienne, 66.)
COCO : Œuf de poule.
COCO : Homme digne de peu
de considération. — « Joli coco,
pour vouloir me faire aller. »
(Balzac.) .^
COCO : Nom d'amitié. 1
J' vais te donner un p'tit becquau.
Viens, mon coco.
{Dialogue entre Su\on et Eustache^
chanson, 36.)
Si r grand emp'reur d'vant vous défile
Vous crîrez tous : Eh ! v'ià le coco.
[Les Violettes et les Œillets, chanson,
août i5.)
COCO : Tête. — Allusion à la
forme ovale de la noix de coco.
Mais, de ce franc picton de table,
Qui rend spirituel, aimable,
Sans vous alourdir le coco,
Je m'en fourre à gogo.
(H. Valère.)
COCO (dévisser le) : t'Ztran-
gler.
COCO (se passer par le) : Man-
ger. — Comparaison de l'estomac
humain à celui du cheval. Le re-
frain populaire de la Botte Ji Coco
en a donné l'idée à l'armée et au
peuple.
COCODÈS : Jeune dandy ridi-
cule. — Diminutif de cod) pris
en mauvaise part. — « Ohé! ce
coc
II
COG
cocodcs a-t-îl l'air daim! » (L. de
Neuville.) — « Les cocodès qui ne
sont pas chevaleresques ne pa-
raissent pas montrer beaucoup de
goût pour les fusils à aiguille. »
(Mérimée, 67.) — Une Physio-
logie du Cocodès a paru en 64.
COCODÊTE : Femme d'un
dandysme ridicule. C'est la fe-
melle du cocodès. — « On s'y
moque des cocodès et des coco-
dètes. » (Yriarte, 67.)
COCODETTISME : Dandysme
ridicule. — « Lecocodettisme n'in-
carne pas plus le grand monde
que le journal V Univers la reli-
gion catholique. » (Figaro, 76.)
COCONS : Camarade de pre-
mière année à l'École polytech-
nique. Mot à mot : co -conscrit.
Ton ancien tu tutoîras,
Et ton co-cons pareillement.
(La Bédollière.)
COCOTTE : Jument.— C'est la
femelle de Coco (Cheval). — « Les
Garibaldiens tiraient, lecomman-
dant saluait au niveau des oreil-
les de son cheval. Mieux vaut que
Cocotte l'attrape que lui. » [Vie
parisienne, 67.)
COCOTTE : Mal vénérien. —
On lui a sans doute donné le nom
de celle qui en est souvent la
cause. V. plus bas. — « L'ai -je
eue assez de fois, la cocotte, à
ce point qu'on m'appelait le roi
des cocottiers. » (L. de Neuville.)
COCOTTE : Mal d'yeux. —
Sans doute parce qu'on a les yeux
à la coque, c'est-à-dire couverts
d'une taie blanchâtre.
COCOTTE (ma): Mot d'amitié.
— C'est un synonymedema poule.
V. ce mot.
COCOTTE : Femme galante.
Mot à mot : courant au coq. —
On disait jadis poulette. — L'In-
termédiaire fait remonter cette
expression à Plaute qui appelle les
courûsa.nes gallince , quià (ajoute
Savaron son commentateur) ut
gallince , spargunt et perdunt ont-
nia : parce que comme les poules
elles détruisent et perdent toutes
choses. — « M"e Lacaille disait à
toutes les cocottes du quartier
que j'étais trop faible pour faire
un bon coq.» {Sabbat des Lurons,
ij.) — « Les cocottes peuvent se
définir ainsi : Les bohèmes du
sentiment... Les misérables de la
galanterie... Les prolétaires de
l'amour. » (Les Cocottes, 04.) Co-
cotte s'est dit ensuite pour /o-
rette. V. Machin.
COCOTTERIE : Monde des
cocottes. « Les courses ont fait
de l'argent. J'y ai remarqué la
plupart des bettings'men mêlés à
la fleur de la haute cocotterie pa-
risienne. » (Figaro, 67.)
COENNE DE LARD : Brosse.
(Vidocq.) — Allusion aux soies
qui garnissent la coenne. Voir
Couenne.
CŒUR SUR LE CARREAU
(jeter du) : Vomir. — Ce calem-
bour se trouve déjà dans Le Roux
(17 18). — « La tête me tourne et
j'étends mon cœur sur le car-
reau. » (La Correctionnelle, 40.)
COFFIER : Tuer. (Halbert.)
Abréviation d'Escoffier.
COGNAC : Petit verre d'eau-
de-vie, dite de Cognac. — La
dénomination est généralement
COÎ - 1
fausse et ne trompe personne,
mais on ne l'a conservée qu'avec
plus d'amour.
COGNAC, COGNARD, CO-
GNE : Gendarme. —V. Cigogne,
Raille. — Il est à remarquer que
carruche et canton (prisons) ont
le sens de coins. V. ces mots. Le
cognard serait donc, à propre-
ment parler, celui qui vous jette
dans le coin, mot à mot qui vous
cogne. Notre langue a conservé
rencogner avec ce sens. Cogne
est une abréviation. Cognac est
un jeu de mots.
COGNADE : Gendarmerie.
V. Garçon,
COGNARD, COGNE. — Gen-
darmerie. V. Cognac.
COGNE : Eau-de-vie. Abrévia-
tion de Cognac. — Le Figaro
fait connaître les noms que por-
tent les consommations diverses
dans les cafés du quartier Latin :
Absinthe, Purée de pois; Café
avec cognac. Un grand- deuil;
Sans cognac, Un demi-deuil ; Un
verre de cognac. Un pétrole; Une
fine Champagne, Un cogne; Un
bock, Un cercueil. Quand on veut
du gin, on crie au garçon : « Ge-
neviève! » s'il ne répond pas as-
sez vite, onajoute :« deBrabant!»
COIFFER SAINTE CATHE-
RINE : Rester fille, ne pas se ma-
rier. — Allusion à la coutume qui
permettait aux filles seules d'or-
ner, aux jours de fête, la statue de
sainte Catherine, patronne des
vierges. — « Il y a un préjugé
généralement accrédité contre les
célibataires qui souvent coiftént
sainte Catherine par égoïsme. »
(La Cloche, août 72.)
2 - CÔL
COIN DU FEU : Robe d2
chambre ne dépassant ] as le bas
des reins. « Leurs corpssont enve-
loppés dans de confortab les coins
du feu en molleton. » {Figaro,
75.)
COIRE: Ferme, métairie. (Hal-
bert.)
COL (se pousser du) : Se faire
valoir, passer la main sous le
menton, près du col, en renver-
sant la tête, est un geste présomp-
tueux.
Toi qui te poussais tant "de col,'
Nous t'avons pris Sébastopol.
(Remy, Chanson, i856,)
COL CASSÉ : Dandy ridicule.
— Allusion au col droit cassé aux
angles qui est à la mode en ce
moment. — « Il y a là-bas une
jolie provision de cols cassés es-
cortés de toute une cohorte demi-
mondaine. » (P. Véron.)
COLABRE, COLAS , COLIN :
Cou, col. (Vidocq.) — Diminu-
tifs et jeux de mots.
COLBACK ; Conscrit. ~ Com-
paraison de sa chevelure, q ai n'est
pas encore taillée militairement,
au bonnet à poil, dit colback,
porté autrefois dans une partie
de la cavalerie.
COLLABO : Collaborateur.
Abréviation. «Nous avons l'hon-
neur de dire à vos collabos que
je les aime à en avaler le jus de
ma pipe. » (Commerson, jb.)
COLLAGE : Liaison dif îcile à
rompre.
COLLANT : Donton ne peut se
débarrasser. — « Nous sommes
rabibochés. C'est une feranc col-
lante. » (L. de Neuville.)
COL
- ii3 -
COM
COLLE : Simulacre d'examen,
examen préparatoire à un examen
véritable, il est appelé ainsi parce
qu'on cherche à y/-*oller (embar-
rasser) l'étudiant. — Il n'y a pas à
Paris d'institution sérieuse qui
n'aitsonco//eMr.--«Onesttoujours
tangent à une colle, soit que le
professeur vous interroge à l'am-
phithéâtre, soit que le sort vous
ait désigné pour être examiné sur
les travaux des huit jours précé-
dents. » (La Bédollière.) — « La
veille des épreuves, il leur pous-
sait des colles. » (A. Marx.)
COLLEGE : Prison. (Vidocq )
— Le contact des prévenus en fait
souvent une maison d'éducation
pour le crime.
COLLÉGIEN -.Prisonnier.
(Idem.)
COLLER : Examiner, faire su-
bir une colle.
COLLER : Prendre en défaut
— « Voilà une conclusion qui
vous démonte. — Me prêtes -tu
5oo francs si je te colle .^ »(E. Au-
gier.)
Abréviation de coller sous ban-
de : acculer dans une situation
mauvaise. — Terme de billard.
— « C'est fini, ils sont collés sous
bande. » (Robquin.) V. Bande.
COLLER : Jeter, mettre. — « On
l'a collé au dépôt, envoyé à la
Préfecture de police. » (Monselet.)
V. Clou.
COLLER : Donner.
Pas un zigue, mêm' un gogo.
Qui lui colle un monaco.
(Léonard, Parodie, 63.)
COLLER : Contracter un col-
lage. — « Julia : Qu'est-ce que va
devenir Anatole ? — Amandine :
Le monstre! il est déjà collé avec
Rachel. » (Les Cocottes, 64.)
COLLETIN : Force. (Vidocq.)
GOLLETIN : Collet protecteur
de cuir ou de tapisserie que met-
tent les forts de la halle pour por-
ter leurs fardeaux sans se blesser.
GOLLETINER : Porter des
fardeaux à la halle. V. Colletin.
On abrège en disant coltiner.
GOLLETINER : Arrêter.
(Grandval.) — Diminutif de col-
leter, prendie au collet.
COLLEUR : Répétiteur chargé
d'examiner. « Un colleur à parler
m'engage. » (Souvenirs de Saint-
Cyr.)
COLLIER, COULANT : Gra-
vate. — Mots expressifs dans la
bouche du voleur qui voit dans
la cravate un moyen d'étrangler.
COLONNE (chapeau en) : Voir
Bataille.
COLOQUINTE : Tête de forte
dimension. — Allusion de forme.
— « Je crois que vous avez la co-
loquinte tant soit peu dérangée. »
(L. Desnoyers.)
Donne vite un fauteuil : je perds la co-
loquinte. [Rienii, 26.)
GOLTIGER : Arrêter. — Di-
minutif de Colleter. — « J'ai été
coltigé et trois coquins de railles
sur mesigue ont foncé, ils m'ont
mis la tortouse. » (Vidocq.)
COMBERGEANTE : Confes-
sion. — On y compte (comberge)
ses péchés.
COMBERGKR : compter. (Vi-
docq.)
COM
114 —
COM
COMBERGO : Confessionnal.
(Halbert.)
GOMBLANCE (par) : Par
surcroît, par complaisance. (Ra-
basse.)
GOMBRE, COMBRIAU, GOM-
BRIEU : Chapeau. Dans le patois
de la Flandre française, on dit
cambre, ce qui paraît une forme
du même mot. — Même observa-
tion pour ce mot que pour cabe
et Calvin. Le chapeau est ce qui
ombrage la tête et, par contrac-
tion, ce qu'ombre. — Combrieu
et Combriau sont des diminutifs.
V. Tirant.
GOMBRIE : Pièce d'un franc.
(Halbert.)
GOMBRIER : Chapelier.
GOMBROUSIERS : «C'est ainsi
que les marchands forains nom-
ment les paysans. » (Priv. d'An-
glemont.) — Pour cambrousier.
GOME : Surveillant de bagne.
V. Cap.
COMÉDIE (être à la) : Sans un
centime. (Rabasse.)
GOMFORT : Bien-être, ai-
sance parfaite de la vie matérielle.
Anglicanisme. — « Il y avait in-
troduit le comfort, la seule bonne
chose qu'il y avait en Angle-
terre. » (Balzac.)
COMFORTABLE : Qui a du
comfort.
GOMFORTABILISME : Pra-
tique du comfortable. — « Leur
philosophie est sans doute sou-
tenue par le comfortabilisme. »
(Balzac.)
GOMM : Gommerce. (Vidocq.)
.— Abréviation.
COMME IL FAUT : De bonne
compagnie. — « Elles liantent
les endroits comme il au t. »
(Lynol.) — « Écoutez, je me con-
nais en hommes comme il faut,
celui-là en est un. » (Dumas fils,
Le Demi-Monde.)
COMMISSAIRE : « Depuis
l'Ambiga jusqu'au théâtre Beau-
marchais et dans les quartiers
voisins, un broc de vin ou une
pinte s'appelle un commissaire. »
(J. Daflot.) — Allusion è l'an-
cienne robe noire des commis-
saires. Le broc s'appelle aussi
petit homme noir, parce qu'il est
est noirci par le gros vin.
COMMODE : Cheminée. (Hal-
bert.)
COMMUNARD, COMMUN EUX:
Partisan de l'insurrection dite
de la Commune de Paris, 1871.
— « Presque tous nos commu-
nards réfugiés à Genève y occu-
pent des fonctions en rapport avec
leurs goûts.» (Éclair, yi.)— Com-
munard se prend adjectivement.
— « Les Enfants du désespoir, tel
est le titre d'une société secrète
archi - démoc - soc- commur arde
qui vient de se créer à Gentve. »
{Éclair, 17 mai 72.)
GOMMUNIQUÉ : Gommunica-
tion ofi&cielle à un journal, l-e
mot date du second empire.~c( La
note suivantea une couleur s^mi-
officielle de communiqué qui n'é-
chappera à personne. » {Éclair^
août 72.)
GOMPAS (ouvrir, fermer le) ;
Activer, ralentir sa marche. —
Comparaison des jambes aux
branches d'un compas.
COMPER (de la) : 3'évader de
CON
- ii5 -
CON
prison. (Rabasse.) Forme de cam-
per,
COMPLET : Complètement
ivre.
COMPTE (avoir son) : Être
ivre, avoir son compte de liquide.
COMPTE (avoir son): Mourir.
Mot à mot : finir le compte de
ses jours. — « J'ai mon compte
pour ce monde-ci. C'est soldé. »
(L. Reybaud.)
Son compte est bon, dit-on d'un
coupable à punir, duquel on
compte les méfaits.
COMTE DE CARUCHE,
COMTE DE CANTON : Geô-
lier. (Vidocq.) V. ces mots.
COMTE DE CASTU : Infir-
mier. (Id.)
COMTE, COMTOIS : Niais.
(Id.)
Battre comtois : Mentir. Mot à
mot ; faire le naïf. On a voulu
voir dans ce mot une allusion à
la Franche-Comté, mais cette pro-
vince n'y est pour rien. C'est un
simple jeu de mots sur les trois
premières lettres de comtois. —
a Sans doute qu'elle bat comtois. »
(Decourcelle.)
C-O-N ; Lâche, niais. Mot à
mot : homme qui n'a rien de son
sexe. Se prononce soit comme
un seul mot, soit en articulant
séparément chaque lettre. Un an-
cien exemple de ce dernier genre
de prononciation se trouve dans
les Adages de Solon de Vosge
(1576.)
CONDÉ : Maive.^Demî-condé :
Adjoint. — Grand-condé : Préfet
de police.
CONuÉ : Permission. — Du
nom du maire qui la donne. —
(( On leur donne le condé de sta-
tionner sur certaines places, »
(Stamir, 67.)
CONDÉ FRANC : Magistrat
corrompu. (Vidocq.) Mot à mot :
condé affranchi. V. Affranchir.
CONDITION : Vol avec effrac-
tion. — « J'aurais besoin d'outil,
j'ai une condition à taire.» (Beau-
villier.)
CONDUITE (faire la) : Chasser
avec voies de fait. Mot à mot :
reconduire.
Les Français- Anglais vont te faire la
conduite. (Layale, Chansons, 55.)
CONDUITE DE GRENOBLE
(faire la) : Mettre quelqu'un à la
porte. — « Sa grande visite au
roi pour l'engager à faire la con-
duite de Grenoble à Montmorin
età Duportail et à nommer d'hon-
nêtes gens à leur place. » (1793 ,
Hébert.) — « Le populaire l'a at-
tendu à la sortie et lui a fait ce
qu'en style d'atelier on appelle la
conduite de Grenoble. » [Liberté,
16 mai 72.)
CONE, CONNE : Mort. (Grana-
val.) — De Connir, tuer.
CONFECTION : Vêtement
sortant d'un magasin de confec-
tions. « — Un homme bien cou-
vert, tout ce qu'il y a de mieux
en confection. » (Marquet.)
CONFERENCIER : Person-
nage se faisant entendre dans les
conférences publiques.
CONIR : Tuer. V. Connir.
CONJUNGO : Mariage. — La-
tinisme auquel nous devons déjà
le mot conjoints. — « Un produit
CON
- ii6 -
CON
de son premier conjungo. »
(Ricard. — « Vous vous lancez
dans le conjungo avec la fille
d'une cabotine, » (Charles Hu-
go.) — « Car faut toujours que
le prêtre boute son conjungo à
tout ce tracas et que l'amitié fi-
nisse par là. » (Vadé, 1744.)
CONNAIS (je la) : Expression
usitée pour dire : l'histoire que
vous me contez n'est pas neuve,
le tour que vous voulez me jouer
m'est connu. — « La marquise :
Oh! mon Dieu ! que je suis mal-
heureuse. — Le marquis : Ah !
vous savez ! à lafin... Pas d'attaque
de nerfs. Je la connais celle là. »
(L. de Neuville.) V. Mettre (le).
CONNAISSANCE : Maîtresse.
— « Ah ! vous avez une connais-
sance, monsieur! » (Leuven.)
CONNASSE : Femme honnête.
(Halbert.) — Les femmes inscrites
à la police donnent aussi ce nom
à toutes celles qui ne le sont pas.
CONNERIE : Sottise.
Si je gémis sous les verrous.
C'est pour la conn'ri'd'un' camproux
(cambrouse),
Qui n'a pas su retenir son bagout.
{Chanson de Mouchabœuf, 65,
manuscrit.)
CONNIR : Tuer. V. Sciage,
Refaite, Trimballeur. — Du vieux
mot caunir : trépasser.
CONOBLER, CONNOBRER,
CONOMBRER : Reconnaître.
(Vidocq.) — C'est connaître avec
changement de finale. — Etre
conoblé: être reconnu. (Rabasse.)
CONSCRIT : Élève de première
classe aux écoles Saint- Cyr et
Polytechnique, — a Lorsque le
taupin a été admis, il devient
conscrit, et comme tel, t.rngent
à l'absorption. » (La Bédollière.
CONSCRIT : Homme naïf,
inexpérimenté. — AUusici à la
gaucherie des conscrits.
CONSERVATOIRE : Mont-de-
piété. (Vidocq.) — On y conserve
les objets mis en gage.
CONSOLATION : Eau-de-vie.
— Ce mot dit avec une éloquence
navrante ceque le pauvre clierche
souvent dans un petit verre :
— l'oubli momentané de ses
maux. — « Bon, il entre d ms le
débit de consolation. » (E. Sue.)
— Selon le général Trochu (l'Ar-
mée française en 67), a la conso-
lation est une liqueur douce des-
tinée à consoler les entrailles du
buveur des violences du tord-
boyaux. »
CONSOMM. : Consommation.
Rafraîchissement. — Abréviation
de consommation. — « Ces dames
doivent être altérées par ladanse,
ce dont elles ne disconviennent
pas. Partant de là, il les supplie
d'accepter une consomm. » (Mor-
nand.) — « Ces messieurs ne
jouent guère que la consomm
en cinq secs, presque jamais en
cinq liés (cinq points liés). x>
(Boue de Villiers.)
CONTE BLEU : « Conte sans
vraisemblance, comme ceux Je la
Bibliothèque bleue, ainsi appelée
parce que les petits livres qui la
composent ont des couvert 1res
de papier è/eu, et sont mêmequel-
quefois imprimés sur papier bleu.
Cette bibliothèque, très-conaue
dans les campagnes, sortit des
pressesde Jean Oudot, imprim eur
COP
- 117 -
COQ
à Troyes en Champagne, vers la
fin du xvi« siècle. » (Quitard.)
CONTREFICHER (se) : Se
moquer d'une chose autant que
celui qui a déclaré s'en moquer
avant vous. — « Tant qu'à moi,
je m'en contrefiche. » (H. Mon-
nier.)
CONVALESCENCE : surveil-
lance de la haute police. On com-
prendra l'allusion en voyant le
mot malade.
CONVERSATION CRIMI-
NELLE : Flagrant délit amou-
reux.— Anglicanisme. — «Je l'ai
répudiée de mon cœur après l'a-
voir surprise en conversation cri-
minelle. » (Blondelet.)
COPAIN: Compagnon. Du vieux
mot compain. — « Être copain,
c'est se joindre par une union
fraternelle avec un camarade, c'est
une amitié naïve et vraie qu'on
ne trouve qu'au collège. » (H. Rol-
land.) — « Il me disait bonjour
de loin, comme s'il avait eu honte
de s'avouer mon copain.» (About.)
COPE : La cope était un des
abus du petit commerce d'autre-
fois. Elle consistait à renchérir
sur le prix marqué. — « La cope
tomba quand l'habitude de mar-
quer les prix en chitfres connus
fut adoptée. » (Naviaux.)
COP EAU : Ouvrier en bois.
Mot à mot : faiseur de copeaux.
COPEAU : Crachat. — Expec-
toration chassée de la poitrine
comme le copeau est chassé du
rabot.
COPEAUX ; Effraction. — Al-
lusion aux traces d'un bris de
porte ou de serrure. — « Je suis
sapé à dix ans pour un coup de
vague avec copeaux. » (Stamir,
67.)
COP LE (Pisseur de) : Journa-
liste par trop prolixe. On appelle
copie le manuscrit à composer
dans une typographie.
COQUAGE : Dénonciation. V.
Coqiieur.
COQ.UER : Embrasser. (Hal-
bert.)
COQ.UER : Donner, mettre. V.
Ravignolé , Boucanade.
COQUER : Dénoncer. Mot à
mot : cuisiner, apporter tout pré-
paré. — Du vieux mot coc : cui-
sinier. V. Cuisiner. — « En pro-
vince, il avait coque quelqu'un
de leur bande. » (E. Sue.)
COQ.UER LE POIVRE : Em-
poisonner.
COQ.UER LE RIFLE : Mettre
le feu. — a Girofle largue, depuis
le reluit où j'ai gambillé avec te-
zigue et remouché tes chasses et
ta frime d'altèque, le dardant a
coque le rifle dans mon palpi-
tant qui n'aquige plus que pour
tezigue. » (Vidocq.)
COQUER LE TAFFE : Faire
peur. (Rabasse.)
COQUEUR : « Le coqueur
vient dénoncer les projets de vol
à la police de sûreté. Le coqueur
est libre ou détenu. Ce dernier
est coqueur mouton ou musicien.
L.e mouton est en prison et capte
ses codétenus. Le musicien ne
révèle que ses complices. — Ce
métier de dénonciateur s'appelle
ciquage. La musique est une réu-
nion de coqu?urs (musiciens). »
(Canler.)
COR
- ii8 -
COR
COQUcLUR DE BILLE : Bail-
leur de fonds.
COQ.UEUSE : Dénonciatrice.
V. Casserole.
COQUILLE DE NOIX : « Na-
poléon met le pied sur une co-
quille de noix, un petit navire de
rien de tout. » (Balzac.)
COQUILLON : Pou. (Vidocq.)
COQUIN : Dénonciateur.
(Halbert.) Jeu de mots sur co-
queur et coquin.
Coquine : V. Être (en).
CORAM POPULO : En public.
Mot à mot : devant le peuple. —
Latinisme. — « Je grisais cin-
quante danaïdes chez Deffieux
coram populo. » (Ricard.)
CORBEAU : Frère de la doc-
trine chrétienne. —Allusion aux
longues robes noires du clergé.
— « Venez, vous que décore la
robe du corbeau. » (A. Monté-
mont.)
CORBEAU : Croque -mort.
— Double allusion à son costume
noir et à son voisinage habituel
des cadavres.
CORBUCHE: Ulcère. (Hal-
bert.)
CORDE AU COU : Croix de
commandeur. Son ruban se porte
au cou. Mettre la corde au cou
d'un colonel veut dire le faire
commandeur à l'instantdelemet
tre à la retraite, c'est-à-dire de le
retrancher du monde ou de l'ac-
tivité.
CORDE (tenir la) : Avoir la
vogue. — Terme de courses. —
Le côté de la corde est un avan-
tage pour le jockey qui s'en trouve
rapproché. — « Qui est-ce qui
tient la corde en ce moment dans
le monde dramatique ^«(jF /g-aro.)
CORDES (faire des) : Être
constipé.
CORDER : S'accorder. ~ Abré-
viation.
CORNANT, CORNANTE:
Boeuf, vache. (Halbert.) — Allu-
sion à leurs cornes. — Oa écrit
aussi cornaud et cornaude.
CORNARD : A l'Écde de
Saint-Cyr on ne mange que du
pain sec au premier déjeu ler et
au goûter, et les élèves prennent
sur leur dîner de quoi faire un
cornard. — « Faire hommrge de
votre viande à l'ancien pour son
cornard. » (De La Barre.)
Faire cornard : C'est aussi te-
nir conciliabule dans un coin.
CORNE : Estomac. — « Si je
me rince la corne quelquefois
chez le mastroquet, c'est pour
me consoler. » (Monselet.)
CORNER : Puer. (Vidocq.)
CORNET : Gosier. — Allusion
de forme. — « Je n'suis pas fâ-
ché de m'mettre quelque ciiose
dans le cornet. ï (H. Monnier.)
CORNETTE : Femme dont le
mari est infidèle. Féminin de
cornard.
CORNICHON : Veau. (Vidocq.)
— Mot à mot : fils de cornante.
CORNICHON : Niais. (Dhau-
tel, 08.) — Jour de Dieu ! Constan-
tin, fallait-il être cornichonnc. »
(Gavarni.) — a Malvina se con-
tentait de me qualifier de corni-
chon. » (L. Reybaud.) — «Allons,
COT
— lîQ —
COT
pas de bêtises ! t'as l'air d'un cor-
nichon. » {Rien:{i, 26.)
CORNICHON : Aspirant à
l'École militaire. — « Une fois
en élémentaires, il se bifurque en
élève de Saint-Cyr ou cornichon,
et en bachot ou bachelier ès-
sciences. « {Institutions de Paris,
58.) V. Volaille, Potasser.)
CORNIÈRE : Étable à bœufs.
V. Cornant.
CORRIDOR : Gosier.— «Vous
lui proposez de venir avec vous
pour écraser quelques mollus-
ques et se rincer le corridor d'une
fiole de Moët au café Anglais, »
{Vie parisienne, 65.)
CORSET (pas de) : V. Quin:^e
ans,
CORVET : V. Être (en).
COSAQUE : Brutal, sauvage,
maladroit.
COSNE : Auberge. (Halbert.)
COSTE : La mort. (Idem.)
COSTEL : Souteneur. (Ideni.)
COTE (être à la) : Être à sec
d'argent. — On est à flot quand
la fortune sourit. — « Si vous
êtes vous-même à la côte, —
quelles singulières expressions
on a dans les coulisses pour ex-
primer qu'oii manque d'argent !»
(A. Achard.)
COTE (G) : objets volés. Ar-
got des notaires. • Un lourd
commissaire-priseur qui avec la
cote G jeta les fondements d'une
grande fortune. » (Fournier-
Verneuil, 1S26.)
COTÉ (A) : Ne répondant pas
à son sujet. — « M. Barbey d'Au-
revilly a consacré le succès dans
unarticleà côté très-flamboyant.»
(E. Blondet, 1867.)
COTE DE BŒUF : Sabre. (Vi-
docq.) — Allusion de forme.
COTELETTES : Favoris s'é-
largissant au bas des joues, de
façon à simuler la coupe d'une
côtelette.
COTELETTES : Applaudisse-
ments. (J. Duflot.) — Se dit dans
le monde dramatique.
COTERIE : « Les tailleurs de
pierres s'interpellent du nom de
coterie. Tous les campagnons
des autres états se disent pays. »
(G. Sand.).
^ COTES EN LONG (avoir les) :
Être fainéant, refuser le travail.
— Mot à mot : avoir un corps
incapable de se plier à la tâche
(puisqu'il a les côtes en long et
non en travers comme tout le
monde). — Ironie populaire. —
« Ces demoiselles aussi inaptes
au travail que si elles avaient les
eôtes articulées en long et non
pas en travers. » (Th. Silvestre.)
COTON (Filer un mauvais) :
Se mal porter. — a II file un mau-
vais coton. »(E. Jourdain.) — On
disait autrefois jeter un triste
coton, comme le prouve cet ex-
trait des Mémoires secrets de Ba-
chaumont : « 24 février 1781.
Madame Bulté vient de partir
pour Londres où vraisemblable-
ment elle jettera un triste coton.
Il est à craindre qu'elle n'y meure
de faim. » — Cette dernière ex-
pression est dans le Dictionnaire
de l'Académie,
cou
cou
COTON : Rixe, dommage.
(Halbert.) — Il y aura du co-
ton : on se battra. — Abrévia-
tion de tricoter. — « Le chef de
service leur recommande tou-
jours d'éviter le coton, c'est-à-
dire d'empêcher qu'il y ait des
rixes. » (M. du Camp.)
COTTERET : Forçat libéré.
(Dictionnaire d'argot, 44.) — Jeu
de mots : le cotteret est un petit
fagot. V. Fagot.
COUAC : Fausse note. — Har-
monie imitative. V. Canard. —
« 11 lui échappa un couac épou-
vantable au milieu d'un couplet.»
(A. Signol.)
COUCHE (nouvelle) : Classe
inférieure, élément démocrati-
que. Abréviation ironique de
nouvelle couche sociale. — « Le
dictateur avait promis aux nou-
velles couches gloire et hon-
neurs. » (Saint-Genest, 75.)
COUCOU : Montre. (Colom-
bey.) — Du nom des horloges de
bois dites coucous, à cause du cri
de coucou qu'elles simulent en
sonnant les heures.
COUCOU : Cocu. — Redou-
blement du vieux mot cous :
mari trompé. Coucou est du
xvui« siècle.
Une simple amourette
Rend un mari coucou.
{Chansons, impr. Chassaignon, 5i.)
COUCOU (faire) : Jouer à la
cachette, jeu où l'on crie coucou
en guise d'avertissement. — « Je
vais me placer dans ce coin, la
figure contre le muret la main
devant les yeux, comme si je fai-
sais coucou. » (P. de Kock.)
COUDE (lâcher le) : Q.uîtter.
- a Vous n'pourriez pss nous
lâcher l' coude bientôt? » ( Léo^
nard, parodie, 63.) — Allusion
à la recommandation militaire
de sentir les coudes à gauche, en
marche.
COUDE (lever le) : Boire à lon-
gues rasades. — « Ça n'a pas
d'ordre, ça aime trop à lever le
coude. » (P. d'Anglemont.)
COUDES A GAUCHE (sentir
les) : Marcher avec ensemble,
avec régularité, comme à l'école
d'infanterie.
COUENNE : Peau. — Se ratis-
ser la couenne, se faire la barbe.
V. Gratte-Couenne.
COUENNE : « On dit d'un ni-
gaud, d'un maladroit, d'un sot,
qu'il est couenne. » (Dhautel).
— « Viens-tu? — Ah ben ! non.
— Ah ! que t'es couenne. » (Our-
liac.)
COUENNE DE LARD : brosse.
(Vidocq.) — Allusion aux crins
de la couenne du porc.
COUILLÉ : Niais. —De couil-
lon. — « Un couillé j'ai remou-»
ché. » (Vidocq.) V. Plan.
COUILLON : Pour ce mot et
ses dérivés, voyez Couyon.
COULAGE : Gaspillage, dé-
tournement commis par des su-
bordonnés. — « Quel est le négo-
ciant habile qui ne jetterait pas
joyeusement dans le gouffre d'une
assurance quelconque cinq pour
cent de toute sa production pour
ne pas avoir de coulage. Eh bien!
la France ne paye que soixante
millions, deux et demi pourcent,
cou
— 121 —
cou
pour avoir la certitude qu'il
n'existe pas de coulage. Le gas-
pillage ne peut plus être que
moral et législatif. » (Balzac.) —
« Le coulage est une mauvaise
gestion des affaires du pays; il
consiste à faire faire des travaux
qui ne sont pas urgents ou né-
cessaires, etc. » (Balzac, 1841.)
COULAGE : petits détourne-
ments commis par la domesti-
cité d'une grande maison ou d'un
magasin. — Allusion au liquide
coulant par les fentes d'un ton-
neau au détriment de son pos-
sesseur. — « On ne se figure pas
le coulage qui désolait notre
caissier. » (Almanach du Hanne-
ton.) — « Il y a ce qu'on appelle
le coulage, c'estrà-dire les objets
dérobés par les employés eux-
mêmes. » (G. Vassy, jb.)
COULANT : Lait. (Halbert.)
COULE (être à la) : Être insi-
nuant, sachant se couler entre les
obstacles.
COULE (être à la) : Agir de
complicité. — ce Y a-t-il de la
place dans votre boîte ? — Oui!
répond celui-ci quiest à la coule.»
(Cavallié.)
COULER (se la) : Aller douce-
ment (Rabasse.)
COULEUR : Mensonge. —
Il colore ou farde la vérité. —
a Oh ! les peintres ! il n'y a pas à
leur monter d'coups, ça connaît
les couleurs. » (Lamiral, i838.)
COULEUR : Soufflet. — Il co-
lore la joue.
Je bouscule l'usurpateur
Qui m'appliqua sur la face,
Comm' on dit, une couleur.
(Le Gamin de Paris.)
COULÉ : Perdu sans ressour-
ces. Mot à mot : coulé à fond. —
Terme de marine. — « Non, les
étudiants de seizième année
n'existent plus ; c'est une géné-
ration coulée. » (Privât d'Angle-
mont, i835.)
COULER (en) : Conter des
mensonges. — « Tu nous en
coules, ma mignonne. Va ! j'te
connaissons. » {Catéchisme pois-
sard.)
COULER DOUCE (la) : Vivre
confortablement. — « Ah ! je ne
sais pas quand il se passera, mais
j'ai un fier béguin pour toi. Tu
la couleras douce avec moi, je
t'en réponds. » (L. de Neuville.)
COULEUR LOCALE : Procédé
littéraire fort à la mode depuis
i83o. — « La couleur locale con-
sistait surtout à faire dire au
personnage le nom de toutes les
fabriques d'oij sortaient les ob-
jets dont il parlait et à faire con-
naître de quelle matière étaient
faits ces objets. On dirait : Ma
bonne dague d'acier, mon pour-
point de brocart, mon justaucorps
de Venise, absolument comme
si aujourd'hui on faisait dire à
un acteur : Donnez-moi mes
bottes de cuir , ma canne de
bois. » (Privât d'Anglemont.)
COULIANT : Lait. (Grandval.)
COULIANTE : Laitue. (Hal-
bert.)
COULISSIER : Spéculateur
jouant à la coulisse de la Bourse,
c'est-à-dire en dehors du par-
quet des agents de change. —
Privilège supprimé depuis i86o.
COULISSIER : De coulisses,
théâtral. — «c De là un besoin
cou
— 122 —
COU
insatiable d'intrigues amoureu-
ses et coulissières. » (Ricard.)
COULOIR : Bouche, gosier.
— Synonyme de corridor. Même
allusion. V. Plomber.
COUP : Secret, procédé parti-
culier. — On dit // a le coup pour
il a le dernier mot du savoir faire,
et il a un coup, pour il a son pro-
cédé à lui.
COUP A MONTER : Grosse
entreprise à tenter, piège à ten-
dre.— aUn coup à monter, ce qui,
dans l'argot des marchands, veut
dire une fortune à voler. » (Bal-
zac.) V. Monter.
COUP DE BAS : Coup dange-
reux. — « Ces fats nous donnent
un rude coup de bas. » {Chansons,
Clermont, i833.)
COUP DE PIED (donner un) :
Aller jusqu'à un endroit déter-
miné.
Ne pas se donner de coups
de pied : Se louer soi-même. —
Mot à mot : ne pas se nuire.
COUP DE PIED DE VÉNUS :
Mal vénérien.
COUP DE PISTOLET : « Al-
léché par l'exemple et la pers-
pective de quelques bénéfices
énormes, un novice vient de tirer
un coup [de pistolet à la Bourse
(c'est l'expression pour désigner
une opération isolée.) » (Mor-
nand.)
COUP DE POUCE (donner le):
Étrangler.
COUP DE POUCE : Ne pas
donner le poids. Mot à mot :
donner le coup de pouce à la ba-
lance.
COUP DE SIFFLET: Cou-
teau. (Halbert). Pour coupe-sif-
flet (coupe-gorge).
COUP DE SOLEIL (avoir un):
« Être à demi gris, avoir une
pointe de vin. » (Dhautel, 1808.)
— On sait que le vin et le soleil
ont également la vertu d'em-
pourprer le visage. — a Ma foi,
ça n' s'era qu'à la brune qu'finira
c'gueuleton sans pareil. En par-
lant d'ça j'pourrais bien attraper
un p'tit coup de soleil... Mais
voyons si j'ai encore de la brai-
se. » (Lamiral, le Savetier en
goguette, 38.) V. Soleil.
COUP DE TEMPS : Accident
subit, surprise. — Terme d'es-
crime. — « Je mettrai le trouble
là-dedans par un coup de temps
qui ne sera pas trop bête. » {Le
Solitaire, pot pourri, 1821.)
Voir le coup de temps, c'est le
prévoir.
COUP DU LAPIN : Coup
mortel, comme celui qu'on donne
au lapin sacrifié à la cuisine.
COUPE : Misère. (Halbert.) —
Mot à mot ; dans la coupe des
vivres.
COUPE (être sous la) : Être
subordonné à quelqu'un.
COUPE (tirer sa) : Naper. —
« Rodolphe, qui nageait comme
une truite... se prit à tiier sa
coupe avec toute la pureté ima-
ginable. » (T. Gautier.)
COUPE-CHOUX : Sabre d'in-
fanterie. — Avant de servir
comme baïonnette, cette arme
était, même en campagne, des
plus pacifiques. — a Leur voit-
on traîner d'une façon guerrière
le coupe-choux du taporal? »
(A. Rolland.)
cou
123
COU
COUPE-FICELLE : Artificier
d'artillerie. — Allusion à la
grande quantité de ficelle récla-
mée par ses fonctions.
COUPE-SIFFLET : Couteau.
Mot à mot : coupe-gorge. V. Sif-
flet.
COUPE (ça te la) : Cela te dé-
concerte. — Abréviation de ça
te coupe la chique^ cela te con-
trarie, te déroute. (Dhautel, 08.)
— « Sous le premier Empire,
M. de Beaumont annonça au
cercle des Tuileries : « Madame
« la maréchale Lefebvre ! » L'em-
pereur s'avance et lui dit :«Bon-
« jour, madame la duchesse de
a Dantzick ! » Celle-ci se retourne
et dit au chambellan trop laco-
nique : « Ah! ça te la coupe, ca-
<£ det! » {Encyclopediana.) V.
Sifflet.
COUPER : Donner dans un
panneau, accepter un mensonge.
Abréviation de couper dans le
pont. — « Ah ! dit Marlot en fai-
sant sauter l'or dans sa main,
elle a donc coupé dans le ma-
riage i » (Champfleury.)
COUPER DANS LE PONT :
Se laisser filouter en coupant des
cartes préparées par un grec qui
vient dejaire le pont : ( plier lé-
gèrement les cartes à un endroit
déterminé, de façon à guider la
main de l'adversaire dans la por-
tion du jeu où elle doit couper
innocemment). — a Laisse-la
couper dans le pont, » (Balzac.)
COUPER LA CHIQUE : Inter-
dire. V. Chique.
COUPER LA GUEULE, COU-
PER LA GUEULE A QUINZE
PAS. — Exhaler une si mau-
vaise odeur qu'on la sent à quinze
pas. — Cette expression ne man-
que pas de justesse, car la bouche
semble souffrir autant que le nez
en pareil cas.
Quand elle a mangé du cerv'las,
Ça vous coup la gueule à quinz' pas.
(Colmance.)
COUPER LA MUSETTE :
Couper la parole. — a Ta re-
montrance me coupe la mu-
sette. » (Chansons, Châteauroux,
26.)
COUPER LA MUSETTE :
Couper la gorge. — « De Palzo
j'ai coupé la musette, il ne peut
plus te faire de mal. » {Le Soli-
taire, pot pourri, 2 1 .) V. Sifflet.
COUPLARD : Couteau. (Hal-
bert.) Mot à mot : coupe-lard.
COUPLETS DE FACTURE :
(c C'est un morceau de poésie
long d'un mètre, sur l'air des Co-
médiens ou de Vive la Lithogra-
phie. Feu Brazier et M. Glairville
sont les maîtres es couplets de
facture. » (J. Duflot.)
COURAILLER : Courir les
filles. — « Vous l'auriez empêché
de courailler. » (Balzac.)
COURBE : Épaule. (Vidocq).
— Elle se courbe souvent.
COURIR : Courir les filles. —
(( Monsieur n'est pas heureux
quand il court. » (H. Monnier.)
— On dit aussi Courir la gueuse.
^ COURIR, FAIRE COURIR :
Être propriétaire de chevaux de
course. — « Oscar : Tenez, cher !
je viens du club... j'ai beaucoup
CRA
— 124 —
CRA
parié... j'ai perdu vinqt-cinq louis
et deux saladiers de vin sucré. —
Vous savez, je fais courir. — Le
marquis : La jeunesse ne saurait
avoir de divertissement plus
comme il faut. » (Marquet.)
COURIR (se la) : S'enfuir.
COURIR (se) : Se méfier. (Vi-
docq.) — De l'ancien verbe se
covrir : se couvrir, se protéger.
COURTAUD DE BOUTAN-
CHE : Commis de magasin, vo-
leur. (Grandval.)
COUSIN : Grec. V. Poucette.
COUYON, COUILLON : Lâ-
che, poltron. — Du vieux mot
coion qui a le même sens. (V.
Roquefort), et qui est un dimi-
nutif de coy : tranquille, indo-
lent. Il s'écrivait aussi quoyon.
— Mazarin est souvent appelé
coyon dans les pamphlets de la
Fronde.
Beaulleu, Cobourg en furent touchés
De voir leur troupe à l'abandon
Qui fuyoient comme des couillons *
Devant les patriotes.
(Mauricault, Chanson^ 1794)
COUYONNADE : Affaire ridi-
cule, action lâche.
COUYONNER : Reculer au
moment d'agir.
COUYONNERIE : Lâcheté. Du
vieux mot coionnerie. V. Roque-
fort.
CRACHER : Parler. Mot à
mot : cracher des paroles.
Faire cracher : Faire parler.
(Rabasse.)
CRACHKR : Décharger. — Le
canon crache la mitraille.
CRACHER. GRACtlER AU
BASSINET : Donner (ie l'argent
de mauvaise grâce. — A'ieux mot
argotique. Une ancienne gravure
représente le grand Coësre ou
roi des Truands ayant à ses pieds
un bassin où chacun des gueux
ses sujets vient déposer son tri-
but, c'est-à-dire cracher au bas-
sin. — « Tu dois faire cracher
encore i5o,ooo francs au baron.»
(Balzac.)
CRACHER DANS LE SAC :
V. Raccourcir.
CRACHOIR : Bavardage, ba-
vard. — Quel crachoir! Quel
bavard !
CRACHOIR : Réquisitoire. V.
Bêcheur.
CRACHOIR (tenir le) : Tenir
le dé de la conversation et ne pas
le céder à d'autres, mot à mot :
ne pas lâcher le réquisitoire; ac-
caparer le bavardage. (V. plus
haut.) Quand il tient le crachoir,
il en a pour longtemps, dit-on
d'un bavard. Ce terme est iro-
nique. — « N'étudiant aucune
question à fond, mais se conten-
tant de prendre de chaque chose
une teinture superficielle qui
permet de tenir convenablement
un crachoir, — terme vulgaire,
mais juste, — d'une heure ou
deux. » {Paris- Journal, 72.)
CRACK (à) : « Cheval extraor-
dinaire sur lequel on compte
beaucoup. On dit le crack de l'é-
curie pour dire le meilleuir che-
val. » (Parent.) Angl. ar-^ot de
courses.
CRAMPE (tirer sa) : Fuir. —
« Elle a pris ses grands airs et
j'ai tiré ma crampe. > (Monté-
CRA
- 125 -
GRE
5n.) — A aussi un autre sens
ui n'est pas de notre ressort.
CRAMPER (se) : Se sauver.
|. lot à mot : tirer sa crampe. V.
Vé, A bouler.
I CRAMPON : Importun aussi
i enace qu'un crampon. — « Elle
: :st assez jolie, cette femme. —
Charmante ! mais quel cram-
pon! » (L. Leroy.) V. Lâcher.
i Je vous fais mes adieux. — Je
n'en suis pas fâché, vieux cram-
pon, vieux gâteux! » (Tarn
Tarn.) De là, sans doute, l'ori-
gine de ce péjoratif.
CRAN (lâcher d'un) : Aban-
donner subitement. — a Nous
vous lâcherons d'un cran. » —
iVidal, 33.)
CRAN (faire un) : Tenir bonne
note.
CRANE : Hardi. — « Est-il
crâne, cet enragé-là. » (P. La-
croix, 32.)
CRANE : Beau. — « C'est ça
qui donne une crâne idée de
l'homme! » (Gavarni.)
Mettre son chapeau en crâne :
Le mettre sens devant derrière,
à la façon des tapageurs.
CRANE : Bon. — « Quand j'é-
tais sur la route de Valencien-
nes, c'est là que j'en avais du
crâne du tabac! » (H. Monnier.)
CRANEMENT : Supérieure-
ment. — • J'ai été maître d'ar-
mes... et je puis dire que je tirais
crânement. » (Méry.) — « Elle
prenait la brosse chez un pein-
tre, et faisait une tête assez crâ-
nement. » (Balzac.) — a Je suis
crânement contente de vous
voir. » (E. Sue.)
CRAPAUD ; HQmme petit,
chétif. (Dhautel.) — Gamin. —
Pris souvent en bonne part. —
« Tiens! Potier, je l'ai vu du
temps qu'il était à la Porte-Saint-
Martin. Dieux! que c'crapaud-là
m'a fait rire! » (N. Monnier.)
CRAPAUD : Bourse de soldat.
— Elle est inférieure à la bourse
de la masse dite aussi grenouille,
comme le crapaud l'est à la gre-
nouille.
CRAPAUD : Cadenas. (Vi-
docq.)
CRAPAUD : Fauteuil bas. —
« Une bergère... Avancez plutôt
un crapaud ! » (E. Jourdain.)
CRAPULOS, CRAPULADOS :
Cigare d'un sou. Mot à mot : le
havane de la crapule. — Ironie
à l'adresse des noms pompeux
qui distinguent les cigares de la
Havane. V. Jnfectados.
CRAQUELIN : Menteur.
(Grandval.) — De craque, men-
songe.
CRASSE : Indélicatesse. —
« Elle m'a fait des crasses. Toi,
tu m'inspires de la confiance. »
{Almanach du Hanneton, 67.)
CRÉATEUR : Peintre. (Vi-
docq.) — Il crée sur la toile.
CRÉATURE : Prostituée. —
« Pour la grande dame qui se
voit enlever ses adorateurs par
une grisette, cette grisette est
une créature. » (L. Huart.) —
ï Mon mari a eu l'infamie de
faire venir cette créature dans
ma maison. » (Gavarni.)
CREBLEU, GRELOTTE : Ju-
rons. — Abréviations de sacrg'
bleu, sacrelotte. V. ces mots.
GRÉ CHIEN ; Abréviation de
CRE
— 126 —
CRE
sacré chien, juron.— a Gré chien !
Loïse t'aslàune casquette un peu
chouette. » (Gavarni.)
CREDO : Profession de foi.—
Latinisme. — a La meilleure
réponse, c'est de publier le credo
politique du vieux Cordelier. »
(C. Desmoulins, 1790.)
CRÈME : Superlatif, le meil-
leur ou la meilleure. — a Excel-
lent!... Dis donc que c'est la
crème des oncles. » (Beauvallet.)
CRÉ NOM : Juron. — Abré-
viation de sacré nom. V. ce mot.
CRÊPAGE : rixe. V. Crêper.
— « Un effrayant crêpage de chi-
gnons s'en suivit. La police in-
tervint. » (G. Vassy, 75.)
CRÊPER LE TOUPET, LE
CHIGNON ; Prendre aux che-
veux, battre. — « Nous v'ia tous
deux à nous crêper le toupet. »
(Letellier, Sg.) — Les femmes 5e
crêpent le chignon.
CRÉPIN : Cordonnier. Mot à
mot : enfant de saint Crépin, pa-
tron des bottiers et des cordon-
niers. — « Je défie bien le Crépin
de me faire des bottes plus jus-
tes. » (La Correctionnelle.)
CRÉPINE ; Bourse. (Vidocq )
— De crépin. — C'est, comme le
crapaud, une bourse de cuir.
CRÉPON : a Des crépons,
c'est-à-dire de ces petits paquets
de crin que le beau sexe place
sous ses cheveux pour les faire
« bouffer. » (Éclair, 10 mai 72.)
CRÈS : Vite. (Halberi.)
CRESPINIÈRE : Beaucoup.
(Idem.)
CRÉTINISER : Abrutir. —
ce Un Ghazelle a vécu à vingt-
deux sous par tête et s'est cré-
tinisé. » (Balzac.) — < Tout le
monde joue en France, dit-il;
qu'est-ce que cela prouve ? une
seule chose : c'est que la France
se crétinise au milieu ce cette
frénésie de spéculation. » [Bour-
sicotier isyne.)
CREUSE : Gorge. (Idem.) —
Voyez Creux.
CREUSER : Approfondir, en
parlant de l'exécution ti'une œu-
vre artistique ou litt raire. —
C'est creusé se dit d'une chose
fort étudiée. — Creuser son sujet,
c'est le préparer avec soin.
CREUX : Logis, maison.
(Grandval.)
CREUX : Voix retentissante
comme l'écho d'une caverne.
CREVAISON : Mort, chute. —
a Cette rengaine du finsco n'en
dissimulait pas moins une cre-
vaison spontanée. » (Michu.)
CREVANT : Ennuyeux à pé-
rir, à crever.
CREVÉ, PETIT CREVÉ :
Jeune élégant poussant à un de-
gré tout féminin la recherche de
sa toilette. Un Almanac/i des pe-
tits crevés a paru en 18(7.
Elle ajouta : Bébé, je suis chez mes
parents.
Le crevé s'écria : Cela m'est Inen égal.
Alm. des p. Crevés. 67.
— a Petit crevé se décollette avec
grâce, épiie son menton et cire
sa moustache. Son teint délicat
connaît les douceurs de la poudre
de riz et du blanc de j^erle. »
(Yriarte.) — C'est de ce visage
CRI
— 127
CRI
blême qu'est venue selon nous
l'expression de crevé.
CREVER, CREVER LA PAIL-
LASSE : Battre, blesser, tuer.
CREVER (tu t'en ferais) : For-
mule négative. V. Cylindre,
Mourir.
CREVETTE : Lorette. Mot à
mot : fille hantant les crevés. V.
ce mot. « Tous les essaims de
vierges folles, biches dorées, co-
cottes, crevettes. » (Mic*hu.) —
« Les nuits de cancan carabinées
des grandes crevettes et des pe-
tits crevés. » (Blondelet, 1867.)
CRIBLAGE : Cri. — « On peut
les pésiguer et les tourtouser en
leur honnissant qu'ils seront es-
carpés s'il y a du criblage. » (Vi-
docq.)
CRIBLEMENT : Cri. (Colom-
bey.)
CRIBLER : Crier. — C'est
crier avec changement de finale.
CRIC : Eau-de-vie. V. Crique.
CRIC-CROC : A ta santé.
(Grandval.) — Harmonie imita-
tive.
CRI-CRI : Grillon. — Harmo-
nie imitative de son cri. — « Un
cri-cri que l'habitude de me voir
avait apprivoisé. » (G. Sand.) —
« Je sens quet'chose qui trifouille
dans mon estomac. Je crois que
c'est un cri-cri. » (H. Monnier.)
CRIE, CRIGNE : Viande (Ra-
basse.) V. Criolle.
CRIMÉENNE : « Large et
longue capote à collet et à capu-
chon envoyée de France pour le
soldat en Crimée. » (Cler, i856.)
CRIN (être comme un) : Être
d'abord difficile. Le crin est raide
et piquant.
CRINS : Cheveux. ■— Anima-
lisme.
CRINS (à tous) : Très-chevelu,
et au figuré : extrême dans ses
opinions. — Allusion à la che-
velure dont on ne veut rien re-
trancher, qu'on laisse pousser à
tous crins. — a Les démocrates
à tous crins, qui sont dans cette
voie anti-catholique. » {Moniteur ^
septembre, 1872.^
CRIOLLE, CRIE : Viande. V.
Artie.
CRIOLLIER, CRINOLIER :
Boucher. — « Nous allons bar-
botter demain la cambriolle d'un
garçon crinolier. » (Canler.)
CRIQUE, CRIK : Eau-de-vie.
(Vidocq.) — « Un verre de criq'
ne fait pas de mal. » (J. Choux.)
— « Si on a donné une gratifica-
tion de crik (eau-de-vie), il y a
un changement complet. » {Vie
parisienne, i865.)
CRISTALLISATION : Con-
densation intellectuelle. — On
sait que la cristallisation unit et
solidifie les parties d'une sub-
stance dissoute dans un liquide.
— «Un homme d'esprit, Sten-
dhal, a eu la bizarre idée de
nommer cristallisation le travail
que la pensée de la marquise fit
avant, pendant et après cette soi-
rée. » (Balzac.)
CRISTALLISER : Paresser au
soleil. — Terme de chimie : La
cristallisation est un effet de la
chaleur. — « Permis à tous de se
promener dans les cours, de fu-
mer leur pipe, de cristalliser au
soleil. » (La Bédollière.)
CRO
12» —
CRO
CRISTI : Juron. — Abrévia-
tion de sacristi. V. ce mot. —
c Cristi! que mon panaris m'é-
lance. » (Marquet.)
CROC : Escroc. — Abrévia-
tion.
CROCHER : Sonner. (Hal-
bert.) — Pour crosser, V. ce mot.
CROCHER (se) : Se battre. —
Abréviation de s'accrocher. —
« Je grille de vous voir crocher
avec le Maître-d'École, lui qui
m'a toujours rincé.» (E. Sue.)
CROCS : Dents. (Grandval.)
CROIRE QUE C'EST AR-
RIVÉ : Se prendre trop au sé-
rieux. « Elle se disait regardant
les vagues en courroux : Ce bon
Neptune, il croit que c'est ar-
rivé. » (Aubryet, 1870.) — ^ « Au
premier rang sont les gens qui
croient que c'est arrivé. » (P. Ma-
halin, 1867.)
CROISANT, CROISSANT.—
Gilet. (Vidocq.) — Il croise sur
la poitrine.
CROIX : Six francs. —Vieux
mot qui faisait allusion à la
croix empreinte sur certaines
monnaies d'argent. — « Le car-
reau du Temple avait son argot ;
il parlait par pistoles, croix,
point, demi-point et rond. La
pistole valait dix francs; la croix,
six francs; la demi-croix, trois
francs; le point, un franc; le
demi-point, cinquante centimes,
et le rond, un sou. » (E. Sue.)
CROLLE : Écuelle. (Fr. Mi-
chel.)
CRO ME : Crédit. (Halbert.)
CROMPER : Sauver. (Idem.)
Pour cramper.
CROMPIR : Pomme de terre.
(Fr. Michel.) — Germanisme. De
Grundbirne : poire de terre.
CROMPER SA TANTE : Sau-
ver un prisonnier. (Rabasse.)
CRONÉE : Écuelle. (Idem.)
CROQ.UE-MORT : Porteur
employé par les pompes funè-
bres. — « Le croque-mc^rt est
d'un naturel grivois; il aime le
vin, le jeu, les belles. » ^Privât
d'Anglemont.)
CROQUER : Esquisser, des-
siner. — «C'est un charbonnier
de la grève que ce peintre a
voulu croquer. » {Santolianay
1 764.) — « Si je croquais ce chêne
avant de déjeuner! » (Marcellin )
CROSSE, GROSSEUR : Rece-
leur, ministère public. (Vidocq.)
— Son réquisitoire frappe ou
crosse les accusés. — On sait que
crosser est pris ordinairement
dans ce sens.
CROSSER : Receler.
CROSSER : Sonner. Mot à
mot : frapper, crosser Taira in. —
« Quand douze plombes cros-
sent, les pègres s'en retournent
au tapis de Montron. » (Vidocq.)
CROSSIN, CROSSE : Rece-
leur. (Fr. Michel.)
CROTTE D'ERMITE : Poire
cuite. (Grandval.) Allusion de
forme et de couleur.
CROUPIONNER ; Remuer du
croupion, faire bouffer la jupe.
CROUTE : Homme arriéré.
CROUTE DE PAIN Dh:R-
RIÈRE UNE MALLE (s'embiter
comme une) : Mot à mot : des^
séchc' d'ennui.
CUI
CROUTEUM : Collection de
croûtes ou de mauvais tableaux
« Bientôt la boutique, un mo-
ment changée en croûtéum, passe
au muséum. » (Balzac.)
CROUTON : Mauvais peintre.
Mot à mot : faiseur de croûtes.
CROUTON : Vieil encroûté.
^ « Vous m'appelez vieux croû-
ton, quand je vous nomme ma
mie. » (Cabassol.) — « Les maî-
tresd'armes derégiments étaient,
en ces temps reculés, de vieux
croûtons. » (Villemessant.)
CROUTONNER : Peindre des
croûtes.
CROYEZ ÇA ET BUVEZ DE
L'EAU : Terme en usage pour
se moquer des gens crédules. —
Par allusion aux malades qui
cherchent aux eaux la santé, et
aux éloges exagérés de la vertu
de chaque eau minérale. —
«Croyez ça, puis buvez de l'eau.»
{Rien:{i, 26.)
CRUCIFIER : Décorer de la
Légion d'honneur. Jeu de mots.
Crucifier c'est mettre l'homme à
la croix. — « On t'a crucifié ! Et
qu'as-tu donc fait pour cela. —
Mais, mon bon, j'ai fait... les dé-
marches nécessaires, répond le
nouveau chevalier. » {Ga:{ette
anecdotique.)
CRUCIFIX A RESSORT, CRU-
CIFIX : Pistolet. - Comme le
crucifix, il se montre à l'heure
suprême. — « Godet, le limona-
dier, a abandonné ses bavaroises
pour jouer du crucifix à ressorts
dans le bois de Vincennes. » (Ca-
lendrier du père Duchêne, 1 79 1 .)
CUIR : Peau. - « C'était aux
nègres qu'il en voulait, à cause
- 129 - CUI
du coloris de leur cuir. » (L.DeS*
noyers.) V. Cuirasser.
CUIR (tanner le) : Battre.
CUIR DE BROUETTE : Bois.
— Ironie. — Des sabots sont des
escarpins en cuir de brouette.
CUIRASSER : Parler en fai-
sant des fautes de liaisons appe-
lées cuirs. V. Velours. — « Fra-
ter au régiment, il en a conservé
l'habitude du discours et cui-
rasse proprement. » (Bataille,
43.)
CUIRASSIER : Homme fré-
quemment coupable des fautes
de liaison appelées cuirs.
CUISINE (la) : La préfecture
de police. — C'est le rendez-vous
des cuisiniers.
CUISINE DE JOURNAL: Tout
ce qui regarde les petits détails
et l'ordonnance matérielle d'un
journal. — « C'est lui qui fait la
cuisine du journal. » (L. de Neu-
ville.) .
CUISINER : Travailler d'une
façon quelconque, au figuré. —
« C'est ainsi que M. Jules Breton
s'est ingénié à cuisiner le genre
rustique, sans rusticité. » (Th.
Silvestre )
CUISINIER : Espion, agent de
police secrète. (Vidocq.) — « Lui
qui avait servi plusieurs fois de
cuisinier à la police, » (Canler.)
— « Mauvais signe ! un sanglier!
comment s'en trouve-t-il un ici t
— C'est un de leurs trucs, un
cuisinier d'un nouveau genre. »
(Balzac.) V. Coqueur,
CUISINIER : Avocat. (Hal-
bcrt.)
CUISINIER : Secrétaire de ré-
CUL
- i3o -
CUL
daction. Mot à mot : rédacteur
chargé de la cuisine du journal.
CUISSE (ça me fait une belle) :
C'est un avantage illusoire pour
moi. — Équivalent de : ça me
rend la jambe bien faite. V.
Jambe,
CUIT : Perdu, condamné. —
« Cuits, cuits! les carlistes, ils
seront toujours cuits. » (Métay,
i83i.)
CUIT : Condamné. (MoreauC.)
CUITE : Correction. — 11 en
cuit à celui qui la reçoit.
CUIVRE : Monnaie de billon.
— « T'as vu que ton cuivre dé-
ménageait. » (Ricard.)
CUL : Homme bête et gros-
sier.
CULBUTE : Culotte. (Grand-
val.) Changement de finale. V.
Affure.
CULOTTAGE : Action de cu-
lotter une pipe. — « Il va paraî-
tre... un traité théorique et pra-
tique du culottage des pipes. »
(Lespès, 1866.)
CULOTTE : Partie de domi-
nos qui procure au gagnant un
grand nombre de points. — « Le
joueur de dominos préfère le
double-six culotte avec six blancs
dans son jeu. » (Luchet.)
CULOTTE : Perte qui englobe
toutes les autres. — « Un étu-
diant poursuivi par le guignon
s'est vu mettre sur son compte
toutes les demi-tasses consom-
mées dans la soirée par tous les
habitués du café. Cela s'appelle
empoigner une culotte. » (L.
Huart.) — « Vous vous asseyez à
la table de baccarat, et vous vous
flanquez une culotte de 5oo louis.»
{Vie parisienne f 1866.)
CULOTTE (se donner une) :
Faire excès de boire ou de man-
ger. — Donné déjà par le Dic-
tionnaire de Leroux, 1718. —
Synonyme d'un terme fréquem-
ment employé : S'en donner plein
la ceinture. — « Un ivrogne fe-
rait bien mieux de s'acheter un
pantalon que de se donner une
culotte. » (Commerson. )
CULOTTE se prend au figuré
pour un excès de parcles. —
« Nous nous sommes donné une
fameuse culotte monarcb ique et
religieuse. » (Balzac.)
CULOTTE DE PEAU : Vieux
soldat. ~ « N'appelle-t-on pas un
vieux soldat culotte de peau ? »
{Gangam, 1861.) — « Habit bou-
tonné militairement. Culotte de
peau, au physique et au moral. »
{Almanach du Hanneton, 1867.)
CULOTTÉ : Aguerri, teinté.
— « Oh! ma chère, je suis cu-
lottée, vois-tu. » (Gavarr.i.) —
Allusion au culottage de hi pipe.
On dit un ne^ culotté pc ur un
nez rougi par l'ivrognerie, des
yeux culottés pour des yeux cer-
nés de bistre.
CULOTTER : « Culotter une
pipe, c'est imprimer, grâce à
l'action du tabac brûlé dans son
foyer, une couleur foncée à sa
terre blanche. » (Lespès.) —
C'est le culot du fourneau de la
pipe qui brunit le plus. De là le
mot.
CULOTTER (se) : Se former,
prendre une tournure décidée.—
Même allusion. — « Voici un
pied d'Andalouse, se dit-il., ceci
t)AB
est d^une bonne couleur, et ma
passion se culotte tout à fait. »
(T. Gautier, i838).
CULOTTER (se) : Faire excès
de boire ou de manger. — « Nous
pouvons donc enfin nous culot-
ter avec du vin du tyran. »
(Chenu.)
CULOTTEUR : Homme qui
culotte des pipes par goût ou
par métier. — « Tout culotteur
un peu versé dans la partie mé-
tamorphose le petit fourneau où
brûle son tabac en alambic pour
cette proû'jction équivoque, la
nicotine. » {^.. Luchet.)
CUMULARÛ : « Fonctionnaire
qui cumule les émoluments de
plusieurs places. » (Lubize.) —
• Le cumulard se recommande
par son industrie. Employé de
ministère, il est musicien le soir,
et le matin il est teneur de li-
vres. » (Balzac). — Malgré l'au-
torité de cet exemple, je dois dire
qu'on appelle surtout cumulards
i3i -
DAB
ceux qui ont plusieurs sinécures
grassement rétribuées par l'État.
On a fait jadis un Almanach des
cumulards.
CUPIDON : Chiffonnier (Vi-
docq.) — Comparaison ironique
du carquois et du trait de l'A-
mour à la hotte et au crochet.
CURIEUX : Président, juge
d'instruction. — 11 est curieux
par métier. — « Le curieux a
servi ma bille (mon argent.) »
(Vidocq.)
Grand curieux : Président.
(Halbert.)
CYLINDRE (tu t'en ferais écla-
ter le) : Tu en mourrais. — For-
mule ironique de refus.
Une biche dit : « Mon p'tit homme,
Je mangerais bien des fraises, des p'tits
pois,
Paye-m'en 1... » La scène était à pein-
dre.
Le cocodès dît en baissant le voix :
« Tu t'en ferais éclater le cylindre. »
(A. Duchenne.)
r>
MB, DABE : Dieu : « Mer-
cure seul tu adoreras comme
dabe de l'entroUement. » (Vi-
docq.)
DABE : Père. (Grandval.)
DABE : Maître. (Idem.) —
C'est notre dabe, notre maître.»
(Balzac.)
Dabe (grand), Dabe : Roi :
« Mais grand dabe qui se fâche
dit : Par mon caloquet. » (Vi-
docq.) V. Dasbuche.
Dabe d'argent : Spéculum. Cet
instrument de chirurgie est pris
ici dans le sens de maître. Ar-
gent fait allusion à sa matière.
— Cramper avec le dabe d'ar-
gent; passer à la visite. (Argot
des filles.)
Dabe de la cicogne : Mot à
mot : maître de la justice. Pro-
DAL
ID2 —
DAN
cureur général. — «On vient me
chercher de la part du dab de la
cigogne. » Balzac)
DABESSE : Reine, mère. (Ra-
basse.)
DABIN : Tambour. (Halbert.)
Pour tapin.]
DABOT : Préfet de police. —
Augmentatif de Dabe.
DABOT : Souffre-douleur, pa-
tito. — Ne se disait autrefois que
de ceux qui perdaient au jeu
pour tout le monde. — Du latin
dabo : je donnerai (de l'argent.)
DABUGAL : Royal. (Halbert.)
DABUCHE ; Grand père. (Ra-
basse.) Maîtresse, mère. (Grand-
val.)
DABUCHETTE : Jeune mère,
belle-mère. (Vidocq.)
DAIM : Niais, dupe, ignorant.
(Rabasse.) « L'une des grandes
finesses du garçon de restaurant
quand il sert un homme et une
femme dans un cabinet, est de
pousser à la consommation...
persuadés que le daim n'osera
refuser aucune dépense. » (La
Fizelière). V. Cocodès.
Daim kuppé : Bourgeois riche.
(Halbert.) — ce II y a de l'argent
à gagner; c'est des daims hup-
pés. » (E. Sue.) V. Coup.
DALE : Argent. Pièce de
5 francs. Abréviation de rixdale;
ancienne monnaie allemande. —
€ Faut pas aller chez Paul isi-
quet. Ça vous consomme tout
vot' pauv' dale. » (P. Durand,
36.)
DALLE DU COU, DALE :
Bouche. — Allusion à lu pierre
d'évier (appelée dalle) des cui-
sines parisiennes; elle est percée
d'un trou servant comme le go-
sier, à l'écoulement des liquides.
— « La seule chose qui me cha-
touille la dalle, c'est la légume.»
(Ladimir, 42.) — « Avec ces mes-
sieurs je bois. Oui, nous nous
rinçons la dalle. » {Léonard, pa-
rodie, s. d.) V. Rincer.
DAME BLANCHE : Bouteille
de vin blanc. — Jeu de mot sur
la couleur et l'opéra. — « Une
dame blanche! dit Gugusse au
patron... Et du meilleur! » (Ca-
vaillé.)
DANDILLER : Sonner. (Idem.)
DANDILLON : Cloche. (Idem.)
— Allusion aux dandinements de
sa sonnerie.
DANDINES (recevoir des) : Re-
cevoir des coups, (Rabasse.)
DANDY, DANDYSMi; : « Cette
fatuité commune à tous les peu-
ples chez lesquels la femme est
quelque chose, n'est point cette
autre espèce qui, sous le nom
de dandysme, cherche depuis
quelque temps à s'acciimater à
Paris. L'une est la for ne délia
vanité humaine, universelle;
l'autre d'une vanité pai ticulière
et , très- particulière de la vanité
anglaise... Voilà pourquoi le mot
dandysme n'est pas français. Il
restera étranger comme la chose
qu'il exprime... Bolingbrokeseul
est avancé, complet, un vrai
dandy des derniers temj^s. Il en
a la hardiesse dans la conduite,
l'impertinence somptueuse, la
préoccupation de l'effet extérieur
et la vanité incessamment pré-
sente. » (Barbey d'Aurav Jly, Go.)
DAN
- i33 -
DAR
MNSE : Grêle de coups. —
Allusion ironique aux piétine-
ments forcés du battu. « Je veux
l'inviter à une chouette danse. —
Du tabac ? — Tout de même. »
(Monselet.)
DANSE : Lutte. A l'approche
d'un combat on dit : la danse va
commencer. Expression ancien-
ne : « Qu'il commence la danse
contre la France s'il se veut rui-
ner. » (Le Trompette françois,
1609.) — « Je prends le sabre...
C'est dit, et à quand la danse ? »
(About.)
DANSER, DANSER DE :
Payer, faire danser ses écus. —
« C'étaient d'assez bons pantres.
Enfin ils savaient danser. » (De
Lynol.) — a Et je me mets à
faire danser mes 3oo francs. C'a
été mon grand tort. » (Idem). —
« Je dansais pour c'te reine d'un
joli châle tartan. » (A. Cahen.)
V. Lansq.
Danser (faire) : Battre. — a Tu
vas me payer l'eau d'atf, ou je te
fais danser sans violons. » (E.
Sue.)
Danser (la) : Être battu. —
« Ah! je te tiens et tu vas la dan-
ser. » (Idem.)
Danser {la) : Mourir. — «Ruf-
fard la dansera. C'est un raille à
démolir. » (Balzac.)
Danser (la) : Être maltraité en
paroles. — « Quiconque pous-
sait les enchères était empoigné,
témoin une jeune fringante qui
la dansa tout du long. » (Vadé,
1788.)
Danser devant le buffet : N'a-
voir rien à manger. — a Nous
faudra danser sans musique de-
vant le bufîet, aux heures des
repas. » {Chansons, Ciermont,
35.) — Se prend au figuré : « Je
me suis lassé de danser devant
le buffet de la gloire. » (Gabo-
riau.)
DANSER TOUT SEUL : In-
fecter de .la bouche. (Grandval.)
— On abrège maintenant en di-
sant danser.
DANTESQUE : Taillé comme
l'œuvre ou comme les héros du
Dante. — a Diable! douze vers
dantesques et une ébauche de
passion perdus, on regarde à
cela. » (Th. Gautier.) — « O for-
tune! pouvais-tu jouer un tour
plus cruel à un jeune homme
dantesque et passionné. — (Id.)
V. Pifferari.
DAR-DAR, DARE-DARK :
Tout courant. — Impératif du
vieux verbe Darer, aller vive^
ment. — « Qu'il vienne tout de
suite!... Oui, dar-dar... » (La-
biche.)— «Puis le ramena dare-
dare en la ville. » (Balzac, Contes
drolatiques.) — « Il part dar-dar
en se rongeant les ongles de co-
lère. » (E. Sue.)
DARDANT : L'amour. (Ra-
basse.) C'est l'archerot des an-
ciens poètes, c'est Cupidon dar-
dant son trait.
Ici-caille est le théâtre
Du petit Dardant;
Fonçons à ce mien folâtre
Notre palpitant.
(Grandval, 1723.)
DARIOLÉ : Coup. — Du vieux
mot darer : lancer vivement.
V'ià que je vous y allonge une dariole
Qui r'pare avec son nazaret j
DÉB
— I
Le raisinet coulait
D' son nez comm' une rigole.
(Casse-Gueule, 1841%)
DARIOLEUR : Pâtissier fai-
sant la pâtisserie commune ou
dariole. — a II y a même des da-
rioleurs en chambre. »(Vinçard.)
DARK HORSE : Mot à mot
cheval sombre ; celui qui n'a pas
encore couru et f dont le mérite
est inconnu. » (Angl. Parent.)
DARON, DARONNE : Patron,
patronne. Se trouve déjà avec le
sens de vieux rusé dans le dic-
tionnaire du vieux langage fran-
çois de Lacombe. — « Il était
maître de tout, jusqu'à manier
l'argent de la daronne. » (De
Caylus.)
Darorif Daronne : Père, mère.
(Idem.)
Daron de la taille, de la
rousse : Préfet de police.
Daronne du mec des mec :
Mère de Dieu. V. Rebâtir.
Daronne : Prune. (Halbert.)
DASBUGHE ; Roi.(Grandval.)
DAUFFE, DAUPHIN : Pince à
effraction. V. Monseigneur.
DAUPHIN : Souteneur. (Hal-
bert.) V. Mac.
DAUSSIÈRE : Fille publique.
(Idem). — Pour dossière.
DEAD HEAT : « Littéralement
épreuve morte, course nulle parce
que les deux concurrents sont ar-
rivés sur la même ligne. » (Pa-
rent.)
DÉBACLER : Ouvrir. (Vi-
docq.) — Corruption de Débou-
cler,
34 - DÉB
DÉBACLER LA ROULANTE:
Ouvrir une voiture. (Grundval.)
DÉBALLAGE (au) : Au dés-
habillé. — « Il est accablé de
rhumatismes, ce qui le tait res-
sembler, au déballage, à ces sta-
tuettes que vous avez sans doute
remarquées dans la vitrine des
bandagistes. » (Monselet.)
DÉBALLAGE (au) : Au sortir
du lit. (Rabasse.)
DÉBALLAGE (être vclé au) :
Reconnaître dans les charmes
d'une femme aimée autant d'em-
prunts décevants aux re-^sources
de la toilette. — a Cependant, au
déballage, j'ai été si souvent
volé. » (L. de Neuville.) V. Ré-
jouissance.
DÉBALLER : Dénuder, exhi-
ber. « On ne les confondra jamais
avec la marchande ]de plaisirs
qui vient déballer en scène ses
mollets et ses épaules. )' (Ville-
mot.)
DÉBANQUER : Faire sauter
la banque. — « Ils pourront à
leur aise, avec l'argent dcis niais,
faire quelque bonne rafle et dé-
banquer , si c'est possible, la
grande et la petite boursicoterie.»
[Boursicotiérisme.)
DÉBARDEUR : Personnage
de carnaval dont le costume rap-
pelait les débardeurs de bois des
quais de Paris. Il y avait des dé-
bardeurs mâles et femelles. —
« Un don Juan lit au bal Musard
la conquête d'un débardeur des
plus coquets. » (E. Lemoine.)
Qu'est-ce qu'un débardeur !... Un jeune
front qu'incline
Se us un chapeau coquet l'allure mas-
culine,
DEB
i35 -
DEC
Un corset dans un pantalon,
Un masque de velours aux prunelles
ardentes,
Sous des plis transparents des formes
irritantes,
Un ange doublé d'un démon,
(Barthet, 1846.)
DÉBINAGE : Médisance. —
f Compliments désagréables, in-
discrétions et débinages. » (Gom-
merson.)
DÉBNE: Déchéance, misère,
pauvreté. (Dhautel, 08.) — « La
débine est générale, je suis en-
foncé sur toute la ligne. » (Mon-
tépin.) V. Tic.
DÉBINER : Décrier. — « On
le débine, on le nie, on veut le
tuer. » (A. Scholl.) — « La robe
était de taffetas recuit... — Très-
bien , débine la marchandise à
présent. » {Almanach du Hanne-
ton, 67.)
Débiner le truc : Faire con-
naître le vol. (Rabasse.)
Débiner le truc : Révéler le se-
cret.
DÉBINER (se) : Disparaître.
— « Quant à moi, je maquille
une aff après laquelle j'espère
me débiner pour m'éloigner
de la rousse. » {Patrie^ 2 mars
52.)
DÉBINER (se) : S'affaiblir. —
« Je me débine des fumerons. »
{Corsaire, 67.)
DÉBINEUR : Médisant, dé-
crieur. — a De débineurs des
tombolas des autres, nous som-
mes devenus partisans effrénés
des loteries. » {Tarn Tarn, 75.)
DÉBLOQUER : Lever une
consigne. V. Bloquer.
DÉBONDER : Aller à la gardo-
robe. Le mot fait image.
DÉBOUGLER : Faire sortir de
prison. (Vidocq.) V. Boucler.
DÉBOURRER : Déniaiser.
Mot à mot : dégrossir.
DÉBOUSGAILLER : Décrot-
ter.
DÉBRIDER : Ouvrir. (Grand-
val.) La chirurgie emploie ce
mot dans un sens analogue. V.
Temps,
DÉBRIDOIR : Clef. (Vidocq.)
DÉBROUILLARD : Homme
qui sait se débrouiller. « Vous
allez voir qu'il faut ouvrir l'œil,
comme disent les débrouillards. »
(W. de Fonvielle, 75.)
DÉBROUILLER (se) : Vaincre
les obstacles. Dans l'armée et
dans la marine, un homme qui se
débrouille est un homme aguerri,
qui sait son métier. — « Ce de-
brouille^-vous est sacramentel
dans la marine. On donne n'im-
porte quelle mission à un offi-
cier, on lui indique à grands
traits ce qu'il doit faire, puis on
ajoute : Au surplus, monsieur,
faites comme vous l'entendrez,
débrouillez-vous. » (De Leusse.)
DÉCANILLER : Décamper.
Mot à mot : sortir du chenil
{canil). — a Ils ont tous décanillé
dès le patron-jacquette. » (Bal-
zac.)
DÉCARADE (la) : Fuite géné-
rale. (Rabasse.)
DÉCARADE , DÉCARRE-
MENT : Départ (Vidocq.) —
Jorne du décarrement : Jour de
la mort. V. Bâchasse,
DEC
- i36 -
DEC
DÉCARCASSER (se) : Agir
activement, remuer sa carcasse.
— « Mais sapristi, mes enfants,
il faut vous décarcasser un peu
plus que ça. Vous avez tous l'air
empaillé. » (Vie parisienne, 66.)
DÉCARER : Fuir. (Grandval.)
Mot à mot : partir avec la vitesse
d'un char. — a Faut décarer. Ces
gens-là veulent m'assommer. »
{Dialogue entre Charles X et le
duc de Bordeaux, 1 8 3 2 . )
DÉCARRER : Abandonner l'af-
faire. (Rabasse.)
Décarrer de la geôle : Être mis
en liberté par ordonnance de
non-lieu. (Colombey.)
DÉCATI : Décrépi. — C'est un
synonyme assez exact de dé-
gommé. Allusion au décatissage
qui enlève le brillant d'une étoffe.
« Quand on pense que c'est là le
petit Alfred qui faisait si bien le
cavalier seul! quel décati ! » (Ber-
tall.)
DÉCATIR (se) : S'user, s'en-
laidir. — c( Elle sentait la panne
venir, elle se décatissait. » (Les
Étudiants, 60.)
DÉCAVAGE : État du joueur
décavé. « Un décavage affreux,
signe de la déveine. » (Alyge,
1854.)
DÉCAVÉ : Homme ruiné,
n'ayant plus de quoi caver à la
roulette. — « A Bade, les déca-
vés vivent sur l'espérance. » (Vil-
lemot.) — Se dit aussi des joueurs
de la Bourse malheureux : « La
Bourse reste attentive. Un peu
plus, les décavés à la dernière
liquidation diraient : J'attends
l'emprunt. » (Éclair, 72.)
DÈCHE ; État de gêne. Abré-
viation de déchéance. — « Elles
se présentent chez les courtisa-
nes dans la dèche. » (Paillet.)
DÈCHER DU CARME : Don-
ner de l'argent. (Rabasse.) —
Mot à mot : Manquer d argent.
On manque de celui qu'on a
donné.
DÉCHET : Même sens que dè-
che.
Sans argent dans 1' gousset.
C'est un fameux déchet.
(Chanson^ Avig . , 1 3.)
DÉCHIRER LA TOILE . Faire
feu. Comparaison du bru t de la
fusillade à celui d'une toile qu'on
déchire. — « Tout à Ihe ire les
feux de deux rangs déchireront
la toile, et nous verrons si vos
clarinettes ont de la voix. » (Ri-
card.)
DÉCLASSÉ : Bohème, homme
n'appartenant à aucune classe
sociale. Vallès a fait un livre sur
les Déclassés. — « Ses bergères
sont des couturières de banlieue,
ou des déclassées de bouri^ade. »
(Th. Silvestre.)
DÉCLOUER : Dégager du
Mont-de-Piété.
DÉCOLLETÉ (être) : Se con-
duire ou parler d'une façon plus
que légère. Acception figurée du
décolletage dans la toilette.
DÉCOUVERT (achat,veateà) :
Achat ou vente opérée dans les
conditions ci-dessous.
DÉCOUVERT (être à) : Spé-
culer à la Bourse sur des valeurs
qu'on n'a pas le moyen d'acheter
ni de vendre. — « Quait au
joueur à découvert, il est infail-
liblement perdu ; il a contre lui
DED
~ i37-
DÉF
la mauvaise exécution des or-
dres, les reports onéreux, le cour-
tage, la nécessité de réaliser un
bénéfice faible et la difficulté d'é-
chapper à des reprises violentes
ou à des baisses énormes. » (De
Mericlet, 56.)
DÉCROCHER : sonner. (Ra-
basse.)
DÉCROCHE-MOI CELA : Fri-
pier, habillement d'occasion. Al-
lusion aux crochets qui servent
à la montre des revendeurs. —
« M. Auguste s'habille au décro-
che-moi cela; ce qui veut dire en
français : chez le fripier. » (Pri-
vât d'Anglemont.)
DECROCHER .-Voler à la tire.
DÉCROCHER : Faire tomber
d'un coup de fusil.
DÉCROCHER : Retirer du
Mont-de-Piété. V. Clou. — « Les
révolutions m'ont réduite à met-
tre au clou les diamants de ma
famille... Faudra que tu me dé-
croches ça, mon chéri. » (Lefils.)
DÉCROCHEZ-MOI ÇA : « Un
décroche:^ -moi ça est un chapeau
de femme d'occasion... J'ai vu
au carré du Palais-Royal (du
Temple) des décroche-moi ça
qu'on eût pu facilement accro-
cher au passage du Saumon. »
(Mornand.)
DEDANS (mettre) : Mettre en
prison. (Dhautel.) V. Trou^ Son-
der.
DEDANS (mettre) : Tromper,
mettre dans l'erreur. — « Nous
avons été mis tous dedans...
Nous ignorons tous ici qui suc-
cède au général en chef. » (Pous-
sielgue, Lettre au général Vial,
12 fructidor an VII.)
DEDANS (mettre) : Griser. —
« Quand on trinque avec une
fille aimable, il est permis de se
mettre dedans. » (Désaugiers.)
DEDANS (voir en) : Être en état
d'ivresse. S'applique aux ivro-
gnes illuminés qui se tiennent à
eux-mêmes de longues conversa-
tions. V. Cocarde.
DÉDURAILLER : Déferrer.
(Colombey.)
DÉFALQUER ; Faire ses be-
soins. (Grandval.) Mot à mot éli-
miner. Nous avons gardé ce der-
nier sens au figuré,
DÉFARDEUR : Voleur. (Idem.)
— Il vous soulage du fardeau de
votre propriété.
DÉFARGUEUR : Témoin à
décharge.
DÉFIGER : Réchauffer. (Co-
lombey.) — Le froid fige.
DÉFILER LA PARADE : Mou-
rir. — Mot militaire. On défile
quand la revue est terminée. II
s'agit ici de la revue de la vie.
« Alors tout l'monde défile à c'te
parade d'où l'on ne revient pas
sur ses pieds. » (Balzac.)
DÉFILER (se) : Se sauver.
DÉFLEURIR, DÉFLOUER LA
PICOUSE : Voler du linge qui
sèche sur une haie ou sur des
perches dans les prés. (Grand-
val.) — Allusion à la couleur
tranchante des objets étendus et
aux épines de la haie.
DÉFORMER : Casser, enfon-
cer. (Rabasse.) — Effet pris pour
la cause.
DÉFOURAILLER : Courir.
(Halbert.)
8.
DÉG — i38 —
DÉFOURAILLER : Tomber.
(Grandval.) ;
DÉFOURAILLER : Sortir de
prison. (Vidocq.) — Du vieux
mot defors : dehors. V. Babil-
lard.
DÉFRIMOUSSER : Dévisager.
V. Frime.
DÉFRISER : De'sappointer. —
« C'qui les défrise, c'est un re-
venant qui vient en chemise cou-
verte de sang. » {Le Solitaire,
pot-pourri, 21.)
DÉFRUSQUER, DÉFRUS-
QUINER : Déshabiller. (Vidocq,
Grandval.) Mot à mot : ôter les
frusques.
Elle le poursuivait alors
Pour lui ôter son justaucorps
Afin de le défrusquiner.
{Virgile travesti.)
DÉGEL : Mortalité. — « On
connaît les effets dissolvants du
dégel — « Il y aura un rude dé-
gel. » (Watripon )
DÉGELÉE : Volée de coups.
— Même allusion que pour cuite.
— « Nous nous sommes battus
jusqu'à la nuit, qui est venue
mettre fin à la dégelée que nous
avons donnée aux Autrichiens. »
(Général Christophe, Lettres,
09-)
DÉGOMMAGE : Ruine, desti-
tution, usure.
DÉGOMMER : Surpasser. —
« Nous pourrions très-bien jouer
la revue de Bobino et dégommer
les Esbrouftailles avec leurs po-
ses plastiques » (Villars.)
DÉGOMMER : Destituer. —
« Réélu!... Dégommé! » (Ga-
varni.)
DEL
DEGOMMER (se) : Se faner,
enlaidir. — Mot à mot : perdre
son brillant. — a Je me rouille,
je me dégomme. » (Labiche.)
DÉGOMMER (se) : S'entre-
tuer.
Napoléon, c' vieux grognard,
D' ces jeux où l'on se déeomme
En queuqu's mots résumait l'art.
(Festeau.)
DÉGOTER : Trouver, décou-
vrir. (Rabasse.)
DÉGOULINER : Couler dou-
cement. — Onomatopée. M. Fr.
Michel a cité un exemple de ce
mot au xviii"» siècle. — ce V'ià au
moins la vingtième (larme) qui
dégouline sur ma joue. » (Ri-
card.)
DÉGOURDI : Maladroit, en-
gourdi. — Ironie.
DÉGOÛTÉ (pas) : Ambitieux.
— « Se dit en plaisantant d'un
homme qui, sans avoir l'air de
choisir, prend le meilleur mor-
ceau. » (Dhautel.) -• ( Belle
dame, vous êtes joliment jolie ce
soir. Je souperais fièrement avec
vous. — Tu n'es fichtre pas dé-
goûté. » (Gavarni.)
DÉGOÛTÉ (n'être pas) : Ad-
mettre des choses inadmissibles,
n'être pas dégoûté quand on de-
vrait l'être. V. Cassine.
DÉGRIMONER (se) : S'agiter,
se débattre.
DÉGUIS : Déguisement. (Vi-
docq.) — Abréviation.
DÉGUISER EN CERI' (se) :
Courir comme un cerf, ti ès-vite.
DELENDA CARTHAG* ) : Idée
fixe de destruction. — Rappel de
DÉM
i39
DEM
la guerre sans merci contre Gar-
thage qui était devenue la règle
politique de Rome. « M. Ri-
chard qui a fait de la démission
des ministres son delenda Car-
thago revient à la charge. »
{Éclair, juillet, 72.)
DÉ LIGOQUENTIEU SE-
MENT: Délicieusement. — «Pour
y retrouver un Arthur délico-
quentieusement séducteur. » (E.
Lemoine.)
DELICE : Voiture publique.
(Vidocq.) — Abréviation de dili-
gence.
DEMAIN : Jamais. — Terme
ironique. — Demain ne sera ja-
mais aujourd'hui.
DÉMANCHER (se) : Se donner
grand air ou grand mouvement.
Et d' la façon dont j' me démanche,
On nous verra r'quinqués à la papa.
(Duverny, i3.)
DÉMAQUILLER : Défaire. V.
Maquiller.
DÉMARCER : Partir, s'en al-
ler la. Du vieux mot desmarcher ,
qui a le même sens.
DÉMARQ.UEUR DE LINCE :
Plagiaire. — « Nous sommes
très-flatté que les journaux nous
fassent des emprunts, mais nous
aimons aussi, pour employer une
expression consacrée dans le
journalisme, qu'on ne démarque
pas notre linge. » (G. Charavay,
66.)
DÉMARRER : Partir. Terme
de marine. V. Ponton.
DÉMÉNAGER : Faire des ex-
travagances, mourir. (Dhautel,
08.)
Déménager à la cloche de bois,
à la sonnette de bois : Déména-
ger furtivement en tamponnant
la clochette d'éveil adaptée aux
portes de beaucoup d'hôtels gar-
nis.
Déménager à la ficelle : Dé-
ménager en descendant les meu-
bles par la fenêtre à l'aide d'une
corde.
DEMI-AUNE : Bras. — « Il y
avait deux heures que je tendais
ma demi-aune sans pincer un
radis. » (Luc Bardas.)
DEMI-CERCLE (pincer au) :
V. Cercle.
DEMI-FORTUNE : Voiture à
un cheval. — « S'y faire mener,
non pas dans sa demi-fortune,
mais bien dans une bonne et
douce calèche. » (Privât d'Angle-
mont.)
DEMI-LUNE : Fesse. — Inu-
tile de définir l'allusion. « Mes
demi-lunes! s'est-il écrié l'autre
jour quand on a reparlé du doc-
teur Eguisier. » {Figaro, j5.)
DEMI-MONDE (femme du) :
Femme née dans un monde dis-
tingué dont elle conserve les ma-
nières sans en respecter les lois.
Le succès d'une pièce de Dumas
fils a créé le mot. — « On écrit
en toutes lettres que vous régnez
sur le demi-monde. » (A. Se-
cond.)
DÉMOC-SOC : Démocrate-so-
cialiste. — Double abréviation.
— « Messieurs les démocs-socs,
vous voyez si vos menaces m'ont
effrayé. » (Chenu, 48.) V. Liquide,
Communard.
DEMI-STROC : Demi-setier.
DEN
— 140 —
DEP
(Vidocq.) —• Changement de fi-
nale.
DEMOISELLE : Femme ga-
lante. — Se dit surtout au plu-
riel. Déranger a chansonné Ces
Demoiselles.
DKMOISELLE : Mesure de li-
quide. V. Monsieur.
DÉMOLIR : Maltraiter en ac-
tes, ou en paroles, ou en écrits,
— « Deux champions pronon-
çant la phrase sacramentelle :
Numérote tes os, que je les dé-
molisse, » (Th. Gautier, 45.) —
« On démolissait Voltaire, on en-
fonçait Racine. » (L. Reybaud.)
« Ah ! vous venez attaquer l'in-
digent Juvénal. Eh bien! Juvénal
vous démolira! » (Barthélémy,
32.)
DÉMOLIR ; Supprimer, des-
tituer. — (( Puisqu'on vous pro-
pose de démolir M. Amici, le mi-
nistre des travaux publics, de
grâce, acceptez. » (Mirés, 58,
Lettre à Pontalba.)
DÉMOLIR : Tuer. — « Ruffard
la dansera, c'est un raille à dé-
molir. » (Balzac.) — « L'adjudant
s'est fait démolir comme un hé-
ros. » (J. Noriac.)
DÉMOLISSEUR : Médisant
implacable, critique acerbe. —
« Voltaire n'en reste pas moins
le grand démolisseur religieux
et moral du xvine siècle. »(Asse.)
DÉMORGANER : Se rendre à
une observation. Mot à mot :
perdre de sa morgue.
DÉMURGER : S'en aller, éva-
cuer. (Grandval.) — Pour Dé-
marger.
DENAILLE (saint) : Saint-De-
nis. (Colombey.) — Ghingement
de finale.
DENIER A DIEU : Prime d'ar-
gent donnée au concierge par le
locataire d'uu appartement nou-
veau. — a C'est lui qui a décrété
l'impôt de la bûche par voie, du
denier à Dieu. » (Lamiral, 23.)—
Se prend au figuré : « Par le mot
amitié, je n'entends pas cette ba-
nalité traditionnelle que tous les
amants s'otfrent en se séparant
et qui n'est que le denier à Dieu
d'une indifférence réciproque, »
(Dumas fils, le Demi-Mcnde.)
DENTELLE (de la) : P.illets de
Banque. (Rabasse.) Allusion de
légèreté.
DÉPENDEUR, DÉPEN DEUSE
D'ANDOUILLES : Homme assez
grand pour décrocher les an-
douilles du plafond dans les cui-
sines d'autrefois, plus hautes et
mieux pourvues que celles d'au-
jourd'hui. — « Kegardc donc,
Jérôme, vois donc l'grand dépen-
deux d'andouilles. » {Catcchisme
poissard, 40.)
On ne saurait assigner la même
origine à dépendeuse d'andouiU
les, qui a un sens tout autre :
« Va ! guenon, guenipe, lépen-
deuse d'andouilles! »
DÉPIOTER : Enlever la peau.
— « Si monsieur croit que c'est
commode... on se dépiote les
pouces. » (P. de Kock.)
DÉPLANQUER : Exhiber, dé-
terrer des objets cachés. V, Va-"
gue.
DÉPLUMER (se) : Devenir
chauve.
DÉPONNER, DÉPOUSSER :
DER
141 —
DES
Faire ses nécessités. (Halbert.)
— Le premier vient de ponant;
le second s'explique de lui-même.
DÉPÔT : Dépôt de la Préfec-
ture de police. — Prison où les
gens arrêtés sont déposés en at-
tendant l'instruction de leur af-
faire. — « Eune nuit... c'était
hors barrière... on m' ramasse.
De là, au dépôt. » (H. Monnier.)
DER : Dernier. — Abréviation.
V. Preu.
DÉRAGER : Cesser de se met-
tre en colère. — « Depuis le jour
de son arrivée, il n'avait pas en-
core déragé. » (E. Chavette.)
DÉRAILLÉ : Déclassé. Mot à
mot : homme jeté en dehors de
la voie commune. — « Notre dé-
raillé conçut le projet de faire
des lectures à l'instar du grand
Dumas. » (Michu.)
DÉRALINGUER ; Mourir. —
Terme de marine.
DERNIER (avoir le) : Avoir le
dernier mot. V. Double.
DERNIER DE M. DE KOCK ;
€ Ce mot a signifié cocu pendant
quinze jours. En ce temps, il ve-
nait de paraître un roman de
M. Paul de Kock intitulé /eCocw.
Ce fut un scandale merveilleux...
Il fallait bien pourtant se tenir
au courant et demander le fa-
meux roman. Alors (admirez
l'escobarderie !) fut trouvée cette
honnête périphrase : Avez-vous
le dernier de M. de Kock? » —
(Th. Gautier.) — a Le mari : Et
de cette façon je serais le dernier
de M. de Kock, minotaure, comme
dit M. de Balzac. » (Idem.)
DÉRONDINER : Payer. (Hal-
bert.) Mot à mot : faire sortir ses
ronds. V. ce mot.
DÉROUILLER (se) : Recou-
vrer sa souplesse, se mettre au
fait d'un service.
DÉROULER (se) : Passer un
certain temps. — « Maintenant
qu'elle est à la préfecture, elle va
se dérouler six mois. » (Ch. de
Mouchabœuf.)
DÉSARGOTER : User de ma-
lice. (Halbert.)
DESARRER : Fuir. (Idem.)
DESATILLER : Châtrer. (Id.)
DESCENDRE : Jeter à terre.
Mot à mot : faire descendre. —
Une caricature de i83o repré-
sente un soldat à cheval sur un
chameau et criant : a A moi,
Fatet, c'te chienne de bête va
m'descendre. »
DESCENDRE : Mettre hors de
combat, tuer. — « J'ajuste le
Prussien, et je le descends.
(Marco Saint-Hilaire.)
DESCENDRE LA GARDE :
Mourir. Mot à mot : ne plus gar-
der la vie. — « Ce vilain brutal
me voulut un jour faire descen-
dre la garde. » {Rien^i, parodie,
26.)
DÉSENFLAQUER : Tirer d'un
mauvais pas.
DÉSENTIFLAGE : Sépara-
tion, divorce.
DÉSENTIFLER : Se séparer
de sa femme. (Vidocq.) V. Anti-
fier.
DESGRIEUX : Amant d'une
fille perdue, mot à mot : person-
nage ayant les faiblesses du Des-
grieux de Manon Lescaut,
DES — 142 —
DESIDERATA : Désirs. — La-
tinisme. C'est le pluriel du mot
qui suit. — « Ces préoccupations
toutefois ne l'empêchent pas de
présenter un des nombreux de-
siderata du radicalisme. » {Le
Nord, sept. 72.)
DESIDERATUM : Désir. —
Latinisme. — « On manifestait
pour la Pologne, cet éternel de-
sideratum. » (Aubryet.)
DESSALER : Noyer. (Idem.)
— On noie comme on dessale, en
jetant à l'eau.
DESSALER (se) : Boire. (Hal-
bert.) Mot à mot : dessaler ce
qu'on vient de manger.
DESSALER (se) : Se rendre
malade. (Rabasse.) — Ce qui est
dessalé n'est plus en état de con-
servation.
DET
DESSOUS {tomber dans le troi-
sième, dans le trente-sixième) :
Faire une chute complète, en par-
lant d'une pièce théâtrale, et, par
extension, tomber dans le dis-
crédit le plus complet. — « Il
existe, dans le sous-sol de cha-
que théâtre, trois étages. Le pre-
mier dessous est destiné à rece^
voir les acteurs qui apparaisent
ou disparaisent dans les pièces à
trappes. Les deuxième et troi-
sième dessous ne reçoivent que
les décorations qui s'effondrent.
Quand on dit d'une pièce : [elle
est tombée dans le troisième des-
sous, il est aisé de comprendre
qu'elle aura de la peine à se re-
lever.» {J. Duflot, 65.)— On voit
par les détails précédents que
tomber dans le trente-sixième
dessous, est une simple figure.
PESSOUS : Amant de cœur.
i
(Halbert.) — C'est celui qu'on
cache.
DESSUS : Entreteneui.(Idem.)
— C'est l'homme qu'on montre.
DESSUS DU PANIER : Ce
qu'il y a de mieux en tout. —
Allusion au procédé des mar-
chandsqui placent les plus beaux
fruits au-dessus du panier. —
« Il arrive des nobles étrangers.
La province et l'étranger se sont
cotisés pour envoyer le dessus
du panier. » (A. Wolf.) — a Ce
banquet réunissait 400 convives;
le dessus du panier radical. »
{Figaro, 75.)
DESTUC : De moitié dans un
vol. (Halbert.) — Pour d'estuc.
V. Estuc.
Aguerrir. V
DETAFFER
Tafe,
DÉTAIL (c'est un) : C'est un
accident grave. — Ironie pari-
sienne... — « S'il entend parler
d'un tremblement de terri:, il dit :
c'est un détail. » (Monselct.)
DÉTAROQUER : Démarquer.
— Du vieux mot taroter : mar-
quer.
DÉTELER : Renoncer à l'a-
mour. Allusion chevaline équi-
voquant sur le mot « tirer. »
DÉTOSSE : Misère. (Halbert.)
— Mot composé du de privatif et
de osse, argent. V. Os.
DÉTOURNE (vol à la) : « Le
vol à la détourne se fait à Tinté-
rieur des magasins... Il est exercé
surtout par les femmes. L'une
occupe le marchand, l'autre dé-
tourne les coupons. » (VI. du
Camp.)
DE^
140
DEV
DÉTOURNER : Voler dans
riniérieur d'une boutique.
DÉTOURNEUR : Voleur à la
détourne. — «Le détourneur qui
dérobe un objet dans le magasin
où il vient faire emplette.» (Phil.
Chasles.) — « Parmi les détour-
neurs on distingue : i» les griri'
chisseuses à la mitaine, assez
adroites du pied pour saisir et
cacher dans de larges pantoufles
les dentelles et les bijoux qu'elles
font tomber. Leur mitaine est un
bas coupé pour laisser aux doigts
leur liberté d'action ; 2» les en-
quilleuses, fourrant des objets
entre leurs cuisses {quilles) ;3° les
avale-tout-cru, cachant les bi-
joux dans leur bouche ; 4» les
aumôniers, jetant le produit de
leur vol à de faux mendiants. »
(Vidocq.)
DETTE (payer une) : Être en
prison. (Halbert.) Mot à mot :
payer une dette à la justice.
DEUIL (demi) : Café sans co-
gnac. V. Cogne.
DEUIL (grand) : Café avec co-
gnac. V. Cogne.
DEUIL (ongle en) : Ongle cerné
de crasse noire comme [un billet
d'enterrement. — « J'aurai l'air
d'être en deuil depuis la cravate
jusqu'aux ongles , inclusive-
ment. » (A. Second.) — « A qui
cette main, monstre, ces ongles
en demi-deuil?» (Alhoy, 41.)
DEUIL DE SA BLANCHIS-
SEUSE (porter le) : Être très-
sale. — Jeu de mots qui se trouve
déjà dans le dictionnaire de Tré-
voux, 1771.
DÉVEINARD : Qui est en dé-
veine. « Il rencontrait toujours
sur le boulevard un vieux cama-
rade, un déveinard comme lui. »
(Alph. Daudet.)
DÉVEINE : Malheur constant.
V. Veine, Décavage. — « Il pa-
raît que la banque est en dé-
veine. » (About.)
DÉVIDAGE : Long discours.
(Vidocq.) — C'est-à-dire long
comme le dévidage d'un écheveau,
DÉVIDAGE : Promenade dans
le préau d'une prison. (Rabasse.)
On se meut toujours dans un
cercle étroit comme celui de l'é-
cheveau qu'on dévide.
DÉVIDAGES (faire des) : Ré-
véler des vols. Dévidage veut
dire ici bavardage.
DÉVIDAGE A L'ESTORGUE:
Mensonge, acte d'accusation. (Vi-
docq.) — Ce mot a sa moralité. Il
nous prouve qu'un coquin tient
toujours à paraître innocent. V.
Estorgue.
DÉVIDER, DÉVIDER SON
PELOTON : Bavarder, avouer,
faire un discours aussi long
qu'un peloton de fil à dévider. —
« Il a le truc pour dévider son
peloton, votre ami. » {Vie pari-
sienne, 66.) V. Bayafe.
DÉVIDEUR, DÉVIDEUSE :
Bavard, bavarde. '
DÉVISSER LE COCO : Tordre
le cou, étrangler. V. Coco.
DÉVISSER SON BILLARD :
Mourir. (Colombey.)
DE VISU : D'après ce qu'on a
vu. Latinisme. — « Un des écri-
vains spirituels de ce temps dé-
crit de visu. » (Privât d'Angle-
raont.J
DIS
— 144
DOC
DEVORANT : Compagnon du
devoir. Mot à mot : devoirant.^
a Je ne suis pas un dévorant, je
suis un compagnon du devoir de
liberté, un gavot. » (Biéville.)
DIABLE : Agent provocateur.
(Rabasse.) — Le diable est le
grand tentateur.
DIGUE-DIGUE : Attaque d'é-
pi lepsie. — De dinguer : tom-
ber. V. Camboler.
DUONNIER : Moutardier. (Vi-
docq.) — Dijon est la capitale de
la moutarde.
DIMANCHE: Jamais.— «Vous
serez placé... dimanche. » (Dé-
saugiers.) — C'est-à-dire le jour
où ne se fait aucune nomina-
tion.
DINDE, DINDON : Niais,
niaise, dupe. — a J'ne veux pas
être le dindon de vos attrapes.»
(Vadé, 1788.) V. Gogo.
Mari dindon : Mari trompé.
DINDONNER : Duper. — « Je
n'aii jamais été chiche avec les
femmes, mais je n'aime pas à
être dindonné. » (E. Sue.)
DINDORNIER : Infirmier. (Co-
lombey.)
DINER PAR CŒUR : Ne pas
dîner. Mot à mot : dîner pour
mémoire.
DINGUER (envoyer) : Jeter à
terre, et, au figuré, éconduire. —
ti Panama ! tu ne l'as donc pas
envoyé dinguer ? » (L. de Neu-
ville.)
DIS QUE ÇA (je ne) : C'est-à-
dire : il n'y a pas moyen d'en
dire davantage, dans le sens ad-
miratif. — a Les baronnes, mes
sœurs, mettent leurs coiffures
empire chargées de toi tillons en
rubis... je ne vous dis que ça. »
{Vie parisienne, 66.)
DISTANCER : Dépasser. —
Terme de sport hippique. —
a Watteau et Boucher sont dis-
tancés. Vous arrivez première au
charme des yeux et des cœurs. »
{Almanach du Hanneton, 67.) —
c( Madame Schontz qui distan-
çait de trois blagues, disait-elle,
tout l'esprit de ces dames. » (Bal-
zac.)
DIX-HUIT : « Le fabricant de
dix-huit s'appelle le riboui... Le
dix-huit n'est pas un soalier re-
monté ou ressemelé, c'est plutôt
un soulier redevenu neuf : de là
lui vient son nom grotesque de
dix-huit ou deux tois neuf. Le
dix-huit se fait avec les vieilles
empeignes et les vieilles tiges de
bottes qu'on remet sur ce vieil-
les semelles retournées, assor-
ties, et qui, au moyen de beau-
coup de gros clous, finissent par
figurer une chaussure. » ( P.
d'Anglemont.)
DIXIÈME (passer au) : Devenir
fou. — Terme usité parmi les
officiers des armes spéciales.
Frappés du nombre des cama-
rades que leur enlevaieat des
atteintes d'aliénation mentale ,
ils disent : // est passé au di'
xième (régiment), pour montrer
combien ils sont décimés par
des pertes, sur lesquelles l'étude
des sciences exactes n'es' pas,
dit-on, sans influence. — « L'ofli-
cier du génie passe souvent au
dixième. » {Vie parisienne. 67.)
DOCTRINAIRE : « On aonne
ce nom à une secte de gens bi-
DOM - 145 —
lieux , mais enchantés d'eux-
mêmes, qui avouent que rien
n'est plus raisonnable que leur
propre raison. » (C. Blanc, 44.)
DODO : Lit. — Redoublement
de la première syllabe de Dor-
mir.
DOG-CART : Voiture de
chasse. — Anglicanisme.— c< Que
le cheval de votre dog-cart soit
fourbu, borgne ou liqueur, peu
importe! » (Marx.)
DOIGT DANS L'ŒIL (se four-
rer le) : S'abuser, ne pas voir les
cho-^es plus que si on avait l'œil
bouché par un doigt. — « Il
s'est un peu fourré le doigt dans
l'œil, le brave garçon. — (De
GoncourtJ
Se fourrer le doigt dans l'œil
jusqu'au coude : Se faire de très-
grandes illusions. — C'est la
progression de la même image.
— « J'ai l'honneur de te faire re-
marquer que tu t'es fourré le
doigt dans l'œil jusqu'au coude.»
(L. de Neuville.) — On abrège
en disant se fourrer dans l'œil :
a Si madame se fourre dans l'œil
qu'on restera chez elle pour six
cents francs. Merci ! » ( Vie pa-
risienne, 66.)
Etre de la société du doigt
dans l'œil : Compter parmi les
nombreux mortels qui conser-
vent quand môme certaines illu-
sions vaniteuses.
DOMINO : Dent. — Allusion
de forme et de couleur. Qiteljeu
de dominos! se dit de dents lon-
gues et jaunes. Les jolies petites
dents sont des quenottes, des lou-
louttes.
DOS
DOMINOS (jouer des) : man-
ger. (Balzac.)
DON JUAN : Séducteur pourvu
des séductions et des vices de
Don Juan. Pris ironiquement.
V. Centre de gravité.
DONNER ( se la) : Fuir.
(Grandval.)
Donner dans : S'abandonner à,
croire à.— «La bonne peut avoir
des chagrins. V'ià c'que c'est que
d'donner dans l'militaire. » (La-
miral, 23.)
Donner des noms d'oiseaux :
Roucouler amoureusement. V.
Oiseaux.
Donner du vague : Chercher
fortune. V. Vague.
Donner quelqu'un : Le dénon-
cer. Mot à mot : le donner à la
justice.
Donner un pont : Tendre un
piège. V. Couper dans le pont.
Donner une affaire : Céder les
renseignements propres à com-
mettre un voL
Donneur de bonjour. V. Bon-
jour.
DONT AUQUEL : Auquel
rien n'est comparable. — « Car
moi, je suis un militaire dont
auquel. » (Vadé, 1756.)
DORANCHER : Dorer. (Co-
lombey.) Changement de finale.
DOS (scier le dos): Importu-
ner. V. Scier. — « Moi, ça me
scie le dos. «(Rétif, 1782.)
DOS (en avoir plein le) : Être
assommé d'ennui. — « Tu sais
que j'ai de la maison plein le
dos?» (Désaugiers.)
DOS D'AZUR, DOS VERT:
DOU
— 146 —
DOU
Souteneur. — Allusion aux reflets
verts et bleus du dos du maque-
reau. V. Mac. — «Je ne suis pas
un miche, je suis un dos d'a-
zur. » (L. de Neuville.)— « Deux
femmes se battaient pour un dos
vert. » (Stamir.)
DOSE : Désagrément, ennui,
dégoût. Mot à mot : forte dose
de désagrément.
Chaqu' fois qu'on remet pour moi
Des lettr's ou bien autre chose,
Il les garde plus d'un mois :
Comment trouvez -vous la dose?
(L. Meidy )
DOSSIÊRE DE SATTE:
Chaise. — On s'y adosse.
DOSSIÊRE, DAUSSIÈRE:
Prostituée de dernier ordre. Mot
à mot : femme se mettant sur le
dos. V. Calége.
DOUBLAGE, DOUBLÉ : Vol.
DOUBLE : Sergent-major ,
maréchal des logis chef. — L'in-
signe est un double galon.
Si son double, un soir,
Pris d'humeur noir,
Veut tempêter... (Wado.)
DOUBLER : Voler.
DOUBLER UN CAP : a C'est
faire un détour, soit pour ne pas
passer devant un créancier, soit
pour éviter l'endroit où il peut
être rencontré. » (Balzac.)
DOUBLETTE, DOUBLEUR,
DOUBLEUX, DOUBLEUSE :
Voleur, voleuse. — « Tous les
doubleurs de la riche toison. »
(Grandval.)
DOUBLIN : Pièce de dix cen-
times. (Halbert.) Mot à mot :
double sou.
lent. —
vous, à
ci, à la
DOUBLURE : Acteur chargé
d'en suppléer un autre. — « Cha-
que chef d'emploi avait jadis sa
doublure dans les théâtres de
Paris. » (J. Duflot.)
DOUCE : Soie. — Elle est
douce au toucher.
DOUCE (à la) : Doucen
« Comment que qu'ça va,
ce matin? — Mais, mer
douce. » (H. Mohnier.)
DOUCE (la passer couce) :
Passer doucement la vie, sans
souci ni travail. « Mais les vi-
veurs continuèrent à la passer
douce. » (James Rousseiu, 42.)
On dit aussi la couler douce.
DOUCETTE : Lime(Mdocq.)
— Elle opère petit à petit, tout
doucettement.
DOUCEUR (faire en) : Les vo-
leurs emploient ce terne par
opposition à celui dQ faire à la
dure, c'est-à dire voler avec voies
de fait. On fait boire l'iiomme
qu'on lève en douceur.
DOUILLARD : Homme riche
ayant de la douille. — « Ch ! oh !
fit-il, un public ficelé! rijn que
des hommes et des douilLirds. »
(De Pêne.)
DOUILLE : Argent. — c II y a
de la douille à grinchir. d (Pail-
let.) — « Cette douille est desti-
née à mon bottier qui me refuse
des socques. » {Paris étudiant ^
54.)
DOUILLE : Cheveux. (Orand-
val.) — Du vieux mot i aille :
mou.
DOUILLES SAVONNÉS:
Cheveux blancs.
DOUILLER : Donner de l'ar-
DRO
- 147 —
DRO
gent— On dit aussi douiller du
carme. (Rabasse.)
DOUILLET, DOUILLETTE:
Crin. (Vidocq.)
DOUILLURE : Chevelure.
DOULEUR (étrangler la) :
Boire un verre d'eau-de-vie. —
« Les habitués viennent, au dé-
bit, étrangler la douleur du ma-
tin. » {Vie parisienne, 65.)
DOUSSE : Fièvre. (Halbert.)
DOUSSIN : Plomb. (Idem.)
DOUSSINER : Plomber. (Idem.)
DOUX (un verre de) : « Un
verre de liqueur sucrée, par op-
position à un verre de liqueur
forte ou de rude. » (Dhautel, 08.)
V. Tournée.
DRAGÉE : Balle. — Allusion
de forme. — « Nous entendons
dire, mon camarade, que tu ne
quittes pas l'ennemi, et que tu
leur envoies des dragées à plein
canon. » (Marceau, Lettre à
Westennann. 17Q2.)
DRAGUEUR : Banquiste, fai-
seur. (Vidocq.) Pour dragueur.
DREGUEU (parler en) : Le
mot dregueu est placé après cha-
que mot et se modifie confor-
mément à lui. « Ainsi pour dire
je suis pris, ils diront 7e dregue
suisdriguis pridriguis. » (Ra-
basse.)
DRINGUE : Diarrhée.
DROGUE : Mauvaise femme.
— Extension du terme drogue
{c'est de la drogue), appliqué
souvent aux choses de mauvaise
qualité. — Plus mauvaise en-
core, la drogue devient un poi-
son. V. ce mot. V. Sterling.
DROGUE (petite) : Coureuse.
— De droguer : « Maintenant,
allons dîner chez les petites dro-
gues. » (Champfleury.)
DROGUER : Attendre en se
promenant. — Métaphore em-
pruntée au jeu de la drogue. —
« Vous droguez nuit et jour au-
tour de sa maison. » (G. Sand.)
— « Il m'a fait droguer plus
d'une heure dans la rue. »
(Dhautel, 08.)
DROGUER : Dire. V. Girofle.
DROGUERIE: Demande. (Co-
lombey.)
DROGUEURDE LA HAUTE:
Escroc à langue dorée et sachant
droguer aux dupes ce qu'il faut
pour les dépouiller.
DROITE : Parti législatif aris-
tocratique.— Ainsi nommé parce
qu'il occupe les bancs de l'ex-
trême droitedans nos assemblées
parlementaires. V. Gauche.
DROITIER : V. Gaucher.
DROLE (pas) : Ennuyeux, pas
amusant. — « Tu sais aussi bien
que moi que tu n'es pas drôle...
Qu'y veux-tu faire, on vient au
monde comme cela. » (G. Droz.)
— « Et puis, ils ne sont pas
drôles, ces pèlerins là. » (Vil-
lars.)
DROLE ^pas) : Très-malheu-
reux. — Expression singulière,
dont le peuple de Paris connaît
seul la valeur saisissante. Si quel-
qu'un est victime d'un accident,
on le plaint par ces mots : « Pau-
vre homme! ça n'est pas drôle!»
Un homme sans ressources dira:
« Je ne sais si je mangerai ce
soir, et ça n'est pas drôle. » —
hm
148 —
DUS
«Et ça vous fiche des coups...—
Ça c'est peu drôle. » (Gavarni.)
DROMADAIRE : Variante de
chameau. V. ce mot. — « Viens!
nous verrons danser les jeunes
dromadaires. » (Gavarni.)
DROUILLASSE : Diarrhée.
DUFFER : Cheval de course
engagé dans le seul but de faire
parier et retiré dès que son pro-
priétaire en aura tiré bénéfice par
ce moyen. (Parent.) Anglica-
nisme.
DULCINÉE : « Une mijaurée
qui s'en fait accroire fait la Dul-
cinée du Toboso. — Dulcinée
veut dire aussi une femme ga-
lante, une donzelle. » (Dhau-
tel, 08.)
DUN (parler en) : Procédé de
déformation argotique consis-
tant a ajouter dun au mot pro-
noncé en troquant l'n de dun
contre la première lettre du mot
si cette lettre est une con-
sonne et en l'ajoutant si c'est
une voyelle. Non content de
cette opération, on termine en
redoublant après du la première
syllabe. — «Ainsi pour dire on ne
voit pas, ils disent nonduon ne-
due noitduvoit nadupas. Pour
maladroit, ils disent naladroit-
dumal. » (Rabasse.^
DUNON (parler en) : Procédé
de déformation argotique consis-
tant à ajouter dunon à chaque
mot prononcé, en ayant soin de
troquer l'n de dunon ctuitre la
première lettre du mot à pro-
noncer. — « Pour dire bonjour,
monsieur, ils disent nonjour du-
bon, nomsieurdumon.ï) (Rabasse.)
DUR, DURIN; Fer (Vidocq.)
DUR : Eau-de-vie. — C'est un
liquide dur au gosier. — « Pour
faire place aux petits verres de
dur. » (T. Gautier.)
DUR A CUIRE : Homme so-
lide, sévère, ne mollissant pas.
(Dhautel.) — «En voilà ur, qui ne
plaisante pas, en voilà ur de dur
à cuire. » (L. Reybaud.)
DUR A LA DÉTENTE : Avare.
Mot à mot : homme qui n'al-
longe pas volontiers sbn argent.
DUR (être dans son) : « Tra-
vailler avec grande assiduité.
Terme de typographes. » ( J. La-
dimir.)
DURAILLE, DURE : Pierre.
(Colombey.)
DURAILLES: Diamants. (Hr-
bert.)
DURE (la): Terre. (Grandval.)
Le mot est classique. Ne dit-on
pas coucher sur la dure.
DURÈME : Fromage. (Vidocq.)
DURINER: Ferrer. (Halbert.)
DUSSE : Signe de con\ ention
à l'usage des grecs, joueurs d'é-
carté. — « Sans la télégraj hie, le
dusse, il eût probablement donné
des cartes. » (Cavaillé.)
EGA
- 149 -
EGL
E
EAU D'AF, D'AFF, D'AFFE :
Eau-de-vie. — « As-tu bu l'eau
d'af à c'matin? T'as l'air tout
drôle, est-ce que t'es malade,
ma mère ? » (Catéchisme pois-
sard, 44.) V. Ajr, Paf.
EAUX BASSES : Manque d'ar-
gent. On dit de même : être à la
côte , etc. — « Cette délicieuse
noce dura au moins trois jours
jusqu'à ce qu'enfin les eaux soient
devenues tellement basses qu'il
faille retourner à ce maudit ate-
lier. » (Moisand.)
E B A Z I R : Assassiner. (Ra-
basse.) Forme d'esbasir.
ÉBOURIFFANT : Excessif au
point de faire ébouriffer les che-
veux sur la tête. C'est une va-
riante de à faire dresser les che-
veux sur la tête qui a paru sans
doute trop connu. — « Menez une
jeune fille au bal, tous les yeux
flambent autour d'elle, et vous
lui dites : tu ne brûleras pas!...
ous êtes ébouriffant, ma parole
d'honneur ! » ( Physiol. des
Amoureux. 41.)
ÉGAFOUILLER : Écraser en
projetant les débris.
ÉCARBOUILLER (s') : Se re-
tirer vivement,— ce Je m'envole...
Et moi, je m'écarbouille. » (Mi-
chu.)
ÉCARTER, ÉCARTER DU
FUSIL : Crachoter involontaire-
ment au nez de son interlocu-
teur.
ECCE HOMO : Homme dont
l'extérieur macéré rappelle le
Christ. — « Humilité incarnée,
espèce d'ecce homo. » (J. David.)
ÉCHALAS : Jambe maigre
comme un échalas. — « Joue
des guibolles, prends tes échalas
à ton cou. » (Montépin.)
ÉGHASSES : Jambes maigres
et longues comme des échasses.
ÉCHASSIER : Homme à lon-
gues jambes.
ÉCHINER : Critiquer violem-
ment. — a On y prenait solen-
nellement l'engagement d'^c^/?ier
tel ou tel individu. Il n'y avait de
bonne littérature que celle qui
n'avait pas été souillée par les
règles de Boileau. » ( Privât
d'Anglemont.)
ÉCHOTIER : Rédacteur
chargé des Échos de Paris dans
un journal. — « Le mot n'a pas
été dit, mais je connais les écho-
tiers qui l'affirmaient. » (Cha-
brillat.)
ÉCLAIRAGE : « Les joueurs
sortent de leurs poches l'argent
qu'ils se proposent de risquer
dans la partie. C'est l'éclairage. »
(Cavaillé.)
ÉCLAIRER : Observer. (Ra-
basse.)
ÉCLAIRER : Déposer son ar-
gent. Mot à mot : le faire luire.
— « C'est pas ■ tout ça, i' faut
éclairer. C'est six francs. » (Mon-
ECR
- i5o
ELB
»
selet.) — « Ne passez jamais la
main (au baccarat) et priez les
femmes d'éclairer leurs bancos. »
(Marx.)
ÉCOPPER : Recevoir des
coups, être battu. (Rabasse.)
ÉCORGHER : Faire payer
frop cher.
ÉCORNAGE (vol à) : « On
vient d'arrêter, dit le Moniteur
(mars 66), un individu qui avait
ressuscité le vol à Vécornage. A
l'aide d'un diamant de vitrier,
Julien S... pratiquait une ouver-
ture dans l'angle inférieur d'une
vitre de magasin. Passant par
cette ouverture une petite trin-
gle, il attirait une pièce de den-
telle. »
On appelle aussi vol à Vécor-
nage le vol à la pièce forcée,
{y .pièce.) En ce cas, la pièce du
voleur est écornée sur l'exergue.
ÉGORNÉ : Inculpé, (Vidocq.)
ÉGORNER : Injurier. — a En-
tends-tu, vieux camphrier, avec
ta voix enrhumée, t'as l'air de
nous écorner. » [Catéchisme pois-
sard, 44.)
ÉGORNEUR : Ministère pu-
blic.
ÉG05SAIS (en) : Sans panta-
lon.— Les Écossais ont les jambes
nues.
Hospitalité écossaise : hospi-
talité gratuite. Allusion à un air
connu de la Dame blanche. (Ghez
les montagnards écossais, l'hos-
pitalité se donne, etc.)
ÉGRASER UN GRAIN : Boire
la goutte.
ÉGREVISSE DE REMPART :
Fantassin. — Surnom donné par
les marins des ports. Allusion
au pantalon rouge.
ÉGREVISSE dans la tourte
[avoir une), dans le vol au vent :
Déraisonner. (V. Vol auvent.)
ÉGUME : Étain. (Vidocq.; —
L'étain en fusion ressemble à
l'écume.
ÉGUMOIRE : Visage troué,
comme une écumoire, par la pe-
tite vérole.
ÉGUREUIL : « Leur métier
consistée faire mouvoir les roues
des tourneurs et des mécai iciens
pour 35 à 40 centimes l'h( ure. »
{E. d'Hervilly.)
ÉDREDONDE TROIS PIEDS:
Paille. — Ironie. — a Gc ucher
dans un garni au dortoir, sur
Védredon de trois pieds (c'est
ainsi qu'on nomme la paille),
10 centimes.» (Privât d'Angle-»
mont.
EFFAROUGHER : Voler. —
Jeu de mots. Effaroucher, c'est
faire disparaître. — « Qu'est-ce
qu'a effarouché ma veste ' ( H.
Monnier, 36.)
ÉGAYER: Siffler au thiâtre.
— Ironie. (J. Dufflot.)
ÉGR AILLER : Preidre.
(Grandval.)
ÉGRUGEOIR : Ghaire à prê-
cher. (Rabasse.)
EJUSDEM FARINyE : Du
même genre. Mot à mot : de
même farine. Latinisme. — «< kjm-
ment se fait-il qu'on ait supprimé
le Radical plutôt qu'une autre
feuille... ejusdem farincef » [Pa-
ris-Journaly juillet 72.)
ELBEUF : Habit de drap il'El-
EMB-
i5i —
EMB
beuf. — « Si l'étoile du mérite
n'orne pas mon elbeuf usé. »
(Festeau.)
ÉLÉ^'ENTS: Argent dans
l'argot de joueur. — « Y a-t-il des
éléments? demande t-il à voix
basse. Traduction : y a t-il de
l'argent .'' » (Gava il lé.)
ÉMAILLAGE , ÉMAILLER ,
ÉM AILLE USE : a On parle beau-
coup des femmes qui se font
émailler. Ce mot est devenu à la
mode... On croit que c'est un
maquillage perfectionné... Il n'en
est rien. Voici en quoi consiste
remaillage : Les femmes, dont le
visage se plisse, ont le courage
de supporter l'opération sui-
vante. On leur pratique des in-
cisions à la peau, et on y injecte
des liquides qui pénètrent les
tissus, les gonflent et remplis-
sent les vides... C'est charmant,
n'est-ce pas? » {Figaro, 24 dé-
cembre 75.) Longtemps avant
cette date, une femme se faisait
annoncer à la quatrième page
des journaux comme émailleuse.
Vers 1869, elle eut même un
procès retentissant avec une An-
glaise qui ne se trouvait pas suf-
fisamment émailîée.
EMBALLER: Arrêter, éçrouer.
— « Tu vas nous suivre à la
Préfecture. Je t'emballe.» (Che-
nu.)
EMBALLER: On dit d'un
cheval emporté qu'il emballe son
cavalier, sans doute parce que
celui-ci est réduit au rôle passif
, d'un simple ballot. V. Là-bas. —
« Un attelage a tenté de s'em-
baller, avenue de l'Impératrice. »
(G. Vassy, 75.)
Emballer : Se prend aussi au
figuré pour dépeindre un empor-
tement quelconque. — « M. Pi-
card a dit tout ce qui lui passait
par la tête dans le but très-poli-
tique d'empêcher M. G, de s'em-
baller et d'emballer ses amis.»
(A. Millaud.)
EMBALLER : Finir lestement.
— « Quant à la baronne Dude-
vant, ce fut bien lestement em-
ballé, comme nous disions au
quartier Latin. » (G. Sand.)
EMBALLES (faire des) : Faire
des embarras. — Emballe semble
une déformation d'embarras. En
ancien provençal, il est à noter
cependantque 6<a//e signifie itram,
embarras. On aura combiné les
deux mots.
EMBALUCHONNER : Empa-
queter. (Halbert.) V. Baluchon.
EMBARDER : Se tromper. —
— Terme de marine.
EMBARGUER : Rentrer. (Ra-
basse.)
EMBARRAS : Draps de lit.
(Halbert.)
EMBARRAS (faire des) : *c Faire
beaucoup d'étalage pour peu de
chose. »(Dhautel,)V. Épate.
EMBERQUINÉ: Fadement
moral. Mot à mot : aussi fade
qu'un roman de Berquin. —
(( Gela flatte les instincts du bour-
geois emberquiné et les préten-
tions du philistin à la poésie élé-
giaque. » (Th. Silvestre.)
EMBLÈME : Mensonge, conte
fait à plaisir. — Ironie à l'adresse
du genre allégorique dont le
peuple ne peut comprendre les
finesses. — « Todore me répond :
Je suis malade... Des emblè-
mes! » (Monselet.)
EMM
- ib2 -
EMP
EMBLÉMIR : Tromper. fVi-
docq.)
EMBROQUER : Regarder. V.
Moustique.
EMBROUILLE (ni vu, ni con-
nu! je t') : Locution placée à la
fin d'un re'cit pour peindre la
rapidité d'un acte et la difficulté
de l'expliquer. (Dhautel.)
ÉMÉCHÉ : Ivre. — Comparai-
son de l'ivrogne à la mèche ravi-
vée d'une chandelle. — « Quand
je rentre un peu éméché après
minuit, elle me dit : La cruche
est dans le coin. Éteins-toi. »
(Monselet.)
EMILE : V. Être (en.)
EMMERDEMENT : Peine, tra-
cas. — ce Le président : Dans ce
moment où la justice vous at-
teint, qu'éprouvez-vous? — Cou-
taudier : De l'emmerdement. »
{Dernier jour d'un condamné.)
EMMERDER, EMMIELLER :
« Figurément et d'une manière
ignoble pour attraper, ennuyer,
obséder, injurier. (Dhautel, oS.)
On disait au moyen âge Inca-
guer, ce qui était la même chose.
V. le Dictionnaire Roman Wal-
lon de 1777. Dom Jean-François,
imprimé à Bouillon en 1777.
Emmieller a le même sens, et
n'est qu'un synonyme honteux.
Nous répéterons de cette injure
ce que nous disons d'une autre.
(Voyez M.) Son usage est uni-
versel et déplorable. Beaucoup
d'hommes qui n'appartiennent
pas tous au dernier rang de la
société, ont trop souvent ce mot
à la bouche.
Une caricature de 3o fait ren-
contrer le dey d'Alger par Char-
les X qui lui dit : a Qui aurait
jamais pensé que nous nous re-
trouverions en mer, dey? » —
« J'emmerde la cour, je respecte
messieurs les jurés. » {Dernier
jour d'un condamné.)
M'emmieirra
Qui voudra !
Moi, j' n' m'emmielle guère,
(Val-re.)
ÉMOSS : Émotion. Abrévia-
tion.
ÉMOTIONNER : Émouvoir,
causer de l'émotion.
EMPAFFE, EMPAVE : Drap
de lit. (Grandval.)
EMPAFFER : Enivrer, rendre
paff. V. ce mot.
EMPAILLÉ: Homme sans ini-
tiative, sans activité, ne se re-
muant pas plus que s'il était
empaillé. V. Décarcasser.
EMPALER : Duper. — Syno-
nyme d'enfler.
EMPAVÉ : Carrefour. (Hal-
bert.) .
EMPIRE : Suranné, de mau-
vais goût. — Allusion aux formes
raides du premier empii e. V.
Perruque.
EMPLANQUER : Arriver. —
« La rousse emplanque. » (Hal-
bert.)
EMPLATRE : Homme sans
consistance, sans activité.
EMPLATRE : Empreinte. (Vi-
docq.) Allusion à la couche de
cire molle sur laquelle est prise
l'empreinte.
EMPOIGNER : Critique-, in-
vectiver. — « Attends donc à de-
EMP — i33 —
main, mon cher, tu verras com-
ment Lucien t'a empoigné. »
(Balzac.) V. Danser.
EMPOIGNER: Séduire, émou-
voir. — « Me parlerez-vous de la
fille aux yeux bleus ? Il paraîtque
vous avez été solidement empoi-
gné. » (About.) — « Cette mu-
sique du maestro Gerolt est em-
poignante, c'est le mot. » (J.
Chamarande.)
EMPOIVRER (s') : S'enivrer.
Mot à mot : s'empourprer, deve-
nir poivre. V. ce mot.
EMPORTER : Escroquer. V.
Bachotteur.
EMPORTER la pièce, le mor-
ceau : Avoir l'esprit acerbe, bles-
sant. V. Morceau.
EMPORTEURS : «Malfaiteurs
qui, sous prétexte de payer leurs
achats à domicile, font emporter
leurs acquisitions par des com-
mis de magasin. Le grand point,
c'est de séparer le commis de sa
marchandise. Tantôt on le ren-
voie au magasin pour faire recti-
fier un prix de la facture, tantôt
on le fait entrer par une porte
dans un hôtel garni, et l'on en
ressort par une autre. » (A.
Monnier.)
Emporteur à la côtelette : Grec
exerçant son art dans les ca-
fés et dans les restaurants, à la
suite d'un déjeuner otfert à sa
dupe. (Vidocq.) — H emporte
l'argent de son invité à la côte-
lette, comme des troupiers em-
portent à la baïonnette une posi-
tion.
EMPOUSTEUR : Escroc fai-
sant métier de vendre à des
détaillants de mauvais produits
END
dont le premier dépôt a été,
pour les allécher, acheté par des
compères. (Vidocq.)
EMPROSEUR. V. Être (en).
ÉMU, LÉGÈREMENT ÉMU :
Troublé par les fumées du vin.
V. Paff. — (( Tu me crois ému,
vieux... Allons donc! je boirais
dix fois autant. » (Frémy.) —
« Girard et Maret-Boistrop ren-
trèrent au quartier légèrement
émus, et on ne put les réveiller
à l'appel du soir. » (Vidal, 33.)
ENCARRADE : Entrée (Vi-
docq.)
ENCARRER : Entrer. (V. Dé^
carrer.)
ENCASQUER : Entrer (Ra-
basse.)
ENCASQUER : Tomber avec
fureur sur quelqu'un. (Rabasse.)
ENCHETIBER : Arrêter. (Sta-
mir, 67.)
ENCIBLE: Ensemble. (Co-
lombey.) — Changement de la
syllabe intermédiaire.
ENCLOUER : Mettre en gage.
(Rabasse.) V. Clou.
ENDÉCHER : Ruiner. — « Je
m'endèche de plus en plus; je
viens de mettre au clou laTobe
de soie. » (H. deLynol.)
ENDORMAGE (vol à 1') : Se
pratique en versant un narcoti-
que dans le verre du volé pen-
dant un repas toujours offert en
cabinet particulier.
ENDORMEUR : Voleur à l'en-
dormage V. Romamichel.
ENDORMEUR : Homme en-
nuyeux.
ENF
i54-
ENF
ENDORMI : Juge. (Fr. Mi-
chel.) — Allusion au juge qui
dort à Taudience..
ENDORMIR : Tuer. (Colom-
bey.) — Ironie.
ENDROGUER : Chercher un
coup à faire. (Halbert.)
ENFANT DE CHŒUR : Pain
de sucre. (Vidocq.) — Allusion à
sa petite taille et à sa robe blan-
che.
Enfant de giberne : Enfent de
troupe.
Enfant de maître Jacques :
Membre d'une des trois grandes
fractions du compagnonnage.
(Vinçard.)
Enfant de Salomon : (Idem.^
Enfant du père Soubise : (Id.)
Enfant de trente-six pères :
Fils d'une femme galante. —
a Tais-toi, reste d'arlequins des
SS. Innocents, enfant d'trente-
six pères. » ( Catéchisme pois-
sard, 40.) — Arlequin des SS. In-
nocents, injure tombée aujour-
d'iiui, contient la même allusion.
Les innocents sont des nouveau-
nés, et, parmi eux, les arlequins
bigarrés paraissent avoir été faits
de trente-six morceaux diffé-
rents.
ENFERRÉ : Arrêté. (Rabasse.)
ENFILADE : Série de pertes.
— « Ils croient que la veine est
revenue, mais ils ont une enfi-
lade désespérante. » (Paillet.)
ENFILAGE : Arrestation en
flagrant délit. — «J'ai commencé
à faire 1 étalage. Réussi pendant
un an. Pas d'cnlilage.» (Bcauvil-
licr.)
ENFILER (s') : Se laisser aller
à jouer gros et perdre. (Dhautel, <
08.)
ENFILER (s') : S'endeticr. — |
« Je m'enfile de douze sous. » -
(Monselet.)
ENFLACQUÉ : Emprisonné,
condamné, perdu. (Vidocq. Hal-
bert.)— Du vieux vaoX. flacquer :
lancer violemment. — a C'est
donner tout son argent à Ihom-
meenflacqué. » (Balzac.)
Enflacquer (s') : Se perdre
(Halbert.)
ENFLANQUER : Perdre, ca-
cher. (Rabasse.)
ENFLÉE : Vessie. (Vidocq.)
ENFONCER : Dominer, écra-
ser. — « Vous n'êtes pas de orce
au piquet; je vous enfonce. »
CGavarni.)
ENFONCER 1 Duper. — a II
m'apprenait la vie qu'il fallait
mener pour ne pas être enfoncé.»
(E. Sue.)
ENFONCER : « Lorsqu'on
réussit à perdre un journal à
force de le décrier, ou un thé Itre
à force de blâmes, cela s'apf elle
enfoncer la feuille rivale ou le
théâtre ennemi. » {Biograj. hie
des Journalistes, 26.)
ENFONCEUR : Agent d'af-
faires, faiseur. (Vidocq.) — D en-
foncer : duper.
ENFONCEUR : Critique vio-
lent.
ENFOURAILLER : Arrêter.
Mot à mot : fourrer dedans. —
ce Va-t'en dire à ma largue que
je suis enfouraillé. » (Vidocq.)
ENFRIMER : Dévisager. (\'i-
docq.) V. Frime.
ENL
- r55 -
ENS
ENGAMÉ : Enragé. (V. Hap-
pin, Game.)
ENGANTER : Être épris d'a-
mour. (Rabasse.)
ENGANTER : Voler, prendre,
capter. C'est un équivalent à' em-
poigner. Le gant est pris pour la
main. V- Chêne. — « Ce jeune
homme modèle était méprisé par
la demoiselle de comptoir qui,
pendant longtemps, avait espéré
l'enganter. » (Balzac.)
ENGERBER : Arrêter. — « La
police prévenue engerbe les fi-
lous. )) (Stamir, 67.)
ENGLISH : Anglais. Anglica-
nisme. — « A la onzième bou-
teille, j'avais mis l'English sous
la table. » (Villemessant.)
, ENGRAILLER, ÉGRAILLER,
ERAILLER : Attraper, prendre.
(Halbert.) V. Raille.
ENGRAINER : Arriver , être
admis. (Rabasse.) Forme d'en-
grener.
ENGUEULEMENT : Bordée
d'injures. — « Vadé est le Dé-
mosthènes de l'engueulement. »
{Catéchisme poissard, 44.) —
(c Quoique ces mots ressemblent
beaucoup plutôt aux engueule-
ments de Valentino. » (A. Mil-
laud, 75.)
ENGUEULER : Invectiver. --
a Et puis j' vous engueule la vi-
laine. » (Rétif, 1783.)
ENGUIRLANDER : Circonve-
nir doucement. V. Trychine.
ENLEVÉ : Réussi, très-entraî-
nant.—-On dit: un article enlevé,
au journal; une scène enlevée, au
théâtre. — Une œuvre s'enlève
à la plume comme une position
ennemie à la baïonnette. — a Un
article vivant et enlevé. » (J. Ler-
mina.)
ENLEVÉE : Correction, répri-
mande.
ENLEVER (s') : Mourir de
faim. (Halbert.)— Ce mot ex-
pressif peint l'homme n'ayant
plus rien dans le corps.
ENLEVER LE BALLON:
Donner un coup de pied au der-
rière.
ENMERDEMENT:V. Em-
mer dément.
ENQUILLER : Cacher entre
ses jambes un objet volé. V. Dé-
tourneur.
ENQUILLER : Entrer. Mot à
mot : jouer des quilles dans. —
Ancien mot, car Du Cange donne
déquiller : sortir. V. Baptême.
ENQUILLEUSE : Voleuse qui
a la spécialité d'enquiller. On
disait autrefois anquilleuse. C'est
un vieux mot que le dictionnaire
de Trévoux signale comme em-
ployé fréquemment dans le texte
des arrêts de la Tournelle.
ENQUIQUINER: Insulter
grossièrement. Sens intraduisi-
ble. — a Briolet et Crinchon, pré-
venus de coups volontaires sur la
personne de Guillaumin, se bor-
nent à dire qu'il les avait enqui-
quinés. » {Petit Journal^ 26 août
66.)
ENSECRÉTER : Agencer une
marionnette. Mot à mot : lui
donner le secret qui la meut.
— « Ensecréter un bouisbouis
consiste à lui attacher tous les
tiis qui doivent servir à le faire
mouvoir sur le théâtre. » (Privât
d'Anglemont.)
ENT
i56
ENT
ENRHUMER : Ennuyer. (Hal-
bert.)
ENROSSER iDonnerune rosse
pour un bon cheval. — « Des
maquignons des Champs-Ely-
sées les ont enrossés. » (Roque-
plan.)
ENTAILLER : Tuer avec une
arme tranchante. (Halbert.)
ENTAULER, ENTOLER : Pé-
nétrer dans une maison. V.
Taule.
ENTERVER, ENTRAVER :
Savoir. — Du vieux mot entre-
ver : entrevoir. — « Electre le
parlait, dit- on (l'argot). Iphi-
génie aussi l'enlravait gourde-
ment. » (Grandvdl, 1723.)
ENTIF (battre 1') : parler ar-
got. (Rabasse.)
ENTIFFER ; Pénétrer. (Ra-
basse.)
ENTIFFLE, ENTIFLEMENT,
ENTIFLER, V. Antifle, antifier,
etc.
ENTIFLÉ ; Marié, vivant en
concubinage. (Rabasse.)>
ENTOLER : Pénétrer dans
maison (tôle) pour voler.
ENTONNE : Chapelle. (Hal-
bert.) Forme d'Antonne.
ENTORTILLER : Circonve-
nir, capter.
ENTOURNURES (être gêné
aux) : Être dans une situation
aussi gênante que si l'on portait
un habit trop étroit d'entour-
nures.
EN-TOUT-CAS : Ombrelle-
parapluie. — a L'ingénue va les
deux mains dans les poches de
son paletot, l'en-tout-cas accro-
ché à un bouton. » (E. \ illars,
66.)
ENTRAINER : Soumettre à un
régime d'amaigrissement. — « Il
y a des gens entraînés, c'est-à-
dire soumis à un réginie d'exer-
cice et d'aliments qui débarrasse
leur chair de toutes les matières
graisseuses. » (A. de Bréhut.)
ENTRAINER : — « Entraîner
un cheval, c'est l'animer et l'eni-
vrer graduellement par la course
et par des obstacles légers d'a-
bord, dont le plus grand est le
dernier. » (A. Karr.)
ENTRAINEUR : Cavalier fai-
sant métier d'entraîner les che-
vaux. — a Les entraîneurs sont
presque tous Anglais. » (Paz.) —
Entraîneur se prend au fii^uré.
« 'Vienne un homme fatal, sa-
chant s'imposer à cette plèbe, et
lui servir d'entraîneur, on sera
épouvanté des résultats. » (J. de
Précy.)
ENTRANT : Se dit d'un hom-
me plus qu'insinuant, cherchant
à tout mener à sa guise. — (7est
une importation du provençal
« Intrant, intranta : intrigant,
intrigante, hardi, effronté, qui
s'insinue. » (Honnorat, 47.)
ENTRA'VAGE : Conception.
(Colombey.) V. Enterver,
ENTRAVER : Comprendre. V.
Enterver.
Entraver niberte ;ï>Ie pas com-
prendre. (Rabasse.) Niberte est
une forme altérée de nibergne.
ENTRÉE DES ARTISTES :
Anus. Allusion à la porte d'en-
trée des artistes d'un théâtre, or-
EPI — 1
dinairement placée derrière l'é-
difice.
ENTRKFILETS : Note de jour-
nal insérée entre deux filets. —
a Je lis dans le dernier numéro
de la Rue cet entrefilet éton-
nant. » (V. Noir.)
ENTROLLEMENT : Vol. V.
Dabe.
ENTROLLER : Emporter. V.
Antroller,
ENVOYER EN PARADIS :
Tuer. — « Que j' t'y prenne à me
faire des queues, j' t'envoie en
paradis. » (H. Monnier.)
ÉPARGNER LE POITOU :
Prendre des précautions. (Ra-
basse.)
ÉPATE : Grand étalage. —
a Tu fais tes épates avec ta pelure
de velours de coton. » {Les Co-
cottes, 64. j — « Ces jeunes trou-
piers font de l'épate, des embar-
ras si vous aimez mieux. » (No-
riac.)
Faire des épates : Faire l'hom-
me important. (Rabasse.)
ÉPATEMENT : Stupéfaction.
— « Tout était nouveau pour
moi. J'étais dans l'épatement. »
{Commentaires de Loriot.)
ÉPATER : Écraser d'étonne-
ment. — a II nous regarde d'une
façon triomphante, et il dit : «Je
les ai épatés, les bourgeois. »
(Privât d'Anglemont.) — « Elle
porte toujours des robes d'une
coupe épatante.» {Les Étudiants,
1860.)
ÉPATEUR : Faiseur d'embar-
ras. (Rabasse.)
ÉPICÉ :^ Porté à un prix exa-
géré. V. Épicier {cher).
57 - EPO
ÉPICER : Railler. (Vidocq.)
ÉPICERIE : Mesquinerie. -
« L'épicerie du siècle avait enfin
rompu le cercle magique d'ex-
centricité dont Rodolphe s'était
entouré. » (Th. Gautier, 38.)
ÉPICE-VINETTE : Épicier.
(Colombey.)
ÉPICIER : « Les romantiques
n'avaient de commun que leur
haine des bourgeois qu'ils appe-
lèrent génériquement épiciers
( 1 83o). La société ne sedivisa plus
à leurs yeux qu'en bourgeois et
en artistes, les épiciers et les
hommes. » (Pr. d'Anglemont.)
ÉPICIER : Mesquin, grotes-
quement commun. — « Allons
vraiment, c'est épicier. » (Balzac)
ÉPICIER (cher) : Homme qui
se fait payer très-cher. — Allu-
sion aux anciens frais de justice
dits épices, encore plus considé-
rables qu'aujourd'hui.
ÉPINARD : Peint en vert cru
dit vert épinard. — « Le mercier
amateur de jolis paysages épi-
nard. » (Daumier.)
ÉPONGE : Maîtresse. — C'est
épouse avec changement de fi-
nale.
ÉPONGE D'OR : Avoué. (Mo-
reau G.) — Cette corporation
passe pour absorber l'or de sa
clientèle.
ÉPOULARDEUSE raLesépou-
lardeuses sont de vieilles ouvriè-
reschargées de classer les feuilles
de tabac qui arrivent de Cuba à la
manufacture du Gros-Caillou. »
(Du Boisgobey.)
ÉPOUSER LA FOUGANDIÈ-
ES
- i58 --
ESC
RE : Jeter le produit du vol de
peur d'être arrêté, (Grandval.)
ÉPOUX, ÉPOUSE ; Amant,
maîtresse. — « Vous pouvez
amener vos épouses, il y aura
noces et festins; nous avons
Adèle Dupuis, mademoiselle Mil-
lot, ma maîtresse. » (Balzac.) V.
Monsieur.
ÉQUERRE (fendre son) : Fuir.
Les jambes ouvertes figurent une
équerre.
ÉQUIANGLE, ÉQUILATÉ-
RAL, ÉQUIPOLLENT : Indiffé-
rent, égal. — Ce synonyme géo-
métrique n'est usité que dans les
écoles spéciales.
ÉR AILLER : Tuer. (Grandval.)
— Acception ironique du mot
qui se dit d'ordinaire pour écor-
cher légèrement.
ÉRAILLER : Prendre. V. En-
grailler.
ÉREINTEMENT : Critique ex-
cessive. — « Monsieur Wolff,
s'écria-t-il, il faudra écrire un
éreintement sur le maudit crou-
pier. » (A. Wolff, 75.)
ÉREINTER : Maltraiter. —
« Tu pourras parler des actri-
ces... tu éreinteras la petite Noé-
mie. » (E. Augier.) — a Donc le
livre de Charles fut éreinté à peu
près sur toute la ligne. » (De
Concourt.)
ÉREINTEUR : Critique vio-
lent. — « Je me l'étais figuré,
d'après sa politique violente,
comme un robuste éreinteur. »
{Événement^ mars, 66.)
ES : Escroc. (Halbert.) — Abré-
viation. V. Croc.
ESBASIR : Tuer. (F. Michel.)
ESBIGNER (s') : Senfuir. V.
Casser.
ESBLINDER : Stupéfier,
anéantir. — « Ça m'ttonne un
peu, mais ce qui m'esblinde,
comme disent les cocottes de la
haute, c'est que M. Castsllano ait
reçu le drame. » (Le Tam-Tam,
75.)
ESBROUFFE : Fanfaronna-
des, étalage de grands airs. —
« Pas d'esbrouffe ou ]c repasse
du tabac. » (P. Bore], 33.) —
« Faut pas faire ton tsbrouffe,
vois-tu! ça ne prendnit pas. »
(Cogniard, 3i.)
ESBROUFFER : Intimider,
en imposer. — Du vijux mot
esbouffer : éclabousser. Le Glos-
saire de Ducange cite un exem-
ple de cette acception a la date
de i383. — «Allons, me uche-lui
le quinquet, ça l'esbrouffera. »
(Th. Gautier.)
ESCANER : Oter. (Halbert.)
ESCAPER, ESCAPOUGHER :
Assassiner. Abréviation i'escar^
per.
ESCARCHER : Regarder. —
Pour escracher.
ESCARGOT : Vagabond. (Ra-
basse.) — Il porte, comme l'es-
cargot, sa maison sur le de s, puis-
qu'il n'a pas d'asile.
ESCARPE, ESCAPOUCHON:
ce Voleur détournant apris mi-
nuit sur la voie publique, par
violence et quelquefois j^ar as-
sassinat. » (Canler.) — Mot à
mot homme qui escarpe.
ESCARPER : Assassîjœr. —
ESC
-i59-
ESP
Du vieux mot escharper : tailler
en pièces. Le mot entailler offre
la même image. — « Mais tu
veux donc que je t'escarpe. » (E.
Sue.) V. Criblage.
ESCAVER : Empêcher. (Hal-
bert.)
ESCLAVE : Domestique, gar-
çon de restaurant. — Ironie venue
avec Rachel et la renaissance de
la tragédie. — « Faut-il annon-
cer mademoiselle Turlurette?
— Pas de bêtises, esclave ! an-
nonce mademoiselle de Plume-
vert. » (C. Gripp.)
ESCLOT : Sabot. (Halbert.)
Vieux mot.
ESCLOTIER : Sabotier.
ESCOBAR : Homme qui esco-
barde. — Allusion à la subtilité
dont le P. Escobar a fait preuve
dans ses livres de casuistique re-
ligieuse.
ESGOBARDER : Équivoquer
sur les mots, agir cauteleuse-
ment. — «J'en donne sept francs
dix centimes. — Mais j'ai dit
avant vous sept francs deux sous.
C'est la même chose... Vous vou-
lez escobarder. » (M. Alhoy.)
ESCOFIER : Tuer. — Usité
dès 1808. Escofion voulait dire
autrefois mauvais coup. — «Trois
sentinelles ont déjà été esco-
fiées. » (Cogniard, 3i.)
ESCOUTES : Oreilles. (Grand-
val.) — Effet pris pour la cause.
ESCRACHE : Passe-port, pa-
piers. — C'est le vieux mot escrit
avec changement de finale. —
« Le curieux a servi ma bille,
mais j'ai balancé mes escraches.»
(Vidocq.)
Escrache tarte : Faux passe-
port.
ESCRACHER : Demander le
passeport (escrache), interroger.
En passant, le portier vous escrache ;
J'étais fargué,mais l'habit cachait tout.
Le jardinant, je frisais ma moustache;
Un peu d' toupet et je passe partout.
(Halbert.)
ESGANACER : Rire. (Hal-
bert.)
ESGARD (faire l') : Dérober à
ses complices une part de vol.
(Vidocq.) Mot à mot : garder en
dehors (exgarder).
ESGOUR : Perdu. (Halbert.)
ESGOURDE : Oreille. (Ra-
basse.) Forme d'esgourne,
ESGOURNE : Oreille. — Abré-
viation à'esgouverne.
Pègres traqueurs, qui voulez tous du
fade,
Prêtez l'esgourne à mon dur boniment.
(Lacenaire, Mémoires, i836.)
ESGOUVERNEi Oreille. {Pe-
tit Dictionnaire d'argot^ 44.)
ESPAGNOL : Vermine. (Co-
lombey.) Elle ne manque pas en
Espagne.
ESPALIER : Réunion de figu-
rantes chargées de garnir un dé-
cor comme un espalier garnit
un mur. — On rencontre déjà le
mot au dernier siècle. — « Les
petites filles qui se destinent à
être danseuses et qui figurent
dans les espaliers. » (Th. Gau-
tier.) V. Bouisbouis.
ESPÉRANCES : Espérances
d'héritages importants. — « Mon-
sieur est un des oncles qui figu-
ESS
iGo —
EST
rem parmi nos espérances. »
(P. Véron.)
ESPIGNER (s') : Fuir. (Grand-
val.) Pour s'esbigtier.
ESPRIT FRA.PPEUR : Ce mot
sert, depuis iSSy environ, à dé-
signer la cause de coups qu'on
prétend frappés par des esprits
invisibles et qu'on traduit en
langue vulgaire au moyen d'un
alphabet de convention. Les es-
prits frappeurs ont leurs socié-
tés, dites spirites, leurs journaux
et leurs souscripteurs.
ESQUE (faire 1') : Dérober une
part. — Abréviation d'esgard.
ESQUINTEMENT : Fatigue
extrême.
ESQUINTEMENT : Effraction,
r- « Cambriolle, tu maquilleras
par carouble et esquintement. »
(Vidocq.)
ESQUINTER : Fracturer. —
Roquefort donne avec le même
sens le verbe Esquatir.
ESQUINTER : Battre.— «Ceux
qui veulent se faire esquinter
peuvent venir me trouver, je
m'appelle Bonne-Lame. » (Vidal,
i833.)
ESQUINTER : Harasser, épui-
ser. — « Que dirais-tu, si au lieu
d'avoir le fouet à la main, tu
étais obligé de t'esqumter com-
me nous à la limonière.'' » (Bu-
chon.) V. Bridon.
ESQUINTEUR : Voleur par ef-
fraction.
ESSUYER LES PLATRES :
Habiter le premier un apparte-
ment neuf. —«Ces locataires des
bâtisses récentes reçurent dans
Torigine le surnom disgracieux,
mais énergique, d'essuyeuses de
plâtres. L'appartement assaini,
on donnait congé à la pauvre
créature, qui peut-être y avait
changé sa fraîcheur contre des
fraîcheurs. » (Th. Gautier, 45.)
Se prend au figuré : « Ses bons
amis s'étaient propose de lui
faire essuyer les plâtres de la Ré-
publique. » (Jouvin, 75.)
ESTAFON : Chapon. (Grand-
val.)
ESTIO : Esprit. (Halbcrt.) Pour
estoc.
ESTIME (succès d') : Succès
douteux et qui serait plus dou-
teux encore sans l'esti ne dont
jouit un auteur ou un artiste. —
« Jusque-là je n'avais obtenu
qu'un succès d'estime, mon grand
succès commença. » (Vie pari^
sienne, 66.)
ESTOC : Esprit, malice. —Ac-
ception figurée de estoc, pointe
acérée. — On dit d'un homme
spirituel : il a de l'estoc.
ESTOM : Estomac. — Abré-
viation. — « Je lui appuie le ge-
nou sur l'estom. » (Monselet.)
ESTOMAQUÉ : Étonné, stu-
péfait, interdit comme si on avait
reçu un coup violent à l'estomac.
ESTORGUE : Fausseté. —
Chasses à Vestorgue : Ytux lou-
ches. (Vidocq.) Du vieux mot eS"
tor : duel, conflit. — Des yeux
louches, comme on dit tlans le
peuple, se battent en duel. V. Dé-
vider.
ESTOUFFKR : Empocher sans
bruit un bénéfice. — Le mot se
comprend facilement.
ESTOURBIR : Tuer. — Pour
étourdir, Basourdir présente la'
ETO
- i6i -
ETR
Tnême image. •— « En goupinant
de cette sorte, les parrains seront
estourbis; il sera donc impossi-
I ble de jamais être marrons. »
I (Vidocq.y
j ESTRANGOUILLER : Étran-
hîgler. — Du latin strangulare.
( ÉTAT -MAJOR. V. Bureau
i arabe.
I EST U QUE : Part de vol. (Co-
j i lombey.)
! ESTUQUER : Être frappé.
^ (Grandval.)
^ ÉTALAGE (vol à 1') : « Le vol
à Te'taiage se fait en partie dou-
ble. Un voleur enlève un objet
et se sauve. Son complice dit au
marchand : On vient de vous
voler, et vole à son tour quand
le boutiquier se met à la pour-
suite du voleur. » (Du Camp.) —
Le plus souvent aussi, ce vol s'o-
père à l'aide d'un faux acheteur,
et d'un compère recevant par
derrière les objets volés.
ÉTEIGNOIR : Nez aussi ou-
vert qu'un éteignoir. — « Quel
nez ! Rien que de l'apercevoir, on
se dit : Quel éteignoir! » (Gui-
nod, 1839.) V. Piton.
ÉTEIGNOIR : Personne assez
maussade pour éteindre la gaieté
de ses voisins, ou assez jalouse
pour annihiler ceux qui l'appro
chent.
ÉTERNUER DANS LE SON :
Mourir. (Rabasse.) — • N'a dû se
dire d'abord que des morts guil-
lotinés dont la tête tombe dans
un panier plein de son.
ÉTOILE : Croix d'honneur.
— « Ceux qui n'ont pas l'étoile
disent : Bon ! je l'aurai une autre
fois, n (E. Suç.)
Avoir les deux, avoir les trois
étoiles : Être nommé général de
brigade, général de division. —
Ces étoiles placées sur l'épaulette
sont la marque de chaque grade.
ÉTOILE: Femme réputée dans
le monde officiel, le monde ga-
lant ou le monde dramatique. —
« Quand, au sommet de l'affiche,
un nom apparaît en gros carac-
tères, c'est une étoile. On appe-
lait cette distinction la vedette,
espèce de sentinelle avancée de
l'art; mais les femmes ont pré-
féré ïétoile. C'est plus brillant.»
(J. Duflot.) — « Il est temps d'é-
clairer sur le passé de ces étoiles
poudrées de riz, qui ont la loge
du concierge pour berceau. »
(Marx.)
ÉTOUFFE, ÉTOUFFOIR :
Maison de jeu clandestine. (Co-
lombey.) V. Estouffer,
ÉTOUFFER : Avaler. V. Ba-
varoise.
ÉTOURDIR : Solliciter. (Co-
lombey.)
ÉTRANGÈRE (piquer 1') : Pen-
ser à des choses étrangères à celles
qui doivent occuper. — « Il en
est qui ne se font point scrupule
de piquer l'étrangère, bouquiner,
piquer un chien, c'est-à-dire rêver
pendant les classes, lire des livres
interlopes ou se pelotonner dans
un coin pour dormir. » (La Bé-
doUière.)
ÉTRANGLER : Boire. V. Per-
roquet. — (( Te v'ià toi, rebut des
^avetiers, étrangleux de d'mi-
s'tiers. » {Fort en gueule, 20, in-
12.)
ÊTRE (1') : Être trompé par sa
maîtresse ou par sa femme, —
ÉTR
162 —
EXG
a C'est notre sort... C'en est fait...
je le suis. » (De Perihes, 36.) V.
Pincé,
ÊTRE (1') : Être vierge. —«Je
le suis encore, m'a-t-elle dit en
riant. » (Rétif, 1786.)
ÊTRE AVEC; Être maîtresse
ou amant. — « Être avec un An-
glais, c'était pour les femmes une
fortune. » (Villemot.)
ÊTRE (en) : Être de la police
secrète. — « Il n'est pas assez
malin pour en être. » (Balzac.)
ÊTRE (en) : « Ménage, dans
ses Origines j dit Tallemant des
Réaux, avait commencé sa dis-
sertation sur le mot Bougre par
ces mots : Bougre : Je suis de
l'avis, etc. — Ah! lui dit Bautru
en se moquant, vous en êtes donc
aussi et vous l'imprimez. Tenez !
il y a bien moulé : Bougre je
suis. » Comme Bautru, et dans
ie même sens, on dit encore : //
en est. Sur ce terrain honteux,
les synonymes pullulent; ils
prouvent la persistance d'un vice
qui semble éprouver, dans les
deux sexes, le besoin de se ca-
cher à chaque instant derrière
un nom nouveau. Nous rappe-
lons ici pour mémoire et sans
les expliquer ailleurs, les mots :
pédé, bique et bouc, coquine, pé-
déro, tante, tapette, corvette, fré-
gate, jésus, persilleuse, honteuse,
rivette , gosielin , emproseur ,
émile, gousse, gougnotte, chi~
pette, magnusse, etc., etc.
ÉTRENNER : Recevoir des
coups, donner des coups. (Ra-
basse.) — Ces sens contraires sc
retrouvent dans l'acception la
plus populaire d'étrenner <^ui
veut dire à la fois venire et ache
ter. «Je n'ai pas encorj étrenné,)
dit la marchande qui n'a rier
vendu, ce C'est vou.^ qui m'é-
trennez, » dit-elle à son premiei
acheteur. Ces deux derniers sens
font allusion au premier jour de
l'an, dit des étrennes.
ÉTRILLAGE : Perte d'argent.
« Un bon coup d'étrillage est de
l'argent prêté. » (Alyg^.)
ÉTRILLER : Faire payer trop
cher.
Suranné. V.
ÉTRUSQUE
Mâchoire.
ÉTUDIANTE : Maîtresse d'é-
tudiant. — « Toute étudiante
pur-sang fume son petit cigare.»
(L. Huart.) V. Haute, Calicote.
EURÊKA : J'ai trouvé.— Hel-
lénisme. — « Une demi-heure
après, je pouvais, moi aussi,
m'écrier comme Archinède : Ew
rêka. » (Privât d'Angkmont.)
ÉVANOUIR (s') : Mourir, s'en-
fuir.
ÉVAPORER (s') : S'enfuir. —
« Il se lève et me dit : Puisqu'il
ne vient pas, je m'é\apore. »
{Petit Moniteur dn 20 juillet 66.)
EXBALANCER : Ren ,oyer. V.
Balancer.
EXCUSEZ, EXCUSEZ DU
PEU : Locution ironi [uement
admirative. — C'est comme si
l'on disait : Excusez un si petit
chiffre! (quand ce ch tfre est
énorme). — a II y avait 2 3,ooo
Français par terre... Excusez du
peu ! » (Balzac.)
EXCUSO : Excusez! — Chan-
gement de finale. — a 01 ! atten-
tion ! V'ià Oscar... il f-irae un
FAC
- i63 -
FAD
cigare d'un sou... Excuso! ça n'
se refuse rien... décidément, je le
crois calé. » (Marquet.)
EXÉCUTÉ , EXÉCUTER ,
i:XÉCUTION : « Une exécution
en bourse, on le sait, n'est autre
chose que la faillite du boursi-
cotier; faillite d'autant plus cou-
pable que l'exécuté savait très-
bien, au moment de son marché,
qu'il ne pourrait pas tenir ses
engagements à l'échéance; mais
comme on n'exécute en Bourse
que l'honneur, l'exécuté se rit
de sa propre exécution. » {Bour-
sicotiérisme.)
EXPÉDIER : Tuer. Mot à mot:
expédier en l'autre monde.
EXPRESS : Train rapide, con-
duisant à destination sans les
arrêts ordinaires. — Abréviation
de train express. Anglicanisme.
EXTRA : D'une qualité supé-
rieure. — Latinisme. — Dans le
commerce, on le met à toutes
sauces et souvent mal à propos.
EXTRA : Repas plus soigné
qu'à l'ordinaire. — « Je crois
qu'on peut bien se permettre un
petit extra une fois par mois. »
(Canler.)
EXTRA : Aux tables d'offi-
ciers, un extra est un invité.
EXTRA : Au café ou au res-
taurant à prix fixe, on appelle
extra, soit un plat demandé en
dehors de la carte, soit un gar-
çon supplémentaire venant aider
au service.
EXTRA (vin d') : Bouteille de
vin fin. — « L'étranger demande
une bouteille de vin extra; et
voilà que domestiques et patrons
délaissent le client d'un an pour
le client d'un jour. » (Marx.)
F
FABRIQUÉ (être) : Être ar-
rêté. (Rabasse.)
FACE : Monnaie. (Grandval.)
— Allusion à l'effigie {face)
royale. — a Je n'ai plus de faces.
La drôlesse me chasse. » (De-
courcelle, 32.)
^ FACIES : Figure, face. — La-
tinisme. — « C'est mon épouse...
Un assez beau faciès, hein? »
(Labiche.) — « Tu mériterais
qu'on coulât ton faciès en bron-
26. » (Montépin.)
FACTIONNAIRES : Excré-
ments déposés aux abords de cer-
tains murs ; comme un faction-
naire, ils empêchent d'y passer.
— « Dans les escaliers à chaque
instant, elle vous pose des fac-
tionnaires qui ne crient pas : qui
vive ! aux passants. » (Dalès.)
FAD, FADE : Part de vol. —
« Ruffart a son fade chez la Go-
nore, dans la chambre de la pau-
vre femme. » (Balzac.) V. Es-
gourne.
FAG
— 164 —
FAI
FADAGE : Partage de vol.
FADARD, FADE : Élégant. —
« Eh ! va donc, grand fade ! »
(Ricard.) — « Dieu m' damne! y
porte lorgnon ! ! ! est-y fadard ! »
{Catéchisme poissard, 44.)
FADER : Partager un vol.
(Grandval.) V. Coquer. — Du
vieux motjfadiar : assigner.
FADEURS! (des) : « C'est
Anna. — Avec qui est-elle? —
Avec son premier amour, je crois.
— Des fadeurs ! » (Monselet.) —
C'est comme si l'on disait : A
d'autres! nous savons à quoi
nous en tenir sur ces fadeurs.
FAFFE, FAFFIOT, FAFIOT :
Papier d'identité, billet de ban-
que. — Les deux derniers mots
sont des augmentatifs du pre-
mier. Fajfe est une harmonie
imitative des papiers qu'on feuil-
lette. — cf On invente les billets
de banque; le bagne les appelle
des fafiots garâtes, du nom de
Garât le caissier qui les signe.
Fafiot! n'entendez-vous pas le
bruissement du papier de soie.»
(Balzac.)
FAFFIOT FEMELLE, FAF-
FIOT MALE : a Le billet de
mille francs est un fajiot mâle,
le billet de cinq cents un fafiot
femelle. » (Balzac.) V. Camou-
fler.
FAFFIOTEUR : Papetier. (Vi-
docq.)
FAGOT : Aspirant ou élève à
l'École des eaux et forêts. — Al-
lusion à ces dernières,
FAGOT, COTTERET, FA-
LODRDE : Ancien forçat.— «Eh !
mais! je connais cet homme-là.
C'est un fagot. » (V. H ago.) —
Vient, dit M. Fr. Michel, de ce
que les forçats sont liés deux à
deux, comme les fagots. V.
Campe.
FAGOT : Malfaiteur surveillé.
(Rabasse.)
FAGOT AFFRANCHI : Forçat
libéré. (Rabasse.)
FAIRE : Faire une conquête
galante. — « Est-ce qu'un hom-
me qui a la main large peut pré-
tendre à faire des femmes? »
(Ed. Lemoine, 40.) — D^ns une
bouche féminine, le mo: faire
unit le lucre à l'amour. — « Tu
as donc fait ton journalisie ? ré-
pondit Florine. — Non,m£; chère,
je l'aime, répliqua Coralie. «(Bal-
zac.)
FAIRE : Faire la place, com-
mercialement parlant. — « De
tous les points de Paris, une fille
de joie accourait faire son Pa-
lais-Royal. » (Balzac.) — « Je
suis heureux d'avoir pris c; jour-
ci pour faire la vallée de l'Oise.»
(Idem.) — (c Méfie-toi de ceux qui
te diront : je fais les vins de
Bordeaux. » (Monselet.)
FAIRE : Voler. — a Son fils
(\\x\fait le foulard à ses moments
perdus. » (Commerson.) V. En-
filage, Rade.
FAIRE : Risquer au jeu. —
(( Nous faisions l'absinthe au pi-
quet à trois. » (Noriac.)
FAIRE : Faire caca, a Avec ses
jambes en manche à balai, il
peut faire tout debout sans ^âter
ses mollets. » {Catéchisme pois-
sard, 40.)
FAIRE (la) : Faire croire une
FAI
^ î65 -
fAî
chose qui n'est pas. — « Enfin,
Anatole, j'allais devenir mère,
lorsque l'infâme... — Je la con-
nais celle-là, tu sais! il ne faut
pas me la faire. » ( Vie parisienne,
65.) — « J'ai choisi du Saint-
Émilion 64, et vous me donnez
du 57. Vous savez, celle-là, il ne
faut pas mêla faire. » (Idem, 66.)
FAIRE, REFAIRE AU MÊME :
Tromper. — « Garde-moi le se-
cret, brûle ma lettre ; je \&\xsi faire
ces drôles-ci... » (Rétif, 1776.) —
« Les soldats s'imaginent tou-
jours que les sergents-majors les
refont au même. » (La Bédol-
lière.) — « Ce brigand-là, dit-il,
ferait le diable au même.o) (Bal-
zac.)
FAIRE CHIBIS : S'évader.
« S'il n'y a pas moyen de me faire
chibis d'ici, il n'y aura pas
moyen plus loin. » (V. Intro-
duction. Lettre de Minder.)
FAIRE DANS : Faire des af-
faires de. — On dit : faire la
quincaillerie, l'épicerie, la ban-
que, etc., pour : Faire des affai-
res dans la quincaillerie, etc.
FAIRE A (la) : Tromper en si-
mulant tel ou tel sentiment. On
dit : Il nous la fait à l'héroïsme,
à la terreur, à l'innocence, pour:
Il essaie de nous faire croire à
son héroïsme, etc. — « Les comi-
ques au contraire la faisaient à
la simplicité. Ils s'abordaient d'un
air piteux et bonhomme s'appe-
lant entre eux ma pauvr' vieille.»
(Alph. Daudet.)
Les sentiments ont fini par être
représentés par des analogies vé-
gétales. Ainsi, quand vous enten-
dez : La faire à l'oseille, cela
veut dire : outrer grossièrement.
M. J. Richard nous apprend dans
une chronique de V Époque [mdiVS
66), qu'il faut chercher l'origine
du mot dans une gargote de l'an-
cien boulevard du Temple. Fu-
rieuse d'entendre critiquer la
confection d'une omelette aux
fines herbes qu'on ne trouvait
pas assez verte, l'hôtesse du lieu
s'écria un jour : « Fallait-il pas
vous la faire à V oseille? » Les
auditeurs firent la fortune du
mot, qui aurait comporté plus
tard des variétés innombrables.
Nous ne suivrons pas le néolo-
gisme sur ce terrain sans bornes.
Nous en ferons juge le lecteur
par ces derniers exemples : —
« Quelle charmante langue !
Quelle grâce! Quel atticisme
dans tout ce discours ! Ce qui
n'a pas empêché une jeune fem-
me qui se trouvait à côté de moi
à la sortie de résumer ainsi la
séance : Camille Doucet nous l'a
fait à la violette et Jules Sandeau
à la verveine. » (P. Dhormoys.)
a Mademoiselle Q... une brune
perfide comme Londres, vient
d'être délaissée par son protec-
teur. Aussi elle a transformé son
entre-sol en un rocher, du haut
duquel elle nous la fait à la Ca-
lypso. » (Marx.)
FAISEUR : « On entend par
faiseur l'homme qui crée trop,
qui tente cent affaires sans en
réussir une seule, et rend sou-
vent la confiance publique vic-
time de ses entraînements. »
(Lespès.)— Pris souvent en plus
mauvaise part. Le faiseur ci le
banquiste se confondent. Pour
Vidocq, le faiseur n'est qu'un
escroc et un chevalier d'indus-
trie.
FAN — i66 —
FAITRÉ (être) : Être sous le
coup d'une condamnation infail-
lible.
PALOURDE : Forçat libéré.
{Petit Dictionnaire de l'argot,
44.) V. Fagot.
FANAL : Estomac. — Com-
paraison de l'estomac à une lan-
terne. — « Se bourrer le fanal de
bouillon, de rata. » (Wado.) On
dit de même : Mettre de l huile
dans la lampe.
Ces deux dames se fourraient par le
fanal
Petit vin, superbe hareng.
(Chansonnier imp : Stahl.)
FANANDE, FANANDEL : «Ce
mot de fanandel veut dire à la
fois : frères, amis, camarades.
Tous les voleurs, les forçats, les
prisonniers sont fanandeJs. »
(Balzac.)
FANFFE, FANVE : Tabatière.
(Vidocq.) — On dit aussi fauve,
fouffe, faufFe, fausse. Peu de
mots ont été plus altérés.
FANFOUINER : Priser. —
Onomatopée qui rend assez bien
le bruit produit par l'aspiration
du tabac dans les narines.
FANTAISIE (de) : Fictif. Mot
à mot : dû à la seule fantaisie de
celui qui annonce une réalité.
« La lorette avec aïeux achète ses
ancêtres chez les marchands de
bric à brac, ou bien elle demande
à un peintre un grand-père de
fantaisie quand elle ne rencontre
pas un aïeul d'occasion.» (M. Al-
hoy.)
FANTAISIE (de) : Qui n'est
pas selon le règlement militaire.
Un schako de fantaisie est plus
FAR
petit que celui d'ordonnance, un
pantalon est plus large, etc.
PARA DA SE : Faire seul, se
suffire à soi-même. — Italia-
nisme. -- Se dit ironiquement
chez nous depuis que k s Italiens
ont repoussé notreaidecncriant:
Fara da se, et en se prétendant
assez forts (1849). — a II aurait
murmuré, en parlant ai l'épar-
gne individuelle, le fora da se
des Italiens. » {Paris Journal ,
juillet 72.)
FANTAISISTE : Homme ne se
soumettant à aucune rti^le, soit
dans ses œuvres, soit dans sa
conduite. — « Un doux souvenir!
me répondit le fantaisiste, les
crins qui m'inspirèrent l'histoire
du chignon de ma femme. »
(Michu.) — « Il était du reste fan-
taisiste jusque dans les questions
financières. On l'avait va mettre
sa montre au Mont-<ie-Piété,
ayant dix mille francs clans son
portefeuille. » (De Villenessant.)
— « Pichu le paysagiste est ici.
Il est toujours le même fantai-
siste effréné. » (Marx.) — M. Ca-
tulle Mendès a débute Jans les
lettres par la Revue fantaisiste.
FANTASIA : Démonstration
plus bruyante que sirieuse,
comme une fantasia de cavaliers
arabes. — «Avant de faire des ac-
climatations, avant de se lancer
dans lafantasia (en piscicalture),
multipliez les espèces qi e vous
avez autour de vous. » (U. de la
Blanchère.)
Donner dans la fantas a, c'est
aimer à faire fracas.
FARAUD, FARAUDE : Mon-
sieur, madame, mademoiselle.
(Halbert, Grandval.)
fAS
— 167 —
FAU
FARAUDEC, FARAUDENE :
Madame, mademoiselle. (Fr. Mi-
chel.)
FARCE : Comique. — « C'est
farce ! Mais vous faites de moi ce
que vous voulez. » (E. Sue.)
FARCES : Infidélite's. — « On
ne peut pas faire des farces à sa
Ni ni... v'ià ce qui vous chif-
fonne. » (Gavarni.)
FARCEUR : Homme sur le-
quel on ne peut compter.
FARCEUSE : Femme galante.
— « Lorsqu'une farceuse vou-
dra me séduire, je lui dirai : Im-
possible. » {Amours de Mahieu,
32.)
FARCHER DANS LE PONT :
Tomber dans le piège. (Halbert.)
Altération de faucher.
FARGUE : Charge. (Vidocq.)
FARGUER : Charger. V. Es-
cracher.
FARGUER : Devenir rouge
(Grandval.)
FARGUKMENT : Rougeur.
(Colombey.)
FARGUEUR : Témoin à
charge. (Vidocq.)
^ FARIDONDAINE (être à la) :
Être sans argent. (Rabasse.)
FARNANDEL : Camarade de
prison. (Rabasse.) Forme de/^-
nandel.
FA ROT : Monsieur. Forme de
Faraud.
FARRE : Vite. — « Farre,
farre, la marcandière, nous se-
rions béquilles. » (Vidocq.)
FASSOLETTE : Mouchoir de
poche. — Italianisme.
FAUBLAS : Séducteur de fem-
mes. — C'est le nom du héros
d'un roman bien connu. — « i ous
les hommes de dix-huit ans sont
des Dons Juans, à moins qu'ils
ne soient des Lovelaces ou des
Faublas, ce qui est absolument
la même chose. » (E. Lemoine.)
FAUBOURG SA INT-GER.
MAIN : Aristocratique. — n Mars-
hall : Madame... je vous en re-
mercie. — Camélia : Il n'y a pas
de quoi. (.4 part.) II est Fau-
bourg-Saint-Germain. » (Car-
mouche.)
FAUBOURIEN : Ouvrier tur-
bulentet batailleur des faubourgs
de Paris. — « Ces combats que la
jeunesse dorée livrait non sans
succès aux farouches faubou-
riens, aux septembriseurs en-
durcis. » (Roqueplan.)
Mais v'ià le solitaire enfin
Qui d'une main hardie,
Pour défendre Elodie,
Tape partout^ ne craint rien,
Comme un faubourien.
{Le Solitaire, pot-pourri, 24.)
FAUCHANT, FAUCHEUX :
Ciseaux. — Les ciseaux fauchent.
(Rabasse, Vidocq.)
FAUCHÉ (être) : Être sans un
centime. (Rabasse.)
FAUCHER : Guillotiner. —
« Faucher dans leur langage,
veut dire l'exécution de la peine
de mort. » (Balzac.) V. Colas,
Terrer.
FAUCHER AU PRÉ. V. Pré.
FAUCHER DANS LE PONT :
Couper dans le pont. V. ce mot.
FAUCHEUR : Voleur coupant
(fauchant) les chaînes de montre.
FAUCHEUR : Bourreau. (Hal-
bert.) Il fauche les cous.
FAUCHON : Sabre. V. Gref-
fier. — Même allusion que ci-
dessus.
FAUSSANTE : Faux nom.
(Halbert.)
FAUSSE :Tabatière.(Rabasse.)
Forme altérée de fauve,
FAUX TOUPET : Suranné,
vieillot. V. Perruque, Mâchoire.
FAUVE : Tabatière. (Halbert.)
V. Fanffe.
FAVORI : « C'est le cheval le
mieux placé sur la cote et consi-
déré comme ayant le plus de
chances de gagner aux courses. »
(Parent.)
FÉDÉRÉ : « Bête vous-même,
grand fédéré! » (H. Monnier,
37.) — « Afin de comprendre
pourquoi ce terme était pris en
mauvaise part, il faut se repor-
ter aux mauvais jours de 18 15,
où les fédérés, armés pour com-
battre l'étranger, se distinguè-
rent autant par leur patriotisme
que par leur indiscipline dans
les environs de Paris. » Ainsi
écrivions nous dans la deuxième
édition de cet ouvrage (6i). En
mars 1871, nous avons eu d'au-
tres fédérés, mais ce n'était plus
l'étranger qu'ils combattaient.
FÉE : Amour. (Halbert.) — Le
mot est bien poétique pour des
argotiers.
FÉESANT , FÉESANTE :
Amoureux, amoureuse. (Idem.)
FÊLÉ (être) : Être un peu foi.
Mot à mot : avoir le cerveau /e/c
C'est plus que toqué, c'^sX moins
que avoir une fissure.
68 -
FEN
FELOUSE : Poche. (Halbert.)
Pour Fouillouse.
FEMME : Femme de mauvaise
vie, — Abréviation. — 11 est à
remarquer qu'on a fini par don-
ner aux prostituées, tous les
mots qui conviendraient à des
femmes honnêtes {femme, fille,
petite dame,ces demoise lies). Tout
dépend de l'inflexion de la voix
et du sens de la phrase. — « Sans
ce gros butor qui me répugne,
j'aurais pu passer la nuit avec
mon amant... Ah! m( n Dieu!
qu'une /emme, — mot technique
(sic), — est à plaindre. Telles
sont les réflexions de ces demoi-
selles. » {La Revue de l'an VIII
ou les originaux du PalaiS'
Royal.) — Au xvin« f^iccle, on
disait d'une femme entretenue :
« C'est une femme du monde. »
L'expression compléterait la ga-
lerie, si elle s'était maintenue,
mais elle est hors d'usage.
FENASSE : Paresseux. Mot à
mot : Mou comme du foin. —
Du vieux mot /en ; foin.
FENDRE (se) : Commettre une
prodigalité peu habituelle. —
« Descends huit bouteilles. —
Puisque vous vous fenciez, dit le
peintre, je paye un cent de mar-
rons. » (Balzac.)
FENDRE L'OREILLE : Mettre
à la retraite. — Vient de ce qu'on
fend l'oreille des chevaxix de ca-
valerie réformés. — « Le général
Le Bœuf n'aura pas le chagrin
de se voir fendre l'oreille. » (Bla-
vet.)
FENÊTRE (mettre la tête à
la) : Être guillotiné. — Allusion
au passage de la tête dans la lu-
nette. — « Qu'il fasse j rompte-
FÉR
ment mettre la tête à la fenêtre
à l'infâme Brissot. » (Hébert,
1793.) V. Raccourcir.
FENÊTRE (faire la) : Raccro-
cher les galants er>. se montrant
à la fenêtre.
FENOUSE : Prairie. (Vidocq.)
— Du vieux mot /en, foin, qui a
iâit fenaison.
FÉODEC : Arbitraire. (Idem.)
— C'est féodal avec la finale
changée,
FER-BLANC (de) : Sans va-
leur, sans solidité (par compa-
raison au fer.) — « Ils éclabous-
sent de leur triomphe ces jour-
nalistes de fer-blanc, comme ils
les appellent. » (Adolphe Gué-
roult.)
FERLAMPIÉR : Bandit. (Vi-
docq.) Vieux mot pris d'abord en
moins mauvaise part. Se disait
plutôt d'un homme sans valeur.
— Abréviation de frère-lampier ,
allumeur des lampes d'une com-
munauté religieuse. (Roquefort.)
V. Frileux.
FERLANDIER : Bandit. (Ra-
basse.) — Forme altérée de /er-
lampier.
FERLINGANTE : Faïence,
verre. — Harmonie imitative du
bruit de leur choc.
FERME (jeu) : Jeu de Bourse.
— « Le marché ferme engage à
la fois le vendeur et l'acheteur,
ses échéances ne dépassent pas
deux mois, sa négociation se fait
comme celle au comptant. »
(Boursicotiérisme.)
FÉROCE (c'est un) : C'est un
homme tout entier à son devoir,
- i6j - FÉt
féroce sur l'exactitude avec la-
quelle il entend le remplir.
// n'est pas féroce : il n'est pas
capable. V. Méchant.
FERRÉ (être; : Être arrêté.
(Rabasse.) — Terme de pêcheur
passé dans l'argot. V. ci-dessous.
FERRER LE GOUJON : Faire
mordre à l'appât. — « Le goujon
est ferré, style de pêcheur, il n'y
a plus qu'à tirer la ligne. » (M.
Alhoy.)
FERTANGE, FERTILLAN-
TE, FERTILLE : Paille. (Grand-
val, Colombey.) — Harmonie
imitative de son frétilleipent. V.
Greffii^r.
FERTILLE : Figure. (Hal-
bert.)
FERTILLANTE : Queue. (Vi-
docq.) — Elle frétille souvent.
FESTON (faire du, pincer un) :
Avoir une démarche que l'ivresse
accidente comme des festons de
broderie. — a Nous nous cava-
lons, moi et Dodore, en pinçant
un feston un peu fiscal. » (Mon-
selet.)
FESTONNER : Faire des fes-
tons. — « Il va encore, ma foi,
très-droit... c'est à peine s'il
festonne. » (E. Sue.)
FÊTE (être de la) : Être riche,
avoir les moyens de festoyer. —
(( Moi je suis toujours de la fête,
j'ai toujours bogue et bon ra-
din. » (Vidocq.)
FÉTICHE : Signe représentatif
d'un enjeu en argent. — « Le
nouveau préfet de police veut,
dit-on, interdire l'usage des féti-
ches sur les tables de jeux, dans
FEU
— 170 —
fie
les cercles. » {Événement, mars
66.)
FÉTU : La barre de fer dont le
bourreau se servait pour rouer.
(Grandval.) — Le mot n'est plus
usité, mais il fera comprendre
l'ironie de barre (aiguille.) — Si
l'aiguille devient une barre, la
barre doit être un fétu.
FEU (n'y voir que du) : Être
ébloui, aveuglé. — « Et tu n'y
verras que du feu. » (Cogniard,
33.)
FEUILLE A L'ENVERS (voir
la) : S'étendre sous un arbre, dans
un bois. Se dit avec un sous-
entendu plus ou moms galant.
Il la jeta sur le gazon.
Ne fais pas, dit-il, la sauvage ;
Jouis de la belle saison.
Ne faut-il pas dans le bel âge
Voir un peu la feuille à l'envers ?
Cet exemple est pris dans la
177e Contemporaine de Rétif
(édit. 1783); mais la chanson est
plus ancienne, car ses auditeurs
ajoutent dans le texte : Char-
mante quoique vieille. — a Dis
donc, mam'selle au ruban vert,
est-ce que t'as vu la feuille à l'en-
vers : l'derrière de ta jupe est en-
core tout vert.» Catéchisme pois-
sard, 1844.)
FEUILLE DE CHOU : Guêtre
militaire, journal sans valeur,
titre non valable. — « Dans une
de ces feuilles de chou qui en-
combrent les cafés, nous lisons.»
(J. Lovy.)
FEUILLETÉE (semelle) : Se-
melle usée, dont les feuilles dis-
jointes aspirent l'eau ou la pous-
sière. On l'appelle aussi pompe
aspirante. — « Parfois aussi elle
n'a que des bottines suspectes,
à semelles feuilletées c ai sou-
rient à l'asphalte avec ui e gaieté
intempestive.» (Th. Gau.ier, 43.)
FEUX DE FILEJne pas s'em-
bêter dans les) : Être indépen-
dant. Mot à mot : faire iju à vo-
lonté. — « Pour lors, n(,t' coro-
nel, qui ne s'embête pas Jans les
feux de file. » {Ancien Figaro,
27.)
FIASCO : Chute. — Italia-
nisme.
FICELER : Soigner sa tenue.
Mot à mot : faire fine taille, la
ficeler. — « Voilà mama 1 Vau-
quer belle comme un astre, fice-
lée comme une carotte. » (Balzac.)
V. Trente et un. Chic,
FICELLE : Procédé banal, acte
de charlatanisme. Se dit à pro-
pos de tout. — « M... pour ani-
mer la statuaire, emprui te à la
peinture quelques procédés; je
n'oserais l'en blâmer, si l'austé-
rité de ce grand art ne ref oussait
les ficelles. » (Ch. Blanc. — « 11
n'est pas outillé pour le t léâtre;
il ne connaît pas les ficelljs de la
scène. » (P. d'Anglemont. )
FICELLES : a Ce sent ces
moyens vulgaires rebattus dont
on se sert pour faire une pièce ou
une scène, ces moyens qu'on de-
vine. » (Dufloi) « Le culte des
procédés épuisés et des conven-
tions classiques qu'on a ar>pelées
des ficelles. «(Villemot.) — « Fer-
dinand lui indiqua plusieurs re-
cettes et ficelles pour diiiérents
stylesi tant en prose qu'en vers.»
(Th. Gautier, 33.)
FICELLE : « Employé i/avan-
Fie
— 171 —
Fie
çant qu'à l'aide de la flatterie, de
la délation, de la bassesse. » (Na-
viaux, 6i.)
FICELLE : Chevalier d'indus-
trie.
Cadet Roussel a trois garçons :
L'un est voleur, l'autre est fripon ;
Le troisième est un peu ficelle.
{Cadet Roussel, chanson, 179 3.
Paris, impr. Daniel.)
FICELLE (cheval) : Cheval de
course léger et décousu.
FICELLE : Espèce de menotte.
— « On appelle ainsi un fil de
laiton qui prend la main droite
du détenu et dont l'agent tient un
bout. » (Ponson du Terrail.)
FICHAISE : Niaiserie, chose
dont on peut se ficher.
Le passé n'est qu'un songe.
IJneJichaise^ un rien.
(Vadé, 1755.)
FICHANT : Navrant. —«N'est-
ce pas, mon vieux, c'est tout de
même fichant de se dire!... »
(E. Sue.)
FICHE DE CONSOLATION :
Dédommagement. — Terme de
whist.
FICHÉ (il est) : Il est bien mis,
pommadé. (Rabasse.)
FICHER : (On prononce Jîch'
en élidant.) — Ce verbe a un
grand nombre de significations
que nous allons passer en revue.
Il n'est pas admis par le Dic-
tionnaire de l'Académie qui
donne cependant fichu.
Ficher : Jeter. — « On va te
fich' au violon. » (Gavarni.) —
« Je l'ai fichue à l'eau.» (E. Sue.)
— Dès la fin du xiv« s,\hc\Q, ficher
se trouve dans le Livre du ma-
reschal de Boucicaut. — « Quand
Chateaumorant, avec la compai-
gnée des autres prisonniers feu-
rent arrivez à Venise, adonc on
les ficha en forte prison. » (Édit.
Petitot, t. II, p. 83.)
Ficher : Placer. — « Qui m'a
fichu un couvert de la sorte?
Quel désordre ! » (Perrin.)
Ficher : Donner. — « J' lui
fiche un soufflet. » (1760, Cail-
leau.) — « J'y ai fichu des gi-
fles. » (Gavarni.)
Ficher : Faire. — « Mais,
voyons, Limousin, avec un mé-
chant budget de 5o millions par
an, qu'est-ce que tu peux fiche ?»
(Gavarni.)
Ne rien fiche: Ne faire aucune
affaire, commercialement par-
lant.
Ne rien fiche : Ne rien faire,
paresser.
A ne:( vous faire fiche : Allez
au diable. — « Ce mot cache un
jurement très-grossier. » (Dhau-
tel, 08.) — « Eh bien! dis à
grand'maman qu'elle aille se faire
fiche!» (Gavarni.)
Ficher une colle : Conter un
mensonge.
Ficher un point : Coudre un
point. — « Car pour l'ouvrage,
je vous en souhaite! Ça ne vous
ficherait pas un point. » (Vadé,
1744.)
Ficher (se) : Se mettre à. «C'est
un mosieu que je ne connais pas.
— Lui as-tu demandé ce qu'il me
voulait? — Oui... il s'est fichu à
rire. » (Grévin.)
Se ficher ; S'habiller. —«Faut-
Fie — 172 -
y que ça soit chiche de ne pas se
fiche en sauvage. » (Gavarni.)
Se ficher : Se poster. — Le
Livre du mareschal de Boucicaut
(édit. Michaud), cité plus haut,
dit qu'à une déroute de Sarra-
sins, « les jardins favorisèrent
beaucoup leur retraite, car s'y
fichèrent ceuîx qui esehapper
peurent. » (P. 276.) La même an-
née (i3^9), on nous représente
les Vénitiens après un combat
maritime s'en allant ficher en
leur ville de Modon. (P. 283.)
Se ficher : Se moquer. —
« Quand j'ai mangé la soupe et
le bœuf, je me fiche du reste. »
(La Bédollière.) — « Tu sabou-
lis ce grand drille, qui se fichait
de moi. » (Rétif, 177» Contem-
poraine, 1783.)
J' fen fiche, ;' fen ficherai :
Formule ironiquement négative,
équivalant à : je t'en moque. —
a Ah bah! j' t'en fiche ! il m'em-
brasserait toujours. » (L. Beau-
vallet.)
Se ficher dans la cervelle, —
dans le toupet : S'imaginer. —
« Ne va pas te ficher cela dans la
cervelle. » {Le Rapatriage, pa-
rade du xviii» siècle.)
Se ficher du monde, du peuple,
du public : Se moquer des hom-
mes et de l'opinion. — « Vous
vous fichez du monde. » (Vadé,
1755.)
S'en ficher comme de colin-
tampon : Ne faire aucun cas.
(Dhautel, 08.) Jadis, on appelait
colins-tampons les Suisses en gar-
nison à Paris. Les mazarinades
en donnent plus d'un exemple
de 1648 a i652.
Ficher dedans : Tromper. V.
Dedans.
FID
Ficher la misèrepor quartiers:
Mener une vie misérable.
Ficher la paix : Laisser tran-
quille. — a Fiche-moi la paix. »
(Jaime fils.)
Ficher le camp : Décamper.—
« Mon enfant, fiche-moi le camp.»
(Rétif, 1 77» Contemporaine, 1 783.)
Ficher les pattes : Venir. Mot
à mot : mettre les pieds. — « Si
vous vous permettez de fich' les
pattes ici quand j'y serai. » (Ga-
varni.)
FICHTRE : Juron. Forme de
f...tre, comme fouchtr a. —«Six
heures ! fichtre, il me sem ble que
nous avons failli attendre. » (E.
Villars.)
FICHTREMENT : Fièrement.
— a C'est fichtrement beau le
coup de gueule du lion. )) {Com-
mentaires de Loriot.)
FICHU : Capable. — « Eh ! là-
bas... y sont fichus de ne point
ouvrir... y faut donc enfoncer la
porte... » (H. Monnier.) — Le
Dictionnaire de l'Académie ad^
met fichu dans toutes ses autres
acceptions.
FICHUMACER: Diminutif de
ficher.
D'mandez-moi donc où c'qa'est
Allé c' flàneux d' Cadet ?
C qu'il peut fichumacer
A l'heure qu'il est ?
(Désaugiers.)
FIDIBUS : Longue bande de
papier pliée ou roulée pour allu-
mer la pipe. — Une communica-
tion de M. Fey assigne à ce mot
une origine allemande. Dans les
universités de ce pays, les admo-
nestations ofljciellçs commencent
FIL — 173
par les mots : Fidibus (pour/-
delibus) discipulis universitatis,
etc. Les délinquants, qui allu-
ment par forfanterie leurs pipes
avec le papier de l'admonesta-
tion, lui ont donné pour nom
le premier mot de sa première
ligne. — « Un roman de G. Sand
dont il fera un fidibus après l'a-
voir lu. » (Rouget.)
FIELDERS : « Ensemble des
individus qui ont fait des paris
de courses contre un ou plusieurs
favoris. » (Parent.) Angl.
FIER : Grand. (Dhautel.) V.
Blaguer, Venette, Poil. — « Ça
lui portera un fier coup. » (Lu-
bize.)
FIÈVRE CÉRÉBRALE (accès
de) : Accusation pouvant entraî-
ner la perte de la tête. (Vidocq.)
— Jeu de mots.
FIFI : Vidangeur. Mot à mot:
fi ! fi ! — Allusion au dégoût ins-
piré par le métier. — Vieux mot.
Une ordonnance du roi Jean
(i35o) traite de « Testât des vui-
dangeurs appelez maistres fifi. »
FIGNOLER : Exécuter avec
fini. — « C'est qu'vous fignolait
(la contredanse). Dame, il y allait
de tête et de queue. » (Rétif,
1783.) — a Quel style! comme
c'est fignolé. » (Labiche.)
FIGNOLEUR : Qui fignole. —
« C'est un fignoleux, mais il fait
trop le fendant à cause qu'il a du
bec. » (Vadé, 1788.)
FIGURE : Derrière. — « Où
l'on s'expose à rencontrer des
gens dont la figure a mérité les
verges. » (Raoul Fauvel.)
FIL DE SOIE ; Voleur. Jeu de
mots sur filer^ voler. — a Les
FIL
grands centres de réunion sont
inspectés par la sûreté, car il n'y
manque jamais de fils de soie ou
de joueurs de passe-passe. » (Sta-
mir, 67.)
FIL EN DOUBLE : Vin.
(Grandval.)
FIL EN QUATRE : Eau-de-
vie. — « Allons, Auguste, un
petit verre de fil en quatre, his-
toire de se velouter et de se re-
bomber le torse. » (Th. Gautier.)
FILAGE : Action de filer au
jeu. « Le filage s'opère à tous les
jeux, mais surtout au baccarat.»
(Cavaillé.)
FILASSE : Chevelure blanche
et blonde comme la filasse.
FILASSE : Matelas. — Le con-
tenu est pris pour le contenant.
FILATURE, FILE : Surveil-
lance exercée par un agent qui
suit pas à pas. — « Ils ne le per-
dirent pas de vue au second jour
défile. » (Stamir.)
Faire une filature : Suivre un
individu. (Rabasse.)
FILER : Faire avec soin. —
Allusion au travail de la fileuse.
— « Vous vous êtes donné un
mal de nègre pour filer des scè-
nes. » [Alm. du Hanneton, 67.)
FILER : Voler. Mot à mot :
faire filer un objet qui ne vous
appartient pas. De là, filouter.
FILER : « Filer, c'est distri-
buer une carte pour une autre
dans le but de se faire ou de se
compléter un beau jeu. » (Ca-
vaillé.)
FILER, PRENDRE EN FILA-
TURE : Suivre, espionner. —
FIL - 1
« Etre filé signifie, dans le lan-
gage des débiteurs, que le recors
vous suit à la piste. » (Montépin.)
— « Un garçon va dire à la per-
sonne filée que quelqu'un la de-
mande, et là, des sergents de ville
l'entourent pour la remiser. »
(Stamir.)
Filer la mousse : Faire ses be-
soins. (Grandval.) V. Mousse.
Filer le luctrème : Introduire
une fausse clé. V. Luctrème.
Filer le parfait : Faire une
cour assidue. Mot à mot : filer le
parfait amour.
Filer leplato : «Cela veut dire :
filer l'amour platonique.» (J. Du-
flot.)
Filer son nœud : Partir. —
Terme de marine. — « Viens-tu !
ou je file mon nœud. » (H. Mon-
nier.)
Filer une poussée : Repousser
violemment. « Le concierge l'ar-
rête; moi, je file une poussée au
concierge et il se faufile. » (Beau-
villier.)
FILET : Nuance délicate et te-
nue comme un filet d'eau. —
« Peut-être aussi y a-t-il un filet
de concetti shakspearien, mais
c'est peu de chose. » (Th. Gau-
tier.)
Filet coupé (avoir le) : Être
d'une grande loquacité. — Allu-
sion à la petite opération néces-
sitée par un certain embarras de
la langue.
FILEUR : « C'est un homme
qui est chargé par la police, et le
plus souvent par quelque téné-
breuse officine privée, d'en sui-
vre un autre. » (P. du Terrail.)
FILEUR : Qui file au jeu.
74 ~ FIL
V. Filet. « Point de grec émérite
s'il n'est fileur. » (Cavail'i. )
FILEUSE : « Chanteur sui-
vant les voleurs et les prenant
en flagrant délit, dans le ^eul but
de faire payer son silence par
une remise de i5 p. loo. » (Vi-
docq.)
FILLE DE MARBRE : Courti-
sane froidement avide. — Une
pièce de M. Barrière a consacré
ce terme, vers i852. — « C'est à
Paris que les filles de marbre
apprennent péniblement le mé-
tier qui les fait riches en une
heure. » (J. Janin.)
FILLE DE PLATRE : (:ourti-
Sime. — Vient du roma i écrit
sous ce nom par M. de Montépin,
pour servir de pendant à 1 1 pièce
des Filles de marbre. — « Ces
femmes ne sont que des filles de
plâtre. » (les Étudiants du. quar-
tier Latin, 6o.)
FILOCHE : Bourse. (Vi locq.)
— Du filet qui était employ i pour
la confection des bourses.— « Si
ta filoche est à jeun (si ta bourse
est à vide.) » (E. Sue.)
FILOU : Rusé. — L'acception
d'escroc se trouve seule d; ns le
Dictionnaire de V Académie. Elle
a son origine dans le werbe filer:
voler.
FILS DE FER : Jambes ex-
cessivement minces. — Mot
imagé.
FILS DE PUTAIN : Injure à
laquelle le peuple n'attaclie la
plupart du temps aucune idée
fixe. « J'ai entendu une poissarde
dire à son fils : « Petit polifson!
attends, fils de putain, je te ferai
voir que je suis ta mèro. »
FIO
- 173 -
FLA
(Dauthel , note manuscrite de
son dictionnaire, 08.) Du temps
de Rabelais, cette triste plaisan-
terie était déjà de mode. A la tin
de la tempête (livre IV, ch. xxn),
Pantagruel appelle un matelot :
« Fils de putain. » — « Tu es
bien aise, homme de bien, dist
frère Jean au matelot, d'entendre
nouvelles de ta mère. »
FIN (faire une) : Se marier, en
finir avec la vie de jeune homme.
— « Cependant il faut absolu-
ment faire une fin. Dame ! le
siècle est positif. » (Deriége.) V.
Papillonner.
FINE : Excrément. — Allusion
à la fine moutarde; on dit aussi
la plus fine. V. Numéro cent. —
« Un vidangeur de mes amis,
nous a chanté la plus fine. »
(Aubry, 36.)
FINE : Fine Champagne. V.
.45, Champagne.
FIOLE : Figure. (Halbert.)
FIOLER : Boire. (Rabasse.) —
Dq fiole: bouteille.
FION (coup de ) : C'est la der-
nière main mise à un ouvrage.
.— « Un François enseignoit à
des mains royales à faire des
boutons; quand le bouton était
tait, l'artiste disoit : A présent,
Sire, il faut lui donner le fion. A
quelques mois de là, le mot re-
vint dans la tête du roi; il se mit
à compulser tous les dictionnai-
res, et il n'y trouva pas le mot. Il
appela un Neuchâtelois qui étoit
alors à sa cour, et lui dit : « Di-
« tes-moi ce que c'est que le fion
« dans la langue françoise ? —
« Sire, reprit le Neuchâtelois, le
c fion, c'est la bonne grâce. »
(Mercier, 1783.) — « Elle se lève
pour prendre la salière qui doit,
dit-elle, donner le dernier fion
à la dinde. » (Ricard.) — « Les
peintres n'ont plus que trois
jours pour donner à leurs ta-
bleaux ce qui s'appelle le coup
de fion. » (Marx, 66.)
FIONNER : Faire l'élégant.—
« Ça s' fionne, ça se pavane et ça
se carre. » (Bourget.)
FIONNEUR: Elégant. — « Le
fionneur possède une glace ,
huile antique, pommade du lion
et cire à moustaches. » (Ber-
tall.)
FIQUES: Hardes. (Colombey.)
— Ce doit être un vieux mot,
car beaucoup de paysans disent
encore dans le même sens afii~
quet.
FIQUER : Poignarder. (Idem.)
— Pour ficher : planter.
FISCAL : Élégant. — C'est Fi-
celé avec changement de finale.
— « A ses favoris côtelettes... A
son costume fiscal... » [Léonard^
parodie, 63.) V. Feston.
FISSURE (avoir une) : Être un
peu fou, mot à mot : avoir une
fissure au crâne. V. Fêlé.
FISTON : Petit fils, terme
amical. — a Par ma fé, mon
doux ami, mon fiston. » [Contes
d'Eutrapel, xvi" s.) V. Gadoue.
FLA : Note rudimentaire de la
batterie du tambour. V. Ra. —
ce Le tambour-major bat la me-
sure des ras et des fias. » (M. St-
Hilaire.)
FLACHE : Plaisanterie. (Hal-
bert.) Pour flanche.
FLAGUL : Sac d'argent.—* Le
FLA
- 176-
FLA
vioque a des flaculs pleins de
bille; s'il va à Niort, il faut lui
riffauder les paturons. » (Vi-
docq.) — Vient de flaque. V. ce
mot.
FLACUL : Lit. — Il a la forme
d'un grand sac. V. ci-dessus. —
« Je raplique au flacul qui m'at-
tend. » (Vidocq.)
FLAFLA : Grand étalage. —
Allusion aux claquements de
fouet. On dit dans le même
stns faire claquer son fouet .
^ FLAMBANT, FLAMBARD :
Éclatant, superbe. — a Les capo-
raux y trouvent une table un peu
flambarde. » (La Bédollière.) —
«T'es flambante comme une Vé-
nus. » (E. Sue.)
FLAMBANT : Artilleur à che-
val.
FLAMBART : Matelot.— « Eu-
gène Sue est cause que la plu-
part des canotiers s'appellent
flambards. » (Roqueplan.)
FLAMBARDE : Chandelle
(Halbert); elle flambe en éclai-
rant.
FLAMBART : Poignard. (Vi-
docq.)
FLAMBE : Épée. — Allusion
au flamboiement de la lame.
Abréviation de Flamberge.
FLAMBER : Briller entre
tous. — a Des raretés qu'on offre
à des filles qui aiment à flam-
ber. » (Balzac.)
FLAMBERT: Poignard. (Hal-
bert.) Forme de flambart.
FLAMSIQUE : Flamand. (Co-
lombey.) — Changement de fi-
nale.
FLAN (du) : Non. — Abrévia-
tion de la formule ironique : jeté
paierai du flan. Des ne fies t des
navets! sont des négations de
même origine. On sait que le
flan était une pâtisserie fort po-
pulaire à Paris, a Si on leur pré-
sentait :{ut, du flan et des na-
vets comme le fond de la langue
des vaudevillistes. » (Villemot.)
V. Zut.
FLAN (c'est du) : C'est bon.
— « J'aime mieux gouêper, c'est
du flan. » (Vidocq.)
FLAN (au) : C'est vrai. (Ra-
basse.)
FLAN (à la) : Sans prémédi-
tation, au hasard. V. Carou-
bleur. — Abréviation de à la
bonne flanquette.
FLANCHE : Malice, ruse,
biais. — « Robert voit le flanche,
et dit : il faut le fouiller. »(Mon-
selet.) V. Mettre (le).
FLANCHE: Jeu de roulette.
FLANCHER, FLACHER: Plai-
santer. (Halbert.)
FLANCHEUR : Joueur rusé.
(Rabasse.)
FLANELLE : C'est le mot flâ-
neur zyQc changement de finale.
— « Lèves-tu ce soir? — Ah oui-
che! tous rapiats. — Et celui-là
qui t'allume ? — Flanelle! » (L.
de Neuville.)
FLANOCHER, FLANOTTER:
Flâner tout doucement. — « Il
ht la rencontre d'un beau page
de Marie-Thérèse qui fllnochait
en rêvant. » (Commerson.) —
« Nous flânottons depuis quinze
heures. '»(M. Michel.)
FLAQUE : Sac de femme.
(Grandval.) — Du vieux mot
FLI
- 177
FLO
flaCj flacon.— Allusion de forme.
PLAQUER : Aller à la selle.
(Vidocq.) — Onomatopée.
Vlà vot' fille que j'vous ramène,
Elle est dans un propr' état :
Depuis la barrière du Maine
Elle a tout flaque dans ses bas.
(Chanson connue.)
FLATAR : Fiacre. (Halbert.)
FLÈME, FLEMME : Paresse
subite et invincible. — « Lundi,
la flemm' m'accroche. » (A. Ca-
hen.) — Décidément, j'ai la flem-
me, je vais profiter d'un rayon
de soleil. » (Comm. de Loriot.)
Jour de flemme : Jour où l'on
ne peut travailler.
Battre sa flemme : Flâner, pa-
resser.
FLEURANT : Bouquet. (Hal-
bert.) Pour fleurissant.
FLEUR DE MAI, Fleur de
Marie : Virginité. (Rabasse, Vi-
docq.) — Allusion à l'Immaculée
et au printemps de la vie.
FLEUR DES POIS : Personne
à la mode.
FLIC-FLAC (faire le) : « C'est
démantibuler la gâche d'une ser-
rure à l'aide du monseigneur. »
(Du Camp.) — Forme altérée de
Fric-frac,
FLIGADIER : Sou. (Colom-
bey.)
FLIGUE A DARD : Agent de
olice. (Colombey.) Mot à mot ;
olicier à épée. V. Flique.
FLINGOT : Fusil d'infanterie.
FLIQUE : « Un commissaire
de police est un flique dans l'ar-
got des filles. » (Parent-Ducha-
telet.)
FLIRTATION : Badinage ga-
lant, manège de coquetterie. —
Anglicanisme. — « J'occupais
mes moments perdus à une in-
nocente flirtation avec le baron
de h... niVie parisienne, août,72.)
— « Lady Elphinsbury répri-
mait la flirtation dans ses do-
maines. » (Aubryet, 72.)
FLIRTER : Se livrer à la flir-
tation. — « La dame reprocha à
son infidèle de venir flirter aux
Folies. y> {Figaro y 7 5.)
FLOPPÉE : Volée de coups.
(Halbert.)
FLOPPÉE : Foule.
FLOQUOT : Tiroir. (Dict,
d'argot, 44.)
FLOTTANT : Poisson. ( Vi-
docq.) 11 flotte. V. Flotter.
FLOTTE : Pension en argent.
Mot à mot : ce qu'il faut pour
flotter pendant quelque temps.
Quand on ne peut flotter, on se
trouve à sec, à la cote. — « Je
viens de recevoir ma flotte :
3oo fr., plus quelque menue
monnaie. » (Villemessant.)
FLOTTE : Réunion de per-
sonnes. On dit : nous étions une
flotte , pour : nous étions une
bande.
FLOTTER: Nager.
FLOTTER (faire) : Noyer.
(Rabasse.). — Ironie.
FLOU, FLOUTIÈRE : Rien.
(Grandval.)
FLOU, Vaporeux, fluide. —
Répond exactement, comme pro-
nonciation, au latin fluidus (pro-
noncez flouidous.) — C'est en
effet un vieux mot. On le re-
FLO
- 178
FŒT
trouve dans le Testament de
Villon. Ce terme, usité d'abord
dans les arts et admis à ce seul
titre dans le Dictionnaire de l'A-
cadémie, a conservé partout la
même signification de mollesse
harmonieuse. — « Tu as dans le
style On ne saurait dire quel
moelleux , quelle grâce , quel
flou. » (L. Reybaud.) — « Man-
quant de grâce, de tout ce qui
jette du charme et du flou dans
l'existence. » (Paris étudiant, 54.)
FLOUANT : Jeu. (Halbert.)
FLOUER : Voler au jeu. (Hal-
bert.) Abrév. de filouter.
FLOUER : Escroquer. « En
prenant l'argent de son pro-
chain, on le vole; en lui faisant
accroire la chose qui n'est pas,
on le trompe; et, en lui faisant
faire par ruse une faute quel-
conque, on l'attrape. En le trom-
pant , l'attrapant et le volant
tout à la fois, on le floue. »(Phi-
lipon, 40.)
FLOUERIE : Escroquerie,
abus de confiance. — « La floue-
rie est au vol ce que la course
esta la marche : c'est le progrès,
le perfectionnement scientifi-
que. » (Philipon,40.)
FLOUEUR : Escroc. — <r II est
des floueurs de tout âge, de tout
visage et de tout rang. Il existe
aussi des floueuses non moins
variées. » (Philipon.) Ne s'est dit
d'abord que des voleurs au jeu,
car Grandval ne donne /loueur
qu'avec ce sens, qu'on retrouve
dans l'acception suivante.
FLOUEUR : « Homme diri-
geant un jeu de hasard de ma-
nière à exploiter la cupidité des
badauds. Les jeux principaux
dont il se sert sont la jamaffe,
les cocanges, les trois paquets,
le huit, les couteaux, la bague,
les palets, etc. » (Rabasse.)
FLOUME : Femme. ( Vidocq.)
— Anagramme defumtlle.
FLOUTIÊRE : Non, rien. V.
Flou.
FLUKE : « Course qui, con-
trairement à toutes les prévi-
sions, a fait perdre le meilleur
cheval. » (Parent.) Anglic.
FLUTE : Canon. — Allusion
de forme. — « Jusqu'ici il n'y a
qu'eux qui aient fait aller leurs
flûtes. Les nôtres auroat bien
leur mérite. Il y en au -a bien
trois cents de part et d'autre
pour ouvrir le bal. » (G*' Chris-
tophe, Lettres, 12.)
FLUTE, FLUT : Non.— Abré-
viation du terme suivant. {Des
flûtes.) — « Le noble étranger
m'a lâchée en me disant: Flûte! »
{Almanach du Hanneton, 67.) —
« Flûtel s'il grogne trop. » (Vil-
lars.) V. Zut!
FLUTES (des) : Non! — On a
dit ce des flûtes! » (pains longs)
comme on dit des nèfles, du flan,
des navets. — a Oscar : Qu'en-
tends-je? Mais vous m'aviez pro-
mis. — Le marquis : Des flûtes ! »
(Marquet.)
FLYER: Un cheval trts-vite.
Vient de fly : voler. Ar.;ot de
courses anglais. (Parent.) Dans
un sens plus restreint, en ap-
pelle flyer celui qui a pi us de
vitesse que de fond. (Id.)
FŒTUS : Élève de première
année à l'école de chirurgie mili-
FON — 179 —
taire. — Ce terme répond à celui
d'embryon qui se prend égale-
ment au figuré dans la langue
régulière.
FOIRE D'EMPOIGNE (ache-
ter à la) : Voler. — L'ironie n'a
pas besoin d'être expliquée. —
<( Les tableaux du capitaine Clu-
seret ont été achetés à la foire
d'empoigne.» (Moniteur , 3i mai,
72.)
FOIRER : Avoir peur. — On
connaît l'effet du danger sur les
intestins.
FOIREUX : Poltron. — Vieux
mot. — « Vous n'aurez en vostre
armée que des foireux en danger
d'estre renvoyés aux foyres de
Francfort. » {Paraboles de Cic-
quot, iSgS.)
FOIROU : Derrière. (Vidocq.)
FOLICHONNER : Folâtrer. -
a Puis, nous irons trouver Flo-
rine et Coralie au Panorama dra-
matique où nous folichonnerons
avec elles dans leurs loges. »
(Balzac.)
FOLICHONNE, FOLICHON-
NETTE : Fille réjouie, aimant
le plaisir.— « Je fus épris, comme
un toqué, d'une aimable foli-
chonnette. » (J. Kelm.) — « Une
folichonneuse cancane et me
plaît mieux. » (Aubry.)
FOLLE DU LOGIS : On
donne ce nom très-bien trouvé à
l'imagination et aussi à la poésie.
— « L'imagination, cette folle du
logis, a remplacé les lois natu-
relles par des lois arbitraires. »
(Mismer.)
FONCÉ : Radical. Mot à mot:
appartenant au parti rouge foncé.
V. Rouge,
FOR
Qautre sous-prcfets et vingt maires
Choisis parmi les plus foncés,
S'épandront en plaintes amères.
(G. Jollivet.)
FONCER : Se précipiter. —
Abréviation d^enfoncer. — a. Trois
coquins de railles sur mesigue
ont foncé. » (Vidocq.)
FONCER : Donner. V. Babil-
lardy Dardant.
FONCER : Payer. — Mot an-
cien. — Abréviation de foncer à
Vappointement. Un poète du xv«
siècle, Coquillart dit déjà :
Il falloit qu'il vint, sus ou jus
La fournir à son appétit.
Car qui ne fonce de quibus.
FONDANT : Beurre. (Colom-
bey.) — La propriété est prise
pour l'objet.
FONDRIÈRES (les) : Les po-
ches. (Rabasse.)
FONFE, FONFIÊRE : Taba-
tière. (Idem.) C'est une forme de
fanffe. Même harmonie imita-
tive du reniflement de la prise de
tabac.
FORESQUE : Marchand fo-
rain. (Halbert.) — C'est forain
avec changement de finale.
^ FORÊT DE MONT-RUBIN ;
Êgout, cloaque. (Idem.)
FORME : « Un cheval est en
forme quand sa santé, sa condi-
tion ne laissent rien à désirer.
On dit qu'un cheval «a perdu sa
forme» ou qu'il l'a « retrouvée.»
( Parent.) Anglic.
FORT EN THÈME : Jeune
homme qui a eu du succès au
collège.
FOU
— 180 —
FOU
FORT-EN-GUEULE : « C'é-
tait aussi le temps de ce qu'on
appelait les engueulements. On
s'engueulait d'une voiture à
l'autre ; de fenêtres à voitures,
de piétons à fenêtres ; chaque
société avait son ou sa forte-en-
gueule, espèce de crécelle à pou-
mons d'acier chargée de répon-
dre à tout le monde. » (Privât
d'Anglemont.)
FORTIN : Poivre. (Halbert.)
— Diminutif de fort, dans le
sens de : acre, fort au palais.
FORT IN 1ÈRE : Poivrière.
(Idem.)
FOSSILE : Suranné. V. Aca-
démicien. — Ironie.
FOU AILLER : Manquer son
effet. (Dictionnaire a'argot, l'j.)
FOUAILLEUR : Libertin. —
Un T de plus dans le corps du
mot livre son étymologie.
FOUCADE ; Idée subite, élan
imprévu.
FOUCHTRA : Auvergnat,
charbonnier, porteur d'eau. Al-
lusion à son juron favori. —
a Fouchtra, vous qui avez une
bonne poigne, tirez-moi donc
mon pantalon. » (Ed. Morin.)
FOUILLER (pouvoir se) : N'a-
voir pas de quoi acquérir ou
conquérir. Formule ironique se
prenant au figuré. — a Les gari-
baldiens avaient de bons fusils;
sans l'artillerie, nous pouvions
nous fouiller. » {Vie parisien-
ne, 67.) — « Madame, daignez-
vous accepter mon bras;'... Tu
peux te fouiller, calicot.» {Alm.
du Hanneton, 67.)
FOUILLOUSE: Poche. Mot à
I
mot : endroit où l'on fouille.
« Et vous aurez , sçavez-vous
quoy ? force aubert en la fol-
louse. » {Vie de saint Christophe,
Grenoble, i53o.)
FOUINER : S'échapper. —
Vieux mot. — « S'il est pressé,
que qui l'empêche de fouiner i" »
(Vadé, 1755.)
FOUR : Gosier. V. Chauffer le
four.
FOUR (faire) : Ne pas réussir.
— Se disait autrefois des comé-
diens qui renvoyaient les specta-
teurs parce qu'ils n'avaient pas
assez de monde. Se dit mainte-
nant à propos de tout. — « Nous
faisons four, dit Lousteau, en
parlant à son compatriote la
langue des coulisses. » (Balzac.)
FOUR : Portion la plus élevée
d'une salle de théâtre. Allusion
à la chaleur qui y règne. — « Je
quitte le four et je poursuis ma
promenade aux quatrièmes lo-
ges. » (De Boigne.)
FOUR BANAL : Omnibus.
(Colombey.) — Tout le monde
peut s'y enfourner.
FOUR IN HAND : Voiture à
quatre chevaux. (Paz.) — Angli-
canisme. — a II nous a été per-
mis d'apercevoir l'élégante An-
glaise conduisant elle-même un
four in hand. » {Éclair ^ août 72.)
FOURBI : Argent provenant
de vol. (Rabasse.)
FOURBI : Friponnerie. —
Abrév. de fourberie, si ce n'est
un mot de langue franquc, im-
porté par notre armée d'Af ique.
— a Quel fourbi, mon Dieu! quel
fourbi ! > {Comm» de Loriot.)
FOU
- iSi ~
FOU
FOURCHETTE : Homme de
grand appétit, sachant bien jouer
de la fourchette. — « Bonne
fourchette , excellent gobelet ,
plus il mangeait, plus il bu-
vait. » (E. Villars.)
Voler à la four chatte :Yolev en
introduisant les deux doigts
dans la poche.
Marquer à la fourchette : « Se
dit d"un marchand de vins qui
marque à son débiteur quatre
consommations au lieu d'une. »
(P. Moniteur, août 76.) Allu-
sion aux quatre dents de la four-
chette.
Jouer des fourchettes : S'en-
fuir.
FOURCHU : Bœuf. (Vidocq.)
Ses cornes font fourche.
FOURGA, FOURGAT,FOUR-
GASSE : Receleur, receleuse.
Fourgat est la forme la plus an-
cienne, car elle est seule donnée
par Grand val. — Dq fourguer.
FOURGAINE : Canne de jonc.
(Halbert.)
FOURGONNIER : « On nom-
me ainsi iecantinier du bagne. »
(Ponson du Terrail.)
FOURGUE : Receleur. Abré-
viation àt fourgat. « J'irai chez
mon fourgue lui porter ce que
j'ai à la maison. » (Beauvillier.)
FOURGUER : Vendre à un
receleur. (Rabasse.) — Du vieux
mot four gager : placer dehors à
moitié profit. Les fourgats payent
peu en effet. V. Poisser. {2" art.)
FOURLINE, FOURLINEUR:
Voleur à la tire.
FOURLINÈR : Voler. - Du
vieux mot fourloignier : écarter.
V. Litrer.
FOURLOURE : xMalade. (Vi-
docq.)
FOURLOUREUR : Assassin.
(Idem.)
FOURMILLANTE : Foule.
(Colombey.)
FOURMILLER: Marcher vite.
FOURMILLON : Marché pu-
blic. — Le mot peint le fourmil-
lement des vendeurs et des ache-
teurs. V. Parrain.
FOUROBER ; Fouiller. (Co-
lombey.) — Ce doit être un vieux
mot (four-rober) commQ fourli-
ner.
FOURRIER (mauvais) : Hom-
me intègre, servant de son mieux
les ayants droit, même à son dé-
triment. On comprend l'ironie
de cette locution qui a pris nais-
sance dans l'armée, où les four-
riers sont chargés des réparti-
tions.
FOUTAISE : « Bagatelle de
peu d'importance. On dit moins
inci vilement fîchaise. » (1808,
Dhautel.)
FOUTIMACER : Ne faire ou
ne dire rien qui vaille. (Dhau-
tel ) — c( Ne foutimacez plus les
oreilles des dames. » [Paroles
grasses de Caresme - prenant ,
162Ô.)
FOUTRE AU : Combat, ac-
tion de se f..tre des coups. —
(( Oh ! il va y avoir du foutreau,
le commandant s'est frotté les
mains. » (Balzac.)
FOUTRIQUET : Homme nul.
— « Tous les foutriquets à cu-
11
FRA
- 182 -
FRE
lottes serrées et aux habits car-
rés. » (1793, Hébert.)
FRAIS (faire ses) : Percevoir le
dédommagement qu'on croit dû
à ses frais d'esprit, d'amabilité
ou de toilette. — « J'en obtiens
un rendez-vous, et quoi qu'il ar-
rive maintenant... j'ai fait mes
frais. » (E. Sue.) — « La littéra-
ture, primée en ce moment par
la peinture, ne fait pas ses frais.»
(Villemot.)
FRALIN, PRALINE, FRAN-
GIN, FRANGINE : Frère, sœur.
«J'ai l'honneur de répéter à mon-
sieur que madame n'y est abso-
lument pour personne. — C'est
bon, c'est bon, pas tant d'his-
toires ! et va-s'yjui dire que c'est
un vieux frangin qui la de-
mande. » (Grévin.) V. Servir,
A Itèque.
FRANC, FRANCHE : Bas,
basse. (Halbert.)
FRANC : Hanté par les af-
franchis. V. ce mot. V. Tapis,
Romamichel.
FRANCHIR : Baiser. (Hal-
bert.)
FRANÇOIS (la faire au père):
Étrangler quelqu'un en lui je-
tant autour du cou une courroie
à boucle sans ardillon, dispo-
sée de façon à faire nœud cou-
lant. Pendant qu'on serre le pa-
tient, un complice le fouille. La
courroie est nommée jpère Fran-
çois, du nom de l'escarpe qui
s'en servit le premier. Cela se
rapproche beaucoup de l'ancien
charriage à la mécanique.
FRANGINE : Sœur. (Rabasse.)
FRANGIN DABE, FRANGINE
DABUSCHE : Oncle, tante. Mot
à mot : frère de père, sœur de
mère. V. Fralin.
FRANGIR : Casser. (Colom-
bey.) Vieux mot.
FRAPOUILLE : Guenille, et,
au figuré, vaurien. Pour fri-
pouille.
FRAPPER AU MONUMENT:
Mourir. Mot à mot : frapper à la
porte du monument funèbre,
V. Inférieur.
FRÉGATE : Chapeau bicorne.
Terme de marine. Re iversé, il
ressemble assez à la ce que d'un
bâtiment. — « Prenez otre fré-
gate, ayez soin qu'elle s )it petite,
cambrée, inclinez-la à 4^ degrés.»
{Vie parisienne, 67.)
FRÉGATE. V. Être (en).
FRELAMPIER. V. Ferlant-
pier.
FRÉMILLANTE : Assemblée.
(Halbert.) — C'est une lorme an-
cienne de fourmillante. Nous di-
sons encore fourmiller, lent hu-
main.
FRÉMION : Violon, ([dem.) —
Il vous idixX. fourmiller, danser.
FRÈRE ET AMI : ])émago-
gue. — Allusion à la formule
fraternelle usitée dans le parti.
Elle eut cours dès 1848. — « Là-
dessus, grande colère dos frères
et amis. On organise chez le
marchand de vin du coin une
souscription. » (Fr. Sarcey, juin
72.)
FRÈRE FRAPPART : Mar-
teau. — Jeu de mots.
FRETILLANTE : Queue.
(Grandval.) «
FRt
- i83 -
FRÎ
FRETILLANTE , FRETIL-
LER : Danse, danser. (Vidocq.)
FRETILLE : Paille. (Grand-
val.) Forme dQfertille.
FRETIN : Poivre. (Idem.)
Pour fortin.
FRICASSÉ : Perdu, de'truit.
— « La ruyne généralle dont le
royaume est menacé si Paris es-
toit fri cassé. » (Second Courrier
français, Paris, 1649.) — Le Dic-
tionnaire de l'Académie admet
fricasser : dépenser.
FRIC-FRAC : Effraction. —
Onomatopée. C'est le bruit de la
chose qu'on casse. V. Carou-
bleur, Flic-flac.
FRICHTI : Régal. — Corrup-
tion de l'allemand frûstûck : dé-
jeuner. — « Voilà ce que je te
conseille : c'est de payer un pe-
tit frichti. » (Champfleury.)
FRICOTER : Vivre de ma-
raude, de profits peu réguliers.
FRICOTEUR : Maraudeur. —
« Ces mauvais troupiers pillaient
tout sur leur passage. On les ap-
pelait des fricoteurs. » (M. Saint-
Hilaire.)
FRIGOUSSER : Faire des fri-
gousses. (Mot à mot : petits fri-
cots.)
FRILEUX, FRILEUSE : Pol-
tron, poltronne. (Rabasse.) —
Allusion au tremljlement pro-
duit par le froid comme par la
peur. — « Je suis un ferlampier
qui n'est pas frileux. » (E. Sue.)
V. Frousse.
FRIME, FRIMOUSSE : Vi-
sage, physionomie. — Du vieux
mot frume.V, Coquer, Altèque,
Gouêpeur. — « C'est bien là le
son du grelot, si ce n'est pas la
frimousse. » (Balzac.)
FRIMER : Feindre, contre-
faire. — « Ils commencent par
leur battre comtois en frimant
de se disputer. » (Stamir, 67.)
FRIMOUSSER : Tricher. (Vi-
docq.) Mot à mot : se réserver
les cartes à figures ou frimous-
ses.
FRIPOUILLE : Vaurien. (Ra-
basse.) — De fripe, chiffon.
FRIQUET : Mouchard. (Co-
lombey.)
FRISÉ : Juif. (Vidocq.) — La
frisure est un signe de la race.
FRISES (toucher les, aller aux) :
S'élever au sublime sur la scène
dramatique. Mot à mot : mon-
trer un talent assez grand pour
toucher la frise du théâtre. —
« Toucher les frises est le 7iec
plus ultra de l'art du comédien.
Mademoiselle Rachel, dans la
scène de Camille, touchait les
frises. » (J. Duflot.)
FRIT : Perdu, condamné. —
Vieux mot — ce Nous ne savons
plus quel boys tordre. Les gueux
sont frits, je le vous dis. » {La
Vie de saint Christophe, i53o.)
Rien à frire : rien à manger.
— « La guerre fut en tous lieux
si amère... tellement que plus
rien à frire n'entrèrent à Paris. »
[La Juliade, i65i.)
FRITE : Pomme de terra frite.
— « Le modèle lui donne quel-
ques conseils en lui prenant
quelques frites. » (Bertall.) —
a De même qu'on dit une voile
au lieu d'un vaisseau, on dit
FRÔ
— 184 —
F RU
simplement deux sous de frites. «
(Figaro, y 5.)
FROID AUX YEUX (n'avoir
pas) : Être courageux, — Les
lâches pleurent et le froid fait
pleurer. — a Ces gaillards-là n'au-
ront pas froid aux yeux. »
[Rien^i, 1826.)
FROISSEUX , FROLLANT ,
FROLLAUX : Traître, calom-
niateur. (Vidocq.) De là le nom
de Frollo donné par V. Hugo au
traître dans ISotre - Dame de
Paris.
FROLLER, FROLLER SUK
LA BALLE : Dire du mal.
FROM : Fromage. — Abre'-
viation.
FROTESKA : Danse polonaise
qui essaya, il y a une trentaine
d'années, de détrôner la polka.
— c( L'on ne pourrait, le soir,
faire vis-à-vis à la reine Pomaré
au bal Mabille pour une polka,
mazurka ou froteska. » (Th.
Gautier, 4t>.)
FROTIN : Billard. Il est frotté
par les billes.
FROUFROU : Froissement
d etoflé. — Onomatopée. — «Son
oreille recueille précieusement le
froufrou que fait la soie de sa
robe. » (Ricard.)
FROUFROUTER : Faire frou-
frou. — « A ses côtés froufrou-
tait, toutes jupes dehors, l'essaim
de nos grandes cocodettes. »
[Figaro, 76.)
FROUSSE : Peur. Abrévia-
tion du vieux mot frillousetè :
frisson. V. Frileux.
FRUIT-SEC : « A l'Ecole po
lytechnique, les fruits-secs sont
ceux qui, après leur exa; len de
sortie, ne sont pas déclaiés ad-
missibles dans les services pu-
blics. » (La Bédollière.) — « Les
autres écoles ont aussi leurs
fruits-secs, ou des quatrièmes
accessits de Conservatcire. »
(Mornand.) — Enrin on a donné
ce nom à tous ceux qui ne ré-
pondent pas aux espérances
qu'ilsont faitconcevoir. — «Note
bien qu'il est un des frui.s-secs
de son temps, juge d'après lui! »
(About.) — « C'est un fr it-sec
du suffrage universel qui e ^1^71
obtint 24 voix. » (F. Ma.;nard,
75.)
V Intermédiaire de mai i865
dit à ce sujet : « Vers 1800, un
polytechnicien avait reçu lo nom
de fruit-sec à cause de nom bre\ix
envois de fruits secs que lui fai-
sait sa famille. Cet élève n a}ant
pas été reconnu capable d'entrer
dans les services publics, L nom
de fruit-sec passa à tous ceux
auxquels un pareil malheir ar-
rive. » — Sans ce renseigne nent,
le mot àQ fruit sec pourrai s'ex-
pliquer fort bien au figure. Être
reçu à l'école, c'est déjà ^or.er un
fruit; ne pouvoir s'y maintenir,
c'est pour ainsi dire séchc • sur
l'arbre où on espérait arri\ er à
maturité.
FRUSQUER : Donner. (Co-
lombey.)
f^RUSQUES : Vêtements. Abré-
viation du vieux mot frusç uni :
garde-robe, bien mobiliei . — •
u Les vêtements, en terme ^;e'nc-
ri jue, sont di^s frusques; unj pe-
lure est un habit ou une rcdin-
t
FUR
- i85 -
FUS
gote; le pantalon est un mon-
tant. » (Mornand.) V. Bibloter.
FRUSQUIN : Coquetterie de
toilette. (Halbert.)
FRUSQUINER : Habiller. (Vi-
docq.)
FRUSQUINEUR : Tailleur.
(Vidocq.)
FQMÉ : Radicalement perdu.
— « Trahison ! nous sommes
fumés. » (Mélesville.)
FUMER : Se battre. (Grand-
val.)
FUMER, FUMER SANS TA-
BAC : Bouillir d'impatience. Qui
bout fume. — « J'ai cent mille
fois, étant au bivouac, fumé
sans tabac. » (Duverny, i5.) —
« Ma femme à la mod' va se con- |
former et cela va me faire fu-
mer. » (Metay.) j
FUMERONS : Jambes mai-
gres. — Allusion de forme. Le
fumeron est un gros brin de fa-
got. V. Gueule.
FUMISTE : Trompeur, mys-
tificateur. Mot à mot : homme
qui ïdÀt fumer les gens.
FURIA FRANCESE : Impé-
tuosité qui caractérise la pre-
mière attaque d'une troupe fran-
çaise. — Italianisme. — « Les
commandants supérieurs met-
tent des entraves à l'élan, à l'im-
pulsion, à la furia francese. »
(Impressions du siège de Belfort,
70.)
FUSÉE : Vomissement. — Al-
' lusion à la violence de la pro-
jection. — « V'ià qu' Jean-Louis
s' mit à faire z'un renard qu'é-
tait comme un' fusée d' la fête
du premier vendrémiaire. » {Ca~
tcchisme poissard, 40.) — « Nous
allumâmes un punch de six li-
tres... Gare les fusées! » (Mi-
chu.)
FUSIL : Gosier. — Allusion à
la forme ronde et creuse du fu-
sil. — « A présent, mon vieux,
colle-toi ça dans le fusil. — Une
bouteille de vitriol m'eût moins
chauffé. » {Commentaires de Lo-
riot.)
Repousser du fusil : Sentir
mauvais de la bouche. Jeu de
mot. V. Écarter.
FUSILLER : Envoyer de pe-
tits crachats en parlant. V. Écar-
ter.
FUSILLER : Donner un mau-
vais dîner. — Usité dans l'ar-
mée.
i Fusiller le plancher : Partir en
courant. — Comparaison du
bruit sec des pas sur le plancher
aux détonations de la mousque-
terie. — Tiens! les deux autres
qui fusillent le plancher. — En
effet, les deux hommes venaient
j de partir. » (Du Boisgobey.)
GAG
— i86
GAL
Gr
GABEGIE : Fraude. Du vieux
mot gaberie : tromperie. —«As-
surément, il y a de la gabegie là-
dessous. » (Deslys.)
GABELOU : Employé des
contributions indirectes. — Du
vaol gabloux : officier de gabelle.
— « Bras-Rouge est contreban-
dier... il s'en vante au nez des
gabelous. » (E. Sue.)
GADIN : Bouchon. ( Rabasse.)
GADOUE : Salope. —Du vieux
mot gadoue : ordure. — « File,
mon fiston, roule ta gadoue,
mon homme, ça pue. » {Caté-
chisme poissard, ^.)
GAFE, GAFEUR, GAFRE :
Soldat en sentinelle, voleur aux
aguets pour ses complices, sur-
veillant de prison. Ce terme vient
du Midi, où gaffe se dit pour re-
cors, parce qu'il saisit comme la
perche à croc appelée gaffe.
GAFER, GAFFER : Guetter.
(Vidocq.)
GAFFE (faire le) : Faire le
guet. (Rabasse.)
GAFFIER, GAFFRE : Sur-
veillant. — « Les gaffiers sont
plus mouchiques que lago. »
(Rabasse.) V. Gafe.
GAGAT : « Les gagats, c'é-
taient primitivement les bouil-
leurs et les forgerons de Saint-
Élienne ; puis le mot s'est étendu
à tous les habitants de la loca-
lité sans distinction.» (Ratliery.)
GAI : Excité, égayé par la
boisson. — « Avoue-le, l'autre
jour j'étais un peu lancé, n'est-
ce pas ? — Oh ! gai tout au f lus. »
(Ghavette.)
GAIL : Cheval. (Colon bey.)
— Abréviation de galier.
GAITTE : Argent. (Rab isse.)
Pour Guelte.
GALAPIAT: Galopin. — Modi-
fication de finales. — « Il dit aux
avocats : Vous êtes un tas de
galapiats qui vous fichez du
monde. » (Balzac.)
GALBEUX : Bien modelé, sé-
duisant de galbe. —«Il n'est pas
très-galbeux, mais je le crois très-
roublard. » (Du Boisgobey. )
GALE : Personne aussi in om-
mode et insupportable qi e la
gale.
GALETTE : Matelas. {Petit
dictionnaire d'argot, 44.) — Le
nom dit assez qu'il s'agit d'un
matelas mince.
GALETTE : Homme nul et
plat; contre-épaulette portét au-
trefois par les soldats du centre.
- « Pour revêtir l'uniforme et
les galettes de pousse-cailloux.»
(La Bcdollière.)
GALIENNE, GALIÈRE : Ju-
ment. (Halbert.) V. ce mot.
GAL - I
GALIER, GALLIER : Cheval.
— Vieux mot. Dans la Vie de
saint Cristophe (Lyon, i53o), un
larron s'écrie :
Cap de Dio ! tout est despendu :
J'ai mon arbaleste flouée,
Et le galier pieça vendu.
GALIFARD : a Commission-
naire, saute-ruisseaux qui porte
au client les marchandises ven-
dues au Temple. » (Mornand.)
GALIOTTE, GAYE : Partie
entamée entre une dupe et deux
grecs. — Le second liiot est une
abréviation.
GALOCHE : Menton.(Halbert.)
GALON D'IMBÉCILE : Galon
de soldat de première classe. Il
était donné autrefois à l'ancien-
neté et non au mérite. — On
rencontre l'équivalent de ce mot
dans les autres grades. — « Il
passa capitaine à l'ancienneté, à
son tour de bête, comme il di-
sait en rechignant. » (E. About.)
GALONS (arroser ses) : Payer
à boire lorsqu'on est promu
sous-officier. — « Je ne dis pas
que... avec les camarades, pour
arroser mes galons. » (Cormon.)
GALOP : Réprimande éner-
gique. — « Tu as tant fait, que
ma mère va me donner un ga-
lop. » (Champfleury.)
GALOUSER : Chanter. (Hal-
bert.) —Interversion de goualer.
GALTRON : Poulain. (Hal-
bert.) — Diminutif de galier :
cheval.
GALUCHE : Galon. (Colom-
bey.) — Changement de finale.
GALUGHER: Galonner.- « J'ii
87 - GAM
ferai porter fontange] et souliers
galuchés. » (Vidocq.)
GALUCHET : Valet de cartes.
— Mot à mot : galonné. Allusion
aux galons de sa livrée. — «Cinq
atouts par le monarque, son
épouse et le galuchet. » (Monté-
pin.)
GALURIN : Chapeau. — Ga-
lurin à viskop : Chapeau à lar-
ges bords.
GALVAUDAGE : Tripotage.
— « Surtout pas de galvaudage
ni de chipoteries. » (Balzac.)
GALVAUDER (se) : Compro-
mettre sa réputation par des
galvaudages. — « Peut-être au-
rait-il pu trouver un emploi mé-
diocre, mais Delobelle ne voulait
pas se galvauder. » (Alph. Daudet.)
GAMBETTIN , GAMBETTI-
NE : Qui est de Gambetta, qui
soutient Gambetta. « Pourquoi
qualifiait-il la politique gambet-
tine? » (F. Magnard, 75.)
GAMBETTISTE : Partisan de
Gambetta, fonctionnaire nommé
par Gambetta pendant l'organi-
sation de la défense en province.
— « Il y a dix journaux qui
m'ont appelé gambettiste.»(Saint-
Genest, 75.)
GAMBILLE : Jambe. Diminu-
tif du vieux mot : gambe.
GAMBILLER : Danser.— Vieux
mot de langue romane. V. Co-
que^.
GAMBILLEUSE : Coureuse de
bals.
GAMBRIADE : Dame bien
mise. (Rabasse.)
GAME : Rage, hydrophobie.
(Halbert.) C'est un vieux mot.
GAN
GAR
GAMME : Admonestation sé-
vère. Allusion au crescendo des
reproches.
Monter une gamme : Gronder,
tancer. — Même allusion.
GANGE : Clique. (Halbert.)
GANDIN : Dandy ridicule. Al-
lusion à l'ex-boulevard de Gand,
qui fut leur promenade favo-
rite.— « L'œillet rouge à la bou-
tonnière, les cheveux soigneu-
sement ramenés sur les tempes,
le faux-col, les entournures, le
regard, les favoris, le menton,
les bottes; tout en lui indiquait
le parfait gandin, tout, jusqu'à
son mouchoir fortement impré-
gné d'essence d'idiotisme. » {Fi-
garo, 58.)
GANDIN : Tromperie. — Du
vieux mot gandie : tromperie.
Monter un gandin : Dans l'ar-
mée d'Afrique, c'est essayer de
consommer sans payer le caba-
retier ou maltais. — « Au Tem-
ple, tromper un client, c'est
monter un gandin. » (L. Lespès.)
Gandin d'altèque : Croix, dé-
coration. (Vidocq.) Mot à mot :
tromperie aristocratique.
GANDINE : Grisette. (Rabasse.)
GANDINERIE, GANDINISME:
Genre du gandin. — « La popu-
lation du quartier Latin aspira
à la gandinerie, elle n'eut plus
qu'un but, le luxe. » {Le Passé
de ces Dames, iSôo.) — « Le
gandinisme, c'est le ridicule dans
la sottise. » (G. Naquet.)
GANTER : Convenir, mot à
mot : aller comme un gant. On
dit : cela me gante ! comme cela
me chausse.
GANTS (donner pour les) :
Donner une gratification en sus
du prix convenu. — C^tte ex-
pression était prise au xvii« siè-
cle dans l'acception générale de
pourboire. Elle venait de l'espa-
gnol paragante. — « Et le luy
rendoit moyennant tant dépara-
gante. » (T. des Réaux.)
GANT JAUNE : . Quand on
dit d'un homme qu'il perte des
gants jaunes, qu'on l'appelle un
gant jaune, c'est une r.anière
concise de dire : un liomme
comme il faut. »(Alph. Karr, 41,)
— « Quand on a relevé le^ cada-
vres des émeutiers, qi'a-t-on
trouvé en majorité? Des malfai-
teurs et des gants jaunes 1 » dit
M. Granier de Cassagnac dans
son apologie du coup d'Ltat de
Louis Napoléon.
GARÇON DE CAMBROUSE :
Voleur de campagne, — Au
moyen âge, garson sicnifiait
souvent vaurien. — « La ce gnade
à gayet servait le trèpe pour lais-
ser abouler une roulotte f; rguée
d'un ratichon, de Chariot et de
son larbin et d'un garçon dt cam-
brouse que j'ai reconobré pour
le petit Nantais. » (Vidocq.)
GARDANNE : « Si parr<«gnu-
res vous entendez les morceaux
de coupons de soie, ou garJan-
nes, vous ne vous êtes p; s in-
quiété d'une branche fort 1 jcra-
tive de l'industrie parisienne. »
(Privât d'Anglemont.)
GARDE A CARREAU ( ivoir
une). Se garder à carreau : Se
tenir prêt à parer tout accident.
Ce doit être un jeu de mot: an-
cien. Carreau signifiait ja lis :
trait, projectile. — a Je m'i per-
GAR
— i8q -
GAT
eus bientôt qu'il avait plusd'uiit:
garde à carreau. » [Mémoires de
Rovigo, 29.)
GARE DES VOITURES : Pru-
dent, rangé. — Allusion aux
dangers de la circulation pari-
sienne. — « Je suis honnête
homme maintenant... un bour-
geois garé des voitures. » (M™"
Ratazzi, 66.)
GARGAMELLE : Gosier. —
Vieux mot.
GARGARISER (se) : Boire à
pleines rasades. C'est l'équiva-
lent exact de se rincer le gosier.
V. Taper sur les vivres.
GARGOT : Gargote. — Abré-
viation. — « Dans les crémeries
borgnes et dans les gargots de
la grande truanderie. » (P. Par-
fait.)
GARGOUENNE, GARGOUI-
NE, GARGOINE, GARGOUIL-
LE, GARGUE : Gosier. — Tous
ces mots dérivent du dernier et
doivent être aussi anciens que
lui. — Nous disons encore gar-
gouille et gargariser. — « La gar-
gouine me démange, il faut l'hu-
mecter, c' gosier, afin d' pouvoir
recommencer. » {Catéchisme
poissard, 44.) — « Ouvre la gar-
gouine. Prends le bout de ce
foulard dans tes quenottes. »
(E. Sue.)
GARIBALDI (coup de) : Coup
de tête donné par un malfaiteur
à celui qu'il veut dépouiller le
soir dans la rue. — « Arrivé près
de sa victime, il se précipite sur
elle en lui donnant un violent
coup de tête dans l'estomac. Ils
appellent cela le coup de Gari-
baldi. » (Notes d'un agent, 69.)
GARIBALDI : Courte chemise
rouge, petit chapeau de feutre.
— Allusion au costume du fa-
meux patriote italien. — (( On
peut faire le dandy, le Garibaldi
sur le coin de l'oreille. » (Le
Gai Compagnon maçon.)
GARNAFIER, GARNAFLE :
Fermier.
GARNI : Chambre garnie. —
(( Un lit en bois peint, une com-
mode en noyer, un secrétaire en
acajou, une pendule en cuivre,
des vases de porcelaine peinte,
cela s'appelle un garni. » (Champ-
fleury.) V. Poussier.
GARNI : Petit hôtel meublé.
— « Une maison garnie s'ap-
pelle aussi un garni en raison du
bas prix des loyers. » (E. Sue.)
GARNISON : Vermine à de-
meure dans un lit ou sur un in-
dividu. V. Grenadier, Négresse.
GARROTAGE (vol au) : C'est
le même que le vol du père
François. (V. ce mot.) Ici la
courroie est assimilée au garrot
espagnol qui étrangle les crimi-
nels.
GAS : Malin. — « L'employé
était un gas. » (Stamir, 67.) —
Mot à mot : un garçon.
GATEAU (avoir du) : Avoir
sa part de vol. (Rabasse.)
GATEAU (papa, maman) : Se
dit des parents qui gâtent leurs
enfants. — Jeux de mots sur le
verbe gâter, et sur le gâteau qui
le représente d'ordinaire vis-à-
vis des enfants. — « Soit que le
hasard, — ce papa gâteau des
rêveurs, — ait à leur endroit des
préférences spéciales. » (Marx.)
XI»
GAU
— iqo
GAZ
GATEUSE : Longue capote à
la mode en 1875. Allusion aux
capotes de la Salpêtrière, hôpi-
tal réservé aux gâteux. — a Un
petit gommeux complètement
crevé dit au cocher d'une voix
éteinte, du fond du grand collet
de sa gâteuse. » {Figaro^ 75.)
GATEUX : Imbécile. — Ac-
ception figurée d'une infirmité
connue. Bien qu'elle soit assez
mal-propre, on en use pour rem-
placer idiot et iyifect, qui ont
fini par sembler fades, — « Puis
il faut avouer, me dit M. de B...,
que cet Allemand est un joli gâ-
teux. » (Nord, septembre 72.)
GAUCHE (la) : Le parti de
l'opposition démocratique. —
Ainsi nommé parce qu'il se place
d'ordinaire au côté gauche de
nos assemblées législatives. —
a Des sommets de la gauche, il
fit pleuvoir des interpellations.»
(E. d'HerviUy.)
GAUCHE fdonner à): Se trom-
per. Mot à mot, s'écarter de la
ligne droite.
GAUCHER : Membre de la
gauche de l'Assemblée nationale.
— a Y a pas mal de différence
entre les gauchers et les droi-
tiers. » (Figaro, jS.)
GAUDILLE : Épée. (Grand-
val.)
GAUDINEUR : Décorateur. —
Du vieux mot gaudiner : s'amu-
ser. La gaieté des peintres en bâ-
timent est proverbiale.
GAULE : Cidre. Mot à mot :
Vin gaulé dans les pommiers.
GAULOIS : « Autrefois c'était
peut-être un compliment à un
écrivain que de dire : Vous êtes
Gaulois. L'esprit gaulois, c'est-à-
Jire la belle humeur triviale, est
devenu un anachronisme. » (Au-
bryet.)
GAUX-PICANTIS : Pou.
(Grandval.) — Halbert àxtcpoux,
ce qui n'est pas la même chose,
mais ce doit être une faute d'im-
pression.
GAVÉ, GA VIOLÉ : Ivre. Mot
à mot : gorgé jusqu'au gosier. —
Du vieux mot gaviot.
GAVOT : Compagnon. \. Dé-
vorant.
GAVROCHE : Gamin. — Type
des Misérables de V. Huf;o. —
« Augustine Brohan en gavro-
che. » [Vie parisienne, 67.)
GAY : Laid, drôle. (Vidocq.)
GAYE : Fausse partie. V. Ga-
liotte.
GAYE, GAYET : Cheval. —
Abréviation de galier. V, Gar-
çon.
GÀYERIE : cavalerie.
GAZ (éteindre son) : Mojrir.
Mot à mot : s'éteindre te ut à
coup comme un bec de ga x:. —
« La pauvre vieille éteint son
gaz... Une indigestionA'andouil-
iettes. » (About.)
GAZ (lâcher le) : Péter. — Al-
lusion à la nature et au bruit de
l'expulsion. — « D'autres ci ans
un coin, mais sans honte, lâ-
chent le gaz et font des renards.»
(Chansonnier, 36.)
GAZ (faire son) : Aller à la
garde-robe. (Grandval.)
GAZON : Perruque mal j^ei-
GER
— igr
GIG
gnée, ébouriffée comme une
touffe d'herbe.
GAZOUILLER : Parler, chan-
ter. — Vieux mot. — « Laquelle
de tous les deux qu'a le plus de
choses dans le gazouillage? »
(Vadé, 1788.)
GÊNEUR : Importun, causeur
gênant. — « On ne pouvait plus
faire un pas dans la rue sans
rencontrer un de ces gêneurs. »
(P. Véron.)
GENEVIÈVE : Gin. Jeu de
mots sur le genièvre qui est la
même chose que le gin.
GENOU : Tête aussi nue qu'un
genou. « Il ébauchait une calvi-
tie dont il disait lui-même sans
tristesse : Crâne à trente ans,
genou à quarante. » (V. Hugo.)
— « Dire au vieux monsieur :
lâchez-moi donc le coude, mon
bonhomme, et à Chaillot le
genou qui renifle. » (G. Rémi,
Tam-Tam, 75.)
GENREUX : Homme qui fait
du genre, poseur ridicule.
GENTLEMAN : Gentilhomme,
dans la langue des anglomanes.
— a Nous sommes certes de par-
faits gentlemen. » (Frémy.)
GENTLEMAN RIDER -.«Hom-
me du monde qui monte dans
les courses. » (Paz.)
GENTRY : Société aristocra-
tique. — « Imposant à la gentry
par son nom et sa fortune. »
(Aubryet.)
GEORGET : Gilet. — Vieux
mot.
GERBE : An de prison. (Ra-
basse.)
GERBER : Juger. (Vidocq.)
Mot à mot : réunir tous les actes
de la vie passée, en faire une
gerbe, un faisceau pour l'accu-
sation? V. Manger.
Gerber à la passe : Condam-
ner à mort. — On dit souvent
en parlant de la mort : Il faut la
passer. — « On va le buter. Il est
depuis deux mois gerbe à la
passe. » (Balzac.)
GERBERIE : Tribunal. (Vi-
docq.)
GERBIER : Juge. (Vidocq.)
GERNAFLE : Ferme. — Pour
garnafle.
GÉRONTOCRATIE : Puis-
sance de la routine représentée
au théâtre par le type deGéronte.
M. James Fazy, de Genève, a dé-
buté dans les lettres par un ou-
vrage intitulé : De la Géronto-
cratie j ou Abus de la sagesse
des vieillards dans le gouverne-
ment de la France^ 28.
GI : Oui. (Halbert.) V. Gy.
GIBERNE : Derrière. — Allu-
sion à la place ordinaire de la
giberne. — « Il donne en riant
une légère tape sur la giberne
de Léa. Léa : Insolent. » (L. Le-
roy.) W.' Pinceau.
GILBOCQUE : Billard. (Hal-
bert.) — Onomatopée. C'est le
bruit de la bille qui en rencon-
tre une autre.
GIGOLETTE : Grisette, fau-
bourienne courant les bals pu-
blics.
GIGOLO : Petit jeune homme
fréquentant les lieux où se ren-
contre la gigolette.
GIR -
Si tu veux être ma gipolette,
Oui, je serai ton gigolo.
(Chanson populaire, i85o,)
GILET EN CŒUR : Élégant,
fashionable. — a Lundi vous trou
viez au Théâtre-Français les gi-
lets en cœur les plus brillants
de Paris. » (Figaro, 76.) — La
description suivante donne l'éty-
mologie du mot : « Cela fait,
regagnez votre domicile, glissez
les jambes dans un pantalon si-
mulant la vis au cou-de-pied ;
encadrez le plastron de votre che-
mise dans un gilet ouvert jus-
qu'au nombril, et endossez l'ha-
bîtnoir préalablement orné d'un
œillet blanc. » (Marx, 67.)
GILMONT : Gilet. — Chan-
gement de finale.
GINGINER : Faire une œil-
lade. — « Elle gingine à mon
endroit... » (Gavarni.)
GINGLARD, GINGLET : Pi-
quette. — Du vieux mot gin-
guet : petit vin aigre. — Le vin
nouveau qui est aigre s'appelait
]adïs jain. V. Lacombe. — ce Nous
avons arrosé le tout avec un pe-
tit ginglard à six qui nous a fait
éternuer... oh! mais, c'était ça!»
(Voizo.)
GINGUER : Envoyer des coups
de jambe. — Du vieux mot ^/o-we,
jambe.
GIROFLE : Jolie, aimable,
bonne. — « Montron drogue à sa
largue : bonnis-moi donc giro-
fle. » (Vidocq.) — V. Coquer.
GIROFLÉE A CINQ FEUIL-
LES, A PLUSIEURS FEUILLES :
Soufflet. — Les cinq feuilles re-
présentent les cinq doigts de la
192 — OU *
nain. — « Je vous lui donnai .
ine giroflée à cinq feuilks sur le
Tiusiau. » (Rétif, 1783.)
GIROFLERIE : Amabil i té. ( Vi- v
Jocq.) — De girofle : aimable.
GIROFLETTER : Souffleter. »
— De giroflée : soufflet. — « Ah ! >
l'a-t-elle girofletté ! » (Bal/-ac.)
GIROLLE : Oui, soit. (Vi-
docq.)
GIRONDE : Jolie, bieii faite.
(Rabasse.)
GIROUETTE : Homme poli-
tique dont les opinions chan-
gent selon le vent de la fcrtune.
On a publié depuis 181 5 juatre
ou cinq dictionnaires do Gi-
rouettes.
GITRE : J'ai. (Grandval ) Mot
à mot ifitre. (V. Itrer.) ^ idocq
donne à tort, croyons-nc us, le
verbe gitrer.
GIVERNEUR : Vagabond cou-
chant dans la rue. (Vidocq.)
GLACE : Verre à boire.
(Grandval.) De l'anglais gla^s qui
a le même sens.
GLACI : Verre de vin. (Ra-
basse.) — Terme maçonnique.
GLACIÈRE PENDUE : Ré-
verbère. (Halbert.) V. Pend.i.
GLACIS: Vitres, carreaux. (Ra-
basse.)
GLAVIOT : Crachat. — Dhau-
tel dit Claviot.
GLIER, GLINET : Di ible.
(Grandval.)
GLISSANT : Savon. (Vid >cq.)
— Se fait glisser.
GLISSER (se laisser glissji) :
Mourir. — On dit plus souv.nt :
GNA
- iq3 -
GOB
il s'est laissé glisser. Quand on
glisse, on tombe, et c'est de la
grande chute qu'il s'agit ici. —
« C'est là (à un restaurant de la
chaussée du Maine), que j'ai ap-
pris, entre autres bizarreries, les
dix ou douze manières d'annon-
cer la mort de quelqu'un : Il a
cassé sa pi pe, — il a claqué, — il
a perdu le goût du pain, — il a
avalé sa langue, — il s'est ha-
billé de sapin, — il a glissé, —
il a décollé le billard, — il a cra-
ché son âme, » etc., etc. (Del-
vau, 65.)
GLORIA : Petit verre d'eau-de-
vie versé dans une demi-tasse. —
De même que le gloria patri se
dit à la fin des psaumes, ce gloria
d'un autre genre est la fin obli-
gée d'un régal populaire. — « A
la chaleur d'une demi-tasse de
café bénie par un gloria quel-
conque. » (Balzac.)
Gloria : Petite demi-tasse. —
« Ne fût-ce qu'une absinthe ou
un gloria. » (About.)
GLORIEUSES (les) : Les trois
journées de la révolution de i83o,
qualifiées ordinairement de glo-
rieuses dans le langage officiel
d'alors. — a Les trois journées
de février qui répondirent aux
glorieuses de i83o avec une si
fatale symétrie. » (Aubryet.)
GLOU-GLOU : Action de ver-
ser du vin à la ronde. — Har-
monie imitative du bruit du li-
quide en s'échappant du goulot.
V. Absorption.
GLUTOUSE (la) : La figure.
(Ra basse.)
GNAN-GNAN : Mais, maise.
— Redoublement du vieux mot
niant : rien. Talraa écrit à ma-
dame Bourgoin, le ig septembre
■^5 : (( Vous avez prouvé au pu-
blic et à vos camarades que vous
êtes en état de jouer autre chose
que des gnans-gnans. »
GNIAF, GNIAFFE : Savetier,
et par extension : homme gros-
sier, mal élevé. — « C'est le cor-
donnier gniaffe que nous nous
sommes proposé surtout de pein-
dre. » (P. Borel.) — « Je dis,
monsieur le baron, que vous êtes
un gniaf, et que vous me prenez
pour un autre. » (E. Villars.)
GNI0L,GNI0LLE, GNOLLE:
Sans valeur intellectuelle, niais.
— Vient de gnan-gnan avec chan-
gement de finale. On a écrit ce
mot de toutes les façons. La plus
ancienne, celle de' i8o5, doit
être préférée. — « Des journa-
listes très-ignorants,, se servent
du mot césarisme dans une très-
mauvaise acception. Il faut avoir
été de l'hôtel de ville pour être
aussi gniol que cela. » (J. Ri-
chard.) — «Mais il est si gniolle,
ce gouvernement! il est si fei-
gnant ! si propre à rien. » (Mon-
tépin.) — « Pas si gnolle, c'est
des gosses, ça. » (Rousseliana,
95.)
GNOGNOTE : Chose sans va-
leur. — Même étymologie que
gnan-gnan. — « Josepha... c'est
de la gnognote. » (Balzac.)
GNOLE : Tape. — Abrévia-
tion de Torgnole. — « Quoi! tu
n' peux ly riche une gnole des-
sus la tronche. » [Dialogues
poissards, xviii* siècle.)
GOBANTE (femme) : Femme
très-séduisante. Mot à mot : vous
GOB
— 194 —
GOD
gobant, vous prenant tout entier
à première vue.
GOBBE : Calice. (Vidocq.) —
Abréviation de Goblet.
GOBE-MOUCHE : Espion.
(Halbert.) Mot à mot : mouche,
faisant métier de gober (avaler)
les gens. V. Mouche.
GOBÉ (Être) : Être bien ac-
cueilli. (Rabasse.) Mot à mot :
être fort goûté par les gens.
GOBELET (sous le) : Sous les
verrous, en prison. (Rabasse.)
-- Comparaison du prisonnier
à la muscade couverte par le go-
belet d'un escamoteur en plein
vent.
GOBER (la) : Mourir, être
victime d'un accident. — « Ce
poltron-là, c'est lui qui la gobe
le premier. » (L. Desnoyers.) V.
Billet {donner son).
GOBER : Être fort épris.
GOBER (se) : Se croire une
supériorité. — « A la fenêtre
d'un restaurant, deux cocottes
dégustent des huîtres... — Moi,
dit Gavroche, j'aime pas les fem-
mes qui se gobent. » (Brévannes,
67.)
GOBESON : Verre. (Vidocq.)
— Diminutif de Gobbe.
GOBETTE : Verre. (Halbert.)
— « Je n'ai pas le sou. Il faut
tout de même gagner de quoi
payer la gobette (verre de vin) à
la cantine. » (P. de Grandpré.)
GOBEUR, GOBEUSE : Hom-
me crédule, femme crédule. —
a Venu au monde avec toute la
naïveté d'esprit qui constitue le
gobeur, je rencontre à chaque.
instant des sceptique?. » (A.
Marx.)
GOBICHONNADE : Régal,
festin. — De gobichoiner. —
« En avant la gobichonaade ! »
(Labiche.)
GOBICHONNER : Se régaler."
— Diminutif du vieux mot Go-
biner. — « Il se sentit capable
des plus grandes lâche:és pour
continuer à gobichonner de bons
petits plats soignés. » (Balzac.)
GOBICHONNEUR : Gour-
mand. — « Le roi, le triompha-
teur des gobichonneurs. » (La
Bédollière.)
GOBILLEUR : Juge d'instruc-
tion. (Halberi.) — 11 av., le (go-
bille) les réponses du prévenu.
GOBSECK : Usurier. — Nom
d'un type de la Comédie hu-
maine, de Balzac.
Avec son cortège daranû
De Gobseks à la mine blette,
Qui vous disent d'un to 1 peiné :
« Ça fa tonc bas vort, la r. ulede ? »
(G. JoUixet.)
GODAN -.Conte fait k plaisir.
— Du vieux verbe Goder, se ré-
jouir, s'amuser (gaude-e.) —
« Quand on parle de de ctrines
nouvelles aux gens qu'on croit
susceptibles de donner dans ces
godans-là. » (Balzac.)
GODARD : Mari d'une femme
qui accouche.
Bientôt ma femme accouc le;
J' suis d'abord Godard.
{Chansons^ Toulon, 3o,)
; leur a dit : ergo glu !
ez Godard, sa femme accouche!
Ce ne sera pas par ma bouche
Mol
GOG
Que redit sera lu, s'il l'est;
II ne me plaist pas.
- 195
GOI
{Le Cowrier burlesque^ i650j 2« par-
tie.)
GODDBM : Anglais. — Allu-
sion au juron favori des An-
glais.
Un gros Auvergnat, piqué jusqu'au vif,
Au Goddem mettant le poing sous le pif.
(Festeau.)
GODICHE, GODICHON : Ri-
dicule. — a Que tu es donc go-
diche, Toinon, de venir tous les
matins comme ça! » (Gavarni.)
GODILLER : Être allumé par
le désir, convoiter charnellement.
Pour l'origine de ce mot, il faut
se reporter au mot gaudille qui
a été pris au figuré.
GODILLEUR : Convoiteur.
GODILLOT : Soulier de sol-
dat, et par extension : mauvais
soulier. C'est le nom d'un four-
nisseur, appliqué au produit fa-
briqué sans doute par beaucoup
d'autres.
GOFFEUR : Serrurier. (Co-
lombey.)
GOGO : Dupe, homme trop
crédule, facile à tromper. — Abré-
viation du mot gogoyé : raillé,
plaisanté. Villon paraît déjà con-
naître gogo dans la ballade où
il chante les charges de la grosse
Margot qui...
Riant, m'assit le poing sur le sommet,
Gogo médit, et me lâche un gros pet.
— « C'est encore ces gogos-là
qui seront les dindons de la
farce. » (E. Sue.) — « Avec le
monde des agioteurs, il allèche
le gogo par l'espoir du divi-
dende. » (Deriége.)
GOGUENAUX : Lieux d'ai-
sance. — « Il fumera dans les
goguenaux aux jours de pluie.»
(La Cassagne.)
GOGUENOT : Grand quart,
vase de fer blanc de la contenance
d'un litre dont se munissent les
troupiers d'Afrique. Il va au
feu, sert à prendre le café, s'uti-
lise comme casserole et comme
gobelet.
GOGUENOT, GOGUENEAU :
Pot de nuit, baquet servant de
latrines portatives, — « La meil-
leure place, la plus éloignée de
la porte, des vents coulis et du
goguenot ou thomas. » (La Bé-
dollière.)
GOGUETIER: Membre d'une
goguette. — a Le goguetier est
Parisien, il est chansonnier, il
aime la musique, les refrains
bruyants. C'est d'ailleurs un ou-
vrier laborieux et honnête. »
(Berthaud.)
GOGUETTE : Société chan-
tante. — Au moyen âge, ce mot
signifiait : Amusement, réjouis-
sance. — « Il y a environ trois
cents goguettes à Paris, ayant
chacune ses affiliés connus et ses
visiteurs. » (Berthaud.)
GOINFRE : Chantre, — Allu
sion à sa bouche toujours ou-
verte pour chanter aux offices.
GOITREUX : Niais. — Cette
injure est une variante de crétin;
on sait que les crétins sont gé-
néralement goitreux. — a II vient
à BuUier deux sortes de gens.
Tune composée de jeunes goi-
treux de l'autre côté de l'eau, de
GOS
ramollis aux ongles roses. » (A.
Brun, 67.)
GOMME (haute) : Fashion ri-
dicule de l'un ou l'autre sexe.
Allusion à ce que certaines toi-
lettes ont de trop empesi et de
trop brillant. « Quelques rensei-
gnements sur les bas de la haute
gomme féminine... 11 y en a de
toutes les nuances... » (F. Ma-
gnard, j5.) — « Anna est très-
connue dans toute la haute et
demi-gomme. » (Vassy, 1875.)
GOMMEUX : C'est le petit
crevé de 1875. «La haute et ba^se
bicheiie, les purs gommeux et
même des journalistes. » (A.
d'Aunay, 75.) — « Dans notre
ignorance parisienne, nous ap-
pelons boyard ce qu'à Saint-Pé-
tersbourg on désigne sous le nom
générique de gommeux. » (A.
Wolff, 75.)
CONGE, GONCESSE : hom-
me, femme. (Rabasse.)
GONZE, GONZESSE : Niais,
niaise. — ce Mais votre orange est
fichée. Elle n'a point de queue?
— Allez donc, gonze. » (Vadé,
1788.) V. Aplomb, Regout, Râ-
leur.
GOSSE : Jeune enfant. (Ra-
basse.) Abr. de gosselin.
Gosse : mensonge. — On di-
sait autrefois gausse. — « Conter
des gausses, faire des menson-
ges badins. » (Dhautel, 8.) V.
Gnolle.
GOSSELIN , GOSSELINE :
Jeune homme, jeune lille. (Ra-
basse.)
GOSSELIN : V. Être (en).
96-
GOTEUR
bert.)
GOU
: Pailla -d. (Hal-
GOTON : Fille de mauvaise
vie. — Abréviation de Margo-
ton. — « Est-ce que tu nous
prends pour ta goton, avec ta fe-
miliarité? » (Catéchisme pois-
sard, 40.)
G OU ALAN TE : Chanson.
'Halbert.) "Mot à mot : chan-
tante.
GOUALER : Chanter, ^al-
b^rt.) Mot à mot : fare sortir
du gosier. Du vieux met goule :
gosier.
GOUALEUR, GOUALEUSE :
Chanteur, chanteuse. (Jlalberl.)
— Eugène Sue a donné ce nom
à l'un des types de son roman :
les Mystères de Paris.
GOUAPE : Vie de gouapeur,
— «J'aime mieux jouer la poule...
Parce que t'es un gouapeur, mais
ceux qui préfèrent le sentiment
à la gouape, c'est pas ça. » (Mon-
selet ) — « Mes amis, unissons
nos voix pour le triomphe de la
gouape. » (C. Reybaud.)
GOUAPE, GOUATEaR,^
GOUAPEUSE, GOUÊl'EUR :
Vagabond, fainéant, déb luché.
Sans paffes, sans lime, plein decrottCi
Aussi rupin qu'un plongeur,
Un soir, un gouêpeur en ribote
Tombe en frime avec un vokur.
(Vidocq.)
Le Dictionnaire d'argot publié
à la suite du Cartouche de Grand-
val (édition non datée, i-jt) ne
donne que la forme giuapeur
avec la signification « iioninie
sans asile». On trouve une phy-
siologie complète du type dans
GOU - I
me chanson de J.-E. Aubry, qui
i paru en i836 : le Gouapeiir.
c Pauvre Dupuis, marchand de
/in malheureux, que de goua-
:3urs trompèrent ta confiance ! »
Monselet.) — « Quant aux va-
gabonds adultes qu'on désigne
in style d'argot des gouêpeurs. »
iM. Christophe.)
GOUAPER, GOUÊPER : Va-
gabonder. — « J'ai comme un
. brouillard d'avoir gouêpé dans
mon enfance avec un vieux chif-
fonnier. » (E. Sue.)
GOUAPEUR : « Les prison-
niers occupés aux travaux des
ateliers sont désignés sous le
nom de gouapeur par ceux qui
ne font rien.» (Rabasse.) — Iro-
nie. V. Gouape.
GOUÉPEUR : V. Gouape.
GOUGNOTTE : V. être (en).
GOUJON (avaler le) : Mourir.
>— <( Quoi qu'on dise et quoi
'"qu'on fasse, il faut avaler le gou-
jon. » (Francis, i5.)
GOULOT : Bouche. — Allu-
sion au goulot de la bouteille.
Plomber du goulot , sentir
mauvais de la bouche. — Jouer
du goulot, absorber des petits
verres. {A Imanach des Débiteurs.)
GOULU : Poêle. (Vidocq.) —
Il est goulu de bûches.
GOULU : Puits. (Idem.) — Il
ouvre une grande gueule comme
un goulu.
GOUPINE : Mise étrange.
(Halbert.)
GOUPINÉ (mal) : Mal vêtu.
(Rabasse.)
GOUPINER : Voler. - «Voilà
97 - GOU
donc une classe d'individus ré-
duite à la dure extrémité de tra-
vailler sur le grand trimar, de
goupiner. » (Cinquante mille vo-
leurs de plus à Paris, Paris, 3o,
in-8.) — « J'ai roulé de vergne
en vergne pour apprendre à gou-
piner. » (Vidocq.)
GOUPLIN, GOUPLINE : Pot,
pinte. (Halbert.)
GOURBI : Hutte de brancha-
ges. — Mot importé d'Afrique.
— « On fait des gourbis et des
gabions. » [Commentaires de
Loriot.)
GOURDEMENT : Bien, beau-
coup. V. Pavillonner, Artie.
GOURER : Tromper. (Hal-
bert.) Vieux mot.
GOUREURS : « Les goureurs
sont de faux marchands qui ven-
dent de mauvaises marchandises
sous prétexte de bon marché. Le
faux marin qui vend dix francs
des rasoirs anglais de quinze
sous... goureur. L'ouvrier qui a
trouvé une montre d'or et qui
veut la vendre aux passants...
goureur. » (Paillet.)
GOURPLINE : Pinte. (Hal-
bert.) Ce doit être une altération
du mot goupline, qu'un éditeur
négligent aura défiguré.
GOUSPIN : Mauvais gamin.
Diminutif du vieux mot gous,
chien. — « Quarante ou cin-
quante jeunes gouspins bruyants
et rageurs. » (Commerson.)
GOUSSE : V. Être (en).
GOUSSET PERCÉ (avoir le) :
N'avoir pas un sou en poche. —
« Comment faire quand on a le
gousset percé ? » (Letellier, 39.)
GRA
GOUTTE : Portion d'eau -de-
vie (un décilitre en général.) —
« J'appelai ma mère qui buvait
sa goutte au petit trou. » (Rétif,
1783'.) V. Pégossier.
GOYE : Dupe, niais. Signifie
aussi chrétien chez les juifs. —
« Le goye te mire, le pante te
regarde. » (Monselet.)
GRAILLON : Femme sale.
Mot à mot : sentant le graillon
de la cuisine.
GRAILLONNER : Parler. (Vi-
docq.) Du vieux mot grailler :
croasser.
GRAILLONNER : Écrire. {Pe-
tit dictionnaire d'argot y 44.)
Mot à mot : cracher de l'encre
sur le papier.
GRAILLONNEUR : Homme
qui expectore souvent. — « Com-
me c'est ragoûtant d'avoir affaire
avant son déjeuner à un grail-
lonneur pareil! » (H. Monnier.)
GRAIN : ECU. (Grandval.)
C'est un vieux mot qu'on ren-
contre souvent. Dans la Vie de
saint Christophe ( Grenoble ,
i53o), deux brigands méditent
une attaque contre le premier
passant. « S'il avoit des grains,
dit l'un d'eux, on lui raseroit le
mynois. »
AVOIR UN GRAIN : Dérai-
sonner. Mot à mot : avoir un
grain de folie dans le cerveau.
Avoir un grain : Être ivre.
(Rabasse.) Même allusion.
GRAISSAGE : Don d'argent
fait de la main à la main. On dit
graisser la patte pour donner de
l'argent. — « De là, un grais-
sage de patte à celui qu'on veut
gagner qui constitue le plus clair
98 - GRA
des revenus du pipelet. « (J. Pre-
vel.)
GRAISSE : Argent. ^ Il y a
de la graissCj il y a un bon bu-
tin à faire.
Voler à la graisse : Voler au
jeu. (Rabasse.) Altération de
Grèce. V. ce mot.
Voler à la graisse : Se faire
prêter sur des lingots dor et sur
des diamants qui ne sont que
du cuivre et du strass. ;Vidocq.)
GRAISSE : Gratter. (Halbert.)
Poster, battre. (Rabasse.)
Graisser la marmite : Payer sa
bienvenue dans un régiment.
Graisser ses bottes : Se prépa-
rer au départ, et, au figuré : être
près de mourir , recevoir les
saintes huiles.
GRAND BONNET : Évêque.
(Halbert.) — Allusion à sa mitre.
GRAND TURC : Formule né-
gative. — (( Ma chère, il pense à
toi comme au Grand Turc. »
(Balzac.)
GRANDE: Poche. (Go] ombey.)
Celle des voleurs doit être grande.
GRANDE BOUTIQU] 1 : Pré-
fecture de police. (Halbert.)
GRANITIQUE : Grmdiose,
impérissable. — Allusion à la
dureté du granit. — « Ce drame
pyramidal, obéliscal et graniti-
que qui m'a fait frémir. » (Alm,
du Hanneton, 66.)
GRAS (il y a) : Il y a de l'ar-
gent. — « Faire tant d'embarras
quand dans le gousset il n'y a
pas gras. » (Metay.) V. Train,
Vole, Graisse.
GRAS-DOUBLE : Feuille de
plomb. (Grandval.) Il s agit ici
GRE
— 199
GRE
de la feuille employée pour la
toiture et enlevée par des voleurs
qui, la roulant autour du corps,
sous les vêtements, se donnent
un second gras-double, c'est-à-
dire un embonpoint factice.
GRASDOUBLIER : Voleur de
plomb. V. Limousineur.
GRATOUSE : Dentelle.
(Grandval.) Elle gratte légère-
ment la peau.
GRATTE : Abus de confiance.
— K II y a de la gratte là-des-
sous. » {La Correctionnelle.)
GRATTE : Gale. (Golombey.)
— Eftet pris pour la cause.
GRATTE : Pièce grattée, re-
tenue en cachette par la coutu-
rière sur les étoffes confiées par
la pratique.
GRATTE- COUENNE : Bar-
bier. (Halbert.) Mot à mot :
gratte-peau.
GRATTE-PAPIER : Fourrier.
— Allusion à ses fonctions de
scribe. V. Rogneur.
GRATTER : Arrêter. (Vi-
docq.)
GRATTER : Voler. Mot à
mot : faire la gratte. — ce Au
diable la gloire, il n'y a plus
rien à gratter. » (M. Saint-Hi-
laire.)
GRATTOIR, GRATTON : Ra-
soir. — Il gratte la peau.
GREAT ATTRACTION :
Grande att^jftction. — Anglica-
nisme. — « Le great attraction
de la soirée, c'est le début d'Al-
bert Glatigny. » {La Lune, 6j.)
GREC : Homme faisant métier
de filouter au jeu. — Il faut re-
connaître que jamais le peuple
grec n'a été renommé pour sa
bonne foi. Saint Jérôme l'a dit
nettement : Jmpostor et Grœcus
est (épître X ad Furiam). Cicé-
ron appelait la Grèce Grcecia
mendax. Toutefois, M. Francis-
que Michel paraît n'avoir trouvé
un exemple de la signification
actuelle que dans un livre de
1758 : L'histoire des Grecs ou
de ceux qui corrigent la fortune
au jeu.
GRÈCE : Monde des grecs.
a La télégraphie joue un grand
rôle dans la Grèce de la bouil-
lotte. » (Cavaillé.)
Volera la Grèce : Voler au jeu.
GRECES : Filous s'entendant
pour offrir à leur dupe un béné-
fice considérable sur le change
des pièces d'or étrangères aux-
quelles ils substituent, au der-
nier moment, des pièces faus-
ses. « Les grèces sont perpétuel-
lement en voyage, soit à pied,
soit en voiture, pour chercher
des victimes. » {Le Paravoleur,
26.)
GREFFER : Manquer de nour-
riture. (Rabasse.)
GREFFIER, GRIFFON : Chat.
— Allusion à ses griffes.
C'est la dabuche Michelon
Qu'a pomaqué son greffier,
Qui jacte par la venterne
Qui le lui refilera.
Le dab Lustucru
Lui dit : « Dabuch' Mich'lon,
Allez 1 votre greffier n'est pas pomaqué;
Il est dans le roulon,
Qui fait la chasse aux tretons,
Avec un bagaffre de fertange
Et un fauchon de satou.
(Chanson argotique de la Mère
Michel, cités par M.Fr.Michel .)
GRE
— 200 —
GRI
GREFFIR : Dérober finement,
comme le chat. (Grandval.)
GRÊLE : Patron ou maître
tailleur.
GRÊLE : Tapage. (Halbert.)
— Allusion au bruit de la grêle.
GRENADIER : Gros pou. Mot
à mot : pou d'élite. Il faut se
rappeler ici le sens de Garnison.
V. ce mot.
GREiNASSE : Grange. (Grand-
val.) — Vient de grain, comme
grenier.
GRENOUILLE : Caisse, grosse
somme. Mot à mot : réunion de
grains (écus). V. Grain. On a
joué sur les mots en écrivant
grenouille au lieu de grainouille.
— « II tenait la grenouille. »
(Vidal, 33.) — « Les soldats s'i-
maginent toujours que les ser-
gents-majors mangent audacieu-
sement la grenouille. » (La Bé-
doUière.) — a II a fait sauter la
grenouille de la société. » (L.
Reybaud.)
GRENU, GRENUCHE : Blé,
avoine. (Grandval.) V. Grenasse.
GRENUE, GRENUSE : Fa-
rine. (Idem.)
GRÈS : Cheval. (Colombey.)
GRÉSILLONNER : Demander
du crédit. {Almanach des Débi-
teurs.)
GREVIER : Soldat. (Rabasse.)
Forme de grivier. V. ce mot.
GRÉVISTE: Ouvrier en grève
— « La réunion des grévistes a
l'honneur de vous faire part de
ses conclusions. La journée de
travail sera réduite de dix heures
à huit, dont trois consacrées au
repos. » (Sardou.)
GRIFFARD : Chat, (Grand-
val.) — Il griffe.
GRIFFLEUR : Briizadier de
prison, (Halbert.) — II fouille
et griffle ce qu'ont les prison-
niers.
GRIFFONNER : Jurer. (Hal-
bert.)
GRIFLER : Prendre. (Grand-
val.)
GRILLER UNE (en) : Fumer.
— (( Passe-moi du tabac que j'en
grille une. » (L. de Neu .ille.)
GRIME : Arrêté. (Halbert.)
GRIMPANT : Pantalon. (Ra-
basse.) Il grimpe le long des
jambes. Même allusion 4ue dans.
haut de tire.
GRINCHE -.Voleur. — « Après"
avoir choisi l'écrin, le grinche
paye le joaillier. » (Paillet.)
Grinche de cambrouse : ce Les
voleurs de campagnes . autre-
ment dltsgrinches de cai ibrouse,
lessiveurs de croyant, valeurs au
croquant, exploitent unie uement
la province et les foires. » (Ra-
basse.)
GRINCHER : Voler. V. Tur-
binement, Plan, Douille.
GRINCHEUX : Grognon.
Es-tu grincheux, es-tu maissade?
Digères-tu mal tes repas?
(G. Jollivet.)
GRINCHIR : Voler. (Re basse.)
GRINCHISSAGE : Vol. W. Par-
rain.
GRINCHISSEUR : Voleur.
; llabasse.)
GRIPIS : Meunier. (Gra idval.)
V Grispis.
CRÛ
— 201 —
GRU
GRIPPE-JESUS : Gendarme.
(Vidocq.) Inventée par des vo-
leurs, l'épithète prouve à quel
point on tient à passer pour être
honnête dans tous les métiers.
GRIS : Vent. (Grandval.) —
Vieux mot de langue romane. La
bise est la sœur du gris. On dit
encore : un froid noir.
GRISES (en faire voir de) :
Faire endurer des souffrances à
quelqu'un, qui ne peut voir en
rose. — « Ma tante Aurélie qui
disait l'autre jour à maman
qu'elle t'en ferait voir des gri-
ses... » (Gavarni.)
GRISPIN, GRISPIS : Meunier.
(Halbert.) — La farine lui donne
une couleur grise.
GRIVE : Guerre. (Grandval.)
— Vieux mot s>\^mfidin\. fâcheux,
méchant. Griever voulait dire
]di<ï\?, faire du mal. On dit en-
core : grièvement blessé : dan-
gereusement blessé. — « Les
drilles ou les narquois, en reve-
nant de la grive, en trimardant,
quelquefois basourdissent les
ornies. » (Vidocq.)
GRIVE : Garde, patrouille.
(Halbert.) — Mot à mot : réunion
de griviers.
GRIVIER : Soldat. (Halbert.)
De grive {guerre).
GROGNARD : Vieux soldat.
— Allusion à l'humeur gro-
gnonne des vétérans. Voici le
plus ancien exemple du mot :
« On appelle grognard, à l'ar-
mée, les soldats qui ont déjà
beaucoup de service et qui por-
tent des moustaches. » (Cadet -
Gassicourt.)
GROOM : Petit valet. —« Sa-
vez-vous ce que c'est qu'un petit
groom ? Eh bien ! c'est un petit
bas des reins qu'est pas plus haut
que ma botte. » (Festeau.)
GROS FRÈRES, GROS TA-
LONS, GROS LOLOS : Cava-
liers de réserve. — « Ces solides
et imposants cavaliers que nous
appelons des gros frères. » (Tro-
chu, 67.) — « Gros lolo, gros ta-
lon, c'est le sobriquet donné aux
carabiniers et aux cuirassiers. »
(La BédoUière.)
GROSSE CAVALERIE : Cu-
reurs d'égout. — Allusion à leurs
grandes bottes.
GROTTE (être à la) : Être aux
galères, au bagne. (Rabasse.)
GROUCHY (Petit) : « Article
arrivé en retard à l'imprimerie. »
(Balzac.) — Allusion à la tradi-
tion contestée qui impute à Grou-
chy la lenteur de sa marche sur
Waterloo.
GROUIN : Visage. — Anima-
lisme. — « Allons, venez, z'a-
moureuxdes vingt mille Vierges,
que j' vous applique mon visage
sus l'grouin.» {Catéchisme pois-
sard, 40.)
GRUE : Sot, sotte. — « Les
regnards ne perchent plus au
poulailler; le monde n'est plus
grue. » {Paraboles de Cicquot,
1593.)
GRUE : « C'est ordinairement
une grande belle fille qui, ne sa-
chant que faire, un beau matin
s'improvise actrice et s'en va sol-
liciter un engagement dans un
théâtre de vaudeville. » (Duflot.)
GRUTOUSE (la) : La gale.
GUE
— 202
GUE
(Rabasse.) — On a dû dire d'a-
bord gratouse. Effet pris pour la
cause.
GUEDOUZE : Mort. (Colom-
bey.)
GUELTE : « La guelte était
une prime accordée aux commis
qui réussissent à vendre des mar-
chandises défectueuses... Mais
bientôt on s'aperçut que les em-
ployés ne s'occupaient que des
articles gueltés. Alors on mit de
la guelte sur toutes les marchan-
dises. » (Naviaux.) — Germa-
nisme. DQgeld qui veut dirQ ar-
gent en allemand.
GUENAUD, GUENAUDE :
Sorcier, sorcière. (Halbert.)
GUEULARD : Gourmand.
Mot à mot : à grande gueule. —
« V'ià du résiné pour Zidore;
toi, t'auras rien, t'es trop gueu-
lard. » (Ourliac.)
GUEULARD : Braillard.
GUEULARD : Poêle, sac. (Vi-
docq.) — L'un et l'autre avalent
ce qu'on leur présente.
GUEULARDISE : Friandise.
GUEULE : Grosse voix. — La
cause est prise pour l'effet. —
a Molière était l'ami de l'avocat
Fourcroi qui avait une voix de
tonnerre. Une discussion s'éleva
entre eux à table. Molière finit
par dire : ce Qu'est-ce que la rai-
« son avec un filet de voix contre
« une gueule comme celle-là? »
(Abbé Raynal, Anecdotes litté-
raires.)
Casser, crever la gueule : Frap-
per à la tête. — « Tu me fais al-
ler, je te vas crever la gueule. »
(A. Karr.)
Faire sa gueule : Fa; re le dé-
daigneux. Mot à mot : Faire sa
tête.
Taire sa gueule : Cesser de
parler. — Une caricature de 1840
porte cette légende : a Tu vas
taire la gueule, ou j'te repasse un
coup de savate par ks fume-
rons. »
GUEULETON : Repas plantu-
reux. Mot à mot : dont ci a pleia
la gueule. — « Je ne v ms parle
pas des bons gueuletons ju'elle se
permet, car elle n'est p ;s grasse
à lécher les murs. » (V dal, 33.)
— « Chacun d'eux sui i de sa
temme, à l'image de Notre-
Dame, firent un ample gueule?
ton. » (Vadé, 1 788.)
GUEULETONNER : Faire
des gueuletons.
GUEUSARD : Terme amical.
V. Gueux-gueux. « Appelle-moi
gueusard, scélérat, lui dis-je. »
{Amours de Mathieu, 32.) —
(( Et vous flânez souvent, gueu-
sard ! B (E. Sue.)
GUEUSE : Prostituée ~ « II
se ruina avec des gueuses, »
écrit, en 171 2, Saint-Sirron, par-
lant du duc de Sully. V. Cou-
railler.
GUEUX, GUEUSE : « Que j'en
ai gagné de c'te gueuse d'ar-
gent! » (H. Monnier.) — Pris en
bonne part.
GUEUX: Chaufferette, —a Les
dames des halles se se vent de
ces horribles petits pots en grès
qu'on nomme des gueu.\ Elles
les posent sur leurs geno jx pour
se réchauffer les doigts. »( P. d'An
glemont.)
HAB
— 2o3 —
HAL
GUEUX -GUEUX : Mot d'a-
mitié :
Puis quand c'est fini, le gueux-gueux
Se bichonne avec élégance.
CMarquet.)
GUIBE, GUIBOLLE, GUI-
BON : Jambe. — Vieux mot,
car on disait jadis giiiber pour 5e
débattre des pieds. — a Si nous
.prenions place. Ça me botte, vu
que j'ai les guibolles affaiblies. »
(J. Ladimir, 42.)
GUICHEMAR : Guichetier.
: (Vidocq.)
GUIGNOLANT : Malheureux.
IDe guignon.
GUIMBARDE : Vieille voi-
■ture. — « Monsieur, pourquoi
votre guimbarde n'est-elle pas
; prête? » (Cormon.)
GUINAL: Juif. (Vidocq.) Mot
i à mot : circoncis. De guinaliser :
< circoncire.
GUIRLANDE : Chaîne d'ac-
couplement des forçats. — a Le
poids de la manille et de lachaîn
est de douze livres à peu près.
— On appelle cette chaîne guir-
lande , parce que , remontant
du pied à la ceinture, où elle est
fixée, elle retombe en décrivant
un demi-cercle, dont l'autre extré-
mité est rattachée à la ceinture
du camarade de chaîne. »
(M. Christophe, Sj.)
GUITARE : Rengaîne. — Al-
lusion ironique à l'école des
troubadours classiques de 1820.
Chaque volume de vers avait
alors son portrait d'auteur drapé
dans un manteau à grand collet
et faisant vibrer son luth (gui-
tare classique) au milieu de
ruines éclairées par la lune. —
« On désigne au théâtre sous le
nom de guitare une sorte de
plainte incessante , revenant
comme un son monotone.» (Du-
flot.)
GY, GIROLLE : Oui, bien,
très-bien. (Grandval.)
H
HABILLÉ DE SOIE : Cochon.
— iMot à mot : habillé de soies.
Jeu de mots.
HABIN, HABINE : Chien,
chienne. (Halbert.) Pour Happin.
HABIT ROUGE : Anglais. -
C'est la couleur favorite de leur
uniforme. — « Les habits rouges
voulaient danser, mais nous les
avons faitsauter. Vivent les sans-
culottes! » (Mauricault, 1793.)
H ALÊNES : Outil de voleur.—
Allusion aux alênes de cordon-
nier? — « Crois-moi, balance tes
halènes. » (Vidocq.)
HALLEBARDES (Il tombe
des) : Il tombe une forte pluie.
Mot à mot : pluie à vous percer
jusqu'aux os. — « Je pianoche,
quand il tombe des hallebardes.»
(Villars.)
HALOT : Soufflet. (Halbert.)
HAR
— 204 —
HAU
— C'est le vent ou haie du feu.
HANDICAP : Genre de courses
dont la distance et les poids ne
sont indiqués qu'après l'engage-
ment. (Paz.)
HANDICAPER : Homme
chargé de répartir la surcharge
entre les chevaux figurant au
handicap. (Paz.)
HAPPER LE TAILLIS ; Fuir.
Mot à mot : gagner précipitam-
ment un fourré de bois. L'image
est expressive.
Et lui soudain de happer le taillis,
Laissant le pauvre sot dedans le mar-
guuillis.
(Grandval.j
HAPPIN : Chien. (Grandval.)
De happer : saisir.
HAPPINER : Mordre.
HARIA : Embarras. — Dès
le xv"^ siècle, on trouve haria dans
les poésies de Coquillard. —
« C'est un haria que de chasser
si loin. » (Balzac.)
HARIADAN BARBEROUSSE:
Christ. — Allusion à la barbe
rousse du Christ. — « Il rigolait
malgré le sanglier qui voulait lui
faire becqueter Hariadan Barbe-
rousse.» (Vidocq.)
HARICOTS (l'hôtel des) : Pri-
son delà garde nationale. Elle a
disparu avec elle, mais non sans
avoir eu ses historiographes. —
Le premier bâtiment affecté à
cette destination fut le vieux col-
lège de Montaigu, place du Pan-
théon, dont le régime légumi-
neux était jadis célèbre. Les ha-
ricots de Montaigu étaient pro-
verbiaux. (Voyez Barbiste.) il
n'en a pas fallu davantage pour
que les prisons de la garde natio-
Équipe-
lais » est
fer gril-^.
n. — AL
larpe ou^
ui signi*
nale fussent successive nent ap-
pelées hôtels des haricc s. — a A
midi, j'arrive à la prison de la
garde nationale, vukairemenf
appelée hôtel des haricots. » (Vil'
leaiot.)
HARICOT VERT : V uleur ma-
ladroit.
HARMONIE (faire de I') : Faire
tapage. (Grandval.) — Ironie.
HARNAIS : Habits. \. Bobe. ]
Harnais de Grives :
ment militaire.— «Har
un vieux m-ot.
HARPE : Barreau de
lant une fenêtre de prisi
lusion aux cordes de la
abréviation de harpion (
fiait gr/^e au moyen âge. — Harpi
se dit aussi d'une grille de fer. •
HARPE (pincer de ]a) : Être
en prison. (Rabasse.) —Jeu de-
mots. )
HARPION : Mains, pieds^;
(Grandval.) V. Arpion. '•
HAUSSIER : Boursier jouant
à la hausse. — « Il est bien en-
tendu que le haussier n'achète
que pour revendre, ce mme le
baissier vend pour racheter. »
[Boursicotier isme.)
HAUSSMANNISER : Expro-?
prier, démolir et reconstruire sur-
une immense échelle, selon les er-
rements de M. Haussm mn, an-
cien préfet de la Seine. — « Nous
sommes décidément hajssman-'
nisés, mes chers. La n oitié du
jardin y passe. » (E. Vil ars, (Jb.)
HAUT DE TIRE : Culotte.
(Halbert.) C'est l'ancien haut de
chausses avec changer icnt du'
dernier mot. V. Tirant,
nic
— 2o5 —
HOM
HAUT-TEMPS : Grenier.
(Grandval.) Pour autan : lieu
élevé.
HAUTE (la) : La partie riche
d'une caste sociale. Il y a des lo-
rettes de la haute, des voleurs
de la haute. Le malheureux qui
se trouve en fonds dit en plaisan-
tant : Je suis de la haute. — « Ja-
mais aussi le sportman n'a couru
les salons et la haute, comme on
dit au club. » (Ornano, 44.) —
«Des dames de la haute, non des
étudiantes. » (Carmouche.)— « Il
y a lorette et lorette. Mademoi-
selle de Saint-Pharamond était
de la haute. » (P. Féval.) — « Si
nous ne soupons pas dans la
haute (dans un restaurant fashio-
nable), je ne sais guère où nous
irons à cette heure-ci. » (G. de
Nerval.)
HAUTEUR (être à la) : Être
intelligent. (Rabasse.) Mot à mot :
A la hauteur de sa mission. On
dit : Il n'est pas à hauteur.
HAVANE : Petit chien de race
havanaise.
Havane : Tabac, cigare de la
Havane. — « Le boudoir fume
le Havane. » (A. Montémont.)
Havane : De couleur blond
brun , comme le cigare de la
Havane.
HAVRE, GRAND HAVRE :
Dieu. (Halbert.) Mot à mot :
port, grand port. — Dieu est le
port du salut.
HERPLIS : Liard. (Halbert.)
HERS : Maître. (Colombey.
— Vieux mot dans lequel on re-
trouve le herus latin, sinon le
herr allemand.
HIC (voilà le) : Voilà le diffi.
Latinisme. —
cile de l'affaire
\ ieux mot.
HIGH LIFE : Grand monde. —
Anglicanisme. — a Les chroni-
queurs de high life trempent
leurs plumes pour décrire les
magnificences du bal. » {L'Eclair.
72.) — « Madame de Blanchet,
une de nos charmantes élégantes
du high life parisien. » {Moni-
teur, 2.)
HIT : Annonce de tipster, con-
firmée par les faits. V. tipsters.
HOMICIDE : Hiver. (Halbert.)
— Sa rigueur tue les misérables.
HOMMES A PASSIONS : V.
Passions.
HOMME DE BOIS : Nom
qu'on donne dans les imprime-
ries à celui qui rajuste les plan-
ches avec des petits coins en
bois. {Cabarets do, Paris, 21.) —
Jeu de mots.
HOMME DE LETTRE : Faus-
saire. (Vidocq.) Jeu de mots.
HOMME DE PAILLE :
Homme étranger aux choses ac-
complies sous la responsabilité
de son nom. — « Quoi qu'il ar-
rive, M. Bitterlin aurait été... son
homme de paille, son gérant, son
compère. » (About.) — « J'ai un
prête-nom, un homme de paille,
je lui confie mon argent, et il s'en
sert à mon profit. » (Montépin.)
HOMME MALADE : L'empire
de Turquie. — Terme ironique
inventé par un ministre anglais.
— On sait que cette puissance
n'existerait plus en Europe sans
les secrètes rivalités des gou-
vernements chrétiens. — « Quand
il dissertait avec le ministre
d'Angleterre sur l'héritage pro-
12
HUG
— 206 —
HUI
chaîn de l'homme malade. »
(John Lemoinne, 75,)
HOMMELETTE : Homme
sans force et sans énergie. (Dhau-
tel.) — Jeu de mots.
HONNÊTE : Printemps. (Hal-
bert.)
MONTEUSE : V. Être {en).
HOPITAL : Prison. (Vidocq.)
V. Malade et Fièvre cérébrale qui
complète l'allusion.
HORRtURS : Propos liber-
tins.
Quand les bégueules ont des masques,
Elles raffolent des horreurs.
(Festeau.)
Horreurs (faire des) : En venir
des paroles à l'action.
HORSEFLEST : u Littérale-
ment viande de cheval. On dit
un connaisseur en horseflestd'un
homme qui connaît de tout ce
qui concerne le chevaL » (Pa-
rent.) Anglicanisme.
HORSE (clipping) : Cheval de
haute qualité. — Game horse,
cheval courageux. — Maiden
horse : cheval qui n'a jamais ga-
gné de prix. — Pumped-out
horse : cheval épuisé. — Big
horse : cheval insuffisamment
entraîné. (Parent.) Argot de cour-
ses anglais.
HOTERIOT: On nomme ainsi
la hotte des chiffonniers. (P. d'An-
glemont.) — Diminutif de Ao^^e.
HUGOLATRE, HUGOPHILE :
Admirateur exclusif de Victor
Hugo. — «Ah! tu es hugophile.
Tu es donc un géant pensif.'' »
(Michu.)
HUILE : Argent. (Grandval.)
V. Beurre.
HUILE : Soupçon. — Il pénè-
tre et s'étend comme une tache
d'huile. — « L'huile, c'est le
soupçon. » (Du Camp.)
BRAS : Vigueur
Coup
II n'a
nseur,
prand
ne de
1649,
HUILE DE
corporelle.
HUILE DE COTRET :
de bâton. (Dhautel.) — «
plus à courir après l'offt
chargé de cotrets. » {Le
Gersay battu ou la ca;
M. de Beaufort. Paris,
in-4.)
Nos bastonnades sont sûrts,
Nous panserons les blessures
Avec l'huile de cotrel.
(A. Leullier, Ronde des gourdins.)
HUIT RESSORTS : A oiture
très-suspendue. — « Jamai> Anna
Deslion, Julia Barucci, Adèle
Courtois, n'ont dans le huit res-
sorts promené de mine aussi
noble. » (Les Cocottes.)
HUITRE : Graillon. — Allu-
sion d'aspect. — « Dis donc,
cousin d' mon chien! mrngeux
d'huîtres sans citron. » [Cat.
poissard, 40.)
Huître: Imbécile. — «Combien
il a fallu d'huîtres pour f jurnir
un pareil collier ! disait un vau-
devilliste à la jolie fem:ne. —
Oh ! il n'en a fallu qu'une! ré-
pondit-elle en souriant. » (Marx.)
Huître de Varennes : Fève de
marais. (Halbert.)
HUITRIFIER : Abrutir.
HUMANITAIRE : L'humani-
taire est le zélateur d'une secte
IDI
récente... « L'humanitaire est le
radical par excellence. Petites ou
grandes, à ses yeux, toutes les
réformes se tiennent. » (Michel
Raymond, 33.)
HUMECTER : Boire. V. Cas-
que.
HUNTER : Cheval de chasse.
(Paz.) Anglicanisme.
HURÉ : Riche. (Halbert.) Pour
Huppé.
HUSSARD A QUATRE
ROUES: Conducteur d'artillerie,
soldat du train des équipages. —
« Aussi partagent-ils avec le train
des équipages militaires le sobri-
— 207 — ILL
quet de hussards à quatre roues. »
(Labédollière.)
HUSSARD D'ABBAYE : Gen-
darme. (Rabasse.) C'est-à-dire
hussard d'échafaud. V. Abbaye
de monte à regret.
HUSSARD DE LA GUILLO-
TINE : « Le gendarme a diffé-
rents noms en argot : quand il
poursuit le voleur, c'est un md^r-
chands de lacets ; quand il l'es-
corte, c'est une hirondelle de la
Grève; quand il le mène à i'écha-
faud, c'est un hussard de la guil-
lotine. » (Balzac.)
HUST- MUST : Grand merci.
(Grandval.)
ICICAILLE, ICIGO: Ici.—
Adjonction finale. V. Dardant.
IDÉALISTE : Artiste ou écri-
vain plaçant l'idée au-dessus de
la réalité dans l'exécution. —
« Ces idéalistes-là trouvent tou-
jours qu'il y a trop de couleur !
pourquoi pas trop de toile ! » (J-
Richard, 72.)
IDÉE (Une) : On dit une idée,
un soupçon, un scrupule, une
larme, pour quelques gouttes de
liquide.
Idées {avoir des) : Avoir d'a-
moureux désirs.
IDIOT : Insulte vague. Elle
peut s'adresser à des gens d'es-
prit. — « Il a l'air d'un chien de
chasse. Est-il idiot, hein? —
Aussi, tu l'agaces, ma chère. »
(E. Villars.)
lERGUE (terminaison en) : —
Y. Aille.
IGO : Ici. Abréviation d'icigo.
— « Ce maudit ponton qui nous
à trimballés igo après nous avoir
secoués pendant quinze relais au
milieu des prés salés. » (Ra-
basse.) V. Loubion.
ILLICO : De suite. Latinisme.
— « Sans égards pour vos lar-
mes, ils vous conduiraient illico
à Saint-Lazare. » {Evénement ,
i866.)
INC - 208 -
ILLICO : Grog confectionné
en fraude dans les hôpitaux. —
Allusion à un terme de formu-
laire.
IMMORTEL : Membre de l'A-
cadémie française.
IMPAIR : Bévue, ânerie dans
le monde des coulisses, (Duflot.)
— On dit de celui qui se trompe :
« Il a fait un impair. »
IMPÉRIALE : Bouquet de
poil plus grand que la mouche
et moins grand que la bouquine.
— a Sous le règne de Napoléon,
la royale, peu en vogue du reste,
prit le nom d'impériale. » {His-
toire de la Cravate, 54.)
IMPORTANCE (d'):Fortement.
— « La grosse Irma, j' vas t' la
moucher, mais... d'importance,
aie pas peur. » (H. Monnier.)
IMPOSSIBLE : Impossible à
figurer. — « Avec son col exor-
bitant et ses lunettes impossi-
bles. » (Delvau.)
IMPOT : Automne. (Halbert.)
INCOMMODE : Réverbère,
(Colombey), lanterne. (Rabasse.)
— La lumière incommode les
voleurs.
INCOMMODÉ (être) : Être ar-
rêté en flagrant délit. Même al-
lusion que dans malade. V. ce
mot.
INCONSÉQUENT : « Lorsque
dans le monde, une jeune dame
n'a pas très-bien su étendre le
voile par lequel une femme hon-
nête couvre sa conduite, là où
nos aïeux auraient rudement
tout expliqué par un seul mot,
vous vous contentez de dire :
« Ah! oui, elle est fort aimable,
ING
« mais... — Mais quoi? — Mais
« elle est souvent bien inconsé'
« quente. » (Balzac.)
INDE IR.E : De là les colères.
7- Latinisme. — « M. Littré,
scrupuleux observateur de la loi,
vient de voter le rétablissement
des écoles des frères. Inde irœ! »
{Liberté, 72.)
INDIFFÉRER : Être indiffé-
rent.— «J'ai beau'consultcr mon
pauvre cœur : — Oscar n'indif-
fère, Chamoisy m'est .>'gal. »
(Marquet.)
INEXPRESSIBLE : Panalon.
— « Au sortir des bancs du col-
lège, où nous avions usé pendant
huit années ce que la pruderie
anglaise exprime par inexpres-
sible. » (Mornand.)
INFANTE : Se dit ironique-
ment, comme donjelle, d'une
fille de médiocre vertu.
INFÉRIEUR (ça m'est) : Cela
m'est indifférent. Mot à mot; je
suis au-dessus de cela. — c Après
ça, que le momignard fraj pe au
monument, ça m'est inférieur.»
(De Concourt.)
INFECT : Laid, sot. —L'infec-
tion est prise au figuré. — «Viens-
tu voir la petite nouvelle? —
Pardieu! et si elle n'est prs trop
infecte, nous l'emmènerons à la
Maison-d'Or. » (Ces Petites Da-
mes, 62.) — « Tout ce qui se dit,
s'écrit, se pense à l'heure qu'il
est, est incontestablement in-
fect. » {Vie parisienne.)
INFECTADOS : Cigare d'un
sou. — L'ironie n'a pas lesoin
d'être expliquée.
INGLICHMANN ; AngU is. —
INT
— 209 —
ITR
« Avec ça que l'amiral l'avait
fait habiller en inglichraann. »
(Louis Desnoyers.)
INGRAT (être) : Ne pas savoir
voler. (Rabasse.)
INGRISTE : Peintre de l'e'cole
d'Ingres. — « A vous Lehmann,
Ziegler, Flandrin et autres in-
gristes. » (G. Blanc.)
INODORES : Latrines. —
« Fournier aux inodores pré-
sente le papier. ■» {Revue anecdo-
tique.) V. Calme.
IN PETTO : Secrètement. —
Italianisme. « C'était un plat en
faïence italienne que B. trouva
splendide in petto. » (Frébault.)
INTÉRESSANTE (situation) :
Grossesse. W. Polichinelle. — «Il
était marié depuis six mois et sa
veuve est dans un état intéres-
sant. » (Marcade, 75.)
INSOLPE : Insolent. (Colom-
bey.) — Changement de finale.
INSTRUIT (être) : Être adroit
voleur. (Rabasse.)
INTERMEZZO : Intermède. -
Italianisme. V. Chauviniste.
INTER POCULA : En buvant.
Mot à mot : au milieu des cou-
pes. « Ses modèles ne posent
qu'après boire... devisant inter
pocula. » (Éclair, 1872.)
INTERVER: Comprendre.
(Grandval.) Pour enterver.
INTIME : Claqueur. — C'est
un intime pour le théâtre. —
« Adolphe allait en intime au
Théâtre de Madame.» (Cinquante
mille voleurs de plus à Paris,
3o.)
INTRANSIGEANTS : Politi-
ques exaltés des partis extrêmes,
n'admettant aucune espèce de
transaction. — « La langue s'est
enrichie, il y a quelque deux ans,
d'un nouvel adjectif... Les enne-
mis de la légalité gouvernemen-
tale établie à Madrid s'appe-
laient intransigeants... Le pu-
blic français s'empara immédia-
tement du mot... » (Petit Moni-
teur, 8 cet. y 5.) — « M. Madier
Montjau, dans le petit voyage
intransigeant qu'il opère à tra-
vers les pays rouges, » (F. Ma-
gnard.)
INVALO : Invalide. Change-
ment de finale. — « Viens-tu en-
tendre tousser le brutal sur l'es-
planade des invalos? » (Alm. du
Hanneton.)
INVITE : Invitation secrète. —
Expression du jeu de vi^hist qui
a été prise au figuré. — a Elle
est si coquette qu'elle ferait des
invites à un bedeau. » (Ignotus,
75.)
IRONISTES : « Ces ironistes,
qui sont capables de toute la
compassion. » (Blaze de Bury,
1875.)
IRRÉCONCILIABLE : Ennemi
irréconciliable du gouvernement
de Napoléon III. — Le. mot date
des dernières années de l'Em-
pire.
ISOLER: Abandonner.— Ef-
fet pris pour la cause. — On isole
celui qu'on abandonne.
ITRER : Avoir. — Abrévia-
tion de litrer. — Il se conjugue
sans le t. — « Ires-tu pieté ce
luisant : as-tu bu aujourd'hui ? »
(Halbert.)
xa.
JAM
— 210 —
JAR
JABOT : Estomac. Comparai-
son ornithologique. — « Enlevé
la miche! cinq minutes après
nous l'avions dans le jabot. »
(Comment, de Loriot.)
JACQUELINE : Fille de mau-
vaise vie. — Dans son Vieux
Cordelier, Camille Desmoulins
apostrophe ainsi Hébert : « Le
banquier Kocke, chez qui toi et
ta Jacqueline vous passez les
beaux jours de l'été. »
JACTANCE (la) : La parole.
(Rabasse.)
JACTER : Parler, crier. Mot à
mot : jeter (jactare) les hauts
cris. V. Greffier, Loubion.
JAFFIER : Jardin. (Halbert.)
JAFFIN : Jardinier. (Idem.)
JALO : Chaudronnier. (Hal-
bert.)
JAMBE (faire une belle), Ren-
dre la jambe mieux faite : Don-
ner un avantage illusoire. — « Tu
as maudit ton père de t'avoir
abandonné i — Ça m'aurait fait
une belle jambe. » (E. Sue.)
JAMBE (s'en aller sur une) : Ne
boire qu'une tournée. — « Dès
l'aube, on s'offre la goutte, on
s'offre le canon, on s'offre le
rhum, on s'offre l'absinthe ou le
bitter, et l'on ne veut jamais s'en
aller sur une jambe. » (La Bédol-
lière.)
JAMBE (lever la) : Dansçr le
cancan (haute école). — « Elle
levait la jambe avant Rigolbo-,
che. » {Les Étudiants^ Ç>o.)
JAMBON : Violon. — Allusion
de forme et de couleur. — « Il y
avait longtemps que je n'avais
entendu racler le jambon en
pleine rue. » (Th. Gautier.)
JAPPE : Bavardage. — « Tais
ta jappe. » {Almanach du Han-
neton, 67.)
JAR, JARS : Argot. — Vieux
mot jadis usité dans la bonne so-
ciété. Voir les Psaumes des Cour-
tisans, dédiés aux braves esprits
qui entendent le jars de la cour-
petit in-i2 publié en 1Ô20. —
Jar est une abréviation dt jar-
gon.
Dévider le jars : Parler argot.
JARDINER : Ricaner , parler
en se moquant. V.Escracher.
JARDINER QUELQU'UN :
Faire parler quelqu'un. (Ra-
basse.)
JARDINEUR : Homme qui
cherche à savoir. (Rabasse.)
JARDINIER : Voleur à l'amé-
ricaine. V. Charriage.
JARGOLLE, JERGOLi: : Nor-
mandie. (Halbert.) — On appelle
les Normands Jargoliers ou Jer-
goliers.
JARNAFFE : Jarreticre. —
Changement des dernières sylla-
JAV
— 211
JES
bes. C'est aussi le nom d'un jeu
de hasard où la jarretière joue le
rôle principal.
JARS. V. Jar.
JARRETIÈRE : Chaîne de
montre. (Rabasse.)
JASANTE : Prière. (Halbert.)
JASER : Prier. (Halbert.) —
Allusion au récitatif de la prière.
JASPIN : Oui. (Grandval.)
JASPINEMENT : Aboiement.
(Colombey.) — On dit aussi Jd!5-
piner pour aboyer.
JASPINER : Parler, causer. —
Vieux mot dont jaser nous paraît
le père. — a Ils jaspinaient argot
encore mieux que français. »
(Grandval, 1723.) — « Je lui jas-
pine en bigorne : N'as-tu rien à
morfiller?» (Vidocq.)
JAUNE : Été. (Halbert.)— Ail.
à la couleur du soleil.
JAQNE :Eau-de.vie. — Allu-
sion de couleur. — Nous lisons
dans la Maison du Lapin blanc,
brochure publiée vers i858, sur
le dernier ce tapis » de la Cité :
Lapin blanc, que me veux-tu ?
Avec ton jaune et ton camphre
Tu déranges ma faible vertu.
JAUNE D'ŒUF (aimer avec
un) : Tromper. — Allusion à la
couleur du cocuage. — « Vous
murmuriez à l'oreille de madame
Cocodès : Je vous adore! — Avec
un jaune d'œuf, H ms répondit-
elle. » (Monselet.)
JAUNET : Pièce d'or. — « Un
seul regret, celui de n'avoir pu
débarrasser les pigeons de leurs
jaunets. » (Paillet.)
JAVANAIS : « Argot de Bréda
où la syllabe va, jetée dans cha-
que syllabe, hache pour les pro-
fanes le son et le sens des mots,
idiome hiéroglyphique du monde
des filles qui lui permet de se
parler à l'oreille, — tout haut. »
(De Concourt.) — Exemple :Jau-
net, javaunavet ; jeudi, javeudoi»
vi, etc.
JAVARD : Lin. (Halbert.)
JAVOTTE ; Bavard. — « Tu
n'es qu'une mauvaise langue,
une javotte. » (Marquet.)
JAVOTTER : Bavarder. —
Forme de jaboter, — « Elle sif-
flotte, elle parlotte, elle javotte, »
[Physionomie du Protecteur, ^i.)
JEANFESSE, JEANF-TRE :
Coquin, misérable. — « Ça, c'est
un jeanfesse.» (Ricard.) — «Gran-
de colère du père Duchesne contre
les jeanf— très de chasseurs, qui
ont voulu faire une contre-ré-
volution. » (Hébert, 1793.)
JEAN-JEAN : Conscrit, naïf,
niais. «On qualifie de Jean-Jean
le jeune indigène que la conscrip-
tion a arraché à l'âge de vingt
ans d'un atelier ou d'une char-
rue. » (M. Saint-Hilaire.)
JE NE SAIS QUOI : Cachet
indéfinissable. — « Le savoir-
vivre, l'élégance des manières,
le je ne sais quoi, fruit d'une
éducation complète. » (Balzac.)
JEANNETON : Servante d'au-
berge, fille de moyenne vertu.
(Dhautel.)
JÉSUITE : Dindon. (Vidocq.J
— C'est aux jésuites qu'on doit
l'acclimatation du dindon.
JESUITE : Cafard. — « On
JEU
2\2 —
JON
l'appelle le Jésuite, il dcnonce un
peu, il espionne beaucoup, il
y met de l'adresse; on y est tou-
jours pris. » (Balzac, 42.)
JcSUS : « Jeune et beau gar-
çon lancé comme appeau près des
sodomites que veut exploiter le
chanteur. »(Ganler.) V. Chanter.
Être (en).
JETTARD : Cachot. (Halbert.)
JEUNE (trop) : Dépourvu d'ex-
périence. — Cela peut se dire à
un octogénaire.
JEUNE FRANCE : « Les ro-
mantiques se divisèrent tnBou-
^iugots et en Jeune France. »
(Privât d'Anglemont.) — « Ils ont
fait de moi un Jeune France ac-
compli. J'ai un pseudonyme très-
long et une moustache fort cour-
te; j'ai une raie dans les cheveux
à la Raphaël. Mon tailleur m'a
fait un gilet... délirant. Je parle
art pendant beaucoup de temps
sans ravaler ma salive, et j'ap-
pelle bourgeois ceux qui ont un
col de chemise. » (Th. Gautier,
33.)
On appelait la Jeune France le
parti des romantiques. — «.La
Jeune France est encore une de
ces tournures cabalistiques qui a
la prétention d'exprimer une idée
grande, terrible, volcanique, su-
blime. » (Miss Troloppe, 35.)
, JEUNE HOMME (Avoir son) :
Être gris. Mot à mot : avoir bu
le broc de quatre litres que les
marchands de vin appellent Petit
homme noir. V. ce mot. — « Cha-
que fois qu'il rentrait avec son
jeune homme. » (Privât d'An-
glemont.) — « Un individu en
blouse qui semblait avoir son
petit jeune homme. » (G. de
Nerval.)
JEUNESSE : Fillette. — « Une
jeunesse, une marchande de
cols. » (Germon.)
Jl : Je comprends, oui, je con-
nais. (Rabasse.) — Forme de g;y
qui semble plus ancien.
JIROBLE : Joli. (Ilalbert.)
Pour Girofle.
JOB : Niais. — Abréviation du
vieux mot jobé : nigaud. — « Si
j'étais assez job pour croire que
vous me donnez toute une for-
tune. » (E. Sue.)
JOB (monter le) : Tromper,
— Job est ici pour jobard. —
Se monter le job : S'en fiire ac-
croire. (Rabasse.) — Dans le dia-
lecte lillois, on dit battre lejobre
(job), pour/<3/re l'innocent.
JOBARDER : Duper. — « Je ne
veux pas être jobarde. » (Bal-
zac.)
JOBE RIE : Niaiserie. (Vi-
docq.)
JOBISME : Pauvreté. — « Des-
roches a roulé comme nous sur
les fumiers du jobisme. » (Bal-
zac.) — Allusion biblique.
JOCKO : Pain long à Li mode
depuis 1824, année où le singe
Jocko était à la mode. — « Des
gens qui appellent un pain jocko
un singe de quatre Ii\ res. »
(Bourget.)
JOCKO : Boulanger. Aima-
nach des Débiteurs, 5i.)
JOLI GARÇON : Dans me vi-
laine position. — Ironie : « Nous
v'Ià jolis garçons. » (Désaugiers.)
JONC : Or. (Vidocq.) — AUu-
JUD - 2
• sionà sa couleur jaune. — « C'est
un jonc : C'est en or véritable.
(Rabasse.) V. Bogue, Bobe.
JONCHER : Dorer. (Halbert.)
JORNE : Jour. — Vieux mot.
V. Poisser.
JOSEPH (faire son) : Affecter
un air chaste. V. Putipharder.
— « Je me disais aussi : voilà un
gaillard qui fait le Joseph. Il doit
y avoir une raison. » (Dumas fils.)
JONQUILLE : Trompé par sa
femme : Allusion à la couleur du
cocuage. — « Personne ne des-
sine mieux que lui la tête d'un
mari jonquille. » (Rivarol de
1842.)
JOUER DE : Faire marcher à
sa guise. — « Nachette, en un
mot, joua parfaitement du ba-
ron. » (De Concourt.)
JOUER DE L'ORGUE : Ron-
fler. (Halbert.) — On dit souvent
ronfler comme un tuyau d'orgue.
JOUER DES DOMINOS : Man-
ger. (Rabasse.)
JOUER DU VIOLON : Scier
des fers, (Colombey), scier des
barreaux. (Rabasse.) — La scie
va et vient comme l'archet.
JOUSTE : Près. V. Juxte. '
JOUVIN : Gant de la fabrique
Jouvin. — a Mes Jouvin eussent
atténué peut-être l'effet de cette
pression inconnue. » (Marx, 66.)
JUDACER, JUDAISER,
JUDASSER : Trahir, faire de
fausses amitiés. — Allusion bi-
blique. — « Judacer, c'est dénon-
cer quelqu'un. » (Du Camp.)
i3 —
JY
JUDÉE : Préfecture de police.
Allusion à la rue de Jérusalem.
JUGE DE PAIX : Bâton. (Co-
lombey.) — Jeu de cartes. (Ra-
basse.)
JUGEOTTE : Jugement, avis.
— a Dis-moi z'un peu franche-
ment là-dessus ta petite jugeot-
te. » {Léonard^ parodie, 63.)
JUGULER : Comprimer, étran-
gler (au figuré). — « Cottereau est
mort jugulé par la Faculté. »
(Raspail.J
JULES : Pot de nuit. (Rabasse.)
JUS DE BATON : Coup de bâ-
ton. — « Pour passer votre rhume,
j'ai du jus de bâton. » (Aubert,
i3.)
JUSTE ; Cour d'assises. (Vi-
docq.) — Épithète invraisembla-
ble dans la bouche d'un malfai-
teur.
JUSTE-MILIEU : Parti ou par-
tisan du statu quo politique, se
maintenant entre la gauche et la
droite. V. Centrier. a Voilà quels
hommes composent le gouver-
nement dit juste-milieu. » {L'É-
cho français, 33.)
JUSTE-MILIEU : Derrière. —
a Mayeux envoya la pointe de
sa botte dans le juste -milieu
de Mii« Justine. » (Ricard.)
JUXTE, JOUSTE : Près, con-
tre. (Halbert.)— Vieux mot. C'est
le juxta latin que nous avons
conservé dans Juxtaposer.
JY : Oui. (Colombey.) Pour
LAB
— 214 —
LAC
K
KAISERLICK : Autrichien. -
De l'allemand Kaiserlich: impé-
rial. — « Les Kaiserlicks ont été
étourdis du coup. » (Balzac.) —
On dit, en altérant, kin:{erlit^.
KOGXNOFF, KOXNOFF :
Très- bien. — Abréviation de
Chocnosoff. V. ce mot.
KOLBACK : Petit verre (sans
doute parce qu'il porte à la tête.)
V. Colback. — « Cette bienvenue
se distribue au moyen d'un kol-
bac ou petit verre par tête. > —
(A. Lecomte, 61.)
LA (Donner le) : Donner le
ton. — Allusion musicale. —
« Boyards et boyardes donnent
le la de l'élégance en ce moment. »
{Vie parisienne, 66.) — « Quel-
ques articles inspirés donnent le
la dans les grandes circonstan-
ces. » (J. de Précy.)
LABAGO : Là -bas. (Golom-
bey.)
LA-BAS : Maison de correction
de Saint-Lazare. — « Julia à
A mandine : ComvciQ çsi, cette pau-
vre Angèle est là-bas ? — Ne m'en
parle pas. Elle était au café Co-
quet à prendre un grog avec Ana-
tole. Voilàun monsieurqui passe,
qui avait l'air d'un homme sé-
rieux avec des cheveux blancs et
une montre. Il lui olTre une voi-
ture, elle accepte, un cocher ar-
rive, et... emballée! Le monsieur
était un inspecteur ! » {Les Co-
cottes, 64.)
LA-BAS : Au bagne. — « Ils
croyaient m'avoir vu là-bas. Là-
bas, cela veut dire au bagne. »
(Lacenaire, 36.^
LABOURER : Préparer les
voies. {Almanach des Débiteurs,
5i.)
LACHER : Négliger l'exécu-
tion d'un travail. — <, Elle vit
Lousteau travaillant an dernier
moment et lâchant, comme di-
sent les peintres d'une euvre o\x
manque le faire. » (Bàl/ac.)
LACHER DE (se) : Livrer avec
effort. — « Je suis obli :,é de me
lâcher de ma douille en marron-
nant. » (Monselet.)
Lâcher d'un cran : Abandonner
(( Nous verrons la semaine pro-
chaine. Aujourd'hui j'ai ma mi-
graine. Ernest, lâchez- noi d'un
cran. » (A. Tantôt.)
Lâcher de l'eau, lâcher l'écluse:
Uriner. « Allons, il faut lâcher
l'écluse du bas-rein. » (Parodie
de Zaïre, xviii*" s.) V. Lascailler,
Lâcher le coude : Laisser en
LAI
2l5 -
LAN
repos, mot à mot : quitter celui ■
auquel on parle, ceux qui mar-
chent bien ensemble, « se sentent
les coudes, » comme on dit mili-
tairement : — « Lâchez-nous
donc le coude, avec votre politi-
que! » (Zola.)
Lâcher la perche : Mourir . a Le
plus blakboUé, le plus inconnu
pendant sa vie devient, aussitôt
qu'il a lâché la perche, un grand
homme. » {Corsaire, 68.)
Lâcher la rampe : Mourir.
LACHEUR ; Homme sur le-
quel on ne peut comptei". Mot à
mot : qui lâche ses amis. — « Le
lâcheur est la lorette de l'ami-
tié. » (A. Scholl, 58.) — « M. R...
essaye de transiger. M. R... est un
lâcheur. » (A.Millaud, jb.)
LAGO : Là. (Rabasse.)
LAGOUT : Eau à boire. (Hal-
bert.) Mot à mot : Vagout. Du
vieux mot provençal agua, eau
(prononcez agoue).
LAINE : Mouton. (Vidocq.)
— Partie prise pour le tout.
LAISSER ALLER (se) : Man-
quer de vertu, de courage, de
santé.
LAIT A BRODER : Encre.
(Vidocq.) — Allusion ironique à
la couleur de l'encre.
LAIUS : Discours. — « A l'école
polytechnique, tout discours est
un latus, depuis la création du
cours de composition française
en 1804. L'époux deJocaste, su-
jet du premier morceau oratoire
traité par les élèves, a donné son
nom au genre. Les députés à la
Chambre, les avocats au barreau,
les journalistes dans les premiers-
Paris, piquent des laïus, » (La
BédoUière.)
LAIZÉE : Prostituée. (Rabas-
se.) Semble équivaloir à l'aisée,
la facile.
LA MINE : Le Mans. (Hal-
bert.) — Transposition de lettres.
LAMPAS : Gosier. — De lam-
per : boire. « Pour l'histoire de
s'assurer de la qualité du liquide
et s'arroser le lampas. » (Ladi-
mir.)
LAMPION : Bouteille. — De
lamper : boire. — « Y a pu d'huile
dans le lampion, ditBoizamort. »
(Ladimir, 41.)
LAMPION : Chapeau à cornes.
— « Je passe le pantalon du cipal
et je coiffe le lampion. » (Bour-
get.)
LAMPION : Sergent de ville.
— Allusion au chapeau.
LAMPION : Œil. — Il éclaire.
Si j' te vois fair' l'œil en tir lire
A ton perruquier du bon ton,
Calypso, j' suis fâché d' te 1' dire.
Foi d'homme 1 j' te crève un lampion.
(Chanson populaire.)
LANCE : Eau. — « C'est ga-
gné! faites servir! six litres de
vin! six litres sans lance! {Caté-
chisme poissard, 44.)
LANCÉ : Gris. — ce Patara, au
moins aussi lancé que le cheval,
tapait sur la bête à tour de bras.»
{Phys. du Matelot, 48.)
LANCÉ : Rapide projection de
la jambe. — «Paul a un coup de
pied si vainqueur et Rigolette un
si voluptueux saut de carpe!
Les admirateurs s'intéressaient
à cet assaut de lancé vigoureux.»
(Vitu, 47.)
LAN
2i6 —
LAN
LANCE QUINER : Pleuvoir.
(Grandval.) V. Lansquiner.
LANCER : Pisser. Mot à mot :
lâcher l'eau.
LANCER : Bien poser, mettre
en renom. — « Poil - de - biche !
Nous ne la connaissons pas...
Elle ne doit pas être lancée. »
(Villars.)
LANCER SON PROSPEC-
TUS : Distribuer des œillades
chargées d'autant de promesses
qu'un prospectus de marchand.
— « Qu'elle aperçoive son Arthur
regarder langoureusement les ac-
trices, la lorette s'écrie : Adolphe,
avez-vous bientôt fini de lancer
votre prospectus? » (M. Alhoy,
41.)
LANCEUR : Homme expert
en l'art de lancer une affaire. —
a La gravure et le journal ont
coûté bien de la peine aux lan-
ceurs d'affaires. » (Villemessant.)
LANCIERS (les) : C'est comme
si l'on disait : Quelle rengaine!
— « Et tu donnes là dedans?
Allons donc ! les lanciers ! » (Mon-
selet.) — Allusion à la danse de
ce nom, en vogue vers 1857.
LANDAU à BALEINES : Para-
pluie. (Grandval.) Mot à mot :
voiture conduite à la nage par
des baleines. — Jeu de mots iro-
nique.
LANDERNAU (il y aura du
bruit dans) :Se ditironiquement
d'une chose destinée à émouvoir
un certain monde seulement. —
« Il y aura bien eu des potins
dans le Landernau de la convoi-
tise. » {La Cloche, août 72.) —
« Les expositions annuelles se-
raient supprimées. Il y aura un
fier bruit dans Landernau. 9
(A. Wolff, 75.)
Landernau a été mis là sans
raison, comme une petite ville
éloignée dont le nom a paru bi-
zarre. C'est ainsi que Carpen-
tras, Pézénas ou Brives-la-Gail-
larde ont été mis de même à
contribution.
LANDIER : Blanc. (Halbert.)
LANDIER : Commis d'octroi.
(Colombey.)
L A N D I È R E : Boutique de
foire. (Colombey.) — D^ la foire
du Landit. '
LANGUE : (avaler sf ) : Mou-
rir.
LANGUE AUX CHIENS, AUX,
CHATS (donner sa) : Renoncer
à deviner. — « Je donne ma lan-
gue aux chiens, dit Jérôme, jei
renonce. » (E. Sue.) '^
LANGUINER : Pleuvoir. (Hal<
bert.) — Pour lansquiner.
LANSQ : Partie de lansque*
net. — « Cette espèce de corni-
chon qui l'a dansé de i,5oo franc»
hier, au lansq. » (Jaimc .)
LANSQUINER : Pieu er, pleu-^
voir. — De lance : eau. — a Bien
des fois on rigole qu'o 1 devrait
lansquiner. » (Vidocq.)
LANTERNE: Fenêtre. (Grand-
val.)
LANTERNES DE CABRIO-
LET : Yeux fort saillants. — « Oh!
c'est vrai! t'as les yeu>. comme
les lanternes de ton cab iolet... i
(Gavarni.) Ce mot fait inage.
LANTIMÈCHE : Allumeur dé
becs de gaz. Mot à moi : l'anti-l
mèche. — Jeu de mots. Le ga^
LAR
LAR
n'a pas de mèche. — Lantimèche
est aussi un synonyme de Chose,
Machin.
LAPIN : Homme déterminé.
I (Grandval.) — On a dit d'abord
■ vieux lapin, et voici pourquoi :
« Plus un lapin avance en âge,
plus il augmente en chair, en
peau et en poil. De là l'expression
vulgaire par laquelle on désigne
un homme de talent et de vertu
en disant : C'est un vieux la-
pin. » (Dict. des Ménages, 36.)
— « C'est un fameux lapin,
il a tué plus de Prussiens qu'il
n'a de dents dans la bouche. »
(Ricard.) — a L'homme qui me
rendra rêveuse pourra se vanter
d'être un rude lapin. «(Gavarni.)
L A P I N : « Et puis, le jeune
homme était un lapin, c'est-à-
dire qu'il avait place sur le de-
vant, à côté du cocher. » (Couail-
hac.)
LAPIN : Apprenti compagnon.
— a Pour être compagnon, tu
seras lapin ou apprenti. » (Bié-
ville.)
LAPIN : Enfant dépravé. Ar-
got du collège. Vient du vieux
mot lespin : prostitué.
LAPIN (voler au) : « Se dit des
conducteurs d'omnibus qui son-
nent à leur cadran moins de
voyageurs qu'il n'en monte et
empochent la différence. » (Ra-
basse.) — Lapin est pris ici dans
le sens général de voyageur.
LARBIN : Valet de cartes. —
a Le roi sur le neuf n'osa plus
enjamber, le larbin reparut. »
(Alyge.)
LARBIN, LARBINE : Domes-
tique. (Vidocq.) — « Le faux lar
bin va se poster sous la porte
cochère. » (Paillet.)
Larbinerie : Valetaille.
LARCOTTIER : Paillard. (Vi-
docq.) — Pour la'-guottier : ama-
teur de- largues. V. ce mot.
LARD (faire du) : Paresser au
lit. — « La femme ronfle et fait
du lard. » (Festeau.)
Faire son lard : Se rengorger.
LARDER : Percer d'un coup
de pointe.
LARDOIRE : Épée. — « Vous
verrez si je manie bien la lar~
doire. » (Ricard.)
^ LARGE (N'en mener pas) :
Être mal à son aise. — Se dit
soit au physique, soit au moral.
LARGE DES ÉPAULES :
Avare : (Dhautel.) — Équivoque
ironique sur le mot large qui
signifie aussi généreux.
LARGUE, LARQUE : Femme
de voleur, prostituée âgée. (Hal-
bert.) V. Ménesse. — « Si j'é-
prouve quelque malheur, je me
console avec ma largue. » (Vi-
docq.) V. Coquer, Momir.
LARIFLA : Refrains. — Allu-
sion au refrain d'une chanson
populaire au quartier Latin. —
« Je mêle des lariflas dans mes
plaidoiries. Je rêve un costume
de débardeur sous ma toge. »
{Paris étudiant, 54.)
LARTIE, LARTIF, LARTON :
Pain. On devrait dire l'artie,
l'artif, larton.
LARTIN : Mendiant. (Grand-
val.)
LARTON BRUTAL : Pain
noir. Mot à mot : pain brut.
LAV - 2
LARTON SAVONNÉ : Pain
blanc. Mot à mot : aussi blanc
que du linge savonné. — « La
tortillade est la même pour la
quantité, mais le pivoi est plus
chenu, et le larton plus savonné
que lago. » (Rabasse.)
LARTONNIER : Boulanger.
LASCAILLER : Pisser. (Grand-
val.) — De lance : eau. On dit
encore lâcher de Veau.
LASCAR : Fantassin. — De
l'arabe el-askir, qui a la même
signification. — « Le contraste
était vraiment trop drôle entre ce
sous- lieutenant de demoiselles
et les lascars à tous crins qu'il
venait commander. » (About.)
LATTIFE : Linge blanc. (Hal-
Tjert.) —Vient de s'attifer: faire
toilette.
LAUMIR : Perdre. (Halbert.)
Ce doit être une faute d'impres-
sion, si ce n'est une altération de
çhaumir.
LAVABES : Billet ou porteur
de billet à prix réduit pour le
service de la claque. — « Les la-
vabes sont ceux que l'on fait en-
trer au parterre des théâtres, en
ne payant que quinze sous par
place. » (5o,ooo voleurs de plus à
Paris, 3o, in-8.) — « Gustave
achetait un lavabe pour les Va-
riétés. » (Idem.)
LAVAGE, LESSIVE : Vente au
rabais, opération désastreuse. —
( Les quatre volumes in- 1 2 étaient
donnés pour cinquante sous. ..
Barbet n'avait pas prévu ce la-
vage. » (Balzac.)
LAVEMENT AU VERRE PI-
LÉ : Verre d'eau-de-vie. — L'al-
8 — LEM
cool éraille le gosier comme le
verre pilé. — «Todore fait venir
deux lavements au verrj pilé que
nous avalons en douceur. » (Mon-
selet.)
LAZAGNE : Lettre (Vidocq.)
— Italianisme. V. Balancer.
LAVER, LESSIVER : Vendre,
c'est-à-dire envoyer ses effets à
une lessive dont ils ne reviennent
jamais. — Même allusion dans
Passer au bleu et Nettoyer. —
« Comme ce n'était pas la pre-
mière fois que j'avais lavé mes
effets sans savon. » (Vidal, 33.)
— « Il a lavé sa montre, ses bi-
joux, pour dire qu'il Us a ven-
dus. » (Dhautel, 08.)
LAVER SON LINGE : Purger
une condamnation. Une fois la
peine accomplie, on redevient
blanc comme neige devant la loi.
LEADER : Orateur. - Angli-
canisme. — « On ne voudrait pas
que les préfets de la République
conservatrice descendissent jus-
qu'à une espèce de polémique
avec les leaders de la démocratie
rouge. » {Moniteur, 72. i
LÉGITIME : Épouse légitime.
— « Ces messieurs b ittent la
campagne tandis que lears légi-
times sont à leurs trousses. »
(E. Blavet.)
LÉGITIME (manger sa) : Dis-
siper sa fortune légitima.
LEGRE : Foire. (Vidocq.)
LÉGRIER : Marchand forain.
LEM (parler en) : Cnte mé-
thode spéciale consiste : 1° à
ajouter la syllabe lem à chacun
des mots qu'on a Tinte ition de
changer ; 2» à troquer la lettre l
LEV
— 2
de îem contre la première lettre
du mot qu'on prononce. — « Et
alors que tous les trucs seront
lonbem (bons). » [Patrie, 2 mars
52.) — Cet argot a été d'abord
spécial à la corporation des bou-
chers.
On parle en luch comme en
Iem. On combine quelquefois les
deux.
LÉON : « Léon n'est autre que
le président de la Cour d'assises. »
(Du Camp.)
LERMON : Étain. (Halbert.)
LERMONER : Étamer. (Idem.)
LESCAILLER : Pisser. (Hal-
bert. — Pour lascailîer.
LESSIVE, LESSIVER : Voir
Lavage, Laver.
LESSIVANT : Avocat. (Ra-
basse.) Il cherche à vous blan-
chir devant le tribunal.
LESSIVE: Plaidoyer. (Ra-
basse.)
LESSIVEUR : Avocat. (Colom-
bey.)
LESSIVEUR DE CROQUANT:
V. Grinche de Cambrouse. Lessi-
ver est ici synonyme de nettoyer.
LETTRE DE JÉRUSALEM :
Lettre écrite par un détenu pour
demander de l'argent. (Vidocq.)
Elle partait du dépôt de la Pré-
fecture de police, autrefois rue de
Jérusalem,
LEVAGE : Opération consis-
tant de la part d'un homme, à
conquérir ou lever la première
femme venue. De la part d'une
femme, c'est amener un homme
à lui faire des propositions. —
19 - LEV
« Pas de levage, pas d'entrain. »
(Mané, 61.)
LEVÉE : Arrestation. — « Si
la levée a lieu dans un café, on
en fait part au patron. » (Sta-
mir, 67.)
LÈVE-PIEDS : Escalier, échel-
le. (Vidocq.) — Effet pris pour la
cause.
LEVER : Voler. — Abrévia-
tion de Enlever. — « Robert dit :
« Je suis levé, » et il nous appelle
filous. » (Monselet.) — « Tiens,
dit le voleur, voici un pantre bon
à lever. » (Canler.)
LEVER : Faire un levage. —
« Tiens, Xavier qui vient d'être
levé par Henriette. » (Monselet.)
— « J'irai ce soir à Bullier, et si
je ne lève rien... (Lynol.) V. Fla-
nelle,
LEVER : Capter.— « Il lève un
petit jeune homme. Vous verrez
qu'il en fera quelque chose. »
(De Concourt.)
LEVER : Arrêter.
J' lui dis qu' j'aimerais mieux m' pen-
dre,
Ayant trop peur d'être levé.
(A. Meigne, Ch.)
Être levé : « Dans l'argot des
débiteurs et des créanciers, avoir
à ses trousses un recors, qui vous
a vu dans la rue ou déterré quel-
que part. » (Montépin.)
LEVER DE RIDEAU : Pièce
en un acte jouée au commence-
ment d'une soirée. — « La pe-
tite pièce, celle qu'on nomme
vulgairement lever de rideau ,
celle qui fait vivre les vaudevil-
listes intimes et fricoteurs. »
{Phys. du théâtre, 41.)
LIG
*— i220 —
LIG
LEVER DE RIDEAU : Prime
en argent. — «liy a l'auteur qui,
outre ses droits et ses billets,
touche une prime sous le nom
de lever de rideau. » {Physiolo-
gie du théâtre, 41.)
LÉZARD : Camarade sur le-
quel on ne peut compter. (Co-
lombey.) — Il lézarde au soleil ou
se cache dans les trous.
LÉZARD : a Le lézard vole des
chiens courants, des épagneuls
et surtout des levrettes. Il ne
livre jamais sa proie sans rece-
voir la somme déclarée. » {Aima-
nach du Débiteur, 5i.)
LEZINER : Hésiter. (Colom-
bey.)
LEZINER : Tromper au jeu.
(Idem.)
LICHARD, LICHEUR : Bu-
veur. Vieux mot.
LICHE (être en liche) : Faire
bombance.
LICHER : Boire. (Grand val.)
— Les glossaires du moyen âge
disent licharder.
Puis il liche tout' la bouteille ;
Rien n'est sacré pour un sapeur.
(Houssot.)
LICHETTE : Petit morceau.
LICHEUR : Qui aime à boire
aux dépens d'autrui. (Grandval.)
— « Boizamort, menuisier, bon
enfant, mais licheur. » (Ladi-
mir.)
LIÈGE : Gendarme. (Coloro-
bey.) — Il lie les gens arrêtés.
LIGNARD : Officier ou soldat
d'infanterie de ligne. — a Les
obus de nos forts viennent d'al-
lumerunincendie,etnoslignards
se gaudissent à cette vue. » (P.
Véron.)
LIGNE (avoir la) : Avoir une
certaine pureté de contours. —
« iMon Dieu, elle n'est pas très-
jolie ; mais vous savez, elle a la
ligne. » (Yriarte.)
LIGNE (pêcheur à la), faiseur
de lignes : Rédacteur qui tire à
la ligne. — « Le pêcheur à la
ligne, dit M. de Balzac, est un
rédacteur qui, comme le pêcheur,
vit de sa ligne. » (Marc Four-
nier, 44.)
LIGNE (tirer à la) : Écrire des
phrases inutiles dans le seul but
d'allonger un article payé à tant
la ligne.
LIGNE ! (vive la) : « Je rapporte
un petit magot. Ah ! quel le chan-
ce! Vive la ligne! » {Léonard y
parodie, 63.)
Ce vivat, fréquent à certains
jours d'émeute où on a voulu ga-
gner les troupes de ligne, s'ap-
plique ironiquement à tous les
cas d'enthousiasme.
LIGNE A VOLEUR : Ligne
blanchie à dessein de façon qu'il
reste un mot pour commencer
une ligne nouvelle payée comme
entière. — Argot des typogra-
phes.
LIGORE : Cour d'assises. {Pe-
tit Dictionnaire d'argot. 44.)
LIGORNIAU : garçon maçon.
(Rabasse.)
LIGOTANTE, LK/OTE :
Corde servant à lier ks mains
d'un malfaiteur. Vieux mot qui
est le frère de ligament.
LIM
— 221 —
LIO
LIGOTTAGE : Action de li-
gotter.
LIGOTTER : a 11 est urgent
de le ligotter, c'est-à-dire de lui
attacher une ou deux mains. »
(Rabasse.)
LILLANGE : Lille. Adjonction
de finale.
LILLOIS : Fil. (Vidocq.)— On
en fait beaucoup à Lille.
LIMACE, LIMASSE, LIME,
LYME : Chemise. (Vidocq,
Grandval.) — Vieux mots, car le
glossaire de Du Cange donne
limas, et on trouvera en se re-
portant au mot passant (soulier),
un exemple ancien de lyme. —
(( Quand la limace est bien blan-
che, avec ses creux et ses monta-
gnes, ça me met sens susd'sous. »
(L. de Neuville.) V. Batousse.
LIMACIER : Chemisier.
LIMANDE : Homme nul et
plat comme le poisson de ce nom.
(Vidocq.)
LIME : Chemise. Abréviation
de Limace.
LIMONADE : Assiette. (Vi-
docq.) Comparaison de l'assiette
à une rouelle de limon.
LIMOUSIN : Maçon. —Allu-
sion au pays d'où la plupart des
maçons sont originaires. « La
nuit, ça représente encore, mais
le jour ça ferait renauder des
Limousins. » {Courrier français,
I" février 68.)
LIMOUSINE : Plomb. V. Li-
mousineurs.
LIMOUSINEURS :« On donne
le nom de voleurs au gras- J ou b le
ou de limousineurs à des ouvriers
couvreurs qui volent le plomb
des couvertures, en coupent de
longues bandes avec de bonnes
serpettes, puis l'aplatissent et le
serrent à l'aide d'un clou. Ils en
forment ainsi une sorte de cui-
rasse qu'ils attachent, à l'aide
d'une courroie, sous leurs vête-
ments. » {Petit Journal.) — De
là le nom de Limousineur qui
compare ces vêtements de plomb
aux gros manteaux nonupés li-
mousines.
LIMOUSINIER : Entrepreneur
de maçonnerie. — « Celui-ci
était un limousinier (maçon qui
dresse les murs). Il avait des
avances : il loua un terrain pour
y bâtir. » (Privât d'Anglemont.)
LINGE (avoir du) : Avoir de la
toilette. — « Et Bovarine! qu'est-
ce que c'est? Ça a-t-il du linge ?»
(L. de Neuville.)
LINGRE : Couteau. (Vidocq.)
Allusion à Langres, si renommée
pour sa coutellerie.
LINGRER : Frapper à coups
de couteau.
LINGRERIE : Coutellerie.
LINGRIOT : Canif.
L1NGUER : Tuer. (Rabasse.)
Forme altérée de lingrer.
LINSPRÉ : Prince. (Vidocq.)
— Anagramme.
LION : Homme à la mode. —
« Depuis que nous avons attrapé
ce mot anglais, qui s'applique, à
Londres, à toutes sortes de nota-
bilités, nous en avons fait abus
comme du calicot et du fil d'E-
cosse. Il ne se fait pas un vaude-
ville, un feuilleton, un roman
LIS
— 222 —
LON
de mœurs contemporaines, qui
ne parle des lions de Paris. Au-
jourd'hui, pour être //on, la moin-
dre chose suffit : avec un panta-
lon jaune, un chapeau neuf, des
moustaches, vous êtes reçu lion
d'emblée. Nous avons eu des mus-
cadins, des incroyables, des im-
payables, des élégants, des beaux,
quelques fashionables ; mais ap-
peler lions des jeunes gens qui
mangent doucement de pauvres
patrimoines, c'est une parodie
bien amère. » (Roqueplan, 41.)
Le lion du jour : L'homme
dont on parle le plus, à un titre
quelconque. — Anglicanisme.
LIONCEAU : Lion ridicule. —
« La moustache cirée d'un jeune
lionceau. » (L. de Neuville.)
LIONNES :« C'étaient de petits
êtres féminins, richement ma-
riés, coquets, jolis, qui maniaient
parfaitement le pistolet et la
cravache, montaient à cheval,
prisaient la cigarette. » (De-
riége.)
LIONNERIE: Monde des lions.
— « Nous étions installés dans un
restaurant cher à la lionnerie. »
(Mornand.)
LIQ.UID : Liquidation de
Bourse. — « Liquid est mis ici
pour liquidation. Le coulissier
facétieux se plaît à abréger ses
formules, et dit liquid comme on
dit d'autor, d'achar, soc ou dé-
moc. » (Mornand.)
LISETTE! (pas de ça) : For-
mule négative. — « Un jeune
drôle fait la cour à ma nièce. Pas
de ça, Lisette! » (Ricard.) L'ex-
pression se trouve déjà dans une
brochure publiée en 1786, l'Ane
promeneur. a II m'enfilerait. Non,
pas de ça, Lisette! »
LITRER : Contenir, posséder.
— Vient de litre comme cuber
vient de cube.— « J'avais balancé
le bogue que j'avais fourliné et
je ne litrais que nibergue en va-
lades. » (Vidocq.)
LOCANDIER : « Le locandier
est une des nombreuses variétés
des voleurs au bonjour. Sous
prétexte d'examiner un le gement
à louer, il vole avec dextirité. »
(A. Monnier.)
LOCHE : Oreille.
LOCHER : Écouter. (Vidocq.)
LOFAT : Aspirant an grade
de compagnon. — « C'était pour
le baptême d'un lofât... On devait
le baptiser à laCourtille. » {La
Correctionnelle.)
LOFUAT : Maladroit, naïf,
imbécile. [Petit Dictionn. d'ar-
got, 44.)
LOFFITUDE : Naïveté. Idem.)
LOIR : Prison. V. Motti2.
LOLO : Lait. — Mot redoublé.
LOLO, LORETTE : La pre-
mière syllabe du mot est seule
conservée et redoublée. — a On
donne le nom de lolos aux jeunes
beautés du quartier Notre-Dame
de Lorette... La lolo déjeune
souvent avec un pain de ^ruau,
mais elle boit du Champagne. »
(Almanach du Débiteur, 5 i.)
LONDRES : Cigare de la Ha-
vane. — « Je me rejetai cans le
fond de la voiture et j'alluiaai un
londrès. » (Mornand.)
LONG : Niais, simple. (Grand-
val.)
LOR
223
LOU
LONGCHAMP : « Cour oblon-
gue, bordée d'une file de cabi-
nets dont nous laissons deviner
la destination. Gomme c'est le
seul endroit où, pendant les heu-
res d'étude, les élèves de l'École
polytechnique puissent aller fu-
mer, le longchamp a acquis une
grande importance. » (La Bédol-
lière.)
LONGUE, LONGE : Année
passée au bagne. (Grandval.) —
L'année y est longue à passer.
— « Quelle veine que t'as. Dix
longes, case tire, mais perpette!
pas toujours! » (Stamir.)
LONTOU : Toulon. (Ra-
basse.) Anagramme.
LOPHE : Faux, contrefait. —
Anagramme précédé d'une l. V.
Fajîot.
LOQUE (parler en) : Même
procédé que pour parler en lem.
V. Lem. « Tu vas peut-être me
traiter de loufouque d'aller au
turbin avec des objets pareils. »
(Beauvilliers.)
LOQUES : « Le gamin de Pa-
ris a sa monnaie qui se compose
de tous les petits morceaux de
cuivre façonné qu'on peut trou-
ver sur la voie publique. Cette
curieuse monnaie prend le nom
de loques, » (V. Hugo.)
LORETTE : Femme galante,
ce Lorette est un mot décent in-
venté pour exprimer l'état d'une
fille ou la fille d'un état difficile
à nommer, et que dans sa pu-
deur l'Académie a négligé de dé-
finir, vu l'âge de ses quarante
membres. Quand un nom nou-
veau répond àun cas social qu'on
ne pouvait pas dire sans péri-
phrase, la fortune de ce mot est
faite. Aussi la lorette passa-t-eUe
dans toutes les classes de la so-
ciété, même dans celles où ne
passera jamais une lorette. Le
mot ne fut fait qu'en 1840, sans
doute à cause de l'agglomération
de ces nids d'hirondelles autour
de l'église dédiée à Notre-Dame
de Lorette Ceci n'est écrit que
pour les étymologistes. » (Balzac.)
— « Chassées des quartiers sé-
rieux, les plus ou moins jeunes
personnes qui se livrent à la per-
dition des fils de famille refluent
donc vers ces constructions, qui
forment une espèce de ville nou-
velle, partant du bout de la rue
Laffitte jusqu'à la rue Blanche,
comprenant les rues Neuve-Saint-
Georges, La Bruyère, Bréda, Na-
varin, et prenant son nom de la
rue principale, Notre-Dame-de-
Lorette. L'ensemble de ces rues
s'appelle le quartier des Lorettes,
et par extension toutes ces de-
moiselles reçoivent dans le lan-
gage de la galanterie sans consé-
quence le nom de lorettes. » (Ro-
queplan, Nouvelles à la main, 4.1.)
— «Les lorettes, moi, j'aime cela;
c'est gentil comme tout, ça ne
fait de mal à personne!... des
petites femmes... qui gagnent à
être connues. » (Gavarni.)
LORGNE : Borgne. (Vidocq.)
— Abréviation de Calorgne :
borgne (vieux mot).
LORGNE : As. (Ibid.) ~ C'est
une carte borgne.
LOUBION : Bonnet. — « Il
faut igo avoir le loubion en poigne
pour leur jacter. » (Rabasse.)
LOUBIONNIER : Bonnetier.
LOUCHE : Main. — Compa-
LOU — 224 —
raison de la main à la grande
cuiller appelée louche.
LOUCHER (faire): Faire chan-
ger de manière de voir, d'opi-
nion. — « Avec qui que tu veux
que je soye ? Kst-ce que ça te fait
loucher? m (Monselet.)
LOUCHÉE : Cuillerée. (Hal-
bert.) V. Louche.
LOUFOQUE : Aliéné. (Ra-
basse.) —C'est le mot/o« soumis
au procédé argotique de défor-
mation en loque. — « Tu vas
peut-être me traiter de loufoque
d'aller au turbin avec des objets
pareils. » (Beauvilliers.)
LOUGÉ : Agé. (Idem.)
LOU LOTTE : Petite dent.
Allusion aux dents du loup dont
on parle toujours aux petits en-
fants.
LOULOU : Mot d'amitié. -
Redoublement de Loup. On dit
aussi mon gros loup. — « Mon
loulou, j' suis heureux quand je
t'embrasse. » (Aug. Hardy.) —
« C'est la louloute à son chéri. »
(Montépin.)
LOUP : Sottise, erreur.
LOUP : Dette criarde, créan-
cier. (Dhautel, i8o8.) — « Un
loup ! un créancier, si vous ai-
mez mieux. » (Décembre-Alon-
nier.) — Au théâtre, un loup est
une scène manquée.
LOUP DE MER : Marin
aguerri.
LUC
— « Ma salle devient un vrai
camp de la loupe. » (Decourcelle,
36.)
LOUPER : Flâner.— H Quand
je vais en loupant, du côté du
Palais de Justice. » [Le Gamin
de Paris, 38.)
LOUPEUR : Rôdeur. — « Que
faisaient-elles, ces loupeuses? »
(Lynol.)
LOURDAUT : Portier. (Grand-
val.)
LOURDE, LOURDIÈRE:
Porte. — On ne les faisait pas
légères jadis et pour cause. V.
Bocson, Tremblant.
Lourde à pessigner : Porte à
enfoncer. (Rabasse.)
LOURDIER : Concierge. (Ra-
basse.)
LOUSTEAU : Domicile, dia-
ble. (Halbert.) — Dans le sens de
domicile lousteau est un mot an-
cien qu'on doit lire Vousteau^
c'est-à-dire l'hôtel, Vhabitation
particulière.
LOUSTO (aller à) : Aller en
prison. (Rabasse.) — Lousteau
doit être une forme de lousteau
(maison), ce qui veut dire ironi-
quement rentrer au domicile. La
prison est le domicile naturel
des malfaiteurs.
LOVELACE : Séducteur de
femmes. C'est le nom dj héros
du roman de Clarisse harloive.
(Richardson.) Voyez Faublas.
LUCARNE : Lorgnon, mono-
cle. — « Du malheureux monde
comme ça, ça n'y voit q le d'un
oeil, et encore pas sanslujarne. »
(Gavarni.)
LOUPE : Fainéantise, flânerie. LUCH (parler en) : V. Lem.
Pour mener à bien son esqnif
Le vrai loup de mer se dispense
De longer toujours un rescif.
G. Jollivet.
LUN
— 225 —
LYO
LUCHEBEM : Boucher. (Ra-
basse.) — C'est boucher déformé
en lem. (V. ce mot.)
LUCTRÈMH : Fausse clef. —
« Mon Dartagnan file le luctrème
dans la porte. » (Beauvilliers.)
LUISANT, RELUIT : Jour. —
Allusion de lumière. « Pitachons
pivois chenâtre jusques au lui-
sant. » (Grandval.)
LUISANTE : Nuit, fenêtre.
(Halbert.)
LUISANTE : Lune. (Vidocq.)
LUISARD : Soleil. (Idem.)
LUISARDE : Lune. (Halbert.)
— «Tous les chiffonniers savent
ce patois énergique qui appelle
la lune une luisarde. » (La Bé-
dollière.)
LUMIGNON (le grand) : Le so-
lell. (Rabasse.)
LUNCH : Collation. — C'est
d'Amérique que viennent le mot
et la mode. — a Les frais de ce
lunch ne sont plus à la charge
des mariés. » (Petit Moniteur.)
LUNDI (faire le) : Manquer à
son travail; continuer, le lundi,
l'inaction du dimanche.
LUNE, PLEINE-LUNE, DEMI-
LUNES : Derrière. — Allusion
de forme. — « En voilà une
bonne! il a pris la lune de Pé-
tronille pour sa figure. » (P. de
Kock.) V. Cadran.
LUNE : Figure ronde comme
la lune. — « Cora P. est à Mai-
sons-Laffitte, elle engraisse énor-
mément. C'est tellement visible
qu'on ne l'appelle plus que la
lune rousse. » (Éclair.)
LUNE : Variation d'humeur
influant sur l'homme comme la
lune influe sur le temps. — «C'est
un musicien qui ne doit pas être
commode, il doit avoir des lunes.»
(Comment, de Loriot, 69.)
LUQUES, LUQUETS : Faux
papiers, images. (Grandval.)
LURON : Saint -Sacrement.
(Colombey.) —Allusion au rond
de l'hostie.
LUSQUIN : Charbon. (Hal-
bert.)
LUSQUINES: Cendres. (Idem.)
LUSTRE : Juge. (Idem.)
LUSTRE (admirateur, cheva-
lier du) : Claqueur posé au par-
terre sous le lustre. — « Les ad-
mirateurs du lustre donnèrent,
mais le public resta froid. »
(L. Reybaud.)
LUSTRER : Juger. (Halbert.)
LYCÉE : Prison. (Rabasse.)
C'est le motcoUége approprié aux
exigences modernes. V. Collège.
LYONNAISE : Soierie. (Vi-
docq.) — Lyon est le centre de
la fabrication des soieries.
i3.
M
226 —
M
M
M! : Abréviation d'une injure
employée déjà par Rabelais.
«Merde! mot ignoble et grossier,
dont le bas peuple se sert dans un
sens négatif, » écrivait Dhautel
en 1808. Ce n'est pas seulement
dans le bas peuple que M... est
usité, comme on va le voir par
le second des textes suivants.
Celui-ci est extrait du Temps du
16 août 1872 :
INCIDENT d'audience AUX ASSISES.
L'accusé Lhermine est un jeune
homme de vingt-cinq ans, mais qui
paraît à peine âgé de dix-huit; blond,
grêle, court. Sa petite figure blême et
vicieuse semble taillée en lame de cou-
teau. Il n'a pas commis moins de qua-
rante-sept vols qualifiés. C'est lui-
même qui, au cours de l'instruction,
les a indiqués au magistrat et en a fait
vérifier les détails. Il est en outre ac-
cusé de coups volontairement portés à
sa mère légitime. M. le président se
tourne vers l'accusé et, comme il est
prescrit par la loi, il l'interroge.
M. le président : Accusé, levez-
vous. Vos nom et prénoms ?
L'accusé: Auguste Lhermine.
M. le président : Votre âge ?
L'accusé : Merde!
Ce mot ordurier, prononcé à haute
voix, est entendu par tout le monde.
L'auditoire fait entendre des rumeurs.
M. le président : Accusé, dans votre
propre intérêt, je dois vous engager à
la circonspection. Vous avez peut-
être clé victime d'habitudes grossières
ou d'un mouvement irrélléchi. Magis-
trats, nous voulons bien oublier cet
outrage, qui ne saurait d'ailleurs nous
atteindre. Veillez sur vous désormais.
Votre défenseur va vous entrcienir. Il
vous conseillera. Je le répète, c'est
dans votre propre intérêt que i^i parle.
Après un quart d'heure de suspen-
sion, les jurés reprennent place, au
miUeu de l'émotion vive de l'auditoire,
et la cour reprend séance.
M. le président : iMessieurs les ju-
rés, mon devoir m'oblige à fe ire su-
bir, avant la prestation de vore ser-
ment, un interrogatoire à l'acctsé pour
constater son identité, je vai^ le re-
prendre... Accusé, vos nom et pré-
noms?
L'accusé ne répond pas.
M. le président renouvelle sa ques-
tion.
L'accusé^ d'une voix plus dicidée :
Merde !
Des murmures éclatent dans toute la
salle. Sur les réquisitions du ministère
public, la cour condamne Lhci mine à
deux ans de prison. C'est le m nimum
de la peine en cas d'outrage à a cour.
Notre second texte (pri^ dans
la Liberté du 8 septembre , rend
compte d'une affaire ju_;ée le
7 septembre 1872, par le tr bunal
de Pont-l'Évêque. Voici la dépo-
sition d'un témoin :
Le troisième témoin, Leprêtre (Au-
guste-Emile), vingt-quatre ans, doua-
nier à Deauville, est appelé. J.ecture
est donnée de sa déposition devant le
juge d'instruction : « Le 14 aoi.t, vers
cinq heures, j'étais de service sur la
jetée de Deauville, avec mon ca;iiaradu
Oilivier, lorsque je vis rentrer une
embarcation. Des personnes cui s'y
trouvaient criaient : « Vive Napo-
léon ! A bas Thiers! Vive la F ancel
Merde pour Thiers ! » Ces cris ont été
MAC
— 227 —
MAC
poussés à plusieurs reprises par quatre
personnes. Ils ont continué jusquà
i'avant-port. Nous laissâmes appro-
cher l'embarcation et pûmes prévenir
notre capitaine. Je remarquai surtout
une personne criant. » Mis en présence
de l'inculpé, le témoin a reconnu M. de
V... pour être la personne la plus ani-
mée.
M. de V... fut condamné à trois
jours de prison, mais la politique
s'en mêlant, il vit plaider sa cause
par un certain nombre de jour-
naux, dont pas un n'exprima son
dégoût pour le mot.
Dire m.... : Insulter, emmerder.
— « Moi, si j'étais nommé, je
monterais à la tribune et je di-
rais : Merde!... Oui, pas davan-
tage; c'est mon opinion. » (Zola.)
MAC, MAQUE, MACQUE,
MACCHOUX, MACROTIN : Sou-
teneur, entremetteur. — Le der-
nier mot est un diminutif de ma-
quereau; l'avant-dernier est une
modification du même mot par
changement de finale; les trois
premiers sont des abréviations.
Il y a de plus des synonymes in-
nombrables, rappelant tous le
côté ichthyologiquedu mot. Tels
sont barbeau, barbille, barbillon,
dauphin, dos vert, dos d'azur,
brochet, poisson, etc. Aussi a-t-on
été chercher vainement de ce
côté l'origine du mot. Le poisson
n'y est pour rien ; maquereau est
un simple jeu de mots, comme
grenouille. Au moyen âge, le mot
maque signifiait : vente, métier
de marchand. De là sont venus
maquei el et maquillon, qui a fait
maquignon. Le maquereau n'est
autre chose qu'un maquignon de
femmes, etpendant tout le moyen
âge il s'est appelé maquerel ou
maqueriau.
« Le métier de mac n'était
guère exercé autrefois que par
des voleurs et des mouchards. ,. »
(Vidocq.) — ce Le macque est
le souteneur des filles de la plus
basse classe. Presque toujours
c'est un repris de justice. » (Gan-
1er.)
MACA : Entremetteuse, femme
vieillie dans le vice. (Dhautel,
08.) — Même origine que le mot
précédent.
MACAIRE : Malfaiteur affec-
tant les dehors d'un homme du
monde. Le mot date du drame de
l'Auberge des Adrets; il doit
moins sa fortune à Frédérick-
Lemaître, créateur du rôle de
Macaire, qu'aux nombreusescari-
catures qui ont fait ensuite de
l'assassin Macaire le type du filou
cynique. — « Ils se croyaient des
Macaires et n'ont été que des fi-
lous. » (Luchet.)
MACAIRISME : « Le macai-
risme, c'est la filouterie érigée
en système. » (Boursicotier isme y
58.)
MACARON : Dénonciation,
— Même origine que mac. Celui-
ci vend des hommes au lieu de
vendre des femmes. — « Dans le
nez toujours tu auras macarons
et cabestans. » (Vidocq.)
MACARONER : Trahir. (Hal-
bert.)
MAC-FARLANE : Pardessus
sans manches, avec grand collet
sur le devant. — Anglicanisme.
« Ils portent des mac-farlanes. »
[Les Etudiants, 60.)
MAC
— 228 —
MAI
MâCHABÉE : « On appelle
Machabée tout être, homme ou
animal privé de vie, que l'on
rencontre flottant sur un cours
d'eau ou échoué sur le rivage. »
(V. Dufour.) — Faut-il y voir
une allusion à la légende popu-
laire des sept Machabées qui pé-
rirent tous pour la foi, ou un
dérivé du vieux mot macquer :
briser, écraser, frapper ? En lan-
gue d'oc, on dit macat pour écra-
sé, brisé. Je n'irai pas chercher
d'étymologie dans le grec, mais
je ne puis m'empêcher de faire
observer que makarios veut dire
privée de vie. Le Breton même a
vtacli'an : estropié, mutilé.
MACHABÉE : Juif.— Allusion
biblique.
MACHER (ne pas le) : Parler
sans détour. Mot à mot : sans
mâcher les paroles entre sesdents.
— a Quand j'ai lieu d' vous en
vouloir. Ah! n'ayez pas peur que
j' vous l' mâche! » (Longchamps,
09.)
MACHIN : Homme ou chose
dont on ne se rappelle pas le nom.
« Monsieur Machin, pardon! je
ne me rappelle jamais de votre
nom. » (H. Monnier.) — Dans la
Gabrielle d'E. Augier, l'avoué
Chabrière prie sa femme de lui
faire « un machin au fromage. »
V. Chien.
MACHINE : Œuvre quelcon-
que, œuvre dramatique. — «C'é-
tait à Nohant, l'illustre écrivain
venait de lire trois actes. L'au-
ditoire semblait hésitant : « Al-
lons, dit l'auteur, il faudra faire
une autre machine, » et elle jette
le manuscrit au feu. » (E. Le-
moine.)
MACHOIRE : Suranné. —
« L'on arrivait par la filière d'é-
pithètes qui suivent : ci-devant,
faux toupet, aile de pigeon, per-
ruque, étrusque, mâchoire, ga-
nache, au dernier degré de la
décrépitude, à l'épithète la plus
infamante, acadénicien et mem-
bre de l'Institut. » (Th. Gautier,
33.) — « Vieille mâchoire : Per-
sonne sans capacité, ignorant,
sot. » (Dhautel.)
MADRICE : Malice. (Colom-
bey.)
MADRIN : Malin. (Idem.) —
C'est madré, avec changement
de finale.
MAGNUSSE : V. Être {en).
MAIL COACH : Voiture atte-
lée à quatre chevaux en poste à
grandes guides. (Paz.)
MAIN : Série de coups heu-
reux au baccarat ou au lansque-
net. — « Au baccarat, pour ga-
gner, il faut avoir une main. »
(Cavaillé.) V. Pharamineux. —
On a pris cette expression au
figuré, et on dit : il a la main,
pour : il obtient une sirie de
succès.
^ MAIN CHAUDE (jouer à la) :
Être guillotiné. V. Raccourcir,
MAINS COURANTES : Pieds.
(Rabasse.) Jeu de mots commer-
cial.
MAISON (être en) : Faire par- *
tie d'une maison de tolérance. :|
MAISON (fille, femme, maî-
tresse de) : Habitante ou proprié-
taire d'une maison de tolé-
rance. Le mot est plus vieux
qu'on ne croirait. Un pet t livre
intitulé la Revue de l'an VlIIy
MAL
contient une description des filles
qui se promenaient au Palais-
Royal : « Leurs bas de soie à
coins brodés que la dame de mai-
son, c'est le mot technique (sic),
avait lavés le matin, se dessi-
naient sur un mollet arrondi. »
MAJOR DE TABLE D'HOTE :
Officier de contrebande, portant
un grade et des croix qui ne lui
ont jamais appartenu. — a Lais-
sez-moi donc tranquille, s'écria
une espèce de major de table
d'hôte. » (G. Vassy, jS.)
MAJOR : « Le chirurgien, le
tambour-major, le sergent-major
sont dénommés indistinctement
majors. » (Louis Huart.)
MAKACH : Formule négative
originaire d'Algérie. « Les M;iu-
resques ont des costumes ado-
rables. Quant à leurs figures,
makach!... Incognito complet. »
(Loriot.) — « Tu trouveras des
concombres. Quant aux poires,
makach! comme dit l'Arabe. »
(A. Lecomte, 6i.)
MAL (faire) : Faire pitié. —
<( Qu'on vienne baiser son
vamqueur
! — Comme tu me
fais mal. » (Gavarni.)
MALADE : Prisonnier. V.
Maladie.
MALADE (être) : Être fautif.
(Rabasse.)
MALADE DU POUCE : Fai-
néant dont la paresse constitue la
seule infirmité.
MALADIE DU POUCE : Avare.
— Cet exemple explique l'allu-
sion ; (( Il est malade du pouce.
Ça empêche les ronds de glis-
ser. » (Monselet.) V. Rond,
229 — M AN
MALADIE : Emprisonnement.
(Vidocq.)
MAL BLANCHI : Nègre. -
« Va donc, mal blanchi, avec ta
figure de réglisse. » (Bourget.)
MALHEUREUX : Trompé par
sa femme. — S il est malheureux
dans son intérieur, il le sait,
tandis qu'à Paris un employé
peut n'en rien savoir. » (Balzac,
41.)
MALINGRER : Souffrir. (Vi-
docq.) — Malingre se dit encore
pour souffreteux.
MAL PEIGNÉE : « Pour le
moment, c'est sous cette épithète
que l'on désigne une courtisane
(nous avons pour ces dames un
vocabulaire qui menace de deve-
nir par trop volumineux). » (P. de
Kock, 65.) — Allusion aux che-
velures hérissées, dont la mode
commença vers i865.
M ALT A IRE : Louis d'or.
(Halbert.) — Pour maltaise.
MALTAIS : Café-restaurant de
bas étage. — Cabaretier. — Beau
coup de Maltais exercent cette
profession en Algérie.
MALTAISE : Pièce d'or. (Co-
lombey.)
MALTOUZE : Contrebande.
V. Pasquiner.
MALTOUZIER : Contreban
dier.
MANCHE (faire la) : Faire la
quête. — « La fille du barde fait
la manche. Elle promène sa sé-
bille de fer blanc devant les
spectateurs. » (H. Monnier.)
MANCHE DE VESTE (jambe
MAN
— 23o —
MAN
en):Arquée comme une manche
d'habit. — « Mosieur Belassis,
moi j'ai pas des jambes en man-
ches de veste. » (Gavarni.)
MANCHE A (être) : Avoir fait
autant de progrès qu'un adver-
saire. Mot à mot : être manche
à manche. — Terme de w^hist.
— « Ça nous met manche à
manche. A quand la belle ? »
(E. Sue.)
MANDOLET : Pistolet. (Hal-
bert.)
MANETTE (M»«) : Malle. (Vi-
docq.) Jeu de mots sur manne
(malle) et sur le nom propre.
MANGER : Avouer. (Grand-
val.) — a Paumé, tu ne mangeras
dans le tafFe du gerbement. » (Vi-
docq.) — « François a mangé
sur vous. » (Canler.)
MANGER DU FROMAGE :
Aller à l'enterrement. — Allusion
à l'usage populaire à Paris de
collationner chez le marchand de
vins au retour du cimetière. —
« Aux gens qui ne manquent pas
d'aller faire un repas toujours
fortement arrosé en revenant du
cimetière. Ce qu'on appelle vul-
gairement manger du fromage. »
(P. Moniteur, j5.)
C'est surtout au mangeur de
fromage que s'applique la défi-
nition précédente, car si manger
du fromage n'entraîne pas l'idée
d'un excès, mangeur de fromage
se dit de l'homme qui le commet
volontiers.
MANGER LE MORCEAU :
Dénoncer : « Le morceau tu ne
mangeras, de crainte de tomber
au plan. » (Vidocq.)
MANGER DE CE PAIN-LA
(ne pas) : Refuser des moyens
d'existence dont la source ne pa-
raît pas honorable. « Moi, que
j'dis, merci, je n' mange pas de
ce pain-là! » (H. Monni.r.)
MANGER DU PAIN ROUGE :
Vivre du produit d'un assas-
sinat.
MANGER LA SOUPi: AVEC
UN SABRli : Avoir une grande
bouche. — Ironie. « Une bouche
grande à faire croire qu-i le pré-
venu mange la soupe avec un
sabre(style de régiment). » {Cour-
rier de V Ouest j 72.)
MANGER SUR L'ORGUE :
Dénoncer. (Vidocq.) L'orcue com-
plète ici l'allusion, car l'orgue
est un instrument de musique.
V. Musique.
MANGER SON NIÈRE : Dé-
noncer son complice. (Rabasse.)
MANGERAIT (on en) : Appé-
tissant — Se dit de tout ce qui
peut éveiller la tentation, ail-
leurs que dans le monde comes-
tible.
Le crevé murmurait ces mots tout en
marchant :
Quelle taille! quels pieds!! quels che-
veux en forêt ! ! !
Elle tranquillement dit : On eu mange-
rait.
(Alm. des p. cnvés, 68.)
MANGEUR : Dissipateur.
MANGEUR DE BLANC :
Homme vivantde la prostitution.
(Dhautel.) — (( Le mangeur de
blanc se fait donner des appoin-
tements fixes par ses maîtresses.»
{Almanach du Débiteur.)
MANGEUR DE BON DIEU,
Mangeur de messes : Dévot.
MAN
Allusion au symbole de l'hostie.
— « Quittez vos tanières, an-
tiques comtesses , mangeuses de
messes. » (Départ de la Cour,
3o.)
MANGEUR DE GALETTE :
Délateur vivant de dénoncia-
tions. (Colombey.) Galette est
ici une variante de morceau. —
C'est aussi un fonctionnaire vé-
nal, selon Vidocq.
MANIÈRE (i«, 2«, 3«) : Se dit
de manières de faire en rapport
avec l'âge, le talent ou les cal-
culs d'un individu. — « Faustine
en était encore au désintéresse-
ment, sa première manière, ainsi
qu'elle disait elle-même, en em-
pruntant le langage des artistes. »
(A. Achard.)
MANIÈRES : 'Airs d'impor-
tance. — « Ça fait des manières
et ça a dansé c^ans les chœurs... »
(Gavarni.)
MANILLE : Anneau de forçat.
V. Guirlande, Martinet.
MANIVAL : Charbonnier. (5i,
Almanach des Débiteurs.)
MANNEQUIN: Homme ou
femme méprisable. — « Va donc,
mann'quin d'marchand de vin;
va-t'en donc avec tous tes vieux
lapins... » [Catéchisme poissard,
44.)
MANESTRINGUE, MANNE-
ZINGUE, MINZINGUIN : Mar-
chand de vin. — Les trois mots
doivent être des formes adoucies
de mannetrinque, et mannetrin-
que paraît la forme intervertie de
l'allemand trînckmann:Vh.omn\e.
du boire, chez lequel on boit.
« Quel est celui-là?... Un ami,
un vrai marchand de vin... —
— 23i — MAQ
Un mannezing? » (G. Bourdin.)
— « Le roi est un bon zigue, qui
protège les minzinguins. » (Ca-
bassol.)
MANON : Prostituée. (Ra-
basse.) — Abrévation de Manon
Lescaut (?).
MANQUILLER : Faire. (Hal-
bert.) Pour maquiller.
MANQUE (affaire à la) : Mau-
vaise affaire.
MANQUESSE : Mauvaise
note. — « Le quart d'œil de Ro-
chefort nous a rafilé la manques-
se. » (Rabasse.)
MAQUE : V. Mac.
MAQUI (mettre du) : Se mettre
du rouge. (Grandval.)
MAQUILLAGE : TravaiL
V. Roulant.
MAQUILLAGE : Action de se
farder, mettre du maqui — « Le
maquillage est une des nécessi-
tés de l'art du comédien. » (J.
Duflot.)
MAQUILLAGE : « Le maquil-
lage est l'artifice au moyen du-
quel le grec reconnaît les cartes.
Dans le Midi, cette filouterie s'ap-
pelle la musique. » (Cavaillé.)
MAQUILLE: Procédé employé
pour le maquillage des grecs.
« La plupart des maquilles ser-
vent à tous les jeux. » (Cavaillé.)
MAQUILLÉE : Femme ridicu-
lement fardée. — « Danscertains
théâtres on voit de jeunes aspi-
rantes qui se font des yeux jus-
qu'aux oreilles et des veines
d'azur du corset jusqu'aux tem-
pes; ce ne sont pas des femmes,
ce sont des pastels. Cette pre-
MAR
— 282 —
xMAR
mière catégorie de ^rwe5 s'appelle
les maquillées. » (J. Duflot, Dict.
des Coulisses.)
MAQUILLER : Farder.- «J'es-
père qu'en voilà une qui se ma-
quille! murmure Thélénieàune
de ses voisines... » (Paul de
Kock.)
MAQUILLER : Agir, machiner,
travailler. — « C'est par trop
longtemps boire; il est, vous le
savez, heure de maquiller. »
(Grand val, 1723.) V. Mac, Mo-
mir.
Maquiller un suage : Se char-
ger d'un assassinat.
Maquiller son truc : Faire sa
manœuvre.
Maquiller une cambriolle : Dé-
valiser une chambre.
Maquiller les brèmes : Jouer
aux cartes.
MAQUILLER : Chicaner, bat-
tre. (Halbert.)
MAQUILLER (se) : Se dégui-
ser. (Rabasse.)
MAQUILLEUR : Joueur de
cartes. — « Par cent coups con-
tre toi, les maquilleurs s'amas-
sent, mais, bientôt nettoyés, au-
tour de toi croassent. » (Alyge.)
MAR : Désinence arbitraire, de
la même famille que rama do:it
elle paraît être l'anagramme. V.
Aille. — « On se bornait (vers
1840), à retrancher la dernière
consonnance pourysubstituer la
syllabe mar. On disait épicemar
fOur épicier, boulangemar pour
boulanger, cafcmar pour café,
et ainsi de suite. C'était de l'es-
prit dans ce temps-là. » (Pr.d'An-
glemont.) — « Méfie-toi... Le
jeune épicemar est très-fort au
billard et au piquet, » Champ-
fleury.)
MARCANDIER : Celui qui dit
avoir été volé, (Grandval.)
MARCASSIN : « Le marcassin
est le rapin du peintre d'ensei-
gnes. » (E. Bourget, 45.)
MARCHAND D'HOMMES :
Agent de remplacement mili-
taire.—a D'un marchand d'hom-
mes, je vois l'enseigne. » {Léo--
nard.)
MARCHAND DE LACETS :
Gendarme. — Allusion mx me-
nottes qu'il tient en réserve. V.
Hussard de la guillotine.
MARCHAND DE SOUPE :
Maître de pension spéculant sur
la nourriture de ses élevés. —
« Style universitaire: Les mar-
chands de soupe 'doivent être
bien fiers. » (L. Reybaud.)
MARCHANDISE : Excrément.
— Allusion au commerce de la
vidange.
Y s' roui' dans la marchandise,
Que cochon d'enfant!
(Coimince.)
MARCHE A TERRE : Fan-
tassin. —« Quand tu étais dans la
cavalerie, tu n'étais pas dans les
marche à terre. » (Vidal, 33.)
MARCHER, MARCHER AU
PAS (faire) : Contraindre à obéir.
— « Empereur Nicolas, les Fran-
çais et Anglais te feront marcher
au pas. » (Layale, 55.)
MARCHER, MARCHER
TOUT SEUL : Se dit du fro-
mage et des aliments corrompus.
MAR
- 233 -
MAR
Le mot fait supposer que les
vers grouillent assez pour don-
ner à un objet matériel une sorte
de vie, au figuré, pour le faire
marcher. — Dans le même ordre
d'idées, cela danse indique le
plus haut degré de la décompo-
sition,
MARCHER DESSUS: Travail-
ler une affaire, préparer un vol.
(Rabasse.)
MARCHEUSE : « La marcheu-
se est un rat d'une grande beau-
té que sa mère, fausse ou vraie,
a vendu le jour où elle n'a pu
devenir ni j«r, ni 2% ni 3« sujet
de la danse, et où elle a préféré
l'état de coryphée à tout autre
par la grande raison qu'après
l'emploi de sa jeunesse, elle n'en
pouvait pas prendre d'autre. »
(Balzac.;
MARCHEUSE : a Un simple
bonnet la coiffe; sa robe est
d'une couleur foncée et un ta-
blier blanc complète ce costume.
Les fonctions de la marcheuse
sont d'appeler les passants à
voix basse, de les engager à
monter dans la maison qu'elle
représente, où, d'après ses an-
nonces banales, ils doivent trou-
ver un choix exquis de jeunes
personnes. » (Béraud.)
Autrefois le rôle de la mar-
cheuse était plus nomade. — « En-
fin arrivent les marcheuses. Elles
marchent pour les filles demeu-
rant en hôtel garni; celles-ci
n'ont qu'une chaussure et un
jupon blanc. Faut-il qu'elles ex-
posent'dans les boues leur uni-
que habillement, la marcheuse
affrontera pour elles les chemins
fangeux. » (1783, Mercier.)
MARE (terminaison en) : V.
Mar. Aille.
MARÉCAGEUX (œil) : Œil
langoureux, à demi noyé, d'où
cette humide allusion.
Mais que tu danses bien la galope,
Avec ton œil marécageux !
[Chanson populaire.)
MARGAUDER : Décrier la
marchandise.,— «Madame trouve
moyen de margauder. » {La Cor-
rectionnelle.)
MARGOT , MARGOTON :
Fille de mauvaise vie. — Dimi-
nutif de Marguerite. — « Nom
fort injurieux donné à une cour-
tisane, à une femme de mau-
vaise vie. » (Dhautel, 08.) —
« Nous le tenons. Nous savons
où demeure sa margot. » (E. Sue.)
MARGOULETTE : Bouche.
Pour gargoulette. — « Tu ne sorti-
ras pas d'ici sans avoir la mar-
goulette en compote. » (Vadé,
1756.)
MARGOULIN : Débitant, dans
la langue des commis-voyageurs.
— « Parfois le margoulin est fin
matois. » (Bourget.)
MARGUINCHON : C'est Mar-
got avec changement de finale.
Même signification. — «Entends-
tu, Marie-Couche-toi-là, la mar-
guinchon de tous les goujats. »
[Catéchisme poissard ^ 40.)
MARIAGE A L'ANGLAISE :
Mariage après lequel chacun vit
de son côté. — « Après une lune
de miel fugitive, M. de L...,
reprit ses habitudes de garçon.
N'avait-il pas fait ce que l'on ap-
pelle un mariage à l'anglaise? »
(E. ViUars.)
MAR _ 2
MARIN DE LA VIERGE MA-
RIE : Marinier d'eau douce. —
« Ce sont les carapatas ou ma-
rins de la vierge Marie, ainsi
nommés parce qu'ils ne courent
jamais aucun danger, race am-
phibie qui ne vit que sur les
canaux. » (Privât dAnglemont.)
MARINGOTTE : Grande voi-
ture de famillede saltimbanques.
— « C'était une des deux gran-
des voitures nommées marin-
gottes servant à la caravane en
voyage. » (O. Féré.)
MARIOL : Malin. (Grandval.)
— « Si c'est un mariol, on em-
ploie le surin, et on joue des
jambes. » (Colombey.)
MARIVAUDER : Se complaire
dans les détails; défaut reproché
aux écrits de Marivaux. — « Al-
lons un peu plus vite, tu mari-
vaudes. » (Balzac.) — L'action de
marivauder s'appelle du mari-
vaudage.
MARLOU, MARLOUSIER :
Souteneur. — C'est le vieux mot
marlier (sacristain), avec chan-
gement de finale. Les souteneurs
étaient autrefois appelés sacris-
tains. — « Un marlou, c'est un
beau jeune homme, solide, sa-
chant tirer la savate, se mettant
fort bien, dansant le chahu et le
cancan avec élégance, aimable
auprès des filles dévouées au
culte de Vénus, les soutenant
dans les dangers imminents. »
(5o mille voleurs de plus à Pa-
ris, 3o.) — L'optimisme iro-
nique de la facétie que nous ve-
nons de citer n'est rien à côté
de la citation suivante : — « Lu
plus sublime de ces positions
c'est celle du marlou. Qu'on me
34-
MAR
pardonne le mot ; les plus prudes
femmes ne craindraier t pas de le
lire s'il était vieux de deux siè-
cles, s'il chatoyait en style su-
ranné à côté de Ribaiides et de
Ribeliers qui ne veulert pas dire
autre chose. » (Fr. Soalié, 35.)
MARLOU : « Par extension,
on appelle marlou tout homme
peu délicat avec les femmes, et
même tout homme qui a mau-
vais genre. » (Cadol.)
MARLOU (c'est un) : C'est un
malin. (Rabasse.)
MARLOUSERIE : Malice.
(Colombey.)
MARMIER : Berger. (Idem.)
Vieux mot.
MARMITE ; Fille publique
nourrissant un souteneur. —
L'allusion se comprenti. — « Un
souteneur sans sa marmite, est
un ouvrier sans ouvrage. » (Can-
1er.)
La Marmite de terrj est une
prostituée ne gagnant pas d'ar-
gent à son souteneur. — La Mar-
mite de fer gagne un pju. — La
Marmite de cwîvre rapporte beau-
coup. (Halbert.)
MARMOT (croquer le) : Être
dans la situation d'un homme
qui ne voit pas arriver ce qu'il
attend. — Croquer le marmot
n'est qu'un équivalent de mar--
motter, comme le prouve cet
exemple : « Marmonnant de la
langue : mon ! mon ! mor ! comme
un marmot.» (Rabelais, Pa«fa-
gru'A, L. IV, ch. XV.)
On a, comme cela Sc produit
souvent, pris l'effet pour la cause.
V. Marronner.
MAR
— 235 —
MAR
MARMOT (Nourrir le) : Pré-
parer un vol. (Rabasse.)
MARMOTTIER : Savoyard.
(Colombey.)— Mot à mot : mon-
treur de marmottes.
MARMOUSE : Barbe. (Hal-
bert.)
MARMOUSET: Pot, marmite.
(Idem.)
MARNER : Se livrer à un
travail pénible. (Vidocq.) Abrév.
de marrottner : murmurer.
MARNER : Voler. — Du vieux
mot marronner : pirater. — « Il y
a des cambrioleuses très-habiles,
qui, feignant une erreur, s'élan-
cent dans les bras du voyageur
qu'elles veulent marner : « C'est
« toi, mon loulou, s'écrient-elles,
« viens donc que je t'embrasse! »
On prétend que ces donneuses de
bonjour sont rarement mises à la
porte. » (A. Monnier.)
MARON ; Sel. (Grandval. V.
Muron.
MAROTTIER : Marchand am-
bulant.
MARQUANT : Ivrogne. [Petit
Dictionnaire d'argot, 44.)
MARQUANT : Souteneur.
(Halbert.) Mot à mot : homme
de la marque. V. ci-dessous.
MARQUE : Prostituée. (Hal-
bert.)
MARQUE (vol à la) : C'est une
variété du vol au papillon (blan-
chisseur). Une voiture de blan-
chisseur stationne, etun compère
s'en approche et tâche de recon-
naître la marque des paquets
déposés sur 1 e devant de la voi-
ture. Puis son complice vient les
demander de la part du patron.
(Rabasse.)
MARQUE DE CE : Femme
légitime de voleur. (Colombey.)
Mot à mot : femme d'argent.
V. Ce.
MARQUE FRANCHE, MAR-
QUISE : Maîtresse de voleur.
(Idem.) V. Marque,
MARQUÉ : Mois. (Rabasse.)
MARQUER MAL : Se faire
remarquer sous de mauvais rap-
ports.
MARQUET : Mois. — « Pour
une méchante paire de trottines
je vais payer sur le pré au Dabe
court toujours treize marquets
et j'ai déjà fait pas mal de plan
de couillé. » (Journal man. d'un
prisonnier de Ma:{as.)
MARQUIN : Couvre-chef. (Hal-
bert.)
MARQUISE : Breuvage com-
posé de vin blanc, d'eau de Seltz,
de sucre et de citron.
MARQUISE : V. Marque
franche.
MARRON : En flagrant délit
de vol ou de crime. — Du vieux
mot marronner : faire le métier
de pirate, de corsaire.
Paumer marron, servir marron :
Prendre sur le fait. — a J'ai été
paumé marron. » (La Correc-
tionnelle.) V. Servir, Estourbir,
Raille.
MARRON : En contravention.
— « Le cocher marron est un
cocher mal vêtu, mal chaussé,
ayant mauvaise mine,conduisant
une mauvaise voiture et un mau-
vais cheval. » (P. du Terrail.)
MAS
— 236 —
MAT
MARRONNER : Bouder, mur-
murer. — Du vieux mot mar-
monner. — « Tu pourras mar-
monner tout bas : Ah ! couyon,
tu ne me tiens pas. » {La Berne
Ma:^arine, 1634.) — « J'peuxpas
voir ça, moi! je marronne tout
haut. » (Gogniard, 3i.) V. Lâ-
cher, Marmot.
MARRONNERUN GRIN-
C H ISS AGE: Manquer un vol.
(Colombey.)
MARSEILLAISE : Pipe courte
et poreuse fabriquée à Marseille.
« Et tout en parlant ainsi, il char-
geait et allumait sa marseil-
laise. » (Luchet.)
MARTEAU (avoir un coup
de) : V. Toqué.
MARTINET : « Fer de correc-
tion au bagne. Cet instrument
répressif qui vient captive la
jambe du forçat, a une trempe
plus forte que celle de l'acier. »
(Moreau Christophe, 3 7.)
MASQUER EN ALEZAN :
« Les maquignons dissimulent
un vilain cheval sous une couche
de peinture qui tombe au pre-
mier lavage; ils nomment ce
système de teinture masqué en
ale:{an. » (Rabasse.)
MASSER : Travailler. (Ra-
basse.)
MASTAR AU GRAS DOUBLE
ffaire la) : Voler du plomb sur
les toitures en se faisant passer
pour ouvrier plombier envoyé
par l'architecte. (Rabasse.)
MASTAROUFLEUR : Voleur
de plomb, (Rabasse.)
MASTIC : Tromperie, mysti-
fication, — « De dimanche, nous
commencerons à donner la liste
de toutes les ignominies que
nous offrirons aux créiins qui
nous honorent de leur confian-
ce... Quel mastic !»(Commerson,
73.)
MASTROC : Marchand devin.
(Rabasse.) Abréviation de maS"
troquet.
MASTROQUET : Marchand
de vin. — Mot à mot : l'homme
du demi-setier. De demi-stroc :
demi-setier. — « Le cocher avale
vivement son mêlé-cassis et sort
de chez le mastroquet. »(Sauger.)
V. Corne.
MATCH : « Pari entre deux
chevaux pour une distance con-
venue. » (Paz.)
MATELOT : « Tous deux
amis et se nommant mutuelle-
ment mon matelot : ce qui est
le plus grand terme d'atfection
connu sur le grand gaillard d'a-
vant. » (Phys. du Matelot, 43.)
MATHURINS : Dominos.
(Halbert.) — Abréviation di ma-
thurins plats. Allusion au costume
des moines dit Mathurins qui,
avec leur robe blanche et leur
manteau noir, paraissaient avoir
le revers noir et la face blanche,
comme les dominos.
MATIGNON : Messager. (Hal-
bert.)
MATIN, MATINE : Personne
déterminée, brusque, aussi peu
commode que le chien de garde
dit mâtin. — « Kléber, un grand
mâtin qu'a descendu la garde,
assassiné par un Égyptien. »
(Balzac.)— « Ah! mâtine de Tur-
quie. » (Remy, Ch,, 54,)
MA2
•— 2
MATRIMONIUM : Mariage. —
Latinisme.
MATURBES : Dés à jouer.
(Grand val.) — C'est mathurin
avec changement de finale.
MAUGRÉE : Directeur de pri-
son. (Halbert.) — Il maugrée par
état.
MAUVAISE (elle est) : Cette
plaisanterie n'est pas bonne : Ce
procédé est mauvais. — On dit
aussi : Je la trouve mauvaise. —
« Avouez, mesdames, que vous
ne vous attendiez pas à celle-là,
et que vous vous dites peut-être :
Je la trouve mauvaise. > (Vil-
lars.)
MAUVE: Parapluie rougeâtre.
— « Sa forme conserve une cer-
taine ressemblance avec la feuille
de mauve, ce qui lui a fait ré-
cemment donner le nom de cette
plante. La mauve est toujours
en coton rouge ou vert. » {Phys.
du parapluie, 41.)
MAYEUX: Bossu. — ^^X^mat
est une forme du vieux nom J/<2-
hieu (Mathieu). Vers i83o, les
caricatures populaires de Tra-
viès donnèrent ce nom à un
bossu, type d'homme ridicule-
ment contrefait, vaniteux et li-
bertin, mais brave et spirituel à
ses heures. De là son nom donné
à ceux qu'afflige la même in-
firmité. — « Ici d'affreux petits
mayeux. » (De Banville.)
MAZARO : Prison militaire, à
ne pas confondre avec la salle de
police {ours). Dans celle-ci, on
passe seulement la nuit sur une
paillasse; dans l'autre on reste
jour et nuit sur la planche. —
c Mon ami, c'est le trou, le clou,
37 - MEC
le mazaro, la salle de police. »
{Commentaires de Loriot.)
MAZAGRAN : Café servi dans
un verre.
MEA CULPA (faire son) : Con-
fesser sa faute. — Latinisme. —
« 11 leur faudra faire leur mea
culpa de cette fameuse démarche
du 20 juin. » {Moniteur, juillet
72.)
MEC : Maître, chef, patron,
souteneur. — De Mège. V. ce
mot.
Mec des mecs : Dieu. (Vidocq.)
C'est-à-dire chef des chefs. V.
Rebâtir.
Mec des mecs : Individu re-
douté. — (Rabasse.)
MÉCANISER : Vexer, criti-
quer. — « Canalis regarda fixe-
ment Dumay qui se trouva, selon
l'expression soldatesque, entiè-
rement mécanisé. » (Balzac. -—
c( Ne vous avisez pas de mécani-
ser son ouvrage, car alors, qui
que vous soyez, il ne vous reste-
rait plus qu'à numéroter vos os.»
(Moisand, 41.)
MÉCHANT (pas) : On dit d'une
toilette mesquine, d'un homnne
inepte, d'un livre sans valeur :
Ça n^ est pas méchant, ça ne mord
pas! — « Achetez un caloquet
plus méchant, votre tuyau de
poêle n'est pas trop rup. » (L. de
Neuville.)
MÈCHE (il y a) : Il y a moyen
d'arriver, il y a possibilité de
faire. Mot à mot : on peut allu-
mer l'affaire: — « Lorsque les ou-
vriers proposent leurs services au
protede l'imprimerie, ils deman-
dent s'il y a mèche, c'est-à-dire si
on peut les occuper. » (Dhautel,
MEG
- 23S -
MEN
1808.) — « Il voudrait en garder
un pour la montre, mais il n'y a
pas mèche. » (Rien^i.)
Etre de mèche : Être de moi-
tié. (Vidocq.)
Six plombes et mèche ;Six heu-
res et demie.
MÉCHI : Malheur. (Vidocq.)
— Abréviation du vieux mot mé-
chief.
MECQUE : Homme. — Pour
meg. — « T'as refroidi au moins
un mecque. » (Stamir.)
Mecque à la colle forte : Vo-
leur redoutable. (Idem.) Mot à
mot : Voleur dont on se débar-
rasse difficilement. V. Meg des
megs.
MÉDAILLE : Pièce d'or. —
« La jolie voix! dit Schaunard
en faisant chanter les pièces d'or.
Comme c'est joli, ces médail-
les! »(Mûrger.)
MÉDAILLON : Derrière. (Vi-
docq.) Allusion de rondeur.
MÉDECIN : Avocat. (Vidocq.)
*— Il soigne les malades. V. ce
mot.
MÉDECINE : Conseil. Même
allusion.
MÉDIUM : Homme qui pré-
tend servir d'intermédiaire entre
ses semblables et certains es-
prits invisibles. — Ses évocations
sont désignées aussi par un ad-
jectif nouveau : médianimiqiie .
— (( C'est un sultan qui n'a qu'à
jeter un mouchoir, un médium
qui fascine les dames. » (P. de
Kock, 65.)
MEG : Maître, Dieu. V. Chi-
que. Du vieux mot Mége, chef
souverain. « Vahhé : Au nom du
Père. — Coutandier: Du \.. Ah!
du meg.» {Dernier jour d un con-
damné.)
MÉGO : Boni, excédart de la
recette sur la dépense. — « Quand
il y a du mégo, je le mets dans
un tireUre. » (P. de Kock, 40,)
MÉGOT : Bout de cigare. (Ra-
basse.) C'est un mégo pour celui
qui le ramasse.
MÊLÉ : Mélange d'eav-de-vie
et de liqueur. — « Aimez-vous
l'eau -de -vie? Dame! on vend
ytout du mêlé. » (Vadé, 1755.)
V. Noir.
MELET, MELETTE : Petit,
petite. (Halbert.)
MÉLO : Mélodrame.— Abré-
viation. — « La soirée d'hier a
été mortellement ennuyeuse; le
bon gros wé/o a fait son temps. »
{Paris-Journal, août 72.)
MELON : Élève de première
année à l'École Saint -Cyr. —
« Me brimer, moi, malheureux
melon. » {Souvenirs de Saint-
Cyr.)
MELON : Imbécile. — c Vous
êtes si melons, à Châtellerault. »
(Labiche.)
MENDIGO (faire au) : Contre-
faire le mendiant. C'est mendiant
soumis au procédé en go. V. ce
mot. — « Cette classe importante
compte une foule de types : la
fausse veuve avec enfant, le faux
martyr politique, le mendiant
à domicile, le faiix épileptique,
le faux ouvrier sans travail, le
faux mari dont la femrie se
meurt faute d'argent poi r un
remède, etc., etc. » (Rabasse.)
MER - 2:
MENÉE : Douzaine. (Grand-
val.)
^ MENER PAS LARGE (n'en) :
Être mal à son aise. — « Quel
rugissement! Nous n'en menions
pas large, je t'assure. » (Loriot.)
MENESSE : Prostituée, maî-
tresse. (Halbert.)
MENESTRE : Potage.— Vieux
mot.
MENTEUSE : Langue. (Vi-
docq.)
MÉPHISTO : Diabolique. —
Abréviation de Méphistophélé-
tique qui a paru trop long.
MÉQUARD : Commandant.
(Vidocq.) — Augmentatif de mec;
maître.
MÉQUER : Commander.
(Idem.)
MERCADET : Faiseur. — De
la pièce de Balzac, Mercadet le
faiseur. — « A une époque où la
fièvre du bibelot sévit, il est bon
de connaître les ficelles des Mer-
cadets. » (Frébault.)
MERDE (taire sa) : Faire l'im-
portant. V. M...
MERDEUX : « Terme inju-
rieux, qui se dit d'un poltron,
d'un fat sans esprit. » (Dhautel,
08.) Se prend plutôt dans le sens
de « individu sans valeur. » V.
Bâton,
MÈRE : Aubergiste recevant
des compagnons. — « Lorsqu'un
compagnon va au siège de la so-
ciété, il dit : Je vais chez la mère.
Si l'aubergiste chez lequel se
tiennent les réunions n'était pas
marié, on dirait de même : Je
9 — MEk
vais chez la mère. » (Perdi-
guier.)
MERLAN : « Sobriquet donné
à un perruquier à cause de la
poudre qui couvre ordinaire-
ment ses habits. » (Dhautel.)
— « La Peyronie est chef de
perruquiers qu'on appelle mer-
lans parce qu'ils sont blancs. »
{Journal de Barbier, 1744.)
MERLAN FRIT (œil de) : Œil
pâmé. — « Enfin cet homme de
brelan a les yeux faits comme
un merlan. » {Troisième Suite
du Parlement burlesque, i652.)
MERLAN DER : Coiffer.
MERLIN : Jambe. — Allusion
à la hache dite merlin. Le fer
figure le pied, et le manche est
un yvaX fumeron.
I veut se r'iever, mais j' le redouille
A coups d' passifs dans les merlins.
[Chanson de Fanfan le Bdtonniste.)
MERLOUSSIER, MERLOUS-
SIÈRE : Rusé, rusée. (Golom-
bey.) — Pour marlou.
MERRIFLAUTÉ : Chaude-
ment vêtu. (Halbert.)
MÉRUCHÉ, MÉRUCHON :
Poêle, poêlon.
MERVEILLEUX : Homme à
la mode. — Théophile Gautier
a laissé ce superbe portrait dil
merveilleux de 1 83 3 : « A l'avant-
scène se prélassait un jeune mer^
veilleux agitant avec noncha-
lance un binocle d'or émailléi
Un habit de coupe singulière^
hardiment débraillé et doublé
de velours, laissait voir un gilet
d'une couleur éclatante et taillé
en manière de pourpoint, un
pantalon noir, collant, dessinait
MÉt
240 —
MEU
exactement ses hanches; une
chaîne d'or pareille à un ordre
de chevalerie chatoyait sur sa
poitrine; sa tête sortait immé-
diatement de sa cravate de satin
sans le liséré blanc de rigueur à
cette époque : on aurait dit un
portrait de François Porbus. Les
cheveux rasés à la Henri III, la
barbe en éventail, les sourcils
troussés vers la tempe, la main
longue et blanche, avec une large
chevalière ornée à la gothique,
rien n'y manquait ; l'illusion était
des plus complètes. »
MESIGO : Moi. (Colombey.)
MESS : Cercle d'officiers. —
« Les officiers mangent par corps
en mess. » {Vie parisienne, août
67.) — Bien que le mot soit d'im-
portation britannique, il est plus
français qu'on ne pense, et il en
est de lui comme de tunnel, qui
n'est pas autre chose que notre
mot tonnelle. Ainsi le grand
glossaire de Du Gange donne
prendre met^ avec le sens de
manger ensemble. Il cite même
une lettre de rémission de l'an
1443, mentionnant des compa-
gnons associés pour prendre met :^
pendant les travaux de la mois-
son.
MESSE DU DIABLE : Inter-
rogatoire subi par un accusé.
(Rabasse.)
MESSIERS (les) : Les habi-
tants. (Rabasse.) Ge doit être
une forme de Alépère.
MESSIÈRE : Une victime. (Ra-
basse.) Forme de Mé:{icre.
MÉTAL : Argent. — « Et t'as
pas de métal. » (Ricard.)
MÉTIER : Habileté d'exécu-
tion. — « Vois toutes ces esquis-
ses : il y a de la main, du métier
mais où est l'idée? » (L. Rey-
baud.)
Faire du métier ; Travailler
dans le seul but de gagner de l'ar-
gent, sans tenir à la gloire.
METTRE A QUELQU'UN
(le) : En faire accroire, tromper.
— « Du reste, c'est un flanche.
Vous voulez me le mettre... Je la
connais. » {Le dernier jour d'un
condamné.)
METTRE A TABLE (se) : Dé-
noncer. — On se met à table
pour manger. V. Table, man-
ger.
METTRE AVEC (se) : Vivre
maritalement. — «En se mettant
avec Lise, le général aurait dû
nous dire ; J'ai ça et ça à payer;
il ne l'a pas dit, et ce n'est pas
délicat. » (Ricard.)
METTRE DEDANS: Mettre au
violon, à la salle de police. V.
Dedans.
METTRE DEDANS : Griser :
V. Dedans.
METTRE DEDANS : Trom-
per. (V. Dedans.)
METTRE LA TÊTE A LA
FENÊTRE : Être guillotiné. V.
Fenêtre.
MEUBLE : Personne de triste
mine. — « Voyez c'vieax croco-
dile. Ah! l'beau meuble ! ))(Vadé,
1756.) — « Prends garde à toi,
vieux meuble, affreuse bohé-
mienne! » {Les Folles Nuits du
Prado, 1854.)
MEULARD : Veau. (Vidocq.)
Allusion au mugissement du
veau. V. Pavillonner,
MiC - à4i _
MEUNIER : Receleur achetant
le plomb volé. (Colombey.)
MEZIÈRE : Homme simple,
bon à voler. (Grandval.) V. Re~
goût.
MÉZIÈRE : Acheteur. (Ra-
basse.)
MEZIÈRE, MEZIGUE : Moi.
(Idem.)
MEZZO TERMINE : Terme
moyen, compromis. — Italia-
nisme. — « Elle ne s'y refusa
pas, et trouva même ce me^:io
termine fort commode. » (De Vil-
lemessant.)
MlË
MICHE : Niais. — Du nom pro-
pre Michel, qui avait jadis ce
sens proverbial. V. Mikel. —
« Loupât : Le sergent, j'imagine,
m'en voudra. La Ramée à part :
Le bon miche ! » (Vadé, les Ra-
coleurs.) — a Miche se dit d'un
sot qui s'est laissé duper. On le
montre au doigt en disant : voilà
le miche. C'est un terme bas. Dans
Cotgrave, il est défiguré sous
le nom de Michon. » {Dict. de
Trévoux j lyji.)
MICHE : Homme fréquentant
et payant les filles. Même étymo-
logie que ci-dessus :
D'où vient qu'on appelle miche
Quiconque va de nuit et se glisse en
cachette
Chez des filles d'amour, Barbe, Rose
ou Fanchette ?
(Mérard de Saint-Just, 1764.)
Dans une liste de fausses Pro-
testations des filles de Paris con-
tre la guerre (1790), on lit :
a Ce pourfendeur de Mars avait
bien affaire aussi de se présenter
pour nous enlever nos miches. »
— « Les jeunes gens dont ces
dames font leurs amantsdecœur,
et que certaines susceptibilités
des miches empêchent d'avoir un
facile accès. » (Vermorel, Ces
dames.)
MICHE DE CARTON : Amant
peu généreux ou peu fortuné.
— V. Carton.
MICHE SÉRIEUX : Amant
riche et généreux. — « Le miche
sérieux équivaut à V entrete-
neur... Les jeunes gens se disent
souvent, comme un mot d'ordre:
Messieurs, ne parle:{ pas à la
petite une telle, elle est ici avec
son miche sérieux. Le même in-
dividu se désigne aussi par ce
mot : Ponteur. Ce dernier mot,
pris dans le vocabulaire des jeux,
vient du verbe ponter. » (Ca-
dol.) — « Les avant-scènes sont
réservées aux miches sérieux. »
(Petits mystères de l'École ly-
rique.) — « Et toute cette suc-
cession de michets sérieux dé-
file sous les yeux de Claridon. »
{Droits de l'homme^ 3 avril 76.)
V. Persiller.
MICHETON
« Air me dit
« étrenne ma tirelire. » Je lui ré-
ponds ; « Ma poule, tu m' prends
oc pour un mich'ton. » {Le Bâ-
tonniste à la Halle, i3.)
MICHON : Argent. (Halbert.)
MIDI (il est) : Il n'est plus
temps. Date du temps où midi
était l'heure du repas, celle où
cessait toute affaire.
MIE DE PAIN : Vermine. (Vi-
docq.) — Allusion à la déman-
geaison causée par une mie de
pain égarée.
14
Petit miche. -~
« Mon fiston,
MIN — 242 —
MIETTE (une) : Un peu. —
« Minute ! je me chauffe les pat-
tes une miette. » (Gavarni.)
MIGNON : Maîtresse. « Un
commencement de jalousie me
prend et je fais sortir mon mi-
gnon de la maison. » (Beau-
villier.)
M I K E L : Miche', dupe. (Vi-
docq.) — C'est le nom de Mi-
chel. V. Miche.
MILIEU : Derrière. — « L'arme
de Pourceaugnac convient à nos
grands hommes. Elle atteint ce
milieu, leur amour et leur but. »
(Nugent, Étrennes à Lobau, 33.)
MILLIARD : Gueux porte-bis-
sac. (Grandval.)
MILLERIE : Loterie. (Hal-
bert.)
MI LORD : On donne moins
ce nom aux Anglais qu'à ceux
dont les largesses rappellent l'o-
pulence britannique. — a Le gros
tailleur se dit négociant. A sa
tournure, il n'est pas milord
russe. » (Sénéchal, 52.) — « Être
sur le boulevard de Gand, se don-
ner un air milord. » (Éd. Le-
moine.) — a Je ne suis pas pré-
cisément un milord, je n'ai pas
des millions. » {Semaine, 47.)
MILORD : Entreteneur. — « Le
notaire est son milord. » (Bal-
zac.)
MILORD : « La lorette pro-
fesse un enthousiasme fébrile
pour le cabriolet à quatre roues,
dit cabriolet milord. » (Alhoy,
41.)
MINCE : Locution fréquem-
ment employée à Paris et dont
il est difficile de rendre un compte
MIR
exact. Elle semble équivaloir à
oui, certes.
Il fait nuit, 1' ciel est opaque
Mine' que j' vas poisser c l'auber.
(Riche pin.)
MINCE : Très-médiocre en
n'importe quoi. Mot à mot : de
mince valeur. — Abré\ iation.
MINCE : Papier à letires. (Vi-
docq.) Allusion à son peu d'é-
paisseur.
MINET, MINETTE ; Mot
d'amitié. — Synonyme de mon
chat, ma chatte. — a Oui, mi-
nette, je me calme. » (De Courcy.)
MINEUR : Manceau. ( Halbert.)
MINOTAURE, MINOTAURI-
SÉ : Trompé, conjugalement
parlant. « Quand une femme est
inconséquente, le mari serait,
selon moi, minotaurisc. » (Bal-
zac.) V. Dernier de M. de Kock»
MINUIT : Nègre. (Vidocq.)
— Allusion de couleur. — Il est
noir comme la nuit.
MINZINGUIN : Diminutif de
Mannezingue. V. ce met.
MIOCHE : Bambin. V. Mion.
MION : Bambin. Mion est un
vieux mot que mioche repro-
duit avec changement de fina-
le. — « C'est à moi que revien-
dra le droit d'être le parrain de
tous les mioches. » (Hourget.)
V. Dardant.
MION DE BOULE : Filou.
(Grandval.)
MIRADOU : Miroir. ( Vidocq.)
MIRETTE : Œil (Mcm.) —
L'œil est un petit miroir.
MIREUR : Observateur, (Ra-
MIS — 243 -
basse.) Nous disons encore en
ce sens point de mire.
MIRLIFLOR : Élégant à la
mode de 1820. V. Œil de verre.
MIROBOLAMMENT : Mer-
veilleusement. — « A meubler
mirobolamment sa maison. »
(Balzac.)
MIROBOLANT : Merveilleux.
— oc La cravate mirobolante. »
(E. Lemoine.) — « Je me sens
d'une incapacité mirobolante. '^
(Balzac.)
MIROIR A PUTAINS : Garçon
d'une beauté vulgaire.
MIRZALE : Boucle d'oreilles.
(Vidocq.)
MISELOQUIER, MISELO-
QUIÈRE : Acteur, actrice. (Vi-
docq.) Mot à mot : metteur de
loques (costumes). V. Misloque.
MISÉRABLE : Petit verre. Il
possède moins de liquide que le
Monsieur. V. ce mot.
MISERERE : Supplication.
Mot à mot : ayez pitié. — Lati-
nisme. — « La marchande à la
toilette épie le moment où l'en-
treteneur ^e trouve là pour re-
commencer son miserere. » (^Z-
manach du Débiteur, 5i.)
MISLOQUE : Comédie. (Vi-
docq.) V. Miseloquier. — « Je joue
la mislocq pour un fanandel en
fine pégrenne. » (Balzac.)
Jouer les misloques : Jouer la
comédie. (Rabasse.)
MISLOQUEUR : Acteur. (Ra-
basse.)
MISTON : V. Allumer.
MISTOUFLES (faire des) :
MOI
Tracasser, peiner quelqu'un.
(Rabasse.)
MITAINES (prendre des) :
Prendre des précautions. (Rabas-
se.) — C'est une variante de pren'
dre des gants qui e le même
sens.
MITRAILLE : Monnaie de cui-
vre. Altération du mot mitaille :
bronze (M. Age.)
Si celui-là fait danser ta mitraille,
Tâch* d'amasser quelques sous en se-
cret.
(Debraux.)
MITRE : Cachot. (Vidocq.)
— Au moyen âge, le mitre était
le bourreau.
MOBILE : Garde mobile,
soldat de la garde mobile (i83o,
1848). — Une caricature de Tra-
viès, datée de i83o, représente
Mayeux s'échappant du domicile
conjugal en criant : « Lâchez-moi,
madame Mayeux, je suis de la
mobile, n... de D...!» — «Qui sait
comment cela eût fini si la mo-
bile ne s'en fût mêlée? Brave
mobile! » (L. Reybaud, 1848.)
M O B L O T : Garde mobile
(1870-71). — Diminutif de mo-
bile. — « J'ai vu passer un jeune
sous-lieutenant de la garde mo-
bile, et derrière lui un simple
moblot. » (P. Véron.)
MODERNE : Fashionable.
— « J't'en vas donner du goujat,
moderne! » (Gavarni.)
MOELLE : Énergie. — « Or-
a de la moelle ou on n'en a pas.
T'as jamais eu de la moelle pour
un décime. » (Monselet.)
MOITIÉ (la plus belle) : Le
sexe féminin. Mot à mot : la plus
MOM
- 244
MON
belle moitié du genre humain.
On abrège aussi en disant la
belle moitié. — « Je ne vois pas
pourquoi on obligerait la belle
moitié à vivre avec l'autre. »
(E. Villemot.)
MOINEAU : Homme de mince
valeur. — Le moineau n'est pas
un aigle. Si ce terme était an-
cien, l'allusion ne serait plus
ornithologique mais monacale.
Au moyen âge, le moineau était
un petit moine. — c Voilà un
beau moigneau pour se f..... des
airs de qualité. » {Catéchisme
poissard, 40.)
MOKA : Café. — Ce nom de
provenance est généralement iro-
nique. — « Il s'achemine en-
suite vers son café, y savoure le
moka (chicorée pur- sang). »
{Phys. du Parapluie, 41.) V.
Café,
MOLANCHE : Laine. (Hal-
bert.) Elle est molle au toucher.
MOLLARD : Graillon, expec-
toration laborieuse. Du vieux
mot moller : s'efforcer.
MOLLASSE : Mou. — a Ils
sont mollasses. » (J. Arago, 38.)
MOMAQUE, MOME : Petit
enfant. — Du vieux mot momme:
grimace, qui a fait momerie; les
petits enfants en font beaucoup.
— « Les rats dont nous voulons
parler sont des mômes. »(Paillet.)
Taper un môme : Commettre
un infanticide. — a Car elle est
en prison pour un môme qu'elle
a tapé. » {Lettre de Minder. In-
troduction.)
MOMIÈRE, TIRE-MOMES :
Sage-femme.
MOMIGNARD : Peti: enfant.
Diminutif de môme. — « Elle
entre avec un enfant dans un
magasin et en faisant semblant
de poser son momignard à ter-
re. » (Paillet.) V. Inférieur.
MOMIR : Accoucher. — « Ma
largue aboule de momir un mo-
mignard d'altèque qu'on trim-
balera à la chique à six plombes
et mèche, pour que le ratichon
maquille son truc de la morgane
et de la lance. » (Vidocq.)
MONAC : Sou. — Abréviation
de monaco. — « C'est 1 1 ce qui
estoufFe les monacs, aux poches
les attache. » (Alyge, 54.)
MONACO : Sou.— Appellation
ironique dont il faut chercher la
cause dans l'exemple suivant :.
— « Honoré V, mort de dépit en
1841, de n'avoir pu faire passer
pour deux sous en Europe ses
monacos, qui ne valaient qu'un
sou. » (Villemot.) V. Coller.
MONANT,MONANTE:
Ami, amie. (Vidocq.)
MONARQUE : Roi de cartes.
— « Ou si c'est un roi qu'elle
relève, elle s'écrie : « Je pince le
a monarque. » (Alhoy.)
MONARQUE : Pièce de cinq
francs. (Grandval.) Allusion à
l'effigie royale. — « Il va nous
donner quéqu'vieux monarque
pour y boire à la santé... » (Ga-
varni.)
MONNAIE DE SINGIi) : Gri-
mace. — « 11 la payait, comme
dit le peuple, en monnaie de
singe. » (Balzac.)
MONOCLE : Lorgnon à un
œil. — « Adapte donc un mo-
MON — 245 —
nocle à l'arcade de ton œil gau-
che! » (Montépin.)
MONSEIGNEUR : Au xviii» siè-
cle, ce mot désigne déjà une pe-
tite pince à forcer les portes. V.
le Cartouche de Grandval. — Jeu
de mots. Quelle est la porte ne
s'ouvrant pas devant Monsei-
gneur? Si, comme l'affirme M.
Fr. Michel, on dit aussi Monsei-
gneur le Dauphin, et par abrévia-
tion Dauffe, nous voyons encore
là un calembour sur le dos fin de
la pince qui permet son intro-
duction. — « Le monseigneur est
une barre de fer ayant la forme
d'une pince à dépaver, mais plus
petite (45 de haut, 25 de circon-
férence). Elle sert au malfaiteur
à forcer une porte. On l'introduit
près de la serrure, et, avec une
pesée, on ouvre sans trop de
bruit. » (Rabasse.) V. CaroM^/ewr.
Bibi.
MONSIEUR : Entreteneur. V.
Amant de cœur. — a En argot
de galanterie, le mot d'époux
désigne l'entreteneur; mais il
n'est pas le seul. Suivant le de-
gré de distinction d'une femme,
elle dit : mon époux, mon homme,
mon monsieur, mon vieux, mon-
sieur chose, mon amant, mon-
sieur, ou enfin monsieur un tel.
-- Sauf dans la haute aristocra-
tie, où l'on dit : Monsieur un
tel, ce mot mon époux est géné-
ral, il se dit dans toutes les
classes. » (Cadol.)
MONSIEUR : Mesure de capa
cité. — tt II existe de plus une
certaine eau-de-vie dont le prix
varie suivant la grandeur des
petits verres. Voici ce que nous
lûmes sur une pancarte : Le mon-
MON
sieur, quatre sous; la demoiselle,
deux sous; le misérable, un sou. »
(G. de Nerval.)
MONSIEUR (faire le) : Tran-
cher du maître, du fashionable.
— « Sa suffisance le fait haïr, il
fait le monsieur. » (Hilpert.)
MONSTRE : Monstrueux. —
« J'en ai assez de vos monstres
de concerts. » (P. de Kock.) V.
Crapaud. — N'est pas toujours
pris en mauvaise part. Une
femme peut appeler monstre
d'homme celui qu'elle adore.
MONSTRE : Colossal, mon-
strueux de grandeur. — « Elle lui
apporte un bouquet monstre. »
(Aihoy.)
MONSTRICO : Petit monstre.
— « Ce petit monstrico! » (Bal-
zac.)
MONT : Mont-de-piété. — Abré-
viation. — « Elle tient comme
qui dirait un petit mont bour-
geois.... elle prête sur gages et
moins cher qu'au grand mont. »
(E. Sue.)
MONTAGE DE COUP : Ac-
tion de monter le coup. V. Cou-
per.
Mon vieux, entre nous,
Je n' coup' pas du tout
Dans c' montag' de coup ;
Faut pas m' monter 1' coup.
(Aug. Hardy.)
MONTANT, MONTANTE :
Pantalon. — Il monte le long des
jambes. V. Tirant, Grimpant,
Frusques,
MONTANT : Qui excite les
désirs. — a La robe la plus mon-
14.
MON
— 246 —
MOR
tante.... c'est une robe décolle-
tée. )) (Decourcelle.)
MONTANTE: Échelle. (Co-
lombey.) — Elle sert à monter.
MONTER : Enflammer, sur-
exciter, enivrer de vin, de co-
lère ou d'amour. — « Vrinette
(apercevant Florestan qui la re-
garde par-dessus le paravent) :
Qu'est-ce que vous faites? Vous
montez sur une chaise pour me
voir? Florestan : Oui! ça me
monte!... » (L. de Neuville.)
MONTER A L'ÉCHELLE :
Être guillotiné. Mot à mot :
monter à l'échelle de l'échafaud.
— « Galetto ne veut pas mon-
ter à l'échelle seul. « Il faut, au-
« rait-ildit, que Ribetto, qui m'a
c dénoncé, m'y accompagne. »
(Petit Moniteur.)
MONTER LE COUP (se) :
Se tromper.
MONTER LE VERRE EN
FLEURS (se) : S'illusionner.
Mot à mot : mettre sous globe
les fleurs de son imagination.
MONTER SUR LA TABLE :
Avouer ses crimes et ceux de ses
complices. (Vidocq.) — Augmen-
tatif de se mettre à table. V.
Table.
MONTER UN ARCAT : Es-
croquer. V. Arcat.
MONTER UN COUP : Inven-
ter un prétexte, tendre un piège.
— « C'est des daims huppés qui
veulent monter un coup à un
ennemi. » (E. Sue.) — a Je monte
plus d'un coup pour vanter l'au-
teur Dorville. » (Brazier, 17.)
MONTER UN GANDIN :
Tromper, V. Gandin, ,
MONTERUNE GAMME:
Gronder. V. Gamme.
MONTER UNE SCIE : Mysti-
fier. V. Scie.
MONTER UNE PARTIE :
Réunir quelques artistes pour
aller donner hors de Paris une ou
deux représentations dramati-
ques dites d'amateurs.
MONTEUR DE COUPS : Men-
teur, mystificateur, escroc. —
a Je serai le seul monteur de
coups à qui tu r'passeras en ar-
rière tes gros sous. » (Ftsteau.)
MONTEUR DE PARTI lî) : Ar-
tiste dramatique ayant pc jr spé-
cialité de monter des parties. —
« Une femme qui fait be lucoup
de frais, voilà le rêve des mon-
teurs de parties. » (P. Mystères
de l'école lyrique, 67.)
MONTMORENCY : Cerise. —
Du nom de l'endroit où elles
sont réputées. — On dit de même
Montreuil pour pêche, Fontai-
nebleau pour raisin et Valence
pour orange.
MONTRE-TOUT : Veston ne
descendant pas plus bas que la
taille. Mot à mot : montrant le
derrière.
MOQUER COMME DE L AN 40
(s'en) : Sous-entendu de l'an 40 de
la république, c'est-à-dire d'un an
qui n'arrivera point. Expression
due sans doute aux royalistes de
la première Révolution. — a Je
m'en moque comme de l'an 40. »
(Jaime.)
MORASSE : Ennui, inquié-
tude. — Avoir la morasse : Être
tourmenté. (Rabasse.)
MORASSE (battre) ; Crier à
li
MOR
— 247 —
MOR
Tassassin. (Vidocq.) Mot à mot :
à la mort, à l'assassinat.
MORCEAU : Fille sale.
MORCEAU (enlever le) : Être
plus mordant que dans ses pro-
pos.
MORCEAU (faire le) : Briller
dans le détail, artistiquement par-
lant. — « Bien que Léopold Ro-
bert n'eût pas de grandes vues,
il faisait très-bien le morceau. »
(Th. Silvestre.)
MORCEAU (manger le) : Dé-
noncer. V. Manger.
MORDANTE : Scie, lime. (Ra-
basse.) —• Toutes deux mordent
sur le bois et sur le fer.
MORDRE (ne pas) : Être sans
force, sans esprit, sans talent.
On dit aussi : Ça ne mord
pas pour exprimer l'impossibi-
lité de faire croire ce qu'on dit
ou d'emmancher une aflt'aire. Ex-
pression empruntée aux pê-
cheurs à la ligne.
MORFE ; Repas, mangeaille.
(Halbert.)
MORFIANTE : Assiette.
(Grandval.) — De morfier.
MORFIER, MORFIGNER,
MORFILER : Faire, manger.
— Morfier est un vieux mot d'où
les deux autres dérivent. —
« Calvi morfile sa dernière bou-
chée. » (Balzac.) V. Chêne.
MORGANE : Sel. (Vidocq.) —
De Morganer. Le sel est un mor-
dant. » V. Momir.
MORGANER : Mordre. (Idem.)
*- Vieux mot.
MORICAUD ; Broc de vin.
(Vidocq.) — Allusion à sa cou-
leur som.bre.
MORILLO : Chapeau à petits
bords. — « C'était le temps de la
lutte de l'Amérique méridionale
contre le roi d'Espagne, de Bo-
livar contre Morillo. Les cha-
peaux à petits bords étaient roya-
listes et se nommaient des mo-
rillos; les libéraux portaient des
chapeaux à larges bords qui s'ap-
pelaient des bolivars. » (Victor
Hugo.)
MORNANTE : Bergerie. (Hal-
bert.)
MORNE : Mouton. (Vidocq.)
— Du vieux mot moraine :
laine.
M O R N É E : Bouchée. (Hal-
bert.)— Ce doit être une abrévia-
tion de morganée. V. Morganer.
MORNIER : Berger. (Idem.)
— De morne.
MORNIFLE : Monnaie. (Co-
lombey.)
MORNIFLEUR TARTE:
Faux-monnayeur.
MORNOS : Bouche. (Grand-
val.)
MORT, MORTE : Condamné,
condamnée. (Colombey.) V. Ma--
lade.
MORT : Enjeu augmenté après
coup par le procédé de la pou-
cette. (V. ce mot.) « Et surtout,
s'écrient les banquiers : pas de
morts! Traduction : Pas d'en-
jeux intempestifs. » (Cavaillé.)
MORT (faire un) : Jouer le
whist à trois personnes, en dé-
couvrant le jeu d'un quatrième
partenaire qui n'existe pas. —
<c M. d'Ajuda proposa d'aller faire
MOU - 24
un mort avec le duc de Grand
lieu » (Balzac.)
MORUE : Femme abjecte.
— « Vous voyez, Françoise, ce
panier de fraises qu'on vous fait
3 francs; j'en offre i franc, moi,
et la marchande m'appelle... —
Oui, madame, elle vous appelle...
morue ! » (Gavarni.)
MOTS (avoir des) : Échanger
des reproches. — a En rentrant
du bal avec ton amant, vous
avez eu des mots, et il t'a "flan-
quée à la porte. » (Montépin.)
MOTTE : Maison centrale. —
a On vient de tirer mon portrait
et on va l'envoyer dans toutes
les mottes et dans tous les loirs. »
{Lettre de Minder. Introd.)
MOUCH AILLER : Regarder.
(Grandval.)
MOUCHARDE : Lune. Elle
moucharde les voleurs. V. Ca-
farde. — « Mais bientôt la pa-
traque, au clair de la moucharde,
nous reluque de loin. » (Vi-
docq.)
MOUCHE : Mauvais, vilain.
Abréviation de mouchique. —
a Mouche^ pour ceux qui ne
comprendraient pasle langage pa-
risien, signifie mauvais. » (Trou-
bat.) « — Avez-vous été hier soir
aux Variétés ? — Toc. — Et Am-
broise? — Mouche. » (Lemercier
de Neuville.)
MOUCHE : Bouquet de barbe
placé sous la lèvre inférieure.
Allusion à sa petitesse. — a Le mi-
nistre de la guerre vient de tran-
cher la question du port de la
mouche. » (Du Casse.)
MOUCHE (faire) : Tirer assez
8 -
MOU
juste pour aplatir la balle sur un
point noir (mouche), au centre
de la cible. — «Elles font mouche
A tout coup et tuent les hiron-
delles au vol. » (A. Second.)
MOUCHES (tuer les) : Infec-
ter. Mot à mot : avoir une ha-
leine assez infecte pour empoi-
sonner les mouches au vol. —
On dit aussi tuer les mouches à,
quin:^e pas.
Tiens, Paul s'est lâché du col ;
Est-y fier depuis qu'il promène
Clara, dont la douce haie ne
Fait tomber les mouches au vol.
(Colmance.)
MOUCHER : Remettre les
gens à leur place, éteindre leur
insolence. — « Nous allons donc
les moucher ces lanterjies (jour-
naux) qui peuvent faire croire à
l'abrutissement général de la na-
tion. » {La Mouchettc, 6d>.)
MOUCHER : Frapper, battre.
— « Allons, mouche-lui le quin-
quet, ça l'esbrouffera. » Th. Gau-
tier.)
MOUCHER : Tuer. M ot à mot :
éteindre la flamme de la vie. —
« Aussi ne se passait-il guères
d'heures sans qu'il n'y eût quel-
qu'un de mouché. » Mém. de
Sully, xvi« siècle.) — « Je l'enfile
par un coup droit. Encore un de
mouché. » (Randon.)
MOUCHER : Non, c'est que je
me mouche, yion,c'est que je tousse:
Négation ironique équivalant à
une affirmation pour ii'importe
quel sujet.
MOUCHER (se) : « Les gar-
çons de jeu se mouclient fré-
quemment au tapis vert, ce qui
MOU
«eur permet d'escamoter un ou
deux louis dans leurs mouchoirs.
L'expression est devenue prover-
biale. On dit d'un garçon qui es-
camote un louis de quelque ma-
nière que ce soit : Il s'est mouché
d'un louis. » (Cavaille'.)
MOUCHER DU PIED (ne pas
se) : Agir en homme bien élevé,
et non comme celui qui, après
s'être mouché avec les doigts,
efface du pied sa morve. — « Mais
c'est des artistes, qui ne se mou-
chent pas du pied. » (Désau-
giers.)
Pris ensuite au figuré pour si-
gnifier une supériorité quelcon-
que, comme le prouve cet exem-
ple : — a Ce petit vin colorié ne
se mouche pas du pied. » (Moi-
naux.)
Le besoin de varier a fait dire
dans le même sens : Ne pas se
moucher du talon. — « C'est un
gaillard qui ne se mouche pas
du talon. » (P. de Kock.)
MOUCHERON : Enfant. —
«La portière et son moucheron.»
i Léonard, parodie, 63.)
MOUCHERON : Garçon de
marchand de vins. (Il voltige au-
tour des tables des consomma-
teurs.) a Une deuxième tournée
est commandée au moucheron. »
(Ladimir, 42.)
MOUCHETTES (des) : Non.
« — Tu m'as volé ? tu vas rendre !
— Des mouchettes! » [Léonard,
parodie, 63.)
MOUCHIQUE : Vilain, mau-
vais. — Forme de moustique.
V. ce mot. « On s'en dégoise de
mouchiques, quand les uns s'ap-
pellent feignants, les autr's leur-
— 249 — MOU
z*y répond'nt : mufFs. » (Cabas-
sol.) V. Gaffier.
MOUILLANTE : Soupe, mo-
rue. (Halbert.)
MOUILLÉ (être) : Être appré-
cié à sa valeur. (Colombey.) —
Allusion aux tissus qu'on mouille
pour voir s'ils se rétrécissent.
MOULE : Visage irrégulier.
Ironie.
MOULE A GAUFRE : Visage
fort grêlé. — On sait qu'un
moule à gaufre est criblé de
trous. — « Le moule à gaufre
qui tient en chef les destinées de
V Univers* » (Tam-Tam, 76.)
MOULE DE GANT : Soufflet.
— La main est un moulede gant.
— « Te goberges-tu de nous? Je
te bâillerai d'une paire de moules
de gant. » (Vadé, 1744.)
MOULE EST CASSÉ, ON
N'EN FAIT PLUS (le) : Se dit
d'un personnage exceptionnel ,
inimitable.
MO ULIN : Magasin de receleur.
(Colombey.) V. Meunier.
Aller au moulin : Vendre du
plomb volé. (Rabasse.) Mot à
mot : allez chez le receleur.
MOULINER : Bavarder.
(Idem.) — Allusion au tic tac
perpétuel du moulin. — On ap-
pelle de même moulin à paro-
les un bavard.
MOULOIR : Bouche. (Halbert.)
— Elle moule les aliments.
MOURIR (tu t'en ferais)!
Tu t'en ferais crever! — Ces for-
mules négatives s'emploient sur-
tout contre ceux qui sont trop
avides ou qui manifestent des
MOU
— 25o —
MUS
prétentions excessives. — « Un
joueur propose, à quoi l'on ré-
pond, si Ton refuse : « Tu t'en
« ferais mourir. » (Boue de Vil-
liers.)V. Cylindre.
MOUSCAILLER : Faire ses
besoins. V. Mousse.
MOUSSANTE : Bière. (Colom-
bey.) — Effet pris pour la cause.
MOUSSE : Excrément. — Se
trouve déjà dans \e Dictionnaire
blesquin de 1618. Dans le peuple,
on s'injurie encore par ces mots :
Vent et mousse pour toi !
MOUSSELINE : Pain blanc.
(Halbert.) — Allusion de douceur
et de blancheur.
MOUSSELINE rPièced'argent.
{Petit Dictionnaire d'Argot, 44.)
— Même allusion.
MOUSSELINE : Fers de pri-
sonnier. (Rabasse.) Ironie.
MOUSSER: S'impatienter, s'ir-
riter. Mot à mot : écumer de co-
lère. — « Ne moussez pas comme
ça. » (Labiche.)
MOUSSER : Faire sa mousse.
V. ce mot.
MOUSSER (se faire) : Se faire
valoir. (Rabasse.) — Mot à mot :
Se faire monter plus haut.
MOUSSERIE : Latrine. (Hal-
bert.)
MOUSSEUX : Redondant. —
« J'estime celui qui est un peu
mousseux dans sa façon de par-
ler. » (La Bédollière.)
MOUSSUE : Châtaigne. (Hal-
bert.)
MOUSTIQUE : Mauvais. Mot
à mot : malfaisant, irritant
comme un moustique. — a Je
bonnirai qu'ils nous ont embro-
qués d'une chasse moustique. »
(Rabasse.)
MOUZU : Mamelle. (Halbert.)
MUETTE : Conscience. (Ra-
basse.) — Le mot nous paraît
trop ingénieux. Ce iloit être
(comme pour arche de Noé) une
invention de Saint-Edme qui a
rédigé l'œuvre de ViJocq, où
muette a paru pour la première
fois.
MUETTE : Exercice dans le-
quel, par espièglerie on par an-
tipathie pour un chef, les élèves
deSaint-Cyrne font pas résonner
leurs fusils. — « Lorsque vient
le tour de commandement d'un
gradé ou d'un chef délesté, on
convientde lui donner une muet-
te. » (Delà Barre.) — A/we.'^e se fau-
file en ce moment dans la langue
politique. — « Dès qu'on a vu
M. G. établir autour de M. N.
une sorte de muette... 0 {Igno-
tus, 75.)
MUFFETON, MUFFL \Z : Hom-
me bête et grossier. — c( Eh! dis
donc, la belle blonde, tu vas
quitter ces deux muffles et t'en
venir avec moi. » (E. Sue.) —
« Vois-tu, muffeton, lui disait la
dame. » (G. de Nerval.)
MUFLE : Maçon. (Rabasse.)
MURON, MURONNEll, MU-
RONNIÈRE : Sel, saler, salière.
(Halbert.) Vieux mots.
MUSARDINE: Habitué femelle
des Concerts-Musards, de i858 à
1860. — « On dit une musardine,
comme jadis on disait i ne lo-
rette.» (A. Second.)— C'était du
temps de l'hôtel d'Osmond; Iç
NAV
Concert - Musard d'aujourd'hui
est infiniment plus chaste.
MUSETTE : Figure. — C'est
museau avec changeme"' de finale.
V. Couper.
MUSICIEN : Dénonciateur. Jeu
de mots sur haricot et péter. (V.
ci-dessous.) V. Péter, Coqueur,
;5l -
NE
MUSICIENS : Haricots. (Co-
lombey.) — Allusion au bruit des
vents qu'ils forment.
MUSIQUE : Filouterie de jeu.
V. Maquillage.
MUSIQUE (passer la) : Être
confronté avec les dénonciateurs
ou musiciens.
N
NAGEOIR : Poisson. (Vidocq.)
— Il nage.
NAGEOIRE: Favori large
s'écartant de la joue comme une
nageoire de poisson. — « L'am-
pleur de ses favoris qu'il persiste
à appeler des nageoires. » (M.
Saint-Hilaire.)
NASE, NAZE :Nez. — Vieux
mot. — a Elle est mieux que la
Hollandaise, mais ça n'est pas
pour mon nase. » (M™* de Solms,
66.)
NATURALIBUS (in) : Dans
l'état de nature, nu. — Latinisme.
— « Mon Joseph eut avec elle un
tête-à-tête innaturalibus.» (Beau-
fort, Elle et Moi, Troyes, an
VIII.) — « L'autre regardant à
l'horizon in naturalibus. » (Com.
merson.)
NAVETS (des) : Non. - « Est-
ce que j'en suis? Toi, mon bon-
homme, beaucoup de navets! »
(Montépin.) — « M'exposer à Saint-
Lazare pour ça... Des navets ! »
(Jaime.)
N A VE T : « Hypocrite de sa-
lon, tartufe à l'eau de rose, il
était de ceux qu'on appelle dans
le vieux style un pédant, et dans
notre belle langue un navet. »
(A. de Pontmartin.)
NAZARET : Grand nez. V.
Bariole. —Augmentatif de wa^e.
NAZE : Nez. V. Nase.
NAZICOT : Petit nez. — Dimi-
nutif.
NAZONANT, NAZONAUT :
Gros nez. (Grandval, Halbert.)
Augmentatif.
NE TE GÊNE PAS DANS LE
PARC : Veston assez court pour
n'avoir pas besoin d'être retroussé
en cas de nécessité. — « On a
successivement appelé les ves-
tons : sauteen-barque, — pet-en-
l'air (pardon, madame), — jnon^
tretout (pardon, mademoiselle),
—pince-ne^, — ah! gandin, je te
vois, — club-cleub-clob, — new-
market, — cucheval, — couche-
avec. — Hier encore, on les ap-
pelait des suivei'-moi, mademoi-'
NÉO
— 252 —
NEZ
5e//e.Maisaujourd'hui, on appelle
cvis coquets vestons des ne te gêne
pas dans le parc. y> ( Vie parisienne,
9 mars 67.)
NÈFLES (des) : Non. - « Sou-
per avec vous, des nèfles! Les
panés, il n'en faut pas. » {Les
Cocottes, 64,) — « Rends-moi mon
verre, Auguste, flanches pas! —
Jamais, des nèfles. . . je ne rends
jamais qu'après. » {Tam-Tam,
76.)
NÉGOCIANT (faire le) : «Aller
se promener, terme suprême du
matelot pour exprimer un hom-
me qui n'a rien à faire. » {Phy-
sionomie du Matelot, 43.)
NÉGOCIANT: Entreteneur.
(Halbert.)
NÉGRESSE : Paquet couvert
de toile cirée noire. (Vidocq.)
NÉGRESSE : Punaise. — « Je
sentis bien, quand nous étions
couchés, qu'il ne manquait pas
de négresses et même de grena-
diers. » (Lecart.) — Allusion à la
couleur foncée de la punaise.
Quant aux grenadiers, qui sont
des poux de forte taille, il faut
se rappeler le sens argotique de
garnison. Les deux mots mar-
chent bien de compagnie.
NÉGRESSE : Bouteille. (Co-
lombey.) — Allusion à son aspect
foncé. — < Encore une négresse
qui avait la gueule cassée. »
(Zola.)
NÉNAIS, NÉNET : Sein. -
€ Tenez, mon cœur, voilà le cor-
set, ajustez-moi ça sur mes né-
nets. » (Ricard.) — « Petite maman
s'est fait des nénais avec du co-
ton. » (Gavarni.)
NÉO : Néo-chrétien — Je pas- 1
sai en revue les diverses sectes
des néo-chrétiens dont Paris était
inondé, llyavaitlesnéo chrétiens
du journal l'Avenir, les aéo-chré-
tiens de M. Gustave Drouineau,
les néo-catholiques et une foule
d'autres, tous possédant le der-
nier mot du problème social et
religieux. » (L. Reybaud, 43.)
NEP : Voleur brocantant de
faux bijoux, de fausses décora-
tions. (Vidocq.)
NERF, NERF DE LA
GUERRE : Argent. \'. Os. —
« Le nerf de la guerre manquait
à ce point qu'il n'avait pas le
strict nécessaire. » {Vie pari-
sienne, 67.)
NERFS (avoir ses) : Être sous
l'empire d'une irritation nerveu-
se. Jadis on disait : J'ai mes va-
peurs. — « Madame aurait ses
nerfs? Nerfs contre nerfs. Appor-
tez-moi le nerf de bœuf. » (Mi-
chu.)
NETTOYER : Ruiner, vendre,
dévaliser. — « Je lui njttoie sa
pelure du haut en bas. J'trouve
une demi-veilleuse. » (M jnselet.)
V. Lavage, Maquilleur.
NETTOYER : Tuer. — « Oh!
les gredins, je les nettcierai. »
(F. Pyat.)
NEZ QUI A COUTE CHER
A METTRE EN COULEUR :
Nez dont la teinte rouge atteste
que son porteur a payé plus d'une
bouteille. — a En voilà un nez
qui a coûté cher à mettre en cou-
leur. » (Gavarni.)
NEZ (avoir dans le) : ])étester
quelqu'un. Mot à mot : le pou-
voir le sentir. — «Il ne faudrait
pas que la demande vînt de vous.
NIB - 2
M. Faviaux vous a dans le nez. »
(About.)
NEZ CREUX (avoir le) : Être
malin, perspicace. — Les nez
creux ont plus de capacité que
les autres. — « Oh ! elle avait le
nez creux, elle savait déjà com-
ment cela devait tourner. » (Zola.j
NEZ LONG (avoir le), faire
son nez : Paraître désappointé.
— (( Nous nous sommes payé le
billard, j'en ai rendu vingt de
trente à Lahure, qui faisait un
nez aussi long que sa queue de
billard. » (Voizo.) — On dit en
abrégeant, dans le même sens,
avoir un jief .
NEZ (se piquer le) : S'enivrer.
— Un nez piqué rougit comme
celui qu'empourpre l'ivresse. —
a Qui ne s'est pas piqué le nez
une pauvre fois dans sa vie ? »
(Grévin.)
NEZ OU IL PLEUT : Nez
tout à fait retroussé. — On voit
d'ici l'allusion. — « M'^« Kid était
une petite drôlette, avec un nez
où il pleut dedans. » (Stop, Jour-
nal amusant, 70.)
NI VU, NI CONNU! JE T'EM-
BROUILLE : Locution placée or-
dinairement à la fin d'un récit
pour peindre la rapidité d'un
acte et la difficulté de l'expliquer.
(Dhautel, 08.)
NIAIRE : C'est lui, c'est moi.
(Rabasse.) — Ce doit être une
forme de nière (complice), ser-
vant de signe de reconnaissance.
NIB, NIBERGUE, NIBERTE,
NIENTE : Rien.— NienteQstun
italianisme. Nib semble une
abréviation de Nibergue,qn\ est
un anagramme de bernique f —
3 — NIO
« N'avoir pas le sou, s'articulait
7iib de braise ou nisco boursi-
coto. » (Lespès.)
NIBE : Silence! ne dis rien.
(Rabasse.) — Forme de nib.
NIBE AU TRUC : Ne rien dire
sur un vol. (Rabasse.)
NIBÉ : Tais-toi! taisez- vou3!
(Rabasse.) V. Nibe.
NICDOUfLLE, NIGUE-
DOUILLE, nigaud: NOS:
Nigaud. — « Vous vous êtes en
allé fâché, désespéré, nigaudi-
nos. » (Balzac.) — c( Tais-toi donc,
nicdouille. » {Phy. du Matelot,
43.)
NICHONS : Seins. — Allu-
sion à la double niche qu'ils oc-
cupent dans le corsage. — « Nana
ne se fait plus de nichons avec
des boules de papier, il lui en est
venu deux. » (Zola.)
NIÈRE : Complice. V. Man-
ger.
N — l — NI, C'EST fini : For-
mule négative. — Redoublement
de la dernière syllabe de fini,
— « Ne me parlez plus de rien...,
n i, ni, fini. » {Rousseliana, o5.)
— « N i, ni, c'est fini, plus de
Malvina. » (L. Reybaud.)
NINI,NINICHE: Mot d'amitié.
Diminutif d'Eugénie.— (c Quand
maman aime bien petit papa,
elle appelle petit papa ma nini-
che. » (Gavarni.)
NIOLLE ; Vieux chapeau. —
C'est une forme de gniolle : per-
sonne sans consistance. Un cha-
peau déformé a perdu aussi la
sienne. — « Un niolle est un cha-
peau d homme retapé. Les niol-
leurs sont les marchands de
vieux chapeaux. » (Mornand.)
a:)
NOM — :
NIOLLEUR : Marchand de
vieux habits. — Extension du
sens du mot précédent. V.A7o//e.
NIORT (aller à) : Nier. — Jeu
de mots sur la ville et le verbe.
— « Je vois. bien qu'il n'y a pas
moyen d'aller à Niort. » (Gan-
1er.) V. Outil.
NIQUE DE MÈCHE : Sans
complicité. (Rabasse.) Motàmot:
pas de moitié. V. Mèche.
NISCO, NIX : Non. — Nisco
est un diminutif du vieux nis :
pas un. — Nix est un germa-
nisme altéré par la prononcia-
tion française (nicht). — a Fût-il
un phénix, nix. » (Désaugiers.)
NISETTE : Olive. (Halbert.)
NIVET, NIVETTE : Chanvre,
chanvrière, filasse. (Idem.)
NOBLING : « Acte frauduleux
qui consiste à faire des paris de
courses qu'on ne peut perdre. »
(Parent, Angl.)
NOCE : Débauche. — Allusion
aux excès gastronomiques qui
accompagnaient les noces d'au-
trefois. — « Alors je bois, je
chante, je fais la noce pour ou-
blier. » (P. de Grandpré.)
NOCE R : Faire la noce. —
« Est-ce que tu as noce aujour-
d'hui ?... — Noce ! ah, bien oui ! »
(Eug. Sue.)
NOIR : Café. — Allusion de
couleur. — « Je paye le noir et
le mêlé, et je m'enfile de douze
sous. » (Monselet.)
NOM D'UN ! : Nom d'un nom !
Nomd'un petit bonhomme ! Nom
d'un tonnerre ! — Il faut voir ici
l'abréviation de trois synonymes
de nom de D.,.! que les jureurs
34 - NOU
ont modifié de façon à ne se voir
reprocher aucun blaspiième. —
« 86,000 francs par \.n t nom
d'un petit bonhomme! l 'est joli.»
L. Reybaud.) Nom a un petit
bonhomme fait allusion à Jésus
enfant.
NOM D'UNE PIPE : Juron de
fumeurs; leur dieu est isur pipe.
— « Nom d'une pipe ! si vous
m'approchez... » (Mêles .ille, 3o.),
NOMBRIL : Midi. (Halbert.)
NON POSSUMUS : Impossî-;
ble. Mot à mot : nous ne pou-
vons pas. — Latinisme. — Allu-
sion aux termes emplo .'es dans
une déclaration du pap.3 Pie IX.
— « Les plénipotentiai es turcs
ontmaintenu très-réso ûment le
non possumus de la Porte. » {Fi'
garo, 76.)
NONNE (faire) : Faire un at-
troupement simulé pour aider à
un vol. (Vidocq.)
NONNEURS : Compères dé
voleur à la tire. — Ils s'attrou-
pent et créent des embarras
(nonnes) pour l'aider à voler.
NORMALIEN : Élève le l'école
normale. Se dit aussi de celui qui
enest sorti. — « Jedois 1 éprendre
chez ce jeune normalie 1 une ci-
tation qui a juré à mon oreille.»
(B. Jouvin 75.)
NOTAIRE : Épicier qui fait
crédit. {A Imanach des D biteurs.)
— Il note les achats.
NOUEUR : CompI ce. (Ra-
basse.) — Forme de nitre.
NOUJON : Poisson. Habert.)
NOUNOU : Nourrice. — Abré-
viation avec redoublement de la
première syllabe. — « La ma-
NUM
- 255 -
NYM
man ne peut pas se payer de
bonne ni de nounou. » (Figaro,
75-)
NOURRIR : Préparer delongue
main. — « Ce garçon qui de-
vait avoir nourri ce poupon pen-
dant un mois. » (Balzac.) V.
Poupard. (Vol.)
NOURRISSEUR : a Les nour-
risseurs préparent et nourrissent
une affaire; ils savent le mo-
ment où le rentier touche sa
rente et les jours de rentrée du
négociant; ils étudient la maison
et les habitudes des gens qu'ils
veulent faire voler. » (A, Mon-
nier.)
NOUSAILLES, NOUZAIL-
LES, NOUZIERGUE, NOU^
ZIÈRES, NOUZIGO : Nous.
(Halbert, Colombey.) — Adjonc-
tions de finales.
NOYAUX : Pièces de mon-
naie. — Du vieux mot noiau :
bouton d'habit.
Le sacré violon qu'avait joué faux
Voulut me demander des noyaux.
(Vadé, 1760.)
NOYAUX DE PÊCHE (rem-
bourré de) : Se dit des sièges
fort durs : Allusion à leurs aspé-
rités et à leur dureté, a On est en
train de remplacer les noyaux de
pêches des stalles par des nou-
veaux beaucoup plus frais. »
(Éclair, 72.)
NUMÉRO (bon) : « Deux papas
très-bien, ce sont deux papas
d'un bon numéro. Comprenez-
vous? — Pas trop. — Deux pères
parfaitement ridicules. » (Th.
Gautier.)
NUMÉRO (gros) : Maison de
prostitution. — Allusion au gros
numéro peint sur la porte pour
toute enseigne.
NUMÉRO UN, PREMIER
NUMÉRO : Premier par ordre
de mérite. — a C'est de la folie à
l'état de numéro un. » (Jules
Janin.) — « Une lanterne de
premier numéro et d'un tel reflet
qu'on dirait un phare. » (Des-
lys.)
NUMÉRO SEPT : Crochet de
chiffonnier. ^ Le 7 ressemble
etfectivement à un crochet.
NUMÉRO CENT : Latrines. -
Jeu de mots né dans les petits hô-
tels à chambres numérotées, où
les latrines portent le numéro 100
pour que personne ne s'y trompe.
C'est aussi le numéro qui sentie
plus. — (( Dans toutes les maisons
du monde, j'ai ma chambre au
numéro cent. » (J. Choux.)
NUMÉRO (connaître le) :
Être fixé sur la valeur morale :
— ce Je sais d'où tu viens, je sais
par où tu as passé, je connais tous
tes numéros. » (Ces Dames, 60.)
NUMÉRO (retenir le) : Ne pas
oublier. — « C'est bon! je re-
tiens ton numéro. » Se dit quand
on menace quelqu'un de repré-
sailles.
NUMÉROTER SES OS :
S'apprêter à être roué de coups.
Mot à mot et ironiquement :
s'arranger de façon à pouvoir
retrouver ses os pour les remet-
tre en place si on les casse. V.
Démolir.
NYMPHE : Femme galante.—
Allusion railleuse aux comparai-
sons mythologiques affectionnées
par nos pères. V. Piger.
ŒlL
- 256 —
CEIL
o
OBJECTIF : But. — On a fait
un abus incroyable de ce mot
depuis 1870, époque où le géné-
ral Trochu s'en servit fréquem-
ment dans ses rapports mili-
taires. « Napoléon III protesta
que son objectif était l'alliance
avec l'Angleterre. » (Figaro.)
OBÉLISCAL : Merveilleux. —
Date du transport de l'obélisque
sur la place de la Concorde. —
ce Admirable! pyramidal! obélis-
cal! » [Almanach de la Polka,
45.) V. Granitique.
OBJET : Amante. Mot à mot:
objet d'amour. — « Il apprend
que le cher père a cloîtré son
objet. » (Désaugiers.)
OCCASE : Occasion. — Abré-
viation. — « Deux francs cin-
quante de bénef; profitez de
l'occase. » (A. Second.)
OCCASION : Chandelier.
(Halbert.)
OCCIR : Tuer. — Vieux mot
relevé par les romantiques. —
« O surprise ! j'avais occi le ban-
dit qu'on cherchait depuis huit
jours. » (Marx.)
ŒIL : Crédit. — Se trouve
dans le Dictionnaire de Cai^-
tuuche de Grandval (éd. de 1827).
a Je vous offre le vin blanc chez
Toitot; j'ai l'œil. » (Chenu.) —
a La mère Bricherie n'entend
pas raillerie à l'article du crédit.
Plutôt que de faire deux sous
à' œil, elle préférerait, etc. » (Pr.
d'Anglemont.) — « La fruitière
n'a jamais voulu ouvrir l'œil :
elle dit qu'elle a déjà perdu avec
des artistes. » (Champflejry.)
ŒIL : Bon effet produi t à pre-
mière vue. — Se dit de n'importe
qui et de n'importe quoi. — « La
chose a de l'œil. C'est légjr. » (A.
Scholl.)
ŒIL (mon) : Formule néga-
tive. — Abréviation d'une autre
phrase reçue qui consiste à dire ;
Regarde de quelle nuance est
mon œil. — a Et quand tu m'au-
ras bien aimée, en serai -je plus
avancée, je te prie? Regarde
donc de quelle nuance ^st mon
œil. » 'Monselet.) — « Ouand le
démonstrateur expose la forma-
tion des bancs de charbon de
terre, mon voisin s'écrie avec un
atticisme parfait : Oui, mm œiUn
(Villetard.)
ŒIL (avoir I') : Avoir crédit.
ŒIL (faire de V) : Lorgner
amoureusement. — « Sous pré-
texte de voir essayer le chapeau,
il ne manquait pas de faire de
l'œil à la modiste. » (P. d j Kock )
ŒIL (se mettre le doigt dans
1') : Ne pas voir juste.
ŒIL (ouvrir 1') : Vcilbr atten-
tivement, faire crédit.
ŒIL (tape à 1') : Bcrgne. —
Mot à mot : endormi cun œil.
U
OGR
— 257 —
OIS
— II tape d'un œil, bien malgré
lui. V. ci-dessous.
ŒIL (taper de 1') : Dormir. —
C'est le clore la paupière du
peuple. — « Monsieur, faites pas
tant de bruit, je vais taper de
l'œil. » (Vidal, 33.) V. Taper
dans l'œil.
ŒIL (tirer 1') : Attirer l'atten-
tion.
ŒIL (tortiller, tourner de 1') :
Mourir. — « J'aime mieux tour-
ner la salade que de tourner de
l'œil. » (Commerson.) — « J'
voudrais ben m'en aller, dit le
pot de terre en râlant. Bonsoir,
voisin, tu peux tortiller de l'œil.»
(Thuillier.)
ŒIL DE VERRE : Lorgnon.
— « Ces mirliflors aux escarpins
vernis, aux yeux de verre. »
(Festeau.)
ŒUF (casser son) : Faire une
fausse couche.
OGRE, OGRESSE : Usurier,
marchande à la toilette. — Ils
finissent toujours par dévorer
financièrement leur clientèle.
OGRE : « Il y a deux espèces
de compositeurs d'imprimerie :
i» les ogres, bons pères de fa-
mille qui travaillent pour leurs
enfants ; ils sont à la conscience,
c'est-à-dire qu'ils gagnent un
prix fixe par jour ; 2° les caleurs
ou goippeurs qui à chaque ins-
tant se dérangent : ceux-là tra-
vaillent aux pièces. » (Moisand,
4I-)
OGRE : Agent de remplace-
ment. (Vidocq.) - Il a toujours
besoin de chair humaine.
OGRE : Chiffonnier en gros,
receleur, patron de tapis franc. —
Allusion à leurs bénéfices dévo-
rants. — « Les chiffonniers don-
nent ce nom à celui qui achète
le produit de leurs recherches
nocturnes pour les revendre en
gros. Il fut un temps où ce nom
était synonyme de receleur. Dans
ce but, Vogre possédait à côté
de son établissement d'achat de
chiffons un débit de liqueurs
qu'il faisait gérer par un affidé
ou un compère; il y recevait
clandestinement des malfaiteurs
qui apportaient là les produits
de leurs rapines. » (Castillon.)
OGRESSE : Maîtresse de mai-
son. (Halbert.) — Elle est comme
les ogres en quête de chair
fraîche (féminine).
OIGNES (aux petits) : abrév.
de Oignons {aux petits.) — « Ça
n' t'empêchera pas de faire ça
aux petits oignes. » (L. de Neu-
ville.)
OIGNON : Montre. — Allusion
de forme.
OIGNONS (aux petits) : Très-
bien. — Les oignons sont en
grande faveur dans la cuisine
populaire. — « Les lanciers t
demandez la nouvelle danse,
arrangée aux petits oignons. »
(Randon.)
OIGNON (il y a de I') : Il y a
des gémissements. — Allusion
aux pleurs que l'oignon fait ver-
ser. — « S' prend' de bec, c'est
la mode, et souvent il y a de
l'oignon. » (Dupeaty.)
OISKAU : Triste personnage.
— « Minute! quel est c't oiseau-
là ? » {Léonard, parodie.)
ONE
— 258 —
ORF
OISEAU FATAL : Corbeau.
Vidocq.) — Le corbeau a depuis
longtemps cette réputation.
OISEAUX (aux) : Très-bien.
— « Il est meublé aux oiseaux.»
(Balzac.) — « Pour exprimer
qu'un homme est très-bien fait,
qu'une femme est très-belle, on
dit qu'ils sont aux oiseaux. »
(Dhautel, 08.)
OISEAUX (se donner des
noms d') : Roucouler amoureu-
sement. — a Nous nous donn'-
rons des noms d'oiseaux. »
(Hardy.)
OLIVET : Ognon. (Halbert.)
OMETTRE (1') : Le tuer (Ra-
basse.) Au figuré, on disait
envoyer dans le royaume d'oubli.
Serait-ce un équivalent ?
OxMNIBUS : Prostituée. Mot à
mot: femme à tous. — Latinisme.
— c On y remarque aussi
quelques pauvres beautés om-
nibus. » (La Maison du Lapin-
Blanc.)
OMMBUS DE CONI : Corbil-
lard. (Vidocq.) Mot à mot : voiy
ture publique de mort.
ONCLE : Usurier. — « Ce mot
symbolise l'usure, comme dans
la langue populaire ma tante si-
gnifie le prêt sur gage. » (Balzac.)
ONCLE : Portier-consigne de
prison, a L'oncle est venu pren-
dre ma camoufle et m'a dit le
centre de ma pige. » (V. Intro-
duction. Lettre à Mindev.)
ONCLESSE : Femme du con-
cierge de la prison. (Idem.)
ONE {A Stiff), a dead one, a
sqfe one : Littéralement un che-
val raide, un cheval nnort, un
cheval sauf. Autant d'expr jssions
pour indiquer un cheval qui ne
gagnera point ou qu'on ne veut
pas faire gagner. » (Parent.)
Terme de courses anglais,
ONGUENT: Argent. (R ibasse.)
C'est en effet un onguent pour
bien des maux.
OPPORTUNISME : L'gne de
conduite modérée adoptée par les
partis qui ne passent p: s pour
amis de la modération. Il .a sans
dire que l'exemple suivait n'est
point une appréciatior pour
nous : « On me demande ce que
c'est que l'opportunisme... C'est
Marat jouant Tartuffe.» (A. Karr,
oct. 76.)
OPPORTUNISTE : Partisan
de l'opportunisme. « Les ]^ontifes
de l'infaillibilité radicale fulmi-
; nent contre les opportunistes. »
{P. Moniteur, oct. 76.)
ORANGE A COCHONS : « La
pomme de terre est auss tôt sa-
luée par l'argot d'orange à co-
chons. » (Balzac.)
ORDINAIRE : Port on de
bouillon et de bœuf. « On lui
donnait un ordinaire, c'est-à-dire
un bouillon et un bœuf. » ( SchoU,
66.)
OREILLARD : Ane. (Vidocq.)
•— Allusion à ses longue? oreil-
les.
ORFÈVRE : Personne cher-
chant à faire prévaloir Si s inté-
rêts particuliers sous ur autre
motif. — Abréviation d'ine ré-
ponse bien connue : « Vais êtes
orfèvre, vionsieur Josse? » faite
par Sganarelle à l'orfèvre Josse,
ORP
— 25() —
OUI
qui lui conseille l'achat d'un
écrin comme le seul moyen de
guérir la mélancolie de sa fille.
(Molière, Amour médecin.)
ORGUE {terminaison en). V.
Aille.
ORGUE (causer sur 1') : Cau-
ser sur lui. (Rabasse.) Si cette
définition est exacte, on devrait
écrire largue et non Vorg-ue, car
ce ne serait que le mot lui dé-
formé par la terminaison en or-
gue (V. ci-dessus). Même obser-
vation pour manger sur l'orgue
(dénoncer).
ORGUE (jouer de 1') : Ronfler.
— Allusion aux ronflements des
tuyaux d'orgue. — « Il prenait
toujours une stalle sur le der-
rière de l'orchestre, afin de ne
pas être dérangé. Il s'y installait
commodément, et là // piquait
son chien, comme nous disions
au collège; il cassait sa canne,
comme nous disons aujourd'hui ;
// jouait de Vorgue, comme di-
sent les titis; ou bien il roupil-
lait, selon les linguistes. » (Pri-
vât d'Anglemont.)
ORIENT : Or. (Rabasse.) -
Adjonction de finales.
ORLÉANS : Vinaigre. (Vi-
docq.) Celui d'Orléans est le plus
renommé.
ORNIE, ORNIGHON, OR-
NION, ORNIE DE BALLE :
Poule, poulet, chapon, dinde.
ORPHELIN : Orfèvre. (Vi-
docq.) — Changement de finale.
ORPHELIN DE MURAILLE :
Excrément isolé. Mot à mot :
abandonné par son auteur coniYQ
un mur.
ORPHELINS : « C'est sous ce
nom que l'on veut dire en argot:
une bande de voleurs. » (A. Du-
rantin.)
OS : Argent. — Si l'argent est
le nerf de la guerre, pourquoi
ne serait-il pas Vos de la vie ci-
vile ? Cette étymologie nous pa-
raît préférable à celles qu'on a
risquées jusqu'ici. — « Dans la
langue populaire parisienne, on
appelle os le numéraire. » (Mor-
nand.)
OSEILLE : Argent. — C'est le
mot os avec une terminaison ar-
bitraire en eille.
OSEILLE (avoir de 1') : Avoir
de l'argent. (Rabasse.)
OSEILLE (la faire à 1') : Réus-
sir un bon vol. (Rabasse.) Ne pas
confondre ce sens avec celui de
la faire à l'oseille : tromper
grossièrement. V. Faire.
OSEILLE (scènes de 1') : « C'est-
à-dire, en argot de coulisses, les
scènes où les petites femmes font
leur apparition en costume plus
ou moins fantaisiste. » (Escu-
dier, 76.)
OTHELLO : Mari jaloux. —
Allusion à l'Othello vénitien. —
« Modifier vos bonnes et douces
habitudes pour vous métamor-
phoser en Othello, c'est vous y
prendre un peu tard. » (Ed. Le-
moine.)
OUICHE : C'est un oui ironi-
que. — « Croyez -vous qu'il
viendra me chercher?... Ah bien !
ouiche! » (About.) — « Ah oui-
che ! v'ià encore un beau pleu-
tre !» {Le Chirurgien anglais,
parade, 1774.)
PAC
— 260 —
PAG
OURS : « Ancien compagnon
pressier. Le mouvement de va-
et-vient qui ressemble assez à
celui d'un ours en cage, par le-
quel les pressiers se portent de
l'encrier à la presse, leur a valu
sans doute ce sobriquet. » (Bal-
zac.)
OURS : Salle de police. — « Je
fus passer deux jours dans un
lieu ténébreux qu'on appelle
l'Ours. » (Souvenirs de Saint-
Cyr.) V. Ma^aro.
OURS : Pièce qui a vieilli dans
les cartons d'une direction de
théâtre. Elle ne se joue que dans
la belle saison, quand les théâtres
sont déserts. — Allusion à l'ours
qui dort pendant l'hiver et qui
se montre pendant l'été. M. Mar-
ty-Laveaux m'a montré dans La
Fontaine, un premier germe de
cette allusion. 11 est fort curieux :
Mon opéra, tout simple n'étant sans
spectacle,
Qu'un ours qui vient de naître et non
encore léché.
(Épître à Mme de Thiange.;
— « Au théâtre des refusés,
d'ours il fait commerce, j» (Al.
Flan.)
OURS (envoyer à 1') : Envoyer
promener. Mot à mot : envoyer ,
voir l'ours au Jardin d„^s Plan-
tes, si cher aux flâneurs.
OURSERIE : Disposiiion pro-
aoncée pour la vie solitaire.
« Vous savez que j'avc s quel-
ques dispositions à l'ourserie. »
(Mérimée.)
OURSON : Bonnet à poil
d'ours. — « J'allais me coiffer de
l'ourson dévolu aux voliigeurs.n
(L. Reybaud.)
OUTILS : Instruments de vo-
leur. — Ils servent à son travail.
V. Vague. — « Je vais i Niort,
mais mon imbécile avait gardé
son outil. » (Beauvillier.)
OUTRANCIER : Nom inventé
pour ridiculiser ceux qui vou-
laient la résistance à outrance en
1871 et qui ne se battaient point.
« 11 marchait à la mort tandis
que les outranciers se prélas-
saient à la mairie. » (A. Mar-
cade, 75.)
OUTSIDER : « Cheval que l'on
considère comme n'ay mt que
peu ou point de chance de ga-
gner. » (E. Parent.)
OUVRAGE : Vol. (Vicocq )
OUVRIER : Voleur, (dem.)
OVALE : Huile. (Halbert.)
P (faire le) : Faire mauvaise
mine. (Grandval.) V. Pet.
PACANT : Homme de cam-
pagne. (Halbert.)
PACANT: Passant. (Grandval.)
PACQUELIN, PACLIM, PAS-
QUELIN : Pays. (Vidocq, Hal-
bert.)
PAF
— 261 —
PAI
PACQUELINAGE : Voyage.
(Idem.)
PACQUELINEUR, NEUSE :
Voyageur, voyageuse. (Idem.)
PACSIN : Paquet. (Grandval.)
— Changement de finale.
PAF : Eau-de-vîe. V.' Paffer.
PAF : Locution usitée pour
indiquer une chose subitement
et promptement arrivée, comme
la chute d'un corps qui fait paf
en tombant. — a Voyant ça, paf!
il en tombe amoureux. » (Stop,
75.)
PAF : Ivre. — Abréviation de
Paffé. V. Paffer. — cr Vous avez
été joliment paf hi«r. » (Balzac.)
PAFFS : Souliers. (Rabasse.)
Abréviation de Passif. V. Gouê-
peitr, Empaffe.
PAFFER, EMPAFFER : Eni-
vrer. Mot à mot : remplir de paf.
— Le paf représentait au der-
nier siècle la goutte d'aujour-
d'hui. En voici de nombreux
exemples. — « Viens plutôt d'a-
miiié boire avec nous trois un
coup de paffe. » (Vadé, 1758.) —
a Voulez-vous boire une goutte
de paf? — J' voulons bien. —
Saint-Jean , va nous chercher
d' misequierd' rogome. » (L'É-
cluse, 1756.) — « Il m* proposit
le paf. Ça me parlit au cœur si
bien, que j'y allis... dans une ta-
bagie de la rue des Boucheries,
où que j' bure du ratafia après le
coco. » (Rétif, 177e Contemp.,
i7cS3,) — « Au milieu de cette
plèba bariolée qui se paffe de vin
bleu. » (Delvau.) — « Nous allons
à la Courtllle nous fourrer du vin
sous le nez, quand nous som-
mes bien empaffés. » (Vidal, 33.)
PAGNE : Secours envoyé à un
détenu par un ami. (Vidocq.) —
Abréviation de panier à provi-
sions.
PAILLASSE : Sauteur politi-
que. — Allusion à la chanson de
Béranger.
Paillass^, mon ami,
N' saut' pas à demi,
Saute pour tout le monde, etc.
De là aussi le synonyme de
Sauteur.
PAILLASSE : Ventre. — Les
intestins s'en échappent comme
la paille d'une paillasse. — « Il
s'est fait crever la paillasse, il
s'est fait tuer. » (Dhautel, 08.)
PAILLASSE, PAILLASSE DE
CORPS DE GARDE : Prostituée
de dernier ordre. Comme les
paillasses de corps de garde, elle
change journellement de cou-
cheurs. — r « Qu'es-tu, toi? lar-
ronnesse, paillasse de corps de
garde! » {Dialogues poissards,
xviii* siècle.)
PAILLASSON : Homme fré-
quentant les paillasses. V. ci-
dessus. — « Quand finirez-vous,
libertin, de courir les catins ?
Encore, ce vieux paillasson, parl'-
t-il d' morale en action ! » {Caté-
chisme poissard.)
PAILLE : Dentelle. (Vidocq.)
— Elle est légère comme une
paille.
PAILLE : Filouterie de jeu.
— C'est la même que le Pont. V.
Couper. — « Cette excavation qui
a pour résultat de faire revenir
les cartes dans l'ordre où elles se
trouvaient, a reçu le nom de
PAL
— 262 —
PAN
paille, d'où l'expression couper
dans la v^^'.Ile. » (Cavaillé.)
^ PAILLE AU CUL {avoir la) :
Être mis à la réforme. — On ex-
pose, d'ordinaire, avec un bou-
chon de paille, les objets à vendre
isolément. — « La paille au cul,
repassez la frontière, cafards. »
(La Paille au cul, 32.)
PAILLE DE FER : Dans le
récit d'un combat, H. Monnier
fait dire à un vieux sergent :
— « A toi, à moi la paille de fer.»
— Allusion au hasard qui expose
chaque combattant à un coup de
pointe.
PAILLER : Préparer une paille
en battant les cartes. « Au bac-
carat banque, la taille substituée
est paillée souvent à l'avance. »
(Cavaillé.)
PAIN? (Et du) : As-tu de quoi
manger? — Donnez des conseils
à un malheureux affamé, il vous
ramène à la question par ces
trois mots : Et du pain ? — Ga-
varni montre un masque abor-
dant à l'Opéra un domino fe-
melle, qui l'attend, binocle à
l'œil : — « Pus qu' ça de lor-
gnon, dit-il. Et du pain?» — La
question déchire d'un seul coup
les faux dehors de cette élégante
qui n'a peut-être pas dîné pour
acheter des gants.
PAIN-LA (Ne pas manger de
ce) : Se refuser à vivre d'argent
mal acquis.
PAIN ROUGE (Manger du) :
Vivre d'assassinats. (Halbert.)
PALADIER, PALLADIER :
Pré. (Halbert.)
PALETTE : Dent, main. (Co-
lombey,)
PALLAS : Boniment ce sal-
timbanque. — « Il salua es vi-
siteurs qu'avait attirés la f irade.
Bientôt il commença sonpalias.»
(Ghampfleury.)
PALLAS (faire) : Faire des
manières. — L'argot parai i s'être
piqué là de connaissances my-
thologiques, car Minerve faisait
parfois la renchérie. — « Vu pré
finira ton histoire, et là Ion n'y
fait plus Pallas. » (Vidocq.)
PALOT, PALLOT : Paysan.
(Halbert.) C'est un mot de vieux
français.
PALLOTTE : Paysanne. (Vi-
docq.
PALPER : Toucher de l'ar-
gent. (Dhautel, 08.)
PALPITANT : Cœur. (Hal-
bert.) — C'est le cœur ému. V.
Battant, Coquer,
PAMPINE : « Et toi oî: qu' t'
iras, vilaine pampine, fiiure à
chien, tête de singe. » {Diclogues
poissards.)
PANACHE (faire) : a Tomber
en passant par-dessus la ête de
son cheval. » (Paz.) — Mot
imagé.
PANA : « Vieux pana se dit
d'un homme avare, laid et âgé. »
(Champfîeury.) — Même ttymo-
logie que panas.
PANADE : Sans consi tance,
mou et délayé comme la soupe
de ce nom. — « Notre g luver-
nement est joliment p.in. de ! »
(Ricard.) — Se prend ausi i sub-
stantivement. « Oh la la! quelle
panade que ce pauvre eousin
buraplas. » (t. Simon.)
PANADE : Objet repoi ssant,
PAN
— 263 —
PAN
femme laide. (Colombey.) Même
origine quQ panas.
PANAMA : Chapeau tressé
avec des joncs que nos fabriques
vont chercher à Panama. — « J'ai
dû chanter contre la crinoline et
m'égayer aux frais du panama. »
PANAS : « S'emploie dans
le Dictionnaire de la Curiosité
avec le sens de tessons, de lo-
ques, de débris de toutes sortes;
ceux qui les vendent sont des
panailleux. » (Champfleury.) —
Vient du vieux raoipanne : hail-
lon.
PANDORE : Gendarme. —
Nom d'un des gendarmes de la
fameuse chanson de Nadaud. —
« Il n'y avait plus à en douter,
j'avais tous les Pandores de la
contrée à mes trousses. » (Marx.)
PANIER : Voiture basse, à
caisse d'o5/er, à la mode vers 1860.
— « Ange! tu m'as transporté...
je suis homme à mettre à tes
pieds un panier en pur osier. »
(Les Pieds qui r'muent, 64.)
PANIER A SALADE : Voiture
de prisonniers. — « Ce surnor»
vient de ce que primitivement la
voiture était à claire-voie de tous
côtés. » (Balzac.) — « L'on nous
fit entrer vingt-quatre dans un
ignoble panier à salade. » (Che-
nu.)
PANIER AUX CROTTES :
Jupon. — Il ramasse la boue.
« Pas de clarinette pour secouer
le panier aux crottes des dames. »
(Zola.)
PANNE, PANE : Misère, man-
que d'argent. — Du vieux mot
panne: haillon, Roquefort donne
pannoseux dans le sens de cou-
vert de haillons, misérable. — « Il
est dans la panne et la maladie. >>
(Ricard.) V. Décatir.
PANNE : Se prend au théâtre
dans un sens figuré. — « La
panne est le mot par lequel se
désigne au théâtre un mauvais
rôle de quinze ou vingt lignes. »
(De Jallais, 64.)
PANNE : Misérable. — « Ça
marche sur ses tiges, ben sûr!
Pas pus de braise que dans mon
œil. Ohé! panne! panne! » (Ri-
card.)
PANOUFLE : Perruque. (Vi-
docq.) — Du vieux mot panufle :
guenille.
PANTALON ROUGE : soldat.
« Gervaise lui... demandait si
elle donnait dans les pantalons
rouges. » (Zola.)
PANTE, PANTRE, PANTI-
NOIS, PANTRUCHOIS : Pari-
sien, et,|par extension, bourgeois
bon à exploiter ou à voler. —
Pante et Pantre sont des formes
abrégées de Pantinois et Pantru-
chois qui veulent dire Parisiens.
V. Pantin. L'étymologie grec-
que de pantos que reproduisaient
encore les journaux de juillet
1876, n'est pas sérieuse. — « J'ai
reniflé des pantes rupins. » (Pail-
let.) V. Lever, Pantre, Abouler.
PANTHÈRE : Vers 1840, il a
été de mode d'appeler panthères
les beautés à la mode. C'était,
par analogie, une race inférieure
à celle de la lionne, qui florissait
vers le même temps, mais elle
était plus carnassière, plus man-
geuse d'hommes. — « Dans les
griffes d'une panthère ou d'une
lionne du boulevard de Gand, le
PAN
— 264. —
PAP
parapluie est d'une délicieuse
coquetterie. » (Pliys, du para-
pluie, 41.)
PANTHÈRE (faire sa) : « Il
passait tout son temps à rôder
dans le faubourg, d'un cabaret à
un autre,, à faire sa panthère,
comme disent les ouvriers pari-
siens, par allusion sans doute à
ce mouvement de va-et-vient
qu'ils voient aux fauves enca-
gés... au Jardin des Plantes. »
(A. Daudet.)
PANTIN , PANTRUCHE :
« Pantin, c'est le Paris obscur,
quelques-uns disaient le Paris
canaille, mais ce dernier s'ap-
pelle, en argot, Pantruche. » (G.
de Nerval.) — Cette définition
manque de justesse. Pantin est
aussi bien le Paris beau que le
Paris laid. Et la preuve, c'est
qu'on dit : dans le goût de Pan-
tin, pour : élégant, à la mode
de Paris. V. Pantinois. — Pati-
truche est son seul péjoratif. Il
est probable que le peuple a
donné à Paris, par un caprice
ironique, le nom d'un village de
sa banlieue (Pantin). V. Pré. ■ —
« Là ! v'ià qu'est arrangé dans le
goût de Pantin. » (Zombach.)
PANTINOIS : Parisien. (Hal-
bert.) V. Pante.
PANTOUP'LE (et cetera) :
Homme nul, sans valeur au-
cune. — « L'animal le traitait
alors de fainéant, de poule mouil-
lée et d'et caetera pantoufle. »
(I^. Desnoj'ers.)
Et cœtera pantoufle : « Quo-
libet dont on se sert lorsqu'un
ouvrage pénible et ennuyeux
vient à être terminé. » (Dhau-
tsl, oS.j
PANTRE : Dupe. Abré/iation
de Pantruchois. Y. -Pante et Pan-
tin.
P antre argot é : Imbécile.
Pantre arnau : Volé s"a perce-
vant du vol. Mot à mot : pantre
qui renaude.
Pantre désargoté: homme dif-
ficile à voler. (Halbert.)
PANTRUCHE : Paris. ^ . Pan-
tin.
PANTRUCHOIS : Parisien. V.
Pante.
PANTURNE : Fille de mau-
vaises moeurs. (Grandval.)
PANUCHE : Femme élégam-
ment mise.
PAPA (à la) : Bourgeoisement,
sans éclat. — u Ce sont des en-
chères à la papa. Tout s'y passe
à la douce. » (Champfleury.)
PAPA (à la) : Supérieurement.
— Le père est maître au logis.
On nous aura r'quinqués à la -«apa...
Tu riras là, mais j' dis à la pap j...
Ou sinon d' çà, j' te brosse à la papa...
[Le Casse-Gueule, ch. 14.)
Il va nous juger ça à la papa.
(Désaugier>.)
PAPELARD: Papier. (Vi.locq.)
— Changement de finale.
PAPIER JOSEPH : Billet de
Banque. (Rabasse.) — Aliusion
de consistance.
PAPILLON : Blanchisseur.
(Idem.)— Comme le papillon, il
arrive de la campagne, et ses ai-
les blanches sont représentées
par les paquets de linge qu'il
porte sur l'épaule.
PAPILLON (vieux) : Vieil-
I
PAR
— 265 —
PAR
lard conservant les allures ga-
lantes de la jeunesse.
PAPILLONNEUR : Voleur
exploitant les voitures des blan-
chisseurs qui apportent le linge
à Paris. (Vidocq.)
PAQUECIN, PAQUEMON :
Paquet. — Adjonctions de fina-
les. « Ne faut-il pas que balu-
chons et paquecins disparaissent
subitement? Personne n'égale le
cambrioleur dans l'art de démé-
nager. » (A. Monnier.)
PAQUELIN : Flatteur. (Hal-
bert.) — C'est patelin avec chan-
gement d'une consonne.
PAQUELIN : Enfer. (Halbert.)
Abréviation de paqiielin de ra-
boin : pays du diable.
PAQUET : Homme sans va-
leur. (Rabasse.) — Se dit aussi
d'une femme sans tournure et
sans grâce.
PAQUET (faire son) : Se pré-
parer à la mort, au voyage éter-
nel.
D' père on d' vient plus tard grand
père, .
C'est là qu' commence 1' déchet ;
Voyant qu'on n' peut plus rien faire
On pense à fair' son paquet.
( L. Audréhan.),
PAQUETS (faire des) : Tri-
cher en interposant des cartes
préparées dans son jeu.
PARADIS (porter en) : « Vous
voulez parler du coup de poing...
Oh! le beau jeune homme ne
portera pas cela en paradis! »
(Ricard.) — C'est-à-dire : il me
le payera avant sa mort. V. En-
voyer.
PARALANCE : Parapluie.
(Vidocq.) Mot à mot : pare l'eau.
V. Lance.
PARÉ : Prêt à répondre. (Ra-
basse.) Abrév. de préparé. .
PARISIEN : Homme indisci-
pliné et négligent, — «Ah! mille
noms! faut-il être Parisien! j'ai
oublié l'ampoulette! » {Phys. du
Matelot.)
PARLEMENTARISME : Doc-
trine subordonnant tout au con-
trôle parlementaire. — « Le par-
lementarisme y fleurit avec une
splendeur inquiétante. » (F. Ma-
gnard, yS.)
PARLER PAPIER : Écrire,
mot à mot : parler sur le papier.
— « C'est lui qui parle papier
pour moi à mon oncle. » (Vi-
dal, 33.)
PARLOTTE : Lieu où l'on
parle, où l'on confère. — « La
Chambre des députés n'est plus
qu'une bavette, un cercle, une
parlotte. » (A. Karr.)
PARNASSIEN : Poëte. — Ce
terme paraît moins dû aux pro-
cédés d'une école particulière
qu'au retentissementd'un recueil
imprimé vers i866 sous le titre
de. Parnasse contemporain ; on y
trouvait réunies des pièces de
vers inédites de tous les poètes
vivants. « Le parnassien se met à
lire à Cham deux ou trois piè-
ces. » (P. Véron.)
PAROISSIEN : Individu. —
« Que de paroissiens fameux
dont il ne serait plus question
par ici, si un homme de talent
n'était là pour leur y tailler une
couronne de n'importe quoi sur
, la mémoire. » (Gavarni.)
PAR
— 266 —
PAR
PAROLE, MA PAROLE! :
Je t'en donne ma parole d'hon-
neur, je le jure ! — Abréviation.
— « Tu me plais ! non, parole !
écoute, j'ai pas d'amant. Veux-tu
me l'être? » (H. Monnier.)
ROSEMONDE.
M'enlever, juste ciel ! Tout de bon ?
ALCINDOR.
Ma parole!
On dit de même ta parole ?
pour dire : garantirais-tu ceci en
donnant ta parole d'honneur? —
A presque toujours un sens iro-
nique ou dubitatif.
PAROLIER : Auteur de livret
d'opéra ou de romance. — a Pa-
rolier pour chansonnettes, il a
eu l'insigne honneur d'être mis
en musique par Offenbach. »
(E. Blondet.)
PARON : Carré, palier. (Co-
lombey.)
PAROUFLE : Paroisse. (Hal-
bert.) — Changement de finale.
PARRAIN : Témoin. — Allu-
sion à la fonction du parrainage.
— « Des parrains aboulés dans le
burlin du quart d'œil ont bonni
qu'ils reconobraient ma frime
pour l'avoir allumée sur la pla-
carde du fourmilion, au moment
du grinchissage. » (Vidocq.)
Parrain : Avocat. V. Bêcheur.
Parrain d'altèque : Témoin à
décharge. (Id.)
Parrain fargueur : Témoin à
charge. (Id.)
Parrainage :Témo\^n2i^Q. (Id.)
PARTAGEUR, PARTAGEUX:
Communiste croyant à la possi-
bilité du partage égal d' tous les
biens.
PARTERRÎÊ (prendre un bil-
let de): Tomber. — Calembour.
PARTI : Endormi. — « Allons,
les voilà partis, dit Vratrin en
remuant la tête du pèi e Goriot
et celle d'Eugène. » (Balzac.) On
dit aussi parti pour 1 1 gloire.
Allusion aux rêves duiiormeur.
PARTI : Ivre. — Mê ne allu-
sion que pour lancé. C'est un
degré de moins.
PARTICULE : Se dit de la
particule de(\u\ précède les noms
aristocratiques. — « C-' maître
d'écriture, fou de la panicule, se
prétendait d'origine noliliaire. »
(Néel de Lavigne, 5o.)
PARTICULIER, PARTICU-
LIÈRE : Bourgeois, bo irgeoise,
individu quelconque. — Argot
de l'armée.
PARTICULIÈRE : Prostituée.
— Mot ancien. — « Tu tes meslé
et accouplé avec des putains et
des infâmes particulière-;. » {Le
tableau dutyran Ma^^arin, 1649.)
— «Les mauvaises têtes lu quar-
tier, qui tiraient la sav; te pour
les particulières de la ri:e d'An-
goulême. » (Ricard.) — a Voilà
qu'un mouchard m'anène une
particulière assez gentille. » (Vi-
dal, 33.)
PARTICULIÈRE : Maîtresse.
— « Ce terme, si trivial ^n appa-
rence, appartient à la galanterie
raffinée et remonte aux bergers
du Lignon. On lit à cha ]ue ins-
tant dans l'Astrée : Pcirticula-
riser une dame, en faire sa par-
ticulière dame, pour lui adresser
ses hommages. » (Mi.rty-La-
veaux.)
PAS - 267 - PAS
PASSANT : Soulier. — Il sert
à faire des pas. — « Les passants
PARTIE : Représentation dra-
matique exceptionnelle où figu-
rent des artistes amateurs. —
« Santiquet monta une partie au
théâtre Chantereine. » (De Boi-
gne, 57.) V. Monter.
^ PARTIES (fille à) : « La fille
à parties n'est qu'une prostituée
en carte ou isolée, mais avec
plus de formes... elle se fait sui-
vre par sa tournure élégante ou
par un coup d'oeil furtif... » (F.
Béraud.) La maison où aboutit
la rencontre, se nomme maison
à parties ou maison de passe.
L'acte des clientes est qualifié de
passe ou passade. Le terme re-
monte au xvm® siècle.
PARTIES CHARNUES : Der-
rière. — C'est la partie la plus
charnue du corps. V. Postérieur.
PAS (n'être pas rien, n'être) :
Négation ironiquementemployée
comme affirmation : — « Ernest:
Avec qui que tu veux que je soye
donc? Eupène : Merci, tu n'es
pas rageur. » (Monselet.) — On
dit de même : Il n'est pas rien
chien, pour il est avare; — //
n'est rien dégoûté, pour il est
difficile.
PAS GRAND'CHOSE : Per-
sonne de médiocre vertu. — « Tu
as filé avec ta pas grand'chose. »
(P. de Kock.) .
PASQUELIN, PACLIN : Pays.
(Halbert.)
PASQUINER LA MALTOU-
SE : Faire la contrebande. (Hal-
bert.)
PASSACAILLER : Se faufiler
avant les autres, supplanter. (Vi-
docq.)
rompus et la lyme trouée. » {Vie
de saint Christofle, Grenoble,
i53o.),
PASSE. V. Parties (fille à).
PASSE : Secours. — « Deman-
der la passe, c'est demander un
secours aux ouvriers où l'on
passe. » (Moisand, 41.)
PASSE : Guillotine. V. Ger-
ber. — Allusion à la passe de la
fatale lunette.
PASSE (faire une) : Se pros-
tituer. V. Parties,
PASSE (gerber à la) : Con-
damner à la guillotine. V. Ger-
ber.
PASSE -CRIGK
(Vidocq.)
PASSE-LACET : Fille publi-
que. (Vidocq.)
PASSE-LANCE
docq.) V. Lance,
passe-eau.
PASSE-PASSE
joueurs ; elle consiste à passer
une carte. — « Plus tard, il de-
viendra grec, étudiera les passe-
passe, se servira de la tabatière
d'or poli pour voir le jeu de son
partenaire, » (Almanach des Dé-
biteurs, i85i.)
PASSE-PASSE (joueur de) :
Filou. V. ci-dessus. Du temps
de Rabelais jouer de passe-passe,
signifiait déjà voler. — «Qui des-
robe, ravist et joue de passe-
passe. » {Pantagruel, liv. 3, ch.
XVIII.)
PASSE-SINGE : Roué, hom-
me dépassant un singe en malice.
Passeport.
: Bateau. (Vi-
Mot à mot :
Flouerie de
PAS
— 26S -
PAS
PASSER AU BLEU : S'effacer, '
disparaître. — On sait quel rôle
le bleu joue dans le blanchis-
sage. — « Le pont rouge est passé
au bleu... bien et dûment écrou-
lé. » (De Charny.) — u. Plus d'un
jaunet passe au bleu. » (Jouvet.)
V. Laver, Nettoyer, Lessiver.
PASSER AU DIXIÈME : De-
venir fDu. — Terme usité parmi
les officiers d'armes spéciales.
Frappés du nombre de cama-
rades que leur enlevaient des at-
teintes d'aliénation mentale, ils
disent : H est passé au dixiè-
me ( régiment ), pour montrer
combien ils sont décimés par des
pertes, sur lesquelles l'étude des
sciences ne serait pas, dit-on,
sans influence. — « L'officier du
génie passe souvent au dixième.»
( Vie parisienne, 67.)
PASSER DE BELLE (se) : Ne
pas recevoir sa part de vol. (Vi-
docq.)
PASSER DOUCE (se la) : Vivre
sans souci.
PASSER DU VIN en contre-
bande : S'enivrer hors barrière et
rentrer plein comme un baril.
PASSER L'ARME A GAU-
CHE : Mourir, militairement
parlant. Aux enterrements, le
soldat passe l'arme sous le bras
gauche. — « Toute la famille a
passé l'arme à gauche. » (La-
croix, 32.)
PASSER LA JAMBE : Donner
un croc-en-jambe, et, par exten-
sion, renverser. — « Son ennemi
roulait à ses pieds, car il venait
de lui passer la jambe. » (Vidal.)
PASSER LA JAMBE A THO-
MAS : Être de corvée à la ca-
serne pour l'enlèvement des go-
guenots. — Allusion à l'action
de les renverser dans les latri-
nes.
C'est un vrai velours que la :;outte
Pour les débiles estomacs,
Surtout si cela te dégoûte
De passer la jambe à Thomas.
(Raoul Fauvel.)
PASSER LA MAIN : Céder son
tour. Terme de joueur pris au
tiguré. « Nous passons aujour-
d'hui la main à deux de nos
amis qui s'entendent à parler. »
{Tam-Tam, 76.)
PASSER LA RAMPE (ne
point) : (( Les comédies en vers
et les ' comédies morales sont
destinées à ne point ] asser la
rampe, c'est-à-dire à ne j^oint en-
trer dans l'esprit du public. »
(J. Duflot.)
PASSER SOUS LA PORTE-
SAINT -DKNIS (ne po avoir) :
Être trompé par sa feiime. —
Allusion à la hauteur les cor-
nes symboliques du coc lage. —
« Quelque méchante bêre affec-
tait en sa présence de dire qu'il
ne pouvait plus passer sous la
Porte Saint-Denis. » (Zol i.)
PASSIER, PASSIF, PASSI-
FLE : Soulier. Formes diverses
de passant. V. Merlin.
PASSIFLEUR : Cordonnier.
PASSIONS (homme, femme
à) : « Vous êtes trop jeune pour
bien connaître Paris ; vc us sau-
rez plus tard qu'il s'y rencontre
ce que nous nommons djs hom-
mes à passions. Ces gens-là n'ont
soif que d'une certaine eau prise
à une certaine fontaine et sou-
PAT
rent croupie. » (Balzac, Père
Goriot.)
PASTILLE : « En implorant
une pièce de 5o centimes, une
pastille, une belette, une pepette
I comme ils disent dans leur ar-
\ got. » (Gavaillé.) — Allusion de
i forme.
PASTIQUER : Passer. —
Changement de finale. V. Aba-
\dis.
PASTIQUER LA MALTOU-
SE : Passer de la contrebande.
PATAFIOLER : Écraser. —
« Aux gardes du commerce !...
iQue le bon Dieu les patafiole !...»
î(Gavarni.) — Mot provençal.
PATAPOUF : Gros homme
itoujours essoufflé. — Onoma-
topée. — « Chaque fois que j'al-
Mais chez ce gros patapouf de
M. Frontboisé...» (L. Bienvenu.)
PATARD : Monnaie de billon.
— En 1808, on donnait ce nom
à un gros sou double. (V. Dhau-
tel.) Le patar était une mon-
naie flamande qui valait un sou
tau xv« siècle. V. Du Cange.
PATE (la) ; Lime. (Grandval.)
— Sans doute pour patte. La
•lime griffe le fer comme la patte
.griffe la peau.
PÂTÉE : Correction. — « Il
avait voulu manger un grand
gaillard. Aussi a-t-il reçu une
, pâtée. » (Delagny, les Souteneurs,
1861.)
PATENTE : Papier de sûreté.
(Rabasse.)
PATENTE : « C'était une de
ces casquettes molles rabattant
sur le nez qui font aux soute-
neurs de barrières une coiffure
169 — PAT
si caractéristique. Comme elle
n'est portée que par eux, elle est
en quelque sorte la patente de
leur ignoble métier. » (P. Par-
fait, 72.)
PATIRAS, PATITO : Souffre-
douleur, homme qui pâtit. — Le
second mot est italien. Le pre-
mier semble le futur du verbe
pâtir. — « Moi qui tout à l'heure
étais le pâtiras de tout le mon-
de. » (E. Sue.) — « Le professeur
se traîne dans les fers de la si-
gnora, grevé des servitudes d'un
patito. » (Heine.)
PATISSIER (sale) : Homme
malpropre , tripoteur d'affaires
véreuses. V. Boulette.
PATOCHE : Main. Péjoratif
de patte. — « Retire tes pato-
ches, colle-moi ça dans un ti-
roir. » (Zola.)
PATRAQUE : Patrouille. (Vi-
docq.) — Changement de finale
qui a pu être un jeu de mots.
Les anciennes patrouilles mar-
chaient aussi mal qu'une pa-
traque. V. Moucharde. — Se dit
par extension d'une administra-
tion mal organisée.
PATRON-MINETTE : Asso-
ciation de bandits.
PATRONET : Apprenti pâtis-
sier. — « Le matin il faut que le
petit patronat soit debout pour
aller à la halle avec son maître.»
(Vinçard.)
PATROUILLE (en) : En train
de se griser, s'arrêtant de mar-
chand de vins en marchand de
vins, comme la patrouille s'ar-
rête de poste en poste. — a Qua-
tre jours en patrouille, pour dire
PAV
- 270
PAY
en folies bachiques. » {Cabarets
de Paris, 21.)
PATROUILLER : Faire pa-
trouille. — (( En ma qualité de
caporal postiche de voltigeurs,
j'ai passé la nuit à patrouiller. »
(Festeau.)
PATROUILLER : Manier, pa-
tiner. Mot à mot : rouler dans
ses pattes. — « Mais c'est vrai,
tiens! ça vous patrouille c'te
marchandise, et puis ça part. »
(Vadé, 1 788.)
PATTE : Habileté de main.—
« Mal dessiné, mais beaucoup de
chic. — Oui, il a de la patte. »
(L. de Neuville.)
PATTE : Pied, main. — Se
trouve déjà dans le Testament
de Villon. — a On en voit qui se
faufilent dans des omnibus. Le
reste s'en retourne à pattes, hon-
teusement. » (Alb. Second.)
PATTE (coup de) : Propos
méchant.
PATTES DE MOUCHE : Écri-
ture très-fine, — « Et l'écriture,
il écrit avec des petites pattes de
mouche bien agréables. » (Fes-
teau.)
PATURON : Pied, pas. (Hal-
bert.) — Animalisme. V. Flacul,
Rebâtir.
PAUMER : Perdre. — « Je ne
roupille que poitou ; je paumerai
la sorbonne si ton palpitant ne
fade pas les sentiments du
mien.» (Vidocq.) V. Marron.
PAVÉ : Éloge maladroit. —
Allusion au pavé de la fable. —
« C'était un journal pavé de
bonnes intentions ; mais on y
rencontrait plus de pavés encore
que de bonnes intentions. » (A
Second.)
PAVÉ (c'est tout) : Ironique-
ment pour dire : C'ust très-loir
d'ici, mais la route est bonne!
PAVÉ DE BONNES INTEN-
TIONS : Se dit ire niquemen
d'une maladresse commise avec
de bonnes intentions. — « On i
aussi chanté un hymae A ceuA
qui sont morts pour !a France
pavé de patriotisme et de bonne;
intentions. » {Monitiur, juillei
72.)
PAVILLON : Perse nne à têtt
folle, dont les idées flottent i
tous les vents comi le Tétoffe
d'un pavillon.
PAVILLONNER : Faire de?
folies, déraisonner. — « On ren-
quillera dans la taule à mesigut
pour refaiter gourdem ^nt, et che-
numentpavillonner, ctpicterdv
pavois sans lance. » (Vidocq.)
PAVOIS : Fou. (Lalberi.)-
Mot à mot : pavoisé. A Uusion ai;
navire qui se pavoise en multi-
pliant ses pavillons. C r Pavillor
veut dire en argot un } eu fou.
PAVOIS : Gris. (Ri basse.) -
« Être pavois, c'est et e dans la
vigne du Seigneur, da is toute U
joie de Bacchus. » (Gh. Coligny.]
PAVOISER (se) : Faire toi-
lette. — Terme de n arine. V.
Astiquer.
PAYER (tu vas me 1 :) : Se dit
en plaisantant, à quelqu'un qu
vient de faire ou diu quelque
chose d'exceptionnel. 3n ajoute
souvent Aglaé, sans Joute pai
allusion à quelque ch mson po-
pulaire. — a Tu vas mi lepr.yer^
PEA
— 27f ~
PÈG
Aglaé, est un mot qui touche à
certains côtés intimes de la vie
parisienne. » (Mané, 63.)
PAYER (se) : Se passer la fan-
taisie de. — « Cette liaison est la
seule toquade sérieuse qu'il se
soit payée. » {Vie parisienne, 66.)
PAYER : Rosser d'impor-
tance. — {Almanach des Débi-
teurs, 5 1.)
PAYOL : « Forçat employé
aux vivres ou à la comptabilité.»
(M. Christophe.)
PÉ (ily a du): Y. Pet.
PEAU : Laide ou vieille pros-
tituée. — En provençal, s'appelle
aussi peou : peau. On dit sou-
vent aussi peau de chien. — a Est-
ce que je la connais, moi, cette
peau. » (Zola.)
PEAU (être dans la) : Être à la
place. — a Je ne voudrais pas
être dans la peau du suborneur.»
(Gavarni.)
PEAU (être en) : Être en robe
décolletée, mot à mot montrer sa
peau. — « L'autre soir elle se
préparait à se rendre à un dîner
décolletée, tout en peau, comme
on dit aujourd'hui. » {Figaro,
75.)
PEAU DE BALLE (faire) : N'a-
voir rien découvert. (Rabasse.)
PEAU COURTE (avoir la) :
Péter. (Delvau.) — Comparai-
son du ventre distendu par des
vents à une peau trop courte
éclatant avec bruit.
PEAU FINE : Jeune homme
coquet, efféminé.
PEAU DE LAPIN ; « Les mê-
mes industriels font le soir la
peau de lapin. On appelle ainsi,
en argot, le commerce des con-
tre-marques de théâtre. » (A.
d'Aunay.)
PEAUSSER (se) : Se déguiser.
Mot à mot : se cacher dans la
peau de. — « Je vais me peausser
en gendarme. » (Balzac.)
PÉCUNE : Argent. — Vieux
mot.
PÉDÉ, PÉDÉRO : — Abrévia-
tion d& pédéraste. V. Etre (en).
PÉDESOUILLE : Paysan. (Ra-
basse.) Moi à mot : pied crotté,
pied souillé. — « Il s'emballa au
point de traiter Coupeau de ped-
zouille. » (Zola.)
PÉGOCE : Pou. (Halbert.) —
Vient du vieux mot pegous qui
signifiait tenace.
PÉGOSSIER : Pouilleux. —
« Et le Grand - Saint •Nicola'^,
l'estaminet des pégossiers. » (Pri-
vât d'Anglemont.)
PÈGRE : Caste de voleurs.
Elle se divise en haute et basse
pègre. — « La haute pègre est
l'association des voleurs les plus
anciens et les plus exercés ; ils
ne commettent que de gros vols
et méprisent les voleurs ordi-
naires qui sont appelés dérisoi-
rement pégriots, chiff'onniers ,
pègres à tnarteau ou blavimstes,
par un pègre de la haute. » (Vi-
docq.) — « Des Paganini de ruis-
seau, des domestiques qui ne
cherchent pas de place, des sol-
dats en bordée, des grinches de
la petite pègre. » (Privât d'An-
glemont.)
PÈGRE : Voleur. — « Un jour
PEI - 2
à la Croix-Rouge, nous étions
dix à douze, tous pègres de re-
nom. » (Vidocq.) V. Esgourne.
PÉGRENNE : Faim, misère.
PÉGRENNER : Faire maigre
chère. V. Bâchasse.
PÉGRIOT : Voleur maladroit
ou malheureux. — « Quiconque
ne se fait pas un nom dans la
caste criminelle qu'il s'est choisie
est MTV pé griot de la basse pègre.»
(A. Monnier.)
PÉGRIOT : « Apprenti voleur
se faisant la main aux étalages.»
(Canler.) V. Boucarnier, Pègre.
PÉGRIOT (brûler le) : Effacer
la trace d'un vol. (Halbert.)
PEIGNE : Clef. (Vidocq.) —
Le mot doit être imagé et ancien,
car les clefs du moyen âge affec-
tent souvent la forme d'un pei-
gne.
PEIGNÉE : Lutte dans la-
quelle on s'empoigne aux che-
veux, et, par extension, combat.
— « Là-dessus , elles commen-
cent à se repasser une peignée
des mieux administrées, se ros-
sant comme deux enragées. »
(Vidal, 33.)
PEINTRE : Balayeur. — Al-
lusion au balai ou pinceau dont
il est armé. V. Pinceau.
PEINTURE (ne pouvoir voir
en) : Détester quelqu'un au point
de ne pouvoir souftrir son image.
PEINTURLURER : Peindre
grossièrement.
PÉKIN : « On nomme Pékin
tout ce qui n'est pas militaire,
comme nous appelons militaire
tout ce qui n'est pas civil. » (Tal-
'2 ~ PEL
leyrand.) — Ce doit être une
forme du mot péchin qui signifie
Qx\coTQ petit dans le Midi. Pour
les gens de .guerre d'aiitrefois,
les bourgeois étaient de petites
gens.
Dans la bouche du militaire,
je suis pékin veut dire aussi je
suis dégagé de toute obligation.
Un élève sortant de Saint-Cyrse
dit pékin de bahut. — « Le Saint-
Cyrien abandonne avec joie cette
école... il est pékin de bahut. »
(Lubet.)
PÉLAGO : Prison de Sainte-
Pélagie. (Colombey.) — Chan-
gement de finale.
PÈLERIN : Se dit de tout
homme déterminé à une entre-
prise. — (( J'embusque nés pè-
lerins et nous tombons sur la
cavalerie.» (Général Christophe,
Lettres f 12.)
PELLARD : Foin. (Vidocq.)
— Diminutif du vieux mol pel :
poil. L'herbe est le poi' de la
terre. Nous disons encore pC"
louse.
PELLE : Chemin. (Idem.)
^ PELLE AU CUL (recevoir la):
Etre mis violemment à la porte.
— « Retrais-toy... ains qu'on te
frappe au cul la pelle. » (Villon,
1456.)
PELLO (n'avoir pas un) : N'a-
voir pas un sou. (Rabasse.)
PELOTAGE : Flatterie.
PELOTAGE : Caresse. — «Pas
de pelotage! Guillotine/ -moi,
mais ne me flétrissez pas. » {Le
dernier jour d'un condamné.)
PELOTAGE (avoir du) ; Avoir
des appas rebondis.
PÉL
*- 27J —
PER
PELOTE : Bourse. (Grand-
val.) — II s'agit sans doute ici
de la bourse pleine.
PELOTER : Caresser. - « La
fière crevette outrée... défiait La-
tygne de la peloter ainsi. » (Mi-
chu.)
Vive la pomme et les pommiers !
Leur aspect seul nous ravigote.
L'on doit baiser les deux premiers,
Avec les seconds l'on pelote.
(Mémoires de Bachaumont, 19 fé-
vrier 1779. Les Pommes j versa
Mme la Comtesse de P.)
PELOTER : Flatter avec in-
tention. Acceptation finale du
mot précédent. — « Il ne blaguait
plus le sergent de ville en l'ap-
pelant Badingue... Il paraissait
surtout estimer Virginie... C'é-
tait visible, illes pelotait.» (Zola.)
PELOTER : Battre. Mot à
mot : rouler comme une pelote.
— « Partout, l'on se colleté et on
se pelote. » (Mahalin, 67.) —
« Aussi, comme on les pelotait !
On inventait des bottes exprès
pour eux. » (De Villemessant.)
PELOTEUR : Flatteur. — a Se
montrer rampant, peloteur et
bêta. » (Wado.)
PELOUET, PELOUETTE :
Loup, louve. (Halbert.) — Dimi-
nutif avec transposition du p
final.
PELURE : Vêtement de drap.
— Vieux mot. Pelisse, son
synonyme, est resté dans la lan-
gue. — « Garde une de tes belles
pelures. » (Balzac.) V. Épates,
Frusques, Nettoyer, Renversant.
PENDANTE : Boucle d'oreille.
(Vidocq.) — Elle pend à l'oreille.
PENDANTE : Chaîne de mon-
tre. (Grandval.) — Elle pend au
gilet.
PENDU GLACÉ : Réverbère.
(Vidocq.) — Allusion à la sus-
pension et au vitrage de l'ancien
réverbère. V. Glacière.
PENNE : Clef. (Vidocq.) —
Forme de peigne. V. ce mot.
PENSUM : Sergent de ville.
Mot à mot : pince-hommes. —
Ce calembour sort évidemment
du collège.
PENTE : Poire. (Halbert.)
PENTE (avoir une) : Etre ivre
à trébucher sur un terrain plat
comme sur une pente.
PÉPÉE : Poupée. — Redou-
blement de la seconde syllabe. —
« Ah ! ma jolie pépée, une mor-
veuse qu'on aurait dû encore
moucher. » (Zola.)
PEPETTE : Pièce de 5o cen-
times. Corruption de piécette. V.
Pastille.
PÉPIN : Vieux parapluie. —
Allusion au parapluie que por-
tait toujours Pépin, l'un des ac-
cusés du procès Fieschi. — « Ne
pas avoir le plus piètre rifflard,
la plus hideuse mauve, le plus
méchant pépin à lui donner! »
{Phys. du parapluie, 41.)
PÉQUIN : Bourgeois. V. Pé-
kin.
PERCHE (tendre la) : Tirer
quelqu'un d'embarras, comme
si on tendait une perche à un
homme en danger de se noyer.
— « Le souffleur aide l'acteur
tremblant, il tend la perche aux
faibles. » (J. Duflot.) V. Lâcher.
PERCHER : Loger. — Allu-
PER - 2
sion à la multiplicité et à la hau-
teur des étages parisiens.— a Où
perches-tu, petit? fit le réaliste
au novice. » (Michu.)
PÈRE FRAPPART : Marteau.
— Calembour.
PERFORMANCES : « L'en-
semble des résultats heureux ou
malheureux obtenus sur le turf
par un cheval. » (E. Parent.) —
Anglicanisme.
PERFORMER : a Un bon ou
mauvais performer est tout sim-
plement un cheval dont les per-
formances sont bonnes ou mau-
vaises. » (Id.)
PERPETTE (à) : Condamné à
perpétuité. V. Longe.
PERPIGNAN (un) : Manche
de fouet. — « De Perpignan
vient le manche de fouet flexible
qu'on appelle un perpignan. »
(Le Héricher, 64.)
PERROQUET (étouffer, étran-
gler, plumer, asphyxier un) :
Boire un verre d'absinthe. —
Allusion à la couleur verte du
liquide qui teinte le verre dont
la main du buveur étrangle le
cou. Le perroquet est ordinaire-
ment de cette couleur. — « Étouf-
fer un perroquet : cette locution
signitie, dans le langage des ate-
liers, prendre un verre d'absin-
the. » (Marc-Bayeux.) — « Quel-
ques vieux absinthiers préfèrent
courir le risque de plumer un
perroquet de plus. » {Vie pari-
sienne, (jb.) V. Étrangler,
PERRUQUE : Suranné, com-
me les grandes perruques du
vieux temps. — « C'est Grétry
ressuscité et avec moins de peti-
tesse dans la manière. Sa musi-
4 —
PES
que est aussi un peu perruque^
qu'on me passe ce terme de cou-
lisse, qui est si pittoresque. »
(QqjIq, Rome en 181 7; Paris, 27.)
— a C'est plus q\iQ faux toupet,
c'est empire, c'est perruq ue, c'est
rococo, c'est Pompadour. » (Th.
Gautier, 33.)
PERSIGNER : Enfoncer. (Ra-
basse). C'est percer avec allon-
gement de finale.
PERSIL, PERSIL EN FLEUR :
Commerce de prostitutioa. (Hal-
bert.)
PERSIL (mesdames dui : Nom
ironique donné à Taris ocratie
galante qui se fait voitur^r cha-
que jour au bois, sur b bord
du lac.
PERSILLER, CUEILLIR DU
PERSIL, FAIRE SON PIZRSIL,
ALLER AU PERSIL : Raccro-
cher le passant. (Halbe-t.) —
« Elles explorent les boubvards,
persillent dans les squares nou-
veaux, dans l'espoir d'y rencon-
trer des miches sérieux. » (Ly-
nol.)
PERSILLEUSE. V. Être (en).
PERSILLÉ : Émaillé, garni.
V. Zing,
PERTE DE VUE (à) : A per*
pétuité. (Rabasse.)
PESCILLER : Prendre. Y.Ser-
vir. Criblage.
PÈSE (avoir du) : Av )ir de
l'argent. (Rabasse.) Forme de
p'e^ie. .
PESSIGNER : Recevoir. (Ra-
basse.)— « Je te raccorde p u- une
lazagne du truc dont les irtou-
pans nous ont pessignés. » (Ra-
basse.)
PET
— 27:) —
PET
F£T (il y a du) : Il y a du ^
I danger, la police est proche.
I (Dictionnaire d'argot, 44.) —
Faire le pet : Faire mauvaise
mine. (Grand val, 1727.) — Les
vocabulaires que nous venons de
citer donnent P et non Pet. Cette
dernière leçon a l'avantage d'être
, plus conforme à la prononcia-
I tion et d'offrir un sens. Il y a
I du pet serait un synonyme de :
[Ça sent mauvais, qui a le même
[sens. Péter veut dire d'autre part
se plaindre en justice. — Il est
enfin à remarquer que les éco-
liers emploient une exclamation
analogue {Vesse) pour annoncer
l'apparition d'un surveillant.
PETARD, PÉTEUX : Der-
rière.— On entend de reste l'éty-
mologie de ce bruyant syno-
nyme. — ce Sur son péteux, v'ià
que je l'étalé. » {Le Casse-Gueule,
41.) — « Elle agirait prudem-
ment en mettant sa fessée sous
verre... Et ce ne serait pas long,
elle pouvait apprêter son pé-
tard. » (Zola.)
PÉTARD : Haricot. (Vidocq.)
— Effet pris pour la cause.
PÉTARD : Soufflet. — Allu-
sion à son bruit. — a Si tu n' te
tais, je t'allonge un pétard sur
ton vilain masque. » {Dialogues
poissards, xvin» siècle.)
PÉTARD (faire du) : Faire un
éclat.
Que j'suis bête .., j'en pleure...
Mais d'vant lui j' frai du train.
Oii ! oui, j' frai du pétard
En te r' voyant. Oscar.
{Les Rigolos, alman. chantant p. 1869 .)
PÉTER : Se plaindre en jus-
tice. (Vidocq.)
PÉTEUR : Dénonciateur. Le
mot musicien pris dans le dou-
ble sens de haricot et de dénon-
ciateur, offre la même allusion à
double entente. V. Proute.
PÉTESEG ; Personne acariâ-
tre, officier raide dans le service.
— <( Il l'appelle tête de pioche,
boîte à ragots, M'ne Pétesec. »
(Zola.)
PÉTEUX. V. Pétard.
PETIT (faire le) : Uriner. —
Par opposition à faire le gros
qui veut dire... le reste.
PETIT BONHOMME DE
CHEMIN (aller son) : Suivre
tranquillement et modestement
sa voie. V. Nom d'un..,
PETIT CAPORAL : Napo-
léon I". — Allusion au grade
imaginaire que lui décerna l'en-
thousiasme de ses soldats, au
lendemain d'une victoire. — « Le
souhait de S. M. Prussienne et
les appréciations du petit capo-
ral. » (M. Saint-Hilaire.) ,
PETIT HOMME NOIR : Broc
de vin. — Allusion de forme et
de couleur noirâtre. — « Bour-
geois, ajouta Boizamort, passe-
nous un petit homme noir. »
(Ladimir, 41.)
PETIT MANTEAU BLEU :
Homme bienfaisant. — Ce syno-
nyme est la plus belle récompense
qu'ait décernée le peuple à un
philanthrope bien connu. — « On
parlerait de toi comme d'un pe-
tit manteau bleu. » (Balzac.)
PETIT MONDE: Lentille. (Vi-
docq.)
PETIT TONDU : Napoléon I".
PET - 2;
— Sobriquet soldatesque. Il fut
donné bien entendu lorsque le
premier consul eut coupé les
longs cheveux du conquérant de
l'Egypte.
PETITE BÊTE (chercher la) :
« Un artiste qui, se défiant de
l'intelligence du public, souligne
chaque mot qu'il récite, cherche
la petite bête. » (J. Duflot.) — En
art et en littérature, chercher la
petite bête, c'est se donner beau-
coup de mal dans un but qui
n'en vaut pas la peine.
PETITE DAME : Femme ga-
lante. — « Il y a trente ans, on
ne disait pas encore une lorette,
ni une biche, ni une petite dame,
ni une cocotte. » (Dumas fils,
i85o.) — aDes petites dames dont
nous rencontrions grande quan-
tité dans de petites voitures. »
(Mérimée, 67.)
PETITE ÉGLISE : Coterie. —
« Il faut que ce prince revienne
par la petite église à laquelle ils
appartiennent. » (Saint-Genest,
75.)
PETOUSE : Pistolet. V. Pé-
troux.
PÉTROLE : Verre de cognac.
— Il incendie l'estomac, V. Co-
gne.
PETROLER : Incendier au
pétrole. — « Et pourquoi ne pil-
Icrait-on pas ? Pourquoi ne pé-
trolerait-on pas? Ils sont quatre
aujourd'hui; dans six mois ils
seront vingt. » {^Paris-Journal ,
septembre 72.)
PETROLEUR, PÉTROLEU-
SE : Homme ou femme ayant
incendié Paris sous la Commune,
ou sympathisant avec les incen
-6 -
PMA
diaires. — « Cette fois, monsieur
avait pris les devants ei dénoncé
madame comme pétroleuse. »
(Lelioux.) — (( Le jury de pein-
ture refuse là-bas les tal leaux de
C... comme pétroleur. » {^Mar-
seille Tintamarre.)
PÉTROUSQUIN : Badaud. V.
Bouline. — C'est un s} nonyme
de Pierrot qui est pris dans le
même sens, car Pétrousquin est
un nom d'homme, diminutif de
Petrus (Pierre). -
PEIUN : Tabac. (Vidocq.)-
C'est un vieux mot. ■
PETUNIÈRE : Tabaticre. (Id.)
PEU (un) : Se dit ironique-
ment pour certainement, beau-
coup. On dit aussi un peu, mon
neveu! V. Ça, Chouette.
PÊZE : Argent. (Vidocq.) —
De pesos j monnaie espagnole.
PHARAMINEUX : Étonnant.
Mot à mot : éblouissant comme
un phare. — « Commenu, vous
voila? C'est pharamineu c; mais
d'où sortez-vous? » (L.-J. Jac-
ques.) — « Partez, nobes pon-
teurs, et cherchez la miàn pha-
ramineuse. » (Alyge.)
PHAROS : Gouverneur. (Haï-
bert.) C'est le mot grec dans
toute sa pureté, en api^arence
du moins. Car tant qu'on ne
m'aura pas établi sa tn nsmis-
sion par des exemples, je n'y
verrai qu'une forme de f.iraud :
qui a de beaux habits et qui en
est fier.
PHILIBERT : Filou. (":olom-
bey.) — Changement de linalj.
PHILIPPE ; ECU à l'ef.i.^ic d^
MI
— 277 —
//
PIC
Louis-Philippe. — a On dit que
tu as poissé nos philippes. »
(Balzac.)
PHILIPPIENNE « La mode des
vielliebchen s'infiltre au sein de
la bonne société. A ceux qui
ignorent les douceurs de ce^ba-
dinage germanique, nous dirons
que pour faire un vielliebchen,
et non philippienne, comme on
le dit à toit, il faut deux per-
sonnes et une amande double.
Celui ou celle qui a le bonheur
de briser la coque de l'amande
partage avec son voisin. A dater
de ce moment, les voilà liés par
un contrat qui force à un cadeau
celui qui n'a pas eu la présence
d'esprit de dire le premier, dès
le lendemain : « Bonjour, viel-
liebchen ! » — Ce qui veut dire :
bonjour, très-cher. » Monde
illustré, 65.)
PHILISTIN : «A propos, qu'est-
ce qu'un Philistin? Autrefois,
en Grèce, il s'appelait béotien ;
on le nomme cokney en Angle-
terre; épicier ou Prudhomme à
Paris, et les étudiants d'Alle-
magne lui ont conféré l'appella-
tion de PMz5f m. » (DeNeuville.)
PHILOSOPHE : Savate, vieux
soulier revenu des vanités de ce
monde. V. Arpion.
PHILOSOPHE : Grec. Il faut
voir ici soit filou avec change-
ment de finale comme dans
Philibert, soit une allusion à la
Grèce, patrie de la philosophie.
V. Travailleur.
PHILOSOPHE : Chiffonnier
(Rabasse.) — Comparaison de
la lanterne du chiffonnier à celle
de Diogène.
PHOTO : Photographe, pho-
tographie. — Abréviation.— «Je
fais comme le photo du coin,
j'opère tout seul. » {Notes d'un
agent, 69.)— Si on dit une photo,
c^ila veut dire une photographie.
PI (parler en) : Ajouter pi à
chaque syllabe du mot prononcé.
« Ainsi, « pour dire attaquons,
ils diront atpitapiquonspi. » (Ra-
basse.)
PIAF : Vanité, orgueil. (Vi-
docq.) — Du vieux mot piafart:
fastueux. Mot expressif. Le va-
niteux piaffe comme un cheval
de luxe. — C'est un vieux mot
de patois picard, comme le mon-
tre ce passage d'une chanson
du cru. — « J'avais pour foère
(faire) elpiafe eine belle culotte.»
(Chanson picarde citée par l'abbé
Corblet, 5i.)
PIANOTER , PIANOCHER :
Jouer médiocrement du piano.
— « On ne devait pas pianoter
pendant la nuit. » (Balzac.) V.
Hallebarde.
PIASTRE : a De grosses pièces
blanches, des piastres (pièces de
cinq francs) sont engagées . »
(Cavaillé.)
PIAULE : Maison, chambre,
taverne. V. Artie.
PIAUSSER: Se coucher. (Hal-
bert.) V. Pieu.
PIAUX : « Ils vont raconter
des piaux aux autres caleurs.
Piaux est un terme trivial, bien
connu dans l'imprimerie; il si-
gnifie blagues, mensonges. »
(Moisand, 41.)
PIC (Tomber à): Tomber juste
à point.
16
PIC
~ 278 —
PIE
PICAILLONS : Eçus. — « J' leur
donnerons des picaillons. Vive
la paix! Vive la nation! » (Tour-
neur tiJs, 1800.)
PIGCOLET : Petit vin de pays.
— Diminutif de picton, avec
même changement de finale que
ses synonymes briolet et gin-
glet.
En joyeux fils de Grégoire,
J'aime le piccolet.
(Aiig. Hardy.)
PICCOLO : Augmentatif de
piccolet. B'ien que plus moderne,
il a déjà droit de cité dans cer-
tains restaurants, y compris le
bulïet du Moniteur, où il figure
sur la carte des vins, à 90 c. le
litre (187^).
PIC HE: Pique, couleur de
cartes. Changement de finale. *-
« Vous entendrez dire, en jetant
du pique sur la table : — Je joue
piche. » (Alhoy.)
PICHENET : C'est encore une
variante de piccolet. — « Le pi-
chenet et le vitriol l'engraissaient
positivement. » (Zola, 77.)
PICKPOCKET : Voleur à la
tire anglais. Mot à mot : pique-
poche, et par extension, voleur
quelconque. — a II n'en est pas
moins vrai que ces pickpocket
du désert sortaient de chez lui.»
{Comment, de Loriot.)
PICKPOCKETER : Voler. —
« Un Anglais ! malheureuse ,
nous sommes pickpocketés . »
{Almanacli du Hanneton, 67.)
PICORAGE : Vol commis sur
la grande route. (Vidocq.) C'est
le passant qui est picoré. |
PICOUSE : Haie d'q ines. -
EUe pique. V. Défleurir.
PICPOU, PICPRUNE : Tail-
leur. V. Piquepou, Picqueprune.
PICTER: Boire. - lie Picton
V. Papillonner.
PICTON, PIQUETON : Vin
supérieur. — Augmentatif de p/-
quette. — a Si l'ancien picton
n'est que de la piquet; e, espé-
rons cV année en fair' cie meil-
leur. » (Layale.) V. Biture.
PICTONNER : Boire, s'eni-
vrer. (Rabasse.)
PIÈCE AFEMMES: Pixedont
la réussite est basée sur 'exhibi-
tion de jolies femmes. — « Avez-
vousvu cette reprise d'Or ohée?...
Voilà une pièce à femmes. » (Ville-
mot.)
PIÈCE A POUDRE : Pièce
dramatique, dont le s.ijet re-
monte aux règnes de L< uis XV
ou Louis XVI, et comp( rte des
personnages à coiffure p judrée.
PIÈCE A TIROIRS : c Pièce
où l'acteur joue huit rôl s diffé-
rents », dit, en 1826, 1 1 Chro-
nique indiscrète, mais on peut
se contenter à moins.
PIÈCE A TRUCS : Pièce où
les changements à vue sont nom-
breux. Les féeries sont les pièces
à trucs par excellence.
PIÈCE DE BŒUF : « Grand
article sur les choses du ir ornent.
On l'appelle aussi la pièc de ré-
sistance. Un excellent ournal
qui ne servirait pas tous Ijs jours
à ses abonnés la pièce d^ bœut
ne serait pas sûr de ré' issir. »
[Biog. des Journalistes, 26.) —
On dit aujourd'hui tarth e.
PIE — 279 —
PIÈCE DE RÉSISTANCE :
Gros morceau de viande sur
lequel un maître de maison
compte pour satisfaire l'appétit
de ses convives.
PIÈCE FORCÉE (vol à la) :
«Il s'exécute avec deux compères.
Le premier donne en payement
une pièce reconnaissable à un
signe quelconque . Le second
arrive ensuite, achète, ne paye
pas, prétend avoir payé. Déné-
gation du marchand confondu
en retrouvant dans sa caisse la
pièce signalée. » (Rabasse.)
PIED (Donner un coup de) :
Marcher vivement. (Dhautel.) —
« Je vais donner un coup de pied
jusque dans les salons. » (About.)
Ne pas se donner de coups de
pied : Se vanter.
PIED (Mise à) : Mise en non-
activité. — « Une mise à pied
enseigna à notre inspecteur à
faire plus exactement son ser-
vice. » (Canler.)
PIED A DORMIR DEBOUT :
Pied fort large. Mot à mot :
assez large pour empêcher de
tomber si on dort debout. On
disait jadis souliers au lieu de
pieds. — « Souliers à dormir de-
bout sont souliers larges. » (Ou-
din, 1640.)— « C'est pas votre
général qui a des pieds à dormir
debout? » (Gavarni.)
PIED BLEU : Conscrit. Allu-
sion aux guêtres de toile bleue
du paysan. — « Le pied bleu ne
prête pas longtemps à rire par
sa gaucherie. » (La BédoUière.)
PIED DE COCHON: Pistolet.
— Allusion de forme.
Jouer un pied de cochon :
PIE
Tromper, décamper. — « Vous
avez donc voulu nous jouer un
pied de cochon. » (Canler.)
PIED DE MARMITE (Nez en) :
Nez disgracieusement relevé.
PIERREUSE : « Ce sobriquet
a été donné aux femmes, parce
qu'elles font ordinairement leur
honteux commerce dans les
lieux où l'on bâtit. » (Dhautel,
08.) — « La pierreuse est une
prostituée qui, dans sa sphère
de turpitudes, est tombée au plus
bas degré de l'abjection... elle
cherche toujours les ténèbres. .
derrière des monceaux de démo-
lition, des tas de pierres. » (Bé-
raud.) Cet avant-dernier mot
donne l'étymologie.
PIERROT : Collerette à grands
plis comme celle de Pierrot. —
« Madame Pochard a vu aplatir
sur son corsatje les mille plis
d'un pierrot taillé dans le der-
nier goût. » (Ricard, 2Q.)
PIERROT : Naïf, niais,
comme Pierrot de la comédie. —
« Le valet de cantine se fait
rincer 1' bec par les pierrots. »
(Wado.)
PIERROT : Verre de vin
blanc. — Allusion de couleur. —
« J'étais-t-allé à la barrière des
Deux-Moulins, histoire d'asphy-
xier le pierrot. » (La Correc-
tionnelle, 44.)
PIEU : Lit. — Corruption du
vieux mot d'argot piau : lit. Il
nous en est resté piausser : se
coucher. — « On peut enquiller
par la venterne de la cambriolle
de la larbine qui n'y pionce
quelpoique, elle roupille dans le
pieu du raze. » (Vidocq.)
PIG
— 280 —
PIL
PIEUVRE : Femme galante
épuisant le corps ou la bourse
d'un amant. — Allusion à la pieu-
vre, qui joue un rôle si absor-
bant dans les Travailleurs de la
mer, de Victor Hugo. — « Un
monsieur se présenta chez la
pieuvre, maîtresse du logis. »
(Evénement, 1 1 avril 66.) — « La
femme entretenue, récemment
nommée pieuvre. » (Boue de
Villiers, 66.)
PIF, PIVASE : Nez de grande
et forte dimension.
L'autre jour, rue Saint-Martin,
Voilà qu'un plaisant gamin
Me dit, en riant aux éclats :
C cadet-là, quel pif qu'il al
(Guinaud, Sg.)
PIFFARD : qui a un grand
nez.
PIFFER : N'être pas content.
Mot à mot : faire son nez.
PIGE:Année.(Vidocq.) Heure.
(Rabasse.) Dans les deux cas,
c'est une mesure de temps. V.
Piger.
PIGE : Prison. — Abréviation
de piget. V. Oncle.
PIGEON : Dupe. -- Comme
l'oiseau de ce nom, elle est des-
tinée à être plumée. — On trouve
souvent ce mot au xvin« siècle.
V. Jaunet. — « Bien que le
pigeon (joueur honnête) soit
à notre avis peudigne d'intérêt.»
(Cavaillé.)
PIGEONNER : Duper. Mot à
mot : plumer comme un pigeon.
— « Un de ceux qui se laissent
pigeonner. » (Dialogues de Ta-
hurejiu, i586.)
PîGER. : Mesurer. — Lçs ou-
vriers nomment;?/g-eunnorceau
-le bois donnant la longueur in-
diquée par le plan. — Au moyen
âge, on appelait pigours les fa-
bricants de mesures.
PIGER : Considérer. Mot à
mot : mesurer de l'œil. — « Pige-
moi ça, regarde-moi un peu ce
chique! » (La Bédollière.) —
(( Avise ta nymphe, j'ai pigé la
mienne qui estun peuchicarde. »
(Ladimir.)
PIGER : Arrêter. — «. Vous
tenez donc absolument à me
faire piger. On ne jouera plus
chez moi. C'est fini ! » (Cf. vaille.)
PIGER : Prendre. — « N' vous
gênez pas, pigez tout ce que
j'ai, prenez! ça me fera plaisir.»
(H. Monnier.)
PIGET : Château. (Vidocq.)
PIGNARD : Postérieur. — Du
vieux mot pigné.
PIGNOCHER (Se) : Se battre.
Dérivé du verbe se peig}ier. V.
ce mot. — « Dupanloup e: l'Uni-
versité se pignochent à qui
mieux mieux. » (Mahalin.)
PIGNOUF : Chez les cordon-
niers, le maître s'appelle /o?îf//"e,
l'ouvrier gniaf, et l'apprenti pi-
gnouf.
PIGNOUF : Voyou, homme
grossier, mal élevé. C'est le mot
précédent pris au figuré . —
« C'est des pignoufs, passez-moi
l'expression. » {Almanach du
Hanneton.)
PILCHE : Étui. (Colombey.)
PILER DU POIVRE: Marcher
avec des pieds endoloris, ei souf-
frant comme si du poivj e pilé
brûlait la cl\a^ïv
PIN
— 281 —
PIO
PILER DU POIVRE (Faire) :
Terrasser quelqu'un plusieurs
fois en le laissant retomber
comme un pilon. — Même allu-
sion pour ce qui regarde une au-
tre partie du corps.
PILER LE BITUxME : Raccro-
cher sur le trottoir qui est le plus
souvent bitumé. On dit de même
polir l'asphalte.
PILIER : Habitué de café ou
d'estaminet, n'en bougeant pas
plus que le pilier chargé de sou-
tenir le plafond. — « Murger
répondant à quelqu'un qui lui
reprochait de tournerau pilierde
café : Vous avez raison, car je
soutiens ce qui m'écrase. » (P.
Véron.)
PILIER : Maître, commis.
PILLE : Cent francs. — Abré-
viation de pile de cent francs. —
« Je ne manque pas le coche
(l'occasion de voler) de deux pilles
chez un troquet. Premier sape-
ment. Six mois. » (Beauvillier.)
PILOCHE : Dent. (Colombey.)
Elle pile les aliments.
PILOIR : Doigt. (Colombey.)
PIMPELOTTER (Se) : Se ré-
galer.— «Elle n'haït pas degobi-
chonner et de se pimpelotter. »
[Im Correctionnelle.)
P I M P I O N S : Espèces mon-
nayées. — Vieux mot. — Lepim-
pion était une petite monnaie
espagnole du xiii» siècle.
PINCE ^chaud de la) : Pail-
lard. — Corruption de mot.
C'était un chaud de la pince,
Qui peuplait dans chaqu' province
L'hospice d's enfants trouvés.
(Festeau.)
PINCE-CUL : Bal public de
dernier ordre. — Allusion aux
licences qu'on s'y permet. —
« Ce bal inouï que l'argot témé-
raire de ses habitués avait sur-
nommé le pince... » (P. Féval.)
V. Casse-Gueule.
PINCEAU: Pied. — « Je lui
détache un coup de pinceau sur
la giberne. » (Monselet.)
PINCEAU: Balai. — Tous
deux se ressemblent. — a Les
hommes de corvée sont tous là
prêts, le pinceau en main, je veux
dire le balai en joue. » (Vidal,
33.) — ce Tenant en main un
pinceau, plus vulgairement ap-
pelé balai de bouleau. » (La Bé-
dollière.)
PINCE -LOQUE : Aiguille.
(Halbert.) — Elle raccommode les
loques.
PINCEZ-MOI ÇA: c Énorme
nœud que les femmes portent
au bas de la taille, dans le dos,
et qui se complète par deux ru-
bans très-larges, très-longs et
retombant.» [Figaro, i« février
68.)
PIOCHER : Travailler assidû-
ment. — « Tu peux piocher
douze heures par jour. » (Rey-
baud.)
PIOCHER : Battre. — « Je te
pioche, je te fais danser la ma-
laisée. * (Paillet.)
PIOGHEUR : Travailleur assi-
du. — « Il y avait là de vieux
piocheurs qui s'installaient aune
table. » (G. Sand.)
P I O L E : Maison, chambre.
(Rabasse.) V. Piaule.
PIOLET : Gobelet. (Halbert.)
16.
PIP — 2
PIOLLE : Cabaret. (Grandval.)
— De pioUer.
PIOLLER : S'enivrer. Vieux
mot. — De piot : vin, boisson,
qui se retrouve dans notre mot :
pépie.
PIOLLIER : Cabaretier.
(Grandval.)
PION : a C'est ]e nom du
maître d'études... Le pion gagne
un morceau de pain tous les
jours et 400 francs tous les ans...
et il n'a pas d'autre perspective. »
(Ourliac, 41.)
PION : Ivre. — Du vieux mot
pier : boire.
PIONCER : Dormir. — Forme
de piausser. — « Nous nous som-
mes mis à pioncer, nous ne pen-
sions plus à l'appel. » (Vidal, 33.)
PIOU , PIOUPIOU : Jeune
fantassin. — Ce doit être le mot
piéton avec changement de fina-
les. — « Entre le jeanjean et le
tourlourou, il y a un intermé-
diaire, le pioupiou. » (M. Saint-
Hiiaire.)
PIPE (Casser sa) : Mourir. —
Ceux qui sont morts ne fument
plus. — « Casser sa pipe: oh!
c'est déjà vieux ! ça a de la barbe.
Onaditdepuis casser son crayon
et on dit maintenant lâcher la
rampe, ou remercier son bou-
langer, ou dévisser son billard. t>
(Villars.)
PIPELET, PIPELETTE :
Portier, portière. — Du nom
d'un portier ridicule des Mys-
tères de Paris, d'E. Sue. — «il
continueraàapprendreaux vingt-
deux pipelettes hydropiques qui
forment ce qu'il appelle ses char-
52 - PIQ
mantes lectrices. » (Tan- -Tarn,
75.)
PIPER: Fumer la pi e. —
« II me semble qu'on a pif i ici.»
(Gavarni.)
PIPER UN PÈGRE : Arrêter
un voleur. (Rabasse.)
PIPET : Château. (Halbert.) —
C'est sans doute piget.
PIQUAGE (voler au) : Percer
des fûts de vin ou d'alcool et
soustraire une partie de leur
contenu pendant qu'on les mène
à domicile.
PIQUANTE : Épingle (Vi-
docq.)
PIQUANTINE : Puce. (Hal-
bert.)
PIQUE-EN-TERRE: Vc laille.
PIQUÉ DES VERS, DES
HANNETONS (Pas) : Aussi
frais, aussi sain que la euille
respectée par les hannetoi s, ou
le fruit respecté par les v< rs. —
« Une jeunesse entre qui ize et
seize, point piquée des hanne-
tons, un vrai bouton de i :)se. r)
(^Montépin.) — « Une syl ihide
qui n'est point du tout piquée
des hannetons. » (J. Arago, 38.)
C'estqu'elle n'était pas piquée de , vers,
Eh oui, morbleu !
C'est c' qu'il faut à Mathieu.
(Les Amours de Mathieu, c2.)
PIQUEPOUX : Tailleur. (Ra-
basse.) C'est sans doute une allu-
sion du genre de celle qui suit.
PIQUE-PRUNE : Taillei r. —
Le mot est populaire, mai son
origine paraît inconnue dans le
métier. — Rabelais y fer lit-il
allusion quand, parlant d'un tail-
PIS
— 283 —
PIT
leur affolé qui ne sait plus ce
qu'il fait, il dit : « Au lieu d'un
savon, il tailloit un chappeau
à prunes sucées. » (Pantagruel,
1. ly, ch. LU.) — Ce qui est cer-
tain, c'est que, au xvii* siècle, les
compagnons s'appelaient non
pique-prune mais croque-prune.
On pourrait voir ici une corn-
paraison du va-et-vient de Tai-
guille au va-et-vient des prunes
prises une à une et portées à la
bouche.
PIQUER l'étrangère, un chien,
un laïus, un renard, un soleil,
se piquer le nez.^ V. ces mots.
PIQUER SUR QUATRE :
Gagner une partie d'écarté pres-
que perdue, lorsque votre adver-
saire a sur vous quatre points
d'avance.
PISSAT D'ANE : Eau-de-vie,
bière. — « Donnez-nous de la
jaune, de votre pissat d'âne pre-
mier numéro. » (Zola.)
PISSE-FROID , PISSE-VER-
GLAS : Homme glacial, insen-
sible. — « Coquin! Voleur!
Vicomte de le piperie! Pisse-ver-
glas dans la canicule. » (Caté-
chisme poissard, 40.)
PISSER (Envoyer) : Éconduire,
congédier. — Cette injure est
vieille. Au mot Pissare, le glos-
saire de Du Cange cite une
lettre de rémission de 1465, où,
entre autres « grandes paroUes »
reprochées au délinquant, on
rapporte qu'il envoia pisser son
adversaire.
PISSER DES LAMES ^e rasoir
en travers (faire) : Tourmenter
au suprême degré.
PISSER SA COTELETTE :
Accoucher, mettre au monde un
enfant. — Allusion à la côte
d'Adam qui fit Eve. — Dhautel
emploie dans le même sqiïs piS'
ser des os.
PISSER DES YEUX : Pleurer.
— a Elle eut beau pisser des
yeux. C'était peine perdue. »
(Vadé, J744.)
PISTOLE : « Ily a à la pistole
une jeune dame très-distinguée...
On appelle ainsi les cellules ré-
servées qu'on peut mettre à la
disposition des détenues... Le
nom vient probablement de ce
qu'anciennement on payait une
pistole parmois.»(DeGrandpré.)
PISTOLET : Homme singu-
lier. — c( On rit avec toi et tu te
fâches... En voilà un drôle de
pistolet! » (Gavarni.J
PISTOLIER : Prisonnier à la
pistole.' — « Les pistoliers ont
seuls le droit de rester, pendant
le jour, dans leurs chambres, et
d'y conserver de la lumière après
l'heure du coucher. » (Moreau
Christophe, Sy.)
PISTON: Appariteur, prépa-
rateur d'un cours de physique. —
Allusion à ses manipulations.
PISTON : Importun. — On
connaît l'agaçante régularité du
coup de piston.
PISTONNER : Importuner.
PITANCHER : Manger, boire.
(Halbert.) Mot à mot : manger
sa pitance. — « Pitancher de
l'eau d'aff, c'est boire de l'eau-
de-vie. » (A. de Bréhat.)
PITON : Nez rond comme un
piton vissé dans une planche. —
PIV - :
a Ah ! quel nez, quel beau piton!
C'est un marchand d'éteignoirs.»
(Pecquet.;
PITRE : Paillasse chargé
d'attirer la foule autour d'un
banquiste. — a Hé! Paillasse!
avec ta face bourgeonnée, pitre
de tireurs de cartes, amasseur
de badauds ! » {Catéchisme pois-
sard, 44.)
PITROUX, PÉTOUZE : Pis-
tolet. (Grandval, Vidocq.) Mot à
mot : arme cuî pette. Au moyen
âge, on appelait petereaux de
petites bouches à feu.
PITUITER : Déblatérer. —
Allusion aux crachats de la pi-
tuite. — a On en a déjà assez
pituite sur notre compte . »
(Lynol.)
PIVASE : Grand nez. V. Pif.
PIVASTE : Enfant. (Halbert.)
PIVER : Ressort dentelé de
montre ou de pendule servant à
scier les barreaux. — Il revient à
la charge comme le piver contre
l'arbre qu'il perce de son bec.
PIVOIS, PIVRE : Vin. — Allu-
sion à la couleur rouge de la pi-
voine ? Peut-être aussi est-ce un
diminutif du vieux mot piot :
vinr— « On s' pousse du pivois
à six ronds dans 1' battant . »
{Chansonnier, impr. Sthal, 36.)
— « Avons-je du vin ?... Non...
Apportez du pivois, hé vite ! »
(Vadé,i788.)
Pivois citron: Vinaigre. (Hal-
bert.)
Pivois savonné : Vin blanc.
(Idem.)
PIVOT : Plume. V. Servir. —
184 —
PLA
Le bec d'une plume ligure un
petit pivot.
PLACARDE : Place. — Aug-
mentatif. V. Parrain.
PLACE D'ARMES : Estomac.
— Les aliments ydéfilent tous les
jours. — c( Frappant sur son
estomac, un baigneur dit: « Rien
à la place d'armes?... :»{Viepa'
risienne.)
PLAFOND : Boîte du crâne. —
C'est le plafond ducer\eau.
Avoir une araignée (ou des
trichines) dans le plafond : Dé-
raisonner. — c< T'as tr< p de tri-
chines au plafond. » {Almanach
du Hanneton, 67.)
PLAN : Prison. — a Tu vou-
drais que je grinchissesans trac-
querde tomber au plan. » (Vi-
docq.) V. Manger.
PLAN : Mont-de-pié:é. — De
plan : Prison. Le mont-de-picté
est une prison d'objets engagés.
« On mettra tout en ph.n plutôt
que de refuser un cataplasme à
ce pauvre chéri. » (L. Reybaud.)
PLAN (11 y a) : Il y a moyen
de réussir. (Rabasse.)
PLAN (Laisser en) ; Abandon-
ner. — Mot à mot laisser sur le
terrain. « Et cet animal de "bar-
bier qui me laisse en plan. »
(Cormon.)
PLAN (Rester en) : Rester dans
un hôtel ou un restaurant pour
répondre d'une dépense faite par
plusieurs.
PLAN DE COUILLÉ : Prison
préventive. Mot à mot : Prison
de niais. Couillé est ici pour
couyon. — V. Marquet.
PLAN DE COUYÉ : Prison,
PLA
- 285
PLE
«ubie pour un autre. (Halbert.)
Forme du terme ci-dessus.
PLANCHE (Faire sa) : Montrer
de la loideur, être guindé.
PLANCHE (Sans) : Sans façon.
— Abrév. de « sans faire sa
planche. » — « L'écaillère de ses
propos poissards vous entretient
sans planche. » {Cabarets de Pa-
ris, 21.)
PLANCHE AU PAIN : Banc
des prévenus, tribunal. (Halbert.)
PLANCHÉ : Condamné. (Co-
lombey.) De planche au pain. V.
ce mot.
PLANCHER : Moquer. —
et Est-ce que tu planches ? pour :
Te moques-tu de moi ? » (Dhau-
tel, 08.)
Ne pas plancher : Être exact.
(Rabasse.)
• PLANCHERIE : Plaisanterie.
PLANCHEUR : Mauvais plai-
sant. (Colombey.)
PLANQUE : Cachette. (Hal-
bert.) V. Bayafe.
PLANQUE : Observation. -
On se cache pour bien observer.
V. planquer. — a J'allai en com-
pagnie de H..., et le laissant en
planque (en observation), je
montai chez Chardon.» (Canler.)
PLANQUER : Cacher. V. Dé-
planquer.
PLAQUE (Être en) : Se dégui-
ser en commissionnaire. — Allu-
sion à sa plaque légale. — « Un
affilié lira qu'il faut être en ha-
bit ou en plaque. » (P. Parisien,
11-)
PLAQUER ; Jeter là, aban-
donner : — « Elle te quitte pour
un autre cornard, et tu te trouves
plaqué. » {Compte rendu d'un ha^
bitué de réunions publiques j 69.)
PLAQUER SON MAIRE :
Abandonner son ami.
PLASTRONNEUR : Gandin
faisant grande exhibition d'un
immense devant de chemise à la
mode depuis 1869.
PLATINE : Verve. — a II a
une bonne platine, se dit d'un
grand babillard. » (Dhautel.)
PLATRE : Argent. (Vidocq.)
— L'argent comme le plâtre sert
à boucher les trous. — « On
m'écrit pour me demander d'où
vient la locution a avoir du
plâtre, » synonyme « d'être au
sac. » (Tam-Tam, 76.) — // est
au plâtre : il a de l'argent. (Ra-
basse.)
PLEIN, PLEIN COMME UN
ŒUF, COMME UN SAC : Saoul.
— «Un homme plein comme
un œuf, pour avoir trop mangé. »
(Le Duchat, lySS.)
PLEIN DE SOUPE : Person-
nage épais et maladroit. — « Deux
gros pleins de soupe chez qui le
moindre coup de poing un peu
sec s'imprimerait comme dans
un fromage. » (Jean Rousseau,
75.)
PLEURANT : Oignon. (Vi-
docq.) — Il fait pleurer. Effet
pris pour la cause.
PLEUT (11) : « Ces mots //
pleut signifient en langue de
franc-maçonnerie : Taisons-nous,
parce qu'on nous écoute. » {A ven-
tures de Jérôme Sharp j 1789.)
PLEUT (II) ; Formule néga-
tive.
PLU
286 -
POC
PUANT: Couteau. (Grandval.)
— Il s'agit ici du couteau à lame
pliant sur le manche.
PLOMB : a Gaz caché dans les
fentes des pierres et qui tue
comme la foudre le vidangeur
qui en est atteint. » (Berthaud.)
PLOMB : Mal ve'nérien. (Vi-
docq.)
PLOMB : Gosier. — Allusion aux
réservoirs dans lesquels se dé-
versent à Paris les eaux sales de
chaque étage. — « Préault buvait
coup sur coup. Gautier affligé...
lui dit : « Ah çà! tu f... ça dans
le plomb, toi ! » (Deschanel.)
PLOMBE : Heure. — Onoma-
topée. Plombe est le bruit grave
d'une sonnerie de grosse hor-
loge. V. C rosser.
PLOMBE : Année. (Halbert,
Rabasse.)
PLOMBER : Puer. Allusion
aux plombs parisiens qui sen-
tent souvent mauvais. — ce Ce
sont mes pieds, ils plombent,
comme dit notre collaborateur
Albert Monnier. » (V. Blouet.)
PLOMBER : Donner le mal
vénérien,
PLONGEUR : Misérable, dé-
guenillé. (Vidocq.) Mot à mot :
aussi nu qu'un plongeur. V.
Pafe.
PLOYANT, PLOYÉ : Porte-
feuille.—Un portefeuille SQ ploie.
— « Les dimanches tu grinchi-
ras, dans les tôles, bogues et
ployants. » (Vidocq.)
PLUMADE : Paillasse. (Hal-
bert.) — De plume de Beauce.
PLUME : Pince à ef'^raction. ,;
V, Caroiibleur.
PLUME DE BEAUCE : Paille. ;
— La Beauce est riche e 1 céréa-
les. — « Quelle poésie! la paille •
est la plume de Beauce. » (Bal-
zac.)
PLUMET (Avoir son) : S'eni-
vrer, s'empourprer le visage
comme un plumet d'uiMforme.
— « N'est-ce pas que j' dois vous
faire l'effet d'avoir c'qui s'appelle
un plumet? Messieurs, c'est le
picton! » (Voizo.)
PLUS QUE ÇA de ch c ! Plus
que ça de monnaie ! Plu. que ça
de genre : Quel chic! qv.elle for-
tune ! quel genre ! Mot à not : Tu
n'as pas plus que ça de chic ? etc.
La négation est ironique comme
dans 11 n'est rien chic. y. Rien.
— « Mazette! pus que ça (iechic!»
(E. Blondet.) — « Mon homme a
la croix d'honneur. Pu , que ça
d' monnaie! » (Ricard.)
Pour abréger, on dit aussi
Qjie ça : « C'est la voitui e du vi-
comte de Saint-Remy. — Que ça
de genre? merci! » (E. Sue.)
PLUS SOUVENT :Ja nais. —
« Ma sainte te ressembla, Nini.
— Plus souvent que j'ai un air
chose comme ça! » (Cavarni.)
V. Rasoir.
POCHARD : Ivrogne, ivre.
Mot à mot : buveur qui a rempli
sa. poche ou son estomac. — «Je
ne sais pas ce que j'ai... je crois
que je suis un peu po. hard. »
(M. Michel.)
POCHARDER : Enivrer.
Puisque tu soldes ma dépt nse,
Je n' me pochard'rai qu'av ;c toi.
(Festeau.)
POI
287-
POI
POCHARDERIE : Ivrognerie.
(Vidocq,37.)
POCHE : Même sens que po-
chard, dont il est l'abréviation.
POCHON : Contusion. —
« Suivant qu'un pochon bien ap-
pliqué vient nuancer un œil ou
froisser un nez. » (H. Rolland.)
POÉTRIAU : Petit poète sans
valeur. — « Des peintres, des
poétriaux. » (Balzac)
POGNE : Voleur. — Mot à
mot : qui empoigne. V. Empo-
gne. — a La pogne pour fendre
un archer levait déjà le bras. »
(Grandval, 1726.) V. Poigne.
POGNON, Poignon : Argent.
(Halbert.)— Mot à mot : ce qui se
prend et passe dans la main ou
pogne. — « Casque donc ton po-
gnon, mon vieux. » (Almanach
du Hanneton, 67.) — « Est-il
homme à lâcher son poignon ? »
(Cavaillé.)
POIGNE, POGNE : Main. (Vi-
docq.) — La main empoigne. —
« J'ai la poigne solide, ça me
suffit, et je vous étrangle. » (E.
Lemoine.) V. Loubion, Bridon.
POIGNE (A): Qui n'hésite pas
à prendre des mesures de ri-
gueur. Mot à mot : qui empoi-
gne ou fait empoigner (arrêter)
sans hésiter. C'est un mot du
second empire où on a parlé
beaucoup des préfets à poigne
(prononcez pogne). — « Un de
ces ministres à poigne qui ne
reculent devant aucun moyen. »
{Liberté, y 5.)
POIGNET (M-"" veuve) : Ona-
nisme. — Cette image sinis-
tre en dit plus que tout le
traité de feu Tissot sur le danger
d'une telle monomanie.
POIGNON : V. Pognon.
POIL : Réprimande. — « Et
quand tu es rentré, tu as dû
attraper un fier poil? — Ne
m'en parle pas, on m'a envoyé
coucher sans souper. » (Evéne-
ment.)—ic Je suis allé rendre visite.
au colonel qui m'a administré
un poil. » {Comm. de Loriot.)
POIL (A) : Résolu. Mot à mot:
ayant du poil au cœur. V. plus
bas. — « Des bougres à poil,
déterminés à vivre libres ou
mourir. » (Hébert, 1793.)
POIL (A) : De talent. —«M'est
avis qu'il faut z'être un artiste à
poil pour ça. » (Désaugiers.)
POILS (A) : Nu. Mot à mot :
sans autre vêtement que ses
poils.
POIL AU CŒUR (Avoir du) :
Avoir du courage. — Le poil est
un signe de virilité. Le plus sou-
vent cœur est remplacé par un
mot qui a la même lettre initiale.
— «Quoi! dit-il, ta valeur las-
sée!... Pppule, as-tu du poil au
cœur?» (A. Lagarde, le Bonhom-
me Popule, Pau, 36.)
POIL DANS LA MAIN (Avoir
un) : Être fainéant. (Dhautel.)—
On dit plus longuement : Il a un
poil dans la main qui l'empêche
de travailler, pour faire enten-
dre que la cause de son inaction
est imaginaire.
POIL (Faire le) : Surpasser.
Mot à mot : raser. — « 11 n'y a
pas moyen de me faire le poil. »
(Vidal, 35.)
POI
- 2S8 -
POÎ
POILS (Monter à) : Monter un
cheval sans selle. Mot à mot :
n'ayant que ses poils pour cou-
verture. — « Je sautai à bas de
mon cheval. Il me regarda, disant
étonné : Comment! à poil!.. »
(Souvenirs de Krettl}', 09.)
POIL (Tirer le), Tomber sur
le poil : Battre. Mot à mot ;
prendre aux poils, c'est-à-dire
aux cheveux.
POINT : Monnaie. V. Croix.
POINT DE COTÉ : Créancier,
chanteur exploitant les hommes
qui ont certains vices. — Allu-
sion à la gêne causée par le mal
de ce nom.
POINTE (Avoir sa) : Avoir un
commencement, une pointe d'i-
vresse.
POIRE (Faire sa) : Jouer le
dédain. — Allusion à la moue
qui allonge les lèvres en gonflant
les joues. — « Je pourrais m'en
targuer et faire ma poire, t (L.
PoUet.)
POIREAUX (Il est comme
les) : Il est vert et vigoureux
malgré ses cheveux blancs. —
Allusion à la racine chevelue et
blanche du poireau. — L'expres-
sion n'est pas d'hier. — oc Tu me
reproches mon poil grisonnant
et ne consydère point comment
il est de la nature des pourreaux
esquelz nous voyons la teste
blanche et la queue verte, droicte
et vigoureuse. » (Rabelais, 1. III,
ch. XVIII, Pantagruel.)
POISON : « Sobriquet outra-
geant que l'on donne aux cour-
tisanes les plus viles. » (Dhautel,
oS.) — a O poison! disait made-
moiselle P . . . — Égout des cœurs !
répliquait mademoiselle T... »
(J. Janin.) V. Drogue,
POISSE : Voleur. (Ilalbert.)
— Dq poisser.
POISSER : Voler. - Allusion
aux propriétés de la ] oix qui
retient tout ce qu'elle touche.
V. Baite, Billon, Philippe.
POISSER : Arrêter. (Rabasse.)
— «Au bout d'un an. poissé
avec une pesée de gii:ot que
j'allais fourguer. » (i eauvil-
lier.)
POISSER:Enivrer.Mctàmot:
s'imbiber à en devenir p )isseux,
gluant. — « Quand j'ai vu qu'il
allait se poisser, je l'ai aidé à
vider les bouteilles; c'ét. it pour
le sauver.» {La Correctiinnelle.)
POISSEUR : Filou. (Rubasse.)
POISSON : Souteneur. —
Abréviation de poisson d'avril,
comme le prouve cet exemple :
« On appelle poisson d'avril un
poisson qu'on nomme au rement
maquereau, et, parce qi. 'on ap-
pelle du même nom le^ entre-
metteurs des amours illicites,
cela est cause qu'on nomme
aussi ces gens-là poissons d'a-
vril. » (Z)/c^ ^e Trévoux, 1771,
art. Avril.)' — a Jeune, beau,
fort, le poisson ou barbillon est
à la fois le défenseur et le valet
des filles d'amour qui font le
trottoir. » (Canler.)
POISSON : Verre. — D 1 vieux
mot poçon, tasse. — aJ' n' suis
pas trop pompette, viens je ré-
gale d'un poisson.» (Les ^imows
de Jeannette y ch. 43.) Y- Cam-
phre, Soiffer,
POI
POITOU : Nulle chose. Mot à
mot : point du tout. — Jeu de
mots analogue à celui de Niort.
— a Tout est à notre usage. N'é-
pargnons le poitou. » (Vidocq.)
POIVRE :Ivre. — Du vieux
mot poipre : pourpre. — Une
trogne de buveur s'empourpre
volontiers. — « Je voyais bien
qu'il était poivre. » (Monselet.)
POIVRE (Ch..r du) : S'en-
fuir.
POIVRE (Piler du) : V. Piler.
POIVRE ET SEL : « Être vieux
et jeune ; poivre et sel, comme
on dit de ces chevelures qui ne
sont plus brunes et qui répu-
gnent à devenir blanches. «(Mon-
selet.)
POIVREAU ; Vol commis par
un poivrier. (Rabasse.)
POIVREAU : Ivrogne. — De
poivre. — « Je me pique trop le
nez, je préfère en finir avec
mon existence. Ce sera un poi-
vreau de moins. » {Moniteur,
lo septembre 72.)
POIVREMENT : Payement.-
Poivre, pris dans ce sens, doit
remonter au temps reculé où on
appelait épices ce qui était dû
aux juges pour les frais de jus-
tice.
g POIVRER : Vendre trop cher.
^' — On dit aussi : Saler. (Dhau-
tel, 08.)
POIVRER : Donner le mal vé-
nérien. — « Pour se venger d'un
homme, elle prit du mal exprès
afin de le poivrer. (Taliemant
des Réaux, xvii" siècle.)
POIVREUR : Payeur.
289 — POL
POIVRIER : Habitude d'in^
tempérance. (Rabasse.)
POIVRIER : Homme ivre. V.
Trou.
POIVRIER : « Voleur dont la
spécialité est de dévaliser les
ivrognes. » (Canler.)
POIVRIER (Faire le; : Dévali-
ser les ivrognes. — « Fais-tu
toujours le poivrier? — Si je le
fais, ce n'est pas vous qui me
prendrez. » (Notes d'un agent.)
POIVRIÈRE : Femme ma-
lade, mot à mot : femme qui
poivre. — « Va, poivrière de
Saint-Côme, je me fiche de ton
Jérôme. » (Vadé, 1744.)
POIVROT : Ivre. — Forme de
poivreau.
Quand qu'aile rapplique à la niche
Et qu' nous sommes poivrots,
Gare au bataillon d' la guicheî
C'est nous qu'est les dos.
(Richepin.)
POLICHINELLE : Canon
d'eau-de-vie de même capacité
que le poisson. C'est l'enfant (en
a.rgoi polichinelle) de la chopine.
— « Polichinel... C'est ainsi que
les fiacres nomment une cho-
pine en deux verres. » {Caba-
rets de Paris, 21.)
POLICHINELLE : Nouveau-
né. — Comparaison de ses cris
aigus à ceux de Polichinelle. —
(c On lui donne cent francs, et il
reconnaît le polichinelle. » (A.
SchoU.)
POLICHINELLE DANS LE
TIROIR (Avoir un) : Être en-
ceinte. — « Sais-tu? lui dit sa
femme, je crois avoir un poli-
17
POL
290 —
POL
chinelle dans le tiroir. Le mari
comprend : la femme est inté-
ressante. » (Figaro.) — « La
comtesse : C'est-il donc arrivé?
— La marquise : Un polichi-
nelle. — La comtesse : Ciel ! —
La marquise : Dans le tiroir, ma
chère. — La comtesse : Pauvre
petite. » (E. Villars, 66.)
POLIR L'ASPHALTE, Polir
le bitume : faire le trottoir, rac-
crocher.
POLISSON : Bourrelet atta-
ché au-dessus des hanches pour
étoffer la croupe. A la mode
vers 1823. — «Le polisson, c'était
un mouchoir empesé que les
dames plaçaient au-dessous de la
taille pour donner de l'épaisseur
à la démarche et de l'ampleur
aux tissus. » (Léo Lespès, 55.)
V. Tournure.
Vainement, je voudrais vous dire
Tout ce que cache un polisson.
(E. de Pradel, 23.)
POLÎSSON, POLISSONNE :
Terme amical comme gueux,
coquin, etc. — a Que noce! oh!
mes enfants ! que polissonne de
noce ! » (Sardou.)
POLITICIEN : « Qu'est-ce que
c'est, les trois quarts du temps
que ce que l'on appelle les hom-
mes de parti, les politiciens? Ce
sont des hommes qui n'ayant
pas le courage de suivre une car-
rière tracée, toujours longue et
pénible, se disent : Je vais faire
comme à la roulette... Si ma
couleur sort, je serai tout d'un
coup ministre, préfet, rece-
veur... » (Saint-Genest, yô.) —
a Les politiciens, l'engeance dan-
gereuse et vermineuse qui vit
de la politique. » {Journal de
Paris, 75.) — Ce terme vient
d'Amérique, où la politivjue est,
comme on sait, un métier lu-
cratif.
POLKA : (( Disons quelques
mots de cette gigue anglaise
croisée de valse allemande, qui
fait sautiller aujourd'hui les Pa-
risiens comme autant de coqs
d'Inde sur une plaque brûlante.» '
(E. Arago, 44.)
C'est en ce temps de vogue
qu'on a dit un moment à la
polka, pour dire très-bien.
POLKA : Photographie où fi-
gurent des groupes obscènes. —
« Ces photographies obscènes
que leur argot appelle des pol-
kas. » (Du Camp.)
POLKA (Petit) : On .appelle
ainsi dans le monde ua petit
jeune homme niais, tiré à quatre
épingles, et danseur infatigable.
— « Les jolies femmes dédai-
gnent les petits polka. » (ligaro.)
POLKER : Danser la polka :
« En attendant que la polka dé-
cline, on la conjugue... On dit
polquer à l'infinitif. Pokjue, dit
une femme à son mari. ■ {Cha-
rivari, 44. )
POLKEUR : Danseur de polka.
POLKISTE : Partisan de la
polka. c( Les polkistes ont essayé
de se diviser en deux camps :
les partisans de Cellaius et
ceux de Laborde, autre profes-
seur de polka. La Revue d' Paris
est cellariste enragée, et le Feuil-
leton des Théâtres est latordiste
furieux. Dans le journal le Siè-
cle une guerre civile s'est décla-
rée. » (Charivari, 44.)
POM
291 —
POM
POLOCHON : Traversin. (Hal
bert.)
POxMAQUER : Perdre. V.
Greffier.
POMMADER : Flatter, dénon-
cer. (Rabasse.)
POMMADEUR : « Brocanteur
achetant les meubles brisés ou
vermoulus et mastiquant leurs
défauts avec de la gomme laque
et de la cire. » (Félin.) On l'ap-
pelle pommadeur, parce que sa
marchandise trop vernie semble
pommadée.
POMMADEUR : Flatteur. (Ra-
basse.)
POMMADIER : Perruquier,
coiffeur. (Rabasse.)
POMMADIN : Élégant ridicule
et par trop pommadé. — a Jetez
ces anges sur le bitume à la
merci des pommadins.))(Michu.)
POMMARD : Bière. (Halbert.)
— Est-ce parce qu'elle a la cou-
leur du cidre qui a bien plus de
titres à s'appeler pommard?
POMMÉ : Réussi en n'im-
porte quel genre. ~ « Ah çà!
c'est gentil, c'est pommé.» (Zola.)
•— // nous en a dit une pommée :
il nous a conté une chose drôle.
POMME DE CANNE : Tête ri-
dicule comme celle qu'on sculpte
sur les pommeaux de certaines
cannes.
POMMES (Aux) : Très-bien.
V. Ognom. — Ce superlatif fut
sans doute causé par la passion
qu'avait jadis le gamin parisien
pour le chausson aux pommes.
Après avoir lu l'exemple suivant,
on pourrait y voir une locution
plus âgée. — « Le feu duc de
Brissac (mort en i65i) aimoit
tant les pommes de reinette que,
pour bien louer quelque chose,
il ajoutait toujours de reinette au
bout, tellement qu'on lui ouït
dire quelquefois : C'étoit un hon-
nête homme de reinette. » (Tal-
lemantdes Réaux.)— « J'ai mi-
joté pour ce numéro un petit
éreintement aux pommes. » (J.
Rousseau.)
POMPADOUR : Coquet, ga-
lant, digne de Tépoque où M"" de
Pompadour était en faveur. —
« C'est régence, justaucorps bleu,
Pompadour, xvme siècle, tout ce
qu'il y a de plus maréchal de
Richelieu, rocaille. » (Balzac.)
POMPADOUR : Suranné,
vieillot. Acception ironique du
sens précédent. V, Perruque,
Poncif.
POMPE : Atelier de tailleurs.
V. Pompier.
POMPE ASPIRANTE : Se-
melle trouée pompant la boue.
(Halbert.)
POMPER : Boire copieuse-
ment. — « A la Courtille, je fais
des bêtises quand j'ai pompé le
sirop. » (Mélesville, 3o.)
POMPETTE : Ivre. — Du
vieux mot pompette : pompon.
Cette allusion à la trogne rouge
des buveurs se retrouve dans
plumet et cocarde. Parlant d'un
nez d'ivrogne, Rabelais dit : «ef
purpuré, à pompettes. (Livre II,
ch. jer). — (( Lupolde, à tout
(avec) son rouge nez à pompette,
conclud tous ses contes par vin. »
PON
— 292 —
PON
(Contes d'Eutrapel, xvi« siècle.)
— « Ce scélérat de vin de Cham-
pagne avait joliment tapé ces
messieurs; quant à nous autres,
en vérité, je crois que nous
étions un peu pompettes aussi.»
(Festeau.)
POMPIER : Ivrogne ayant
l'habitude d^ pomper. — « Le
pochard aperçoit un ami, et le
dialogue s'engage entre les deux
pompiers. » (Ladimir.)
POMPIER : Ouvrier tailleur
travaillant à la journée. — « Les
pompiers réunis forment la
pompe. Il y a la grande et la pe-
tite pompe : la grande, pour les
habits et redingotes; la petite,
pour les pantalons et gilets. »
(Roger de Beauvoir.)
POMPON : Tête. — « Il vous
y envoie des pavés que ça brise
les pompons. » (H. Monnier.)
POMPON : Premier rang. —
Allusion au pompon qui distin-
guait avant 1869 les compagnies
d'élite. — « A moi le pompon de
la fidélité. » (Marco Saint-Hi-
laire.) — « A vous le pompon!
Aussi c't' air-là est fièrement
bien faite. » (Carmouche, 26.)
PONANTE : Fille publique.
(Vidocq, 37.) — Mot à mot : cou-
chante. Du vieux mot ponant:
couchant.
PONCIF : Se dit de ce qui est
banal et ne justifie aucune pré-
tention à l'originalité. — S'em-
ploie substantivement et adjecti-
vement. — Vient du mot Pon-
ds : dessin piqué à jour et poncé
d'une façon particulière pour
faire un calque. — a Si chacun
de nous racontait ses bonnes
fortunes? — Allons donc poncif !
Pompadour! A bas la motion!»
(Th. Gautier, 33.) — « Le pon-
cif, c'est la formule de style, de
sentiment, d'idée ou d'image
qui, fanée par l'abus, court les
rues avec un faux air hardi et
coquet. Exemples : Oest plus
qu'un bon livre, c'est une bonne
action. — On ne remplace pas
une mère. — Uhori:{on politique
se rembrunit, etc. » (Aubr) et.)
PONIFFE, PONISSE : Fille
publique, — C'est ponant e avec
changement de finale.
Et si la petite ponifF triche
Sus le compte des rouleaux,
Gare au bataillon de la guiche,
C'est nous qu'est les dos.
(Richepin, 77.)
PONT : « Le pont consistant
à remettre les cartes après la
coupe dans la position où le grec
les a préparées, il va de soi que,
lorsque le pigeon aura coupé
dans le pont, le tour sera joué. »
(Cavaillé.)
On dit faire le pont, couper
dans le pont. V. Couper,
PONT A FAUCHER : Piège
tendu. (Rabasse.)
PONTE : Réunion de pon-
teurs. «Le jeu tombe en longueur
et la ponte glapit sans force. »
(Alyge.)
PONTER : Payer.
PONTES POUR L'AF : As-
semblée de fripons. (Colombey.)
PONTEUR : Bailleur de onds.
W Miche.
PONTEUR : Joueur. — «j'aime
mieux un ponteur qui, orné de
son carton, lentement le pro-
POR
— 293 —
POR
m^ne, qu'un ponteur exalté. »
(Alyge.)
PONTIFE : Maître cordonnier.
V. Pignouf. — Ce mot est expli-
qué par celui de porte-aumusse,
qui fait allusion à la forme du
tablier de cuir.
PONTON D'AMARRAGE :
Vaisseau-prison. Les déportés y
sont comme amarrés. — a Mon
cher camerluche, me voilà enfin
démarré de ce maudit ponton
d'amarrage. » (Rabasse.)
PONTONNIÈRE : « Fille pu-
blique fréquentant le dessous
des ponts.» (Ganler.)
POPOTTE : Table d'hôte,
ratatouille, et au figuré," gâchis.
— Onomatopée rappelant le cla-
potement des mets placés sur le
feu. — « On m'annonçait de chez
nous un envoi de jambons qui
devait remonter la popottc pour
un mois. » (About.)
Des officiers se mettent en pn-
potte, lorsqu'ils font faire leurs
repas par un cuisinier militaire,
sans recourir à un restaurant
bourgeois.
PORC-ÉPIC : Saint-sacrement
(Moreau Chr.)— C'est évidem-
ment une allusion aux rayons de
métal qui se dressent autour du
saint tabernacle comme les soies
d'un porc-épic.
PORTANCHE : Portière. (Co-
lombey.) Changement de finale.
PORTE-AUMUSSE : Maître
cordonnier. — Allusion au tablier
de cuir. — « Nous lui délivrons
le brevet de porte-aumusse, pour
le faire admettre dans la Société. »
{Vieux farceur.)
PORTE BIEN (dui se) : Vi-
goureux, fort. — « Je lui fiche
une paire de gifles qui se por-
taient bien. » {Petit Moniteur
du 20 juillet 66.)
Il se porte bien se dit ironique-
ment d'un homme gris.
PORTEFEUILLE : Lit. — Le . ,
coucheur s'y glisse comme un ^|
papier dans un portefeuille. —
« Il est temps d'aller nous glisser
dans le portefeuille, comme di-
sent les troupiers. » (A. Lecomte,
61.)
PORTE-MAILLOT: Figurante
bonne à porter des maillots,
mais incapable de jouer un rôle.
— « Je vous demande un peu !
une porte-maillot comme ça. »
(Gavarni.)
PORTE-MINCE: Portefeuille.
(Vidocq.) — Mot à mot : porte-
papier.
PORTE-MORNIF : Porte-mon-
naie. (Rabasse.)
PORTE-PIPE : Bouche. —
tt Si je lui payais la goutte, car il
aime furieusement à se rincer le
porte-pipe. » (Vidal, 33.)
PORTE DE PRISON : Per-
sonne revêche. (Dauthel.) — «Les
Avignonnais qui sont aimables
comme des portes de prison. »
[Commentaires de Loriot.)
PORTE-POIGNE : Gant. (Ra-
basse.) C'est à la poigne qu'on
le porte.
PORTE-TRÈFLE : Culotte.
(Vidocq.) — Mot à mot : porte
de l'anus.
PORTÉE : Filouterie de bac-
carat. — a La portée consiste en
un paquet de cartes préparées...
POS — 294 —
de telle manière que le ban-
quier ait pendant un certain
nombre de coups un point supé-
rieur. » (Cavaillé.)
PORTER (En) : Être trompé.
Mot à mot : porter des cornes.
— « Dis donc, Miroux..., de quoi
donc que madame Miroux te fait
porter? » (Gavarni.)
PORTER A LA PEAU : Ex-
citer le désir. — « Cette créature
porte à la peau. » (L. de Neu-
ville.)
PORTRAIT : Figure. — Effet
pris pour la cause. — « Je m'al-
longe. Mais v'ià-t-il pas ma
patte gauche qui lâche le trot-
toir. Je m'étale et je me dégrade
le portrait. » (Monselet.) —
« Lord Seymour criait à Drake :
Tape au portrait, c'est-à-dire :
vise à la figure. » (Villemessant.)
POSE : Étalage mensonger,
attitude maniérée, vaniteuse. —
«L'amour platonique!. ..en voilà
une pose ! » (Gavarni.)
POSER : Mettre en évidence.
Le Dictionnaire de l'Académie
admet le verbe ^05er dans le sens
de « faire étalage, chercher à pa-
raître ce qu'on n'est pas. » —
< Voilà un ménage qui pose une
femme. » (Balzac.)
POSER (Faire) : Mystifier. —
a II croyait toujours qu'on allait
ce qui s'appelle le faire poser et
se moquer de lui. » (Méry.)
POSER SA CHIQUE : Garder
le silence. On a commencé par
dire poser sa chique et faire le
mort.
POS
Le roi règne sans gouverner.
Si le nôtre, un jour, s'en écarte,
Qu'il aille interroger la Charte i
Elle lui répondra d'abord :
Pos' ta chique et fais 1' mort,
(J. Leroy.)
POSER ET MARCHER DANS :
S'embrouiller, se vendre. (Hal-
bert.) — Allusion scatologique,
POSER UN GLUAU : Prendre,
arrêter, emprisonner. — On con-
naît les effets de la glu. — « Mes
anciens compagnons de vol s'é-
taient fait poser un gluau, et
j'étais encore une fois isolé. »
(Lacenaire, 36.)
POSEUR, POSEUSE: Homme
qui pose, femme qui pose. Se
prend aussi adjectivement. —
« Tutoyez les femmes, et si elles
protestent contre vos pri^ autés,
insinuez brutalement que vous
détestez les poseuses. » (Marx.)
— « Ces jolis poseurs à vestons
de velours. » (P. Véron.)
POSITIVISTE : Doctrinaire
de l'école d'Auguste Con te qui
a fondé la religion positive. —
« Le citoyen Grossetête écrit
pour dénoncer la conduite du
député positiviste. » {Liberté.)
POSTE AUX CHOUX : C'est
ainsi que dans la marine on ap-
pelle le canot qui sert, en rade,
aux provisions.
POSTÉRIEUR : Derrière. —
On dit aussi, par pure délica-
tesse, le bas du dos, le bas de l'é-
pine dorsale, le bas des reiis, les
parties charnues, le bienséant,
etc., etc.
POSTICHE : Parade 62 sal-
timbanque. — « Il s'était ;xquis
une certaine réputation d uis le
boniment, la postiche et la pa
rade. On nomme ainsi k pro-
logue que les saltimbanques
POT
jouent devant leur baraque
(Privât d'Anglemont.)
POSTICHE : Rassemblement
sur la voie publique.
POSTILLON : a Un postillon
est une boulette de mie de pain
pétrie entre les doigts et renfer-
mant un avis adressé à un déte-
nu. » (Canler.) — L'allusion se
devine.
POSTILLON : a On appelle
postillon les cartes qui indi-
quent le début ou la fin d'une
passe au baccarat-chemin de fer
et à quel tableau aura lieu l'a-
battage au baccarat-banque. Au
chemin de fer il y a autant de
postillons que de passes, et l'en-
semble des passes s'appelle des
séquences. » (Gavaillé.)
POSTILLONS (Envoyer des) :
Crachotter en parlant. — c Les
élèves de M. G. projettent ce
qu'on appelle des postillons dans
un certain monde. » (Marx.)
POTACHE, POTACHIEN :
Collégien. — Le premier mot est
une abréviation. Allusion au
chapeau de soie, dit pot à chien,
porté dans les collèges avant le
képi. — « Écoutez, jeunes po-
taches, qui au lieu de décliner
rosa la rose, allez vous balader. »
{Figaro, jb.) V. Bahut.
POT-AU-FEU : Casanier, ar-
riéré. — « Ce n'est pas cet imbé-
cile qui m'aurait éclairée... il est
d'ailleurs bien trop pot-au-feu. »
(Balzac.)
POT-AU-FEU : «Les faux mon-
nayeurs désignent leur creuset
ou leur marmite à fusion sous
le nom de pot-au-feu. » (Ra-
basse.)
— 295 —
POT
POTARD : Apprenti pharma-
cien. — Allusion aux nombreux
pots dont il est gardien.
POTASSE, POTASSEUR : Ce
mot désigne un piocheur mal-
heureux, candidat très -labo-
rieux, mais échouant aux exa-
mens. — Forme de potache (?)
POTASSER : Travailler assi-
dûment. — « C'est Chauvin.
Oncques ne l'ai vu depuis que
nous étions cornichons ensemble
au bahut et que nous potassions
notre bachot. » (Vie parisienne,
66.)
POTEAU : Camarade.—» Bien
réussi un pédé au chantage avec
mon poteau Coconas. »(Beauvil-
liers.)
POTEAUX : Grosses jambes.
(Dhautel,)— Gavarnidéfinitainsi
celles d'une danseuse qui ruine
ses amants : « Deux poteaux qui
montrent la route de Clichy. »
POTIN : Commérage. — « Le
petit B. est au milieu des bavar-
dages, des cancans, des potins. »
{Vie parisienne.)
POTIN : Bruit, querelle, cha-
maillerie. — « La séance de l'As-
semblée a été calme... Un instant
on nous avait annoncé qu'il y
aurait quelque chose, ce qu'en
termes de couloirs, on appelle
du potin. » (Figaro, mai 75.)
POTINER : Commérer.
POTINEUR , POTINEUSE :
Commère mâle ou femelle.
POTINIER : Même sens que
potineur. — a Le Parisien cau-
seur, bavard, potinier que le
moindre fait divers passionnait. »
(A. WolfF.)
POU
— 296 —
POU
POUCE! (Et le) : S'emploie
pour dire : Il y a beaucoup plus
que vous ns prétendez.
. POUCE (Donner le coup de) :
Etrangler.
Il y a aussi le coup de pousse
du détaillant qui lui permet de
vendre à faux poids avec des ba-
lances exactes.
POUCETTE : « Pratiquer la
poucette, c'est augmenter son
enjeu quand on est certain de
gagner. A Paris, les grecs associés
pour cette filouterie s'appellent
des cousins. » (Cavaillé.) — L'ar-
gent s'avance à l'aide du pouce,
d'où le mot poucette,
POUCHON : Bourse. (Halbert.)
Forme de pochon : petite poche.
POUF : Chute, déconfiture.—
« T.es pertes que vos trous dans la
lune, où vos pouf?, pour parler
le style du local , lui occasion-
nent. » (Vidal, 33.) V. Puf.
POUFFIACE : Femme sale,
avachie.
POUIC : Rien. (Grandval.) —
Du vieux mot^oïc.-peu.
POUIFFE : Argent. (Halbert.)
POULAILLER : C'est le der-
nier étage du théâtre. Les spec-
tateurs y sont juchés comme sur
un perchoir. — «Des baignoires,
du parterre, de l'orchestre et sur-
tout de l'aérien poulailler, »
(Boue de Villiers.)
POULAINTE : Escroquerie
sous prétexte d'échange. (Co-
lombey.)
POULE D'EAU : Blanchis-
seuse. (Halbert.) — Se tient
comme cet oiseau sur le bord
des cours d'eau.
POULET D'INDE : Cheval.-.
« Trois poulets d'Inde et puis
monsieur feraient un fringant
attelage. » {Vadé, lySS.)
POUPARD, POUPON : Vol
préparé de longue main. — La
comparaison n'a pas besoin d'ex-
plication. — « Un petit pou-
pard que nous nourrissons de-
puis deux mois. » (E. Suc.)
POUPÉE : Prostituée. Elle
s'achète comme un joujou. —
« Je m'en fus rue Saiat-Ho-
noré pour y trouver ma poupée.»
(Vidal, 33.) ~ En 1808, on di-
sait poupée à ressorts. Au dernier
siècle, on appelait catinsh^s pou-
pées, et il est à remarquer que le
synonyme a été pris au figuré
dans la même acception.
POUPOULE : Mot d'amitié.—
(( Reste avec ta poupoule. » (L.
Lemoine.)
POURRI : Vénal, corrompu.
— « Dans le cas où M. de la
Baudraye serait acquis au gou-
vernement, Sancerre devenait le
bourg pourri de la doctrine. »
(Balzac.)
POURRI : Rempli. — « Je
suis une femme hors lignj, uni-
que, pourrie de chic, c ( l^ie
pansiennCy 66.) — « Q loique
né roturier, de galbe il es; pour-
ri. » {Idem,)
POUSSE : Police. -- Elle
pousse les justiciables ei pri-
son. — « Archers , rjcors ,
exempts, et tout ce que la
pousse a nourri de vaillant. »
[Grandval.)
POUSSE (Ce qui se) : L'i rgent.
Mot à mot : ce qui se pousse de
la main à l'instant où l'on paye.
PRA
- 297 —
PRE
POUSSE-CAFÉ : Petit verre de
cognac pris après le café. —
« Ensuite nous avons pris le
café, le pousse -café, le repousse-
café. » (Voizo.)
POUSSE-CAILLOUX : Fan-
tassin. Mot à mot : piéton pous-
sant les cailloux du pied. —
« Votre frère était dans les dra-
gons, moi, j'étais dansles pousse-
cailloux. » (Balzac.)
POUSSÉ : Ivre. — Abréviation
de poussé de boisson. — « Quand
il y en a un qui est poussé de
boisson jusqu'à la troisième ca-
pucine, il lui met une adresse
sur le dos, et l'emballe dans un
sapin.» [La Correctionnelle, 40.)
POUSSÉE : Action de battre,
de faire reculer. — « Nous leur
avons f— u une belle poussée, »
se dit après une attaque victo-
rieuse.
POUSSÉE : Réprimande.
(Dhautel.)
POUSSÉE (Belle) : Se dit iro-
niquement d'un avantage illu-
soire. On dit le plus souvent :
« Voilà une belle poussée, » d'un
acte qui ne mène à rien.
POUSSER DANS LE BAT-
TANT (Se) : Boire. V. Pivois,
Battant.
POUSSIER : Mauvais lit. —
c Je lui paye son garni de la rue
Ménilmontant, un poussier de
quinze balles par mois. » (Mon-
selet.)
POUSSIER : Monnaie. (Vi-
docq.) — Synonyme exact de ce
qui se pousse. V. plus haut.
PRATIQUE : Homme débau-
ché. Mot à mot : pratique de
mauvais lieux. — et Pour ouvrir
les portes du ciel, pourquoi choi-
sir cette pratique?» (Rœnji, 26.)
— « C'était une pratique qui se
■démenait comme un enragé entre
les mains de la garde. » (Vidal,
3;^.) — « Tout cela n'est que de
la pratique; ils t'ont fait voirie
comme des gueux. » (Monselet.)
V. Carotteur, Bordée.
PRATIQUE : Instrument ser-
vant à imiter les cris de Polichi-
nelle. — « Polichinelle doit ren-
fermer sa pratique. » [Complainte
sur les jours gras, Paris, 26.)
PRE : Premier. — V. Preu.
PRÉ, GRAND PRÉ : Travaux
forcés. — Voir l'étymologie ci-
dessous. — « Ne crains pas le pré
que je brave. » (Vidocq.) — a Du
grand pré tu te cramperas, pour
rabattre à Pantin lestement. »
(Idem.)
A lier faucher au pré quinze ans :
Avoir quinze ans de galères. Le
grand pré est ici la mer dont les
galériens coupaient jadis de leurs
avirons les ondes verdâtres,
comme des faucheurs rangés
dans une prairie. On sait que
les condamnés ramaient sur les
galères du roi.
PRÉ AU DAB COURT TOU-
JOURS : Prison de Mazas. Allu-
sion à la surveillance qu'on y
exerce. V. Marguct.
PRÉ SALÉ : La mer. (Rabasse.)
Ce mot imagé, qui est en même
temps un jeu de mots, confirme
notre précédente étymologie de
faucher au pré. V. Igo.
PRÉDESTINÉ : Mari prédes-
tiné à être trompé. — « Prédes-
tiné signifie destiné par avance
'7-
PRE
— 298
PRO
au bonheur ou au malheur...
Nous donnons à ce terme une
signification fatale à nos élus. »
(Balzac.)
PRÉFECTANCHE : Préfecture
de police. — Changement de
finale.
PREMIER, PREMIÈRE : Chef
de rayon dans un magasin de
nouveautés. — « Ces premières
qui dans les magasins de nou-
veautés regardent d'un air impo-
sant les petites gens qui se per-
mettent de marchander.» (Alph.
Daudet.)
PREMIER NUMÉRO : Incom-
parable. — « Sac à vin, pochard
premier numéro, il est dans
l'ivresse du picton à quatre sous,
sans lance, qu'il vient de passer
en contrebande à la barrière. »
{Catéchisme poissard, 44.)
PREMIER-PARIS : « Un
grand article, appelé Premier-
Paris, c'est une série de longues
phrases, de grands mots qui, sem-
blables aux corps matériels, sont
sonores à proportion qu'ils sont
cerux. » (A. Karr.)
PREMIÈRE : Première lettre.
— Réminiscence des épîtres des
apôtres. — Ne se dit qu'en fait de
polémique. — « Aurore écrivit à
son frère sa première aux Pari-
siens. » (Michu.)
PREMIÈRE : Première repré-
sentation. — « Parbleu! est-ce
que je manquerais une pre-
mière du Palais-Royal! » (Ville-
mot.)
PRENDS GARDE DE LE
PERDRE : Locution ironique
adressée au propriétaire d'une
personne ou d'une chose consi-
dérée comme perdue ou sans va-
leur. « Il ordonne de le faire
empoigner, mais prends garde
de le perdre. » {Commentaires
de Loriot.)
PRESSE (Il n'y a pas de) :
Il n'y a pas besoin de se presser,
pour dire : je n'irai pas. — « Tu
viendras, dis? — Plus souvent !
Y a pas de presse. » (A Tantôt.)
PRESSE (Mettre sous) : Mettre
en gage. — Les objets engagés
sont empilés au mont-de- piété.
— En i8o8, on disait Mettre en
presse.
Dans le monde galant, être
sous presse signifie : « Être en
conférence intime. »
PREU : Premier. — Abrévia-
tion ancienne qu'on trouve déjà
dans la Farce de Pathelii. —
« Tiens! v'ià le bijoutier du
no 10 qui vous a loué tout son
preu (i*"" étage). » (H. Monaier.)
PRISE DE BEC : Dispute. —
(( Entendez- vous son ori ane !
Elle a une prise de bec avec An-
gelina. » [les Étudiants, 60.)
PRISTI : Juron. — Abrévia-
tion de Sapristi. V. ce mot.
PROFONDE : Poche. Elle est
profonde, par opposition au
gousset. — « Ils se désignent
entre eux sous le nom de touil-
leurs de profondes. » (Paillet.)
PROFONDE : Cave. Elle est
au plus profond de la maison.
— « Je vais à la profonde \ ous
chercher du frais. » (Vidocq.)
PROIE : Derrière. (Halbert.)
PRU — 299
PROMONCERIE : Procédure.
(Vidocq.)
PROMONT : Procès. (Vidocq.)
— Changement de finale.
PRONIER, PRONIÈRE : Père,
mère. (Halbert.)
PROTECTEUR: Entreteneur.
— Onapubliéen 1841 une Phy-
siologie du protecteur.
PROTÉGER : Entretenir. —
(c Votre monstre d'homme pro-
tège Jenny. » (Balzac.)
PROUTE : Pet, plainte. —
Onomatopée. V. Pet.
PROUTER : Se plaindre, se
fâcher.
PRUDHOMME, MONSIEUR
PRUDHOMME : Bourgeois sen-
tencieux et banal, comme le
type populaire créé par Henry
Monnier. — « En face de ce pa-
radoxe en peinture, il semble
qu'on ait peur de passer, si on
ne l'admet pas, pour un philis-
tin, un bourgeois, un Joseph
Prudhomme, un goitreux. »
(Th. Gautier.) — « Les principes,
la religion, le pays, c'est pour
les naïfs, c'est pour les Pru-
dhomme. » (S* Genest, y5.)
- PUE
^ PRUNE DE MONSIEUR :
Évêque. (Vidocq.) — Il est habillé
de violet comme une prune.
PRUSSE (Pour le roi de).: Gra-
tis. — Vient de C2 que cet État ne
payait point le 3i du mois à ses
employés. — « S'ils viennent, ce
sera pour le roi de Prusse. »
(Cogniard, 3i.)
PRUSSIEN : Derrfère. — Allu-
sion aux dyssenteries qui décimè-
rent l'armée prussienne, pendant
l'invasion de 1792. On a pris le
tout pour la partie. — « Et puis
après, la Prusse est entrée en
France d'où la gourmandise l'a
forcée de sortir, car elle tachait
toutes ses chemises. »(Reys, i5.)
— En 1825 on apublié le Manuel
du Prussien ou guide de l'artil-
leur sournois.
PUANT : Homme qu'on ne
peut sentir, qui vous pue au nez.
— A commencé par se dire des
élégants par trop parfumés. —
a Ce petit puant... un petit-
maître, toujours sans consé-
quence. » (Parodie de Zaïre,
xvin« siècle.)
PUCES (Trouver des). Cher-
cher des puces : chercher querelle.
Mot à mot : sauter sur le moin-
dre motif comme si on cherchait
PRUDHOMMIE : Radotage
sentencieux. — « C'est là la vraie , , , ,
politique. Tout le reste n'est que i ^ g""^^'^ "^^ P^'^^^^ ^î"'^'
prudhommieetbanalité.»(S»Ge.i«^^ pourtant la Giraudeau
nest, 75.)
PRUNE, PRUNEAU : Pro-
jectile. — Allusion de forme. —
a C'est tout de même vexant d'a-
voir échappé si souvent aux
prunes pour être tué comme un
chien. » — « Quand j'ai reçu le
pruneau, j'ai dit : Bien, c'est le
bon! » (L. Reybaud.)
trouvé moyen de me trouver des
[ puces. » {La Correctionnelle.)
! PUDIBARD : Faussement pu-
dibond.
PUDIBARDERIE : « Leur pu-
deur est de la pudibonderie, je
dirai même de la pudibarderie. »
(M™» Rattazzi.)
PUER, PUER AU NEZ : Être
QUA
— 3oo —
QUA
intolérable. — « J'ai été pri:.
huit jours de la nostalgie. La
caserne me pue. "» {Commentaires
de Loriot.)
PUFF : Banqueroute. — « Il
serait homme à décamper gratis.
Ce serait un puff abominable. »
(Balzac.) V. Pouf.
PUFF : Réclame effrontée. —
Mot anglais. — ce Le Lafayette du
puff qui en matière de réclames
est le héros des deux mondes. »
(Heine.)
PUFFISTE : Faiseur de puffs.
— c Ne laissant nulle trêve à
Tessaim .des puffistes. » (Com-
merson.)
PULLING : V. Robing.
PUNAISE : Fille publique. —
Vieux mot signifiant infecte. —
«La scène se passe faubour,^
Montmartre. Une fille arrête un
coupé et s'y glisse en criant :
Cocher! au bois! — Au bois de
lit, punaise ! fait un gamin qui
passe. » {Revue anecdotigue, 62.)
PUR : Homme sacrifiant tout
à ses principes. On dit : c'est un
pur. — Souvent ironique. — «Les
purs de la droite ont applaudi. »
(A. MiUaud, 75.)
PUR-SANG : Cheval de race.
— « Célestine hochait la tête
comme un pur-sang avant la
course. » (Balzac.)
PURÉE : Cidre. (Vidocq.)
PURÉE DE POIS : Absinthe.
Allusion de couleur. V. Cogne.
PUREUSE : Détenue rendant
des services à l'administration.
V. Topiser.
PURGATION : Plaidoyer.
(Vidocq.) — Il purge de toute
culpabilité.
PUTIPHARDER : Violer sans
plus de façons que la femme de
Putiphar. — « Ces diables de
gens, il faut vraiment les puti-
pharder pour avoir Thoaneur
de peindre leurs silhouettes. »
(Champfleury.)
PYRAxMIDAL : Aussi remar-
quable que les pyramides d'E-
gypte. V. Granitique,
Q
QUANTUM : Caisse, somme
d'argent. — Latinisme. — « En-
core cent mille francs! il est allé
faire une saignée nouvelle à son
quantum. » (Ricard.)
QUANTUM MUTATUSrCom-
bien il a changé ! — Latinisme. —
« Ce vieillard qui a eu tant d'es-
prit autrefois, quantum muta-
tus! » (A. Millaud, 75.)
QUARANTE (Les) : Les qua-
rante membres de l'Acadcmie
française. — Se dit mêmequand
elle n'est pas au complet.
QUARANTE-CINQ A
QUINZE : Exclamation pro-
verbiale, toutes les fois qu'on
voit briser beaucoup de verre ou
de vaisselle. (Dhautel.) Signifie
sans doute: quarante-cinq pièces
QUA
— 3oi
QUE
à quinze sous. — «. Bon! qua-
rante-cinq à quinze! » (H. Mon-
nier.)
QUART (Battre, faire son) :
Se dit de la station d'une fille
sur la voie publique. Tolérée
par la police de sept à onze heu-
res du soir, elle équivaut au
quart des marins. — « La tour-
terelle y fait le quart et vous a
des gestes de lupanar. ( Vie pari-
sienne, 66.)
Q.UART D'AGENT : Proprié-
taire du quart de la valeur d'une
charge d'agent de change. —
« Une bourrasque fit sombrer
son quart d'agent dans l'océan de
la Bourse. » (Achard.) — Il y a
des cinquièmes, sixièmes et des
dixièmes d'agent, sans compter
le reste.
Q.UART D'AUTEUR : Auteur
ayant toujours travaillé en col-
laboration.
QUART DE MARQUE : Se-
maine. (Vidocq.) V. Marque.
QUART DE MONDE : Monde
assez libre, si on veut se re-
porter à ce qu'est le Demi-monde
(V. ce mot dont il est un dérivé).
— « Marguerite a quitté le
quart de monde pour le nou-
veau. Traduction libre : elle va
jouer en Amérique. » {Mystères
de V École lyrique, 68.)
QUART D'ŒIL : Commissaire
de police. — « Quarante-huit'
commissaires de police veillent
sur Paris, comme quarante-huit
providences au petit pied; de là
vient le nom de quart d'œil que
les voleurs leur ont donné dans
leur argot, puisqu'ils sont quatre
par arrondissement. » (Balzac.)
— Comme le mot est antérieur à
l'organisation susdite, on doit y
voir plutôt, avec M. Michel, une
allusion à l'ancienne robe noire
des commissaires, dite cardeuil.
V. Parrain.
QUASIMODO : Homme hideu-
sement contrefait. — Du nom
d'un type de la Notre-Dame de
V. Hugo.
QUATRE COINS : Mouchoir.
Il a quatre coins.
QUATRE-YEUX : Yeux dou-
blés de lunettes. — « Voyez donc
ce grand escogriffe avec ses qua-
tre-s'yeux. » [Catéchisme pois-
sard, 40.) ,
QUELPOIQUE : Rien. (Hal-
bert.) h\o\. a. vciol : quel poiquê !
c'est-à-dire combien peu! Poique
est ici pris pour pouic. V. ce
mot.
QUELQUE PART : Au der-
rière. — a Toutes les fois que ce
gredin-Ià me tutoie, c'est comme
si je recevais un coup de pied
quelque part. » (Sardou.)
QUELQUE PART (Aller) :
Aller aux commodités. — Terme
ancien. Les Mémoires secrets
de Bachaumont en offrent un
exemple dans cette repartie su-
perbe du financier La Popeli-
nière à un courtisan qui lui
avait dit d'un air dédaigneux ;
(( Il me semble, monsieur, vous
avoir vu quelque part. » A quoi
le financier répondit : « En effet,
monsieur, j'y vais quelquefois. »
QUELQUE PART (Avoir) :
Être ennuyé au suprême degré.
Augmentatif d'en avoir plein le
dos. Seulement, cela se prolonge
un peu plus bas. — a Pour ce
QUE
— 302 —
QUE
qui est de la rousse et du guet,
je les ai queuqu'part. » (Cabas-
sol.)
QUELQU'UN (Faire son):
Trancher du personnage. — « Si
madame fait un peu sa quel-
qu'une. «(Balzac.)
QUENIENTE : Pas, point.
(Halbert.) — Mot à mot : que
nonpas. Italianisme.
QUENOTTE : Petite dent.
(Dhautel.) « Ouvre la gargoine.
Prends le bout de ce foulard
dans tes quenottes. » (E. Sue.)
QUENOTTIER : Dentiste.
QUEUE: Dégénérescence, pâle
imitation. — « Cet art-là n'est
même pas la queue embourbée
du genre Marie-Antoinette. (Th.
Silvestre.)
QUEUE : « A Bruxelles, plus
d'un journal quotidien compte
de quatre à cinq queues, c'est-à-
dire qu'il transforme son titre en
conservant la même matière de
texte ou à peu près, et sert ainsi
plusieurs catégories d'abonnés. »
{Figaro.)
QUEUE (Faire la) : Faire une
infidélité galante. — a Je connais
un général à qui on a fait des
queues avec pas mal de particu-
liers. » (Gavarni.)
QUEUE (Faire la) : Escroquer
une somme due. — Mot ancien.
F. Michel l'a retrouvé dans une
chronique de M. Aye {la Branche
des royaux lignages). « Ainsi
li firent-ils la queue par art et
desloiauté. » — « Sitôt que le
fourrier s'est éloigné, les cham-
bres retentissent de clameurs :
C'est dégoûtant! on nous fait la
queue. » (La Bédollière.'i
QUEUE (Faire la) : Tromper.
— «11 faut se contraindre, et vous
avez un fameux toupei si vous
parvenez à faire la queue au
père Lahire. » {Phys. de la
Chaumière, 41.)
QUEUE DE MORUl^. : Habit
noir. — Cette allusion à la forme
ancienne des pans ( à bouts
croisés faisant presque la four-
che) n'est plus justifiée aujour-
d'hui. De là le mot sifflet qui
répond mieux à l'aspect actuel.
QUEUE ROMANTIQUE : Jeu
de mots altérant le sens raison-
nable de la phrase. Mûi ger a ri-
diculisé cet exercice dais la Vie
de Bohême. Dès 1620, paraissait
le Coq à l'asne sur le mariage
d'un courtisan grotesque qui
peut passer pour un recueil
complet de ces stériles tours de
force. En voici la premi .re phra-
se : (( Le courtisan sortit du pa-
lais de la bouche, vestii de vert
degris, il portait un maiteau de
cheminée, le bas de mulet et les
mulles d'Auvergne. »
QUEUE-ROUGE : Paillasse du
genre de Bobèche. — Allusion à
la perruque de Bobèche qui
était nouée par un ruban rouge.
— « Le public préfère générale-
ment le queue-rouge au comé-
dien. » (La Fizelière.)
QUEUE DE RAT : Tabatière.
— Allusion à la longue lunière de
cuir qui sert pour l'o ivrir. —
« Une de ces ignobles t£.batières
de bois vulgairement appelées
queues de rat. » (V. Hui;o.)
QUEUE DE RENARD : Vo-
RAB
- 3o3 -
RAB
missement projeté de façon à
laisser une longue trace. — « Un
homme sans éducation qui a fait
une queue de renard dans le
plat de son voisin. » (Cabarets
de Paris y ii.) V. Renard.
QUI BUS : Écus, argent. —
Mot ancien. C'est une abrévia-
tion expliquée par l'exemple
suivant : « Il a du quibus, c'est-
à-dire des écus, de quibus fiunt
omnia. » (Le Duchat, lySS.)
QUILLE : Jambe. Allusion de
forme. — Mot ancien. — En
1455, les gueux ou coquillards
de Dijon se servaient déjà du
mot quilles dans le même sens,
comme le prouve un texte cu-
rieux qu'a publié l'archiviste de
la Côte-d'Or, M. Garnier. —
« La madame du pavillon qui
met ses bas! — Plus que ça de
quilles. » (Gavarni.)
QU IMPER : Tomber. (Hal-
bert.)
QUINQUETS : Yeux bril-
lants. (Vidocq.) Mot à mot :
brillants comme la lampe Quin-
quet, renommée jadis pour son
éclat. V. Esbrouffer,
QUINZE ANS ET PAS DE
CORSET : Se dit atout âge d'une
femme dont les appas ont la fer-
meté de la jeunesse. — « Oui,
c'était ça! quinze ans, toutes ses
dents et pas de corset! » (Zola.)
QUINZE- VINGT : Aveugle. —
Allusion à l'établissement de ce
nom. — « Je suis obligé de de-
mander mon chemin comme un
quinze-vingt.» {La Correction-
nelle.)
QUOI (Avoir de) : Être dans
l'aisance. Mot à mot : avoir de
quoi vivre.
QUOS EGO : Cela vient de
moi. — Latinisme. — « Si l'As-
semblée trouve à redire au pro-
cédé, M. de Bismarck lui lancera
un quos ego quelconque et tout
sera dit. » {Moniteur, 72.)
H
RABAT: Manteau. — Allusion
au grand collet des manteaux
anciens qui se rabattait à volon-
té sur la tête ou les épaules.
RABATEUX DE SORGUE :
Voleur de nuit. Mot à mot :
chasseur, rabatteur de nuit.
(Grandval.)
RABIAGE : Rente. (Halbert.)
RABIBOCHER : Raccommo-
der. — « N'en parlons plus ! Il
faut que je me rabiboche avec
vous. » (E. Sue.)
RABIOT : Restant de soupe
laissée au fond de la gamelle,
temps passé par le soldat à son
corps, après sa libération.
RABOIN
V. Abadis.
Diable. (Vidocq.)
RABOTEUX : Voleur de nuit.
(Halbert.)— Y^ouvrabateux»
RAC
— 3o4 —
RAF
RABOULER : Revenir. V. A-
loiiler.
RACCORDER : Remémorer,
prJvenir. — Forme de recorder.
— « Tu m'as bonni avant de dé-
carrer que je te raccorde par une
lazagne. » (Rabasse.)
RACCOURCIR : Guillotiner.
— La perte de la tête raccourcit.
— Mot de création révolution-
naire ainsi que les synonymes
ci-joints, tous recueillis dans le
Père Duchêne, lygS : « i» La
louve autrichienne va enfin être
raccourcie... 2» Jusqu'à ce qu'ils
aient tous craché dans le sac ..
3° Pour faire mettre prompte-
ment la tête à la fenêtre à la
louve autrichienne... 4» Ses bons
avisa la Convention pour qu'elle
fasse promptement jouer le gé-
néral Moustache à la main-chau-
de... 5» Qu'il fasse promptement
passer sous le rasoir national le
traître Bailly. »
Le Rasoir national est le fatal
couperet. — Cracher dans le
sac montre la tête coupée sau-
tant avec un jet de sang dans le
sac de son. — Mettre la tête à la
fenêtre, jouer à la main-chaude
font allusion à l'attitude du sup-
plicié, mettant la tête à la lunette,
à genoux, mains liées derrière
le dos, attendant le coup comme
à la main-chaude.
RACLÉE : Rossée. — Elle ra-
cle la peau. — « Ça lui procura
de leur part quelques bonnes ra-
clées. » (L. Desnoyers.)
RACLETTE : Ronde de poli-
ce. — Elle racle les gens sans
aveu sur son passage. (V. Balai.)
— Se dit aussi de la police en
général. j
RACONTAR : Racontage. —
Anglicanisme. — « La bonho-
mie de ses racontars honnêtes
et modérés. » (P. Vcron.) —
« Dans une loge d'b'immes, les
racontars de clubs ^ont leuf
train. » (Vie parisienne, 67.)
RADE, RADEAU : Comptoir,
tiroir. — Genre incertain. Vient
de radis. — « La rade es: le comp-
toir du marchand de vin. » (A.
Monnier.)
Faire le rade : Voler au comp-
toir. — « Dix-huit ans, je faisais
le rade et la condition. » (Beau-
villier.)
RADICRER : Remoudre. (Hal-
bert,) — Onomatopée.
RADICREUR : Rémouleur.
(Idem.)
RADIN : Gousset. (Cclombey.)
RADIN, RADIS : Argent mon-
nayé. — « Le radin, c est l'ar-
gent du comptoir, on dit n'avoir
pas un radis pour n'avoir pas
un sou. » (A. Monnier.) — Voler
au radin, c'est voler le tiroir
d'un comptoir en l'absence du
patron. Quand on se sert d'un
enfant, cela s'appelle voler au
radin, aupégriot. Il y a toujours
un compère, faux acheteur, qui
fait le guet.
Faire un radin : Voler l'ar-
gent du comptoir.
RAFFALE : Misère. (Vidocq.)
Mot à mot : tourmente, mau-
vaise fortune. — Etre dans la
raffale : Être dans la misère.
(Rabasse.) Nous vient sans doute
de la marine.
RAFFALÉ : Misérable. —
RAI
— 3o5 —
RAL
«Tous les hommes sont des raf-
falés, des pingres. » (Lynol.)
RAFFURER : Regagner. V.
Affurer.
RAFIAU : Bâtiment léger. —
ce J' vas joliment gréer notre ra-
fiau, tu verras. » {Phys. du ma-
telot.)
RAFILER : Donner. V. Man-
quesse. — Forme de refiler.
RA-FLA:Notes rudimentaires
de la batterie du tambour. —
c Le tambour-major bat la me-
sure des ra etdes jîa. » (M. Saint-
Hilaire.)
RAFRAICHIR D'UN COUP
DE SABRE (se) : Se battre. —
Allusion à la sensation du froid
qu'on éprouve en sentant la
lame pénétrer dans les chairs. —
«Tu caponnes... D'un coup de
sabre avec moi t'as peur de te ra-
fraîchir. » {Rien^i, 26.)
RAGOT : Conte absurde. —
« La Bourse particulièrement se
laisse influencer par des ragots
qui ne mériteraient pas cinq
centimes de baisse. » {Le Temps,
67.)
RAGOUTER: Éveiller les
soupçons. (Rabasse.) C'est-à-
dire : exciter le désir de la po-
lice.
RAIDE : Difficile à croire ou à
supporter. — « Des choses qu'on
ne saurait répéter devant vous,
mademoiselle... — C'est donc
bien raide, répliqua l'ingénue. »
Figaro, juin 72.) — « Un gros
volume, sept francs. C'est raide. x
(Al. Dumaslîls.)
RAIDK, RUDE : Eau-de-vie.-
EUe gratte le gosier. — « Comme
dit le proverbe^ un peu de raide
fait grand bien. •» (Bardas.)
^ RAIDE COMME LA JUSTICE:
Être ivre sans vouloir le paraître,
en se redressant avec affectation.
— « Il est assez raide comme cela.
C'est la faute au petit bleu. » (K/er
paris., 66.) — « Dis donc, Jules,
tu as bien dîné?... Il est raide
comme la justice. » (Mo.nselet.)
RAIDE COMME BALLE : Ra
pide comme un projectile. — «Il
a filé son chemin, raide comme
une balle. » (Vidal, 33.)
RAIGUISÉ : Perdu. — « Le
propriétaire des couteaux attend
encore, et ses amis lui dirent
en langue verte : Tes couteaux
sont raiguisés, mon vieux. » {Fi-
garo, 76.) — Se dit pour un
homme mort comme pour une
chose disparue.
RAILLE : Police. — Du mot
érailler, arrêter. — « La raille
maron te servira pour un deu-
xième gerbement. » (Vidocq.)
RAILLE : Inspecteur de poli-
ce. — «Les inspecteurs de police
sont des rails dans le langage
des prostituées. » (Parent Du-
chatelet.)
RAISINÉ : Sang. (Halbert.) —
Allusion de couleur. — « Tu es
sans raisiné dans les vermi-
chels. » (Balzac.)
RALEUR : Homme qui mar-
chande sans acheter. — « Le râ-
leur marchande, c'est son occu-
pation. Il admire plus d'une
chose, mais il faut qu'il réflé-
chisse. Il repassera demain. »
(Champfleury.)
RALEUSES ; a Racoleuses ou
RAM
- 3o6 —
RAP
courtières lâchées par les mar-
chands (du Temple) surle^on^'e
pour le forcer à acheter. » (Mor-
nand.)
RAMA : « Les riens consti-
tuent chez certaines classes pari-
siennes un esprit drolatique dans
lequel la bêtise entre comme
un élément principal et dont le
mérite consiste particulièrement
dans le geste et la prononciation.
Cette espèce d'argot varie conti-
nuellement. La récente invention
duDiorama, qui portait l'illusion
de l'optique à un plus haut degré
que dans les panoramas, avait
amené dans quelques ateliers de
peinture la fantaisie de parler en
rama... « Eh bien! monsieur
« Poiret, dit l'employé, comment
« va cette petite santé rama ? »
(Balzac, Père Goriot.)
RAMASSER : Arrêter, faire
prisonnier. — « Les coquins
étaient terribles. J'en ai ramassé
trois mille sans compter les morts
et les blessés. 9 (Général Chris-
tophe, Lettres, 11.) — « A la cla-
meur du quartier, la police ra-
massait une belle demoiselle. »
(A. Arnault, 34.)
RAMASSER (se) : Se relever
après une chute. — « Se ramas-
sant, le vieux cria : « Faussaire ! »
(F. Desnoyers.)
« Ramasser des fourreaux de
baïonnettes, c'est (traduction libre
pour les pékins) arriver après la
bataille. » (F. Magnac.)
RAMASTIQUEUR: Filou ra-
massant à terre des bijoux faux
perdus par un compère et les cé-
dant à un passant moyennant
une prime qui dépasse leur va-
leur réellç. — C'est le mot ramas-
seur avec changemen. de finale.
— « Le ramastique (.- /c) posses-
seur d'un bijou faux qu'il vend
pour de l'or. » (Phil. Chasles.)
RAMBUTEAU : Guérite-Uri-
noir. Du nom du préfet qui en a
doté la voie publique.
RAME : Plume. (Halbert.) -
Elle ressemble à une rame de
bateau.
RAMENER : Rar.iener ses
cheveux sur les tempes pour dé-
guiser un commencjment de
calvitie. — « Ce brave Dubreuil
commence à arborer L genou...
Ne blaguons pas Dubreuil, il y
a déjà deux ans que je ramène.»
( Vie parisienne, 66.)
RAMENEUR : Homme qui
ramène ses cheveux, comme ci-
dessus.
RAMOLLI : Imbécile. — Allu-
sion aux effets du ramollisse-
ment cérébral. — « Pour ne pas
tomber dans la classe des ra-
mollis. » {Vie parisienne, 67.)
V. Goitreux. — « Les ramollis
de l'Opéra. » (Briollet.;
RANGÉ DES VOITURES :
Revenu à une vie calme, honnê-
te. Mot à mot : à l'écart des dan-
gers de la circulation parisienne,
— « A vingt et un ans, rangé
des voilures!» (Beauvillier.)Dans
ce dernier exemple, cela veut dire
je ne vole plus.
RAOUT : Réception de jour.
— Mot anglais. — « Ces cheva-
liers d'industrie que Ion voit à
Paris "dans les raouts. » (P. de
Kock,40.)
RAPATU : Pou. (Hf Ibert.) -|
Allusion à la ténacité de sespa^
tes.
RAS
— 3o7 —
RAT
RAPE D'ORIENT: Diamant.
(Petit Dict. d'argot, 44.)
RAPIAT : Avare, avide, pil-
lard. — Abréviation de rapineur.
— «Je les connais tous, ces ra-
piats-\h.. » Balzac.)
RAPIN : « Ce joyeux élève en
peinture qu'en style d'atelier on
appelle un rapin. » (Balzac.)
RAPIOTER : Rapiécer. Mot à
mot : rapiéçotter. — « Monsieur,
faites donc rapioter les trous de
votre habit. » (Mornand.)
RAPPLIQUER : Revenir, ré-
pliquer. V. Flacul, Suage.
Rappliquer à la niche : Rentrer
au logis. V. Poivrot.
RASER : Railler. — Jadis on
àïsaXxfaire la barbe . — ce Pour
aviser au moyen de faire la barbe
à la municipalité de Paris. » (Hé-
bert, 1793.) — « Nous avons été
voir les Mauresques. Dieu! les
avons-nous rasées avec nos plai-
santeries. » (Comm. de Loriot.)
RASEUR : « Le raseur est l'in-
dividu qui croit vous intéresser
infiniment par le récit des choses
les plus ennuyeuses. Une fois
qu'il tient votre bras, le raseur
ne vous quitte plus. » (A. Scholl,
53.)
RASOIR : Raseur. V. ce mot.
RASOIR : Qui rafle tout, qui
rase tout. « Une de ces mains
inépuisables qu'on appelle dans
l'argot des joueurs des mains ra-
soirs. » (Cavaillé.)
RASOIR : « Le conte, l'histoire,
l'anecdote ou le bon mot, dans la
bouche d'un raseur, se nomment
rasoir. » (J. Duflot.)
RASOIR ; Jamais. Mot à mot :
c'est rasé. — « Tu lui aurais
rendu sa politesse?... Plus sou-
vent! A un daim de ce tonneau!
Rasoir! » (Monselet.)
RASPAIL : Eau-de-vie. -- Al-
lusion à l'alcool camphré souvent
prescrit par Raspail. C'est ainsi
que Teau-de-vie est appelée
aussi camphre.
RAT : Voleur exploitant dans
les auberges de campagne les
chambres à plusieurs lits. — « Il
se relève, fouille les poches des
voisins, jette par la fenêtre à un
complice le produit du vol et se
recouche pour crier le matin au
voleur! plus fort que tous les
autres. » (Rabasse.)
RAT : Élève danseuse. — Al-
lusion à son trot menu et à ses
proportions mignonnes.
« A l'Opéra, le type de la figu-
rante se subdivise en plusieurs
catégories : la choriste, la dan-
seuse, le rat (élève danseuse), la
figurante simple ou marcheuse. »
[Physiologie du Théâtre, 41.) —
(( Le rat est un des éléments de
l'Opéra, car il est à la première
danseuse ce que le petit clerc est
au notaire. .. — Le rat est produit
par les portiers, les pauvres, les
acteurs, les danseurs. Il n'y a que
la plus grande misère qui puisse
conseiller à un enfant de huit
ans de livrer ses pieds et ses ar-
ticulations aux plus durs sup-
plices, de rester sage jusqu'à
dix-huit ans, uniquement par
spéculation, et de se flanquer
d'une horrible vieille, comme
vous mettez du fumier autour
d'une jolie fleur... » (Roqueplan,
41.)
RAT : Bougeoir o — Bougie
RAT
— 3o8 -
RAT
dont le brin mince et tortillé
rappelait la queue du rat. — ce Je
vous demanderai la permission
d'allumer mon rat. » (H. Mon-
nier.)
RAT : Voleur de pain. (Co-
lombey.)
RAT : Employé des contribu-
tions indirectes. Abréviation de
rat de cave, qui fait allusion aux
lieux où sa charge l'envoie exer-
cer.
RAT : Avare. — « Je vous dé-
nonce mon propriétaire, qui est
un rat fini. » (Bertall.)
RAT, RATON : « ï*tûKpégriot
se cachant à la brune sous un
comptoir, afin d'ouvrir, la nuit,
la porte du magasin à ses col-
lègues. » (A. Monnier.)
RAT : Caprice, fantaisie trot-
tant de nuit dans la cervelle.
(Dhautel.)
RAT : « Cette expression s'ap-
plique à tout retardataire de
l'École polytechnique. Quicon-
que, après son examen de sortie,
est exclu par son rang des ponts
et chaussées est rat de ponts; le
rat de soupe est celui qui arrive
trop tard à table. » (La Bédol-
lière.)
RAT (mon) : Terme d'amitié.
— « Que tu es belle, mon chat...
Adorable, mon petit rat ! » (E. Vil-
lars.)
RAT DE PRISON : Avocat. -
Allusion à ses visites aux pri-
sonniers.
RATA : Abréviation de rata-
touille. — « Pour le rata, faites
bouillir de l'eau, prenez des pom-
mes de terre, ajoutez 3 kilo-
grammes de lard par cent hom-
mes et servez. » (La Bédollière.)
RATAFIA DE GRENOUIL-
LES: Eau. — «C'est la nourriture,
leratafia de grenouilles qui m'ont
dérangé. » {Comm. de Loriot.)
RATÉ : « Un médecin sans di-
plôme, un poëte sans éditeur, un
chanteur sans engagement, des
déclassés, des fruits secs, des ra-
tés, tous enragés comme lui con-
tre la société qui ne voulait pas
de leurs talents. » (A. Daudet,
76.)
RATIBOISFR : Rafler. Dimi-
nutif de ratisser : « Ces messieurs
m'ont ratiboisé 120 francs, mais
là! haut la main. » (Cavaillé.)
RATICHON : Peigne. (Hal-
bert.) Mot à mot : petit râteau.
L'image est exacte.
RATICHON : Prêtre. Mot à
mot '.ratissé, rasé. — Allusion à
sa tonsure et à sa figure rasée.
V. Momir, Rebâtir.
RATICHONNER: Peigner.
(Halbert.)
RATICHONNIÈRE : Couvent.
(Vidocq.)
RATISSÉ (être) : Être évincé.
— a Allons! cette fois je suis
bien ratissé t » (Marquet.)
RATISSER : Ruiner. — a Pas
nous qui avons perdu de l'ar-
gent... Pas vous non plus, puis-
que vous êtes ratisses. » iZola.)
RATISSER : Escroquer. (Ra-
basse.)
RATISSER LA COUENNE :
Faire la barbe.
RATON : V. Rat (7» article.)
RAZ
3o9
REB
RAVAGEUR : « Les ravageurs
commettent des vols sur les ba-
teaux-lavoirs... Ils s'emparent du
linge étendu... Ce genre de vol
s'appelle vol au ravageur. » (Ra-
basse.)
RAVAGEURS : a Ils travaillent
un instant après la pluie. Alors
l'eau a charrié dans les rigoles
ménagées par le pavé tous les
morceaux de clous et de ferraille
qu'elle a pu emporter en pas-
sant... La besogne faite, ils ven-
dent un sou la livre leur misé-
rable butin. » (Berthaud, 46.) —
Les Mystères de Paris montrent
cette industrie s'exerçant sur la
Seine : a Le ravageur puise à
l'aide d'une drague le sable sous
la vase, puis il le lave comme un
minerai, et en retire une gran-
de quantité de parcelles métalli-
ques. » (E. Sue.)
RAVIGNOLÉ : Récidive. —
« Je n'ai pas coque mon centre,
de taffe du ravignolé; ainsi si
vouzailles brodez à mezigue, il
faut balancer la lazagneau centre
de Jean-Louis Laurant, au casiuc
de Ganelle. » (Vidocq.)
RAZE, RAZI : Curé. (Hal-
bert.) — Il est rasé. V. Ratichon.
RAZZIA : Enlèvement général.
— Le mot date de notre guerre
d'Afrique. En France, au xv^ siè-
cle, on disait rei:{e, ce qui était
la même chose. — « Il exerçait
de véritables razzias à l'endroit
des tasses de chocolat. » (A. Se-
cond.)-^ (( On n'oublie pas assez
le chemin de ces tripots. L'autre
jour, encore, on a opéré une raz-
zia sur les hauteurs de Batignol-
les. 1 (P. Véron.)
REAC : Réactionnaire. — Date
de 1848. — « II s'agira seulement
d'applaudir nos orateurs, et d'a-
platir les réacs. » (Chenu.) Se
prend aussi adjectivement.
« Mais lui, ce reporter, lui qui
naguère encore, en style réac ,
mais hardi, urinait ses échos...»
(R. Fauvel.)
RÉALISME : Culte exclusif de
la réalité dans l'art ou la littéra-
ture. — « A l'heure qu'il est, le
mot réalisme a fait son trou dans
le Dictionnaire. » (Champfîeury,
58.)
RÉALISTE : Artiste ou ro-
mancier s'appliquant à repro-
duire les scènes de la vie réelle,
sans reculerdevant leurs laideurs.
— Rétif de La Bretonne a em-
ployé ce mot dans une critique
littéraire de son Monsieur Nico-
las; il parle des réalistes du jour
parmi lesquels il tenait, sans s'en
douter, la première place.
REBATIR : Tuer. — Pour re-
bâtir, il faut démolir. — « Si tu
consens à nous laisser rebâtir le
ratichon et sa larbine, nous irons
pioncer dans le sabri du rupin
de ton villois, à cinquante patu-
rons de la chique de la daronne
du mec des mecs. » (Vidocq.)
REBECTAGE : Lutte. — « Au
bout de six mois malade à Saint-
Lazare! Rebectage de mon côté,
plus d'argent. » (Beauvillier.)
RÉBÉQUER (se) : Se défen-
dre. Mot à mot : riposter à coups
de bec. — « Allez-y : tapez sur
la bête!... Kt il ne fallait qu'elle
s'avisât de se rébéquer. » (Zola.)
REBIFFE : Vengeance. (Vi-
docq.)
REC
- 3io -
REG
REBIFFER (se) : Se redresser.
— Un soldat qui se rebiffe est un
homme au port martial. — Un
cheval qui se rebiffe porte haut
la tête.
REBONNETER : Flatter. (Vi-
docq.)
REBOUISER : Considérer at-
tentivement. (Idem.)
REBOUISEUR : « Au marché
du Temple, les rebouiseurs ou
ressuceurs achetaient les vieilles
hardes pour les remettre à neuf.»
(E. Sue.)
REBOURS : Déménagement
clandestin.
RECEVOIR SON DÉCOMP-
TE : Mourir, •— c Tué roide
sur le champ de bataille, le
beau tambour-major avait, pour
parler en style de bivouac, reçu
son décompte. » (Ricard.)
RÉCHAUFFANTE : Perruque.
Elle réchauffe les chauves.
RÉCHAUFFÉ (c'est du) : C'est
un vieil argument, c'est une ma-
nœuvre usée, comme les mets de
la veille qu'on réchauffe le len-
demain.
RÉCHAUFFER: Ennuyer.
(Vidocq.) — Même allusion que
dans bassiner y faire suer.
RECHIGNER : Renoncer. (Ra-
basse.)
RECONNOBRER, RECON-
NOBLER : Reconnaître. (Vi-
docq, Rabasse.) — C'est recon-
naître avec changement de finale.
V. Parrain.
RECOQUER: Rendre. (Grand-
val.) i
RECORDER : Tuer. (Hal-
bert.)
RECORDER : Prévenir.
(Idem.) — Vieux mot.
REDANI : Grâce. (Idem.)
RED IN : Bourse. Pour Radin.
REDOUBLEMENT DE FIÈ-
VRE : Charge nouvelle surgis-
sant pendant une instruction.
REDOUILLER : Riposter. V.
Merlins.
REDRESSE (être à lit) : Être
rusé. (Rabasse.)
RÉDUIT : Bourse. — C'est le
réduit de la monnaie.
REFAIRE, REFAIRE AU
MÊME, REFAIRE DANS LE
DUR : Tromper. — «Dindonné,
ce que nous appelons refait au
même. » (Balzac.) V. Faire, dont
refaire est l'augmentatif.
REFAIRE : Manger. (Hal-
bert.) Nous disons se refaire dans %
le même sens. %
REFAITE : Repas. (Mdocq.) '
— Vieux mot.
REFAITER : Prendre u :i repas. "
REFILER : Retrou /er. V.
Greffier.
REFILER : Donner. Voir
Chouette.
REFILER, REPASSER : Don-
ner un vol nourri. V. Cai lelotte.
REFROIDIR : Tuer. EiTet pris I
pour la cause. V. Mecque, Suage.
REGALIA : Cigare de la Ha-
vane : Mot à mot : cigare royal.
— « La chique, c'est la sceur ca- •
dette du londrès, du re;;alia. » ■
(Vermersch.) ',
REL
— 3ii -
REM
RÉGENCE : Digne des roue-
ries galantes de la cour du régent.
— « Si on allait lui faire un
crime de la fragilité de ses mœurs
un peu régence? » (P. Borel,
33.)
REGINGLARD : Vin nouveau,
piquette. C'est un Ginglard re-
doublé. — (c A Paris, à Sens, on
nomme re ginglard le vin léger
et légèrement acide. » {Ulnter-
• médiaire.)
REGON : Dette.
REGONSER : Devoir. (Hal-
; bert.)
REGOUT : Rancune. —
a Y' vous aime. Raccommodez-
' vous donc là , sans r'goût. »
^Catéchisme poissard, 40.;
REGOUT (faire du) : Être
«arrêté. (Halbert.)
Dans le glossaire de Colom-
bey, faire du regout est manquer
-de prudence, ce qui paraît plus
'.vraisemblable.
REJACQUER : Crier. (Grand-
val.) — Vieux mot. — En patois
lorrain, on appelle encore jaque
le geai, qui est un oiseau fort
: bruyant.
RÉJOUISSANCE : Os glissé
• par les bouchers dans la viande
■■ pesée à leurs pratiques. — « Les
bouchers ajoutent encore des os
qu'on appelle ironiquement ré-
jouissances. » (Mercier, 1783.)
RÉJOUISSANCE : A fini par
se dire ironiquement d'une fem-
me maigre. — « Faut voir ça au
déballage. Y a peut-être plus de
réjouissance que de viande là-
dessous. » (Neuville.)
RELEVANTE : Moutarde.
(Colombey.) Elle relève les ali-
ments.
RELEVER (la) : Se faire don-
ner de l'argent,
R E L I C H E R : Embrasser. •—
Forme de relécher. « Qu'elle se
laissât surprendre à se faire re-
licher dehors... Il lui couperait
le cou. » (Zola.)
RELUIT : Jour, œil. Les yeux
reluisent. V. Coquer, Luisant,
Chasse.
RELUQUER : Examiner.
— Vieux mot, Allucar se disait
déjà en langue romane pour : re-
garder fixement. V. RembrO'
quer,
RELUQUEUR : Homme qui
regarde obstinément les femmes.
REMAQUILLER : Refaire.
(Vidocq.)
REMBROGABLE : Reconnais-
sable. (Idem.)
REMBROCAGE DE PAR-
RAINS: Confrontation. V. Rem-
broquer.
REMBROQUANT : Miroir.
(Halbert.) En se mirant on se
rembroque soi-même.
REMBROQUER : Examiner
avec attention. Mot à mot : em-
brocher du regard. Nous disons
aussi regard perçant. V. Abadis,
Béquille, Moucharde, etc.
REMERCIER SON BOULAN-
GER : Mourir. Mot à mot :
n'avoir plus besoin de manger
du pain. V. Pipe {casser sa).
RF.MISER : Conduire en pri-
son. V. Filer.
REMISIER : Courtier d'opéra-
REN
— 3l2 —
REN
tions de bourse sur lesquelles il
a une remise.
REMOUGHER, REMOU-
QuER : Observer. V. Rembro-
quer.
R'mouchez-moi un peu c' larbin
Sous sa fourrure de cosaque.
(Richepin.)
REMPARDEUSE : Prostituée
de rempart. (Rabasse.)
REMPLISSAGE : Prose ajou-
tée dans le seul but d'allonger
un texte. — <c II a trouvé beau-
coup de remplissage dans mon
dernier livre. » (Ricard.)
RENARD : Second degré du
compagnonnage. — « Pour être
compagnon, tu seras lapin ou
apprenti, plus tard tu passeras
renard ou aspirant. » (Biéville.)
RENARD : Vomissement. -
Le voyageur Jacques Lesaige dit
déjà en parlant des effets du mal
de mer : « Loué soit Dieu ! j'avois
bon apétit, car je n'avois fait que
escorchier le regnart. » (i5i8.j
V, Piquer, Queue.
RENARD : « Il va prendre son
renard : un bouillon et une cho-
pine de vin dedans. » [Le Su-
blime, 72.) — Allusion au mot
renard (vomissement), qui re-
présente un mélange d'aliments.
RENARDER : Vomir. — « Je
suis gris... Vous me permettrez
de renarder dans le kiosque. )>
(Balzac.) Jadis on disait renau-
der.
RENARDER : Trahir. Le re-
nard est renommé pour sa traî-
trise. — (c Polyte et toi avec, vous
avez renarde... — Trahir les
amis, jamais! » (Ponson du Ter-
rail.)
RENAUDER : Refiser. (Vi-
docq.) Du vieux mot renauder :
vomir. — « Quand elle quête,
merci! chacun renau.le ou dé-
tale. » (Léonard.)
RENAUDEUR : Qui n'est
jamais content. (Rabasse.)
RENCONTRE (vol à la) : a Va-
riété du vol à la tire. 11 est opéré
par deux compères : le premier
heurte un passant dort il déta-
che la chaîne qui est aussitôt
remise au second ; puis i l s'éloigne
en s'excusant et se laissant fouil-
ler, si on découvre le vol. »(Can-
ler.) — Ce vol se fait souvent
aussi en simulant une méprise.
On bouscule le volé qu'on a pris
pour un autre. Si on se sauve,
on l'étourdit d'un coup de poing
sur la figure. (Rabasse.)
RENCONTRE (faire à la):
« Le malheureux reçoit dans la
poitrine un terrible cojpde tête.
C'est ce qu'on appelle en argot
le faire à la rencontre. » (Ad.
Rocher, 67.)
RENDEZ-MOI (voler au) : Vo-
ler un marchand en lui deman-
dant la monnaie d'une pièce de
5 ou de 20 francs qu'on a dépo-
sée sur le comptoir, puis remist
subtilement dans sa poche. (Ra
basse.)
RENDRE SES COMPTES
Vomir. Mot à mot : i endre la
comptes que vous demande ur
estomac trop chargé. — « A h
dix-huitième canette, L néophyti
rendit ses comptes. » ,Michu.)
RÊNE (saisir la troisième)
REN
3i3
RÉP
S'accrocher à la crinière du che-
val sur lequel . on ne peut se
maintenir.
RENFONCEMENT : Bour-
rade. — (( Il m'envoya un ren-
foncement que j'en ai vu trente-
six mille chandelles romaines. »
(Ladimir.j^
RENFRUSQUINER : Vêtir.
RENG : Cent. (Halbert.)
RENGAINER : Se taire. (Ra-
basse.) C'est-à-dire rengainer sa
parole.
RENGAINER SON COMPLI-
MENT : Ne pas dire ce qu'on
voulait.
RENGRAClER î Devenir hon-
nête. Mot à mot : rentrer en grâce
de la société. — « Jamais tu ne
rengracieras. Plutôt caner en
goupinant. » (Vidocq.)
RENGRAClER : Ne rien dire.
(Rabasse.)
RENIFLER : Boire d'un trait,
en aspirant, comme si on reni-
flait. — « Et nous avons chacun
reniflé cinq litres à dix sous. »
(Moinaux.)
RENIFLER : Sentir, deviner.
V. Pante,
RENIFLER : Refuser. — « Le
premier jour, j'ai reniflé sur ma
gamelle et j'ai lâché ma portion
de bœuf. » {Commentaires de
Loriot.)
RENIFLEUR DE CAME-
LOTTE A LA FLAN : Voleur
dépouillant les étalages. — Re-
nijleur rend bien la vitesse aspi-
rante du procédé. On sait que
à la flan veut dire au hasard,
comme cela se trouve.
RENQUILLER : Rentrer.
RENVERSANT : Superbe. —
(( Parfait! aux petits ognons! Je
vous ai vues à l'ouverture des
Bouffes... Des pelures renver-
santes. » (Villars.)
R E P I G E R : Rattraper. —
« Attends, toi ! si je peux te repi-
ger un jour! » (Moinaux.)
REPINCER : Rattraper. —
« J'en suis encore pour mes vingt
centimes, je te repincerai, vieux
carottier! » (Marquet.)
REPIQUAGE : Action de re-
piquer. — « Quatre à z'un...
Bon ! Le repiquage sur quatre,
c'est infaillible!... » fait dire
M. Boue de Villiers à un joueur
d'écarté dans le Petit Bonhomme
d'Évreux.
REPIQUER : Reprendre le
dessus, soit au jeu, soit en affai-
res, soit en cas de maladie.
REPIQUER : Recommencer.
— « On repiqua son chaste can-
can. » (Privât d'Anglemont, 46.)
REPIQUER : Se rendormir.
De piquer son chien. — « Au
plus fort de la chaleur, on repi-
que dur. » [Vie parisienne, 66.)
REPLÂTRÉE : Grossièrement
fardée. — « Des vieilles replâ-
trées, des jeunes très-sales. »
(Zola.)
RÉPONSE : Opération de
bourse expliquée par l'exemple
suivant : — « A chaque liquida-
tion, les acheteurs à prime dé-
clarent s'ils abandonnent la pri-
me, ou s'ils maintiennent leur
marché : ce qui s'appelle en
boursicoterie donner sa réponse.»
[Boursicotier isme, 58.)
18
RES
— 3i4
RET
REPORT : Opération de
bourse. V. ci-dessous.
REPORTAGE : Métier de chro-
niqueur ou reporter. — a Un de
ces journaux où les Marguerite
Gautier (lorettes) du reportage se
retont une virginité. » (L. Bien-
venu.)
REPORTER : « Si vous êtes
acheteur de rente et si la rente
baisse, vous pouvez continuer
votre opération en vous faisant
reporter. On ajoute alors au cours
le prix du report, plus un nouveau
courtage. La cherté des reports
tempère souvent les disposi-
tions à la hausse. » (De Méri-
clet, 56.) — « Je l'avais dit à Er-
nest : reporte ! Il n'a pas reporté.
Et tu vois... Il plonge. » (L.-G.
Jacques, 68.)
^ REPORTER : Nouvelliste. Mot
à mot : rapporteur de nouvelles.
— « La presse de Paris compte
ici de nombreux reporters. »
(A. Rocher, 67.) — « Il n'y a pas
de député qui ne soit reporter à
ses heures. » {Figaro, yb.)
REPOUSSANT : Fusil. — Il
repousse l'épaule.
REPOUSSER : Sentir mauvais.
(Rabasse.) — Effet pris pour la
cause.
REQUILLER : Remettre
d'aplomb. Mot à mot : sur ses
quilles.
RESOLIR : Revendre.
RESPIRANTE : Bouche. — Ef-
fet pris pour la cause. — « Il lui
bouchait la respirante par c't' ar-
gument du port Saint-Nicolas...»
(Gabassol.)
RESUCÉ, DE LA TROISIÈME
RESUCEE : Flétri par l'usage,
fané, usé. — Allusion au bâton
de sucre d'orge que se repassent
plusieurs gamins. — a Gervaise,
un jour que Goupeau regrettait
leur mariage, s'emporta. Ah!
elle lui avait apporté la resucée
des autres. » (Zola.)
RESUCEUR : V. Rebouiseur.
RÉSURRECTION (la) : U
prison de Saint-Lazare. — Allu-
sion biblique à Lazare le ressus-
cité.
RETAPE (faire sa) : Chercher
galant. — Vient de rarf;ot des vo-
leurs qui disaient autrefois aller
à la retape pour : s'embusquer
sur le grand chemin, — « C'est
moi qui lui ai donné l'idée de
faire sa retappe {sic), avec un cos-
tume décent et un canon à cha-
peau à la main. » {Cinquante
mille voleurs de plus à Paris f
Paris, 3o.)
RETAPEUSE : Race rocheuse.
En robes plus ou moins pcnpeusesj
Elles vont comme des souiis;
Ce sont les jeunes retapeue^s
Qui font la gloire de Paris.
(A. Glati gny.)
RETIENS (je te) : Se dit iro-
niquement pour : Je retiendrai
ce que tu dis ou ce qua tu fais.
— a L'amie : Il fallait aller jouer
ailleurs. — Irma : Où cela ? en
province ? Merci ! ... Je te retiens,
toi. » (Monselet.)
RETIENS POUR LA PRE-
MIÈRE CONTREDANSE (je te):
Je ne manquerai pas la première
occasion de te battre. Mot à mot :
de te faire danser.
RETIRO : Lieu retiré.— Mot
I
RIC
3i5
RIF
espagnol. En vieux français on
disait retrait, et on ne le dit
plus, je ne sais pourquoi. — « Ce
retiro a eu la gloire d'entendre
prononcer, par Samson, le plus
joli mot. » {Figaro, 75.)
RETOQUER : Refuser. — Al-
lusion au choc produit par une
chose qui en repousse une autre.
RETOURNE (De quoi il) : Ce
qui se produit de nouveau, de
capital. — Terme de jeu de car-
tes où la retourne de l'atout do-
mine la situation. — « Voici de
quoi il retourne pour le quart
d'heure. » (Texier.)
RETOURNER (savoir se) : Se
tirer d'embarras; mot à mot :
faire face de tous côtés aux exi-
gences d'une situation mauvaise.
— « La démocratie française a
déjà pris son parti. Elle va,
comme l'on dit dans nos cercles
populaires, se retourner. » {Ré-
publique française, 75.)
REUSSI : Beau, réussi d'exé-
cution. — M-n^ de Juliamé était
belle ce soir-là... Il ne l'avait ja-
mais vu si réussie. » (Aubryet.)
RÊVEUR : Homme dénué de
sens pratique. — « Le rêveur est
celui qui se complaît dans une
œuvre médiocre.»(Champfleury.)
RIBOUI : Abréviation de Re-
bouiseur.
RICHE : Beau, bon. — En in-
ventant cette acception, l'argot a
donné un pendant à jK'tïi^vre, qui
est admis dans le sens contraire.
— « Par exemple : C'était une
riche idée. Le soir, aux lumières,
elle pouvait encore faire des con-
quêtes. » (Zola.)
HIGHELIEU : Digne de la ga-
lanterie du maréchal de ce nom.
— « Tout le benjoin d'une galan-
terie à 80 degrés Richelieu. »
(Mûrger.)
RICHEMENT LAID : Aussi
laid que possible.
RIEN (ne) : Locution affirma-
tive. V. Pas {ne). — On dit : Il
ne fait rien froid, pour il fait
très-froid; il n'est rien embêtant,
pour il est très-embêtant, etc., etc.
— « Quel vieux birbe : il n'était
rien folichon! » (Zola.)
Nous somm's rien bal' ! Nous épatons
Du cabochard aux trottignolles.
(Richepin.)
Traduction : « Nous sommes
très-bien. Nous frappons d'admi-
ration de la tête aux pieds. »
RIFF, RIF, RIFFE, RIFLE :
Feu, flamme. — « Je remouche
au coin du rifle un sinve qui rou-
pillait. J'ai sondé dans ses pro-
fondes. » (Vidocq.)
RIFFAUDANIË : Flamme.
(Grandval.)
RIFFAUDAT : Incendie.
(Idem.)
RIFFAUDER : Brûler, se
chauff'er. V. Flacul.
Riffauder est un vieux mot,
car les anciens gueux qui se
prétendaient ruinés par un in-
cendie s'appelaient les riffaudés.
RIFFAUDEUR : Chauffeur ou
voleur brûlant les pieds de ses
victimes pour leur faire livrer
leur argent caché. (Vidocq.)
RIFFLE (prendre de) : Prendre
sans hésiter. (Rabasse.)
RIFLARD : Parapluie. —
D'une pièce de Picard, la Petitç
RIG
— 3i6 - RIN
Ville (oi), où l'acteur chargé
du rôle de Riflard portait un
énorme parapluie. — « Il pleuvait
à verse, elle était sous son ri-
flard. » (Lubize.)
RIGODONS : Souliers. (Ra-
basse.)
RIGOLADE, RIGOLAGE :
Amusement. — C'est pour la ri-
golade : c'est l'histoire de rire.
— Rigolage est un mot ancien.
— (( Ma vie est une rigolade per-
pétuelle, rien ne m'affecte. »
(Blondelet.)
RIGOLBOCHE : Danseuse
de bal public. — Ce fut d'abord
le nom d'une célébrité du cru.
— « Les Rigolboche qui peuplent
les bals publics ont plus de goût
pour la rigolbochade que pour
la vertu. » {A propos de calicots,
1861.)
RIGOLBOCHE : Amusant,
drôle. — C'est rigolo avec chan-
gement de finale. — oc C'était
au Prado. La querelle allait son
train... Laissez-les donc! c'est
bien plus rigolboche! — Le mot
fut sur-le-champ acclamé. » {Mé-
moires de Rigolboche, 60.)
RIGOLBOCHER : Danser
comme Rigolboche, danseuse à
la mode dont je viens d'expliquer
le nom. — « Nous rigolbochons
parfois à Bullier. » (60.)
RIGOLER : Rire, se divertir.
— Vieux mot. Dès iSyS, Du
Cange en cite des exemples. —
« Et frère Jean de rigouller, ja-
mais homme ne feut tant cour-
tois ny gracieux. » (Rabelais.)
— « Qu'est-ce qui chante? je
veux de quoi rigoler, moi ! »
(Champfleury.)
RIGOLETTE : V. Rigolot.
RIGOLEUR : Bon vivant.—
Dans un bouchon de Romain-
ville, nous étions vingt- cinq ri-
goleurs. (Blondel.)
RIGOLO : amusant, comique.
— a C'est d'un rigolo à faire
pâlir Xavier de Montépin. » (E.
Simon.) — «Allons donc! le verbe
sortir est bien plus rigolo. Je
sors ou je m'esbigne, tu te la
brises, ou mieux tu te laçasses.»
(Villars.)
RIGOLOT , RIGOLETTE :
Fille rieuse, joyeux garçon. —
(( Rigolos et vous rigoleites, gais
enfants d' l'atelier. » (A. Joly.) 5
RINCÉE : Correction, forte'
pluie. — « Il a reçu une bonne
rincée, il a été battu, étrillé
comme il faut. » (Dhautjl.)
RINCER : Dévaliser. — « Des
malfaiteurs crurent pouvoir rin-
cer la caisse du juif. » (Balzac.)
RINCER : Battre. — * Un gé-
néral fond sur l'ennemi et vous
le rince. » (Favard, lySc.)
RINCER LE GOSIÏR, LA
CORNE, LE CORNET, LE SIF-
FLET, L'AVALOIR, LA DALLE
(Se) : Boire. V. ces mots.
RINCETTE : Petit verre d'eau-
de-vie versé dans la de:rii-tasse
où l'on vient de boire le café.
Le second verre s'appelle surrin-
cette.
RING: « L'ensemble dos book-
makers, » selon M. En est Pa-
rent. « L'enceinte du pesrge dans
un champ de courses, » selon M.
Paz. — Anglicanisme. — « Elle
était là sur le turf, au milieu du
ring et des ringueurs, » ( Vie pa-
ROB
-3i7-
ROG
rîsienne.) — « Quand le favori
gagne, le ring est en perte.
Quand c'est un outsider qui
l'emporte, le ring fait d'énormes
bénéfices. » (E. Parent.)
RINGUER : Stationner dans
le ring. — a On ringuait à tout
casser. J'ai empoché quelques
monacos. » (Villars.)
RINGUEUR. V. Ring.
RIOLE, RIOLLE : Divertisse-
ment. — De rigoler. — a Pitan-
chons, faisons riolle jusqu'au
jugement. » (Grandval.)
RIOLE ( Se mettre en riole) :
— (( S'amuser pendant le temps
du travail. » (Dhautel, 08.)
RIPATON : Soulier. (Ra-
basse.)
RIPATONNER : Rafistoler. —
a On ripatonne un livre en pu-
bliant une édition revue et cor-
rigée; on ripatonne un édifice en
le récrépissant.» (La Bédollière.)
RIQUIQUI : Mélange d'eau-de-
vie et de liqueur. — « Tiens ! pour
te guérir, je t'apporte une goutte
de riquiqui.» [LaFemme comme
on en voit peu, 1 789.)
RIVANCHER : V. Tremblant.
RIVETTE. V. Tante.
RIZ-PAIN-SEL: «A l'armée oiî
les agents du service des subsis-
tances distribuent les vivres, on
leur donne le sobriquet de r/f-
painsel. » (La Bédollière.)
ROBER: Dérober. (Vidocq.) —
Vieux mot dont nous avons fait
dérober.
ROBERT MACAIRE : Variété
du cancan. — « Allusion à la
danse de Robert Macaire au pre-
mier acte de l'Auberge des
Adrets. » {Phys. de la Chau-
mière^ 41 .) — V. Macaire.
ROBIGNOLE: Petite boule de
liège dont on se sert pour le jeu
de cocanges. (Rabasse.)
ROBIGNOLEUR : Floueur, te-
nant un jeu de cocanges. (Ra-
basse.)
ROBINET (Lâcher le) : Pleu-
rer. — Mot à mot : lâcher le ro-
binet de la fontaine des larmes.
ROBINSON : Parapluie. —
a Usité depuis la représentation
d'une pièce de Pixérécourt, où
Robinson paraît avec son grand
parasol. »
ROCAILLE : f)ans le goût de
l'époque de Louis XV, où les
coquilles et les rocailles ont été
très-souvent utilisées comme or-
nements. — « L'amour des ro-
cailles, mot qui caractérise l'a-
meublement du règne de Louis
XV. » (Roqueplan.)
ROCHET: Curé. (Vidocq.) —
Allusion à son rochet ou camail.
ROCOCO : Le rococo est le
genre rocaille exagéré. De là ce
changement de finale redoublé.
ROCOCO : Suranné. — « Ce
mot nouveau me semble être
appliqué, par la jeunesse inno-
vatrice, à tout ce qui porte l'em-
preinte des temps passés. » (Miss
Trollope, 35.)
ROGNEUR: Fourrier.— Abré-
viation de rogneur de portions.
— Allusion aux vivres de cam-
pagne sur lesquels un fourrier
peu délicat prélève une dîme
indue.
ROM
3i8
RON
Gratte-papier, rogneur, traîne-pail-
lasse,
Hardi pillard aux deux galons d'ar-
gent.
De vingt surnoms que sur lui l'on en-
tasse,
Le fourrier rit et se moque en chan-
tant. (Wado.)
ROGNURES : Acteurs mé-
diocres. — « Un vaudeville en
un acte que la troupe de fer-
blanc, vulgairement appelée Ro-
gnures, exécute de 6 heures 1/2
à 7 heures 1/4 devant les ban-
quettes désertes et les ouvreuses
impatientes. » (J. Duflot, 6i.)
ROMAGNOL, ROMAGNON :
Trésor enfoui. (Colombey.)
ROxMAIN : Claqueur. — Allu-
sion aux Romains qui applau-
dissaient Néron. — a Sous le
lustre avec les romains du par-
terre. » (P. Borel, 33.)
ROMAIN : Fantassin. — Allu-
sion à la forme romaine du poi-
gnard d'infanterie (ancien mo-
dèle).
ROMAMICHEL , ROMANI-
CHEL, ROMANITCHEL : Vo-
leur de race bohémienne. De
Romani, qui veut dire en argot
espagnol gitano, bohémien. —
« Ils exploitent l'Europe entière
sous les allures de marchands
forains. Ils se marient entre eux,
voyagent constamment sans être
réunis en apparence. Leurs
femmes , coiffées généralement
de madras , vont de porte en
porte offrir de la toile et des
mouchoirs ; elles étudient les
lieux et prêtent assistance à
leurs complices en cas d'arresta-
tion. D (Canler.) — Ils endor-
ment souvent leurs victimes en
mêlant du datura stramcnium.
à leur boisson. De là, le nom
d'endormeur qui leur est aussi,
donné.
ROMANTIQUE : Dédai-nant
les règles classiques en art ou en
littérature. L'an i833 mirque
l'apogée de l'école. Elle était alors
âgée de vingt ans. — a L'expres-
sion du genre romantique ne se
montre qu'une seule fois dans le
livre de V Allemagne et semble
y demander grâce pour sa nou-
veauté. » {Les Scrupules littérai-
res de madame de Staél. Paris,
1814.)
ROME: Choux. (Halbert).
ROND : Ivre. Mot à mot :
Gonflé par la boisson. « Descen-
dant d' la guinguette, un soir
que j'étais rond. » {Les Amours
de Jeannette, ch. xiii.)
ROND : Soûl. — Il est rond. —
«Abouletes vingt ronds, l êta! »
(Montépin.)
RONDACHE, RONDINE,
RONDINET: Bague. (Halbert.)
RONDELETS, RONDINS ;
Seins. (Idem.) — Allusion de
forme dansces mots comm ^dans
les précédents.
RONDIN JAUNE : Pièce d'or.
(Rabasse).
RONDLNE: Canne.— El le sert
à rondiner les gens. V. l'a^i/e,
Rondache,
RONDINER : Battre à coups
de bâton. Mot à mot : de rondin.
— «Qu'il est doux de pouvoir
rondiner un ingrat ! » (Le Ra^
patriage, parade du xviu" siè-
cle.)
ROS
- 3]
ROU
RONDINER DES YEUX: Faire
les yeux ronds.
RONFr.ER A CRI : Feindre
de dormir. (Halbert.)
ROPING (The), The pulUng :
« Ces deux mots expriment l'acte
de faire perdre volontairement
un cheval en le retenant. »
(Parent.) — Anglicanisme.
ROSSARD, ROSSE : Homme
mou, lâche. — « Quell' rosse
qu' tu fais ! T'es mon ami tout
d' même. » (Protat.) — « Entre
nous ce sont des rossards, les
Arabes. Eux à cheval, la femme
courant derrière. » {Comm. de
Loriot.)
ROSSÉE : Grêle de coups, ac-
tion de rosser. — « Fafouillas
écoutait aux portes, ce qui lui
attirait une rossée exemplaire. »
(Commentaires de Loriot ^ 69.)
ROSSIGNANTE : Flûte. (Hal-
bert). Abr, de rossignol ante.
ROSSIGNOL : « Sobriquet
donné par les libraires aux ou-
vrages qui restent perchés sur
les casiers dans les solitudes de
leur magasin. » (Balzac.) — Les
marchands de nouveautés don-
nent le même nom aux étoffes
démodées, qui, comme les livres
non vendus, restent remisées
près du plafond ainsi que des
oiseaux en cage.
ROSSIGNOL : Fausse clef
(Halbert.)
ROSSIGNOLER : Ouvrir avec
un rossignol.
Après, je n' manquerai pas de raisons
Pour rossignoler les maisons.
(Festeau, 72.)
ROSSIGNOLER : Chanter.
iGrandval.) Mot à mot: chanter
comme un rossignol.
ROTIN : Sou. — Diminutif
de rond. « Si, par hasard, ils se
lâchent d'un déjeuner de vingt-
cinq rotins. » (Lynol.)
ROTIN (le) : La corde. (Ra-
basse.)
ROUBION : « Une fille pu-
blique laide est un roubion,
dans le langage de leur métier.»
(Parent-Duchatelet.)
ROUBLARD : Laid, incom-
plet, gâté. (Colombey.)
ROUBLARD : Adroit, roué. —
C'est roué avec changement de
finale, comme dans roumard. —
« Non, non, je n'ai pas confiance,
car je connais ces balançoires, je
suis roublard. » (Lem. de Neu-
ville.)
ROUBLARDER : User de rou-
blardise. «Ils ne trichaient guère,
mais pardonnez-moi l'expression,
ils roublardaient. » (Cavaillé.)
ROUBLARDISE : Rouerie,
— « Lui régnant sur la blonde
et sur la brune, s'engraissait de
sa roublardise. » (Zola.)
ROUCHI, ROUCHIE : Homme
dégoûtant, femme répugnante.
Du vieux mot rouchi: mauvais
cheval. — « Veux-tu te cacher,
vilain rouchi , tu reviendras
quand tu seras blanchi. » {Caté-
chisme poissard, 44.)
Elle prouva bientôt, fière catin,
Qu'elle était rouchie.
(A. Pothey.)
Rouchie ne se prend pas tou-
jours en mauvaise part : a II est
ROU
~ 020 —
ROU
l'amant de cœur d'une jolie rou-
chie des grands quartiers. » {Le
Sublime, 72.)
ROUE DE DERRIÈRE: Pièce
de cinq francs. — Allusion au
grand diamètre des roues de der-
rière de voitures. — « Roues de
derrière est une expression des
cochers, pour dire pièces de cinq
francs. » {Cabarets de Paris,
21.) — Autrefois, c'était un écu
de six livres. — a Je peux solir
pour une roue de derrière ce qui
m'a coûté cinquante ronds, c'est-
à-dire vendre pour six francs ce
qui m'a coûté cinquante sous. »
{A vent, de J.Sharp, 1789.)
ROUE DE DEVANT : Pièce
de deux francs. — Les roues de
devant de voitures sont les plus
petites.
ROUE : Juge d'instruction.
(Vidocq.) — Il l'est par métier.
ROUEN (Aller à) : Marcher à
sa perte. (Halbert.) Mot à mot :
se couler, se ruiner. — Je deu
mots. V. ci-dessous.
ROUEN (Envoyer à) : Couler,
ruiner. — Allusion à la Seine
qui coule de Paris à Rouen. —
« Vous voulez donc couler l'ate-
lier, vous voulez m'envoyer à
Rouen. » {Le Sublime, 72.)
ROUFFION : « Les rouffions
sont les apprentis du commerce
de la nouveauté. Ils font et défont
les étalages, replient les étoffes,
font les courses, » (Naviaux, 61.)
— « Pourquoi roufion ? Je l'ignore,
il est plein d'ardeur, joueur,
léger, mais attentif. » (Noriac.)
ROUFLAQUETTE : Grosse
mèche de cheveux ramenée et
collée sur la tempe.
J' sais rien m' coller eun' rouflaquette
Tout r long d' la tempe, jus |u a l'œil.
(Richepin, 77.)
ROUGTE : Révolutionnaire ac-
ceptant le drapeau rouge. — «Les
hameaux devenant plus rouges
que les faubourgs, c'est là le ca-
ractère nouveau de cette re-
chute. » (Aubryet.) — On dit
aussi la rouge pour a la répu-
blique rouge. »
ROUGET : Cuivre. (Vidocq.)
C'est le cuivre rouge. Le cuivre
jaune est \q paillon.
ROUILLARDE ; Bouteille de
vieux vin. (Vidocq.) Allusion à
l'aspect rouillé de la bouteille.
ROULANCE : Roulement gé-
néral que font les ouvriers typo-
graphes à coups de com;^osteurs
sur leurs casses, à la rentrée d'un
confrère qu'ils viennent de mys-
tifier. — (Ladimir.)
ROULANT: Pois. (Halbert.)
ROULANT : Marchand d'ha-
bits ambulant. V. Chineur.
ROULANT, ROULANTE :
Voiture. V. Roulette.
ROULANT VIF : Chemin de
fer. (Rabasse.)(( La science change
la face de la civilisation par le
chemin de fer, l'argot l'a déjà
nommé le roulant vif. » (Balzac.)
— • Vif veut dire ici allant vive-
ment.
ROULANTE : Voiture. (Ra-
basse.)
ROULÉE : Vigoureuse cor-
rection.
ROULEMENT DE TAM-
BOUR : Aboiement de chien.
(Vidocq.)
ROU
- 321 —
ROU
ROULER : Battre, mot à mot :
Faire rouler sous les coups.
ROULER : Tromper, duper,
mystifier. — Ce mot présente la
même image que charrier et
faire aller. A vrai dire, tromper
les gens, c'est les envoyer bien
loin de la vérité. — « Enfin je
suis seul contre le gouvernement
avec son tas de tribunaux, et je
les roule. » (Balzac.)
ROULER : VoyagtT.—Roulier
est resté. V. Gadoue.
Ça roule : Je me porte bien,
je fais de bonnes affaires.
Ça roule se dit d'une manœu-
vre exécutée sans ensemble,
lorsque les fusils ne résonnent
pas à la fois d'un seul coup.
ROULEUR : Fripon, trom-
peur. — « Cela ne serait pas
bien ; nos courtiers passeraient
pour des rouleurs. » (Lynol.)
ROULEUR : « Ses fonctions
consistent à présenter les ou-
vriers aux maîtres qui veulent
les embaucher et à consacrer
leur engagement. C'est lui qui
accompagne les partants jus-
qu'à la sortie des villes. » (G.
Sand.)
ROULEUSE : Prostituée. Mot
à mot : femme roulant dans les
endroits publics en quête de
chalands. — a Angélina ne se
souvint plus de la lorette rou~
leuse, ni de la lorette soupeuse. »
{Boursicotiérisme.) — « En atten-
dant elle gardait seulement les
mauvaises payes, les rouleuses. »
(Zola.)
ROULOTTAGE (Grinchir
au) : Voler les maisons de rou-
lage.
ROULOTTE : Voiture, char-
rette. « Tout ce maquillage ne
te fera pas démarger en roulotte
(aller en voiture). » (Paillet.)
ROULOTTIER : Voleur de
voiture, c'est-à-dire de roulotte.
« Au lieu de travailler en cham-
bre, il travaille en voiture. Il
saisit un colis sur un camion de
roulage et s'éloigne avec sa
proie. » (A. Monnier.)
ROULOTTIN : Charretier.
ROULURE : Rouleuse. (V.
ce mot.) « Encore une roulure
pour les boulevards... Elle leur
chiera du poivre avant six mois. »
(Zola.)
ROUMARD : Roué. (Grand-
val.) Changement de finale.
ROUPIE : Punaise. (Vidocq.)
— Elle a la forme et la couleur
d'une roupie de tabac.
ROUPIE DE SINGE: Rien.
Roupie a ici le sens de monnaie.
V. Monnaie de singe.
ROUPILLER : Dormir. — « Il
est bien temps de roupiller. »
(Henriade travestie.)
ROUPILLEUR, LLEUSE :
Dormeur, dormeuse. (Halbert.)
ROUPIS : Vieux priseur ayant
la roupie au nez. — « Garçon !
me dit un vieux roupis. » (E.
Debraux.)
ROUSCAILLANTE : Langue.
(Halbert.) — Motàmot ? parlante.
ROUSCAILLER BIGORNE :
Parler argot.
ROUSPANT : Entremetteur
au service des tantes.
ROUSSE, ROUSSIN : Agent
ROY
— 322 —
RUE
de police. Du vieux mot rouchin :
rosse, mauvais cheval. — « C'était
l'agent de change que suivaient
les roussins. » (Vidocq.) — « A
quoi penses-tu ? tu bois avec des
rousses. » (Chenu.)
ROUSSE : Police. — « Ils
croient voir partout la rousse. »
(Paillet.)
ROUSSI : Mouchard de prison.
(Colombey.)
ROUSSIN : V. Rousse.
ROUSSINER : Faire arrêter
par la police.
On vous roussine,
Et puis la tine
Vient remoucher la butte en rigolant.
(Lacenaire,)
ROUSTI (Être) : être arrêté.
(Rabasse.)
ROUSTIR : Escroquer. —
« La plupart des banquistes ont
un truc pour roustir les gonzes,
c'est-à-dire une supercherie pour
attraper les bonnes gens. ï) {Aven-
tures de Sharp, 1789.)
ROUSTISSEUR, EUSE :
Voleur, voleuse. — a On accuse
donc c'te pauvre fille d'être une
roustisseuse et d'avoir fait sauter
l'argenterie. » (Voizo.)
ROUSTISSURE : Volerie,
chose ne valant rien.
ROUSTURE : Homme en sur-
veillance de la police. (Halbert.)
ROYALE : « Louis XIII rasait
bien, et un jour il coupa la
barbe à ses officiers et ne leur
laissa qu'un petit toupet au
menton. » (T. des Re'aux.) De
là sans doute ce mot, dit Mon-
merqué. La royale devint Yim-
périale sous le régime napo-
léonien.
RUBAN DE QUEUE : Lon-
gue étendue de route tranchant à
l'œil comme un ruban sur la
terre où ses courbures lui don-
nent l'aspect d'une queue d'ani-
mal. — « Comme ces grandes
routes, rubans de queue de
quatre ou cinq lieues de long
qui, rien qu'à les voir te ujours
toutes droites, vous cassent les
jambes. » (E. Sue.)
RUDE : Remarquable. — « Mon
vieux sabre, tu peux te vanter
d'appartenir à un rude k pin. »
(About.) V. Raide, Balle, Doux.
RUDEMENT : Remarquable-
ment. — « Faut que je sois
rudement malheureuse. • {Vie
parisienne, 66.)
RUE AU PAIN : Gosier. C'est
par là que les aliments passent.
— « Commence, mon vieux, par
arroser la rue au pain, lit la
chiffonnière en remplissant le
verre du voisin. » (C. Rab ou.)
RUE DE RIVOLI : Six de jeu
de cartes. (Alyge.) — Allusion à
son aspect aligné et régulier.
RUER A LA BOTTE : Être
susceptible. — Allusion aux che-
vaux chatouilleux qui ne peuvent
sentir l'approche de l'éperon. —
Terme de cavalier.
RUETTE : Gosier. Même allu-
sion que dans rue au pai i. —
Dans le Compliment de Jérôme^
Fanchon et Cadet, Jérôme, qui
a chanté mal, dit : « Vous sc ntez
qu'un homme n'a pas le passage
de la ruette fait pour la musiq ue. »
{Catéchisme poissard, 40.)
SAB
— 323 —
SAB
RUP, PLUPART, RUPIN, RU-
PINE : Élégant, homme riche,
— Du vieux mot drup , drupe :
homme distingué. V. le Dict.
de Lacombe (1760). — a Ma-
dame, en v'ià un rup ! il m'a dit
de garder la monnaie pour moi.»
(Jaime.) — ce Pour enfoncer un
rupine je sers d'exemple. Mal-
heur à qui contemple mon petit
minois chiffonné. » (Mouret.) —
Se prend adjectivement. — « Tu
étais dans une société assez rup.»
(Montépin.) — «Faisons un bout
de toilette ! que chacun soit ru-
pin. » (Chenu.)
RURAUX : Les agitateurs de la
Commune donnaient ce nom
aux membres de l'Assemblée na-
tionale à Versailles. — « Hier,
3o mars, les ruraux n'ont point
tenu de séance. Sont-ils retour-
nés à la messe, sont-ils allés à
vêpres, nous l'ignorons. » {Le
Vengeur, 3 1 mars 7 1 .)
RUSTIQUE : Greffier. (Hal-
bert.)
RUSTIQUE (n'être pas): N'Stre
pas vigoureux. Du vieux mot
ruste: fort.
RUSTU : Greffe. (Halbert.)
RUTIÈRE : Raccrocheuse vo-
lant dans la rue. (Colombey.)
S
SABLE : Estomac. (Halbert.)
— Vieux mot, d'où notre verbe
sabler : boire.
SABLER : Assommer avec
une peau d'anguille bourrée de
sable. (Vidocq.)
SABOCHE : Homme qui dé-
plaît. (Halbert.)
SABOT : Voiture, navire. —
Triple allusion de forme.
SABOT : Violon. —«Jeune
homme! emparez-vous de ce sa-
bot. » (Dumersan.)
SABOULER : Battre, cogner.
.— Vieux mot. — « Vous me sa-
boulez la tête avec vos mains
pesantes. » (Molière, Comtesse
d' Escarbagnas .) — « Je te tanne
le casaquin , je te saboule. »
(Paillet.)
SABOULER : Crier. (Halbert.)
Décrotter. (Vidocq.)
SABOULEUR: Décrotteur.
(Vidocq.)
SABOULEUX : Faux épilep-
tique. (Vidocq.)
SABRE : Bâton. (Grandval.)
SABRENOT : Savetier. (Hal-
bert.)
SABRER : Auner. (Id.) De
sabre : bâton et par extension
aune.
SABREUR, TRAINEUR DE
SABRE : Militaire bruyant et
fanfaron. — « Vous me faites
pitié, tout sabreur que vous
êtes.» (P. Borel, 33.)
SABRI : Forêt. (Halbert.) On
s'abrite à son ombre. ^.Rebâtir.
SAC
324 —
SAI
SABRIEUX : Voleur de bois.
SAC (avoir le) : Avoir de l'ar-
gent. Mot à mot : avoir le sac
aux écus. — « A-t-elle le sac ?
Cela veut dire en langage des
halles : A-t-elle de l'argent ? »
(G. de Nerval.)
SAC (cracher dans le.). V.
Raccourcir.
SAC (donner le) : Mettre à la
porte.
SAC (homme à) : a Le bailleur
de fonds, c'est ce qu'on appelle en
argot de théâtre, un homme à
sac, sac d'argent bien entendu. »
(De Jallais, 1854.) — En avoir
plein son sac : Être complètement
ivre. — « Laissons-le reposer, il
en a plein son sac. » (Chenu.)
— Mettre dans son sac : Dévorer
un affront sans pouvoir le ven-
ger. — « Le montreur de bêtes
fut donc obligé de mettre les
calottes dans son sac. » (E. Sue.)
SAC -A- PAPIER : « A l'ou-
vrage, messieurs ! Sac-à-papier !
on ne fait rien ici. » (Balzac.) —
Juron exprimant l'ennui d'être
dans une situation embrouillée.
Sac-à-papiers se disait autrefois
de la réunion des pièces d'un
procès qui se plaçaient dans un
sac de toile.
SACRE : Argent. (Halbert.)
SACRE ; Sergent de Ville. (Id.)
Acception figurée de sacre qui
signifiait jadis oiseau de proie.
SACREBLEU, SACREDIEU,
SACRELOTTE , SACRISTIE ,
SACRÉ NOM, SACRÉ TON-
NERRE : Jurons chargés d'ex-
primer indifféremment la colère,
la joie, la surprise ou le chagrin.
— On a dit ensuite Saprebleu,
Sapreîotte ; puis, en abrégeant,
Crebleu, Grelotte, Prélat te, Pris-
tie, Nom d'un..., etc., etc.
L'idée d'évocation divine fut
d'abord contenue dans toutes
ces locutions. On prenait Dieu
et les choses sacrées à témoin de
tel ou tel fait; Sacré no))i d'un
petit bonhomme s'adresse à Jésus
enfant. Aujourd'hui on prononce
ces jurons à propos de tout, sans
penser à leur significatio 1 pri-
mitive fort défigurée, il est vrai,
par les abréviations qu'a entraî-
nées le désir de satisfaire i l'ha-
bitude, sans avoir l'air de blas-
phémer.
SACRÉ CHIEN : Eau-de-vie
et par extension : feu, flamme
artistique ou littéraire.— « Vous
nous râperez le gosier avec le
trois-six et le sacré chien dans
toute sa pureté. » (Th. Gautier
33.) — « Les voilà parties chez
Caplain où elles demandent un
demi-septier de sacré chien. »
^Vadé, ijS8.)Y.Chien.
SACREMENT : Sacrement du
mariage. — « Oscar m'oflrit le
sacrement. » (Festeau.)
SACRISTAIN : Amant ou mari
de maquerelle. (Vidocq.) V.
Marlou.
SACRISTIE : Juron. V. 5a-
crebleu.
SAFRAN (Accommoder au):
Faire une infidélité conjugale.
— Allusion de couleur. — « Je
ne suis pas fâché qu'elle ait
accommodé au safran ce volt geur
de Louis XIV. » (E. Augier.)
SAINDOMME : tabac. (Ra-
basse.)
SAL
- 325 -
SAL
SAINT-GEORGES : Cavalier
et tireur d'épée aussi accompli
que l'était le chevalier du même
nom au xviii* siècle. « Tu passes
dans le monde pour un Saint-
Georges. » (Ricard.)
^ SAINT- JEAN (Être de la) :
Être bête et crédule. « Oh ! je
ne suis pas de la Saint-Jean ! je
ne prends pas des crapauds
pour des grenouilles. » (P. de
Kock.)
SAINT- JE AN (n'être que de
la) : Être de qualité inférieure.
SAINT-JEAN (faire le) : Oter
son chapeau pour donner un
signal à ses complices. (Colom-
bey.)
SAINT- LAZ (confrérie de) :
Monde de la prostitution. — On
sait que la prison de Saint-Lazare
lui est spécialement affectée.
Abréviation. — « De Saint- Laz
je connais toute la confrérie. »
(L. de Neuville.)
SAINTE N'Y TOUCHE : Jeune
fille qui fait la sainte et qui n'a
pas l'air d'y toucher, qui se tient
avec affectation en dehors de tout
ce qui est mondain. « Je serais
désolé de ne trouver parmi les
jeunes personnes que des saintes
n'y touche ou de petites grues. »
(E. Villars.)
SAIS (tu) : Locution fréquem-
ment employée et précédant tou-
jours une menace ou un avertis-
sement peu agréable. « Ah ! tu
sais, baise cadet... (baise mon
c-1). Garçon! deux litres de vieil-
le ! » (Zola.)
SALADE : Fouet. (Colombey.)
Il vous sale.
SALAMALEC : Salutation
cérémonieuse. Importation ara-
be. — Une caricature de Grand-
ville (i83o) représente le fu-
silier Dumanet dans le harem
du dey d'Alger, avec cette lé-
gende : « Assez de salamaleck
comme ça... qu'on m'apporte de
suite vingt sultanes , avec le
brûle-gueule du dey. »
SALADE : Réponse. —Jeu de
mots. Il y a une espèce de salade
qu'on nomme raiponce. — « Voi-
là notre dernier mot. Nous atten-
drons ta salade. » (Vidocq.)
SALBIN : Serment. (Halbert.)
SALBINER : Prêter serment.
(Halbert.)
SALE (morceau de) : Enfant
nouveau né. (Rabasse.)
SALER : Faire payer trop
cher.— Même allusion que dans
épicier. — « Les Chamouillez
ont paré une de leurs chambres
dans l'espoir de la louer à un
prix salé. » (E. d'Hervilly.)
SALER : Critiquer, gronder
vivement. — Allusion à l'action
mordicante du sel. — « N'oubliez
pas que vous m'avez promis
d'oublier votre douce bonté, et
salez-moi bien cet article. »
(Geoffroy, Journal des Débats.
— Lettre à iV/^e de Val or y,
10.)
SALIÈRES : Cavités pectorales.
(Dhautel.) Mot à mot : cavités
aussi prononcées que celles
d'une salière. — On dit d'une
femme maigre décolletée qu'elle
montre ses salières. — « Je me
vois refuser un quadrille par la
petite G... qui a un million dans
chacune de ses salières. » {Vie
parisienne, 66.)
SAN
— 320 —
SAP
SALIN : Jaune. (Halbert.)
SALIR : Vendre un objet volé.
(Rabasse.) Forme altérée de
Solir.
^ SALIVERGNE, SALIVERNE :
Écuelle, salade. (Vidocq.)
SALLE DE PAPIER : « C'est,
en argot théâtral, une salle rem-
plie à l'aide d'entrées de faveur.
Allusion aux billets donnés. »
(Hostein.)
SALLE A LA BANQUE (de-
mander du) : Veut dire deman-
der de l'argent d'avance dans
une imprimerie. (Moisand, 41.)
SALONNIER : Critique d'art
chargé par un journal de parler
de l'exposition artistique an-
nuelle dite Salon de peinture.
« Voici les noms des Salonniers
de la Presse Parisienne pour
l'exposition de 1876. » (Vie lit-
téraire.)
SALSIFIS : Doigts. -- L'allu-
sion n'a pas besoin de s'expli-
quer. « Je lui serre d'avance et
cordialement les salsifis.» {Tam-
Tam, 76.)
SANG DE POISSON : Huile.
(Vidocq.)
SANGLIER : Prêtre. —Jeu de
mots. Le sanglier ou sans-glier
est le sans-diable. (V. Glier.)
Allusion à la mission divine du
prêtre qui est d'enlever les con-
damnés au démonr V. Hariadan.
SANS CHASSES : Aveugle.
Mot à mot : sans yeux.
SANS -CŒUR : Usurier. (Vi-
docq.)
SANS CONDÉ : Clandestine-
ment, sans permission. Condé
est un vieux mot du Nord qui a
le sens de pièce officielle.
SANS-CULOTTES : Républi-
cain terroriste dont les jambes
dédaignaient les culottes courtes.
— Après avoir désigné le cos-
tume, le nom de sans culottes dé-
signa, l'opinion. — « Mais le sans-
culotte Jésus n'a pas dit dans
son livre. » (Camille Desmou-
lins, 1790.)
SANS-DOS: Tabouret. (Vi-
docq.) — Le tabouret est sans
dossier.
SANS LE SOU : Pauvre.—
((Farnèse fit un mouvement ; elle
avait senti le sans le sou. »
(Jaime.)
SANTU : Santé. (Grand val.) —
Changement de finale.
SAP : Cercueil de sapin. Abré-
viation. — « Avant d'être mis
dans le sap. » (Festeau.)
SAPEMENT : Condamnation,
« Au bout d'un an, poissé!...
Deuxième sapement. » (Beauvil-
lier.)
SAPER : Condamner. Mot à
mot : abattre. V. Copeaux.
SAPERLIPOPETTE : C est un
saprelotte délayé. « Mais saper-
lipopette ! que ça ne nous amène
pas un nouvel Empire! » (A.
Karr, 76.)
SAPIN : Planche. (Halbert),
et par extension, cercueil.
SAPIN : Soldat. (Colombey.)
SAPIN : Fiacre. — On lit dans
un pamphlet de la révolution
de 1 789 ( l'Apocalypse ] : —
« M. Desmoulins, l'abbé Noël,
MM. de Beaumont et Keralio
avaient loué pour toute la soirée
sau
un sapin national pour se faire
voir dans la promenade. »
SAPIN (sentir le) : Faire pres-
sentir une mort prochaine. —
On dit : Voilà une toux qui sent
le sapin. — Usité dès 1808. —
a Pliée en deux par une toux
qui sonnait joliment le sapin. »
(Zola.)
SAPREBLEU,SAPRELOTTE:
Jurons. — C'est le sacrelotte et
le sacrebleu des gens qui ne
veulent pas sacrer, par scrupule
de conscience. « Jouissons de
notre reste , saprelotte ! » (De
Concourt.)
SAPRISTI : Juron. Forme de
sacristi due à la même cause
que ci-dessus.
SARDINES : Galons de sous-
officier. — Allusion de forme et
de brillant. — « L'un portait la
sardine blanche. » (Nadaud.)
SATISFAIT : De'puté conser-
vateur , satisfait de l'ordre de
choses.
SATOU, SATTE : Bois, bâ-
ton, forêt.— Vieux mot. V. Gref-
"fier.
SATOUSIER : Menuisier. (Vi-
docq.)
SAUCE (donner une) : Gron-
der. (Dhautel.) — On dit de
même : bien accommoder quel-
qu'un.
SAUCÉ : Mouillé jusqu'aux
os. (Dhautel.)
SAUTER : Puer. (Halbert.)
— Ça saute est un augmentatit
de ça danse. Allusion aux vers
produits par la décomposition.
V. Danser.
27 - SAU
SAUTER : Cacher un produit
de vol à ses complices. Mot à mot:
sauter par-dessus sans le compter»
SAUTER A LA CAPAHUT î
Assassiner un complice pour
prendre sa part de vol. (Vidocq.)
V. Capahuter,
SAUTER DESSUS : Attaquer
brusquement.
SAUTER LA BANQUE (faire) :
Forcer une banque de jeu à fer-
mer, faute de fonds. — « Qu'y
avait - il d'étonnant à voir cet
escroc faire quelquefois sauter la
banque? » (Sirven.)
SAUTER LE PAS : Mourir.
(Dauthel.) Sauter le pas qui sé-
pare la vie de la mort.
Un étudiant dans sa mansarde
Disposait de sa dernière harde,
Puis après voulait sauter le pas.
{Chansonnier de i83o.)
SAUTERELLE, SAUTEUSE :
Puce. (Vidocq.)
SAUTEROLLES , SAUTE -
RONDS : Agent de change.
(Halbert.) —Par métier, il fait
sauter les ronds.
SAUTEUR : Intrigant éhonté^
mot à mot: homme prêt à sauter
en l'honneur de tous les partis.
— « Il avait appelé sauteur un
plumitif multicolore. » (Marx.)
V. Paillasse.
SAUTEUR : Médisant (Ra-
basse), c'est-à-dire qui vous saute
dessus en paroles.
SAUTEUSE : Danseuse dô
théâtre. — Pris en mauvaise
part.
SAUVAGE : Complètement
nu. — « Quand on est bâti
SAX
328
SEC
comme ça, faut il être chiche de
ne pas se fiche en sauvage ! »
(Gavarni.)
SAUVAGE (s'habiller en) :« Tu
ne sais pas encore que s'habiller
en sauvage c'est vendre sa che-
mise. » (Vidal, la Caserne, 33.)
SAVATE : «La savate, que l'on
appelle aujourd'hui chausson,
est la boxe française, avec cette
différence que la savate se tra-
vaille avec les pieds, et la boxe
avec les poings. » (Th. Gautier,
45.)
SAVATE : « Correction mili-
taire appliquée par les soldats
entre eux pour certains délits
non justiciables d'un conseil. Le
patient est étendu sur un banc,
la chemise retroussée, et chaque
soldat de la compagnie lui ap-
plique trois coups d'un soulier
neuf et bien ferré. » (Vidal et
Delmare, la Caserne, 33.)
SAVOIR LIRE : Connaître
toutes les ruses. (Vidocq.)
SAVON : Réprimande sévère.
On dit de même Laver la tête,
pour réprimander quelqu'un.
SAVONNE: Blanc. Mot à mot:
blanchi. Pivois savonné : Vin
blanc. V. Douille, Larton.
SAVOYARD : Rustre. -
« C'est donc toi, savoyard ! A
genoux, obstiné! » (Ourliac.)
SAVOYARDE : Malle. — Le
commissionnaire qui la portait
à Paris avant 1848 était ordi-
nairement Savoyard.
SAXE: Porcelaine de vieux
saxe. — « Vous avez un tas de
bric-à-brac, des saxes.» (Car-
mouche.)
SCHABRAQUE (Vieille).
Vieille prostituée, ayant servi à
plus d'un cavalier, co;nme une
vieille schabraque d'uniforme.
SGHENICK : Eau-de-vie. V,
Chenique. — « Un verre de che-
nick scella nos serments.» (Lom-
bard de Langres, 1792.)
SCHNAPPS : Eau-de-vie. —
Mot russe. — M. de Fontenay,
auteur d'un Voyage agricole
en Russie, 1272, dit qu'on n'y
distille guère que les grains, sur-
tout le seigle. « Le produit
s'appelle snapp et sert à griser
une foule de gens. »
SCHOKING: Indécent. —An-
glicanisme. — « Je dis culotte et
vous ne dites pas shoking. » (A.
de Pontmartin, 75.)
SCIE : ■ Tourment, mystifica-
tion répétée d'autant plus de
fois qu'elle paraît agacer l'audi-
teur. — Allusion à la scie qui
revient toujours en grinçant sur
elle-même. — « Les femmes c'est
la scie pour les dômes. iques. »
(Ricard.) — « Les scies les plus
farouches l'avaient trouvé iné-
branlable. » (Mûrger.)
SCIER, SCIER LE DOS : Tour-
menter. « Laisse-moi, Cadet, tu
me scies. » {Rousselliana, o5.)
SCIONNER : Assassiner.
SCIONNEUR : Assassin. V
Escarpe.
SEC (être à) : Être sans argent,
n'avoir rien à boire.
SÉCOT : Maigre. — « L'une
est grasse, l'autre est sécot. »
(Pecquet.)
SECOUER : Traiter ri dément
I
SEN
329 —
SER
en paroles ou en actions. —
« Quand la blanchisseuse l'avait
secouée, la vieille ne ménageait
pas ses expressions. » (Zola.)
SEIGNEUR' A MUSIQUE :
Assassin. (Halbert.) Jeu de mots.
— - Il saigne ses victimes.
SEMAINE DES QUATRE
JEUDIS (la) : La semaine qui
n'arrivera jamais, puisqu'elle
n'existe pas. — « C'est comme
la robe que vous m'avez pro-
mise... Tu l'auras... La semaine
des quatre jeudis.» (H, Monnier.)
— « Ça, c'est pour la semaine
des quatre jeudis, puisque nous
n'avons pas bougé du camp. »
[Commentaires de Loriot, 69.)
SENAQUI: Pièce d'or. (Co-
lombey.) Anagramme de sequin.
SENT MAUVAIS (.ça) : Cela
va mal tourner.
SENTIMENTALISME, SENSI-
BLERIE : Sensibilité inoppor-
tune. — « C'est la guerre, la
guerre pour tuer, pour vaincre,
comme doit être la guerre, sans
sentimentalisme ! » (L. Detroj^at.)
SENTINELLE : Excrément
isolé. V. Factionnaire.
SENTIR : Aimer. (Vidocq.)
SENTIR (ne pas): Détester.
— On dit de même : Je l'ai dans
le ne:{, en parlant de quelqu'un
qu'on ne peut sentir.
SENTIR LES COUDES A
GAUCHE : Marcher avec en-
semble, comme les hommes
d'un peloton, en sentant les
coudes du voisin afin de se
maintenir sur la ligne du guide.
Dans une caricature de juillet
iS3o, Levasseur fait dire à deux
combattants : « Que sentiez-vous
envoyant tomber vos camarades
à côté de vous ? — C que j' sen-
tais !... les coudes à gauche.» —
Se dit au figuré de plusieurs
personnes qui marchent bien
d'accord à leur but.
SÉQUENCE. V. Postillon.
SER : Signal. (Vidocq.) V.
Sert.
SER (faire le) : Faire le guet.
Mot à mot : Signaler. (Halbert.)
SERGE, SERGO : Sergent de
ville. — Changement de finale
et abréviation. — « Son caban
de sergo ne l'empêchait pas de
grelotter. » (Alph. Daudet.)
SERGOLLE : Ceinture. (Hal-
bert). Mot à mot : serregole. —
Du vieux mot gole, ouverture
de tunique.
SÉRIEUX : Pour les lorettes,
un homme sérieux est un homm.e
riche. — Pour les gastronomes,
un repas sérieux est un repas
bien compris. — Pour les artistes
et les lettrés, un homme sérieux
est celui qui s'est acquis une va-
leur personnelle. — Pour les
bourgeois , être sérieux, c'est
avoirunepositiondanslemonde.
SERIN : Niais. Mot à mot :
naïf, comme un serin. — « Tu
ne sais pas ce que c'est que
d'être l'amant d'une femme...
Es-tu serin à ton âge! » (E.
Sue.) — « Élodie Charnu, qui ne
regarde plus les camarades depuis
quelle a trouvé un serin de mon-
sieur pour se marier. » (Gavarni.)
SERINER : Divulguer. V. Se-
rinette.
SERINETTE : Enfant ayant
SER — 33o - SIF
SERVIR LE TRÊPi: : Faire
ranger la foule. V. Curieux.
SÉVÈRE: Digne de réflexions
sévères. — « Ah ! je vous racon-
terai ma vie. Je vous en dirai
des sévères, mon bon ami. »
(Ricard.)
plus de mémoire que d'intelli-
gence.
SERINETTE : « On appelle se-
rinette, les infâmes qui font
contribuer un passant en le me-
naçant de divulguer (seriner) au
public ou même à l'autorité de
coupablesdépravations.o(Paillet.)
SERINGUE (chanter comme
une) : Avoir la voix fausse et
discordante. (08, Dhautel.)
SERRANTE : Serrure. (Vi-
docq.)
SERRÉ: Avare, peu fortuné.
— « Il paraît même qu'il est très-
serré. M (H. Monnier.)
SERRER : Mettre en prison.
— On n'y est pas au large. —
« La plus cruelle injure qu'une
fille puisse jeter à une autre fille,
c'est de l'accuser d'infidélité en-
vers un amant serré. » (Balzac.)
SERRER LA VIS : Étrangler.
— « La victime. avait été volée, et
enfin Moreux était obligé de re-
connaître qu'il lui avait « serré
la vis un peu trop fort. » {Mo-
niteur, mai 1872.)
SERT : Signe d'entente à Tu-
sage des grecs.
SERVIETTE : Portefeuille.
(Halbert.) Il se plie comme une
serviette.
SERVIETTE : Canne. (Co-
lombey.)
SERVIR : Prendre, arrêter, —
« Frangin et frangine, je pesigue
le pivot pour vous bonnir que
mezigue viens d'être servi maron
à la légre de Canelle (Gaen). »
(Vidocq.)
SERVIR DE BELLE: Dénon-
cer à faux.
SEVRES (passer à) : Ne rien
recevoir. (Rabasse.) Jeu de
mots sur Sèvres, nom de lieu,
et sur le verbe sevrer.
SEZIÈRE, SEZIGUE, SEZIN-
GO, SEZINGUARD : Lui. (Hal-
bert, Colombey.)
SIC ITUR AD ASTRA : C'est
ainsi qu'on] passe à l'ir imorta-
lité, mot à mot aux astres. Iro-
nie. « Après la séance, l'huissier
ramasse les croquis et les met
de côté. Sic itur ad astva. » (A
Marx, latinisme.)
SIFFLE : Gosier. V. Sifflet. '
SIFFLER : Boire. — « Il a sif-
flé, pour dire : il a bu, p;irce que
les lèvres ont à peu près \z même
mouvement. » (Le Duchat, ] ySS.)
— « Tiens, vieux chéri, siffie-
moi ca, ca va te remettra. » (E,
Sue.)'
SIFFLET : Gosier. — Compa-
raison facile à deviner. Vidocq
donne aussi sifflet pour voix. —
(( Qu'en te coupant le sifflet,
quelqu'un délivre le royaume. »
{La Nouvelle Ma^arinade, i632.)
SIFFLET D'ÉBÈNE : Habit
noir. Allusion de forme et de
couleur. — « Tous font le ir en-
trée revêtus du classique sifflet
d'ébène, lisez habit noir. » {Fi-
garo, 77.)
SIFFLET (se rincer, s'affûter
le) : Boire. — a Là, plus d'un
I
SIN
33i -
SKA
buveur venait se rincer le sif-
flet. » (Colmance.) — « Faut pas
aller chez Paul Niquet six fois
r jour s'affûter le sifflet. » (P. Du-
rand, 36.)
SIGLE, SIGOLLE : Pièce de
vingt francs. « Mets-moi dans un
pâté deux ou trois sigolles. »
(Lettre de Minder.V.|rintrôd.) —
Altération de cigale.
SIGUE : Pièce de vingt francs.
(Halbert.)— Pièce de cinq francs.
(Rabasse.) — Abréviation de ci-
gale. V. ce mot.
Double sigue : Pièce de qua-
rante francs. (Halbert.)
SIMON : La maison oii les vi-
dangeurs travaillent est appelée
par eux atelier et le propriétaire
de cette maison est appelé par
eux Simon. (Berthaud.)
SINE QUA NON : La chose
indispensable. — Sine qua non
possumus s'entend ordinairement
de l'argent. — « L'entretien est
le sine qua non de l'élégance. »
(Balzac.) — Latinisme.
SINGE : Chef d'atelier, pa-
tron, maître. (Albert.) — « On
ne peut pas bouger, le singe est
toujours sur votre dos. » (Zola.)
SINGE (monnaie de) : Gri-
mace. — « Il la payait, comme
dit le peuple en son langage
énergique, en monnaie de singe.»
(Balzac.) V. Roupie.
SINGE : Voyageur juché sur
l'impériale d'une voiture.
SINGE : Compositeur d'im-
primerie. — « Ainsi nommé à
cause du continuel exercice qu'ils
font pour attraper les lettres dans
les cinquante-deux petites cases
où elles sont contenues. » (Bal-
zac.)
SINVE : Dupe. (Halbert.) Sim-
ple, crédule. (Rabasse).— Forme
de simple. V. Affranchir, Rifle.
SIONNER : Assassiner. (Ra-
basse.) — Abr. de Scionner.
SIROP : Vin. — Il a la couleur
du sirop de groseille. V. Pom"
per.
Avoir un coup de sirop : Être
gris. — tt Lui avait déjà un joli
coup de sirop. » (Zola.)
SIROTER : Boire avec excès.
— « Son bonheur était d'aller
siroter le vin à dix de la Cour-
tille. » (Ricard.)
SIROTEUR : Buveur.— « Pre-
nez trois étudiants, vous obtenez
deux siroteurs. » (Michu.)
SIT NOMEN : Argent. — Les
anciens écus frappés à l'effigie
des rois (Louis XV et Louis XVI)
portaient au revers l'écu fleur-
delisé entouré de la devise reli-
gieuse : Sit nomen Domini bene-
dictum,
SKATEUR : Skatineur. — « Ils
n'avaient qu'une ambition : lui
voulait être skateur; elle vou-
lait être skateuse. » {Figaro, ii
fév. 77.)
SKATINAGE : V. Skating.
SKATINEUR: Patineur.-«Les
types de skatineurs sont variés
et curieux. » {Figaro, mai 76.)
SKATING : Skatinage, pati-
nage à roulettes. « Le skating
est devenu la manie du jour. »
{Figaro, 24 avril 76.) a Le skati-
nage esta la mode.» (/<i., mai 76.)
Skating-rink : Établissement
SŒU
- 332 -
SOL
de patinage. — « On démolit les
maisons pour en faire des ska-
ting-rinks. » [Idem.) — Anglican.
SIX : Chandelle de six à la
livre. c( J'allume ce bout. Tiens !
vous usez des six, Plumet. C'est
comme moi. » (Ricard.)
SMALAH ; Ménage, réunion
de la femme, des enfants et du
mobilier. — Le mot vient d'Al-
gérie.
SNOBOYE : Très- bien. V.
Chocnoso.
SOC : Socialiste. Abréviation.
V. Démoc.
SOCIALE : République so-
ciale. — «M. N... clamait : Vive
la sociale! » {Figaro, j5.)
SOCIÉTÉ D'ADMIRATION
MUTUELLE (être de la) : Faire
partie d'une association secrète
de gens qui se sont engagés à se
pousser respectivement dans le
monde, en feignant de se témoi-
gner une admiration mutuelle.
On a beaucoup parlé d'une so-
ciété de ce genre à l'armée d'A-
frique. Quoi qu'il en soit, c'est
un procédé pratiqué en tous
temps et en tous pays.
SOCIÉTÉ DU DOIGT DANS
L'ŒIL (être de la) : Avoir les
illusions de la vanité. V. Doigt.
— a La société du doigt dans
l'œil devra être reconnue et au-
torisée comme institution régu-
lière. » {Figaro, 1 1 fév. 77.}
SŒUR : Maîtresse. — Terme
ironique inventé pour railler
ceux qui dissimulent leurs liai-
sons sous des liens de parenté
fictifs. — On dit en ce sens : J'ai
rencontré X.,. avec sa sœur.
SŒUR (et ta) : Abréviation
de Et ta sœur, est-elle malade?
qui se dit encore, mais moins
souvent. Cette interrogation peut
se traduire mot à mot ainsi : « Et
ta maîtresse , comment va-t-
elle? » — Il va sans dire que
c'est une insulte; elle se lance
souvent à Paris, à propos de
tout, et les trois quarts de ceux
qui la formulent ne se doutent
pas de ce qu'elle signide. —
« Sais-tu ce qu'il me rtpond?
« Et ta sœur? » — Je 1 aurais
cogné. » (Monselet.) — Philaréte
Chasles a révélé que la pudique
Allemagne est aussi avancée que
nous sous ce rapport. Elle ap-
pelle buhl schwester (soeur d'a-
mour) une fille galante. « Quant
à et ta sœur? ajoute-t-il, les Al-
lemands ne disent pas autre
chose avec les deux mots : Ja
Kuchen. »
SOIFFARD , SOIFFEUR :
Grand buveur. — « Ce sacré
soiffard se portait comn\e un
charme. » (Zola.)
SOIFFER : Boire outre me-
sure comme si on avait g: and'-
soif. — « Là, j' soiffons ciiacun
nos trois poissons, » {LesAniours
de Jeannette, i3.)
SOIGNÉE : Fait à noter soi-
gneusement. — a Oh 1 en v'ià
une soignée. » (La Bédollicre.)
SOISSONNÉ : Haricot. —
Soissons est la patrie des hari-
cots.
SOLDAT DU PAPE : Mau-
vais soldat. — En 1738, Le Du-
chat disait déjà : « Soldais du
pape, méchantes troupes. > Ma-
chiavel a dit que les compagnies
SON
333
SOR
de l'Église sont le déshonneur
de la gendarmerie.
SOLEIL (avoir un coup de) :
S'enivrer. (Dhautel.) V. Coup.
Piquer un ou son soleil : Rou-
gir.
Recevoir un coup de soleil :
Tomber amoureux. — a Mesde-
moiselles, nous avons reçu un
coup de soleil soigné. » (Villars,)
SOLIR. — Vendre : « J'ai ren-
contré marcandière qui dupivois
solisait. » (Vidocq.)
SOLITAIRE : Spectateur qui,
pour payer moins cher sa place,
entre au théâtre dans les rangs
de la claque. Son nom indique
qu'il ne se croit pas obligé de
faire chorus avec ses bruyants
compagnons. — « Grâce à une
pièce de cinquante centimes, j'en-
trai en qualité de solitaire. »
(A. Second.)
SOLLIGEUR : Marchand.
(Vidocq.) — De Solir.
SOLLIGEUR DE LACETS :
Gendarme, mot à mot : mar-
chand de menottes.
SOLLIGEUR DE ZIF : Escroc
vendant sur faux échantillons.
(Idem.)
SOLLIGEUR A LA POGNE :
Marchand ambulant. (Golom-
bey.) — Il lui faut de la pogne
pour pousser sa petite voiture.
SOLLISAGE : Vente. (Golom-
bey.) V. Solir.
SOMMEIL (marchand de) :
Logeur à la nuit, (Rabasse.)
SONDE : Médecin. (Vidocq.) |
SONDER : Espionner, cher-
cher à savoir.
SONDEUR : Gommis d'octroi.
(Rabasse.) — Il sonde les voitures.
SONDEUR : Espion. (Vidocq.)
SONDEUR : Observateur,
chercheur.
SONNETTE : Pièce d'argent.
Elle sonne dans la poche. —
« J'accours à l'Opéra et les son-
net's en poche. » (Désaugiers.)
SONNETTE DE BOIS (dé-
ménager à la) : Emporter ses
effets sans avoir payé sa cham-
bre, en tamponnant la sonnette
d'éveil qui signale la sortie d'un
hôtel garni. — a Gar il était
réduit à déménager à la sonnette
de bois. » (Ghenu.)
SON NIAIRE : Moi, lui, eux.
(Rabasse.) C'est à son niaire :
c'est à moi, c'est à lui. (Idem.)
SOPHIE (faire sa) : Se don-
ner des airs de sagesse. Jeu de
mots sur le nom propre et le mot
grec. — «Aquoi ça m'aurait avancé
de faire ma Sophie ? » (Monselet.)
SORBONNE : Gerveau. — « La
sorbonne est la tête de l'homme
vivant, son conseil, sa pensée. »
(Balzac.) — Date du temps où
les décisions de la Sorbonne
pesaient d'un grand poids.
SORBONNER : Penser. (Hal-
bert.) Raisonner. (Rabasse.)
SORGE, SORGUE : Soirée,
nuit. (Vidocq, Halbert.) — Au
moyen âge, on disait sorne. V.
Baïte, Sorne.
SORGUER : Passer la nuit. —
« Gontent de sorguer sur la
dure, va, de la bride (chaîne) je
n'ai pas peur. » (Vidocq.)
19.
sou ~ 334 -
SORGUEUR : Voleur de nuit.
SORNE : Noir. (Halbert.)
SORT (il me) : Il m'est insup-
portable.
SORTIR LES PIEDS DE-
VANT : Être mort. Mot à mot :
sortir dans un cercueil. — « Le
bruit courut que la jolie fille
était séquestrée dans un cabinet
noir et qu'elle n'en sortirait que
les pieds devant. » (About.)
SOTONNADE : Bastonnade.
(Rabasse.) Forme altérée de saton-
sou
nade. V. Satou.
SOUDRILLARD : Libertin.
(Vidocq.)
SOUFFLANT: Pistolet. — Al-
lusion à la décharge. V. Bayafe.
SOUFFLÉ : Pris, arrêté par la
police.
SOUFFLET (voler au) :
Entrer brusquement dans un
magasin où une dame solde des
objets de luxe, la souffleter en
jouant au mari indigné et dispa-
raître avec son porte-monnaie.
(Rabasse.)
SOULASSE : Traître, trom-
peur. (Colombey.)
SOULASSE (grande) : Assas-
sinat. (Idem.) — « Qu'est-ce que
vous faites maintenant, père
Salambier? Toujours la grande
soûlasse , mes enfants. » (Du
Boisgobey.)
SOULEVER : Voler.
SOULOGRAPHE : Vieil
ivrogne.
SOULOGRAPHIE : Ivrognerie.
(Vidocq, 37.) — «c Ils feront delà
soulographie , et adieu votre ty-
pographie, plus de jour ^al ! »
(Balzac.)
SOUPÇON : Quantité si mi-
nime, qu'on se demande si elle
existe. De là le terme de soupçon.
— « Rien que de l'eau chaude
avec un soupçon de thé et un
nuage de lait. » (A. de Musset.)
SOUPE (tremper une) : Bat-
tre. Mot à mot : faire avaler
une correction. — « Où qu' tu
vas, Polyte ? — Je vas tiemper
une soupe à ma femme qu'est
une feignante qu'a pas tra^ aillé, »
fait dire Gavarni à un souteneur
allant rouer de coups la malheu-
reuse qui n'a pas trouvé d'argent.
SOUPE AU LAIT : Homme
colère. — Le lait bouillant dé-
borde avec rapidité.
SOUPEUR : Viveur, passant
les nuits à souper. — « Est-ce
que les soupeurs savent jamais
ce qu'ils boivent et ce qu'ils
mangent ? » (Frémy.)
SOUPEUSE : Fille raccrochant
dans les restaurants où on soupe.
— ((Survintune autre soupeuse...
pour lui souffler son adora leur. »
(Vassy, 75.)
SOUPLE : Bleu. (Halbert.)
SOURICIÈRE : Piège tendu
par la police. — « Tendre une
souricière pour le faire pincer
parla police. » (E. Sue.)
SOURICIÈRE : Dépôt des pré-
venus, à la préfecture de j olice.
(Halbert.)
SOURICIÈRE : Giberne d'in-
fanterie d'ancien modèle. 0 Tout
en ayant soin de placer ma
giberne ou, comme on dit, ma
souricière. » (Vidal, 33.)
STE
— 335 —
SUB
SOURICIÈRE : Lieu surveillé
par la police. — « C'est une
vraie souricière que votre tapis
franc. Voilà trois assassins que
j'y prends. » (E. Sue.)
SOUS-VENTRIÈRE : Écharpe,
ceinture. — Allusion à la pièce
de harnachement qui passe sous
le ventre du cheval. Le motvient
évidemment d'une caserne de
cavalerie.
SOUTADOS : Cigare d'un sou.
— Ironie avec finale havanaise.
« La fumée du soutados qu'il ne
fume pas lui semble moins acre.»
(Touchatout.)
SPADE •: Épée. — Vieux mot.
— Espadon nous est resté.
SPECK : Lard. — Germanisme.
SPEECH : Allocution. — Mot
anglais. — « Q.uelque gars...
qui ne sache point faire de
speechs. » (Heine.)
SPIRITE : Personne préten-
dant évoquer des esprits invisi-
bles. — Spiritisme se dit de la
croyance aux esprits.
SPORT : Exercices en plein
air : course, chasse, canotage,
etc., etc. — Mot anglais.
SPORTSMAN : Homme de
loisir se consacrant aux exercices
du sport. — Mot anglais.
STERLING : Grand, considé-
rable. — Allusion à la valeur
relative de la livre anglaise qui
était vingt-quatre fois plus forte
que la livre française : On parle
des galanteries sterling d'un en-
treteneur dans un roman de
Rutlidge. {Vice et Faiblesse,
1786.) c( La dévote a fait une
scène, une scène sterling. »
(Balzac.)
On dit de même s'ennuyer à
vingt-cinq francs par tête.
STICK : Canne-cravache. —
Mot anglais.
STOCK : Contingent, assem-
blage de choses en magasin. —
Anglicanisme. — «Il se trouvait
encore à juger un stock de i5 à
20 laitiers prévenus d'avoir in-
troduit de l'eau dans leur mar-
chandise. » {Figaro, jb.)
STROC : Seûer. Y. Demi-stroc.
STUC, STUQ. : Part de vol.
(Grandval, Halbert.)
STUD-BOOK : Livre des haras.
(Paz.) — Terme anglais.
STUQUER : Partager. (Hal-
bert.)
STYLISTE : Écrivain unique-
ment préoccupé du style, c'est-à-
dire de la forme, et non du fond.
SUAGE : Assassinat. V. Suer
(faire). — « Nous voulons bien
maquiller le suage de ton rochet,
mais à la condition de tout con-
nir. Il n'y a que les refroidis qui
ne rappliquent nibergue. » (Vi-
docq.)
SUBLIMER : Travailler pen-
dant la nuit. — « Afin de trom-
per la surveillance des adjudants
(de l'École polytechnique), celui
qui sublime place son lit ren-
versé sur quatre tabourets, rabat
la couverture par-dessus, et éten-
du sous cet abri, rumine en paix
les problèmes ardus des mathé-
matiques transcendantes. » (La
Bédollière.)
SUBLIMER (se) : Se raffiner.
— « Les jeunes biches se sont
sublimées au contact des ancien-
nes. » (Lynol.)
SUI
- 336 -
SUP
SUBTIL : Dur. (Halbert.)
SUÇON : « Faire une consom-
mation fanatique de sucres d'orge
dits suçons. » (Rolland.) — On
les suce très-longtemps.
SUCRE (casser du) : Dénoncer.
V. Casser.
SUCRE (c'est du) : C'est bon.
— i-e prend au figuré.
SUCRE (faire manger du) :
Soigner l'entrée d'un acteur ,
l'applaudir. Cette comparaison
canine a pour pendant : appeler
A:{Or.
SUER (faire): Tuer. Mot àmot:
faire suer du sang. V. Chêne.
SUER (faire) : Accabler d'en-
nui quelqu'un. — « Vous me
dites, mignonne, avec l'accent de
rame : Tais-toi donc ! tu me fais
suer. » {Almanach du Hanneton,
67.)
SUER (faire) : Se faire donner
sa part d'un vol. (Halbert.) Faire
donner de l'argent. (Rabasse.)
SUI : Suivi. — Abréviation. —
« Eh ben ! est-y mort? — Y'en
sais rien, j'étais sui, j'ai pas évu
le temps d'y demander. » (H.
Monnier.)
SUIF : Réprimande. — « On
dit donner un suif.
SUIFFARD, SUIFÉ : Élégant.
V. Astiquer. — « Était-il assez
suiffard, l'animal!... Du linge
blanc et des escarpins un peu
chouette. » (Zola.)
SUISSE (faire) : « Le soldat a
le point d'honneur de ne jamais
manger ou boire seul. Cette loi
est tellement sacrée que celui
qui passerait pour la violer se-
rait rejeté de la société militaire,
et on dirait de lui : // boit avec
son suisse, et le mot est une
proscription. » (Vidal, 53.) —
« Un soldat français ne doit pas
faire suisse, ne boit jamais seul.»
(La BédoUière.)
Le premier exemple donne la
clef du mot. Le soldat ne peut
boire avec son suisse (concierge),
puisqu'il n'en a pas, donc il boit
seul. Ironie inventée pour rap-
peler quelque engagé d'opulente
famille aux règles de la frater-
nité.
SUISSESSE : Mélange d'ab-
sinthe et d'orgeat. Il est plus
doux, plus féminin, que l'absin-
the dite suisse,
SUIVEUR : « Le suiveur est
très-drôle à observer ou à sui-
vre. Une femme passe devant
lui, le suiveur accélère son pas,
dépasse sa victime, et se retourne
bientôt pour juger de la beauté
de l'objet de sa poursuite. )> (Ro-
queplan.)
SUIVEZ-MOI, JEUNE KOM-
M\i : « Ce sont ces deux grands
rubans flottants au-dessous des
cols de manteaux des dames...
Une grande couturière de Paris
les a appelés ainsi. » (Lespès,
66.)
SUPERLIFICO , SUPEP CO-
QUENTIEL, SUPERCOQl EN-
TIEUX : Merveilleux. Abrcvia-
tion du vciol super coquelicantieux
employé par Rabelais dans le li-
vre III.— « Lorsqu'un épicier étale
devant sa boutique un superli-
coquentieux morceau de fro-
mage, n'est-ce pas tenter le } cu-
ple: » (Ch. Fourier, 36.)
TAB
-337-
TAL
SURBINE : Surveillance. (Vi-
docq.) — « On calcule les dé-
penses que fait le mecque en
surbine. » (Stamir.) — Etre en
surbine : Être en surveillance.
SURBINER : Surveiller. (Ra-
basse.)
SURET : Vin acide, sur. —
« Et j' lampe au cabaret le suret.»
(Charrin.)
SÛRETÉ (la) : Police de sû-
reté. V. Fil de soie.
SURFINE : Sœur de charité.
(Colombey.)
SURGEBER : Condamner en
appel. (Vidocq.) Pour surgerber.
V. Gerber.
SURIN : Couteau. — De suer,
assassiner. V. Chemin.
SURINER : Assassiner. (Ra-
basse.) Mot à mot : tuer au cou-
teau.
SURINEUR : Donneur
coups de couteau.
de
SYDONIE : « Les têtes de bois
qui servent à monter les coiffu-
res ont un nom. Cela se nomme
une Sydonie chez tous les mar-
chands. » (Lespès.)
T
TABAC : Position critique. —
« Ceux qui ont supporté tout le
tabac, prenant ce qu'on leur
donne. » {Commentaires de Lo-
riot.)
TABAC (donner du) : Battre.
— « Si tu m'échauffes la bile, je
te f... du tabac pour la semaine! »
(Vidal, 33.)
TABAR, TABARIN : Man-
teau. (Grandval.) — C'est un
vieux mot.
TABATIÈRE (ouvrir sa) : Pe-
ter. — Allusion au bruit qu'on
faisait en ouvrant les tabatières
sans charnière. — « Que son
ponent te serv' de tabatière. »
XUA'pres - souper de la Halle ^
xviu siècle.)
TABLE (se mettre à), Mon-
ter sur la table : Dénoncer à la
justice. — Même image que dans
manger le morceau, manger sur
l'orgue, etc.
TAF, TAFE, TAFFERIE,
TAFFETAS : Peur. — Pour l'éty-
mologie, voyez taffer. — « Ce n'est
pas toi ni tes paysans qui nous
f... le tafe. » (Vidal, 33.)— • «Sei-
gneur! qu'est-ce qu'il a donc,
répétait Gervaise prise de taf. »
(Zola.)
TAFFER : Avoir peur. — De
l'allemand taffen. V. Tirer.
TAFFEUR
basse.)
Peureux. (Ra-
TAN
- 338 —
TAN
TALENT : « L'ensemble des
connaisseurs réunis sur un hip-
podrome. On dit qu'un cheval
a été soutenu par the talent. »
(Parent.) AngL
TAILBIN : Billet de complai-
sance. (Vidocq.)
TALBIN : Contre-marque de
théâtre. Abréviation de tailbin.
a J'ai goipé au théâtre, fesait la
portière, et je vendai destalbins,
cigare et du feu. » (Beauvillier.)
TALBIN : Billet de banque.
(Rabasse.)
TALON ROUGE : Aristocrate.
— Le droit de porter des talons
rouges était un signe de no-
blesse. — a Tous les talons rou-
ges de l'ancien régime qui tra-
hissent le peuple. » (Hébert,
1793.)
TAMBOUR : Chien. — Allu-
sion aux roulements de son
aboiement.
TAMPON : Poing. — « Je lui
ai envoyé un coup de tampon
sur le mufle. » (Th. Gautier, 45.)
TAM-TAM : Fracas prémédité.
— Allusion au bruit du tam-
tam. — « Trop de boursouflure,
trop de tam-tam dans ce fac-
tum. » {Éclair, 23 juin 72.)
TANDEM : Voiture à deux
chevaux attelés l'un devant l'au-
tre. — « Nul ne porte mieux un
habit, ne conduit un tandem
mieux que lui. » (Balzac.)
TANGENTE , TANGENTE
AU POINT Q : Épée. — Jeu de
mots. — « Le conscrit de l'É-
cole polytechnique est souvent
«bsorbé avant d'avoir endossé
l'uniforme et senti battre sur sa
cuisse gauche l'arme jue les
élèves nomment une tangente au
point q. » (La Bédollière.)
Échapper par la tangente y
prendre la tangente : S'échapper.
V. Absorption, Colle. — « Ex-
pression empruntée à la dyna-
mique... elle doit être sortie de
l'École polytechnique, car elle est
familière aux élèves de cette
école. » (Faucheux, 70.)
Tangente se dit aussi pour
surveillant de collège.
TANNER : Ennuyer, assom-
mer. — Un poëte du xiii* siècle,
Rutebeuf, dit déjà : « ()uar le
réveil me tanne assez quand je
m'esveil. »
« Les communes de Flandre,
qui déjà commençaient à tanner,
et désiraient fort de retourner
en leur pays, lui demaadèrent
congé. » (141 1, Monstrelet.) —
« C'est insupportable. — Hein!
est-ce tannant! » (E. Sue.)
Tanner le cuir : Rosser. —
« Si vous vous permettez, je con-
nais une personne qui vous tan-
nera le cuir. » ^Gavarni.)
TANNER LE CUIR, TANNER
LE GASAQUIN : Rosser. —«Si
vous vous permettez, je connais
une personne qui vous tannera
le cuir. » (Gavarni.)
TANTE : « Homme qui a des
goûts de femmes.» (Vidccq, 37.)
— « Avril offrait 2,000 r"r. pour
buter avec lui une tante, et vous
savez, initiés que vous avez été
aux secrets de cet horrible lan-
gage, comment ces mots dési-
gnaient clairement Chardon. »
{?3ins^vJ:ku'Lsi{osiQ, Réquisitoire
TAP
contre Lacenaire, 36.) — a Pour
donner une vague idée du per-
sonnage qu'on appelle une tante,
il suffira de rapporter ce mot
magnifique du directeur d'une
maison centrale à feu lord Du-
rham qui visita toutes les pri-
sons pendant son séjour à Paris.
Le directeur, après avoir montré
toute la prison, désigne du doigt
un local en faisant un geste de
dégoût : Je ne mène pas là Votre
Seigneurie, dit-il, car c'est le
quartier des tantes... — Haol fit
lordDurham, et qu'est-ce?... —
C'est le troisième sexe, milord. »
(Balzac.) — « Enfants, on les ap-
pelle mômes ou gosselins; ado-
lescents, ce sont des cousines;
plus âgés, ce sont des tantes. »
(Moreau Christophe.) — Dans
un chapitre détaillé consacré à
cette espèce, M. Canler reconnaît
quatre catégories appartenant à
diverses classes sociales : persil-
leuses, honteuses, travailleuses et
rivettes. Cette dernière est seule
exploitée par les chanteurs.
Dans le vocabulaire des inju-
res, tante a fini par se dire
comme bougre, sans portée pré-
cise.— «Bougre de greluchon... A-
t-on jamais vu des tantes pa-
reilles!... » (Zola.)
TANTE : Mont-de-piété. —
Terme ironique à l'adresse de
ceux qui déguisent la source
d'un emprunt en disant qu'ils
ont eu recours à leur famille. —
« Tous mes bijoux sont chez ma
tante, comme disent mes cama-
rades lorsqu'elles parlent du
mont-de-piété. » (Achard.)
TAPÉ, TAPÉ A L'AS, TAPÉ
DANS LE NŒUD : Émouvant,
frappant, réussi. — « Aussi a-
«. 339 - TAP
t-on fait plusieurs couplets sur
tous les ministres dont le por-
trait est bien tapé. » (1742, Jour-
nal de Barbier.) — « C'est un
peu tapé dans le nœud. » (La
Bédollière.) — « Une manière de
sentiment bien r'tapé. » (lySô,
Vadé.) — a La gauche bat des
mains à ce propos rudement
tapé. » (A. Millaud, 76.) — « Je
crois vous faire plaisir en vous
adressant le récit d'une cure
tapée à l'as, comme vous dites
si élégamment. (Tam-Tam, 76.)
TAPEDUR : Serrurier. (Vi-
docq.)
TAPÉE : Grosse réunion. —
« Quelle tapée de monde, bon
Dieu! » {Commentaires de Lo"
riot.)
TAPER : Aborder quelqu'un.
(Rabasse.)
TAPER, TAPEUR : Emprun-
ter par métier, emprunteur. —
« Le roi des tapeurs vous ac-
coste; il vous prend le bras, il
se penche à votre oreille; —
vous êtes tapé. Aurais-tu cent
sous à prêter à ton ami? vous
dit-il. y){Almanach du Hanneton.)
— « Aujourd'hui, elle les tapait
de dix sous; demain, ce serait
de vingt. » (Zola.)
TAPER : Enivrer. — « Ce
scélérat de vin de Champagne
avait joliment tapé ces mes-
sieurs. » (Festeau.)
TAPER DANS L'CEIL : Sé-
duire, attirer.
TAPER DE L'CEIL : Dor-
mir. — « Il y avait plus d'une
heure que je tapais de l'œil
quand je m'entends réveiller. »
TAR
badines
340 —
TAU
(Œuvres badines de Caylus,
1750.)
TAPER SUR LA BOULE :
Enivrer.
Dans le gosier comme ça coule î
Comme ça tape sur la boule !
(J. Moineaux. Ch.)
TAPER SUR LES VIVRES,
SUR LA BOISSON : Manger et
boire avec avidité.
D'avoir trop tapé sur 1' pichet,
Qu'en avaient pleins la gargamelle.
(Chansonnier de i836.)
TAPETTE. V. Être (en).
TAPEUR : V. Taper,
TAPIN : Tambour. — Il tape
sa caisse. — a Le tapin qui tam-
bourinait en tête de l'escouade.»
(La Bédollière.)
TAPIS, tapis franc. : Auber-
ge, cabaret. (Vidocq.) Tapis
vient du vieux mot tapinet :
lieu caché; franc fait allusion
aux habitués qui sont des af-
franchis (voleurs). V. Empois
vrer, Crosser.
Tapis de grives : Cantine, ca-
baret de soldats.
Tapis de malades : Cantine de
prisonniers.
Tapis de refaite .-Table d'hôte.
TAPISSIER : Cabaretier. V.
Baptême, Ogre.
TAQ, TAQUER, TAQUINE :
Haut, hausser, hauteur. (Hal-
bert.)
TAROQUE : Marque. V. Dé-
taroquer.
TARTE : Qualité bonne ou
mauvaise. (Vidocq.) — Plus sou-
vent mauvaise. V. Escrache.
TARTINE : « Immenses phra-
ses lardées de mots emphati-
ques, si ingénieusement nom-
mées tartines dans l'argot du
journalisme. » (Balzac.)
TARTINES : Souliers. (Ra-
basse.) Allusion à la forme des
semelles qu'on tartine en pleine
boue.
TARTINER : Rédiger. — « Tu
n'as pas assez de style pour tar-
tiner des brochures. » (Balzac.)
TARTUFERIE : Acte d'iiypo-
crisie, air de Tartufe.
TAS (prendre sur le) : Pren-
dre un voleur sur le fait, en
présence du tas formé par les
objets volés.
TASSE (la grande) : La mer.
Ironie. — « C'est vrai qu'un peu
plus vous buviez à la grande
tasse. » (Ricard.)
TATOUILLE : Volée de coups.
— Abréviation de ratatouille. —
On met son adversaire en ta-
touille comme on le met en com-
pote. C'est la même allusion cu-
linaire. — « Tu étais moins fort
que moi. J'en ai profité pour
t'administrer une horrible ta-
touille. » (L. Bienvenu.)
TAUDION : Petit logement,
petit taudis. — « J'ai vendu ce
que j'avais pour payer le tau-
dion où nous couchons. «(Lynol.)
TAULE, TOLE : Maison. —
« Dans une tôle enquil!e en
brave, fais-toi voleur. » (Vi-
docq.)
TAUPAGE : Égoïsme. (Vi-
docq.)
TAUPER : Travailler. (Idem.)
TEI
341 -
TEN
TAUPES (Royaume des) : « U
est au royaulme des taupes, il
est mort. » (Oudin, 1640.)
TAUPIER : Égoïste. (Idem.)
TAUPIN : Élève de mathéma-
tiques spéciales. — « Le simple
taupin, le candidat qui se pré-
sente à la colle d'admission à
rÉcole polytechnique, possède
déjà des connaissances supé-
rieures.» (La BédoUière.)
TEINT (bon) : Véritable, au-
thentique. — Allusion aux étof-
fes mauvais teint qui ne durent
pas. — On dit mauvais teint pour
faux, mensonger. — « Une vraie
comtesse ?... Tout ce qu'il y a
de meilleur teint. » (Brunesœur.)
TEINTÉ : Enluminé par l'i-
vresse.
TEINTURIER : Marchand de
vins frelateur. — « Enfoncé Des-
noyer le teinturier et son vin ! »
(E. Bourget, 1845.)
TEINTURIER : « Tous les
hommes politiques ont besoin
d'avoir auprès d'eux des sous-
hommes politiques ou des supé-
rieurs qu'ils consultent, qu'ils
laissent écrire ou qu'ils s'assimi-
lent .. Dans le style des aftai-
res publiques, ceux qui exercent
cette influence s'appellent des
teinturiers, parce qu'en effet ils
se chargent de donner de l'étoffe
à des hommes d'État des cou-
leurs différentes.» (Roqueplan.)
Il y a aussi des teinturiers lit-
téraires. On lit dans les Mémoi-
res secrets (25 sept. lyySj : a La
comtesse de Beauharnais a lait
présenter une comédie. Elle a été
reçue : on ne doute pas que le
sieur Dorât ne soit son teintu-
rier. »
TEMPÉRAMENT (à) : A cré-
dit. Mot à mot : en tempérant
l'obligation de payer, a Vous me
payerez quand vous pourrez, à
tempérament. » {Alm. du Han-
neton, 67.)
TEMPLE : Manteau. (Colom-
bey.)
TEMPS (voir le coup de) :
Prévoir à temps pour parer. —
Terme d'escrime. (Dhautel, 08.)
En deux temps : En un ins-
tant. — Terme d'escrime. — « En
deux temps, j' remouque et )'
débride. » (Halbert.) — « En
deux temps sa lessive est faite. »
{Le Casse-Gueule, ch. 41.)
Prendre des temps de Paris
signifie, au théâtre, préparer ce
que l'on a à dire par une panto-
mime pour augmenter l'effet. Le
mot a été inventé par des comé-
diens de province. (Gouailhac.)
TENANTE : Chopine. (Hal-
bert.)
TENIR (en) : Aimer d'amour.
— « Est-ce de l'amour ? Alors,
il faut qu'elle en tienne furieu-
sement, puisqu'elle fait de tels
sacrifices. « (Ricard.)
TENIR (se), TENIR SUR SES
PIEDS : Être bien composé,
bien agencé. Se dit d'une œuvre
littéraire ou dramatique. — «Pas-
sez-moi le manuscrit : ça a l'air
de se tenir sur ses pattes. » (A Im.
du Hanneton, 67.)
TENIR (se) : Se bien conduire,
se faire respecter. C'est l'opposé
de se laisser aller.
TÈT
— 342
TIG
FERNAUX : Châle de la fa-
brique Ternaux. — « Elle prit
un schale de coton ; — le ternaux
était au... Mont-de-Piété. » (Ri-
card.)
TERRER : Tuer. — "Mot à
mot : enterrer. — a Dans dix
ans, je reviendrai pour te terrer,
dussé-je être fauché. » (Balzac.)
TERRIÊRE : Raccrocheuse
hantant les terrains vagues. (Ra-
basse.)
TÊTARD : Homme de lettres.
(Rabasse.)
TÊTE (faire sa) : Prendre de
grands airs. — « Tu y gagnes
d'avoir l'exercice une fois de plus
par jour pour apprendre à faire
ta tête. » (Vidal, 33.)
TÊTE CARRÉE, TÊTE DE
CHOUCROUTE : Allemand. -
« On ne résiste pas à tant d'at-
traits. La tête du baron, une tête
carrée pourtant, tourne. » (E.
ViUars.)
TÊTE DE TURC : Plastron,
homme en but à toutes les atta-
ques. — Allusion à la tête de
turc couronnant les mécaniques
sur lesquelles on frappe aux
jours de foire pour éprouver la
force de son poing. — a M. Du-
vergier de Hauranne est écouté.
Mais comme il faut une tête
de turc à l'Assemblée, le géné-
ral X... devient le souffre dou-
leur. » {Paris- Journal.)
TÊTES DE CLOUS : Carac-
tère usé. — a Un journal, tiré
sur papier à sucre, avec des
caractères flétris du sobriquet
de têtes de clous. » (Vilîemes-
sant.)
TÉZIGUE : Toi. V. Zigue.
THIÉRISME : Sympathie pour
la politique de M. Thiers. —«Ce
journal flotte entre led. oit divin,
le radicalisme, l'orléan isme et le
thiérisme sans se brouiller avec
l'Empire. » (Giraudeau.)
THOMAS : Baquets faits en
forme de petits tonne; ux défon-
cés par le haut... avec Jes oreil-
les en fer de façon à être transpor-
tés et vidés facilement. — Équi-
voque sur les mots vide Thoma de
l'hymne populaire de Pâques. — -
« Ce serviable meubk est bap-
tisé du nom de Thomas. » (A.
Lecomte, 61.) On l'appelle aussi
job. — « Parmi les consignés
occupés à passer la jambe à
Thomas (vider les bac^uets d'u-
rine.) » (La Bédollière.)
THUNE : Argent. V. Bille,
Tune.
TIGNASSE, TIGNE : Cheve-
lure en désordre. — Du vieux
mot tigne : teigne. V. Aplomb.
TIGNE (la) : Le moide. (Ra-
basse.)
TIGRE : Groom. — « Leur
chapeau à cocarde noire, leurs
bottes à retroussis, leur veste
bleue et leur gilet bariolé, cou-
vrent des gamins arrachés au
plaisir de la pigoche. )■ (A. De-
riège, 1841.)
TIGRE : « Le rat ciébute et
danse un pas seul; soi nom a
été sur l'affiche en toutes lettres;
il passe tigre et devient premier,
second, troisième sujet. » (Th,
Gautier.)
TIR - 343
Prophétie, annonce de
TIR
TIP
tipster.
TIPSTKR : Homme faisant
métier d'annoncer à des abonnés
les succès probables sur les
champs de courses. Littérale-
ment : prophète. (Parent.) Angl.
TIQUER : Voler à la care. (Co-
lombey.)
TIRADES : Fers de forçat.
(Rabasse.) Ils sont tirés par la
jambe.
TIRAGE (il y a du) : c'est
long, c'est difficile. — Terme
de cocher. Plus le chemin est
rude, plus le cheval tire. —
« Autrefois il avait eu joli-
ment du tirage. Mais le travail
menait à tout. » (Zola.) — « On
tirait au sort. Un tire, prend un
bon numéro... Courage, les au-
tres! Moi, j'en suis sorti sans
trop de tirage. » (Flair.)
TIRANT : Bas. — On le tire
pour le mettre. — « Ses tirants et
sa montante, et son combre ga-
luché, son frusque, aussi sa li-
sette. » (Vidocq.)
TIRANTE : Jarretière. (Hal-
bert.)
TIRANT RADOUCI : Bas de
soie. {Petit Dict. d'Argot, 44.)
— Jeu de mots.
TIRE ( faire la) : Voler à la
tire. — a Ils font la tire à la chi-
cane, en tournant le dos à celui
qu'ils dépouillent. » (Du Camp.)
TIRE-BOGUES : Voleur de
montre. (Vidocq.)
TIRE-FIACRE : Viande dure.
(Rabasse.)
TIRE-JUS ; Mouchoir (08).
TIRE-MOMES : Accoucheuse.
V. Morne. — Autrefoison disait
madame Tiremonde. Le Diction-
naire de Trévoux donne cette
expression comme proverbiale.
TIRER : Passer, achever. —
Un troupier libérable dans un
semestre dit : « J'ai encore six
mois à tirer. »
TIRER : Voler à la tire. —
a Vous commencez par tirer en
valade, puis au grand truc vous
marchez en taflfant. » (Lace-
naire, 36.)
Tirer le chausson : S'enfuir.
(Moreau Chr.)
TIRER (se la), SE TIRER :
S'enfuir.
TIRER A LA LIGNE : Ampli-
fier dans le seul but de gagner
plus d'argent.
TIRER D'ÉPAISSEUR (se) :
Sortir d'embarras. {Almanach des
Débiteurs. 5i.)
TIRER DE LONGUEUR (la):
Abréviation de tirer une carotte
de longueur.
TIRER LA FICELLE : Passer
à un autre, comme les mon-
treurs* de diorama qui tirent la
ficelle pour amener un autre dé-
cor. — « Sur leurs discours,
crois-moi, tir' la ficelle. » (De-
braux.)
TIRER L'ÉCHELLE : Cesser
par impossibilité d'aller plus
loin. Mot à mot : de monter plus
haut. Très-usité quand on ter-
mine une énumération de choses
étonnantes.
TIRER
V. Œil.
L'ŒIL : Attirer l'œil.
TOC
— 344
TOM
TIRER LES PIEDS (se), TI-
RER LES PATTES : S'enfuir.
(Rabasse.) — « Nana avait un
chic pour se tirer les pattes. »
(Zola.)
TIRER SA COUPE : Aller se
promener. — Terme de nageur.
D' temps en temps nous tirons not'
coupe
Su' r grand boulevard...
(Richepin.)
TIREUR : Voleur à la tire.
TIROIR : Filouterie de jeu.
Elle consiste en l'enlèvement des
trois as. — « Le tiroir peut se
faire non-seulement en mêlant
les cartes, mais aussi en passant
la main. » (Cavaiilé.)
TITI : Gamin de Parts. —
« Mousqueton est le titi par ex-
cellence, c'est le vrai gamin de
Paris avec sa gaieté, sa souplesse,
ses bons mots. » (Alhoy.)
TOASTER: Porter des toasts,
des santés. — Anglicanisme. —
« Le mot anglais pourrait bien
venir de l'ancien verbe français
toster^ qui signifiait choquer. »
(Rozan.)
TOC : Cuivre doré, faux or. —
Allusion à la différence de sono-
rité qui existe entre le cuivre et
l'or. — « Bagues, boutons de
manchette et croix de ma mère
en toc, 6 fr. 5o. » {Les Cocottes.)
TOC . Bourreau de bagne.
(Rabasse.) Ainsi nommé de toc :
méchant, ou parce que son mé-
tier est de toquer ou bâtonner
les condamnés. V. Bridon.
TOC, TOCARD, TOCASSE,
TOCASSON : Laid, méchant, de
mauvaise qualité, faux comme
le cuivre doré. V. Toc (i). —
(( L'article de Cascaret est toc. »
(J.IRousseau.) — a Groiriez-vous
qu'en parlant d'une femme laide,
on dit : s Elle est toc, elle est
^( tocarde... C'est un vieux to-
(( card, c'est un vieux tocasson !»
(N. Vanecke.) — « Il goûta le
pain dont les prisonnières se
plaignaient : « Chouette ! dit-il,
« j'en ai mangé de plus toc. »
(Chenu.)
TOCASSERIE : Méchanceté.
(Vidocq.)
TOILES SE TOUGH ENT
(les) : Il n'y a pas d'argent. Mot
à mot : mes poches sont \ ides,
puisque les toiles se touchent.
— a Diable ! les toiles se tou-
chent aussi chez moi. » (Ladi-
mir.)
TOISE (à la) : Se dit des cho-
ses et des gens où la qualité cède
à la quantité.
TOLÈDE (de) : De première
qualité. — Seditironiquementpar
allusion aux fameuses lames de
Tolédedont la littérature ro.nan-
tique faisait grande consomma-
tion. — « Allons! arborez vos
bons binocles de Tolède. » [Pe-
tits mystères de l'école lyrique.)
— a L'Assemblée nationale a re-
trouvé son calme de Tolède. »
(A. Millaud, 77.)
TOLLARD, TOLLE : Eour-
reau. (Grandval.)
TOLLARD : Lit des forçats au
bagne. Enchaînés deux à deux
sur ce lit de camp qu'on nonme
tollard. » (Ponson du Terrail.)
TOMBAGE : « Le tombage est
un impôt prélevé sur une per-
sonne qui ne reverra jamais son
TOP
345 —
TOQ
argent. C'est le chantage prati-
qué par des grecs à l'égard d'au-
tres grecs.» (Cavaillé.)
TOMBER : Terrasser. Mot à
mot : faire tomber. — « La cou-
leur Metternich a tombé le Bis-
marck. » {Vie parisienne, 67.)
TOMBER DESSUS : Maltrai-
ter en paroles ou en actions. —
« Q.ue demain je lâche ma place !
on me tomberait fièrement des-
sus. » (De Concourt)
TOMBER MALADE : Être ar-
rêté. (Moreau Chr.)
TOMBEUR : Acteur trop mau-
vais pour être accepté nulle
part. » (Ch. Friès.)
TOMBEUR : Lutteur invinci-
ble. — ce Le tombeur de Renan y
vient de temps en temps mépri-
ser l'humanité. » {Les Cocottes,
64.)
TONDRE : Primer une carte,
au jeu. — a Je joue piche! (pi-
que.)— Au lieu dédire je prends,
une autre répond ; a Je tonds. »
(Alhoy.)
TONDU (le petit) : Napoléon I".
— Il avait coupé ses longs che-
veux de général. — « L'Empereur
lui-même, le petit Tondu. » (L.
Reybaud.)
TONNEAU : Degré. — « Tu
lui aurais rendu sa politesse. —
Plus souvent! à un daim de ce
tonneau! » (Monselet.) — Ce
terme de comparaison n'a pu
être inventé que par des buveurs.
Il est ancien. — « Ha! ha! vous
estiez en estât de péché mortel.
— Cestuy là, dist Panurge, est
d'un aultre tonneau. » (Rabelais,
Pantagruelf 1. IV, ch. lu.)
TOP-WEIGHT : « Le cheval
le plus chargé dans un handi-
cap. » (Parent.)
TOPER : « Chaque fois qu'un
dévorant rencontre un autre ou-
vrier, il doit lui demander de
quelle société il est. Ça s'appelle
toper. (Biéville.)
TOPISER : Dévisager, recon-
naître. — « Il est venu une pu-
reuse pour me topiser. » (Lettre
de Minder. Introduction.)
TOPO ; Officier d'état-major,
plan topographique. — On sait
que la topographie est une attri-
bution de l'état-major.
TOQUADE : Caprice amou-
reux.
Je ressentis (effet de la musique)
Une toquade à l'endroit du ténor.
(E. Grange.)
« Hortense est sur le chemin
de la fortune... Une simple to-
quade, et elle est perdue. » (Les
Pieds qui r'muent, 64.)
Toquade sérieuse: Amour vrai.
TOQUADE : Manie. — « Pré-
mary a une toquade. On le dé-
bine, on le nie, on veut le tuer. »
(A. Scholl.)
TOQUANTE, TOCANTE :
Montre- — Harmonie imitative
du toc-toc de la montre. — « Un
monsieur qui me trouva gen-
tille m'offrit un jour une toquante
d'or... La montre me tentait. »
(Rétif, i77« Contemporaine.) —
(( Le premier emporta la montre
de Malvina qui regrettait sa to-
cante. » (L. Reybaud.)
TOQ,UÉ : A moitié fou. C'est
un mot d'ancien français, car on
le trouve dans la plupart de nos
TOR
- 346 -
TOR
patois provinciaux. — On dit de
même : il a reçu un coup de
marteau. C'est-à-dire : son cer-
veau est bien près de se fêler. —
c Ma chère, les hommes, c'est
farce ! toujours la même chan-
son : une femme à soi seul ! To-
qués 1 Toqués ! ! » (Gavarni.) —
« Les collectionneurs sont to-
qués, disent leurs voisins. »
(Balzac.)
TOQUER : Sonner. (Colom-
bey.)
TOQUER (se), ÊTRE TO-
QUÉ : S'éprendre. — a Par
exemple, il n'est pas toujours
toqué de Lanrose. » (About.) —
« Un homme si respectable qui
se toquait d'une petite coureuse.»
(Zola.)
^ TOQUET (en avoir dans le) t
Être ivre. V. Casquette, qui a la
même étymologie. — a Chez Dé-
noyer j'entre, un peu dans le
toquet. » (Decourcelle, Sg.)
TORCHÉ (bien) : Vigoureu-
sement peint, bien fait. — « A
ce couplet bien torché on crie
dans la salle : Bis! bis! » (Mar-
quet.)
TORCHER (se) : Se battre.
Pour se donner un coup de tor-
chon.
TORCHER LE NEZ (se) : Se
passer. On dit de même qu'une
chose passe devant le ne:(. —
m Tout cela vient de Pitt envoyé
par les alliés, mais ils s'en sont
torchez le nez. » (Mauricault,
Ch., 1793.)
Se torcher le cul : Faire peu
de cas.
Torcher la gueule : Frapper
au visage. — « Si j' prends mon
sabot, je vous en torcherai la
gueule. » (1744, Vadé.)
TORCHE TTE (net comme) :
Aussi net que si la torchette
(torchon) y avait passé.
TORCHON : Fille aussi sale
qu'un torchon de cuisine.
TORCHON (se donner un
coup de) : Se battre. — a Allons
jusqu'aux chouans leur dcnner
un coup de torchon. » (Hjnry,
36.)
TORCHON BRULE A LA
MAISON (le) : Se dit pou an-
noncer une querelle domestique.
Je ne suis plus son Jupule,
Son chou, son rat, son trognon ;
L' torchoQ brûle à la maison.
(Dalès.)
TORD -BOYAUX : Mau/aise
eau-de-vie. — Elle donne 1 1 co-
lique. — « Avaler un verre de
tord-boyaux, comme l'appelait
notre amphitryon. » (Vidal, 33.)
TORNIQUET : Moulin. (Vi-
docq.) — Allusion au touriioie*
ment de sa roue,
TORSE : Estomac. — « Un
verre de fil en qiJatre... Histoire
de se velouter le torse.» — Th.
Gautier.) — « Il s'était, c utre
mesure, bourré le torse; langage
d'atelier. » (P. Borel, 33.)
TORSE (avoir du) : Avoir un
beau corps.
TORSE (poser pour le) : Ex-
hiber avec complaisance ses
avantages physiques.
TORSEUR : Poseur. « Le tor-
seur emprunte tous ses effets à
son torse, toujours bardé d une
TOU
-347-
TOÛ
cfavate à gros nœuds et d'un gi-
let bien étudié. Le torseur pro-
jette sa poitrine sur le devant
d'une loge ou dans l'embrasure
de portes d'un salon, ou dans
l'intervalle de deux rideaux de
croisées. » (Roqueplan.)
TORTILLADE : Nourriture.
(Rabasse.) V. Larton.
TORTILLARD : Boiteux. (Vi-
docq.) Mot à mot : qui tortille
en marchant.
TORTILLÉ (être) : Être worf.
— «Il lui avaitcasséquelque chose
à l'intérieur. Mon Dieu! en trois
jours, elle a été tortillée. » (Zola.)
TORTILLER : Manger. — « En
trois jours nous aurons tout tor-
tillé. » (Vidal, 33.) — « Voyez-
vous, j'avais tortillé une gibelotte
et trois litres. » (Ricard.)
TORTILLER : Faire des fa-
çons. — « L'ordre est formel. Il
n'y a pas à tortiller.» (Desnoyer.)
Tortiller de Vœil : V. Œil.
TORTILLER : Avouer. (Vi-
docq.) — C'est un synonyme de
manger le morceau, dénoncer.
TORTORER : Manger. (Ra-
basse.)
TORTU : Vin. (Vidocq.) Mot
à mot : jus de bois tortu (vigne).
TORTUE (faire la) : Jeûner.
(Vidocq.) " La tortue mange
peu.
TOTO : Sein. — De teter.
TOUCHE : Se dit des dehors
d'un personnage considérés en
leur ensemble. — <.<i Quelle tou-
che! » s'écrie-t-on à l'aspect d'un
grotesque. — Le mot a dû naître
dans les ateliers de peinture.
TOUCHÉ : Séduisant de fi-
gure. V. Touche. — « Hé ! hé !
pas mal touchée, la bobonne. »
(Villars.)
TOUCHÉ : Peint, pensé ou
écrit, vigoureusement fait. —
Terme de peinture dans l'ori-
gine. — «f Comme c'est écrit !
comme c'est touché ! » (L. Rey-
baud.)
TOUCHÉ (il est) : Il est pro-
fondément atteint, il ne s'en re-
lèvera pas. — Se dit au moral
comme au physique.
TOUCHER : Frapper fort. —
Ironie.
TOUPET : Grande effronterie.
— - Jeu de mots. — Le toupet est
supérieur au front. — « Et dire
qu'avec du toupet et de la mé-
moire tout le monde en f'rait au-
tant. » (H. Monnier.) V. Crêper.
Se payer de toupet : Payer
d'audace. — « Que de gens font
étalage. S' payant de toupet,
N'ont rien dans leur ménage. »
{Chanson, 32.)
Se mettre dans le toupet : S'en-
têter à croire. — « Et mosieu se
fichera dans le toupet que tout
sera dit. » (Gavarni.)
Toupet de commissaire : Au-
dace excessive. — Mot inventé
par les gens que le commissaire
de police interroge d'habitude.
TOUPIE 2 Femme de peu,
tournant en toutes mains comme
une toupie. — « Le roi autorisa
la Lange à se livrer à toutes les
extravagances qui sont l'unique
mérite de la plus grande partie
de ces toupies. » (Précis de la vie
de la comtesse Du Barry, 1 774.)
— « L'insolent traite sa grande
sœur de toupie. » (Colmance.)
TOU
TOUR (faire voir le) : Trom-
per. V. Pratique. — a Tu veille-
ras à ce que la donzelle n'essaye
pas de nous faire voir le tour. »
(Montépin.) — Connaître le tour :
Connaître toutes les ruses.
TOURLOUROU : Soldat du
centre, lorsque l'infanterie était
divisée en compagnies du centre
et compagnies d'élite. Du vieux
mot turelureau: soldat de garni-
son. (V. Du Gange.) — Au xiv« siè-
cle, la turelure (prononcez
toureloure ) était une sorte de
château flanqué de tourelles. —
« Si le tourlourou est solide sur
l'école de peloton, il n'est pas
moins ferré sur l'école de la sé-
duction. » (M. Saint-Hilaire.)
TOURMENTE : Colique (Vi-
docq.) — Mot expressif.
TOURNANTE : Clef. (Ra-
basse.) — Elle tourne dans la
serrure. V. Tremblant, Lourde.
TOURNÉE : Pile, correction
faisant tourner et retourner la
victime. — « Après, je donne
une tournée à la Chouette. Je
tiens à ça. » (E. Sue.)
TOURNÉE : Rasade offerte
devant le comptoir du marchand
de vins. — Ainsi nommée parce
qu'elle fait le tour de l'assemblée.
— « Il offre une tournée au café
Robert. » (Monselet.)
« Oscar I le lorgnon dans l'œil).
— Oui, vraiment. — Dites-moi,
marquis, la belle Yseult ne serait
pas de trop... si elle daignait ac-
cepter une tournée 1
Le Marquis. — Toujours ga-
lant !
Oscar. — Quelque chose de
doux... du mêlé? » (Marquet.;
34S - TOU
Tourner au vinaigre : devenir
malheureux. — « Tourné au vi-
naigre ! Hélas ! plus de femmes,
je l'avais perdue. » (Beauvillier.)
TOURNER DE : Faire les frais
de. — « Lorsqu'il arrivait à Bios-
sac de dire : Les dalles de la
Morgue me réclament, Grimai lie
se contentait de dire : Je vais
tourner d'undéjeuner. » (D. Alon-
nier.)
TOURNER DE L'ŒIL : Mou-
rir. — « Du poison!... Allons,
bois... tu vas tourner de l'œil
tout de suite. » (Chenu.)
TOURNER L'ŒIL : S'assou-
pir. — « Trois ou quatre mé-
chantes chopines... et ça tourne
l'œil. » (Gavarni.)
TOURNEVIS : Soldat d'infan-
terie.
A la santé des gros talons,
Des tournevis et des cai;ons !
{Vieille Ch. du Hussard en camp.)
TOURNURE : « Toutes les
dames et demoiselles qui, pour
suppléer au manque de rondeur
de certaines parties, portent ce
que M^e de Genlis appelle
tout crûment un polissm et que
nous appelons une tournure. »
(Th. Gautier, 33.)
TOURTE : Tête. — Compa-
raison de la croûte à la boîte os-
seuse du crâne, et de la garniture
à la cervelle. V. Vol-au-vent.
TOURTOUSE, TORTOUSE,
TOURTOUSINE : Cor.le à me-
nottes.
TOURTOUSER : Garrotter.
(Vidocq.) — Mot expressif indi-
TRA
- 349 —
TRA
quant l'action de lier tout autour.
V. Criblage, Coltiger.
TOUSER : Aller à la selle.
(Coiombey.)
TOUSSE (Non ! c'est que je) :
Négation ironique. V. Mouche.
TOUT : Individu fréquentant
les champs d'entraînement pour
renseigner sur les chances pro-
bables des meilleurs chevaux de
courses. (Parent.) Angl.
TOUT DE CE: Très-bien.
(Vidocq.)
TOUTIME : Tout. (Halbert.)
TOUT PARIS : Le monde élé-
gant.
« Le mois de juin est venu,
mois fâcheux où tout Paris quitte
Paris. » (De Soigne, 57.)
TRAC : Peur. — Onomato-
pée. — On donne le nom de trac
à une maladie qui cause un fris-
son perpétuel. — Pendant le
siège de Paris, on a publié le
TraCy journal des peureux. —
« Bien! voilà mon trac qui me
reprend. » (Marc Michel.)
TRAIN (du) : Vite, à grand
train. — « Asie prit un fiacre et
dit au cocher : « Au Temple ! et
du train ! il y a gras. » (Bal-
zac.)
TRAIN (en) : En train de se
griser. — « Ce sera fort heureux
si votre ami reste, car je le crois
un peu en train. » (P. de Kock.)
traînée. — Prostituée, qui
traîne dans les mauvais lieux.
TRAINE-PAILLASSE : Four-
rier. — C'est lui qui règle avec
l'employé le prix des dégrada-
tions des lits militaires. V. Ro-
gneur.
TRAIT : Infidélité. - Abré-
viation de trait d'inconstance. —
« Son mari lui avait fait tant de
traits, qu'elle l'avait quitté. »
(Champfleury.) — « On ne peut
plus faire de traits à sa Nini,
c'est ce qui vous chiffonne. »
(Gavarni.)
TRALALA : Grand appareil.
— « Et puis, grand genre. Tout
le tralala. Et du linge! » (E. Vil-
lars.) — « La fougue, l'audace et
tout le grand tralala de l'excen-
tricité féminine. » (Monselet.)
TRANQUILLE : Gomme Bap-
tiste.
TRAQUER : Avoir le trac.
V. Esgourne.
TRAQUEUR : Peureux. —
V. Vrai. — « Il était très-tra-
queur et ne se souciait pas de
finir à Bicétre. (Zola.)
TRAVAIL : Filouterie de jeu.
— « Un grec dont l'habileté est
telle que, pendant trente années
de travail, il n'a pas été pris une
seule fois. » (Cavaillé.)
TRAVAILLER : Ce mot s'ap-
plique indistinctement à toute
œuvre, bonne ou mauvaise, exé-
cutée dans le but de gagner de
l'argent.
Travailler, pour un malfai-
teur, c'est tuer ou voler. Pour
la prostituée, c'est provoquer le
passant. — « X... était prudent;
il travaillait toujours seul, et son
receleur était des plus fins. »
{Figaro.)
TRAVAILLER : Battre,
tourmenter. — « Je vais la tra-
20
TRE
35o
TRI
vailler dans le numéro de de-
main. — Et il écrivait : « iMa-
dame Desbrosses quitte enfin le
théâtre... Bonheur! y) (Philipon).
Travailler la tire : Voler dans
les poches. (Rabasse.)
TRAVAILLEUR : Voleur au
jeu. — « Le grec a aussi reçu le
nom de philosophe j de travail-
leur. » (Gavai lié.)
TRAVERSE : Bagne. (Ra-
basse.)
TRAVESTI : Rôle de femme
travestie en homme. — « Mada-
me Peschard débutait à ce théâtre
dans un travesti. » (Bénédict,
75.)
TRAVIOLES (avoir des): Avoir
des inquiétudes. (Rabasse.)
TRÈFLE : Tabac. — Allusion
à la couleur brune de ce four-
rage, quand il est sec. — « Lui
qui avait remué tant de trèfle de
la régie. » (Aubryet.)
TRÈFLE : Anus. — C'est une
image qu'on devine.
TRÉFOUIN : Tabac.(Rabasse.)
— Déformation de trèfle.
TREIZIÈME (marié au) : En
ctat de concubinage. — Pour
comprendre l'ironie, il faut se
rappeler que, avant i85g, cet ar-
rondissement n'existait point à
Paris. — « Jamais elle n'a été
ma femme, pas même au trei-
zième arrondissement. (Bertall.)
TREMBLANT : Lit.
TREMBLANTE : Fièvre. (Ra-
basse.)
TREMBLEMENT : Réunion,
mêlée générale. — « A l'union de
l'infanterie, de la cavalerie, de
de tout le tremblement. » (La
Barre.)
TREMBLEMENT : Bataille,
engagement général. — « Mais,
la veille du tremblement, fallait
voir les feux des postes avancés.»
(Chansi n, 64.)
TREMPÉE : Correction. — V.
Soupe. — « Si je ne me respec-
tais pas, je vous ficherais une
drôle de trempée. » (Gavarni.)
TRENTE ET UN, TRLNTE-
SIX (se mettre sur son) : Mettre
sa plus belle toilette. — c Elle
s'était mise sur son trente et un,
et je puis vous assurer (|u'elle
était bien ficelée. » (Vidal, 33.)
TRENTE-SIX DU MOIS : Ja-
mais. — Le mois ne dépasse pas
3i jours. — a Elle prenait du
plaisir, ce qui lui arrivait le
trente-six du mois. » (Zola.)
TRENTE-SIXIÈME DES-
SOUS (dans le) : Même sens
que Troisième dessous. — Le
pauvre vicomte a été enfoncé
dans le trente-sixième dessous. »
(Montépin.)
TRÈPE : Foule. — C'est troupe
avec modification de la première
syllabe. V. Garçon.
TRÉPIGNÉE : Rossée.
TRÉPIGNER : Battre. -- Mot
à mot : trépigner sur le corps.
TRETON : Rat. — Diminutif
de trotteur. V. Greffier.
TRICORNE : Gendarme. (Ra-
basse.)
TRICOTER : Battre. — Du
vieux mot Tricote : gros bâton»
Prends vite un bâton,
Tricote cet homme sans cesse.
{Chanson carnavalesque ^ i85i*)
TRI
- 35i -
TRO
TRICOTER : Danser, fuir. --
Comparaison du jeu des jambes
à celui des aiguilles. — ce La peur
m'a galopé et j'ai tricoté des fils
de fer. » {La Correctionnelle.)
I • TRIFFOIS : Tabac. (Halbert.)
f — Pour Tréjloig. V. Trèfle.
TRIFFOISIÊRE : Tabatière.
(Idem.)
TRIMAR : Grande route où
l triment les voyageurs. — « Tra-
i vailler sur le grand trimar, c'est
voler sur le grand chemin. »
(Cinquante mille voleurs de plus
à Paris.)
Aller au trimar : Voler. (Ra-
basse.)
Faire son trimar : Raccrocher
sur la voie publique. V. Quart.
TRIMARDER : Cheminer.
(Grandval.)
TRIMBALLER : Marcher. Mot
à mot : baller sur la trime, aller
sur le chemin.
TRIMBALLEUR de conis :
Croque-mort. (Vidocq.) — Mot à
mot : trimballeur de cadavres.
TRIME : Rue. (Vidocq.)
TRIMELÉ : Fil. (Colombey.)
TRIMIN : Chemin. — Dimi -
nutif de Trimard.
' Sur mon trimin rencontre
Un pègre du quartier.
(Vidocq.)
TRIMOIRE : Jambe. (Halbert.)
\ — Elle trime par métier.
TRINGLETTE : N'avoir rien
trouvé. (Rabasse.)
TRINGLOS : Soldat du train.
— Diminutif de train. — « Ce
<jue les tringlos, soldats du train
des équipages militaires, ne
pourront nous apporter. » (A.
Camus.)
TRINQUER (faire) : Faire
battre. (Rabasse.) — Mot à mot :
faire choquer. On choque en
trinquant.
TRIPOLI : Eau-de-vie. — Al-
lusion à Teau-de-vie qui entre
dans la composition du tripoli.
V. A Stic.
TRIPOT : Garde de police.
(Halbert.)
TRIPOTÉE : Correction. —
Du vieux mot tripeter : fouler
aux pieds. — « Oh ! quelle tripo-
tée je vous ficherais, ma poule!»
(Gavarni.)
TRIPOTIER : « Lestripotiers,
c^est-à-dire les individus qui
donnent à jouer clandestinement
sont nécessairement plus ou
moins tarés. » (Cavaillé.)
TklQUE : Dent, cabriolet.
(Halbert.)
TROGNON : Mot d'amitié. —
« En lorgnant la brunette, j' lui
dis : Mon petit trognon. » {Les
Amours de Jeannette, i3.)
TROIS-ÉTOILES : Personne
réelle ou fictive, dont on cache,
ou dont on paraît cacher le nom.
— « La femme légitime de ce
peintre est la maîtresse du gros
trois-étoiles. » (A. Second.)
TROIX-SIX : Eau-de-vie forte.
— Allusion au degré d'alcool. V.
Sacré-chien. — « Au moins ,
moi, j' dis pas que j'aime pas le
troix-six. » (Gavarni.)
TROISIÈME DESSOUS :
« Dans le troisième dessous des
sociétés, pour emprunter à l'art
TRO
- 352 -
TRO
dramatique une expression vive
et saisissante, le monde n'est-il
pas un théâtre? Le troisième
dessous est la dernière cave pra-
tiquée sous les planches de l'O-
péra, pour en receler la rampe,
les apparitions, les diables bleus
que vomit l'enfer. » (Balzac.)
TROMBINE : Physionomie
ridicule.— * Tous ces imbéciles,
ça vous a des trombines prédes-
tinées. » {Vie parisienne.)
TROMBLON : Gosier. — Il
s'évase comme un tromblon. —
« Vous avez demandé dans la
guinguette du bleu pour rincer
le tromblon. » {Almanach du
Hanneton, 67.)
TROMBLON : Chapeau ridi-
culement évasé, comme l'arme à
feu du même nom. — « Il ra-
masse les deux couvre-chef et
tend au monsieur un horrible
tromblon. » {Figaro, j5.)
TROMPETTE : Visage. —
a Quelles drôles de binettes !
Quelles vilaines trompettes ! »
(A. Meigne.)
TROMPETTE : Colporteur
de nouvelles. — Allusion à la
trompette allégorique de la Re-
nommée. On dit d'un bavard :
« C'est une fameuse trompette. »
TROMPETTE : Nez mouché
avec bruit. — Ne:{ en trompette :
Nez relevé.
TRONCHE : « La Sorbonne
est la tête qui pense, qui mé-
dite ; la Tronche est la tête lors-
que le bourreau l'a séparée du
tronc. » (Vidocq, 37.) — « Gare
la tronche! prends garde à la
tête. » (Dhautel, 1808.)
TRONE (sur le) : Sur la lu nette
d'un cabinet d'aisances. Allusion
au siège qui a souvent des mar-
ches comme un trône. V, Trou
de balle.
TROQUET : Marchand de
vins. Abréviation de mastro-
quet. V. Pille.
TROTTANTE : Souris. (Vi-
docq.)
TROTTE : Course pénible. —
« J'étais sortie pour éviter ces
trottes-là à Alfred. » (E. Sue.)
TROTTEUR : Rat. (Vidocq.)
TROTTIGNOLLES : Pieds.--
Diminutif de trottin. V. Rien.
TROTTIN : Employé chargé
des courses. Je trotte par la ville.
— « Le trottin, toujours choisi
parmi les grisettes les plus jeu-
nes et les plus espiègles du ma-
gasin. » (L. Huart.) — « Et de
trottin toujours crotté, on tn fit
un petit commis. » {Troisième
suite du Parlement burlesque de
Pontoise, i652.)
TROTTINE : Botte, bottine.
(Marquet).
TROTTINS : Pieds. — Les
pieds trottent. — « Il faut trous-
ser ses quilles et ses trottin s de
peur d'être pris de ce galliot. »
{La Comédie des Proverbes,
1714.)
TROTTOIR (grand) : Au
théâtre, veut dire : haut réper-
toire.
TROTTOIR (faire le) : Se dit
des filles inscrites qui, le soir,
se promènent sur le trottoir voi-
sin de leur logis.
TROTTOIR (femme de) ;
Prostituée,
TRO
- 353 -
TRU
TROU (faire son) : Arriver à
une bonne position, faire sa
troue'e dans la foule des ambi-
tieux.
^ TROU SOUS LE NEZ (avoir
* un) : Être grand buveur. —
a C' n'est pas tout encore, sa-
chez que c'te pécore a z'un trou
sous r nez impossible à com-
bler. » {Catéchisme poissard, ^^.)
Être dans le trou : Être en-
terré.
Être dans le trou : Être en
prison. — « Voilà pourquoi je
suis dans le trou, c'est pour un
malheureux poivrier, que je me
suis permis de fouiller. (Ch. de
Mouchabœuf, 65.)
TROU D'AIX, TROU DE
BALLE : Anus. (Colombey.)
— « Ils rirent de ce qu'elles le
"trouvaient en fonctions, son trou
de balle au grand air. » (Zola.)
TROUBADE, TROUBA-
DOUR : Fantassin. — Comme
le troubadour, le fantassin fait
en tous pays résonner sa clari-
nette. — Rousselot a fait le Trou-
bade. (Chansonnette, 60.) — « Le
troupier aujourd'hui est un trou-
badour qui compte tout au plus
vingt ans de services. » (Marco
Saint-Hilaire, 41.)
TROUBADOUR (genre),
TROUBADOUR-ABRICOT,
TROUBABOUR- PENDU-
LE : Genre littéraire à la mode
vers 1820, où Ton affectait, sans
grand savoir archéologique, de
se reporter aux troubadours des
premiers temps de la monarchie.
Les troubadours étaient représen-
tés au théâtre armés de lyres et
vêtus de tuniques à crevés cou-
leur abricot. L'horlogerie même
s'était emparée pour sts pendules
du sujet à la mode. — « M. Paul
Delaroche et tous ceux qui firent
la première campagne du roman-
tisme riaient des partisans du
genre chevalier-troubadour-abri-
cot. » (Privât d'Anglemont.)
TROUÉE : Dentelle. (Vidocq.)
— La broderie fait trou.
TROUFIGNARD, TROUFI-
GNON : Mot à mot : Trou de la
fine.V. ce mot. — (c Et il menaçait
de lui enlever le troufignon. »
(Zola.)
TROUILLOTER DU GOU-
LOT : Avoir une haleine infecte.
— a Augustine, qui devait avoir
mangé ses pieds, tant elle trouil-
lotait du goulot. » (Zola.)
TROUSSEQUIN : Derrière. —
Nom de la partie de la selle avoi-
sinant le derrière du cavalier.
TROUVÉ : Neuf, original.
TRUC : Manière de voler.
V. Roustir, Lem, Tirer, — Du
vieux mot truche. — La truche
était l'art d'exploiter la pitié des
gens charitables. Au moyen
âge, les mots truche, truffe, trulle
et trut avaient le même sens de
finesse et d'imposture. Ce der-
nier, qui ne diffère pas beaucoup
de truc, se trouve, dès le xiv* siè-
cle, dans une chronique rimée
du duc de Bretagne, Jean IV.
(Lobineau, t. II, col. 730.)
François prenoient trop divers noms
Pour' faire paour aux Bretons;
Mais ils avoient plus de vieil trut
Que vieille truie qui est en rut.
On a donné au mot truc cinq
sens : I» Au théâtre, c'est la ma-
chine destinée à produire un
changement à vue. Les féeries
TRU — 354 - TUE
du Tj'uqueur dans son Hôtel des
commissaires-priseurs,
TRUQUEUR -.«APariSjOn ap-
pelle surtout truqueurs les ven-
deurs de contremarques et les
ouvreurs de portières de voitures,
qui parfois volent à la tire. On
les trouve aussi sur les champs
de course vendant des bouquets
et des cigares. » (Rabasse.)
TRUQUEURS : « Gens qui pas-
sent leur vie à courir de foire en
foire, n'ayant pour toute ir dus-
trie qu'un petit jeu de hasard. »
(P. d'Anglemont.) — C'est aussi
un homme usant de trucs, dans
toutes les acceptions définies plus
haut. V. Bouline.
TRYCHINE : Prostituée. —
L'épithète, qui date du temps où
on parlait fort des risques que
faisaient courir les trychines dans
la viande du cochon (i 865), ne pa-
raît pas s'être acclimatée. — « Try-
chines, qui dorez les vices, en-
guirlandez-moi. » (Michu.)
TUANT : Ennuyeux à crever.
On dit aussi crevant.
TUBE : Estomac : Se fourrer
dans le tube : manger. — Même
allusion que dans fusil.
TUBE : Chap-jau de soie —
Allusion à sa forme cylindrique.
TUBERCULE : Nez à loupes et
à verrues, ressemblant au tuber-
cule par excellence, à la pomme
de terre.
sont des pièces à trucs. ■— a Cette
donnée a fourni matière à un
certain 1 ombre de trucs, de dé-
cors, de cnangements à vue. »
(R. Deslandes, 49.) — 2» Pour
un auteur dramatique, le truc
est la science des détails. On dit
d'un écrivain qui file la scène
avec difficulté : il mangue de truc.
— 3" C'est aussi un moyen d'exis-
tence. — « Il daigna nous donner
quelques renseignements sur son
truc, c'est-à-dire le métier qui le
fait vivre. » (P. d'Anglemont.)
— 4» Le truc est encore une ruse,
un dehors trompeur. — « La
vertu qu'on fait pour mieux ca-
cher le vice, voilà le truc d'un
sesque trompeur. i{Rousseliana,
o5.) — 5° Faire du truc : faire un
commerce illicite. (Rabasse.)
TRUFFE : Nez difforme du
genre tubercule. V. ce mot.
TRUFFES (aux) : Soigné. —
La truffe est un aliment de luxe.
— «Tu me feras un compte rendu
aux truffes ! » (E. Augier.)
TRUFFÉ : Bourré. — Pris au
figuré. — La petite machinette
est truffée de chic. » {Petite Re-
vue, 66.)
TRUMEAU : Personnage sur-
anné. — La mode des trumeaux
date du siècle dernier. — « Il se
l'est brisée, mon Bourdonnard...
Vieux trumeau, va! » {Almanach
des Toqués, 64.)
TRUQUER : Vivre de roueries.
(Halbert.)
TRUQUER : Commercer illici-
tement. (Rabasse.)
TRUQUEUR : Fabricant de
fausses antiquités. — Champ-
âeury a donné une physiologie
TUER les mouches auvol, — à
quinze pas : Avoir une ha eine
infecte. — « Mais, chère amie, si je
tuais les mouches comme lu te
plais à le dire, il y a longtemps
que tu ne vivrais plus. » (Gré vin.)
TUN
- 355 -
TUR
TUER lever : Boire de l'eau-de-
vieoudu vin blanc; libation ma-
tinale désignée par ces mots :
Tuer le ver. (Murger.) — « Les
ouvriers étaient allés tuer le ver
chez le marchand de vins le plus
proche. {Figaro, 76.) — Prise à
jeun, et par exception, l'eau-de-
vie a des propriétés vermifuges.
TUFFRE : Tabac. (Halbert.)
— Anagramme de trèfle y du
moins pour cinq des premières
lettres. V. Trèfle,
TUILE : Accident. — Allusion
à la tuile qui tombe d'un toit sur
la tête du premier passant venu.
— « La tuile est forte, mais on
peut s'en relever. » (L. Reybaud.)
TUILER : Toiser, dévisager.
— Terme maçonnique.
TULIPE ORAGEUSE : Can-
can. — a Tous quatre frétillant
des tulipes de plus en plus ora-
geuses. » (E. Sue.)
La jupe d'une danseuse qui
lève la jambe à la hauteur de
l'œil, tend à prendre la forme
du calice de la tulipe. De là le
mot.
TUNE : Pièce de cinq francs.
— « J'allais dans les bureaux de
placement avec une tune. » (Beau-
villier.) Abrév. de Thune.
TUNE : Prison de Bicêtre.
C'est un dépôt de mendicité. —
De tuner : mendier. Vieux mot.
TUNEÇON : Maison d'arrêt.
Diminutif de Tune.
TUNER : Mendier.
TUNEUR : Mendiant.
TU QUOQUE : Et toi aussi,
tu en es donc? — Latinisme. —
«La république de Saint-Marin
vient d'envoyer à l'empereur
Guillaume le grand cordon de ses
ordres. Tu quoque ! » (Moniteur,
juin 72.)
TURBIN : Travail de voleur.
— a A vingt-deux ans, je me re-
mets au turbin. » (Beauvillier.)
TURBIN : Travail pénible.
Bon sang d' bon Dieu ! quel turbin,
J' viens d' mettr' mon pied dans un.
flaque. (Richepin.)
— Mettre une femme sur le
turbin : La livrer à la pros-
titution et en tirer parti. — « Je
la mets sur le turbin pendant dix
mois, gagneuse d'argent gros
comme elle. » (Beauvillier.)
TURBINEMENT : Jour de
travail. — « Pour grinchir tu
préféreras les fêtes aux turbine-
ments. » (Vidocq.)
TURBINER : Travailler. (Ra-
basse.) — « Nous turbinons, en
attendant, de façon à prendre
Tlemcen en grippe. » {Comm.
de Loriot, 69.)
TURBINEUR : Travailleur.
(Vidocq.)
TURCO : Tirailleur indigène
de l'armée d'Afrique. — « Un
carré de turcos vint se former
sous nos pieds. » (Mornand.)
TURF : Champ de course, et
par extension, arène quelconque.
— « Voilà de quoi faire envahir
par toutes les fashions le turf
littéraire. s> (Aubryet.)
TURLUTINE : « La turlutine,
ULT
— 356 —
URL
qui Joue le principal rôle de l'ali-
mentation du soldat en campa-
gne, se prépare en faisant cuire
du biscuit pilé avec du riz et du
lard. » cGler, 66.)
TURNE : Logis malpropre. Du
vieux mot tourne : prison. —
« L'immeuble!... je me suis tout
de suite souvenu de cette turne. »
(Montépin.)
TUTTI QUANTI : Tous ceux
qui sont tels. — Italianisme. —
« Pliilippe de Girard, avec sa
machine à filer; Sauvage, avec
son he'lice, et tutti quanti, n'é-
taient que des idéologues...
{Éclair, juillet 72.)
TUYAU DE POÊLE : Cha-
peau rond, botte à l'écuyère.
Allusion de forme. — « Il donna
un coup de poing dans son tuyau
de poêle, jeta son habit à queue
de morue. » (Th. Gautier, 33.)
V. Méchant.
TUYAU DE POÊLE : Botte.—
Allusion de hauteur, de forme et
de couleur,
TYPO : Ouvrier typographe.
XJ
UCHE (terminaison en). V.
Aille, Lem.
ULSTER : « Il renfonça sa
tête dans le collet relevé de son
immense pardessus gris à la
MentschikofF, — ce que nous ap-
pelons à Paris un ulster. » {Fi-
garo, 76.)
ULTRA : Homme voulant au
delà (ultra) de ce que désire son
parti. — « Je crois qu'il faut user
d'indulgence pour les ultras. »
(Desmoulins, 1790.) — « Ces
royalistes surnommés ultras par
l'opposition. » (Balzac)
ULTRA : Ultramontain clé-
rical dévoué à Rome, au delà des
Alpes {ultra montes).
UNE! ET D'UNE! D'ABORD
ET D'UNE! Ces trois locutions
servent indifféremment à ceux
qui ont une énumération à faire
et qui la soulignent pour ainsi
dire en numérotant chaque ar-
ticle, ou plutôt le premier article,
car ils s'en tiennent à celui là : —
a D'abord et d'une, faut que je
me débarrasse de ma filleYieult.»
(Marquet.)
URFFE (c'est) : C'est soigné,
bien fait. (Rabasse.)
URLE : Parloir de prison.
(Halbert.) Mot à mot : lieu où
l'on hurle. — Les grilles sépa-
rent assez les visiteurs pc ur les
forcer à parler haut.
VAC
-357-
VAG
V
VACHE : Prostituée avachie.
— « Les jours de dispute, elle
traitait très-bien sa mère de cha-
meau et de vache. » (Zola.) V.
Blagueur, Veau.
VACHE ET LE VEAU (pren-
dre la) : Épouser une fille en-
ceinte. — La faire épouser, c'est
donner la vache et le veau. —
Animalisme. « Un beau jour,
la mère s'aperçut qu'elle estoit
grosse..., elle ne fut pas mal ha-
bile; elle trouva à qui donner la
vache et le veau. » (T. des
Réaux )
VACHE ESPAGNOLE (par-
ler FRANÇAIS COMME une) : Parler
un très-mauvais français.
Certains néologistes ont ima-
giné de modifier encore cette ex-
pression qui devient alors tout à
fait dépourvue de sens : — ((Incon-
testablement, M. B... s'est mon-
tré habile... sa rhétorique, com-
me celle de M. L..., parle un
français de vache enragée et pré-
tentieuse. » [Paris-Journal, juil-
let 72.)— Pour s'expliquer le mot,
il faut savoir qu'on a dit dans le
principe :Par/er comme un vacce
espagnol, par allusion aux habi-
tants des provinces basques de
l'Espagne cédées à la France
(Bayonne et Mauléon), qui s'ex-
primaient difficilement en fran-
çais. On disait alors vacce pour
basque. On a dit ensuite vache
pour vacce, ce qui n'est plus du
tout la même chose, et on dit
enfin vache enragée pour vache
espagnole, ce qui est pis en-
core.
Qu'on se moque après cela des
étymologistes!
VACHERIE : Acte entièrement
bestial. — Bachaumont, dans le
Constitutionnel (juin 72), nous
donne cet exemple du mot : « On
s'étonnait auprès d'elle de sa
liaison avec un comédien qui la
brutalise et la ruine. — a Que
(i. voulez-vous, dit-elle, c'est de
« la vacherie 1 »
VACQUERIE (aller en) : Sor-
tir pour voler. (Colombey.) —
Diminutif de vague.
VA DE LA BOUCHE : Goin-
fre. — ((A ces va de la bouche,
tu faisais l'œil et te trouvais heu-
reux. » (Monselet.)
VADE : Attroupement. (Vid.)
VA DE RETRO : Arrière.
— Mot à mot : rétrograde, retire-
toi ! — Latinisme. — (( A la bê-
tise peinte sur leur figure, il les
a reconnus. Vade rétro, calicots. »
{A propos de calicots.)
VA DONC! : Abréviation de:
Va donc te promener! — « Eh!
va donc, grand fade ! » (Ricard.)
V. Alle:ç donc.
VAGUE (aller au) : Rôder
avec la résolution de voler à l'oc-
casion.
VAGUE (coup de) : Vol à la
flan. Son auteur est dans le va-
gue sur le butin qu'il en pourra
tirer.
VAT
- 358 -
VED
Un soir que j'étais dans la débine,
Un coup de vague il me fallut donner.
Pour travailler j' mis au plan ma ron-
dine,
Et mes outils nous fûmes les déplan-
quer. (Halbert.)
VAISSELLE DE POCHE : Ar-
gent. — On ne peut pas manger
sans celle-là. (Debraux, 32.)
VALADE : Poche de derrière
d'un habit. (Vidocq.) — Du
vieux mot avaler : descendre. V.
Litrer^ Tirer.
VALSER : Fuir. (Rabasse.)
VALSER : Courir. V. Cheval.
Faire valser : Accabler de
coups. — « Nous ferons valser
les Prussiens. » (Henry, Ch., 38.)
VALTREU SE : Valise.— Chan-
gement de finale.
VALTREUSIER : Voleur de
valise.
VANNAGE (faire un) : a Al-
lécher par un petit profit l'hom-
me qu'on se réserve de dépouil-
ler. » (Vidocq.) — Comparaison
de l'escroc au meunier qui lâche
un peu d'eau de sa vanne pour
faire tourner le moulin.
VANNER : S'en aller. (Ra-
basse.)
VANTERNIER : « Le vanter-
nier est encore une variété du
cambrioleur. Seulement, au lieu
d'entrer par la lourde, il préfère
s'introduire par la fenêtre. » (A.
Monnier.) V. Venterne.
VASE NOCTURNE : Pot de
nuit. — « Mais un vieux taci-
turne verse le contenu d'un vase
nocturne. » (Bailly, Ch., 36.)
VA-TE-LAVER : Correction.
volée de coups. — Allusion à la
nécessité d'effacer les traces san-
glantes laissées sur ceux qui en
sont victimes. — « Il regardait les
gens, tout prêt à leur adminis-
trer un va-te-laver. » (Zola.)
VAUTOUR : Propriétaire exi-
geant et dur. — Dès i587, on lit
dans les Contes d'Eutrapel :
« Vaultoursque signifient ils au-
tres que les avaricieux qui,
comme ces animaux sont aspres
et désordonnément actifs à pos-
séder les biens de ce monde. »
— En i8o6, Désaugiers donnait
M. Vautour au théâtre des Va-
riétés.
VEAU : Jeune fille de joie, con-
damnée au rôle futur de vache.
V. Catégorie, Vache. — «< Veux-
« tu souper? — Pas avec toi!
« s'écriait la femme, X\\ sens
(( l'ail! » Ce à quoi Bressant ré-
pondait : « Cela ne t'arrivera
« jamais; on n'en met p;;s dans
« le veau! » (A. WolfF, 65.)
J' rencontre à la barrière
Un veau,
Un veau.
{Chanson populaire, i S40.)
VÉCU (avoir) : Avoir expéri-
menté la vie. — « Il sav? it tant
de choses, il avait vécu. » (La
Cassagne.)
VEDETTE : « Qu'est-ce que la
vedette? C'est la faveur ton te spé-
ciale de voir son nom imprimé
en caractères trois fois plus gros
que celui de ses camarades. Les
administrations théâtrales n'ac-
cordent cette faveur qu'aux ac-
teurs et actrices qui font recet-
tes. » (De Montépin.)
YEN
— 359 —
VER
VEINARD : Homme ayant ha-
bituellement de la veine. — « Il
est sorti sain et sauf... c'est un
veinard. » {Commentaires de Lo-
riot, 69.)
VÊLER : Accoucher. — Ani-
malisme. — « Une paysanne de
la Saintonge était sur le point
de vêler. » {Événement, 8 août
75.)
VÉLO : Postillon. (Vidocq.)
— Abréviation de véloce.
VÉLOCE : Poste aux chevaux.
(Vidocq.) — En vieux français,
véloce veut dire vite. Nous avons
conservé vélocité.
VÉLOCE : Vélocipède.— Abré-
viation.
VENDU : Remplaçant mili-
taire.
VENT ET MOUSSE : Rien
pour toi ! — Vent signifie \c\pet.
V. Mousse.
VENTERNE : Fenêtre. — Elle
donne accès au vent. V. Vanter-
nier, Pieu.
VENTRE (avoir dans le) : Être
capable de. — « Ce petit Lu-
cien n'avait que son roman et
ses premiers articles dans le
ventre. » (Balzac.)— On retrouve
cette locution en Orient avec le
sens de penser. — « Personne,
même son ministre le plus in-
time, ne sait a ce que le maître
a dans le ventre, » pour me ser-
vir d'une locution habituelle à
Harar. » {Revue britannique, Pre-
mier pas dans l'Afrique orien-
tale, par Burton, année 56.)
VENTRU : Député conserva-
teur. — « Les centriers, les ven-
trus et les satisfaits, c'est-à-dire
cette espèce ruminante qui vit
en tout temps à l'auge du bud-
get. » (A. Dumas.)
VERBE (solirsurle) : Acheter
à crédit. (Vidocq.) — Mot à mot :
acheter sur parole.
VERONE : Pays. — « J'ai
roulé de vergne en vergne pour
apprendre à goupiner. » (Vi-
docq.)
VERMICHEL : Veine. — Allu
sion de forme. — V. Raisiné.
VERMINE : Avocat. (Vidocq.)
— Mot de condamné. Les avo-
cats sont par métier inséparables
des prévenus.
VERRE EN FLEURS : «Cette
tricherie consiste à donner au
pigeon ou au compère un jeu
qui, au premier abord, semble
assurer la vole, mais avec lequel
on perd. » (Cavaillé.)
De là l'expression se monter le
verre en fleurs, pour s'illusion-
ner. — Comparaison ironique
assez heureuse d'un faux espoir
à des fleurs fausses qui singent
les fleurs vraies.
VER RONGEUR : Voiture
prise à l'heure pour faire des
visites qu'on abrège dans le but
d'avoir moins à payer au cocher.
— « La lorette arrive en cabrio-
let et dit en entrant : « Docteur,
« prêtez-moi donc de quoi ren-
« voyer mon ver rongeur, »
(M. Alhoy.)
VERSAILLAIS, VERSAIL-
LAISE : Fidèle au gouverne-
ment établi, lorsque son siège
fut transféré à Versailles pen-
dant l'insurrection de la Com-
mune. — «t Après avoir dénoncé
aux communeux son mari com-»
VES
— 36o —
VIE
me Versaillais de cœur. » (Le-
lioux.)
VERSIONNAIRE : Personnage
faisant métier de composer en
version latine, pour les candidats
bacheliers plus riches que sa-
vants.
VERT : Campagne. — Origine
chevaline. — On se met au vert
comme les coursiers. — « Nous
partons pour Fontainebleau, huit
à dix jours de vert... de l'hy-
giène. » (E. Villars.)
VERTUBLEU! VERTU-
CHOU ! : Jurons innocents. —
Si nous en croyons cet exemple,
il paraît que la vertu n'y est pour
rien. On a commencé par dire
vert et non vertu. — « Vert et
bleu ! dist frère Jan, il me des-
plaist grandement qu'encores est
mon estomac à jeun. » (Rabe-
lais, Pantagruel, livre IV, cha-
pitre II.)
Vertuchoux équivaudrait en
ce cas à vert chou (chou vert).
VESPASIENNE : Chaise per-
cée, couverte et ambulante. On
s'en servit dans les rues de Paris
vers 1840. — « La Vespasienne
parisienne à l'observateur arrêté,
offre asile et commodité, » (Fes-
teau.)
VESSE : Peur. (Dhautel.) —
On connaît son action sur les
intestins. — a Dans le langage
qu'affectionnent les collégiens,
on dit, pour avoir peur : avoir la
vesse. » {U Intermédiaire.)
^ VESTE ( remporter une ) :
Échouer. — Mot à mot : perdre
les pans de son habit dans une
fâcheuse affaire. — « Dans la veste
que j'ai remportée dans ria guer-
re contre l'opérette.» (A. WolfF.)
— « Jecrois que le filou qi: i comp-
terait trop sur cette robe ne
remporterait qu'une veste. Vous
savez que veste est synonyme
d'insuccès. » (A. Monnier.)
VESTIGES : Légumes secs.
(Halbert.) — Mot à mot : légu-
mes à vesses. On connaît leur
effet sur les intestins.
VEUVE : Guillotine. - Elle
voit mourir tous les hommes
couchés sur elle. — a Si je n'a-
vais pas eu peur de la vjuve, je
l'aurais butté. » {Notes d'un
agent.)
VIANDE (montrer sa) : Être
en toilette décolletée. Usitée dés
1808.
VIAUPER : Faire la vie. —
a Coupeau, soûl comme une
grive, recommençait à viauper et
disait que c'était le chagrin. »
(Zola.)
VICE (avoir du) : Être ingé-
nieux, malin. — « A-t-il du vice
ce mâtin de Couturat! » (De
Concourt.) — Nonore, un petit
avorton de femme qui a la répu-
tation d'avoir du vice. {Ces da-
mes.) V. Méchant.
VICTOIRE : « La chemise ,
c'est au marché Saint-Jacques,
chez mademoiselle Victoire,
qu'ils (les chiffonniers) vont la
chercher. Ils l'appellent du nom
de la marchande, une victoire.
Elle leur coûte dix sous. ) (Ber-
thaud.)
VIDANGE (largue en) : Fem-
me en couches.
VIN
— 36i -
VIS
VIE (faire la) : Mener une vie
débauchée (08).
VIE (faire une): Faire une
vie de Polichinelle. (Abrév.)
VIE DE POLICHINELLE : Vie
tapageuse. Polichinelle est un
type de bambocheur effréné.
VIEILLE : Vieille eau-de-vie.
— « J'en distinguai trois qui dé-
gustaient des carafons de vieil-
le. » (Marx.)
VIEILLE : Vieille garde de Na-
poléon I". — « Un vieux soldat
de la vieille garde; le vieux de
la vieille, comme on dit. » (Bal-
zac.)
VIEILLE (ma) : Mon vieil ami.
— « Eh bien ! Raoul, ma vieille,
comment que ça va? • (Jaime.)
— L'emploi du féminin a sans
doute paru plus tendre.
VIEUX : Entreteneur, amant
d'un âge mûr. — Une caricature
de i83o porte cette légende : « A
qui qu' c'est donc, ces bottes-là,
Angélina.' c'est-y vot' vieux qu'a
des éperons comme ça? »
VIGNES (être dans les) : Être
ivre. Abréviation. — a On dit
d'un homme ivre : Il est dans les
vignes du Seigneur. » (Dhau-
tel, 08.) — « C'est pas être un
homme que d'être toujours dans
les vignes. » (Balzac.)
VILLOIS ; Village. — Vieux
mot. V. Rebâtir.
VIN DE Q.UATRE COU-
LEURS : « On donne aux vins
épais du Midi, à Bordeaux, le
nom de vin de quatre couleurs,
c'est-à-dire qu'additionnés de
quatre fois leur volume de vin
blanc, presque incolores, ils font
encore les délices des bourgeois
de Paris, sous le nom fallacieux
de Saint-Julien, Médoc. » (L7«-
termédiaire, n» 124.)
VINGT-DEUX: Couteau. (Hal-
bert.)
VIOLON : Prison de poste où
sont menés les gens arrêtés, en
attendant l'interrogatoire du com-
missaire. — Vieux jeu de mots
qui date du temps où c'était l'dEr-
cher qui vous conduisait au vio-
lon. — « On appelle violon, à
Paris, une prison que chaque
section a dans son enceinte pour
enfermer ceux qu'on arrête la
nuit et qui sont, le lendemain,
transférés dans une maison d'ar-
rêt. » [A Imanach des Prisons, g'j.)
Sentir le violon : devenir mi-
sérable. (Vidocq.) — On met au
violon les vagabonds.
VIOQUE : Vieux. — Change-
ment de finale. V. Flacul.
VIOQUE : Vie. — a Quelle
vioque je ferais avec mon fado
de carie. » (Balzac.)
VIRGULE : Cicatrice. — Allu-
sion de forme. — « Un' balle m'
rase le front. Ça m'a fait une vir-
gule. » {Le Gamin de Paris j
ch., 184.)
VIS-A-VIS : Un des deux cou-
ples nécessaires pour danser le
quadrille. — « Le vis-à-vis de ces
deux danseurs était non moins
ignoble. « (E. Sue.)
VISAGE DE BOIS : Porte fer-
mée. — « Fontenay Coup-d'Épée
n'en fit que rire, et il retourne,
mais il trouve, comme on dit,
visage de bois. » (Tallemant des
Réaux.)
VOI
302
VOL
VISAGE, GROS VISAGE, VI-
SAGE SANS NEZ : Derrière. —
Allusion aux rondeurs qui font
l'office de joues. V. Borgne.
VISE AU TRÈFLE : Apothi-
caire infirmier. Mot à mot ; vise
à l'anus.
VITELOTTE : Nez rouge et
tuberculeux comme la pomme
de terre de ce nom.
VITRE : Lorgnon. — a Le pe-
tit A. de... a l'oeil éteint derrière
sa vitre. » {Vie parisienne.)
VITRIERS : Chasseurs de Vin-
cennes. — Ils portèrent d'abord
des sacs en cuir verni reluisant
au soleil comme les pièces de
verre que les vitriers portent sur
leur dos.
VITRIOL : Eau-de-vie. — Al-
lusion à ses effets corrosifs sur
les estomacs alcoolisés, a II l'ac-
cusait de faire sa Sophie devant
le vitriol. » (Zola.)
VLAN (avoir du) : Avoir l'é-
lan et l'imprévu que caractérise
l'adverbe. — « On ne dit plus
avoir du chien, on dit avoir du
v'ian. » {Figaro, nov. 67.)
VOIR EN DEDANS : Être ivre.
— Allusion à l'air extatique de
certains ivrognes. V. Cocarde.
VOIR LA LUNE : Perdre son
innocence. — « Une femme qui
a vu la lune et qui est travail-
leuse, vaut mieux qu'un fei-
gnant. » (Zola.) V. Lime.
VOIR TRENTE-SIX OU
TRENTE-SIX MILLE CHAN-
DELLES : Recevoir à la tête un
de ces coups qui semblent illu-
miner le cerveau de mille lueurs
subites, comme celles des pièces
d'artifices dites chayidelle^ romai-
nes. On n'ajoute guère le mot
romaine, m2i\s l'usage pri nitif de
cette finale nous livre l'éivmolo-
gie. «J'avoue que ce soulilet m'a
fait voir trente-six chanc; elles. »
(Cam. Desmoulins, 90.)
VOIRIE : Homme ou femme
méprisable. Mot à mot : digne
d'être jeté à la voirie. — « Va-
t'en donc, vilaine voirie, vierge
de la rue de la Tannerie. {Caté-
chisme poissard, 44.)
VOITE : Voiture. (Hilbert.)
— Abréviation.
VOLAILLE : a Élève des éta-
blissements préparatoires de Ver-
sailles qui injectent de science
etd'histoire les aspirantsà l'École
de Saint-Cyr. Il a un uniforme
prodigieusement militaire, des
éperons, des brides d'épaalettes
et une cravache. — Lesccriscrits
lui portent les armes.» — ( Quel
est le département qui ne fournit
son contingent d'aspin nts à
l'École spéciale militaire, ce
grand et immortel bahut!... A
Versailles, c'est l'amaraite ou
jonquille volaille échappée des
poulaillers de Barthe et liuron;
à Paris, c'est le cornichon extrait
des bocaux de Barbet, Loriol et
autres; à la Flèche, c'est le ba-
taillon des purs enfants de Bru-
tium; dans tous les lycées, le
bouillant ;70f à chien.D (L(jubet.)
VOLAILLE : Prostituce vo-
leuse. — Jeu de mots. — x Sau-
ve-toi donc, maudite ca rogne,
vilaine volaille à ivrogne, » s'é-
crie une poissarde dans le Caté'
chisme poissard, où, quelq ues li-
gnes plus haut, il est déjà repro-
Vol
- 363 -
VRi
ché à une femme de voler les
hommes soûls.
VOLAILLON : Mauvais vo-
leur. (Rabasse.)
VOL-AU-VENT (avoir une
écrevisse dans le), DANS LA
TOURTE : Avoir la tête déran-
gée. — Le vol-au-vent représente
la tête, et l'écrevisse, la folie. —
« Ce fils de propriétaire a une
écrevisse dans le vol-au-vent. »
(Alm. du Hanneton, 67.)
VOL-AU-VENT: Plume. (Vi-
docq.)
VOLANT: Manteau. (Vidocq.)
— Il vole volontiers au vent.
VOLANT : Volaille, oiseau.
— L'acte est pris pour l'acteur.
VOLÉ (être) : Être trompé
dans son attente. — Capelle, dans
ses Contes (i8i8),fait dire à Ri-
chelieu, près duquel une fille
d'Opéra s'était fait passer pour
une paysanne : « Grands dieux!
je suis volé!» — a Un homme
vole une femme galante lorsqu'il
ne lui donne pas une somme
promise. L'homme est au con-
traire voléy lorsque la femme ne
lui a laissé que du désenchante-
ment. » (Cadol.) — Un voleur se
dira volé, s'il trouve peu de
butin.
VOLEUR AU CROQUANT.
V. Grinche de cambrouse.
VOLTAIRIEN : Partisan des
idées antireligieuses de Voltaire.
— « Le bourgeois voltairien
laisse insulter le prêtre. » (S. de
Wœstyne, 75.)
^ VOLTIGEUR DE LOUIS XIV :
Émigré rétabli par la Restaura-
tion sur les cadres de l'armée. —
« Cet ennemi personnel de Téga-
lité, ce détracteur narquois de
notre révolution..., ce voltigeur
de Louis XIV.» (E. Augier.)
VOUZAILLES : Vous. V. Ra-
vignolé.
VOYAGE AU LONG COURS:
Bagne. (Stamir, 67.) Allusion à
la traversée de Cayenne et à la
durée de la peine.
VOYOU, VOYOUTE : Gamin,
gamine, vagabondant sur la voie
publique. Par extension, voyou
se dit de l'homme qui a tous les
vices du peuple sans en avoir les
qualités. — « Le gamin de Paris
est accessible à tous les bons
sentiments. Le voyou de Paris
possède tous les vices. » (A. de
Gaston.)
« C'est un vrai voyou. Quel
voyou ! » Se dit d'homme de
tout âge et de toute classe, cra-
puleux de terme ou de conduite.
VOYOUGRATE : Partisan de
la voyoucratie.
VOYOUCRATIE : Despotisme
de la dernière classe du peuple
sur les autres classes. Mot à
mot : aristocratie du voyou. —
« Je le dis sans crainte, que
MM. les journalistes de la Presse
voyoucratique m'appellent presse
immonde. » (J. Richard, 28 août
72.)
VRAI : Homme véritable ; c'est-
à-dire vraiment digne dece nom.
— « Eh bien ! vous n'êtes pas un
traqueur, vous, à la bonne heu-
re! Vous êtes un vrai. Permet-
tez-moi de vous donner la main!»
[Figaro, mai 75.)
VRILLE (voleur à la) : « Vo
ZEP
— 064
ZIG
leur pénétrant dans les maisons
en pratiquant aux volets une ou-
verture carrée à l'aide de quatre
trous de vrille entre lesquels il
fait jouer une scie très-fine. «
(Canler.)
WALK-OVER : ce Littérale-
ment promenade dessus. L'acte
de parcourir la piste seul, faute
de concurrents. » (Parent.) Angl.
Argot de courses.
WALLACE : Eau des fontai-
nes publiques données généreu-
sement par sir Richard Wallacc
à la ville de Paris.
Comme ils adorent boire à la fraîche, à
[la glace,
Ils s'ingurgitent du Wallace.
(Richepiii.)
WELSHER : « Parieur de
courses qui a pour règle de s'es-
quiver s'il perd. ]» (Parent.) Angl.
X : Secret. — En mathémati-
ques, X représente l'inconnu. —
« On cherche l'X du cœur. »
(Texier.)
X : Calcul. — « Depuis l'année
40, le fort en X est en proportion
constante. » [Les Institutions de
Paris.)
X (tête à) : Tête organisée
pour le calcul. — Calembour sur
la formule qu'on prononce thêta
Xj employée en mathématiques.
— « L'ancien est évidemment une
tête à X. » (La Bédollière.)
X : Polytechnicien.— Allusion
aux connaissances mathémati-
ques exigées pour entrera l'école.
YANKEE : Américain. —
« Parbleu! tous les yankees s'ap-
pellent Atkins, s'écria M. Jules.»
(Du Boisgobey.)
YEARLING : Poulain d'un an.
(Parent.) Angl.
YOUTE, YOUTRE : Juif. —
Germanisme.
z
ZÉPHIR : «L'infanterie légère
d'Afrique, dont les hommes sont
généralement désignés sous le
nom de zéphyrs, » (Gandon.)
ZIP : Marchandise imagiraire.
\'. Solliceur.
ZIG, ZIGUE : Compagnon,
ZIN
365 -
ZUT
ami. — « Entrez, entrez, nous
sommes tous ici de bons zigues. »
(Monselet.) -- « Je suis un bon
zig, il a l'air d'un bon enfant,
nous nous entendrons. » (Mon-
tépin.)
ZIGUE : Finale ajoutée arbi-
trairement à certains mots; «Ca-
vale tezigue vers mezigue : Ca-
vale-toi vers moi. » (Paillet.)
ZINC : Argent monnayé. —
C'est une variante de métal (ar-
gent). V. Fusil de toile.
ZINC, ZING : « On ne dit plus
chic, à ce qu'il paraît. C'est ro-
coco. C'est bourgeois. Et quand
une femme a du genre et de
l'élégance, on dit qu'elle a du
zing. » {Événement, i8 août 66.)
— « Une toilette par exemple...
pourrie de zing et persillée de
chien. » {Vie parisienne, 66.) —
Acception figurée de -fz«c ; ar-
gent.
ZINC : « Se dit principalement
des chanteurs dont la voix est
métallique et solide. lladu:{înc
s'applique également aux acteurs
en tous genres qui possèdent un
organe sonore. » (J. Duflot.)
ZINC (sur le) : Sur le comp-
toir du marchand de vin. Allu-
sion au métal qui le recouvre.
Quand avec leszigs, sur eul' zinc,
J'ai pas d' braise pour m' fend' d'un li-
[tre.
(Richepin, 77.)
ZOUZOU : Zouave. — Abré-
viation redoublée. — « Ils ne
ressemblent en rien aux zouzous
qu'on voit sur les boulevards. »
(J. Noriac.)
ZUT : Non. — « Zut et bran
pour eux. » (P. Borel, 33.) —
« Ah ben! non, zut!... du flan!
Je ne veux pas rester à côté d'A-
dolphe. » (Jaime.)
FIN.
SUPPLÉMENT
Les dix-huit mois consacrés à l'impression de cette édition nouvelle ont
rendu un supplément nécessaire. Celui-ci contient : !<> des mots nouveaux ou
"^mis; 20 des exemples justificatifs qui nous manquaient; 3o des rectifications
d'erreurs.
Les additions et rectifications sont précédées d'une astérisque renvoyant au
mot déjà défini dans le corps du dictionnaire.
La plupart des additions ont été relevées dans YAbattoir de M.Zola (1877)
et dans le Sublime (1872), qui offrent deux spécimens très-vrais du langage
figuré dans le peuple parisien.
ABATTAGE : Sévère répri-
mande. « Le patron est un bon
garçon; il avait raison de lui
f..tre un abattage. » {Le Su-
blime.)
•ABOMINER : Vieux mot em-
ployé déjà par Marot.
•ACHATE : Vieux mot. On
l'écrivait acate; on a même dit
acatesse pour amitié.
AMBULANTE : Raccrocheuse.
— Elle est ambulante par métier.
— « Les ambulantes sont là qui
ne demandent pas mieux. » {Le
Sublime.)
ANDERLIQ.UE : Tonneau de
vidange, V. Bonbonnière.
A\ GLAISE (pisser à V) : S'é-
loigner sous prétexte d'un besoin j
et ne pas revenir. « Elle avait
demandé à son vieux trois sous
pour un petit besoin et le vieux
l'attendait encore. Dans les meil-
leures compagnies, cela s'appelle
pisser à l'anglaise. » (Zola.)
ANGLAISES : Cabinet d'ai-
sances, monté à l'anglaise.
ARCASINEUR : « Ce mot dé-
signe dans l'argot parisien les
mendiants à domicile.» (Figaro,
77.)— Acception nouvelle d'un
mot déjà connu. V. Arcasien.
(Dict.)
•ATTAQUE (d') : « Coupeau
marchait de l'air esbroufteur
d'un citoyen qui est d'attaque. »
(Zola.)
ATTIGNOLES : Tripes à la
mode de Caen. — a Nous nous
empâtons quéqu' fois de sau-
cisses et d'attignoles. » (Riche-
pin.)
"ATTRIMER :«Des habits! Il
les faut attrimer.» (La Comédie
des Proverbes, 17 14.)
BÉG
B
- 368 -
BLA
BACKER : a C'est l'opposé du
bookmaker. Il ne parie que pour
un cheval. » (Parent). Anglica-
nisme.
"BAHUTER : S'est ditautrefois
pour plaisanter , s'amuser. —
c( Philippin, à quel jeu jouons-
nous de bon ou pour bahuter? «
{La Comédie des Proverbes,
1714.)
BALOTS : Lèvres. V. Benoit.
BANC DE TERRE-NEUVE :
Partie des boulevards comprise
entre la Madeleine et la porte
Saint- Denis. — Allusion aux
morues (V. ce mot) qu'on y va
pêcher. On dit, pour abréger, le
banc. — a Quand on s'ennuie,
on dit : Viens-tu au banc faire
un tour?» (Le Sublime.)
BANNIÈRE : Se dit de la che-
mise gardée pour tout vêtement.
« Elle rabattait le pan de devant.
Ça c'est la bannière, dit-elle. »
(Zola.)
BATH (être) : Être arrêté. —
Ironie. V. Pincettes.
' BATTERIE, BATTRE : Du
vieux mot baster : tromper.
* BAVE^^ : « On pouvait baver
sur leur compte, lui savait ce
qu'il savait. » (Zola). — Baver,
toujours pris en mauvaise part,
est plus une acception figurée de
baver qu'une abréviation de ba-
varder, comme je l'ai cru d'a-
bord.
BÉCASSE : Machine à va-
peur.— (c II dit que c'est vexant
de conduire une bécasse. » {Le
Sublime.)
BÉDOUIN : Grec. « Les sept
mille Grecs de France se divisent
en cinq catégories dont les noms
font presque tous allusion à la
Grèce (ou graisse). Voici ces
néologismes de réqui\oque-
losuiffards; 2» graisseurs; 3» bé-
douins; 4» grecs; 5° philoso-
phes. » {Figaro, 76.)
BENOIT : Souteneur. — « Les
Benoits toujours lichen t et
s' graissent les balots. » (Riche-
pin, 77.)
BIBELOTTER: Composer,
machiner. — « Il dessine eu bi-
belotte une invention qui so iivent
réussit. » {Le Sublime.)
*BIFFIN : Il est à noter qu'en
dialecte champenois , biffe veut
dire chiffon.
BISMARQUER : S'approprier
par tous les moyens. — « Le
portugais possède à un haut
degré la faculté si précieuse de
s'approprier des locutions étran-
gères, de croître et de se déve-
lopper comme un organisme
vivant. M. Latouche cite 1j mot
français bismarquer, bien o )nnu,
paraît-il , de ses lecteurs an-
glais. » {Bibliothèque wiiver^elle
et Revue suisse, 1877.)
BLAFARD : Pièce d'argent.
Allusion de blancheur. — ce Un
écu flambant neuf! Un blafard
de cinq balles. » (Richepin, 77.)
BLAGUE: S'il fallait remonter
au delà de 1808, date de notre
plus ancien exemple, nou^ se-
rions presque tenté de voir dans
blague une foime intervertie de
l'ancien catalan bagol qui ;i fait
notre bagou. Le sens est le même
et les cas d'interversion ne sont
pas rares.
BOU — 369 — CAR
minutif de bousin. — « On alla
à la Puce qui renifle, un petit
bousingot où il y avait un bil-
lard. » (Zola.)
•BRANCHE : Peut venir aussi
du vieux mot branché : compa-
gnon associé dans une affaire.
BRIDE, Vieille bride : Objet
de rebut. — Le premier mot est
une abréviation. — « Comment
une bride de son espèce se per-
mettait de mauvaises manières
à l'égard d'un camarade.» (Zola.)
— « Entendez-vous, vieille bride,
de l'eau, c'est bon pour éteindre
le feu. » (Le Sublime.)
3LEU : Stupéfait. Mot à mot :
congestionné de stupéfaction.
« Le lendemain il en était bleu
quand il a vu la figure de sa
femme. » {Le Sublime.)
' BLOUSER : Tromper : Dans
le Nord, on dit bleusse ^o\xv men-
songe.
BŒUF : Roi de jeu de cartes.
Allusion à sa rotondité. V. Bor-
gne.
BOITE : Atelier. V. Confre-
coup.
BONBONNIÈRE : Tonneau de
vidange. Ironie. — « J'étais pour
la réparation des bonbonnières
et des anderliques. » (Le Su-
blime.)
BONDIEUSARDERIE : Cago -
tisme, — « Il faut supprimer
comme entachées de bondieu-
sarderie (c'est leur mot) les rues
de l'Abbaye, de l'Abbé-de-l'Épée,
etc. » {Figaro, 76.)
BON ENDROIT : Derrière.
Ironie. « Elle reçut un maître
coup de soulier, juste au bon
endroit. » (Zola.)
BONDIEUSERIE : Commerce
d'objets de dévotion. Objet de
dévotion.
BOOK : Livre de courses, com-
binaison de paris. (Parent.) An-
glic.
BORGNE : As. — Il est uni-
que. — « Quinze et cinq, trois
borgnes, trois bœufs, tierce ma-
jor dans les vitriers, trois colom-
bes. » {Le Sublime.)
•BOULER: Tromper. — Du
vieux mot boule : Tromperie^
astuce.
BOUSINGOT : Cabaret. Di-
• BRIMER. En dialecte poite-
vin brimer a le sens analogue de
rendre malade.
BUEN RETIRO : Se prend
ironiquement pour Water closet.
— « Une dame sortant d'un buen
retiro à quinze centimes.» (Fz-
garo, 76.) — Hispanisme.
CABOCHARD : Tête. — Aug-
mentatif de Caboche. V. Rien.
' CABOULOT -.Vieux mot qui
a signifié d'abord cabane, puis
ginguette.
CAMARO : Camarade. —
Abréviation. — « Amusez-vous.
Je reste de cœur avec les cama-
ros. » (Zola.)
•CARAPATA : Déformation
du mot court à pattes. — Pour
comprendre son étymologie il
faut se reporter à carapater. Le
carapata court à pattes en effet.
Allusion au va-et-vient qu'il exé-
CHI
— 370 —
COM
cute en appuyant sur sa perche
pour faire avancer son bateau.
De même dans l'artillerie, les
servants achevai appellent co«r^-
à-pattes un servant à pied.
CARAPATER : Courir. Mot à
mot : courir à pattes. — « Dans
mon Paris j'carapate comme un
asticot dans un mort. » (Riche-
pin, 77.)
CARREAUX BROUILLÉS :
Maison de tolérance de dernier
ordre. — Les fenêtres sont dé-
polies par ordre de police. —
« 11 va aux carreaux brouillés.
C'est son pain quotidien. » {Le
Sublime.)
CASSE-GUEULE : eau-de-vie
de première force. — Elle em-
porte la bouche, comme on dit
familièrement. — a Elle regarda
ce que buvaient les hommes, du
casse-gueule qui luisait pareil à
de l'or. » (Zola.)
CASSIN : Petite maison, petite
boutique. — Abréviation de cas-
sine. — « Il est bien avec la
bourgeoise du cassin, il a l'œil
là dedans. » {Le Sublime.)
CAUCHEMARDER (se) : S'in-
quiéter, se tourmenter. — «Hein !
est-elle assez canulante ! Il faut
qu'elle se cauchemarde. » (Zola.)
CHENILLON : Avorton. Di-
minutif de chenille. — « Veux-tu
décaniller de là, bougre de che-
nillon! » (Zola.)
C H EU LARD : Licheur, for-
me intervertie de léchard, li-
chard. — « Ah ! les cheulards!
dit-il... J'ai senti ça. Hein? Qu'est-
ce qu'on mange? » (Zola.)
CHIBIS (faire), Voir M. CM-
bis : s'évader. V. l'Introduction .
CHIEN DE FUSIL (se tenir en) :
Se replier sur soi-même. — « Sur
le tas de paille, Gervaise, toute
habillée, se tenait en chie i de
fusil. » (Zola.)
"CHIQUER (Manger) est un
vieux mot. Mot à mot il signifie
a mettre en morceaux. » Ce sens
est resté dans déchiqueter.
CHOUFLIQUÉ : Mal fait. Mot
à mot : saveté. De l'allemand
schujlick : savetier. — « C'est lous
des bons à rien. Comme c'est
choufliqué, saboté! » {Le Su-
blime.)
COCARDE : Excès de boisson.
Il rougit et bleuit le visage comme
une cocarde. — « On était bien
venu à lui reprocher une cocarde
prise de temps à autre. » (Zola.)
COCARDER : Avoir sa cocarde.
V. ce mot. — a On était gai. Il ne
fallait pas maintenant se cocar-
der. » (Zola.)
COCO (monter le) : Monter la
tête, exciter. — « Ça te chatciiille
les belles frusques. Ça te monte
le coco. » (Zola.)
CŒUR (par) : Pour mémoire;
ironie. — « Dîner par cœur, c est
dîner en esprit, immatérielle-
ment, c'est-à-dire négativement.»
V. ^anse devant le buffet,
COLOMBE : Reine de jeu de
cartes. C'est aussi un mot fami-
lier pour désigner une femme
aimée. V. Borgne.
COMÉDIE (envoyer à h) :
Faire chômer. — Quand on va
au théâtre on ne travaille pas. —
« C'est-y pas vexant d'envoyer
comme ça les ouvriers à la co-
médie! » {Le Sublime.)
cou
-371
DAN
CONTRE-COUP : Contre-
maître. — « C'est vous qu'êtes le
contre-coup de la boîte. » (Le
Sublime.)
•COR BEAU: Se prend aussi
pour prêtre en général. — a Six
francs ! le prix d'une messe à l'au-
tel des pauvres. Certes,il n'aimait
pas les corbeaux. » (Zola.)
COTON (donner du) : Donner
de la peine. — « Ça ne fait rien,
il lui a donné du coton. » (Le
Sublime.)
COULE (mettre à la) : Mettre
au courant. — « Ça commence à
venir. On les a mis à la coule. »
(Le Sublime.)
COULER DOUCE (la) : Vivre
sans souci, couler une douce
existence. — «La vérité est qu'il
la coulait douce. » (Zola.)
COULEUR (être à la): Être
convenable, faire bien les choses.
— « Vous n'êtes pas rat, vous
êtes chouette et à la couleur. (Le
Sublime.)
COUP DE BOUTEILLE
(avoir son) : Être ivre. — « Il
avait son coup de bouteille
comme à l'ordinaire, » (Zola.)
COUP DE MARTEAU : Folie.
On sous-entend : Coup de mar-
teau sur la tête. — « Elle finit
par oser lui parler de son coup
de marteau, surprise de l'enten-
dre raisonner comme au bon
temps. » (Zola.)
COUP DE SIROP (attraper
un) : Se soûler. — « S'il a attrapé
un coup d3 sirop, c'est que le
torchon brûlait. [Le Sublime.)
COURT-A-PATTES : Artil-
leur à pied, H va sans dire que
c'est un terme inventé par l'ar-
tilleur à cheval.
CRANER : Faire le crâne, po-
ser. — « Sans chercher à crâner
il entendait agir en homme pro-
pre. » (Zola.)
CREVAISON : Mort. Anima-
lisme. — « Le long du corridor,
il y avait un silence de crevai-
son. » (Zola.)
Faire sa crevaison : Mourir.
CRIN : Homme irritable ou ir-
rité. Mot à mot : raide et pi-
quant comme le crin. — « Tous
les trois restaient pareils à des
crins, avec de la haine plein les
yeux. » (Zola.)
CUITE (avoir une) : Être ivre.
— Allusion à la quantité d'alcool
qui chauffe l'estomac de l'ivro-
gne. — « La parole d'un homme
ivre est sans valeur. On ne doit
pas être cru quand on a une
cuite. » {Tamtam, 76.)
CUITE (prendre une) : S'eni-
vrer. — « Comme à l'occasion de
la paye, il avait pris une cuite
énorme. » [Petit Parisien, 77.)
CULOTTE (grosse) : Maître
ivrogne, se donnant habituelle-
ment des culottes. V. Sublime,
Culotte.
DANSE DEVANT LE BUF-
FET : Jeûne forcé. Celui qui
danse devant le buffet ne l'ouvre
point. — « Arrivaient avec la
pluie et le froid les danses de-
vant le buffet, les dîners par
cœur, dans la petite Sibérie de
leur cambuse. » (Zola.)
EMM
DÉCARCASSÉ : Sans char
pente, sans solidité, en parlant
d'une pièce dramatique. — « La
pièce de K... est de toutes les
rengaînes du théâtre moderne la
plus usée, la plus décarcassée. »
(Figaro, 76.)
DÉJETÉ : Mal venu. Se prend
au figuré : — « Une vie aussi
décousue, aussi dégommée, aussi
déjetée. » (Ph. Chasles, 76.)
DÉJETÉ (n'être pas) : Avoir
bonne mine. On dit d'une fille
bien faite : « Elle n'est pas dé-
jetée. »
DÉTECTIVE : Agent de la
police de sûreté. Mot à mot, dé-
couvreur. Argot anglais. — « Le
commissaire Breitenfeld qui était
allé avec deux détectives. » {Fi-
garo, 76.)
DEUIL (il y a du) : Ça va
mal. — « S'il y a du deuil, ce ne
sera pas long. » (Le Sublime.)
DODO : « Le dodo avait filé chez
les revendeurs du quartier. »
(Zola.)
DOS : Souteneur. Abréviation
de dos vert. V. Poniffe.
'DROGUE: « Vieille drogue,
tu as changé de litre... Tu sais,
ce n'est pas avec moi qu'il faut
maquiller ton vitriol. » (Zola.)
372-
FRÈ
ÉCHOPPE
bourin.
Atelier. V. Sa-
EMM- DEMENT : « Gervaise
si gonflée d'çmm-dement qu'elle
se serait volontiers allongée sous
les roues d'un omnibus.)) (Zola.)
ENMOUTARDER : Enm-der.
On saisit l'allusion. — «Qu'est-ce
qui nous enmoutarde donc, ce-
lui-là, avec sa cloche ! » {Le Su-
blime.)
ENTORTILLÉ: Maladroit.
— Q_uand on est entortillé, on
n'a pas les mouvements bien li-
bres. — « Je lui garde ua chien
de ma chienne, à votre entortillé
de singe (patron). )i [Le Sublime.)
ENVOYÉ : Bien dit, bien ré-
pliqué. Se dit surtout d'\m pro-
pos contenant une allusion. —
« On applaudit, on cria bravo,
c'était envoyé. » (Zola.)
"ENVOYER A CHAILLOT :
Envoyer paître, repousser. —
Voir Chaillot. (Dict.)— « S'il me
fiche un abattage, je l'envoie à
Chaillot. » (Zola.)
•ÉPONGE : V. Linge.
FAUSSE COUCHE : Cest un
péjoratif d'(2i;orfo«. — « Vos coups
de pointeau sont trop forts. — Et
mon nœud de cravate est-y trop
fort, espèce de fausse couche? »
(Le Sublime.)
•FICHER LA PARESSi: : Ne
rien faire. — « Je fiche la paresse,
je me dorlote. Vous voyez... »
(Zola.)
* FLANCHE UR : Joueur, i Par-
mi ces dix flancheurs, il n'y a pas
un pante. » (Cavaillé.)
FRÈRES DE L'ATTRAPE :
Agents de la sûreté. — « Les
GNI
frères de l'attrape leur mettaient
la serrante sur la porteuse. »
(Cavaillé.)
FUSIL DE TOILE : Sac. —
Jeu de mots. Le sac du men-
diant fait la chasse aux aumônes.
— « Quand on a cinq ou six mio-
ches, il faut aller à la chasse avec
un fusil de toile et du zinc pour
le charger. » {Le Sublime.)
GALETTE (boulotter de la) :
Faire de l'argent. — « Boulottes-
tu toujours de la galette avec le
grand Simon? » (Cavaillé.)
GALFATRE : Goulu. — « Ça
lui crevait le cœur de porter ses
six francs à ce galfâtre qui n'en
avait pas besoin pour se tenir le
gosier frais. » (Zola.)
GALUPE : Prostituée.
Les galup's qu'a des ducatons
Nous rinc'nt la dent.
(Richepin.)
GAZOUILLER : Puer. — De
ga^ pris dans le sens de « puan-
teur. » — « Oh la la! ça gazouille,
dit Clémence en se bouchant le
nez. » (Zola.)
GENDARME : Hareng saur.—
Allusion à son aspect jaunâtre
comme les buffleteries d'un gen-
darme. On a, par contre, appelé
harengs les gendarmes. La jus-
ticede paix de Montbozon (Haute-
Saône) prononçait, en 1876, une
condamnation pour une insulte
de ce genre.
GNIAF : Abréviation altérée
de pignouf : apprenti cordon-
- 373 — INV
nier. V. Pontife.' On aura dît
gnouf, puis gniaf.
GONDOLÉ : Tordu, recro-
quevillé , faussé. Se dit d'un
homme comme d'un chapeau.
— « Quéq' qu' t'as donc fait hier t
t'as l'air tout gondolé, n {Le Su-
blime.)
GRAIN : Émotion produite
par un extra de boisson. — « Un
petit grain de temps en temps,
ça vous remet. » {Le Sublime.)
GRAISSEUR : Grec. — De
graisse (Grèce, monde des Grecs) .
V. Bédouin.
GRELOT : Bon orateur. — Il
va toujours comme le cheval de
poste faisant tinter son grelot.
— « Chaud là ! En triomphe
l'orateur 1 Quel grelot ! » {Le
Sublime.)
•GUEULE (faire sa) : « Dis
donc, Marie bon -bec, ne fais
pas ta gueule. » (Zola.)
GUIBONNE: Jambe. — Dérivé
de Guibon. V. Guibe. — « J' sais
tirer la savate avec mes guibon-
nes. » (Richepin, 77.)
GUICHE : Pieds, jambes.
Quand j' veux tremper mes guiches»
J' m'en vas faire un' pleine eau.
(Richepin.)
H
* HARPE. — « C'est lorsqu'on
est nanti qu'il faut craindre la
harpe. » [La Comédie des Prover-
be>s, 1714.)
INVALIDÉ : Député dont l'é-
lection n'a pas été confirmée.—
LIV
- 374-
MAR
« L'invalidation, je ne connais
que ça ! Invalidons nos con-
frères qui nous gênent. » {Tam-
Tam, 76./
'JEANJEAN : Niais. — « La
blanchisseuse était allée retrou-
ver son ancien époux aussitôt
que ce jeanjean de Coupeau avait
ronflé. » (Zola.)
LAVEMENT : Personnage
canulant. — a Quel lavement
quand il est paf ! murmura Ger-
vaise. » (Zola.)
LAVER la tête avec du plomb :
Châtier en fusillant. — « Ils me
feront quelques mauvais coups
et je leur laverai la tête avec du
plomb. » (Maréchal de Saint-Ar-
naud, i85o.)
"LICHERveut dire non-seule-
ment boire et aimer à boire, mais
aimer toutes sortes de friandises.
LICHEUSE : Femme aimant
à licher. — « M"» Lorilleux la
traita de licheuse. Ça se mettait
quatre morceaux de sucre dans
son café. » (Zola.)
LINGE : Femme galante ayant
une certaine toilette. — « Les
sublimes savants se payent un
linge; les autres se payent un
torchon, une éponge. » (Le Su-
blime.)
LIVRE ; Cent francs. Terme
de grec. — « Ils venaient de
charrier un pante , l'avaient
mis dans le bal et il avait dansé
d'une livre. » (Cavaillé.)
LOU (faire un) : Manquer une
pièce. — Lou est ici pour loup :
sottise. — « Comment , c'est
vous, Auguste, qui faites un lou
aussi grossier! » {Le Sublime.)
LOUTER : Faire un lou.
M
MACADAM : Vin blanc nou-
veau. — Allusion à son aspect
boueux.
MANGER LE BON DIEU :
Communier. — Allusion au
symbole de l'hostie. — c Et c'est
du propre d'aller manger le bon
Dieu en guignant les hommes. »
(Zola.)
MANIQUE : Pratique du mé-
tier. — Terme de compagnon-
nage. — a II parle marique du
matin au soir. » {Le Sublime.)
— La manique fut d'abord une
pièce de cuir destinée à protéger
la main ou le poignet de certains
ouvriers. Ainsi , les cordonniers
en vieux s'appelaient compagnons
de la petite manique.
MARCHAND DE MORT SU-
BITE : Charlatan nonade. —
Mot à mot : marchand de poi-
son. — Ironie. — « Il fait galerie
devant les -marchands de mort
subite. » [Le Sublime.)
MARCHAND DE SOMMEIL :
Logeur à la nuit. — « Il vous
amène son marchand de som-
meil. » {Le Sublime.)
MARGOULIN : Mauvais ou-
vrier. — « Il n'y a que des
margoulins, et puis or ne ga-
gne pas sa vie. » {Le Si b lime.)
MARLOUPIN : Diminutif de
marlou : souteneur. — « Quand
MOU
- 375 -
NEZ
on paye en monnaie de singe,
nous autres marloupins. » (Ri-
chepin, 77.)
•MARMITE: «Jadis on l'avait
vu vivre pendant trente ans de
marmite en marmite. Plus d'un
des jeunes dos et des plus verts
l'imite. (Richepin, 77.)
MASSER : Travailler, mot à
mot : donner des coups de masse,
faire de gros efforts. — « Il y a
trop à masser pour y arriver. »
{Le Sublime.)
MASSEUR: « Un masseur est
un ouvrier laborieux. » (Le Su-
blime.)
MASTIQUER : Manger. —
c Si on ne parlait guère, on mas-
tiquait ferme, » (Zola.)
MÊLÉ-CASS : Mêlé-cassis,
verre de cassis et d'eau-de-vie
mêlés. Abréviation.
J'ai pas d' braise pour m' fendre d'un
litre,
Pas même d'un mêlé cas' à cinq.
(Richepin, 77,)
MÉNAGE A TROIS : Bonne
intelligence du mari, de la femme
et de l'amant. — « Les gens fi-
nissaient par trouver ce ménage
à trois naturel. » (Zola.)
MESSE (être à la) : être en
retard. — « Nous nous sommes
mouillés un peu et nous avons
été à la messe de cinq minutes. »
(Le Sublime.)
MINZINGO : Marchand de vin.
— Diminutif de Manne^ingue.
— « J'ai fini mon après-midi
dans la cour du minzingo. » (Le
Sublime.)
MOUILLARD : Ivrogne. Mot à
mot ; Homme qui sç mouille
souvent. V. Mouiller. « Dépê-
chez-vous ! nous allons dégrin-
goler un mouillard, ce qui vou-
lait dire, nous allons dévaliser
un ivrogne. » {Figaro, 76.)
MOUILLER (se) : S'enivrer.
Même image que dans s'humec-
ter. Comparaison de l'ivrogne
à une éponge. V. Messe (être
à la).
MOULE A PASTILLES :
Grêlé. — Allusion aux plaques
de métal pleines de cavités ron-
des où se moulaient jadis les
pastilles. — « Ce qui Ta surpris,
c'est de voir le moule à pastilles
commander des dix litres. » {Le
Sublime.)
MOUTARDIER : Derrière. —
L'allusion se devine. — « Et en
face ! je n'ai pas besoin de reni-
fler ton moutardier. » (Zola.)
MUSELÉ: Imbécile, incapable.
— Celui qui est muselé ne mord
pas, et ne pas mordre veut dire
être sans talent. — « Va donc,
rapointi de ferraille, triple mu-
selé. » {Le Sublime.)
N
•NÉGRESSE: « Le tas de né-
gresses mortes grandissait. Un
cimetière de bouteilles. » (Zola.)
NEZ : Mine désappointée.
Abréviation de nef long. —
« Plus de parts de gâteaux ! Il
fallait voir le nez des Boches. »
(Zola.)
NEZ DANS LE BLEU (mettre
son): S'enivrer. — « Pour noyer
son chagrin il a été obligé de
mettre son nez dans le bleu. »
(Le Sublime,)
POS
- 376 —
SAC
'NICHON. « Nana ne fourrait
plus de boules de papier dans son
corsage. Des nichons lui étaient
venus. » cZola.) Exemple recti-
fié.
•OGNONS (aux petits). «Elle
la graffigne, oh mais là! aux pe-
tits ognons ! » (Zola.)
PAPIER A DOULEUR : Billet
protesté. — a Tous savent ses
affaires : le billet en retour, le
papier à douleur. »(Le Sublime.)
PERRUCIUE (faire en) : Faire
en fraude. — « Le patron croit
qu'il ne paye pas nos outils, mais
les trois quarts sont faits en per-
ruque. » {Le Sublime.)
PHILOSOPHE : Grec. — Le
philosophe diffère du grec en ce
qu'il opère seul. De là son nom.
La solitude marche avec la phi-
losophie.
PINCETTES (se tirer les) :
S'enfuir. Comparaison des fam-
bes à une paire de pincettes. —
« S'ils ne s'étaient pas tiré les
pincettes de dessous le ventre,
ils étaient bath (bien, c'est-à-
dire arrêtés.) » (Cavaillé.)
PORTEUSE : Main. V. Frère
de l'attrape.
POSTILLON D'EAU CHAU-
DE : Mécanicien de locomotive.
C'est la vapeur d'eau qui la fait
marcher. — a Va donc, postillon
d'eau chaude. » {Le Sublime.)
QUAND EST-CE : Bienvenue,
consommation offerte par un
ouvrier nouvellement embauché
à ses camarades. — Abréviation
de la phrase consacrée : Quand
est-ce que tu payes ta bienvenue?
— Cl Pas plan ! je suis du quand
est-ce de la Truffe qui a été
embauché hier. » (Le Sublime.)
R
RADICAILLE : Opinion radi-
cale, parti radical. — « On ne
saurait souffrir le contact des
gens entachés de radicaille. »
{Tintamarre, 77.)
RAPOINTI DE FERRAILLE:
Broche faite avec le déchet de
fer, et au figuré : rebut, homme
sans valeur. V. Muselé.
ROND (faire) : Ne faire rien de
vigoureux, qui ait une ferme
caractérisée. Terme d'atelier pris
au figuré. — « Le flou, la dou-
ceur abondent. L'artiste fait un
peu rond, comme on dit il ans
les ateliers. » (Ph. Chasles).
SABOTE: Mal ajusté. V. Chou-
fliqué.
SABOURIN : Maladroit.—
« Il n'y a que des sabouiins
dans son échoppe, n {Le Su-
blime.)
SACQUER : Renvoyer, mot à
mot : donner son sac à quel-
qu'un,—* T'es toujours noceur.
SUI
tu te seras fait sacquer.
Sublime.)
SALADIER : Vin sucre'. —
Récipient pris pour le contenu.
— «Il ne sortait pas du saladier,
ça vous retapait un homme. »
{Le Sublime.)
SCHLOFFER : Dormir. — De
l'allemand schloffen : dormir. —
« J'ai filé, je suis allé schloffer un
brin. » (Zola.)
SÉNAT : « Depuis longtemps,
les travailleurs appellent sénats
les boutiques des marchands de
vins où ils se réunissent par
spécialités. » [Le Sublime, 72.)
SERRANTE: Menotte.— Elle
serre le poignet. V. Frère de
l'attrape.
SOUPAPES (faire cracher
ses) : S'enivrer. — Terme de
mécanicien. C'est par les sou-
papes que s'échappe le trop-
plein de vapeur. — « Si ses
soupapes ont craché le dimanche,
le lundi il a mal aux cheveux. »
{Le Sublime.)
SUBLIMES: « On ne dit plus,
en parlant d'un travailleur pa-
resseux, violent et ivrogne : c'est
un mauvais ouvrier, on dit: c'est
un sublime. » (Le Sublime, 72.)
Acception ironique de la chan-
son populaire de Tisserand.
Le gai travail est la sainte prière
Qui plaît à Dieu, ce sublime ouvrier.
— « Deux vrais sublimes, an-
ciennes grosses culottes, fatigués
du comptoir, se mirent en quête
de travaux. » {Le Sublime.) —
SUIFFARD : Grec. V. Bé-
douin.
- 077 -
{Le
VIT
TALENT DE SOCIÉTÉ : Raf-
finement secret. — « Si les char-
mes ne peuvent plus se vendre
assez cher, elles emploient leurs
talents de société. » ( le Su-
blime.)
TE DEUM RABOTEUX (faire
chanter un) : Battre. — Allusion
aux cris de la victime. — « Il lui
a fait chanter un Te Deum rabo-
teux que c'était ça. » {Le Su-
blime.)
TORCHON ; Prostituée. ~
« Il s'est payé un torchon, on
lui refuse l'entrée. » { Le Su~
blime.)
TORTILLADE : nourriture.
TOUR DE CRAVATE (don-
ner un) : Étrangler. « Elle me
disait de lui donner un tour de
cravate. » {Petit Journal, sept.
1877.)
* TOURNEVIS : Allusion au
chapeau à cornes porté par l'an-
cienne infanterie. Le sobriquet
est resté aux gendarmes en cer-
tains pays. Le chapeau à cornes
ressemble, en effet, à la partie
de bois qui sert à faire tourner
une vis.
VITRIER : Carte de carreau.
— Jeu de mots. V. Borgne.
IMPRIMERIE D. BARDIN, A SAINT-GERMAIN.
SUPPLEMENT
DU DICTIONNAIRE HISTORIQUE
D'ARGOT
VIENT DE PARAITRE:
Dictionnaire des Noms, par Lorédan Larchey.
Ce dictionnaire contient la recherche étymologique de vingt
mille deux cents noms de personnes relevés sur les principaux
annuaires. Ce n'est pas une œuvre d'imagination, c'est un calcul
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Imprimerie D. Baidiii, à SaiuUGcrmain.
LOREDAN LARCHEY
SUPPLEMENT
AUX 7» ET 8« ÉDITIONS
DU DICTIONNAIRE HISTORIQUE
D'ARGOT
contenant 2784 mentions nouvelles
(additions, Éclaircissements et rectifications)
PARIS
E. DENTU, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES
PALAIS-ROYAL, l5-I7-ig, GALERIE d'oRLÉANS
1880
Tout droits réservéi
AVIS NÉCESSAIRE
Découvertes et regain de la dernière heure. — Influence des dialectes provin-
ciaux sur l'argot parisien — Un nouveau contingent de vétérans. — De
quoi se compose notre supplément. — De la quantité, de la qualité et de la
sincérité en matière lexicographique. — Documents justificatifs.
A peine cette annexe est-elle terminée qu'il me faudrait
donner le supplément du supplément. Chaque jour amène un
mot ou une expression de plus. Condamné à n'être jamais
complet, me voici donc offrant aux derniers venus, faute de
mieux, l'hospitalité de cette première page. Au moins la
France apprendra dès maintenant que nos anglomanes
courent des drag^ pratiquent le yachting et deviennent des
yachtsmen accomplis (i), que nos malfaiteurs disent bourri-
ques au lieu de roussins{i)^ et qu'ils préfèrent la Nouvelle (3)
1. Drag, course où tous les cavaliers suivent un chef de file, qui attache
n'importe quoi à la queue de son cheval. En Angleterre, on ne dédaigne pas
d'y mettre un hareng, mais le hareng se prêterait mal à la curée chaude de
cet exemple. « Fontainebleau, 27 juillet 1879. Les officiers du ne hussards
ont couru un drag avec l'équipagede M. Servant... La curée chaude a eu lieu
dans la vallée de la Solle. » (Figaro, août 79.)
Yacl.ting: « La pêche ou plutôt le yachting, ce sport nautique embrassant
tous les plaisirs qu'on peut se donner sur l'eau. » (Figaro, i*' oct. 1879.)
Yachtsman : « Les yachtsmen bordelais se préparent déjà pour les grandes
régates de Nice » (Idem.)
2. Bourrique : agent de la sûreté. — « Il se perdit dans le passage Vero-
Dodat en criant aux autres : voilà les bourriques ! » (Petit Journal, 6 avril
1879.)
3. Nouvelle : Nouvelle-Calédonie. — « Comme je suis en récidive, à bientôt
le voyage pour la Nouvelle, j'aime autant cela, n (Idem.)
VI Avis nécessaire
au régime des prisons centrales. Après avoir accueilli le sub-
stantif lâcheur, il est urgent de savoir que notre langue poli-
tique ne dédaigne point le verbe entreprendre (4) et qu'elle
adopte l'adjectif Jéromiste (5). Auprès des Cigaliers qui célè-
brent à Paris la Provence, il convient d'annoncer les Sarta-
niers, leurs frères du Vaucluse (5 bis). Et quand nos poètes
aimés ne dédaignent pas d'immortaliser en passant le nom
d'une mode (5 fer), comment résister à la tentation de leur
dérober deux vers?
Puis, c'est le théâtre qui donne au verbe être à xxn. sens
nouveau qu'il importe de préciser pour la sécurité de ses fu-
turs commentateurs. Ainsi dans le Voyage en Suisse, qui a
fait la fortune des Variétés pendant l'automne de i5^79, un
voyageur de chemin de fer s'écrie : « Je vais voir si ce mé-
canicien est à la cascade. » Gardez-vous de penser aux né-
cessités hydrauliques de la machine, et traduisez : « Je vais
voir si ce mécanicien entend la plaisanterie, veut m'aider à
faire une charge. »
N'oublions pas notre armée, qui n'a garde de rester en ar-
rière; elle a voulu avoir ses carapatins comme la marine a
ses carapatas; elle appelle gladiateurs ses souliers et vingt-
huit jours ses réservistes (5 quater).
4. Entreprendre : commencer une suite d'attaques. « Il avait, dans f on der-
nier numéro, entrepris M. Boucher. » {La Paix. oct. 1879.)
5. Jéromiste : partisan du prince Napoléon, fils du roi Jérôme. « La feuille
Jéromiste voit la décomposition faire des progrès dans le parti monarciique. »
(Paix, leroct. 1879.)
5 *"• Sartane : Société des Sartaniers. En provençal, sartan signifie:
poêle à frire. — Sartanier : membre de la société de la Sartane. — « Les ci-
galiers auxquels s'étaient joints les sartaniers ou Vauclusiens présent> à Pa-
ris... La Sartane a pour président M. Escoffier, du Petit Journal. » {LaTrancCy
oct. 1879.)
5 ^^''' L'homme actuel, sublime à la fois et mesquin,
Est vêtu d'un complet comme un Américain.
De Banville (La Vie Moderne, 1879).
On sait que le complet est un habillement taillé dans le même drap (jaquett«,
gilet et pantalou).
5 quater. Carapatin, fantassin \ dérivé de court- à-pattes. Voir Cai apata.
AVIS NÉCESSAIRE. VII
Combien de synonymes n'a-t-on pas trouvés pour gazer
l'image répugnante évoquée par le verbe vomir. Le plus dis-
cret nous manquait jusqu'ici. Hâtons-nous de réparer cette
lacune par une ligne des souvenirs anecdotiques, que M . Saint-
François publie sous le titre : Vieux péchés. « Sur six convives,
il y en eut quatre qui restituèrent., » dit-il, en rappelant un
dîner macabre, fait chez un conservateur de cimetière qui
brûlait de vieilles croix pour rôtir le gigot.
Le Figaro du i6 octobre 1879 me fournit encore deux
exemples précieux; l'un pour : tomber dans la limonade, être
en déconfiture. (« Ils vous mangeront comme vous les avez
mangés; vous serez dans la limonade ))); l'autre pour la for-
mule dénégative Des plis! donnée dans ce supplément sur la
foi de M. Lucien Rigaud. (« Aujourd'hui on nous dit : Faut
les délivrer. Des plis alors ; vous ne comprenez pas ? des
nèfles! !...»)
Ce qu'il n'importe pas moins de saisir au passage, c'est
l'acception nouvelle de mots déjà connus. Exemples :
Dans l'origine, /7ir?er, c'était toujours ce que nous avons
toujours appelé coqueter^ c'est à-dire s'aimer sans conclure;
(de l'anglais : flirtation., coquetterie). Aujourd'hui flirteuse
devient synonyme de lorette, ce qui est tout l'opposé. On le
voit par ce troisième exemple tiré dxiFigaro (20 octobre 1876):
« De ces eaux-fortes, l'une est ravissante, elle représente trois
flirteuses aux Folies-Bergère et un vieux monsieur. »
D'autre part, siffler au disque n'est plus attendre de l'ar-
gent., c'est attendre n'importe quoi, même une bonne for-
tune. « Rien à faire de cette femme-là !... J'ai sifflé au disque
assez longtemps... Pas mèche! la voie est barrée, » dit un
prince facétieux dans les Rois en exil d'Alphonse Daudet.
~ « Ils reprennent le chœur en cadence et répètent avec les vieux carapatins. »
(R. Maizeroy. La Vie Moderne, oct. 1879.)
Vingt-huit jours : réserviste, — Allusion au temps exigé pour leur ser-
vice. « Les vingt-huit jours croient déjà humer les émanations de la sou-
pière. » {Idem.)
Gladiateurs : iouVxcrs. » Lè\e donc tes gladiateurs pour ne pas faire de
poussière. » {Idem.) Allusion ironique au cheval de course Gladiatçur.
VIIÏ AVIS NECESSAIRE.
Un peu plus loin, nous trouvons dans gaga un nouveau
synonyme de gâteux. C'est un redoublement de première syl-
labe bon à retenir pour les arriérés, qui ne connaissent sous
ce nom que les habitants de Saint-Étienne. (Voyez Gagat^
page i86 du Dictionnaire.) Que deviendraient-ils en lisant ce
passage : « Il vaut mieux qu'elle meure au combat que de
finir dans un fauteuil de gaga. »
A la page 286 du même roman, nous rencontrons pavé^
avec le sens que voici : « Les fâcheux et les créanciers, ce
qu'en argot parisien on appelle les pavés^ c'est-à-dire des per-
sonnes ou des choses qui gênent la circulation. » Vers 1840,
les débiteurs forcés d'éviter une rue, disaient : « On pave,
c'est-à-dire :Iljy a des créanciers ici, il n'y faut point pas-
ser. » C'était une double allusion aux embarras de la circula-
tion et aux prétextes allégués pour éviter toute fâcheuse
rencontre.
On possédait déjà cinq sens néologiques pour clou (mont-
de-piété, prison, baïonnette, mauvais ouvrier, outil de gra-
veur). Le critique musical àeV Événement (3i octobre 1879)
en donne un sixième dans ce compte rendu d'opérette : u C'est
le clou de la partition, comme on dit aujourd'hui. C'en est
le bijou, aurait-on écrit autrefois. » — Clou désigne ici une
partie remarquable, digne de fixer l'attention. Fixer aura
paru faible, car en France on roule toujours sur la pente des
superlatifs, et on aura dit clouer, ce qui est fixer forcement
et pour longtemps. .M
Mais ce qui me tient le plus au cœur, c'est Terreur à re-
connaître et à réparer. Ainsi, je ne me pardonnerais point,
si j'oubliais de dire que la lettre de forçats, citée dans notre
dernière Introduction (page n), a paru pour la première fois
dans V Intérieur des Bagnes, par Sers (Paris, Dépée, 1845;
in-8, p. 35); la date en est donc bien plus ancienne que le
manuscrit de M. Rabasse ne me l'avait fait penser. ^
Autre remords de conscience. Manger sur l'orgue (dénon-
cer), que j'ai traduit mot à mot (p. 78) par manger sur lui,
doit être traduit mander sur l'homme, puisque nous consta-
AVIS NÉCESSAIRE. ÏX
tons plus loin (p. 92) que orgue voulait dire homme. Rectifi-
cation d'autant plus importante que le mot similaire musique
(réunion de dénonciateurs dans une prison) m'avait jusqu'ici
fait prendre orgue au pied de la lettre. C'est surtout en fait
d'étymologies,que le vraisemblable n'est pas toujours le vrai.
Pour les exemples justificatifs, j'ai le regret de ne pas tou-
jours mettre la main sur les plus anciens qui sont les plus
précieux. Ainsi ai-je lu trop tard les Mémoires de Boucher
de Perthes {Sous dix rois), où crucifié se trouve daté de 18 14.
« La foule des titrés ne peut être comparée à celle des cruci-
fiés, écrivait-il le 19 juillet; quel déluge de croix et de ru-
bans! »
Nous ne sommes pas encore au bout. C'est dans la restitu-
tion des mots appartenant à notre ancienne langue que nos
découvertes de la dernière heure sont les plus nombreuses.
On connaît notre opinion sur la matière. Le temps n'est plus
où les chercheurs faisaient sérieusement venir argot du grec
argos et gnia/ du grec gnaphô (6). On a reconnu, et, parmi les
premiers, nous avons affirmé qu'il n'était pas besoin d'aller
chercher des origines si loin. La part faite aux vieux mots de
langue d'oc et de langue d'oil va s'élargissant dans chaque
édition. On verra qu'il en est de même dans ce supplément,
en dehors duquel il y a beaucoup à trouver encore, puisqu'il
me faut ajouter ceci à la dernière heure.
En commençant par les dialectes et patois, qui sont des
monuments de la langue nationale, nous retrouvons louffe
(vesse) dans le breton louf et dans le provençal loufia; —
hosto et lousteau (prison) dans le flamand ostiau; scionner
(frapper) dans le normand ; harpe (grille de fer) dans le cham-
(6) Je n'invente rien, comme on peut le voir par cet extrait des Français peints
par eux-mêmes : « Le mot gniaffe^ comme tout ce qui est greffé sur l'argot,
nous a semblé plus populaire et plus expressif. L'étymologie d'ailleurs en est
brillante : ainsi que la plus grande partie du jargon des voleurs^ ce terme est
d'origine hellénique et vient du mot grec pacpeû;, cardeur ou peigneur, et dé-
risoirement racleur ou gniafîe, formé de ytit^tà^ racler, c'est-à-dire racler ou
ratisser de vieux cuir. » (P. Borel.)
X AVIS NÉCESSAIRE.
penois \ faire des emballes (faire de l'étalage) dans le manceau;
emballe (orgueilleux), balot (lèvre épaisse), et graffignoux
(écrivain, huissier) dans le poitevin. Le Midi est un terrain
particulièrement fertile. On y rencontre bobine (figure) dans
bobin : moue, grimace; — conni (mort) dans caunit : tré-
passé; — harpion : griffe ; — pâlot : rustre ; -— pichenet (petit
vin) dans pichoun : petit (de même pour piccolo) ; — rapiat
dans rapateou : qui enlève tout ; — tourtousine (corde) dans
tourtouras : tordu. — Sabernau (savetier ambulant) est aussi
connu depuis longtemps en Provence. Du reste, sabrenander
se trouve déjà dans le Dictionnaire de Trévoux de 171 8 ivec
le sens de travailler grossièrement. N'oublions pas que balu-
chon vient de la partie du Berri qui confine à la Creuse.
Enfin l'expression ah malheur! qui a passé jusqu'ici pour
éminemment parisienne, est d'origine campagnarde, (.'est
une exclamation d'étonnement sans idée d'exciter la compas-
sion, écrit le comte Jaubert dans son Glossaire du Centre.
— On dit : « Ah ! malhureux ! que de bestiaux dans ce prc ! »
Nous avons entendu un Berrichon, venu pour la première
fois à Paris, s'écrier à chaque objet qui excitait son admira-
tion : « Ah! malhureux {j}! c' est-il beau t »
Si nous nous reportons maintenant aux répertoires de notre
ancienne langue, nous pouvons encore rallier un assez grand
nombre de vétérans.
Le lecteur pourra les joindre à ceux qu'énumère la page 3
de notre Introduction.
Ainsi bille (argent monnayé), que je croyais abrégé de
billon^ semble plutôt une forme du vieux mot pille^ qui a le
même sens; — les illusions vaniteuses caractérisées par se ^^0-
ber^ gobeur, se retrouvent dans gobe : vain, plein de gloire
et d'ostentation; — goret (compagnon cordonnier) est admis
par le dictionnaire de Ménage; — de la pelure moderne au
7. C'est-à-dire : « Combien je m'estime malheureux (pauvre) devant 1 ne
telle magnificence! » L'admiration se manifeste ici dans un humble retour >ur
soi-même.
AVIS NECESSAIRE. XI
vieux mot pelé (habit fourré), il n'y a pas bien loin. — Au
XVI® siècle, dans les Nuits de Straparole^ il est question d'un
personnage qui, à coups d'un gros bâton « peigne son homme
de toutes façons. » C'est bien la même image que nous avons
conservée dans peignée. — D'un autre côté, peloter^ qui se
dit aussi pour battre, me paraît maintenant bien proche de
pelauder : rosser, étriller. Rognioner (grogner) est un vieux
mot donné tel, comme les précédents, par le dictionnaire
de la langue romane de Roquefort. De même pour paumoier
(saisir) et paumer (tomber en défaillance), d'où viennent j?aM-
mer (prendre) et paumer ; perdre (7 bis). Je ne retrouve pas
d'exemple aussi ancien de stuc (part de vol), mais un arrêt
rendu par le Parlement de Paris contre un receleur, n'a pas
dédaigné d'en conserver trace; il est du 22 juillet 1722. (Pa-
ris, Delatour et Simon, 1722, in-40.) ilvoîV son arnaud^ (être
de mauvaise humeur), est une déformation du vieux mot re-
nos (fâcheux, grondeur), et lorsque j'ai fait observer qu'au
lieu du renarder moderne, on disait autrefois renauder^ j'au-
rais dû ajouter que renaud se disait autrefois pour renard^ ce
qui rétablit une similitude parfaite entre les deux expres-
sions...
Rabelais a usé d'un verbe qui est bien l'équivalent de nos
morfier et morfiler (avaler), quand il dit : « Là, là! c'est
morfiaillé cela. O lacryma Christi !... c'est vin pineau. »
Enfin, j'ai été assez heureux pour trouver un texte décisif
sur une question bien controversée dans le monde de la phi-
lologie argotique.
Dans cet autre passage : « Verse tout, verse de par le diable !
verse deçà tout plein, la langue me pelle : Lans stringue! »,
Rabelais confirme mes premières conjectures (8) sur l'origine
germanique de notre mannstringue (marchand de vin). —
7 Ws. Ce double sens à^ paumer, en apparence si contradictoire, s'expli»
que mieux si on considère le premier paumer comme une forme de notre
verbe empaumer, tandis que le second vient de pausmer qui voulait, dire au-
trefois : se pâmer, défaillir.
8. « Mannezingue : mot à mot homme {mann] vendant à boire (^u trinken).
On a dit d'abord mannstringue. « — Excentricités du langage. 5« édition.
XII AVIS NÉCESSAIRE.
Dès 1725, l'ancien commentateur de Rabelais, Le Duchat. dit
en effet que lans stringue est l'abréviation d'une formule
populaire employée par les soldats qui demandaient à boire :
landsmann^ sfu trinken (paysan, donne à boire !). Notre armée
aura nationalisé à Paris ce man ^u trinken^ qui sera devenu le
père du moderne mannstrinque. aujourd'hui mannepng. Le
lands est resté en route, selon notre coutume abréviati ice.
Cela ne veut pas dire que je sois toujours heureux dans mes
conjectures. En matière étymologique, le temps et la réflexion
font tout; on n'improvise ni les rectifications, ni les décou-
vertes. Et si j'arrive à ne voir dans salé (paemyent de typoi^ra-
phes) qu'un simple jeu de mots sur salaire ; si le vieux mot
persepoux (tailleur couturier) me prouve que, de tout temps,
les néologistes facétieux ont tenu à caractériser le va-et-\ient
d'aiguille que je crois avoir deviné dans piqueprune, d'autre
part, je reconnais m'être trompé dans mes conjectures sur
gaffe: bouche (9), qui est une formule populaire délave, comme
le verbe populaire se gaffer est une forme de se gaver. Et ce
gave^ je le retrouve dans gavion^ gaviot (gosier), qui sont
évidemment ses dérivés. Heureusement que Don Carlos est
là pour me consoler. Selon le glossaire argotique d'Halbert,
on appelle Don Carlos l'homme qui paye les filles. J'allais me
perdre en Espagne, quand j'ai pensé à carie (écu), et j'ai
compris le jeu de mots. C'était bien simple sans doute, mais
le plus simple n'est pas toujours le plus aisé à reconnaîtra du
premier coup.
Notre supplément est de 2784 mots (avant-propos compris).
Ce chiffre est considérable, mais il est loin de représenter en
réalité un contingent entièrement neuf; on y trouvera beau-
coup d^expressions négligées jusqu'ici à dessein, parce qu'elles
9. Il est bonde préciser, car aux cinq ou six sens connus de gaffe, le F garo
du 25 septembre 1879 vient d'ajouter celui-ci : « La gaffe est synonyme i im-
pair; faire une gaffe ou faire un impair signifie pour tout Paris^ dire la clioos
précise qu'il ne faut pas dire. •
AVIS NÉCESSAIRE. XIII
ne pouvaient se justifier par des exemples. Pour ne m'en point
passer plus longtemps, j'ai pris le parti de les placer sous la
garantie des auteurs qui les ont publiées.
Les 2784 mots se décomposent ainsi : i» Mots nouveaux,
additions et rectifications, 926. — Mots placés sous la garantie
de M. Fr. Michel, E. Colombey, Al. Pierre (10), Halbert, Vi-
docq, Delvau, etc., 990. — 3° Mots placés sous la garantie de
M. Lucien Rigaud, 868(11). —Cette méthode nous a paru
bonne en ce qu'elle offre une date de constatation, sans enle-
ver à chaque auteur le mérite et la responsabilité de ses pe-
tites découvertes.
Tout dictionnaire redonnant d'ordinaire comme siens les
mots déjà donnés par les dictionnaires précédents, attribuer à
chacun la part qui lui revenait en propre, n'a pas été une
tâche sans longueurs ni sans difficultés. J'ai, de plus, constaté
les variations et l'origine de chaque mot lorsque cela m'a été
possible.
En livrant au lecteur tout le détail de ce triage, j'obéis au
scrupule de conscience qui doit, selon moi, servir de règle
pour la préparation d'un glossaire; il ne suffit pas d'annoncer
des inconnus, il faut les légitimer en quelque sorte, c'est-à-
dire prouver leur existence autrement que par une simple
affirmation. Précaution essentielle sur le terrain de l'argot où
le contrôle est difficile, où rien ne paraît assez bizarre, ni assez
étrange, à des lecteurs souvent trop crédules. L'auteur en
vient alors à placer en première ligne la question de chif-
fres, et c'est à qui donnera beaucoup (12), le répertoire conte-
10. Argot et Jargon^ par Alexandre Pierre, directeur de l'administration
des recherches et renseignements. Seule édition de l'argot des filous qui
n'est intelligible qu'entre eux. — Imp. Bonaventure et Ducessois, i85o à iSoo.-'
Placard in-folio.
11. Lucien Rigaud. Dictionnaire du jargon Parisien, Paris, OUendorff,
1878, in-i2, de 347 pages à 2 col., 5 francs. Ce livre très substantiel, dont
le titre et le plan serrent d'aussi près que possible notre 6« édition [Dic-
tionnaire de l'Argot parisien), contient bon nombre de mots qu'on cherche-
rait vainement ailleurs.
12. C'est cette misérable question d'effectif qui a faitdonner comme argotiques
par d'autres livres, les mets suivants que je livre à l'étonnement du lecteur:
XIV AVIS NÉCESSAIRE.
nant le plus de mots étant tenu pour le meilleur. On n a pas
le temps d apprécier si la masse est de bon aloi; on la salue
au passage et tout est dit, car le dieu du jour est la quantité.
Le sacrifice que je lui offre à regret exigeait du moins ces ré-
serves.
Plus que jamais aussi, je maintiens que toute la force de
mon entreprise réside dans le choix et la multiplicité des
exemples. Un avis placé en tête du texte dit pourquoi j ai dû
m'en priver trop souvent. Mais ceux que j'ai pu réunir ici ne
m'en sont que plus précieux. Un traité fort intéressant de
Justin Améro (i3) m'a permis de bien caractériser les inpor-
tations de l'anglomanie; le 5w!>/zme de M. Denis Poulet m'a
servi beaucoup pour ce qui regarde la classe ouvrière; M. Ri-
chepin, le poète des Gueux^ m'a donné quelques bonne > rec-
tifications; les glossaires d'argot militaire, typographique et
théâtral de MM. Désiré Lacroix, Boutmy et Bouchard m'ont
été utiles. Enfin les romans de l'école naturaliste, qui recon-
naît pour chef M. Zola, m'ont apporté des exemples que je
désespérais d'avoir, car les études de mœurs n'ont jamais
assez de hardiesses pour les chercheurs qui poursuive nt la
constatation de certains mots. L'essentiel est que ces hardies-
ses soient reproduites sincèrement, sans atténuation comme
sans amplification.
Terminons par un document de date relativement récente.
• Mandrin, mangeaille, manger sur le pouce, manigance, manivelle, maquere*
lage, maquereile, maquignonnage, maquignonnes, marmaille, margouilli^, mat-
miteux, marmonner, marmot, marmotte, matois, mauvais coucheur, mazette,
meublant, mijoter, minois, minable, mitonner, mitron, monter sur ses ergots,
monter sur ses grands chevaux, gouge, gouine, gourd, gourgandine, j.aiidin,
gourme (jeter sa), gousset (sentir du), graisser ia patte, greluchon, grèvj. gri-
bouiller, grigou, gringalet, avoir en grippe, grivois, grogner, grugeur, gruger,
gueuserie, guigner, guignon, guindé. » — Je n'ai pris que dans deux lettf.s. On
peut par là juger du reste. Ce qui n'empêchait pas le lexicographe susdt d'af-
fiiander le lecteur par cette pompeuse annonce : « J'ai cueilli sur leur tige et
ramassé sur leur fumier natal tous les mots de mon dictionnaire. •
i3. L'anglomanie dans le français et les barbarismes anglais usités en
France j par Justin Améro. Paris, Dramard-Baudry, 187S, in-12.
AVIS NECESSAIRE. XV
J'ai déjà montré que, dans le langage comme dans la corres-
pondance des malfaiteurs, l'argot ne comptait jamais que pour
une faible partie du texte. Plusieurs lettres ont été citées
comme preuves à l'appui; en voici une autre non moins iné-
dite et non moins curieuse. Le lecteur est prié de remarquer
qu'elle est généralement orthographiée. Je regrette de ne pou-
voir reproduire l'en-tête illustré et peint qui représente un
groupe de chérubins entourant une croix. Au-dessous de cette
pieuse composition, on lit :
Paris, ce 3o mai 1876.
Ma chère petite femme,
Un des grands bonheurs, c'est d'écrire une lettre d'amitié à une petite femme
que l'on aime.
Je te recommande une chose, c'est: qu'aussitôt ta mise en liberté, de venir me
voir et ensuite d'aller chez ma mère. Tout ce que j'ai à te recommander, c'csj
qu'une fois sortie de ne pas taire de bêtises, et de te rendre au gré (repondre
aux demandes) de M. P.'.., car il y a peu de juges d'instruction qui ont une
pareille bienveillance, envers les détenus, ce serait donc lui faire arriver des
désagréments si tu ne te rendais à lui selon sa volonté.
Ma chère petite femme, j'ai appris que les idées à Marie Loudevig, étaient
changées à l'égard de Jean Keipp, mais si Marie l'a gamelé, je te dirai aussi
qu'il nous a attachés un bidon le jour que je t'ai vue à l'instruction, pour al-
ler avec Henri Chevet, il nous a quittés réellement comme un petit mufi'e et
même sans nous prévenir, je te prierai de croire qu'il ne boira plus à notre
table à l'avenir, ou bien si il y boit ce sera vraiment dans la grande tasse, car
Ursin et Billon, ne sont pas trop contents après lui.
Mon cher petit bébé chéri, une chose essentielle que j'allais oublier c'est : que
quand tu viendras me voir, je te prierai de m'envoycr mon foulard, mes chaus-
settes ainsi que de l'encre bleue, de l'encre rouge, des crayons de toutes sortes
de couleurs sans oublier du papier à lettres.
Tant qu'à ce qui concerne la famille, tu pourras aller voir les parents et sans
lucune crainte, car au contraire cela leur fera un sensible plaisir, voici leurs
idresscs: La mère, rue N , no 27 (en face la rue H....), aux 2 Mou-
lins, ce n'est aucunement de ma faute si je ne t'en mets pas plus long, car je
pars pour l'instruction.
Je crois que tu ne pourras pas faire de jardin sur cette petite lettre, car il n'y
a pas de mauvais bonniments, si il n'y en a pas long c'est assez joli; car Billon
a embelli ma lettre en y faisant les anges et les dessins qui sont en tête.
Je termine en t'embrassant 46 minutes sans baver. Ton homme qui n'aime
que toi pour la vie !
C. E.
U... vous souhaite le bonjour ù toi et à Marie.
Mazas, 6« Don 86.
XVI AVIS NÉCESSAIRE.
Mais nous ne saurions laisser le lecteur en une telle compa-
gnie. Ajoutons, pour terminer, que si nous puisions plus lar-
gement aux sources manuscrites, on verrait combien l'argot
fait de chemin, non plus dans les dernières couches sociales,
mais dans la classe la plus intelligente et la plus rele\ ée. J'en
peux donner une preuve curieuse entre toutes, recueillie dans
la collection d'autographes de M. Eugène Minoret, qui pos-
sède une partie de la correspondance intime de George
Sand. Vers la fin de sa vie, à propos de théâtre, elle écrit à
un vieil ami de la famille qui l'accompagnait dans ses voyages
à Paris ou à Palaiseau :
«... Tu es MCI rude gobeur comme moi ; tu écoutes et tu ne critiqut s pas pen-
dant la pièce... » (28 novembre i865.)
«... Je n'ai pas eu un cil mouillé, et tu sais si je sais gobeuse. » (19 mars
1866.)
Le verbe piocher revient souvent sous la plume Je cette
grande travailleuse.
'A J'ai bien pioché, dit-elle 'e i»' janvier 1866. — Du moment qa tu pio-
ches, c'est bon! écrit-elle encore vingt-cinq jours après. » (25 janvier 1866.)
Et plus loin :
«... Tu es un fameux loupeur; on ne te trouve jamais chez toi... (i5 avrij
1866.)
• ...Je broie du noir... • (i5 avril 1866.)
«... J'ai très bien dormi avec mon perdreau dans le fusil... » (4 jam ier 1867.)
«... Tâche de nous avoir des passes pour que nous puissions voyage à l'œil. »
(4 janvier 1867.)
«... Il paraît que la panne te tient en haleine et en progrès... »
«... Tu nas pas soixante-cinq ans dans ton coffre. » (3i octobre is6S.)
•.., Les Parisiens sont des /acAe«rs. » (2 janvier 1875.)
Toutes ces facéties étaient signées George Sand. Gomme
elles n'étaient pas destinées à la publicité, leur divulgation ne
saurait porter atteinte à une réputation littéraire qui reste, à
bon droit, des plus pures. Elle montre seulement qu'aux
heures de repos, l'écrivain se dédommageait volontiers de
toute contrainte grammaticale, usant des libertés de langage
à la mode dans le petit cénacle d'artistes qui admirait en
elle le plus simple et le plus cordial des camarades A son
exemple, d'ailleurs, Balzac et d'autres grands esprits cie notre
i
AVIS NÉCESSAIRE. XVII
temps furent enclins à s'amuser d'une expression nouvelle,
comme des enfants. Mieux que personne, les maîtres en l'art
difficile de formuler la pensée se laissent prendre au côté
imagé, inventif, de nos irrégularités de langage. Et dans
quel monde aurait-on le droit de le leur reprocher? Est-ce
dans le bon public, qui se jette sur les combles (14) après
s'être enthousiasmé des questions?
La raison d'être de l'argot va plus loin que ces modes fugi-
tives. Cherche:^ le Bulgare (i5) n'eut qu'un jour; gobeur et
gobeuse dureront aussi longtemps que la naïveté française.
LORÉDAN LaRCHEY.
Paris, 8 novembre 1879.
14. Le comble est un jeu de mots fort à la mode de l'année 1879. Voici deux
exemples des oppositions d'idées qui en font le charme ;
« Le comble de la gourmandise, c'est de dévorer un affront. »
• Le comble de i habileté pour un pécheur à la ligne, c'est d'accrocher son
hameçon à une ligne d'omnibus. »
On est parti de là pour dire : un comble. « M. P... poussant les gens à la
modestie. Cela ne semble-t-il pas un comble? » — (Fr. Sarcey. Le XIX* siècle
du i5 octobre 1879.)
i5. Nom d'une des premières questions qui furent à la mode vers 1877, au
moment où les affaires d'Orient entraient dans la période militante. La question
consistait, si on s'en rappelle, à retrouver certaines figures dans un dessin qui
paraissait contenir tout autre chose au premier coup d'oeil. Ainsi une gravure'
représentait un jardin, avec un arrosoir au premier plan. Au-dessous, cette
légende : « Voici l'arrosoir, où. est le jardinier? » (De là, le mot question.)
En cherchant dans les arbres qui ornaient le jardin, on retrouvait un profil
d'homme figuré tant bien que mal par le contournement des branches. Ce n'était
pas en proportion. Rien n'annonçait un profil de jardinier pias que celui de
tout autre. Mais le public ne critiquait pasj il devinait et il était heureiu.
.1
Les éclaircissements^ les exemples nouveaux et les rectifica-
tions sont distingués par un astérisque renvoyant au
même mot dans le corps du Dictionnaire.
SUPPLEMENT
Le supplément de cette troisième édition est considérable.
Outre beaucoup d'errata et d'explications nouvelles, il s'y trouve un grand
nombre d'expressions négligées jusqu'ici à dessein.
Depuis vingt ans, j'avais pris à tâche de justifier chaque mot par des exem-
ples pris dans des livres connus (voyez page xxviii de l'introduction), mais, à
leur dféaut, des publications similaires m'ont depuis offert une compensation
inespérée. Ainsi grâce au Dictionnaire de la langue verte de Delvau, au
Dictionnaire du jargon parisien, de M. Lucien Rigaud, et au Dictionnaire
d'argot militaire (inédit encore), de M. Désiré Lacroix, pourrai-je présenter
un contingent auquel je n'aurais osé toucher sans la garantie du nom de leurs
auteurs : ils seront ici scrupuleusement cités.
Enfin les romans de l'école naturaliste m'ont fourni un appoint d'exemples
fort précieux.
-A.
ABAT-JOUR : Visière. —
Vient de l'armée d'Afrique où la
visière de képi est surtout ap-
préciée à ce point de vue. (D.
Lacroix.)
ABATTAGE : Action d'abattre
son jeu au baccarat. — « Il y a
abattage toutes les fois qu'un
joueur a d'emblée le point de
neuf ou de huit: » (Rigaud.)
ABATTAGE : Ouvrage vive-
ment exécuté. (Idem.)
ABATTAGE : Sévère répri-
mande. « Le patron est un bon
garçon ; il avait raison de lui
foutre un abattage. » [Le Su-
blime.)
ABATTOIR : Cachot des con-
damnés à mort. — Ils y vont
AGG -
pour périr, comme les ani-
maux. (A. Pierre.)
ABCÈS : Homme à visage
boursouflé. (Delvau.) — Allusion
à son apparence malsaine.
• ABOMINER : Vieux mot em-
ployé déjà par Marot.
ABONNÉ AU GUIGNON :
N'avoir pas de chance. (Delvau.)
— On dit aussi plus simple-
ment : il est abonné — de celui
auquel arrive à plusieurs reprises
soit un bonheur, soit un acci-
dent.
ABORGNER (S') : Regarder
avec attention. Argot de voleurs.
(Rigaud.) — Mot à mot se rendre
ijorgne. — On ferme un œil
pour mieux voir de l'autre. C'est
bien s'aborgner en ce sens.
ABOTÉ : Mal ajusté. V. Chou-
fliqué. — Pour saboté.
ABREUVOIR : Cabaret. (Del-
vau.)
ABRUTI : Élève assidu à l'é-
tude. {Id.) Se dit aussi par abré-
viation d'un homme abruti par
les excès.
ABS : Absinthe. {Id.)
ABSINTHER (S') : Boire de
l'absinthe. (Rigaud.) Se dit aussi
des vieux buveurs pour caracté-
riser leur passion dominante :
Que devient X? — Il s'absinthe.
— C'est-à-dire il se grise quoti-
diennement en buvant plusieurs
verres d'absinthe.
ACCENTUER SES GESTES :
Se livrer à des voies de fait.
(Delvau.)
ACCŒURER : Accommoder
àc bon cœur. {Li.)
i - ALE
ACCROCHER UN PALE-
TOT : Mentir. Argot du peuple.
(Rigaud.)
"ACHATE : Latinisme em-
ployé de très-ancienne date. On
l'écrivait acate; on a même dit
acatesse pour amitié.
ACRE : Paix! silence! — Il y
a de l'acre : cela va mal, le pa-
tron n'est pas content. (Rigaud.)
Acre semble une forme d'acrèe
qui est de date plus ancienne.
ACRÉE, ACRIE : Le réper-
toire d'Al. Pierre donne Acrèe
avec le sens de méfier', Delvau
donne acrèe, acrie : méfance.
ACTIONNAIRE : Homme cré-
dule et simple. [Id.) — Mot ex-
pressif dû aux nombreuses dé-
confitures de sociétés par actions.
ADROIT DU COUDE : Ou-
vrier buveur. (Delvau.) — Mot à
mot; adroit à lever le coude.
V. p. I20.
AFF (avoir ses) : Avoir ses
affaires. (V. page 3.) — Abré-
viation.
•AFFURE : Avance d'argent
sur un ouvrage. On dit aussi
avoir du poulet, jargon d'ou-
vriers. (Rigaud.)
AGATE : Faïence. (Delvau.)—
Elle reluit comme l'agate et se
colore souvent comme elle.
AGOBILLE : Outil. Jargon de
voleur. (A. Pierre.)
AGRÉMENT (avoir de V) Ob-
tenir des applaudissements Ar-
got théâtral. (Bouchard.)
ALENTOIR : Aux environs.
— Argot de voleur. (Vidocq). —
ALL
- ^
AMA
C'est alentour avec changement
de finale.
ALLER A GOMBERGE : Al-
ler à confesse. (Delvau). — Gom-
berge est ici abréviation de corn-
bergeante
ALLER A LA GHASSE AVEG
UN FUSIL DE TOILE : Men-
dier. {Id.) •— Fusil est ici pour
sac, car le mendiant est un vrai
chasseur à la charité.
ALLER A LA COUR DES
AIDES : Tromper son mari.
(Id.) — Mot à mot : lui chercher
des aides. Jeu de mots sur une
ancienne juridiction. Je ne crois
pas que ce mot ait encore cours.
il est donné par Leroux.
ALLER A SES AFFAIRES :
Faire ses nécessités. {Id.)
ALLER AU CARREAU : Se
faire engager. Argot des musi-
ciens qui ont l'habitude en pa-
reil cas de se réunir rue du Pe-
tit-Carreau. {Id.)
ALLER AU SAFRAN : Man-
ger son bien. {Id.)
ALLER AU TROT : Aller
faire le boulevard. Argot des
filles. {Id.) — Allusion à la vi-
tesse de leur marche.
ALLER SE FAIRE FAIRE :
Le second faire est ici pour
Jiche. V. p. 7.
ALLER EN GALILÉE : Re-
manier. (Terme d'imprimerie.)
< C'est fairedes remaniements qui
nécessitent le transport d'une
portion de page du marbre dans
la galée, sur la casse. » (Sau-
vestre.) — C'est un jeu de mots
sur galée.
ALLER EN GERMANIE : Re-
manier. {Idem.) — « Lorsqu'il est
forcé de remanier un long ali-
néa, on dit qu'il va en Germa-
manie. » (Boutmy, 1878.) — Jeu
de mots. Germanie est ici pour
je remanie.
ALLER POUR L'ARGENT i
« Quand le propriétaire a parié
pour son cheval, qui porte, alors,
l'argent de l'écurie, le cheval
va pour l'argent ; ne pas aller
pour l'argent a une signification
tout opposée. » {Carnet des
CourseSj 77.)
ALLEZ DONC VOUS LA-
VER : Allez -vous -en donc!
(Delvau.") — C'est-à-dire au fi-
guré : retirez-vous, vous êtes
trop sale.
ALLIANCE : Poucettes. (Del-
vau.) — Allusion ironique à la
bague de mariage.
ALLUMER DES CLAIRS : Re-
garder avec attention. {Idem.) —
Mot à mot : allumer ses yeux.
On a dit ensuite allumer par
abréviation. V. Clair, p. 108.
^ ALLUMETTE (avoir son) :
Être pris de boisson. — Dans
l'argot des mécaniciens cité par
Le Sublime on dit avoir son al-
lumette ronde, ou son allumette
de marchand de vin, ou son al-
lumette de campagne, pour ca-
ractériser les trois premières
phases de l'ivresse qui allume
le visage de ses victimes.
ALPAGA : Habit. (A. Pierre.)
ALPION : Homme qui triche
au jeu. (Delvau.)
AMADOUAGE : Maria-^e. Ar-
AUP — 4 — ANQ
Abrév. usitée dans les collèges
et les écoles spéciales.
AMUNCHE : Ami. (Delvau.)
— Chrngement de finale.
ANASTASIE : Censure des
journaux. (Rigaud.)
ANDERLIQUE : Tonneau de
vidange, V. Bonbonnière.
ANGE GARDIEN : Homme
reconduisant les ivrognes à do-
micile. Ce métier se trouve dé-
taillé dans le Paris anecdote de
Privât d'Anglemont.
ANGLAISE (danser à V) : Mé-
tier que font beaucoup de fem-
mes, les soirs de bal à l'Opéra.
Au lieu d'aller à l'Opéra, elles se
rendent chez un restaurateur et
y attendent une pratique qui
fait rarement défaut. (Type dé-
peint par H. de Rochefort dans
les Français de la Décadence.)
got de voleurs. {Id.) — Ce doit
être une ironie quand on se re-
porte au sens argotique d'ama-
douer. Au figuré, beaucoup de
nouveaux mariés se griment en
effet pour tromper.
AMADOUER : Se grimer pour
tromper. (Delvau.) — L'amadou
était employé jadis pour jaunir
la face des gueux et mieux api-
toyer le passant.
• AMBASSADEUR : Cordon-
nier. (A. Pierre.) — Souteneur.
(Delvau.)
AMBES : Jambes (/cf.).— Vieux
mot d'argot qui a fait le verbe
amber. C'est jambes avec sup-
pression d'initiales, et non une
forme moderne du latin ambo,
comme on l'a dit. On disait ja-
dis gambe, et les voleurs n'ont
jamais appelé le latin à leur
aide pour fabriquer des mots
nouveaux.
AMBULANTE : Raccrocheuse.
— Elle est ambulante par mé-
tier. — « Les ambulantes sont là
qui ne demandent pas mieux. »
(Le Sublime.)
AMÉRICAIN : Même sens que
tramway.
AMI : Voleur émérite, d'après
Balzac. (Rigaud.)
AMINCHE, AMINCHEMAR,
AMINCHEMINCE : Ami. Allon-
gements de finales. — AMINCHE
DAFF : Complice. Argot de vo-
leur. (Id.) — Ce dernier terme
veut dire mot à mot : ami d'af-
faire (vol).
AMOCHER : Donner des ta-
loches. (Id.)
AMPHI : Amphithéâtre. —
ANGLAISE (pisser à 1') : S'é-
loigner sous prétexte d'un besoin
et ne pas revenir. — « Elle avait
demandé à son vieux tro s sous
pour un petit besoin et le vieux
l'attendait encore. Dans les meil-
leures compagnies, cela s'appelle
pisser à l'anglaise. » (Zola.)
ANGLAISES : Cabinet d'ai-
sances, monté à l'anglaise.
' ANGOULÈME : Jeu de mots
sur la bouche et la ville.
ANISETTE DE BARBIL-
LON : Eau claire, t Un bon zig
ne se donnera pas de collège
avec cette anisette de barbillon
là ! » (De Concourt.)
ANQUILLEUSE : V. Enquil^
leuse.
ARB
- 5
ARR
APASCLINER (s') : S'accli-
mater. (Delvau.) — Mot à mot :
se faire au pays. De Paquelin :
pays.
APIC: ail. (Id.) — Mot à mot :
à pique. La saveur de l'ail est
piquante... Le mot arbif est cons-
truit de la même façon.
APIC, ASPIC : Œil. Jargon de
voleur. (Rigaud.) — Ail et œil
se ressemblent si fort, typogra-
phiquement parlant, qu'il doit
y avoir ici une faute d'impression.
APLOMBER : Étourdir à force
d'aplomb. (Delvau.)
APOLLOTTE : sain. (A.
Pierre.) — N'est-ce pas plutôt
sein i
APOTHICAIRE SANS SU-
CRE : Ouvrier mal outillé, mar-
chand mal fourni. (Delvau.) —
Allusion au rôle essentiel du
sucre dans les préparations
pharmaceutiques.
APPAREILLER : Sortir. Ar-
got des marins. (Id.)
AQUARIUM : Réunion de sou-
teneurs. (Rigaud.) — Allusion
aux poissons qui s'y donnent
rendez-vous. V. Poisson, p. 288.
AQUILIN (faire son) : Faire la
mine. (Id.) — Ne:( aquilin vient
aussitôt en tête, mais comment
font ceux qui en sont dépour-
vus? Ce serait alors se donner
un nez long, et au figuré pren-
dre une mine courroucée.
ARBIF : En colère. (A. Pierre.)
— Mot à mot: à rebiffe, a Se re-
biffer » est pris ici dans le sens
de : résister avec vigueur, se
dresser hgut et ferme.
ARCASINEUR : « Ce mot dé-
signe dans l'argot parisien les
mendiants à domicile. » {Figaro,
77) — Acception nouvelle d'un
mot déjà connu. V. Arcasien.
ARÇONNER : Faire parler.
(A. Pierre.) — Mot à mot -.faire
l'arçon. On ne parle librement
qu'après s'être reconnu entre
malfaiteurs. V. Arçon.
ARDOISE (avoir 1') : Avoir
crédit chez le marchand de vin.
Allusion au compte tracé sur
l'ardoise. (Rigaud.)
ARDOISE : Tête, chapeau.
{Id.) — Comparaison de l'homme
à la maison dont l'ardoise peut
être considérée comme la tête
ou le chapeau. Cette dernière
image est plus juste et mieux
colorée.
ARGOT : Bête. (A. Pierre.)
ARGOTÉ : Qui se croit spiri-
tuel. (Id.)
ARGOTIER : Voleur. (Del-
vau.)
ARGOUSIN : Contre-maître.
— Argot des ouvriers qui se
comparent à des forçats. (Ri-
gaud.)
♦ARGUCHE (Erratum). —
Au lieu de Arguche: Diminutifs
lisez : Arguche : Argot. — Dimi-
nutif
ARGUCHE : Niais. (Id.) ^é^
]0V2iùîd^ argot pris dans ce sens.
ARNACQ : Agent de sûreté.
(A. Pierre.) — Forme à'arnac.
V. page i5. La police prémédite
ses captures.
•ARNELLE : Rouen. — Du
nom de La ReneUe, petit cours
ART
- 6 —
ATT
d'eau qui traverse cette ville.
On a pris la partie pour le tout.
ARRACHER DU CHIEN-
DENT : Attendre vainement.
{Id.) — Le chiendent est long à
arracher.
ARRANGEMANER : Duper.
{Id.) — C'est arranger avec al-
longement de finale.
ARRONDISSEMENT (chef-
lieu d') : femme enceinte. (Ri-
gaud.) — Elle &'arrondit.
ARROSAGE : Acompte payé
au créancier. (Id.)
ARROSEUR DE VERDOUZE :
Jardinier. (Delvau.) — Mot à
mot : arroseur de verdure.
ARSENAL : Arsenic. (Id.)
Changement de finale.
ARSONNER : Fouiller. [Id.)
— Devrait s'écrire arçonner. V.
ce mot. C'est le sens d'interro-
ger pris au figuré. On interroge
les poches.
ARTILLEUR : Ivrogne. {Id.)
— Il est habitué au maniement
du canon. Jeu de mots.
ARTILLEUR : Refrain en
vogue dans les écoles de Paris,
prélude forcé de toute manifes-
tation bruyante. — L'artilleur
est la marseillaise des collé-
giens. On dit : « piquer un ar-
tilleur. »
ARTILLEUR DE LA PIÈCE
HUMIDE : Pompier. (Rigaud.)
• ARTON : Pain. — Vieux mot
qui semble venir du provençal
artoun (pain).
AS DE CARREAU : Ruban
de la légion d'honneur. (Delvau.)
— L'image n'est pas exacte, ce
qui n'est pas ordinaire en argot.
AS DE PIQUE : Anus, écus-
son noir distinguant le collet
des zéphyrs. {ldem.)W. page 364.
ASINVER : Abêtir. {Id.)
ASPIC : avare. (/i.>— V. Apic,
•ASSEOIR (allez vous) : On
dit aussi Va fasseoir sur le bou-
chon. Voy. Maigre. On dit aussi
il peut s'asseoir pour qu'il ne
bouge plus!
ASSOxMMOIR : Nom d'an ca-
baret de Belleville, devenu celui
de tous les débits de liquides
frelatés qui tuent (assomment)
le peuple. {Id.)
ASTICOT : Maîtresse de sou-
teneur. (Rigaud.) — Ici lo pois-
son souteneur amorce avec Vas-
ticot. C'est le monde renversé.
ATIGÉ : Malade. {Id.) — Mot
à mot : frappé. V. Attiger, p. 19.
ATOUT : Estomac. Ar-ot de
voleurs. (Delvau.)
ATTACHER UN BIDiDN :
Dénoncer quelqu'un. — « Faire
la casserole » aura paru trop
connu et on aura fabrique ce
synonyme. Voyez Gameler.
•ATTAQUE (d') : Exemple :
« Coupeau marchait de l'air es-
brouffeur d'un citoyen qui est
d'attaque. » (Zola.)
ATTIGNOLES : Tripes à la
mode de Caen. — c Nous nous
empâtons quéqu' fois de sau-
cisses et d'attignoles. » (Riche-
pin.)
ATTRAPE-SCIENCE : Ap-
AUT
- 7 —
AVO
prenti compositeur d'imprime-
rie. — Le nom fait image. —
« L'attrape-science reçoit une
banque qui varie entre i fr. et
10 fr. par quinzaine. » (Boutmy,
78.)
ATTRAPER LE LUSTRE :
Ouvrir la bouche pour laisser
passer une note qui ne vient
pas. Argot théâtral. (Bouchard.)
"ATTRLMER : « Des habits!
11 les faut attrimer. » {La Comé-
die des Proverbes^ 1714.)
AU PRIX OU EST LE
BEURRE : Au prix où sont
toutes choses. — La partie est
prise pour le tout, parce que
l'augmentation progressive du
prix du beurre excitait particu-
lièrement les doléances des mé-
nagères. — « Au prix où est le
beurre et où sont les loyers, une
femme seule ne peut pas vivre
de son travail. » (H. de Roche-
fort, 67.)
AUSTO : Salle de police. —
Pour ousteau. — « Le caporal :
Allons! allons! à l'austo, et sans
traîner. » (Durandeau, 78.)
Voyez Lousto, page 224.
AUTEL DE BESOIN : Fille
publique. (Rigaud.) — -4MfeZ doit
être ici pour hôtel (un de ces hô-
tels ouverts à tous ceux qui
payent).
AUTRE (être 1') : Être dupe.
(Rigdud.)
AUVERGNAT (avaler V) :
Communier. [Id.)
AUVERPINCHE : Gros sou-
lier d'Auvergnat. {Id.) — Chan-
gement de finale.
^ AVALÉ LE PÉPIN (avoir) :
Être enceinte. Allusion à la
pomme qui perdit Adam et
Eve. {Id.)
• AVALER SA FOUR-
CHETTE : Mourir. — Mot à
mot : Ne plus manger.
Et comme on dit vulgairement,
L' pauvre homme avala sa fourchette.
(Dalès.)
AVANT-COURRIER : Mèche
anglaise à percer. (A. Pierre.) —
C'est effectivement elle qui fraye
la voie aux scieurs de portes et
de volets.
AVARO : Avarie, accident.
(Boutmy, 78.) —C'est le mot
avarie, avec changement de fi-
nale comme sergo, invalo, etc.
AVOINE : Eau-de-vie. Argot
militaire. (Rigaud.) — Elle ex-
cite comme l'avoine.
AVOIR ENCORE (!') : Avoir
sa virginité. (Rigaud.) — On dit
aussi par abréviation il Va ou
elle Va.
AVOIR DES PLANCHES ;
Être à l'aise sur la scène. Argot
théâtral. (Bouchard.)
BAF
BAI
B
BABILLAUDIER : libraire.
(Delvau.)— De babillard : livre.
BAC : Abréviation de bacho
qui était déjà une abrév. de Bac-
calauréat. V. Piston.
BACHE : Casquette. Elle cou-
vre la tête comme la bâche
couvre la marchandise. (Rigaud.)
BACHOTIER : Préparateur
au bacho ou examen de bacca-
lauréat. (Rigaud.)
BACKER : C'est l'opposé du
bookmaker. Il ne parie que pour
un cheval. (Parent.) Anglica-
nisme.
BACREUSE : Poche. Jargon
d'ouvrier. (Rigaud.) — Ba sem-
ble une superfétation, car on aura
dit creuse comme on dit profonde.
BADIGEON : Fard blanc ou
rouge. (Delvau.)
* BADIGEONNER : se garder.
— Lise:i[ Badigeonner : se farder
page 23).
BADIGEONNER LA FEMME
AU PUITS : Mentir. C'est-à-
dire farder la vérité. Jargon des
voleurs. (Rigaud.) — Ces voleurs
ferrés sur l'allégorie deviendront
les émules des précieuses.
BAFOUILLER : Bredouillex.
(Rigaud.)
BAFOUILLEUR : Bredouil-
leur. (Id.)
BAGNOLE : Petite chambre
malpropre. (Id.)
BAGNOLE : Chapeau de
femme ridicule. Argot du peu-
ple. (Delvau.)
BAGOULARD : Bavard. {Id.)
— De Bagoult.
BAGUENAUDE : Poche. {Id.)
BAGUENAUDE RON-
FLANTE : Poche garnie d'ar-
gent. (Rigaud.) Allusion aux
murmures de la monnaie.
BAGUETTE DE TAMBOUR :
Jambe maigre.
Une jambe faite au tour,
Qu'a-t-elle, ôtant le postiche,
Deux baguettes de tambour.
(Tostain.)
• BAHUTER : S'est dit autre-
fois pour plaisanter, s* amuser. —
« Philippin, à quel jeu jojons-
nous, de bon ou pour bahuter? »
[La Comédie des Proverbes ^
1714.)
BAIGNE DANS LE BEURRE :
Souteneur. Allusion au beurre
dont le maquereau est friand.
(Rigaud.)
BAIGNEUSE : Tête. Ar^iot de
voleur. (Delvau.) — Extension
du sens de chapeau qui est le
plus ancien. V. page 24.
BAIGNOIRE A BON DIEU :
j Calice. (Delvau.) — Allusion à
BAL
BAN
la présence de la Divinité dans
le vin du calice.
BAILLER AU TABLEAU :
N'avoir qu'un bout de rôle dans
une pièce nouvelle. Argot théâ-
tral. (Bouchard.) — Allusion au
tableau de la mise en repétition
de la pièce.
BAIN-MARIE : Personne tiède.
(Id.) — Allusion au chauffage
dit au bain-Marie qui n'ap-
proche pas du feu.
BAISER LE C-L DE LA
VIEILLE : Ne pas faire un
point. A.rgot de joueurs. (Del-
vau.)
BAJAF : Gros butor. (Id.)
V. Bayafe, p. 33.
BAL : Prison. — Abrév. de
ballon qui a le même sens. (Ri-
gaud.) — POTEAUX DE BAL :
Amis de prison. {Id.)
* BALAI : Agent de police.
(Delvau.)
BALAI: Plumet militaire. Nom
donné pour la première fois à
l'aigrette de crin vert qui sur-
montait le schako d'infanterie
sous le second empire. (D. La-
croix.)
BALANCER LA TINETTE:
Vider le gogueneau (V. ce mot);
partir, vider les lieux, — ce qui
est un jeu de mots sur le premier
sens. (Rigaud.) — Le gogueneau
se balance avant de donner plus
de force à la projection du con-
tenu dans la fosse.
BALANCEUR DE BRAISE -.
Changeur. (Rigaud.) — Allusion
aux petites balances profession-
nelles.
BALANÇON : Marteau de fer.
Jargon de voleur. (Rigaud.) —
Il est à noter que Vidocq lui
donne d'autre part le sens de
barreau de fer. V. Balançoir.
p. 25.
BALAYAGE : élimination. —
« Le balayage des conservateurs
est complet. » {Pays, journal.
Janvier 79.)
BALCON (il y a du monde
au) : Se dit d'une femme avan-
tagée sous le rapport de la
gorge. (Rigaud.) — Le balcon
est le corset et la tête du spec-
tateur figure l'appas.
BALCONNIER : Orateur qui
parle du haut d'un balcon. {Id.)
BALLADE, BALLADER,B AL-
LADEUR : Voyez ces mots avec
une seule /, page 2 5.
BALLE : Secret. (Rigaud.)
— FAIRE LA BALLE : Suivre
les instructions. {Id.)
BALLON (en) : En prison.
— Jeu de mots sur emballé.
Rigaud.)
BALLONNÉ : Emprisonné.
{Id.)
BALLOT : Chômage. Argot
de tailleurs. {Id.)
BALLOTER : Manquer d'ou-
vrage, jeter. — BALLOTER UN
CLIENT AVALANT : Jeter un
homme à l'eau, c'est-à-dire en
aval, au cours de l'eau. {Id.)
BALOTS : Lèvres. V. Benoit.
BAMBOCHE (être) : Être en
état d'ivresse. (Delvau.) — Abrév.
de Bambocheur.
BANC DE TERRE-NEUVE :
BAR
— IQ —
BAT
Partie des boulevards comprise
entre la Madeleine et la Porte
Saint-Denis. — Allusion aux
morues (V. ce nom) qu'on y va
pêcher. On dit, pour abréger, le
banc. — « Quand on s'ennuie,
on dit : Viens-tu au banc faire
un tour? » {Le Sublime.)
BANDER LA CAISSE : Se
sauver avec la caisse. (Delvau.)
— Jeu de mots sur l'acte des
tambours qui bandent la caisse
pour taper dessus.
BANNIÈRE : Se dit de la che-
mise gardée pour tout vêtement.
Elle flotte au vent comme la ban-
nière. — « Elle rabattait le pan
de devant. Ça c'est la bannière,
dit-elle. » (Zola.)
* BANQUE : « Le prote fait
la banque aux metteurs en pages
qui, à leur tour, la font aux pa-
quetiers. »(Boutmy, 78.) V. Salé.
BAPTÊME : Tête. Argot de
faubouriens. — Allusion à l'on-
doiement baptismal de la tête.
(Delvau.)
BARAQUE: armoire de collé-
gien. Elle a remplacé l'ancien
pupitre.
BARAQUE : Chevron ga-
lonné cousu sur la manche des
soldats pour indiquer un cer-
tain temps accompli sous les
drapeaux. (D. Lacroix.) — Allu-
sion à l'aspect conique du che-
vron qui simule le profil d'une
baraque. — « C'est un ancien à
trois baraques, dira le jeune sol-
dat en parlant d'un troupier à
trois chevrons. » (D. Lacroix.)
BARBEAU : Souteneur. Voyez
Barbillon, p. 29.
BARBILLON DE BEAIJCE :
Légume. — Mot de vieil argot
qui ne semble plus usité. U est
ironique. On ne trouve i:îuére
de poissons dans le pays sec de
la Beauce. — BARBILLON DE
VARENNE : Navet. — Varenne
est ici pour garemxe, terrain sa-
blonneux. Même ironie.
BARIL DE MOUTARDE :
Derrière. (Rigaud.) — L'image
breneuse se devine.
BARRE (compter à la) :
Compter en traçant des barres
sur une ardoise. {Id.)
BARRER : Réprimander, (Del-
vau.)
BARRES : Mâchoire. — Che-
valisme. V. Rafraîchir (se).
BASCULE : Guillotine. (Del-
vau.)— La partie est mise pour le
tout.
BAS DE PLAFOND : De très-
petite taille. {Id.) V. Plafond,
p. 284.
BASSE : Terre. — Argot de
voleur. (Id.) — La terre est sous
nos pieds, ce qui est aussi bas
que possible.
BASTIMAGE : Travail. Argot
de voleur. (Id.)
BASTRINGUE : Scie à scier le
fer. (A. Pierre.) — C'est la ]^ar-
tie prise pour le tout. Voye^ le
même mot, p. 3i.
BATONS DE CHAISES (noce
de) : Noce à tout casser. V. Lw on.
BATON DE CIRE : Jan^bc.
[Id.) — Sans doute : jambe mai-
gre.
BATE (être de la) : Être heu-
BAT
— II —
BÉC
reux. (Rigaud.j — Même ori-
gine queBath. V. page 3i.
BATIAU (jour du) : Jour où
le compositeur arrête son compte
de travail pour la semaine ou la
quinzaine. — PARLER BA-
TIAU : Parler des choses du
métier. (Boutmy.)
BATIMENT (être du) : Exer-
cer la même profession. (Ri-
gaud.)
BATIR SUR LE DEVANT:
Prendre du ventre. (Id.) — Ex-
pression pittoresque et assez
juste. L'édifice abdominal des
gastronomes est bien leur œuvre.
BATOUSIER: Tisserand. (Del-
vau.) — Allusion au battement
du métier.
BATTAQUA : Femme à robe
sale. (A. Pierre.)
* BATTERIE, BATTRE : Éty-
mologie : Du vieux mot bas ter :
tromper.
BATTEUR DE BEURRE :
Agent de change. (Rigaud.)
BATTRE LE BEURRE : Spé-
culer à la Bourse. (Rigaud.) —
Mot à mot : battre l'argent, frap-
per la monnaie. Jeu de mots.
V. Beurre.
BATTRE ENTIFLE : Faire
le niais. Argot de voleur. (Del-
vau.) — Pour Antifle, p. 12.
BATTRE JOB : Dissimuler,
tromper. (/£f.)V. Job (monter le),
page 212.
BATTRE LA COUVERTE :
Dormir. Argot de soldat. (Id.) —
Battre doit être une abréviation
de Rabattre. Le dormeur rabat
la couverte sur lui.
BATTRE LA MURAILLE :
Être complètement ivre. {Id.) On
connaît ces vers de Piron :
Dn corps battant la muraille,
Escortés de cent canailles,
Ils regagnent la maison.
BATTRE EN RUINE : Visiter.
(Rigaud.) — Doit venir de l'ar-
got des voleurs que les visites
domiciliaires ruinent ordinaire-
ment.
BAUDROUILLER : Filer.
(Delvau.) —De baudru.
BAUDRU : Fil. (Id.)
BAUSSE FONDU : Chef d'éta-
blissement ruiné. (Rigaud.)
BAVARD : Avocat. (Delvau.)
* BAVER : Exemple : « On
pouvait baver sur leur compte,
lui savait ce qu'il savait. » (Zola.)
— Baver, toujours pris en mau-
vaise part, est plus une accep-
tion figurée de baver qu'une
abréviation de bavarder, comme
je l'ai cru d'abord.
BEAU BLOND : Soleil. Argot
de voleurs. {Id.) — Allusion
mythologique au blond Phébus
des chansons de l'ancienne
école ?
BÉ : Hotte de chiffonnier. (Ri-
gaud.) — Abrév. de Berri.
BÉBÉ : Femme déguisée en
bébé. (Costume fréquemment
porté dans les bals masqués de-
puis une trentaine d'années.)
— a Un bébé ouvre la porte
d'un cabinet où siègent deux
dominos. » (Alm. des Cocottes,
67.)^
BÉCANE : Machine à vapeur,
BEN
— \2
BER
— « Il dit que c'est vexant de
conduire une bécane. » {Le Su-
blime.)
BEC QUANT : Poulet. Jargon
de voleur. (Rigaud.)
BECQUETANCE : Nourri-
ture. — « Quand il y en a pour
le marchand de béquetance, il y
en a pour le marchand de som-
meil. > (A. de Lafaille.)
BÉDOUIN : Grec, voleur au
jeu. 0 Les sept mille Grecs de
France se divisent en cinq caté-
gories dont les noms font tous
moins allusion à la Grèce (ou
graisse). Voici ces néologismes
de l'équivoque. /. sui fards;
2. graisseurs; 3. bédouins; 4.
grecs; 5. philosophes. » {Figaro,
70.)
BÈGUE : Bezigue. (Rigaud.)
— Abréviation.
BEIGNE ? coup. — Vieux mot.
« Oui, ma chère, plus de bei-
gnes et des pépètes. » (Huys-
mans, 79.)
BÊLANT : Mouton. (Delvau.)
BELGE : Pipe en terre de
Belgique. (Rigaud.)
BELLE PETITE. Mot à mot :
« belle petite dame. » C'est la
loreite de 1878-1879. — « Il y a
peut-être une ou deux belles pe-
tites qui se sont glissées en
fraude. )i (Vie paris. 79.).
BENI-MOUFFETARD : Pari-
sien du quartier Mouffetard,
spirituellement canaille. — « Le
nez est franchement beni-mouf-
fetard, camard, aux narines ou-
vertes, point bridé mais spiri-
tuel.» (G. desPerrières, 73.)— Le
néologisme date du temp? où les
guerres d'Afrique ramenaient
continuellement dans les jour-
naux des noms de tribus arabes
commençant par Béni.
BÉNIR BAS : Donner un
coup de pied quelque part. — Ce
mot me semble rentrer dans la
classe des mots faux que j'ai si-
gnalée page 14. Delvau l'a donné
le premier pour faire plaisir à
Babou qui l'avait inventé, et
depuis ce temps les glossaires
le répètent.
BÉNIR DES PIEDS : Être
pendu. (Delvau.) — Allusion
aux derniers gigottemenis du
suicidé.
BENOIT : Souteneur. ~ « Les
Benoits toujours lichent et
s' graissent les balots. » (Riche-
pin, 77.)
BEQ : Portion de bois à gra-
ver. Argot d'artiste. (Delvau.) —
Abréviation de béquet.
BÉQUILLARDE : Guillotine.
(Rigaud.) — Augmentatif de bé-
quille (V. p. 36) qui signifiait
potence.
BERDOUILLE : Ventre. (A.
Pierre). — Allusion aux mur-
mures intestinaux ou bredouil-
lements de ventre. — Un roman
de M. Huysmans (Les sœurs
F^a^<3rii)décritlaberdouilled'une
femme géante en exhibition à la
foire deSaint-Cloud.
BERGE : Année. (Delvau.)
BERGÈRE : « Dans la langue
typographique comme dans les
autres argots, ce mot désigne
une femme. » (Boutmy, 78) — •
BEU
- i3 -
BIC
Allusion ironique aux ariettes
pastorales du dernier siècle, où
ramante est toujours la bergère
de Tircis ou de Colin.
BERLU : Aveugle. (Delvau.)
— Mot à mot : qui a la berlue
BERNARD : Postérieur. (Del-
vau.) — ALLER VOIR BER-
NAKD : Aller aux lieux d'ai-
sances. Allusion à saint Bernard,
représenté d'ordinaire ayant en
main des tablettes qui passent
pour le papier de rigueur. (Ri-
gaud.)
BERRI : Hotte. Argot de chif-
fonnier, (/i.)
BERTEL'O : Pièce d'un franc.
Argot de voleur. (Delvau.)
BERZÉLIUS : Montre. Jargon
de collège. (Rigaud.)
BÊTE A BON DIEU : Per-
sonne réputée aussi inoffensive
que l'insecte appelé bête à bon
Dieu. — « Cette enfant-là lui
était venue si bonne, si mal-
léable, une vraie bête à bon
Dieu! » (Hennique.)
BÊTE A PAIN : Entreteneur.
Il apporte le pain quotidien. —
« On en trouve à gogo, des bêtes
à pain, quand on sait s'y pren-
dre. » (Huysmans, 79.)
BETTANDER : Mendier. (Del-
vau.) — Sans doute pour battan-
der. Les Battandiers formaient
une tribu de la cour des mira-
cles.
BEURLOQUIN : Patron d'une
maison de chaussures de der-
nier ordre. (Rigaud.)
BEURLOT : Petit maître cor-
donnier. (Id.)
BEURRE DEMI-SEL : Fillè
galante mais non tout à fait per-
due. (Delvau.)— Une fille perdue
s'appelait autrefois une dessalée.
BEZEF : Beaucoup. Vient
d'Afrique. (Rigaud.)
BIBARDER : Vieillir honteu-
sement. (Delvau.)
BIBASSIER : Radoteur, maus-
sade, tatillon. — «Vieux bibassier
va! » (Boutmy, 78.) — Forme
abrégée de birbassier. Voyez
dans le corps du Dict. Birbasse,
Birbasserie.
*BIBELOTTER : Composer,
machiner. — « Il dessine ou bi-
belotte une invention qui sou-
vent réussit. » {Le Sublime.)
BIBI (envoyer à) : Envoyer à
la maison des fous. — Abrév.de
Bicêtre, avec redoublement de
la première syllabe. — « On en-
voie à Bibi ceux dont les pal-
las paraissent insensés. » (Bout-
my, 78.)
BIBINE : Sœur de charité,
bière, cabaret de dernier ordre.
(Rigaud.)
BIBLI : Bibliothèque. — Abrév.
usitée dans les collèges.
BIBOIRE : Petit vase en cuir
ou en caoutchouc dont les éco-
liers se servent pour boire à la
fontaine en recréation. — Argot
des écoles.
BICARRÉ : V. Bi{ut,
BICHE (ça) : Cela va bien. (Ri-
gaud.)— Pour ce/a 6ai5e. Quand
on se baise, on est d'accord.
BICHON : Synonyme de Je"
BIF
— 14 —
BIL
sus. (Delvau.) — Allusion à sa
frisure habituelle.
BIDACHE : Viande. (A.
Pierre.) — Pour Bidoche.
BIDONNER : Boire copieuse-
ment. — Le bidon est une forte
mesure de capacité. « Nom d'un
bonhomme! on a rien bidonné
depuis hier soir! » (Huysmans,
79-)
BIEN FAIRE (en train de) :
En train de manger. (Rigaud.)
BIFFE : Métier de chiffon-
nier, {Id.) — Il est à remarquer
que biffe veut dire chiffon en
vieux dialecte champenois.
BIFFER : Exercer le métier
de chiffonnier, ijd.)
BIFFETON : Contremarque.
{Jd.) — Mot à mot ; chiffon.
BIFFETON : Lettre. —V. l'In-
troduction, page 14.
BIFFIN : Fantassin. {Id.) —
Comparaison du havresac à la
hotte du biffin ou chiffonnier.
BIFTECK DE CHAMAR-
REUSE : Saucisse plate. (Del-
vau.) — Allusion à la charcu-
terie qui est trop souvent le
rôti des ouvrières.
BIFTECK DE GRISETTE :
Saucisse plate. (Rigaud.) — Ex-
tension du terme ci-dessus.
BIFTECK A MAQUART :
Sale individu. Mot à mot : bif-
teck à équarrisseur. (7i.) — C'est
un équivalent de charogne.
BIFTECK (faire du) : Frapper.
— Allusion à la viande frappée
par le cuisinier pour la rendre
moins dure. — A ce sujet, nous
dirons que le bifteck ou beefs-
teak anglais veut dire tranche
de bœuf tout bonnement. «. Nos
pères disaient grillade, fait ob-
server M. Justin Améro, et ils
ne se portaient pas plus mal pour
parler français. »
BIFTECK (faire du) : Monter
sur un cheval qui trotte dur,
c'est-à-dire qui fatigue le posté-
rieur de son cavalier. — Même
allusion que ci-dessus.
BIFURQUÉ : Collégien aban-
donnant l'étude des lettre? pour
celle des sciences.
BIGEOIS : Dupe. (Rigaud.) —
Vidocq donne en ce sens bge et
bigeot.
BIGORNION : Mensonge. (Ri-
gaud.) — Dérivé de Bigorne qui
vient de biguer : Changer. Le
mensonge est le changement de
la vérité. V. page 40.
BIJOUTER : Voler des bi-
joux. (Id.)
BIJOUTERIE : Frais avîincés,
argent déboursé. Argot d'ou-
vrier. (Delvau.)
BIJOUTIER EN CUIR, BI-
JOUTIER SUR LE GENOU :
Cordonnier. [Id.)
BILBOQUET : Menus tra-
vaux d'imprimerie. (Boutmy.)
BILBOQUET : Litre de vin.
(Rigaud.) — Comparaison de la
bouteille au bilboquet. Le bou-
chon de l'une s'enlève comme
la boule de l'autre.
BILLE DE BŒUF : Saucisson.
(Id.)
BLA
- i5
BLA
BILLER : Payer. (Id.) — De
Bille : Argent.
BIRBASSIER : V. Bibassîer.
BIRMINGHAM (de) : Très en.
nuyeux. — Les rasoirs de Bir-
mingham sont célèbres. {Id.)
— V. Rasoir et Raseur, p. Soy.
^ BISER : Embrasser. {Id.) —
Élimination de Va. On va en-
core plus loin et on dit bise par
abréviation.
BISSARD : Pain bis. (A.
Pierre.) — Augmentatif.
BIZUT : Élève de i" année
en mathématiques spéciales. —
L'élève de 2^ année est le carré,
celui de 3« le cube, celui de 4» le
bicarré, on s'arrête là. — On dit
de même dans un langage algé-
brique : Il est ennuyeux à la
j5* puissance. Argot des écoles.
BISMARQUER : S'approprier
par tous les moyens. — Inutile
de développer son étymologie.
Chose singulière, le mot paraît
plus usité à l'étranger qu'en
France. — ce Le portugais pos-
sède à un haut degré la faculté
si précieuse de s'approprier des
locutions étrangères, de croître
et de se développer comme un
organisme vivant. M. Latouche
cite le mot français bismarquer,
bien connu, paraît-il, de ses lec-
teurs, anglais. » {Bibliothèque
universelle et Revue suisse, 1877.)
BLAFARD : Pièce d'argent.
Allusion de blancheur. — « Un
écu flambant neuf! Un blafard
de cinq balles. » (Richepin, 77.)
• BLAGUE : S'il fallait remon-
ter au delà de 1S08, date de notre
plus ancien exemple, nous se-
rions presque tenté de voir dans
blague une forme intervertie de
l'ancien catalan bagol qui a fait
notre bagou. Le sens est le
même et les cas d'interversion
ne sont pas rares.
BLAGUE A TABAC : Sein
flétri. (Rigaud.) — Allusion de
forme et de consistance.
BLAIR : Nez. Argot de vo-
leur. (Rigaud.) — Flair se com-
prendrait mieux.
BLAIREAU : Balai, conscrit.
— « Le soldat appelle blaireau le
balai... Il nomme encore cet ins-
trument le pinceau du bleu
(conscrit. Voir Bleu). » (D. La-
croix.) — Les pinceaux de colo-
riste étant faits de poils de blai-
reau et le balai étant d'autre
part appelé pinceau, on voit le
rapprochement qui a formé ce
nom nouveau. De là aussi le
nom de blaireau donné aux nou-
veaux soldats qui font plus sou-
vent que les autres la corvée du
balayage.
BLANC : Eau-de-vie de marc.
(Rigaud.)
BLANC (Jeter du) : Interli-
gner. Terme d'imprimerie. (Id.)
BLANCHIR : Créer des ali-
néas, multiplier les tirets dans
un texte. (Id.) — Argot des gens
de lettres.
BLASÉ : Enflé. Argot des vo-
leurs qui ont pensé à l'allemand
blasen : Souffler. (Delvau.)
BLAVIN : Pistolet de poche.
Argot des voleurs. (Rigaud.) —
Un revolver s'empoche en effet
comme un blavin ou mouchoir,
BLO — i6 — BŒU
ception figurée de leiir bloquer :
remplacer provisoirement un
signe manquant par un autre
qui ne doit pas rester. « Blo-
quer le mastroquet, ne pas payer
le marchand devin. » (Boutmy.)
* BLOUSER : Tromper. Êty-
mologie : Dans le Nord, on dit
bleusse pour mensonge.
' BOBÉCHON : Tête. Compa-
raison de la tête de l'homme à
celle du chandelier. — Se mon-
ter le bobéchon : se monter la
tête. (Rabasse.)
BOBELINS : Bottes. Argot du
Temple. (Delvau.)
•BOBINETTE. Page 42. Au
lieu de bobinette v. bobine : lire
bobinette ou trombinette.
BOBONNE : Bonne. Redou-
blement. « La machine tour-
noyait.. . Des bobonnes calirour-
chonnaient des dadas peints. »
(Huysmans, 79.)
BOBOSSE : Bossue. — Redou-
blement, a Bobosse, elle n'en
avait pas moins su pêcher un
homme du monde. » (Huysmans,
79-)
BOCKER : Prendre des b.^ks,
boire de la bière. (Rigaud.)
BOCOTTER : Grogner. (Ri-
gaud.) — Mot à mot : Bêler
comme une bocquotte (chèvre).
BOCQUE: Montre. (A. Pierre.)
— Forme de Bogue.
BŒUF : Roi de jeu de cartes.
Allusion à sa rotondité. V. Bor-
gne.
BŒUF : Second ouvrier cor-
et il se tire pour moucher... les
gens. V. Moucher.
BLECHE : Médiocre, vilain,
mauvais. — Du vieux mot
blaiche : Mou, paresseux.
FAIRE BANQUE BLÊCHE :
Ne pas toucher de banque.
(Boutmy.)
FAIRE BLÈCHE : Amener un
coup nul.
* BLEU : Le sens de conscrit
donné à bleu remonte à la Ré-
volution qui donna des habits
bleus à l'infanterie au lieu d'ha-
bits blancs. Ce remplacement
n'ayant lieu que graduellement,
les nouveaux soldats portèrent
les premiers la nouvelle tenue
et se reconnaissaient au premier
aspect.
BLEU : Stupéfait. Mot à mot :
congestionné de stupéfaction.
— « Le lendemain il en était bleu
quand il a vu la figure de sa
femme. » {Le Sublime.)
BLEUE (elle est) : Elle est
forte, elle est difficile à croire ou
à supporter, en parlant d'une
nouvelle. (Rigaud.) — Mot à mot :
elle est à vous rendre bleu, elle
est stupéfiante.
BLÉZIMARDER : Se couper
la parole. Argot théâtral. {Id.)
BLONDE : Bouteille de vin
blanc. [Id.)
BLOQUER : Consigner. (D.
Lacroix.) — Terme de billard.
La boule bloquée ne peut sortir.
BLOQUER : Faire défaut,
faillir, dans l'argot des typo-
graphes qui en ont fait une ac-
BOI - 1
donnier, ouvrier tailleur faisant
lesgrosses pièces. (IJ.) — Comme
animal de trait, le bœuf a de
grosses charges.
*BŒ(JF (avoir son) : « Le
bœuf est un degré de méconten-
tement plus accentué que la
chèvre. » (Boutmy.) — On sous-
entend probablement bœuf en-
ragé.
BOIRE DANS LA GRANDE
TASSE : Se noyer, être noyé.
— Ironie. Voyez Gameler.
BOIRE DU LAIT : Être ap-
plaudi. (J. Duflot.)
BOIRE UNE GOUTTE : Être
siffle, (Bouchard.) — Opposition
à l'image ci-dessus. Le lait est
doux, mais la goutte est raide.
BOIS (remettre du) : Pousser
à l'enthousiasme. Argot théâtral.
— (( Il y en a aussi un qui fait
les couloirs pendant les en-
tr'actes,... qui chauffe, qui re-
met du bois, en style de cou-
lisses. » (Dumas fils.)
BOIS AU-DESSUS DE L'ŒIL
JARD : Il sait et entend l'argot.
(A. Pierre.) — Jard est une
forme de jar qui veut dire ar-
got. (V. p. 2IO.) Bois au-dessus
de l'œil fait sans doute allusion
à un signe de reconnaissance.
BOISSEAU : Litre de vin.
(Rigaud.) — Allusion du genre
de celle qui fait donner à un
verre d'eau-de-vie le nom d'^-
voine.
BOITE : Atelier. V. Contre-
coup.
BOITE D'ÉCHANTILLONS ;
Tonneau dç vidange. Allusion à
7 — BON
la diversité des provenances de
son contenu. (Rigaud.)
BOITE AUX RÉFLEXIONS :
« Salle de police,... séjour où
tout porte aux réflexions, puis-
que toute distraction y est inter-
dite. » (D. Lacroix.)
BOITE AU SEL : Tête. (Del-
vau.) — Sel est ici pris dans son
acception figurée.
BOITE AUX CAILLOUX :
Prison. {Id.) — Mot à mot : « Mai-
son pavée. » On y couche sur la
dure.
BON ENDROIT : Derrière.
Ironie. « Elle reçut un maître
coup de soulier, juste au bon
endroit. » (Zola.)
BON JEUNE HOMME : Jeune
homme candide. — « Il s'agit de
respecter les illusions d'un bon
jeune homme qui croit encore
aux grisettes. « {Vie paris., 79.)
BON POUR BERNARD : Bon
pour le cabinet. {Id.) V. Ber-
nard.
BON SANG DE BON SANG! :
Exclamation poussée en appre-
nant une nouvelle surprenante.
Je ne puis la traduire qu'en
l'écrivant ainsi : bon sens! et en
faisant une abréviation de l'ex-
clamation y a-t-il du bon sens!
qui se dit communément. — « Le
maçon gueula: bon sang de bon
sang! » (Hennique.)
BONBON : Bouton au visage.
(Rigaud.) — Allusion de forme.
BONBONNIÈRE : Tonneau de
vidange. Ironie. — « J'étais pour
la réparation des bonbonnières
et des anderliques. » {Le Su"
blime.)
BOR -
* BONBONNIÈRE A FILOUS :
C'est là que les filous cherchent
leurs bonbons dans la poche des
voisins. (Rigaud.)
BONDIEUSARD : Fabricant
commerçant d'objets de sainteté.
(Id.)
BONDIEUSARDISME : Cago-
tisme. — « Il faut supprimer
comme entachées de bondieu-
sardisme (c'est leur mot) les rues
de l'Abbaye, de l'Abbé-de-l'Épée,
etc. » {Figaro, 76.)
BONDIEUSERIE : Objet de
dévotion. Commerce d'objets de
dévotion.
BONIMENT : Propos. V. Jar-
din.
•BONIR : Se taire. (Delvau.)
Bonir: Parler, étant trop connu,
on lui aura donné le sens con-
traire, pour dérouter.
BONISSEUR : Discoureur. —
BONISSEUR DE LA BATTE :
Témoin à décharge. (Rigaud.)
— Mot à mot : témoin du beau,
du joli.
BONNET : Ligue secrète entre
plusieurs ouvriers d'un atelier.
— a Le bonnet est tyrannique,
injuste et égoïste comme toute
coterie. » (Boutmy.)
BONNET JAUNE : Pièce d'or.
Argot des filles. Mot à mot :
bonne et jaune. (Delvau.)
BOOK : Livre de courses, com-
binaison de paris. (Parent.)
BORDÉ (être) : Avoir renoncé
à l'amour. Jargon des filles. (Ri-
gaud.) — Quand on est bordé.
8 - BOU
on est couché, on ne se lève
plus.
BORGNE : As. —Il est uni-
que comme l'œil du borgne. —
a Quinze et cinq, trois borgnes,
trois bœufs, tierce mai or dans
les vitriers, trois colombes. » {Le
Sublime.)
BORGNER : Regarder. (Del-
vau.) — Pour mieux voir, on se
fait borgne en fermant un œil.
BOSSELARD : Chape m haut
de forme. Argot de collège. (M.
Toumeux.) — C'est bossdé avec
changement de finale. Les ga-
mins ne ménagent guère leurs
coiffures.
BOTTER : Donner la botte
au derrière. (Rigaud.)
BOUANT : Cochon. Il se plaît
dans la boue. — Argot de
voyous. (Delvau.)
BOUBOUILLE : Cuisine mi-
sérable faite sur un fc urneau
portatif. (Rigaud.)
BOUCLAGE : Menotte^, liens.
Argot de prisonniers. (I elvau.)
BOUIF : Faiseur d'embarras,
mauvais ouvrier. (Rigaud.)
BOULAGE : Rebuffade, re-
fus. (Boutmy.) — Mot à mot :
action de bouler, battre. V. page
56.
BOUILLONNER : Ne pas
vendre, manger dans un bouil-
lon restaurant. (Rigaud.)
BOULE : Chien terrier. {Jd.)
— C'est le bull anglais.
BOUL-MICH : Boulevard
Saint-Michel. {Id.) — Alrévia-f
BOU - I
^on. Je dois faire observer à ce
sujet qu'on dit aussi boul-ger
pour boulevard Saint-Germain.
Ouvrir la porte à des néologis-
mes de cet ordre expose à de
grands et peu utiles envahisse-
ments.
* BOULER : Tromper. — Du
vieux mot boule : Tromperie,
astuce.
BOULET A COTES, BOU-
LET A QUEUE : Melon. Argot
de faubourien. (Vidocq.)
BOULEUR, BOULEUSE : Ac-
teur ou actrice jouant comme
doublure. (Rigaud.)
BOULINGUER : De'chirer (ar-
got de voleur), gouverner, con-
duire (argot de vagabond). (Del-
vau.) — Dans le premier sens,
je crois que boulinguer se rap-
proche du mot boulin qui mot à
mot veut dire trou. Voyez Bou-
liner, p. 56.
BOULONNAISE : Fille pu-
blique exploitant le bois de
Boulogne. (Rigaud.)
BOULOT : Haricot rond.
(Delvau.) — Allusion de forme.
BOUQUET (c'est le) : C'est le
comble. Se dit indifféremment
d'un malheur ou d'un bonheur
succédant à un autre. — Allu-
sion au bouquet qui termine un
feu d'artifice.
BOUQUET : Cadavre. Argot
de voyou. (Delvau.)
BOURDON : Femme prosti-
tuée. (A. Pierre.) — Elle bour-
donne des invitations à l'oreille
du passant.
9 - BOU
BOURGUIGNON : Soleil. (Del-
vau.) 11 fait mûrir le vin, et le
vin de Bourgogne est le vin
préféré du peuple.
BOURLINGUE : Congé. —
BOURLINGUER : Donner con-
gé. — BOURLINGUEUR : Pa-
tron menaçant toujours de con-
gédier l'ouvrier. (Rigaud.)
BOURREBOYAUX : Gargote.
(Rigaud.)
BOURREUR DE PÈGRES :
Code pénal. Il bourre les mal-
faiteurs. (Id.)
BOURRASQUE : Razzia de
police. Argot de voleurs. (Del-
vau.) — Une bourrasque rase
tout.
BOURRE-COQUINS : Hari-
cots. Argot du peuple. (Delvau.)
— Les haricots ou fèves jouent
le premier rôle dans la nourri-
ture des bagnes.
BOURRE DE SOIE : Fille
entretenue. Argot de voyous.
(Delvau.) — C'est bourdon avec
un changement de finale qui fait
un jeu de mots.
• BOURRICHON : Tête. —
Comparaison de la tête à une
bourriche d'huîtres.
BOURSER (se) : Se coucher.
(Rigaud.) — Même image que
dans se glisser dans le porte-
feuille. Ne doit se dire que des
lits étroits.
BOUSILLER : Travailler vite
et mal. Mot à mot : comme s'il
s'agissait de bâtir avec de la
boue. (Delvau.)
bousille;ur, bousil-
BRA
— 20 —
BRI
LÉUSE : Mauvais ouvrier, gas-
pilleuse. {Id.)
BOUSINGOT : Cabaret. Di-
minutif de bousin. — « On alla
à la Puce qui renifle, un petit
bousingot où il y avait un bil-
lard. » (Zola.)
BOUT : Congé. — FLAN-
QUER SON BOUT : Donner
son congé. Argot de tailleur,
(Rigaud.) — Abréviation. Pour
bout du service.
BOUT DE CUL : Petit homme.
« Un abominable bout de cul,
coiffé d'une casquette de ve-
lours. » (Huysmans, 79.) Voyez
Bout d'homme, p. 58.
BOUTANCHE, BOUTOQUE :
Boutique. Argot de prison. (Del-
vau.) — C'est boutique avec chan-
gement de finale.
BOUTEILLE : Nez. Argot de
faubouriens. (Delvau.) — C'est
le vin bu qui vient l'empour-
prer.
BOUTON DE PIEU : Pu-
naise. (Rigaud.) — Elle garnit
les lits (pieux) du dernier ordre
comme les boutons garnissent
une robe. Et Dieu sait qu'on ne
les ménage guère aujourd'hui!
BOUTON : Passe-partout. Ar-
got de voleur. (Delvau.) — Allu-
sion au bouton de porte qu'il
suffit de tourner pour ouvrir.
BOYAU ROUGE : Bon bu-
veur. Argot du peuple. (Id.) —
Allusion à la couleur du vin qui
remplit l'ivrogne.
BRADER : Vendre à vil prix.
Argot de marchand. {Id.)
BRAILLANDE : Caleçon. Ar-
got de voleurs. (Delvau.) — Pour
braillarde.
* BRANCHE : Peut venir aussi
du vieux mot branché : compa-
gnon associé dans une affaire.
BRANCHER : Loger. — Sy-
nonyme dQ percher. Animalisme.
— « Je m'embête d'être branché
en garni. » (De Concourt.)
. *BRAS : Grand. — C'est une
importation bretonne. Bra^ a le
même sens en breton.
BRÈME : Carte de fille sou-
mise. (Rigaud.) — Allusion à la
carte à jouer dite brème. —
ÊTRE EN BRÈME : Être sous
la surveillance de la police. (Id.)
BRICHETON : Mot. — c( Le
troupier dit aussi que son pain
est du bricheton, du brignolet. »
(D. Lacroix.)
* BRICULÉ : Officier de paix.
(A.Pierre.) — L'accent manque
dans le répertoire d'HaL^ert.
V. p.6i.
BRIDE, VIEILLE BRIDE :
Objet de rebut. — Le pre.niier
mot est une abréviation. —
« Comment une bride de son
espèce se permettait de mau-
vaises manières à l'égard d'un
camarade. » (Zola.) — « Enten-
dez-vous, vieille bride, de l'eau,
c'est bon pour éteindre le feu. »
{Le Sublime.) — Ce péjoratif doit
venir, comme schabraque, de la
cavalerie. (V. p. 328.)
BRIGAND, BRIGEANT. Che-
veu. Argot de voleur. (Delvau.)
BRIFFE: Gras double?
BRÔ — :i ! —
Nous nous empâtons
D'arlequin, d' briffe et d' rogatons.
Richepin.
BRIMARD : Briseur. Argot
des voyous. (Delvau.) — Pour
brisemar.
* BRIMER (p. 62). Étymolo-
gie. En poitevin, brimer 2i le sens
analogue de rendre malade.
•^BRIOCHE : Castil Blaze a
prétendu donner l'origine de ce
mot par je ne sais quelle his-
toire de musiciens d'Opéra que
je ne vois justifier par aucun
texte.— Règle générale : il faut se
méfier des anecdotes qui four-
millent dès qu'il s'agit d'expli-
quer un mot d'argot. Dans les
trois expressions très populaires
faire un pâté, faire une boulette,
faire une brioche, je vois un air
de parenté qui nous mène loin
de l'orchestre de l'Opéra.
BRIQUEMONT : Sabre. Ar-
got de voleur. (Delvau.) V. Briq-
mann, p. 62.
BROBUANTE : Bague. Argot
de voleurs. (Delvau.)
BROCANTE : Vieux soulier.
(Rigaud.) — C'est-à-dire soulier
de brocante.
BROCHES : Dents. {Id.) Ani-
malisme.
BUV
BROUILLE : « En langage de
palais on appelle la brouille,
c'est-à-dire ces nombreux petits
artifices de procédure qui font
rendre à une affaire tout ce
qu'elle peut donner de bénéfice.»
{Petit Journal, déc. 78.)
BRÛLÉ : Affaire manquée.
(A. Pierre.) — Mot à mot : « af-
faire brûlée. »
BRULER (se) : S'approcher
plus près de la rampe que le rôle
ne L comporte. Argot théâtral.
(Bouchard.) — Allusion aux
feux de la rampe.
BUEN RETIRO ; Cabinet d'ai-
sances. — Ironie espagnole. —
« Une dame sortant d'un buen
retiro à quinze centimes. » (Fz-
garo, 76.)
BURETTES : Paire de pisto-
lets. Argot de voleur. (Delvau.)
— Elle sortait de la ceinture
comme les burettes de leur étui.
BUTIN : « Le butin du sol-
dat, c'est l'ensemble de ses effets
d'ordonnance. » (D. Lacroix.)
BUTRE : Plat. (Delvau.)
BUVEUR D'ENCRE : « Par
ce surnom, le troupier désigne
tous les militaires employés dans
les bureaux, et plus particulière-
ment les fourriers. » (D. La-
croix.)
CAC
— 22 —
CAl
o
ÇA (il a de) : Il a de l'argent,
il a du courage. — ELLE A DE
ÇA ; Elle a des appas. (Rigaud.)
— IL Y A DE ÇA : Il y a de
l'argent.
CABANDE,CABOMBE : Chan-
delle. — Jargon d'ouvrier. (Ri-
gaud.)
CABASSER: Bavarder. — CA-
BASSEUR: Cancanier. (Delvau.)
— Du verbe cabosser : bosseler,
pris au figuré.
CABOCHARD : Tête. — Aug-
mentatif de Caboche. V. Rien.
CABOCHON : Contusion. (Id.)
CABOMBE : V. Cabande.
• CABOT : Chien. V. Cabo,
p. 67.
• CABOULOT : Étymologie :
Vieux mot qui a signifié d'abord
cabane, puis guinguette.
CACA : Double-quatre de do-
minos. (Rigaud.) — Redouble-
ment de la première syllabe de
quatre.
CACHE-MISÈRE : Vêtement
boutonné jusqu'au menton, pour
dissimuler l'absence de che-
mise. (Delvau.)
CACHE-FOLIE : Postiche en
cheveux (Rigaud), caleçon. (M.
Tourneux.)
CACHEMAR, CACHEMINCE,
CACHEMUCHE : Cachot. (Ri-
gaud.) — Changement de finale.
CADAVRE : Corps. — Ironie
philosophique et religieuse. —
ce SE METTRE QUELQUE
CHOSE DANS LE CADAVRE :
Manger. » (Delvau.)
CADOR : Chien. CADOR DU
QUART : Secrétaire du com-
missaire. Jargon de voleurs.
(Rigaud.) V. Chien de comviis-
saire, Quart d'œil. — Du mot de
langue d'oc cadel : petit chiea.
CADRATIN : Chapeau de
haute forme. (Boutmy.) —Allu-
sion à la forme du cadratin
d'imprimerie.
CAGE : « A Paris, l'ouvrier a
donné le nom de cage à tout ate-
lier recouvert de vitres. » (Ladi-
mir.)
CAGNE : Agent de police. —
Pour cogne. (Rigaud.)
CAHUAH : « Par ce nom, les
soldats qui ont été en Afrique
désignent le café. » — POUSSE-
CAHUAH : tau-de-vie. Moi à
mot : pousse-café. (D. Lacroix.)
— Ce doit être un équivalent du
mot indigène.
CAILLASSE : Caillou. Arf^ot
du peuple. (Delvau.) — Chan^^e-
ment de finale.
CAILLOU : Nez. {Id.
sion de forme.
AUu-
CAISSE D'EPARGNE: La bou-
che. (Id.) — Jeu de mot des bu-
veurs qui y font des versemeiits
CAL
- 23 —
CAM
quotidiens. — On le peut pren-
dre ironiquement aussi, car c'est
là que se place tout l'argent du
pauvre monde.
CALANCHER : Mourir. Ar-
got de vagabonds. (Delvau.) —
Augmentatif de caler : ne rien
faire. La mort est le repos éter-
nel.
CALANDE : Promenade. Jar-
gon de voleurs. (Rigaud.) — Mot
à mot : action de caler (ne rien
faire). V. page 71.
CALANDRINER LE SABLE :
Traîner sa misère. Argot de
voyous. (Id.) — Diminutif du
verbe calandrer : presser, lus-
trer. Le terme de polir le bi-
tume (faire le trottoir) rappelle
exactement la même image.
CALENCE : Manque d'ou-
vrage. Jargon d'ouvrier. (Ri-
gaud.) — Mot à mot : action de
ne rien faire, de caler.
* CALER : Rester sans ou-
vrage par nécessité, et non par
paresse. (Boutmy.) — Du vieux
mot de langue d'oc calar : dis-
continuer.
CALER DES BOULINS :
Faire des trous. V. Bouliner,
p. 56. — CALER SA BITTURE:
Faire ses besoins. Mot à mot :
donner congé à sa nourriture. —
SE CALER LES AMYGDALES :
Manger. (Rigaud.)
CALETER : Décamper. (Id.)
' CALEUR : Ouvrier sans tra-
vail. (Boutmy, 78.)
CALEUR : Ouvrier paresseux,
(Rigaud.) V. Caler, p. 71.
CALEUR : Garçon. De l'alle-
mand Kellner. {Id.)
CALIGULER : Ennuyer. —
Allusion à la chute du Caliguîa
de Dumas père au Théâtre-Fran-
çais. (Delvau.)
CALOT : Œil saillant : - Ac
ception figurée de calot : co-
quille de noix.
CALOTTÉE : Boîte à asticots.
Argot de pêcheurs à la ligne.
(Privât d'Anglemont.;
CAMARO : Camarade. —
Abréviation. — « Amusez-vous.
Je reste de cœur avec les cama-
ros. » (Zola.)
CAMBRIAU : Chapeau. (A.
Pierre.) — Forme de Combriau.
CAMBROUX : V. Cambrouse,
p. 73.
CAMBRURE : Savate. (Ri-
gaud. — Ironie.
CAMÉLIA, DAME AUX CA-
MÉLIAS : « Quand la lorette ar-
rive à la postérité, elle change
de nom et s'appelle dame aux ca-
mélias. Chacun sait que ce nom
est celui d'une pièce de Dumas
fils, dont le succès ne semble
pas près de finir au moment où
nous écrivons. » (E. Texier, 52.)
CAMELOTE : Prostituée de
bas étage. (Rigaud.) — Mot à
mot : mauvaise marchandise.
CAMOUF : Chandelle. (A.
Pierre.) — Abrév. de Camoufle.
CAMOUFFLÉ : Homme por-
tant fausse barbe. (A. Pierre.)
— De Camoufler (se) : se dégui-
ser. Mot à mot : cacher son
mufle.
CAP
- 14 -
CAR
CAMOUFLE : Signalement.
— V. page i3 de l'introduction.
CAMOUFLER LA BIBINE,
LE PIVE : Falsifier (mot à mot :
déguiser) la bière, le vin. (Ri-
gaud.)
CANAPÉ : Lieu public fré-
quenté par les pédérastes, (Vi-
docq.) — Allusion ironique aux
parapets des quais et aux bancs
de certains boulevards.
CANARDER : Plaisanter. (A.
Pierre.) — Mot à mot : conter
des canards.
"CANARD : « Nom familier
par lequel on désigne les jour-
naux quotidiens. » (Boutmy.)
CANARDIER : Compositeur
de journal. (Id.)
• CANASSON (vieux): Mot d'a-
mitié. — « Tu vas venir avec
nous, mon vieux canasson, »
(Huysmans, 79.) — On prononce
can'son.
CANER : Faire ses nécessités.
Argot du peuple. (Delvau.) — La
peur produit parfois ce résultat,
et caner c'est avoir peur. La cause
est prise ici pour l'effet.
CANETON : Petit journal
sans importance. (7<i.)
CANONNER : Boire beaucoup
de canons. — CANONNEUR :
Buveur. (Delvau.)
CAPISTON : Capitaine, —
CAPISTON BÊCHEUR : Capi-
taine adjudant-major, (Rigaud.)
— Ce dernier a la police de son
bataillon et bêche par devoir.
CAPITAINE : Capitaliste,
agioteur. Argot des voleurs.
(Delvau.) — C'est capitaliste avec
changement de finale.
CAPITONNÉE (elle est) : Se
dit d'une femme assez grosse.
CAPITONNER (se) : Garnir
sa robe d'avantages en coton,
(Delvau,)
CAPITOLE : « Nom donné
aux arrêts ou cachot, qui est
souvent un grenier. On dit :
« monter au Capitole, » — Allu-
sion à la citadelle romaine du
Capitole. — Argot des éc jles,
CAPOULS : Coiffure féminine
à bandeaux en cœur, iniugurée
par le ténor Capoul, adoptée par
les élégants et les commis qui
visent à l'élégance. (Rigaud,)
CAPRE : Chèvre. (Id.) —
Vieux mot.
CAPSULE : Schako d'infan-
terie. (D. Lacroix.) — Allusion
de forme.
CARABINER : Jouer timide-
ment. Argot de joueurs, (Del-
vau,)— Allusion aux tirailleurs
qui ne risquent qu'à 1 on es-
cient leur coup de carabine.
CARAFE : Gosier. Jargon de
voyous.— On y verse l'eiu et le
vin, comme dans la carafe. —
FOUETTER DE LA CARAFE:
Avoir l'haleine infecte. (Rigaud.)
'CARAPATA : Pour com-
prendre son étymologie il faut
se reporter à Carapater : Cou-
rir. V. plus bas. Le tarapata
court à pattes en effet. Allusion ,
au va-et-vient qu'il extcuteen,
appuyant sur sa pcrcbe pour '
faire avancer son battau. D^i
CAR - 25 — CAR
CAROTTE (cheveux) : Che-
veux très roux. (Rigaud.)
CAROTTE DANS LE PLOMB
(avoir une) : Chanter faux,
avoir l'haleine infecte. Argot de
faubouriens. (Delvau.) — Com-
paraison du gosier au canal
d'eaux ménagères dit plomb. V.
page 286.
GAROUBLE : Soir, nuit. Jar-
gon de voleur. (Rigaud).
CARRE (à la) : Mettre de
côté. (A. Pierre.) — Une traduc-
tion plus exacte serait en ca-
chette. V. Carrer, p. 82.
CARRÉ : Voyez Bi:çut.
CARRÉ DES PETITES
GERBES : Police correction-
nelle. Mot à mot : chambre des
petits jugements. (Rigaud.)
CARRÉ DU REBECTAGE :
Cour de cassation. Mot à mot :
chambre de la médecine. (Id.) —
La médecine est faite pour les
malades (prisonniers).
CARREAUX BROUILLÉS :
Maison de tolérance de dernier
ordre. — Les fenêtres sont dé-
polies par ordre de police. —
« Il va aux carreaux brouillés.
C'est son pain quotidien. » {Le
Sublime.)
CARRÉE : Chambre. Jargon
d'ouvrier. (Rigaud.) — Allusion
de forme.
CARRELURE DE VENTRE :
Réfection plantureuse. Argot du
peuple (Delvau.) •— Comparaison
du ventre plein au soulier car-
relé à neuf. Les marins disent
de même se radouber l'estomac.
même dans l'artillerie, les ser-
vants à cheval appellent court à
pattes un servant à pied.
CARAPATER : Courir. Mot à
mot : « courir à pattes. » —
« Dans mon Paris j' carapate
comme un asticot dans un
mort. ï (Richepin, 77.)
CARAVANES : Aventures ga-
lantes. Argot du peuple. (Del-
vau.) — On a cru qu'il y avait
ici un rappel de la Fiancée au
roi de Garbe, mais je crois que
le peuple a fait tout bonnement
allusion aux chameaux de cara-
vanes. V. Chameau, p. 91.
CARCASSE (états de) : Reins.
-— Jargon de voleurs. (Rigaud.)
CARCASSIER : Habile dra-
maturge. (Delvau.) — Mot à mot:
homme habile à établir la car-
casse ou scénario d'un ouvrage
dramatique.
CARDER : gratigner. Argot
du peuple. (Delvau.) — Compa-
raison des ongles aux pointes
des peignes à carder.
CARISTADE : Secours en ar-
gent. (Boutmy.) — C'est une
forme méridionale qui se rap-
proche du caritat (charité) pro-
vençal.
-^ CARME : Miche. — Appelée
ainsi sans doute parce qu'elle
était blanche de farine comme
une robe de carme (dominicain).
CARME A L'tSTORGUE :
Fausse monnaie. (Rigaud.) V.
Carme, p. 81.
CARMER : Donner de l'ar-
gent. {Id.)
CAS
- 26
CAT
CARRE UR : Receleur. (A.
Pierre.) — De Carrer : Cacher.
• CARTAUD (page 83) : Lisez
Cartaude.
CARTE (piquer la) : Marquer
la carte pour les reconnaître.
Argot des Grecs. (Rigaud.)
CASQUE (avoir du) : Avoir
la faconde du saltimbanque.
Allusion au casque d'un mar-
chand de crayons en plein vent
nommé Mangin,qui eut de i85o
à 1861 son heure de célébrité à
Paris. (Rigaud.)
CASQ.UE (avoir le) : Avoir la
tête lourde un lendemain d'i-
vresse, (/rf.) — Allusion au poids
du casque.
CASQUE (avoir le) : Avoir un
caprice. Argot de filles. (Delvau.)
— C'est l'équivalent de être
coiffé.
*CASQUER: Donner dans un
piège. — J'ai casqué pour le
roublard : Je l'ai pris pour un
malin. (Delvau.)
CASSANT : Noyer, biscuit de
mer. {Id.) — Le noyer produit
la cassante : noix. (V. page 85)
et le biscuit de mer est dur à
casser les dents.
CASSE-GUEULE : Eau-de-
vie de première force. — Elle
emporte la bouche, comme on
dit familièrement. — « Elle re-
garda ce que buvaient les hom-
mes, du casse-gueule qui lui-
sait pareil à de l'or. » (Zola.)
CASSE-MUSEAU : Coup de
poing. Argot de faubourien.
(Delvau.) — Coup destiné, bien
entendu, au visage.
CASSER LA MARMITE :
S'enlever tout moyen d'existence
par une folie. Argot de faubou-
rien, (/(i.) — C'est-à-dire de sou-
teneur. Pour comprendre le ter-
me, voyez Marmite, page 234.
CASSER SA FICELLE : S'é-
vader. Argot de voleur. [Id.) —
V. Ficelles : Menotes, p. 171.
CASSER UNE ROUE DE
DERRIÈRE : Entamer une pièce
de cinq francs. (Rigaud. — V.
Roue, p. 320.
• CASSEROLE : Agent de po-
lice. (Id.) — Le sens primitif
est dénonciateur, V. C isserole,
p. 86. — V. Gameler.
CASSEROLE : L'hôpital du
Midi, à Paris. Argot des faubou-
riens. (Delvau.) — On y soigne
les vénériens. Voyez Cisserole,
p. 86.
CASSEUR DE SUCRE A
QUATRE SOUS LE MJ>TRE :
Prisonnier des compagnies de
discipline. Il est employi en Al-
gérie à l'empierrement des rou-
tes. Les pierres cassées lui sont
payées à quatre sous 1- mètre
cube. (D. Lacroix.)
CASSIN : Petite maison, pe-
tite boutique. — Abrévi ition de
cassine. — « Il est bien avec la
bourgeoise du cassin, il a l'oeil
là-dedans. » {Le Sublime.)
CASSOLETTE : Pot de cham-
bre, tombereau de boueux. (Del-
vau.) — ' Allusion ironique aux
parfums de cassolette.
CATAPLAMIER : Irfîrmier.
(D. Lacroix.) — Mot à mot : po«*
seur de cataplasmes.
CEN
- 27 -
CHA
CATHOLIQUE A GROS
GRAINS : Catholique peu pra-
tiquant. Argot de bourgeois.
(Delvau.) — Mot à mot : ne di-
sant de prières qu'aux gros
grains de son chapelet.
CAUCHEMARDER (se) : S'in-
quiéter, se tourmenter. — a Hein !
est-elle assez canulante! Il faut
qu'elle se cauchemarde. » (Zola.)
CAVALER AU REBECTAGE :
Se pourvoir en cassation. Mot à
mot : galoper à la médecine.
(Rigaud.) — Rebectage veut dire
médecine, et médecine veut dire
à son tour conseil d'avocat. V.
p. 238. — Lé malade est Vinculpé.
V. p. 229.
CAVALER tHER AU RE-
BECTAGE : Se pourvoir en grâce.
(Id.) Mot à mot : courir au triple
galop à la médecine. — Cher est
ici pour rude, raide.
CAYENNE : Atelier, cime-
tière extra muros. Argot du
peuple. (Delvau.) — Allusion
au Cayenne de la Guyanne qui
passait pour un vrai cimetière.
Pour le premier sens, c'est une
assimilation de l'ouvrier au con-
damné aux travaux forcés.
CENDRILLON : Jeune fille sa-
crifiée dans l'intérieur de sa fa-
mille. — Allusion à Cendrillon
du conte de fées. {Id.)
CENTRAL : Détenu de mai-
son centrale. (Rigaud.)
CENTRÉ (être) : Avoir fait de
mauvaises affaires. Argot d'ou-
vriers du fer. {Id.)
CENTRE DE GRAVITÉ
(perdre son) : Être ivre, gris.
Mot à mot : être assez ivre pour
ne plus se tenir bien droit.
« Après le dîner, il perd ses belles
manières et souvent son centre
de gravité. » [Vie paris., 77.)
•CERCLE (page 89) : Lisez
Cerclé.
CHABIER : S'évader. V. page
1 3 de V Introduction. Verbe cons-
truit sur les expressions faire
M. Chibis, voir M. Chibis, qui
ont le même sens.
CHACAL : Zouave. « Le cha-
cal, animal rusé et maraudeur,
a été pris comme type par le
zouave qui s'est donné à lui-
même ce surnom. » (D. La-
croix.)
CHAFFOURER (se) : S'égra-
tigner. (Delvau.) — Allusion aux
griffes du chat.
CHAMBERLAN, CMAMBRE-
LAN : Ouvrier en chambre.
(Rigaud.) — Deux formes an-
ciennes du mot chambellan qui
signifiait bien officier de la cham-
bre.
CHAMBRE A LOUER (avoir
une) : Être fou. (Delvau.) — Mot
à mot : avoir une case vide dans
le cerveau.
CHAMBRELAN : V. Chamber^
lan.
•CHAMEAU: Rusé exploitant
toujours ses compagnons. (Del-
vau.) — C'est le sens du cha-
meau femelle appliqué au mas-
culin. Les prostituées sont des
exploiteuses.
CHANDELIER : Nez. — H en
sort des chandelles. (Rigaud.)
CHA
28 —
CHA
•CHANDELLE : Mucosité.
t Celui-ci reniflant de merveil-
leuses chandelles, celui-là sa
chemise au vent. » (Hennique.)
/CHANDELLE : Bouteille.
Etymologie : elle éclaire l'ivro-
gne et lui fait voir... en dedans.
V. Voir p. 302.
CHANGER SON POISSON
D'EAU : Uriner. (Rigaud.) —
Allusion au robinet lâché d'un
petit aquarium.
CHANGEUR : Marchand d'ha-
bits fournissant aux voleurs de
quoi se déguiser. (Delvau.)
CHANGEUR : Filou prenant
les pardessus neufs dans les ca-
fés en échange des vieux dont il
fait tout exprès collection. (Ri-
gaud.)
CHANTEUR : Voleur spécu-
lant sur l'humanité. (A. Pierre.)
— Allusion aux faux chanteurs
qui mendient dans les cours.
CHANTIER ; Embarras, com-
plication.— Allusion à l'encom-
brement des chantiers.
Minuit sonnait. Ahl quel chantier!
Mon épouse va gronder peut-être.
(Guy Marie, chans.)
CHAPARDEUR : Mari qui
trompe sa femme. (Rigaud.) —
Il chaparde l'amour conjugal.
CHAPELLE : Comptoir de
marchand de vins. (Id.) — Les
burettes n'y manquent pas. Puis
il y a presque toujours une ni-
che figurée au fond.
CHAHCUTIER : Chirurgien.
(Delvau.) — Ouvrier estropiant
l'ouvrage. (Rigaud.)
CHARENTON : Absinthe. —
tille trouble la raison de ses fi-
dèles. (Rigaud.)
•CHARGER : Avoir trouvé
un galant. Argot de filles qui se
comparent aux cochers. [Id.)
^ CHARMER LES PUCES :
Être ivre. (Delvau.) — Mot à
mot : ivre à griser ses puces.
CHARRIEUR-CAMBROU-
SIER ; Voleur à l'aide de moyens
chimériques. (A. Pierre.) — Mot
à mot : voleur campagnard
n'ayant point la force des vo-
leurs de ville.
CHARRIEUR DE VILLES :
Voleur appelant la chimie à son
aide [Idem)}
CHARRON : Voleur. (Vidocq.)
— Voyez Charon, page 94.
CHASSE-COQUIN : Bedeau.
(Rigaud.)
CHASSE-MARAIS : Chasseur
d'Afrique. {Idem.) Pour chasse-
mar. V. ce que nous avons dit
de cette désinence arbitraire.
(Mar. page 232.)
CHASSIS : ŒiL V. Chasse,
p. 95.
CHAT : Couvreur. Il court les
toits comme le chat. (Rigaud.)
CHAT : Enrouement subit.
{Id.) — On ne peut alors chan-
ter_, on miaule. De là, l'expres-
sion avoir un chat dans le go-
sier.
CHATEAUBRIAND : Beefs-
teak cuit entre deux autres.
CHE -
d'après une recette de Chateau-
briand. (Delvau.)
CHATTE : Pièce de cinq
francs. Argot de filles. (M.) —
Nom d'amitié.
CHEMIN DE FER : Baccarat
où chaque joueur tient à son
tour les cartes. Cela va plus vite.
(Rigaud.)
CHENILLON : Avorton. Di-
minutif de chenille. — « Veux-
tu décaniller de là, bougre de
chenillon ! » (Zola.)
CHER : Beaucoup. (Rigaud.)
— On dit de même il est riche-
ment laid pour très laid. La ri-
chesse devient un superlatif gé-
néral.
CHÉTIF : Enfant de Limou-
sin, apprenti maçon. (Rigaud.)
CHEULARD : Licheur. —
« Ah! lescheulards! dit-il... J'ai
senti ça. Hein? Qu'est-ce qu'on
mange. » (Zola.)
CHEVAL DE TROMPETTE
(bon) : Aguerri. — « Moi, d'a-
bord, je suis bon cheval de
trompette. Le bruit ne m'effraie
point » (H. Monnier.)
CHEVALIER DE LA GRIPPE:
Filou. (Rigaud.) — Lisez de Va-
grippe [d^agripper : prendre).
CHEVANCE : Ivresse. (Id.) —
Vieux mot qui signifiait gros
bien, richesse. L'ivrogne a toutes
les richesses de la terre en ima-
gination.
CHEVEU : Caprice «moureux.
On dit avoir un cheveu pour un
homme, (Delvau.) — Ce doit
être une variante de Coiffé, car
sans cheveu, on ne saurait être
2Q —
CHI
coiffé, c'est-à-dire : être tout à
fait épris.
CHEVEU : « Travail difficile,
ennuyeux et peu lucratif. »
(Boutmy.)
CHEVEUX (trouver des) :
Trouver à reprendre tout. (Ri-
gaud.) — Allusion aux vétilleux
qui cherchent des cheveux dans
le potage.
'CHÈVRE (gober sa) : En
1660, Molière dit déjà :
D'un mari sur ce point j'approuve le
[souci,
Mais c'est prendre la chèvre un peu
{bien vite aussi.
CHEVROTIN : Irascible, mé-
content. (Boutmy.) — Mot à
mot : qui a souvent sa chèvre.
V. page 99.
CHIADE : Bousculade. —
Argot des écoles.
CHIASSE : Chose sans valeur,
marchandise avariée, maîtresse.
Argot du peuple. Delvau.)
CHIBIS (faire), voir M. Chi-
bis : S'évader. — Argot des vo-
leurs de province. V. l'Introd.
p. i3 et 14.
• CHIC (V. p. 100) : Je dois
tenir note de l'étymologie qui
en fait une forme du schick al-
lemand (tournure, talent), qui
est lui-même une abréviation
du mot ancien geschick (même
sens). Comme nous usions déjà
du mot chic sous le premier
empire, dans l'armée, ce serait,
en ce cas, un mot qui aurait re-
passé le Rhin avec les armées
républicaines.
CHI
- 3o --
CHI
CHICORÉE : Réprimande.
(Rigaud.) — La chicorée est
amère.
CHIÉ (tout) : Tout à fait res-
semblant. (Id.)
CHIEN (faire du) : Faire un
ouvrage payé d'avance. [Id.)
CHIEN (avoir un) : Avoir un
caprice pour un homme. {Id.)
CHIEN DE FUSIL (se tenir
en) : Se replier sur soi-même.
Allusion au profil du chien
de fusil.— « Sur le tas de paille,
Gervaise, toute habillée, se te-
nait en chien de fusil. » (Zola.)
CHIEN PERDU : On appelle
ainsi un fait divers de journal.
— « Le metteur en pages a be-
soin d'un chien perdu pour
boucher un trou quand les ré-
dacteurs n'ont pas fourni assez
de copie. » (Boutmy.)
CHIER DANS LE PANIER
DE QUELQU'UN : Lui jouer
un tour impardonnable. — On
dit : « il a chié dans mon pa-
nier jusqu'à l'anse. » — On lit
déjà dans la satire Ménippée,
au XVI» siècle : « Cettuy-là a fait
caca en nos paniers. » (Delvau.)
CHIER DUR : Travailler
ferme. — CHIER DANS LA
MAIN : Être trop familier. —
CHIER DU POIVRE : Se déro-
ber quand on a besoin de vous.
— ENVOYER CHIER : Écon-
duire. — FAIRE CHIER : Ob-
séder. (Rigaud.)
CHIEUR D'ENCRE : Employé
de bureau, homme de lettres.
(Jd.) — Même genre de plaisan-
terie que dans buveur d'encre.
CHIFFARD : Pipe.(A. Pierre.)
Pour Chiffarde.
CHIFFE : Langue. Abrév. de
Chitfon rouge. (Jd.) V. p. io3.
CHIFFON : Fille à minois
chiffonné. (Delvau.)
CHIFFONER : Contrarier. —
Vieux mot qui s'est dit en langue
romane achaifonner. — « On ne
peut plus faire de farces à sa
Nini ; c'est ce qui vous chif-
fonne. » (Gavarni.)
CHINE (aller à la) : Cri.r dans
les rues : vieux habits, vieux ga-
lons! (Rigaud.) — Pour a lUer en
Chine. » Allusion à la longueur
des tournées quotidiennes des
marchands d'habits.
CHINER : Aller à la chine.
(Id.)
' CHINEUR (page 104). Mot à
mot : allant à la chine. Voyez
Chine.
CHIPE : Action de chiper.
(Rigaud.)
CHIQUE (avoir sa) : Être de
mauvaise humeur. (Id.) - Allu-
sion à la moue que produit une
chique logée dans la bouche.
CHIQUE (avoir une) : Être
saoul. (Delvau.) — Pour avoir
chiqué (mangé et bu) outre me-
sure.
•CHIQUER : Manger. Vieux
mot.
• CHIQUER : Faire d3 chic,
c'est-à-dire sans les études né-
cessaires. « Voyez ces deux frag-
ments... Comme c'est négligé,
comme c'est chiqué ! Ne dirait-
CIG
— 3i
CLA
on pas une gravure à deux sous.»
(V. Bouton.)
CHIQUEUR DE BLANC :
Souteneur. (Rigaud.) — Même
étymologie que Mangeur de
blanc. V. Mangeur.
CHIRURGIEN EN VIEUX :
Savetier. (Delvau.) — Il travaille
la peau comme le chirurgien.
CHOCOTTE : Os gras. Jar-
gon de chiffonnier. (Rigaud.)
CHOLÉRA : Zinc, zingueur.
(Id.) — Viande malsaine. (Del-
vau.)
CHOLET : Pain blanc de'licat.
— Du vieux mot de langue d'oil
I chollat qui a le même sens.
CHOQUOTTE : Doit être une
forme de Chocotte.
Tout cela s'rait de la choquotte,
Mais c' qu'est triste, hélas 1
(Richepin, 77.)
CHOUFFLIC : Mauvais ou-
vrier. (Boutmy.) — Forme fran-
çaise de l'allemand schuflick :
savetier.
CHOUFLIQUÉ : Mal fait. Mot
à mot : saveté. — « C'est tout des
bons à rien. Comme c'est chou-
fiiqué, saboté ! » {Le Sublime.)
*CHTIBBE. — Germanisme.
Déformation de l'allemand Stie-
fel : botte, qui se prononce
schtiffle.
CHYLE (se refaire le) : Faire
un bon dîner. (Rigaud.) — Si le
mot est populaire, il doit avoir
un point de départ scientifique.
On dit aussi faire du chyle.
CIGALIER : Membre d'une
société poétique du Languedoc
nommée La Cigale. — « Ciga-
lier de cœur et d'âme. » (Bar-
doux, 78.)
CINGLER LE BLAIR : Se soû-
ler. (Rigaud.) — Mot à mot : se
piquer le nez. V. Ne:^, p. 253.
CINQ CENTIMADOS : Cigare
de cinq centimes. [Id.) — Ironie
à l'adresse de la Havane.
CINQ. ET TROIS FONT
HUIT : Boiteux. {Id.) — Mot à
mot : faisant cinq pas d'un pied
et trois de l'autre pour arriver à
huit.
CIRÉ : Nègre. (Rigaud.) —
Mot à mot : passé au cirage.
CISEAUX (travailler à coup
de) : Compiler. — C'est fait à
coups de ciseaux : Il n'y a rien
de neuf.
CISEAUX (tenir les) : Tenir
le poste de secrétaire de rédac-
tion dans un journal. Il coupe
les extraits.
CITRON : Tête. Argot de vo-
leurs. (Rigaud). — Allusion de
forme.
CIVADE : Avoine. (Vidocq.)
— C'est le mot de langue d'oc
civada.
CIVARD : Pâturage. {Id.) —
De Cive.
CIVE : Herbe. {Id.) — Vieux:
mot. La cive était une ciboule;
de là notre mot civet (ragoût aux
cives).
CLAM ART : Cimetière des
suppliciés. — « L'hippodrome
désormais destiné à devenir le
Glamart, le champ des navets de
la musique. » {Vie parisienne,
79-)
CLAPOTER : Manger. (Ri*
CLO
- 32 -
coc
gaud.) — Allusion au bruit de
la mastication.
CLAQUE (en avoir sa) : En
être repu, las. — Mot à mot :
plein à claquer, à éclater. —
« Toujours la même rengaine...
Je finis par en avoir une claque.»
(Durandeau, 78.)
CLAQUE-DENTS : « Il fut in-
troduit par quelques amis dans
les cercles appelés vulgairement
claque-dents. » {National, janv.
79.) — Est-ce parce qu'on y
claque (mange) son argent, ou
parce que la fièvre du jeu vous
y ruine. Avoir la fièvre c'était
jadis aller au pays de claque-
dent. Allusion au frisson qui
commence l'accès.
CLAQUER : Vendre. (Del-
vau.) — Acception figurée de
manger.
•CLARINETTE : Fusil. On a
dit d'abord clarinette de cinq
pieds. La baïonnette figurait le
bec, et la crosse s'évasant figu-
le pavillon.
* CLÉ :■— € Il y a des femmes
à la clé, il y a des côtelettes â la
clé : Il y aura des femmes à la
réunion, il y aura des côtelettes
au repas. » (Delvau.)
CLICHE : Diarrhée. (Rigaud.)
CLIENT : Individu volé ou à
voler. A remplacé pante. (Id.)
— Ironie. Les voleurs ont suivi la
mode des boutiquiers qui appel-
lent clients tous ceux qui leur
font gagner de l'argent.
CLOQUE : Pet. (Rigaud.) —
Onomatopée.
CLOQUER : Péter. (Id.)
CLOU : « Le soldat appelle
clou sa baïonnette. (D. Lacroix.)
— Allusion de forme.
CLOU : Ouvrier travaillant
mal. (Rigaud.) — Le clou ac-
croche et déchire.
CLOUS : Outils de graveur
sur bois. (Id.) — Allusion de
forme.
COCARDE : Excès de bois-
son. Il rougit et bleuit le visage
comme une cocarde. — « On
était bien venu à lui repiocher
une cocarde prise de temps à
autre. » (Zola.)
COCARDER : Avoir sa co-
carde. V. ce mot. — « On était
gai. Il ne fallait pas maintenant
se cocarder. » (Zola.)
* COCHONNERIE : « L'amour !
L'amour! ne me parlez jiimais
de cette cochonnerie-là. » ( Hen-
nique.)
COCO : Mauvaise eau-de-vie.
— Marchand de coco : Ma avais
marchand de vin. (Rigauvl.) —
Ironie. Le coco est une bo sson
d'eau et de réglisse.
COCO : Soulier. Argot du
peuple. (Delvau.) — Se trouve
déjà au dernier siècle dans le
Monsieur Nicolas, de Rétif.
*COCO (monter le) -.Monter la
tête, exciter. — « Ça te chato lille
les belles frusques. Ça te monte
le coco. » (Zola.) V. Coco.
* COCODETTE : « La coco-
dette est un type féminin du
second empire, comme la rner^
veilleuse le fut du Directoire, et
COL
- 33 -
COM
la lionne, de la monarchie de
juillet. Semblable à la courti-
sane par son faste et ses al-
lures, elle en diffère par la régu-
larité de sa position sociale. Son
existence est une pose inces-
sante. » {Souvenirs d'une coco-
dette, 78.)
CŒUR (par) : Pour mémoire.
Ironie. — « Dîner par cœur,
c'est dîner en esprit, immaté-
riellement, c'est-à-dire négati-
vement. V. Danse devant le buf-
fet.
COFFIN : Table volante pour
le travail, en souvenir du géné-
ral Coffinières qui a donné ce
meuble aux polytechniciens. (Ri-
gaud.)
COLLARDÉ : Prisonnier. {Id.)
— Augmentatif de Collé : em-
prisonné.
' COLLER : Punir. (Argot des
écoles.)
* COLLER (se) : Avaler. (Ri-
gaud.) — Pour se couler.
COLLEUR : Homme qui se
lie trop facilement. (Delvau.) —
Mot à mot : qui colle volontiers.
V. Coller, p. II 3.
COLLIGNON : Mauvais co-
cher. — Allusion à un cocher
de fiacre qui tua son voyageur
dans un accès de colère, il y a
vingt ans environ.
COLO : Colonel. — Abrév.
(Rigaud.)
COLOMBE : Dame de jeu de
cartes. Jeu de mots. Colombe
désigne aussi une femme aimée.
V, Borgne,
^ COLONNE (avoir chié la) ;
Être adroit dans son métier.
(Rigaud.) — Mot à mot : faire
une chose jugée impossible. Ce
terme s'emploie plutôt négative
ment {il n'a pas chié la colonne,
il n'est pas fort).— Il s'agit ici de
la colonne Vendôme, autrefois
fort admirée par le peuple.
COLTIN : Fort de la halle.
Partie prise pour le tout. V.
Colletin, p. 11 3.
COLTIN, COLTINER
Colletin, Colletiner.
V.
COLTINEUSE ; Ouvrière de
gros ouvrage. — « Ma sœur n'est
pas une coltineuse..., elle fait
les travaux délicats. > (Huys-
mans, 79.)
COMBERGE : Confession.
Abrév. de Combergeante.
' COME : Abrév. de Comité :
officier de galères. Vieux mot.
COMÉDIE (envoyer à la) :
Faire chômer. — Quant on va
au théâtre on ne travaille pas.
— a C'est y pas vexant d'envoyer
comme ça. les ouvriers à la co-
médie ! » {Le Sublime.)
COMÈTE : Jettatore. — Argot
de joueurs. (Rigaud.)
* COMFORT : Vieux mot plus
français qu'il n'en a l'air. —
« Tout le monde sait que nous
avons repris aux Anglais les
termes autrefois français de com-
fort, comfortable; mais nous
avons laissé entre leurs mains
celui de discomfort. Pourtant
discomfort, {malaise, désagré-
ment), se trouve dans nos an-
CON
-34-
COP
ciens poètes, notamment dans
Charles d'Orléans. » (J. Amero.)
COMMANDITE : Association
d'ouvriers pour un travail quel-
conque. (Boutmy.) — Ironie,
car c'est le contraire de la com-
mandite.
COMPOSE : Composition.
Argot des écoles. — Abrév.
COMPRENDRE (la) : Voler.
(Rigaud.) — Jeu de mots sur les
deux dernières syllabes.
COMPTE : Comptoir de mar-
chand de vin. (Id.) — Abrév.
CONDITION (en) : a Le che-
val en condition est dans un
haut état de santé, il n'a ni chair
ni graisse superflues. » {Carnet
des courses, 77.)
CONDUITE (acheter une) :
Mener un nouveau genre de vie.
(Rigaud.) — Se dit surtout des
fous auxquels il en coûte d'être
sages.
•CONDUITE DE GRENO-
BLE : « Jérôme prend un bâton
et fait la conduite à l'exempt,
conduite que le vulgaire appelle
de Grenoble, » (P. 2j, 2« partie,
Paulin ou les aventures du comte
de Walter. Paris, Desenne,
1792.)
CONFIRMER : Souffleter. (Ri-
gaud.) — Allusion à la petite
tape de la confirmation.
CONFRÈRE DE LA LUNE :
Mari trompé. (Delvau.) — Allu-
sion aux deux cornes de la lune.
CONILLER : Chercher à se
soustraire. (Rigaud.) — Du vieux
mot conil : lapin. On connaît
l'adresse avec laquelle cet ani-
mal fuit le chasseur.
*CONNASSE : Femme st«-
pide. (Rigaud.)
CONNOBRE : Connaître. {Id.)
— Abrév. de Connobrer. V. page
116.
CONSCIENCE (homme de) :
Ouvrier typographe pay^î à la
journée et non aux pièces. —
Allusion à la conscience néces-
saire dans un travail aussi libre.
CONSERVATOIRE : Mont de
piété. (Michel.) — On y con-
serve les effets engagés.
CONSERVES : Pièces du vieux
répertoire. Argot théâtral. (Ri-
gaud.) — Ce ne sont pas des pri-
meurs dramatiques.
CONSIGNE : Tisonnier de
poêle. Argot militaire. {Id,)
CONTRE-COUP: Contre-
maître. — « C'est vous qu'êtes
le contre-coup de la boîte. » {Le
Sublime.)
CONTREMARQUE DU PÈRE
LACHAISE : Médaille de Sainte-
Hélène. (Delvau.) — Les vétérans
qui la reçurent sous le second
Empire étaient déjà vieux. Néan-
moins, il en reste encore pour
donner à cette ironie anti-na-
tionale un glorieux démenti.
COP : Copie. Argot de typo-
graphe. {Id.) — Abrév.
COPIE SUR QUELQU'UN
(faire de la) : « C'est au figuré
dire du mal de lui ou mé lire. »
(Boutmy.) — Allusion aux arti-
COR
- 35
COR
clés méchants des petits jour-
naux.
COQUARD : Œil. (Rigaud.) —
Mot à mot : œil à la coque, gros
œil bouffi.
COQUARDEAU : Mari imbé-
cile, mari trompé, entreteneur
ridicule — Surnom ravivé par
la vogue des caricatures de Ga-
varni où Mosieu Coquardeau
joue un rôle constamment ridi-
cule. Au moyen âge, le coquar-
deau était un jeune fanfaron
d'amour, un gâteux. On connaît
ces vers du Blason des fausses
amours :
S'un (si un) coquardeau
Qui soit nouveau
Tombe en leurs mains,
Cest un oiseau
Pris au gluau.
Ne plus ne mains (moins).
COQ.UILLARD : Œil. (Ri-
gaud. — Diminutif de coquard.
COQUILLARD : Pèlerin. Ar-
got de faubouriens. (Delvau.) —
Je ne crois pas toutefois ce mot
connu des faubouriens de notre
siècle qui n'ont jamais vu de
pèlerins (à pèlerines garnies de
coquilles, d'où le vieux nom de
coquillard.) Le coquillard était le
faux pèlerin de la cour des mi-
racles.
* CORBEAU : Se prend aussi
ipour prêtre en général. — « Six
francs! le prix d'une messe à
l'autel des pauvres. Certes, il
n'aimait pas les corbeaux. »
(Zola.)
CORBUCHE LOF : Ulcère
factice. (Delvau.) — Lof est évi-
demment l'adjectif/awj; écrit /o
et soumis à un procédé de dé-
formation en /, qui consiste à
remplacer par / la première lettre
du mot qu'on rejette à la fin.
Fo fait ainsi lof. Voyez lent
parler en), p. 218.
CORDE (dormir à la), coucher
à la corde : Passer la nuit au ca-
baret. (Delvau.) — S'est dit d'a-
bord d'un marchand de vins de
dernier ordre qui faisait payer à
ses dormeurs le droit de s'ac-
couder sur une corde.
CORDER : S'accorder. (Id,)
— Abrév.
CORDES (faire des) -.Être
constipé. (Id.) — Mot imagé.
CORNAGE : « Respiration
bruyante et difficile : le cheval
est dit corneur. joueur de flûte.9
{Carnet des Courses, 77.)
CORNET D'ÉPICES : Capu-
cin. (Vidocq.) — Allusion au
capuchon et au papier brun de
l'épicerie. Le mot est donné de
nos jours comme appartenant à
l'argot des voleurs, mais il a dis-
paru dès 1789.
CORNIGHERIE : Niaiserie.
Abréviation de Cornichonnerie,
mot à mot ; acte de cornichon.
V. ce mot, page iiB.
CORVÉE (aller à la) : Se li-
vrer au travail professionnel.
Argot des filles. (Rigaud.) —
Faire passer à la corvée se dit
de plusieurs hommes réunis,
traitant, de gré ou de force, une
femme en prostituée.
CORVET (page 119) : Lisez
Corvette,
cot
- 36 «
COU
COSAQUE : Poêle à chauffer.
(Rigaud.)
COSMO ; Cosmographie. —
Argot des écoles.
COTE (frères de la) : Commis
d'agent de change. (Id.) — Jeu
de mots qui tait allusion à la
cote de la bourse et au roman
populaire consacré par Emma-
nuel Gonzalés aux boucaniers
gentilshommes appelés Frères
de la côte.
COTE (G), page iig. Lisez
Cote G.
COTÉ COUR : Coulisses de
droite. — COTÉ JARDIN : Cou-
lisses de gauche. Argot théâtral.
(Bouchard.)
COTELARD : Melon. — Allu-
sion à ses côtes. Argot du peu-
ple. (Michel.)
COTELETTE DE PERRU-
QUIER, COTELETTE DE VA-
CHE, COTELETTE DE ME-
NUISIER : Morceau de fromage
de Brie. (Delvau, Rigaud.) — La
facétie peut s'appliquer de même
à tous les corps de métier, ce
qui promet encore bien des
pages aux dictionnaires spé-
ciaux.
COTERIE : Assemblée d'ou-
vriers. (Rigaud.) — Désigne aussi
l'ouvrier seul. « Hé ! la cote-
rie ! » dit un maçon à un autre
maçon.
* COTON (donner du) : Don
ner de la peine. — « Ça ne fait
rien, il lui a donné du coton. »
Le Sublime.)
GOTRETS : Jambes. Argot
de faubouriens. (Delvau.) —
Comparaison d'une jambe mai-
gre à un brin de fagot dit co-
tret. V. son synonyme Fumer on,
p. i85.
COUCHE (il y) : Se dit de
quelqu'un qui se trouve conti-
nuellement dans une maison,
sans y passer toutefois la nuit.
"COUENNE : Joue pendante.
Argot du peuple. (Delvau.)
COUINER : Parler ei lar-
moyant. (Rigaud.) — Abrév. de
Couyonner,
COULE : Abrév. de Coulage.
V. p. 121.
COULE (mettre à la) : Mettre
au courant. Ça commence
à venir. On les a mis à la coule. »
{Le Sublime.)
COULER (en) : Mentir. Mot à
mot : couler des mensonges.
(Delvau.)
COULER DOUCE (la) : Vivre
sans souci, couler une douce
existence. — « La vérité es^t qu'il
la coulait douce. » (Zola.)
COULEUR (Être à la) : Être
convenable, faire bien les choses.
Mot à mot : offrir la couleur
qu'on désire. — «c Vous n'êtes
pas rat, vous êtes chouette et à
la couleur. » [Le Sublime.)
COULEUR : Soufflet. — Il co-
lore la joue. — a Je vous fiche-
rai une couleur sur la figjre. »
(Huysmans, 79.)
COULEUVRE : Femm^ en-
ceinte. (Delvau.)
cou
-37-
cou
COUP : Manœuvre faite dans
le but de tromper. On dit :
il m'a fait le coup (il m'a trom-
pé); c'est le coup du suicide
(c'est un faux suicide annoncé
pour attendrir la dupe).
COUP D'AGRÉ : Extrême-
onction. Argot de voleurs. (Ri-
gaud.) — Mot à mot : coup du
défions-nous. Voyez Acre. Les
plus braves n'ont pas leur con-
fiance entière au dernier mo-
ment.
COUP D'ANATOLE, COUP
DU PÈRE FRANÇOIS : Voyez
La faire au père François, page
182. — Le nom d'Anatole comme
celui du père François est pro-
bablement celui d'un spécialiste
fameux en ce genre. J'en ai in-
terrogé deux en i868 sans obte-
nir sur ce point aucun éclair-
cissement.
COUP D'ARROSOIR : Verre
de vin bu sur le comptoir. (Del-
vau.) — Il arrose le gosier.
COUP DE BOUTEILLE
(avoir son) : Être ivre. — « Il
avait son coup de bouteille com-
me comme à l'ordinaire. (Zola.)
COUP DE CANIF : Voyez Ca-
nif, p. 77-
COUP DE CASSEROLE : Dé-
nonciation. (A. Pierre.) — V.
Casserole, p. 86.
COUP DE CHANCELLERIE :
Coup Je lutteur qui consiste à
tenir sous le bras la tête de l'ad-
versaire. (Rigaud.) — On fait
ainsi chanceler son homme. Jeu
de mots sur chanceler et chan-
cellerie.
COUP DE CHASSELAS : Dc-
mi-ébriété. (Delvau.)
COUP DE FEU, COUP DE
PICTON (avoir un) : Être allu-
mé par l'ivresse. Jeu de mots
sur coup (blessure) pris au fi-
guré. — « Le coup de feu est la
barbe commençante. » (Boutmy,
78.)
COUP DE FIGURE : Repas
soigné. (Rigaud.) — Jeu de mots.
Un bon repas porte à la tête
comme le coup d'escrime appelé
coup de figure.
COUP DE FOURCHETTE :
Vol à l'aide de deux doigts. (A.
Pierre.) — Mot ancien qui doit
remonter au temps où la four-
chette n'avait que deux pointes.
— On appelle aussi coup de
fourchette un coup consistant à
pointer deux doigts dans les
deux yeux de l'adversaire.
COUP DE FOURCHETTE
(avoir un joli) : Bien manger.
COUP DE MANCHE : Men-
dicité à domicile. (Rigaud.) •
COUP DE MARTEAU : Folie.
On sous-entend : Coup de mar-
teau sur la tête. — « Elle finit
par oser lui parler de son coup
de marteau, surprise de l'en-
tendre raisonner comme au bon
temps. » (Zola.)
COUP DE PIGTON : V. Coup
de feu.
COUP DE PIED (donner un) :
Demander une avance d'argent.
(Rigaud.)— Jeu de mots, car don-
ner un coup de pied se dit aussi
pour avancer, marcher.
cou
~ 38 -
CRA
COUP DE POUCE : Effrac-
tion. (Id.)
COUP DE RAGUSE : Défec-
tion. Allusion à celle qui fut re-
prochée au duc de Raguse. {Id.)
COUP DE RIFLE : Ivresse.
(/./.) — Mot à mot : coup de
feu. V. Riff, p. 3i5. L'ivresse
entiamme.
COUP DE SIFFLET : Cou-
teau. (Rigaud.) — Pour coupe-
sifflet. V. p. 123.
COUP DE SIROP (attraper
un) : Se soûler. — « S'il a at-
trapé un coup de sirop, c'est que
le torchon brûlait. » (Le Su-
blime.)
COUP DE TORCHON, COUP
DE VAGUE : Voyez Torchon et
Vague.
COUPÈ-CUL (A) : Sans re-
vanche. Argot de faubouriens.
(Delvau.)
COUPÉ : Sans argent. (A.
Pierre.) — Mot à mot : a ayant
les vivres coupés. »
COUPELARD : V. Couplard.
COUPER (se) : Se contredire
en faisant un récit mensonger.
COUPER-CUL : Abandonner
le jeu. Argot de joueur. (Del-
vau.)
COUPER LA QUEUE A SON
CHIEN : Se faire remarquer par
quelque excentricité. (Id.) —
Allusion au chien d'Alcibiade.
COURER (se) : Se garer. Jar-
gon de voleur. (Rigaud.) —
Forme de se la courir. V. page
124. Le voleur court quand il
veut se garer. — Tu me la
coures : Tu m'ennuies. {Id.)
COUREUSE : Machine à
coudre. {Id.) — Allusion à sa
rapidité.
* COURIR (se la) : « Je m'ai
mis à pleurer, ça l'a embêté, et il
se la court encore. » (Duran-
deau, 78.)
COURT A PATTES: Ar-
tilleur à pied. Il va sans dire que
c'est un terme inventé par l'ar-
tilleur à cheval.
COUSIN DE MOÏSE : Mari de
catin. Allusion aux corres flam-
boyantes de Moïse. (Delvau.) — i
Le côté flamboyant accuse ici
une grande publicité.
COUSINE : Un synonyme de
plus pour la nomenclatvire don-
née à la fin d'Être {en), p. 162.
COUTURASSE : Coaturière,
femme grêlée. (Michel.)
COUVRANTE : Casquette.
(Rigaud.) — C'est revenir à no-
tre couvre-chef.
COUVRE-AMOUR : (:hapeau
d'homme. Argot de bourgeois.
(Delvau.) — Ironie.
CRACHER : Faire des aveux
en justice. (Rigaud.) — Cracher
signi&e parler, p. 124.
CRACHER BLANC, CRA-
CHER DU COTON, D :S PIÈ-
CES DE DIX SOUS : AAoir soif. :
(Delvau.) Allusion au c petits
crachats écumeux de l'assoiffé
qui n'a plus de salive.
CRE
-39-
cro
CRACHER DESSUS (ne pas) :
En user avec plaisir. — Ironie.
CRAMER UNE SÈCHE : Fu-
mer une cigarette. Argot de col-
légiens. (Rigaud.)
CRAMSER : Mourir. Argot
des pompes funèbres. (Id.) —
Ailleurs on dit crapser.
CRANER : Faire le crâne, po-
ser. — a Sans chercher à crâner
il entendait agir en homme pro-
pre. » (Zola.)
CRANEUR : Fanfaron d'au-
dace. (Delvau.)
CRAPAUD : Petit garçon.
(Delvau,)
CRAPOUSSIN : Petit homme.
(7^.) — Dérivé de crapaud.
CRAPSER : Mourir. — a A
Cayenne-les-Eaux, vlà dans le
bataillon de la guiche comment
crapsent les dos. » (Richepin,
77-)
CRAVATE DE CHANVRE :
Corde. Argot du peuple. (Del-
vau.) — Se disait au temps où
on pendait»
CRAVATE DE COULEUR :
Arc en ciel. Argot de faubou-
riens. {Id.) — Mot imagé.
CREVAISON : Mort. Anima-
lisme. — a Le long du corridor,
il y avait un silence de crevai-
son. » (2ola.) — Faire sa cre-
vaison : Mourir.
CREVARD : Enfant mort-né.
Argot de voyous. (Delvau.)
CREVÉ : Homme ruiné de
corps et d'âme. {Id.)
CREVER L'ŒIL AU DIABLE :
Réussir malgré les envieux. {Id. )
— Le diable aveugle est supposé
inoffensif.
CRIBLEUR DE FRUSQUES :
Marchand d'habits. (Rigaud.)
CRIBLEUR DE LANCE : Por-
teur d'eau. (Delvau.) — Mot à
mot : crieur d'eau. Les porteurs
d'eau criaient autrefois à leur
passage dans la rue.
CRIBLEUR DE MALADES :
Celui qui appelle des détenus
au parloir. (Delvau.) — Mot à
mot : crieur de prisonniers.
CRIBLEUR DE VERDOUZE :
Marchand de légumes. (Rigaud.)
-- Mot à mot : crieur de pom-
mes.
* CRIE : Viande. Le mot pour-
rait être ancien, car on disait au
moyen âge massecrier pour bou-
cher.
CRIN : Homme irritable et ir-
rité. Mot à mot : raide et pi-
quant comme le crin. — « Tous
les trois restaient pareils à des
crins, avec de la haine plein les
yeux. » (Zola.)
CRINOLIER : Boucher. V.
Criollier, p. 127.
CRINOLINE : Dame de cartes.
(Rigaud.) Sa jupe est raide.
CROCHER : Crocheter. (Del-
vau.) — Abréviation.
CROCODILE : Homme avide
et fourbe, créancier. [Id.) — Usu-
rier. — Allusion à la voracité
des crocodiles.
eue - 40 -
CROCODILE : Étranger sui-
vant les cours de l'école Saint-
Cyr. (D. Lacroix.) — Est-ce parce
qu'il y eut dès l'origine plu-
sieurs Égyptiens dans ce con-
tingent exotique.
CROQUENEAU : Soulier. -
CROQUENEAU VERNEAU :
Soulier verni. — Ils craquent en
marchant. (Delvau.)
CROQUER : Craquer, crier.
(Id.)
CROSSEUR : Sonneur. (Del-
vau.) — V. Crosser, p. 128.
CROUME : Crédit. (Rigaud.)
— Pour crome.V. page 128.
CROUPIR DANS LE BAT-
TANT : Ne pas se digérer, in-
commoder. (Id.)
CROUTÉUM : Collection de
croûtes (mauvais tableaux.) —
« Bientôt la boutique, un mo-
ment changé en croutéum, passe
au muséum. » (Balzac.)
CRUCHE, CRUCHON : Épais
de forme et creux d'esprit. —
a II est assez cruche, pour ne
pas comprendre. » (E. Sue.)
CUBE : V. Bi:jut.
CUCURBITACÉ : Imbécile.
Synonyme de melon. (Delvau.)
" CUIR : Peau. Cet animalis-
me est du moyen âge. En décri-
vant une bataille, Guillaume
Guiart dit :
Coutiaux trespercent armeures,
Sanc saut de cors et de visages,
Là où 11 cuir et la char s'euvre.
( . . . Le sang saute des corps et
CUI
des visages là où le cuir et la
chair s'ouvrent.)
CUIR DE BROUETTE 'escar-
pins en) : Sabots, (/i.) — C'est-
à-dire souliers de bois.
CUIRASSÉ : Urinoir parisien.
Modèle de 1876. (Rigaud.) — Al-
lusion aux énormes remparts
de tôle placés là pour protéger
la pudeur publique.
'CUIRASSIER : a Veux -tu sa-
voir ta langue et Tostographe ?
Prends moi z'un cuir, prends-
moi z'un cuirassier. » (Festeau.)
, CUIRE DANS SON JUS :
Étouffer de chaleur et de trans-
piration. Le mot est ancien. On
connaît la répartie de Piron
suant au parterre et entendant
ses voisins chuchotter : « Voilà
Piron qui cuit dans son jus. —
Ce n'est pas étonnant, s'écria-t-il,
je suis entre deux plats. »
CUITE (avoir une) : Être ivre.
— a La parole d'un homme ivre
est sans valeur. On ne de it pas
être cru quand on a une ^uite.»
(Tamtam, 76.) — Allusion à la
quantité liquide qui cuit dans
l'estomac de l'ivrogne.
CUITE (prendre une) : S'eni-
vrer. — « Comme à l'occai^ion de
la paye, il avait pris une cuite
énorme. » {Petii Parisien, 77.)
CUIVRE : Monnaie. Ar^ot du
peuple. (Delvau.)
CUIVRES : Instrume!iis de
musique en cuivre. On dit d'une
partition bruyante : qu'il y a
trop de cuivres.
DAP
CUL (montrer son) : Faire
faillite. (Rigaud.)— Jeu de mots.
Le failli n'a rien pour se couvrir,
financièrement parlant.
CUL DE PLOMB : Homme sé-
dentaire, peu alerte. (Dhautel,
1808.)
CUL GOUDRONNÉ. Matelot.
CUL ROUGE : Soldat porteur
du pantalon rouge d'uniforme.
Autre temps, autres culottes.
Au dix-huitième siècle, on di-
sait cul blanc, témoin ce passage
des Mémoires de Bàchaumont :
« Le 27 janvier 1774. Il est en-
core arrivé à Marseille à la Co-
médie une catastrophe sanglante.
Un otïicier du régiment d'An-
gouléme était dans une première
loge; il s'était retourné pour
parler à quelqu'un. Le parterre,
piqué de cette indécence, a crié
a bas, cul blanc! (le blanc est
le fond de l'uniforme de l'infan-
terie), etc., etc. »
CUL TERREUX
(Delvau.)
— 41 — DAC
CULOTTE (grosse) : Maître
ivrogne, se donnant habituelle-
ment de grosses culottes. V. ce
mot. (Le Sublime.}
CULOTTE ROUGE (donner
dans la) : Avoir un ou plusieurs
militaires pour amoureux. —
« Elle fut la maîtresse du prince
de L... En ce moment, donne
dans la culotte rouge. » {Cancans
du boudoir, 77.)
CYCLOPE : Derrière. (Ri-
gaud.) — L'anus compte ici pour
un œil, et on sait que le cyclope
de la fable n'en avait pas da-
vantage.
CYCLOPE : Chapeau de haute
forme. {Id.)
CYMBALES : Pannonceaux
de notaire ou d'huissier. [Id.) —
Ils sont jaunes et accouplés
comme les cymbales.
CYMBALE : Lune. (Id.) —
C'est la pleine lune qui doit être
ici désignée.
Paysan,
r>
'DAB: Ce mot entre dans la
composition de dix autres (V. p.
i3i-i32)avec le sens de maître.
Il est probablement une forme
du vieux mot damp : seigneur.
DABICULE : Fils du patron.
(Delvau.) — Dabmuche : {Id.)
(Rigaud.)
DABUCHE : Nourrice. (Del-
vau.) — C'est une seconde mère.
V. page i32.
DABUGE : Dame, bourgeoise.
(Rigaud.) — Pour dabuche.
DACHE : Diable. — Envoyer
à Daçhe ; envoyer au diable.
DAR
(Delvau.) Dache est ici pour
diache, vieux mot de nos patois
du Centre. Dans le Nivernais, on
dit : dache à toi! (le diable soit
avec toi !)
DALZAR: Pantalon. (Rigaud.)
— Abrév. de pantal^ar.
DAMER : Séduire une fille,
la rendre dame. (Delvau.) — Jeu
de mots ironique.
DANAIDES (faire jouer les) :
Battre une femme. Argot de vo-
leurs. (Rigaud.) — Allusion à
la fameuse parodie "des Petites
Damaîdes, de 1819, qui repré-
sentait les épouses coupables
battues et tourmentées par les
furies.
• DANDILLON (taquiner,
pincer le) : Tirer la sonnette.
(Id.)
DANDINETTE : Correction.
(Delvau.) — On se dandine pour
échapper aux coups.
DANSE DEVANT LE BUF-
FET : Jeûne forcé. Celui qui
danse devant le butfet ne l'ouvre
point. — « Arrivaient avec la
pluie et le froid les danses de-
vant le buffet, les dîners p\r
cœur, dans la petite Sibérie ie
leur cambuse. » (Zola.)
'DANSER : Payer. « On dit
d'un homme entré dans me
méchante affaire qu'il en t an-
sera, c'est-à-dire qu'il lui en
coûtera bon. (Leroux, i8« s.)
DANSEUR: Dindon. (Dhau el.)
• DARON : Se trouve dans le
dictionnaire comique de Leroux.
(i8« s.; — Est usité dans le
Nord avec le sens de mari.
— 42 — DEC
DAVONE : Prune. (Delvau.)
— Pour Daronne, V. p. 134.
DÉ : Oui. — Ce doit ê^re une
forme de da, oui-da.
DÉ, DÉ A BOIRE : Verre.
(Rigaud.) — Ironie. Ljs bu-
veurs trouvent toujours les verres
trop petits^
DÉBÂCLE : Accouchement. —
DÉBACLER : Accoucher. — DÉ-
BACLEUSE : Sage-femme. [Id.)
— De débacler : ouvrir.
•DEBALLAGE : Ling- sale.
{Id.)
DÉBALLER : Déshabiller.
{Id.) — DÉBALLER : Faire ses
besoins. {Id.)
DÉBARBOUILLER (se) : Se
sauver, se tirer d'affaire. [Id.)
DÉBARBOUILLER A LA PO-
TASSE : Frapper au visage.
(^Id.) — La potasse entame la
peau.
DÉBARQUER (se) : Renon-
cer. {Id.)
DÉBAUCHER : Congédier.
(Boutmy.) — C'est le contraire
de embaucher.
DÉBOULONNER : Vendre.
(Rigaud.) — Mot à mot : dé-
bouillonner. V. bouillon (de li-
braire), p. 54.
DÉBRIDER : Manger avec ap-
pétit. {Id.) — On débride le che-
val pour le faire manger.
DÉCADENER : Déchaîner,
V. Cadenne, p. 69.
DÉCALITRE : Chapeau de
haute forme. (Rigaud.) — Grand
schako d'ancien modèle. (D. La-
croix.)
DEC
DÉCARCASSÉ : Sans char-
pente, sans solidité, en parlant
d'une pièce dramatique. — « La
pièce de Koriki est de toutes les
rengaines du théâtre moderne la
plus usée, la plus décarcassée. »
(Figaro, 76.)
DÉCARRADE : Sortie, fuite.
(Michel.)
•DÉCARRER DE BELLE :
Synonyme de décarrer de la
geôle, p. i36.
DÉGARTONNER (se) : S'affai-
blir, devenir poitrinaire. Terme
empruntée aux relieurs. (Bout-
my.)
* DÉCATI : « Quelques co-
cottes séculaires et décaties pren-
nent leur nourriture chez Clé-
mence. » {Alm. des cocottes,
67.)
DÉCEMBRAILLARD : Parti-
san du coup d'État de décembre
5i, bonapartiste. (Rigaud.)
DÉCHASSE : Yeux. (A.
Pierre.) — II faut lire je crois
des chasses (des yeux).
DÉCHIRER LA CARTOU-
CHE : Manger. (Delvau.) — On
la déchirait jadis avec les dents.
DÉCHIRER LA TOILE : Pé-
ter. (Rigaud.) — Il s'agit ici de
la toile de la chemise.
DÉCHIRER SON TABLIER :
Mourir. (Delvau.) — Mot à mot :
ab-indonner le travail, car c'est
du tablier de travail qu'il s'agit
ici.
DÉCLANCHER (se) : Se dé-
mettre l'épaule. (Id.) — Anima-
lisme.
4^ —
DEG
DECLAQUER : Dire ce qu'on
a sur le cœur. (Rigaud.)
DÉCOGNOIR : Nez. - Com-
paraison du nez au décognoirou
morceau de bois à bout aminci
qui sert à chasser les coins dans
les imprimeries. (Boutmy.)
DÉCOLLER: S'en aller, quit-
ter. (Delvau.)
DÉCOUVRIR LA PEAU :
Faire avouer. (Delvau.) — Allu-
sion anatomique.
DÉCROCHER SES TA-
BLEAUX : Fouiller dans son
nez. (Rigaud.)
*DÉCROCHEZ-MOI ÇA:
Boutique de fripier. — Acheter
au décrocher-moi ça, d'occasion,
au Temple ou chez le reven-
deur. (Id.) V. page i3j.
DÉDIRE CHER (se) : Être à
l'agonie. Jargon des voleurs.
(Rigaud.) — Cher veut dire ici
rude.
DÉFARGUER : Pâlir. (Id.) -
C'est le contraire de /arguer,
p. 167.)
DÉFILER (aller voir) : N'avoir
pas d'argent pour manger. —
Abréviation d'aller voir défiler
les dragons qui a le même sens.
Rigaud.)
DÉGELER : Se déniaiser, re-
couvrer sa liberté d'esprit. (Del-
vau.) — C'est une variante de se
dégourdir.
DÉGOTTAGE : Trouvaille.
(Rigaud.)
DÉGOUTATION : Personni-
fication dégoûtante. — « Ah!
DEM — 44 — DÉS
bien, ce n'était pas Eugène:! DKMI-VERTU : Fille qui a
cette dégoutation d'homme, qui | déjà faibli. {Id.) — Ironie.
DEMOISELLE DU PONT-
lui aurait jamais donné un ru
ban. » (Huysmans, 79.)
DÉGRAISSER ; Voler. (Le-
roux.) — Mot à mot : enlever
l'argent. (V. Graisse.)
DÉGRIMONNER (se) : S'agi-
ter, se tourmenter. Argot de
bourgeois. (M. Tourneux.)
DÉGRINGOLADE : Vol. (Ri-
gaud.) — Le voleur fait dégrin-
goler ce qu'il prend; il n"a pas
de temps à perdre,
DÉGRINGOLADE A LA
FLUTE : Vol commis par une
fille publique sur un client. (/^.)
DÉGRINGOLER : Voler. (Id.)
DÉGROSSIR : Découper de
la viande. (Delvau.)
DÉGUEULAS, DÉGUEULA-
TIF : Dégoûtant. (Rigaud.)
DÉJETÉ : Mal venu. Se prend
au figuré : — « Une vie aussi
décousue, aussi dégommée, aussi
déjetée. » (Ph. Chasles, 76.)
DÉJETÉ (N'être pas) : Avoir
bonne mine. On dit d'une fille
bien faite : « Elle n'est pas dé-
jetée, ï
DÉJEUNER DE PERRO-
QUET : Biscuit trempé dans du
vin. (Delvau.)
DÉLICAT ET BLOND : Gan-
din, douillet. [Id.)
DÉMÉNAGER PAR LA CHE-
MINÉE : Brûler ses meubles.
(Id.)
DEMI-MONDAINE : Femme
du demi-monde. V. p. i3g.
NEUF : Prostituée. (Leroux.)
— Tout le monde y passe.
DÉMORFILLAGE : Action de
démorfiller.
DÉMORFILLER: Démarquer
une carte morfillée ou marquée
par un grec. (Rigaud.) — De
Morbier : mordre, mant^^er. La
marque d'une dent peut faire
reconnaître une carte.
DÉNICHEUR DE FAU-
VETTES : Coureur de filles.
(Delvau.)
DENT (avoir de la) : Être bien
conservé. (Id.) — Mot à mot :
avoir toutes ses dents et les avoir
belles.
DÉPENSER SA SALIVE :
Parler. (Delvau.)
DÉPIAUTER : Déshabiller.
(Id.).) — Acception figurée de
dépioter (p. 140).
DÉPLUMÉ : Chauve. (7 /.)
DÉPOTOIR : Confessionnal,
pot de chambre. (Rigaud.)
DÉSARGOTÉ : Malin. (A.
Pierre. ) Voyez Argoté.
DESFOUX : La casquette de
soie bouffante et molle particu-
lière aux souteneurs. (Rigaud.)
— Nom de vendeur donnce à la
chose achetée. Un grand débit
de ces casquettes a lieu cv::z un
chapelier nommé Des foi x (des
hêtres. Nom de lieu) qui est
voisin du Pont-Neuf.
DÉSOLER : Jeter. Forme in-
DEU
-45 -
DOC
correcte de Dessaler : jeter à
l'eau. — Désoler un saint : jeter
à l'eau. (Id.)
DÉSOSSÉ : Homme maigre.
(Delvau.) — Ironie.
DESOSSER : Taper à grands
coups de points. (Rigaud.) —
Allusion culinaire.
DESSALER : S'acquitter, s.-
mettre au pair. (Boutmy.) Pour
comprendre, voyez Salé.
DÉTACHER LE BOUCHON :
Aller à la selle (Id.); couper la
chaîne de montre, prendre la
bourse. (Delvau.)
DÉTECTIVE : Agent de la
police de sûreté, argot anglais.
— « Le commissaire Breitenfeld
qui était allé avec deux détec-
tectives. » {Figaro, 76.)
* DÉTELER ; Le mot est du
XVIII* siècle. Effrayé dès le début
de sa dernière maladie, Louis
XV disait à La Martinière : « Je
le sens, il faut enrayer. — Sen-
tez plutôt qu'il faut dételer,» ré-
pondit brusquement le docteur.
— Le mot est authentique. Je
l'ai retrouvé dans une relation
contemporaine.
DEUIL (il y a du) : Ça va mal.
« S'il y a du deuil, ce ne sera
pas long. » {Le Sublime.)
DEUS EX MACHINA : Per-
sonnage providentiel. Mot à
mot : Dieu de théâtre amené
par un truc sur la scène : —
« Qui sauvera le ministre?,.. Ce
sont les paroles d'un grand poli-
tique, d'un deus ex machina, »
{Figaro, 76.)
DEUX SŒURS (les) : Les
deux fesses. (Delvau.)
DÉVOYÉ : Acquitté en jus-
tice. (Rigaud.)
DIAMANT : Pavé. (A. Pierre.)
— Allusion de dureté.
DIEU TERME : Jour du
terme d'une location, auquel
on paie son loyer. (Delvau.) —
Jeu de mots mythologique.
DILIGENCE DE ROME :
Langue. (Michel.) — On dit pro-
verbialement qu'avec sa langue
on peut aller à Rome (en de-
mandant le chemin.)
DIMASINE : Chemisette. (Del-
vau.) — Ce doit être limasine.
V. Limace, p. 221.
DINER EN VILLE : Manger
un petit pain dans la rue. (id.)
— Jeu de mots.
DIRE QUELQUE CHOSE :
Éveiller la sensualité. Jargon
de libertin. (Rigaud.)
DISQUE : Postérieur. {Id.) —
Allusion de rondeur.
DISQUE : Pièce de monnaie.
— Allusion de rondeur. V. Siffler
au disque.
DOCHE : Mère. (Rigaud.) —
C'est dauche, forme de dabuche
avec élision du b.
DOCK : « On donne en
France le nom de dock à de
grands magasins, à de grands
entrepôts, et l'on croit, en fai-
sant ainsi, ne faire que suivre
l'exemple des Anglais. C'est une
erreur. En Angleterre, le terme
« dock » désigne les bassins où
3.
DOS
-46-
DRO
les navires demeurent à flot, à
marée basse, retenue que l'eau
est par des écluses fermées. »
(J. Amero.)
* DODO (faire son) : Dormir.
— « Popol qui boira du lolo,
qui fera son dodo pour ne point
avoir du bobo. » (E. Bourget,
ch.)
* D 0 D G : Lit. « Le dodo
avait filé chez les revendeurs du
quartier. » (Zola.)
DOIGT DE MORT : Salsifis.
(Rigaud.) — Allusion de forme
et de couleur.
DONNE : Regard. Jargon de
voleur. — La donne souffle mal :
le regard n'est pas franc. {Id.)
DONNER (se la) : Se battre,
(/i.)— Mot à mot : se donner
une volée.
DONNER CINQ ET QUA-
TRE : Donner deux soufflets,
dont l'un, le soufflet de revers,
avec les quatre doigts de la
main, pouce en dehors. (Delvau.)
DONNER SUR LE BIFFE-
TON : Lire l'acte d'accusation.
(Rigaud.) — Mot à mot : donner
sur le .chiffon de papier, le lire.
DONNKR UN REDOUBLE-
MENT DE FIÈVRE : Révéler un
nouveau méfait à charge. (Del-
vau.)
DOS : Souteneur. Abréviation
de dos vert. V. p. 145. — « Ja-
dis on l'avait vu vivre pendant
trente ans de marmite en mar-
mite. Plus d'un des jeunes dos
et des plus verts l'imite. » (Ri-
chepin, 77.)
DOUANIER : Absinthe. _
Allusion à l'uniforme a ert des
douaniers. (Rigaud.) — Ce doit
être l'absinthe pure.
DOUBLE-SIX : Poseur. —
Celui qui a le double six aux
dominos pose le premier au
commencement de la partie.
(Rigaud.)
DOUCE (se la passer) : Même
sens que le précédent. — « Un
bon zig qui se la passe douce. »
(Concourt.)
DOUCEUR (le mettre en) :
Tromper ou voler en ilattant.
(Rigaud.)
DOUILLET (jamais), JAMAIS
DOUILMINCE : Innocent. —Ar-
got de voleur. {Idem.)]
DOUILLETTE : Figue. (Jd.) —
Elle est molle.
DOUILLURE : Chevelure.
(Delvau.)
DRAGUE : Fonds de com-
merce de saltimbanque. {Id.)
Pour drogue. V. Dragumr, p.
147.
* DRAGUEUR : Saltimbanque.
(Michel.) — Pour dragueur.
*DRINGUE : Pièce de cinq
francs. (Jd.)
" DROGUE : « Vieille drogue,
tu as changé de litre... Tu sais,
ce n'est pas avec moi qu il faut
maquiller ton vitriol. (Zola.)
'DROMADAIRE : On appe-
lait ainsi les vétérans ayant fait
la campagne d'Egypte. (]). La-
croix).
ÉCL - 47
DUC DE GUICHE : Guiche-
ter. (Delvau.) Jeu de mots.
DUMANET : Soldat crédule,
du nom d'un type de carica-
tures qui date de la prise d'Al-
ger. {Id.)
DUR A AVALER : Dur à
croire. {Id.)
- ECO
DURE : Maison centrale. (77.)
— On sait que son régime pa-
raît plus dur aux détenus que
la déportation.
DURE (voler à la) : Voler
après avoir frappé la victime
pour Tétourdir. {Id.)
B
ÉBOUFFER (s») : Rire aux
éclats. (Delvau.) — Abrév. du
vieux mot : s'ébouffer de rire
(de bouffer : Souffler, enfler).
ÉCAGHER : Écraser. {Id.). —
Vieux mot.
ÉCARBOUILLER : Aplatir.
(Id.) — On dit plus souvent
écrabouiller.
-^^ ÉCARBOUILLER (s') : Se
sauver. Acception étendue du
verbe précédent. On s'aplatit,
on se réduit à rien pour mieux
se dérober.
ÉCHAUDÉ (être) : Être ex-
ploité par un marchand. (Del-
vau.) Son synonyme être écor-
ché est une image du même
genre.
ÉCHINEUR : Journaliste échi-
nant d'habitude. V. Échiner, p.
149.
ÉCHOPPE : Atelier, V. Sa-
bourin.
ÉCLUSER : Pisser. (Delvau.)
— Pour lâcher l'écluse (p. 214),
bien qu'il ait par le fait un sens
contraire, car écluser, c'est re-
tenir l'eau dans certaines con-.
ditions.
ÉCOPAGE : Choc, coup, ré-
primande, petit profit, art d'ar-
river tard dans une maison pour
s'y faire inviter à dîner. ((Ri-
gaud.)
* ÉCOPER. ÊCOPPER : Avoir
la mauvaise part. — Allusion à
l'ennui causé par la corvée de
canotage qui consiste à écoper
(vider l'eau d'un bateau au
moyen d'une écope).
ÉCOPER : Boire. (Rigaud.) —
Le gosier joue ici le rôle de
récope.
* ÉCORNÉ : On appelle ainsi
l'inculpé parce qu'il est maltraité
(écorné) par le ministère public
(écorneur).
ÉCORNER'LES BOUCARDS :
Fracturer les vitres de bouti-
ques. (Halbert.)
ÉCOUTE S'IL PLEUT : Si-
lence! (Rigaud.) — Quand on
écoute, on ne peut faire aucun
bruit.
ÉGN
-48 -
EMM
ECRACHE : Passeport. (Del-
vau.) Pour escrache. V. p. ibç).
ÉCRACHER : Exhiber son
passeport. {Id.) — Nous avons
vu que e cracher signifiait de-
mander le passeport.
ÉCRASKR DES TOMATES :
Avoir ses menstrues. {Id.)
ÉCREVISSE : Cardinal. Argot
de voleurs. {Id.) — Allusion à un
costume que les voleurs ont
bien peu occasion de rencon-
trer. Aussi était-ce un mot de la
bonne société du xviii» siècle;
M. Fr. Michel en donne un
exemple. Il va sans dire que
l'écrevisse était cuite, comme le
cardinal des mers si injuste-
ment reproché à J. Janin, qui
ne pensait qu'au homard cuit.
ÉGURER LE CHAUDRON :
Aller à confesse. (Id.) Mot à
mot : Nettoyer son for intérieur.
ÉDREDON (faire 1') : Voler
un étranger. Argot des filles.
(Rigaud.) — Mot à mot : ex-
ploiter le lit sur lequel on at-
tire la victime.
EF : Effet, — Abrév. — Faire
de Vef : Briller. (Delvau.)
EFFACER un plat, une bou-
teille: manger un plat, boire une
bouteille. (Rigaud.) — Mot à
mot : effacer ce qui les colorait.
EFFET DE BICEPS : Exhi-
bition de force musculaire. (Del-
vau.)
EFFETS DE POCHE : Éta-
lage d'argent. [Id.) — L'argent
se tire de la poche.
ÉGNAFER : Écraser de sur-
prise, émerveiller. Jargon de»
ouvriers. (Rigaud.) — (]e doit
Jtre une ironie à l'adresse des
gyiiah (p. igS).
ÉGYPTIEN : Mauvais acteur.
— Ironie à l'adresse des troupes
dramatiques de l'Orient. [Id.)
ÉLIXIR DE HUSSARD : Eau-
de vie. (Michel.) — Eau-de-vie
inférieure. (Delvau.)
EMBALLEUR ; Agent de po-
lice. (Rigaud.) — Il vous arrête
(V. p. ibi).
EMBALLEUR DE REFROI-
DIS : Croque-morts. (Id.) — Mot
à mot : metteur de morts en
bière.
EMBALUCHONNER : Empa-
queter. (Delvau.)
EMBAUDER : Prendre de
force. Argot de voleur. (Id.) —
Pour emblauder. De embler :
voler (vieux français).
EMBOUCANER : Sentir mau-
vais. (Rigaud. 1 — Mot à mot :
sentir la viande boucanée.
EMBROUILLARDER (s'),
S'EMBROUILLER : Sentir les
premiers effets de l'ivresse. (Del-
vau.)
EMMAILLOTER UN MOME :
Combiner un vol. Variante de
nourrir un poupard. (Rigaud.)
EMMAILLOTEUR : Tailleur.
(Id.) — Ironie.
EMMASTOQUER : Se bien
nourrir. Mot à mot : se rendre
mastoc, s'engraisser. (Delvau.)
•EMMERDEMENT:«Gervaise
si gonflée d'emmerdement qu'elle
EN F
- 49
ENT
se serait volontiers allongée sous
les roues d'un omnibus.» (Zola.)
EMPÊCHEUR DE DANSE EN
ROND : Trouble fête. Mot à
mot : qui empêche les rondes,
c'est-à-dire les danses auxquelles
tout le monde prend part. —
« Un empêcheur de danse en
rond, l'expert, prétend que le
tranchelard est postérieur. »
(Tintamarre, 76.) — Je ne crois
pas le mot ancien, car il a com-
mencé à circuler vers 1860.
EMPEREUR : Vieux soulier.
Du nom du savetier qui les re-
vendait près des Halles. (Ri-
gaud.)
EMPLATRE : Portée de cartes
glissée par le grec au baccarat
ou au lansquenet; — cravate
longue. (Id.)
EMPOISONNEUR : Marchand
de vins frelatés, gargotier. (Id.)
— Le mot est de Boileau.
' ENCARADE : Porte d'entrée.
(Michel.)
ENGEINTRER : Rendre en-
ceinte. (Delvau.) Abrév. d'en-
ceinturer qui se disait au xviii»
siècle. (V. le dict. de Leroux.)
ENCLOUÉ : Mou, sans éner-
gie, pédéraste. (Rigaud.)
ENDOS : Échine. Argot des
voyous. (Delvau.)
ENDOSSE : Épaule. (Michel.)
ENFIGNEUR: Pédéraste. (Ri-
gaud.) — Dejignard.
ENFILER DES BRIQUES (s') :
Jeûner. (Id.)
ENFILER DES PERLES :
Travailler avec nonchalance.
(Id.)
ENFLANELLER DE (s') :
Boire chaud. {li.)^ G'est une
Hanelle liquide qu'une boisson
chaude.
ENFLAQUER : Revêtir, en-
dosser. (Delvau.") Mot à mot : se
/laquer dans.
ENFLÉE : Vessie. (Michel.)
ENFLER : Boire.
ENGUEULAGE : Série d'in-
jures. (Rigaud.)
ENGUEULEUR : Homme
ayant l'habitude d'engueuler.
ENLEVER (s') : Souffrir de la
faim. (Colombey.) — S'enlever,
c'est être léger, c'est-à-dire n'a-
voir rien dans le corps.
ENMOUTARDER : Enm-der.
On saisit l'allusion. — «Qu'est-
ce qui nous enmoutarde donc,
celui-là, avec sa cloche. » {Le
Sublime.)
ENPLAQUE (la rousse) : La
police vient. (A. Pierre.) —Pour
la rousse emplanque. V. p. i52.
ENRAYER : Renoncer à l'a-
mour. V. Dételer.
ENRHUMER : Ennuyer. (Ri-
gaud.)
ENROSSER : Dissimuler les
vices d'un cheval. (Delvau.) —
Repasser un mauvais cheval.
On dit // m'a enrossé.
ENTERREMENT : Morceau
de viande ou de charcuterie en-
terré dans un morceau de pain,
sandwich populaire. (Delvau.)
ENT
- 5o
EPI
ENTERREMENT : Ouvrage
dbimé par un ouvrier. (Rigaud.)
ENTERREMENT DE PRE-
MIÈRE CLASSE : Critique
faite sur le ton d'un faux at-
tendrissement. (Id.)
ENTIÈRE : Lentille. (Michel.)
Elle sort souvent comme elle
rentre, sans être digérée.
ENTIFFER : Enjôler. (Delvau.)
— Forme (Tantiffer (page 12).
ENTONNOIR : Gosier. (Id.)
— Ne se dit que pour les grands
buveurs. (Quel entonnoir !)
ENTORTILLÉ: Maladroit.
— Quand on est entortillé, on
n'a pas les mouvements bien li-
bres. — « Je lui garde un chien
de ma chienne, à votre entor-
tillé de singe (patron). » {Le Su-
blime.)
ENTORTILLÉ : Pédéraste, po-
lisson. (Rigaud.)
ENTRAINEMENT : « L'en-
traînement a pour but de dé-
velopper, chez le cheval, des
qualités extraordinaires de vi-
tesse et de fond. » (Carnet des
courses j 77.)
ENTRAVER SE : Aux tra-
vaux forcés à perpétuité. (Mi-
chel.) — Pour en traverse, V.
p. 35o. Ce mot doit venir de la
traverse à laquelle les pieds des
forçats sont attachés pendant
la nuit. — On dit aussi en tra-
verse à perte de vue.
ENTRECOTE DE BRO-
DEUSE : Morceau de fromage
de Brie. (Delvau.) — ENTRE-
COTE DE LINGÈRE : [Idem,)
(Rigaud.) — Même pînisanterie
que dans Bifteck de chamar-
reusCj côtelette de perruquier^
etc.
ENTRELARDÉ (un) : Un
morceau de bœuf maigre avec
un peu de gras. On dit de même
un maigre et un gras dans l'ar-
got des bouillons et des créme-
ries.
ENTRER AUX QUINZE-
VINGTS : Dormir, c'est-à-dire
fermer les yeux, comme les aveu-
gles des Quinze-Vingts. (Delvau.)
ENTRE-SORT : 13araque,
théâtre de foire. Allusion aux
fournées de spectateurs qui s'y
succèdent. (Rigaud.)
ENVOYÉ : Bien dit, bien ré-
pliqué. Se dit surtout dun pro-
pos contenant une allusion. —
« On applaudit, on cria bravo,
c'était envoyé. » (Zola.)
ENVOYER A CHAILLOT :
Envoyer paître, repousser. Voir
Chaillot, p. 90. — « S'il ne fiche
un abattage, je l'envoie à Chail- .
lot. » (Zola.)
ÉPATAROUFLER : Augmen-
tatif de épater. — a. A'oici la
chose. C'est machiavélique au-
tant qu'épatarouflant. ." {Tarn-
Tarn, 75.)
ÉPILER LA PÊCHE : Raser.
(Rigaud.) — Allusion à la ron-
deur et au duvet de la pjche.
ÉPINARDS (aller aux : Rece- '
voir de l'argent d'une nlle pu-,
blique. {Id.) — Jeu de nots.
ÉPINARDS (Plat d») : Pay- .
sage verdoyant et mal peint.
[Id.) — Allusion de couleur.
ESC
-.51 —
ESQ
ÉPITONNER (s') : Avoir du
chagrin. (Id.) — Pour se pis-
tonner. '
' ÉPONGE : « Tiens, que je te
fasse voir mon éponge, pour-
suivit-il en tirant à lui Céline.»
(Huysmans, 79.) V. Linge.
ÉPONGE : Ivrogne. (Delvau.)
— Il absorbe comme elle les
liquides. Scarron donne déjà
cette image.
ÉPOQUES (avoir ses) : Avoir
ses menstrues. (Id.)
EPOUSER LA CAMARDE :
Mourir. Mot à mot : épouser la
mort. — ÉPOUSER LA VEUVE :
Être guillotiné. (Colombey.) Mot
à mot : épouser la guillotine.
ERGOT (se fendre 1') : Fuir.
(Michel.) — Animalisme.
ERNEST : Communiqué offi-
ciel. Argot de journaliste. {Id.)
ESBALONER (s') : S'évader.
Mot à mot : s'en aller en ballon.
V. p. i3 de l'Introduction.
ESBROUFFE (vol à) : Vol
commis dans la rue sur le gous-
set d'uh passant qu'on feint de
heurter par mégarde. (Rigaud.)
ESBROUFFEUR : Voleur à
l'esbrouffe. {Id.)
ESBROUFFEUR, ESBROUF-
FEUSE : Qui fait de l'esbrouffe
(V. page i58.) — « D... est un
homme important, un esbrouf-
feur. » (V. Bouton.)
ESCAFFE : Coup de pied au
derrière. Vieux mot. (Michel.)
ESGAFFER : Donner un coup
de pied. {Id,)
ESCAFIGNON : Soulier. {Id.)
ESCANNER : Fuir. — A l'es-
canne : Fuyons. (Id.)
ESCARE : Contre-temps. —
ESCARRER : Empêcher. (Ri-
gaud.) — Halbert donne escaver,
ESCARGOT : Lampion, ser-
gent de ville. [Id.) Homme vi-
lain d'aspect. (Delvau.) ^—
Comme l'escargot, l'agent passe
le long des murs.
ESCARPINS DE CUIR DE
BROUETTE, DE LIMOUSIN :
Sabot. (Delvau.) — Facéties. La
dernière fait allusion aux ma-
çons que le Limousin envoie
chaque année à Paris.
ESCARPIN RENIFLEUR :
Soulier prenant l'eau. (Rigaud.)
— Allusion au bruit de son aspi-
ration.
ESCARPOLETTE : Charge.
Argot de théâtre. (Delvau.) —
— C'est une variante de balan-
çoire.
'ESCRACHER : Exhiber le
passeport, montrer ses papiers.
(Rigaud.)
ESPADRILLE : Soulier de
n'importe quelle forme. (A.
Pierre.) — Extension du sens
connu.
ESPAGNOL : Pou. (Michel.)
— L'Espagne passait pour être
trop bien partagée sous ce rap-
port.
ESQUINTE : Abîme. Argot de
voleur. (Delvau.) — Il me sem-
blerait plus rationnel de lire ici
esquinté : abîmé. Il doit y avoir
une faute d'impression donnée
FAB
- 52 —
FAC
d'abord par M. F. Michel, et re-
produite après par ses succes-
seurs.
ESSENCE DE CHAUS-
SETTES : Sueur de pieds. (JJ.)
ESTABLE: Poule. (Rigaud.) —
Forme de estaphle.
ESTAFFIER : Chat. (Rigaud.)
ESTAFFION : Chat, taloche.
(Michel.) — Notre mot d'estafi-
lade semble bien près de celui-
là, de toutes façons, car le chat
est un maître estafileur.
ESTAPHE : Taloche. (W.)
ESTAPHLE : Poule. Jargon
de voleur. {Id.) — V. Esta/on,
p. i6o.
ESTOMAC : Courage. (Id.) —
Il a de l'estomac : il est hardi
au baccarat, à la Bourse, etc.
On sait que la peur influe défa-
vorablement sur l'estomac. Donc
avoir bon estomac, c'est être
courageux. V. Foirer, p. 179.
ESTROPIER : Manger. (Del-
vau.) — C'est-à-dire manger
cuisse ou aile.
^ ÉTATS (être dans tous ses) :
Être fort surexcité. (M. Tour-
neux.)
ÉTOUFFAGE : Action d'é-
touffer. (Rigaud.)
ÉTOUFFER : Forme d'estouf-
fer. V. p. i6o.
ÉTOUFFEUR : qui pratique
l'étouffage. — Éditeur manquant
la vente de ses livres, faute de
réclames. (Rigaud.)
ÉTOURDISSEMENT : De-
mande de service. {Id.)
ÉrOURDISSEUR : Sollici-
teur. (Michel.)
EXAM : Examen. — Argot
des écoles.
EXCELLENT BON : Jeune
gandin. — Superlatif de bon
jeune homme. Voir ce mot. —
« Ne vous laissez pas distraire
par la foule des excellents bons
qui sont debout dans les portes,
ne dansent jamais, gênent tout
le monde, s'ennuient à }^érir. »
[Vie parisienne, avril 77.)
ir
F (être de 1*) : Être perdu,
ruiné. Abréviation de être fichu,
etc. (Rigaud.)
FABRIQUER : Faire, dans le
sens de voler. — < J'aurais
voulu fabriquer jusqu'au bout
cette vieille tête de veau (voler
ce vieux chauve). — Petit Jour*
nal, 78.
FACTIONNAIRE (relever un) :
S'échapper de l'atelier pour al-
ler boire un verre de vin déjà
versé sur un comptoir des en>
FAI
- 53
FAR
virons. (Rigaud.)— Le buveur
est ici le caporal de pose.
FADE (avoir son) : Être bien
servi dans une distribution.
(Boutmy.) — Abréviation de
Fadage, V. ce'iiot p. 164.
FADE (être) : Être soûl. Mot
à mot : avoir sa part de bois-
son. (Rigaud.) — V. Fader,
p. 164. Avoir son compte (V.
p. II 5) présente exactement la
même allusion.
FAFIOTEUR : Savetier. (Id.)
— Banquier, écrivain. (Delvau.)
— Triple allusion au papier ou
fafiot. 11 entre du carton dans
l>;s mauvaises chaussures ; le
banquier manie les billets et
l'écrivain se sert de papier. Fa-
fiot est un vieux mot signifiant
fanfreluche. — On appelle fa-
fiot un soulier d'occasion.
FAFLARD : Passeport. — FA-
FLARD D'EMBALLAGE : Man-
dat d'amener. (Rigaud.) — C'est
fafiot avec changement de fi-
nale.
•FAGOT : Forçat. — Le fa-
got est lié par le milieu comme
le forçat par sa ceinture porte-
chaîne.
FAINE : Sou. — FAININ :
Liard. — Argot des ouvriers.
(Delvau.)
FAIRE BELLE (la) : Être heu-
reux. (Rigaud.) — Vie est sous-
entendu.
FAIRE DESSOUS (se) : Tom-
ber en enfance. {Id.) — Variante
de l'expression il fait sous lui,
c'est-à-dire : il est gâteux, il ne
sait plus, ne peut plus.
FAIRE DES YEUX DE HA-
RENG : Crever les yeux. (Mi-
chel.)
FAIRE DU SUIF : Tricher.
Argot de grec. (Rigaud.)
FAIRE GODARD : Crever de
faim. Variante de s'' enlever (V.
ce mot). Double allusion au bal-
lon de Godard et au vide de
l'estomac. {Id.)
FAIRE LA PAIRE : Se sau-
ver. — De Jambes est sous-en-
du. {Id.)
FAIRE LA SOURIS : Dévali-
ser. Argot des filles. (Delvau.) —
La souris se fourre dans tous
les trous.
FAIS (j'y) : J'y consens, j'ap-
prouve. (Boutmy.) — Mot à mot :
je fais comme vous.
FAISANT : Camarade de col-
lège. (Michel.)
FAISEUSE D'ANGES : Femme
pratiquant des avortements. (Ri-
gaud.) — Terme à la mode de-
puis le procès d'une sage-femme
avorteuse du Midi, qui était ap-
pelée ainsi. On sait que les
morts nouveau -nés sont re-
gardés comme acquis au ciel.
FALZAR : Pantalon de tra-
vail. (Rigaud.) — Forme altérée
de Dal^^ar qui est une abrévia-
tion de pantal^ar.
FARFOUILLER DANS LES
TYMPANS (se le) : Se commu-
niquer. {Id.) — C'est-à-dire sç
chuchoter à l'oreille.
FAU
— ^A —
H
FER
FARGUEMENT : Témoi-
gnage à charge (Rigaud), char-
gement. (Michel.)
FARIDON : Misère. (Rigaud)
— Abréviation de faridondaine.
V. ce mot p. 167.
FARINEUX : Excellent. (Del-
vau.) — Même pensée que dans
l'expression populaire : bon
comme le bon pain.
FAUBOURG : Derrière. - Il
est éloigné de la place d'armes.
V. ce mot : « Je vous détruirai
le faubourg à coup de bottes. »
(Huysmans, 79.)
FAUCHER : Tromper, voler.
(Michel.) — Mot à mot : cou-
per la vérité, couper la bourse.
V. Fauché, p. 167.
FAUCHEUSE : Guillotine.
(Rigaud.) V. Faucher, p. 167.
FAUCHURE : Coupure. (Del-
vau.)
FAUSSE-COUCHE : Homme
nul, embryon moral. — « Vos
coups de pointeau sont trop
forts. — Et mon nœud de cra-
vate est-y trop fort, espèce de
fausse couche i » (Le Sublime.)
FAUTER : Perdre sa virgi-
nité, faire une faute. (Delvau.)
FAUVETTE A TÊTE NOIRE :
Gendarme. (Rigaud.) — Allusion
au jaune des buftieteries.
FAUX COL : Place occupée
par la mousse au détriment de
la bière d'an bock. — « Aussi
dans toutes les brasseries, en-
tend-on répéter cent fois : Un
bock^ et sans faux col. » (Ri-
pud'.)
FAYOT : Légume <ec. Argot
de marine. (Delvau.) — Du mot
provençal fayol : haricot.
FÉE : Maîtresse, (/i.) — Mot
à mot : amour. V. p. 168.
FÉLIBRE : Membre d'une
société poétique provençale qui
a pour chef Mistral. — Dans le
Courrier de Vaugelas, de 1877
(septerribre), M. Garnier établit
que félibre est un Aïeux mol
provençal signifiant téiew, nour-
risson, et raconte comrient Mis-
tral l'adopta en entencant chan-
ter une vieille provençale. —
ff C'est bien à Fontsé^ugne, le
21 mai 1854, que les poètes
d'Avignon adoptèrent le nom de
félibres. » (G. Garnier.)
FÉLIBRIGE : Genre des féli-
bres. — « Les écoles rivales sont
aujourd'hui presque absorbées
dans le félibrige. » {Id.)
FELOUSE: Prairie.(Delvau.)—
ï'onv Fenouse. V. p. 1(9.
FENIN : centime. (Rigaud.) —
Delvau écrit Feinin.
FERLOQ.UE: Mauvaise loque.
{Id.)
FERMER MAILLARD : Être
terrassé par Maillard, dormir,
avoir envie de dormir. — FER-
METURE MAILLARD : Som-
meil. — Allusion au nom de
l'inventeur des fermetures de
fer à coulisses. (Rigaud.) —
Chaque soir on voit e 1 effet ces
rideaux de fer (sur ies>. tieis ctait
seul d'abord le nom de Maillard)
descendre comme d' mmenses
paupières sur les magasins dç
Paris.
FIL
- 55 ~
FLA
FKRRAILLE : Monnaie de
cuivre. (Id.)
FERRÉ A GLACE : Sachant
parfaitement ce qu'il doit savoir.
(Delvau.) — Mot à mot : inca-
pable de tomber.
FÊTRÉ (être) : Être bon à
mettre en prison. (Demarquay.)
— C'est évidemment le même
mot que faitré (p. i66). Le sens
est un peu différent.
FICELER : Suivre. — Allon-
gement du mot filer. (Rigaud.)
"FICHANT : Extrêmement
contrariant. Ce mot et ce sens
sont déjà donnés dans le Glos-
saire du patois normand de Du-
méril (1849). De même pour le
dictionnaire provençal d'Honno-
rat (1846).
FICHER LA PARESSE : Ne
rien faire. — « Je fiche la paresse,
je me dorlote. Vous voyez.... »
(Zola.)
FIFERLIN : Soldat. Jargon de
voyous. (Rigaud.) — Mot à mot :
petit fifre. On appelait ainsi les
gardes suisses.
FIGER (se) : Avoir froid.
(Delvau.)
FIGNARD : Anus. {Id,) —
Abrév. de toufignard.
FIGNOLADE : Roulade. {Id.)
FIL (un verre de) : Un verre
d'eau-de-vie. Abrév. de fil en
quatre. (Rigaud.)
FILER : Faire ses besoins.
(Delvau.) — Abrév. de filer la
mousse. V. p. 174.
FILER (faire) : D:rob2r. (Ri-
gaud.) — On dit par abrév.
filer. Y, p. 173.
FILER LA COMÈTE : Cou-
cher en plein air. {Id.) — Mot à
mot : suivre des yeux la comète.
FILLE, GRANDE FILLE :
Bouteille de vin. — FILLETTE :
Demi-bouteille. {Id.)
FILSANGE : Filoselle (Del-
vau.) — Changement de finale
comme dans boutanche : bou-
tique.
" FINE est un vieux mot. On
lit dans le Cabinet satyrique.
Et dit-on que de la plus fine
Son brun visage fut lavé.
^ FINE PEGRAINE (être en) :
Être à toute extrémité. (Del-
vau.) — Variante de casser sa
pégrenne: mourir de faim. (Mi-
chel.) — Colombey met caner.
FINI (homme) : Homme
n'ayant plus de valeur phy-
sique ou intellectuelle. « Il souf-
fle comme un phoque, homme
marié, fini. » [Cancans du bou-
doir, 77.)
FIQUER : Frapper. (Michel.)
— C'est une forme de ficher :
planter, faire pénétrer.
FISH : Souteneur. Mot à
mot : poisson. Anglicanisme.
(Rigaud.)
FLAC : Sac. (MicheL) -^
Abrév. de flaque. V. p. 176.
FLAC : Argent. — Abrév.. de
fiacul : sac d'argent (p. 176).
FLAC : Lit. (Rigaud.) —
Abrév. dQ fiacul (p. 176).
FLE
- 56 -
FLU
FLACHER : Plaisanter. (A.
Pierre.) — Pour flancher.
FLACON : Soulier, savate. —
Onomatopée. Ils font flic flac
(Delvau.)
FLAGEOLETS : Jambes mai-
gres. (Dhautel. 08.)— Elles fla-
geolent.
FLANCHER : Reculer. (Ri-
gaud.)
FLANCHET : Part de vol.
(/i.)
FLÂNÉ : Flânerie. [Id.) -
Abréviation.
FLANQUE : Plaisanterie. (A.
Pierre.) — Ponr flanche.
FLAQUER : Mentir. {Id.) —
Poviv flanquer.
FLAQUET: Gousset. (Mi-
chel.) ^liQflac : sac.
FLÈCHE : Sou. (Rigaud.)
FLÉMARD : Atteint de la
flème. (Boutmy.)
FLÉMER : Avoir la fléme.
{Id.)
' FLEMME (envie de ne rien
faire) est une forme ancienne
de notre flegme. Ce n'est pas
douteux quand on voit dire en
Berri fléme pour manque a'éner-
gie; en Normandie et en Suisse
fleume; en provençal et en ita-
lien, flemma Sans compter le
Ttésor de Brunetto Latini qui
dit dès le xin» siècle: « Flemme
est froide et moiste. »
FLEMME : Paresseux. (Ri-
gaud.)
FLEUR DES POIS (c'est la) :
'3'est l'homme à la mode.
FLIBOCHEUSE : Soupeuse af-
amée et rapace. Dérivé de fli-
nistière. (Rigaud.)
* FLINGOT : Fusil de boucher.
Id.) — De là est venu, par un
;eu de mots, le surnom plus
nouveau du fusil d'infanterie.
FLIPPE : Mauvaise compa-
gnie. — Abréviation adoucie de
fripouille. V. p. i83. — c Sans
reproches, dans les derniers
temps, tu fréquentais de la
flippe. » (Durandeau, 78.)
* FLIRT ATION : « Observa-
tions analogues au suiet de
flirt, qui se prononce fleurte,
lequel mot est une contraction
de fleurette. — Ta flirt signifie
conter fleurette. — De t ^irt, »
les Anglais ont fait aussi flirta-
tion que nous avons commencé
à employer pour en plaisanter. »
(J. Améro.)
FLOTTANT : Bal de soute-
neurs. (Rigaud.) Mot à mot :
bal de poissons. En argot pois-
son se dit pour souteneur, et
flottant, pour poisson. — La par-
tie est prise pour le tout.
FLOTTARD : Élève se prépa-
rant à l'école navale. — Argot
des écoles.
FLOTTES (en avoir) : En
avoir beaucoup. On dit aussi
en avoir des bottes. — Argot des
écoles.
FLOU-CHIPE : Floueur-chi-
peur. (Rigaud.)
FLUTE : Clystèrç. — FLUX-
FOU -
ENCUL : Apothicaire. — FLU-
TER : Donner un clystère. (Del-
vau.)
FLUX (avoir le) : Avoir peur.
(Rigaud.) — C'est-à-dire avoir
le flux du ventre. V. Foirer,
p. 179.
FLUXION : Peur. [Id.) — Dé-
rivé àQjlux de ventre.
FOND DE CALE (à) : Sans le
sou. (Id.) — Terme de marine.
Q.uand on voit le fond de la
cale, le chargement a disparu,
FONTS DE BAPTÊME (se
mettre sur les) : Être engagé
dans une affaire dont on vou-
drait bien sortir. (Id.) — Semble
signifier mot à mot : être cité
comme témoin (en argot par-
rain).
FORAGE (vol au) : Vol à la
graisse. (Rigaud.) V. Graisse,
p. 198.
FORTANCHE : Fortune. {Id.)
— Changement de finale.
FOU : Foutu, perdu. Abrév.
{Id.)
FOUAILLER : Reculer. (Bout-
my.)
F OUATAISON : Canne. Argot
de voleur. (Rigaud.) -- Elle peut
fouetter l'air ou l'individu au
gré de celui qui la manie. —
FOUATAISON MASTARÉE :
Canne plombée. — FOUATAI-
SON LINGRÉE : Canne à épée.
{Id.) Mot à mot : canne à cou-
teau.
FOUATTER : Puer. {Id.) —
Pour fouetter qui est ici un
57-
FOU
synonyme de couper la gueule.
V. p. 123.
FOUILLES (des) : Non, ja-
mais, {Id.) — Abrév. de tu peux
te fouiller, p. i8o.
FOUINARD, FOUINE, FOUI-
NEUR : Poltron. {Id.) V. Foui-
ner, p. 180.
FOULAGE : Travail pressé.
(Delvau.)
FOULER (ne pas se fouler) :
Travailler mollement. Ironie.
Abrév. de ne pas se fouler le
poignet.
FOUQUER : Donner. (Hal-
bert.)
*FOUR : Insuccès dramati-
que. Semble avoir quelque rela-
tion avec le vieux terme en-
voyer au four (envoyer prome-
ner) qui se trouve dans le
dictionnaire comique de Leroux
(1787). "Lts fours étaient autre-
fois des casemates où on enfer-
mait les vagabonds. Aussi disait-
on envoyer au four pour se dé-
barrasser.
FOURCHETTES : Doigt. (A.
Pierre.)
FOURGATURE : Objet volé
à vendre. (Rigaud.)
' FOURLINE : D'après A.
Pierre, la fourline serait le lour-
lineur femelle. V. p. 181.
FOURMILLON AU BEURRE:
Bourse. (Rigaud.) — Mot à mot :
marché à l'argent.
FOURNEAU, FOURNEAU
PHILANTHROPIQUE: Misera-
FRA
- 58
FRI
ble. Mot à mot : habitué de
fourneau phil. (Id.)
FOURNIL : Lit. (Delvau.) —
On s'y enfourne et on y a chaud
comme au fournil.
FOURNIR MARTIN : Porter
une fourrure. (Rigaud.) — Facé-
tie. C'est avoir de la fourrure à
en revendre aux ours, à fournir
l'ours Martin, qui fut célèbre
entre tous.
FOURRER (s'en) : Être
goinfre. (Delvau.)
FRACASSÉ : Vêtu d'un pale-
tot. Tout ce qui n'est pas blouse
est frac pour les voleurs. (Ri-
gaud.)
FRAIS (être) : Être dans une
mauvaise situation. (Dhautel.
08.) — Ironie. Pour n'être pas
frais. Ce qui n'est pas frais sent
mauvais, va se perdre.
FRANC : Complice, endroit
fréquenté par les voleurs. (Id.)
— Dans le premier sens, c'est
une abréviation de affranchi :
perverti. Dans le second, c'est
une abrév. de tapis franc*
FRANC BOURGEOIS : Es-
croc du grand monde. (Id.)
FRANC DE MAISON : Rece-
leur, logeur de voleurs. (Michel.)
FRANC -FILEUR : Homme
valide ayant quitté la France en
1870 porr échapper au service
militaire. Par opposition à
franc-tireur. (Rigaud.) — En
1871, les francs-tileurs revenus
li'ont pas manqué de déclarer
que les Français étaient de tris-
tes soldats et que la France était
un pays perdu.
FRANCILLON : Français.
(Halbert.)
FRANGIN, FRANGINE :
Frère, sœur. (Id.) V. Servir,
Altèque, p. 33o et 8.
FRATERNEL : Frère. Argot
des écoles.
FRÈRES DE L'ATTRAPE :
Agents de la sûreté. — ( Les
frères de l'attrape leur mettaient
la serrante sur la porteuse. »
(Gavaillé.)
FRÉROT DE LA CUQUE :
Filou. (Michel.)
FRIAUCHE : Condamné à
mort pourvu en cassation. (Del-
vau.)
FRIMAGER : Passer devant
les autorités. (A. Pierre.) — On
compose alors sa figure (frime).
* FRIMER: Faire figure.—
(( Notre argent vaut bien celle
des autres et je frime auss' bien
que sa demoiselle. » (Daran-
deau, 78.)
FRINGUE : Habillé. (Rigaud.)
— Variante de fringant.
FRIPE, FRIPPE : Nourri-
ture. (Delvau.) Du vieux mot
fripper : manger goulûment.
Les goinfres s'appelaient autre-
fois fripe-saucé.
FRIQUET : Mouchard. (Mi«
chel.)
FRIRE UN RIGOLO : \'oler
en faisant semblant d'embr isser
une personne qu'on s'excusj en-
suite d'avoir prise pour une
autre. (Rigaud.) — Mot à inot :
Servir une fausse risette.
GAD
-59
GAL
FRIRE DES ŒUFS : Prépa-
rer un méchant tour. (Id.)
FRISÉ : Juif. (Michel.) — Les
têtes de race juive sont soutent
frisées.
FROUFROU : Passe-partout.
Onomatopée. (Delvau.)
FRUGES : Argent prélevé sur
la vente par les commis en nou-
veautés. (Id.)
FUMELLE : Femme. (Id.) —
— Pour femelle.
FUMERON : Hypocrite. (Ri-
gaud.)
* FUMISTE : « On sait qu'on
désigne les farceurs sous le nom
de fumistes. » {Figaro, 77.)
FUSIL DE TOILE : Sac. —
Jeu de mots. L'un et l'autre se
chargent. — « Quand on a cinq
ou six mioches, il faut aller à la
chasse avec un fusil de toile et
de zinc pour le charger. » {Le
Sublime.)
' FUSILLER : Dépenser. (Ri-
gaud.) — Mot à mot : faire partir
ses balles (francs). V. p. 26.
Gr
GABARI (passer au) : Perdre
au jeu. Jargon des ouvriers de
fer. (Rigaud.) — Et aussi des
soldats employés au fascinage
qui rognent toutes les branches
inutiles, dépassant leur gabari
ou modèle de gabion. On com-
prend l'allusion,
GABATINE : Raillerie. (Del-
vau.) — Du vieux mot gabe. —
Donner de la gabatine : railler.
GACHER DU GROS : Faire
ses nécessités. Argot du peuple.
(Id.) — Allusion de mortier.
GACHER SERRÉ : Travailler
activement. (Rigaud.) — Même
origine.
GADIN : Vieux chapeau, sou-
lier. {Id.)
GAFFE : Bouche, langue.
(Delvau.) — La bouche et la
langue donnent des coups de
croc, comme la gaffe, — la pre-
mière pour manger, et la se-
conde pour médire.
* GAFFE A GAIL : Garde à
cheval, gendarme. (Michel.)
GAFFE DES MACHABÉES :
Gardien de cimetière. (Rigaud.)
— Selon Delvau, on dit gaffé
tout simplement.
GAFFE DE SORGUE : Gar-
dien de nuit. {Id.)
GAFFER LA MIRETTE :
Ouvrir l'œil. (Id.) — Mot à mot:
surveiller de l'œil.
GALBEUX : Qui a du galbe.
— « Je suis galbeux autant qu'un
GAL
- 60 -
CAM
autre et Je ne vois pas pourquoi
je resterais dans mon fiacre, »
(Durandeau, 78.)
GALERIE (pour la) : Dans le
but unique et plus ou moins
dissimulé de faire de l'effet sur
le public. — Allusion théâtrale.
GALETTE : Mauvais sou-
lier. (Rigaud.)
GALETTE (boulotter de la) :
Faire de l'argent. — « Boulottes-
tu toujours de la galette avec le
grand Simon. » (Cavaillé.)
GALFATRE : Goulu. — « Ça
lui crevait le cœur de porter ses
six francs à ce galfàtre qui n'en
avait pas besoin pour se tenir
le gosier frais. • (Zola.) — C'est
évidemment une forme abrégée
du galioufard provençal. Voyez
ci-dessous Galifard.
GALIFARD : Apprenti. (Ri-
gaud.) — Cordonnier. (Delvau.)
En provençal, galioufard veut
dire goinfre.
GALIFARDE : Fille de bou-
tique. (/</.)
"GALOP : Réprimande. Mot
fort ancien. On trouve dans une
farce du xv« siècle citée par E.
Du Méril (Dict. de patois nor-
mand, 1849), ^^ "^°^ Galop : —
« Puisque pour toy suis ainssy
galopée, de Dieu soys tu maul-
dit. »
GALOPER : Envahir au ga-
lop. Très expressif et toujours
pris au figuré. — « Voilà la
peur qui me galope. Qu'est-ce
que je pourrai dire? » (E. Sue.)
GALOPER : c Travailler à la
hâte, bousiller un ouvrage. »
(i8o8, Dhautel.)
GALOUBET : Voix. (Delvau.)
— Se dit exclusivement de la
voix du chanteur. Comparaison
à l'instrument du même nom.
— Il a du galoubet : il a une
une belle voix.
GALUPE: Femme.
Les galup's qu'a des ducutons
Nous rinc'nt la dent.
(Riche pin.)
•GALVAUDER : Signifie en
patois normand travailler vite
et mal. (Duméril, /^g.)
"GAMBILLER : Le vieux
français a ce verbe avec le sens
de « remuer les jambes de côté
et d'autre » qui s'applique exac-
tement au cancan.
GAMBILLER (se la) : S'en
aller. — « Il serait temps de
voir à se la gambiller. (Huys-
mans, 79.)
GAMBILLEUR : Danseur
(Delvau), sauteur politiqvie. (Ri-
gaud.)
GAMBRIADE: Cancan,
danse. Arcot de voleurs. (\^e\~
vau.) — Dérivé de gambiller (dan-
ser), mais dans le sens do dame
élégante que j'ai donné d'après
Rabasse (p. 187), c'est un dé-
rivé de combneu (chapeau), mot
à mot : femme à chapeau, —
nom dont on qualifiait ks fem-
mes bien mises.
*GAME:En patois normand
signifie écume venant à la gueule
d'un animal; en patois vtadccn.
GAN
— Ol
CAR
game est un accès de rage. —
Le verbe gamer : empoigner,
saisir vivement, est encore usité
dans nos patois du Centre. La
rage fait tout empoigner, tout
mordre.
GAMELER : Dénoncer. — Mot
à mot : manger dans la gamelle.
C'est une variante de manger le
morceau qui aura paru sans
doute trop vieux. L'argot a ses
modes comme les chapeaux. On
le voit par cet exemple tiré
d'une lettre du prévenu E. Che-
vallier, détenu à Mazas ; elle est
datée du 3o mai 1876 : — « Ma
chère petite femme, j'ai appris
que les idées à Marie Loudevig
étaient changées à l'égard de
Jean Keipp, mais si Marie l'a
gamelé, je te dirai aussi qu'il
nous a attaché un bidon le jour
que je t'ai vue à l'instruction,
pour aller avec Henri Chevet,
il nous a quittés réellement
comme un petit muffe... Je te
prierai de croire qu'il ne boira
plus à notre table à l'avenir, ou
bien, s'il y boit, ce sera vrai-
ment dans la grande tasse. »
GANACHE : < On dit d'un
homme âgé et radoteur : C'est
une vieille ganache. » (Dhautel,
oS.) — Du vieux mot ganache :
grosse mâchoire. On dit de
même c'est une vieille mâchoire
pour c'est une ganache. —
€ Quoique certaines ganaches
ne parlent que la langue du
xvin» siècle. » (Revue de Paris,
1834.)
« Il déblatérait contre les ga-
naches de la Chambre. » (G.
Sand.)
« Le père ganache ou le père
dindon, ou bien encore le com-
père, c'est le nom d'un emploi
dans lequel le père Brunet et
Lepeintre jeune ont excellé. Ce
type du vieillard imbécile et
crédule est une création de Té-
rence. » (Duflot.)
Déjà on trouve ganache comme
synonyme de 50^ dans une poésie
du xvi« siècle, la seille aux bour-
riers.
Que vous serez réputé lasche,
Couard, poltron, sol et ganache
Des dames, si vous n'auez i'or.
GANACHE : Fauteuil de forme
basse. — « Puis s'étant blottie
dans une ganache, elle tendit
ses jambes. » (Achard.)
• GANDIN (hisser un) : Trom-
per. (Rigaud.) — Vient du vieux
mot gande : feinte tromperie.
Dans le Midi on dit ganda. Dans
le Berri, on dit « tu nous contes
des gandoises » pour : « tu nous
contes des mensonges. »
GARDE-MANGER : Water-
closel. (Delvau.)
GARDE NATIONAL : Paquet
de couenne. Argot des fau-
bourgs. (Jd.) — National doit
être au féminin. Pour com-
prendre ce terme, voyez sa con-
tre-partie Paquet de couennes.
GARDE NATIONALE (être de
la) : Un des nombreux syno-
nymes de en être, pour le sexe
féminin seulement.
GARDIEN : Excrément. (Del-
vau.) -— Même sens et allusion
que factionnaire (p. i63).
GAV
- 62 -
GËN
GARGARISME : Petit verre.
(Rigaud.)— Allusion à la gor-
gée d'eau-de-vie.
GARGOTER : Cuisiner mal,
travailler mal. (Delvau.)
•GARNAFE, GARNAFLE :
Ferme. (Vidocq.)
• GARNAFIER : Fermier. (Id.)
GARNO : Garni. (Rigaud.) —
Changement de finale.
GASPARD : Chat, rat. Argot
de chiffonnier. {Id.) — Jeu de
mots sur gat.
GAT : Chat. (Colombey.) —
Vieux mot provençal.
GATEAU FEUILLETÉ :
Chaussure mauvaise. (Delvau.)
— Allusion aux semelles qui
s'effeuillent.
GATER LA TAILLE : Rendre
enceinte. {Id.)
GAUDISSART : Plaisant,
homme jovial. (Id.) — En ce sens,
le vieux français a le mot gau-
disserie : plaisanterie, propos
ioyeux.
GAULES DE SCHTARD :
Barreaux de prison. (Rigaud.) —
Gaule est une ironie, Schtard
est une forme de jettard (V. p.
212).
GA VIOLÉ : Ivrogne. (Id,) —
De gaver : gorger.
GAVIOT : Gosier. (Delvau.) —
On disait au moyen âge gaviou
(de gave : gorge).
* GAVOT : Se trouve au mot
gaiteau dans le dict. de Littré.
GAZ : Eau-de-vie. — i'^lle a/-
lume. (Rigaud.)
GAZ (allumer son) : Regarder
attentivement. (Delvau.) — Mot
à mot : éclairer sa vue.
* GAZON : Se prend pour che-
velure vraie dans cette image de
l'argot faubourien : il n^a plus
de ga^^on sur la terrasse, pour
désigner un chauve. -- Se ra-
tisser le ga:{on : Se peigner.
GAZOUILLER : Puer. — De
ga{ pris dans le sens do puan-
teur. — « Oh là là! ça gf zouille,
dit Clémence en se bouchant le
nez. » (Zola.)
GENDARME : Moisissure.
(Delvau.) — Mot de patois ber-
richon.
GENDARME : Grande femme
révêche. {Id.)
GENDARME : Hareng saur.
(Rigaud.) — Est-ce parce que
son aspect jaunâtre rappelle les
bufïleteries jaunes de la gendar-
merie, ou parce que sa tote avec
les ouïes relevées a un air de
chapeau à cornes? On a, par
contre, appelé harengs les gen-
darmes.
GE
(Id.)
GENDARME : Breuvage de
vin blanc, de sirop de goinme et
d'eau. (Id.)
GENDARME : Fer à repasser.
— Il porte la marque de la mai-
son Gendarme. {Id.)
GENS DE LETTRES (faire
partie de la Société des) : Faire
GEN
- 63
GIB
chanter par lettres. (Michel.) —
Ce mot, reproduit comme con-
temporain, est de 1787 et n'a
eu jamais cours qu'en ce temps-
là, non à Paris, mais en Au-
vergne. M. Fr. Michel le prouve.
GENTLEMAN : « On ne dit
plus de lui qu'il est un homqje
distingué, un homme du monde,
un véritable gentilhomme, mais
un gentleman. » — Cette anglo-
manie, — peu intelligente, —
est si bien maîtresse de nous,
que nous ne voyons plus de gen-
tilshommes en France. En re-
vanche, nous voyons des gen-
tlemen partout. Je cite, d'après
un journal : « On demandait à
un iferbe s'il y avait des nobles
dans son pays : « Tout Serbe est
noble! » répondit-il. « Chaque
Serbe est un gentleman! » (J.
Améro.)
L'auteur de V Anglomanie dans
le Français, que je viens de
citer, poursuit en ces termes :
« Notre gentleman français vit
plus ou moins à l'anglaise, et
on dit de lui ou bien il dit lui-
même qu'il a de « l'humour »,
aime les « beefsteaks, » ne dé-
daigne pas un petit « lunch »
entre ses repas, fréquente la
ft high life, » se rend aux « mee-
tings » de n'importe quoi, évite
les « pickpockets, » redoute les
« questions » politiques des « re-
porters, » et quand il prend le
« railway, » ne manque pas de
demander un c ticket. »
Ce sont là autant de termes an-
glais qui n'ont que faire dans le
français, par cette raison bien
simple, mais qui nous semble
péremptoire malgré sa simpli-
cité, que, pour chacun d'eux,
nous ^vons au moins deux ou
trois vocables correspondants. »
•GENTLEMEN-RIDERS :
« Reçoivent cette qualification
et peuvent seuls monter dans les
courses de gentlemen-riders :
I» les membres du Jockey-GIub
et des principaux cercles de Pa-
ris; 2» les officiers de l'armée
française, en activité de service ;
3" les personnes admises, sur
leur demande, après examen et
ballottage par le comité des
courses. » [Carnet des courses,
11')
GEO : Géométrie. Argot des
écoles.
GERBEMENT .-Jugement. (Mi-
chel.) — Voyez ci-dessous Ger-
ber.
*GERBER : Étymologie. Je
crois que gerbement et gerber
font allusion à l'action de ger-
ber, c'est-à-dire de lier, de réu-
nir et d'empiler les gerbes. Seu-
lement cette action est prise au
figuré. Juger n'est-ce pas réunir
en une seule gerbe, en un seul
faisceau (comme on dit dans la
langue officielle) les éléments
accusateurs.
GERBIERRES : Fausses clefs.
(Rigaud.)
GESSEUR : Grimacier, pré-
tentieux. (Delvau.)
GET : Jonc (Michel.) — C'est
pour jet qui se dit régulière-
ment.
GIBELOTTE DE GOUT-
TIÈRE : Chat. (Delvau.)— Le
chat se mange pour du lapin.
GLO
b4 -
GOD
GICLER : Jaillir. (Rigaud.) —
C'est un vieux mot encore usité
dans nos patois. On y retrouve
lejaculare latin.
GIGOT : Cuisse (Delvau) ;
mains larges. (Rigaud.)
GIGUE : Jambe, femme lon-
gue et maigre. (Delvau.) — Vieux
mot conservé par nos patois et
donné par le dict. de Littré.
"GILBOCQUE : (Transposi-
tion.) — Voyez p. 191, après
Giberne.
GILQUIN : Coup de poing.
(Rigaud.)
-GIRONDE : Fille perdue.
(Halbert.)
GIRONDIN : Dupe. — Argot
de camelots. (Rigaud.)
GIRONDINE : Femme très
gentille. (Delvau.)
GITE (dans le) : Ce qu*il y a
de mieux. — Allusion au gîte à
la noix qui passe pour la meil-
leure partie du bœuf. (Rigaud.)
GIVERNER : Vagabonder de
nuit. (Delvau.)
GLACE (passer devant la) :
Voir une fille de maison sans
payer, parce qu'on est son amant.
(De Concourt.) — Perdre des con-
sommations au jeu dans un café.
(Rigaud.)
GLAIVE : Guillotine. — GLAI-
VER : Guillotiner. (Id.)
CLOCHETTE : Poche. (A.
Pierre.) — Est-ce en souvenir de
la clochette attachée jadis à la
poche sur laquelle les tireurs
apprentis se taisaient la main?
GLOUSSER : Parler. (Delvau.)
- Animalisme.
Enfant à la ma-
GLUANT
melle. {IJ.)
GLUAU : Crachat. (Rigaud.)
GLUAU (poser un) : Arrêter.
"GNIAF : C'est, à propre-
ment parler, l'ouvrier cordon-
nier. Voyez Pignouf, p. 280.
Gnaf se trouve dans les dic-
tionnaires du patois normand
de Du Méril, et des patois du
Centre de Jaubert.
GNON : Meurtrissure, bles-
sure. (Delvau.) — S'écrivait
nion dans le compte rendu d'un
procès de parricide (mars 1879).
GOBAGE : Amour. (Rigaud.)
GOBELIN : Gobelet, dé à cou-
dre.
GOBE-PRUNE: Taille ar. (Mi-
chel.) — Ce vieux mot confirme
notre étymologie de pique-prune
(p. 282). C'est bien une compa-
raison de mouvement.
GOBELOT : Ciboire. {Id.)
GOBER SON BŒUF : Être
furieux. (Delvau.) — Mo: à mot :
être comme un bœuf en: âgé.
GOBET : Vaurien (Id.)) quar-
tier de bœuf. (Rigaud.)
GOBIN : bossu. {Jd.) - Vieux
mot qui se dit encore en patois
picard. Brantôme rapporte qu'un
duc de Mantoue était appelé le
gobin, à cause de sa bosse.
* GODARD : Forme Je gau-
dard qui devait être un dérivé
du vieux verbe se gaiidi- : se ré-
jouir, qui a fait gaudissard. Nos
GO M
65 -
GOU
exemples confirment ce sens. V.
p. 194.
* GODILLER ..Exemple ; « Plus
on est de gentilshommes, plus
on godille... Vous trouverez
dans mes salons les plus beaux
noms... en femmes. Depuis la
marquise de Fumeterre jusqu'à
la baronne de Lune rousse. »
(Faillet.)
•GODILLOT : Conscrit. (Ri-
gaud.)
* GODILLOT : Soulier. « J'ai
attendu que le carreleur ait rac-
commodé un de mes godillots. »
{Tam-Tamy 76.)
•GOFFEUR:Deg-q/; forge-
ron. (Bretagne.)
* GOGO : Semble être à pro-
prement parler celui dont on se
moque, qu'on goguenarde. Je ne
crois pas que gogo ait ce sens
dans l'exemple de Villon.
GOGOTTE : Faible, mou,
niais. (Delvau.) — C'est un dé-
rivé de gogo. V. p. 195.
GOGOTTE : Mauvais yeux.
{Id.) — Corruption du mot co-
cotte qui a dû désigner d'abord
des yeux gonflés, dits à la coque.
GOLGOTHER : Poser en mar-
tyr. Allusion au Golgotha bi-
blique. (Delvau.)
GOMBERGER : Compter. {Id.)
— C'est une forme de comber-
ger.
'GOMMEUX : Joli. C'est le
substantif pris adjectivement
dans le sens de à la mode. —
9 Quand il trouve une chose à
son goût, il ne dit plus : elle
est jolie, il dit : elle est gom-
meuse. » (Hennique.)
GONDOLÉ : Tordu, recro-
quevillé, faussé. Se dit d'un
homme comme d'un chapeau.
— « Quéq'qu't'as donc fait hier,
t'as l'air tout gondolé. » {Le Su-
blime, 72.) En patois poitevin,
on dit : il est en gondole d'un
objet courbé par la chaleur. En
Limousin, un chapel de gondola
est un vieux et mauvais cha-
peau.
•GONZESSE : Femme,
amante. (Delvau.)
GORET : Premier ouvrier
cordonnier. {Id.) — Animalisme.
GORGE : Étui. Jargon des
voleurs. {Id.) — La gorge a, par
le fait, la forme d'un émi.
GORGNIAT : Homme mal-
propre. {Id.)
GOSSEUR : Conteur de gosses.
V. p. 196.
GOUGNOTTAGE, GOU-
GNOTTER : Acte de gougnotte,
agir en gougnotte. (Higaud.)
V. ce mot p. 197.
GOUILLE (envoyer à la) :
Envoyer promener. (Delvau.) —
Gouille se dit en patois pour
marCy bourbe (Centre).
GOUILLON : Gamin. {Id.)
GOUJON : Dupe. — Elle mojd
à l'hameçon de ceux qui l'ex-
ploitent. {Id.)
GOUJON : Souteneur. (Ri-
gaud.) — Variante de poisson.
V. p. 288.
GOUJON (lâcher son) : Vo-
mir. {Id.)
GOU
- 66 -
GRA
GOUJONNER : Duper. (Del-
vau.) — Allusion de pêche.
COUR : Pot. (Halbert )
' GOURBI : Ce mot n'est pas
si arabe qu'il en a l'air quand
on voit gourbin signifier clayon-
nage en patois briançonnais, et
panier en Provence. Et un gour-
bi n'est qu'une hutte clayonnée.
GOURD : Friponnerie. Argot
de voleur. (Michel.) — Pour
goure. C'est l'action de gourer :
tromper. V. p. 197.
GOURGOUSSER: Se plaindre,
récriminer. (Boutmy.) — C'est
un équivalent du provençal
gourgoulhar, gourgoutar : mur-
murer (en parlant d'un liquide)
qui répond au gargouiller fran-
çais.
GOURGOUSSEUR : Grognon.
(Boutmy.)
GOURRER, GOURREUR.
(Michel.) — Voyez, Gourer,
Goureur, p. 197.
GOUSPINER : Vagabonder.
(Id.)
GOUSSER : Manger. (Id.)
GOUT DU PAIN (faire passer
le) : Tuer. On trouve Perdre le
goût du pain : mourir, dans le
Dictionnaire comique de Leroux.
(i8« s.) — « Tous les jean-f
qui voulaient faire perdre le
goût du pain aux braves monta-
gnards. » (1793, Hébert.) —
« V'ià la guillotine qui se met à
jouer. On enlève le goût du pain
au monde. » (H. Monnier.)
GOUTTE (donner la)
ner à têter. (Rigaud.)
Don-
GOUTTE MILITAIRE : An-
cienne gonorrhée. {Id.)
GOUTTIÈRE (lapin de): Chat.
{Id.) — Voyez Gibelotte.
GOUVERNEMENT : Épée à
l'École polytechnique. (I)elvau.)
— C'est l'État qui la donne.
GRAFFAGNADE : Mauvafs
tableau, commerce de mauvais
tableaux. (Rigaud.)
GRAFIN : Chiffonnier. {Id.) —
[1 grafigne{q,v2ilXQ) avec son cro-
chet.
GRAILLONNEUSE : Blanchis-
seuse par occasion. (Delvau.)
•GRAIN : Pièce de dix sous. {Id.)
* GRAIN : Émotion produite
par un extra de boisson. — « Un
petit grain de temps eu temps,
ça vous remet. » {Le Sublime.)
GRAISSER LES ROUES :
Boire. (Rigaud.) — Cela fait
marcher la voix et permet la
roulade.
GRAISSER LE TRAIN DE
DERRIÈRE : Donner le pied au
cul. {Id.) — Cela fait marcher
plus vite, comme le i^raissage
des roues fait rouler une voi-
ture.
GRAISSEUR : Grec— De
graisse (Grèce, monde des Grecs).
V. Bédouin.
GRAND MECQUE : Président.
(A. Pierre.) — Mot à me t : grand*
maître.
GRAOUDJEM : Chircutier.,
(Rigaud.)
GRAS (avoir son) : l'Itre tué.
GRI
-67-
GUA
« Si j'ai mon gras, je ne veux
pas qu'un de ces pouilleux-là
me chaparde ma croix... » (A.
Bouvier, 69.)
GRASSE : Coffre-fort. Argot
de voleur. (Rigaud.) — Elle ren-
ferme le gras (argent). V. page
198.
GRATE : Abréviation de gra-
tification. (Boutmy.)
GRATIS : Crédit. Jargon de
marchand. (Rigaud.)
GRATON : Rasoir. (Delvau.)
GRATOUILLE : Gale. {Id.)
GRAVEUR EN CUIR : Save-
tier. (Rigaud.)
GRELOT : Voix sonore. — Il
va toujours comme le cheval de
poste faisant tinter son grelot.
— « Chaud là! En triomphe
l'orateur! Quel grelot! » {Le
Sublime.)
GRENOUILLARD : Grand
baigneur, buveur d'eau. (Ri-
gaud, Delvau.)
GRENOUILLER : Boire de
l'eau. (Delvau.) — Mot à mot :
faire comme les grenouilles.
GRÉS : Cheval. (Michel.)
CRIBLAGE : Plainte. (Del-
vau.) — C'est une forme de cri-
blage.
GRIFFARDE: Plume. (Ri-
gaud.) — Elle sert à griffonner.
GRIFFER : Voler. (Delvau.)
GRIGNON : Juge. Argot de
voleur. (Rigaud.)
GRILLEUSE DE BLANC
Repasseuse. (Delvau.) — AHu-
sion au fer chaud et au linge.
* GRIMÉ : Arrêté. (Halbert.)
— GRIMER: Arrêter. (A. Pierre.)
GRIMOIRE : Code pénal. (Del-
vau.) — M. Rigaud dit grimoire
mouchique.
GRINGUE : Pain. Jargon du
peuple. (Rigaud.) — Forme in-
tervertie de grigne. Le pain se
grignotte.
GRISAILLE, GRISE : Sœur
de charité. (Delvau.) — - Allusion
à sa robe.
GRONDIN : Porc. (Michel.)
GROS LÉGUME : Officier su-
périeur. (Rigaud.) — Allusion à
la graine d'épinard.
GROS LOT : Mal de Naples.
(Delvau.)
GROSSE CAVALERIE : « C'est
ainsi que s'appellent les scélé-
rats les plus déterminés du ba-
gne. » (Sers, 45.) — Acception fi-
gurée. Cette grosse cavalerie est
cuirassée contre le remords et la
crainte.
GROSSE CULOTTE : Ivro-
gne beau parleur. V, Sublime.
GROULE, CROULASSE : Ap-
prentie, petit souillon. (Rigaud.)
— Du mot provençal groula qui
a le même sens.
GROUPER : Arrêter, saisir.
(Michel.) — Abrév. d'agripper.
GUANO : Excrément quel-
conque. (Delvau.) — Allusion,
au guano chilien.
GUELTER : V.
202.
HAB - 68 -
Guelte, page
HAB
GUENON: Patronne. (Ri-
gaud.) — Pendant du singe.
GUETTE : Gardien. (Delvau.)
— Vieux mot.
GUEULARDE : Poche. (Hal-
bert.)
•GUEULE (faire sa) : « Dis
donc, Marie, bon bec, ne fais
pas ta gueule. » (Zola.)
GUEULE DE BOIS : Ivresse.
(Delvau.)
GUEULE D'EMPEIGNE : Pa-
lais habitué aux liqueurs fortes.
(Id.) — Mot à mot : gueule de cuir.
GUEULE DE RAIE : Vilain
visage. (Kigaud.) — La raie est
un poisson d'aspect repoussant.
GUEULÉE : Repas, hurle-
ment. (Delvau.)
GUIBONNE : Jambe.— De'rivé
de guibon. — « J' sais tirer la
savate avec mes guibonnes. »
(Richepin, 77.)
GUICHE : Cheveux, roufla-
quettes.
Quand j' veux tromper mes puiches,
J' m'en vas faire une pleine e m.
(Riche in )
GUIMBARDE : Porte. Ri-
gaud.)
*GUINAL : Marchand de chif-
f )ns en gros. — Grand Guinal :
Mont-de-piété. [Id.) Mot à mot :
juif et grand juif.
GUINALISER : Faire l'usure.
{Id) — Mot à mot : faire fcte de
juif. Voyez Guinal, p. 2o3.
GUINCHE : Bal de barrière.
— Halbert donne guincht avec
le sens généralisé de barrière.
- GUINCHEUR : Habitué de
bal. (Delvau.)
GUINCHER : Danser. {Id.) —
Dans les patois du Centre, <y^uin~
cher\eut dire baisser la tcte, se
mettre de travers, ce qui équi-
vaut à cancaner et ce qui a fait
guinc'ie (bal, sauterie). — Dans
le Berri, on dit encore qu'on va
aux assemblées, fêtes de villages
pour guinguer : danser.
GUINGUETTE : Gri>ette.
(Delvau.) — Elle guingue volon-
tiers. Voyez Guincher.
H
HABILLER : Préparer pour
l'étal. — Argot de boucher. (Del-
vau.)
HABILLER : Médire, répri-
mander. (Rigaud.) — Abrévia-
tion de bien habiller qui sc dit
ironiquement un peu partout
et presque toujours de cette fa-
çon : il Va bien habillé.
HAN
HABINER : Mordre. (Delvau.)
— Pour happiner.
HABIT DU PÈRE ADAM :
Nudité complète. (Rigaud.)
HABIT NOIR : Bourgeois.
(Delvau.) — Menteur. (Rigaud.)
HABITONGUE: Habitude.
(Michel.) — Changement de fi-
nale.
HACHER DE LA PAILLE ;
Prononcer mal le français. Se
dit des Allemands. (Rigaud.)
HALEINER : Respirer l'ha-
leine, chercher à deviner. (Del-
vau.)
HALLE AUX DRAPS : Lit.
[Id.) — Jeu de mots sur draps.
HALOTER : Souffler, souf-
fleter. (Halbert.)
HALOTIN : Soufflet de che-
minée. (Rigaud.) — Diminutif
de Halot, V. p. 204.
HANCHER (se) : Se camper
sur la hanche. {Id.)
HANDICAPEUR : « C'est le
handicapeur qui est chargé de la
difficile tâche d'établir une échelle
de poids, à chaque course, du
meilleur cheval au plus médio-
cre. Il se base sur le pedigree et
les performances. » {Carnet des
courses^ 77.)
HANNETON DANS LE PLA-
FOND (avoir un) : Avoir une
idée fixe dans la tête, avoir la
cervelle un peu détraquée. (Bout,
my.)
69 - HER
HANNETONNER : Être dis-
trait. (Delvau.)
HARDI A LA SOUPE : Fai-
néant. {Id.) — Mot à mot :
n'ayant de courage que pour
manger.
HARICANDER : Chamailler.
{Id.)
HARNACHÉ : Mal habillé.
{Id.)
"HARPE : « C'est lorsqu'on
est nanti qu'il faut craindre la
harpe. » {La Comédie des Pro-
verbes, 17 14.)
HARPIGNER (se) : Se battre.
(Delvau.) — Le vrai mot serait
se harpionner. V. Harpion, page
204.
HASARD! : Exclamation iro-
nique, pour dire : « Cela arrive
bien fréquemment. » — On dit
plus souvent H. (Boutmy.)
HAUS : Personne marchan-
dant toujours et n'achetant ja-
mais. Argot de magasins de nou-
veautés. (Delvau.)
HANNETONNE
hanneton. {Id,)
Ayant un
HAUSSMANISATION : Démo-
lition générale dans un but d'em-
bellissement.— « Depuis l'hauss-
manisation de la capitale, les
loyers sont hors de prix. » {Alm.
des cocottes, 67.)
HAUTOCHER : Monter. Ar-
got de voleur. (Delvau.) — Mot
à mot : aller haut, se hausser.
HERBE A LA VACHE :
Trèfle de cartes. (Zola.) — Jeu
de mots.
HERBE SAINTE : Absinthe.
I (Delvau.) — Jeu de mots.
IMP
— 70
IND
•HIGH-LIFE : Mot à mot :
haute vie, — est Féquivalent de
nos expressions haute société,
grand monde, bonne compagnie ;
c'est-à-dire que nous avons au
moins trois manières d'expri-
mer en bon français ce que,
communément, nous nous ef-
forçons de dire en mauvais an-
glais. (C. Améro.)
HIRONDELLE : Commis
voyageur, ouvrier tailleur de pas-
sage à Paris. (Delvau.)
HIRONDELLE DE GRÈVE :
Gendarme. (Id.) — On exécutait
jadis sur la place de Grève.
HIRONDELLE DE PONT :
Vagabond couchant sous les ar-
ches de pont. (Id.)
HIRONDELLE D'HIVER :
Marchand de marrons, ramo-
neur. [Id.) — L'hiver les ramène
HISSER : Appeler en sifflant.
(Rigaud.)
HISTOIRES : Menstrues. (Id.)
— Equivalent d'époques (épo-*
ques historiques. Allusion de
périodicité), car on dit ai^oir ses
époques pour avoir ses règles.
HOMARD : Soldat de la ligne
(Delvau.) ; — spahis. (Rigaud.) —
Allusion au pantalon du pre-
mier et au burnous du second.
HORLOGER : Mont-d a-piété.
(Delvau.) — Allusion au pré-
texte de ceux qui ont engagé
leur montre et qui disen: : « elle
est chez l'horloger. »
HOSTO : Prison. {Id.) — C'est
hostel (hôtel) avec changement
de finale. V. Lousteau, p. 224.
HOTTERIAU : ChifF.nnier.
(Id.) — Nom de la hotte donné
au porteur. V. Hoteriot, p. 206.
HUGREMENT : Beaucoup.
(Michel.)
HUILE : Vin. — HUILE
BLONDE : Bière. {Id.)
HUISSIER : Concierge. — Il
garde l'huis. (V. page 12 de l'In-
troduction.)
ILLÉGITIME : Maîtresse de
mari, amant de femme mariée.
V. Légitime.
IMBIBER (s') : Boire. (Delvau.)
— Être imbibé se dit surtout
pour être ivre.
IMPAIR : Insuccès. {Id.) —
On dit faire un impair^ pour
échouer.
IMPRESSIONISME : École de
peinture ultra-réaliste. (Rigaud.)
IMPRESSIONISTE : Peintre
ultra-réaliste. {Id.)
INDEX (travailler à 1') : Tra-
vailler à prix réduit. On se met
ainsi à l'index des compagnons.
(Delvau.)
INDIGENT : Voyageur d'im-
JAM
JAR
périale d'omnibus. Argot des
cochers. (Rigaud.) — Les voya-
geurs se vengent en appelant les
cochers Collignon.
INFANTERIE (dans 1') : En-
ceinte. (Rigaud.) — Mot à mot :
en situation d'infanier (enfanter).
INFÉRIEUR (cela m'est) :
Cela m'est égal. {Id.) — Mot à
mot : cela est au-dessous de
moi.
INFIRME (c'est un) : C'est un
homme sans valeur. {Id.)
INSECTE : Volaille, oiseau.
{Id.) —• Diminutif inventé par
les gros mangeurs.
INSINUANT : Apothicaire. —
INSINUANTE : Seringue. {Id.)
— Le second terme explique le
premier.
* INTÉRESSANTE (situation):
Mot transposé. V. p. 209, après
in petto.
INVALIDÉ : Député dont l'é-
lection n'a pas été confirmée. —
«c L'invalidation, je ne connais
que ça ! Invalidons nos con-
frères qui nous gênent. » {Tam-
Tam, 76.)
ISOLAGE : Abandon. (Del-
vau.)
ITALIQUES (avoir les jam-
bes) : Être bancal. — Allusion
à l'inclinaison du caractère dit
italique. (Boutmy.)
JACQUE : Pièce d*un sou.
(Dslvau.)
JACQUELINE : Sabre. (Mi-
chel.)
JAFFE : Soufflet. {Id,)
JAFFLE : Soupe. {Id.)
JAMBE EN L'AIR: Potence.
{Id.) — Allusion à ses jam-
Dages.
JAMBES DE COQ : Jambes
maigres. — De coton : molles.
(Delvau.)
JAMBON : Cuisse. {Id.)
JAMBON (faire un) : Casser
son fusIL (D. Lacroix ) — Allu-
sion à la crosse brune qui, sé-
parée du canon, a des airs de
jambonneau.
JAMBONNEAU (sans chape-
lure au) : Chauve. (Rigaud.) —
Allusion à l'aspect rosé de cer-
taines têtes chauves.
JAPPER : Crier. (Delvau.) —
Animalisme.
JARDIN (faire du) : Se mo-
quer. — « Je crois que tu ne
pourras pas faire de jardin sur
cette petite lettre, car il n'y a
pas de mauvais boniments. »
(Extrait d'une lettre dcjà citée.
V. Gamde- .}
J'OR
^ 72 -
JUT
JAUNIER : Débitant d'eau-de-
vie. (Delvau.) V. Jaune, p. 211.
JEANJEAN : Niais. — « La
blanchisseuse était allée retrou-
ver son ancien époux aussitôt
que ce jeanjean de Coupeau avait
ronflé. » (Zola.) ^
JÉSUS (petit), JÉSUS A QUA-
TRE SOUS : Enfant nouveau-
né. Les quatre sous font allu-
sion au prix des poupards à tête
rose qu'on donne aux enfants.
« Ils veulent donc le faire cre-
ver ce chérubin... En voilà un
de Jésus à quatre sous qui ne
fera pas de vieux os. » (Hen-
nique.)
JETÉ : Soûl. — Mot à mot :
oui s'est jeté du liquide dans
l'estomac. (Rigaud.)
JETER DE LA GRILLE : Re-
quérir au nom de la loi, — Mot
à mot : jeter une grille de prison
sur l'accusé. {Id.)
JEU (vieux) : Vieux système,
méthode surannée. (Id.)
JEU DE DOMINOS : Denture.
{Id.)
JONCHERIE : Duperie. {Id.)
— Mot à mot : dorure. V. Jon-
cher, p. 21 3. Le mensonge est
souvent doré.
JONCS (être sur les) : Être en
prison. (Delvau.) — Mot à mot :
sur la paille.
J'ORDONNE (Mosieu ou Ma.
dame) : Se donner des allures
de commandement. {Id.)
JOSÉPHINE (faire sa) : Affec-
ter un air de chasteté. Id.) —
On a voulu donner un féminin
à Joseph^ V. p. 21 3.
JOUAILLON, JOUASSON:
Joueur peu hardi , mauvais
joueur. {Id.)
JOUER DU FIFRE : Se priver
de nourriture. (D. Lacroix.) —
Mot à mot : siffler au lieu de
manger.
JOUER DU VIOLON : Scier
ses fers. (Id.) — Allusion au
mouvement de la lime.
JUBILE: Peau économisée par
l'ouvrier gantier (de Paris) sur
celles qu'on lui a confiées pour
tailler une douzaine de paires de
gants. « Ils affirment que les
peaux offertes à la vente sont le
produit légitime de leur gain,
ce que dans le langage de la
ganterie on appelle la jubile, »
{Petit Journal, mdivs iSjvS.)
JUMELLES : Fesses. — On
dit aussi les deux sœurs. (Delvau.)
JUS : Vin. (Id.) — Abrév. de
jus de la treille.
JUS (avoir du) : Avoir du chic,
de l'élégance. {Id.) — Compa-
raison de l'être vivant au fruit.
JUS DE RÉGLISSE : Nègre.
(Id.) — Allusion à sa couleur.
JUTEUX, JUTEUSE : Qui a
du chic. V. Jus.
LAC
— 7J —
LAI
K
KIF-KIF (c'est) : C'est e'quiva-
lent. Importation algérienne.
(Boutmy.) — Voyez Quif-Quif
pour l'exemple.
KILO : Litre de vin, faux chi-
gnon : — Poser un kilo : faire
ses besoins. (Rigaud.)
KNICKERBOGKER : Bas. —
« Il faut la voir l'été en Knicker-
bocker violet laissant voir une
jambe modelée. » (G. des Per-
rières, 72.)
KOLBAG : Grand verre de
vin, quart de litre. (D. Lacroix.)
—^ Mot à mot : verre grand
comme le bonnet à poils dit
Kolbac.
LABADENS (vieux) : Ancien
camarade de pension. — Depuis
le vaudeville amusant de La-
biche {l'affaire de la rue de
Lourcine ) qui a mis ce terme à
la mode, il a pris avec le procès
Bazaine une valeur historique.
Quand Régnier voulut en effet
être mis en la présence du ma-
réchal, il se fit annoncer ainsi :
« Dites que c'est un vieux Laba-
dens. j»
LAGETS : Menottes. V. page
282.
LAGHER (se) : Laisser échap-
per un pet. (Delvau.)
* LAGHER LES ÉGLUSES :
Pleurer. — « Nous avons donc
fait un héritage que tu lâches
les écluses! Chouette! » (Hen-
nique.)
* LACHEUR : Ce mot a passé
dans la langue politique depuis
un discours de M. Estancelin,
imprimé dans le Mémorial Eu-
dois (juillet 1878). Voici le pas-
sage : « Nos pères, dans leur
langage d'une franchise brutale,
auraient pu les appeler des
lâches, nous, moins sévères dans
l'expression, nous les appelons
des lâcheurs! »
LAIGRE : Foire. (Rigaud.) —
Pour lègre. V. p. 218.
LAINE (avoir de la) : Avoir de
l'ouvrage. Argot de voleur. (Del-
vau.)
LAISSER PISSER LE MÉRI-
NOS : Attendre l'occasion. {Id.)
— On disait auparavant : lais-
ser pisser le mouton.
LAV
— 74 —
Lie
LANCE : Balai. — LANCIKR :
Balayeur. (Id.) — Allusion à la
longueur du manche du balai.
LANDIÈRE : Boutique de
foire. (M.)
LANGUE VERTE : Argot.
— Mot à la mode depuis la pu-
blication du dictionnaire de Del-
vau, qui l'avait détourné de son
sens ordinaire. L'expression lan-
gue verte ne- s'appliquait vrai-
ment qu'aux mots crus (ce qui est
cru est vert), et non à l'argot
ni aux néologismes. Par excep-
tion, M. Fr. Michel lui donne
le sens restreint de argot de
joueurs.
LANGUINER : Pleuvoir. (A.
Pierre.) — Pour lansquiner.
LAPIN (coller un) : Tromper
une femme galante, c'est-à-dire
ne lui point donner d'argent.
LARGUEPÉ : Prostituée. Ar-
got de voleur. (Rigaud.) — Chan-
gement de finale, comme dans
insolpé.
LARQ.UE : Femme en cartes.
(A. Pierre.) — Pour largue.
LATTIFFE : Savonné. (Id.) —
Il y a évidemment ici faute d'im-
pression, A. Pierre aura voulu
dire Lartif savonné : pain blanc.
— On n'aura composé que les
deux premiers mots.
LAVEMENT: Personnage
canulant. — « Quel lavement
quand il est paf ! murmura Ger-
vaise. » (Zola.)
LAVER LES PIEDS (se) :
Aller à Cayenne. ('Rigaud.) —
Allusion à la traversée.
LAVER LE TUYAU (se) :
Boire. V. Tuyau.
LAVETTE : Langue. (Del-
vau.)
"LAZAGNE : Transposition.
Voyez après lavement, p. 218.
LAZZI-LOFF : Mal vénérien.
(Vidocq.)
LÈCHE-CUL : Flatteur. (Del-
vau.)
LÉCHER : Peindre trop mi-
nutieusement. (Id.)
* LÉGITIME : Mari. — « Vos
épaules étincelantes des pierre-
ries du légitime aimé ou de l'il-
légitime plus aimé encore. »
{Cancans du Boudoir, 77.)
LÉSÉE, LÉSÉBOMBE : Fille
publique. (Rigaud.)
LESTOME : Estomac. (A.
Pierre.) — Lire Vestom.
LEVER : Prendre possession
d'une valeur cotée à la Bourse.
(Rigaud.)
LEVER LES PETITS CLOUS:
Composer. (Boutmy.)
LEVEUR fbon) : Ouvrer im-
primeur composant habilement
et vite. [Id.)
LEVEUR : Coureur ai fem-
mes, voleur à la tire. (Delvau.)
LEVURE : Fuite. (Rigiud.)
LICE : Bas de soie. (Michel.)—
Il est lisse.
LICE : Société chantante po-
pulaire. — Lice est ici syno-
nyme de champ de tournoi.
i
LIP
- 75 -
LOU
LICHADE : Embrassade.
(Delvau.)
• LICHER veut dire non seu-
lement aimer à boire, mais ai-
mer toutes sortes de friandises.
LICHEUSE : Femme aimant
à licher. — « M°>» Lorilleux la
traita de licheuse. Ça se mettait
quatre morceaux de sucre dans
son café. » (Zola.)
LIGNANTE : Vie. (Rigaud.)
* LIGNE (avoir la) : Avoir un
beau profil. Argot de sculpteur.
Mot employé par Dumas fils
dans les Idées de iV/"»» Aubray.
LIGNE D'ARGENT (pécher à
la) : Acheter du poisson pour
faire croire qu'on en a péché.
(Rigaud.) — Ironie.
LIGOTTE DE RIFLE, RI-
FLARDE : Camisole de force.
Mot à mot : lien brûlant. (Id.)
LIMACE : Prostituée de der-
nier ordre. (Id.) — Animalisme.
LIME SOURDS : Sournois.
(Michel.)
LIMONADE DE LINSPRÉ :
Vin de Champagne. (Rigaud.) —
Mot à mot : limonade de prince.
LINGE : Femme galante ayant
une certaine toilette. — « Les
sublimes savants se payent un
linge; les autres se payent un
torchon, une éponge. » (Le Su-
blime.)
LINGE LAVÉ (avoir son) :
Être pris. Argot de voleur. (Del-
vau.)
LIPETTÊ : Prostituée, ma-
çon. (Rigaud.)
LIQUETTE : Chemise. (Id.)
LIVRE : Cent francs. Terme
de grec. — « Ils venaient de
charrier un pante, l'avaient mis
dans le bal et il avait dansé d'une
livre. » (Cavaillé.)
LIVRE DES QUATRE ROIS :
Jeu de cartes. (Delvau.) — Jeu
de mots sur la Bible et les rois
des quatre couleurs.
LOCHER : Chanceler. {Id.)
LOFFARD, LOFFE : Même
sens que Loffiatj p. 222.
LOU (faire un) : Manquer une
pièce. — Lou est ici pour loup
(sottise) — « Comment, c'est
vous Auguste qui faites un lou
aussi grossier. » (Le Sublime.)-^
D'une affaire mal conçue, on
dit : « il y a un loup. »
LOU AVE : Soûl. Argot de
boucher. (Rigaud.)
LOUCHER (faire) : Donner
envie. {Id.)
LOUFFE : Pet étouffé. {Id.) —
Onomatopée.
LOUFFIAT : Crapuleux. (7^.)
L O U P E L : Pouilleux. (Mi-
chel.)— Interversion.
LOUPIAU : Jeune. — Pour
pouillau. L'enfant a des pous.
LOURDEAU : Diable. (A.
Pierre.) — Le répertoire d'Hal-
bert dit Lousteau. Lequel croire ?
On pourrait lire ainsi le pre-
mier Vourdeau, c'est-à-dire /'or^:
le sale, le répugnant. — Vieux
mot.
LOUSSE : Gendarmerie dé-
MAC ^ 7O -
partementale, gendarme. (Ri-
gaud.) — Pour pousse.
LOUSTAUD (envoyer à) : En-
voyer promener. (A. Pierre.)
— C'est-à-dire envoyer au dia-
ble. V. p. 224.
MAC
LOUTER : Faire erreur. (Le
Sublime.) — Mot à mot : faire
un loup. On devrait dire louper,
mais ce verbe voulant dire déjà
flâner^ on a fui l'amphibologie.
LOUVETIER: Homme en-
detté. (Boutmy.) — V. Loup,
p. 224.
LUCQUE : Faux passeport.
(Rigaud.) — Pour Luque. V. p.
225.
LUISANT : Soulier verni.
— « II a tout lâché : les lui-
sants, le tuyau de poêle. » {Le
Sublime.)
LUISARDE : Jour. {Id.)
LUNCHER : Faire un lanch.
— « Avant dîner, ils lunchent
et avalent un jambon et deux
livres de beurre. [Vie pari-
sienne, 78.)
LUNETTE (passer en) : Trom-
per, nuire. — Etre passé en lu-
nette : avoir fait faillite. (Ri-
gaud.) — On disait jadis en ce
sens faire un trou à la lune.
* LURON (avaler le) : Commu-
nier. — « Ça avale le luro 1 tous
les matins et le soir, ça fait des
noces de bâtons de chaises. »
(Huysmans, 7g.)
LUSIGNANTE : Amante. (Ri-
gaud.)
LUSTUCRU : Niais. (Delvau.)
— Ce nom déjà ancien semble
faire allusion à une interroga-
tion niaisement ébahie {l'eusses-
tu cru ?)
]\j:
MABILIEN, MABILLÂRD :
Habitué du bal Mabile. (Ri-
gaud.)
MACABÉE : Cadavre de noyé,
souteneur. {Id.) — Pour le pre-
mier sens, voyez Machabée (p.
228.) Dans le second sens, il ne
s'agit évidemment que d'un dé-
rivé de Mac (p. 227.)
MACABRE : Mort. (Boutmy.)
• MAC AI RE : V. page 227. —
« C'est un macaire, je ne c;is pas
non, mais enfin il a toujours le
mot pour rire. » (Huysmans,
79-)
MACARON : Huissier. (Del-
vau.)
* MACARON (p. 227) : Au lieu
de Macaron : dénonciation, li-
sez Macaron : dénonciateur.
MACARONAGE
tion. (Rigaud.)
Dénoncia-
MAI
- 77
M AN
MACARONNER (se) : Se sau-
ver, filer. Allusion au macaroni
qui file à sa manière. (Id.)
MACÉDOINE : Combustible.
Argot des chemins de fer. {Id.)
MAÇON : Pain de quatre li-
vres. {Id.) — Les maçons du Li-
mousin vont toujours prendre
leurs repas en apportant leur
pain.
MACROTAGE : Maquerelage.
— MACROTER : Maquereler.
— MACROTER UNE AF-
FAIRE : Servir d'intermédiaire
dans une affaire louche. — MA-
CROTIN : Apprenti souteneur.
(Id.)
MADELEINE (faire suer la) :
Tricher péniblement. Argot de
grec. (Id.)
MAGASIN DE BLANC : Mai-
son de prostitution. Même allu-
sion que dans Mangeur de
blanc. — « Désirant une maî-
tresse, il allait se galvauder dans
les magasins de blanc du quar-
tier Montrouge. » (Huysmans,
79-)
MAGNE : Manières. — Abrév.
(Rigaud.)
MAGNEE : Même sens que
Ponifle. (Halbert.)
MAGNEUSE : Synonyme de
Magniisse. (Michel.) V. p. 228.
MAIGRE (du) : Silence! —
Formule impérative pouvant se
traduire par il n'y a pas gras
pour toi. — « Oh! du maigre!
va t'asseoir sur le bouchon! Tu
me gênes! » (Huysmans, 79.)
MAILLOCHER : Surveiller
une prostituée. Argot de soute-
neur. (Rigaud.)
* MAINS COURANTES : Sou-
liers. (D. Lacroix.)
MALDINE : Collège. (Michel.)
— On y dîne mal.
MALSUCRÉ : Faux témoin.
(Rigaud.)
MALTÈS : Écu. {Id.) - Pour
Maltaise. Voyez page 229.
MANCHEUR : Saltimbanque
exerçant sur la voie publique,
sans autre ressource que celle
de faire la manche ou (quête).
MANDARIN (tuerie) : Com-
mettre une mauvaise action par
la pensée et avec la certitude de
l'impunité. L'image date du
xvm« siècle. (Delvau.)
MANDAT IMPÉRATIF : En-
gagement pris par un député
de voter en toute occasion comme
le lui prescrivent ses électeurs.
— Expression souvent et ironi-
quement employée dans la po-
lémique des journaux conser-
vateurs. Elle a été prise dans la
déclaration de principes de can-
didats, il y a une dizaine d'an-
nées.
MANDOLE : Soufflet. (Delvau.)
MANDOLET : Pistolet. (Rigaud.)
— On doit remarquer le double
sens de ces deux mots qui pa-
raissent n'en faire qu'un (man~
dole-mandolet), car mandolet a
un pendant exact dans soufflant
et bayafe (p. 33), qui signifient
chacun souffleur et pistolet.
^MANESTRINGUE : Lisez
mannstrinque.l^xïxs, à la 3« ligne,
lisez les deux derniers mots au
MAN - ;
lieu de les trois mots. — Je ne
cite pas d'exemple justificatif de
mannstrinque, mais j'ai souvent
entendu jadis prononcer ce mot,
et comme notre langue tend
toujours à se débarrasser des ac-
cumulations de consonnes, je
crois que manyie^ingue ^ puis
min^^ingue^ sont des formes pos-
térieures. Je persiste donc dans
ma conjecture étymologique,
bien qu'il en ait été donné deux
autres diftérentes.
MANGEOIRE : Restaurant
(Delvau.) — Animalisme.
MANGER A TOUS LES RA-
TELIERS : Accepter de tous
côtés. (Rigaud.) — Se prend au
figuré pour être subventionné par
des partis contraires^ recevoir
des deux mains.
MANGER DU LAPIN : Aller à
l'enterrement. (Boutmy.) — >Même
genre d'allusion que dans man-
ger du fromage. V. p. 2 3o.
MANGER DU LARD : Dénon-
cer. (Rigaud.) Variante de man-
ger le morceau f p. i3o.
MANGER DU SUCRE : Être
applaudi. V. Sucre, p. 336.
MANGER LA BOUILLIE
AVEC UN SABRE : Avoir une
grande bouche. (Rigaud.) — Mot
à mot : avoir une bouche aussi
large que le sabre est long.
MANGER LE BON DIEU :
Communier. — Allusion au sym-
bole de l'hostie. Ne se dit pas
toujours en mauvaise part. —
« Et c'est du propre d'aller man-
ger le bon Dieu en guignant
Içs hommes. » (Zola.)
? - MAN
MANGER LE GIBIER : Ne
pas faire payer un client, ca-
cher ses profits au souteneur.
Argot de prostitution. (Delvau.)
— Terme de chasse. Le chien
qui mange le gibier ne rapporte
pas.
MANGER LE MOT D'ORDRE,
MANGER LA CONSIGNE
(avoir) : Oublier le mot d'or-
dre, la consigne. Mot à mot : ne
plus les avoir dans la b juche,
ne plus pouvoir les répéter. (D.
Lacroix.)
MANGER LE NEZ (se) : Se
battre avec acharnement. (Del-
vau.)
^ MANGER LE PAIN HARDI ;
Etre domestique. {Id.)
MANGER LE POULET : Par-
tager en déjeunant un bénéfice
illicite. Argot des entrepreneurs
et architectes. (Michel.)
MANGER LES SENS (se) :
S'impatienter. {Id.) — M. Ri-
gaud écrit sangs, ce qui vaut
mieux pour faire compreidre le
mot. L'impatience fait affiuer le.
sang à la tête qui en inange
alors, au figuré.
MANGER L'HERBE PAR LA
RACINE : Être enterré. — L'ima-
ge n'a pas besoin d'explicition.
— a Bien d'autres encore étaient
en train de manger l'herbe par
la racine. » (Hennique.)
* MANGER SUR L'ORGUE:
La musique n'y est pour rien.
Vorgue est ici pour lorguc, qui
veut dire en argot lui et le dic-
tionnaire de Vidocq, en mettant
une apostrophe mal à propos, 4
\
MAN
— 79 —
MAQ
jusqu'ici obscurci le sens. Voyez
Orgue.
* MANGEUR DE BLANC
(page 23o) : le terme est long et
cependant ce n'est qu'un abrégé.
On disait d'abord mangeur de
blanc à la cuiller. Cette forme
primitive en révèle plus long
que nous ne pourrions le faire
sur l'allusion contenue dans les
six mots. — Allusion qui va
droit aux moyens d'existence du
souteneur de filles.
MANICLE (frère de la) : Fi-
lou. (Michel.) — Pour manique.
MANIQUE : Pratique du mé-
tier. — Terme de compagnon-
nage. — « Il parle manique du
matin au soir. » (Le Sublime.)
— La manique fut d'abord une
pièce de cuir destinée à protéger
la main ou le poignet de certains
ouvriers. Ainsi, en terme de
compagnonnage, les cordonniers
en vieux s'appelaient-ils compa-
gnons de la petite manique.
MANNEQUIN DE MACHA-
BÉE : Corbillard. (Rigaud.) —
MANNEQUIN DE TRIMBAL-
LEUR DE REFROIDIS : Cor-
billard. (Delvau.) — Mot à mot:
panier de morts, panier de cro-
que-morts.
MANNEZINGUEUR : Habitué
de cabaret. (Delvau.)
MANNSTRINGUE, MANS -
TRINQUE : Voyez Manestrin-
giie ci-avant et page 23i.
* MANQUE (à la) : A gauche
(Colombey) ; mauvais, laid. (Ri-
gaud.)
MANUSCRIT BELGE : Texte
imprimé donné à une impri-
merie comme réimpression. —
AHusion au grand commerce de
contrefaçons que faisait jadis la
Belgique. (Boutmy.)
MAQUA, MAQUECÉE : Ma-
querelle. (Michel.) — Maquecée
est une abréviation de marque
de ce. Voyez ce mot page 235.
Maqua date du dernier siècle.
•MAQUILLER : Farder. —
On a cité comme ancienne forme
de ce mot un passage de la chan-
son d'Antioche (xiii" s.) ; « barbe
sanglente et vis masquilliés. »
— Mais masquillié me semble
signifier plutôt ici coupé, tail-
ladé que rouge. Ne disait-on
pas masquelier pour boucher au
moyen âge. On a cherché encore
avec assez de vraisemblance la
racine de maquiller dans le latin
maculare : barbouiller. Mais il
ne faut pas oublier que maculare
faisait en langue d'oil maculer
et en langue d'oc macular. Mieux
vaut donc se résigner à consi-
dérer maquiller comme une ac-
ception du vieux mot Maquiller :
faire j tripoter, maquignonner,
qui se disait maquilloner. — De
maquilloner à maquiller, la dis-
tance est trop courte et le sens
offre trop d'analogie pour qu'on
aille chercher plus loin. A titre
de renseignements, rappelons
que le dialecte bas-limousin a
le verbe maquilhar (brouiller)
et le substantif maquilhage \\.vï-
potage).
-MAQUILLEUR : Tricheur.
MAR
- 80 -
MAR
(Rigaud.) Voyez Maquillage et
Maquille, page 33 1.
MARAILLE : Monde. Argot de
voleur. [Id.)
MARAUDER : Prendre des
voyageurs en dehors du règle-
ment. Argot de cochers de fiacre
(Delvau). — Pour éviter les sta-
tions de contrôle, ils roulent à
vide, cherchent des voyageurs
dans la rue, comme le marau-
deur cherche des fruits aux ar-
bres.
MARAUDEUR : Cocher qui
maraude. (Rigaud.)
MARBRE : Grand comptoir
d'atelier d'impremerie, sur le-
quel on trouve rangées des parties
composées de livre ou de jour-
nal, en attendant la mise en
page. De là les expressions avoir
sur le marbre : avoir en ré-
serve ; être sur le marbre : être
prêt à passer. (Boutmy.) — Al-
lusion au marbre qui a dû d'a-
bord recouvrir le comptoir en
question.
MARCHAND D'EAU CHAU-
DE : Limonadier. (Rigaud.)
MARCHAND D'EAU DE JA-
VELLE : Marchand de vin. (Id.)
— Allusion à la mauvaise eau-
de-vie ; elle brûle comme l'eau
de javelle.
MARCHAND DE CERISES :
Voyez Cerisier, p. 89.
MARCHAND DE CERISES :
Ouvrier travaillant hors de Pa-
ris. (Rigaud.)
MARCHAND DE MORT SU-
BITE ; Charlatan nomade. —
Allusion aux débitants de mori
aux rats. — « Il fait galerie de-
vant les marchands de mort su-
bite. » (Le Sublime.) ~ D'après
l'Assommoir, ce nom serait don-
né par le peuple aux médecins.
MARCHAND DE MORT SU-
BITE : Maître d'armes. — ■ II
vend le moyen de tuer d'un seul
coup. « D'abord, moi, je suis
avec mon marchand de mort
subite. » (De Concourt.)
MARCHAND DE SOMMEIL :
Logeur à la nuit. — On lui paye
le droit de dormir. V. Becque-
tance. — « Il vous amène son
marchand de sommeil. ) (Le Su-
blime, 72.)
MARCHE (je) : J'approuve, je
suis de ton avis. (Boutmy.) —
Mot à mot : je marche avec toi.
MARCHE DE FLANC : Repos
sur le lit. Jargon de soldat. (Ri-
gaud.) — Jeu de mots sur la
manœuvre dite marche de flanc
et sur l'homme qui présente le
flanc au lit en se reposant sur un
côté.
MARCHE DE FLANC : Ma-
raude. Argot d'Afrique. {Id.) —
Pour marauder, on se détache
de la colonne, ce qui est mar-
cher sur ses flancs.
MARCHEF : Maréchal -des-lo-
gis chef. Abréviation. [Id.)
MARCHER AU PAS : Être
discipliné comme un soldat. (/<i.)
MARCHER DANS LiCS SOU-
LIERS D'UN MORT : Avoir
hérité. (Delvau.)
MARCHER SUR LA GHRÉ-
MAR
- 8i -
MAR
TIENTÉ : Marcher pieds nus.
[Id.) — Mot à mot : sur une
chair de chrétien.
MARGOULETTE : Visage.
(Id.) — Voyez margoiilette :
bouche, p. 233. C'est comme
dans gueule, la partie prise pour
le tout.
MARGOULIN : Mauvais ou-
vrier. — a II n'y a que des mar-
goulins, et puis on ne gagne
pas sa vie. » {Le Sublime, 72.)
MARI MALHEUREUX : V.
malheureux, p. 229.
MARIAGE EN DÉTREMPE :
Concubinage. (Rigaud.) — On
dit plutôt à la détrempe. Ce qui
est peint à la détrempe n'est pas
solide.
MARIANNE : Guillotine. —
En 1878,1e Figaro a demandé
l'origine de ce nom qui a été
bien certainement celui d'une
société secrète républicaine sous
la monarchie de juillet, mais
non, comme on semble le croire,
celui de la République? La Ma-
rianne avait des ramifications
en province; elle existait encore
en i835. Le 8 mai i85o, dit
M. Fr. Michel, le Pays relatait
la condamnation d'un soldat ac-
cusé d'avoir crié : Vive Ma-
rianne! Vive la guillotine!
Maintenant, pourquoi ce nom
de Marianne? Mais Guillotine
n'est-il pasdéjàun nom d'homme
(Guillotin) féminisé? Et Loui-
sette n'est- il pas un autre sur-
nom qui peut avoir rappelé
l'exécution de Louis XVI, comme
Marianne a rappelé celle de Ma-
rie-Antoinette?
MARIONETTE : Soldat. (Mi-
chel.) — Allusion à la régularité
automatique qui préside aux
manœuvres de troupe.
MARLOUPIN ; Diminutif de
marlou : souteneur. — « Quand
on paye en monnaie de singe,
nous autres marloupins. » (Ri-
chepin, 77.)
MARLOUSIER : V. Marlou,
p. 234.
MARMITE : Femme secourant
son mari en prison. (A. Pierre.)
MARMITON DE DOMANGE :
Vidangeur. (Delvau.) Domange
était le nom d'un entrepreneur
de vidanges.
MARMOTTE : Boite de com-
mis placier. (Rigaud.) — Allu-
sion aux boîtes à marmottes
montrées par les petits savoyards.
MARNER,FAIRE LA MARNE,
MARNEUSE : Exercer la pros-
titution sur une berge de ri-
vière, prostituée qui marne. (Id.)
— Malgré la similitude des
mots, je ne crois pas que la
rivière de Marne soit ici pour
rien. Marner et Marneuse ont
signifié d'abord voler et voleuse,
V. p. 235. Delvau donne aussi
marner en ce sens, comme usité
au marché du Temple.
•MARQUE : On doit remar-
quer que largue et marque signi-
fient tous deux /emwe de voltur.
On dit aussi marquise, qui est
un dérivé de marque et non une
allusion aux manières de la
femme. Pour hasarder une éty-
mologie, il faudrait connaître le
mot le plus ancien. Si marque
a précédé larque, ce dernier est
MAR
— 82 -
MAS
une forme altérée. Et vice versa.
Jusqu'à preuve du contraire, je
crois que marque a produit lar-
que, car ce mot a plus de déri-
vés {marque de ce, marque fran-
che, marquise), et surtout il a son
pendant dans marquant (soute-
neur).
MARQUÉ : Marqué par la pe-
tite vérole.
MARQUE-MAL : Margeur,
ou plutôt receveur de feuilles à
la machine. (Boutmy.) — Iro-
nie.
MARQUÉ A LA FESSE : Ma-
niaque, ennuyeux. (Delvau.)
MARQUER (ne plus) : Vieil-
lir. {Id.) — Un vieillard ne mar-
que plus, c'est-à-dire ne compte
plus.
MARQUER BIEN : Faire bel
et bon effet. (Rigaud.)
MARQUER A LA FOUR-
CHETTE : Voyez Fourchette.
MARQUER LE COUP : Trin-
quer. (Delvau.) — Allusion au
choc des verres.
MARQUIS D'ARGENT-
COURT, DE LA BOURSE
PLATE : Vaniteux et miséra-
ble. {Id.)
MARQUISE : V. ci-dessus
Marque.
MARRON : Brochure clan-
destine. {Id.) — Mot à mot: im-
primée en contravention. Voyez
Marron, p. 235.
MARKON : Procès-verbal des
chefs de ronde. {Id.) — Ce mot
vient de l'armée où il désignait
non un procès-verbal,'mais un
marron jeté d'abord dans une
boîte de poste par le chef de
ronde pour y constater s^n pas-
sage.
MARRON SCULPTÉ : Tête
grotesque, comme celles qu'on
s'amuse à sculpter dans la pulpe
des marrons. — a Quand tu
donnes ce que tu appelles une
soirée à tes marrons sculptés
d'amis. » (Durandeau, 78.)
MARSOUIN : Homme laid
(Delvau); — Contrebandier (Ri-
gaud). — On dit aussi vieux
marsouin pour vieux matelot,
par allusion au poisson.
MARTYR : Caporal. (Delvau.)
— Le caporal de semaine fait le
plus dur métier du régiment.
MASCOTTE : Fétiche de
joueur. (Rigaud.)
MASSACRE : Gâcheur, gas-
pilleur. (Delvau.)
MASSAGE : Action de mas-
ser. — « Je ne travaille ] as par
tocades, ce qu'on appelle des
coups de massage, pour tirer
une loupe après. » {Le ^ubliitie,
72.)
• MASSER : Travailler. Mot à
mot: donner des coups de masse,
faire de gros efforts. — « Il y a
trop à masser pour y arriver. »
{Id.)
MASSÉ : Coup de queue
donné perpendiculairement à
une bille de billard. (Delvau.)
MASSEUR : « Un masseur est
un ouvrier laborieux. » {Le Su-
blime.)
' MASTIC : Discours em-
brouillé. — Faire un mastic :
MÈG
— 83 -
MÈR
s'embrouiller en voulant s'expli-
quer. (Boutmy.)
MASTIC : Désordre de mise
en pages. {Id.)
MASTIC : Homme. Argot de
voleur. (Rigaud.)
MASTIQUER : Manger. Verbe
régulier, car nous usons du subs-
tantif mastication. — a Si on
ne parlait guère, on mastiquait
ferme. » (Zola.)
MASTIQUER, MASTI-
QUEUR : Mastiquer c'est mas-
quer les avaries d'une chaus-
sure, sans la rapiécer. (Rigaud.)
— Le mastiqueur est à la cor-
donnerie ce que le pommadeur
est à rébénisterie. V. p. 291.
MATA : Faiseur d'embarras.
Abrév. de matador. [Id.) — On
sait que le matador est le toréa-
dor chargé de donner le coup
de grâce à l'animal.
MATERNELLE : Mère. Argot
des écoles.
MATH : Mathématiques. (Id.)
MAUVIETTE : Décoration.
(Delvau.) — Ne doit se dire que
d'une décoration accompagnée
de plusieurs autres et formant
avec elles une brochette. Allu-
sion aux brochettes de mau-
viettes.
MAYER : homme qui paye les
filles. De l'ail, meier: fermier.
MÈCHE (demander) : Offrir
ses services dans une imprime-
rie. (Boutmy.) — Mot à mot :
demander s'il y a mèche d'être
employé.
MECQUE : Victime. (A.
Pierre.)
MÉDECINE : Plaidoyer. (Mi-
chel.) V. Médecin, p. 238.
MÉLASSE, MÉLASSON :
Mélasse est un jeu de mots pour
peindre une situation embrouil-
lée, emmêlée. Mélasson veut dire
englué, gauche. — « Faut-il que
vous soyez mélasson pour vous
être ainsi fourré la gueule dans
le beurre. » (Huysmans, 79.) —
MÊLÉ-CASS : Mélange de cas-
sis et d'eau-de-vie. — «Voyons!
un mêlé-cass, cela vous va-t-il. »
(Durandeau, 78.)
MÉNAGE A TROIS : Bonne
intelligence du mari, de la femme
et de l'amant. — « Les gens fi-
nissaient par trouver ce ménage
à trois naturel. » (Zola.)
MENDIGOTER ; Mendier.
(Rigaud.) V. Mendigo, p. 238.
MENER PISSER : Forcer à
un duel. Jargon de troupiers.
(Delvau.)
MENOUILLE : Monnaie. -.
C'est une déformation du mot.
— « Quand on déballe la me-
nouille de la paie sur la table, elle
calcule. » (Le Sublime, 72.)
MENUISIÈRE ; Redingote
d'ouvrier endimanché. (Rigaud.
MERCANTI : Vivandier pil-
lard suivant les armées. (D. La-
croix.) — Mot levantin passé
dans l'argot militaire.
MÈRE ABBESSE : Directrice
d'une maison de tolérance. (Del-
vau.)
MIC
-84-
MIR
MÈRE D'OCCASION : Fausse
mère, entremetteuse. (Id.)
MERINGUE (en) : En décom-
position. — Allusion à la fragi-
lité de la pâtisserie meringuée.
— « Un vieil homme qui avait
tant bu qu'il avait l'estomac en
meringue. » (Huysmans, 79.)
•MERRIFLAUTÉ : Mot mal
imprimé sans doute. Pour Mouf-
flanté.
MESSE (être à la) : Être en
retard. — « Nous nous sommes
mouillés un peu et nous avons
été à la messe de cinq minutes. »
(Le Sublime.)
METTRE BIEN (se) : Ne se
priver de rien. (Rigaud.)
METTRE DANS LE MILLE :
Avoir grand succès. — Allusion
au plus heureux coup du jeu
populaire du tonneau qui con-
siste à obtenir le numéro 1000
en lançant son palet dans le cra-
paud. — « Les mêmes auteurs
ne mettent pas deux fois de
suite dans le mille. » (De Ban-
ville, 79.)
METTRE EN DEDANS : For-
cer une porte. Argot de voleur.
(Rigaud.)
METTRE UNE GAMELLE
(se) : Se sauver de prison. {Id.)
MEURT DE FAIM : Pain d'un
sou. (Michel.)
MICHAUD (faire un) : Dor-
mir. (Boutmy.)
MICHAUD : Tête. (Michel.)
MICHE : Dentelle. Allusion à
la blancheur et . aux trous du
pain. {Id.)
MICHELET (faire le), — LE
MICHELIN : Palper les femmes
dans une foule. (Rigaud.)
* MIDI (il est) : Cela n'est pas
vrai. Défions-nous! {Id.)
* MIE DE PAIN : De peu d'im-
portance, de mince valeur. (Bout-
my.)
MIEL : Merde. Argot de bour-
geois. (Delvau.)
MIEL (c'est un) : C'est très
agréable, (et par ironie) c'est
très désagréable. (Rigaud.)
'MINCE : Assignat, billet de
banque. (Michel.)
* MINCE: Page 242, colonne
2, ligne 2. Au lieu de oui, cc> tes,
lisez beaucoup. — Terme ironi-
que semblable à celui de Kien.
V. p. 3i5.
MINCE DE : Beaucoup de
(Rigaud.)
MINISTRE : Mulet de l'armée
d'Afrique. — Jeu de mots. Il
est chargé des affaires de l'I^tat.
(D. Lacroix.)
MINUIT (enfant de) : Voleur
(Michel.)
MINZINGO : Marchand de vin.
— Diminutif de Manne:{in,rue.
— < J'ai fini mon après-midi
dans la cour du minzingo. » {Le
Sublime.)
MION DE GONESSE : Petit
jeune homme. (Michel.)
MIRECOURT : Violon. M. Mi-
chel croit avec raison que c'est
MIS
le nom de la ville de Mirecourt
où se fabriquent beaucoup de
violons. De même en argot on
dit Lz7/o/5 pour//, lingre (Lan-
gres) pour couteau, Orléans pour
vinaigre.
MIRETTES(sans) : Aveugle.
(Rigaud.)
MIRETTES EN GLACIS : Lu-
nettes. (Id.) — On dit de même
yeux de verre,
MIRETTE EN CAOUCHE :
Télescope. {Id.) — Mot à mot :
lunette en caoutchouc.
MIRLITON : Voix. [Id.)
MIRODÉ : Arrange'e. (Jd.)
MIRQUIN : bonnet (Halbert).
MISE A PIED : Suspension
d'emploi. (Rigaud.) — C'estaussi
suppression d'emploi.
MISE-BAS : Grève. (Boutmy.)
— Mot à mot : mise à bas du
travail.
MISE-BAS : Habillements dé-
fraîchis donnés par le maître à
son valet de chambre. (Delvau.)
MISTI, MISTIGRI : Valet de
trèfle. {Id.) — Se dit spéciale-
ment à un certain jeu de ce
nom. Au rams, prendre le misti
n'est pas prendre le valet de
trèHe, mais un jeu abandonné
sur la table.
MISTICHE : Demi-heure, de-
mi-setier. {Id.) — Abrév. de demi
avec finale allongée.
MISTOUFLE : Mystification.
— Abréviation avec changement
de finale. — « C'est des mis-
toutics tout ça ! Qu'est-ce que
— 85 — MON
vous offrez? » (Huysmans, 79.)
MITE-AU-LOGIS : Mal d'yeux.
— Jpu de mots sur mite et my-
thologie. (Rigaud.)
MOCHE : Laid, (/i.) — Forme
de Mouche, V. p. 248.
MODISTE : Petit journaliste
voué à l'actualité. (Delvau.)
MOELLEUX : Coton. (Michel.)
MOISIR (ne pas) : Ne pas res-
ter longtemps. (Rigaud.)
MOLÉCULE : Petit enfant.
Argot des écoles.
MOLLUSQUE : Homme ar-
riéré. (Delvau.) — Inventé par
les néologistes fatigués de dire
huître.
MOME, MOMERESSE : Jeune
maîtresse. Argot de voleur. {Id.)
*MOME (taper un) : Com-
mettre un vol.
MOMIGNARDAGE à l'an-
glaise, — en purée : Fausse cou-
che. (Rigaud.) V. Momignard.
MONDE RENVERSÉ : Guil-
lotine. (Delvau.) — Allusion à
la tête qui tombe.
MONFIER : Embrasser Jar-
gon de voleur. (Rigaud.) — Hal-
bert dit monfier. Semble une al-
tération de morfier ; manger.
MON LINGE EST LAVÉ : Je
suis vaincu. (Halbert.)
MONSEIGNEUR : Ce qui con-
firme notre étymologie (V. p.
246) est l'ancien mot de clé le
Roi donné à la cognée qui ser-
vait à enfoncer les portes qu'on
refusait d'ouvrir à la justice.
MON
- 86
M OR
MONSTRE : Livret d'opéra
ébauché par le compositeur
(Delvau); — Canevas de livre.
(Rigaud.)
MONT (petit) : Commission-
naire au Mont-de-piété. (Delvau.)
— Le petit mont bourgeois cité
page 245 est l'entreprise d'un
simple prêteur.
MONTAGE : Abréviation de
Montage de coup. (Boutmy.) —
V, p. 245.
MONTAGNARD : Partisan
des doctrines de la Montagne.
(Voyez ce mot.) — « Aux bra-
ves montagnards et aux jaco-
bins. » (Hébert, lygS.)
En 1848, on donna ce nom au
corps provisoire qui remplaça
d'abord la garde municipale.
Allusion au képi rouge, à la
longue cravate rouge et à l'é-
charpe rouge qui composaient
son uniforme avec une blouse
bleue. Chenu publia un pam-
phlet contre les montagnards de
Caussidière. C'était le nom qui
était donné aussi à cette garde,
à cause du nouveau préfet.
MONTAGNARD : Beignet,
cheval de renfort. (Delvau.) —
Ce dernier est destiné à gravir
les côtes. L'autre avait ce nom
parce qu'on lui avait donné une
teinte rouge. Allusion politique.
MONTAGNE : Parti républi-
cain avancé. — Allusion à la
place qu'il occupait sur les gra-
diis les plus élevés de l'ancienne
Convention nationale.
MONTER : Préparer une pièce
nouvelle. C'est aussi un anima-
lisme introduit par l'argot de
sport qui progresse en France.
— « A l'Opéra, M. Halanzier
vient de monter Jeanne d'Arc...
Pas de commentaires, n'est-ce
pas? » {Le Tintamarre, 76.)
MONTER UN SCHTOSSE :
Mentir. (Rigaud.) — C'est litté-
ralement monter un coup, car
stoss veut dire en allemand coup
de fleuret. Germanisme.
MONTRETOUT (aller à) ; Al-
ler à la visite. Argot de fille
soumise. {Id.) — Jeu de mots
sur le nom de lieu et si r l'exa-
men exigé.
MONTREUIL : Pêche. V. p.
246.
MONUMENT : Chapeau de
haute forme. (Rigaud.)
MONZU : Mamelle. (Michel.)
MORBAQUE : Enfant désa-
gréable. (Delvau.) — Même éty-
mologie que pour Morbec.
MORBEC : Vermine. (Rigaud.)
— C'est morp...j avec change-
ment de finale.
MORCEAU DE PATE
FERME : Écrit lourd. {Id.) —
Allusion à l'aspect présenté par
le texte qui n'a ni alinéas ni
phrases courtes.
MORESQUE : Danger. (Mi-
chel.) — Forme de Morasse. V.
p. 246.
MORICAUD : Charbon, (/i.)
— Allusion de noirceur.
•MORNIFLE : Soufflet.—
Vieux mot. {Id.)
MORNINGUfî : Monnaie. (Ri-
MOU
-87-
MOU
gaud.) — C'est Momifie (V. p.
247) avec changement de finale.
MORNE : Manuscrit à impri-
mer. Argot d'ancienne librairie.
(Michel.)
MORVIAU : Nez, morve (Del-
vau), petit morveux. (Rigaud.)
MOU ENFLÉ : Grossesse.
(Id.)
MOUCHARD : Portrait peint.
(Delvau.)
MOUCHARD A BECS : Ré-
verbère. (Michel.) — V. Moii-
charde, p. 248.
MOUCHE : Espion de police.
— En 1455, les gueux ou co-
quillards de Dijon disaient déjà
mouschier à la marine, pour dé-
noncer à la justice. On connaît
l'indiscrétion des mouches ; elles
se fourrent partout. — Dans une
brochure de circonstance qui
parut en 1625 {le Marchand ar-
rivé sur les affaires du temps),
on enjoint aux cabaretiers de
frauder les droits de perception
en ayant du vin chez leur voi-
sin et n'allant en chercher que
la nuit « pour n'estre pas veuz
des mouches de ce païs icy qui
valent pire que des guespes d'Or-
léans. »
MOUCHE (la) : L'administra-
tion delà police. (Rigaud.)
MOU CHIQUE A LA SEC-
TION : Mal noté dans son quar-
tier, (Michel.) — Le mot de sec-
tion semble être ici contemporain
de notre première révolution. En
ce cas, mouchique serait mou-
chardé avec changement de fi-
nale. Plus tard, par extension, il
aurait signifié laid, mauvais.
Voyez mouchique et mouche,
pages 248 et 249.
MOUCHOIR : Pistolet. (Mi-
chel.) — On le cache dans la
poche comme un mouchoir et
on s'en sert pour moucher...
les autres, c'est-à-dire pour les
tuer.
MOUCHOIR A BŒUFS:
Pré. — Les bœufs ont toujours
le nez dans l'herbe.
MOUCHOIR D'ADAM : Les
doigts des gens qui n'ont pas
autre chose pour se moucher.
(Delvau.) — Allusion biblique.
MOUDRE UN AIR : Jouer de
l'orgue. (Rigaud.) — Allusion à
la rotation de la manivelle.
MOUFFLAUTÉ : Chaudement
habillé. (A. Pierre.) — Semble
la forme primitive de merri-
flauté qui ne s'explique pas,
tandis que moufflauté peut ve-
nir de mouffie : gant fourré,
gant chaud.
MOUFFLET : Enfant. (Del-
vau.) Mot à mot moufflé : tenu
au chaud, enmaillotté. Voir ci-
dessus.
MOUILLER (se) : Se griser
un peu. Même ordre d'images
que dans s'humecter. Compa-
raison de l'ivrogne à une éponge.
— « Si les autres sont là, on se
mouille un peu. » (Le Sublime,
72.)
MOUISE : Soupe. (Michel.)
MOULE A BOUTONS : Louis
d'or. (Delvau.) — Allusion au
rond de métal qui est le corps
du bouton.
MOU
MOU
MOULE A CLAQUES : Fi-
gure insolente. {Id.)
MOULE A PASTILLES :
Grêlé. — Allusion aux plaques
à cavités où se moulaient jadis
les pastilles. — « Ce qui l'a sur-
pris, c'est de voir le moule à
pastilles commander des dix
litres. » {Le Sublime, 72.)
MOULE DE PIPE A GAM-
BIER :Tête grotesque (Rigaud.)
— Gambier était le nom d'un
fabricant de pipes à têtes gro-
tesques.
MOULIN A CAFÉ : Mitrail-
leuse. — « Nos soldats les ap-
pellent moulin à café à cause
du mouvement circulaire qui
détermine leur décharge. » {Mo-
niteur, 70.)
MOULIN A VENT : Derrière.
(Delvau.) — Jeu de mots.
MOULIN AGE : Bavardage.
(Michel.) Comparaison du ba-
vardage au tic-tac du moulin.
MOULOIR : Dents. {Id.) —
Elles procèdent à la mouture
des aliments.
MOULOIR : Batelier. — C'est
évidemment une faute d^im-
pression du dictionnaire d'argot
qui a le premier mis au jour ce
mot. Il faut lire râtelier (mâ-
choire).
MOULURE : Excrément. fRi-
gaud.) — La médecine se sert
presque du même mot pour dis-
tinguer les excréments prove-
nant d'une digestion régulière.
MOUNNIN : Petit garçon.
CDelvau.) — MOUNNINE : Pe-
tite fille. (Rigaud.) — Ces deux
mots sont une forme de notre
vieux mot Menin qui se dit en-
core dans le Centre.
MOUSCAILLE : Excrément.
(Michel.) — C'est Mousse avec
adjonction de la finaleCcz/V/c, qui
exprime toujours une idce de
projection.
MOUSCAILLOUX : Fantassin.
(Rigaud.) — M. Fr. Michel écrit
Mouscouilloux. Il doit y avoir
à l'origine quelque faute d'im-
pression dans le texte primitif
suivi par les lexicographes.
Si Mouscailloux a dû être mis
par erreur pour poussecaill mx,
il veut dire tnerdeux (de mous-
caille).
MOUSQUETAIRE GRIS:
Pou. (Delvau.) — Allusion de
couleur.
MOUSSU : Riche, puissent.
(.Vlichel.) — C'est Monsieur, en
gascon.
MOUSTACHU : Ayant de for-
tes moustaches. — « Un jeune
compositeur dont la physiono-
mie moustachue rappelle cille
d'un chat ébouriffée. » (A. Se-
cond.)
MOUT : Beau. (Rigaud.) —
Semble être une abréviation de
Moussu si ce n'est l'ancien ad-
verbe moulty qui se prononçait
moût et signifiait beaucoup.
MOUTARDE : Excrément.
(Delvau.)
MOUTARDIER : Derrière. —
L'allusion se devine. — a Et en
face! je n'ai pas besoin de reni-
fler ton moutardier. » (Zola.)
NAR
-89-
NAT
MOUTARDIER DU PAPE :
Vaniteux. (Delvau.)
MOUTON : Matelas. -- Allu-
sion à la laine du matelas. {Id.)
MOUTON : « En prison, le
mouton est un mouchard qui
paraît être sous le poids d'une
méchante affaire et dont l'habi-
leté consiste à se faire prendre
pour ami. a (Balzac.) — Allu-
sion à la fausse candeur de ces
compères. V. Coqueur.
MOUTONNAILLE :Foule.
(Delvau.) — Les moutons font
toujours troupe.
MOUTONNER : Dénoncer.
(Rigaud.)
MOYEN-AGISTE : Admira-
teur du moyen âge. — « Aussi
devint-elle moyen-agiste. » (Bal-
zac. »
MUCHE : Excellent, parfait
(Delvau); — jeune homme ti-
mide. (Rigaud.)
MUFLETON : jeune imbé-
cile (Delvau). Voyez mufleton,
page 25o; — apprenti maçon.
(Rigaud.)
MULET : Compositeur aîde-
metteur en pages. (Boutmy.) —
Allusion à la descente des for-
mes qu'il est chargé de faire
aux machines.
MULET : Diable. (Micliel.)
MUSÉE DES CLAQUÉS :
Morgue. (Rigaud.) — C'est-à-dire
musée des morts.
MUSELÉ: Imbécile, incapable.
— Celui qui est muselé ne mord
pas, et ne pas mordre veut dire
être sans talent. — « Va donc,
rapointi de ferraille, triple mu-
selé. » {Le Sublime.)
•MUSICIEN : Dictionnaire.
(Rigaud.)
• MUSIQUE : Doléances, mise
au jeu, lot d'objets de bric à
brac (Rigaud) ; -r- petit pain
(Michel); — assemblage de pe-
tites pièces de drap; résidu de
verre, culot d'auge (Delvau) ; —
marge d'épreuve , surchargée de
corrections. (Boutmy.)
MUSIQUER : Marquer une
carte d'un petit coup d'ongle.
(Rigaud.) V. Maquillage, p. 23i.
N
NAGEANT : Poisson. (Ri-
gaud.)
NAGEOIRES : Bras et mains
de souteneur. {Id.)
NARQUOIS : Gueux mili-
taires de l'ancienne
miracles. (Michel.)
cour des
NATURALISME : Méthode des
romanciers naturalistes. — « No-
tre République va avoir son ex-
NÈF
— QO —
NOB
pression littéraire. Cette expres-
sion, selon moi, sera forcément
le naturalisme, j'entends la mé-
thode expérimentale et analyti-
que. » (Zola, 79).
NATURALISTE : Contenant
des études prises sur nature, ne
faisant que des études sur na-
ture. — « Aux frères d'armes
Ceard et Huysmans, j'offre ce
roman naturaliste. » (Hennique,
78.) — « Les romanciers natu-
ralistes ont fait des pas de géant:
Fromont et le Nabab d'Alphonse
Daudet ont eu chacun quarante
éditions. » (Zola.)
NATURE (bœuf) : Bouilli
sans légumes. — On dit de même
pour veau, rôti, rosbif, etc. Abré-
viation de au naturel j sans assai-
sonnement.
NATURE (être) : Être vrai
d'expression. (Delvau.)
NATURE (faire) : Peindre
avec vérité. {Id.)
NAVARIN : Navet. Ragoût de
mouton. {Id.)
•NAVETS (des) : Voici un
exemple curieux de l'ancienneté
de ce mot. « Combien en ay je
veu qui devoyent faire mer-
veilles ? Ouy dea, des naveaulx !
ils en ont belles lettres. » (Bon.
des Periers. Cymbalum mundi,
1537.)
'NÈFLES (des) : Le Courrier
de Vaugelas (mars 1878) fait
remarquer à ce sujet que, de tout
temps, on a vulgairement con-
firmé une dénégation par l'offre
dérisoire d'une chose de peu de
valeur, La fève, la noix, l'ail
ont eu leur moment de vogue.
On en est resté aux navets aux
prunes et aux nèfles, en sous-
entendant je te paierai des na-
vets ou des nèfles quand cela
sera.
NEG AU PETIT CROCH :
Chiffonnier. Mot à mot : négo-
ciant au petit crochet. (Rigaud.)
NÉGOCIANT : Entre.eneur.
(Halbert.)
* NÉGRESSE : « Le tas de né-
gresses mortes grandissait. Un
cimetière de bouteilles. » (Zola.)
NEZ : Mine désapp )intée.
Abréviation de ne:ç long. —
a Plus de parts de gâteaux! Il
fallait voir le nez de Boche. »
(Zola.)
NEZ DANS LE BLEU (mettre
son) : S'enivrer. — « Pour noyer
son chagrin il a été obligé de
mettre son nez dans le bleu. »
(Le Sublime.) — Bleu est ici vin.
•NICHON : (p. 253) « Nana ne
fourrait plus de boules de pa-
pier dans son corsage. Des ni-
chons lui étaient venus. » (Zola.)
•NIÉRE, xNlERT : Individu.
(Colombey.) — De là les expres-
sions mon nière : moi, (c'est-à-
dire mon propre individu,) et
mon nière bobèchon (ma tête à
moi).
NIÈRE : Maladroit. (Rigaud.)
— Semble être niais avec change-
ment de finale.
* NIORT (dire à) : Nier. V. p.
14 de rintrod.
NOBRER ; Reconnaître. (Ri-
gaud.) — Abrév. de Connobrer,
OCG ~ 9
NOCES DE BATONS DE
CHAISE (faire des) : Faire des
ripailles à tout casser. — « Ça
avale le luron et ça fait des
noces de bâtons de chaises. »
(Huysmans, 79.)
NOCHER : Sonner. (Halbert.)
— Pour clocher : resonner à la
cloche.
NOCTAMBULE : Parisien
faisant de la nuit le jour, cou-
rant jusqu'au matin les boule-
vards, les cafés et les cabarets.
(Rigaud.)
NOCTAMBULER, NOCTAM-
BULISME : Faire le noctambule,
conduite de noctambule. {Id.)
NŒUD (mon) ; Injure intra-
duisible proférée à propos de
tout. Voyez fausse couche. Dans
l'exemple, « nœud » est détourné
de son vrai sens qui est obscène.
NOIR : Plomb. (Id.) — Il
noircit les mains.
NONNANT, NONNANTE :
Ami, amie. (Michel.) — Mot à
mot : qui fait nonne. Voyez page
264.
* NONNE : Compère. (Id.) —
Abrév. de nonneur.
I — ŒIL
NOTAIRE : Comptoir de mar-
chand de vin (Delvau); — mar-
chand de vin. (Rigaud.)— De-
vant lui se passent les actes des
buveurs. Ironie.
NOUVELLE CALÉDONIE :
Nouveau cimetière de Saint-
Ouen. {Id.)— Allusion à la lon-
gueur du voyage.
NOUVELLES COUCffis :
Prolétariat appelé au pouvoir
par le suffrage universel. —
Abrév. de nouvelles couches so-
ciales, expression relevée dans
un discours semi-officiel et de-
venue ironiquement proverbiale
dans les journaux anti-démo-
cratiques.
NOYAU : Nouveau venu à
l'armée, à l'atelier ou à la pri-
son. (Delvau.) — C'est par le
noyau que le fruit commence.
NUMÉRO ; Fille publique.
(Rigaud.) — Mot à mot : Fille
de gros numéro. V. p. 255.
NYMPHE DE GUINÉE : Né-
gresse ; — potagère : cuisinière
(Delvau); — verte : absinthe.
(Rigaud.)
o
* OCCASE (d') : Se dit de tout
ce qui n'est pas vrai comme de
tout ce qui n'est pas neuf. Un
objet d'occasion est inférieur de
c^ualité»
OCHE : Oreille. (Colombey.)
ŒIL D'OCCASE : Lorgnon.
{Id.)Y. Occase id').
(EIL DE BŒ;UF ; Pièce dç
OMN
— Q2
ORG
cinq francs. (Id.) — Allusion de
rondeur.
ŒIL QUI DIT MERDE A
L'AUTRE : Œil qui louche.
(Rigaud.) — Les deux yeux du
louche semblent vouloir mar-
cher l'un contre l'autre.
OFFICIER : Garçon d'office
(Id.)
OFFICIER DE TANGO, — DE
TOPO : Tricheur. (Delvau.) —
Jeu de mot sûr topo : carte géo-
graphique.
OIGNONS (chaîne d') : Dix de
jeu de cartes. (Rigaud.) — Allu-
sion aux chapelets d'oignons.
OIGNONS (peler des) : Gron-
der. (Id.) — Peler des oignons
fait pleurer,
OISEAU: Auge de maçon.
(Id.) — - Elle se perche sur l'é-
paule.
OISEAU (faire 1') : Jouer
l'ignorance. (Michel.)
OISEAU DE CAGE : Prison-
nier. {Id.)
OLIVIER DE SAVETIER :
Navet. (Id.) — M. Rigaud donne
avec plus de vraisemblance olive
de savetier. Facétie du genre de
celle qui fait appeler une oie
alouette de savetier. La suite en
est interminable.
OLIVES D'EAU (changer les) :
Uriner. (Delvau.) — M, Rigaud
donne changer l'eau des olives.
— Allusion testiculaire, mais
non scientifique.
OMNIBUS : Verre contenant
un demi-seiier, résidu des li-
quides répandus sur le comp-
toir du marchand de vin, gar-
çon de café supplémentaire. (Del-
vau.)
OMNIBUS (attendre I") : At-
tendre qu'on verse à boire. (Ri-
gaud.)
OMNIBUSARD : Faux misé-
rable exploitant la pitié publi-
que dans les omnibus. {Id.)
OMNICROGHE : Omnibus.
{Id.) — Allusion aux accidents
entre voitures.
ON PAVE : Exclamation si-
gnifiant qu'on n'ose passer dans
la rue d'un créancier. (Bo utmy.)
— Allusion aux rues dépavées
qu'on évite d'ordinaire.
ONCLE DU PRÊT : Mont-de-
piété. — Variante de tanta. (Ri-
gaud.)
ORANGER DE SAVEl 1ER :
Basilic (/i.), réséda. (Delvau.)
ORANGES SUR L'ÉTA-
GÈRE : Belle gorge. (R.gaud.)
ORDINAIRES : Menstrues.
(Delvau.) — - Allusion de pério-
dicité.
ORDRE MORAL : Nom don-
né au parti conservateur à la
suite d'un discours politique
(1874 à 1878). Il est employé
exclusivement et ironiquement
par les journaux démocrati-
ques.
ORGUE : Homme. (Colom-
bey.) — Mon orgue, ton crgue.
son orgue : moi, toi, lui. (Ri-
gaud.) — Cette double acception
m'induit à penser que manger
sur Vorgue (dénoncer) veut dire
PAI
- 9^ -
PAI
mot à mot : manger sur l'homme.
ORPHELIN ; Bout de cigare.
(Id.)
ORPHELINE DE LACE-
NAIRE : a Prostituée du boule-
vard. Jargon de gens de lettres.»
(Rigaud.)
OSANORE : Dent. (Id.) —
Allusion aux réclames faites il
y a une quarantaine d'années
par un dentiste, inventeur des
dents dites osanores.
^ OSEILLE (avoir mangé de 1') :
Être de mauvaise humeur. (Id.)
— Allusion à l'aigreur de l'o-
seille.
OSSELET : Dent. (Delvau.)
OTAGE : Ecclésiastique. —
Allusion aux otages fusillés en
1871. (Rigaud.)
OTOLONDRER : Ennuyer.
(Id.)
OUATER : Peindre trop flou.
(Delvau.) — Ce qui est ouaté est
mou.
* OURS : Oie. Jargon des ou-
vriers. (Rigaud.) — Si c'était le
jargon des archéologues, je di-
rais que c'est par allusion à la
rue aux Ours, qui était jadis la
rue aux Oues (oies) ; mais les
ouvriers ne remontent pas si
haut.
* OURS : Bavardage ennuyeux,
compagnon gêneur. — Poser un
ours : Ennuyer par son bavar-
dage. (Boutmy.)
OUVRAGE : Partie liquide
des excréments d'une fosse d'ai-
sance. (Delvau.)
PACCIN : Paquet. (Michel.) —
Forme de pacsin. V. p. 261.
PAFFE : Souiller. (A. Pierre.)
—Il faut lire soulier. C'est une
abrév. de passif.
PAGE BLANCHE : Innocent.
(Boutmy.)
PAILLASSE (manger sa) :
Prier au pied de son lit. (Ri-
gaud.)
PAILLOT : Paillasson. (Del-
vau.)
PÂING : « Les sal's mich'tons
qu' a pas de Hnge on les passe
chez paings. » (Richepin.) — Se-
lon M. Richepin, auquel je me
suis adressé pour l'explication
de ce terme, paing veut dire
poing et passer che^ pi^ing veut
dire battre, frapper à coups de
poing. On dit de même passer
che^ briffe pour manger.
PAIX-LA : Huissier- audien-
cier. (Michel.) — Le parasite
Montmaur fut un jour persifflé
dans une maison. Dès qu'il pa-
rut sur le seuil, un des con-
vives se mit à crier : Guerre !
PAM
- 94 -
PAP
Guerre! C'était un avocat dont
le père avait été huissier. Mont-
maur n'eut garde de l'oublier en
lui répondant : a Combien vous
dégénérez, monsieur, car votre
père n'a jamais dit que : Paix !
Paixin
PALETOT : Cercueil. (Del-
vau.) — C'est le dernier habit.
PALETTE : Guitare. (7i.)-
Allusion de forme.
PALLAS : Discours empha-
tique. (Boutmy.) — Pour par-
lasse. V. Pallasseur.
PALLASSER : Faire des
phrases. {Id.)
PALLASSEUR : Faiseur de
phrases. {Id.) — Je me suis abs-
tenu (V. p. 262) de conjecture
étymologique à propos de /7^/to.
Je crois- cependant qu'il ne faut
pas chercher l'origine de ce mot
dans la Pallas antique. J'y ver-
rais plus simplement une abré-
viation de notre mot familier
parlasserie qui a le même sens
et qui correspond au parladissa
provençal. — Le pallasseur se-
rait donc un parlasseur tout sim-
plement.
PALMIPÈDE : Imbécile. —
Mot à mot : bête comme une
oie.
PALOTTE : Lune. Argot de
voleur.(Rigaud.)— Elle est pâle.
PAMEUR : Poisson. — Il se
pâme hors de l'eau. (Delvau.)
PAMURE : Grand soufflet. —
Il fait pâmer. {Id.)
' PAMPINE : Sœur de charité.
Jargon de voleurs, (Rigaud.) —
Me semble un dérivé du mot
méridional pampa : poupée.
PANACHE (avoir le) : Être
gris. (Id.) — Variante de plu-
met. V. ce mot.
•PANADE : Femme vilaine,
sale. (Michel.)— Du. vieux mot
panne : haillon.
PANAILLEUX : Voyez Panas,
p.. 263.
PANAIS (en) : En chemise.
(Delvau) — Du vieux mot panne :
lambeau d'étoffe.
PANAMA : Bévue énorme
nécessitant un carton ou un
nouveau tirage à l'imprimerie.
iBoutmy.)
PANIER : Lit. (Rigaud.) —
Allusion de forme.
PANIOTTER : Mettre au lit.
(Id.)
PANNE : Mauvais lableau.(/i.)
PANOTEUR : Bracoinier.
{Id.) — De panneau : hlet à
prendre le gibier.
PANTALON GARANCE
(donner dans le) : Aimer les mi-
litaires. (Id.) V. Pantalon rouge,
p. 263.
PANTALZAR: Pan alon.
(Delvau.) Changement de finale.
PANTIÈRE : Bouche. A brév.
de pannetière : endroit olx on
met le pain. (Michel.)
PANUCHE : Femme de mai-
son de tolérance. (Rigaud.) —
Même dérivé que panade,
PAPE: Imbécile. (Id.) ^
PAQ
^95-
PAR
Abrév. de papa. On dit à la pa-
pa pour bourgeoisement.
PAPE : Verre de rhum. — Jeu
de mots sur Rome et pape. (Id.)
PAPER-HUNT : « Chasse aux
papiers. Uji cavalier part en
avant bon train, en semant des
morceaux de papier sur sa route,
et sautant les obstacles qu'il
rencontre. Les autres cavaliers
relèvent les traces et passent par
le chemin qu'il a suivi. Ce
genre de sport devient à la mode
parmi nos officiers de . cavale-
rie. » {Carnet des courses, 77.)
PAPIER A DOULEUR : Bil-
let protesté. — « Tous savent ses
affaires : le billet en retour, le pa-
pier à douleur. » (Le Sublime.)
PAPILLON D'AUBERGE :
Assiette. (Rigaud.)— Allusion de
rondeur et de blancheur.
Bientôt au deffaut de flamberges,
Volent les papillons d'auberges.
dit un poème burlesque sur les
Porcherons ci^é par M. Fr. Mi-
chel. 11 est évident qu'il s'agit
ici d'assiettes jetées à la tête;
mais je ne pense pas que ce mot
ait été employé par d'autres que
par un poète en quête de rimes.
PAQUELIN : Flatteur. (A.
Pierre.) — Pour patelin.
PAQUINER : Flatter. (Id.) —
Pour pateliner. De même on dit
en argot paquelin pour flatteur
(patelin).
* PAQUET (avoir son) : Être
ivre. (Delvau.) — Mot à mot :
être chargé de boisson.
PAQUETS (faire des) : Com-
mérer, médire.
PAQUET (lâcher le) : Tout
révéler (Rigaud), abandonner.
PAQUET DE COUENNE:
Garde national. (Id.) — Ne se-
rait-ce pas plutôt garde natio-
nale? En mettant couennes au
pluriel (V. Couenne, p. 120),
nous pouvons traduire ainsi :
assemblage de maladroits-.
PARADE : V. Défiler, p. 137.
PARA DOUZE : Paradis. —
Vieux mot. (Michel.)
PARANGONNER (se) : Se con-
solider en s'appuyant. Acception
figurée de parangonner : aligner
ensemble des caractères d'im-
primerie de force différente.
(Boutmy.)
PARAPHE : Soufflet. (Del-
vau.) — Il signe la joue.
PAREIL AU MÊME c Sem-
blable. {Id.)
PARER (la) : Secourir. (Ri-
gaud.) — Mot à mot : parer la
botte, parer le coup.
PARFAIT AMOUR DE CHIF-
FONNIER : Eau-de-vie. (Mi-
chel.)
PARFONDE : Cave, poche.
{Id.) — Vieux mot qui veut dire
profonde.
PARISIEN : Tricherie au jeu
de dominos (Rigaud), cheval
bon pour l'abattoir. (Delvau.) —
Paris tue les chevaux.
PARLOIR DES SINGÉS:
Parloir de prison. (Rigaud.) —
PAT
96-
PAU
Il est grillé comme le palais des
singes du jardin des plantes.
PARMEZARD : Pauvre. {Mi-
che].)—Pour panne^ard: dégue-
nillé?
PARRAIN : Juge assistant le
président. (A. Pierre.) — Nous
avons déjà vu page 266 que le
même mot signifie QncoiQ témoin
et avocat.
PAS DE BESOIN : Veut dire
au contraire besoin de. Ironie
parisienne.
PASSADE : Secours pécu-
niaire donné par les ouvriers
d'un atelier à ceux qu'on ne peut
y embaucher. (Boutmy. )
PASSADE : Plongeon forcé.
(Rigaud.)
PASSE (écornifler à la) : Tuer.
(Id.) — C'est la passe de la vie à
la mort. On dit aussi il l'a pas-
sée pour il est mort.
PASSER A LA FABRICA-
TION : Être volé. {Id.) — Voyez
Fabriquer. C'est une variante de
faire.
' PASSER LA JAMBE A THO-
MAS : « La jambe est sans doute
ici le bâton passé par les hommes
de corvée dans les anses du Tho-
mas ougoguenot. » (D. Lacroix..
PASSEUR : Homme payé pour
passer des examens sous d'au-
tres noms. (Delvau.)
' PATAFIOLER: On dit « ra-
patafioler » dans le patois du
Is'ord. (Voir le dictionnaire de
M. Louis Vermesse.)
PATAGUEULE : Ennuyeux.
(Rigaud.)
PATE : Patron. Abréviation.
(Delvau.)
PÂTÉ : Mauvaise besogne.
Terme d'imprimerie. (Michel.)
— De mettre en pâte qui veut
dire renverser des paquets de
caractères composés.
PÂTÉ D'ERMITE : noix. {Id.)
— Allusion à la vie frugale des
ermites et au fruit contenu dans
la coque comme la viande dans
la croûte.
* PÂTÉE (donner une) : Battre.
Mot à mot : mettre en pâté. Le
mot est depuis longtemps en
circulation, car, dès le xni« siè-
cle, on voit crier par \m per-
sonnage du Roman de la Rose :
« Qui me tient que je ne vous
froisse les os comme à poucin
en paste (poulet en pâté, ! »
PATERNEL : Père. Argot des
écoles.
PATOUILLER : Forme d& pa-
trouiller. V. p. 270.
PATRON-MINETTE : Société
de malfaiteurs, 1830-1840. (Del-
vau.)
PATTE D'ÉLÉPHANT (pan-
talon) : Pantalon évasé mons-
trueusement par le bas. — « Pour-
' quoi existe-t-il i Pour comman-
der au tailleur des p;intalons
patte d'éléphant. » {Cancans du
boudoir, 77.)
PATTE D'OIE : Carrefc)ur.(7.f .)
— Allusion à son aspect palmé.
PATTES (se tirer les) : Voyez
Pattes, p. 344.
PAUME : Perte. (Rigmd.) —
Dg paumer : perdre (p. 270], ex»
PED
97 -
PER
pression qui ne peut s'expliquer
que par une contradiction vou-
lue, puisque paumer signifie en
même temps prendre.
PAUMER : Arrêter. (Dict.
d'argot, 1847,) — Nous disons
de même Empaumer.
PAUSES (compter des) : Dor-
mir. (Rigaud.) — Allusion au
bruit scandé de la respiration.
PAVÉE (rue) : Rue évitée par
crainte des créanciers. (Rigaud.)
— Le vrai sens est rue qu'on est
en train de paver.
PAYER : Faire, accomplir.
V. Marquet, p. 2 35.
* PAYER (tu vas me le) : On
a publié, après 1870, une ronde
intitulée : Tu vas me V payer,
Aglaé. (Paroles de J. Renard et
Delbès, musique de Systermans.)
PAYOL : Page 271. Lisez
Payot.
PAYSAGE (faire bien dans le) :
Produire bon effet n'importe où
et n'importe comment. (Rigaud.)
PEAU D'ANE : Tambour.
(Michel.) — Il est recouvert de
peau d'âne.
PECCAVI : Péché. (Halbert.)
— Latinisme.
PÊCHON, PESCHON DE RU-
BY : Enfant, apprenti gueux.
(Michel.) — Pechin signifie fctit
en provençal.
PEDIGREE : « Chaque cheval
de pur sang a un certificat d'o-
rigine, appelée pedigree, indis-
pensable à produire lors de son
premier engagement. » {Carnet
des courses j 77.) — Anglica-
nisme.
PELÉ : Grand chemin. (Mi-
chel.) — Le va et vient n'y laisse
rien pousser,
PÈLERIN: Inconnu. On dit:
« Quel est ce pèlerin-là? » (Ri-
gaud.) — Le mot pèlerin rentre
ici dans sa signification pre-
mière qui est étranger, voya-
geur (du latin peregrinus, qui
nous a laissé pérégrination).
PELOT : Sou. — « Croyait-il
pas qu'on avait assez de pelots
pour lui offrir un fonds de bou-
tique assorti. » (Hennique.) —
On écrit aussi pello, V. p. 274.
Il est à noter que pelote signi-
fiait autrefois bourse en argot.
PELOTER LE CARME :
Lorgner les sébiles de changeurs.
( Rigaud.) — Mot à mot : caresser
l'argent du regard.
* PELOTEUR : Libertin. {Id.)
PENDULE (remonter la) :
V. Remonter.
PELOTON DE CHASSE : Pe-
loton de punition. — Les soldats
punis qui le composent manœu-
vrent quatre heures par jour.
(D. Lacroix.)
* PENTE : La poire est ainsi
nommée parce qu'elle pend à la
branche.
•PÉPETTE : « Plus de bei-
gnes et des pépettes 1 » (Huys-
mans, 79.)
PERCHE : Personne longue
et mince.
PERCHE (être à la) : Crever
6
PER
98-
PST
de faim. (Rigaud.) — Allusion à
la maigreur de l'homme qui ne
mange pas.
PÈRE LA TUILE : Dieu.
(Delvau.)
PÈRE NOIR (petit): Litre.
(Michel.)
PERLOT : Tabac. (Rigaud.)—
Dérivé abrégé de semper,
PERLOTTE : Boutonnière.
(Delvau.)
PERMISSION DE DIX HEU-
RES : Gourdin, canne à épée.
(Rigaud.) — Elle donnait la per-
mission de rentrer chez soi sans
crainte d'attaque, au temps où
on attaquait à dix heures dans
la rue.
* PERRUQUE (faire en) : Faire
en fraude. — Le patron croit
qu'il ne paye pas nos outils, mais
les trois quarts sont faits en per-
ruque. » {Le Sublime.)
PERRUQUEMAR : Perru-
quier. (Michel.) — Tous les noms
de métiers pourraient y passer.
PERSIENNES : Lunettes.
(Delvau.) — C'est l'œil qui est la
fenêtre.
• PERSIL, PERSILLER : Dans
le sens de raccrocher^ ce mot
me paraît trop prés de pesciller
(prendre, mot à mot : pêcher^
hameçonner, p. 274,) pour ne
pas en être une déformation pos-
sible. Le sens des deux est en
effet le même. Aller au persil et
persil en fleur serait alors des
altérations postérieures en date,
comme dos et barbillon, qu'on
a donnés pour synonymes à ma-
quereau, parce que celui-ci sem-
blait un poisson, tandis que son
étymologie nous donne plus lo-
giquement le sens de maquignon^
courtier de femmes.
* PESSIGNER : Recevoir, etc.,
page 274. — Il doit y avoir ici
une leçon défectueuse. Pessi-
gner n'est évidemment que le
verbe Pess/^Mer. L'exemple prou-
ve aussi qu'il doit avoir L sens
de mettre en pièces, et non celui
de recevoir.
PESSIGUER : Mettre en piè-
ces, maltraiter. Du vieux verbe
provençal pessigar : mettre en
pièces.
PESSILLER : Prendre. (Hal-
bert.) — Forme de pesciller.
PET A VINGT ONGLES :
Nouveau-né. (Delvau.)
PET HONTEUX : Pet silen-
cieux. (Rigaud.)
PETASSE : Fille publique.
Pour « putasse ». {Id.)
PÉTER SUR LE MASTIC :
Renoncer au travail. (Delvau.)
PÉTEUR, PÉTEUSE : Plai-
gnant, plaignante. (Michel.)
PÉTEUX : Qui se sent fau-
tif (Rigaud); timide. (Delvau.)
PETIT : Amant de cœur. (Ri-
gaud.) — Employé aussi géné-
ralement comme terme amical
ou méprisant, ou simplement
familier, sans portée précise et
vis-à-vis des hommes de toute
taille. — <( Essaie d'en faire al-
ler d'autres que Florine, mon
petit. 1» (Balzac.)
PIÈ — 99 —
PETITE MAIN : Fleuriste ap-
prentie. (Rigaud.)
PETRA, PETROUSaUIN,
PETZOUILLE : Derrière. (Del-
vau.) — Dérivés de péteur.
PÉTROLEUR : Mauvais mar-
chand de vin. (Rigaud.) — Il in-
cendie l'estomac de ses clients.
PHILANTROPE : Filou. (Mi-
chel.) — Changement de finale.
— Balzac n'aimait pas les faux
humanitaires et trouvait qu'ils
prenaient trop de place dans le
monde officiel. Aussi appelait-il
les philantrophes des filous-en-
troupe.
PHILISTIN : Vieil abruti.
(Delvau.)
PHILO : Philosophie. Argot
des écoles.
* PHILOSOPHE : Grec opé-
rant sans compère. De là son
nom. La solitude marche avec
la philosophie.
PHILOSOPHE: Misérable.
(Delvau.) — Ironie.
PHILOSOPHIE : Misère. (Id.)
PIANISTE : Valet de bour-
reau. (Rigaud.)
PIANO (jouer du) : Trotter
irrégulièrement. Jargon de ma-
quignons. (Id.)
PIAU : V. Piaux, p. 277.
PIAUSSEUR : Conteur de
piaux. (Boutmy.) V. p. 277.
PIE : Vin. (Michel.)
PIÈCE : Lentille. {Id.)
PIÈCE DE RÉSISTANCE :
V, Pièce de bœuf, p. 278.
PIE
PIED : Sol. (Halbert.) — On
y a pied.
PIED (en avoir son) : En avoir
assez. (Rigaud.) —• Abrév. de
en avoir son pied de nef, avoir
le nez long.
PIED ^être) : Etaler sa bêtise.
{Id.) — Abrév. de être bête comme
ses pieds, qui se dit souvent.
PIED DE BANC : Sergent. —
Simple comparaison de ses ga-
lons à des pieds de banc ; ils
sont tous deux obliques et grêles.
— Je ne crois pas que les sol-
dats aient comparé, comme on
l'a dit, une compagnie à un
banc dont les quatre sergents
sont les quatre pieds. Je ne crois
pas non plus, comme l'a dit
sérieusement Delvau , que ce
soit par allusion au pied du banc
sur lequel fume le sergent de
garde. Et cependant Dieu sait
combien Delvau persifflait les
étymologistes !
PIED DE BICHE : Outil pour
forcer les portes. (A. Pierre.) —
Allusion de forme.
PIED DE NEZ: Sou. (Del-
vau.)— C'est un pied de nez pour
celui qui attendait davantage.
PIERRE A AFFUTER : Pain.
Jargon de boucher. (Rigaud.) —
Pierre brute : Pain. Langue ma-
çonnique. (Delvau.) — Pierre de
touche : Confrontation. (Mi-
chel.) Cette épreuve sert sou-
vent de pierre de touche au
magistrat instructeur.
PIÈTRE : Faux estropié. (Mi-
chel.)
• PIEUVRE : Se dit de toutç
PIN
100 —
PIP
femmie vieille ou jeune qu'on
accuse de vous exploiter. — « Je
dois à M"»» Juscou vingt-sept
sous pour mon arriéré de mon
ménage, paye -la donc, cette
vieille pieuvre. » (Durandeau,
78.)
♦ PIFFE : Nez. (Halbert.)
PIFFER (se) : S'enivrer. —
Vieux mot donné par M. Fr.
Michel ; mais les exemples justi-
ficatifs prouvent qu'ils veulent
dire s^ empiffrer et non s'enivrer.
C'est une abréviation.
PIGEON : A-compte. (Del-
vau.)
PIGEON VOYAGEUR : Fille
exploitant les trains de banlieue.
(Rigaud.) — Elle se pose de va-
gon en vagon.
PIGER LA VIGNETTE : Re-
garder avec complaisance une
chose divertissante. (Boutmy.)
— Mot à mot : considérer l'ima-
ge. V. p. 280.
PILE OU FACE! : Exclama-
tion saluant une chute. (Rigaud.)
— Allusion ironique au jeu con-
nu.
PILER DU POIVRE : Se tenir
mal à cheval, faire faction. (Id.);
— médire, attendre. (Delvau.) —
Allusion au mouvement du pi-
lon, excepté pour médire qui
fait allusion au piquant du poi-
vre.
* PILIER : Maître de maison de
femmes. (Halbert.)
PILON : Doigt. (Michel.)
PINÇANT : Ciseaux. (Hal-
bert.)
•PINCE-CUL : c Elle ne va
pas au bal Grados. C'est u le in-
famie que ce pince-cul- là. »
(Huysmans, 79.)
PINCE-DUR : Adjudant. (Del-
vau.) — Il a plus souvent occa-
sion de punir que l'officier.
PINCE-SANS-RIRE : Agent de
police. (Rigaud.)
PINCER : Voler. (Halbert.)
PINCETTES (se tirer les) :
S'enfuir. Comparaison des jam-
bes à une paire de pincettes. —
« S'ils ne s'étaient pas tiré les
pincettes de dessous le ventre,
ils étaient bath. (bien, c'est-à-
dire arrêtés.) » (Cavaillé.)
PINET, PINO : Denier. ^Hal-
bert.) — Fait pinos au pluriel.
PINGOUIN : Public. Jirgon
de saltimbanques. (Rigau 1.)
PIOCHE : Voleur à la tire.
{Id.)
PIOCHER: Voler à la tire.
{Id.) — C'est piocher les p( ches.
. PIOLIER : Tavernier. (Hal-
bert.) — Dq piaule : taverne qui
semble venir de pie : vin.
PIONNE : Sous-maîtresse. (Ri-
gaud.)
* PIPELET : Le surnon de
pipelet donné aux concierges se-
rait, dit-on, plus ancien que les
Mystères de Paris, d'E igéne
Sue. Il faudrait qu'un texte jus-
tificatif vînt le prouver.
PIPOT : École polytechnique,
élève de l'école polytechnique.
Argot des écoles.
PIS
— 101 —
PLA
PIQUER SON FARD : Rou-
gir naturellement. (Rigaud.)
PIQUET : Livre de messe,
juge de paix. (Id.)
PISSE-HUILE : Lampiste. On
dit aussi sue-mèches. Argot des
écoles.
PISSER A L'ANGLAISE :
V. Anglaise, — V. Mener pisser.
•PISSER DES ENFANTS:
a Si nous voulions nous offrir
le luxe de ne pisser que des en-
fants légitimes. » (Huysmans,
79-) .
PISSER LE MÉRINOS (lais-
ser) : Ne pas se hâter, attendre.
(Delvau.) — On disait aupara-
vant laisser pisser le mouton.
PISSER LES POULES (me-
ner) : Quitter le travail sous un
faux prétexte. (Rigaud.)
PISSEUSE: Petite fille. — « Il
y en a qui disent aux pisseuses
qu'ils veulent envoyer dinguer :
Je pars pour l'Algérie,... geins
pas! » (Huysmans, 79.)
PISTEUR : Coureur de bonnes
fortunes de rue ou d'omnibus.
^Rigaud.)
PISTOLE (grande) : Pièce de
dix francs. La petite vaut dix
sous. Jargon de chiffonniers.
(/i.)
^ PISTON : Recommandation
puissante, haute protection. —
Avoir du piston : être recom-
mandé. — On dit par exemple:
« U lui a fallu un bon coup de
piston pour ne pas être reculé à
son bac. » — Piston fait allusion
ici à l'action de pistonner : im-
portuner les supérieurs (V. p.
284).
* PISTON : Homme protégé.
— C'est-à-dire ; arrivé à coups
de piston.
PIVOINER : Rougir, devenir
rouge comme une pivoine. —
« Tu tâches de pivoiner et de
baisser les stores. Toutes les
femmes font ça pour enjôler les
hommes. » (Huysmans, 79.)
PIVRE : Vin. (Halbert.)
PLACEUR DE LAPINS : Ap-
pareflleur, bénévole, procurant
des bonnes fortunes à ses amis.
(Rigaud.)
* PLAN (laisser en) : Ce mot
vient d'avoir sa consécration po-
litique et internationale. Je ne
fais que citer.
« On écrit de San Stefano,
8 mars, à la Correspondance po-
litique de Vienne :
« Une scène émouvante s'est
passée au moment de la signa-
ture de l'instrument de paix.
Savfet-Pacha éclata en sanglots
convulsifs, lorsqu'il lui fallut
mettre son nom au bas d'un
document aussi fatal pour sa pa-
trie. Le général Ignatieff lui dit
en ce moment : « Voyez-vous, je
vous ai dit tout de suite que
l'Angleterre vous laisserait en
plan. Les Anglais n'ont jamais
su ce que c'était que de tenir
leur parole. » {Petit Journal,
mars 1878.)
PLANCHE : Tableau noir.
Argot des classes de mathéma-
tiques. Pour passer au tableau
on dit aller à la planche.
PLANCHE : Sabre. (Michel.)
6.
PLA
102 —
PLO
PLANCHE : Femme plate et
froide. (Rigaud.)
PLANCHER : Quitter un ami
de prison. (Id.) Mot à mot :
laisser en plan.
PLANCHES (avoir fait les) :
Avoir été ouvrier tailleur. (Del-
vau.) Allusion à l'établi. — On
sait que avoir paru sur les plan-
ches se dit pour avoir été artiste
dramatique. Voyez brûler les
planches,
PLANQUE A LARBINS : Bu-
reau de placement. — Planque à
plombes : Pendules. — Planque
à sergots : Poste de police. ~
Planque à suif : Tripot. — Plan-
que à tortorer : Restaurant. —
Planque aux atigés : Hôpital. (Ri-
gaud.)
Dans toutes cesacceptions,p/an-
que a le sens de lieu clos, ce qui
donne, en suivant l'ordre de nos
termes : lieu à domestiques y —
à heures y — à sergents j — à
Grèce (assemblage de grecs. Jeu
de mot. Le suif est plein de
graisse), — à manger, — aux
malades.
PLAQUER ; Venir (A. Pierre),
— cacher. (Halbert. — Doit être
une abrév. de emplanquer.
PLAT A BARBE : Hâusse-col
d'offlcier. — Il est échancré et se
place au-dessous du menton.
(D. Lacroix.)
PLATRE : Mauvais composi-
teur d'imprimerie. (Boutmy.) —
Abrév. de emplâtre {V. p. ibz).
PLATS A BARBE : Grandes
oreilles. {Id.) — Allusion de
forme.
PLATUE : Galette. (Halbert.)
— Elle est plate.
PLETTE : Peau. (Id.) — Pour
pellette. De pellis : peau.
PLIS ! (des) : Interjection né-
gative comme Des navets ! Des
nèflles ! (Id.) — De nouvelle
date, elle doit faire allusion aux
plis et aux draperies innombra-
bles qui ont surchargé de 1872
à 1878 derniers les jupes fémi-
nines. — Les lanciers! était un
néologisme du même genre. V.
p. 216.
PLOMB : Je citerai encore ici
M. Justin Améro, qui fait ces
réflexions très sensées et très
amusantes :
a 11 a été un temps où je me
demandais d'où pouvait bien
provenir le nom de plomb donné
dans les restaurants de Paris à
certains entremets d'un goût
fort agréable. Ces entremets sont
appelés « plomb » tout court, ou
« plomb de cabinet, » plomb de
ceci, plomb de cela. (J'ai oublié
leur dénomination exacte.)
Comme ces sortes d'entremets
sont d'une nature un peu lourde,
je soupçonnais que leur nom
générique de « plomb » était une
allusion à leur qualité, et comme
un avertissement pour les esto-
macs faibles.
Mais je finis par découvrir que
ce « plomb, » qui m'avait tant
donné à réfléchir, venait tout
simplement de plum qui en an-
glais se prononce pleume, et que
ce fameux « plum » signihait
prune, raisin sec, raisin de Co-
rinthe. Je découvris aussi que
le mot pudding {fiïi anglais fran-
POI
lOJ —
POI
cîsé « pouding » ) ajouté à aplum »
désignait cette sorte de baba
dont les Anglais ont tant raison
de raffoler, — baba, dont on
présente à Paris la contrefaçon
sous l'horrible dénomination de
« plomb *. »
son poignon. » (Huysmans, 79. \
POIGRK : Poète. (Michel.) —
Changement de finale.
•POINT
ild.)
Pièce d'un franc.
• POINT DE COTE : Agent
PLOMB (manger du) : Etre | des mœurs. (Rigaud.)
tué d'un coup de feu. — « C'est Dr,rMT- nT7 TiinAc t •
peut-être moi qui vas manger ! J^^NT DE JUDAS : Treize.
du plomb. » (A. Bouvier, 69.) (Michel.)
PLONGEUR: Laveur de POINTE (être) : Avoir sa
vaisselle. (Rigaud.) - Ses bras P^'^te. (Rigaud.) V. p. 288.
plongent dans l'eau grasse. | PQIQUE : Littérateur. Jargon
PLOTTE : Bourse. (Halbert.) ^^^J°}^^^^fJJf'l-^ H? fo^^être
— Pour pelote. V. Pelot.
le Poigre de M. Fr. Michel.
PLOUSE : Paille. (Halbert.) | POIREAU : Sergent de ville
I en station. — Faire le poireau :
PLUC : Butin. (Michel.) I attendre. {Id.)
PLUMARDE : Paillasse. (A. | "POISSE : Voyoucratie. —
Pierre.) — Doit être la forme Poisseux : Voyou. {Id,) — Ce
primitive de Plumade. ; qui est sale poisse.
PLURE : Manteau. (Halbert.) | • POITOU : Public. {Id.)
— Pour Pelure. I
oT TTC. /•! , ç .^ T7 POIVRE : Poisson (Michel);
PLUS! (il n'en faut) : En i^^^^Colombey.)- Le second
voila assez. Locution mise a ^^^^ p^^ait être le seul admis-
toutes sauces. (Rigaud.) 1 sible, car il se complète par le
PLUS FINE : V. Fine, p. 175. 1 verbe poivrer (empoisonner), V.
* PLUS SOUVENT ! « Vous Je trop,
n'iriez point, disait-il en ajou-
tant un mot patois qui équi- POIVRE : Eau-de-vie. — Allu-
vaut à notre inimitable plus \ sion au poivre qu'on y met
SOUVENT ! Vous le dites, mais pour lui donner plus de force
vous ne le feriez point. » (Geor-
ge Sand, Lettres d'un Voyageur.
Lettre 111% 1834.)
POCHETÉ : Niais. (Rigaud.)
•POIGNON : c Ce n'est pas
trop tôt! On va donc toucher
apparente. « Avec vingt centi-
mes de poivre d'assommoir, il
est gris. » {Le Sublime, 72.) —
De là peuvent venir les mots
poivreau, poivrier (ivre d'eau-
de-vie). Mais alors il faudrait
supposer que poivre est une
l. L'Anglomanie dans le français. Paris, Baudry. In-12 (i fr. 20 cent.).
PON
— 104
POS
abréviation de poivreau, car il
signifie aussi ivre.
POIVRIER : Débit de mau-
vaise eau-de-vie. (Rigaud.)
POIVRIÈRE : Route. (Mi-
chel.) — Poivre veut dire ici
poussière.
POMMADE : Déconfiture. (Ri-
gaud.) — La pommade fond.
•POMMADIN : Garçon coif-
feur. (Id.)
POMME A VERS : Fromage
de Hollande. (Michel.) — Allu-
sion à sa rondeur et à sa croûte
rouge.
POMME DE CANNE FÊLÉE
(avoir la) : Déraisonner. Mot à
mot : avoir la tête fêlée.
* P O M P E : Retouche à un
vêtement. (Rigaud.)
POMPE (avoir de la) : Avoir
assez de travail. (Boutmy.)
POMPER : Travailler vite et
pour peu de temps. (Id.)
POMPIER : Refrain classique
qui est le signal de tout chahu
(tapage) en règle. On dit piquer
un pompier. Argot des écoles.
POMPIER; Mouchoir. (Ri-
gaud.) — Il pompe le nez.
PONDANT : Correspondant
chargé de faire sortir un écolier.
Argot des écoles.
PONEY : Billet de cinq cents
francs. Argot de courses. (Ri-
gaud.)
PONIFFE : Synonyme de Ma-
gmisse. (Halbert.) Voyez en être,
p. 162.
"POPOTE : Réunion d'offi-
ciers ou de soldats pour manger
en campagne. (D. Lacroix.; —
On dit se mettre en popote,
PORTANCHE : Portier. (Mi-
chel.) — Changement de finale.
•PORTEUSE : Main. V.
Frères de l'attrape.
PORTIER : Cancanier. (Del-
vau.) — Allusion aux cancans
de la loge.
PORTION : Fille publique.
Jargon de soldats. On dit tom-
ber sur la portion. (Rigau.i.) —
C'est mot à mot : tomber sur la
viande. On appelle ainsi dans
l'armée, le morceau de viande
assigné à chacun avec sa soupe.
POSITION : Malle. Jargon de
voleur. (Rigaud.) — Le voyageur
est jugé souvent d'après sa malle.
POSSÉDÉ : Eau-de-vie. (Mi-
chel.) — Mot à mot : endiablé.
Allusion à son feu.
•POSTICHE : Plaisanterie.
(Boutmy.) — Faire une posti-
che : Faire des reproches. (Id.)
POSTIGER : Rassembler une
postiche. (Rigaud.) V. p. 294.
POSTILLON D'EAU CHAU-
DE : Infirmier militaire. (I). La-
croix.)
POSTILLON D'EAU CHAU-
DE : Mécanicien. — C'est avec
la vapeur d'eau chaude qu'il fait
galoper sa machine. — « Va
donc, postillon d'eau chauJe ! »
{Le Sublime, 72.)
POSTILLONNER : Crachoter
en parlant. (Delvau.)
POU
- io5
PRE
POSTURE (en) : Apothicaire.
— Allusion de seringue. (Mi-
chel.)
POT, CUILLER A POT :
Cabriolet. (Id.) — Les brancards
figurent la queue, et la capote
figure le récipient de la cuiller.
POT A TABAC : Personnage
gros et court. (Rigaud.) — Allu-
sion aux pots à tabac grotes-
ques qui furent à la mode.
POTEAU (avoir son) : Être
complètement ivre. Argot des
mécaniciens. — Mot à mot: être
raide comme un poteau. — On
dit aussi avoir son poteau kilo-
métrique, son poteau télégraphi-
que. {Le Sublime, 76.)
POTÉE : Litre de vin. (Ri-
gaud.)
POTET : Radoteur. (Delvau.)
— Doit être un dérivé de potin.
V. p. 295.
POTIRON ROULANT : Ca-
briolet. (Michel.)
POUCE? (Et le) : Exclamation
signifiant : il y a plus que vous
ne l'affirmez. — Mot à mot :
« et le pouce que vous oubliez
dans votre compte ?» Le pouce
étant autrefois une fort petite
mesure, on saisit l'ironie qu'on
retrouve d'ailleurs dans c'est
un détail^ dans // n'est rien bête,
etc. C'est l'emploi ironique des
contraires.
POUGNON : Argent. (A.
Pierre.) — Forme de Poignon.
POUIFFE : Argent. (Halbert.)
POUIFFE : Femme éhontée.
(A. Pierre.) — Pour ponijle.
ROUISSE : Même sens que
Ponifle. (Halbert.)
POIJLAINTE : Vol par échan-
ge. (Michel.)
POUPÉE : Soldat. {Id,) ~
Allusion automatique.
POUPON : Voyez Poupard,
p. 296.
POUR: Peut-être, au con-
traire. (Michel.)
•POUSSE : Gendarmerie. —
Abrév. de pousse-cul : sergent
de police, aux xvii« et xvm« siè-
cle. {Id.)
POUSSE AU VICE : Mouche
cantharide. {Id.)
POUSSE-MOULIN : Eau.(/i/.)
— Elle faisait marcher seule le
moulin avant la vapeur.
POUSSÉE : Surcroît de tra-
vail. (Delvau.)
POUSSIER: Poudre. (Hal-
bert.) — Mot à mot : poussière.
POUSSIER : Pouce, main.
(Michel.) — Elle sert à pousser^
POUTRONE : Prostituée. Ar-
got lyonnais. {Id.) — De pute-
rie : prostitution.
* PRATIQUE : Ligne 10, au
lieu de Ils font fait voir le, il
faut lire Ils t'ont fait voir le
tour.
PRENDRE LA VACHÉ ET LE
VEAU : Voyez Vache, p. SSy.
PRENDRE UN RAT PAR LA
QUEUE : Couper la bourse.
(Michel.) — Allusion aux la-
nières qui rattachaient la bourse
à la ceinture.
QUA
— io6 —
QUA
PREVOT : Chef de chambrée
de prison (Id,) ; domestique de
prison. (A. Pierre.)
PRIANT : Chapelet. (Halbert.)
PRIANTE : Messe. (Id.)
PRIANTE : Église. (Michel.)
PRIE- DIEU : Code. (A.
Pierre); cadre. (Halbert.) — Ces
deux sens n'en doivent faire
qu'un, et il faut lire cadre au
lieu de code, car un prie-Dieu
est le plus souvent encadré. On
aura pris le tout pour la partie.
PRIN : Proviseur, chef d'ins-
titution, principal. Argot des
écoles. — Abrév. de principal.
PRINCIPAUTÉ : Gale. — Jeu
de mots du xvii« siècle sur le
prince de Galles. (Michel.)
PRINE : Femme du prin.
PRISE : Mauvaise odeur. (Del-
vau.) — Abrév. de prise de ta-
bac qui s'emploie également en
ce sens.
PRODUISANTE : Terre. (Mi-
chel.)
PROSE, PROUAS, PROYE :
Formes de proie, page 298. —
Proye le C : merdeux. (Halbert.)
PROTE A TABLIER : Prote
de petite imprimerie, travail-
lant comme un ouvrier. (Bout-
my.) Tablier est ici pour blouse.
P R O U T ! : Ça m'est égal.
(Rigaud.)
PRUDHOMMESQUE : Sen-
tencieusement creux. « De là les
I déclarations prudhommesques.»
I (Zoia, 79.)
PRUNEAU : Chique de tabac,
i œil, excrément. (Michel.) \'oyez
I Prune, p. 299. — M. Fr. Michel
; a constaté que pruneau (œ I) est
i une forme de prunelle. Les autres
! sens sont des allusions de forme.
; PURÉE : Misère. (Rigaud.) —
: Ce qui est en purée est réduit à
! rien.
PUROTIN : Misérable. (Td.)
i PUYMAURIN : Ane. Ce mot,
dit M. Fr. Michel, ne doit dater
que de la Restauration. On peut
ajouter que celui qui l'a in /enté
devait être un ennemi du légi-
j timiste ardent Marcassus de Puy-
maurin. C'est une simple ma-
jlice; ce n'a jamais été un mot
■ en circulation.
Q
QUAMPER : Abandonner. (A.
Pierre.) — Pour camper, qui est
très régulier.
QUAND EST-CE : Bienvenue,
consommation offerte par un
ouvrier nouvellement embauché
à ses camarades. ~ Abréviiition
de la phrase consacrée : Q^iand
est-ce que tu payes ta bicnve^
QUI
nue? — « Pas plan! je suis du
quand est-ce de la Truffe qui a
été embauché hier. » {Le Su-
blime, 72.)
QUANTES (payer son) : Payer
sa bienvenue. (Boutmy. ) —
Forme altérée de Qitand est-ce?
QUASI-MORT (être) : Être au
secret. (Michel.)
QUATRE-VINGT-DIX : Lo-
terie de magasin de porcelaines
dans une foire. Elle a 90 numé-
ros. (Rigaud.)
QUESACO : Qu'est-ce que
cela. — Gasconisme. — « Les
journaux nous ont appris la no-
mination de M. Bonnet... Quès-
aco, Bonnet ? » (F. Magnard, 78.)
QUIF-QUIF : Indiftérent. —
« J' m' figurais que c'était un
petit rouge. Enfin, qu'il soit
rouge ou brun, c'est quif-quif. »
(Hennique.) — Doit s'écrire Kif-
Kif. V. ce mot.
QU IMPER : Tomber. (Hal-
bert.)
QUIMPER LA LANCE : Uri-
ner. (Michel.) — Mot à mot :
faire tomber l'eau. Ce terme
correspond exactement au terme
de lâcher l'eau qui est souvent
employé.
QUINZE BROQUILLES:
Quart d'heure. (Halbert.) — Mot
à mot : i5 minutes.
QUINZE CENTS FRANCS :
Volontaire d'un an. — Il paie
i3oo francs à l'État. — « A
[07 —
QUO
notre arrivée toutes ces figures
inconnues sortaient des bara-
ques pour nous regarder pas-
ser : venez voir les quinze cents
francs. » (Vallery Radot, 78.)
QUIPE : Homme d'équipe.
(Rigaud.)
QUI QUI : Abatis ramassés
dans les ordures et vendus par
les chiffonniers aux gargotiers
qui en font, dit Delvau, « de fa-
meux potages. » — Donné sous
toutes réserves.
QUI VA LA (donner le) : De-
mander le passeport. (Michel.)
QUOCTER : Tromper. (A.
Pierre.) — Pour caqueter, dérivé
de coquer : dénoncer.
QUOQUANTE : Armoire.
(Halbert.) — Pour coquante. De
coquer : mettre. On met bien
des choses dans une armoire.
QUOQUARD : Arbre. {Id.)
QUO QUE : Pris. {Id.) —
Pour coque : donné, fait. V.
p. 117.
QUOQUERET : Rideau. (Id.)
QUOQUILLE : Béte. {Id.) —
Dérivé de cocu.
' QUOS EGO : Vous que je .*
— Latinisme souvent employé.
Il sous entend : que je devrais pu*
nir. — Menace interrompue. Em-
pruntée à Virgile qui la place
dans la bouche de Neptune en
courroux contre les vents.
RAF
— io8 —
RAM
H
RABATTEUSE: Entremet
teuse. (Rigaud.)
RABIAU, RABIOT : Conva-
lescent, durée de condamnation
dans une compagnie de disci-
pline. — Rabiauter : Manger et
boire les restes des autres. (Id.)
— Dans ces trois acceptions nous
retrouvons le sens de rabiot :
reste, excédant (V. p. 3o3), qu'il
s'agisse d'un reste de maladie,
de temps de service ou de vic-
tuaille.
RACHEVAGE
cène. {Id.)
Homme obs-
Dent
RACINE DE BUIS
jaune. (Delvau.)
RACLER : Respirer. (Rigaud.)
— Forme de râler.
RACLETTE : Ramoneur.
(Id.) — Allusion à son outil.
RADICAILLE : Opinion radi-
cale, parti radical. — « On ne
saurait souffrir le contact des
gens entachés de radicaille. »
{Tintamarre, 77.)
RADICON : Prêtre. (A. Pierre.)
— Pour ratichon.
RADIS NOIR : Prctre. (Ri-
gaud.) — Jeu de mo^s sur radis
noir et ratichon.
RAFRAICHIR LES BARRES
(se) : Boire. (D. Lacroix ) — An i-
malisme créé par la cavalerie.
Barres veut dire mâchoires.
Quart d'écu. (Hal-
RAGOT
bert.)
RAGOUT (faire du) : l'orme
de regout. V. p. 3ii.
•RAIGUISÉ : Trompi. Ai-
guisé a ce sens dans nos patois
du Centre.
RALER : Tromper.— RA-
LEUR : Menteur, trompeur.
(Rigaud.)
RALLIE-PAPIER : V. Paper
hunt.
RAMAMICHER : Réconcilier.
(Rigaud.) — Mot à mot : refaire
aminche (ami).
•RAMBUTEAU : « La con-
currence menace les colonnes
Rambuteau qu'on n'ose pas ap-
peler des pissotières, parce que
c'est leur seul nom. » (Le Guil-
lois, 76.)
RAMENEUSE: Boulevardière.
Elle ramène chez elle. (Delvau.)
RAMONA : Petit ramoneur.
ild.)
RAMONER : Marmotter. {Id.)
— Pour marmonner qui se disait
autrefois (V. croquer le n annot,
p. 234), et non par allusion au
ramonage d'une cheminée, com-
me on l'a cru.
RAS - 1
RAM OR : Imbécile. Jargon
de juifs. (Rigaud.)
RAMPO : Coup nul aux bil-
les, à la balle. (Delvau.) — Vieux
mot qui se dit encore au jeu de
quilles dans nos campagnes.
RANGRAISSER : Renoncer.
Pour Rengracierj p. 3i3.
RAPAPIOTAGE : Réconcilia-
tion. (Rigaud.) — C'est un aug-
mentatif de rapiotage : raccom-
modage d'habit. Une réconcilia-
tion n'est qu'un raccommodage
pris au figuré.
RAPE : Dos, (/i.)
RAPER : Chanter. — « Les
brocheuses avaient des voix de
mirlitons crevés... On râpait à
cet instant :
Rose je t'aime
Toujours de même,
Car en amour, il n'est pas de saison.
(Huysmans, 79.)
RAPIAU : Fouille. (Grandval.)
— Même origine que rapiat :
pillard, p. 3bj.
RAPIOTEUR: Ravaudeur.
(Rigaud.) — Pour rapiéceur.
RAPOINTI : Même sens que
Corvette. (Id.)
RAPOINTI DE FERRAILLE :
Broche faite avec le déchet de
fer, et au figuré : rebut, homme
sans valeur. {Le Sublime, 72.)
V. Muselé.
* RASER : Ennuyer par des ré-
dites. — « Tu me rases avec
l'argent que tu as dépensé pour
moi depuis ma naissance. » (Du-
randeau, 78.)
09 - REB
• RAT : Retardataire. — Vient
de rater : manquer.
RAT (courir le) : Voler la
nuit. (Delvau.)
RATICHE : Église. (Rigaud.)
De ratichon : curé.
RATION DE LA RAMÉE :
Nourriture de prison. (Halbert.)
RAYON DE MIEL : Dentelle.
(Michel.) — Allusion à l'aspect
des trous du rayon qui rappelle
celui du tulle.
RAZE POUR L'AF : Acteur.
(Rigaud.) — Mot à mot : raseur
pour la vie (éternel).
• REBECTAGE ; Page 39. Lire
rébectage : médecine au lieu de
rebectage : lutte.
REBECTAGE : Cour de cas-
sation. (Rigaud.)
REBIFFE : Révolte. — Rebif-
fer au truc : être en état de ré-
cidive.
REBIFFER: Recommencer.
(Boutmy.)
REBONNETAGE: Raccommo-
dement. — Mot à mot : action
de redevenir bons amis. — « Il
avait rapporté du mêlé dans un
carafon et nous avons trinqué à
notre rebonnetage avec toi, mon
Tatave. » (Durandeau, 78.)
REBOUIS : Cadavre. (Rigaud.)
Pour riboui : objet remis à neuf.
— Ironie.
REBOUISER : Tuer. (Id.) —
Acception figurée de ribouiser :
remettre à neuf, donner une au-
tre vie. Ironie. V. Rebouiseur
p. 3io.
REG - I
RECALER : V. Remballer.
RÊCHE : Sou. (Delvau.) — Il
est plus rêche au doigt que la
pièce d'argent.
RECOLLER : Relever de ma-
ladie. (Rigaud.)
RECOLLER (se) Se raccom-
moder.
RECONDUIRE : Siffler. —
Terme de théâtre.
RECOQUER : Reprendre des
forces, s'habiller de neuf. (Del-
vau.) — De coquer : prendre.
RECOURIR A L'ÉMÉTIQUE:
Escompter de faux billets. Mot
du xviu* siècle. (Fr. Michel.)
RECUIT : Ruiné de nouveau.
{Id.)
' RED AIN : Lisez Redam.
REFFOLER : Voler par sur-
prise. (Halbert.) — Pour refou-
ler. C'est le vol à la rencontre.
REFILER : Suivre. (Id.)
REFILER : Reperdre (Rigaud).
REFOULER : Refuser. — Re-
fouler à Bondy : Envoyer pro-
mener. (Rigaud.) — Mot à mot :
envoyer au dépotoir de Bondy.
REFROIDI : Mort. (Halbert.)
REGATTE : Viande. Argot de
chiffonnier. (Rigaud.)
•REGONSER: Suivre à la
piste. (Id.)
' REGOUT (faire du) : « Pois-
sons avec adresse mezières et
gonzesses sans faire de regout. »
(Vidocq.)
10 —
REN
REGUISÉ : V. Raiguisê.
RELEVEUR DE PESOCHE :
Garçon de recettes. (Rigaud.) —
Pesoche est ici pour pièces.
RELICHER : Vider un verre.
REMBALLER, REC/VLER,
REQUILLER, RETOQUER :
refuser à un examen. — Argot
des écoles.
REMONTER SA PENDULE :
Battre sa femme. (Riga ;d.) —
Mot à mot: la faire marcher.
REMONTER LE TOI RNE-
BROCHE : Ramener à 1 obser-
vation d'une règle négligée.
REMOUCHAGE : Vengeance.
— REMOUCHER : Venger. (Ri-
gaud.)
REMOULEUR DE BUFFET :
Joueur d'orgue. {Id.) — Allu-
sion au mouvement rotat )ire de
son bras et au buffet de l'orgue
ou plutôt à sa forme.
RENACHE : V. Rousse.
RENACHÉ : Fromage. (Ri-
gaud.)
RENACLER : Crier après.
(Halbert.)
RENAUD : Reproche, es-
clandre (Delvau). — De rensiuder.
RENDÉMI (vol au) : Vol au
rendez-moi. Voyez p. 3ii. (Ri-
gaud.)
RENFRUSQUINER : Hibiller
à neuf. (Delvau.)
* RENGAINER : Rentrer. (Ri-
gaud.) — Mot à mot ; rentrer
dans sa gaine.
kEP
— I II —
RÉV
RENIFLANTE : Botte. (Del-
vau.) — Sans doute botte percée \
elle renifle l'eau.
RENIFLER : Boire d'un trait.
(Rigaud); — reculer, pressentir.
(Delvau.)
RENQUILLER (se) : S'enri-
chir. (Id.); — se rétablir. (Ri-
gaud.)— On dit plus souvent
se requiller qui se conçoit mieux.
C'est se remettre sur ses pieds
après avoir été abattu, comme
la quille du joueur.
^RENQUILLER; « Le mi-
nistre de la guerre se figure
peut-être que je vais renquiller
pour mon troisième congé. . .
mais i peut s' fouiller. »(Duran-
deau, 78.)
RENSEIGNEMENT (prendre
un) : Prendre un canon sur le
comptoir. (Rigaud.) — Ironie à
l'adresse des ivrognes qui disent :
« J'ai été là prendre un rensei-
gnement. »
REPASSER : Battre. (Michel.)
— Même sens que brûlée. Le re-
passage chauffe le linge.
REPAUMER : Reprendre. {Id.)
REPÉRIR : Retrouver. Jargon
de voleur. (Rigaud.) — Vieux
mot, car c'est le latin reperire.
REPESIGNER: Arrêter de
nouveau. (Michel.)
REPORTAGE : Spécialité du
reporter , métier de reporter. —
« C'est un journaliste actif. Il a
été un des créateurs du repor-
tage. )) (E. Abraham.)
^ • REPORTER : Quelque chose,
à mon sens, achève de rendre
ce terme de « reporter » ridi-
cule; c'est de l'énoncer comme
reportair au lieu de riporteur
que les Anglais disent. Mais,
fuir « rapporteur » pour tomber
dans « riporteur » n'est-ce pas
de la peine bien employée! »
(J. Améro.)
REPOSANTE: Chaise. (Ri-
gaud.)
REQUILLER : Voyez Rem-
baller, Renquiller.
RÉSERVOIR : Réserviste. (Ri-
gaud.) — Changement de finale.
RÉSURRECTION : Prison de
Saint-Lazare. (Michel.) — Allu-
sion à Lazare le ressuscité.
•RETOQUER : « J'ai besoin
de me calfeutrer pour étudier...
je ne veux pas être re toqué. »
(Mirval, 79.)
RÊVE (c'est un) : C'est supé-
rieur. (Rigaud.) — Mot à mot :
c'est au-dessus de la réalité.
Terme souvent ironique.
REVENDRE : Révéler. (Mi-
chel.) — On dit déjà dans le
peuple vendre pour dénoncer.
REVIDAGE : Même sens que
révision. (Delvau.) — Mot à mot:
action de revider les enchères.
REVISION : Opération secrète
de marchands associés pour as-
sister à une vente et pour y payer
les choses au-dessous de leur
valeur sans se faire concur-
rence. Après la vente, ils se réu-
nissent dans un café voisin et
recommencent la vente en y met-
tant cette fois le prix vrai. Les
bénéfices sont répartis entre les
RI F
«— 112 —
RIV
compères dont certains empo-
chent sans être des acquéreurs
sérieux; ils touchent seulement
une sorte de prime pour leur
complicité. On a souvent et vai-
nement réclamé contre une ma-
nœuvre qui fait aux vendeurs
un dommage illicite et considé-
rable. On en jugera par cette
note manuscrite d'un catalogue
de vente de livres faite par la
librairie Tross, en date du 21
décembre 1867 : (Numéro i34 :
Collection factice de 288 por-
traits, etc.] — ce Vendu 3go francs.
A la révision, cette collection a
été poussée à y 00 francs. » —
Ce catalogue fait partie de la
bibliothèque de l'Arsenal. — La
révision est pratiquée du reste
pour les ventes de toute nature.
Elle s'appelle ainsi parce qu'on
y révise les prix d'adjudication.
RIAULLE : Bonne chère.
(Halbert.) — Pour riole.
* RIBOUI : Soulier neuf fait
avec du vieux. Voyez Dix-huit,
p. 144.
RICHONNER : Rire. (Michel.)
RIEN : Garde-chiourme. {Id.)
RIFFAUDANT : Cigare. (Ri-
gaud.) — Mot à mot : brûlant.
* RIFFE, RIFFLE : V. RiJ",
p. 3i5. Comme ruffante (p. i),
riff tX. ses dérivés doivent avoir
pour radical le latin vufus : rouge
qui a fait le verbe rufare (rous-
sir, fumer, enfumer. Dans le
Midi, on appelle encore ruffian :
une torche allumée de chiftbns
gras. Notre verbe rissoler qui
est une forme de roussoler :
Iroussir), est encore un dérivé
de même souche. Ce qui prouve
bien que l'argot a pu faire r./de
tuf, c'est que le mot d'argot
riffic : sévère (Halbert, A. Pierre
est bien le même que le vieux
mot rufe : bourru, encore usité
dans nos patois du Centre (V. le
dict. du comte Jaubert). Et dans
ce même patois on dit rw/j et
ruffe pour ru fie, comme on dit
en argot rif et riffe pour riffle.
RlFFLÉ, RIFFLER : Se v ère.
(k. Pierre, Halbert.) Voir iiiffe
ci-dessus.
RIFFONDANT : Cigare, Ri-
gaud.) — Forme de riffaudant.
KIFLARb : Vieux soulier.
{Id.)
RIFLARDISE : Morgue, ild.)
RIFLE : Jeu. (Halbert.) - Pour
feu. C'est une forme de Riffe.
RIFOLARD : Amusant. (Ri-
gaud.) — Pour rigolard.
RIO AD IN : Soulier. (/-/.)—
Pour ripatin. Voyez ripaton,
p. 317.
^ RIPA, RIPEUR : Voleur de
Seine, ou du bord de la Seine.
[I-i.) — Ces voleurs sont de ^ rais
latinistes, car le latin ripa v-eut
dire bord de Veau. Voyez ei ce
genre reperir.
RIPIOULEMENT : Chambre.
(Rigaud.) — De piaule : cham-
bre.
RIPIOULER : Dormir. (Id.)
RIVÉ AU PIEU : Épris dune
prostituée. (De Concourt.)
RIVETTE : Prostituée. (Mi-
chel.) — Du verbe rivancLer ;
se livrer à l'amour.
RON
— ii3
ROU
ROBIGNOL : Très-amusant.
(Rigaud.) — De robignole (V.
p. 3 17). — Allusion aux facéties
des robignoleurs qui veulent at-
tirer les dupes.
ROGNER : Guillotiner. (7i.)
ROMBOINÉ : Sou marqué.
(Halbert.) — Rom est ici pour
rond.
ROMSTECK: Forme française
de l'anglais a rumpsteak, » qui
signifie en bon français : tranche
de culotte.
ROMTURE : Homme en sur-
veillance. (A. Pierre.) — Pour
rousture.
RONCHONNER : Murmurer,
grommeler. (Boutmy.) — Doit
être une abrév. de gronchonner,
par dérivation du verbe grincer
(des dents) qui a déjà fait grin-
cheux. Le g initial est tombé
comme dans l'expression popu-
laire rognonner : grogner, qui
est certainement une abrévia-
tion de grognonner.
RONCHONNEUR : Qui ron-
chonne. (Boutmy.)
ROND (faire) : Ne faire rien de
vigoureux, qui ait une forme
nettement dessinée. Terme d'a-
telier pris au figuré. — « Le
fiou, la douceur abondent. L'ar-
tiste fait un peu rond, comme
on dit dans les ateliers. » (Ph.
Chasles.)
•ROND : Soûl. Page 3 18, li-
sez ROND : Sou.
ROND (tourner) : Ne plus
avoir d'argent. (Rigaud.)
RONDIN: Excrément (Del-
vau.) ; boule. (Halbert.)
RONDINE : Voyez Rondache,
p. 3i8.
RONDINER : Aller à la selle.
(Rigaud.)
RONDINER : Boutonner. (Mi-
chel.) — Le bouton est rond.
ROND IN ET : Bague. (A.
Pierre.) — Elle est ronde.
RONFLANT : Bien mis. (Ri-
gaud.)
RONFLER THOMAS (faire) :
Aller à la selle. (7^.) — M. Fr.
Michel donne deux exemples du
xvne siècle donnant les variantes
faire ronfler le bourrelet, et
faire ronfler la chaise percée.
M. Rigaud a constaté que cette
expression modifiée reparaît de
notre temps.
ROQUILLE : Quart de setier.
(Michel.) — Abrév. de broquille :
petite partie de broc. C'est un
vieux mot.
ROSSIGNOL : Hautbois. (Hal-
bert.)
ROSTO : Bec à gaz. Argot de
polytechnicien. Du nom du gé-
néral Rostolan. (Rigaud.)
ROUATRE : Lard. (Halbert.)
ROUATRÉ : Lardé. {M.)
ROUBIGNOLEUR : Floueur,
malin. (Rigaud.) — Pour l'ori-
gine de ce mot, voyez Robigno-
leur, p. 3 17.
ROUBLAGE : Témoignage.
{Id.) — De roublard : iaid, dé-
fectueux. Un témoignage n'est
jamais bon pour le malfaiteur.
ROU
— 114 —
ROU
ROUBLARD : Agent de po-
lice. {Id.) — Même allusion que
ci-dessus.
ROUBLARD : Heureux. (Id.)
— Mot à mot : ayant des rou-
bles, riche.
ROUBLER : Témoigner, se
plaindre. (Id.) — De roublard
pris dans le sens de laid. Voyez
page 319.
ROUBLEUR : Témoin. (Id.)
ROUE : Interrogateur. (Mi-
chel.) — Doit être le même mot
que roué : juge d'instruction.
Sans accent, il ne peut faire al-
lusion qu'à l'ancien instrument
de supplice appelé roue, comme
rouin (ofl&cier) et roveau (gen-
darme).
ROUEN : Officier de gendar-
merie. (Halbert.) — Rouen n'est
ici qu'une forme de rouin qui
voulait dire jadis ^réyo/. (Grand-
val.)
• ROUEN (aller à) : Page 320.
Au lieu de je deu mots, lisez :
« jeu de mots sur Rouen et
ruine. « — On trouve un second
exemple de ce procédé dans
nier et aller à Niort.
* ROUEN (envoyer à) : Cou-
ler. — Ce n'est pas une allusion
à la Seine, mais une équivoque
sur Rouen et ruine comme ci-
dessus.
ROUFFLÉE : Roulée de coups
de poings. (D. Lacroix.) — De
ronffle (chaud), ce qui équivaut à
notre brûlée.
ROUGEMONT (pivois de):
Vin rouge. (Michel.) — Équivo-
que géographique du genre de
Rouen, Niort.
ROUCOULE : Vol au rendez-
moi. (Rigaud.)
ROUILLE : Bouteille. (Michel.)
— Abrév. de r ou illarde.
ROULE (ça) : Cela marche
bon train. — Allusion au roule-
ment d'une voiture.
ROULEMENT: Aràeurà
l'ouvrage. (Rigaud.)
ROULEUR: Chiffonnier (Id.);
— Il roule (voyage) constam-
ment. (Delvau.)
ROULOTIN : Roulier. (Mi-
chel.)
ROULOTTE A TRÊPE : Om-
nibus. (Rigaud.)
ROULOTTE EN SALADE
(grinchir une) : Voler sur une
voiture. (Michel.)— Mot à mot :
dans le pêle-mêle de la voiture.
V. Salade.
ROULURE : Fille perdue,
mot à mot : roulant de l'un à
l'autre. — « Le hasard fit qu'il
n'habitât point une maison bon-
dée de roulures ou foisonnant de
gigolettes. » (Huysmans, 7 ).)
ROU MIE : Vieille croûte de
pain. Jargon de chiffonnier. (Ri-
gaud.)
ROUSCAILLEUR : Débauché.
— Employé souvent en mau-
vaise part. Exemple : c'est un
vieux rouscailleur, c'est un vieux
coureur de filles. — Vie.it de
rouscailler, verbe composé de
deux parties. C'est une allusion
testiculaire, et non un dérivé de
ROU
- ii5 -
RUS
rousse-caîgne (chienne rousse)
comme on l'a cru jusqu'ici. —
La finale cailler qu'on retrouve
dans lanscailler et mouscailler,
n'a rien de commun avec caigne.
Elle a le sens de projeter.
ROUSPÉTANCE .• Mauvaise
humeur. (Rigaud.) — Au xviii«
siècle, /<:ifre le pet signifiait déjà
faire mauvaise mine. V. p. 275.
ROUSPÉTANCE : Agent des
mœurs. {Id.) — Mot composé de
rousse et de pet, qui donne au
mot Rousse un caractère plus
menaçant. V. p. 275.
ROUSPONT : Souteneur ex-
ploitant les pédérastes. (Michel.)
— C'est le même mot que rous-
pant (p. 321), mais le sens est
différent.
ROUSSE A LA RENACHE :
Police secrète non commission-
née. (Halbert.) — Mot à mot :
police à la tromperie. — Hal bert
appelle aussi arnaque un agent
de la sûreté. M. Rigaud donne
rousse à l'arnac : police de sûre-
té (c'est une forme d'arnaque).
ROUSSI : Mouchard, contrô-
leur, inspecteur. (Rigaud.) — Dé-
rivé de rousse. V. p. 322.
"ROUSTI : Ruiné. {Id.)
ROUSTISSEUR : Parasite, —
carottier. {Id.)
ROUSTISSURE : Mauvaise
plaisanterie. (Delvau.)
ROVEAU : Gendarme. (Hal-
bert.) — Pour roueau. V. Rouen.
RUBIS SUR PIEUX : Argent
comptant. (Michel.)
• RUP : Étymologie. Rup sem-
ble venir du vieux français drup.
Outre Lacombe que nous avons
cité page 323, le glossaire de
Barbazan cite à ce propos un
vers de Coquillard qui ne laisse
aucun doute :
Sots, singes, drups, dupes, niais.
Drup semble à Barbazan une
forme de dru qui signifiait :
« gaillard, bien en point, » et
qui a pu se prendre au figuré
pour désigner des gens riches.
— Rup peut aussi être plus sim-
plement une altération de huppé
(homme riche) qui est un vieux
mot.
RUPIN : Fameux. (Halbert.)
RUPIN : Malin. (Rigaud.)
RUPINE : Dame bien mise.
(Halbert.)
RUSQUIN : Écu. {Id.) —
Semble une abréviation du terme
populaire saint frusquin : ar-
gent, fortune.
SAB
- ii6 -
SAF
8
SABACHE : Simple. (A.
Pierre.) — Pour Saboche.
SABLE (être sur le) : Être en
disponibilité. Jargon des soute-
neurs. Allusion à leur nom de
poisson. (Rigaud.)
SABLENAUT : Cordonnier.
(Michel.) — Pour sabrenot (page
323).
SABLON : Cassonade. {Id.)
— Elle ressemble à du sable.
SABOCHE : Mauvais ouvrier.
— SABOCHER : Travailler trop
vite. (Delvau.) Dérivés de sabot.
SABORD (jeter un coup de) :
Vérifier l'ouvrage. Jargon d'ou-
vriers. (Rigaud.) — Mot à mot :
jeter un coup d'oeil. Un sabord
est un œil pour le navire.
SABOT : Objet démodé, vieux,
hors de service (Rigaud); mau-
vais violon, mauvais billard,
homme aimant à dormir. (Del-
vau.)
SABOT : Mauvais ouvrier. —
c Combien gagne-t-il? — Huit
sous l'heure ! — Un sabot, quoi ! »
(Huysmans, 79.) — Allusion au
sabot avec lequel on marche
moins bien qu'avec le soulier.
SABOURIN : Maladroit. —
« Il n'y a que des sabourins
dans son échoppe. » {Le Su-
blime, 72.) — Doit venir de sa-
brer. V. sabreur.
SABRE (coup de) : Grande
bouche. (Rigaud.) — Allusion à
la largeur d'une blessure de coup
de sabre.
SABRENAS : Gâcheur, mau-
vais ouvrier. (Michel.)
SABRENOT : Savetier. Allu-
sion à leur sabre ou tranchet.
(Halbert.)
SABREUR : Ouvrier travail-
lant vite et mal. (Rigaud.) —
Du verbe sabrer qui veut dire
mot à mot : travailler à coups
de sabre, c'est-à-dire à coups
pressés sans ordre.
SAC PLEIN (avoir le) : Être
ivre. (Delvau.)
SAC A OS : Maigre. (Riga ud.)
— Le sac est ici la peau.
SAC AU LARD : Chemise.
(Delvau.) — Le lard désigne ici
le corps humain.
SACQUER : Renvoyer, mot à
mot : donner son sac à quel-
qu'un. — « T'es toujours noceur,
tu te seras fait sacquer. » (Le
Sublime.)
SACRISTIE : Lieu d'aisarces.
Jargon de voleur. (Rigaud.)
SAFFRE : Gourmand. Mi-
chel.) — Vieux mot.
SAP^RAN (aller au) : Dissiper
son bien. (Delvau.)
SAL — Il
SAIGNEMENT DE NEZ : In-
terrogatoire. — Faire saigner du
ne^ : interroger. (Rigaud.)
SAINT-DOME : Tabac. —
Abrév. de Saint-Domingue; pa-
trie du tabac, dit M. Rigaud.
C'est une variante de saindom-
me (p. 324). Le manque absolu
d'exemples anciens met dans le
doute sur la forme vraie et l'o-
rigine de cette expression.
SAINT JEAN : Outillage d'un
compositeur. — Prendre son saint
Jean : quitter l'atelier. (Boutmy.)
SAINT LUNDI (faire la) : Ne
pas travailler le premier jour de
la semaine. Ironie à l'adresse
des jours fériés par l'Eglise.
SAINT PÈRE : Tabac à fumer.
Argot des marbriers de cime-
tière. (Delvau.) — D'après M. Ri-
gaud il serait passé dans le jar-
gon des ouvriers.
SAINTE TOUCHE : Jour de
la paye. (Boutmy.) — Ironie
voltairienne.
SALADE : Pêle-mêle. (Mi-
chel.) — Allusion au pêle-mêle
de la salade.
SALADE : Fouet. (Id.) — Il
vous sale (cuit).
SALADIER : Vin sucré. —
Récipient pris pour le contenu,
— « Il ne sortait pas du saladier,
ça vous retapait un homme. »
(Le Sublime, 72.)
SALE : Gris. (Halbert.) — Ce
qui est gris paraît sale.
SALÉ : Travail payé d'avance
à un compositeur ou à un met-
teur en pages d'imprimerie qui
7 — SAC
ne touchera rien à la banque.
Cet exemple donne peut-être la
clef de l'étymologie : « On dit
que le salé fait boire parce qu'il
n'encourage pas à travailler. »
(Boutmy.) — Salé semble avoir
un sens plus ironique dans cet
exemple : « Tout ça ce n'est pas
du salé. En voilà de la turbine!
On se casse les ongles sur ce
papier-là I » (Huysmans, 79.)
•SALÉ (morceau de) : Petit
enfant. — 11 est blanc et rose
comme un morceau de petit-
salé (lard).
SALLE A MANGER : Bouche.
(Delvau.) — Les aliments y sont
servis en effet.
SALLE DE DANSE : Derrière.
(Rigaud.) — Allusion à faire
danser : battre.
SALUER : Baisser la tête sous
le feu des projectiles. (D. La-
croix.)
' SANCHO-PANÇA : Juge de
paix. (Michel.) — Don Quichotte
est-il aussi connu dans le monde
argotique ?
SANG DE POISSON : Huile.
(Id.) — Allusion à l'huile de
poisson.
SANS BEURRE : Chiffonnier
de premier ordre. (Id.)
SANS BOUT : Cerceau. (Id.)
— Un cercle n'a pas de bout.
SANS CAMELOTE : Escroc
solliceur de zif. (Id.) V. Solli'
ceur, p. 333.
SANS CHAGRIN : Voleur.
(Vidocq.)
SAOULLE : Terme de mépris
SAU
8
SCI
employé particulièrement en pri-
son. (Halbert.)
SAPEUR : Cigare presque en-
tier. (Rigaud.) — Il marche à la
tête des autres, pour les ramas-
seurs de bouts de cigare.
SAPIN : Plancher. — Il est en
sapin.
SAPIN DES CORNANTS:
Terre. Mot à mot : plancher des
vaches. (Michel.)
SAPINIÈRE: Fosse commune.
(Rigaud.) — Jeu de mots sur
sapin (arbre) et sapin (cercueil).
V. p. 326.
SAQUÉ (être) : Être riche,
avoir le sac (Boutmy.) — Voyez
aussi sacquer.
SARDINE : Doigt. (Rigaud.)
— Allusion de forme.
SARRASIN : Ouvrier travail-
lant quand les autres font grève.
Mot à mot : infidèle. (Delvau.)
SATON : Matériel de saltim-
banque.
SAUCE PIQUANTE (accom-
moder à la) : Persiffler, battre.
(Delvau.) — On dit aussi mettre
à la sauce piquante.
SAUCE TOMATE : Menstrues.
(Rigaud.)
SAUCISSE: Fille publique.
ild.)
SAUMON : Personne riche dé-
cédée. {Id.) — Jargon de croque-
mort.
' SAUTER (puer) : Peut être
une abrév. de sauter au we^ qui
se dit familièrement. Cela saute
au wef : cela est infect.
SAUTER : Voler. (Hall -rt.)
— Mot à mot : faire sauter.
Même image que dans évanouir,
filer, etc.
•SAUTEROLLE : Abrév. de
sauterondolles.
SAUTE-RONDOLLES : Ban-
quier. (Halbert.) — Mot à mot :
voleur de sous (ronds).
SAUTEUSE : Puce. (Halbert.)
SAUTU ; Santé. {Id.) — Pour
santu.
SAVATE ; Ouvrage mal fait
(Delvau), homme inhabile. (Ri-
gaud.) — Traîner la savate :
Être misérable. (Id.) — Mot à
mot : n'avoir pas de quoi s'ache-
ter des chaussures.
SCARABOMBE : Étonneir, ent.
Scarabomber : Étonner. {Id.)
SCHAKO : Tête. - « E t-ce
que vous vous fichez dans le
schako que vous allez nous em-
bêter plus longtemps. » (Duran-
deau, 78.)
SCHLOFFER : Dormir. ^ De
l'allemand schlafen : dormir . —
« J'ai filé, je suis allé schl ffer
un brin. » (Zola.)
SCHPIL, SCHPILE : Bien exé-
cuté. — Schpiler : réussir un
ouvrage. (Rigaud.) — Semble
venir de l'allemand spiegel z
modèle.
SCHTARD : Prison. {Id.) —
Forme altérée de jettard, page
212.
SCIER DU BOIS : Jouer du
violon. — Scieur de bois : violo-
niste. (Delvau.) — Comparaison
de l'archet à la scie.
SEI
SEC : Mort. (Rigaud.)
SÈCHE : Cigarette. V. cramer.
SÈCHE : Mort. (Rigaud.) -
Le squelette qui la personnifie
n'est pas gras.
SÈCHE (piquer une) : Avoir
une mauvaise note. Argot des
écoles.
SÉCHÉ (être) : Avoir échoué
à l'examen. (Rigaud.) — Du ter-
me piquer une sèche.
SÉCHÉ (être) : Être dégrisé.
(Delvau.) — Mot à mot ; n'être
plus mouillé (gris).
SÉCHER LE LYCÉE: Ne
point aller au lycée. (Rigaud.)
SÉCHER UN DEVOIR: Ne
pas faire de devoir. Argot des
écoles.
SÉCHOIR : Cimetière. (Ri-
gaud.) — C'est le séjour des secs
et la sèche est là sur son terrain.
V. ces deux mots ci-dessus.
SECOUSSE (prendre sa) :
Mourir. (Michel.) — Allusion à
la dernière convulsion de l'ago-
nie. Mot du XVIII» siècle.
SEIZE-MAYEUX : Fonction-
naire du ministère du i6 mai
1877. (Rigaud.) — Jeu de mots
ironique des journaux républi-
cains sur mai et mayeux (bos-
su).—' La finale eux est un pé-
joratif politique employé par
tous les partis. On a commencé
par dirQ partageux, communeux
(à l'imitation des paysans) ', puis
est venu bonaparteux.
SEIZIÈME : Seizième de litre.
— « Un patriarche qui l'exorci-
9 — SER
sait derrière les bocaux d'al-
cool, en faveur de trois seizièmes
(d'eau-de-vie) de cent sept ans. »
{Intermédiaire y 10 juill. 70.)
SEMER : Se débarrasser, ter-
rasser. (Delvau.) — Mot à mot :
éparpiller, répandre sur le che-
min, sur la place.
SÉMINAIRE : Bagne. (Ri-
gaud.) — Le même nom est don-
né dans les campagnes aux cages
des poulets à l'engrais.
SEMPER : Tabac, (/i.) Voyez
saint père.
SÉNAT : « Depuis longtemps,
les travailleurs appellent sénats
les boutiques des marchands de
vins où ils se réunissent par
spécialités. » {Le Sublime ^ 72.)
SÉNATEUR : Bourgeois bien
mis. (Rigaud.)
SERGENT D'HIVER : Soldat
de première classe. [Id.) — Al-
lusion ironique à ses galons
de laine. La laine tient chaud
l'hiver.
SERIN : Gendarme. — Allu-
sion au jaune des buffleteries.
(Delvau.)
SERINGUE A RALLONGES :
Télescope. (Rigaud.) — Allusion
à sa forme et à ses tubes s'allon-
geant à volonté.
SERPENT : Sergent dans les
lycées. — Déformation du mot
et allusion au galon serpentant
sur la manche.
SERPENT (faire un) : Les
écoliers se mettent les uns der-
rière les autres et courent dans
toute la cour en suivant toujours
SIF — 120 -
leur chef de file; ils forment
ainsi les anneaux d'un immense
serpent. Le serpent est surtout
usité en hiver pour se réchauf-
fer. — Argot des écoles.
SERPENT : Crachat. (Michel.)
SERPENTIN : Matelas. (Id.)
SERPETTE : Jambe courte.
(Rigaud.)
SERPILLIÈRE: Robe, sou-
tane. (Halbert.) — Vieux mot
qui veut dire aujourd'hui toile,
mais qui, au xiii* siècle, vou-
lait dire robe.
SERREBOIS : Sergent. — Il
fait serrer les rangs. — Allusion
à un écrou que les menuisiers
appellent de leur côté sergent,
(D. Lacroix.)
SERRER LE BRANCARD :
Serrer la main. (Rigaud.) — Al-
lusion à l'aspect fourchu de la
main qui étreint.
SERRER LES FESSES :
Avoir peur. (Id.) — Celui qui
foire (a peur) serre les fesses à
tout moment sur le chemin
de la garde-robe.
SEUL HOMME (faire le) :
— Pour faire le seul homme, les
écoliers se tiennent un par un
très serrés l'un derrière l'autre.
C'est toujours un prétexte à dé-
sordre. Argot des écoles.
SIANTE : Chaise. (Halbert.)
— Du verbe seoir.
SIFFLER AU DISQUE : De-
mander de l'argent. — Allusion
au mécanicien du chemin de
ter sifflant au disque pour de-
SOL
mander l'ouverture de lar voie'/'-
De plus, la monnaie est ronde
comme le disque. — a II avait
beau siffler au disque... Rien ! »
{Le Sublime, 72.)
SILENCE : Huissier. (Michel.)
— C'est le pendant moderne de
paix-là !
SINQUI : Cela. (Halbert.) —
Doit être un mot de nos patois
de l'Ouest.
SINVINERIE : Niaiserie. (Mi-
chel.) — De sinve (p. 33 1).
SITRIN : Noir. {Id.)
SITRON : Aigre. (/4.^ - Le
citron est acide.
SIVE : Poule. {Jd.)
SIX ET TROIS FONT NEl F :
Boiteux. (Rigaud.) — Mêmei^-en-
re d'alLusion que pour cin.j et
trois. Voir ce mot.
* S Œ U R (et ta) : M. Rigmd
voit une allusion dans ce couj^let
d'une chanson populaire char, tée
sur un air de valse de la Fille
du régiment :
Et ta sœur est-elle heureuse,
A-t-elle z'évu beaucoup d'enfants;
Fait-elle toujours la gueuse,
Pour la somme de trois francs?
Cette origine paraît vraisenn-
blable. Il n'y manque que la
date de la chanson.
SŒURS BLANCHES : Dents.
(Michel.)
SŒUR DE CHARITÉ : Vo-
leuse se présentant sous pré-
texte de bonnes œuvres, (yi"
docq.)
SOLLICEUR DE LOFFI-
sou
— 121 —
sou
TUDE : Homme de lettres. (Mi-
chel.) — Mot à mot : marchand
de sottises. — Solliceur de po-
gnon : Banquier.
SOMBRE (la) : Préfecture de
police. (Rigaud.) —- Pour les
malfaiteurs, l'ancien bâtiment
était très sombre, à tous les
points de vue.
SONNER (se la) : Bien dîner.
ild.)
SONNER : « Le magistrat de-
manda ce que voulait dire le
mot sonné. — « Ah ! répondit-il
"sans s'émouvoir, je vas vous
dire, monsieur le juge. Chez
nous, là-haut à la Villette, on
dit comme ça quand on a pris
un homme couché par terre par
les oreilles et qu'on lui a tapé
le derrière de la tête contre les
pavés jusqu'à ce qu'il soit ache-
vé! » (Petit journal, oct. 78)
SORGUE : Rue. (Halbert.)
SORLOT : Soulier. (Rigaud.)
SORTE : Mystification, scie
(v. ce mot) dans le langage des
ouvriers imprimeurs. « Conter
une sorte, c'est narrer une his-
toire impossible... Il y a aussi
des sortes en action. » (Boutmy,
78.)
SORTI (être) : Être distrait.
(Rigaud.) — Quand on est sorti,
on n'y est pas (on n'est pas à la
question),
SOUCHE (fumer une) : Être
enterré. (Id.) — Mot à mot : fu-
mer la terre, faire pousser les
souches des arbres qu'on y
plante.
SONDEUR : Commis d'octroi.
(Halbert.) — Pour sondeur.
SOUFFLER MAL : Avoir de
mauvaises intentions. (Rigaud.)
— Jeu de mots sur avoir mau-
vais air.
SOUFFLER SON COPEAU :
Travailler. (Delvau.) — Allusion
au sifflement du rabot de me-
nuisier.
SOUFRANTE : Allumette. —
Elle est soufrée. (D. Lacroix.)
SOULOTTEUR : Ivrogne. —
« C'était, peut-être un mauvais
sujet, un soulotteur prompt aux
disputes. » (Huysmans, 79.)
SOUPAPE (serrer la) : Cher-
cher à étrangler. (Rigaud.) —
Mot à mot : mettre obstacle à la
respiration.
SOUPAPES (faire cracher
ses) : S'enivrer. — Terme de
mécanicien. 'Comparaison de l'i-
vrogne à une machine bien
chauffée. C'est par les soupapes
que s'échappe le trop-plein de
vapeur. — « Si ses soupapes ont
craché le dimanche, le lundi il
a mal aux cheveux. » {Le Su-
blime, 72.)
SOUPE DE TA TRANCHE
(j'ai) : Tu m'ennuies. Argot de
soldat. (Rigaud.) — Mot à mot :
j'en ai mangé asseiz pour aujour-
d'hui. Le souper est le dernier
repas.
SOUPENTE : Ventre. Jeu de
mots sur soupente, grenier et
soupe. Le ventre est un grenier
à soupe.
SOUPESER (se faire) : Se faire
réprimander. (Rigaud.)
SPO
122 —
SUA
SOUQUER : Rudoyer. Argot
maritime. (Michel.)
SOUS LE LIT (être) : Se trom-
per. (Rigaud.) — Quand on est
sous le lit, on n'y voit goutte.
SOUS-MERDE : Moins que
rien, homme ou chose. (Id.) —
Mot à mot : inférieur à une
merde.
SOUS-OFF : Sous-officier. —
Abréviation. — t L'ancien sous-
oft ne fera pas mal de lire le
réquisitoire de l'officier. » (Sa-
vard, 76.)
SOUSSOUILLE : Souillon.
— Redoublement de la première
syllabe. — « 11 ne pourrait ai-
mer qu'une fille honnête... et
non une de ces soussouilles. »
(Huysmans, 79.)
SOUTENANTE : Canne. (Mi-
chel.) — Elle sert de soutien.
SOUTIRER AU CARAMEL:
Soutirer de l'argent en em-
ployant la douceur. (Delvau.) —
Le caramel est une douceur.
SPECTRE DE BANCO :
Joueur ruiné. (Rigaud.) — Jeu
de mots sur le Banco de Mac-
beth et du baccarat.
* SPORT, Sportsman : « Le
terme de sports s'applique à
tous les exercices, à toutes les
occupations qui n'ont pas pour
objet le commerce et le gain. ..Les
jeux de mots, les railleries, les
boutades à l'anglaise s'appellent
aussi des t sports. » On voit
que nous avons adopté ce terme
de « sports » dans le sens le
plus restreint possible, puisqu'il
n'a chez nous qu'une seule ac-
ception. (J. Amero.)
SQUARE : En Angleterre,
square signifie : place publique
carrée, qu'il y ait du gazon, des
fleurs et des arbres, ou qu'il n'y
en ait pas. Si la place atfecte une
forme géométrique autre que le
carré ou le rectangle : rende,,
elle est appelée circus; fait-elle
la demi-lune, elle reçoit le nom
de crescent (croissant). 11 sem-
blerait plus logique d'api eler
nos plantations jardin ou par-
terre au lieu de square. (J. Ame-
ro.)
STAFER : Dire. (Halbert.)
STOP : Anglicanisme employé
par ceux qui ne veulent pas
dire halte! en français. On dit
stoper pour faire halte.
STORES : Paupières. V. P/-
voiner. Maillard (fermer).
STRON : Sentier. (Hall ert.)
— Doit être une erreur (l'im-
pression pour stroc : setier.
STYLE : Argent. Argot d'ar-
mée d'Afrique. (Rigaud.)
STYLÉ : Bien mis. {Id.) —
On dit aussi il est dans le <tyle
pour il est élégant. Le ch ;min
fait dans le peuple par ce terme
artistique a été rapide. Les ou-
vriers peintres, sculpteurs et
modeleurs ont dû le proj ager
d'abord, en entendant direc'une
œuvre de beau caractère qu'elle
avait du style.
•SU AGE : Chauffage, assas-
sinat. (Michel.)
SUAGEUR : Chauffeur, assas-
sin. (Id.)
TAB
— 123 —
TAB
SUBLIMER (se) : Tomber
dans l'avilissement. (Rigaud.)
— Terme ironique à l'adresse
des ivrognes arrivés au sublime
de la soulographie. — On dit :
c'est un sublimé.
SUBLIME :« On ne dit plus
en parlant d'un travailleur pa-
resseux, violent et ivrogne c'est
un mauvais ouvrier, on dit c'est
un sublime. » Le Sublime, 72.)
— « Deux vrais sublimes, an-
ciennes grosses culottes. » (Id.)
— On y voit une acception iro-
nique de la chanson populaire
de Tisserand,mais 5MÔ/imé, d'où
vient sublime, me paraît plus
ancien. V. ci-dessus :
Le gai travail est la sainte prière
Qui plaît à Dieu, ce sublime ouvrier.
SUCE-LARBIN : Bureau de
placement. (Michel.) — On y ex-
ploite souvent les domestiques.
SUCER LA POMME, SUCER
LE TROGNON : Embrasser.
(Delvau.) — La pomme est ici
la joue. Trognon est un dimi-
nutif de trogne : figure.
SUCRE (un) : Très bon.
SUCRE (manger du) : Être
applaudi. Jargon de théâtre. (Mi-
chel.) — Souvent le sucre est
fourni par ceux qui paraissent
le recevoir. On se rappelle la
réponse d'une cantatrice bien
connue à un ami qui lui disait :
«Qu'a donc X... contre vous?
Son feuilleton de lundi était tout
aigre. » — « Oh ! c'est que j'avais
oublié de le sucrer dimanche. »
SUER : Tuer. (Halbert.) —
Pour faire suer, p. 336.
SUIF : Grèce, assemblage de
grecs. — Jeu de mots. Le suif
est plein de graisse,
*SUIFFARD : Grec. Même
équivoque que pour suif. V.
Bédouin.
SUPIN : Soldat. (Michel.)
" SURFINE : Même sens que
sœur de charité.
SURGEBEMENT : Arrêt dé-
finitif en cassation. (Id.) — Mot
à mot : sur-jugement. V. Gerber.
SUR SEIZE! : Attention! (Ri-
gaud.)
SYMBOLE : Crédit. — Allu-
sion au Credo ou symbole des
apôtres. De credo à crédit il n'y
a pas loin. (Boutmy.)
T
TABLEAU! : Exclamation
par laquelle on exprime la joie
ou la surprise générale. (Bout-
my.) — Mot à mot : vous voyez
d'ici le tableau. — L'emploi de
ce mot est fort répandu. Il est
généralement ironique.
TABLETTE : Brique. (Mi-
chel.) — Allusion de forme.
TAP - 124 - TAU
— Dérivé de se tapir qui a fait
tapinet et tapis.
TABLIER DE CUIR : Cabrio-
let. {Id.) — Partie prise pour le
tout.
TAFFOUILLEUX : Chiffon-
nier des bords de la Seine. (Ri-
gaud) — Mot à mot : tas-fouil-
leur, fouilleur de tas.
TAL : Derrière. — Tapeuse
de tal : Fille publique. {Id.)
TALBIN : Huissier. (Hal-
bert.) — De tailbin : billet à
ordre.
TALBINE : Halle. {Id.)
TALBINER : A ssigner. {Id.) —
De talbin : huissier.
TALBINIER : Hallier. {Id.) —
Marchand de la halle .'
TALENT DE SOCIÉTÉ : Raf-
finement secret. — « Si les char-
mes ne peuvent plus se vendre
assez cher, elles emploient leurs
talents de société. » {Le Su-
blime.)
TAMBOUILLE : Ragoût, pe-
tite cuisine. (Delvau.)
TAMPONNER : Battre à coups
de poing. {Id.)
TAPE A L'ŒIL : Borgne. —
Allusion à l'accident qui cause
d'ordinaire cette infirmité.
TAPE A L'ŒIL : Chapeau. Il
descend sur les yeux. — « Ils.
avaient des tape à l'œil flambant
neufs. » (Huysmans, 79.)
* TAPETTE : Verve, entrain.
(Delvau)
TAPIQUER : Habiter, (/i.)
TAPIS : Café. (Halbert.)
TAPIS BLEU: Ciel. (Rigaud.)
TAPIS VERT : Table de jeu,
café de voleurs, prairie (Halbert,
Michel).
TAPOTEUR : Mauvais joueur
de piano. (Rigaud.)
TAPPE: Marque au fer chaud.
(Halbert.)
TARAUDER (se) : Se dispu-
ter. (Rigaud.)
TARRE (à la) : Voler les mou-
choirs de poche. (A. Pierre. —
Tarre est ici pour tire qu'on
aura trouvé trop connu. V. Tire y
p. 343.
TARTARE : Apprenti tail-
leur. (Delvau.)
TARTE, TARTELETTE :
Faux. (Michel.)
TARTIR : Aller à la selle.
{Id.) — Pour tartiner,
TAS : Personne sans énergie.
(Rigaud.) — Mot à mot : qui se
tasse, qui s'affaisse.
TAS DE PIERRES : Prison.
(Michel.) — On n'y voit pas de
fenêtres.
TATE-MINETTE: Sage-
femme (Halbert, A. Pierre.)
TAUPIN : Soldat du génie. Il
fait un travail de taupe dans
les sièges. (D. Lacroix.)
TIC
125 —
TIR
TAUPINIÈRE : Cours ou
école préparatoire à une école
spéciale de l'Etat. (Rigaud.) —
Elle est composée de taupins
(V. p. 341).
TE DEUM RABOTEUX (faire
chanter un) : Battre.— Allusion
aux cris de la victime. — « Il lui
a fait chanter un Te Deum rabo-
teux que c'était ça. » {Le Su-
blime, 72.)
TÉLÉGRAPHE SOU S- MA-
RIN : Se dit des signaux amou-
reux hasardés sous les tables
par les pieds d'une ou de deux
personnes. (Rigaud.)
TEMPLE : Objet acheté au
marché du Temple. {Id.)
TERREAU : Tabac à priser.
(Delvau.) — Il y a communauté
d'aspect.
TESSON : Tête. {Id.)
TÊTARD : Homme de tête.
(Halbert.)
TÊTES DE CLOU (imprimé
avec des) : Imprimé avec de
vieux caractères. — Allusion à
l'aspect morcelé de chaque lettre_
TÊTUE : Épingle. (Halbert.)
— Sa tête était plus grosse au-
trefois.
• THOMAS : Pot de nuit. -
« Il entrevit sous le lit un im-
mense Thomas qui brillait de
profil dans l'ombre. » (Henni-
que.)
TIGHE : Profit (Delvau.)
TICKET ; Billet de chemin
de fer. (Id.) — Billet quelcon-
que.— (( L'exposition de 1878
laissera dans notre langue le
terme de ticket, actuellement
employé par quiconque tient
une plume, — à la place de bil-
let, honni et rejeté. Honte donc
sur « billet » et vive le vocable
anglais. » (J. Amero.) — Ajou-
tons que l'administration elle-
même de l'Exposition a intro-
duit ticket dans sa langue offi-
cielle.
TIERCE (il y a de la) : La po-
lice est en nombre. (Rigaud.) —
Allusion à la tierce du jeu de
piquet.
TIGNER D'ESBROUFFE :
Violer. (Michel.)
TIMBALE (décrocher la) : Sur-
passer. (Rigaud.) — Allusion à
la timbale qui était le prix or-
dinaire placé au sommet du mât
de cocagne.
TINETTES : Bottes. (Hal-
bert.) — Allusion de puanteur.
TINTE UR : A faire rentrer
dans la longue nomenclature qui
^miÊtre {en), p. 162.
TIPSTER : « Homme faisant
métier d'annoncer les noms des
chevaux gagnants. » — Angli-
canisme. (Carnet des courses,
77-)
TIRANT : Lacet. (Halbert.)
TIRE, page 843. Au lieu de
voler à la tire, lisez voler dans
la poche.
TIRER AU MUR : Se passer,
se priver. (D. Lacroix.) — Terme
d'escrime. Celui qui tire au mur
ne pique rien.
TOC
- 126 —
TOR
TIRER DES LONGES : Faire
plusieurs années de prison. (Hal-
bert.)
TIRER LE CHAUSSON : Fuir.
(Michel.)— Chausson est ici pour
pied.
TIRER SON PLAN : Subir un
emprisonnement. (Rigaud.) —
Mot à mot : tirer sa prison.
TIRER UNE DENT : Escro-
quer de l'argent. (Michel.) — Al-
lusion d'extraction.
TIRET AINE : Voleur de cam-
pagne, ild.) — Jeu de mots sur
tirer (voler) et sur l'étoffe gros-
sière appelée tiretaine qui est
portée par les campagnards.
TIR ON : Route pavée (Hal-
bert), petit chemin. (Michel.)
T I T I : Volaille. Jargon de
chiffonnier. (Rigaud.) — Allusion
au cri de petits ! petits ! poussé
pour appeler la volaille à la dis-
tribution de grain.
TITI : Typographe. {Id.) —
Redoublement de première syl-
labe.
■ TOC : Amusant. (Rigaud.)
TOGASSE, TOGASSON:
Femme laide, ridicule. (Deivau.)
— V. Toquasse.
TOGGANGE : Coquille de
noix. (Halbert.) — Pour co-
cange.
TOGGANTE : Montre. {Id.)
— V. Toquante y p. 3^b.
TOG-TOG : Un peu toqué.
(Rigaud.) V. p. 3^b. — Abrév.
avec redoublement des premiè-
res lettres.
TOGNE : Malin. (Michel.)
TOITURE : Chapeau d'hom-
me. (Rigaud.) — On dit aussi
tuile; toit (pour chapeau existe
en fourbesque, dit M. Fr. Mi-
chel, et si la forme comble, qu'il
donne aussi est plus ancienne
que combre (chapeau), il n'est
pas douteux qu'il faille y voir
une allusion au couronnement
de notre édifice humain. Le cha-
peau est en effet le toit, le com-
ble, de la tête.
TOLE : Derrière, lo::ement,
maison. (Halbert.) — '?o\ïv taule.
* T O P O : Gommur ication
écrite, mais particulière aux
élèves; on la fait circuler dans
les salles d'étude. — Argot des
écoles.
TOQUASSE : Laide. Augmen-
tatif de Toc, V. p. 344. — De-
vrait s'écrire tocasse :
Si j' guigne un beau brun q ù passe,
L' cœur tout patpitant,
Souvent j' l'entends m' dire : toquasse,
C'est bien embêtant.
V. Va: hier.
TOQUE : Malin (Michel);
amusant. (Rigaud.)
TOQUE : Mauvais. \. Toc,
p. 344.
TORCHECUL : Écrit ou im-
primé sans valeur. (Rigaud.) —^
On disait autrefois dansk même
sens, bon à mettre au cabinet.
TORCHON : Femme fcalante
d'humble condition. La lorette
élégante s'appelle linge, ce qui
suffit pour préciser la nature de
ces deux surnoms. — « Il s'est
TOU
s— 127 —
TRA
payé un torchon. On lui refuse
l'entrée. » {Le Sublime, 72.)
TORDU : Joueur volé au jeu
par un grec. — Augmentatif de
pigeon (dupe) ; on tue le pigeon
en lui tordant le cou. — « Après
une demi-heure, les jeunes pi-
geons sont plumés... Vous n'a-
vez pas de chance, messieurs,
s'écrie Raoul de Brisemailles, je
vous propose une partie sur
parole. — Alléchés, les jeunes
tordus tiennent des sommes plus
fortes. » (Paillet.)
TORTILLANTE : Vigne. (Ri-
gaud.) — Allusion à sa flexibi-
lité.
TORTILLARD : Fil de fer ou
de laiton. (Halbert.) — Il se tor-
tille aisément.
TORTILLER : Boiter. {Id.)
— V. Tortillard, p. 347.
TORTORE : Repas. (Rigaud.)
— Doit venir de tortiller : man-
ger.
TORTOUSE : Corde. (Hal-
bert.) V. Tourtouse, p. 348.
TORTUE: Femme, maîtresse.
— ce Et ta tortue, qu'est-ce que
tu en fais? » (Huysmans, 79.)
TORTUE (faire la) : Jeûner.
(Rigaud.) — La tortue mange
fort peu.
TOULABRE : Toulon. (Mi-
chel.)— Changement de finale
TOUPIN : Boisseau. (Halbert.)
— Vieux mot. Tupin se disait
au moyen âge pour pot, caisse.
TOUPINER : Mesurer au bois-
seau. {Id.)
TOUR DE CRAVATE (don-
ner un) : Étrangler. — « Elle
disait avec des airs équivoques
et tentateurs que ça serait fa-
cile de donner un tour de cra-
vate au cou des Pelletier. » (Pe-
tit journal, sept. 77.)
TOURNE-AUTOUR : Tonne-
lier. (Vidocq.) — Il frappe en
tournant sur ses tonneaux.
TOURNER (faire) : Attraper.
(Halbert.) — Variante de faire
aller,
TOURNEVIS : Chapeau à
cornes. C'est le fond du cha-
peau qui représente la tête de
vis; les ailes relevées figurent la
partie qui sert à la faire tour-
ner. — Le surnom de tournevis
est resté aux gendarmes en cer-
tains pays.
TOURNIQUET : Chirurgien
de marine. (Delvau.) — Moulin.
(Rigaud.) V. Torniquet, p. 346.
TOUR POINTUE : Préfecture
de police. (Rigaud.) — Allusion
à la tour pointue de la Concier-
gerie.
* T O U^RT E : Vieille ridicule.
(Rigaud.)
* TOURTOUSINE : Ficelle.
(Halbert.)
TOUT : « Espion cherchant
à surprendre les secrets des écu-
ries et les vendant aux tipster et
aux book mayer. » — Anglica-
nisme. On prononce taout. (Car-
net des courses, 77.)
TRAÎNÉE : Fille perdue. —
Ce qui est traîné est souillé
Vieux mot resté dans nos pa-
tois.
TRE
— 128 —
TRO
TRAMWAY : Omnibus sur
rails. — « Le chiffre des termes
français exportés de Normandie
en Angleterre est estimé par
Thommerel à 8.489, Au nombre
de ces mots était voie (chemin,
route), que les bonnes gens de
Normandie prononçaient voué.
De voué les Anglais firent way
qui se prononce ouay. Tram est
une abréviation de trammel
(traîneau). Les Anglais tron-
quent volontiers les mots pour
aller plus vite. Ainsi disent-ils
cab pour cabriolet. L'expression
« tramway » signifie donc traî-
neau-voie, en bon français» voie-
de-traîneau, chemin à traîneau. »
Mais un chemin destiné à un vé-
hicule n'a jamais passé pour être
le véhicule. C'est pourtant ce que
l'on a dit en appelant tramways
les voitures qui circulent sur les
voies à « trams. » (J. Amero.)
Vlà le tramway qui passe,
Ernest est là-bas qui m'attend.
(Chanson populaire. 78.)
TRAVAILLER DANS LE BA-
TIMENT. Voler avec effraction
dans les maisons. Jeu de mots.
— « Il ne savait pas travailler
dans le bâtiment. » (Petit jour,
nal, mai 1879.)
TRAVERSIN : Fantassin. (Ri-
gaud.)
TRAVIOLE : Traverse. (Hal-
bert.) — Changement de finale.
TREFFLIÈRE : Tabatière,
(/i.) — V. Trè/le, p. 35o.
TREFOUINE : Tabatière. (IJ.)
— De trèfle : tabac.
TREMPLIN ; La scène. (Del-
vau.) — Jeu de mots sur la
planche du tremplin et les plan-
ches de la scène.
TRIBU (se mettre en) : Même
sens que popote. Terme de Tar-
mée d'Afrique. (D. Lacroix.)
TRICHER : Suivre l'école ma-
trimoniale de Malthus. (Rigaud.)
TRIGO : Trigonomètre. —
Argot des écoles.
TRIMANCHER: Cheminer,
marcher. (Halbert.) — C'est tri'
mer avec changement de finale.
TRIMAR : Éventaire, balle.
(Rigaud) — Le petit marchand
trime en les portant.
TRIPER : Donner le sein à un
enfant.
TRIPIÈRE : Femme très
avantagée sous le rapport de la
poitrine. (Rigaud.)
TRIPOT : Garde municipal.
(Id.)
TRIQUAGE : Triage de chif-
fonnier. (Id.) — Diminutif.
TRIQUE A LARDER : Canne
à épée. (Id.)
TRIQUE : Surveillance de po-
lice. — Casser sa trique : rom-
pre son ban. (Rigaud.) — C'est
une variante de Canne, V. page
78.
TRIQUER : Trier. — TRI-
QUEUR : maître chiffonnier.
(Delvau.) — C'est trier, trieur
modifiés par l'adjonction de deux
lettres.
TROLLER : Rôder (Rigaud),
porter. (Halbert.)
TRO — 129 -
TROLLEUR : Commission-
naire, vagabond (Rigaud), —
tut
marchand {Id.), — marchand de
peaux de lapins. (Delvau.) Dans
ces trois sens, trolleur vient de
troller, vieux mot qui signifie
cheminer, arpenter le terrain
(dialectes de l'Est). On prononce
troiller, troilleur,
TROMBILLE : Bête. (Delvau.)
TROMBOLER : Aimer. (Jd.)
TROMBONE (faire) : Faire
semblant de prendre dans son
gousset de l'argent . Comparai-
son du va-et-vient des doigts au
va-et-vient du trombone. (Ri-
gaud.) — Il s'agit ici du trom-
bone ancien modèle.
TROMPE : Nez. (Delvau.) —
Animalisme.
TRONE (être sur le) : Être
aux lieux d'aisance. (Delvau.) —
Ironique allusion aux gradins
sur lesquels le siège s'élevait au-
trefois.
TRONQUE : Tête. (Halbert.)
— Pour tronche.
TROTTINET : Soulier. {Id.)
TROU : Salle de police. (Ri-
gaud.) — Se dit surtout pour
prison. Allusion d'obscurité.
TROU : Lacune imprévue.
€ L'instrumentation a parfois des
trous. » (De Lapommeraye, 79.)
— On dit d'un homme qui passe
de l'aisance à une pauvreté inex-
pliquée : « Il y a des trous »
(c'est-à-dire causes de désordre
cachées, trous par où l'argent
s'écoule).
TROUILLARDE, TROUIL-
LE : Souillon, dévergondée. (lil-
gaud.) — Vieux mot de nos
patois. Même origine que troU
leur.
TROU SOUS LE NEZ (il a
m) : Il boit avec excès. — Com-
paraison de la bouche à un
gouffre.
*TRUC : Industrie quelcon-
que. (Halbert.)
TRUCAGEUR : Fabricant
d'antiquités. (Rigaud.) — Pour
Truqueur (p. 354).
TRUNE : Aumône. (Halbert.)
— Pour thime. De tuner : men-
dier.
" TRUQUER : Commercer.
{Id.)
TUBE : Fusil. {Id.)
TUBE : Nez. (Delvau.)
TUBER : Fumer la pipe. {Id.)
TUÉ (être) : Rester immobile
de stupéfaction. On dit aussi :
il est mort. Argot de collège.
(Tourneux.)
*TUER LE VER: La cou-
tume est ancienne comme l'a
fait remarquer M. du Camp
dans cet extrait du journal d'un
bourgeois de Paris (juillet 1 5 19) :
« 11 est expédient de prendre
du pain et du vin au matin, au
moins en temps dangereux, de
peur de prendre le ver. »
TUILE : Chapeau, casquette.
(Delvau.) — Même allusion que
dans Toiture.
TUILER (s') : S'enivrer. Mot
à mot : s'empourprer, devenir
couleur de brique. {Id.)
ORF
- i3o -
UT
TUITE (prendre une) : S'en-
ivrer. — Altération de cuite.
(Boutmy.)
TUNEBÉE : Bicêtre. (Michel.)
TURC : Tourangeau. (Hal-
bert.) — Trois des premières
lettres du nom ont e'té conser-
vées et le c a été ajouté pour
dérouter.
TURCAN : Tours. (Id.)
TURIN : Pot de terre. (Hal-
bert.) — Pour terrin qui a tait
terrine.
TURQUIE : Touraine. {Id.)
TUYAU : Jambe. (Delvau.)
TUYAU A OPÉRA : Gosier.
On saisit Tallusion. — « \ )us
venez de vous le laver, v tre
tuyau à opéras... Vous vous en
fourrez dans le coco... » (Hnys-
mans, 79.) — On dit plus sim-
plement tuyau. « Le tuyau est
bouché : je suis enrhumé. » (Del-
vau.)
'TYPO : « Le typo laborieux
si prompt à soulager les infor-
tunes imméritées. » (Boutmy. )
TYPOTE : Ouvrière typogra-
phe. « Ces jeunes filles ne man-
quent pas de devenir de vr lies
typotes, comme elles se nom-
ment entre elles. » {Id.)
TYRAN : Roi (Delvau); roi
de cartes. (Rigaud.)
XJ
UNE (en griller) : Fumer une
cigarette. — Argot des écoles.
UN PEU, MON NEVEU :
Beaucoup. — a Vous auriez ai-
mé une robe? — Un peu, mon
neveu ! » {Vie paris. ^ 79.) — On
dit par abréviation un peu !
URF (monde) : Monde élé-
gant. — C'est le même mot que
urffe : soigné (p. 336). M. Bout-
my donne aussi urfe : très bien,
ce qui fait une troisième ma-
nière de l'écrire. — e La patrie!
Allons donc. Doit-on s'occuper
d'elle chez les gens du monde
urf ! » ( Tam-Tam, 78.) Voyez
Urpitu).
URNE : Tête. — C'est elle qui
émet le vote individuel, c'es -à-
dire qui dirige le corps. — « J'y
cabossais l'urne. Elle chignait
roide. » (Huysmans, 7g.)
URPINO : Distingué, coquet.
Forme intervertie de rupiio.
(Boutmy.) — Urpino nous per-
met de penser que urfe (très
bien) n'est qu'une altération de
urpe, forme intervertie de rupe.
Voir Urf.
UT : Formule employée i^ar
les typographes en trinquait.
Elle est le premier mot de cette
phrase latine : ut tibi prosit meri
potio ! oubliée par la plupart.
(Boutmy.)
VEI
i3i -
VER
V
•VACHE (être) : Être avachi,
sans énergie. (Delvau.)
VADROUILLARD : C'est le
masculin de vadrouille. — « Peu-
ple! ces vadrouillards te nom-
ment populace. Qui ^ont-ils?...
Leur naissance est souvent un
mastic. ))(J'am-7'(2m, 78.) — Mas-
tic est ici dans le sens de mé-
lange confus, mystère.
VADROUILLE : Drôlesse
(Delvau), prostituée de bas étage
(Rigaud).
* VAGUE : Raccrochage. Argot
de prostitution. (Id.)
VAIN, VAINE : Mauvais, mau-
vaise. (Halbert.)
VANÉ : Fatigué. (Rigaud.) —
— Mot à mot : secoué comme
le grain vanné. En patois du
Centre, vané veut dire poursuivi
à coups de bdton.
VASER : Pleuvoir. {Id.)— Mot
à mot renverser le vase. On dit
vulgairement dune forte pluie :
Dieu renverse son pot.
VEAU MORNÉ : Femme ivre.
(Halbert.) Voyez Veau, p. 358.
Morné est ici pour mort-né. Al-
lusion d'avachissement.
VEGULE : Voiture.
Abrév. de véhicule.
{Id.)
VEILLEUSE : Estomac. (Ri-
gaud.) — On dit de même met-
tre de l'huile dans la lampe pour
manger.
VÉLIN : Femme. {Id.) — Al-
lusion à la douceur de la peau
ou diminutif de veau.
VELOURS : Cuir. (Halbert.)
— C'est du cuir de la pronon-
ciation qu'il s'agit. V. Cuirasser,
p. 129. Velours fait allusion à
la douceur des liaisons illicites.
VELU (c'est) : Même sens que
chic. — Argot des écoles. — Pour
les jeunes gens, tout ce qui ca-
ractérise la virilité est supérieur.
VENELLE (enfiler la) : Pren-
dre la fuite. (Michel.) — Fe-
nelle signifiait ruelle : petit che-
min.
VENETTE : Peur. Du vieux
mot venne, vesse. — « Dire que
j'ai vendu à 61 fr. 26. Ah! j'ai
eu la venette. » (De Leuven.) —
« II a eu une fière venette; il a
eu terriblement peur. » (i8o8,
Dhautel.) V. Vesse (p. 36o.)
VENNE : Honte. (Halbert.) —
Vieux mot.
VENTERNIER
Vanter nier.
Forme de
*VER RONGEUR : (Transpo-
sition.) V. p. 359, après Ver-
mine.
VERDOUSE : Pomme, prai-
VER
- l32 -
VEZ
rie. (Halbert.) — Allusion de cou-
leur.
VERDOUSIER : Pommier,
jardin (Id.), — fruitier (Rigaud).
VEREUX : Sous la surveil-
lance de la police. Jargon de
voleurs. {Id.)
VERONE : Ville. (Halbert.)
VERGOGNE : Colère. [Id.)
VERM1NARD,VERMINEUX :
Homme méprisable. Argot de
collège. (Tourneux.)
VERMOIS : Sang. (Halbert.)
— C'est vermeil avec finale chan-
gée.
VERMOISÉ : Rouge. (Id.)
VÉRONIQUE : Lanterne. (Ri-
gaud.) — Jeu de mots sur verre.
VERSER : Verser des larmes.
(Michel.) Abrév.
VERSIGOT : Versailles. {Id.)
— Changement de finale.
VERT (se mettre au) : Jouer.
(Rigaud.) — Allusion au tapis
vert.
VERT-DE-GRIS : Huissier
(A. Pierre), — commandant de
place. (D. Lacroix.) — Tout offi.
cier dur dans le service a le
même nom. Ses rappels sévères
à la consigne sont comparés au
poison.
VERT-DE-GRIS : Domestique
de charlatan. Du sobriquet don-
né à son joueur d'orgue par
Mangin, marchand de crayons
nomade. (Rigaud.)
VERT-DE GRIS : Verre d'ab-
sinthe. (Id.) — Jeu de mots sur
verre et vert (couleur d'absin-
the). Le vert-de-gris est de plus
un poison, ce qui donne une
allusion redoublée.
VERTE : Absinthe, gonor-
rhée. (Rigaud.) — Allusion de
couleur.
VERT EN FLEURS : Pour
Verre. Voyez p. SSg.
VERVER : Pleurer. (Michel.)
— Pour ver;i[er.
VESSE! : Exclamation que les
collégiens emploient peur se
prévenir de l'apparition d'un
surveillant. On dit aussi : colle !
— Argot des écoles. — Voyez
Pet, page 275.
VESTIGE : Vivacité, peur.
(Rigaud.) — Dérivé de Vesse,
p. 36o.
VESTO DE LA CUISINE :
Agent de la sûreté. (Rigaud.) —
Cuisine se dit pour la préfecture
de police.
VESTOS : Légume sec. (Id.)
— Abrév. de Vestige, p. 3 60.
VEUVE : Corde. (Id.) — De
veuve qui signifiait potence. On
a pris le tout pour la partie.
VEUVE RENTRÉE (la; : Pro-
priétaire d'un objet non adjugé
aux enchères et rentrant chez
son possesseur. On dit aussi
monsieur Dufour. (Rigaud.) —
De/o«r; insuccès.
VEZOUILLER : Puer. (Del-
vau.) — De vesse pris dans le
sens de flatuosité.
à
WAT
• i33 -
YOU
•VIAUPER : Pleurer comme
un veau. (Rigaud.)
VICE (aller au) : Aller chez
une fille de joie. {Id.)
VICE-RACE : Vicaire. (Hal-
bert.)
VIEUX (se faire) : Se tourmen-
ter (Rigaud), attendre long-
temps. — Les minutes sont alors
des siècles.
VIO G : Vieux. (Delvau.) —
Changement de finale.
VIO C QUE : Vie débauchée.
(Id.)— Pour Vioque, p. 36i.
VIOLONÉ : Misérable. (Mi-
chel.) V. Violon, p. 36i.
VISCOPE : Visière, casquette
(Rigaud), bord de chapeau. V.
Galurin, p. 187. — C'est visière
avec changement de finale.
VITRIER : Carte de carreau.
— On saisit l'allusion. V, Bor-
gne.
VOIR EN DEDANS : Dormir.
(Rigaud.) — Allusion aux yeux
fermés.
VOIR LA FARCE (en) : S'en
passer le caprice. (Delvau.)— Al-
lusion aux baraques des farceurs
de foires où on se laisse aller à
entrer. On dit aussi s'en payer
la farce,
VOIR SOPHIE : Avoir ses
menstrues. (Id.) — C'est un
temps de sagesse, en grecsophia.
VOLE AU VENT, VOLANTE :
Plume. (Michel.)
VOLTIGEANTE : Boue. Elle
voltige souvent sur les habits
des passants. (Delvau.)
VOLTIGEUR : Apprenti ma-
çon. Il voltige sur les échelles.
(Rigaud.)
VOUZIGAUD, VOZIÊRE,
VOZIGUE : Vous. (Michel.)
•w ISI
WAGON : Grand verre de vin.
(Delvau.)
WATERLOO : Derrière.—
f Ça va, gentiment et sans coup
de bottes dans le waterloo. »
(Huysmans, 79.)
YOUTRERIE : Ladrerie, réu-
nion de juifs. (Rigaud.) — De
y outre : juif.
zoz
- i34-
ZUT
Z
ZÉPH : Zéphîr, vent. Abrév.
(Id,)
ZERVER : Pleurer. (Halbert.)
— Interversion de verser»
ZIG : Si ce mot n'est pas ac-
compagné d'un adjectif, il veut
dire mauvais ami. (Michel.)
' ZIG A LA REBIFFE : Réci-
diviste. (Rigaud.)
ZIG-ZAG : Bancal, boiteux.
(Michel.)
ZINC : Argent monnoyé. —
Ironie. Le zinc est un métal in-
férieur. — « 11 ne comprend pas
qu'on mette son zinc dans une
tirelire, ça rouille. * Le Sublime,
72.)
ZOZOTTE : Argent. (Rigaud.)
— Dérivé abrégé dcpe^^otte, qui
est un diminutif de pè^e : ar-
gent. V. p. 275.
* Z U T ! : Avec le comte Jau-
bert (glossaire du centre de la
France), faut-il y voir un allon-
gement de l'interjection ut! em-
ployée dans nos patois du ' Cen-
tre pour dire hors d'ici ! i>a-V
en ! J'incline vers cette dernière
origine, car il y a trente ans
que j'ai entendu, à Paris mcme,
dire ut pour :{Ut. Quand on vou-
lait compléter la phrase, on di-
saitmême pour défierquelqu'un:
Je lui dis ut en musique. Cl jeu
de mots sur ut (hors d'ici !) et
ut (note de musique) vient con-
firmer l'emploi primitif du mot
ut. Seulement, à force de répéter
je lui dis ut, on aura fin' par
réunir à ut Vs de dis, qui lui
était liée par la prononciation
et qui sera devenu un ;f .
Imprimerie D. Bardin, à Saint-Germain.
yr^' ,^^^^.-
3741^
L3
1880
Larchey, Lorédan
Dictionnaire historiq:tie
d'argot
PLEASE DO NOT REMOVE
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UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
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J!^^