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Full text of "Dictionnaire historique d'argot; des excentricités du langage, augm. d'un supplément mis a la hauteur des révolutions du jour"

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LORÉDAN     LARCHEY 


DICTIONNAIRE 

HISTORIQUE 

D'ARGOT 

HUITIÈME     ÉDITION 

i:)ES  EXCENTRICITÉS  "BU  LANGAGE 


AUGMENTEE  D'UN  SUPPLEMENT 
MIS    A    LA     HAUTEUR    I)ES    RÉVOLUTIONS     DU    JOUR 


PARIS 

K.  UK.NTC.  i.iBii Aii{i:-r:j)rTi:i'ii 

PALAIS-ROYAL,    1 0-1 7-19,   GALERIE  D'ORLÉANS 


PC 

2741 

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DICTIONNAIRE 

D'ARGOT 


te-. 


IMPRIMERIE  D.  BARDIN,   A  SAINT-GERMAIN. 


uORÉDAN    LARCHEY 


DICTIONNAIRE 


HISTORIQUE 


D'ARGOT 

HUITIÈME     ÉDITION 

DES  EXCENTRICITÉS  DU  LANGAGE 

AUGMENTÉE    D*UN    SUPPLÉMENT 

Mis  à  la   hauteur  des  révolutions  du  jour 


PARIS 

E.   DENTU,    ÉDITEUR 

LIBRAIRE    DE    LA    SOCIETE    DES    GENS    DE    LETTRES 
PALAIS-ROYAL,     I  5- 17- 19,    GALERIE   d'ORLÉANS 

1880 

Tous  droits  réservés 


INTRODUCTION 


I.  Universalité  du  domaine  de  l'argot.  —  II.  L'argot  considéré 
dans  ses  sept  éléments  de  formation  (i.  Vieux  mots.  —  2.  Subs- 
titutions.—  3.  Modifications. —  4.  L'argot  actuel. —  5.  Harmonies 
imitatives.  —  6.  Jeux  de  mots.  —  7.  Souvenirs.  —  8.  Importa- 
tions.) —  III.  Richesses  de  l'argot.  —  IV.  Ses  rapports  avec  les 
mœurs.  —  V.  Notre  méthode.  —  VI.  Comment  le  besoin  de  ce 
Dictionnaire  s'est  fait  sentir  de  plus  en  plus.  —  VII.  Ce  qu'on 
pensait  de  l'argot  avant  nous. 


L  —  Universalité  du  domaine  de  l'argot. 

L'argot  passe  généralement  pour  être  un  dialecte  spé- 
cial aux  malfaiteurs.  Sans  être  illogique,  nous  avons  cru  pou- 
voir étendre  son  domaine  en  comprenant  dans  ce  vocabu- 
laire toutes  les  excentricités  de  langage  qui  se  produisent 
chaque  jour  dans  les  autres  classes  de  la  société.  A  le  bien 
considérer,  d'ailleurs,  le  mot  d'argot  Justifie  toutes  les  exten- 
sions. Sans  le  faire  venir  du  grec  argos^  comme  on  l'a  pré- 
tendu avant  nous,  nous  y  verrions  logiquement  un  diminutif 
du  vieux  mot  argu  qui  signifiait  injure,  reproche^  et  aussi 
ruse,  finesse,  subtilité.  —  Dès  le  xive  siècle,  hargoter  vou- 
lait dire  railler,  dire  des  sottises.  On  le  voit  par  le  glossaire 
de  Du  Gange  auquel  il  faut  toujours  recourir  en  matière 
d'étymologie. 

De  même  bigorne,  synonyme  d'argot,  qu'un  autre  étymo- 
logiste  a  confondu  avec  l'enclume  dite  bigorne,  n'est  qu'un 
substantif  tiré  de  l'ancien  verbe  biguer  :  changer,  troquer. 
Parler  bigorne  ou  argot  signifie  donc  :  parler  un  langage 

a 


II  INTRODUCTION. 

troqué^  changé,  user  d'un  langage  de  railleur,  de  sottisier. 
A  ce  compte,  les  salons  ont  eu  leur  argot  comme  les  tapis 
francs;  les  précieuses  du  jour  ne  le  cèdent  en  rien  aux  ; 
gueux  de  nos  cours  des  miracles^  et  nous  sommes  auto-  I 
risé  à  prendre  notre  bien  où  il  se  trouve.  Mais  c'est 
surtout  au  point  de  vue  parisien  que  nous  avons  clierché 
à  rendre  ce  glossaire  complet,  parce  que,  en  fait  de  lan- 
gages, Paris  est  le  grand  rendez-vous.  Là,  se  fabriquent  ou 
se  retrempent  tous  les  mots  nouveaux  :  ceux  du  bagne  comme 
ceux  du  sport,  ceux  du  boudoir  comme  ceux  de  l'ateliei ,  ceux 
delà  caserne  comme  ceux  des  couloirs  de  l'Assemblée,  ceux 
de  la  halle  comme  ceux  du  collège  et  du  journalisme.  C'est 
dans  le  grand  torrent  de  la  circulation  parisienne  que  les 
nouveaux  venus  viennent  se  confondre,  et  s'abandonner  au 
courant  qui  doit  décider  de  leur  fortune  ;  car  Paris  1  lit  la 
mode  des  mots,  comme  il  fait  la  mode  des  chapeaux. 


Toutefois,  je  ne  signale  là  qu'un  premier  pas.  Du  caprice 
de  la  mode  à  la  consécration  de  l'usage  et  surtout  au  passage 
dans  la  langue  régulière,  il  y  a  loin.  Ici,  plus  que  jamais,  on 
peut  répéter  :  «  Beaucoup  d'appelés,  peu  d'élus.  » 

Et,  cependant,  parmi  les  élus,  combien  en  est-il  dont  vous 
ne  soupçonneriez  guère  la  récente  origine  !  Laissez-moi  vous 
en  rappeler  quelques-uns.  On  ne  s'en  souvient  plus  as^ez. 

S'imaginerait-on  qu'en  1693,  les  adjectifs  haineux,  dé- 
sœuvré^ respectable^  le  substantif  im/'o/zVesse,  etc.,  n'étaient 
pas  français  (1)  ? 

S'imaginerait-on  qu'en  1726,  on  passait  pour  parler  argot 
quand  on  disait  :  détresse^  scélératesse^  encourageant^  éru- 
dit,  inattaquable^  improbable^  entente^  naguères  (2)  ? 

Où  sait-on  maintenant  que,  en  i8o3.  Mercier,  l'auteur  du 
Tableau  de  Paris^  faisait  deux  grands  volumes  tout  exprès 
pour  solliciter  l'admission  de  mots  aujourd'hui  fort  bien 
portés,  tels  que  :  fusion^  fureter^  franciser,  flageoler^  etc., 


(i)  Voyez  Caillières  dans  son  livre  des  Mots  à  la  mode, 

(2)  Voyez  l'abbé  Desfontaines  dans  son  Dictionnaire  néolo^^ique. 


INTRODUCTION.  Ht 

etc.  (i),  mots  que  ses  confrères  de  l'Académie  n'avaient  pas 
acceptés  encore? 

Nous  en  passons,  et  des  plus  connus,  mais  les  exemples  que 
nous  venons  de  donner  suffiront  pour  montrer  qu'il  ne  faut 
pas  se  presser  de  proscrire  une  locution  nouvelle.  Toutefois, 
redisons-le  bien,  les  .élus  ont  été  et  seront  toujours  en  petit 
nombre  dans  la  foule  croissante  des  néologismes.  Sans  nous 
en  exagérer  la  valeur,  bornons-nous  donc  à  la  considérer 
comme  une  réserve  d'enfants  perdus  qu'on  peut  utiliser  à  l'oc- 
casion, et  que,  dans  tous  les  cas,  il  importe  de  connaître,  — 
ne  fût-ce  que  pour  savoir  ce  qu'il  faut  éviter. 

II.  — •  L'argot  et  ses  éléments  de  formation. 

Autant  que  notre  travail  nous  a  permis  de  le  voir,  nos  di- 
vers argots  ne  constituent  pas  ce  qu'on  appelle  une  langue, 
mais  un  langage  de  convention,  danâ  la  formation  duquel 
n'entrent  pas  moins  de  sept  éléments.  Nous  les  désignons 
ainsi:  i°  vieux  mots;  2©  substitutions  de  mots;  3»  modifi- 
cations de  mots  ;  4»  harmonies  imitatives  ;  5»  jeux  de  mots  ; 
6»  souvenirs  ;  70  importations. 

Cette  nomenclature,  aussi  peu  scientifique  que  possible, 
paraîtra  plus  claire,  si  on  veut  bien  examiner  les  courts  aper- 
çus que  nous  allons  consacrer  à  chaque  classe. 

VIEUX   MOTS. 

Cette  première  classe  constitue  le  noyau  de  l'argot.  Elle 
se  compose  des  vieux  mots  de  langue  d'oil  ou  de  langue 
d'oc,  dont  nous  avons  retrouvé  trace  dans  les  trois  diction* 
naires  spéciaux  de  Du  Gange,  de  Lacombe  et  de  Roquefort. 
Ce  dernier  est  le  plagiat  d'un  glossaire  manuscrit  de  Barba-^ 
zan. 

Ces  vétérans  sont  plus  nombreux  qu'on  ne  le  croit.  -^ 
Ainsi,  déjà  l'ancienne  Provence  donnait  à  certaines  vieilles 

(i)  Voyez  sa  Néologie, 


IV  INTRODUCTION. 

femmes  le  nom  irrespectueux  de  vieux  cabas.  Notre  bagou 
descend  en  droite  ligne  de  l'ancien  catalan  bagol,  dont  la 
blague  moderne  pourrait  bien  n'être  qu'une  forme  inter-  j 
vertie,  car  les  deux  mots  ont  absolument  le  même  sens. 

Ainsi,  un  verbe  dont  nous  nous  seVvons  souvent  dans  la 
langue  familière,  le  werbe  ficher^  se  rencontre  dans  nos  chro- 
niques du  xiv^  siècle.  Nous  y  voyons  un  maréchal  de  Bouci- 
caut  contraindre  les  Sarrasins  en  retraite  à  se  ficher  dans  des 
jardins  où  il  les  poursuit  ;  il  fiche  en  prison  ceux  qu'il  at- 
trape. 

Comme  ficher^  truc  (rouerie,  malice)  se  retrouve  dès  le 
xiv^  siècle,  dans  une  chronique  du    duc  Jean  de  Bretagne, 

Battre  (mentir)  et  batterie  (mensonge)  viennent  évidem- 
ment du  vieux  mot  baster  :  tromper. 

L'usage  d'appeler  anglais  son  créancier  est  constaté  au 
XV®  siècle. 

Rutebœuf,  un  poëte  qui  rimait  du  temps  de  saint  Louis, 
et  qui  aimait  à  dormir,  trouve  déjà  que  le  réveil  est  une 
chose  tannante. 

^  Si  on  ne  vendait  pas  de  prunes  dans  les  caboulots  du 
temps  jadis,  on  connaissait  du  moins  le  mot  comme  syno- 
nyme de  cabane.  Le  caboulot  est  devenu  guinguette,  puis 
petit  comptoir.  Le  trinqueur  ami  qui  vous  y  appelle  ma  vieille 
branche  par  pure  amitié  ne  se  doute  guère  qu'on  donnait 
autrefois  le  nom  de  branche'  au  compagnon  associé  dans  une 
affaire. 

Si  Rabelais,  qui  est  contemporain  de  François  P'",  n'écrit 
^as piquer  le  renard^  il  écrit  escorcher  le  regnard^ce  qui  n'en 
dififère  pas  trop.  S'il  n'écrit  pas  caner  (avoir  peur),  il  écrit 
très-souvent  faire  la  cane^  ce  qui  est  absolument  la  même 
chose.  Il  sait  aussi  ce  que  c'est  qu'un  œil. au  beurre  noir. 
Non  moins  que  Victor  Hugo,  Rabelais,  le  profond  facétieux, 
eût  relevé  le  mot  de  Gambronne,  car  il  le  met  sans  ver- 
gogne à  toutes  sauces,  absolument  comme  beaucoup  trop  de 
nos  contemporains,  qui  n'ont,  hélas  !  conservé  de  Rabela  is  que 
ce  mot-là.  Vous  nous  dispenserez  de  l'écrire,  n'est-ce  pas  ? 
Ce  sera  bienasseztôt  quand,  avec  lalettreM,  son  tour  viendra. 

A  part  ceux  que  nous  venons  de  rappeler,  presque  tous  les 


INTRODUCTION.  V 

vieux  mots  d'argot  ont  été  transmis  parles  classes  dangereu- 
ses. Là  semblent  s'être  conservées  les  traditions,  comme 
dans  certains  villages  où  le  patois  d'aujourd'hui  n'est  au  fond 
que  le  bon  français  d'il  y  a  quatre  cents  ans,  maintenu  en  de- 
hors de  toutes  nos  modifications.  Ainsi  les  voleurs  qui  disent 
arpion  pour  pied,  imitent  nos  pères  qui  disaient  harpion 
pour  griffe.  Leur  abèquer  (nourrir)  n'est  autre  que  l'ancien 
verbe  abécher.  Arnache  (tromperie)  descend  en  droite  ligne 
du  verbe  ^<îrnac/zer  (tromper).  Uanquilleuse  qui  vole  dans 
nos  magasins  est  vieille  de  plusieurs  siècles.  Le  Jîjî  vidan- 
geur avait  dès  Tan  i35o  Thonneuf  d'être  nommé  dans  une 
ordonnance  du  roi  Jean.  Estrangouiller  (étrangler)  est  un 
mot  de  langue  romane  qu'on  devinerait  rien  qu'en  pensant 
au  latin  strangulare  (on  prononçait  strangoularé).  De 
même,  cadenne  (chaîne)  et  pecune  (argent)  sont  des  formes 
pures  des  mots  latins  catena  et  pecunia.  Le  carie  et  les  pim- 
pions  rappellent  des  monnaies  historiques. —  Nous  citons  quel- 
ques exemples  seulement,  et  nous  sommes  loin  de  tout  donner. 
(Voyez  Bigorne^  Daron^  Cabas ^  Bouler^  Caruche^  Butter^  Ca- 
ler ^Chiquer.)  A  défaut  des  glossaires  du  moyen  âge,  les  patois 
de  nos  provinces  éclairentaussi  d'une  façon  inattendue  les  éty- 
mologies  de  certains  mots.  Clest  ainsi  qu'on  retrouve  brimer 
en  Poitou  et  biffin  en  Champagne.  Cherchez  dans  le  dialecte 
flamand,  et  vous  retrouverez  le  charriage  dit  à  l'américaine 
dans  charrier  :  mystifier. 

SUBSTITUTIONS. 

Les  substitutions,  —  qui  consistent  à  remplacer  un  mot 
par  un  autre  pris  arbitrairement,  —  composent  une  classe 
considérable,  formée  par  divers  procédés  dont  les  concep- 
tions, bizarres  au  premier  abord,  finissent  par  sembler  plus 
raisonnées  qu'on  ne  se  le  figure. 

Il  y  a  les  substitutions  de  la  partie  au  tout  :  tricorne  pour 
gendarme,  cadran  pour  montre... 

Les  substitutions  de  l'effet  à  la  cause  :  tremblante  pour 
jièvre^  casse- gueule  pour  bal.,  musicien  pour  haricot.,  pleurant 
pour  ognon^  raide  pour  eau-de-vie... 


VI  INTRODUCTION. 

Les  substitutions  de  fonctions  :  avaloîr  pour  gosier,  palpi^ 
tant  pour  cœur,  pique  en  terre  pour  poule,  fauchant  pour  ci-   , 
seauy  raclette  pour  patrouille,  cabe  pour  chien,  tourne  au*  \ 
tour  pour  tonnelier,  toquante  pour  montre... 

Les  substitutions  d'aspect  :  trouée  pour  dentelle,  moricaud 
pour  broc  de  vin,  bleu  pour  vin,  noir  pour  café,  prime  de 
monsieur  pour  évêque. 


Il  y  a  surtout  les  substitutions  par  analogies  qui  sont  ou 
animales,  ou  végétales,  ou  matérielles.,. 

Presque  toujours  ironiques,  les  analogies  animales  ne  res- 
pectent rien.  Avant  Grandville,  elles  ont  signalé  tout  ce  qui 
pouvait  leur  offrir  quelque  prise  dans  le  roi  de  la  création. 
Nous  le  montrerons  tout  à  l'heure,  en  parlant  des  rapports 
de  l'argot  avec  nos  mœurs. 

Si  de  la  description  de  l'homme,  on  passe  à  la  désignation 
des  types,  on  trouve  le  sot  représenté  par  le  daim,  la  buse^ 
le  dindon;  le  niais,  par  le  serin,  le  blaireau;  l'avare,  par  le 
chien;  l'inconstant,  par  le  papillon;  le  méchant,  par  V aspic; 
l'agent  secret,  par  la  mouche;  l'usurier  ,  par  le  vautour;  le 
pingre,  par  le  rat;  le  superbe,  par  le  lion;  le  misanthrope, 
par  Vours;  l'homme  emporté,  par  le  cheval;  le  bon  c  :)mpa- 
gnon,  par  le  lapin;  l'homme  arriéré,  par  Vhuitre,  le  mollusque; 
la  femme  légère,  par  la  biche,  la  cocotte,  le  chameau.  Castor, 
canard,  bécasse,  merlan,  ourson,  veau,  vache,  tigre,  loup, 
couleuvre,  chatte,  vipère,  cloporte,  chouette,  crapaud,  gre- 
nouille, viennent  encore  à  la  file.  La  sangsue,  le  phénix,  l'âne 
et  la  mule  sont  classiques  et  nous  les  rappelons  pour  mé- 
moire. On  connaît  enfin  le  rôle  que  jouent  mon  chai,  mon 
chien,  mon  bichon,  ma  bichette,  mon  canard,  ma  cocotte,  ma 
poule,  mon  rat,  dans  le  vocabulaire  de  l'amitié,  et  aux  oi^ 
seaux,  dans  celui  de  l'admiration. 


Non  moins  remarquables  sont  les  termes  de  comp«\raisoa 
demandés  au  règne  végétal. 
La  dent  gâtée  est  une/ou  de  girofle }  la  perruque,  ui  ga-- 


INTRODUCTION.  VII 

!^on  :  le  chiendent  symbolise  la  difficulté;  le  cœur  d'artichaut, 
l'inconstance  ;  les  pruneaux  sont  la  mitraille  ;  les  noyaux^ 
l'argent;  la  pelure  est  l'habit;  la  coloquinte^  une  tête  énorme; 
le  cornichon,  le  melon,  le  cantaloup  désignent  un  niais  d'air 
biscornu,  à  dehors  épais.  L'homme  sans  consistance  est  une 
fenasse;  le  prête-nom,  un  homme  de  paille.  Le  dédaigneux 
fait  sa  poire.  Le  chou  entre  dans  la  composition  de  six  mots 
d'acception  différente.  On  sait  ce  que  veulent  di'^e  tirer  une 
carotte  et  donner  une  giroflée  à  plusieurs  feuilles. 

Des  navetsï  des  nèfles!  jouent  un  grand  rôle  dans  les  refus. 

Mon  trognon  est  amical.  Aux  pommes  !  aux  petits  oignons! 
aux  truffes  !  ïouvmssQnl  trois  superlatifs  aux  gens  satisfaits. 
—  Enfin  il  y  2i  fagots  et  fagots^  et  la  fashion  a  sa  fleur  des 
pois. 

Les  analogies  prises  dans  le  monde  matériel  s'attaquent  à 
tout  indistinctement.  Elles  font  d'une  capsule  ou  d'un 
tuyau  de  poêle  wotre  chapeau;  des  pincettes,  vos  jambes; 
d'une  salière,  votre  creux  d'épaule  ;  d'une  fourchette,  votre 
main  ;  d'une  anse  de  panier,  votre  bras.  La  pioche  est  le  tra- 
vail; la  scie,  une  mystification;  le  raisiné,  du  sang;  la  dra- 
gée, une  balle.  Avec  tout  ce  qu'on  a  demandé  de  compa- 
raisons à  la  musique,  on  pourrait  composer  un  grand 
orchestre  :  musette,  guimbarde,  flageolet,  trompette,  tam- 
bour, cornet,  guitare,  harpe,  flûte,  sifflet,  grosse  caisse.  Cela 
ne  semble-t-il  pas  complet?  Dans  cet  ordre  de  chose  s -là,  on 
peut  aller  encore  bien  loin.  Seulem  n  ,  prenez  garde  aux 
tuiles  en  sortant,  et  méfiez-vous  àQs  ficelles! 


MODIFICATIONS   ET  DEFORMATIONS. 

Les  modifications  des  mots  obéissent  visiblement  au  désir 
de  ne  pas  être  compris  par  un  importun.  C'est  un  français  de 
convention.  La  première  syllabe  de  chaque  mot  reste  généra- 
lement seule  intacte;  les  autres  sont  modifiées  de  la  façon  la 
plus  arbitraire. 

Ainsi  dit-on  cribler  pour  crier ^  çonnobrer  pour  connaître^ 


VIII  INTRODUCTION. 

coltiger  pour  colleter^  valtreuse  pour  valise^  insolpé  pour  fw- 
solent,  encible  pour  ensemble^  galuché  pour  galonné^  balu- 
chon pour  ballot... 

Les  uns  affectionnent  la  désinence  ar  ou  mar  :  guichemar 
(guichetier),  épicemar  (épicier),  arpagar  (arpagon)... 

Les  autres  tiennent  pour  mont,  et  disent  gilmont  (gilet), 
briqmont  (briquet),  cabermont  (cabaret),  promont  (procès), 
paquemont  (paquet)... 

Ceux-là  sont  pour  anche  :  boutanche  (boutique) ,  prêfec- 
tanche  (préfecture). 

Ceux-ci,  pour  in  :  madrin  (madré),  paquecin  (paquet), 
burlin  (bureau),  orphelin  (orfèvre)... 

L'o  est  très  en  faveur  :  icigo  (ici),  Versigo  (Versailles).  Pé- 
lago  (Pélagie),  sergo  (sergent  de  ville),  tringle  (soldat  du 
train),  moblo  (mobile),  invalo  (invalide),  excuso  (excusez),  la- 
bago  (là-bas). 

Demi-stroc  (demi-setier),  vîoque  (vieux), /'(jsfz^wer  (passer), 
ramastiquer  (ramasser),  sepère  (soi),  me^ières  (moi),  Amélie 
(Rouen),  Canelle  (Caen),  offrent  d'autres  variétés  de  dési- 
nences. 

Rococo  (rocaille)  est  un  des  rares  exemples  à  citer  en  de- 
hors du  peuple. 

Quelquefois  on  dénature  aussi  la  première  syllabe,  en  ne 
laissant  subsister  de  l'ancien  mot  que  les  consonnes  initiales. 
Exemples  :  trèfle  (trou),  trèpe  (troupe),  la  Mine  (le  Mans), 
Brutus  (Bretagne),  mais  c'est  exceptionnel. 

N'oublions  pas  les  chercheurs  de  combinaisons  qui  sou- 
mettent leur  parler  à  un  procédé  de  déformation  uniforme. 

Ainsi  prenons  l'adjectif  bon:  ceux  qui  parlent  en  lem  disent 
/ow^em;  ceux  qui  parlent  en  /mcA  disent  lonbuch;  ceux  qui 
l>3ir\ent  javanais  diront  bavon;  ceux  qui  parlent  en  loque  di- 
ront lonboque;  ceux  qui  parlent  en  dunon  diront  nondubon. 
Les  finales  conventionnelles  dun^  mar^  aille^  orgue,  si^'ue^ 
ciergue^  offrent  encore  des  combinaisons  de  même  famille. 
Et  ainsi  de  suite  pour  tous  les  mots  possibles.  On  peut  varier 
et  multiplier  à  l'infini. 

Mais  ces  modifications  qui  vous  rendent  inintelligible  pour 


INTRODUCTION.  IX 

les  profanes  (si  elles  sont  exécutées  rapidement),  ont  l'incon- 
vénient d'allonger  démesurément  la  phrase,  ce  qui  est  un 
grand  obstacle  à  leur  popularité,  et  ne  les  rendra  guère  usuelles 
en  dehors  des  classes  dangereuses  pour  lesquelles  elles  sont 
une  nécessité. 

Les  abréviations,  qui  sont  aussi  des  modifications  de  mots, 
sont  plus  faciles  à  reconnaître.  Sauf  deux  (cipal  pour  munici- 
pal^ et  croc  pour  escroc)^  il  est  à  remarquer  qu'elles  portent 
sur  les  finales.  Exemples  :  Autor  (ité),  —  achar  (nement), 

—  aristo  (crate),—  bac  (carat),  —  bénéf  [ïce),  —  cabot  (in),— 
can  {on), —champ  (agne),  —  comm  (erce),  —  consomm  (ation), 

—  démoc  (rate),  —  émos  (ion),  —  dégui  (sèment),  —  es  (croc), 

—  estom  (ac),  —  from  (âge),  —job  (ard),  —  lansq  (uenet),  — 
liquid  (ation),  —  méphisto  (phélétique),  —  occas  (ion),  —  paf 
(fé),  —  pante  (inois),  —  perpette  (uité),  —  photo  (graphie),  — 
poche  (ard),  —  réac  (tionnaire),  —  rata  (touille),  —  sap  (in), 
topo  (graphique),  —  typo  (graphe),  —  voite  (ure). 

Quelquefois  l'abréviation  redouble  la  première  syllabe 
du  mot  comme  dans  :^ou:^ou  :  zouave,  et  nounou:  nourrice. 

l'argot  actuel. 

A  l'heure  qu'il  est,  l'argot  obéit  plus  que  jamais  aux  ten- 
dances abréviatrices  signalées  ci-dessus.  On  ne  dit  plus  mas- 
troquet  mais  troquet,  tailbin  mais  talbin^fourgat  mais /owr- 
gue,  faffiot  mais  faffe,  pédéro  mais  pédé,  radin  mais  rade. 
Sans  la  connaissance  des  termes  anciens,  on  serait  souvent 
embarrassé  de  caractériser  la  formation,  ou  plutôt  la  défor- 
mation des  nouveaux. 

Pour  ce  qui  regarde  le  langage  des  classes  dangereuses,  je  ne 
saurais  en  donner  une  meilleure  preuve  que  ce  fragment 
des  Mémoires  d'un  voleur  nommé  Beauvilliers,  jugé  en 
police  correctionnelle  pour  tentative  de  vol  en  1878.  Il  a  été 
publié  par  le  Figaro  du  4  août. 

J'ai  vingt-trois  ans,  je  suis  garçon  boucher; 
A  l'âge  de  quatorze  ans  je  fesai  mon  apprentissage  à  la  bouche- 
rie Duval,  à  la  Madelaine. 


X  INTRODUCTION. 

i"  affaire,  4  mîlîé  (4,000  francs),  en  allant  en  recête  au  bout  de 
huit  mois  que  j'étais  dans  la  maison.  J'ai  mangé  tout,  Tesiiacede 
quatre  mois,  mon  perd  les  a  remboursé  et  m'a  fait  mettre  à  la 
Roquette  pour  trois  mois.  Il  est  mort  dans  l'intervalle,  de  là  j'ai 
goipé  au  théâtre,  fesait  la  portière  et  je  vendai  des  talbin,  cigare 
et  du  feu. 

Dix-sept  ans  :  J'ai  commencé  à  faire  l'étalage,  réussi  pendant 
un  an;  pas  d'enfilage. 

Dix-huit  ans  :  Je  fesai  le  rade  et  la  condition,  je  me  camouflait 
et  avec  des  faux  faffe  j'allai  dans  les  bureaux  de  placement  avec 
une  tune,  je  ne  manque  pas  le  coche  de  2  pille  chez  un  troquet. 
Premier  sapement  :  six  mois.  Laissez-là. 

Dix-neuf  ans  :  de  Ik  j'ai  fait  les  coquines  passage  JouffVoi,  Notet 
des  ventes  (à  la  salle  Drouot  qui  est  voisine?),  etc. 

Bien  réussi  un  pédé  au  chantage  de  1,800  francs,  un  bobe  et 
une  bride  en  jonc,  harnais  de  toute  sorte  avec  mon  poteau  Co- 
conas. 

Vingt  ans  :  Je  me  remets  &uturbin  dans  la  boucherie,  je  fais  les 
pièces  destaché. 

Au  bout  d'un  an,  poissé  avec  une  pesée  de  gigot  que  j'allais 
fourgué,  deuxième  sapement. 

Les  trois  brèmes  {les  3  cartes ,  jeu  de  hasard)  pendant  six  mois, 
réussi. 

Ici  Beauvilliers  se  vante  de  Texploitation  d'une  fille  qui  lui 
rapportait  2  5o  francs  par  mois,  puis  il  dit  mélancoliquement: 


Où  est  ce  temps-là,  j'avais  bonheur,  argent,  amour  tranquille, 
les  jours  se  suive  mais  ne  se  ressemble  pas.  Mon  mignon  con- 
naissait l'anglais,  l'allemand,  très-bien  le  français,  l'auvergna  et 
l'argot  que  je  lui  aprenais  de  la  boucherie,  folie!!! 

Un  commencement  de  jalousie  me  prend  et  je  fais  sortir  mon 
mignon  de  la  maison,  et,  plus  grande  folie  encore,  je  la  mets  sur 
le  turbin. 

Pendant  six  mois  gagneuse  d'argent  gros  comme  elle.  Au  bout 
de  six  mois,  malade,  cinq  mois,  à  Saint-Lazare.  Rebectage  de 
mon  côté,  plus  d'argent,  goipé,  paillassonj  tourné  au  vinaigre  ;  hé-, 
las!  plus  de  femme,  je  la  vais  perdu. 

Vingt  et  un  an,  rangé  des  voitures. 

Dansai  avec  Peau-Rouge,  l'Anglais,  Simonne  et  Flageolet,  et 
moi  je  remplaçai  l'Anglais  en  Italienne  dans  les  quadrilles  gro- 
tesques; 5  francs  tous  les  soirs  pendant  deux  mois  au  concert  de 
la  Gaîté,  et  un  mois  au  Pavillon-de-l'Horloge,  aux  Champs-Ely- 
sées; pendant  quatre  mois,  l'hiver,  aux  Porcherons,  assez  heureux. 

A  vingt-deux  ans,  je  me  remets  au  turbin. 


INTRODUCTION.  XI 

Le  i«'  avril,  le  matin,  je  rencontre  des  garçons  des  halles  que 
j'avais  vu  à  Sainte-Pélagie,  Godard  et  Dartagnan;  le  dernier  me 
dit  donc  :  «  J'aurais  besoin  d'outil,  j'ai  une  condition  à  faire.  »  Je 
lui  dis  :  Je  n'en  ai  pas,  seulement  j'ai  un  monseigneur  que  je 
pourrai  te  prêter;  bref,  je  lui  dis  :  «  Je  te  l'apporterai  à  trois 
heures,  au  café  de  la  Boucherie;  en  même  temps  j'irai  chez  mon 
fourgue  lui  porter  ce  que  j'ai  à  la  maison.  »  Donc,  à  trois  heures, 
je  lui  porte  ce  monseigneur,  et  en  même  temps  j'avais  les  affaires 
en  question,  la  bague,  la  tabatière,  les  boucles  d'oreilles,  la  montre 
et  l'épingle;  nous  buvons  ensemble  deux  ou  quatre  absinthes,  et 
il  m'ennuit  tant  que  je  finis  par  aller  avec  lui  voir  cette  fameuse 
condition  rue  Vivien  ne. 

Nous  montons,  et  moi  je  frappe  à  la  porte;  personne.  Je  sonne 
et  personne  ne  répond.  J'allume,  et  mon  Dartagnan  file  le  luc- 
trème  dans  la  porte  ;  au  même  moment,  la  porte  s'ouvre,  et  une 
femme  paraît  et  elle  gueule  à  la  chienlit.  Je  descends  quatre  à 
quatre  les  escaliers,  et  lui  aussi;  il  sort  dans  la  cour,  et  moi  je  le 
suis  ;  mais  le  concierge  l'arrête.  Moi  je  file  une  poussée  au  con- 
cierge et  il  se  faufile,  et  moi  je  cours  après  en  criant  :  Arrêtez-le  ! 
Bref  il  est  arrêté  et  moi  aussi  ;  je  vais  à  niord,  mais  mon  imbécile 
avait  gardé  son  outil  et  moi  j'étais  embêté  pour  mes  bijoux  que 
j'avais  sur  moi,  etc. 

Tu  va  peut-être  me  traité  de  loufoque  d'aller  au  turbin  avec  des 
objets  pareille. 

Dartagnan  avout  tout,  il  prend  tout  sur  lui  et  il  dit  :  Je  ne  con- 
nais pas  ce  jeune  homme,  les  témoins  ne  me  connaisse  pas,  bref 
tout  va  bien. 

Cette  citation  sera  utilement  complétée  par  la  lettre  d'un 
forçat  transféré  de  Rochefort  à  Toulon,  dont  je  trouve  copie 
dans  un  manuscrit  que  M.  Eugène  Demarquay,  alors  chef 
adjoint  de  la  police  municipale  de  Paris,  a  bien  voulu  me 
communiquer  en  1876.  Ce  manuscrit,  oeuvre  de  M.  Rabassc, 
inspecteur  de  police ,  contenait  un  glossaire  dont  la  com- 
paraison m'a  été  utile. 

De  la  traverse  de  Lontou  (Toulon).  —  Mon  cher  camerluche, 
me  voilà  enfin  démarré  de  ce  maudit  ponton  d'amarrage,  par  la 
grâce  du  meke  (de  Dieu)  ou  du  barbé  (diable),  et  sans  être  aquigé, 
qui  nous  a  trimballé  igo  après  nous  avoir  secoué  pendant  quinze 
reluis  au  milieu  des  prés  salés. 

Tu  m'as  bonni  avant  de  décarrer  que  je  te  raccorde  par  une 
lazagen  du  truc  dont  les  artoupans  de  cette  traverse  nous  ont 
pésignés.  Je  honnirai  qu'ils  nous  ont  embroqués  d'une  chasse 
moustique    attendu    que    le    quart    d'œil  de    Rochefort   nous   a 


XII  INTRODUCTION. 

rafilé  la  manquesse  (mal  noté)  auprès  de  son  camerluche  de  cette 
traverse. 

Les  gaffiers  sont  plus  mouchiques  que  lago  ;  il  faut  igo  (ici) 
avoir  le  loubion  en  poigne  pour  leur  jacter;  ou  ils  vous  bous- 
culent en  véritables  artoupans. 

La  cavale  (tuite)  est  plus  difficile  que  lago;  cependant  les  mes- 
siers  de  cambrouse  n'ont  pas  la  même  chaleur  à  pessigner  les  fagots 
en  campe  (fuite). 

La  tortillade  (nourriture)  est  la  même  pour  la  quantité,  mais  le 
pivoi  est  plus  chenu,  le  larton  un  peu  plus  savonné  que  lago  et 
la  batouse  à  limasse  plus  chenue  aussi. 

La  satonnade  roule  à  balouf.  Le  toc  est  un  bridon  de  gaye  qui 
a  une  poigne  esquintante. 

Rien  de  plus  à  te  bonnir  sinon  que  la  Fouine,  Classique,  Escarpe 
et  Greve-cœur  te  refilent  leurs  bécots  de  chouettes,  et,  pour  mon 
arga,  je  crois  que  je  serai  jusqu'au  moment  de  canner  (mourir), 
ton  dévoué. 

La  Hyène. 

Après  ces  échantillons  de  l'argot  actuel  des  voleurs  parisiens 
et  des  forçats,  on  ne  lira  pas  sans  curiosité  sept  morceaux 
d'un  argot  moins  connu,  celui  des  malfaiteurs  de  province.  Il 
diffère  des  deux  autres  en  beaucoup  de  points.  Beaucoup  de 
ses  termes  restent  inexpliqués  dans  le  corps  de  notre  glossaire, 
et  font  soupçonner  bien  des  dialectes  inconnus  spéciaux  à 
chaque  localité.  Nous  ne  désespérons  pas  néanmoins  d'en 
trouver  la  clef  lors  de  notre  prochaine  édition,  et  nous  les 
donnons  dès  aujourd'hui  parce  qu'ils  jettent  un  jour  inat- 
tendu sur  la  complexité  de  notre  œuvre.  II  y  aurait  dès  au- 
jourd'hui à  établir  un  glossaire  par  prison.  La  collation  de 
ces  œuvres  locales  pourrait  seule  produire  un  répertoire 
vraiment  utile. 

Les  lettres  auxquelles  sont  empruntés  les  passages  ci -des- 
sous sont  de  1860;  elles  ont  été  écrites  par  une  détenue  de 
la  prison  de  Besançon. 


PREMIERE    LETTRE. 

Cet  huissier  (concierge  de   prison)  ne  gêne  en  rien  pour  faire 
chibis  (s'évader)  d'ici. 
L'onclesse  est  une  coquine  finie. 
Prenez  bien  vos  précautions  de  partout  et  je  voudrais  que  vous 

.1 . 


INTRODUCTION.  XIII 

changiez  vos  centres  (noms)  de  ne  plus  porter  celui  de  Julie,  prends 
celui  de  Clémence  et  change  celui  de  ses  pères  et  celui  de  sa 
sœur,  car  l'on  a  mauché  (mangé  !  c'est-à-dire  dénoncé)  sur  moi 
et  la  muppère  de  Caron  tombera,  alors  tous  vos  centres  tom- 
beront. Mes  bons  amis,  je  ne  sais  pas  comment  je  vais  sortir 
de  cette  affaire,  l'on  a  mauché  (mangé)  sur  moi  depuis  le  1 6  janvier, 
et  nous  voilà  au  2  février  et  l'on  ne  m'a  encore  rien  dit,  sinon  que 
l'oncle  est  venu  prendre  mon  camoufle  (signalement)  et  m'a  dit  le 
centre  (nom)  de  ma  pige  (prison).  Mes  chers  amis,  je  vous  prie, 
s'il  n'y  a  pas  moyen  de  me  faire  chibis  d'ici,  il  n'y  aura  pas  moyen 
plus  loin,  par  Flore  cela  ne  vaudrait  rien,  car  il  y  a  deux  griviers 
dans  la  cour  des  hommes,  ce  serait  bien  dangereux  et  ils  se  relè- 
vent toutes  les  heures. 

Je  fais  passer  ma  lettre  par  la  sœur  d'Eulalie  parce  que  je  ne  vou- 
drais pas  que  Virginie  ait  l'adresse  de  la  vieille. 

Je  pense  que  tu  auras  été  chercher  le  petit,  car  j'ai  peur  que  le 
centre  tombe. 

Mon  ami,  je  te  le  répète  par  M.  Flore,  je  ne  pense  pas  que  tu 
puisses  faire  quelque  chose,  il  en  faudrait  trois  mois,  je  t'ai  dit,  il  y 
a  deux  griviers  dans  la  cour  des  hommes  et  ils  se  trouvent  bien  en 
face  de  la  grande  lourde  d'entrée,  si  tu  vois  la  môme,  la  mère  de 
Juliette,  elle  pourra  te  dire  comme  c'est,  si  tu  peux  chabier,  ça 
vaudrait  peut  être  mieux.  Il  n'y  a  qu'une  jeunesse  qui  est  avec  nous 
et  elle  ne  demande  pas  mieux  que  de  faire,  car  elle  est  pour  un 
môme  qu'elle  a  tapé. 

Si  tu  vois  le  grêlé,  dis-lui  pour  le  rôti,  car  il  viendrait  pour 
t'aider. 

Dites-moi  bien  si  la  lettre  était  décachetée  quoiqu'il  n'y  avait 
rien  de  mauchigne  (mouchique.) 

Pour  la  Philiberte,  elle  ne  s'est  pas  esbalonée  (évadée). 

Je  te  prie  de  mettre  dans  un  pâté  deux  ou  trois  sigolles,  car  je 
crois  que  je  suis  encore  pour  longtemps  ici,  j'en  ai  encore  quatre, 
mais  nous  sommes  obligées  de  tenir  si  belle  cette  femme. 

Embrasse  ta  marraine  pour  moi  ainsi  que  mon  oncle  et  sa  femme 
et  la  petite  Moni  et  ses  parents  sans  oublier  la  vieille  et  son  fils. 

Je  ne  sais  pas  encore  si  on  me  trimballera  à  l'endroit  de  mapinge 
[pige  :  arrestation),  car  si  l'on  fait  venir  l'oncle,  je  dirai  que  ce  n'est 
pas  moi  qui  étais  chez  lui. 

Ma  chère  Julie,  si  je  peux  faire  passer  des  bas  chez  Collard  ou 
chez  la  Virginie,  je  le  ferai,  car  je  suis  sûre  que  vous  n'en  avez 
pas.  La  malle  de  ton  père  a  été  saisie  à  cause  des  chaussons  qu'il  y 
avait  dedans,  et  si  vous  avez  changé  de  maison  vous  me  ferez  trois 
petits  points  tel  que  cela...  et  si  vous  avez  reçu  la  lettre  que  je  vous 
ai  parlé  qui  était  pour  Eulalie,  vous  ferez  une  petite  croix. 

Mon  ami,  je  te  prie  en  grâce  de  ne  pas  venir  de  çhamque. 

L'on  vient  de  me  tirer  mon  portrait  et  l'on  va  l'envoyer  dans 
toutes  les  mottes  et  dans  tous  les  loirs. 


XIV  INTRODUCTION. 

J'aurais  bien  mieux  voulu  que  l'on  me  trimbale,  j'aurais  tâché  de 
voir  M.  Chibis. 

Change  de  centre,  je  vous  en  prie  en  grâce,  car  les  centres  des 
mômes  vont  tomber. 

Tâchez  de  faire  mettre  la  lettre  à  DôIe  ou  dans  les  environs,  à 
seule  fin  qu'il  n'est  de  cime  de  personne.  Je  ne  sais  pas  quand  je 
pourrai  t'écrire,  toutes  les  fois  que  je  trouverai  une  occasion  je  le 
ferai,  et  de  la  prudence. 

Les  popes  sont  au  fond  de  la  cour  des  engistes,  voilà  huit  jours 
que  j'attends  cette  occasion. 


DEUXIEME     LETTRE. 

J'ai  su  par  le  Cosmont  puisque  tu  as  dit  à  Niort  (tu  as  nié),  vas 
toujours  la  même  chose,  il  est  venu  une  pureuse  (détenue  dénon- 
ciatrice) pour  me  topiser  (dévisager),  elle  a  dit  :  «  Je  ne  suis  pas 
sure,  mais  elle  lui  ressemble,  »  je  crois  qu'on  a  fait  venir  une 
autre.  C'est  la  Louise  qui  fait  les  bifFetons  de  Julie,  il  n'a  pas  de 
meurtre  dorine.  Courage,  tu  es  jeune,  tu  as  de  l'espoir  et  i^uis  tu 
n'as  rien  fait.  J'espère  que  le  jugement  de  ces  marchands  sera 
cassé.  Oui,  tu  pourrais  être  libre,  je  mourrai  contente,  car  je  sais 
que  tu  as  bon  cœur,  et  puis  ce  malheureux  Tours  fait  réfléchir 
toujours  à  Niort.  Il  peut  demander  comment  s'appelle  ta  marraine, 
tu  diras  Catherine  Kérer  et  ton  parrain  Georges  Brun,  je  le  crois, 
mais  tu  ne  l'as  jamais  connu,  et  je  finis  en  te  souhaitant  la  li- 
berté. " 

TROISIÈME    LETTRE. 

Pauvre  Jacques,  quand  je  pense  te  voir  dans  une  position  si 
triste,  et  si  injustement,  je  ne  peux  pas  croire  à  une  telle  s-élera- 
tesse  pareille  :  ne  te  décourage  pas.  Le  curieux  (juge  d'ii  struc- 
tion)  m'a  dit  que  je  faisais  tes  passes,  je  ne  l'ai  pas  avoué,  l'auvre 
viorne  (vieux),  je  crois  que  le  juge  retarde  pour  le  mois  do  mai, 
c'est  pour  le  faire  venir  ici.  Dis  moi  si  on  lui  a  donné  des  passets, 
ils  avaient  du  sauvais  dedans  une  livre. 

Quatre  billets  d'homme,  pris  à  la  même  source,  compléte- 
ront utilement  ce  spécimen  de  l'argot  des  voleurs  de  pro- 
vince : 

I. 

Je  n'ai  pas  grand  chose  à  te  dire  que  les  malheurs  se  suivent 
dur.  Un  accident  (une  arrestation)  sur  la  ligne  (dans  la  ban  le)  est 
arrivé,  il  y  a  neuf  blessés  (neuf  faits  prisonniers).  Enfin,  a\ec  les 
chemins  de  fer,  toujours  la  même  chose. 


INTRODUCTION.  XV 


II. 

Ne  te  chagrine  pas  à  mon  sujet,  je  fais  attention  du  mieux  que  je 
peux.  Nous  avons  trouvé  partout  le  rouge  à  boudin  qui  nous  gêne 
un  peu. 

m. 

Mon  cher  ami,  c'est  avec  bien  de  la  peine  que  je  te  fais  savoir 
par  mon  honorée  de  ce  jour  que,  ainsi  que  je  te  l'avais  promis,  je 
ne  peux  me  trouver  à  Tours  à  la  fin  du  mois,  il  m'est  impossible, 
mais,  en  revanche,  je  compte  bien  m'y  trouver  le  i5  février. 

La  cause  en  est  que  l'on  va  procéder  à  une  opération  à  ma  tante 
et  qu'il  faut  que  je  m'y  trouve,  je  te  fais  savoir  aussi  que  Louis 
est  bien  malade  (en  jugement).  Quand  tu  m'écriras,  écris-n  ci 
toujours  poste  restante  à  Bordeaux  (Gironde.) 

Plus  rien  à  te  dire,  je  te  salue,  ainsi  que  ta  femme. 

Ton  ami  —  Gros  Marro. 
Je  te  souhaite  une  bonne  santé,  quant  à  moi  je  vais  bien. 

IV. 
Chère  femme. 

Je  fais  réponse  à  ta  lettre  que  j'ai  reçue  à  Saint- Pourçain.  Je  me 
porte  bien  et  je  désire  que  la  présente  vous  trouve  de  même, 
quant  à  celle  de  Moulins,  je  n'ai  pu  l'avoir  faute  d'occasion. 

Je  te  dirai  que  je  pars  pour  Fontainebleau,  tu  me  feras  réponse 
à  Paris,  Loiset,  pour  le  23.  — •  Les  affaires  sont  toujours  les  mêmes  ;  ça 
ne  va  pas,  il  y  a  de  quoi  se  dégoûter;  mais  ma  foi  ça  changera  bien, 
il  le  faudra.  Ne  te  chagrine  pas  à  mon  sujet;  je  fais  attention  du 
mieux  que  je  peux;  nous  avons  trouvé  partout  le  rouge  à  boudin 
qui  nous  grime  (chagrine)  un  peu.  Je  ne  t'en  mets  pas  davantage. 
Je  suis  pressé,  je  pars  par  le  train  de  midi  pour  Fontainebleau, 
sans  ça  je  te  mettrais  quelques  lignes  de  plus.  Bien  des  compli- 
ments de  ma  part  à  M.  et  M"»  Louis.  —  Je  finis  ma  lettre  en  t'em- 
brassant  de  tout  cœur  pour  la  vie  ton  homme  qui  t'aime. 

Emile. 

Je  te  demande  (donne)  des  nouvelles  de  la  Mina  (bande)  très 
mauvaises.  Madame  Jean  trois  pige  (a  trois  ans  de  prison),  ainsi 
que  les  deux  Juliettes;  la  mère  quatre  et  les  autres  une  au  moins 
Ainsi,  tu  vois  les  affaires.  M.  Baron  est  malade  (en  jugement)  il  y 
a  six  mois,  mais  ça  ne  sera  rien;  Jean  le  mari  de  madame  Jean 
aussi.  J'ai  vu  Laurent. 


XVI  INTRODUCTION. 

P.  S.  —  Bien  des  compliments  de  la  part  de  mon  beau-frère  à 
tous,  et  s'il  y  passe  pas  trop  loin  je  sais  qu'il  viendra. 

Comme  cette  correspondance  édifiante  le  prouve,  les  mal- 
faiteurs de  province  composent  une  vraie  famille  trop  bien 
unie,  dont  les  membres  dispersés  par  les  nécessités  du  métier 
ne  descendent  du  chemin  de  fer  que  pour  aller  prendre  leurs 
lettres  à  la  poste  restante.  De  vrais  commis  voyageurs  en 
vols  et  en  assassinats!... 

Je  ne  sais  si  le  lecteur  partagera  notre  impression,  mais  la 
dernière  lettre  signée  Emile  nous  paraît  plus  particulièrement 
sinistre  que  toutes  les  autres.  Cette  phrase  :  «  Les  atlaires 
sont  toujours  les  mêmes,  ça  ne  va  pas,  mais,  ma  foi,  ça  chan- 
gera bien,  il  le  faudra,  »  suinte  le  crime  par  chaque  mot.  On 
sent  que  celui  qui  l'a  écrite  est  prêt  à  tout,  dans  l'intérêt  de 
son  commerce. 


HARMONIES  IMITATIVES. 

Nous  pouvons  citer  icïfanffe  eifonfe  (prise),  qui  simulent 
bien  le  reniflement  du  priseur;  /&owz5-^ow/5 (polichinelle)  imite 
le  cri  de  la  pratique;  cri-cri  celui  du  grillon  ;/row-/roM  rend 
le  bruissement  de  la  so\e\faffe,  celui  du  billet  de  banque  ;  to- 
quante rend  le  toc-toc  de  la  montre  en  marche  ;  fric-frxc  le 
bruit  produit  par  une  effraction;  gilbocq  celui  de  la  bille  qui 
va  en  frapper  une  autre  en  roulant  sur  le  tapis  du  billard; 
branque  rappelle  le  braiment  de  l'âne;  toc  rappelle  le  son  mat 
du  doublé;  tam-tam  etfla-fla  font  une  allusion  retentissante 
aux  coups  de  grosse  caisse  et  aux  coups  de  fouet  dont  ne  sau- 
raient se  passer  ceux  qui  abusent  de  la  réclame  et  qui  aiment  à 
faire  grand  bruit,  ceux  qu'on  appelle  les  faiseurs  d'esbroiiffe, 
—  Encore  un  mot  de  même  famille.  —  Qu'il  vienne  ou  non 
d'Italie,  esbrouffe  rend  bien  le  fracas  de  la  vanité. 

Humble  et  doux  au  contraire  est  le  bruit  de  la  larme  qui  dê^ 
gouline  le  long  de  la  joue. 

Dégouline..,  On  croit  presque  l'entendre  tomber. 


INTRODUCTION.  XVII 


JEUX    DE   MOTS. 


Oui,  le  calembour  lui-même  s'en  est  mêlé,  et  de  bonne 
heure  encore,  ^«^er  (argent)  n'est  qu'un  jeu  de  mots  du  mo)  en 
âge,  temps  où  la  maille  était  une  monnaie^  et  où  le  haubert 
était  une  cotte  de  mailles.  —  Avoir  de  Vaubert^  c'était  donc 
être  couvert  de  mailles,  ou  d'argent  si  vous  aimez  mieux.  — 
Ne  disons-nous  pas  encore  d'un  riche  :  //  est  couvert  d'or  f 

Comme  jeux  de  mots  nécessitant  moins  d'explications,  ci- 
tons l'habillé  de  soie  (cochon),  le  cloporte  (portier),  le  pendu 
glacé  (réverbère),  la  salade  (réponse),  le  billet  de  parterre 
(chute),  le  numéro  loo  (latrines),  le  tirant  radouci  (bas  de 
soie),  la  fièvre  cérébrale  (accusation  entraînant  la  perte  de  la 
tête),  la  main  courante  (le  pied),  pincer  de  la  harpe  (être  en 
prison),  Vamendier  fleuri  (régisseur  de  théâtre,  donnant  des 
amendes),  le  rnowse/^newr  (fausse-clef),  devant  lequel  s'ouvrent 
toutes  les  portes. 

On  peut  encore  rattacher  indirectement  à  la  classe  des  jeux 
de  mots  quelques  transpositions  comme  Lontou  (Toulon), 
linspré  (prince),  nibergue  (non,  bernique),  sans  oublier  ar- 
souille,  dans  lequel  nous  avons  retrouvé  le  souillart  (art- 
souille),  qui,  au  moyen  âge  comme  aujourd'hui,  avait  abso- 
lument le  même  air  canaille. 

SOUVENIRS. 

Encore  une  classe  importante  que  celle  des  mots  formés 
par  nos  souvenirs.  Ils  sont  de  tout  genre,  de  tout  âge  :  histo- 
riques, politiques,  dramatiques,  littéraires. 

Makach,  ba^ar,  smalah,  ra^^ia,  fourbi,  gourbi,  mat^agran, 
sont  des  conquêtes  d'Afrique;  bachi-bou^ouk  vient  de  la  Cri- 
mée. Bismarquer  restera,  pour  nous  un  souvenir  éternel. 

Cavour,  Bolivar  et  Morillo,  Garibaldi  \n.\.vo<Xmseni  la  poli- 
tique dans  le  domaine  de  la  chapellerie. 

Antony,  Bertrand,  Macaire,  Demi-monde,  Camélia,  Fille 
de  marbre,  Benoiton,  Calino,  et  en  dernier  Jieu  Alphonse,  té- 
moignent de  l'influence  du  théâtre  moderne. 


XVIII  INTRODUCTION. 

Du  théâtre  ancien,  nous  avons  conservé  Basile,  Tartufe, 
Polichinelle,  Arlequin,  Carline  et  Pierrot. 

Victor  Hugo  a  produit  pour  sa  part  Quasimodo,  Pieuvre, 
Gavroche. 

Mayeux  et  Chauvin  rappellent  les  gloires  de  la  carica- 
ture. 

A  la  mythologie,  on  peut  renvoyer  Pallas,  Cerbère  et  Cu~ 
pidon. 

Faire  sa  Sophie  est  de  l'hellénisme  raffiné. 

Aux  temps  bibliques  remontent  Balthasfar,  Philistin,  faire 
son  Joseph,  putipharder  ;  —  à  l'antiquité,  Laïus,  Romain, 
Bucéphale. 

A  la  politique  nous  devons  gauche,  droite,  voltigeur  de 
Louis  XIV,  frère  et  ami,  démoc-soc,  aile  de  pigeon,  centre 
et  juste-milieu,  ventru  et  satisfait,  communeux  et  commu- 
nard, purs  et  pourris,  blancs  et  rouges,  badinguiste,  henri- 
quinquiste,  gambettiste,  thiériste,  intransigeant,  opportu- 
niste... Et  Dieu  sait  ce  que  nous  lui  devrons  encore! 

IMPORTATIONS. 

Le  cosmopolitisme  toujours  croissant  de  la  vie  parisienne 
a  singulièrement  accru  cette  section  depuis  le  second  Em- 
pire. 

Le  Sport  peut  être  considéré  comme  une  colonie  anglaise 
(V.  dandy,  turf,  rider,  betting,  ring,  handicap,  bookmaker, 
cab,  racer,  four  in  hand,  mail  coach,  et  une  foule  d  autres). 
L'industrie  a  subi  depuis  longtemps  l'influence  étrauf^ère.  La 
politique  a  ses  leader.  Le  journalisme  lui-même  paraît  trou- 
ver plus  drôle  de  dire  racontar  que  racontage,  et  reporter 
que  nouvelliste. 

Dans  ces  nobles  étrangers,  on  reconnaît  de  temps  à  autre 
de  vieux  Français  qui  ont  passé  la  Manche  avec  les  Nor- 
mands de  Guillaume.  Entre  notre  tunnel  de  chemin  de  fer  et 
notre  tonnelle  de  jardin,  il  n'y  a  pas  l'épaisseur  d'une  feuille. 
Le  mess  de  la  garde  impériale  n'était  que  le  repas  pris  en  com- 
mun par  nos  moissonneurs  du  moyen  âge. 

Les  Italiens,  amis  des  arts,  nous  ont  donné  brio,  piano,  riri' 


INTRODUCTION.  XIX 

for^audo,  in  petto^  in  fiocchi^  a  giorno,  interme^^^o,  bravo, 
bravi^  brava!  etc.,  etc. 

Mais  que  les  langues  vivantes  ne  nous  fassent  pas  négliger 
les  langues  mortes!  L'argot  a  aussi  sa  classe  de  latin.  Et  ce 
n'est  pas  dommage  (c'est  justice),  comme  on  dit  à  Belleville 
et  autres  lieux  où  le  quibus  jouit  de  la  considération  qu'il 
mérite.  Aussi  avons-nous  recueilli  avec  respect  les  latinismes 
ayant  cours. 

III.  —  Les  richesses  de  Vargot. 

Nous  venons  de  voir  comment  l'argot  est  un  langage  com- 
posé moins  de  mots  nouveaux  que  d'interprétations  nou- 
velles. 

Si  la  matière  n'est  pas  neuve,  reconnaissons  qu'elle  rachète 
ce  défaut  par  une  singulière  richesse.  L'abondance,  la  va- 
riété et,  disons-le  bien,  la  précision  de  beaucoup  de  termes  ne 
s'auraient  s'imaginer. 

S'agit-il,  par  exemple,  de  suivre  tous  les  degrés  de  la  sou- 
lographie,  remarquez  la  progression  parfaite  indiquée  par  les 
quarante-six  termes  qui  suivent,  dont  nous  avons  justifié 
l'existence  par  de  nombreux  exemples.  Sans  rentrer  l'un  dans 
l'autre,  ils  ont  leur  signification  propre.  —  Chacun  indique, 
dans  l'état,  une  nuance. 

Au  début,  nous  rencontrons  les  neuf  verbes  :  être  bien, 
avoir  sa  pointe,  avoir  un  grain,  être  monté,  en  train,  poussé, 
parti,  lancé,  en  patrouille. 

Un  peu  plus  loin,  nous  voyons  l'homme  légèrement  ému; 
—  il  sera  tout  à  l'heure  attendri,  il  verra  en  dedans,  et  se 
tiendra  des  conversations  mystérieuses.  Cet  autre  est  éméché; 
il  aura  certainement  demain  mal  aux  cheveux. 

Pour  dépeindre  les  tons  empourprés  par  lesquels  va  passer 
cette  trogne  de  Silène,  vous  n'avez  que  la  liberté  du  choix 
entre  :  teinté,  allumé,  pavois,  poivre,  pompette,  ayant  son 
coup  de  soleil,  ayant  son  coup  de  sirop,  son  coup  de  bouteille, 
son  plumet,  sa  cocarde,  se  piquant  ou  se  rougissant  le  ne^. 

De  la  figure  passons  à  la  marche.  —  L'homme  ivre  a  quatre 
genres  de  port  qui  sont  également  bien  saisis.  Ou  il  est  raide 


XX  INTRODUCTION. 

comme  la  justice  et  laisse  trop  voir  par  son  attitude  forcée 
combien  il  lui  en  coûte  de  commander  à  la  matière; 

Ou  il  a  sa  pente  (ce  qui  arrive  souvent  quand  on  est  dans 
les  vignes)^  et  il  marche  comme  si  le  terrain  lui  manquait  ; 

Ou  il  festonne^  brodant  de  zigzags  capricieux  la  ligne  droite 
de  son  chemin; 

Ou  //  est  dans  les  brouillards..,  tâtonnant  en  plein  soleil, 
comme  s'il  était  perdu  dans  la  brume. 

Attendons  dix  minutes  encore  ;  —  laissons  notre  sujet  des- 
cendre au  plus  bas,  et  vous  pourrez  dire  indifféremment  :  // 
est  chargé^  g^vé^  plein^  complet,  pion,  rond  comme  une  balle, 
mouillé,  humecté,  bu,  pochard,  casquette,  il  a  sa  culotte,  son 
casque,  son  toquet,  son  sac,  sa  cuite,  son  affaire,  son  compte^ 
il  est  soûl  comme  trente  mille  hommes,  il  en  a  jusqu'à  la  troi' 
sième  capucine.  —  Ce  n'est  plus  un  homme,  c'est  un  canon 
chargé  jusqu'à  la  bouche. 


Presque  aussi  riche  est  le  vocabulaire  des  voies  de  fait,  — 
qui  sont  une  des  conséquences  ordinaires  de  l'ivresse.  Plus 
riche  encore  serait  celui  du  libertinage,  s'il  était  permis  de 
franchir  des  limites  que  nous  avons  scrupuleusement  respec- 
tées, tout  en  usant  du  droit  qui  sauvegarde  toute  recherche 
sérieuse. 

Voici  quelques-unes  des  phases  les  plus  intéressantes  de  la 
batterie  : 

Avec  la  peignée,  on  se  prend  aux  cheveux,  on  se  crêpe  le 
toupet,  on  se  tombe  sur  le  poil. 

On  se  croche  ensuite  en  s'empoignant.à  bras-le-corps  ou  en 
se  passant  la  jambe. 

L'enlevée,  la  valse,  la  tournée  et  la  danse  sans  violons,  dé- 
crivent les  mouvements  précipités  delà  lutte. 

Avec  la  dégelée,  la  brossée,  la  frottée^  la  torchée,  V étrilla ge^ 
la  raclée,  la  brûlée,  on  a  l'épiderme  bien  endolori.  La  rossée 
vous  sangle  comme  un  cheval  rétif;  la  trempe^  la  trempée  et 
la  rincée  vous  tordent  comme  du  linge  à  la  lessive. 

Avec  la  cuite,  il  vous  en  cuira  longtemps. 

Si  l'adversaire  vous  tombe,  gare  à  la  roulée^  à  la  trépignée^ 


INTRODUCTION.  XXI 

à  la  tripotée^  à  lapîle^  au  travail  du  casaquin!  vous  êtes  à  sa 
merci.  11  vous  pétrira  de  coups. 

Encore  une  seconde,  et  vous  voilà  en  compote  ou  démoli. 
~~  Tant  pis  si  vos  os  ne  sont  pas  numérotés.  Il  n'y  aura  plus 
moyen  de  les  mettre  en  place. 

Notez  que,  contre  tous  ces  termes,  le  langage  du  monde 
n'en  a  pas  un  seul  qui  exprime  la  même  idée  en  un  seul  mot. 


Et  ce  n'est  point  là  seulement  que  nous  retrouvons  une 
variété  significative  de  synonymes. 

Prenons  boule^  ou  balle^  ou  coloquinte,  ou  calebasse!  c'est 
la  tête  plus  ou  moins  ronde. 

Avec  binette^  trombine^  faciès^  frime,  frimousse,  il  y  a 
quelque  chose  de  nouveau  :  nous  voyons  se  dessiner  la  phy- 
sionomie. 

La  sorbonne  et  la  boussole  désignent  le  cerveau  qui  conçoit, 
raisonne  et  dirige. 

Le  caisson  a  été  fait  tout  exprès  pour  représenter  le  crâne 
éclatant  à  l'heure  du  suicide. 

La  tronche  montre  la  tête  tombant  sous  le  couteau  de  la 
guillotine. 

De  la  tête  passons  à  la  jambe  :  grosse,  c'est  un  poteau;  or- 
dinaire, c'est  une  quille;  mince,  c'est  uneflûte^  un  cotteret^ 
un  fumeron,  un  fuseau,  un  échalas;  plus  mince,  c'est  une 
pincette,  Mne  jambe  de  coq;  plus  mince  encore,  c'est  un  Jil 
de  fer;  tremblante,  c'est  un  flageolet.  Les  jambes  du  dan- 
seur sont  des  gigues  ou  des  gambilles;  celles  du  marcheur 
forment  un  compas^  une  équerre. 

Cette  précision  se  retrouve  jusque  dans  les  diverses  ma- 
nières de  dépenser  son  argent.  Le  prodigue  douille,  la  dupe 
casque,  l'homme  qui  veut  imposer  la  confiance  éclaire,  l'éco- 
nome s'allonge,  l'avare  se  fend  jusqu'à  s'écorcher. 

La  mort  elle-même  semble  vouloir  prêter  un  verbe  à  chaque 
état.  Le  pilier  de  café  dévisse  son  billard,  le  cavalier  graisse 
ses  bottes,  le  bavard  avale  sa  langue,  le  chiqueur  pose  sa 
chique,  le  fumeur  casse  sa  pipe,  l'apoplectique  claque,  le  trou- 
pier reçoit  son  décompte,  descend  la  garde,  passe  Varme  à 


XXlî  INTRODUCTION. 

gauche  ou  défile  la  parade^  le  pauvre  perd  une  dernière  foiâ 
le  goût  du  pain^  l'agonisant  tourne  de  Vœil^  l'homme  frappé  à 
mort  sue  le  sang,  le  Parisien,  toujours  logé  haut,  lâche  la 
rampe. 

Mais  il  n'en  faut  pas  déduire  que  l'idiome  dont  nous  nous 
occupons  soit  facile  à  posséder.  11  fourmille,  on  l'a  vu,  de 
nuances  faciles  à  comprendre,  mais  dont  la  distinction  de- 
mande un  certain  acquis. 

Ainsi,  déjà  usité  comme  mot  d'amitié,  cocotte  se  dit  ou  d'un 
cheval^  ou  d'une/emme,  ou  de  deux  affections  très-différentes. 
Battant  veut  dire  à  la  fois  neuf,  langue,  cœur  ou  gosier. 
Plomb  signifie  gosier^  ga:(  ou  maladie.  Blague  a  sept  signi- 
fications si  variées  qu'elles  peuvent  s'appliquer  également  à  la 
facilité  d'élocution,  ou  à  une  conversation  spirituelle,  ou  à  un 
mensonge. 

Chic  présente  autant  de  sens  non  moins  contradictoires.  — 
Appliqué  au  crayon  d'un  artiste,  il  est  un  brevet  de  banalité 
ou  de  distinction...  Il  ne  lui  faut,  pour  cela,  qu'être  procédé 
de  avec  ou  de  de.  —  Il  fait  tout  avec  chic  est  un  éloi^e,  il 
fait  tout  de  chic  est  une  critique  très-sensible. 

Faire  a  de  même  sijc  acceptions  :  ficher  en  a  huit.  —  Chien 
entre  dans  la  composition  de  neuf  mots.  —  Œil  en  f  )rme 
douze.  —  Chose  peut  signifier  indifféremment  dignité  ow  in- 
dignité. —  Paumer  veut  dire  prendre  ou  perdre.  —  Bachot 
s'applique  indifféremment  à  un  examen^  à  un  candidat^  à  une 
institution.  —  Extra  représente  ou  un  repas,  ou  un  invité^ 
ou  un  domestique.  —  C'est  à  s'y  perdre. 

IV.  —  Ses  rapports  avec  lès  nioéuri. 

Dans  l'argot  plus  que  dans  tout  autre  langage,  certains  ter- 
mes caractérisent  un  ordre  d'idées,  d'habitudes,  d'instincts. 

Seul,  un  malfaiteur  a  pu  appeler  le  premier  cafarde  la 
lune  voilée,  et  moucharde  la  lune  brillante,  seul  encore  il 
a  pu  nommer  coulant  ou  collier  la  cravate  avec  laquelle  il 
vo^s  étranglera  ce  soir. 


INTRODUCTION.  XXIII 

Il  a  besoin  de  très-bons  yeux,  —  des  yeux  de  chat  lui  per- 
mettant de  saisir  sa  proie  dans  l'ombre.  On  le  devine  en 
voyant  qu'il  les  appelle  ardents^  reluits^  clairs,  quinquets  et 
mirettes. 

Que  d'images  il  a  trouvées  pour  répondre  au  verbe  Assas- 
siner :  —faire  suer^  refroidir,  démolir^  rebâtir^  connir^  ter~ 
rer,  chouriner,  expédier^  donner  son  compte^  faire  l'a  faire  ^ 
capahiiter^  escarper^  butter^  coucher... 

Il  semble  n'avoir  pas  trop  de  verbes  quand  il  s'agit  d'expri- 
mer une  fuite  :  se  la  briser,  se  la  casser^  s'évanouir^  se  dé- 
guiser en  cerf.,  se  pousser  de  l'air ^  s'esbigner^  se  cavaler^  se 
la  courir,  se  la  couler.,  tirer  sa  crampe.,  se  cramper,  lâcher^ 
décarer^  décaniller.,  se  tirer  les  pattes... 

Et  quels  noms  significatifs  décernés  aux  agents  chargés  de 
réprimer  ses  méfaits!  Par  balai^  cogne.,  raclette  ^raille  ^pousse 
et  grive.,  il  désigne  le  gendarme  qui  le  balaye  ou  rencogne^ 
la  patrouille  qui  le  racle.,  l'agent  qui  Véraille  ou  le  pousse,  le 
soldat  qui  le  grève. 

Par  une  exception  bizarre,  il  a  mêlé  les  idées  de  cuisine  et 
de  dénonciation.  L'homme  qui  le  dénonce  à  la  police  est  un 
cuisinier^  un  coqueur  (maître  coq),  une  casserole.  Dénoncer, 
c'est  casser  du  sucre^  se  mettre  à  table,  manger  le  morceau. 
Si  le  malfaiteur  est  arrêté,  il  dit  qu'il  est  servi.  Serait-ce 
parce  qu'il  se  voit  dé]à  flambé^  cuit .,  fumé ^  frit.,  fricassé.,  rôti 
et  brûlé  par  dame  Justice  ? 

La  fréquence  des  équivalents  indique  mieux  que  toutes  les 
statistiques  morales,  la  place  tenue  par  certaines  passions. 

Niera-t-on  que  le  peuple  français  soit  susceptible  d'enthou- 
siasme en  voyant  tous  les  synonymes  qu'il  a  trouvés  aux  mots 
bon  et  beau?  —Chic,  chicard.,  chicandard^  chouette^  bath^ 
rup^  chocnosof  snoboye,  enlevé^  tapé.,  ça^  superlifico,  aux 
pommes^  numéro  i^  aux  petits  ognons!  etc.  —  Si  on  n'est  pas 
content,  ce  n'est  point  parce  qu'on  manque  des  moyens  de  le 
dire. 

Et  l'argent,  n'occupe-t-il  pas  dans  le  néologisme  autant  dff 
place  que  dans  les  transactions  de  ce  bas  monde  ?  —  Nerf^ 


XXIV  INTRODUCTION. 

05,  liuile^  beurre^  graisse^  douille^  rond,  cercle,  bille ^jaiuiet, 
roue  de  devant,  roue  de  derrière^  braise,  thune,  médaille, 
face,  monarque,  carie,  philippe,  métal,  dale,  pè^e,  pimpion, 
picaillon,  noyaux,  sonnette,  cigale,  quibus,  quantum,  sit  no- 
men,  cuivre^  mitraille,  patard,  vaisselle  de  poche,  sine  quâ 
non,  etc. 

Le  manger  et  le  boire,  —  le  boire  surtout,  —  ont  à  leur 
disposition  une  légion  de  synonymes. 

Le  manger  :  béquiller,  becqueter,  tortiller  du  bec,  chiquer, 
mastiquer,  taper  sur  les  vivres,  pitancher,  bouffer,  etc. 

Le  boire  :  étouffer,  siffler,  flûter,  renifler,  pomper,  siroter, 
licher,  biturer,  se  rincer  l'avaloire,  la  dalle,  le  cornet,  la 
corne,  s'arroser  le  lampas,  se  pousser  dans  le  battant,  s  hu- 
mecter, pictonner,  tuer  le  ver,  chasser  le  brouillard,  etc.,  etc. 

Le  vin  s'appelle  ^icfow,  piccolo,  nectar,  ginglard,  ginglet, 
briolet,  bleu,  blanc,  etc. 

Et  l'eau-de-vie!  Combien  de  petits  verres  dans  ces  mots  : 
trois-six,  fil  en  quatre,  dur,  raide,  rude,  crik,  chenique, 
schnapps,  eau  d'aff,  sacré  chien,  goutte,  camphre,  raspail, 
jaune,  tord-boyaux,  casse-poitrine,  consolation,  riquiqui,  eau 
de  mort! 

Quant  à  l'absinthe,  cet  autre  poison,  n'a-t-on  pas  inventé 
autant  de  noms  que  de  manières  de  la  préparer? 

Après  la  satisfaction  des  besoins  matériels  ou  l'expression 
d'une  gaieté  railleuse,  les  misères  et  les  laideurs  de  cette  vie 
sont  largement,  exclusivement  représentées.  Les  moralistes 
pourraient  tirer  de  cette  inégalité  des  conclusions  désolantes. 
Elle  affirme  mieux  que  la  statistique  la  fréquence  de  certains 
vices. 

Chose  remarquable!  On  trouve  vingt  mots  pour  montrer 
le  niais,  la  dupe  ou  le  fripon;  —  il  n'y  en  a  pas  un  pour  dire  : 
voici  un  honnête  homme. 

La  femme  digne  d'estime  est  inconnue;  —  celle  quon  af- 
fecte de  mépriser  se  trouve  sous  le  coup  d'un  déluge  d'in- 
jures. Chaque  année  en  apporte  une  de  plus  au  vocabulaire. 

Battre  se  dit  de  vingt  manières  ;  caresser  n'a  pas  deux  sy- 
nonymes. 


INTRODUCTION.  XXV 

Il  y  a  quarante-quatre  manières  de  désigner  l'ivresse  ;  il  n'y 
en  a  pas  une  pour  indiquer  la  tempérance. 

Enfin  la  somme  des  négations  est  énorme,  et  il  n'y  a  pas 
une  seule  affirmation  positive. 

De  même,((  c'est  un  marlou,  c'est  un  filou!  w  se  disent  aussi 
bien  d'un  homme  rusé  que  d'un  souteneur  ou  d'un  voleur. 
Avoir  du  vice^  c'est  avoir  l'esprit  ingénieux.  Ces  assimilations 
dégradantes  en  disent  long  sur  le  danger  dans  lequel  se  trou- 
vent trop  de  consciences. 

L'admiration  même  se  trouve,  sur  ce  terrain  scabreux,  tout 
imprégnée  de  je  ne  sais  quelle  âcreté.  —  On  n'arrive  à  l'af- 
firmation de  la  qualité  que  par  la  négation  du  défaut.  On 
ne  dit  pas  :  je  suis  bien  fait^  on  dit  :  je  ne  suis  pas  déjeté;  on 
ne  dit  pas  :  je  suis  beau^  on  dit  :  je  ne  suis  pas  déchiré;  on 
ne  dit  pas  :  je  suis  jeune^  on  dit  :  je  ne  suis  pas  trop  piqué 
des  vers.  —  Vous  êtes  fièrement  brave^  rudement  bon^  se  di- 
sent avec  la  plus  douce  intention  du  monde.  Un  discours 
éloquent  devient  un  discours  tapé;  une  scène  émouvante  vous 
enlève^  vous  empoigne;  une  belle  action  épate  le  public.  On 
dit  d'une  œuvre  banale  :  Cela  n'est  pas  méchant^  cela  ne  mord 
pas.  Le  travailleur  est  unpiocheur  et  le  zélé  est  un  fanatique 
ou  un  féroce. 

Aussi,  comme  on  s'animalisel  Votre  peau,  c'est  du  cw/r,de 
la  couenne;  votre  bras,  un  aileron;  vos  pieds,  vos  mains  sont 
des  ergots^  des  paturons,  des  abattis,  des  pattes,  des  arpions; 
votre  visage  est  un  mufie;  votre  barbe,  une  bouquine;  votre 
bouche,  un  bec,  une  gueule  ;  vos  cheveux  sont  des  crins;  le  bas 
de  votre  échine  est  un  croupion.  Vous  ne  mangez  pas,  vous 
becqueté^,  vous  béquille^,  vous  tortille!^  du  bec,  et  votre  esto- 
mac est  une  bauge,  jusqu'à  l'heure  de  la  crevaison. 

En  toute  justice,  cependant,  on  ne  saurait  traiter  avec  une 
sévérité  absolue  l'élément  populaire  qui  sert  de  base  aux  ob- 
servations précédentes. 

Comment  le  peuple  se  piquerait-il  de  délicatesse  en  son  lan- 
gage? Le  labeur  de  chaque  jour  ne  lui  laisse  apprécier  que  la 
satisfaction  de  ses  gros  appétits.  Aussi  ne  nous  étonnons  pas 
en  voyant  ses  néologistes  si  brutaux.  Ces  rudes  inventeurs 

b 


Mvi  INTRODUCTION. 

ont  fait  des  mots  accentués  comme  leurs  ragoûts  'avoris  et 
faits  pour  traverser  les  palais  plébéiens  que  n'effrayent  pas  les 
fortes  cpices. 

Si  on  veut  donc  bien  ne  pas  se  choquer  de  la  rusticité  de 
cette  forme,  l'étude  de  l'argot  parisien  fera  découvrir,  au  degré 
le  plus  éminent,  certaines  qualités  de  couleur. 

Comme  il  est  bien  nommé  brutal  ce  canon  qui,  après 
avoir  grondé  de  sa  grosse  voix,  culbute  tout  sans  dire  gare  ! 

Et  béguin^  cet  amour  terrestre  qui  vous  isole  au  milieu  de 
la  vie  mondaine  avec  les  extases  du  cénobite  ! 

Combien  les  mots  richesse^  crédit^  fortune  paraissent  fades 
à  côté  de  ces  quatre  monosyllabes  :  lia  le  sac!  —  Il  a  le  sac, 
c'est-à-dire:  ses  louis  sont  en  tas  sous  sa  main;  d'ur  geste,  il 
peut  faire  rouler  à  vos  yeux  ces  belles  espèces  sonnantes. 

Nous  avons  dit  que  l'argot  forgeait  en  réalité  peu  de  mots  ; 
—  ce  sont  des  acceptions  nouvelles  qu'il  invente  de  préfé- 
rence. 

Parfois  ces  sortes  de  travestissements  sont  plus  raisonnes 
qu'on  ne  se  le  figure. 

Ainsi,  pour  n'en  citer  qu'un,  —  toquante,  ognon  ou  cadran 
sont  bien  plus  expressifs  que  montre. 

Toquante  fait  allusion  au  mouvement  de  l'objet  (toc,  toc); 
ognon,  à  sa  forme;  cadran,  à  la  figure  tracée  sur  sa  p  iroi.Ces 
synonymes  offrent  l'avantage  d'une  allusion  directe  à  la 
chose;  ils  se  gravent  mieux  dans  la  tête,  tandis  que  montre 
est,  pour  la  mémoire  des  simples,  beaucoup  plus  énigmati- 
que.  —  Cet  exemple  est  loin  d'être  le  seul,  mais  il  suffira, 
je  l'espère,  pour  affirmer  les  tendances  mnémotechniques  de 
l'argot. 

Selon  nous,  il  doit  être  aussi  beaucoup  pardonné  aux  li- 
cences du  langage  populaire,  en  raison  des  infortunes  qu'il 
décèle  souvent. 

Ainsi  la  plèbe  parisienne  a  trouvé  une  équivoque  saisis- 
sante pour  désigner  certains  quartiers  où  la  misère  fait  élec- 
tion de  domicile;  elle  les  appelle  quartiers  souffrants  (i). 

(i)  On  comprendra  mieux  cette  équivoque  après  avoir  lu  ce  pas- 


INTRODUCTION.  XXVII 

Je  me  rappellerai  toute  ma  vie  le  jour  où  j'entendis  pronon- 
cer ce  nom  pour  la  première  fois.  C'était  en  omnibus.  Le 
conducteur,  un  gai  compagnon,  égayait  de  son  mieux  la  mo- 
notonie du  devoir  qui  l'obligeait  à  décliner  tout  haut  le  nom 
de  certaines  voies.  A  l'instant  où  son  véhicule  quittait  la 
rue  des  Noyers  pour  traverser  la  place  Maubert,  qui  était 
alors  le  centre  d'un  réseau  de  ruelles  noirâtres  où  grouil- 
lait la  plus  misérable  population,  —  voilà  notre  homme  qui 
s'écrie  :  <(  Place  Maubert,  rue  Saint- Victor,  Panthéon!  Il  n'y 
a  personne  pour  le  quartier  souffrant  ?  »  —  Et  une  pauvre 
vieille  hâve,  déguenillée,  se  dressa  péniblement  et  descendit 
à  cet  appel  comme  une  justification  vivante  de  l'épithète. 

C'est  dans  le  même  esprit  qu'on  a  trouvé  des  expressions 
presque  gaies  pour  des  choses  lugubres.  Un  faubourien  qui 
se  casse  la  jambe  dira  par  crânerie  :  C'est  un  détail.  Une 
femme  abandonnée  par  celui  qu'elle  aime  dira,  en  étouffant 
ses  sanglots  :  Ça  n'est  pas  drôle ^  ce  qu'il  a  fait  là. 

Vous  n'avez  pas  besoin  de  leur  prêcher  la  philosophie.,  à  ces 
pauvres  diables!  ils  connaissent  le  mot,  car  ils  l'ont  pris  pour 
synonyme  de  misère.  Quelle  ironie!  Ils  ont  même  décoré 
leurs  savates  du  titre  de  philosophes.  Peut-on  mieux  mon- 
trer, —  je  vous  le  demande,  —  la  théorie  foulée  aux  pieds  par 
la  réalité  ? 

Les  synonymes  significatifs  de  ^wr,  raide.,  rude,  trois-six., 
verre  pilé,  tord-boyaux,  casse-poitrine,  disent  assez  pour- 
quoi les  malheureux  en  sont  venus  à  nommer  consolation  un 
verre  d'eau-de-vie.  Ce  n'est  pas  à  cause  de  sa  douceur.  Ce  n'est 
pas  la  boisson  en  elle-même  qu'ils  recherchent,  car  ils  en  con- 
naissent les  tristes  effets  ;  c'est  un  étourdissement  momentané, 
c'est  une  consolation  fictive. 

Et  la  pipe,  cet  autre  palliatif  populaire,  y  a-t-il  une  seule 
des  cent  satires  faites  depuis  cinquante  ans  contre  son  abus 

sage  du  journal  le  Petit  Moniteur  (9  février  1876)  :  «  Ce  n'était 
pas  Paris,  c'était  le  quartier  Mouflfetard;  le  quartier  souffrant, 
comme  le  peuple  raillant  sa  propre  misère  l'appelait  par  allusion 
aux  fabricants  d'allumettes  soufrées  qui  s'y  étaient  établis  avant 
l'invention  des  allumettes  chimiques.  » 


XXVIII  INTRODUCTION. 

qui  vaille  tout  le  sens  critique  de  ce  seul  mot  :  —  brûle- 
gueule? 

N'être  pas  méchant  et  ne  pas  mordre  sont  également  deux 
expressions  cousines  qui  valent  un  livre  sur  le  moyen  Je  par- 
venir. Vous  voulez  arriver,  faites- vous  craindre!  —  Dans  le 
monde  mêlé  où  nous  allons  pénétrer,  n'être  pas  méchant,  c'est 
être  bête.  Le  naïf  qui  ne  mord  pas  reste  sans  valeur  aux  yeux 
du  prochain.  —  De  même,  avoir  du  vice  n'est  pas  un  défaut, 
c'est  faire  preuve  d'intelligence. 

V.  —  Notre  méthode. 

A  l'exemple  de  ses  aînées  (i),  cette  édition  présente  des  re- 
maniements et  des  additions  considérables. 

Comme  tous  les  sujets  mal  définis,  celui  dont  nous  nous  oc- 
cupons était  difficile  à  bien  traiter  du  premier  coup.  Les  cu- 
rieux assez  patients  pour  comparer  ce  volume  aux  précédents, 
verront  que  nous  n'avons  cessé  de  chercher  des  définitions 
courtes  et  une  explication  naturelle  des  causes  déterminantes 
de  chaque  expression. 

Les  exemples  font  notre  force.  —  Nous  les  avons  donc  aussi 
multipliés,  aussi  variés  que  possible.  Sans  leur  aide,  on  ne  se 
ferait  pas  idée  du  mot,  si  bien  expliqué  qu'il  fût.  Nous  y  avons 
joint  des  dates  toutes  les  fois  qu'elles  étaient  utiles  pour  cons- 
tater l'ancienneté  d'un  mot,  ouïe  moment  précis  auquel  il 
avait  eu  cours,  car  beaucoup  de  mots  ne  durent  guère  plus 
que  la  mode  avec  laquelle  ils  sont  éclos. 

L'exemple  nous  a  paru  encore  le  meilleur  moyen  de  con- 
trôle, de  justification,  le  vrai  passe-port  des  néologismes.  Ont 
été  rejetés  sans  hésiter  ceux  qui  étaient  dépourvus  île  sa 
sanction  ou  qui  ne  paraissaient  pas  avoir  réellement  cours. 
Ces  derniers  sont  moins  rares  qu'on  ne  le  croirait;  ils  ont  été 
acceptés  par  certains  lexicographes  qui  ont  cédé  à  la  faniaisie 
de  mettre  en  circulation  un  mot  nouveau,  et  on  trouvera 

(i)  Si  on  en  excepte  la  troisième,  chaque  édition  de  ce  Diction- 
naire présente  des  variantes  nombreuses  et  essentielles. 


\ 


INTRODUCTION.  XXIX 

dans  cette  même  page  quelques  échantillons  curieux  de  leur 
procédé  inventif. 

Il  fallait  aussi  se  garder  de  donner  comme  argotiques  des 
termes  qui  ne  Tétaient  pas. 

Nous  avons  coUationné  avec  soin  notre  texte  avec  celui  du 
Dictionnaire  de  l'Académie,  qui  a  fait  la  part  large  au  langage 
familier.  Nicodème^  croûte^  pigeon^  filou^  lui  appartiennent. 
On  y  trouve  :  Je  m'en  bats  l'œil.  Après  un  débat  dont  la 
presse  a  parlé,  la  Commission  vient  même  d'agréer  faire  l'œil. 

Et,  puisque  nous  venons  de  parler  de  l'Académie,  croirait- 
on  que  Vidocq  a  donné  arche  de  Noé  comme  signifiant  Aca- 
démie française  dans  le  jargon  des  voleurs?  Arche  de  Noé  me 
paraît,  comme  tour  de  Babel  (Chambre  des  députés),  inventé 
par  des  mystificateurs  qui  ont  été  bien  aises  de  railler  l'Insti- 
tut et  le  Corps  législatif  en  essayant  de  représenter,  comme 
étant  dans  la  circulation,  les  mots  qu'ils  désiraient  y  glisser. 
En  ce  cas,  ils  n'ont  pas  trop  présumé  de  leurs  imitateurs. 
Non-seulement  on  les  a  reproduits,  mais  on  a  continué  leur 
tradition  inventive.  Delvau  donne  comme  synonymes  d'acadér- 
micien,  dans  la  langue  du  peuple  parisien,  les  mots  enfant  de 
la  fourchette^  mal  choisi  et  cul  àfauteuil^que  le  voyou  le  plus 
inventif  n'a  jamais  soupçonnés.  De  telles  mystifications  mon- 
trent, comme  nous  l'avons  dit,  que  la  garantie  de  l'exemple 
est  nécessaire  à  tout  lexique  sincère. 

Je  n'ai  pas  voulu  non  plus  spécialiser,  c'est-à-dire  attribuer 
l'usage  de  tel  mot  à  une  classe  plutôt  qu'à  une  autre.  Il  en 
est,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  qui  sortent  de  toutes  les 
bouches  et  qu'on  ne  saurait  attribuer  à  une  seule  catégorie 
sociale.  —  Où  ne  dit-on  pas  truc^  turne^  avoir  le  sac^  roupiller^ 
pépin^  etc.?  En  attribuant  ces  mots  à  l'argot  des  classes  dange- 
reuses d'où  ils  viennent,  on  ne  serait  plus  du  tout  dans  le  vrai. 
Pour  citer  un  autre  exemple  entre  cent,  où  ne  dit-on  pas 
blague  et  blaguer?  Où  ne  dit-on  pas  chic? 

D'autres  expressions  portent  avec  elles  un  cachet  d'origine. 
Tel  mot  sent  l'armée,  comme  tel  autre  sent  le  voleur  ou  l'ar- 
tiste. Il  n'est  pas  besoin  d'annoncer  que  blaireauter  (peindre 
avec  trop  de  fini)  vient  d'un  atelier  de  peinture,  ^qu'accrocher 


XXX  INTRODUCTION. 

(consigner)  sort  de  la  caserne,  que  faire  le  poivrier  (voler  un 
ivrogne)  est  une  expression  partie  des  classes  dangereuses. 
Cela  va  de  soi. 

En  spécialisant,  on  court  un  autre  danger,  on  reste  fatale- 
ment au-dessous  de  sa  tâche.  Chaque  corps  de  métier,  chaque 
atelier,  chaque  collège,  chaque  café,  chaque  quartier  ont  leurs 
petits  argots.  Si  vous  donnez  l'un,  il  faut  les  donner  tous. 
Vous  vous  noyez  alors  dans  l'infini  et  dans  le  puéril.  Si  vous 
donnez  l'argot  des  marbriers  de  cimetière,  pourquoi  ne  pas 
donner  celui  des  marbriers  de  cheminée,  des  praticiens,  des 
sculpteurs,  des  carriers  des  Vosges  ou  des  Pyrénées? 

C'est  pour  cela  que  nous  avons  tenu,  autant  que  possible,  à 
ne  prendre  que  des  mots  déjà  imprimés  n'importe  où,  dans  le 
gros  livre  comme  dans  la  chanson  des  rues(i). 

L'exemple  a  encore  un  avantage  :  c'est  d'offrir  une  base 
certaine  à  la  recherche  de  l'étymologie  et  de  vous  débarrasser 
des  anecdotes  douteuses  qui  ont  pullulé  en  ces  derniers  temps 
sous  prétexte  d'éclaircir  certaines  origines.  C'est  ainsi  que 


(i)  Ce  cadre  était  déjà  restreint.  Nous  l'avons  restreint  encore  en 
nous  bornant  à  Paris.  La  tâche  eût  été  bien  plus  grande  sans  cela. 
Chaque  province  a  son  argot,  et  celui  des  canuts  lyonnais  défraye- 
rait à  lui  seul  un  volume  aussi  gros  que  le  nôtre.  M.  H.  Nazet 
n'écrivait-il  pas  en  1872  à  V Eclair,  pour  lequel  il  suiv  lit  à 
Lyon  les  débats  de  l'affaire  de  la  rue  Grôlée  : 

«  Rien  de  typique  comme  l'argot  canut. 

«  MM.  les  tisseurs  ont  transporté  dans  la  vie  privée  le  langage 
de  leur  profession;  c'est  un  parler  étrange  qui  ne  manque  pas  de 
pittoresque. 

«  Quand  une  affaire  est  difficile,  on  dit  qu'elle  tire  au  peigne, 
expression  qui  provient  de  ce  qu'elle  se  dit  lorsque  la  soie  ne  passe 
pas  facilement  dans  le  peigne  du  métier  et  que  le  travail  est  dur. 

«  Tenir  tirant  est  une  autre  formule,  qui  se  traduit  assez  bien 
par  «s'entêter.  »  On  tient  tirant,  au  métier,  pour  empêcher  la  soie 
d'être  trop  serrée. 

«  Enfin,  une  dernière  phrase,  toute  pittoresque,  dérive  de  ce 
que,  quand  la  chaîne  devient  claire  sur  le  rouleau  et  laisse  voir  le 
bois,  au  moment  où  la  pièce  touche  à  sa  fin  ;  le  canut  dit  alors 
que  son  rouleau  rit  de  derrière,  et  applique  cette  formule  au  mon- 
sieur qui  perd  ses  cheveux. 

«  —  En  voici  un  dont  le  rouleau  rit  de  derrière! 

f.  J'en  passe  des  meilleures.  9 


INTRODUCTION.  XXXI 

Joachim  Duflot,  —  un  grand  fabricant  de  ce  genre,  —  à  pro- 
pos de  laver  (vendre),  met  en  scène  le  vaudevilliste  Théau- 
lon  et  sa  blanchisseuse  qui  n'ont  évidemment  rien  à  y  voir, 
car  une  citation  du  dictionnaire  de  Dhautel,  qui  date  de  1808, 
prouve  que  l'expression,  déjà  populaire  alors,  était  antérieure 
à  Théaulon. 

Pour  expliquer  l'expression  avoir  son  jeune  homme  (être 
gris),  le  même  auteur  a  imaginé  je  ne  sais  quelle  histoire  de 
Lepeintre  jeune  se  grisant  à  des  repas  offerts  par  un  jeune 
homme  ami  des  artistes.  Malheureusement  avoir  son  jeune 
homme  s'explique  beaucoup  plus  naturellement  quand  on  sait 
qu'un  jeune  homme  est  une  mesure  de  capacité  contenant 
quatre  litres. 

Et  ainsi  de  beaucoup  d'autres  que  nous  aurions  citées,  si 
c'était  ici  une  œuvre  de  critique. 


L'argot  des  classes  dangereuses  est,  comme  dans  notre  der- 
nière édition,  confondu  avec  celui  de  toutes  les  autres.  Il  a  fait, 
de  notre  temps,  le  sujet  de  plusieurs  dictionnaires  spéciaux.  Si 
nous  en  avons  relevé  tous  les  mots,  le  lecteur  doit  être  néan- 
moins tenu  en  garde  contre  leur  actualité.  Dans  le  but  de 
gonfler  son  livre,  l'homme  de  lettres  chargé  par  Vidocq  de  la 
préparation  de  son  vocabulaire  y  a  glissé  tout  le  vieux  jar- 
gon de  la  Cour  des  Miracles,  dont  une  bonne  moitié  n'était 
plus  en  usage.  Tous  les  glossateurs  qui  ont  suivi  n'ont  pas 
voulu  donner  moins  que  Vidocq,  dans  la  crainte  de  paraître 
incomplets.  Si  j'ai  cédé  moi-même  à  cette  appréhension,  —  qui 
permet  d'ailleurs  plus  d'un  rapprochement  utile,  —  c'est  parce 
que  l'argot,  tout  en  se  modifiant  constamment,  souvent  aussi 
ne  fait  que  revenir  au  passé,  il  rajeunit  plus  qu'il  n'invente: 
«  L'argot  va  se  décomposant  et  se  recomposant  sans  cesse, 
dit  M.  Moreau  Christophe...  Cependant  de  temps  en  temps  et 
à  cause  de  ce  mouvement  même,  l'ancien  argot  reparaît  et 
redevient  nouveau.  »  Aussi  est-il  bon  de  maintenir  tout  en 
lumière  sur  un  terrain  aussi  mouvant  et,  disons-le,  im- 
possible à  bien  reconnaître,  car  il  n'y  a  pas  d'argot  qui  ait 


XXXII  INTRODUCTION. 

force  de  loi,  et  chaque  bande  a  ses  petits  procédés  de  défor- 
mation fi). 

Je  ne  saurais  aussi  me  dispenser  de  faire  remarquer  que 
l'argot  des  classes  dangereuses  ne  se  parle  pas  en  réalité  comme 
on  s'est  plu  à  l'écrire  dans  certains  romans.  Se  modelant  sur 
des  textes  argotiques,  —  que  je  regarde  comme  des  exercices 
beaucoup  plus  que  comme  des  reproductions  fidèles,  —  des 
auteurs  ont  fait  parler  à  leurs  personnages  un  argot  trop 
complet  en  ce  sens  qu'il  n'y  entre  pas  assez  de  mots  de  la 
langue  usuelle. 

Qu'on  le  sache  bien,  les  vrais  argotiers  ne  sont  pas  si  ex- 
clusifs, et  leurs  phrases  admettent  au  moins  5o  pour  loo  de 
français  intelligible.  Pour  le  reconnaître,  il  suffit  d'un  coup 
d'œil  sur  les  documents  reproduits  dans  cette  introduction 
(pages  X  et  suiv.). 

Pour  ce  qui  regarde  la  partie  étymologique,  nous  avons 
toujours  marché  avec  prudence,  préférant  ce  qui  paraissait  le 
plus  simple,  le  plus  clair;  n'hésitant  pas  à  corriger  au  besoin 
l'opinion  émise  dans  nos  précédentes  éditions,  et  à  nous  abs- 
tenir plutôt  que  d'émettre  une  douteuse  hypothèse.  Bien 
qu'on  nous  ait  reproché  le  contraire,  nous  avons  fait  le  moins 
de  science  possible. 

Nous  n'avons  pas  fait  dériver  archi-pointu  (archevêque)  du 
latin  archiepiscopus;  nous  nous  sommes  contenté  de  rappeler 
les  pointes  de  sa  mitre. 

Nous  n'avons  pas  fait  venir  briolet  (piquette)  du  latin  ebrio- 
lus  (ce  qui  était  tentant),  mais  des  vins  de  5n'e,qui  avaient 
encore  en  1820  la  réputation  un  peu  acide  du  Suresnjs. 

Nous  n'avons  pas  non  plus  avancé  qu'^vo/r  son  casque 
(être  gris)  venait  de  ce  que  «  l'ivresse  amène  naturellement 
une  violente  migraine,  celle  que  les  médecins  appellent  galea^ 
parce  qu'elle  vous  coiffe  comme  un  casque.  »  Non!  avnir  son 
casque^  comme  avoir  dans  le  toquet^  comme  être  casquette, 
nous  a  paru  tout  simplement  faire  allusion  à  l'état  de  réplé- 

(i)  V.  dans  le  Dictionnaire  les  articles  Dun  {parler  en),  Dunon, 
Lem,  etc.  V.  dans  la  préface  le  chapitre  III  {Des  modifications). 


INTRODUCTION.  XXXIII 

tion  de  l'individu  qui  a  du  vin  par-dessus  les  oreilles,  c'est-à- 
dire  dans  son  casque  (chapeau),  sa  casquette  ou  son  toquet. 
Et  cela  est  si  vrai  qu'au  siècle  dernier  on  disait  encore  s'en 
donner  dans  le  casque.  De  même,  la  mystification  monotone 
appelée  scie  nous  a  paru  suffisamment  expliquée  par  une 
image  empruntée  au  va-et-vient  agaçant  de  la  scie  à  bois, 
tandis  que  de  vrais  savants  n'ont  pas  craint  de  la  faire  venir 
du  mot  siou^  interjection  usitée  au  moyen  âge. 

Pour  plus  de  clarté,  nous  avons  éliminé  dans  nos  explica- 
tions des  dénominations  très-françaises,  mais  trop  scienti- 
fiques pour  beaucoup  de  lecteurs. 

Ainsi,  nous  avons  préféré  abréviation  à  apocope.,  vieux  mot 
à  mot  de  langue  romane.,  harmonie  imitative  à  onomatopée. 
On  nous  excusera  en  faveur  de  l'intention. 

Quand  on  veut  vulgariser,  on  ne  saurait  rien  ménager  pour 
se  faire  comprendre  sans  effort. 

VI.  —  Comment  le  besoin  de  ce  Dictionnaire  s* est  fait  sentir 
de  plus  en  plus. 

Il  est  un  besoin  très-vif  et  très- répandu  que  nous  appelle- 
rons le  besoin  de  savoir  ce  qui  se  dit.,  —  par  opposition  au 
besoin  de  savoir  ce  qui  doit  se  dire^ —  le  seul  que  nos  lexiques 
officiels  satisfont  généralement. 

On  ne  saurait  en  effet  négliger  la  connaissance  de  ce  qui  se 
dit.  —  Non  pas  que  nous  en  recommandions  le  moins  du 
monde  l'adoption!  non  pas  que  nous  voulions  porter  la  moin- 
dre atteinte  au  respect  de  la  langue  officielle  !  Mais  il  est  tou- 
jours bon  de  se  rendre  compte  des  choses,  ne  serait-ce  que 
pour  les  mille  nécessités  de  la  vie  sociale,  à  Paris  surtout,  où 
un  puriste  pourrait  se  trouver  exposé  au  risque  de  ne  pas 
comprendre  certains  Français. 

Depuis  quarante  ans,  en  effet,  l'argot  parisien  a  gagné  du 
terrain.  Le  fameux  Vidocq  sonna  le  premier  la  cloche  d'a- 
larme. Son  livre  les  Voleurs  contient  cette  sortie  indignée. 
Bien  qu'elle  soit  signée  de  son  nom,  je  n'oserais  garantir 
qu'il  en  soit  l'auteur  (on  l'attribue  à  Saint-Edme);  mais  elle 
fixe  une  date,  ce  qui  est  l'essentiel  : 


XXXIV  INTRODUCTION. 

«  La  langue  argotique  semble  aujourd'hui  être  arrivce 
apogée;  elle  n'est  plus  seulement  celle  des  tavernes  et  des  ma 
lieux,  elle  est  aussi  celle  des  théâtres  ;  encore  quelques  pa-  et 
trée  des  salons  lui  sera  permise.  » 

Ceci  était  écrit  en  iSSy.  En  1842,  la  même  remarque  était 
faite  par  un  homme  d'esprit,  plus  en  mesure  que  Vidocq  de 
suivre  les  progrès  de  l'argot  dans  les  salons.  Nous  voulons 
parler  de  Nestor  Roqueplan.  Il  constate  ironiquement  l'inva- 
sion prédite. 

••■•;T:r  . 
«  Il  s'opère  depuis  quelque  temps  une  révolution  sensible  de 
mœurs  et  de  langage...  Le  langage  surtout  a  subi  d'heureuses  alté- 
rations, des  gallicismes  rafi&nés  et  polis  qui  feront  pester  l'Acadé- 
mie et  sourire  agréablement  les  femmes  élégantes.  C'est  to  it  profit 
pour  les  gens  de  goût.  » 

Presque  en  même  temps  que  Roqueplan,  Balzac  s'émeut. 
Mais  il  prend  la  chose  plus  au  sérieux.  L'argot  a  séduit  son  ins» 
tinct  analytique.  Il  l'admire  presque  quand  il  écrit  ces 
lignes  : 

«  Disons-le,  peut-être  à  l'étonnement  de  beaucoup  de  i^ens,  il 
n'est  pas  de  langue  plus  énergique,  plus  colorée  que  celle  de  ce 
monde...  L'argot  va  toujours,  d'ailleurs!  Il  suit  la  civilisadon,  il 
s'enrichit  d'expressions  nouvelles  à  chaque  nouvelle  invention.  » 

Si  les  lecteurs  doutaient  encore  de  la  marche  ascendante 
que  nous  venons  de  suivre  pas  à  pas,  deux  citations  nouvelles 
achèveront  de  les  éclairer.  L'une  est  de  1862,  et  vient  du  Fi' 
garo.  C'est  M.  A.  Morel,  l'un  de  ses  rédacteurs,  qui  parle  : 

a  En  lisant  la  nomenclature  des  termes  jadis  propres  aux  con- 
versations du  brigandage  et  de  la  filouterie,  on  devine  d'une  part 
qu'un  certain  nombre  de  ces  termes  ne  subsisteront  pas  longtemps, 
et,  d'autre  part,  on  aperçoit  que  beaucoup  ont  pris  droit  de  cité 
dans  l'usage  public.  Quel  Parisien,  même  rangé,  même  j  rude, 
ignore  absolument  que  Veau  d'affe,  c'est  de  l'eau-de-vie  ;  la  bouf- 
farde, une  pipe;  la  dèche,  les  ennuis  de  la  misère;  que  balh'  veut 
dire  tcte,  etc.  ?  Où  n'entend-on  pas  ces  mots-là  r  Les  gros  railleurs 
ont  commencé  par  s'en  servir,  pour  se  donner  un  air  de  fnesse 
et  de  liberté;  mais  bientôt  ces  mots  narquois  seront  comrie  les 
doublures  naturelles  des  termes  correspondants  et  peut-être  pré- 
vaudront-ils. » 


INTRODUCTION.  •  XXXV 

Presque  en  même  temps,  Victor  Hugo  donnait  cette  défini- 
tion imagée  et  bien  juste  de  l'argot  des  classes  dangereuses  : 

(  L'argot  n'est  autre  chose  qu'un  vestiaire  où  la  langue  ayant 
quelque  mauvaise  action  à  faire  se  déguise.  Elle  s'y  revêt  de  mots- 
masques  et  de  métaphores-haillons... 

«  Qu'on  y  consente  ou  non,  l'argot  a  sa  syntaxe  et  sa  poésie. 
C'est  une  langue.  Si  à  la  difformité  de  certains  vocables  on  recon- 
naît qu'elle  a  été  mâchée  par  Mandrin,  à  la  splendeur  de  certaines 
métonymies,  on  sent  que  Villon  l'a  parlée.  » 

Une  dernière  citation,  datée  de  1872,  nous  est  fournie  par 
le  Paris  de  M.  Du  Camp,  qui,  à  propos  de  la  Préfecture  de 
police,  rive,  en  trois  lignes,  le  clou  enfoncé  par  Roqueplan 
en  1842  : 

«  Les  voleurs  ont  un  langage  pittoresque,  très-imagé...  c'est 
l'argot...  Il  est  de  mode  aujourd'hui,  tant  nos  mœurs  ont  subi  de 
dépression,  de  se  servir  de  ces  termes  sales  et  violents.  » 

Tout  en  signalant  l'invasion,  on  ne  cesse  pas  d'examiner  les 
envahisseurs,  et  de  reconnaître  la  nécessité  de  s'édifier  sur  ce 
qu'on  entend. 

L'auteur,  qui  avait  constaté  ce  besoin  le  premier,  était 
bien  plus  vieux  que  Vidocq.  Dès  1760,  Zacharie  Chastelain 
écrivait  dans  la  préface  du  Dictionnaire  comique  de  Philibert 
Le  Roux  : 

«  Il  est  bon  de  se  faire  des  notions  claires  des  choses  quand  on 
le  peut...  11  y  a  une  longue  liste  de  termes  populaires  qui  n'est  pas 
à  dédaigner  comme  elle  pourrait  le  paraître  d'abord.  Combien  de 
personnes  distinguées  qui  ne  sont  jamais  sorties  de  la  cour  ou  du 
grand  monde,  et  qui  se  trouvant  quelquefois  obligées  de  descendre 
dans  de  certains  détails  avec  les  gens  du  peuple,  ne  comprennent 
rien  à  ce  qu'ils  leur  disent  !  » 

Je  ne  sais  si  ce  fut  à  cause  de  l'avertissement  qu'on  vient 
de  lire,  mais  ce  Dictionnaire  comique  eut  un  grand  succès. 
Toutefois,  il  faut  avouer  que  Le  Roux  et  ses  imitateurs  (il  en 
eut  beaucoup)  ne  se  piquèrent  jamais  d'approfondir  les  cho- 
ses. On  donnait  le  mot,  on  donnait  sa  traduction  et  on  passait 
bien  vite  à  un  autre  sans  l'expliquer  davantage. 

Il  y  avait  plus  à  faire,  et  l'Institut  lui-même  le  reconnut  en 


XXXVI  INTRODUCTION. 

couronnant  le  mémoire  de  M.  Francisque  Michel  sur  l'argot. 
Docteur  es  lettres,  professeur  de  faculté,  correspondant  de 
l'Académie,  le  lauréat  eut  le  bonheur  d'inaugurer,  officielle- 
ment pour  ainsi  dire,  une  ère  nouvelle  dans  l'étude  argotique. 
Son  œuvre,  pleine  de  citations  scrupuleuses,  parut,  en  i856, 
sous  la  forme  d'un  gros  volume  intitulé  Études  de  philologie 
comparée  sur  Vargot,  Mais  il  n'était  pas  suffisamment  connu 
sans  doute,  car  un  autre  rédacteur  du  Figaro  y  M.  Albert  Mon- 
nier,  écrit  encore  deux  ans  après  : 

vi  II  en  est  de  l'argot  comme  de  certaines  îles  de  la  Polynésie  : 
on  y  aborde  sans  y  pénétrer;  tout  le  monde  en  parle,  et  bien  peu 
de  personnes  le  connaissent.  Nous  qui  ne  sommes  ni  l'un  ni  l'autre, 
et  qui  ne  possédons  que  notre  curiosité  pour  passe-port,  nout>  avons 
vainement  fouillé  les  géographies  sociales  pour  nous  instruire... 
Par-ci  par-là,  un  voyageur  traverse  ce  Tombouctou  parisien,  et  en 
ressort  la  tête  farcie  de  mots  bizarres  qu'il  répète  sans  les  com- 
prendre. » 

Et  après  M.  Albert  Monnier,  un  philologue  estimé,  M.  Marty 
Laveaux,  ne  craignait  point  d'encourager  les  commentateurs 
futurs  en  rétablissant  leurs  droits  à  la  considération  des  let- 
trés : 

a  Quelque  mérite  qu'on  ait,  dit-il  très-finement,  quelque  érudi- 
tion qu'on  déploie,  il  est  bien  difficile,  en  étalant  les  mots  hideux 
du  vocabulaire  des  î'orçats,  de  ne  jamais  soulever  le  cœur,  et,  en 
rapportant  nos  lazzi  populaires  si  usés,  de  ne  pas  exciter  parfois 
un  sourire  de  dédain;  mais  quand  il  ne  s'agit  plus  de  notre  }  ropre 
langue,  tout  change  d'aspect  :  les  expressions  repoussantes  devien- 
nent terribles,  les.locutions  vulgaires,  spirituelles,  et  l'on  est  porté 
à  croire,  bien  injustement  d'ailleurs,  qu'il  faut  plus  de  savoii  pour 
recueillir  et  expliquer  ces  termes  étrangers  que  pour  comnxnter 
ceux  qu'on  entend  répéter  chaque  jour  par  les  charretiers  ou  les 
manœuvres.  » 

VII.  —  Ce  qu'on  pensait  de  Vargot  avant  nous. 

Argot,  mots  à  la  mode  et  nouvelle  façon  de  parler,  —  tout 
cela  peut  être  utile  et  n'est  pas  à  dédaigner. 

Nos  anciens  auteurs  tombent  d'accord  sur  ce  poir.t,  et  nous 
ne  saurions  négliger  leurs  témoignages  ;  ils  seront  notre 
égide. 


INTRODUCTION.  XXXVII 

«  Le  parler  que  j'aime,  tel  sur  le  papier  qu'à  la  bouche,  c'est  un 
parler  succulent  et  nerveux,  court  et  serré;  non  tant  délicat  et 
peigné,  comme  véhément  et  brusque;  plutôt  difficile  qu'ennuyeux; 
déréglé,  décousu  et  hardi  ;  —  chaque  lopin  y  fasse  son  corps  !  — 
non  pédantesque,  mais  plutôt  soldatesque,  comme  Suétone  appelle 
celui  de  Jules  César.  » 

11  est  vrai  qu'alors  on  n'innovait  pas  volontiers  en  fait  de 
langage.  —  Ainsi  voyons-nous  le  poëte  Voiture  railler  quel- 
quefois son  ami  Vaugelas  sur  le  trop  de  soin  qu'il  employait 
à  sa  traduction  de  Quinte-Curce  : 

«  Il  lui  disait,  rapporte  l'abbé  Raynal  {Anecdotes  littéraires) ^ 
qu'il  n'aurait  jamais  achevé;  que  pendant  qu'il  en  polirait  une 
partie,  notre  langue  venant  à  changer,  l'obligerait  à  refaire  toutes 
les  autres.  A  quoi  il  appliquait  plaisamment  ce  qui  est  dit  dans 
Martial  de  ce  barbier  qui  était  si  longtemps  à  faire  une  barbe 
qu'avant  qu'il  l'eût  achevée,  elle  commençait  à  revenir...  » 

Un  auteur  que  nous  avons  déjà  cité,  Caillières,  fit,  en  1693, 
un  petit  livre  sur  les  Mots  à  la  mode  et  les  Nouvelles  façons 
de  parler.  En  voici  un  passage  qui  convient  parfaitement  à 
notre  sujet  : 

«  Pour  m'expliquer  mieux,  je  vous  dirai  qu'il  y  a  deux  sortes 
d'usages  (de  mots  nouveaux),  le  bon  et  le  mauvais.  Ce  dernier  est 
celui  qui  n'étant  appuyé  d'aucunes  raisons,  non  plus  que  la  mode 
des  habits,  passe  comme  elle  en  fort  peu  de  temps.  —  Il  n'en  est 
pas  de  même  du  bon  usage.  Comme  il  est  accompagné  du  bon 
sens  dans  toutes  les  nouvelles  façons  de  parler  qu'il  a  introduites 
en  notre  langue,  elles  sont  de  durée  à  cause  de  la  commodité  qu'on 
trouve  à  s'en  servir  pour  se  bien  exprimer,  et  c'est  ainsi  qu'elle 
s'enrichit  tous  les  jours...  » 

L'opinion  de  Caillières  devait  être  vulgarisée  plus  tard  par 
l'écrivain  le  plus  éminemment  français.  Les  Voltairiana  nous 
rapportent  que,  dans  une  séance  particulière  de  l'Académie, 
Voltaire  se  plaignit  de  la  pauvreté  de  la  langue;  il  parla  en- 
core de  quelques  mots  usités,  et  dit  qu'il  serait  à  désirer 
qu'on  adoptât  celui  de  tragédien^  par  exemple.  «  Notre  lan- 
gue, ajoutait-il,  est  une  gueuse  fière;  il  faut  lui  faire  l'au- 
mône malgré  elle.  » 

c 


XXXVIII  INTRODUCTION. 

Au  commencement  de  ce  siècle,  plusieurs  hommes  distin- 
gués ont  soutenu  la  même  thèse.  Le  premier  était  Mercier, 
un  enthousiaste  du  genre.  On  le  sent  en  lisant  ce  passage  : 

«  Écoutez  ces  hommes  à  imagination  pittoresque  dont  le  dis- 
cours est  un  tableau  qui  amuse,  ou  une  peinture  qui  échauffe;  ils 
éprouvent  des  sensations  étrangères  à  l'auditeur  et  créent  leurs 
mots.  Les  phrases  ou  les  circonlocutions  promettent  beaucoup  et 
donnent  peu;  mais  un  mot  neuf  vous  réveille  plus  que  des  sons 
et  fait  vibrer  chez  vous  la  fibre  inconnue.  Quand  une  idte  pourra 
être  exprimée  par  un  moty  ne  souffrez  jamais  qu'elle  le  soii  par  une 
phrase.  »  (Néologie.) 

Dans  une  autre  préface,  celle  d'une  traduction  nouvelle 
d'Hérodote,  Paul-Louis  Courier  rappelle  que  «  M  dherbe, 
homme  de  cour,  disait  :  a  J'apprends  tout  mon  français  à  la 
«  place  Maubert;  ))  et  Platon,  poëte  s'il  en  fut,  Plaron,  qui 
n'aimait  pas  le  peuple,  l'appelle  son  maître  de  langue... 

Nodier  n'a  pas  craint  d'avancer  ceci  en  tête  de  son  Diction- 
naire des  Onomatopées  (1808)  : 

«  Si  la  manie  du  néologisme  est  extrêmement  déplorable  pour 
les  lettres  et  tend  msensiblement  à  dénaturer  les  idiomes  (ians  les- 
quels elle  se  glisse,  il  n'en  serait  pas  moins  injuste  de  repousser 
sous  ce  prétexte  un  grand  nombre  de  ces  expressions  vives,  carac- 
téristiques, indispensables,  dont  le  génie  fait  de  temps  ea  temps 
présent  aux  langues.  Il  n'appartient  à  personne  d'arrêter  irrévoca- 
blement les  limites  d'une  langue  et  de  marquer  le  poir  t  où  il 
devient  impossible  de  rien  ajouter  à  ses  richesses.  » 

Enfin,  M.  de  Jouy,  lui-même,  l'avouait  en  181 5  : 

ff  Quelque  ennemi  que  je  sois  du  néologisme,  il  faut  bien  créer 
ou  adopter  des  mots  nouveaux  quand  on  n'en  trouve  pas  dans  la 
langue  qui  puissent,  à  moins  d'une  longue  périphrase,  rendre 
l'équivalent  de  votre  idée.  » 

Arrêtons  ici  notre  série  de  citations  :  elle  paraît  assez  com- 
plète pour  montrer  au  lecteur,  que  l'entreprise  d'un  diction- 
naire d'argot  n'eût  pas  déplu  à  nos  meilleurs  écrivains. 

LORÉDAN  LARCHEY. 


AUTEURS  CITÉS  ET  CONSULTES.        XXXIX 
AUTEURS    CITÉS  ET    CONSULTÉS 

Les  noms  marqués  d'une  *  indiquent  des  emprunts  faits  non 
à  des  volumes,  mais  à  des  articles  détachés  ou  à  des  chansons. 
Citer  tous  les  titres  d'ouvrages  eût  excédé  le  cadre  de  ce  voca- 
bulaire. Exception  a  été  faite  pour  les  anonymes  et  pour  les  livres 
où  l'argot  tient  une  grande  place. 

About.  —  A.  Achard.  —  Alhoy.  —  D.  Alonnier.  —  Alyge 
{VArt  de  ponter,  1854).  — Ambert*.  —  J.  Arago.  —  D'Arnim*. 

—  Aubert  *.  •—  E.  Aubry  *.  —  Aubryet.  —  Augier.—  Aumale 
(duc  d').  —  A.  d'Aunay.  —  Aycard. 

De  Balzac.  —  De  Banville.  —  Barbey  d'Aurevilly.  — 
Barrière.  —  Comtesse  de  Bassanville.  —  Bataille.  —  Marc 
Bayeux.  —  Beaufort.  —  Beauvillier  (Notes  d'un  voleur}^ 
V.  Figaro  du  4  août  1873.  —  Becquet*.  —  Belot.  — 
F.  Béraud.  —  Ch.  de  Bernard.  —  Bertall*.  —  Berthaud*. 

—  Beyle.  —  Léon  Bienvenu.  —  De  Biéville.  —  Ch.  Blanc. 

—  E.  Blavet.  —  Blaze  de  Bury.  —  C.  Blondelet*.  —  De 
Boigne.  —  Du  Boisgobey.  —  P.  Borel.  —  Boucher  de 
Perthes.  —  Boue  de  Villiers.  •—  Bourget*.  —  Boursault.  — 
Brazier  *.  —  Briollet.  —  Buchon. 

Cabassol.  —  Cadet-Gassicourt.  —  A.  Cahen*.  —  A.  Camus. 

—  Canler.  —  Capendu.  —  Carmouche.  —  Castillon*.  —  Ca- 
vaille(/e5  Filouteries  du  jeu^  1875).—  Chabrillat*.  —  Caillot. 

—  Champfleury.  —  Chasles  (Philarète).  —  Chenu.  — 
J.  Choux*. —  Claretie.  —  G.  Claudin.  —  Cogniard.  —  C  Coli- 
gny*.  —  Colmance*.  —  Colombey  (l'Esprit  des  voleurs^ 
suivi  d'un  Dictionnaire  d'argot.  Paris,  Hetzel,  1862).  —  Com- 
merson.  —  M.  Constantin.  —  Cormon.  —  Couailhac. 

Dalès*.  —  Debraux*.  —  Decourcelle*.  —  Delahode,  i85o. 
~  Delongchamps.  ~  T.  Delord.  —  A.  Delvau.  —  Deriège.  — 
T>QTodde  (Dictionnaire  du  patois  flamand).  —  Désaugiers. — 
Deslys.  —  C.  Desmoulins.  —  L.  Desnoyers.  —  Dhautel  (Dic- 
tionnaire du  bas  langage.  Paris,  1808,  2  vol.  in-8).—  G.  Droz, 


XL  AUTEURS  CITÉS  ET  CONSULTÉS. 

—  A.  Dubuisson.  —  M.  Du  Camp.  —  Du  Cange  et  Carpen- 
tier  (Glossaire  de  la  langue  romane,  tome  VIL  Paris,  1848, 
in-4).  —  A.  Duchesne*.  —  J.  Duflot.  —  V.  Dufour.  — 
AL  Dumas.  —  Dumas  fils.  —  DumériL  —  Dupeuty*.  — 
P.  Durand*.  —  Durantin.  —   Al.  Duval*.  —  Duverny*. 

Favart.  —  Feré.  —  Festeau.  —  P.  Féval.  —  E.  Foa.  — 
W.  de  Fonvielle.—  Marc  Fournier.  —  Fournier-Verneuil.  — 
E.  Frébault.  —  Friès. 

Gaboriau.  —  Gangam.  —  V.  Gaucher*.  —  Th.  Gautier.  — 
Gavarni.  —  F.  Georges*. —  Gérard  de  Nerval.  —  Gilbert.  — 
Giraudeau.  —  De  Concourt.  —  L.  Gozlan.  —  Grandval  (Car- 
touche, poëme.  Paris,  1827,  éd.  nouv.  La  première  édition 
est  de  1723,  in-12).  —  M"«  P.  de  Grandpré.  —  Grévin.  — 
Guéroult  (Ad.).  —  Guinod*. 

Halbert  d'Angers  (Nouveau  Dictionnaire  complet  de  V argot. 
Paris,  Le  Bailly,  sans  date  (1840),  petit  in-12).  —  Hardy*. — 
Hébert  [le  Père  Duchêne).  —  D'Héricault.  —  Hilpert*. — 
Honnorat  (Dictionnaire  provençal).  —  L.  Huart.—  Ch.  Hugo. 

—  V.  Hugo. 

Ignotus  (Félix  Platel  *). 

L.-G.  Jacques.  —  Jaime  fils.  —  De  Jallais.  —  J.  Janin.  — 
John  Lemoinne.  —  Joliet.  —  E.  Jourdain.  —  B.  Jouvin.  ^ 
De  Jouy. 

A.  Karr.  —  J.  Kelm.  —  Paul  de  Kock.  —  Krettly  (Mé- 
moires, éd.  Grandin). 

R.  de  Labarre.  —  La  Bédollière.  —  Labiche.  —  La  Cassa- 
gne.  —  Lacenaire.  —  Lacombe  (Dictionnaire  du  vieux  lan- 
gage. Paris,  1765-67,  deux  vol.  in-8).  —  P.  et  J.  Lacroix.  — 
J.  Ladimir*.—  De  Lafizehère.  — ■  Lagarde  {le  Bonhomme  Po- 
pule.  Pau,  i836).  —  L'abbé  Lalanne  (Dict.  du  patois  poite- 
vin).— Lamiral  (Mémoires,  i838).—  Layale*.  —  L'Écluse.  — 
A.  Lecomte,  —  Le  Duchat.  —  Lefils  *.  —  P. -A.   Léf^er.  — 


AUTEURS  CITÉS  ET  CONSULTÉS.  XLI 

Le  Guilloîs.  —  Lemercier  de  Neuville.  —  E.  Lemoine.  — 
Ph.  Le  Roux  {Dictionnaire comique.  Amsterdam,  1756,  in-8). 

—  Lespès.  —  Letellier*.  —  De  Leusse.  —  De  Leuven.  — 
Liorat*.  —  Littré.  —  J.  Lovy.  —  Lockroy.  —  Lubize.  —  A. 
Luchet.  —  De  LynoL 

V.  Mabille.  —  Francis  Maynard.  —  Mahalin.  —  G.  Mail- 
lard. —  Mané.  —  Mansion*.  —  Marcellin.  —  Marco  Saint- 
Hilaire.  —  Marty-Laveaux.  —  A.  Marx.  —  Mauricault*.  — 
Melesville.  —  Ménage.  —  Mercier.  —  De  Mcriclet.  —  Méri- 
mée. —  Méry.  —  Métay*.  —  Michel*.  —  Fr.  Michel.  — 
C.  Michu.  —  Albert  Millaud.  —  Mirecourt.  —  Cél.  Mogador. 

—  Moineaux.  —  Moisand.—  A.  Monnier.  —  H.  Monnier.  — 
Monselet.  (Son  immortel  dialogue  les  Voyous^  nous  a  beau- 
coup fourni).  —  Montaigne.  —  De  Montépin.  —  Monstrelet. 

—  Moreau  Christophe  (le  Monde  des  Coquins.  Paris,  Dentu^ 
1864).  —  Lady  Morgan.  —  Mornand.  —  Mouret*.— Murger, 

Nadar.  —  Nadaud.  —  G.  Naquet*.  —  A.  Naviaux.  — 
C.  Nodier.  —  V.  Noir.  —  Noriac.  —  Nugent. 

R.  D'Ornano.  —  Oudin. 

Paillet.  —  E.  Parent  {Manuel  des  Courses,  1868).  — 
G.  Pélin.  —  De  Pêne.  —  Max.  Perrin.  —  Philipon.  — 
PoUet*.  —  Ponson  du  Terrail.  —  De  Pontmartin.  —  A.  Po- 
they.  «—  Privât  d'Anglemont  {Paris  anecdote,  1860).—  F. 
Pyat. 

Quitard  {Dictionnaire  des  Proverbes.  Paris,  1843,  in-8o). 

Rabelais.  —  Randon*.  —  M»«  Rattazzi.  —  Michel  Ray- 
mond. —  Remy.  —  Rétif.  —  L.  Reybaud.  —  Ricard.  —  J.  Ri- 
chard. —  Richepin.  —  Robquin*.  —  Rochefort.  —  F.  de  Ro- 
days*.— H.  Rolland. —  Roquefort  {Dictionnaire  de  la  langue 
romane  du  xie  au  xvi»  siècle.  Paris,  1808-20,  trois  in-8).  — 
Roqueplan.  —  J.  Rousseau.  —  C.  Rozan  {Petites  Igno- 
rances de  la  conversation.  Paris,  Lacroix,  1857,  in- 12).  — 
Rutebœuf. 


XLÎI       COMMUNICATIONS  MANUSCRITES. 

Saint-Genest.  —  Saint-Simon.  —  G.  Sand.  —  A.  Scholl.  ^ 
A.  Second.  —  Signol*.  —  Th.  Silvestre*.  —  Fr.  Soulié.  — 
Stop.  —  E.  Sue.  —  A.  de  Stamir  {Corsaire  de  1867). 

Tallemant  des  Réaux.  —  Tarbé  {Glossaire  du  patois  cham- 
penois),'— E.  Texier.  —  Thiers.  —  Thuillier*.  —  Tourneur*. 

—  Miss  Trollope  (Paris  en  i835). 

Vachelot*.  —  Vadé.  —  Vanecke*.  —  J.  Vallès.  —  G.  Vassy. 

—  Vermesch.  —  L.  Vidal  et  le  capitaine  Delmare  la  Ca- 
serne^ Paris,  i833,  deux  in-8).  ■—  Vidocq  {les  Voleurt.  Paris, 
deux  in-8).  —  H.  de  Vielcastel.  —  E.  Villars  [les  Précieuses 
du  jour ^  comédie,  1866).  —  De  Villemessant.  —  Villon.  — 
Villetard.  —  P.  Vinçard.  —  Virmaître.  —  A.  Vitu.  —  Voizo. 

Wado*.  —  M.  Waldor.  —  J.  de  Wœstyne.— Albert  Wolff. 

Zola. — Zompach*. 


COMMUNICATIONS  MANUSCRITES 

MM.  Boyer,  Cadol,  Demarquay,  Valentin  Dufour  (Journal 
d'un  prisonnier  de  Mazas),  Fey,  Le  Pileur,  Lombarl,  Ch. 
Mehl,  Rabasse,  De  Soye,  Maurice  Tourneux. 


JOURNAUX 

Corsaire,  Éclair^  Éclipse^  Figaro^  Gaulois^  Intermédiaire 
(1860),  Journal  de  Paris^  la  Correctionnelle  {\^^\),  Liberté, 
Monde  comique^  Moniteur^  Paris-Caprice^  Paris- Journal, 
Patrie^  Rappel^  République  française  {x^jb)^  Semaine  (^847), 
Tam-Tam,  Tintamarre^  Vie  parisienne,  etc.,  etc. 


OUVRAGES    ANONYMES.  XLIII 


OUVRAGES  ANONYMES 

Almanach  du  hanneton,  1866  et  1867.  —  Boursîcotiêrisme 
et  Lorettisme.  Paris,  i838,  in- 12.  —  Les  Cabarets  de  Paris, 
1821,  in-i2. —  Caquire,  parodie  de  Zaïre  (Sans  date,  — 
xviii"  siècle).  —  La  Chronique  scandaleuse,  1788,  in-12.  — 
Cinquante  mille  voleurs  de  plus  à  Paris,  i83o,  brochure  in-8. 

—  Ces  petites  dames  du  Casino^  1860.  —  Commentaires  de 
Loriot.  Auxerre,  1869,  in-12.  —  Dictionnaire  dit  de  Trévoux, 
1771.—  La  Comédie  des  Proverbes,  17 14.— Le  Dernier  Jour 
d'un  condamné^  drame  philosophique  (Bruxelles,    1864).  — 

—  L'Écho français,  i833.—  Les  Étudiants  et  les  Femmes  du 
quartier  latin,  1860.  —  La  Maison  du  Lapin  blanc  (1857), 
typographie  Appert,  in-12.  —  Parabole  de  Cicquot,  i.gS, 
in-12.  —  Parnasse  satyrique.  Bruxelles  (i863),  in-12.  —  Pe- 
tit Dictionnaire  d'argot  (tome  II  des  Petits  Mystères  de  Pa- 
ris, 1844,  Desloges,  in-12).  —  Pétition  des  filles  publiques  de 
Paris,  i83o,  brochure  in-8.  —  Physiologie  du  protecteur,  Pa- 
ris, 1841.  —  Physiologie  du  parapluie,  Paris,  1841.  — 
Rienp,  parodie,  1826.  —  Souvenirs  de  Saint-Cyr,  in-8.  — 
Le  Sublime,  1872.  —  Vocabulaire  à  l'usage  des  débiteurs 
{Almanach  des  débiteurs,  i85i,  in-12).  —  Voyage  de  Paris  à 
Saint-Cloud  par  mer,  1754. 

La  collection  des  chansons  imprimées  conservées  au  Dépôt 
de  la  Bibliothèque  nationale  a  servi  beaucoup  nos  recher- 
ches, grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  Conservateur  Olivier  Bar- 
hier. 


DICTIONNAIRE  D'ARGOT 


N.'B.  Tous  les  mots  dits  «  vieux  mots  »  ne  sont  pas  postérieurs  au  xvi*  siècle  ; 
ils  ont  été  relevés  par  nous  dans  les  glossaires  de  Du  Gange,  de  Roquefort  et 
de  Lacombe.  —  Tenir  toujours  compte  des  renvois  (V)  qui  complètent  nos 
explications  par  d'autres  exemples.  —  Pour  les  expressions  composées  de  deux 
mots,  chercher  le  second,  si  on  ne  trouve  pas  le  premier.  —  Pour  les  dates 
placées  à  la  suite  des  exemples,  nous  avons  supprimé  les  deux  premiers  chiffres 
du  millésime  en  ce  qui  concerne  le  xix*  siècle.  Ainsi  jS  veut  dire  1875,  33  veut 
dire  i833,  etc.  —  Tous  les  mots  suivis  des  noms  de  Grandval,  Halbert,  Vidocq, 
Colombey,  Moreau  Christophe,  Rabasse,  appartiennent  à  l'argot  ancien  ou 
nouveau  des  classes  dangereuses.  Tous  les  mots  suivis  du  nom  de  Dhautel 
étaient  connus  en  1808.  Tous  les  mots  suivis  des  noms  d'Alyge  et  Çavaillé 
Tiennent  de  l'argot  des  grecs. 


J^ 


ABADIS  :  Foule,  rassemble- 
ment. —  «  Pastiquant  sur  la  pla- 
carde, j'ai  rembroqué  un  abadis 
du  raboin.  »  (Vidocq.) 

ABATIS,  ABATTIS  :  Pieds, 
mains.  —  Allusion  aux  abatis 
d'animaux.  —  «  Des  pieds  qu'on 
nomme  abatis.  »  (  Balzac.  )  — 
—  «  C'est  plus  des  pieds;  c'est  de 
la  marmelade...  Ils  me  coûtent 
joliment  cher,  ces  abattis-là.  » 
(Commentaires  de  Loriot ,  Au- 
xerre,  69.)  —  «  A  bas  les  pattes  ! 
Les  as-tu  propres,  seulement,  tes 
abattis,  pour  lacer  ce  corsage 
rose  if  »  (E.  Villars.) 

ABATTAGE  (vente  à  1')  :  Vente 


sur  la  voie  publique  que  les  ob* 
jets  exposés  couvrent  comme  si 
on  les  y  avait  abattus. 
ABATTIS.  Y.  Abatis. 

ABATTRE  :  Faire  des  dettes. 
{Almanach  des  débiteurs.) 

ABBAYE  :  Four.  (Vidocq.)  — 
Un  four  est  voûté  comme  un 
cloître  d'abbaye. 

ABBAYE  RUFFANTE  :  Four 
chaud.  (Idem.) — Mot  à  mot  :  four 
rouge  de  feu.  RuJ^ant  semble  dé- 
river du  latin  ru/us  :  rouge,  (r) 

ABBAYE  DE  MONTE  A  RE- 
GRET :  Échafaud.  (Idem.)  — 
Comme  une  abbaye,  l'échafaud 

I 


ABO  -  : 

sépare  de  ce  monde,  et  c'est  à  re- 
gret qu'on  en  montelùs  marches. 

ABÉQUER  :  Nourrir.  (Idem.) 
—  De  l'ancien  mot  abécher  : 
donner  la  becquée. 

ABÉQUEUSE  :  Nourrice.  (Id.) 

ABLOQUER,  ABLOQ.UIR  : 
Acheter  en  bloc.  (Idem.)  —  Du 
vieux  mot  bloquer. 

ABOMINER  :  Haïr.  V.  Bosco. 

ABOULAGE:  Abondance.  (Vi- 
docq.) 

ABOULER  :  Arriver.  Mot  à 
mot,  bouler  à.  Du  vieux  mot 
bouler  :  rouler. —La  langue  ré- 
gulière a  dans  éboulerle  pendant 
d'abouler.  —  «  Maintenant,  Pou- 
pardin  et  sa  fille  peuvent  abou- 
1er  quant  bon  leur  semblera.  » 
(Labiche.)  Voyez  Bocson. 

Le  pantre  aboule  ; 
On  perd  la  boule, 
Puis  de  la  tôle  on  se  crampe  en  rompant. 
(Lacenaire,  Mévioires,  36.) 

ABOULER  :  Donner.  —  «  Mais 
quant  aux  biscuits,  aboulez.  » 
(Balzac,  Père  Goriot.)—  «  As-tu 
de  l'argent  ?  (Je  fis  signe  que  oui .) 
Aboule.  Je  lui  donnai  cent  sous.  » 
(Commentaires  de  Loriot.)  — 
(i  Allons, allons, vieux  crocodile! 
ne  faisons  pas  tant  d'esbrouftes 
et  aboulons  simultanément  aux 
voltigeurs  les  chameaux  qu'il  a 
besoin....  pour  sa  consomma- 
tion. »  (Légende  d'une  caricature 
de  i83o  sur  la  prise  d'Alger.) 

ABOULER  DE  :  Venir  de. 
V.  Mômir. 

ABOYEUR  :  Crieur  de  bazar 
ou  de  vente  publique,  canardier 
(V.  ce  mot),  homme  chargé  d'ap- 
peler les  prisonniers  au  parloir. 


-  ABS 

—  Allusion  au  retentissement 
obligatoire  de  sa  voix.  —  «  L'a- 
boyeur  est  le  factotum  ce  la  pri- 
son ;  il  a  la  permission  d'aller 
partout.  »  (Rabasse.) 

ABRACADABRANT  :  Merveil- 
leux, magique,  d'abracadabra, 
mot  employé  dans  les  anciennes 
conjurations  cabalistiques. —  «Le 
flûtiste  Gerold  doit  exécuter  les 
variations  les  plus  abracadabran- 
tes. »  {Figaro,  67.)  «  C'tst  écra- 
sant, renversant,  horripilant, 
abracadabrant,  de  plus  fort  en 
plus  fort.  »  (Almanach  du  han- 
neton, 67.) 

ABSINTHE  (faire  soi  )  :  Mé- 
langer l'eau  avec  Tabsinihe,  se- 
lon certaines  règles. 

«  Il  y  a  plusieurs  man'ères  de 
faire  son  absinthe  :  —  La  plus 
ordinaire  est  la  hussarde  (en 
versant  goutte  à  goutte).  —  Les 
militaires  de  l'armée  d'Afrique 
ont  inventé  \2i  purée.  La  y  urée  se 
faittrès-rapidement,  presque  sans 
précautions,  et  par  le  simple  mé- 
lange d'une  quantité  d'ei  u  égale 
à  la  quantité  d'absinthe.  —  Ùa- 
ma:{one  se  tait  comme  !a  hus- 
sarde, seulement  on  ajoute  deux 
cuillerées  à  café  de  sirop  de 
gomme.  La  vichy  (M .Bavaroise, 
Suissesse),  moitié  absinthe,  moi- 
tié orgeat,  et  quantité  ordinaire 
d'eau.  —  La  bourgeoise  (appelée 
aussi  panachée),  dans  laquelle 
l'orgeat  est  remplacé  par  ce  l'ani-  . 
sette.  »  {Almanach  du  hanne-  i 
ton,6j.)  i 

ABSINTHE  (être)  :  Êf  e  ivre 

d'absinthe. 

ABSINTHEUR,ABSINTrIIER:  ^| 
Buveurd'absinthe.débitartd'ab-  ' 
sinthe.  V.  Perroquet. 


ACA 


-  3  ~ 


ACH 


ABSORPTION  :  Repas  offert 
à  la  promotion  ancienne  de  l'E- 
cole polytechnique  parla  promo- 
tion nouvelle.  On  y  absorbe  assez 
de  choses  pour  justifier  le  nom 
de  la  solennité.  —  «  V absorption, 
c'est  la  réunion  annuelle  dans 
laquelle  anciens,  conscrits  et  an- 
tiques fraternisent  aux  lueurs  du 
punch  et  aux  glouglous  du  vin 
de  Champagne.  Elle  a  eu  lieu  le 
jour  de  la  rentrée  des  anciens.  » 
(G.  Maillard,  66.) 

ACADÉMICIEN  :  Littérateur 
suranné.  —  Injure  inyentée  par 
les  romantiques  échevelés  de  i83o 
qui  avaient  pour  principaux  ad- 
versaires les  membres  de  l'Aca- 
démie française  restés  fidèles  au 
genre  classique.  On  ne  se  doute 
plus  aujourd'hui  de  la  fureur 
grotesque  qui  animait  les  deux 
partis.  V.  Mâchoire. 

Et  cet  exemple,  des  plus  cu- 
rieux, donnera  uneidéedes  luttes 
dans  lesquelles  on  se  jetait  à  la 
tête  le  mot  d'académicien.  Nous 
le  prenons  dans  une  brochure 
d'Alexandre  Duval,  académicien 
et  chef  du  parti  qui  rendait 
M.  Victor  Hugo  responsable  des 
passions  romantiques. 

a  Ce  que  je  rapporte  ici,  je  l'ai 
vu,  de  mes  propres  yeux  vu.  A 
certaines  représentations,  on  se 
trouvait  environné  d'hommes  ef- 
frayants dont  le  regard  scruta- 
teur épiait  votre  opinion,  et  si, 
par  malheur,  votre  figure  indi- 
quait l'ennui  ou  le  dégoût,  ils 
vous  attaquaient  par  l'épithète 
d'épicier,  mot  injurieux  selon 
eux,  qui  signifie,  dans  leur  argot, 
stupide  ,  outrageusement  bête  ; 
mais  si  vos  cheveux  étaient  blan- 
chis par  le  temps,  alors  vous 


étiez  des  académiciens,  des  per- 
ruques, des  fossiles,  contre  les- 
quels on  vociférait  des  cris  de 
fureur  et  de  mort.  Je  vous  assure, 
monsieur,  qu'il  n'y  a  rien  d'exa- 
géré dans  ce  tableau  d'une  pre- 
mière représentation  romanti- 
que. Tout  Paris  vous  en  attestera 
la  vérité.  »  {De  la  littérature  dra- 
matique, lettre  à  M.  Victor  Hugo, 
par  Alexandre  Duval,  Paris,  33.) 

ACCENT  :  Crachat,  signal  con- 
venu entre  les  voleurs  (Vidocq). 
V.  Arçon. 

ACCORDÉON  :  Chapeau  gi- 
bus. Il  se  replie  et  s'allonge 
comme  l'instrument  de  ce  nom. 

ACCROCHE -CŒURS  :  Favo- 
ris (Vidocq).  Se  dit  des  favoris 
courts  qui  aftectent  la  forme  des 
accroche>-cœurs  iéva.imns.V .  Ar- 
çon. 

ACCROCHE-CŒURS  :  Mèches 
de  cheveux  bouclées  et  colléeâ 
sur  la  tempe. Cet  ornementa  des 
prétentions  galantes*  Le  mot  le 
fait  assez  sentir. 

Sur  mes  nombreux  admirateurs 
Dirigeons  nos  accroche-cœurs. 
(Festeau.) 

ACCROCHER:  Mettre  au  mon  t- 
de-piété. — Mot  à  mot  raccrocher 
au  clou.  V.  ce  mot.  —  «  Ah  !  les 
bibelots  sont  accrochés.  »  (Mon- 
tépin.) 

ACCROCHER  :  Consigner  un 
soldat.  —  Mot  à  mot  ;  l'accrocher 
à  son  quartier,  l'empêcher  d'en 
sortir. 

ACCROCHER  (s')  :  Combattre 
corps  à  corps,  en  venir  aux  mains. 

Nos  braves,  s'accrochant,  se  prennent 
aux  cheveux. 

(Boileau,  Satire  3.) 


ADÙ 


—  4  - 


AFF 


ACHAR  (d')  :  Sans  trêve.  Mot 
à  mot  :  avec  acharnement.  — 
Abréviation. 

Et  d'autor  et  d'achar, 
Enfoncé  le  jobard. 

(De  Montépin.) 

ACHATE  :  Ami  fidèle.— Lati- 
nisme. —  a  Roqueplan  et  son 
Achate.  »  (Villemessant.)  V.  Fi- 
diis. 

ACHETOIRS:  Monnaie.— Avec 
elle,  on  achète.  —  «  Il  y  a  des  lo- 
rettes  qui  nomment  les  ache- 
toirs  quitus.  »  (Alhoy.) 

ACRE  :  Fort,  violent.  (Vidocq.) 
Vieux  mot,  conservé  par  la  lan- 
gue régulière  avec  suppression 
de  l'accent. 

AD  HOC  :  Spécial.  Mot  à  mot  : 
fait,  institué  pour  cela. — Latinis- 
me.—«Les  déclarations  sont  lues 
par  un  comité  ad  hoc.  »  {Alma- 
nach  des  débiteurs,  5i.) 

AD  USUM  DELPHINI  (n'être 
pas)  :  Ne  pas  convenir  aux  jeunes 
gens.  Mot  à  mot  :  N'être  pas  di- 
gne de  figurer  dans  la  collection 
classique  imprimée  jadis  par 
Barbou  pour  l'éducation  d'un 
Dauphin  de  France,  et  où  chaque 
titre  de  livre  portait  la  mention  ; 
Ad  usum  Delphini,  —  Ce  lati- 
nisme se  dit  à  propos  de  tout  : 
—  «  Vous  le  voyez,  le  bal  Chi- 
card  n'avait  pas  été  créé  ad  usum 
Delphini,  et,  cependant,  voilà  ce 
qui  pendant  six  ans  fit  tressaillir 
tous  les  provinciaux  et  tous  les 
étrangers.  Les  mères  le  redou- 
taient pour  leur  fils  à  l'égal  de 
l'enfer.  »  (Privât.  d'Anglemont.) 

ADDITION  :  Carte  à  payer. 
Mot  à  mot  :  addition  des  prix  de 
chaque  consommation. 


AFF  :  Affaire.  —  Abréviation. 

—  «  Quant  à  moi,  je  maquille 
une  q^ff",  après  laquelle  j'espère 
me  débiner.  »  (Patrie,  2   mars 

52.) 

AFF  :  Vie.  (Grandval.) 

AFF  (eau  d')  :  Eau-de-vie.  — 
Abréviation  de  pafqm  désignait 
l'eau-de-vie  autrefois,  cornme  le 
prouve  cet  exemple  :  «  \'oulez- 
vous  boire  eune  goutte  de  paf  ? 

—  J'  voulons  bien.  — Saint-Jean, 
va  nous  chercher  d'misequier 
d'rogome.  »  (lySô,  l'Écluse.)  Il  y 
a  évidemment  parenté  eatre  le 
paf  du  xvni«  siècle  et  Veau  d^aff 
de  l'argot  moderne.  —  «  Tu  vas 
me  payer  l'eau  d'afF,  ou  je  te  fais 
danser.  »  (E.  Sue.)  V.  Paffe. 

AFFAIRE  :  Délit  ou  crime  en 
voie  d'exécution.  «  Après  la  réus- 
site d'une  affaire,  ils  se  livrent 
immédiatement  à  des  débauches 
nécessaires  à  l'oubli  de  leur  rai- 
son. »  (Rabasse.) — A£tairc  mûre  : 
vol  ou  crime  qui  va  se  commet- 
tre. 

AFFAIRE  (avoir  son)  :  Être 
ivre-mort,  avoir  reçu  un  coup 
mortel.  —  a  Je  propose  l'absin- 
the... Après  quoi  j'avais  mon  af- 
faire, là,  dans  le  solide.  »  (Mon- 
selet.) 

AFFAIRES  (avoir  ses)  :  Avoir 
ses  menstrues. 

AFFE  :  Vie,  âme.  (Moreau  C.) 

AFFRANCHI  (fagot)  :  Forçat 
ayant  fini  son  temps. 

AFFRANCHIR  :  Pervertir.  Mot 
à  mot  :  affranchir  de  tout  scru- 
pule de  conscience,  —  «  Affran- 
chir un  sinve  pour  griachir  : 
pousser  un  honnête  homme  à 
voler.  »  (Vidocq.) 


AGO 


AIL 


AFFURAGE,  AFFURE  :  Pro- 
fit de  vol.  V.  affurer. — «Eh  vite  ! 
ma  culbute  ;  quand  je  vois  mon 
affure,  je  suis  toujours  paré.  » 
(Vidocq.) 

AFFURER,  AFFUTER  :  Trom- 
per. (Moreau  G.) 

AFFURER  :  Gagner  en  volant. 
(Vidocq.)— Du  vieux  mot /«rer; 
dépouiller. 

AFFUT  (homme  d')  :  Malin, 
roué.  Mot  à  mot  :  toujours  à  l'af- 
fût de  ce  qu'il  désire. 

AFFUTER.  V.  Affurer 

AFFUTER  LE  SIFFLET  (s')  : 
Boire.  Mot  à  mot  :  se  réguiser 
le  gosier. 

Faut  pas  aller  chez  Paul  Niquet 
Six  fois  r  jour,  s'affûter  le  sifflet, 
(P.  Durand,  Chansons,  i836.) 

AFLUER  :  Tromper.  (Colom- 
bey.)  Mot  à  mot  :  flouer  à. 

AGENT  DE  CHANGE  (quart, 
cinquième,  sixième  d')  :  Proprié- 
taire pour  un  quart,  un  cin- 
quième ou  un  sixième  d'une 
charge  d'agent  de  change.  On 
peut  continuer  comme  cela  in- 
définiment, cardetellee  proprié- 
tés se  subdivisent  en  un  grand 
nombre  de  parts.  M.  de  Mériclet 
a  fait  paraître  son  livre  sur  la 
Bourse,  sous  l'égide  de  ce  titre  : 
Huitième  d'agent  de  change. 

AGOBILLE  :  Outil.(Moreau  G.) 
—  C'est-à-dire  outils  de  voleur  : 
pince,  fausse  clé,  etc.  Ne  se  dit 
guère  qu'au  pluriel. 

AGONIR,  AGONISER  :  Insul- 
ter. Mot  à  mot  :  antagonir,  anta- 
goniser.  Ces  verbes  manquent  à 
notre  langue  qui  admet  cepen- 


dant antagonisme.  —  «  Je  veux 
t'agoniser  d'ici  à  demain.  »  (Ri- 
chard.) —  «  Si  bien  que  je  fus  si 
tourmentée,  si  agonie  de  sottises 
par  les  envieuses.  »  (Rétif,  lySS.) 

AGOUT  :  Eau  à  boire.  (Hal- 
bert.)  —  Mot  ancien.  V.  Lagout, 

AGRAFER  :  Arrêter.  —  «  Le 
premier  rousse  qui  se  présentera 
pour  m'agrafer.  »  (Canler.) 

AGRAFER  :  Consigner.  Mot  à 
mot  :  agrafer  le  soldat  au  quar- 
tier. —  a  J'ai  jeté  la  clarinette  à 
terre,  et  il  m'a  agrafé  pour  huit 
jours.  »  (Vidal,  33.) 

AIDE-CARGOT  :  Valet  de  can- 
tine.— Corruption  d'aide-gargot. 

—  «  Aide-cargot,  un  dégoûtant 
troupier,  fait  semblant  de  laver 
la  vaisselle.  »  (Wado.) 

AIGUILLE  :  Carte  pointant 
entre  les  autres,  de  façon  à  secon- 
der la  tricherie  d'un  grec.  «  S'il 
voit  qu'un  pigeon  se  dispose  à 
lui  tenir  banco,  il  ne  manquera 
pas  de  le  faire  couper  immédia- 
tement sous  l'aiguille.  »  (Ca- 
vaillé.) 

AIGUILLE  :  Clé.  (Vidocq.)  — 
Elle  coud  la  porte. 

AILE,  AILERON  :  Bras.  — 
Allusion  ornithologique. — «  Ap- 
puie-toi sur  mon  aile,  et  en  route 
pour  Châtellerault  !  »  (Labiche.) 

—  «  Je  suis  piqué  à  l'aileron;  tu 
m'as  égratigné  avec  tes  ciseaux.  » 
(E.  Sue.) 

AILE  DE  PIGEON  :  Suranné, 

—  Allusion  à  la  coiffure  conser- 
vée par  les  émigrés  à  leur  re- 
tour en  France.  V.  Mâchoire. 

AILLE  (terminaison  en)  :  «Le 
plus  souvent  afin  de  dérouter  les 


ALA 


—  6  — 


ALL 


écouteurs,  Pargot  se  borne  à 
ajouter  indistinctement  à  tous  les 
mots  de  la  langue  une  sorte  de 
queue,  une  terminaison  en  aille, 
en  orgue,  en  iergue  ou  en  uche; 
exemple  :  «  Vouziergue  trouvaille 
bonorgue  ce  gigotmuche.  (Trou- 
vez vous  bon  ce  gigot  ?)  Phrase 
adressée  par  Cartouche  à  un  gui- 
chetier, afin  de  savoir  si  la  somme 
offerte  pour  l'évasion  lui  conve- 
nait. La  terminaison  en  mare  est 
aujourd'hui  fort  usitée.  »  (Mo- 
reau  Christophe,  64.) 

AIMER  COMME  SES  PETITS 
BOYAUX  :  Aimer  comme  soi- 
même  :  a  Elle  m'aimait!  Autant 
que  ses  petits  boyaux.  »  {Paro- 
die de  Zaïre,  ij32.) 

AIR  (se  donner  de  V,  se  pous- 
ser de  r,  jouer  la  fille  de  1')  : 
Fuir.  —  Les  deux  premiers  ter- 
mes font  image;  le  troisième 
date  de  la  Fille  de  l'air,  une  an- 
cienne pièce  du  boulevard  du 
Temple.  —  «La  particulière  vou- 
lait se  donner  de  l'air.  »  (Vidal, 
33.) — «Dépêchez-vous  et  jouez- 
moi  la  Fille  de  l'air  avec  accom- 
pagnement de  guibolles.  »  (Mon- 
tépin.)  V.  Ballon.— «.  C'est  donc 
gentil  de  faire  des  poufs  au 
monde  et  de  se  pousser  de  l'air  ! 
Ah  !  mais,  on  ne  me  monte  pas 
le  coup.  »  {Almanach  du  hanne- 
ton, 6-j.) 

AIR  DU  TEMPS  (vivre  de  1'). 
— Être  sans  moyens  d'existence. 
Terme  ironique.  —  «Tous  deux 
vivaient  de  l'air  du  temps.  »  (Bal- 
zac.) 

AIRS  (être  à  plusieurs).  —  Être 
hypocrite,  jouer  plusieurs  rôles 
à  la  fois. 


garde.  (Vidocq.). 
larme. 


II  donne  l'a- 


ALEA  JACTA  EST.  —  Le  sort 
en  est  jeté.  —  Phrase  prononcée 
par  César  lorsqu'il  passa  le  Ru- 
bicon  pour  marcher  sur  Rome. 
—  «  Le  fameux  aléa  jacta  est 
qu'on  a  répété  tant  de  fois  depuis 
César.  »  (Rozan.) 

ALENTOIR.    —    Alentour.     \ 
Changement  arbitraire  de  la  fi-    \ 

nale.  '■ 

ALIGNER  (s').  —  Tomber  en 
garde  pour  se  battre.  Mot  à  mot  : 
se  mettre  sur  la  même  ligne 
que  son  adversaire.  —  «  Ils  met- 
tent parfois  le  sabre  à  la  main 
et  s'alignent.  »  (R.  de  la  Barre.)  — 
«  A  la  suite  d'une  bisbilL-,  ils 
sont  descendus  pour  s'aligner.» 
(J.  Arago,  38.)  V.  Aplomb. 

ALLER  DE  (y).  —Fournir.— 
«  On  y  va  de  ses  cinq  francs,  ou 
de  sa  larme.  »  (Monselet.)  — 
«  Elle    a    tourné   de  l'œil    sans 


dire  :  Ouf!...  Pauvre  vieille  ! 


jy 


ai  été  de  ma  larme.  »  (Al  out.) 

ALLER  (y).—  Se  laisser  trom- 
per. —  Fallait  pas  qu'il  y  aille! 
dit-on  d'un  homme  malheureux 
par  sa  faute.  V.  Faire  aller. 


ALARMISTE.  —  Chien  de 


ALLER  A  NIORT.  —  Nier.  — 
Jeu  de  mots.  —  «  Je  vois  bien  qu'il 
n'y  a  pas  moyen  d'aller  à  Niort.» 
(Canler.)  V.  Flacul. 

ALLER  AU  DIABLE  AU 
VERT.  —  Faire  une  excursion 
aventureuse. 

M.  Rozan  explique  ainsi  ce 
mot:  (nAuvert  est  une  corup- 
tionde  Vauvert  ;  on  disait  ai  tre- 
fois  :  Aller  au  diable  Vauvert. 
Le  V  a  été  mangé  dans  la  rapi- 
dité du  discours,  et  il  a  fini  par 


ALL 


ALL 


disparaître  si  |bien,  qu'on  a  été 
amené  à  couper  en  deux,  pour 
lui  donner  une  sorte  de  sens,  le 
reste  du  mot  :  aiivert.  —  Le  châ- 
teau de  Vauvert  ou  Val-Vert, 
situé  près  de  Paris,  du  côté  de 
la  barrière  d'Enfer,  avait  été 
habité  par  Philippe  Auguste 
après  son  excommunication  ;  il 
passait  depuis  cette  époque  pour 
être  hanté  par  des  revenants 
et  des  démons.  Saint  Louis,  pour 
désensorceler  ce  château,  le  don- 
na aux  chartreux  en  1257.  » 

Rabelais  parle  encore  de  ce 
diable  fameux  :  —  «  Je  vous 
chiquaneray  en  diable  de  Vau- 
vert, »  dit  le  chiquanous  Rou- 
ge-Muzeau,dans  le  chapitre  16  du 
livre  IV  de  Pantagruel. 

On  dit  maintenant  au  diable 
vert,  ce  qui  s'éloigne  encore  plus 
de  la  forme  primitive,  «  J'ai  déjà 
parlé  de  celui  d'Alexandre  Du- 
mas, qu'on  veut  reléguer  à  Cha- 
ronne,  au  diable  vert.  »  {^Liberté, 
26  juillet  1872.) 

ALLER  GAIMENT  (y).—  Agir 
sans  se  faire  prier,  sans  que  la 
gaîté  soit  précisément  de  la  par- 
tie, ^//on^-jr  gaiment  ne  signifie 
rien  de  plus  que  allons-y.  — 
Les  amateurs  du  langage  en  mar 
ont  imaginé  de  varier  en  disant 
allons-y  gaimar.  V.  Mar. 

ALLER  OU  LE  ROI  NE  VA 
QU'A  PIED.—  Faire  ses  besoins. 
—  Ce  rappel  à  l'égalité  est  de  tous 
les  temps.  Se  disait  au  dix-sep- 
tième siècle  :  —  «  Aller  où  le  roi 
ne  va  qu'à  pied.  C'est  à  mots  cou- 
verts le  lieu  où  l'on  va  se  déchar- 
ger du  superflu  de  la  mangeail- 
le...  »  (Scarron.)  V.  Numéro  100. 

ALLER  ""se  faire  FICHE. 
V.  Ficher. 


ALLER  SON  PETIT  BON- 
HOMME DE  CHEMIN  :  Aller 
doucement. 

,  ALLER  (faire)  :  Tromper.  — 
«  Te  v'ià,  charbonnier  de  mal- 
heur. Quoi  !  il  y  a  là  une  voie 
de  charbon  ?  Tu  nous  fais  aller.  » 
{Fort  en  gueule.  Imprimerie 
Stahl,  20.)  —  «  Essaie  d'en  faire 
aller  d'autres  que  Florine,  mon 
petit.  »  (Balzac.) 

ALLEZ  VOUSASSEOIR:Tai- 
sez-vous.  V.  Asseoir. 

ALLEZ  DONC  (et)  :  Locution 
destinée  à  augmenter  dans  un 
récit  la  rapidité  de  l'acte  raconté. 
—  tt  Quand  il  a  vu  ça,  y  s'est 
esquivé  rapidement...  et  allez 
donc  !...  »  —  (Lamiral,  38.)  — 
((  J'avais  mon  couteau  à  la  main... 
et  allez  donc!...  j'entaille  le  ser- 
gent, je  blesse  deux  soldats.  » 
(E.  Sue.)  —  «  L'école  du  bon 
sens  met  le  Théâtre-Français  en 
interdit.  Emile  Augier  porte P^f- 
liberte  au  Gymnase...  et  allez 
donc!  »  (Mirecourt,  55.) 

ALLONGER  (s')  :  Tomber  de 
son  long  par  terre.  — «  Mon  ca- 
pitaine, en  cet  endroit,  s'est  al- 
longé... Il  est  tombé  de  cheval.» 
{Commentaires  de  Loriot.) 

ALLONGER  (s')  :  Faire  une 
dépense  qui  n'entre  pas  dans  ses 
habitudes.  Le  faire  plus  forte  en- 
core, dest  se  fendre.  V.  ce  mot. 
Termes  d'escrime. 

ALLONS -Y   :  Commençons. 

Mon  luth  et  mon  esprit  résonnent  à  la 

[fois 

Et  l'idéal  d'amour  s'exprime  par  ma  voix 

Allons  y  1 

(//  module  des  accords.)  J.  Walter. 

ALLUMÉ  :  Échauffé  par  le  vin. 


ALL 


~  8  - 


AMA 


—  «  Est-il  tout  à  fait  pochard  ou 
seulement  un  peu  allumé  ?  » 
(Montépin.) 

ALLUMER  :  Regarder  fixe- 
ment, voir,  observer. Mot  à  mot: 
éclairer  de  l'œil.  Mot  très-ancien. 
Se  trouve  avec  ce  sens  dans  les 
romans  du  xiii«  siècle.—»  Allume 
le  miston,  terme  d'argot  qui  veut 
dire  :  Regardez  sous  le  nez  de 
l'individu.  »  (Almanach  des  pri- 
sons, 1795.) 

ALLUMER  :  Faire  éclore  l'en- 
thousiasme. —  «  Malvina  rem- 
plissait la  salle  de  son  admi- 
ration ;  elle  allumait ,  pour 
employer  le  mot  technique.  » 
(L.  Reybaud.)  V.  Boutonner, 

ALLUMER  :  Activer,  enflam- 
mer ses  chevaux  à  coups  de 
fouet.  —  «  Allume!  allume!  » 
(H.  Monnier.) 

ALLUMEUR:  Compère  chargé 
de  faire  de  fausses  enchères  dans 
une  vente  pour  allumer  les  vrais 
acheteurs.  —  «  Dermon  a  été 
chaland  allumeurdans  les  ventes 
au  dessous  du  cours.  »  {La  Cor- 
rectionnelle, journal,  41.) 

ALLUMEUSE  :  Dans  le  monde 
de  la  prostitution,  c'est  un  syno- 
nyme de  marcheuse.  V.  ce  mot. 

Dans  ces  acceptions  si  diverses, 
l'allusion  est  facile  à  saisir.  Qu'il 
s'applique  à  un  téte-à-tête,  ou  à 
un  spectacle,  ou  à  un  attelage, 
ou  à  un  repas,  ou  à  une  vente,  ou 
à  une  provocation  charnelle,  d!//w- 
mer  garde  au  figuré  sa  significa- 
tion incendiaire. 

ALPAGUE  :  Vêtement.  (Ra- 
basse.)  —  Abréviation  d'alpaga. 
Le  nom  d'un  vêtement  à  la  mode 
pendant  unç    année,    aurji    été 


pris  pour  désigner  tout  autre. 

ALPHONSE  :  Homme  entre- 
tenu par  une  femme  galante.  — 
Surnom  répandu  depuis  qu'A- 
lexandre Dumas  a  fait  représen- 
ter au  Gymnase  son  Monsieur 
Alphonse  dont  le  héros  exerce 
précisément  cette  industrie.  — 
«  Si  tous  les  Alphonsesdu  boule- 
vard se  donnent  rendez-vous  là, 
il  y  aura  du  travail  pour  les  ob- 
servateurs. »  (Commerson,  75.) 

ALTÈQUE  :  Beau,  boa,  ex- 
cellent. (Vidocq.)— Du  vieux  mot 
ait  :  grand,  fort,  élevé  (qui  nous 
est  resté  dans  altitude),  accom- 
pagné d'une  désinence  arbitraire, 
comme  dans  féodec. 

Frangine  d'altèque  :  bonne 
sœur. 

Frime  d'altèque  :  charmante 
figure.  V.  Coquer. 

ALTER  EGO  :  Autre  moi- 
même.— Latinisme.  —  «  M.  Chi- 
vot  occupait  la  stalle  voisine, 
applaudissant  de  tout  cœ  ir  l'a- 
musante folie  de  son  heureux 
alter  ego.  »  (E.  Blavet.) 

AMANT  DE  CŒUR  :  Les  fem- 
mes galantes  nomment  ainsi 
l'amant  qui  ne  les  paye  pas  ou 
qui  les  paye  moins  que  les  au- 
tres. La  Physiologie  de  l'amant 
de  cœur,  par  M.  Constantin,  a 
été  faite  en  1842. 

Au  dernier  siècle,  on  disait  in- 
différemment ami  de  cœur  ou 
greluchon.  Ce  dernier  n'était  pas, 
comme  on  le  croit  aujourd'hui, 
un  souteneur.  Le  greluchon  ou 
ami  de  cœur  n'était  et  n'est  en- 
core qu'un  amant  en  sous-ordre 
auquel  il  coûtait  parfois  beau- 
coup pour  entretenir  avec  une 
beauté  à  la  mode  de  mystérieuses 


AMA 


-  9 


amours.  —  ce  La  demoiselle  So- 
phie Arnould,  de  l'Opéra,  n'a 
personne.  Le  seul  Lacroix,  son 
friseur,  très-aisé  dans  son  état, 
est  devenu  Vami  de  cœur  et  le 
monsieur.  »  {Rapports  des  ins- 
pecteurs de  Sartines,  1762.) 

Ces  deux  mots  avaient  de  l'ave- 
nir. Monsieur  est  toujours  bien 
porté  dans  la  langue  de  notre 
monde  galant.  L'ami  de  cœur  a 
détrôné  le  greluchon;  son  seul 
rival  porte  aujourd'hui  le  nom 
d'Arthur. 

AMARRES  (les)  :  Les  amis. 
(Rabasse.)  —  Je  ne  pense  pas  que 
ce  soit  un  jeu  de  mots.  C'est  plu- 
tôt un  exemple  du  langage  en 
mar.  V.  ce  mot. 

AMARRER  :  Manœuvrer  de 
façon  à  duper  quelqu'un.  Mot  à 
mot  :  jeter  l'amarre  sur  sa  cré- 
dulité. 

AMATEUR  :  Dans  le  monde 
artistique  et  littéraire,  on  appelle 
amateur  l'homme  du  monde  qui 
se  fait  artiste  ou  écrivain  à  cer- 
taines heures  seulement. — Pein- 
ture d'amateur,  musique  d'ama- 
teur et  littérature  d'amateur  sont 
des  termes  souvent  ironiques  par 
lesquels  on  désigne  des  œuvres 
peu  sérieuses. 

AMATEUR  :  «  Rédacteur  qui 
ne  demande  pas  le  payement  de 
ses  articles.  »  (1826,  Biographie 
des  journalistes.) 

AMATEUR  :  Dans  l'armée,  on 
appelle  amateur  l'officier  qui 
s'occupe  peu  de  son  métier. 

AMATKUR  sert  aussi  dans 
l'armée  d'équivalent  au  mot^é- 
kin.  Un  officier  dira  :  Il  y  avait 
là  cinq  ou  six  amateurs  ;  comme 


AME 

un  soldat  ou  un  sous-officier 
dira  :  Il  y  avait  là  cinq  ou  six 
particuliers. 

AMATEUR  (clerc)  :  Dans  le 
notariat,  un  clerc  amateur  tra- 
vaille sans  émoluments. 

AMBIER  :  Fuir.  (Grandval.) 
— Vieux  mot.  On  disait  au  moyen 
âge  amber. 

AMENDIER  FLEURI  :  Régis- 
seur.— Jeu  de  mots  expliqué  par 
l'exemple  suivant  :  —  «L'amen- 
dier  fleuri,  comme  disent  les  ac- 
teurs en  parlant  du  généreux 
distributeur  d'amendes  qui  sur- 
veille la  scène.  y>  {Vie parisienne, 
65.) 

AMÉRICAIN  :  Escroc  feignant 
d'arriver  d'Amérique.  Pour  plus 
de  détails.  V.  Charriage, 

AMÉRICAIN  (œil)  :  Œil  scru- 
tateur. —  Allusion  à  la  vue  per- 
çante prêtée  par  les  romans  po- 
pulaires de  Cooper  aux  sauvages 
de  l'Amérique.  — ce  Ai- je  dans  la 
figure  un  trait  qui  vous  déplaise, 
que  vous  me  faites  l'œil  améri- 
cain ?  »  (Balzac.)  —  «  J'ai  l'œil 
américain,  je  ne  me  trompe  ja- 
mais.» (Montépin.) 

AMÉRICAIN  (œil)  :  Œil  séduc- 
teur.— «  L'œillade  américaine  est 
grosse  de  promesses,  elle  promet 
Tor  du  Pérou,  elle  promet  une 
ardeur  amoureuse  de  soixante 
degrés  Réaumur.  »  (E.  Lemoine.) 

AMÉRICAINE  :  Voiture  décou- 
verte, à  quatre  roues.  —  «  Une 
élégante  américaine  attend  à  la 
porte.  Un  homme  y  monte,  re- 
pousse un  peu  de  côté  un  tout 
petit  groom,  prend  lui-même  les 
guides  et  lance  deux  superbes 
pur-sang  au  galop.  »  {Figaro.) 


ANC  —  lo  — 

AMÉRICAINE  (vol  à  1').  V. 
Charriage. 

AMOUR  :  Aimable  comme 
l'Amour.  —  «  Armée  de  son  re- 
gistre, elle  attendait  de  pied  ferme 
ces  amours  d'abonnés.»  (L.  Rey- 
baud.)  —  «  Comme  j'ai  été  folle 
de  Mocker;  quel  amour  de  dra- 
gon poudré!  »  (A.  Frémy.) 

Amour  a  fini  par  s'appliquer 
dans  le  sens  de  «  aimable  »  à  la 
première  chose  venue. —  «Quel 
amour  de  mollet!  Il  faut  que  je 
le  baise.  »  (E.  Villars.)  — «  Je 
mourrais  d'ennui  par  ici,  moi. 
J'ai  trouvé,  rue  de  la  Paix,  un 
amour  d'appartement.  (Dumas 
fils,  le  Demi-Monde.) 

AMOUREUX  DES  ONZE 
MILLE  VIERGES  :  «  Dans  le 
sens  où  l'on  entend  ce  proverbe, 
dit  M.  Charles  Rozan,  aimer  les 
onze  mille  vierges,  c'est  aimer 
toutes  les  femmes,  c'est  croire, 
dans  le  feu  de  la  première  jeu- 
nesse ,  que  toutes  les  femmes 
sont  également  dignes  de  notre 
amour.  »  —  Ce  chiffre  de  onze 
mille  est  une  allusion  à  la  tradi- 
tion du  martyre  de  sainte  Ursule 
et  des  onze  mille  vierges,  ses 
compagnes,  mises  à  mort  par  les 
Huns,  près  de  Cologne,  vers  384. 

ANCIEN  :  Mot  d'amitié.  Il  peut 
se  dire  à  un  jeune  homme  et  si- 
gnifie :  ancien  ami.  Mon   vieux 

offre  la  même  idée. 

ANCIEN  :  Vieillard.  V.  ^s- 
phyxier. 

ANCIEN  (1')  :  Napoléon  I". 
Mot  à  mot  :  l'ancien  souverain. 
—  Une  caricature  de  i83o  porte 
cette  légende  :  «  Vive  Napo- 
léon II  ! —  Tais  ta  langue,  pa- 
triote,   n'parle    pas  du  fils  de 


ANE 


l'ancien;  ce  n'est  plusqu"an  Au- 
trichien élevé  à  l'école  d'un  jé- 
suite. » 

ANCIEN  :  Élève  de  première 
promotion  à  l'École  polytechni- 
que ou  à  l'École  de  Saiat-Cyr. 
V.  Absorption. 

ANCHTIBBER  :  Arrêter.  (Ra- 
basse.)  —  Ce  serait  mot  à  mot  : 
mettre  en  botte,  chausser.  V. 
Chtibbe. 

ANCHOIS  (œil  bordé  d)  :  Œil 
aux  paupières  rougies  et  dépour- 
vues de  cils.  —  L'allusioa  sera 
comprise  par  tous  ceux  qji  ont 
vu  des  anchois  découpés  en  la- 
nières. —  «  Je  veux  avoir  ta 
femme.  —  Tu  ne  l'auras  pas.  — 
Je  l'aurai,  et  tu  prendras  ma 
guenon  aux  yeux  bordés  d'an- 
chois. »  (Vidal,  33.) 

ANDOSSE  :  Échine,dos.(Grand- 
val.)  Épaules.  (Rabasse.) 

ANDOUILLE  :  Personne  sans 
énergie,  aussi  molle  qu'une  an- 
douille.  Un  vrai  maladroit  s'ap- 
pelle andouille  ficelée. 

ANE  DE  BURID  AN  (êtreco  mme 
1')  :  Ne  savoir  que  décider.  — 
«  Buridan  est  un  dialecticien  du 
xiv»  siècle.  Pour  prouver  le  libre 
arbitre  des  animaux,  il  supposait 
un  âne  également  pressé  p  ir  la 
soif  et  par  la  faim,  le  plaçait  en- 
tre un  picotin  d'avoine  et  un  seau 
d'eau,  également  distants,  fai- 
sant sur  lui  la  même  impression 
et  il  demandait  :  »  Que  fera  cet 
âne?»  (Rozan.) 

ANGLAIS  :  Créancier.  —  Mot 
ancien.  On  est  d'autant  ]ilus 
porté  à  le  regarder  comme  une 
allusion  ironique  aux  Anglais, 
que  les  Français  se  moquaient 


ANG 

volontiers  de  leur  perpétuel  en- 
nemi. —  Ainsi,  milord  et  god- 
dem  sont  employés  ironiquement 
dès  le  moyen  âge.  V.  Milord, 
Goddem. 

Malgré  des  avis  contraires, 
mais  appuyés  selon  nous  par  des 
exemples  trop  peu  concluants, 
c'est  encore  l'opinion  de  Pas- 
quier  qui  nous  semble  préféra- 
ble. Il  fait  venir  ce  terme  des 
réclamations  des  Anglais  qui  pré- 
tendaient que  la  rançon  du  roi 
Jean,  fixée  à  trois  millions  d'écus 
d'or,  par  le  traité  de  Brétigny, 
n'avait  pas  été  entièrement  payée. 

Oncques  ne  vys  Anglois  de  votre  taille, 
Car,  à  tout  coup,  vous  criez  :  baille, 
baille  ! 

(Marot.) 

On  trouve  des  exemples  d'-4n- 
glais  dans  la  Légende  de  Pierre 
Faifeu.  M.  Fr.  Michel  a  relevé 
cette  mention  dans  les  poésies 
de  Guillaume  Crétin  (xv«  siècle)  : 

Et  aujourd'hui  je  faictz  solliciter 
Tous  mes  Angloys,  pour  mes  restes 
[parfaire, 
Et  le  payement  entier  leur  satisfaire. 

«  Assure-toi  que  ce  n'est  point 
un  Anglais.  »  (Montépin.) 

ANGLAIS  SONT  DÉBAR- 
QUÉS (les)  :  Ces  mots  désignent 
une  incommodité  périodique 
chez  la  femme.  Allusion  à  la 
couleur  favorite  de  l'uniforme 
britannique. 

Il  est  aussi  brave 
Que  sensible  amant, 
Des  anglais  il  brave 
Le  débarquement. 

(Chansons,  impr.  Chastaignon,  i85i.) 
Recueils  de  la  bibl.  nationale. 

ANGLAISES  :  Longues  boa- 


II   — 


ANS 


clés  de  cheveux  pareilles  à  celles 
dont  se  coiffent  volontiers  les 
dames  britanniques.  Elles  ont 
été  surtout  à  la  mode  en  France 
vers  1840. — «Une  femme  aux 
anglaises  blondes  lui  heurte  le 
bras.  »  (Monselet.) 

ANGLAISES  :  Latrines  à  l'an- 
glaise, c'est-à-dire  munies  d'une 
cuvette  à  soupape. 

ANGLUCE  :  Oie.  (Vidocq.) 

ANGOULÈME  (se  caresser  1')  : 
Boire  et  manger.  Mot  à  mot  :  se 
caresser  le  palais,  mettre  en  goule, 
du  vieux  mot  goule  (gueule). 
Nous  avons  encore  goulu  et  gou- 
lafre  (glouton).  —  «  Il  y  en  a  qui 
ne  se  sont  pas  encore  caressé  l'an- 
goulème  depuis  la  veille.  »  (E, 
d'Hervilly.) 

ANGUILLE  :  Ceinture.  (Vi- 
docq.) —  Une  ceinture  de  cuir 
noir  gonflée  d'argent  ressemble 
à  une  anguille. 

ANGUILLE  DE  BUISSON  : 
Couleuvre.  —  «  Il  vend  des  an- 
guilles de  buisson,  comme  on  dit 
en  langage  populaire,  à  certains 
gargotiers  qui  en  font  d'excel- 
lentes matelotes.  »  (Privât  d'An- 
glemont.) 

ANSE  :  Bras.  L'anse  est  le  bras 
du  vase.  V.  Arque-pincer.  — 
Offrir  son  anse,  offrir  son  bras. 

ANSES  :  Oreilles.— Comparai- 
son de  la  tête  au  pot. 

ANSES  (une  paire  d')  :  Une 
paire  de  grandes  oreilles  écar- 
tées. Vues  de  face,  elles  ressem- 
blent aux  anses  d'un  pot. 

ANSES  (panier  àdeux):  Homme 
ayant  une  femme  à  chaque  bras. 

ANTIF  (battre  1')  ;  Marcher, 


ANT 


—    12    — 


ANT 


Mot  à  mot  :  battre  le  grand  che- 
min. —  Antif  est  un  vieux  mot 
qui  signifie  antique, etSQ  rencon- 
tre souvent  dans  les  textes  du 
moyen  âge  uni  à  celui  de  chemin. 

—  Un  chemin  antif  était  un  che- 
min ancien,  c'est-à-dire /rayé. 

ANTIFFE  :  Marche.  (Grand- 
val.)  Mot  à  mot  :  action  de  battre 
rantif. 

ANTIFt'ER  :  Entrer.  (Rabasse.) 

ANTIFFER  (s')  :  Se  marier. 
(Rabasse.)  —  Forme  moderne 
d'antijîer.  —  Se  dit  aussi  pour 
être  séduit,  se  laisser  circonve- 
nir. 

ANTIFLE  (battre  1'):  Cafarder, 
dissimuler.  Mot  à  mot  :  hanter 
l'église.  V.  A  ntijler. 

ANTIFLER,  ENTIFLER  :  Ma- 
rier. (Vidocq.)  —  Vient  du  vieux 
mot  antie,  église.— Là  se  fait  la 
célébration  du  mariage.  Entifler 
est  donc  mot  à  mot  :  mener  à 
l'église.  —  «  Ah  !  si  j'en  défou- 
raille,  ma  largue  j'cntiflerai.  » 
(Vidocq.) 

ANTIPATHER  :  Avoir  de  l'an- 
tipathie. —  «  Pas  une  miette  !  Je 
l'antipathe.  »  (Gavarni.) 

ANTIQUE  :  Élève  sortant  de 
l'École  polytechnique.  V.  Ab- 
sorption. 

ANTONNE  :  Église.  (Vidocq.) 
—Changement  de  finale  du  vieux 
mot  antie,  église. 

ANTONY  :  Jeune  romantique. 

—  Nom  du  héros  d'un  drame 
d'Alexandre  Dumas  qui  fut  fort 
goûté  en  i83i. — ce  Après  les  suc- 
cès à^Antony,  les  salons  pari- 
siens furent  tout  à  coup  inondés 
de  jeunes  hommes  pâles  et  blê- 


mes, aux  longs  cheveux  noirs,  à 
la  charpente  osseuse,  au:;  sour- 
cils épais,àla  parole  caverneuse, 
à  la  physionomie  hagarde  et  dé- 
solée... De  bonnes  âmes,  s'in- 
quiétant  de  leur  air  quasi  cada- 
véreux, leur  posaient  cette  ques- 
tion bourgeoisement  affectueuse  : 
«  Qu'avez-vous  donc?»  A  quoi 
ils  répondaient  en  passant  la 
main  sur  leur  front  :  «  J'ai  la 
fièvre.  »  Ces  jeunes  hommes 
étaient  des  Antonys.  »  (E.  Le- 
moine.) —  «  D'ici  à  quelques  an- 
nées, il  y  aura  moins  de  chance 
de  voir  les  jeunes  Antonys  plon- 
ger leur  dignité  dans  le  fossé 
bourbeux  de  la  réclame.  »  {Fi- 
garo, 65.) 

ANTONYQUE.ANTONYSME: 
La  pose  funèbre  dont  nous  ve- 
nons de  parler,  fit  créer  égale- 
ment les  mots  antonyque  et  an- 
tonysme.  —  a  Ce  sourire  est 
mélancolique  ou  antonyque,  ce 
qui  est  un.  »  (Lemoine.)— Quant 
à  l'antonysme,  il  mourut  sous 
les  épigrammcs  des  lousiics... 
lesquels  ne  voient  plus  une  de- 
moiselle de  comptoir  sur  le  re- 
tour sans  lui  dire  :  «  N'êtes  vous 
pas  ma  mère?»  et  ne  vous  dévo- 
rent plus  la  moindre  côtelette 
de  mouton  sans  pousser  la  fa- 
meuse exclamation  :  «  Elle  me 
résistait,  je  l'ai  assassinée!» 
(E.  Lemoine.) 

ANTROLER  :  Emporter.  (Vi- 
docq.) —  Des  mots  entre  roller  : 
rouler  ensemble. 

APLOMB  :  Droit  au  but. 
Sus  c'  coup-là,  je  m'aligne. 
L'  gonse  allume  mou  bâton, 
J'allonge  sur  sa  tigne 
Cinq  à  six  coups  d'aplomb. 

(Aubert,  Chansons^  i!^i3.) 


AQU  -  i3  - 

Ah!  fallait  voir  comme  il  touchait  d'a- 

[plomb. 

[Les  Mauvaises  rencontres^  chanson.) 

APOTRE  :  Doigt.  (Vidocq.)— 
Jeu  de  mots.  Le  doigt  du  voleur 
happe  souvent. 

APPAS  :  Seins. 

Madame  fait  des  embarras. 
Je  l'ai  vue  mettre  en  cachette 
Des  chiffons  pour  des  appas. 

(Matt.,  Chansons.) 

APPELER  AZOR  :  Siffler. 
V.A;(or. 

APPUYER  SUR  LA  CHAN- 
TERELLE. V.  ce  mot. 

A  QUIA  :  Acculé  dans  une  si- 
tuation désespérée. —  Latinisme. 

—  S'est  dit  d'abord  des  logiciens 
pris  en  défaut,  qui,  ne  sachant 
plus  quoi  répondre,  donnaient 
un  parce  que  {quia)  pour  toute 
raison.  Régnier,  le  satirique,  met 
ainsi  en  scène  un  donneur  de 
fausses  raisons  : 

Par  hazard  disputant,  si  quelqu'un  luy 

[réplique, 

Et  qu'il  soit  à  quia  :  •  Vous  êtes  héré- 

[tique.  » 

AQUIGER  :  Prendre,  dérober. 

—  D'où  le  vieux  mot  d'argot 
aquige-ornie^  maraudeur.  Mot  à 
mot  :  voleur  de  poules. 

AQUIGER  :  Palpiter.  V.  Co- 
quer. 

AQUIGER  :  Blesser,  battre, 
endommager. —  «  Me  voici  enfin 
démarré  de  ce  maudit  ponton  et 
sans  être  aquigé.  »  (Rabasse.) 

AQUIGER  LES  BRÈMES  : 
Entailler,  biseauter  les  cartes. 
(Vidocq.) 

ARAIGNÉE  DANS  LE  PLA- 


ARC 


FOND  (avoir  une)  :  Déraisonner. 
—  La  boîte  du  crâne  est  ici  le 
plafond,  et  l'araignée -folie  y  tend 
ses  toiles.  V.  Plafond. 

ARIA  :  Embarras.— V.  Haria. 

ARBALÈTE  :  Croix  de  cou, 
bijou  de  femme.  (Vidocq.)  — 
L'arbalète  détendue  ressemble  à 
une  croix. 

ARBALÈTE  D'ANTONNE  : 
Croix  d'église. 

ARBI  :  Arabe.  Pour  Arabi;  ar- 
got d'Algérie.  —  ce  Sobres  les 
Arbis,  une  poignée  de  son,  un 
peu  d'eau,  le  coin  de  leur  bur- 
nous, voilà  leur  repas  dans  les 
haltes.  »  {Commentaires  de  Lo- 
riot.) 

ARBICO  :  Petit  Arabe.  —  Di- 
minutif à'Arbi.  —  «  La  Maghr- 
nia  :  une  école  de  petits  Arbicos, 
un  hôpital  et  un  magasin.  » 
{Commentaires  de  Loriot.) 

ARCASIEN,  ARCASINEUR  : 
Celui  qui  monte  un  arcat. 

ARCAT  (monter  un)  :  Écrire 
de  prison,et  demander  une  avance 
sur  un  trésor  enfoui,  dont  on 
promet  de  révéler  la  place.  — 
Vient  à^arcane,  mystère,  chose 
cachée.  —  La  lettre  qui  sert  à 
monter  Varcat  s'appelle  lettre  de 
Jérusalem,  parce  qu'on  l'écrit 
sous  les  verrous  de  la  Préfecture. 
Vidocq  assure  qu'en  l'an  VI,  il 
arriva  de  cette  façon  plus  de 
1 5,000  francs  à  la  prison  de  Bi- 
cétre. 

ARCHE  DE  NOÉ  :  Académie 
française,  disent  les  dictionnaires 
d'argot  qui  ont  précédé  le  nôtre. 

Je  n'hésite  pas  à  soutenir  que 
le  mot  est  de  pure  invention,  que 


ARC 


—  14  - 


ARG 


les  argotîers  anciens  ignoraient 
l'existence  de  l'Académie ,  et 
qu'aujourd'hui  un  faubourien  ne 
sait  pas  du  tout  ce  que  veut  dire 
arche  de  Noé.  Cette  mystifica- 
tion philologique  est  due  sans 
doute  à  l'esprit  malicieux  de 
quelque  homme  de  lettres  chargé 
de  surveiller  l'impression  d'un 
vocabulaire  que  tous  les  autres 
auront  copié.  Vidocq,  ou  plutôt 
celui  qui  travaillait  pour  lui,  en 
a  fait  autant.  De  là  une  erreur 
partout  reproduite.  Vidocq  a  du 
reste  fait  école  de  notre  temps  et 
vers  i865  un  dictionnaire  argo- 
tique a  donné  cul  à  fauteuil, 
mal  choisi,  enfant  de  la  four- 
chette, etc.,  comme  synonymes 
à^ académiciens  dans  la  bouche 
des  voyous  parisiens.  Toutes  ces 
petites  malices  sont  de  pures  in- 
ventions. 

ARCHE  (aller  à  1')  :  Chercher 
de  l'argent.  (Vidocq.) — Du  vieux 
mot  arche  :  armoire,  coffre,  qui 
a  fait  archives. 

ARCHE  (fendre  1')  :  Ennuyer. 

—  Mot  à  mot  :  fendre  le  coffre. 

—  tt  Ça  commençait  à  me  fendre 
l'arche.  Je  lui  dis  :  Pas  de  bêtises, 
mon  vieux.  »  (Monselet.) 

ARCHI  :  Préambule  dont  la 
langue  usuelle  se  sert  à  tout 
propos,  du  moment  qu'il  s'agit 
d'inventer  un  superlatif.  —  Le 
Dictionnciire  de  V Académie  re- 
connaît, du  reste,  qu'on  peut 
former  de  la  sorte  un  très-grand 
nombre  de  mots.  Nous  en  citons 
un  exemple  entre  mille  :  — «Je 
suis  guérie...  bien  guérie...  oh! 
archiguérie.  »  (Villars.) 

ARCHIPOINTU  :  Archevêque. 
même  observation  que  pour  ar- 


che de  Noé.  Nous  ne  crovons  pas 
à  l'usage  réel  de  ce  mot.  Je  ferai 
de  plus  remarquer  que  les  dic- 
tionnaires où  il  se  trouve  ne 
donnent  pas  même  le  veux,  pointu 
pour  évêque,  ce  qui  deA  rait  être 
en  bonne  logique,  car  pc>intu  fait 
allusion  ici  aux  pointes  de  la 
mitre. 

ARCHI -SUPPOT  :  Voleur 
émérite.  — N'est  plus  usité. 

ARÇON  :  Signe  d'alerte  con- 
venu entre  voleurs.  —  Eu  vieux 
arçon,  archet,  petit  arc. Du  temps 
de  Vidocq  (1837),  c'éta  t  un  G 
figuré  à  l'aide  du  pouce  croit  sur 
la  joue  droite.  — La  cour  3e  du  C 
représente  la  forme  d'un  arc. 

ARCPINCER,  ARQ.IEPIN- 
CER  :  Prendre,  arrêter.  —  Pin- 
cer au  demi- cercle  est  très- 
usité  dans  le  même  sens.  Il  est 
à  remarquer  qu'arc  et  demi- 
cercle  présentent  la.  même  image. 
—  «  Daignez  arquepinctr  mon 
anse.»  {Almanach  du  hanneton, 
67.) 

ARDENT  :  Chandell-.  (Vi- 
docq.)— Le  mot  a  été  biei.  porté, 
car  M.  Francisque  Mie  lel  l'a 
trouvé  quatre  fois  dans  ie  Dic- 
tionnaire des  précieuses,  dj  1660. 

ARDENTS  :  Yeux.  {Diction- 
naire d'argot  moderne,  .4.)  — - 
Le  verbe  allumer,  regarder,  en- 
traînait naturellement  ce  subs- 
tantif. Y.  Allumer. 

ARGA  :  Part.  «  Pour  mon  arga, 
je  serai  ton  dévoué  jusqu'à  la 
mort.  »  (Rabasse.)j 

ARG  AN  EAU  :  Anneau  réunis- 
sant deux  forçats.  (Colomb ey.) 

ARGUCHE  :  Diminutifs  du 
vieux  mot  argue,  ruse,  fi  lesse, 


ARM 


-  i5  - 


ARR 


irgot.  —  L'argot  est  une  ruse  de 
langage.  V.  Truc. 

ARGUEMINE  :  Main.  —  «  Je 
mets  l'arguemine  à  la  barbue.  » 
(Vidocq.) 

ARIA  :  Embarras.  —  Du  vieux 
mot  arriCf  obstacle.  —  «  J'ai  eu 
bien  des  arias  avec  la  douane  à 
cause  de  mes  malles.  »  (Monse- 
let.)  V.  Haria. 

ARICOTEUR  :  Bourreau.  (Vi- 
docq.)—«C'est  demain  que  Char- 
iot fera  un  haricot  de  ton  corps.» 
[L'Écluse,  l'jbd.) 

ARISTO  :  Aristocrate, homme 
quelconque  se  trouvant  en  bonne 
situation. — Abréviation. —  «  C'est 
vrai  !  tu  as  une  livrée,  tu  es  un 
aristo.  »  (D'Héricault.) 

ARISTOCRATE  :  Nom  donné 
par  les  détenus  à  ceux  qui  ont 
assez  d'argent  pour  être  à  la  pis- 
tole.  (Rabasse.) 

ARLEQUIN  :  Assemblage  de 
rogatons  achetés  aux  restaurants 
et  servis  dans  les  gargotes  de 
dernier  ordre.  —  «  C'est  une  bi- 
joutière ou  marchande  d'arle- 
quins. Je  ne  sais  pas  trop  l'origine 
du  mot  bijoutier;  mais  l'arlequin 
vient  de  ce  que  ces  plats  sont 
composés  de  pièces  et  de  morceaux 
assemblés  au  hasard,  absolument 
comme  l'habit  du  citoyen  de 
Bergame.  Ces  morceaux  de  viande 
sont  très-copieux,  et  cependant 
ils  se  vendent  un  sou  indistinc- 
tement. Le  seau  vaut  trois  francs. 
On  y  trouve  de  tout,  depuis  le 
poulet  truffé  et  le  gibier  jusqu'au 
bœuf  aux  choux.  »  (P.  d'Angle- 
mont.) 

ARMOIRE  A  GLACE  :  Quatre 
de  jeu  de  cartes.   «   Tenez  sur 


galuchet,  et  de  l'armoire  à  glace 
évitez  la  beauté.  »  (Alyge.) 

ARNAC  (à  V)  :  Avec  prémédi- 
tation. (Rabasse.) —  Semble  une 
forme  moderne  d'amache. 

ARNACHE  :  Tromperie.  (Vi- 
docq.) —  Du  vieux  mot  harna- 
cher, tromper. 

ARNAUD  (avoir  son),  ÊTRE 
ARNEAU  :  Être  de  mauvaise  hu- 
meur. (Halbert,  Rabasse.)  D'ar- 
nauder, 

ARNAUD  ER  :  Murmurer.  Mot 
à  mot  :  renauder  à.  V.  Renau- 
der. 

ARNELLE  :  Rouen.  (Vidocq.) 

ARNELLERIE  :  Rouennerie. 
(Idem.) 

ARPAGAR  :  Arpajon  (Seine- 
et-Oise).— Changement  de  finale. 
(Vidocq.) 

ARPETTE  :  Apprenti.  (F^a- 
basse.) 

ARPION,  HARPION  :  Pied.- 
C'est  le  vieux  mot  arpion  :  grille, 
ongle.  Harpon  et  harponner  sont 
restés  dans  la  langue. —  «  J'aime 
mieux  avoir  des  philosophes  aux 
arpions.  «  (E.  Sue.) 

ARQUEPINCER  :  Arrêter.  V. 
Arcpincer. 

ARRACHERDUCHIENDENT: 
Chercher  une  occasion  de  voler. 
C'est  un  pendant  d'aller  au  per- 
sil. V.  Persil. 

ARRÊTER  LES  FRAIS  :  Sus- 
pendre une  chose  commencée. — 
Terme  emprunté  au  jeu  de  bil- 
lard où  on  arrête  les  frais  (de 
location  du  billard)  dès  qu'on  ne 
joue  plus. 


ARS 


—  16- 


ART 


ARRIÈRE-TRAIN  :  Derrière. 

Rien  ne  me  déplaît  plus  par  contre  que 

[ce  crin 

Dont  les  dames  se  font  un  faux  arrière- 

[train. 

(H.  Briollet.) 

ARRIVER  PREMIER  :  Dépas- 
ser tout  concurrent.  —  Terme  de 
sport.  —  Se  prend  au  figuré.  — 
«  Vous  êtes  ravissante.  Watteau 
et  Boucher  sont  distancés.  Vous 
arrivez  première  au  charme  des 
yeux  et  des  cœurs.  »  (Almanach 
du  hanneton,  6j.) 

ARROSER  :  Payer.  V.  Galons 
(arroser  ses). 

ARROSER  :  Couvrir  de  son 
enjeu,  faire  des  sacrifices  d'ar- 
gent répétés.  —  a  Un  monsieur 
arrose  le  onze  (à  la  roulette)  de- 
puis une  heure  et  le  onze  n'a 
pas  plus  l'air  de  sortir. »(R.  Mil- 
ton.) 

ARSENAL  :  Arsenic.  (Vidocq.) 
—  Changement  de  finale. 

ARSONNEMENT  :  Onanisme. 
(Vidocq.) 

ARSOUILLE  :  Ignoble  vau- 
rien.— Anagramme  du  vieux  mot 
souillart  qui  désignait  Varsouille 
du  moyen  âge.  La  souillardaille 
était  la  canaille  jadis.  (V.  Du 
Cange.)  — «C'étaient  des  arsouil- 
les  qui  tiraient  la  savate.  »  Th. 
Gautier.) 

Arsouille  se  prend  adjective- 
ment. —  «Je  n'étais  accusé  que 
d'un  mince  délit  et  je  n'avais  pas 
l'air  arsouille.  »  (Lacenaire,  Mé- 
moires, 36.) 

ART  POUR  L'ART  (faire 
de  1')  :  Cultiver  les  arts  ou  les 
lettres  sans  y  chercher  de  lucre.  I 


Y. Métier. —  a'Hous  avons  connu 
ces  types  si  étranges,  qu'on  a 
peine  à  croire  à  leur  exis- 
tence; ils  s'appelaient  les  disci- 
ples de  Fart  pour  l'art.  »  (Mur- 
ger.) 

ARTHUR  :  Amant  de  cœur.— 
«  Sa  conduite  lui  semble  la  plus 
naturelle  du  monde;  elJa  trouve 
tout  simple  d'avoir  une  collec- 
tion d'Arthurs  et  de  tromper  des 
protecteurs  à  crâne  beurre  frais, 
à  gilet  blanc.  »  (Th.  Gautier, 
45.)  V.  Amant  de  cœur. 

ARTHUR  :  Homme  à  préten- 
tions séductrices.  —  «  Un  haut 
fonctionnaire  bien  connu,  mem- 
bre d'une  académie,  Arthur  de 
soixante  ans.  »  (De  Boigne.) 

ARTICHAUT  (cœur  d'):  Cœur 
inconstant,  livré  à  autant  de  ca- 
prices que  le  cœur  de  l'artichaut 
compte  de  feuilles.— «  Ton  cœur 
est  un  artichaut.  Donne-m'en 
une  feuille.  j)(Almanach  du  han- 
neton, 67.) 

ARTICLE  (faire  1')  :  Faire  va- 
loir une  personne  ou  une  chose 
comme  un  article  de  commerce. 

—  «  Malaga  ferait  l'article  pour 
toi  ce  soir.  »  (Balzac.)  —  «  Exa- 
minez-moi ça!  comme  c'est  cousu! 

—  Ce  n'est  pas  la  peine  de  faire 
l'article.  »  (Montépin.) 

ARTICLE  (être  à  1')  :  Être  sur 
le  point  de  mourir.  Mot  à  mot  : 
à  l'article  de  la  mort.  —  «  Il  est 
en  l'article  et  dernier  moment  de 
son  décès.  »  (Rabelais,  Panta- 
gruel, liv.  III,  ch.  21.) 


ARTICLE  (porté  sur  l') 
sur  l'article  :  Luxurieux. 


fort 
jxurieux. 

ARTICLIER  :  «  C'est  un  arti- 


I 


ART  - 

lier.  Vernon  porte  des  articles, 
ira  toujours  des  articles,  et  rien 
ue  des  articles.  Le  travail  le 
lus  obstiné   ne   pourra  jamais 

I  reffer  un  livre  sur  sa  prose.  » 

'  Balzac.) 

ARTIE,  ARTIF,  ARTIFFE, 
iRTON  :  Pain. —  On  écrit  aussi 
^rtie,  lartif,  larton.  V.  ces  mots. 

En  cette  piolle 

On  vit  chenument  ; 
Arton,  pivois  et  criolle 
On  a  gourdement. 

(Grandval,  1723.) 

ARTIE  DE  MEULAN  :  Pain 
3lanc.  (Halbert.) 

ARTIE  DU  GROS-GUIL- 
1.AUME  :  Pain  noir.  (Halbert.) 

ARTILLEUR  A  GENOUX  : 
ilnfirmier  militaire.  —  Allusion 
au  canon  du  clystère  et  à  la  pos- 
ture que  réclame  sa  manœuvre. 
•—En  1 718,  Ph.  Le  Roux  nomme 
déjà  mousquetaires  à  genoux  les 
apothicaires. 

On  dit  aussi  :  Canonnier  de  la 
pièce  humide. 

ARTIS  (langage  de  1')  :  Argot. 
(Vidocq.) 

ARTISTE  (trop)  :  ce  il  est  trop 
artiste,  a  dit  madame  Lecœur. 
Être  artiste  veut  dire  :  jeter  l'ar- 
gent par  les  fenêtres,  le  dépenser 
à  tort  et  à  travers  sans  compter, 
boire  de  ci  et  de  là,  courir  la 
fillette,  chanter,  rire  toujours.  » 
(Privât  d'Anglemont.) 

ARTISTE  :  Vétérinaire. — Abré- 
viation du  titre  connu  :  artiste 
vétérinaire.  Mot  à  mot  :  Maître 
en  Vart  vétérinaire. 

ARTISTE  :  Balayeur.— Il  ma- 
nie le  pinceau  {(falai). 


17  -  ASP 

ARTON  :  Pain.  V.  Artie. 

ARTOUPAN:Garde-chiourme. 
«  Ils  vous  bousculent  en  vérita- 
bles artoupans.  »  (Rabasse.)  V.  Pé- 
signer. 

AS  (être  à)  :  Être  sans  argent. 
(Rabasse.)  Mot  à  mot  :  n'avoir 
qu'un  sou  par  allusion  à  la  va- 
leur représentée  par  le  point  de 
la  carte.  —  On  dit  aussi  :  être 
dans  l'as, 

AS  (à  1')  :  Au  cabinet  ou  à  la 
table  qui  porte  le  n»  i  dans  un 
restaurant  ou  un  café.— Allusion 
à  l'unité  de  l'as  du  jeu  de  cartes. 
«  Versez  à  l'as  !  Un  soda  et  une 
fine  par  ici.  »  (A.  Laffitte.) 

AS  DE  CARREAU  :  Officier 
de  place.  —  Allusion  à  l'aspect 
lozangé  de  ses  revers  rouges. 

AS  DE  CARREAU  :  Havre- 
sac  d'infanterie.  —  Allusion  à  sa 
forme  carrée.  —  «  Troquer  mon 
carnier  culotté  contre  l'as  de 
carreau  ou  l'azor  du  troupier.  » 
(La  Cassagne.) 

AS  DE  PIQ.UE  (fichu  comme 
un)  :  Mal  bâti,  mal  vêtu.— Jadis 
on  appelait  a5(iej7/^Me  un  homme 
nul.  — «Taisez-vous,  as  de  pi- 
que! »  (Molière.) 

ASPHALTE  (polir  1'),  Se  bal- 
lader  sur  l'asphalte  :  Flâner  sur 
les  trottoirs  (asphaltés)  des  rues 
et  des  boulevards.  —  «  Y  en  a 
qui  vont  l'après-midi  se  ballader 
sur  l'asphalte.  »  {Almanach  du 
hanneton,  67.) 

ASPHYXIÉ  :  Ivre-mort.  Mot  à 
mot  :  Asphyxié  intérieurement 
par  les  émanations  du  liquide 
absorbé.  Charlet  a  représenté  un 
troupier  contemplant  un  inva- 
lide penché  sur  une  table  deçà- 


ASS 


-  i8 


AST 


baret,  avec  ces  mots  :  «  L'ancien 
est  asphyxié.  » 

ASPHYXIER  ;  Boire.  —  C'est 
un  synonyme  à'étouffer^  qui  est 
employé  dans  le  même  cas. 

Asphyxier  le  perroquet  :  Boire 
un  verre  d'absinthe.  —  Les  per- 
roquets les  plus  communs  sont 
verts  comme  l'absinthe.  V.  Per- 
roquet. 

Asphyxier  le  pierrot  :  Boire 
un  verre  de  vin  blanc.  —  Allu- 
sion de  couleur.  —  Pierrot  est 
blanc.  —  «J'étais-t-allé  à  la  bar- 
rière des  Deux-Moulins,  histoire 
d'asphyxier  le  pierrot.  »  (La 
Correctionnelle^  journal,  41.) 

ASPIC  :  Calomniateur.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  au  venin  du 
serpent.  Uaspic  des  voleurs  n'est 
que  la  vipère  des  honnêtes  gens. 

ASPIQUERIE  :  Calomnie. 

ASSEOIR  (s')  :  Tomber,  c'est- 
à-dire  ironiquement  :  s'asseoir 
par  terre. 

ASSEOIR  (allez  vous)  :  Taisez- 
vous.  — Allusion  à  la  fin  obligée 
des  interrogatoires  judiciaires. 
— A.  Dalès  a  fait  en  67  une  chan- 
son intitulée  :^//e^  vous  asseoir. 

ASSEYEZ- VOUS  DESSUS  : 
Imposez-lui  silence. 

Asseyez-vous  d'ssus, 
Et  que  ça  finisse. 
Asseyez-vous  d'ssus, 
Et  n'en  parlons  plus. 

(Dalès,  Chansons.) 

«  Ici  un  enfant  se  met  à  pleu- 
rer. —  Donnez-y  donc  à  téter  ? 
—  Asseyez -vous  dessus!  Une 
grosse  voix  :  N'y  a  donc  plus 
d'Papavoines?  »  (Marquet.) 

ASTIC  :  Épée.  —  Le  mot  doit 
être  ancien,  car  il  nous  a  laissé 


le  verbe  asticoter  :{a\vQ  de  pe- 
tites piqûres.  V.  Astiquer, 

ASTIC  :  Tripoli,  mé' ange  ser- 
vant à  Tastiquage  des  pièces  de 
cuivre. 

Et  tirant  du  bahut  sa  brosse  et  son  astic, 
Il  se  mit  à  brosser  ses  boutons  dans  le 
[chic. 
Souvenirs  de  Saint-Cyr.) 

ASTICOT  :  Vermicelle.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  de  ferme. 

ASTIQUAGE,  ASTIQUE  :  Net- 
toyage. —  Le  second  tjrme  est 
une  abréviation  du  premier.  «  Au 
retour  de  la  manœuvre,  on  en- 
dosse sa  toilette  d'antique.  » 
{Vie  parisienne,  66.) 

ASTIQUÉ  :  Reluisant  de  pro- 
preté, bien  tenu.  —  ^  Peste  ! 
maître  Margat,  vous  avez  l'air 
d'un  Don  Juan...  —  Un  peu,  que 
je  dis!  on  a  paré  la  coque...  On 
s'a  pavoisé  dans  le  grand  genre  ! 
On  est  suifé  et  astiqué  propre- 
ment. »  (Capendu.) 

ASTIQUER  :  Battre.  Mot  à 
mot  :  frapper  à  coups  à\istic.  V. 
ce  mot. — Au  moyen  âge,  estiquer 
signifiait  frapper  de  la  pointe. 
On  dit  encore  d'estoc. —  ce  Sinon 
je  t'astique,  je  te  tombe  sur  la 
bosse.  »  (Paillet.) 

ASTIQUER  :  Netto}-er.  — 
«  Quand  son  fusil  et  sa  giberne 
sont  bien  astiqués.  »  (33,  \'idal.) 
—  ((  Il  n'a  pas  son  pareil^  pour 
astiquer  les  cuivres.  »  (Éclair, 
juillet  72.) 

AS-TU  FINI?  i^ocutim  em- 
ployée pour  montrer  à  l'interlo- 
cuteur qu'il  se  met  inutilement 
en  frais  pour  convaincre. —C'est 
une  abréviation  de  :  As  tu  fini 
tes  manières?  qui  est  employé 


ATO  — 

dans  le  même  sens.  —  «  Rires, 
cris  :  As-tu  fini  ?...  A  la  porte!... 
Asseyez-vous  dessus  !  »  (Marquer.) 

ATIGER  :  Frapper.  Y.Attiger. 

ATOMES  CROCHUS  :  Élé- 
■  ments  mystérieux  d'une  sympa- 
■■  thie  réciproque.  —  «  Elle  a  tous 
'  les  genres  d'esprit,  de  beauté  et 
d'humeur  qui  me  charment;  ce- 
pendant nos  atomes  crochus  ne 
se  conviennent  pas.  »  (Mérimée.) 

ATOUSER  :  Encourager.  (Vi- 
docq.)  Mot  à  mot  :  donner  de 
ïatout,  du  courage. 

ATOUT: Coup  grave. — «Voilà 
mon  dernier  atout...  Vous  m'avez 
donné  le  coup  de  la  mort.  » 
(Balzac.) 

Expression  de  joueurs  de  cartes 
qui  ont  appliqué  aux  accidents 
de  la  vie  le  nom  de  l'ennemi 
qu'ils  craignent  le  plus.  —  En 
voici  un  exemple  superbe  qui 
prouve  l'influence  de  l'argot  pa- 
risien sur  la  triomphante  Alle- 
magne. Il  nous  est  fourni  par  la 
Galette  de  Lorraine  du  2  août, 
organe  officiel  (prussien),  mi- 
français,  mi-allemand,  mais  ré- 
digéen  entier  par  des  Allemands  : 
«  Tous  les  atouts  sont  dans  les 
mains  de  l'Allemagne.  Elle  en 
donne  et  n'en  reçoit  pas.»  (1872). 

ATOUT  :  Courage.  —  «  Je  ne 
me  plains  pas.  Tu  es  un  cadet 
qui  a  de  l'atout.  »  (E.  Sue.) 

Même  allusion  que  ci-dessus; 
seulement  elle  est  retournée. 
L'homme  a  ici  l'atout  dans  son 
jeu. 

ATOUT  (avoir  de  1')  :  Avoir 
le  poing  solide  (Colombey.);  — 
avoir  du  courage.  (Rabasse.) 

ATTACHE  :  Liaison  galante. 


9  — 


ATT 


—  Abréviation  d'attachement.  — 
(c  Le  troupier  ou  la  bonne  d'en- 
fant disent  en  changeant  de  quar- 
tier ou  de  garnison  :Ça  m'embête 
parce  que  j'avais  une  attache.  » 
(J.  Choux.) 

ATTACHE  :  Boucle.  (Vidocq.) 

—  Effet  pris  pour  la  cause.  — 
«  J'engantais  sa  tocquante,  ses 
attaches  brillantes  avec  ses  bille- 
monts.  »  (Vidocq.)  V.  Chêne. 

ATTAQUE  (d')  :  Vivement, 
spontanément. 

Une  homme  d'attaque  est  un 
homme  d'action. 

ATTENDRIR  (s')  :  Se  griser. 
Mot  à  mot  :  s'attendrir  sous 
l'empire  d'un  commencement 
d'ivresse.  Dix  minutes  avant  le 
buveur  attendri  n'était  qu'emw. 

—  «  Le  capitaine  qui  avait  reli- 
gieusement vidé  son  verre  à  cha- 
que mot,  s'attendrit.» (Th.  Gau- 
tier.) 

ATTIGER  :  Frapper,  saisir. 
(Vidocq.) — Ce  doit  être  un  vieux 
mot,  car  Vattingere  (atteindre) 
des  Latins  s'y  retrouve  presque 
entier. 

ATTRAPAGE  :  Vive  discus- 
sion, dispute,  pugilat.  —  «  La 
femme  de  l'adjoint  se  fait  remar- 
quer au  marché  par  ses  attrapa- 
ges  avec  les  vendeuses.  »  {Paris 
comique,  69.) 

ATTRAPER  :  Faire  un  dessin 
semblable  au  modèle.  Mot  à  mot  : 
attraper  la  ressemblance. —  «Elle 
s'éprit  de  l'artiste  qui  m'avait  si 
bien  attrapé  et  alla  pleurer  dans 
son  sein  sur  mon  indifférence.  » 
(Marx.) 

ATTRAPER  :  Critiquer  ver- 
tement, reprocher,  injurier,  — 


AUM 


—   20   — 


AUX 


«c  J'en  suis  encore  à  me  deman- 
der en  quoi  cette  phrase  blesse 
la  morale;  ceux  qui  l'ont  attra- 
pée, —  style  de  théâtre,  —  de- 
vraient bien  me  renseigner  là- 
dessus.  »  (Dumas  fils,  66.) 

ATTRAPER  (s')  :En  venir  aux 
injures  ou  aux  coups. 

Attraper  Vognon  :  Payer  pour 
les  autres. 

ATTRAPEUR  :  Critique  acer- 
be.-— «Ainsi  les  attrapeurs,  fran- 
cisons le  mot,  ne  pouvant  s'en 
prendre  à  une  scène  hasardée, 
s'en  prirent-ils  aux  mots.  »  (Al. 
Dumas  fils,  66.) 

ATTRIMER  :  Prendre.  Mot  à 
mot  :  faire  trimer  à  soi,  attirer. 

ATTRIQUER  :  Acheter.  (Vi- 
docq.)  —  Mot  ancien,  car  Du 
Gange  lui  donne  un  vrai  pendant 
dans  attrosser  :  vendre. 

AUBER  :  Somme  d'argent. 
(Vidocq.)— Jeu  de  mots.— Afa///e 
se  disait  jadis  d'une  petite  mon- 
naie et  d'un  anneau  de  haubert 
(cotte  de  mailles). —  Au  point  de 
vue  financier  comme  au  point  de 
vue  militaire,  Vauber  était  donc 
la  réunion  d'un  certain-  nombre 
de  mailles.  Y.  Fouilloiise,  Chêne. 
—  «  Il  a  de  l'aubert  :  il  a  de  la 
fortune.  »  (Rabasse.) 

AUMONE  (voler  à  1')  :  Voler 
chez  un  bijoutier  en  faisant  éta- 
ler chez  lui  de  menus  objets  et 
en  plaçant  ceux  qu'on  peut  dé- 
tourner dans  la  main  de  faux 
mendiants  arrêtés  à  la  porte  et 
auxquels  on  semble  faire  l'au- 
mône. Ce  genre  est  pratiqué  par 
des  femmes  mises  avec  élégance. 

AUMONIER  :  Voleur  à  l'au- 
mône. V,  ci-dessus. 


1 


AUTAN  :  Grenier.  (Vidocq.)— 
Du  vieux  mot  hautain  :  élevé. — 
Le  grenier  occupe  le  haut  de  la 
maison. 

AUTEUR  :  Père.-Motà  mot  : 
auteur  de  mes  jours.  —  «  Il  est 
impossible  de  voir  un  auteur 
(père)  plus  chicocandard.  »  (Th. 
Gautier.)  —  «  Il  n'est  pas  de  no- 
tre monde,  mais  mon  auteur  a 
la  rage  d'inviter  des  familles  de 
marchands.  »  (Du  Boisgobey.) 

AUTOR  (d')  :  D'autorité.  — 
Abréviation.  —  Un  coup  d'autor 
et  d'achar  est  irrésistible.  On 
joint  d'ordinaire  ces  deux  mots. 
V.  A  char,  Liquide. 

AUTOR  (jouer  d')  :  Jouer  d'au- 
torité, sans  demander  des  cartes. 
—  «  Ah!  vous  jouez  d'autor  !  — 
Yes,  d'autor  et  d'achar.  »  (Boue 
de  Villiers.) 

AUTRE  (1')  :  Napoléon  I«, 
c'est-à-dire  l'autre  souverain. 
Usité  sous  Louis  XVIII.— «M.  de 
Saint-Robert  était,  du  temps  de 
V Autre,  officier  supérieur  dans 
un  régiment  de  la  vieille.  » 
(Couailhac.) 

AUTRE  COTÉ  (femme  de  1'): 
Les  étudiants  appellent  ainsi  les 
lorettes  habitant  la  rive  droite, 
c'est-à-dire  Vautre  coté  de  la 
Seine.  —  «  C'est  Annette.  C'est 
une  femme  de  l'autre  côté.  » 
{Les  Étudiants,  6o.)  V.  Goi' 
treux. 

AUVERPIN  :  Auvergnat.  — 
Changement  de  finale. —  c  Est-ce 
qu'il  n'y  a  pas,  dans  ce  quartier, 
un  brave  Auverpin  qui  a  fait  des 
affaires?  »  (Privât  d'Anglcmont.) 

AUXILIAIRE  :  Détenu  faisant 
les  fonctions  de  domestique.  — 


AVA 


—    2t    — 


kl^ 


c  L'auxiliaire  est  l'homme  de  mé- 
nage du  prisonnier  politique.  Il 
fait  son  lit,  balaye  la  cellule  et 
vide  ce  qu'il  y  a  à  vider.  »  (G. 
Guillemot.) 

AVALE-TOUT-CRU  :  Voleur 
de  diamants.  V.  Détourne. 

AVALÉ  LE  PÉPIN  (avoir)  : 
Devenir  enceinte.  (Delvau.)  — 
Allusion  à  la  pomme  qui  causa 
la  première  faute  d'Eve. 

AVALER  LE  LURON  :  Com- 
munier. (Colombey.)  —  Allusion 
à  la  forme  ronde  de  l'hostie. 

AVALER  SA  CUILLER,  SA 
FOURCHETTE,  SA  LANGUE, 
SA  GAFFE:  Mourir. — L'homme 
qui  meurt  ne  mange,  ne  parle  et 
ne  navigue  plus.  — -  Le  dernier 
terme  a  été  trouvé,  comme  on 
s'en  doute,  par  un  marin. 

AVALER  SON  POUSSIN  :  Être 
congédié.  —  Mot  à  mot  :  être  re- 
poussé. 

AVALOIR  :  Gosier.  (Vidocq.) 
—  La  fonction  est  prise  ici  pour 
la  chose.  —  «  Quand  vous  rin- 
cez votre  avaloir,  vous  êtes  prié 
de  quitter  le  comptoir.  »  {La 
Maison  du  lapin  blanc,  58.)  Cail- 
lot, dans  son  Dictionnaire  pro- 
verbial {-k^),  écrit  avaloire  (gorge, 
gosier),  et  donne  cet  exemple, 
sans  préciser  la  source  :  «  Je  le 
vois.  Quelle  avaloire  \i>  {Théâtre 
italien.) 

AVANCE  :  Voulant  le  progrès 
quand  même.— «Il  se  distinguait 
par  des  idées  avancées.  »  (Ville- 
mot.) 

On  dit  aussi  :  C'est  un  avancé. 

AVANTAGES,  AVANT- 
CŒUR,  AVANT-MAIN,  AVANT- 
SCÈNES  :  Seins.  —  Quadruple 


allusion  à  leur  saillie,  à  leur 
avancement  naturel.  —  «  De  l'a- 
vant-main,  petite  bouche  et  lè- 
vres de  carmin.  »  (A.  Belot.)  — 
«  N'étoufFons-nous  pas  un  petit 
brin  ?  lui  dit-il  en  mettant  la 
main  sur  le  haut  du  buse  ;  les 
avant-cœur  sont  bien  pressés, 
maman.»  (Balzac) —  «  C'est  trop 
petit  ici  :  la  société  y  sera  comme 
les  avantages  de  madame  dans 
son  corset.  »  (Villemot.) 

AVERGOT  :  Œuf.  (Vidocq.) 

AVOINE  (donner  de  1')  :  Fouet- 
ter un  cheval.  (Delvau.)  —  Ironie. 

AVOIR  A  LA  BONNE,  AVOIR 
CELUI,  AVOIR  DANS  LE  VEN- 
TRE, AVOIR  DU  BEURRE,  DU 
CHIEN,  etc.,  etc.  V.  Bonne,  Ce- 
lui, Ventre,  Beurre,  Chien,  etc. 
Le  verbe  Avoir  nous  a  paru  ici 
l'accessoire  et  non  le  principal. 

AVOIR  RIEN  DU  COTÉ  GAU- 
CHE  (n'),  N'avoir  rien  sous  le 
téton  gauche  :  Manquer  de  cœur, 
n'avoir  pas  de  cœur.  —  «  Les 
femmes  n'ont  plus  rien  du  côté 
gauche,  du  coton  tout  au  plus.  » 
(L.-G.  Jacques,  68.) 

AZOR  :  Sac  d'infanterie. — Son 
pelage  lui  a  fait  donner  le  nom 
de  chien.  —  «  Le  mauvais  drôle 
avait  vendu  son  havre-sac,  qu'il 
appelait  son  Azor.  »  (Vidal,  33.) 
—  «  Lorsqu'il  s'est  agi  de  mettre 
Azor  sur  les  épaules,  j'ai  cru 
qu'on  l'avait  bourré  de  cailloux.  » 
{Commentaires  de  Loriot.) 

A  cheval  sur  A:^or  :  Sac  au 
dos.  —  Un  fantassin  en  route  du 
qu'il  part    à   cheval  sur  A:{or. 

AZOR  :  Chien.— On  dit  :  Ma- 
dame et  son  A^or,  quand  même 
il  s'appellerait  de  tout  autre  nom, 


BAB 


—   22   — 


BAC 


lellement  celui-là  s'est  répandu, 
sans  doute  à  cause  du  succès  de 
l'ancien  opéra  de  Grétry,  Zémire 
et  A:(or. 

AZOR  (appeler)  :  Siffler  un 
acteur  sans  plus  de  façon  qu'un 
chien.  —  «  Dites  donc,  madame 


Saint-Phar,  il  me  semble  qu'on 
appelle  Azor.  »  (Couailhac.) 

AZTÈQUE  :  Petit  et  chétif 
comme  cette  peuplade  cie  l'an- 
cienne Amérique.— a  Péreirem'a 
fermé  la  porte  au  nez.  C'est  un 
Aztèciue,  »  (About.) 


B 


BABILLARD  :  Confesseur.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  aux  efforts 
persuasifs  des  aumôniers  de  pri- 
son. 

BABILLARD,  BABILLARDE, 
BABILLE  :  Livre,  lettre.  —  Le 
dernier  mot  est  une  abréviation. 
Comparaison  de  leur  lecture  au 
babillage  d'une  personne  qui 
cause  sans  s'arrêter.  —  a  Ma  lar- 
gue part  pour  Versailles  aux 
pieds  de  Sa  Majesté  ;  elle  lui 
fonce  un  babillard  pour  me  faire 
défourailler.  »  (Vidocq.) 

BABILLER  :  Lire.  (Vidocq.)- 
Même  comparaison. 

BAC  :  Baccarat. — Abréviation. 
—  a  La  musique  n'arrivant  pas, 
on  a  taillé  un  petit  bac  pour 
prendre  patience.  »  (A.  Second.) 

BACCHANTES  (les)  :  Les  fa- 
voris, la  barbe.  (Rabasse.) 

BACHASSE  :  Galère.  —  Aug- 
mentatif de  bac  :  bateau.  —  «  En 
bâchasse,  tu  pégrenneras  jus- 
qu'au jourdudécarement.  »  (Vi- 
docq.) 

BACHE  :  Enjeu.  V.  Bachot- 
teur. 

BACHI-BOUZOUCK  :  Soldat 
irrégulier.  —  Mot  turc  francisé 


depuis  la  guerre  de  Crimée  où 
l'armée  turque  comptait  beau- 
coup de  bachi-bouzoucks.  — «Le 
Pays,  le  bachi-bouzouck  de  l'ar- 
mée impériale,  est  bona:>artiste 
par  conviction.  »  {Figaro,  jb.) 

BACHO  :  Cette  abréviation  de 
bachelier  désigne  indiiférem- 
ment  :  i»  le  bachelier.  On  dit,  je 
suis  bacho.  2°  L'examen  du  bac- 
calauréat. On  dit  :  //  prépare  son 
bacho,  il  passe  son  bacho.  >  L'as- 
pirant bachelier.  4°  L'école  pré- 
paratoire au  baccalauréat.  V.  Po- 
tasser, Cornichon. 

BACHOTTER  :  Escroquer  au 
jeu  de  billard. 

BACHOTTEUR  :  Filou  chargé 
du  rôle  de  compère  dans  une 
partie  de  billard  à  quatre.  Il  rè- 
gle la  partie,  tient  les  enjtux  ou 
bâches  et  paraît  couvrir  la  dupe 
de  sa  protection.  Les  deux  au- 
tres grecs  sont  l'emporteur,  c  hargé 
de  lier  conversation  et  la  bcte  qui 
fait  exprès  de  perdre  au  début 
pour  l'allécher.  (Vidocq.) 

BACKER.  V.  Bookmaker. 

BACLER  :  Fermer.— (Yidocq.) 
—  Vieux  mot. 

BACON  :  Pourceau.  (Idem.)— 


BAD 


23   ~ 


BAG 


Vieux  mot  encore  usité  dans  nos 
campagnes  de  l'Est. 

BADERNE  (vieille)  :  Personne 
qui  n'est  plus  bonne  à  rien. — Ce 
terme  nous  vient  de  la  marine  où 
baderne  se  dit  d'une  sorte  de 
paillasson  fait  de  vieux  cor- 
dages. 

BADIGEONNER  (se)  :  Se  gar- 
der excessivement  la  figure.  Mot 
à  mot  :  se  badigeonner  comme 
un  mur. 

BADINGUISTE,  BADIN- 
GOUIN  :  Bonapartiste.  —  «  Le 
reporter  d'une  feuille  non  moins 
badingouine  qu'hystérique.  » 
{Tam-Tam,  75.)— Du  sobriquet 
de  Badingiiet,  {Badingue  par 
abrév.)  donné  à  Napoléon  III  dès 
le  début  de  l'Empire.  Badinguet 
était,  paraît-il,  le  maçon  sous  la 
blouse  duquel  le  prince  avait  fui 
sa  prison  de  Ham.  Quoi  qu'il  en 
soit,  ce  sobriquet  devint  fort  po- 
pulaire. Si  on  s'en  servait  par  iro- 
nie dans  l'opposition,  on  l'em- 
ployaitsansmalicedansle  peuple 
etdans l'armée. En  1870, lors  delà 
démonstration  qu'on  fit  sur  Sar- 
rebruck,  je  demandais  à  un  sol- 
dat resté  en  gare  de  Saint-Avold 
si  l'empereur  était  à  Forbach  : 
<c  Oui,  dit-il  tout  naturellement, 
Badinguet  est  arrivé.  »  —V.  Ca- 
pitulard. 

BADOUILLARD  :  «  Pour  être 
badouillard,  il  fallait  passer  trois 
ou  quatre  nuits  au  bal,  déjeuner 
toute  la  journée  et  courir  en  cos- 
tume de  masque  dans  tous  les 
cafés  du  quartier  Latin  jusqu'à 

minuit.  »  (Privât  d'Anglemont.) 

—Le  badouillard  fut  de  mode  de 

1840  à  i85o. 
BADOUILLE  :   Mari   qui   se 


laisse  mener  par  sa  femme.  (J. 
Choux.) 

BADOUILLER  ;  Faire  le  ba- 
douillard. 

BADOUILLE  RIE  :  Art  de  ba- 
douiller.  —  «  La  badouillerie  est 
la  mort  des  sociétés  de  tempé- 
rance. »  (44,  Catéchisme  vois- 
sard.) 

BAFRE  (mettre  une)  :  Donner 
un  soufflet.  (Rabasse.) . 

BAGATELLES  DE  LA  POR- 
TE :  Parade  destinée  à  faire  en- 
trer le  public  dans  une  baraque 
de  saltimbanque.  —  Désigne 
aussi  :  toute  chose  accessoire 
donnée  comme  insignifiante  à 
côté  de  celle  qui  doit  suivre.  — 
«  S'amuser  aux  bagatelles  de  la 
porte;  c'est  regarder  les  parades 
d'un  polichinelle.  »  (Caillot,  29.) 
V.  Postiche. 

BAGOU,  BAGOULT  :  Verve, 
faconde,  volubilité  extrême. — Du 
vieux  mot  bagouler,  parler.  L'an- 
cien catalan  a  bagol  :  babil,  ba 
vardage.  En  Provençal,  on  dit 
bagoul. 

Nos  différents  auteurs  ne  s'ac-^ 
cordent  guère  sur  la  signification 
précise  de  ce  mot.  i»  Nodier 
trouve  dans  le  bagou  une  «  lan- 
gue factice  dont  le  secret  con- 
siste à  former  des  phrases  com- 
posées de  mots  étonnés  d'être 
ensemble  et  qui  ne  présentent 
aucune  espèce  de  sens.  »  —  2°  Il 
est  défini  ainsi  par  Balzac  :  «  Ce 
mot  (bagou),  qui  désignait  au- 
trefois l'esprit  de  repartie  stéréo- 
typée, a  été  détrôné  par  le  mot 
blague.  »  —  3°  M.  Francisque 
Michel  se  contente  de  dire  : 
a  Bagou:  bavardage,  jactance.» 
—  40  Auguste  Luchet  paraît  être 


MH 


-  24  - 


BAI 


de  l'avis  de  Nodier  dans  cet  exem- 
ple :  a  Tout  un  argot  enfin,  tout 
un  bagou  barbare  et  vieux  même 
à  Bobino.  »  (Luchet.) 

BAGOU  :  Nom  propre.  (Vi- 
docq.) 

BAGUE  :  Nom  propre.  Vi- 
docq.)  —  Abréviation  de  bagou. 

BAHUT  :  Petit  logement.  — 
a  Et  moi  je  ne  lui  paye  peut-être 
pas  son  bahut,  à  Milie.^  Quoi 
qu'elle  a  à  se  plaindre?  »  (Mon- 
selet.) 

BAHUT  :  Pension,  institution 
académique.  —  «  Je  te  croyais  au 
bahut  Rabourdon.  Jamais  j'au- 
rais pensé  qu'  t'étais  devenu  po- 
tache. Et  Furet,  as-tu  de  ses  nou- 
velles? en  v'ià  un  bahuteur.  Il  a 
fait  la  moitié  des  bahuts  au  Ma- 
rais et  une  douzaine  au  moins 
dans  la  banlieue.  »  (Les  Institu- 
tions de  Paris,  58.)  V.  Potasser. 

BAHUT  PATERNEL  :  Quel- 
ques fils  de  famille  disent,  par 
extension  :  le  bahut  paternel,  en 
parlant  du  logis  de  leurs  auteurs. 

BAHUT  SPÉCIAL  :  École  spé- 
ciale militaire  de  Saint-Gyr.  — 
a  L'École  de  Saint-Gyr  !  j'ai  le  bon- 
heur d'être  admis  à  ce  bahut 
spécial.  »  (La  Cassagne.) 

BAHUTÉ  :  Geci  est  bahuté  : 
Ceci  a  le  chic  troupier  (digne  du 
bahut  spécial). 

BAHUTER  :  Faire  tapage. 
Terme  propre  aux  élèves  de 
Saint-Gyr. 

BAHUTEUR  :  Tapageur.  — 
Vient  du  vieux  mot  bahutier.  — 
«  Quand  un  homme  fait  plus  de 
bruit  que  de  besogne,  on  dit 
qu'il  fait  comme  les  bahutiers. 
Car,  en  effet,  les  bahutiers,  après 


avoir  cogné  un  clou,  donnent 
plusieurs  coups  de  marteau  inu- 
tiles avant  d'en  cogner  un  autre.» 
(P.  Le  Roux,  1718.)  —  «  Cette 
écorce  rude  et  sauvage  qui  allait 
au  bahuteur  de  Saint-C  yr.  »  (La 
Barre.) 

BAHUTEUR:  Écolier  nomade, 
coureur  de  pensions  ou  bahuts, 
V.  ce  mot. 

BAIGNEUSE  :  Chapeau  de 
femme.  —  Du  nom  d'une  coif- 
fure à  la  mode  vers  la  fin  du  siè- 
cle dernier. 

BAIN  DE  PIED  :  Excédant  de 
liquide  versé  pour  faire  bonne 
mesure;  il  déborde  et  fût  pren- 
dre à  la  tasse  ou  au  %erre  un 
bain  de  pied  dans  la  soucoupe. 
De  là  le  mot. 

^  BAIN  DE  PIED  (prendre  un)  : 
Être  déporté  à  Cayenne. 

BAISSIER  :  Homme  spéculant 
à  la  Bourse  sur  la  biiisse  des 
fonds  publics.  —  a  Les  i-iaissiers 
ont  fait  répandre  le  b  uit  que 
M.  Thiers  est  très-sou  iTrant.  » 
{Liberté,  7  juin  72.)  —  «  Voici 
comment  opèrent  les  baissiers. 
Sans  avoir  d'actions,  ils  en  ven- 
dent desquantités  plus  ou  moins 
considérables,  suivant  le  crédit 
dont  ils  peuvent  disposer.  Or, 
plus  une  marchandise  esi  offerte, 
plus  son  cours  baisse.  Quand 
les  actions  sont  descendues  à  un 
cours  inférieur  à  celui  auquel  ils 
les  ont  vendues,  ils  les  n  chètent 
et  gagnent  ainsi  la  différence.  » 
(Calemard  de  Lafayette.) 

B  AITE  :  Maison.  —  «  Jorne  et 
sorgue,  tu  poisseras  boucart  baïte 
chenument.  »  (Vidocq.) 

BALADE  :  Flânerie,   prome- 


BAL  -  2S  - 

nade.  —  On  dit  :  être  en  balade, 
faire  une  balade. 

BALADER  :  Chercher,  choi- 
sir. (Colombey.) 

BALADER  (se),  ÊTRE  EN 
BALADE  :  Flâner.  —  Du  vieux 
mot  baler  :  se  divertir— «Je  suis 
venu  me  balader  sur  le  trottoir 
où  j'attends  Mille.  »  (Monselet.) 

BALADER  :  Choisir,  cher- 
cher. (Vidocq.)  —  Même  racine. 
Le  choix  comporte  toujours  un 
déplacement. 

BALADEUR,  BALADEUSE  : 
Fainéant,  coureuse.  —  ce  Elle  t'a 
trahi  sans  te  trahir.  C'est  une 
baladeuse,  et  voilà  tout.  »  (G.  de 
Nerval.) 

BALADEUSE  :  Voiture  de  bim- 
belotier  forain.  Elle  court  sans 
cesse  la  campagne. 

BALAI  :  Gendarme.  (Vidocq.) 
—  On  appelle  de  même  raclette 
une  ronde  de  police;  elle  racle 
comme  la  gendarmerie  balaie. 

BALAI  (donner  du)  :  Mettre 
quelqu'un  à  la  porte.  Le  Diction- 
naire de  P.  Leroux  (1718)  a  dans 
le  même  sens  :  donner  du  manche 
à  balai. 

BALANCEMENT  :  Renvoi.  — 
«  Le  conducteur  de  diligence  ap- 
pelle son  renvoi  de  l'administra- 
tion un  balancement.  »  (J.  Hil- 
pert,  1841.) 

BALANCER  :  Berner  quel- 
qu'un, lui  faire  perdre  son  temps. 
Mot  à  mot  :  lui  conter  des  ba- 
lançoires. V.  ce  mot. 

BALANCER  :  Jeter  au  loin.  — 
On  sait  que  l'action  de  balancer 
imprime  plus  de  force  à  une  pro- 
jection. V.  Litrer,  Escrache. 


BAL 


BALANCER ,  ENVOYER  A 
LA  BALANÇOIRE  :  Congédier, 
renvoyer.  —  «  J'ai  conservé  pro- 
visoirement les  anciens  employés; 
quand  ils  auront  formé  les  pa- 
triotes, nous  les  balancerons.  » 
(Delahodde,  i85o.)  —  «  Elle  m'a 
traité  de  mufle.  Alors  il  faut  la 
balancer.  »  (Monselet.)  —  «  Là- 
dessus  v'ià  mon  Chinois  qui  se 
fâche...  Je  l'envoie  à  la  balan- 
çoire. »  (Idem.) 

On  dit  aussi  exbalancer.  — 
«  Je  vais  les  payer  et  les  exbalan- 
cer à  la  porte.  »  (Vidal,  i833.) 

BALANCER  SON  CHIFFON 
ROUGE  :  Parler.  Mot  à  mot  : 
remuer  la  langue. 

BALANCER  SA  CANNE  :  Vo- 
ler, se  mettre  à  voler.  Mot  à  mot  : 
rompre  son  ban.  V.  Canne. 

BALANCER  SES  CHASSES  : 
Regarder  à  droite  et  à  gauche, 
V.  Chasses. 

BALANCER  SA  LARGUE  : 
Quitter  sa  maîtresse. 

BALANCER  SES  HALÊNES  : 
Cesser  de  voler,  jeter  ses  outils 
de  voleur.  V.  Halène. 

BALANCER  UNE  LAZAGNE  : 
Adresser  une  lettre.  V.  Lasagne. 

BALANCIER  (faire  le)  :  At- 
tendre quelqu'un.  (Rabasse.) 

BALANÇOIR,  BALANÇON  : 
Barreau  de  fenêtre.  (Vidocq.) 

BALANÇOIRE  (envoyer  à  la). 
V.  Balancer, 

BALANÇOIRE  :  Mystification. 
—  a  Le  rappel  des  acteurs  est  de- 
venu une  mauvaise  plaisanterie 
et  dégénère  en  véritable  balan- 
çoire. »  (De  Jallais,  1864.) 

BALANÇOIRE   î    Mensonge, 


BAL 


—  26  — 


BAL 


conte  en  l'air.  —  «  Non,  mon- 
sieur !  je  n'avais  pas  fait  un  ac- 
croc. —  C'est  une  balançoire.  » 
(P.  de  Kock.)  V.  Balancer. 

BALAYER  :  Se  dit  des  femmes 
qui  marchent  sans  relever  une 
jupe  longue,  formant  queue  et 
balayant  le  terrain. 

BALAYEUSE  :  Femme  mar- 
chant comme  ci-dessus.  —  «  Te 
verra-ton  au  concert  des  Champs- 
Elysées  .''  Il  y  a  en  ce  moment  une 
collection  de  balayeuses.  »  (E. 
Villars.) 

BALAYEUSE  :  Longue  redin- 
gote balayant  la  terre.  —  «  Une  re- 
dingote noisette,  dite  balayeuse, 
dont  la  jupe  drapée  en  tuyaux 
d'orgue,  ondoyait  à  chaque  mou- 
vement. »  (Villemessant.) 

BALLE  :  Tête.  —  Comme 
boule  et  coloquinte,  balle  fait 
allusion  à  la  rondeur  de  la  tête. 
—  «  Tu  fais  bien  ta  tête.  Est-ce 
que  ma  balle  ne  te  va  pas?  dit-il 
à  la  maîtresse  du  chevalier.  » 
(Macaire,  i833.) 

Bonne  balle  :  Tête  ridicule. 

Rude  balle  :  Tête  énergique, 
caractérisée. 

Balle  d'amour  :  Jolie  figure. 
(Vidocq.; 

BALLE  :  Franc.  —  Allusion  à 
la  forme  ronde  d'une  pièce  de 
monnaie.  —  «  Je  les  ai  payées 
200  francs.  —  Deux  cents  balles, 
fichtre  !  »  (De  Concourt.) 

BALLE  (être  rond  comme)  : 
Avoir  bu  et  mangé  avec  excès. 
V.  Rond. 

BALLE  DE  COTON  :  Coups 
de  poing.  —  Allusion  aux  gants 
rembourrés  des  boxeurs.  —  «  Il 
lui  allonge  sa  balle  de  coton, 


donc  qu'il  lui  relève  le  ne^  et  lui 
crève  un  œil.  »  {La  Correction- 
nelle, £841.) 

BALLON  :  Derrière.  —  i:nlever 
le  ballon  :  donner  un  coup  de 
pied  au  derrière.  ~  «  Inutile  de 
faire  remarquer  l'analogie  qu'il 
y  a  ici  entre  la  partie  du  corps 
ainsi  désignée  et  une  peau  gon- 
flée de  vent  qu'on  relève  du 
pied.  »  —  (Fr.  Michel.) 

BALLON  :  a  Ce  mot  est  du 

domaine  de  la  chorégraphie.  Le 
ballon  consiste  à  s'enle  er  de 
terre  avec  une  grande  vigueur  de 
jarrets,  et  à  retomber  mollement 
et  avec  grâce  sur  les  poii.tes,  si 
c'est  possible;  madame  Mon- 
tessu  est  un  des  premiers  '  ^allons 
connus.  »  (J.  Duflot,  186:.) 

Bien  que  l'image  préseitée  ici 
paraisse  être  celle  d'un  ballon 
s'élevant  du  sol,  c'est  dans  la  lé- 
gèreté traditionnelle  de  M.  et 
M"«  Ballon,  célèbres  danseurs  de 
ballet  sous  Louis  XIV,  qu'il  faut 
chercher  l'origine  du  m  )t.  Un 
Dictionnaire  de  la  danse  du  siècle 
dernier  le  constate  bien  avant 
l'invention  des  aérostats. 

BALLON  (se  donner,  se  pous- 
ser du)  :  Porter  une  cri  loline 
d'envergure  exagérée,  faire  bal- 
lonner sa  jupe.  ■» 

BALLON  (se  lâcher  du)  :  S'en- 
fuir avec  la  vitesse  d'un  aérostat. 
—  «  Tu  te  la  casses,  il  se  ] mousse 
de  l'air  ou  il  se  lâche  du  l  allon, 
nous  fendons  notre  éque  Te  ou 
nous  affûtons  nos  pincettes,  vous 
vous  déguisez  en  cerf  ou  vous 
graissez  le  tourniquet,  ils  pin- 
cent leur  télégraphe  ou  ils  accro- 
chent leur  tender.  »  (Villa]  s.) 

BALOGHARD,  BALOGHEUR: 


BAL  —  27  —  BAN 

docq.)  Mot  à  mot 


«  Le  balochard  représente  sur- 
tout la  gaieté  du  peuple;  c'est 
l'ouvrier  spirituel,  insouciant, 
tapageur,  qui  trône  à  la  bar- 
rière. »  (T.  Delord.)  W.Balocher. 

Pardon  !  pardon  I  Louise  la  Balocheuse, 
De  t'oublier,  toi,  tes  trente  printemps, 
Ton  nez  hardi,  ta  bouche  aventureuse, 
Et  tes  amants  plus  nombreux  que  tes 
dents.  (Nadaud.) 

BALOCHARD  :  Personnage 
de  carnaval,  —  C'était  une  va- 
riété du  chicardy  avec  un  feutre 
défoncé  pour  casque.  A  la  mode 
comme  lui  de  1840  à  i85o. 

BALOCHER  :  «  C'est  quelque 
chose  de  plus  que  flâner.  C'est 
l'activité  de  la  paresse,  l'insou- 
ciance avec  un  petit  verre  dans 
la  tête.  »  (T.  Delord.)  —  Augmen- 
tatif du  vieux  mot^^Zer  ;  se  di- 
vertir. 

BALOCHER  :  S'occuper  d'af- 
faires véreuses.  (Vidocq.) 

BALOCHEUR,  BALO- 
CHEUSE. V,  Balochard. 

BALOUF  :  Très-fort.  —  «  La 
satonnade  roule  à  balouf.  »  (Ra- 
basse.) 

BALTHAZAR  :  Repas  plantu- 
reux. —  Allusion  au  fameux 
repas  biblique.  —  «  Je  vais  me 
donner  une  bosse  et  faire  un 
baltha:(ar  intime.  »  (Murger). 

«  Maria.  Ah!  voilà  le  bal- 
tha^ar  qui  arrive. 

—  Eole.  Comment  appelez- 
vous  ça? 

—  Maria.  Un  balthazar...  et 
vous? 

—  Eole.  Moi,  j'appelle  ça  un 
déjeuner ,  tout  bonnement.  » 
(Barrière.) 

BALUCHON   :    Paquet.   (Vi- 


petit  ballot. 

V.  Paqueçin. 

BANBAN  :  Personne  de  petite 
taille,  aux  membres  noués.  — 
Abréviation  redoublée  de  ban- 
croche  :  rachitique.  —  «  J'entrai 
chez  Dinah,  jolie  petite  brune 
un  peu  banban.  »  (Céleste  Mo- 
gador.) 

BANCAL  :  Sabre  courbe.  — 
Allusion  aux  jambes  arquées  du 
bancal.  —  «  Voilà  M.  Oranger 
qui  apporte  le  bancal.  »  (Ga- 
varni.) 

BANCO,  BANCOT,  BANQUO 

(faire)  ;  Tenir  tout  l'argent  pïacé 
par  le  banquier  devant  lui.  — 
Terme  de  lansquenet.  —  «  Cer- 
tains joueurs  arrivent  avec  dix 
louis;  ils  font  des  banco  de  cent, 
deux  cents,  trois  cents  louis.  » 
(A.  Karr.)  —  «  Il  se  trouvait  sans 
argent,  et  dit  à  M.  de  Maucroix 
qu'il  faisait  bancot  sur  parole.  » 
(Dumas  fils,  le  Demi-Monde.) 

Un  coup  trop  incertain  fait  soupirer  le 

ponte, 
Mais  un  hardi  banque  tout  à  coup  le 

remonte.  (Alyge,  1854.) 

BANDE  (coller  sous)  :  Acculer 
dans  une  situation  difficile.  — 
Terme  de  billard.  —  «  Oui,  nous 
voilà  collés  sous  bande.  Ah  ! 
nous  nous  sommes  bien  blou- 
sés. »  (L.  de  Neuville.) 

BANDE  NOIRE  :  Association 
occulte  de  spéculateurs  réunis 
dans  le  but  de  morceler  et  vendre 
en  détail  de  grandes  propriétés. 
—  a  Alors  la  bande  noire  ache- 
tait vos  palais  pour  les  revendre 
au  détail.  »  (Rienp,  1825.) 

BANNIÈRE  (être  en)  :  N'avoir 
qu'une  chemise  flottante  pour  vê- 


BAQ 


-  28  — 


BAR 


tement.  —  Le  mot  date  du  temps 
où  notre  bannière  était  blanche. 

BANQUE  :  Réunion  de  sal- 
timbanques 

BANQ.UE  :  Opération  dont  la 
valeur  réelle  est  déguisée  dans  le 
but  d'exploiter  le  public.  —  De 
banc  :  tréteau  de  charlatan.  — 
«  Ah  !  c'est  une  bonne  banque.  » 
(Labiche.) 

BANQUE  :  Payement  des  ou- 
vriers imprimeurs.  V.  Salé. 

BANQUE  (être  de  la)  :  Etre 
d'accord  pour  escroquer.  (Ra- 
basse.) 

BANQUE  (faire  la)  :  Allécher 
le  client.  Terme  employé  par  les 
camelots  vendant  sur  la  voie  pu- 
blique. 

BANQUE  (faire  une)  :  Ima- 
giner une  ruse  pour  duper.  (Go- 
lombey.) 

BANQUETTE  :  Menton. 
(Vidocq.)  —  La  saillie  du  menton 
forme  en  effet  banquette  au  bas 
du  visage. 

BANQUISTE  :  Faiseur  de  ban- 
ques, saltimbanque.  —  «  Adieu, 
z'agréables  banquistes,  je  n'  peux 
plus  frayer  avec  vous.  »(Festeau.) 

BANQUO.  V.    Banco. 

BAPTÊME  (se  mettre  sur  les 
fonts  du)  :  Se  mettre  dans  l'em- 
barras. —  «  Nous  ne  voulons 
enquiller  chez  aucun  tapissier, 
c'est  se  mettre  sur  les  fonts  du 
baptême.  »  (Vidocq.)  —  En  argot, 
parrain  veut  dire  témoin  à 
charge.  On  s'expose  donc  au  par- 
rain en  se  mettant  sur  les  fonts 
du  baptême.  V.  Parrain. 

BAQUET  DE  SCIENCE  :  Ba- 
quet de  cordonnier.  —  «  Elle  a 
été  débarbouillée  dans  le  baquet 


de  science,  où  trempen:  le  cuir 
et  la  poix.  »  (H.  Lierre.) 

BAQUET  INSOLENT  :  Blan- 
chisseuse. (Halbert.)  Allusion  au 
baquet  professionnel.  Les  blan- 
chisseuses passent  pour  avoir  le 
verbe  haut.  Colombey  donne 
baquet  insolpé,  (c'est  insolent  avec 
changement  de  finale). 

BARANT  :  Ruisseau.  (Colom- 
bey.) Il  barre. 

BARAQUE  :  Mauvaise  maison, 
établissement  mal  administré.  — 
«  J'  suis  dans  une  mauvaise  ba- 
raque, chez  des  avaricicux  qui 
me  coupent  le  pain  pour  mon 
dîner.»  (Marco  -  Saint  -  liilaire, 
1841.) —  ce  II  y  a  longtemps  que 
vous  êtes  au  service  de  Madame  ? 
—  Un  mois.  —  Est-ce  une  bonne 
maison?  —  C'est  z'une  vraie  ba- 
raque. »  (M.  Perrin,  1847.) 

BARBAUDIER  :  Guichetier. 
(Vidocq.)—  Pour  barboticr.  V.  ce 
mot. 

BARBE  (avoir  de  la  barbe) 
Vieillir.  V.  Pipe  (casser  sa).  — 
On  dit  d'une  histoire  dcjà  con- 
nue :  elle  a  de  la  barbe. 

BARBE  (prendre  la),  AVOIR 
SON  EXTRAIT  DE  BARBE  : 
S'enivrer.  —  oc  La  Sai.it-Jean 
d'hiver,  la  vSaint-Jean  d'été,  la 
Saint-Jean-Porte-Latine,  le  mo- 
ment qui  commence  les  veillées, 
celui  qui  les  voit  finir,  sont  au- 
tant d'époques  où  (pour  les  com- 
positeurs d'imprimerie)  il  est  in- 
dispensable de  prendre  la  barbe.  » 
(Ladimir.)  —  «  L'un  d'entre  eux, 
qui  avait  déjà  son  extrait  de 
barbe,  chancelle.  »  (Moisand, 
1841.) 

BARBEROT  :  Barbie-.  (Vi- 
docq.) —  Dimin.  de  barbier^ 


BAR  —  29  — 

BARBET  (le)  :  Le  diable.  — 
«  Mon  cher  camerluche,  me  voilà 
enfin  décarré,  par  la  grâce  du 
mek  ou  du  barbet.  »  (Rabasse.) 

BARBICHE  :  Large  bouquet 
de  poils  couvrant  et  dépassant  le 
menton.  —  «  En  ce  temps-là, 
Boudefer,  lieutenant  aux  dra- 
gons, et  possesseur  d'une  taille 
de  guêpe  et  d'une  barbiche 
soyeuse.  »  (Marx.) 

BARBICHON  :  Moine.  (Colom- 
bey.)  Allusion  à  sa  barbe. 

BARBILLON,  BARBILLE, 
BARBEAU  :  Souteneur  de  filles. 
V.  Mac, 

BARBISTE  :  Elève  ou  ancien 
élève  de  l'institut  de  Sainte-Barbe. 

—  tt  Jurez,  Lexoviens,  Barbistes, 
Moinillons  et  Ludovicistes,  vous 
viendrez  célébrer  en  frères  les 
haricots  de  Montaigu.  »  (Léger, 
1819.) 

BARBOT  :  Canard.  (Vidocq.) 

—  Il  barbote  volontiers. 

BARBOT  :  Vol.  —  Allusion  à 
l'action  des  doigts,  fouillant  dans 
une  poche,  comme  le  bec  du 
canard  barbote  dans  un  trou.  — 
a  Je  fis  le  barbot  et  je  m'em- 
parai de  quelques  pièces  de  vingt 
et  quarante  francs.  »  (Canler.) 

BARBOTE  :  Fouille  des  pri- 
sonniers avant  leur  incarcéra- 
tion. 

BARBOTER  :  Voler.  (Vidocq.) 
Mot  à  mot  :  faire  le  barbot.  — 
«  Tous  deux  en  brav's  nous  bar- 
botions, d'or  et  d'billet  nous 
trouvons  un  million,  w  (Paillet.) 

BARBOTER  :  Fouiller.  (Ra- 
basse.) 

BARBOTEUR  :  Voleur. 


BAS 


BARBOTIER  :  Guichetier  ;  il 
fait  la  barbote  des  détenus. 

BARBUE  :  Plume.  (Vidocq  ) 
Allusion  à  sa  barbe.  V.  Argue- 
mine. 

BARON  DE  LA  CRASSE  :  Se 

dit  d'un  homme  mal  bâti,  habillé 
ridiculement,  et  qui  se  donne 
des  manières  de  cour.  (Caillot, 
1829.) 

Poisson  a  fait  une  pièce  inti- 
tulée le  Baron  de  la  Crasse. 

BARONIFIER  :  Donner  le  titre 
de  baron.  On  peut  appliquer  à 
la  formation  de  ce  mot  nouveau 
la  remarque  que  nous  avons  faite 
à  propos  d'archi.  «  D'Aldrigger 
fut  alors  baronifié  par  S.  M.  l'em- 
pereur. »  (Balzac.) 

BARRE  :  Aiguille.    (Vidocq.) 

—  Ironie. 

BARRE  :  Comparaison  des  mâ- 
choires aux  barres  de  cheval.  — 
((  Ne  compte  que  sur  le  liquide 
pouri'te  rafraîchir  les  barres,  cava- 
lièrement parlant.  »  (A.  Lecomte, 
61.) 

BARRER  :  Rompre,  cesser 
une  affaire.  (Rabasse.) 

BARTHOLO  :  Surveillant, 
vieux  et  jaloux.  —  Surnom  dû  au 
succès  du  Barbier  de  Séville, 
pièce  où  le  tuteur  incommode  se 
nomme  Bartholo.  —  «  Nos  mon- 
daines Parisiennes...  pourront 
défier  ensuite  les  Bartholo  les 
plus  adroits.  »  (Figaro,  75.) 

BAS  BLEU  :  Femme  auteur, 
ou  affichant  des  goûts  littéraires. 

—  Anglicanisme.  —  Au  siècle 
dernier,  lady  Montague,  dont  le 
salon  était  des  plus  littéraires, 
aurait  déclaré  que  les  touristes 
pouvaient  s'y  présenter  en  tenue 


BAS 


3o 


BAS 


de  voyage  et  en  bas  bleus.  Selon 
d'autres,  elle  portait  elle-même 
des  bas  bleus,  ce  qui  lui  aurait 
valu,  de  la  part  d'un  amant  con- 
gédié, le  poëte  Pope,  le  sobriquet 
de  bîue  stocking,  bas  bleu.  — 
«  Voyez-la  donc  dans  la  rue, 
trottinant  les  coudes  serrés  con- 
tre la  taille,  la  tête  haute,  le  re- 
gard baissé,  un  manuscrit  sortant 
de  son  cabas;  voyez  dans  cette 
vieille  chaussure  ce  bas  qui  se 
déroule;  est-ce  un  bas  bleu  ?  C'est 
un  bas  sale  !  Tope  là  !  vous  avez 
l'origine  du  mot.  C'est  la  grande 
habitude  des  femmes  de  lettres 
de  ne  jamais  s'occuper  de  ces 
minces  détails  de  la  vie  de  chaque 
jour.  »  (Jules  Janin.)  —  «  Mo- 
lière les  appelait  les  femmes  sa- 
vantes, nous  les  avons  nommées 
bas  bleus.  »  (Fr.  Soulié.) 

Bas  bleu  a  même  droit  de  cité 
dans  des  sphères  plus  hautes,  si 
nous  en  croyons  ces  lignes  :  «  La 
comtesse  de  Liéven,  bas  bleu  po- 
litique de  la  plus  haute  distinc- 
tion. »  (H.  de  Viel-Castel.) 

BAS  DE  BUFFET  (vieux)  : 
Vieille  femme  à  prétentions. 
(Delvau.) 

BAS  DU  CUL  :  Homme  de  pe- 
tite taille. 

BAS  DU  DOS  :  Postérieur, 

BAS  PERCÉ  (être)  :  Etre  dans 
l'indigence.  —  Du  temps  des  cu- 
lottes courtes,  un  bas  percé  se 
voyait,  et  il  fallait  être  bien  mi- 
sérable pour  ne  pouvoir  payer 
la  ravaudeuse. 

BASANE  :  Amadou.  (Colom- 
bey.)  —  L'amadou  ressemble 
assez  à  une  vieille  peau  de  ba- 
sane. 


BASANE  :  Peau  humaine.  — 
Animalisme. 

BASE  :  Derrière.  —  Ne  se  dit 
que  d'un  homme  assis,  car  s'il 
était  debout,  l'allusion  ne  serait 
plus  justifiée.  —  ce  Les  brusques 
mouvements  de  l'aniraal  qui 
souvent  écorchent  votre  base.  » 
(A.  Lecomte,  1861.) 

BASE  (se  porter  sur  la)  : 
S'aligner.  —  Abréviation  de  :  se 
porter surla  base  del'alit  nement. 

—  «Prenez  un  pinceau  e  portez- 
vous  sur  la  base,  »  dit  un  briga- 
dier de  semaine  aux  hommes 
désignés  pour  la  corvé<;  du  ba- 
layage. (Idem.) 

BASILE  :  Fourbe  hypocrite, 
calomniateur.  —  Du  n  )m  d'un 
personnage  du  Barbier  d:  Séville. 

—  a  Après  i83o,  on  se  c  éguisait 
beaucoup  en  Basile.  »  (Privât 
d'Anglemont.)  —  «  Son  premier 
soin  sera  d'envoyer  pronener  les 
Basiles.  »  (L.  Bienvenu.) 

BASOURDIR  :  Asson  mer.  — 
(Vidocq.)  —  Abrév.  d'ab.sourdir. 

BASSIN,  BASSINOIRE  :  Im- 
portun. 

Allons,  vieux  bassin, 
Avez  vous  fini  vos  manières  ? 

(Becquet,  chansons.) 

BASSINER  :  Importuner.  Mot 
à  mot  :  échauffer  comme  une 
bassinoire.  —  «  Il  me  bassine, 
cet  avoué.  »  (Labiche.) 

BASSINOIRE  :  Grosse  montre 
de  cuivre.  Moins  le  marche,  elle 
offre  un  diminutif  ass3z  exact 
de  la  bassinoire  class  que.  — 
«  C'était  une  vénérable  montre 
de  famille,  dite  bassinoire.  »" 
(Champfleury.)  V.  Bassin, 


BAT 


-  3r  — 


BAT 


BASTRINGUE  :  Scie  à  scier  le 
ter.  (Halbert.) 

BASTRINGUE  :  Etui  conique 
en  fer  d'environ  quatre  pouces  de 
long  sur  douze  lignes  de  dia- 
mètre, contenant  un  passe-port, 
de  l'argent,  des  ressorts  de  mon- 
tre dentelés  pour  scier  un  barreau 
de  fer.  (Vidocq.)  —  Les  malfai- 
teurs arrêtés  cachent  dans  leur 
anus  cette  sorte  de  nécessaire 
d'armes,  qui  doit  être  introduit 
par  le  gros  bout.  Faute  de  cette 
précaution,  il  remonte  dans  les 
intestins  et  finit  par  causer  la 
mort.  Un  détenu  périt  il  y  a  quel- 
ques années  de  cette  manière,  et 
les  journaux  ont  retenti  du  nom- 
bre prodigieux  d'objets  décou- 
verts dans  son  bastringue,  après 
l'autopsie. 

BATAILLE  (chapeau  en)  : 
Chapeau  à  cornes  tombant  sur 
chaque  oreille.  Mis  dans  le  sens 
contraire,  il  est  en  colonne.  — 
Terme  de  manœuvres  militaires. 
—  ce  Les  uns  portent  d'immenses 
chapeaux  en  bataille,  les  autres 
de  petits  chapeaux  en  colonne.  » 
(La  BédoUière.) 

BATEAU  :  Souliers.  —  Allu- 
sion de  forme.  —  a  Je  lui  dis  : 

ntoine,  t'as  pris  mes  bateaux  ; 
je  me  jette  sur  lui  et  je  trouve  mes 
souliers.  »  {La  Correctionnelle, 
1841.)  Se  dit  aussi  d'un  soulier 
énorme.  -~  <c  11  chausse  aussi 
cette  excellente  marquise..,  une 
frégate.  Eh  bien  !  il  y  a  des  jours 
où,  ma  parole,  ce  n'est  guère  plus 
grand  qu'un  bateau.  »  (E.  Villars.) 

BATEAU  (mener  en)  :  Escro- 
quer. 

BATH  (du)  :  De  Vor,  de  l'ar- 
gent. (Rabasse.) 


BATH  :  Bon  et  beau.  —  /  bré- 
viation  de  batif  :  joli.  —  «  Nous 
avons  fait  un  lansquenet  n  peu 
bath  cette  nuit.  »  (A.  Vitu.) 

BATIF,  BATIFONNE  :  Neuf, 
neuve,  joli,  jolie.  (Vidocq.)  — 
De  battant  avec  finale  changée. 

BATIR  :  Etre  enceinte.  (J. 
Choux.)  —  Mot  à  mot  :  bâtir  un 
enfant. 

BATON  CREUX  :  Fusil.  (Hal- 
bert.) —Vieux  mot.  —  Au  moyen 
âge  les  armes  et  bouches  à  feu 
s'appelaient  bastons  à  feu. 

BATON  MERDEUX  :  Homme 
de  relations  difficiles.  —  Mot  à 
mot  :  homme  semblable  à  un 
bâton  merdeux  qu'on  ne  sait  par 
quel  bout  prendre.  —  «  Bâton 
merdeux,  homme  brusque  qui 
repousse  tous  ceux  qui  s'adres- 
sent à  lui.  »  (Dhautel.) 

BATOUSE  :  Toile.  (Grandval.) 
—  (c  La  batouse  à  limace  est  plus 
chenue  aussi.  »  (Rabasse.) 

BATTAGE  :  Mensonge.  V. 
Batterie. 

BATTANT  :  Cœur.  (Vidocq.) 
Mot  imagé.  —  Le  battant  est  le 
cœur  à  son  état  ordinaire.  Il  ne 
mérite  pas  encore  le  nom  do  pal- 
pitant. 

BATTANT,  BATTANTE  : 

Neuf,  neuve.  (Idem.)  On  a  con- 
servé l'expression  de  battant  neuf. 

BATTANT  :  Gosier.  V  Pivois. 
—  Se  pousser  dans  le  battant  : 
boire.  —  Rien  dans  le  battant  : 
je  suis  à  jeun. 

BATTANT  :  Langue.  —  Allu- 
sion au  battant  de  la  cloche.  — 


BAT 


BAU 


On  dit  d'une  bavarde  qu'elle  a  un 
bon  battant. 

BATTANTE  :  Cloche.  Elle 
bat  les  heures.  —  «  Ho  !  les  amis, 
sept  plombes  qui  crûssent  à  la 
battante  d'Elisabeth  !  »  (Caté- 
chisme poissard,  1844.) 

BATTERIE,  BATTAGE  : 

Mensonge.  (Vidocq.) 

BATTEUR  :  Menteur.  (Idem.) 

BATTEUR  DE  DIG  DIG  : 
Voleur  simulant  une  attaque  d'é- 
pilepsie  dans  un  magasin  pour 
que  ses  compères  volent  plus  à 
l'aise.  (Colombey.) 

BATTOIR  :  Main  large,  main 
de  claqueur,  sonore  comme  un 
battoir  de  blanchisseuse.  — 
«  Dieu  !  la  belle  tragédienne  ! 
En  avant  les  battoirs  !  »  (L.  Rey- 
baud.) 

Mais  les  battoirs  du  parterre 
Font  un  tel  bruit  de  tonnerre. 
[Rien!{i,  1826.) 

BATTRE  :  Tromper.  (Vidocq.) 

BATTRE  L'ANTIFLE  :  Battre 
le  pavé,  marcher.  V.  Antiffe. 

BATTRE  L'ENTIF  :  Espion- 
ner. (Rabasse.)  —  Forme  mo- 
derne du  mot  précédent. 

BATTRE  LE  BRIQUET  : 
Rapprocher  les  jambes  en  mar- 
chant, ce  qui  produit  un  frotte- 
ment analogue  au  battement  du 
briquet. 

BATTRE  COMTOIS  :  Jouer  le 
rôle  de  compère.  (Colombey.) 

BATTRE  COMTOIS,  BAT- 
TRE JOB  :  Faire  le  niais.  (Vi- 
docq.) V.  Comtois f  Job, 


BATTRE  EN  DUEL  (se)  :  On 

dit  des  yeux  louches  qu'ils  se 
battent  en  duel.  —  Allusion  à 
leur  rencontre.  —  On  dit  aussi 
de  petites  portions  offertes  sur 
un  grand  plat,  qu'elles  se  battent 
en  duel.  —  Allusion  à  lespace 
sur  lequel  elles  se  meuvent  par 
trop  librement. 

BATTRE  LA  PAUPIÈRE 

(s'en)  ?  Ne  faire  aucun  cas  d'une 
chose.  —  C'est  un  synon}  me  de 
s'en  battre  l'œil.  —  «  Moustache 
ou  barbe,  je  m'en  bats  h  pau- 
pière... Il  faut  qu'un  homme 
pèse  deux  cents;  s'il  ne  pèse  pas 
deux  cents,  c'est  pas  la  peine  de 
se  déranger.  »  (A.  Scholl.) 

BATTRE  MORASSE  :  Crier 
au  secours.  V.  Morasse. 

BATTRE  SA  FLEMME  :  Pa- 
resser. V.  Flemme. 

BATTRE  SON  QUART  :  Rac- 
crocher. V.  Qiiart. 

BAUCHER  :  Se  moquer.  (Co- 
lombey.) 

BAUCOTER  :  Agacer.  (Idem.) 

BAUDE  :  Mal  vénérien.  (Vi- 
docq.) —  Du  vieux  mot  baude  : 
débauché.  —  La  baude  >erait 
donc  la  débauchée,  c'est-à-dire  le 
mal  de  la  débauche. 

BAUDRU  :  Fouet.  — Du  vieux 
mot  baudre  :  qui  a  fait  courroiey 
baudrier. 

BAUGE  :  Coffre.    (Grand val.) 

BAUGE  ;  Ventre.  (Colombey.) 

—  Animalisme. 

BAUME  D'ACIER  :  Instrument 
de  chirurgie.  —  Moyen  ironique 
de  faire  entendre  que  tous  les 
baumes  du  monde  ne  peuvent 


BAZ 


-  33 


BEA 


dispenser  d'une  opération.  — 
((  Quant  aux  dents,  si  gâtées 
qu'elles  soient,  il  n'est  pas  de 
dentifrice  qui  ne  leur  promette 
de  les  mettre  à  Tabri  du  baume 
d'acier.  »  (Le  Nil,  journal,  août 
1872.) 

HAUSSE,  BAUSSERESSE  : 
Patron,  patronne. 

BAVARDE  :  Langue.  (Ra- 
basse.) 

BAVAROISE  AUX  CHOUX  : 
Verre  d'absinthe  et  d'orgeat.  — 
«  On  nous  apporte  deux  bava- 
roises aux  choux.  Nous  en  étouf- 
fons encore  deux  autres.  »  (Mon- 
selet.) 

BAVER  :  Parler.  Abréviation 
de  bavarder. 

BAYAFE  :  Pistolet.  —  C'est 
un  vieux  mot  languedocien  qui 
veut  dire  souffleur.  Or,  soufflant 
veut  dire  aussi  pistolet.  V.  Souf- 
flant. —  «  On  peut  remoucher  les 
bayafes.  Alors  le  taffetas  les  fera 
dévider  et  tortiller  la  planque  où 
est  le  carie.  »  (Vidocq.)  On  dit 
aussi  bayafre. 

BAYAFER  :  Fusiller.  (Colom- 
bcy.) 

BAYONNETTE  INTELLI- 
GENTE  :  Garde  national  et  par 
extension  militaire  s'occupant  de 
politique.  —  Le  mot  date  de 
1848,  et  a  été  dans  l'origine  une 
flatterie  maladroite  qu'on  a  ri- 
diculisée. —  «  Notre  horreur  des 
bayonnettes  intelligentes  est  telle 
que  nous  voudrions...  »  (Saint- 
Genest,  yS.) 

BAZAR  :  Maison  chétive.  — 
«  Petit  bazar  entre  cour  et  jar- 
din. »  (Labiche.) 


BAZAR  se  dit  aussi  par  ironie 
d'un  établissement  quelconque. 

—  «  Si  tu  ne  veux  pas  ouvrir  ta 
boîte,  dis-le!  Allons  chercher  un 
autre  bazar.  »  (Cavaillé.) 

BAZAR  :  Mobilier.—  Mot  con- 
temporain de  notre  entrée  en 
Afrique.  —  «J'ai  vendu  la  moitié 
de  mon  bazar  pour  payer  le  mé- 
decin. »  (E.  Sue.) 

BAZARDER  :  Vendre. —«L'au- 
tre semaine  je  vous  ai  encore  ba- 
zardé trois  pendules,  même  que 
vous  avez  été  trop  rat  et  que  j'ai 
été  refait  dans  le  dur,  »  (Du  Bois- 
gobey). 

BEAU  :  Homme  à  la  mode.  — 
«Le  6e<^w  de  l'Kmpire  est  toujours 
un  homme  long  et  mince,  qui 
porte  un  corset  et  qui  a  la  croix 
de  la  Légion  d'honneur.  »  (Bal- 
zac.) 

BEAU  (vieux),  ex-beau  :  Vieil 
homme  ayant  conservé  des  pré- 
tentions à  une  grande  élégance. 

—  «  Un  vieux  chef  de  division, 
ancien  beau,  sonne  son  huis- 
sier. »  {Figaro,  yS). 

BEAU  DU  JOUR  :  Élégant, 
homme  à  la  mode.  —  Le  beau  du 
jour  reçoit  d'autres  noms  qui 
varient  avec  le  temps.  Depuis 
Louis  XVI  on  l'a  successivement 
appelé  petit -maître,  incroyable, 
merveilleux,  fashionable,  dandy 
mirliflor,  gant  jaune,  lion,  gan- 
din, petit  crevé,  gommeux,  etc. 

BEAU  FILS.  —  Jeune  beau. 

BEAUCE,  BEAUCERESSE  : 
Revendeur,  revendeuse  du  mar- 
ché du  Temple. 

BEAUSSE  :  Riche  bourgeois. 
(Golombey.) 


BEB 

BEAUTÉ  (la)  :  Le  sexe  fémi- 
nin, fût-il  aussi  laidement  repré- 
senté que  possible. 

BEAUTÉ  DU  DIABLE  ;  Se  dit 
de  la  fraîcheur  de  la  jeunesse  et 
non  de  la  beauté.  Vénus  n'y  est  ici 
pour  rien.  «  Elles  ont  ce  qu'il  est 
convenu  de  nommer  la  beauté  du 
diable,  ce  qui  veut  dire  de  la  jeu- 
nesse. »  (P.  de  Kock.) 

BÉBÉ  :  Poupard.  —  De  l'an- 
glais baby.  —  Emma  arriva  au 
sortir  du  bal  de  la  Porte-Saint- 
Martin,  en  costume  de  bébé.  » 
{Ces  Dames,  1860.)  —  M.  Gus- 
tave Droz  a  fait  un  livre  inti- 
tulé :  Monsieur,  Madame  et 
Bébé.  On  adopta  ce  mot,  vers 
1860,  mais  il  est  plus  ancien. 

BÉBÉ  :  Avorton.  —  oc  Ce  bébé 
littéraire  et  turlupin  tragique.  » 
{Epître  à  l'Empereur,  par  une 
muse  villageoise,  1808,  in-8.)  Al- 
lusion à  Bébé,  nain  célèbre  du 
roi  de  Lorraine  Stanislas  (xviii* 
siècle. 

BÉBÉ  :  Terme  d'amitié.  Mot  à 
mot  :  petit-fils.  —  ce  Eh  bien,  mon 
bébé,  je  t'avertis  que  je  compte  et 
compterai  éternellement  sur  ton 
cœur.  Bonjour,  mon  bon  bébé, 
mon  ancien  et  éternel  ami.  »  So- 
phie ArnoulJ,  Lettre  à  Bellan- 
ger,  27  février  lyqS.) 

Voici  un  exemple  plus  mo- 
derne qui  prouve  que,  si  les 
mots  changent,  les  besoins  ne 
changent  pas.  —  «  Tu  sais,  mon 
petit  homme,  que  je  n'ai  plus  un 
sou,  et  que  ton  petit  bébé  ne 
doit  pas  rester  sans  espèces.  » 
{Ces  rOames,  1860.) 

Un  mot  dont  on  nous  favorise, 
Mot  aux  nourrices  dérobé, 


—  34  -  BEC 

C'est  (aurait-on  la  barbe  grise)  î 
Gomment  §a  va  !  Bonjour,  bébé. 
<>       (Fr.  de  Gourcy.) 

BEC  :  Bouche.  — Animalisme. 
— -  Le  mot  est  de  toute  antiquité. 
Villon,  dans  son  Testament,  parle 
des  commères  «  qui  ont  le  bec 
affilé.  »  Dans  la  ballade  des  Fem- 
mes de  Paris,  on  retrouve  en- 
core :  «  Il  n'est  bon  bec  que  de 
Paris.  » 

Casser,  chelinguer   du   bec   : 
avoir  mauvaise  haleine. 
^  Fin  bec\:  gourmand. 

Passer  devant  le  bec  :  passer 
sans  répondre  à  l'espoir  de  quel- 
qu'un. —  «  Il  ne  sera  i^as  mal 
de  profiter  du  brouillard  pour 
leur  passer  devant  le  bec.  )  (  L. Des- 
noyers.) On  dit  souvent  :  Cela  m'a 
passé  devant  le  bec. 

Rincer  le  bec  :  faire  boire. 

River  le  bec  :  faire  taire. 

Taire  son  bec  :  se  taire,  —ce  Pour 
lui  faire  taire  son  bec,  mon  hom- 
me s'est  vu  forcé  de  jouer  iu  cou- 
teau. »  (M.  Perrin.) 

Tortiller  du  bec  :  manger. 

BÉCASSE  :  Femme  maigre  et 
guindée  comme  une  béci  sse.  — 
((  La  femme  a  l'air  d'une  fameuse 
bécasse.  »  (Villemot.) 

BÊCHER  :  Battre,  direiiu  mal. 
— Du  vieux  mot  béchier  :  frapper 
du  bec.  ^  a  Je  suis  corime  je 
suis,  c'est  pas  une  raison  pour  me 
bêcher.  »  (Monselet.) 

BÊCHER,  BÊCHEUSE  :  Médi- 
sant, médisante. 

BÊCHEUR  :  Mendiant  (Ra- 
basse). 

BÊCHEUR  :  Magistrat  chargé 
du  ministère  public.  Mot  î\  mot  : 
bêcheur  de  prévenu .  —  «  Ma  Igré  le 


BEG  -  35  - 

crachoir  de  mon  parrain,  le  bê- 
cheur ayant  demandé  l'applica- 
tion de  la  peine,  je  fus  condam- 
né. »  (Journ.  d'un  pris.  Maz.) 

BÉCOT  :  Petit  baiser  pris  du 
bout  des  lèvres  avec  la  prestesse 
de  l'oiseau  qui  donne  son  coup 
de  bec.  —  «  Encore  un  bécot.  » 
(Ghampfleury.)  V.  Chouette. 

BÉCOTER.  :  Donner  un  bé- 
cot. —  «  Tiens,  j'effarouche  les 
tourtereaux.. .  On  se  bécotait  ici.  » 
(Cormon.) 

On  écrit  aussi  :  bécotter. 


BEN 


Petit  bossu, 
Noir  et  torta, 
Qui  me  bécottes... 
De  me  baiser  finiras-tu  ? 
(Déranger.) 

BECQUETER  :  Manger.  Mot  à 
mot  :  travailler  du  bec.  —  «  Dis 
donc,  Boizamort,  si  nous  becque- 
tions une  croûte?  »  (1842,  La- 
dimir.) 

BÉDON  :  Ventre  (Rabasse.) 

BÉDOUIN  :  Dans  un  volume 
de  souvenirs  sur  1814,  M.  Labre- 
tonnière  dit  en  parlant  des  bisets 
de  la  garde  nationale  :  «  Quel- 
ques gibernes  se  croisaient  avec 
le  briquet  sur  une  pacifique  re- 
dingote, et  constituaient  ce  que 
nous  devions,  quinze  ans  plus 
tard,  gratifier  du  nom  de  Bé- 
douins. » 

BEFFEUR,  BEFFEUSE  :  Fai- 
seur, faiseuse  de  dupes.  (Colom- 
bey.) 

BÈGUE  :  Avoine.  (Idem.) 

BÉGUIN  :  Passion.  —  Du  mot 
béguin  :  chaperon,  coiffure.  — 
Allusion  semblable  à  celle  qui 
fait  appeler  coiffée  une  personne 


éprise.  —  «  Il  y  a  un  bel  âge  que 
je  ne  pense  plus  à  mon  premier 
béguin.  »  (Monselet.) 

BÉGUIN  :  Tête.  —  «  Tu  y  as 
donc  tapé  sur  le  béguin.  »  {Ro- 
bert Macaire,  i836.) 

BELETTE  :  Pièce  de  5o  cen- 
times. V.  Pastille. 

BÉLIER  :  Mari  trompé.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  aux  cornes 
symboliques  du  cocuage. 

BELLE  (Jouer  la)  :  Toutrisquer 
d'un  seul  coup.  —  Deux  joueurs 
jouent  la  belle  {partie),  lorsque 
après  en  avoir  gagné  chacun  une, 
ils  conviennent  d'en  jouer  une 
décisive.  —  Pris  souvent  au  figu- 
ré. 

BELLE  (la  perdre)  :  Perdre, 
gain  presque  assuré. 

BELLE  A  LA  CHANDELLE  : 
Laide.—  Ironie.  La  chandelle  est 
un  triste  éclairage. 

BELLE  DE  NUIT  :  Raccro- 
cheuse,  ne  se  montrant,  comme 
la  fleur  de  ce  nom,  que  pendant 
la  nuit.  —  Se  dit  aussi  d'un  vi- 
sage flétri,  qui  ne  brille  qu'aux 
lumières.  —  «  La  plupart  de  ces 
belles  de  nuit  ne  seraient  pas  pré- 
sentables au  grand  jour.  »  (P.  de 
Mairobert,  1776.) 

BÉNEF  :  Bénéfice.  —  Abrévia- 
tion. —  «  Un  billet,  mon  maître, 
moins  cher  qu'au  bureau  !  Deux 
francs  cinquante  de  bénef!  » 
(A.  Second.) 

BÉNISSEUR  :  Moraliste  banal. 
Se  dit  aussi  d'un  personnage  so- 
lennel sans  nécessité.  Il  fait  hors 
de  propos  des  allocutions  atten- 
dries. —  «  Cet  ensemble  donne 
au  placide  vieillard  la  physiono* 


BÈO 


36  - 


BER 


mie  consacrée  d'un  bénisseur.  Le 
langage  onctueux  complète  l'illu- 
sion, r  {L'Éclair,  1872.) 

BENOITON,   BENOITONNE. 

—  Digne  (par  l'extravagance  de 
sa  toilette,  de  ses  mœurs,  de  ses 
allures)  d'être  confondu  avec  les 
types  mis  en  scène  par  M.  Sar- 
dou  dans  sa   Famille  Benoîton. 

—  a  L'Égliseetlethéâtresemblent 
se  donner  la  main  pour  flétrir 
avec  indignation  les  moeurs  benoî- 
tonnes.  »  (Dupeuty,  1866.)  — 
«  Madame  ***,  très-connue  par 
les  audaces  benoîtonnes  de  son 
langage.  »  Yriarte,  1866.) 

BENOITONNER  :  Porter  une 
toilette  ridicule,  c'est-à-dire  :  à 
la  Benoîton. 

Et,  le  soir,  les  gandins  sur  vos  pas  s'é- 

touffant, 
Croiront  tous,  à  vous  voir  ainsi  Benot- 

tonnée, 
Que  dans  la  bicherie  une  autre  biche 

est  née. 
Et  tous,  ceux  du  MOUTARD  et  ceux 

du  MIRLITON, 
Avec  leur  pince-nez  et  leurs  cols  de 

carton, 
Et  leurs  gilets  ouverts  sur  la  blancheur 

du  linge, 
Crîront,  en  se  pâmant  ;  «  Quel  adora- 
ble singe  1  » 

{Vie  parisienne,  1866.) 

BENOITONNERIE  :  Genre  Be- 
noîton.  V.  ce  mot. 

BÉOTIEN  :  Bête,  inintelligent. 
^-  Dans  l'ancienne  Grèce,  les  Béo- 
tiens passaient  pour  illettrés.  — 
«  L'entretien  suivant,  éminem- 
ment béotien,  s'il  nous  est  per- 
mis d'emprunter  cette  expression 
au  très-spirituel  écrivain  qui  l'a 
popularisée,  Louis  Desnoyers, 
auteur  des  Béotiens  de  Paris.  » 
E.  Sue.)  V.  Philistin. 


BEQUILLARD,  BEQUIL- 
LEUR.  —  Bourreau.  (Golom- 
bey.)  Il  vous  pendait  à  la  béquille 

(potence). 

BÉQUILLE  :  Potence.  (Vi- 
docq.)  La  potence  ressemble  à 
une  béquille  monumentale. 

BÉQUILLER  :  Pendre,  accro- 
cher à  la  béquille.  V.  Farre. 

BÉQUILLER,  BECQUETER. 
Manger.  Mot  à  mot  :  travailler 
du  bec.  —  «  C'est  égal,  je  lui  ai 
envoyé  un  coup  de  tamj  on  sur  le 
mufle  qu'il  ne  pourra  ni  béquil- 
1er,  ni  licher  de  quinze  jours.  » 
(T.  Gautier).  —  «On  béquille, on 
s'amuse,  on  s'  donne  du  bon 
temps,  on  oublie  sa  misère.  ».f 
(H.  Monnier.) 

BÉQUILLEUR  :  Mangeur. 

BERGÈRE  :  Dernière  carte 
d'un  jeu  battu.  (La  ber^rère  mar- 
che derrière  son  troupeau.)  — 
ce  Le  Grec  en  regardant  la  ber- 
gère a  vu  qu'elle  ne  pouvait  lui 
servir.  »  (Cavaillé.) 

BERIBONO   :  Nigaud.  (Vid.) 

BERLUE: Couverture.  (Idem.) 

BERNIQUER  :  S'en  aller  pour 
ne  plus  revenir.  Mot  à  mot:  agir 
comme  si  on  disait  bernique.  Ce 
dernier  mot  se  trouve  dan  s  \q  Dic- 
tionnaire de  l'Académie. 

BERRY  :  Capote  d'ctudes  à 
l'École  polytechnique.  —  «  Tou- 
jours plus  ou  moins  culottée, 
veuve  d'un  certain  nombre  de 
boutons.»  (La  Bédollière.) 

BERTRAND  :  Fripon  dupé 
par  son  complice.  —  Lr  drame 
populaire  de  VA  ubergede  <:  Adrets 
a  mis  ce  terme  à  la  mode  —  «  Il 
s'était  posé  à  mon  endroit  en  Ro- 


BET 


BEU 


bert  Macaire,  me  laissant  le  rôle 
désobligeant  de  Gogo  ou  de  Ber- 
trand. »  (E.  Sue.) 

BESOUILLE  :  Ceinture.  (Co- 
lombey.) 

BÊTE  :  Escroc.  V.  Bachot- 
teiir. 

BÊTE  A  CORNES  :  Fourchet- 
te. —  Les  cornes  sont  les  dents, 
qui  étaient  au  nombre  de  deux 
dans  les  anciennes  fourchettes. 

BÊTE  A  DEUX  FINS  :  «  Cet 
aimable  époux  prenait  sa  bête  à 
deux  fins  {c'est  ainsi  qu'il  nom- 
mait sa  canne,  parce  qu'elle  lui 
servait  à  faire  taire  et  à  faire  crier 
sa  femme.)  »  (Privât  d'Angle- 
mont.) 

BÊTISES  (dire  des).  —  Tenir 
des  propos  grivois.  —  Passer  des 
paroles  à  l'action,  c'est  faire  des 
bêtises.  C'est  à  ce  dernier  sens 
que  s'applique  l'exemple  suivant  : 
«  Elle  est  belle,  ma  Joséphine... 
Mais  pas  de  bêtises!  a  vous  don- 
nerait du  mal  !  »  {Dernier  jour 
d'un  condamné.) 

BETTANDER  :  xMendier.  (Co- 
lombey.)  —  On  dit  aussi  Bat- 
tander. 

BETTERAVE  :  Nez  rouge 
comme  betterave.  —  «  Il  a  un  «ef 
de  betterave,  c'est-à-dire  un  gros 
nez,  rouge  et  enluminé.  »  (Cail- 
lot, 1829.) 

BETTING-BOOK  :  Livre  sur 
lequel  on  inscrit  les  paris  de 
courses.  (Paz.)  Anglicanisme.  — 
ce  Vous  la  trouverez  inscrivant 
ses  paris  sur  le  betting-book 
comme  au  bal  ses  valses  sur  son 
carnet.  »  (E.  Villars,  1866.) 

BETTING-ROOM  :  Salon  ou- 


vert aux    parieurs   de    courses. 
(Idem  ) 

BETTING'MEN  :  Parieur. 
(Idem.)  V.  Cocotterie. 

BEUGLANT  :  Café  chantant. 
—  «  Nous  allâmes  au  beuglant, 
c'est-à-dire  au  café  chantant.... 
Vous  devez  juger  par  le  nom 
donné  à  cet  établissement  que  les 
chants  des  artistes  sont  fort  peu 
mélodieux.  »  {Les  Etudiants, 
1860.)  —  «  Des  caboulots  de  toute 
sorte,  des  beuglants  grands  et 
petits.  »  {Vie  parisienne,  août 
1868.) 

BEUGNE  :  Coup  violent.  — 
Du  vieux  mot  beigne. 

BEURRE  :  Argent.  —  «  Pas 
plus  de  beurre  que  ça,  dit  la 
Zoé  au  major  qui  lui  remet  une 
trentaine  de  francs.  »  (Jaime  fils.) 
V.  Graisse. 

Nous  v'ià  dans  le  cabaret 
A  boire  du  vin  clairet, 
A  c't'heure 

Que  j'ons  du  beurre. 

[Chansons^  Avignon,  181 3.) 

BEURRE  (au  prix  011  est  le)  : 
Par  le  temps  de  cherté  qui  court. 

BEURRE  (faire  son).  —  Préle- 
ver un  bénéfice  illicite.  —  Le 
terme  aurait-il  été  primitivement 
à  l'adresse  des  cuisinières  faisant 
danser  Fanse  du  panier? En  tout 
cas,  ces  gras  synonymes  s'appli- 
quent volontiers  à  l'argent  mal 
acquis.  On  sait  ce  que  veut  dire  : 
Se  faire  graisser  la  patte.  L'ar- 
gent est  aussi  appelé  huile.  Deux 
voleurs  mettant  la  main  sur  un 
riche  porte-monnaie,  diront  :  // 
y  a  gras,  —  «  Un  fonctionnaire, 
puni  pour  avoir  fait  son  beurre 
en  prévariquant,  trouve  souvent 
3 


-  38  - 
peu  salé. 


BEU 

ce  même  beurre  un 
Commerson.) 

BEURRE  DANS  SES  ÉPf- 
NARDS  (mettre  du)  :  Augmen- 
ter son  bien-être.  Car  les  épi- 
nards  sont  la  mort  au  beurre, 
chacun  sait  ça.  —  «  Dans  l'espoir 
que  l'or  étranger  mettrait  du 
beurre  dans  les  épinards  de  la 
famille,  Chamouillez  père  s'était 
payé  un  paletot  de  cent  francs.  » 
(E.  d'Hervilly.) 

BEURRE  :  Chose  agréable.  — 
«  On  recevra  un  coup  de  canon 
comme  on  avale  un  petit  verre 
Ce  sera  un  beurre.  »  (Lockroy.) 
—  «  A  propos  d'une  sonate  de 
Mozart,  ce  jugement  résumé  avec 
tant  de  grâce  :  c'est  un  petit  beur- 
re. »  (Aubryet.) 

—  Beurre  en  ce  sens  se  prend 
ironiquement  parfois  :  «  Il  ne  fai- 
sait pas  bon  parfois  n'être  pas  de 
son  avis.  Il  vous  engueulait  que 
c'était  un  vrai  beurre.  »  (Com- 
merson, 75.) 

BEURRE  NOIR  (œil  au)  : 
Abréviation  de  :  œil  poché  au 
beurre  noir,  dont  la  paupière  est 
noircie  de  sang  extravasé  à  la 
suite  d'un  coup.  —  «  L'ouvrier  a 
un  œil  au  beurre  noir;  le  cocher 
cherche  partout  un  morceau  de 
son  nez.  »  (Sauger.) 

Terme  ancien,  Rabelais  l'a  em- 
ployé :  «  Il  resta  tout  estourdy  et 
meurtry,  un  œil  poché  au  beurre 
noir.  »  (Pantagruel j  liv.  IV, 
ch.  12.) 

BEURRE  SUR  LA  TÊTE 

(avoir  du)  :  Être  couvert  de  cri- 
mes. —  Allusion  à  un  proverbe 
hébraïque.  (Vidocq.) 

BEURRIER  :  Banquier.  (Vi- 


BIB 


docq.)  Mot  à  mot  :  marchand  d'ar- 
gent {beurre). 

BEZI,  BEZIG,  BEZiGUE: 

Jeu  de  cartes.  —  «Ma  fe  ime  est 
en  train  de  jouer  au  be  ;i...  ou 
bezig.  »  (De  Leuven.)  —  c  Au  pi- 
quet, au  bezigue...  je  suis  homme- 
à  donner  leçon  au  plus  malin.  » 
(About.) 

BIBARD  :  Grand  buveur. 
(Dhautel.)—  «  Par  rapp(  rt  à  ces 
vieux  bibards  d'invalides.  »  (La 
BédoUière.) 

BIBASSE  :  Vieillefemrie.Pour 
birbasse. 

BIBELOT,    BIBELO'iTER  : 

Bibloty  bibloter. 

BIBI  :  Petit  chapeau  de  femme. 

—  «  Malaga  portait  de  j  jHs  bi- 
bis.  »  (Balzac.) 

BIBI  :  Non  d'amitié  c  onné  à 
l'ami  ou  à  l'amie  dont  on  est 
coiffé.  —  «  Paul,  mon  1  ibi,  j'ai 
bien  soif. —  Déjà?  »  (Mo  itépin.) 

—  ce  Encore  à  boire?  —  Tiens, 
mon  bibi  !  t'as  pas  mal  au 
cœur?  »  (H.  Monnier.) 

BIBI  :  Fausse  clé. 

S'il  faut  en  croire  un  fc  jilleton 
publié  par  M.  Holstein,  dans  le 
Constitutionnel  du  mois  de  sep- 
tembre 1872,  bibi  aurait  détrôné 
monseigneur  depuis  longtemps. 
((  C'était  un  bout  de  dial«  gue  re- 
cueilli à  la  police  correct  onnelle 
(en  1848.) 

«  Accusé,  disait  le  président, 
au  moment  de  votre  arrestation, 
on  a  surpris  sur  vous  un  trous- 
seau de  fausses  clefs.  —  'Aon,  ci- 
toyen président.  —  Cet  jt  donc 
un  monseigneur  f —  Il  n'y  a  plus 
de  monseigneur,  citoyer  prési- 
dent. —  Vous  comprenez  ce  que 


BIB  — 

je  veux  dire  ;  pour  employer  vo- 
tre langue,  j'entends  un  rossi- 
gnol. —  Eh  bien  !  moi  je  ne  l'en- 
tends pas,  le  rossignol,  sans  doute 
parce  que  je  suis  en  cage.  — 
Prenez  garde!  Trêve  de  jeux  de 
mots;  ils  sont  déplacés  ici  plus 
qu'ailleurs.  Vous  savez  fort  bien 
ce  que  je  veux  dire  par  fausses 
clefs,  rossignol,  monseigneur? 
—  Parfaitement,  citoyen  prési- 
dent, vous  voulez  dire  bibi.  »  (Hos- 
tein.) 

Nous  devons  ajouter  qu'au  mo- 
ment même  où  paraissait  le  feuil- 
leton de  M.  Hostein,  les  journaux 
judiciaires  disaient,  en  parlant  de 
l'arrestation  de  faux  monnayeurs, 
qu'on  avait  trouvé  à  leur  atelier, 
boulevard  de  Grenelle,  un  mon- 
seigneur. Donc  monseigneurn' est 
pas  encore  détrôné  tout  à  fait  par 
bibi. 

BIBINE  :  Cabaret.  Mot  à  mot: 
cabine  à  biberons,  à  ivrognes. 

BIBLOT  :  Objet  de  fantaisie 
ou  curiosité  propre  à  décorer  une 
étagère.  —  De  bimbelot  :  jouet 
d'enfant. 

«  On  nomme  bibîots,  en  style 
d'amateur,  cet  inimaginable  amas 
de  bronzes,  chinoiseries,  filigra- 
nes, ivoire,  saxe,  sèvres,  bonbon- 
nières, médaillons,  éventails,  cas- 
solettes, écaille,  laque,  nacre,  cris- 
tal, jade,  lapis,  onyx,  malachite, 
marcassite,  poignards,  kangiars, 
bijoux,  joujoux,  qui  doivent  né- 
cessairement orner,  j'ai  voulu 
dire  encombrer,  les  étagères  d'une 
femme  posée  dans  le  monde  par 
sa  célébrité  ou  sa  beauté.  Être 
sans  biblot,  c'est  le  dernier  degré 
du  discrédit  et  de  la  honte.  Tou- 
tes ces  dames  du  quartier  Bréda 
ont  du  biblot;  les  danseuses  en 


h- 


BIC 


ont;    ma    portière   en    possède 
aussi.  »  (F.  Mornand.) 

BIBLOT  :  Outil  d'artisan. 
(Vidocq.) 

BIBLOT  (mon)  :  Dansla  bouche 
d'un  soldat,  signifie  :  mon  atti- 
rail militaire. 

BIBLOT  :  Bijou.  —  «  Trouve- 
moi  des  dentelles  chouettes,  et 
donne-moi  les  plus  reluisants  bi- 
bîots. »  (Balzac.) 

BIBLOTER  :  Acheter  des  ob- 
jets de  curiosité. 

BIBLOTER  :  Faire  sur  toutes 
sortes  de  choses  de  petits  béné- 
fices. 

BIBLOTER  :  Vendre.  — 
Venir  vendre  ses  vêtements,  s'ap- 
pelait bibelotter  ses  frusques;  s'ha- 
biller, se  renfrusquiner.  »  {Petit 
Journal,  i865.) 

BIBLOTER  :  Arranger  avec 
soin.  —  a  Je  me  munis  d'une  pe- 
tite réclame  que  j'avais  bibelottée 
la  veille  à  propos  des  toilettes  dô 
mariées.  »  (Villemessant.) 

BIBLOTEUR  :  Collectionneur 
de  bibelots;  homme  qui  biblote. 
V.  bibloter. 

BIBLOTIER  :  Qui  concerne  leâ 
biblots.  —  «  On  comprend  que 
le  sens  artistique  et  biblotier  du 
patient  soit  un  peu  émoustillé.  » 
(A.  Marx,  yS.) 

BICEPS  :  Solidité  musculaire 
de  l'arrière-bras. — Terme  scien- 
tifique vulgarisé  par  les  étudiants 
en  médecine.— «Mon  frère  George 
a  raison.  Il  faut  qu'un  valseur  ait 
du  biceps.  »  (i866,  Vie  pari- 
sienne.) 

BICEPS  (tater  le)  :  Prendre  par 


mo 


40  - 


BIG 


la  flatterie.  (i83i,  Almanachdes 
débiteurs.) 

BICHE  :  Lorette.  —  Abrévia- 
tion de  biche  d'Alger,  synonyme 
poli  de  chameau.  —  «  Une  biche, 
il  faut  bien  se  servir  de  cette  dé- 
signation, puisqu'elle  a  conquis 
son  droit  de  cité  dans  le  diction- 
naire de  la  vie  parisienne,  se 
trouvait  cet  été  à  Bade.  »  {Figaro, 
i858.)  V.  Benoîtonnée. 

Forte  biche  :  Lorette  élégante. 

BICHERIE:  Monde  galant.  Mot 
à  mot  :  réunion  des  biches.  — 
«  Madame  Marguerite  V...,  de  la 
haute  bicherie  du  quartier  d'An- 
tin.  ï)  {Les  Cocottes,  1864.)  V. 
Benoîtonnée. 

BICHE,  BICHETTE,  BI- 
CHON :  Mots  d'amitié  pour  cha- 
que sexe.  —  Bichette  est,  comme 
biche,  la  femelle  du  cerf.  Bichon 
se  dit  d'un  petit  chien  du  genre 
havanais.  —  a  Viens  ici,  ma  biche, 
viens  t'asseoir  sur  mes  genoux.» 
(Frémy.)  —  «  Oui,  ma  bichette, 
oui,  mon  petit  chien-chien.  »  (Leu- 
ven.)  —  «  Mon  bichon,  tu  seras 
gentil,  faudra  voir!  »  (Gavarni.) 

BICHON:  Souliers  à  bouf- 
flettes,  —  «  J'avais  apporté  des 
amours  de  souliers.  Prenez  nos 
bichons,  que  je  lui  dis.  »  (P.  de 
Grandpré.) 

BICHOT  :  Évêque.  (Colom- 
bey.)  —  Germanisme.  —  L'évêque 
allemand  est  un  bischoff. 

BIDET  :  Ficelle  transportant 
lacorrespondance  des  prisonniers 
enfermés  à  des  étages  différents. 
(Vidocq.)  C'est  leur  bidet  de 
poste. 

BIDOCHE  :  Viande.  (Vidocq.) 


BIDONNER  :  Boire  copieu- 
sement. —  Le  bidon  es.  un  fort 
récipient  à  liquide.  — «  Hier,  j'ai 
bidonné  et  ce  matin  j'avais  la 
bouche  pâteuse.—  Fallait  repi- 
quer pour  te  remettre.  »  (Ladi- 
rair.) 

BIEN:  D'apparence  distinguée. 

—  «  Elle  aime  à  causer,  surtout 
avec  \Qsmessieurs  bien. y)  (P.  d'An- 
glemont.) 

BIEN  (être)  :  Être  gris.  Mot  à 
mot:  éprouver  le  bien-être  fac- 
tice causé  par  un  commencement 
d'ivresse,  —  Ironique. 

BIEN  MIS  :  Fashio  lable. — 
«  Ohé!  ce  bien  mis,  il  vJent  faire 
sa  tête  parce  qu'il  a  du  linge  en 
dessous.  »  (E.  Sue.) 

BIENSÉANT:  Derrière.  — 
Jeu  de  mots.  —  De  toutes  les 
parties  du  corps,  c'est,  en  effet, 
celle  sur  laquelle  on  sied  bien. 

BIER  :  Aller.  (Vidocq.)  Abré- 
viation d'ambier.  V.  ce  mot. 

BIFFER  :  Manger  goi.Iûment. 
(Vidocq.)  C'est  bouger  a^  ec  chan- 
gement de  la  première  syllabe. 

BIFFIN,  BIFIN  :  Chiffonnier. 

—  «  Ce  n'est  pas  le  chitfonnier 
pur  sang,  c'est  celui  qui  a  déchu 
d'une  position  meilleure.  De  là 
sans  doute  le  nom  de  biffin  : 
goulu,  donné  par  l'ancien  chif- 
fonnier au  nouveau  venu.»  (Pri- 
vât.) —  «  J'  vois  deux  l  ifins  et 
leurs  femelles.  »  — {Chai  s.  36.) 

BIGARD  :  Trou.  (Vid(  cq.) 

BIGE,  BIGEOT  :  Di  pe  (Vi- 
docq.) 

BIGORNE  :  Argot.  -  Du  vieux 
mot  biguer  :  changer,  troquer. 
L'argot  n'est  qu'un  langage  bi' 


1 


BIL  - 

gué,  d'où  le  diminutif  bigorne. 
—  «  Rouscaillons  bigorne.  Qui 
enterver  le  saura,  à  part  sézière 
en  rira,  mais  les  rupins  de  la 
vergne  ne  sont  dignes  de  cela. 
(Vidocq.)  V.  Jaspiner. 

BIGORNEAU  :  Soldat  de 
marine.  —  Terme  de  matelot. 
Comme  le  petit  coquillage  de  ce 
nom,  le  soldat  de  marine  reste 
attaché  à  la  côte. 

BIGORNEAU.  —  Sergent  de 
ville.  (Halbert.) 

BIGOTTER  :  Prier.  (Vidocq.) 
Mot  à  mot  :  faire  le  bigot. 

BIGRE  :  Juron  lancé  dans  les 
cas  difficiles.  Ah!  bigre!  se  dit 
comme  ah!  diable!  C'est  une 
forme  de  bougre! 

BIGREMENT  :  Superlative- 
ment.  Forme  de  bougrement.  — 
«  C'est  bigrement  embêtant ,  al- 
lez. »  (Gavarni.) 

BUOUTIER.— Marchand  d'ar- 
lequins. V.  Arlequin. 

BIJOUTIER  EN  CUIR.  — 
Savetier.  (Colombey)  —  Ironie. 

BILE  (ne  pas  se  faire  de)  : 
Ne  pas  se  tourmenter.  —  a  Ne 
vous  faites  pas  de  bile,  elle  sera 
heureuse  avec  moi.  »  (Marquet.) 

Après  r  service  on  peut  sans  retard... 
Venir  chez  ses  parents,  sans  s' faire  de 

bile 
Savourer  une  bonne  soupe  au  lard. 

(A.  Cahen.) 

//  ne  se  fait  pas  de  bile  se  dit 
d'un  insouciant. 

Il  se  fait  une  bile  se  dit  d'une 
personne  qui  se  tourmente  con- 
stamment. 

BILLANCHER  :  Payer  comp- 


41  — 


BIL 


tant.  Mot  à   mot  :  donner  de  la 
bille. 

BILLE,  BILLEMONT,  BIL- 
LON  :  Monnaie.  Billemont  et  Bille 
viennent  de  billon.  —  «  L'ar- 
gent au  Temple  est  de  la  braise, 
ou  de  la  thune,  ou  de  la  bille.  » 
(Mornand.)  —  «  Nous  attendions 
la  sorgue,  voulant  poisser  des 
bogues,  pour  faire  du  billon.  » 
(Vidocq.)  V.  Attache,  Flacul.  — 
Billon  se  dit  toujours  pour  mon^ 
naie  de  cuivre. 

BILLET  A  LA  CHATRE.  — 

Garantie  illusoire. 

«  Vous  connaissez,  sans  doute,  l'a- 
necdote qui  a  donné  naissance  à  cette 
expression  tant  répétée.  Pour  le  cas, 
cependant  où  elle  ne  serait  pas  venue 
jusqu'à  vous,  la  voici  en  deux  mots  : 
—  Le  marquis  de  la  Châtre  aimait  ten- 
drement Ninon.  Obligé,  par  un  voyage, 
de  la  quitter  pendant  quelque  temps,  il 
s'était  demandé  si,  pendant  l'absence, 
Ninon  l'aimerait  toujours.  Nous  ne  sa- 
vous  quelle  idée  le  marquis  se  faisait 
dej'amour  et  de  la  fidélité  d'une  fille 
d'Eve,  mais  il  voulut,  pour  mettre  fin 
à  ses  anxiétés,  que  Ninon  s'engageât, 
par  écrit,  à  lui  rester  fidèle.  Ninon 
signa,  le  marquis  partit,  et...  Ninon 
qui  n'aimait  pas  les  entr'actes,  oublia 
bientôt  promesse  et  signature.  Comme 
il  était  un  peu  tard  quand  son  billet  lui 
revint  en  mémoire,  elle  ne  put  s'em- 
pêdier  de  s'écrier  :  Ah!  le  bon  billet 
qu'a  la  Châtre!  C'est  depuis  ce  temps 
ou  plutôt  depuis  cette  histoire,  que  le 
mot  est  passé  dans  la  langue.  Ayez 
dans  les  mains  un  billet  sans  valeur, 
un  engagement  peu  sérieux,  et  l'on 
dira  pour  caractériser  votre  situation  : 
Le  bon  billet  qu'a  la  Châtre!  » 
(Rozan.) 

«  Voilà  M.  Quarteret  tran- 
quille. Il  a  la  parole  de  M.  Mar- 
que. Oh!  le  bon  billet  à  la  Châ- 
tre... »  {Éclair^  juillet  1873,) 


BIN 


42  — 


BIR 


BILLET  DE  5oo,  BILLET  DE 
1000  :  Billet  de  5oo  francs,  billet 
de  1,000  francs.  —  «  Te  faut- il 
beaucoup?  —  Un  billet  de  cinq 
cents...  »  (Balzac.)  —  «  Les  res- 
sources d'une  lorette  pour  ex- 
traire un  billet  de  mille.  »  (Idem.) 

BILLET  (donner  ou  ficher 
son)  :  Certifier.  Mot  à  mot  :  se 
déclarer  prêt  à  signer  un  billet 
d'attestation.  —  «  Rienzi  ne  la  go- 
bera jamais  que  de  ma  main.  Je 
t'en  donne  mon  billet.  »  {Rienzi, 
parodie,  1826.)  —  «  Il  ne  faut  pas 
avoir  la  goutte  aux  pattes  dans 
votre  état.  Je  vous  en  fiche  mon 
billet.  »  {Cabarets  de  Paris, 
1821.) 

Prendre  un  billet  de  parterre  : 
tomber  par  accident.  V.  Par- 
terre. 

BINELLE  :  Faillite.  (Vidocq.) 

BINELLELOPHE  :  Banque- 
route. (Halbert.) 

BINELLIER.  —  Banquerou- 
tier. (Vidocq.) 

BINETTE  :  Tête,  dans  le  sens 
de  physionomie.  —  On  dit  sou- 
vent :  «  Quelle  drôle  de  binette  !  » 
—  a  Vous  demandez  ma  tête, 
monsieur  le  procureur  du  roi... 
Je  regarde  votre  binette  et  je  com- 
prends votre  ambition.  »  Der- 
nier jour  d^un  condamné.) 

Le  Journal  des  Coiffeurs  re- 
vendique ainsi  l'origine  de  ce 
mot  :  «  Binette,  le  coiffeur  du 
roi,  ne  cédait  jamais  une  de  ses 
belles  perruques  pour  moins  de 
trois  mille  livres  tournois.  Il  est 
vrai  que  ce  grand  perruquier  ne 
se  contentait  pas  de  mettre  une 
simple  petite  bande  d'implanté 
sur  le  milieu,  et  qu'il  garnissait 
toute  la  partie  frontale  de  Jine 


toile  de  crin,  chose  qui  lonnait 
à  ses  devants  de  perrui]ue  in- 
folio une  légèreté  extraor^l inaire. 
Aussi,  comme  les  élég;:nts  de 
l'époque  aimaient  à  parler  toi- 
lette, parlaient-ils  souvent  de  bi- 
nette (leur  perruque),  surtout 
lorsqu'elles  sortaient  de  chez  le 
grand  faiseur.  —  Vous  avez  là 
une  bien  jolie  binette!  disait-on 
lorsqu'on  voulait  complimenter 
quelqu'un  sur  la  beautc  de  sa 
perruque.  Aujourd'hui,  jt  sans 
savoir  pourquoi,  on  dit  sauvent 
par  moquerie  :  Oh!  la  crôle  de 
binette  !  »  {Journal  des  Co>  feiirs.) 
—  Nous  devons  toutefo  s  faire 
observer  que  les  exemple,  justi- 
ficatifs de  cette  étymologi  j  man- 
quent totalement.  En  attendant 
qu'on  en  trouve  quelques-uns, 
nous  verrions  plus  vol  «ntiers 
dans  binette  une  abréviation  de 
bobinette.  V.  Bobine. 

BINETTE  A  LA  DÉSASTRE  : 
Tête  du  créancier  impayé.  (i85i, 
Almanach  des  Débiteurs.) 


BINOME  :  «  Aux  labora 
nous  verrons  chacun  des 
(de  l'École  polytechnique) 
puler  avec  un  camarade 
nomme  son  binôme.  »  (I 
dollière.)  —  Allusion  à  la 
fication  algébrique  de  bir 
quantité  composée  de  deu 
mes. 

^  BIQUE    ET    BOUC 
Etre  {en.) 

BIRBADE,  BIRBASSE, 
BE,    BIRBETTE,    BIRB 

Vieux,  vieille.  —  Italianisr 
((  Les  dames  des  tables  * 
ont  adopté  trois  mots  pour 
dre  la  vieillesse  :  à  cinqi 
cinq  ans,  c'est  un  birbon  ;  à  S' 


toires, 
élèves 
mani- 
qu'il 
.a  Bé- 
signi- 
ôme  : 
X  ter- 

:    V. 

BIR- 
ON    : 

le.  — 
l'hôte 
pein- 
ante- 
)ixan-     i 


BIS 


--  4D  — 


BLA 


te  ans,  c'est  un  birbe;  passé  ce 
délai  fatal,  c'est  une  birbette.  On 
ne  lui  fait  plus  même  les  hon- 
neurs du  sexe  masculin.  »  (Les- 
pcs.)  Vidocq  donne  birbasse  : 
vieux,  et  birbe  dabe  :  grand- 
père. 

BIRBASSERIE  :  Vieillerie. 
(\ldocq.) 

BIRBE  :  V.  Birbade  :  «  Mon- 
sieur le  président,  vous  êtes  un 
vieux  birbe.  J'em...  la  cour,  je 
respecte  messieurs  les  jurés.  » 
{Dernier  jour  d'un  condamné.) 

BIRLIBI  :  Jeu  de  dés  tenu 
par  des  filous  dans  les  foires.  (Vi- 
docq.) —  C'est  l'ancien  biribi. 

BISARD  :  Soufflet.  (Vidocq.) 
Mot  à  mot  :  souffle  bise. 

BISCAYE  :  Bicêtre.  —  Chan- 
gement de  finale. 

BISCHOFF  :  Mélange  de  vin 
blanc,  de  sucre  et  de  citron;  la 
recette  est,  l'on  s'en  doute,  d'ori- 
gine allemande.  —  «  René  agite 
le  bischoff  avec  une  cuiller  à 
punch.  »  (Frémy.) 

BISMARCK  :  Couleur  brune, 
dite  auparavant  aventurine.  Elle 
fut  à  la  mode  en  France  après 
Sadowa,  car,  ne  l'oublions  pas, 
M.  de  Bismarck  eut  sous  l'Em- 
pire ses  admirateurs.  —  «  La  ba- 
ronne est  en  bismarck  de  pied 
en  cap.  »  {Vie  parisienne,  iSôj.) 

BISTOURNÉ  :  Cor  de  chasse. 
Allusion  aux  tours  du  tuyau.  — 
Participe  du  verbe  bistourner  : 
tourner,  qui  se  trouve  dans  le 
dictionnaire  de  l'Académie. 

BISSER  :  Répéter  une  se- 
conde fois.  —  Latinisme.  —  «L'u- 
sage de  bisser  un  couplet,  un  air, 


un  finale  ne  remonte  qu'en  1780. 
Mii«  Laguerre  mit  tant  d'expres- 
sion à  chanter  l'hymne  de  l'A- 
mour à  la  première  représenta- 
tion d'Écho  et  Narcisse,  de  Gluck, 
que  le  parterre  voulut  l'entendre 
deux  fois.  La  partie  intelligente 
du  public  eut  beau  protester  con- 
tre cette  innovation  qui  entravait 
l'action  en  substituant  l'acteur  au 
personnage,  ce  fut  en  vain  ;  l'u- 
sage du  bis  fut  désormais  intro- 
duit sur  la  scène  française.  » 
(J.  Duflot.) 

BITUME  :  Trottoir.  —  Du 
bitume  qui  le  recouvre  ordinai- 
rement. 

BITUME  (demoiselle  du)  : 
Raccrocheuse.  V.  Côtes  en  long. 

BITUME  :  (fouler,  polir  le)  : 
Aller  et  venir  sur  le  trottoir. 
V.  Asphalte. 

BITUMER  :  Faire  le  trottoir. 

(J.  Choux.) 

BITURE,  BITTURE  :  Con- 
sommation copieuse. — Du  vieux 
mot  boiture  :  goinfrerie.  —  «  N'as- 
pirons-nous le  grand  air  que  pour 
l'ineffable  joie  d'engloutir  impu- 
nément dupiqueton  jusqu'au  g-o- 
bichonnage  majeur,  jusqu'à  pren- 
dre une  biture?  »  (Luchet.)  — 
«  Le  cortège  fait  halte  pour  une 
è/ïMre  générale.  »  (La  BédoUière.) 
—  «Je  peux  me  flatter  de  m'être 
donné  une  biture  soignée.  »  (L. 
Desnoyers.) 

BITURER  (se)  :  Se  donner 
une  biture. 

BLACKBOULAGE  :  Refus, 
échec  dans  une  demande  d'ad- 
mission. V.  Blackbouler.  —  «  Le 
jockey-club  devient  de  plus  en 
plus  sévère.  Le  blackboulage  se- 


BLA 


—  44 


BLA 


vit  impitoyablement.  »  (Virmai- 
tre,  1867.) 

BLACKBOULER  :  Refuser.  — 
a  Pour  rejeter  on  dépose  une 
boule  noire.  En  anglais,  noir  se 
dit  black.  Or,  lorsqu'un  candi- 
dat est  repou.-sé,  on  dit  qu'il  a 
été  blackboulé!  Quel  mot  sau- 
vage! »  (G.  Claudin.) 

BLAGUE  :  Autrefois  ce  mot  si 
répandu  signifiait  hâblerie.  Au- 
jourd'hui il  a  quatre  sens  :  1°  cau- 
serie, 2°  faconde,  3»  raillerie, 
40  mensonge. 

Son  étymologie  a  donné  ma- 
tière à  bien  des  conjectures.  On 
ne  peut  admettre  celle  de  M.  Al- 
bert Monnier,  qui,  dans  un  ar- 
ticle du  Figaro,  fait  dériver  bla- 
guer du  braguer  de  Rabelais;  ni 
celles  de  MM.  A.  Luchet  et  Fr. 
Michel,  qui  voient  dans  blague 
une  acception  figurée  de  la  vessie 
employée  par  les  fumeurs  sous  le 
même  nom. 

Il  est  à  remarquer  que  le  mot 
blaque  fvalaque)  désigne,  dans  le 
Dictionnaire  de  Ménage,  les  hom- 
mes de  mauvaise  foi  (comme 
Grec  :  escroc).  —  M.  Littré,  qui 
relègue  blague  et  blaguer  parmi 
les  termes  du  plus  bas  langage , 
donne  une  étymologie  gaélique 
beaucoup  plus  ancienne  (Blagit  : 
souffler,  se  vanter.)  Malheureu- 
sement, nous  manquons  jusqu'ici 
des  exemples  intermédiaires  qui 
prouveraient  la  transmission 
d'une  origine  si  reculée.  Voici  la 
sériedesexemplescertains  les  plus 
anciens  que  nous  ayons  pu  re- 
cueillir : 

Le  Dictionnaire  de  Dhautel 
Ci 808),  admet  les  mots  blaguer 
et  blagueur  avec  le  triple  sens  de 
railler f  mentir,  tenir  des  discours 


dénués  de  sens  commun.  —  Cet 
exemple,  des  plus  anciens  que 
nous  ayons  trouvés,  ne  prend 
blague  qu'en  mauvaise  part. 

L'année  suivante,  Cadet  Gassi- 
court  confirme  ainsi  la  dé.mition 
de  Dhauiel,  dans  le  récit  de  la 
campagne  de  1809  {Voyage  en 
Autriche)  :  —  ce  Les  militaires 
ont,  dit-il,  inventé  un  mt  t  pour 
exprimer  un  conte  pué  ile  ou 
ridicule,  un  mensonge,  u  le  gas- 
connade.  Cela  s'appelle  rlague, 
d'où  l'on  a  fait  dériver  bliguer , 
blagueur,  blagomane.  » 

CommeCadetGassicoun,Beyle 
(Stendhal)  dit  dans  sa  Rome  en 
1817  (Paris  1827)  en  par^ant  du 
temps  de  l'Empire,  où  il  avait 
servi  dans  l'administratio  1  mili- 
taire :  —  «  Cette  vanterie  cgoiste 
et  grossière  que  nous  apj  elions 
blague  parmi  les  officiers  subal- 
ternes des  régiments,  y  est  abso- 
lument inconnue.  » 

Un  peu  après,  nous  trouvons 
blague  avec  le  même  sens  en  Bel- 
gique et  en  Champagne.  —  L'au- 
teur d'un  vocabulaire  lang rois  de 
1823,  mentionne  blague  comme 
appartenant  au  langage  loc  il.  En- 
fin, on  trouve  black  (hâblerie), 
dans  le  dictionnaire  wallon  de 
Remacle.  (Liège,  1823.) 

De  ces  divers  exemples,  et  en 
attendant  mieux,  on  peut  con- 
clure avec  certitude  que  llague 
était  fort  usité  dans  l'armie  au' 
commencement  du  siècle,  i.vecle 
seul  sens  de  hâblerie.  Nous  allons 
voir  cette  signification  se  modi- 
fier complètement  avec  l'exten- 
sion de  son  usage. 

Voici  des  exemples  poi;r  les 
divers  sens  de  blague  : 

BLAGUE  :  Causerie  ordinairç 


BLA 


45  - 


BLA 


--  On  dit  :  J'ai  fait  deux  heures 
de  blague  avec  un  tel,  pour  j'ai 
causé  avec  un  tel. 

BLAGUE  :  Faconde,  verve, 
habileté  oratoire.  —  «  Un  homme 
d'esprit  et  de  bonnes  manières, 
M.  le  comte  de  Maussion,  adonné 
au  mot  blague  une  signification 
que  l'usage  a  consacrée  :  «  l'art 
«  de  se  présenter  sous  un  jour  fa- 
ce vorable,  de  se  faire  valoir,  et 
a  d'exploiter  pour  cela  les  hom- 
((  mes  et  les  choses.  »  (Luchet.) 

Un  homme  qui  a  de  la  blague 
est  un  homme  doué  d'unegrande 
fiicilité  d'élocution. 

Avoir  la  blague  du  métier  : 
faire  valoir  certaines  choses  en 
spécialiste  consommé. 

//  a  une  fameuse  blague  :  il  a 
une  grande  verve. 

Jl  n'a  que  la  blague  :  il  parle 
bien,  mais  n'a  pas  une  valeur 
réelle. 

BLAGUE  :  Plaisanterie,  rail- 
lerie. —  «  Je  te  trouve  du  talent, 
là,  sans  blague!  »  (De  Goncourt.) 
—  ce  Pas  de  bêtises,  mon  vieux, 
blague  dans  le  coin  !  t'es  malade.  » 
(Monselet.) 

Une  blague  est  aussi  une  œu- 
vre littéraire  sans  valeur.  On  dit 
d'un  journaliste  médiocre  ;  //  ne 
fait  que  des  blagues. 

BLAGUE  :  Mensonge.  —  ce  En 
leur  faisant  avaler  toutes  sortes 
de  blagues.  »  (L.  Huart.) 

BLAGUE  A  TABAC  :  Sein  flé- 
tri. (Golombey.) 

BLAGUER  :  Causer.  —  «  Nous 
venons  blaguer,  »  dit  Léon  de 
Lora  à  M"»*  Nourrisson,  dans  les 
Comédiens  sans  le  savoir,  de  Bal- 
zac. —  «  Et  à  propos  de  quoi 


choisis-tu  ce  beau  jour  pour  ve- 
nir ainsi  blaguer  morale?  »  (E. 
Sue.) 

BLAGUER  :  Avoir  de  la  verve. 
—  «  Enfin  elle  blague  aujour- 
d'hui, elle  qui  ne  connaissait  rien 
de  rien,  pas  même  ce  mot-là.  » 
(Balzac.) 

BLAGUER  :  Railler.  —  ce  Si 
on  te  blague,  fais  semblant  de 
rire.  »  (De  Goncourt.)  —  «  Ne 
blaguons  plus  !  »  {Cousine  Bette, 
Balzac.) 

Un  homme  blagué  :  un  homme 
raillé,  berné. 

BLAGUER  :  Mentir,  faire  des 
hâbleries.  Pour  les  exemples, 
V.  Blague. 

BLAGUEUR,  BLAGUEUSE  : 

Menteur,  menteuse. 

Mais  qu'un  blagueur  me  raconte 
Ses  faits  merveilleux, 

Quand  j'en  ai  plus  que  mon  compte. 
Je  lui  dis  :  Mais,  mon  vieux. 
Je  n'  coup'  pas  beaucoup 
Dans  c'  montage  de  coup. 

(Aug.  Hardy.) 

—  ((  Mon  beau-père,  vous  n'êtes 
qu'un  vieux  blagueur!  dit  Ro- 
bert Macaire  au  baron  de  Worms- 
pire;  et  ils  s'embrassent.  »  (Lu- 
chet.) 

—  ce  En  181 3,  deux  femmes, 
Pauline  la  Vache  et  Louise  la 
Blagueuse,  enlevèrent  5o,ooo 
francs.  »  (Vidocq.) 

BLAGUEUR  :  Railleur.  — 
a  II  ne  pouvait  y  avoir  circons- 
tance si  grave  qui  empêchât  ce 
blagueur  fini  de  se  livrer  à  sa 
verve.  »  (L.  Desnoyers.) 

BLAIREAU  :  Conscrit.  —  Ani- 


BLA 


-46- 


BLO 


malismc.  —  «Moi,  j'ai  carotté  un 
blaireau...  »  (La  Bédollière.) 

BLAIREAU  TER  :  Peindre  avec 
trop  de  fini,  abuser  du  pinceau 
de  blaireau  qu'on  a  entre  les 
mains.  —  «  Aussi  sa  peinture 
est-elle  fameusement  blaireau- 
tée.  »  (La  Bédollière.) 

BLANC  :  Vin  blanc.  —  «  Al- 
lons, vivement!  du  blanc  à  un 
franc!  »  (La  Bédollière.)  —  On 
dit  aussi  JPetit  blanc. 

BLANC  :  Légitimiste  désirant 
le  retour  du  drapeau  blanc. 

BLANC  :  Pièce  d'un  franc. 
(i85i.  Almanach  des  débiteurs.) 
—  Allusion  de  couleur. 

BLANC  (n'être  pas.)  —  Être  en 
mauvaise  passe.  Mot  à  mot  :  être 
noirci  par  une  accusation  quel- 
conque. —  «  La  v'ià  morte,  j'sis 
pas  blanc.  »  {Riem^i,  1826.) 

BLANCHISSEUR:  Avocat. 
(Colombey.)  Il  lave  l'accusé. 

BLANQUETTE  :  Argenterie. 
(Vidocq.)  —  Monnaie  blanche. 
(Grandval.) 

BL AN  QUETER  :  Argenter. 
(Colombey.) 

BLARD ,  BLAVARD  :  Châle. 
Mot  à  mot  :  grand  mouchoir.  — 
Augmentatif  de  Blave. 

BLAVE,  6LAVIN  :  Mouchoir. 
(Vidocq.)  —  Diminutif  du  vieux 
mot  blave  :  bleu.  —  Les  mou- 
choirs à  carreaux  bleus  sont  en- 
core fort  en  usage,  surtout  chez 
les  priseurs. 

BLAVE  :  Cravate.  (Rabasse.) 

BLAVINISTE  :  Voleur  de 
mouchoirs.  V.  Butter,  Pègre. 


BLÉ  (du)  :  De  l'argent.  (Ra- 
basse.) 

BLEU  :  Conscrit.  —  Ailusion 
àla  blouse  bleue  de  laplup.irt  des 
recrues. — «Celui  des  bleus  qui  est 
le  plus  jobard.  »  (La  Bane.) 

BLEU,  PETIT  BLEU  :  Gros 
vin  dont  les  gouttes  laissent  des 
taches  bleues  sur  la  table.  —«La 
franchise  arrosée  par  les  liba- 
tions d'un  petit  bleu,  les  avait 
poussés  l'un  l'autre  à  se  fai  :q  leur 
biographie.  »  (Murger.) 

De  ce  vin,  qu'à  tort  l'on  renonme, 

Qui  grise  en  abrutissant  l'hoiime, 

Et  qu'on  vend  pour  du  petit  bleu, 

J'en  goûte  un  peu.  (H.  Val.re.) 

BLEU  :  Très-irrité,  très-stu- 
péfait. —  Allusion  à  la  teinte  que 
les  sentiments  excessifs  amènent 
sur  les  figures  sanguines. 

BLEU  (bailler  tout)  :  Kester 
stupéfait.  —  Même  allusion  que 
ci-dessus. 

BLEU  (pays,  royaume  du)  : 
Pays  imaginaire  et  radieux  com- 
me le  ciel  bleu  si  contemplé  par 
les  poètes.  —  «  La  guerre  nême 
devient  un  spectacle  agréa  île,  et 
l'on  nage  dans  le  royaucie  du 
bleu.  »  (J.  Richard.) 

BLEUE  (colère)  :  Colère  vio- 
lente. —  Même  allusion  que  ci- 
dessus.  —  «  La  littérature  et  la 
musique  l'ont  fait  entrer  dan  s  des 
colères  bleues.  »  {Vie parisienne, 
1866.) 

BLOC:  Prison.  —  On  y  est 
bloqué.  —  «  Prenez  trois  hoi  imes 
et  menez  cette  fille  au  bl  k.  » 
(V.  Hugo.) 

BLOCKAUS  :  Schako  a  icien 


BOB 


BŒU 


modèle,  surplombant  comme  un 
Dlockhaus. 

BLOND  (beau)  :  Soleil.  (Co- 
lombey.)  —  Allusion  de  couleur. 

—  Se  dit  aussi  ironiquement 
d'hommes  qui  ne  sont  ni  beaux 
ni  blonds. 

BLONDE  :  Amante.  «  Blonde 
s'emploie  dans  ce  sens  sans  dis- 
tinction de  la  couleur  des  che- 
veux, car  il  existe  une  chanson 
villageoise  où,  après  avoir  fait 
le  portrait  d'une  brune,  l'amou- 
reux ajoute  qu'il  en  fera  sa 
blonde.  »  (Monnier,  i83i,  Vo- 
cabulaire jurassien.) 

BLOQUER  :  Consigner.  — 
a  Colonel,  c'est  que  je  suis  blo- 
qué. —  Je  vous  débloque.  »  (J. 
Arago,  i838.) 

BLOQUER  :  Vendre,  aban- 
donner. (Halbert.)  V.  Abloquir. 

BLOT  :  Bon  marché.  —  (Vi- 
docq.) — Corruption  dû  Bloc.  Les 
marchés  d'objets  en  bloc  sont  les 
plus  avantageux. 

BLOUSE  :  Terme  du  jeu  de 
billard.  —  «  On  dit  qu'on  a  mis 
quelqu'un  dans  la  blouse,  quand 
on  l'a  mis  en  prison,  ou  quand 
on  l'a  fait  tomber  dans  un  piège.  » 
(Caillot,  1829.)  —  Se  blouser  est 
donné  avec  ce  sens  par  le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie. 

BLOUSIER:  Voyou.  Mot  à 
mot  :  porteur  de  blouse. 

BOBE  :  Montre.  —  Abrévia- 
tion de  bobino.  «  Bien  réussi  un 
pédéau  chantage  de  1,800  francs, 
un  bobe  et  une  bride  en  jonc.  » 
(Beauvilliers.) 

BOBÉCHON  :  (se  monter  le)  : 
Se  passionner.  —  Comparaison 


de  la  flamme  du  cœur  à  celle  de 
la  bougie.  (Rabasse.) 

BOBINE  :  Figure.  —  Du  vieux 
mot  bobe  :  moue,  grimace. 

BOBINO  :  Montre.  (Vidocq.) 

BOBOSSE  :  Bossu,  bossue. 

BOC,   BOCARD,  BOCSON  : 

Cabaret  mal  famé,  maison  de 
prostitution.  Du  vieux  mot  èo- 
que,  bouc.  Le  bouc  était  l'em- 
blème de  la  luxure  et  des  que- 
relles. On  disait  jadis  boquer  pour 
frapper.  —  a  Montron,  ouvre  ta 
lourde,  si  tu  veux  que  j'aboule 
et  pionce  en  ton  bocson.  »  (Vi- 
docq.) 

BOCAL  :  Petit  appartement. 
—  «  Voyons  si  le  susdit  bocal  est 
toujours  à  louer.  »  (Montépin.) 

BOCAL  :  Estomac.  —  «  Au 
restaurant,  le  bohème  dit  qu'il 
va  se  garnir  le  bocal.  »  (Lespès.) 

Dans  les  deux  sens,  l'allusion 
s'explique  d'elle-même,  et  les  lo- 
gements parisiens  continuent  de 
la  mériter. 

BOCARD  :  Café.  —  BOCARD 
PANNE  :  Petit  café.  {Petit  dic- 
tionnaire d^arfçotf  1844.)  V.  Boc. 

BOCARD  :  Lupanar.  (Colom- 
bey.)  V.  Boc. 

BOCARI  :  Beaucaire.  (Colom- 
bey.)  —  Interversion  de  Fi. 

BOCHE  :  Libertin,  mauvais 
sujet  (Delvau.) 

BOCK:  Verre  de  bière.  — 
Germanisme. 

BŒUF  :  Monstrueux,  aussi 
énorme  qu'un  bœuf.  — (c  Regarde 
donc  la  débutante.  Quel  trac 
bœuf!  Elle  va  se  trouver  mal,  )> 
{Ces  petites  Dames.) 


BOG 

BŒUF  (c'est)  :  C'est  chic  — 
Dans  le  vocabulaire  de  l'école  de 
Saint-Cyr. 

BŒUF  (être  le)  :  —  Travailler 
pour  une  chose  qui  ne  rapporte 
rien.  —  Allusion  aux  travaux  de 
labourage  du  bœuf.  On  dit  de 
même  :  se  donner  une  peine  de 
cheval.  —  Lors  de  l'envoi  de  M.  le 
général  Le  Bœuf  pour  la  remise 
de  la  Vénétie  aux  Italiens,  on  fit 
ces  quatre  vers  par  allusion  au 
rôle  plus  que  désintéressé  de  la 
France.  Ils  ont  été  donnés  par 
M.  Jules  Richard  dans  sa  chro- 
nique de  l'Époque,  1866  : 

Grâce  au  ciel  1  de  Venise  on  règle  les 
affaires. 

Ahl  vraiment!  Là-dessus  que  savez- 
vous  de  neuf? 

Eh  bien  !  l'on  reçoit  là-bas  des  com- 
missaires 

Et  naturellement  le  Français  est  Le 
Bœuf. 

BŒUF  (se  mettre  dans  le)  : 
Tomber  dans  une  situation  mi- 
sérable. —  Allusion  au  bouilli 
qui  représente  l'ordinaire  des 
cuisines  modestes.  —  On  lit  dans 
une  mazarinade  de  164g  : 

Auprès  de  la  Bastille 

Monsieur  Elbeuf 
Dans  sa  pauvre  famille 

Mange  du  boeuf, 
Tandis  que  Guénégaud 

Est  à  gogo 

BŒUF  (avoir  son)  :  Être  en 
colère. 

BOFFETTE;  Soufflet.  (Co- 
lombey.)  Du  vieux  mot  buffet. 

BOG,  BOGUE  :  Montre. 
V.  Toquante,  Butter,  Litrer, 
Billon. 

BOGUE  D'ORIENT  :  Montre 
d'or.  (Rabasse.) 


48  -  BOI 

BOGUE  EN  PLATR  ;EN 
JONC  :  Montre  d'argent,  d'or. 
—  Allusions  de  couleurs. 

BOGUISTE  :  Horloger. 

BOHÈME  :  a  La  Bohème  se 
compose  de  jeunes  gens,  tous 
âgés  de  plus  de  vingt  ans,  mais 
qui  n'en  ont  pas  trente,  tous 
hommes  de  génie  en  leur  genre, 
peu  connus  encore,  mais  qui  se 
feront  connaître,  et  qui  seront 
alors  des  gens  fort  distingaés... 
Tous  les  genres  de  capacité,  d'es- 
prit, y  sont  représentés...  C  mot 
de  bohème  vous  dit  tout.  La  bo- 
hème n'a  rien  et  vit  de  ce  q  l'elle 
a.  »  (Balzac.) 

La  citation  suivante  est  le  cor- 
tifde  cette  définition  optimiste  : 
oc  La  bohème,  c'est  le  stage  de  la 
vie  artistique,  c'est  la  préface  de 
l'Académie,  de  l'Hotel-Dieu  ou  de 
la  Morgue...  La  bohème  n'existe 
et  n'est  possible  qu'à  Paris.  » 
(Murger.) 

BOHÊME  :  Personnage  fai- 
sant partie  de  la  Bohème.—  (  Tu 
n'es  plus  un  bohème  du  moment 
que  je  t'attache  à  ma  fortune.  » 
(E.  Augier.)  —  Comme  on  voit, 
le  bohème  du  jour  n'a  de  com- 
mun que  le  nom  avec  celi;i  de 
Callot.  Saint-Simon  a  connu  l'ac- 
ception fantaisiste  du  mot. 

rOIRE  (faire)  :  frapper,  bat- 
tre. (Rabasse.) 

BOIRE  DU  LAIT  :  Savourer 
uneimpression  flatteuse.—  «  Cela 
s'appelle  boire  du  lait,  quanil  on 
lit  de  ces  choses-là  sur  soi-même.» 
(Yriarte.) 

BOIS  POURRI  :  Amadot.  — 
Le  bois  pourri  en  fait  parfois 
l'office. 


BOL 


BOIS  TORTtJ  :  Vigne  (Vi- 
docq.)  —  Abréviation  expliquée 
par  cet  exemple. 


...Aussi  le  jus  du  bois  tortu 
Sera  mou  but  toute  ma  vie. 
(Ballard,  Parodies  bachiques,  1714-) 

BOISSONNER  :  Boire  avec 
excès.  (Dhautel.)  —  «  Dites  donc, 
voisin,  on  a  un  peu  boissonné 
chez  vous  hier?  »  (Gavarni.) 

BOITE  :  Logement  mesquin. 

BOITE  :  Mauvais  établisse- 
ment. —  «  Je  conseillerais  à  mon- 
sieur d'aller  achever  de  souper 
au  restaurant  en  face.  Monsieur 
s'est  adressé  à  une  pure  boîte.  » 
(Claretie.)  V.  Ba^^ar. 

BOITE,  BOITON  :  Voiture. 
—  <(  Les  gentils  hommes  et  les 
gentilles  femmes  qui  se  piquent 
de  parler  l'argot  des  quartiers 
neufs  demandent  leur  boîte!  ça 
veut  dire  leur  voiture.  »  (A.  Vitu.) 

BOITE  A,  AUX  DOMINOS  : 

Cercueil.  Mot  à  mot  :  boîte  à  met- 
tre les  os  (dominos).  —  a  Toi,  à 
vingt-cinq  ans,  tu  seras  dans  la 
grande  boîte  à  dominos.  »  (Petit 
Journal,  1866.) 

«  Puisqu'on  va  l'un  après  l'au- 
tre dans  la  boîte  aux  dominos.  » 
(E.  Aubry.) 

BOITE  A  PANDORE.  —  Boîte 
de  cire  molle  pour  prendre  des 
empreintes  de  serrure.  (Golom- 
bey.)  —  C'est  d'une  mythologie 
bien  raffinée  pour  des  voleurs. 

BOITE  AU  LAIT  :  Sein. 
(J.  Choux.)  Mot  créé  sans  doute 
pour  les  nourrices. 

BOITEUX  D'UNE  CHASSE  : 
Borgne.  (Colombey.)  V.  Chasse. 

BOLIVAR  :  Chapeau  évasé, 


—  49  —  BON 

dont  la  forme  nouvelle  en  1S20, 
prit  le  nom  de  ce  héros  populaire. 
—  «  Le  front  couvert  de  son  bo- 
livar.»  (Cabarets  de  Paris,  1821.) 
V.  Morillo. 

BOMBE  :  «  Mesure  de  vin  par- 
ticulière non  classée.  Elle  repré- 
sente un  demi-litre.  »  (Figaro, 
1867.) 

BOMBE  :  Entremets  glacé.  — 
Allusion  à  sa  forme  ronde. 


BON  :  Bon  apôtre,  hypocrite. 

—  «  Vous  n'êtes  bons!  vous... 
N'allons,  vous  n'avez  fait  vos 
farces!  »  (Balzac.) 

BON  (mon)  :  Terme  d'amitié. 

—  Abréviation  de  mon  bon  ami. 

—  «  Nettové,  mon  bon,  nettoyé  !  » 
(E.  V.  ViUars.)  —  On  dit  aussi 
cher  bon ,  ce  qui  est  encore  plus 
prétentieux. 

BON  :  Pour  un  agent  de  police, 
un  homme  bon  est  bon  à  arrêter. 

BON  (être  le)  :  Être  arrêté  et 
coupable.  (Rabasse.) 

BON  (c'est  un)  :  C'est  un  homme 
solide  à  toute  épreuve.  —  «  Ce 
sont  des  bons.  Ils  feront  désor- 
mais le  service  avec  vous.  » 
(Chenu.) 

BON  (il  est).  —Il  est  amusant, 
il  est  comique. 

BONS  (être  des)  :  Avoir  bonne 
chance. 

'  BONBONNIÈRE  A  FILOUS  : 
Omnibus.  (Colombey.) 

BONDE  :  Mal  vénérien.  (Hal- 
bert.)  —  Pour  Bande.  V.  ce  mot. 

BON-DIEU  :  Sabre-poignard. 

—  Allusion  à  la  croix  figurée  par 
la  lame  et  la  poignée. 

BON  DIEU  (il  n'y  a  pas  de): 


BON 


—  5o 


BON 


Mot  à  mot  :  il  n'y  a  pas  de  bon 
Dieu  qui  puisse  l'empêcher. 

Gn'y  a  pas  d'  bon  Dieu, 

Faut  s'  dire  adieu.  (Désaugiers.) 

BON  JEUNE  HOMME  :  Jeune 
homme  candide. 

BON  MOTIF  :  «  Vous  ne  savez 
pas  ce  que  c'est  que  le  bon  mo- 
tif? —  Ah!  vous  voulez  dire  un 
mariage?  —  Précisément.  »  (Ay- 
card.) 

BON  PETIT  CAMARADE  : 
V.  Camarade. 

BON  PREMIER,  Bon  dernier  : 
—  (c  Arrivé  bon  dernier  est  une 
expression  ironique  employée 
aux  courses.  C'est  le  contraire  du 
arrivé  bon  premier,  qui  se  dit  du 
cheval  vainqueur  quand  il  a  de- 
vancé de  beaucoup  ses  concur- 
rents. »  (A.  d'Aunay,  iSyô.)  Se 
prend  souvent  au  figuré. 

BONHOMME  :  Saint.  (  Vidocq.) 
—  Allusion  aux  statuettes  char- 
gées de  le  représenter. 

BONHOMME  (mon)  :  Mot 
d'amitié.  —  Il  est  souvent  protec- 
teur. —  a  Oui,  mon  bonhomme, 
s'écria  le  loup  de  mer,  j'ai  fait 
une  fois  le  tour  du  monde.  » 
(A.  Marx.) 

BONHOMME  :  Personnage 
sans  conséquence  et  bon  pour 
une  petite  spécialité.  —  Allusion 
aux  petits  bonshommes  de  bois 
que  l'enfance  tripote  à  son  gré. 
—  ((  Son  directeur  était  enchan- 
té... Il  avait  enfin  trouvé  un  bon- 
homme. »  (Claretie.) 

BONICARD,    BONICARDE 
Vieux,  vieille.  (Halbert.)  —  De 
Bonique. 


BONIMENT  :  Disco 
suasif,  destiné  à  bonir  1'; 
ou  l'auditoire.  —  «  Vo 
arrêtez  devant  un  maga: 
qu'un  commis  s'avance 
débite  son  petit  bonimei 
filez  aussitôt.  »  {Figaro. 

BONIMENT  :  Ann 
saltimbanque.  V.  Postic 

BONIQ.UE  :  Vieillai 
lombey.) 

BONIR,  BONNIR  :  . 
affirmer,  dire.  V.  Servir  j  1 
Criblage,  Girofle. 

BONJOUR  (volet 
BONJOURIEN,  BO; 
R  I  E  R  :  «  Voleur  s'intrc 
de  grand  matin  dans  1 
sons  où  les  bonnes  lais 
portes  entr'ouvertes  et  t 
hôtels  garnis  dont  les 
res  ne  ferment  pas  leurs 
bres.  »  (Canler.)  —  Ail 
l'heure  matinale  choisie 
voleur;  il  vous  souhaite  ( 
que  sorte  le  bonjour.  —  « 
jourien  qui  s'introduit  1 
chez  vous  pour  voler  voti 
tre.  »  (Ph.  Chasles.)  —  « 
leurs  au  bonjour  ou  bonj 
dits  aussi  chevaliers  grimf 
divisent  en  plusieurs  cl 
celle  des  donneurs  de  l 
exploite  spécialement  lee 
garnis.  »  {Le  Paravoleur 
—  Le  bonjourier  exploi 
les  logés  de  concierge;  il 
jours  un  second  qui  fait  ' 
Il  y  a  aussi  des  bonjo. 
V.  Marner. 


BONNE  :  Bonne  h  stoire, 
bonne  charge.  V.  Mauvc  ise.  — 
«  Ah!  par  exemple,  en  vlà  une 
bonne.  »  (Cormon.) 


urs  per- 
uditeur 
is  vous 
in  l'ors- 
et  vous 
t.  Vous 

)nce  de 
te. 

i.  (Co- 

Vvertir, 
'arrain, 

r  au), 
U  O  U- 
iuisant 
js  mai- 
sent  les 
;ans  les 
locatai- 

cham- 
jsion  à 

par  le 
n  quel- 
le bon- 
:  matin 
^  mon- 
des vo- 
'uriers, 
ants,se 
isses..., 
lonjour 

hôtels 
.  1826.) 
e  aussi 

a  tou- 
ô  guet. 
rières. 


BON 


5i 


BOS 


BONNE  (être  à  la)  :  Être  aimé, 
être  au  mieux.  (Rabasse.) 

BONNE  (être  de  la)  :  Avoir 
bonne  chance. 

BONNE  (être  en  ses)  :  Être 
bien  disposé.  Mot  à  mot  :  être 
en  ses  bonnes  heures.  —  «  Vous 
ne  poviez  à  heure  venir  plus 
oportune...  Nostre  maistre  est 
en  ses  bonnes.  Nous  ferons  tan- 
tost  bonne  chère.  »  (Rabelais, 
Pantagruel,  liv.  IV,  ch.  12.)  — 
On  voit  que  le  mot  est  ancien. 

BONNE  (prendre  ou  avoir  à 
la)  :  Prendre  en  bonne  amitié. 
—  a  Je  ne  rembroque  que  tezigue, 
et  si  tu  me  prends  à  la  bonne, 
tu  m'allumeras  bientôt  caner.  » 
(Vidocq.) 

BONNE  AMIE  :  Maîtresse.  — 
a  J'appris  dernièrement,  vers  trois 
heures  de  l'après-midi,  que  ma 
bonne  amie  me  trompait  avec  un 
officier  de  cavalerie.  »  (Marx.) 

BONNE-GRACE  :  Toile  dans 
laquelle  les  tailleurs  enveloppent 
les  habits.  —  «  Le  concierge  de 
l'hôtel  a  vu  Crozard  traverser  la 
cour  avec  une  bonne-grâce  sous 
son  bras.  »  {La  Correctionnelle.) 

BONNET  DE  COTON  :  Ar- 
riéré, mesquin.  —  La  gent  porte- 
flanelle  et  bonnet  de  coton.  — 
(A.  Barthet.) 

BONNET  DE  NUIT  :  Homme 
triste  et  silencieux. 

BONNETEUR  :  «  Industriel 
tenant  aux  foires  de  campagne 
un  de  ces  jeux  de  cartes  auxquels 
on  ne  gagne  jamais.  »  (Vidocq.) 

B  O  N  N I  R  :  Dire.  V.  Mous- 
tique. 

BONSHOMMES    :   Croquis 


d'écolier,  dessin.  —«  II  couvre  ses 
cahiers  de  bonshommes,  w  (Rol- 
land.) 

BOOKMAKER  :  Industriel 
recevant  les  paris  sur  les  champs 
de  courses,  mot  à  mot  :  teneur 
d'un  livre  de  paris  de  course, 
(en  anglais  book.)  —  «  Aux  der- 
nières courses  on  a  arrêté  plu- 
sieurs bookmakers.  »  (P.  Moni' 
teur,  1875.) 

BORDEAUX  (Petit)  :  Cigare 
de  la  manufacture  de  Bordeaux. 

Avec  un  sou,  tous  sont  égaux 
Devant  le  petit  bordeaux.  (Liorat.) 

BORDÉE,  absence  illégale. 
— Terme  de  marine  qui  fitd'abord 
allusion  aux  conditions  dans  les- 
quelles les  équipages  vont  à  terre 
par  bordées.  —  «  C'est  un  brave 
garçon  qui  ne  boit  jamais  et  qui 
n'est  pas  homme  à  tirer  une  bor- 
dée de  trois  jours.  »  (Vidal,  i833.) 
—  «  Les  joies  et  tribulations  de  la 
bordée  qu'ils  ont  courue.  »  — 
{Phys.  du  Matelot  1843.) 

a  Quant  au  troisième  c'est  un 
remplaçant,  il  est  pratique,  mais 
vaillant  et  lorsqu'on  l'a  mis  à  la 
salle  de  police  pour  une  bordée, 
on  l'en  fait  sortir  caril  se  bat  si 
bien.  »  (Billet  du  duc  d'Aumale  à 
M.  Odier  1860,  Figaro  du  3o 
janvier  76.) 

BORGNE:  Derrière.  —  La 
comparaison  n'a  pas  besoin  d'être 
expliquée.  —  «  V'ià  moi  que  je 
me  retourne  et  que  j' li  fais  bai- 
ser, sauf  votre  respect...  mon 
gros  visage...  Ce  qui  a  fait  dire 
aux  mauvaises  langues  qu'il  a  vu 
mon  borgne.  »  (Rétif,  1783.) 

BOSCO,  BOSCOT,  BOS- 
CO TTE  :  «  Petit  homme,  pe- 


BOT 


—  52   - 


BOU 


tite  femme  contrefaits,  bossus.  » 
(Dhautel.)  —  a  Et  ta  portière 
qui  me  demande  toujours  où  je 
vais!...  Je  l'abomine,  c'te  vieille 
bosco-Ià.  »  (H.  Monnier.) 

BOSSE  :  Excès  de  boire  et  de 
manger.  —  Allusion  à  la  bosse 
formée  par  la  réplétion  du  ventre. 

—  On  trouve  bosse  dans  le  Dic- 
tionnaire de  Dhautel,  1808.  — 
«Douze  cents  francs,  allons-nous 
nous  en  faire  des  bosses!  »  (Vi- 
dal, i832.) 

Se  dcmner  une  bosse  de  rire  : 
rire  immodérément. 

BOSSE  (rouler  sa)  :  Che- 
miner. 

Nous  roulons  notre  bosse 
Dans  un  beau  carrosse. 

(Decourcelle,  i832.) 

BOSSE  (tomber  sur  la)  :  Tom- 
ber sur  quelqu'un,  l'attaquer  par 
derrière. — jBo55e  est  ici  synonyme 
de  dos.  —  «  Je  te  tombe  sur  la 
bosse,  je  te  tanne  le  casaquin.  » 
(Paillet.) 

BOSSMAR  :  Bossu.  (Vidocq.) 

—  Changement  de  finale. 

BOSSOIRS  :  Seins.  [—  Terme 
de  marine. 

BOTTE  DE  NEUF  JOURS  : 
Botte  percée.  Mot  à  mot  :  voyant 
le  jour  par  neuf  trous.  —  Jeu  de 
mots. 

BOTTER  :  Convenir  :  Mot  à 
mot  :  aller  comme  une  botte 
faite  à  votre  pied.  —  «  Alors,  si 
vous  le  permettez,  j'aurai  l'hon- 
neur de  vous  envoyer  ma  voi 
ture  à  onze  heures.  —  Ça  me 
botte.  »  (Gavarni.)  —  «  Bien  que 
peu  causeur,  je  l'avais  assez  botté 


pour  qu'il  me  contât  ses  nom- 
breuses campagnes.  »  (Marx.) 

BOUBANE  :  Perruque.  (Vi- 
docq.) —  Du  vieux  mot  bouban  ; 
luxe,  étalage. 

BOUC  :  Mari  trompé.  (Vi- 
docq.) —  Allusion  de  cornes. 

BOUCAN  :  Vacarme.  —  De 
bouc.  Cet  animal  querelleur  était 
l'emblème  des  disputes. —  «  Faire 
boucan  :  faire  un  tapage  affreux 
en  se  réjouissant.  »  (Diiautel, 
1808.)  —  «  Ils  vont  faire  du  bou- 
can ,  et  la  garde  viendra.  »  (Vi- 
dal.) 

BOUCANADE  :  Corru]  tion  à 
prix  d'argent  d'un  juge  ou  d'un 
témoin. 

Coquer  la  boucanade  :  corrom- 
pre. Mot  à  mot  :  donner  pour 
boire  :  En  Espagne,  la  bouca- 
nade est  une  gorgée  du  vin  ren- 
fermé, selon  l'usage,  dans  une 
peau  de  bouc. 

BOUCANER  :  Sentir  le  bouc, 
puer. 

BOUCARD  :  Boutique.  V. 
Batte,  Esquinteur. 

BOUCARDIER,  B  O  U- 
C  A  R  N I  E  R  :  (c  Voleurs  dévali- 
sant les  boutiques  à  l'aid:^  d'un 
pé griot  ou  gamin  voleur,  qui  s'y 
cache  à  l'heure  de  la  fermeture, 
et  qui  vient  leur  ouvrir.  »  (Gan- 
1er.) 

BOUCHE  L'ŒIL  :  Pièce  de 
cinq,  dix  ou  vingt  francs  dans 
l'argot  des  filles  qui  font  allu- 
sion à  la  pantomime  de  certaines 
enchères.  (J.  Choux.) 

BOUCHE-TROU  :  Réd  icteur 
ou  article  dont  la  prose  n'est 
bonne  que  dans  les  cas  de  néces- 


BOU  —  53  - 

site  absolue.  —  «  S.  voyant  qu'on 
avait  placé  très-mal  un  de  ses 
articles  dans  la  Revue,  dit  au  ré- 
dacteur en  chef  :  «  En  vérité, 
i'  monsieur,  me  prenez- vous  yoav 
un  bouche-trou.  »  (Mirecourt, 
.  i855.) 

BOUCHE-TROU  :  Acteur 
I  jouant  les  utilités. 
î      BOUCHER  :    Médecin.    (Hal- 
I  bert.)  —  Ce  serait  plutôt  le  chi- 
!  rurgien. 

I      BOUCHER  UN  TROU  :  Don- 
i   ner  un  à-compte.  (i85j,  Alma- 
nacli  des  Débiteurs.) 

BOUCHON  :  Bourse.  (Vi- 
docq.)  —  Corruption  du  mot  J30M- 
chon  (pochon,  poche),  qui  avait 
la  même  signification. 

BOUCHON  :  Qualité,  genre. 
Allusion  au  bouchon  cacheté  des 
vieux  vins.  —  On  a  dit  par  ex- 
tension :  Ceci  est  d'un  bouchon, 
comme  ceci  est  d'un  bon  tonneau. 

BOUCLER  :  Fermer,  —  oeil 
fait  frisquet.  —  Bouclez  donc  la 
lourde,  hein.  »  {Dernier  jour  d'un 
condamné.) 

Le  mot  est  déjà  vieux.  «  Si  de 
mal  encontre,  n'estoient  tous  les 
trous  fermez,  clous  (clos)  et  bou- 
clez, »  dit  Panurge,  au  commen- 
cement du  chap.  IX,  livre  3,  de 
Pantagruel.  (Rabelais.) 

BOUCLER  (se  faire)  :  Se  faire 
enfermer,  emprisonner.  (  Ra- 
basse.) 

BOUDER  AUX  DOMINOS   : 

Avoir  des  dents  de  moins.  (Hal- 
bert.) 

BOUDER  A  LA  qESOGNE  : 
Ne  pas  travailler. 

BOUDER  AU  FEU  :  Reculer 
devant  l'ennemi. 


BOU 


BOUDIN  :  Verrou.  —  Allusion 
à  la  forme  des  verrous  ronds  qui 
ferm.ent  les  grandes  portes. 

BOUDIN  :  Estomac.  —  «  Puis- 
que tu  en  avais  plein  le  boudin.» 
(Monselet.) 

BOUDINER  :  Dessiner  sans 
modeler  comme  il  le  faudrait, 
faire  par  exemple  des  doigts  ou 
des  bras  ronds  et  unis  comme 
des  boudins. 

BOUFFARDE  :  Pipe.  —  Allu- 
sion aux  bouffées  de  tabac  qui 
s'en  échappent. 

Je  tiens  à  toi,  mon  doux  tendron, 

Comme  un  rapin 
A  la  bouffarde  qu'il  culotte. 

(Commerson.) 

BOUFFARDER  :  Fumer. 
(Halbert.) 

BOUFFER  :  Manger  avec  ex- 
cès. Mot  à  mot  :  se  rendre  bouffi 
de  nourriture. 

BOUGIE  :  Canne.  —  Allusion 
de  forme.  —  Elle  éclaire  aussi  la 
marche  de  ceux  qui  n'y  voient 
pas. 

BOUGIE  GRASSE:  Chandelle. 
—  Ironique. 

BOUGON, BOUGONNE: 

Grognon,  grognonne.  —  On  dit 
dans  ce  dernier  sens  :  madame 
Bougon.  Du  vieux  mot:  bouquer, 
gronder. 

Car  toujours  madame  Bougon 

Fait  carillon, 

Et  le  torchon 
Br^le  en  tout  temps  dans  ma  pauvre 
maison. 

{Les  vrais  Rigolos,  alraanach  chan- 
tant pour  1869.) 


BOU 

BOUGRE  :  Mot  à  noter  comme 
ayant  perdu  sa  portée  antiphy- 
sique. Ce  n'est  plus  qu'un  syno- 
nyme de  garçon.  On  dit  :  un 
mauvais  bougre,  un  bon  bougre. 
—  «  Lorsque  nous  aurons  ici  un 
millier  de  bons  bougres^  nous 
tiendrons  la  queue  de  la  poêle,  » 
(Delahodde,  i85o.)  —  V.  Gro- 
gnard. 

BOUGREMENT  :  Très.  - 
Pris  en  bonne  comme  en  mau- 
vaise part. 

BOUILLANTE  :  Soupe. 
(Halbert.)  —  Les  soldats  donnent 
aussi  ce  nom  à  la  soupe  qu'ils 
mangent  deux  fois  par  jour.  Rien 
de  mieux  choisi  que  cette  appel- 
lation dans  le  temps  oîi  elle  était 
servie  dans  des  gamelles  à  cinq 
ou  six  hommes;  car  celui  d'en- 
tre eux  qui  aurait  attendu  qu'elle 
refroidît  risquait  de  n'en  point 
manger.  La  soupe  est  aussi  ap- 
pelée mouillante. 

BOUILLON  :  Restaurant  où 
on  peut  borner  sa  consommation 
à  une  tasse  de  bouillon  de  20 
centimes.  —  «  Vous  avez  mani- 
festé votre  horreur  pour  les  éta- 
blissements quevous  appelez  des 
bouillons.  »  {A  propos  des  cali- 
cots, 1861.) 

Les  bouillons  ne  datent  pas  de 
1860.  Une  vingtaine  d'années 
avant,  un  prédécesseur  de  Duval 
avait  fondé  à  Paris  des  bouillons 
hollandais,  mais  il  fut  moins 
heureux. 

BOUILLON  :«  Mot  en  usage 
dans  la  librairie  pourpeindre  une 
opération  funeste.  »  (Balzac.)  — 
«  Cesont  eux  qui  ont  bu  le  bouil- 
lon que  je  destinais  à  mon  li- 
braire. Je  croyais  le  ruiner  et  je 


54  - 


BOU 


re  fînan- 
fameux 
erte  con- 
808.)  — . 
complète 
n  parfait 
,  1840.) 
i  Bourse, 
>    et   des 


l'ai   enrichi.  »  (Biogt  iphie  des 
Quarante,  1826.) 

B  O  U  I  L  L  O  N  :  E>  ^mplaires 
non  vendus  d'un  livre:  ou  d'un 
journal,  «  —  On  appelé  rendre 
le  bouillon,  en  style  de  vento, 
rapporter  au  journal  le^  numéros 
qu'on  n'a  pu  vendre,  et  que  l'ad* 
ministration  vous  reprend.  » 
(Vallès,  1866.) 

BOUILLON  :  Désast 
cier.  —  «  II  a  bu  ui: 
bouillon  :  il  a  fait  une  ; 
sidérable,  »  (Dhautel, 
a  La  liquidation  fut  si 
qu'elle  se  changea  en  i: 
bouillon.  »  (Philippon 
—  Le  métier  est  rude  à  1 
sans  parler  des  souci 
bouillons.  »  (Mornand,) 

_  BOUILLON  :  Pluie  torren- 
tielle. —  c(  Il  va  tomber  lu  bouil- 
lon, pour  dire  une  avei'se.  »  — > 
(Dhautel,  1808.)  —  «  J2  sais  ce 
que  c'est  qu'un  bouillon ,  j'allons 
être  inondé.  »  (Désaugijrs.) 

BOUILLON  (boire  le)  :  Mou- 
rir.—  Allusion  au  dernier  bouil- 
lon que  boit  un  noyé.  —  (c  Ce 
n'est  pas  la  peine  que  vous  es- 
sayiez de  vous  sauver,  v  )us  boi- 
rez le  bouillon  comme  nous.  » 
(Éclair,  23  juin  1872.) 

BOUILLON  AVEUGLE  : 
Bouillon  sans  graisse.  Mot  ù 
mot  :  sans  yeux. 

BOUILLON  D'ONZï  HEU- 
RES :  Noyade,  empoison  icment. 

BOUILLON  DE    CALARD   ; 

Eau. 

Jamais  mon  gosier  ne  se  ir  ouille 
Avec  du  bouillon  de  canard.  (Dalès.) 


BOU 


~  !5 


BOU 


BOUILLON  POINTU  :  Lave- 
ment.— Double  allusion  à  sa  ca- 
nule et  à  son  contenu.  —  «  Dieu  ! 
qu'est-ce  que  je  sens?  —  Vapo- 
thicsLirQ.  poussant  sa  pointe  .-C'est 
le  bouillon  pointu.  »  (Parodie  de 
Zaïre.) 

Le  meilleur  looch  et  le  meilleur  topique, 
C'est  uu  bouillon  pointu.  (Festeau.) 

BOUILLON  POINTU  :  Coup 
de  baïonnette.  —  «  Toi,  tes  Co- 
saques et  tous  tes  confrères,  nous 
te  ferons  boire  un  bouillon  poin- 
tu. »  (Layale,  i855.) 

BOUIS  ;  Fouet.  (Halbert.) 

BOUISBOUIS  :  Marionnette. 
Onomatopée  imitant  le  cri  de 
Polichinelle.  —  «  Le  véritable 
magicien  est  celui  qui  ensecrète 
les  bouisbouis.  »  (Privât  d'An- 
glemont.) 

BOUISBOUIS  :  Petit  théâtre, 
tripot.  —  De  bouis  :  cloaque, 
maison  de  boue.  (Dhautel.)  — 
«  Le  bouis-bouis  est  le  café-con- 
cert qui  a  pour  montre  un  espa- 
lier de  femmes.  Le  théâtre  qui 
en  étale  est  un  bouis-bouis.  » 
(1861,  A.  Daunay.) 

M.  Th.  Gautier  écrit  bouig- 
bouig.  —  a  Ces  tréteaux  sans  pré- 
tention qu'on  nomme  des  bouigs- 
bouigs  dans  un  nom  peu  acadé- 
mique maisquifiniraparprendre 
place  au  Dictionnaire.  »  (Th.  Gau- 
tier.) 

BOUISER  :  Fouetter.  (Hal- 
bert. ) 

BOULANGER  :  Diable.  (Vi- 

docq.)  —  Ironie  de  couleur.  Il  est 
aussi  noir  que  le  boulanger  est 
blanc,  et  il  met  au /owr  de  l'enfer. 


—  Morcau  Christophe  donne  avec 
ce  sens  la  Boulangère. 

BOULANGER  :  Charbonnier. 

—  Ironie  de  couleur.  Le  noir  est 
mis  pour  le  blanc. 

BOULANGER  (remercier  son)  : 
V.  Mourir.  —  Même  allusion  que 
dans  perdre  le  goût  du  pain.  V. 
Pipe  [casser  sa). 

BOULE  :  Foire,  fête  (Vidocq.) 

BOULE  :  Tête.  —  Elle  est  ron- 
de comme  une  boule.  —  «  Vu 
l'épaisseur  de  ces  boules  de  cam- 
pagnes. »  (Balzac.)  —  «  Ils  ont 
la  boule  noire  comme  de  l'encre.» 
(Cogniard,  i83i.)  —  ce  Bonne 
boule,  n'est-ce  pas?  figure  res- 
pectable. »  (L.  Reybaud.)  —  ((Po- 
lissonne de  boule,  en  fais-tu  des 
caprices!  »  (Les  Amours  de 
Mayeux,  i833.) 

BOULE  (perdre  la)  :  Perdre  la 
tête,  devenir  fou.  (Caillot,  1829.) 

—  «  Et  six  cents  gredins  préten- 
dent changer  tout  cela  avec  une 
boule  dans  une  urne!  C'est  le  cas 
de  dire  qu'ils  perdent  la  boule!  » 
(Félix  Pyat,  1871.) 

BOULE  DE  LOTO  :  Œil  sail- 
lant et  rond,  comme  une  boule 
de  loto. 

BOULE   DE  NEIGE  :  Nègre. 

—  Ironie  de  couleur. 

BOULE  DE  SON  :  Figure  ta- 
chée de  rousseurs,  qui  sont  ap- 
lées  aussi  taches  de  son. 

BOULE  DE  SON  :  Pain  de 
munition.  —  Il  contenait  autre- 
fois beaucoup  de  son. 

BOULE  JAUNE  :  Potiron.  (Co- 
lombey.) 
BOULENDOS   :    Bossu.   (Vi- 


BOU 


-  56 


BOU 


docq.)   —  Il  semble  avoir   une 
boule  dans  le  dos. 

BOULER  :  Refuser.  —  Même 
étymologie  que  Blackbouler. 

«  Le  marquis  :  Ne  m'en  parle 
plus...  je  l'ai  boulé  avec  perte; 
tu  seras  la  femme  d'Oscar. 

Yseult  :  Mon  père,  je  connais 
mes  devoirs,  j'obéirai;  l'un  ou 
l'autre,  ça  m'est  bien  égal.  »  (Mar- 
quet.) 

BOULER  :  Battre.  Mot  à  mot  : 
Faire  rouler  son  adversaire  com- 
me une  boule. 

Si  tu  dis  mot,  j'  te  boule. 

{Chansons,  Avignon,  i8i3.) 

BOULET  :  Personne  dont  on 
ne  peut  se  débarrasser.  —  Allu- 
sion au  boulet  traîné  par  les  mi- 
litaires. —  «  Bal  à  la  Renaissance 
ce  soir.  Lâche  ton  boulet!  »  Ga- 
varni.) 

BOULET  A  QUEUE  :  Melon. 

(Vidocq.) 

BOULETTE  :  Petite  faute.  Un 
peu  plus  grave,  elle  devient  une 
brioche.  On  appelle  sale  pâtis- 
sier, un  homme  peu  soigneux  ou 
tripotant  des  affaires  véreuses.  La 
pâtisserie  est-elle  redevable  de  ces 
acceptions  aux  soins  minutieux 
qu'exige  son  exercice?  En  ce  cas, 
il  faut  sous-entendre  mauvaise 
avec  brioche  et  boulette.  V.  Brio- 
che. —  ce  Faut  croire  que  j'ai 
lâché  quelque  boulette.  »  (Fré- 
my.)— «  Enfin,  un  quaker  l'a  prise 
en  pitié,  et  dit  :  Fille,  tu  as  fait 
une  boulette.  »  (M.  Alhoy.) 

BOULEVARDIER  :  Homme 
qu'on  rencontre  tous  les  jours 
flânant  sur  les  boulevards,  du 
faubourg  Montmartre  au  Grand- 
Hôtel.  —  «  Vous  connaissez  W.? 


un    long  sec,    un   boulevnrdier 
fini.  »  {Figaro j  1867.) 

BOULEVARDIERE  :  Femme 
galante  fréquentant  les  boule- 
vards. En  juillet  1872,  la  Liberté 
signale  vertueusement  la  «  tolé- 
rance dont  on  continue  d'user  à 
l'égard  des  boulevardières,  deve- 
nues aussi  nombreuses  qi  e  les 
bocks  et  les  sorbets  du  soir.  » 

BOULINE  :  Collecte.  —  c  Les 
truqueurs  des  foires  de  v  liage 
font  ce  qu'ils  nomment  une  bou^ 
linCy  c'est-à-dire  une  collecta  en- 
tre eux,  et  ils  chargent  un  jom- 
père  de  distraire  le  survei  lant, 
de  l'emmener  à  l'écart,  de  Tinvi- 
ter  et  de  le  griser.  Alors  malheur 
aux  pauvres  pétrousquins  (j  arti- 
culiers)qui  s'aventurent  à  jouer! 
ils  sont  rançonnés  sans  merci.  » 
(Privât  d'Anglemont.) 

BOULINER  :  Faire  un  trou  ou 
boulin  à  la  muraille.  (Vidocq).  — 
—  De  boulinoire. 

BOULINER  :  Voler  en  b  luli- 
nant.  (Halbert.) 

BOULINER  :  Déchirer  (Icam.) 

BOULINOIRE  :  Vilebrequin. 
(Vidocq.)  —  Allusion  à  son  laou- 
vement  circulaire  et  peut-être 
aussi  à  la  boule  de  bois  de  sa 
poignée. 

BOULON  (vol  au)  :  a  II  est 
commis  aux  étalages  de  dentelles 
en  les  attirant  à  l'aide  d'une  trin- 
gle à  crochet  passée  par  un  trou 
de  boulon  de  la  devanture.  1  Ra- 
basse.) 

BOULOTTER  :  Vivre  à  r;.ise. 
Diminutif  de  bouler  :  rouler 
comme  une  boule.  Bouk  tter 
l'existence    :  rouler  sans  pi;ine 


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BOU 


dans  la  vie.  —  «  Ils  boulottaient 
l'existence,  sans  chagrin  de  la 
veille,  sans  souci  du  lendemain.  » 
(De  Lynol.) —  «  Pourvu  que  nous 
ayons  de  quoi  boulotter  tout 
doucement,  je  serai  content.  » 
(Friès.) 

BOULOTTER  :  Être  en  bonne 
santé.  —  Même  image  dans  ça 
roule.  V.  Rouler. 

BOULOTTER  î  Prospe'rer, 
fructifier,  s'arrondir.  —  «  Voilà 
deux  cent  mille  francs  qui  ne 
rapporteront  rien...  Il  resterait 
donc  cent  mille  francs  à  faire 
boulotter.  »  (Balzac.) 

BOULOTTER  :  Assister.  (Vi- 
docq.) 

BOULOTTER  :  Manger.  (Hal- 
bert,  Rabasse.) 

BOUM  :  Cri  par  lequel  le  gar- 
çon de  café  annonce  qu'il  a  en- 
tendu l'ordre  du  consommateur. 
—  «  Ces  satanés  garçons!  Avez- 
vous  remarqué  quel  sourire  nar- 
quois ils  ont  presque  toujours 
sur  les  lèvres  lorsqu'ils  toisent  la 
pratique  et  surtout  l'habitué  !  Va, 
mon  bon  homme,  ont-ils  l'air  de 
dire...  abrutis-toi  dans  cette  at- 
mosphère délétère  d'alcool  et  de 
tabac.  Prépare -toi  une  précoce 
vieillesse...  Versez...  Boum!... 
Ce  boum!  lui-même  n'est-il  pas 
une  ironie?  Boum!  c'est  comme 
la  parodie  du  bruit  du  canon. 
Boum  !  cela  fait  penser  aux  grands 
carnages.  Boum!  boum!  Défiez- 
vous...  Le  café,  c'est  le  tueur  en 
détail!  »  (P.  Véron.) 

BOUQUINE  :  Barbe  poussant 
sous  le  menton  comme  celle  du 
bouc.  Une  mazarinade  de  1649 
{l'Illustre  barbe)  fait   un  crime 


y 

au    cardinal   de  sa  barbe  bouc- 
quine. 

BOURDON  :  Prostitué.  (Hal- 
bert.) 

BOURGEOIS  :  Bourg.  (Idem.) 

BOURGEOIS  :  «  Les  grands 
seigneurs,  si  toutefois  vous  vou- 
lez bien  en  reconnaître,  compren- 
nent dans  cette  qualification  de 
bourgeois  toutes  les  petites  gens 
qui  ne  sont  pas  nés.  —  Le  bour- 
geois du  campagnard,  c'est  l'ha- 
bitant des  villes.  — L'ouvrier  qui 
habite  la  ville  n'en  connaît  qu'un 
seul  :  le  bourgeois  de  l'atelier, 
son  maître,  son  patron.  —  Le 
bourgeois  du  cocher  de  fiacre  y 
c'est  tout  individu  qui  entre  dans 
sa  voiture.  Chez  les  artistes,  le 
mot  bourgeois  est  une  injure,  et 
la  plus  grossière  que  puisse  ren- 
fermer le  vocabulaire  de  l'atelier. 
Le  bourgeois  du  troupier,  c'est 
tout  ce  qui  ne  porte  pas  l'uni- 
forme. Quant  au  bourgeois  pro- 
prement dit,  il  se  traduit  par  un 
homme  qui  possède  trois  ou  qua- 
tre bonnes  mille  livres  de  rente.  » 
(Monnier,  1840.) 

BOURLINGUER  :  Avanceravec 
peine  dans  la  vie,  se  remuer  sur 
place.  Ce  terme  vient  de  la  ma- 
rine où  un  bâtiment  bourlingue 
lorsqu'il  lutte  inutilement  contre 
la  grosse  mer.  —  «  Dans  ce  pays 
que  j'ai  sillonné  dans  tous  les 
sens,  où  j'ai  bourlingué  déjà  pen- 
dant dix  ans.  »  (A.  Lecomte,  61.) 

BOURRICHON  (se  monter,  se 
charpenter  le)  :  S'illusionner,  se 
monter  la  tête.  —  a  As-tu  fini  ? 
Des  nerfs  !  Est-ce  à  ton  âge  qu'on 
se  charpente  le  bourrichon.  » 
(Monselet.)  —  «  Sylvia  :Tu  ne  te 
montes  pas  facilement  le  bour- 


BÔU 


-  58 


BOU 


richon,  mon  chéri .  —  Dorante  : 
Pas  si  pante.  »  (L.  de  Neuville.) 

BOURRIER  :  Ordure,  fumier. 
— Vieux  mot. — «Je  ne  suis  qu'un 
bourrier  de  la  rue.  »  (Balzac.) 

BOURRIQUE  (tourner  en)  : 
Abrutir.  —  «  C'est  ce  gueux  de 
Cabrion  qui  l'abrutit...  Il  le  fera 
bien  sûr  tourner  en  bourrique.  » 
(E.  Sue.) 

BOURSICOTER  :  Jouer  à  la 
Bourse.  —  Se  dit  aussi  pour  : 
amasser  une  petite  somme,  un 
boursicaut. 

BOURSICOTEUR,  BOURSI- 
COTIER, BOURSIER  :  Homme 
qui  joue  à  la  Bourse.  —  «  Bour- 
sier hardi,  coulissier  intrépide.» 
(Festeau.)  —  «  L'esprit  est  inu- 
tile à  un  boursicotier;  de  cœur, 
il  n'en  faut  pas  du  tout  ;  d'argent, 
on  peut  s'en  passer  au  besoin; 
mais  ce  qu'il  lui  faut  surtout  et 
avant  tout,  c'estde  l'audace,  beau- 
coup d'audace  et  une  certaine 
habileté  de  calculs  et  d'intrigues 
qui  lui  assure  toujours  un  gain, 
même  lorsque  des  événements 
imprévus  peuvent  lui  faire  subir 
une  perte.  »  (Boursicotiérisme.) 

BOURSICQTIÉRISME  :  «  Le 
boursicotiérisme  est  l'art  de 
jouer,  de  parier,  de  spéculer  en 
Bourse,  quelquefois  sans  argent, 
comme  sans  probité;  en  d'autres 
termes,  le  boursicotiérisme  est 
l'art  de  surprendre  habituelle- 
ment le  bien  d'autrui  par  un  en- 
semble de  moyens  non  prévus  par 
la  loi  ou  insaisissables  à  la  jus- 
tice. »  (Idem.) 

BOUSCAILLE    :  Boue.    (Vi- 
docq.)  Addition  de  finale. 

BOUSCAILLEUR  :  Balayeur. 


BOUSIN  :  Tapage. 

Quand  on  entend  le  refrain 

D'un  infernal  bousin, 
Cent  fois  pis  que  le  sabbat. 

[Chanson  des  canoti:rs.) 

BOUSIN  :  Maison  mal  i'aroée, 
lieu  de  débauche.  Mot  à  mot  : 
maison  de  bouse  ou  de  bciie.  — 
«  Cette  maison  est  un  vrai  bou- 
sin; pour  dire  qu'elle  es:  mal 
gouvernée  et  que  chacun  y  est 
maître.  »  (Dhautel,  1808.) 

BOUSINER  :  Faire  du  t:.page. 
du  bousin. 

BOUSINEUR  :  Tapageur,  fai- 
seur de  bousin.  —  «  Est-or  bou- 
sineur  dans  ce  bahut-ci  i  —  Pas 
trop;  le  sous-directeur  est  s  ivère! 

—  Ça  m' l'enfonce...  »  {Les  Insti- 
tutions de  Paris,  i858.) 

BOUSSOLE  :  Cerveau.  —  Il 
dirige  l'homme  comme  la  bous- 
sole dirige  le  navire  :  «  J'ai  ça  dans 
la  boussole.  Ainsi  ne  m'en  parlez 
plus.  »  (Vidal,  i833.) 

Perdre  la  boussole  :  Devenir 
fou. 

BOUSSOLE  DE  REFROIDI  : 
Fromage  de  Hollande,  dite  tête 
de  mort.  (Vidocq.)  —  Allusion  à 
la  boule  formée  par  ce  fror  lage. 

—  On  dit  aussi    :  boussole  de 
singe. 

BOUTANGE  :  Boutique.  (Hal- 
bert.).  —  Changement  de  finale* 

BOUT  D'HOMME  :  Tout  petit 
homme.  On  dit  aussi  bout  de 
c— 1.  (J.  Choux.) 

BOUTEILLE  :  Latrines.  Ter- 
me de  marine. 

BOUTERNE  :  «  La  bouierne 
est  une  boîte  vitrée  où  son:  ex- 


BOU  -  59 

posés,  aux  foires  de  villages,  les 
bijoux  destinés  aux  joueurs  que 
la  chance  favorise.  Le  jeu  se  fait 
au  moyen  de  huit  dés  pipés.  Il  est 
tenu  par  une  bouternière  qui  est 
le  plus  souvent  une  femme  de 
voleur.  »  (Vidocq.) 

BOUTERNIER  :  V.  ci-dessus. 

BOUTIQUE  :  »  Ce  n'est  pas 
une  chose,  c'est  un  esprit  de  né- 
goce, de  profits  troubles  et  de 
soigneuses  affaires,  qui  ne  recule 
devant  rien  pour  arriver  à  un 
gain  quelconque.  Il  y  a  la  bou- 
tique industrielle,  comme  la  bou- 
tique scientifique,  artistique  et 
littéraire.  »  (A.  Luchet.) 

BOUTIQUE  :  Maison  mal  te- 
nue, établissement  mal  adminis- 
tré. —  «  Quelquefois  le  piocheur 
employé  menace  de  quitter  la 
baraque  ou  la  boutique.  On  le 
retient,  on  le  décore.  »  (Balzac, 
1842.) 

BOUTIQUE  :  Ne  se  prend  pas 
toujours  en  si  mauvaise  part  que 
dans  l'exemple  précédent,  et  si- 
gnifie simplement  la  maison,  l'ad- 
ministration, le  parti.  —  «  Le 
portier  est  la  cheville  ouvrière 
de  la  boutique,  comme  on  ap- 
pelle le  théâtre  en  termed'argot.  » 
(De  Jallais,  1854.)  —  «  Dans  la 
polémique  politique,  il  y  a  deux 
grandes  divisions  :  la  polémique 
de  drapeau  (de  boutique  en  style 
plus  familier)  et  la  polémique 
individuelle.  «  (Joliet,  1860.) 

Il  est  de  la  boutique  :  Il  fait 
partie  de  la  maison,  de  l'admi- 
nistration ou  de  la  coterie. 

On  dit  d'une  femme  qui,  en 
tombant,  a  laissé  voir  trop  de 
choses,  qu'elle  a  montré  toute  sa 
boutique.  (Dhautel,  i8o8.) 


-  BOY 

BOUTIQUER  ;    Fagoter,  mal 

faire. 

BOUTIQUIER  :  Homme  à 

idées  rétrécies,   parcimonieuses. 

BOUTOGUE:  Boutique.  (Vid.) 

BOUTON  :  Pièce  de  20  francs. 
(Colombey. )  —  Allusion  de  forme 
et  de  couleur. 

BOUTONNER  :  S'abstenir  de 
ponter au  lansquenet.  Mot  à  mot: 
boutonner  sa  bourse.  —  a  Si  la 
ponte  boutonne  et  ne  s'allume 
pas,  il  faut  que  le  banquier  flatte, 
chatouille,  étrille.  »  (Alyge.) 

BOUZINGOT  :  «  A  la  révolu- 
tion de  Juillet,  les  romantiques 
se  divisèrent  en  bouzingots  et 
en  jeunes-France.  Les  premiers 
adoptèrent  l'habit  de  convention- 
nel, le  gilet  à  la  Marat  et  les  che- 
veux à  la  Robespierre;  ils  s'ar- 
mèrent de  gourdins  énormes,  se 
coiffèrent  de  chapeaux  de  cuir 
bouilli.  »  (Privât  d'Anglemont.) 

—  Du  mot  bousineur,   tapageur. 

—  Le  bouzingot  voulait  bousiner 
le  régime  de  i83o. 

Par  extension,  on  a  donné  en- 
suite le  nom  de  boupngot  à  tout 
homme  turbulent  en  actes  et  en 
paroles.  —  «  Décidément  ce  pein- 
tre est  un  mauvais  sujet,  un 
mal-appris,  un  bouzingot.  »  (A. 
Achard.) 

BOX  :  Stalle  d'écurie.  —  An- 
glicanisme .  — «  Ces  écuries  étaient 
organisées  à  l'anglaise  avec  des 
boxes  fort  confortables.  »  Mon- 
tépin.) 

BOXON  :  V.  Boc. 
BOYE  :  Gardien.  (Rabasse.) 
BOYE  :  Le  forçat  qui  fait  au 
bagne  l'office  de  bourreau,  est  le 


13  RA 


^  60 


BRE 


boye.  (M.  du  Camp.)  —  Vieux 
mot.  —  Rabelais  conte  dans  le 
voyage  de  Pantagruel  en  l'île 
des  Papefigues,  comment  ceux 
qui  ne  voulaient  pas  prendre  la 
figue  au  derrière  de  la  mule 
étaient  pendus.  Les  autres,  do- 
minés par  la  peur,  tirent  la  figue 
et  la  montrent  a  au  boye,  disant 
ecco  lo  fico.  » 

BRAG  :  Nom.  (Grandval.) 

BRAILLARDE  :  Caleçon  (Hal- 
bert.)  Ce  sont  nos  anciennes 
braies.  Débrailler  est  resté  dans 
la  langue  régulière. 

BRAISE  :  Argent.  —  Allusion 
à  sa  destination  de  première  uti- 
lité. Sans  braise,  on  ne  peut 
faire  bouillir  la  marmite.  —  «  Pas 
plus  de  braise  que  dans  mon  œil.» 
(Mornand.)  V.  Bille. 

Dans  son  Père  Duchêne,  Hé- 
bert appelle  l 'argent  de  sa  sub- 
vention la  braise  nécessaire  pour 
chauffer  son  fourneau.  (Vieux 
Cordelier,  éd.  de  1842,  p.  ii5.) 

BRANCARD  (vieux)  :  Vieille 
femme  galante.  —  Allusion  aux 
chevaux  de  selle  réformés,  qu'on 
met  au  brancard  comme  chevaux 
de  trait. 

BRANCHE  :  Ami  aussi  atta- 
ché qu'une  branche  à  l'arbre.  — 
«  Allons,  Panaris,  le  dernier 
coup,  ma  vieille  branche!  »  (J. 
Moinaux.) 

BRANCHER  :  Pendre.  (Vi- 
docq.)  Mot  à  mot  :  accrocher  à 
la  branche. 

BRANDILLANTE  :  Sonnette. 
(Vidocq.)  Allusion  au  battant  qui 
brandille. 

BRANQUE  :  Ane.  (Vidocq.  — 


Onomatopée   imitant    le   cri  de 
l'âne. 

BRAS,  BRASSE  :  Grand, 
grande.  (Halbert.) 

BRASER  DES  FAFI  ES  :  Fa- 
briquer de  faux  papiers.  (Colom- 
bey.) 

BRASSET  :  Gros.  (Idem.) 

BRAVE  :  Cordonnier.  —  Dans 
une  conférence  donnée  à  Meaux, 
M.  Guénin  a  donné  l'origine  du 
mot  :  —  «  C'était  à  l'époque  de 
la  Ligue.  Henri  de  Navarre  as- 
siégeait Paris.  La  popul  ition  ou- 
vrière venait  de  passer  jn  masse 
aux  Guise,  mais  les  corionniers, 
indignés  des  récents  laassacres 
de  la  Saint- Barthélémy,  refu- 
sèrent de  se  joindre  aux  ligueurs. 
Henri,  apprenantce refus,  s'écria: 
«  Les  cordonniers  sont  des  bra- 
ves! »  {Le  National,  18  )9.) 

BREDA- STREET  (Jame  ou 
habitante  de)  :  Femme  galante. 
—  Anglicanisme.  —  VAûe  en 
même  temps  que  la  ruj  Notre- 
Dame-de-Lorette,  la  rue  Breda 
avait,  pour  la  même  cause,  donné 
son  nom  aux  lorettes  eu  quar- 
tier. «  En  revanche,  nous  avons 
Breda-street,  le  berceau  de  la  lo- 
rette.  »  (Pélin.)  V.  Lorttte. 

BREDOCHE  :  Liard,  centime. 
(Colombey.) 

BRELOQUE  :  Pendule.  (Vi- 
docq.) —  Harmonie  imitant  le 
bruit  du  balancier. 

BRELOQUE  (battre  1 1)  :  Dé- 
raisonner. Allusion  aux  sons  bri- 
sés de  la  batterie  de  tambour 
dite  breloque,  qui  est  pa  ticuliè- 
rement  saccadée.  —  a  Ciel  !  papa 
bat  la  breloque.  »  {Rien:{  ,  1826.) 


ÊRI 


-  6i  - 


BRÎ 


BRÈMES  :  Cartes  à  jouer. 
(Grandval.)  —  Allusion  à  la  brè- 
me, poisson  blanc,  plat  et  court 

Maquiller  la  brème  :  Jouer  aux 
cartes,  travailler  la  carte. 

Persévérez  toujours  en  maquillant  la 
brème, 

Maquillez-la  sans  cesse  et  la  rema- 
quillez. (Alyge,  1854.) 

BRÈME  DE  PACQUELINS  : 
Carte  géographique.  Mot  à  mot  : 
carte  de  pays.  (V.) 

BRÉMEUR:  Joueur.  (Rabasse.) 

BREMMIER  :  Fabricant  de 
cartes.  (V.) 

BRENICLE  :  Non.  (Halbert.) 
—  Pour  bernique. 

BRÉSILIEN  :  Personnage  se- 
mant l'or  à  pleines  mains.  Ce 
terme  a  remplacé  celui  de  nabab, 
depuis  la  vogue  d'une  pièce  du 
Palais-Royal.  —  «  Un  étranger 
qui  a  réalisé  le  type  de  Brésilien 
rêvé  par  les  auteurs  dramati- 
ques. »  (F.  de  Rodays,  1875.) 

BRIC-A-BRAC  :  Marchandises 
d'occasion,  objets  antiques.  — 
a  Ces  travaux,  chefs-d'œuvre  de 
la  pensée,  compris  depuis  peu 
dans  ce  mot  populaire,  le  bric-à- 
brac.  »  (Balzac.) 

Bric-à-brac  :  Commerce  du 
bric-à  brac.  —  «  Le  fait  est  qu'au- 
jourd'hui le  bric-à-brac  est  une 
industrie  formidable,  que  le  gros 
marchand  de  bric-à-brac  possède 
jusqu'à  5oo,ooo  francs  de  mar- 
chandises. »  (Roqueplan,  1841.) 

Bric-à-brac  :  Marchand  de 
bric-à-brac.  —  «  Ce  voleur  de 
bric-à-brac  ne  voulait  me  don- 
ner que  quatre  livres  dix  sous.  » 
(Gavarni.) 


BRICABRACOLOGIE  î 

Science  du  bric-à-brac.  —  Re- 
marquons en  passant  qu'une  in- 
finité de  mots  sont  fabriqués  tous 
les  jours  par  le  même  procédé 
que  ce  laborieux  néologisme.  — 
((  Sans  célébrité  dans  la  bricabra- 
cologie.  »  (Balzac.) 

BRICARD  :  Escalier.  (Hal- 
bert.) 

BRICOLE  :  Petit  travail  mal 
rétribué. 

BRICOLER  :  «  M.  Jannier  bri- 
colait à  la  Halle,  c'est-à-dire  qu'il 
y  faisait  à  peu  près  tout  ce  qu'on 
voulait.  »  (Privât  d'Anglemont.) 
—  De  bricole  :  harnais  qui  fait 
de  Thomme  une  sorte  de  cheval 
bon  à  tout  traîner. 

BRICOLER  :  Faire  effort.  Mot 
à  mot  :  donner  un  coup  de  bri- 
cole. —  «  Et  bricolons  tout  plus 
vite  que  ça,  car  j'ai  les  pieds  dans 
l'huile  bouillante.  »  (Balzac.) 

BRICOLEUR  :  «  Les  bricoleurs 
sont  des  gens  actifs,  entrepre- 
nants, hardis,  qui  ne  reculent 
devant  aucun  travail,  qui  s'of- 
frent pour  tout  faire.  »  (Privât 
d'Anglemont.) 

BRICULE  :  Officier  de  paix. 
(Halbert.) 

BRIDE  :  Chaîne  de  montre. 
V.  Bobe. 

BRIDE  :  Chaîne  de  forçat. 

BRIDER  :  Fermer  (Vidocq.) 

BRIDER  :  Ferrer  un  forçat. 
(Colombey.; 

BRIDON  :  Méchant.  —  a  Le  toc 
est  un  bridon  de  gaye,  méchant 
cheval  qui  a  une  pogne  esquin- 
tante. »  (Rabasse.) 

4 


BRI 


-  62  - 


BRI 


BRIE.  —  Fromage  de  Brie.  — 
«  Un  morceau  du  brie  le  plus 
gras  de  la  boutique  de  la  frui- 
tière. »  (Ricard.) 

BRIGADIER  :  Gindre,  pre- 
mier garçon  boulanger.  Il  fait  le 
four  et  remplit  les  fonctions  de 
contre-maître.  (Vinçard.)  —  Ainsi 
nommé  à  cause  de  ses  trois  aides 
qui  forment  la  brigade. 

BRIGAND  :  Mot  d'amitié.  — 
Henri  Monnier  fait  dire  tendre- 
ment par  une  fille  à  son  clieyit  : 
—  «  T'as  chauffé  l'four,  pas  vrai, 
brigand  ?  Tes  n'en  ribote  ?...  J'con- 
nais  ça;  vu  qu'ça  m'arrive  en- 
core pus  souvent  qu'à  mon  tour.» 
(La  nuit  dans  le  bouge.) 

BRIMADE  :  Épreuve  vexatoire 
infligée  aux  nouveaux  de  l'École 
Saint-Cyr.  —  «  Point  de  ces  bri- 
mades, qui  ont  longtemps  dés- 
honoré Saint-Cyr.  »  (La  Bédol- 
lière.) 

BRIMER  :  Donner  une  bri- 
made. 

BRIMEUR  :  Faiseur  de  bri- 
mades. —  Dans  le  Dictionnaire 
Blesquin,  de  i6i8,  Brimare  si- 
gnifie bourreau. 

BRINDEZINGUES  (être  dans 
les)  :  Être  ivre.  Mot  à  mot  :  avoir 
trop  bu  à  la  santé  des  autres.  — 
«  Tiens,  toi,  t'es  déjà  dans  les 
brindezingues.  »  (Vadé,  1756.)  — 
Ce  termevient  du  vieux  mot  brin- 
de  :  toast.  —  a  Ces  grands  hommes 
firent  tant  de  brindes  à  vostre 
santé  et  à  la  nostre,  qu'ils  en  pis- 
sèrent plus  de  dix  fois.  »  {Lettre 
curieuse  envoyée  au  cardinal  Ma- 
:^arinpar  ses  nièces.  Paris,  i65 1 .) 

BRINGUE  :  Femme  de  mau- 
vaise tournure.  —  «  Allez  trouver 


votre  grande  bringue  de  femme.  » 
(Balzac.) 

BRINGUE  (mettre  en)  :  Bri- 
ser, mettre  en  morceau  c.  —  Ces 
deux  acceptions  du  moi  bringue 
sont  déjà  en  1808  dans  le  dic- 
tionnaire de  Dhautel. 

BRIQMANN  :  Sabre  de  cava- , 
lier.  (Halbert.)  —  C'est  Briquet, 
avec  changement  de  finale. 

BRIQMONT  :  Sabre  c'infante- 
rie.  (Idem.)  Même  origine. 

BRIO  :«  Le  brio,  mot  i:  alien  in- 
traduisable,  est  le  caractère  des 
premières  œuvres.  C'est  le  fruit 
de  la  pétulance  et  de  1 1  fougue 
intrépide,  du  talent  jeune,  pétu- 
lant, qui  se  retrouve  plus  tard 
danscertaines  heures  hei,  reuses.» 
(Balzac.)  —  «  Le  théâtre  qui  avait 
vu  le  luxe  et  le  brio  de  ses  pre- 
mières années.  »  {Physiologie  du 
théâtre,  1841.) 

BRIOCHE  :  Acte  sot  eu  mala- 
droit. V.  Boulette.  —  «  Ei  vous  al- 
liez me  faire  faire  une  so.tise,une 
brioche,  une  boulette,  d  (1826, 
Ancien  Figaro.) 

M.  Quitard  donne  à  ce  terme 
une  origine  historique  : 

Faire  une  brioche  :  «  C'est  faire  une 
faute  en  musique,  et  par  extension  en 
quelque  chose  que  ce  soit,  (^eite  ex- 
pression fut  introduite  à  l'époque  de 
la  fondation  de  l'Opéra  en  France.  Les 
musiciens  attachés  à  ce  théâtre  avaient 
imaginé  de  condamner  à  un-;  amende 
pécuniaire  celui  d'entre  eux  qui  man- 
querait aux  règles  de  l'har  nonie  en 
exécutant  sa  partition,  et  le  p  oduit  des 
amendes  était  destiné  à  l'acl  at  d'une 
brioche  qu'ils  devaient  manger  ensem- 
ble dans  une  réunion  où  les  amendés 
figuraient  ayant  chacun  u  le  petite 
image  de  ce  gâteau  suspen  lue  à  la 
boutonnière  en  guise  de  dccoration. 


BRI 


-  63 


BRO 


Un  tel  usage  ne  fut  pas  jugé  propre  à 
les  rendre  moins  fautifs  dans  leur  art, 
et  le  grand  nombre  de  repas  qu'il 
amena  ne  fit  pas  concevoir  une  haute 
idée  de  leur  talent.  Bientôt  ils  se  virent 
exposés  à  la  raillerie  du  public,  qui 
prit  le  mot  de  brioche  pour  synonyme 
de  faute,  bévue;  et  l'amour-propre 
alors  l'emportant  sur  la  friandise,  ils 
décidèrent  qu'ils  pourraient  faire  dé- 
sormais autant  de  brioches  qu'ils  vou- 
draient sans  être  obligés  d'en  payer  au- 
cune. »  (Dict.  des  proverbes.) 

BRIOLET  :  Piquette.  Mot  à 
mot  :  petit  vin  de  Brie.  —  C'était 
le  Suresnes  d'autrefois.  —  «  C'est 
du  vin  de  Brie,  il  fait  danser 
les  chèvres,  pour  dire  c'est  du 
vin  acre,  dur,  du  casse-poitrine.» 
(Caillot,  1829.) 

BRISACQ.UE  :  Bruit,  homme 
bruyant.  —  «  Vous  voulez  faire 
du  brisacque  ici.  Vous  êtes  un 
fameux  pistolet  encore.  »  (Mon- 
selet.) 

BRISANT  :  Vent.  (Vidocq.) 
Augmentatif  de  brise. 

BRISCARD  :  Vieux  soldat  à 
chevrons  (brisques).  —  «  Per- 
mettez-vous à  un  ancien,  un  vieux 
briscard  de  spahis,  une  petite 
critique  ?  »  (  Vie  parisienne,  1 86 1 .  ) 

BRISER  (se  la)  :  Fuir.  —  Abré- 
viation de  briser  la  politesse  (par- 
tir sans  prendre  congé).  — «  Dans 
le  beau  monde,  on  ne  dit  pas  : 
je  me  la  casse,  je  me  la  brise.  » 
(Labiche.)  V.  Trumeau,  Rigolo. 

BRISER,  BRISEUR,  BRI- 
SURE :  «  Les  briseurs  sont  tous 
Auvergnats  et  se  prétendent  com- 
merçants. Ils  s'entendent  pour 
inspirer  la  confiance  à  des  fabri- 
cants qu'ils  trompent  pour  une 
grosse  somme,  après  leur  en 
avoir  payé  plusieurs  petites.  Les 


marchandises  brisées  sont  reven- 
dues à  40  pour  100  de  perte,  et 
le  produit  de  la  brisure  est  placé 
en  Auvergne.  »  (Vidocq.)  —  Le 
briseur  est  ainsi  nommé  parce 
qu'il  se  la  brise  dès  qu'il  a  fait 
son  coup. 

BRISQUE  :  Galon  indiquant 
le  grade  ou  l'ancienneté  dans 
l'armée.  —  Un  fourrier  a  quatre 
brisques  sur  les  manches.  —  Une 
vieille  brisque  est  le  synonyme  de 
un  vieux  briscard.  •—  «  Ces  vieux 
sous-officiers  à  brisques  qui  nous 
dressaient  à  la  discipline.  »  (St- 
Genest,  1875.) 

BRISQUES  :  As  et  figures  du 
jeu  de  cartes.  Ce  sont  les  gradés 
de  l'armée  des  cartes 

BROBÈCHE  :  Liard,  centime. 
(Colombey.) 

BROC  :  Liard.  (Grandval.) 

BROCANTE  :  Objet  sans  va- 
leur. 

BROCANTE  :  Troc  de  mar- 
chandises de  hasard.  —  «  Je  vais 
faire  des  brocantes.  »  (Balzac.) 

BROCHET  :  Souteneur.  — 
Encore  un  nom  de  poisson.  Nous 
en  verrons  bien  d'autres.  V.  Mac. 
—  a  Les  brochets  sont  aujour- 
d'hui fort  connus  par  la  police.  » 
(Stamir,  1867.) 

BRODANCHER  :  Broder.  (Vi- 
docq.) Changement  de  finale. 
V.  Ravignolé. 

BRODER  :  Écrire.  (Idem.)  Al- 
lusion au  va-et-vient  de  la  plume. 

BRODEUR  :  Écrivain.  (Idem.) 

BROQUILLE  :  Chose  sans  va- 
leur. (Halbert.)  Mot  à  mot  :  ne 
valant  pas  plus  d'un  broc. 


BRO  —  64 

Bague.  (Hal 


BRU 


BROQUILLE 

bert.) 

BROQUILLE  :  Minute.  (Ce  di- 
minutif du  vieux  mot  broqiie  (pe- 
tit clou,  broche)  fait  sans  doute 
allusion  au  petit  signe  indiquant 
la  minute  sur  un  cadran. 

BROQUILLEUR  :  Voleur 
ayant  pour  spécialité  de  voler  les 
bijoutiers  en  substituant  du  strass 
au  diamant  (Colombey.)  —  Le 
strass  n'est  qu'une  broqiiille. 

BROSSE  :  Formule  négative 
qui  veut  dire  :  non,  rien.  — 
«  Brosse  pour  lui  !  Zut  pour  lui  ! 
Fallait  pas  qu'y  liche.  »  (A.  Da- 
lès.) 

Dès  1808,  on  disait  :  Ça  fait 
brosse,  pour  :  Rien  pour  toi! 
tout  est  brossé.  (Dhautel.)  — 
Une  caricature  de  Machereau, 
publiée  en  i83o,  porte  cette  le'- 
gende  :  a  Linge  sale  de  M.  de 
Bourmont.  Clinge  sale-là,  père 
±scobard,  y  f  chausserait  bien; 
mais  ça  f  fait  brosse,  y  sera 
trop  beau  pour  nos  blessures.  » 

BROSSÉE  :  Grêle  de  coups, 
défaite.  —  a  Les  Turcs  ont  reçu 
une  brossée.  »  (Ricard.) 

BROSSER  :  Battre.  Mot  à  mot: 
brosser  de  coups. 

BROSSER  LE  VENTRE  (se)  : 
Se  passer  de  manger.  Mot  à  mot  : 
se  brosser  le  ventre  pour  lui  faire 
oublier  l'heure  du  repas.  —  «  Le 
régiment  a  pris  le  café  ce  matin, 
mais  le  colonel  s'est  brossé  le 
ventre.  »  {Commentaires  de  Lo- 
riot.) —  «  Et  nous  autres?  Ah! 
nous  autres,  nous  nous  brossons 
le  ventre.  »  (Sarcey.) 

Pris  souvent  au  figuré  pour  se 
passer   de    n'importe   quoi.    — 


«  Vous  brosser  le  vent  e  faute 
d'un  éditeur.  »  (Comme  son.) 

On  dit  plus  simplenent  se 
brosser.  —  «  On  dit  qu'il  espère 
avoir  la  croix...  il  sera  forcé, 
cette  année,  de  se  brosser  la  bou- 
tonnière. »  (1866,  Vie  pari- 
sienne.) 

BROUÉE  :  Correction.  (Hal- 
bert.)  Mot  à  mot  :  action  de 
broyer. 

BROUILLARD  (être  d  ms  le): 
avoir  l'œil  troublé  par  1  ivresse. 

BROUILLARD  (Chasser  le)  : 
Boire  un  verre  d'eau-de--v  ie  dont 
la  chaleur  combat,  dit-)n,  les 
mauvais  effets  de  l'humi  iité. 

On  dit  tuer  le  ver  par  in  mo- 
tif analogue;  l'alcool  pris  à  jeun 
passe  pour  causer  de  vivjs  con- 
trariétés aux  helminthes  et  aux 
ascarides  vermiculaires. 

Ces  deux  termes  peuvent  être 
considérés  comme  une  £llusion 
ironique  aux  prétextes  hygiéni- 
ques des  buveurs  d'alcool. 

-BROUILLÉ  AVEC  LE  DIREC- 
TEUR DE  LA  MONNAIE  (être)ï 
Être  sans  argent.  —  L'ire  nie  n'a 
pas  besoin  d'explication. 

BROUSSAILLE  (chevei  x  en)  : 
Cheveux  hérissés,  mêlés  comme 
les  branches  d'une  brou  isaille. 

BROUTA  :  Discours.  —^  Du 
nom  d'un  professeur  de  l'École 
de  Saint-Cyr,  doué  d'une  certaine 
facilité  d'élocution.  Ce  qvi  a  fait 
le  verbe  broutasser  :  discourir,  et 
le  substantif  broutasscur,  iiscou- 
reur. 

BRUCE  :  Serrurier.  Di  vieux 
mot  bruger  :  frapper,  heurter. 
La  même  allusion  se  retrouve 
dans  tape  dur. 


BRU 


—  65  - 


BRU 


BRUGERIE  :  Serrurerie. 
Jdem.) 

BRULAGE  :  De'confiture.  — 
«  C'est  un  brûlage  général.  » 
(Balzac.) 

BRULE-GUEULE  :  Pipe  dont 
le  tuyau  écourté  brûle  les  lèvres 
du  fumeur.  —  «  Ils  ont  un  brûle- 
gueule  à  la  bouche  qui,  en  leur 
enfumant  toute  la  figure,  leur 
procure  une  haleine  insuppor- 
table. »  {Caricatures  politiques, 
an  VI.)  «  Une  de  ces  pipes  cour- 
tes et  noires  dites  brûle-gueule.  » 
(Banville.) 

BRÛLÉ  :  Fini.  —  «  Comment 
sommes-nous  avec  le  boulanger? 

—  M'sieur,  le  boulanger  est  brûlé, 
il  demande  un  à-compte.  » 
(Champfleury.)  C'est-à-dire  :  le 
boulanger  est  brûlé  comme  cré- 
diteur. 

BRÛLÉ  :  Démasqué.  —  «  Le 
grec  brûlé  prend  son  parti  leste- 
ment, et  va,  sous  un  autre  nom 
nobiliaire,  se  faire  pendre  ail- 
leurs. »  (Mornand.) 

BRÛLÉE  :  Correction  plus 
forte  que  la  brossée.  Elle  brûle 
celui  qui  en  porte  les  marques. 

BRULER  :  «  Messieurs,  j'en 
brûle  huit!  Traduction  :  mes- 
sieurs, je  retire  du  jeu  les  huit 
premières  cartes  qui  par  consé- 
quent ne  serviront  pas.  »  (Ca- 
vaillé.) 

BRULER  :  Se  dit  d'un  cocher 
qui  en  dépasse  un  autre. 

BRULER  :  Être  tout  près  de 
deviner  la  vérité  qu'on  cherche. 

—  a  Olivier.  Ah  !  je  crois  que  je 
brûle,  comme  on  dit  aux  petits 
jeux.  Est-ce  que  M.  de  Nanjac... 


—  Su^^cmtie.  Vous  rêvez.  »  (Du- 
mas fils,  le  Demi-Monde.) 

BRULER  LE  PÉGRIOT  : 

Effacer  la  trace  d'un  vol.  (Hal- 
bert.) 

BRULER  LA  POLITESSE  : 
S'esquiver  sans  faire  la  politesse 
d'un  adieu.  —  a  Quand  il  nous 
met  à  l'ombre,  c'est  que  nous 
avons  brûlé  la  politesse  à  la  con- 
signe. »  (J.  Arago,  i838.) 

BRULER  UNE  (en)  :  Fumer. 
Mot  à  mot  :  brûler  le  tabac  d'une 
pipe. 

BRULOT  :  Mélange  de  sucre 
et  d'eau-de-vie  brûlée.  —  «  Au 
café,  c'est  avec  bonheur  qu'ils 
cassent  les  tasses  où  ils  allument 
leur  brûlot  quotidien.  »  (R.  de 
La  Barre.) 

BRULER  LES  PLANCHES  : 
Jouer  avec  beaucoup  de  feu.  Ne 
se  dit  qu'au  théâtre.  —  «  M^i*  Be- 
retta  brûle  les  planches  de  l'Opé- 
ra. »  (De  Boigne,  1857.) 

BRULEUR  DE  PLANCHES  : 
Acteur  jouant  avec  feu.  —  «  Le- 
ménil  était  ce  qu'on  appelle  en 
argot  de  coulisses,  un  brûleur  de 
planches.  »  (P.  Véron.) 

BRUTAL  :  Canon. —  Allusion 
au  grondement  de  son  tir.  — 
«  As-tu  entendu  ronfler  le  'oru- 
tal?  »  (Dhautel.)  —  «  Une  déto- 
nation se  fit  entendre.  —  Tiens, 
dit  Pierre,  voilà  déjà  le  brutal 
qui  chante.  »  (Ricard.)  V.  Invalo. 

BRUTIUM  :  Elevé  du  prytanée 
de  la  Flèche.  C'est  aussi  le  pry- 
tanée lui-même. — Latinisme  dont 
l'origine  nous  est  inconnue.  Voir 
Volaille: 

BRUTUS  :  Bretagne  (Halbert.) 


BUE 


-  66  — 


BUT 


Changement   de   deux  voyelles. 

BU  :  Complètement  ivre.  Mot 
à  mot  :  imbibé  de  boisson.  —  Au 
moyen  âge  on  disait,  sans  abré- 
ger, oultrebeu  (outrebu),  —  «  Le 
pochard  n'est  pas  encore  un  hom- 
me complètement  bu.  »  (Ladi- 
mir,  1845.)  —  a  C'est  pas  gentil, 
que  j'dis,  c'que  tu  fais  là,  d'au- 
tant qu't'es  pas  bu.  »  (H.  Mon- 
nier.) 

BUCÉPHALE  :  Cheval  bon  ou 
mauvais.  Allusion  ironique  au 
cheval  d'Alexandre.  —  «  Bucé- 
phale,  le  cheval  d'Alexandre,  dont 
le  nom  nous  sert  à  désigner  les 
chevaux  de  parade,  et  aussi,  par 
ironie,  ceux  qu'on  appelle  vul- 
gairement des  rosses.  »  (Rozan.) 

BUCHE  (temps  de):V.  Pioche. 

BUCHE  PLOMBANTE  :  Allu- 
mette chimique.  (Vidocq.)  Mot  à 
mot  :  brin  de  bois  sentant  mau- 
vais. —  Bûche  est  dit  par  ironie. 
V.  Plomber. 

BUCHER  :  Travailler.  —Du 
vieux  mot  buscher  :  fendre  du 
bois.  —  a  Moïse  est  un  fameux 
travailleur;  il  bûche  comme 
quatre  à  lui  tout  seul.  »  (M.  Per- 
rin.) 

BUCHER  :  Battre.  (Dhautel.) 

r  vient  pour  me  bûcher  : 
Moi,  je  r  fais  trébucher. 

{Chansons^  Avignon,  181 3.) 

BUCHERIE  :  Combat,  lutte 
acharnée. 

BUCHEUR  :  Travailleur  as- 
sidu, bûchant  avec  amour. 

BUEN-RETIRO  :  Endroit  pro- 
pice, et  quelquefois  par  ironie  : 


lieux   d'aisances.  Mot  à   mot  ; 
bonne  retraite.  Ibérisme. 

Sous  l'empire  d'un  p'tit  malaise 

Je  cherchais,  pour  me  mettre  a  l'aise, 

Un  certain  buen-retiro.  (Tantôt.) 

BUQ.UER  :  Voler  dans  une 
boutique  en  demandant  de  hi 
monnaie-  (Vidocq.) 

BUREAU  ARABE  :  En  Afri- 
que, du  vin  avec  du  sucre  s'appelle 
un  état-major.  De  l'absintlie  mê- 
lée avec  de  l'orgeat,  s'appelle  : 
un  bureau  arabe. 

BURLIN  :  Bureau.  —  Change- 
ment de  finale.  V.  Parrain. 

BUSARD,  BUSE,  BUS ON  : 
Inintelligent,  obtus,  com  ne  la 
buse  qui  est  le  plus  couard  des 
oiseaux  de  proie.  —  «  Et  il  ne 
sera  pas  béotien  et  buson  ccmme 
toi.  »  (Ricard.) 

BUSTINGUE  :  Hôtel  i;arni. 
(Halbert.) 

BUTE,  BUTTE  :  Guinotine.— 
Elle  butte  les  gens.  —  «  Tu  n'es 
qu'un  lâche.  Avec  toi,  on  va 
tout  droit  à  la  butte.  »  (Canler.) 
V.  Tine. 

Monter  à  la  butte  :  Monter  à 
réchafaud.  (Ra basse.) 

BUTÉ  (être)  :  Être  guillotiné. 

BUTTER  :  Tuer,  assassiner. 
—  C'est  le  vieux  mot  buter  : 
frapper,  renverser,  qui  a  fai  i  cul- 
buter dans  la  langue  usuelle.  — 
«  Voilà  donc  une  classe  d'indivi- 
dus réduite  à  la  dure  extrémité 
de  travailler  sur  le  grand  tri:nar, 
de  goupiner,  de  faire  le  bog  et  le 
blavin,  de  butter  même  s'il  en 
était  besoin.  »  (5o,ooo  vo  eurs 
de  plus  à  Paris,  3o.)  —  «  ^■oilà 


CAB  -  6-j  -  CAB 

sassin,  bourreau.  (Rabasse.) 

BYRONIEN  :  D'allures  à  la 
Byron,  poétiquement  inspirées. 
V.  Tartine, 


pour  butter  le  premier  rousse, 
dit-il  en  montrant  un  couteau.  » 
(Canler.) 
BUTEUR,   BUTTEUR  :  As- 


o 


C  (être  un)  :  Être  un  imbécile.  ' 
(Grandval.)  Abréviation  de  c-o-n. 

—  Au  moyen  âge,  on  disait  ca- 
nard dans  le  même  sens.  V.  La- 
combe,  Dictionnaire  du  vieux  lan- 
gage. —  Connerie  (stupidité),  et 
comtois  (niais),  sont  de  la  même 
famille. 

ÇA  (c'est).  UN  PEU  ÇA  (c'est)  : 
C'est  superlatif.  —  «  Ils  sont  laids 
que  c'est  ça.  »  (Pecquet.)  —  «  C'é- 
tait ça,  presque  aussi  bath  qu'au 
café.'  »  (Monselet.)  —  «  On  me 
cognait,  mais  c'était  ça.  »  (Zom- 
pach.)— «  Restez,  gendarme,  mais 
ne  remuez  pas  trop,  car  vous  avez 
rinfirmitédes  piedsque c'est  ça.» 
{Dernier  jour  d'un  condamné.) 

—  «  S'il  tournait  une  phrase  de 
manière  à  lui  donner  de  l'effet, 
les  tricoteuses  applaudissaient  et 
s'écriaient  :  Là,  c'est  ça!  »  (Lady 
Morgan,  i8.) 

ÇA  (il  a  de)  :  Il  a  de  l'origina- 
lité, du  talent,  du  génie. 

ÇA  (Il  a  de)  :  Il  est  riche.  — 
En  disant  ce  mot,  on  fait  ordi- 
nairement le  geste  de  compter. 

ÇA  (elle  a  de)  :  Elle  est  riche 
d'appas. 

CAB  :  Cabriolet  à  l'arrière  du- 
quel conduit  le  cocher.  —  a  Là, 
il  déjeuna  à  la  hâte  et  demanda 


un  cab.  »  (Ponson  du  Terrail.)  — 
Anglicanisme. 

CAB,  CABOT,  CABE  :  Chien. 
(Grandval.)  —  Contraction  abré- 
gée des  deux  mots  :  qui  aboie. 
Les  voleurs  ont,  comme  ils  le 
font  souvent,  donné  le  nom  de 
l'acte  à  l'acteur.  Au  lieu  de  dire 
le  chien,  ils  ont  dit  :  le  qui  aboie 
et  en  abrégeant  :  le  qu'abe ,  le 
qu'abo.—Co.  procédé  est  fréquent. 
Voyez  Calvin,  Combre. 

CABAS  :  Femme  avachie.  — 
On  dit  :  c'est  un  vieux  cabas.  Le, 
mot  appartenait  déjà  à  l'ancienne-, 
langue  provençale.  En  catalan,, 
on  dit  caba:{;  en  espagnol,  ca- 
pa^o;  en  italien,  cabaco. 

CABASSER  :  Tromper.  (Co- 
lombey.)  —  Vieux  mot. 

CABERMONT  :  Cabaret  (Vi- 
docq.)  —  Corruption  de  mot  par 
changement  de  finales.  V.  Pro- 
mont. 

CABESTAN  :  Agent  de  police 
(Viùocq.)  —  Officier  de  paix.  (Del- 
vau.)  V.  Macaron. 

CABILLOT  :  «  L'ennemi  na- 
turel du  matelot,  c'est  le  soldat 
passager,plussouventnomméca- 
billot,  à  cause  de  l'analogie  qu'on 
peut  trouver  entre  une  demi- 
douzaine  de  cabillots  (chevilles) 


CAB 


-  68  - 


CAC 


alignés  au  râtelier  et  des  soldats 
au  port  d'armes.  »  (Physiologie 
du  matelot,  4.3.) 

CAB,  CABOT  :  Mauvais  ac- 
teur. —  Abréviation  de  cabotin. 

CABOTINAGE  :  C'est  le  mau- 
vais côté  de  la  vie  de  comédien. 
—  «  La  comédie  de  société,  cet 
élégant  cabotinage.  »  (Villemot.) 

CABOTINE  :  Actrice  médio- 
cre ou  nomade.  —  «  L'actrice, 
sage  ou  non,  est  pour  eux  une 
cabotine.  »  (Ricard.)  V.  Cabot i- 
ner.  —  Le  ^dictionnaire  de  l'Aca- 
démie donne  Cabotin. 

CABOTINER  :  Faire  le  métier 
de  cabotin,  fréquenter  les  cabo- 
tins, et,  par  extension,  dans  n'im- 
porte quelle  classe,  tomber  dans 
les  désordres  de  la  vie  d'artiste 
sans  en  avoir  le  beau  côté.  —  Un 
petit  roman  de  l'an  VII  (les  Co- 
médiens Ambulants),  nous  donne 
l'étymologie  du  mot  dans  ce  pas- 
sage :  a  Je  parle  des  troupes  de 
comédiens  qui  sont  obligés  de 
courir  de  ville  en  ville,  et,  pour 
me  servir  de  la  véritable  expres- 
sion, de  cabotiner.  »  Ce  métier  de 
courir  de  ville  en  ville  donnelaclef 
du  mot.  Le  cabotin  est  à  Vartiste 
ce  qu'un  navire  caboteur  est  à 
une  frégate.  —  «  Il  a  l'air  artiste; 
dans  sa  jeunesse  il  a  tant  soit 
peu  cabotine;  mais  il  a  renoncé 
à  Satan,  à  ses  pompes  et  à  ses 
œuvres.  »  (Privât  d'Anglemont.) 

CABOULOT  :  «  Le  caboulot  est 
un  petit  café  où  l'on  vend  plus 
spécialement  des  prunes,  des  chi- 
nois et  de  l'absinthe.  »  (A.  d'Au- 
nay,  61.)  Une  monographie  des 
Caboulots  de  Paris  a  paru  en 
1862.  C'est  aussi  un  cabaret  de 
premier  ordre.  V.  Camphrier. 


CABRIOLE  :  chambrée  (Ra- 
basse.)  —  Forme  de  ce  nbriolt. 

CABRIOLET  :  Hotte  de  chif- 
fonnier. —  Ironie.  Le  ch'  lïbnnier 
roule  (marche)  avec  son  rabriolet 
comme  le  fantassin  part  à  cheval 
sur  A^or.  V.  Cachemire  d'osier. 

CABRIOLET  :  Cha-eau  de 
femme.  —  Date  du  temj  s  où  sa 
forme  haute  ressemblait  assez  à 
la  capote  d'un  cabriolet. 

CABRIOLET  :  Petite  corde 
courte  terminée  par  une  double 
poignée.  —  «  Lorsqu'or  ne  li- 
gotte  pas  un  malfaiteur,  il  y  a 
a  le  cabriolet  qui  sert  i  le  te- 
nir par  le  poignet  droit.  »  (Ra- 
basse.) 

CACHEMIRE:  Torchon.— 
Ironie.  On  dit:  «Donnez  in  coup 
de  cachemire,  »  pourcc  essuyez  la 
table!  » 

CACHEMIRE  D'OSIER  :  Hotte 
de  chiffonnière.  —  «Lorsq  levoùs 
voyez  un  de  ces  braves  philo- 
sophes des  faubourgs  sortant 
crânement  son.  cabriolet  sur  le 
dos,  ou  une  pauvre  femn  e  piiée 
sous  son  cachemire  d'osier ,  vous 
ne  pouvez  vous  figurer  tout  ce 
que  renferment  ces  hottes  plei- 
nes. »  (Privât  d'Anglemc  nt.  — 
Cette  ironie  devait  naître  c  ans  le 
monde  des  chitfonnières  )ù  les 
femmes  déchues  ne  marquent 
pas.  La  hotte  se  met  comme  le 
cachemire  sur  le  dos. 

CACHE  MIT  TE  :  Cichot. 
(Grandval.)  —  Les  rongeurs  n'y 
manquent  pas.  C'est  un  eu  de 
mots  avec  changement  de  inaie. 

CACIQUE  :  «  C'était  le  emps 
où  Taine  était  un  cacique,  c'est-à- 
dire  le  premier  de  sa  section  à 


>     CAD  ~  6() 

l'École  normale.  »  (D'Audigier, 
66.) 

CADAVRE  :  Preuve  d  une  ac- 
tion répréhensible.  —  On  dit  :  // 
y  a  un  cadavre,  en  parlant  de 
deux  personnes  dont  les  relations 
ne  s'expliquent  pas  et  qu'on  sup- 
pose liées  par  leur  complicité 
dans  quelque   mauvaise  action. 

—  Savoir  où  est  le  cadavre  est 
posséder  la  preuve  de  cette  mau- 
vaise action.  ~  «  P...  n'a  plus 
qu'à  se  taire.  On  sait  où  est  le 
cadavre.  Chaque  fois  qu'il  vou- 
dra prendre  la  parole^on  s'écriera  : 
a  Et  le  débit  de  tabac?  » 

(A.  Scholl.) 

CADAVRE  :  Corps  vivant.  — 
Nourrir  son  cadavre,  c'est  man- 
ger. —  Ironie  à  l'adresse  des  as- 
cètes. 

CADELLE  :  Chaîne  de  montre. 
(Rabasse.)  —  Forme  moderne  de 
Cadenne. 

CADENNE  :  Chaîne.  (Vidocq.) 

—  Vieux  mot  où  se  retrouve  le 
latin  Catena. 

CADET  :  Derrière. 


Sur  un  banc  elle  se  met. 
C'est  trop  haut  pour  son  cadet. 

(Vadé,  1756.) 

CADET  :  Pince  en  fer  pour 
forcer  les  portes  (Grandval.)  Voir 
Caroubleur 

CADET  :  Apprenti  maçon. 

CADET  :  Individu.  —  Pris 
en  mauvaise  part.  Jadis  le  cadet 
n'avait,  dans  le  monde,  qu'une 
considération  proportionnée  à  sa 
fortune,  qui  était  nulle.  —  «  Le 
cadet  près  de  ma  particulière  s'as- 
soit sur  r  banc.  »  (Le  Casse- 
Gueule,  chanson,  14.)  ~  Une  ca- 


CA? 

ricature  de  i83o  porte  cette  lé- 
gende :  «  C'est  de  fameux  cadets. 
Ils  ont  trouvé  moyen  de  faire  de 
la  panade  avec  du  pain.  » 

CADICHON  :  Montre.    (Vi- 
docq.) Diminutif  de  Cadran. 

CADRAN  :  Montre.  —  Partie 
prise  pour  le  tout. 

CADRAN  SOLAIRE,  CADRAN 

LUNAIRE  :  Derrière. --Allusion 
à  la  forme  ronde  du  cadran.  Voir 
Lune. 

Est-ce  l'apothicaire 
Qui  vient  placer  l'aiguille  à  mon  ca- 
dran lunaire  ? 

(Parodie  de  Zaïre,  xvni«  siècle.) 


CAFARDE   :  Lune.    (Vidocq.) 

—  C'est  la  lune  voilée  se  dissimu- 
lant derrière  un  nuage  avant 
d'être  la  Moucharde,  c'est-à-dire 
de  dévoiler  un  homme  qui  fait 
un  mauvais  coup. 

CAFARDER  :  Faire  l'hypo- 
crite, le  cafard.  —  «.  En  sorte  qu'il 
cafarde  avec  sa  malade.»  (Balzac.) 

—  Cafard  est  un  mot  déjà  an- 
cien, comme  le  prouve  cet  exem- 
ple :  «  Un  cafard  qui  eust  oublié 
en  son  sermon  soy  recomman- 
der. »  (Rabelais,  Pantagruel, 
V.  4.  ch.  XLVI.) 

CAFE  (fort  de),  FORT  DE 
CHICORÉE,  FORT  DE  MOKA  : 
Excessif,  peu  supportable. —  On 
sait  quelle  irritation  le  café  trop 
fort  cause  dans  le  système  ner- 
veux. La  chicorée  jouit  des  hon- 
neurs peu  mérités  du  synonyme. 
Il  semble  qu'ici,  comme  dans  le 
café  du  pauvre,  elle  tient  à  en- 
trer en  fraude.  En  revanche,  on 
sait  que  le  moka  tient  le  haut 
de  l'échelle. —  «  On  dit  :  c'est  un 
peu  fort  de  café,  pour  exprimer 


CAG 


-  70 


CAL 


que  quelque  chose  passe  les  bor- 
nes. »  (Dhautel.)  ■—  «  Oh!  oh! 
dirent  Schaunard  et  Marcel,  ceci 
est  trop  fort  de  moka.  »  (Murger.) 
— «S'unira  un  autre!  c'est  un  peu 
fort  de  chicorée.  »  (Cormon.) 

CAFÉ  (prendre  son)  :  Rire,  se 
moquer.  —  Honnorat,  dans  son 
Dictionnaire  provençal,  donne 
comme  méridionale  l'expression 
prendre  soun  café  :  S'amuser  aux 
dépens  de  quelqu'un.  —  Un  des- 
sin de  Bertall  fait  dire  à  une  bonne 
poursuivie  par  un  troupier  ga- 
lant :  — «Ah  !  fusilier,  vous  vou- 
lez prendre  votre  café.  » 

CAFIOT  :  Café  faible.— «  Elle 
restait  là  tant  que  je  n'avais  pas 
mangé  mon  petit  cafiot.  »  {Com- 
mentaires  de  Loriot,) 

CAGETON  :  Hanneton.  (Hal- 
bert.) 

GAGNE  :  Mauvaise  chienne, 
mauvais  cheval  et  par  extension 
personne  lâche.  Vieux  mot.  Voir 
Rosse. 

GAGNE  :  Gendarme.  (Colom- 
bey.)  —  Pour  Cogne. 

CAGNOTTE  :  «  Espèce  de  tire- 
lire d'osier  recevant  les  rétribu- 
tions des  joueurs.  »  (Montépin.) 
V Intermédiaire  de  mars  1866  y 
voit  avec  raison  une  corruption 
du  mot  gagnotte.  Mot  à  mot  : 
lieu  où  se  dépose  ce  qu'on  gagne. 
—  «  Le  lansquenet  brille,  la  ca- 
gnotte est  dans  son  plein.  »  (Les- 
pès.) 

Faire  une  cagnotte  :  Mettre  bs 
gains  du  jeu  en  réserve  pour  une 
dépense  profitable  à  tous. 

CAG  OU  :  VolatBT  solitaire. 
(Grandval.) 


CAGOU  :  Maître  voleur  chargé 
d'instruire  les  novices,  ((^olom- 
bey.) 

CAILLÉ  :  Poisson.  Mot  à  mot; 
couvert  d'écaillés.  Autre  rois  on 
disait  caille  et  non  écaille. 

CAILLOU  :  Figure.  (Rabasse.) 

—  Allusion  d'ovale  et  de  blan- 
cheur. 

CAïMAN  :  Mendiant.  —  Vieux 
mot.  La  langueusuelle  a C(  nservé 
quémander. 

Puisque  pauvre  et  caimande  on  voit  la 
poésie. 

(Régnier,  Satire  4.) 

CAISSE  (battre  la  grosse)  : 
Louer  très-bruyamment.  —  Al- 
lusion aux  bateleurs  qui  attirent 
leur  public  à  coups  de  grosse 
caisse.  —  a  II  faut  qu'Artémise 
réussisse...  C'est  le  cas  de  conner 
de  la  grosse  caisse  à  se  déman- 
cher le  bras.  »  (L.  Reybaud.)  — 
OnditsimplementèaWreZa  caisse 
pour  :  faire  des  annonces. 

CAISSE  (sauver  la)  :  S'enfuir 
avec  les  fonds  dont  on  est  dépo- 
sitaire. —  A  la  mode  depuis  le 
fameux  mot  de  Bilboquei  dans 
la  pièce  des  Saltimbanques  :  Sau- 
vons la  caisse  !  —  «  Mais  j'en  tends 
du  bruit  dans  le  bazar;  sauvons 
la  caisse.  »  (Villars.)  —  a  <3n  a 
des  nouvelles  de  Miron  qui  avait 
sauvé  la  caisse.  »  (Claretie.) 

CAISS  O  N  (faire  sauter  le)  : 
Faire  sauter  la  cervelle  d'un  coup 
de  feu,  comme  un  caisson  plein  de 
munitions.  —  «  Quelle  mort  pré- 
férez-vous?... Faites-moi  s;  uter 
le  caisson.  »  (P.  Borel,  33.) 

CALABRE  :  Teigne.  (Hait  ert.) 

—  C'est  calot  avec  changement 
de  finale. 


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—   71 


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CALAIN  :  Vigneron.  (Halbert.) 

—  Ce  doit  être  une  mauvaise  lec- 
ture pour  Calvin. 

CALÉ  :  Riche.  —  Le  terme 
vient  évidemment  de  la  marine. 
Etre  calé,  c'est  avoir  assez  de 
biens  pour  en  remplir  sa  cale  ou 
sa  maison.  Donné  en  1808  par 
Dhautel.  —  «  Les  jours  gras! 
Dans  cette  saison,  les  plus  calés 
sont  quelquefois  gênés.  »  (E.  Sue.) 

—  «  Je  crois  que  nous  aurons 
du  joli   monde...  des  calés.  » 
(Jaime.) 

CALEBASSE  :  Tête.  —  Allu- 
sion de  forme.  —  «  Faudrait  pas 
gros  de  sens  commun  pour  rem- 
plir une  calebasse  comme  ça.  » 
(Gavarni.) 

CALÉGE  :  Prostituée  élégante. 

—  «  La  calége  vend  très-cher  ce 
que  la  ponante  et  la  dossière  li- 
vrent à  des  prix  modérés.  Sa  toi- 
lette est  plus  fraîche,  ses  manières 
plus  polies.  Elle  a  pour  amant 
un  faiseur  ou  un  escroc,  tandis 
que  les  autres  sont  associées  avec 
un  cabriolleur  ou  à  un  roulo- 
tier.  «  (Vidocq.)  Calége  vient  de 
cale,  qui  signifiait  grisette  au 
xvii"  siècle.  —  «  Gombault,  qui 
se  piquait  de  n'aimer  qu'en  bon 
lieu  ,  cajolait  avec  une  petite 
cale  crasseuse.  »  (Tallemant  des 
Réaux.) 

CALER  :  Faire.  (Colombey.) 

CALER  :  Ne  rien  faire.  —  Du 
vieux  mot  :  caler,  se  cacher.  — 
«  La  plus  grande  jouissance  du 
compositeur  d'imprimerie  est  de 
caler.  »  (Ladimir.) 

CALEUR  :  Ouvrier  fainéant. 
V.  Ogre. 


CALEUR  :  Garçon.  (Colom- 
bey.) 

CALICOT  :  Commis  mar- 
chand. Mot  à  mot  :  vendeur  de 
calicot.  —  (c  Triple  escadron  !  le 
calicot  s'insurrectionne.  »  (P.  Bo- 
rel,  33.)  —  Dans  le  commerce 
même  de  la  nouveauté,  Calicot  dé- 
signe les  employés  qui  ne  sont  pas 
sérieux,  qui  s'amusent  bruyam- 
ment. »  (Naviaux.) 

CALICOTE  :  Femme  fréquen- 
tant les  calicots.  —  «  Clara  Fon- 
taine est  une  étudiante.  Pomaré 
est  une  calicote.  »  Paris  dansant 
44-) 

CALIFORNIEN  :  Riche.  -  Al- 
lusion aux  découvertes  aurifères 
de  la  Californie  (49).  —  «  La 
jeune  fille  regrettait  de  ne  pou- 
voir garder  pour  elle-même  cette 
bonne  fortune  californienne.  » 
(Montépin.) 

C  ALI  NO  :  Homme  ridicule- 
ment naïf.  —  Une  pièce  du  Vau- 
deville a  vulgarisé  vers  i858  le 
nom  et  le  type.  Calino  n'est,  d'ail- 
leurs, qu'un  diminutif  du  vieux 
mot  câlin  (niais).  On  le  trouve 
dans  Tallemant  des  Réaux  (t.  4, 
p.  35 1).  —  «  L'artiste  était  fort 
ennuyé  par  une  espèce  de  calino.  » 
(Figaro.) 

CALINTTES  :  Culottes.  {Pe- 
tit Dictionnaire  d'argot,  44.)  — 
On  a  modifié  les  voyelles  des 
deux  premières  syllabes  de  cu- 
lottes. 

CALLOT  :  Teigneux  (Grand- 
val.)  ^ouT  Calot. 

CALME  ET  INODORE  (être)  : 
Affecter  une  sévérité  extrême  de 
manières.  — Ces  deux  mots  ironi- 
ques ne  vont  jamais  l'un  sans  l'au- 


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-  72  ~ 


CAM 


tre,  et  parodient  sans  doute  quel- 
que manuel  de  civilité  puérile  et 
honnête. — «Autrement,  il  restera 
calme  et  inodore,  »  (Monselet.) 

CALOQUET  :  Chapeau.  — 
Ce  diminutif  du  vieux  mot  Ca- 
le :  capuchon ,  désignait  n'im- 
porte quelle  coiffure  de  femme 
en  1808.  (Dhautel.)  Il  s'est  étendu 
ensuite  aux  chapeaux  d'hommes. 

—  «  V'ià  Tonnelier!  oh!  c'  cha- 
peau. Oh  !  ce  caloquet.  »  (Ourliac). 

—  «Achetez  un  caloquet  plus  mé- 
chant, le  vôtre  n'est  pas  trop  rup.  » 
(De  Neuville.) 

CALOQUET  :  Couronne.  Voir 
Dab, 

CALORGNE  :  Borgne.  Vieux 
mot. 

CALOT  :  Dé  à  coudre,  coquille 
denoix(Vidocq.)  —  Comparaison 
de  ces  objets  à  la  calotte,  qui  est 
de  même  forme. 

CALOT,  CALOTTE  :  Tei- 
gneux. (Halbert.  )  Mot  à  miot, 
Ayant  une  calotte  de  teigne.  — 
«  Voyez  donc  c'te  margot  avec 
sa  tête  à  calot.  »  {Catéchisme 
poissard.) 

CALOTTÉE  :  «  Le  père  Salin 
recueille  lesasticots  dans  des  boî- 
tes de  fer-blanc  qu'on  nomme 
calottées,  et  il  les  vend  jusqu'à 
quarante  sous  la  calottée.  «(Pri- 
vât d'Anglemont.) 

CALOTTER  :  Frapper  de  la 
main  sur  la  tête.  Mot  à  mot  :  fa- 
briquer des  calottes  avec  la  main. 

—  «  Calottez-moi,  giflez-moi.  » 
(J.  Arago,  38.)  V.  Escoffier. 

CALOTTIN  :  Ecclésiastique. 
Mot  à  mot  :  porteur  de  la  calotte 
cléricale.  —  «  Ils  ont  chacun  un 
calottin.  »  (H.  Monnier.) 


Le  mot  est  ancien.  Dans  le  Z)é- 
jeuner  de  la  Rdpée  (pièce  publiée 
vers  1750)  nous  voyons  une  pois- 
sarde repousser  un  abbé  en  di- 
sant ;  «  Adieu,  monsieur  le  ca- 
lottin !  » 

CALVIGNE,   CALVINE  : 

Vigne.  (Vidocq,  Grandval.)  Mot 
à  mot  :  lieu  qu'a  Vvigney  (]ui  a  la 
vigne,  qui  est  planté  de  vignes. 

CALVIN,  CLAVIN:]laisin. 
(Idem.)  Mot  à  mot  :  qu*a  V  vin. 
V.  Cabe. 

CAMARADE  (bon  petit)  :  Se 
dit  des  confrères  qui  vous  des- 
servent. Allusion  ironiqi  e  aux 
fausses  amitiés.  —  «  En  dépit 
des  bons  petits  camarades.  Pif 
Paf  est  un  succès.  »  {Tarn  Tarn, 
76.) 

CAMARDE  :  La  mort. 
(Grandval.)  —  Un  squelette  n'a 
pas  de  nez.  (V.  Carline.) 

Baiser  la  camarde  :  Mourir. 
(Bailly.) 

CAMARDER  :  Mourir.  (Ra- 
basse.) 

CAMARLUCHE  :  Camarade. 
(Rabasse.)  C'est  la  première  par- 
tie du  mot  camarade,  av^c  la 
désinence  arbitraire  luche. 

CAMBOLER  :  Tomber.  -  De 
Caramboler.  —  «V'ià  qu'elle  cam- 
bole  sur  son  Prussien  et  feint  de 
tomber  de  son  digue-digae.  » 
(Decourcelle,  40.) 

CAMBRIOLLE  :  Chambra.  — 
Diminutif  du  vieux  raot  cambre  : 
chambre.  V.  Pieu,  Esquinter lent, 
Rincer. 

CAMBRIEUX  :  Chapeau  (  ial- 
bert.)  —  Pour  Combrieu.  \  .  ce 
mot.  V.  Combre, 


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-  73  - 


CAM 


CAMBRIOLLEURS  :  Voleurs 
s'introduisant  dans  les  cambriol- 
les  par  effraction  ou  par  escalade. 
—  Canler  les  divise  en  six  classes. 
Vidocq,  «ans  apporter  autant  de 
méthode  que  Canler  dans  la  clas- 
sification des  cambriolleurs,  don- 
ne des  particularités  assez  curieu- 
ses sur  leurs  costumes  où  domi- 
nent les  bijoux  et  les  cravates  de 
couleurs  tranchées,  telles  que  le 
rouge,  le  bleu  et  le  jaune;  sur  la 
manie  singulière  de  faire  faire 
leurs  chaussures  et  leurs  habits 
chez  les  mêmes  confectionneurs, 
ce  qui  n'était  souvent  pas  un  pe- 
tit indice  pour  la  justice;  sur  leur 
habitude  de  se  faire  accompagner 
d'une  fausse  blanchisseuse  dont 
le  panier  cache  leur  butin.  —Les 
plus  dangereux  cambriolleurs 
sont  appelés  nourrisseurs,  parce 
qu'ils  nourrissent  une  affaire  as- 
sez longtemps  pour  en  assurer 
l'exécution,  et  autant  que  possi- 
ble l'impunité.  V.  ce  mot.  V.  Ca- 
lége. 

CAMBRIOT  :  Le  chapeau.  (Ra- 
basse.)  C'est  une  forme  de  corn- 
briot,  diminutif  de  combre.  Voir 
ce  mot. 

CAMBRONNE  (le  mot  de)  : 
Merde!  —  Cette  allusion  à  un 
mot  historique  discuté,  sert  par- 
fois d'équivalent  aune  injure  trop 
populaire.  Que  Cambronne  l'ait 
dit  ou  non,  on  ne  lui  en  fera  pas 
moins  honneur.  Consulter  à  ce 
sujet,  un  chapitre  des  Miséra- 
bles de  M.  Victor  Hugo;  un  ar- 
ticle de  M.  Cuvillier-FIeury,  aux 
Débats,  et  enfin  le  journal  l'In- 
termédiaire, i5  février  64. 

CAMBRONNE  :  Scatologique. 
—  Même  origine.  — «  M.  Vatout 
avait  l'amabilité  un  peu  Cam- 


bronne ;  la  chanson  qu'il  préfe- 
rait était  celle  écrite  sur  le  maire 
d'Eu.  »  (de  Bassanville,  66.) 

CAMBROUX, CAMBROUSE: 
Serviteur,  servante.  (Grandval  et 
Halbert.)  —  Changementde  finale 
du  vieux  mot  :  cambrier  :  val«t 
de  chambre.  Chambrière  est  resté. 

CAMBROUSE  :  Prostituée. 
V.  Camperoux. 

Ce  mot  se  trouve  dans  le  dic- 
tionnaire de  Caillot  (1829),  avec 
cet  exemple  :  «  Et  que  tu  ne  sois 
qu'une  cambrouse.  »  (  Ancien 
Théâtre-Italien.) 

CAMBROUSE  :  Campagne.  — 
«  La  rousse  pousse  comme  des 
champignons,  et  même  dans  la 
cambrouse,  ils  viennent  vous  dé- 
nicher. »  {Patrie,  2  mars  52.) 
V.  Garçon.) 

CAMBROUSIEN  :  Campa- 
gnard. (Rabasse.) 

CAMBROUSIER  :  Voleur  de 
campagne.  (Vidocq.) 

CAMBROUSIER  :  «  Au  marché 
du  Temple,  les  cambrousiers  fai- 
saient indistinctement  commerce 
de  linge  ou  de  meubles,  d'objets 
de  toilette  ou  de  ferraille.  » 
{Petit  Journal,  65.) 

CAMBROUSIERS  :  Gens  de 
campagne.  (Halbert.)  —  «  C'est 
ainsi  que  les  marchands  forains 
nomment  les  paysans.  »  (Pr.  d'An- 
glemont.) 

CAMBUSE  :  Cantine.  —Terme 
de  marine.  —  «  Dans  la  cour  du 
bagne,  ou  au  milieu  de  la  lon- 
gueur de  chaque  salle  ou  dor- 
toir, se  trouve  un  espace  entoure 
de  grilles,  qui  contient  la  can- 
tine ou  caverne,  autrement  dit 
la  cambuse,  lieu  de  la  distribu- 


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74 


CAM 


tion  des  vivres,  du  vin,  du  ta- 
bac. »  (Moreau,  Sy.) 

CAMBUSE  :  Petite  maison. 
(Halbert.) 

CAMELOT  :  Voleur.  —  Ac- 
ception figurée  dQ  camelot  :  mau- 
vaise étoffe.  V.  ce  qui  en  est  dit  à 
camelotte.  C'est  ainsi  qu'on  a 
fait  panne  avec  panne. 

CAMELOT  :  Marchand  de  ca- 
melottes,  vendant  dans  les  villa- 
ges ou  exposant  sur  le  pavé  des 
rues. — «Camelot,  c'est-à-dire  mar- 
chand de  bimbeloteries  dans  les 
foires.  »  (Privât  d'Anglemont.) 

CAMELOTTE  :  Objet  de  nulle 
valeur.  —  Le  camelot  était  une  si 
mauvaise  étoffe,  qu'on  disait  res- 
sembler au  camelot  pour  prendre 
un  mauvais  pli.  —  «  Elle  portait 
la  peine  de  toutes  les  camelottes 
qui  se  débitaient  à  son  ombre.  » 
(L.  Reybaud.) 

CAMELOTTE  :  Marchandise 
volée.  (Rabasse.)  —  «  On  fait  at- 
tention qu'il  ne  refile  pas  la  ca- 
melotte à  un  autre.  »  (Stamir,  67.) 

Camelotte  en  pogne,  camelotte 
dans  le  pied  :  En  flagrant  délit 
de  vol.  —  «  J'ai  été  pris  la  came- 
lotte dans  le  pied.  »  {La  Correc- 
tionnelle.) —  Même  allusion  dans 
pris  sur  le  tas. 

CAMELOTTER  :  Vendre, 
marchander.  (Halbert.) 

CAMERLUCHE  :  Forme  de 
Camarluche.  V.  Ponton. 

CAMISOLE   :   Gilet.  (Colom- 

bey.) 

CAMOUFLE  :  Chandelle.  (Vi- 
docq.)  —  Du  vieux  mot  camouflet, 
fumée.  —  «  Tu  en  as  menti,  La 


camoufle  était  éteinte.  >   (Ladi- 
mir,  41.) 

CAMOUFLEMENT  :  Déguise- 
ment. (Vidocq.) 

CAMOUFLER  :  Déguiser.  — 
«  Je  me  camouflais  et  :ivec  de 
faux  faffes,  j'allais  dans  les  bu- 
reaux de  placement.  »  (Baauvil- 
lier.)    • 

CAMOUFLET  :  Char  délier. 
(Vi.) 

CAMP  (ficher  le)  :  Se  retirer 
précipitamment.  V.  Ficher. 

CAMPAGNE  (aller  à  laj  :  Être 
enfermée  à  la  maison  de  Saint- 
Lazare.  —  Usité  parmi  les  filles 
qui  lui  donnent  aussi  le  sens  sui- 
vant :  «  Elles  ont  disparu  trois, 
quatre  ou  six  mois.  On  les  savait 
malheureuses.  Elles  ont  é:é  pas- 
ser une  saison  à  la  campagne 
dans  une  maison  de  prostitution 
de  province.  »  {Ces  Dames,  60.) 

CAMPE  :  Fuite,  action  de 
camper.  «  Cependant  les  mcssiers 
de  cambrouse  n'ont  pas  la  même 
chaleur  à  pessigner  les  fagots  en 
campe.  »  (Rabasse.) 

CAMPER  :  Décamper,  (id.)  — 
Abréviation. 

CAMPEROUX  :  Fille.  -  Cor* 
ruption  de  Cambrouse.  V.  Con- 
nerie. 


CAMPHRE  :  Eau-de-^  ie.  — 
Allusion  à  une  eau-de-vie  com- 
posée dont  il  est  question  dans 
l'exemple  suivant.  Le  mot  s'est 
généralisé  ensuite  :  —  «  Le  vi- 
naigrier du  coin  nous  serv  t,  en 
parlant  politique,  deux  tiemi- 
poissons  d'eau-de-vie  assaiscnnée 
de  poivre  long  et  de  camphre.  » 
{Le  Figaro  de  la  Révolutioi.)^ 


CAI4 


«Aux  buveurs  émérites  et  à  ceux 
qui  ont  depuis  bien  des  années 
laissé  leur  raison  au  fond  d'un 
poisson  de  camphre.  » 

(Privât  d'Anglemont.) 

CAMPHRÉ  :  Alcoolisé.  —«Dis 
donc,  avec  ton  gosier  camphré, 
tu  fais  bien  des  embarras.  » 
(Catéchisme  poissard,  44.) 

CAMPHRIER  :  Buveur  d'eau- 
devie.  —  «  Entends- tu,  vieux 
camphrier,  avec  ta  voix  enrhu- 
mée.» {Catéchisme  poissard,  44.) 

CAMPHRIER  :  Le  camphrier 
est  un  sale  débit  dé  liqueurs 
atroces  à  un  sou  le  verre  et  à  dix- 
sept  sous  le  litre.  Le  caboulot  ne 
diffère  du  camphrier  que  par  sa 
moindre  importance  comme  éta- 
blissement. C'est,  du  reste,  le 
même  breuvage  qu'on  y  débite 
aux  mêmes  habitués.  »  (Castil- 
lon.) 

CAMPLOUSE  :  Campagne. 
(Halbert.)  —  Forme  adoucie  de 
cambrouse. 

CAMUSE  :  Carpe.  (Grandval.) 

—  Elle  a  le  nez  camus,  si  on  la 
compare  au  brochet. 

CAN  SUR  LE  COMP  (prendre 
un)  :  Prendre  un  canon  sur  le 
comptoir.  Double  abréviation. 
V.  Canon. 

CANAILLE  :  Rusé,  malicieux. 

—  Se  dit  amicalement.  —  «  Elle 
m'a  dit  qu'elle  me  donnerait  son 
adresse;  mais  je  ne  la  lui  ai  pas 
demandée.  —  C'est  canaille  !  » 

(T.  Delord.) 

CANAGE  :  Agonie.  (Colom- 
bey.  V.  Caner. 

CANARD  :  Fausse  nouvelle, 
récit  mensonger  inséré  dans  un 


75  -  CAN 

journal.  —  «  Nous  appelons  un 
canard,  répondit  Hector,  un  fait 
qui  a  l'air  d'être  vrai,  mais  qu'on 
invente  pour  relever  les  Faits- 
Paris  quand  ils  sont  pâles.  »  (Bal- 
zac.) —  «  Ces  sortes  de  machines 
de  guerre  sont  d'un  emploi  jour- 
nalier à  la  Bourse,  et  on  les  a, 
par  euphémisme,  nommées  ca- 
nards. »  (Mornand.) — Une  anec- 
dote du  tome  i"  du  Dictionnaire 
de  l'Industrie  (Paris,  Lacombe, 
1776),  semble  nous  livrer  l'ori- 
gine de  ce  mot  : 

On  lit,  dans  la  Ga^^ette  d'agricul- 
ture, un  procédé  singulier  pour  pren- 
dre les  canards  sauvages.  On  fait 
bouillir  un  gland  de  chêne,  fgros  et 
long,  dans  une  décoction  de  séné  et  de 
jalap  ;  on  l'attache  par  le  milieu  à  une 
ficelle  mince,  mais  forte  ;  on  jette  le 
gland  à  l'eau.  Celui  qui  tient  le  bout 
de  la  ficelle  doit  être  caché.  Le  gland 
avalé  purge  le  canard  qui  le  rend  aus- 
sitôt :  un  autre  canard  survient,  avale 
ce  même  gland,  le  rend  de  même  ;  un 
troisième,  un  quatrième,  un  cinquième 
s'enfilent  de  la  même  manière. 

On  rapporte  à  ce  sujet  l'histoire  d'un 
huissier,  dans  le  Perche,  près  l'étang 
du  Gué-de.- Chaussée,  qui  laissa  enfi- 
ler vingt  canards  ;  ces  canards,  en  s'en- 
volant,  enlevèrent  l'hussier.  La  corde 
se  rompit,  et  le  chasseur  eut  la  cuisse 
cassée. 

Ceux  qui  ont  inventé  cette  histoire 
auraient  pu  la  terminer  par  une  heu- 
reuse apothéose,  au  lieu  de  la  terminer 
par  un  dénoûment  aussi  tragique. 


La  grossièreté  de  cette  histoire^ 
comme  dit  notre  citation, — l'aura 
fait  prendre  comme  type  des  con- 
tes de  ga:^ette,  et  canard  sera  resté 
pour  qualifier  le  genre  entier. 
On  trouve  «  donner  des  canards  : 
tromper  »  dans  le  dictionnaire 
d'Hautel  (1808). 

CANARD  :  Imprimé  banal 


CAN 


-76 


CAN 


crié  dans  la  rue  comme  nouvelle 
importante.  V.  Canardier. 

CANARD,  COUAC  :  «  Ces 

explosions  criardes  des  instru- 
ments à  vent  si  connues  sous  le 
nom  de  canards.   »  (A.  Luchet.) 

—  Le  second  mot  est  une  ono- 
matopée {couac)  ;  la  comparaison 
d'une  fausse  note  au  cri  du  canard 
a  fait  former  le  premier. 

CANARD  :  Sobriquet  amical 
donné  aux  maris  fidèles.  Le  ca- 
nard aime  à  marcher  de  compa- 
gnie. —  «  Voici,  mon  canard, 
dit-elle...  Or,  le  canard  de  ma- 
dame Pochard,  c'était  son  mari! 
Il  avait  reçu  de  sa  douce  moitié 
ce  sobriquet  d'amour.  »  (Ricard.) 

CANARD  sans  plumes  :  Nerf 
de  bœuf  servant  à  la  correction 
des  forçats.  (Colombey.)  —  Jeu 
de  mots  signifiant  grosse  canne 
qui  n'a  pas  la  douceur  des  plumes. 

CANARDER  :  Tromper.— 
«  On  a  trop  canardé  les  parois- 
siens... avec  la  philanthropie.  » 
(Gavarni.) 

CANARDIER  :  Crieur,  con- 
fectionneur de  fausses  nouvelles, 

—  a  Place  au  célèbre  Edouard,  le 
canardier  par  excellence,  le  roi 
des  crieurs  publics  !  » 

(Privât  d'Anglemont.) 
CANASSON  :  «  Nom  familier 
donné  à  leurs  chevaux  par  les 
cochers  de  Paris.  »  (Lem.  de 
Neuville.)  —  «  Traitez  de  canas- 
sons les  chevaux  de  M.  de  La- 
grange.  »  (Marx.)  —  On  dit  en 
abrégeant  can'so)i. 

CANCAN  :  Se  dit  d'une  cer- 
taine manière  de  danser  le  qua- 
drille, avec  des  mouvements  de 
bras,  de  jambes,  de   tête  et  de 


croupe,  non  prévus  par  la  choré- 
graphie régulière.  Cette  danse 
paraît  être  née  dans  le  quartier 
Latin,  sous  la  monarchie  de  Juil- 
let; mais  son  nom  existait  déjà. 
Le  Dictionnaire  du  vieux  langage 
de  Lacombe  ( 1 766)  explique  ainsi 
le  mot  cancan  :  —  «  Grand  tu- 
multe ou  bruit  dans  une  compa- 
gnie d'hommes  et  de  femmes.  » 
Cela  répond  assez  exactement,  on 
le  voit,  à  la  signification  actuelle. 

Messieurs  les  étudiants, 
Montez  à  la  Chaumière, 
Pour  y  danser  1'  cancan. 
Et  la  Robert-Macaire. 

(Letellier,  iS3(.) 

«  Nous  ne  nous  sentons  pas  la 
force  de  blâmer  le  pays  Latin, 
car,  après  tout,  le  cancan  est  une 
danse  fort  amusante.  »(L.Huart, 
1840,)  —  M.  Littré  n'est  pas  aussi 
indulgent.  Il  dit  :  Cancan,  sorte 
de  danse  inconvenante  des  bals 
publics,  avec  des  sauts  exagérés  et 
des  gestes  impudents,  moqueurs 
et  de  mauvais  ton.  Mot  très-  fami- 
lier et  mêmedemauvais  ton.  (Lit- 
tré, 1864.)  V.  Chahut:  —  «  Nous 
avons  le  cancan  gracieux,  la 
saint-simonienne,  le  demi -can- 
can, le  cancan,  le  cancan  et  demi 
et  le  chahut.  Cette  dernière  danse 
est  la  seule  prohibée.  «(Alphonse 
Karr.)  —  «  On  va  pincer  un  lé- 
ger cancan,  mais  bien  en  dou- 
ceur. »  (Gavarni.) 

Voici,  pour  les  archéologues, 
une  description  exacte  du  Cf.ncan 
d'il  y  a  trente-cinq  ans.  Elle  est 
extraite  des  Nouvelles  à  la.  main 
de  1841  : 

«  L'étudiant  se  met  en  place,  les 
quadrilles  sont  formés.  Dès  la  pre- 
mière figure  se  manifestent  chei  tous 
une  frénésie  de  plaisir,  une  sorte  de 


CAN 

bonheur  gymnastique.  Le  danseur  se 
balance  la  tête  sur  l'épaule  ;  ses  pieds 
frétillent  sur  le  terrain  salpêtre  :  à  l'a- 
vant deux,  il  déploie  tous  ses  moyens  : 
ce  sont  de  petits  pas  serrés  et  mar- 
qués par  le  choc  des  talons  de  bottes, 
puis  deux  écarts  terminés  par  une  lan- 
çade  de  côté.  Pendant  ce  temps,  la  tête 
penchée  en  avant  se  reporte  d'une 
épaule  à  l'autre,  à  mesure  que  les  bras 
s'élèvent  en  sens  contraire  de  la  jambe. 
Le  sexe  ne  reste  pas  en  arrière  de 
toutes  ces  gentillesses  ;  les  épaules  ar- 
rondies et  dessinées  par  un  châle  très- 
serré  par  le  haut  et  traînant  fort  bas, 
les  mains  rapprochées  et  tenant  le  de- 
vant de  sa  robe,  il  tricotte  gracieuse- 
ment sous  les  volans  de  sa  jupe  que 
soulèvent  des  petits  coups  de  pied  réi- 
térés ;  tourne  fréquemment  sur  lui- 
même,  et  exécute  des  reculades  sacca- 
dées qui  détachent  sa  cambrure.  Toutes 
les  figures  sont  modifiées  par  les  pro- 
fesseurs du  lieu,  de  manière  à  multi- 
plier le  nombre  des  :  En  avant  quatre 
A  tous  ces  signes,  il  n'est  pas  possible 
de  méconnaître  que  ce  qu'on  danse  à  la 
Chaumière.  C'est  le...  cancan.  »  (Ro- 
queplan.) 

CANCANER  :  Danser  le  can- 
can. —  «  J'ai  cancané  que  j'en  ai 
pus  de  jambes.  »  (Gavarni.) 

CANCRE  :  Mauvais  élève.  — 
Allusion  au  cancre  de  mer  qui 
recule  au  lieu  d'avancer.  V.  Pio- 
cheur, 

CANE  :  Mort.  V.  Canage.  — 
C'est  l'heure  où  l'on  a  peur,  où 
on  cane. 

CANELLE  :  Caen.  —  C'est  un 
diminutif  avec  transposition  de 
la  seconde  voyelle. 

CANER  :  Avoir  peur,  reculer, 
plonger,  comme  fait  une  cane. 
—  Vieux  mot.  —  «  Par  Dieu! 
qui  fera  la  cane  de  vous  aultres, 
je  me  donne  au  diable  si  je  ne  le 
iais  moyne.  »  (Rabelais.)— «Lau- 


77  - 


CAN 


rent  de  Mcdicis...  voyant  mettre 
le  feu  à  une  pièce  qui  le  regar- 
dait, bien  luy  servit  de  faire  la 
cane,  car  aultrement  le  coup  qui 
ne  lui  rasa  que  le  dessus  de  la 
teste  luy  donnait  dans  l'esto- 
mach.  »  (Montaigne.)  —  «  Oui, 
vous  êtes  vraiment  français;  vous 
n'avez  cane  ni  l'un  ni  l'autre.  » 
(Marco  de  Saint-Hilaire.) 


Madame  prend  son  criard. 

Monsieur  cane  comme  une  victime. 

(Festeau.) 

CANER  la  pégrenne  :  Mourir 
de  faim.  (Colombey.) 

CANER  -.Agoniser,  mourir. 
(Vidocq.)  —  Les  approches  de  la 
mort  vous  font  peur,  vous  font 
caner.  V.  Rengr acier, 

CANER  :  Aller  à  la  selle.  (Mo- 
reau  C.) 

CANESON  (mon  vieux)  :  Terme 
d'amitié.  Mot  à  mot  :  mon  vieux 
cheval.  V.  Canasson. 

CANEUR  :  Poltron. 

CANICHE  :  Ballot  carré.  (Vi- 
docq. —  Sa  couverture  de  toile 
se  prend  par  les  coins  qui  for- 
ment des  oreilles  semblables  à 
celles  d'un  petit  chien. 

CANIF  dans  le  contrat  (donntT 
un  coup  de)  :  Commettre  une 
infidélité  conjugale.  —  «  Et  puis 
ces  messieurs,  comme  ils  se  gê- 
nent pour  donner  des  coups  de 
canif  dans  le  contrat!  La  Ga:^ette 
des  Tribunaux  est  pleine  de  leurs 
noirceurs,  aussi  nous  sommes 
trop  bonnes.  »  (Festeau.)  —  «  Elle 
avait  tellement  trépigné  dans  le 
coup  de  canif,  que  c'est  à  peine 
s'il  restait  quelque  chose  du  con- 
trat. »  {Vie parisienne j  55.)  — «La 


CAN 


-78- 


CAP 


poste  restante  agrandie,  c'est  la 
multiplication  des  coups  de  ca- 
nif. »  (Presse  illustrée^  66.) 

CANNE  :  Surveillance  de  la 
haute  police.  —  Il  y  a  la  canne 
majeure  et  la  canne  mineure.  — 

—  Être  en  canne  :  Habiter  après 
avoir  subi  sa  peine,  une  localité 
déterminée  par  l'autorité.  —  Se 
dit  aussi  abusivement  pour  cas- 
ser sa  canne. 

Casser  sa  canne  :  Quitter  sans 
autorisation  la  ville  désignée, 
rompre  son  ban.  —  «  Malheur  à 
lui  s'il  a  cassé  sa  canne.  »  (Sta- 
mir,  1867.) 

CANON  :  Mesure  de  liquide 
en  usage  chez  les  marchands  de 
vins  de  Paris.  —  Vient  de  canon 
qui  signifie  verre  dans  le  voca- 
bulaire des  francs -maçons.  — 
(iOscar:  Prenons-nous  un  canon? 

—  Le  marquis  (hésitant)  :  Heu... 
heu...  —  Oscar  :  C'est  moi  qui 
paye. — Le  marquis:  Oh!  alors.  » 
(Marquet.) 

Les  canons  que  l'on  traîne  à  la  guerre 
Ne  valent  pas  ceux  du  marchand  de  vin. 
(Brandin,  26.) 

CANONNIER  DE  LA  PIÈCE 
HUMIDE   :  Infirmier   militaire. 

—  La  pièce  humide  est,  comme 
on  s'en  doute,  la  seringue. 

CANONNIÈRE  :  Derrière. 
Même  allusion  que  dans  pétard. 

CANTALOUP:Niais.--Sy- 

nonyme  de  Melon.  —  a  Ah  çà! 
d'où  sort-il  donc,  ce  cantaloup? 
Sur  quelle  couche  M.  son  papa 
l'a-t-il  récolté,  ce  jeune  légume  ?  » 
(Ricard.) 

GANTER:  Galop  d'essai  pré- 
cédant la  course.  •—«  On  dit  d'un 


cheval  qu'il  prend  son  ca  iter.  » 
(Paz.)  Angl. 

CANTON  :  Prison.  (Grandval.) 
—  Du  vieux  mot  canton  .  coin. 
C'est  dans  les  coins  qu'on  est  à 
V ombre.  On  a  de  même  appelé 
cognard  le  gendarme  qui  vous 
met  dans  le  coin,  qui  vous  y 
rencogne. 

CANTONNIER  :  Prisonnier. 
(Grandval.  —  De  canton  :  prison. 

CANULANT  :  Ennuyeux.  — 
Mot  inventé  par  les  ennemis  du 
clystère.  —  oc  Le  colonel  fait  des 
siennes.  En  v'ià  un  qui  pt  ut  se 
vanter  d'être  canulant.  » 

{Commentaires  de  Loriot.) 

CANULE  :  Homme  canulant. 

CANULER  :  Importuner.  — 
«  C'est  canulant.  »  (H.  Mon- 
nier.) 

CANUT  :  «  Ouvrier  en  soie  de 
Lyon,  pauvre  animal  expiatoire 
du  Rhône,  à  la  face  jaune  et  mi- 
sérable. »  (Ricard.) 

CAP  :  Surveillant  du  bagn;3.  — 
Du  vieux  mot  cap  :  chef  {caj.nit.) 
—  «  Le  commissaire  du  b;>gne 
a  sous  ses  ordres,  pour  la  sur- 
veillance des  forçats,  un  grand 
nombre  d'agents.  Ces  divers 
agents  sont  divisés  en  agents  de 
police  et  de  surveillance  intérieure 
et  en  gardes.  Les  premiers  ;  ont 
les  cornes  ou  comités,  au  nombre 
de  trois  ou  quatre,  les  argounns 
trois,  les  sous-comes  dix-h  lit, 
sous  -  argousins  dix -huit,  et  les 
caps  y  espèces  de  piqueurs,  p  :)ur 
diriger  les  travaux,  »  (Moroau 
Christophe,  3  7.) 

CAPAHUTER  :  Assassiner 
son  complice  pour  s'approprier 


CAP 


-  79  - 


CAR 


sa  part.  —  Du  nom  de  Capahut, 
malfaiteur  coutumier  de  ce  pro- 
cédé. (Vidocq.) 

CAPE  :  Écriture.  (Halbert.) 

CAPET  :  Chapeau.  —  Vieux 
mot.  Capel  (chapeau),  se  pronon- 
çait cape  au  moyen  âge. 

CAPINE  :  Écritoire.  (Halbert.) 

CAPIR  :  Écrire.  (Id.) 

CAPITAINAGE  :  Agiotage. 
(Vidocq.) 

CAPITAINER  :  Agioter.  Mot 
à  mot  manœuvrer  son  capital. 

CAPITULARD  :  Homme  qui 
capitule.  —  Cette  sotte  injure  fut 
d'abord  adressée  en  1871  à  une 
armée  irresponsable  qu'on  ne 
pouvait  accuserdenos  malheurs. 

—  ce  Lâche,  capitulard,  soldat  à 
Badinguet ,  et  autres  ^aménités, 
allèrent  leur  train.  »  (Éclair,  72.) 

Le  terme  s'est  ensuite  généra- 
lisé. «  Tous  ces  trembleurs,  ces 
capitulards,  qui  ne  peuvent  se 
passer  du  cadenas  de  l'état  de 
siège.  »  (Saint-Genest,  75.) 

CAPON  :  Filou.  (Idem.) 

CAPONS  :  Écrivains.  (Grand- 
val.)  Il  s'agit  ici  de  ceux  qui  écri- 
vent des  lettres  pour  les  autres. 
On  trouve  capous  dans  Halbert. 

CAPORAL  :  Tabac  à  fumer. 

—  Il  est  plus  fin  que  celui  dit  de 
soldat,  ou  de  cantine,  vendu  à 
un  prix  moindre.  —  «Un  fumeur 
très-ordinaire  brûle  à  lui  seul  son 
kilogramme  de  tabac  par  mois.  » 
(A.  Luchet.) 

CAPRICE  :  Vive  et  subite  af- 
fection. —  «  Tu  es  mon  caprice, 
et  puisque  qu'il  faut  sauter  le 


pas,  que  du  moins  j'y  trouve  du 
plaisir.  »  (Rétif,  1776.)  —  Le  ca- 
price ne  dure  pas  longtemps, 
mais  il  est  désintéressé.  —  «  Plus 
capable  de  caprice  que  la  femme 
entretenue,  moins  capable  d'a- 
mour que  la  grisette,  la  lorette  a 
compris  son  temps,  et  l'amuse 
comme  il  veut  l'être.  »  (Th.  Gau- 
tier.) 

Faire  des  caprices  :  Séduire  à 
première  vue,  inspirer  des  ca- 
prices.—  «J'en fais  t'y  des  capri- 
ces !  Aussi,  avec  une  balle  comme 
ça,  on  peut  tout  se  permettre.  » 
(Lamiral,  i838.)  V.  Boule. 

CAPSULE  :  Chapeau  d'homme 
affectant  les  petits  bords  et  la 
forme  cylindrique  d'une  capsule 
de  fusil.  V.  Carreau. 

CAPUCINE  (jusqu'à  la  troi- 
sième ):  Complètement  fvre,  c'est- 
à-dire  en  ayant  jusqu'au  menton. 
La  troisième  capucine  est  près  de 
la  bouche  du  fusil.  —  «  Veuillez 
excuser  notre  ami,  il  est  gris  jus- 
qu'à la  troisième  capucine.  » 
(Murger.) 

CARABINE  :  Maîtresse  d'un 
carabin  ou  étudiant  en  médecine. 
Carabin  signifiait  garçon  barbier 
au  temps  où  les  barbiers  prati- 
quaient la  chirurgie  et  s'armaient 
de  la  seringue,  comparée  déri- 
soirement  à  une  carabine.  «  Sois 
tant  que  tu  pourras  étudiante 
en  droit.  Carabine.  »  (Almanach 
du  Diable  amoureux,  49.) 

Son  petit  air  mutin 
Plaît  fort  au  quartier  Latin, 
C'est  Flora  la  Carabine.  (J.  Choux.) 

CARABINE  :  Fouet  du  conduc- 
teur du  train.  —  Comparaison 
ironique  de  son  claquement  à  la 
détonation  d'une  carabine. 


CAR 


—  80  - 


CAR 


CARABINÉ  :  De  première 
force.  —  Terme  de  marine.  On 
sait  qu'un  vent  carabiné  est  très- 
fort.  —  «  On  s'attend  à  une  baisse 
carabinée  à  la  Bourse.  »  (Vie pa- 
risienne, 68.)  —  «  Le  cordonnier 
poëte  Bochart  vient  de  le  lui  re- 
procher en  vers  carabinés.  »  (Le- 
guillois.) 

Redoutez  les  veinards  et  leur  chance 
obstinée  ; 

Fuyez  au  loin  leur  veine  :  elle  est  ca- 
rabinée. (Alyge  ) 

CARAMBOLAGE  :  Chute,  suc- 
cession de  chocs.  —  Ce  terme  du 
jeu  de  billard  est  passé  dans  le 
domainedes  accidents  etdes  voies 
,de  fait.  —  «  Fixe!  A  ce  mot  sur- 
vint un  coup  de  roulis  suivi  de 
carambolages  sur  toute  la  ligne.  » 
Paris  comique,  août  70.) 

CARAMBOLER  :  Tomber, 
faire  tomber  en  ricochant.  — 
«  Leur  père  qui  carambole,  en 
ruinant  son  fils  et  sa  fille.  »  Bal- 
zac. 

CARANT  :  Planche.  (Halbert.) 

CARANTE  :  Table.  (Id.) 

CARAPATA  :  Marinier  d'eau 
douce.  —  «  Les  carapatas  sont  les 
marins  du  canal  de  l'Ourcq,  pas- 
sant leur  vie  sur  l'eau  tout  com- 
me leurs  confrères  de  l'Océan.  » 
—  (A.  Scholl,  66.)  —  «  Les  mœurs 
des  carapatas  sont  des  mœurs  à 
part.  Ce  sont  les  hommes  de 
l'eau.  »  (Privât d'Anglemont,5o.) 

CARAPATER  (se)  :  Se  sauver. 
(Ra  basse.) 

CARBELUCHE  GALICE  : 
Chapeau  de  soie.  (Halbert.)  — 
Allusion  à  la  peluche  de  soie  qui 


CARCAGNO  :  Usurier  (Vi- 
docq.) 

CARCAN  :  Cheval  étique,  fem- 
me maigre,  revêche.  —  a  C'est 
pas  un  de  ces  carcans  à  querno- 
line  qui  balayait  le  macadam.  » 
(Monselet.) 

CARDINALE  :  Lune.  ~  Allu- 
sion à  la  couleur  des  menstrues 
(appelées  jadis  le  cardinal),  qui 
reviennent  avec  la  lune  nouvelle. 
C'est  comme  si  on  disait  la  rouge; 
on  sait  que  c'est  la  couleur  des 
cardinaux.  —  M.  Francisque  Mi- 
chel cite  à  ce  propos  une  poésie 
manuscrite  de  son  cabinet. 

Mon  cardinal  est  paresseux 

Et  ne  suit  pas  sa  piste. 
S'il  ne  vient,  j'en  suis  aux  abois, 

J'en  tremble,  j'en  soupire. 
Quand  on  l'a  perdu  pour  neuf  mois, 

A-t-on  sujet  de  rire? 

CARDINALISER  :  Rougir.  — 
«Exceptez les escrevisses que  l'on 
cardinalise  à  la  cuicte.  »  (Rabe- 
lais.)—  «Il  buvait...  de  manière 
à  Se  cardinaliser  la  figure.  »  (Bal- 
zac.) 

CARE  (Voler  à  la),  carer,  cari- 
bener.  —  Voler  un  marcha:iden 
proposant  un  échange  avantageux 
de  monnaies  anciennes  contre  des 
nouvelles.  (Vidocq.)  —  Care  et 
carrer  sont  des  formes  anciennes 
de  charriage  et  de  charrier  (  Voir 
ces  mots)  ;  Caribener  est  un  di- 
minutif. 

CAREUR  :  Voleur  à  la  care. 
V.  Carreur. 

CARGE  :  Balle.  (Halbert.)  Mot 
à  mot  :  charge.  La  balle  de  col- 
porteur est  une  charge. 

CARGO  r  :  Cantinier.  —  Cor- 
ruption de  gargoter.  V.  Aille. 


CAR  —  8i  - 

CARIBlîNER  :  V.  Care. 

CARLE  :  Argent.  (Vidocq.) 
Forme  française  de  Carolu^,  mon- 
naie qu'on  commença  de  frapper 
sous  le  roi  Charles  VIII.  —  «  Le 
cidre  ne  vaut  plus  qu'un  carolus.  » 
(01.  Basselin .)—  a  J'ay  une  verge 
d'or,  accompagnée  de  beaux  et 
joyeux  carolus.  »  (Rabelais,  Pan- 
tagruel, l.III,ch.XVII)  V.Bajr^/e. 

—  On  dit  par  corruption  Carme. 

CARLINE  :  La  mort.  (Vidocq.) 

—  Allusion  au  nez  camus  de 
Carlin.  Jadis  on  appelait  la  mort 
camarde,  parce  qu'une  tête  de 
mort  n'a  pour  nez  qu'un  os  de 
très- faible  saillie.  On  l'appelle 
aussi  camuse  pour  la  même  rai- 
son. 

CARLISTE  :  Dévoué  à  la  mo- 
narchie de  Charles  X.  On  appelle 
de  même  Henri  quinquistes  les 
partisans  du  comte  de  Chambord 
(Henri  V).  —  «  Ah!  ben  oui! 
carliste!  M.  Péguchet?  Ben  du 
contraire,  il  méprise  ben  trop  les 
prêtres  pour  ça.  »  (H.  Monnier.) 

—  «  Il  y  avait  alors  à  Sainte-Pé- 
lagie deux  catégories,  les  carlistes 
et  les  républicains.  (Chenu.) 

CARME  :  Miche.  (Halbert.) 
CARME  :  Argent.  Forme  alté- 
rée de  Carie. 

CARNE  :  Abréviation  de  cha- 
rogne. —  «  Un  morceau  d'  carne 
dur  comme  un  cuir.  »  (Wado.) 

CARNE  :  Mauvaise  femme. 
—  Même  étymologie.  —  a  Je  la 
renfoncerais  dedans  à  coups  de 
soulier...  la  carne.  (E.  Sue.) 

CAROTTE  :  De  couleur  aussi 
rousse  que  la  carotte.  —  On  dit 
des  cheveux  carotte. 


CAR 


CAROTTE  :  Demande  d'argent 
sous  un  faux  prétexte.  —  «  Des 
carottes!  combien  qu'y  en  a  des 
bourgeois,  et  des  huppés,  qui  ne 
vivent  que  de  ça!  »  (Gavarni.) 

CAROTTE  (tirer  une)  :  De- 
mander de  l'argent  sous  un  faux 
prétexte.  —  «  Nul  teneur  de  li- 
vres ne  pourrait  supputer  le  chif- 
fre des  sommes  restées  verrouil- 
lées au  fond  des  cœurs  généreux 
par  cette  ignoble  phrase  :  Tirer 
une  carotte.  »  (Balzac.)  —  Génin 
et  Littré  y  voient  une  allusion  à 
la  facilité  avec  laquelle  on  tire  les 
carottes  d'un  terrain  suffisam- 
ment préparé.  Dans  certaines  ac- 
ceptions, ce  mot  est  ancien.  Voir 
Carotter  le  service. 

CAROTTE  (tirer  une)  :  Faire 
un  mensonge  pour  connaître  la 
vérité.  (Grandval.) 

CAROTTE  de  longueur,  d'épais- 
seur (tirer  une)  :  C'est  la  prépa- 
rer de  longue  main,  ou  la  tenter 
sur  une  grande  échelle. 

Vivre  de  carottes  :  Vivre  en 
faisant  des  dupes. 

CAROTTÉ  :  Dupé.  —  «  M.  de 
Rochegude,  comme  tous  les  petits 
esprits,  avait  toujours  peur  d'être 
carotté.  »  (Balzac.) 

CAROTTER:  Risquer  peu. 
Carotter,  dans  le  sens  de  jouer 
mesquinement  se  trouve  déjà  dans 
le  Dictionnaire  de  Trévoux,  1771. 
—  «  Un  homme  qui  allait  à  la 
Bourse  et  qui  carottait  sur  les 
rentes  après  s'y  être  ruiné.  »  Bal- 
zac.) 

CAROTTER  :  Obtenir  de  l'ar- 
gent en  tirant  une  carotte  :  «  Al- 
lons, va  au  marché,  maman,  et 
I  ne  me  carotte  pas.  »  (Gavarni.)  — 


CAR 


-  82  - 


CAR 


«  Cela  ne  vaut-il  pas  mieux  pour 
un  garçon  que  de  passer  sa  vie 
à  carotter?  »  (E.  Augier.) 

CAROTTER ,  Carotter  Vexis- 
tence  :  Ne  vivre  que  de  carottes, 
c'est-à-dire  vivre  mesquinement. 

—  «  Il  se  dépouillait  de  tout...  Il 
sera  très-heureux  de  vivre  avec 
Dumay  en  carottant  au  Havre.  » 
(Balzac.) 

CAROTTER  le  service:  Éluder 
sous  de  faux  prétextes  les  obliga- 
tions du  service  militaire.  Pris 
dans  ce  dernier  sens,  le  mot  paraît 
dater  du  moyen-âge.  Dans  le  dic- 
tionnaire Roman  Wallon  de  1777, 
j'ai  été  surpris  de  rencontrer  son 
ancienne  forme  :  «  Karotter  :  al- 
ler et  venir  dans  une  maison  sans 
y  rien  faire.  »  —  Ici  karotter 
est  certainement  un  péjoratif  du 
vieux  verbe  karoler  :  sauter, 
gambader. 

CAROTTEUR,  CAROTTIER  : 

Tireur  de  carottes.  —  a  Allons, 
adieu,  carotteur!  »  (Balzac.)  — 
«  Joyeux  vivant,  mais  point  gru- 
geur  et  carottier.  »  (Vidal,  33.) 

—  «  Les  pratiques  et  les  carot- 
tiers  excellent  dans  ces  honteux 
subterfuges.  »  (La  BédoUière.) 
V.  Repincer. 

CA ROUBLE  :  Fausse  clef. 
(Grandval.)  V.  Esquintement. 

CAROUBLEUR,  caroubleur 
refilé  :  Voleur  employant  des  ca- 
roubles  fabriquées  sur  des  em- 
preintes livrées  par  des  domes- 
tiques, des  frotteurs,  des  peintres 
ou  des  amants  de  servantes.  11  ne 
fait  point  d'effractions;  il  ne  vole 
que  l'argent  et  les  bijoux.  —  «  Le 
caroubleur  qui  va  reconnaître  les 
lieux  pour  les  dévaliser  ensuite.» 
(Ph.  Chasles.) 


Caroubleur  à  la  flan ,  —  a  l'es- 
brouffe  :  11  vole  aussi  avec  de 
fausseg  clefs,  mais  au  ha-ard, 
dans  la  première  maison  ve  lue. 

Caroubleur  au  fric  frac  ;  V(  )  leur 
avec  effraction.  Il  emploie  au  lieu 
de  clefs  un  pied  de  biche  er.  fer 
appelé  cadet,  monseigneur  ou 
plume.  (Vidocq.) 

CARQUOIS  :  Hotte  de  chij lon- 
nier.  (Colombey.)  Ironie  my  ho- 
logique,  car  le  chiffonnier  est  ap- 
pelé aussi  Cupidon.  V.  ce  moi. 

CARRÉ:  Portion  d'étage  sur 
laquelle  ouvrent  les  portes  des 
divers  logements.  Sa  forme  est 
le  plus  souvent  carrée. 

CARRÉ  (faire  un)  :  Voler  avec 
effraction  dans  les  divers  loge- 
ments ouvrant  sur  un  carré. 

CARREAU,  carreau  de  vitre  : 
Lorgnon  monocle.  —  a  M.  Tou- 
pard,  cinquante-deux  ans,  peùte 
veste  anglaise,  chapeau  capsule, 
un  carreau  dans  l'oeil.  »  [Mém  n- 
res  d'une  Dame  du  monde,  60.; 

CARRÉMENT  :  Francheme  t, 
sans  formes  obliques.  —  «  O  \\ 
tu  es  rouge,  et  carrément,  mon 
bonhomme.  »  (G.  Droz.) 

CARRER  (se)  :  Se  cacher.  (Hel- 
bert.)  Mot  à  mot  :  se  mettre  dai.s 
un  coin.  V,  Carruche. 

CARREUR  :  Forme  ancienne 
du  mot  charrieur.  Il  a  la  ménre 
signification.  —  ce  Le  carreur  qi:i 
escamote  des  pièces  d'or  ou  d'ar- 
gent. »  (Ph.  Chasles.) 

CARROUBLE  :  V.  Caroubk. 

CARRUCHE  :  Prison.  (Grand- 
val.)  —  Diminutif  du  vieux  mo: 
car  :  coin.  (Roquefort.)  Il  est  an- 
cien lui-même,  car  on  le  retrouyt; 

I 


CAR 


-  83  — 


CAS 


dans  le  patois  flamand.  V.  Can- 
ton. 

CARRUCHE  (comte  de  la)  : 
Geôlier.  (Id.) 

CARTAUD  :  Imprimerie.  (Hal- 
bert.) 

CARTAUDER  :  Imprimer.  (Id.) 

CARTAUDIER  :  Imprimeur. 
(Id.) 

CARTE  (femme  en)  :  Femme 
à  qui  la  police  délivre  une  carte 
de  fille  soumise.  —  «  La  fille  en 
carte  est  libre,  pourvu  qu'elle  se 
présente  exactement  aux  visites 
des  médecins.  »  (A.  Béraud.) 

CARTE  (être  en  carte)  :  Être 
inscrite  parmi  les  filles  soumi- 
ses. 

CARTES  (prendre  des)  :  Cher- 
cher mieux.  Mot  à  mot  chercher 
des  cartes  plus  belles,  comme  au 
jeu  d'écarté.  Se  prend  au  figuré 
et  en  mauvaise  part.  —  a  Tu  me 
disais  :  bon  !  bon  !  s'il  n'est  pas 
content,  qu'il  prenne  des  cartes  !» 
(Vadé,  1744.J 

CARTE  (revoir  la):  Vomir. 
—  On  comprend  l'ironie  en  se 
rappelant  que  la  carte  est  la  liste 
des  mets  choisis  pour  un  repas. 

CARTON  (de)  :  Sans  valeur  réel- 
le. V.  Miche,  Occasion  id').—  îl  y 
a  longtemps  que  le  carton  sym- 
bolise une  apparence  trompeuse. 
Saint-Simon  appelait  déjà  le  duc 
du  Maine,  roi  de  carton,  c'est-à- 
dire  roi  de  cartes. 

Céladon 
De  carton, 
Me  prends-tu  pour  un'  lorette? 

(H.  Durand.) 
CARTON  :  Carte  à  jouer.  — 


a  Lorsqu'on  a  dîné  entre  amis, 
il  faut  bien  remuer  des  cartons 
peints  pour  se  dégriser.  »  (About.) 

CARTON  (donner  le)  :  Faire 
jouer.  — <  «  Je  n'ai  point  parlé  des 
tables  d'hôte  où  on  donne  le  car- 
ton, c'est-à-dire  où  l'on  fait  jouer.  » 
(Lespès.) 

CARTON  (graisser,  manier, 
remuer,  travailler,  tripoter  le)  : 
Jouer  aux  cartes.  —  Il  y  a,  comme 
on  voit,  des  expressions  pour 
toutes  les  mains,  sales  ou  non. 

—  «  Ces  quatre  messiers  qui  tri- 
potent  le  carton  avec  une  grande 
habileté.  »  (Villemessant,  60.) 

CARTON  (maquiller  le)  : 
Faire  sauter  la  coupe. 

CARTON  SAVONNÉ  :  Pain 
blanc.  (Rabasse.)  Forme  altérée 
de  «  larton  savonné.  » 

CARTONNER  :  Jouer  aux 
cartes.  —  «  Eh!  eh!  vous  avez 
un  coup  de  pouce...  Oui,  je  ne 
cartonne  pas  mal.  »  (E.  Villars.) 

CARTONNEUR  :  Joueur  pas- 
sionné. —  «  Ensuite  la  ravissante 
cartonneuse  eut  un  instant  de 
veine.  »  {Vie  paris.  66.} 

CARTONNIER  :  Joueur  de 
cartes.  —  «  Pingaud  sut  le  pre- 
mier débrouiller  l'art  confus  de 
nos  vieux  cartonniers.  »  (Alyge.) 

CARVEL  :  Bateau.  (Colom- 
bey.) 

CASAQUIN  (grimper,  tanner, 
travailler  le)  :  Houer  de  coups. 
—L'habit  est  pris  ici  pour  le  corps. 

—  c(  Je  te  tombe  sur  la  bosse,  je 
te  tanne  le  casaquin.  »  (Paillet.) 

—  «  Le  premier  ami  de  Pitt  et 
Cobourg  qui  me  tombe  sous  la 
patte,  je  lui  grimpe  le  casaquia 


CAS 


-84- 


CAS 


et  lui  travaille  les  côtelettes.  » 
(Lombard  de  Langres,  1783.) 
V.  Bosse,  Sabouler. 

CASCADER  :  Trébucher, 
faillir. 

Dis-moi,  Vénus,  pourquoi  t'obstines-tu 
A  faire  ainsi  cascadcr  ma  vertu  ? 

[La  belle  Hélène,  65.) 

CASCADER  :  Faire  des  casca- 
des. —  «  M"«  Leprevost  a-t-elle 
appris  seulement  à  cascader?  » 
(J.  Janin.)  —  «  Je  vais  au  cou- 
vent... Je  suis  fatiguée  de  casca- 
dcr sur  les  planches.  »  (Villemot.) 

CASCADES  :  Vicissitudes,  fo- 
lies. —  «  Sur  la  terre,  j'ai  fait  mes 
cascades.  »  {Robert  Macaire, 
ch.,  36.) 

CASCADES  :  «  Au  théâtre  ce 
mot  dépeint  les  fantaisies  bouf- 
fonnes, les  inégalités  grotesques, 
les  lazzis  hors  de  propos,  les 
improvisations  les  plus  fantas- 
ques. »  (J.  Duflot.)  «  La  pièce  a 
paru  insuffisante  à  un  public  ha- 
bituellement moins  exigeant  en 
fait  de  cascades  dramatiques.  » 
(Monselet.) 

CASCADEUR  :  Farceur,  fai- 
seur de  cascades.  —  «  Je  puis 
dire  que  je  suis  chaque  matin  en- 
vironné d'une  douzaine  de  casca- 
deurs. »  (E.  Villars.) 

CASCADEUSE  :  Femme  ga- 
lante, farceuse.  —  «  La  correspon- 
dance entre  le  prince  et  la  casca- 
deuse n'a  rien  de  compromettant 
pour  l'amant.  »  (A.  Wolff.) 

CASCARET  :  Écu  de  trois 
livres    (Fr.  Michel.) 

CASIMIR  :  Gilet.  (Delvau.) 
Nom  d'étoffe  donné  au  vêtement. 


CASQUE  :  Chapeau  d'homme 
ou  de  femme,  casquette.  Ironie. 

CASQUE  A  AUVENT  :  Cas- 
quette. {Petit  dict.  d'argot,  44.) 
—  L'auvent  est  ici  la  visière. 

CASQUE  A  MÈCHE  :  Bonnet 
de  coton.  —  Allusion  à  la  mèche 
qui  le  termine.  —  «  II  dévoilera 
les  mensonges  cotonneux  de  ma- 
dame et  apportera  dans  le  salon 
le  casque  à  mèche  de  monsieur.  » 
(Th.  Gautier.) 

CASQtlE  (avoir  son)  :  Être  ivre, 
Mot  à  mot  :  avoir  du  vin  plein 
la  tête  ou  le  casque,  comme  le 
prouvent  les  exemples  suiva:\ts  : 
«  Il  me  demande  si  je  veux  mhu- 
mecter,  je  lui  dis  que  j'ai  mon 
casque.  »  (Monselet.)  —  «  lis 
furent  ensemble  dans  un  cabaret 
boire  quelques  pots  de  bon  vin... 
si  bien  que  ce  malheureux  Jean 
s'en  donna  dans  le  casque.  » 
{L'art  de  plumer  la  poule  sans 
crier,  xviii»  siècle.) 

CASQUER  :  Donner  de  l'argent 
bon  gré  mal  gré.  —  De  cascaret^ 
écu,  V.  Cave,  Pognon.  —  «  Le  pe- 
tit Polonais  casqucra.  Vive  la 
Russie!  »  (Claretie.) 

CASQUETTE  :  Chapeau  de 
femme.  —  «  Cré  chien!  Loi  se, 
t'as  là  une  casquette  un  peu 
chouette.  »  (Gavarni.) 

CASQUETTE  :  Ivre.  Mot  à  mot, 
ayant  son  casque. 

Ai-je  manqué,   soit  à  jeun,  soit  cas- 
quette, 
De  t'apporter  ma  soif  et  ma  chanso  i  ? 
(Festeau.) 

CASQUETTE  :«  Être  casquet  te 
a  un  autre  sens  :  c'est  manquer 
de  distinction,  c'est  d'avoir  dans 


CAS 


-  85  - 


CAS 


les  manières  quelque  chose  de 
rude,  d'un  peu  brutal,  comme  les 
gens  dont  la  casquette  est  la 
coiffure  ordinaire.  »  (Mané,  62.) 

CASQUETTE  :  Argent  perdu 
au  café.  —  De  casquer,  payer.  — 
«  Le  café  Voltaire,  créancier  du 
réaliste  pour  des  casquettes  py- 
ramidales. »  (Michu.) 

CASSANTE  :  Noix,  noisette. 
(Grandval,  Vidocq.) 

CASSANTE  :  Dent.  (Halbert.) 
Dans  ces  deux  acceptions,  l'effet 
est  pris  pour  la  cause.  La  noi- 
sette se  casse  et  la  dent  casse. 

CASSE  :  Bris  accidentel  de 
verres  ou  de  porcelaine  dans  un 
café  ou  un  restaurant.  —  <c  Dans 
beaucoup  de  villes,  le  maître  d'hô- 
tel marié  prend  des  pourboires, 
une  part  pour  sa  femme,  une  part 
pour  ses  enfants,  une  part  pour 
la  casse,  etc.  »  (A.  Luchet.) 

CASSE  :  Rognures  et  raclures 
de  pâtisseries  vendues  à  deux 
sous  le  cornet  par  des  pâtissiers. 

CASSE  (je  t'en)  :  Ce  n'est  pas 
pour  toi.  (Halbert.)  Mot  à  mot 
et  ironiquement  :  je  casse  pour 
toi  un  morceau  de  ce  que  tu  con- 
voites. 

CASSE-GUEULE  :  Bal  public 
de  dernier  ordre,  où  on  se  bat 
souvent  : 

CASSE -NOISETTES  :  Tête 
dont  le  nez  et  le  menton  se  rap- 
prochent comme  les  pinces  d'un 
casse-noisettes.  La  perte  des  dents 
donne  souvent  cet  aspect  aux 
figures  de  vieillards.  —  «  Les  flâ- 
neurs du  quartier  les  avaient  sur- 
nommés les  deux  Casse-Noiset- 
tes. »  (Balzac.) 


CASSE -POITRINE  :  «  Cettî 
boutique  est  meublée  de  deux 
comptoirs  en  étain  où  se  débi- 
tent du  vin,  de  Teau-de-vie  et 
toute  cette  innombrable  famille 
d'abrutissants  que  le  peuple  a 
nommés,  dans  son  énergique 
langage,  du  Casse-Poitrine.  »  (  Pr. 
dAnglemont.)  —  «  Ces  demoi- 
selles n'ont  plus  la  faculté  de  se 
faire  régaler  du  petit  coup  d'é- 
trier,  consistant  en  casse-poitrine, 
vespetro,  camphre  et  autres  in- 
grédients. »  (fPétition  des  filles 
publiques  de  Paris,  3o.) —  Se  di- 
sait autrefois  du  vin  très-acide. 
V.  Briolet. 

î  CASSE-POITRINE:  Pédéraste. 
V.  le  d"-  Tardieu  {Attentats  aux 
mœurs.) 

CASSEMENT  DE  PORTE  : 
Vol  avec  effraction.  (Rabasse.) 

CASSER  :  Manger.  Mot  à  mot  : 
casser  avec  les  dents.  —  «  J'avions 
déjà  cassé  trois  ou  quatre  gigots, 
cinq  ou  six  cochons  de  lait,  et 
une  pièce  de  bœuf  à  la  mode.  » 
(Vadé,  1744.)  V.  Casser  le  cou. 

CASSER  :  Dénoncer.  —  Abrév. 
de  casser  du  sucre.  —  «  Part  à 
deux ,  ou  je  casse  sur  toi.  »  (Du 
Camp.) 

CASSER  (se  la)  :  S'enfuir.  — 
«  Vous  vous  esbignez.  Ils  se  la 
cassent.  »  (A.  Second.) —  «  C'est 
assommant  ici.  Je  me  la  casse. 
Cassons-nous-la.  «   (E.  Villars.) 

CASSER  (à  tout)  :  Avec  em- 
portement. —  S'est  appliqué  dans 
l'origine  aux  voitures  qu'on  me- 
nait grand  train,  au  risque  de 
tout  casser.  Se  dit  maintenant 
de  tout.  V.  Ringuer.  —  «  Que 


CAS 


tu  es  belle!    sp'endide!   à 
casser.  »  (E.  ViLars.) 

CASSER  DU  BEJ  :  Sentir  mau- 
vais. —  Casser  a  ici  le  sens  de 
couper,  ce  qui  donne,  mot  à  mot  : 
couper  de  son  bec...  celui  des 
autres.  V.  Couper  la  Gueule. 

CASSER  DU  GRAIN  :  Ne  pas 
faire  ce  qui  est  commandé.  (Del- 
vau.) 

CASSER  DU  SUCRE  :  De'non- 
cer.  (Rabasse),  —  médire  (Del- 
vau.)  —  a  II  en  est  qui,  pour 
amoindrir  leurs  peines,  cassent 
du  sucre  sur  leurs  camarades.  » 
(Stamir,  67.) 

CASSER  LA  GUEULE  ;  Frap- 
per au  visage. 

CASSER  LA  HANE  :  Couper  la 
bourse.  (Halbert.)  —  Vieux  mot. 

CASSER  LE  COU  :  Manger. 

—  «  Chère  belle,  ne  viendrez- 
Yous  pas  casser  le  cou  à  un  fri- 
candeau ce  soir?»  (Lespès,  1866.) 

—  «  Viens-tu  casser  le  cou  à  une 
gibelotte?  »  (Nadar.) 

CASSER  LE  NEZ  (se).— Trou- 
ver porte  close.  Mot  à  mot  :  se 
casser  le  nez  contre  une  porte 
qu'on  croyait  ouverte. 

CASSER  SA  CANNE,  CASSER 

SON  PIF  :  Dormir.  —  Allusion 
à  la  position  d'un  dormeur  dont 
la  tête  perd  son  point  d'appui  et 
s'incline  brusquement  en  avant. 

—  Ils  cassent  leur  canne...  ils  cas- 
sent leur  pif.»(Villars.)V.Org-we 
(jouer  de  1'.) 

CASSER  SA  CANNE  :  Être 
bien  malade.  (Rabasse.) 

CASSER  SA  CANNE  :  Rompre 
son  ban,  quand  on  est  sous  la 


-  86  ~ 
tout 


CAS 

la  justice.  Voir 


surveillance  de 
Canne. 

CASSER  SA  PIPE  :  Mourir. 
(Rabasse.) 

CASSER  SON  ŒUF  :  Faire 
une  fausse  couche. 

CASSER  SON  PIF  :  Dormir. 
V.  Casser  sa  canne. 

CASSER  SON  SABOT,  SA 
CRUCHE  :  Perdre  sa  virginité. 
—  Souvenir  des  chansoi  s  d'au- 
trefois où  ces  à-peu-près  galants 
dominaient. 

CASSER  UNE  PORTE  :  Voler 
avec  effraction. 

^  CASSEROLE  (passer  par  la)  : 
Être  en  traitement  pour  la  syphi- 
lis. On  disait  autrefois  j^o^vs^r  sur 
les  réchauds  de  saint  Corne. 

Comme  le  vieux  jeu  d^  mots 
aller  en  Suède ,  l'une  et  l'autre 
expression  font  allusion  à  la  cha- 
leur requise  par  les  sudoi  itiques 
qui  jouent  un  grand  rôle  dans  la 
cure. 

CASSEROLE  :  dénon- 
ciateur, femme  dénonçant  à  la 
police.  (Halbert.)  —  Vient  le  cas- 
ser. V.  ce  mot.  Il  est  à  noter  que 
le  dénonciateur  s'appelle  aussi 
cuisinier,  que  dénoncer  c'ee^t  man- 
ger le  morceau  ou  se  mettre  à 
table.  —  (c  Tout  le  monde  a  peur 
des  coqueuses  qu'on  appelle  en- 
core des  casseroles  ou  des  mou- 
tons. »  (P.  de  Grandpré.) 

CASSEUR  :  Tapageur,  prêt  à 
tout  casser. (Dhau tel,  08.)  — «La 
manière  oblique  dont  ils  se  coif- 
fent leur  donne  un  air  casi^eur.  » 
(De  La  Barre.) 

CASSEUR  :  Dénonci  iteur. 
V.  Casser  du  sucre. 


CAS 


-87 


CAT 


CASSEUR  DE  PORTES  :  Vo- 
leur avec  effraction.  (Halbert.)  — 
Vêtus  de  toile  bleue  comme  des 
ouvriers,  ils  marchent  par  trois 
le  soir  dans  les  rues,  entrent  dans 
les  maisons  mal  gardées,  frap- 
pent aux  portes  des  logis  non 
éclairés,  et  les  forcent,  si  on  ne 
répond  pas.  Un  fait  le  guet,  les 
deux  autres  opèrent.  (Rabasse.) 

CASSINE  :  a  Ce  mot  signifiait 
autrefois  une  petite  maison  de 
campagne;  maintenant,  il  n'est 
plus  d'usage  que  pour  dire  un 
logement  triste  et  misérable.  » 
(Dhautel,  08.)  —  Diminutif  de 
Case:  «  Ah  !  ben,  vous  n'êtes  pas 
dégoûté!...  voilà  une  cassine.  Je 
sors  de  la  cuisine,  c'est  à  faire 
lever  le  cœur,  un  vrai  fumier, 
quoi!!  !»  (Marquet.) 

CASSOLETTE  (ouvrir  sa)  : 
Vesser.  Mot  à  mot  :  répandre 
des  parfums  trop  connus. 

CASSURE:  Débit  accentué.  — 
«  Le  brio  et  la  cassure  (encore  un 
mot  commandé  par  la  situation) 
avec  lesquels  elle  (mademoiselle 
Silly)  enlève  à  gosier  déployé  son 
rôle  de  Béatrix.  »  (  Vie  parisienne, 
63.) 

CASTE  DE  CHARRUE  :  Quart 
d'écu.  (Halbert.) 

^  CASTOR  :  Officier  de  marine 
évitant  les  embarquements  et  les 
expéditions  de  terre  ferme.  —  Le 
castor  bâtit  volontiers  sur  le  ri- 
vage. 

CASTORIN  :  Chapelier.  (Al- 
manach  des  Débiteurs,  5i.)  Moi 
à  mot  :  marchand  de  castors. 

CASTORISER  :  Dans  la  ma- 
rine, c'est  éviter  les  embarque- 
ments. Dans  l'armée  de  terre,  c'est 


voyager  peu  ou  point,  et  se  per- 
pétuer dans  des  garnisons  agréa- 
bles. —  a  Pélissier  (le  maréchal) 
disait  :  la  garde  impériale  casto- 
rise.  »  (Cluserct,  68.) 

CASTROZ  :  Chapon.  (Grand- 
val.)  C'est  castrat,  avec  change- 
ment de  finale. 

CASTU  :  Hôpital.  (Grandval.) 
—  Forme  abrégée  de  castuc,  à 
moins  que  ce  ne  soit  une  équi- 
voque sur  la  grande  phrase  de 
l'hôpital  :  Qu'as-tu?  (que  res- 
sentez-vous .^  C'est  ainsi  qu'on 
appelle  les  douaniers  qu'as-tu  là. 

CASTUC  :  Prison.  (Vidocq.) 
Du  mot  castel,  château.  V.  Ka- 
vignolé. 

CATÉGORIE  (i",  2«,  3«)  : 

Cesdivisions,  qu'une  ordonnance 
(vers  1800)  avait  rendues  offi- 
cielles pour  la  vente  de  la  viande 
de  boucherie,  ont  été  adoptées 
par  les  gouailleurs  pour  coter  le 
degré  de  distinction  de  celui-ci 
ou  de  celle-là.  On  a  dit  une  fem- 
me de  troisième  catégorie,  comme 
une  femme  du  quart  de  monde  : 
((  Docteur,  je  t'abandonne  Bac- 
chante. Je  la  dépècerais  bien,  mais 
les  morceaux  seraient  de  troisiè- 
me catégorie,  et  le  veau  est  en 
baisse.  »  (Michu.) 

Le  terme  a  fini  par  s'étendre  à 
tout,  en  multipliant  à  l'infini  le 
nombre  des  catégories.  —  «  Les 
amateurs  se  disputent  des  croûtes 
de  sixième  catégorie,  auxquelles 
on  a  mis  un  faux  nez.  »  (E.  Fre- 
bault.) 

CATOGAN  :  Chignon  de  femme 
volumineux  noué  au  niveau  de 
la  nuque  par  un  paquet  de  fa- 
veurs. (Modes  de  66.) 


CAV 


CEN 


Quand  j'aperçois  le  catogan 

De  cette  charmante  personne, 

Accompagné  de  son  ruban 

Dont  le  long  bout  dépasse  une  aune. 

(E.  ViUars.) 

CAUCHEMAR  :  Homme  en- 
nuyeux à  l'excès.  (Dhautel.)  Mot 
à  mot  :  vous  oppressant  comme 
un  cauchemar. 

CAUCHtMARDANT  :  Insup- 
portable. —  «  C'est  cauchemar- 
dant.  »  (Jaime  fils.)  —  «  Pour  en 
finir  avec  cette  profession  si  af- 
freusement cauchemardante.  » 
{Paris-Étudiant,  54.) 

CAUCHEMARDER  :  Être  cau- 
chemardant.  —  «  Pour  abriter  sa 
conscience  contre  certains  hom- 
mes noirs  qui  pourraient  venir  le 
cauchemarder.  »  (Physiologie  du 
parapluie,  4t.) 

CAVALCADES  :  Vicissitudes 
galantes,  oc  Ça  fait  des  manières, 
un  porte-maillot  comme  ça.  — 
Et  qui  en  avait  vu,  des  cavalca- 
des. »  (Gavarni.) 

CAVALE  :  Fuite,  action  de  se 
cavaler.  «  La  cavale  est  plus  dif- 
ficile que  lago.  »  (Rabasse.) 

CAVALER  (se)  :  Fuir  avec  la 
vitesse  d'un  caval  ou  cheval  (vieux 
mot).  —  «  Il  faut  se  cavaler  et 
vivement.  »  (Chenu.)  V.  Feston. 
—  (c  Nous  nous  cavalons,  moi  et 
Todore,  du  côté  du  Temple.  » 
(Monselet.)  —  «  Ces  promesses 
avaient  cavale  mon  esprit  et  mon 
courage.  »  (Lettre  mystique  tou- 
chant la  conspiration  dernière. 
Leyde,  1702.) 

CAVALLE  :  évasion.  (Petit 
dictionnaire  d'argot,  44.)  Mot  à 
mot  :  action  de  se  cavaler. 

GAVÉ  :    Dupe.   Mot  à  mot  : 


tombé  dans  un  trou,  une  cave. 

—  Même  image  dans  enfoncé,  cas- 
qué. 

CAVÉE  :  Église.  (H  ilbert.)  — 
Elle  est  voûtée  comnne  la  cave, 

CE  :  Argent.  (Rabasse.)  Voir 
Chêne. 

Tout  de  ce  :  Très-bien.  (Vi- 
docq.) 

CELUI  DE  (avoir)  :  Avoir  l'hon- 
neur  de.  —  Usité  par  moquerie 
des  politesses  exagérées  de  la  pe- 
tite bourgeoisie,  où  Ion  avait 
à  cœur  de  répondre  :  J'ai  celui 
de,  etc.,  à  l'interlocuteur  qui 
vous  avait  dit  :  j'ai  eu  l'honneur 
de,  etc.  —  «  Mam'selle.  aurai-je 
celui  d'aller  avec  vous  ?  »  (J.  La- 
dimir,  41.) 

CENT  COUPS  (faire  les)  :  Com- 
mettre des  actes  de  folie,  de  dé- 
sespoir. —  «  Tu  peux  faire  les 
quatre  cents  coups  dans  la  cité.  » 
(E.  Sue.) 

CENTRALE  :  Prison  centrale. 

—  «  Les  centrales,  comme  disent 
les  voleurs,  sont  les  prisons  dont 
ils  craignent  le  plus  le  régime 
sévère.  »  {Figaro,  76.) 

CENTRE  :  Nom.  (Vidocq), 
état  civil.  (Rabasse.) 

Faux  centre,  Centre  à  Vestor* 
gue  :  Faux  nom  :  V.  Estorgue. 

Coquer  son  centre  :  Donner  son 
nom.  V.  Ravignolé. 

CENTRE  DE  GRAVITÉ  : 
Derrière.  —  «  Il  se  risque.. .  Ne  fré- 
missez pas,  belle  lectrice;  les  don 
Juan  sont  très-forts  sur  h  gym- 
nastique. Dès  leur  plus  tendre  en- 
fance ils  se  sont  exercés  à  tomber 
sur  leur  centre  de  gravite.  C'est 
là-dessus  que  don  Juan  Cbt  tom- 
bé. »  (E.  Lemoine.) 


CER 


-89- 


CHA 


CENTRIER  :  Député  du  centre 
conservateur  sous  Louis-Philip- 
pe. V.  Ventru  :  «  Moreau  !  Mais 
il  est  député  de  l'Oise.  —  Ah  ! 
c'est  le  fameux  centrier.  »  (Bal- 
zac.) 

CENTRIER,  CENTRIPÈTE  : 

Soldat  du  centre,  fantassin. 

C  E  R  B  È  R E  :  Portier  malhon- 
nête et  grondeur  comme  le  Cer- 
bère de  la  fable  :  —  «  Misérable, 
disait-elle  au  cerbère,  si  mon 
mari  le  savait. — Bah!  répondait- 
il...  un  terme  de  payé,  ça  aide.  » 
(Ricard.) 

CERCLE  :  Pièce  d'argent.  — 
Allusion  de  forme. 

CERCLE  (pincer,  rattraper, 
repincer  au  demi-)  :  Prendre  à 
l'improviste.  —  Terme  d'escrime. 
—  «  Filons...  je  connais  l'escalier 
de  service...  Aie!  pinces  au  demi- 
cercle.  »  (Villars.) 

CERCLE  :  Tonneau.  (Vidocq.) 
Allusion  aux  cercles  retenant  les 

douves. 

CERCUEIL:  Bière,  boisson. 
Jeu  de  mots.  V.  Cogne. 

CERF  :  Mari  trompé.  —  Allu- 
sion de  cornes. 

L'amant  quitte  alors  sa  conquête 
Et  le  cerf  entre  à  la  maison. 

(Béranger.) 

CERF  (sedéguiser  en)  :  Courir. 
Allusion  à  la  vitesse  du  cerf. 
V.  Ballon  (se  lâcher  du). 

CERF-VOLANT  :  Femme  dé- 
pouillant les  enfants  mal  sur- 
veillés par  leurs  bonnes.  —  Jeu 
de  mots.  Elle  vole  dans  les  jardins 
publics  où  vole  aussi  le  jouet  dit 
ce>^/-volant. 


CERISIER  :  Cheval  aussi  mau- 
vais que  les  bidets  qui  portent 
des  cerises  au  marché.  —  On  dit 
d'un  mauvais  cavalierqu'il  monte 
en  marchand  de  cerises.  (Dhau- 
tel.) 

CES  :  Ce  pronom  a  parfois  une 
valeur  ironique  particulière  lors- 
qu'il est  placé  devant  les  substan- 
tifs. —  «  On  a  donné  à  ces  dames 
que  voici  le  nom  de  musardines.  » 
(Alb.  Second.)  — Bérangerachan- 
sonné  ces  demoiselles. 

CESARIEN  :  partisan  du  pou- 
voir absolu  et  surtout  du  pouvoir 
Napoléonien.  —  «  L'abus  du  par- 
lementarisme favorise  ce  que  nous 
appelons  les  Césariens.  »  (P.  Mo- 
niteur y  5  août  75.) 

CHABANNAIS,  CHABANAIS  : 
Bruit.  — «  Il  m'embête,  votre  pu- 
blic. En  font-ils  du  chabanais.  » 
(Décembre-Alonnier.) 

Ah  !  ça  prend  dans  les  rues  ? 

Le  chabanais,  ça  mousse.  (Sardou.) 

CHACAL  :  Zouave.  (Dans 
l'argot  militaire  d'Afrique.) 

CHAFRIOLER  :  Se  complaire. 
«  L'atmosphère  de  plaisirs  où  il 
se  chafriolait.  »  (Balzac.) 

CHAHUT  :  Dispute.  —  «  Je 
n'ai  jamais  de  chahut  avec  José- 
phine comme  toi  avec  Millie.  » 
(Monselet.) 

CHAHUT  :  Cancan  populaire. 
—  «  La  chahut  comme  on  la  dan- 
sait alors  était  quelque  chose  de 
hideux,  de  monstrueux;  mais 
c'était  la  mode  avant  d'arriver  au 
cancan  parisien,  c'est-à-dire  à 
cette  danse  élégante,  décemment 
lascive  lorsqu'elle  est  bien  dan- 
sée. Aujourd'hui   le    cancan   en 


GHA 


~  90  — 


GHA 


l'école  moderne  triomphe,  la 
chahut  n'est  plus  guère  con- 
nue que  des  titis  des  Funam- 
bules. »  (Pr.  d'Anglemont,  5i.) 
—  «Un  caractère  d'immoralité  et 
d'indécence  comparable  au  cha- 
hut que  dansent  les  faubouriens 
français  dans  les  salons  de  Dé- 
noyers. »  (Mansion,  33.) 

.     ...    Et  pour  se  meUre  en  rut 
Apprennent  là  du  peuple  à  danser  le 
chahut.  (A.  Barbier.) 

CHAHUT:  Mêlée,  remue-mé- 
nage. —  «  La  cavalerie  monte  à 
cheval.  C'était  un  chahut,  un 
boucan  général.  »  Commentaires 
de  Loriot.) 

CHAHUTER  :  Faire  tapage, 
danser  le  chahut. — a  Ça  mettra  le 
vieux  Chariot  en  gaité...  il  cha- 
hutera sur  sa  boutique.»  E.  Sue. 

CHAHUTER  :  Renverser,  cul- 
buter. 

Sur  les  bords  du  noir  Cocyte, 

Chahutant  le  vieux  Caron, 

Nous  r  fich'rons  dans  sa  marmite,  etc. 

(Cha/ison  de  canotiers.) 

CHAHUTEUR  ;  Tapageur, 
danseur  de  chahut. 

CHAILLOT!  (A)  :  Allez  vous 
promener  !  Mot  à  mot  :  Allez  à 
Chaillot!  Cette  injure,  fort  usi- 
tée, daterait,  selon  M.  Louis  Ul- 
bach,  qui  s'en  est  occupé  dans  le 
Figaro,  de  l'année  1784,  où  la 
construction  du  mur  d'enceinte 
consterna  tellement  les  habitants 
de  Chaillot  que  le  nom  d'ahuris. 
leur  est  resté. 

Pour  notre  part,  nous  avons 
constaté  qu'en  1826  ce  terme  d'a- 
huri de  Chaillot  était  encore  po- 
pulaire, car  le  Dictionnaire  pro~  1 


verbial  de  Caillot  lui  donne  une 
place  ;  a  Ahuri,  surprix,  étonné. 
On  dit  à  Paris  :  les  ahuris  de 
Chaillot.  » 

Il  convient  d'ajouter  que  le 
village  de  Chaillot  était  autrefois 
le  point  de  mire  des  mauvais 
plaisants.  —  Quand  on  parlait 
d'une  Agnès  de  Chaillot  c'était 
pour  désigner  une  fille  suspecte. 

—  «  Ah!  ciel!  disais-je  en  moi- 
même,  cette  Agnès  de  Chaillot 
serait- elle  de  ce  pays-ci  ?  »  (  Voya- 
ge de  Paris  à  Saint-Clou  .i,  1 754.) 

«  A  Chaillot  les  gêneurs!  veut 
dire  tout  simplement  :  Au  diable 
les  ennuyeux  !  »  (Mané,  Paris  ef- 
fronté, 63.) 

J'  crois  la  proposition  honnêii 
En  t'offrant  mon  cœur  et  ma  main. 
Quoi  !  tu  m' réponds,  rêv'  de  rnon  âme  : 
«  A  Chaillot  !  ton  cœur  et  to  1  nom  !  » 

(Aug.  Hardy.) 

CHAIR  A  CANON  :  Soldat.  — 
«  L'homme  ne  fut  plus,  comme 
on  disait  sous  l'Empin  ,  de  la 
chair  à  canon.  »  (D^  Vért-n.) 

CHAIR  HUxMAINE  (vendeur 
ou  marchand  de)  :  Proj;énète  : 
Agent  de  remplacement  m  ;  litaire. 

—  Au  xvine  siècle,  on  cionnait 
déjà  ce  nom  aux  sergents  recru- 
teurs. 

CHALOUPE  :  Femme  au  ju- 
pon gonflé  comme  une  v  )ile  de 
chaloupe.  —  «  C'te  chalo  ipe!  » 
crie  un  gamin  de  Gavarri  der- 
rière une  élégante. 

CHALOUPE  ORAGE  JSE  : 
Cancan  échevelé.  —  Comparai- 
son de  la  danse  au  roulis  d'une 
chaloupe.  —  «  Ils  chalou  laient 
à  la  Chaumière.  »  {Étudiant,  64.) 

—  ce  Ohé!  les  danseurs  !  qui  est-ce 


CHA  -  91   - 

qui  veut  du  cancan  et  de  la  cha- 
loupe à  mort?  »  —  (E.  Bourget, 
1845.)  —  V.  Tulipe. 

CHALOUPER  :  Danser  la  cha- 
loupe, faire  de'Bauche. 


CHA 


Et  je  chaloup'rai 
Tant  qu'  j'aurai 
De  la  vaisselle  de  poche. 

(Poinchoud.j 

CHAMBARDER  :  Bousculer. 
—  Terme  de  marine. 

GHAMBERTER  :  Être  indis- 
cret (Rabasse.) 

CHAMBRE  DE  SÛRETÉ  : 
Prison  de  la  Conciergerie.  (Sta- 
mir.) 

CHAMBRE  DES  PAIRS  :  Ba- 
gne. —  Côté  des  condamnés  à 
vie.  Les  autres  sont  les  députés. 

CHAMEAU  :  Femme  de  mau- 
vaise vie.^  —  On  dit  aussi  :  Cha- 
meau d'Egypte,  chameau  à  deux 
bosses,  ce  qui  paraît  une  allusion 
à  la  mise  en  évidence  de  certains 
appas.  Cette  épithète  passe  aussi 
pour  dater  de  la  campagne  d'E- 
gypte, pendant  laquelle  nos  sol- 
dats, profonds  analogistes,  au- 
raient été  frappés  de  la  docilité 
avec  laquelle  le  chameau  se  cou- 
chait pour  recevoir  son  fardeau. 
Tel  est  du  moins  l'avis  de  VEn- 
cyclopediana.  —  «  Qu'est-ce  que 
tu  dis  là,  concubinage?  coquine, 
c'est  bon  pour  toi.  A-t-on  vu  ce 
chameau  d'Egypte!  »  (Vidal,  33.) 
—  ce  Cette  vie  n'est  qu'un  désert, 
avec  un  chameau  pour  faire  le 
voyage  et  du  vin  de  Champagne 
pour  se  désaltérer.  »  (F.  Deriège, 
42.)  —  a  II  n'y  a  pas  d'affront 
pour  une  femme  appelée  cha- 
meau!  Cet  animal  est  sobre  et 


laborieux.  Quelle  citoyenne  du 
quartier  Bréda  peut  en  dire  au- 
tan c?  »  (Commerson.) 

CHAMP  DE  NAVETS  :  .  Un 
convoi  remontait  l'avenue  d'Ita- 
lie se  rendant  à  ce  triste  cime- 
tièreconnu  sous  le  nom  de  Champ 
de  Navets.  »  (A.  d'Aunay,  75.) 

CHAMP  :  Champagne.  —  <.c  Ma- 
ria. Oh  !...  du  champ  !  —  Éole... 
■àgne.— Maria.  Qu'est-ce  que  vous 
avez  donc?  —  Éole.  On  dit  du 
Champagne.  —Maria.  Ah  bah! 
où  avez- vous  vu  ça?  (Th.  Bar- 
rière.) 

CHAMPAGNE,  fine  champa- 
que  :  Eau -de- vie  fine.  —  Du 
nom  d'un  village  de  la  Charente- 
Inférieure.  —  «  Nous  lui  ferons 
prendre  un  bain  de  fine  Cham- 
pagne. »  (Cochinat.)  —  On  dit 
également  :  un  petit  verre  de 
Ji7ie,  ou  de  Champagne, 

CHAMPOREAU  :  Boisson 
très-goûtée  en  Algérie.  Tous  les 
cabarets  portent  sur  leur  enseigne 
ce  nom,  qui  est  celui  de  l'inven- 
teur. Le  champoreau  se  fait  en 
ajoutant  une  liqueur  quelconque 
à  du  café  au  lait  très-étendu  d'eau  ; 
il  y  a  le  champoreau  au  rhum, 
le  champoreau  au  kirsch,  etc.  — 
«  On  y  boit  des  champoreaux 
(du  lait,  du  café  et  du  rhum),. ce 
qui  n'est  pas  mauvais.  »  {Comm. 
de  Loriot.) 

CHANÇARD  :  Favorisé  par  la 
chance.  —  «  Chacun  se  sauve 
comme  il  peut.  Je  parle  des  chan- 
çards.  »  {Commentaires  de  Lo- 
riot.) 

CHANDELLE  :  Mucosité  cou- 
lant du  nez,  comme  le  suif  coule 


CHA 


92  — 


CHA 


de  la  chandelle,  —  quand  on  ne 
la  mouche  pas. 

CHANDELLE  :  Fusil  de  muni- 
tion. —  Il  est  comme  la  chandelle, 
long,  rond,  et  il  en  sort  une 
flamme  quand  on  y  met  le  feu. 

Etre  conduit  en  quatre  chan- 
delles.—  Être  conduit  par  quatre 
soldats. 

CHANDELLE  :  Bouteille.  «  Nous 
allons  chez  le  marchand  de  vin 
et  je  demande  une  chandelle  à 
12  sous.  »  (La  Correctionnelle.) 

CHANOINE,  CHANOINESSE  : 
Rentier,  rentière.  (Colombey.) 
Assimilation  de  la  rente  à  la  pré- 
bende du  canonicat. 

CHANTAGE  :  Extorsion  d'ar- 
gent sous  menace  de  révélations 
scandaleuses.  —  <c  Le  chantage, 
c'est  la  bourse  ou  l'honneur.  » 
(Balzac.)  —  «  Le  chantage  existe 
partout.  Et  celui  que  Ton  punit 
n'est  pas  toujours  le  plus  dange- 
reux. Il  y  a  le  chantage  en  gants 
paille,  qui  s'exerce  dans  un  sa- 
lon, qui  prend  des  airs  de  vertu, 
qui,  du  haut  de  son  équipage,  écla 
bousse  le  passant  ;  celui-là,  on  ne 
l'atteint  pas!  Mais  le  tribunal  est 
la  terreur  de  ces  exploiteurs  de 
bas  étage  qui  proposent  aux  gens 
craintits  et  aux  pusillanimes  une 
terrible  alternative  :  la  bourse  ou 
le  déshonneur! 

u  iNous  avons  vu  autrefois  au 
Palais  un  vieux  professeur,  fort 
connu,  savant  éminent.  Ce  mal- 
heureux, depuis  un  demi-siècle, 
était  exploité  par  une  bande  de 
misérables  qui  lui  demandaient 
de  l'argent  sous  peine  de  lui  im- 
puter un  vice  ignoble.  Le  profes- 
seur avait  craint  le  scandale;  il 
avait  payé.  Ce  qu'il  y  avait  de 


singulier,  c'est  que  les  premiers 
exploiteurs  étaient  morts  ou  reti- 
rés avec  leurs  rentes,  et  avaient 
cédé  à  des  successeurs  leur  part 
dans  l'exploitation  de  M.  X...  A 
chaque  trimestre,  un  coup  de 
sonnette  se  faisait  régulièrement 
entendre  dans  la  maison  habi- 
tuellement si  tranquille  du  sa- 
vant; ce  coup  de  sonnette  faisait 
tressaillir  le  pauvre  homme  : 
c'était  la  diffamation  qui  venait 
réclamer  le  prix  de  son  silence. 
Et  M.  X...  a  payé  comme  cela  en- 
viron 3oo,ooo  francs.  Enfin  la 
justice  a  mis  la  main  sur  ces  cor- 
saires de  la  vie  privée.  Les  douze 
coquins  qui  vivaient  sur  la  for- 
tune de  M.  X...  ne  vivront  doré- 
navant qu'aux  frais  de  l'ii^tat.  » 
{Figaro.) 

CHANTER  :  Être  victime  d'un 
chantage.  —  «  Tout  homme  est 
susceptible  de  chanter,  ceci  est 
dit  en  thèse  générale.  Tout  hom- 
me a  quelques  défauts  de  cui- 
rasse qu'il  n'est  pas  soucieux  de 
révéler.  (Lespès.) 

CHANTER  (faire)  :  Rendre 
quelqu'un victimed'un  cha:itage. 
Mot  à  mot  :  faire  chanter  (rison- 
ner;  ses  écus.  Chanter  plus  haut 
voulait  dire  jadis  donner  une  plus 
forte  somme.  Le  Dictionnaire  de 
l'Académie  le  donne  avec  ce  sens. 
—  «Puisque  l'argot  court  aujour- 
d'hui les  boudoirs,  nous  dirons 
que  faire  chanter  signifie  obtenir 
de  l'argent  de  quelqu'un  ei  lui 
faisant  peur,  en  le  menaçant  de 
publierdes  choses  qui  pourr  lient 
nuire  à  sa  considération,  ou  qu'il 
a  pour  d'autres  raisons  un  grand 
intérêt  à  tenir  ignorées.  »  Ro- 
queplan,  41.)  —  «  Faire  chanter, 
c'est  faire  payer  une  chose  qu'on 


CHA 


-^93- 


CHA 


ne  doit  pas.  »  (Dhautel,  08.)  — 
Ce  dernier  exemple,  qui  est  le 
plus  ancien,  ne  semble  pas  don- 
ner au  mot  sa  signification  pré- 
cise d'aujourd'hui. 

CHANTERELLE  (appuyer  sur 
la)  :  Toucher  à  un  endroit  sen- 
sible, ou  serrer  la  gorge  de  quel- 
qu'un à  le  faire  crier.  —  Assimi- 
lation de  la  voix  à  la  corde  aiguë 
du  violon. 

CHANTEUR:  «Le  chanteur 
s'est  procuré  un  document  im- 
portant; il  demande  un  rendez- 
vous  à  l'homme  enrichi.  Si  l'hom- 
me compromis  ne  donne  pas  une 
somme  quelconque,  le  chanteur 
lui  montre  la  presse  prête  à  l'en- 
tamer, à  dévoiler  ses  secrets. 
L'homme  riche  a  peur,  il  finance. 
Le  tour  est  fait.  Vous  vous  livrez 
à  quelque  opération  périlleuse, 
elle  peut  succomber  à  une  suite 
d'articles  :  on  vous  détache  un 
chanteur  qui  vous  propose  le  ra- 
chat des  articles.  »  (Balzac.)  — 
Vidocq  déclare  chanteurs  :  1°  les 
journalistes  qui  exploitent  les  ar- 
tistes dramatiques;  20  les  faiseurs 
de  notices  biographiques  qui  les 
offrent  à  tant  la  ligne  ;  3°  ceux  qui 
proposent  à  des  prix  énormes  des 
autographes  ayant  trait  à  des  se- 
crets de  famille.  —  «  Sans  comp- 
ter, ajoute-t-il,  mille  autres  fri- 
pons dont  les  ruses  défraieraient 
un  recueil  plus  volumineux  que 
la  Biographie  Michaud.  » 

On  nomma  enfin  chanteurs  les 
hommes  exploitant  la  crainte 
qu'ont  certains  individus  de  voir 
divulguer  des  passions  contre  na- 
ture. Ils  dressent  à  cette  fin  des 
jeunes  gens  dits  Jésus  qui  leur 
fournissent  l'occasion  de  consta- 
ter des  flagrants  délits  sous  les 


faux  insignes  de  sergents  de  ville 
et  de  commissaires  de  police.  La 
dupe  transige  pour  des  sommes 
considérables.  »  (Canler.)  —  La- 
cenaire  était  chanteur  de  cette 
classe,  et  a  consacré  à  ce  métier 
quelques  pages  de  ses  Mémoires, 
36. 

CHANTILLY  :  Dentelle  de 
Chantilly. —  a  J'ai  là  une  confec- 
tion de  velours  avec  des  Chan- 
tilly. »  {Alm.  du  Hanneton.) 

CHAPARDER  :  Marauder.  — 
De  chat-pard  :  chat  tigre.  —  «  La 
veille,  il  avait  chapardé  dans  le 
village  une  grosse  bûche.  »  {Alm. 
du  Hanneton,  67.) 

CHAPARDEUR  :  Maraudeur, 
voleur.  —  «  Si  le  sergent-major 
et  le  fourrier  n'étaient  pas  aussi 
chapardeurs,  nos  rations  nous 
suffiraient.  »  {Commentaires  de 
Loriot.) 

CHAPELET  DE  S»  FRAN- 
ÇOIS :  Chaîne  attachant  un  con- 
damné. (Rabasse.) 

CHAPELLE  (faire)  :  Relever 
sa  jupe  pour  se  chauffer  à  un  feu 
de  cheminée. 

CHAPON  :  Moine.  (Colombey.) 
—  Allusion  à  la  chasteté  obliga- 
toire. 

CHARABIA  :  «  Toutes  ces  af- 
faires se  traitent  en  patois  d'Au- 
vergne dit  charabia  »  (Balzac.) 

CHARABIA  :  Auvergnat.  — 
«  Que penseriez-vous d'un  hom me 
qui  n'est  ni  Auverpin  ni  Chara- 
bia. »  (Pr.  d'Anglemont.) 

CHARGÉ  :  Ivre.  Mot  à  mot, 
qui  a  sa  charge  de  boisson. 

CHARGER  :  Pour  les  cochers 
de  fiacre,  c'est  prendre  des  voya- 


CHA 


—  94  - 


CHA 


geurs.  Mot  à  mot  :  charger  leurs 
voitures. 

CHARIER  :  Chercher  à  savoir. 
(Rabasse.) 

CHARIEUR  :  Celui  qui  cher- 
che à  savoir.  (Id.) 

CHARLEMAGNE  (faire)  :  Se 
retirer  du  jeu  lorsqu'on  est  en 
gain,  sans  plus  de  façon  qu'un 
roi.  —  Il  paraît  que  les  rois  avaient 
ce  privilège  sans  manquer  aux 
usages. 

Ce  terme  contient  en  même 
temps  un  jeu  de  mots  sur  le  roi 
de  carreau,  le  seul  dont  le  nom 
soit  français.  —  «  Le  lansquenet 
fait  fureur...  Ah!  c'est  qu'il  est 
commode  de  pouvoir  faire  Ghar- 
lemagne  sans  rougir,  et  Charle- 
magne  est  le  roi  du  lansquenet. 
On  se  trouve  en  gain ,  on  quitte 
la  table  ettoutestdit.  »(E.  Arago.) 
—  a  Le  jeu  est  agréable  parce 
qu'on  n'est  point  poli.  On  s'em- 
porte et  l'on  fait  Charlemagne.  » 
(Stendhal,  1826.)  —  a  Si  je  gagne 
par  impossible,  je  ferai  Charle- 
magne sans  pudeur.  »  (About.) 

CHARLEMAGNE  :  Poignard 
d'infanterie.  —  Allusion  à  l'épée 
du  grand  monarque. 

CHARLOT  :  Malin.  (Rabasse.) 

CHARLOT  :  «  Le  peuple  et  le 
mondedes  prisons  appellent  ainsi 
l'exécuteur  des  hautes  œuvres 
de  Paris.  »  (Balzac.) 

Le  mot  est  ancien  :  «  JYavons 
vu  faire  la  procession  dans  la 
ville,  derrière  le  confessionnal  à 
Chariot  casse-bras,  qui  t'a  marque 
à  l'épaule  au  poinçon  de  Paris.  » 
(Vadé,  1744.)  —  «  Que  Chariot 
vous  endorme!  Tirez  d'ici,  meu- 


ble du  Châtelet.  »  (Ide  11.)  V. 
Garçon. 

On  disait  Chariot  casse-bra- , 
par  allusion  à  la  roue  ^ur  la- 
quelle il  cassait  les  bras  djs  con- 
damnés. 

CHARMANT,  CHARMANTE  : 
Galeux,  galeuse.  (Halbert.) 

CHARMANTE  :  Gale.  —  «  La 

charmante  y  fait  gratter  b  en  des 
mains,  aussi  la  visite  étiit-elle 
rigoureuse.  »  (Vidal,  33.) 

CHARON  :  Voleur.  (Vi  locq.) 

—  Diminutif  de  Charriew  . 

Dessus  le  pont  au  Change 
Certain  agent  de  change 
Se  criblait  au  charon.  (Vid  )cq.) 

CHARPENTER  :  Tracer  la 

charpente,  le  scenariod'une  pièce. 

—  «  As-tu  vu  la  pièce  d'hier  ?  — 

—  Oui,  c'est  assez  gentil.  —  Sst-ce 
bien  charpenté?  —  Peuh  !  couci- 
couci.  »  (La  Fizelière.)  —  «  Dans 
l'art  dramatique,  les  gens  cie  let- 
tres ont  bien  voulu  me  recon- 
naître une  importante  quilité, 
celle  de  charpenter  une  picce.  » 
(Alex.  Duval,  33.) 

CHARPENTIER  :  Collabora- 
teur chargé  de  charpentei  une 
pièce.  —  «  Il  n'est  pas  si  facile  de 
se  montrer  un  habile  charpen- 
tier. »  (A.  Second.) 

CHARRIAGE  :  Escroquerie.  — 
Action  de  charrier.  V.  Charrier. 

CHARRIAGE  A  L'AMLRI- 
CAINE  :  «  Il  exige  deux  com- 
pères :  celui  qui  fait  l'Américain, 
un  faux  étranger  qui  se  dit /amé- 
ricain. Brésilien  etdepuisquelque 
temps  Mexicain,  2»  celui  qu»  lui 
sert  de  leveur  ou  de  jardinier. 
Le  leveur  lie  conversation  avec 


CHA 


-95 


CHA 


tous  les  naïfs  qui  paraissent  por- 
ter quelque  argent.  Puis  on  ren- 
contre VAméricain  qui  leur  pro- 
pose d'échanger  une  forte  somme 
en  or  contre  une  moindre  somme 
d'argent.  La  dupe  accepte  et  voit 
bientôt  les  charrieurs  s'éloigner, 
en  lui  laissant  contre  la  somme 
qu'il  débourse  des  rouleaux  qui 
contiennent  du  plomb  au  lieu 
d'or.  »  (Ganler.)  —  On  l'appelle 
aussi  vol  à  l'américaine  et  vol  au 
change.  —  Avec  le  temps  l'Amé- 
ricain s'est  démodé.  Il  est  de- 
venu successivement  un  Brési- 
lien et  un  Mexicain. 

CHARRIAGE  AU  POT  :  Il  dé- 
bute de  la  même  façon  que  le 
précédent.  Seulement  l'Américain 

olîreà  ses  deux  compagnons  d'en-  o8.)~«C'est  pas  l'embarras 

trer  a  ses  frais  dans  une  maison  1  .   '       '  .  ,.,  ^^ 

faut  croire  qu  il  aura  reçu  une 


le  dévalise.  -  Ce  genre  de  char- 
riage s'appelle  maintenant i'o/<3m 
père  François. 

CHARRIER  :  Voler  quelqu'un 
en  le  mystifiant,  dit  Vidocq.  — 
Du  vieux  mot  charier  :  mystifier, 
qui  est  encore  usité  dans  le  dia- 
lecte flamand.  Mot  à  mot  :  mener 
en  chariot.  Il  esta  noter  que  rou- 
ler a  conservé  un  sens  analogue. 

CHARRIEUR,  CHARRON, 
CAREUR  :  Voleur  pratiquant 
le  charriage.  —  Même  observa- 


tion que 
routeur. 


ci-dessus  pour  îe  mot 


CHARÏEUR,  CAMBROUSIER  : 
Charlatan  nomade.   (Halbert.) 

CHASSE  :  Mercuriale.  (Dhau- 


de  débauche.  Par  crainte  d'un 
vol,  il  cache  devant  eux  dans 
un  pot  une  somme  considérable. 
Plus  loin,  il  se  ravise  et  envoie 
la  dupe  reprendre  le  trésor  après 
lui  avoir  fait  déposer  une  caution 
avec  laquelle  il  disparaît,  tandis 
que  le  malheureux  va  déterrer  un 
trésor  imaginaire. 

Charriage  au  coffret.  —  Variété 
moderne  du  précédent.  L'Amé- 
ricain confie  àunedame de  comp- 
toir un  coffret  fermé  à  clé  dans 
lequel  il  a  fait  voir  préalablement 
des  rouleaux  de  pièces  d'or.  Il  re- 
vient de  la  journée,  il  a  besoin 
d'argent  et  il  a  perdu  la  clé  du 
coffret.  On  lui  fait  une  avance  et 
il  ne  reparaît  plus.  Le  cotfret  ne 
contenait  que  des  centimes. 

CHARRIAGE  A  LA  MÉCA- 
NIQUE :  Un  voleur  jette  son 
mouchoir  au  cou  d'un  passant  et 
le  porte  à  demi  étranglé  sur  ses 
épaules  pandant  qu'un  complice 


croire 
fameuse  chasse  pour  être  remonté 
si  en  colère.  »  (H.  Monnier.) 

CHASSE,  CHASSIS  :  Œil.  — 
C'est  un  vrai  châssis  pour  la 
tête.  —«Je  m'arc-boute  et  lui  crève 
un  châssis.  »  (Vidocq.)  V.  Co- 
quer,  Balancer,  Estorgue. 

CHASSE-COQUIN,  CHASSE- 
NOBLE  :  Gendarme.  (Halbert.) 

CHASSEPOT  :  Fusil  de  muni- 
tion se  chargeant  par  la  culasse. 
—  Du  nom  de  son  inventeur.  — 
((  Dumanet,  lorsqu'il  ne  fait  pas 
merveille  avec  son  chassepot,  a 
de  l'esprit  comme  quatre.  »  (V. 
Noir.) 

CHASSER  :  partir.  (Rabasse.) 

CHASSER  DES  RELUITS: 
Pleurer.  Mot  à  mot  :  chasser  les 
larmes  des  yeux. 

CHASSER  LE  BROUILLARD  : 
Boire  la  goutte.  V.  Brouillard. 


CHA  —  96  — 

CHASSES  D'OGCASE  :  Yeux  j 
louches.  Mot  à  mot  :  yeux  mal  ' 
assortis,  achetés  d'occasion.  Voir 
Estorgue.  (Halbert.) 

CHASSIS  :  Paupières.  (Ra- 
basse.) 

CHASSUE  :  Aiguille.  (Hal- 
bert.) —  Son  trou  s'appelle  chas 
dans  la  langue  régulière. 

CHASSURE  :  Urine.  (Halbert.) 

CHAT  :  Guichetier.  (Vidocq.) 
—  Allusion  au  guichet,  vraie 
chatière  derrière  laquelle  on  voit 
briller  ses  yeux. 

CHAT,  CHATTE  :  Sobriquet 
d'amitié.  —  «  Alfred,  mon  gros 
chat!  —  Qu'est-ce  que  tu  veux, 
Minette  ?»(Montépin.) — a  Tu  vas 
te  trouver  mal  à  présent,  Fanny  ! 
pauvre  chatte  chérie.  »  (H,  Mon- 


CHA 

un  chaudf  ou  vous  êtc^   cliaudy 
i  vous. 

CHAUD  (être)  :  Avoir  l'œil  au 
guet.  (Colombey.) 

CHAUD  (il  y  faisait)  :  Allusion 
aux  feux  de  l'artillerie  et  de  la 
mousqueterie.  —  La  bataille  était 
rude.  —  «  Ah  !  vous  étiez  à  Wa- 
gram?  —  Un  peu.  —  Il  y  faisait 
chaud,  hein?  »  (H.  Monaier.) 

CHAUD  (il  fera)  :  Jamais. 
Mot  à  mot  :  il  fera  un  temps 
chaud  comme  il  n'y  en  aura  ja- 
mais. —  «  C'est  bien.  Quand  tu 
me  reverras,  il  fera  chaud.  » 
(Méry.) 

CHAUDE-LANCE  :  Gonor- 
rhée.  (Vidocq.)  Allusicn  à  sa 
cuisson  et  à  ses  élancements. 


CHATAIGNE  :  Soufflet.  —Son 
bruit  sec  peut  à  la  rigueur  être 
comparé  à  celui  de  la  châtaigne 
qui  éclate  au  feu. 

CHATEAU  DE  L'OMBRE  : 
Bagne.  (Stamir.) 

CHATTEMENT  :  Avec  la  câli- 
nerie  d'une  chatte.  —  0  Elle  alla 
chattement  à  lui.  »  (Balzac.) 

CHATTERIE  :  Friandise,  câ- 
linerie. 

CHAUD  :  Coureur  de  belles, 
homme  ardent  et  résolu.  —  Au- 
trefois on  disait  chaud  lancier. 

—  «  Le  chaud  lancier  a  repris  Son 
Altesse  Royale.  »  {Courrier  bur- 
lesque, 2«  p.,  i65o.) 

CHAUD  :  Artificieux,  avide. 

—  Forme  du  vieux  mot  caut  : 
rusé,  qui  a  fait  cauteleux.  —  On 
dit  souvent  dans  ce  sens  :  c'est 


CHAUDRON  :  Mauvais  piano, 
résonnant  comme  un  chiudron. 

CHAUFFE  LA  COUCHE: 
Mari  trompé  et  content.  Mot  à 
mot  :  chauffant  pour  un  autre  la 
couche  conjugale.  —  «  Les  maris 
qui  obtiennent  le  nom  déshono- 
rant de  chauffe  la  couche.  »  Bal- 
zac.) 

CHAUFFER  :  Montrer  beau- 
coup d'ardeur  pour  faire  mar- 
cher une  affaire.  —  «  La  vente  des 
collections  léguées  par  fevi  le  ba- 
ron Bruel,  était  chauffée  à  faire 
éclater  les  soupapes  de  la  fantai- 
sie et  de  la  vanité.  »  (De  Pont- 
martin,  66.) 

CHAUFFER  :  Presser  le  crédit. 
(5i,  Almanach  des  Débiteurs.) 

CHAUFFER  :  S'animer,  deve- 
nir très-ardent  en  parlant  d'une 
bataille  ou  d'une  entreprise  quel- 
conque. —  «  Il  paraît  ([ue  ça 
chauffe  en  Afrique.  »  (Bakac.)  — 


CHA  -  97  — 

«  Oh  !  tonnerre  !  ça  va  chauffer  !  » 
(E.  Sue.) 

CHAUFFER  LE  FOUR  :  Boire 
avec  excès.  —  «  11  me  restait  en- 
core 4  francs.  J'avais  chauffé  le 
four  depuis  samedi.»  (Monselet.) 

CHAUFFER  UNE  FEMME  : 
Courtiser  avec  ardeur.  —  «  Toutes 
ses  lettres  disent  :  je  vous  aime! 
aime:^-moi!!  sinon  je  me  tue!!! 
Répéter  cela  pendant  trois  mois, 
cela  s'appelle  dans  la  langue  don 
juanique,  chauflter  une  femme.  » 
(E.  Lemoine.) 

CHAUFFER  UN  ARTISTE  : 
Applaudir  chaleureusement.  — 
a  Elle  recueillait  les  plaintes  de 
son  petit  troupeau  d'artistes...  on 
ne  les  chauffait  pas  suffisam- 
ment. »  (L.  Reybaud.)  V.  Em- 
poigner. 

CHAUFFEUR  :  Homme  d'en- 
train.—  a  C'était  un  bon  enfant... 
un  vrai  chauffeur.  »  (H.  Mon- 
nier.) 

CHAUFFEUR  :  Amoureux.  — 
♦  C'est  l'officier,  le  chauffeur  de 
la  petite.  »  (H.  Monnier.) 

CHAUMIR  :  Perdre.  (Vidocq.) 
—  C'est  le  verbe  «  chômer  »  avec 
changement  de  finale. 

CHAUSSER  :  Convenir. 
(Dhautel.)  —  «  Les  diamants  !  ça 
me  chausse,  ça  me  botte.  »  (Mé- 
lesville.)  —  «  Cela  rentre  dans 
vos  études. . .  cela  vous  chausse- 
rait. »  (L.  Reybaud.)  V.  Brosse. 

CHAUSSETTES  (essence  de)  : 
Mauvaise  odeur  provenant  des 
pieds.  Les  raffinés  disent  ;  ex- 
trait de  chaussettes. 

CHAUSSETTE  :  «  La  chaus- 
sette est  un  simple  anneau  de  fer 


CHA 


que  porte  à  la  jambe,  comme 
signe  de  reconnaissance  seule- 
ment, le  forçat  qui  n'est  plus  ac- 
couplé. »  (Moreau  Christophe, 
37.) 

CHAUSSON  (vieux)  :  Prosti- 
tuée, avachie  comme  un  vieux 
chausson,  une  vieille  pantoufle. 
—  On  dit,  en  abrégeant,  chaus- 
son. (J.  Choux.) 

CHAUSSON  :  Science  de  se 
battre  à  coups  de  pied.  De  là  le 
mot  «  chausson.  »  Dans  le  peuple, 
on  dit  savate.  La  savate  que  l'on 
appelle  aujourd'hui  chausson.  » 
(Th.  Gautier ,  45.)  V.  Savate. 

CHAUVIN,  CHAUVINISTE  : 

Patriote  ardent  jusqu'à  l'exagéra- 
tion. —  «  Je  suisFrançais  !  Je  suis 
Chauvin  !  »  (Cogniard,  3 1 .)  —  «  Un 
spécimen  du  type  Chauvin  dans 
toute  sa  pureté.  »  (Montépin.)  — 
Allusion  au  nom  d'un  type  de 
caricatures  populaires,  comme  le 
prouve  cet  exemple  :  «1825, épo- 
que où  un  libéralisme  plus  large 
commença  à  se  moquer  de  ces  élo- 
ges donnés  aux  Français  par  les 
Français,  de  ces  railleries  lancées 
par  les  Français  contre  les  étran- 
gers. Charlet,  en  créant  le  cons- 
crit Chauvin,  fit  justice  de  ces 
niaiseries  de  l'opinion.  »  (A.  Jal, 
Paris  moderne,  3^.) 

CHAUVINISME  :  Patriotisme 
trop  ardent.  Le  chauvinisme  a 
son  côté  ridicule,  mais  il  a  aussi 
sa  grandeur.  On  s'en  est  trop 
moqué,  et  cette  réaction  a  été 
mille  fois  pire,  mais  la  science 
du  juste  milieu  n'est  pas  une 
qualité  française.  —«Le  chauvi- 
nisme a  fait  faire  de  plus  grandes 
choses  que  l'amour  de  la  patrie 
dont  il  est  la  charge.  »  (Noriac.) 


CHE 


-98- 


CHE 


—  a  Le  chauvinisme  est  peut- 
être  la  dernière  vertu  que  nous 
ayons  possédée.  »  (Berthaud.) 

«Chauvinisme»  :  Se  dit  par  ex- 
tension de  toute  exagération  ba- 
nale. —  «  L'honneur  et  l'argent, 
magnifique  écho  du  chauvinisme 
bourgeois.  »  (Mirecourt,  55.) 

CHAUV2NISTE  :  Patriote  ar- 
dent. 

Se  prend  aussi  adjectivement  : 
a  Nous  n'avons  vécu  qu'avec  peu 
de  gouvernements  français  dans 
des  rapports  aussi  corrects  qu'a- 
vec le  sien,  en  décomptant  quel- 
ques intermezzos  chauvinistes.  » 
(D'Arnim,  y3.) 

CHEF  :  Cuisinier,  chef  de  cui- 
sine. 

CHEF  :  Maréchal  des  logis 
chef. 

CHEF  DE  CUISINE  :  Coirtfe- 
maître  dirigeant  la  fabrication 
d'une  brasserie.  (Vinçard.) 

CHELINGUER  :  Puer. 

Chelinguer  des  arpions  ou  de 
l'orteil  :  Sentir  mauvais  des  pieds. 

Chelinguer  du  bec  :  Sentir  mau- 
vais de  la  bouche. 

CHEMINÉE  :  «  Il  est  de  bon  ton 
de  porter  un  chapeau  de  soie, 
vulgo  cheminée.  »  {La  Lune,  67.) 

—  Cheminée  doit  être  pris  ici 
dans  le  sens  de  tuyau  de  poêle. 

CHEMISES  (compter  ses)  : 
Vomir.  —  Allusion  à  la  posture 
penchée  de  l'homme  qui  vomit. 

CHEMISE  (être  dans  la)  :  Ne  pas 
quitter,  être  au  mieux. 

CHEMISE  DE  CONSEILLER  : 
Linge  volé.  (Colombey.) 

GHENATRE  :  Très-bon. 


(Grandval.)  —  Augmentatif  de 
chenu. 

CHÊNE  :  Homme  bon  à  voler, 
riche,  abréviation  de  che  m.  — 
«  Qu'as-tu  donc  morfillé?  —  J'ai 
fait  suer  un  chêne,  son  auber 
j'ai  enganté  et  ses  attaches  de  ce.  » 
(Vidocq.) 

CHENIQUE,  CHNIC  :  Eau-de- 
vie.  —  Diminutif  de  c/ze««  :  bon. 
—  «  Le  perruquier  de  régiment 
rase  sans  rétribution,  mais  en 
avant  le  chnic.  »  (Bataille,  43.) 

CHENIQUEUR  :  Buvtur  de 
chenique. 

CHENOC  :  Mauvais,  avarié,  et 
par  extension  «  vieil  infirn  e.»  — 
C'est  l'antithèse  de  cAenw. —  (Vous 
êtes  un  vieux  birbe...  Comment? 
un  birbe...  Oui!  vous  êtes  un 
vieux  ch'noc.  »  (^Dernier  jour  d'un 
condamné.) 

CHENU  :  Excellent.  —  Dès 
1718,  le  Dictionnaire  comique  de 
Leroux  dit  dans  ce  sens  :  Voilà 
du  vin  chenu.  Selon  (08),  chenu, 
signifiant  au  Y'^o'pTQ  blanc  d  :  vieil- 
lesse, est  appliqué  au  vin  ]ue  la 
vieillesse  améliore,  et  par  exten- 
sion à  toute  chose  de  première 
qualité.  —  «  Ce  doit  être  du  chenu 
et  du  ficelé.  »  {Phys.  du  mMelot, 
4.3.)  —  «  Il  met  sur  son  nez  une 
chenue  paire  de  lunettes.  »  (La 
Bédollière.)  —  «  Goujeon ,  une 
prise  de  tabac  ?  —  Oui-da  .  t'nez 
en  v'ià  qu'est  ben  chenu.  »  (Vadé, 
1755.)  —  «  As -tu  fréquenté  les 
marchandes  de  modes .''  cest  là 
du  chenu!  »  (P.  Lacroix,  32.) 

Chenu  sorgue  :  Bonsc  ir.  — 
c(  Chenu  sorgue,  roupille  sans 
taffe.  »  (Vidocq.) 

Chenu  reluit  :  Bonjour.  Voir 
Fourgat, 


CHE 


-  99  - 


CHE 


CHENUMENT  :  Très-bien.  - 
«  Une  ville  a  beau  feindre  de  se 
défendre  ch'nument.  »  (Vadé, 
1755.)  V.  Artie. 

CHER  :  Rude,  élevé'.  (Colom- 
bey.)  —  La  cherté  est  prise  ici  au 
figuré. 

CHÉRANCE  :  Ivresse.  (Idem.) 

CHEVAL  :  Homme  brutal, 
grossier. 

Je  voudrais  être  un  grand  cheval, 
Un  ours,  pour  laisser  une  fille. 
A  la  merci  de  son  cheval. 

(Boufflers,  o5.) 

CHEVAL  DE  RETOUR  : 

Condamnéconduit  au  bagne  pour 
la  seconde  fois.  (Rabasse.) — aC'est 
un  cheval  de  retour,  vois  comme 
il  tire  la  droite.  »  (Balzac.) 

CHEVALIER  DE  L'AUNE  : 
Commis  en  nouveautés.  — /«Il 
n'y  a  que  ces  chevaliers  de  l'aune 
pour  aimer  la  boue  au  bas  d'une 
robe.  »  (Balzac.) 

Chevalier  du  crochet  :  Chiffon- 
nier. 

Chevalier  du  lustre  :  Claqueur. 

Chevalier  du  printemps  :  Niais 
portant  un  œillet  rouge  à  la  bou- 
tonnière pour  singer  une  déco- 
ration. Mot  à  mot  :  chevalier  de 
V ordre  du  printemps. 

Chevalier  grimpant  :  V.  Bon- 
)our  (voleur  au.) 

CHEVAU-LÉGER  :  Député  de 
l'extrême  droite.  Ainsi  nommé 
du  lieu  de  réunion  particulier  à 
Versailles.  —  «  Le  groupe  mo- 
narchique jetant  les  chevaux-lé- 
gers par  dessus  bord,  reprend  sa 
place  de  combat.  »  (Saint-Genest, 
75.) 

CHEVAUX  A  DOUBLE  SE- 


MELLE :  Jambes.  —  «  Tiens,  ap- 
prête tes  chevaux  à  double  se- 
melle, prends  ce  paquet  et  valse 
jusqu'aux  Invalides.  »  (Balzac.) 

CHEVELU  :  Romantique.  — 
Les  longs  cheveux  étaient  de  mode 
dans  l'école  romantique  de  3o.  — 
(c  II  peuplait  mon  salon  de  jeunes 
célébrités  de  l'école  chevelue.  » 
(L.  Reybaud.)  —  «  L'art  chevelu 
a  fait  une  révolution  pour  abolir 
les  tirades  de  l'art  bien  peigné.  » 
(Idem).  —  «  On  connaît  peu  le 
restaurateur  Dinochau.  C'est  un 
homme  que  le  commerce  des  lit- 
térateurs chevelus  a  rendu  spi- 
rituel. »  (Marx,  65.) 

CHEVEU  :  Inquiétude,  souci 
aussi  tourmentant  qu'un  cheveu 
dans  le  gosier.  —  «  Veux-tu  que 
je  te  dise,  t'as  un  cheveu.  —  Eh 
bien!  oui,  j'ai  un  cheveu.  » 
(Monselet.) 

CHEVEUX  (il  a  de  beaux)  :  Il 
a  mauvaise  mine.  Se  dit  de  n'im- 
porte quoi  et  de  n'importe  qui. 

CHEVEUX  (Avoir  mal  aux)  : 
Avoir  la  tête  lourde  un  lende- 
main d'ivresse. 

CHEVILLES  :  Pommes  de 
terre  frites.  (Rabasse.)  Allusion 
de  forme,  ou  jeu  de  mots.  (Elles 
bouchent  un  trou  à  l'estomsc.) 

CHEVISTE  :  Partisan  de  la 
réforme  musicale  de  Chevé.  — 
«  Avant  trois  mois,  les  chevistes 
seront  sur  les  dents.  »  (S.  Lou- 
dier,  72.) 

CHÈVRE  :  (Gober  ou  prendre 
sa)  :  Mettre  en  colère.  —  La  chè-i 
vre  est  peu  endurante  de  sa  na- 
ture. —  Mot  ancien.  «  Prenez 
que  la  raison  lui  eût  mis  de  l'eau 


CHI 


—    100  — 


CHI 


dans  son  vin  ou  que  son  amitié 
d'autrefois  fût  fâchée  d'avoir  pris 
la  chèvre.  »  (Vadé,  1744.) 

CHEVRON  :  Récidive.  (Vi- 
docq.) 

CHEVRONNÉ  :  Récidiviste.— 
Allusion  aux  chevrons  qui  mar- 
quent l'ancienneté  du  service  mi- 
litaire. 

.CHIC  :  Mot  d'acceptions  fort 
diverses  et  fort  répandues  dans 
toutes  les  classes.  C'est  le  vieux 
mot  de  langue  romane  chic  (fi- 
nesse, subtilité),  qui  a  fait  notre 
mot  chicane.  —  «  J'espère  avec  le 
temps  que  j'entendrai  le  chic,  » 
dit  du  Lorens,  un  poète  satirique 
du  XVI"  siècle  qui  était  en  même 
temps  magistrat.  Dans  la  Hen- 
riade  travestie,  Fougeret  de  Mon- 
bron  écrit  plus  tard  : 

La  Discorde  qui  sait  le  chic 
En  fait  faire  un  décret  public. 

Le  chic  était  donc  jadis  la  scien- 
ce du  fin.  Il  s'emploie  aujour- 
d'hui dans  les  cinq  acceptions  sui- 
vantes : 

Chic  :  Distinction.  —  Le  mot 
serait  ancien  dans  ce  sens.  A  pro- 
pos de  Reine  Audu,  la  reine  des 
halles,  une  des  héroïnes  de  nos 
fastes  révolutionnaires,  le  père 
Duchesne  dit  :  «  Quel  chic  la  li- 
berté donne  aux  femmes!  »  (In- 
termédiaire du  10  octobre  65.)  — 
«  Le  port  des  ordres  veut  de  l'élé- 
gance sans  afféterie,  de  la  tenue 
sans  pose  et  vine  aisance  qui  ne 
soit  pas  du  sans-gêne;  enfin  ce 
qu'on  appelait  la  race  au  siècle  der 
nier;  le  bon  ton  il  y  a  cinquante  ans; 
c'était  moins  et  c'était  plus  que  le 
chic  d'aujourd'hui.  »  (  Vie  paris. , 
66.)  — «  Petite  friponne  !  auraient 


dit  nos  grands-pères...  Elle  a  du 
chic,  ou  mieux  encore  elle  a  du 
chien,  ou  elle  a  du  zing,  s'ccrient 
les  gentlemen,  leurs  petits-fils.  » 
(E.  Villars,  66.) 

Chic  :  Élégance  de  toilette  ou 
d'ameublement.  —  «  Vous  serez 
ficelé  dans  le  chic.  »  (Montépin.) 
—-  «  L'officier  qui  a  du  chic  est 
celui  qui  serre  son  ceinturon 
de  manière  à  ressembler  à  une 
gourde.»  (Noriac.)  —  «  La  nbert 
fut  enchanté  de  son  gîte.  C  est  le 
dernier  mot  du  vrai  chic,  dit-il.  » 
(About.)  —  A  l'école  de  St-Gyr, 
sous  le  premier  empire,  chic  était 
déjà  synonyme  d'élégance  mili- 
taire. V.  Tic. 

Etre  au  chic  :  Être  bien  vêtu. 
(Rabasse.) 

Chic  :  Cachet  artistique,  origi- 
nalité. —  «  Il  lui  révéla  le  sens 
intime  de  l'argot  en  usage  cette 
semaine-là,  il  lui  dit  ce  que  c'é- 
tait que  chic,  galbe,  etc.  »  (Th. 
Gautier,  38.)  —  a  Une  première 
série  du  Carnaval  de  Gavarai  est 
loin  d'avoir  le  chic  étourdissant 
de  la  seconde.  »  (E.  de  Mirecourt.) 

Chic  :  Facilité  banale,  n'ayant 
rien  de  sérieusement  étudié.  — 
C'est  le  contraire  de  la  significa- 
tion précédente.  Il  y  a  eu  sans 
doute  réaction  contre  l'abus  in- 
considéré du  mot.  De  là  cette  di- 
vergence ironique.  —  «  C'étaient 
là  de  fameux  peintres.  Goînme 
ils  soignaient  la  ligne  et  les  con- 
tours! comme  ils  calculaient  les 
proportions!  ils  ne  faisaient  rien 
de  c/î/c  ou  d'après  le  mannequin.» 
(La  Bédollière.)  —  «  Un  paysage 
d'une  délicieuse  naïveté.  Il  1  'y  a 
là  dedans  ni  chic  ni  ficelles.  » 
(Alph.  Karr.) 

Le  mot  chic  pris  dans  ce  Jer- 


CHI 


—•    (01    — 


CHI 


nier  sens,  a  fini  par  s'appliquer  à 
la  littérature,  à  l'art  oratoire.  — 
«  Parleur  de  chic,  comme  disent 
les  artistes,  il  fait  de  l'amplifica- 
tion. »  (P.  Véron.) 

Chic  :  Mauvais  genre,  genre 
trop  accusé.  —  «  Ce  chic  que  le 
tripot  colle  à  l'épiderme  des  gens 
et  qui  résiste  à  toute  lessive  com- 
me le  masque  des  ramoneurs.  » 
(P.  Féval.) 

CHIC,  CHIQUE  :  Distingué, 
opulent,  qui  a  du  chic.  -«:•  «  Ça  un 
homme  chic!  C'est  pas  vrai,  c'est 
un  calicot.  »  {Les  Cocottes,  64.) 
—  «  C'est  chique  et  bon  genre.  » 
(Ricard.) —  a  Ah  !  voilà  ma  femme 
chic  !  Madame,  j'ai  l'honneur  d'ê- 
tre. »  (De  Concourt.)  —  «  Ceux 
qui  dansent  ce  sont  des  gueux. 
Les  gens  chic  font  cercle  autour 
d'eux.  »  (Blavet.) 

CHICAN  :  Marteau.  (Halbert.) 

CHICANDARD  :  V.  Chicard, 
Chicarder. 

CHICANDER  :  Danser  le  pas 
chicard.  —  «  Chicard  est  français 
de  cœur,  sinon  de  grammaire, 
bien  qu'il  ne  soit  pas  encore  du 

Dictionnaire  de   l'Académie 

L'homme  de  génie  qui  s'est  fait 
appeler  Chicard  a  modifié  com- 
plètement la  chorégraphie  fran- 
çaise... Chicard  existe,  c'est  un 
primitif,  c'est  une  racine,  c'est 
un  règne.  Chicard  a  créé  chican- 
dard,  chicarder,  chicandarder; 
l'étymologie  est  complète.  »  (Ta- 
xile  Delord.)  V.  Chicarder. 

CHICANE  (grinchirà  la), 
CHERCHER  CHICANE  :  Pren- 
dre la  bourse  ou  la  montre  d'une 
personne  en  lui  tournant  le  dos. 
Ce  genre  de  vol  exige  une  grande 
dextérité.  (Vidocq.) 


CHICARD  :  Personnage  de 
carnaval  (à  la  mode  de  i83o  à  5o). 
Son  costume,  bizarre  assemblage 
d'objets  hétéroclites,  se  compo- 
sait le  plus  souvent  d'un  casque 
à  plumet  colossal,  d'une  blouse 
de  flanelle  et  de  bottes  fortes.  Ses 
bras  à  moitié  nus  s'enfonçaient 
dans  des  gants  de  grosse  cavale- 
rie. Le  premier  qui  mit  ce  cos- 
tume à  la  mode  était  un  marchand 
de  cuirs;  son  chic  le  fit  nommer 
Chicard.  Il  inventa  un  pas  nou- 
veau, àitpas  chicard.  —  «  Et  puis 
après  est  venu  Chicard,  espèce  de 
Masaniello  qui  a  détrôné  l'aristo- 
cratie pailletée  des  marquis,  des 
sultans  et  a  montré  le  premier 
un  manteau  royal  en  haillons.  » 
(M.  Alhoy.)  —  «  La  sage  partie  du 
peuple  français  a  su  bon  gré  à 
maître  Chicard  d'avoir  institué 
son  règne  de  mardi -gras.  »  (J. 
Janin.) 

CHICARD,  CHICANDARD, 
CHICOCANDARD,  CHIGAN- 
CARDO  :  Très-chic,  remarqua- 
ble. —  «  On  y  boit  du  vin  qu'est 
chicandard,  chicancardo.  »  (Va- 
cherot.  Chanson,  5i,)  — «  Une 
dame  très -belle,  très -coquette, 
très  élégante,  en  un  mot  très- 
chicandarde.  »  (Éd.  Lemoine.)  — 
«  Un  auteur  plus  chicocandard.» 
(Th.  Gautier.)  —  «  Un  déjeuner 
chicocandard.  »  (Labiche.)  V. 
Chocnoso. 

CHICARD  (pas)  :  Manière  de 
danser  imitant  celle  de  M.  Chi- 
card. Le  pas  chicard  s'est  conservé 
jusqu'à  nous  sous  le  nom  de  chi~ 
Corée.  —  «  Mais  qu'aperçois-je  au 
bal  du  Vieux-Chêne  ?  Paméla  dan- 
sant le  pas  chicard.  »  (Chauvelot 
aîné.^ 

6. 


CHI 


—    I02   — 


CHI 


CHICARDER  :  Danser  le  pas 
chicard.  —  a  Quand  un  bal  de 
grisettes  est  annoncé,  le  vaurien 
va  chicarder  avec  les  couturières.» 
(Deriège.)  —  «  Le  nom  de  Chi- 
card est  devenu  célèbre...  Enfin 
on  a  fait  un  adjectif  de  ce  nom- 
là  et  même  on  en  a  fait  un  verbe  : 
Homme  chiquart ,  habit-chiquart, 
chiquarderj  chiquander,  »  (Jules 
Janin.) 
CHICARDOT:  Poli.  (Halbert.) 
CHICMANN  :  Tailleur.  (Aima- 
nach  des  Débiteurs^  5i.)  —  Allu- 
sion aux  noms  germaniques  qui 
abondent  chez  les  tailleurs. 

CHICORÉE  (fort  de)  :  V.  Café. 

CHIEN  :  Chien.  —  Compagnon. 
«Tu  passeras  renard  ou  aspirant, 
après  ça  tu  deviendras  chien  ou 
compagnon.  »  (Biéville.) 

CHIEN  :  Tracassier.  —  «  Le 
chef  est  chien  ou  bon  enfant.  Le 
chien  est  dur,  exigeant,  tracas- 
sier méticuleux.  »  (Balzac.) 

CHIEN  :  Avare.  —Horace  (1.  II, 
sat.  2)  emploie  le  mot  canis  pour 
signifier  avare. 

CHIEN  :  Flamme  artistique, 
feu  sacré.  — Abréviation  de  sacré 
chien  (eau-de-vie,  pris  dans  une 
acception  figurée.)  —  «X...  disait 
de  M"«  Honorinequ'elle  a  du  chien 
dans  la  voix.  —  Du  chien,  fit  Z..., 
c'est  trop  peu  dire...  C'est  une 
meute!  !  !  »  (Marcx.)  —  «  Le  style 
avait  du  flou,  l'alinéa  du  chien.  » 
(Michu.) 

CHIEN  :  Eau-de-vie.  V.  sacré 
chien. 

CHIEN  :  Originalité,  cachet. 

Qu'a  donc,  disait  Chose  à  Machin, 
Ce  laideron  qui  passe  et  repasse? 
Pu  chien... 


C'est  donc  pour  cela  qu'elle  c  îiasst 
Si  bien...       (E.  Viliars.) 

«  Quel  chien!  Tourne-moi  un 
peu.  Et  il  sitïlottait  :  c'est  un  Ru- 
bens.  »  (Vie  parisienne ,  66.)  — 
Elle  a  réellement  du  chien,  cette 
femme -là.  »  (Droz.)  V.  Sacré 
chien. 

CHIEN  (de)  :  Excessif.— On  dit  : 
une  faim  de  chien,  un  mal  de  chien, 
une  soif  de  chien. 

CHIEN  (n'être  pas)  :  Être  bon, 
de  qualité  supérieure.  —  «  Voilà 
du  pomard  qui  n'est  pas  jhien.  Il 
y  en  a  six  bouteilles.  Je  ne  verse 
qu'une  tournée.  Nous  boirons  le 
reste  à  l'ofiSce.  »  (Bertall.) 

N^être  pas  chien  en  affaires  : 
Aller  grandement,  sans  chicane. 

CHIEN,  CHIENCHIEN  :  Mot 
d'amitié.  Le  chien  symbolise  la 
fidélité.  —  «  Mon  petit  chien  ! 
C'est  aujourd'hui  la  manière  de 
commencer  une  lettre  d'amour 
dans  tous  les  mondes.  (P. iris  Ca- 
price, 75.) 

CHIEN  DE  RÉGIMENT  :  Ca- 
poral ou  brigadier.  —  Sa  nission 
est  un  peu  celle  du  cLien  de 
berger. 

CHIEN  DU  COMMISSAIRE  : 
Secrétaire  de  commissaire  de  po- 
lice. —  «  Une  table  couverte  d'un 
vieux  tapis  vert  où  écrivait  le  chien 
du  commissaire.»  (Alph.  Daudet.) 

CHIEN  DE  COUR,  CHIEN  DE 
COLLÈGE  :  Maître  d'études.  — 
«  Il  y  a  un  sous-principal  que  les 
écoliers  appellent  chien  da  cour^ 
parce  que,  semblable  aux  chiens 
de  bergers,  son  emploi  est  de 
contenir  la  gent  scolastiqae  dans 
une  grande  cour,  jusqu'au  mo- 


CHI 


~  io3  — 


CHI 


ment  de  l'ouverture  des  classes.  » 
(Mercier,  1783.) 

CHIEN    DE    faïence   (en) 
Aussi  raide  et  immobile  que  ces 
chiens  de  faïence  employés  jadis 
pour  la  décoration  des  édifices. 

—  «  Je  fus  ébloui  et  je  restai 
CDmme  un  chien  de  faïence  à  la 
contempler.  »  (Villemessant.) 

CHIEN  NOYÉ  :  Morceau  de 
sucre  trempé  dans  du  café  noir. 

—  Plus  petit  et  moins  trempé, 
c^est  un  canard. 

CHIEN  DANS  LE  VENTRE 
(avoir  du)  :  Être  de  force  à  tout 
supporter. 

CHIEN  (piquer  un)  :  Dormir 
pendant  la  journée.  Allusion  à 
la  facilité  avec  laquelle  le  chien 
s'endort  dès  qu'il  est  au  repos. 
On  trouve  dans  Rabelais  un 
exemple  de  dormir  en  chien. 

Sur  l'étude  passons.  Il  n'est  qu'un  seul 

moyen. 
De  la  bien  employer,  c'est  de  piquer 

son  chien. 

{Souvenirs  de  Saint-Cyr.) 

CHIENDENT  (voilà  le)  :  Là  est 
la  difficulté.  —  On  sait  qu'il  est 
difficile  d'arracher  le  chiendent, 
dont  les  racines  longues  et  noueu- 
ses sont  fort  entrelacées.  Usité 
en  1808.  •—  «  Et  c'est  là  le  chien- 
dent. »  (Désaugiers.) 

CHIENLIT  (gueuler  à  la)  :  Ap 
peler  au  secours,  à  la  garde.  «  La 
porte  s'ouvre,  une  femme  paraît 
et  elle  gueule  à  la  chienlit,  j» 
(Beauvillier.) 

CHIENNERIE  :  Avarice,  la- 
drerie. 

CHIENNERIE  :  Luxure,  pas- 
sion bestiale.  On  dit  dans  le  mê- 


me sens  vacherie.  —  «  Oh!  la 
belle  chiennerie  !  Il  ravale  toutes 
les  femmes  au  niveau  des  pros- 
tituées. »  (Mismer.) 

CHIER  DANS  LA  MALLE  : 
Faire  affront  à  quelqu'un.  Mot 
à  mot  :  chier  dans  sa  poche.  Au- 
trefois   malle    signifiait    poche. 

Car  aussi  bien  le  monde  a  chié  dans 
ma  malle. 

(Dulorens,  Satires,  1646.) 

CHIER  DU  POIVRE  :  S'en 
aller  au  moment  où  Ton  a  be- 
soin de  services. 

CHIFFARDE  :  Assignation. 
(Halbert.)  Mot  à  mot  :  vieille 
chitFe,  vieux  chiffon. 

CHIFFARDE  :  Pipe.  (Vidocq.) 

CHIFFE  :  Commerce  des  chif- 
fonniers. —  «  Aussi  y  a-t-il  une 
espèce  d'aristocratie  dans  la  chij- 
fe,  ils  comptent  leur  noblesse 
par  génération  ;  il  y  a  des  chif- 
fonniers de  naissance  et  des  par- 
venus. »  (Pr.  d'Anglemont.) 

CHIFFERTON  :  Chiffonnier. 
(Vidocq.)  Changement  de  finale. 

CHIFFON  :  Mouchoir.  (Id.) 

CHIFFON  ROUGE  :  Langue. 
(Halbert.)  —  Allusion  de  couleur 
et  souplesse.  V.  Balancer, 

CHIFFONNIER  :  Voleur  de 
mouchoirs.  V.  Pègre. 

CHIFFORNION  :  Foulard. 
Dimin.  de  Chiffon. 

CHIGNER  :  Pleurer.  —  a  Ça 
lui  fera  du  bien  de  chigner.  » 
;  Balzac.)  Abréviation  de  rechi- 
gner. 

CHIMIQUE  :  Allumette  chi- 


CHI 


—  104  — 


CHI 


I 


mique.  —  Abréviation.  —  «  Ou- 
vre la  blague,  prends  une  chimi- 
que, allume  ta  pipe,  yy  {La Maison 
du  Lapin-Blanc,  typ.  Appert.) 

CHINER  :  Aller  en  quête  de 
bons  marchés.  —  «  Remonenq 
allait  chitter  dans  la  banlieue  de 
Paris.  »  (Balzac.) 

CHINAGE  (vol  au)  :  Il  con- 
siste à  vendre  du  doublé  pour  de 
l'or  et  à  escroquer  sur  des  échan- 
ges de  bijoux. 

CHINEUR  :  voleur  au  chi- 
nage.  —  «  Ce  sont  généralement 
des  méridionaux  appelés  chi- 
neurs ou  charieurs  qui  exercent 
ce  genre  de  vol.  »  (Rabasse.) 

CHINEUR  :  «  Les  roulants  ou 
chineurs  sont  des  marchands 
d'habits  ambulants  qui,  après 
leur  ronde,  viennent  dégorger 
leur  marchandise  portative  dans 
le  grand  réservoir  du  Temple.  » 
(Mornand.)  —  «Les  chineurs  sont 
ceux  qui  viennent  à  domicile  of- 
frir des  étoffes  à  bas  prix.  »  (Du 
Camp.) 

CHINOIS  :  Cafetier.  (Alma- 
nach  des  Débiteurs,  5 1 .) 

CHINOIS  :  Mot  d'amitié.  — 
«  En  mourant  à  Sainte-Hélène 
Napoléon  disait  en  parlant  de  ses 
serviteurs  :  «  Mes  pauvres  Chi- 
«  nois  !  je  ne  les  oublierai  pas.  « 
(D'  Antommarchi,  Mémoires.) 

CHINOIS  :  Homme  singulier, 
bizarre  d'aspect  ou  de  caractère. 
—  Allusion  aux  Chinois  de  para- 
vent et  à  leur  aspect  étrange.  — 
«  Parmi  les  badauds  attirés  à 
Paris  pour  le  sacre  de  Napoléon  I", 
on  distinguait  les  présidents  de 
cantons,  bonnes  gens  pour  la  plu- 


part, avec  un  air  d'importance 
qui  amusait  les  Parisiens:  on  les 
appelait  des  Chinois,  ei  leur 
qualité  de  présidents  de  cantons. 
Celte  mauvaise  plaisanterie  eut 
du  succès.  »  (Lamothe-Langon, 
Souveyiirs  d'une  femme  de  qua- 
lité, 3o.)  —  «  Chinois,  amène  les 
liquides.  »  (Balzac,  Père  Goriot.) 

—  «  V  là  mon  Chinois  qui  se 
fâche.  »  (Monsclet.) 

CHIPER  :  Dérober  de  petites 
choses.  —Forme de choper.  pren- 
dre. —  «  En  chipant  les  sc}  t  cent 
cinquante  mille  francs.  »  (B  ilzac.) 

CHIPETTE.  V.  Être  (en). 

CHIPEUR,  CHIPEUSE  : 
Homme  ou  femme  qui  chiyie.  — 
«  Chipeur  comme  un  gamin  de 
Paris.  »  (Balzac.) 

CHIPIE  :  Femme  revêche, que- 
relleuse. 

CHIQUANDART,  GHI- 
QUART,  V.  Chicandard,  chi- 
card,  chicarder. 

CHIQUE  :  Supérieur,  distin- 
gué. V.  Chic. 

CHIQUE  :  Église  (Vidocq.)  V. 
Momir,  Rebâtir. 

CHIQUE  (couper  la)  :  Dtrou- 
ter.  —  «De  la  réjouissance  conme 
ça!  le  peuple  s'en  passera.  C'est 
c'  qui  coupe  la  chique  aux  bou- 
chers. »  (Gaucher.) 

Couper  la  chique  à  quinze  pas  : 
Se  faire  sentir  de  loin. 

Poser  sa  chique  :  Mourir.  —  A 
l'usage  de  ceux  qui  ont  chiqué 
du  tabac  toute  leur  vie. 

Poser  sa  chique  et  faire  le 
mort:  Rester  muet  et  immobile. 

—  Acception  figurée  du  terme 
précédent. 


CHO  — 

CHIQUÉ  :  Ayant  bonne  tour- 
nure. —  «  Dis  donc,  Troutrou, 
nous  ne  sommes  pas  trop  bien 
ficele's.  —  Zut  !  y  en  a  de  moins 
chiqués.  «  (Ladimir,  41.)  —  «  Je 
leur  en  ferai  des  discours,  et  des 
chiqués.  »  (Chenu.)    , 

CHIQUEMENT  :  Avec  chic. 

CHIQUER  :  Faire  avec  chic, 
supérieurement. 

Auprès  d'elle  Eugénie 

Nu-bras, 
Nous  chique  avec  génie, 

Son  pas. 

{1846,  P.  d'Anglemont). 

CHIQUER  :  Manger.  —  Vieux 
mot.  —  «  Je  me  dispose  à  chiquer 
les  vivres.  »  (B.  Carême,  29.)  — 
«  Ne  pourrions-nous  pas  chiquer 
un  légume  quelconque?  mon 
estomac  abhorre  le  vide.  »  (Bal- 
zac.) 

CHIQUER  :  Dépenser.  —  «  Il 
m'a  fallu  tout  mettre  en  plan. 
J'ons  chiqué  jusqu'aux  recon- 
naissances. »  {Dialogue  entre 
Su{on  et  Eustache,  36.) 

CHIQUER  (se)  :  Se  battre. 
(Grandval.)  Mot  à  mot  ;  s'avaler. 
Même  racine  que  la  précédente. 

CHIQUEUR  :  Glouton  —  «  On 
dit  d'un  homme  qui  mange  beau- 
coup que  c'est  un  bon  chiqueur.» 
(Dhautel.  08.) 

CHIQUEUR  :  Artiste  dessinant 
de  chic,  sans  étudier  la  nature. 

CHNIG  :  Eau-de-vie.  V.  Che- 
nique. 

CHOCNOSO,  CHOCNOSOF, 
CHOCNOSOPHE,  CHt)CNOSO- 
GUE,  KOXNOFF  :  Brillant,  re- 
marquable. —  «  Dans  cette  situa- 


io5  - 


CHO 


tion,  comment  dire?...  —  Choc- 
noso...  »  (Balzac.)  —  Dans  Pierre 
Grassou,  Balzac  écrit  Chocnosoff. 

—  «  Je  m'en  vais  chez  le  restau- 
rateur commander  un  dîner  kox- 
noft.  »  (Champfleury.)  —  «  C'est 
koksnoff,  chocnosogue,  chicardo, 
snoboye.  »  (Bourget,  Chansons.) 

—  a  Sa  plume  était  chocnosophe, 
et  ses  goûts  ceux  d'un  pacha.  » 
(Commerson.)  —  «  Ce  jeune  pro- 
vincial dont  vous  riez  aujour- 
d'hui aura  une  tenue  moderne, 
chicarde,  chocnosogue.  »  (L. 
Huart.) 

CHOLETTE  :  Demi-litre.  — 
Double-cholette  :  litre.  (Vidocq.) 

CHOPER  :  Voler.  (Vidocq.)  — 
Du  vieux  mot  choper  :  toucher 
quelque  chose  pour  le  faire  tom- 
ber. Pierre  d'achoppement  est 
resté  dans  la  langue  régulière. 

CHOPER  :  Prendre.  —  Se 
laisser  choper.  Se  faire  arrêter. 

CHOPIN  :  Vol.  (Grandval.) De 
choper.  —  «  Quand  un  voleur 
fait  de  la  dépense,  c'est  qu'il  a 
fait  un  Chopin.  »  (Canler.) 

CHOSE,  MACHIN  :  On  ap- 
pelle ainsi  celui  dont  on  ne  se 
rappelle  pas  le  nom.  (Dhautel.) 

—  «  Chose  est  malade...  Qui  ça, 
Chose?  »  (H.  Monnier.)  —  «  Fi- 
gurez-vous que  le  petit  Chose 
écrivait  un  journal.  »  (Balzac.)  — 
La  coutume  est  ancienne.  Talle- 
ment  des  Réaux  conte  que  «  M.  le 
Mage,  conseiller  à  la  Cour  des 
aides,  dit  toujours  Chose  au  lieu 
du  nom.  » 

CHOSE  (monsieur)  :  Le  che- 
misier, dans  l'argot  des  débiteurs. 
[Almanach  des  Débiteurs,  5i.) 

CHOSE  :  Dignité.  —  «  Tu  me 


CHO 


—  io6 


CHO 


feras  peut-être  accroire  que  tu 
n'as  rien  eu  avec  Henriette?  Vois- 
tu,  Fortuné,  si  tu  avais  la  moin- 
dre chose,  tu  ne  ferais  pas  ce  que 
tu  fais...  »  (Gavarni.) 

CHOSE  :  Indignité.  —  «  C'est 
ce  gueusard  d'Italien  qui  a  eu  la 
chose  de  tenir  des  propos  sur 
Jacques.  »  (Ricard.) 

CHOSE  :  Embarrassé,  con- 
tristé.  —  Du  vieux  mot  choser  ; 
gronder.  —  a  Ma  sainte  te  res- 
semble, n'est-ce  paSjNini?...  Plus 
souvent  que  j'ai  un  air  chose 
comme  ça  !  »  (Gavarni.)  -  «  Ce 
pauvre  Alfred  a  sa  crampe  au 
pylore,  ça  le  rend  tout  chose.  » 
(E.  Sue.)* —  «  Mam'selle,  v'  là  qu' 
vous  m'  rendez  tout  chose,  je 
vois  bien  que  vous  êtes  un  esprit 
fort.  .  (Rétif,  1783.)  —  «  M.  le 
prêtre,  qui  était  tout  chose  de 
cette  affaire,  se  scandalisa.  »(Vadé, 
I744-) 

CHOU  :  Bête.  On  dit  :  bête 
comme  chou. 

CHOU  (mon),  MON  CHOU- 
CHOU :  Mot  d'amitié.  —  «  On 
dit  :  mon  chou,  comme  on  di- 
rait :  mon  ange.  »  (E.  Carré.)  Se 
dit  surtout  aux  enfants,  par  allu- 
sion au  chou  sous  lequel  on  pré- 
tend les  avoir  trouvés,  quand  on 
ne  sait  que  répondre  à  certaines 
de  leurs  demandes. 

CHOU  COLOSSAL  :  Entre- 
prise destinée  à  tromper  le  public 
par  des  promesses  ridiculement 
alléchantes,  a  11  y  a  deux  ou  trois 
ans,  on  vit  à  la  quatrième  page 
de  tous  les  journaux  un  éloge 
pompeux  d'un  [nouveau  chou... 
Ce  chou  était  le  chou  colossal  de 
la  Nouvelle-Zélande,  servant  à  la 


fois  à  la  nourriture  des  hommes 
et  des  bestiaux  et  donnant  un 
ombrage  agréable  pendant  l'été. 
C'était  un  peu  moins  gr?  ad  qu'un 
chêne,  mais  un  peu  plus  grand 
qu'un  prunier.  On  vendait  cha- 
que graine  un  franc...  On  en  ache- 
tait de  tous  les  coins  de  la  France. 
—  Au  bout  de  quelques  mois,  les 
graines  du  chou  colossal  avaient 
produit  deux  ou  trois  variétés  de 
choux  connues  etdédaifjnées  de- 
puis longtemps.  La  justice  s'eîx 
mêla.  »  (A.  Karr,  41.) 

CHOUAN  :  Légitimiste.  —  Al- 
lusion aux  insurgés  de  :10s  pro- 
vinces de  l'Ouest.  C'était  une 
guerre  de  bois  et  de  hai-s  qui  fit 
donner  à  ses  acteurs  le  nom  de 
Chouans,  employé  pour  chats- 
huants  dès  le  moyen  âge. 

CHOUCHOUTER  :  Choyer 
tendrement.  —  a  Tu  seras  chou- 
chouté comme  un  chouchou, 
comme  un  dieu.  »  (Balzac.)  V. 
Chou. 

CHOUCROUTE  (tête  ou  man- 
geur de)  :  Allemand. 

CHOUETTE,  CHOUE  TTARD, 
CHOUETTAUD  :  Bon,  beau.  — 
«  Not'  homme  m'attend  i  la  bar- 
rière pour  faire  une  nocc  un  peu 
chouette.  »  (M.  Perrin.) —  «  C'est 
chouette,  ça.  »  (J.  Arago,  3o.)  — 
a  Elle  est  bonne,  votre  eau-de- 
vie.  Oui,  elle  est  chouette.  » 
(H.  Monnier.)  —  a  Ah  !  vous  avez 
là  une  chouette  femme.  »  (Ga- 
varni.) 

Voici  peut-être  un  des  p  rcmiers 
exemples  du  mot.  Il  rous  en 
donne  en  même  temps  l'expli- 
cation :  «  Ma  femme  sera  coincte 
et  jolye  comme  une  bell^  petite 


CHU  —  107  — 

chouette.  »  (Rabelais.)  V.  Biblot, 
Danse,  Toc,  Casquette. 

CHOUETTE  :  amitié.  «  La 
Fouine,  Escarpe  et  Crèvecœur  te 
refilent  leurs  bécots  de  chouette.» 
(Rabasse.) 

CHOUETTE  (être)  :  Être  pris. 

CHOUETTEMENT  :  Parfaite- 
ment. 

Suis-je  près  d'un  objet  charmant. 

Pour  l'allumer  chouettement, 

Mon  cœur  est  comme  une  fournaise. 

(Festeau.) 

CHOUFFLIQUER  :  Saveter 
l'ouvrage.  ■—  Germanisme. 

CHOUFFLIQUEUR  :  Mauvais 
ouvrier.  (Delvau.) 

CHOURIN  :  Couteau. 

CHOURINER  :  Donner  des 
coups  de  couteau.  —  Formé  des 
mots  surin  et  suriner,  usités  dans 
le  même  sens. 

CHOURINEUR  :  Tueur  de 
chevaux  (Halbert.)  —  Le  type  du 
Chourineur  créé  par  E.  Sue  dans 
les  Mystères  de  Paris  est  resté 
célèbre. 

CHRÉTIEN  :  Étendu  d'eau.  — 
Allusion  à  l'eau  du  baptême 
chrétien.  —  «  Une  douzaine  de 
drôlesses  déguisées  en  laitières 
vendent  du  lait  trois  fois  chré- 
tien. »  (Privât  d'Anglemont.) 

CHTIBBES  :  Bottes.  (Delvau.) 

CHUTER  :  Faire  une  chute. 
—  Pris  au  figuré.  —  «  Si  elle  est 
bonne  enfant ,  je  la  soutiendrai 
à  son  début  au  Gymnase...  Ah  ! 
je  puis  faire  chuter  qui  je  veux.» 
(Balzac.) 


CIP 


CI-DEVANT  :  Aristocrate  dans 
la  langue  révolutionnaire.  Mot 
à  mot  :  ci-devant  comte,  duc  ou 
baron.  —  Date  de  la  suppression 
des  titres  de  noblesse. 

CI-DEVANT  :  Homme  âgé. 
Mot  à  mot  :  ci-devant  jeune.  — 
«  Le  ci-devant  de  province  n'a- 
bandonne jamais  son  rifflard.  » 
{Phys.  du  parapluie,  4 1 .) 

CIERGE  :  Sergent  de  ville.  — 
«  On  me  conduisit  entre  deux 
cierges  (non,  pardon  !  je  veux  dire 
sergents  de  ville).  »  (Journ.  man. 
pris.  Mazas.) 

CIERGE  :  «  Pour  un  cierge 
qu'on  lui  mettrait  dans  la  main, 
elle  se  battrait  avec  le  diable.  — 
Un  cierge,  c'est  une  pièce  de  cent 
sous.  »  (P.  de  Granpré,  1169.) 

CIGALE  :  Pièce  d'or.  (Vidocq.) 
Allusion  au  cri  métallique  de 
l'msecte. 

CIGOGNE  :  Préfecture  de  po- 
lice, tribunal,  palais  de  justice. 
—  «  Railles,  griviers  et  cognes 
nous  ont  pour  la  cigogne  en  par- 
tie tous  paumés.  »  (Vidocq.) 

CIGOGNE  :  Palais  de  justice. 
(Moreau  C.) 

CIGUË  :  Pièce  de  vingt  francs. 
(Rabasse.)  Abrév.  de  cigale. 

CINQUIÈME  :  Mesure  de  li- 
quide, cinquième  de  litre.  ~  «  Et 
quand,  par  hasard,  il  boit  un  cin- 
quième sur  le  comptoir.  »  (Léo 
Lespès.) 

CINTRER  :  Tenir.  (Colom- 
bey.) 

CIPAL  :  Soldat  de  la  garde 
municipale.  —  Abréviation.  — 
«  Les  danses  ont  été  légèrement 
échevelées,  mais, 


CLA 

Le  cipal  n'a  rien  à  dire 
Aux  entrechats  de  la  vertu.  ■ 


—   108  — 


CLE 


,  (Naquet.) 

CIRE  (voleur  à  la)  :  «  Dans  les 
cabinets  de  restaurant  où  l'ar- 
genterie n'a  pas  fait  place  au 
ruolz,  il  la  plaque  avec  de  la  cire 
sous  la  table  sur  laquelle  il  man- 
ge. On  crie  au  voleur;  il  de- 
mande à  être  fouillé  et  sort  après 
avoir  reçu  les  excuses  du  patron. 
Un  compère  vient  ensuite  se  pla- 
cer à  la  même  table  et  décolle  les 
objets.  »  (Rabasse.) 

CITRON  :  Note  aigre.  —  «Trois 
citrons  à  la  clef.  »  (Nadar.) 

CLAIR  :  Œil.  —  Allusion  à 
l'éclat  du  regard.  —  «  Allumez 
vos  clairs  et  remouchez.  »  (Bal- 
zac.) 

CLAQUE  :  Réunion  de  cla- 
queurs,  de  compères.  —  Oublié 
par  le  Dictionnaire  de  l'Acadé- 
mie, qui  admet  cependant  Cla- 
quer et  Claqueur. 

CLAQUEDENT  :  Maison  de 
tolérance.  (Rabasse.)  —  Allusion 
aux  maladies  qu'on  y  gagne.  Al- 
ler au  pays  de  Suède  et  au  royau- 
me de  Claquedent,  c'était  autre- 
fois passer  par  les  remèdes  anti- 
vénériens. 

CLAQUES  (figure  à)  :  Figure 
qu'on  souffletterait  volontiers.  — 
«  Oui,  ces  figures  à  claques,  nous 
les  caresserons.  »  (Cogniard.) 

CLAQUER  :  xMourir.  —  «  Mal- 
heur du  diable  !  mon  pauvre  ad- 
judant s'est  laissé  claquer.»  (No- 
riac.) 

CLAQUER  :  Manger.  —  Allu- 
sion au  claquement  des  mâchoi- 


CLAQUER  :  Dissiper.  C'est 
manger  pris  au  figuré.  «  Quand 
on  s'est  permis  cette  gourman- 
dise, plus  rien  à  claquer.  »  {Com- 
mentaires de  Loriot.) 

CLARINETTE  :  Fusil  d'infan- 
terie. Du  moment  qu'on  appelait 
le  fantassin  troubadour,  (V.  Trou- 
bade),  on  devait  appeler  son  ins- 
trument clarinette.  Les  deux  ter- 
mes s'expliquent  l'un  l'autre.  — 
«  Quant  au  fantassin ,  il  est 
obligé  de  porter  un  fusil  de  qua- 
torze livres,  aimable  clarinette 
de  cinq  pieds.  »  (Vidal,  33.)  — 
«  Tout  à  l'heure  les  feux  de  deux 
rangs  déchireront  la  toile,  et  nous 
verrons  si  vos  clarinettes  ont  de 
la  voix.  »  (Richard.)  V.  Agrafer, 
Toile. 


CLAVIN 

Vieux  mot. 


Clou.     (Halbert.) 


CLAVIN,  CLAVrKE,  CLAVI- 
NEUR,  CLAVINIER  :  Raisin, 
vigne  ,  vendangeur  ,  viiznoble. 
(Halbert.)  Formes  transposées  de 
Calvin  et  Calvigne.  V.  ces  mots. 

CLÉ  (à  la),  CLEF  (à  la)  :  For- 
mule ironiquement  confinnative 
qui  s'emploie  à  propos  de  tout, 
pour  caractériser  l'emploi  domi- 
nant de  telle  ou  telle  chose.  Ac- 
ception figurée  de  clé;  marque 
réglant  l'intonation  dénotes  mu- 
sicales. —  «  C'est  bien  cette 
grande  queue  de  vache  mal  pei- 
gnée. Trop  de  chignon  à  la  clé.  » 
(Villars.)  —  «  Sa  ville  natale  lui 
élève  une  statue;  c'est  fort  natu- 
rel. Je  trouve  même  qu'elle  au- 
rait pu  le  traiter  avec  pi  as  de 
respect,  et  linaugurer  tout  seul, 
sans  agriculture  ni  archéologie  à 
la  clef.  »  [Éclair,  72.) 


CLO  -  1 

CLICHÉ  :  Banal,  connu.  — 
Synonyme  de  Stéréotypé,  et  em 
prunté  comme  lui  à  la  typogra- 
phie. —  «  Tel  est  le  discours  cli- 
clé  que  le  vénérable  baron  a  en 
réserve  pour  toutes  les  circons- 
tances. »  (Figaro.) 

On  dit  :  c'est  cliché,  pour  c'est 
immuable,  c'est  connu.  —  Cliché 
se  prend  souvent  comme  sub- 
stantif. V.  Guitare. 

Bientôt  de  la  prison  pour  dettes 
On  sera,  dit-on,  affranchi. 
Gare  aux  histoires  toutes  faites! 
Ah  !  que  de  clichés  sur  Clichy. 

(Al.  Flan,  67.). 

GLIQUOT  :  Vin  de  Champa- 
gne portant  la  marque  de  feue 
madame  Cliquet. 

Elle  boit  beaucoup  de  cliquot 
Et  bat  volontiers  la  campagne. 

(E.  Villars.) 

CLODOCHE  :  danseur  de  bal 
habile  dans  l'art  de  se  désarti- 
culer. Nom  d'un  ancien  émule  de 
Brididi  à  la  mode  dans  les  bals 
de  Paris  vers  1S44.  —  a  Les  do- 
mestiques assurent  avoir  vu,  au 
milieu  d'une  douzaine  d'indivi- 
dus, un  clodoche  exécuter  un  ca- 
valier seul  dans  le  costume  le 
plus  primitif.  »  (A.  d'Aunay,  jS.) 

CLOPORTE  :  Portier.  —  Ca- 
lembour :  clôt-porte.  —  «  Jecon 
nais  le  truc  pour  apprivoiser  les 
cloportes  les  plus  farouches.  « 
(Montépin.)  —  t  Qu'a  dit  le  vil 
cloporte?...  Le  cloporte  a  dit  : 
C'est  huit  sous.  »  (Champfleury. 

CLOU  :  Prison.  On  ne  peui 
pas  en  bouger  plus  que  si  l'on  } 
était  cloué.  —  «  Je  vous  colle  au 


09  -  CGC 

clou  pour  vingt-quatre  heures.  » 
(Noriac.)  —  «  Comme  de  juste,  on 
ne  vient  pas  se  mettre  au  clou 
soi-même.  »  (E.  Sue.) 

CLOU  :  Mont-de-Piété.  Mot  à 
mot  :  prison  d'objets  engagés. — 
c(  Il  avait  mis  le  linge  en  gage; 
on  ne  disait  pas  encore  mettre 
au  clou.  »  (Luchet.) 

CLOU  (mettre  au)  :  Vendre  un 
objet,  mettre  au  mont-de-piété. 
{Almanach  des  Débiteurs,  3i.) 

CLOU  DE  GIROFLE  :  Dent  ca- 
riée,dent  brune  et  amincie  comme 
un  clou  de  girofle.  —  «  Madame 
Cramoisi  demanda  à  Santeuil 
combien  ils  étaient  de  moines  à 
Saint-Victor.  —  Autant  que  vous 
avez  de  clous  de  girofle  dans  la 
bouche,  dit  Santeuil,  voulant 
parler  de  ses  dents  noires  et 
gâtées.  »  [Santoliana,  1764.) 

CLOUER  :  Mettre  en  gage.  -- 
De  clou,  d'où  dérivent  aussi  ac- 
crocher, clouer,  déclouer  et  sur- 
clouer. (Engager,  dégager  et  re- 
nouveler au  Mont-de-Piété.)  — 
«  Jeune  insensé,  oublies-tu  que 
nous  avons  passé  le  20  du  mois, 
et  qu'à  cette  époque  les  habits  de 
ces  messieurs  sont  cloués  et  5Mr- 
cloués?  »  (Murger.) 

COCANGE  :  Coquille  de  noix. 
—  Le  jeu  de  cocange  ou  de  robi^ 
gnolle  est  un  jeu  tenu  par  les 
fllous  qui  courent  les  foires. 

COCANTIN  :  Homme  d'affai- 
res, intermédiaire  entre  le  débi- 
teur et  le  créancier.  [Almanach 
des  Débiteurs,  bi.)        , 

COCARDE  :  Tête.  —  En  pre- 
nant la  coiffure  pour  la  tête,  on 
dit  taper  sur  la  cocarde,  sur  le 
pompon. 


coc 


coc 


COCARDE  (avoir  sa)  :  Être 
ivre,  avoir  le  visage  teinté  comme 
une  cocarde  par  un  excès  de  bois- 
son. —  «  J'y  voyais  en  dedans. 
Todore  ne  parlait  pas.  Robert 
nous  dit  :  «  Vous  avez  votre  co- 
carde. »  (Monselet.) 

COCA RD  1ER  :  Homme  zélé 
jusqu'à  l'exagération  de  ses  de- 
voirs. Dénomination  spéciale  à 
l'armée.  Le  cocardier  croit  tou- 
jours avoir  l'honneur  de  sa  co- 
carde à  soutenir.  —  «  Cette  vie  de 
camp  reposée  est  quelquefois  trou- 
blée par  des  généraux  nerveux  ou 
cocardiers.  »  {Vie parisienne,  65.) 

COCASSE  :  Rusé.  (Colombey.) 

COCASSERIE  :  Drôlerie  co- 
mique. 

COCHON  :  Ladre,  avare. 

COCHON  :  Libertin,  polisson. 

COCHONNERIE  :  Charcuterie. 
—  «  La  viande  de  porc  que  lady 
Morgan,  cette  virago  britannique, 
nomme  de  la  cochonnerie.  »  (Ri- 
card.) 

COCHONNERIE  :  Acte  indé- 
licat. —  «  Le  seul  texte  de  ma 
lettre  vous  suffira  pour  répondre 
à  toutes  les  cochonneries  possi- 
bles; je  vous  constitue  donc  pour 
mon  défenseur  officieux.  »  {Lettre 
de  Beurnonville,  ambassadeur  de 
France  en  Prusse,  à  M.  Besta, 
I"  germinal  an  VIII.)  —  «Oscar, 
s'approchant  avec  dignité  :  Mar- 
quis, vous  me  faites  là  une  co- 
chonnerie qui  ternira  à  jamais 
votre  blason.  »  (Marquet.) 

COCHONNKRIE  :  Salauderie, 
aliment  dégoûtant,  préparé  par 
des  gens  malpropres  comme  des 
cochons.  —  a  Vous  ne  mangerez 


pas  de  ça,  c'est  de  la  cochonnerie. 
(Chenu.) 

COCKNEY  :  Badaud.  —  Angli- 
canisme. V.  Philistin. 

COCO  :  Cheval.  —  «  Ce  ;^rossier 
animal  qu'on  nomme  vulgaire- 
ment coco.  »  (Aubryet.)  —  ce  On 
entend  la  sonnerie  de  la  botte, 
de  la  botte  à  coco,  tu  sais.  »  {Vie 
parisienne,  66.) 

COCO  :  Œuf  de  poule. 

COCO  :  Homme  digne  de  peu 
de  considération.  — «  Joli  coco, 
pour  vouloir  me  faire  aller.  » 
(Balzac.)  .^ 

COCO  :  Nom  d'amitié.  1 

J'  vais  te  donner  un  p'tit  becquau. 

Viens,  mon  coco. 
{Dialogue  entre  Su\on  et  Eustache^ 

chanson,  36.) 
Si  r  grand  emp'reur  d'vant  vous  défile 
Vous  crîrez  tous  :  Eh  !  v'ià  le  coco. 
[Les  Violettes  et  les  Œillets,  chanson, 

août  i5.) 

COCO  :  Tête.  —  Allusion  à  la 
forme  ovale  de  la  noix  de  coco. 

Mais,  de  ce  franc  picton  de  table, 
Qui  rend  spirituel,  aimable, 
Sans  vous  alourdir  le  coco, 
Je  m'en  fourre  à  gogo. 

(H.  Valère.) 

COCO  (dévisser  le)  :  t'Ztran- 
gler. 

COCO  (se  passer  par  le)  :  Man- 
ger. —  Comparaison  de  l'estomac 
humain  à  celui  du  cheval.  Le  re- 
frain populaire  de  la  Botte  Ji  Coco 
en  a  donné  l'idée  à  l'armée  et  au 
peuple. 

COCODÈS  :  Jeune  dandy  ridi- 
cule. —  Diminutif  de  cod)  pris 
en  mauvaise  part.  —  «  Ohé!  ce 


coc 


II 


COG 


cocodcs  a-t-îl  l'air  daim!  »  (L.  de 
Neuville.)  —  «  Les  cocodès  qui  ne 
sont  pas  chevaleresques  ne  pa- 
raissent pas  montrer  beaucoup  de 
goût  pour  les  fusils  à  aiguille.  » 
(Mérimée,  67.) —  Une  Physio- 
logie du  Cocodès  a  paru  en  64. 

COCODÊTE  :  Femme  d'un 
dandysme  ridicule.  C'est  la  fe- 
melle du  cocodès.  —  «  On  s'y 
moque  des  cocodès  et  des  coco- 
dètes.  »  (Yriarte,  67.) 

COCODETTISME  :  Dandysme 
ridicule.  —  «  Lecocodettisme  n'in- 
carne pas  plus  le  grand  monde 
que  le  journal  V Univers  la  reli- 
gion catholique.  »  (Figaro,  76.) 

COCONS  :  Camarade  de  pre- 
mière année  à  l'École  polytech- 
nique. Mot  à  mot  :  co -conscrit. 

Ton  ancien  tu  tutoîras, 

Et  ton  co-cons  pareillement. 

(La  Bédollière.) 

COCOTTE  :  Jument.— C'est  la 
femelle  de  Coco  (Cheval).  —  «  Les 
Garibaldiens  tiraient,  lecomman- 
dant  saluait  au  niveau  des  oreil- 
les de  son  cheval.  Mieux  vaut  que 
Cocotte  l'attrape  que  lui.  »  [Vie 
parisienne,  67.) 

COCOTTE  :  Mal  vénérien.  — 
On  lui  a  sans  doute  donné  le  nom 
de  celle  qui  en  est  souvent  la 
cause.  V.  plus  bas.  —  «  L'ai -je 
eue  assez  de  fois,  la  cocotte,  à 
ce  point  qu'on  m'appelait  le  roi 
des  cocottiers.  »  (L.  de  Neuville.) 

COCOTTE  :  Mal  d'yeux.  — 
Sans  doute  parce  qu'on  a  les  yeux 
à  la  coque,  c'est-à-dire  couverts 
d'une  taie  blanchâtre. 

COCOTTE  (ma):  Mot  d'amitié. 


—  C'est  un  synonymedema poule. 
V.  ce  mot. 

COCOTTE  :  Femme  galante. 
Mot  à  mot  :  courant  au  coq.  — 
On  disait  jadis  poulette.  —  L'In- 
termédiaire fait  remonter  cette 
expression  à  Plaute  qui  appelle  les 
courûsa.nes  gallince ,  quià  (ajoute 
Savaron  son  commentateur)  ut 
gallince ,  spargunt  et  perdunt  ont- 
nia  :  parce  que  comme  les  poules 
elles  détruisent  et  perdent  toutes 
choses.  —  «  M"e  Lacaille  disait  à 
toutes  les  cocottes  du  quartier 
que  j'étais  trop  faible  pour  faire 
un  bon  coq.»  {Sabbat des  Lurons, 
ij.)  —  «  Les  cocottes  peuvent  se 
définir  ainsi  :  Les  bohèmes  du 
sentiment...  Les  misérables  de  la 
galanterie...  Les  prolétaires  de 
l'amour.  »  (Les  Cocottes,  04.)  Co- 
cotte s'est  dit  ensuite  pour  /o- 
rette.  V.  Machin. 

COCOTTERIE  :  Monde  des 
cocottes.  «  Les  courses  ont  fait 
de  l'argent.  J'y  ai  remarqué  la 
plupart  des  bettings'men  mêlés  à 
la  fleur  de  la  haute  cocotterie  pa- 
risienne. »  (Figaro,  67.) 

COENNE  DE  LARD  :  Brosse. 
(Vidocq.)  —  Allusion  aux  soies 
qui  garnissent  la  coenne.  Voir 
Couenne. 

CŒUR  SUR  LE  CARREAU 
(jeter  du)  :  Vomir.  —  Ce  calem- 
bour se  trouve  déjà  dans  Le  Roux 
(17 18).  —  «  La  tête  me  tourne  et 
j'étends  mon  cœur  sur  le  car- 
reau. »  (La  Correctionnelle,  40.) 

COFFIER  :  Tuer.  (Halbert.) 
Abréviation  d'Escoffier. 

COGNAC  :  Petit  verre  d'eau- 
de-vie,  dite  de  Cognac.  —  La 
dénomination  est  généralement 


COÎ  -  1 

fausse  et  ne  trompe  personne, 
mais  on  ne  l'a  conservée  qu'avec 
plus  d'amour. 

COGNAC,  COGNARD,  CO- 
GNE :  Gendarme.  —V.  Cigogne, 
Raille.  —  Il  est  à  remarquer  que 
carruche  et  canton  (prisons)  ont 
le  sens  de  coins.  V.  ces  mots.  Le 
cognard  serait  donc,  à  propre- 
ment parler,  celui  qui  vous  jette 
dans  le  coin,  mot  à  mot  qui  vous 
cogne.  Notre  langue  a  conservé 
rencogner  avec  ce  sens.  Cogne 
est  une  abréviation.  Cognac  est 
un  jeu  de  mots. 

COGNADE  :  Gendarmerie. 
V.  Garçon, 

COGNARD,  COGNE.  —  Gen- 
darmerie. V.  Cognac. 

COGNE  :  Eau-de-vie.  Abrévia- 
tion de  Cognac.  —  Le  Figaro 
fait  connaître  les  noms  que  por- 
tent les  consommations  diverses 
dans  les  cafés  du  quartier  Latin  : 
Absinthe,  Purée  de  pois;  Café 
avec  cognac.  Un  grand- deuil; 
Sans  cognac,  Un  demi-deuil  ;  Un 
verre  de  cognac.  Un  pétrole;  Une 
fine  Champagne,  Un  cogne;  Un 
bock,  Un  cercueil.  Quand  on  veut 
du  gin,  on  crie  au  garçon  :  «  Ge- 
neviève! »  s'il  ne  répond  pas  as- 
sez vite,  onajoute  :«  deBrabant!» 

COIFFER  SAINTE  CATHE- 
RINE :  Rester  fille,  ne  pas  se  ma- 
rier. —  Allusion  à  la  coutume  qui 
permettait  aux  filles  seules  d'or- 
ner, aux  jours  de  fête,  la  statue  de 
sainte  Catherine,  patronne  des 
vierges.  —  «  Il  y  a  un  préjugé 
généralement  accrédité  contre  les 
célibataires  qui  souvent  coiftént 
sainte  Catherine  par  égoïsme.  » 
(La  Cloche,  août  72.) 


2  -  CÔL 

COIN  DU  FEU  :  Robe  d2 
chambre  ne  dépassant  ]  as  le  bas 
des  reins.  «  Leurs  corpssont  enve- 
loppés dans  de  confortab les  coins 
du  feu  en  molleton.  »  {Figaro, 
75.) 

COIRE:  Ferme,  métairie.  (Hal- 
bert.) 

COL  (se  pousser  du)  :  Se  faire 
valoir,  passer  la  main  sous  le 
menton,  près  du  col,  en  renver- 
sant la  tête,  est  un  geste  présomp- 
tueux. 

Toi  qui  te  poussais  tant  "de  col,' 
Nous  t'avons  pris  Sébastopol. 

(Remy,  Chanson,  i856,) 

COL  CASSÉ  :  Dandy  ridicule. 
—  Allusion  au  col  droit  cassé  aux 
angles  qui  est  à  la  mode  en  ce 
moment.  —  «  Il  y  a  là-bas  une 
jolie  provision  de  cols  cassés  es- 
cortés de  toute  une  cohorte  demi- 
mondaine.  »  (P.  Véron.) 

COLABRE,  COLAS ,  COLIN  : 
Cou,  col.  (Vidocq.)  —  Diminu- 
tifs et  jeux  de  mots. 

COLBACK  ;  Conscrit.  ~  Com- 
paraison de  sa  chevelure,  q  ai  n'est 
pas  encore  taillée  militairement, 
au  bonnet  à  poil,  dit  colback, 
porté  autrefois  dans  une  partie 
de  la  cavalerie. 

COLLABO  :  Collaborateur. 
Abréviation.  «Nous  avons  l'hon- 
neur de  dire  à  vos  collabos  que 
je  les  aime  à  en  avaler  le  jus  de 
ma  pipe.  »  (Commerson,  jb.) 

COLLAGE  :  Liaison  dif  îcile  à 
rompre. 

COLLANT  :  Donton  ne  peut  se 
débarrasser.  —  «  Nous  sommes 
rabibochés.  C'est  une  feranc  col- 
lante. »  (L.  de  Neuville.) 


COL 


-  ii3  - 


COM 


COLLE  :  Simulacre  d'examen, 
examen  préparatoire  à  un  examen 
véritable,  il  est  appelé  ainsi  parce 
qu'on  cherche  à  y/-*oller  (embar- 
rasser) l'étudiant.  —  Il  n'y  a  pas  à 
Paris  d'institution  sérieuse  qui 
n'aitsonco//eMr.--«Onesttoujours 
tangent  à  une  colle,  soit  que  le 
professeur  vous  interroge  à  l'am- 
phithéâtre, soit  que  le  sort  vous 
ait  désigné  pour  être  examiné  sur 
les  travaux  des  huit  jours  précé- 
dents. »  (La  Bédollière.)  —  «  La 
veille  des  épreuves,  il  leur  pous- 
sait des  colles.  »  (A.  Marx.) 

COLLEGE  :  Prison.  (Vidocq  ) 

—  Le  contact  des  prévenus  en  fait 
souvent  une  maison  d'éducation 
pour  le  crime. 

COLLÉGIEN  -.Prisonnier. 
(Idem.) 

COLLER  :  Examiner,  faire  su- 
bir une  colle. 

COLLER  :  Prendre  en  défaut 

—  «  Voilà  une  conclusion  qui 
vous  démonte.  —  Me  prêtes -tu 
5oo  francs  si  je  te  colle .^  »(E.  Au- 
gier.) 

Abréviation  de  coller  sous  ban- 
de :  acculer  dans  une  situation 
mauvaise.  —  Terme  de  billard. 

—  «  C'est  fini,  ils  sont  collés  sous 
bande.  »  (Robquin.)  V.  Bande. 

COLLER  :  Jeter,  mettre.  — «  On 
l'a  collé  au  dépôt,  envoyé  à  la 
Préfecture  de  police.  »  (Monselet.) 
V.  Clou. 

COLLER  :  Donner. 

Pas  un  zigue,  mêm'  un  gogo. 
Qui  lui  colle  un  monaco. 

(Léonard,  Parodie,  63.) 

COLLER  :  Contracter  un  col- 
lage. —  «  Julia  :  Qu'est-ce  que  va 


devenir  Anatole  ?  —  Amandine  : 
Le  monstre!  il  est  déjà  collé  avec 
Rachel.  »  (Les  Cocottes,  64.) 

COLLETIN  :  Force.  (Vidocq.) 

GOLLETIN  :  Collet  protecteur 
de  cuir  ou  de  tapisserie  que  met- 
tent les  forts  de  la  halle  pour  por- 
ter leurs  fardeaux  sans  se  blesser. 

GOLLETINER  :  Porter  des 
fardeaux  à  la  halle.  V.  Colletin. 
On  abrège  en  disant  coltiner. 

GOLLETINER  :  Arrêter. 
(Grandval.)  —  Diminutif  de  col- 
leter, prendie  au  collet. 

COLLEUR  :  Répétiteur  chargé 
d'examiner.  «  Un  colleur  à  parler 
m'engage.  »  (Souvenirs  de  Saint- 
Cyr.) 

COLLIER,  COULANT  :  Gra- 

vate.  —  Mots  expressifs  dans  la 
bouche  du  voleur  qui  voit  dans 
la  cravate  un  moyen  d'étrangler. 

COLONNE  (chapeau  en)  :  Voir 
Bataille. 

COLOQUINTE  :  Tête  de  forte 
dimension.  — Allusion  de  forme. 
—  «  Je  crois  que  vous  avez  la  co- 
loquinte tant  soit  peu  dérangée.  » 
(L.  Desnoyers.) 

Donne  vite  un  fauteuil  :  je  perds  la  co- 
loquinte. [Rienii,  26.) 

GOLTIGER  :  Arrêter.  —  Di- 
minutif de  Colleter.  —  «  J'ai  été 
coltigé  et  trois  coquins  de  railles 
sur  mesigue  ont  foncé,  ils  m'ont 
mis  la  tortouse.  »  (Vidocq.) 

COMBERGEANTE  :  Confes- 
sion. —  On  y  compte  (comberge) 
ses  péchés. 

COMBERGKR  :  compter.  (Vi- 
docq.) 


COM 


114  — 


COM 


COMBERGO  :  Confessionnal. 
(Halbert.) 

GOMBLANCE  (par)  :  Par 
surcroît,  par  complaisance.  (Ra- 
basse.) 

GOMBRE,  COMBRIAU,  GOM- 
BRIEU  :  Chapeau.  Dans  le  patois 
de  la  Flandre  française,  on  dit 
cambre,  ce  qui  paraît  une  forme 
du  même  mot.  —  Même  observa- 
tion pour  ce  mot  que  pour  cabe 
et  Calvin.  Le  chapeau  est  ce  qui 
ombrage  la  tête  et,  par  contrac- 
tion, ce  qu'ombre.  —  Combrieu 
et  Combriau  sont  des  diminutifs. 
V.  Tirant. 

GOMBRIE  :  Pièce  d'un  franc. 
(Halbert.) 

GOMBRIER  :  Chapelier. 

GOMBROUSIERS  :  «C'est  ainsi 
que  les  marchands  forains  nom- 
ment les  paysans.  »  (Priv.  d'An- 
glemont.)  —  Pour  cambrousier. 

GOME  :  Surveillant  de  bagne. 
V.  Cap. 

COMÉDIE  (être  à  la)  :  Sans  un 
centime.  (Rabasse.) 

GOMFORT  :  Bien-être,  ai- 
sance parfaite  de  la  vie  matérielle. 
Anglicanisme.  —  «  Il  y  avait  in- 
troduit le  comfort,  la  seule  bonne 
chose  qu'il  y  avait  en  Angle- 
terre. »  (Balzac.) 

COMFORTABLE  :  Qui  a  du 
comfort. 

GOMFORTABILISME  :  Pra- 
tique du  comfortable.  —  «  Leur 
philosophie  est  sans  doute  sou- 
tenue par  le  comfortabilisme.  » 
(Balzac.) 

GOMM  :  Gommerce.  (Vidocq.) 
.—  Abréviation. 


COMME  IL  FAUT  :  De  bonne 
compagnie.  —  «  Elles  liantent 
les  endroits  comme  il  au  t.  » 
(Lynol.)  —  «  Écoutez,  je  me  con- 
nais en  hommes  comme  il  faut, 
celui-là  en  est  un.  »  (Dumas  fils, 
Le  Demi-Monde.) 

COMMISSAIRE  :  «  Depuis 
l'Ambiga  jusqu'au  théâtre  Beau- 
marchais et  dans  les  quartiers 
voisins,  un  broc  de  vin  ou  une 
pinte  s'appelle  un  commissaire.  » 
(J.  Daflot.)  —  Allusion  è  l'an- 
cienne robe  noire  des  commis- 
saires. Le  broc  s'appelle  aussi 
petit  homme  noir,  parce  qu'il  est 
est  noirci  par  le  gros  vin. 

COMMODE  :  Cheminée.  (Hal- 
bert.) 

COMMUNARD,  COMMUN  EUX: 
Partisan  de  l'insurrection  dite 
de  la  Commune  de  Paris,  1871. 

—  «  Presque  tous  nos  commu- 
nards réfugiés  à  Genève  y  occu- 
pent des  fonctions  en  rapport  avec 
leurs  goûts.»  (Éclair,  yi.)— Com- 
munard se  prend  adjectivement. 

—  «  Les  Enfants  du  désespoir,  tel 
est  le  titre  d'une  société  secrète 
archi  - démoc  -  soc-  commur  arde 
qui  vient  de  se  créer  à  Gentve.  » 
{Éclair,  17  mai  72.) 

GOMMUNIQUÉ  :  Gommunica- 
tion  ofi&cielle  à  un  journal,  l-e 
mot  date  du  second  empire.~c(  La 
note  suivantea  une  couleur  s^mi- 
officielle  de  communiqué  qui  n'é- 
chappera à  personne.  »  {Éclair^ 
août  72.) 

GOMPAS  (ouvrir,  fermer  le)  ; 
Activer,  ralentir  sa  marche.  — 
Comparaison  des  jambes  aux 
branches  d'un  compas. 

COMPER  (de  la)  :  3'évader  de 


CON 


-  ii5  - 


CON 


prison.  (Rabasse.)  Forme  de  cam- 
per, 

COMPLET  :  Complètement 
ivre. 

COMPTE  (avoir  son)  :  Être 
ivre,  avoir  son  compte  de  liquide. 

COMPTE  (avoir  son):  Mourir. 
Mot  à  mot  :  finir  le  compte  de 
ses  jours.  —  «  J'ai  mon  compte 
pour  ce  monde-ci.  C'est  soldé.  » 
(L.  Reybaud.) 

Son  compte  est  bon,  dit-on  d'un 
coupable  à  punir,  duquel  on 
compte  les  méfaits. 

COMTE  DE  CARUCHE, 
COMTE  DE  CANTON  :  Geô- 
lier. (Vidocq.)  V.  ces  mots. 

COMTE  DE  CASTU  :  Infir- 
mier. (Id.) 

COMTE,  COMTOIS  :  Niais. 
(Id.) 

Battre  comtois  :  Mentir.  Mot  à 
mot  ;  faire  le  naïf.  On  a  voulu 
voir  dans  ce  mot  une  allusion  à 
la  Franche-Comté,  mais  cette  pro- 
vince n'y  est  pour  rien.  C'est  un 
simple  jeu  de  mots  sur  les  trois 
premières  lettres  de  comtois.  — 
a  Sans  doute  qu'elle  bat  comtois.  » 
(Decourcelle.) 

C-O-N  ;  Lâche,  niais.  Mot  à 
mot  :  homme  qui  n'a  rien  de  son 
sexe.  Se  prononce  soit  comme 
un  seul  mot,  soit  en  articulant 
séparément  chaque  lettre.  Un  an- 
cien exemple  de  ce  dernier  genre 
de  prononciation  se  trouve  dans 
les  Adages  de  Solon  de  Vosge 
(1576.) 

CONDÉ  :  Maive.^Demî-condé  : 
Adjoint.  — Grand-condé  :  Préfet 
de  police. 

CONuÉ  :  Permission.  —  Du 


nom  du  maire  qui  la  donne.  — 
((  On  leur  donne  le  condé  de  sta- 
tionner sur  certaines  places,  » 
(Stamir,  67.) 

CONDÉ  FRANC  :  Magistrat 
corrompu.  (Vidocq.)  Mot  à  mot  : 
condé   affranchi.  V.  Affranchir. 

CONDITION  :  Vol  avec  effrac- 
tion. —  «  J'aurais  besoin  d'outil, 
j'ai  une  condition  à  taire.»  (Beau- 
villier.) 

CONDUITE  (faire  la)  :  Chasser 
avec  voies  de  fait.  Mot  à  mot  : 
reconduire. 

Les  Français- Anglais  vont  te  faire  la 
conduite.      (Layale,  Chansons,  55.) 

CONDUITE  DE  GRENOBLE 
(faire  la)  :  Mettre  quelqu'un  à  la 
porte.  —  «  Sa  grande  visite  au 
roi  pour  l'engager  à  faire  la  con- 
duite de  Grenoble  à  Montmorin 
età  Duportail  et  à  nommer  d'hon- 
nêtes gens  à  leur  place.  »  (1793  , 
Hébert.)  —  «  Le  populaire  l'a  at- 
tendu à  la  sortie  et  lui  a  fait  ce 
qu'en  style  d'atelier  on  appelle  la 
conduite  de  Grenoble.  »  [Liberté, 
16  mai  72.) 

CONE,  CONNE  :  Mort.  (Grana- 
val.)  —  De  Connir,  tuer. 

CONFECTION  :  Vêtement 
sortant  d'un  magasin  de  confec- 
tions. «  —  Un  homme  bien  cou- 
vert, tout  ce  qu'il  y  a  de  mieux 
en  confection.  »  (Marquet.) 

CONFERENCIER  :  Person- 
nage se  faisant  entendre  dans  les 
conférences  publiques. 

CONIR  :  Tuer.  V.  Connir. 

CONJUNGO  :  Mariage.  —  La- 
tinisme auquel  nous  devons  déjà 
le  mot  conjoints.  —  «  Un  produit 


CON 


-  ii6  - 


CON 


de  son  premier  conjungo.  » 
(Ricard.  —  «  Vous  vous  lancez 
dans  le  conjungo  avec  la  fille 
d'une  cabotine,  »  (Charles  Hu- 
go.) —  «  Car  faut  toujours  que 
le  prêtre  boute  son  conjungo  à 
tout  ce  tracas  et  que  l'amitié  fi- 
nisse par  là.  »  (Vadé,  1744.) 

CONNAIS  (je  la)  :  Expression 
usitée  pour  dire  :  l'histoire  que 
vous  me  contez  n'est  pas  neuve, 
le  tour  que  vous  voulez  me  jouer 
m'est  connu.  —  «  La  marquise  : 
Oh!  mon  Dieu  !  que  je  suis  mal- 
heureuse. —  Le  marquis  :  Ah  ! 
vous  savez  !  à  lafin...  Pas  d'attaque 
de  nerfs.  Je  la  connais  celle  là.  » 
(L.  de  Neuville.)  V.  Mettre  (le). 

CONNAISSANCE  :  Maîtresse. 
—  «  Ah  !  vous  avez  une  connais- 
sance, monsieur!  »  (Leuven.) 

CONNASSE  :  Femme  honnête. 
(Halbert.)  —  Les  femmes  inscrites 
à  la  police  donnent  aussi  ce  nom 
à  toutes  celles  qui  ne  le  sont  pas. 

CONNERIE  :  Sottise. 

Si  je  gémis  sous  les  verrous. 

C'est  pour  la  conn'ri'd'un'  camproux 

(cambrouse), 
Qui  n'a  pas  su  retenir  son  bagout. 

{Chanson  de  Mouchabœuf,  65, 
manuscrit.) 

CONNIR  :  Tuer.  V.  Sciage, 
Refaite,  Trimballeur.  —  Du  vieux 
mot  caunir  :  trépasser. 

CONOBLER,  CONNOBRER, 
CONOMBRER  :  Reconnaître. 
(Vidocq.)  —  C'est  connaître  avec 
changement  de  finale.  —  Etre 
conoblé:  être  reconnu.  (Rabasse.) 

CONSCRIT  :  Élève  de  première 
classe  aux  écoles  Saint- Cyr  et 
Polytechnique,  —  a  Lorsque  le 


taupin  a  été  admis,  il  devient 
conscrit,  et  comme  tel,  t.rngent 
à  l'absorption.  »  (La  Bédollière. 

CONSCRIT  :  Homme  naïf, 
inexpérimenté.  —  AUusici  à  la 
gaucherie  des  conscrits. 

CONSERVATOIRE  :  Mont-de- 
piété.  (Vidocq.)  —  On  y  conserve 
les  objets  mis  en  gage. 

CONSOLATION  :  Eau-de-vie. 

—  Ce  mot  dit  avec  une  éloquence 
navrante  ceque  le  pauvre  clierche 
souvent    dans  un   petit   verre    : 

—  l'oubli  momentané  de  ses 
maux.  —  «  Bon,  il  entre  d  ms  le 
débit  de  consolation.  »  (E.  Sue.) 

—  Selon  le  général  Trochu  (l'Ar- 
mée française  en  67),  a  la  conso- 
lation est  une  liqueur  douce  des- 
tinée à  consoler  les  entrailles  du 
buveur  des  violences  du  tord- 
boyaux.  » 

CONSOMM.  :  Consommation. 
Rafraîchissement.  —  Abréviation 
de  consommation.  —  «  Ces  dames 
doivent  être  altérées  par  ladanse, 
ce  dont  elles  ne  disconviennent 
pas.  Partant  de  là,  il  les  supplie 
d'accepter  une  consomm.  »  (Mor- 
nand.)  —  «  Ces  messieurs  ne 
jouent  guère  que  la  consomm 
en  cinq  secs,  presque  jamais  en 
cinq  liés  (cinq  points  liés).  x> 
(Boue  de  Villiers.) 

CONTE  BLEU  :  «  Conte  sans 
vraisemblance,  comme  ceux  Je  la 
Bibliothèque  bleue,  ainsi  appelée 
parce  que  les  petits  livres  qui  la 
composent  ont  des  couvert  1res 
de  papier è/eu, et  sont  mêmequel- 
quefois  imprimés  sur  papier  bleu. 
Cette  bibliothèque,  très-conaue 
dans  les  campagnes,  sortit  des 
pressesde  Jean  Oudot,  imprim  eur 


COP 


-  117  - 


COQ 


à  Troyes  en  Champagne,  vers  la 
fin  du  xvi«  siècle.  »  (Quitard.) 

CONTREFICHER  (se)  :  Se 
moquer  d'une  chose  autant  que 
celui  qui  a  déclaré  s'en  moquer 
avant  vous.  —  «  Tant  qu'à  moi, 
je  m'en  contrefiche.  »  (H.  Mon- 
nier.) 

CONVALESCENCE  :  surveil- 
lance de  la  haute  police.  On  com- 
prendra l'allusion  en  voyant  le 
mot  malade. 

CONVERSATION  CRIMI- 
NELLE :  Flagrant  délit  amou- 
reux.—  Anglicanisme.  — «Je  l'ai 
répudiée  de  mon  cœur  après  l'a- 
voir surprise  en  conversation  cri- 
minelle. »  (Blondelet.) 

COPAIN:  Compagnon.  Du  vieux 
mot  compain.  —  «  Être  copain, 
c'est  se  joindre  par  une  union 
fraternelle  avec  un  camarade,  c'est 
une  amitié  naïve  et  vraie  qu'on 
ne  trouve  qu'au  collège.  »  (H.  Rol- 
land.) —  «  Il  me  disait  bonjour 
de  loin, comme  s'il  avait  eu  honte 
de  s'avouer  mon  copain.»  (About.) 

COPE  :  La  cope  était  un  des 
abus  du  petit  commerce  d'autre- 
fois. Elle  consistait  à  renchérir 
sur  le  prix  marqué.  —  «  La  cope 
tomba  quand  l'habitude  de  mar- 
quer les  prix  en  chitfres  connus 
fut  adoptée.  »  (Naviaux.) 

COP  EAU  :  Ouvrier  en  bois. 
Mot  à  mot  :  faiseur  de  copeaux. 

COPEAU  :  Crachat.  —  Expec- 
toration chassée  de  la  poitrine 
comme  le  copeau  est  chassé  du 
rabot. 

COPEAUX  ;  Effraction.  —  Al- 
lusion aux  traces  d'un  bris  de 
porte  ou  de  serrure.  —  «  Je  suis 


sapé  à  dix  ans  pour  un  coup  de 
vague  avec  copeaux.  »  (Stamir, 
67.) 

COP  LE  (Pisseur  de)  :  Journa- 
liste par  trop  prolixe.  On  appelle 
copie  le  manuscrit  à  composer 
dans  une  typographie. 

COQUAGE  :  Dénonciation.  V. 
Coqiieur. 

COQ.UER  :  Embrasser.  (Hal- 
bert.) 

COQ.UER  :  Donner,  mettre.  V. 
Ravignolé ,  Boucanade. 

COQUER  :  Dénoncer.  Mot  à 
mot  :  cuisiner,  apporter  tout  pré- 
paré. —  Du  vieux  mot  coc  :  cui- 
sinier. V.  Cuisiner.  —  «  En  pro- 
vince, il  avait  coque  quelqu'un 
de  leur  bande.  »  (E.  Sue.) 

COQ.UER  LE  POIVRE  :  Em- 
poisonner. 

COQ.UER  LE  RIFLE  :  Mettre 
le  feu.  —  a  Girofle  largue,  depuis 
le  reluit  où  j'ai  gambillé  avec  te- 
zigue  et  remouché  tes  chasses  et 
ta  frime  d'altèque,  le  dardant  a 
coque  le  rifle  dans  mon  palpi- 
tant qui  n'aquige  plus  que  pour 
tezigue.  »  (Vidocq.) 

COQUER  LE  TAFFE  :  Faire 

peur.  (Rabasse.) 

COQUEUR  :  «  Le  coqueur 
vient  dénoncer  les  projets  de  vol 
à  la  police  de  sûreté.  Le  coqueur 
est  libre  ou  détenu.  Ce  dernier 
est  coqueur  mouton  ou  musicien. 
L.e  mouton  est  en  prison  et  capte 
ses  codétenus.  Le  musicien  ne 
révèle  que  ses  complices.  —  Ce 
métier  de  dénonciateur  s'appelle 
ciquage.  La  musique  est  une  réu- 
nion de  coqu?urs  (musiciens).  » 
(Canler.) 


COR 


-  ii8  - 


COR 


COQUcLUR  DE  BILLE  :  Bail- 
leur de  fonds. 

COQ.UEUSE  :  Dénonciatrice. 
V.  Casserole. 

COQUILLE  DE  NOIX  :  «  Na- 
poléon met  le  pied  sur  une  co- 
quille de  noix,  un  petit  navire  de 
rien  de  tout.  »  (Balzac.) 

COQUILLON  :  Pou.  (Vidocq.) 

COQUIN  :  Dénonciateur. 
(Halbert.)  Jeu  de  mots  sur  co- 
queur  et  coquin. 

Coquine  :  V.  Être  (en). 

CORAM  POPULO  :  En  public. 
Mot  à  mot  :  devant  le  peuple.  — 
Latinisme.  —  «  Je  grisais  cin- 
quante danaïdes  chez  Deffieux 
coram  populo.  »  (Ricard.) 

CORBEAU  :  Frère  de  la  doc- 
trine chrétienne.  —Allusion  aux 
longues  robes  noires  du  clergé. 

—  «  Venez,  vous  que  décore  la 
robe  du  corbeau.  »  (A.  Monté- 
mont.) 

CORBEAU  :  Croque -mort. 

—  Double  allusion  à  son  costume 
noir  et  à  son  voisinage  habituel 
des  cadavres. 

CORBUCHE:  Ulcère.  (Hal- 
bert.) 

CORDE  AU  COU  :  Croix  de 
commandeur.  Son  ruban  se  porte 
au  cou.  Mettre  la  corde  au  cou 
d'un  colonel  veut  dire  le  faire 
commandeur  à  l'instantdelemet 
tre  à  la  retraite,  c'est-à-dire  de  le 
retrancher  du  monde  ou  de  l'ac- 
tivité. 

CORDE  (tenir  la)  :  Avoir  la 
vogue.  —  Terme  de  courses.  — 
Le  côté  de  la  corde  est  un  avan- 
tage pour  le  jockey  qui  s'en  trouve 


rapproché.  —  «  Qui  est-ce  qui 
tient  la  corde  en  ce  moment  dans 
le  monde  dramatique  ^«(jF /g-aro.) 

CORDES  (faire  des)  :  Être 
constipé. 

CORDER  :  S'accorder.  ~  Abré- 
viation. 

CORNANT,  CORNANTE: 

Boeuf,  vache.  (Halbert.)  —  Allu- 
sion à  leurs  cornes.  —  Oa  écrit 
aussi  cornaud  et  cornaude. 

CORNARD  :  A  l'Écde  de 
Saint-Cyr  on  ne  mange  que  du 
pain  sec  au  premier  déjeu  ler  et 
au  goûter,  et  les  élèves  prennent 
sur  leur  dîner  de  quoi  faire  un 
cornard.  —  «  Faire  hommrge  de 
votre  viande  à  l'ancien  pour  son 
cornard.  »  (De  La  Barre.) 

Faire  cornard  :  C'est  aussi  te- 
nir conciliabule  dans  un  coin. 

CORNE  :  Estomac.  —  «  Si  je 
me  rince  la  corne  quelquefois 
chez  le  mastroquet,  c'est  pour 
me  consoler.  »  (Monselet.) 

CORNER  :  Puer.  (Vidocq.) 

CORNET  :  Gosier.  — Allusion 
de  forme.  —  «  Je  n'suis  pas  fâ- 
ché de  m'mettre  quelque  ciiose 
dans  le  cornet.  ï  (H.  Monnier.) 

CORNETTE  :  Femme  dont  le 
mari  est  infidèle.  Féminin  de 
cornard. 

CORNICHON  :  Veau.  (Vidocq.) 
—  Mot  à  mot  :  fils  de  cornante. 

CORNICHON  :  Niais.  (Dhau- 
tel,  08.)  —  Jour  de  Dieu  !  Constan- 
tin,  fallait-il  être  cornichonnc.  » 
(Gavarni.)  —  a  Malvina  se  con- 
tentait de  me  qualifier  de  corni- 
chon. »  (L.  Reybaud.)  —  «Allons, 


COT 


—    lîQ    — 


COT 


pas  de  bêtises  !  t'as  l'air  d'un  cor- 
nichon. »  {Rien:{i,  26.) 

CORNICHON  :  Aspirant  à 
l'École  militaire.  —  «  Une  fois 
en  élémentaires,  il  se  bifurque  en 
élève  de  Saint-Cyr  ou  cornichon, 
et  en  bachot  ou  bachelier  ès- 
sciences.  «  {Institutions  de  Paris, 
58.)  V.  Volaille,  Potasser.) 

CORNIÈRE  :  Étable  à  bœufs. 
V.  Cornant. 

CORRIDOR  :  Gosier.— «Vous 
lui  proposez  de  venir  avec  vous 
pour  écraser  quelques  mollus- 
ques et  se  rincer  le  corridor  d'une 
fiole  de  Moët  au  café  Anglais,  » 
{Vie parisienne,  65.) 

CORSET  (pas  de)  :  V.  Quin:^e 
ans, 

CORVET  :  V.  Être  (en). 

COSAQUE  :  Brutal,  sauvage, 
maladroit. 

COSNE  :  Auberge.  (Halbert.) 

COSTE  :  La  mort.  (Idem.) 

COSTEL  :  Souteneur.  (Ideni.) 

COTE  (être  à  la)  :  Être  à  sec 
d'argent.  —  On  est  à  flot  quand 
la  fortune  sourit.  —  «  Si  vous 
êtes  vous-même  à  la  côte,  — 
quelles  singulières  expressions 
on  a  dans  les  coulisses  pour  ex- 
primer qu'oii  manque  d'argent  !» 
(A.  Achard.) 

COTE  (G)  :  objets  volés.  Ar- 
got des  notaires.  •  Un  lourd 
commissaire-priseur  qui  avec  la 
cote  G  jeta  les  fondements  d'une 
grande  fortune.  »  (Fournier- 
Verneuil,  1S26.) 

COTÉ  (A)  :  Ne  répondant  pas 


à  son  sujet.  —  «  M.  Barbey  d'Au- 
revilly a  consacré  le  succès  dans 
unarticleà  côté  très-flamboyant.» 
(E.  Blondet,  1867.) 

COTE  DE  BŒUF  :  Sabre.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  de  forme. 

COTELETTES  :  Favoris  s'é- 
largissant  au  bas  des  joues,  de 
façon  à  simuler  la  coupe  d'une 
côtelette. 

COTELETTES  :  Applaudisse- 
ments. (J.  Duflot.)  —  Se  dit  dans 
le  monde  dramatique. 

COTERIE  :  «  Les  tailleurs  de 
pierres  s'interpellent  du  nom  de 
coterie.  Tous  les  campagnons 
des  autres  états  se  disent  pays.  » 
(G.  Sand.). 

^  COTES  EN  LONG  (avoir  les)  : 
Être  fainéant,  refuser  le  travail. 
—  Mot  à  mot  :  avoir  un  corps 
incapable  de  se  plier  à  la  tâche 
(puisqu'il  a  les  côtes  en  long  et 
non  en  travers  comme  tout  le 
monde).  —  Ironie  populaire.  — 
«  Ces  demoiselles  aussi  inaptes 
au  travail  que  si  elles  avaient  les 
eôtes  articulées  en  long  et  non 
pas  en  travers.  »  (Th.  Silvestre.) 

COTON  (Filer  un  mauvais)  : 
Se  mal  porter.  —  a  II  file  un  mau- 
vais coton.  »(E.  Jourdain.) — On 
disait  autrefois  jeter  un  triste 
coton,  comme  le  prouve  cet  ex- 
trait des  Mémoires  secrets  de  Ba- 
chaumont  :  «  24  février  1781. 
Madame  Bulté  vient  de  partir 
pour  Londres  où  vraisemblable- 
ment elle  jettera  un  triste  coton. 
Il  est  à  craindre  qu'elle  n'y  meure 
de  faim.  »  —  Cette  dernière  ex- 
pression est  dans  le  Dictionnaire 
de  l'Académie, 


cou 


cou 


COTON  :  Rixe,  dommage. 
(Halbert.)  —  Il  y  aura  du  co- 
ton :  on  se  battra.  —  Abrévia- 
tion de  tricoter.  —  «  Le  chef  de 
service  leur  recommande  tou- 
jours d'éviter  le  coton,  c'est-à- 
dire  d'empêcher  qu'il  y  ait  des 
rixes.  »  (M.  du  Camp.) 

COTTERET  :  Forçat  libéré. 
(Dictionnaire  d'argot,  44.)  —  Jeu 
de  mots  :  le  cotteret  est  un  petit 
fagot.  V.  Fagot. 

COUAC  :  Fausse  note.  —  Har- 
monie imitative.  V.  Canard.  — 
«  11  lui  échappa  un  couac  épou- 
vantable au  milieu  d'un  couplet.» 
(A.  Signol.) 

COUCHE  (nouvelle)  :  Classe 
inférieure,  élément  démocrati- 
que. Abréviation  ironique  de 
nouvelle  couche  sociale.  —  «  Le 
dictateur  avait  promis  aux  nou- 
velles couches  gloire  et  hon- 
neurs. »  (Saint-Genest,  75.) 

COUCOU  :  Montre.  (Colom- 
bey.)  —  Du  nom  des  horloges  de 
bois  dites  coucous,  à  cause  du  cri 
de  coucou  qu'elles  simulent  en 
sonnant  les  heures. 

COUCOU  :  Cocu.  —  Redou- 
blement du  vieux  mot  cous  : 
mari  trompé.  Coucou  est  du 
xvui«  siècle. 

Une  simple  amourette 
Rend  un  mari  coucou. 
{Chansons,  impr.  Chassaignon,  5i.) 

COUCOU  (faire)  :  Jouer  à  la 
cachette,  jeu  où  l'on  crie  coucou 
en  guise  d'avertissement.  —  «  Je 
vais  me  placer  dans  ce  coin,  la 
figure  contre  le  muret  la  main 
devant  les  yeux,  comme  si  je  fai- 
sais coucou.  »  (P.  de  Kock.) 


COUDE  (lâcher  le)  :  Q.uîtter. 
-  a  Vous  n'pourriez  pss  nous 
lâcher  l'  coude  bientôt?  »  (  Léo^ 
nard,  parodie,  63.)  —  Allusion 
à  la  recommandation  militaire 
de  sentir  les  coudes  à  gauche,  en 
marche. 

COUDE  (lever  le)  :  Boire  à  lon- 
gues rasades.  —  «  Ça  n'a  pas 
d'ordre,  ça  aime  trop  à  lever  le 
coude.  »  (P.  d'Anglemont.) 

COUDES  A  GAUCHE  (sentir 
les)  :  Marcher  avec  ensemble, 
avec  régularité,  comme  à  l'école 
d'infanterie. 

COUENNE  :  Peau.  —  Se  ratis- 
ser la  couenne,  se  faire  la  barbe. 
V.  Gratte-Couenne. 

COUENNE  :  «  On  dit  d'un  ni- 
gaud, d'un  maladroit,  d'un  sot, 
qu'il  est   couenne.  »  (Dhautel). 

—  «  Viens-tu?  —  Ah  ben  !  non. 

—  Ah  !  que  t'es  couenne.  »  (Our- 
liac.) 

COUENNE  DE  LARD  :  brosse. 
(Vidocq.)  —  Allusion  aux  crins 
de  la  couenne  du  porc. 

COUILLÉ  :  Niais.  —De  couil- 
lon.  —  «  Un  couillé  j'ai  remou-» 
ché.  »  (Vidocq.)  V.  Plan. 

COUILLON  :  Pour  ce  mot  et 
ses  dérivés,  voyez  Couyon. 

COULAGE  :  Gaspillage,  dé- 
tournement commis  par  des  su- 
bordonnés. —  «  Quel  est  le  négo- 
ciant habile  qui  ne  jetterait  pas 
joyeusement  dans  le  gouffre  d'une 
assurance  quelconque  cinq  pour 
cent  de  toute  sa  production  pour 
ne  pas  avoir  de  coulage.  Eh  bien! 
la  France  ne  paye  que  soixante 
millions,  deux  et  demi  pourcent, 


cou 


—    121     — 


cou 


pour  avoir  la  certitude  qu'il 
n'existe  pas  de  coulage.  Le  gas- 
pillage ne  peut  plus  être  que 
moral  et  législatif.  »  (Balzac.)  — 
«  Le  coulage  est  une  mauvaise 
gestion  des  affaires  du  pays;  il 
consiste  à  faire  faire  des  travaux 
qui  ne  sont  pas  urgents  ou  né- 
cessaires,  etc.  »  (Balzac,  1841.) 

COULAGE  :  petits  détourne- 
ments commis  par  la  domesti- 
cité d'une  grande  maison  ou  d'un 
magasin.  —  Allusion  au  liquide 
coulant  par  les  fentes  d'un  ton- 
neau au  détriment  de  son  pos- 
sesseur. —  «  On  ne  se  figure  pas 
le  coulage  qui  désolait  notre 
caissier.  »  (Almanach  du  Hanne- 
ton.) —  «  Il  y  a  ce  qu'on  appelle 
le  coulage,  c'estrà-dire  les  objets 
dérobés  par  les  employés  eux- 
mêmes.  »  (G.  Vassy,  jb.) 

COULANT  :  Lait.  (Halbert.) 

COULE  (être  à  la)  :  Être  insi- 
nuant, sachant  se  couler  entre  les 
obstacles. 

COULE  (être  à  la)  :  Agir  de 
complicité.  —  ce  Y  a-t-il  de  la 
place  dans  votre  boîte  ?  —  Oui! 
répond  celui-ci  quiest  à  la  coule.» 
(Cavallié.) 

COULER  (se  la)  :  Aller  douce- 
ment (Rabasse.) 

COULEUR  :  Mensonge.  — 
Il  colore  ou  farde  la  vérité.  — 
a  Oh  !  les  peintres  !  il  n'y  a  pas  à 
leur  monter  d'coups,  ça  connaît 
les  couleurs.  »  (Lamiral,  i838.) 

COULEUR  :  Soufflet.  —  Il  co- 
lore la  joue. 

Je  bouscule  l'usurpateur 
Qui  m'appliqua  sur  la  face, 
Comm'  on  dit,  une  couleur. 
(Le  Gamin  de  Paris.) 


COULÉ  :  Perdu  sans  ressour- 
ces. Mot  à  mot  :  coulé  à  fond.  — 
Terme  de  marine.  —  «  Non,  les 
étudiants  de  seizième  année 
n'existent  plus  ;  c'est  une  géné- 
ration coulée.  »  (Privât  d'Angle- 
mont,  i835.) 

COULER  (en)  :  Conter  des 
mensonges.  —  «  Tu  nous  en 
coules,  ma  mignonne.  Va  !  j'te 
connaissons.  »  {Catéchisme  pois- 
sard.) 

COULER  DOUCE  (la)  :  Vivre 
confortablement.  —  «  Ah  !  je  ne 
sais  pas  quand  il  se  passera,  mais 
j'ai  un  fier  béguin  pour  toi.  Tu 
la  couleras  douce  avec  moi,  je 
t'en  réponds.  »  (L.  de  Neuville.) 

COULEUR  LOCALE  :  Procédé 
littéraire  fort  à  la  mode  depuis 
i83o.  —  «  La  couleur  locale  con- 
sistait surtout  à  faire  dire  au 
personnage  le  nom  de  toutes  les 
fabriques  d'oij  sortaient  les  ob- 
jets dont  il  parlait  et  à  faire  con- 
naître de  quelle  matière  étaient 
faits  ces  objets.  On  dirait  :  Ma 
bonne  dague  d'acier,  mon  pour- 
point de  brocart,  mon  justaucorps 
de  Venise,  absolument  comme 
si  aujourd'hui  on  faisait  dire  à 
un  acteur  :  Donnez-moi  mes 
bottes  de  cuir ,  ma  canne  de 
bois.  »  (Privât  d'Anglemont.) 

COULIANT  :  Lait.  (Grandval.) 

COULIANTE  :  Laitue.  (Hal- 
bert.) 

COULISSIER  :  Spéculateur 
jouant  à  la  coulisse  de  la  Bourse, 
c'est-à-dire  en  dehors  du  par- 
quet des  agents  de  change.  — 
Privilège  supprimé  depuis  i86o. 

COULISSIER  :  De  coulisses, 
théâtral.  —  «c  De  là  un    besoin 


cou 


—    122    — 


COU 


insatiable  d'intrigues  amoureu- 
ses et  coulissières.  »  (Ricard.) 

COULOIR  :  Bouche,  gosier. 
—  Synonyme  de  corridor.  Même 
allusion.  V.  Plomber. 

COUP  :  Secret,  procédé  parti- 
culier. —  On  dit  //  a  le  coup  pour 
il  a  le  dernier  mot  du  savoir  faire, 
et  il  a  un  coup,  pour  il  a  son  pro- 
cédé à  lui. 

COUP  A  MONTER  :  Grosse 
entreprise  à  tenter,  piège  à  ten- 
dre.—  aUn  coup  à  monter,  ce  qui, 
dans  l'argot  des  marchands,  veut 
dire  une  fortune  à  voler.  »  (Bal- 
zac.) V.  Monter. 

COUP  DE  BAS  :  Coup  dange- 
reux. —  «  Ces  fats  nous  donnent 
un  rude  coup  de  bas.  »  {Chansons, 
Clermont,  i833.) 

COUP  DE  PIED  (donner  un)  : 
Aller  jusqu'à  un  endroit  déter- 
miné. 

Ne  pas  se  donner  de  coups 
de  pied  :  Se  louer  soi-même. — 
Mot  à  mot  :  ne  pas  se  nuire. 

COUP  DE  PIED  DE  VÉNUS  : 
Mal  vénérien. 

COUP  DE  PISTOLET  :  «  Al- 
léché par  l'exemple  et  la  pers- 
pective de  quelques  bénéfices 
énormes,  un  novice  vient  de  tirer 
un  coup  [de  pistolet  à  la  Bourse 
(c'est  l'expression  pour  désigner 
une  opération  isolée.)  »  (Mor- 
nand.) 

COUP  DE  POUCE  (donner  le): 
Étrangler. 

COUP   DE  POUCE  :  Ne  pas 
donner  le  poids.   Mot  à  mot  : 
donner  le  coup  de  pouce  à  la  ba- 
lance. 

COUP  DE  SIFFLET:  Cou- 


teau. (Halbert).  Pour  coupe-sif- 
flet (coupe-gorge). 

COUP  DE  SOLEIL  (avoir  un): 
«  Être  à  demi  gris,  avoir  une 
pointe  de  vin.  »  (Dhautel,  1808.) 
—  On  sait  que  le  vin  et  le  soleil 
ont  également  la  vertu  d'em- 
pourprer le  visage.  —  a  Ma  foi, 
ça  n'  s'era  qu'à  la  brune  qu'finira 
c'gueuleton  sans  pareil.  En  par- 
lant d'ça  j'pourrais  bien  attraper 
un  p'tit  coup  de  soleil...  Mais 
voyons  si  j'ai  encore  de  la  brai- 
se. »  (Lamiral,  le  Savetier  en 
goguette,  38.)  V.  Soleil. 

COUP  DE  TEMPS  :  Accident 
subit,  surprise.  —  Terme  d'es- 
crime. —  «  Je  mettrai  le  trouble 
là-dedans  par  un  coup  de  temps 
qui  ne  sera  pas  trop  bête.  »  {Le 
Solitaire,  pot  pourri,  1821.) 
Voir  le  coup  de  temps,  c'est  le 
prévoir. 

COUP  DU  LAPIN  :  Coup 
mortel,  comme  celui  qu'on  donne 
au  lapin  sacrifié  à  la  cuisine. 

COUPE  :  Misère.  (Halbert.)  — 
Mot  à  mot  ;  dans  la  coupe  des 
vivres. 

COUPE  (être  sous  la)  :  Être 
subordonné  à  quelqu'un. 

COUPE  (tirer  sa)  :  Naper.  — 
«  Rodolphe,  qui  nageait  comme 
une  truite...  se  prit  à  tiier  sa 
coupe  avec  toute  la  pureté  ima- 
ginable. »  (T.  Gautier.) 

COUPE-CHOUX  :  Sabre  d'in- 
fanterie. —  Avant  de  servir 
comme  baïonnette,  cette  arme 
était,  même  en  campagne,  des 
plus  pacifiques.  —  a  Leur  voit- 
on  traîner  d'une  façon  guerrière 
le  coupe-choux  du  taporal?  » 
(A.  Rolland.) 


cou 


123 


COU 


COUPE-FICELLE  :  Artificier 
d'artillerie.  —  Allusion  à  la 
grande  quantité  de  ficelle  récla- 
mée par  ses  fonctions. 

COUPE-SIFFLET  :  Couteau. 
Mot  à  mot  :  coupe-gorge.  V.  Sif- 
flet. 

COUPE  (ça  te  la)  :  Cela  te  dé- 
concerte. —  Abréviation  de  ça 
te  coupe  la  chique^  cela  te  con- 
trarie, te  déroute.  (Dhautel,  08.) 
—  «  Sous  le  premier  Empire, 
M.  de  Beaumont  annonça  au 
cercle  des  Tuileries  :  «  Madame 
«  la  maréchale  Lefebvre  !  »  L'em- 
pereur s'avance  et  lui  dit  :«Bon- 
«  jour,  madame  la  duchesse  de 
a  Dantzick  !  »  Celle-ci  se  retourne 
et  dit  au  chambellan  trop  laco- 
nique :  «  Ah!  ça  te  la  coupe,  ca- 
<£  det!  »  {Encyclopediana.)  V. 
Sifflet. 

COUPER  :  Donner  dans  un 
panneau,  accepter  un  mensonge. 
Abréviation  de  couper  dans  le 
pont.  —  «  Ah  !  dit  Marlot  en  fai- 
sant sauter  l'or  dans  sa  main, 
elle  a  donc  coupé  dans  le  ma- 
riage i  »  (Champfleury.) 

COUPER  DANS  LE  PONT  : 
Se  laisser  filouter  en  coupant  des 
cartes  préparées  par  un  grec  qui 
vient  dejaire  le  pont  :  (  plier  lé- 
gèrement les  cartes  à  un  endroit 
déterminé,  de  façon  à  guider  la 
main  de  l'adversaire  dans  la  por- 
tion du  jeu  où  elle  doit  couper 
innocemment).  —  a  Laisse-la 
couper  dans  le  pont,  »  (Balzac.) 

COUPER  LA  CHIQUE  :  Inter- 
dire. V.  Chique. 

COUPER  LA  GUEULE,  COU- 
PER LA  GUEULE  A  QUINZE 


PAS.  —  Exhaler  une  si  mau- 
vaise odeur  qu'on  la  sent  à  quinze 
pas.  —  Cette  expression  ne  man- 
que pas  de  justesse,  car  la  bouche 
semble  souffrir  autant  que  le  nez 
en  pareil  cas. 

Quand  elle  a  mangé  du  cerv'las, 
Ça  vous  coup  la  gueule  à  quinz'  pas. 

(Colmance.) 

COUPER  LA  MUSETTE  : 
Couper  la  parole.  —  a  Ta  re- 
montrance me  coupe  la  mu- 
sette. »  (Chansons,  Châteauroux, 
26.) 

COUPER  LA  MUSETTE  : 
Couper  la  gorge.  —  «  De  Palzo 
j'ai  coupé  la  musette,  il  ne  peut 
plus  te  faire  de  mal.  »  {Le  Soli- 
taire,  pot  pourri,  2 1 .)  V.  Sifflet. 

COUPLARD  :  Couteau.  (Hal- 
bert.)  Mot  à  mot  :  coupe-lard. 

COUPLETS  DE  FACTURE  : 
(c  C'est  un  morceau  de  poésie 
long  d'un  mètre,  sur  l'air  des  Co- 
médiens ou  de  Vive  la  Lithogra- 
phie. Feu  Brazier  et  M.  Glairville 
sont  les  maîtres  es  couplets  de 
facture.  »  (J.  Duflot.) 

COURAILLER  :  Courir  les 
filles.  —  «  Vous  l'auriez  empêché 
de  courailler.  »  (Balzac.) 

COURBE  :  Épaule.  (Vidocq). 
—  Elle  se  courbe  souvent. 

COURIR  :  Courir  les  filles.  — 
((  Monsieur  n'est  pas  heureux 
quand  il  court.  »  (H.  Monnier.) 
— On  dit  aussi  Courir  la  gueuse. 

^  COURIR,  FAIRE  COURIR  : 
Être  propriétaire  de  chevaux  de 
course.  —  «  Oscar  :  Tenez,  cher  ! 
je  viens  du  club...  j'ai  beaucoup 


CRA 


—  124  — 


CRA 


parié...  j'ai  perdu  vinqt-cinq  louis 
et  deux  saladiers  de  vin  sucré. — 
Vous  savez,  je  fais  courir.  —  Le 
marquis  :  La  jeunesse  ne  saurait 
avoir  de  divertissement  plus 
comme  il  faut.  »  (Marquet.) 

COURIR  (se  la)  :  S'enfuir. 

COURIR  (se)  :  Se  méfier.  (Vi- 
docq.)  —  De  l'ancien  verbe  se 
covrir  :  se  couvrir,   se  protéger. 

COURTAUD  DE  BOUTAN- 
CHE  :  Commis  de  magasin,  vo- 
leur. (Grandval.) 

COUSIN  :  Grec.  V.  Poucette. 

COUYON,  COUILLON  :  Lâ- 
che, poltron.  —  Du  vieux  mot 
coion  qui  a  le  même  sens.  (V. 
Roquefort),  et  qui  est  un  dimi- 
nutif de  coy  :  tranquille,  indo- 
lent. Il  s'écrivait  aussi  quoyon. 
—  Mazarin  est  souvent  appelé 
coyon  dans  les  pamphlets  de  la 
Fronde. 

Beaulleu,  Cobourg  en  furent  touchés 
De  voir  leur  troupe  à  l'abandon 
Qui  fuyoient  comme  des  couillons  * 
Devant  les  patriotes. 

(Mauricault,  Chanson^  1794) 

COUYONNADE  :  Affaire  ridi- 
cule, action  lâche. 

COUYONNER  :  Reculer  au 
moment  d'agir. 

COUYONNERIE  :  Lâcheté.  Du 
vieux  mot  coionnerie.  V.  Roque- 
fort. 

CRACHER  :  Parler.  Mot  à 
mot  :  cracher  des  paroles. 

Faire  cracher  :  Faire  parler. 
(Rabasse.) 

CRACHKR  :  Décharger.  —  Le 
canon  crache  la  mitraille. 


CRACHER.    GRACtlER    AU 

BASSINET  :  Donner  (ie  l'argent 
de  mauvaise  grâce.  —  A'ieux  mot 
argotique.  Une  ancienne  gravure 
représente  le  grand  Coësre  ou 
roi  des  Truands  ayant  à  ses  pieds 
un  bassin  où  chacun  des  gueux 
ses  sujets  vient  déposer  son  tri- 
but, c'est-à-dire  cracher  au  bas- 
sin. —  «  Tu  dois  faire  cracher 
encore  i5o,ooo  francs  au  baron.» 
(Balzac.) 

CRACHER  DANS  LE  SAC  : 
V.  Raccourcir. 

CRACHOIR  :  Bavardage,  ba- 
vard. —  Quel  crachoir!  Quel 
bavard  ! 

CRACHOIR  :  Réquisitoire.  V. 
Bêcheur. 

CRACHOIR  (tenir  le)  :  Tenir 
le  dé  de  la  conversation  et  ne  pas 
le  céder  à  d'autres,  mot  à  mot  : 
ne  pas  lâcher  le  réquisitoire;  ac- 
caparer le  bavardage.  (V.  plus 
haut.)  Quand  il  tient  le  crachoir, 
il  en  a  pour  longtemps,  dit-on 
d'un  bavard.  Ce  terme  est  iro- 
nique. —  «  N'étudiant  aucune 
question  à  fond,  mais  se  conten- 
tant de  prendre  de  chaque  chose 
une  teinture  superficielle  qui 
permet  de  tenir  convenablement 
un  crachoir,  —  terme  vulgaire, 
mais  juste,  —  d'une  heure  ou 
deux.  »  {Paris- Journal,  72.) 

CRACK  (à)  :  «  Cheval  extraor- 
dinaire sur  lequel  on  compte 
beaucoup.  On  dit  le  crack  de  l'é- 
curie pour  dire  le  meilleuir  che- 
val. »  (Parent.)  Angl.  ar-^ot  de 
courses. 

CRAMPE  (tirer  sa)  :  Fuir.  — 
«  Elle  a  pris  ses  grands  airs  et 
j'ai  tiré  ma   crampe.    >  (Monté- 


CRA 


-  125  - 


GRE 


5n.)  —  A  aussi   un  autre  sens 

ui  n'est  pas  de  notre  ressort. 

CRAMPER  (se)  :  Se  sauver. 
|.  lot  à  mot  :  tirer  sa  crampe.  V. 

Vé,  A  bouler. 
I     CRAMPON  :  Importun   aussi 
i  enace  qu'un  crampon. —  «  Elle 
:  :st  assez  jolie,  cette  femme.   — 
Charmante  !    mais    quel    cram- 
pon! »  (L.  Leroy.)  V.  Lâcher. 
i  Je  vous  fais  mes  adieux.  —  Je 
n'en  suis  pas  fâché,  vieux  cram- 
pon,   vieux   gâteux!    »    (Tarn 
Tarn.)  De  là,  sans  doute,  l'ori- 
gine de  ce  péjoratif. 

CRAN  (lâcher  d'un)  :  Aban- 
donner subitement.  —  a  Nous 
vous  lâcherons  d'un  cran.  »  — 
iVidal,  33.) 

CRAN  (faire  un)  :  Tenir  bonne 
note. 

CRANE  :  Hardi.  —  «  Est-il 
crâne,  cet  enragé-là.  »  (P.  La- 
croix, 32.) 

CRANE  :  Beau.  —  «  C'est  ça 
qui  donne  une  crâne  idée  de 
l'homme!  »  (Gavarni.) 

Mettre  son  chapeau  en  crâne  : 
Le  mettre  sens  devant  derrière, 
à  la  façon  des  tapageurs. 

CRANE  :  Bon.  —  «  Quand  j'é- 
tais sur  la  route  de  Valencien- 
nes,  c'est  là  que  j'en  avais  du 
crâne  du  tabac!  »  (H.  Monnier.) 

CRANEMENT  :  Supérieure- 
ment. —  •  J'ai  été  maître  d'ar- 
mes... et  je  puis  dire  que  je  tirais 
crânement.  »  (Méry.)  —  «  Elle 
prenait  la  brosse  chez  un  pein- 
tre, et  faisait  une  tête  assez  crâ- 
nement. »  (Balzac.)  —  a  Je  suis 
crânement  contente  de  vous 
voir.  »  (E.  Sue.) 

CRAPAUD    ;  HQmme    petit, 


chétif.  (Dhautel.)  —  Gamin.  — 
Pris  souvent  en  bonne  part.  — 
«  Tiens!  Potier,  je  l'ai  vu  du 
temps  qu'il  était  à  la  Porte-Saint- 
Martin.  Dieux!  que  c'crapaud-là 
m'a  fait  rire!  »  (N.  Monnier.) 

CRAPAUD  :  Bourse  de  soldat. 
—  Elle  est  inférieure  à  la  bourse 
de  la  masse  dite  aussi  grenouille, 
comme  le  crapaud  l'est  à  la  gre- 
nouille. 

CRAPAUD  :  Cadenas.  (Vi- 
docq.) 

CRAPAUD  :  Fauteuil  bas.  — 
«  Une  bergère...  Avancez  plutôt 
un  crapaud  !  »  (E.  Jourdain.) 

CRAPULOS,  CRAPULADOS  : 
Cigare  d'un  sou.  Mot  à  mot  :  le 
havane  de  la  crapule.  —  Ironie 
à  l'adresse  des  noms  pompeux 
qui  distinguent  les  cigares  de  la 
Havane.  V.  Jnfectados. 

CRAQUELIN  :  Menteur. 
(Grandval.)  — De  craque,  men- 
songe. 

CRASSE  :  Indélicatesse.  — 
«  Elle  m'a  fait  des  crasses.  Toi, 
tu  m'inspires  de  la  confiance.  » 
{Almanach  du  Hanneton,  67.) 

CRÉATEUR  :  Peintre.  (Vi- 
docq.)  —  Il  crée  sur  la  toile. 

CRÉATURE  :  Prostituée.  — 
«  Pour  la  grande  dame  qui  se 
voit  enlever  ses  adorateurs  par 
une  grisette,  cette  grisette  est 
une  créature.  »  (L.  Huart.)  — 
ï  Mon  mari  a  eu  l'infamie  de 
faire  venir  cette  créature  dans 
ma  maison.  »  (Gavarni.) 

CREBLEU,  GRELOTTE  :  Ju- 

rons.  —  Abréviations  de  sacrg' 
bleu,  sacrelotte.  V.  ces  mots. 

GRÉ  CHIEN  ;  Abréviation  de 


CRE 


—  126  — 


CRE 


sacré  chien,  juron.— a  Gré  chien  ! 
Loïse  t'aslàune  casquette  un  peu 
chouette.  »  (Gavarni.) 

CREDO  :  Profession  de  foi.— 
Latinisme.  —  a  La  meilleure 
réponse,  c'est  de  publier  le  credo 
politique  du  vieux  Cordelier.  » 
(C.  Desmoulins,  1790.) 

CRÈME  :  Superlatif,  le  meil- 
leur ou  la  meilleure.  —  a  Excel- 
lent!... Dis  donc  que  c'est  la 
crème  des  oncles.  »  (Beauvallet.) 

CRÉ  NOM  :  Juron.  —  Abré- 
viation de  sacré  nom.  V.  ce  mot. 

CRÊPAGE  :  rixe.  V.  Crêper. 

—  «  Un  effrayant  crêpage  de  chi- 
gnons s'en  suivit.  La  police  in- 
tervint. »  (G.  Vassy,  75.) 

CRÊPER  LE  TOUPET,  LE 
CHIGNON  ;  Prendre  aux  che- 
veux, battre.  —  «  Nous  v'ia  tous 
deux  à  nous  crêper  le  toupet.  » 
(Letellier,  Sg.)  —  Les  femmes  5e 
crêpent  le  chignon. 

CRÉPIN  :  Cordonnier.  Mot  à 
mot  :  enfant  de  saint  Crépin,  pa- 
tron des  bottiers  et  des  cordon- 
niers. —  «  Je  défie  bien  le  Crépin 
de  me  faire  des  bottes  plus  jus- 
tes. »  (La  Correctionnelle.) 

CRÉPINE  ;  Bourse.  (Vidocq  ) 

—  De  crépin.  —  C'est,  comme  le 
crapaud,  une  bourse  de  cuir. 

CRÉPON  :  a  Des  crépons, 
c'est-à-dire  de  ces  petits  paquets 
de  crin  que  le  beau  sexe  place 
sous  ses  cheveux  pour  les  faire 
«  bouffer.  »  (Éclair,  10  mai  72.) 

CRÈS  :  Vite.  (Halberi.) 

CRESPINIÈRE  :  Beaucoup. 
(Idem.) 

CRÉTINISER    :    Abrutir.   — 


ce  Un  Ghazelle  a  vécu  à  vingt- 
deux  sous  par  tête  et  s'est  cré- 
tinisé.  »  (Balzac.)  —  <  Tout  le 
monde  joue  en  France,  dit-il; 
qu'est-ce  que  cela  prouve  ?  une 
seule  chose  :  c'est  que  la  France 
se  crétinise  au  milieu  ce  cette 
frénésie  de  spéculation.  »  [Bour- 
sicotier isyne.) 

CREUSE  :  Gorge.  (Idem.)  — 
Voyez  Creux. 

CREUSER  :  Approfondir,  en 
parlant  de  l'exécution  ti'une  œu- 
vre artistique  ou  litt  raire.  — 
C'est  creusé  se  dit  d'une  chose 
fort  étudiée.  —  Creuser  son  sujet, 
c'est  le  préparer  avec  soin. 

CREUX  :  Logis,  maison. 
(Grandval.) 

CREUX  :  Voix  retentissante 
comme  l'écho  d'une  caverne. 

CREVAISON  :  Mort,  chute.  — 
a  Cette  rengaine  du  finsco  n'en 
dissimulait  pas  moins  une  cre- 
vaison spontanée.  »  (Michu.) 

CREVANT  :  Ennuyeux  à  pé- 
rir, à  crever. 

CREVÉ,  PETIT  CREVÉ  : 
Jeune  élégant  poussant  à  un  de- 
gré tout  féminin  la  recherche  de 
sa  toilette.  Un  Almanac/i  des  pe- 
tits crevés  a  paru  en  18(7. 

Elle  ajouta  :  Bébé,  je  suis  chez  mes 

parents. 
Le  crevé  s'écria  :  Cela  m'est  Inen  égal. 
Alm.  des  p.  Crevés.  67. 

—  a  Petit  crevé  se  décollette  avec 
grâce,  épiie  son  menton  et  cire 
sa  moustache.  Son  teint  délicat 
connaît  les  douceurs  de  la  poudre 
de  riz  et  du  blanc  de  j^erle.  » 
(Yriarte.)   —   C'est  de   ce  visage 


CRI 


—  127 


CRI 


blême  qu'est  venue  selon  nous 
l'expression  de  crevé. 

CREVER,  CREVER  LA  PAIL- 
LASSE :  Battre,  blesser,  tuer. 

CREVER  (tu  t'en  ferais)  :  For- 
mule négative.  V.  Cylindre, 
Mourir. 

CREVETTE  :  Lorette.  Mot  à 
mot  :  fille  hantant  les  crevés.  V. 
ce  mot.  «  Tous  les  essaims  de 
vierges  folles,  biches  dorées,  co- 
cottes, crevettes.  »  (Mic*hu.)  — 
«  Les  nuits  de  cancan  carabinées 
des  grandes  crevettes  et  des  pe- 
tits crevés.  »   (Blondelet,   1867.) 

CRIBLAGE  :  Cri.  —  «  On  peut 
les  pésiguer  et  les  tourtouser  en 
leur  honnissant  qu'ils  seront  es- 
carpés s'il  y  a  du  criblage.  »  (Vi- 
docq.) 

CRIBLEMENT  :  Cri.  (Colom- 
bey.) 

CRIBLER  :  Crier.  —  C'est 
crier  avec  changement  de  finale. 

CRIC  :  Eau-de-vie.  V.  Crique. 

CRIC-CROC  :  A  ta  santé. 
(Grandval.)  —  Harmonie  imita- 
tive. 

CRI-CRI  :  Grillon.  —  Harmo- 
nie imitative  de  son  cri.  —  «  Un 
cri-cri  que  l'habitude  de  me  voir 
avait  apprivoisé.  »  (G.  Sand.)  — 
«  Je  sens  quet'chose  qui  trifouille 
dans  mon  estomac.  Je  crois  que 
c'est  un  cri-cri.  »  (H.  Monnier.) 

CRIE,  CRIGNE  :  Viande  (Ra- 
basse.)  V.  Criolle. 

CRIMÉENNE  :  «  Large  et 
longue  capote  à  collet  et  à  capu- 
chon envoyée  de  France  pour  le 
soldat  en  Crimée.  »  (Cler,  i856.) 

CRIN  (être  comme  un)  :  Être 


d'abord  difficile.  Le  crin  est  raide 
et  piquant. 

CRINS  :  Cheveux.  ■—  Anima- 
lisme. 

CRINS  (à  tous)  :  Très-chevelu, 
et  au  figuré  :  extrême  dans  ses 
opinions.  —  Allusion  à  la  che- 
velure dont  on  ne  veut  rien  re- 
trancher, qu'on  laisse  pousser  à 
tous  crins.  —  a  Les  démocrates 
à  tous  crins,  qui  sont  dans  cette 
voie  anti-catholique.  »  {Moniteur ^ 
septembre,  1872.^ 

CRIOLLE,  CRIE  :  Viande.  V. 
Artie. 

CRIOLLIER,  CRINOLIER  : 
Boucher.  —  «  Nous  allons  bar- 
botter  demain  la  cambriolle  d'un 
garçon  crinolier.  »  (Canler.) 

CRIQUE,  CRIK  :  Eau-de-vie. 
(Vidocq.)  —  «  Un  verre  de  criq' 
ne  fait  pas  de  mal.  »  (J.  Choux.) 

—  «  Si  on  a  donné  une  gratifica- 
tion de  crik  (eau-de-vie),  il  y  a 
un  changement  complet.  »  {Vie 
parisienne,  i865.) 

CRISTALLISATION  :  Con- 
densation intellectuelle.  —  On 
sait  que  la  cristallisation  unit  et 
solidifie  les  parties  d'une  sub- 
stance dissoute  dans  un  liquide. 

—  «Un  homme  d'esprit,  Sten- 
dhal, a  eu  la  bizarre  idée  de 
nommer  cristallisation  le  travail 
que  la  pensée  de  la  marquise  fit 
avant,  pendant  et  après  cette  soi- 
rée. »  (Balzac.) 

CRISTALLISER  :  Paresser  au 
soleil.  —  Terme  de  chimie  :  La 
cristallisation  est  un  effet  de  la 
chaleur.  —  «  Permis  à  tous  de  se 
promener  dans  les  cours,  de  fu- 
mer leur  pipe,  de  cristalliser  au 
soleil.  »  (La  Bédollière.) 


CRO 


12»   — 


CRO 


CRISTI  :  Juron.  —  Abrévia- 
tion de  sacristi.  V.  ce  mot.  — 
c  Cristi!  que  mon  panaris  m'é- 
lance. »  (Marquet.) 

CROC  :  Escroc.  —  Abrévia- 
tion. 

CROCHER  :  Sonner.  (Hal- 
bert.)  —  Pour  crosser,  V.  ce  mot. 

CROCHER  (se)  :  Se  battre.  — 
Abréviation  de  s'accrocher.  — 
«  Je  grille  de  vous  voir  crocher 
avec  le  Maître-d'École,  lui  qui 
m'a  toujours  rincé.»  (E.  Sue.) 

CROCS  :  Dents.  (Grandval.) 

CROIRE  QUE  C'EST  AR- 
RIVÉ :  Se  prendre  trop  au  sé- 
rieux. «  Elle  se  disait  regardant 
les  vagues  en  courroux  :  Ce  bon 
Neptune,  il  croit  que  c'est  ar- 
rivé. »  (Aubryet,  1870.)  — ^  «  Au 
premier  rang  sont  les  gens  qui 
croient  que  c'est  arrivé.  »  (P.  Ma- 
halin,  1867.) 

CROISANT,  CROISSANT.— 
Gilet.  (Vidocq.)  —  Il  croise  sur 
la  poitrine. 

CROIX  :  Six  francs.  —Vieux 
mot  qui  faisait  allusion  à  la 
croix  empreinte  sur  certaines 
monnaies  d'argent.  —  «  Le  car- 
reau du  Temple  avait  son  argot  ; 
il  parlait  par  pistoles,  croix, 
point,  demi-point  et  rond.  La 
pistole  valait  dix  francs;  la  croix, 
six  francs;  la  demi-croix,  trois 
francs;  le  point,  un  franc;  le 
demi-point,  cinquante  centimes, 
et  le  rond,  un  sou.  »  (E.  Sue.) 

CROLLE  :  Écuelle.  (Fr.  Mi- 
chel.) 

CRO  ME  :  Crédit.  (Halbert.) 

CROMPER  :  Sauver.  (Idem.) 
Pour  cramper. 


CROMPIR  :  Pomme  de  terre. 
(Fr.  Michel.)  —  Germanisme.  De 
Grundbirne  :  poire  de  terre. 

CROMPER  SA  TANTE  :  Sau- 
ver un  prisonnier.  (Rabasse.) 

CRONÉE  :  Écuelle.  (Idem.) 

CROQ.UE-MORT  :  Porteur 
employé  par  les  pompes  funè- 
bres. —  «  Le  croque-mc^rt  est 
d'un  naturel  grivois;  il  aime  le 
vin,  le  jeu,  les  belles.  »  ^Privât 
d'Anglemont.) 

CROQUER  :  Esquisser,  des- 
siner. —  «C'est  un  charbonnier 
de  la  grève  que  ce  peintre  a 
voulu  croquer.  »  {Santolianay 
1 764.)  —  «  Si  je  croquais  ce  chêne 
avant  de  déjeuner!  »  (Marcellin  ) 

CROSSE,  GROSSEUR  :  Rece- 
leur, ministère  public.  (Vidocq.) 
—  Son  réquisitoire  frappe  ou 
crosse  les  accusés.  —  On  sait  que 
crosser  est  pris  ordinairement 
dans  ce  sens. 

CROSSER  :  Receler. 

CROSSER  :  Sonner.  Mot  à 
mot  :  frapper,  crosser  Taira  in. — 
«  Quand  douze  plombes  cros- 
sent,  les  pègres  s'en  retournent 
au  tapis  de  Montron.  »  (Vidocq.) 

CROSSIN,  CROSSE  :  Rece- 
leur. (Fr.  Michel.) 

CROTTE  D'ERMITE  :  Poire 
cuite.  (Grandval.)  Allusion  de 
forme  et  de  couleur. 

CROUPIONNER  ;  Remuer  du 
croupion,  faire  bouffer  la  jupe. 
CROUTE  :  Homme  arriéré. 

CROUTE  DE  PAIN  Dh:R- 
RIÈRE  UNE  MALLE  (s'embiter 
comme  une)  :  Mot  à  mot  :  des^ 
séchc'  d'ennui. 


CUI 


CROUTEUM  :  Collection  de 
croûtes  ou  de  mauvais  tableaux 
«  Bientôt  la  boutique,  un  mo- 
ment changée  en  croûtéum,  passe 
au  muséum.  »  (Balzac.) 

CROUTON  :  Mauvais  peintre. 
Mot  à  mot  :  faiseur  de  croûtes. 

CROUTON  :  Vieil  encroûté. 
^  «  Vous  m'appelez  vieux  croû- 
ton, quand  je  vous  nomme  ma 
mie.  »  (Cabassol.)  —  «  Les  maî- 
tresd'armes  derégiments  étaient, 
en  ces  temps  reculés,  de  vieux 
croûtons.  »  (Villemessant.) 

CROUTONNER  :  Peindre  des 
croûtes. 

CROYEZ  ÇA  ET  BUVEZ  DE 
L'EAU  :  Terme  en  usage  pour 
se  moquer  des  gens  crédules.  — 
Par  allusion  aux  malades  qui 
cherchent  aux  eaux  la  santé,  et 
aux  éloges  exagérés  de  la  vertu 
de  chaque  eau  minérale.  — 
«Croyez  ça, puis  buvez  de  l'eau.» 
{Rien:{i,  26.) 

CRUCIFIER  :  Décorer  de  la 
Légion  d'honneur.  Jeu  de  mots. 
Crucifier  c'est  mettre  l'homme  à 
la  croix.  —  «  On  t'a  crucifié  !  Et 
qu'as-tu  donc  fait  pour  cela.  — 
Mais,  mon  bon,  j'ai  fait...  les  dé- 
marches nécessaires,  répond  le 
nouveau  chevalier.  »  {Ga:{ette 
anecdotique.) 

CRUCIFIX  A  RESSORT,  CRU- 
CIFIX :  Pistolet.  -  Comme  le 
crucifix,  il  se  montre  à  l'heure 
suprême.  —  «  Godet,  le  limona- 
dier, a  abandonné  ses  bavaroises 
pour  jouer  du  crucifix  à  ressorts 
dans  le  bois  de  Vincennes.  »  (Ca- 
lendrier du  père  Duchêne,  1 79 1 .) 

CUIR  :  Peau.  -  «  C'était  aux 
nègres  qu'il  en  voulait,  à  cause 


-  129  -  CUI 

du  coloris  de  leur  cuir.  »  (L.DeS* 
noyers.)  V.  Cuirasser. 

CUIR  (tanner  le)  :  Battre. 

CUIR  DE  BROUETTE  :  Bois. 
—  Ironie.  —  Des  sabots  sont  des 
escarpins  en  cuir  de  brouette. 

CUIRASSER  :  Parler  en  fai- 
sant des  fautes  de  liaisons  appe- 
lées cuirs.  V.  Velours.  —  «  Fra- 
ter  au  régiment,  il  en  a  conservé 
l'habitude  du  discours  et  cui- 
rasse proprement.  »  (Bataille, 
43.) 

CUIRASSIER  :  Homme  fré- 
quemment coupable  des  fautes 
de  liaison  appelées  cuirs. 

CUISINE  (la)  :  La  préfecture 
de  police.  —  C'est  le  rendez-vous 
des  cuisiniers. 

CUISINE  DE  JOURNAL:  Tout 
ce  qui  regarde  les  petits  détails 
et  l'ordonnance  matérielle  d'un 
journal.  —  «  C'est  lui  qui  fait  la 
cuisine  du  journal.  »  (L.  de  Neu- 
ville.)     . 

CUISINER  :  Travailler  d'une 
façon  quelconque,  au  figuré.  — 
«  C'est  ainsi  que  M.  Jules  Breton 
s'est  ingénié  à  cuisiner  le  genre 


rustique,  sans  rusticité.  »  (Th. 
Silvestre  ) 

CUISINIER  :  Espion,  agent  de 
police  secrète.  (Vidocq.)  —  «  Lui 
qui  avait  servi  plusieurs  fois  de 
cuisinier  à  la  police,  »  (Canler.) 

—  «  Mauvais  signe  !  un  sanglier! 
comment  s'en  trouve-t-il  un  ici  t 

—  C'est  un  de  leurs  trucs,  un 
cuisinier  d'un  nouveau  genre.  » 
(Balzac.)  V.  Coqueur, 

CUISINIER  :  Avocat.  (Hal- 
bcrt.) 

CUISINIER  :  Secrétaire  de  ré- 


CUL 


-  i3o  - 


CUL 


daction.  Mot  à  mot  :    rédacteur 
chargé  de  la  cuisine  du  journal. 

CUISSE  (ça  me  fait  une  belle)  : 
C'est  un  avantage  illusoire  pour 
moi.  —  Équivalent  de  :  ça  me 
rend  la  jambe  bien  faite.  V. 
Jambe, 

CUIT  :  Perdu,  condamné.  — 
«  Cuits,  cuits!  les  carlistes,  ils 
seront  toujours  cuits.  »  (Métay, 
i83i.) 

CUIT  :  Condamné. (MoreauC.) 

CUITE  :  Correction.  —  11  en 
cuit  à  celui  qui  la  reçoit. 

CUIVRE  :  Monnaie  de  billon. 
—  «  T'as  vu  que  ton  cuivre  dé- 
ménageait. »  (Ricard.) 

CUL  :  Homme  bête  et  gros- 
sier. 

CULBUTE  :  Culotte.  (Grand- 
val.)  Changement  de  finale.  V. 
Affure. 

CULOTTAGE  :  Action  de  cu- 
lotter une  pipe.  —  «  Il  va  paraî- 
tre... un  traité  théorique  et  pra- 
tique du  culottage  des  pipes.  » 
(Lespès,  1866.) 

CULOTTE  :  Partie  de  domi- 
nos qui  procure  au  gagnant  un 
grand  nombre  de  points.  —  «  Le 
joueur  de  dominos  préfère  le 
double-six  culotte  avec  six  blancs 
dans  son  jeu.  »  (Luchet.) 

CULOTTE  :  Perte  qui  englobe 
toutes  les  autres.  —  «  Un  étu- 
diant poursuivi  par  le  guignon 
s'est  vu  mettre  sur  son  compte 
toutes  les  demi-tasses  consom- 
mées dans  la  soirée  par  tous  les 
habitués  du  café.  Cela  s'appelle 
empoigner  une  culotte.  »  (L. 
Huart.)  —  «  Vous  vous  asseyez  à 
la  table  de  baccarat,  et  vous  vous 


flanquez  une  culotte  de  5oo  louis.» 
{Vie  parisienne f  1866.) 

CULOTTE  (se  donner  une)  : 
Faire  excès  de  boire  ou  de  man- 
ger. —  Donné  déjà  par  le  Dic- 
tionnaire de  Leroux,  1718.  — 
Synonyme  d'un  terme  fréquem- 
ment employé  :  S'en  donner  plein 
la  ceinture.  —  «  Un  ivrogne  fe- 
rait bien  mieux  de  s'acheter  un 
pantalon  que  de  se  donner  une 
culotte.  »  (Commerson.  ) 

CULOTTE  se  prend  au  figuré 
pour  un  excès  de  parcles.  — 
«  Nous  nous  sommes  donné  une 
fameuse  culotte  monarcb  ique  et 
religieuse.  »  (Balzac.) 

CULOTTE  DE  PEAU  :  Vieux 
soldat.  ~  «  N'appelle-t-on  pas  un 
vieux  soldat  culotte  de  peau  ?  » 
{Gangam,  1861.)  —  «  Habit  bou- 
tonné militairement.  Culotte  de 
peau,  au  physique  et  au  moral.  » 
{Almanach  du  Hanneton,  1867.) 

CULOTTÉ  :  Aguerri,  teinté. 
—  «  Oh!  ma  chère,  je  suis  cu- 
lottée, vois-tu.  »  (Gavarr.i.)  — 
Allusion  au  culottage  de  hi  pipe. 
On  dit  un  ne^  culotté  pc  ur  un 
nez  rougi  par  l'ivrognerie,  des 
yeux  culottés  pour  des  yeux  cer- 
nés de  bistre. 

CULOTTER  :  «  Culotter  une 
pipe,  c'est  imprimer,  grâce  à 
l'action  du  tabac  brûlé  dans  son 
foyer,  une  couleur  foncée  à  sa 
terre  blanche.  »  (Lespès.)  — 
C'est  le  culot  du  fourneau  de  la 
pipe  qui  brunit  le  plus.  De  là  le 
mot. 

CULOTTER  (se)  :  Se  former, 
prendre  une  tournure  décidée.— 
Même  allusion.  —  «  Voici  un 
pied  d'Andalouse,  se  dit-il.,  ceci 


t)AB 

est  d^une  bonne  couleur,  et  ma 
passion  se  culotte  tout  à  fait.  » 
(T.  Gautier,  i838). 

CULOTTER  (se)  :  Faire  excès 
de  boire  ou  de  manger.  —  «  Nous 
pouvons  donc  enfin  nous  culot- 
ter avec  du  vin  du  tyran.  » 
(Chenu.) 

CULOTTEUR  :  Homme  qui 
culotte  des  pipes  par  goût  ou 
par  métier.  —  «  Tout  culotteur 
un  peu  versé  dans  la  partie  mé- 
tamorphose le  petit  fourneau  où 
brûle  son  tabac  en  alambic  pour 
cette  proû'jction  équivoque,  la 
nicotine.  »  {^..  Luchet.) 

CUMULARÛ  :  «  Fonctionnaire 
qui  cumule  les  émoluments  de 
plusieurs  places.  »  (Lubize.)  — 
•  Le  cumulard  se  recommande 
par  son  industrie.  Employé  de 
ministère,  il  est  musicien  le  soir, 
et  le  matin  il  est  teneur  de  li- 
vres. »  (Balzac).  —  Malgré  l'au- 
torité de  cet  exemple,  je  dois  dire 
qu'on  appelle  surtout  cumulards 


i3i  - 


DAB 


ceux  qui  ont  plusieurs  sinécures 
grassement  rétribuées  par  l'État. 
On  a  fait  jadis  un  Almanach  des 
cumulards. 

CUPIDON  :  Chiffonnier  (Vi- 
docq.)  —  Comparaison  ironique 
du  carquois  et  du  trait  de  l'A- 
mour à  la  hotte  et  au  crochet. 

CURIEUX  :  Président,  juge 
d'instruction.  —  11  est  curieux 
par  métier.  —  «  Le  curieux  a 
servi  ma  bille  (mon  argent.)  » 
(Vidocq.) 

Grand  curieux  :  Président. 
(Halbert.) 

CYLINDRE  (tu  t'en  ferais  écla- 
ter le)  :  Tu  en  mourrais.  —  For- 
mule ironique  de  refus. 

Une  biche  dit  :  «  Mon  p'tit  homme, 
Je  mangerais  bien  des  fraises,  des  p'tits 

pois, 
Paye-m'en  1...  »  La  scène  était  à  pein- 
dre. 
Le  cocodès  dît  en  baissant  le  voix  : 
«  Tu  t'en  ferais  éclater  le  cylindre.  » 
(A.  Duchenne.) 


r> 


MB,  DABE  :  Dieu  :  «  Mer- 
cure seul  tu  adoreras  comme 
dabe  de  l'entroUement.  »  (Vi- 
docq.) 

DABE  :  Père.  (Grandval.) 

DABE  :  Maître.  (Idem.)  — 
C'est  notre  dabe,  notre  maître.» 
(Balzac.) 

Dabe  (grand),  Dabe  :  Roi  : 
«  Mais  grand  dabe  qui  se  fâche 


dit  :  Par  mon  caloquet.  »  (Vi- 
docq.) V.  Dasbuche. 

Dabe  d'argent  :  Spéculum.  Cet 
instrument  de  chirurgie  est  pris 
ici  dans  le  sens  de  maître.  Ar- 
gent fait  allusion  à  sa  matière. 
—  Cramper  avec  le  dabe  d'ar- 
gent; passer  à  la  visite.  (Argot 
des  filles.) 

Dabe  de  la  cicogne  :  Mot  à 
mot  :  maître  de  la  justice.  Pro- 


DAL 


ID2    — 


DAN 


cureur  général.  —  «On  vient  me 
chercher  de  la  part  du  dab  de  la 
cigogne.  »  Balzac) 

DABESSE  :  Reine,  mère.  (Ra- 
basse.) 

DABIN  :  Tambour.  (Halbert.) 
Pour  tapin.] 

DABOT  :  Préfet  de  police.  — 
Augmentatif  de  Dabe. 

DABOT  :  Souffre-douleur,  pa- 
tito.  —  Ne  se  disait  autrefois  que 
de  ceux  qui  perdaient  au  jeu 
pour  tout  le  monde.  —  Du  latin 
dabo  :  je  donnerai  (de  l'argent.) 

DABUGAL  :  Royal.  (Halbert.) 

DABUCHE  ;  Grand  père.  (Ra- 
basse.)  Maîtresse,  mère.  (Grand- 
val.) 

DABUCHETTE  :  Jeune  mère, 
belle-mère.  (Vidocq.) 

DAIM  :  Niais,  dupe,  ignorant. 
(Rabasse.)  «  L'une  des  grandes 
finesses  du  garçon  de  restaurant 
quand  il  sert  un  homme  et  une 
femme  dans  un  cabinet,  est  de 
pousser  à  la  consommation... 
persuadés  que  le  daim  n'osera 
refuser  aucune  dépense.  »  (La 
Fizelière).  V.  Cocodès. 

Daim  kuppé  :  Bourgeois  riche. 
(Halbert.)  —  ce  II  y  a  de  l'argent 
à  gagner;  c'est  des  daims  hup- 
pés. »  (E.  Sue.)  V.  Coup. 

DALE  :  Argent.  Pièce  de 
5  francs.  Abréviation  de  rixdale; 
ancienne  monnaie  allemande. — 
€  Faut  pas  aller  chez  Paul  isi- 
quet.  Ça  vous  consomme  tout 
vot'  pauv'  dale.  »  (P.  Durand, 
36.) 

DALLE    DU    COU,   DALE    : 

Bouche.  —  Allusion  à  lu  pierre 


d'évier  (appelée  dalle)  des  cui- 
sines parisiennes;  elle  est  percée 
d'un  trou  servant  comme  le  go- 
sier, à  l'écoulement  des  liquides. 

—  «  La  seule  chose  qui  me  cha- 
touille la  dalle,  c'est  la  légume.» 
(Ladimir,  42.)  —  «  Avec  ces  mes- 
sieurs je  bois.  Oui,  nous  nous 
rinçons  la  dalle.  »  {Léonard,  pa- 
rodie, s.  d.)  V.  Rincer. 

DAME  BLANCHE  :  Bouteille 
de  vin  blanc.  —  Jeu  de  mot  sur 
la  couleur  et  l'opéra.  —  «  Une 
dame  blanche!  dit  Gugusse  au 
patron...  Et  du  meilleur!  »  (Ca- 
vaillé.) 

DANDILLER  :  Sonner.  (Idem.) 

DANDILLON  :  Cloche.  (Idem.) 

—  Allusion  aux  dandinements  de 
sa  sonnerie. 

DANDINES  (recevoir  des)  :  Re- 
cevoir des  coups,  (Rabasse.) 

DANDY,  DANDYSMi;  :  «  Cette 
fatuité  commune  à  tous  les  peu- 
ples chez  lesquels  la  femme  est 
quelque  chose,  n'est  point  cette 
autre  espèce  qui,  sous  le  nom 
de  dandysme,  cherche  depuis 
quelque  temps  à  s'acciimater  à 
Paris.  L'une  est  la  for  ne  délia 
vanité  humaine,  universelle; 
l'autre  d'une  vanité  pai  ticulière 
et ,  très- particulière  de  la  vanité 
anglaise...  Voilà  pourquoi  le  mot 
dandysme  n'est  pas  français.  Il 
restera  étranger  comme  la  chose 
qu'il  exprime...  Bolingbrokeseul 
est  avancé,  complet,  un  vrai 
dandy  des  derniers  temj^s.  Il  en 
a  la  hardiesse  dans  la  conduite, 
l'impertinence  somptueuse,  la 
préoccupation  de  l'effet  extérieur 
et  la  vanité  incessamment  pré- 
sente. »  (Barbey  d'Aurav  Jly,  Go.) 


DAN 


-  i33  - 


DAR 


MNSE  :  Grêle  de  coups.  — 
Allusion  ironique  aux  piétine- 
ments forcés  du  battu.  «  Je  veux 
l'inviter  à  une  chouette  danse.  — 
Du  tabac  ?  —  Tout  de  même.  » 
(Monselet.) 

DANSE  :  Lutte.  A  l'approche 
d'un  combat  on  dit  :  la  danse  va 
commencer.  Expression  ancien- 
ne :  «  Qu'il  commence  la  danse 
contre  la  France  s'il  se  veut  rui- 
ner. »  (Le  Trompette  françois, 
1609.)  —  «  Je  prends  le  sabre... 
C'est  dit,  et  à  quand  la  danse  ?  » 
(About.) 

DANSER,     DANSER     DE    : 

Payer,  faire  danser  ses  écus.  — 
«  C'étaient  d'assez  bons  pantres. 
Enfin  ils  savaient  danser.  »  (De 
Lynol.)  —  a  Et  je  me  mets  à 
faire  danser  mes  3oo  francs.  C'a 
été  mon  grand  tort.  »  (Idem).  — 
«  Je  dansais  pour  c'te  reine  d'un 
joli  châle  tartan.  »  (A.  Cahen.) 
V.  Lansq. 

Danser  (faire)  :  Battre.  —  a  Tu 
vas  me  payer  l'eau  d'atf,  ou  je  te 
fais  danser  sans  violons.  »  (E. 
Sue.) 

Danser  (la)  :  Être  battu.  — 
«  Ah!  je  te  tiens  et  tu  vas  la  dan- 
ser. »  (Idem.) 

Danser  {la)  :  Mourir.  —  «Ruf- 
fard  la  dansera.  C'est  un  raille  à 
démolir.  »  (Balzac.) 

Danser  (la)  :  Être  maltraité  en 
paroles.  —  «  Quiconque  pous- 
sait les  enchères  était  empoigné, 
témoin  une  jeune  fringante  qui 
la  dansa  tout  du  long.  »  (Vadé, 
1788.) 

Danser  devant  le  buffet  :  N'a- 
voir rien  à  manger.  —  a  Nous 
faudra  danser  sans  musique  de- 


vant le  bufîet,  aux  heures  des 
repas.  »  {Chansons,  Ciermont, 
35.)  —  Se  prend  au  figuré  :  «  Je 
me  suis  lassé  de  danser  devant 
le  buffet  de  la  gloire.  »  (Gabo- 
riau.) 

DANSER  TOUT  SEUL  :  In- 
fecter de  .la  bouche.  (Grandval.) 
—  On  abrège  maintenant  en  di- 
sant danser. 

DANTESQUE  :  Taillé  comme 
l'œuvre  ou  comme  les  héros  du 
Dante.  —  a  Diable!  douze  vers 
dantesques  et  une  ébauche  de 
passion  perdus,  on  regarde  à 
cela.  »  (Th.  Gautier.)  —  «  O  for- 
tune! pouvais-tu  jouer  un  tour 
plus  cruel  à  un  jeune  homme 
dantesque  et  passionné.  —  (Id.) 
V.  Pifferari. 

DAR-DAR,  DARE-DARK  : 
Tout  courant.  —  Impératif  du 
vieux  verbe  Darer,  aller  vive^ 
ment.  —  «  Qu'il  vienne  tout  de 
suite!...  Oui,  dar-dar...  »  (La- 
biche.)— «Puis le  ramena  dare- 
dare  en  la  ville.  »  (Balzac,  Contes 
drolatiques.)  —  «  Il  part  dar-dar 
en  se  rongeant  les  ongles  de  co- 
lère. »  (E.  Sue.) 

DARDANT  :  L'amour.  (Ra- 
basse.)  C'est  l'archerot  des  an- 
ciens poètes,  c'est  Cupidon  dar- 
dant son  trait. 

Ici-caille  est  le  théâtre 

Du  petit  Dardant; 
Fonçons  à  ce  mien  folâtre 

Notre  palpitant. 

(Grandval,  1723.) 

DARIOLÉ  :  Coup.  —  Du  vieux 
mot  darer  :  lancer  vivement. 

V'ià  que  je  vous  y  allonge  une  dariole 
Qui  r'pare  avec  son  nazaret  j 


DÉB 


—  I 


Le  raisinet  coulait 
D'  son  nez  comm'  une  rigole. 

(Casse-Gueule,  1841%) 

DARIOLEUR  :  Pâtissier  fai- 
sant la  pâtisserie  commune  ou 
dariole.  —  a  II  y  a  même  des  da- 
rioleurs  en  chambre.  »(Vinçard.) 

DARK  HORSE  :  Mot  à  mot 
cheval  sombre  ;  celui  qui  n'a  pas 
encore  couru  et  f  dont  le  mérite 
est  inconnu.  »  (Angl.  Parent.) 

DARON,  DARONNE  :  Patron, 
patronne.  Se  trouve  déjà  avec  le 
sens  de  vieux  rusé  dans  le  dic- 
tionnaire du  vieux  langage  fran- 
çois  de  Lacombe.  —  «  Il  était 
maître  de  tout,  jusqu'à  manier 
l'argent  de  la  daronne.  »  (De 
Caylus.) 

Darorif  Daronne  :  Père,  mère. 
(Idem.) 

Daron  de  la  taille,  de  la 
rousse  :  Préfet  de  police. 

Daronne  du  mec  des  mec  : 
Mère  de  Dieu.  V.  Rebâtir. 

Daronne  :  Prune.  (Halbert.) 

DASBUGHE  ;  Roi.(Grandval.) 

DAUFFE,  DAUPHIN  :  Pince  à 
effraction.  V.  Monseigneur. 

DAUPHIN  :  Souteneur.  (Hal- 
bert.) V.  Mac. 

DAUSSIÈRE  :  Fille  publique. 
(Idem).  —  Pour  dossière. 

DEAD  HEAT  :  «  Littéralement 
épreuve  morte,  course  nulle  parce 
que  les  deux  concurrents  sont  ar- 
rivés sur  la  même  ligne.  »  (Pa- 
rent.) 

DÉBACLER  :  Ouvrir.  (Vi- 
docq.)  —  Corruption  de  Débou- 
cler, 


34  -  DÉB 

DÉBACLER  LA  ROULANTE: 

Ouvrir  une  voiture.  (Grundval.) 

DÉBALLAGE  (au)  :  Au  dés- 
habillé. —  «  Il  est  accablé  de 
rhumatismes,  ce  qui  le  tait  res- 
sembler, au  déballage,  à  ces  sta- 
tuettes que  vous  avez  sans  doute 
remarquées  dans  la  vitrine  des 
bandagistes.  »  (Monselet.) 

DÉBALLAGE  (au)  :  Au  sortir 
du  lit.  (Rabasse.) 

DÉBALLAGE  (être  vclé  au)  : 
Reconnaître  dans  les  charmes 
d'une  femme  aimée  autant  d'em- 
prunts décevants  aux  re-^sources 
de  la  toilette.  —  a  Cependant,  au 
déballage,  j'ai  été  si  souvent 
volé.  »  (L.  de  Neuville.)  V.  Ré- 
jouissance. 

DÉBALLER  :  Dénuder,  exhi- 
ber. «  On  ne  les  confondra  jamais 
avec  la  marchande  ]de  plaisirs 
qui  vient  déballer  en  scène  ses 
mollets  et  ses  épaules.  )'  (Ville- 
mot.) 

DÉBANQUER  :  Faire  sauter 
la  banque.  —  «  Ils  pourront  à 
leur  aise,  avec  l'argent  dcis  niais, 
faire  quelque  bonne  rafle  et  dé- 
banquer ,  si  c'est  possible,  la 
grande  et  la  petite  boursicoterie.» 
[Boursicotiérisme.) 

DÉBARDEUR  :  Personnage 
de  carnaval  dont  le  costume  rap- 
pelait les  débardeurs  de  bois  des 
quais  de  Paris.  Il  y  avait  des  dé- 
bardeurs mâles  et  femelles.  — 
«  Un  don  Juan  lit  au  bal  Musard 
la  conquête  d'un  débardeur  des 
plus  coquets.  »  (E.  Lemoine.) 

Qu'est-ce  qu'un  débardeur  !...  Un  jeune 
front  qu'incline 

Se  us  un  chapeau  coquet  l'allure  mas- 
culine, 


DEB 


i35  - 


DEC 


Un  corset  dans  un  pantalon, 
Un  masque  de  velours  aux  prunelles 

ardentes, 
Sous  des  plis  transparents  des  formes 
irritantes, 
Un  ange  doublé  d'un  démon, 

(Barthet,  1846.) 

DÉBINAGE  :  Médisance.  — 
f  Compliments  désagréables,  in- 
discrétions et  débinages.  »  (Gom- 
merson.) 

DÉBNE:  Déchéance,  misère, 
pauvreté.  (Dhautel,  08.)  —  «  La 
débine  est  générale,  je  suis  en- 
foncé sur  toute  la  ligne.  »  (Mon- 
tépin.)  V.  Tic. 

DÉBINER  :  Décrier.  —  «  On 
le  débine,  on  le  nie,  on  veut  le 
tuer.  »  (A.  Scholl.)  —  «  La  robe 
était  de  taffetas  recuit...  —  Très- 
bien  ,  débine  la  marchandise  à 
présent.  »  {Almanach  du  Hanne- 
ton, 67.) 

Débiner  le  truc  :  Faire  con- 
naître le  vol.  (Rabasse.) 

Débiner  le  truc  :  Révéler  le  se- 
cret. 

DÉBINER  (se)  :  Disparaître. 
—  «  Quant  à  moi,  je  maquille 
une  aff  après  laquelle  j'espère 
me  débiner  pour  m'éloigner 
de  la  rousse.  »  {Patrie^  2  mars 

52.) 

DÉBINER  (se)  :  S'affaiblir.  — 
«  Je  me  débine  des  fumerons.  » 
{Corsaire,  67.) 

DÉBINEUR  :  Médisant,  dé- 
crieur.  —  a  De  débineurs  des 
tombolas  des  autres,  nous  som- 
mes devenus  partisans  effrénés 
des  loteries.  »  {Tarn  Tarn,  75.) 

DÉBLOQUER  :  Lever  une 
consigne.  V.  Bloquer. 


DÉBONDER  :  Aller  à  la  gardo- 
robe.  Le  mot  fait  image. 

DÉBOUGLER  :  Faire  sortir  de 
prison.  (Vidocq.)  V.  Boucler. 

DÉBOURRER  :  Déniaiser. 
Mot  à  mot  :  dégrossir. 

DÉBOUSGAILLER  :  Décrot- 
ter. 

DÉBRIDER  :  Ouvrir.  (Grand- 
val.)  La  chirurgie  emploie  ce 
mot  dans  un  sens  analogue.  V. 
Temps, 

DÉBRIDOIR  :  Clef.  (Vidocq.) 

DÉBROUILLARD  :  Homme 
qui  sait  se  débrouiller.  «  Vous 
allez  voir  qu'il  faut  ouvrir  l'œil, 
comme  disent  les  débrouillards.  » 
(W.  de  Fonvielle,  75.) 

DÉBROUILLER  (se)  :  Vaincre 
les  obstacles.  Dans  l'armée  et 
dans  la  marine,  un  homme  qui  se 
débrouille  est  un  homme  aguerri, 
qui  sait  son  métier.  —  «  Ce  de- 
brouille^-vous  est  sacramentel 
dans  la  marine.  On  donne  n'im- 
porte quelle  mission  à  un  offi- 
cier, on  lui  indique  à  grands 
traits  ce  qu'il  doit  faire,  puis  on 
ajoute  :  Au  surplus,  monsieur, 
faites  comme  vous  l'entendrez, 
débrouillez-vous.  »  (De  Leusse.) 

DÉCANILLER  :  Décamper. 
Mot  à  mot  :  sortir  du  chenil 
{canil). —  a  Ils  ont  tous  décanillé 
dès  le  patron-jacquette.  »  (Bal- 
zac.) 

DÉCARADE  (la)  :  Fuite  géné- 
rale. (Rabasse.) 

DÉCARADE ,  DÉCARRE- 
MENT  :  Départ  (Vidocq.)  — 
Jorne  du  décarrement  :  Jour  de 
la  mort.  V.  Bâchasse, 


DEC 


-  i36  - 


DEC 


DÉCARCASSER  (se)  :  Agir 
activement,  remuer  sa  carcasse. 
—  «  Mais  sapristi,  mes  enfants, 
il  faut  vous  décarcasser  un  peu 
plus  que  ça.  Vous  avez  tous  l'air 
empaillé.  »  (Vie  parisienne,  66.) 

DÉCARER  :  Fuir.  (Grandval.) 
Mot  à  mot  :  partir  avec  la  vitesse 
d'un  char.  — a  Faut  décarer.  Ces 
gens-là  veulent  m'assommer.  » 
{Dialogue  entre  Charles  X  et  le 
duc  de  Bordeaux,  1 8  3  2 .  ) 

DÉCARRER  :  Abandonner  l'af- 
faire. (Rabasse.) 

Décarrer  de  la  geôle  :  Être  mis 
en  liberté  par  ordonnance  de 
non-lieu.  (Colombey.) 

DÉCATI  :  Décrépi.  —  C'est  un 
synonyme  assez  exact  de  dé- 
gommé. Allusion  au  décatissage 
qui  enlève  le  brillant  d'une  étoffe. 
«  Quand  on  pense  que  c'est  là  le 
petit  Alfred  qui  faisait  si  bien  le 
cavalier  seul!  quel  décati  !  »  (Ber- 
tall.) 

DÉCATIR  (se)  :  S'user,  s'en- 
laidir. —  c(  Elle  sentait  la  panne 
venir,  elle  se  décatissait.  »  (Les 
Étudiants,  60.) 

DÉCAVAGE  :  État  du  joueur 
décavé.  «  Un  décavage  affreux, 
signe  de  la  déveine.  »  (Alyge, 
1854.) 

DÉCAVÉ  :  Homme  ruiné, 
n'ayant  plus  de  quoi  caver  à  la 
roulette.  —  «  A  Bade,  les  déca- 
vés vivent  sur  l'espérance.  »  (Vil- 
lemot.)  —  Se  dit  aussi  des  joueurs 
de  la  Bourse  malheureux  :  «  La 
Bourse  reste  attentive.  Un  peu 
plus,  les  décavés  à  la  dernière 
liquidation  diraient  :  J'attends 
l'emprunt.  »  (Éclair,  72.) 

DÈCHE  ;  État  de  gêne.  Abré- 


viation de  déchéance.  —  «  Elles 
se  présentent  chez  les  courtisa- 
nes dans  la  dèche.  »  (Paillet.) 

DÈCHER  DU  CARME  :  Don- 
ner de  l'argent.  (Rabasse.)  — 
Mot  à  mot  :  Manquer  d  argent. 
On  manque  de  celui  qu'on  a 
donné. 

DÉCHET  :  Même  sens  que  dè- 
che. 

Sans  argent  dans  1'  gousset. 
C'est  un  fameux  déchet. 

(Chanson^  Avig . ,  1 3.) 

DÉCHIRER  LA  TOILE  .  Faire 
feu.  Comparaison  du  bru  t  de  la 
fusillade  à  celui  d'une  toile  qu'on 
déchire.  —  «  Tout  à  Ihe  ire  les 
feux  de  deux  rangs  déchireront 
la  toile,  et  nous  verrons  si  vos 
clarinettes  ont  de  la  voix.  »  (Ri- 
card.) 

DÉCLASSÉ  :  Bohème,  homme 
n'appartenant  à  aucune  classe 
sociale.  Vallès  a  fait  un  livre  sur 
les  Déclassés.  —  «  Ses  bergères 
sont  des  couturières  de  banlieue, 
ou  des  déclassées  de  bouri^ade.  » 
(Th.  Silvestre.) 

DÉCLOUER  :  Dégager  du 
Mont-de-Piété. 

DÉCOLLETÉ  (être)  :  Se  con- 
duire ou  parler  d'une  façon  plus 
que  légère.  Acception  figurée  du 
décolletage  dans  la  toilette. 

DÉCOUVERT  (achat,veateà)  : 
Achat  ou  vente  opérée  dans  les 
conditions  ci-dessous. 

DÉCOUVERT  (être  à)  :  Spé- 
culer à  la  Bourse  sur  des  valeurs 
qu'on  n'a  pas  le  moyen  d'acheter 
ni  de  vendre.  —  «  Quait  au 
joueur  à  découvert,  il  est  infail- 
liblement perdu  ;  il  a  contre  lui 


DED 


~  i37- 


DÉF 


la  mauvaise  exécution  des  or- 
dres, les  reports  onéreux,  le  cour- 
tage, la  nécessité  de  réaliser  un 
bénéfice  faible  et  la  difficulté  d'é- 
chapper à  des  reprises  violentes 
ou  à  des  baisses  énormes.  »  (De 
Mericlet,  56.) 

DÉCROCHER  :  sonner.  (Ra- 
basse.) 

DÉCROCHE-MOI  CELA  :  Fri- 
pier, habillement  d'occasion.  Al- 
lusion aux  crochets  qui  servent 
à  la  montre  des  revendeurs.  — 
«  M.  Auguste  s'habille  au  décro- 
che-moi cela;  ce  qui  veut  dire  en 
français  :  chez  le  fripier.  »  (Pri- 
vât d'Anglemont.) 

DECROCHER  .-Voler  à  la  tire. 

DÉCROCHER  :  Faire  tomber 
d'un  coup  de  fusil. 

DÉCROCHER  :  Retirer  du 
Mont-de-Piété.  V.  Clou.  —  «  Les 
révolutions  m'ont  réduite  à  met- 
tre au  clou  les  diamants  de  ma 
famille...  Faudra  que  tu  me  dé- 
croches ça,  mon  chéri.  »  (Lefils.) 

DÉCROCHEZ-MOI  ÇA  :  «  Un 
décroche:^ -moi  ça  est  un  chapeau 
de  femme  d'occasion...  J'ai  vu 
au  carré  du  Palais-Royal  (du 
Temple)  des  décroche-moi  ça 
qu'on  eût  pu  facilement  accro- 
cher au  passage  du  Saumon.  » 
(Mornand.) 

DEDANS  (mettre)  :  Mettre  en 
prison.  (Dhautel.)  V.  Trou^  Son- 
der. 

DEDANS  (mettre)  :  Tromper, 
mettre  dans  l'erreur.  —  «  Nous 
avons  été  mis  tous  dedans... 
Nous  ignorons  tous  ici  qui  suc- 
cède au  général  en  chef.  »  (Pous- 
sielgue,  Lettre  au  général  Vial, 
12  fructidor  an  VII.) 


DEDANS  (mettre)  :  Griser.  — 
«  Quand  on  trinque  avec  une 
fille  aimable,  il  est  permis  de  se 
mettre  dedans.  »  (Désaugiers.) 

DEDANS  (voir  en)  :  Être  en  état 
d'ivresse.  S'applique  aux  ivro- 
gnes illuminés  qui  se  tiennent  à 
eux-mêmes  de  longues  conversa- 
tions. V.  Cocarde. 

DÉDURAILLER  :  Déferrer. 
(Colombey.) 

DÉFALQUER  ;  Faire  ses  be- 
soins. (Grandval.)  Mot  à  mot  éli- 
miner. Nous  avons  gardé  ce  der- 
nier sens  au  figuré, 

DÉFARDEUR  :  Voleur.  (Idem.) 
—  Il  vous  soulage  du  fardeau  de 
votre  propriété. 

DÉFARGUEUR  :  Témoin  à 
décharge. 

DÉFIGER  :  Réchauffer.  (Co- 
lombey.)  —  Le  froid  fige. 

DÉFILER  LA  PARADE  :  Mou- 
rir. —  Mot  militaire.  On  défile 
quand  la  revue  est  terminée.  II 
s'agit  ici  de  la  revue  de  la  vie. 
«  Alors  tout  l'monde  défile  à  c'te 
parade  d'où  l'on  ne  revient  pas 
sur  ses  pieds.  »  (Balzac.) 

DÉFILER  (se)  :  Se  sauver. 

DÉFLEURIR,  DÉFLOUER  LA 
PICOUSE  :  Voler  du  linge  qui 
sèche  sur  une  haie  ou  sur  des 
perches  dans  les  prés.  (Grand- 
val.)  —  Allusion  à  la  couleur 
tranchante  des  objets  étendus  et 
aux  épines  de  la  haie. 

DÉFORMER  :  Casser,  enfon- 
cer.  (Rabasse.)  —  Effet  pris  pour 
la  cause. 

DÉFOURAILLER  :  Courir. 
(Halbert.) 

8. 


DÉG  —  i38  — 

DÉFOURAILLER  :  Tomber. 
(Grandval.)  ; 

DÉFOURAILLER  :  Sortir  de 
prison.  (Vidocq.)  —  Du  vieux 
mot  defors  :  dehors.  V.  Babil- 
lard. 

DÉFRIMOUSSER  :  Dévisager. 
V.  Frime. 

DÉFRISER  :  De'sappointer.  — 
«  C'qui  les  défrise,  c'est  un  re- 
venant qui  vient  en  chemise  cou- 
verte de  sang.  »  {Le  Solitaire, 
pot-pourri,  21.) 

DÉFRUSQUER,  DÉFRUS- 
QUINER  :  Déshabiller.  (Vidocq, 
Grandval.)  Mot  à  mot  :  ôter  les 
frusques. 

Elle  le  poursuivait  alors 
Pour  lui  ôter  son  justaucorps 
Afin  de  le  défrusquiner. 

{Virgile  travesti.) 

DÉGEL  :  Mortalité.  —  «  On 
connaît  les  effets  dissolvants  du 
dégel  —  «  Il  y  aura  un  rude  dé- 
gel. »  (Watripon  ) 

DÉGELÉE  :  Volée  de  coups. 

—  Même  allusion  que  pour  cuite. 

—  «  Nous  nous  sommes  battus 
jusqu'à  la  nuit,  qui  est  venue 
mettre  fin  à  la  dégelée  que  nous 
avons  donnée  aux  Autrichiens.  » 
(Général  Christophe,  Lettres, 
09-) 

DÉGOMMAGE  :  Ruine,  desti- 
tution, usure. 

DÉGOMMER  :  Surpasser.  — 
«  Nous  pourrions  très-bien  jouer 
la  revue  de  Bobino  et  dégommer 
les  Esbrouftailles  avec  leurs  po- 
ses plastiques  »  (Villars.) 

DÉGOMMER  :  Destituer.  — 
«  Réélu!...  Dégommé!  »  (Ga- 
varni.) 


DEL 


DEGOMMER  (se)  :  Se  faner, 
enlaidir.  —  Mot  à  mot  :  perdre 
son  brillant.  —  a  Je  me  rouille, 
je  me  dégomme.  »  (Labiche.) 

DÉGOMMER  (se)  :  S'entre- 
tuer. 

Napoléon,  c'  vieux  grognard, 
D'  ces  jeux  où  l'on  se  déeomme 
En  queuqu's  mots  résumait  l'art. 

(Festeau.) 

DÉGOTER  :  Trouver,  décou- 
vrir. (Rabasse.) 

DÉGOULINER  :  Couler  dou- 
cement. —  Onomatopée.  M.  Fr. 
Michel  a  cité  un  exemple  de  ce 
mot  au  xviii"»  siècle.  —  ce  V'ià  au 
moins  la  vingtième  (larme)  qui 
dégouline  sur  ma  joue.  »  (Ri- 
card.) 

DÉGOURDI  :  Maladroit,  en- 
gourdi. —  Ironie. 

DÉGOÛTÉ  (pas)  :  Ambitieux. 
—  «  Se  dit  en  plaisantant  d'un 
homme  qui,  sans  avoir  l'air  de 
choisir,  prend  le  meilleur  mor- 
ceau. »  (Dhautel.)  -•  (  Belle 
dame,  vous  êtes  joliment  jolie  ce 
soir.  Je  souperais  fièrement  avec 
vous.  —  Tu  n'es  fichtre  pas  dé- 
goûté. »  (Gavarni.) 

DÉGOÛTÉ  (n'être  pas)  :  Ad- 
mettre des  choses  inadmissibles, 
n'être  pas  dégoûté  quand  on  de- 
vrait l'être.  V.  Cassine. 

DÉGRIMONER  (se)  :  S'agiter, 
se  débattre. 

DÉGUIS  :  Déguisement.  (Vi- 
docq.) —  Abréviation. 

DÉGUISER  EN  CERI'  (se)  : 
Courir  comme  un  cerf,  ti  ès-vite. 

DELENDA  CARTHAG*  )  :  Idée 
fixe  de  destruction.  —  Rappel  de 


DÉM 


i39 


DEM 


la  guerre  sans  merci  contre  Gar- 
thage  qui  était  devenue  la  règle 
politique  de  Rome.  «  M.  Ri- 
chard qui  a  fait  de  la  démission 
des  ministres  son  delenda  Car- 
thago  revient  à  la  charge.  » 
{Éclair,  juillet,  72.) 

DÉ  LIGOQUENTIEU  SE- 
MENT: Délicieusement. — «Pour 
y  retrouver  un  Arthur  délico- 
quentieusement  séducteur.  »  (E. 
Lemoine.) 

DELICE  :  Voiture  publique. 
(Vidocq.)  —  Abréviation  de  dili- 
gence. 

DEMAIN  :  Jamais.  —  Terme 
ironique.  —  Demain  ne  sera  ja- 
mais aujourd'hui. 

DÉMANCHER  (se)  :  Se  donner 
grand  air  ou  grand  mouvement. 

Et  d' la  façon  dont  j'  me  démanche, 
On  nous  verra  r'quinqués  à  la  papa. 
(Duverny,  i3.) 

DÉMAQUILLER  :  Défaire.  V. 
Maquiller. 

DÉMARCER  :  Partir,  s'en  al- 
ler la.  Du  vieux  mot  desmarcher , 
qui  a  le  même  sens. 

DÉMARQ.UEUR  DE  LINCE  : 

Plagiaire.  —  «  Nous  sommes 
très-flatté  que  les  journaux  nous 
fassent  des  emprunts,  mais  nous 
aimons  aussi,  pour  employer  une 
expression  consacrée  dans  le 
journalisme,  qu'on  ne  démarque 
pas  notre  linge.  »  (G.  Charavay, 
66.) 

DÉMARRER  :  Partir.  Terme 
de  marine.  V.  Ponton. 

DÉMÉNAGER  :  Faire  des  ex- 
travagances, mourir.  (Dhautel, 
08.) 


Déménager  à  la  cloche  de  bois, 
à  la  sonnette  de  bois  :  Déména- 
ger furtivement  en  tamponnant 
la  clochette  d'éveil  adaptée  aux 
portes  de  beaucoup  d'hôtels  gar- 
nis. 

Déménager  à  la  ficelle  :  Dé- 
ménager en  descendant  les  meu- 
bles par  la  fenêtre  à  l'aide  d'une 
corde. 

DEMI-AUNE  :  Bras.  —  «  Il  y 
avait  deux  heures  que  je  tendais 
ma  demi-aune  sans  pincer  un 
radis.  »  (Luc  Bardas.) 

DEMI-CERCLE  (pincer  au)  : 
V.  Cercle. 

DEMI-FORTUNE  :  Voiture  à 
un  cheval.  —  «  S'y  faire  mener, 
non  pas  dans  sa  demi-fortune, 
mais  bien  dans  une  bonne  et 
douce  calèche.  »  (Privât  d'Angle- 
mont.) 

DEMI-LUNE  :  Fesse.  —  Inu- 
tile de  définir  l'allusion.  «  Mes 
demi-lunes!  s'est-il  écrié  l'autre 
jour  quand  on  a  reparlé  du  doc- 
teur Eguisier.  »  {Figaro,  j5.) 

DEMI-MONDE  (femme  du)  : 
Femme  née  dans  un  monde  dis- 
tingué dont  elle  conserve  les  ma- 
nières sans  en  respecter  les  lois. 
Le  succès  d'une  pièce  de  Dumas 
fils  a  créé  le  mot.  —  «  On  écrit 
en  toutes  lettres  que  vous  régnez 
sur  le  demi-monde.  »  (A.  Se- 
cond.) 

DÉMOC-SOC  :  Démocrate-so- 
cialiste. —  Double  abréviation. 
—  «  Messieurs  les  démocs-socs, 
vous  voyez  si  vos  menaces  m'ont 
effrayé.  »  (Chenu,  48.)  V.  Liquide, 
Communard. 

DEMI-STROC  :  Demi-setier. 


DEN 


—  140  — 


DEP 


(Vidocq.)  —•  Changement  de  fi- 
nale. 

DEMOISELLE  :  Femme  ga- 
lante. —  Se  dit  surtout  au  plu- 
riel. Déranger  a  chansonné  Ces 
Demoiselles. 

DKMOISELLE  :  Mesure  de  li- 
quide. V.  Monsieur. 

DÉMOLIR  :  Maltraiter  en  ac- 
tes, ou  en  paroles,  ou  en  écrits, 
—  «  Deux  champions  pronon- 
çant la  phrase  sacramentelle  : 
Numérote  tes  os,  que  je  les  dé- 
molisse, »  (Th.  Gautier,  45.)  — 
«  On  démolissait  Voltaire,  on  en- 
fonçait Racine.  »  (L.  Reybaud.) 
«  Ah  !  vous  venez  attaquer  l'in- 
digent Juvénal.  Eh  bien!  Juvénal 
vous   démolira!    »  (Barthélémy, 

32.) 

DÉMOLIR  ;  Supprimer,  des- 
tituer. —  ((  Puisqu'on  vous  pro- 
pose de  démolir  M.  Amici,  le  mi- 
nistre des  travaux  publics,  de 
grâce,  acceptez.  »  (Mirés,  58, 
Lettre  à  Pontalba.) 

DÉMOLIR  :  Tuer.  —  «  Ruffard 
la  dansera,  c'est  un  raille  à  dé- 
molir. »  (Balzac.)  —  «  L'adjudant 
s'est  fait  démolir  comme  un  hé- 
ros. »  (J.  Noriac.) 

DÉMOLISSEUR  :  Médisant 
implacable,  critique  acerbe.  — 
«  Voltaire  n'en  reste  pas  moins 
le  grand  démolisseur  religieux 
et  moral  du  xvine  siècle.  »(Asse.) 

DÉMORGANER  :  Se  rendre  à 
une  observation.  Mot  à  mot  : 
perdre  de  sa  morgue. 

DÉMURGER  :  S'en  aller,  éva- 
cuer. (Grandval.)  —  Pour  Dé- 
marger. 

DENAILLE  (saint)  :  Saint-De- 


nis. (Colombey.)  —  Ghingement 
de  finale. 

DENIER  A  DIEU  :  Prime  d'ar- 
gent donnée  au  concierge  par  le 
locataire  d'uu  appartement  nou- 
veau. —  a  C'est  lui  qui  a  décrété 
l'impôt  de  la  bûche  par  voie,  du 
denier  à  Dieu.  »  (Lamiral,  23.)— 
Se  prend  au  figuré  :  «  Par  le  mot 
amitié,  je  n'entends  pas  cette  ba- 
nalité traditionnelle  que  tous  les 
amants  s'otfrent  en  se  séparant 
et  qui  n'est  que  le  denier  à  Dieu 
d'une  indifférence  réciproque,  » 
(Dumas  fils,  le  Demi-Mcnde.) 

DENTELLE  (de  la)  :  P.illets  de 
Banque.  (Rabasse.)  Allusion  de 
légèreté. 

DÉPENDEUR,  DÉPEN  DEUSE 
D'ANDOUILLES  :  Homme  assez 
grand  pour  décrocher  les  an- 
douilles  du  plafond  dans  les  cui- 
sines d'autrefois,  plus  hautes  et 
mieux  pourvues  que  celles  d'au- 
jourd'hui. —  «  Kegardc  donc, 
Jérôme,  vois  donc  l'grand  dépen- 
deux  d'andouilles.  »  {Catcchisme 
poissard,  40.) 

On  ne  saurait  assigner  la  même 
origine  à  dépendeuse  d'andouiU 
les,  qui  a  un  sens  tout  autre  : 
«  Va  !  guenon,  guenipe,  lépen- 
deuse  d'andouilles!  » 

DÉPIOTER  :  Enlever  la  peau. 
—  «  Si  monsieur  croit  que  c'est 
commode...  on  se  dépiote  les 
pouces.  »  (P.  de  Kock.) 

DÉPLANQUER  :  Exhiber,  dé- 
terrer des  objets  cachés.  V,  Va-" 
gue. 

DÉPLUMER  (se)    :     Devenir 
chauve. 
DÉPONNER,  DÉPOUSSER  : 


DER 


141  — 


DES 


Faire  ses  nécessités.  (Halbert.) 
—  Le  premier  vient  de  ponant; 
le  second  s'explique  de  lui-même. 

DÉPÔT  :  Dépôt  de  la  Préfec- 
ture de  police.  —  Prison  où  les 
gens  arrêtés  sont  déposés  en  at- 
tendant l'instruction  de  leur  af- 
faire. —  «  Eune  nuit...  c'était 
hors  barrière...  on  m'  ramasse. 
De  là,  au  dépôt.  »  (H.  Monnier.) 

DER  :  Dernier. —  Abréviation. 
V.  Preu. 

DÉRAGER  :  Cesser  de  se  met- 
tre en  colère.  —  «  Depuis  le  jour 
de  son  arrivée,  il  n'avait  pas  en- 
core déragé.  »  (E.  Chavette.) 

DÉRAILLÉ  :  Déclassé.  Mot  à 
mot  :  homme  jeté  en  dehors  de 
la  voie  commune.  —  «  Notre  dé- 
raillé conçut  le  projet  de  faire 
des  lectures  à  l'instar  du  grand 
Dumas.  »  (Michu.) 

DÉRALINGUER  ;  Mourir.  — 
Terme  de  marine. 

DERNIER  (avoir  le)  :  Avoir  le 
dernier  mot.  V.  Double. 

DERNIER  DE  M.  DE  KOCK  ; 

€  Ce  mot  a  signifié  cocu  pendant 
quinze  jours.  En  ce  temps,  il  ve- 
nait de  paraître  un  roman  de 
M.  Paul  de  Kock  intitulé /eCocw. 
Ce  fut  un  scandale  merveilleux... 
Il  fallait  bien  pourtant  se  tenir 
au  courant  et  demander  le  fa- 
meux roman.  Alors  (admirez 
l'escobarderie  !)  fut  trouvée  cette 
honnête  périphrase  :  Avez-vous 
le  dernier  de  M.  de  Kock?  »  — 
(Th.  Gautier.)  —  a  Le  mari  :  Et 
de  cette  façon  je  serais  le  dernier 
de  M.  de  Kock,  minotaure,  comme 
dit  M.  de  Balzac.  »  (Idem.) 

DÉRONDINER  :  Payer.  (Hal- 


bert.) Mot  à  mot  :  faire  sortir  ses 
ronds.  V.  ce  mot. 

DÉROUILLER  (se)  :  Recou- 
vrer sa  souplesse,  se  mettre  au 
fait  d'un  service. 

DÉROULER  (se)  :  Passer  un 
certain  temps.  —  «  Maintenant 
qu'elle  est  à  la  préfecture,  elle  va 
se  dérouler  six  mois.  »  (Ch.  de 
Mouchabœuf.) 

DÉSARGOTER  :  User  de  ma- 
lice. (Halbert.) 

DESARRER  :  Fuir.  (Idem.) 

DESATILLER  :  Châtrer.  (Id.) 

DESCENDRE  :  Jeter  à  terre. 
Mot  à  mot  :  faire  descendre.  — 
Une  caricature  de  i83o  repré- 
sente un  soldat  à  cheval  sur  un 
chameau  et  criant  :  a  A  moi, 
Fatet,  c'te  chienne  de  bête  va 
m'descendre.  » 

DESCENDRE  :  Mettre  hors  de 
combat,  tuer.  —  «  J'ajuste  le 
Prussien,  et  je  le  descends. 
(Marco  Saint-Hilaire.) 

DESCENDRE  LA  GARDE  : 
Mourir.  Mot  à  mot  :  ne  plus  gar- 
der la  vie.  —  «  Ce  vilain  brutal 
me  voulut  un  jour  faire  descen- 
dre la  garde.  »  {Rien^i,  parodie, 
26.) 

DÉSENFLAQUER  :  Tirer  d'un 
mauvais  pas. 

DÉSENTIFLAGE  :  Sépara- 
tion, divorce. 

DÉSENTIFLER  :  Se  séparer 
de  sa  femme.  (Vidocq.)  V.  Anti- 
fier. 

DESGRIEUX  :  Amant  d'une 
fille  perdue,  mot  à  mot  :  person- 
nage ayant  les  faiblesses  du  Des- 
grieux  de  Manon  Lescaut, 


DES  —  142  — 

DESIDERATA  :  Désirs.  —  La- 
tinisme. C'est  le  pluriel  du  mot 
qui  suit.  — «  Ces  préoccupations 
toutefois  ne  l'empêchent  pas  de 
présenter  un  des  nombreux  de- 
siderata du  radicalisme.  »  {Le 
Nord,  sept.  72.) 

DESIDERATUM  :  Désir.  — 
Latinisme.  —  «  On  manifestait 
pour  la  Pologne,  cet  éternel  de- 
sideratum. »  (Aubryet.) 

DESSALER  :  Noyer.  (Idem.) 
—  On  noie  comme  on  dessale,  en 
jetant  à  l'eau. 

DESSALER  (se)  :  Boire.  (Hal- 
bert.)  Mot  à  mot  :  dessaler  ce 
qu'on  vient  de  manger. 

DESSALER  (se)  :  Se  rendre 
malade.  (Rabasse.)  —  Ce  qui  est 
dessalé  n'est  plus  en  état  de  con- 
servation. 


DET 


DESSOUS  {tomber  dans  le  troi- 
sième, dans  le  trente-sixième)  : 
Faire  une  chute  complète,  en  par- 
lant d'une  pièce  théâtrale,  et,  par 
extension,  tomber  dans  le  dis- 
crédit le  plus  complet.  —  «  Il 
existe,  dans  le  sous-sol  de  cha- 
que théâtre,  trois  étages.  Le  pre- 
mier dessous  est  destiné  à  rece^ 
voir  les  acteurs  qui  apparaisent 
ou  disparaisent  dans  les  pièces  à 
trappes.  Les  deuxième  et  troi- 
sième dessous  ne  reçoivent  que 
les  décorations  qui  s'effondrent. 
Quand  on  dit  d'une  pièce  :  [elle 
est  tombée  dans  le  troisième  des- 
sous, il  est  aisé  de  comprendre 
qu'elle  aura  de  la  peine  à  se  re- 
lever.» {J.  Duflot,  65.)—  On  voit 
par  les  détails  précédents  que 
tomber  dans  le  trente-sixième 
dessous,  est  une  simple  figure. 

PESSOUS  :  Amant  de  cœur. 


i 


(Halbert.)  —  C'est  celui  qu'on 
cache. 

DESSUS  :  Entreteneui.(Idem.) 
—  C'est  l'homme  qu'on  montre. 

DESSUS   DU  PANIER    :  Ce 

qu'il  y  a  de  mieux  en  tout.  — 
Allusion  au  procédé  des  mar- 
chandsqui  placent  les  plus  beaux 
fruits  au-dessus  du  panier.  — 
«  Il  arrive  des  nobles  étrangers. 
La  province  et  l'étranger  se  sont 
cotisés  pour  envoyer  le  dessus 
du  panier.  »  (A.  Wolf.)  —  a  Ce 
banquet  réunissait  400  convives; 
le  dessus  du  panier  radical.  » 
{Figaro,  75.) 

DESTUC  :  De  moitié  dans  un 
vol.  (Halbert.)  —  Pour  d'estuc. 
V.  Estuc. 


Aguerrir.    V 


DETAFFER 
Tafe, 

DÉTAIL  (c'est  un)  :  C'est  un 
accident  grave.  —  Ironie  pari- 
sienne... —  «  S'il  entend  parler 
d'un  tremblement  de  terri:,  il  dit  : 
c'est  un  détail.  »  (Monselct.) 

DÉTAROQUER  :  Démarquer. 

—  Du  vieux  mot  taroter  :  mar- 
quer. 

DÉTELER  :  Renoncer  à  l'a- 
mour. Allusion  chevaline  équi- 
voquant  sur  le  mot  «  tirer.  » 

DÉTOSSE  :  Misère.  (Halbert.) 

—  Mot  composé  du  de  privatif  et 
de  osse,  argent.  V.  Os. 

DÉTOURNE  (vol  à  la)  :  «  Le 
vol  à  la  détourne  se  fait  à  Tinté- 
rieur  des  magasins...  Il  est  exercé 
surtout  par  les  femmes.  L'une 
occupe  le  marchand,  l'autre  dé- 
tourne les  coupons.  »  (VI.  du 
Camp.) 


DE^ 


140 


DEV 


DÉTOURNER  :  Voler  dans 
riniérieur  d'une  boutique. 

DÉTOURNEUR  :  Voleur  à  la 
détourne.  — «Le  détourneur  qui 
dérobe  un  objet  dans  le  magasin 
où  il  vient  faire  emplette.»  (Phil. 
Chasles.)  —  «  Parmi  les  détour- 
neurs on  distingue  :  i»  les  griri' 
chisseuses  à  la  mitaine,  assez 
adroites  du  pied  pour  saisir  et 
cacher  dans  de  larges  pantoufles 
les  dentelles  et  les  bijoux  qu'elles 
font  tomber.  Leur  mitaine  est  un 
bas  coupé  pour  laisser  aux  doigts 
leur  liberté  d'action  ;  2»  les  en- 
quilleuses,  fourrant  des  objets 
entre  leurs  cuisses  {quilles)  ;3°  les 
avale-tout-cru,  cachant  les  bi- 
joux dans  leur  bouche  ;  4»  les 
aumôniers,  jetant  le  produit  de 
leur  vol  à  de  faux  mendiants.  » 
(Vidocq.) 

DETTE  (payer  une)  :  Être  en 
prison.  (Halbert.)  Mot  à  mot  : 
payer  une  dette  à  la  justice. 

DEUIL  (demi)  :  Café  sans  co- 
gnac. V.  Cogne. 

DEUIL  (grand)  :  Café  avec  co- 
gnac. V.  Cogne. 

DEUIL  (ongle  en)  :  Ongle  cerné 
de  crasse  noire  comme  [un  billet 
d'enterrement.  —  «  J'aurai  l'air 
d'être  en  deuil  depuis  la  cravate 
jusqu'aux  ongles ,  inclusive- 
ment. »  (A.  Second.)  —  «  A  qui 
cette  main,  monstre,  ces  ongles 
en  demi-deuil?»  (Alhoy,  41.) 

DEUIL  DE  SA  BLANCHIS- 
SEUSE (porter  le)  :  Être  très- 
sale. —  Jeu  de  mots  qui  se  trouve 
déjà  dans  le  dictionnaire  de  Tré- 
voux, 1771. 

DÉVEINARD  :  Qui  est  en  dé- 
veine. «  Il   rencontrait  toujours 


sur  le  boulevard  un  vieux  cama- 
rade, un  déveinard  comme  lui.  » 
(Alph.  Daudet.) 

DÉVEINE  :  Malheur  constant. 
V.  Veine,  Décavage.  —  «  Il  pa- 
raît que  la  banque  est  en  dé- 
veine. »  (About.) 

DÉVIDAGE  :  Long  discours. 
(Vidocq.)  —  C'est-à-dire  long 
comme  le  dévidage  d'un  écheveau, 

DÉVIDAGE  :  Promenade  dans 
le  préau  d'une  prison.  (Rabasse.) 
On  se  meut  toujours  dans  un 
cercle  étroit  comme  celui  de  l'é- 
cheveau  qu'on  dévide. 

DÉVIDAGES  (faire  des)  :  Ré- 
véler des  vols.  Dévidage  veut 
dire  ici  bavardage. 

DÉVIDAGE  A  L'ESTORGUE: 
Mensonge,  acte  d'accusation.  (Vi- 
docq.) —  Ce  mot  a  sa  moralité.  Il 
nous  prouve  qu'un  coquin  tient 
toujours  à  paraître  innocent.  V. 
Estorgue. 

DÉVIDER,  DÉVIDER  SON 
PELOTON  :  Bavarder,  avouer, 
faire  un  discours  aussi  long 
qu'un  peloton  de  fil  à  dévider. — 
«  Il  a  le  truc  pour  dévider  son 
peloton,  votre  ami.  »  {Vie  pari- 
sienne, 66.)  V.  Bayafe. 

DÉVIDEUR,  DÉVIDEUSE  : 
Bavard,  bavarde.     ' 

DÉVISSER  LE  COCO  :  Tordre 
le  cou,  étrangler.  V.  Coco. 

DÉVISSER  SON  BILLARD  : 
Mourir.  (Colombey.) 

DE  VISU  :  D'après  ce  qu'on  a 
vu.  Latinisme.  —  «  Un  des  écri- 
vains spirituels  de  ce  temps  dé- 
crit de  visu.  »  (Privât  d'Angle- 
raont.J 


DIS 


—  144 


DOC 


DEVORANT  :  Compagnon  du 
devoir.  Mot  à  mot  :  devoirant.^ 
a  Je  ne  suis  pas  un  dévorant,  je 
suis  un  compagnon  du  devoir  de 
liberté,  un  gavot.  »  (Biéville.) 

DIABLE  :  Agent  provocateur. 
(Rabasse.)  —  Le  diable  est  le 
grand  tentateur. 

DIGUE-DIGUE  :  Attaque  d'é- 
pi lepsie.  —  De  dinguer  :  tom- 
ber. V.  Camboler. 

DUONNIER  :  Moutardier.  (Vi- 
docq.)  —  Dijon  est  la  capitale  de 
la  moutarde. 

DIMANCHE:  Jamais.— «Vous 
serez  placé...  dimanche.  »  (Dé- 
saugiers.)  —  C'est-à-dire  le  jour 
où  ne  se  fait  aucune  nomina- 
tion. 

DINDE,  DINDON  :  Niais, 
niaise,  dupe.  —  a  J'ne  veux  pas 
être  le  dindon  de  vos  attrapes.» 
(Vadé,  1788.)  V.  Gogo. 

Mari  dindon  :  Mari  trompé. 

DINDONNER  :  Duper.  —  «  Je 
n'aii  jamais  été  chiche  avec  les 
femmes,  mais  je  n'aime  pas  à 
être  dindonné.  »  (E.  Sue.) 

DINDORNIER  :  Infirmier.  (Co- 
lombey.) 

DINER  PAR  CŒUR  :  Ne  pas 
dîner.  Mot  à  mot  :  dîner  pour 
mémoire. 

DINGUER  (envoyer)  :  Jeter  à 
terre,  et,  au  figuré,  éconduire. — 
ti  Panama  !  tu  ne  l'as  donc  pas 
envoyé  dinguer  ?  »  (L.  de  Neu- 
ville.) 

DIS  QUE  ÇA  (je  ne)  :  C'est-à- 
dire  :  il  n'y  a  pas  moyen  d'en 
dire  davantage,  dans  le  sens  ad- 
miratif.  —  a  Les  baronnes,  mes 


sœurs,  mettent  leurs  coiffures 
empire  chargées  de  toi  tillons  en 
rubis...  je  ne  vous  dis  que  ça.  » 
{Vie  parisienne,  66.) 

DISTANCER  :  Dépasser.  — 
Terme  de  sport  hippique.  — 
a  Watteau  et  Boucher  sont  dis- 
tancés. Vous  arrivez  première  au 
charme  des  yeux  et  des  cœurs.  » 
{Almanach  du  Hanneton,  67.)  — 
c(  Madame  Schontz  qui  distan- 
çait de  trois  blagues,  disait-elle, 
tout  l'esprit  de  ces  dames.  »  (Bal- 
zac.) 

DIX-HUIT  :  «  Le  fabricant  de 
dix-huit  s'appelle  le  riboui...  Le 
dix-huit  n'est  pas  un  soalier  re- 
monté ou  ressemelé,  c'est  plutôt 
un  soulier  redevenu  neuf  :  de  là 
lui  vient  son  nom  grotesque  de 
dix-huit  ou  deux  tois  neuf.  Le 
dix-huit  se  fait  avec  les  vieilles 
empeignes  et  les  vieilles  tiges  de 
bottes  qu'on  remet  sur  ce  vieil- 
les semelles  retournées,  assor- 
ties, et  qui,  au  moyen  de  beau- 
coup de  gros  clous,  finissent  par 
figurer  une  chaussure.  »  (  P. 
d'Anglemont.) 

DIXIÈME  (passer  au)  :  Devenir 
fou.  —  Terme  usité  parmi  les 
officiers  des  armes  spéciales. 
Frappés  du  nombre  des  cama- 
rades que  leur  enlevaieat  des 
atteintes  d'aliénation  mentale , 
ils  disent  :  //  est  passé  au  di' 
xième  (régiment),  pour  montrer 
combien  ils  sont  décimés  par 
des  pertes,  sur  lesquelles  l'étude 
des  sciences  exactes  n'es'  pas, 
dit-on,  sans  influence.  — «  L'ofli- 
cier  du  génie  passe  souvent  au 
dixième.  »  {Vie  parisienne.  67.) 

DOCTRINAIRE  :  «  On  aonne 
ce  nom  à  une  secte  de  gens   bi- 


DOM  -  145  — 

lieux ,  mais  enchantés  d'eux- 
mêmes,  qui  avouent  que  rien 
n'est  plus  raisonnable  que  leur 
propre  raison.  »  (C.  Blanc,  44.) 

DODO  :  Lit.  —  Redoublement 
de  la  première  syllabe  de  Dor- 
mir. 

DOG-CART  :  Voiture  de 
chasse.  —  Anglicanisme.— c<  Que 
le  cheval  de  votre  dog-cart  soit 
fourbu,  borgne  ou  liqueur,  peu 
importe!  »  (Marx.) 

DOIGT  DANS  L'ŒIL  (se  four- 
rer le)  :  S'abuser,  ne  pas  voir  les 
cho-^es  plus  que  si  on  avait  l'œil 
bouché  par  un  doigt.  —  «  Il 
s'est  un  peu  fourré  le  doigt  dans 
l'œil,  le  brave  garçon.  —  (De 
GoncourtJ 

Se  fourrer  le  doigt  dans  l'œil 
jusqu'au  coude  :  Se  faire  de  très- 
grandes  illusions.  —  C'est  la 
progression  de  la  même  image. 
—  «  J'ai  l'honneur  de  te  faire  re- 
marquer que  tu  t'es  fourré  le 
doigt  dans  l'œil  jusqu'au  coude.» 
(L.  de  Neuville.)  — On  abrège 
en  disant  se  fourrer  dans  l'œil  : 
a  Si  madame  se  fourre  dans  l'œil 
qu'on  restera  chez  elle  pour  six 
cents  francs.  Merci  !  »  (  Vie  pa- 
risienne, 66.) 

Etre  de  la  société  du  doigt 
dans  l'œil  :  Compter  parmi  les 
nombreux  mortels  qui  conser- 
vent quand  môme  certaines  illu- 
sions vaniteuses. 

DOMINO  :  Dent.  —  Allusion 
de  forme  et  de  couleur.  Qiteljeu 
de  dominos!  se  dit  de  dents  lon- 
gues et  jaunes.  Les  jolies  petites 
dents  sont  des  quenottes,  des  lou- 
louttes. 


DOS 


DOMINOS  (jouer  des)  :  man- 
ger. (Balzac.) 

DON  JUAN  :  Séducteur  pourvu 
des  séductions  et  des  vices  de 
Don  Juan.  Pris  ironiquement. 
V.  Centre  de  gravité. 

DONNER  (  se  la)  :  Fuir. 
(Grandval.) 

Donner  dans  :  S'abandonner  à, 
croire  à.—  «La  bonne  peut  avoir 
des  chagrins.  V'ià  c'que  c'est  que 
d'donner  dans  l'militaire.  »  (La- 
miral,  23.) 

Donner  des  noms  d'oiseaux  : 
Roucouler  amoureusement.  V. 
Oiseaux. 

Donner  du  vague  :  Chercher 
fortune.  V.   Vague. 

Donner  quelqu'un  :  Le  dénon- 
cer. Mot  à  mot  :  le  donner  à  la 
justice. 

Donner  un  pont  :  Tendre  un 
piège.  V.  Couper  dans  le  pont. 

Donner  une  affaire  :  Céder  les 
renseignements  propres  à  com- 
mettre un  voL 

Donneur  de  bonjour.  V.  Bon- 
jour. 

DONT  AUQUEL  :  Auquel 
rien  n'est  comparable.  —  «  Car 
moi,  je  suis  un  militaire  dont 
auquel.  »  (Vadé,  1756.) 

DORANCHER  :  Dorer.  (Co- 
lombey.)  Changement  de  finale. 

DOS  (scier  le  dos):  Importu- 
ner. V.  Scier.  —  «  Moi,  ça  me 
scie  le  dos.  «(Rétif,  1782.) 

DOS  (en  avoir  plein  le)  :  Être 
assommé  d'ennui.  —  «  Tu  sais 
que  j'ai  de  la  maison  plein  le 
dos?»  (Désaugiers.) 

DOS  D'AZUR,  DOS  VERT: 


DOU 


—  146  — 


DOU 


Souteneur.  — Allusion  aux  reflets 
verts  et  bleus  du  dos  du  maque- 
reau. V.  Mac.  —  «Je  ne  suis  pas 
un  miche,  je  suis  un  dos  d'a- 
zur. »  (L.  de  Neuville.)—  «  Deux 
femmes  se  battaient  pour  un  dos 
vert.  »  (Stamir.) 

DOSE  :  Désagrément,  ennui, 
dégoût.  Mot  à  mot  :  forte  dose 
de  désagrément. 

Chaqu'  fois  qu'on  remet  pour  moi 
Des  lettr's  ou  bien  autre  chose, 
Il  les  garde  plus  d'un  mois  : 
Comment  trouvez -vous  la  dose? 
(L.  Meidy  ) 

DOSSIÊRE    DE   SATTE: 

Chaise.  —  On  s'y  adosse. 

DOSSIÊRE,    DAUSSIÈRE: 

Prostituée  de  dernier  ordre.  Mot 
à  mot  :  femme  se  mettant  sur  le 
dos.  V.  Calége. 

DOUBLAGE,  DOUBLÉ  :  Vol. 

DOUBLE  :  Sergent-major  , 
maréchal  des  logis  chef.  —  L'in- 
signe est  un  double  galon. 

Si  son  double,  un  soir, 
Pris  d'humeur  noir, 
Veut  tempêter...  (Wado.) 

DOUBLER  :  Voler. 

DOUBLER  UN  CAP  :  a  C'est 
faire  un  détour,  soit  pour  ne  pas 
passer  devant  un  créancier,  soit 
pour  éviter  l'endroit  où  il  peut 
être  rencontré.  »  (Balzac.) 

DOUBLETTE,  DOUBLEUR, 
DOUBLEUX,  DOUBLEUSE  : 
Voleur,  voleuse.  —  «  Tous  les 
doubleurs  de  la  riche  toison.  » 
(Grandval.) 

DOUBLIN  :  Pièce  de  dix  cen- 
times. (Halbert.)  Mot  à  mot  : 
double  sou. 


lent.  — 
vous,  à 
ci,  à  la 


DOUBLURE  :  Acteur  chargé 
d'en  suppléer  un  autre. —  «  Cha- 
que chef  d'emploi  avait  jadis  sa 
doublure  dans  les  théâtres  de 
Paris.  »  (J.  Duflot.) 

DOUCE  :  Soie.  —  Elle  est 
douce  au  toucher. 

DOUCE  (à  la)  :  Doucen 
«  Comment  que  qu'ça  va, 
ce  matin?  —  Mais,  mer 
douce.  »  (H.  Mohnier.) 

DOUCE  (la  passer  couce)  : 
Passer  doucement  la  vie,  sans 
souci  ni  travail.  «  Mais  les  vi- 
veurs continuèrent  à  la  passer 
douce.  »  (James  Rousseiu,  42.) 
On  dit  aussi  la  couler  douce. 

DOUCETTE  :  Lime(Mdocq.) 
—  Elle  opère  petit  à  petit,  tout 
doucettement. 

DOUCEUR  (faire  en)  :  Les  vo- 
leurs emploient  ce  terne  par 
opposition  à  celui  dQ  faire  à  la 
dure,  c'est-à  dire  voler  avec  voies 
de  fait.  On  fait  boire  l'iiomme 
qu'on  lève  en  douceur. 

DOUILLARD  :  Homme  riche 
ayant  de  la  douille.  —  «  Ch  !  oh  ! 
fit-il,  un  public  ficelé!  rijn  que 
des  hommes  et  des  douilLirds.  » 
(De  Pêne.) 

DOUILLE  :  Argent.  —  c  II  y  a 
de  la  douille  à  grinchir.  d  (Pail- 
let.)  —  «  Cette  douille  est  desti- 
née à  mon  bottier  qui  me  refuse 
des  socques.  »  {Paris  étudiant ^ 
54.) 

DOUILLE  :  Cheveux.  (Orand- 
val.)  —  Du  vieux  mot  i  aille  : 
mou. 

DOUILLES  SAVONNÉS: 
Cheveux  blancs. 

DOUILLER  :  Donner  de  l'ar- 


DRO 


-  147  — 


DRO 


gent—  On  dit  aussi  douiller  du 
carme.  (Rabasse.) 

DOUILLET,  DOUILLETTE: 
Crin.  (Vidocq.) 

DOUILLURE  :  Chevelure. 

DOULEUR  (étrangler  la)  : 
Boire  un  verre  d'eau-de-vie.  — 
«  Les  habitués  viennent,  au  dé- 
bit, étrangler  la  douleur  du  ma- 
tin. »  {Vie  parisienne,  65.) 

DOUSSE  :  Fièvre.  (Halbert.) 
DOUSSIN  :  Plomb.  (Idem.) 
DOUSSINER  :  Plomber. (Idem.) 

DOUX  (un  verre  de)  :  «  Un 
verre  de  liqueur  sucrée,  par  op- 
position à  un  verre  de  liqueur 
forte  ou  de  rude.  »  (Dhautel,  08.) 
V.  Tournée. 

DRAGÉE  :  Balle.  —  Allusion 
de  forme.  —  «  Nous  entendons 
dire,  mon  camarade,  que  tu  ne 
quittes  pas  l'ennemi,  et  que  tu 
leur  envoies  des  dragées  à  plein 
canon.  »  (Marceau,  Lettre  à 
Westennann.  17Q2.) 

DRAGUEUR  :  Banquiste,  fai- 
seur. (Vidocq.)  Pour   dragueur. 

DREGUEU  (parler  en)  :  Le 
mot  dregueu  est  placé  après  cha- 
que mot  et  se  modifie  confor- 
mément à  lui.  «  Ainsi  pour  dire 
je  suis  pris,  ils  diront  7e  dregue 
suisdriguis  pridriguis.  »  (Ra- 
basse.) 

DRINGUE  :  Diarrhée. 

DROGUE  :  Mauvaise  femme. 
—  Extension  du  terme  drogue 
{c'est  de  la  drogue),  appliqué 
souvent  aux  choses  de  mauvaise 
qualité.  —  Plus  mauvaise  en- 
core, la  drogue  devient  un  poi- 
son. V.  ce  mot.  V.  Sterling. 


DROGUE  (petite)  :  Coureuse. 

—  De  droguer  :  «  Maintenant, 
allons  dîner  chez  les  petites  dro- 
gues. »  (Champfleury.) 

DROGUER  :  Attendre  en  se 
promenant.  —  Métaphore  em- 
pruntée au  jeu  de  la  drogue.  — 
«  Vous  droguez  nuit  et  jour  au- 
tour de  sa  maison.  »  (G.  Sand.) 

—  «  Il  m'a  fait  droguer  plus 
d'une  heure  dans  la  rue.  » 
(Dhautel,  08.) 

DROGUER  :  Dire.  V.  Girofle. 
DROGUERIE:  Demande.  (Co- 
lombey.) 

DROGUEURDE  LA  HAUTE: 
Escroc  à  langue  dorée  et  sachant 
droguer  aux  dupes  ce  qu'il  faut 
pour  les  dépouiller. 

DROITE  :  Parti  législatif  aris- 
tocratique.— Ainsi  nommé  parce 
qu'il  occupe  les  bancs  de  l'ex- 
trême droitedans  nos  assemblées 
parlementaires.  V.  Gauche. 

DROITIER  :  V.  Gaucher. 

DROLE  (pas)  :  Ennuyeux,  pas 
amusant.  —  «  Tu  sais  aussi  bien 
que  moi  que  tu  n'es  pas  drôle... 
Qu'y  veux-tu  faire,  on  vient  au 
monde  comme  cela.  »  (G.  Droz.) 

—  «  Et  puis,  ils  ne  sont  pas 
drôles,  ces  pèlerins  là.  »  (Vil- 
lars.) 

DROLE  ^pas)  :  Très-malheu- 
reux. —  Expression  singulière, 
dont  le  peuple  de  Paris  connaît 
seul  la  valeur  saisissante.  Si  quel- 
qu'un est  victime  d'un  accident, 
on  le  plaint  par  ces  mots  :  «  Pau- 
vre homme!  ça  n'est  pas  drôle!» 
Un  homme  sans  ressources  dira: 
«  Je  ne  sais  si  je  mangerai  ce 
soir,  et  ça   n'est  pas   drôle.  »  — 


hm 


148  — 


DUS 


«Et  ça  vous  fiche  des  coups...— 
Ça  c'est  peu  drôle.  »  (Gavarni.) 

DROMADAIRE  :  Variante  de 
chameau.  V.  ce  mot.  —  «  Viens! 
nous  verrons  danser  les  jeunes 
dromadaires.  »  (Gavarni.) 

DROUILLASSE  :  Diarrhée. 

DUFFER  :  Cheval  de  course 
engagé  dans  le  seul  but  de  faire 
parier  et  retiré  dès  que  son  pro- 
priétaire en  aura  tiré  bénéfice  par 
ce  moyen.  (Parent.)  Anglica- 
nisme. 

DULCINÉE  :  «  Une  mijaurée 
qui  s'en  fait  accroire  fait  la  Dul- 
cinée du  Toboso.  —  Dulcinée 
veut  dire  aussi  une  femme  ga- 
lante, une  donzelle.  »  (Dhau- 
tel,  08.) 

DUN  (parler  en)  :  Procédé  de 
déformation  argotique  consis- 
tant a  ajouter  dun  au  mot  pro- 
noncé en  troquant  l'n  de  dun 
contre  la  première  lettre  du  mot 
si  cette  lettre  est  une  con- 
sonne et  en  l'ajoutant  si  c'est 
une  voyelle.  Non  content  de 
cette  opération,  on  termine  en 
redoublant  après  du  la  première 
syllabe. — «Ainsi  pour  dire  on  ne 
voit  pas,  ils  disent  nonduon  ne- 
due  noitduvoit  nadupas.  Pour 
maladroit,  ils  disent  naladroit- 
dumal.  »  (Rabasse.^ 

DUNON  (parler  en)  :  Procédé 
de  déformation  argotique  consis- 
tant à  ajouter  dunon  à  chaque 
mot  prononcé,  en  ayant  soin  de 


troquer  l'n  de  dunon  ctuitre  la 
première  lettre  du  mot  à  pro- 
noncer. —  «  Pour  dire  bonjour, 
monsieur,  ils  disent  nonjour  du- 
bon,  nomsieurdumon.ï)  (Rabasse.) 

DUR,  DURIN;  Fer  (Vidocq.) 

DUR  :  Eau-de-vie.  —  C'est  un 
liquide  dur  au  gosier.  —  «  Pour 
faire  place  aux  petits  verres  de 
dur.  »  (T.  Gautier.) 

DUR  A  CUIRE  :  Homme  so- 
lide, sévère,  ne  mollissant  pas. 
(Dhautel.)  —  «En  voilà  ur,  qui  ne 
plaisante  pas,  en  voilà  ur  de  dur 
à  cuire.  »  (L.  Reybaud.) 

DUR  A  LA  DÉTENTE  :  Avare. 
Mot  à  mot  :  homme  qui  n'al- 
longe pas  volontiers  sbn  argent. 

DUR  (être  dans  son)  :  «  Tra- 
vailler avec  grande  assiduité. 
Terme  de  typographes.  »  (  J.  La- 
dimir.) 

DURAILLE,  DURE  :  Pierre. 
(Colombey.) 

DURAILLES:  Diamants.  (Hr- 
bert.) 

DURE  (la):  Terre.  (Grandval.) 
Le  mot  est  classique.  Ne  dit-on 
pas  coucher  sur  la  dure. 

DURÈME  :  Fromage. (Vidocq.) 

DURINER:  Ferrer.  (Halbert.) 

DUSSE  :  Signe  de  con\  ention 
à  l'usage  des  grecs,  joueurs  d'é- 
carté. —  «  Sans  la  télégraj  hie,  le 
dusse,  il  eût  probablement  donné 
des  cartes.  »  (Cavaillé.) 


EGA 


-  149  - 


EGL 


E 


EAU  D'AF,  D'AFF,  D'AFFE  : 

Eau-de-vie.  —  «  As-tu  bu  l'eau 
d'af  à  c'matin?  T'as  l'air  tout 
drôle,  est-ce  que  t'es  malade, 
ma  mère  ?  »  (Catéchisme  pois- 
sard, 44.)  V.  Ajr,  Paf. 

EAUX  BASSES  :  Manque  d'ar- 
gent. On  dit  de  même  :  être  à  la 
côte ,  etc.  —  «  Cette  délicieuse 
noce  dura  au  moins  trois  jours 
jusqu'à  ce  qu'enfin  les  eaux  soient 
devenues  tellement  basses  qu'il 
faille  retourner  à  ce  maudit  ate- 
lier. »  (Moisand.) 

E  B  A  Z I R  :  Assassiner.  (Ra- 
basse.)  Forme  d'esbasir. 

ÉBOURIFFANT  :  Excessif  au 
point  de  faire  ébouriffer  les  che- 
veux sur  la  tête.  C'est  une  va- 
riante de  à  faire  dresser  les  che- 
veux sur  la  tête  qui  a  paru  sans 
doute  trop  connu. — «  Menez  une 
jeune  fille  au  bal,  tous  les  yeux 
flambent  autour  d'elle,  et  vous 
lui  dites  :  tu  ne  brûleras  pas!... 

ous  êtes  ébouriffant,  ma  parole 
d'honneur  !  »  (  Physiol.  des 
Amoureux.  41.) 

ÉGAFOUILLER  :  Écraser  en 
projetant  les  débris. 

ÉCARBOUILLER  (s')  :  Se  re- 
tirer vivement,—  ce  Je  m'envole... 
Et  moi,  je  m'écarbouille.  »  (Mi- 
chu.) 

ÉCARTER,  ÉCARTER  DU 
FUSIL  :  Crachoter  involontaire- 
ment au  nez  de  son  interlocu- 
teur. 


ECCE  HOMO  :  Homme  dont 
l'extérieur  macéré  rappelle  le 
Christ.  —  «  Humilité  incarnée, 
espèce  d'ecce  homo.  »  (J.  David.) 

ÉCHALAS  :  Jambe  maigre 
comme  un  échalas.  —  «  Joue 
des  guibolles,  prends  tes  échalas 
à  ton  cou.  »  (Montépin.) 

ÉGHASSES  :  Jambes  maigres 
et  longues  comme  des  échasses. 

ÉCHASSIER  :  Homme  à  lon- 
gues jambes. 

ÉCHINER  :  Critiquer  violem- 
ment. —  a  On  y  prenait  solen- 
nellement l'engagement  d'^c^/?ier 
tel  ou  tel  individu.  Il  n'y  avait  de 
bonne  littérature  que  celle  qui 
n'avait  pas  été  souillée  par  les 
règles  de  Boileau.  »  (  Privât 
d'Anglemont.) 

ÉCHOTIER  :  Rédacteur 
chargé  des  Échos  de  Paris  dans 
un  journal.  —  «  Le  mot  n'a  pas 
été  dit,  mais  je  connais  les  écho- 
tiers  qui  l'affirmaient.  »  (Cha- 
brillat.) 

ÉCLAIRAGE  :  «  Les  joueurs 
sortent  de  leurs  poches  l'argent 
qu'ils  se  proposent  de  risquer 
dans  la  partie.  C'est  l'éclairage.  » 
(Cavaillé.) 

ÉCLAIRER  :  Observer.  (Ra- 
basse.) 

ÉCLAIRER  :  Déposer  son  ar- 
gent. Mot  à  mot  :  le  faire  luire. 
—  «  C'est  pas  ■  tout  ça,  i'  faut 
éclairer.  C'est  six  francs.  »  (Mon- 


ECR 


-  i5o 


ELB 


» 


selet.)  —  «  Ne  passez  jamais  la 
main  (au  baccarat)  et  priez  les 
femmes  d'éclairer  leurs  bancos.  » 
(Marx.) 

ÉCOPPER  :  Recevoir  des 
coups,  être  battu.  (Rabasse.) 

ÉCORGHER  :  Faire  payer 
frop  cher. 

ÉCORNAGE  (vol  à)  :  «  On 
vient  d'arrêter,  dit  le  Moniteur 
(mars  66),  un  individu  qui  avait 
ressuscité  le  vol  à  Vécornage.  A 
l'aide  d'un  diamant  de  vitrier, 
Julien  S...  pratiquait  une  ouver- 
ture dans  l'angle  inférieur  d'une 
vitre  de  magasin.  Passant  par 
cette  ouverture  une  petite  trin- 
gle, il  attirait  une  pièce  de  den- 
telle. » 

On  appelle  aussi  vol  à  Vécor- 
nage le  vol  à  la  pièce  forcée, 
{y .pièce.)  En  ce  cas,  la  pièce  du 
voleur  est  écornée  sur  l'exergue. 

ÉGORNÉ  :  Inculpé,   (Vidocq.) 

ÉGORNER  :  Injurier.  —  a  En- 
tends-tu, vieux  camphrier,  avec 
ta  voix  enrhumée,  t'as  l'air  de 
nous  écorner.  »  [Catéchisme pois- 
sard, 44.) 

ÉGORNEUR  :  Ministère  pu- 
blic. 

ÉG05SAIS  (en)  :  Sans  panta- 
lon.— Les  Écossais  ont  les  jambes 
nues. 

Hospitalité  écossaise  :  hospi- 
talité gratuite.  Allusion  à  un  air 
connu  de  la  Dame  blanche.  (Ghez 
les  montagnards  écossais,  l'hos- 
pitalité se  donne,  etc.) 

ÉGRASER  UN  GRAIN  :  Boire 
la  goutte. 

ÉGREVISSE  DE  REMPART  : 
Fantassin.  —  Surnom  donné  par 


les  marins  des  ports.    Allusion 
au  pantalon  rouge. 

ÉGREVISSE  dans  la  tourte 
[avoir  une),  dans  le  vol  au  vent  : 
Déraisonner.  (V.  Vol  auvent.) 

ÉGUME  :  Étain.  (Vidocq.;  — 
L'étain  en  fusion  ressemble  à 
l'écume. 

ÉGUMOIRE  :  Visage  troué, 
comme  une  écumoire,  par  la  pe- 
tite vérole. 

ÉGUREUIL  :  «  Leur  métier 
consistée  faire  mouvoir  les  roues 
des  tourneurs  et  des  mécai  iciens 
pour  35  à  40  centimes  l'h(  ure.  » 
{E.  d'Hervilly.) 

ÉDREDONDE  TROIS  PIEDS: 
Paille.  —  Ironie.  —  a  Gc  ucher 
dans  un  garni  au  dortoir,  sur 
Védredon  de  trois  pieds  (c'est 
ainsi  qu'on  nomme  la  paille), 
10  centimes.»  (Privât  d'Angle-» 
mont. 

EFFAROUGHER  :  Voler.  — 
Jeu  de  mots.  Effaroucher,  c'est 
faire  disparaître.  —  «  Qu'est-ce 
qu'a  effarouché  ma  veste  '  (  H. 
Monnier,  36.) 

ÉGAYER:  Siffler  au  thiâtre. 
—  Ironie.  (J.  Dufflot.) 

ÉGR AILLER  :  Preidre. 
(Grandval.) 

ÉGRUGEOIR  :  Ghaire  à  prê- 
cher. (Rabasse.) 

EJUSDEM  FARINyE  :  Du 
même  genre.  Mot  à  mot  :  de 
même  farine.  Latinisme. — «<  kjm- 
ment  se  fait-il  qu'on  ait  supprimé 
le  Radical  plutôt  qu'une  autre 
feuille...  ejusdem  farincef  »  [Pa- 
ris-Journaly  juillet  72.) 

ELBEUF  :  Habit  de  drap  il'El- 


EMB- 


i5i  — 


EMB 


beuf.  —  «  Si  l'étoile  du  mérite 
n'orne  pas  mon  elbeuf  usé.  » 
(Festeau.) 

ÉLÉ^'ENTS:  Argent  dans 
l'argot  de  joueur. — «  Y  a-t-il  des 
éléments?  demande  t-il  à  voix 
basse.  Traduction  :  y  a  t-il  de 
l'argent .''  »  (Gava  il  lé.) 

ÉMAILLAGE  ,  ÉMAILLER  , 
ÉM  AILLE  USE  :  a  On  parle  beau- 
coup des  femmes  qui  se  font 
émailler.  Ce  mot  est  devenu  à  la 
mode...  On  croit  que  c'est  un 
maquillage  perfectionné...  Il  n'en 
est  rien.  Voici  en  quoi  consiste 
remaillage  :  Les  femmes,  dont  le 
visage  se  plisse,  ont  le  courage 
de  supporter  l'opération  sui- 
vante. On  leur  pratique  des  in- 
cisions à  la  peau,  et  on  y  injecte 
des  liquides  qui  pénètrent  les 
tissus,  les  gonflent  et  remplis- 
sent les  vides...  C'est  charmant, 
n'est-ce  pas?  »  {Figaro,  24  dé- 
cembre 75.)  Longtemps  avant 
cette  date,  une  femme  se  faisait 
annoncer  à  la  quatrième  page 
des  journaux  comme  émailleuse. 
Vers  1869,  elle  eut  même  un 
procès  retentissant  avec  une  An- 
glaise qui  ne  se  trouvait  pas  suf- 
fisamment émailîée. 

EMBALLER:  Arrêter,  éçrouer. 
—  «  Tu  vas  nous  suivre  à  la 
Préfecture.  Je  t'emballe.»  (Che- 
nu.) 

EMBALLER:  On  dit  d'un 
cheval  emporté  qu'il  emballe  son 
cavalier,  sans  doute  parce  que 
celui-ci  est  réduit  au  rôle  passif 
,  d'un  simple  ballot.  V.  Là-bas.  — 
«  Un  attelage  a  tenté  de  s'em- 
baller, avenue  de  l'Impératrice.  » 
(G.  Vassy,  75.) 

Emballer  :  Se  prend  aussi  au 


figuré  pour  dépeindre  un  empor- 
tement quelconque.  —  «  M.  Pi- 
card a  dit  tout  ce  qui  lui  passait 
par  la  tête  dans  le  but  très-poli- 
tique d'empêcher  M.  G,  de  s'em- 
baller et  d'emballer  ses  amis.» 
(A.  Millaud.) 
EMBALLER  :  Finir  lestement. 

—  «  Quant  à  la  baronne  Dude- 
vant,  ce  fut  bien  lestement  em- 
ballé, comme  nous  disions  au 
quartier  Latin.  »  (G.  Sand.) 

EMBALLES  (faire  des)  :  Faire 
des  embarras. —  Emballe  semble 
une  déformation  d'embarras.  En 
ancien  provençal,  il  est  à  noter 
cependantque  6<a//e signifie itram, 
embarras.  On  aura  combiné  les 
deux  mots. 

EMBALUCHONNER  :  Empa- 
queter. (Halbert.)  V.  Baluchon. 

EMBARDER  :  Se  tromper.  — 

—  Terme  de  marine. 
EMBARGUER  :  Rentrer.  (Ra- 

basse.) 

EMBARRAS  :  Draps  de  lit. 
(Halbert.) 

EMBARRAS  (faire  des)  :  *c  Faire 
beaucoup  d'étalage  pour  peu  de 
chose.  »(Dhautel,)V.  Épate. 

EMBERQUINÉ:  Fadement 
moral.  Mot  à  mot  :  aussi  fade 
qu'un  roman  de  Berquin.  — 
((  Gela  flatte  les  instincts  du  bour- 
geois emberquiné  et  les  préten- 
tions du  philistin  à  la  poésie  élé- 
giaque.  »  (Th.  Silvestre.) 

EMBLÈME  :  Mensonge,  conte 
fait  à  plaisir.  —  Ironie  à  l'adresse 
du  genre  allégorique  dont  le 
peuple  ne  peut  comprendre  les 
finesses.  —  «  Todore  me  répond  : 
Je  suis  malade...  Des  emblè- 
mes! »  (Monselet.) 


EMM 


-   ib2  - 


EMP 


EMBLÉMIR  :  Tromper.  fVi- 
docq.) 

EMBROQUER  :  Regarder.  V. 
Moustique. 

EMBROUILLE  (ni  vu,  ni  con- 
nu! je  t')  :  Locution  placée  à  la 
fin  d'un  re'cit  pour  peindre  la 
rapidité  d'un  acte  et  la  difficulté 
de  l'expliquer.  (Dhautel.) 

ÉMÉCHÉ  :  Ivre.  —  Comparai- 
son de  l'ivrogne  à  la  mèche  ravi- 
vée d'une  chandelle.  —  «  Quand 
je  rentre  un  peu  éméché  après 
minuit,  elle  me  dit  :  La  cruche 
est  dans  le  coin.  Éteins-toi.  » 
(Monselet.) 

EMILE  :  V.  Être  (en.) 

EMMERDEMENT  :  Peine,  tra- 
cas. —  ce  Le  président  :  Dans  ce 
moment  où  la  justice  vous  at- 
teint, qu'éprouvez-vous?  —  Cou- 
taudier  :  De  l'emmerdement.  » 
{Dernier  jour  d'un  condamné.) 

EMMERDER,  EMMIELLER  : 
«  Figurément  et  d'une  manière 
ignoble  pour  attraper,  ennuyer, 
obséder,  injurier.  (Dhautel,  oS.) 
On  disait  au  moyen  âge  Inca- 
guer,  ce  qui  était  la  même  chose. 
V.  le  Dictionnaire  Roman  Wal- 
lon de  1777.  Dom  Jean-François, 
imprimé  à  Bouillon  en  1777. 

Emmieller  a  le  même  sens,  et 
n'est  qu'un  synonyme  honteux. 
Nous  répéterons  de  cette  injure 
ce  que  nous  disons  d'une  autre. 
(Voyez  M.)  Son  usage  est  uni- 
versel et  déplorable.  Beaucoup 
d'hommes  qui  n'appartiennent 
pas  tous  au  dernier  rang  de  la 
société,  ont  trop  souvent  ce  mot 
à  la  bouche. 

Une  caricature  de  3o  fait  ren- 
contrer le  dey  d'Alger  par  Char- 


les X  qui  lui  dit  :  a  Qui  aurait 
jamais  pensé  que  nous  nous  re- 
trouverions en  mer,  dey?  »  — 
«  J'emmerde  la  cour,  je  respecte 
messieurs  les  jurés.  »  {Dernier 
jour  d'un  condamné.) 

M'emmieirra 
Qui  voudra  ! 
Moi,  j'  n'  m'emmielle  guère, 
(Val-re.) 

ÉMOSS  :  Émotion.  Abrévia- 
tion. 

ÉMOTIONNER  :  Émouvoir, 
causer  de  l'émotion. 

EMPAFFE,  EMPAVE  :  Drap 
de  lit.  (Grandval.) 

EMPAFFER  :  Enivrer,  rendre 
paff.  V.  ce  mot. 

EMPAILLÉ:  Homme  sans  ini- 
tiative, sans  activité,  ne  se  re- 
muant pas  plus  que  s'il  était 
empaillé.  V.  Décarcasser. 

EMPALER  :  Duper.  —  Syno- 
nyme d'enfler. 

EMPAVÉ  :  Carrefour.  (Hal- 
bert.)  . 

EMPIRE  :  Suranné,  de  mau- 
vais goût. —  Allusion  aux  formes 
raides  du  premier  empii  e.  V. 
Perruque. 

EMPLANQUER  :  Arriver.  — 
«  La  rousse  emplanque.  »  (Hal- 
bert.) 

EMPLATRE  :  Homme  sans 
consistance,  sans  activité. 

EMPLATRE  :  Empreinte.  (Vi- 
docq.)  Allusion  à  la  couche  de 
cire  molle  sur  laquelle  est  prise 
l'empreinte. 

EMPOIGNER  :  Critique-,  in- 
vectiver. —  «  Attends  donc  à  de- 


EMP  —  i33  — 

main,  mon  cher,  tu  verras  com- 
ment Lucien  t'a  empoigné.  » 
(Balzac.)  V.  Danser. 

EMPOIGNER:  Séduire,  émou- 
voir. —  «  Me  parlerez-vous  de  la 
fille  aux  yeux  bleus  ?  Il  paraîtque 
vous  avez  été  solidement  empoi- 
gné. »  (About.)  —  «  Cette  mu- 
sique du  maestro  Gerolt  est  em- 
poignante, c'est  le  mot.  »  (J. 
Chamarande.) 

EMPOIVRER  (s')  :  S'enivrer. 
Mot  à  mot  :  s'empourprer,  deve- 
nir poivre.  V.  ce  mot. 

EMPORTER  :  Escroquer.  V. 
Bachotteur. 

EMPORTER  la  pièce,  le  mor- 
ceau :  Avoir  l'esprit  acerbe,  bles- 
sant. V.  Morceau. 

EMPORTEURS  :  «Malfaiteurs 
qui,  sous  prétexte  de  payer  leurs 
achats  à  domicile,  font  emporter 
leurs  acquisitions  par  des  com- 
mis de  magasin.  Le  grand  point, 
c'est  de  séparer  le  commis  de  sa 
marchandise.  Tantôt  on  le  ren- 
voie au  magasin  pour  faire  recti- 
fier un  prix  de  la  facture,  tantôt 
on  le  fait  entrer  par  une  porte 
dans  un  hôtel  garni,  et  l'on  en 
ressort  par  une  autre.  »  (A. 
Monnier.) 

Emporteur  à  la  côtelette  :  Grec 
exerçant  son  art  dans  les  ca- 
fés et  dans  les  restaurants,  à  la 
suite  d'un  déjeuner  otfert  à  sa 
dupe.  (Vidocq.)  —  H  emporte 
l'argent  de  son  invité  à  la  côte- 
lette, comme  des  troupiers  em- 
portent à  la  baïonnette  une  posi- 
tion. 

EMPOUSTEUR  :  Escroc  fai- 
sant métier  de  vendre  à  des 
détaillants  de  mauvais  produits 


END 


dont  le  premier  dépôt  a  été, 
pour  les  allécher,  acheté  par  des 
compères.  (Vidocq.) 

EMPROSEUR.  V.  Être  (en). 

ÉMU,  LÉGÈREMENT  ÉMU  : 
Troublé  par  les  fumées  du  vin. 
V.  Paff.  —  ((  Tu  me  crois  ému, 
vieux...  Allons  donc!  je  boirais 
dix  fois  autant.  »  (Frémy.)  — 
«  Girard  et  Maret-Boistrop  ren- 
trèrent au  quartier  légèrement 
émus,  et  on  ne  put  les  réveiller 
à  l'appel  du  soir.  »  (Vidal,  33.) 

ENCARRADE  :  Entrée  (Vi- 
docq.) 

ENCARRER  :  Entrer.  (V.  Dé^ 
carrer.) 

ENCASQUER  :  Entrer  (Ra- 
basse.) 

ENCASQUER  :  Tomber  avec 
fureur  sur  quelqu'un.  (Rabasse.) 

ENCHETIBER  :  Arrêter.  (Sta- 
mir,  67.) 

ENCIBLE:  Ensemble.  (Co- 
lombey.)  —  Changement  de  la 
syllabe  intermédiaire. 

ENCLOUER  :  Mettre  en  gage. 
(Rabasse.)  V.  Clou. 

ENDÉCHER  :  Ruiner.  —  «  Je 
m'endèche  de  plus  en  plus;  je 
viens  de  mettre  au  clou  laTobe 
de  soie.  »  (H.  deLynol.) 

ENDORMAGE  (vol  à  1')  :  Se 
pratique  en  versant  un  narcoti- 
que dans  le  verre  du  volé  pen- 
dant un  repas  toujours  offert  en 
cabinet  particulier. 

ENDORMEUR  :  Voleur  à  l'en- 
dormage  V.  Romamichel. 

ENDORMEUR  :  Homme  en- 
nuyeux. 


ENF 


i54- 


ENF 


ENDORMI  :  Juge.  (Fr.  Mi- 
chel.) —  Allusion  au  juge  qui 
dort  à  Taudience.. 

ENDORMIR  :  Tuer.  (Colom- 
bey.)  —  Ironie. 

ENDROGUER  :  Chercher  un 
coup  à  faire.  (Halbert.) 

ENFANT  DE  CHŒUR  :  Pain 
de  sucre.  (Vidocq.)  —  Allusion  à 
sa  petite  taille  et  à  sa  robe  blan- 
che. 

Enfant  de  giberne  :  Enfent  de 
troupe. 

Enfant  de  maître  Jacques  : 
Membre  d'une  des  trois  grandes 
fractions  du  compagnonnage. 
(Vinçard.) 

Enfant  de  Salomon  :  (Idem.^ 

Enfant  du  père  Soubise  :  (Id.) 

Enfant  de  trente-six  pères  : 
Fils  d'une  femme  galante.  — 
a  Tais-toi,  reste  d'arlequins  des 
SS.  Innocents,  enfant  d'trente- 
six  pères.  »  (  Catéchisme  pois- 
sard, 40.) — Arlequin  des  SS.  In- 
nocents, injure  tombée  aujour- 
d'iiui,  contient  la  même  allusion. 
Les  innocents  sont  des  nouveau- 
nés,  et,  parmi  eux,  les  arlequins 
bigarrés  paraissent  avoir  été  faits 
de  trente-six  morceaux  diffé- 
rents. 

ENFERRÉ  :  Arrêté.  (Rabasse.) 

ENFILADE  :  Série  de  pertes. 
—  «  Ils  croient  que  la  veine  est 
revenue,  mais  ils  ont  une  enfi- 
lade désespérante.  »  (Paillet.) 

ENFILAGE  :  Arrestation  en 
flagrant  délit.  —  «J'ai  commencé 
à  faire  1  étalage.  Réussi  pendant 
un  an.  Pas  d'cnlilage.»  (Bcauvil- 
licr.) 

ENFILER  (s')  :  Se  laisser  aller 


à  jouer  gros  et  perdre.  (Dhautel,      < 
08.) 

ENFILER  (s')  :  S'endeticr.  —  | 
«  Je  m'enfile  de  douze  sous.  »  - 
(Monselet.) 

ENFLACQUÉ  :  Emprisonné, 
condamné,  perdu.  (Vidocq.  Hal- 
bert.)— Du  vieux  vaoX.  flacquer  : 
lancer  violemment.  —  a  C'est 
donner  tout  son  argent  à  Ihom- 
meenflacqué.  »  (Balzac.) 

Enflacquer  (s')  :  Se  perdre 
(Halbert.) 

ENFLANQUER  :  Perdre,  ca- 
cher. (Rabasse.) 

ENFLÉE  :  Vessie.  (Vidocq.) 

ENFONCER  :  Dominer,  écra- 
ser. —  «  Vous  n'êtes  pas  de  orce 
au  piquet;  je  vous  enfonce.  » 
CGavarni.) 

ENFONCER  1  Duper.  —  a  II 
m'apprenait  la  vie  qu'il  fallait 
mener  pour  ne  pas  être  enfoncé.» 
(E.  Sue.) 

ENFONCER  :  «  Lorsqu'on 
réussit  à  perdre  un  journal  à 
force  de  le  décrier,  ou  un  thé  Itre 
à  force  de  blâmes,  cela  s'apf  elle 
enfoncer  la  feuille  rivale  ou  le 
théâtre  ennemi.  »  {Biograj.  hie 
des  Journalistes,  26.) 

ENFONCEUR  :  Agent  d'af- 
faires, faiseur.  (Vidocq.)  — D  en- 
foncer :  duper. 

ENFONCEUR  :  Critique  vio- 
lent. 

ENFOURAILLER  :  Arrêter. 
Mot  à  mot  :  fourrer  dedans.  — 
ce  Va-t'en  dire  à  ma  largue  que 
je  suis  enfouraillé.  »  (Vidocq.) 

ENFRIMER  :  Dévisager.  (\'i- 
docq.)  V.  Frime. 


ENL 


-   r55  - 


ENS 


ENGAMÉ  :  Enragé.  (V.  Hap- 
pin,  Game.) 

ENGANTER  :  Être  épris  d'a- 
mour. (Rabasse.) 

ENGANTER  :  Voler,  prendre, 
capter.  C'est  un  équivalent  à' em- 
poigner. Le  gant  est  pris  pour  la 
main.  V-  Chêne.  —  «  Ce  jeune 
homme  modèle  était  méprisé  par 
la  demoiselle  de  comptoir  qui, 
pendant  longtemps,  avait  espéré 
l'enganter.  »  (Balzac.) 

ENGERBER  :  Arrêter.  —  «  La 
police  prévenue  engerbe  les  fi- 
lous. ))  (Stamir,  67.) 

ENGLISH  :  Anglais.  Anglica- 
nisme. —  «  A  la  onzième  bou- 
teille, j'avais  mis  l'English  sous 
la  table.  »  (Villemessant.) 

,  ENGRAILLER,  ÉGRAILLER, 
ERAILLER  :  Attraper,  prendre. 
(Halbert.)  V.  Raille. 

ENGRAINER  :  Arriver  ,  être 
admis.  (Rabasse.)  Forme  d'en- 
grener. 

ENGUEULEMENT  :  Bordée 
d'injures.  —  «  Vadé  est  le  Dé- 
mosthènes  de  l'engueulement.  » 
{Catéchisme  poissard,  44.)  — 
(c  Quoique  ces  mots  ressemblent 
beaucoup  plutôt  aux  engueule- 
ments  de  Valentino.  »  (A.  Mil- 
laud,  75.) 

ENGUEULER  :  Invectiver.  -- 
a  Et  puis  j'  vous  engueule  la  vi- 
laine. »  (Rétif,  1783.) 

ENGUIRLANDER  :  Circonve- 
nir doucement.  V.  Trychine. 

ENLEVÉ  :  Réussi,  très-entraî- 
nant.—-On  dit:  un  article  enlevé, 
au  journal;  une  scène  enlevée,  au 
théâtre.  —  Une  œuvre  s'enlève 
à  la  plume  comme  une  position 


ennemie  à  la  baïonnette.  — a  Un 
article  vivant  et  enlevé.  »  (J.  Ler- 
mina.) 

ENLEVÉE  :  Correction,  répri- 
mande. 

ENLEVER  (s')  :  Mourir  de 
faim.  (Halbert.)—  Ce  mot  ex- 
pressif peint  l'homme  n'ayant 
plus  rien  dans  le  corps. 

ENLEVER  LE  BALLON: 
Donner  un  coup  de  pied  au  der- 
rière. 

ENMERDEMENT:V.  Em- 
mer  dément. 

ENQUILLER  :  Cacher  entre 
ses  jambes  un  objet  volé.  V.  Dé- 
tourneur. 

ENQUILLER  :  Entrer.  Mot  à 
mot  :  jouer  des  quilles  dans.  — 
Ancien  mot,  car  Du  Cange  donne 
déquiller  :  sortir.  V.  Baptême. 

ENQUILLEUSE  :  Voleuse  qui 
a  la  spécialité  d'enquiller.  On 
disait  autrefois  anquilleuse.  C'est 
un  vieux  mot  que  le  dictionnaire 
de  Trévoux  signale  comme  em- 
ployé fréquemment  dans  le  texte 
des  arrêts  de  la  Tournelle. 

ENQUIQUINER:  Insulter 
grossièrement.  Sens  intraduisi- 
ble. —  a  Briolet  et  Crinchon,  pré- 
venus de  coups  volontaires  sur  la 
personne  de  Guillaumin,  se  bor- 
nent à  dire  qu'il  les  avait  enqui- 
quinés. »  {Petit  Journal^  26  août 
66.) 

ENSECRÉTER  :  Agencer  une 
marionnette.  Mot  à  mot  :  lui 
donner  le  secret  qui  la  meut. 
—  «  Ensecréter  un  bouisbouis 
consiste  à  lui  attacher  tous  les 
tiis  qui  doivent  servir  à  le  faire 
mouvoir  sur  le  théâtre.  »  (Privât 
d'Anglemont.) 


ENT 


i56 


ENT 


ENRHUMER  :  Ennuyer.  (Hal- 
bert.) 

ENROSSER  iDonnerune rosse 
pour  un  bon  cheval.  —  «  Des 
maquignons  des  Champs-Ely- 
sées les  ont  enrossés.  »  (Roque- 
plan.) 

ENTAILLER  :  Tuer  avec  une 
arme  tranchante.  (Halbert.) 

ENTAULER,  ENTOLER  :  Pé- 
nétrer dans  une  maison.  V. 
Taule. 

ENTERVER,  ENTRAVER  : 
Savoir.  —  Du  vieux  mot  entre- 
ver  :  entrevoir.  —  «  Electre  le 
parlait,  dit- on  (l'argot).  Iphi- 
génie  aussi  l'enlravait  gourde- 
ment.  »  (Grandvdl,  1723.) 

ENTIF  (battre  1')  :  parler  ar- 
got. (Rabasse.) 

ENTIFFER  ;  Pénétrer.  (Ra- 
basse.) 

ENTIFFLE,  ENTIFLEMENT, 
ENTIFLER,  V.  Antifle,  antifier, 
etc. 

ENTIFLÉ  ;  Marié,  vivant  en 
concubinage.  (Rabasse.)> 

ENTOLER  :  Pénétrer  dans 
maison  (tôle)  pour  voler. 

ENTONNE  :  Chapelle.  (Hal- 
bert.) Forme  d'Antonne. 

ENTORTILLER  :  Circonve- 
nir, capter. 

ENTOURNURES  (être  gêné 
aux)  :  Être  dans  une  situation 
aussi  gênante  que  si  l'on  portait 
un  habit  trop  étroit  d'entour- 
nures. 

EN-TOUT-CAS  :  Ombrelle- 
parapluie.  —  a  L'ingénue  va  les 
deux  mains  dans  les  poches  de 


son  paletot,  l'en-tout-cas  accro- 
ché à  un  bouton.  »  (E.  \  illars, 

66.) 

ENTRAINER  :  Soumettre  à  un 
régime  d'amaigrissement.  —  «  Il 
y  a  des  gens  entraînés,  c'est-à- 
dire  soumis  à  un  réginie  d'exer- 
cice et  d'aliments  qui  débarrasse 
leur  chair  de  toutes  les  matières 
graisseuses.  »  (A.  de  Bréhut.) 

ENTRAINER  :  —  «  Entraîner 
un  cheval,  c'est  l'animer  et  l'eni- 
vrer graduellement  par  la  course 
et  par  des  obstacles  légers  d'a- 
bord, dont  le  plus  grand  est  le 
dernier.  »  (A.  Karr.) 

ENTRAINEUR  :  Cavalier  fai- 
sant métier  d'entraîner  les  che- 
vaux. —  a  Les  entraîneurs  sont 
presque  tous  Anglais.  »  (Paz.)  — 
Entraîneur  se  prend  au  fii^uré. 
«  'Vienne  un  homme  fatal,  sa- 
chant s'imposer  à  cette  plèbe,  et 
lui  servir  d'entraîneur,  on  sera 
épouvanté  des  résultats.  »  (J.  de 
Précy.) 

ENTRANT  :  Se  dit  d'un  hom- 
me plus  qu'insinuant,  cherchant 
à  tout  mener  à  sa  guise.  — (7est 
une  importation  du  provençal 
«  Intrant,  intranta  :  intrigant, 
intrigante,  hardi,  effronté,  qui 
s'insinue.  »  (Honnorat,  47.) 

ENTRA'VAGE  :  Conception. 
(Colombey.)  V.  Enterver, 

ENTRAVER  :  Comprendre.  V. 
Enterver. 

Entraver  niberte  ;ï>Ie  pas  com- 
prendre. (Rabasse.)  Niberte  est 
une  forme  altérée  de  nibergne. 

ENTRÉE  DES  ARTISTES  : 
Anus.  Allusion  à  la  porte  d'en- 
trée des  artistes  d'un  théâtre,  or- 


EPI  —  1 

dinairement  placée  derrière  l'é- 
difice. 

ENTRKFILETS  :  Note  de  jour- 
nal insérée  entre  deux  filets.  — 
a  Je  lis  dans  le  dernier  numéro 
de  la  Rue  cet  entrefilet  éton- 
nant. »  (V.  Noir.) 

ENTROLLEMENT  :  Vol.  V. 
Dabe. 

ENTROLLER  :  Emporter.  V. 
Antroller, 

ENVOYER    EN    PARADIS    : 

Tuer.  —  «  Que  j' t'y  prenne  à  me 
faire  des  queues,  j'  t'envoie  en 
paradis.  »  (H.  Monnier.) 

ÉPARGNER  LE  POITOU  : 
Prendre  des  précautions.  (Ra- 
basse.) 

ÉPATE  :  Grand  étalage.  — 
a  Tu  fais  tes  épates  avec  ta  pelure 
de  velours  de  coton.  »  {Les  Co- 
cottes, 64. j  —  «  Ces  jeunes  trou- 
piers font  de  l'épate,  des  embar- 
ras si  vous  aimez  mieux.  »  (No- 
riac.) 

Faire  des  épates  :  Faire  l'hom- 
me  important.  (Rabasse.) 

ÉPATEMENT  :  Stupéfaction. 
—  «  Tout  était  nouveau  pour 
moi.  J'étais  dans  l'épatement.  » 
{Commentaires  de  Loriot.) 

ÉPATER  :  Écraser  d'étonne- 
ment.  —  a  II  nous  regarde  d'une 
façon  triomphante,  et  il  dit  :  «Je 
les  ai  épatés,  les  bourgeois.  » 
(Privât  d'Anglemont.)  —  «  Elle 
porte  toujours  des  robes  d'une 
coupe  épatante.»  {Les  Étudiants, 
1860.) 

ÉPATEUR  :  Faiseur  d'embar- 
ras. (Rabasse.) 

ÉPICÉ  :^  Porté  à  un  prix  exa- 
géré. V.  Épicier  {cher). 


57  -  EPO 

ÉPICER  :  Railler.  (Vidocq.) 

ÉPICERIE  :  Mesquinerie.  - 
«  L'épicerie  du  siècle  avait  enfin 
rompu  le  cercle  magique  d'ex- 
centricité dont  Rodolphe  s'était 
entouré.  »  (Th.  Gautier,  38.) 

ÉPICE-VINETTE  :  Épicier. 
(Colombey.) 

ÉPICIER  :  «  Les  romantiques 
n'avaient  de  commun  que  leur 
haine  des  bourgeois  qu'ils  appe- 
lèrent génériquement  épiciers 
(  1 83o).  La  société  ne  sedivisa  plus 
à  leurs  yeux  qu'en  bourgeois  et 
en  artistes,  les  épiciers  et  les 
hommes.  »  (Pr.  d'Anglemont.) 

ÉPICIER  :  Mesquin,  grotes- 
quement  commun.  —  «  Allons 
vraiment,  c'est  épicier.  »  (Balzac) 

ÉPICIER  (cher)  :  Homme  qui 
se  fait  payer  très-cher.  —  Allu- 
sion aux  anciens  frais  de  justice 
dits  épices,  encore  plus  considé- 
rables qu'aujourd'hui. 

ÉPINARD  :  Peint  en  vert  cru 
dit  vert  épinard.  —  «  Le  mercier 
amateur  de  jolis  paysages  épi- 
nard. »  (Daumier.) 

ÉPONGE  :  Maîtresse.  —  C'est 
épouse  avec  changement  de  fi- 
nale. 

ÉPONGE  D'OR  :  Avoué.  (Mo- 
reau  G.)  —  Cette  corporation 
passe  pour  absorber  l'or  de  sa 
clientèle. 

ÉPOULARDEUSE  raLesépou- 
lardeuses  sont  de  vieilles  ouvriè- 
reschargées  de  classer  les  feuilles 
de  tabac  qui  arrivent  de  Cuba  à  la 
manufacture  du  Gros-Caillou.  » 
(Du  Boisgobey.) 

ÉPOUSER  LA  FOUGANDIÈ- 


ES 


-  i58  -- 


ESC 


RE  :  Jeter  le  produit  du  vol  de 
peur  d'être  arrêté,  (Grandval.) 

ÉPOUX,  ÉPOUSE  ;  Amant, 
maîtresse.  —  «  Vous  pouvez 
amener  vos  épouses,  il  y  aura 
noces  et  festins;  nous  avons 
Adèle  Dupuis,  mademoiselle  Mil- 
lot,  ma  maîtresse.  »  (Balzac.)  V. 
Monsieur. 

ÉQUERRE  (fendre  son)  :  Fuir. 
Les  jambes  ouvertes  figurent  une 
équerre. 

ÉQUIANGLE,  ÉQUILATÉ- 
RAL,  ÉQUIPOLLENT  :  Indiffé- 
rent, égal.  —  Ce  synonyme  géo- 
métrique n'est  usité  que  dans  les 
écoles  spéciales. 

ÉR  AILLER  :  Tuer.  (Grandval.) 
—  Acception  ironique  du  mot 
qui  se  dit  d'ordinaire  pour  écor- 
cher  légèrement. 

ÉRAILLER  :  Prendre.  V.  En- 
grailler. 

ÉREINTEMENT  :  Critique  ex- 
cessive. —  «  Monsieur  Wolff, 
s'écria-t-il,  il  faudra  écrire  un 
éreintement  sur  le  maudit  crou- 
pier. »  (A.  Wolff,  75.) 

ÉREINTER  :  Maltraiter.  — 
«  Tu  pourras  parler  des  actri- 
ces... tu  éreinteras  la  petite  Noé- 
mie.  »  (E.  Augier.)  —  a  Donc  le 
livre  de  Charles  fut  éreinté  à  peu 
près  sur  toute  la  ligne.  »  (De 
Concourt.) 

ÉREINTEUR  :  Critique  vio- 
lent. —  «  Je  me  l'étais  figuré, 
d'après  sa  politique  violente, 
comme  un  robuste  éreinteur.  » 
{Événement^  mars,  66.) 

ES  :  Escroc.  (Halbert.)  —  Abré- 
viation. V.  Croc. 


ESBASIR  :  Tuer.  (F.  Michel.) 

ESBIGNER  (s')  :  Senfuir.  V. 
Casser. 

ESBLINDER  :  Stupéfier, 
anéantir.  —  «  Ça  m'ttonne  un 
peu,  mais  ce  qui  m'esblinde, 
comme  disent  les  cocottes  de  la 
haute,  c'est  que  M.  Castsllano  ait 
reçu  le  drame.  »  (Le  Tam-Tam, 
75.) 

ESBROUFFE  :  Fanfaronna- 
des, étalage  de  grands  airs.  — 
«  Pas  d'esbrouffe  ou  ]c  repasse 
du  tabac.  »  (P.  Bore],  33.)  — 
«  Faut  pas  faire  ton  tsbrouffe, 
vois-tu!  ça  ne  prendnit  pas.  » 
(Cogniard,  3i.) 

ESBROUFFER  :  Intimider, 
en  imposer.  —  Du  vijux  mot 
esbouffer  :  éclabousser.  Le  Glos- 
saire de  Ducange  cite  un  exem- 
ple de  cette  acception  a  la  date 
de  i383.  —  «Allons,  me  uche-lui 
le  quinquet,  ça  l'esbrouffera.  » 
(Th.  Gautier.) 

ESCANER  :  Oter.  (Halbert.) 

ESCAPER,  ESCAPOUGHER  : 

Assassiner.  Abréviation  i'escar^ 
per. 

ESCARCHER  :  Regarder.  — 
Pour  escracher. 

ESCARGOT  :  Vagabond.  (Ra- 
basse.)  —  Il  porte,  comme  l'es- 
cargot, sa  maison  sur  le  de  s,  puis- 
qu'il n'a  pas  d'asile. 

ESCARPE,  ESCAPOUCHON: 
ce  Voleur  détournant  apris  mi- 
nuit sur  la  voie  publique,  par 
violence  et  quelquefois  j^ar  as- 
sassinat. »  (Canler.)  —  Mot  à 
mot  homme  qui  escarpe. 

ESCARPER    :    Assassîjœr.  — 


ESC 


-i59- 


ESP 


Du  vieux  mot  escharper  :  tailler 
en  pièces.  Le  mot  entailler  offre 
la  même  image.  —  «  Mais  tu 
veux  donc  que  je  t'escarpe.  »  (E. 
Sue.)  V.  Criblage. 

ESCAVER  :  Empêcher.  (Hal- 
bert.) 

ESCLAVE  :  Domestique,  gar- 
çon de  restaurant. —  Ironie  venue 
avec  Rachel  et  la  renaissance  de 
la  tragédie.  —  «  Faut-il  annon- 
cer mademoiselle  Turlurette? 
—  Pas  de  bêtises,  esclave  !  an- 
nonce mademoiselle  de  Plume- 
vert.  »  (C.  Gripp.) 

ESCLOT  :  Sabot.  (Halbert.) 
Vieux  mot. 

ESCLOTIER  :  Sabotier. 

ESCOBAR  :  Homme  qui  esco- 
barde.  —  Allusion  à  la  subtilité 
dont  le  P.  Escobar  a  fait  preuve 
dans  ses  livres  de  casuistique  re- 
ligieuse. 

ESGOBARDER  :  Équivoquer 
sur  les  mots,  agir  cauteleuse- 
ment.  — «J'en  donne  sept  francs 
dix  centimes.  —  Mais  j'ai  dit 
avant  vous  sept  francs  deux  sous. 
C'est  la  même  chose...  Vous  vou- 
lez escobarder.  »  (M.  Alhoy.) 

ESCOFIER  :  Tuer.  —  Usité 
dès  1808.  Escofion  voulait  dire 
autrefois  mauvais  coup.  —  «Trois 
sentinelles  ont  déjà  été  esco- 
fiées.  »  (Cogniard,  3i.) 

ESCOUTES  :  Oreilles.  (Grand- 
val.) —  Effet  pris  pour  la  cause. 

ESCRACHE  :  Passe-port,  pa- 
piers. —  C'est  le  vieux  mot  escrit 
avec  changement  de  finale.  — 
«  Le  curieux  a  servi  ma  bille, 
mais  j'ai  balancé  mes  escraches.» 
(Vidocq.) 


Escrache  tarte  :  Faux  passe- 
port. 

ESCRACHER  :  Demander  le 
passeport  (escrache),  interroger. 

En  passant,  le  portier  vous  escrache  ; 
J'étais  fargué,mais  l'habit  cachait  tout. 
Le  jardinant,  je  frisais  ma  moustache; 
Un  peu  d'  toupet  et  je  passe  partout. 

(Halbert.) 

ESGANACER  :  Rire.  (Hal- 
bert.) 

ESGARD  (faire  l')  :  Dérober  à 
ses  complices  une  part  de  vol. 
(Vidocq.)  Mot  à  mot  :  garder  en 
dehors  (exgarder). 

ESGOUR  :  Perdu.  (Halbert.) 
ESGOURDE  :   Oreille.    (Ra- 
basse.)  Forme  d'esgourne, 

ESGOURNE  :  Oreille.  —  Abré- 
viation à'esgouverne. 

Pègres  traqueurs,  qui  voulez  tous  du 

fade, 
Prêtez  l'esgourne  à  mon  dur  boniment. 
(Lacenaire,  Mémoires,  i836.) 

ESGOUVERNEi  Oreille.  {Pe- 
tit Dictionnaire  d'argot^  44.) 

ESPAGNOL  :  Vermine.  (Co- 
lombey.)  Elle  ne  manque  pas  en 
Espagne. 

ESPALIER  :  Réunion  de  figu- 
rantes chargées  de  garnir  un  dé- 
cor comme  un  espalier  garnit 
un  mur.  —  On  rencontre  déjà  le 
mot  au  dernier  siècle.  —  «  Les 
petites  filles  qui  se  destinent  à 
être  danseuses  et  qui  figurent 
dans  les  espaliers.  »  (Th.  Gau- 
tier.) V.  Bouisbouis. 

ESPÉRANCES  :  Espérances 
d'héritages  importants.  —  «  Mon- 
sieur est  un  des  oncles  qui  figu- 


ESS 


iGo  — 


EST 


rem  parmi  nos  espérances.  » 
(P.  Véron.) 

ESPIGNER  (s')  :  Fuir.  (Grand- 
val.)  Pour  s'esbigtier. 

ESPRIT  FRA.PPEUR  :  Ce  mot 

sert,  depuis  iSSy  environ,  à  dé- 
signer la  cause  de  coups  qu'on 
prétend  frappés  par  des  esprits 
invisibles  et  qu'on  traduit  en 
langue  vulgaire  au  moyen  d'un 
alphabet  de  convention.  Les  es- 
prits frappeurs  ont  leurs  socié- 
tés, dites  spirites,  leurs  journaux 
et  leurs  souscripteurs. 

ESQUE  (faire  1')  :  Dérober  une 
part.  —  Abréviation  d'esgard. 

ESQUINTEMENT  :  Fatigue 
extrême. 

ESQUINTEMENT  :  Effraction, 
r-  «  Cambriolle,  tu  maquilleras 
par  carouble  et  esquintement.  » 
(Vidocq.) 

ESQUINTER  :  Fracturer.  — 
Roquefort  donne  avec  le  même 
sens  le  verbe  Esquatir. 

ESQUINTER  :  Battre.— «Ceux 
qui  veulent  se  faire  esquinter 
peuvent  venir  me  trouver,  je 
m'appelle  Bonne-Lame.  »  (Vidal, 
i833.) 

ESQUINTER  :  Harasser,  épui- 
ser. —  «  Que  dirais-tu,  si  au  lieu 
d'avoir  le  fouet  à  la  main,  tu 
étais  obligé  de  t'esqumter  com- 
me nous  à  la  limonière.''  »  (Bu- 
chon.)  V.  Bridon. 

ESQUINTEUR  :  Voleur  par  ef- 
fraction. 

ESSUYER  LES    PLATRES    : 

Habiter  le  premier  un  apparte- 
ment neuf.  —«Ces  locataires  des 
bâtisses  récentes  reçurent  dans 
Torigine  le  surnom  disgracieux, 


mais  énergique,  d'essuyeuses  de 
plâtres.  L'appartement  assaini, 
on  donnait  congé  à  la  pauvre 
créature,  qui  peut-être  y  avait 
changé  sa  fraîcheur  contre  des 
fraîcheurs.  »  (Th.  Gautier,  45.) 
Se  prend  au  figuré  :  «  Ses  bons 
amis  s'étaient  propose  de  lui 
faire  essuyer  les  plâtres  de  la  Ré- 
publique. »  (Jouvin,  75.) 

ESTAFON  :  Chapon.  (Grand- 
val.) 

ESTIO  :  Esprit.  (Halbcrt.)  Pour 
estoc. 

ESTIME  (succès  d')  :  Succès 
douteux  et  qui  serait  plus  dou- 
teux encore  sans  l'esti  ne  dont 
jouit  un  auteur  ou  un  artiste.  — 
«  Jusque-là  je  n'avais  obtenu 
qu'un  succès  d'estime,  mon  grand 
succès  commença.  »  (Vie  pari^ 
sienne,  66.) 

ESTOC  :  Esprit,  malice.  —Ac- 
ception figurée  de  estoc,  pointe 
acérée.  —  On  dit  d'un  homme 
spirituel  :  il  a  de  l'estoc. 

ESTOM  :  Estomac.  —  Abré- 
viation. —  «  Je  lui  appuie  le  ge- 
nou sur  l'estom.  »  (Monselet.) 

ESTOMAQUÉ  :  Étonné,  stu- 
péfait, interdit  comme  si  on  avait 
reçu  un  coup  violent  à  l'estomac. 

ESTORGUE  :  Fausseté.  — 
Chasses  à  Vestorgue  :  Ytux  lou- 
ches. (Vidocq.)  Du  vieux  mot  eS" 
tor  :  duel,  conflit.  —  Des  yeux 
louches,  comme  on  dit  tlans  le 
peuple,  se  battent  en  duel.  V.  Dé- 
vider. 

ESTOUFFKR  :  Empocher  sans 
bruit  un  bénéfice.  —  Le  mot  se 
comprend  facilement. 

ESTOURBIR  :  Tuer.  —  Pour 
étourdir,  Basourdir  présente  la' 


ETO 


-  i6i  - 


ETR 


Tnême  image.  •—  «  En  goupinant 
de  cette  sorte,  les  parrains  seront 
estourbis;  il  sera  donc  impossi- 

I   ble  de   jamais  être  marrons.  » 

I  (Vidocq.y 

j      ESTRANGOUILLER  :  Étran- 
hîgler.  —  Du  latin  strangulare. 

(       ÉTAT -MAJOR.     V.    Bureau 
i   arabe. 

I       EST U  QUE  :  Part  de  vol.  (Co- 
j  i  lombey.) 

!  ESTUQUER  :  Être  frappé. 
^  (Grandval.) 
^  ÉTALAGE  (vol  à  1')  :  «  Le  vol 
à  Te'taiage  se  fait  en  partie  dou- 
ble. Un  voleur  enlève  un  objet 
et  se  sauve.  Son  complice  dit  au 
marchand  :  On  vient  de  vous 
voler,  et  vole  à  son  tour  quand 
le  boutiquier  se  met  à  la  pour- 
suite du  voleur.  »  (Du  Camp.)  — 
Le  plus  souvent  aussi,  ce  vol  s'o- 
père à  l'aide  d'un  faux  acheteur, 
et  d'un  compère  recevant  par 
derrière  les  objets  volés. 

ÉTEIGNOIR  :  Nez  aussi  ou- 
vert qu'un  éteignoir.  —  «  Quel 
nez  !  Rien  que  de  l'apercevoir,  on 
se  dit  :  Quel  éteignoir!  »  (Gui- 
nod,  1839.)  V.  Piton. 

ÉTEIGNOIR  :  Personne  assez 
maussade  pour  éteindre  la  gaieté 
de  ses  voisins,  ou  assez  jalouse 
pour  annihiler  ceux  qui  l'appro 
chent. 

ÉTERNUER  DANS  LE  SON  : 
Mourir.  (Rabasse.)  — •  N'a  dû  se 
dire  d'abord  que  des  morts  guil- 
lotinés dont  la  tête  tombe  dans 
un  panier  plein  de  son. 

ÉTOILE  :  Croix  d'honneur. 
—  «  Ceux  qui  n'ont  pas  l'étoile 
disent  :  Bon  !  je  l'aurai  une  autre 
fois,  n  (E.  Suç.) 


Avoir  les  deux,  avoir  les  trois 

étoiles  :  Être  nommé  général  de 
brigade,  général  de  division.  — 
Ces  étoiles  placées  sur  l'épaulette 
sont  la  marque  de  chaque  grade. 

ÉTOILE:  Femme  réputée  dans 
le  monde  officiel,  le  monde  ga- 
lant ou  le  monde  dramatique. — 
«  Quand,  au  sommet  de  l'affiche, 
un  nom  apparaît  en  gros  carac- 
tères, c'est  une  étoile.  On  appe- 
lait cette  distinction  la  vedette, 
espèce  de  sentinelle  avancée  de 
l'art;  mais  les  femmes  ont  pré- 
féré ïétoile.  C'est  plus  brillant.» 
(J.  Duflot.)  —  «  Il  est  temps  d'é- 
clairer sur  le  passé  de  ces  étoiles 
poudrées  de  riz,  qui  ont  la  loge 
du  concierge  pour  berceau.  » 
(Marx.) 

ÉTOUFFE,  ÉTOUFFOIR  : 
Maison  de  jeu  clandestine.  (Co- 
lombey.)  V.  Estouffer, 

ÉTOUFFER  :  Avaler.  V.  Ba- 
varoise. 

ÉTOURDIR  :  Solliciter.  (Co- 
lombey.) 

ÉTRANGÈRE  (piquer  1')  :  Pen- 
ser à  des  choses  étrangères  à  celles 
qui  doivent  occuper.  —  «  Il  en 
est  qui  ne  se  font  point  scrupule 
de  piquer  l'étrangère,  bouquiner, 
piquer  un  chien,  c'est-à-dire  rêver 
pendant  les  classes,  lire  des  livres 
interlopes  ou  se  pelotonner  dans 
un  coin  pour  dormir.  »  (La  Bé- 
doUière.) 

ÉTRANGLER  :  Boire.  V.  Per- 
roquet. —  ((  Te  v'ià  toi,  rebut  des 
^avetiers,  étrangleux  de  d'mi- 
s'tiers.  »  {Fort  en  gueule,  20,  in- 
12.) 

ÊTRE  (1')  :  Être  trompé  par  sa 
maîtresse  ou  par  sa  femme,   — 


ÉTR 


162  — 


EXG 


a  C'est  notre  sort... C'en  est  fait... 
je  le  suis.  »  (De  Perihes,  36.)  V. 
Pincé, 

ÊTRE  (1')  :  Être  vierge.  —«Je 
le  suis  encore,  m'a-t-elle  dit  en 
riant.  »  (Rétif,  1786.) 

ÊTRE  AVEC;  Être  maîtresse 
ou  amant.  —  «  Être  avec  un  An- 
glais, c'était  pour  les  femmes  une 
fortune.  »  (Villemot.) 

ÊTRE  (en)  :  Être  de  la  police 
secrète.  —  «  Il  n'est  pas  assez 
malin  pour  en  être.  »  (Balzac.) 

ÊTRE  (en)  :  «  Ménage,  dans 
ses  Origines j  dit  Tallemant  des 
Réaux,  avait  commencé  sa  dis- 
sertation sur  le  mot  Bougre  par 
ces  mots  :  Bougre  :  Je  suis  de 
l'avis,  etc.  —  Ah!  lui  dit  Bautru 
en  se  moquant,  vous  en  êtes  donc 
aussi  et  vous  l'imprimez.  Tenez  ! 
il  y  a  bien  moulé  :  Bougre  je 
suis.  »  Comme  Bautru,  et  dans 
ie  même  sens,  on  dit  encore  :  // 
en  est.  Sur  ce  terrain  honteux, 
les  synonymes  pullulent;  ils 
prouvent  la  persistance  d'un  vice 
qui  semble  éprouver,  dans  les 
deux  sexes,  le  besoin  de  se  ca- 
cher à  chaque  instant  derrière 
un  nom  nouveau.  Nous  rappe- 
lons ici  pour  mémoire  et  sans 
les  expliquer  ailleurs,  les  mots  : 
pédé,  bique  et  bouc,  coquine,  pé- 
déro,  tante,  tapette,  corvette,  fré- 
gate, jésus,  persilleuse,  honteuse, 
rivette ,  gosielin ,  emproseur , 
émile,  gousse,  gougnotte,  chi~ 
pette,  magnusse,  etc.,  etc. 

ÉTRENNER  :  Recevoir  des 
coups,  donner  des  coups.  (Ra- 
basse.)  —  Ces  sens  contraires  sc 
retrouvent  dans  l'acception  la 
plus    populaire    d'étrenner    <^ui 


veut  dire  à  la  fois  venire  et  ache 
ter.  «Je  n'ai  pas  encorj  étrenné,) 
dit  la  marchande  qui  n'a  rier 
vendu,  ce  C'est  vou.^  qui  m'é- 
trennez,  »  dit-elle  à  son  premiei 
acheteur.  Ces  deux  derniers  sens 
font  allusion  au  premier  jour  de 
l'an,  dit  des  étrennes. 

ÉTRILLAGE  :  Perte  d'argent. 
«  Un  bon  coup  d'étrillage  est  de 
l'argent  prêté.  »  (Alyg^.) 

ÉTRILLER  :  Faire  payer  trop 
cher. 


Suranné.    V. 


ÉTRUSQUE 
Mâchoire. 

ÉTUDIANTE  :  Maîtresse  d'é- 
tudiant. —  «  Toute  étudiante 
pur-sang  fume  son  petit  cigare.» 
(L.  Huart.)  V.  Haute,  Calicote. 

EURÊKA  :  J'ai  trouvé.—  Hel- 
lénisme. —  «  Une  demi-heure 
après,  je  pouvais,  moi  aussi, 
m'écrier  comme  Archinède  :  Ew 
rêka.  »  (Privât  d'Angkmont.) 

ÉVANOUIR  (s')  :  Mourir,  s'en- 
fuir. 

ÉVAPORER  (s')  :  S'enfuir.  — 
«  Il  se  lève  et  me  dit  :  Puisqu'il 
ne  vient  pas,  je  m'é\apore.  » 
{Petit  Moniteur  dn  20  juillet 66.) 

EXBALANCER  :  Ren  ,oyer.  V. 
Balancer. 

EXCUSEZ,  EXCUSEZ  DU 
PEU  :  Locution  ironi  [uement 
admirative.  —  C'est  comme  si 
l'on  disait  :  Excusez  un  si  petit 
chiffre!  (quand  ce  ch  tfre  est 
énorme).  —  a  II  y  avait  2  3,ooo 
Français  par  terre...  Excusez  du 
peu  !  »  (Balzac.) 

EXCUSO  :  Excusez!  —  Chan- 
gement de  finale.  —  a  01  !  atten- 
tion !  V'ià  Oscar...  il  f-irae  un 


FAC 


-  i63  - 


FAD 


cigare  d'un  sou...  Excuso!  ça  n' 
se  refuse  rien...  décidément,  je  le 
crois  calé.  »  (Marquet.) 

EXÉCUTÉ ,  EXÉCUTER , 
i:XÉCUTION  :  «  Une  exécution 
en  bourse,  on  le  sait,  n'est  autre 
chose  que  la  faillite  du  boursi- 
cotier; faillite  d'autant  plus  cou- 
pable que  l'exécuté  savait  très- 
bien,  au  moment  de  son  marché, 
qu'il  ne  pourrait  pas  tenir  ses 
engagements  à  l'échéance;  mais 
comme  on  n'exécute  en  Bourse 
que  l'honneur,  l'exécuté  se  rit 
de  sa  propre  exécution.  »  {Bour- 
sicotiérisme.) 

EXPÉDIER  :  Tuer.  Mot  à  mot: 
expédier  en  l'autre  monde. 

EXPRESS  :  Train  rapide,  con- 
duisant à  destination  sans  les 
arrêts  ordinaires.  —  Abréviation 
de  train  express.  Anglicanisme. 

EXTRA  :  D'une  qualité  supé- 


rieure. —  Latinisme.  —  Dans  le 
commerce,  on  le  met  à  toutes 
sauces  et  souvent  mal  à  propos. 

EXTRA  :  Repas  plus  soigné 
qu'à  l'ordinaire.  —  «  Je  crois 
qu'on  peut  bien  se  permettre  un 
petit  extra  une  fois  par  mois.  » 
(Canler.) 

EXTRA  :  Aux  tables  d'offi- 
ciers, un  extra  est  un  invité. 

EXTRA  :  Au  café  ou  au  res- 
taurant à  prix  fixe,  on  appelle 
extra,  soit  un  plat  demandé  en 
dehors  de  la  carte,  soit  un  gar- 
çon supplémentaire  venant  aider 
au  service. 

EXTRA  (vin  d')  :  Bouteille  de 
vin  fin.  —  «  L'étranger  demande 
une  bouteille  de  vin  extra;  et 
voilà  que  domestiques  et  patrons 
délaissent  le  client  d'un  an  pour 
le  client  d'un  jour.  »  (Marx.) 


F 


FABRIQUÉ  (être)  :  Être  ar- 
rêté. (Rabasse.) 

FACE  :  Monnaie.  (Grandval.) 
—  Allusion  à  l'effigie  {face) 
royale.  —  a  Je  n'ai  plus  de  faces. 
La  drôlesse  me  chasse.  »  (De- 
courcelle,  32.) 

^  FACIES  :  Figure,  face.  —  La- 
tinisme. —  «  C'est  mon  épouse... 
Un  assez  beau  faciès,  hein?  » 
(Labiche.)  —  «  Tu  mériterais 
qu'on  coulât  ton  faciès  en  bron- 
26.  »  (Montépin.) 


FACTIONNAIRES  :  Excré- 
ments déposés  aux  abords  de  cer- 
tains murs  ;  comme  un  faction- 
naire, ils  empêchent  d'y  passer. 
—  «  Dans  les  escaliers  à  chaque 
instant,  elle  vous  pose  des  fac- 
tionnaires qui  ne  crient  pas  :  qui 
vive  !  aux  passants.  »  (Dalès.) 


FAD,  FADE  :  Part  de  vol.  — 
«  Ruffart  a  son  fade  chez  la  Go- 
nore,  dans  la  chambre  de  la  pau- 
vre femme.  »  (Balzac.)  V.  Es- 
gourne. 


FAG 


—  164  — 


FAI 


FADAGE  :  Partage  de  vol. 

FADARD,  FADE  :  Élégant.  — 
«  Eh  !  va  donc,  grand  fade  !  » 
(Ricard.)  —  «  Dieu  m'  damne!  y 
porte  lorgnon  !  !  !  est-y  fadard  !  » 
{Catéchisme  poissard,  44.) 

FADER  :  Partager  un  vol. 
(Grandval.)  V.  Coquer.  —  Du 
vieux  motjfadiar  :  assigner. 

FADEURS!  (des)  :  «  C'est 
Anna.  —  Avec  qui  est-elle?  — 
Avec  son  premier  amour,  je  crois. 
—  Des  fadeurs  !  »  (Monselet.)  — 
C'est  comme  si  l'on  disait  :  A 
d'autres!  nous  savons  à  quoi 
nous  en  tenir  sur  ces  fadeurs. 

FAFFE,  FAFFIOT,  FAFIOT  : 
Papier  d'identité,  billet  de  ban- 
que. —  Les  deux  derniers  mots 
sont  des  augmentatifs  du  pre- 
mier. Fajfe  est  une  harmonie 
imitative  des  papiers  qu'on  feuil- 
lette. —  cf  On  invente  les  billets 
de  banque;  le  bagne  les  appelle 
des  fafiots  garâtes,  du  nom  de 
Garât  le  caissier  qui  les  signe. 
Fafiot!  n'entendez-vous  pas  le 
bruissement  du  papier  de  soie.» 
(Balzac.) 

FAFFIOT  FEMELLE,  FAF- 
FIOT MALE  :  a  Le  billet  de 
mille  francs  est  un  fajiot  mâle, 
le  billet  de  cinq  cents  un  fafiot 
femelle.  »  (Balzac.)  V.  Camou- 
fler. 

FAFFIOTEUR  :  Papetier.  (Vi- 
docq.) 

FAGOT  :  Aspirant  ou  élève  à 
l'École  des  eaux  et  forêts.  —  Al- 
lusion à  ces  dernières, 

FAGOT,  COTTERET,  FA- 
LODRDE  :  Ancien  forçat.— «Eh  ! 
mais!  je  connais  cet  homme-là. 


C'est  un  fagot.  »  (V.  H  ago.)  — 
Vient,  dit  M.  Fr.  Michel,  de  ce 
que  les  forçats  sont  liés  deux  à 
deux,  comme  les  fagots.  V. 
Campe. 

FAGOT  :  Malfaiteur  surveillé. 
(Rabasse.) 

FAGOT  AFFRANCHI  :  Forçat 
libéré.  (Rabasse.) 

FAIRE  :  Faire  une  conquête 
galante.  —  «  Est-ce  qu'un  hom- 
me qui  a  la  main  large  peut  pré- 
tendre à  faire  des  femmes?  » 
(Ed.  Lemoine,  40.)  —  D^ns  une 
bouche  féminine,  le  mo:  faire 
unit  le  lucre  à  l'amour.  —  «  Tu 
as  donc  fait  ton  journalisie  ?  ré- 
pondit Florine.  — Non,m£;  chère, 
je  l'aime,  répliqua  Coralie.  «(Bal- 
zac.) 

FAIRE  :  Faire  la  place,  com- 
mercialement parlant.  —  «  De 
tous  les  points  de  Paris,  une  fille 
de  joie  accourait  faire  son  Pa- 
lais-Royal. »  (Balzac.)  —  «  Je 
suis  heureux  d'avoir  pris  c;  jour- 
ci  pour  faire  la  vallée  de  l'Oise.» 
(Idem.) —  (c  Méfie-toi  de  ceux  qui 
te  diront  :  je  fais  les  vins  de 
Bordeaux.  »  (Monselet.) 

FAIRE  :  Voler.  —  a  Son  fils 
(\\x\fait  le  foulard  à  ses  moments 
perdus.  »  (Commerson.)  V.  En- 
filage, Rade. 

FAIRE  :  Risquer  au  jeu.  — 
((  Nous  faisions  l'absinthe  au  pi- 
quet à  trois.  »  (Noriac.) 

FAIRE  :  Faire  caca,  a  Avec  ses 
jambes  en  manche  à  balai,  il 
peut  faire  tout  debout  sans  ^âter 
ses  mollets.  »  {Catéchisme  pois- 
sard, 40.) 

FAIRE  (la)  :  Faire  croire  une 


FAI 


^  î65  - 


fAî 


chose  qui  n'est  pas.  —  «  Enfin, 
Anatole,  j'allais  devenir  mère, 
lorsque  l'infâme...  —  Je  la  con- 
nais celle-là,  tu  sais!  il  ne  faut 
pas  me  la  faire.  »  (  Vie  parisienne, 
65.)  —  «  J'ai  choisi  du  Saint- 
Émilion  64,  et  vous  me  donnez 
du  57.  Vous  savez,  celle-là,  il  ne 
faut  pas  mêla  faire.  »  (Idem,  66.) 

FAIRE,  REFAIRE  AU  MÊME  : 
Tromper.  —  «  Garde-moi  le  se- 
cret, brûle  ma  lettre  ;  je  \&\xsi  faire 
ces  drôles-ci...  »  (Rétif,  1776.)  — 
«  Les  soldats  s'imaginent  tou- 
jours que  les  sergents-majors  les 
refont  au  même.  »  (La  Bédol- 
lière.)  —  «  Ce  brigand-là,  dit-il, 
ferait  le  diable  au  même.o)  (Bal- 
zac.) 

FAIRE  CHIBIS  :  S'évader. 
«  S'il  n'y  a  pas  moyen  de  me  faire 
chibis  d'ici,  il  n'y  aura  pas 
moyen  plus  loin.  »  (V.  Intro- 
duction. Lettre  de  Minder.) 

FAIRE  DANS  :  Faire  des  af- 
faires de.  —  On  dit  :  faire  la 
quincaillerie,  l'épicerie,  la  ban- 
que, etc.,  pour  :  Faire  des  affai- 
res dans  la  quincaillerie,  etc. 

FAIRE  A  (la)  :  Tromper  en  si- 
mulant tel  ou  tel  sentiment.  On 
dit  :  Il  nous  la  fait  à  l'héroïsme, 
à  la  terreur,  à  l'innocence,  pour: 
Il  essaie  de  nous  faire  croire  à 
son  héroïsme,  etc.  —  «  Les  comi- 
ques au  contraire  la  faisaient  à 
la  simplicité.  Ils  s'abordaient  d'un 
air  piteux  et  bonhomme  s'appe- 
lant entre  eux  ma pauvr' vieille.» 
(Alph.  Daudet.) 

Les  sentiments  ont  fini  par  être 
représentés  par  des  analogies  vé- 
gétales. Ainsi,  quand  vous  enten- 
dez :  La  faire  à  l'oseille,  cela 
veut  dire  :  outrer  grossièrement. 


M.  J.  Richard  nous  apprend  dans 
une  chronique  de  V Époque  [mdiVS 
66),  qu'il  faut  chercher  l'origine 
du  mot  dans  une  gargote  de  l'an- 
cien boulevard  du  Temple.  Fu- 
rieuse d'entendre  critiquer  la 
confection  d'une  omelette  aux 
fines  herbes  qu'on  ne  trouvait 
pas  assez  verte,  l'hôtesse  du  lieu 
s'écria  un  jour  :  «  Fallait-il  pas 
vous  la  faire  à  V oseille?  »  Les 
auditeurs  firent  la  fortune  du 
mot,  qui  aurait  comporté  plus 
tard  des  variétés  innombrables. 
Nous  ne  suivrons  pas  le  néolo- 
gisme sur  ce  terrain  sans  bornes. 
Nous  en  ferons  juge  le  lecteur 
par  ces  derniers  exemples  :  — 
«  Quelle  charmante  langue  ! 
Quelle  grâce!  Quel  atticisme 
dans  tout  ce  discours  !  Ce  qui 
n'a  pas  empêché  une  jeune  fem- 
me qui  se  trouvait  à  côté  de  moi 
à  la  sortie  de  résumer  ainsi  la 
séance  :  Camille  Doucet  nous  l'a 
fait  à  la  violette  et  Jules  Sandeau 
à  la  verveine.  »  (P.  Dhormoys.) 
a  Mademoiselle Q...  une  brune 
perfide  comme  Londres,  vient 
d'être  délaissée  par  son  protec- 
teur. Aussi  elle  a  transformé  son 
entre-sol  en  un  rocher,  du  haut 
duquel  elle  nous  la  fait  à  la  Ca- 
lypso.  »  (Marx.) 

FAISEUR  :  «  On  entend  par 
faiseur  l'homme  qui  crée  trop, 
qui  tente  cent  affaires  sans  en 
réussir  une  seule,  et  rend  sou- 
vent la  confiance  publique  vic- 
time de  ses  entraînements.  » 
(Lespès.)—  Pris  souvent  en  plus 
mauvaise  part.  Le  faiseur  ci  le 
banquiste  se  confondent.  Pour 
Vidocq,  le  faiseur  n'est  qu'un 
escroc  et  un  chevalier  d'indus- 
trie. 


FAN  —  i66  — 

FAITRÉ  (être)  :  Être  sous  le 
coup  d'une  condamnation  infail- 
lible. 

PALOURDE  :  Forçat  libéré. 
{Petit  Dictionnaire  de  l'argot, 
44.)  V.  Fagot. 

FANAL  :  Estomac.  —  Com- 
paraison de  l'estomac  à  une  lan- 
terne. —  «  Se  bourrer  le  fanal  de 
bouillon,  de  rata.  »  (Wado.)  On 
dit  de  même  :  Mettre  de  l  huile 
dans  la  lampe. 

Ces  deux  dames  se  fourraient  par  le 

fanal 
Petit  vin,  superbe  hareng. 

(Chansonnier  imp  :  Stahl.) 

FANANDE,  FANANDEL  :  «Ce 
mot  de  fanandel  veut  dire  à  la 
fois  :  frères,  amis,  camarades. 
Tous  les  voleurs,  les  forçats,  les 
prisonniers  sont  fanandeJs.  » 
(Balzac.) 

FANFFE,  FANVE  :  Tabatière. 
(Vidocq.)  —  On  dit  aussi  fauve, 
fouffe,  faufFe,  fausse.  Peu  de 
mots  ont  été  plus  altérés. 

FANFOUINER  :  Priser.  — 
Onomatopée  qui  rend  assez  bien 
le  bruit  produit  par  l'aspiration 
du  tabac  dans  les  narines. 

FANTAISIE  (de)  :  Fictif.  Mot 
à  mot  :  dû  à  la  seule  fantaisie  de 
celui  qui  annonce  une  réalité. 
«  La  lorette  avec  aïeux  achète  ses 
ancêtres  chez  les  marchands  de 
bric  à  brac,  ou  bien  elle  demande 
à  un  peintre  un  grand-père  de 
fantaisie  quand  elle  ne  rencontre 
pas  un  aïeul  d'occasion.»  (M.  Al- 
hoy.) 

FANTAISIE  (de)  :  Qui  n'est 
pas  selon  le  règlement  militaire. 
Un  schako  de  fantaisie  est  plus 


FAR 

petit  que  celui  d'ordonnance,  un 
pantalon  est  plus  large,  etc. 

PARA  DA  SE  :  Faire  seul,  se 
suffire  à  soi-même.  —  Italia- 
nisme. --  Se  dit  ironiquement 
chez  nous  depuis  que  k  s  Italiens 
ont  repoussé notreaidecncriant: 
Fara  da  se,  et  en  se  prétendant 
assez  forts  (1849).  —  a  II  aurait 
murmuré,  en  parlant  ai  l'épar- 
gne individuelle,  le  fora  da  se 
des  Italiens.  »  {Paris  Journal , 
juillet  72.) 

FANTAISISTE  :  Homme  ne  se 
soumettant  à  aucune  rti^le,  soit 
dans  ses  œuvres,  soit  dans  sa 
conduite.  — «  Un  doux  souvenir! 
me  répondit  le  fantaisiste,  les 
crins  qui  m'inspirèrent  l'histoire 
du  chignon  de  ma  femme.  » 
(Michu.)  —  «  Il  était  du  reste  fan- 
taisiste jusque  dans  les  questions 
financières.  On  l'avait  va  mettre 
sa  montre  au  Mont-<ie-Piété, 
ayant  dix  mille  francs  clans  son 
portefeuille.  »  (De  Villenessant.) 
—  «  Pichu  le  paysagiste  est  ici. 
Il  est  toujours  le  même  fantai- 
siste effréné.  »  (Marx.)  —  M.  Ca- 
tulle Mendès  a  débute  Jans  les 
lettres  par  la  Revue  fantaisiste. 

FANTASIA  :  Démonstration 
plus  bruyante  que  sirieuse, 
comme  une  fantasia  de  cavaliers 
arabes.  —  «Avant  de  faire  des  ac- 
climatations, avant  de  se  lancer 
dans  lafantasia  (en  piscicalture), 
multipliez  les  espèces  qi  e  vous 
avez  autour  de  vous.  »  (U.  de  la 
Blanchère.) 

Donner  dans  la  fantas  a,  c'est 
aimer  à  faire  fracas. 

FARAUD,  FARAUDE  :  Mon- 
sieur, madame,  mademoiselle. 
(Halbert,  Grandval.) 


fAS 


—  167  — 


FAU 


FARAUDEC,   FARAUDENE : 

Madame,  mademoiselle.  (Fr.  Mi- 
chel.) 

FARCE  :  Comique.  —  «  C'est 
farce  !  Mais  vous  faites  de  moi  ce 
que  vous  voulez.  »  (E.  Sue.) 

FARCES  :  Infidélite's.  —  «  On 
ne  peut  pas  faire  des  farces  à  sa 
Ni  ni...  v'ià  ce  qui  vous  chif- 
fonne. »  (Gavarni.) 

FARCEUR  :  Homme  sur  le- 
quel on  ne  peut  compter. 

FARCEUSE  :  Femme  galante. 
—  «  Lorsqu'une  farceuse  vou- 
dra me  séduire,  je  lui  dirai  :  Im- 
possible. »  {Amours  de  Mahieu, 
32.) 

FARCHER  DANS  LE  PONT  : 
Tomber  dans  le  piège.  (Halbert.) 
Altération  de  faucher. 

FARGUE  :  Charge.  (Vidocq.) 

FARGUER  :  Charger.  V.  Es- 
cracher. 

FARGUER  :  Devenir  rouge 
(Grandval.) 

FARGUKMENT  :  Rougeur. 
(Colombey.) 

FARGUEUR  :  Témoin  à 
charge.  (Vidocq.) 

^  FARIDONDAINE  (être  à  la)  : 
Être  sans  argent.  (Rabasse.) 

FARNANDEL  :  Camarade  de 
prison.  (Rabasse.)  Forme  de/^- 
nandel. 

FA  ROT  :  Monsieur.  Forme  de 
Faraud. 

FARRE  :  Vite.  —  «  Farre, 
farre,  la  marcandière,  nous  se- 
rions béquilles.  »  (Vidocq.) 

FASSOLETTE  :  Mouchoir  de 
poche.  —  Italianisme. 


FAUBLAS  :  Séducteur  de  fem- 
mes. —  C'est  le  nom  du  héros 
d'un  roman  bien  connu.  — «  i  ous 
les  hommes  de  dix-huit  ans  sont 
des  Dons  Juans,  à  moins  qu'ils 
ne  soient  des  Lovelaces  ou  des 
Faublas,  ce  qui  est  absolument 
la  même  chose.  »  (E.  Lemoine.) 

FAUBOURG  SA  INT-GER. 

MAIN  :  Aristocratique. —  n  Mars- 
hall :  Madame...  je  vous  en  re- 
mercie. —  Camélia  :  Il  n'y  a  pas 
de  quoi.  (.4  part.)  II  est  Fau- 
bourg-Saint-Germain. »  (Car- 
mouche.) 

FAUBOURIEN  :  Ouvrier  tur- 
bulentet  batailleur  des  faubourgs 
de  Paris.  — «  Ces  combats  que  la 
jeunesse  dorée  livrait  non  sans 
succès  aux  farouches  faubou- 
riens, aux  septembriseurs  en- 
durcis. »  (Roqueplan.) 

Mais  v'ià  le  solitaire  enfin 
Qui  d'une  main  hardie, 
Pour  défendre  Elodie, 
Tape  partout^  ne  craint  rien, 
Comme  un  faubourien. 

{Le  Solitaire,  pot-pourri,  24.) 

FAUCHANT,  FAUCHEUX  : 
Ciseaux.  — Les  ciseaux  fauchent. 
(Rabasse,  Vidocq.) 

FAUCHÉ  (être)  :  Être  sans  un 
centime.  (Rabasse.) 

FAUCHER  :  Guillotiner.  — 
«  Faucher  dans  leur  langage, 
veut  dire  l'exécution  de  la  peine 
de  mort.  »  (Balzac.)  V.  Colas, 
Terrer. 

FAUCHER  AU  PRÉ.  V.  Pré. 

FAUCHER  DANS  LE  PONT  : 
Couper  dans  le  pont.  V.  ce  mot. 

FAUCHEUR  :  Voleur  coupant 
(fauchant)  les  chaînes  de  montre. 


FAUCHEUR  :  Bourreau.  (Hal- 
bert.)  Il  fauche  les  cous. 

FAUCHON  :  Sabre.  V.  Gref- 
fier. —  Même  allusion  que  ci- 
dessus. 

FAUSSANTE  :  Faux  nom. 
(Halbert.) 

FAUSSE  :Tabatière.(Rabasse.) 
Forme  altérée  de  fauve, 

FAUX  TOUPET  :  Suranné, 
vieillot.  V.  Perruque,  Mâchoire. 

FAUVE  :  Tabatière.  (Halbert.) 
V.  Fanffe. 

FAVORI  :  «  C'est  le  cheval  le 
mieux  placé  sur  la  cote  et  consi- 
déré comme  ayant  le  plus  de 
chances  de  gagner  aux  courses.  » 
(Parent.) 

FÉDÉRÉ  :  «  Bête  vous-même, 
grand  fédéré!  »  (H.  Monnier, 
37.)  —  «  Afin  de  comprendre 
pourquoi  ce  terme  était  pris  en 
mauvaise  part,  il  faut  se  repor- 
ter aux  mauvais  jours  de  18 15, 
où  les  fédérés,  armés  pour  com- 
battre l'étranger,  se  distinguè- 
rent autant  par  leur  patriotisme 
que  par  leur  indiscipline  dans 
les  environs  de  Paris.  »  Ainsi 
écrivions  nous  dans  la  deuxième 
édition  de  cet  ouvrage  (6i).  En 
mars  1871,  nous  avons  eu  d'au- 
tres fédérés,  mais  ce  n'était  plus 
l'étranger  qu'ils  combattaient. 

FÉE  :  Amour.  (Halbert.)  —  Le 
mot  est  bien  poétique  pour  des 
argotiers. 

FÉESANT ,  FÉESANTE  : 
Amoureux,  amoureuse.  (Idem.) 

FÊLÉ  (être)  :  Être  un  peu  foi. 
Mot  à  mot  :  avoir  le  cerveau /e/c 
C'est  plus  que  toqué,  c'^sX  moins 
que  avoir  une  fissure. 


68  - 


FEN 


FELOUSE  :  Poche.  (Halbert.) 
Pour  Fouillouse. 

FEMME  :  Femme  de  mauvaise 
vie,  —  Abréviation.  —  11  est  à 
remarquer  qu'on  a  fini  par  don- 
ner aux  prostituées,  tous  les 
mots  qui  conviendraient  à  des 
femmes  honnêtes  {femme,  fille, 
petite  dame,ces  demoise lies). Tout 
dépend  de  l'inflexion  de  la  voix 
et  du  sens  de  la  phrase.  —  «  Sans 
ce  gros  butor  qui  me  répugne, 
j'aurais  pu  passer  la  nuit  avec 
mon  amant...  Ah!  m(  n  Dieu! 
qu'une /emme,  —  mot  technique 
(sic),  —  est  à  plaindre.  Telles 
sont  les  réflexions  de  ces  demoi- 
selles. »  {La  Revue  de  l'an  VIII 
ou  les  originaux  du  PalaiS' 
Royal.)  —  Au  xvin«  f^iccle,  on 
disait  d'une  femme  entretenue  : 
«  C'est  une  femme  du  monde.  » 
L'expression  compléterait  la  ga- 
lerie, si  elle  s'était  maintenue, 
mais  elle  est  hors  d'usage. 

FENASSE  :  Paresseux.  Mot  à 
mot  :  Mou  comme  du  foin.  — 
Du  vieux  mot /en  ;  foin. 

FENDRE  (se)  :  Commettre  une 
prodigalité  peu  habituelle.  — 
«  Descends  huit  bouteilles.  — 
Puisque  vous  vous  fenciez,  dit  le 
peintre,  je  paye  un  cent  de  mar- 
rons. »  (Balzac.) 

FENDRE  L'OREILLE  :  Mettre 
à  la  retraite.  —  Vient  de  ce  qu'on 
fend  l'oreille  des  chevaxix  de  ca- 
valerie réformés.  —  «  Le  général 
Le  Bœuf  n'aura  pas  le  chagrin 
de  se  voir  fendre  l'oreille.  »  (Bla- 
vet.) 

FENÊTRE  (mettre  la  tête  à 
la)  :  Être  guillotiné.  —  Allusion 
au  passage  de  la  tête  dans  la  lu- 
nette. —  «  Qu'il  fasse  j  rompte- 


FÉR 


ment  mettre  la  tête  à  la  fenêtre 
à  l'infâme  Brissot.  »  (Hébert, 
1793.)  V.  Raccourcir. 

FENÊTRE  (faire  la)  :  Raccro- 
cher les  galants  er>.  se  montrant 
à  la  fenêtre. 

FENOUSE  :  Prairie.  (Vidocq.) 

—  Du  vieux  mot /en,  foin,  qui  a 
iâit  fenaison. 

FÉODEC  :  Arbitraire.  (Idem.) 

—  C'est  féodal  avec  la  finale 
changée, 

FER-BLANC  (de)  :  Sans  va- 
leur, sans  solidité  (par  compa- 
raison au  fer.) —  «  Ils  éclabous- 
sent de  leur  triomphe  ces  jour- 
nalistes de  fer-blanc,  comme  ils 
les  appellent.  »  (Adolphe  Gué- 
roult.) 

FERLAMPIÉR  :  Bandit.  (Vi- 
docq.) Vieux  mot  pris  d'abord  en 
moins  mauvaise  part.  Se  disait 
plutôt  d'un  homme  sans  valeur. 

—  Abréviation  de  frère-lampier , 
allumeur  des  lampes  d'une  com- 
munauté religieuse.  (Roquefort.) 
V.  Frileux. 

FERLANDIER  :  Bandit.  (Ra- 
basse.)  — Forme  altérée  de /er- 
lampier. 

FERLINGANTE  :  Faïence, 
verre.  —  Harmonie  imitative  du 
bruit  de  leur  choc. 

FERME  (jeu)  :  Jeu  de  Bourse. 

—  «  Le  marché  ferme  engage  à 
la  fois  le  vendeur  et  l'acheteur, 
ses  échéances  ne  dépassent  pas 
deux  mois,  sa  négociation  se  fait 
comme  celle  au  comptant.  » 
(Boursicotiérisme.) 

FÉROCE  (c'est  un)  :  C'est  un 
homme  tout  entier  à  son  devoir, 


-  i6j  -  FÉt 

féroce  sur  l'exactitude  avec  la- 
quelle il  entend  le  remplir. 

//  n'est  pas  féroce  :  il  n'est  pas 
capable.  V.  Méchant. 

FERRÉ  (être;  :  Être  arrêté. 
(Rabasse.)  —  Terme  de  pêcheur 
passé  dans  l'argot.  V.  ci-dessous. 

FERRER  LE  GOUJON  :  Faire 
mordre  à  l'appât.  —  «  Le  goujon 
est  ferré,  style  de  pêcheur,  il  n'y 
a  plus  qu'à  tirer  la  ligne.  »  (M. 
Alhoy.) 

FERTANGE,  FERTILLAN- 
TE,  FERTILLE  :  Paille.  (Grand- 
val,  Colombey.)  —  Harmonie 
imitative  de  son  frétilleipent.  V. 
Greffii^r. 

FERTILLE  :  Figure.  (Hal- 
bert.) 

FERTILLANTE  :  Queue.  (Vi- 
docq.) —  Elle  frétille  souvent. 

FESTON  (faire  du,  pincer  un)  : 
Avoir  une  démarche  que  l'ivresse 
accidente  comme  des  festons  de 
broderie.  —  a  Nous  nous  cava- 
lons,  moi  et  Dodore,  en  pinçant 
un  feston  un  peu  fiscal.  »  (Mon- 
selet.) 

FESTONNER  :  Faire  des  fes- 
tons. —  «  Il  va  encore,  ma  foi, 
très-droit...  c'est  à  peine  s'il 
festonne.  »  (E.  Sue.) 

FÊTE  (être  de  la)  :  Être  riche, 
avoir  les  moyens  de  festoyer.  — 
((  Moi  je  suis  toujours  de  la  fête, 
j'ai  toujours  bogue  et  bon  ra- 
din. »  (Vidocq.) 

FÉTICHE  :  Signe  représentatif 
d'un  enjeu  en  argent.  —  «  Le 
nouveau  préfet  de  police  veut, 
dit-on,  interdire  l'usage  des  féti- 
ches sur  les  tables  de  jeux,  dans 


FEU 


—    170   — 


fie 


les  cercles.  »  {Événement,  mars 
66.) 

FÉTU  :  La  barre  de  fer  dont  le 
bourreau  se  servait  pour  rouer. 
(Grandval.)  —  Le  mot  n'est  plus 
usité,  mais  il  fera  comprendre 
l'ironie  de  barre  (aiguille.)  —  Si 
l'aiguille  devient  une  barre,  la 
barre  doit  être  un  fétu. 

FEU  (n'y  voir  que  du)  :  Être 
ébloui,  aveuglé.  —  «  Et  tu  n'y 
verras  que  du  feu.  »  (Cogniard, 
33.) 

FEUILLE  A  L'ENVERS  (voir 
la)  :  S'étendre  sous  un  arbre,  dans 
un  bois.  Se  dit  avec  un  sous- 
entendu  plus  ou  moms  galant. 

Il  la  jeta  sur  le  gazon. 

Ne  fais  pas,  dit-il,  la  sauvage  ; 

Jouis  de  la  belle  saison. 


Ne  faut-il  pas  dans  le  bel  âge 
Voir  un  peu  la  feuille  à  l'envers  ? 

Cet  exemple  est  pris  dans  la 
177e  Contemporaine  de  Rétif 
(édit.  1783);  mais  la  chanson  est 
plus  ancienne,  car  ses  auditeurs 
ajoutent  dans  le  texte  :  Char- 
mante quoique  vieille.  —  a  Dis 
donc,  mam'selle  au  ruban  vert, 
est-ce  que  t'as  vu  la  feuille  à  l'en- 
vers :  l'derrière  de  ta  jupe  est  en- 
core tout  vert.»  Catéchisme  pois- 
sard, 1844.) 

FEUILLE  DE  CHOU  :  Guêtre 
militaire,  journal  sans  valeur, 
titre  non  valable.  — «  Dans  une 
de  ces  feuilles  de  chou  qui  en- 
combrent les  cafés,  nous  lisons.» 
(J.  Lovy.) 

FEUILLETÉE  (semelle)  :  Se- 
melle usée,  dont  les  feuilles  dis- 
jointes aspirent  l'eau  ou  la  pous- 
sière. On  l'appelle  aussi  pompe 


aspirante.  —  «  Parfois  aussi  elle 
n'a  que  des  bottines  suspectes, 
à  semelles  feuilletées  c  ai  sou- 
rient à  l'asphalte  avec  ui  e  gaieté 
intempestive.» (Th.  Gau.ier,  43.) 

FEUX  DE  FILEJne  pas  s'em- 
bêter dans  les)  :  Être  indépen- 
dant. Mot  à  mot  :  faire  iju  à  vo- 
lonté. —  «  Pour  lors,  n(,t'  coro- 
nel,  qui  ne  s'embête  pas  Jans  les 
feux  de  file.  »  {Ancien  Figaro, 
27.) 

FIASCO  :  Chute.  —  Italia- 
nisme. 

FICELER  :  Soigner  sa  tenue. 
Mot  à  mot  :  faire  fine  taille,  la 
ficeler.  —  «  Voilà  mama  1  Vau- 
quer  belle  comme  un  astre,  fice- 
lée comme  une  carotte.  »  (Balzac.) 
V.  Trente  et  un.  Chic, 

FICELLE  :  Procédé  banal,  acte 
de  charlatanisme.  Se  dit  à  pro- 
pos de  tout.  —  «  M...  pour  ani- 
mer la  statuaire,  emprui  te  à  la 
peinture  quelques  procédés;  je 
n'oserais  l'en  blâmer,  si  l'austé- 
rité de  ce  grand  art  ne  ref  oussait 
les  ficelles.  »  (Ch.  Blanc.  —  «  11 
n'est  pas  outillé  pour  le  t  léâtre; 
il  ne  connaît  pas  les  ficelljs  de  la 
scène.  »  (P.  d'Anglemont.  ) 

FICELLES  :  a  Ce  sent  ces 
moyens  vulgaires  rebattus  dont 
on  se  sert  pour  faire  une  pièce  ou 
une  scène,  ces  moyens  qu'on  de- 
vine. »  (Dufloi)  «  Le  culte  des 
procédés  épuisés  et  des  conven- 
tions classiques  qu'on  a  ar>pelées 
des  ficelles.  «(Villemot.)  —  «  Fer- 
dinand lui  indiqua  plusieurs  re- 
cettes et  ficelles  pour  diiiérents 
stylesi  tant  en  prose  qu'en  vers.» 
(Th.  Gautier,  33.) 

FICELLE  :  «  Employé  i/avan- 


Fie 


—    171    — 


Fie 


çant  qu'à  l'aide  de  la  flatterie,  de 
la  délation,  de  la  bassesse.  »  (Na- 
viaux,  6i.) 

FICELLE  :  Chevalier  d'indus- 
trie. 

Cadet  Roussel  a  trois  garçons  : 
L'un  est  voleur,  l'autre  est  fripon  ; 
Le  troisième  est  un  peu  ficelle. 
{Cadet  Roussel,  chanson,  179  3. 
Paris,  impr.  Daniel.) 

FICELLE  (cheval)  :  Cheval  de 
course  léger  et  décousu. 

FICELLE  :  Espèce  de  menotte. 
—  «  On  appelle  ainsi  un  fil  de 
laiton  qui  prend  la  main  droite 
du  détenu  et  dont  l'agent  tient  un 
bout.  »  (Ponson  du  Terrail.) 

FICHAISE  :  Niaiserie,  chose 
dont  on  peut  se  ficher. 

Le  passé  n'est  qu'un  songe. 
IJneJichaise^  un  rien. 

(Vadé,  1755.) 

FICHANT  :  Navrant.  —«N'est- 
ce  pas,  mon  vieux,  c'est  tout  de 
même  fichant  de  se  dire!...  » 
(E.  Sue.) 

FICHE  DE  CONSOLATION  : 
Dédommagement.  —  Terme  de 
whist. 

FICHÉ  (il  est)  :  Il  est  bien  mis, 
pommadé.  (Rabasse.) 

FICHER  :  (On  prononce  Jîch' 
en  élidant.)  —  Ce  verbe  a  un 
grand  nombre  de  significations 
que  nous  allons  passer  en  revue. 
Il  n'est  pas  admis  par  le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie  qui 
donne  cependant  fichu. 

Ficher  :  Jeter.  —  «  On  va  te 
fich'  au  violon.  »  (Gavarni.)  — 
«  Je  l'ai  fichue  à  l'eau.»  (E.  Sue.) 


—  Dès  la  fin  du  xiv«  s,\hc\Q,  ficher 
se  trouve  dans  le  Livre  du  ma- 
reschal  de  Boucicaut.  —  «  Quand 
Chateaumorant,  avec  la  compai- 
gnée  des  autres  prisonniers  feu- 
rent  arrivez  à  Venise,  adonc  on 
les  ficha  en  forte  prison.  »  (Édit. 
Petitot,  t.  II,  p.  83.) 

Ficher  :  Placer.  —  «  Qui  m'a 
fichu  un  couvert  de  la  sorte? 
Quel  désordre  !  »  (Perrin.) 

Ficher  :  Donner.  —  «  J'  lui 
fiche  un  soufflet.  »  (1760,  Cail- 
leau.)  —  «  J'y  ai  fichu  des  gi- 
fles. »  (Gavarni.) 

Ficher  :  Faire.  —  «  Mais, 
voyons,  Limousin,  avec  un  mé- 
chant budget  de  5o  millions  par 
an,  qu'est-ce  que  tu  peux  fiche  ?» 
(Gavarni.) 

Ne  rien  fiche:  Ne  faire  aucune 
affaire,  commercialement  par- 
lant. 

Ne  rien  fiche  :  Ne  rien  faire, 
paresser. 

A  ne:(  vous  faire  fiche  :  Allez 
au  diable.  —  «  Ce  mot  cache  un 
jurement  très-grossier. »  (Dhau- 
tel,  08.)  —  «  Eh  bien!  dis  à 
grand'maman  qu'elle  aille  se  faire 
fiche!»  (Gavarni.) 

Ficher  une  colle  :  Conter  un 
mensonge. 

Ficher  un  point  :  Coudre  un 
point.  —  «  Car  pour  l'ouvrage, 
je  vous  en  souhaite!  Ça  ne  vous 
ficherait  pas  un  point.  »  (Vadé, 
1744.) 

Ficher  (se)  :  Se  mettre  à.  «C'est 
un  mosieu  que  je  ne  connais  pas. 
—  Lui  as-tu  demandé  ce  qu'il  me 
voulait?  — Oui...  il  s'est  fichu  à 
rire.  »  (Grévin.) 

Se  ficher  ;  S'habiller.  —«Faut- 


Fie  —  172  - 

y  que  ça  soit  chiche  de  ne  pas  se 
fiche  en  sauvage.  »  (Gavarni.) 

Se  ficher  :  Se  poster.  —  Le 
Livre  du  mareschal  de  Boucicaut 
(édit.  Michaud),  cité  plus  haut, 
dit  qu'à  une  déroute  de  Sarra- 
sins, «  les  jardins  favorisèrent 
beaucoup  leur  retraite,  car  s'y 
fichèrent  ceuîx  qui  esehapper 
peurent.  »  (P.  276.)  La  même  an- 
née (i3^9),  on  nous  représente 
les  Vénitiens  après  un  combat 
maritime  s'en  allant  ficher  en 
leur  ville  de  Modon.  (P.  283.) 

Se  ficher  :  Se  moquer.  — 
«  Quand  j'ai  mangé  la  soupe  et 
le  bœuf,  je  me  fiche  du  reste.  » 
(La  Bédollière.)  —  «  Tu  sabou- 
lis  ce  grand  drille,  qui  se  fichait 
de  moi.  »  (Rétif,  177»  Contem- 
poraine, 1783.) 

J'  fen  fiche,  ;'  fen  ficherai  : 
Formule  ironiquement  négative, 
équivalant  à  :  je  t'en  moque.  — 
a  Ah  bah!  j' t'en  fiche  !  il  m'em- 
brasserait toujours.  »  (L.  Beau- 
vallet.) 

Se  ficher  dans  la  cervelle,  — 
dans  le  toupet  :  S'imaginer.  — 
«  Ne  va  pas  te  ficher  cela  dans  la 
cervelle.  »  {Le  Rapatriage,  pa- 
rade du  xviii»  siècle.) 

Se  ficher  du  monde,  du  peuple, 
du  public  :  Se  moquer  des  hom- 
mes et  de  l'opinion.  —  «  Vous 
vous  fichez  du  monde.  »  (Vadé, 
1755.) 

S'en  ficher  comme  de  colin- 
tampon  :  Ne  faire  aucun  cas. 
(Dhautel,  08.)  Jadis,  on  appelait 
colins-tampons  les  Suisses  en  gar- 
nison à  Paris.  Les  mazarinades 
en  donnent  plus  d'un  exemple 
de  1648  a  i652. 

Ficher  dedans  :  Tromper.  V. 
Dedans. 


FID 

Ficher  la  misèrepor  quartiers: 
Mener  une  vie  misérable. 

Ficher  la  paix  :  Laisser  tran- 
quille. —  a  Fiche-moi  la  paix.  » 
(Jaime  fils.) 

Ficher  le  camp  :  Décamper.— 
«  Mon  enfant,  fiche-moi  le  camp.» 
(Rétif,  1 77»  Contemporaine,  1 783.) 

Ficher  les  pattes  :  Venir.  Mot 
à  mot  :  mettre  les  pieds.  —  «  Si 
vous  vous  permettez  de  fich'  les 
pattes  ici  quand  j'y  serai.  »  (Ga- 
varni.) 

FICHTRE  :  Juron.  Forme  de 
f...tre,  comme fouchtr a.  —«Six 
heures  !  fichtre,  il  me  sem  ble  que 
nous  avons  failli  attendre.  »  (E. 
Villars.) 

FICHTREMENT  :  Fièrement. 
—  a  C'est  fichtrement  beau  le 
coup  de  gueule  du  lion.  ))  {Com- 
mentaires de  Loriot.) 

FICHU  :  Capable.  —  «  Eh  !  là- 
bas...  y  sont  fichus  de  ne  point 
ouvrir...  y  faut  donc  enfoncer  la 
porte...  »  (H.  Monnier.)  —  Le 
Dictionnaire  de  l'Académie  ad^ 
met  fichu  dans  toutes  ses  autres 
acceptions. 

FICHUMACER:  Diminutif  de 
ficher. 

D'mandez-moi  donc  où  c'qa'est 
Allé  c'  flàneux  d'  Cadet  ? 
C  qu'il  peut  fichumacer 
A  l'heure  qu'il  est  ? 

(Désaugiers.) 


FIDIBUS  :  Longue  bande  de 
papier  pliée  ou  roulée  pour  allu- 
mer la  pipe.  —  Une  communica- 
tion de  M.  Fey  assigne  à  ce  mot 
une  origine  allemande.  Dans  les 
universités  de  ce  pays,  les  admo- 
nestations ofljciellçs  commencent 


FIL  —  173 

par  les  mots  :  Fidibus  (pour/- 
delibus)  discipulis  universitatis, 
etc.  Les  délinquants,  qui  allu- 
ment par  forfanterie  leurs  pipes 
avec  le  papier  de  l'admonesta- 
tion, lui  ont  donné  pour  nom 
le  premier  mot  de  sa  première 
ligne.  —  «  Un  roman  de  G.  Sand 
dont  il  fera  un  fidibus  après  l'a- 
voir lu.  »  (Rouget.) 

FIELDERS  :  «  Ensemble  des 
individus  qui  ont  fait  des  paris 
de  courses  contre  un  ou  plusieurs 
favoris.  »  (Parent.)  Angl. 

FIER  :  Grand.  (Dhautel.)  V. 
Blaguer,  Venette,  Poil.  —  «  Ça 
lui  portera  un  fier  coup.  »  (Lu- 
bize.) 

FIÈVRE  CÉRÉBRALE  (accès 
de)  :  Accusation  pouvant  entraî- 
ner la  perte  de  la  tête.  (Vidocq.) 
—  Jeu  de  mots. 

FIFI  :  Vidangeur.  Mot  à  mot: 
fi  !  fi  !  —  Allusion  au  dégoût  ins- 
piré par  le  métier.  —  Vieux  mot. 
Une  ordonnance  du  roi  Jean 
(i35o)  traite  de  «  Testât  des  vui- 
dangeurs  appelez  maistres  fifi.  » 

FIGNOLER  :  Exécuter  avec 
fini.  —  «  C'est  qu'vous  fignolait 
(la  contredanse).  Dame,  il  y  allait 
de  tête  et  de  queue.  »  (Rétif, 
1783.)  —  a  Quel  style!  comme 
c'est  fignolé.  »  (Labiche.) 

FIGNOLEUR  :  Qui  fignole.  — 
«  C'est  un  fignoleux,  mais  il  fait 
trop  le  fendant  à  cause  qu'il  a  du 
bec.  »  (Vadé,  1788.) 

FIGURE  :  Derrière.  —  «  Où 
l'on  s'expose  à  rencontrer  des 
gens  dont  la  figure  a  mérité  les 
verges.  »  (Raoul  Fauvel.) 

FIL  DE  SOIE  ;  Voleur.  Jeu  de 
mots  sur  filer^  voler.  —  a  Les 


FIL 

grands  centres  de  réunion  sont 
inspectés  par  la  sûreté,  car  il  n'y 
manque  jamais  de  fils  de  soie  ou 
de  joueurs  de  passe-passe.  »  (Sta- 
mir,  67.) 

FIL  EN  DOUBLE  :  Vin. 
(Grandval.) 

FIL  EN  QUATRE  :  Eau-de- 
vie.  —  «  Allons,  Auguste,  un 
petit  verre  de  fil  en  quatre,  his- 
toire de  se  velouter  et  de  se  re- 
bomber le  torse.  »  (Th.  Gautier.) 

FILAGE  :  Action  de  filer  au 
jeu.  «  Le  filage  s'opère  à  tous  les 
jeux,  mais  surtout  au  baccarat.» 
(Cavaillé.) 

FILASSE  :  Chevelure  blanche 
et  blonde  comme  la  filasse. 

FILASSE  :  Matelas.  —  Le  con- 
tenu est  pris  pour  le  contenant. 

FILATURE,  FILE  :  Surveil- 
lance exercée  par  un  agent  qui 
suit  pas  à  pas.  —  «  Ils  ne  le  per- 
dirent pas  de  vue  au  second  jour 
défile.  »  (Stamir.) 

Faire  une  filature  :  Suivre  un 
individu.  (Rabasse.) 

FILER  :  Faire  avec  soin.  — 
Allusion  au  travail  de  la  fileuse. 
—  «  Vous  vous  êtes  donné  un 
mal  de  nègre  pour  filer  des  scè- 
nes. »  [Alm.  du  Hanneton,  67.) 

FILER  :  Voler.  Mot  à  mot  : 
faire  filer  un  objet  qui  ne  vous 
appartient  pas.  De  là,  filouter. 

FILER  :  «  Filer,  c'est  distri- 
buer une  carte  pour  une  autre 
dans  le  but  de  se  faire  ou  de  se 
compléter  un  beau  jeu.  »  (Ca- 
vaillé.) 

FILER,  PRENDRE  EN  FILA- 
TURE   :  Suivre,  espionner.    — 


FIL  -  1 

«  Etre  filé  signifie,  dans  le  lan- 
gage des  débiteurs,  que  le  recors 
vous  suit  à  la  piste.  »  (Montépin.) 
—  «  Un  garçon  va  dire  à  la  per- 
sonne filée  que  quelqu'un  la  de- 
mande, et  là,  des  sergents  de  ville 
l'entourent  pour  la  remiser.  » 
(Stamir.) 

Filer  la  mousse  :  Faire  ses  be- 
soins. (Grandval.)  V.  Mousse. 

Filer  le  luctrème  :  Introduire 
une  fausse  clé.  V.  Luctrème. 

Filer  le  parfait  :  Faire  une 
cour  assidue.  Mot  à  mot  :  filer  le 
parfait  amour. 

Filer  leplato  :  «Cela  veut  dire  : 
filer  l'amour  platonique.»  (J.  Du- 
flot.) 

Filer  son  nœud  :  Partir.  — 
Terme  de  marine.  — «  Viens-tu  ! 
ou  je  file  mon  nœud.  »  (H.  Mon- 
nier.) 

Filer  une  poussée  :  Repousser 
violemment.  «  Le  concierge  l'ar- 
rête; moi,  je  file  une  poussée  au 
concierge  et  il  se  faufile.  »  (Beau- 
villier.) 

FILET  :  Nuance  délicate  et  te- 
nue comme  un  filet  d'eau.  — 
«  Peut-être  aussi  y  a-t-il  un  filet 
de  concetti  shakspearien,  mais 
c'est  peu  de  chose.  »  (Th.  Gau- 
tier.) 

Filet  coupé  (avoir  le)  :  Être 
d'une  grande  loquacité.  —  Allu- 
sion à  la  petite  opération  néces- 
sitée par  un  certain  embarras  de 
la  langue. 

FILEUR  :  «  C'est  un  homme 
qui  est  chargé  par  la  police,  et  le 
plus  souvent  par  quelque  téné- 
breuse officine  privée,  d'en  sui- 
vre un  autre.  »  (P.  du  Terrail.) 

FILEUR    :    Qui    file  au   jeu. 


74  ~  FIL 

V.  Filet.  «  Point  de  grec  émérite 
s'il  n'est  fileur.  »  (Cavail'i.  ) 

FILEUSE  :  «  Chanteur  sui- 
vant les  voleurs  et  les  prenant 
en  flagrant  délit,  dans  le  ^eul  but 
de  faire  payer  son  silence  par 
une  remise  de  i5  p.  loo.  »  (Vi- 
docq.) 

FILLE  DE  MARBRE  :  Courti- 
sane froidement  avide.  —  Une 
pièce  de  M.  Barrière  a  consacré 
ce  terme,  vers  i852.  —  «  C'est  à 
Paris  que  les  filles  de  marbre 
apprennent  péniblement  le  mé- 
tier qui  les  fait  riches  en  une 
heure.  »  (J.  Janin.) 

FILLE  DE  PLATRE  :  (:ourti- 
Sime.  —  Vient  du  roma  i  écrit 
sous  ce  nom  par  M.  de  Montépin, 
pour  servir  de  pendant  à  1 1  pièce 
des  Filles  de  marbre.  —  «  Ces 
femmes  ne  sont  que  des  filles  de 
plâtre.  »  (les  Étudiants  du.  quar- 
tier Latin,  6o.) 

FILOCHE  :  Bourse.  (Vi  locq.) 
—  Du  filet  qui  était  employ  i  pour 
la  confection  des  bourses.—  «  Si 
ta  filoche  est  à  jeun  (si  ta  bourse 
est  à  vide.)  »  (E.  Sue.) 

FILOU  :  Rusé.  —  L'acception 
d'escroc  se  trouve  seule  d;  ns  le 
Dictionnaire  de  V Académie.  Elle 
a  son  origine  dans  le  werbe  filer: 
voler. 

FILS  DE  FER  :  Jambes  ex- 
cessivement minces.  —  Mot 
imagé. 

FILS  DE  PUTAIN  :  Injure  à 
laquelle  le  peuple  n'attaclie  la 
plupart  du  temps  aucune  idée 
fixe.  «  J'ai  entendu  une  poissarde 
dire  à  son  fils  :  «  Petit  polifson! 
attends,  fils  de  putain,  je  te  ferai 
voir  que  je   suis    ta     mèro.    » 


FIO 


-  173  - 


FLA 


(Dauthel ,  note  manuscrite  de 
son  dictionnaire,  08.)  Du  temps 
de  Rabelais,  cette  triste  plaisan- 
terie était  déjà  de  mode.  A  la  tin 
de  la  tempête  (livre  IV,  ch.  xxn), 
Pantagruel  appelle  un  matelot  : 
«  Fils  de  putain.  »  —  «  Tu  es 
bien  aise,  homme  de  bien,  dist 
frère  Jean  au  matelot,  d'entendre 
nouvelles  de  ta  mère.  » 

FIN  (faire  une)  :  Se  marier,  en 
finir  avec  la  vie  de  jeune  homme. 
—  «  Cependant  il  faut  absolu- 
ment faire  une  fin.  Dame  !  le 
siècle  est  positif.  »  (Deriége.)  V. 
Papillonner. 

FINE  :  Excrément.  —  Allusion 
à  la  fine  moutarde;  on  dit  aussi 
la  plus  fine.  V.  Numéro  cent.  — 
«  Un  vidangeur  de  mes  amis, 
nous  a  chanté  la  plus  fine.  » 
(Aubry,  36.) 

FINE  :  Fine  Champagne.  V. 
.45,  Champagne. 

FIOLE  :  Figure.  (Halbert.) 

FIOLER  :  Boire.  (Rabasse.)  — 
Dq fiole:  bouteille. 

FION  (coup  de  )  :  C'est  la  der- 
nière main  mise  à  un  ouvrage. 
.—  «  Un  François  enseignoit  à 
des  mains  royales  à  faire  des 
boutons;  quand  le  bouton  était 
tait,  l'artiste  disoit  :  A  présent, 
Sire,  il  faut  lui  donner  le  fion.  A 
quelques  mois  de  là,  le  mot  re- 
vint dans  la  tête  du  roi;  il  se  mit 
à  compulser  tous  les  dictionnai- 
res, et  il  n'y  trouva  pas  le  mot.  Il 
appela  un  Neuchâtelois  qui  étoit 
alors  à  sa  cour,  et  lui  dit  :  «  Di- 
«  tes-moi  ce  que  c'est  que  le  fion 
«  dans  la  langue  françoise  ?  — 
«  Sire,  reprit  le  Neuchâtelois,  le 
c  fion,   c'est  la  bonne  grâce.  » 


(Mercier,  1783.)  — «  Elle  se  lève 
pour  prendre  la  salière  qui  doit, 
dit-elle,  donner  le  dernier  fion 
à  la  dinde.  »  (Ricard.)  —  «  Les 
peintres  n'ont  plus  que  trois 
jours  pour  donner  à  leurs  ta- 
bleaux ce  qui  s'appelle  le  coup 
de  fion.  »  (Marx,  66.) 

FIONNER  :  Faire  l'élégant.— 
«  Ça  s'  fionne,  ça  se  pavane  et  ça 
se  carre.  »  (Bourget.) 

FIONNEUR:  Elégant.  —  «  Le 
fionneur  possède  une  glace  , 
huile  antique,  pommade  du  lion 
et  cire  à  moustaches.  »  (Ber- 
tall.) 

FIQUES:  Hardes.  (Colombey.) 

—  Ce  doit  être  un  vieux  mot, 
car  beaucoup  de  paysans  disent 
encore  dans  le  même  sens  afii~ 
quet. 

FIQUER  :  Poignarder.  (Idem.) 

—  Pour  ficher  :  planter. 

FISCAL  :  Élégant.  —  C'est  Fi- 
celé avec  changement  de  finale. 

—  «  A  ses  favoris  côtelettes...  A 
son  costume  fiscal...  »  [Léonard^ 
parodie,  63.)  V.  Feston. 

FISSURE  (avoir  une)  :  Être  un 
peu  fou,  mot  à  mot  :  avoir  une 
fissure  au  crâne.  V.  Fêlé. 

FISTON  :  Petit  fils,  terme 
amical.  —  a  Par  ma  fé,  mon 
doux  ami,  mon  fiston.  »  [Contes 
d'Eutrapel,   xvi"  s.)  V.  Gadoue. 

FLA  :  Note  rudimentaire  de  la 
batterie  du  tambour.  V.  Ra.  — 
ce  Le  tambour-major  bat  la  me- 
sure des  ras  et  des  fias.  »  (M.  St- 
Hilaire.) 

FLACHE  :  Plaisanterie.  (Hal- 
bert.) Pour  flanche. 

FLAGUL  :  Sac  d'argent.—*  Le 


FLA 


-  176- 


FLA 


vioque  a  des  flaculs  pleins  de 
bille;  s'il  va  à  Niort,  il  faut  lui 
riffauder  les  paturons.  »  (Vi- 
docq.)  —  Vient  de  flaque.  V.  ce 
mot. 

FLACUL  :  Lit.  —  Il  a  la  forme 
d'un  grand  sac.  V.  ci-dessus.  — 
«  Je  raplique  au  flacul  qui  m'at- 
tend. »  (Vidocq.) 

FLAFLA  :  Grand  étalage.  — 
Allusion  aux  claquements  de 
fouet.  On  dit  dans  le  même 
stns  faire  claquer  son  fouet . 

^ FLAMBANT,  FLAMBARD  : 
Éclatant,  superbe.  —  a  Les  capo- 
raux y  trouvent  une  table  un  peu 
flambarde.  »  (La  Bédollière.)  — 
«T'es  flambante  comme  une  Vé- 
nus. »  (E.  Sue.) 

FLAMBANT  :  Artilleur  à  che- 
val. 

FLAMBART  :  Matelot.— «  Eu- 
gène Sue  est  cause  que  la  plu- 
part des  canotiers  s'appellent 
flambards.  »  (Roqueplan.) 

FLAMBARDE  :  Chandelle 
(Halbert);  elle  flambe  en  éclai- 
rant. 

FLAMBART  :  Poignard.  (Vi- 
docq.) 

FLAMBE  :  Épée.  —  Allusion 
au  flamboiement  de  la  lame. 
Abréviation  de  Flamberge. 

FLAMBER  :  Briller  entre 
tous.  —  a  Des  raretés  qu'on  offre 
à  des  filles  qui  aiment  à  flam- 
ber. »  (Balzac.) 

FLAMBERT:  Poignard.  (Hal- 
bert.) Forme  de  flambart. 

FLAMSIQUE  :  Flamand.  (Co- 
lombey.)  —  Changement  de  fi- 
nale. 

FLAN  (du)  :  Non.  —  Abrévia- 


tion de  la  formule  ironique  :  jeté 
paierai  du  flan.  Des  ne  fies  t  des 
navets!  sont  des  négations  de 
même  origine.  On  sait  que  le 
flan  était  une  pâtisserie  fort  po- 
pulaire à  Paris,  a  Si  on  leur  pré- 
sentait :{ut,  du  flan  et  des  na- 
vets comme  le  fond  de  la  langue 
des  vaudevillistes.  »  (Villemot.) 
V.  Zut. 

FLAN  (c'est  du)  :  C'est   bon. 

—  «  J'aime  mieux  gouêper,  c'est 
du  flan.  »  (Vidocq.) 

FLAN  (au)  :  C'est  vrai.  (Ra- 
basse.) 

FLAN  (à  la)  :  Sans  prémédi- 
tation, au  hasard.  V.  Carou- 
bleur.  —  Abréviation  de  à  la 
bonne  flanquette. 

FLANCHE  :  Malice,  ruse, 
biais.  —  «  Robert  voit  le  flanche, 
et  dit  :  il  faut  le  fouiller. »(Mon- 
selet.)  V.  Mettre  (le). 

FLANCHE:  Jeu  de  roulette. 

FLANCHER,  FLACHER:  Plai- 
santer. (Halbert.) 

FLANCHEUR  :  Joueur  rusé. 
(Rabasse.) 

FLANELLE  :  C'est  le  mot  flâ- 
neur zyQc  changement  de  finale. 

—  «  Lèves-tu  ce  soir?  —  Ah  oui- 
che!  tous  rapiats.  —  Et  celui-là 
qui  t'allume  ?  —  Flanelle!  »  (L. 
de  Neuville.) 

FLANOCHER,  FLANOTTER: 
Flâner  tout  doucement.  —  «  Il 
ht  la  rencontre  d'un  beau  page 
de  Marie-Thérèse  qui  fllnochait 
en  rêvant.  »  (Commerson.)  — 
«  Nous  flânottons  depuis  quinze 
heures.  '»(M.  Michel.) 

FLAQUE  :  Sac  de  femme. 
(Grandval.)  —   Du   vieux  mot 


FLI 


-  177 


FLO 


flaCj  flacon.— Allusion  de  forme. 

PLAQUER  :  Aller  à  la  selle. 
(Vidocq.)  —  Onomatopée. 

Vlà  vot'  fille  que  j'vous  ramène, 
Elle  est  dans  un  propr'  état  : 
Depuis  la  barrière  du  Maine 
Elle  a  tout  flaque  dans  ses  bas. 

(Chanson  connue.) 

FLATAR  :  Fiacre.  (Halbert.) 

FLÈME,  FLEMME  :  Paresse 
subite  et  invincible.  —  «  Lundi, 
la  flemm'  m'accroche.  »  (A.  Ca- 
hen.)  —  Décidément,  j'ai  la  flem- 
me, je  vais  profiter  d'un  rayon 
de  soleil.  »  (Comm.  de  Loriot.) 

Jour  de  flemme  :  Jour  où  l'on 
ne  peut  travailler. 

Battre  sa  flemme  :  Flâner,  pa- 
resser. 

FLEURANT  :  Bouquet.  (Hal- 
bert.) Pour  fleurissant. 

FLEUR  DE  MAI,  Fleur  de 
Marie  :  Virginité.  (Rabasse,  Vi- 
docq.) —  Allusion  à  l'Immaculée 
et  au  printemps  de  la  vie. 

FLEUR  DES  POIS  :  Personne 
à  la  mode. 

FLIC-FLAC  (faire  le)  :  «  C'est 
démantibuler  la  gâche  d'une  ser- 
rure à  l'aide  du  monseigneur.  » 
(Du  Camp.)  —  Forme  altérée  de 
Fric-frac, 

FLIGADIER  :  Sou.  (Colom- 
bey.) 

FLIGUE  A  DARD  :  Agent  de 
olice.  (Colombey.)  Mot  à  mot  ; 
olicier  à  épée.  V.  Flique. 

FLINGOT  :  Fusil  d'infanterie. 

FLIQUE  :  «  Un  commissaire 
de  police  est  un  flique  dans  l'ar- 
got des  filles.  »  (Parent-Ducha- 
telet.) 


FLIRTATION  :  Badinage  ga- 
lant, manège  de  coquetterie.  — 
Anglicanisme.  —  «  J'occupais 
mes  moments  perdus  à  une  in- 
nocente flirtation  avec  le  baron 
de  h... niVie parisienne,  août,72.) 
—  «  Lady  Elphinsbury  répri- 
mait la  flirtation  dans  ses  do- 
maines. »  (Aubryet,  72.) 

FLIRTER  :  Se  livrer  à  la  flir- 
tation. —  «  La  dame  reprocha  à 
son  infidèle  de  venir  flirter  aux 
Folies.  y>  {Figaro y  7 5.) 

FLOPPÉE  :  Volée  de  coups. 
(Halbert.) 

FLOPPÉE  :  Foule. 

FLOQUOT  :  Tiroir.  (Dict, 
d'argot,  44.) 

FLOTTANT  :  Poisson.  (  Vi- 
docq.) 11  flotte.  V.  Flotter. 

FLOTTE  :  Pension  en  argent. 
Mot  à  mot  :  ce  qu'il  faut  pour 
flotter  pendant  quelque  temps. 
Quand  on  ne  peut  flotter,  on  se 
trouve  à  sec,  à  la  cote.  —  «  Je 
viens  de  recevoir  ma  flotte  : 
3oo  fr.,  plus  quelque  menue 
monnaie.  »  (Villemessant.) 

FLOTTE  :  Réunion  de  per- 
sonnes. On  dit  :  nous  étions  une 
flotte  ,  pour  :  nous  étions  une 
bande. 

FLOTTER:  Nager. 

FLOTTER  (faire)  :  Noyer. 
(Rabasse.).  —  Ironie. 

FLOU,  FLOUTIÈRE  :  Rien. 
(Grandval.) 

FLOU,  Vaporeux,  fluide.  — 
Répond  exactement,  comme  pro- 
nonciation, au  latin  fluidus  (pro- 
noncez flouidous.)  —  C'est  en 
effet  un    vieux  mot.  On  le   re- 


FLO 


-  178 


FŒT 


trouve  dans  le  Testament  de 
Villon.  Ce  terme,  usité  d'abord 
dans  les  arts  et  admis  à  ce  seul 
titre  dans  le  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie, a  conservé  partout  la 
même  signification  de  mollesse 
harmonieuse.  —  «  Tu  as  dans  le 
style  On  ne  saurait  dire  quel 
moelleux  ,  quelle  grâce  ,  quel 
flou.  »  (L.  Reybaud.)  —  «  Man- 
quant de  grâce,  de  tout  ce  qui 
jette  du  charme  et  du  flou  dans 
l'existence.  »  (Paris  étudiant,  54.) 

FLOUANT  :  Jeu.  (Halbert.) 

FLOUER  :  Voler  au  jeu.  (Hal- 
bert.) Abrév.  de  filouter. 

FLOUER  :  Escroquer.  «  En 
prenant  l'argent  de  son  pro- 
chain, on  le  vole;  en  lui  faisant 
accroire  la  chose  qui  n'est  pas, 
on  le  trompe;  et,  en  lui  faisant 
faire  par  ruse  une  faute  quel- 
conque, on  l'attrape.  En  le  trom- 
pant ,  l'attrapant  et  le  volant 
tout  à  la  fois,  on  le  floue.  »(Phi- 
lipon,  40.) 

FLOUERIE  :  Escroquerie, 
abus  de  confiance.  —  «  La  floue- 
rie  est  au  vol  ce  que  la  course 
esta  la  marche  :  c'est  le  progrès, 
le  perfectionnement  scientifi- 
que. »  (Philipon,40.) 

FLOUEUR  :  Escroc.  —  <r  II  est 
des  floueurs  de  tout  âge,  de  tout 
visage  et  de  tout  rang.  Il  existe 
aussi  des  floueuses  non  moins 
variées.  »  (Philipon.)  Ne  s'est  dit 
d'abord  que  des  voleurs  au  jeu, 
car  Grandval  ne  donne  /loueur 
qu'avec  ce  sens,  qu'on  retrouve 
dans  l'acception  suivante. 

FLOUEUR  :  «  Homme  diri- 
geant un  jeu  de  hasard  de  ma- 
nière à  exploiter  la  cupidité  des 


badauds.  Les  jeux  principaux 
dont  il  se  sert  sont  la  jamaffe, 
les  cocanges,  les  trois  paquets, 
le  huit,  les  couteaux,  la  bague, 
les  palets,  etc.  »  (Rabasse.) 

FLOUME  :  Femme.  (  Vidocq.) 
—  Anagramme  defumtlle. 

FLOUTIÊRE  :  Non,  rien.  V. 
Flou. 

FLUKE  :  «  Course  qui,  con- 
trairement à  toutes  les  prévi- 
sions, a  fait  perdre  le  meilleur 
cheval.  »  (Parent.)  Anglic. 

FLUTE  :  Canon.  —  Allusion 
de  forme.  —  «  Jusqu'ici  il  n'y  a 
qu'eux  qui  aient  fait  aller  leurs 
flûtes.  Les  nôtres  auroat  bien 
leur  mérite.  Il  y  en  au -a  bien 
trois  cents  de  part  et  d'autre 
pour  ouvrir  le  bal.  »  (G*'  Chris- 
tophe, Lettres,  12.) 

FLUTE,  FLUT  :  Non.—  Abré- 
viation du  terme  suivant.  {Des 
flûtes.)  —  «  Le  noble  étranger 
m'a  lâchée  en  me  disant:  Flûte!  » 
{Almanach  du  Hanneton,  67.)  — 
«  Flûtel  s'il  grogne  trop.  »  (Vil- 
lars.)  V.  Zut! 

FLUTES  (des)  :  Non!  —  On  a 
dit  ce  des  flûtes!  »  (pains  longs) 
comme  on  dit  des  nèfles,  du  flan, 
des  navets.  —  a  Oscar  :  Qu'en- 
tends-je?  Mais  vous  m'aviez  pro- 
mis. —  Le  marquis  :  Des  flûtes  !  » 
(Marquet.) 

FLYER:  Un  cheval  trts-vite. 
Vient  de  fly  :  voler.  Ar.;ot  de 
courses  anglais.  (Parent.)  Dans 
un  sens  plus  restreint,  en  ap- 
pelle flyer  celui  qui  a  pi  us  de 
vitesse  que  de  fond.  (Id.) 

FŒTUS  :  Élève  de  première 
année  à  l'école  de  chirurgie  mili- 


FON  —  179  — 

taire.  —  Ce  terme  répond  à  celui 
d'embryon  qui  se  prend  égale- 
ment au  figuré  dans  la  langue 
régulière. 

FOIRE  D'EMPOIGNE  (ache- 
ter à  la)  :  Voler.  —  L'ironie  n'a 
pas  besoin  d'être  expliquée.  — 
<(  Les  tableaux  du  capitaine  Clu- 
seret  ont  été  achetés  à  la  foire 
d'empoigne.»  (Moniteur ,  3i  mai, 
72.) 

FOIRER  :  Avoir  peur.  —  On 
connaît  l'effet  du  danger  sur  les 
intestins. 


FOIREUX  :  Poltron.  —  Vieux 
mot.  —  «  Vous  n'aurez  en  vostre 
armée  que  des  foireux  en  danger 
d'estre  renvoyés  aux  foyres  de 
Francfort.  »  {Paraboles  de  Cic- 
quot,  iSgS.) 

FOIROU  :  Derrière.  (Vidocq.) 

FOLICHONNER  :  Folâtrer.  - 
a  Puis,  nous  irons  trouver  Flo- 
rine  et  Coralie  au  Panorama  dra- 
matique où  nous  folichonnerons 
avec  elles  dans  leurs  loges.  » 
(Balzac.) 

FOLICHONNE,  FOLICHON- 
NETTE  :  Fille  réjouie,  aimant 
le  plaisir.— «  Je  fus  épris,  comme 
un  toqué,  d'une  aimable  foli- 
chonnette.  »  (J.  Kelm.)  —  «  Une 
folichonneuse  cancane  et  me 
plaît  mieux.  »  (Aubry.) 

FOLLE   DU    LOGIS  :   On 

donne  ce  nom  très-bien  trouvé  à 
l'imagination  et  aussi  à  la  poésie. 
—  «  L'imagination,  cette  folle  du 
logis,  a  remplacé  les  lois  natu- 
relles par  des  lois  arbitraires.  » 
(Mismer.) 

FONCÉ  :  Radical.  Mot  à  mot: 
appartenant  au  parti  rouge  foncé. 
V.  Rouge, 


FOR 


Qautre  sous-prcfets  et  vingt  maires 
Choisis  parmi  les  plus  foncés, 
S'épandront  en  plaintes  amères. 


(G.  Jollivet.) 

FONCER  :  Se  précipiter.  — 
Abréviation  d^enfoncer. — a.  Trois 
coquins  de  railles  sur  mesigue 
ont  foncé.  »  (Vidocq.) 

FONCER  :  Donner.  V.  Babil- 
lardy  Dardant. 

FONCER  :  Payer.  —  Mot  an- 
cien. —  Abréviation  de  foncer  à 
Vappointement.  Un  poète  du  xv« 
siècle,  Coquillart  dit  déjà  : 

Il  falloit  qu'il  vint,  sus  ou  jus 
La  fournir  à  son  appétit. 
Car  qui  ne  fonce  de  quibus. 

FONDANT  :  Beurre.  (Colom- 
bey.)  —  La  propriété  est  prise 
pour  l'objet. 

FONDRIÈRES  (les)  :  Les  po- 
ches. (Rabasse.) 

FONFE,  FONFIÊRE  :  Taba- 
tière. (Idem.)  C'est  une  forme  de 
fanffe.  Même  harmonie  imita- 
tive  du  reniflement  de  la  prise  de 
tabac. 

FORESQUE  :  Marchand  fo- 
rain. (Halbert.)  —  C'est  forain 
avec  changement  de  finale. 

^  FORÊT  DE  MONT-RUBIN  ; 

Êgout,  cloaque.  (Idem.) 

FORME  :  «  Un  cheval  est  en 
forme  quand  sa  santé,  sa  condi- 
tion ne  laissent  rien  à  désirer. 
On  dit  qu'un  cheval  «a  perdu  sa 
forme»  ou  qu'il  l'a  «  retrouvée.» 
(  Parent.)  Anglic. 

FORT  EN  THÈME  :  Jeune 
homme  qui  a  eu  du  succès  au 
collège. 


FOU 


—  180  — 


FOU 


FORT-EN-GUEULE  :  «  C'é- 
tait aussi  le  temps  de  ce  qu'on 
appelait  les  engueulements.  On 
s'engueulait  d'une  voiture  à 
l'autre  ;  de  fenêtres  à  voitures, 
de  piétons  à  fenêtres  ;  chaque 
société  avait  son  ou  sa  forte-en- 
gueule,  espèce  de  crécelle  à  pou- 
mons d'acier  chargée  de  répon- 
dre à  tout  le  monde.  »  (Privât 
d'Anglemont.) 

FORTIN  :  Poivre.  (Halbert.) 
—  Diminutif  de  fort,  dans  le 
sens  de  :  acre,  fort  au  palais. 

FORT  IN  1ÈRE  :  Poivrière. 
(Idem.) 

FOSSILE  :  Suranné.  V.  Aca- 
démicien. —  Ironie. 

FOU  AILLER  :  Manquer  son 
effet.  (Dictionnaire  a'argot,  l'j.) 

FOUAILLEUR  :  Libertin.  — 
Un  T  de  plus  dans  le  corps  du 
mot  livre  son  étymologie. 

FOUCADE  ;  Idée  subite,  élan 
imprévu. 

FOUCHTRA  :  Auvergnat, 
charbonnier,  porteur  d'eau.  Al- 
lusion à  son  juron  favori.  — 
a  Fouchtra,  vous  qui  avez  une 
bonne  poigne,  tirez-moi  donc 
mon  pantalon.  »  (Ed.  Morin.) 

FOUILLER  (pouvoir  se)  :  N'a- 
voir pas  de  quoi  acquérir  ou 
conquérir.  Formule  ironique  se 
prenant  au  figuré.  —  a  Les  gari- 
baldiens avaient  de  bons  fusils; 
sans  l'artillerie,  nous  pouvions 
nous  fouiller.  »  {Vie  parisien- 
ne, 67.)  —  «  Madame,  daignez- 
vous  accepter  mon  bras;'...  Tu 
peux  te  fouiller,  calicot.»  {Alm. 
du  Hanneton,  67.) 

FOUILLOUSE:  Poche.  Mot  à 


I 


mot  :  endroit  où  l'on  fouille. 
«  Et  vous  aurez  ,  sçavez-vous 
quoy  ?  force  aubert  en  la  fol- 
louse.  »  {Vie  de  saint  Christophe, 
Grenoble,  i53o.) 

FOUINER  :  S'échapper.  — 
Vieux  mot.  —  «  S'il  est  pressé, 
que  qui  l'empêche  de  fouiner  i"  » 
(Vadé,  1755.) 

FOUR  :  Gosier.  V.  Chauffer  le 
four. 

FOUR  (faire)  :  Ne  pas  réussir. 

—  Se  disait  autrefois  des  comé- 
diens qui  renvoyaient  les  specta- 
teurs parce  qu'ils  n'avaient  pas 
assez  de  monde.  Se  dit  mainte- 
nant à  propos  de  tout.  —  «  Nous 
faisons  four,  dit  Lousteau,  en 
parlant  à  son  compatriote  la 
langue  des  coulisses.  »  (Balzac.) 

FOUR  :  Portion  la  plus  élevée 
d'une  salle  de  théâtre.  Allusion 
à  la  chaleur  qui  y  règne.  —  «  Je 
quitte  le  four  et  je  poursuis  ma 
promenade  aux  quatrièmes  lo- 
ges. »  (De  Boigne.) 

FOUR  BANAL  :  Omnibus. 
(Colombey.)  —  Tout  le  monde 
peut  s'y  enfourner. 

FOUR  IN  HAND  :  Voiture  à 
quatre  chevaux.  (Paz.)  —  Angli- 
canisme. —  a  II  nous  a  été  per- 
mis d'apercevoir  l'élégante  An- 
glaise conduisant  elle-même  un 
four  in  hand.  »  {Éclair ^  août  72.) 

FOURBI  :  Argent  provenant 
de  vol.  (Rabasse.) 

FOURBI  :  Friponnerie.  — 
Abrév.  de  fourberie,  si  ce  n'est 
un  mot  de  langue  franquc,  im- 
porté par  notre  armée  d'Af  ique. 

—  a  Quel  fourbi,  mon  Dieu!  quel 
fourbi  !  >  {Comm»  de  Loriot.) 


FOU 


-  iSi  ~ 


FOU 


FOURCHETTE  :  Homme  de 
grand  appétit,  sachant  bien  jouer 
de  la  fourchette.  —  «  Bonne 
fourchette  ,  excellent  gobelet , 
plus  il  mangeait,  plus  il  bu- 
vait. »  (E.  Villars.) 

Voler  à  la  four  chatte  :Yolev  en 
introduisant  les  deux  doigts 
dans  la  poche. 

Marquer  à  la  fourchette  :  «  Se 
dit  d"un  marchand  de  vins  qui 
marque  à  son  débiteur  quatre 
consommations  au  lieu  d'une.  » 
(P.  Moniteur,  août  76.)  Allu- 
sion aux  quatre  dents  de  la  four- 
chette. 

Jouer  des  fourchettes  :  S'en- 
fuir. 

FOURCHU  :  Bœuf.  (Vidocq.) 
Ses  cornes  font  fourche. 

FOURGA,  FOURGAT,FOUR- 

GASSE  :  Receleur,  receleuse. 
Fourgat  est  la  forme  la  plus  an- 
cienne, car  elle  est  seule  donnée 
par  Grand  val.  —  Dq  fourguer. 

FOURGAINE  :  Canne  de  jonc. 
(Halbert.) 

FOURGONNIER  :  «  On  nom- 
me ainsi  iecantinier  du  bagne.  » 
(Ponson  du  Terrail.) 

FOURGUE  :  Receleur.  Abré- 
viation àt  fourgat.  «  J'irai  chez 
mon  fourgue  lui  porter  ce  que 
j'ai  à  la  maison.  »  (Beauvillier.) 

FOURGUER  :  Vendre  à  un 
receleur.  (Rabasse.) — Du  vieux 
mot  four  gager  :  placer  dehors  à 
moitié  profit.  Les  fourgats  payent 
peu  en  effet.  V.  Poisser.  {2"  art.) 

FOURLINE,  FOURLINEUR: 
Voleur  à  la  tire. 

FOURLINÈR  :  Voler.  -  Du 


vieux  mot  fourloignier  :  écarter. 
V.  Litrer. 

FOURLOURE  :  xMalade.  (Vi- 
docq.) 

FOURLOUREUR  :  Assassin. 
(Idem.) 

FOURMILLANTE  :  Foule. 
(Colombey.) 

FOURMILLER:  Marcher  vite. 

FOURMILLON  :  Marché  pu- 
blic. —  Le  mot  peint  le  fourmil- 
lement des  vendeurs  et  des  ache- 
teurs. V.  Parrain. 

FOUROBER  ;  Fouiller.  (Co- 
lombey.) —  Ce  doit  être  un  vieux 
mot  (four-rober)  commQ  fourli- 
ner. 

FOURRIER  (mauvais)  :  Hom- 
me intègre,  servant  de  son  mieux 
les  ayants  droit,  même  à  son  dé- 
triment. On  comprend  l'ironie 
de  cette  locution  qui  a  pris  nais- 
sance dans  l'armée,  où  les  four- 
riers sont  chargés  des  réparti- 
tions. 

FOUTAISE  :  «  Bagatelle  de 
peu  d'importance.  On  dit  moins 
inci vilement  fîchaise.  »  (1808, 
Dhautel.) 

FOUTIMACER  :  Ne  faire  ou 
ne  dire  rien  qui  vaille.  (Dhau- 
tel )  —  c(  Ne  foutimacez  plus  les 
oreilles  des  dames.  »  [Paroles 
grasses  de  Caresme  -  prenant , 
162Ô.) 

FOUTRE  AU  :  Combat,  ac- 
tion de  se  f..tre  des  coups.  — 
((  Oh  !  il  va  y  avoir  du  foutreau, 
le  commandant  s'est  frotté  les 
mains.  »  (Balzac.) 

FOUTRIQUET  :  Homme  nul. 
—  «  Tous  les   foutriquets  à  cu- 

11 


FRA 


-  182  - 


FRE 


lottes  serrées  et  aux  habits  car- 
rés. »  (1793,  Hébert.) 

FRAIS  (faire  ses)  :  Percevoir  le 
dédommagement  qu'on  croit  dû 
à  ses  frais  d'esprit,  d'amabilité 
ou  de  toilette.  —  «  J'en  obtiens 
un  rendez-vous,  et  quoi  qu'il  ar- 
rive maintenant...  j'ai  fait  mes 
frais.  »  (E.  Sue.)  —  «  La  littéra- 
ture, primée  en  ce  moment  par 
la  peinture,  ne  fait  pas  ses  frais.» 
(Villemot.) 

FRALIN,  PRALINE,  FRAN- 
GIN, FRANGINE  :  Frère,  sœur. 
«J'ai  l'honneur  de  répéter  à  mon- 
sieur que  madame  n'y  est  abso- 
lument pour  personne.  —  C'est 
bon,  c'est  bon,  pas  tant  d'his- 
toires !  et  va-s'yjui  dire  que  c'est 
un  vieux  frangin  qui  la  de- 
mande. »  (Grévin.)  V.  Servir, 
A  Itèque. 

FRANC,  FRANCHE  :  Bas, 
basse.  (Halbert.) 

FRANC  :  Hanté  par  les  af- 
franchis. V.  ce  mot.  V.  Tapis, 
Romamichel. 

FRANCHIR  :  Baiser.  (Hal- 
bert.) 

FRANÇOIS  (la  faire  au  père): 
Étrangler  quelqu'un  en  lui  je- 
tant autour  du  cou  une  courroie 
à  boucle  sans  ardillon,  dispo- 
sée de  façon  à  faire  nœud  cou- 
lant. Pendant  qu'on  serre  le  pa- 
tient, un  complice  le  fouille.  La 
courroie  est  nommée  jpère  Fran- 
çois, du  nom  de  l'escarpe  qui 
s'en  servit  le  premier.  Cela  se 
rapproche  beaucoup  de  l'ancien 
charriage  à  la  mécanique. 

FRANGINE  :  Sœur.  (Rabasse.) 

FRANGIN  DABE,  FRANGINE 


DABUSCHE  :  Oncle,  tante.  Mot 
à  mot  :  frère  de  père,  sœur  de 
mère.  V.  Fralin. 

FRANGIR  :  Casser.  (Colom- 
bey.)  Vieux  mot. 

FRAPOUILLE  :  Guenille,  et, 
au  figuré,  vaurien.  Pour  fri- 
pouille. 

FRAPPER  AU  MONUMENT: 
Mourir.  Mot  à  mot  :  frapper  à  la 
porte  du  monument  funèbre, 
V.  Inférieur. 

FRÉGATE  :  Chapeau  bicorne. 
Terme  de  marine.  Re  iversé,  il 
ressemble  assez  à  la  ce  que  d'un 
bâtiment.  —  «  Prenez  otre  fré- 
gate, ayez  soin  qu'elle  s  )it  petite, 
cambrée,  inclinez-la  à  4^  degrés.» 
{Vie  parisienne,  67.) 

FRÉGATE.  V.  Être  (en). 

FRELAMPIER.  V.  Ferlant- 
pier. 

FRÉMILLANTE  :  Assemblée. 
(Halbert.)  — C'est  une  lorme  an- 
cienne de  fourmillante.  Nous  di- 
sons encore  fourmiller,  lent  hu- 
main. 

FRÉMION  :  Violon,  ([dem.)  — 
Il  vous  idixX. fourmiller,  danser. 

FRÈRE  ET  AMI  :  ])émago- 
gue.  —  Allusion  à  la  formule 
fraternelle  usitée  dans  le  parti. 
Elle  eut  cours  dès  1848.  —  «  Là- 
dessus,  grande  colère  dos  frères 
et  amis.  On  organise  chez  le 
marchand  de  vin  du  coin  une 
souscription.  »  (Fr.  Sarcey,  juin 
72.) 

FRÈRE  FRAPPART  :  Mar- 
teau. —  Jeu  de  mots. 

FRETILLANTE  :  Queue. 
(Grandval.)  « 


FRt 


-  i83  - 


FRÎ 


FRETILLANTE  ,  FRETIL- 
LER :   Danse,  danser.  (Vidocq.) 

FRETILLE  :  Paille.  (Grand- 
val.)  Forme  dQfertille. 

FRETIN  :  Poivre.  (Idem.) 
Pour  fortin. 

FRICASSÉ  :  Perdu,  de'truit. 
—  «  La  ruyne  généralle  dont  le 
royaume  est  menacé  si  Paris  es- 
toit  fri cassé.  »  (Second  Courrier 
français,  Paris,  1649.)  —  Le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie  admet 
fricasser  :  dépenser. 

FRIC-FRAC  :  Effraction.  — 
Onomatopée.  C'est  le  bruit  de  la 
chose  qu'on  casse.  V.  Carou- 
bleur,  Flic-flac. 

FRICHTI  :  Régal.  —  Corrup- 
tion de  l'allemand  frûstûck  :  dé- 
jeuner. —  «  Voilà  ce  que  je  te 
conseille  :  c'est  de  payer  un  pe- 
tit frichti.  »  (Champfleury.) 

FRICOTER  :  Vivre  de  ma- 
raude, de  profits  peu  réguliers. 

FRICOTEUR  :  Maraudeur.  — 
«  Ces  mauvais  troupiers  pillaient 
tout  sur  leur  passage.  On  les  ap- 
pelait des  fricoteurs.  »  (M.  Saint- 
Hilaire.) 

FRIGOUSSER  :  Faire  des  fri- 
gousses.  (Mot  à  mot  :  petits  fri- 
cots.) 

FRILEUX,  FRILEUSE  :  Pol- 
tron, poltronne.  (Rabasse.)  — 
Allusion  au  tremljlement  pro- 
duit par  le  froid  comme  par  la 
peur.  —  «  Je  suis  un  ferlampier 
qui  n'est  pas  frileux.  »  (E.  Sue.) 
V.  Frousse. 

FRIME,  FRIMOUSSE  :  Vi- 
sage, physionomie.  —  Du  vieux 
mot  frume.V,  Coquer,  Altèque, 


Gouêpeur.  —  «  C'est  bien  là  le 
son  du  grelot,  si  ce  n'est  pas  la 
frimousse.  »  (Balzac.) 

FRIMER  :  Feindre,  contre- 
faire. —  «  Ils  commencent  par 
leur  battre  comtois  en  frimant 
de  se  disputer.  »  (Stamir,  67.) 

FRIMOUSSER  :  Tricher.  (Vi- 
docq.) Mot  à  mot  :  se  réserver 
les  cartes  à  figures  ou  frimous- 
ses. 

FRIPOUILLE  :  Vaurien.  (Ra- 
basse.) —  De  fripe,  chiffon. 

FRIQUET  :  Mouchard.  (Co- 
lombey.) 

FRISÉ  :  Juif.  (Vidocq.)  —  La 
frisure  est  un  signe  de  la  race. 

FRISES  (toucher  les,  aller  aux)  : 
S'élever  au  sublime  sur  la  scène 
dramatique.  Mot  à  mot  :  mon- 
trer un  talent  assez  grand  pour 
toucher  la  frise  du  théâtre.  — 
«  Toucher  les  frises  est  le  7iec 
plus  ultra  de  l'art  du  comédien. 
Mademoiselle  Rachel,  dans  la 
scène  de  Camille,  touchait  les 
frises.  »  (J.  Duflot.) 

FRIT  :  Perdu,  condamné.  — 
Vieux  mot  —  ce  Nous  ne  savons 
plus  quel  boys  tordre.  Les  gueux 
sont  frits,  je  le  vous  dis.  »  {La 
Vie  de  saint  Christophe,  i53o.) 

Rien  à  frire  :  rien  à  manger. 

—  «  La  guerre  fut  en  tous  lieux 
si  amère...  tellement  que  plus 
rien  à  frire  n'entrèrent  à  Paris.  » 
[La  Juliade,  i65i.) 

FRITE  :  Pomme  de  terra  frite. 

—  «  Le  modèle  lui  donne  quel- 
ques conseils  en  lui  prenant 
quelques  frites.  »  (Bertall.)  — 
a  De  même  qu'on  dit  une  voile 
au  lieu    d'un  vaisseau,   on   dit 


FRÔ 


—  184  — 


F  RU 


simplement  deux  sous  de  frites. « 
(Figaro,  y 5.) 

FROID  AUX  YEUX  (n'avoir 
pas)  :  Être  courageux,  —  Les 
lâches  pleurent  et  le  froid  fait 
pleurer.  —  a  Ces  gaillards-là  n'au- 
ront pas  froid  aux  yeux.  » 
[Rien^i,  1826.) 

FROISSEUX ,  FROLLANT , 
FROLLAUX  :  Traître,  calom- 
niateur. (Vidocq.)  De  là  le  nom 
de  Frollo  donné  par  V.  Hugo  au 
traître  dans  ISotre  -  Dame  de 
Paris. 

FROLLER,  FROLLER  SUK 
LA  BALLE  :  Dire  du  mal. 

FROM  :  Fromage.  —  Abre'- 
viation. 

FROTESKA  :  Danse  polonaise 
qui  essaya,  il  y  a  une  trentaine 
d'années,  de  détrôner  la  polka. 
—  c(  L'on  ne  pourrait,  le  soir, 
faire  vis-à-vis  à  la  reine  Pomaré 
au  bal  Mabille  pour  une  polka, 
mazurka  ou  froteska.  »  (Th. 
Gautier,  4t>.) 

FROTIN  :  Billard.  Il  est  frotté 
par  les  billes. 

FROUFROU  :  Froissement 
d  etoflé.  —  Onomatopée.  —  «Son 
oreille  recueille  précieusement  le 
froufrou  que  fait  la  soie  de  sa 
robe.  »  (Ricard.) 

FROUFROUTER  :  Faire  frou- 
frou. —  «  A  ses  côtés  froufrou- 
tait, toutes  jupes  dehors,  l'essaim 
de  nos  grandes  cocodettes.  » 
[Figaro,  76.) 

FROUSSE  :  Peur.  Abrévia- 
tion du  vieux  mot  frillousetè  : 
frisson.  V.  Frileux. 


FRUIT-SEC  :  «  A  l'Ecole  po 
lytechnique,  les  fruits-secs  sont 
ceux  qui,  après  leur  exa;  len  de 
sortie,  ne  sont  pas  déclaiés  ad- 
missibles dans  les  services  pu- 
blics. »  (La  Bédollière.)  —  «  Les 
autres  écoles  ont  aussi  leurs 
fruits-secs,  ou  des  quatrièmes 
accessits  de  Conservatcire.  » 
(Mornand.)  —  Enrin  on  a  donné 
ce  nom  à  tous  ceux  qui  ne  ré- 
pondent pas  aux  espérances 
qu'ilsont  faitconcevoir.  —  «Note 
bien  qu'il  est  un  des  frui.s-secs 
de  son  temps,  juge  d'après  lui!  » 
(About.)  —  «  C'est  un  fr  it-sec 
du  suffrage  universel  qui  e  ^1^71 
obtint  24  voix.  »  (F.  Ma.;nard, 
75.) 

V Intermédiaire  de  mai  i865 
dit  à  ce  sujet  :  «  Vers  1800,  un 
polytechnicien  avait  reçu  lo  nom 
de  fruit-sec  à  cause  de  nom  bre\ix 
envois  de  fruits  secs  que  lui  fai- 
sait sa  famille.  Cet  élève  n  a}ant 
pas  été  reconnu  capable  d'entrer 
dans  les  services  publics,  L  nom 
de  fruit-sec  passa  à  tous  ceux 
auxquels  un  pareil  malheir  ar- 
rive. » —  Sans  ce  renseigne  nent, 
le  mot  àQ  fruit  sec  pourrai  s'ex- 
pliquer fort  bien  au  figure.  Être 
reçu  à  l'école,  c'est  déjà  ^or.er  un 
fruit;  ne  pouvoir  s'y  maintenir, 
c'est  pour  ainsi  dire  séchc  •  sur 
l'arbre  où  on  espérait  arri\  er  à 
maturité. 

FRUSQUER  :  Donner.  (Co- 
lombey.) 

f^RUSQUES  :  Vêtements.  Abré- 
viation du  vieux  mot  frusç  uni  : 
garde-robe,  bien  mobiliei .  — • 
u  Les  vêtements,  en  terme  ^;e'nc- 
ri  jue,  sont di^s frusques;  unj  pe- 
lure est  un  habit  ou  une  rcdin- 


t 


FUR 


-  i85  - 


FUS 


gote;   le  pantalon  est   un   mon- 
tant. »  (Mornand.)  V.  Bibloter. 

FRUSQUIN  :  Coquetterie  de 
toilette.  (Halbert.) 

FRUSQUINER  :  Habiller.  (Vi- 
docq.) 

FRUSQUINEUR  :  Tailleur. 
(Vidocq.) 

FQMÉ  :  Radicalement  perdu. 
—  «  Trahison  !  nous  sommes 
fumés.  »  (Mélesville.) 

FUMER  :  Se  battre.  (Grand- 
val.) 

FUMER,  FUMER  SANS  TA- 
BAC :  Bouillir  d'impatience.  Qui 
bout  fume.  —  «  J'ai  cent  mille 
fois,  étant  au  bivouac,  fumé 
sans  tabac.  »  (Duverny,  i5.)  — 
«  Ma  femme  à  la  mod'  va  se  con-  | 
former  et  cela  va  me  faire  fu- 
mer. »  (Metay.)  j 

FUMERONS  :  Jambes  mai- 
gres. —  Allusion  de  forme.  Le 
fumeron  est  un  gros  brin  de  fa- 
got. V.  Gueule. 

FUMISTE  :  Trompeur,  mys- 
tificateur. Mot  à  mot  :  homme 
qui  ïdÀt  fumer  les  gens. 

FURIA  FRANCESE  :  Impé- 
tuosité qui  caractérise  la  pre- 
mière attaque  d'une  troupe  fran- 
çaise. —  Italianisme.  —  «  Les 
commandants  supérieurs  met- 
tent des  entraves  à  l'élan,  à  l'im- 
pulsion,  à  la  furia    francese.  » 


(Impressions  du  siège  de  Belfort, 

70.) 

FUSÉE  :  Vomissement.  —  Al- 
'  lusion  à  la  violence  de  la  pro- 
jection. —  «  V'ià  qu'  Jean-Louis 
s'  mit  à  faire  z'un  renard  qu'é- 
tait comme  un'  fusée  d'  la  fête 
du  premier  vendrémiaire.  »  {Ca~ 
tcchisme  poissard,  40.)  —  «  Nous 
allumâmes  un  punch  de  six  li- 
tres... Gare  les  fusées!  »  (Mi- 
chu.) 

FUSIL  :  Gosier.  —  Allusion  à 
la  forme  ronde  et  creuse  du  fu- 
sil. —  «  A  présent,  mon  vieux, 
colle-toi  ça  dans  le  fusil.  —  Une 
bouteille  de  vitriol  m'eût  moins 
chauffé.  »  {Commentaires  de  Lo- 
riot.) 

Repousser  du  fusil  :  Sentir 
mauvais  de  la  bouche.  Jeu  de 
mot.  V.  Écarter. 

FUSILLER  :  Envoyer  de  pe- 
tits crachats  en  parlant.  V.  Écar- 
ter. 

FUSILLER  :  Donner  un  mau- 
vais dîner.  —  Usité  dans  l'ar- 
mée. 

i  Fusiller  le  plancher  :  Partir  en 
courant.  —  Comparaison  du 
bruit  sec  des  pas  sur  le  plancher 
aux  détonations  de  la  mousque- 
terie. —  Tiens!  les  deux  autres 
qui  fusillent  le  plancher.  —  En 
effet,  les  deux  hommes  venaient 

j  de  partir.  »  (Du  Boisgobey.) 


GAG 


—  i86 


GAL 


Gr 


GABEGIE  :  Fraude.  Du  vieux 
mot  gaberie  :  tromperie.  —«As- 
surément, il  y  a  de  la  gabegie  là- 
dessous.  »  (Deslys.) 

GABELOU  :  Employé  des 
contributions  indirectes.  —  Du 
vaol  gabloux  :  officier  de  gabelle. 
—  «  Bras-Rouge  est  contreban- 
dier... il  s'en  vante  au  nez  des 
gabelous.  »  (E.  Sue.) 

GADIN  :  Bouchon.  (  Rabasse.) 

GADOUE  :  Salope. —Du  vieux 
mot  gadoue  :  ordure.  —  «  File, 
mon  fiston,  roule  ta  gadoue, 
mon  homme,  ça  pue.  »  {Caté- 
chisme poissard,  ^.) 

GAFE,  GAFEUR,  GAFRE  : 
Soldat  en  sentinelle,  voleur  aux 
aguets  pour  ses  complices,  sur- 
veillant de  prison.  Ce  terme  vient 
du  Midi,  où  gaffe  se  dit  pour  re- 
cors, parce  qu'il  saisit  comme  la 
perche  à  croc  appelée  gaffe. 

GAFER,  GAFFER  :  Guetter. 
(Vidocq.) 

GAFFE  (faire  le)  :  Faire  le 
guet.  (Rabasse.) 

GAFFIER,  GAFFRE  :  Sur- 
veillant. —  «  Les  gaffiers  sont 
plus  mouchiques  que  lago.  » 
(Rabasse.)  V.  Gafe. 

GAGAT  :  «  Les  gagats,  c'é- 
taient primitivement  les  bouil- 
leurs et  les  forgerons  de  Saint- 
Élienne  ;  puis  le  mot  s'est  étendu 
à  tous  les  habitants  de  la  loca- 


lité sans  distinction.»  (Ratliery.) 

GAI  :  Excité,  égayé  par  la 
boisson.  —  «  Avoue-le,  l'autre 
jour  j'étais  un  peu  lancé,  n'est- 
ce  pas  ?  —  Oh  !  gai  tout  au  f  lus.  » 
(Ghavette.) 

GAIL  :    Cheval.   (Colon  bey.) 

—  Abréviation  de  galier. 

GAITTE  :  Argent.  (Rab  isse.) 
Pour  Guelte. 

GALAPIAT:  Galopin.  — Modi- 
fication de  finales.  —  «  Il  dit  aux 
avocats  :  Vous  êtes  un  tas  de 
galapiats  qui  vous  fichez  du 
monde.  »  (Balzac.) 

GALBEUX  :  Bien  modelé,  sé- 
duisant de  galbe.  —«Il  n'est  pas 
très-galbeux,  mais  je  le  crois  très- 
roublard.  »  (Du  Boisgobey.  ) 

GALE  :  Personne  aussi  in  om- 
mode  et  insupportable  qi  e  la 
gale. 

GALETTE  :  Matelas.  {Petit 
dictionnaire  d'argot,  44.)  —  Le 
nom  dit  assez  qu'il  s'agit  d'un 
matelas  mince. 

GALETTE  :  Homme  nul  et 
plat;  contre-épaulette  portét  au- 
trefois par  les  soldats  du  centre. 

-  «  Pour  revêtir  l'uniforme  et 
les  galettes  de  pousse-cailloux.» 
(La  Bcdollière.) 

GALIENNE,  GALIÈRE  :  Ju- 
ment. (Halbert.)  V.  ce  mot. 


GAL  -  I 

GALIER,  GALLIER  :  Cheval. 
—  Vieux  mot.  Dans  la  Vie  de 
saint  Cristophe  (Lyon,  i53o),  un 
larron  s'écrie  : 

Cap  de  Dio  !  tout  est  despendu  : 
J'ai  mon  arbaleste  flouée, 
Et  le  galier  pieça  vendu. 

GALIFARD  :  a  Commission- 
naire, saute-ruisseaux  qui  porte 
au  client  les  marchandises  ven- 
dues au  Temple.  »  (Mornand.) 

GALIOTTE,  GAYE  :  Partie 
entamée  entre  une  dupe  et  deux 
grecs.  —  Le  second  liiot  est  une 
abréviation. 

GALOCHE  :  Menton.(Halbert.) 

GALON  D'IMBÉCILE  :  Galon 
de  soldat  de  première  classe.  Il 
était  donné  autrefois  à  l'ancien- 
neté et  non  au  mérite.  —  On 
rencontre  l'équivalent  de  ce  mot 
dans  les  autres  grades.  —  «  Il 
passa  capitaine  à  l'ancienneté,  à 
son  tour  de  bête,  comme  il  di- 
sait en  rechignant.  »  (E.  About.) 

GALONS  (arroser  ses)  :  Payer 
à  boire  lorsqu'on  est  promu 
sous-officier.  —  «  Je  ne  dis  pas 
que...  avec  les  camarades,  pour 
arroser  mes  galons.  »  (Cormon.) 

GALOP  :  Réprimande  éner- 
gique. —  «  Tu  as  tant  fait,  que 
ma  mère  va  me  donner  un  ga- 
lop. »  (Champfleury.) 

GALOUSER  :  Chanter.  (Hal- 
bert.)  —Interversion  de  goualer. 

GALTRON  :  Poulain.  (Hal- 
bert.)  —  Diminutif  de  galier  : 
cheval. 

GALUCHE  :  Galon.  (Colom- 
bey.)  —  Changement  de  finale. 

GALUGHER:  Galonner.-  «  J'ii 


87  -  GAM 

ferai  porter  fontange]  et  souliers 
galuchés.  »  (Vidocq.) 

GALUCHET  :  Valet  de  cartes. 

—  Mot  à  mot  :  galonné.  Allusion 
aux  galons  de  sa  livrée. — «Cinq 
atouts  par  le  monarque,  son 
épouse  et  le  galuchet.  »  (Monté- 
pin.) 

GALURIN  :  Chapeau.  —  Ga- 
lurin  à  viskop  :  Chapeau  à  lar- 
ges bords. 

GALVAUDAGE  :    Tripotage. 

—  «  Surtout  pas  de  galvaudage 
ni  de  chipoteries.  »  (Balzac.) 

GALVAUDER  (se)  :  Compro- 
mettre sa  réputation  par  des 
galvaudages.  —  «  Peut-être  au- 
rait-il pu  trouver  un  emploi  mé- 
diocre, mais  Delobelle  ne  voulait 
pas  se  galvauder.  »  (Alph.  Daudet.) 

GAMBETTIN ,  GAMBETTI- 
NE  :  Qui  est  de  Gambetta,  qui 
soutient  Gambetta.  «  Pourquoi 
qualifiait-il  la  politique  gambet- 
tine?  »  (F.  Magnard,  75.) 

GAMBETTISTE  :  Partisan  de 
Gambetta,  fonctionnaire  nommé 
par  Gambetta  pendant  l'organi- 
sation de  la  défense  en  province. 

—  «  Il  y  a  dix  journaux  qui 
m'ont  appelé  gambettiste.»(Saint- 
Genest,  75.) 

GAMBILLE  :  Jambe.  Diminu- 
tif du  vieux  mot  :  gambe. 

GAMBILLER  :  Danser.— Vieux 
mot  de  langue  romane.  V.  Co- 
que^. 

GAMBILLEUSE  :  Coureuse  de 
bals. 

GAMBRIADE  :  Dame  bien 
mise.  (Rabasse.) 

GAME  :  Rage,  hydrophobie. 
(Halbert.)  C'est  un  vieux  mot. 


GAN 


GAR 


GAMME  :  Admonestation  sé- 
vère. Allusion  au  crescendo  des 
reproches. 

Monter  une  gamme  :  Gronder, 
tancer.  —  Même  allusion. 

GANGE  :  Clique.  (Halbert.) 

GANDIN  :  Dandy  ridicule.  Al- 
lusion à  l'ex-boulevard  de  Gand, 
qui  fut  leur  promenade  favo- 
rite.—  «  L'œillet  rouge  à  la  bou- 
tonnière, les  cheveux  soigneu- 
sement ramenés  sur  les  tempes, 
le  faux-col,  les  entournures,  le 
regard,  les  favoris,  le  menton, 
les  bottes;  tout  en  lui  indiquait 
le  parfait  gandin,  tout,  jusqu'à 
son  mouchoir  fortement  impré- 
gné d'essence  d'idiotisme.  »  {Fi- 
garo, 58.) 

GANDIN  :  Tromperie.  —  Du 
vieux  mot  gandie  :  tromperie. 

Monter  un  gandin  :  Dans  l'ar- 
mée d'Afrique,  c'est  essayer  de 
consommer  sans  payer  le  caba- 
retier  ou  maltais.  —  «  Au  Tem- 
ple,  tromper  un  client,  c'est 
monter  un  gandin.  »  (L.  Lespès.) 

Gandin  d'altèque  :  Croix,  dé- 
coration. (Vidocq.)  Mot  à  mot  : 
tromperie  aristocratique. 

GANDINE  :  Grisette.  (Rabasse.) 

GANDINERIE,  GANDINISME: 
Genre  du  gandin.  —  «  La  popu- 
lation du  quartier  Latin  aspira 
à  la  gandinerie,  elle  n'eut  plus 
qu'un  but,  le  luxe.  »  {Le  Passé 
de  ces  Dames,  iSôo.)  —  «  Le 
gandinisme, c'est  le  ridicule  dans 
la  sottise.  »  (G.  Naquet.) 

GANTER  :  Convenir,  mot  à 
mot  :  aller  comme  un  gant.  On 
dit  :  cela  me  gante  !  comme  cela 
me  chausse. 


GANTS  (donner  pour  les)  : 
Donner  une  gratification  en  sus 
du  prix  convenu.  —  C^tte  ex- 
pression était  prise  au  xvii«  siè- 
cle dans  l'acception  générale  de 
pourboire.  Elle  venait  de  l'espa- 
gnol paragante.  —  «  Et  le  luy 
rendoit  moyennant  tant  dépara- 
gante.  »  (T.  des  Réaux.) 

GANT  JAUNE  :  .  Quand    on 

dit  d'un  homme  qu'il  perte  des 
gants  jaunes,  qu'on  l'appelle  un 
gant  jaune,  c'est  une  r.anière 
concise  de  dire  :  un  liomme 
comme  il  faut.  »(Alph.  Karr,  41,) 
—  «  Quand  on  a  relevé  le^  cada- 
vres des  émeutiers,  qi'a-t-on 
trouvé  en  majorité?  Des  malfai- 
teurs et  des  gants  jaunes  1  »  dit 
M.  Granier  de  Cassagnac  dans 
son  apologie  du  coup  d'Ltat  de 
Louis  Napoléon. 

GARÇON  DE  CAMBROUSE  : 
Voleur  de  campagne,  —  Au 
moyen  âge,  garson  sicnifiait 
souvent  vaurien.  —  «  La  ce  gnade 
à  gayet  servait  le  trèpe  pour  lais- 
ser abouler  une  roulotte  f;  rguée 
d'un  ratichon,  de  Chariot  et  de 
son  larbin  et  d'un  garçon  dt  cam- 
brouse  que  j'ai  reconobré  pour 
le  petit  Nantais.  »  (Vidocq.) 

GARDANNE  :  «  Si  parr<«gnu- 
res  vous  entendez  les  morceaux 
de  coupons  de  soie,  ou  garJan- 
nes,  vous  ne  vous  êtes  p;  s  in- 
quiété d'une  branche  fort  1  jcra- 
tive  de  l'industrie  parisienne.  » 
(Privât  d'Anglemont.) 

GARDE  A  CARREAU  (  ivoir 
une).  Se  garder  à  carreau  :  Se 
tenir  prêt  à  parer  tout  accident. 
Ce  doit  être  un  jeu  de  mot:  an- 
cien. Carreau  signifiait  ja  lis  : 
trait,  projectile.  —  a  Je  m'i  per- 


GAR 


—   i8q  - 


GAT 


eus  bientôt  qu'il  avait  plusd'uiit: 
garde  à  carreau.  »  [Mémoires  de 
Rovigo,  29.) 

GARE  DES  VOITURES  :  Pru- 
dent, rangé.  —  Allusion  aux 
dangers  de  la  circulation  pari- 
sienne. —  «  Je  suis  honnête 
homme  maintenant...  un  bour- 
geois garé  des  voitures.  »  (M™" 
Ratazzi,  66.) 

GARGAMELLE  :  Gosier.  — 
Vieux  mot. 

GARGARISER  (se)  :  Boire  à 
pleines  rasades.  C'est  l'équiva- 
lent exact  de  se  rincer  le  gosier. 
V.  Taper  sur  les  vivres. 

GARGOT  :  Gargote.  —  Abré- 
viation. —  «  Dans  les  crémeries 
borgnes  et  dans  les  gargots  de 
la  grande  truanderie.  »  (P.  Par- 
fait.) 

GARGOUENNE,  GARGOUI- 
NE,  GARGOINE,  GARGOUIL- 
LE, GARGUE  :  Gosier.  —  Tous 
ces  mots  dérivent  du  dernier  et 
doivent  être  aussi  anciens  que 
lui.  — Nous  disons  encore  gar- 
gouille et  gargariser. — «  La  gar- 
gouine  me  démange,  il  faut  l'hu- 
mecter, c'  gosier,  afin  d'  pouvoir 
recommencer.  »  {Catéchisme 
poissard,  44.)  —  «  Ouvre  la  gar- 
gouine.  Prends  le  bout  de  ce 
foulard  dans  tes  quenottes.  » 
(E.  Sue.) 

GARIBALDI  (coup  de)  :  Coup 
de  tête  donné  par  un  malfaiteur 
à  celui  qu'il  veut  dépouiller  le 
soir  dans  la  rue. —  «  Arrivé  près 
de  sa  victime,  il  se  précipite  sur 
elle  en  lui  donnant  un  violent 
coup  de  tête  dans  l'estomac.  Ils 
appellent  cela  le  coup  de  Gari- 
baldi.  »  (Notes  d'un  agent,  69.) 


GARIBALDI  :  Courte  chemise 
rouge,  petit  chapeau  de  feutre. 
—  Allusion  au  costume  du  fa- 
meux patriote  italien.  —  ((  On 
peut  faire  le  dandy,  le  Garibaldi 
sur  le  coin  de  l'oreille.  »  (Le 
Gai  Compagnon  maçon.) 

GARNAFIER,    GARNAFLE  : 

Fermier. 

GARNI  :  Chambre  garnie.  — 
((  Un  lit  en  bois  peint,  une  com- 
mode en  noyer,  un  secrétaire  en 
acajou,  une  pendule  en  cuivre, 
des  vases  de  porcelaine  peinte, 
cela  s'appelle  un  garni.  »  (Champ- 
fleury.)  V.  Poussier. 

GARNI  :  Petit  hôtel  meublé. 
—  «  Une  maison  garnie  s'ap- 
pelle aussi  un  garni  en  raison  du 
bas  prix  des  loyers.  »  (E.  Sue.) 

GARNISON  :  Vermine  à  de- 
meure dans  un  lit  ou  sur  un  in- 
dividu. V.  Grenadier,  Négresse. 

GARROTAGE  (vol  au)  :  C'est 
le  même  que  le  vol  du  père 
François.  (V.  ce  mot.)  Ici  la 
courroie  est  assimilée  au  garrot 
espagnol  qui  étrangle  les  crimi- 
nels. 

GAS  :  Malin.  —  «  L'employé 
était  un  gas.  »  (Stamir,  67.)  — 
Mot  à  mot  :  un  garçon. 

GATEAU  (avoir  du)  :  Avoir 
sa  part  de  vol.  (Rabasse.) 

GATEAU  (papa,  maman)  :  Se 
dit  des  parents  qui  gâtent  leurs 
enfants.  —  Jeux  de  mots  sur  le 
verbe  gâter,  et  sur  le  gâteau  qui 
le  représente  d'ordinaire  vis-à- 
vis  des  enfants.  —  «  Soit  que  le 
hasard,  —  ce  papa  gâteau  des 
rêveurs,  — ait  à  leur  endroit  des 
préférences  spéciales.  »  (Marx.) 

XI» 


GAU 


—  iqo 


GAZ 


GATEUSE  :  Longue  capote  à 
la  mode  en  1875.  Allusion  aux 
capotes  de  la  Salpêtrière,  hôpi- 
tal réservé  aux  gâteux.  —  a  Un 
petit  gommeux  complètement 
crevé  dit  au  cocher  d'une  voix 
éteinte,  du  fond  du  grand  collet 
de  sa  gâteuse.  »  {Figaro^  75.) 

GATEUX  :  Imbécile.  —  Ac- 
ception figurée  d'une  infirmité 
connue.  Bien  qu'elle  soit  assez 
mal-propre,  on  en  use  pour  rem- 
placer idiot  et  iyifect,  qui  ont 
fini  par  sembler  fades,  —  «  Puis 
il  faut  avouer,  me  dit  M.  de  B..., 
que  cet  Allemand  est  un  joli  gâ- 
teux. »  (Nord,  septembre  72.) 

GAUCHE  (la)  :  Le  parti  de 
l'opposition  démocratique.  — 
Ainsi  nommé  parce  qu'il  se  place 
d'ordinaire  au  côté  gauche  de 
nos  assemblées  législatives.  — 
a  Des  sommets  de  la  gauche,  il 
fit  pleuvoir  des  interpellations.» 
(E.  d'HerviUy.) 

GAUCHE  fdonner  à):  Se  trom- 
per. Mot  à  mot,  s'écarter  de  la 
ligne  droite. 

GAUCHER  :  Membre  de  la 
gauche  de  l'Assemblée  nationale. 
—  a  Y  a  pas  mal  de  différence 
entre  les  gauchers  et  les  droi- 
tiers. »  (Figaro,  jS.) 

GAUDILLE  :  Épée.  (Grand- 
val.) 

GAUDINEUR  :  Décorateur.  — 
Du  vieux  mot  gaudiner  :  s'amu- 
ser. La  gaieté  des  peintres  en  bâ- 
timent est  proverbiale. 

GAULE  :  Cidre.  Mot  à  mot  : 
Vin  gaulé  dans  les  pommiers. 

GAULOIS  :  «  Autrefois  c'était 
peut-être  un  compliment  à  un 


écrivain  que  de  dire  :  Vous  êtes 
Gaulois.  L'esprit  gaulois,  c'est-à- 
Jire  la  belle  humeur  triviale,  est 
devenu  un  anachronisme.  »  (Au- 
bryet.) 

GAUX-PICANTIS  :  Pou. 
(Grandval.) — Halbert  àxtcpoux, 
ce  qui  n'est  pas  la  même  chose, 
mais  ce  doit  être  une  faute  d'im- 
pression. 

GAVÉ,  GA VIOLÉ  :  Ivre.  Mot 
à  mot  :  gorgé  jusqu'au  gosier. — 
Du  vieux  mot  gaviot. 

GAVOT  :  Compagnon.  \.  Dé- 
vorant. 

GAVROCHE  :  Gamin.  —  Type 
des  Misérables  de  V.  Huf;o.  — 
«  Augustine  Brohan  en  gavro- 
che. »  [Vie  parisienne,  67.) 

GAY  :  Laid,  drôle.  (Vidocq.) 

GAYE  :  Fausse  partie.  V.  Ga- 
liotte. 

GAYE,  GAYET  :  Cheval.  — 
Abréviation  de  galier.  V,  Gar- 
çon. 

GÀYERIE  :  cavalerie. 

GAZ  (éteindre  son)  :  Mojrir. 
Mot  à  mot  :  s'éteindre  te  ut  à 
coup  comme  un  bec  de  ga x:.  — 
«  La  pauvre  vieille  éteint  son 
gaz...  Une  indigestionA'andouil- 
iettes.  »  (About.) 

GAZ  (lâcher  le)  :  Péter.  —  Al- 
lusion à  la  nature  et  au  bruit  de 
l'expulsion.  —  «  D'autres  ci  ans 
un  coin,  mais  sans  honte,  lâ- 
chent le  gaz  et  font  des  renards.» 
(Chansonnier,  36.) 

GAZ  (faire  son)  :  Aller  à  la 
garde-robe.  (Grandval.) 

GAZON    :  Perruque  mal  j^ei- 


GER 


—  igr 


GIG 


gnée,  ébouriffée  comme  une 
touffe  d'herbe. 

GAZOUILLER  :  Parler,  chan- 
ter. —  Vieux  mot.  —  «  Laquelle 
de  tous  les  deux  qu'a  le  plus  de 
choses  dans  le  gazouillage?  » 
(Vadé,  1788.) 

GÊNEUR  :  Importun,  causeur 
gênant.  —  «  On  ne  pouvait  plus 
faire  un  pas  dans  la  rue  sans 
rencontrer  un  de  ces  gêneurs.  » 
(P.  Véron.) 

GENEVIÈVE  :  Gin.  Jeu  de 
mots  sur  le  genièvre  qui  est  la 
même  chose  que  le  gin. 

GENOU  :  Tête  aussi  nue  qu'un 
genou.  «  Il  ébauchait  une  calvi- 
tie dont  il  disait  lui-même  sans 
tristesse  :  Crâne  à  trente  ans, 
genou  à  quarante.  »  (V.   Hugo.) 

—  «  Dire  au  vieux  monsieur  : 
lâchez-moi  donc  le  coude,  mon 
bonhomme,  et  à  Chaillot  le 
genou  qui  renifle.  »  (G.  Rémi, 
Tam-Tam,  75.) 

GENREUX  :  Homme  qui  fait 
du  genre,  poseur  ridicule. 

GENTLEMAN  :  Gentilhomme, 
dans  la  langue  des  anglomanes. 

—  a  Nous  sommes  certes  de  par- 
faits gentlemen.  »  (Frémy.) 

GENTLEMAN  RIDER -.«Hom- 
me du  monde  qui  monte  dans 
les  courses.  »  (Paz.) 

GENTRY  :  Société  aristocra- 
tique. —  «  Imposant  à  la  gentry 
par  son  nom  et  sa  fortune.  » 
(Aubryet.) 

GEORGET  :  Gilet.  —  Vieux 
mot. 

GERBE  :  An  de  prison.  (Ra- 
basse.) 


GERBER  :  Juger.  (Vidocq.) 
Mot  à  mot  :  réunir  tous  les  actes 
de  la  vie  passée,  en  faire  une 
gerbe,  un  faisceau  pour  l'accu- 
sation? V.  Manger. 

Gerber  à  la  passe  :  Condam- 
ner à  mort.  —  On  dit  souvent 
en  parlant  de  la  mort  :  Il  faut  la 
passer. —  «  On  va  le  buter.  Il  est 
depuis  deux  mois  gerbe  à  la 
passe.  »  (Balzac.) 

GERBERIE  :  Tribunal.  (Vi- 
docq.) 

GERBIER  :  Juge.  (Vidocq.) 

GERNAFLE  :  Ferme.  —  Pour 
garnafle. 

GÉRONTOCRATIE  :  Puis- 
sance de  la  routine  représentée 
au  théâtre  par  le  type  deGéronte. 
M.  James  Fazy,  de  Genève,  a  dé- 
buté dans  les  lettres  par  un  ou- 
vrage intitulé  :  De  la  Géronto- 
cratie j  ou  Abus  de  la  sagesse 
des  vieillards  dans  le  gouverne- 
ment de  la  France^  28. 

GI  :  Oui.  (Halbert.)  V.  Gy. 

GIBERNE  :  Derrière.  —  Allu- 
sion à  la  place  ordinaire  de  la 
giberne.  —  «  Il  donne  en  riant 
une  légère  tape  sur  la  giberne 
de  Léa.  Léa  :  Insolent.  »  (L.  Le- 
roy.) W.' Pinceau. 

GILBOCQUE  :  Billard.  (Hal- 
bert.) —  Onomatopée.  C'est  le 
bruit  de  la  bille  qui  en  rencon- 
tre une  autre. 

GIGOLETTE  :  Grisette,  fau- 
bourienne courant  les  bals  pu- 
blics. 

GIGOLO  :  Petit  jeune  homme 
fréquentant  les  lieux  où  se  ren- 
contre la  gigolette. 


GIR  - 

Si  tu  veux  être  ma  gipolette, 
Oui,  je  serai  ton  gigolo. 
(Chanson  populaire,  i85o,) 

GILET  EN  CŒUR  :  Élégant, 
fashionable. — a  Lundi  vous  trou 
viez  au  Théâtre-Français  les  gi- 
lets en  cœur  les  plus  brillants 
de  Paris.  »  (Figaro,  76.)  —  La 
description  suivante  donne  l'éty- 
mologie  du  mot  :  «  Cela  fait, 
regagnez  votre  domicile,  glissez 
les  jambes  dans  un  pantalon  si- 
mulant la  vis  au  cou-de-pied  ; 
encadrez  le  plastron  de  votre  che- 
mise dans  un  gilet  ouvert  jus- 
qu'au nombril,  et  endossez  l'ha- 
bîtnoir  préalablement  orné  d'un 
œillet  blanc.  »  (Marx,  67.) 

GILMONT  :  Gilet.  —  Chan- 
gement de  finale. 

GINGINER  :  Faire  une  œil- 
lade. —  «  Elle  gingine  à  mon 
endroit...  »  (Gavarni.) 

GINGLARD,  GINGLET  :  Pi- 
quette. —  Du  vieux  mot  gin- 
guet  :  petit  vin  aigre.  —  Le  vin 
nouveau  qui  est  aigre  s'appelait 
]adïs  jain.  V.  Lacombe.  —  ce  Nous 
avons  arrosé  le  tout  avec  un  pe- 
tit ginglard  à  six  qui  nous  a  fait 
éternuer...  oh!  mais,  c'était  ça!» 
(Voizo.) 

GINGUER  :  Envoyer  des  coups 
de  jambe.  — Du  vieux  mot  ^/o-we, 
jambe. 

GIROFLE  :  Jolie,  aimable, 
bonne.  —  «  Montron  drogue  à  sa 
largue  :  bonnis-moi  donc  giro- 
fle. »  (Vidocq.)  —  V.  Coquer. 

GIROFLÉE  A  CINQ  FEUIL- 
LES, A  PLUSIEURS  FEUILLES  : 
Soufflet.  —  Les  cinq  feuilles  re- 
présentent les  cinq  doigts  de  la 


192  —  OU  * 

nain.  —  «  Je  vous   lui  donnai    . 
ine  giroflée  à  cinq  feuilks  sur  le 
Tiusiau.  »  (Rétif,  1783.) 

GIROFLERIE  :  Amabil  i  té.  ( Vi-  v 
Jocq.)  —  De  girofle  :  aimable. 

GIROFLETTER  :  Souffleter.  » 
—  De  giroflée  :  soufflet.  —  «  Ah  !  > 
l'a-t-elle  girofletté  !  »  (Bal/-ac.) 

GIROLLE  :  Oui,  soit.  (Vi- 
docq.) 

GIRONDE  :  Jolie,  bieii  faite. 
(Rabasse.) 

GIROUETTE  :  Homme  poli- 
tique dont  les  opinions  chan- 
gent selon  le  vent  de  la  fcrtune. 
On  a  publié  depuis  181 5  juatre 
ou  cinq  dictionnaires  do  Gi- 
rouettes. 

GITRE  :  J'ai.  (Grandval  )  Mot 
à  mot  ifitre.  (V.  Itrer.)  ^  idocq 
donne  à  tort,  croyons-nc  us,  le 
verbe  gitrer. 

GIVERNEUR  :  Vagabond  cou- 
chant dans  la  rue.  (Vidocq.) 

GLACE  :  Verre  à  boire. 
(Grandval.)  De  l'anglais  gla^s  qui 
a  le  même  sens. 

GLACI  :  Verre  de  vin.  (Ra- 
basse.) —  Terme  maçonnique. 

GLACIÈRE  PENDUE  :  Ré- 
verbère. (Halbert.)  V.  Pend.i. 

GLACIS:  Vitres, carreaux.  (Ra- 
basse.) 

GLAVIOT  :  Crachat.  — Dhau- 
tel  dit  Claviot. 

GLIER,  GLINET  :  Di  ible. 
(Grandval.) 

GLISSANT  :  Savon.  (Vid  >cq.) 
—  Se  fait  glisser. 

GLISSER  (se  laisser  glissji)  : 
Mourir.  —  On  dit  plus  souv.nt  : 


GNA 


-  iq3  - 


GOB 


il  s'est  laissé  glisser.  Quand  on 
glisse,  on  tombe,  et  c'est  de  la 
grande  chute  qu'il  s'agit  ici.  — 
«  C'est  là  (à  un  restaurant  de  la 
chaussée  du  Maine),  que  j'ai  ap- 
pris, entre  autres  bizarreries,  les 
dix  ou  douze  manières  d'annon- 
cer la  mort  de  quelqu'un  :  Il  a 
cassé  sa  pi pe,  —  il  a  claqué,  —  il 
a  perdu  le  goût  du  pain,  —  il  a 
avalé  sa  langue,  —  il  s'est  ha- 
billé de  sapin,  —  il  a  glissé,  — 
il  a  décollé  le  billard,  —  il  a  cra- 
ché son  âme,  »  etc.,  etc.  (Del- 
vau,  65.) 

GLORIA  :  Petit  verre  d'eau-de- 
vie  versé  dans  une  demi-tasse. — 
De  même  que  le  gloria  patri  se 
dit  à  la  fin  des  psaumes,  ce  gloria 
d'un  autre  genre  est  la  fin  obli- 
gée d'un  régal  populaire.  —  «  A 
la  chaleur  d'une  demi-tasse  de 
café  bénie  par  un  gloria  quel- 
conque. »  (Balzac.) 

Gloria  :  Petite  demi-tasse.  — 
«  Ne  fût-ce  qu'une  absinthe  ou 
un  gloria.  »  (About.) 

GLORIEUSES  (les)  :  Les  trois 
journées  de  la  révolution  de  i83o, 
qualifiées  ordinairement  de  glo- 
rieuses dans  le  langage  officiel 
d'alors.  —  a  Les  trois  journées 
de  février  qui  répondirent  aux 
glorieuses  de  i83o  avec  une  si 
fatale  symétrie.  »  (Aubryet.) 

GLOU-GLOU  :  Action  de  ver- 
ser du  vin  à  la  ronde.  —  Har- 
monie imitative  du  bruit  du  li- 
quide en  s'échappant  du  goulot. 
V.  Absorption. 

GLUTOUSE  (la)  :  La  figure. 
(Ra  basse.) 

GNAN-GNAN  :  Mais,  maise. 
—  Redoublement  du  vieux  mot 


niant  :  rien.  Talraa  écrit  à  ma- 
dame Bourgoin,  le  ig  septembre 
■^5  :  ((  Vous  avez  prouvé  au  pu- 
blic et  à  vos  camarades  que  vous 
êtes  en  état  de  jouer  autre  chose 
que  des  gnans-gnans.  » 

GNIAF,  GNIAFFE  :  Savetier, 
et  par  extension  :  homme  gros- 
sier, mal  élevé.  —  «  C'est  le  cor- 
donnier gniaffe  que  nous  nous 
sommes  proposé  surtout  de  pein- 
dre. »  (P.  Borel.)  —  «  Je  dis, 
monsieur  le  baron,  que  vous  êtes 
un  gniaf,  et  que  vous  me  prenez 
pour  un  autre.  »  (E.  Villars.) 

GNI0L,GNI0LLE,  GNOLLE: 
Sans  valeur  intellectuelle,  niais. 
—  Vient  de  gnan-gnan  avec  chan- 
gement de  finale.  On  a  écrit  ce 
mot  de  toutes  les  façons.  La  plus 
ancienne,  celle  de'  i8o5,  doit 
être  préférée.  —  «  Des  journa- 
listes très-ignorants,, se  servent 
du  mot  césarisme  dans  une  très- 
mauvaise  acception.  Il  faut  avoir 
été  de  l'hôtel  de  ville  pour  être 
aussi  gniol  que  cela.  »  (J.  Ri- 
chard.) —  «Mais  il  est  si  gniolle, 
ce  gouvernement!  il  est  si  fei- 
gnant !  si  propre  à  rien.  »  (Mon- 
tépin.)  —  «  Pas  si  gnolle,  c'est 
des  gosses,  ça.  »  (Rousseliana, 
95.) 

GNOGNOTE  :  Chose  sans  va- 
leur. —  Même  étymologie  que 
gnan-gnan.  —  «  Josepha...  c'est 
de  la  gnognote.  »  (Balzac.) 

GNOLE  :  Tape.  —  Abrévia- 
tion de  Torgnole.  —  «  Quoi!  tu 
n'  peux  ly  riche  une  gnole  des- 
sus la  tronche.  »  [Dialogues 
poissards,  xviii*  siècle.) 

GOBANTE  (femme)  :  Femme 
très-séduisante.  Mot  à  mot  :  vous 


GOB 


—  194  — 


GOD 


gobant,  vous  prenant  tout  entier 
à  première  vue. 

GOBBE  :  Calice.  (Vidocq.)  — 
Abréviation  de  Goblet. 

GOBE-MOUCHE  :  Espion. 
(Halbert.)  Mot  à  mot  :  mouche, 
faisant  métier  de  gober  (avaler) 
les  gens.  V.  Mouche. 

GOBÉ  (Être)  :  Être  bien  ac- 
cueilli. (Rabasse.)  Mot  à  mot  : 
être  fort  goûté  par  les  gens. 

GOBELET  (sous  le)  :  Sous  les 
verrous,  en  prison.  (Rabasse.) 
--  Comparaison  du  prisonnier 
à  la  muscade  couverte  par  le  go- 
belet d'un  escamoteur  en  plein 
vent. 

GOBER  (la)  :  Mourir,  être 
victime  d'un  accident.  —  «  Ce 
poltron-là,  c'est  lui  qui  la  gobe 
le  premier.  »  (L.  Desnoyers.)  V. 
Billet  {donner  son). 

GOBER  :  Être  fort  épris. 

GOBER  (se)  :  Se  croire  une 
supériorité.  —  «  A  la  fenêtre 
d'un  restaurant,  deux  cocottes 
dégustent  des  huîtres...  —  Moi, 
dit  Gavroche,  j'aime  pas  les  fem- 
mes qui  se  gobent.  »  (Brévannes, 
67.) 

GOBESON  :  Verre.  (Vidocq.) 

—  Diminutif  de  Gobbe. 

GOBETTE  :  Verre.  (Halbert.) 

—  «  Je  n'ai  pas  le  sou.  Il  faut 
tout  de  même  gagner  de  quoi 
payer  la  gobette  (verre  de  vin)  à 
la  cantine.  »  (P.  de  Grandpré.) 

GOBEUR,  GOBEUSE  :  Hom- 
me crédule,  femme  crédule.  — 
a  Venu  au  monde  avec  toute  la 
naïveté  d'esprit  qui  constitue  le 
gobeur,  je  rencontre  à  chaque. 


instant    des    sceptique?.     »   (A. 
Marx.) 

GOBICHONNADE  :  Régal, 
festin.  —  De  gobichoiner.  — 
«  En  avant  la  gobichonaade  !  » 
(Labiche.) 

GOBICHONNER  :  Se  régaler." 
—  Diminutif  du  vieux  mot  Go- 
biner.  —  «  Il  se  sentit  capable 
des  plus  grandes  lâche:és  pour 
continuer  à  gobichonner  de  bons 
petits  plats  soignés.  »  (Balzac.) 

GOBICHONNEUR  :  Gour- 
mand. —  «  Le  roi,  le  triompha- 
teur des  gobichonneurs.  »  (La 
Bédollière.) 

GOBILLEUR  :  Juge  d'instruc- 
tion. (Halberi.)  —  11  av., le  (go- 
bille)  les  réponses  du  prévenu. 

GOBSECK  :  Usurier.  —  Nom 
d'un  type  de  la  Comédie  hu- 
maine, de  Balzac. 

Avec  son  cortège  daranû 
De  Gobseks  à  la  mine  blette, 
Qui  vous  disent  d'un  to  1  peiné  : 
«  Ça  fa  tonc  bas  vort,  la  r.  ulede  ?  » 

(G.  JoUixet.) 

GODAN  -.Conte  fait  k  plaisir. 
—  Du  vieux  verbe  Goder,  se  ré- 
jouir, s'amuser  (gaude-e.)  — 
«  Quand  on  parle  de  de  ctrines 
nouvelles  aux  gens  qu'on  croit 
susceptibles  de  donner  dans  ces 
godans-là.  »  (Balzac.) 

GODARD  :  Mari  d'une  femme 
qui  accouche. 

Bientôt  ma  femme  accouc  le; 
J'  suis  d'abord  Godard. 


{Chansons^  Toulon,  3o,) 


;  leur  a  dit  :  ergo  glu  ! 
ez  Godard,  sa  femme  accouche! 
Ce  ne  sera  pas  par  ma  bouche 


Mol 


GOG 

Que  redit  sera  lu,  s'il  l'est; 
II  ne  me  plaist  pas. 


-   195 


GOI 


{Le  Cowrier  burlesque^  i650j  2«  par- 
tie.) 

GODDBM  :  Anglais.  —  Allu- 
sion au  juron  favori  des  An- 
glais. 

Un  gros  Auvergnat,  piqué  jusqu'au  vif, 
Au  Goddem  mettant  le  poing  sous  le  pif. 

(Festeau.) 

GODICHE,  GODICHON  :  Ri- 
dicule. —  a  Que  tu  es  donc  go- 
diche, Toinon,  de  venir  tous  les 
matins  comme  ça!  »  (Gavarni.) 

GODILLER  :  Être  allumé  par 
le  désir,  convoiter  charnellement. 
Pour  l'origine  de  ce  mot,  il  faut 
se  reporter  au  mot  gaudille  qui 
a  été  pris  au  figuré. 

GODILLEUR     :    Convoiteur. 

GODILLOT  :  Soulier  de  sol- 
dat, et  par  extension  :  mauvais 
soulier.  C'est  le  nom  d'un  four- 
nisseur, appliqué  au  produit  fa- 
briqué sans  doute  par  beaucoup 
d'autres. 

GOFFEUR  :  Serrurier.  (Co- 
lombey.) 

GOGO  :  Dupe,  homme  trop 
crédule,  facile  à  tromper.  —  Abré- 
viation du  mot  gogoyé  :  raillé, 
plaisanté.  Villon  paraît  déjà  con- 
naître gogo  dans  la  ballade  où 
il  chante  les  charges  de  la  grosse 
Margot  qui... 

Riant,  m'assit  le  poing  sur  le  sommet, 
Gogo  médit,  et  me  lâche  un  gros  pet. 

—  «  C'est  encore  ces  gogos-là 
qui  seront  les  dindons  de  la 
farce.  »  (E.  Sue.)  —  «  Avec  le 
monde  des  agioteurs,  il  allèche 


le    gogo    par   l'espoir   du  divi- 
dende. »  (Deriége.) 

GOGUENAUX  :  Lieux  d'ai- 
sance. —  «  Il  fumera  dans  les 
goguenaux  aux  jours  de  pluie.» 
(La  Cassagne.) 

GOGUENOT  :  Grand  quart, 
vase  de  fer  blanc  de  la  contenance 
d'un  litre  dont  se  munissent  les 
troupiers  d'Afrique.  Il  va  au 
feu,  sert  à  prendre  le  café,  s'uti- 
lise comme  casserole  et  comme 
gobelet. 

GOGUENOT,  GOGUENEAU  : 
Pot  de  nuit,  baquet  servant  de 
latrines  portatives,  —  «  La  meil- 
leure place,  la  plus  éloignée  de 
la  porte,  des  vents  coulis  et  du 
goguenot  ou  thomas.  »  (La  Bé- 
dollière.) 

GOGUETIER:  Membre  d'une 
goguette.  —  a  Le  goguetier  est 
Parisien,  il  est  chansonnier,  il 
aime  la  musique,  les  refrains 
bruyants.  C'est  d'ailleurs  un  ou- 
vrier laborieux  et  honnête.  » 
(Berthaud.) 

GOGUETTE  :  Société  chan- 
tante. —  Au  moyen  âge,  ce  mot 
signifiait  :  Amusement,  réjouis- 
sance. —  «  Il  y  a  environ  trois 
cents  goguettes  à  Paris,  ayant 
chacune  ses  affiliés  connus  et  ses 
visiteurs.  »  (Berthaud.) 

GOINFRE  :  Chantre,  —  Allu 
sion  à  sa  bouche  toujours  ou- 
verte pour  chanter  aux   offices. 

GOITREUX  :  Niais.  —  Cette 
injure  est  une  variante  de  crétin; 
on  sait  que  les  crétins  sont  gé- 
néralement goitreux.  —  a  II  vient 
à  BuUier  deux  sortes  de  gens. 
Tune  composée  de  jeunes  goi- 
treux de  l'autre  côté  de  l'eau,  de 


GOS 

ramollis  aux  ongles  roses.  »  (A. 
Brun,  67.) 

GOMME  (haute)  :  Fashion  ri- 
dicule de  l'un  ou  l'autre  sexe. 
Allusion  à  ce  que  certaines  toi- 
lettes ont  de  trop  empesi  et  de 
trop  brillant.  «  Quelques  rensei- 
gnements sur  les  bas  de  la  haute 
gomme  féminine...  11  y  en  a  de 
toutes  les  nuances...  »  (F.  Ma- 
gnard,  j5.)  —  «  Anna  est  très- 
connue  dans  toute  la  haute  et 
demi-gomme.  »  (Vassy,  1875.) 

GOMMEUX  :  C'est  le  petit 
crevé  de  1875.  «La haute  et  ba^se 
bicheiie,  les  purs  gommeux  et 
même  des  journalistes.  »  (A. 
d'Aunay,  75.)  —  «  Dans  notre 
ignorance  parisienne,  nous  ap- 
pelons boyard  ce  qu'à  Saint-Pé- 
tersbourg on  désigne  sous  le  nom 
générique  de  gommeux.  »  (A. 
Wolff,  75.) 

CONGE,  GONCESSE  :  hom- 
me, femme.  (Rabasse.) 

GONZE,  GONZESSE  :  Niais, 
niaise.  —  ce  Mais  votre  orange  est 
fichée.  Elle  n'a  point  de  queue? 
—  Allez  donc,  gonze.  »  (Vadé, 
1788.)  V.  Aplomb,  Regout,  Râ- 
leur. 

GOSSE  :  Jeune  enfant.  (Ra- 
basse.) Abr.  de  gosselin. 

Gosse  :  mensonge.  —  On  di- 
sait autrefois  gausse.  —  «  Conter 
des  gausses,  faire  des  menson- 
ges badins.  »  (Dhautel,  8.)  V. 
Gnolle. 

GOSSELIN ,  GOSSELINE  : 
Jeune  homme,  jeune  lille.  (Ra- 
basse.) 

GOSSELIN  :  V.  Être  (en). 


96- 

GOTEUR 
bert.) 


GOU 

:     Pailla -d.    (Hal- 


GOTON  :  Fille  de  mauvaise 
vie.  —  Abréviation  de  Margo- 
ton.  —  «  Est-ce  que  tu  nous 
prends  pour  ta  goton,  avec  ta  fe- 
miliarité?  »  (Catéchisme  pois- 
sard, 40.) 

G  OU  ALAN  TE  :  Chanson. 
'Halbert.)  "Mot  à  mot  :  chan- 
tante. 

GOUALER  :  Chanter,  ^al- 
b^rt.)  Mot  à  mot  :  fare  sortir 
du  gosier.  Du  vieux  met  goule  : 
gosier. 

GOUALEUR,  GOUALEUSE  : 
Chanteur,  chanteuse.  (Jlalberl.) 
—  Eugène  Sue  a  donné  ce  nom 
à  l'un  des  types  de  son  roman  : 
les  Mystères  de  Paris. 

GOUAPE  :  Vie  de  gouapeur, 
— «J'aime  mieux  jouer  la  poule... 
Parce  que  t'es  un  gouapeur,  mais 
ceux  qui  préfèrent  le  sentiment 
à  la  gouape,  c'est  pas  ça.  »  (Mon- 
selet  )  —  «  Mes  amis,  unissons 
nos  voix  pour  le  triomphe  de  la 
gouape.  »  (C.  Reybaud.) 

GOUAPE,   GOUATEaR,^ 
GOUAPEUSE,     GOUÊl'EUR  : 
Vagabond,  fainéant,  déb  luché. 

Sans  paffes,  sans  lime,  plein  decrottCi 
Aussi  rupin  qu'un  plongeur, 
Un  soir,  un  gouêpeur  en  ribote 
Tombe  en  frime  avec  un  vokur. 

(Vidocq.) 

Le  Dictionnaire  d'argot  publié 
à  la  suite  du  Cartouche  de  Grand- 
val  (édition  non  datée,  i-jt)  ne 
donne  que  la  forme  giuapeur 
avec  la  signification  «  iioninie 
sans  asile».  On  trouve  une  phy- 
siologie complète  du  type  dans 


GOU  -  I 

me  chanson  de  J.-E.  Aubry,  qui 
i  paru  en  i836  :  le  Gouapeiir. 
c  Pauvre  Dupuis,  marchand  de 
/in  malheureux,  que  de  goua- 
:3urs  trompèrent  ta  confiance  !  » 
Monselet.)  —  «  Quant  aux  va- 
gabonds adultes  qu'on  désigne 
in  style  d'argot  des  gouêpeurs.  » 
iM.  Christophe.) 

GOUAPER,  GOUÊPER  :  Va- 
gabonder.  —   «  J'ai   comme  un 
.  brouillard  d'avoir  gouêpé   dans 
mon  enfance  avec  un  vieux  chif- 
fonnier. »  (E.  Sue.) 

GOUAPEUR  :  «  Les  prison- 
niers occupés  aux  travaux  des 
ateliers  sont  désignés  sous  le 
nom  de  gouapeur  par  ceux  qui 
ne  font  rien.»  (Rabasse.)  —  Iro- 
nie. V.  Gouape. 

GOUÉPEUR  :  V.  Gouape. 

GOUGNOTTE  :  V.  être  (en). 

GOUJON  (avaler  le)  :  Mourir. 
>—    <(   Quoi   qu'on  dise    et  quoi 
'"qu'on  fasse,  il  faut  avaler  le  gou- 
jon. »  (Francis,  i5.) 

GOULOT  :  Bouche.  —  Allu- 
sion au  goulot  de  la  bouteille. 

Plomber  du  goulot ,  sentir 
mauvais  de  la  bouche.  —  Jouer 
du  goulot,  absorber  des  petits 
verres.  {A  Imanach  des  Débiteurs.) 

GOULU  :  Poêle.  (Vidocq.)  — 
Il  est  goulu  de  bûches. 

GOULU  :  Puits.  (Idem.)  —  Il 
ouvre  une  grande  gueule  comme 
un  goulu. 

GOUPINE  :  Mise  étrange. 
(Halbert.) 

GOUPINÉ  (mal)  :  Mal  vêtu. 
(Rabasse.) 

GOUPINER  :  Voler.  -  «Voilà 


97  -  GOU 

donc  une  classe  d'individus  ré- 
duite à  la  dure  extrémité  de  tra- 
vailler sur  le  grand  trimar,  de 
goupiner.  »  (Cinquante  mille  vo- 
leurs de  plus  à  Paris,  Paris,  3o, 
in-8.)  —  «  J'ai  roulé  de  vergne 
en  vergne  pour  apprendre  à  gou- 
piner. »  (Vidocq.) 

GOUPLIN,  GOUPLINE  :  Pot, 

pinte.  (Halbert.) 

GOURBI  :  Hutte  de  brancha- 
ges. —  Mot  importé  d'Afrique. 
—  «  On  fait  des  gourbis  et  des 
gabions.  »  [Commentaires  de 
Loriot.) 

GOURDEMENT  :  Bien,  beau- 
coup. V.  Pavillonner,  Artie. 

GOURER  :  Tromper.  (Hal- 
bert.) Vieux  mot. 

GOUREURS  :  «  Les  goureurs 
sont  de  faux  marchands  qui  ven- 
dent de  mauvaises  marchandises 
sous  prétexte  de  bon  marché.  Le 
faux  marin  qui  vend  dix  francs 
des  rasoirs  anglais  de  quinze 
sous...  goureur.  L'ouvrier  qui  a 
trouvé  une  montre  d'or  et  qui 
veut  la  vendre  aux  passants... 
goureur.  »  (Paillet.) 

GOURPLINE  :  Pinte.  (Hal- 
bert.) Ce  doit  être  une  altération 
du  mot  goupline,  qu'un  éditeur 
négligent  aura  défiguré. 

GOUSPIN  :  Mauvais  gamin. 
Diminutif  du  vieux  mot  gous, 
chien.  —  «  Quarante  ou  cin- 
quante jeunes  gouspins  bruyants 
et  rageurs.  »  (Commerson.) 

GOUSSE  :  V.  Être  (en). 

GOUSSET  PERCÉ  (avoir  le)  : 
N'avoir  pas  un  sou  en  poche.  — 
«  Comment  faire  quand  on  a  le 
gousset  percé  ?  »  (Letellier,   39.) 


GRA 

GOUTTE  :  Portion  d'eau -de- 
vie  (un  décilitre  en  général.)  — 
«  J'appelai  ma  mère  qui  buvait 
sa  goutte  au  petit  trou.  »  (Rétif, 
1783'.)  V.  Pégossier. 

GOYE  :  Dupe,  niais.  Signifie 
aussi  chrétien  chez  les  juifs.  — 
«  Le  goye  te  mire,  le  pante  te 
regarde.  »  (Monselet.) 

GRAILLON  :  Femme  sale. 
Mot  à  mot  :  sentant  le  graillon 
de  la  cuisine. 

GRAILLONNER  :  Parler.  (Vi- 
docq.)  Du  vieux  mot  grailler  : 
croasser. 

GRAILLONNER  :  Écrire.  {Pe- 
tit dictionnaire  d'argot  y  44.) 
Mot  à  mot  :  cracher  de  l'encre 
sur  le  papier. 

GRAILLONNEUR  :  Homme 
qui  expectore  souvent. —  «  Com- 
me c'est  ragoûtant  d'avoir  affaire 
avant  son  déjeuner  à  un  grail- 
lonneur  pareil!  »  (H.  Monnier.) 

GRAIN  :  ECU.  (Grandval.) 
C'est  un  vieux  mot  qu'on  ren- 
contre souvent.  Dans  la  Vie  de 
saint  Christophe  (  Grenoble  , 
i53o),  deux  brigands  méditent 
une  attaque  contre  le  premier 
passant.  «  S'il  avoit  des  grains, 
dit  l'un  d'eux,  on  lui  raseroit  le 
mynois.  » 

AVOIR  UN  GRAIN  :  Dérai- 
sonner. Mot  à  mot  :  avoir  un 
grain  de  folie  dans  le  cerveau. 

Avoir  un  grain  :  Être  ivre. 
(Rabasse.)  Même  allusion. 

GRAISSAGE  :  Don  d'argent 
fait  de  la  main  à  la  main.  On  dit 
graisser  la  patte  pour  donner  de 
l'argent.  —  «  De  là,  un  grais- 
sage de  patte  à  celui  qu'on  veut 
gagner  qui  constitue  le  plus  clair 


98  -  GRA 

des  revenus  du  pipelet.  «  (J.  Pre- 
vel.) 

GRAISSE  :  Argent.  ^  Il  y  a 
de  la  graissCj  il  y  a  un  bon  bu- 
tin à  faire. 

Voler  à  la  graisse  :  Voler  au 
jeu.  (Rabasse.)  Altération  de 
Grèce.  V.  ce  mot. 

Voler  à  la  graisse  :  Se  faire 
prêter  sur  des  lingots  dor  et  sur 
des  diamants  qui  ne  sont  que 
du  cuivre  et  du  strass.  ;Vidocq.) 

GRAISSE  :  Gratter.  (Halbert.) 
Poster,  battre.  (Rabasse.) 

Graisser  la  marmite  :  Payer  sa 
bienvenue  dans  un  régiment. 

Graisser  ses  bottes  :  Se  prépa- 
rer au  départ,  et,  au  figuré  :  être 
près  de  mourir ,  recevoir  les 
saintes  huiles. 

GRAND  BONNET  :  Évêque. 
(Halbert.)  —  Allusion  à  sa  mitre. 

GRAND  TURC  :  Formule  né- 
gative. —  ((  Ma  chère,  il  pense  à 
toi  comme  au  Grand  Turc.  » 
(Balzac.) 

GRANDE:  Poche. (Go] ombey.) 
Celle  des  voleurs  doit  être  grande. 

GRANDE  BOUTIQU]  1  :  Pré- 
fecture de  police.  (Halbert.) 

GRANITIQUE  :  Grmdiose, 
impérissable.  —  Allusion  à  la 
dureté  du  granit.  —  «  Ce  drame 
pyramidal,  obéliscal  et  graniti- 
que qui  m'a  fait  frémir.  »  (Alm, 
du  Hanneton,  66.) 

GRAS  (il  y  a)  :  Il  y  a  de  l'ar- 
gent. —  «  Faire  tant  d'embarras 
quand  dans  le  gousset  il  n'y  a 
pas  gras.  »  (Metay.)  V.  Train, 
Vole,  Graisse. 

GRAS-DOUBLE  :  Feuille  de 
plomb.   (Grandval.)  Il  s  agit  ici 


GRE 


—  199 


GRE 


de  la  feuille  employée  pour  la 
toiture  et  enlevée  par  des  voleurs 
qui,  la  roulant  autour  du  corps, 
sous  les  vêtements,  se  donnent 
un  second  gras-double,  c'est-à- 
dire  un  embonpoint  factice. 

GRASDOUBLIER  :  Voleur  de 
plomb.  V.  Limousineur. 

GRATOUSE  :  Dentelle. 
(Grandval.)  Elle  gratte  légère- 
ment la  peau. 

GRATTE  :  Abus  de  confiance. 

—  K  II  y  a  de  la  gratte  là-des- 
sous. »  {La  Correctionnelle.) 

GRATTE  :  Gale.  (Golombey.) 

—  Eftet  pris  pour  la  cause. 

GRATTE  :  Pièce  grattée,  re- 
tenue en  cachette  par  la  coutu- 
rière sur  les  étoffes  confiées  par 
la  pratique. 

GRATTE- COUENNE  :  Bar- 
bier. (Halbert.)  Mot  à  mot  : 
gratte-peau. 

GRATTE-PAPIER  :  Fourrier. 

—  Allusion  à  ses  fonctions  de 
scribe.  V.  Rogneur. 

GRATTER  :  Arrêter.  (Vi- 
docq.) 

GRATTER  :  Voler.  Mot  à 
mot  :  faire  la  gratte.  —  ce  Au 
diable  la  gloire,  il  n'y  a  plus 
rien  à  gratter.  »  (M.  Saint-Hi- 
laire.) 

GRATTOIR,  GRATTON  :  Ra- 
soir. —  Il  gratte  la  peau. 

GREAT  ATTRACTION  : 

Grande  att^jftction.  —  Anglica- 
nisme. —  «  Le  great  attraction 
de  la  soirée,  c'est  le  début  d'Al- 
bert Glatigny.  »  {La  Lune,  6j.) 

GREC  :  Homme  faisant  métier 
de  filouter  au  jeu.  —  Il  faut  re- 


connaître que  jamais  le  peuple 
grec  n'a  été  renommé  pour  sa 
bonne  foi.  Saint  Jérôme  l'a  dit 
nettement  :  Jmpostor  et  Grœcus 
est  (épître  X  ad  Furiam).  Cicé- 
ron  appelait  la  Grèce  Grcecia 
mendax.  Toutefois,  M.  Francis- 
que Michel  paraît  n'avoir  trouvé 
un  exemple  de  la  signification 
actuelle  que  dans  un  livre  de 
1758  :  L'histoire  des  Grecs  ou 
de  ceux  qui  corrigent  la  fortune 
au  jeu. 

GRÈCE  :  Monde  des  grecs. 
a  La  télégraphie  joue  un  grand 
rôle  dans  la  Grèce  de  la  bouil- 
lotte. »  (Cavaillé.) 

Volera  la  Grèce  :  Voler  au  jeu. 

GRECES  :  Filous  s'entendant 
pour  offrir  à  leur  dupe  un  béné- 
fice considérable  sur  le  change 
des  pièces  d'or  étrangères  aux- 
quelles ils  substituent,  au  der- 
nier moment,  des  pièces  faus- 
ses. «  Les  grèces  sont  perpétuel- 
lement en  voyage,  soit  à  pied, 
soit  en  voiture,  pour  chercher 
des  victimes.  »  {Le  Paravoleur, 
26.) 

GREFFER  :  Manquer  de  nour- 
riture. (Rabasse.) 

GREFFIER,  GRIFFON  :  Chat. 
—  Allusion  à  ses  griffes. 

C'est  la  dabuche  Michelon 
Qu'a  pomaqué  son  greffier, 
Qui  jacte  par  la  venterne 
Qui  le  lui  refilera. 

Le  dab  Lustucru 
Lui  dit  :  «  Dabuch'  Mich'lon, 
Allez  1  votre  greffier  n'est  pas  pomaqué; 
Il  est  dans  le  roulon, 
Qui  fait  la  chasse  aux  tretons, 
Avec  un  bagaffre  de  fertange 
Et  un  fauchon  de  satou. 

(Chanson  argotique  de  la  Mère 
Michel, cités  par  M.Fr.Michel .) 


GRE 


—    200    — 


GRI 


GREFFIR  :  Dérober  finement, 
comme  le  chat.  (Grandval.) 

GRÊLE  :  Patron  ou  maître 
tailleur. 

GRÊLE    :  Tapage.  (Halbert.) 

—  Allusion  au  bruit  de  la  grêle. 

GRENADIER  :  Gros  pou.  Mot 
à  mot  :  pou  d'élite.  Il  faut  se 
rappeler  ici  le  sens  de  Garnison. 
V.  ce  mot. 

GREiNASSE  :  Grange.  (Grand- 
val.)  —  Vient  de  grain,  comme 
grenier. 

GRENOUILLE  :  Caisse,  grosse 
somme.  Mot  à  mot  :  réunion  de 
grains  (écus).  V.  Grain.  On  a 
joué  sur  les  mots  en  écrivant 
grenouille  au  lieu  de  grainouille. 

—  «  II  tenait  la  grenouille.  » 
(Vidal,  33.)  —  «  Les  soldats  s'i- 
maginent toujours  que  les  ser- 
gents-majors mangent  audacieu- 
sement  la  grenouille.  »  (La  Bé- 
doUière.)  —  a  II  a  fait  sauter  la 
grenouille  de  la  société.  »  (L. 
Reybaud.) 

GRENU,  GRENUCHE  :  Blé, 
avoine.  (Grandval.)  V.  Grenasse. 

GRENUE,  GRENUSE  :  Fa- 
rine. (Idem.) 

GRÈS  :  Cheval.  (Colombey.) 

GRÉSILLONNER  :  Demander 
du  crédit.  {Almanach  des  Débi- 
teurs.) 

GREVIER  :  Soldat.  (Rabasse.) 
Forme  de  grivier.  V.  ce  mot. 

GRÉVISTE:  Ouvrier  en  grève 
—  «  La  réunion  des  grévistes  a 
l'honneur  de  vous  faire  part  de 
ses  conclusions.  La  journée  de 
travail  sera  réduite  de  dix  heures 
à  huit,  dont  trois  consacrées  au 
repos.  »  (Sardou.) 


GRIFFARD  :  Chat,  (Grand- 
val.) —  Il  griffe. 

GRIFFLEUR  :  Briizadier  de 
prison,  (Halbert.)  —  II  fouille 
et  griffle  ce  qu'ont  les  prison- 
niers. 

GRIFFONNER  :  Jurer.  (Hal- 
bert.) 

GRIFLER  :  Prendre.  (Grand- 
val.) 

GRILLER  UNE  (en)  :  Fumer. 
—  ((  Passe-moi  du  tabac  que  j'en 
grille  une.  »  (L.  de  Neu  .ille.) 

GRIME  :  Arrêté.  (Halbert.) 

GRIMPANT  :  Pantalon.  (Ra- 
basse.) Il  grimpe  le  long  des 
jambes.  Même  allusion 4ue  dans. 
haut  de  tire. 

GRINCHE  -.Voleur.  —  «  Après" 
avoir  choisi  l'écrin,  le    grinche 
paye  le  joaillier.  »  (Paillet.) 

Grinche  de  cambrouse  :  ce  Les 
voleurs  de  campagnes .  autre- 
ment dltsgrinches  de  cai  ibrouse, 
lessiveurs  de  croyant,  valeurs  au 
croquant,  exploitent  unie  uement 
la  province  et  les  foires.  »  (Ra- 
basse.) 

GRINCHER  :  Voler.  V.  Tur- 
binement,  Plan,  Douille. 

GRINCHEUX  :  Grognon. 

Es-tu  grincheux,  es-tu  maissade? 
Digères-tu  mal  tes  repas? 

(G.  Jollivet.) 

GRINCHIR  :  Voler.  (Re basse.) 

GRINCHISSAGE  :  Vol.  W.  Par- 
rain. 

GRINCHISSEUR  :  Voleur. 
;  llabasse.) 

GRIPIS  :  Meunier.  (Gra  idval.) 
V  Grispis. 


CRÛ 


—   201    — 


GRU 


GRIPPE-JESUS  :  Gendarme. 
(Vidocq.)  Inventée  par  des  vo- 
leurs, l'épithète  prouve  à  quel 
point  on  tient  à  passer  pour  être 
honnête  dans  tous  les  métiers. 

GRIS  :  Vent.  (Grandval.)  — 
Vieux  mot  de  langue  romane.  La 
bise  est  la  sœur  du  gris.  On  dit 
encore  :  un  froid  noir. 

GRISES  (en  faire  voir  de)  : 
Faire  endurer  des  souffrances  à 
quelqu'un,  qui  ne  peut  voir  en 
rose.  —  «  Ma  tante  Aurélie  qui 
disait  l'autre  jour  à  maman 
qu'elle  t'en  ferait  voir  des  gri- 
ses... »  (Gavarni.) 

GRISPIN,  GRISPIS  :  Meunier. 
(Halbert.)  —  La  farine  lui  donne 
une  couleur  grise. 

GRIVE  :  Guerre.   (Grandval.) 

—  Vieux  mot  s>\^mfidin\. fâcheux, 
méchant.  Griever  voulait  dire 
]di<ï\?,  faire  du  mal.  On  dit  en- 
core :  grièvement  blessé  :  dan- 
gereusement blessé.  —  «  Les 
drilles  ou  les  narquois,  en  reve- 
nant de  la  grive,  en  trimardant, 
quelquefois  basourdissent  les 
ornies.  »  (Vidocq.) 

GRIVE  :  Garde,  patrouille. 
(Halbert.)  —  Mot  à  mot  :  réunion 
de  griviers. 

GRIVIER  :  Soldat.  (Halbert.) 
De  grive  {guerre). 

GROGNARD  :  Vieux  soldat. 

—  Allusion  à  l'humeur  gro- 
gnonne des  vétérans.  Voici  le 
plus  ancien  exemple  du  mot  : 
«  On  appelle  grognard,  à  l'ar- 
mée, les  soldats  qui  ont  déjà 
beaucoup  de  service  et  qui  por- 
tent des  moustaches.  »  (Cadet - 
Gassicourt.) 


GROOM  :  Petit  valet.  —«  Sa- 
vez-vous  ce  que  c'est  qu'un  petit 
groom  ?  Eh  bien  !  c'est  un  petit 
bas  des  reins  qu'est  pas  plus  haut 
que  ma  botte.  »   (Festeau.) 

GROS  FRÈRES,  GROS  TA- 
LONS, GROS  LOLOS  :  Cava- 
liers de  réserve.  —  «  Ces  solides 
et  imposants  cavaliers  que  nous 
appelons  des  gros  frères.  »  (Tro- 
chu,  67.)  —  «  Gros  lolo,  gros  ta- 
lon, c'est  le  sobriquet  donné  aux 
carabiniers  et  aux  cuirassiers.  » 
(La  BédoUière.) 

GROSSE   CAVALERIE  :  Cu- 

reurs  d'égout.  —  Allusion  à  leurs 
grandes  bottes. 

GROTTE  (être  à  la)  :  Être  aux 
galères,  au  bagne.  (Rabasse.) 

GROUCHY  (Petit)  :  «  Article 
arrivé  en  retard  à  l'imprimerie.  » 
(Balzac.)  —  Allusion  à  la  tradi- 
tion contestée  qui  impute  à  Grou- 
chy  la  lenteur  de  sa  marche  sur 
Waterloo. 

GROUIN  :  Visage.  —  Anima- 
lisme.  —  «  Allons,  venez,  z'a- 
moureuxdes  vingt  mille  Vierges, 
que  j'  vous  applique  mon  visage 
sus  l'grouin.»  {Catéchisme pois- 
sard, 40.) 

GRUE  :  Sot,  sotte.  —  «  Les 
regnards  ne  perchent  plus  au 
poulailler;  le  monde  n'est  plus 
grue.  »  {Paraboles  de  Cicquot, 
1593.) 

GRUE  :  «  C'est  ordinairement 
une  grande  belle  fille  qui,  ne  sa- 
chant que  faire,  un  beau  matin 
s'improvise  actrice  et  s'en  va  sol- 
liciter un  engagement  dans  un 
théâtre  de  vaudeville.  »  (Duflot.) 

GRUTOUSE    (la)   :    La    gale. 


GUE 


—    202 


GUE 


(Rabasse.)  —  On  a  dû  dire  d'a- 
bord gratouse.  Effet  pris  pour  la 
cause. 

GUEDOUZE  :  Mort.  (Colom- 
bey.) 

GUELTE  :  «  La  guelte  était 
une  prime  accordée  aux  commis 
qui  réussissent  à  vendre  des  mar- 
chandises défectueuses...  Mais 
bientôt  on  s'aperçut  que  les  em- 
ployés ne  s'occupaient  que  des 
articles  gueltés.  Alors  on  mit  de 
la  guelte  sur  toutes  les  marchan- 
dises. »  (Naviaux.)  —  Germa- 
nisme. DQgeld  qui  veut  dirQ  ar- 
gent en  allemand. 

GUENAUD,  GUENAUDE  : 
Sorcier,  sorcière.  (Halbert.) 

GUEULARD  :  Gourmand. 
Mot  à  mot  :  à  grande  gueule.  — 
«  V'ià  du  résiné  pour  Zidore; 
toi,  t'auras  rien,  t'es  trop  gueu- 
lard. »  (Ourliac.) 

GUEULARD  :  Braillard. 

GUEULARD  :  Poêle,  sac.  (Vi- 
docq.)  —  L'un  et  l'autre  avalent 
ce  qu'on  leur  présente. 

GUEULARDISE  :  Friandise. 

GUEULE  :  Grosse  voix.  —  La 
cause  est  prise  pour  l'effet.  — 
a  Molière  était  l'ami  de  l'avocat 
Fourcroi  qui  avait  une  voix  de 
tonnerre.  Une  discussion  s'éleva 
entre  eux  à  table.  Molière  finit 
par  dire  :  ce  Qu'est-ce  que  la  rai- 
«  son  avec  un  filet  de  voix  contre 
«  une  gueule  comme  celle-là?  » 
(Abbé  Raynal,  Anecdotes  litté- 
raires.) 

Casser,  crever  la  gueule  :  Frap- 
per à  la  tête.  —  «  Tu  me  fais  al- 
ler, je  te  vas  crever  la  gueule.  » 
(A.  Karr.) 


Faire  sa  gueule  :  Fa;  re  le  dé- 
daigneux. Mot  à  mot  :  Faire  sa 
tête. 

Taire  sa  gueule  :  Cesser  de 
parler. — Une  caricature  de  1840 
porte  cette  légende  :  a  Tu  vas 
taire  la  gueule,  ou  j'te  repasse  un 
coup  de  savate  par  ks  fume- 
rons. » 

GUEULETON  :  Repas  plantu- 
reux. Mot  à  mot  :  dont  ci  a  pleia 
la  gueule.  —  «  Je  ne  v  ms  parle 
pas  des  bons  gueuletons  ju'elle  se 
permet,  car  elle  n'est  p  ;s  grasse 
à  lécher  les  murs.  »  (V  dal,  33.) 
—  «  Chacun  d'eux  sui  i  de  sa 
temme,  à  l'image  de  Notre- 
Dame,  firent  un  ample  gueule? 
ton.  »  (Vadé,  1 788.) 

GUEULETONNER  :  Faire 
des  gueuletons. 

GUEUSARD  :  Terme  amical. 
V.  Gueux-gueux.  «  Appelle-moi 
gueusard,  scélérat,  lui  dis-je.  » 
{Amours  de  Mathieu,  32.)  — 
((  Et  vous  flânez  souvent,  gueu- 
sard !  B  (E.  Sue.) 

GUEUSE  :  Prostituée  ~  «  II 
se  ruina  avec  des  gueuses,  » 
écrit,  en  171 2,  Saint-Sirron,  par- 
lant du  duc  de  Sully.  V.  Cou- 
railler. 

GUEUX,  GUEUSE  :  «  Que  j'en 
ai  gagné  de  c'te  gueuse  d'ar- 
gent! »  (H.  Monnier.)  —  Pris  en 
bonne  part. 

GUEUX:  Chaufferette,  —a  Les 
dames  des  halles  se  se  vent  de 
ces  horribles  petits  pots  en  grès 
qu'on  nomme  des  gueu.\  Elles 
les  posent  sur  leurs  geno  jx  pour 
se  réchauffer  les  doigts.  »(  P.  d'An 
glemont.) 


HAB 


—  2o3  — 


HAL 


GUEUX -GUEUX  :  Mot   d'a- 
mitié : 

Puis  quand  c'est  fini,  le  gueux-gueux 
Se  bichonne  avec  élégance. 

CMarquet.) 

GUIBE,  GUIBOLLE,  GUI- 
BON  :  Jambe.  —  Vieux  mot, 
car  on  disait  jadis  giiiber  pour  5e 
débattre  des  pieds.  —  a  Si  nous 
.prenions  place.  Ça  me  botte,  vu 
que  j'ai  les  guibolles  affaiblies.  » 
(J.  Ladimir,  42.) 

GUICHEMAR  :  Guichetier. 
:  (Vidocq.) 

GUIGNOLANT  :  Malheureux. 
IDe  guignon. 

GUIMBARDE  :  Vieille  voi- 
■ture.  —  «  Monsieur,  pourquoi 
votre  guimbarde  n'est-elle  pas 
;  prête?  »  (Cormon.) 

GUINAL:  Juif.  (Vidocq.)  Mot 
i  à  mot  :  circoncis.  De  guinaliser  : 
<  circoncire. 

GUIRLANDE  :  Chaîne  d'ac- 
couplement des  forçats.  —  a  Le 


poids  de  la  manille  et  de  lachaîn 
est  de  douze  livres  à  peu  près. 
—  On  appelle  cette  chaîne  guir- 
lande ,  parce  que ,  remontant 
du  pied  à  la  ceinture,  où  elle  est 
fixée,  elle  retombe  en  décrivant 
un  demi-cercle,  dont  l'autre  extré- 
mité est  rattachée  à  la  ceinture 
du  camarade  de  chaîne.  » 
(M.  Christophe,  Sj.) 

GUITARE  :  Rengaîne.  —  Al- 
lusion ironique  à  l'école  des 
troubadours  classiques  de  1820. 
Chaque  volume  de  vers  avait 
alors  son  portrait  d'auteur  drapé 
dans  un  manteau  à  grand  collet 
et  faisant  vibrer  son  luth  (gui- 
tare classique)  au  milieu  de 
ruines  éclairées  par  la  lune.  — 
«  On  désigne  au  théâtre  sous  le 
nom  de  guitare  une  sorte  de 
plainte  incessante ,  revenant 
comme  un  son  monotone.»  (Du- 
flot.) 

GY,  GIROLLE  :  Oui,  bien, 
très-bien.  (Grandval.) 


H 


HABILLÉ  DE  SOIE  :  Cochon. 
—  iMot  à  mot  :  habillé  de  soies. 
Jeu  de  mots. 

HABIN,  HABINE  :  Chien, 
chienne.  (Halbert.)  Pour  Happin. 

HABIT  ROUGE  :  Anglais.  - 
C'est  la  couleur  favorite  de  leur 
uniforme.  —  «  Les  habits  rouges 
voulaient  danser,  mais  nous  les 
avons  faitsauter.  Vivent  les  sans- 
culottes!  »  (Mauricault,  1793.) 


H  ALÊNES  :  Outil  de  voleur.— 
Allusion  aux  alênes  de  cordon- 
nier? —  «  Crois-moi,  balance  tes 
halènes.  »  (Vidocq.) 

HALLEBARDES  (Il  tombe 
des)  :  Il  tombe  une  forte  pluie. 
Mot  à  mot  :  pluie  à  vous  percer 
jusqu'aux  os.  —  «  Je  pianoche, 
quand  il  tombe  des  hallebardes.» 
(Villars.) 

HALOT  :  Soufflet.    (Halbert.) 


HAR 


—  204  — 


HAU 


—  C'est  le  vent  ou  haie  du  feu. 

HANDICAP  :  Genre  de  courses 
dont  la  distance  et  les  poids  ne 
sont  indiqués  qu'après  l'engage- 
ment. (Paz.) 

HANDICAPER  :  Homme 
chargé  de  répartir  la  surcharge 
entre  les  chevaux  figurant  au 
handicap.  (Paz.) 

HAPPER  LE  TAILLIS  ;  Fuir. 
Mot  à  mot  :  gagner  précipitam- 
ment un  fourré  de  bois.  L'image 
est  expressive. 

Et  lui  soudain  de  happer  le  taillis, 
Laissant  le  pauvre  sot  dedans  le  mar- 
guuillis. 

(Grandval.j 

HAPPIN  :  Chien.  (Grandval.) 
De  happer  :  saisir. 

HAPPINER  :  Mordre. 

HARIA  :  Embarras.  —  Dès 
le  xv"^  siècle,  on  trouve  haria  dans 
les  poésies  de  Coquillard.  — 
«  C'est  un  haria  que  de  chasser 
si  loin.  »  (Balzac.) 

HARIADAN  BARBEROUSSE: 
Christ.  —  Allusion  à  la  barbe 
rousse  du  Christ.  —  «  Il  rigolait 
malgré  le  sanglier  qui  voulait  lui 
faire  becqueter  Hariadan  Barbe- 
rousse.»  (Vidocq.) 

HARICOTS  (l'hôtel  des)  :  Pri- 
son delà  garde  nationale.  Elle  a 
disparu  avec  elle,  mais  non  sans 
avoir  eu  ses  historiographes.  — 
Le  premier  bâtiment  affecté  à 
cette  destination  fut  le  vieux  col- 
lège de  Montaigu,  place  du  Pan- 
théon, dont  le  régime  légumi- 
neux  était  jadis  célèbre.  Les  ha- 
ricots de  Montaigu  étaient  pro- 
verbiaux. (Voyez  Barbiste.)  il 
n'en  a  pas  fallu  davantage  pour 
que  les  prisons  de  la  garde  natio- 


Équipe- 
lais  »  est 


fer  gril-^. 
n.  —  AL 
larpe  ou^ 
ui  signi* 


nale  fussent  successive  nent  ap- 
pelées hôtels  des  haricc  s.  —  a  A 
midi,  j'arrive  à  la  prison  de  la 
garde  nationale,  vukairemenf 
appelée  hôtel  des  haricots.  »  (Vil' 
leaiot.) 

HARICOT  VERT  :  V uleur  ma- 
ladroit. 

HARMONIE  (faire  de  I')  :  Faire 
tapage.  (Grandval.)  —  Ironie. 

HARNAIS  :  Habits.  \.  Bobe.  ] 

Harnais  de  Grives  : 
ment  militaire.—  «Har 
un  vieux  m-ot. 

HARPE  :  Barreau  de 

lant  une  fenêtre  de  prisi 
lusion  aux  cordes  de  la 
abréviation  de  harpion  ( 
fiait  gr/^e au  moyen  âge.  — Harpi 
se  dit  aussi  d'une  grille  de  fer.    • 

HARPE  (pincer  de  ]a)  :  Être 
en  prison.  (Rabasse.)  —Jeu  de- 
mots.  ) 

HARPION  :  Mains,  pieds^; 
(Grandval.)  V.  Arpion.  '• 

HAUSSIER  :  Boursier  jouant 
à  la  hausse.  —  «  Il  est  bien  en- 
tendu que  le  haussier  n'achète 
que  pour  revendre,  ce  mme  le 
baissier  vend  pour  racheter.  » 
[Boursicotier  isme.) 

HAUSSMANNISER  :  Expro-? 
prier,  démolir  et  reconstruire  sur- 
une  immense  échelle,  selon  les  er- 
rements de  M.  Haussm  mn,  an- 
cien préfet  de  la  Seine.  —  «  Nous 
sommes  décidément  hajssman-' 
nisés,  mes  chers.  La  n  oitié  du 
jardin  y  passe.  »  (E.  Vil  ars,  (Jb.) 

HAUT  DE  TIRE  :  Culotte. 
(Halbert.)  C'est  l'ancien  haut  de 
chausses  avec  changer icnt  du' 
dernier  mot.  V.  Tirant, 


nic 


—   2o5   — 


HOM 


HAUT-TEMPS  :  Grenier. 
(Grandval.)  Pour  autan  :  lieu 
élevé. 

HAUTE  (la)  :  La  partie  riche 
d'une  caste  sociale.  Il  y  a  des  lo- 
rettes  de  la  haute,  des  voleurs 
de  la  haute.  Le  malheureux  qui 
se  trouve  en  fonds  dit  en  plaisan- 
tant :  Je  suis  de  la  haute.  —  «  Ja- 
mais aussi  le  sportman  n'a  couru 
les  salons  et  la  haute,  comme  on 
dit  au  club.  »  (Ornano,  44.)  — 
«Des  dames  de  la  haute,  non  des 
étudiantes.  »  (Carmouche.)—  «  Il 
y  a  lorette  et  lorette.  Mademoi- 
selle de  Saint-Pharamond  était 
de  la  haute.  »  (P.  Féval.)  —  «  Si 
nous  ne  soupons  pas  dans  la 
haute  (dans  un  restaurant  fashio- 
nable),  je  ne  sais  guère  où  nous 
irons  à  cette  heure-ci.  »  (G.  de 
Nerval.) 

HAUTEUR  (être  à  la)  :  Être 
intelligent.  (Rabasse.)  Mot  à  mot  : 
A  la  hauteur  de  sa  mission.  On 
dit  :  Il  n'est  pas  à  hauteur. 

HAVANE  :  Petit  chien  de  race 
havanaise. 

Havane  :  Tabac,  cigare  de  la 
Havane.  —  «  Le  boudoir  fume 
le  Havane.  »  (A.  Montémont.) 

Havane  :  De  couleur  blond 
brun ,  comme  le  cigare  de  la 
Havane. 

HAVRE,  GRAND  HAVRE  : 
Dieu.  (Halbert.)  Mot  à  mot  : 
port,  grand  port.  —  Dieu  est  le 
port  du  salut. 

HERPLIS  :  Liard.  (Halbert.) 

HERS  :  Maître.  (Colombey. 
—  Vieux  mot  dans  lequel  on  re- 
trouve le  herus  latin,  sinon  le 
herr  allemand. 

HIC  (voilà  le)  :  Voilà   le  diffi. 


Latinisme.  — 


cile  de  l'affaire 
\  ieux  mot. 

HIGH  LIFE  :  Grand  monde.  — 
Anglicanisme.  —  a  Les  chroni- 
queurs de  high  life  trempent 
leurs  plumes  pour  décrire  les 
magnificences  du  bal.  »  {L'Eclair. 
72.)  —  «  Madame  de  Blanchet, 
une  de  nos  charmantes  élégantes 
du  high  life  parisien.  »  {Moni- 
teur, 2.) 

HIT  :  Annonce  de  tipster,  con- 
firmée par  les  faits.  V.  tipsters. 

HOMICIDE  :  Hiver.  (Halbert.) 

—  Sa  rigueur  tue  les  misérables. 

HOMMES  A  PASSIONS  :  V. 
Passions. 

HOMME  DE  BOIS  :  Nom 
qu'on  donne  dans  les  imprime- 
ries à  celui  qui  rajuste  les  plan- 
ches avec  des  petits  coins  en 
bois.  {Cabarets  do,  Paris,  21.)  — 
Jeu  de  mots. 

HOMME  DE  LETTRE  :  Faus- 
saire. (Vidocq.)  Jeu  de  mots. 

HOMME  DE  PAILLE  : 
Homme  étranger  aux  choses  ac- 
complies sous  la  responsabilité 
de  son  nom.  —  «  Quoi  qu'il  ar- 
rive, M.  Bitterlin  aurait  été...  son 
homme  de  paille,  son  gérant,  son 
compère.  »  (About.)  —  «  J'ai  un 
prête-nom,  un  homme  de  paille, 
je  lui  confie  mon  argent,  et  il  s'en 
sert  à  mon  profit.  »  (Montépin.) 

HOMME  MALADE  :  L'empire 
de  Turquie.  —  Terme  ironique 
inventé  par  un  ministre  anglais. 

—  On  sait  que  cette  puissance 
n'existerait  plus  en  Europe  sans 
les  secrètes  rivalités  des  gou- 
vernements chrétiens. —  «  Quand 
il  dissertait  avec  le  ministre 
d'Angleterre  sur  l'héritage  pro- 

12 


HUG 


—  206  — 


HUI 


chaîn     de    l'homme    malade.  » 
(John  Lemoinne,  75,) 

HOMMELETTE  :  Homme 
sans  force  et  sans  énergie.  (Dhau- 
tel.)  —  Jeu  de  mots. 

HONNÊTE  :  Printemps.  (Hal- 
bert.) 

MONTEUSE  :  V.  Être  {en). 

HOPITAL  :  Prison.  (Vidocq.) 
V.  Malade  et  Fièvre  cérébrale  qui 
complète  l'allusion. 

HORRtURS  :  Propos  liber- 
tins. 

Quand  les  bégueules  ont  des  masques, 
Elles  raffolent  des  horreurs. 

(Festeau.) 

Horreurs  (faire  des)  :  En  venir 
des  paroles  à  l'action. 

HORSEFLEST  :  u  Littérale- 
ment viande  de  cheval.  On  dit 
un  connaisseur  en  horseflestd'un 
homme  qui  connaît  de  tout  ce 
qui  concerne  le  chevaL  »  (Pa- 
rent.) Anglicanisme. 

HORSE  (clipping)  :  Cheval  de 
haute  qualité.  —  Game  horse, 
cheval  courageux.  —  Maiden 
horse  :  cheval  qui  n'a  jamais  ga- 
gné de  prix.  —  Pumped-out 
horse  :  cheval  épuisé.  —  Big 
horse  :  cheval  insuffisamment 
entraîné.  (Parent.)  Argot  de  cour- 
ses anglais. 

HOTERIOT:  On  nomme  ainsi 
la  hotte  des  chiffonniers.  (P.  d'An- 
glemont.)  —  Diminutif  de  Ao^^e. 

HUGOLATRE,  HUGOPHILE  : 
Admirateur  exclusif  de  Victor 
Hugo.  —  «Ah!  tu  es  hugophile. 
Tu  es  donc  un  géant  pensif.''  » 
(Michu.) 


HUILE  :  Argent.  (Grandval.) 
V.  Beurre. 

HUILE  :  Soupçon.  —  Il  pénè- 
tre et  s'étend  comme  une  tache 
d'huile.  —  «  L'huile,  c'est  le 
soupçon.  »  (Du  Camp.) 


BRAS  :  Vigueur 


Coup 
II  n'a 

nseur, 

prand 

ne    de 

1649, 


HUILE  DE 

corporelle. 

HUILE  DE  COTRET  : 

de  bâton.  (Dhautel.)  —  « 
plus  à  courir  après  l'offt 
chargé  de  cotrets.  »  {Le 
Gersay  battu  ou  la  ca; 
M.  de  Beaufort.  Paris, 
in-4.) 

Nos  bastonnades  sont  sûrts, 
Nous  panserons  les  blessures 
Avec  l'huile  de  cotrel. 
(A.  Leullier,  Ronde  des  gourdins.) 

HUIT  RESSORTS  :  A  oiture 
très-suspendue. —  «  Jamai>  Anna 
Deslion,  Julia  Barucci,  Adèle 
Courtois,  n'ont  dans  le  huit  res- 
sorts promené  de  mine  aussi 
noble.  »  (Les  Cocottes.) 

HUITRE  :  Graillon.  —  Allu- 
sion d'aspect.  —  «  Dis  donc, 
cousin  d'  mon  chien!  mrngeux 
d'huîtres  sans  citron.  »  [Cat. 
poissard,  40.) 

Huître:  Imbécile. —  «Combien 
il  a  fallu  d'huîtres  pour  f  jurnir 
un  pareil  collier  !  disait  un  vau- 
devilliste à  la  jolie  fem:ne.  — 
Oh  !  il  n'en  a  fallu  qu'une!  ré- 
pondit-elle en  souriant.  »  (Marx.) 

Huître  de  Varennes  :  Fève  de 
marais.  (Halbert.) 

HUITRIFIER  :  Abrutir. 

HUMANITAIRE  :  L'humani- 
taire est  le  zélateur  d'une   secte 


IDI 

récente...  «  L'humanitaire  est  le 
radical  par  excellence.  Petites  ou 
grandes,  à  ses  yeux,  toutes  les 
réformes  se  tiennent.  »  (Michel 
Raymond,  33.) 

HUMECTER  :  Boire.  V.  Cas- 
que. 

HUNTER  :  Cheval  de  chasse. 
(Paz.)  Anglicanisme. 

HURÉ  :  Riche.  (Halbert.)  Pour 
Huppé. 

HUSSARD  A  QUATRE 
ROUES:  Conducteur  d'artillerie, 
soldat  du  train  des  équipages.  — 
«  Aussi  partagent-ils  avec  le  train 
des  équipages  militaires  le  sobri- 


—  207  —  ILL 

quet  de  hussards  à  quatre  roues.  » 
(Labédollière.) 

HUSSARD  D'ABBAYE  :  Gen- 
darme. (Rabasse.)  C'est-à-dire 
hussard  d'échafaud.  V.  Abbaye 
de  monte  à  regret. 

HUSSARD  DE  LA  GUILLO- 
TINE :  «  Le  gendarme  a  diffé- 
rents noms  en  argot  :  quand  il 
poursuit  le  voleur,  c'est  un  md^r- 
chands  de  lacets  ;  quand  il  l'es- 
corte, c'est  une  hirondelle  de  la 
Grève;  quand  il  le  mène  à  i'écha- 
faud,  c'est  un  hussard  de  la  guil- 
lotine. »  (Balzac.) 

HUST-  MUST  :  Grand  merci. 
(Grandval.) 


ICICAILLE,  ICIGO:  Ici.— 
Adjonction  finale.  V.   Dardant. 

IDÉALISTE  :  Artiste  ou  écri- 
vain plaçant  l'idée  au-dessus  de 
la  réalité  dans  l'exécution.  — 
«  Ces  idéalistes-là  trouvent  tou- 
jours qu'il  y  a  trop  de  couleur  ! 
pourquoi  pas  trop  de  toile  !  »  (J- 
Richard,  72.) 

IDÉE  (Une)  :  On  dit  une  idée, 
un  soupçon,  un  scrupule,  une 
larme,  pour  quelques  gouttes  de 
liquide. 

Idées  {avoir  des)  :  Avoir  d'a- 
moureux désirs. 

IDIOT  :  Insulte  vague.  Elle 
peut  s'adresser  à  des  gens  d'es- 


prit. —  «  Il  a  l'air  d'un  chien  de 
chasse.  Est-il  idiot,  hein?  — 
Aussi,  tu  l'agaces,  ma  chère.  » 
(E.  Villars.) 

lERGUE  (terminaison  en)  :  — 
Y.  Aille. 

IGO  :  Ici.  Abréviation  d'icigo. 

—  «  Ce  maudit  ponton  qui  nous 
à  trimballés  igo  après  nous  avoir 
secoués  pendant  quinze  relais  au 
milieu  des  prés  salés.  »  (Ra- 
basse.) V.  Loubion. 

ILLICO  :  De  suite.  Latinisme. 

—  «  Sans  égards  pour  vos  lar- 
mes, ils  vous  conduiraient  illico 
à  Saint-Lazare.  »  {Evénement , 
i866.) 


INC  -  208  - 

ILLICO  :  Grog  confectionné 
en  fraude  dans  les  hôpitaux.  — 
Allusion  à  un  terme  de  formu- 
laire. 

IMMORTEL  :  Membre  de  l'A- 
cadémie française. 

IMPAIR  :  Bévue,  ânerie  dans 
le  monde  des  coulisses,  (Duflot.) 

—  On  dit  de  celui  qui  se  trompe  : 
«  Il  a  fait  un  impair.  » 

IMPÉRIALE  :  Bouquet  de 
poil  plus  grand  que  la  mouche 
et  moins  grand  que  la  bouquine. 

—  a  Sous  le  règne  de  Napoléon, 
la  royale,  peu  en  vogue  du  reste, 
prit  le  nom  d'impériale.  »  {His- 
toire de  la  Cravate,  54.) 

IMPORTANCE  (d'):Fortement. 

—  «  La  grosse  Irma,  j'  vas  t' la 
moucher,  mais...  d'importance, 
aie  pas  peur.  »  (H.  Monnier.) 

IMPOSSIBLE  :  Impossible  à 
figurer.  —  «  Avec  son  col  exor- 
bitant et  ses  lunettes  impossi- 
bles. »  (Delvau.) 

IMPOT  :  Automne.  (Halbert.) 

INCOMMODE  :  Réverbère, 
(Colombey),  lanterne.  (Rabasse.) 

—  La  lumière  incommode  les 
voleurs. 

INCOMMODÉ  (être)  :  Être  ar- 
rêté en  flagrant  délit.  Même  al- 
lusion que  dans  malade.  V.  ce 
mot. 

INCONSÉQUENT  :  «  Lorsque 
dans  le  monde,  une  jeune  dame 
n'a  pas  très-bien  su  étendre  le 
voile  par  lequel  une  femme  hon- 
nête couvre  sa  conduite,  là  où 
nos  aïeux  auraient  rudement 
tout  expliqué  par  un  seul  mot, 
vous  vous  contentez  de  dire  : 
«  Ah!  oui,  elle  est  fort  aimable, 


ING 


«  mais...  —  Mais  quoi?  — Mais 
«  elle  est  souvent  bien  inconsé' 
«  quente.  »  (Balzac.) 

INDE  IR.E  :  De  là  les  colères. 
7-  Latinisme.  —  «  M.  Littré, 
scrupuleux  observateur  de  la  loi, 
vient  de  voter  le  rétablissement 
des  écoles  des  frères.  Inde  irœ!  » 
{Liberté,  72.) 

INDIFFÉRER  :  Être  indiffé- 
rent.—  «J'ai  beau'consultcr  mon 
pauvre  cœur  :  —  Oscar  n'indif- 
fère, Chamoisy  m'est  .>'gal.  » 
(Marquet.) 

INEXPRESSIBLE  :  Panalon. 
—  «  Au  sortir  des  bancs  du  col- 
lège, où  nous  avions  usé  pendant 
huit  années  ce  que  la  pruderie 
anglaise  exprime  par  inexpres- 
sible.  »  (Mornand.) 

INFANTE  :  Se  dit  ironique- 
ment, comme  donjelle,  d'une 
fille  de  médiocre  vertu. 

INFÉRIEUR  (ça  m'est)  :  Cela 
m'est  indifférent.  Mot  à  mot;  je 
suis  au-dessus  de  cela.  —  c  Après 
ça,  que  le  momignard  fraj  pe  au 
monument,  ça  m'est  inférieur.» 
(De  Concourt.) 

INFECT  :  Laid, sot. —L'infec- 
tion est  prise  au  figuré. — «Viens- 
tu  voir  la  petite  nouvelle?  — 
Pardieu!  et  si  elle  n'est  prs  trop 
infecte,  nous  l'emmènerons  à  la 
Maison-d'Or.  »  (Ces  Petites  Da- 
mes, 62.)  —  «  Tout  ce  qui  se  dit, 
s'écrit,  se  pense  à  l'heure  qu'il 
est,  est  incontestablement  in- 
fect. »  {Vie  parisienne.) 

INFECTADOS  :  Cigare  d'un 
sou.  —  L'ironie  n'a  pas  lesoin 
d'être  expliquée. 

INGLICHMANN  ;  AngU  is.  — 


INT 


—  209  — 


ITR 


«  Avec  ça  que  l'amiral  l'avait 
fait  habiller  en  inglichraann.  » 
(Louis  Desnoyers.) 

INGRAT  (être)  :  Ne  pas  savoir 
voler.  (Rabasse.) 

INGRISTE  :  Peintre  de  l'e'cole 
d'Ingres.  —  «  A  vous  Lehmann, 
Ziegler,  Flandrin  et  autres  in- 
gristes.  »  (G.  Blanc.) 

INODORES  :  Latrines.  — 
«  Fournier  aux  inodores  pré- 
sente le  papier.  ■»  {Revue  anecdo- 
tique.)  V.  Calme. 

IN  PETTO  :  Secrètement.  — 
Italianisme.  «  C'était  un  plat  en 
faïence  italienne  que  B.  trouva 
splendide  in  petto.  »  (Frébault.) 

INTÉRESSANTE  (situation)  : 
Grossesse.  W. Polichinelle.  — «Il 
était  marié  depuis  six  mois  et  sa 
veuve  est  dans  un  état  intéres- 
sant. »  (Marcade,  75.) 

INSOLPE  :  Insolent.  (Colom- 
bey.)  —  Changement  de  finale. 

INSTRUIT  (être)  :  Être  adroit 
voleur.  (Rabasse.) 

INTERMEZZO  :  Intermède.  - 
Italianisme.  V.  Chauviniste. 

INTER  POCULA  :  En  buvant. 
Mot  à  mot  :  au  milieu  des  cou- 
pes. «  Ses  modèles  ne  posent 
qu'après  boire...  devisant  inter 
pocula.  »  (Éclair,  1872.) 

INTERVER:  Comprendre. 
(Grandval.)  Pour  enterver. 

INTIME  :  Claqueur.  —  C'est 
un  intime  pour  le  théâtre.  — 
«  Adolphe  allait  en  intime  au 
Théâtre  de  Madame.»  (Cinquante 
mille  voleurs  de  plus  à  Paris, 
3o.) 


INTRANSIGEANTS  :  Politi- 
ques exaltés  des  partis  extrêmes, 
n'admettant  aucune  espèce  de 
transaction.  —  «  La  langue  s'est 
enrichie,  il  y  a  quelque  deux  ans, 
d'un  nouvel  adjectif...  Les  enne- 
mis de  la  légalité  gouvernemen- 
tale établie  à  Madrid  s'appe- 
laient intransigeants...  Le  pu- 
blic français  s'empara  immédia- 
tement du  mot...  »  (Petit  Moni- 
teur, 8  cet.  y 5.)  —  «  M.  Madier 
Montjau,  dans  le  petit  voyage 
intransigeant  qu'il  opère  à  tra- 
vers les  pays  rouges,  »  (F.  Ma- 
gnard.) 

INVALO  :  Invalide.  Change- 
ment de  finale.  —  «  Viens-tu  en- 
tendre tousser  le  brutal  sur  l'es- 
planade des  invalos?  »  (Alm.  du 
Hanneton.) 

INVITE  :  Invitation  secrète.  — 
Expression  du  jeu  de  vi^hist  qui 
a  été  prise  au  figuré.  —  a  Elle 
est  si  coquette  qu'elle  ferait  des 
invites  à  un  bedeau.  »  (Ignotus, 
75.) 

IRONISTES  :  «  Ces  ironistes, 
qui  sont  capables  de  toute  la 
compassion.  »  (Blaze  de  Bury, 
1875.) 

IRRÉCONCILIABLE  :  Ennemi 
irréconciliable  du  gouvernement 
de  Napoléon  III.  —  Le. mot  date 
des  dernières  années  de  l'Em- 
pire. 

ISOLER:  Abandonner.— Ef- 
fet pris  pour  la  cause.  —  On  isole 
celui  qu'on  abandonne. 

ITRER  :  Avoir.  —  Abrévia- 
tion de  litrer.  —  Il  se  conjugue 
sans  le  t.  —  «  Ires-tu  pieté  ce 
luisant  :  as-tu  bu  aujourd'hui  ?  » 
(Halbert.) 

xa. 


JAM 


—   210   — 


JAR 


JABOT  :  Estomac.  Comparai- 
son ornithologique.  —  «  Enlevé 
la  miche!  cinq  minutes  après 
nous  l'avions  dans  le  jabot.  » 
(Comment,  de  Loriot.) 

JACQUELINE  :  Fille  de  mau- 
vaise vie.  —  Dans  son  Vieux 
Cordelier,  Camille  Desmoulins 
apostrophe  ainsi  Hébert  :  «  Le 
banquier  Kocke,  chez  qui  toi  et 
ta  Jacqueline  vous  passez  les 
beaux  jours  de  l'été.  » 

JACTANCE  (la)  :  La  parole. 
(Rabasse.) 

JACTER  :  Parler,  crier.  Mot  à 
mot  :  jeter  (jactare)  les  hauts 
cris.  V.  Greffier,  Loubion. 

JAFFIER  :  Jardin.  (Halbert.) 

JAFFIN  :  Jardinier.  (Idem.) 

JALO  :  Chaudronnier.  (Hal- 
bert.) 

JAMBE  (faire  une  belle),  Ren- 
dre la  jambe  mieux  faite  :  Don- 
ner un  avantage  illusoire.  —  «  Tu 
as  maudit  ton  père  de  t'avoir 
abandonné  i  —  Ça  m'aurait  fait 
une  belle  jambe.  »  (E.  Sue.) 

JAMBE  (s'en  aller  sur  une)  :  Ne 
boire  qu'une  tournée.  —  «  Dès 
l'aube,  on  s'offre  la  goutte,  on 
s'offre  le  canon,  on  s'offre  le 
rhum,  on  s'offre  l'absinthe  ou  le 
bitter,  et  l'on  ne  veut  jamais  s'en 
aller  sur  une  jambe.  »  (La  Bédol- 
lière.) 

JAMBE  (lever  la)   :  Dansçr  le 


cancan  (haute  école).  —  «  Elle 
levait  la  jambe  avant  Rigolbo-, 
che.  »  {Les  Étudiants^  Ç>o.) 

JAMBON  :  Violon.  —  Allusion 
de  forme  et  de  couleur.  —  «  Il  y 
avait  longtemps  que  je  n'avais 
entendu  racler  le  jambon  en 
pleine  rue.  »  (Th.  Gautier.) 

JAPPE  :  Bavardage.  —  «  Tais 
ta  jappe.  »  {Almanach  du  Han- 
neton, 67.) 

JAR,  JARS  :  Argot.  —  Vieux 
mot  jadis  usité  dans  la  bonne  so- 
ciété. Voir  les  Psaumes  des  Cour- 
tisans, dédiés  aux  braves  esprits 
qui  entendent  le  jars  de  la  cour- 
petit  in-i2  publié  en  1Ô20.  — 
Jar  est  une  abréviation  dt  jar- 
gon. 

Dévider  le  jars  :  Parler  argot. 

JARDINER  :  Ricaner ,  parler 
en  se  moquant.  V.Escracher. 

JARDINER  QUELQU'UN  : 
Faire  parler  quelqu'un.  (Ra- 
basse.) 

JARDINEUR  :  Homme  qui 
cherche  à  savoir.  (Rabasse.) 

JARDINIER  :  Voleur  à  l'amé- 
ricaine. V.  Charriage. 

JARGOLLE,  JERGOLi:  :  Nor- 
mandie. (Halbert.)  —  On  appelle 
les  Normands  Jargoliers  ou  Jer- 
goliers. 

JARNAFFE  :  Jarreticre.  — 
Changement  des  dernières  sylla- 


JAV 


—    211 


JES 


bes.  C'est  aussi  le  nom  d'un  jeu 
de  hasard  où  la  jarretière  joue  le 
rôle  principal. 

JARS.  V.  Jar. 

JARRETIÈRE  :  Chaîne  de 
montre.  (Rabasse.) 

JASANTE  :  Prière.  (Halbert.) 

JASER  :  Prier.  (Halbert.)  — 
Allusion  au  récitatif  de  la  prière. 

JASPIN  :  Oui.  (Grandval.) 

JASPINEMENT  :  Aboiement. 
(Colombey.)  —  On  dit  aussi  Jd!5- 
piner  pour  aboyer. 

JASPINER  :  Parler,  causer.  — 
Vieux  mot  dont  jaser  nous  paraît 
le  père.  —  a  Ils  jaspinaient  argot 
encore  mieux  que  français.  » 
(Grandval,  1723.)  —  «  Je  lui  jas- 
pine  en  bigorne  :  N'as-tu  rien  à 
morfiller?»  (Vidocq.) 

JAUNE  :  Été.  (Halbert.)—  Ail. 
à  la  couleur  du  soleil. 

JAQNE  :Eau-de.vie.  —  Allu- 
sion de  couleur.  —  Nous  lisons 
dans  la  Maison  du  Lapin  blanc, 
brochure  publiée  vers  i858,  sur 
le  dernier  ce  tapis  »  de  la  Cité  : 

Lapin  blanc,  que  me  veux-tu  ? 
Avec  ton  jaune  et  ton  camphre 
Tu  déranges  ma  faible  vertu. 

JAUNE  D'ŒUF  (aimer  avec 
un)  :  Tromper.  —  Allusion  à  la 
couleur  du  cocuage.  —  «  Vous 
murmuriez  à  l'oreille  de  madame 
Cocodès  :  Je  vous  adore!  —  Avec 
un  jaune  d'œuf,  H  ms  répondit- 
elle.  »  (Monselet.) 

JAUNET  :  Pièce  d'or.  —  «  Un 
seul  regret,  celui  de  n'avoir  pu 
débarrasser  les  pigeons  de  leurs 
jaunets.  »  (Paillet.) 

JAVANAIS  :  «  Argot  de  Bréda 


où  la  syllabe  va,  jetée  dans  cha- 
que syllabe,  hache  pour  les  pro- 
fanes le  son  et  le  sens  des  mots, 
idiome  hiéroglyphique  du  monde 
des  filles  qui  lui  permet  de  se 
parler  à  l'oreille,  —  tout  haut.  » 
(De  Concourt.)  — Exemple  :Jau- 
net,  javaunavet ;  jeudi,  javeudoi» 
vi,  etc. 

JAVARD  :  Lin.  (Halbert.) 

JAVOTTE  ;  Bavard.  —  «  Tu 
n'es  qu'une  mauvaise  langue, 
une  javotte.  »  (Marquet.) 

JAVOTTER  :  Bavarder.  — 
Forme  de  jaboter,  —  «  Elle  sif- 
flotte,  elle  parlotte,  elle  javotte,  » 
[Physionomie  du  Protecteur,  ^i.) 

JEANFESSE,  JEANF-TRE  : 
Coquin,  misérable.  —  «  Ça,  c'est 
un  jeanfesse.»  (Ricard.)  —  «Gran- 
de colère  du  père  Duchesne  contre 
les  jeanf— très  de  chasseurs,  qui 
ont  voulu  faire  une  contre-ré- 
volution. »  (Hébert,  1793.) 

JEAN-JEAN  :  Conscrit,  naïf, 
niais. «On  qualifie  de  Jean-Jean 
le  jeune  indigène  que  la  conscrip- 
tion a  arraché  à  l'âge  de  vingt 
ans  d'un  atelier  ou  d'une  char- 
rue. »  (M.  Saint-Hilaire.) 

JE  NE  SAIS  QUOI  :  Cachet 
indéfinissable.  —  «  Le  savoir- 
vivre,  l'élégance  des  manières, 
le  je  ne  sais  quoi,  fruit  d'une 
éducation  complète.  »  (Balzac.) 

JEANNETON  :  Servante  d'au- 
berge, fille  de  moyenne  vertu. 
(Dhautel.) 

JÉSUITE  :  Dindon.  (Vidocq.J 
—  C'est  aux  jésuites  qu'on  doit 
l'acclimatation  du  dindon. 

JESUITE  :   Cafard. —  «  On 


JEU 


2\2    — 


JON 


l'appelle  le  Jésuite,  il  dcnonce  un 
peu,  il  espionne  beaucoup,  il 
y  met  de  l'adresse;  on  y  est  tou- 
jours pris.  »  (Balzac,  42.) 

JcSUS  :  «  Jeune  et  beau  gar- 
çon lancé  comme  appeau  près  des 
sodomites  que  veut  exploiter  le 
chanteur.  »(Ganler.)  V.  Chanter. 
Être  (en). 

JETTARD  :  Cachot.  (Halbert.) 

JEUNE  (trop)  :  Dépourvu  d'ex- 
périence. —  Cela  peut  se  dire  à 
un  octogénaire. 

JEUNE  FRANCE  :  «  Les  ro- 
mantiques se  divisèrent  tnBou- 
^iugots  et  en  Jeune  France.  » 
(Privât  d'Anglemont.)  —  «  Ils  ont 
fait  de  moi  un  Jeune  France  ac- 
compli. J'ai  un  pseudonyme  très- 
long  et  une  moustache  fort  cour- 
te; j'ai  une  raie  dans  les  cheveux 
à  la  Raphaël.  Mon  tailleur  m'a 
fait  un  gilet...  délirant.  Je  parle 
art  pendant  beaucoup  de  temps 
sans  ravaler  ma  salive,  et  j'ap- 
pelle bourgeois  ceux  qui  ont  un 
col  de  chemise.  »  (Th.  Gautier, 
33.) 

On  appelait  la  Jeune  France  le 
parti  des  romantiques.  —  «.La 
Jeune  France  est  encore  une  de 
ces  tournures  cabalistiques  qui  a 
la  prétention  d'exprimer  une  idée 
grande,  terrible,  volcanique,  su- 
blime. »  (Miss  Troloppe,  35.) 

,  JEUNE  HOMME  (Avoir  son)  : 
Être  gris.  Mot  à  mot  :  avoir  bu 
le  broc  de  quatre  litres  que  les 
marchands  de  vin  appellent  Petit 
homme  noir.  V.  ce  mot.  —  «  Cha- 
que fois  qu'il  rentrait  avec  son 
jeune  homme.  »  (Privât  d'An- 
glemont.) —  «  Un  individu  en 
blouse  qui   semblait  avoir  son 


petit   jeune    homme.    »    (G.  de 
Nerval.) 

JEUNESSE  :  Fillette.  —  «  Une 
jeunesse,  une  marchande  de 
cols.  »  (Germon.) 

Jl  :  Je  comprends,  oui,  je  con- 
nais. (Rabasse.)  —  Forme  de  g;y 
qui  semble  plus  ancien. 

JIROBLE  :  Joli.  (Ilalbert.) 
Pour  Girofle. 

JOB  :  Niais.  —  Abréviation  du 
vieux  mot  jobé  :  nigaud.  —  «  Si 
j'étais  assez  job  pour  croire  que 
vous  me  donnez  toute  une  for- 
tune. »  (E.  Sue.) 

JOB  (monter  le)  :  Tromper, 
—  Job  est  ici  pour  jobard.  — 
Se  monter  le  job  :  S'en  fiire  ac- 
croire. (Rabasse.)  —  Dans  le  dia- 
lecte lillois,  on  dit  battre  lejobre 
(job),  pour/<3/re  l'innocent. 

JOBARDER  :  Duper.  —  «  Je  ne 
veux  pas  être  jobarde.  »  (Bal- 
zac.) 

JOBE  RIE  :  Niaiserie.  (Vi- 
docq.) 

JOBISME  :  Pauvreté.  —  «  Des- 
roches a  roulé  comme  nous  sur 
les  fumiers  du  jobisme.  »  (Bal- 
zac.) —  Allusion  biblique. 

JOCKO  :  Pain  long  à  Li  mode 
depuis  1824,  année  où  le  singe 
Jocko  était  à  la  mode.  —  «  Des 
gens  qui  appellent  un  pain  jocko 
un  singe  de  quatre  Ii\  res.  » 
(Bourget.) 

JOCKO  :  Boulanger.  Aima- 
nach  des  Débiteurs,  5i.) 

JOLI  GARÇON  :  Dans  me  vi- 
laine position.  —  Ironie  :  «  Nous 
v'Ià  jolis  garçons.  »  (Désaugiers.) 

JONC  :  Or.  (Vidocq.)  —  AUu- 


JUD  -  2 

•  sionà  sa  couleur  jaune.  —  «  C'est 
un  jonc  :  C'est  en  or  véritable. 
(Rabasse.)  V.  Bogue,  Bobe. 

JONCHER  :  Dorer.  (Halbert.) 

JORNE  :  Jour.  —  Vieux  mot. 
V.  Poisser. 

JOSEPH  (faire  son)  :  Affecter 
un  air  chaste.  V.  Putipharder. 
—  «  Je  me  disais  aussi  :  voilà  un 
gaillard  qui  fait  le  Joseph.  Il  doit 
y  avoir  une  raison.  »  (Dumas  fils.) 

JONQUILLE  :  Trompé  par  sa 
femme  :  Allusion  à  la  couleur  du 
cocuage.  —  «  Personne  ne  des- 
sine mieux  que  lui  la  tête  d'un 
mari  jonquille.  »  (Rivarol  de 
1842.) 

JOUER  DE  :  Faire  marcher  à 
sa  guise.  —  «  Nachette,  en  un 
mot,  joua  parfaitement  du  ba- 
ron. »  (De  Concourt.) 

JOUER  DE  L'ORGUE  :  Ron- 
fler. (Halbert.)  —  On  dit  souvent 
ronfler  comme  un  tuyau  d'orgue. 

JOUER  DES  DOMINOS  :  Man- 
ger. (Rabasse.) 

JOUER  DU  VIOLON  :  Scier 
des  fers,  (Colombey),  scier  des 
barreaux.  (Rabasse.)  —  La  scie 
va  et  vient  comme  l'archet. 

JOUSTE  :  Près.  V.  Juxte.         ' 

JOUVIN  :  Gant  de  la  fabrique 
Jouvin.  —  a  Mes  Jouvin  eussent 
atténué  peut-être  l'effet  de  cette 
pression  inconnue.  »  (Marx,  66.) 

JUDACER,  JUDAISER, 
JUDASSER  :  Trahir,  faire  de 
fausses  amitiés.  —  Allusion  bi- 
blique. —  «  Judacer,  c'est  dénon- 
cer quelqu'un.  »  (Du  Camp.) 


i3  — 


JY 


JUDÉE  :  Préfecture  de  police. 
Allusion  à  la  rue  de  Jérusalem. 

JUGE  DE  PAIX  :  Bâton.  (Co- 
lombey.) —  Jeu  de  cartes.  (Ra- 
basse.) 

JUGEOTTE  :  Jugement,  avis. 
—  a  Dis-moi  z'un  peu  franche- 
ment là-dessus  ta  petite  jugeot- 
te.  »  {Léonard^  parodie,  63.) 

JUGULER  :  Comprimer,  étran- 
gler (au  figuré).  —  «  Cottereau  est 
mort  jugulé  par  la  Faculté.  » 
(Raspail.J 

JULES  :  Pot  de  nuit.  (Rabasse.) 

JUS  DE  BATON  :  Coup  de  bâ- 
ton. —  «  Pour  passer  votre  rhume, 
j'ai  du  jus  de  bâton.  »  (Aubert, 
i3.) 

JUSTE  ;  Cour  d'assises.  (Vi- 
docq.)  —  Épithète  invraisembla- 
ble dans  la  bouche  d'un  malfai- 
teur. 

JUSTE-MILIEU  :  Parti  ou  par- 
tisan du  statu  quo  politique,  se 
maintenant  entre  la  gauche  et  la 
droite.  V.  Centrier.  a  Voilà  quels 
hommes  composent  le  gouver- 
nement dit  juste-milieu.  »  {L'É- 
cho français,   33.) 

JUSTE-MILIEU  :  Derrière.  — 
a  Mayeux  envoya  la  pointe  de 
sa  botte  dans  le  juste -milieu 
de  Mii«  Justine.  »  (Ricard.) 

JUXTE,  JOUSTE  :  Près,  con- 
tre. (Halbert.)— Vieux  mot.  C'est 
le  juxta  latin  que  nous  avons 
conservé  dans  Juxtaposer. 

JY   :  Oui.   (Colombey.)   Pour 


LAB 


—  214  — 


LAC 


K 


KAISERLICK  :  Autrichien.  - 
De  l'allemand  Kaiserlich:  impé- 
rial. —  «  Les  Kaiserlicks  ont  été 
étourdis  du  coup.  »  (Balzac.)  — 
On  dit,  en  altérant,  kin:{erlit^. 

KOGXNOFF,  KOXNOFF  : 

Très- bien.    —   Abréviation   de 
Chocnosoff.  V.  ce  mot. 


KOLBACK  :  Petit  verre  (sans 
doute  parce  qu'il  porte  à  la  tête.) 
V.  Colback.  —  «  Cette  bienvenue 
se  distribue  au  moyen  d'un  kol- 
bac  ou  petit  verre  par  tête.  >  — 
(A.  Lecomte,  61.) 


LA  (Donner  le)  :  Donner  le 
ton.  —  Allusion  musicale.  — 
«  Boyards  et  boyardes  donnent 
le  la  de  l'élégance  en  ce  moment.  » 
{Vie  parisienne,  66.)  —  «  Quel- 
ques articles  inspirés  donnent  le 
la  dans  les  grandes  circonstan- 
ces. »  (J.  de  Précy.) 

LABAGO  :  Là -bas.  (Golom- 
bey.) 

LA-BAS  :  Maison  de  correction 
de  Saint-Lazare.  —  «  Julia  à 
A  mandine  :  ComvciQ  çsi,  cette  pau- 
vre Angèle  est  là-bas  ?  —  Ne  m'en 
parle  pas.  Elle  était  au  café  Co- 
quet à  prendre  un  grog  avec  Ana- 
tole. Voilàun  monsieurqui  passe, 
qui  avait  l'air  d'un  homme  sé- 
rieux avec  des  cheveux  blancs  et 
une  montre.  Il  lui  olTre  une  voi- 
ture, elle  accepte,  un  cocher  ar- 
rive, et...  emballée!  Le  monsieur 
était  un  inspecteur  !  »  {Les  Co- 
cottes, 64.) 

LA-BAS  :  Au  bagne.  —  «  Ils 
croyaient  m'avoir  vu  là-bas.  Là- 


bas,  cela  veut  dire  au  bagne.  » 
(Lacenaire,  36.^ 

LABOURER  :  Préparer  les 
voies.  {Almanach  des  Débiteurs, 
5i.) 

LACHER  :  Négliger  l'exécu- 
tion d'un  travail.  —  <,  Elle  vit 
Lousteau  travaillant  an  dernier 
moment  et  lâchant,  comme  di- 
sent les  peintres  d'une  euvre  o\x 
manque  le  faire.  »  (Bàl/ac.) 

LACHER  DE  (se)  :  Livrer  avec 
effort.  —  «  Je  suis  obli  :,é  de  me 
lâcher  de  ma  douille  en  marron- 
nant.  »  (Monselet.) 

Lâcher  d'un  cran  :  Abandonner 
((  Nous  verrons  la  semaine  pro- 
chaine. Aujourd'hui  j'ai  ma  mi- 
graine. Ernest,  lâchez- noi  d'un 
cran.  »  (A.  Tantôt.) 

Lâcher  de  l'eau,  lâcher  l'écluse: 
Uriner.  «  Allons,  il  faut  lâcher 
l'écluse  du  bas-rein.  »  (Parodie 
de  Zaïre,  xviii*"  s.)  V.  Lascailler, 

Lâcher  le  coude  :  Laisser  en 


LAI 


2l5   - 


LAN 


repos,  mot  à  mot  :  quitter  celui  ■ 
auquel  on  parle,  ceux  qui  mar- 
chent bien  ensemble,  «  se  sentent 
les  coudes,  »  comme  on  dit  mili- 
tairement :  —  «  Lâchez-nous 
donc  le  coude,  avec  votre  politi- 
que! »  (Zola.) 

Lâcher  la  perche  :  Mourir .  a  Le 
plus  blakboUé,  le  plus  inconnu 
pendant  sa  vie  devient,  aussitôt 
qu'il  a  lâché  la  perche,  un  grand 
homme.  »  {Corsaire,  68.) 

Lâcher  la  rampe  :  Mourir. 

LACHEUR  ;  Homme  sur  le- 
quel on  ne  peut  comptei".  Mot  à 
mot  :  qui  lâche  ses  amis.  —  «  Le 
lâcheur  est  la  lorette  de  l'ami- 
tié. »  (A.  Scholl,  58.)  —  «  M.  R... 
essaye  de  transiger.  M.  R...  est  un 
lâcheur.  »  (A.Millaud,  jb.) 

LAGO  :  Là.  (Rabasse.) 

LAGOUT  :  Eau  à  boire.  (Hal- 
bert.)  Mot  à  mot  :  Vagout.  Du 
vieux  mot  provençal  agua,  eau 
(prononcez  agoue). 

LAINE  :  Mouton.  (Vidocq.) 
—  Partie  prise  pour  le  tout. 

LAISSER  ALLER  (se)  :  Man- 
quer de  vertu,  de  courage,  de 
santé. 

LAIT  A  BRODER  :  Encre. 
(Vidocq.)  —  Allusion  ironique  à 
la  couleur  de  l'encre. 

LAIUS  :  Discours.  —  «  A  l'école 
polytechnique,  tout  discours  est 
un  latus,  depuis  la  création  du 
cours  de  composition  française 
en  1804.  L'époux  deJocaste,  su- 
jet du  premier  morceau  oratoire 
traité  par  les  élèves,  a  donné  son 
nom  au  genre.  Les  députés  à  la 
Chambre,  les  avocats  au  barreau, 
les  journalistes  dans  les  premiers- 


Paris,  piquent  des  laïus,  »  (La 
BédoUière.) 

LAIZÉE  :  Prostituée.  (Rabas- 
se.) Semble  équivaloir  à  l'aisée, 
la  facile. 

LA  MINE  :  Le  Mans.  (Hal- 
bert.) —  Transposition  de  lettres. 

LAMPAS  :  Gosier.  —  De  lam- 
per  :  boire.  «  Pour  l'histoire  de 
s'assurer  de  la  qualité  du  liquide 
et  s'arroser  le  lampas.  »  (Ladi- 
mir.) 

LAMPION  :  Bouteille.  —  De 
lamper  :  boire.  —  «  Y  a  pu  d'huile 
dans  le  lampion,  ditBoizamort.  » 
(Ladimir,  41.) 

LAMPION  :  Chapeau  à  cornes. 

—  «  Je  passe  le  pantalon  du  cipal 
et  je  coiffe  le  lampion.  »  (Bour- 
get.) 

LAMPION  :  Sergent  de  ville. 

—  Allusion  au  chapeau. 

LAMPION  :  Œil.  —  Il  éclaire. 

Si  j'  te  vois  fair'  l'œil  en  tir  lire 
A  ton  perruquier  du  bon  ton, 
Calypso,  j'  suis  fâché  d' te  1'  dire. 
Foi  d'homme  1  j' te  crève  un  lampion. 
(Chanson  populaire.) 

LANCE  :  Eau.  —  «  C'est  ga- 
gné! faites  servir!  six  litres  de 
vin!  six  litres  sans  lance!  {Caté- 
chisme poissard,  44.) 

LANCÉ  :  Gris.  —  ce  Patara,  au 
moins  aussi  lancé  que  le  cheval, 
tapait  sur  la  bête  à  tour  de  bras.» 
{Phys.  du  Matelot,  48.) 

LANCÉ  :  Rapide  projection  de 
la  jambe.  —  «Paul  a  un  coup  de 
pied  si  vainqueur  et  Rigolette  un 
si  voluptueux  saut  de  carpe! 
Les  admirateurs  s'intéressaient 
à  cet  assaut  de  lancé  vigoureux.» 
(Vitu,  47.) 


LAN 


2i6  — 


LAN 


LANCE QUINER  :  Pleuvoir. 
(Grandval.)  V.  Lansquiner. 

LANCER  :  Pisser.  Mot  à  mot  : 
lâcher  l'eau. 

LANCER  :  Bien  poser,  mettre 
en  renom.  — «  Poil  -  de  -  biche  ! 
Nous  ne  la  connaissons  pas... 
Elle  ne  doit  pas  être  lancée.  » 
(Villars.) 

LANCER  SON  PROSPEC- 
TUS :  Distribuer  des  œillades 
chargées  d'autant  de  promesses 
qu'un  prospectus  de  marchand. 

—  «  Qu'elle  aperçoive  son  Arthur 
regarder  langoureusement  les  ac- 
trices, la  lorette  s'écrie  :  Adolphe, 
avez-vous  bientôt  fini  de  lancer 
votre  prospectus?  »  (M.  Alhoy, 
41.) 

LANCEUR  :  Homme  expert 
en  l'art  de  lancer  une  affaire.  — 
a  La  gravure  et  le  journal  ont 
coûté  bien  de  la  peine  aux  lan- 
ceurs d'affaires.  »  (Villemessant.) 

LANCIERS  (les)  :  C'est  comme 
si  l'on  disait  :  Quelle  rengaine! 

—  «  Et  tu  donnes  là  dedans? 
Allons  donc  !  les  lanciers  !  »  (Mon- 
selet.)  —  Allusion  à  la  danse  de 
ce  nom,  en  vogue  vers  1857. 

LANDAU  à  BALEINES  :  Para- 
pluie. (Grandval.)  Mot  à  mot  : 
voiture  conduite  à  la  nage  par 
des  baleines.  —  Jeu  de  mots  iro- 
nique. 

LANDERNAU  (il  y  aura  du 
bruit  dans)  :Se  ditironiquement 
d'une  chose  destinée  à  émouvoir 
un  certain  monde  seulement.  — 
«  Il  y  aura  bien  eu  des  potins 
dans  le  Landernau  de  la  convoi- 
tise. »  {La  Cloche,  août  72.)  — 
«  Les  expositions  annuelles  se- 
raient supprimées.  Il  y  aura  un 


fier    bruit    dans   Landernau.    9 
(A.  Wolff,  75.) 

Landernau  a  été  mis  là  sans 
raison,  comme  une  petite  ville 
éloignée  dont  le  nom  a  paru  bi- 
zarre. C'est  ainsi  que  Carpen- 
tras,  Pézénas  ou  Brives-la-Gail- 
larde  ont  été  mis  de  même  à 
contribution. 

LANDIER  :  Blanc.  (Halbert.) 

LANDIER  :  Commis  d'octroi. 
(Colombey.) 

L  A  N  D  I  È  R  E  :  Boutique  de 
foire.  (Colombey.)  —  D^  la  foire 
du  Landit.  ' 

LANGUE  :  (avaler  sf  )  :  Mou- 
rir. 

LANGUE  AUX  CHIENS,  AUX, 
CHATS  (donner  sa)  :  Renoncer 
à  deviner.  —  «  Je  donne  ma  lan- 
gue aux  chiens,  dit  Jérôme,  jei 
renonce.  »  (E.  Sue.)  '^ 

LANGUINER  :  Pleuvoir.  (Hal< 
bert.)  —  Pour  lansquiner. 

LANSQ  :  Partie  de  lansque* 
net.  —  «  Cette  espèce  de  corni- 
chon qui  l'a  dansé  de  i,5oo  franc» 
hier,  au  lansq.  »  (Jaimc  .) 

LANSQUINER  :  Pieu  er,  pleu-^ 
voir.  —  De  lance  :  eau.  —  a  Bien 
des  fois  on  rigole  qu'o  1  devrait 
lansquiner.  »  (Vidocq.) 

LANTERNE:  Fenêtre.  (Grand- 
val.) 

LANTERNES  DE  CABRIO- 
LET :  Yeux  fort  saillants.  —  «  Oh! 
c'est  vrai!  t'as  les  yeu>.  comme 
les  lanternes  de  ton  cab  iolet...  i 
(Gavarni.)  Ce  mot  fait  inage. 

LANTIMÈCHE  :  Allumeur  dé 
becs  de  gaz.  Mot  à  moi  :  l'anti-l 
mèche.  —  Jeu  de  mots.  Le  ga^ 


LAR 


LAR 


n'a  pas  de  mèche.  —  Lantimèche 
est  aussi  un  synonyme  de  Chose, 
Machin. 

LAPIN  :  Homme  déterminé. 
I  (Grandval.)  —  On  a  dit  d'abord 
■  vieux  lapin,  et  voici  pourquoi  : 
«  Plus  un  lapin  avance  en  âge, 
plus  il  augmente  en  chair,  en 
peau  et  en  poil.  De  là  l'expression 
vulgaire  par  laquelle  on  désigne 
un  homme  de  talent  et  de  vertu 
en  disant  :  C'est  un  vieux  la- 
pin. »  (Dict.   des  Ménages,  36.) 

—  «  C'est  un  fameux  lapin, 
il  a  tué  plus  de  Prussiens  qu'il 
n'a  de  dents  dans  la  bouche.  » 
(Ricard.)  —  a  L'homme  qui  me 
rendra  rêveuse  pourra  se  vanter 
d'être  un  rude  lapin.  «(Gavarni.) 

L  A  P  I  N  :  «  Et  puis,  le  jeune 
homme  était  un  lapin,  c'est-à- 
dire  qu'il  avait  place  sur  le  de- 
vant, à  côté  du  cocher.  »  (Couail- 
hac.) 

LAPIN  :  Apprenti  compagnon. 

—  a  Pour  être  compagnon,  tu 
seras  lapin  ou  apprenti.  »  (Bié- 
ville.) 

LAPIN  :  Enfant  dépravé.  Ar- 
got du  collège.  Vient  du  vieux 
mot  lespin  :  prostitué. 

LAPIN  (voler  au)  :  «  Se  dit  des 
conducteurs  d'omnibus  qui  son- 
nent à  leur  cadran  moins  de 
voyageurs  qu'il  n'en  monte  et 
empochent  la  différence.  »  (Ra- 
basse.)  —  Lapin  est  pris  ici  dans 
le  sens  général  de  voyageur. 

LARBIN  :  Valet  de  cartes.  — 
a  Le  roi  sur  le  neuf  n'osa  plus 
enjamber,  le  larbin  reparut.  » 
(Alyge.) 

LARBIN,  LARBINE  :  Domes- 
tique. (Vidocq.)  —  «  Le  faux  lar 


bin  va  se  poster  sous  la  porte 
cochère.  »  (Paillet.) 
Larbinerie  :  Valetaille. 

LARCOTTIER  :  Paillard.  (Vi- 
docq.) —  Pour  la'-guottier  :  ama- 
teur de-  largues.  V.  ce  mot. 

LARD  (faire  du)  :  Paresser  au 
lit.  —  «  La  femme  ronfle  et  fait 
du  lard.  »  (Festeau.) 

Faire  son  lard  :  Se  rengorger. 

LARDER  :  Percer  d'un  coup 
de  pointe. 

LARDOIRE  :  Épée.  —  «  Vous 
verrez  si  je  manie  bien  la  lar~ 
doire.  »  (Ricard.) 

^  LARGE  (N'en  mener  pas)  : 
Être  mal  à  son  aise.  —  Se  dit 
soit  au  physique,  soit  au  moral. 

LARGE  DES  ÉPAULES  : 
Avare  :  (Dhautel.)  —  Équivoque 
ironique  sur  le  mot  large  qui 
signifie  aussi  généreux. 

LARGUE,  LARQUE  :  Femme 
de  voleur,  prostituée  âgée.  (Hal- 
bert.)  V.  Ménesse.  —  «  Si  j'é- 
prouve quelque  malheur,  je  me 
console  avec  ma  largue.  »  (Vi- 
docq.) V.  Coquer,  Momir. 

LARIFLA  :  Refrains.  —  Allu- 
sion au  refrain  d'une  chanson 
populaire  au  quartier  Latin.  — 
«  Je  mêle  des  lariflas  dans  mes 
plaidoiries.  Je  rêve  un  costume 
de  débardeur  sous  ma  toge.  » 
{Paris  étudiant,  54.) 

LARTIE,  LARTIF,  LARTON  : 
Pain.  On  devrait  dire  l'artie, 
l'artif,  larton. 

LARTIN  :  Mendiant.  (Grand- 
val.) 

LARTON  BRUTAL  :  Pain 
noir.  Mot  à  mot  :  pain  brut. 


LAV  -  2 

LARTON  SAVONNÉ  :  Pain 
blanc.  Mot  à  mot  :  aussi  blanc 
que  du  linge  savonné.  —  «  La 
tortillade  est  la  même  pour  la 
quantité,  mais  le  pivoi  est  plus 
chenu,  et  le  larton  plus  savonné 
que  lago.  »  (Rabasse.) 

LARTONNIER   :    Boulanger. 

LASCAILLER  :  Pisser.  (Grand- 
val.)  —  De  lance  :  eau.  On  dit 
encore  lâcher  de  Veau. 

LASCAR  :  Fantassin.  —  De 
l'arabe  el-askir,  qui  a  la  même 
signification.  —  «  Le  contraste 
était  vraiment  trop  drôle  entre  ce 
sous- lieutenant  de  demoiselles 
et  les  lascars  à  tous  crins  qu'il 
venait  commander.  »  (About.) 

LATTIFE  :  Linge  blanc.  (Hal- 
Tjert.)  —Vient  de  s'attifer:  faire 
toilette. 

LAUMIR  :  Perdre.  (Halbert.) 
Ce  doit  être  une  faute  d'impres- 
sion, si  ce  n'est  une  altération  de 
çhaumir. 

LAVABES  :  Billet  ou  porteur 
de  billet  à  prix  réduit  pour  le 
service  de  la  claque.  —  «  Les  la- 
vabes  sont  ceux  que  l'on  fait  en- 
trer au  parterre  des  théâtres,  en 
ne  payant  que  quinze  sous  par 
place.  »  (5o,ooo  voleurs  de  plus  à 
Paris,  3o,  in-8.)  —  «  Gustave 
achetait  un  lavabe  pour  les  Va- 
riétés. »  (Idem.) 

LAVAGE,  LESSIVE  :  Vente  au 
rabais,  opération  désastreuse.  — 
(  Les  quatre  volumes  in- 1 2  étaient 
donnés  pour  cinquante  sous. .. 
Barbet  n'avait  pas  prévu  ce  la- 
vage. »  (Balzac.) 

LAVEMENT  AU  VERRE  PI- 
LÉ :  Verre  d'eau-de-vie.  —  L'al- 


8  —  LEM 

cool  éraille  le  gosier  comme  le 
verre  pilé.  — «Todore  fait  venir 
deux  lavements  au  verrj  pilé  que 
nous  avalons  en  douceur.  »  (Mon- 
selet.) 

LAZAGNE   :  Lettre   (Vidocq.) 

—  Italianisme.  V.  Balancer. 

LAVER,  LESSIVER  :  Vendre, 
c'est-à-dire  envoyer  ses  effets  à 
une  lessive  dont  ils  ne  reviennent 
jamais.  —  Même  allusion  dans 
Passer  au  bleu  et  Nettoyer.  — 
«  Comme  ce  n'était  pas  la  pre- 
mière fois  que  j'avais  lavé  mes 
effets  sans  savon.  »  (Vidal,  33.) 

—  «  Il  a  lavé  sa  montre,  ses  bi- 
joux, pour  dire  qu'il  Us  a  ven- 
dus. »  (Dhautel,  08.) 

LAVER  SON  LINGE  :  Purger 
une  condamnation.  Une  fois  la 
peine  accomplie,  on  redevient 
blanc  comme  neige  devant  la  loi. 

LEADER  :  Orateur.  -  Angli- 
canisme. —  «  On  ne  voudrait  pas 
que  les  préfets  de  la  République 
conservatrice  descendissent  jus- 
qu'à une  espèce  de  polémique 
avec  les  leaders  de  la  démocratie 
rouge.  »  {Moniteur,  72.  i 

LÉGITIME  :  Épouse  légitime. 

—  «  Ces  messieurs  b  ittent  la 
campagne  tandis  que  lears  légi- 
times sont  à  leurs  trousses.  » 
(E.  Blavet.) 

LÉGITIME  (manger  sa)  :  Dis- 
siper sa  fortune  légitima. 

LEGRE  :  Foire.  (Vidocq.) 

LÉGRIER  :  Marchand  forain. 

LEM  (parler  en)  :  Cnte  mé- 
thode spéciale  consiste  :  1°  à 
ajouter  la  syllabe  lem  à  chacun 
des  mots  qu'on  a  Tinte  ition  de 
changer  ;  2»  à  troquer  la  lettre  l 


LEV 


—    2 


de  îem  contre  la  première  lettre 
du  mot  qu'on  prononce.  —  «  Et 
alors  que  tous  les  trucs  seront 
lonbem  (bons).  »  [Patrie,  2  mars 
52.)  —  Cet  argot  a  été  d'abord 
spécial  à  la  corporation  des  bou- 
chers. 

On  parle  en  luch  comme  en 
Iem.  On  combine  quelquefois  les 
deux. 

LÉON  :  «  Léon  n'est  autre  que 

le  président  de  la  Cour  d'assises.  » 

(Du  Camp.) 

LERMON  :  Étain.   (Halbert.) 

LERMONER  :  Étamer.  (Idem.) 

LESCAILLER  :  Pisser.  (Hal- 
bert. —  Pour  lascailîer. 

LESSIVE,  LESSIVER  :  Voir 
Lavage,  Laver. 

LESSIVANT  :  Avocat.  (Ra- 
basse.)  Il  cherche  à  vous  blan- 
chir devant  le  tribunal. 

LESSIVE:  Plaidoyer.  (Ra- 
basse.) 

LESSIVEUR  :  Avocat.  (Colom- 

bey.) 

LESSIVEUR  DE  CROQUANT: 
V.  Grinche  de  Cambrouse.  Lessi- 
ver est  ici  synonyme  de  nettoyer. 

LETTRE  DE  JÉRUSALEM  : 
Lettre  écrite  par  un  détenu  pour 
demander  de  l'argent.  (Vidocq.) 
Elle  partait  du  dépôt  de  la  Pré- 
fecture de  police,  autrefois  rue  de 
Jérusalem, 

LEVAGE  :  Opération  consis- 
tant de  la  part  d'un  homme,  à 
conquérir  ou  lever  la  première 
femme  venue.  De  la  part  d'une 
femme,  c'est  amener  un  homme 
à  lui  faire  des  propositions.  — 


19  -  LEV 

«  Pas  de  levage,  pas  d'entrain.  » 
(Mané,  61.) 

LEVÉE  :  Arrestation.  —  «  Si 
la  levée  a  lieu  dans  un  café,  on 
en  fait  part  au  patron.  »  (Sta- 
mir,  67.) 

LÈVE-PIEDS  :  Escalier,  échel- 
le. (Vidocq.)  —  Effet  pris  pour  la 
cause. 

LEVER  :  Voler.  —  Abrévia- 
tion de  Enlever.  —  «  Robert  dit  : 
«  Je  suis  levé,  »  et  il  nous  appelle 
filous.  »  (Monselet.)  —  «  Tiens, 
dit  le  voleur,  voici  un  pantre  bon 
à  lever.  »  (Canler.) 

LEVER  :  Faire  un  levage.  — 
«  Tiens,  Xavier  qui  vient  d'être 
levé  par  Henriette.  »  (Monselet.) 
—  «  J'irai  ce  soir  à  Bullier,  et  si 
je  ne  lève  rien...  (Lynol.)  V.  Fla- 
nelle, 

LEVER  :  Capter.—  «  Il  lève  un 
petit  jeune  homme.  Vous  verrez 
qu'il  en  fera  quelque  chose.  » 
(De  Concourt.) 

LEVER  :  Arrêter. 

J' lui  dis  qu'  j'aimerais  mieux  m'  pen- 
dre, 
Ayant  trop  peur  d'être  levé. 

(A.  Meigne,  Ch.) 

Être  levé  :  «  Dans  l'argot  des 
débiteurs  et  des  créanciers,  avoir 
à  ses  trousses  un  recors,  qui  vous 
a  vu  dans  la  rue  ou  déterré  quel- 
que part.  »  (Montépin.) 

LEVER  DE  RIDEAU  :  Pièce 
en  un  acte  jouée  au  commence- 
ment d'une  soirée.  —  «  La  pe- 
tite  pièce,  celle  qu'on  nomme 
vulgairement  lever  de  rideau , 
celle  qui  fait  vivre  les  vaudevil- 
listes intimes  et  fricoteurs.  » 
{Phys.  du  théâtre,  41.) 


LIG 


*—    i220   — 


LIG 


LEVER  DE  RIDEAU  :  Prime 
en  argent. —  «liy  a  l'auteur  qui, 
outre  ses  droits  et  ses  billets, 
touche  une  prime  sous  le  nom 
de  lever  de  rideau.  »  {Physiolo- 
gie du  théâtre,  41.) 

LÉZARD  :  Camarade  sur  le- 
quel on  ne  peut  compter.  (Co- 
lombey.)  —  Il  lézarde  au  soleil  ou 
se  cache  dans  les  trous. 

LÉZARD  :  a  Le  lézard  vole  des 
chiens  courants,  des  épagneuls 
et  surtout  des  levrettes.  Il  ne 
livre  jamais  sa  proie  sans  rece- 
voir la  somme  déclarée.  »  {Aima- 
nach  du  Débiteur,  5i.) 

LEZINER  :  Hésiter.  (Colom- 
bey.) 

LEZINER  :  Tromper  au  jeu. 
(Idem.) 

LICHARD,  LICHEUR  :  Bu- 
veur. Vieux  mot. 

LICHE  (être  en  liche)  :  Faire 
bombance. 

LICHER  :  Boire.  (Grand val.) 

—  Les  glossaires  du  moyen  âge 
disent  licharder. 

Puis  il  liche  tout'  la  bouteille  ; 
Rien  n'est  sacré  pour  un  sapeur. 
(Houssot.) 

LICHETTE  :  Petit   morceau. 

LICHEUR  :  Qui  aime  à  boire 
aux  dépens  d'autrui.  (Grandval.) 

—  «  Boizamort,  menuisier,  bon 
enfant,  mais  licheur.  »  (Ladi- 
mir.) 

LIÈGE  :  Gendarme.  (Coloro- 
bey.)  —  Il  lie  les  gens  arrêtés. 

LIGNARD  :  Officier  ou  soldat 
d'infanterie  de  ligne.  —  a  Les 
obus  de  nos  forts  viennent  d'al- 


lumerunincendie,etnoslignards 
se  gaudissent  à  cette  vue.  »  (P. 
Véron.) 

LIGNE  (avoir  la)  :  Avoir  une 
certaine  pureté  de  contours.  — 
«  iMon  Dieu,  elle  n'est  pas  très- 
jolie  ;  mais  vous  savez,  elle  a  la 
ligne.  »  (Yriarte.) 

LIGNE  (pêcheur  à  la),  faiseur 
de  lignes  :  Rédacteur  qui  tire  à 
la  ligne.  —  «  Le  pêcheur  à  la 
ligne,  dit  M.  de  Balzac,  est  un 
rédacteur  qui,  comme  le  pêcheur, 
vit  de  sa  ligne.  »  (Marc  Four- 
nier,  44.) 

LIGNE  (tirer  à  la)  :  Écrire  des 
phrases  inutiles  dans  le  seul  but 
d'allonger  un  article  payé  à  tant 
la  ligne. 

LIGNE  !  (vive  la)  :  «  Je  rapporte 
un  petit  magot.  Ah  !  quel  le  chan- 
ce! Vive  la  ligne!  »  {Léonard y 
parodie,  63.) 

Ce  vivat,  fréquent  à  certains 
jours  d'émeute  où  on  a  voulu  ga- 
gner les  troupes  de  ligne,  s'ap- 
plique ironiquement  à  tous  les 
cas  d'enthousiasme. 

LIGNE  A  VOLEUR  :  Ligne 
blanchie  à  dessein  de  façon  qu'il 
reste  un  mot  pour  commencer 
une  ligne  nouvelle  payée  comme 
entière.  —  Argot  des  typogra- 
phes. 

LIGORE  :  Cour  d'assises.  {Pe- 
tit Dictionnaire  d'argot.  44.) 

LIGORNIAU  :  garçon  maçon. 
(Rabasse.) 

LIGOTANTE,  LK/OTE  : 
Corde  servant  à  lier  ks  mains 
d'un  malfaiteur.  Vieux  mot  qui 
est  le  frère  de  ligament. 


LIM 


—    221    — 


LIO 


LIGOTTAGE  :  Action  de  li- 

gotter. 

LIGOTTER  :  a  11  est  urgent 
de  le  ligotter,  c'est-à-dire  de  lui 
attacher  une  ou  deux  mains.  » 
(Rabasse.) 

LILLANGE  :  Lille.  Adjonction 
de  finale. 

LILLOIS  :  Fil.  (Vidocq.)— On 
en  fait  beaucoup  à  Lille. 

LIMACE,  LIMASSE,  LIME, 
LYME  :  Chemise.  (Vidocq, 
Grandval.)  —  Vieux  mots,  car  le 
glossaire  de  Du  Cange  donne 
limas,  et  on  trouvera  en  se  re- 
portant au  mot  passant  (soulier), 
un  exemple  ancien  de  lyme.  — 
((  Quand  la  limace  est  bien  blan- 
che, avec  ses  creux  et  ses  monta- 
gnes, ça  me  met  sens  susd'sous.  » 
(L.  de  Neuville.)  V.  Batousse. 

LIMACIER  :  Chemisier. 

LIMANDE  :  Homme  nul  et 
plat  comme  le  poisson  de  ce  nom. 
(Vidocq.) 

LIME  :  Chemise.  Abréviation 
de  Limace. 

LIMONADE  :  Assiette.  (Vi- 
docq.) Comparaison  de  l'assiette 
à  une  rouelle  de  limon. 

LIMOUSIN  :  Maçon. —Allu- 
sion au  pays  d'où  la  plupart  des 
maçons  sont  originaires.  «  La 
nuit,  ça  représente  encore,  mais 
le  jour  ça  ferait  renauder  des 
Limousins.  »  {Courrier français, 
I"  février  68.) 

LIMOUSINE  :  Plomb.  V.  Li- 
mousineurs. 

LIMOUSINEURS  :«  On  donne 
le  nom  de  voleurs  au  gras- J ou b le 
ou  de  limousineurs  à  des  ouvriers 


couvreurs  qui  volent  le  plomb 
des  couvertures,  en  coupent  de 
longues  bandes  avec  de  bonnes 
serpettes,  puis  l'aplatissent  et  le 
serrent  à  l'aide  d'un  clou.  Ils  en 
forment  ainsi  une  sorte  de  cui- 
rasse qu'ils  attachent,  à  l'aide 
d'une  courroie,  sous  leurs  vête- 
ments. »  {Petit  Journal.)  —  De 
là  le  nom  de  Limousineur  qui 
compare  ces  vêtements  de  plomb 
aux  gros  manteaux  nonupés  li- 
mousines. 

LIMOUSINIER  :  Entrepreneur 
de  maçonnerie.  —  «  Celui-ci 
était  un  limousinier  (maçon  qui 
dresse  les  murs).  Il  avait  des 
avances  :  il  loua  un  terrain  pour 
y  bâtir.  »  (Privât  d'Anglemont.) 

LINGE  (avoir  du)  :  Avoir  de  la 
toilette.  —  «  Et  Bovarine!  qu'est- 
ce  que  c'est?  Ça  a-t-il  du  linge  ?» 
(L.  de  Neuville.) 

LINGRE  :  Couteau.  (Vidocq.) 
Allusion  à  Langres,  si  renommée 
pour  sa  coutellerie. 

LINGRER  :  Frapper  à  coups 
de  couteau. 

LINGRERIE  :  Coutellerie. 

LINGRIOT  :  Canif. 

L1NGUER  :  Tuer.  (Rabasse.) 
Forme  altérée  de  lingrer. 

LINSPRÉ  :  Prince.  (Vidocq.) 
—  Anagramme. 

LION  :  Homme  à  la  mode.  — 
«  Depuis  que  nous  avons  attrapé 
ce  mot  anglais,  qui  s'applique,  à 
Londres,  à  toutes  sortes  de  nota- 
bilités, nous  en  avons  fait  abus 
comme  du  calicot  et  du  fil  d'E- 
cosse. Il  ne  se  fait  pas  un  vaude- 
ville,  un  feuilleton,  un  roman 


LIS 


—   222    — 


LON 


de  mœurs  contemporaines,  qui 
ne  parle  des  lions  de  Paris.  Au- 
jourd'hui, pour  être  //on,  la  moin- 
dre chose  suffit  :  avec  un  panta- 
lon jaune,  un  chapeau  neuf,  des 
moustaches,  vous  êtes  reçu  lion 
d'emblée.  Nous  avons  eu  des  mus- 
cadins, des  incroyables,  des  im- 
payables, des  élégants,  des  beaux, 
quelques  fashionables ;  mais  ap- 
peler lions  des  jeunes  gens  qui 
mangent  doucement  de  pauvres 
patrimoines,  c'est  une  parodie 
bien  amère.  »  (Roqueplan,  41.) 

Le  lion  du  jour  :  L'homme 
dont  on  parle  le  plus,  à  un  titre 
quelconque.  — Anglicanisme. 

LIONCEAU  :  Lion  ridicule.  — 
«  La  moustache  cirée  d'un  jeune 
lionceau.  »  (L.  de  Neuville.) 

LIONNES  :«  C'étaient  de  petits 
êtres  féminins,  richement  ma- 
riés, coquets,  jolis,  qui  maniaient 
parfaitement  le  pistolet  et  la 
cravache,  montaient  à  cheval, 
prisaient  la  cigarette.  »  (De- 
riége.) 

LIONNERIE:  Monde  des  lions. 
—  «  Nous  étions  installés  dans  un 
restaurant  cher  à  la  lionnerie.  » 
(Mornand.) 

LIQ.UID  :  Liquidation  de 
Bourse.  —  «  Liquid  est  mis  ici 
pour  liquidation.  Le  coulissier 
facétieux  se  plaît  à  abréger  ses 
formules,  et  dit  liquid  comme  on 
dit  d'autor,  d'achar,  soc  ou  dé- 
moc.  »  (Mornand.) 

LISETTE!  (pas  de  ça)  :  For- 
mule négative.  —  «  Un  jeune 
drôle  fait  la  cour  à  ma  nièce.  Pas 
de  ça,  Lisette!  »  (Ricard.)  L'ex- 
pression se  trouve  déjà  dans  une 
brochure  publiée  en  1786,  l'Ane 


promeneur. a  II  m'enfilerait.  Non, 
pas  de  ça,  Lisette!  » 

LITRER  :  Contenir,  posséder. 
—  Vient  de  litre  comme  cuber 
vient  de  cube.—  «  J'avais  balancé 
le  bogue  que  j'avais  fourliné  et 
je  ne  litrais  que  nibergue  en  va- 
lades.  »  (Vidocq.) 

LOCANDIER  :  «  Le  locandier 
est  une  des  nombreuses  variétés 
des  voleurs  au  bonjour.  Sous 
prétexte  d'examiner  un  le  gement 
à  louer,  il  vole  avec  dextirité.  » 
(A.  Monnier.) 

LOCHE  :  Oreille. 

LOCHER  :  Écouter.  (Vidocq.) 

LOFAT  :  Aspirant  an  grade 
de  compagnon.  —  «  C'était  pour 
le  baptême  d'un  lofât...  On  devait 
le  baptiser  à  laCourtille.  »  {La 
Correctionnelle.) 

LOFUAT  :  Maladroit,  naïf, 
imbécile.  [Petit  Dictionn.  d'ar- 
got, 44.) 

LOFFITUDE  :  Naïveté.  Idem.) 

LOIR  :  Prison.  V.  Motti2. 

LOLO  :  Lait.  —  Mot  redoublé. 

LOLO,  LORETTE  :  La  pre- 
mière syllabe  du  mot  est  seule 
conservée  et  redoublée.  —  a  On 
donne  le  nom  de  lolos  aux  jeunes 
beautés  du  quartier  Notre-Dame 
de  Lorette...  La  lolo  déjeune 
souvent  avec  un  pain  de  ^ruau, 
mais  elle  boit  du  Champagne.  » 
(Almanach  du  Débiteur,  5  i.) 

LONDRES  :  Cigare  de  la  Ha- 
vane. —  «  Je  me  rejetai  cans  le 
fond  de  la  voiture  et  j'alluiaai  un 
londrès.  »  (Mornand.) 

LONG  :  Niais,  simple.  (Grand- 
val.) 


LOR 


223 


LOU 


LONGCHAMP  :  «  Cour  oblon- 
gue,  bordée  d'une  file  de  cabi- 
nets dont  nous  laissons  deviner 
la  destination.  Gomme  c'est  le 
seul  endroit  où,  pendant  les  heu- 
res d'étude,  les  élèves  de  l'École 
polytechnique  puissent  aller  fu- 
mer, le  longchamp  a  acquis  une 
grande  importance.  »  (La  Bédol- 
lière.) 

LONGUE,  LONGE  :  Année 
passée  au  bagne.  (Grandval.)  — 
L'année  y  est  longue  à  passer. 
—  «  Quelle  veine  que  t'as.  Dix 
longes,  case  tire,  mais  perpette! 
pas  toujours!  »  (Stamir.) 

LONTOU  :  Toulon.  (Ra- 
basse.)  Anagramme. 

LOPHE  :  Faux,  contrefait.  — 
Anagramme  précédé  d'une  l.  V. 
Fajîot. 

LOQUE  (parler  en)  :  Même 
procédé  que  pour  parler  en  lem. 
V.  Lem.  «  Tu  vas  peut-être  me 
traiter  de  loufouque  d'aller  au 
turbin  avec  des  objets  pareils.  » 
(Beauvilliers.) 

LOQUES  :  «  Le  gamin  de  Pa- 
ris a  sa  monnaie  qui  se  compose 
de  tous  les  petits  morceaux  de 
cuivre  façonné  qu'on  peut  trou- 
ver sur  la  voie  publique.  Cette 
curieuse  monnaie  prend  le  nom 
de  loques,  »  (V.  Hugo.) 

LORETTE  :  Femme  galante, 
ce  Lorette  est  un  mot  décent  in- 
venté pour  exprimer  l'état  d'une 
fille  ou  la  fille  d'un  état  difficile 
à  nommer,  et  que  dans  sa  pu- 
deur l'Académie  a  négligé  de  dé- 
finir, vu  l'âge  de  ses  quarante 
membres.  Quand  un  nom  nou- 
veau répond  àun  cas  social  qu'on 
ne  pouvait  pas  dire  sans  péri- 


phrase, la  fortune  de  ce  mot  est 
faite.  Aussi  la  lorette  passa-t-eUe 
dans  toutes  les  classes  de  la  so- 
ciété, même  dans  celles  où  ne 
passera  jamais  une  lorette.  Le 
mot  ne  fut  fait  qu'en  1840,  sans 
doute  à  cause  de  l'agglomération 
de  ces  nids  d'hirondelles  autour 
de  l'église  dédiée  à  Notre-Dame 
de  Lorette  Ceci  n'est  écrit  que 
pour  les  étymologistes.  »  (Balzac.) 

—  «  Chassées  des  quartiers  sé- 
rieux, les  plus  ou  moins  jeunes 
personnes  qui  se  livrent  à  la  per- 
dition des  fils  de  famille  refluent 
donc  vers  ces  constructions,  qui 
forment  une  espèce  de  ville  nou- 
velle, partant  du  bout  de  la  rue 
Laffitte  jusqu'à  la  rue  Blanche, 
comprenant  les  rues  Neuve-Saint- 
Georges,  La  Bruyère,  Bréda,  Na- 
varin, et  prenant  son  nom  de  la 
rue  principale,  Notre-Dame-de- 
Lorette.  L'ensemble  de  ces  rues 
s'appelle  le  quartier  des  Lorettes, 
et  par  extension  toutes  ces  de- 
moiselles reçoivent  dans  le  lan- 
gage de  la  galanterie  sans  consé- 
quence le  nom  de  lorettes.  »  (Ro- 
queplan,  Nouvelles  à  la  main,  4.1.) 

—  «Les  lorettes, moi, j'aime  cela; 
c'est  gentil  comme  tout,  ça  ne 
fait  de  mal  à  personne!...  des 
petites  femmes...  qui  gagnent  à 
être  connues.  »  (Gavarni.) 

LORGNE  :  Borgne.  (Vidocq.) 

—  Abréviation  de  Calorgne  : 
borgne  (vieux  mot). 

LORGNE  :  As.  (Ibid.)  ~  C'est 
une  carte  borgne. 

LOUBION  :  Bonnet.  —  «  Il 
faut  igo  avoir  le  loubion  en  poigne 
pour  leur  jacter.  »  (Rabasse.) 

LOUBIONNIER  :  Bonnetier. 
LOUCHE  :  Main.  —  Compa- 


LOU  —  224  — 

raison  de  la  main  à  la  grande 
cuiller  appelée  louche. 

LOUCHER  (faire):  Faire  chan- 
ger de  manière  de  voir,  d'opi- 
nion. —  «  Avec  qui  que  tu  veux 
que  je  soye  ?  Kst-ce  que  ça  te  fait 
loucher?  m  (Monselet.) 

LOUCHÉE  :  Cuillerée.  (Hal- 
bert.)  V.  Louche. 

LOUFOQUE  :  Aliéné.  (Ra- 
basse.)  —C'est  le  mot/o«  soumis 
au  procédé  argotique  de  défor- 
mation en  loque.  —  «  Tu  vas 
peut-être  me  traiter  de  loufoque 
d'aller  au  turbin  avec  des  objets 
pareils.  »  (Beauvilliers.) 

LOUGÉ  :  Agé.  (Idem.) 

LOU  LOTTE  :  Petite  dent. 
Allusion  aux  dents  du  loup  dont 
on  parle  toujours  aux  petits  en- 
fants. 

LOULOU  :  Mot  d'amitié.  - 
Redoublement  de  Loup.  On  dit 
aussi  mon  gros  loup.  —  «  Mon 
loulou,  j'  suis  heureux  quand  je 
t'embrasse.  »  (Aug.  Hardy.)  — 
«  C'est  la  louloute  à  son  chéri.  » 
(Montépin.) 

LOUP  :  Sottise,  erreur. 

LOUP  :  Dette  criarde,  créan- 
cier. (Dhautel,  i8o8.)  —  «  Un 
loup  !  un  créancier,  si  vous  ai- 
mez mieux.  »  (Décembre-Alon- 
nier.)  —  Au  théâtre,  un  loup  est 
une  scène  manquée. 

LOUP  DE  MER  :  Marin 
aguerri. 


LUC 


—    «    Ma   salle  devient   un  vrai 
camp  de  la  loupe.  »  (Decourcelle, 

36.) 

LOUPER  :  Flâner.—  H  Quand 
je  vais  en  loupant,  du  côté  du 
Palais  de  Justice.  »  [Le  Gamin 
de  Paris,  38.) 

LOUPEUR  :  Rôdeur.  —  «  Que 
faisaient-elles,  ces  loupeuses?  » 
(Lynol.) 

LOURDAUT  :  Portier.  (Grand- 
val.) 

LOURDE,  LOURDIÈRE: 
Porte.  —  On  ne  les  faisait  pas 
légères  jadis  et  pour  cause.  V. 
Bocson,  Tremblant. 

Lourde  à  pessigner  :  Porte  à 
enfoncer.  (Rabasse.) 

LOURDIER  :  Concierge.  (Ra- 
basse.) 

LOUSTEAU  :  Domicile,  dia- 
ble. (Halbert.)  —  Dans  le  sens  de 
domicile  lousteau  est  un  mot  an- 
cien qu'on  doit  lire  Vousteau^ 
c'est-à-dire  l'hôtel,  Vhabitation 
particulière. 

LOUSTO  (aller  à)  :  Aller  en 
prison.  (Rabasse.)  —  Lousteau 
doit  être  une  forme  de  lousteau 
(maison),  ce  qui  veut  dire  ironi- 
quement rentrer  au  domicile.  La 
prison  est  le  domicile  naturel 
des  malfaiteurs. 

LOVELACE  :  Séducteur  de 
femmes.  C'est  le  nom  dj  héros 
du  roman  de  Clarisse  harloive. 
(Richardson.)  Voyez  Faublas. 

LUCARNE  :  Lorgnon,  mono- 
cle. —  «  Du  malheureux  monde 
comme  ça,  ça  n'y  voit  q  le  d'un 
oeil,  et  encore  pas  sanslujarne.  » 
(Gavarni.) 

LOUPE  :  Fainéantise,  flânerie.       LUCH  (parler  en)  :  V.  Lem. 


Pour  mener  à  bien  son  esqnif 
Le  vrai  loup  de  mer  se  dispense 
De  longer  toujours  un  rescif. 
G.  Jollivet. 


LUN 


—    225    — 


LYO 


LUCHEBEM  :  Boucher.  (Ra- 
basse.)  —  C'est  boucher  déformé 
en  lem.  (V.  ce  mot.) 

LUCTRÈMH  :  Fausse  clef.  — 
«  Mon  Dartagnan  file  le  luctrème 
dans  la  porte.  »  (Beauvilliers.) 

LUISANT,  RELUIT  :  Jour.  — 
Allusion  de  lumière.  «  Pitachons 
pivois  chenâtre  jusques  au  lui- 
sant. »  (Grandval.) 

LUISANTE  :  Nuit,  fenêtre. 
(Halbert.) 

LUISANTE  :  Lune.  (Vidocq.) 

LUISARD  :  Soleil.  (Idem.) 

LUISARDE  :  Lune.  (Halbert.) 
—  «Tous  les  chiffonniers  savent 
ce  patois  énergique  qui  appelle 
la  lune  une  luisarde.  »  (La  Bé- 
dollière.) 

LUMIGNON  (le  grand)  :  Le  so- 
lell.  (Rabasse.) 

LUNCH  :  Collation.  —  C'est 
d'Amérique  que  viennent  le  mot 
et  la  mode.  —  a  Les  frais  de  ce 
lunch  ne  sont  plus  à  la  charge 
des  mariés.  »  (Petit  Moniteur.) 

LUNDI  (faire  le)  :  Manquer  à 
son  travail;  continuer,  le  lundi, 
l'inaction  du  dimanche. 

LUNE,  PLEINE-LUNE,  DEMI- 
LUNES  :  Derrière.  —  Allusion 
de  forme.  —  «  En  voilà  une 
bonne!  il  a  pris  la  lune  de  Pé- 
tronille  pour  sa  figure.  »  (P.  de 
Kock.)  V.  Cadran. 


LUNE  :  Figure  ronde  comme 
la  lune.  —  «  Cora  P.  est  à  Mai- 
sons-Laffitte,  elle  engraisse  énor- 
mément. C'est  tellement  visible 
qu'on  ne  l'appelle  plus  que  la 
lune  rousse.  »  (Éclair.) 

LUNE  :  Variation  d'humeur 
influant  sur  l'homme  comme  la 
lune  influe  sur  le  temps.  — «C'est 
un  musicien  qui  ne  doit  pas  être 
commode,  il  doit  avoir  des  lunes.» 
(Comment,  de  Loriot,  69.) 

LUQUES,  LUQUETS  :  Faux 
papiers,  images.  (Grandval.) 

LURON  :  Saint -Sacrement. 
(Colombey.)  —Allusion  au  rond 
de  l'hostie. 

LUSQUIN  :  Charbon.  (Hal- 
bert.) 

LUSQUINES:  Cendres.  (Idem.) 

LUSTRE  :  Juge.  (Idem.) 

LUSTRE  (admirateur,  cheva- 
lier du)  :  Claqueur  posé  au  par- 
terre sous  le  lustre.  —  «  Les  ad- 
mirateurs du  lustre  donnèrent, 
mais  le  public  resta  froid.  » 
(L.  Reybaud.) 

LUSTRER  :  Juger.  (Halbert.) 

LYCÉE  :  Prison.  (Rabasse.) 
C'est  le  motcoUége  approprié  aux 
exigences  modernes.  V.  Collège. 

LYONNAISE  :  Soierie.  (Vi- 
docq.) —  Lyon  est  le  centre  de 
la  fabrication  des  soieries. 


i3. 


M 


226  — 


M 


M 


M!  :  Abréviation  d'une  injure 
employée  déjà  par  Rabelais. 
«Merde!  mot  ignoble  et  grossier, 
dont  le  bas  peuple  se  sert  dans  un 
sens  négatif,  »  écrivait  Dhautel 
en  1808.  Ce  n'est  pas  seulement 
dans  le  bas  peuple  que  M...  est 
usité,  comme  on  va  le  voir  par 
le  second  des  textes  suivants. 
Celui-ci  est  extrait  du  Temps  du 
16  août  1872  : 

INCIDENT  d'audience  AUX  ASSISES. 

L'accusé  Lhermine  est  un  jeune 
homme  de  vingt-cinq  ans,  mais  qui 
paraît  à  peine  âgé  de  dix-huit;  blond, 
grêle,  court.  Sa  petite  figure  blême  et 
vicieuse  semble  taillée  en  lame  de  cou- 
teau. Il  n'a  pas  commis  moins  de  qua- 
rante-sept vols  qualifiés.  C'est  lui- 
même  qui,  au  cours  de  l'instruction, 
les  a  indiqués  au  magistrat  et  en  a  fait 
vérifier  les  détails.  Il  est  en  outre  ac- 
cusé de  coups  volontairement  portés  à 
sa  mère  légitime.  M.  le  président  se 
tourne  vers  l'accusé  et,  comme  il  est 
prescrit  par  la  loi,  il  l'interroge. 

M.  le  président  :  Accusé,  levez- 
vous.  Vos  nom  et  prénoms  ? 

L'accusé:  Auguste  Lhermine. 

M.  le  président  :  Votre  âge  ? 

L'accusé  :  Merde! 

Ce  mot  ordurier,  prononcé  à  haute 
voix,  est  entendu  par  tout  le  monde. 
L'auditoire  fait  entendre  des  rumeurs. 

M.  le  président  :  Accusé,  dans  votre 
propre  intérêt,  je  dois  vous  engager  à 
la  circonspection.  Vous  avez  peut- 
être  clé  victime  d'habitudes  grossières 
ou  d'un  mouvement  irrélléchi.  Magis- 
trats, nous  voulons  bien  oublier  cet 
outrage,  qui  ne  saurait  d'ailleurs  nous 


atteindre.  Veillez  sur  vous  désormais. 
Votre  défenseur  va  vous  entrcienir.  Il 
vous  conseillera.  Je  le  répète,  c'est 
dans  votre  propre  intérêt  que  i^i  parle. 

Après  un  quart  d'heure  de  suspen- 
sion, les  jurés  reprennent  place,  au 
miUeu  de  l'émotion  vive  de  l'auditoire, 
et  la  cour  reprend  séance. 

M.  le  président  :  iMessieurs  les  ju- 
rés, mon  devoir  m'oblige  à  fe  ire  su- 
bir, avant  la  prestation  de  vore  ser- 
ment, un  interrogatoire  à  l'acctsé  pour 
constater  son  identité,  je  vai^  le  re- 
prendre... Accusé,  vos  nom  et  pré- 
noms? 

L'accusé  ne  répond  pas. 

M.  le  président  renouvelle  sa  ques- 
tion. 

L'accusé^  d'une  voix  plus  dicidée  : 
Merde  ! 

Des  murmures  éclatent  dans  toute  la 
salle.  Sur  les  réquisitions  du  ministère 
public,  la  cour  condamne  Lhci  mine  à 
deux  ans  de  prison.  C'est  le  m  nimum 
de  la  peine  en  cas  d'outrage  à  a  cour. 

Notre  second  texte  (pri^  dans 
la  Liberté  du  8  septembre  ,  rend 
compte  d'une  affaire  ju_;ée  le 
7  septembre  1872,  par  le  tr  bunal 
de  Pont-l'Évêque.  Voici  la  dépo- 
sition d'un  témoin  : 

Le  troisième  témoin,  Leprêtre  (Au- 
guste-Emile), vingt-quatre  ans,  doua- 
nier à  Deauville,  est  appelé.  J.ecture 
est  donnée  de  sa  déposition  devant  le 
juge  d'instruction  :  «  Le  14  aoi.t,  vers 
cinq  heures,  j'étais  de  service  sur  la 
jetée  de  Deauville,  avec  mon  ca;iiaradu 
Oilivier,  lorsque  je  vis  rentrer  une 
embarcation.  Des  personnes  cui  s'y 
trouvaient  criaient  :  «  Vive  Napo- 
léon !  A  bas  Thiers!  Vive  la  F  ancel 
Merde  pour  Thiers  !  »  Ces  cris  ont  été 


MAC 


—    227    — 


MAC 


poussés  à  plusieurs  reprises  par  quatre 
personnes.  Ils  ont  continué  jusquà 
i'avant-port.  Nous  laissâmes  appro- 
cher l'embarcation  et  pûmes  prévenir 
notre  capitaine.  Je  remarquai  surtout 
une  personne  criant.  »  Mis  en  présence 
de  l'inculpé,  le  témoin  a  reconnu  M.  de 
V...  pour  être  la  personne  la  plus  ani- 
mée. 

M.  de  V...  fut  condamné  à  trois 
jours  de  prison,  mais  la  politique 
s'en  mêlant,  il  vit  plaider  sa  cause 
par  un  certain  nombre  de  jour- 
naux, dont  pas  un  n'exprima  son 
dégoût  pour  le  mot. 

Dire  m....  :  Insulter,  emmerder. 
—  «  Moi,  si  j'étais  nommé,  je 
monterais  à  la  tribune  et  je  di- 
rais :  Merde!...  Oui,  pas  davan- 
tage; c'est  mon  opinion.  »  (Zola.) 

MAC,  MAQUE,  MACQUE, 
MACCHOUX,  MACROTIN  :  Sou- 
teneur, entremetteur.  —  Le  der- 
nier mot  est  un  diminutif  de  ma- 
quereau;  l'avant-dernier  est  une 
modification  du  même  mot  par 
changement  de  finale;  les  trois 
premiers  sont  des  abréviations. 
Il  y  a  de  plus  des  synonymes  in- 
nombrables, rappelant  tous  le 
côté  ichthyologiquedu  mot.  Tels 
sont  barbeau,  barbille,  barbillon, 
dauphin,  dos  vert,  dos  d'azur, 
brochet,  poisson,  etc.  Aussi  a-t-on 
été  chercher  vainement  de  ce 
côté  l'origine  du  mot.  Le  poisson 
n'y  est  pour  rien  ;  maquereau  est 
un  simple  jeu  de  mots,  comme 
grenouille.  Au  moyen  âge,  le  mot 
maque  signifiait  :  vente,  métier 
de  marchand.  De  là  sont  venus 
maquei  el  et  maquillon,  qui  a  fait 
maquignon.  Le  maquereau  n'est 
autre  chose  qu'un  maquignon  de 
femmes,  etpendant  tout  le  moyen 


âge  il  s'est  appelé  maquerel  ou 
maqueriau. 

«  Le  métier  de  mac  n'était 
guère  exercé  autrefois  que  par 
des  voleurs  et  des  mouchards. ,.  » 
(Vidocq.)  —  ce  Le  macque  est 
le  souteneur  des  filles  de  la  plus 
basse  classe.  Presque  toujours 
c'est  un  repris  de  justice.  »  (Gan- 
1er.) 

MACA  :  Entremetteuse,  femme 
vieillie  dans  le  vice.  (Dhautel, 
08.)  —  Même  origine  que  le  mot 
précédent. 

MACAIRE  :  Malfaiteur  affec- 
tant les  dehors  d'un  homme  du 
monde.  Le  mot  date  du  drame  de 
l'Auberge  des  Adrets;  il  doit 
moins  sa  fortune  à  Frédérick- 
Lemaître,  créateur  du  rôle  de 
Macaire, qu'aux  nombreusescari- 
catures  qui  ont  fait  ensuite  de 
l'assassin  Macaire  le  type  du  filou 
cynique.  —  «  Ils  se  croyaient  des 
Macaires  et  n'ont  été  que  des  fi- 
lous. »  (Luchet.) 

MACAIRISME  :  «  Le  macai- 
risme,  c'est  la  filouterie  érigée 
en  système.  »  (Boursicotier isme y 

58.) 

MACARON  :  Dénonciation, 
—  Même  origine  que  mac.  Celui- 
ci  vend  des  hommes  au  lieu  de 
vendre  des  femmes.  —  «  Dans  le 
nez  toujours  tu  auras  macarons 
et  cabestans.  »  (Vidocq.) 

MACARONER  :  Trahir.  (Hal- 
bert.) 

MAC-FARLANE  :  Pardessus 
sans  manches,  avec  grand  collet 
sur  le  devant.  —  Anglicanisme. 
«  Ils  portent  des  mac-farlanes.  » 
[Les  Etudiants,  60.) 


MAC 


—  228  — 


MAI 


MâCHABÉE  :  «  On  appelle 
Machabée  tout  être,  homme  ou 
animal  privé  de  vie,  que  l'on 
rencontre  flottant  sur  un  cours 
d'eau  ou  échoué  sur  le  rivage.  » 
(V.  Dufour.)  —  Faut-il  y  voir 
une  allusion  à  la  légende  popu- 
laire des  sept  Machabées  qui  pé- 
rirent tous  pour  la  foi,  ou  un 
dérivé  du  vieux  mot  macquer  : 
briser,  écraser,  frapper  ?  En  lan- 
gue d'oc,  on  dit  macat  pour  écra- 
sé, brisé.  Je  n'irai  pas  chercher 
d'étymologie  dans  le  grec,  mais 
je  ne  puis  m'empêcher  de  faire 
observer  que  makarios  veut  dire 
privée  de  vie.  Le  Breton  même  a 
vtacli'an  :  estropié,  mutilé. 

MACHABÉE  :  Juif.— Allusion 
biblique. 

MACHER  (ne  pas  le)  :  Parler 
sans  détour.  Mot  à  mot  :  sans 
mâcher  les  paroles  entre  sesdents. 
—  a  Quand  j'ai  lieu  d'  vous  en 
vouloir.  Ah!  n'ayez  pas  peur  que 
j'  vous  l' mâche!  »  (Longchamps, 
09.) 

MACHIN  :  Homme  ou  chose 
dont  on  ne  se  rappelle  pas  le  nom. 
«  Monsieur  Machin,  pardon!  je 
ne  me  rappelle  jamais  de  votre 
nom.  »  (H.  Monnier.)  —  Dans  la 
Gabrielle  d'E.  Augier,  l'avoué 
Chabrière  prie  sa  femme  de  lui 
faire  «  un  machin  au  fromage.  » 
V.  Chien. 

MACHINE  :  Œuvre  quelcon- 
que, œuvre  dramatique. — «C'é- 
tait à  Nohant,  l'illustre  écrivain 
venait  de  lire  trois  actes.  L'au- 
ditoire semblait  hésitant  :  «  Al- 
lons, dit  l'auteur,  il  faudra  faire 
une  autre  machine,  »  et  elle  jette 
le  manuscrit  au  feu.  »  (E.  Le- 
moine.) 


MACHOIRE  :  Suranné.  — 
«  L'on  arrivait  par  la  filière  d'é- 
pithètes  qui  suivent  :  ci-devant, 
faux  toupet,  aile  de  pigeon,  per- 
ruque, étrusque,  mâchoire,  ga- 
nache, au  dernier  degré  de  la 
décrépitude,  à  l'épithète  la  plus 
infamante,  acadénicien  et  mem- 
bre de  l'Institut.  »  (Th.  Gautier, 
33.)  —  «  Vieille  mâchoire  :  Per- 
sonne sans  capacité,  ignorant, 
sot.  »  (Dhautel.) 

MADRICE  :  Malice.  (Colom- 
bey.) 

MADRIN  :  Malin.  (Idem.)  — 
C'est  madré,  avec  changement 
de  finale. 

MAGNUSSE  :  V.  Être  {en). 

MAIL  COACH  :  Voiture  atte- 
lée à  quatre  chevaux  en  poste  à 
grandes  guides.  (Paz.) 

MAIN  :  Série  de  coups  heu- 
reux au  baccarat  ou  au  lansque- 
net. —  «  Au  baccarat,  pour  ga- 
gner, il  faut  avoir  une  main.  » 
(Cavaillé.)  V.  Pharamineux.  — 
On  a  pris  cette  expression  au 
figuré,  et  on  dit  :  il  a  la  main, 
pour  :  il  obtient  une  sirie  de 
succès. 

^  MAIN   CHAUDE  (jouer  à  la)  : 
Être  guillotiné.   V.  Raccourcir, 

MAINS  COURANTES  :  Pieds. 
(Rabasse.)  Jeu  de  mots  commer- 
cial. 

MAISON  (être  en)  :  Faire  par-  * 
tie  d'une  maison  de  tolérance.      :| 

MAISON  (fille,  femme,  maî- 
tresse de)  :  Habitante  ou  proprié- 
taire d'une  maison  de  tolé- 
rance. Le  mot  est  plus  vieux 
qu'on  ne  croirait.  Un  pet  t  livre 
intitulé  la  Revue  de  l'an   VlIIy 


MAL 

contient  une  description  des  filles 
qui  se  promenaient  au  Palais- 
Royal  :  «  Leurs  bas  de  soie  à 
coins  brodés  que  la  dame  de  mai- 
son, c'est  le  mot  technique  (sic), 
avait  lavés  le  matin,  se  dessi- 
naient sur  un  mollet  arrondi.  » 

MAJOR  DE  TABLE  D'HOTE  : 

Officier  de  contrebande,  portant 
un  grade  et  des  croix  qui  ne  lui 
ont  jamais  appartenu.  —  a  Lais- 
sez-moi donc  tranquille,  s'écria 
une  espèce  de  major  de  table 
d'hôte.  »  (G.  Vassy,  jS.) 

MAJOR  :  «  Le  chirurgien,  le 
tambour-major,  le  sergent-major 
sont  dénommés  indistinctement 
majors.  »  (Louis  Huart.) 

MAKACH  :  Formule  négative 
originaire  d'Algérie.  «  Les  M;iu- 
resques  ont  des  costumes  ado- 
rables. Quant  à  leurs  figures, 
makach!...  Incognito  complet.  » 
(Loriot.)  —  «  Tu  trouveras  des 
concombres.  Quant  aux  poires, 
makach!  comme  dit  l'Arabe.  » 
(A.  Lecomte,  6i.) 

MAL  (faire)  :  Faire  pitié.  — 
<(    Qu'on    vienne   baiser   son 


vamqueur 


!   —   Comme    tu    me 


fais  mal.  »  (Gavarni.) 

MALADE  :  Prisonnier.  V. 
Maladie. 

MALADE  (être)  :  Être  fautif. 
(Rabasse.) 

MALADE  DU  POUCE  :  Fai- 
néant dont  la  paresse  constitue  la 
seule  infirmité. 

MALADIE  DU  POUCE  :  Avare. 
—  Cet  exemple  explique  l'allu- 
sion ;  ((  Il  est  malade  du  pouce. 
Ça  empêche  les  ronds  de  glis- 
ser. »  (Monselet.)  V.  Rond, 


229  —  M  AN 

MALADIE  :  Emprisonnement. 
(Vidocq.) 

MAL  BLANCHI  :  Nègre.  - 
«  Va  donc,  mal  blanchi,  avec  ta 
figure  de  réglisse.  »  (Bourget.) 

MALHEUREUX  :  Trompé  par 
sa  femme.  —  S  il  est  malheureux 
dans  son  intérieur,  il  le  sait, 
tandis  qu'à  Paris  un  employé 
peut  n'en  rien  savoir.  »  (Balzac, 
41.) 

MALINGRER  :  Souffrir.  (Vi- 
docq.) —  Malingre  se  dit  encore 
pour  souffreteux. 

MAL  PEIGNÉE  :  «  Pour  le 
moment,  c'est  sous  cette  épithète 
que  l'on  désigne  une  courtisane 
(nous  avons  pour  ces  dames  un 
vocabulaire  qui  menace  de  deve- 
nir par  trop  volumineux).  »  (P.  de 
Kock,  65.)  —  Allusion  aux  che- 
velures hérissées,  dont  la  mode 
commença  vers  i865. 

M  ALT  A  IRE  :  Louis  d'or. 
(Halbert.)  —  Pour  maltaise. 

MALTAIS  :  Café-restaurant  de 
bas  étage.  —  Cabaretier.  —  Beau 
coup  de  Maltais  exercent  cette 
profession  en  Algérie. 

MALTAISE  :  Pièce  d'or.  (Co- 
lombey.) 

MALTOUZE  :  Contrebande. 
V.  Pasquiner. 

MALTOUZIER  :  Contreban 
dier. 

MANCHE  (faire  la)  :  Faire  la 
quête.  —  «  La  fille  du  barde  fait 
la  manche.  Elle  promène  sa  sé- 
bille  de  fer  blanc  devant  les 
spectateurs.  »  (H.  Monnier.) 

MANCHE  DE  VESTE  (jambe 


MAN 


—  23o  — 


MAN 


en):Arquée  comme  une  manche 
d'habit.  —  «  Mosieur  Belassis, 
moi  j'ai  pas  des  jambes  en  man- 
ches de  veste.  »  (Gavarni.) 

MANCHE  A  (être)  :  Avoir  fait 
autant  de  progrès  qu'un  adver- 
saire. Mot  à  mot  :  être  manche 
à  manche.  —  Terme  de  w^hist. 
—  «  Ça  nous  met  manche  à 
manche.  A  quand  la  belle  ?  » 
(E.  Sue.) 

MANDOLET  :  Pistolet.  (Hal- 
bert.) 

MANETTE  (M»«)  :  Malle.  (Vi- 
docq.)  Jeu  de  mots  sur  manne 
(malle)  et  sur  le  nom  propre. 

MANGER  :  Avouer.  (Grand- 
val.)  —  a  Paumé,  tu  ne  mangeras 
dans  le  tafFe  du  gerbement.  »  (Vi- 
docq.)  —  «  François  a  mangé 
sur  vous.  »  (Canler.) 

MANGER  DU  FROMAGE  : 
Aller  à  l'enterrement.  — Allusion 
à  l'usage  populaire  à  Paris  de 
collationner  chez  le  marchand  de 
vins  au  retour  du  cimetière.  — 
«  Aux  gens  qui  ne  manquent  pas 
d'aller  faire  un  repas  toujours 
fortement  arrosé  en  revenant  du 
cimetière.  Ce  qu'on  appelle  vul- 
gairement manger  du  fromage.  » 
(P.  Moniteur,  j5.) 

C'est  surtout  au  mangeur  de 
fromage  que  s'applique  la  défi- 
nition précédente,  car  si  manger 
du  fromage  n'entraîne  pas  l'idée 
d'un  excès,  mangeur  de  fromage 
se  dit  de  l'homme  qui  le  commet 
volontiers. 

MANGER  LE  MORCEAU  : 
Dénoncer  :  «  Le  morceau  tu  ne 
mangeras,  de  crainte  de  tomber 
au  plan.  »  (Vidocq.) 

MANGER    DE    CE  PAIN-LA 


(ne  pas)  :  Refuser  des  moyens 
d'existence  dont  la  source  ne  pa- 
raît pas  honorable.  «  Moi,  que 
j'dis,  merci,  je  n'  mange  pas  de 
ce  pain-là!  »  (H.  Monni.r.) 

MANGER  DU  PAIN  ROUGE  : 
Vivre  du  produit  d'un  assas- 
sinat. 

MANGER  LA  SOUPi:  AVEC 
UN  SABRli  :  Avoir  une  grande 
bouche.  —  Ironie.  «  Une  bouche 
grande  à  faire  croire  qu-i  le  pré- 
venu mange  la  soupe  avec  un 
sabre(style  de  régiment).  »  {Cour- 
rier de  V Ouest j  72.) 

MANGER   SUR   L'ORGUE   : 

Dénoncer.  (Vidocq.)  L'orcue  com- 
plète ici  l'allusion,  car  l'orgue 
est  un  instrument  de  musique. 
V.  Musique. 

MANGER  SON  NIÈRE  :  Dé- 
noncer son  complice.  (Rabasse.) 

MANGERAIT  (on  en)  :  Appé- 
tissant —  Se  dit  de  tout  ce  qui 
peut  éveiller  la  tentation,  ail- 
leurs que  dans  le  monde  comes- 
tible. 

Le  crevé  murmurait  ces  mots  tout  en 
marchant  : 

Quelle  taille!  quels  pieds!!  quels  che- 
veux en  forêt  !  !  ! 

Elle  tranquillement  dit  :  On  eu  mange- 
rait. 

(Alm.  des  p.  cnvés,  68.) 

MANGEUR  :  Dissipateur. 

MANGEUR  DE  BLANC  : 
Homme  vivantde  la  prostitution. 
(Dhautel.)  —  ((  Le  mangeur  de 
blanc  se  fait  donner  des  appoin- 
tements fixes  par  ses  maîtresses.» 
{Almanach  du  Débiteur.) 

MANGEUR  DE  BON  DIEU, 
Mangeur    de   messes   :  Dévot. 


MAN 


Allusion  au  symbole  de  l'hostie. 
—  «  Quittez  vos  tanières,  an- 
tiques comtesses ,  mangeuses  de 
messes.  »  (Départ  de  la  Cour, 
3o.) 

MANGEUR  DE  GALETTE  : 
Délateur  vivant  de  dénoncia- 
tions. (Colombey.)  Galette  est 
ici  une  variante  de  morceau.  — 
C'est  aussi  un  fonctionnaire  vé- 
nal, selon  Vidocq. 

MANIÈRE  (i«,  2«,  3«)  :  Se  dit 
de  manières  de  faire  en  rapport 
avec  l'âge,  le  talent  ou  les  cal- 
culs d'un  individu.  —  «  Faustine 
en  était  encore  au  désintéresse- 
ment, sa  première  manière,  ainsi 
qu'elle  disait  elle-même,  en  em- 
pruntant le  langage  des  artistes.  » 
(A.  Achard.) 

MANIÈRES  :  'Airs  d'impor- 
tance. —  «  Ça  fait  des  manières 
et  ça  a  dansé  c^ans  les  chœurs...  » 
(Gavarni.) 

MANILLE  :  Anneau  de  forçat. 
V.  Guirlande,  Martinet. 

MANIVAL  :  Charbonnier.  (5i, 
Almanach  des  Débiteurs.) 

MANNEQUIN:  Homme  ou 
femme  méprisable.  —  «  Va  donc, 
mann'quin  d'marchand  de  vin; 
va-t'en  donc  avec  tous  tes  vieux 
lapins...  »  [Catéchisme  poissard, 
44.) 

MANESTRINGUE,  MANNE- 
ZINGUE,  MINZINGUIN  :  Mar- 
chand de  vin.  —  Les  trois  mots 
doivent  être  des  formes  adoucies 
de  mannetrinque,  et  mannetrin- 
que  paraît  la  forme  intervertie  de 
l'allemand  trînckmann:Vh.omn\e. 
du  boire,  chez  lequel  on  boit. 
«  Quel  est  celui-là?...  Un  ami, 
un  vrai  marchand   de  vin...  — 


—  23i  —  MAQ 

Un  mannezing?  »  (G.  Bourdin.) 
—  «  Le  roi  est  un  bon  zigue,  qui 
protège  les  minzinguins.  »  (Ca- 
bassol.) 

MANON  :  Prostituée.  (Ra- 
basse.)  —  Abrévation  de  Manon 
Lescaut  (?). 

MANQUILLER  :  Faire.  (Hal- 
bert.)  Pour  maquiller. 

MANQUE  (affaire  à  la)  :  Mau- 
vaise affaire. 

MANQUESSE  :  Mauvaise 
note.  —  «  Le  quart  d'œil  de  Ro- 
chefort  nous  a  rafilé  la  manques- 
se.  »  (Rabasse.) 

MAQUE  :  V.  Mac. 

MAQUI  (mettre  du)  :  Se  mettre 
du  rouge.  (Grandval.) 

MAQUILLAGE  :  TravaiL 
V.  Roulant. 

MAQUILLAGE  :  Action  de  se 
farder,  mettre  du  maqui  —  «  Le 
maquillage  est  une  des  nécessi- 
tés de  l'art  du  comédien.  »  (J. 
Duflot.) 

MAQUILLAGE  :  «  Le  maquil- 
lage est  l'artifice  au  moyen  du- 
quel le  grec  reconnaît  les  cartes. 
Dans  le  Midi,  cette  filouterie  s'ap- 
pelle la  musique.  »  (Cavaillé.) 

MAQUILLE: Procédé  employé 
pour  le  maquillage  des  grecs. 
«  La  plupart  des  maquilles  ser- 
vent à  tous  les  jeux.  »  (Cavaillé.) 

MAQUILLÉE  :  Femme  ridicu- 
lement fardée.  —  «  Danscertains 
théâtres  on  voit  de  jeunes  aspi- 
rantes qui  se  font  des  yeux  jus- 
qu'aux oreilles  et  des  veines 
d'azur  du  corset  jusqu'aux  tem- 
pes; ce  ne  sont  pas  des  femmes, 
ce  sont   des   pastels.  Cette  pre- 


MAR 


—  282  — 


xMAR 


mière  catégorie  de ^rwe5  s'appelle 
les  maquillées.  »  (J.  Duflot,  Dict. 
des  Coulisses.) 

MAQUILLER  :  Farder.-  «J'es- 
père qu'en  voilà  une  qui  se  ma- 
quille! murmure  Thélénieàune 
de  ses  voisines...  »  (Paul  de 
Kock.) 

MAQUILLER  :  Agir,  machiner, 
travailler.  —  «  C'est  par  trop 
longtemps  boire;  il  est,  vous  le 
savez,  heure  de  maquiller.  » 
(Grand val,  1723.)  V.  Mac,  Mo- 
mir. 

Maquiller  un  suage  :  Se  char- 
ger d'un  assassinat. 

Maquiller  son  truc  :  Faire  sa 
manœuvre. 

Maquiller  une  cambriolle  :  Dé- 
valiser une  chambre. 

Maquiller  les  brèmes  :  Jouer 
aux  cartes. 

MAQUILLER  :  Chicaner,  bat- 
tre. (Halbert.) 

MAQUILLER  (se)  :  Se  dégui- 
ser. (Rabasse.) 

MAQUILLEUR  :  Joueur  de 
cartes.  —  «  Par  cent  coups  con- 
tre toi,  les  maquilleurs  s'amas- 
sent, mais,  bientôt  nettoyés,  au- 
tour de  toi  croassent.  »  (Alyge.) 

MAR  :  Désinence  arbitraire,  de 
la  même  famille  que  rama  do:it 
elle  paraît  être  l'anagramme.  V. 
Aille.  —  «  On  se  bornait  (vers 
1840),  à  retrancher  la  dernière 
consonnance  pourysubstituer  la 
syllabe  mar.  On  disait  épicemar 
fOur  épicier,  boulangemar  pour 
boulanger,  cafcmar  pour  café, 
et  ainsi  de  suite.  C'était  de  l'es- 
prit dans  ce  temps-là.  »  (Pr.d'An- 
glemont.)   —   «   Méfie-toi...    Le 


jeune  épicemar  est  très-fort  au 
billard  et  au  piquet,  »  Champ- 
fleury.) 

MARCANDIER  :  Celui  qui  dit 
avoir  été  volé,  (Grandval.) 

MARCASSIN  :  «  Le  marcassin 
est  le  rapin  du  peintre  d'ensei- 
gnes. »  (E.  Bourget,  45.) 

MARCHAND  D'HOMMES  : 
Agent  de  remplacement  mili- 
taire.—a  D'un  marchand  d'hom- 
mes, je  vois  l'enseigne.  »  {Léo-- 
nard.) 

MARCHAND  DE  LACETS  : 
Gendarme.  —  Allusion  mx  me- 
nottes qu'il  tient  en  réserve.  V. 
Hussard  de  la  guillotine. 

MARCHAND  DE  SOUPE  : 
Maître  de  pension  spéculant  sur 
la  nourriture  de  ses  élevés.  — 
«  Style  universitaire:  Les  mar- 
chands de  soupe  'doivent  être 
bien  fiers.  »  (L.  Reybaud.) 

MARCHANDISE  :  Excrément. 

—  Allusion  au  commerce  de  la 
vidange. 

Y  s'  roui'  dans  la  marchandise, 
Que  cochon  d'enfant! 

(Coimince.) 

MARCHE  A  TERRE  :  Fan- 
tassin. —«  Quand  tu  étais  dans  la 
cavalerie,  tu  n'étais  pas  dans  les 
marche  à  terre.  »  (Vidal,  33.) 

MARCHER,    MARCHER   AU 

PAS  (faire)  :  Contraindre  à  obéir. 

—  «  Empereur  Nicolas,  les  Fran- 
çais et  Anglais  te  feront  marcher 
au  pas.  »  (Layale,  55.) 

MARCHER,  MARCHER 
TOUT  SEUL  :  Se  dit  du  fro- 
mage et  des  aliments  corrompus. 


MAR 


-  233  - 


MAR 


Le  mot  fait  supposer  que  les 
vers  grouillent  assez  pour  don- 
ner à  un  objet  matériel  une  sorte 
de  vie,  au  figuré,  pour  le  faire 
marcher.  —  Dans  le  même  ordre 
d'idées,  cela  danse  indique  le 
plus  haut  degré  de  la  décompo- 
sition, 

MARCHER  DESSUS: Travail- 
ler une  affaire,  préparer  un  vol. 
(Rabasse.) 

MARCHEUSE  :  «  La  marcheu- 
se est  un  rat  d'une  grande  beau- 
té que  sa  mère,  fausse  ou  vraie, 
a  vendu  le  jour  où  elle  n'a  pu 
devenir  ni  j«r,  ni  2%  ni  3«  sujet 
de  la  danse,  et  où  elle  a  préféré 
l'état  de  coryphée  à  tout  autre 
par  la  grande  raison  qu'après 
l'emploi  de  sa  jeunesse,  elle  n'en 
pouvait  pas  prendre  d'autre.  » 
(Balzac.; 

MARCHEUSE  :  a  Un  simple 
bonnet  la  coiffe;  sa  robe  est 
d'une  couleur  foncée  et  un  ta- 
blier blanc  complète  ce  costume. 
Les  fonctions  de  la  marcheuse 
sont  d'appeler  les  passants  à 
voix  basse,  de  les  engager  à 
monter  dans  la  maison  qu'elle 
représente,  où,  d'après  ses  an- 
nonces banales,  ils  doivent  trou- 
ver un  choix  exquis  de  jeunes 
personnes.  »  (Béraud.) 

Autrefois  le  rôle  de  la  mar- 
cheuse était  plus  nomade.  — «  En- 
fin arrivent  les  marcheuses.  Elles 
marchent  pour  les  filles  demeu- 
rant en  hôtel  garni;  celles-ci 
n'ont  qu'une  chaussure  et  un 
jupon  blanc.  Faut-il  qu'elles  ex- 
posent'dans  les  boues  leur  uni- 
que habillement,  la  marcheuse 
affrontera  pour  elles  les  chemins 
fangeux.  »  (1783,  Mercier.) 


MARE  (terminaison  en)  :  V. 
Mar.  Aille. 

MARÉCAGEUX  (œil)  :  Œil 
langoureux,  à  demi  noyé,  d'où 
cette  humide  allusion. 

Mais  que  tu  danses  bien  la  galope, 
Avec  ton  œil  marécageux  ! 

[Chanson  populaire.) 

MARGAUDER  :  Décrier  la 
marchandise.,— «Madame  trouve 
moyen  de  margauder.  »  {La  Cor- 
rectionnelle.) 

MARGOT ,  MARGOTON  : 
Fille  de  mauvaise  vie.  —  Dimi- 
nutif de  Marguerite.  —  «  Nom 
fort  injurieux  donné  à  une  cour- 
tisane, à  une  femme  de  mau- 
vaise vie.  »  (Dhautel,  08.)  — 
«  Nous  le  tenons.  Nous  savons 
où  demeure  sa  margot.  »  (E.  Sue.) 

MARGOULETTE  :  Bouche. 
Pour  gargoulette.  — «  Tu  ne  sorti- 
ras pas  d'ici  sans  avoir  la  mar- 
goulette  en  compote.  »  (Vadé, 
1756.) 

MARGOULIN  :  Débitant,  dans 
la  langue  des  commis-voyageurs. 
—  «  Parfois  le  margoulin  est  fin 
matois.  »  (Bourget.) 

MARGUINCHON  :  C'est  Mar- 
got avec  changement  de  finale. 
Même  signification.  — «Entends- 
tu,  Marie-Couche-toi-là,  la  mar- 
guinchon  de  tous  les  goujats.  » 
[Catéchisme  poissard ^  40.) 

MARIAGE  A  L'ANGLAISE  : 
Mariage  après  lequel  chacun  vit 
de  son  côté.  —  «  Après  une  lune 
de  miel  fugitive,  M.  de  L..., 
reprit  ses  habitudes  de  garçon. 
N'avait-il  pas  fait  ce  que  l'on  ap- 
pelle un  mariage  à  l'anglaise?  » 
(E.  ViUars.) 


MAR  _  2 

MARIN  DE  LA  VIERGE  MA- 
RIE :  Marinier  d'eau  douce.  — 
«  Ce  sont  les  carapatas  ou  ma- 
rins de  la  vierge  Marie,  ainsi 
nommés  parce  qu'ils  ne  courent 
jamais  aucun  danger,  race  am- 
phibie qui  ne  vit  que  sur  les 
canaux.  »  (Privât  dAnglemont.) 

MARINGOTTE  :  Grande  voi- 
ture de  famillede  saltimbanques. 

—  «  C'était  une  des  deux  gran- 
des voitures  nommées  marin- 
gottes  servant  à  la  caravane  en 
voyage.  »  (O.  Féré.) 

MARIOL  :  Malin.  (Grandval.) 

—  «  Si  c'est  un  mariol,  on  em- 
ploie le  surin,  et  on  joue  des 
jambes.  »  (Colombey.) 

MARIVAUDER  :  Se  complaire 
dans  les  détails;  défaut  reproché 
aux  écrits  de  Marivaux.  —  «  Al- 
lons un  peu  plus  vite,  tu  mari- 
vaudes. »  (Balzac.)  —  L'action  de 
marivauder  s'appelle  du  mari- 
vaudage. 

MARLOU,  MARLOUSIER  : 
Souteneur.  —  C'est  le  vieux  mot 
marlier  (sacristain),  avec  chan- 
gement de  finale.  Les  souteneurs 
étaient  autrefois  appelés  sacris- 
tains. —  «  Un  marlou,  c'est  un 
beau  jeune  homme,  solide,  sa- 
chant tirer  la  savate,  se  mettant 
fort  bien,  dansant  le  chahu  et  le 
cancan  avec  élégance,  aimable 
auprès  des  filles  dévouées  au 
culte  de  Vénus,  les  soutenant 
dans  les  dangers  imminents.  » 
(5o  mille  voleurs  de  plus  à  Pa- 
ris, 3o.)  —  L'optimisme  iro- 
nique de  la  facétie  que  nous  ve- 
nons de  citer  n'est  rien  à  côté 
de  la  citation  suivante  :  —  «  Lu 
plus  sublime  de  ces  positions 
c'est  celle  du  marlou.  Qu'on  me 


34- 


MAR 


pardonne  le  mot  ;  les  plus  prudes 
femmes  ne  craindraier  t  pas  de  le 
lire  s'il  était  vieux  de  deux  siè- 
cles, s'il  chatoyait  en  style  su- 
ranné à  côté  de  Ribaiides  et  de 
Ribeliers  qui  ne  veulert  pas  dire 
autre  chose.  »  (Fr.  Soalié,  35.) 

MARLOU  :  «  Par  extension, 
on  appelle  marlou  tout  homme 
peu  délicat  avec  les  femmes,  et 
même  tout  homme  qui  a  mau- 
vais genre.  »  (Cadol.) 

MARLOU  (c'est  un)  :  C'est  un 
malin.  (Rabasse.) 

MARLOUSERIE  :  Malice. 
(Colombey.) 

MARMIER  :  Berger.  (Idem.) 
Vieux  mot. 

MARMITE  ;  Fille  publique 
nourrissant  un  souteneur.  — 
L'allusion  se  comprenti.  —  «  Un 
souteneur  sans  sa  marmite,  est 
un  ouvrier  sans  ouvrage.  »  (Can- 
1er.) 

La  Marmite  de  terrj  est  une 
prostituée  ne  gagnant  pas  d'ar- 
gent à  son  souteneur.  —  La  Mar- 
mite  de  fer  gagne  un  pju.  —  La 
Marmite  de  cwîvre  rapporte  beau- 
coup. (Halbert.) 

MARMOT  (croquer  le)  :  Être 
dans  la  situation  d'un  homme 
qui  ne  voit  pas  arriver  ce  qu'il 
attend.  —  Croquer  le  marmot 
n'est  qu'un  équivalent  de  mar-- 
motter,  comme  le  prouve  cet 
exemple  :  «  Marmonnant  de  la 
langue  :  mon  !  mon  !  mor  !  comme 
un  marmot.»  (Rabelais,  Pa«fa- 
gru'A,  L.  IV,  ch.  XV.) 

On  a,  comme  cela  Sc  produit 
souvent,  pris  l'effet  pour  la  cause. 
V.  Marronner. 


MAR 


—  235  — 


MAR 


MARMOT  (Nourrir  le)  :  Pré- 
parer un  vol.  (Rabasse.) 

MARMOTTIER  :  Savoyard. 
(Colombey.)—  Mot  à  mot  :  mon- 
treur de  marmottes. 

MARMOUSE  :  Barbe.  (Hal- 
bert.) 

MARMOUSET:  Pot,  marmite. 
(Idem.) 

MARNER  :  Se  livrer  à  un 
travail  pénible.  (Vidocq.)  Abrév. 
de  marrottner  :  murmurer. 

MARNER  :  Voler.  —  Du  vieux 
mot  marronner  :  pirater. —  «  Il  y 
a  des  cambrioleuses  très-habiles, 
qui,  feignant  une  erreur,  s'élan- 
cent dans  les  bras  du  voyageur 
qu'elles  veulent  marner  :  «  C'est 
«  toi,  mon  loulou,  s'écrient-elles, 
«  viens  donc  que  je  t'embrasse!  » 
On  prétend  que  ces  donneuses  de 
bonjour  sont  rarement  mises  à  la 
porte.  »  (A.  Monnier.) 

MARON  ;  Sel.  (Grandval.  V. 
Muron. 

MAROTTIER  :  Marchand  am- 
bulant. 

MARQUANT  :  Ivrogne.  [Petit 
Dictionnaire  d'argot,  44.) 

MARQUANT  :  Souteneur. 
(Halbert.)  Mot  à  mot  :  homme 
de  la  marque.  V.  ci-dessous. 

MARQUE  :  Prostituée.  (Hal- 
bert.) 

MARQUE  (vol  à  la)  :  C'est  une 
variété  du  vol  au  papillon  (blan- 
chisseur). Une  voiture  de  blan- 
chisseur stationne,  etun  compère 
s'en  approche  et  tâche  de  recon- 
naître la  marque  des  paquets 
déposés  sur  1  e  devant  de  la  voi- 


ture. Puis  son  complice  vient  les 
demander  de  la  part  du  patron. 
(Rabasse.) 

MARQUE  DE  CE  :  Femme 
légitime  de  voleur.  (Colombey.) 
Mot  à  mot  :  femme  d'argent. 
V.  Ce. 

MARQUE  FRANCHE,  MAR- 
QUISE :  Maîtresse  de  voleur. 
(Idem.)  V.  Marque, 

MARQUÉ  :   Mois.  (Rabasse.) 

MARQUER  MAL  :  Se  faire 
remarquer  sous  de  mauvais  rap- 
ports. 

MARQUET  :  Mois.  —  «  Pour 
une  méchante  paire  de  trottines 
je  vais  payer  sur  le  pré  au  Dabe 
court  toujours  treize  marquets 
et  j'ai  déjà  fait  pas  mal  de  plan 
de  couillé.  »  (Journal  man.  d'un 
prisonnier  de  Ma:{as.) 

MARQUIN  :  Couvre-chef.  (Hal- 
bert.) 

MARQUISE  :  Breuvage  com- 
posé de  vin  blanc,  d'eau  de  Seltz, 
de  sucre  et  de  citron. 

MARQUISE  :  V.  Marque 
franche. 

MARRON  :  En  flagrant  délit 
de  vol  ou  de  crime.  —  Du  vieux 
mot  marronner  :  faire  le  métier 
de  pirate,  de  corsaire. 

Paumer  marron,  servir  marron  : 
Prendre  sur  le  fait.  —  a  J'ai  été 
paumé  marron.  »  (La  Correc- 
tionnelle.) V.  Servir,  Estourbir, 
Raille. 

MARRON  :  En  contravention. 
—  «  Le  cocher  marron  est  un 
cocher  mal  vêtu,  mal  chaussé, 
ayant  mauvaise mine,conduisant 
une  mauvaise  voiture  et  un  mau- 
vais cheval.  »  (P.  du  Terrail.) 


MAS 


—  236  — 


MAT 


MARRONNER  :  Bouder,  mur- 
murer. —  Du  vieux  mot  mar- 
monner. —  «  Tu  pourras  mar- 
monner tout  bas  :  Ah  !  couyon, 
tu  ne  me  tiens  pas.  »  {La  Berne 
Ma:^arine,  1634.)  —  «  J'peuxpas 
voir  ça,  moi!  je  marronne  tout 
haut.  »  (Gogniard,  3i.)  V.  Lâ- 
cher, Marmot. 

MARRONNERUN  GRIN- 
C  H  ISS  AGE:  Manquer  un  vol. 
(Colombey.) 

MARSEILLAISE  :  Pipe  courte 
et  poreuse  fabriquée  à  Marseille. 
«  Et  tout  en  parlant  ainsi,  il  char- 
geait et  allumait  sa  marseil- 
laise. »  (Luchet.) 

MARTEAU  (avoir  un  coup 
de)  :  V.  Toqué. 

MARTINET  :  «  Fer  de  correc- 
tion au  bagne.  Cet  instrument 
répressif  qui  vient  captive  la 
jambe  du  forçat,  a  une  trempe 
plus  forte  que  celle  de  l'acier.  » 
(Moreau  Christophe,  3 7.) 

MASQUER  EN  ALEZAN  : 
«  Les  maquignons  dissimulent 
un  vilain  cheval  sous  une  couche 
de  peinture  qui  tombe  au  pre- 
mier lavage;  ils  nomment  ce 
système  de  teinture  masqué  en 
ale:{an.  »  (Rabasse.) 

MASSER  :  Travailler.  (Ra- 
basse.) 

MASTAR  AU  GRAS  DOUBLE 
ffaire  la)  :  Voler  du  plomb  sur 
les  toitures  en  se  faisant  passer 
pour  ouvrier  plombier  envoyé 
par  l'architecte.  (Rabasse.) 

MASTAROUFLEUR  :  Voleur 
de  plomb,  (Rabasse.) 

MASTIC  :  Tromperie,  mysti- 
fication, —  «  De  dimanche,  nous 


commencerons  à  donner  la  liste 
de  toutes  les  ignominies  que 
nous  offrirons  aux  créiins  qui 
nous  honorent  de  leur  confian- 
ce... Quel  mastic !»(Commerson, 
73.) 

MASTROC  :  Marchand  devin. 
(Rabasse.)  Abréviation  de  maS" 
troquet. 

MASTROQUET  :  Marchand 
de  vin.  —  Mot  à  mot  :  l'homme 
du  demi-setier.  De  demi-stroc  : 
demi-setier.  —  «  Le  cocher  avale 
vivement  son  mêlé-cassis  et  sort 
de  chez  le  mastroquet.  »(Sauger.) 
V.  Corne. 

MATCH  :  «  Pari  entre  deux 
chevaux  pour  une  distance  con- 
venue. »  (Paz.) 

MATELOT  :  «  Tous  deux 
amis  et  se  nommant  mutuelle- 
ment mon  matelot  :  ce  qui  est 
le  plus  grand  terme  d'atfection 
connu  sur  le  grand  gaillard  d'a- 
vant. »  (Phys.  du  Matelot,  43.) 

MATHURINS  :  Dominos. 
(Halbert.)  —  Abréviation  di  ma- 
thurins plats.  Allusion  au  costume 
des  moines  dit  Mathurins  qui, 
avec  leur  robe  blanche  et  leur 
manteau  noir,  paraissaient  avoir 
le  revers  noir  et  la  face  blanche, 
comme  les  dominos. 

MATIGNON  :  Messager.  (Hal- 
bert.) 

MATIN,  MATINE  :  Personne 
déterminée,  brusque,  aussi  peu 
commode  que  le  chien  de  garde 
dit  mâtin.  —  «  Kléber,  un  grand 
mâtin  qu'a  descendu  la  garde, 
assassiné  par  un  Égyptien.  » 
(Balzac.)— «  Ah!  mâtine  de  Tur- 
quie. »  (Remy,  Ch,,  54,) 


MA2 


•—    2 


MATRIMONIUM  :  Mariage.  — 
Latinisme. 

MATURBES  :  Dés  à  jouer. 
(Grand val.)  —  C'est  mathurin 
avec  changement  de  finale. 

MAUGRÉE  :  Directeur  de  pri- 
son. (Halbert.)  —  Il  maugrée  par 
état. 

MAUVAISE  (elle  est)  :  Cette 
plaisanterie  n'est  pas  bonne  :  Ce 
procédé  est  mauvais.  —  On  dit 
aussi  :  Je  la  trouve  mauvaise.  — 
«  Avouez,  mesdames,  que  vous 
ne  vous  attendiez  pas  à  celle-là, 
et  que  vous  vous  dites  peut-être  : 
Je  la  trouve  mauvaise.  >  (Vil- 
lars.) 

MAUVE:  Parapluie  rougeâtre. 
—  «  Sa  forme  conserve  une  cer- 
taine ressemblance  avec  la  feuille 
de  mauve,  ce  qui  lui  a  fait  ré- 
cemment donner  le  nom  de  cette 
plante.  La  mauve  est  toujours 
en  coton  rouge  ou  vert.  »  {Phys. 
du  parapluie,  41.) 

MAYEUX:  Bossu.  — ^^X^mat 
est  une  forme  du  vieux  nom  J/<2- 
hieu  (Mathieu).  Vers  i83o,  les 
caricatures  populaires  de  Tra- 
viès  donnèrent  ce  nom  à  un 
bossu,  type  d'homme  ridicule- 
ment contrefait,  vaniteux  et  li- 
bertin, mais  brave  et  spirituel  à 
ses  heures.  De  là  son  nom  donné 
à  ceux  qu'afflige  la  même  in- 
firmité. —  «  Ici  d'affreux  petits 
mayeux.  »  (De  Banville.) 

MAZARO  :  Prison  militaire,  à 
ne  pas  confondre  avec  la  salle  de 
police  {ours).  Dans  celle-ci,  on 
passe  seulement  la  nuit  sur  une 
paillasse;  dans  l'autre  on  reste 
jour  et  nuit  sur  la  planche.  — 
c  Mon  ami,  c'est  le  trou,  le  clou, 


37  -  MEC 

le  mazaro,  la  salle  de  police.  » 
{Commentaires  de  Loriot.) 

MAZAGRAN  :  Café  servi  dans 
un  verre. 

MEA  CULPA  (faire  son)  :  Con- 
fesser sa  faute.  —  Latinisme.  — 
«  11  leur  faudra  faire  leur  mea 
culpa  de  cette  fameuse  démarche 
du  20  juin.  »  {Moniteur,  juillet 
72.) 

MEC  :  Maître,  chef,  patron, 
souteneur.  —  De  Mège.  V.  ce 
mot. 

Mec  des  mecs  :  Dieu.  (Vidocq.) 
C'est-à-dire  chef  des  chefs.  V. 
Rebâtir. 

Mec  des  mecs  :  Individu  re- 
douté. —  (Rabasse.) 

MÉCANISER  :  Vexer,  criti- 
quer. —  «  Canalis  regarda  fixe- 
ment Dumay  qui  se  trouva,  selon 
l'expression  soldatesque,  entiè- 
rement mécanisé.  »  (Balzac.  -— 
c(  Ne  vous  avisez  pas  de  mécani- 
ser son  ouvrage,  car  alors,  qui 
que  vous  soyez,  il  ne  vous  reste- 
rait plus  qu'à  numéroter  vos  os.» 
(Moisand,  41.) 

MÉCHANT  (pas)  :  On  dit  d'une 
toilette  mesquine,  d'un  homnne 
inepte,  d'un  livre  sans  valeur  : 
Ça  n^ est  pas  méchant,  ça  ne  mord 
pas!  —  «  Achetez  un  caloquet 
plus  méchant,  votre  tuyau  de 
poêle  n'est  pas  trop  rup.  »  (L.  de 
Neuville.) 

MÈCHE  (il  y  a)  :  Il  y  a  moyen 
d'arriver,  il  y  a  possibilité  de 
faire.  Mot  à  mot  :  on  peut  allu- 
mer l'affaire:  —  «  Lorsque  les  ou- 
vriers proposent  leurs  services  au 
protede  l'imprimerie,  ils  deman- 
dent s'il  y  a  mèche,  c'est-à-dire  si 
on  peut  les  occuper.  »  (Dhautel, 


MEG 


-  23S  - 


MEN 


1808.)  —  «  Il  voudrait  en  garder 
un  pour  la  montre,  mais  il  n'y  a 
pas  mèche.  »  (Rien^i.) 

Etre  de  mèche  :  Être  de  moi- 
tié. (Vidocq.) 

Six  plombes  et  mèche  ;Six  heu- 
res et  demie. 

MÉCHI  :  Malheur.  (Vidocq.) 

—  Abréviation  du  vieux  mot  mé- 
chief. 

MECQUE  :  Homme.  —  Pour 
meg.  —  «  T'as  refroidi  au  moins 
un  mecque.  »  (Stamir.) 

Mecque  à  la  colle  forte  :  Vo- 
leur redoutable.  (Idem.)  Mot  à 
mot  :  Voleur  dont  on  se  débar- 
rasse difficilement.  V.  Meg  des 
megs. 

MÉDAILLE  :  Pièce  d'or. — 
«  La  jolie  voix!  dit  Schaunard 
en  faisant  chanter  les  pièces  d'or. 
Comme  c'est  joli,  ces  médail- 
les! »(Mûrger.) 

MÉDAILLON  :  Derrière.  (Vi- 
docq.) Allusion  de  rondeur. 

MÉDECIN  :  Avocat.  (Vidocq.) 
*—  Il  soigne  les  malades.  V.  ce 
mot. 

MÉDECINE  :  Conseil.  Même 
allusion. 

MÉDIUM  :  Homme  qui  pré- 
tend servir  d'intermédiaire  entre 
ses  semblables  et  certains  es- 
prits invisibles.  —  Ses  évocations 
sont  désignées  aussi  par  un  ad- 
jectif nouveau  :   médianimiqiie . 

—  ((  C'est  un  sultan  qui  n'a  qu'à 
jeter  un  mouchoir,  un  médium 
qui  fascine  les  dames.  »  (P.  de 
Kock,  65.) 

MEG  :  Maître,  Dieu.  V.  Chi- 
que. Du  vieux  mot  Mége,  chef 


souverain.  «  Vahhé  :  Au  nom  du 
Père.  — Coutandier:  Du  \..  Ah! 
du  meg.» {Dernier  jour  d  un  con- 
damné.) 

MÉGO  :  Boni,  excédart  de  la 
recette  sur  la  dépense.  — «  Quand 
il  y  a  du  mégo,  je  le  mets  dans 
un  tireUre.  »  (P.  de  Kock,  40,) 

MÉGOT  :  Bout  de  cigare.  (Ra- 
basse.)  C'est  un  mégo  pour  celui 
qui  le  ramasse. 

MÊLÉ  :  Mélange  d'eav-de-vie 
et  de  liqueur.  —  «  Aimez-vous 
l'eau -de -vie?  Dame!  on  vend 
ytout  du  mêlé.  »  (Vadé,  1755.) 
V.  Noir. 

MELET,  MELETTE  :  Petit, 
petite.  (Halbert.) 

MÉLO  :  Mélodrame.—  Abré- 
viation. —  «  La  soirée  d'hier  a 
été  mortellement  ennuyeuse;  le 
bon  gros  wé/o  a  fait  son  temps.  » 
{Paris-Journal,  août  72.) 

MELON  :  Élève  de  première 
année  à  l'École  Saint -Cyr.  — 
«  Me  brimer,  moi,  malheureux 
melon.  »  {Souvenirs  de  Saint- 
Cyr.) 

MELON  :  Imbécile.  —  c  Vous 
êtes  si  melons,  à  Châtellerault.  » 
(Labiche.) 

MENDIGO  (faire  au)  :  Contre- 
faire le  mendiant.  C'est  mendiant 
soumis  au  procédé  en  go.  V.  ce 
mot.  —  «  Cette  classe  importante 
compte  une  foule  de  types  :  la 
fausse  veuve  avec  enfant,  le  faux 
martyr  politique,  le  mendiant 
à  domicile,  le  faiix  épileptique, 
le  faux  ouvrier  sans  travail,  le 
faux  mari  dont  la  femrie  se 
meurt  faute  d'argent  poi  r  un 
remède,  etc.,  etc.  »  (Rabasse.) 


MER  -  2: 

MENÉE  :  Douzaine.  (Grand- 
val.) 

^  MENER  PAS  LARGE  (n'en)  : 
Être  mal  à  son  aise.  —  «  Quel 
rugissement!  Nous  n'en  menions 
pas  large,  je  t'assure.  »  (Loriot.) 

MENESSE  :  Prostituée,  maî- 
tresse. (Halbert.) 

MENESTRE  :  Potage.— Vieux 
mot. 

MENTEUSE  :  Langue.  (Vi- 
docq.) 

MÉPHISTO  :  Diabolique.  — 
Abréviation  de  Méphistophélé- 
tique  qui  a  paru  trop  long. 

MÉQUARD  :  Commandant. 
(Vidocq.)  — Augmentatif  de  mec; 
maître. 

MÉQUER  :  Commander. 
(Idem.) 

MERCADET  :  Faiseur.  —  De 
la  pièce  de  Balzac,  Mercadet  le 
faiseur.  —  «  A  une  époque  où  la 
fièvre  du  bibelot  sévit,  il  est  bon 
de  connaître  les  ficelles  des  Mer- 
cadets.  »  (Frébault.) 

MERDE  (taire  sa)  :  Faire  l'im- 
portant. V.  M... 

MERDEUX  :  «  Terme  inju- 
rieux, qui  se  dit  d'un  poltron, 
d'un  fat  sans  esprit.  »  (Dhautel, 
08.)  Se  prend  plutôt  dans  le  sens 
de  «  individu  sans  valeur.  »  V. 
Bâton, 

MÈRE  :  Aubergiste  recevant 
des  compagnons.  —  «  Lorsqu'un 
compagnon  va  au  siège  de  la  so- 
ciété, il  dit  :  Je  vais  chez  la  mère. 
Si  l'aubergiste  chez  lequel  se 
tiennent  les  réunions  n'était  pas 
marié,  on  dirait  de  même  :  Je 


9  —  MEk 

vais   chez    la    mère.    »    (Perdi- 
guier.) 

MERLAN  :  «  Sobriquet  donné 
à  un  perruquier  à  cause  de  la 
poudre  qui  couvre  ordinaire- 
ment ses  habits.  »  (Dhautel.) 
—  «  La  Peyronie  est  chef  de 
perruquiers  qu'on  appelle  mer- 
lans parce  qu'ils  sont  blancs.  » 
{Journal  de  Barbier,  1744.) 

MERLAN  FRIT  (œil  de)  :  Œil 
pâmé.  —  «  Enfin  cet  homme  de 
brelan  a  les  yeux  faits  comme 
un  merlan.  »  {Troisième  Suite 
du  Parlement  burlesque,    i652.) 

MERLAN  DER  :  Coiffer. 

MERLIN  :  Jambe.  —  Allusion 
à  la  hache  dite  merlin.  Le  fer 
figure  le  pied,  et  le  manche  est 
un  yvaX  fumeron. 

I  veut  se  r'iever,  mais  j' le  redouille 
A  coups  d'  passifs  dans  les  merlins. 
[Chanson  de  Fanfan  le  Bdtonniste.) 

MERLOUSSIER,  MERLOUS- 
SIÈRE  :  Rusé,  rusée.  (Golom- 
bey.)  —  Pour  marlou. 

MERRIFLAUTÉ  :  Chaude- 
ment vêtu.  (Halbert.) 

MÉRUCHÉ,  MÉRUCHON  : 
Poêle,  poêlon. 

MERVEILLEUX  :  Homme  à 
la  mode.  —  Théophile  Gautier 
a  laissé  ce  superbe  portrait  dil 
merveilleux  de  1 83 3  :  «  A  l'avant- 
scène  se  prélassait  un  jeune  mer^ 
veilleux  agitant  avec  noncha- 
lance un  binocle  d'or  émailléi 
Un  habit  de  coupe  singulière^ 
hardiment  débraillé  et  doublé 
de  velours,  laissait  voir  un  gilet 
d'une  couleur  éclatante  et  taillé 
en  manière  de  pourpoint,  un 
pantalon  noir,  collant,  dessinait 


MÉt 


240  — 


MEU 


exactement  ses  hanches;  une 
chaîne  d'or  pareille  à  un  ordre 
de  chevalerie  chatoyait  sur  sa 
poitrine;  sa  tête  sortait  immé- 
diatement de  sa  cravate  de  satin 
sans  le  liséré  blanc  de  rigueur  à 
cette  époque  :  on  aurait  dit  un 
portrait  de  François  Porbus.  Les 
cheveux  rasés  à  la  Henri  III,  la 
barbe  en  éventail,  les  sourcils 
troussés  vers  la  tempe,  la  main 
longue  et  blanche,  avec  une  large 
chevalière  ornée  à  la  gothique, 
rien  n'y  manquait  ;  l'illusion  était 
des  plus  complètes.  » 

MESIGO  :   Moi.    (Colombey.) 

MESS  :  Cercle  d'officiers.  — 
«  Les  officiers  mangent  par  corps 
en  mess.  »  {Vie  parisienne,  août 
67.)  —  Bien  que  le  mot  soit  d'im- 
portation britannique,  il  est  plus 
français  qu'on  ne  pense,  et  il  en 
est  de  lui  comme  de  tunnel,  qui 
n'est  pas  autre  chose  que  notre 
mot  tonnelle.  Ainsi  le  grand 
glossaire  de  Du  Gange  donne 
prendre  met^  avec  le  sens  de 
manger  ensemble.  Il  cite  même 
une  lettre  de  rémission  de  l'an 
1443,  mentionnant  des  compa- 
gnons associés  pour  prendre  met :^ 
pendant  les  travaux  de  la  mois- 
son. 

MESSE  DU  DIABLE  :  Inter- 
rogatoire subi  par  un  accusé. 
(Rabasse.) 

MESSIERS  (les)  :  Les  habi- 
tants. (Rabasse.)  Ge  doit  être 
une  forme  de  Alépère. 

MESSIÈRE  :  Une  victime.  (Ra- 
basse.) Forme  de  Mé:{icre. 

MÉTAL  :  Argent.  —  «  Et  t'as 
pas  de  métal.  »  (Ricard.) 

MÉTIER   :  Habileté  d'exécu- 


tion. —  «  Vois  toutes  ces  esquis- 
ses :  il  y  a  de  la  main,  du  métier 
mais  où  est  l'idée?  »  (L.  Rey- 
baud.) 

Faire  du  métier  ;  Travailler 
dans  le  seul  but  de  gagner  de  l'ar- 
gent, sans  tenir  à  la  gloire. 

METTRE  A  QUELQU'UN 
(le)  :  En  faire  accroire,  tromper. 
—  «  Du  reste,  c'est  un  flanche. 
Vous  voulez  me  le  mettre...  Je  la 
connais.  »  {Le  dernier  jour  d'un 
condamné.) 

METTRE  A  TABLE  (se)  :  Dé- 
noncer. —  On  se  met  à  table 
pour  manger.  V.  Table,  man- 
ger. 

METTRE  AVEC  (se)  :  Vivre 
maritalement.  —  «En  se  mettant 
avec  Lise,  le  général  aurait  dû 
nous  dire  ;  J'ai  ça  et  ça  à  payer; 
il  ne  l'a  pas  dit,  et  ce  n'est  pas 
délicat.  »  (Ricard.) 

METTRE  DEDANS:  Mettre  au 
violon,  à  la  salle  de  police.  V. 
Dedans. 

METTRE  DEDANS  :  Griser  : 
V.  Dedans. 

METTRE  DEDANS  :  Trom- 
per. (V.  Dedans.) 

METTRE  LA  TÊTE  A  LA 
FENÊTRE  :  Être  guillotiné.  V. 
Fenêtre. 

MEUBLE  :  Personne  de  triste 
mine.  —  «  Voyez  c'vieax  croco- 
dile. Ah!  l'beau  meuble  !  ))(Vadé, 
1756.)  —  «  Prends  garde  à  toi, 
vieux  meuble,  affreuse  bohé- 
mienne! »  {Les  Folles  Nuits  du 
Prado,  1854.) 

MEULARD  :  Veau.  (Vidocq.) 
Allusion  au  mugissement  du 
veau.  V.  Pavillonner, 


MiC  -  à4i  _ 

MEUNIER  :  Receleur  achetant 
le  plomb  volé.  (Colombey.) 

MEZIÈRE  :  Homme  simple, 
bon  à  voler.  (Grandval.)  V.  Re~ 
goût. 

MÉZIÈRE  :  Acheteur.  (Ra- 
basse.) 

MEZIÈRE,  MEZIGUE  :  Moi. 
(Idem.) 

MEZZO  TERMINE  :  Terme 
moyen,  compromis.  —  Italia- 
nisme. —  «  Elle  ne  s'y  refusa 
pas,  et  trouva  même  ce  me^:io 
termine  fort  commode.  »  (De  Vil- 
lemessant.) 


MlË 


MICHE  :  Niais.  — Du  nom  pro- 
pre Michel,  qui  avait  jadis  ce 
sens  proverbial.  V.  Mikel.  — 
«  Loupât  :  Le  sergent,  j'imagine, 
m'en  voudra.  La  Ramée  à  part  : 
Le  bon  miche  !  »  (Vadé,  les  Ra- 
coleurs.) —  a  Miche  se  dit  d'un 
sot  qui  s'est  laissé  duper.  On  le 
montre  au  doigt  en  disant  :  voilà 
le  miche.  C'est  un  terme  bas.  Dans 
Cotgrave,  il  est  défiguré  sous 
le  nom  de  Michon.  »  {Dict.  de 
Trévoux j  lyji.) 

MICHE  :  Homme  fréquentant 

et  payant  les  filles.  Même  étymo- 
logie  que  ci-dessus  : 

D'où  vient  qu'on  appelle  miche 
Quiconque  va  de  nuit  et  se  glisse  en 

cachette 
Chez  des  filles  d'amour,  Barbe,  Rose 
ou  Fanchette  ? 

(Mérard  de  Saint-Just,  1764.) 

Dans  une  liste  de  fausses  Pro- 
testations des  filles  de  Paris  con- 
tre la  guerre  (1790),  on  lit  : 
a  Ce  pourfendeur  de  Mars  avait 
bien  affaire  aussi  de  se  présenter 
pour  nous  enlever  nos  miches.  » 


—  «  Les  jeunes  gens  dont  ces 
dames  font  leurs amantsdecœur, 
et  que  certaines  susceptibilités 
des  miches  empêchent  d'avoir  un 
facile  accès.  »  (Vermorel,  Ces 
dames.) 

MICHE  DE  CARTON  :  Amant 
peu  généreux  ou   peu  fortuné. 

—  V.  Carton. 

MICHE  SÉRIEUX  :  Amant 
riche  et  généreux.  —  «  Le  miche 
sérieux  équivaut  à  V entrete- 
neur... Les  jeunes  gens  se  disent 
souvent, comme  un  mot  d'ordre: 
Messieurs,  ne  parle:{  pas  à  la 
petite  une  telle,  elle  est  ici  avec 
son  miche  sérieux.  Le  même  in- 
dividu se  désigne  aussi  par  ce 
mot  :  Ponteur.  Ce  dernier  mot, 
pris  dans  le  vocabulaire  des  jeux, 
vient  du  verbe  ponter.  »  (Ca- 
dol.)  —  «  Les  avant-scènes  sont 
réservées  aux  miches  sérieux.  » 
(Petits  mystères  de  l'École  ly- 
rique.) —  «  Et  toute  cette  suc- 
cession de  michets  sérieux  dé- 
file sous  les  yeux  de  Claridon.  » 
{Droits  de  l'homme^  3  avril  76.) 
V.  Persiller. 

MICHETON 
«  Air   me  dit 

«  étrenne  ma  tirelire.  »  Je  lui  ré- 
ponds ;  «  Ma  poule,  tu  m'  prends 
oc  pour  un  mich'ton.  »  {Le  Bâ- 
tonniste  à  la  Halle,  i3.) 

MICHON  :  Argent.  (Halbert.) 

MIDI  (il  est)  :  Il  n'est  plus 
temps.  Date  du  temps  où  midi 
était  l'heure  du  repas,  celle  où 
cessait  toute  affaire. 

MIE  DE  PAIN  :  Vermine.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  à  la  déman- 
geaison causée  par  une  mie  de 
pain  égarée. 

14 


Petit  miche.  -~ 
«   Mon  fiston, 


MIN  —  242  — 

MIETTE  (une)  :  Un  peu. — 
«  Minute  !  je  me  chauffe  les  pat- 
tes une  miette.  »  (Gavarni.) 

MIGNON  :  Maîtresse.  «  Un 
commencement  de  jalousie  me 
prend  et  je  fais  sortir  mon  mi- 
gnon de  la  maison.  »  (Beau- 
villier.) 

M  I  K  E  L  :  Miche',  dupe.  (Vi- 
docq.)  —  C'est  le  nom  de  Mi- 
chel. V.  Miche. 

MILIEU  :  Derrière.  — «  L'arme 
de  Pourceaugnac  convient  à  nos 
grands  hommes.  Elle  atteint  ce 
milieu,  leur  amour  et  leur  but.  » 
(Nugent,  Étrennes  à  Lobau,  33.) 

MILLIARD  :  Gueux  porte-bis- 
sac.  (Grandval.) 

MILLERIE  :  Loterie.  (Hal- 
bert.) 

MI  LORD  :  On  donne  moins 
ce  nom  aux  Anglais  qu'à  ceux 
dont  les  largesses  rappellent  l'o- 
pulence britannique.  —  a  Le  gros 
tailleur  se  dit  négociant.  A  sa 
tournure,  il  n'est  pas  milord 
russe.  »  (Sénéchal,  52.)  —  «  Être 
sur  le  boulevard  de  Gand,  se  don- 
ner un  air  milord.  »  (Éd.  Le- 
moine.)  —  a  Je  ne  suis  pas  pré- 
cisément un  milord,  je  n'ai  pas 
des  millions.  »  {Semaine,  47.) 

MILORD  :  Entreteneur.  —  «  Le 
notaire  est  son  milord.  »  (Bal- 
zac.) 

MILORD  :  «  La  lorette  pro- 
fesse un  enthousiasme  fébrile 
pour  le  cabriolet  à  quatre  roues, 
dit  cabriolet  milord.  »  (Alhoy, 
41.) 

MINCE  :  Locution  fréquem- 
ment employée  à  Paris  et  dont 
il  est  difficile  de  rendre  un  compte 


MIR 


exact.  Elle  semble  équivaloir  à 
oui,  certes. 

Il  fait  nuit,  1'  ciel  est  opaque 
Mine'  que  j'  vas  poisser  c   l'auber. 
(Riche  pin.) 

MINCE  :  Très-médiocre  en 
n'importe  quoi.  Mot  à  mot  :  de 
mince  valeur.  —  Abré\  iation. 


MINCE  :  Papier  à  letires.  (Vi- 
docq.)  Allusion  à  son  peu  d'é- 
paisseur. 

MINET,  MINETTE  ;  Mot 
d'amitié.  —  Synonyme  de  mon 
chat,  ma  chatte.  —  a  Oui,  mi- 
nette, je  me  calme.  »  (De  Courcy.) 

MINEUR  :  Manceau.  (  Halbert.) 

MINOTAURE,  MINOTAURI- 
SÉ  :  Trompé,  conjugalement 
parlant.  «  Quand  une  femme  est 
inconséquente,  le  mari  serait, 
selon  moi,  minotaurisc.  »  (Bal- 
zac.) V.  Dernier  de  M.  de  Kock» 

MINUIT  :  Nègre.  (Vidocq.) 
—  Allusion  de  couleur.  —  Il  est 
noir  comme  la  nuit. 

MINZINGUIN  :  Diminutif  de 
Mannezingue.  V.  ce  met. 

MIOCHE  :  Bambin.  V.  Mion. 

MION  :  Bambin.  Mion  est  un 
vieux  mot  que  mioche  repro- 
duit avec  changement  de  fina- 
le. —  «  C'est  à  moi  que  revien- 
dra le  droit  d'être  le  parrain  de 
tous  les  mioches.  »  (Hourget.) 
V.  Dardant. 

MION   DE   BOULE  :   Filou. 

(Grandval.) 

MIRADOU  :  Miroir.  (  Vidocq.) 

MIRETTE  :  Œil  (Mcm.)  — 
L'œil  est  un  petit  miroir. 

MIREUR  :  Observateur,  (Ra- 


MIS  —  243  - 

basse.)  Nous  disons  encore  en 
ce  sens  point  de  mire. 

MIRLIFLOR  :  Élégant  à  la 
mode  de  1820.  V.  Œil  de  verre. 

MIROBOLAMMENT  :  Mer- 
veilleusement. —  «  A  meubler 
mirobolamment  sa  maison.  » 
(Balzac.) 

MIROBOLANT  :  Merveilleux. 
—  oc  La  cravate  mirobolante.  » 
(E.  Lemoine.)  —  «  Je  me  sens 
d'une  incapacité  mirobolante.  '^ 
(Balzac.) 

MIROIR  A  PUTAINS  :  Garçon 
d'une  beauté  vulgaire. 

MIRZALE  :  Boucle  d'oreilles. 
(Vidocq.) 

MISELOQUIER,  MISELO- 
QUIÈRE  :  Acteur,  actrice.  (Vi- 
docq.) Mot  à  mot  :  metteur  de 
loques  (costumes).  V.  Misloque. 

MISÉRABLE  :  Petit  verre.  Il 
possède  moins  de  liquide  que  le 
Monsieur.  V.  ce  mot. 

MISERERE  :  Supplication. 
Mot  à  mot  :  ayez  pitié.  —  Lati- 
nisme. —  «  La  marchande  à  la 
toilette  épie  le  moment  où  l'en- 
treteneur  ^e  trouve  là  pour  re- 
commencer son  miserere.  »  (^Z- 
manach  du  Débiteur,  5i.) 

MISLOQUE  :  Comédie.  (Vi- 
docq.) V.  Miseloquier. — «  Je  joue 
la  mislocq  pour  un  fanandel  en 
fine  pégrenne.  »  (Balzac.) 

Jouer  les  misloques  :  Jouer  la 
comédie.  (Rabasse.) 

MISLOQUEUR  :  Acteur.  (Ra- 
basse.) 

MISTON  :  V.  Allumer. 

MISTOUFLES  (faire   des)    : 


MOI 

Tracasser,    peiner    quelqu'un. 
(Rabasse.) 

MITAINES  (prendre  des)  : 
Prendre  des  précautions.  (Rabas- 
se.) —  C'est  une  variante  de  pren' 
dre  des  gants  qui  e  le  même 
sens. 

MITRAILLE  :  Monnaie  de  cui- 
vre. Altération  du  mot  mitaille  : 
bronze  (M.  Age.) 

Si  celui-là  fait  danser  ta  mitraille, 
Tâch*  d'amasser  quelques  sous  en  se- 
cret. 

(Debraux.) 

MITRE   :    Cachot.    (Vidocq.) 

—  Au  moyen  âge,  le  mitre  était 
le  bourreau. 

MOBILE  :  Garde  mobile, 
soldat  de  la  garde  mobile  (i83o, 
1848).  —  Une  caricature  de  Tra- 
viès,  datée  de  i83o,  représente 
Mayeux  s'échappant  du  domicile 
conjugal  en  criant  :  «  Lâchez-moi, 
madame  Mayeux,  je  suis  de  la 
mobile,  n... de  D...!»  —  «Qui  sait 
comment  cela  eût  fini  si  la  mo- 
bile ne  s'en  fût  mêlée?  Brave 
mobile!  »  (L.  Reybaud,   1848.) 

M  O  B  L  O  T  :  Garde  mobile 
(1870-71).  —  Diminutif  de  mo- 
bile. —  «  J'ai  vu  passer  un  jeune 
sous-lieutenant  de  la  garde  mo- 
bile, et  derrière  lui  un  simple 
moblot.  »  (P.  Véron.) 

MODERNE  :    Fashionable. 

—  «  J't'en  vas  donner  du  goujat, 
moderne!  »  (Gavarni.) 

MOELLE  :  Énergie.  —  «  Or- 
a  de  la  moelle  ou  on  n'en  a  pas. 
T'as  jamais  eu  de  la  moelle  pour 
un  décime.  »  (Monselet.) 

MOITIÉ  (la  plus  belle)  :  Le 
sexe  féminin.  Mot  à  mot  :  la  plus 


MOM 


-  244 


MON 


belle  moitié  du  genre  humain. 
On  abrège  aussi  en  disant  la 
belle  moitié.  —  «  Je  ne  vois  pas 
pourquoi  on  obligerait  la  belle 
moitié  à  vivre  avec  l'autre.  » 
(E.  Villemot.) 

MOINEAU  :  Homme  de  mince 
valeur.  —  Le  moineau  n'est  pas 
un  aigle.  Si  ce  terme  était  an- 
cien, l'allusion  ne  serait  plus 
ornithologique  mais  monacale. 
Au  moyen  âge,  le  moineau  était 
un  petit  moine.  —  c  Voilà  un 
beau  moigneau  pour  se  f.....  des 
airs  de  qualité.  »  {Catéchisme 
poissard,  40.) 

MOKA  :  Café.  —  Ce  nom  de 
provenance  est  généralement  iro- 
nique. —  «  Il  s'achemine  en- 
suite vers  son  café,  y  savoure  le 
moka  (chicorée  pur- sang).  » 
{Phys.  du  Parapluie,  41.)  V. 
Café, 

MOLANCHE  :  Laine.  (Hal- 
bert.)  Elle  est  molle  au  toucher. 

MOLLARD  :  Graillon,  expec- 
toration laborieuse.  Du  vieux 
mot  moller  :  s'efforcer. 

MOLLASSE  :  Mou.  —  a  Ils 
sont  mollasses.  »  (J.  Arago,  38.) 

MOMAQUE,  MOME  :  Petit 
enfant. — Du  vieux  mot  momme: 
grimace,  qui  a  fait  momerie;  les 
petits  enfants  en  font  beaucoup. 
—  «  Les  rats  dont  nous  voulons 
parler  sont  des  mômes.  »(Paillet.) 

Taper  un  môme  :  Commettre 
un  infanticide.  —  a  Car  elle  est 
en  prison  pour  un  môme  qu'elle 
a  tapé.  »  {Lettre  de  Minder.  In- 
troduction.) 

MOMIÈRE,  TIRE-MOMES  : 

Sage-femme. 


MOMIGNARD  :  Peti:  enfant. 
Diminutif  de  môme.  —  «  Elle 
entre  avec  un  enfant  dans  un 
magasin  et  en  faisant  semblant 
de  poser  son  momignard  à  ter- 
re. »  (Paillet.)  V.  Inférieur. 

MOMIR  :  Accoucher.  —  «  Ma 
largue  aboule  de  momir  un  mo- 
mignard d'altèque  qu'on  trim- 
balera à  la  chique  à  six  plombes 
et  mèche,  pour  que  le  ratichon 
maquille  son  truc  de  la  morgane 
et  de  la  lance.  »  (Vidocq.) 

MONAC  :  Sou.  —  Abréviation 
de  monaco.  —  «  C'est  1 1  ce  qui 
estoufFe  les  monacs,  aux  poches 
les  attache.  »  (Alyge,  54.) 

MONACO  :  Sou.— Appellation 
ironique  dont  il  faut  chercher  la 
cause  dans  l'exemple  suivant  :. 

—  «  Honoré  V,  mort  de  dépit  en 
1841,  de  n'avoir  pu  faire  passer 
pour  deux  sous  en  Europe  ses 
monacos,  qui  ne  valaient  qu'un 
sou.  »  (Villemot.)  V.  Coller. 

MONANT,MONANTE: 
Ami,  amie.  (Vidocq.) 

MONARQUE  :  Roi  de  cartes. 

—  «  Ou  si  c'est  un  roi  qu'elle 
relève,  elle  s'écrie  :  «  Je  pince  le 
a  monarque.  »  (Alhoy.) 

MONARQUE  :  Pièce  de  cinq 
francs.  (Grandval.)  Allusion  à 
l'effigie  royale.  —  «  Il  va  nous 
donner  quéqu'vieux  monarque 
pour  y  boire  à  la  santé...  »  (Ga- 
varni.) 

MONNAIE  DE  SINGIi)  :  Gri- 
mace. —  «  11  la  payait,  comme 
dit  le  peuple,  en  monnaie  de 
singe.  »  (Balzac.) 

MONOCLE  :  Lorgnon  à  un 
œil.  —  «  Adapte  donc  un  mo- 


MON  —  245  — 

nocle  à  l'arcade  de  ton  œil  gau- 
che! »  (Montépin.) 

MONSEIGNEUR  :  Au  xviii» siè- 
cle, ce  mot  désigne  déjà  une  pe- 
tite pince  à  forcer  les  portes.  V. 
le  Cartouche  de  Grandval.  —  Jeu 
de  mots.  Quelle  est  la  porte  ne 
s'ouvrant  pas  devant  Monsei- 
gneur? Si,  comme  l'affirme  M. 
Fr.  Michel,  on  dit  aussi  Monsei- 
gneur le  Dauphin,  et  par  abrévia- 
tion Dauffe,  nous  voyons  encore 
là  un  calembour  sur  le  dos  fin  de 
la  pince  qui  permet  son  intro- 
duction. —  «  Le  monseigneur  est 
une  barre  de  fer  ayant  la  forme 
d'une  pince  à  dépaver,  mais  plus 
petite  (45  de  haut,  25  de  circon- 
férence). Elle  sert  au  malfaiteur 
à  forcer  une  porte.  On  l'introduit 
près  de  la  serrure,  et,  avec  une 
pesée,  on  ouvre  sans  trop  de 
bruit.  »  (Rabasse.)  V.  CaroM^/ewr. 
Bibi. 

MONSIEUR  :  Entreteneur.  V. 
Amant  de  cœur.  —  a  En  argot 
de  galanterie,  le  mot  d'époux 
désigne  l'entreteneur;  mais  il 
n'est  pas  le  seul.  Suivant  le  de- 
gré de  distinction  d'une  femme, 
elle  dit  :  mon  époux,  mon  homme, 
mon  monsieur,  mon  vieux,  mon- 
sieur chose,  mon  amant,  mon- 
sieur, ou  enfin  monsieur  un  tel. 
--  Sauf  dans  la  haute  aristocra- 
tie, où  l'on  dit  :  Monsieur  un 
tel,  ce  mot  mon  époux  est  géné- 
ral, il  se  dit  dans  toutes  les 
classes.  »  (Cadol.) 

MONSIEUR  :  Mesure  de  capa 
cité.  —  tt  II  existe  de  plus  une 
certaine  eau-de-vie  dont  le  prix 
varie  suivant  la  grandeur  des 
petits  verres.  Voici  ce  que  nous 
lûmes  sur  une  pancarte  :  Le  mon- 


MON 


sieur,  quatre  sous;  la  demoiselle, 
deux  sous;  le  misérable,  un  sou.  » 
(G.  de  Nerval.) 

MONSIEUR  (faire  le)  :  Tran- 
cher du  maître,  du  fashionable. 

—  «  Sa  suffisance  le  fait  haïr,  il 
fait  le  monsieur.  »  (Hilpert.) 

MONSTRE  :  Monstrueux.  — 
«  J'en  ai  assez  de  vos  monstres 
de  concerts.  »  (P.  de  Kock.)  V. 
Crapaud.  —  N'est  pas  toujours 
pris  en  mauvaise  part.  Une 
femme  peut  appeler  monstre 
d'homme  celui  qu'elle  adore. 

MONSTRE  :  Colossal,  mon- 
strueux de  grandeur.  —  «  Elle  lui 
apporte  un  bouquet  monstre.  » 
(Aihoy.) 

MONSTRICO  :  Petit  monstre. 

—  «  Ce  petit  monstrico!  »  (Bal- 
zac.) 

MONT  :  Mont-de-piété.  —  Abré- 
viation. —  «  Elle  tient  comme 
qui  dirait  un  petit  mont  bour- 
geois.... elle  prête  sur  gages  et 
moins  cher  qu'au  grand  mont.  » 
(E.  Sue.) 

MONTAGE  DE  COUP  :  Ac- 
tion de  monter  le  coup.  V.  Cou- 
per. 

Mon  vieux,  entre  nous, 
Je  n'  coup'  pas  du  tout 
Dans  c'  montag'  de  coup  ; 
Faut  pas  m'  monter  1'  coup. 

(Aug.  Hardy.) 

MONTANT,  MONTANTE  : 
Pantalon.  —  Il  monte  le  long  des 
jambes.  V.  Tirant,  Grimpant, 
Frusques, 

MONTANT  :  Qui  excite  les 
désirs. —  a  La  robe  la  plus  mon- 

14. 


MON 


—  246  — 


MOR 


tante....  c'est  une  robe  décolle- 
tée. ))  (Decourcelle.) 

MONTANTE:  Échelle.  (Co- 
lombey.)  —  Elle  sert  à  monter. 

MONTER  :  Enflammer,  sur- 
exciter, enivrer  de  vin,  de  co- 
lère ou  d'amour.  —  «  Vrinette 
(apercevant  Florestan  qui  la  re- 
garde par-dessus  le  paravent)  : 
Qu'est-ce  que  vous  faites?  Vous 
montez  sur  une  chaise  pour  me 
voir?  Florestan  :  Oui!  ça  me 
monte!...  »  (L.  de  Neuville.) 

MONTER  A  L'ÉCHELLE  : 
Être  guillotiné.  Mot  à  mot  : 
monter  à  l'échelle  de  l'échafaud. 
—  «  Galetto  ne  veut  pas  mon- 
ter à  l'échelle  seul.  «  Il  faut,  au- 
«  rait-ildit,  que  Ribetto,  qui  m'a 
c  dénoncé,  m'y  accompagne.  » 
(Petit  Moniteur.) 

MONTER  LE  COUP  (se)  : 
Se  tromper. 

MONTER  LE  VERRE  EN 
FLEURS  (se)  :  S'illusionner. 
Mot  à  mot  :  mettre  sous  globe 
les  fleurs  de  son  imagination. 

MONTER  SUR  LA  TABLE  : 
Avouer  ses  crimes  et  ceux  de  ses 
complices.  (Vidocq.) — Augmen- 
tatif de  se  mettre  à  table.  V. 
Table. 

MONTER  UN  ARCAT  :  Es- 
croquer. V.  Arcat. 

MONTER  UN  COUP  :  Inven- 
ter un  prétexte,  tendre  un  piège. 
—  «  C'est  des  daims  huppés  qui 
veulent  monter  un  coup  à  un 
ennemi.  »  (E.  Sue.)  —  a  Je  monte 
plus  d'un  coup  pour  vanter  l'au- 
teur Dorville.  »  (Brazier,  17.) 

MONTER  UN  GANDIN  : 
Tromper,  V.  Gandin,  , 


MONTERUNE  GAMME: 
Gronder.  V.  Gamme. 

MONTER  UNE  SCIE  :  Mysti- 
fier. V.  Scie. 

MONTER  UNE  PARTIE  : 
Réunir  quelques  artistes  pour 
aller  donner  hors  de  Paris  une  ou 
deux  représentations  dramati- 
ques dites  d'amateurs. 

MONTEUR  DE  COUPS  :  Men- 
teur, mystificateur,  escroc.  — 
a  Je  serai  le  seul  monteur  de 
coups  à  qui  tu  r'passeras  en  ar- 
rière tes  gros  sous.  »  (Ftsteau.) 

MONTEUR  DE  PARTI  lî)  :  Ar- 
tiste dramatique  ayant  pc  jr  spé- 
cialité de  monter  des  parties.  — 
«  Une  femme  qui  fait  be  lucoup 
de  frais,  voilà  le  rêve  des  mon- 
teurs de  parties.  »  (P.  Mystères 
de  l'école  lyrique,  67.) 

MONTMORENCY  :  Cerise.  — 
Du  nom  de  l'endroit  où  elles 
sont  réputées. — On  dit  de  même 
Montreuil  pour  pêche,  Fontai- 
nebleau pour  raisin  et  Valence 
pour  orange. 

MONTRE-TOUT  :  Veston  ne 
descendant  pas  plus  bas  que  la 
taille.  Mot  à  mot  :  montrant  le 
derrière. 

MOQUER  COMME  DE  L  AN  40 
(s'en)  :  Sous-entendu  de  l'an  40 de 
la  république,  c'est-à-dire  d'un  an 
qui  n'arrivera  point.  Expression 
due  sans  doute  aux  royalistes  de 
la  première  Révolution.  —  a  Je 
m'en  moque  comme  de  l'an  40.  » 
(Jaime.) 

MORASSE  :  Ennui,  inquié- 
tude. —  Avoir  la  morasse  :  Être 
tourmenté.  (Rabasse.) 

MORASSE  (battre)  ;  Crier  à 


li 


MOR 


—  247  — 


MOR 


Tassassin.  (Vidocq.)  Mot  à  mot  : 
à  la  mort,  à  l'assassinat. 

MORCEAU  :  Fille  sale. 

MORCEAU  (enlever  le)  :  Être 
plus  mordant  que  dans  ses  pro- 
pos. 

MORCEAU  (faire  le)  :  Briller 
dans  le  détail,  artistiquement  par- 
lant. —  «  Bien  que  Léopold  Ro- 
bert n'eût  pas  de  grandes  vues, 
il  faisait  très-bien  le  morceau.  » 
(Th.  Silvestre.) 

MORCEAU  (manger  le)  :  Dé- 
noncer. V.  Manger. 

MORDANTE  :  Scie,  lime.  (Ra- 
basse.)  —•  Toutes  deux  mordent 
sur  le  bois  et  sur  le  fer. 

MORDRE  (ne  pas)  :  Être  sans 
force,  sans  esprit,    sans  talent. 

On  dit  aussi  :  Ça  ne  mord 
pas  pour  exprimer  l'impossibi- 
lité de  faire  croire  ce  qu'on  dit 
ou  d'emmancher  une  aflt'aire.  Ex- 
pression empruntée  aux  pê- 
cheurs à  la  ligne. 

MORFE  ;  Repas,  mangeaille. 
(Halbert.) 

MORFIANTE  :  Assiette. 
(Grandval.)  —  De  morfier. 

MORFIER,  MORFIGNER, 
MORFILER  :  Faire,  manger. 
—  Morfier  est  un  vieux  mot  d'où 
les  deux  autres  dérivent.  — 
«  Calvi  morfile  sa  dernière  bou- 
chée. »  (Balzac.)  V.  Chêne. 

MORGANE  :  Sel.  (Vidocq.)  — 
De  Morganer.  Le  sel  est  un  mor- 
dant. »  V.  Momir. 

MORGANER  :  Mordre.  (Idem.) 
*-  Vieux  mot. 

MORICAUD  ;  Broc  de  vin. 


(Vidocq.)  —  Allusion  à  sa  cou- 
leur som.bre. 

MORILLO  :  Chapeau  à  petits 
bords.  —  «  C'était  le  temps  de  la 
lutte  de  l'Amérique  méridionale 
contre  le  roi  d'Espagne,  de  Bo- 
livar contre  Morillo.  Les  cha- 
peaux à  petits  bords  étaient  roya- 
listes et  se  nommaient  des  mo- 
rillos;  les  libéraux  portaient  des 
chapeaux  à  larges  bords  qui  s'ap- 
pelaient des  bolivars.  »  (Victor 
Hugo.) 

MORNANTE  :  Bergerie.  (Hal- 
bert.) 

MORNE  :  Mouton.  (Vidocq.) 

—  Du    vieux    mot    moraine   : 
laine. 

M  O  R  N  É  E  :  Bouchée.  (Hal- 
bert.)—  Ce  doit  être  une  abrévia- 
tion de  morganée.  V.  Morganer. 

MORNIER    :  Berger.   (Idem.) 

—  De  morne. 

MORNIFLE  :  Monnaie.  (Co- 
lombey.) 

MORNIFLEUR  TARTE: 
Faux-monnayeur. 

MORNOS  :  Bouche.  (Grand- 
val.) 

MORT,  MORTE  :  Condamné, 
condamnée.  (Colombey.)  V.  Ma-- 
lade. 

MORT  :  Enjeu  augmenté  après 
coup  par  le  procédé  de  la  pou- 
cette.  (V.  ce  mot.)  «  Et  surtout, 
s'écrient  les  banquiers  :  pas  de 
morts!  Traduction  :  Pas  d'en- 
jeux intempestifs.  »  (Cavaillé.) 

MORT  (faire  un)  :  Jouer  le 
whist  à  trois  personnes,  en  dé- 
couvrant le  jeu  d'un  quatrième 
partenaire  qui  n'existe  pas.  — 
<c  M.  d'Ajuda  proposa  d'aller  faire 


MOU  -  24 

un  mort  avec  le  duc  de  Grand 
lieu    »  (Balzac.) 

MORUE  :  Femme  abjecte. 
—  «  Vous  voyez,  Françoise,  ce 
panier  de  fraises  qu'on  vous  fait 
3  francs;  j'en  offre  i  franc,  moi, 
et  la  marchande  m'appelle...  — 
Oui,  madame,  elle  vous  appelle... 
morue  !  »  (Gavarni.) 

MOTS  (avoir  des)  :  Échanger 
des  reproches.  —  a  En  rentrant 
du  bal  avec  ton  amant,  vous 
avez  eu  des  mots,  et  il  t'a  "flan- 
quée à  la  porte.  »  (Montépin.) 

MOTTE  :  Maison  centrale.  — 
a  On  vient  de  tirer  mon  portrait 
et  on  va  l'envoyer  dans  toutes 
les  mottes  et  dans  tous  les  loirs.  » 
{Lettre  de  Minder.  Introd.) 

MOUCH AILLER  :  Regarder. 
(Grandval.) 

MOUCHARDE  :  Lune.  Elle 
moucharde  les  voleurs.  V.  Ca- 
farde. —  «  Mais  bientôt  la  pa- 
traque, au  clair  de  la  moucharde, 
nous  reluque  de  loin.  »  (Vi- 
docq.) 

MOUCHE  :  Mauvais,  vilain. 
Abréviation  de  mouchique.  — 
a  Mouche^  pour  ceux  qui  ne 
comprendraient  pasle langage  pa- 
risien, signifie  mauvais.  »  (Trou- 
bat.)  «  — Avez-vous  été  hier  soir 
aux  Variétés  ?  —  Toc.  —  Et  Am- 
broise?  —  Mouche.  »  (Lemercier 
de  Neuville.) 

MOUCHE  :  Bouquet  de  barbe 
placé  sous  la  lèvre  inférieure. 
Allusion  à  sa  petitesse.  —  a  Le  mi- 
nistre de  la  guerre  vient  de  tran- 
cher la  question  du  port  de  la 
mouche.  »  (Du  Casse.) 

MOUCHE  (faire)  :  Tirer  assez 


8  - 


MOU 


juste  pour  aplatir  la  balle  sur  un 
point  noir  (mouche),  au  centre 
de  la  cible.  —  «Elles  font  mouche 
A  tout  coup  et  tuent  les  hiron- 
delles au  vol.  »  (A.  Second.) 

MOUCHES  (tuer  les)  :  Infec- 
ter. Mot  à  mot  :  avoir  une  ha- 
leine assez  infecte  pour  empoi- 
sonner les  mouches  au  vol.  — 
On  dit  aussi  tuer  les  mouches  à, 
quin:^e  pas. 

Tiens,  Paul  s'est  lâché  du  col  ; 
Est-y  fier  depuis  qu'il  promène 
Clara,  dont  la  douce  haie  ne 
Fait  tomber  les  mouches  au  vol. 

(Colmance.) 

MOUCHER  :  Remettre  les 
gens  à  leur  place,  éteindre  leur 
insolence.  —  «  Nous  allons  donc 
les  moucher  ces  lanterjies  (jour- 
naux) qui  peuvent  faire  croire  à 
l'abrutissement  général  de  la  na- 
tion. »  {La  Mouchettc,  6d>.) 

MOUCHER  :  Frapper,  battre. 
—  «  Allons,  mouche-lui  le  quin- 
quet,  ça  l'esbrouffera.  »  Th.  Gau- 
tier.) 

MOUCHER  :  Tuer.  M  ot  à  mot  : 
éteindre  la  flamme  de  la  vie.  — 
«  Aussi  ne  se  passait-il  guères 
d'heures  sans  qu'il  n'y  eût  quel- 
qu'un de  mouché.  »  Mém.  de 
Sully,  xvi«  siècle.) — «  Je  l'enfile 
par  un  coup  droit.  Encore  un  de 
mouché.  »  (Randon.) 

MOUCHER  :  Non,  c'est  que  je 
me  mouche,  yion,c'est  que  je  tousse: 
Négation  ironique  équivalant  à 
une  affirmation  pour  ii'importe 
quel  sujet. 

MOUCHER  (se)  :  «  Les  gar- 
çons de  jeu  se  mouclient  fré- 
quemment au  tapis  vert,  ce  qui 


MOU 


«eur  permet  d'escamoter  un  ou 
deux  louis  dans  leurs  mouchoirs. 
L'expression  est  devenue  prover- 
biale. On  dit  d'un  garçon  qui  es- 
camote un  louis  de  quelque  ma- 
nière que  ce  soit  :  Il  s'est  mouché 
d'un  louis.  »  (Cavaille'.) 


MOUCHER  DU  PIED  (ne  pas 
se)  :  Agir  en  homme  bien  élevé, 
et  non  comme  celui  qui,  après 
s'être  mouché  avec  les  doigts, 
efface  du  pied  sa  morve.  — «  Mais 
c'est  des  artistes,  qui  ne  se  mou- 
chent pas  du  pied.  »  (Désau- 
giers.) 

Pris  ensuite  au  figuré  pour  si- 
gnifier une  supériorité  quelcon- 
que, comme  le  prouve  cet  exem- 
ple :  —  a  Ce  petit  vin  colorié  ne 
se  mouche  pas  du  pied.  »  (Moi- 
naux.) 

Le  besoin  de  varier  a  fait  dire 
dans  le  même  sens  :  Ne  pas  se 
moucher  du  talon.  —  «  C'est  un 
gaillard  qui  ne  se  mouche  pas 
du  talon.  »  (P.  de  Kock.) 

MOUCHERON  :  Enfant.  — 
«La  portière  et  son  moucheron.» 
i Léonard,  parodie,  63.) 

MOUCHERON  :  Garçon  de 
marchand  de  vins.  (Il  voltige  au- 
tour des  tables  des  consomma- 
teurs.) a  Une  deuxième  tournée 
est  commandée  au  moucheron.  » 
(Ladimir,  42.) 

MOUCHETTES  (des)  :  Non. 
«  —  Tu  m'as  volé  ?  tu  vas  rendre  ! 
—  Des  mouchettes!  »  [Léonard, 
parodie,  63.) 

MOUCHIQUE  :  Vilain,  mau- 
vais. —  Forme  de  moustique. 
V.  ce  mot.  «  On  s'en  dégoise  de 
mouchiques,  quand  les  uns  s'ap- 
pellent feignants,  les  autr's  leur- 


—  249  —  MOU 

z*y  répond'nt  :  mufFs.  »  (Cabas- 
sol.)  V.  Gaffier. 

MOUILLANTE  :  Soupe,  mo- 
rue. (Halbert.) 

MOUILLÉ  (être)  :  Être  appré- 
cié à  sa  valeur.  (Colombey.)  — 
Allusion  aux  tissus  qu'on  mouille 
pour  voir  s'ils  se  rétrécissent. 

MOULE  :  Visage  irrégulier. 
Ironie. 


MOULE  A  GAUFRE  :  Visage 
fort  grêlé.  —  On  sait  qu'un 
moule  à  gaufre  est  criblé  de 
trous.  —  «  Le  moule  à  gaufre 
qui  tient  en  chef  les  destinées  de 
V Univers*  »  (Tam-Tam,  76.) 

MOULE  DE  GANT  :  Soufflet. 

—  La  main  est  un  moulede  gant. 

—  «  Te  goberges-tu  de  nous?  Je 
te  bâillerai  d'une  paire  de  moules 
de  gant.  »  (Vadé,  1744.) 

MOULE  EST  CASSÉ,  ON 
N'EN  FAIT  PLUS  (le)  :  Se  dit 
d'un  personnage  exceptionnel , 
inimitable. 

MO  ULIN  :  Magasin  de  receleur. 
(Colombey.)  V.  Meunier. 

Aller  au  moulin  :  Vendre  du 
plomb  volé.  (Rabasse.)  Mot  à 
mot  :  allez  chez  le  receleur. 

MOULINER  :  Bavarder. 
(Idem.)  —  Allusion  au  tic  tac 
perpétuel  du  moulin.  —  On  ap- 
pelle de  même  moulin  à  paro- 
les un  bavard. 

MOULOIR  :  Bouche.  (Halbert.) 

—  Elle  moule  les  aliments. 

MOURIR  (tu  t'en  ferais)! 
Tu  t'en  ferais  crever!  —  Ces  for- 
mules négatives  s'emploient  sur- 
tout contre  ceux  qui  sont  trop 
avides  ou  qui  manifestent  des 


MOU 


—  25o  — 


MUS 


prétentions  excessives.  —  «  Un 
joueur  propose,  à  quoi  l'on  ré- 
pond, si  Ton  refuse  :  «  Tu  t'en 
«  ferais  mourir.  »  (Boue  de  Vil- 
liers.)V.  Cylindre. 

MOUSCAILLER  :  Faire  ses 
besoins.  V.  Mousse. 

MOUSSANTE  :  Bière.  (Colom- 
bey.)  —  Effet  pris  pour  la  cause. 

MOUSSE  :  Excrément.  —  Se 
trouve  déjà  dans  \e  Dictionnaire 
blesquin  de  1618.  Dans  le  peuple, 
on  s'injurie  encore  par  ces  mots  : 
Vent  et  mousse  pour  toi  ! 

MOUSSELINE  :  Pain  blanc. 
(Halbert.)  — Allusion  de  douceur 
et  de  blancheur. 

MOUSSELINE  rPièced'argent. 
{Petit  Dictionnaire  d'Argot,  44.) 
—  Même  allusion. 

MOUSSELINE  :  Fers  de  pri- 
sonnier. (Rabasse.)  Ironie. 

MOUSSER: S'impatienter,  s'ir- 
riter. Mot  à  mot  :  écumer  de  co- 
lère. — «  Ne  moussez  pas  comme 
ça.  »  (Labiche.) 

MOUSSER  :  Faire  sa  mousse. 
V.  ce  mot. 

MOUSSER  (se  faire)  :  Se  faire 
valoir.  (Rabasse.)  —  Mot  à  mot  : 
Se  faire  monter  plus  haut. 

MOUSSERIE  :  Latrine.  (Hal- 
bert.) 

MOUSSEUX  :  Redondant.  — 
«  J'estime  celui  qui  est  un  peu 
mousseux  dans  sa  façon  de  par- 
ler. »  (La  Bédollière.) 

MOUSSUE  :  Châtaigne.  (Hal- 
bert.) 

MOUSTIQUE  :  Mauvais.  Mot 
à    mot    :    malfaisant,     irritant 


comme  un  moustique.  —  a  Je 
bonnirai  qu'ils  nous  ont  embro- 
qués  d'une  chasse  moustique.  » 
(Rabasse.) 

MOUZU  :  Mamelle.  (Halbert.) 

MUETTE  :  Conscience.  (Ra- 
basse.) —  Le  mot  nous  paraît 
trop  ingénieux.  Ce  iloit  être 
(comme  pour  arche  de  Noé)  une 
invention  de  Saint-Edme  qui  a 
rédigé  l'œuvre  de  ViJocq,  où 
muette  a  paru  pour  la  première 
fois. 

MUETTE  :  Exercice  dans  le- 
quel, par  espièglerie  on  par  an- 
tipathie pour  un  chef,  les  élèves 
deSaint-Cyrne  font  pas  résonner 
leurs  fusils.  —  «  Lorsque  vient 
le  tour  de  commandement  d'un 
gradé  ou  d'un  chef  délesté,  on 
convientde  lui  donner  une  muet- 
te. »  (Delà  Barre.) — A/we.'^e  se  fau- 
file en  ce  moment  dans  la  langue 
politique.  —  «  Dès  qu'on  a  vu 
M.  G.  établir  autour  de  M.  N. 
une  sorte  de  muette...  0  {Igno- 
tus,  75.) 

MUFFETON,  MUFFL  \Z  :  Hom- 
me bête  et  grossier.  —  c(  Eh!  dis 
donc,  la  belle  blonde,  tu  vas 
quitter  ces  deux  muffles  et  t'en 
venir  avec  moi.  »  (E.  Sue.)  — 
«  Vois-tu,  muffeton,  lui  disait  la 
dame.  »  (G.  de  Nerval.) 

MUFLE  :  Maçon.  (Rabasse.) 

MURON,  MURONNEll,  MU- 
RONNIÈRE  :  Sel,  saler,  salière. 
(Halbert.)  Vieux  mots. 

MUSARDINE: Habitué  femelle 
des  Concerts-Musards,  de  i858  à 
1860. — «  On  dit  une  musardine, 
comme  jadis  on  disait  i  ne  lo- 
rette.»  (A.  Second.)—  C'était  du 
temps  de  l'hôtel  d'Osmond;   Iç 


NAV 

Concert  -  Musard   d'aujourd'hui 
est  infiniment  plus  chaste. 

MUSETTE  :  Figure.  —  C'est 
museau  avec  changeme"' de  finale. 
V.  Couper. 

MUSICIEN  :  Dénonciateur.  Jeu 
de  mots  sur  haricot  et  péter.  (V. 
ci-dessous.)  V.  Péter,  Coqueur, 


;5l    - 


NE 


MUSICIENS  :  Haricots.  (Co- 
lombey.)  — Allusion  au  bruit  des 
vents  qu'ils  forment. 

MUSIQUE  :  Filouterie  de  jeu. 
V.  Maquillage. 

MUSIQUE  (passer  la)  :  Être 
confronté  avec  les  dénonciateurs 
ou  musiciens. 


N 


NAGEOIR  :  Poisson.  (Vidocq.) 

—  Il  nage. 

NAGEOIRE:  Favori  large 
s'écartant  de  la  joue  comme  une 
nageoire  de  poisson.  —  «  L'am- 
pleur de  ses  favoris  qu'il  persiste 
à  appeler  des  nageoires.  »  (M. 
Saint-Hilaire.) 

NASE,  NAZE  :Nez.  —  Vieux 
mot.  —  a  Elle  est  mieux  que  la 
Hollandaise,  mais  ça  n'est  pas 
pour  mon  nase.  »  (M™*  de  Solms, 
66.) 

NATURALIBUS  (in)  :  Dans 
l'état  de  nature,  nu.  —  Latinisme. 

—  «  Mon  Joseph  eut  avec  elle  un 
tête-à-tête  innaturalibus.»  (Beau- 
fort,  Elle  et  Moi,  Troyes,  an 
VIII.)  —  «  L'autre  regardant  à 
l'horizon  in  naturalibus.  »  (Com. 
merson.) 

NAVETS  (des)  :  Non.  -  «  Est- 
ce  que  j'en  suis? Toi,  mon  bon- 
homme, beaucoup  de  navets!  » 
(Montépin.)  —  «  M'exposer  à  Saint- 
Lazare  pour  ça...  Des  navets  !  » 
(Jaime.) 


N  A VE  T  :  «  Hypocrite  de  sa- 
lon, tartufe  à  l'eau  de  rose,  il 
était  de  ceux  qu'on  appelle  dans 
le  vieux  style  un  pédant,  et  dans 
notre  belle  langue  un  navet.  » 
(A.  de  Pontmartin.) 

NAZARET  :  Grand  nez.  V. 
Bariole.  —Augmentatif de  wa^e. 

NAZE  :  Nez.  V.  Nase. 

NAZICOT  :  Petit  nez.  — Dimi- 
nutif. 

NAZONANT,  NAZONAUT  : 
Gros  nez.  (Grandval,  Halbert.) 
Augmentatif. 

NE  TE  GÊNE  PAS  DANS  LE 
PARC  :  Veston  assez  court  pour 
n'avoir  pas  besoin  d'être  retroussé 
en  cas  de  nécessité.  —  «  On  a 
successivement  appelé  les  ves- 
tons :  sauteen-barque,  — pet-en- 
l'air  (pardon,  madame),  —  jnon^ 
tretout  (pardon,  mademoiselle), 
—pince-ne^,  —  ah!  gandin,  je  te 
vois,  —  club-cleub-clob,  —  new- 
market,  —  cucheval,  —  couche- 
avec.  —  Hier  encore,  on  les  ap- 
pelait des  suivei'-moi,  mademoi-' 


NÉO 


—   252   — 


NEZ 


5e//e.Maisaujourd'hui,  on  appelle 
cvis  coquets  vestons  des  ne  te  gêne 
pas  dans  le  parc. y>  (  Vie  parisienne, 
9  mars  67.) 

NÈFLES  (des)  :  Non.  -  «  Sou- 
per avec  vous,  des  nèfles!  Les 
panés,  il  n'en  faut  pas.  »  {Les 
Cocottes,  64,)  —  «  Rends-moi  mon 
verre,  Auguste,  flanches  pas!  — 
Jamais,  des  nèfles. . .  je  ne  rends 
jamais  qu'après.  »  {Tam-Tam, 
76.) 

NÉGOCIANT  (faire  le)  :  «Aller 
se  promener,  terme  suprême  du 
matelot  pour  exprimer  un  hom- 
me qui  n'a  rien  à  faire.  »  {Phy- 
sionomie du  Matelot,  43.) 

NÉGOCIANT:  Entreteneur. 
(Halbert.) 

NÉGRESSE  :  Paquet  couvert 
de  toile  cirée  noire.  (Vidocq.) 

NÉGRESSE  :  Punaise.  —  «  Je 
sentis  bien,  quand  nous  étions 
couchés,  qu'il  ne  manquait  pas 
de  négresses  et  même  de  grena- 
diers. »  (Lecart.)  — Allusion  à  la 
couleur  foncée  de  la  punaise. 
Quant  aux  grenadiers,  qui  sont 
des  poux  de  forte  taille,  il  faut 
se  rappeler  le  sens  argotique  de 
garnison.  Les  deux  mots  mar- 
chent bien  de  compagnie. 

NÉGRESSE  :  Bouteille.  (Co- 
lombey.)  — Allusion  à  son  aspect 
foncé.  —  <  Encore  une  négresse 
qui  avait  la  gueule  cassée.  » 
(Zola.) 

NÉNAIS,  NÉNET  :  Sein.  - 
€  Tenez,  mon  cœur,  voilà  le  cor- 
set, ajustez-moi  ça  sur  mes  né- 
nets.  »  (Ricard.) —  «  Petite  maman 
s'est  fait  des  nénais  avec  du  co- 
ton. »  (Gavarni.) 

NÉO  :  Néo-chrétien  —  Je  pas- 1 


sai  en  revue  les  diverses  sectes 
des  néo-chrétiens  dont  Paris  était 
inondé,  llyavaitlesnéo  chrétiens 
du  journal  l'Avenir,  les  aéo-chré- 
tiens  de  M.  Gustave  Drouineau, 
les  néo-catholiques  et  une  foule 
d'autres,  tous  possédant  le  der- 
nier mot  du  problème  social  et 
religieux.  »  (L.  Reybaud,  43.) 

NEP  :  Voleur  brocantant  de 
faux  bijoux,  de  fausses  décora- 
tions. (Vidocq.) 

NERF,  NERF  DE  LA 
GUERRE  :  Argent.  \'.  Os.  — 
«  Le  nerf  de  la  guerre  manquait 
à  ce  point  qu'il  n'avait  pas  le 
strict  nécessaire.  »  {Vie  pari- 
sienne, 67.) 

NERFS  (avoir  ses)  :  Être  sous 
l'empire  d'une  irritation  nerveu- 
se. Jadis  on  disait  :  J'ai  mes  va- 
peurs. —  «  Madame  aurait  ses 
nerfs?  Nerfs  contre  nerfs.  Appor- 
tez-moi le  nerf  de  bœuf.  »  (Mi- 
chu.) 

NETTOYER  :  Ruiner,  vendre, 
dévaliser.  —  «  Je  lui  njttoie  sa 
pelure  du  haut  en  bas.  J'trouve 
une  demi-veilleuse.  »  (M  jnselet.) 
V.  Lavage,  Maquilleur. 

NETTOYER  :  Tuer.  —  «  Oh! 
les  gredins,  je  les  nettcierai.  » 
(F.  Pyat.) 

NEZ  QUI  A  COUTE  CHER 
A  METTRE  EN  COULEUR  : 
Nez  dont  la  teinte  rouge  atteste 
que  son  porteur  a  payé  plus  d'une 
bouteille.  —  a  En  voilà  un  nez 
qui  a  coûté  cher  à  mettre  en  cou- 
leur. »  (Gavarni.) 

NEZ  (avoir  dans  le)  :  ])étester 
quelqu'un.  Mot  à  mot  :  le  pou- 
voir le  sentir.  —  «Il  ne  faudrait 
pas  que  la  demande  vînt  de  vous. 


NIB  -  2 

M.  Faviaux  vous  a  dans  le  nez.  » 
(About.) 

NEZ  CREUX  (avoir  le)  :  Être 
malin,  perspicace.  —  Les  nez 
creux  ont  plus  de  capacité  que 
les  autres.  —  «  Oh  !  elle  avait  le 
nez  creux,  elle  savait  déjà  com- 
ment cela  devait  tourner.  »  (Zola.j 

NEZ  LONG  (avoir  le),  faire 
son  nez  :  Paraître  désappointé. 

—  ((  Nous  nous  sommes  payé  le 
billard,  j'en  ai  rendu  vingt  de 
trente  à  Lahure,  qui  faisait  un 
nez  aussi  long  que  sa  queue  de 
billard.  »  (Voizo.)  —  On  dit  en 
abrégeant,  dans  le  même  sens, 
avoir  un  jief . 

NEZ  (se  piquer  le)  :  S'enivrer. 

—  Un  nez  piqué  rougit  comme 
celui  qu'empourpre  l'ivresse.  — 
a  Qui  ne  s'est  pas  piqué  le  nez 
une  pauvre  fois  dans  sa  vie  ?  » 
(Grévin.) 

NEZ  OU  IL  PLEUT  :  Nez 
tout  à  fait  retroussé.  —  On  voit 
d'ici  l'allusion.  —  «  M'^«  Kid  était 
une  petite  drôlette,  avec  un  nez 
où  il  pleut  dedans.  »  (Stop,  Jour- 
nal amusant,  70.) 

NI  VU,  NI  CONNU!  JE  T'EM- 
BROUILLE :  Locution  placée  or- 
dinairement à  la  fin  d'un  récit 
pour  peindre  la  rapidité  d'un 
acte  et  la  difficulté  de  l'expliquer. 
(Dhautel,  08.) 

NIAIRE  :  C'est  lui,  c'est  moi. 
(Rabasse.)  —  Ce  doit  être  une 
forme  de  nière  (complice),  ser- 
vant de  signe  de  reconnaissance. 

NIB,  NIBERGUE,  NIBERTE, 
NIENTE  :  Rien.— NienteQstun 
italianisme.  Nib  semble  une 
abréviation  de  Nibergue,qn\  est 
un  anagramme  de  bernique f  — 


3  —  NIO 

«  N'avoir  pas  le  sou,  s'articulait 
7iib  de  braise  ou  nisco  boursi- 
coto.  »  (Lespès.) 

NIBE  :  Silence!  ne  dis  rien. 
(Rabasse.)  —  Forme  de  nib. 

NIBE  AU  TRUC  :  Ne  rien  dire 
sur  un  vol.  (Rabasse.) 

NIBÉ  :  Tais-toi!  taisez- vou3! 
(Rabasse.)  V.  Nibe. 

NICDOUfLLE,  NIGUE- 
DOUILLE,  nigaud: NOS: 
Nigaud.  —  «  Vous  vous  êtes  en 
allé  fâché,  désespéré,  nigaudi- 
nos.  »  (Balzac.)  — c(  Tais-toi  donc, 
nicdouille.  »  {Phy.  du  Matelot, 
43.) 

NICHONS  :  Seins.  —  Allu- 
sion à  la  double  niche  qu'ils  oc- 
cupent dans  le  corsage. —  «  Nana 
ne  se  fait  plus  de  nichons  avec 
des  boules  de  papier,  il  lui  en  est 
venu  deux.  »  (Zola.) 

NIÈRE  :  Complice.  V.  Man- 
ger. 

N  —  l  —  NI,  C'EST  fini  :  For- 
mule négative.  —  Redoublement 
de   la  dernière  syllabe   de  fini, 

—  «  Ne  me  parlez  plus  de  rien..., 
n  i,  ni,  fini.  »  {Rousseliana,  o5.) 

—  «  N  i,  ni,  c'est  fini,  plus  de 
Malvina.  »  (L.  Reybaud.) 

NINI,NINICHE:  Mot  d'amitié. 
Diminutif  d'Eugénie.—  (c  Quand 
maman  aime  bien  petit  papa, 
elle  appelle  petit  papa  ma  nini- 
che.  »  (Gavarni.) 

NIOLLE  ;  Vieux  chapeau.  — 
C'est  une  forme  de  gniolle  :  per- 
sonne sans  consistance.  Un  cha- 
peau déformé  a  perdu  aussi  la 
sienne.  —  «  Un  niolle  est  un  cha- 
peau d  homme  retapé.  Les  niol- 
leurs  sont  les  marchands  de 
vieux  chapeaux.  »  (Mornand.) 

a:) 


NOM  —  : 

NIOLLEUR  :  Marchand  de 
vieux  habits.  —  Extension  du 
sens  du  mot  précédent.  V.A7o//e. 

NIORT  (aller  à)  :  Nier.  —  Jeu 
de  mots  sur  la  ville  et  le  verbe. 
—  «  Je  vois. bien  qu'il  n'y  a  pas 
moyen  d'aller  à  Niort.  »  (Gan- 
1er.)  V.  Outil. 

NIQUE  DE  MÈCHE  :  Sans 
complicité.  (Rabasse.)  Motàmot: 
pas  de  moitié.  V.  Mèche. 

NISCO,  NIX  :  Non.  —  Nisco 
est  un  diminutif  du  vieux  nis  : 
pas  un.  —  Nix  est  un  germa- 
nisme altéré  par  la  prononcia- 
tion française  (nicht).  —  a  Fût-il 
un  phénix,  nix.  »  (Désaugiers.) 

NISETTE  :  Olive.  (Halbert.) 

NIVET,  NIVETTE  :  Chanvre, 
chanvrière,  filasse.  (Idem.) 

NOBLING  :  «  Acte  frauduleux 
qui  consiste  à  faire  des  paris  de 
courses  qu'on  ne  peut  perdre.  » 
(Parent,  Angl.) 

NOCE  :  Débauche.  —  Allusion 
aux  excès  gastronomiques  qui 
accompagnaient  les  noces  d'au- 
trefois. —  «  Alors  je  bois,  je 
chante,  je  fais  la  noce  pour  ou- 
blier. »  (P.  de  Grandpré.) 

NOCE R  :  Faire  la  noce.  — 
«  Est-ce  que  tu  as  noce  aujour- 
d'hui ?...  —  Noce  !  ah,  bien  oui  !  » 
(Eug.  Sue.) 

NOIR  :  Café.  —  Allusion  de 
couleur.  —  «  Je  paye  le  noir  et 
le  mêlé,  et  je  m'enfile  de  douze 
sous.  »  (Monselet.) 

NOM  D'UN  !  :  Nom  d'un  nom  ! 
Nomd'un  petit  bonhomme  !  Nom 
d'un  tonnerre  !  —  Il  faut  voir  ici 
l'abréviation  de  trois  synonymes 
de  nom  de  D.,.!  que  les  jureurs 


34  -  NOU 

ont  modifié  de  façon  à  ne  se  voir 
reprocher  aucun  blaspiième.  — 
«  86,000  francs  par  \.n  t  nom 
d'un  petit  bonhomme!  l 'est  joli.» 
L.  Reybaud.)  Nom  a  un  petit 
bonhomme  fait  allusion  à  Jésus 
enfant. 

NOM  D'UNE  PIPE  :  Juron  de 
fumeurs;  leur  dieu  est  isur  pipe. 

—  «  Nom  d'une  pipe  !  si  vous 
m'approchez...  »  (Mêles  .ille,  3o.), 

NOMBRIL  :  Midi.  (Halbert.) 

NON  POSSUMUS  :  Impossî-; 
ble.  Mot  à  mot  :  nous  ne  pou- 
vons pas.  —  Latinisme.  — Allu- 
sion aux  termes  emplo  .'es  dans 
une  déclaration  du  pap.3  Pie  IX. 

—  «  Les  plénipotentiai  es  turcs 
ontmaintenu  très-réso  ûment  le 
non  possumus  de  la  Porte.  »  {Fi' 
garo,  76.) 

NONNE  (faire)  :  Faire  un  at- 
troupement simulé  pour  aider  à 
un  vol.  (Vidocq.) 

NONNEURS  :  Compères  dé 
voleur  à  la  tire.  —  Ils  s'attrou- 
pent et  créent  des  embarras 
(nonnes)  pour  l'aider  à  voler. 

NORMALIEN  :  Élève  le  l'école 
normale.  Se  dit  aussi  de  celui  qui 
enest  sorti. —  «  Jedois  1  éprendre 
chez  ce  jeune  normalie  1  une  ci- 
tation qui  a  juré  à  mon  oreille.» 
(B.  Jouvin  75.) 

NOTAIRE  :  Épicier  qui  fait 
crédit.  {A  Imanach  des  D  biteurs.) 

—  Il  note  les  achats. 

NOUEUR  :  CompI  ce.  (Ra- 
basse.) —  Forme  de  nitre. 

NOUJON  :  Poisson.     Habert.) 

NOUNOU  :  Nourrice.  —  Abré- 
viation avec  redoublement  de  la 
première    syllabe.  —  «  La    ma- 


NUM 


-  255  - 


NYM 


man  ne  peut  pas  se  payer  de 
bonne  ni  de  nounou.  »  (Figaro, 
75-) 

NOURRIR  :  Préparer  delongue 
main.  —  «  Ce  garçon  qui  de- 
vait avoir  nourri  ce  poupon  pen- 
dant un  mois.  »  (Balzac.)  V. 
Poupard.  (Vol.) 

NOURRISSEUR  :  a  Les  nour- 
risseurs  préparent  et  nourrissent 
une  affaire;  ils  savent  le  mo- 
ment où  le  rentier  touche  sa 
rente  et  les  jours  de  rentrée  du 
négociant;  ils  étudient  la  maison 
et  les  habitudes  des  gens  qu'ils 
veulent  faire  voler.  »  (A,  Mon- 
nier.) 

NOUSAILLES,  NOUZAIL- 
LES,  NOUZIERGUE,  NOU^ 
ZIÈRES,  NOUZIGO  :  Nous. 
(Halbert,  Colombey.)  —  Adjonc- 
tions de  finales. 

NOYAUX  :  Pièces  de  mon- 
naie. —  Du  vieux  mot  noiau  : 
bouton  d'habit. 

Le  sacré  violon  qu'avait  joué  faux 
Voulut  me  demander  des  noyaux. 

(Vadé,  1760.) 

NOYAUX  DE  PÊCHE  (rem- 
bourré de)  :  Se  dit  des  sièges 
fort  durs  :  Allusion  à  leurs  aspé- 
rités et  à  leur  dureté,  a  On  est  en 
train  de  remplacer  les  noyaux  de 
pêches  des  stalles  par  des  nou- 
veaux beaucoup  plus  frais.  » 
(Éclair,  72.) 

NUMÉRO  (bon)  :  «  Deux  papas 
très-bien,  ce  sont  deux  papas 
d'un  bon  numéro.  Comprenez- 
vous?  —  Pas  trop.  —  Deux  pères 
parfaitement  ridicules.  »  (Th. 
Gautier.) 

NUMÉRO   (gros)  :  Maison  de 


prostitution.  —  Allusion  au  gros 
numéro  peint  sur  la  porte  pour 
toute  enseigne. 

NUMÉRO  UN,  PREMIER 
NUMÉRO  :  Premier  par  ordre 
de  mérite.  —  a  C'est  de  la  folie  à 
l'état  de  numéro  un.  »  (Jules 
Janin.)  —  «  Une  lanterne  de 
premier  numéro  et  d'un  tel  reflet 
qu'on  dirait  un  phare.  »  (Des- 
lys.) 

NUMÉRO  SEPT  :  Crochet  de 
chiffonnier.  ^  Le  7  ressemble 
etfectivement  à  un  crochet. 

NUMÉRO  CENT  :  Latrines.  - 
Jeu  de  mots  né  dans  les  petits  hô- 
tels à  chambres  numérotées,  où 
les  latrines  portent  le  numéro  100 
pour  que  personne  ne  s'y  trompe. 
C'est  aussi  le  numéro  qui  sentie 
plus.  —  ((  Dans  toutes  les  maisons 
du  monde,  j'ai  ma  chambre  au 
numéro  cent.  »  (J.  Choux.) 

NUMÉRO  (connaître  le)  : 
Être  fixé  sur  la  valeur  morale  : 
—  ce  Je  sais  d'où  tu  viens,  je  sais 
par  où  tu  as  passé,  je  connais  tous 
tes  numéros.  »  (Ces  Dames,  60.) 

NUMÉRO  (retenir  le)  :  Ne  pas 
oublier.  —  «  C'est  bon!  je  re- 
tiens ton  numéro.  »  Se  dit  quand 
on  menace  quelqu'un  de  repré- 
sailles. 

NUMÉROTER   SES    OS  : 

S'apprêter  à  être  roué  de  coups. 
Mot  à  mot  et  ironiquement  : 
s'arranger  de  façon  à  pouvoir 
retrouver  ses  os  pour  les  remet- 
tre en  place  si  on  les  casse.  V. 
Démolir. 

NYMPHE  :  Femme  galante.— 
Allusion  railleuse  aux  comparai- 
sons mythologiques  affectionnées 
par  nos  pères.  V.  Piger. 


ŒlL 


-  256  — 


CEIL 


o 


OBJECTIF  :  But.  —  On  a  fait 
un  abus  incroyable  de  ce  mot 
depuis  1870,  époque  où  le  géné- 
ral Trochu  s'en  servit  fréquem- 
ment dans  ses  rapports  mili- 
taires. «  Napoléon  III  protesta 
que  son  objectif  était  l'alliance 
avec  l'Angleterre.  »  (Figaro.) 

OBÉLISCAL  :  Merveilleux.  — 
Date  du  transport  de  l'obélisque 
sur  la  place  de  la  Concorde.  — 
ce  Admirable!  pyramidal!  obélis- 
cal!  »  [Almanach  de  la  Polka, 
45.)  V.  Granitique. 

OBJET  :  Amante.  Mot  à  mot: 
objet  d'amour.  —  «  Il  apprend 
que  le  cher  père  a  cloîtré  son 
objet.  »  (Désaugiers.) 

OCCASE  :  Occasion.  —  Abré- 
viation. —  «  Deux  francs  cin- 
quante de  bénef;  profitez  de 
l'occase.  »  (A.  Second.) 

OCCASION    :     Chandelier. 

(Halbert.) 

OCCIR  :  Tuer.  —  Vieux  mot 
relevé  par  les  romantiques.  — 
«  O  surprise  !  j'avais  occi  le  ban- 
dit qu'on  cherchait  depuis  huit 
jours.  »  (Marx.) 

ŒIL  :  Crédit.  —  Se  trouve 
dans  le  Dictionnaire  de  Cai^- 
tuuche  de  Grandval  (éd.  de  1827). 
a  Je  vous  offre  le  vin  blanc  chez 
Toitot;  j'ai  l'œil.  »  (Chenu.)  — 
a  La  mère  Bricherie  n'entend 
pas  raillerie  à  l'article  du  crédit. 
Plutôt  que  de  faire  deux    sous 


à' œil,  elle  préférerait,  etc.  »  (Pr. 
d'Anglemont.)  —  «  La  fruitière 
n'a  jamais  voulu  ouvrir  l'œil  : 
elle  dit  qu'elle  a  déjà  perdu  avec 
des  artistes.  »  (Champflejry.) 

ŒIL  :  Bon  effet  produi  t  à  pre- 
mière vue.  —  Se  dit  de  n'importe 
qui  et  de  n'importe  quoi.  —  «  La 
chose  a  de  l'œil.  C'est  légjr.  »  (A. 
Scholl.) 

ŒIL  (mon)  :  Formule  néga- 
tive. —  Abréviation  d'une  autre 
phrase  reçue  qui  consiste  à  dire  ; 
Regarde  de  quelle  nuance  est 
mon  œil.  —  a  Et  quand  tu  m'au- 
ras bien  aimée,  en  serai -je  plus 
avancée,  je  te  prie?  Regarde 
donc  de  quelle  nuance  ^st  mon 
œil.  »  'Monselet.)  —  «  Ouand  le 
démonstrateur  expose  la  forma- 
tion des  bancs  de  charbon  de 
terre,  mon  voisin  s'écrie  avec  un 
atticisme  parfait  :  Oui,  mm œiUn 
(Villetard.) 

ŒIL  (avoir  I')  :  Avoir  crédit. 

ŒIL  (faire  de  V)  :  Lorgner 
amoureusement.  —  «  Sous  pré- 
texte de  voir  essayer  le  chapeau, 
il  ne  manquait  pas  de  faire  de 
l'œil  à  la  modiste.  »  (P.  d  j  Kock  ) 

ŒIL  (se  mettre  le  doigt  dans 
1')  :  Ne  pas  voir  juste. 

ŒIL  (ouvrir  1')  :  Vcilbr  atten- 
tivement, faire  crédit. 

ŒIL  (tape  à  1')  :  Bcrgne.  — 
Mot  à  mot  :  endormi  cun  œil. 


U 


OGR 


—  257  — 


OIS 


—  II  tape  d'un  œil,  bien  malgré 
lui.  V.  ci-dessous. 

ŒIL  (taper  de  1')  :  Dormir.  — 
C'est  le  clore  la  paupière  du 
peuple.  —  «  Monsieur,  faites  pas 
tant  de  bruit,  je  vais  taper  de 
l'œil.  »  (Vidal,  33.)  V.  Taper 
dans  l'œil. 

ŒIL  (tirer  1')  :  Attirer  l'atten- 
tion. 

ŒIL  (tortiller,  tourner  de  1')  : 
Mourir.  —  «  J'aime  mieux  tour- 
ner la  salade  que  de  tourner  de 
l'œil.  »  (Commerson.)  —  «  J' 
voudrais  ben  m'en  aller,  dit  le 
pot  de  terre  en  râlant.  Bonsoir, 
voisin,  tu  peux  tortiller  de  l'œil.» 
(Thuillier.) 

ŒIL  DE  VERRE  :  Lorgnon. 
—  «  Ces  mirliflors  aux  escarpins 
vernis,  aux  yeux  de  verre.  » 
(Festeau.) 

ŒUF  (casser  son)  :  Faire  une 
fausse  couche. 

OGRE,  OGRESSE  :  Usurier, 
marchande  à  la  toilette.  —  Ils 
finissent  toujours  par  dévorer 
financièrement  leur  clientèle. 

OGRE  :  «  Il  y  a  deux  espèces 
de  compositeurs  d'imprimerie  : 
i»  les  ogres,  bons  pères  de  fa- 
mille qui  travaillent  pour  leurs 
enfants  ;  ils  sont  à  la  conscience, 
c'est-à-dire  qu'ils  gagnent  un 
prix  fixe  par  jour  ;  2°  les  caleurs 
ou  goippeurs  qui  à  chaque  ins- 
tant se  dérangent  :  ceux-là  tra- 
vaillent aux  pièces.  »  (Moisand, 
4I-) 

OGRE  :  Agent  de  remplace- 
ment. (Vidocq.)  -  Il  a  toujours 
besoin  de  chair  humaine. 

OGRE  :  Chiffonnier  en  gros, 


receleur,  patron  de  tapis  franc. — 
Allusion  à  leurs  bénéfices  dévo- 
rants. —  «  Les  chiffonniers  don- 
nent ce  nom  à  celui  qui  achète 
le  produit  de  leurs  recherches 
nocturnes  pour  les  revendre  en 
gros.  Il  fut  un  temps  où  ce  nom 
était  synonyme  de  receleur.  Dans 
ce  but,  Vogre  possédait  à  côté 
de  son  établissement  d'achat  de 
chiffons  un  débit  de  liqueurs 
qu'il  faisait  gérer  par  un  affidé 
ou  un  compère;  il  y  recevait 
clandestinement  des  malfaiteurs 
qui  apportaient  là  les  produits 
de  leurs  rapines.  »  (Castillon.) 

OGRESSE  :  Maîtresse  de  mai- 
son. (Halbert.)  —  Elle  est  comme 
les  ogres  en  quête  de  chair 
fraîche  (féminine). 

OIGNES  (aux  petits)  :  abrév. 
de  Oignons  {aux  petits.)  —  «  Ça 
n'  t'empêchera  pas  de  faire  ça 
aux  petits  oignes.  »  (L.  de  Neu- 
ville.) 

OIGNON  :  Montre.  — Allusion 
de  forme. 

OIGNONS  (aux  petits)  :  Très- 
bien.  —  Les  oignons  sont  en 
grande  faveur  dans  la  cuisine 
populaire.  —  «  Les  lanciers  t 
demandez  la  nouvelle  danse, 
arrangée  aux  petits  oignons.  » 
(Randon.) 

OIGNON  (il  y  a  de  I')  :  Il  y  a 

des  gémissements.  —  Allusion 
aux  pleurs  que  l'oignon  fait  ver- 
ser. —  «  S'  prend'  de  bec,  c'est 
la  mode,  et  souvent  il  y  a  de 
l'oignon.  »  (Dupeaty.) 

OISKAU  :  Triste  personnage. 
—  «  Minute!  quel  est  c't  oiseau- 
là  ?  »  {Léonard,  parodie.) 


ONE 


—  258  — 


ORF 


OISEAU  FATAL  :  Corbeau. 
Vidocq.)  —  Le  corbeau  a  depuis 
longtemps  cette  réputation. 

OISEAUX    (aux)  :  Très-bien. 

—  «  Il  est  meublé  aux  oiseaux.» 
(Balzac.)  —  «  Pour  exprimer 
qu'un  homme  est  très-bien  fait, 
qu'une  femme  est  très-belle,  on 
dit  qu'ils  sont  aux  oiseaux.  » 
(Dhautel,  08.) 

OISEAUX  (se  donner  des 
noms  d')  :  Roucouler  amoureu- 
sement. —  a  Nous  nous  donn'- 
rons  des  noms  d'oiseaux.  » 
(Hardy.) 

OLIVET  :  Ognon.    (Halbert.) 

OMETTRE  (1')  :  Le  tuer  (Ra- 
basse.)  Au  figuré,  on  disait 
envoyer  dans  le  royaume  d'oubli. 
Serait-ce  un  équivalent  ? 

OxMNIBUS  :  Prostituée.  Mot  à 
mot:  femme  à  tous. —  Latinisme. 

—  c  On  y  remarque  aussi 
quelques  pauvres  beautés  om- 
nibus. »  (La  Maison  du  Lapin- 
Blanc.) 

OMMBUS  DE  CONI  :  Corbil- 
lard. (Vidocq.)  Mot  à  mot  :  voiy 
ture  publique  de  mort. 

ONCLE  :  Usurier.  —  «  Ce  mot 
symbolise  l'usure,  comme  dans 
la  langue  populaire  ma  tante  si- 
gnifie le  prêt  sur  gage.  »  (Balzac.) 

ONCLE  :  Portier-consigne  de 
prison,  a  L'oncle  est  venu  pren- 
dre ma  camoufle  et  m'a  dit  le 
centre  de  ma  pige.  »  (V.  Intro- 
duction. Lettre  à  Mindev.) 

ONCLESSE  :  Femme  du  con- 
cierge de  la  prison.  (Idem.) 

ONE  {A  Stiff),  a  dead  one,  a 
sqfe  one  :  Littéralement  un  che- 


val raide,  un  cheval  nnort,  un 
cheval  sauf.  Autant  d'expr  jssions 
pour  indiquer  un  cheval  qui  ne 
gagnera  point  ou  qu'on  ne  veut 
pas  faire  gagner.  »  (Parent.) 
Terme  de  courses  anglais, 

ONGUENT: Argent.  (R  ibasse.) 
C'est  en  effet  un  onguent  pour 
bien  des  maux. 

OPPORTUNISME  :  L'gne  de 
conduite  modérée  adoptée  par  les 
partis  qui  ne  passent  p:  s  pour 
amis  de  la  modération.  Il  .a  sans 
dire  que  l'exemple  suivait  n'est 
point  une  appréciatior  pour 
nous  :  «  On  me  demande  ce  que 
c'est  que  l'opportunisme...  C'est 
Marat  jouant  Tartuffe.»  (A.  Karr, 
oct.  76.) 

OPPORTUNISTE   :    Partisan 

de  l'opportunisme.  «  Les  ]^ontifes 

de  l'infaillibilité  radicale  fulmi- 

;  nent  contre  les  opportunistes.  » 

{P.  Moniteur,  oct.  76.) 

ORANGE  A  COCHONS  :  «  La 

pomme  de  terre  est  auss  tôt  sa- 
luée par  l'argot  d'orange  à  co- 
chons. »  (Balzac.) 

ORDINAIRE  :  Port  on  de 
bouillon  et  de  bœuf.  «  On  lui 
donnait  un  ordinaire,  c'est-à-dire 
un  bouillon  et  un  bœuf.  »  (  SchoU, 
66.) 

OREILLARD  :  Ane.  (Vidocq.) 
•—  Allusion  à  ses  longue?  oreil- 
les. 

ORFÈVRE  :  Personne  cher- 
chant à  faire  prévaloir  Si  s  inté- 
rêts particuliers  sous  ur  autre 
motif.  —  Abréviation  d'ine  ré- 
ponse bien  connue  :  «  Vais  êtes 
orfèvre,  vionsieur  Josse?  »  faite 
par  Sganarelle  à  l'orfèvre  Josse, 


ORP 


—    25()    — 


OUI 


qui  lui  conseille  l'achat  d'un 
écrin  comme  le  seul  moyen  de 
guérir  la  mélancolie  de  sa  fille. 
(Molière,  Amour  médecin.) 

ORGUE  {terminaison  en).  V. 
Aille. 

ORGUE  (causer  sur  1')  :  Cau- 
ser sur  lui.  (Rabasse.)  Si  cette 
définition  est  exacte,  on  devrait 
écrire  largue  et  non  Vorg-ue,  car 
ce  ne  serait  que  le  mot  lui  dé- 
formé par  la  terminaison  en  or- 
gue (V.  ci-dessus).  Même  obser- 
vation pour  manger  sur  l'orgue 
(dénoncer). 

ORGUE  (jouer  de  1')  :  Ronfler. 
—  Allusion  aux  ronflements  des 
tuyaux  d'orgue.  —  «  Il  prenait 
toujours  une  stalle  sur  le  der- 
rière de  l'orchestre,  afin  de  ne 
pas  être  dérangé.  Il  s'y  installait 
commodément,  et  là  //  piquait 
son  chien,  comme  nous  disions 
au  collège;  il  cassait  sa  canne, 
comme  nous  disons  aujourd'hui  ; 
//  jouait  de  Vorgue,  comme  di- 
sent les  titis;  ou  bien  il  roupil- 
lait, selon  les  linguistes.  »  (Pri- 
vât d'Anglemont.) 

ORIENT  :  Or.  (Rabasse.)  - 
Adjonction  de  finales. 

ORLÉANS  :  Vinaigre.  (Vi- 
docq.)  Celui  d'Orléans  est  le  plus 
renommé. 

ORNIE,  ORNIGHON,  OR- 
NION,  ORNIE  DE  BALLE  : 
Poule,  poulet,  chapon,  dinde. 

ORPHELIN  :  Orfèvre.  (Vi- 
docq.)  —  Changement  de  finale. 

ORPHELIN  DE  MURAILLE  : 
Excrément  isolé.  Mot  à  mot  : 
abandonné  par  son  auteur  coniYQ 
un  mur. 


ORPHELINS  :  «  C'est  sous  ce 
nom  que  l'on  veut  dire  en  argot: 
une  bande  de  voleurs.  »  (A.  Du- 
rantin.) 

OS  :  Argent.  —  Si  l'argent  est 
le  nerf  de  la  guerre,  pourquoi 
ne  serait-il  pas  Vos  de  la  vie  ci- 
vile ?  Cette  étymologie  nous  pa- 
raît préférable  à  celles  qu'on  a 
risquées  jusqu'ici.  —  «  Dans  la 
langue  populaire  parisienne,  on 
appelle  os  le  numéraire.  »  (Mor- 
nand.) 

OSEILLE  :  Argent.  —  C'est  le 
mot  os  avec  une  terminaison  ar- 
bitraire en  eille. 

OSEILLE  (avoir  de  1')  :  Avoir 
de  l'argent.  (Rabasse.) 

OSEILLE  (la  faire  à  1')  :  Réus- 
sir un  bon  vol.  (Rabasse.)  Ne  pas 
confondre  ce  sens  avec  celui  de 
la  faire  à  l'oseille  :  tromper 
grossièrement.  V.  Faire. 

OSEILLE  (scènes  de  1')  :  «  C'est- 
à-dire,  en  argot  de  coulisses,  les 
scènes  où  les  petites  femmes  font 
leur  apparition  en  costume  plus 
ou  moins  fantaisiste.  »  (Escu- 
dier,  76.) 

OTHELLO  :  Mari  jaloux.  — 
Allusion  à  l'Othello  vénitien.  — 
«  Modifier  vos  bonnes  et  douces 
habitudes  pour  vous  métamor- 
phoser en  Othello,  c'est  vous  y 
prendre  un  peu  tard.  »  (Ed.  Le- 
moine.) 

OUICHE  :  C'est  un  oui  ironi- 
que. —  «  Croyez -vous  qu'il 
viendra  me  chercher?...  Ah  bien  ! 
ouiche!  »  (About.)  —  «  Ah  oui- 
che  !  v'ià  encore  un  beau  pleu- 
tre !»  {Le  Chirurgien  anglais, 
parade,  1774.) 


PAC 


—  260  — 


PAG 


OURS  :  «  Ancien  compagnon 
pressier.  Le  mouvement  de  va- 
et-vient  qui  ressemble  assez  à 
celui  d'un  ours  en  cage,  par  le- 
quel les  pressiers  se  portent  de 
l'encrier  à  la  presse,  leur  a  valu 
sans  doute  ce  sobriquet.  »  (Bal- 
zac.) 

OURS  :  Salle  de  police.  —  «  Je 
fus  passer  deux  jours  dans  un 
lieu  ténébreux  qu'on  appelle 
l'Ours.  »  (Souvenirs  de  Saint- 
Cyr.)  V.  Ma^aro. 

OURS  :  Pièce  qui  a  vieilli  dans 
les  cartons  d'une  direction  de 
théâtre.  Elle  ne  se  joue  que  dans 
la  belle  saison,  quand  les  théâtres 
sont  déserts.  —  Allusion  à  l'ours 
qui  dort  pendant  l'hiver  et  qui 
se  montre  pendant  l'été.  M.  Mar- 
ty-Laveaux  m'a  montré  dans  La 
Fontaine,  un  premier  germe  de 
cette  allusion.  11  est  fort  curieux  : 

Mon  opéra,  tout  simple  n'étant  sans 

spectacle, 
Qu'un  ours  qui  vient  de  naître  et  non 

encore  léché. 

(Épître  à  Mme  de  Thiange.; 

—  «  Au  théâtre  des  refusés, 
d'ours  il  fait  commerce,  j»  (Al. 
Flan.) 

OURS  (envoyer  à  1')  :  Envoyer 
promener.  Mot  à  mot  :  envoyer , 


voir  l'ours  au  Jardin  d„^s  Plan- 
tes, si  cher  aux  flâneurs. 

OURSERIE  :  Disposiiion  pro- 
aoncée  pour  la  vie  solitaire. 
«  Vous  savez  que  j'avc  s  quel- 
ques dispositions  à  l'ourserie.  » 
(Mérimée.) 

OURSON  :  Bonnet  à  poil 
d'ours.  —  «  J'allais  me  coiffer  de 
l'ourson  dévolu  aux  voliigeurs.n 
(L.  Reybaud.) 

OUTILS  :  Instruments  de  vo- 
leur. —  Ils  servent  à  son  travail. 
V.  Vague.  —  «  Je  vais  i  Niort, 
mais  mon  imbécile  avait  gardé 
son  outil.  »  (Beauvillier.) 

OUTRANCIER  :  Nom  inventé 
pour  ridiculiser  ceux  qui  vou- 
laient la  résistance  à  outrance  en 
1871  et  qui  ne  se  battaient  point. 
«  11  marchait  à  la  mort  tandis 
que  les  outranciers  se  prélas- 
saient à  la  mairie.  »  (A.  Mar- 
cade,  75.) 

OUTSIDER  :  «  Cheval  que  l'on 
considère  comme  n'ay  mt  que 
peu  ou  point  de  chance  de  ga- 
gner. »  (E.  Parent.) 

OUVRAGE  :  Vol.  (Vicocq  ) 

OUVRIER  :  Voleur,  (dem.) 

OVALE  :  Huile.  (Halbert.) 


P  (faire  le)  :  Faire    mauvaise 
mine.  (Grandval.)  V.  Pet. 

PACANT   :  Homme  de  cam- 
pagne. (Halbert.) 


PACANT:  Passant.  (Grandval.) 

PACQUELIN,  PACLIM,  PAS- 
QUELIN  :  Pays.  (Vidocq,  Hal- 
bert.) 


PAF 


—  261  — 


PAI 


PACQUELINAGE  :  Voyage. 
(Idem.) 

PACQUELINEUR,  NEUSE  : 
Voyageur,  voyageuse.  (Idem.) 

PACSIN  :  Paquet.  (Grandval.) 
—  Changement  de  finale. 

PAF  :  Eau-de-vîe.  V.'  Paffer. 

PAF  :  Locution  usitée  pour 
indiquer  une  chose  subitement 
et  promptement  arrivée,  comme 
la  chute  d'un  corps  qui  fait  paf 
en  tombant.  —  a  Voyant  ça,  paf! 
il  en  tombe  amoureux.  »  (Stop, 
75.) 

PAF  :  Ivre.  —  Abréviation  de 
Paffé.  V.  Paffer.  —  cr  Vous  avez 
été  joliment  paf  hi«r.  »  (Balzac.) 

PAFFS  :  Souliers.  (Rabasse.) 
Abréviation  de  Passif.  V.  Gouê- 
peitr,  Empaffe. 

PAFFER,  EMPAFFER  :  Eni- 
vrer. Mot  à  mot  :  remplir  de  paf. 
—  Le  paf  représentait  au  der- 
nier siècle  la  goutte  d'aujour- 
d'hui. En  voici  de  nombreux 
exemples.  —  «  Viens  plutôt  d'a- 
miiié  boire  avec  nous  trois  un 
coup  de  paffe.  »  (Vadé,  1758.)  — 
a  Voulez-vous  boire  une  goutte 
de  paf?  —  J' voulons  bien.  — 
Saint-Jean  ,  va  nous  chercher 
d'  misequierd'  rogome.  »  (L'É- 
cluse, 1756.)  —  «  Il  m*  proposit 
le  paf.  Ça  me  parlit  au  cœur  si 
bien,  que  j'y  allis...  dans  une  ta- 
bagie de  la  rue  des  Boucheries, 
où  que  j'  bure  du  ratafia  après  le 
coco.  »  (Rétif,  177e  Contemp., 
i7cS3,)  —  «  Au  milieu  de  cette 
plèba  bariolée  qui  se  paffe  de  vin 
bleu.  »  (Delvau.)  —  «  Nous  allons 
à  la  Courtllle  nous  fourrer  du  vin 
sous  le  nez,  quand  nous  som- 
mes bien  empaffés.  »  (Vidal,  33.) 


PAGNE  :  Secours  envoyé  à  un 
détenu  par  un  ami.  (Vidocq.)  — 
Abréviation  de  panier  à  provi- 
sions. 

PAILLASSE  :  Sauteur  politi- 
que. —  Allusion  à  la  chanson  de 
Béranger. 

Paillass^,  mon  ami, 
N'  saut'  pas  à  demi, 
Saute  pour  tout  le  monde,  etc. 

De  là  aussi  le  synonyme  de 
Sauteur. 

PAILLASSE  :  Ventre.  —  Les 
intestins  s'en  échappent  comme 
la  paille  d'une  paillasse.  —  «  Il 
s'est  fait  crever  la  paillasse,  il 
s'est  fait  tuer.  »  (Dhautel,  08.) 

PAILLASSE,  PAILLASSE  DE 
CORPS  DE  GARDE  :  Prostituée 
de  dernier  ordre.  Comme  les 
paillasses  de  corps  de  garde,  elle 
change  journellement  de  cou- 
cheurs. — r  «  Qu'es-tu,  toi?  lar- 
ronnesse,  paillasse  de  corps  de 
garde!  »  {Dialogues  poissards, 
xviii*  siècle.) 

PAILLASSON  :  Homme  fré- 
quentant les  paillasses.  V.  ci- 
dessus.  —  «  Quand  finirez-vous, 
libertin,  de  courir  les  catins  ? 
Encore,  ce  vieux  paillasson,  parl'- 
t-il  d'  morale  en  action  !  »  {Caté- 
chisme poissard.) 

PAILLE  :  Dentelle.  (Vidocq.) 

—  Elle  est  légère  comme  une 
paille. 

PAILLE   :  Filouterie    de   jeu. 

—  C'est  la  même  que  le  Pont.  V. 
Couper.  —  «  Cette  excavation  qui 
a  pour  résultat  de  faire  revenir 
les  cartes  dans  l'ordre  où  elles  se 
trouvaient,  a    reçu    le  nom   de 


PAL 


—  262  — 


PAN 


paille,  d'où  l'expression  couper 
dans  la  v^^'.Ile.  »  (Cavaillé.) 

^  PAILLE  AU  CUL  {avoir  la)  : 
Être  mis  à  la  réforme.  —  On  ex- 
pose, d'ordinaire,  avec  un  bou- 
chon de  paille,  les  objets  à  vendre 
isolément.  —  «  La  paille  au  cul, 
repassez  la  frontière,  cafards.  » 
(La  Paille  au  cul,  32.) 

PAILLE  DE  FER  :  Dans  le 
récit  d'un  combat,  H.  Monnier 
fait  dire   à    un  vieux   sergent  : 

—  «  A  toi,  à  moi  la  paille  de  fer.» 

—  Allusion  au  hasard  qui  expose 
chaque  combattant  à  un  coup  de 
pointe. 

PAILLER  :  Préparer  une  paille 
en  battant  les  cartes.  «  Au  bac- 
carat banque,  la  taille  substituée 
est  paillée  souvent  à  l'avance.  » 
(Cavaillé.) 

PAIN?  (Et  du)  :  As-tu  de  quoi 
manger? — Donnez  des  conseils 
à  un  malheureux  affamé,  il  vous 
ramène  à  la  question  par  ces 
trois  mots  :  Et  du  pain  ?  —  Ga- 
varni  montre  un  masque  abor- 
dant à  l'Opéra  un  domino  fe- 
melle, qui  l'attend,  binocle  à 
l'œil  :  —  «  Pus  qu'  ça  de  lor- 
gnon, dit-il.  Et  du  pain?»  —  La 
question  déchire  d'un  seul  coup 
les  faux  dehors  de  cette  élégante 
qui  n'a  peut-être  pas  dîné  pour 
acheter  des  gants. 

PAIN-LA  (Ne  pas  manger  de 
ce)  :  Se  refuser  à  vivre  d'argent 
mal  acquis. 

PAIN  ROUGE  (Manger  du)  : 
Vivre  d'assassinats.  (Halbert.) 

PALADIER,  PALLADIER  : 
Pré.  (Halbert.) 

PALETTE  :  Dent,  main.  (Co- 
lombey,) 


PALLAS  :  Boniment  ce  sal- 
timbanque. —  «  Il  salua  es  vi- 
siteurs qu'avait  attirés  la  f  irade. 
Bientôt  il  commença  sonpalias.» 
(Ghampfleury.) 

PALLAS  (faire)  :  Faire  des 
manières.  —  L'argot  parai i  s'être 
piqué  là  de  connaissances  my- 
thologiques, car  Minerve  faisait 
parfois  la  renchérie.  —  «  Vu  pré 
finira  ton  histoire,  et  là  Ion  n'y 
fait  plus  Pallas.  »  (Vidocq.) 

PALOT,  PALLOT  :  Paysan. 
(Halbert.)  C'est  un  mot  de  vieux 
français. 

PALLOTTE  :  Paysanne.  (Vi- 
docq. 

PALPER  :  Toucher  de  l'ar- 
gent. (Dhautel,  08.) 

PALPITANT  :  Cœur.  (Hal- 
bert.) —  C'est  le  cœur  ému.  V. 
Battant,  Coquer, 

PAMPINE  :  «  Et  toi  oî:  qu'  t' 
iras,  vilaine  pampine,  fiiure  à 
chien,  tête  de  singe.  »  {Diclogues 
poissards.) 

PANACHE  (faire)  :  a  Tomber 
en  passant  par-dessus  la  ête  de 
son  cheval.  »  (Paz.)  —  Mot 
imagé. 

PANA  :  «  Vieux  pana  se  dit 
d'un  homme  avare,  laid  et  âgé.  » 
(Champfîeury.)  —  Même  ttymo- 
logie  que  panas. 

PANADE  :  Sans  consi  tance, 
mou  et  délayé  comme  la  soupe 
de  ce  nom.  —  «  Notre  g  luver- 
nement  est  joliment  p.in.  de  !  » 
(Ricard.)  —  Se  prend  ausi  i  sub- 
stantivement. «  Oh  la  la!  quelle 
panade  que  ce  pauvre  eousin 
buraplas.  »  (t.  Simon.) 

PANADE   :  Objet  repoi  ssant, 


PAN 


—  263  — 


PAN 


femme  laide.  (Colombey.)  Même 
origine  quQ  panas. 

PANAMA  :  Chapeau  tressé 
avec  des  joncs  que  nos  fabriques 
vont  chercher  à  Panama.  — «  J'ai 
dû  chanter  contre  la  crinoline  et 
m'égayer  aux  frais  du  panama.  » 

PANAS  :  «  S'emploie  dans 
le  Dictionnaire  de  la  Curiosité 
avec  le  sens  de  tessons,  de  lo- 
ques, de  débris  de  toutes  sortes; 
ceux  qui  les  vendent  sont  des 
panailleux.  »  (Champfleury.)  — 
Vient  du  vieux  raoipanne  :  hail- 
lon. 

PANDORE  :  Gendarme.  — 
Nom  d'un  des  gendarmes  de  la 
fameuse  chanson  de  Nadaud.  — 
«  Il  n'y  avait  plus  à  en  douter, 
j'avais  tous  les  Pandores  de  la 
contrée  à  mes  trousses.  »  (Marx.) 

PANIER  :  Voiture  basse,  à 
caisse  d'o5/er,  à  la  mode  vers  1860. 
—  «  Ange!  tu  m'as  transporté... 
je  suis  homme  à  mettre  à  tes 
pieds  un  panier  en  pur  osier.  » 
(Les  Pieds  qui  r'muent,  64.) 

PANIER  A  SALADE  :  Voiture 
de  prisonniers.  —  «  Ce  surnor» 
vient  de  ce  que  primitivement  la 
voiture  était  à  claire-voie  de  tous 
côtés.  »  (Balzac.)  —  «  L'on  nous 
fit  entrer  vingt-quatre  dans  un 
ignoble  panier  à  salade.  »  (Che- 
nu.) 

PANIER  AUX  CROTTES  : 
Jupon.  —  Il  ramasse  la  boue. 
«  Pas  de  clarinette  pour  secouer 
le  panier  aux  crottes  des  dames.  » 
(Zola.) 

PANNE,  PANE  :  Misère,  man- 
que d'argent.  —  Du  vieux  mot 
panne:  haillon, Roquefort  donne 
pannoseux  dans  le  sens  de  cou- 


vert de  haillons,  misérable.  —  «  Il 
est  dans  la  panne  et  la  maladie.  >> 
(Ricard.)  V.  Décatir. 

PANNE  :  Se  prend  au  théâtre 
dans  un  sens  figuré.  —  «  La 
panne  est  le  mot  par  lequel  se 
désigne  au  théâtre  un  mauvais 
rôle  de  quinze  ou  vingt  lignes.  » 
(De  Jallais,  64.) 

PANNE  :  Misérable.  —  «  Ça 
marche  sur  ses  tiges,  ben  sûr! 
Pas  pus  de  braise  que  dans  mon 
œil.  Ohé!  panne!  panne!  »  (Ri- 
card.) 

PANOUFLE  :  Perruque.  (Vi- 
docq.)  —  Du  vieux  mot panufle  : 
guenille. 

PANTALON  ROUGE  :  soldat. 
«  Gervaise  lui...  demandait  si 
elle  donnait  dans  les  pantalons 
rouges.  »  (Zola.) 

PANTE,  PANTRE,  PANTI- 
NOIS,  PANTRUCHOIS  :  Pari- 
sien, et,|par  extension,  bourgeois 
bon  à  exploiter  ou  à  voler.  — 
Pante  et  Pantre  sont  des  formes 
abrégées  de  Pantinois  et  Pantru- 
chois  qui  veulent  dire  Parisiens. 
V.  Pantin.  L'étymologie  grec- 
que de  pantos  que  reproduisaient 
encore  les  journaux  de  juillet 
1876,  n'est  pas  sérieuse.  —  «  J'ai 
reniflé  des  pantes  rupins.  »  (Pail- 
let.)  V.  Lever,  Pantre,  Abouler. 

PANTHÈRE  :  Vers  1840,  il  a 
été  de  mode  d'appeler  panthères 
les  beautés  à  la  mode.  C'était, 
par  analogie,  une  race  inférieure 
à  celle  de  la  lionne,  qui  florissait 
vers  le  même  temps,  mais  elle 
était  plus  carnassière,  plus  man- 
geuse d'hommes.  —  «  Dans  les 
griffes  d'une  panthère  ou  d'une 
lionne  du  boulevard  de  Gand,  le 


PAN 


—  264.  — 


PAP 


parapluie  est  d'une  délicieuse 
coquetterie.  »  (Pliys,  du  para- 
pluie, 41.) 

PANTHÈRE  (faire  sa)  :  «  Il 
passait  tout  son  temps  à  rôder 
dans  le  faubourg,  d'un  cabaret  à 
un  autre,,  à  faire  sa  panthère, 
comme  disent  les  ouvriers  pari- 
siens, par  allusion  sans  doute  à 
ce  mouvement  de  va-et-vient 
qu'ils  voient  aux  fauves  enca- 
gés...  au  Jardin  des  Plantes.  » 
(A.  Daudet.) 

PANTIN ,  PANTRUCHE  : 
«  Pantin,  c'est  le  Paris  obscur, 
quelques-uns  disaient  le  Paris 
canaille,  mais  ce  dernier  s'ap- 
pelle, en  argot,  Pantruche.  »  (G. 
de  Nerval.)  —  Cette  définition 
manque  de  justesse.  Pantin  est 
aussi  bien  le  Paris  beau  que  le 
Paris  laid.  Et  la  preuve,  c'est 
qu'on  dit  :  dans  le  goût  de  Pan- 
tin, pour  :  élégant,  à  la  mode 
de  Paris.  V.  Pantinois.  —  Pati- 
truche  est  son  seul  péjoratif.  Il 
est  probable  que  le  peuple  a 
donné  à  Paris,  par  un  caprice 
ironique,  le  nom  d'un  village  de 
sa  banlieue  (Pantin).  V.  Pré.  ■ — 
«  Là  !  v'ià  qu'est  arrangé  dans  le 
goût  de  Pantin.  »  (Zombach.) 

PANTINOIS  :  Parisien.  (Hal- 
bert.)  V.  Pante. 

PANTOUP'LE  (et  cetera)  : 
Homme  nul,  sans  valeur  au- 
cune. —  «  L'animal  le  traitait 
alors  de  fainéant,  de  poule  mouil- 
lée et  d'et  caetera  pantoufle.  » 
(I^.  Desnoj'ers.) 

Et  cœtera  pantoufle  :  «  Quo- 
libet dont  on  se  sert  lorsqu'un 
ouvrage  pénible  et  ennuyeux 
vient  à  être  terminé.  »  (Dhau- 
tsl,  oS.j 


PANTRE  :  Dupe.  Abré/iation 
de  Pantruchois.  Y. -Pante  et  Pan- 
tin. 

P antre  argot é  :  Imbécile. 

Pantre  arnau  :  Volé  s"a perce- 
vant du  vol.  Mot  à  mot  :  pantre 
qui  renaude. 

Pantre  désargoté:  homme  dif- 
ficile à  voler.  (Halbert.) 

PANTRUCHE  :  Paris.  ^  .  Pan- 
tin. 

PANTRUCHOIS  :  Parisien.  V. 
Pante. 

PANTURNE  :  Fille  de  mau- 
vaises moeurs.  (Grandval.) 

PANUCHE  :  Femme  élégam- 
ment mise. 

PAPA  (à  la)  :  Bourgeoisement, 
sans  éclat.  —  u  Ce  sont  des  en- 
chères à  la  papa.  Tout  s'y  passe 
à  la  douce.  »  (Champfleury.) 

PAPA  (à  la)  :  Supérieurement. 

—  Le  père  est  maître  au  logis. 

On  nous  aura  r'quinqués  à  la  -«apa... 
Tu  riras  là,  mais  j'  dis  à  la  pap  j... 
Ou  sinon  d'  çà,  j' te  brosse  à  la  papa... 

[Le  Casse-Gueule,  ch.  14.) 
Il  va  nous  juger  ça  à  la  papa. 

(Désaugier>.) 

PAPELARD:  Papier. (Vi.locq.) 

—  Changement  de  finale. 

PAPIER  JOSEPH  :  Billet  de 
Banque.  (Rabasse.)  —  Aliusion 
de  consistance. 

PAPILLON  :  Blanchisseur. 
(Idem.)—  Comme  le  papillon,  il 
arrive  de  la  campagne,  et  ses  ai- 
les blanches  sont  représentées 
par  les  paquets  de  linge  qu'il 
porte  sur  l'épaule. 

PAPILLON    (vieux)    :    Vieil- 


I 


PAR 


—  265  — 


PAR 


lard  conservant  les  allures  ga- 
lantes de  la  jeunesse. 

PAPILLONNEUR  :  Voleur 
exploitant  les  voitures  des  blan- 
chisseurs qui  apportent  le  linge 
à  Paris.  (Vidocq.) 

PAQUECIN,  PAQUEMON  : 
Paquet.  —  Adjonctions  de  fina- 
les. «  Ne  faut-il  pas  que  balu- 
chons et  paquecins  disparaissent 
subitement?  Personne  n'égale  le 
cambrioleur  dans  l'art  de  démé- 
nager. »  (A.  Monnier.) 

PAQUELIN  :  Flatteur.  (Hal- 
bert.) —  C'est  patelin  avec  chan- 
gement d'une  consonne. 

PAQUELIN  :  Enfer.  (Halbert.) 
Abréviation  de  paqiielin  de  ra- 
boin  :  pays  du  diable. 

PAQUET  :  Homme  sans  va- 
leur. (Rabasse.)  —  Se  dit  aussi 
d'une  femme  sans  tournure  et 
sans  grâce. 

PAQUET  (faire  son)  :  Se  pré- 
parer à  la  mort,  au  voyage  éter- 
nel. 

D'  père  on  d'  vient  plus  tard  grand 

père,  . 

C'est  là  qu'  commence  1'  déchet  ; 
Voyant  qu'on  n'  peut  plus  rien  faire 
On  pense  à  fair'  son  paquet. 

(  L.  Audréhan.), 

PAQUETS  (faire  des)  :  Tri- 
cher en  interposant  des  cartes 
préparées  dans  son  jeu. 

PARADIS  (porter  en)  :  «  Vous 
voulez  parler  du  coup  de  poing... 
Oh!  le  beau  jeune  homme  ne 
portera  pas  cela  en  paradis!  » 
(Ricard.)  —  C'est-à-dire  :  il  me 
le  payera  avant  sa  mort.  V.  En- 
voyer. 


PARALANCE  :  Parapluie. 
(Vidocq.)  Mot  à  mot  :  pare  l'eau. 
V.  Lance. 

PARÉ  :  Prêt  à  répondre.  (Ra- 
basse.) Abrév.  de  préparé.  . 

PARISIEN  :  Homme  indisci- 
pliné et  négligent, —  «Ah!  mille 
noms!  faut-il  être  Parisien!  j'ai 
oublié  l'ampoulette!  »  {Phys.  du 
Matelot.) 

PARLEMENTARISME  :  Doc- 
trine subordonnant  tout  au  con- 
trôle parlementaire.  —  «  Le  par- 
lementarisme y  fleurit  avec  une 
splendeur  inquiétante.  »  (F.  Ma- 
gnard,  yS.) 

PARLER  PAPIER  :  Écrire, 
mot  à  mot  :  parler  sur  le  papier. 
—  «  C'est  lui  qui  parle  papier 
pour  moi  à  mon  oncle.  »  (Vi- 
dal, 33.) 

PARLOTTE  :  Lieu  où  l'on 
parle,  où  l'on  confère.  —  «  La 
Chambre  des  députés  n'est  plus 
qu'une  bavette,  un  cercle,  une 
parlotte.  »  (A.  Karr.) 

PARNASSIEN  :  Poëte.  —  Ce 
terme  paraît  moins  dû  aux  pro- 
cédés d'une  école  particulière 
qu'au  retentissementd'un  recueil 
imprimé  vers  i866  sous  le  titre 
de.  Parnasse  contemporain  ;  on  y 
trouvait  réunies  des  pièces  de 
vers  inédites  de  tous  les  poètes 
vivants.  «  Le  parnassien  se  met  à 
lire  à  Cham  deux  ou  trois  piè- 
ces. »  (P.  Véron.) 

PAROISSIEN  :  Individu.  — 
«  Que  de  paroissiens  fameux 
dont  il  ne  serait  plus  question 
par  ici,  si  un  homme  de  talent 
n'était  là  pour  leur  y  tailler  une 
couronne  de  n'importe  quoi  sur 
,  la  mémoire.  »  (Gavarni.) 


PAR 


—  266  — 


PAR 


PAROLE,    MA    PAROLE!    : 

Je  t'en  donne  ma  parole  d'hon- 
neur, je  le  jure  !  —  Abréviation. 
—  «  Tu  me  plais  !  non,  parole  ! 
écoute,  j'ai  pas  d'amant.  Veux-tu 
me  l'être?  »  (H.  Monnier.) 

ROSEMONDE. 

M'enlever,  juste  ciel  !  Tout  de  bon  ? 

ALCINDOR. 

Ma  parole! 

On  dit  de  même  ta  parole  ? 
pour  dire  :  garantirais-tu  ceci  en 
donnant  ta  parole  d'honneur?  — 
A  presque  toujours  un  sens  iro- 
nique ou  dubitatif. 

PAROLIER  :  Auteur  de  livret 
d'opéra  ou  de  romance.  —  a  Pa- 
rolier pour  chansonnettes,  il  a 
eu  l'insigne  honneur  d'être  mis 
en  musique  par  Offenbach.  » 
(E.  Blondet.) 

PARON  :  Carré,  palier.  (Co- 
lombey.) 

PAROUFLE  :  Paroisse.  (Hal- 
bert.)  —  Changement  de  finale. 

PARRAIN  :  Témoin.  —  Allu- 
sion à  la  fonction  du  parrainage. 
—  «  Des  parrains  aboulés  dans  le 
burlin  du  quart  d'œil  ont  bonni 
qu'ils  reconobraient  ma  frime 
pour  l'avoir  allumée  sur  la  pla- 
carde du  fourmilion,  au  moment 
du  grinchissage.  »  (Vidocq.) 

Parrain  :  Avocat.  V.  Bêcheur. 

Parrain  d'altèque  :  Témoin  à 
décharge.  (Id.) 

Parrain  fargueur  :  Témoin  à 
charge.  (Id.) 

Parrainage :Témo\^n2i^Q.  (Id.) 

PARTAGEUR,  PARTAGEUX: 
Communiste  croyant  à  la  possi- 


bilité du  partage  égal  d'  tous  les 

biens. 

PARTERRÎÊ  (prendre  un  bil- 
let  de):  Tomber.  — Calembour. 

PARTI  :  Endormi.  —  «  Allons, 
les  voilà  partis,  dit  Vratrin  en 
remuant  la  tête  du  pèi  e  Goriot 
et  celle  d'Eugène.  »  (Balzac.)  On 
dit  aussi  parti  pour  1 1  gloire. 
Allusion  aux  rêves  duiiormeur. 

PARTI  :  Ivre.  —  Mê  ne  allu- 
sion que  pour  lancé.  C'est  un 
degré  de  moins. 

PARTICULE  :  Se  dit  de  la 
particule  de(\u\  précède  les  noms 
aristocratiques.  —  «  C-'  maître 
d'écriture,  fou  de  la  panicule,  se 
prétendait  d'origine  noliliaire.  » 
(Néel  de  Lavigne,  5o.) 

PARTICULIER,  PARTICU- 
LIÈRE :  Bourgeois,  bo  irgeoise, 
individu  quelconque.  —  Argot 
de  l'armée. 

PARTICULIÈRE  :  Prostituée. 

—  Mot  ancien.  —  «  Tu  tes  meslé 
et  accouplé  avec  des  putains  et 
des  infâmes  particulière-;.  »  {Le 
tableau  dutyran  Ma^^arin,  1649.) 

—  «Les  mauvaises  têtes  lu  quar- 
tier, qui  tiraient  la  sav;  te  pour 
les  particulières  de  la  ri:e  d'An- 
goulême.  »  (Ricard.)  —  a  Voilà 
qu'un  mouchard  m'anène  une 
particulière  assez  gentille.  »  (Vi- 
dal, 33.) 

PARTICULIÈRE  :   Maîtresse. 

—  «  Ce  terme,  si  trivial  ^n  appa- 
rence, appartient  à  la  galanterie 
raffinée  et  remonte  aux  bergers 
du  Lignon.  On  lit  à  cha  ]ue  ins- 
tant dans  l'Astrée  :  Pcirticula- 
riser  une  dame,  en  faire  sa  par- 
ticulière dame,  pour  lui  adresser 
ses  hommages.  »  (Mi.rty-La- 
veaux.) 


PAS  -  267  -  PAS 

PASSANT  :  Soulier.  —  Il  sert 
à  faire  des  pas.  —  «  Les  passants 


PARTIE  :  Représentation  dra- 
matique exceptionnelle  où  figu- 
rent des  artistes  amateurs.  — 
«  Santiquet  monta  une  partie  au 
théâtre  Chantereine.  »  (De  Boi- 
gne,  57.)  V.  Monter. 

^  PARTIES  (fille  à)  :  «  La  fille 
à  parties  n'est  qu'une  prostituée 
en  carte  ou  isolée,  mais  avec 
plus  de  formes...  elle  se  fait  sui- 
vre par  sa  tournure  élégante  ou 
par  un  coup  d'oeil  furtif...  »  (F. 
Béraud.)  La  maison  où  aboutit 
la  rencontre,  se  nomme  maison 
à  parties  ou  maison  de  passe. 
L'acte  des  clientes  est  qualifié  de 
passe  ou  passade.  Le  terme  re- 
monte au  xvm®  siècle. 

PARTIES  CHARNUES  :  Der- 
rière. —  C'est  la  partie  la  plus 
charnue  du  corps.  V.  Postérieur. 

PAS  (n'être  pas  rien,  n'être)  : 
Négation  ironiquementemployée 
comme  affirmation  :  —  «  Ernest: 
Avec  qui  que  tu  veux  que  je  soye 
donc?  Eupène  :  Merci,  tu  n'es 
pas  rageur.  »  (Monselet.)  —  On 
dit  de  même  :  Il  n'est  pas  rien 
chien,  pour  il  est  avare;  —  // 
n'est  rien  dégoûté,  pour  il  est 
difficile. 

PAS  GRAND'CHOSE  :  Per- 
sonne de  médiocre  vertu. —  «  Tu 
as  filé  avec  ta  pas  grand'chose.  » 
(P.  de  Kock.)  . 

PASQUELIN,  PACLIN  :  Pays. 
(Halbert.) 

PASQUINER  LA  MALTOU- 
SE  :  Faire  la  contrebande.  (Hal- 
bert.) 

PASSACAILLER  :  Se  faufiler 
avant  les  autres,  supplanter.  (Vi- 
docq.) 


rompus  et  la  lyme trouée.  »  {Vie 
de  saint  Christofle,  Grenoble, 
i53o.), 

PASSE.  V.  Parties  (fille  à). 

PASSE  :  Secours.  —  «  Deman- 
der la  passe,  c'est  demander  un 
secours  aux  ouvriers  où  l'on 
passe.  »  (Moisand,  41.) 

PASSE  :  Guillotine.  V.  Ger- 
ber.  —  Allusion  à  la  passe  de  la 
fatale  lunette. 

PASSE  (faire  une)  :  Se  pros- 
tituer. V.  Parties, 

PASSE  (gerber  à  la)  :  Con- 
damner à  la  guillotine.  V.  Ger- 
ber. 

PASSE -CRIGK 
(Vidocq.) 

PASSE-LACET  :  Fille  publi- 
que.  (Vidocq.) 

PASSE-LANCE 
docq.)  V.  Lance, 
passe-eau. 

PASSE-PASSE 
joueurs  ;  elle  consiste  à  passer 
une  carte.  —  «  Plus  tard,  il  de- 
viendra grec,  étudiera  les  passe- 
passe,  se  servira  de  la  tabatière 
d'or  poli  pour  voir  le  jeu  de  son 
partenaire,  »  (Almanach  des  Dé- 
biteurs, i85i.) 

PASSE-PASSE  (joueur  de)  : 
Filou.  V.  ci-dessus.  Du  temps 
de  Rabelais  jouer  de  passe-passe, 
signifiait  déjà  voler.  —  «Qui  des- 
robe, ravist  et  joue  de  passe- 
passe.  »  {Pantagruel,  liv.  3,  ch. 

XVIII.) 

PASSE-SINGE  :  Roué,  hom- 
me dépassant  un  singe  en  malice. 


Passeport. 


:  Bateau.  (Vi- 
Mot  à   mot  : 


Flouerie  de 


PAS 


—  26S  - 


PAS 


PASSER  AU  BLEU  :  S'effacer,  ' 
disparaître.  —  On  sait  quel  rôle 
le  bleu  joue  dans  le  blanchis- 
sage. —  «  Le  pont  rouge  est  passé 
au  bleu...  bien  et  dûment  écrou- 
lé. »  (De  Charny.)  —  u.  Plus  d'un 
jaunet  passe  au  bleu.  »  (Jouvet.) 
V.  Laver,  Nettoyer,  Lessiver. 

PASSER  AU  DIXIÈME  :  De- 
venir fDu.  —  Terme  usité  parmi 
les  officiers  d'armes  spéciales. 
Frappés  du  nombre  de  cama- 
rades que  leur  enlevaient  des  at- 
teintes d'aliénation  mentale,  ils 
disent  :  H  est  passé  au  dixiè- 
me (  régiment  ),  pour  montrer 
combien  ils  sont  décimés  par  des 
pertes,  sur  lesquelles  l'étude  des 
sciences  ne  serait  pas,  dit-on, 
sans  influence.  —  «  L'officier  du 
génie  passe  souvent  au  dixième.» 
(  Vie  parisienne,  67.) 

PASSER  DE  BELLE  (se)  :  Ne 
pas  recevoir  sa  part  de  vol.  (Vi- 
docq.) 

PASSER  DOUCE  (se  la)  :  Vivre 
sans  souci. 

PASSER  DU  VIN  en  contre- 
bande :  S'enivrer  hors  barrière  et 
rentrer  plein  comme  un  baril. 

PASSER  L'ARME  A  GAU- 
CHE :  Mourir,  militairement 
parlant.  Aux  enterrements,  le 
soldat  passe  l'arme  sous  le  bras 
gauche.  —  «  Toute  la  famille  a 
passé  l'arme  à  gauche.  »  (La- 
croix, 32.) 

PASSER  LA  JAMBE  :  Donner 
un  croc-en-jambe,  et,  par  exten- 
sion, renverser.  —  «  Son  ennemi 
roulait  à  ses  pieds,  car  il  venait 
de  lui  passer  la  jambe.  »  (Vidal.) 

PASSER  LA  JAMBE  A  THO- 
MAS :  Être  de  corvée  à  la  ca- 


serne pour  l'enlèvement  des  go- 
guenots.  —  Allusion  à  l'action 
de  les  renverser  dans  les  latri- 
nes. 

C'est  un  vrai  velours  que  la  :;outte 
Pour  les  débiles  estomacs, 
Surtout  si  cela  te  dégoûte 
De  passer  la  jambe  à  Thomas. 

(Raoul  Fauvel.) 

PASSER  LA  MAIN  :  Céder  son 
tour.  Terme  de  joueur  pris  au 
tiguré.  «  Nous  passons  aujour- 
d'hui la  main  à  deux  de  nos 
amis  qui  s'entendent  à  parler.  » 
{Tam-Tam,  76.) 

PASSER  LA  RAMPE  (ne 
point)  :  ((  Les  comédies  en  vers 
et  les  '  comédies  morales  sont 
destinées  à  ne  point  ]  asser  la 
rampe,  c'est-à-dire  à  ne  j^oint  en- 
trer dans  l'esprit  du  public.  » 
(J.  Duflot.) 

PASSER  SOUS  LA  PORTE- 
SAINT -DKNIS  (ne  po avoir)  : 
Être  trompé  par  sa  feiime.  — 
Allusion  à  la  hauteur  les  cor- 
nes symboliques  du  coc  lage.  — 
«  Quelque  méchante  bêre  affec- 
tait en  sa  présence  de  dire  qu'il 
ne  pouvait  plus  passer  sous  la 
Porte  Saint-Denis.  »  (Zol  i.) 

PASSIER,  PASSIF,  PASSI- 
FLE  :  Soulier.  Formes  diverses 
de  passant.  V.  Merlin. 

PASSIFLEUR  :  Cordonnier. 

PASSIONS  (homme,  femme 
à)  :  «  Vous  êtes  trop  jeune  pour 
bien  connaître  Paris  ;  vc  us  sau- 
rez plus  tard  qu'il  s'y  rencontre 
ce  que  nous  nommons  djs  hom- 
mes à  passions.  Ces  gens-là  n'ont 
soif  que  d'une  certaine  eau  prise 
à  une  certaine  fontaine  et  sou- 


PAT 

rent  croupie.   »    (Balzac,  Père 

Goriot.) 

PASTILLE   :  «  En  implorant 

une   pièce  de  5o  centimes,    une 

pastille,  une  belette,  une  pepette 

I  comme  ils  disent  dans  leur  ar- 

\  got.  »  (Gavaillé.)  —  Allusion  de 

i  forme. 


PASTIQUER  :  Passer.  — 
Changement  de  finale.  V.  Aba- 
\dis. 

PASTIQUER  LA  MALTOU- 
SE  :  Passer  de  la  contrebande. 

PATAFIOLER  :  Écraser.  — 
«  Aux  gardes  du  commerce  !... 
iQue  le  bon  Dieu  les  patafiole  !...» 
î(Gavarni.)  —  Mot  provençal. 

PATAPOUF  :  Gros  homme 
itoujours  essoufflé.  —  Onoma- 
topée. —  «  Chaque  fois  que  j'al- 
Mais  chez  ce  gros  patapouf  de 
M.  Frontboisé...»  (L.  Bienvenu.) 

PATARD  :  Monnaie  de  billon. 

—  En  1808,  on  donnait  ce  nom 
à  un  gros  sou  double.  (V.  Dhau- 
tel.)  Le  patar  était  une  mon- 
naie flamande  qui  valait  un  sou 

tau  xv«  siècle.  V.  Du  Cange. 

PATE  (la)  ;  Lime.  (Grandval.) 

—  Sans  doute  pour  patte.  La 
•lime  griffe  le  fer  comme  la  patte 
.griffe  la  peau. 

PÂTÉE  :  Correction.  —  «  Il 
avait  voulu  manger  un  grand 
gaillard.  Aussi  a-t-il  reçu  une 
,  pâtée.  »  (Delagny,  les  Souteneurs, 
1861.) 

PATENTE  :  Papier  de  sûreté. 
(Rabasse.) 

PATENTE  :  «  C'était  une  de 
ces  casquettes  molles  rabattant 
sur  le  nez  qui  font  aux  soute- 
neurs de  barrières  une  coiffure 


169  —  PAT 

si  caractéristique.  Comme  elle 
n'est  portée  que  par  eux,  elle  est 
en  quelque  sorte  la  patente  de 
leur  ignoble  métier.  »  (P.  Par- 
fait, 72.) 

PATIRAS,  PATITO  :  Souffre- 
douleur,  homme  qui  pâtit.  —  Le 
second  mot  est  italien.  Le  pre- 
mier semble  le  futur  du  verbe 
pâtir.  —  «  Moi  qui  tout  à  l'heure 
étais  le  pâtiras  de  tout  le  mon- 
de. »  (E.  Sue.)  —  «  Le  professeur 
se  traîne  dans  les  fers  de  la  si- 
gnora,  grevé  des  servitudes  d'un 
patito.  »  (Heine.) 

PATISSIER  (sale)  :  Homme 
malpropre ,  tripoteur  d'affaires 
véreuses.  V.  Boulette. 

PATOCHE  :  Main.  Péjoratif 
de  patte.  —  «  Retire  tes  pato- 
ches,  colle-moi  ça  dans  un  ti- 
roir. »  (Zola.) 

PATRAQUE  :  Patrouille.  (Vi- 
docq.)  —  Changement  de  finale 
qui  a  pu  être  un  jeu  de  mots. 
Les  anciennes  patrouilles  mar- 
chaient aussi  mal  qu'une  pa- 
traque. V.  Moucharde.  —  Se  dit 
par  extension  d'une  administra- 
tion mal  organisée. 

PATRON-MINETTE  :  Asso- 
ciation de  bandits. 

PATRONET  :  Apprenti  pâtis- 
sier. —  «  Le  matin  il  faut  que  le 
petit  patronat  soit  debout  pour 
aller  à  la  halle  avec  son  maître.» 
(Vinçard.) 

PATROUILLE  (en)  :  En  train 
de  se  griser,  s'arrêtant  de  mar- 
chand de  vins  en  marchand  de 
vins,  comme  la  patrouille  s'ar- 
rête de  poste  en  poste.  —  a  Qua- 
tre jours  en  patrouille,  pour  dire 


PAV 


-  270 


PAY 


en  folies  bachiques.  »  {Cabarets 
de  Paris,  21.) 

PATROUILLER  :  Faire  pa- 
trouille. —  ((  En  ma  qualité  de 
caporal  postiche  de  voltigeurs, 
j'ai  passé  la  nuit  à  patrouiller.  » 
(Festeau.) 

PATROUILLER  :  Manier,  pa- 
tiner. Mot  à  mot  :  rouler  dans 
ses  pattes.  —  «  Mais  c'est  vrai, 
tiens!  ça  vous  patrouille  c'te 
marchandise,  et  puis  ça  part.  » 
(Vadé,  1 788.) 

PATTE  :  Habileté  de  main.— 
«  Mal  dessiné,  mais  beaucoup  de 
chic.  —  Oui,  il  a  de  la  patte.  » 
(L.  de  Neuville.) 

PATTE  :  Pied,  main.  —  Se 
trouve  déjà  dans  le  Testament 
de  Villon.  —  a  On  en  voit  qui  se 
faufilent  dans  des  omnibus.  Le 
reste  s'en  retourne  à  pattes,  hon- 
teusement. »  (Alb.  Second.) 

PATTE  (coup  de)  :  Propos 
méchant. 

PATTES  DE  MOUCHE  :  Écri- 
ture très-fine,  —  «  Et  l'écriture, 
il  écrit  avec  des  petites  pattes  de 
mouche  bien  agréables.  »  (Fes- 
teau.) 

PATURON  :  Pied,  pas.  (Hal- 
bert.)  —  Animalisme.  V.  Flacul, 
Rebâtir. 

PAUMER  :  Perdre.  —  «  Je  ne 
roupille  que  poitou  ;  je  paumerai 
la  sorbonne  si  ton  palpitant  ne 
fade  pas  les  sentiments  du 
mien.»  (Vidocq.)  V.  Marron. 

PAVÉ  :  Éloge  maladroit.  — 
Allusion  au  pavé  de  la  fable.  — 
«  C'était  un  journal  pavé  de 
bonnes  intentions  ;  mais  on  y 
rencontrait  plus  de  pavés  encore 


que  de  bonnes  intentions.  »  (A 
Second.) 

PAVÉ  (c'est  tout)  :  Ironique- 
ment pour  dire  :  C'ust  très-loir 
d'ici,  mais  la  route  est  bonne! 

PAVÉ  DE  BONNES  INTEN- 
TIONS :  Se  dit  ire  niquemen 
d'une  maladresse  commise  avec 
de  bonnes  intentions.  —  «  On  i 
aussi  chanté  un  hymae  A  ceuA 
qui  sont  morts  pour  !a  France 
pavé  de  patriotisme  et  de  bonne; 
intentions.  »  {Monitiur,  juillei 
72.) 

PAVILLON  :  Perse  nne  à  têtt 
folle,  dont  les  idées  flottent  i 
tous  les  vents  comi  le  Tétoffe 
d'un  pavillon. 

PAVILLONNER  :  Faire  de? 
folies,  déraisonner.  —  «  On  ren- 
quillera  dans  la  taule  à  mesigut 
pour  refaiter  gourdem  ^nt,  et  che- 
numentpavillonner,  ctpicterdv 
pavois  sans  lance.  »  (Vidocq.) 

PAVOIS  :  Fou.  (Lalberi.)- 
Mot  à  mot  :  pavoisé.  A  Uusion  ai; 
navire  qui  se  pavoise  en  multi- 
pliant ses  pavillons.  C  r  Pavillor 
veut  dire  en  argot  un  }  eu  fou. 

PAVOIS  :  Gris.  (Ri  basse.)  - 
«  Être  pavois,  c'est  et  e  dans  la 
vigne  du  Seigneur,  da  is  toute  U 
joie  de  Bacchus.  »  (Gh.  Coligny.] 

PAVOISER  (se)  :  Faire  toi- 
lette. —  Terme  de  n  arine.  V. 
Astiquer. 

PAYER  (tu  vas  me  1  :)  :  Se  dit 
en  plaisantant,  à  quelqu'un  qu 
vient  de  faire  ou  diu  quelque 
chose  d'exceptionnel.  3n  ajoute 
souvent  Aglaé,  sans  Joute  pai 
allusion  à  quelque  ch  mson  po- 
pulaire. —  a  Tu  vas  mi  lepr.yer^ 


PEA 


—   27f    ~ 


PÈG 


Aglaé,  est  un  mot  qui  touche  à 
certains  côtés  intimes  de  la  vie 
parisienne.  »  (Mané,  63.) 

PAYER  (se)  :  Se  passer  la  fan- 
taisie de.  —  «  Cette  liaison  est  la 
seule  toquade  sérieuse  qu'il  se 
soit  payée.  »  {Vie parisienne,  66.) 

PAYER  :  Rosser  d'impor- 
tance. —  {Almanach  des  Débi- 
teurs, 5 1.) 

PAYOL  :  «  Forçat  employé 
aux  vivres  ou  à  la  comptabilité.» 
(M.  Christophe.) 

PÉ  (ily  a  du):  Y.  Pet. 

PEAU  :  Laide  ou  vieille  pros- 
tituée. —  En  provençal,  s'appelle 
aussi  peou  :  peau.  On  dit  sou- 
vent aussi  peau  de  chien.  —  a  Est- 
ce  que  je  la  connais,  moi,  cette 
peau.  »  (Zola.) 

PEAU  (être  dans  la)  :  Être  à  la 
place.  —  a  Je  ne  voudrais  pas 
être  dans  la  peau  du  suborneur.» 
(Gavarni.) 

PEAU  (être  en)  :  Être  en  robe 
décolletée,  mot  à  mot  montrer  sa 
peau.  —  «  L'autre  soir  elle  se 
préparait  à  se  rendre  à  un  dîner 
décolletée,  tout  en  peau,  comme 
on  dit  aujourd'hui.  »  {Figaro, 
75.) 

PEAU  DE  BALLE  (faire)  :  N'a- 
voir  rien  découvert.  (Rabasse.) 

PEAU  COURTE  (avoir  la)  : 
Péter.  (Delvau.)  —  Comparai- 
son du  ventre  distendu  par  des 
vents  à  une  peau  trop  courte 
éclatant  avec  bruit. 

PEAU  FINE  :  Jeune  homme 
coquet,  efféminé. 

PEAU  DE  LAPIN  ;  «  Les  mê- 


mes industriels  font  le  soir  la 
peau  de  lapin.  On  appelle  ainsi, 
en  argot,  le  commerce  des  con- 
tre-marques de  théâtre.  »  (A. 
d'Aunay.) 

PEAUSSER  (se)  :  Se  déguiser. 
Mot  à  mot  :  se  cacher  dans  la 
peau  de.  —  «  Je  vais  me  peausser 
en  gendarme.  »  (Balzac.) 

PÉCUNE  :  Argent.  —  Vieux 
mot. 

PÉDÉ,  PÉDÉRO  :  —  Abrévia- 
tion d& pédéraste.  V.  Etre  (en). 

PÉDESOUILLE  :  Paysan.  (Ra- 
basse.) Moi  à  mot  :  pied  crotté, 
pied  souillé.  —  «  Il  s'emballa  au 
point  de  traiter  Coupeau  de  ped- 
zouille.  »  (Zola.) 

PÉGOCE  :  Pou.  (Halbert.)  — 
Vient  du  vieux  mot  pegous  qui 
signifiait  tenace. 

PÉGOSSIER  :  Pouilleux.  — 
«  Et  le  Grand  -  Saint  •Nicola'^, 
l'estaminet  des  pégossiers.  »  (Pri- 
vât d'Anglemont.) 

PÈGRE  :  Caste  de  voleurs. 
Elle  se  divise  en  haute  et  basse 
pègre.  —  «  La  haute  pègre  est 
l'association  des  voleurs  les  plus 
anciens  et  les  plus  exercés  ;  ils 
ne  commettent  que  de  gros  vols 
et  méprisent  les  voleurs  ordi- 
naires qui  sont  appelés  dérisoi- 
rement  pégriots,  chiff'onniers , 
pègres  à  tnarteau  ou  blavimstes, 
par  un  pègre  de  la  haute.  »  (Vi- 
docq.) —  «  Des  Paganini  de  ruis- 
seau, des  domestiques  qui  ne 
cherchent  pas  de  place,  des  sol- 
dats en  bordée,  des  grinches  de 
la  petite  pègre.  »  (Privât  d'An- 
glemont.) 
PÈGRE  :  Voleur.  —  «  Un  jour 


PEI  -    2 

à  la  Croix-Rouge,  nous  étions 
dix  à  douze,  tous  pègres  de  re- 
nom. »  (Vidocq.)  V.  Esgourne. 

PÉGRENNE  :  Faim,  misère. 

PÉGRENNER  :  Faire  maigre 
chère.  V.  Bâchasse. 

PÉGRIOT  :  Voleur  maladroit 
ou  malheureux.  —  «  Quiconque 
ne  se  fait  pas  un  nom  dans  la 
caste  criminelle  qu'il  s'est  choisie 
est  MTV  pé griot  de  la  basse  pègre.» 
(A.  Monnier.) 

PÉGRIOT  :  «  Apprenti  voleur 
se  faisant  la  main  aux  étalages.» 
(Canler.)  V.  Boucarnier,  Pègre. 

PÉGRIOT  (brûler  le)  :  Effacer 
la  trace  d'un  vol.  (Halbert.) 

PEIGNE  :  Clef.  (Vidocq.)  — 
Le  mot  doit  être  imagé  et  ancien, 
car  les  clefs  du  moyen  âge  affec- 
tent souvent  la  forme  d'un  pei- 
gne. 

PEIGNÉE  :  Lutte  dans  la- 
quelle on  s'empoigne  aux  che- 
veux, et,  par  extension,  combat. 
—  «  Là-dessus ,  elles  commen- 
cent à  se  repasser  une  peignée 
des  mieux  administrées,  se  ros- 
sant comme  deux  enragées.  » 
(Vidal,  33.) 

PEINTRE  :  Balayeur.  —  Al- 
lusion au  balai  ou  pinceau  dont 
il  est  armé.  V.  Pinceau. 

PEINTURE  (ne  pouvoir  voir 
en)  :  Détester  quelqu'un  au  point 
de  ne  pouvoir  souftrir  son  image. 

PEINTURLURER  :  Peindre 
grossièrement. 

PÉKIN  :  «  On  nomme  Pékin 
tout  ce  qui  n'est  pas  militaire, 
comme  nous  appelons  militaire 
tout  ce  qui  n'est  pas  civil.  »  (Tal- 


'2  ~  PEL 

leyrand.)  —  Ce  doit  être  une 
forme  du  mot  péchin  qui  signifie 
Qx\coTQ petit  dans  le  Midi.  Pour 
les  gens  de  .guerre  d'aiitrefois, 
les  bourgeois  étaient  de  petites 
gens. 

Dans  la  bouche  du  militaire, 
je  suis  pékin  veut  dire  aussi  je 
suis  dégagé  de  toute  obligation. 
Un  élève  sortant  de  Saint-Cyrse 
dit  pékin  de  bahut.  —  «  Le  Saint- 
Cyrien  abandonne  avec  joie  cette 
école...  il  est  pékin  de  bahut.  » 
(Lubet.) 

PÉLAGO  :  Prison  de  Sainte- 
Pélagie.  (Colombey.)  —  Chan- 
gement de  finale. 

PÈLERIN  :  Se  dit  de  tout 
homme  déterminé  à  une  entre- 
prise. —  ((  J'embusque  nés  pè- 
lerins et  nous  tombons  sur  la 
cavalerie.»  (Général  Christophe, 
Lettres  f  12.) 

PELLARD    :   Foin.  (Vidocq.) 

—  Diminutif  du  vieux  mol pel  : 
poil.  L'herbe  est  le  poi'  de  la 
terre.  Nous  disons  encore  pC" 
louse. 

PELLE  :  Chemin.  (Idem.) 

^  PELLE  AU  CUL  (recevoir  la): 
Etre  mis  violemment  à  la  porte. 

—  «  Retrais-toy...  ains  qu'on  te 
frappe  au  cul  la  pelle.  »  (Villon, 
1456.) 

PELLO  (n'avoir  pas  un)  :  N'a- 
voir pas  un  sou.  (Rabasse.) 

PELOTAGE  :  Flatterie. 

PELOTAGE  :  Caresse.  — «Pas 
de  pelotage!  Guillotine/ -moi, 
mais  ne  me  flétrissez  pas.  »  {Le 
dernier  jour  d'un  condamné.) 

PELOTAGE  (avoir  du)  ;  Avoir 
des  appas  rebondis. 


PÉL 


*-    27J    — 


PER 


PELOTE  :  Bourse.  (Grand- 
val.)  —  II  s'agit  sans  doute  ici 
de  la  bourse  pleine. 

PELOTER  :  Caresser.  -  «  La 
fière  crevette  outrée...  défiait  La- 
tygne  de  la  peloter  ainsi.  »  (Mi- 
chu.) 

Vive  la  pomme  et  les  pommiers  ! 

Leur  aspect  seul  nous  ravigote. 

L'on  doit  baiser  les  deux  premiers, 

Avec  les  seconds  l'on  pelote. 
(Mémoires  de  Bachaumont,  19  fé- 
vrier 1779.  Les  Pommes  j  versa 
Mme  la  Comtesse  de  P.) 

PELOTER  :  Flatter  avec  in- 
tention. Acceptation  finale  du 
mot  précédent.  — «  Il  ne  blaguait 
plus  le  sergent  de  ville  en  l'ap- 
pelant Badingue...  Il  paraissait 
surtout  estimer  Virginie...  C'é- 
tait visible,  illes  pelotait.»  (Zola.) 

PELOTER  :  Battre.  Mot  à 
mot  :  rouler  comme  une  pelote. 

—  «  Partout,  l'on  se  colleté  et  on 
se  pelote.  »  (Mahalin,  67.)  — 
«  Aussi,  comme  on  les  pelotait  ! 
On  inventait  des  bottes  exprès 
pour  eux.  »  (De  Villemessant.) 

PELOTEUR  :  Flatteur.  —  a  Se 
montrer  rampant,  peloteur  et 
bêta.  »  (Wado.) 

PELOUET,  PELOUETTE  : 
Loup,  louve.  (Halbert.)  —  Dimi- 
nutif avec  transposition  du  p 
final. 

PELURE  :  Vêtement  de  drap. 

—  Vieux  mot.  Pelisse,  son 
synonyme,  est  resté  dans  la  lan- 
gue. —  «  Garde  une  de  tes  belles 
pelures.  »  (Balzac.)  V.  Épates, 
Frusques,  Nettoyer,  Renversant. 

PENDANTE  :  Boucle  d'oreille. 
(Vidocq.) —  Elle  pend  à  l'oreille. 

PENDANTE  :  Chaîne  de  mon- 


tre. (Grandval.)  —  Elle  pend  au 
gilet. 

PENDU  GLACÉ  :  Réverbère. 
(Vidocq.)  —  Allusion  à  la  sus- 
pension et  au  vitrage  de  l'ancien 
réverbère.  V.  Glacière. 

PENNE  :  Clef.  (Vidocq.)  — 
Forme  de  peigne.  V.  ce  mot. 

PENSUM  :  Sergent  de  ville. 
Mot  à  mot  :  pince-hommes.  — 
Ce  calembour  sort  évidemment 
du  collège. 

PENTE  :  Poire.  (Halbert.) 

PENTE  (avoir  une)  :  Etre  ivre 
à  trébucher  sur  un  terrain  plat 
comme  sur  une  pente. 

PÉPÉE  :  Poupée.  —  Redou- 
blement de  la  seconde  syllabe. — 
«  Ah  !  ma  jolie  pépée,  une  mor- 
veuse qu'on  aurait  dû  encore 
moucher.  »  (Zola.) 

PEPETTE  :  Pièce  de  5o  cen- 
times. Corruption  de  piécette.  V. 
Pastille. 

PÉPIN  :  Vieux  parapluie.  — 
Allusion  au  parapluie  que  por- 
tait toujours  Pépin,  l'un  des  ac- 
cusés du  procès  Fieschi.  —  «  Ne 
pas  avoir  le  plus  piètre  rifflard, 
la  plus  hideuse  mauve,  le  plus 
méchant  pépin  à  lui  donner!  » 
{Phys.  du  parapluie,  41.) 

PÉQUIN  :  Bourgeois.  V.  Pé- 
kin. 

PERCHE  (tendre  la)  :  Tirer 
quelqu'un  d'embarras,  comme 
si  on  tendait  une  perche  à  un 
homme  en  danger  de  se  noyer. 
—  «  Le  souffleur  aide  l'acteur 
tremblant,  il  tend  la  perche  aux 
faibles.  »  (J.  Duflot.)  V.  Lâcher. 

PERCHER  :  Loger.  —  Allu- 


PER  -  2 

sion  à  la  multiplicité  et  à  la  hau- 
teur des  étages  parisiens.—  a  Où 
perches-tu,  petit?  fit  le  réaliste 
au  novice.  »  (Michu.) 

PÈRE  FRAPPART  :  Marteau. 
—  Calembour. 

PERFORMANCES  :  «  L'en- 
semble des  résultats  heureux  ou 
malheureux  obtenus  sur  le  turf 
par  un  cheval.  »  (E.  Parent.)  — 
Anglicanisme. 

PERFORMER  :  a  Un  bon  ou 
mauvais  performer  est  tout  sim- 
plement un  cheval  dont  les  per- 
formances sont  bonnes  ou  mau- 
vaises. »  (Id.) 

PERPETTE  (à)  :  Condamné  à 
perpétuité.  V.  Longe. 

PERPIGNAN  (un)  :  Manche 
de  fouet.  —  «  De  Perpignan 
vient  le  manche  de  fouet  flexible 
qu'on  appelle  un  perpignan.  » 
(Le  Héricher,  64.) 

PERROQUET  (étouffer,  étran- 
gler, plumer,  asphyxier  un)  : 
Boire  un  verre  d'absinthe.  — 
Allusion  à  la  couleur  verte  du 
liquide  qui  teinte  le  verre  dont 
la  main  du  buveur  étrangle  le 
cou.  Le  perroquet  est  ordinaire- 
ment de  cette  couleur.  —  «  Étouf- 
fer un  perroquet  :  cette  locution 
signitie,  dans  le  langage  des  ate- 
liers, prendre  un  verre  d'absin- 
the. »  (Marc-Bayeux.)  —  «  Quel- 
ques vieux  absinthiers  préfèrent 
courir  le  risque  de  plumer  un 
perroquet  de  plus.  »  {Vie  pari- 
sienne, (jb.)  V.  Étrangler, 

PERRUQUE  :  Suranné,  com- 
me les  grandes  perruques  du 
vieux  temps.  —  «  C'est  Grétry 
ressuscité  et  avec  moins  de  peti- 
tesse dans  la  manière.  Sa  musi- 


4  — 


PES 


que  est  aussi  un  peu  perruque^ 
qu'on  me  passe  ce  terme  de  cou- 
lisse, qui  est  si  pittoresque.  » 
(QqjIq,  Rome  en  181 7;  Paris,  27.) 
—  a  C'est  plus  q\iQ  faux  toupet, 
c'est  empire,  c'est  perruq  ue,  c'est 
rococo,  c'est  Pompadour.  »  (Th. 
Gautier,  33.) 

PERSIGNER  :  Enfoncer.  (Ra- 
basse).  C'est  percer  avec  allon- 
gement de  finale. 

PERSIL,  PERSIL  EN  FLEUR  : 
Commerce  de  prostitutioa.  (Hal- 
bert.) 

PERSIL  (mesdames  dui  :  Nom 
ironique  donné  à  Taris  ocratie 
galante  qui  se  fait  voitur^r  cha- 
que jour  au  bois,  sur  b  bord 
du  lac. 

PERSILLER,  CUEILLIR  DU 
PERSIL,  FAIRE  SON  PIZRSIL, 
ALLER  AU  PERSIL  :  Raccro- 
cher le  passant.  (Halbe-t.)  — 
«  Elles  explorent  les  boubvards, 
persillent  dans  les  squares  nou- 
veaux, dans  l'espoir  d'y  rencon- 
trer des  miches  sérieux.  »  (Ly- 
nol.) 

PERSILLEUSE.  V.  Être  (en). 

PERSILLÉ  :  Émaillé,  garni. 
V.  Zing, 

PERTE  DE  VUE  (à)  :  A  per* 
pétuité.  (Rabasse.) 

PESCILLER  :  Prendre.  Y.Ser- 
vir.  Criblage. 

PÈSE  (avoir  du)  :  Av  )ir  de 
l'argent.  (Rabasse.)  Forme  de 
p'e^ie.    . 

PESSIGNER  :  Recevoir.  (Ra- 
basse.)—  «  Je  te  raccorde  p  u-  une 
lazagne  du  truc  dont  les  irtou- 
pans  nous  ont  pessignés.  »  (Ra- 
basse.) 


PET 


—  27:)  — 


PET 


F£T  (il  y   a  du)  :  Il  y  a  du  ^ 
I  danger,    la  police    est    proche. 
I  (Dictionnaire     d'argot,   44.)    — 
Faire  le  pet   :    Faire  mauvaise 
mine.  (Grand val,  1727.)   —  Les 
vocabulaires  que  nous  venons  de 
citer  donnent  P  et  non  Pet.  Cette 
dernière  leçon  a  l'avantage  d'être 
,  plus  conforme   à  la  prononcia- 
I  tion  et  d'offrir  un  sens.  Il  y  a 
I  du  pet  serait  un  synonyme  de   : 
[Ça  sent  mauvais,  qui  a  le  même 
[sens.  Péter  veut  dire  d'autre  part 
se  plaindre  en  justice.  —  Il  est 
enfin   à   remarquer  que  les  éco- 
liers emploient  une  exclamation 
analogue  {Vesse)  pour  annoncer 
l'apparition  d'un  surveillant. 

PETARD,  PÉTEUX  :  Der- 
rière.—  On  entend  de  reste  l'éty- 
mologie  de  ce  bruyant  syno- 
nyme. —  ce  Sur  son  péteux,  v'ià 
que  je  l'étalé.  »  {Le  Casse-Gueule, 
41.) —  «  Elle  agirait  prudem- 
ment en  mettant  sa  fessée  sous 
verre...  Et  ce  ne  serait  pas  long, 
elle  pouvait  apprêter  son  pé- 
tard. »  (Zola.) 

PÉTARD  :  Haricot.  (Vidocq.) 
—  Effet  pris  pour  la  cause. 

PÉTARD  :  Soufflet.  —  Allu- 
sion à  son  bruit.  —  a  Si  tu  n'  te 
tais,  je  t'allonge  un  pétard  sur 
ton  vilain  masque.  »  {Dialogues 
poissards,  xvin»  siècle.) 

PÉTARD  (faire  du)  :  Faire  un 
éclat. 

Que  j'suis  bête  ..,  j'en  pleure... 
Mais  d'vant  lui  j'  frai  du  train. 
Oii  !  oui,  j'  frai  du  pétard 
En  te  r' voyant.  Oscar. 
{Les  Rigolos,  alman.  chantant  p.  1869 .) 

PÉTER  :  Se  plaindre  en  jus- 
tice. (Vidocq.) 


PÉTEUR  :  Dénonciateur.  Le 
mot  musicien  pris  dans  le  dou- 
ble sens  de  haricot  et  de  dénon- 
ciateur, offre  la  même  allusion  à 
double  entente.  V.  Proute. 

PÉTESEG  ;  Personne  acariâ- 
tre, officier  raide  dans  le  service. 
—  <(  Il  l'appelle  tête  de  pioche, 
boîte  à  ragots,  M'ne  Pétesec.  » 
(Zola.) 

PÉTEUX.  V.  Pétard. 

PETIT  (faire  le)  :  Uriner.  — 
Par  opposition  à  faire  le  gros 
qui  veut  dire...  le  reste. 

PETIT  BONHOMME  DE 
CHEMIN  (aller  son)  :  Suivre 
tranquillement  et  modestement 
sa  voie.  V.  Nom  d'un.., 

PETIT  CAPORAL  :  Napo- 
léon I".  —  Allusion  au  grade 
imaginaire  que  lui  décerna  l'en- 
thousiasme de  ses  soldats,  au 
lendemain  d'une  victoire.  —  «  Le 
souhait  de  S.  M.  Prussienne  et 
les  appréciations  du  petit  capo- 
ral. »  (M.  Saint-Hilaire.)  , 

PETIT  HOMME  NOIR  :  Broc 
de  vin.  —  Allusion  de  forme  et 
de  couleur  noirâtre.  —  «  Bour- 
geois, ajouta  Boizamort,  passe- 
nous  un  petit  homme  noir.  » 
(Ladimir,  41.) 

PETIT  MANTEAU  BLEU  : 
Homme  bienfaisant.  —  Ce  syno- 
nyme est  la  plus  belle  récompense 
qu'ait  décernée  le  peuple  à  un 
philanthrope  bien  connu.  —  «  On 
parlerait  de  toi  comme  d'un  pe- 
tit manteau  bleu.  »  (Balzac.) 

PETIT  MONDE:  Lentille.  (Vi- 
docq.) 

PETIT  TONDU  :  Napoléon  I". 


PET  -  2; 

—  Sobriquet  soldatesque.  Il  fut 
donné  bien  entendu  lorsque  le 
premier  consul  eut  coupé  les 
longs  cheveux  du  conquérant  de 
l'Egypte. 

PETITE  BÊTE  (chercher  la)  : 
«  Un  artiste  qui,  se  défiant  de 
l'intelligence  du  public,  souligne 
chaque  mot  qu'il  récite,  cherche 
la  petite  bête.  »  (J.  Duflot.)  —  En 
art  et  en  littérature,  chercher  la 
petite  bête,  c'est  se  donner  beau- 
coup de  mal  dans  un  but  qui 
n'en  vaut  pas  la  peine. 

PETITE  DAME  :  Femme  ga- 
lante. —  «  Il  y  a  trente  ans,  on 
ne  disait  pas  encore  une  lorette, 
ni  une  biche,  ni  une  petite  dame, 
ni  une  cocotte.  »  (Dumas  fils, 
i85o.)  —  aDes  petites  dames  dont 
nous  rencontrions  grande  quan- 
tité dans  de  petites  voitures.  » 
(Mérimée,  67.) 

PETITE  ÉGLISE  :  Coterie.  — 
«  Il  faut  que  ce  prince  revienne 
par  la  petite  église  à  laquelle  ils 
appartiennent.  »  (Saint-Genest, 
75.) 

PETOUSE  :  Pistolet.  V.  Pé- 
troux. 

PÉTROLE  :  Verre  de  cognac. 

—  Il  incendie  l'estomac,  V.  Co- 
gne. 

PETROLER  :  Incendier  au 
pétrole.  —  «  Et  pourquoi  ne  pil- 
Icrait-on  pas  ?  Pourquoi  ne  pé- 
trolerait-on  pas?  Ils  sont  quatre 
aujourd'hui;  dans  six  mois  ils 
seront  vingt.  »  {^Paris-Journal , 
septembre  72.) 

PETROLEUR,  PÉTROLEU- 
SE :  Homme  ou  femme  ayant 
incendié  Paris  sous  la  Commune, 
ou  sympathisant  avec  les  incen 


-6  - 


PMA 


diaires. — «  Cette  fois,  monsieur 
avait  pris  les  devants  ei  dénoncé 
madame  comme  pétroleuse.  » 
(Lelioux.)  —  ((  Le  jury  de  pein- 
ture refuse  là-bas  les  tal  leaux  de 
C...  comme  pétroleur.  »  {^Mar- 
seille Tintamarre.) 

PÉTROUSQUIN  :  Badaud.  V. 
Bouline.  —  C'est  un  s}  nonyme 
de  Pierrot  qui  est  pris  dans  le 
même  sens,  car  Pétrousquin  est 
un  nom  d'homme,  diminutif  de 
Petrus  (Pierre).  - 

PEIUN  :  Tabac.  (Vidocq.)- 
C'est  un  vieux  mot.  ■ 

PETUNIÈRE  :  Tabaticre.  (Id.) 

PEU  (un)  :  Se  dit  ironique- 
ment pour  certainement,  beau- 
coup. On  dit  aussi  un  peu,  mon 
neveu!  V.  Ça,  Chouette. 

PÊZE  :  Argent.  (Vidocq.)  — 
De  pesos j  monnaie  espagnole. 

PHARAMINEUX  :  Étonnant. 
Mot  à  mot  :  éblouissant  comme 
un  phare.  —  «  Commenu,  vous 
voila?  C'est  pharamineu  c;  mais 
d'où  sortez-vous?  »  (L.-J.  Jac- 
ques.) —  «  Partez,  nobes  pon- 
teurs,  et  cherchez  la  miàn  pha- 
ramineuse.  »  (Alyge.) 

PHAROS  :  Gouverneur.  (Haï- 
bert.)  C'est  le  mot  grec  dans 
toute  sa  pureté,  en  api^arence 
du  moins.  Car  tant  qu'on  ne 
m'aura  pas  établi  sa  tn  nsmis- 
sion  par  des  exemples,  je  n'y 
verrai  qu'une  forme  de  f.iraud  : 
qui  a  de  beaux  habits  et  qui  en 
est  fier. 

PHILIBERT  :  Filou.  (":olom- 
bey.)  —  Changement  de  linalj. 

PHILIPPE  ;  ECU  à  l'ef.i.^ic  d^ 


MI 


—   277   — 


// 


PIC 


Louis-Philippe.  —  a  On  dit  que 
tu  as  poissé  nos  philippes.  » 
(Balzac.) 

PHILIPPIENNE  «  La  mode  des 
vielliebchen  s'infiltre  au  sein  de 
la  bonne  société.  A  ceux  qui 
ignorent  les  douceurs  de  ce^ba- 
dinage  germanique,  nous  dirons 
que  pour  faire  un  vielliebchen, 
et  non  philippienne,  comme  on 
le  dit  à  toit,  il  faut  deux  per- 
sonnes et  une  amande  double. 
Celui  ou  celle  qui  a  le  bonheur 
de  briser  la  coque  de  l'amande 
partage  avec  son  voisin.  A  dater 
de  ce  moment,  les  voilà  liés  par 
un  contrat  qui  force  à  un  cadeau 
celui  qui  n'a  pas  eu  la  présence 
d'esprit  de  dire  le  premier,  dès 
le  lendemain  :  «  Bonjour,  viel- 
liebchen !  »  —  Ce  qui  veut  dire  : 
bonjour,  très-cher.  »  Monde 
illustré,  65.) 

PHILISTIN  :  «A propos,  qu'est- 
ce  qu'un  Philistin?  Autrefois, 
en  Grèce,  il  s'appelait  béotien  ; 
on  le  nomme  cokney  en  Angle- 
terre; épicier  ou  Prudhomme  à 
Paris,  et  les  étudiants  d'Alle- 
magne lui  ont  conféré  l'appella- 
tion de  PMz5f  m.  »  (DeNeuville.) 

PHILOSOPHE  :  Savate,  vieux 
soulier  revenu  des  vanités  de  ce 
monde.  V.  Arpion. 

PHILOSOPHE  :  Grec.  Il  faut 
voir  ici  soit  filou  avec  change- 
ment de  finale  comme  dans 
Philibert,  soit  une  allusion  à  la 
Grèce,  patrie  de  la  philosophie. 
V.  Travailleur. 

PHILOSOPHE  :  Chiffonnier 
(Rabasse.)  —  Comparaison  de 
la  lanterne  du  chiffonnier  à  celle 
de  Diogène. 


PHOTO  :  Photographe,  pho- 
tographie. —  Abréviation.— «Je 
fais  comme  le  photo  du  coin, 
j'opère  tout  seul.  »  {Notes  d'un 
agent,  69.)—  Si  on  dit  une  photo, 
c^ila  veut  dire  une  photographie. 

PI  (parler  en)  :  Ajouter  pi  à 
chaque  syllabe  du  mot  prononcé. 
«  Ainsi,  «  pour  dire  attaquons, 
ils  diront  atpitapiquonspi.  »  (Ra- 
basse.) 

PIAF  :  Vanité,  orgueil.  (Vi- 
docq.)  —  Du  vieux  mot  piafart: 
fastueux.  Mot  expressif.  Le  va- 
niteux piaffe  comme  un  cheval 
de  luxe.  —  C'est  un  vieux  mot 
de  patois  picard,  comme  le  mon- 
tre ce  passage  d'une  chanson 
du  cru.  —  «  J'avais  pour  foère 
(faire) elpiafe  eine  belle  culotte.» 
(Chanson  picarde  citée  par  l'abbé 
Corblet,  5i.) 

PIANOTER ,    PIANOCHER  : 

Jouer  médiocrement  du  piano. 
—  «  On  ne  devait  pas  pianoter 
pendant  la  nuit.  »  (Balzac.)  V. 
Hallebarde. 

PIASTRE  :  a  De  grosses  pièces 
blanches,  des  piastres  (pièces  de 
cinq  francs)  sont  engagées .  » 
(Cavaillé.) 

PIAULE  :  Maison,  chambre, 
taverne.  V.  Artie. 

PIAUSSER:  Se  coucher.  (Hal- 
bert.)  V.  Pieu. 

PIAUX  :  «  Ils  vont  raconter 
des  piaux  aux  autres  caleurs. 
Piaux  est  un  terme  trivial,  bien 
connu  dans  l'imprimerie;  il  si- 
gnifie blagues,  mensonges.  » 
(Moisand,  41.) 

PIC  (Tomber  à):  Tomber  juste 
à  point. 

16 


PIC 


~  278  — 


PIE 


PICAILLONS  :  Eçus.  —  «  J' leur 
donnerons  des  picaillons.  Vive 
la  paix!  Vive  la  nation!  »  (Tour- 
neur tiJs,  1800.) 

PIGCOLET  :  Petit  vin  de  pays. 
—  Diminutif  de  picton,  avec 
même  changement  de  finale  que 
ses  synonymes  briolet  et  gin- 
glet. 

En  joyeux  fils  de  Grégoire, 
J'aime  le  piccolet. 

(Aiig.  Hardy.) 

PICCOLO  :  Augmentatif  de 
piccolet.  B'ien  que  plus  moderne, 
il  a  déjà  droit  de  cité  dans  cer- 
tains restaurants,  y  compris  le 
bulïet  du  Moniteur,  où  il  figure 
sur  la  carte  des  vins,  à  90  c.  le 
litre  (187^). 

PIC  HE:  Pique,  couleur  de 
cartes.  Changement  de  finale.  *- 
«  Vous  entendrez  dire,  en  jetant 
du  pique  sur  la  table  :  —  Je  joue 
piche.  »  (Alhoy.) 

PICHENET  :  C'est  encore  une 
variante  de  piccolet.  —  «  Le  pi- 
chenet  et  le  vitriol  l'engraissaient 
positivement.  »  (Zola,  77.) 

PICKPOCKET  :  Voleur  à  la 
tire  anglais.  Mot  à  mot  :  pique- 
poche,  et  par  extension,  voleur 
quelconque.  —  a  II  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  ces  pickpocket 
du  désert  sortaient  de  chez  lui.» 
{Comment,  de  Loriot.) 

PICKPOCKETER  :  Voler.  — 
«  Un  Anglais  !  malheureuse  , 
nous  sommes  pickpocketés .  » 
{Almanacli  du  Hanneton,  67.) 

PICORAGE  :  Vol  commis  sur 
la  grande  route.  (Vidocq.)  C'est 
le  passant  qui  est  picoré.  | 


PICOUSE  :  Haie    d'q  ines.  - 
EUe  pique.  V.  Défleurir. 

PICPOU,  PICPRUNE  :  Tail- 
leur. V.  Piquepou,  Picqueprune. 

PICTER:  Boire.  -  lie  Picton 
V.  Papillonner. 

PICTON,    PIQUETON  :  Vin 

supérieur.  — Augmentatif  de  p/- 
quette.  —  a  Si  l'ancien  picton 
n'est  que  de  la  piquet;  e,  espé- 
rons cV  année  en  fair'  cie  meil- 
leur. »  (Layale.)  V.  Biture. 

PICTONNER  :  Boire,  s'eni- 
vrer. (Rabasse.) 

PIÈCE AFEMMES:  Pixedont 
la  réussite  est  basée  sur  'exhibi- 
tion de  jolies  femmes.  —  «  Avez- 
vousvu  cette  reprise  d'Or ohée?... 
Voilà  une  pièce  à  femmes.  »  (Ville- 
mot.) 

PIÈCE  A  POUDRE  :  Pièce 
dramatique,  dont  le  s.ijet  re- 
monte aux  règnes  de  L<  uis  XV 
ou  Louis  XVI,  et  comp(  rte  des 
personnages  à  coiffure  p judrée. 

PIÈCE  A  TIROIRS  :  c  Pièce 
où  l'acteur  joue  huit  rôl  s  diffé- 
rents »,  dit,  en  1826,  1 1  Chro- 
nique indiscrète,  mais  on  peut 
se  contenter  à  moins. 

PIÈCE  A  TRUCS  :  Pièce  où 
les  changements  à  vue  sont  nom- 
breux. Les  féeries  sont  les  pièces 
à  trucs  par  excellence. 

PIÈCE  DE  BŒUF  :  «  Grand 
article  sur  les  choses  du  ir  ornent. 
On  l'appelle  aussi  la  pièc  de  ré- 
sistance. Un  excellent  ournal 
qui  ne  servirait  pas  tous  Ijs  jours 
à  ses  abonnés  la  pièce  d^  bœut 
ne  serait  pas  sûr  de  ré' issir.  » 
[Biog.  des  Journalistes,  26.)  — 
On  dit  aujourd'hui  tarth  e. 


PIE  —  279  — 

PIÈCE  DE  RÉSISTANCE  : 
Gros  morceau  de  viande  sur 
lequel  un  maître  de  maison 
compte  pour  satisfaire  l'appétit 
de  ses  convives. 

PIÈCE  FORCÉE  (vol  à  la)  : 
«Il  s'exécute  avec  deux  compères. 
Le  premier  donne  en  payement 
une  pièce  reconnaissable  à  un 
signe  quelconque .  Le  second 
arrive  ensuite,  achète,  ne  paye 
pas,  prétend  avoir  payé.  Déné- 
gation du  marchand  confondu 
en  retrouvant  dans  sa  caisse  la 
pièce  signalée.  »  (Rabasse.) 

PIED  (Donner  un  coup  de)  : 
Marcher  vivement.  (Dhautel.)  — 
«  Je  vais  donner  un  coup  de  pied 
jusque  dans  les  salons.  »  (About.) 

Ne  pas  se  donner  de  coups  de 
pied  :  Se  vanter. 

PIED  (Mise  à)  :  Mise  en  non- 
activité.  —  «  Une  mise  à  pied 
enseigna  à  notre  inspecteur  à 
faire  plus  exactement  son  ser- 
vice. »  (Canler.) 

PIED  A  DORMIR  DEBOUT  : 
Pied  fort  large.  Mot  à  mot  : 
assez  large  pour  empêcher  de 
tomber  si  on  dort  debout.  On 
disait  jadis  souliers  au  lieu  de 
pieds.  —  «  Souliers  à  dormir  de- 
bout sont  souliers  larges.  »  (Ou- 
din,  1640.)—  «  C'est  pas  votre 
général  qui  a  des  pieds  à  dormir 
debout?  »  (Gavarni.) 

PIED  BLEU  :  Conscrit.  Allu- 
sion aux  guêtres  de  toile  bleue 
du  paysan.  —  «  Le  pied  bleu  ne 
prête  pas  longtemps  à  rire  par 
sa  gaucherie.  »  (La  BédoUière.) 

PIED  DE  COCHON:  Pistolet. 
—  Allusion  de  forme. 
Jouer   un  pied  de   cochon   : 


PIE 

Tromper,  décamper.  —  «  Vous 
avez  donc  voulu  nous  jouer  un 
pied  de  cochon.  »  (Canler.) 

PIED  DE  MARMITE  (Nez  en)  : 
Nez  disgracieusement  relevé. 

PIERREUSE  :  «  Ce  sobriquet 
a  été  donné  aux  femmes,  parce 
qu'elles  font  ordinairement  leur 
honteux  commerce  dans  les 
lieux  où  l'on  bâtit.  »  (Dhautel, 
08.)  —  «  La  pierreuse  est  une 
prostituée  qui,  dans  sa  sphère 
de  turpitudes,  est  tombée  au  plus 
bas  degré  de  l'abjection...  elle 
cherche  toujours  les  ténèbres.  . 
derrière  des  monceaux  de  démo- 
lition, des  tas  de  pierres.  »  (Bé- 
raud.)  Cet  avant-dernier  mot 
donne  l'étymologie. 


PIERROT  :  Collerette  à  grands 
plis  comme  celle  de  Pierrot.  — 
«  Madame  Pochard  a  vu  aplatir 
sur  son  corsatje  les  mille  plis 
d'un  pierrot  taillé  dans  le  der- 
nier goût.  »  (Ricard,  2Q.) 

PIERROT  :  Naïf,  niais, 
comme  Pierrot  de  la  comédie.  — 
«  Le  valet  de  cantine  se  fait 
rincer  1'  bec  par  les  pierrots.  » 
(Wado.) 

PIERROT  :  Verre  de  vin 
blanc.  —  Allusion  de  couleur.  — 
«  J'étais-t-allé  à  la  barrière  des 
Deux-Moulins,  histoire  d'asphy- 
xier le  pierrot.  »  (La  Correc- 
tionnelle, 44.) 

PIEU  :  Lit.  —  Corruption  du 
vieux  mot  d'argot  piau  :  lit.  Il 
nous  en  est  resté  piausser  :  se 
coucher.  —  «  On  peut  enquiller 
par  la  venterne  de  la  cambriolle 
de  la  larbine  qui  n'y  pionce 
quelpoique,  elle  roupille  dans  le 
pieu  du  raze.  »  (Vidocq.) 


PIG 


—  280  — 


PIL 


PIEUVRE  :  Femme  galante 
épuisant  le  corps  ou  la  bourse 
d'un  amant.  —  Allusion  à  la  pieu- 
vre, qui  joue  un  rôle  si  absor- 
bant dans  les  Travailleurs  de  la 
mer,  de  Victor  Hugo.  —  «  Un 
monsieur  se  présenta  chez  la 
pieuvre,  maîtresse  du  logis.  » 
(Evénement,  1 1  avril  66.)  —  «  La 
femme  entretenue,  récemment 
nommée  pieuvre.  »  (Boue  de 
Villiers,  66.) 

PIF,  PIVASE  :  Nez  de  grande 
et  forte  dimension. 

L'autre  jour,  rue  Saint-Martin, 
Voilà  qu'un  plaisant  gamin 
Me  dit,  en  riant  aux  éclats  : 
C  cadet-là,  quel  pif  qu'il  al 

(Guinaud,  Sg.) 

PIFFARD  :  qui  a  un  grand 
nez. 

PIFFER  :  N'être  pas  content. 
Mot  à  mot  :  faire  son  nez. 

PIGE:Année.(Vidocq.)  Heure. 
(Rabasse.)  Dans  les  deux  cas, 
c'est  une  mesure  de  temps.  V. 
Piger. 

PIGE  :  Prison.  —  Abréviation 
de  piget.  V.  Oncle. 

PIGEON  :  Dupe.  --  Comme 
l'oiseau  de  ce  nom,  elle  est  des- 
tinée à  être  plumée.  —  On  trouve 
souvent  ce  mot  au  xvin«  siècle. 
V.  Jaunet.  —  «  Bien  que  le 
pigeon  (joueur  honnête)  soit 
à  notre  avis  peudigne  d'intérêt.» 
(Cavaillé.) 

PIGEONNER  :  Duper.  Mot  à 
mot  :  plumer  comme  un  pigeon. 
—  «  Un  de  ceux  qui  se  laissent 
pigeonner.  »  (Dialogues  de  Ta- 
hurejiu,  i586.) 

PîGER.  :  Mesurer.  —  Lçs  ou- 


vriers nomment;?/g-eunnorceau 
-le  bois  donnant  la  longueur  in- 
diquée par  le  plan.  —  Au  moyen 
âge,  on  appelait  pigours  les  fa- 
bricants de  mesures. 

PIGER  :  Considérer.  Mot  à 
mot  :  mesurer  de  l'œil.  —  «  Pige- 
moi  ça,  regarde-moi  un  peu  ce 
chique!  »  (La  Bédollière.)  — 
((  Avise  ta  nymphe,  j'ai  pigé  la 
mienne  qui  estun  peuchicarde.  » 
(Ladimir.) 

PIGER  :  Arrêter.  —  «.  Vous 
tenez  donc  absolument  à  me 
faire  piger.  On  ne  jouera  plus 
chez  moi.  C'est  fini  !  »  (Cf. vaille.) 

PIGER  :  Prendre.  —  «  N'  vous 
gênez  pas,  pigez  tout  ce  que 
j'ai,  prenez!  ça  me  fera  plaisir.» 
(H.  Monnier.) 

PIGET  :  Château.  (Vidocq.) 

PIGNARD  :  Postérieur.  —  Du 
vieux  mot  pigné. 

PIGNOCHER  (Se)  :  Se  battre. 
Dérivé  du  verbe  se  peig}ier.  V. 
ce  mot.  —  «  Dupanloup  e:  l'Uni- 
versité se  pignochent  à  qui 
mieux  mieux.  »  (Mahalin.) 

PIGNOUF  :  Chez  les  cordon- 
niers, le  maître  s'appelle /o?îf//"e, 
l'ouvrier  gniaf,  et  l'apprenti  pi- 
gnouf. 

PIGNOUF  :  Voyou,  homme 
grossier,  mal  élevé.  C'est  le  mot 
précédent  pris  au  figuré  .  — 
«  C'est  des  pignoufs,  passez-moi 
l'expression.  »  {Almanach  du 
Hanneton.) 

PILCHE  :  Étui.  (Colombey.) 

PILER  DU  POIVRE:  Marcher 
avec  des  pieds  endoloris,  ei  souf- 
frant comme  si  du  poivj  e  pilé 
brûlait  la  cl\a^ïv 


PIN 


—  281  — 


PIO 


PILER  DU  POIVRE  (Faire)  : 
Terrasser  quelqu'un  plusieurs 
fois  en  le  laissant  retomber 
comme  un  pilon.  —  Même  allu- 
sion pour  ce  qui  regarde  une  au- 
tre partie  du  corps. 

PILER  LE  BITUxME  :  Raccro- 
cher sur  le  trottoir  qui  est  le  plus 
souvent  bitumé.  On  dit  de  même 
polir  l'asphalte. 

PILIER  :  Habitué  de  café  ou 
d'estaminet,  n'en  bougeant  pas 
plus  que  le  pilier  chargé  de  sou- 
tenir le  plafond.  —  «  Murger 
répondant  à  quelqu'un  qui  lui 
reprochait  de  tournerau  pilierde 
café  :  Vous  avez  raison,  car  je 
soutiens  ce  qui  m'écrase.  »  (P. 
Véron.) 

PILIER  :  Maître,  commis. 

PILLE  :  Cent  francs.  —  Abré- 
viation de  pile  de  cent  francs.  — 
«  Je  ne  manque  pas  le  coche 
(l'occasion  de  voler)  de  deux  pilles 
chez  un  troquet.  Premier  sape- 
ment. Six  mois.  »  (Beauvillier.) 

PILOCHE  :  Dent.  (Colombey.) 
Elle  pile  les  aliments. 

PILOIR  :  Doigt.    (Colombey.) 

PIMPELOTTER  (Se)  :  Se  ré- 
galer.—  «Elle n'haït  pas  degobi- 
chonner  et  de  se  pimpelotter.  » 
[Im  Correctionnelle.) 

P I M  P I O  N  S  :  Espèces  mon- 
nayées. —  Vieux  mot. —  Lepim- 
pion  était  une  petite  monnaie 
espagnole  du  xiii»  siècle. 

PINCE  ^chaud  de  la)  :  Pail- 
lard. —  Corruption  de  mot. 

C'était  un  chaud  de  la  pince, 
Qui  peuplait  dans  chaqu'  province 
L'hospice  d's  enfants  trouvés. 
(Festeau.) 


PINCE-CUL  :  Bal  public  de 
dernier  ordre.  —  Allusion  aux 
licences  qu'on  s'y  permet.  — 
«  Ce  bal  inouï  que  l'argot  témé- 
raire de  ses  habitués  avait  sur- 
nommé le  pince...  »  (P.  Féval.) 
V.  Casse-Gueule. 

PINCEAU:  Pied.  —  «  Je  lui 

détache  un  coup  de  pinceau  sur 
la  giberne.  »  (Monselet.) 

PINCEAU:  Balai.  —  Tous 
deux  se  ressemblent.  —  a  Les 
hommes  de  corvée  sont  tous  là 
prêts,  le  pinceau  en  main,  je  veux 
dire  le  balai  en  joue.  »  (Vidal, 
33.)  —  ce  Tenant  en  main  un 
pinceau,  plus  vulgairement  ap- 
pelé balai  de  bouleau.  »  (La  Bé- 
dollière.) 

PINCE -LOQUE  :  Aiguille. 
(Halbert.)  —  Elle  raccommode  les 

loques. 

PINCEZ-MOI  ÇA:  c  Énorme 
nœud  que  les  femmes  portent 
au  bas  de  la  taille,  dans  le  dos, 
et  qui  se  complète  par  deux  ru- 
bans très-larges,  très-longs  et 
retombant.»  [Figaro,  i«  février 
68.) 

PIOCHER  :  Travailler  assidû- 
ment. —  «  Tu  peux  piocher 
douze  heures  par  jour.  »  (Rey- 
baud.) 

PIOCHER  :  Battre.  —  «  Je  te 
pioche,  je  te  fais  danser  la  ma- 
laisée. *  (Paillet.) 

PIOGHEUR  :  Travailleur  assi- 
du. —  «  Il  y  avait  là  de  vieux 
piocheurs  qui  s'installaient  aune 
table.  »  (G.  Sand.) 

P  I  O  L  E  :  Maison,  chambre. 
(Rabasse.)  V.  Piaule. 

PIOLET  :  Gobelet.  (Halbert.) 
16. 


PIP  —    2 

PIOLLE  :  Cabaret.  (Grandval.) 
—  De  pioUer. 

PIOLLER  :  S'enivrer.  Vieux 
mot.  —  De  piot  :  vin,  boisson, 
qui  se  retrouve  dans  notre  mot  : 
pépie. 

PIOLLIER  :  Cabaretier. 
(Grandval.) 

PION  :  a  C'est  ]e  nom  du 
maître  d'études...  Le  pion  gagne 
un  morceau  de  pain  tous  les 
jours  et  400  francs  tous  les  ans... 
et  il  n'a  pas  d'autre  perspective.  » 
(Ourliac,  41.) 

PION  :  Ivre.  —  Du  vieux  mot 
pier  :  boire. 

PIONCER  :  Dormir.  —  Forme 
de  piausser.  —  «  Nous  nous  som- 
mes mis  à  pioncer,  nous  ne  pen- 
sions plus  à  l'appel.  »  (Vidal,  33.) 

PIOU  ,  PIOUPIOU  :  Jeune 
fantassin.  —  Ce  doit  être  le  mot 
piéton  avec  changement  de  fina- 
les. —  «  Entre  le  jeanjean  et  le 
tourlourou,  il  y  a  un  intermé- 
diaire, le  pioupiou.  »  (M.  Saint- 
Hiiaire.) 

PIPE  (Casser  sa)  :  Mourir.  — 
Ceux  qui  sont  morts  ne  fument 
plus.  —  «  Casser  sa  pipe:  oh! 
c'est  déjà  vieux  !  ça  a  de  la  barbe. 
Onaditdepuis  casser  son  crayon 
et  on  dit  maintenant  lâcher  la 
rampe,  ou  remercier  son  bou- 
langer, ou  dévisser  son  billard.  t> 
(Villars.) 

PIPELET,  PIPELETTE  : 

Portier,  portière.  —  Du  nom 
d'un  portier  ridicule  des  Mys- 
tères de  Paris,  d'E.  Sue.  —  «il 
continueraàapprendreaux  vingt- 
deux  pipelettes  hydropiques  qui 
forment  ce  qu'il  appelle  ses  char- 


52  -  PIQ 

mantes   lectrices.  »   (Tan- -Tarn, 
75.) 

PIPER:  Fumer  la  pi  e.  — 
«  II  me  semble  qu'on  a  pif  i  ici.» 
(Gavarni.) 

PIPER  UN  PÈGRE  :  Arrêter 
un  voleur.  (Rabasse.) 

PIPET  :  Château.  (Halbert.)  — 
C'est  sans  doute  piget. 

PIQUAGE  (voler  au)  :  Percer 
des  fûts  de  vin  ou  d'alcool  et 
soustraire  une  partie  de  leur 
contenu  pendant  qu'on  les  mène 
à  domicile. 

PIQUANTE  :  Épingle  (Vi- 
docq.) 

PIQUANTINE  :    Puce.   (Hal- 
bert.) 
PIQUE-EN-TERRE:  Vc  laille. 

PIQUÉ  DES  VERS,  DES 
HANNETONS  (Pas)  :  Aussi 
frais,  aussi  sain  que  la  euille 
respectée  par  les  hannetoi  s,  ou 
le  fruit  respecté  par  les  v<  rs.  — 
«  Une  jeunesse  entre  qui  ize  et 
seize,  point  piquée  des  hanne- 
tons, un  vrai  bouton  de  i  :)se.  r) 
(^Montépin.)  —  «  Une  syl  ihide 
qui  n'est  point  du  tout  piquée 
des  hannetons.  »  (J.  Arago,  38.) 

C'estqu'elle  n'était  pas  piquée  de  ,  vers, 
Eh  oui,  morbleu  ! 
C'est  c'  qu'il  faut  à  Mathieu. 

(Les  Amours  de  Mathieu,  c2.) 

PIQUEPOUX  :  Tailleur.  (Ra- 
basse.) C'est  sans  doute  une  allu- 
sion du  genre  de  celle  qui   suit. 

PIQUE-PRUNE  :  Taillei  r.  — 
Le  mot  est  populaire,  mai  son 
origine  paraît  inconnue  dans  le 
métier.  —  Rabelais  y  fer  lit-il 
allusion  quand,  parlant  d'un  tail- 


PIS 


—  283  — 


PIT 


leur  affolé  qui  ne  sait  plus  ce 
qu'il  fait,  il  dit  :  «  Au  lieu  d'un 
savon,  il  tailloit  un  chappeau 
à  prunes  sucées.  »  (Pantagruel, 
1.  ly,  ch.  LU.)  —  Ce  qui  est  cer- 
tain, c'est  que,  au  xvii*  siècle,  les 
compagnons  s'appelaient  non 
pique-prune  mais  croque-prune. 
On  pourrait  voir  ici  une  corn- 
paraison  du  va-et-vient  de  Tai- 
guille  au  va-et-vient  des  prunes 
prises  une  à  une  et  portées  à  la 
bouche. 

PIQUER  l'étrangère,  un  chien, 
un  laïus,  un  renard,  un  soleil, 
se  piquer  le  nez.^  V.  ces   mots. 

PIQUER  SUR  QUATRE  : 
Gagner  une  partie  d'écarté  pres- 
que perdue,  lorsque  votre  adver- 
saire a  sur  vous  quatre  points 
d'avance. 

PISSAT  D'ANE  :  Eau-de-vie, 
bière.  —  «  Donnez-nous  de  la 
jaune,  de  votre  pissat  d'âne  pre- 
mier numéro.  »  (Zola.) 

PISSE-FROID  ,  PISSE-VER- 
GLAS :  Homme  glacial,  insen- 
sible. —  «  Coquin!  Voleur! 
Vicomte  de  le  piperie!  Pisse-ver- 
glas dans  la  canicule.  »  (Caté- 
chisme poissard,  40.) 

PISSER  (Envoyer)  :  Éconduire, 
congédier.  —  Cette  injure  est 
vieille.  Au  mot  Pissare,  le  glos- 
saire de  Du  Cange  cite  une 
lettre  de  rémission  de  1465,  où, 
entre  autres  «  grandes  paroUes  » 
reprochées  au  délinquant,  on 
rapporte  qu'il  envoia  pisser  son 
adversaire. 

PISSER  DES  LAMES  ^e  rasoir 
en  travers  (faire)  :  Tourmenter 
au  suprême  degré. 


PISSER   SA    COTELETTE  : 

Accoucher,  mettre  au  monde  un 
enfant.  —  Allusion  à  la  côte 
d'Adam  qui  fit  Eve.  —  Dhautel 
emploie  dans  le  même  sqiïs piS' 
ser  des  os. 

PISSER  DES  YEUX  :  Pleurer. 
—  a  Elle  eut  beau  pisser  des 
yeux.  C'était  peine  perdue.  » 
(Vadé,  J744.) 

PISTOLE  :  «  Ily  a  à  la  pistole 
une  jeune  dame  très-distinguée... 
On  appelle  ainsi  les  cellules  ré- 
servées qu'on  peut  mettre  à  la 
disposition  des  détenues...  Le 
nom  vient  probablement  de  ce 
qu'anciennement  on  payait  une 
pistole  parmois.»(DeGrandpré.) 

PISTOLET  :  Homme  singu- 
lier. —  c(  On  rit  avec  toi  et  tu  te 
fâches...  En  voilà  un  drôle  de 
pistolet!  »  (Gavarni.J 

PISTOLIER  :  Prisonnier  à  la 
pistole.'  —  «  Les  pistoliers  ont 
seuls  le  droit  de  rester,  pendant 
le  jour,  dans  leurs  chambres,  et 
d'y  conserver  de  la  lumière  après 
l'heure  du  coucher.  »  (Moreau 
Christophe,  Sy.) 

PISTON:  Appariteur,  prépa- 
rateur d'un  cours  de  physique. — 
Allusion  à  ses  manipulations. 

PISTON  :  Importun.  —  On 
connaît  l'agaçante  régularité  du 
coup  de  piston. 

PISTONNER  :  Importuner. 

PITANCHER  :  Manger,  boire. 
(Halbert.)  Mot  à  mot  :  manger 
sa  pitance.  —  «  Pitancher  de 
l'eau  d'aff,  c'est  boire  de  l'eau- 
de-vie.  »  (A.  de  Bréhat.) 

PITON  :  Nez  rond  comme  un 
piton  vissé  dans  une  planche.  — 


PIV  -  : 

a  Ah  !  quel  nez,  quel  beau  piton! 
C'est  un  marchand  d'éteignoirs.» 
(Pecquet.; 

PITRE  :  Paillasse  chargé 
d'attirer  la  foule  autour  d'un 
banquiste.  —  a  Hé!  Paillasse! 
avec  ta  face  bourgeonnée,  pitre 
de  tireurs  de  cartes,  amasseur 
de  badauds  !  »  {Catéchisme  pois- 
sard, 44.) 

PITROUX,  PÉTOUZE  :  Pis- 
tolet. (Grandval,  Vidocq.)  Mot  à 
mot  :  arme  cuî  pette.  Au  moyen 
âge,  on  appelait  petereaux  de 
petites  bouches  à  feu. 

PITUITER  :  Déblatérer.  — 
Allusion  aux  crachats  de  la  pi- 
tuite. —  a  On  en  a  déjà  assez 
pituite  sur  notre  compte .  » 
(Lynol.) 

PIVASE  :  Grand  nez.  V.  Pif. 

PIVASTE  :  Enfant.  (Halbert.) 

PIVER  :  Ressort  dentelé  de 
montre  ou  de  pendule  servant  à 
scier  les  barreaux.  —  Il  revient  à 
la  charge  comme  le  piver  contre 
l'arbre  qu'il  perce  de  son  bec. 

PIVOIS,  PIVRE  :  Vin.  —  Allu- 
sion à  la  couleur  rouge  de  la  pi- 
voine ?  Peut-être  aussi  est-ce  un 
diminutif  du  vieux  mot  piot  : 
vinr—  «  On  s'  pousse  du  pivois 
à  six  ronds  dans  1'  battant .  » 
{Chansonnier,  impr.  Sthal,  36.) 
—  «  Avons-je  du  vin  ?...  Non... 
Apportez  du  pivois,  hé  vite  !  » 
(Vadé,i788.) 

Pivois  citron:  Vinaigre.  (Hal- 
bert.) 

Pivois  savonné  :  Vin  blanc. 
(Idem.) 

PIVOT  :  Plume.  V.  Servir.  — 


184  — 


PLA 


Le  bec  d'une   plume  ligure  un 
petit  pivot. 

PLACARDE  :  Place.  —  Aug- 
mentatif. V.  Parrain. 

PLACE  D'ARMES  :  Estomac. 
—  Les  aliments  ydéfilent  tous  les 
jours.  —  c(  Frappant  sur  son 
estomac, un  baigneur  dit:  «  Rien 
à  la  place  d'armes?...  :»{Viepa' 
risienne.) 

PLAFOND  :  Boîte  du  crâne.  — 
C'est  le  plafond  ducer\eau. 

Avoir  une  araignée  (ou  des 
trichines)  dans  le  plafond  :  Dé- 
raisonner. —  c<  T'as  tr<  p  de  tri- 
chines au  plafond.  »  {Almanach 
du  Hanneton,  67.) 

PLAN  :  Prison.  —  a  Tu  vou- 
drais que  je  grinchissesans  trac- 
querde  tomber  au  plan.  »  (Vi- 
docq.) V.  Manger. 

PLAN  :  Mont-de-pié:é.  —  De 
plan  :  Prison.  Le  mont-de-picté 
est  une  prison  d'objets  engagés. 
«  On  mettra  tout  en  ph.n  plutôt 
que  de  refuser  un  cataplasme  à 
ce  pauvre  chéri.  »  (L.  Reybaud.) 

PLAN  (11  y  a)  :  Il  y  a  moyen 
de  réussir.  (Rabasse.) 

PLAN  (Laisser  en)  ;  Abandon- 
ner. —  Mot  à  mot  laisser  sur  le 
terrain.  «  Et  cet  animal  de  "bar- 
bier qui  me  laisse  en  plan.  » 
(Cormon.) 

PLAN  (Rester  en)  :  Rester  dans 
un  hôtel  ou  un  restaurant  pour 
répondre  d'une  dépense  faite  par 
plusieurs. 

PLAN  DE  COUILLÉ  :  Prison 
préventive.  Mot  à  mot  :  Prison 
de  niais.  Couillé  est  ici  pour 
couyon.  —  V.  Marquet. 

PLAN   DE  COUYÉ  :  Prison, 


PLA 


-  285 


PLE 


«ubie  pour  un  autre.  (Halbert.) 
Forme  du  terme  ci-dessus. 

PLANCHE  (Faire  sa)  :  Montrer 
de  la  loideur,  être  guindé. 

PLANCHE  (Sans)  :  Sans  façon. 
—  Abrév.  de  «  sans  faire  sa 
planche.  »  —  «  L'écaillère  de  ses 
propos  poissards  vous  entretient 
sans  planche.  »  {Cabarets  de  Pa- 
ris, 21.) 

PLANCHE  AU  PAIN  :  Banc 
des  prévenus,  tribunal.  (Halbert.) 

PLANCHÉ  :  Condamné.  (Co- 
lombey.)  De  planche  au  pain.  V. 
ce  mot. 

PLANCHER  :  Moquer.  — 
et  Est-ce  que  tu  planches  ?  pour  : 
Te  moques-tu  de  moi  ?  »  (Dhau- 
tel,  08.) 

Ne  pas  plancher  :  Être  exact. 
(Rabasse.) 

•     PLANCHERIE  :  Plaisanterie. 

PLANCHEUR  :  Mauvais  plai- 
sant. (Colombey.) 

PLANQUE  :  Cachette.  (Hal- 
bert.) V.  Bayafe. 

PLANQUE  :  Observation.  - 
On  se  cache  pour  bien  observer. 
V.  planquer.  —  a  J'allai  en  com- 
pagnie de  H...,  et  le  laissant  en 
planque  (en  observation),  je 
montai  chez  Chardon.»  (Canler.) 

PLANQUER  :  Cacher.  V.  Dé- 
planquer. 

PLAQUE  (Être  en)  :  Se  dégui- 
ser en  commissionnaire.  —  Allu- 
sion à  sa  plaque  légale.  —  «  Un 
affilié  lira  qu'il  faut  être  en  ha- 
bit ou  en  plaque.  »  (P.  Parisien, 
11-) 

PLAQUER  ;  Jeter    là,    aban- 


donner :  —  «  Elle  te  quitte  pour 
un  autre  cornard,  et  tu  te  trouves 
plaqué.  »  {Compte  rendu  d'un  ha^ 
bitué  de  réunions  publiques j  69.) 

PLAQUER  SON  MAIRE  : 
Abandonner  son  ami. 

PLASTRONNEUR  :  Gandin 
faisant  grande  exhibition  d'un 
immense  devant  de  chemise  à  la 
mode  depuis  1869. 

PLATINE  :  Verve.  —  a  II  a 
une  bonne  platine,  se  dit  d'un 
grand  babillard.  »  (Dhautel.) 

PLATRE  :  Argent.    (Vidocq.) 

—  L'argent  comme  le  plâtre  sert 
à  boucher  les  trous.  —  «  On 
m'écrit  pour  me  demander  d'où 
vient  la  locution  a  avoir  du 
plâtre,  »  synonyme  «  d'être  au 
sac.  »  (Tam-Tam,  76.)  —  //  est 
au  plâtre  :  il  a  de  l'argent.  (Ra- 
basse.) 

PLEIN,  PLEIN  COMME  UN 
ŒUF,  COMME  UN  SAC  :  Saoul. 

—  «Un  homme  plein  comme 
un  œuf,  pour  avoir  trop  mangé.  » 
(Le  Duchat,  lySS.) 

PLEIN  DE  SOUPE  :  Person- 
nage épais  et  maladroit. —  «  Deux 
gros  pleins  de  soupe  chez  qui  le 
moindre  coup  de  poing  un  peu 
sec  s'imprimerait  comme  dans 
un  fromage.  »  (Jean  Rousseau, 
75.) 

PLEURANT  :  Oignon.  (Vi- 
docq.) —  Il  fait  pleurer.  Effet 
pris  pour  la  cause. 

PLEUT  (11)  :  «  Ces  mots  // 
pleut  signifient  en  langue  de 
franc-maçonnerie  :  Taisons-nous, 
parce  qu'on  nous  écoute.  »  {A  ven- 
tures  de  Jérôme  Sharp j  1789.) 

PLEUT  (II)  ;  Formule  néga- 
tive. 


PLU 


286  - 


POC 


PUANT: Couteau.  (Grandval.) 

—  Il  s'agit  ici  du  couteau  à  lame 
pliant  sur  le  manche. 

PLOMB  :  a  Gaz  caché  dans  les 
fentes  des  pierres  et  qui  tue 
comme  la  foudre  le  vidangeur 
qui  en  est  atteint.  »  (Berthaud.) 

PLOMB  :  Mal  ve'nérien.  (Vi- 
docq.) 

PLOMB  :  Gosier. — Allusion  aux 
réservoirs  dans  lesquels  se  dé- 
versent à  Paris  les  eaux  sales  de 
chaque  étage.  —  «  Préault  buvait 
coup  sur  coup.  Gautier  affligé... 
lui  dit  :  «  Ah  çà!  tu  f...  ça  dans 
le  plomb,  toi  !  »  (Deschanel.) 

PLOMBE  :  Heure.  —  Onoma- 
topée. Plombe  est  le  bruit  grave 
d'une  sonnerie  de  grosse  hor- 
loge. V.  C rosser. 

PLOMBE  :  Année.  (Halbert, 
Rabasse.) 

PLOMBER  :  Puer.  Allusion 
aux  plombs  parisiens  qui  sen- 
tent souvent  mauvais.  —  ce  Ce 
sont  mes  pieds,  ils  plombent, 
comme  dit  notre  collaborateur 
Albert  Monnier.  »  (V.  Blouet.) 

PLOMBER  :  Donner  le  mal 
vénérien, 

PLONGEUR  :  Misérable,  dé- 
guenillé. (Vidocq.)  Mot  à  mot  : 
aussi  nu  qu'un  plongeur.  V. 
Pafe. 

PLOYANT,  PLOYÉ  :  Porte- 
feuille.—Un  portefeuille  SQ  ploie. 

—  «  Les  dimanches  tu  grinchi- 
ras,  dans  les  tôles,  bogues  et 
ployants.  »  (Vidocq.) 

PLUMADE  :  Paillasse.  (Hal- 
bert.) —  De  plume  de  Beauce. 


PLUME  :  Pince  à  ef'^raction. ,; 
V,  Caroiibleur. 

PLUME  DE  BEAUCE  :  Paille.  ; 

—  La  Beauce  est  riche  e  1  céréa- 
les. —  «  Quelle  poésie!  la  paille  • 
est  la  plume  de  Beauce.  »  (Bal- 
zac.) 

PLUMET  (Avoir  son)  :  S'eni- 
vrer, s'empourprer  le  visage 
comme  un  plumet  d'uiMforme. 

—  «  N'est-ce  pas  que  j'  dois  vous 
faire  l'effet  d'avoir  c'qui  s'appelle 
un  plumet?  Messieurs,  c'est  le 
picton!  »  (Voizo.) 

PLUS  QUE  ÇA  de  ch  c  !  Plus 
que  ça  de  monnaie  !  Plu.  que  ça 
de  genre  :  Quel  chic!  qv.elle  for- 
tune !  quel  genre  !  Mot  à  not  :  Tu 
n'as  pas  plus  que  ça  de  chic  ?  etc. 
La  négation  est  ironique  comme 
dans  11  n'est  rien  chic.  y.  Rien. 

—  «  Mazette!  pus  que  ça  (iechic!» 
(E.  Blondet.)  —  «  Mon  homme  a 
la  croix  d'honneur.  Pu  ,  que  ça 
d' monnaie!  »  (Ricard.) 

Pour  abréger,  on  dit  aussi 
Qjie  ça  :  «  C'est  la  voitui  e  du  vi- 
comte de  Saint-Remy.  —  Que  ça 
de  genre?  merci!  »  (E.  Sue.) 

PLUS  SOUVENT  :Ja  nais.  — 
«  Ma  sainte  te  ressembla,  Nini. 

—  Plus  souvent  que  j'ai  un  air 
chose  comme  ça!  »  (Cavarni.) 
V.  Rasoir. 

POCHARD  :  Ivrogne,  ivre. 
Mot  à  mot  :  buveur  qui  a  rempli 
sa.  poche  ou  son  estomac.  —  «Je 
ne  sais  pas  ce  que  j'ai...  je  crois 
que  je  suis  un  peu  po.  hard.  » 
(M.  Michel.) 

POCHARDER  :  Enivrer. 

Puisque  tu  soldes  ma  dépt  nse, 
Je  n'  me  pochard'rai  qu'av  ;c  toi. 
(Festeau.) 


POI 


287- 


POI 


POCHARDERIE  :  Ivrognerie. 

(Vidocq,37.) 

POCHE  :  Même  sens  que  po- 
chard,  dont  il  est  l'abréviation. 

POCHON  :  Contusion.  — 
«  Suivant  qu'un  pochon  bien  ap- 
pliqué vient  nuancer  un  œil  ou 
froisser  un  nez.  »  (H.  Rolland.) 

POÉTRIAU  :  Petit  poète  sans 
valeur.  —  «  Des  peintres,  des 
poétriaux.  »  (Balzac) 

POGNE  :  Voleur.  —  Mot  à 
mot  :  qui  empoigne.  V.  Empo- 
gne.  —  a  La  pogne  pour  fendre 
un  archer  levait  déjà  le  bras.  » 
(Grandval,  1726.)  V.  Poigne. 

POGNON,  Poignon  :  Argent. 
(Halbert.)—  Mot  à  mot  :  ce  qui  se 
prend  et  passe  dans  la  main  ou 
pogne.  —  «  Casque  donc  ton  po- 
gnon, mon  vieux.  »  (Almanach 
du  Hanneton,  67.)  —  «  Est-il 
homme  à  lâcher  son  poignon  ?  » 
(Cavaillé.) 

POIGNE,  POGNE  :  Main.  (Vi- 
docq.)  —  La  main  empoigne.  — 
«  J'ai  la  poigne  solide,  ça  me 
suffit,  et  je  vous  étrangle.  »  (E. 
Lemoine.)  V.  Loubion,  Bridon. 

POIGNE  (A): Qui  n'hésite  pas 
à  prendre  des  mesures  de  ri- 
gueur. Mot  à  mot  :  qui  empoi- 
gne ou  fait  empoigner  (arrêter) 
sans  hésiter.  C'est  un  mot  du 
second  empire  où  on  a  parlé 
beaucoup  des  préfets  à  poigne 
(prononcez  pogne).  —  «  Un  de 
ces  ministres  à  poigne  qui  ne 
reculent  devant  aucun  moyen.  » 
{Liberté,  y 5.) 

POIGNET  (M-""  veuve)  :  Ona- 
nisme. —  Cette  image  sinis- 
tre   en    dit  plus   que    tout    le 


traité  de  feu  Tissot  sur  le  danger 
d'une  telle  monomanie. 

POIGNON  :  V.  Pognon. 

POIL  :  Réprimande.  —  «  Et 
quand  tu  es  rentré,  tu  as  dû 
attraper  un  fier  poil?  —  Ne 
m'en  parle  pas,  on  m'a  envoyé 
coucher  sans  souper.  »  (Evéne- 
ment.)—ic  Je  suis  allé  rendre  visite. 
au  colonel  qui  m'a  administré 
un  poil.  »  {Comm.  de  Loriot.) 

POIL  (A)  :  Résolu.  Mot  à  mot: 
ayant  du  poil  au  cœur.  V.  plus 
bas.  —  «  Des  bougres  à  poil, 
déterminés  à  vivre  libres  ou 
mourir.  »  (Hébert,  1793.) 

POIL  (A)  :  De  talent.  —«M'est 
avis  qu'il  faut  z'être  un  artiste  à 
poil  pour  ça.  »  (Désaugiers.) 

POILS  (A)  :  Nu.  Mot  à  mot  : 
sans  autre  vêtement  que  ses 
poils. 

POIL  AU  CŒUR  (Avoir  du)  : 
Avoir  du  courage. —  Le  poil  est 
un  signe  de  virilité.  Le  plus  sou- 
vent cœur  est  remplacé  par  un 
mot  qui  a  la  même  lettre  initiale. 
—  «Quoi!  dit-il,  ta  valeur  las- 
sée!... Pppule,  as-tu  du  poil  au 
cœur?»  (A.  Lagarde,  le  Bonhom- 
me Popule,  Pau,  36.) 

POIL  DANS  LA  MAIN  (Avoir 
un)  :  Être  fainéant.  (Dhautel.)— 
On  dit  plus  longuement  :  Il  a  un 
poil  dans  la  main  qui  l'empêche 
de  travailler,  pour  faire  enten- 
dre que  la  cause  de  son  inaction 
est  imaginaire. 

POIL  (Faire  le)  :  Surpasser. 
Mot  à  mot  :  raser.  —  «  11  n'y  a 
pas  moyen  de  me  faire  le  poil.  » 
(Vidal,  35.) 


POI 


-  2S8  - 


POÎ 


POILS  (Monter  à)  :  Monter  un 
cheval  sans  selle.  Mot  à  mot  : 
n'ayant  que  ses  poils  pour  cou- 
verture. —  «  Je  sautai  à  bas  de 
mon  cheval.  Il  me  regarda,  disant 
étonné  :  Comment!  à  poil!..  » 
(Souvenirs  de  Krettl}',  09.) 

POIL  (Tirer  le),  Tomber  sur 
le  poil  :  Battre.  Mot  à  mot  ; 
prendre  aux  poils,  c'est-à-dire 
aux  cheveux. 

POINT  :  Monnaie.   V.  Croix. 

POINT  DE  COTÉ  :  Créancier, 
chanteur  exploitant  les  hommes 
qui  ont  certains  vices.  —  Allu- 
sion à  la  gêne  causée  par  le  mal 
de  ce  nom. 

POINTE  (Avoir  sa)  :  Avoir  un 
commencement,  une  pointe  d'i- 
vresse. 

POIRE  (Faire  sa)  :  Jouer  le 
dédain.  —  Allusion  à  la  moue 
qui  allonge  les  lèvres  en  gonflant 
les  joues.  —  «  Je  pourrais  m'en 
targuer  et  faire  ma  poire,  t  (L. 
PoUet.) 

POIREAUX  (Il  est  comme 
les)  :  Il  est  vert  et  vigoureux 
malgré  ses  cheveux  blancs.  — 
Allusion  à  la  racine  chevelue  et 
blanche  du  poireau.  —  L'expres- 
sion n'est  pas  d'hier.  —  oc  Tu  me 
reproches  mon  poil  grisonnant 
et  ne  consydère  point  comment 
il  est  de  la  nature  des  pourreaux 
esquelz  nous  voyons  la  teste 
blanche  et  la  queue  verte,  droicte 
et  vigoureuse.  »  (Rabelais,  1.  III, 
ch.  XVIII,  Pantagruel.) 

POISON  :  «  Sobriquet  outra- 
geant que  l'on  donne  aux  cour- 
tisanes les  plus  viles.  »  (Dhautel, 
oS.)  —  a  O  poison!  disait  made- 
moiselle P . . .  —  Égout  des  cœurs  ! 


répliquait  mademoiselle  T...  » 
(J.  Janin.)  V.  Drogue, 

POISSE  :   Voleur.   (Ilalbert.) 

—  Dq  poisser. 

POISSER  :  Voler.  -  Allusion 
aux  propriétés  de  la  ]  oix  qui 
retient  tout  ce  qu'elle  touche. 
V.  Baite,  Billon,  Philippe. 

POISSER  :  Arrêter.  (Rabasse.) 

—  «Au  bout  d'un  an.  poissé 
avec  une  pesée  de  gii:ot  que 
j'allais  fourguer.  »  (i  eauvil- 
lier.) 

POISSER:Enivrer.Mctàmot: 
s'imbiber  à  en  devenir  p  )isseux, 
gluant.  —  «  Quand  j'ai  vu  qu'il 
allait  se  poisser,  je  l'ai  aidé  à 
vider  les  bouteilles;  c'ét.  it  pour 
le  sauver.»  {La  Correctiinnelle.) 

POISSEUR  :  Filou.  (Rubasse.) 

POISSON  :  Souteneur.  — 
Abréviation  de  poisson  d'avril, 
comme  le  prouve  cet  exemple  : 
«  On  appelle  poisson  d'avril  un 
poisson  qu'on  nomme  au  rement 
maquereau,  et,  parce  qi. 'on  ap- 
pelle du  même  nom  le^  entre- 
metteurs des  amours  illicites, 
cela  est  cause  qu'on  nomme 
aussi  ces  gens-là  poissons  d'a- 
vril. »  (Z)/c^  ^e  Trévoux,  1771, 
art.  Avril.)' —  a  Jeune,  beau, 
fort,  le  poisson  ou  barbillon  est 
à  la  fois  le  défenseur  et  le  valet 
des  filles  d'amour  qui  font  le 
trottoir.  »  (Canler.) 

POISSON  :  Verre.  —  D  1  vieux 
mot  poçon,  tasse.  —  aJ'  n'  suis 
pas  trop  pompette,  viens  je  ré- 
gale d'un  poisson.»  (Les  ^imows 
de  Jeannette  y  ch.  43.)  Y-  Cam- 
phre, Soiffer, 


POI 


POITOU  :  Nulle  chose.  Mot  à 
mot  :  point  du  tout.  —  Jeu  de 
mots  analogue  à  celui  de  Niort. 
—  a  Tout  est  à  notre  usage.  N'é- 
pargnons le  poitou.  »  (Vidocq.) 

POIVRE  :Ivre.  —  Du  vieux 

mot  poipre  :  pourpre.  —  Une 
trogne  de  buveur  s'empourpre 
volontiers.  —  «  Je  voyais  bien 
qu'il  était  poivre.  »    (Monselet.) 

POIVRE  (Ch..r  du)  :  S'en- 
fuir. 

POIVRE  (Piler  du)  :  V.  Piler. 

POIVRE  ET  SEL  :  «  Être  vieux 
et  jeune  ;  poivre  et  sel,  comme 
on  dit  de  ces  chevelures  qui  ne 
sont  plus  brunes  et  qui  répu- 
gnent à  devenir  blanches.  «(Mon- 
selet.) 

POIVREAU  ;  Vol  commis  par 
un  poivrier.  (Rabasse.) 

POIVREAU  :  Ivrogne.  —  De 
poivre.  —  «  Je  me  pique  trop  le 
nez,  je  préfère  en  finir  avec 
mon  existence.  Ce  sera  un  poi- 
vreau  de  moins.  »  {Moniteur, 
lo  septembre  72.) 

POIVREMENT  :  Payement.- 
Poivre,  pris  dans  ce  sens,  doit 
remonter  au  temps  reculé  où  on 
appelait  épices  ce  qui  était  dû 
aux  juges  pour  les  frais  de  jus- 
tice. 

g        POIVRER  :  Vendre  trop  cher. 
^'  —  On  dit  aussi  :  Saler.   (Dhau- 
tel,  08.) 

POIVRER  :  Donner  le  mal  vé- 
nérien. —  «  Pour  se  venger  d'un 
homme,  elle  prit  du  mal  exprès 
afin  de  le  poivrer.  (Taliemant 
des  Réaux,  xvii"  siècle.) 

POIVREUR  :  Payeur. 


289  —  POL 

POIVRIER  :  Habitude  d'in^ 
tempérance.  (Rabasse.) 

POIVRIER  :  Homme  ivre.  V. 
Trou. 

POIVRIER  :  «  Voleur  dont  la 
spécialité  est  de  dévaliser  les 
ivrognes.  »  (Canler.) 

POIVRIER  (Faire  le;  :  Dévali- 
ser les  ivrognes.  —  «  Fais-tu 
toujours  le  poivrier?  —  Si  je  le 
fais,  ce  n'est  pas  vous  qui  me 
prendrez.  »  (Notes   d'un  agent.) 

POIVRIÈRE  :  Femme  ma- 
lade, mot  à  mot  :  femme  qui 
poivre.  —  «  Va,  poivrière  de 
Saint-Côme,  je  me  fiche  de  ton 
Jérôme.  »  (Vadé,  1744.) 

POIVROT  :  Ivre.  —  Forme  de 
poivreau. 


Quand  qu'aile  rapplique  à  la  niche 
Et  qu'  nous  sommes  poivrots, 
Gare  au  bataillon  d'  la  guicheî 
C'est  nous  qu'est  les  dos. 

(Richepin.) 

POLICHINELLE  :  Canon 
d'eau-de-vie  de  même  capacité 
que  le  poisson.  C'est  l'enfant  (en 
a.rgoi polichinelle)  de  la  chopine. 
—  «  Polichinel...  C'est  ainsi  que 
les  fiacres  nomment  une  cho- 
pine en  deux  verres.  »  {Caba- 
rets de  Paris,  21.) 

POLICHINELLE  :  Nouveau- 
né.  —  Comparaison  de  ses  cris 
aigus  à  ceux  de  Polichinelle.  — 
(c  On  lui  donne  cent  francs,  et  il 
reconnaît  le  polichinelle.  »  (A. 
SchoU.) 

POLICHINELLE  DANS  LE 
TIROIR  (Avoir  un)  :  Être  en- 
ceinte. —  «  Sais-tu?  lui  dit  sa 
femme,  je  crois  avoir  un  poli- 

17 


POL 


290  — 


POL 


chinelle  dans  le  tiroir.  Le  mari 
comprend  :  la  femme  est  inté- 
ressante. »  (Figaro.)  —  «  La 
comtesse  :  C'est-il  donc  arrivé? 
—  La  marquise  :  Un  polichi- 
nelle. —  La  comtesse  :  Ciel  !  — 
La  marquise  :  Dans  le  tiroir,  ma 
chère.  —  La  comtesse  :  Pauvre 
petite.  »  (E.  Villars,  66.) 

POLIR  L'ASPHALTE,  Polir 
le  bitume  :  faire  le  trottoir,  rac- 
crocher. 

POLISSON  :  Bourrelet  atta- 
ché au-dessus  des  hanches  pour 
étoffer  la  croupe.  A  la  mode 
vers  1823. — «Le  polisson,  c'était 
un  mouchoir  empesé  que  les 
dames  plaçaient  au-dessous  de  la 
taille  pour  donner  de  l'épaisseur 
à  la  démarche  et  de  l'ampleur 
aux  tissus.  »  (Léo  Lespès,  55.) 
V.  Tournure. 

Vainement,  je  voudrais  vous  dire 
Tout  ce  que  cache  un  polisson. 

(E.  de  Pradel,  23.) 

POLÎSSON,  POLISSONNE  : 
Terme  amical  comme  gueux, 
coquin,  etc.  —  a  Que  noce!  oh! 
mes  enfants  !  que  polissonne  de 
noce  !  »  (Sardou.) 

POLITICIEN  :  «  Qu'est-ce  que 
c'est,  les  trois  quarts  du  temps 
que  ce  que  l'on  appelle  les  hom- 
mes de  parti,  les  politiciens?  Ce 
sont  des  hommes  qui  n'ayant 
pas  le  courage  de  suivre  une  car- 
rière tracée,  toujours  longue  et 
pénible,  se  disent  :  Je  vais  faire 
comme  à  la  roulette...  Si  ma 
couleur  sort,  je  serai  tout  d'un 
coup  ministre,  préfet,  rece- 
veur... »  (Saint-Genest,  yô.)  — 
a  Les  politiciens,  l'engeance  dan- 
gereuse et  vermineuse  qui  vit 


de  la  politique.  »  {Journal  de 
Paris,  75.)  —  Ce  terme  vient 
d'Amérique,  où  la  politivjue  est, 
comme  on  sait,  un  métier  lu- 
cratif. 

POLKA  :  ((  Disons  quelques 
mots  de  cette  gigue  anglaise 
croisée  de  valse  allemande,  qui 
fait  sautiller  aujourd'hui  les  Pa- 
risiens comme  autant  de  coqs 
d'Inde  sur  une  plaque  brûlante.»  ' 
(E.  Arago,  44.) 

C'est  en  ce  temps  de  vogue 
qu'on  a  dit  un  moment  à  la 
polka,  pour  dire  très-bien. 

POLKA  :  Photographie  où  fi- 
gurent des  groupes  obscènes.  — 
«  Ces  photographies  obscènes 
que  leur  argot  appelle  des  pol- 
kas. »  (Du  Camp.) 

POLKA  (Petit)  :  On  .appelle 
ainsi  dans  le  monde  ua  petit 
jeune  homme  niais,  tiré  à  quatre 
épingles,  et  danseur  infatigable. 
—  «  Les  jolies  femmes  dédai- 
gnent les  petits  polka.  »  (ligaro.) 

POLKER  :  Danser  la  polka  : 
«  En  attendant  que  la  polka  dé- 
cline, on  la  conjugue...  On  dit 
polquer  à  l'infinitif.  Pokjue,  dit 
une  femme  à  son  mari.  ■  {Cha- 
rivari, 44.  ) 

POLKEUR  :  Danseur  de  polka. 

POLKISTE  :  Partisan  de  la 
polka.  c(  Les  polkistes  ont  essayé 
de  se  diviser  en  deux  camps  : 
les  partisans  de  Cellaius  et 
ceux  de  Laborde,  autre  profes- 
seur de  polka.  La  Revue  d'  Paris 
est  cellariste  enragée,  et  le  Feuil- 
leton des  Théâtres  est  latordiste 
furieux.  Dans  le  journal  le  Siè- 
cle une  guerre  civile  s'est  décla- 
rée. »  (Charivari,  44.) 


POM 


291  — 


POM 


POLOCHON  :  Traversin.  (Hal 
bert.) 

POxMAQUER  :  Perdre.  V. 
Greffier. 

POMMADER  :  Flatter,  dénon- 
cer. (Rabasse.) 

POMMADEUR  :  «  Brocanteur 
achetant  les  meubles  brisés  ou 
vermoulus  et  mastiquant  leurs 
défauts  avec  de  la  gomme  laque 
et  de  la  cire.  »  (Félin.)  On  l'ap- 
pelle pommadeur,  parce  que  sa 
marchandise  trop  vernie  semble 
pommadée. 

POMMADEUR  :  Flatteur.  (Ra- 
basse.) 

POMMADIER    :    Perruquier, 

coiffeur.  (Rabasse.) 

POMMADIN  :  Élégant  ridicule 
et  par  trop  pommadé.  —  a  Jetez 
ces  anges  sur  le  bitume  à  la 
merci  des  pommadins.))(Michu.) 

POMMARD  :  Bière.  (Halbert.) 
—  Est-ce  parce  qu'elle  a  la  cou- 
leur du  cidre  qui  a  bien  plus  de 
titres  à  s'appeler  pommard? 

POMMÉ  :  Réussi  en  n'im- 
porte quel  genre.  ~  «  Ah  çà! 
c'est  gentil,  c'est  pommé.»  (Zola.) 
•—  //  nous  en  a  dit  une  pommée  : 
il  nous  a  conté  une  chose  drôle. 

POMME  DE  CANNE  :  Tête  ri- 
dicule comme  celle  qu'on  sculpte 
sur  les  pommeaux  de  certaines 
cannes. 

POMMES  (Aux)  :  Très-bien. 
V.  Ognom.  —  Ce  superlatif  fut 
sans  doute  causé  par  la  passion 
qu'avait  jadis  le  gamin  parisien 
pour  le  chausson  aux  pommes. 
Après  avoir  lu  l'exemple  suivant, 


on  pourrait  y  voir  une  locution 
plus  âgée.  —  «  Le  feu  duc  de 
Brissac  (mort  en  i65i)  aimoit 
tant  les  pommes  de  reinette  que, 
pour  bien  louer  quelque  chose, 
il  ajoutait  toujours  de  reinette  au 
bout,  tellement  qu'on  lui  ouït 
dire  quelquefois  :  C'étoit  un  hon- 
nête homme  de  reinette.  »  (Tal- 
lemantdes  Réaux.)—  «  J'ai  mi- 
joté pour  ce  numéro  un  petit 
éreintement  aux  pommes.  »  (J. 
Rousseau.) 

POMPADOUR  :  Coquet,  ga- 
lant, digne  de  Tépoque  où  M""  de 
Pompadour  était  en  faveur.  — 
«  C'est  régence,  justaucorps  bleu, 
Pompadour,  xvme  siècle,  tout  ce 
qu'il  y  a  de  plus  maréchal  de 
Richelieu,  rocaille.  »  (Balzac.) 

POMPADOUR  :  Suranné, 
vieillot.  Acception  ironique  du 
sens  précédent.  V,  Perruque, 
Poncif. 

POMPE  :  Atelier  de  tailleurs. 
V.  Pompier. 

POMPE  ASPIRANTE  :  Se- 
melle trouée  pompant  la  boue. 
(Halbert.) 

POMPER  :  Boire  copieuse- 
ment. —  «  A  la  Courtille,  je  fais 
des  bêtises  quand  j'ai  pompé  le 
sirop.  »  (Mélesville,  3o.) 

POMPETTE    :    Ivre.    —    Du 

vieux  mot  pompette  :  pompon. 
Cette  allusion  à  la  trogne  rouge 
des  buveurs  se  retrouve  dans 
plumet  et  cocarde.  Parlant  d'un 
nez  d'ivrogne,  Rabelais  dit  :  «ef 
purpuré,  à  pompettes.  (Livre  II, 
ch.  jer).  —  ((  Lupolde,  à  tout 
(avec)  son  rouge  nez  à  pompette, 
conclud  tous  ses  contes  par  vin.  » 


PON 


—  292  — 


PON 


(Contes  d'Eutrapel,  xvi«  siècle.) 
—  «  Ce  scélérat  de  vin  de  Cham- 
pagne avait  joliment  tapé  ces 
messieurs;  quant  à  nous  autres, 
en  vérité,  je  crois  que  nous 
étions  un  peu  pompettes  aussi.» 
(Festeau.) 

POMPIER  :  Ivrogne  ayant 
l'habitude  d^  pomper.  —  «  Le 
pochard  aperçoit  un  ami,  et  le 
dialogue  s'engage  entre  les  deux 
pompiers.  »  (Ladimir.) 

POMPIER  :  Ouvrier  tailleur 
travaillant  à  la  journée.  —  «  Les 
pompiers  réunis  forment  la 
pompe.  Il  y  a  la  grande  et  la  pe- 
tite pompe  :  la  grande,  pour  les 
habits  et  redingotes;  la  petite, 
pour  les  pantalons  et  gilets.  » 
(Roger  de  Beauvoir.) 

POMPON  :  Tête.  —  «  Il  vous 
y  envoie  des  pavés  que  ça  brise 
les  pompons.  »  (H.  Monnier.) 

POMPON  :  Premier  rang.  — 
Allusion  au  pompon  qui  distin- 
guait avant  1869  les  compagnies 
d'élite.  —  «  A  moi  le  pompon  de 
la  fidélité.  »  (Marco  Saint-Hi- 
laire.) —  «  A  vous  le  pompon! 
Aussi  c't'  air-là  est  fièrement 
bien  faite.  »  (Carmouche,  26.) 

PONANTE  :  Fille  publique. 
(Vidocq,  37.)  —  Mot  à  mot  :  cou- 
chante. Du  vieux  mot  ponant: 
couchant. 

PONCIF  :  Se  dit  de  ce  qui  est 
banal  et  ne  justifie  aucune  pré- 
tention à  l'originalité.  —  S'em- 
ploie substantivement  et  adjecti- 
vement. —  Vient  du  mot  Pon- 
ds :  dessin  piqué  à  jour  et  poncé 
d'une  façon  particulière  pour 
faire  un  calque.  —  a  Si  chacun 
de  nous    racontait  ses    bonnes 


fortunes?  — Allons  donc  poncif  ! 
Pompadour!  A  bas  la  motion!» 
(Th.  Gautier,  33.)  —  «  Le  pon- 
cif, c'est  la  formule  de  style,  de 
sentiment,  d'idée  ou  d'image 
qui,  fanée  par  l'abus,  court  les 
rues  avec  un  faux  air  hardi  et 
coquet.  Exemples  :  Oest  plus 
qu'un  bon  livre,  c'est  une  bonne 
action.  —  On  ne  remplace  pas 
une  mère.  —  Uhori:{on  politique 
se  rembrunit,  etc.  »  (Aubr)  et.) 

PONIFFE,  PONISSE  :  Fille 
publique,  —  C'est  ponant  e  avec 
changement  de  finale. 

Et  si  la  petite  ponifF  triche 
Sus  le  compte  des  rouleaux, 
Gare  au  bataillon  de  la  guiche, 
C'est  nous  qu'est  les  dos. 

(Richepin,  77.) 

PONT  :  «  Le  pont  consistant 
à  remettre  les  cartes  après  la 
coupe  dans  la  position  où  le  grec 
les  a  préparées,  il  va  de  soi  que, 
lorsque  le  pigeon  aura  coupé 
dans  le  pont,  le  tour  sera  joué.  » 
(Cavaillé.) 

On  dit  faire  le  pont,  couper 
dans  le  pont.  V.  Couper, 

PONT  A  FAUCHER  :  Piège 
tendu.  (Rabasse.) 

PONTE  :  Réunion  de  pon- 
teurs.  «Le  jeu  tombe  en  longueur 
et  la  ponte  glapit  sans  force.  » 
(Alyge.) 

PONTER  :  Payer. 

PONTES  POUR  L'AF  :  As- 
semblée de  fripons.  (Colombey.) 

PONTEUR  :  Bailleur  de  onds. 
W  Miche. 

PONTEUR  :  Joueur.  —  «j'aime 
mieux  un  ponteur  qui,  orné  de 
son  carton,    lentement   le    pro- 


POR 


—  293  — 


POR 


m^ne,  qu'un  ponteur  exalté.  » 
(Alyge.) 

PONTIFE  :  Maître  cordonnier. 
V.  Pignouf.  —  Ce  mot  est  expli- 
qué par  celui  de  porte-aumusse, 
qui  fait  allusion  à  la  forme  du 
tablier  de  cuir. 

PONTON  D'AMARRAGE  : 
Vaisseau-prison.  Les  déportés  y 
sont  comme  amarrés.  —  a  Mon 
cher  camerluche,  me  voilà  enfin 
démarré  de  ce  maudit  ponton 
d'amarrage.  »  (Rabasse.) 

PONTONNIÈRE  :  «  Fille  pu- 
blique fréquentant  le  dessous 
des  ponts.»  (Ganler.) 

POPOTTE  :  Table  d'hôte, 
ratatouille,  et  au  figuré,"  gâchis. 
—  Onomatopée  rappelant  le  cla- 
potement des  mets  placés  sur  le 
feu.  —  «  On  m'annonçait  de  chez 
nous  un  envoi  de  jambons  qui 
devait  remonter  la  popottc  pour 
un  mois.  »  (About.) 

Des  officiers  se  mettent  en  pn- 
potte,  lorsqu'ils  font  faire  leurs 
repas  par  un  cuisinier  militaire, 
sans  recourir  à  un  restaurant 
bourgeois. 

PORC-ÉPIC  :  Saint-sacrement 
(Moreau  Chr.)—  C'est  évidem- 
ment une  allusion  aux  rayons  de 
métal  qui  se  dressent  autour  du 
saint  tabernacle  comme  les  soies 
d'un  porc-épic. 

PORTANCHE  :  Portière.  (Co- 
lombey.)  Changement  de  finale. 

PORTE-AUMUSSE  :  Maître 
cordonnier.  —  Allusion  au  tablier 
de  cuir.  —  «  Nous  lui  délivrons 
le  brevet  de  porte-aumusse, pour 
le  faire  admettre  dans  la  Société.  » 
{Vieux  farceur.) 


PORTE  BIEN  (dui  se)  :  Vi- 
goureux, fort.  —  «  Je  lui  fiche 
une  paire  de  gifles  qui  se  por- 
taient bien.  »  {Petit  Moniteur 
du  20  juillet  66.) 

Il  se  porte  bien  se  dit  ironique- 
ment d'un  homme  gris. 

PORTEFEUILLE  :  Lit.  —  Le     . , 

coucheur  s'y  glisse  comme  un  ^| 
papier  dans  un  portefeuille.  — 
«  Il  est  temps  d'aller  nous  glisser 
dans  le  portefeuille,  comme  di- 
sent les  troupiers.  »  (A.  Lecomte, 
61.) 

PORTE-MAILLOT:  Figurante 
bonne  à  porter  des  maillots, 
mais  incapable  de  jouer  un  rôle. 
—  «  Je  vous  demande  un  peu  ! 
une  porte-maillot  comme  ça.  » 
(Gavarni.) 

PORTE-MINCE:  Portefeuille. 
(Vidocq.)  —  Mot  à  mot  :  porte- 
papier. 

PORTE-MORNIF  :  Porte-mon- 
naie. (Rabasse.) 

PORTE-PIPE  :  Bouche.  — 
tt  Si  je  lui  payais  la  goutte,  car  il 
aime  furieusement  à  se  rincer  le 
porte-pipe.  »  (Vidal,  33.) 

PORTE  DE  PRISON  :  Per- 
sonne revêche.  (Dauthel.)  — «Les 
Avignonnais  qui  sont  aimables 
comme  des  portes  de  prison.  » 
[Commentaires  de  Loriot.) 

PORTE-POIGNE  :  Gant.  (Ra- 
basse.) C'est  à  la  poigne  qu'on 
le  porte. 

PORTE-TRÈFLE  :  Culotte. 
(Vidocq.)  —  Mot  à  mot  :  porte 
de  l'anus. 

PORTÉE  :  Filouterie  de  bac- 
carat. —  a  La  portée  consiste  en 
un  paquet  de  cartes  préparées... 


POS  —  294  — 

de  telle  manière  que  le  ban- 
quier ait  pendant  un  certain 
nombre  de  coups  un  point  supé- 
rieur. »  (Cavaillé.) 

PORTER  (En)  :  Être  trompé. 
Mot  à  mot  :  porter  des  cornes. 
—  «  Dis  donc,  Miroux...,  de  quoi 
donc  que  madame  Miroux  te  fait 
porter?  »  (Gavarni.) 

PORTER  A  LA  PEAU  :  Ex- 
citer le  désir.  —  «  Cette  créature 
porte  à  la  peau.  »  (L.  de  Neu- 
ville.) 

PORTRAIT  :  Figure.  —  Effet 
pris  pour  la  cause.  —  «  Je  m'al- 
longe. Mais  v'ià-t-il  pas  ma 
patte  gauche  qui  lâche  le  trot- 
toir. Je  m'étale  et  je  me  dégrade 
le  portrait.  »  (Monselet.)  — 
«  Lord  Seymour  criait  à  Drake  : 
Tape  au  portrait,  c'est-à-dire  : 
vise  à  la  figure.  »  (Villemessant.) 

POSE  :  Étalage  mensonger, 
attitude  maniérée,  vaniteuse.  — 
«L'amour  platonique!. ..en voilà 
une  pose  !  »  (Gavarni.) 

POSER  :  Mettre  en  évidence. 
Le  Dictionnaire  de  l'Académie 
admet  le  verbe  ^05er  dans  le  sens 
de  «  faire  étalage,  chercher  à  pa- 
raître ce  qu'on  n'est  pas.  »  — 
<  Voilà  un  ménage  qui  pose  une 
femme.  »  (Balzac.) 

POSER  (Faire)  :  Mystifier.  — 
a  II  croyait  toujours  qu'on  allait 
ce  qui  s'appelle  le  faire  poser  et 
se  moquer  de  lui.  »  (Méry.) 

POSER  SA  CHIQUE  :  Garder 
le  silence.  On  a  commencé  par 
dire  poser  sa  chique  et  faire  le 
mort. 


POS 


Le  roi  règne  sans  gouverner. 
Si  le  nôtre,  un  jour,  s'en  écarte, 
Qu'il  aille  interroger  la  Charte  i 


Elle  lui  répondra  d'abord  : 
Pos'  ta  chique  et  fais  1'  mort, 

(J.  Leroy.) 

POSER  ET  MARCHER  DANS  : 

S'embrouiller,  se  vendre.  (Hal- 
bert.)  —  Allusion  scatologique, 

POSER  UN  GLUAU  :  Prendre, 
arrêter,  emprisonner.  — On  con- 
naît les  effets  de  la  glu.  —  «  Mes 
anciens  compagnons  de  vol  s'é- 
taient fait  poser  un  gluau,  et 
j'étais  encore  une  fois  isolé.  » 
(Lacenaire,  36.) 

POSEUR,  POSEUSE: Homme 
qui  pose,  femme  qui  pose.  Se 
prend  aussi  adjectivement.  — 
«  Tutoyez  les  femmes,  et  si  elles 
protestent  contre  vos  pri^  autés, 
insinuez  brutalement  que  vous 
détestez  les  poseuses.  »  (Marx.) 
—  «  Ces  jolis  poseurs  à  vestons 
de  velours.  »  (P.  Véron.) 

POSITIVISTE  :  Doctrinaire 
de  l'école  d'Auguste  Con  te  qui 
a  fondé  la  religion  positive.  — 
«  Le  citoyen  Grossetête  écrit 
pour  dénoncer  la  conduite  du 
député  positiviste.  »  {Liberté.) 

POSTE  AUX  CHOUX  :  C'est 
ainsi  que  dans  la  marine  on  ap- 
pelle le  canot  qui  sert,  en  rade, 
aux  provisions. 

POSTÉRIEUR  :  Derrière.  — 
On  dit  aussi,  par  pure  délica- 
tesse, le  bas  du  dos,  le  bas  de  l'é- 
pine dorsale,  le  bas  des  reiis,  les 
parties  charnues,  le  bienséant, 
etc.,  etc. 

POSTICHE  :  Parade  62  sal- 
timbanque. —  «  Il  s'était  ;xquis 
une  certaine  réputation  d  uis  le 
boniment,  la  postiche  et  la  pa 
rade.  On  nomme  ainsi  k  pro- 
logue   que    les    saltimbanques 


POT 


jouent  devant   leur  baraque 
(Privât  d'Anglemont.) 

POSTICHE  :  Rassemblement 
sur  la  voie  publique. 

POSTILLON  :  a  Un  postillon 
est  une  boulette  de  mie  de  pain 
pétrie  entre  les  doigts  et  renfer- 
mant un  avis  adressé  à  un  déte- 
nu. »  (Canler.)  —  L'allusion  se 
devine. 

POSTILLON  :  a  On  appelle 
postillon  les  cartes  qui  indi- 
quent le  début  ou  la  fin  d'une 
passe  au  baccarat-chemin  de  fer 
et  à  quel  tableau  aura  lieu  l'a- 
battage au  baccarat-banque.  Au 
chemin  de  fer  il  y  a  autant  de 
postillons  que  de  passes,  et  l'en- 
semble des  passes  s'appelle  des 
séquences.  »  (Gavaillé.) 

POSTILLONS  (Envoyer  des)  : 
Crachotter  en  parlant.  —  c  Les 
élèves  de  M.  G.  projettent  ce 
qu'on  appelle  des  postillons  dans 
un  certain  monde.  »  (Marx.) 

POTACHE,  POTACHIEN  : 
Collégien.  —  Le  premier  mot  est 
une  abréviation.  Allusion  au 
chapeau  de  soie,  dit  pot  à  chien, 
porté  dans  les  collèges  avant  le 
képi.  —  «  Écoutez,  jeunes  po- 
taches, qui  au  lieu  de  décliner 
rosa  la  rose,  allez  vous  balader.  » 
{Figaro,  jb.)  V.  Bahut. 

POT-AU-FEU  :  Casanier,  ar- 
riéré. —  «  Ce  n'est  pas  cet  imbé- 
cile qui  m'aurait  éclairée...  il  est 
d'ailleurs  bien  trop  pot-au-feu.  » 
(Balzac.) 

POT-AU-FEU  :  «Les  faux mon- 
nayeurs  désignent  leur  creuset 
ou  leur  marmite  à  fusion  sous 
le  nom  de  pot-au-feu.  »  (Ra- 
basse.) 


—  295  — 


POT 


POTARD  :  Apprenti  pharma- 
cien. —  Allusion  aux  nombreux 
pots  dont  il  est  gardien. 

POTASSE,  POTASSEUR  :  Ce 

mot  désigne  un  piocheur  mal- 
heureux,  candidat  très -labo- 
rieux, mais  échouant  aux  exa- 
mens. —  Forme  de  potache  (?) 

POTASSER  :  Travailler  assi- 
dûment. —  «  C'est  Chauvin. 
Oncques  ne  l'ai  vu  depuis  que 
nous  étions  cornichons  ensemble 
au  bahut  et  que  nous  potassions 
notre  bachot.  »  (Vie  parisienne, 
66.) 

POTEAU  :  Camarade.—»  Bien 
réussi  un  pédé  au  chantage  avec 
mon  poteau  Coconas.  »(Beauvil- 
liers.) 

POTEAUX  :  Grosses  jambes. 
(Dhautel,)—  Gavarnidéfinitainsi 
celles  d'une  danseuse  qui  ruine 
ses  amants  :  «  Deux  poteaux  qui 
montrent  la  route  de  Clichy.  » 

POTIN  :  Commérage.  —  «  Le 
petit  B.  est  au  milieu  des  bavar- 
dages, des  cancans,  des  potins.  » 
{Vie  parisienne.) 

POTIN  :  Bruit,  querelle,  cha- 
maillerie. —  «  La  séance  de  l'As- 
semblée a  été  calme...  Un  instant 
on  nous  avait  annoncé  qu'il  y 
aurait  quelque  chose,  ce  qu'en 
termes  de  couloirs,  on  appelle 
du  potin.  »  (Figaro,  mai  75.) 

POTINER  :  Commérer. 

POTINEUR  ,  POTINEUSE  : 
Commère  mâle  ou  femelle. 

POTINIER  :  Même  sens  que 
potineur.  —  a  Le  Parisien  cau- 
seur, bavard,  potinier  que  le 
moindre  fait  divers  passionnait.  » 
(A.  WolfF.) 


POU 


—  296  — 


POU 


POUCE!  (Et  le)  :  S'emploie 
pour  dire  :  Il  y  a  beaucoup  plus 
que  vous  ns  prétendez. 

.  POUCE  (Donner  le  coup  de)  : 

Etrangler. 

Il  y  a  aussi  le  coup  de  pousse 
du  détaillant  qui  lui  permet  de 
vendre  à  faux  poids  avec  des  ba- 
lances exactes. 

POUCETTE  :  «  Pratiquer  la 
poucette,  c'est  augmenter  son 
enjeu  quand  on  est  certain  de 
gagner.  A  Paris,  les  grecs  associés 
pour  cette  filouterie  s'appellent 
des  cousins.  »  (Cavaillé.)  —  L'ar- 
gent s'avance  à  l'aide  du  pouce, 
d'où  le  mot  poucette, 

POUCHON  :  Bourse.  (Halbert.) 
Forme  de  pochon  :  petite  poche. 

POUF  :  Chute,  déconfiture.— 
«  T.es  pertes  que  vos  trous  dans  la 
lune,  où  vos  pouf?,  pour  parler 
le  style  du  local ,  lui  occasion- 
nent. »  (Vidal,  33.)  V.  Puf. 

POUFFIACE  :  Femme  sale, 
avachie. 

POUIC  :  Rien.  (Grandval.)  — 

Du  vieux  mot^oïc.-peu. 

POUIFFE  :  Argent.  (Halbert.) 

POULAILLER  :  C'est  le  der- 
nier étage  du  théâtre.  Les  spec- 
tateurs y  sont  juchés  comme  sur 
un  perchoir. —  «Des  baignoires, 
du  parterre,  de  l'orchestre  et  sur- 
tout de  l'aérien  poulailler,  » 
(Boue  de  Villiers.) 

POULAINTE  :  Escroquerie 
sous  prétexte  d'échange.  (Co- 
lombey.) 

POULE  D'EAU  :  Blanchis- 
seuse. (Halbert.)  —  Se  tient 
comme  cet  oiseau  sur  le  bord 
des  cours  d'eau. 


POULET  D'INDE  :  Cheval.-. 
«  Trois  poulets  d'Inde  et  puis 
monsieur  feraient  un  fringant 
attelage.  »  {Vadé,  lySS.) 

POUPARD,  POUPON    :   Vol 

préparé  de  longue  main.  —  La 
comparaison  n'a  pas  besoin  d'ex- 
plication. —  «  Un  petit  pou- 
pard  que  nous  nourrissons  de- 
puis deux  mois.  »  (E.  Suc.) 

POUPÉE  :  Prostituée.  Elle 
s'achète  comme  un  joujou.  — 
«  Je  m'en  fus  rue  Saiat-Ho- 
noré  pour  y  trouver  ma  poupée.» 
(Vidal,  33.)  ~  En  1808,  on  di- 
sait  poupée  à  ressorts.  Au  dernier 
siècle,  on  appelait  catinsh^s  pou- 
pées, et  il  est  à  remarquer  que  le 
synonyme  a  été  pris  au  figuré 
dans  la  même  acception. 

POUPOULE  :  Mot  d'amitié.— 
((  Reste  avec  ta  poupoule.  »  (L. 
Lemoine.) 

POURRI  :  Vénal,  corrompu. 
—  «  Dans  le  cas  où  M.  de  la 
Baudraye  serait  acquis  au  gou- 
vernement, Sancerre  devenait  le 
bourg  pourri  de  la  doctrine.  » 
(Balzac.) 

POURRI  :  Rempli.  —  «  Je 
suis  une  femme  hors  lignj,  uni- 
que, pourrie  de  chic,  c  (  l^ie 
pansiennCy  66.)  —  «  Q  loique 
né  roturier,  de  galbe  il  es;  pour- 
ri. »  {Idem,) 

POUSSE  :  Police.  --  Elle 
pousse  les  justiciables  ei  pri- 
son. —  «  Archers ,  rjcors  , 
exempts,  et  tout  ce  que  la 
pousse  a  nourri  de  vaillant.  » 
[Grandval.) 

POUSSE  (Ce  qui  se)  :  L'i  rgent. 
Mot  à  mot  :  ce  qui  se  pousse  de 
la  main  à  l'instant  où  l'on  paye. 


PRA 


-  297  — 


PRE 


POUSSE-CAFÉ  :  Petit  verre  de 
cognac  pris  après  le  café.  — 
«  Ensuite  nous  avons  pris  le 
café,  le  pousse -café,  le  repousse- 
café.  »  (Voizo.) 

POUSSE-CAILLOUX  :  Fan- 
tassin. Mot  à  mot  :  piéton  pous- 
sant les  cailloux  du  pied.  — 
«  Votre  frère  était  dans  les  dra- 
gons, moi,  j'étais dansles pousse- 
cailloux.  »  (Balzac.) 

POUSSÉ  :  Ivre.  —  Abréviation 
de  poussé  de  boisson.  —  «  Quand 
il  y  en  a  un  qui  est  poussé  de 
boisson  jusqu'à  la  troisième  ca- 
pucine, il  lui  met  une  adresse 
sur  le  dos,  et  l'emballe  dans  un 
sapin.»  [La  Correctionnelle,  40.) 

POUSSÉE  :  Action  de  battre, 
de  faire  reculer.  —  «  Nous  leur 
avons  f— u  une  belle  poussée,  » 
se  dit  après  une  attaque  victo- 
rieuse. 

POUSSÉE  :  Réprimande. 
(Dhautel.) 

POUSSÉE  (Belle)  :  Se  dit  iro- 
niquement d'un  avantage  illu- 
soire. On  dit  le  plus  souvent  : 
«  Voilà  une  belle  poussée,  »  d'un 
acte  qui  ne  mène  à  rien. 

POUSSER  DANS  LE  BAT- 
TANT (Se)  :  Boire.  V.   Pivois, 

Battant. 

POUSSIER  :  Mauvais  lit.  — 
c  Je  lui  paye  son  garni  de  la  rue 
Ménilmontant,  un  poussier  de 
quinze  balles  par  mois.  »  (Mon- 
selet.) 

POUSSIER  :  Monnaie.  (Vi- 
docq.)  —  Synonyme  exact  de  ce 
qui  se  pousse.  V.  plus  haut. 

PRATIQUE  :  Homme  débau- 
ché. Mot  à  mot  :  pratique  de 
mauvais  lieux.  —  et  Pour  ouvrir 


les  portes  du  ciel,  pourquoi  choi- 
sir cette  pratique?»  (Rœnji,  26.) 
—  «  C'était  une  pratique  qui  se 
■démenait  comme  un  enragé  entre 
les  mains  de  la  garde.  »  (Vidal, 
3;^.)  —  «  Tout  cela  n'est  que  de 
la  pratique;  ils  t'ont  fait  voirie 
comme  des  gueux.  »  (Monselet.) 
V.  Carotteur,  Bordée. 

PRATIQUE  :  Instrument  ser- 
vant à  imiter  les  cris  de  Polichi- 
nelle. —  «  Polichinelle  doit  ren- 
fermer sa  pratique.  »  [Complainte 
sur  les  jours  gras,  Paris,  26.) 

PRE  :  Premier. —  V.  Preu. 

PRÉ,  GRAND  PRÉ  :  Travaux 
forcés.  —  Voir  l'étymologie  ci- 
dessous.  —  «  Ne  crains  pas  le  pré 
que  je  brave.  »  (Vidocq.)  —  a  Du 
grand  pré  tu  te  cramperas,  pour 
rabattre  à  Pantin  lestement.  » 
(Idem.) 

A  lier  faucher  au  pré  quinze  ans  : 
Avoir  quinze  ans  de  galères.  Le 
grand  pré  est  ici  la  mer  dont  les 
galériens  coupaient  jadis  de  leurs 
avirons  les  ondes  verdâtres, 
comme  des  faucheurs  rangés 
dans  une  prairie.  On  sait  que 
les  condamnés  ramaient  sur  les 
galères  du  roi. 

PRÉ  AU  DAB  COURT  TOU- 
JOURS :  Prison  de  Mazas.  Allu- 
sion à  la  surveillance  qu'on  y 
exerce.  V.  Marguct. 

PRÉ  SALÉ  :  La  mer.  (Rabasse.) 
Ce  mot  imagé,  qui  est  en  même 
temps  un  jeu  de  mots,  confirme 
notre  précédente  étymologie  de 
faucher  au  pré.  V.  Igo. 

PRÉDESTINÉ  :  Mari  prédes- 
tiné à  être  trompé. —  «  Prédes- 
tiné signifie  destiné  par  avance 


'7- 


PRE 


—  298 


PRO 


au  bonheur  ou  au  malheur... 
Nous  donnons  à  ce  terme  une 
signification  fatale  à  nos  élus.  » 
(Balzac.) 

PRÉFECTANCHE  :  Préfecture 
de  police.  —  Changement  de 
finale. 

PREMIER,  PREMIÈRE  :  Chef 
de  rayon  dans  un  magasin  de 
nouveautés.  —  «  Ces  premières 
qui  dans  les  magasins  de  nou- 
veautés regardent  d'un  air  impo- 
sant les  petites  gens  qui  se  per- 
mettent de  marchander.»  (Alph. 
Daudet.) 

PREMIER  NUMÉRO  :  Incom- 
parable. —  «  Sac  à  vin,  pochard 
premier  numéro,  il  est  dans 
l'ivresse  du  picton  à  quatre  sous, 
sans  lance,  qu'il  vient  de  passer 
en  contrebande  à  la  barrière.  » 
{Catéchisme  poissard,  44.) 

PREMIER-PARIS  :  «  Un 
grand  article,  appelé  Premier- 
Paris,  c'est  une  série  de  longues 
phrases,  de  grands  mots  qui,  sem- 
blables aux  corps  matériels,  sont 
sonores  à  proportion  qu'ils  sont 
cerux.  »  (A.  Karr.) 

PREMIÈRE  :  Première  lettre. 
—  Réminiscence  des  épîtres  des 
apôtres.  —  Ne  se  dit  qu'en  fait  de 
polémique.  —  «  Aurore  écrivit  à 
son  frère  sa  première  aux  Pari- 
siens. »  (Michu.) 

PREMIÈRE  :  Première  repré- 
sentation. —  «  Parbleu!  est-ce 
que  je  manquerais  une  pre- 
mière du  Palais-Royal!  »  (Ville- 
mot.) 

PRENDS  GARDE  DE  LE 
PERDRE  :  Locution  ironique 
adressée  au   propriétaire  d'une 


personne  ou  d'une  chose  consi- 
dérée comme  perdue  ou  sans  va- 
leur. «  Il  ordonne  de  le  faire 
empoigner,  mais  prends  garde 
de  le  perdre.  »  {Commentaires 
de  Loriot.) 

PRESSE  (Il  n'y  a  pas  de)  : 
Il  n'y  a  pas  besoin  de  se  presser, 
pour  dire  :  je  n'irai  pas.  —  «  Tu 
viendras,  dis?  —  Plus  souvent  ! 
Y  a  pas  de  presse.  »  (A  Tantôt.) 

PRESSE  (Mettre  sous)  :  Mettre 
en  gage.  —  Les  objets  engagés 
sont  empilés  au  mont-de- piété. 
—  En  i8o8,  on  disait  Mettre  en 
presse. 

Dans  le  monde  galant,  être 
sous  presse  signifie  :  «  Être  en 
conférence  intime.  » 

PREU  :  Premier.  —  Abrévia- 
tion ancienne  qu'on  trouve  déjà 
dans  la  Farce  de  Pathelii.  — 
«  Tiens!  v'ià  le  bijoutier  du 
no  10  qui  vous  a  loué  tout  son 
preu  (i*""  étage).  »  (H.  Monaier.) 

PRISE  DE  BEC  :  Dispute.  — 
((  Entendez- vous  son  ori  ane  ! 
Elle  a  une  prise  de  bec  avec  An- 
gelina.  »  [les  Étudiants,  60.) 

PRISTI  :  Juron.  —  Abrévia- 
tion de  Sapristi.  V.  ce  mot. 

PROFONDE  :  Poche.  Elle  est 
profonde,  par  opposition  au 
gousset.  —  «  Ils  se  désignent 
entre  eux  sous  le  nom  de  touil- 
leurs  de  profondes.  »  (Paillet.) 

PROFONDE  :  Cave.  Elle  est 
au  plus  profond  de  la  maison. 
—  «  Je  vais  à  la  profonde  \  ous 
chercher  du  frais.  »  (Vidocq.) 

PROIE  :  Derrière.  (Halbert.) 


PRU  —  299 

PROMONCERIE  :  Procédure. 

(Vidocq.) 

PROMONT  :  Procès.  (Vidocq.) 

—  Changement  de  finale. 

PRONIER,  PRONIÈRE  :  Père, 
mère.  (Halbert.) 

PROTECTEUR:  Entreteneur. 

—  Onapubliéen  1841  une  Phy- 
siologie du  protecteur. 

PROTÉGER  :  Entretenir.  — 
(c  Votre  monstre  d'homme  pro- 
tège Jenny.  »  (Balzac.) 

PROUTE  :  Pet,  plainte.  — 
Onomatopée.  V.  Pet. 

PROUTER  :  Se  plaindre,  se 
fâcher. 

PRUDHOMME,  MONSIEUR 
PRUDHOMME  :  Bourgeois  sen- 
tencieux et  banal,  comme  le 
type  populaire  créé  par  Henry 
Monnier.  —  «  En  face  de  ce  pa- 
radoxe en  peinture,  il  semble 
qu'on  ait  peur  de  passer,  si  on 
ne  l'admet  pas,  pour  un  philis- 
tin, un  bourgeois,  un  Joseph 
Prudhomme,  un  goitreux.  » 
(Th.  Gautier.) —  «  Les  principes, 
la  religion,  le  pays,  c'est  pour 
les  naïfs,  c'est  pour  les  Pru- 
dhomme. »  (S*  Genest,  y5.) 


-  PUE 

^  PRUNE  DE  MONSIEUR  : 
Évêque.  (Vidocq.)  —  Il  est  habillé 
de  violet  comme  une  prune. 

PRUSSE  (Pour  le  roi  de).:  Gra- 
tis. —  Vient  de  C2  que  cet  État  ne 
payait  point  le  3i  du  mois  à  ses 
employés.  —  «  S'ils  viennent,  ce 
sera  pour  le  roi  de  Prusse.  » 
(Cogniard,  3i.) 

PRUSSIEN  :  Derrfère.  —  Allu- 
sion aux  dyssenteries  qui  décimè- 
rent l'armée  prussienne,  pendant 
l'invasion  de  1792.  On  a  pris  le 
tout  pour  la  partie.  —  «  Et  puis 
après,  la  Prusse  est  entrée  en 
France  d'où  la  gourmandise  l'a 
forcée  de  sortir,  car  elle  tachait 
toutes  ses  chemises.  »(Reys,  i5.) 

—  En  1825  on  apublié  le  Manuel 
du  Prussien  ou  guide  de  l'artil- 
leur sournois. 

PUANT  :  Homme  qu'on  ne 
peut  sentir,  qui  vous  pue  au  nez. 

—  A  commencé  par  se  dire  des 
élégants  par  trop  parfumés.  — 
a  Ce  petit  puant...  un  petit- 
maître,  toujours  sans  consé- 
quence. »  (Parodie  de  Zaïre, 
xvin«  siècle.) 

PUCES  (Trouver  des).  Cher- 
cher des  puces  :  chercher  querelle. 
Mot  à  mot  :  sauter  sur  le  moin- 
dre motif  comme  si  on  cherchait 


PRUDHOMMIE  :  Radotage 
sentencieux.  —  «  C'est  là  la  vraie    ,  ,  ,        , 

politique.  Tout  le  reste  n'est  que  i  ^  g""^^'^  "^^  P^'^^^^  ^î"'^' 
prudhommieetbanalité.»(S»Ge.i«^^  pourtant  la  Giraudeau 
nest,  75.) 

PRUNE,  PRUNEAU  :  Pro- 
jectile. —  Allusion  de  forme.  — 
a  C'est  tout  de  même  vexant  d'a- 
voir échappé  si  souvent  aux 
prunes  pour  être  tué  comme  un 
chien.  »  —  «  Quand  j'ai  reçu  le 
pruneau,  j'ai  dit  :  Bien,  c'est  le 
bon!  »  (L.  Reybaud.) 


trouvé  moyen  de  me  trouver  des 
[  puces.  »  {La  Correctionnelle.) 

!      PUDIBARD  :  Faussement  pu- 
dibond. 


PUDIBARDERIE  :  «  Leur  pu- 
deur est  de  la  pudibonderie,  je 
dirai  même  de  la  pudibarderie.  » 
(M™»  Rattazzi.) 

PUER,  PUER  AU  NEZ  :  Être 


QUA 


—  3oo  — 


QUA 


intolérable.  —  «  J'ai  été  pri:. 
huit  jours  de  la  nostalgie.  La 
caserne  me  pue.  "»  {Commentaires 
de  Loriot.) 

PUFF  :  Banqueroute.  —  «  Il 
serait  homme  à  décamper  gratis. 
Ce  serait  un  puff  abominable.  » 
(Balzac.)  V.  Pouf. 

PUFF  :  Réclame  effrontée.  — 
Mot  anglais.  —  ce  Le  Lafayette  du 
puff  qui  en  matière  de  réclames 
est  le  héros  des  deux  mondes.  » 
(Heine.) 

PUFFISTE  :  Faiseur  de  puffs. 
—  c  Ne  laissant  nulle  trêve  à 
Tessaim  .des  puffistes.  »  (Com- 
merson.) 

PULLING  :  V.  Robing. 

PUNAISE  :  Fille  publique.  — 
Vieux  mot  signifiant  infecte.  — 
«La  scène  se  passe  faubour,^ 
Montmartre.  Une  fille  arrête  un 
coupé  et  s'y  glisse  en  criant  : 
Cocher!  au  bois!  —  Au  bois  de 
lit,  punaise  !  fait  un  gamin  qui 
passe.  »  {Revue  anecdotigue,  62.) 

PUR  :  Homme  sacrifiant  tout 


à  ses  principes.  On  dit  :  c'est  un 
pur.  — Souvent  ironique.  —  «Les 
purs  de  la  droite  ont  applaudi.  » 
(A.  MiUaud,  75.) 

PUR-SANG  :  Cheval  de  race. 
—  «  Célestine  hochait  la  tête 
comme  un  pur-sang  avant  la 
course.  »  (Balzac.) 

PURÉE  :  Cidre.  (Vidocq.) 

PURÉE  DE  POIS  :  Absinthe. 
Allusion  de  couleur.  V.  Cogne. 

PUREUSE  :  Détenue  rendant 
des  services  à  l'administration. 
V.  Topiser. 

PURGATION  :  Plaidoyer. 
(Vidocq.)  —  Il  purge  de  toute 
culpabilité. 

PUTIPHARDER  :  Violer  sans 
plus  de  façons  que  la  femme  de 
Putiphar.  —  «  Ces  diables  de 
gens,  il  faut  vraiment  les  puti- 
pharder  pour  avoir  Thoaneur 
de  peindre  leurs  silhouettes.  » 
(Champfleury.) 

PYRAxMIDAL  :  Aussi  remar- 
quable que  les  pyramides  d'E- 
gypte. V.  Granitique, 


Q 


QUANTUM  :  Caisse,  somme 
d'argent.  —  Latinisme.  —  «  En- 
core cent  mille  francs!  il  est  allé 
faire  une  saignée  nouvelle  à  son 
quantum.  »  (Ricard.) 

QUANTUM  MUTATUSrCom- 
bien  il  a  changé  !  —  Latinisme.  — 
«  Ce  vieillard  qui  a  eu  tant  d'es- 
prit autrefois,  quantum  muta- 
tus!  »  (A.  Millaud,  75.) 


QUARANTE  (Les)  :  Les  qua- 
rante membres  de  l'Acadcmie 
française.  — Se  dit  mêmequand 
elle  n'est  pas  au  complet. 

QUARANTE-CINQ  A 
QUINZE  :  Exclamation  pro- 
verbiale, toutes  les  fois  qu'on 
voit  briser  beaucoup  de  verre  ou 
de  vaisselle.  (Dhautel.)  Signifie 
sans  doute: quarante-cinq  pièces 


QUA 


—  3oi 


QUE 


à  quinze  sous.  —  «.  Bon!  qua- 
rante-cinq à  quinze!  »  (H.  Mon- 
nier.) 

QUART  (Battre,  faire  son)  : 
Se  dit  de  la  station  d'une  fille 
sur  la  voie  publique.  Tolérée 
par  la  police  de  sept  à  onze  heu- 
res du  soir,  elle  équivaut  au 
quart  des  marins.  —  «  La  tour- 
terelle y  fait  le  quart  et  vous  a 
des  gestes  de  lupanar.  (  Vie  pari- 
sienne, 66.) 

Q.UART  D'AGENT  :  Proprié- 
taire du  quart  de  la  valeur  d'une 
charge  d'agent  de  change.  — 
«  Une  bourrasque  fit  sombrer 
son  quart  d'agent  dans  l'océan  de 
la  Bourse.  »  (Achard.)  —  Il  y  a 
des  cinquièmes,  sixièmes  et  des 
dixièmes  d'agent,  sans  compter 
le  reste. 

Q.UART  D'AUTEUR  :  Auteur 
ayant  toujours  travaillé  en  col- 
laboration. 

QUART  DE  MARQUE  :  Se- 
maine. (Vidocq.)  V.  Marque. 

QUART  DE  MONDE  :  Monde 
assez  libre,  si  on  veut  se  re- 
porter à  ce  qu'est  le  Demi-monde 
(V.  ce  mot  dont  il  est  un  dérivé). 
—  «  Marguerite  a  quitté  le 
quart  de  monde  pour  le  nou- 
veau. Traduction  libre  :  elle  va 
jouer  en  Amérique.  »  {Mystères 
de  V  École  lyrique,  68.) 

QUART  D'ŒIL  :  Commissaire 
de  police.  —  «  Quarante-huit' 
commissaires  de  police  veillent 
sur  Paris,  comme  quarante-huit 
providences  au  petit  pied;  de  là 
vient  le  nom  de  quart  d'œil  que 
les  voleurs  leur  ont  donné  dans 
leur  argot,  puisqu'ils  sont  quatre 
par  arrondissement.  »  (Balzac.) 


—  Comme  le  mot  est  antérieur  à 
l'organisation  susdite,  on  doit  y 
voir  plutôt,  avec  M.  Michel,  une 
allusion  à  l'ancienne  robe  noire 
des  commissaires,  dite  cardeuil. 
V.  Parrain. 

QUASIMODO  :  Homme  hideu- 
sement contrefait.  —  Du  nom 
d'un  type  de  la  Notre-Dame  de 
V.  Hugo. 

QUATRE  COINS  :  Mouchoir. 
Il  a  quatre  coins. 

QUATRE-YEUX  :  Yeux  dou- 
blés de  lunettes.  —  «  Voyez  donc 
ce  grand  escogriffe  avec  ses  qua- 
tre-s'yeux.  »  [Catéchisme  pois- 
sard, 40.) , 

QUELPOIQUE  :  Rien.  (Hal- 
bert.)  h\o\.  a.  vciol  :  quel  poiquê  ! 
c'est-à-dire  combien  peu!  Poique 
est  ici  pris  pour  pouic.  V.  ce 
mot. 

QUELQUE  PART  :  Au  der- 
rière. —  a  Toutes  les  fois  que  ce 
gredin-Ià  me  tutoie,  c'est  comme 
si  je  recevais  un  coup  de  pied 
quelque  part.  »  (Sardou.) 

QUELQUE  PART  (Aller)  : 
Aller  aux  commodités. —  Terme 
ancien.  Les  Mémoires  secrets 
de  Bachaumont  en  offrent  un 
exemple  dans  cette  repartie  su- 
perbe du  financier  La  Popeli- 
nière  à  un  courtisan  qui  lui 
avait  dit  d'un  air  dédaigneux  ; 
((  Il  me  semble,  monsieur,  vous 
avoir  vu  quelque  part.  »  A  quoi 
le  financier  répondit  :  «  En  effet, 
monsieur,  j'y  vais  quelquefois.  » 

QUELQUE  PART  (Avoir)  : 
Être  ennuyé  au  suprême  degré. 
Augmentatif  d'en  avoir  plein  le 
dos.  Seulement,  cela  se  prolonge 
un    peu  plus  bas.   —  a  Pour  ce 


QUE 


—    302    — 


QUE 


qui  est  de  la  rousse  et  du  guet, 
je  les  ai  queuqu'part.  »  (Cabas- 
sol.) 

QUELQU'UN  (Faire  son): 
Trancher  du  personnage.  —  «  Si 
madame  fait  un  peu  sa  quel- 
qu'une. «(Balzac.) 

QUENIENTE  :  Pas,  point. 
(Halbert.)  —  Mot  à  mot  :  que 
nonpas.  Italianisme. 

QUENOTTE  :  Petite  dent. 
(Dhautel.)  «  Ouvre  la  gargoine. 
Prends  le  bout  de  ce  foulard 
dans  tes  quenottes.  »  (E.  Sue.) 

QUENOTTIER  :  Dentiste. 

QUEUE: Dégénérescence,  pâle 
imitation.  —  «  Cet  art-là  n'est 
même  pas  la  queue  embourbée 
du  genre  Marie-Antoinette.  (Th. 
Silvestre.) 

QUEUE  :  «  A  Bruxelles,  plus 
d'un  journal  quotidien  compte 
de  quatre  à  cinq  queues,  c'est-à- 
dire  qu'il  transforme  son  titre  en 
conservant  la  même  matière  de 
texte  ou  à  peu  près,  et  sert  ainsi 
plusieurs  catégories  d'abonnés.  » 
{Figaro.) 

QUEUE  (Faire  la)  :  Faire  une 
infidélité  galante.  —  a  Je  connais 
un  général  à  qui  on  a  fait  des 
queues  avec  pas  mal  de  particu- 
liers. »  (Gavarni.) 

QUEUE  (Faire  la)  :  Escroquer 
une  somme  due.  — Mot  ancien. 
F.  Michel  l'a  retrouvé  dans  une 
chronique  de  M.  Aye  {la  Branche 
des  royaux  lignages).  «  Ainsi 
li  firent-ils  la  queue  par  art  et 
desloiauté.  »  —  «  Sitôt  que  le 
fourrier  s'est  éloigné,  les  cham- 
bres retentissent  de  clameurs  : 


C'est  dégoûtant!  on  nous  fait  la 
queue.  »  (La  Bédollière.'i 

QUEUE  (Faire  la)  :  Tromper. 

—  «11  faut  se  contraindre,  et  vous 
avez  un  fameux  toupei  si  vous 
parvenez  à  faire  la  queue  au 
père  Lahire.  »  {Phys.  de  la 
Chaumière,  41.) 

QUEUE  DE  MORUl^.  :  Habit 
noir.  — Cette  allusion  à  la  forme 
ancienne  des  pans  (  à  bouts 
croisés  faisant  presque  la  four- 
che) n'est  plus  justifiée  aujour- 
d'hui. De  là  le  mot  sifflet  qui 
répond  mieux  à  l'aspect  actuel. 

QUEUE  ROMANTIQUE  :  Jeu 
de  mots  altérant  le  sens  raison- 
nable de  la  phrase.  Mûi  ger  a  ri- 
diculisé cet  exercice  dais  la  Vie 
de  Bohême.  Dès  1620,  paraissait 
le  Coq  à  l'asne  sur  le  mariage 
d'un  courtisan  grotesque  qui 
peut  passer  pour  un  recueil 
complet  de  ces  stériles  tours  de 
force.  En  voici  la  premi  .re  phra- 
se :  ((  Le  courtisan  sortit  du  pa- 
lais de  la  bouche,  vestii  de  vert 
degris,  il  portait  un  maiteau  de 
cheminée,  le  bas  de  mulet  et  les 
mulles  d'Auvergne.  » 

QUEUE-ROUGE  :  Paillasse  du 
genre  de  Bobèche.  —  Allusion  à 
la  perruque  de  Bobèche  qui 
était  nouée  par  un  ruban  rouge. 

—  «  Le  public  préfère  générale- 
ment le  queue-rouge  au  comé- 
dien. »  (La  Fizelière.) 

QUEUE  DE  RAT  :  Tabatière. 

—  Allusion  à  la  longue  lunière  de 
cuir  qui  sert  pour  l'o  ivrir.  — 
«  Une  de  ces  ignobles  t£.batières 
de  bois  vulgairement  appelées 
queues  de  rat.  »  (V.  Hui;o.) 

QUEUE   DE   RENARD  :  Vo- 


RAB 


-  3o3  - 


RAB 


missement  projeté  de  façon  à 
laisser  une  longue  trace.  —  «  Un 
homme  sans  éducation  qui  a  fait 
une  queue  de  renard  dans  le 
plat  de  son  voisin.  »  (Cabarets 
de  Paris  y  ii.)  V.  Renard. 

QUI  BUS  :  Écus,  argent.  — 
Mot  ancien.  C'est  une  abrévia- 
tion expliquée  par  l'exemple 
suivant  :  «  Il  a  du  quibus,  c'est- 
à-dire  des  écus,  de  quibus  fiunt 
omnia.  »  (Le  Duchat,  lySS.) 

QUILLE  :  Jambe.  Allusion  de 
forme.  —  Mot  ancien.  —  En 
1455,  les  gueux  ou  coquillards 
de  Dijon  se  servaient  déjà  du 
mot  quilles  dans  le  même  sens, 
comme  le  prouve  un  texte  cu- 
rieux qu'a  publié  l'archiviste  de 
la  Côte-d'Or,  M.  Garnier.  — 
«  La  madame  du  pavillon  qui 
met  ses  bas!  —  Plus  que  ça  de 
quilles.  »  (Gavarni.) 

QU IMPER  :  Tomber.  (Hal- 
bert.) 


QUINQUETS  :  Yeux  bril- 
lants. (Vidocq.)  Mot  à  mot  : 
brillants  comme  la  lampe  Quin- 
quet,  renommée  jadis  pour  son 
éclat.  V.  Esbrouffer, 

QUINZE  ANS  ET  PAS  DE 
CORSET  :  Se  dit  atout  âge  d'une 
femme  dont  les  appas  ont  la  fer- 
meté de  la  jeunesse.  —  «  Oui, 
c'était  ça!  quinze  ans,  toutes  ses 
dents  et  pas  de  corset!  »  (Zola.) 

QUINZE- VINGT  :  Aveugle.  — 
Allusion  à  l'établissement  de  ce 
nom.  —  «  Je  suis  obligé  de  de- 
mander mon  chemin  comme  un 
quinze-vingt.»  {La  Correction- 
nelle.) 

QUOI  (Avoir  de)  :  Être  dans 
l'aisance.  Mot  à  mot  :  avoir  de 
quoi  vivre. 

QUOS  EGO  :  Cela  vient  de 
moi.  —  Latinisme.  —  «  Si  l'As- 
semblée trouve  à  redire  au  pro- 
cédé, M.  de  Bismarck  lui  lancera 
un  quos  ego  quelconque  et  tout 
sera  dit.  »  {Moniteur,  72.) 


H 


RABAT:  Manteau.  —  Allusion 
au  grand  collet  des  manteaux 
anciens  qui  se  rabattait  à  volon- 
té sur  la  tête  ou  les  épaules. 

RABATEUX  DE  SORGUE  : 
Voleur  de  nuit.  Mot  à  mot  : 
chasseur,  rabatteur  de  nuit. 
(Grandval.) 

RABIAGE  :  Rente.   (Halbert.) 
RABIBOCHER   :  Raccommo- 
der. —  «  N'en  parlons  plus  !   Il 


faut  que  je    me    rabiboche  avec 
vous.  »  (E.  Sue.) 

RABIOT  :  Restant  de  soupe 
laissée  au  fond  de  la  gamelle, 
temps  passé  par  le  soldat  à  son 
corps,  après  sa  libération. 

RABOIN 
V.  Abadis. 


Diable.    (Vidocq.) 


RABOTEUX  :  Voleur  de  nuit. 
(Halbert.)—  Y^ouvrabateux» 


RAC 


—  3o4  — 


RAF 


RABOULER  :  Revenir.  V.  A- 
loiiler. 

RACCORDER  :  Remémorer, 
prJvenir.  —  Forme  de  recorder. 

—  «  Tu  m'as  bonni  avant  de  dé- 
carrer que  je  te  raccorde  par  une 
lazagne.  »  (Rabasse.) 

RACCOURCIR    :  Guillotiner. 

—  La  perte  de  la  tête  raccourcit. 

—  Mot  de  création  révolution- 
naire ainsi  que  les  synonymes 
ci-joints,  tous  recueillis  dans  le 
Père  Duchêne,  lygS  :  «  i»  La 
louve  autrichienne  va  enfin  être 
raccourcie...  2»  Jusqu'à  ce  qu'ils 
aient  tous  craché  dans  le  sac  .. 
3°  Pour  faire  mettre  prompte- 
ment  la  tête  à  la  fenêtre  à  la 
louve  autrichienne...  4» Ses  bons 
avisa  la  Convention  pour  qu'elle 
fasse  promptement  jouer  le  gé- 
néral Moustache  à  la  main-chau- 
de... 5»  Qu'il  fasse  promptement 
passer  sous  le  rasoir  national  le 
traître  Bailly.  » 

Le  Rasoir  national  est  le  fatal 
couperet.  —  Cracher  dans  le 
sac  montre  la  tête  coupée  sau- 
tant avec  un  jet  de  sang  dans  le 
sac  de  son.  —  Mettre  la  tête  à  la 
fenêtre,  jouer  à  la  main-chaude 
font  allusion  à  l'attitude  du  sup- 
plicié, mettant  la  tête  à  la  lunette, 
à  genoux,  mains  liées  derrière 
le  dos,  attendant  le  coup  comme 
à  la  main-chaude. 

RACLÉE  :  Rossée.  —  Elle  ra- 
cle la  peau.  —  «  Ça  lui  procura 
de  leur  part  quelques  bonnes  ra- 
clées. »  (L.  Desnoyers.) 

RACLETTE  :  Ronde  de  poli- 
ce. —  Elle  racle  les  gens  sans 
aveu  sur  son  passage.  (V. Balai.) 
—  Se  dit  aussi  de  la  police  en 
général.  j 


RACONTAR  :  Racontage.  — 
Anglicanisme.  —  «  La  bonho- 
mie de  ses  racontars  honnêtes 
et  modérés.  »  (P.  Vcron.)  — 
«  Dans  une  loge  d'b'immes,  les 
racontars  de  clubs  ^ont  leuf 
train.  »  (Vie  parisienne,  67.) 

RADE,  RADEAU  :  Comptoir, 
tiroir.  —  Genre  incertain.  Vient 
de  radis. —  «  La  rade  es:  le  comp- 
toir du  marchand  de  vin.  »  (A. 
Monnier.) 

Faire  le  rade  :  Voler  au  comp- 
toir. —  «  Dix-huit  ans,  je  faisais 
le  rade  et  la  condition.  »  (Beau- 
villier.) 

RADICRER  :  Remoudre.  (Hal- 
bert,)  —  Onomatopée. 

RADICREUR  :  Rémouleur. 
(Idem.) 

RADIN  :  Gousset.  (Cclombey.) 

RADIN,  RADIS  :  Argent  mon- 
nayé. —  «  Le  radin,  c  est  l'ar- 
gent du  comptoir,  on  dit  n'avoir 
pas  un  radis  pour  n'avoir  pas 
un  sou.  »  (A.  Monnier.)  —  Voler 
au  radin,  c'est  voler  le  tiroir 
d'un  comptoir  en  l'absence  du 
patron.  Quand  on  se  sert  d'un 
enfant,  cela  s'appelle  voler  au 
radin,  aupégriot.  Il  y  a  toujours 
un  compère,  faux  acheteur,  qui 
fait  le  guet. 

Faire  un  radin  :  Voler  l'ar- 
gent du  comptoir. 

RAFFALE  :  Misère.  (Vidocq.) 
Mot  à  mot  :  tourmente,  mau- 
vaise fortune.  —  Etre  dans  la 
raffale  :  Être  dans  la  misère. 
(Rabasse.)  Nous  vient  sans  doute 
de  la  marine. 

RAFFALÉ    :     Misérable.    — 


RAI 


—  3o5  — 


RAL 


«Tous  les  hommes  sont  des  raf- 
falés,  des  pingres.  »  (Lynol.) 

RAFFURER  :  Regagner.  V. 
Affurer. 

RAFIAU  :  Bâtiment  léger.  — 
ce  J'  vas  joliment  gréer  notre  ra- 
fiau,  tu  verras.  »  {Phys.  du  ma- 
telot.) 

RAFILER  :  Donner.  V.  Man- 
quesse.  —  Forme  de  refiler. 

RA-FLA:Notes  rudimentaires 
de  la  batterie  du  tambour.  — 
c  Le  tambour-major  bat  la  me- 
sure des  ra  etdes  jîa.  »  (M.  Saint- 
Hilaire.) 

RAFRAICHIR  D'UN  COUP 
DE  SABRE  (se)  :  Se  battre.  — 
Allusion  à  la  sensation  du  froid 
qu'on  éprouve  en  sentant  la 
lame  pénétrer  dans  les  chairs. — 
«Tu  caponnes...  D'un  coup  de 
sabre  avec  moi  t'as  peur  de  te  ra- 
fraîchir. »  {Rien^i,  26.) 

RAGOT  :  Conte  absurde.  — 
«  La  Bourse  particulièrement  se 
laisse  influencer  par  des  ragots 
qui  ne  mériteraient  pas  cinq 
centimes  de  baisse.  »  {Le  Temps, 
67.) 

RAGOUTER:  Éveiller  les 
soupçons.  (Rabasse.)  C'est-à- 
dire  :  exciter  le  désir  de  la  po- 
lice. 

RAIDE  :  Difficile  à  croire  ou  à 
supporter.  —  «  Des  choses  qu'on 
ne  saurait  répéter  devant  vous, 
mademoiselle...  —  C'est  donc 
bien  raide,  répliqua  l'ingénue.  » 
Figaro,  juin  72.)  —  «  Un  gros 
volume,  sept  francs.  C'est  raide.  x 
(Al.  Dumaslîls.) 

RAIDK,  RUDE  :  Eau-de-vie.- 
EUe  gratte  le  gosier.  —  «  Comme 


dit  le  proverbe^  un  peu  de  raide 
fait  grand  bien.  •»  (Bardas.) 

^  RAIDE  COMME  LA  JUSTICE: 

Être  ivre  sans  vouloir  le  paraître, 
en  se  redressant  avec  affectation. 
—  «  Il  est  assez  raide  comme  cela. 
C'est  la  faute  au  petit  bleu.  »  (K/er 
paris.,  66.)  —  «  Dis  donc,  Jules, 
tu  as  bien  dîné?...  Il  est  raide 
comme  la  justice.  »   (Mo.nselet.) 

RAIDE  COMME  BALLE  :  Ra 
pide comme  un  projectile.  — «Il 
a  filé  son  chemin,  raide  comme 
une  balle.  »  (Vidal,  33.) 

RAIGUISÉ  :  Perdu.  —  «  Le 
propriétaire  des  couteaux  attend 
encore,  et  ses  amis  lui  dirent 
en  langue  verte  :  Tes  couteaux 
sont  raiguisés,  mon  vieux.  »  {Fi- 
garo, 76.)  —  Se  dit  pour  un 
homme  mort  comme  pour  une 
chose  disparue. 

RAILLE  :  Police.  —  Du  mot 
érailler,  arrêter.  —  «  La  raille 
maron  te  servira  pour  un  deu- 
xième gerbement.  »  (Vidocq.) 

RAILLE  :  Inspecteur  de  poli- 
ce. —  «Les  inspecteurs  de  police 
sont  des  rails  dans  le  langage 
des  prostituées.  »  (Parent  Du- 
chatelet.) 

RAISINÉ  :  Sang.  (Halbert.)  — 
Allusion  de  couleur.  —  «  Tu  es 
sans  raisiné  dans  les  vermi- 
chels.  »  (Balzac.) 

RALEUR  :  Homme  qui  mar- 
chande sans  acheter.  —  «  Le  râ- 
leur marchande,  c'est  son  occu- 
pation. Il  admire  plus  d'une 
chose,  mais  il  faut  qu'il  réflé- 
chisse. Il  repassera  demain.  » 
(Champfleury.) 

RALEUSES  ;  a  Racoleuses  ou 


RAM 


-  3o6  — 


RAP 


courtières  lâchées  par  les  mar- 
chands (du  Temple)  surle^on^'e 
pour  le  forcer  à  acheter.  »  (Mor- 
nand.) 

RAMA  :  «  Les  riens  consti- 
tuent chez  certaines  classes  pari- 
siennes un  esprit  drolatique  dans 
lequel  la  bêtise  entre  comme 
un  élément  principal  et  dont  le 
mérite  consiste  particulièrement 
dans  le  geste  et  la  prononciation. 
Cette  espèce  d'argot  varie  conti- 
nuellement. La  récente  invention 
duDiorama,  qui  portait  l'illusion 
de  l'optique  à  un  plus  haut  degré 
que  dans  les  panoramas,  avait 
amené  dans  quelques  ateliers  de 
peinture  la  fantaisie  de  parler  en 
rama...  «  Eh  bien!  monsieur 
«  Poiret,  dit  l'employé,  comment 
«  va  cette  petite  santé  rama  ?  » 
(Balzac,  Père  Goriot.) 

RAMASSER  :  Arrêter,  faire 
prisonnier.  —  «  Les  coquins 
étaient  terribles.  J'en  ai  ramassé 
trois  mille  sans  compter  les  morts 
et  les  blessés.  9  (Général  Chris- 
tophe, Lettres,  11.)  —  «  A  la  cla- 
meur du  quartier,  la  police  ra- 
massait une  belle  demoiselle.  » 
(A.  Arnault,  34.) 

RAMASSER  (se)  :  Se  relever 
après  une  chute.  —  «  Se  ramas- 
sant, le  vieux  cria  :  «  Faussaire  !  » 
(F.  Desnoyers.) 

«  Ramasser  des  fourreaux  de 
baïonnettes,  c'est  (traduction  libre 
pour  les  pékins)  arriver  après  la 
bataille.  »  (F.  Magnac.) 

RAMASTIQUEUR:  Filou  ra- 
massant à  terre  des  bijoux  faux 
perdus  par  un  compère  et  les  cé- 
dant à  un  passant  moyennant 
une  prime  qui  dépasse  leur  va- 
leur réellç.  —  C'est  le  mot  ramas- 


seur  avec  changemen.  de  finale. 
—  «  Le  ramastique  (.-  /c)  posses- 
seur d'un  bijou  faux  qu'il  vend 
pour  de  l'or.  »  (Phil.  Chasles.) 

RAMBUTEAU  :  Guérite-Uri- 
noir. Du  nom  du  préfet  qui  en  a 
doté  la  voie  publique. 

RAME  :  Plume.  (Halbert.)  - 
Elle  ressemble  à  une  rame  de 
bateau. 

RAMENER  :  Rar.iener  ses 
cheveux  sur  les  tempes  pour  dé- 
guiser un  commencjment  de 
calvitie.  —  «  Ce  brave  Dubreuil 
commence  à  arborer  L  genou... 
Ne  blaguons  pas  Dubreuil,  il  y 
a  déjà  deux  ans  que  je  ramène.» 
(  Vie  parisienne,  66.) 

RAMENEUR  :  Homme  qui 
ramène  ses  cheveux,  comme  ci- 
dessus. 

RAMOLLI  :  Imbécile.  —  Allu- 
sion aux  effets  du  ramollisse- 
ment cérébral.  —  «  Pour  ne  pas 
tomber  dans  la  classe  des  ra- 
mollis. »  {Vie  parisienne,  67.) 
V.  Goitreux.  —  «  Les  ramollis 
de  l'Opéra.  »  (Briollet.; 

RANGÉ  DES  VOITURES  : 
Revenu  à  une  vie  calme,  honnê- 
te. Mot  à  mot  :  à  l'écart  des  dan- 
gers de  la  circulation  parisienne, 

—  «  A  vingt  et  un  ans,  rangé 
des  voilures!»  (Beauvillier.)Dans 
ce  dernier  exemple,  cela  veut  dire 
je  ne  vole  plus. 

RAOUT  :  Réception    de  jour. 

—  Mot  anglais.  —  «  Ces  cheva- 
liers d'industrie  que  Ion  voit  à 
Paris  "dans  les  raouts.  »  (P.  de 
Kock,40.) 

RAPATU  :  Pou.  (Hf  Ibert.)  -| 
Allusion  à  la  ténacité  de  sespa^ 
tes. 


RAS 


—  3o7  — 


RAT 


RAPE  D'ORIENT:  Diamant. 
(Petit  Dict.  d'argot,  44.) 

RAPIAT  :  Avare,  avide,  pil- 
lard. —  Abréviation  de  rapineur. 
—  «Je  les  connais  tous,  ces  ra- 
piats-\h..  »  Balzac.) 

RAPIN  :  «  Ce  joyeux  élève  en 
peinture  qu'en  style  d'atelier  on 
appelle  un  rapin.  »  (Balzac.) 

RAPIOTER  :  Rapiécer.  Mot  à 
mot  :  rapiéçotter.  —  «  Monsieur, 
faites  donc  rapioter  les  trous  de 
votre  habit.  »  (Mornand.) 

RAPPLIQUER  :  Revenir,  ré- 
pliquer. V.  Flacul,  Suage. 

Rappliquer  à  la  niche  :  Rentrer 
au  logis.  V.  Poivrot. 

RASER  :  Railler.  —  Jadis  on 
àïsaXxfaire  la  barbe  .  —  ce  Pour 
aviser  au  moyen  de  faire  la  barbe 
à  la  municipalité  de  Paris.  »  (Hé- 
bert, 1793.)  —  «  Nous  avons  été 
voir  les  Mauresques.  Dieu!  les 
avons-nous  rasées  avec  nos  plai- 
santeries. »  (Comm.   de  Loriot.) 

RASEUR  :  «  Le  raseur  est  l'in- 
dividu qui  croit  vous  intéresser 
infiniment  par  le  récit  des  choses 
les  plus  ennuyeuses.  Une  fois 
qu'il  tient  votre  bras,  le  raseur 
ne  vous  quitte  plus.  »  (A.  Scholl, 
53.) 

RASOIR  :  Raseur.  V.  ce  mot. 

RASOIR  :  Qui  rafle  tout,  qui 
rase  tout.  «  Une  de  ces  mains 
inépuisables  qu'on  appelle  dans 
l'argot  des  joueurs  des  mains  ra- 
soirs. »  (Cavaillé.) 

RASOIR  :  «  Le  conte,  l'histoire, 
l'anecdote  ou  le  bon  mot,  dans  la 
bouche  d'un  raseur,  se  nomment 
rasoir.  »  (J.  Duflot.) 

RASOIR  ;  Jamais.  Mot  à  mot  : 


c'est  rasé.  —  «  Tu  lui  aurais 
rendu  sa  politesse?...  Plus  sou- 
vent! A  un  daim  de  ce  tonneau! 
Rasoir!  »  (Monselet.) 

RASPAIL  :  Eau-de-vie.  --  Al- 
lusion à  l'alcool  camphré  souvent 
prescrit  par  Raspail.  C'est  ainsi 
que  Teau-de-vie  est  appelée 
aussi  camphre. 

RAT  :  Voleur  exploitant  dans 
les  auberges  de  campagne  les 
chambres  à  plusieurs  lits.  —  «  Il 
se  relève,  fouille  les  poches  des 
voisins,  jette  par  la  fenêtre  à  un 
complice  le  produit  du  vol  et  se 
recouche  pour  crier  le  matin  au 
voleur!  plus  fort  que  tous  les 
autres.  »  (Rabasse.) 

RAT  :  Élève  danseuse.  —  Al- 
lusion à  son  trot  menu  et  à  ses 
proportions  mignonnes. 

«  A  l'Opéra,  le  type  de  la  figu- 
rante se  subdivise  en  plusieurs 
catégories  :  la  choriste,  la  dan- 
seuse, le  rat  (élève  danseuse),  la 
figurante  simple  ou  marcheuse.  » 
[Physiologie  du  Théâtre,  41.)  — 
((  Le  rat  est  un  des  éléments  de 
l'Opéra,  car  il  est  à  la  première 
danseuse  ce  que  le  petit  clerc  est 
au  notaire. .. — Le  rat  est  produit 
par  les  portiers,  les  pauvres,  les 
acteurs,  les  danseurs.  Il  n'y  a  que 
la  plus  grande  misère  qui  puisse 
conseiller  à  un  enfant  de  huit 
ans  de  livrer  ses  pieds  et  ses  ar- 
ticulations aux  plus  durs  sup- 
plices, de  rester  sage  jusqu'à 
dix-huit  ans,  uniquement  par 
spéculation,  et  de  se  flanquer 
d'une  horrible  vieille,  comme 
vous  mettez  du  fumier  autour 
d'une  jolie  fleur...  »  (Roqueplan, 
41.) 

RAT  :  Bougeoir o  —  Bougie 


RAT 


—  3o8  - 


RAT 


dont  le  brin  mince  et  tortillé 
rappelait  la  queue  du  rat.  —  ce  Je 
vous  demanderai  la  permission 
d'allumer  mon  rat.  »  (H.  Mon- 
nier.) 

RAT  :  Voleur  de  pain.  (Co- 
lombey.) 

RAT  :  Employé  des  contribu- 
tions indirectes.  Abréviation  de 
rat  de  cave,  qui  fait  allusion  aux 
lieux  où  sa  charge  l'envoie  exer- 
cer. 

RAT  :  Avare.  —  «  Je  vous  dé- 
nonce mon  propriétaire,  qui  est 
un  rat  fini.  »  (Bertall.) 

RAT,  RATON  :  «  ï*tûKpégriot 
se  cachant  à  la  brune  sous  un 
comptoir,  afin  d'ouvrir,  la  nuit, 
la  porte  du  magasin  à  ses  col- 
lègues. »  (A.  Monnier.) 

RAT  :  Caprice,  fantaisie  trot- 
tant de  nuit  dans  la  cervelle. 
(Dhautel.) 

RAT  :  «  Cette  expression  s'ap- 
plique à  tout  retardataire  de 
l'École  polytechnique.  Quicon- 
que, après  son  examen  de  sortie, 
est  exclu  par  son  rang  des  ponts 
et  chaussées  est  rat  de  ponts;  le 
rat  de  soupe  est  celui  qui  arrive 
trop  tard  à  table.  »  (La  Bédol- 
lière.) 

RAT  (mon)  :  Terme  d'amitié. 
—  «  Que  tu  es  belle,  mon  chat... 
Adorable,  mon  petit  rat  !  »  (E.  Vil- 
lars.) 

RAT  DE  PRISON  :  Avocat.  - 
Allusion  à  ses  visites  aux  pri- 
sonniers. 

RATA  :  Abréviation  de  rata- 
touille. —  «  Pour  le  rata,  faites 
bouillir  de  l'eau,  prenez  des  pom- 
mes de  terre,  ajoutez    3   kilo- 


grammes de  lard  par  cent  hom- 
mes et  servez.  »  (La  Bédollière.) 

RATAFIA  DE  GRENOUIL- 
LES: Eau. — «C'est  la  nourriture, 
leratafia  de  grenouilles  qui  m'ont 
dérangé.  »  {Comm.  de  Loriot.) 

RATÉ  :  «  Un  médecin  sans  di- 
plôme, un  poëte  sans  éditeur,  un 
chanteur  sans  engagement,  des 
déclassés,  des  fruits  secs,  des  ra- 
tés, tous  enragés  comme  lui  con- 
tre la  société  qui  ne  voulait  pas 
de  leurs  talents.  »  (A.  Daudet, 
76.) 

RATIBOISFR  :  Rafler.  Dimi- 
nutif de  ratisser  :  «  Ces  messieurs 
m'ont  ratiboisé  120  francs,  mais 
là!  haut  la  main.  »  (Cavaillé.) 

RATICHON  :  Peigne.  (Hal- 
bert.)  Mot  à  mot  :  petit  râteau. 
L'image  est  exacte. 

RATICHON  :  Prêtre.  Mot  à 
mot  '.ratissé,  rasé.  —  Allusion  à 
sa  tonsure  et  à  sa  figure  rasée. 
V.  Momir,  Rebâtir. 

RATICHONNER:  Peigner. 
(Halbert.) 

RATICHONNIÈRE  :  Couvent. 
(Vidocq.) 

RATISSÉ  (être)  :  Être  évincé. 
—  a  Allons!  cette  fois  je  suis 
bien  ratissé  t  »  (Marquet.) 

RATISSER  :  Ruiner.  —  a  Pas 
nous  qui  avons  perdu  de  l'ar- 
gent... Pas  vous  non  plus,  puis- 
que vous  êtes  ratisses.  »  iZola.) 

RATISSER  :  Escroquer.  (Ra- 
basse.) 

RATISSER   LA  COUENNE  : 
Faire  la  barbe. 
RATON  :  V.  Rat  (7»  article.) 


RAZ 


3o9 


REB 


RAVAGEUR  :  «  Les  ravageurs 
commettent  des  vols  sur  les  ba- 
teaux-lavoirs... Ils  s'emparent  du 
linge  étendu...  Ce  genre  de  vol 
s'appelle  vol  au  ravageur.  »  (Ra- 
basse.) 

RAVAGEURS  :  a  Ils  travaillent 
un  instant  après  la  pluie.  Alors 
l'eau  a  charrié  dans  les  rigoles 
ménagées  par  le  pavé  tous  les 
morceaux  de  clous  et  de  ferraille 
qu'elle  a  pu  emporter  en  pas- 
sant... La  besogne  faite,  ils  ven- 
dent un  sou  la  livre  leur  misé- 
rable butin.  »  (Berthaud,  46.)  — 
Les  Mystères  de  Paris  montrent 
cette  industrie  s'exerçant  sur  la 
Seine  :  a  Le  ravageur  puise  à 
l'aide  d'une  drague  le  sable  sous 
la  vase,  puis  il  le  lave  comme  un 
minerai,  et  en  retire  une  gran- 
de quantité  de  parcelles  métalli- 
ques. »  (E.  Sue.) 

RAVIGNOLÉ  :  Récidive.  — 
«  Je  n'ai  pas  coque  mon  centre, 
de  taffe  du  ravignolé;  ainsi  si 
vouzailles  brodez  à  mezigue,  il 
faut  balancer  la  lazagneau  centre 
de  Jean-Louis  Laurant,  au  casiuc 
de  Ganelle.  »  (Vidocq.) 

RAZE,  RAZI  :  Curé.  (Hal- 
bert.) —  Il  est  rasé.  V.  Ratichon. 

RAZZIA  :  Enlèvement  général. 
—  Le  mot  date  de  notre  guerre 
d'Afrique.  En  France,  au  xv^  siè- 
cle, on  disait  rei:{e,  ce  qui  était 
la  même  chose.  —  «  Il  exerçait 
de  véritables  razzias  à  l'endroit 
des  tasses  de  chocolat.  »  (A.  Se- 
cond.)-^ ((  On  n'oublie  pas  assez 
le  chemin  de  ces  tripots.  L'autre 
jour,  encore,  on  a  opéré  une  raz- 
zia sur  les  hauteurs  de  Batignol- 
les.  1  (P.  Véron.) 


REAC  :  Réactionnaire.  —  Date 
de  1848.  —  «  II  s'agira  seulement 
d'applaudir  nos  orateurs,  et  d'a- 
platir les  réacs.  »  (Chenu.)  Se 
prend  aussi  adjectivement. 

«  Mais  lui,  ce  reporter,  lui  qui 
naguère  encore,  en  style  réac , 
mais  hardi,  urinait  ses  échos...» 
(R.  Fauvel.) 

RÉALISME  :  Culte  exclusif  de 
la  réalité  dans  l'art  ou  la  littéra- 
ture. —  «  A  l'heure  qu'il  est,  le 
mot  réalisme  a  fait  son  trou  dans 
le  Dictionnaire.  »  (Champfîeury, 
58.) 

RÉALISTE  :  Artiste  ou  ro- 
mancier s'appliquant  à  repro- 
duire les  scènes  de  la  vie  réelle, 
sans  reculerdevant  leurs  laideurs. 
—  Rétif  de  La  Bretonne  a  em- 
ployé ce  mot  dans  une  critique 
littéraire  de  son  Monsieur  Nico- 
las; il  parle  des  réalistes  du  jour 
parmi  lesquels  il  tenait,  sans  s'en 
douter,  la  première  place. 

REBATIR  :  Tuer.  —  Pour  re- 
bâtir, il  faut  démolir.  —  «  Si  tu 
consens  à  nous  laisser  rebâtir  le 
ratichon  et  sa  larbine,  nous  irons 
pioncer  dans  le  sabri  du  rupin 
de  ton  villois,  à  cinquante  patu- 
rons de  la  chique  de  la  daronne 
du  mec  des  mecs.  »  (Vidocq.) 

REBECTAGE  :  Lutte.  —  «  Au 
bout  de  six  mois  malade  à  Saint- 
Lazare!  Rebectage  de  mon  côté, 
plus  d'argent.  »  (Beauvillier.) 

RÉBÉQUER  (se)  :  Se  défen- 
dre. Mot  à  mot  :  riposter  à  coups 
de  bec.  —  «  Allez-y  :  tapez  sur 
la  bête!...  Kt  il  ne  fallait  qu'elle 
s'avisât  de  se  rébéquer.  »  (Zola.) 

REBIFFE  :  Vengeance.  (Vi- 
docq.) 


REC 


-  3io  - 


REG 


REBIFFER  (se)  :  Se  redresser. 
—  Un  soldat  qui  se  rebiffe  est  un 
homme  au  port  martial.  —  Un 
cheval  qui  se  rebiffe  porte  haut 
la  tête. 

REBONNETER  :  Flatter.  (Vi- 
docq.) 

REBOUISER  :  Considérer  at- 
tentivement. (Idem.) 

REBOUISEUR  :  «  Au  marché 
du  Temple,  les  rebouiseurs  ou 
ressuceurs  achetaient  les  vieilles 
hardes  pour  les  remettre  à  neuf.» 
(E.  Sue.) 

REBOURS  :  Déménagement 
clandestin. 

RECEVOIR  SON  DÉCOMP- 
TE :  Mourir,  •—  c  Tué  roide 
sur  le  champ  de  bataille,  le 
beau  tambour-major  avait,  pour 
parler  en  style  de  bivouac,  reçu 
son  décompte.  »  (Ricard.) 

RÉCHAUFFANTE  :  Perruque. 
Elle  réchauffe  les  chauves. 

RÉCHAUFFÉ  (c'est  du)  :  C'est 
un  vieil  argument,  c'est  une  ma- 
nœuvre usée,  comme  les  mets  de 
la  veille  qu'on  réchauffe  le  len- 
demain. 

RÉCHAUFFER:  Ennuyer. 
(Vidocq.)  —  Même  allusion  que 
dans  bassiner  y  faire  suer. 

RECHIGNER  :  Renoncer.  (Ra- 

basse.) 

RECONNOBRER,  RECON- 
NOBLER  :  Reconnaître.  (Vi- 
docq, Rabasse.)  —  C'est  recon- 
naître avec  changement  de  finale. 
V.  Parrain. 

RECOQUER:  Rendre.  (Grand- 
val.)  i 


RECORDER  :  Tuer.  (Hal- 

bert.) 

RECORDER  :  Prévenir. 
(Idem.)  —  Vieux  mot. 

REDANI  :  Grâce.  (Idem.) 

RED  IN  :  Bourse.  Pour  Radin. 

REDOUBLEMENT  DE  FIÈ- 
VRE :  Charge  nouvelle  surgis- 
sant pendant  une  instruction. 

REDOUILLER  :  Riposter.  V. 
Merlins. 

REDRESSE  (être  à  lit)  :  Être 
rusé.  (Rabasse.) 

RÉDUIT  :  Bourse.  —  C'est  le 
réduit  de  la  monnaie. 

REFAIRE,  REFAIRE  AU 
MÊME,  REFAIRE  DANS  LE 
DUR  :  Tromper. —  «Dindonné, 
ce  que  nous  appelons  refait  au 
même.  »  (Balzac.)  V.  Faire,  dont 
refaire  est  l'augmentatif. 

REFAIRE  :  Manger.  (Hal- 
bert.)  Nous  disons  se  refaire  dans  % 
le  même  sens.  % 

REFAITE  :   Repas.  (Mdocq.)    ' 

—  Vieux  mot. 

REFAITER  :  Prendre  u  :i  repas.  " 

REFILER  :  Retrou /er.  V. 
Greffier. 

REFILER  :  Donner.  Voir 
Chouette. 

REFILER,  REPASSER  :  Don- 
ner  un  vol  nourri.  V.  Cai  lelotte. 

REFROIDIR  :  Tuer.  EiTet  pris  I 
pour  la  cause.  V.  Mecque,  Suage. 

REGALIA  :  Cigare  de  la  Ha- 
vane :  Mot  à  mot  :  cigare  royal. 

—  «  La  chique,  c'est  la  sceur  ca-  • 
dette  du  londrès,  du  re;;alia.  »  ■ 
(Vermersch.)  ', 


REL 


—  3ii  - 


REM 


RÉGENCE  :  Digne  des  roue- 
ries galantes  de  la  cour  du  régent. 
—  «  Si  on  allait  lui  faire  un 
crime  de  la  fragilité  de  ses  mœurs 
un  peu  régence?  »  (P.  Borel, 
33.) 

REGINGLARD  :  Vin  nouveau, 
piquette.  C'est  un  Ginglard  re- 
doublé. —  (c  A  Paris,  à  Sens,  on 
nomme  re ginglard  le  vin  léger 
et  légèrement  acide.  »  {Ulnter- 

•  médiaire.) 

REGON  :  Dette. 
REGONSER  :  Devoir.  (Hal- 
;  bert.) 

REGOUT  :  Rancune.  — 
a  Y'  vous  aime.  Raccommodez- 
'  vous  donc  là ,  sans  r'goût.  » 
^Catéchisme  poissard,  40.; 

REGOUT  (faire  du)  :  Être 
«arrêté.  (Halbert.) 

Dans  le  glossaire  de  Colom- 
bey,  faire  du  regout  est  manquer 
-de  prudence,  ce  qui  paraît  plus 
'.vraisemblable. 

REJACQUER  :  Crier.  (Grand- 
val.)  —  Vieux  mot.  —  En  patois 
lorrain,  on  appelle  encore  jaque 
le  geai,  qui  est  un  oiseau  fort 
:  bruyant. 

RÉJOUISSANCE  :  Os  glissé 

•  par  les  bouchers  dans  la  viande 
■■  pesée  à  leurs  pratiques.  —  «  Les 

bouchers  ajoutent  encore  des  os 
qu'on  appelle  ironiquement  ré- 
jouissances.  »  (Mercier,  1783.) 

RÉJOUISSANCE  :  A  fini  par 
se  dire  ironiquement  d'une  fem- 
me maigre.  —  «  Faut  voir  ça  au 
déballage.  Y  a  peut-être  plus  de 
réjouissance  que  de  viande  là- 
dessous.  »  (Neuville.) 

RELEVANTE  :  Moutarde. 


(Colombey.)  Elle  relève  les  ali- 
ments. 

RELEVER  (la)  :  Se  faire  don- 
ner de  l'argent, 

R  E  L I C  H  E  R  :  Embrasser.  •— 
Forme  de  relécher.  «  Qu'elle  se 
laissât  surprendre  à  se  faire  re- 
licher  dehors...  Il  lui  couperait 
le  cou.  »  (Zola.) 

RELUIT  :  Jour,  œil.  Les  yeux 
reluisent.  V.  Coquer,  Luisant, 
Chasse. 

RELUQUER  :  Examiner. 
—  Vieux  mot,  Allucar  se  disait 
déjà  en  langue  romane  pour  :  re- 
garder fixement.  V.  RembrO' 
quer, 

RELUQUEUR  :  Homme  qui 
regarde  obstinément  les  femmes. 

REMAQUILLER  :  Refaire. 
(Vidocq.) 

REMBROGABLE  :  Reconnais- 

sable.  (Idem.) 

REMBROCAGE  DE  PAR- 
RAINS: Confrontation.  V.  Rem- 
broquer. 

REMBROQUANT  :  Miroir. 
(Halbert.)  En  se  mirant  on  se 
rembroque  soi-même. 

REMBROQUER  :  Examiner 
avec  attention.  Mot  à  mot  :  em- 
brocher du  regard.  Nous  disons 
aussi  regard  perçant.  V.  Abadis, 
Béquille,  Moucharde,  etc. 

REMERCIER  SON  BOULAN- 
GER :  Mourir.  Mot  à  mot  : 
n'avoir  plus  besoin  de  manger 
du  pain.  V.  Pipe  {casser  sa). 

RF.MISER  :  Conduire  en  pri- 
son. V.  Filer. 
REMISIER  :  Courtier  d'opéra- 


REN 


—  3l2  — 


REN 


tions  de  bourse  sur  lesquelles  il 
a  une  remise. 

REMOUGHER,  REMOU- 
QuER  :  Observer.  V.  Rembro- 
quer. 

R'mouchez-moi  un  peu  c'  larbin 
Sous  sa  fourrure  de  cosaque. 

(Richepin.) 

REMPARDEUSE  :  Prostituée 
de  rempart.  (Rabasse.) 

REMPLISSAGE  :  Prose  ajou- 
tée dans  le  seul  but  d'allonger 
un  texte.  —  <c  II  a  trouvé  beau- 
coup de  remplissage  dans  mon 
dernier  livre.  »  (Ricard.) 

RENARD  :  Second  degré  du 
compagnonnage.  —  «  Pour  être 
compagnon,  tu  seras  lapin  ou 
apprenti,  plus  tard  tu  passeras 
renard  ou  aspirant.  »  (Biéville.) 

RENARD  :  Vomissement.  - 
Le  voyageur  Jacques  Lesaige  dit 
déjà  en  parlant  des  effets  du  mal 
de  mer  :  «  Loué  soit  Dieu  !  j'avois 
bon  apétit,  car  je  n'avois  fait  que 
escorchier  le  regnart.  »  (i5i8.j 
V,  Piquer,  Queue. 

RENARD  :  «  Il  va  prendre  son 
renard  :  un  bouillon  et  une  cho- 
pine  de  vin  dedans.  »  [Le  Su- 
blime, 72.)  —  Allusion  au  mot 
renard  (vomissement),  qui  re- 
présente un  mélange  d'aliments. 

RENARDER  :  Vomir.  —  «  Je 
suis  gris...  Vous  me  permettrez 
de  renarder  dans  le  kiosque.  )> 
(Balzac.)  Jadis  on  disait  renau- 
der. 

RENARDER  :  Trahir.  Le  re- 
nard est  renommé  pour  sa  traî- 
trise. —  (c  Polyte  et  toi  avec,  vous 
avez   renarde...    —  Trahir   les 


amis,  jamais!  »  (Ponson  du  Ter- 
rail.) 

RENAUDER  :  Refiser.  (Vi- 
docq.)  Du  vieux  mot  renauder  : 
vomir.  —  «  Quand  elle  quête, 
merci!  chacun  renau.le  ou  dé- 
tale. »  (Léonard.) 

RENAUDEUR  :  Qui  n'est 
jamais  content.  (Rabasse.) 

RENCONTRE  (vol  à  la)  :  a  Va- 
riété du  vol  à  la  tire.  11  est  opéré 
par  deux  compères  :  le  premier 
heurte  un  passant  dort  il  déta- 
che la  chaîne  qui  est  aussitôt 
remise  au  second  ;  puis  i  l  s'éloigne 
en  s'excusant  et  se  laissant  fouil- 
ler, si  on  découvre  le  vol.  »(Can- 
ler.)  —  Ce  vol  se  fait  souvent 
aussi  en  simulant  une  méprise. 
On  bouscule  le  volé  qu'on  a  pris 
pour  un  autre.  Si  on  se  sauve, 
on  l'étourdit  d'un  coup  de  poing 
sur  la  figure.  (Rabasse.) 

RENCONTRE  (faire  à  la): 
«  Le  malheureux  reçoit  dans  la 
poitrine  un  terrible  cojpde  tête. 
C'est  ce  qu'on  appelle  en  argot 
le  faire  à  la  rencontre.  »  (Ad. 
Rocher,  67.) 

RENDEZ-MOI  (voler  au)  :  Vo- 
ler un  marchand  en  lui  deman- 
dant la  monnaie  d'une  pièce  de 
5  ou  de  20  francs  qu'on  a  dépo- 
sée sur  le  comptoir,  puis  remist 
subtilement  dans  sa  poche.  (Ra 
basse.) 

RENDRE  SES  COMPTES 
Vomir.  Mot  à  mot  :  i  endre  la 
comptes  que  vous  demande  ur 
estomac  trop  chargé.  —  «  A  h 
dix-huitième  canette,  L  néophyti 
rendit  ses  comptes.  »  ,Michu.) 

RÊNE  (saisir  la  troisième) 


REN 


3i3 


RÉP 


S'accrocher  à  la  crinière  du  che- 
val sur  lequel .  on  ne  peut  se 
maintenir. 

RENFONCEMENT  :  Bour- 
rade. —  ((  Il  m'envoya  un  ren- 
foncement que  j'en  ai  vu  trente- 
six  mille  chandelles  romaines.  » 
(Ladimir.j^ 

RENFRUSQUINER  :  Vêtir. 

RENG  :  Cent.  (Halbert.) 

RENGAINER  :  Se  taire.  (Ra- 
basse.)  C'est-à-dire  rengainer  sa 
parole. 

RENGAINER  SON  COMPLI- 
MENT :  Ne  pas  dire  ce  qu'on 
voulait. 

RENGRAClER  î  Devenir  hon- 
nête. Mot  à  mot  :  rentrer  en  grâce 
de  la  société.  —  «  Jamais  tu  ne 
rengracieras.  Plutôt  caner  en 
goupinant.  »  (Vidocq.) 

RENGRAClER  :  Ne  rien  dire. 
(Rabasse.) 

RENIFLER  :  Boire  d'un  trait, 
en  aspirant,  comme  si  on  reni- 
flait. —  «  Et  nous  avons  chacun 
reniflé  cinq  litres  à  dix  sous.  » 
(Moinaux.) 

RENIFLER  :  Sentir,  deviner. 
V.  Pante, 

RENIFLER  :  Refuser.  —  «  Le 
premier  jour,  j'ai  reniflé  sur  ma 
gamelle  et  j'ai  lâché  ma  portion 
de  bœuf.  »  {Commentaires  de 
Loriot.) 

RENIFLEUR  DE  CAME- 
LOTTE  A  LA  FLAN  :  Voleur 
dépouillant  les  étalages.  —  Re- 
nijleur  rend  bien  la  vitesse  aspi- 
rante du  procédé.  On  sait  que 
à  la  flan  veut  dire  au  hasard, 
comme  cela  se  trouve. 

RENQUILLER  :  Rentrer. 


RENVERSANT  :  Superbe.  — 
((  Parfait!  aux  petits  ognons!  Je 
vous  ai  vues  à  l'ouverture  des 
Bouffes...  Des  pelures  renver- 
santes. »  (Villars.) 

R  E  P  I G  E  R  :  Rattraper.  — 
«  Attends,  toi  !  si  je  peux  te  repi- 
ger un  jour!  »  (Moinaux.) 

REPINCER  :  Rattraper.  — 
«  J'en  suis  encore  pour  mes  vingt 
centimes,  je  te  repincerai,  vieux 
carottier!  »  (Marquet.) 

REPIQUAGE  :  Action  de  re- 
piquer. —  «  Quatre  à  z'un... 
Bon  !  Le  repiquage  sur  quatre, 
c'est  infaillible!...  »  fait  dire 
M.  Boue  de  Villiers  à  un  joueur 
d'écarté  dans  le  Petit  Bonhomme 
d'Évreux. 

REPIQUER  :  Reprendre  le 
dessus,  soit  au  jeu,  soit  en  affai- 
res, soit  en  cas  de  maladie. 

REPIQUER  :  Recommencer. 
—  «  On  repiqua  son  chaste  can- 
can. »  (Privât  d'Anglemont,  46.) 

REPIQUER  :  Se  rendormir. 
De  piquer  son  chien.  —  «  Au 
plus  fort  de  la  chaleur,  on  repi- 
que dur.  »  [Vie  parisienne,  66.) 

REPLÂTRÉE  :  Grossièrement 
fardée.  —  «  Des  vieilles  replâ- 
trées, des  jeunes  très-sales.  » 
(Zola.) 

RÉPONSE  :  Opération  de 
bourse  expliquée  par  l'exemple 
suivant  :  —  «  A  chaque  liquida- 
tion, les  acheteurs  à  prime  dé- 
clarent s'ils  abandonnent  la  pri- 
me, ou  s'ils  maintiennent  leur 
marché  :  ce  qui  s'appelle  en 
boursicoterie  donner  sa  réponse.» 
[Boursicotier  isme,  58.) 

18 


RES 


—  3i4 


RET 


REPORT    :  Opération   de 
bourse.  V.  ci-dessous. 

REPORTAGE  :  Métier  de  chro- 
niqueur ou  reporter.  —  a  Un  de 
ces  journaux  où  les  Marguerite 
Gautier  (lorettes)  du  reportage  se 
retont  une  virginité.  »  (L.  Bien- 
venu.) 

REPORTER  :  «  Si  vous  êtes 
acheteur  de  rente  et  si  la  rente 
baisse,  vous  pouvez  continuer 
votre  opération  en  vous  faisant 
reporter.  On  ajoute  alors  au  cours 
le  prix  du  report,  plus  un  nouveau 
courtage.  La  cherté  des  reports 
tempère  souvent  les  disposi- 
tions à  la  hausse.  »  (De  Méri- 
clet,  56.)  —  «  Je  l'avais  dit  à  Er- 
nest :  reporte  !  Il  n'a  pas  reporté. 
Et  tu  vois...  Il  plonge.  »  (L.-G. 
Jacques,  68.) 

^  REPORTER  :  Nouvelliste.  Mot 
à  mot  :  rapporteur  de  nouvelles. 
—  «  La  presse  de  Paris  compte 
ici  de  nombreux  reporters.  » 
(A.  Rocher,  67.)  —  «  Il  n'y  a  pas 
de  député  qui  ne  soit  reporter  à 
ses  heures.  »  {Figaro,  yb.) 

REPOUSSANT  :  Fusil.  —  Il 
repousse  l'épaule. 

REPOUSSER  :  Sentir  mauvais. 
(Rabasse.)  —  Effet  pris  pour  la 
cause. 

REQUILLER  :  Remettre 
d'aplomb.  Mot  à  mot  :  sur  ses 
quilles. 

RESOLIR  :  Revendre. 

RESPIRANTE  :  Bouche.  — Ef- 
fet pris  pour  la  cause.  —  «  Il  lui 
bouchait  la  respirante  par  c't'  ar- 
gument du  port  Saint-Nicolas...» 
(Gabassol.) 

RESUCÉ,  DE  LA  TROISIÈME 


RESUCEE  :  Flétri  par  l'usage, 
fané,  usé.  —  Allusion  au  bâton 
de  sucre  d'orge  que  se  repassent 
plusieurs  gamins.  —  a  Gervaise, 
un  jour  que  Goupeau  regrettait 
leur  mariage,  s'emporta.  Ah! 
elle  lui  avait  apporté  la  resucée 
des  autres.  »  (Zola.) 

RESUCEUR  :  V.  Rebouiseur. 

RÉSURRECTION  (la)  :  U 
prison  de  Saint-Lazare.  —  Allu- 
sion biblique  à  Lazare  le  ressus- 
cité. 

RETAPE  (faire  sa)  :  Chercher 
galant.  — Vient  de  rarf;ot  des  vo- 
leurs qui  disaient  autrefois  aller 
à  la  retape  pour  :  s'embusquer 
sur  le  grand  chemin,  —  «  C'est 
moi  qui  lui  ai  donné  l'idée  de 
faire  sa  retappe  {sic),  avec  un  cos- 
tume décent  et  un  canon  à  cha- 
peau à  la  main.  »  {Cinquante 
mille  voleurs  de  plus  à  Paris  f 
Paris,  3o.) 

RETAPEUSE  :  Race  rocheuse. 

En  robes  plus  ou  moins  pcnpeusesj 
Elles  vont  comme  des  souiis; 
Ce  sont  les  jeunes  retapeue^s 
Qui  font  la  gloire  de  Paris. 

(A.  Glati gny.) 

RETIENS  (je  te)  :  Se  dit  iro- 
niquement pour  :  Je  retiendrai 
ce  que  tu  dis  ou  ce  qua  tu  fais. 
—  a  L'amie  :  Il  fallait  aller  jouer 
ailleurs.  —  Irma  :  Où  cela  ?  en 
province  ?  Merci  ! ...  Je  te  retiens, 
toi.  »  (Monselet.) 

RETIENS  POUR  LA  PRE- 
MIÈRE CONTREDANSE  (je  te): 
Je  ne  manquerai  pas  la  première 
occasion  de  te  battre.  Mot  à  mot  : 
de  te  faire  danser. 

RETIRO  :  Lieu  retiré.—  Mot 


I 


RIC 


3i5 


RIF 


espagnol.  En  vieux  français  on 
disait  retrait,  et  on  ne  le  dit 
plus,  je  ne  sais  pourquoi.  —  «  Ce 
retiro  a  eu  la  gloire  d'entendre 
prononcer,  par  Samson,  le  plus 
joli  mot.  »  {Figaro,  75.) 

RETOQUER  :  Refuser.  — Al- 
lusion au  choc  produit  par  une 
chose  qui  en  repousse  une  autre. 

RETOURNE  (De  quoi  il)  :  Ce 
qui  se  produit  de  nouveau,  de 
capital.  —  Terme  de  jeu  de  car- 
tes où  la  retourne  de  l'atout  do- 
mine la  situation.  —  «  Voici  de 
quoi  il  retourne  pour  le  quart 
d'heure.  »  (Texier.) 

RETOURNER  (savoir  se)  :  Se 
tirer  d'embarras;  mot  à  mot  : 
faire  face  de  tous  côtés  aux  exi- 
gences d'une  situation  mauvaise. 

—  «  La  démocratie  française  a 
déjà  pris  son  parti.  Elle  va, 
comme  l'on  dit  dans  nos  cercles 
populaires,  se  retourner.  »  {Ré- 
publique française,  75.) 

REUSSI  :  Beau,  réussi  d'exé- 
cution. —  M-n^  de  Juliamé  était 
belle  ce  soir-là...  Il  ne  l'avait  ja- 
mais vu  si  réussie.  »  (Aubryet.) 

RÊVEUR  :  Homme  dénué  de 
sens  pratique.  —  «  Le  rêveur  est 
celui  qui  se  complaît  dans  une 
œuvre  médiocre.»(Champfleury.) 

RIBOUI  :  Abréviation  de  Re- 
bouiseur. 

RICHE  :  Beau,  bon. —  En  in- 
ventant cette  acception,  l'argot  a 
donné  un  pendant  à  jK'tïi^vre,  qui 
est  admis  dans  le  sens  contraire. 

—  «  Par  exemple  :  C'était  une 
riche  idée.  Le  soir,  aux  lumières, 
elle  pouvait  encore  faire  des  con- 
quêtes. »  (Zola.) 

HIGHELIEU  :  Digne  de  la  ga- 


lanterie du  maréchal  de  ce  nom. 

—  «  Tout  le  benjoin  d'une  galan- 
terie à  80  degrés  Richelieu.  » 
(Mûrger.) 

RICHEMENT  LAID  :  Aussi 
laid  que  possible. 

RIEN  (ne)  :  Locution  affirma- 
tive. V.  Pas  {ne).  —  On  dit  :  Il 
ne  fait  rien  froid,  pour  il  fait 
très-froid;  il  n'est  rien  embêtant, 
pour  il  est  très-embêtant,  etc.,  etc. 

—  «  Quel  vieux  birbe  :  il  n'était 
rien  folichon!  »  (Zola.) 

Nous  somm's  rien  bal'  !  Nous  épatons 
Du  cabochard  aux  trottignolles. 

(Richepin.) 

Traduction  :  «  Nous  sommes 
très-bien.  Nous  frappons  d'admi- 
ration de  la  tête  aux  pieds.  » 

RIFF,  RIF,  RIFFE,  RIFLE  : 
Feu,  flamme.  —  «  Je  remouche 
au  coin  du  rifle  un  sinve  qui  rou- 
pillait. J'ai  sondé  dans  ses  pro- 
fondes. »  (Vidocq.) 

RIFFAUDANIË  :  Flamme. 
(Grandval.) 

RIFFAUDAT  :  Incendie. 
(Idem.) 

RIFFAUDER  :  Brûler,  se 
chauff'er.  V.  Flacul. 

Riffauder  est  un  vieux  mot, 
car  les  anciens  gueux  qui  se 
prétendaient  ruinés  par  un  in- 
cendie s'appelaient  les  riffaudés. 

RIFFAUDEUR  :  Chauffeur  ou 
voleur  brûlant  les  pieds  de  ses 
victimes  pour  leur  faire  livrer 
leur  argent  caché.  (Vidocq.) 

RIFFLE  (prendre  de)  :  Prendre 
sans  hésiter.  (Rabasse.) 

RIFLARD  :  Parapluie.  — 
D'une  pièce  de  Picard,  la  Petitç 


RIG 


—  3i6  -  RIN 


Ville  (oi),  où  l'acteur  chargé 
du  rôle  de  Riflard  portait  un 
énorme  parapluie.  —  «  Il  pleuvait 
à  verse,  elle  était  sous  son  ri- 
flard. »  (Lubize.) 

RIGODONS  :  Souliers.  (Ra- 
basse.) 

RIGOLADE,  RIGOLAGE  : 
Amusement.  —  C'est  pour  la  ri- 
golade :  c'est  l'histoire  de  rire. 

—  Rigolage  est  un  mot  ancien. 

—  ((  Ma  vie  est  une  rigolade  per- 
pétuelle, rien  ne  m'affecte.  » 
(Blondelet.) 

RIGOLBOCHE  :  Danseuse 
de  bal  public.  —  Ce  fut  d'abord 
le  nom  d'une  célébrité  du  cru. 

—  «  Les  Rigolboche  qui  peuplent 
les  bals  publics  ont  plus  de  goût 
pour  la  rigolbochade  que  pour 
la  vertu.  »  {A  propos  de  calicots, 
1861.) 

RIGOLBOCHE  :  Amusant, 
drôle.  —  C'est  rigolo  avec  chan- 
gement de  finale.  —  oc  C'était 
au  Prado.  La  querelle  allait  son 
train...  Laissez-les  donc!  c'est 
bien  plus  rigolboche!  —  Le  mot 
fut  sur-le-champ  acclamé.  »  {Mé- 
moires de  Rigolboche,  60.) 

RIGOLBOCHER  :  Danser 
comme  Rigolboche,  danseuse  à 
la  mode  dont  je  viens  d'expliquer 
le  nom.  —  «  Nous  rigolbochons 
parfois  à  Bullier.  »  (60.) 

RIGOLER  :  Rire,  se  divertir. 

—  Vieux  mot.  Dès  iSyS,  Du 
Cange  en  cite  des  exemples.  — 
«  Et  frère  Jean  de  rigouller,  ja- 
mais homme  ne  feut  tant  cour- 
tois  ny  gracieux.  »   (Rabelais.) 

—  «  Qu'est-ce  qui  chante?  je 
veux  de  quoi  rigoler,  moi  !  » 
(Champfleury.) 


RIGOLETTE  :  V.  Rigolot. 

RIGOLEUR  :  Bon  vivant.— 
Dans  un  bouchon  de  Romain- 
ville,  nous  étions  vingt- cinq  ri- 
goleurs.  (Blondel.) 

RIGOLO  :  amusant,  comique. 
—  a  C'est  d'un  rigolo  à  faire 
pâlir  Xavier  de  Montépin.  »  (E. 
Simon.)  — «Allons  donc!  le  verbe 
sortir  est  bien  plus  rigolo.  Je 
sors  ou  je  m'esbigne,  tu  te  la 
brises,  ou  mieux  tu  te  laçasses.» 
(Villars.) 

RIGOLOT  ,     RIGOLETTE  : 

Fille  rieuse,  joyeux  garçon.  — 
((  Rigolos  et  vous  rigoleites,  gais 
enfants  d'  l'atelier.  »   (A.  Joly.)  5 

RINCÉE  :    Correction,   forte' 
pluie.  —  «  Il  a  reçu  une  bonne 
rincée,  il   a    été     battu,    étrillé 
comme  il  faut.  »  (Dhautjl.) 

RINCER  :  Dévaliser.  —  «  Des 
malfaiteurs  crurent  pouvoir  rin- 
cer la  caisse  du  juif.  »  (Balzac.) 

RINCER  :  Battre.  —  *  Un  gé- 
néral fond  sur  l'ennemi  et  vous 
le  rince.  »  (Favard,   lySc.) 

RINCER  LE  GOSIÏR,  LA 
CORNE,  LE  CORNET,  LE  SIF- 
FLET, L'AVALOIR,  LA  DALLE 
(Se)  :  Boire.  V.  ces  mots. 

RINCETTE  :  Petit  verre  d'eau- 
de-vie  versé  dans  la  de:rii-tasse 
où  l'on  vient  de  boire  le  café. 
Le  second  verre  s'appelle  surrin- 
cette. 

RING:  «  L'ensemble  dos  book- 
makers, »  selon  M.  En  est  Pa- 
rent. «  L'enceinte  du  pesrge  dans 
un  champ  de  courses,  »  selon  M. 
Paz.  —  Anglicanisme.  — «  Elle 
était  là  sur  le  turf,  au  milieu  du 
ring  et  des  ringueurs,  »  (  Vie  pa- 


ROB 


-3i7- 


ROG 


rîsienne.)  —  «  Quand  le  favori 
gagne,  le  ring  est  en  perte. 
Quand  c'est  un  outsider  qui 
l'emporte,  le  ring  fait  d'énormes 
bénéfices.  »  (E.  Parent.) 

RINGUER  :  Stationner  dans 
le  ring.  —  a  On  ringuait  à  tout 
casser.  J'ai  empoché  quelques 
monacos.  »  (Villars.) 

RINGUEUR.  V.  Ring. 

RIOLE,  RIOLLE  :  Divertisse- 
ment. —  De  rigoler.  —  a  Pitan- 
chons,  faisons  riolle  jusqu'au 
jugement.  »  (Grandval.) 

RIOLE  (  Se  mettre  en  riole)  : 
—  ((  S'amuser  pendant  le  temps 
du  travail.  »  (Dhautel,  08.) 

RIPATON  :  Soulier.  (Ra- 
basse.) 

RIPATONNER  :  Rafistoler.  — 
a  On  ripatonne  un  livre  en  pu- 
bliant une  édition  revue  et  cor- 
rigée; on  ripatonne  un  édifice  en 
le  récrépissant.»  (La  Bédollière.) 

RIQUIQUI  :  Mélange  d'eau-de- 
vie  et  de  liqueur.  —  «  Tiens  !  pour 
te  guérir,  je  t'apporte  une  goutte 
de  riquiqui.»  [LaFemme  comme 
on  en  voit  peu,  1 789.) 

RIVANCHER  :  V.  Tremblant. 

RIVETTE.  V.  Tante. 

RIZ-PAIN-SEL:  «A  l'armée oiî 
les  agents  du  service  des  subsis- 
tances distribuent  les  vivres,  on 
leur  donne  le  sobriquet  de  r/f- 
painsel.  »  (La  Bédollière.) 

ROBER:  Dérober.  (Vidocq.)  — 
Vieux  mot  dont  nous  avons  fait 
dérober. 

ROBERT  MACAIRE  :  Variété 
du  cancan.  —  «  Allusion  à  la 
danse  de  Robert  Macaire  au  pre- 


mier acte  de  l'Auberge  des 
Adrets.  »  {Phys.  de  la  Chau- 
mière^ 41 .)  —  V.  Macaire. 

ROBIGNOLE:  Petite  boule  de 
liège  dont  on  se  sert  pour  le  jeu 
de  cocanges.  (Rabasse.) 

ROBIGNOLEUR  :  Floueur,  te- 
nant un  jeu  de  cocanges.  (Ra- 
basse.) 

ROBINET  (Lâcher  le)  :  Pleu- 
rer. —  Mot  à  mot  :  lâcher  le  ro- 
binet de  la  fontaine  des  larmes. 

ROBINSON  :  Parapluie.  — 
a  Usité  depuis  la  représentation 
d'une  pièce  de  Pixérécourt,  où 
Robinson  paraît  avec  son  grand 
parasol.  » 

ROCAILLE  :  f)ans  le  goût  de 
l'époque  de  Louis  XV,  où  les 
coquilles  et  les  rocailles  ont  été 
très-souvent  utilisées  comme  or- 
nements. —  «  L'amour  des  ro- 
cailles, mot  qui  caractérise  l'a- 
meublement du  règne  de  Louis 
XV.  »  (Roqueplan.) 

ROCHET:  Curé.  (Vidocq.)  — 
Allusion  à  son  rochet  ou  camail. 

ROCOCO  :  Le  rococo  est  le 
genre  rocaille  exagéré.  De  là  ce 
changement  de  finale  redoublé. 

ROCOCO  :  Suranné.  —  «  Ce 
mot  nouveau  me  semble  être 
appliqué,  par  la  jeunesse  inno- 
vatrice, à  tout  ce  qui  porte  l'em- 
preinte des  temps  passés.  »  (Miss 
Trollope,  35.) 

ROGNEUR:  Fourrier.— Abré- 
viation de  rogneur  de  portions. 
—  Allusion  aux  vivres  de  cam- 
pagne sur  lesquels  un  fourrier 
peu  délicat  prélève  une  dîme 
indue. 


ROM 


3i8 


RON 


Gratte-papier,  rogneur,  traîne-pail- 
lasse, 

Hardi  pillard  aux  deux  galons  d'ar- 
gent. 

De  vingt  surnoms  que  sur  lui  l'on  en- 
tasse, 

Le  fourrier  rit  et  se  moque  en  chan- 
tant. (Wado.) 

ROGNURES  :  Acteurs  mé- 
diocres. —  «  Un  vaudeville  en 
un  acte  que  la  troupe  de  fer- 
blanc,  vulgairement  appelée  Ro- 
gnures, exécute  de  6  heures  1/2 
à  7  heures  1/4  devant  les  ban- 
quettes désertes  et  les  ouvreuses 
impatientes.  »  (J.  Duflot,  6i.) 

ROMAGNOL,  ROMAGNON  : 
Trésor  enfoui.    (Colombey.) 

ROxMAIN  :  Claqueur.  —  Allu- 
sion aux  Romains  qui  applau- 
dissaient Néron.  —  a  Sous  le 
lustre  avec  les  romains  du  par- 
terre. »  (P.  Borel,  33.) 

ROMAIN  :  Fantassin.  —  Allu- 
sion à  la  forme  romaine  du  poi- 
gnard d'infanterie  (ancien  mo- 
dèle). 

ROMAMICHEL ,  ROMANI- 
CHEL, ROMANITCHEL  :  Vo- 
leur de  race  bohémienne.  De 
Romani,  qui  veut  dire  en  argot 
espagnol  gitano,  bohémien.  — 
«  Ils  exploitent  l'Europe  entière 
sous  les  allures  de  marchands 
forains.  Ils  se  marient  entre  eux, 
voyagent  constamment  sans  être 
réunis  en  apparence.  Leurs 
femmes ,  coiffées  généralement 
de  madras ,  vont  de  porte  en 
porte  offrir  de  la  toile  et  des 
mouchoirs  ;  elles  étudient  les 
lieux  et  prêtent  assistance  à 
leurs  complices  en  cas  d'arresta- 
tion. D  (Canler.)  —  Ils  endor- 
ment souvent  leurs  victimes  en 


mêlant  du  datura  stramcnium. 
à  leur  boisson.  De  là,  le  nom 
d'endormeur  qui  leur  est  aussi, 
donné. 

ROMANTIQUE  :  Dédai-nant 
les  règles  classiques  en  art  ou  en 
littérature.  L'an  i833  mirque 
l'apogée  de  l'école.  Elle  était  alors 
âgée  de  vingt  ans.  —  a  L'expres- 
sion du  genre  romantique  ne  se 
montre  qu'une  seule  fois  dans  le 
livre  de  V Allemagne  et  semble 
y  demander  grâce  pour  sa  nou- 
veauté. »  {Les  Scrupules  littérai- 
res de  madame  de  Staél.  Paris, 
1814.) 

ROME:  Choux.  (Halbert). 

ROND  :  Ivre.  Mot  à  mot  : 
Gonflé  par  la  boisson.  «  Descen- 
dant d'  la  guinguette,  un  soir 
que  j'étais  rond.  »  {Les  Amours 
de  Jeannette,  ch.  xiii.) 

ROND  :  Soûl.  —  Il  est  rond.  — 
«Abouletes  vingt  ronds,  l  êta!  » 
(Montépin.) 

RONDACHE,  RONDINE, 
RONDINET:  Bague.    (Halbert.) 

RONDELETS,  RONDINS  ; 
Seins.  (Idem.)  —  Allusion  de 
forme  dansces  mots  comm ^dans 
les  précédents. 

RONDIN  JAUNE  :  Pièce  d'or. 
(Rabasse). 

RONDLNE:  Canne.— El  le  sert 
à  rondiner  les  gens.  V.  l'a^i/e, 
Rondache, 

RONDINER  :  Battre  à  coups 
de  bâton.  Mot  à  mot  :  de  rondin. 
—  «Qu'il  est  doux  de  pouvoir 
rondiner  un  ingrat  !  »  (Le  Ra^ 
patriage,  parade  du  xviu"  siè- 
cle.) 


ROS 


-  3] 


ROU 


RONDINER  DES  YEUX:  Faire 
les  yeux  ronds. 

RONFr.ER  A  CRI  :  Feindre 
de  dormir.  (Halbert.) 

ROPING  (The),  The  pulUng  : 
«  Ces  deux  mots  expriment  l'acte 
de  faire  perdre  volontairement 
un  cheval  en  le  retenant.  » 
(Parent.)  —  Anglicanisme. 

ROSSARD,  ROSSE  :  Homme 
mou,  lâche.  —  «  Quell'  rosse 
qu'  tu  fais  !  T'es  mon  ami  tout 
d'  même.  »  (Protat.)  —  «  Entre 
nous  ce  sont  des  rossards,  les 
Arabes.  Eux  à  cheval,  la  femme 
courant  derrière.  »  {Comm.  de 
Loriot.) 

ROSSÉE  :  Grêle  de  coups,  ac- 
tion de  rosser.  —  «  Fafouillas 
écoutait  aux  portes,  ce  qui  lui 
attirait  une  rossée  exemplaire.  » 
(Commentaires  de  Loriot ^  69.) 

ROSSIGNANTE  :  Flûte.  (Hal- 
bert). Abr,  de  rossignol ante. 

ROSSIGNOL  :  «  Sobriquet 
donné  par  les  libraires  aux  ou- 
vrages qui  restent  perchés  sur 
les  casiers  dans  les  solitudes  de 
leur  magasin.  »  (Balzac.) — Les 
marchands  de  nouveautés  don- 
nent le  même  nom  aux  étoffes 
démodées,  qui,  comme  les  livres 
non  vendus,  restent  remisées 
près  du  plafond  ainsi  que  des 
oiseaux  en  cage. 

ROSSIGNOL  :  Fausse  clef 
(Halbert.) 

ROSSIGNOLER  :  Ouvrir  avec 
un  rossignol. 

Après,  je  n'  manquerai  pas  de  raisons 
Pour  rossignoler  les  maisons. 

(Festeau,  72.) 


ROSSIGNOLER  :  Chanter. 
iGrandval.)  Mot  à  mot:  chanter 
comme  un  rossignol. 

ROTIN  :  Sou.  —  Diminutif 
de  rond.  «  Si,  par  hasard,  ils  se 
lâchent  d'un  déjeuner  de  vingt- 
cinq  rotins.  »  (Lynol.) 

ROTIN  (le)  :  La  corde.  (Ra- 
basse.) 

ROUBION  :  «  Une  fille  pu- 
blique laide  est  un  roubion, 
dans  le  langage  de  leur  métier.» 
(Parent-Duchatelet.) 

ROUBLARD  :  Laid,  incom- 
plet, gâté.  (Colombey.) 

ROUBLARD  :  Adroit,  roué.  — 
C'est  roué  avec  changement  de 
finale,  comme  dans  roumard.  — 
«  Non,  non,  je  n'ai  pas  confiance, 
car  je  connais  ces  balançoires,  je 
suis  roublard.  »  (Lem.  de  Neu- 
ville.) 

ROUBLARDER  :  User  de  rou- 
blardise. «Ils  ne  trichaient  guère, 
mais  pardonnez-moi  l'expression, 
ils  roublardaient.  »  (Cavaillé.) 

ROUBLARDISE  :  Rouerie, 
—  «  Lui  régnant  sur  la  blonde 
et  sur  la  brune,  s'engraissait  de 
sa  roublardise.  »  (Zola.) 

ROUCHI,  ROUCHIE  :  Homme 
dégoûtant,  femme  répugnante. 
Du  vieux  mot  rouchi:  mauvais 
cheval.  —  «  Veux-tu  te  cacher, 
vilain  rouchi  ,  tu  reviendras 
quand  tu  seras  blanchi.  »  {Caté- 
chisme poissard,  44.) 

Elle  prouva  bientôt,  fière  catin, 
Qu'elle  était  rouchie. 

(A.  Pothey.) 

Rouchie  ne  se  prend  pas  tou- 
jours en  mauvaise  part  :  a  II  est 


ROU 


~  020  — 


ROU 


l'amant  de  cœur  d'une  jolie  rou- 
chie  des  grands  quartiers.  »  {Le 
Sublime,  72.) 

ROUE  DE  DERRIÈRE:  Pièce 
de  cinq  francs.  —  Allusion  au 
grand  diamètre  des  roues  de  der- 
rière de  voitures.  —  «  Roues  de 
derrière  est  une  expression  des 
cochers,  pour  dire  pièces  de  cinq 
francs.  »  {Cabarets  de  Paris, 
21.)  —  Autrefois,  c'était  un  écu 
de  six  livres.  —  a  Je  peux  solir 
pour  une  roue  de  derrière  ce  qui 
m'a  coûté  cinquante  ronds,  c'est- 
à-dire  vendre  pour  six  francs  ce 
qui  m'a  coûté  cinquante  sous.  » 
{A vent,  de  J.Sharp,  1789.) 

ROUE  DE  DEVANT  :  Pièce 
de  deux  francs.  —  Les  roues  de 
devant  de  voitures  sont  les  plus 
petites. 

ROUE  :  Juge  d'instruction. 
(Vidocq.)  —   Il  l'est  par  métier. 

ROUEN  (Aller  à)  :  Marcher  à 
sa  perte.  (Halbert.)  Mot  à  mot  : 
se  couler,  se  ruiner.  —  Je  deu 
mots.  V.  ci-dessous. 

ROUEN  (Envoyer  à)  :  Couler, 
ruiner.  —  Allusion  à  la  Seine 
qui  coule  de  Paris  à  Rouen.  — 
«  Vous  voulez  donc  couler  l'ate- 
lier, vous  voulez  m'envoyer  à 
Rouen.  »  {Le  Sublime,  72.) 

ROUFFION  :  «  Les  rouffions 
sont  les  apprentis  du  commerce 
de  la  nouveauté.  Ils  font  et  défont 
les  étalages,  replient  les  étoffes, 
font  les  courses,  »  (Naviaux,  61.) 
—  «  Pourquoi  roufion  ?  Je  l'ignore, 
il  est  plein  d'ardeur,  joueur, 
léger,  mais   attentif.  »  (Noriac.) 

ROUFLAQUETTE  :  Grosse 
mèche  de  cheveux  ramenée  et 
collée  sur  la  tempe. 


J'  sais  rien  m'  coller  eun'  rouflaquette 
Tout  r  long  d' la  tempe,  jus  |u  a  l'œil. 

(Richepin,  77.) 

ROUGTE  :  Révolutionnaire  ac- 
ceptant le  drapeau  rouge. —  «Les 
hameaux  devenant  plus  rouges 
que  les  faubourgs,  c'est  là  le  ca- 
ractère nouveau  de  cette  re- 
chute. »  (Aubryet.)  —  On  dit 
aussi  la  rouge  pour  a  la  répu- 
blique rouge.  » 

ROUGET  :  Cuivre.  (Vidocq.) 
C'est  le  cuivre  rouge.  Le  cuivre 
jaune  est  \q paillon. 

ROUILLARDE  ;  Bouteille  de 
vieux  vin.  (Vidocq.)  Allusion  à 
l'aspect  rouillé  de  la  bouteille. 

ROULANCE  :  Roulement  gé- 
néral que  font  les  ouvriers  typo- 
graphes à  coups  de  com;^osteurs 
sur  leurs  casses,  à  la  rentrée  d'un 
confrère  qu'ils  viennent  de  mys- 
tifier. —  (Ladimir.) 

ROULANT:  Pois.    (Halbert.) 

ROULANT  :  Marchand  d'ha- 
bits ambulant.  V.  Chineur. 

ROULANT,  ROULANTE  : 
Voiture.  V.  Roulette. 

ROULANT  VIF  :  Chemin  de 
fer.  (Rabasse.)((  La  science  change 
la  face  de  la  civilisation  par  le 
chemin  de  fer,  l'argot  l'a  déjà 
nommé  le  roulant  vif.  »  (Balzac.) 
— •  Vif  veut  dire  ici  allant  vive- 
ment. 

ROULANTE  :  Voiture.  (Ra- 
basse.) 

ROULÉE  :  Vigoureuse  cor- 
rection. 

ROULEMENT  DE  TAM- 
BOUR :  Aboiement  de  chien. 
(Vidocq.) 


ROU 


-   321   — 


ROU 


ROULER  :  Battre,  mot  à  mot  : 
Faire  rouler  sous  les  coups. 

ROULER  :  Tromper,  duper, 
mystifier.  —  Ce  mot  présente  la 
même  image  que  charrier  et 
faire  aller.  A  vrai  dire,  tromper 
les  gens,  c'est  les  envoyer  bien 
loin  de  la  vérité.  —  «  Enfin  je 
suis  seul  contre  le  gouvernement 
avec  son  tas  de  tribunaux,  et  je 
les  roule.  »  (Balzac.) 

ROULER  :  VoyagtT.—Roulier 
est  resté.  V.  Gadoue. 

Ça  roule  :  Je  me  porte  bien, 
je  fais  de  bonnes  affaires. 

Ça  roule  se  dit  d'une  manœu- 
vre exécutée  sans  ensemble, 
lorsque  les  fusils  ne  résonnent 
pas  à  la  fois  d'un  seul  coup. 

ROULEUR  :  Fripon,  trom- 
peur. —  «  Cela  ne  serait  pas 
bien  ;  nos  courtiers  passeraient 
pour  des  rouleurs.  »  (Lynol.) 

ROULEUR  :  «  Ses  fonctions 
consistent  à  présenter  les  ou- 
vriers aux  maîtres  qui  veulent 
les  embaucher  et  à  consacrer 
leur  engagement.  C'est  lui  qui 
accompagne  les  partants  jus- 
qu'à la  sortie  des  villes.  »  (G. 
Sand.) 

ROULEUSE  :  Prostituée.  Mot 
à  mot  :  femme  roulant  dans  les 
endroits  publics  en  quête  de 
chalands.  —  a  Angélina  ne  se 
souvint  plus  de  la  lorette  rou~ 
leuse,  ni  de  la  lorette  soupeuse.  » 
{Boursicotiérisme.)  —  «  En  atten- 
dant elle  gardait  seulement  les 
mauvaises  payes,  les  rouleuses.  » 
(Zola.) 

ROULOTTAGE  (Grinchir 
au)  :  Voler  les  maisons  de  rou- 
lage. 


ROULOTTE  :  Voiture,  char- 
rette. «  Tout  ce  maquillage  ne 
te  fera  pas  démarger  en  roulotte 
(aller  en  voiture).  »  (Paillet.) 

ROULOTTIER  :  Voleur  de 
voiture,  c'est-à-dire  de  roulotte. 
«  Au  lieu  de  travailler  en  cham- 
bre, il  travaille  en  voiture.  Il 
saisit  un  colis  sur  un  camion  de 
roulage  et  s'éloigne  avec  sa 
proie.  »  (A.  Monnier.) 

ROULOTTIN  :  Charretier. 

ROULURE  :  Rouleuse.  (V. 
ce  mot.)  «  Encore  une  roulure 
pour  les  boulevards...  Elle  leur 
chiera  du  poivre  avant  six  mois.  » 
(Zola.) 

ROUMARD  :  Roué.  (Grand- 
val.)  Changement  de  finale. 

ROUPIE  :  Punaise.  (Vidocq.) 
—  Elle  a  la  forme  et  la  couleur 
d'une  roupie  de  tabac. 

ROUPIE  DE  SINGE:  Rien. 
Roupie  a  ici  le  sens  de  monnaie. 
V.  Monnaie  de  singe. 

ROUPILLER  :  Dormir.  —  «  Il 
est  bien  temps  de  roupiller.  » 
(Henriade  travestie.) 

ROUPILLEUR,  LLEUSE  : 
Dormeur,  dormeuse.  (Halbert.) 

ROUPIS  :  Vieux  priseur  ayant 
la  roupie  au  nez.  —  «  Garçon  ! 
me  dit  un  vieux  roupis.  »  (E. 
Debraux.) 

ROUSCAILLANTE  :  Langue. 
(Halbert.) — Motàmot  ?  parlante. 

ROUSCAILLER  BIGORNE  : 
Parler  argot. 

ROUSPANT  :  Entremetteur 
au  service  des  tantes. 

ROUSSE,  ROUSSIN    :  Agent 


ROY 


—   322    — 


RUE 


de  police.  Du  vieux  mot  rouchin  : 
rosse,  mauvais  cheval.  —  «  C'était 
l'agent  de  change  que  suivaient 
les  roussins.  »  (Vidocq.)  —  «  A 
quoi  penses-tu  ?  tu  bois  avec  des 
rousses.  »  (Chenu.) 

ROUSSE  :  Police.  —  «  Ils 
croient  voir  partout  la  rousse.  » 
(Paillet.) 

ROUSSI  :  Mouchard  de  prison. 
(Colombey.) 

ROUSSIN  :  V.  Rousse. 

ROUSSINER  :  Faire  arrêter 
par  la  police. 

On  vous  roussine, 
Et  puis  la  tine 
Vient  remoucher  la  butte  en  rigolant. 

(Lacenaire,) 

ROUSTI  (Être)  :  être  arrêté. 
(Rabasse.) 

ROUSTIR  :  Escroquer.  — 
«  La  plupart  des  banquistes  ont 
un  truc  pour  roustir  les  gonzes, 
c'est-à-dire  une  supercherie  pour 
attraper  les  bonnes  gens.  ï)  {Aven- 
tures de  Sharp,  1789.) 

ROUSTISSEUR,  EUSE  : 
Voleur,  voleuse.  —  a  On  accuse 
donc  c'te  pauvre  fille  d'être  une 
roustisseuse  et  d'avoir  fait  sauter 
l'argenterie.  »  (Voizo.) 

ROUSTISSURE  :  Volerie, 
chose  ne  valant  rien. 

ROUSTURE  :  Homme  en  sur- 
veillance de  la  police.  (Halbert.) 

ROYALE  :  «  Louis  XIII  rasait 
bien,  et  un  jour  il  coupa  la 
barbe  à  ses  officiers  et  ne  leur 
laissa  qu'un  petit  toupet  au 
menton.  »  (T.  des  Re'aux.)  De 
là  sans  doute  ce  mot,  dit  Mon- 
merqué.  La  royale  devint  Yim- 


périale  sous   le    régime    napo- 
léonien. 

RUBAN  DE  QUEUE  :  Lon- 
gue étendue  de  route  tranchant  à 
l'œil  comme  un  ruban  sur  la 
terre  où  ses  courbures  lui  don- 
nent l'aspect  d'une  queue  d'ani- 
mal. —  «  Comme  ces  grandes 
routes,  rubans  de  queue  de 
quatre  ou  cinq  lieues  de  long 
qui,  rien  qu'à  les  voir  te  ujours 
toutes  droites,  vous  cassent  les 
jambes.  »  (E.  Sue.) 

RUDE  :  Remarquable.  —  «  Mon 
vieux  sabre,  tu  peux  te  vanter 
d'appartenir  à  un  rude  k  pin.  » 
(About.)  V.  Raide,  Balle,  Doux. 

RUDEMENT  :  Remarquable- 
ment. —  «  Faut  que  je  sois 
rudement  malheureuse.  •  {Vie 
parisienne,  66.) 

RUE  AU  PAIN  :  Gosier.  C'est 
par  là  que  les  aliments  passent. 
—  «  Commence,  mon  vieux,  par 
arroser  la  rue  au  pain,  lit  la 
chiffonnière  en  remplissant  le 
verre  du  voisin.  »  (C.  Rab ou.) 

RUE  DE  RIVOLI  :  Six  de  jeu 
de  cartes.  (Alyge.)  —  Allusion  à 
son  aspect  aligné  et  régulier. 

RUER  A  LA  BOTTE  :  Être 
susceptible.  — Allusion  aux  che- 
vaux chatouilleux  qui  ne  peuvent 
sentir  l'approche  de  l'éperon.  — 
Terme  de  cavalier. 

RUETTE  :  Gosier.  Même  allu- 
sion que  dans  rue  au  pai  i.  — 
Dans  le  Compliment  de  Jérôme^ 
Fanchon  et  Cadet,  Jérôme,  qui 
a  chanté  mal,  dit  :  «  Vous  sc  ntez 
qu'un  homme  n'a  pas  le  passage 
de  la  ruette  fait  pour  la  musiq  ue.  » 
{Catéchisme  poissard,  40.) 


SAB 


—  323  — 


SAB 


RUP,  PLUPART,  RUPIN,  RU- 
PINE :  Élégant,  homme  riche, 
—  Du  vieux  mot  drup ,  drupe  : 
homme  distingué.  V.  le  Dict. 
de  Lacombe  (1760).  —  a  Ma- 
dame, en  v'ià  un  rup  !  il  m'a  dit 
de  garder  la  monnaie  pour  moi.» 
(Jaime.)  —  ce  Pour  enfoncer  un 
rupine  je  sers  d'exemple.  Mal- 
heur à  qui  contemple  mon  petit 
minois  chiffonné.  »  (Mouret.)  — 
Se  prend  adjectivement.  —  «  Tu 
étais  dans  une  société  assez  rup.» 
(Montépin.) —  «Faisons  un  bout 
de  toilette  !  que  chacun  soit  ru- 
pin. »  (Chenu.) 

RURAUX  :  Les  agitateurs  de  la 


Commune  donnaient  ce  nom 
aux  membres  de  l'Assemblée  na- 
tionale à  Versailles.  —  «  Hier, 
3o  mars,  les  ruraux  n'ont  point 
tenu  de  séance.  Sont-ils  retour- 
nés à  la  messe,  sont-ils  allés  à 
vêpres,  nous  l'ignorons.  »  {Le 
Vengeur,  3 1  mars  7 1 .) 

RUSTIQUE  :  Greffier.  (Hal- 
bert.) 

RUSTIQUE  (n'être  pas):  N'Stre 
pas  vigoureux.  Du  vieux  mot 
ruste:  fort. 

RUSTU  :  Greffe.  (Halbert.) 

RUTIÈRE  :  Raccrocheuse  vo- 
lant dans  la  rue.  (Colombey.) 


S 


SABLE  :  Estomac.  (Halbert.) 
—  Vieux  mot,  d'où  notre  verbe 
sabler  :  boire. 

SABLER  :  Assommer  avec 
une  peau  d'anguille  bourrée  de 
sable.  (Vidocq.) 

SABOCHE  :  Homme  qui  dé- 
plaît. (Halbert.) 

SABOT  :  Voiture,  navire.  — 
Triple  allusion  de  forme. 

SABOT  :  Violon.  —«Jeune 
homme!  emparez-vous  de  ce  sa- 
bot. »  (Dumersan.) 

SABOULER  :  Battre,  cogner. 
.—  Vieux  mot.  —  «  Vous  me  sa- 
boulez  la  tête  avec  vos  mains 
pesantes.  »  (Molière,  Comtesse 
d' Escarbagnas .)  —  «  Je  te  tanne 
le  casaquin ,  je  te  saboule.  » 
(Paillet.) 


SABOULER  :  Crier.  (Halbert.) 
Décrotter.  (Vidocq.) 

SABOULEUR:  Décrotteur. 
(Vidocq.) 

SABOULEUX  :  Faux  épilep- 
tique.  (Vidocq.) 

SABRE  :  Bâton.  (Grandval.) 

SABRENOT  :  Savetier.  (Hal- 
bert.) 

SABRER  :  Auner.  (Id.)  De 
sabre  :  bâton  et  par  extension 
aune. 

SABREUR,  TRAINEUR  DE 
SABRE  :  Militaire  bruyant  et 
fanfaron.  —  «  Vous  me  faites 
pitié,  tout  sabreur  que  vous 
êtes.»  (P.  Borel,  33.) 

SABRI  :  Forêt.  (Halbert.)  On 
s'abrite  à  son  ombre.  ^.Rebâtir. 


SAC 


324  — 


SAI 


SABRIEUX  :  Voleur  de  bois. 

SAC  (avoir  le)  :  Avoir  de  l'ar- 
gent. Mot  à  mot  :  avoir  le  sac 
aux  écus.  —  «  A-t-elle  le  sac  ? 
Cela  veut  dire  en  langage  des 
halles  :  A-t-elle  de  l'argent  ?  » 
(G.  de  Nerval.) 

SAC  (cracher  dans  le.).  V. 
Raccourcir. 

SAC  (donner  le)  :  Mettre  à  la 
porte. 

SAC  (homme  à)  :  a  Le  bailleur 
de  fonds,  c'est  ce  qu'on  appelle  en 
argot  de  théâtre,  un  homme  à 
sac,  sac  d'argent  bien  entendu.  » 
(De  Jallais,  1854.)  —  En  avoir 
plein  son  sac  :  Être  complètement 
ivre.  —  «  Laissons-le  reposer,  il 
en  a  plein  son  sac.  »  (Chenu.) 
—  Mettre  dans  son  sac  :  Dévorer 
un  affront  sans  pouvoir  le  ven- 
ger. —  «  Le  montreur  de  bêtes 
fut  donc  obligé  de  mettre  les 
calottes  dans  son  sac.  »  (E.  Sue.) 

SAC -A- PAPIER  :  «  A  l'ou- 
vrage, messieurs  !  Sac-à-papier  ! 
on  ne  fait  rien  ici.  »  (Balzac.)  — 
Juron  exprimant  l'ennui  d'être 
dans  une  situation  embrouillée. 
Sac-à-papiers  se  disait  autrefois 
de  la  réunion  des  pièces  d'un 
procès  qui  se  plaçaient  dans  un 
sac  de  toile. 

SACRE  :  Argent.  (Halbert.) 

SACRE  ;  Sergent  de  Ville.  (Id.) 
Acception  figurée  de  sacre  qui 
signifiait  jadis  oiseau  de  proie. 

SACREBLEU,  SACREDIEU, 
SACRELOTTE ,  SACRISTIE , 
SACRÉ  NOM,  SACRÉ  TON- 
NERRE :  Jurons  chargés  d'ex- 
primer indifféremment  la  colère, 
la  joie,  la  surprise  ou  le  chagrin. 


—  On  a  dit  ensuite  Saprebleu, 
Sapreîotte  ;  puis,  en  abrégeant, 
Crebleu,  Grelotte,  Prélat  te,  Pris- 
tie,  Nom  d'un...,  etc.,  etc. 

L'idée  d'évocation  divine  fut 
d'abord  contenue  dans  toutes 
ces  locutions.  On  prenait  Dieu 
et  les  choses  sacrées  à  témoin  de 
tel  ou  tel  fait;  Sacré  no))i  d'un 
petit  bonhomme  s'adresse  à  Jésus 
enfant.  Aujourd'hui  on  prononce 
ces  jurons  à  propos  de  tout,  sans 
penser  à  leur  significatio  1  pri- 
mitive fort  défigurée,  il  est  vrai, 
par  les  abréviations  qu'a  entraî- 
nées le  désir  de  satisfaire  i  l'ha- 
bitude, sans  avoir  l'air  de  blas- 
phémer. 

SACRÉ  CHIEN  :  Eau-de-vie 
et  par  extension  :  feu,  flamme 
artistique  ou  littéraire.—  «  Vous 
nous  râperez  le  gosier  avec  le 
trois-six  et  le  sacré  chien  dans 
toute  sa  pureté.  »  (Th.  Gautier 
33.)  —  «  Les  voilà  parties  chez 
Caplain  où  elles  demandent  un 
demi-septier  de  sacré  chien.  » 
^Vadé,  ijS8.)Y.Chien. 

SACREMENT  :  Sacrement  du 
mariage.  —  «  Oscar  m'oflrit  le 
sacrement.  »  (Festeau.) 

SACRISTAIN  :  Amant  ou  mari 
de  maquerelle.  (Vidocq.)  V. 
Marlou. 

SACRISTIE  :  Juron.  V.  5a- 
crebleu. 

SAFRAN  (Accommoder  au): 
Faire  une  infidélité  conjugale. 
—  Allusion  de  couleur.  —  «  Je 
ne  suis  pas  fâché  qu'elle  ait 
accommodé  au  safran  ce  volt  geur 
de  Louis  XIV.  »  (E.  Augier.) 

SAINDOMME  :  tabac.  (Ra- 
basse.) 


SAL 


-  325  - 


SAL 


SAINT-GEORGES  :  Cavalier 
et  tireur  d'épée  aussi  accompli 
que  l'était  le  chevalier  du  même 
nom  au  xviii*  siècle.  «  Tu  passes 
dans  le  monde  pour  un  Saint- 
Georges.  »  (Ricard.) 

^  SAINT- JEAN  (Être  de  la)  : 
Être  bête  et  crédule.  «  Oh  !  je 
ne  suis  pas  de  la  Saint-Jean  !  je 
ne  prends  pas  des  crapauds 
pour  des  grenouilles.  »  (P.  de 
Kock.) 

SAINT- JE  AN  (n'être  que  de 
la)  :  Être  de  qualité  inférieure. 

SAINT-JEAN  (faire  le)  :  Oter 
son  chapeau  pour  donner  un 
signal  à  ses  complices.  (Colom- 
bey.) 

SAINT- LAZ  (confrérie  de)  : 
Monde  de  la  prostitution.  —  On 
sait  que  la  prison  de  Saint-Lazare 
lui  est  spécialement  affectée. 
Abréviation.  —  «  De  Saint- Laz 
je  connais  toute  la  confrérie.  » 
(L.  de  Neuville.) 

SAINTE  N'Y  TOUCHE  :  Jeune 
fille  qui  fait  la  sainte  et  qui  n'a 
pas  l'air  d'y  toucher,  qui  se  tient 
avec  affectation  en  dehors  de  tout 
ce  qui  est  mondain.  «  Je  serais 
désolé  de  ne  trouver  parmi  les 
jeunes  personnes  que  des  saintes 
n'y  touche  ou  de  petites  grues.  » 
(E.  Villars.) 

SAIS  (tu)  :  Locution  fréquem- 
ment employée  et  précédant  tou- 
jours une  menace  ou  un  avertis- 
sement peu  agréable.  «  Ah  !  tu 
sais,  baise  cadet...  (baise  mon 
c-1). Garçon!  deux  litres  de  vieil- 
le !  »  (Zola.) 

SALADE  :  Fouet.  (Colombey.) 
Il  vous  sale. 

SALAMALEC  :    Salutation 


cérémonieuse.  Importation  ara- 
be. —  Une  caricature  de  Grand- 
ville  (i83o)  représente  le  fu- 
silier Dumanet  dans  le  harem 
du  dey  d'Alger,  avec  cette  lé- 
gende :  «  Assez  de  salamaleck 
comme  ça...  qu'on  m'apporte  de 
suite  vingt  sultanes ,  avec  le 
brûle-gueule  du  dey.  » 

SALADE  :  Réponse.  —Jeu  de 
mots.  Il  y  a  une  espèce  de  salade 
qu'on  nomme  raiponce. —  «  Voi- 
là notre  dernier  mot.  Nous  atten- 
drons ta  salade.  »  (Vidocq.) 

SALBIN  :  Serment.  (Halbert.) 

SALBINER  :  Prêter  serment. 
(Halbert.) 

SALE  (morceau  de)  :  Enfant 
nouveau  né.  (Rabasse.) 

SALER  :  Faire  payer  trop 
cher.—  Même  allusion  que  dans 
épicier.  —  «  Les  Chamouillez 
ont  paré  une  de  leurs  chambres 
dans  l'espoir  de  la  louer  à  un 
prix  salé.  »  (E.  d'Hervilly.) 

SALER  :  Critiquer,  gronder 
vivement.  —  Allusion  à  l'action 
mordicante  du  sel. —  «  N'oubliez 
pas  que  vous  m'avez  promis 
d'oublier  votre  douce  bonté,  et 
salez-moi  bien  cet  article.  » 
(Geoffroy,  Journal  des  Débats. 
—   Lettre    à    iV/^e  de    Val  or  y, 

10.) 

SALIÈRES  :  Cavités  pectorales. 
(Dhautel.)  Mot  à  mot  :  cavités 
aussi  prononcées  que  celles 
d'une  salière.  —  On  dit  d'une 
femme  maigre  décolletée  qu'elle 
montre  ses  salières.  —  «  Je  me 
vois  refuser  un  quadrille  par  la 
petite  G...  qui  a  un  million  dans 
chacune  de  ses  salières.  »  {Vie 
parisienne,  66.) 


SAN 


—  320  — 


SAP 


SALIN  :  Jaune.  (Halbert.) 

SALIR  :  Vendre  un  objet  volé. 
(Rabasse.)  Forme  altérée  de 
Solir. 

^  SALIVERGNE,  SALIVERNE  : 
Écuelle,  salade.  (Vidocq.) 

SALLE  DE  PAPIER  :  «  C'est, 
en  argot  théâtral,  une  salle  rem- 
plie à  l'aide  d'entrées  de  faveur. 
Allusion  aux  billets  donnés.  » 
(Hostein.) 

SALLE  A  LA  BANQUE  (de- 
mander du)  :  Veut  dire  deman- 
der de  l'argent  d'avance  dans 
une  imprimerie.  (Moisand,  41.) 

SALONNIER  :  Critique  d'art 
chargé  par  un  journal  de  parler 
de  l'exposition  artistique  an- 
nuelle dite  Salon  de  peinture. 
«  Voici  les  noms  des  Salonniers 
de  la  Presse  Parisienne  pour 
l'exposition  de  1876.  »  (Vie  lit- 
téraire.) 

SALSIFIS  :  Doigts.  --  L'allu- 
sion n'a  pas  besoin  de  s'expli- 
quer. «  Je  lui  serre  d'avance  et 
cordialement  les  salsifis.»  {Tam- 
Tam,  76.) 

SANG  DE  POISSON  :  Huile. 
(Vidocq.) 

SANGLIER  :  Prêtre.  —Jeu  de 
mots.  Le  sanglier  ou  sans-glier 
est  le  sans-diable.  (V.  Glier.) 
Allusion  à  la  mission  divine  du 
prêtre  qui  est  d'enlever  les  con- 
damnés au  démonr  V.  Hariadan. 

SANS  CHASSES  :  Aveugle. 
Mot  à  mot  :  sans  yeux. 

SANS -CŒUR  :  Usurier.  (Vi- 
docq.) 

SANS  CONDÉ  :  Clandestine- 
ment, sans  permission.   Condé 


est  un  vieux  mot  du  Nord  qui  a 
le  sens  de  pièce  officielle. 

SANS-CULOTTES  :  Républi- 
cain terroriste  dont  les  jambes 
dédaignaient  les  culottes  courtes. 
—  Après  avoir  désigné  le  cos- 
tume, le  nom  de  sans  culottes  dé- 
signa, l'opinion.  —  «  Mais  le  sans- 
culotte  Jésus  n'a  pas  dit  dans 
son  livre.  »  (Camille  Desmou- 
lins, 1790.) 

SANS-DOS:  Tabouret.  (Vi- 
docq.) —  Le  tabouret  est  sans 
dossier. 

SANS  LE  SOU  :  Pauvre.— 
((Farnèse  fit  un  mouvement  ;  elle 
avait  senti  le  sans  le  sou.  » 
(Jaime.) 

SANTU  :  Santé.  (Grand val.)  — 
Changement  de  finale. 

SAP  :  Cercueil  de  sapin.  Abré- 
viation. —  «  Avant  d'être  mis 
dans  le  sap.  »  (Festeau.) 

SAPEMENT  :  Condamnation, 
«  Au  bout  d'un  an,  poissé!... 
Deuxième  sapement.  »  (Beauvil- 
lier.) 

SAPER  :  Condamner.  Mot  à 
mot  :  abattre.  V.  Copeaux. 

SAPERLIPOPETTE  :  C  est  un 
saprelotte  délayé.  «  Mais  saper- 
lipopette !  que  ça  ne  nous  amène 
pas  un  nouvel  Empire!  »  (A. 
Karr,  76.) 

SAPIN  :  Planche.  (Halbert), 
et  par  extension,  cercueil. 
SAPIN  :  Soldat.  (Colombey.) 
SAPIN  :  Fiacre.  —  On  lit  dans 
un  pamphlet  de  la  révolution 
de  1 789  (  l'Apocalypse  ]  :  — 
«  M.  Desmoulins,  l'abbé  Noël, 
MM.  de  Beaumont  et  Keralio 
avaient  loué  pour  toute  la  soirée 


sau 


un  sapin  national  pour  se  faire 
voir  dans  la  promenade.  » 

SAPIN  (sentir  le)  :  Faire  pres- 
sentir une  mort  prochaine.  — 
On  dit  :  Voilà  une  toux  qui  sent 
le  sapin.  —  Usité  dès  1808.  — 
a  Pliée  en  deux  par  une  toux 
qui  sonnait  joliment  le  sapin.  » 
(Zola.) 

SAPREBLEU,SAPRELOTTE: 
Jurons.  —  C'est  le  sacrelotte  et 
le  sacrebleu  des  gens  qui  ne 
veulent  pas  sacrer,  par  scrupule 
de  conscience.  «  Jouissons  de 
notre  reste ,  saprelotte  !  »  (De 
Concourt.) 

SAPRISTI  :  Juron.  Forme  de 
sacristi  due  à  la  même  cause 
que  ci-dessus. 

SARDINES  :  Galons  de  sous- 
officier.  —  Allusion  de  forme  et 
de  brillant.  —  «  L'un  portait  la 
sardine  blanche.  »  (Nadaud.) 

SATISFAIT  :  De'puté  conser- 
vateur ,  satisfait  de  l'ordre  de 
choses. 

SATOU,  SATTE  :  Bois,  bâ- 
ton, forêt.— Vieux  mot.  V.  Gref- 
"fier. 

SATOUSIER  :  Menuisier.  (Vi- 
docq.) 

SAUCE  (donner  une)  :  Gron- 
der. (Dhautel.)  —  On  dit  de 
même  :  bien  accommoder  quel- 
qu'un. 

SAUCÉ  :  Mouillé  jusqu'aux 
os.  (Dhautel.) 

SAUTER  :  Puer.  (Halbert.) 
—  Ça  saute  est  un  augmentatit 
de  ça  danse.  Allusion  aux  vers 
produits  par  la  décomposition. 
V.  Danser. 


27  -  SAU 

SAUTER  :  Cacher  un  produit 
de  vol  à  ses  complices.  Mot  à  mot: 
sauter  par-dessus  sans  le  compter» 

SAUTER  A  LA  CAPAHUT  î 
Assassiner  un  complice  pour 
prendre  sa  part  de  vol.  (Vidocq.) 
V.  Capahuter, 

SAUTER  DESSUS  :  Attaquer 
brusquement. 

SAUTER  LA  BANQUE  (faire)  : 
Forcer  une  banque  de  jeu  à  fer- 
mer, faute  de  fonds.  —  «  Qu'y 
avait  -  il  d'étonnant  à  voir  cet 
escroc  faire  quelquefois  sauter  la 
banque?  »  (Sirven.) 

SAUTER  LE  PAS  :  Mourir. 
(Dauthel.)  Sauter  le  pas  qui  sé- 
pare la  vie  de  la  mort. 

Un  étudiant  dans  sa  mansarde 
Disposait  de  sa  dernière  harde, 
Puis  après  voulait  sauter  le  pas. 

{Chansonnier  de  i83o.) 

SAUTERELLE,  SAUTEUSE  : 
Puce.  (Vidocq.) 

SAUTEROLLES  ,  SAUTE - 
RONDS  :  Agent  de  change. 
(Halbert.)  —Par  métier,  il  fait 
sauter  les  ronds. 

SAUTEUR  :  Intrigant  éhonté^ 
mot  à  mot:  homme  prêt  à  sauter 
en  l'honneur  de  tous  les  partis. 
—  «  Il  avait  appelé  sauteur  un 
plumitif  multicolore.  »  (Marx.) 
V.  Paillasse. 

SAUTEUR  :  Médisant  (Ra- 
basse),  c'est-à-dire  qui  vous  saute 
dessus  en  paroles. 

SAUTEUSE  :  Danseuse  dô 
théâtre.  —  Pris  en  mauvaise 
part. 

SAUVAGE  :  Complètement 
nu.  —    «    Quand   on    est    bâti 


SAX 


328 


SEC 


comme  ça,  faut  il  être  chiche  de 
ne  pas  se  fiche  en  sauvage  !  » 
(Gavarni.) 

SAUVAGE  (s'habiller  en)  :«  Tu 
ne  sais  pas  encore  que  s'habiller 
en  sauvage  c'est  vendre  sa  che- 
mise. »  (Vidal,  la  Caserne,  33.) 

SAVATE  :  «La  savate,  que  l'on 
appelle  aujourd'hui  chausson, 
est  la  boxe  française,  avec  cette 
différence  que  la  savate  se  tra- 
vaille avec  les  pieds,  et  la  boxe 
avec  les  poings.  »  (Th.  Gautier, 
45.) 

SAVATE  :  «  Correction  mili- 
taire appliquée  par  les  soldats 
entre  eux  pour  certains  délits 
non  justiciables  d'un  conseil.  Le 
patient  est  étendu  sur  un  banc, 
la  chemise  retroussée,  et  chaque 
soldat  de  la  compagnie  lui  ap- 
plique trois  coups  d'un  soulier 
neuf  et  bien  ferré.  »  (Vidal  et 
Delmare,  la  Caserne,  33.) 

SAVOIR  LIRE  :  Connaître 
toutes  les  ruses.  (Vidocq.) 

SAVON  :  Réprimande  sévère. 
On  dit  de  même  Laver  la  tête, 
pour  réprimander  quelqu'un. 

SAVONNE:  Blanc.  Mot  à  mot: 
blanchi.  Pivois  savonné  :  Vin 
blanc.  V.  Douille,  Larton. 

SAVOYARD  :  Rustre. - 
«  C'est  donc  toi,  savoyard  !  A 
genoux,  obstiné!  »  (Ourliac.) 

SAVOYARDE  :  Malle.  —  Le 
commissionnaire  qui  la  portait 
à  Paris  avant  1848  était  ordi- 
nairement Savoyard. 

SAXE:  Porcelaine  de  vieux 
saxe.  —  «  Vous  avez  un  tas  de 
bric-à-brac,  des  saxes.»  (Car- 
mouche.) 


SCHABRAQUE  (Vieille). 
Vieille  prostituée,  ayant  servi  à 
plus  d'un  cavalier,  co;nme  une 
vieille  schabraque  d'uniforme. 

SGHENICK  :  Eau-de-vie.  V, 
Chenique.  —  «  Un  verre  de  che- 
nick  scella  nos  serments.»  (Lom- 
bard de  Langres,  1792.) 

SCHNAPPS  :  Eau-de-vie.  — 
Mot  russe.  —  M.  de  Fontenay, 
auteur  d'un  Voyage  agricole 
en  Russie,  1272,  dit  qu'on  n'y 
distille  guère  que  les  grains,  sur- 
tout le  seigle.  «  Le  produit 
s'appelle  snapp  et  sert  à  griser 
une  foule  de  gens.  » 

SCHOKING:  Indécent.  —An- 
glicanisme. —  «  Je  dis  culotte  et 
vous  ne  dites  pas  shoking.  »  (A. 
de  Pontmartin,  75.) 

SCIE  :  ■  Tourment,  mystifica- 
tion répétée  d'autant  plus  de 
fois  qu'elle  paraît  agacer  l'audi- 
teur. —  Allusion  à  la  scie  qui 
revient  toujours  en  grinçant  sur 
elle-même.  —  «  Les  femmes  c'est 
la  scie  pour  les  dômes. iques.  » 
(Ricard.)  —  «  Les  scies  les  plus 
farouches  l'avaient  trouvé  iné- 
branlable. »  (Mûrger.) 

SCIER,  SCIER  LE  DOS  :  Tour- 
menter. «  Laisse-moi,  Cadet,  tu 
me  scies.  »  {Rousselliana,  o5.) 

SCIONNER  :  Assassiner. 

SCIONNEUR  :  Assassin.  V 
Escarpe. 

SEC  (être  à)  :  Être  sans  argent, 
n'avoir  rien  à  boire. 

SÉCOT  :  Maigre.  —  «  L'une 
est  grasse,  l'autre  est  sécot.  » 
(Pecquet.) 

SECOUER  :  Traiter  ri  dément 


I 


SEN 


329  — 


SER 


en  paroles  ou  en  actions.  — 
«  Quand  la  blanchisseuse  l'avait 
secouée,  la  vieille  ne  ménageait 
pas  ses  expressions.  »  (Zola.) 

SEIGNEUR'  A  MUSIQUE  : 
Assassin.  (Halbert.)  Jeu  de  mots. 
— -  Il  saigne  ses  victimes. 

SEMAINE  DES  QUATRE 
JEUDIS  (la)  :  La  semaine  qui 
n'arrivera  jamais,  puisqu'elle 
n'existe  pas.  —  «  C'est  comme 
la  robe  que  vous  m'avez  pro- 
mise... Tu  l'auras...  La  semaine 
des  quatre  jeudis.»  (H,  Monnier.) 

—  «  Ça,  c'est  pour  la  semaine 
des  quatre  jeudis,  puisque  nous 
n'avons  pas  bougé  du  camp.  » 
[Commentaires    de  Loriot,  69.) 

SENAQUI:  Pièce  d'or.  (Co- 
lombey.)  Anagramme  de  sequin. 

SENT  MAUVAIS  (.ça)  :  Cela 
va  mal  tourner. 

SENTIMENTALISME,  SENSI- 
BLERIE :  Sensibilité  inoppor- 
tune. —  «  C'est  la  guerre,  la 
guerre  pour  tuer,  pour  vaincre, 
comme  doit  être  la  guerre,  sans 
sentimentalisme  !  »  (L.  Detroj^at.) 

SENTINELLE  :  Excrément 
isolé.  V.  Factionnaire. 

SENTIR  :  Aimer.  (Vidocq.) 

SENTIR   (ne  pas):    Détester. 

—  On  dit  de  même  :  Je  l'ai  dans 
le  ne:{,  en  parlant  de  quelqu'un 
qu'on  ne  peut  sentir. 

SENTIR  LES  COUDES  A 
GAUCHE  :  Marcher  avec  en- 
semble, comme  les  hommes 
d'un  peloton,  en  sentant  les 
coudes  du  voisin  afin  de  se 
maintenir  sur  la  ligne  du  guide. 
Dans  une  caricature  de  juillet 
iS3o,  Levasseur  fait  dire  à  deux 


combattants  :  «  Que  sentiez-vous 
envoyant  tomber  vos  camarades 
à  côté  de  vous  ?  —  C  que  j'  sen- 
tais !...  les  coudes  à  gauche.»  — 
Se  dit  au  figuré  de  plusieurs 
personnes  qui  marchent  bien 
d'accord  à  leur  but. 

SÉQUENCE.  V.  Postillon. 

SER  :  Signal.  (Vidocq.)  V. 
Sert. 

SER  (faire  le)  :  Faire  le  guet. 
Mot  à  mot  :  Signaler.  (Halbert.) 

SERGE,  SERGO  :  Sergent  de 
ville.  —  Changement  de  finale 
et  abréviation.  —  «  Son  caban 
de  sergo  ne  l'empêchait  pas  de 
grelotter.  »  (Alph.  Daudet.) 

SERGOLLE  :  Ceinture.  (Hal- 
bert). Mot  à  mot  :  serregole.  — 
Du  vieux  mot  gole,  ouverture 
de  tunique. 

SÉRIEUX  :  Pour  les  lorettes, 
un  homme  sérieux  est  un  homm.e 
riche.  —  Pour  les  gastronomes, 
un  repas  sérieux  est  un  repas 
bien  compris. —  Pour  les  artistes 
et  les  lettrés,  un  homme  sérieux 
est  celui  qui  s'est  acquis  une  va- 
leur personnelle.  —  Pour  les 
bourgeois ,  être  sérieux,  c'est 
avoirunepositiondanslemonde. 

SERIN  :  Niais.  Mot  à  mot  : 
naïf,  comme  un  serin.  —  «  Tu 
ne  sais  pas  ce  que  c'est  que 
d'être  l'amant  d'une  femme... 
Es-tu  serin  à  ton  âge!  »  (E. 
Sue.)  —  «  Élodie  Charnu,  qui  ne 
regarde  plus  les  camarades  depuis 
quelle  a  trouvé  un  serin  de  mon- 
sieur pour  se  marier.  »  (Gavarni.) 

SERINER  :  Divulguer.  V.  Se- 
rinette. 

SERINETTE  :    Enfant   ayant 


SER  —  33o  -  SIF 

SERVIR  LE  TRÊPi:  :  Faire 
ranger  la  foule.  V.  Curieux. 

SÉVÈRE:  Digne  de  réflexions 
sévères.  —  «  Ah  !  je  vous  racon- 
terai ma  vie.  Je  vous  en  dirai 
des  sévères,  mon  bon  ami.  » 
(Ricard.) 


plus  de  mémoire  que  d'intelli- 
gence. 

SERINETTE  :  «  On  appelle  se- 
rinette, les  infâmes  qui  font 
contribuer  un  passant  en  le  me- 
naçant de  divulguer  (seriner)  au 
public  ou  même  à  l'autorité  de 
coupablesdépravations.o(Paillet.) 

SERINGUE  (chanter  comme 
une)  :  Avoir  la  voix  fausse  et 
discordante.  (08,  Dhautel.) 

SERRANTE  :  Serrure.  (Vi- 
docq.) 

SERRÉ:  Avare,  peu  fortuné. 

—  «  Il  paraît  même  qu'il  est  très- 
serré.  M  (H.  Monnier.) 

SERRER  :  Mettre   en   prison. 

—  On  n'y  est  pas  au  large.  — 
«  La  plus  cruelle  injure  qu'une 
fille  puisse  jeter  à  une  autre  fille, 
c'est  de  l'accuser  d'infidélité  en- 
vers un  amant  serré.  »  (Balzac.) 

SERRER  LA  VIS  :  Étrangler. 

—  «  La  victime. avait  été  volée,  et 
enfin  Moreux  était  obligé  de  re- 
connaître qu'il  lui  avait  «  serré 
la  vis  un  peu  trop  fort.  »  {Mo- 
niteur, mai  1872.) 

SERT  :  Signe  d'entente  à  Tu- 
sage  des  grecs. 

SERVIETTE  :  Portefeuille. 
(Halbert.)  Il  se  plie  comme  une 
serviette. 

SERVIETTE  :  Canne.  (Co- 
lombey.) 

SERVIR  :  Prendre,  arrêter,  — 
«  Frangin  et  frangine,  je  pesigue 
le  pivot  pour  vous  bonnir  que 
mezigue  viens  d'être  servi  maron 
à  la  légre  de  Canelle  (Gaen).  » 
(Vidocq.) 

SERVIR  DE  BELLE:  Dénon- 
cer à  faux. 


SEVRES  (passer  à)  :  Ne  rien 
recevoir.  (Rabasse.)  Jeu  de 
mots  sur  Sèvres,  nom  de  lieu, 
et  sur  le  verbe  sevrer. 

SEZIÈRE,  SEZIGUE,  SEZIN- 
GO,  SEZINGUARD  :  Lui.  (Hal- 
bert, Colombey.) 

SIC  ITUR  AD  ASTRA  :  C'est 
ainsi  qu'on]  passe  à  l'ir  imorta- 
lité,  mot  à  mot  aux  astres.  Iro- 
nie. «  Après  la  séance,  l'huissier 
ramasse  les  croquis  et  les  met 
de  côté.  Sic  itur  ad  astva.  »  (A 
Marx,  latinisme.) 

SIFFLE  :  Gosier.  V.  Sifflet.    ' 

SIFFLER  :  Boire.  —  «  Il  a  sif- 
flé, pour  dire  :  il  a  bu,  p;irce  que 
les  lèvres  ont  à  peu  près  \z  même 
mouvement.  »  (Le  Duchat,  ]  ySS.) 
—  «  Tiens,  vieux  chéri,  siffie- 
moi  ca,  ca  va  te  remettra.  »  (E, 
Sue.)' 

SIFFLET  :  Gosier.  —  Compa- 
raison facile  à  deviner.  Vidocq 
donne  aussi  sifflet  pour  voix.  — 
((  Qu'en  te  coupant  le  sifflet, 
quelqu'un  délivre  le  royaume.  » 
{La Nouvelle Ma^arinade,  i632.) 

SIFFLET  D'ÉBÈNE  :  Habit 
noir.  Allusion  de  forme  et  de 
couleur.  —  «  Tous  font  le  ir  en- 
trée revêtus  du  classique  sifflet 
d'ébène,  lisez  habit  noir.  »  {Fi- 
garo, 77.) 

SIFFLET  (se  rincer,  s'affûter 
le)  :  Boire.  —  a  Là,  plus  d'un 


I 


SIN 


33i  - 


SKA 


buveur  venait  se  rincer  le  sif- 
flet. »  (Colmance.)  —  «  Faut  pas 
aller  chez  Paul  Niquet  six  fois 
r  jour  s'affûter  le  sifflet.  »  (P.  Du- 
rand, 36.) 

SIGLE,  SIGOLLE  :  Pièce  de 
vingt  francs.  «  Mets-moi  dans  un 
pâté  deux  ou  trois  sigolles.  » 
(Lettre  de  Minder.V.|rintrôd.)  — 
Altération  de  cigale. 

SIGUE  :  Pièce  de  vingt  francs. 
(Halbert.)—  Pièce  de  cinq  francs. 
(Rabasse.)  —  Abréviation  de  ci- 
gale. V.  ce  mot. 

Double  sigue  :  Pièce  de  qua- 
rante francs.  (Halbert.) 

SIMON  :  La  maison  oii  les  vi- 
dangeurs travaillent  est  appelée 
par  eux  atelier  et  le  propriétaire 
de  cette  maison  est  appelé  par 
eux  Simon.  (Berthaud.) 

SINE  QUA  NON  :  La  chose 
indispensable.  —  Sine  qua  non 
possumus  s'entend  ordinairement 
de  l'argent.  —  «  L'entretien  est 
le  sine  qua  non  de  l'élégance.  » 
(Balzac.)  —  Latinisme. 

SINGE  :  Chef  d'atelier,  pa- 
tron, maître.  (Albert.)  —  «  On 
ne  peut  pas  bouger,  le  singe  est 
toujours  sur  votre  dos.  »  (Zola.) 

SINGE  (monnaie  de)  :  Gri- 
mace. —  «  Il  la  payait,  comme 
dit  le  peuple  en  son  langage 
énergique,  en  monnaie  de  singe.» 
(Balzac.)  V.  Roupie. 

SINGE  :  Voyageur  juché  sur 
l'impériale  d'une  voiture. 

SINGE  :  Compositeur  d'im- 
primerie. —  «  Ainsi  nommé  à 
cause  du  continuel  exercice  qu'ils 
font  pour  attraper  les  lettres  dans 
les  cinquante-deux  petites  cases 


où  elles  sont  contenues.  »  (Bal- 
zac.) 

SINVE  :  Dupe.  (Halbert.)  Sim- 
ple, crédule.  (Rabasse).—  Forme 
de  simple.  V.  Affranchir,  Rifle. 

SIONNER  :  Assassiner.  (Ra- 
basse.) —  Abr.  de  Scionner. 

SIROP  :  Vin.  —  Il  a  la  couleur 
du  sirop  de  groseille.  V.  Pom" 
per. 

Avoir  un  coup  de  sirop  :  Être 
gris.  —  tt  Lui  avait  déjà  un  joli 
coup  de  sirop.  »  (Zola.) 

SIROTER  :  Boire  avec  excès. 
—  «  Son  bonheur  était  d'aller 
siroter  le  vin  à  dix  de  la  Cour- 
tille.  »  (Ricard.) 

SIROTEUR  :  Buveur.—  «  Pre- 
nez trois  étudiants,  vous  obtenez 
deux  siroteurs.  »  (Michu.) 

SIT  NOMEN  :  Argent.  —  Les 
anciens  écus  frappés  à  l'effigie 
des  rois  (Louis  XV  et  Louis  XVI) 
portaient  au  revers  l'écu  fleur- 
delisé entouré  de  la  devise  reli- 
gieuse :  Sit  nomen  Domini  bene- 
dictum, 

SKATEUR  :  Skatineur.  —  «  Ils 
n'avaient  qu'une  ambition  :  lui 
voulait  être  skateur;  elle  vou- 
lait être  skateuse.  »  {Figaro,  ii 
fév.  77.) 

SKATINAGE  :  V.  Skating. 

SKATINEUR:  Patineur.-«Les 
types  de  skatineurs  sont  variés 
et  curieux.  »  {Figaro,  mai  76.) 

SKATING  :  Skatinage,  pati- 
nage à  roulettes.  «  Le  skating 
est  devenu  la  manie  du  jour.  » 
{Figaro,  24  avril  76.)  a  Le  skati- 
nage esta  la  mode.»  (/<i.,  mai  76.) 

Skating-rink  :  Établissement 


SŒU 


-  332  - 


SOL 


de  patinage.  —  «  On  démolit  les 
maisons  pour  en  faire  des  ska- 
ting-rinks.  »  [Idem.) — Anglican. 

SIX  :  Chandelle  de  six  à  la 
livre.  c(  J'allume  ce  bout.  Tiens  ! 
vous  usez  des  six,  Plumet.  C'est 
comme  moi.  »  (Ricard.) 

SMALAH  ;  Ménage,  réunion 
de  la  femme,  des  enfants  et  du 
mobilier.  —  Le  mot  vient  d'Al- 
gérie. 

SNOBOYE  :  Très- bien.  V. 
Chocnoso. 

SOC  :  Socialiste.  Abréviation. 
V.  Démoc. 

SOCIALE  :  République  so- 
ciale. —  «M.  N...  clamait  :  Vive 
la  sociale!  »  {Figaro,  j5.) 

SOCIÉTÉ  D'ADMIRATION 
MUTUELLE  (être  de  la)  :  Faire 
partie  d'une  association  secrète 
de  gens  qui  se  sont  engagés  à  se 
pousser  respectivement  dans  le 
monde,  en  feignant  de  se  témoi- 
gner une  admiration  mutuelle. 
On  a  beaucoup  parlé  d'une  so- 
ciété de  ce  genre  à  l'armée  d'A- 
frique. Quoi  qu'il  en  soit,  c'est 
un  procédé  pratiqué  en  tous 
temps  et  en  tous  pays. 

SOCIÉTÉ  DU  DOIGT  DANS 
L'ŒIL  (être  de  la)  :  Avoir  les 
illusions  de  la  vanité.  V.  Doigt. 
—  a  La  société  du  doigt  dans 
l'œil  devra  être  reconnue  et  au- 
torisée comme  institution  régu- 
lière. »  {Figaro,  1 1  fév.  77.} 

SŒUR  :  Maîtresse.  —  Terme 
ironique  inventé  pour  railler 
ceux  qui  dissimulent  leurs  liai- 
sons sous  des  liens  de  parenté 
fictifs.  —  On  dit  en  ce  sens  :  J'ai 
rencontré  X.,.  avec  sa  sœur. 


SŒUR  (et  ta)  :  Abréviation 
de  Et  ta  sœur,  est-elle  malade? 
qui  se  dit  encore,  mais  moins 
souvent.  Cette  interrogation  peut 
se  traduire  mot  à  mot  ainsi  :  «  Et 
ta  maîtresse ,  comment  va-t- 
elle?  »  —  Il  va  sans  dire  que 
c'est  une  insulte;  elle  se  lance 
souvent  à  Paris,  à  propos  de 
tout,  et  les  trois  quarts  de  ceux 
qui  la  formulent  ne  se  doutent 
pas  de  ce  qu'elle  signide.  — 
«  Sais-tu  ce  qu'il  me  rtpond? 
«  Et  ta  sœur?  »  —  Je  1  aurais 
cogné.  »  (Monselet.)  —  Philaréte 
Chasles  a  révélé  que  la  pudique 
Allemagne  est  aussi  avancée  que 
nous  sous  ce  rapport.  Elle  ap- 
pelle buhl  schwester  (soeur  d'a- 
mour) une  fille  galante.  «  Quant 
à  et  ta  sœur?  ajoute-t-il,  les  Al- 
lemands ne  disent  pas  autre 
chose  avec  les  deux  mots  :  Ja 
Kuchen.  » 

SOIFFARD ,  SOIFFEUR  : 
Grand  buveur.  —  «  Ce  sacré 
soiffard  se  portait  comn\e  un 
charme.  »  (Zola.) 

SOIFFER  :  Boire  outre  me- 
sure comme  si  on  avait  g:  and'- 
soif.  —  «  Là,  j'  soiffons  ciiacun 
nos  trois  poissons,  »  {LesAniours 
de  Jeannette,  i3.) 

SOIGNÉE  :  Fait  à  noter  soi- 
gneusement. —  a  Oh  1  en  v'ià 
une  soignée.  »  (La  Bédollicre.) 

SOISSONNÉ  :  Haricot.  — 
Soissons  est  la  patrie  des  hari- 
cots. 

SOLDAT  DU  PAPE  :  Mau- 
vais soldat.  —  En  1738,  Le  Du- 
chat  disait  déjà  :  «  Soldais  du 
pape,  méchantes  troupes.  >  Ma- 
chiavel a  dit  que  les  compagnies 


SON 


333 


SOR 


de  l'Église  sont   le  déshonneur 
de  la  gendarmerie. 

SOLEIL  (avoir  un  coup  de)  : 
S'enivrer.  (Dhautel.)  V.  Coup. 

Piquer  un  ou  son  soleil  :  Rou- 
gir. 

Recevoir  un  coup  de  soleil  : 
Tomber  amoureux.  —  a  Mesde- 
moiselles, nous  avons  reçu  un 
coup  de  soleil  soigné.  »  (Villars,) 

SOLIR.  —  Vendre  :  «  J'ai  ren- 
contré marcandière  qui  dupivois 
solisait.  »  (Vidocq.) 

SOLITAIRE  :  Spectateur  qui, 
pour  payer  moins  cher  sa  place, 
entre  au  théâtre  dans  les  rangs 
de  la  claque.  Son  nom  indique 
qu'il  ne  se  croit  pas  obligé  de 
faire  chorus  avec  ses  bruyants 
compagnons.  —  «  Grâce  à  une 
pièce  de  cinquante  centimes,  j'en- 
trai en  qualité  de  solitaire.  » 
(A.  Second.) 

SOLLIGEUR  :  Marchand. 
(Vidocq.)  —  De  Solir. 

SOLLIGEUR  DE  LACETS  : 
Gendarme,  mot  à  mot  :  mar- 
chand de  menottes. 

SOLLIGEUR  DE  ZIF  :  Escroc 
vendant  sur  faux  échantillons. 
(Idem.) 

SOLLIGEUR  A  LA  POGNE  : 
Marchand  ambulant.  (Golom- 
bey.)  —  Il  lui  faut  de  la  pogne 
pour  pousser  sa  petite  voiture. 

SOLLISAGE  :  Vente.  (Golom- 
bey.)  V.  Solir. 

SOMMEIL  (marchand  de)  : 
Logeur  à  la  nuit,  (Rabasse.) 

SONDE  :  Médecin.  (Vidocq.)     | 


SONDER  :  Espionner,  cher- 
cher à  savoir. 

SONDEUR  :  Gommis  d'octroi. 
(Rabasse.) — Il  sonde  les  voitures. 

SONDEUR  :  Espion.  (Vidocq.) 
SONDEUR    :    Observateur, 
chercheur. 

SONNETTE  :  Pièce  d'argent. 
Elle  sonne  dans  la  poche.  — 
«  J'accours  à  l'Opéra  et  les  son- 
net's  en  poche.  »  (Désaugiers.) 

SONNETTE  DE  BOIS  (dé- 
ménager à  la)  :  Emporter  ses 
effets  sans  avoir  payé  sa  cham- 
bre, en  tamponnant  la  sonnette 
d'éveil  qui  signale  la  sortie  d'un 
hôtel  garni.  —  a  Gar  il  était 
réduit  à  déménager  à  la  sonnette 
de  bois.  »  (Ghenu.) 

SON  NIAIRE  :  Moi,  lui,  eux. 
(Rabasse.)  C'est  à  son  niaire  : 
c'est  à  moi,  c'est  à  lui.  (Idem.) 

SOPHIE  (faire  sa)  :  Se  don- 
ner des  airs  de  sagesse.  Jeu  de 
mots  sur  le  nom  propre  et  le  mot 
grec. — «Aquoi  ça  m'aurait  avancé 
de  faire  ma  Sophie  ?  »  (Monselet.) 

SORBONNE  :  Gerveau.  —  «  La 
sorbonne  est  la  tête  de  l'homme 
vivant,  son  conseil,  sa  pensée.  » 
(Balzac.)  —  Date  du  temps  où 
les  décisions  de  la  Sorbonne 
pesaient  d'un  grand  poids. 

SORBONNER  :  Penser.  (Hal- 
bert.)  Raisonner.  (Rabasse.) 

SORGE,  SORGUE  :  Soirée, 
nuit.  (Vidocq,  Halbert.)  —  Au 
moyen  âge,  on  disait  sorne.  V. 
Baïte,  Sorne. 

SORGUER  :  Passer  la  nuit.  — 
«  Gontent  de  sorguer  sur  la 
dure,  va,  de  la  bride  (chaîne)  je 
n'ai  pas  peur.  »  (Vidocq.) 

19. 


sou  ~  334  - 

SORGUEUR  :  Voleur  de  nuit. 

SORNE  :  Noir.  (Halbert.) 

SORT  (il  me)  :  Il  m'est  insup- 
portable. 

SORTIR  LES  PIEDS  DE- 
VANT :  Être  mort.  Mot  à  mot  : 
sortir  dans  un  cercueil.  —  «  Le 
bruit  courut  que  la  jolie  fille 
était  séquestrée  dans  un  cabinet 
noir  et  qu'elle  n'en  sortirait  que 
les  pieds  devant.  »  (About.) 

SOTONNADE  :  Bastonnade. 
(Rabasse.)  Forme  altérée  de  saton- 


sou 


nade.  V.  Satou. 

SOUDRILLARD  :  Libertin. 
(Vidocq.) 

SOUFFLANT:  Pistolet.  —  Al- 
lusion à  la  décharge.  V.  Bayafe. 

SOUFFLÉ  :  Pris,  arrêté  par  la 

police. 

SOUFFLET  (voler  au)  : 
Entrer  brusquement  dans  un 
magasin  où  une  dame  solde  des 
objets  de  luxe,  la  souffleter  en 
jouant  au  mari  indigné  et  dispa- 
raître avec  son  porte-monnaie. 
(Rabasse.) 

SOULASSE  :  Traître,  trom- 
peur. (Colombey.) 

SOULASSE  (grande)  :  Assas- 
sinat. (Idem.)  —  «  Qu'est-ce  que 
vous  faites  maintenant,  père 
Salambier?  Toujours  la  grande 
soûlasse  ,  mes  enfants.  »  (Du 
Boisgobey.) 

SOULEVER    :    Voler. 

SOULOGRAPHE   :   Vieil 

ivrogne. 

SOULOGRAPHIE  :  Ivrognerie. 
(Vidocq,  37.)  —  «c  Ils  feront  delà 
soulographie ,  et  adieu  votre  ty- 


pographie, plus  de  jour  ^al  !  » 
(Balzac.) 

SOUPÇON  :  Quantité  si  mi- 
nime, qu'on  se  demande  si  elle 
existe.  De  là  le  terme  de  soupçon. 

—  «  Rien  que  de  l'eau  chaude 
avec  un  soupçon  de  thé  et  un 
nuage  de  lait.  »  (A.  de  Musset.) 

SOUPE  (tremper  une)  :  Bat- 
tre. Mot  à  mot  :  faire  avaler 
une  correction.  —  «  Où  qu'  tu 
vas,  Polyte  ?  —  Je  vas  tiemper 
une  soupe  à  ma  femme  qu'est 
une  feignante  qu'a  pas  tra^  aillé,  » 
fait  dire  Gavarni  à  un  souteneur 
allant  rouer  de  coups  la  malheu- 
reuse qui  n'a  pas  trouvé  d'argent. 

SOUPE  AU  LAIT  :  Homme 
colère.  —  Le  lait  bouillant  dé- 
borde avec  rapidité. 

SOUPEUR  :  Viveur,  passant 
les  nuits  à  souper.  —  «  Est-ce 
que  les  soupeurs  savent  jamais 
ce  qu'ils  boivent  et  ce  qu'ils 
mangent  ?  »  (Frémy.) 

SOUPEUSE  :  Fille  raccrochant 
dans  les  restaurants  où  on  soupe. 

—  ((Survintune  autre  soupeuse... 
pour  lui  souffler  son  adora  leur.  » 
(Vassy,  75.) 

SOUPLE  :  Bleu.  (Halbert.) 

SOURICIÈRE  :  Piège  tendu 
par  la  police.  —  «  Tendre  une 
souricière  pour  le  faire  pincer 
parla  police.  »  (E.  Sue.) 

SOURICIÈRE  :  Dépôt  des  pré- 
venus, à  la  préfecture  de  j  olice. 
(Halbert.) 

SOURICIÈRE  :  Giberne  d'in- 
fanterie d'ancien  modèle.  0  Tout 
en  ayant  soin  de  placer  ma 
giberne  ou,  comme  on  dit,  ma 
souricière.  »  (Vidal,  33.) 


STE 


—  335  — 


SUB 


SOURICIÈRE  :  Lieu  surveillé 
par  la  police.  —  «  C'est  une 
vraie  souricière  que  votre  tapis 
franc.  Voilà  trois  assassins  que 
j'y  prends.  »  (E.  Sue.) 

SOUS-VENTRIÈRE  :  Écharpe, 
ceinture.  — Allusion  à  la  pièce 
de  harnachement  qui  passe  sous 
le  ventre  du  cheval.  Le  motvient 
évidemment  d'une  caserne  de 
cavalerie. 

SOUTADOS  :  Cigare  d'un  sou. 

—  Ironie  avec  finale  havanaise. 
«  La  fumée  du  soutados  qu'il  ne 
fume  pas  lui  semble  moins  acre.» 
(Touchatout.) 

SPADE  •:  Épée.  —  Vieux  mot. 

—  Espadon  nous  est  resté. 
SPECK  :  Lard.  —  Germanisme. 
SPEECH  :  Allocution.  —  Mot 

anglais.  —  «  Q.uelque  gars... 
qui  ne  sache  point  faire  de 
speechs.  »  (Heine.) 

SPIRITE  :  Personne  préten- 
dant évoquer  des  esprits  invisi- 
bles. —  Spiritisme  se  dit  de  la 
croyance  aux  esprits. 

SPORT  :  Exercices  en  plein 
air  :  course,  chasse,  canotage, 
etc.,  etc.  —  Mot  anglais. 

SPORTSMAN  :  Homme  de 
loisir  se  consacrant  aux  exercices 
du  sport.  —  Mot  anglais. 

STERLING  :  Grand,  considé- 
rable. —  Allusion  à  la  valeur 
relative  de  la  livre  anglaise  qui 
était  vingt-quatre  fois  plus  forte 
que  la  livre  française  :  On  parle 
des  galanteries  sterling  d'un  en- 
treteneur dans  un  roman  de 
Rutlidge.  {Vice  et  Faiblesse, 
1786.)  c(  La  dévote  a  fait  une 
scène,  une  scène  sterling.  » 
(Balzac.) 


On  dit  de  même  s'ennuyer  à 
vingt-cinq  francs  par  tête. 

STICK  :  Canne-cravache.  — 
Mot  anglais. 

STOCK  :  Contingent,  assem- 
blage de  choses  en  magasin.  — 
Anglicanisme.  —  «Il  se  trouvait 
encore  à  juger  un  stock  de  i5  à 
20  laitiers  prévenus  d'avoir  in- 
troduit de  l'eau  dans  leur  mar- 
chandise. »  {Figaro,  jb.) 

STROC  :  Seûer. Y.  Demi-stroc. 

STUC,  STUQ.  :  Part  de  vol. 
(Grandval,  Halbert.) 

STUD-BOOK  :  Livre  des  haras. 
(Paz.)  —  Terme  anglais. 

STUQUER  :  Partager.  (Hal- 
bert.) 

STYLISTE  :  Écrivain  unique- 
ment préoccupé  du  style,  c'est-à- 
dire  de  la  forme,  et  non  du  fond. 

SUAGE  :  Assassinat.  V.  Suer 
(faire).  — «  Nous  voulons  bien 
maquiller  le  suage  de  ton  rochet, 
mais  à  la  condition  de  tout  con- 
nir.  Il  n'y  a  que  les  refroidis  qui 
ne  rappliquent  nibergue.  »  (Vi- 
docq.) 

SUBLIMER  :  Travailler  pen- 
dant la  nuit.  —  «  Afin  de  trom- 
per la  surveillance  des  adjudants 
(de  l'École  polytechnique),  celui 
qui  sublime  place  son  lit  ren- 
versé sur  quatre  tabourets,  rabat 
la  couverture  par-dessus,  et  éten- 
du sous  cet  abri,  rumine  en  paix 
les  problèmes  ardus  des  mathé- 
matiques transcendantes.  »  (La 
Bédollière.) 

SUBLIMER  (se)  :  Se  raffiner. 
—  «  Les  jeunes  biches  se  sont 
sublimées  au  contact  des  ancien- 
nes. »  (Lynol.) 


SUI 


-  336  - 


SUP 


SUBTIL  :  Dur.  (Halbert.) 

SUÇON  :  «  Faire  une  consom- 
mation fanatique  de  sucres  d'orge 
dits  suçons.  »  (Rolland.)  —  On 
les  suce  très-longtemps. 

SUCRE  (casser  du)  :  Dénoncer. 
V.  Casser. 

SUCRE  (c'est  du)  :  C'est  bon. 
—  i-e  prend  au  figuré. 

SUCRE  (faire  manger  du)  : 
Soigner  l'entrée  d'un  acteur , 
l'applaudir.  Cette  comparaison 
canine  a  pour  pendant  :  appeler 
A:{Or. 

SUER  (faire):  Tuer. Mot  àmot: 
faire  suer  du  sang.  V.  Chêne. 

SUER  (faire)  :  Accabler  d'en- 
nui quelqu'un.  —  «  Vous  me 
dites,  mignonne,  avec  l'accent  de 
rame  :  Tais-toi  donc  !  tu  me  fais 
suer.  »  {Almanach  du  Hanneton, 
67.) 

SUER  (faire)  :  Se  faire  donner 
sa  part  d'un  vol.  (Halbert.)  Faire 
donner  de    l'argent.   (Rabasse.) 

SUI  :  Suivi.  —  Abréviation.  — 
«  Eh  ben  !  est-y  mort?  —  Y'en 
sais  rien,  j'étais  sui,  j'ai  pas  évu 
le  temps  d'y  demander.  »  (H. 
Monnier.) 

SUIF  :  Réprimande.  —  «  On 
dit  donner  un  suif. 

SUIFFARD,  SUIFÉ  :  Élégant. 
V.  Astiquer.  —  «  Était-il  assez 
suiffard,  l'animal!...  Du  linge 
blanc  et  des  escarpins  un  peu 
chouette.  »  (Zola.) 

SUISSE  (faire)  :  «  Le  soldat  a 
le  point  d'honneur  de  ne  jamais 
manger  ou  boire  seul.  Cette  loi 
est  tellement  sacrée  que  celui 
qui  passerait  pour  la  violer  se- 


rait rejeté  de  la  société  militaire, 
et  on  dirait  de  lui  :  //  boit  avec 
son  suisse,  et  le  mot  est  une 
proscription.  »  (Vidal,  53.)  — 
«  Un  soldat  français  ne  doit  pas 
faire  suisse,  ne  boit  jamais  seul.» 
(La  BédoUière.) 

Le  premier  exemple  donne  la 
clef  du  mot.  Le  soldat  ne  peut 
boire  avec  son  suisse  (concierge), 
puisqu'il  n'en  a  pas,  donc  il  boit 
seul.  Ironie  inventée  pour  rap- 
peler quelque  engagé  d'opulente 
famille  aux  règles  de  la  frater- 
nité. 

SUISSESSE  :  Mélange  d'ab- 
sinthe et  d'orgeat.  Il  est  plus 
doux,  plus  féminin,  que  l'absin- 
the dite  suisse, 

SUIVEUR  :  «  Le  suiveur  est 
très-drôle  à  observer  ou  à  sui- 
vre. Une  femme  passe  devant 
lui,  le  suiveur  accélère  son  pas, 
dépasse  sa  victime,  et  se  retourne 
bientôt  pour  juger  de  la  beauté 
de  l'objet  de  sa  poursuite.  )>  (Ro- 
queplan.) 

SUIVEZ-MOI,  JEUNE  KOM- 

M\i  :  «  Ce  sont  ces  deux  grands 
rubans  flottants  au-dessous  des 
cols  de  manteaux  des  dames... 
Une  grande  couturière  de  Paris 
les  a  appelés  ainsi.  »  (Lespès, 
66.) 

SUPERLIFICO ,  SUPEP  CO- 
QUENTIEL,  SUPERCOQl  EN- 
TIEUX  :  Merveilleux.  Abrcvia- 
tion  du  vciol super coquelicantieux 
employé  par  Rabelais  dans  le  li- 
vre III.— «  Lorsqu'un  épicier  étale 
devant  sa  boutique  un  superli- 
coquentieux  morceau  de  fro- 
mage, n'est-ce  pas  tenter  le  }  cu- 
ple:  »  (Ch.  Fourier,  36.) 


TAB 


-337- 


TAL 


SURBINE  :  Surveillance.  (Vi- 
docq.)  —  «  On  calcule  les  dé- 
penses que  fait  le  mecque  en 
surbine.  »  (Stamir.)  —  Etre  en 
surbine  :  Être  en  surveillance. 

SURBINER  :  Surveiller.  (Ra- 
basse.) 

SURET  :  Vin  acide,  sur.  — 
«  Et  j' lampe  au  cabaret  le  suret.» 
(Charrin.) 

SÛRETÉ  (la)  :  Police  de  sû- 
reté. V.  Fil  de  soie. 

SURFINE  :  Sœur  de  charité. 
(Colombey.) 

SURGEBER  :  Condamner  en 


appel.  (Vidocq.)  Pour  surgerber. 
V.  Gerber. 

SURIN  :  Couteau.  —  De  suer, 
assassiner.  V.  Chemin. 

SURINER  :  Assassiner.  (Ra- 
basse.)  Mot  à  mot  :  tuer  au  cou- 
teau. 


SURINEUR     :    Donneur 
coups  de  couteau. 


de 


SYDONIE  :  «  Les  têtes  de  bois 
qui  servent  à  monter  les  coiffu- 
res ont  un  nom.  Cela  se  nomme 
une  Sydonie  chez  tous  les  mar- 
chands. »  (Lespès.) 


T 


TABAC  :  Position  critique.  — 
«  Ceux  qui  ont  supporté  tout  le 
tabac,  prenant  ce  qu'on  leur 
donne.  »  {Commentaires  de  Lo- 
riot.) 

TABAC  (donner  du)  :  Battre. 
—  «  Si  tu  m'échauffes  la  bile,  je 
te  f...  du  tabac  pour  la  semaine!  » 
(Vidal,  33.) 

TABAR,  TABARIN  :  Man- 
teau. (Grandval.)  —  C'est  un 
vieux  mot. 

TABATIÈRE  (ouvrir  sa)  :  Pe- 
ter. —  Allusion  au  bruit  qu'on 
faisait  en  ouvrant  les  tabatières 
sans  charnière.  —  «  Que  son 
ponent  te  serv'  de  tabatière.  » 
XUA'pres  -  souper  de  la  Halle ^ 
xviu    siècle.) 


TABLE  (se  mettre  à),  Mon- 
ter sur  la  table  :  Dénoncer  à  la 
justice.  —  Même  image  que  dans 
manger  le  morceau,  manger  sur 
l'orgue,  etc. 

TAF,  TAFE,  TAFFERIE, 
TAFFETAS  :  Peur.  — Pour  l'éty- 
mologie,  voyez  taffer. — «  Ce  n'est 
pas  toi  ni  tes  paysans  qui  nous 
f...  le  tafe.  »  (Vidal,  33.)— •  «Sei- 
gneur! qu'est-ce  qu'il  a  donc, 
répétait  Gervaise  prise  de  taf.  » 
(Zola.) 

TAFFER  :  Avoir  peur.  —  De 
l'allemand  taffen.  V.  Tirer. 


TAFFEUR 
basse.) 


Peureux.  (Ra- 


TAN 


-  338  — 


TAN 


TALENT  :  «  L'ensemble  des 
connaisseurs  réunis  sur  un  hip- 
podrome. On  dit  qu'un  cheval 
a  été  soutenu  par  the  talent.  » 
(Parent.)  AngL 

TAILBIN  :  Billet  de  complai- 
sance. (Vidocq.) 

TALBIN  :  Contre-marque  de 
théâtre.  Abréviation  de  tailbin. 
a  J'ai  goipé  au  théâtre,  fesait  la 
portière,  et  je  vendai  destalbins, 
cigare  et  du  feu.  »  (Beauvillier.) 

TALBIN  :  Billet  de  banque. 
(Rabasse.) 

TALON  ROUGE  :  Aristocrate. 

—  Le  droit  de  porter  des  talons 
rouges  était  un  signe  de  no- 
blesse. —  a  Tous  les  talons  rou- 
ges de  l'ancien  régime  qui  tra- 
hissent le  peuple.  »  (Hébert, 
1793.) 

TAMBOUR  :  Chien.  —  Allu- 
sion aux  roulements  de  son 
aboiement. 

TAMPON  :  Poing.  —  «  Je  lui 
ai  envoyé  un  coup  de  tampon 
sur  le  mufle.  »  (Th.  Gautier,  45.) 

TAM-TAM  :  Fracas  prémédité. 

—  Allusion  au  bruit  du  tam- 
tam.  —  «  Trop  de  boursouflure, 
trop  de  tam-tam  dans  ce  fac- 
tum.  »  {Éclair,  23  juin  72.) 

TANDEM  :  Voiture  à  deux 
chevaux  attelés  l'un  devant  l'au- 
tre. —  «  Nul  ne  porte  mieux  un 
habit,  ne  conduit  un  tandem 
mieux  que  lui.  »  (Balzac.) 

TANGENTE ,  TANGENTE 
AU  POINT  Q  :  Épée.  —  Jeu  de 
mots.  —  «  Le  conscrit  de  l'É- 
cole polytechnique  est  souvent 
«bsorbé  avant  d'avoir  endossé 


l'uniforme  et  senti  battre  sur  sa 
cuisse  gauche  l'arme  jue  les 
élèves  nomment  une  tangente  au 
point  q.  »  (La  Bédollière.) 

Échapper  par  la  tangente  y 
prendre  la  tangente  :  S'échapper. 
V.  Absorption,  Colle.  —  «  Ex- 
pression empruntée  à  la  dyna- 
mique... elle  doit  être  sortie  de 
l'École  polytechnique,  car  elle  est 
familière  aux  élèves  de  cette 
école.  »  (Faucheux,  70.) 

Tangente  se  dit  aussi  pour 
surveillant  de  collège. 

TANNER  :  Ennuyer,  assom- 
mer. —  Un  poëte  du  xiii*  siècle, 
Rutebeuf,  dit  déjà  :  «  ()uar  le 
réveil  me  tanne  assez  quand  je 
m'esveil.  » 

«  Les  communes  de  Flandre, 
qui  déjà  commençaient  à  tanner, 
et  désiraient  fort  de  retourner 
en  leur  pays,  lui  demaadèrent 
congé.  »  (141 1,  Monstrelet.)  — 
«  C'est  insupportable.  —  Hein! 
est-ce  tannant!  »  (E.  Sue.) 

Tanner  le  cuir  :  Rosser.  — 
«  Si  vous  vous  permettez,  je  con- 
nais une  personne  qui  vous  tan- 
nera le  cuir.  »  ^Gavarni.) 

TANNER  LE  CUIR,  TANNER 
LE  GASAQUIN  :  Rosser.  —«Si 
vous  vous  permettez,  je  connais 
une  personne  qui  vous  tannera 
le  cuir.  »  (Gavarni.) 

TANTE  :  «  Homme  qui  a  des 
goûts  de  femmes.»  (Vidccq,  37.) 
—  «  Avril  offrait  2,000  r"r.  pour 
buter  avec  lui  une  tante,  et  vous 
savez,  initiés  que  vous  avez  été 
aux  secrets  de  cet  horrible  lan- 
gage, comment  ces  mots  dési- 
gnaient clairement  Chardon.  » 
{?3ins^vJ:ku'Lsi{osiQ,  Réquisitoire 


TAP 


contre  Lacenaire,  36.)  —  a  Pour 
donner  une  vague  idée  du  per- 
sonnage qu'on  appelle  une  tante, 
il  suffira  de  rapporter  ce  mot 
magnifique  du  directeur  d'une 
maison  centrale  à  feu  lord  Du- 
rham  qui  visita  toutes  les  pri- 
sons pendant  son  séjour  à  Paris. 
Le  directeur,  après  avoir  montré 
toute  la  prison,  désigne  du  doigt 
un  local  en  faisant  un  geste  de 
dégoût  :  Je  ne  mène  pas  là  Votre 
Seigneurie,  dit-il,  car  c'est  le 
quartier  des  tantes... — Haol  fit 
lordDurham,  et  qu'est-ce?... — 
C'est  le  troisième  sexe,  milord.  » 
(Balzac.)  —  «  Enfants,  on  les  ap- 
pelle mômes  ou  gosselins;  ado- 
lescents, ce  sont  des  cousines; 
plus  âgés,  ce  sont  des  tantes.  » 
(Moreau  Christophe.)  —  Dans 
un  chapitre  détaillé  consacré  à 
cette  espèce,  M.  Canler  reconnaît 
quatre  catégories  appartenant  à 
diverses  classes  sociales  :  persil- 
leuses,  honteuses,  travailleuses  et 
rivettes.  Cette  dernière  est  seule 
exploitée  par  les  chanteurs. 

Dans  le  vocabulaire  des  inju- 
res, tante  a  fini  par  se  dire 
comme  bougre,  sans  portée  pré- 
cise.— «Bougre  de  greluchon...  A- 
t-on  jamais  vu  des  tantes  pa- 
reilles!... »  (Zola.) 

TANTE  :  Mont-de-piété.  — 
Terme  ironique  à  l'adresse  de 
ceux  qui  déguisent  la  source 
d'un  emprunt  en  disant  qu'ils 
ont  eu  recours  à  leur  famille.  — 
«  Tous  mes  bijoux  sont  chez  ma 
tante,  comme  disent  mes  cama- 
rades lorsqu'elles  parlent  du 
mont-de-piété.  »  (Achard.) 

TAPÉ,  TAPÉ  A  L'AS,  TAPÉ 
DANS  LE  NŒUD  :  Émouvant, 
frappant,  réussi.    —    «  Aussi  a- 


«.  339  -  TAP 

t-on  fait  plusieurs  couplets  sur 
tous  les  ministres  dont  le  por- 
trait est  bien  tapé.  »  (1742,  Jour- 
nal de  Barbier.)  —  «  C'est  un 
peu  tapé  dans  le  nœud.  »  (La 
Bédollière.)  —  «  Une  manière  de 
sentiment  bien  r'tapé.  »  (lySô, 
Vadé.)  —  a  La  gauche  bat  des 
mains  à  ce  propos  rudement 
tapé.  »  (A.  Millaud,  76.)  —  «  Je 
crois  vous  faire  plaisir  en  vous 
adressant  le  récit  d'une  cure 
tapée  à  l'as,  comme  vous  dites 
si  élégamment.  (Tam-Tam,  76.) 

TAPEDUR  :  Serrurier.  (Vi- 
docq.) 

TAPÉE  :  Grosse  réunion.  — 
«  Quelle  tapée  de  monde,  bon 
Dieu!  »  {Commentaires  de  Lo" 
riot.) 

TAPER  :  Aborder  quelqu'un. 
(Rabasse.) 

TAPER,  TAPEUR  :  Emprun- 
ter par  métier,  emprunteur.  — 
«  Le  roi  des  tapeurs  vous  ac- 
coste; il  vous  prend  le  bras,  il 
se  penche  à  votre  oreille;  — 
vous  êtes  tapé.  Aurais-tu  cent 
sous  à  prêter  à  ton  ami?  vous 
dit-il.  y){Almanach  du  Hanneton.) 
—  «  Aujourd'hui,  elle  les  tapait 
de  dix  sous;  demain,  ce  serait 
de  vingt.  »  (Zola.) 

TAPER  :  Enivrer.  —  «  Ce 
scélérat  de  vin  de  Champagne 
avait  joliment  tapé  ces  mes- 
sieurs. »  (Festeau.) 

TAPER  DANS  L'CEIL  :  Sé- 
duire, attirer. 

TAPER  DE  L'CEIL  :  Dor- 
mir. —  «  Il  y  avait  plus  d'une 
heure  que  je  tapais  de  l'œil 
quand  je  m'entends  réveiller.  » 


TAR 

badines 


340  — 


TAU 


(Œuvres    badines     de    Caylus, 
1750.) 

TAPER  SUR  LA  BOULE  : 
Enivrer. 

Dans  le  gosier  comme  ça  coule  î 
Comme  ça  tape  sur  la  boule  ! 

(J.  Moineaux.  Ch.) 

TAPER  SUR  LES  VIVRES, 
SUR  LA  BOISSON  :  Manger  et 
boire  avec  avidité. 

D'avoir  trop  tapé  sur  1'  pichet, 
Qu'en  avaient  pleins  la  gargamelle. 

(Chansonnier  de  i836.) 

TAPETTE.  V.  Être  (en). 
TAPEUR  :  V.  Taper, 

TAPIN  :  Tambour.  —  Il  tape 
sa  caisse.  —  a  Le  tapin  qui  tam- 
bourinait en  tête  de  l'escouade.» 
(La  Bédollière.) 

TAPIS,  tapis  franc.  :  Auber- 
ge, cabaret.  (Vidocq.)  Tapis 
vient  du  vieux  mot  tapinet  : 
lieu  caché;  franc  fait  allusion 
aux  habitués  qui  sont  des  af- 
franchis (voleurs).  V.  Empois 
vrer,  Crosser. 

Tapis  de  grives  :  Cantine,  ca- 
baret de  soldats. 

Tapis  de  malades  :  Cantine  de 
prisonniers. 

Tapis  de  refaite  .-Table  d'hôte. 

TAPISSIER  :  Cabaretier.  V. 
Baptême,  Ogre. 

TAQ,  TAQUER,  TAQUINE  : 
Haut,  hausser,  hauteur.  (Hal- 
bert.) 

TAROQUE  :  Marque.  V.  Dé- 
taroquer. 

TARTE  :  Qualité  bonne  ou 
mauvaise.  (Vidocq.)  —  Plus  sou- 
vent mauvaise.  V.  Escrache. 


TARTINE  :  «  Immenses  phra- 
ses lardées  de  mots  emphati- 
ques, si  ingénieusement  nom- 
mées tartines  dans  l'argot  du 
journalisme.  »  (Balzac.) 

TARTINES  :  Souliers.  (Ra- 
basse.)  Allusion  à  la  forme  des 
semelles  qu'on  tartine  en  pleine 
boue. 

TARTINER  :  Rédiger.  —  «  Tu 
n'as  pas  assez  de  style  pour  tar- 
tiner des  brochures.  »  (Balzac.) 

TARTUFERIE  :  Acte  d'iiypo- 
crisie,  air  de  Tartufe. 

TAS  (prendre  sur  le)  :  Pren- 
dre un  voleur  sur  le  fait,  en 
présence  du  tas  formé  par  les 
objets  volés. 

TASSE  (la  grande)  :  La  mer. 
Ironie.  —  «  C'est  vrai  qu'un  peu 
plus  vous  buviez  à  la  grande 
tasse.  »  (Ricard.) 

TATOUILLE  :  Volée  de  coups. 
—  Abréviation  de  ratatouille.  — 
On  met  son  adversaire  en  ta- 
touille  comme  on  le  met  en  com- 
pote. C'est  la  même  allusion  cu- 
linaire. —  «  Tu  étais  moins  fort 
que  moi.  J'en  ai  profité  pour 
t'administrer  une  horrible  ta- 
touille.  »  (L.  Bienvenu.) 

TAUDION  :  Petit  logement, 
petit  taudis.  —  «  J'ai  vendu  ce 
que  j'avais  pour  payer  le  tau- 
dion  où  nous  couchons.  «(Lynol.) 

TAULE,  TOLE  :  Maison.  — 
«  Dans  une  tôle  enquil!e  en 
brave,  fais-toi  voleur.  »  (Vi- 
docq.) 

TAUPAGE  :  Égoïsme.  (Vi- 
docq.) 

TAUPER  :  Travailler.  (Idem.) 


TEI 


341  - 


TEN 


TAUPES  (Royaume  des)  :  «  U 
est  au  royaulme  des  taupes,  il 
est  mort.  »  (Oudin,  1640.) 

TAUPIER  :  Égoïste.  (Idem.) 

TAUPIN  :  Élève  de  mathéma- 
tiques spéciales.  —  «  Le  simple 
taupin,  le  candidat  qui  se  pré- 
sente à  la  colle  d'admission  à 
rÉcole  polytechnique,  possède 
déjà  des  connaissances  supé- 
rieures.» (La  BédoUière.) 

TEINT  (bon)  :  Véritable,  au- 
thentique. —  Allusion  aux  étof- 
fes mauvais  teint  qui  ne  durent 
pas.  —  On  dit  mauvais  teint  pour 
faux,  mensonger.  —  «  Une  vraie 
comtesse  ?...  Tout  ce  qu'il  y  a 
de  meilleur  teint.  »  (Brunesœur.) 

TEINTÉ  :  Enluminé  par  l'i- 
vresse. 

TEINTURIER  :  Marchand  de 
vins  frelateur.  —  «  Enfoncé  Des- 
noyer le  teinturier  et  son  vin  !  » 
(E.  Bourget,  1845.) 

TEINTURIER  :  «  Tous  les 
hommes  politiques  ont  besoin 
d'avoir  auprès  d'eux  des  sous- 
hommes  politiques  ou  des  supé- 
rieurs qu'ils  consultent,  qu'ils 
laissent  écrire  ou  qu'ils  s'assimi- 
lent ..  Dans  le  style  des  aftai- 
res  publiques,  ceux  qui  exercent 
cette  influence  s'appellent  des 
teinturiers,  parce  qu'en  effet  ils 
se  chargent  de  donner  de  l'étoffe 
à  des  hommes  d'État  des  cou- 
leurs différentes.»  (Roqueplan.) 

Il  y  a  aussi  des  teinturiers  lit- 
téraires. On  lit  dans  les  Mémoi- 
res secrets  (25  sept.  lyySj  :  a  La 
comtesse  de  Beauharnais  a  lait 
présenter  une  comédie.  Elle  a  été 


reçue  :  on  ne  doute  pas  que  le 
sieur  Dorât  ne  soit  son  teintu- 
rier. » 

TEMPÉRAMENT  (à)  :  A  cré- 
dit. Mot  à  mot  :  en  tempérant 
l'obligation  de  payer,  a  Vous  me 
payerez  quand  vous  pourrez,  à 
tempérament.  »  {Alm.  du  Han- 
neton, 67.) 

TEMPLE  :  Manteau.  (Colom- 
bey.) 

TEMPS  (voir  le  coup  de)  : 
Prévoir  à  temps  pour  parer.  — 
Terme  d'escrime.  (Dhautel,  08.) 

En  deux  temps  :  En  un  ins- 
tant. —  Terme  d'escrime.  —  «  En 
deux  temps,  j'  remouque  et  )' 
débride.  »  (Halbert.)  —  «  En 
deux  temps  sa  lessive  est  faite.  » 
{Le  Casse-Gueule,  ch.  41.) 

Prendre  des  temps  de  Paris 
signifie,  au  théâtre,  préparer  ce 
que  l'on  a  à  dire  par  une  panto- 
mime pour  augmenter  l'effet.  Le 
mot  a  été  inventé  par  des  comé- 
diens de  province.  (Gouailhac.) 

TENANTE  :  Chopine.  (Hal- 
bert.) 

TENIR  (en)  :  Aimer  d'amour. 
—  «  Est-ce  de  l'amour  ?  Alors, 
il  faut  qu'elle  en  tienne  furieu- 
sement, puisqu'elle  fait  de  tels 
sacrifices.  «  (Ricard.) 

TENIR  (se),  TENIR  SUR  SES 
PIEDS  :  Être  bien  composé, 
bien  agencé.  Se  dit  d'une  œuvre 
littéraire  ou  dramatique. — «Pas- 
sez-moi le  manuscrit  :  ça  a  l'air 
de  se  tenir  sur  ses  pattes.  »  (A  Im. 
du  Hanneton,  67.) 

TENIR  (se)  :  Se  bien  conduire, 
se  faire  respecter.  C'est  l'opposé 
de  se  laisser  aller. 


TÈT 


—  342 


TIG 


FERNAUX  :  Châle  de  la  fa- 
brique Ternaux.  —  «  Elle  prit 
un  schale  de  coton  ;  —  le  ternaux 
était  au...  Mont-de-Piété.  »  (Ri- 
card.) 

TERRER  :  Tuer.  —  "Mot  à 
mot  :  enterrer.  —  a  Dans  dix 
ans,  je  reviendrai  pour  te  terrer, 
dussé-je  être  fauché.  »  (Balzac.) 

TERRIÊRE  :  Raccrocheuse 
hantant  les  terrains  vagues.  (Ra- 
basse.) 

TÊTARD  :  Homme  de  lettres. 
(Rabasse.) 

TÊTE  (faire  sa)  :  Prendre  de 
grands  airs.  —  «  Tu  y  gagnes 
d'avoir  l'exercice  une  fois  de  plus 
par  jour  pour  apprendre  à  faire 
ta  tête.  »  (Vidal,  33.) 

TÊTE  CARRÉE,  TÊTE  DE 
CHOUCROUTE  :  Allemand.  - 
«  On  ne  résiste  pas  à  tant  d'at- 
traits. La  tête  du  baron,  une  tête 
carrée  pourtant,  tourne.  »  (E. 
ViUars.) 

TÊTE  DE  TURC  :  Plastron, 
homme  en  but  à  toutes  les  atta- 
ques. —  Allusion  à  la  tête  de 
turc  couronnant  les  mécaniques 
sur  lesquelles  on  frappe  aux 
jours  de  foire  pour  éprouver  la 
force  de  son  poing. —  a  M.  Du- 
vergier  de  Hauranne  est  écouté. 
Mais  comme  il  faut  une  tête 
de  turc  à  l'Assemblée,  le  géné- 
ral X...  devient  le  souffre  dou- 
leur. »  {Paris- Journal.) 

TÊTES  DE  CLOUS  :  Carac- 
tère usé.  —  a  Un  journal,  tiré 
sur  papier  à  sucre,  avec  des 
caractères  flétris    du   sobriquet 


de  têtes  de   clous.  »  (Vilîemes- 
sant.) 

TÉZIGUE  :  Toi.  V.  Zigue. 

THIÉRISME  :  Sympathie  pour 
la  politique  de  M.  Thiers.  —«Ce 
journal  flotte  entre  led.  oit  divin, 
le  radicalisme,  l'orléan isme  et  le 
thiérisme  sans  se  brouiller  avec 
l'Empire.  »  (Giraudeau.) 

THOMAS  :  Baquets  faits  en 
forme  de  petits  tonne;  ux défon- 
cés par  le  haut...  avec  Jes  oreil- 
les en  fer  de  façon  à  être  transpor- 
tés et  vidés  facilement.  —  Équi- 
voque sur  les  mots  vide  Thoma  de 
l'hymne  populaire  de  Pâques.  — - 
«  Ce  serviable  meubk  est  bap- 
tisé du  nom  de  Thomas.  »  (A. 
Lecomte,  61.)  On  l'appelle  aussi 
job.  —  «  Parmi  les  consignés 
occupés  à  passer  la  jambe  à 
Thomas  (vider  les  bac^uets  d'u- 
rine.) »  (La  Bédollière.) 

THUNE  :  Argent.  V.  Bille, 
Tune. 

TIGNASSE,  TIGNE  :  Cheve- 
lure en  désordre.  —  Du  vieux 
mot  tigne  :  teigne.  V.  Aplomb. 

TIGNE  (la)  :  Le  moide.  (Ra- 
basse.) 

TIGRE  :  Groom.  —  «  Leur 
chapeau  à  cocarde  noire,  leurs 
bottes  à  retroussis,  leur  veste 
bleue  et  leur  gilet  bariolé,  cou- 
vrent des  gamins  arrachés  au 
plaisir  de  la  pigoche.  )■  (A.  De- 
riège,  1841.) 

TIGRE  :  «  Le  rat  ciébute  et 
danse  un  pas  seul;  soi  nom  a 
été  sur  l'affiche  en  toutes  lettres; 
il  passe  tigre  et  devient  premier, 
second,  troisième  sujet.  »  (Th, 
Gautier.) 


TIR  -  343 

Prophétie,  annonce  de 


TIR 


TIP 

tipster. 

TIPSTKR  :  Homme  faisant 
métier  d'annoncer  à  des  abonnés 
les  succès  probables  sur  les 
champs  de  courses.  Littérale- 
ment :  prophète.  (Parent.)  Angl. 

TIQUER  :  Voler  à  la  care.  (Co- 
lombey.) 

TIRADES  :  Fers  de  forçat. 
(Rabasse.)  Ils  sont  tirés  par  la 
jambe. 

TIRAGE  (il  y  a  du)  :  c'est 
long,  c'est  difficile.  —  Terme 
de  cocher.  Plus  le  chemin  est 
rude,  plus  le  cheval  tire.  — 
«  Autrefois  il  avait  eu  joli- 
ment du  tirage.  Mais  le  travail 
menait  à  tout.  »  (Zola.)  —  «  On 
tirait  au  sort.  Un  tire,  prend  un 
bon  numéro...  Courage,  les  au- 
tres! Moi,  j'en  suis  sorti  sans 
trop  de  tirage.  »  (Flair.) 

TIRANT  :  Bas.  —  On  le  tire 
pour  le  mettre. —  «  Ses  tirants  et 
sa  montante,  et  son  combre  ga- 
luché,  son  frusque,  aussi  sa  li- 
sette.  »  (Vidocq.) 

TIRANTE  :  Jarretière.  (Hal- 
bert.) 

TIRANT  RADOUCI  :  Bas  de 
soie.  {Petit  Dict.  d'Argot,  44.) 
—  Jeu  de  mots. 

TIRE  (  faire  la)  :  Voler  à  la 
tire.  —  a  Ils  font  la  tire  à  la  chi- 
cane, en  tournant  le  dos  à  celui 
qu'ils  dépouillent.  »  (Du  Camp.) 

TIRE-BOGUES  :  Voleur  de 
montre.  (Vidocq.) 

TIRE-FIACRE  :  Viande  dure. 
(Rabasse.) 

TIRE-JUS  ;  Mouchoir  (08). 


TIRE-MOMES  :  Accoucheuse. 
V.  Morne.  —  Autrefoison  disait 
madame  Tiremonde.  Le  Diction- 
naire de  Trévoux  donne  cette 
expression  comme   proverbiale. 

TIRER  :  Passer,  achever.  — 
Un  troupier  libérable  dans  un 
semestre  dit  :  «  J'ai  encore  six 
mois  à  tirer.  » 

TIRER  :  Voler  à  la  tire.  — 
a  Vous  commencez  par  tirer  en 
valade,  puis  au  grand  truc  vous 
marchez  en  taflfant.  »  (Lace- 
naire,  36.) 

Tirer  le  chausson  :  S'enfuir. 
(Moreau  Chr.) 

TIRER  (se  la),  SE  TIRER  : 
S'enfuir. 

TIRER  A  LA  LIGNE  :  Ampli- 
fier dans  le  seul  but  de  gagner 
plus  d'argent. 

TIRER  D'ÉPAISSEUR  (se)  : 
Sortir  d'embarras.  {Almanach  des 
Débiteurs.  5i.) 

TIRER  DE  LONGUEUR  (la): 
Abréviation  de  tirer  une  carotte 
de  longueur. 

TIRER  LA  FICELLE  :  Passer 
à  un  autre,  comme  les  mon- 
treurs* de  diorama  qui  tirent  la 
ficelle  pour  amener  un  autre  dé- 
cor. —  «  Sur  leurs  discours, 
crois-moi,  tir'  la  ficelle.  »  (De- 
braux.) 

TIRER  L'ÉCHELLE  :  Cesser 
par  impossibilité  d'aller  plus 
loin.  Mot  à  mot  :  de  monter  plus 
haut.  Très-usité  quand  on  ter- 
mine une  énumération  de  choses 
étonnantes. 


TIRER 
V.  Œil. 


L'ŒIL  :  Attirer  l'œil. 


TOC 


—  344 


TOM 


TIRER  LES  PIEDS  (se),  TI- 
RER LES  PATTES  :  S'enfuir. 
(Rabasse.)  —  «  Nana  avait  un 
chic  pour  se  tirer  les  pattes.  » 
(Zola.) 

TIRER  SA  COUPE  :  Aller  se 
promener.  —  Terme  de  nageur. 

D'  temps  en  temps  nous  tirons  not' 

coupe 
Su'  r  grand  boulevard... 

(Richepin.) 

TIREUR  :  Voleur  à  la  tire. 

TIROIR  :  Filouterie  de  jeu. 
Elle  consiste  en  l'enlèvement  des 
trois  as.  —  «  Le  tiroir  peut  se 
faire  non-seulement  en  mêlant 
les  cartes,  mais  aussi  en  passant 
la  main.  »  (Cavaiilé.) 

TITI  :  Gamin  de  Parts.  — 
«  Mousqueton  est  le  titi  par  ex- 
cellence, c'est  le  vrai  gamin  de 
Paris  avec  sa  gaieté,  sa  souplesse, 
ses  bons  mots.  »  (Alhoy.) 

TOASTER:  Porter  des  toasts, 
des  santés.  —  Anglicanisme.  — 
«  Le  mot  anglais  pourrait  bien 
venir  de  l'ancien  verbe  français 
toster^  qui  signifiait  choquer.  » 
(Rozan.) 

TOC  :  Cuivre  doré,  faux  or.  — 
Allusion  à  la  différence  de  sono- 
rité qui  existe  entre  le  cuivre  et 
l'or.  —  «  Bagues,  boutons  de 
manchette  et  croix  de  ma  mère 
en  toc,  6  fr.  5o.  »  {Les  Cocottes.) 

TOC  .  Bourreau  de  bagne. 
(Rabasse.)  Ainsi  nommé  de  toc  : 
méchant,  ou  parce  que  son  mé- 
tier est  de  toquer  ou  bâtonner 
les  condamnés.  V.  Bridon. 

TOC,  TOCARD,  TOCASSE, 
TOCASSON  :  Laid,  méchant,  de 
mauvaise  qualité,  faux  comme 


le  cuivre  doré.  V.  Toc  (i).  — 
((  L'article  de  Cascaret  est  toc.  » 
(J.IRousseau.) —  a  Groiriez-vous 
qu'en  parlant  d'une  femme  laide, 
on  dit  :  s  Elle  est  toc,  elle  est 
^(  tocarde...  C'est  un  vieux  to- 
((  card,  c'est  un  vieux  tocasson  !» 
(N.  Vanecke.)  —  «  Il  goûta  le 
pain  dont  les  prisonnières  se 
plaignaient  :  «  Chouette  !  dit-il, 
«  j'en  ai  mangé  de  plus  toc.  » 
(Chenu.) 

TOCASSERIE  :  Méchanceté. 
(Vidocq.) 

TOILES  SE  TOUGH  ENT 
(les)  :  Il  n'y  a  pas  d'argent.  Mot 
à  mot  :  mes  poches  sont  \  ides, 
puisque  les   toiles  se   touchent. 

—  a  Diable  !  les  toiles  se  tou- 
chent aussi  chez  moi.  »  (Ladi- 
mir.) 

TOISE  (à  la)  :  Se  dit  des  cho- 
ses et  des  gens  où  la  qualité  cède 
à  la  quantité. 

TOLÈDE  (de)  :  De  première 
qualité. — Seditironiquementpar 
allusion  aux  fameuses  lames  de 
Tolédedont  la  littérature  ro.nan- 
tique  faisait  grande  consomma- 
tion. —  «  Allons!  arborez  vos 
bons  binocles  de  Tolède.  »  [Pe- 
tits mystères  de  l'école  lyrique.) 

—  a  L'Assemblée  nationale  a  re- 
trouvé son  calme  de  Tolède.  » 
(A.  Millaud,  77.) 

TOLLARD,  TOLLE  :  Eour- 
reau.  (Grandval.) 

TOLLARD  :  Lit  des  forçats  au 
bagne.  Enchaînés  deux  à  deux 
sur  ce  lit  de  camp  qu'on  nonme 
tollard.  »  (Ponson  du  Terrail.) 

TOMBAGE  :  «  Le  tombage  est 
un  impôt  prélevé  sur  une  per- 
sonne qui  ne  reverra  jamais  son 


TOP 


345  — 


TOQ 


argent.  C'est  le  chantage  prati- 
qué par  des  grecs  à  l'égard  d'au- 
tres grecs.»  (Cavaillé.) 

TOMBER  :  Terrasser.  Mot  à 
mot  :  faire  tomber.  —  «  La  cou- 
leur Metternich  a  tombé  le  Bis- 
marck. »  {Vie  parisienne,  67.) 

TOMBER  DESSUS  :  Maltrai- 
ter en  paroles  ou  en  actions.  — 
«  Q.ue  demain  je  lâche  ma  place  ! 
on  me  tomberait  fièrement  des- 
sus. »  (De  Concourt) 

TOMBER  MALADE  :  Être  ar- 
rêté. (Moreau  Chr.) 

TOMBEUR  :  Acteur  trop  mau- 
vais pour  être  accepté  nulle 
part.  »  (Ch.  Friès.) 

TOMBEUR  :  Lutteur  invinci- 
ble. —  ce  Le  tombeur  de  Renan  y 
vient  de  temps  en  temps  mépri- 
ser l'humanité.  »  {Les  Cocottes, 
64.) 

TONDRE  :  Primer  une  carte, 
au  jeu.  —  a  Je  joue  piche!  (pi- 
que.)—  Au  lieu  dédire  je  prends, 
une  autre  répond  ;  a  Je  tonds.  » 
(Alhoy.) 

TONDU  (le  petit)  :  Napoléon  I". 

—  Il  avait  coupé  ses  longs  che- 
veux de  général. — «  L'Empereur 
lui-même,  le  petit  Tondu.  »  (L. 
Reybaud.) 

TONNEAU  :  Degré.  —  «  Tu 
lui  aurais  rendu  sa  politesse.  — 
Plus  souvent!  à  un  daim  de  ce 
tonneau!  »  (Monselet.)  —  Ce 
terme  de  comparaison  n'a  pu 
être  inventé  que  par  des  buveurs. 
Il  est  ancien. —  «  Ha!  ha!  vous 
estiez  en  estât  de  péché  mortel. 

—  Cestuy  là,  dist  Panurge,  est 
d'un  aultre  tonneau.  »  (Rabelais, 
Pantagruelf  1.  IV,  ch.  lu.) 


TOP-WEIGHT  :  «  Le  cheval 

le  plus  chargé  dans  un  handi- 
cap. »  (Parent.) 

TOPER  :  «  Chaque  fois  qu'un 
dévorant  rencontre  un  autre  ou- 
vrier, il  doit  lui  demander  de 
quelle  société  il  est.  Ça  s'appelle 
toper.  (Biéville.) 

TOPISER  :  Dévisager,  recon- 
naître. —  «  Il  est  venu  une  pu- 
reuse  pour  me  topiser.  »  (Lettre 
de  Minder.  Introduction.) 

TOPO  ;  Officier  d'état-major, 
plan  topographique.  —  On  sait 
que  la  topographie  est  une  attri- 
bution de  l'état-major. 

TOQUADE  :  Caprice  amou- 
reux. 

Je  ressentis  (effet  de  la  musique) 
Une  toquade  à  l'endroit  du  ténor. 

(E.  Grange.) 

«  Hortense  est  sur  le  chemin 
de  la  fortune...  Une  simple  to- 
quade, et  elle  est  perdue.  »  (Les 
Pieds  qui  r'muent,  64.) 

Toquade  sérieuse:  Amour  vrai. 

TOQUADE  :  Manie.  —  «  Pré- 
mary  a  une  toquade.  On  le  dé- 
bine, on  le  nie,  on  veut  le  tuer.  » 
(A.  Scholl.) 

TOQUANTE,    TOCANTE    : 

Montre-  —  Harmonie  imitative 
du  toc-toc  de  la  montre.  —  «  Un 
monsieur  qui  me  trouva  gen- 
tille m'offrit  un  jour  une  toquante 
d'or...  La  montre  me  tentait.  » 
(Rétif,  i77«  Contemporaine.)  — 
((  Le  premier  emporta  la  montre 
de  Malvina  qui  regrettait  sa  to- 
cante. »  (L.  Reybaud.) 

TOQ,UÉ  :  A  moitié  fou.  C'est 
un  mot  d'ancien  français,  car  on 
le  trouve  dans  la  plupart  de  nos 


TOR 


-  346  - 


TOR 


patois  provinciaux.  —  On  dit  de 
même  :  il  a  reçu  un  coup  de 
marteau.  C'est-à-dire  :  son  cer- 
veau est  bien  près  de  se  fêler.  — 
c  Ma  chère,  les  hommes,  c'est 
farce  !  toujours  la  même  chan- 
son :  une  femme  à  soi  seul  !  To- 
qués 1  Toqués  !  !  »  (Gavarni.)  — 
«  Les  collectionneurs  sont  to- 
qués, disent  leurs  voisins.  » 
(Balzac.) 

TOQUER  :  Sonner.  (Colom- 
bey.) 

TOQUER  (se),  ÊTRE  TO- 
QUÉ :  S'éprendre.  —  a  Par 
exemple,  il  n'est  pas  toujours 
toqué  de  Lanrose.  »  (About.)  — 
«  Un  homme  si  respectable  qui 
se  toquait  d'une  petite  coureuse.» 
(Zola.) 

^  TOQUET  (en  avoir  dans  le)  t 
Être  ivre.  V.  Casquette,  qui  a  la 
même  étymologie.  —  a  Chez  Dé- 
noyer j'entre,  un  peu  dans  le 
toquet.  »  (Decourcelle,  Sg.) 

TORCHÉ  (bien)  :  Vigoureu- 
sement peint,  bien  fait.  —  «  A 
ce  couplet  bien  torché  on  crie 
dans  la  salle  :  Bis!  bis!  »  (Mar- 
quet.) 

TORCHER  (se)  :  Se  battre. 
Pour  se  donner  un  coup  de  tor- 
chon. 

TORCHER  LE  NEZ  (se)  :  Se 
passer.  On  dit  de  même  qu'une 
chose  passe  devant  le  ne:(.  — 
m  Tout  cela  vient  de  Pitt  envoyé 
par  les  alliés,  mais  ils  s'en  sont 
torchez  le  nez.  »  (Mauricault, 
Ch.,  1793.) 

Se  torcher  le  cul  :  Faire  peu 
de  cas. 
Torcher  la  gueule  :  Frapper 


au  visage.  —  «  Si  j'  prends  mon 
sabot,  je  vous  en  torcherai  la 
gueule.  »  (1744,  Vadé.) 

TORCHE TTE  (net  comme)  : 
Aussi  net  que  si  la  torchette 
(torchon)  y  avait  passé. 

TORCHON  :  Fille  aussi  sale 
qu'un  torchon  de  cuisine. 

TORCHON  (se  donner  un 
coup  de)  :  Se  battre.  —  a  Allons 
jusqu'aux  chouans  leur  dcnner 
un  coup  de  torchon.  »  (Hjnry, 
36.) 

TORCHON  BRULE  A  LA 
MAISON  (le)  :  Se  dit  pou  an- 
noncer une  querelle  domestique. 

Je  ne  suis  plus  son  Jupule, 
Son  chou,  son  rat,  son  trognon  ; 
L'  torchoQ  brûle  à  la  maison. 

(Dalès.) 

TORD -BOYAUX  :  Mau/aise 
eau-de-vie.  —  Elle  donne  1 1  co- 
lique. —  «  Avaler  un  verre  de 
tord-boyaux,  comme  l'appelait 
notre  amphitryon.  »  (Vidal,  33.) 

TORNIQUET  :  Moulin.  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  au  touriioie* 
ment  de  sa  roue, 

TORSE  :  Estomac.  —  «  Un 
verre  de  fil  en  qiJatre...  Histoire 
de  se  velouter  le  torse.»  —  Th. 
Gautier.)  —  «  Il  s'était,  c  utre 
mesure,  bourré  le  torse;  langage 
d'atelier.  »  (P.  Borel,  33.) 

TORSE  (avoir  du)  :  Avoir  un 
beau  corps. 

TORSE  (poser  pour  le)  :  Ex- 
hiber avec  complaisance  ses 
avantages  physiques. 

TORSEUR  :  Poseur.  «  Le  tor- 
seur  emprunte  tous  ses  effets  à 
son  torse,  toujours  bardé  d  une 


TOU 


-347- 


TOÛ 


cfavate  à  gros  nœuds  et  d'un  gi- 
let bien  étudié.  Le  torseur  pro- 
jette sa  poitrine  sur  le  devant 
d'une  loge  ou  dans  l'embrasure 
de  portes  d'un  salon,  ou  dans 
l'intervalle  de  deux  rideaux  de 
croisées.  »  (Roqueplan.) 

TORTILLADE  :  Nourriture. 
(Rabasse.)  V.  Larton. 

TORTILLARD  :  Boiteux.  (Vi- 
docq.)  Mot  à  mot  :  qui  tortille 
en  marchant. 

TORTILLÉ  (être)  :  Être  worf. 
—  «Il  lui avaitcasséquelque chose 
à  l'intérieur.  Mon  Dieu!  en  trois 
jours,  elle  a  été  tortillée.  »  (Zola.) 

TORTILLER  :  Manger.  —  «  En 
trois  jours  nous  aurons  tout  tor- 
tillé. »  (Vidal,  33.)  —  «  Voyez- 
vous,  j'avais  tortillé  une  gibelotte 
et  trois  litres.  »  (Ricard.) 

TORTILLER  :  Faire  des  fa- 
çons.  —  «  L'ordre  est  formel.  Il 
n'y  a  pas  à  tortiller.»  (Desnoyer.) 

Tortiller  de  Vœil  :  V.  Œil. 

TORTILLER  :  Avouer.  (Vi- 
docq.)  —  C'est  un  synonyme  de 
manger  le  morceau,  dénoncer. 

TORTORER  :  Manger.  (Ra- 
basse.) 

TORTU  :  Vin.  (Vidocq.)  Mot 
à  mot  :  jus  de  bois  tortu  (vigne). 

TORTUE  (faire  la)  :  Jeûner. 
(Vidocq.)  "  La  tortue  mange 
peu. 

TOTO  :  Sein.  —  De  teter. 

TOUCHE  :  Se  dit  des  dehors 
d'un  personnage  considérés  en 
leur  ensemble.  —  <.<i  Quelle  tou- 
che! »  s'écrie-t-on  à  l'aspect  d'un 
grotesque.  —  Le  mot  a  dû  naître 
dans  les  ateliers  de  peinture. 


TOUCHÉ  :  Séduisant  de  fi- 
gure. V.  Touche.  —  «  Hé  !  hé  ! 
pas  mal  touchée,  la  bobonne.  » 
(Villars.) 

TOUCHÉ  :  Peint,  pensé  ou 
écrit,  vigoureusement  fait.  — 
Terme  de  peinture  dans  l'ori- 
gine. —  «f  Comme  c'est  écrit  ! 
comme  c'est  touché  !  »  (L.  Rey- 
baud.) 

TOUCHÉ  (il  est)  :  Il  est  pro- 
fondément atteint,  il  ne  s'en  re- 
lèvera pas.  —  Se  dit  au  moral 
comme  au  physique. 

TOUCHER  :  Frapper  fort.  — 
Ironie. 

TOUPET  :  Grande  effronterie. 
— -  Jeu  de  mots.  —  Le  toupet  est 
supérieur  au  front.  —  «  Et  dire 
qu'avec  du  toupet  et  de  la  mé- 
moire tout  le  monde  en  f'rait  au- 
tant. »  (H.  Monnier.)  V.  Crêper. 

Se  payer  de  toupet  :  Payer 
d'audace.  —  «  Que  de  gens  font 
étalage.  S'  payant  de  toupet, 
N'ont  rien  dans  leur  ménage.  » 
{Chanson,  32.) 

Se  mettre  dans  le  toupet  :  S'en- 
têter à  croire.  —  «  Et  mosieu  se 
fichera  dans  le  toupet  que  tout 
sera  dit.  »  (Gavarni.) 

Toupet  de  commissaire  :  Au- 
dace excessive.  —  Mot  inventé 
par  les  gens  que  le  commissaire 
de  police  interroge  d'habitude. 

TOUPIE  2  Femme  de  peu, 
tournant  en  toutes  mains  comme 
une  toupie.  —  «  Le  roi  autorisa 
la  Lange  à  se  livrer  à  toutes  les 
extravagances  qui  sont  l'unique 
mérite  de  la  plus  grande  partie 
de  ces  toupies.  »  (Précis  de  la  vie 
de  la  comtesse  Du  Barry,  1 774.) 
—  «  L'insolent  traite  sa  grande 
sœur  de  toupie.  »  (Colmance.) 


TOU 

TOUR  (faire  voir  le)  :  Trom- 
per. V.  Pratique.  —  a  Tu  veille- 
ras à  ce  que  la  donzelle  n'essaye 
pas  de  nous  faire  voir  le  tour.  » 
(Montépin.)  —  Connaître  le  tour  : 
Connaître  toutes  les  ruses. 


TOURLOUROU  :  Soldat  du 
centre,  lorsque  l'infanterie  était 
divisée  en  compagnies  du  centre 
et  compagnies  d'élite.  Du  vieux 
mot  turelureau:  soldat  de  garni- 
son. (V.  Du  Gange.) — Au  xiv«  siè- 
cle, la  turelure  (prononcez 
toureloure  )  était  une  sorte  de 
château  flanqué  de  tourelles.  — 
«  Si  le  tourlourou  est  solide  sur 
l'école  de  peloton,  il  n'est  pas 
moins  ferré  sur  l'école  de  la  sé- 
duction. »  (M.  Saint-Hilaire.) 

TOURMENTE  :  Colique  (Vi- 
docq.)  —  Mot  expressif. 

TOURNANTE  :  Clef.  (Ra- 
basse.)  —  Elle  tourne  dans  la 
serrure.  V.  Tremblant,  Lourde. 

TOURNÉE  :  Pile,  correction 
faisant  tourner  et  retourner  la 
victime.  —  «  Après,  je  donne 
une  tournée  à  la  Chouette.  Je 
tiens  à  ça.  »  (E.  Sue.) 

TOURNÉE  :  Rasade  offerte 
devant  le  comptoir  du  marchand 
de  vins.  —  Ainsi  nommée  parce 
qu'elle  fait  le  tour  de  l'assemblée. 

—  «  Il  offre  une  tournée  au  café 
Robert.  »  (Monselet.) 

«  Oscar  I  le  lorgnon  dans  l'œil). 

—  Oui,  vraiment.  —  Dites-moi, 
marquis,  la  belle  Yseult  ne  serait 
pas  de  trop...  si  elle  daignait  ac- 
cepter une  tournée  1 

Le  Marquis.  —  Toujours  ga- 
lant ! 

Oscar.  —  Quelque  chose  de 
doux...  du  mêlé?  »    (Marquet.; 


34S  -  TOU 

Tourner  au  vinaigre  :  devenir 
malheureux.  —  «  Tourné  au  vi- 
naigre !  Hélas  !  plus  de  femmes, 
je  l'avais  perdue.  »  (Beauvillier.) 

TOURNER  DE  :  Faire  les  frais 
de.  —  «  Lorsqu'il  arrivait  à  Bios- 
sac  de  dire  :  Les  dalles  de  la 
Morgue  me  réclament,  Grimai  lie 
se  contentait  de  dire  :  Je  vais 
tourner d'undéjeuner.  »  (D.  Alon- 
nier.) 


TOURNER  DE  L'ŒIL  :  Mou- 
rir. —  «  Du  poison!...  Allons, 
bois...  tu  vas  tourner  de  l'œil 
tout  de  suite.  »  (Chenu.) 

TOURNER  L'ŒIL  :  S'assou- 
pir. —  «  Trois  ou  quatre  mé- 
chantes chopines...  et  ça  tourne 
l'œil.  »  (Gavarni.) 

TOURNEVIS  :  Soldat  d'infan- 
terie. 

A  la  santé  des  gros  talons, 
Des  tournevis  et  des  cai;ons  ! 

{Vieille  Ch.  du  Hussard  en  camp.) 

TOURNURE  :  «  Toutes  les 
dames  et  demoiselles  qui,  pour 
suppléer  au  manque  de  rondeur 
de  certaines  parties,  portent  ce 
que  M^e  de  Genlis  appelle 
tout  crûment  un  polissm  et  que 
nous  appelons  une  tournure.  » 
(Th.  Gautier,  33.) 

TOURTE  :  Tête.  —  Compa- 
raison de  la  croûte  à  la  boîte  os- 
seuse du  crâne,  et  de  la  garniture 
à  la  cervelle.  V.  Vol-au-vent. 

TOURTOUSE,  TORTOUSE, 
TOURTOUSINE  :  Cor.le  à  me- 
nottes. 

TOURTOUSER  :  Garrotter. 
(Vidocq.)  —  Mot  expressif  indi- 


TRA 


-  349  — 


TRA 


quant  l'action  de  lier  tout  autour. 
V.  Criblage,  Coltiger. 

TOUSER  :  Aller  à  la  selle. 
(Coiombey.) 

TOUSSE  (Non  !  c'est  que  je)  : 
Négation  ironique.  V.  Mouche. 

TOUT  :  Individu  fréquentant 
les  champs  d'entraînement  pour 
renseigner  sur  les  chances  pro- 
bables des  meilleurs  chevaux  de 
courses.  (Parent.)  Angl. 

TOUT  DE  CE:  Très-bien. 
(Vidocq.) 

TOUTIME  :  Tout.  (Halbert.) 

TOUT  PARIS  :  Le  monde  élé- 
gant. 

«  Le  mois  de  juin  est  venu, 
mois  fâcheux  où  tout  Paris  quitte 
Paris.  »  (De  Soigne,  57.) 

TRAC  :  Peur.  —  Onomato- 
pée. —  On  donne  le  nom  de  trac 
à  une  maladie  qui  cause  un  fris- 
son perpétuel.  —  Pendant  le 
siège  de  Paris,  on  a  publié  le 
TraCy  journal  des  peureux.  — 
«  Bien!  voilà  mon  trac  qui  me 
reprend.  »  (Marc  Michel.) 

TRAIN  (du)  :  Vite,  à  grand 
train.  —  «  Asie  prit  un  fiacre  et 
dit  au  cocher  :  «  Au  Temple  !  et 
du  train  !  il  y  a  gras.  »  (Bal- 
zac.) 

TRAIN  (en)  :  En  train  de  se 
griser.  —  «  Ce  sera  fort  heureux 
si  votre  ami  reste,  car  je  le  crois 
un  peu  en  train.  »  (P.  de  Kock.) 

traînée.  —  Prostituée,  qui 
traîne   dans  les  mauvais  lieux. 

TRAINE-PAILLASSE  :  Four- 
rier. —  C'est  lui  qui  règle  avec 
l'employé  le  prix  des  dégrada- 


tions des  lits  militaires.  V.  Ro- 
gneur. 

TRAIT  :  Infidélité.  -  Abré- 
viation de  trait  d'inconstance.  — 
«  Son  mari  lui  avait  fait  tant  de 
traits,  qu'elle  l'avait  quitté.  » 
(Champfleury.)  —  «  On  ne  peut 
plus  faire  de  traits  à  sa  Nini, 
c'est  ce  qui  vous  chiffonne.  » 
(Gavarni.) 

TRALALA  :  Grand  appareil. 

—  «  Et  puis,  grand  genre.  Tout 
le  tralala.  Et  du  linge!  »  (E.  Vil- 
lars.)  —  «  La  fougue,  l'audace  et 
tout  le  grand  tralala  de  l'excen- 
tricité féminine.  »  (Monselet.) 

TRANQUILLE  :  Gomme  Bap- 
tiste. 

TRAQUER  :  Avoir  le  trac. 
V.  Esgourne. 

TRAQUEUR  :  Peureux.  — 
V.  Vrai.  —  «  Il  était  très-tra- 
queur  et  ne  se  souciait  pas  de 
finir  à  Bicétre.  (Zola.) 

TRAVAIL  :  Filouterie  de  jeu. 

—  «  Un  grec  dont  l'habileté  est 
telle  que,  pendant  trente  années 
de  travail,  il  n'a  pas  été  pris  une 
seule  fois.  »  (Cavaillé.) 

TRAVAILLER  :  Ce  mot  s'ap- 
plique indistinctement  à  toute 
œuvre,  bonne  ou  mauvaise,  exé- 
cutée dans  le  but  de  gagner  de 
l'argent. 

Travailler,  pour  un  malfai- 
teur, c'est  tuer  ou  voler.  Pour 
la  prostituée,  c'est  provoquer  le 
passant.  —  «  X...  était  prudent; 
il  travaillait  toujours  seul,  et  son 
receleur  était  des  plus  fins.  » 
{Figaro.) 

TRAVAILLER  :  Battre, 
tourmenter.  —  «  Je  vais  la  tra- 

20 


TRE 


35o 


TRI 


vailler  dans  le  numéro  de  de- 
main. —  Et  il  écrivait  :  «  iMa- 
dame  Desbrosses  quitte  enfin  le 
théâtre...  Bonheur! y)  (Philipon). 
Travailler  la  tire  :  Voler  dans 
les  poches.  (Rabasse.) 

TRAVAILLEUR  :  Voleur  au 
jeu.  —  «  Le  grec  a  aussi  reçu  le 
nom  de  philosophe j  de  travail- 
leur. »  (Gavai lié.) 

TRAVERSE  :  Bagne.  (Ra- 
basse.) 

TRAVESTI  :  Rôle  de  femme 
travestie  en  homme.  —  «  Mada- 
me Peschard  débutait  à  ce  théâtre 
dans  un  travesti.  »  (Bénédict, 
75.) 

TRAVIOLES (avoir  des):  Avoir 
des  inquiétudes.  (Rabasse.) 

TRÈFLE  :  Tabac.  —  Allusion 
à  la  couleur  brune  de  ce  four- 
rage, quand  il  est  sec.  —  «  Lui 
qui  avait  remué  tant  de  trèfle  de 
la  régie.  »  (Aubryet.) 

TRÈFLE  :  Anus.  —  C'est  une 
image  qu'on  devine. 

TRÉFOUIN  :  Tabac.(Rabasse.) 
—  Déformation  de  trèfle. 

TREIZIÈME  (marié  au)  :  En 
ctat  de  concubinage.  —  Pour 
comprendre  l'ironie,  il  faut  se 
rappeler  que,  avant  i85g,  cet  ar- 
rondissement n'existait  point  à 
Paris.  —  «  Jamais  elle  n'a  été 
ma  femme,  pas  même  au  trei- 
zième arrondissement.  (Bertall.) 

TREMBLANT  :  Lit. 

TREMBLANTE  :  Fièvre.  (Ra- 
basse.) 

TREMBLEMENT  :  Réunion, 
mêlée  générale.  —  «  A  l'union  de 
l'infanterie,  de  la  cavalerie,  de 


de  tout  le  tremblement.  »  (La 
Barre.) 

TREMBLEMENT  :  Bataille, 
engagement  général.  —  «  Mais, 
la  veille  du  tremblement,  fallait 
voir  les  feux  des  postes  avancés.» 
(Chansi  n,  64.) 

TREMPÉE  :  Correction.  —  V. 
Soupe.  —  «  Si  je  ne  me  respec- 
tais pas,  je  vous  ficherais  une 
drôle  de  trempée.  »  (Gavarni.) 

TRENTE  ET  UN,  TRLNTE- 

SIX  (se  mettre  sur  son)  :  Mettre 
sa  plus  belle  toilette.  —  c  Elle 
s'était  mise  sur  son  trente  et  un, 
et  je  puis  vous  assurer  (|u'elle 
était  bien  ficelée.  »  (Vidal,  33.) 

TRENTE-SIX  DU  MOIS  :  Ja- 
mais. —  Le  mois  ne  dépasse  pas 
3i  jours.  —  a  Elle  prenait  du 
plaisir,  ce  qui  lui  arrivait  le 
trente-six  du  mois.  »  (Zola.) 

TRENTE-SIXIÈME  DES- 
SOUS (dans  le)  :  Même  sens 
que  Troisième  dessous.  —  Le 
pauvre  vicomte  a  été  enfoncé 
dans  le  trente-sixième  dessous.  » 
(Montépin.) 

TRÈPE  :  Foule.  —  C'est  troupe 
avec  modification  de  la  première 
syllabe.  V.  Garçon. 

TRÉPIGNÉE  :  Rossée. 
TRÉPIGNER  :  Battre.  --  Mot 
à  mot  :  trépigner  sur  le  corps. 

TRETON  :  Rat.  —  Diminutif 
de  trotteur.  V.  Greffier. 

TRICORNE  :  Gendarme.  (Ra- 
basse.) 

TRICOTER  :  Battre.  —  Du 
vieux  mot  Tricote  :  gros  bâton» 

Prends  vite  un  bâton, 

Tricote  cet  homme  sans  cesse. 

{Chanson  carnavalesque ^  i85i*) 


TRI 


-  35i  - 


TRO 


TRICOTER  :  Danser,  fuir.  -- 
Comparaison  du  jeu  des  jambes 
à  celui  des  aiguilles. —  ce  La  peur 
m'a  galopé  et  j'ai  tricoté  des  fils 
de  fer.  »  {La  Correctionnelle.) 

I      •    TRIFFOIS  :  Tabac.  (Halbert.) 
f        —  Pour  Tréjloig.  V.  Trèfle. 

TRIFFOISIÊRE  :  Tabatière. 
(Idem.) 

TRIMAR  :  Grande  route  où 

l        triment  les  voyageurs.  —  «  Tra- 

i        vailler  sur  le  grand  trimar,  c'est 

voler   sur    le   grand    chemin.  » 

(Cinquante  mille  voleurs  de  plus 

à  Paris.) 

Aller  au  trimar  :  Voler.  (Ra- 
basse.) 

Faire  son  trimar  :  Raccrocher 
sur  la  voie  publique.  V.  Quart. 

TRIMARDER  :  Cheminer. 
(Grandval.) 

TRIMBALLER  :  Marcher.  Mot 
à  mot  :  baller  sur  la  trime,  aller 
sur  le  chemin. 

TRIMBALLEUR  de  conis  : 
Croque-mort.  (Vidocq.) —  Mot  à 
mot  :  trimballeur  de  cadavres. 

TRIME  :  Rue.  (Vidocq.) 

TRIMELÉ  :  Fil.  (Colombey.) 

TRIMIN  :  Chemin.  —  Dimi  - 
nutif  de  Trimard. 
'  Sur  mon  trimin  rencontre 

Un  pègre  du  quartier. 

(Vidocq.) 

TRIMOIRE  :  Jambe.  (Halbert.) 
\        —  Elle  trime  par  métier. 

TRINGLETTE  :  N'avoir  rien 
trouvé.  (Rabasse.) 

TRINGLOS  :  Soldat  du  train. 
—  Diminutif  de  train.  —  «  Ce 
<jue  les  tringlos,  soldats  du  train 


des  équipages  militaires,  ne 
pourront  nous  apporter.  »  (A. 
Camus.) 

TRINQUER  (faire)  :  Faire 
battre.  (Rabasse.)  —  Mot  à  mot  : 
faire  choquer.  On  choque  en 
trinquant. 

TRIPOLI  :  Eau-de-vie.  —  Al- 
lusion à  Teau-de-vie  qui  entre 
dans  la  composition  du  tripoli. 
V.  A  Stic. 

TRIPOT  :  Garde  de  police. 
(Halbert.) 

TRIPOTÉE  :  Correction.  — 
Du  vieux  mot  tripeter  :  fouler 
aux  pieds.  —  «  Oh  !  quelle  tripo- 
tée je  vous  ficherais,  ma  poule!» 
(Gavarni.) 

TRIPOTIER  :  «  Lestripotiers, 
c^est-à-dire  les  individus  qui 
donnent  à  jouer  clandestinement 
sont  nécessairement  plus  ou 
moins  tarés.  »  (Cavaillé.) 

TklQUE  :  Dent,  cabriolet. 
(Halbert.) 

TROGNON  :  Mot  d'amitié.  — 
«  En  lorgnant  la  brunette,  j'  lui 
dis  :  Mon  petit  trognon.  »  {Les 
Amours  de  Jeannette,  i3.) 

TROIS-ÉTOILES  :  Personne 
réelle  ou  fictive,  dont  on  cache, 
ou  dont  on  paraît  cacher  le  nom. 

—  «  La  femme  légitime  de  ce 
peintre  est  la  maîtresse  du  gros 
trois-étoiles.  »  (A.  Second.) 

TROIX-SIX  :  Eau-de-vie  forte. 

—  Allusion  au  degré  d'alcool.  V. 
Sacré-chien.  —  «  Au  moins , 
moi,  j'  dis  pas  que  j'aime  pas  le 
troix-six.  »  (Gavarni.) 

TROISIÈME  DESSOUS  : 
«  Dans  le  troisième  dessous  des 
sociétés,  pour  emprunter  à  l'art 


TRO 


-  352  - 


TRO 


dramatique  une  expression  vive 
et  saisissante,  le  monde  n'est-il 
pas  un  théâtre?  Le  troisième 
dessous  est  la  dernière  cave  pra- 
tiquée sous  les  planches  de  l'O- 
péra, pour  en  receler  la  rampe, 
les  apparitions,  les  diables  bleus 
que  vomit  l'enfer.  »  (Balzac.) 

TROMBINE  :  Physionomie 
ridicule.—  *  Tous  ces  imbéciles, 
ça  vous  a  des  trombines  prédes- 
tinées. »  {Vie  parisienne.) 

TROMBLON  :  Gosier.  —  Il 
s'évase  comme  un  tromblon.  — 
«  Vous  avez  demandé  dans  la 
guinguette  du  bleu  pour  rincer 
le  tromblon.  »  {Almanach  du 
Hanneton,  67.) 

TROMBLON  :  Chapeau  ridi- 
culement évasé,  comme  l'arme  à 
feu  du  même  nom.  —  «  Il  ra- 
masse les  deux  couvre-chef  et 
tend  au  monsieur  un  horrible 
tromblon.  »  {Figaro,  j5.) 

TROMPETTE  :  Visage.  — 
a  Quelles  drôles  de  binettes  ! 
Quelles  vilaines  trompettes  !  » 
(A.  Meigne.) 

TROMPETTE  :  Colporteur 
de  nouvelles.  —  Allusion  à  la 
trompette  allégorique  de  la  Re- 
nommée. On  dit  d'un  bavard  : 
«  C'est  une  fameuse  trompette.  » 

TROMPETTE  :  Nez  mouché 
avec  bruit.  —  Ne:{  en  trompette  : 
Nez  relevé. 

TRONCHE  :  «  La  Sorbonne 
est  la  tête  qui  pense,  qui  mé- 
dite ;  la  Tronche  est  la  tête  lors- 
que le  bourreau  l'a  séparée  du 
tronc.  »  (Vidocq,  37.)  —  «  Gare 
la  tronche!  prends  garde  à  la 
tête.  »  (Dhautel,  1808.) 


TRONE  (sur  le)  :  Sur  la  lu  nette 
d'un  cabinet  d'aisances.  Allusion 
au  siège  qui  a  souvent  des  mar- 
ches comme  un  trône.  V,  Trou 
de  balle. 

TROQUET  :  Marchand  de 
vins.  Abréviation  de  mastro- 
quet.  V.  Pille. 

TROTTANTE  :  Souris.  (Vi- 
docq.) 

TROTTE  :  Course  pénible.  — 
«  J'étais  sortie  pour  éviter  ces 
trottes-là  à  Alfred.  »  (E.  Sue.) 

TROTTEUR  :  Rat.  (Vidocq.) 

TROTTIGNOLLES  :  Pieds.-- 
Diminutif  de  trottin.  V.  Rien. 

TROTTIN  :  Employé  chargé 
des  courses.  Je  trotte  par  la  ville. 
—  «  Le  trottin,  toujours  choisi 
parmi  les  grisettes  les  plus  jeu- 
nes et  les  plus  espiègles  du  ma- 
gasin. »  (L.  Huart.)  —  «  Et  de 
trottin  toujours  crotté,  on  tn  fit 
un  petit  commis.  »  {Troisième 
suite  du  Parlement  burlesque  de 
Pontoise,  i652.) 

TROTTINE  :  Botte,  bottine. 
(Marquet). 

TROTTINS  :  Pieds.  —  Les 
pieds  trottent.  —  «  Il  faut  trous- 
ser ses  quilles  et  ses  trottin  s  de 
peur  d'être  pris  de  ce  galliot.  » 
{La  Comédie  des  Proverbes, 
1714.) 

TROTTOIR  (grand)  :  Au 
théâtre,  veut  dire  :  haut  réper- 
toire. 

TROTTOIR  (faire  le)  :  Se  dit 
des  filles  inscrites  qui,  le  soir, 
se  promènent  sur  le  trottoir  voi- 
sin de  leur  logis. 

TROTTOIR  (femme  de)  ; 
Prostituée, 


TRO 


-  353  - 


TRU 


TROU  (faire  son)  :  Arriver  à 
une    bonne    position,    faire    sa 
troue'e  dans  la  foule  des  ambi- 
tieux. 
^  TROU  SOUS  LE  NEZ  (avoir 

*  un)  :  Être  grand  buveur.  — 
a  C'  n'est  pas  tout  encore,  sa- 
chez que  c'te  pécore  a  z'un  trou 
sous  r  nez  impossible  à  com- 
bler. »  {Catéchisme poissard,  ^^.) 

Être  dans  le  trou  :  Être  en- 
terré. 

Être  dans  le  trou  :  Être  en 
prison.  —  «  Voilà  pourquoi  je 
suis  dans  le  trou,  c'est  pour  un 
malheureux  poivrier,  que  je  me 
suis  permis  de  fouiller.  (Ch.  de 
Mouchabœuf,  65.) 

TROU  D'AIX,  TROU  DE 
BALLE  :  Anus.  (Colombey.) 
—  «  Ils  rirent  de  ce  qu'elles  le 
"trouvaient  en  fonctions,  son  trou 
de  balle  au  grand  air.  »  (Zola.) 

TROUBADE,  TROUBA- 
DOUR :  Fantassin.  —  Comme 
le  troubadour,  le  fantassin  fait 
en  tous  pays  résonner  sa  clari- 
nette. —  Rousselot  a  fait  le  Trou- 
bade.  (Chansonnette,  60.)  — «  Le 
troupier  aujourd'hui  est  un  trou- 
badour qui  compte  tout  au  plus 
vingt  ans  de  services.  »  (Marco 
Saint-Hilaire,  41.) 

TROUBADOUR  (genre), 
TROUBADOUR-ABRICOT, 
TROUBABOUR- PENDU- 
LE :  Genre  littéraire  à  la  mode 
vers  1820,  où  Ton  affectait,  sans 
grand  savoir  archéologique,  de 
se  reporter  aux  troubadours  des 
premiers  temps  de  la  monarchie. 
Les  troubadours  étaient  représen- 
tés au  théâtre  armés  de  lyres  et 
vêtus  de  tuniques  à  crevés  cou- 
leur abricot.  L'horlogerie  même 


s'était  emparée  pour  sts  pendules 
du  sujet  à  la  mode.  —  «  M.  Paul 
Delaroche  et  tous  ceux  qui  firent 
la  première  campagne  du  roman- 
tisme riaient  des  partisans  du 
genre  chevalier-troubadour-abri- 
cot. »  (Privât  d'Anglemont.) 

TROUÉE  :  Dentelle.  (Vidocq.) 

—  La  broderie  fait  trou. 

TROUFIGNARD,    TROUFI- 
GNON  :  Mot  à  mot  :  Trou  de  la 
fine.V.  ce  mot.  —  (c  Et  il  menaçait 
de  lui  enlever  le  troufignon.  » 
(Zola.) 

TROUILLOTER  DU  GOU- 
LOT :  Avoir  une  haleine  infecte. 

—  a  Augustine,  qui  devait  avoir 
mangé  ses  pieds,  tant  elle  trouil- 
lotait  du  goulot.  »  (Zola.) 

TROUSSEQUIN  :  Derrière.  — 
Nom  de  la  partie  de  la  selle  avoi- 
sinant  le  derrière  du  cavalier. 

TROUVÉ  :  Neuf,  original. 

TRUC  :  Manière  de  voler. 
V.  Roustir,  Lem,  Tirer,  —  Du 
vieux  mot  truche.  —  La  truche 
était  l'art  d'exploiter  la  pitié  des 
gens  charitables.  Au  moyen 
âge,  les  mots  truche,  truffe,  trulle 
et  trut  avaient  le  même  sens  de 
finesse  et  d'imposture.  Ce  der- 
nier, qui  ne  diffère  pas  beaucoup 
de  truc,  se  trouve,  dès  le  xiv*  siè- 
cle, dans  une  chronique  rimée 
du  duc  de  Bretagne,  Jean  IV. 
(Lobineau,  t.  II,  col.  730.) 

François  prenoient  trop  divers  noms 
Pour' faire  paour  aux  Bretons; 
Mais  ils  avoient  plus  de  vieil  trut 
Que  vieille  truie  qui  est  en  rut. 

On  a  donné  au  mot  truc  cinq 
sens  :  I»  Au  théâtre,  c'est  la  ma- 
chine destinée  à  produire  un 
changement  à  vue.  Les  féeries 


TRU  —  354  -  TUE 

du  Tj'uqueur  dans  son  Hôtel  des 
commissaires-priseurs, 

TRUQUEUR  -.«APariSjOn  ap- 
pelle surtout  truqueurs  les  ven- 
deurs de  contremarques  et  les 
ouvreurs  de  portières  de  voitures, 
qui  parfois  volent  à  la  tire.  On 
les  trouve  aussi  sur  les  champs 
de  course  vendant  des  bouquets 
et  des  cigares.  »  (Rabasse.) 

TRUQUEURS  :  «  Gens  qui  pas- 
sent leur  vie  à  courir  de  foire  en 
foire,  n'ayant  pour  toute  ir  dus- 
trie  qu'un  petit  jeu  de  hasard.  » 
(P.  d'Anglemont.)  —  C'est  aussi 
un  homme  usant  de  trucs,  dans 
toutes  les  acceptions  définies  plus 
haut.  V.  Bouline. 

TRYCHINE  :  Prostituée.  — 
L'épithète,  qui  date  du  temps  où 
on  parlait  fort  des  risques  que 
faisaient  courir  les  trychines  dans 
la  viande  du  cochon  (i 865),  ne  pa- 
raît pas  s'être  acclimatée.  —  «  Try- 
chines, qui  dorez  les  vices,  en- 
guirlandez-moi. »  (Michu.) 

TUANT  :  Ennuyeux  à  crever. 
On  dit  aussi  crevant. 

TUBE  :  Estomac  :  Se  fourrer 
dans  le  tube  :  manger.  —  Même 
allusion  que  dans  fusil. 

TUBE  :  Chap-jau  de  soie  — 
Allusion  à  sa  forme  cylindrique. 

TUBERCULE  :  Nez  à  loupes  et 
à  verrues,  ressemblant  au  tuber- 
cule par  excellence,  à  la  pomme 
de  terre. 


sont  des  pièces  à  trucs.  ■—  a  Cette 
donnée  a  fourni  matière  à  un 
certain  1  ombre  de  trucs,  de  dé- 
cors, de  cnangements  à  vue.  » 
(R.  Deslandes,  49.)  —  2»  Pour 
un  auteur  dramatique,  le  truc 
est  la  science  des  détails.  On  dit 
d'un  écrivain  qui  file  la  scène 
avec  difficulté  :  il  mangue  de  truc. 

—  3"  C'est  aussi  un  moyen  d'exis- 
tence. —  «  Il  daigna  nous  donner 
quelques  renseignements  sur  son 
truc,  c'est-à-dire  le  métier  qui  le 
fait  vivre.  »  (P.   d'Anglemont.) 

—  4»  Le  truc  est  encore  une  ruse, 
un  dehors  trompeur.  —  «  La 
vertu  qu'on  fait  pour  mieux  ca- 
cher le  vice,  voilà  le  truc  d'un 
sesque  trompeur.  i{Rousseliana, 
o5.)  —  5°  Faire  du  truc  :  faire  un 
commerce  illicite.  (Rabasse.) 

TRUFFE  :  Nez  difforme  du 
genre  tubercule.  V.  ce  mot. 

TRUFFES  (aux)  :  Soigné.  — 
La  truffe  est  un  aliment  de  luxe. 

—  «Tu  me  feras  un  compte  rendu 
aux  truffes  !  »  (E.  Augier.) 

TRUFFÉ  :  Bourré.  —  Pris  au 
figuré.  —  La  petite  machinette 
est  truffée  de  chic.  »  {Petite  Re- 
vue, 66.) 

TRUMEAU  :  Personnage  sur- 
anné. —  La  mode  des  trumeaux 
date  du  siècle  dernier.  —  «  Il  se 
l'est  brisée,  mon  Bourdonnard... 
Vieux  trumeau,  va!  »  {Almanach 
des  Toqués,  64.) 

TRUQUER  :  Vivre  de  roueries. 
(Halbert.) 

TRUQUER  :  Commercer  illici- 
tement.  (Rabasse.) 

TRUQUEUR  :  Fabricant  de 
fausses  antiquités.  —  Champ- 
âeury  a  donné  une  physiologie 


TUER  les  mouches auvol,  —  à 
quinze  pas  :  Avoir  une  ha  eine 
infecte.  — «  Mais,  chère  amie,  si  je 
tuais  les  mouches  comme  lu  te 
plais  à  le  dire,  il  y  a  longtemps 
que  tu  ne  vivrais  plus.  »  (Gré  vin.) 


TUN 


-  355  - 


TUR 


TUER  lever  :  Boire  de  l'eau-de- 
vieoudu  vin  blanc;  libation  ma- 
tinale désignée  par  ces  mots  : 
Tuer  le  ver.  (Murger.)  —  «  Les 
ouvriers  étaient  allés  tuer  le  ver 
chez  le  marchand  de  vins  le  plus 
proche.  {Figaro,  76.)  —  Prise  à 
jeun,  et  par  exception,  l'eau-de- 
vie  a  des  propriétés  vermifuges. 

TUFFRE  :  Tabac.   (Halbert.) 

—  Anagramme  de  trèfle  y  du 
moins  pour  cinq  des  premières 
lettres.  V.  Trèfle, 

TUILE  :  Accident.  —  Allusion 
à  la  tuile  qui  tombe  d'un  toit  sur 
la  tête  du  premier  passant  venu. 

—  «  La  tuile  est  forte,  mais  on 
peut  s'en  relever.  »  (L.  Reybaud.) 

TUILER  :  Toiser,  dévisager. 

—  Terme  maçonnique. 

TULIPE  ORAGEUSE  :  Can- 
can. —  a  Tous  quatre  frétillant 
des  tulipes  de  plus  en  plus  ora- 
geuses. »  (E.  Sue.) 

La  jupe  d'une  danseuse  qui 
lève  la  jambe  à  la  hauteur  de 
l'œil,  tend  à  prendre  la  forme 
du  calice  de  la  tulipe.  De  là  le 
mot. 

TUNE  :  Pièce  de  cinq  francs. 

—  «  J'allais  dans  les  bureaux  de 
placement  avec  une  tune.  »  (Beau- 
villier.)  Abrév.  de  Thune. 

TUNE  :  Prison  de  Bicêtre. 
C'est  un  dépôt  de  mendicité.  — 
De  tuner  :  mendier.  Vieux  mot. 

TUNEÇON  :  Maison  d'arrêt. 
Diminutif  de  Tune. 

TUNER  :  Mendier. 

TUNEUR  :  Mendiant. 

TU  QUOQUE  :  Et  toi  aussi, 


tu  en  es  donc?  —  Latinisme.  — 
«La  république  de  Saint-Marin 
vient  d'envoyer  à  l'empereur 
Guillaume  le  grand  cordon  de  ses 
ordres.  Tu  quoque  !  »  (Moniteur, 
juin  72.) 

TURBIN  :  Travail  de  voleur. 

—  a  A  vingt-deux  ans,  je  me  re- 
mets au  turbin.  »  (Beauvillier.) 

TURBIN  :  Travail  pénible. 

Bon  sang  d'  bon  Dieu  !  quel  turbin, 
J'  viens  d'  mettr'  mon  pied  dans  un. 
flaque.  (Richepin.) 

—  Mettre  une  femme  sur  le 
turbin  :  La  livrer  à  la  pros- 
titution et  en  tirer  parti.  —  «  Je 
la  mets  sur  le  turbin  pendant  dix 
mois,  gagneuse  d'argent  gros 
comme  elle.  »  (Beauvillier.) 

TURBINEMENT  :  Jour  de 
travail.  —  «  Pour  grinchir  tu 
préféreras  les  fêtes  aux  turbine- 
ments.  »  (Vidocq.) 

TURBINER  :  Travailler.  (Ra- 
basse.)  —  «  Nous  turbinons,  en 
attendant,  de  façon  à  prendre 
Tlemcen  en  grippe.  »  {Comm. 
de  Loriot,  69.) 

TURBINEUR  :  Travailleur. 
(Vidocq.) 

TURCO  :  Tirailleur  indigène 
de  l'armée  d'Afrique.  —  «  Un 
carré  de  turcos  vint  se  former 
sous  nos  pieds.  »  (Mornand.) 

TURF  :  Champ  de  course,  et 
par  extension,  arène  quelconque. 

—  «  Voilà  de  quoi  faire  envahir 
par  toutes  les  fashions  le  turf 
littéraire.  s>  (Aubryet.) 

TURLUTINE  :  «  La  turlutine, 


ULT 


—  356  — 


URL 


qui  Joue  le  principal  rôle  de  l'ali- 
mentation du  soldat  en  campa- 
gne, se  prépare  en  faisant  cuire 
du  biscuit  pilé  avec  du  riz  et  du 
lard.  »  cGler,  66.) 

TURNE  :  Logis  malpropre.  Du 
vieux  mot  tourne  :  prison.  — 
«  L'immeuble!...  je  me  suis  tout 
de  suite  souvenu  de  cette  turne.  » 
(Montépin.) 

TUTTI  QUANTI  :  Tous  ceux 
qui  sont  tels.  —  Italianisme.  — 
«  Pliilippe  de  Girard,  avec  sa 
machine  à  filer;  Sauvage,  avec 


son  he'lice,  et  tutti  quanti,  n'é- 
taient que  des  idéologues... 
{Éclair,  juillet  72.) 

TUYAU  DE  POÊLE  :  Cha- 
peau rond,  botte  à  l'écuyère. 
Allusion  de  forme.  —  «  Il  donna 
un  coup  de  poing  dans  son  tuyau 
de  poêle,  jeta  son  habit  à  queue 
de  morue.  »  (Th.  Gautier,  33.) 
V.  Méchant. 

TUYAU  DE  POÊLE  :  Botte.— 
Allusion  de  hauteur,  de  forme  et 
de  couleur, 

TYPO  :  Ouvrier  typographe. 


XJ 


UCHE  (terminaison  en).  V. 
Aille,  Lem. 

ULSTER  :  «  Il  renfonça  sa 
tête  dans  le  collet  relevé  de  son 
immense  pardessus  gris  à  la 
MentschikofF,  —  ce  que  nous  ap- 
pelons à  Paris  un  ulster.  »  {Fi- 
garo, 76.) 

ULTRA  :  Homme  voulant  au 
delà  (ultra)  de  ce  que  désire  son 
parti.  —  «  Je  crois  qu'il  faut  user 
d'indulgence  pour  les  ultras.  » 
(Desmoulins,  1790.)  —  «  Ces 
royalistes  surnommés  ultras  par 
l'opposition.  »  (Balzac) 

ULTRA  :  Ultramontain  clé- 
rical dévoué  à  Rome,  au  delà  des 
Alpes  {ultra  montes). 


UNE!  ET  D'UNE!  D'ABORD 
ET  D'UNE!  Ces  trois  locutions 
servent  indifféremment  à  ceux 
qui  ont  une  énumération  à  faire 
et  qui  la  soulignent  pour  ainsi 
dire  en  numérotant  chaque  ar- 
ticle, ou  plutôt  le  premier  article, 
car  ils  s'en  tiennent  à  celui  là  :  — 
a  D'abord  et  d'une,  faut  que  je 
me  débarrasse  de  ma  filleYieult.» 
(Marquet.) 

URFFE  (c'est)  :  C'est  soigné, 
bien  fait.  (Rabasse.) 

URLE  :  Parloir  de  prison. 
(Halbert.)  Mot  à  mot  :  lieu  où 
l'on  hurle.  —  Les  grilles  sépa- 
rent assez  les  visiteurs  pc  ur  les 
forcer  à  parler  haut. 


VAC 


-357- 


VAG 


V 


VACHE  :  Prostituée  avachie. 
—  «  Les  jours  de  dispute,  elle 
traitait  très-bien  sa  mère  de  cha- 
meau et  de  vache.  »  (Zola.)  V. 
Blagueur,  Veau. 

VACHE  ET  LE  VEAU  (pren- 
dre la)  :  Épouser  une  fille  en- 
ceinte. —  La  faire  épouser,  c'est 
donner  la  vache  et  le  veau.  — 
Animalisme.  «  Un  beau  jour, 
la  mère  s'aperçut  qu'elle  estoit 
grosse...,  elle  ne  fut  pas  mal  ha- 
bile; elle  trouva  à  qui  donner  la 
vache  et  le  veau.  »  (T.  des 
Réaux  ) 

VACHE  ESPAGNOLE  (par- 
ler FRANÇAIS  COMME  une)  :  Parler 
un  très-mauvais  français. 

Certains  néologistes  ont  ima- 
giné de  modifier  encore  cette  ex- 
pression qui  devient  alors  tout  à 
fait  dépourvue  de  sens  : — ((Incon- 
testablement, M.  B...  s'est  mon- 
tré habile...  sa  rhétorique,  com- 
me celle  de  M.  L...,  parle  un 
français  de  vache  enragée  et  pré- 
tentieuse. »  [Paris-Journal,  juil- 
let 72.)— Pour  s'expliquer  le  mot, 
il  faut  savoir  qu'on  a  dit  dans  le 
principe  :Par/er  comme  un  vacce 
espagnol,  par  allusion  aux  habi- 
tants des  provinces  basques  de 
l'Espagne  cédées  à  la  France 
(Bayonne  et  Mauléon),  qui  s'ex- 
primaient difficilement  en  fran- 
çais. On  disait  alors  vacce  pour 
basque.  On  a  dit  ensuite  vache 
pour  vacce,  ce  qui  n'est  plus  du 
tout  la  même  chose,  et  on  dit 
enfin  vache  enragée  pour  vache 


espagnole,  ce   qui  est  pis  en- 
core. 

Qu'on  se  moque  après  cela  des 
étymologistes! 

VACHERIE  :  Acte  entièrement 
bestial.  —  Bachaumont,  dans  le 
Constitutionnel  (juin  72),  nous 
donne  cet  exemple  du  mot  :  «  On 
s'étonnait  auprès  d'elle  de  sa 
liaison  avec  un  comédien  qui  la 
brutalise  et  la  ruine.  —  a  Que 
(i.  voulez-vous,  dit-elle,  c'est  de 
«  la  vacherie  1  » 

VACQUERIE  (aller  en)  :  Sor- 
tir pour  voler.  (Colombey.)  — 
Diminutif  de  vague. 

VA  DE  LA  BOUCHE  :  Goin- 
fre. —  ((A  ces  va  de  la  bouche, 
tu  faisais  l'œil  et  te  trouvais  heu- 
reux. »  (Monselet.) 

VADE  :  Attroupement.  (Vid.) 

VA  DE  RETRO  :  Arrière. 
—  Mot  à  mot  :  rétrograde,  retire- 
toi  !  —  Latinisme.  —  ((  A  la  bê- 
tise peinte  sur  leur  figure,  il  les 
a  reconnus.  Vade  rétro,  calicots.  » 
{A  propos  de  calicots.) 

VA  DONC!  :  Abréviation  de: 
Va  donc  te  promener!  —  «  Eh! 
va  donc,  grand  fade  !  »  (Ricard.) 
V.  Alle:ç  donc. 

VAGUE  (aller  au)  :  Rôder 
avec  la  résolution  de  voler  à  l'oc- 
casion. 

VAGUE  (coup  de)  :  Vol  à  la 
flan.  Son  auteur  est  dans  le  va- 
gue sur  le  butin  qu'il  en  pourra 
tirer. 


VAT 


-  358  - 


VED 


Un  soir  que  j'étais  dans  la  débine, 

Un  coup  de  vague  il  me  fallut  donner. 

Pour  travailler  j'  mis  au  plan  ma  ron- 
dine, 

Et  mes  outils  nous  fûmes  les  déplan- 
quer. (Halbert.) 

VAISSELLE  DE  POCHE  :  Ar- 
gent. —  On  ne  peut  pas  manger 
sans  celle-là.  (Debraux,  32.) 

VALADE  :  Poche  de  derrière 
d'un  habit.  (Vidocq.)  —  Du 
vieux  mot  avaler  :  descendre.  V. 
Litrer^  Tirer. 

VALSER  :  Fuir.  (Rabasse.) 

VALSER  :  Courir.  V.  Cheval. 

Faire  valser  :  Accabler  de 
coups.  —  «  Nous  ferons  valser 
les  Prussiens.  »  (Henry,  Ch.,  38.) 

VALTREU SE  :  Valise.— Chan- 
gement de  finale. 

VALTREUSIER  :  Voleur  de 
valise. 

VANNAGE  (faire  un)  :  a  Al- 
lécher par  un  petit  profit  l'hom- 
me qu'on  se  réserve  de  dépouil- 
ler. »  (Vidocq.)  —  Comparaison 
de  l'escroc  au  meunier  qui  lâche 
un  peu  d'eau  de  sa  vanne  pour 
faire  tourner  le  moulin. 

VANNER  :  S'en  aller.  (Ra- 
basse.) 

VANTERNIER  :  «  Le  vanter- 
nier  est  encore  une  variété  du 
cambrioleur.  Seulement,  au  lieu 
d'entrer  par  la  lourde,  il  préfère 
s'introduire  par  la  fenêtre.  »  (A. 
Monnier.)  V.  Venterne. 

VASE  NOCTURNE  :  Pot  de 
nuit.  —  «  Mais  un  vieux  taci- 
turne verse  le  contenu  d'un  vase 
nocturne.  »  (Bailly,  Ch.,  36.) 

VA-TE-LAVER  :  Correction. 


volée  de  coups. — Allusion  à  la 
nécessité  d'effacer  les  traces  san- 
glantes laissées  sur  ceux  qui  en 
sont  victimes.  —  «  Il  regardait  les 
gens,  tout  prêt  à  leur  adminis- 
trer un  va-te-laver.  »  (Zola.) 

VAUTOUR  :  Propriétaire  exi- 
geant et  dur.  —  Dès  i587,  on  lit 
dans  les  Contes  d'Eutrapel  : 
«  Vaultoursque  signifient  ils  au- 
tres que  les  avaricieux  qui, 
comme  ces  animaux  sont  aspres 
et  désordonnément  actifs  à  pos- 
séder les  biens  de  ce  monde.  » 
—  En  i8o6,  Désaugiers  donnait 
M.  Vautour  au  théâtre  des  Va- 
riétés. 

VEAU  :  Jeune  fille  de  joie,  con- 
damnée au  rôle  futur  de  vache. 
V.  Catégorie,  Vache.  —  «<  Veux- 
«  tu  souper?  —  Pas  avec  toi! 
«  s'écriait  la  femme,  X\\  sens 
((  l'ail!  »  Ce  à  quoi  Bressant  ré- 
pondait :  «  Cela  ne  t'arrivera 
«  jamais;  on  n'en  met  p;;s  dans 
«  le  veau!  »  (A.  WolfF,  65.) 

J'  rencontre  à  la  barrière 
Un  veau, 
Un  veau. 

{Chanson  populaire,  i  S40.) 

VÉCU  (avoir)  :  Avoir  expéri- 
menté la  vie.  —  «  Il  sav?  it  tant 
de  choses,  il  avait  vécu.  »  (La 
Cassagne.) 

VEDETTE  :  «  Qu'est-ce  que  la 
vedette?  C'est  la  faveur  ton  te  spé- 
ciale de  voir  son  nom  imprimé 
en  caractères  trois  fois  plus  gros 
que  celui  de  ses  camarades.  Les 
administrations  théâtrales  n'ac- 
cordent cette  faveur  qu'aux  ac- 
teurs et  actrices  qui  font  recet- 
tes. »  (De  Montépin.) 


YEN 


—  359  — 


VER 


VEINARD  :  Homme  ayant  ha- 
bituellement de  la  veine.  —  «  Il 
est  sorti  sain  et  sauf...  c'est  un 
veinard.  »  {Commentaires  de  Lo- 
riot, 69.) 

VÊLER  :  Accoucher.  —  Ani- 
malisme.  —  «  Une  paysanne  de 
la  Saintonge  était  sur  le  point 
de  vêler.  »  {Événement,  8  août 
75.) 

VÉLO  :  Postillon.  (Vidocq.) 
—  Abréviation  de  véloce. 

VÉLOCE  :  Poste  aux  chevaux. 
(Vidocq.)  —  En  vieux  français, 
véloce  veut  dire  vite.  Nous  avons 
conservé  vélocité. 

VÉLOCE  :  Vélocipède.— Abré- 
viation. 

VENDU  :  Remplaçant  mili- 
taire. 

VENT  ET  MOUSSE  :  Rien 
pour  toi  !  —  Vent  signifie  \c\pet. 
V.  Mousse. 

VENTERNE  :  Fenêtre.  —  Elle 
donne  accès  au  vent.  V.  Vanter- 
nier,  Pieu. 

VENTRE  (avoir  dans  le)  :  Être 
capable  de.  —  «  Ce  petit  Lu- 
cien n'avait  que  son  roman  et 
ses  premiers  articles  dans  le 
ventre.  »  (Balzac.)—  On  retrouve 
cette  locution  en  Orient  avec  le 
sens  de  penser.  —  «  Personne, 
même  son  ministre  le  plus  in- 
time, ne  sait  a  ce  que  le  maître 
a  dans  le  ventre,  »  pour  me  ser- 
vir d'une  locution  habituelle  à 
Harar.  »  {Revue  britannique,  Pre- 
mier pas  dans  l'Afrique  orien- 
tale, par  Burton,  année  56.) 

VENTRU  :  Député  conserva- 
teur. —  «  Les  centriers,  les  ven- 
trus et  les  satisfaits,  c'est-à-dire 


cette  espèce  ruminante  qui  vit 
en  tout  temps  à  l'auge  du  bud- 
get. »  (A.  Dumas.) 

VERBE  (solirsurle)  :  Acheter 
à  crédit.  (Vidocq.) —  Mot  à  mot  : 
acheter  sur  parole. 

VERONE  :  Pays.  —  «  J'ai 
roulé  de  vergne  en  vergne  pour 
apprendre  à  goupiner.  »  (Vi- 
docq.) 

VERMICHEL  :  Veine.  —  Allu 
sion  de  forme.  —  V.  Raisiné. 

VERMINE  :  Avocat.  (Vidocq.) 

—  Mot  de  condamné.  Les  avo- 
cats sont  par  métier  inséparables 
des  prévenus. 

VERRE  EN  FLEURS  :  «Cette 
tricherie  consiste  à  donner  au 
pigeon  ou  au  compère  un  jeu 
qui,  au  premier  abord,  semble 
assurer  la  vole,  mais  avec  lequel 
on  perd.  »  (Cavaillé.) 

De  là  l'expression  se  monter  le 
verre  en  fleurs,  pour  s'illusion- 
ner. —  Comparaison  ironique 
assez  heureuse  d'un  faux  espoir 
à  des  fleurs  fausses  qui  singent 
les  fleurs  vraies. 

VER  RONGEUR  :  Voiture 
prise  à  l'heure  pour  faire  des 
visites  qu'on  abrège  dans  le  but 
d'avoir  moins  à  payer  au  cocher. 

—  «  La  lorette  arrive  en  cabrio- 
let et  dit  en  entrant  :  «  Docteur, 
«  prêtez-moi  donc  de  quoi  ren- 
«  voyer  mon  ver  rongeur,  » 
(M.  Alhoy.) 

VERSAILLAIS,  VERSAIL- 
LAISE  :  Fidèle  au  gouverne- 
ment établi,  lorsque  son  siège 
fut  transféré  à  Versailles  pen- 
dant l'insurrection  de  la  Com- 
mune. —  «t  Après  avoir  dénoncé 
aux  communeux  son  mari  com-» 


VES 


—  36o  — 


VIE 


me  Versaillais  de  cœur.  »  (Le- 
lioux.) 

VERSIONNAIRE  :  Personnage 
faisant  métier  de  composer  en 
version  latine,  pour  les  candidats 
bacheliers  plus  riches  que  sa- 
vants. 

VERT  :  Campagne.  —  Origine 
chevaline.  —  On  se  met  au  vert 
comme  les  coursiers.  —  «  Nous 
partons  pour  Fontainebleau,  huit 
à  dix  jours  de  vert...  de  l'hy- 
giène. »  (E.  Villars.) 

VERTUBLEU!  VERTU- 
CHOU  !  :  Jurons  innocents.  — 
Si  nous  en  croyons  cet  exemple, 
il  paraît  que  la  vertu  n'y  est  pour 
rien.  On  a  commencé  par  dire 
vert  et  non  vertu.  —  «  Vert  et 
bleu  !  dist  frère  Jan,  il  me  des- 
plaist  grandement  qu'encores  est 
mon  estomac  à  jeun.  »  (Rabe- 
lais, Pantagruel,  livre  IV,  cha- 
pitre II.) 

Vertuchoux  équivaudrait  en 
ce  cas  à  vert  chou  (chou  vert). 

VESPASIENNE  :  Chaise  per- 
cée, couverte  et  ambulante.  On 
s'en  servit  dans  les  rues  de  Paris 
vers  1840.  —  «  La  Vespasienne 
parisienne  à  l'observateur  arrêté, 
offre  asile  et  commodité,  »  (Fes- 
teau.) 

VESSE  :  Peur.  (Dhautel.)  — 
On  connaît  son  action  sur  les 
intestins.  —  a  Dans  le  langage 
qu'affectionnent  les  collégiens, 
on  dit,  pour  avoir  peur  :  avoir  la 
vesse.  »  {U Intermédiaire.) 

^  VESTE  (  remporter  une  )  : 
Échouer.  —  Mot  à  mot  :  perdre 
les  pans  de  son  habit  dans  une 
fâcheuse  affaire. —  «  Dans  la  veste 


que  j'ai  remportée  dans  ria  guer- 
re contre  l'opérette.»  (A.  WolfF.) 
—  «  Jecrois  que  le  filou  qi:  i  comp- 
terait trop  sur  cette  robe  ne 
remporterait  qu'une  veste.  Vous 
savez  que  veste  est  synonyme 
d'insuccès.  »  (A.  Monnier.) 

VESTIGES  :  Légumes  secs. 
(Halbert.)  —  Mot  à  mot  :  légu- 
mes à  vesses.  On  connaît  leur 
effet  sur  les  intestins. 

VEUVE  :  Guillotine.  -  Elle 
voit  mourir  tous  les  hommes 
couchés  sur  elle.  —  a  Si  je  n'a- 
vais pas  eu  peur  de  la  vjuve,  je 
l'aurais  butté.  »  {Notes  d'un 
agent.) 

VIANDE  (montrer  sa)  :  Être 
en  toilette  décolletée.  Usitée  dés 
1808. 

VIAUPER  :  Faire  la  vie.  — 
a  Coupeau,  soûl  comme  une 
grive,  recommençait  à  viauper  et 
disait  que  c'était  le  chagrin.  » 
(Zola.) 

VICE  (avoir  du)  :  Être  ingé- 
nieux, malin.  —  «  A-t-il  du  vice 
ce  mâtin  de  Couturat!  »  (De 
Concourt.)  —  Nonore,  un  petit 
avorton  de  femme  qui  a  la  répu- 
tation d'avoir  du  vice.  {Ces  da- 
mes.) V.  Méchant. 

VICTOIRE  :  «  La  chemise , 
c'est  au  marché  Saint-Jacques, 
chez  mademoiselle  Victoire, 
qu'ils  (les  chiffonniers)  vont  la 
chercher.  Ils  l'appellent  du  nom 
de  la  marchande,  une  victoire. 
Elle  leur  coûte  dix  sous.  )  (Ber- 
thaud.) 

VIDANGE  (largue  en)  :  Fem- 
me en  couches. 


VIN 


—  36i  - 


VIS 


VIE  (faire  la)  :  Mener  une  vie 
débauchée  (08). 

VIE  (faire  une):  Faire  une 
vie  de  Polichinelle.  (Abrév.) 

VIE  DE  POLICHINELLE  :  Vie 
tapageuse.  Polichinelle  est  un 
type  de  bambocheur  effréné. 

VIEILLE  :  Vieille  eau-de-vie. 

—  «  J'en  distinguai  trois  qui  dé- 
gustaient des  carafons  de  vieil- 
le. »  (Marx.) 

VIEILLE  :  Vieille  garde  de  Na- 
poléon I".  —  «  Un  vieux  soldat 
de  la  vieille  garde;  le  vieux  de 
la  vieille,  comme  on  dit.  »  (Bal- 
zac.) 

VIEILLE  (ma)  :  Mon  vieil  ami. 

—  «  Eh  bien  !  Raoul,  ma  vieille, 
comment  que  ça  va?  •  (Jaime.) 

—  L'emploi  du  féminin  a  sans 
doute  paru  plus  tendre. 

VIEUX  :  Entreteneur,  amant 
d'un  âge  mûr.  —  Une  caricature 
de  i83o  porte  cette  légende  :  «  A 
qui  qu' c'est  donc,  ces  bottes-là, 
Angélina.'  c'est-y  vot' vieux  qu'a 
des  éperons  comme  ça?  » 

VIGNES  (être  dans  les)  :  Être 
ivre.  Abréviation.  —  a  On  dit 
d'un  homme  ivre  :  Il  est  dans  les 
vignes  du  Seigneur.  »  (Dhau- 
tel,  08.)  —  «  C'est  pas  être  un 
homme  que  d'être  toujours  dans 
les  vignes.  »  (Balzac.) 

VILLOIS  ;  Village.  —  Vieux 
mot.  V.  Rebâtir. 

VIN  DE  Q.UATRE  COU- 
LEURS :  «  On  donne  aux  vins 
épais  du  Midi,  à  Bordeaux,  le 
nom  de  vin  de  quatre  couleurs, 
c'est-à-dire  qu'additionnés  de 
quatre  fois  leur  volume  de  vin 
blanc,  presque  incolores,  ils  font 


encore  les  délices  des  bourgeois 
de  Paris,  sous  le  nom  fallacieux 
de  Saint-Julien,  Médoc.  »  (L7«- 
termédiaire,  n»  124.) 

VINGT-DEUX:  Couteau. (Hal- 
bert.) 

VIOLON  :  Prison  de  poste  où 
sont  menés  les  gens  arrêtés,  en 
attendant  l'interrogatoire  du  com- 
missaire. —  Vieux  jeu  de  mots 
qui  date  du  temps  où  c'était  l'dEr- 
cher  qui  vous  conduisait  au  vio- 
lon. —  «  On  appelle  violon,  à 
Paris,  une  prison  que  chaque 
section  a  dans  son  enceinte  pour 
enfermer  ceux  qu'on  arrête  la 
nuit  et  qui  sont,  le  lendemain, 
transférés  dans  une  maison  d'ar- 
rêt. »  [A Imanach des  Prisons,  g'j.) 

Sentir  le  violon  :  devenir  mi- 
sérable. (Vidocq.)  —  On  met  au 
violon  les  vagabonds. 

VIOQUE  :  Vieux.  —  Change- 
ment de  finale.  V.  Flacul. 

VIOQUE  :  Vie.  —  a  Quelle 
vioque  je  ferais  avec  mon  fado 
de  carie.  »  (Balzac.) 

VIRGULE  :  Cicatrice.  —  Allu- 
sion  de  forme.  —  «  Un'  balle  m' 
rase  le  front.  Ça  m'a  fait  une  vir- 
gule. »  {Le  Gamin  de  Paris j 
ch.,  184.) 

VIS-A-VIS  :  Un  des  deux  cou- 
ples nécessaires  pour  danser  le 
quadrille.  —  «  Le  vis-à-vis  de  ces 
deux  danseurs  était  non  moins 
ignoble.  «  (E.  Sue.) 

VISAGE  DE  BOIS  :  Porte  fer- 
mée. —  «  Fontenay  Coup-d'Épée 
n'en  fit  que  rire,  et  il  retourne, 
mais  il  trouve,  comme  on  dit, 
visage  de  bois.  »  (Tallemant  des 
Réaux.) 


VOI 


302 


VOL 


VISAGE,  GROS  VISAGE,  VI- 
SAGE SANS  NEZ  :  Derrière.  — 
Allusion  aux  rondeurs  qui  font 
l'office  de  joues.  V.  Borgne. 

VISE  AU  TRÈFLE  :  Apothi- 
caire infirmier.  Mot  à  mot  ;  vise 
à  l'anus. 

VITELOTTE  :  Nez  rouge  et 
tuberculeux  comme  la  pomme 
de  terre  de  ce  nom. 

VITRE  :  Lorgnon.  —  a  Le  pe- 
tit A.  de...  a  l'oeil  éteint  derrière 
sa  vitre.  »  {Vie parisienne.) 

VITRIERS  :  Chasseurs  de  Vin- 
cennes.  —  Ils  portèrent  d'abord 
des  sacs  en  cuir  verni  reluisant 
au  soleil  comme  les  pièces  de 
verre  que  les  vitriers  portent  sur 
leur  dos. 

VITRIOL  :  Eau-de-vie.  —  Al- 
lusion à  ses  effets  corrosifs  sur 
les  estomacs  alcoolisés,  a  II  l'ac- 
cusait de  faire  sa  Sophie  devant 
le  vitriol.  »  (Zola.) 

VLAN  (avoir  du)  :  Avoir  l'é- 
lan et  l'imprévu  que  caractérise 
l'adverbe.  —  «  On  ne  dit  plus 
avoir  du  chien,  on  dit  avoir  du 
v'ian.  »  {Figaro,  nov.  67.) 

VOIR  EN  DEDANS  :  Être  ivre. 
—  Allusion  à  l'air  extatique  de 
certains  ivrognes.  V.  Cocarde. 

VOIR  LA  LUNE  :  Perdre  son 
innocence.  —  «  Une  femme  qui 
a  vu  la  lune  et  qui  est  travail- 
leuse, vaut  mieux  qu'un  fei- 
gnant. »  (Zola.)  V.  Lime. 

VOIR  TRENTE-SIX  OU 
TRENTE-SIX  MILLE  CHAN- 
DELLES :  Recevoir  à  la  tête  un 
de  ces  coups  qui  semblent  illu- 
miner le  cerveau  de  mille  lueurs 


subites,  comme  celles  des  pièces 
d'artifices  dites  chayidelle^  romai- 
nes. On  n'ajoute  guère  le  mot 
romaine,  m2i\s  l'usage  pri  nitif  de 
cette  finale  nous  livre  l'éivmolo- 
gie.  «J'avoue  que  ce  soulilet  m'a 
fait  voir  trente-six  chanc; elles.  » 
(Cam.  Desmoulins,  90.) 

VOIRIE  :  Homme  ou  femme 
méprisable.  Mot  à  mot  :  digne 
d'être  jeté  à  la  voirie.  —  «  Va- 
t'en  donc,  vilaine  voirie,  vierge 
de  la  rue  de  la  Tannerie.  {Caté- 
chisme poissard,  44.) 

VOITE  :  Voiture.  (Hilbert.) 
—  Abréviation. 

VOLAILLE  :  a  Élève  des  éta- 
blissements préparatoires  de  Ver- 
sailles qui  injectent  de  science 
etd'histoire  les  aspirantsà  l'École 
de  Saint-Cyr.  Il  a  un  uniforme 
prodigieusement  militaire,  des 
éperons,  des  brides  d'épaalettes 
et  une  cravache.  —  Lesccriscrits 
lui  portent  les  armes.» — (  Quel 
est  le  département  qui  ne  fournit 
son  contingent  d'aspin  nts  à 
l'École  spéciale  militaire,  ce 
grand  et  immortel  bahut!...  A 
Versailles,  c'est  l'amaraite  ou 
jonquille  volaille  échappée  des 
poulaillers  de  Barthe  et  liuron; 
à  Paris,  c'est  le  cornichon  extrait 
des  bocaux  de  Barbet,  Loriol  et 
autres;  à  la  Flèche,  c'est  le  ba- 
taillon des  purs  enfants  de  Bru- 
tium;  dans  tous  les  lycées,  le 
bouillant ;70f  à  chien.D  (L(jubet.) 

VOLAILLE  :  Prostituce  vo- 
leuse. —  Jeu  de  mots.  —  x  Sau- 
ve-toi donc,  maudite  ca rogne, 
vilaine  volaille  à  ivrogne,  »  s'é- 
crie une  poissarde  dans  le  Caté' 
chisme  poissard,  où,  quelq  ues  li- 
gnes plus  haut,  il  est  déjà  repro- 


Vol 


-  363  - 


VRi 


ché  à  une  femme  de  voler   les 
hommes  soûls. 

VOLAILLON  :  Mauvais  vo- 
leur. (Rabasse.) 

VOL-AU-VENT  (avoir  une 
écrevisse  dans  le),  DANS  LA 
TOURTE  :  Avoir  la  tête  déran- 
gée. —  Le  vol-au-vent  représente 
la  tête,  et  l'écrevisse,  la  folie.  — 
«  Ce  fils  de  propriétaire  a  une 
écrevisse  dans  le  vol-au-vent.  » 
(Alm.  du  Hanneton,  67.) 

VOL-AU-VENT:  Plume.  (Vi- 
docq.) 

VOLANT: Manteau.  (Vidocq.) 

—  Il  vole  volontiers  au  vent. 

VOLANT  :  Volaille,    oiseau. 

—  L'acte  est  pris  pour  l'acteur. 

VOLÉ  (être)  :  Être  trompé 
dans  son  attente. —  Capelle,  dans 
ses  Contes  (i8i8),fait  dire  à  Ri- 
chelieu, près  duquel  une  fille 
d'Opéra  s'était  fait  passer  pour 
une  paysanne  :  «  Grands  dieux! 
je  suis  volé!»  —  a  Un  homme 
vole  une  femme  galante  lorsqu'il 
ne  lui  donne  pas  une  somme 
promise.  L'homme  est  au  con- 
traire voléy  lorsque  la  femme  ne 
lui  a  laissé  que  du  désenchante- 
ment. »  (Cadol.) —  Un  voleur  se 
dira  volé,  s'il  trouve  peu  de 
butin. 

VOLEUR  AU  CROQUANT. 
V.  Grinche  de  cambrouse. 

VOLTAIRIEN  :  Partisan  des 
idées  antireligieuses  de  Voltaire. 

—  «  Le  bourgeois  voltairien 
laisse  insulter  le  prêtre.  »  (S.  de 
Wœstyne,  75.) 

^  VOLTIGEUR  DE  LOUIS  XIV  : 
Émigré  rétabli  par  la  Restaura- 
tion sur  les  cadres  de  l'armée. — 


«  Cet  ennemi  personnel  de  Téga- 
lité,  ce  détracteur  narquois  de 
notre  révolution...,  ce  voltigeur 
de  Louis  XIV.»  (E.  Augier.) 

VOUZAILLES  :  Vous.  V.  Ra- 
vignolé. 

VOYAGE  AU  LONG  COURS: 
Bagne.  (Stamir,  67.)  Allusion  à 
la  traversée  de  Cayenne  et  à  la 
durée  de  la  peine. 

VOYOU,  VOYOUTE  :  Gamin, 
gamine,  vagabondant  sur  la  voie 
publique.  Par  extension,  voyou 
se  dit  de  l'homme  qui  a  tous  les 
vices  du  peuple  sans  en  avoir  les 
qualités.  —  «  Le  gamin  de  Paris 
est  accessible  à  tous  les  bons 
sentiments.  Le  voyou  de  Paris 
possède  tous  les  vices.  »  (A.  de 
Gaston.) 

«  C'est  un  vrai  voyou.  Quel 
voyou  !  »  Se  dit  d'homme  de 
tout  âge  et  de  toute  classe,  cra- 
puleux de  terme  ou  de  conduite. 

VOYOUGRATE  :  Partisan  de 
la  voyoucratie. 

VOYOUCRATIE  :  Despotisme 
de  la  dernière  classe  du  peuple 
sur  les  autres  classes.  Mot  à 
mot  :  aristocratie  du  voyou.  — 
«  Je  le  dis  sans  crainte,  que 
MM.  les  journalistes  de  la  Presse 
voyoucratique  m'appellent  presse 
immonde.  »  (J.  Richard,  28  août 
72.) 

VRAI  :  Homme  véritable  ;  c'est- 
à-dire  vraiment  digne  dece  nom. 
—  «  Eh  bien  !  vous  n'êtes  pas  un 
traqueur,  vous,  à  la  bonne  heu- 
re! Vous  êtes  un  vrai.  Permet- 
tez-moi de  vous  donner  la  main!» 
[Figaro,  mai  75.) 

VRILLE  (voleur  à  la)  :  «  Vo 


ZEP 


—  064 


ZIG 


leur  pénétrant  dans  les  maisons 
en  pratiquant  aux  volets  une  ou- 
verture carrée  à  l'aide  de  quatre 
trous  de  vrille  entre  lesquels  il 
fait  jouer  une  scie  très-fine.  « 
(Canler.) 

WALK-OVER  :  ce  Littérale- 
ment promenade  dessus.  L'acte 
de  parcourir  la  piste  seul,  faute 
de  concurrents.  »  (Parent.)  Angl. 
Argot  de  courses. 


WALLACE  :   Eau  des  fontai- 
nes publiques  données  généreu- 
sement par  sir  Richard  Wallacc 
à  la  ville  de  Paris. 
Comme  ils  adorent  boire  à  la  fraîche,  à 
[la  glace, 
Ils  s'ingurgitent  du  Wallace. 
(Richepiii.) 

WELSHER  :  «  Parieur  de 
courses  qui  a  pour  règle  de  s'es- 
quiver s'il  perd.  ]»  (Parent.)  Angl. 


X  :  Secret.  —  En  mathémati- 
ques, X  représente  l'inconnu.  — 
«  On  cherche  l'X  du  cœur.  » 
(Texier.) 

X  :  Calcul.  —  «  Depuis  l'année 
40,  le  fort  en  X  est  en  proportion 
constante.  »  [Les  Institutions  de 
Paris.) 


X  (tête  à)  :  Tête  organisée 
pour  le  calcul.  — Calembour  sur 
la  formule  qu'on  prononce  thêta 
Xj  employée  en  mathématiques. 
—  «  L'ancien  est  évidemment  une 
tête  à  X.  »  (La  Bédollière.) 

X  :  Polytechnicien.— Allusion 
aux  connaissances  mathémati- 
ques exigées  pour  entrera  l'école. 


YANKEE  :  Américain.  — 
«  Parbleu!  tous  les  yankees  s'ap- 
pellent Atkins,  s'écria  M.  Jules.» 
(Du  Boisgobey.) 


YEARLING  :  Poulain  d'un  an. 
(Parent.)  Angl. 

YOUTE,  YOUTRE  :  Juif. — 
Germanisme. 


z 


ZÉPHIR  :  «L'infanterie légère 
d'Afrique,  dont  les  hommes  sont 
généralement  désignés  sous  le 
nom  de  zéphyrs,  »  (Gandon.) 


ZIP  :  Marchandise  imagiraire. 
\'.  Solliceur. 

ZIG,    ZIGUE    :    Compagnon, 


ZIN 


365  - 


ZUT 


ami.  —  «  Entrez,  entrez,  nous 
sommes  tous  ici  de  bons  zigues.  » 
(Monselet.)  --  «  Je  suis  un  bon 
zig,  il  a  l'air  d'un  bon  enfant, 
nous  nous  entendrons.  »  (Mon- 
tépin.) 

ZIGUE  :  Finale  ajoutée  arbi- 
trairement à  certains  mots;  «Ca- 
vale tezigue  vers  mezigue  :  Ca- 
vale-toi  vers  moi.  »  (Paillet.) 

ZINC  :  Argent  monnayé.  — 
C'est  une  variante  de  métal  (ar- 
gent). V.  Fusil  de  toile. 

ZINC,  ZING  :  «  On  ne  dit  plus 
chic,  à  ce  qu'il  paraît.  C'est  ro- 
coco.  C'est  bourgeois.  Et  quand 
une  femme  a  du  genre  et  de 
l'élégance,  on  dit  qu'elle  a  du 
zing.  »  {Événement,  i8  août  66.) 
—  «  Une  toilette  par  exemple... 
pourrie  de  zing  et  persillée  de 
chien.  »  {Vie parisienne,  66.)  — 
Acception  figurée  de  -fz«c  ;  ar- 
gent. 


ZINC  :  «  Se  dit  principalement 
des  chanteurs  dont  la  voix  est 
métallique  et  solide.  lladu:{înc 
s'applique  également  aux  acteurs 
en  tous  genres  qui  possèdent  un 
organe  sonore.  »  (J.  Duflot.) 

ZINC  (sur  le)  :  Sur  le  comp- 
toir du  marchand  de  vin.  Allu- 
sion au  métal  qui  le  recouvre. 
Quand  avec  leszigs,  sur  eul'  zinc, 
J'ai  pas  d'  braise  pour  m'  fend'  d'un  li- 
[tre. 
(Richepin,  77.) 

ZOUZOU  :  Zouave.  —  Abré- 
viation redoublée.  —  «  Ils  ne 
ressemblent  en  rien  aux  zouzous 
qu'on  voit  sur  les  boulevards.  » 
(J.  Noriac.) 

ZUT  :  Non.  —  «  Zut  et  bran 
pour  eux.  »  (P.  Borel,  33.)  — 
«  Ah  ben!  non,  zut!...  du  flan! 
Je  ne  veux  pas  rester  à  côté  d'A- 
dolphe. »  (Jaime.) 


FIN. 


SUPPLÉMENT 


Les  dix-huit  mois  consacrés  à  l'impression  de  cette  édition  nouvelle  ont 
rendu  un  supplément  nécessaire.  Celui-ci  contient  :  !<>  des  mots  nouveaux  ou 
"^mis;  20  des  exemples  justificatifs  qui  nous  manquaient;  3o  des  rectifications 
d'erreurs. 

Les  additions  et  rectifications  sont  précédées  d'une  astérisque  renvoyant  au 
mot  déjà  défini  dans  le  corps  du  dictionnaire. 

La  plupart  des  additions  ont  été  relevées  dans  YAbattoir  de  M.Zola  (1877) 
et  dans  le  Sublime  (1872),  qui  offrent  deux  spécimens  très-vrais  du  langage 
figuré  dans  le  peuple  parisien. 


ABATTAGE  :  Sévère  répri- 
mande. «  Le  patron  est  un  bon 
garçon;  il  avait  raison  de  lui 
f..tre  un  abattage.  »  {Le  Su- 
blime.) 

•ABOMINER  :  Vieux  mot  em- 
ployé déjà  par  Marot. 

•ACHATE  :  Vieux  mot.  On 
l'écrivait  acate;  on  a  même  dit 
acatesse  pour  amitié. 

AMBULANTE  :  Raccrocheuse. 

—  Elle  est  ambulante  par  métier. 

—  «  Les  ambulantes  sont  là  qui 
ne  demandent  pas  mieux.  »  {Le 
Sublime.) 

ANDERLIQ.UE  :  Tonneau  de 
vidange,  V.  Bonbonnière. 

A\ GLAISE   (pisser  à  V)  :  S'é- 
loigner sous  prétexte  d'un  besoin  j 
et  ne  pas  revenir.  «  Elle  avait 
demandé  à  son  vieux  trois  sous 


pour  un  petit  besoin  et  le  vieux 
l'attendait  encore.  Dans  les  meil- 
leures compagnies,  cela  s'appelle 
pisser  à  l'anglaise.  »  (Zola.) 

ANGLAISES  :  Cabinet  d'ai- 
sances, monté  à  l'anglaise. 

ARCASINEUR  :  «  Ce  mot  dé- 
signe dans  l'argot  parisien  les 
mendiants  à  domicile.»  (Figaro, 
77.)—  Acception  nouvelle  d'un 
mot  déjà  connu.  V.  Arcasien. 
(Dict.) 

•ATTAQUE  (d')  :  «  Coupeau 
marchait  de  l'air  esbroufteur 
d'un  citoyen  qui  est  d'attaque.  » 
(Zola.) 

ATTIGNOLES  :  Tripes  à  la 
mode  de  Caen.  —  a  Nous  nous 
empâtons  quéqu'  fois  de  sau- 
cisses et  d'attignoles.  »  (Riche- 
pin.) 

"ATTRIMER  :«Des  habits!  Il 
les  faut  attrimer.»  (La  Comédie 
des  Proverbes,  17 14.) 


BÉG 


B 


-  368  - 


BLA 


BACKER  :  a  C'est  l'opposé  du 
bookmaker.  Il  ne  parie  que  pour 
un  cheval.  »  (Parent).  Anglica- 
nisme. 

"BAHUTER  :  S'est ditautrefois 
pour  plaisanter ,  s'amuser.  — 
c(  Philippin,  à  quel  jeu  jouons- 
nous  de  bon  ou  pour  bahuter?  « 
{La  Comédie  des  Proverbes, 
1714.) 

BALOTS  :  Lèvres.  V.  Benoit. 

BANC  DE  TERRE-NEUVE  : 
Partie  des  boulevards  comprise 
entre  la  Madeleine  et  la  porte 
Saint- Denis.  —  Allusion  aux 
morues  (V.  ce  mot)  qu'on  y  va 
pêcher.  On  dit,  pour  abréger,  le 
banc.  —  a  Quand  on  s'ennuie, 
on  dit  :  Viens-tu  au  banc  faire 
un  tour?»  (Le  Sublime.) 

BANNIÈRE  :  Se  dit  de  la  che- 
mise gardée  pour  tout  vêtement. 
«  Elle  rabattait  le  pan  de  devant. 
Ça  c'est  la  bannière,  dit-elle.  » 
(Zola.) 

BATH  (être)  :  Être  arrêté.  — 
Ironie.  V.  Pincettes. 

'  BATTERIE,  BATTRE  :  Du 
vieux  mot  baster  :  tromper. 

*  BAVE^^  :  «  On  pouvait  baver 
sur  leur  compte,  lui  savait  ce 
qu'il  savait.  »  (Zola).  —  Baver, 
toujours  pris  en  mauvaise  part, 
est  plus  une  acception  figurée  de 
baver  qu'une  abréviation  de  ba- 
varder, comme  je  l'ai  cru  d'a- 
bord. 

BÉCASSE  :  Machine  à  va- 
peur.—  (c  II  dit  que  c'est  vexant 
de  conduire  une  bécasse.  »  {Le 
Sublime.) 


BÉDOUIN  :  Grec.  «  Les  sept 
mille  Grecs  de  France  se  divisent 
en  cinq  catégories  dont  les  noms 
font  presque  tous  allusion  à  la 
Grèce  (ou  graisse).  Voici  ces 
néologismes  de  réqui\oque- 
losuiffards;  2»  graisseurs;  3»  bé- 
douins; 4»  grecs;  5°  philoso- 
phes. »  {Figaro,  76.) 

BENOIT  :  Souteneur.  —  «  Les 
Benoits  toujours  lichen  t  et 
s'  graissent  les  balots.  »  (Riche- 
pin,  77.) 

BIBELOTTER:  Composer, 
machiner.  —  «  Il  dessine  eu  bi- 
belotte  une  invention  qui  so  iivent 
réussit.  »  {Le  Sublime.) 

*BIFFIN  :  Il  est  à  noter  qu'en 
dialecte  champenois  ,  biffe  veut 
dire  chiffon. 

BISMARQUER  :  S'approprier 
par  tous  les  moyens.  —  «  Le 
portugais  possède  à  un  haut 
degré  la  faculté  si  précieuse  de 
s'approprier  des  locutions  étran- 
gères, de  croître  et  de  se  déve- 
lopper comme  un  organisme 
vivant.  M.  Latouche  cite  1j  mot 
français  bismarquer,  bien  o  )nnu, 
paraît-il  ,  de  ses  lecteurs  an- 
glais. »  {Bibliothèque  wiiver^elle 
et  Revue  suisse,  1877.) 

BLAFARD  :  Pièce  d'argent. 
Allusion  de  blancheur.  —  ce  Un 
écu  flambant  neuf!  Un  blafard 
de  cinq  balles.  »  (Richepin,  77.) 

BLAGUE:  S'il  fallait  remonter 
au  delà  de  1808,  date  de  notre 
plus  ancien  exemple,  nou^  se- 
rions presque  tenté  de  voir  dans 
blague  une  foime  intervertie  de 
l'ancien  catalan  bagol  qui  ;i  fait 
notre  bagou.  Le  sens  est  le  même 
et  les  cas  d'interversion  ne  sont 
pas  rares. 


BOU  —  369  —  CAR 

minutif  de  bousin.  —  «  On  alla 
à  la  Puce  qui  renifle,  un  petit 
bousingot  où  il  y  avait  un  bil- 
lard. »  (Zola.) 

•BRANCHE  :  Peut  venir  aussi 
du  vieux  mot  branché  :  compa- 
gnon associé  dans  une  affaire. 

BRIDE,  Vieille  bride  :  Objet 
de  rebut.  —  Le  premier  mot  est 
une  abréviation.  —  «  Comment 
une  bride  de  son  espèce  se  per- 
mettait de  mauvaises  manières 
à  l'égard  d'un  camarade.»  (Zola.) 
—  «  Entendez-vous,  vieille  bride, 
de  l'eau,  c'est  bon  pour  éteindre 
le  feu.  »  (Le  Sublime.) 


3LEU  :  Stupéfait.  Mot  à  mot  : 
congestionné  de  stupéfaction. 
«  Le  lendemain  il  en  était  bleu 
quand  il  a  vu  la  figure  de  sa 
femme.  »  {Le  Sublime.) 

'  BLOUSER  :  Tromper  :  Dans 
le  Nord,  on  dit  bleusse  ^o\xv men- 
songe. 

BŒUF  :  Roi  de  jeu  de  cartes. 
Allusion  à  sa  rotondité.  V.  Bor- 
gne. 

BOITE  :  Atelier.  V.  Confre- 
coup. 

BONBONNIÈRE  :  Tonneau  de 
vidange.  Ironie.  —  «  J'étais  pour 
la  réparation  des  bonbonnières 
et  des  anderliques.  »  (Le  Su- 
blime.) 

BONDIEUSARDERIE  :  Cago  - 
tisme,  —  «  Il  faut  supprimer 
comme  entachées  de  bondieu- 
sarderie  (c'est  leur  mot)  les  rues 
de  l'Abbaye,  de  l'Abbé-de-l'Épée, 
etc.  »  {Figaro,  76.) 

BON  ENDROIT  :  Derrière. 
Ironie.  «  Elle  reçut  un  maître 
coup  de  soulier,  juste  au  bon 
endroit.  »  (Zola.) 

BONDIEUSERIE  :  Commerce 
d'objets  de  dévotion.  Objet  de 
dévotion. 

BOOK  :  Livre  de  courses,  com- 
binaison de  paris.  (Parent.)  An- 
glic. 

BORGNE  :  As.  —  Il  est  uni- 
que. —  «  Quinze  et  cinq,  trois 
borgnes,  trois  bœufs,  tierce  ma- 
jor dans  les  vitriers,  trois  colom- 
bes. »  {Le  Sublime.) 

•BOULER:  Tromper.  —  Du 
vieux  mot  boule  :  Tromperie^ 
astuce. 

BOUSINGOT  :   Cabaret.    Di- 


•  BRIMER.  En  dialecte  poite- 
vin brimer  a  le  sens  analogue  de 
rendre  malade. 

BUEN  RETIRO  :  Se  prend 
ironiquement  pour  Water  closet. 
—  «  Une  dame  sortant  d'un  buen 
retiro  à  quinze  centimes.»  (Fz- 
garo,  76.)  —  Hispanisme. 


CABOCHARD  :  Tête.  —  Aug- 
mentatif de  Caboche.  V.  Rien. 

'  CABOULOT  -.Vieux  mot  qui 
a  signifié  d'abord  cabane,  puis 
ginguette. 

CAMARO  :  Camarade.  — 
Abréviation.  —  «  Amusez-vous. 
Je  reste  de  cœur  avec  les  cama- 
ros.  »  (Zola.) 

•CARAPATA  :  Déformation 
du  mot  court  à  pattes.  —  Pour 
comprendre  son  étymologie  il 
faut  se  reporter  à  carapater.  Le 
carapata  court  à  pattes  en  effet. 
Allusion  au  va-et-vient  qu'il  exé- 


CHI 


—  370  — 


COM 


cute  en  appuyant  sur  sa  perche 
pour  faire  avancer  son  bateau. 
De  même  dans  l'artillerie,  les 
servants  achevai  appellent  co«r^- 
à-pattes  un  servant  à  pied. 

CARAPATER  :  Courir.  Mot  à 
mot  :  courir  à  pattes.  —  «  Dans 
mon  Paris  j'carapate  comme  un 
asticot  dans  un  mort.  »  (Riche- 
pin,   77.) 

CARREAUX  BROUILLÉS  : 
Maison  de  tolérance  de  dernier 
ordre.  —  Les  fenêtres  sont  dé- 
polies par  ordre  de  police.  — 
«  11  va  aux  carreaux  brouillés. 
C'est  son  pain  quotidien.  »  {Le 
Sublime.) 

CASSE-GUEULE  :  eau-de-vie 
de  première  force.  —  Elle  em- 
porte la  bouche,  comme  on  dit 
familièrement.  —  a  Elle  regarda 
ce  que  buvaient  les  hommes,  du 
casse-gueule  qui  luisait  pareil  à 
de  l'or.  »  (Zola.) 

CASSIN  :  Petite  maison,  petite 
boutique.  —  Abréviation  de  cas- 
sine.  —  «  Il  est  bien  avec  la 
bourgeoise  du  cassin,  il  a  l'œil 
là  dedans.  »  {Le  Sublime.) 

CAUCHEMARDER  (se)  :  S'in- 
quiéter, se  tourmenter.  —  «Hein  ! 
est-elle  assez  canulante  !  Il  faut 
qu'elle  se  cauchemarde.  »  (Zola.) 

CHENILLON  :  Avorton.  Di- 
minutif de  chenille.  —  «  Veux-tu 
décaniller  de  là,  bougre  de  che- 
nillon!  »  (Zola.) 

C  H  EU  LARD  :  Licheur,  for- 
me intervertie  de  léchard,  li- 
chard.  —  «  Ah  !  les  cheulards! 
dit-il...  J'ai  senti  ça.  Hein?  Qu'est- 
ce  qu'on  mange?  »  (Zola.) 

CHIBIS  (faire),  Voir  M.  CM- 
bis  :  s'évader.  V.  l'Introduction . 


CHIEN  DE  FUSIL  (se  tenir  en)  : 
Se  replier  sur  soi-même.  — «  Sur 
le  tas  de  paille,  Gervaise,  toute 
habillée,  se  tenait  en  chie  i  de 
fusil.  »  (Zola.) 

"CHIQUER  (Manger)  est  un 
vieux  mot.  Mot  à  mot  il  signifie 
a  mettre  en  morceaux.  »  Ce  sens 
est  resté  dans  déchiqueter. 

CHOUFLIQUÉ  :  Mal  fait.  Mot 
à  mot  :  saveté.  De  l'allemand 
schujlick  :  savetier.  —  «  C'est  lous 
des  bons  à  rien.  Comme  c'est 
choufliqué,  saboté!  »  {Le  Su- 
blime.) 

COCARDE  :  Excès  de  boisson. 
Il  rougit  et  bleuit  le  visage  comme 
une  cocarde.  —  «  On  était  bien 
venu  à  lui  reprocher  une  cocarde 
prise  de  temps  à  autre.  »  (Zola.) 

COCARDER  :  Avoir  sa  cocarde. 
V.  ce  mot.  —  a  On  était  gai. Il  ne 
fallait  pas  maintenant  se  cocar- 
der.  »  (Zola.) 

COCO  (monter  le)  :  Monter  la 
tête,  exciter.  — «  Ça  te  chatciiille 
les  belles  frusques.  Ça  te  monte 
le  coco.  »  (Zola.) 

CŒUR  (par)  :  Pour  mémoire; 
ironie.  —  «  Dîner  par  cœur,  c  est 
dîner  en  esprit,  immatérielle- 
ment,  c'est-à-dire  négativement.» 
V.  ^anse  devant  le  buffet, 

COLOMBE  :  Reine  de  jeu  de 
cartes.  C'est  aussi  un  mot  fami- 
lier pour  désigner  une  femme 
aimée.  V.  Borgne. 

COMÉDIE  (envoyer  à  h)  : 
Faire  chômer.  —  Quand  on  va 
au  théâtre  on  ne  travaille  pas.  — 
«  C'est-y  pas  vexant  d'envoyer 
comme  ça  les  ouvriers  à  la  co- 
médie! »  {Le  Sublime.) 


cou 


-371 


DAN 


CONTRE-COUP  :  Contre- 
maître. —  «  C'est  vous  qu'êtes  le 
contre-coup  de  la  boîte.  »  (Le 
Sublime.) 

•COR  BEAU:  Se  prend  aussi 
pour  prêtre  en  général.  —  a  Six 
francs  !  le  prix  d'une  messe  à  l'au- 
tel des  pauvres.  Certes,il  n'aimait 
pas  les  corbeaux.  »  (Zola.) 

COTON  (donner  du)  :  Donner 
de  la  peine.  —  «  Ça  ne  fait  rien, 
il  lui  a  donné  du  coton.  »  (Le 
Sublime.) 

COULE  (mettre  à  la)  :  Mettre 
au  courant.  —  «  Ça  commence  à 
venir.  On  les  a  mis  à  la  coule.  » 
(Le  Sublime.) 

COULER  DOUCE  (la)  :  Vivre 
sans  souci,  couler  une  douce 
existence.  — «La  vérité  est  qu'il 
la  coulait  douce.  »  (Zola.) 

COULEUR  (être  à  la):  Être 
convenable,  faire  bien  les  choses. 
—  «  Vous  n'êtes  pas  rat,  vous 
êtes  chouette  et  à  la  couleur.  (Le 
Sublime.) 

COUP  DE  BOUTEILLE 
(avoir  son)  :  Être  ivre.  —  «  Il 
avait  son  coup  de  bouteille 
comme  à  l'ordinaire,  »  (Zola.) 

COUP  DE  MARTEAU  :  Folie. 
On  sous-entend  :  Coup  de  mar- 
teau sur  la  tête.  —  «  Elle  finit 
par  oser  lui  parler  de  son  coup 
de  marteau,  surprise  de  l'enten- 
dre raisonner  comme  au  bon 
temps.  »  (Zola.) 

COUP  DE  SIROP  (attraper 
un)  :  Se  soûler.  —  «  S'il  a  attrapé 
un  coup  d3  sirop,  c'est  que  le 
torchon  brûlait.  [Le  Sublime.) 

COURT-A-PATTES  :  Artil- 
leur à  pied,  H  va  sans  dire  que 


c'est  un  terme  inventé  par  l'ar- 
tilleur à  cheval. 

CRANER  :  Faire  le  crâne,  po- 
ser. —  «  Sans  chercher  à  crâner 
il  entendait  agir  en  homme  pro- 
pre. »  (Zola.) 

CREVAISON  :  Mort.  Anima- 
lisme.  —  «  Le  long  du  corridor, 
il  y  avait  un  silence  de  crevai- 
son. »  (Zola.) 

Faire  sa  crevaison  :  Mourir. 

CRIN  :  Homme  irritable  ou  ir- 
rité. Mot  à  mot  :  raide  et  pi- 
quant comme  le  crin.  —  «  Tous 
les  trois  restaient  pareils  à  des 
crins,  avec  de  la  haine  plein  les 
yeux.  »  (Zola.) 

CUITE  (avoir  une)  :  Être  ivre. 
—  Allusion  à  la  quantité  d'alcool 
qui  chauffe  l'estomac  de  l'ivro- 
gne. —  «  La  parole  d'un  homme 
ivre  est  sans  valeur.  On  ne  doit 
pas  être  cru  quand  on  a  une 
cuite.  »  {Tamtam,  76.) 

CUITE  (prendre  une)  :  S'eni- 
vrer. —  «  Comme  à  l'occasion  de 
la  paye,  il  avait  pris  une  cuite 
énorme.  »  [Petit  Parisien,  77.) 

CULOTTE  (grosse)  :  Maître 
ivrogne,  se  donnant  habituelle- 
ment des  culottes.  V.  Sublime, 
Culotte. 


DANSE  DEVANT  LE  BUF- 
FET :  Jeûne  forcé.  Celui  qui 
danse  devant  le  buffet  ne  l'ouvre 
point.  —  «  Arrivaient  avec  la 
pluie  et  le  froid  les  danses  de- 
vant le  buffet,  les  dîners  par 
cœur,  dans  la  petite  Sibérie  de 
leur  cambuse.  »  (Zola.) 


EMM 

DÉCARCASSÉ  :  Sans  char 
pente,  sans  solidité,  en  parlant 
d'une  pièce  dramatique.  —  «  La 
pièce  de  K...  est  de  toutes  les 
rengaînes  du  théâtre  moderne  la 
plus  usée,  la  plus  décarcassée.  » 
(Figaro,  76.) 

DÉJETÉ  :  Mal  venu.  Se  prend 
au  figuré  :  —  «  Une  vie  aussi 
décousue,  aussi  dégommée,  aussi 
déjetée.  »  (Ph.  Chasles,  76.) 

DÉJETÉ  (n'être  pas)  :  Avoir 
bonne  mine.  On  dit  d'une  fille 
bien  faite  :  «  Elle  n'est  pas  dé- 
jetée. » 

DÉTECTIVE  :  Agent  de  la 
police  de  sûreté.  Mot  à  mot,  dé- 
couvreur. Argot  anglais.  —  «  Le 
commissaire Breitenfeld  qui  était 
allé  avec  deux  détectives.  »  {Fi- 
garo, 76.) 

DEUIL  (il  y  a  du)  :  Ça  va 
mal.  —  «  S'il  y  a  du  deuil,  ce  ne 
sera  pas  long.  »  (Le  Sublime.) 

DODO  :  «  Le  dodo  avait  filé  chez 
les  revendeurs  du  quartier.  » 
(Zola.) 

DOS  :  Souteneur.  Abréviation 
de  dos  vert.  V.  Poniffe. 

'DROGUE:  «  Vieille  drogue, 
tu  as  changé  de  litre...  Tu  sais, 
ce  n'est  pas  avec  moi  qu'il  faut 
maquiller  ton  vitriol.  »  (Zola.) 


372- 


FRÈ 


ÉCHOPPE 
bourin. 


Atelier.  V.  Sa- 


EMM- DEMENT  :  «  Gervaise 
si  gonflée  d'çmm-dement  qu'elle 
se  serait  volontiers  allongée  sous 


les  roues  d'un  omnibus.))  (Zola.) 

ENMOUTARDER  :  Enm-der. 
On  saisit  l'allusion.  — «Qu'est-ce 
qui  nous  enmoutarde  donc,  ce- 
lui-là, avec  sa  cloche  !  »  {Le  Su- 
blime.) 

ENTORTILLÉ:  Maladroit. 
—  Q_uand  on  est  entortillé,  on 
n'a  pas  les  mouvements  bien  li- 
bres. —  «  Je  lui  garde  ua  chien 
de  ma  chienne,  à  votre  entortillé 
de  singe  (patron).  )i  [Le  Sublime.) 

ENVOYÉ  :  Bien  dit,  bien  ré- 
pliqué. Se  dit  surtout  d'\m  pro- 
pos contenant  une  allusion.  — 
«  On  applaudit,  on  cria  bravo, 
c'était  envoyé.  »  (Zola.) 

"ENVOYER  A  CHAILLOT  : 

Envoyer  paître,  repousser.  — 
Voir  Chaillot.  (Dict.)—  «  S'il  me 
fiche  un  abattage,  je  l'envoie  à 
Chaillot.  »  (Zola.) 

•ÉPONGE  :  V.  Linge. 


FAUSSE  COUCHE  :  Cest  un 
péjoratif  d'(2i;orfo«.  —  «  Vos  coups 
de  pointeau  sont  trop  forts.  —  Et 
mon  nœud  de  cravate  est-y  trop 
fort,  espèce  de  fausse  couche?  » 
(Le  Sublime.) 

•FICHER  LA  PARESSi:  :  Ne 
rien  faire.  —  «  Je  fiche  la  paresse, 
je  me  dorlote.  Vous  voyez...  » 
(Zola.) 

*  FLANCHE  UR  :  Joueur,  i  Par- 
mi ces  dix  flancheurs,  il  n'y  a  pas 
un  pante.  »  (Cavaillé.) 

FRÈRES  DE  L'ATTRAPE  : 
Agents  de  la  sûreté.  —  «  Les 


GNI 


frères  de  l'attrape  leur  mettaient 
la  serrante  sur  la  porteuse.  » 
(Cavaillé.) 

FUSIL  DE  TOILE  :  Sac.  — 
Jeu  de  mots.  Le  sac  du  men- 
diant fait  la  chasse  aux  aumônes. 
—  «  Quand  on  a  cinq  ou  six  mio- 
ches, il  faut  aller  à  la  chasse  avec 
un  fusil  de  toile  et  du  zinc  pour 
le  charger.  »  {Le  Sublime.) 


GALETTE  (boulotter  de  la)  : 
Faire  de  l'argent.  —  «  Boulottes- 
tu  toujours  de  la  galette  avec  le 
grand  Simon?  »  (Cavaillé.) 

GALFATRE  :  Goulu.  —  «  Ça 
lui  crevait  le  cœur  de  porter  ses 
six  francs  à  ce  galfâtre  qui  n'en 
avait  pas  besoin  pour  se  tenir  le 
gosier  frais.  »  (Zola.) 

GALUPE  :  Prostituée. 


Les  galup's  qu'a  des  ducatons 
Nous  rinc'nt  la  dent. 

(Richepin.) 

GAZOUILLER  :  Puer.  —  De 
ga^  pris  dans  le  sens  de  «  puan- 
teur. » —  «  Oh  la  la!  ça  gazouille, 
dit  Clémence  en  se  bouchant  le 
nez.  »  (Zola.) 

GENDARME  :  Hareng  saur.— 
Allusion  à  son  aspect  jaunâtre 
comme  les  buffleteries  d'un  gen- 
darme. On  a,  par  contre,  appelé 
harengs  les  gendarmes.  La  jus- 
ticede  paix  de  Montbozon  (Haute- 
Saône)  prononçait,  en  1876,  une 
condamnation  pour  une  insulte 
de  ce  genre. 

GNIAF  :  Abréviation  altérée 
de  pignouf  :  apprenti    cordon- 


-  373  —  INV 

nier.  V.  Pontife.'  On   aura  dît 
gnouf,  puis  gniaf. 

GONDOLÉ  :  Tordu,  recro- 
quevillé ,  faussé.  Se  dit  d'un 
homme  comme  d'un  chapeau. 
— «  Quéq'  qu'  t'as  donc  fait  hier  t 
t'as  l'air  tout  gondolé,  n  {Le  Su- 
blime.) 

GRAIN  :  Émotion  produite 
par  un  extra  de  boisson.  —  «  Un 
petit  grain  de  temps  en  temps, 
ça  vous  remet.  »  {Le  Sublime.) 

GRAISSEUR  :  Grec.  —  De 
graisse  (Grèce,  monde  des  Grecs) . 
V.  Bédouin. 

GRELOT  :  Bon  orateur.  —  Il 
va  toujours  comme  le  cheval  de 
poste  faisant  tinter  son  grelot. 
—  «  Chaud  là  !  En  triomphe 
l'orateur  1  Quel  grelot  !  »  {Le 
Sublime.) 

•GUEULE  (faire  sa)  :  «  Dis 
donc,  Marie  bon -bec,  ne  fais 
pas  ta  gueule.  »  (Zola.) 

GUIBONNE:  Jambe. —  Dérivé 
de  Guibon.  V.  Guibe.  —  «  J'  sais 
tirer  la  savate  avec  mes  guibon- 
nes.  »  (Richepin,  77.) 

GUICHE  :  Pieds,  jambes. 


Quand  j'  veux  tremper  mes  guiches» 
J'  m'en  vas  faire  un'  pleine  eau. 
(Richepin.) 


H 


*  HARPE.  —  «  C'est  lorsqu'on 
est  nanti  qu'il  faut  craindre  la 
harpe.  »  [La  Comédie  des  Prover- 
be>s,  1714.) 


INVALIDÉ  :  Député  dont  l'é- 
lection n'a  pas  été  confirmée.— 


LIV 


-  374- 


MAR 


«  L'invalidation,  je  ne  connais 
que  ça  !  Invalidons  nos  con- 
frères qui  nous  gênent.  »  {Tam- 
Tam,  76./ 


'JEANJEAN  :  Niais.  —  «  La 
blanchisseuse  était  allée  retrou- 
ver son  ancien  époux  aussitôt 
que  ce  jeanjean  de  Coupeau  avait 
ronflé.  »  (Zola.) 


LAVEMENT  :  Personnage 
canulant.  —  a  Quel  lavement 
quand  il  est  paf  !  murmura  Ger- 
vaise.  »  (Zola.) 

LAVER  la  tête  avec  du  plomb  : 
Châtier  en  fusillant.  —  «  Ils  me 
feront  quelques  mauvais  coups 
et  je  leur  laverai  la  tête  avec  du 
plomb.  »  (Maréchal  de  Saint-Ar- 
naud, i85o.) 

"LICHERveut  dire  non-seule- 
ment boire  et  aimer  à  boire,  mais 
aimer  toutes  sortes  de  friandises. 

LICHEUSE  :  Femme  aimant 
à  licher.  —  «  M"»  Lorilleux  la 
traita  de  licheuse.  Ça  se  mettait 
quatre  morceaux  de  sucre  dans 
son  café.  »  (Zola.) 

LINGE  :  Femme  galante  ayant 
une  certaine  toilette.  —  «  Les 
sublimes  savants  se  payent  un 
linge;  les  autres  se  payent  un 
torchon,  une  éponge.  »  (Le  Su- 
blime.) 

LIVRE  ;  Cent  francs.  Terme 
de  grec.  —  «  Ils  venaient  de 
charrier  un  pante ,  l'avaient 
mis  dans  le  bal  et  il  avait  dansé 
d'une  livre.  »  (Cavaillé.) 


LOU  (faire  un)  :  Manquer  une 
pièce. —  Lou  est  ici  pour  loup  : 
sottise.  —  «  Comment ,  c'est 
vous,  Auguste,  qui  faites  un  lou 
aussi  grossier!  »  {Le  Sublime.) 

LOUTER  :  Faire  un  lou. 


M 


MACADAM  :  Vin  blanc  nou- 
veau. —  Allusion  à  son  aspect 
boueux. 

MANGER  LE  BON  DIEU  : 
Communier.  —  Allusion  au 
symbole  de  l'hostie.  —  c  Et  c'est 
du  propre  d'aller  manger  le  bon 
Dieu  en  guignant  les  hommes.  » 
(Zola.) 

MANIQUE  :  Pratique  du  mé- 
tier. —  Terme  de  compagnon- 
nage. —  a  II  parle  marique  du 
matin  au  soir.  »  {Le  Sublime.) 
—  La  manique  fut  d'abord  une 
pièce  de  cuir  destinée  à  protéger 
la  main  ou  le  poignet  de  certains 
ouvriers.  Ainsi ,  les  cordonniers 
en  vieux  s'appelaient  compagnons 
de  la  petite  manique. 

MARCHAND  DE  MORT  SU- 
BITE :  Charlatan  nonade.  — 
Mot  à  mot  :  marchand  de  poi- 
son. —  Ironie.  —  «  Il  fait  galerie 
devant  les  -marchands  de  mort 
subite.  »  [Le  Sublime.) 

MARCHAND  DE  SOMMEIL  : 
Logeur  à  la  nuit.  —  «  Il  vous 
amène  son  marchand  de  som- 
meil. »  {Le  Sublime.) 

MARGOULIN  :  Mauvais  ou- 
vrier. —  «  Il  n'y  a  que  des 
margoulins,  et  puis  or  ne  ga- 
gne pas  sa  vie.  »  {Le  Si  b lime.) 

MARLOUPIN  :  Diminutif  de 
marlou  :  souteneur.  —  «  Quand 


MOU 


-  375  - 


NEZ 


on  paye  en  monnaie  de  singe, 
nous  autres  marloupins.  »  (Ri- 
chepin,  77.) 

•MARMITE:  «Jadis  on  l'avait 
vu  vivre  pendant  trente  ans  de 
marmite  en  marmite.  Plus  d'un 
des  jeunes  dos  et  des  plus  verts 
l'imite.  (Richepin,  77.) 

MASSER  :  Travailler,  mot  à 
mot  :  donner  des  coups  de  masse, 
faire  de  gros  efforts.  —  «  Il  y  a 
trop  à  masser  pour  y  arriver.  » 
{Le  Sublime.) 

MASSEUR:  «  Un  masseur  est 
un  ouvrier  laborieux.  »  (Le  Su- 
blime.) 

MASTIQUER  :  Manger.  — 
c  Si  on  ne  parlait  guère,  on  mas- 
tiquait ferme,  »  (Zola.) 

MÊLÉ-CASS  :  Mêlé-cassis, 
verre  de  cassis  et  d'eau-de-vie 
mêlés.  Abréviation. 

J'ai  pas  d'  braise  pour  m'  fendre  d'un 

litre, 
Pas  même  d'un  mêlé  cas'  à  cinq. 

(Richepin,  77,) 

MÉNAGE  A  TROIS  :  Bonne 
intelligence  du  mari,  de  la  femme 
et  de  l'amant.  —  «  Les  gens  fi- 
nissaient par  trouver  ce  ménage 
à  trois  naturel.  »  (Zola.) 

MESSE  (être  à  la)  :  être  en 
retard.  —  «  Nous  nous  sommes 
mouillés  un  peu  et  nous  avons 
été  à  la  messe  de  cinq  minutes.  » 
(Le  Sublime.) 

MINZINGO  :  Marchand  de  vin. 

—  Diminutif  de   Manne^ingue. 

—  «  J'ai  fini  mon  après-midi 
dans  la  cour  du  minzingo.  »  (Le 
Sublime.) 

MOUILLARD  :  Ivrogne.  Mot  à 
mot  ;   Homme  qui  sç  mouille 


souvent.  V.  Mouiller.  «  Dépê- 
chez-vous !  nous  allons  dégrin- 
goler un  mouillard,  ce  qui  vou- 
lait dire,  nous  allons  dévaliser 
un  ivrogne.  »  {Figaro,  76.) 

MOUILLER  (se)  :  S'enivrer. 
Même  image  que  dans  s'humec- 
ter. Comparaison  de  l'ivrogne 
à  une  éponge.  V.  Messe  (être 
à  la). 

MOULE  A  PASTILLES  : 
Grêlé.  —  Allusion  aux  plaques 
de  métal  pleines  de  cavités  ron- 
des où  se  moulaient  jadis  les 
pastilles. —  «  Ce  qui  Ta  surpris, 
c'est  de  voir  le  moule  à  pastilles 
commander  des  dix  litres.  »  {Le 
Sublime.) 

MOUTARDIER  :  Derrière.  — 
L'allusion  se  devine.  —  «  Et  en 
face  !  je  n'ai  pas  besoin  de  reni- 
fler ton  moutardier.  »  (Zola.) 

MUSELÉ:  Imbécile,  incapable. 
—  Celui  qui  est  muselé  ne  mord 
pas,  et  ne  pas  mordre  veut  dire 
être  sans  talent.  —  «  Va  donc, 
rapointi  de  ferraille,  triple  mu- 
selé. »  {Le  Sublime.) 


N 


•NÉGRESSE:  «  Le  tas  de  né- 
gresses mortes  grandissait.  Un 
cimetière  de  bouteilles.  »  (Zola.) 

NEZ  :  Mine  désappointée. 
Abréviation  de  nef  long.  — 
«  Plus  de  parts  de  gâteaux  !  Il 
fallait  voir  le  nez  des  Boches.  » 
(Zola.) 

NEZ  DANS  LE  BLEU  (mettre 
son):  S'enivrer.  —  «  Pour  noyer 
son  chagrin  il  a  été  obligé  de 
mettre  son  nez  dans  le  bleu.  » 
(Le  Sublime,) 


POS 


-  376  — 


SAC 


'NICHON.  «  Nana  ne  fourrait 
plus  de  boules  de  papier  dans  son 
corsage.  Des  nichons  lui  étaient 
venus.  »  cZola.)  Exemple  recti- 
fié. 


•OGNONS  (aux  petits).  «Elle 
la  graffigne,  oh  mais  là!  aux  pe- 
tits ognons  !  »  (Zola.) 


PAPIER  A  DOULEUR  :  Billet 
protesté.  —  a  Tous  savent  ses 
affaires  :  le  billet  en  retour,  le 
papier  à  douleur.  »(Le  Sublime.) 

PERRUCIUE  (faire  en)  :  Faire 
en  fraude.  —  «  Le  patron  croit 
qu'il  ne  paye  pas  nos  outils,  mais 
les  trois  quarts  sont  faits  en  per- 
ruque. »  {Le  Sublime.) 

PHILOSOPHE  :  Grec.  —  Le 
philosophe  diffère  du  grec  en  ce 
qu'il  opère  seul.  De  là  son  nom. 
La  solitude  marche  avec  la  phi- 
losophie. 

PINCETTES  (se  tirer  les)  : 
S'enfuir.  Comparaison  des  fam- 
bes  à  une  paire  de  pincettes.  — 
«  S'ils  ne  s'étaient  pas  tiré  les 
pincettes  de  dessous  le  ventre, 
ils  étaient  bath  (bien,  c'est-à- 
dire  arrêtés.)  »  (Cavaillé.) 

PORTEUSE  :  Main.  V.  Frère 
de  l'attrape. 

POSTILLON  D'EAU  CHAU- 
DE :  Mécanicien  de  locomotive. 
C'est  la  vapeur  d'eau  qui  la  fait 
marcher. —  a  Va  donc,  postillon 
d'eau  chaude.  »  {Le  Sublime.) 


QUAND  EST-CE  :  Bienvenue, 
consommation  offerte  par  un 
ouvrier  nouvellement  embauché 
à  ses  camarades.  —  Abréviation 
de  la  phrase  consacrée  :  Quand 
est-ce  que  tu  payes  ta  bienvenue? 
—  Cl  Pas  plan  !  je  suis  du  quand 
est-ce  de  la  Truffe  qui  a  été 
embauché  hier.  »   (Le  Sublime.) 


R 


RADICAILLE  :  Opinion  radi- 
cale, parti  radical.  —  «  On  ne 
saurait  souffrir  le  contact  des 
gens  entachés  de  radicaille.  » 
{Tintamarre,  77.) 

RAPOINTI  DE  FERRAILLE: 
Broche  faite  avec  le  déchet  de 
fer,  et  au  figuré  :  rebut,  homme 
sans  valeur.  V.  Muselé. 

ROND  (faire)  :  Ne  faire  rien  de 
vigoureux,  qui  ait  une  ferme 
caractérisée.  Terme  d'atelier  pris 
au  figuré.  —  «  Le  flou,  la  dou- 
ceur abondent.  L'artiste  fait  un 
peu  rond,  comme  on  dit  il  ans 
les  ateliers.  »  (Ph.  Chasles). 


SABOTE: Mal  ajusté. V.  Chou- 
fliqué. 

SABOURIN  :  Maladroit.— 
«  Il  n'y  a  que  des  sabouiins 
dans  son  échoppe,  n  {Le  Su- 
blime.) 

SACQUER  :  Renvoyer,  mot  à 
mot  :  donner  son  sac  à  quel- 
qu'un,—* T'es  toujours  noceur. 


SUI 


tu  te  seras  fait  sacquer. 
Sublime.) 

SALADIER  :  Vin  sucre'.  — 
Récipient  pris  pour  le  contenu. 

—  «Il  ne  sortait  pas  du  saladier, 
ça  vous  retapait  un  homme.  » 
{Le  Sublime.) 

SCHLOFFER  :  Dormir.  —  De 
l'allemand  schloffen  :  dormir. — 
«  J'ai  filé,  je  suis  allé  schloffer  un 
brin.  »  (Zola.) 

SÉNAT  :  «  Depuis  longtemps, 
les  travailleurs  appellent  sénats 
les  boutiques  des  marchands  de 
vins  où  ils  se  réunissent  par 
spécialités.  »  [Le  Sublime,  72.) 

SERRANTE:  Menotte.— Elle 
serre  le  poignet.  V.  Frère  de 
l'attrape. 

SOUPAPES  (faire  cracher 
ses)  :  S'enivrer.  —  Terme  de 
mécanicien.  C'est  par  les  sou- 
papes que  s'échappe  le  trop- 
plein  de  vapeur.  —  «  Si  ses 
soupapes  ont  craché  le  dimanche, 
le  lundi  il  a  mal  aux  cheveux.  » 
{Le  Sublime.) 

SUBLIMES:  «  On  ne  dit  plus, 
en  parlant  d'un  travailleur  pa- 
resseux, violent  et  ivrogne  :  c'est 
un  mauvais  ouvrier,  on  dit:  c'est 
un  sublime.  »  (Le  Sublime,  72.) 
Acception  ironique  de  la  chan- 
son populaire  de  Tisserand. 

Le  gai  travail  est  la  sainte  prière 
Qui  plaît  à  Dieu,  ce  sublime  ouvrier. 

—  «  Deux  vrais  sublimes,  an- 
ciennes grosses  culottes,  fatigués 
du  comptoir,  se  mirent  en  quête 
de  travaux.  »  {Le  Sublime.)  — 

SUIFFARD  :  Grec.  V.  Bé- 
douin. 


-  077  - 


{Le 


VIT 


TALENT  DE  SOCIÉTÉ  :  Raf- 
finement secret.  —  «  Si  les  char- 
mes ne  peuvent  plus  se  vendre 
assez  cher,  elles  emploient  leurs 
talents  de  société.  »  (  le  Su- 
blime.) 

TE  DEUM  RABOTEUX  (faire 
chanter  un)  :  Battre.  —  Allusion 
aux  cris  de  la  victime.  —  «  Il  lui 
a  fait  chanter  un  Te  Deum  rabo- 
teux que  c'était  ça.  »  {Le  Su- 
blime.) 

TORCHON  ;  Prostituée.  ~ 
«  Il  s'est  payé  un  torchon,  on 
lui  refuse  l'entrée.  »  {  Le  Su~ 
blime.) 

TORTILLADE  :  nourriture. 

TOUR  DE  CRAVATE  (don- 
ner un)  :  Étrangler.  «  Elle  me 
disait  de  lui  donner  un  tour  de 
cravate.  »  {Petit  Journal,  sept. 
1877.) 

*  TOURNEVIS  :  Allusion  au 
chapeau  à  cornes  porté  par  l'an- 
cienne infanterie.  Le  sobriquet 
est  resté  aux  gendarmes  en  cer- 
tains pays.  Le  chapeau  à  cornes 
ressemble,  en  effet,  à  la  partie 
de  bois  qui  sert  à  faire  tourner 
une  vis. 


VITRIER  :  Carte  de  carreau. 
—  Jeu  de  mots.  V.  Borgne. 


IMPRIMERIE  D.   BARDIN,  A  SAINT-GERMAIN. 


SUPPLEMENT 
DU    DICTIONNAIRE    HISTORIQUE 

D'ARGOT 


VIENT  DE  PARAITRE: 
Dictionnaire  des  Noms,   par  Lorédan  Larchey. 


Ce  dictionnaire  contient  la  recherche  étymologique  de  vingt 
mille  deux  cents  noms  de  personnes  relevés  sur  les  principaux 
annuaires.  Ce  n'est  pas  une  œuvre  d'imagination,  c'est  un  calcul 
de  probabilités  sur  les  formes  anciennes  de  chaque  nom.  —  Un 
volume  grand  in-i8  de  520  pages  à  2  colonnes  imprimées  par  la 
maison  Berger-Levrault.  —  Prix  :  7  francs. 


1 


Imprimerie  D.  Baidiii,  à  SaiuUGcrmain. 


LOREDAN    LARCHEY 


SUPPLEMENT 

AUX    7»     ET     8«     ÉDITIONS 

DU  DICTIONNAIRE  HISTORIQUE 

D'ARGOT 


contenant  2784  mentions  nouvelles 
(additions,  Éclaircissements   et  rectifications) 


PARIS 

E.   DENTU,    ÉDITEUR 

LIBRAIRE    DE    LA    SOCIÉTÉ    DES    GENS    DE   LETTRES 
PALAIS-ROYAL,    l5-I7-ig,    GALERIE   d'oRLÉANS 

1880 

Tout  droits  réservéi 


AVIS  NÉCESSAIRE 


Découvertes  et  regain  de  la  dernière  heure.  —  Influence  des  dialectes  provin- 
ciaux sur  l'argot  parisien —  Un  nouveau  contingent  de  vétérans.  —  De 
quoi  se  compose  notre  supplément.  —  De  la  quantité,  de  la  qualité  et  de  la 
sincérité  en  matière  lexicographique.  —  Documents  justificatifs. 


A  peine  cette  annexe  est-elle  terminée  qu'il  me  faudrait 
donner  le  supplément  du  supplément.  Chaque  jour  amène  un 
mot  ou  une  expression  de  plus.  Condamné  à  n'être  jamais 
complet,  me  voici  donc  offrant  aux  derniers  venus,  faute  de 
mieux,  l'hospitalité  de  cette  première  page.  Au  moins  la 
France  apprendra  dès  maintenant  que  nos  anglomanes 
courent  des  drag^  pratiquent  le  yachting  et  deviennent  des 
yachtsmen  accomplis  (i),  que  nos  malfaiteurs  disent  bourri- 
ques  au  lieu  de  roussins{i)^  et  qu'ils  préfèrent  la  Nouvelle  (3) 

1.  Drag,  course  où  tous  les  cavaliers  suivent  un  chef  de  file,  qui  attache 
n'importe  quoi  à  la  queue  de  son  cheval.  En  Angleterre,  on  ne  dédaigne  pas 
d'y  mettre  un  hareng,  mais  le  hareng  se  prêterait  mal  à  la  curée  chaude  de 
cet  exemple.  «  Fontainebleau,  27  juillet  1879.  Les  officiers  du  ne  hussards 
ont  couru  un  drag  avec  l'équipagede  M.  Servant...  La  curée  chaude  a  eu  lieu 
dans  la  vallée  de  la  Solle.  »  (Figaro,  août  79.) 

Yacl.ting:  «  La  pêche  ou  plutôt  le  yachting,  ce  sport  nautique  embrassant 
tous  les  plaisirs  qu'on  peut  se  donner  sur  l'eau.  »  (Figaro,  i*'  oct.  1879.) 

Yachtsman  :  «  Les  yachtsmen  bordelais  se  préparent  déjà  pour  les  grandes 
régates  de  Nice   »  (Idem.) 

2.  Bourrique  :  agent  de  la  sûreté.  —  «  Il  se  perdit  dans  le  passage  Vero- 
Dodat  en  criant  aux  autres  :  voilà  les  bourriques  !  »  (Petit  Journal,  6  avril 

1879.) 

3.  Nouvelle  :  Nouvelle-Calédonie.  —  «  Comme  je  suis  en  récidive,  à  bientôt 
le  voyage  pour  la  Nouvelle,  j'aime  autant  cela,  n  (Idem.) 


VI  Avis  nécessaire 

au  régime  des  prisons  centrales.  Après  avoir  accueilli  le  sub- 
stantif lâcheur,  il  est  urgent  de  savoir  que  notre  langue  poli- 
tique ne  dédaigne  point  le  verbe  entreprendre  (4)  et  qu'elle 
adopte  l'adjectif  Jéromiste  (5).  Auprès  des  Cigaliers  qui  célè- 
brent à  Paris  la  Provence,  il  convient  d'annoncer  les  Sarta- 
niers,  leurs  frères  du  Vaucluse  (5  bis).  Et  quand  nos  poètes 
aimés  ne  dédaignent  pas  d'immortaliser  en  passant  le  nom 
d'une  mode  (5  fer),  comment  résister  à  la  tentation  de  leur 
dérober  deux  vers? 

Puis,  c'est  le  théâtre  qui  donne  au  verbe  être  à  xxn.  sens 
nouveau  qu'il  importe  de  préciser  pour  la  sécurité  de  ses  fu- 
turs commentateurs.  Ainsi  dans  le  Voyage  en  Suisse,  qui  a 
fait  la  fortune  des  Variétés  pendant  l'automne  de  i5^79,  un 
voyageur  de  chemin  de  fer  s'écrie  :  «  Je  vais  voir  si  ce  mé- 
canicien est  à  la  cascade.  »  Gardez-vous  de  penser  aux  né- 
cessités hydrauliques  de  la  machine,  et  traduisez  :  «  Je  vais 
voir  si  ce  mécanicien  entend  la  plaisanterie,  veut  m'aider  à 
faire  une  charge.  » 

N'oublions  pas  notre  armée,  qui  n'a  garde  de  rester  en  ar- 
rière; elle  a  voulu  avoir  ses  carapatins  comme  la  marine  a 
ses  carapatas;  elle  appelle  gladiateurs  ses  souliers  et  vingt- 
huit  jours  ses  réservistes  (5  quater). 

4.  Entreprendre  :  commencer  une  suite  d'attaques.  «  Il  avait,  dans  f  on  der- 
nier numéro,  entrepris  M.  Boucher.  »  {La  Paix.  oct.  1879.) 

5.  Jéromiste  :  partisan  du  prince  Napoléon,  fils  du  roi  Jérôme.  «  La  feuille 
Jéromiste  voit  la  décomposition  faire  des  progrès  dans  le  parti  monarciique.  » 
(Paix,  leroct.  1879.) 

5  *"•  Sartane  :  Société  des  Sartaniers.  En  provençal,  sartan  signifie: 
poêle  à  frire.  —  Sartanier  :  membre  de  la  société  de  la  Sartane.  —  «  Les  ci- 
galiers auxquels  s'étaient  joints  les  sartaniers  ou  Vauclusiens  présent>  à  Pa- 
ris... La  Sartane  a  pour  président  M.  Escoffier,  du  Petit  Journal.  »  {LaTrancCy 
oct.  1879.) 

5  ^^'''         L'homme  actuel,  sublime  à  la  fois  et  mesquin, 
Est  vêtu  d'un  complet  comme  un  Américain. 

De  Banville  (La  Vie  Moderne,  1879). 

On  sait  que  le  complet  est  un  habillement  taillé  dans  le  même  drap  (jaquett«, 
gilet  et  pantalou). 
5  quater.  Carapatin,  fantassin  \  dérivé  de  court- à-pattes.  Voir  Cai  apata. 


AVIS  NÉCESSAIRE.  VII 

Combien  de  synonymes  n'a-t-on  pas  trouvés  pour  gazer 
l'image  répugnante  évoquée  par  le  verbe  vomir.  Le  plus  dis- 
cret nous  manquait  jusqu'ici.  Hâtons-nous  de  réparer  cette 
lacune  par  une  ligne  des  souvenirs  anecdotiques,  que  M .  Saint- 
François  publie  sous  le  titre  :  Vieux  péchés.  «  Sur  six  convives, 
il  y  en  eut  quatre  qui  restituèrent.,  »  dit-il,  en  rappelant  un 
dîner  macabre,  fait  chez  un  conservateur  de  cimetière  qui 
brûlait  de  vieilles  croix  pour  rôtir  le  gigot. 

Le  Figaro  du  i6  octobre  1879  me  fournit  encore  deux 
exemples  précieux;  l'un  pour  :  tomber  dans  la  limonade,  être 
en  déconfiture.  («  Ils  vous  mangeront  comme  vous  les  avez 
mangés;  vous  serez  dans  la  limonade  )));  l'autre  pour  la  for- 
mule dénégative  Des  plis!  donnée  dans  ce  supplément  sur  la 
foi  de  M.  Lucien  Rigaud.  («  Aujourd'hui  on  nous  dit  :  Faut 
les  délivrer.  Des  plis  alors  ;  vous  ne  comprenez  pas  ?  des 
nèfles!  !...») 

Ce  qu'il  n'importe  pas  moins  de  saisir  au  passage,  c'est 
l'acception  nouvelle  de  mots  déjà  connus.  Exemples  : 

Dans  l'origine,  /7ir?er,  c'était  toujours  ce  que  nous  avons 
toujours  appelé  coqueter^  c'est  à-dire  s'aimer  sans  conclure; 
(de  l'anglais  :  flirtation.,  coquetterie).  Aujourd'hui  flirteuse 
devient  synonyme  de  lorette,  ce  qui  est  tout  l'opposé.  On  le 
voit  par  ce  troisième  exemple  tiré  dxiFigaro  (20  octobre  1876): 
«  De  ces  eaux-fortes,  l'une  est  ravissante,  elle  représente  trois 
flirteuses  aux  Folies-Bergère  et  un  vieux  monsieur.  » 

D'autre  part,  siffler  au  disque  n'est  plus  attendre  de  l'ar- 
gent., c'est  attendre  n'importe  quoi,  même  une  bonne  for- 
tune. «  Rien  à  faire  de  cette  femme-là  !...  J'ai  sifflé  au  disque 
assez  longtemps...  Pas  mèche!  la  voie  est  barrée,  »  dit  un 
prince  facétieux  dans  les  Rois  en  exil  d'Alphonse  Daudet. 

~  «  Ils  reprennent  le  chœur  en  cadence  et  répètent  avec  les  vieux  carapatins.  » 
(R.  Maizeroy.  La  Vie  Moderne,  oct.  1879.) 

Vingt-huit  jours  :  réserviste,  —  Allusion  au  temps  exigé  pour  leur  ser- 
vice. «  Les  vingt-huit  jours  croient  déjà  humer  les  émanations  de  la  sou- 
pière. »  {Idem.) 

Gladiateurs  :  iouVxcrs.  »  Lè\e  donc  tes  gladiateurs  pour  ne  pas  faire  de 
poussière.  »  {Idem.)  Allusion  ironique  au  cheval  de  course  Gladiatçur. 


VIIÏ  AVIS  NECESSAIRE. 

Un  peu  plus  loin,  nous  trouvons  dans  gaga  un  nouveau 
synonyme  de  gâteux.  C'est  un  redoublement  de  première  syl- 
labe bon  à  retenir  pour  les  arriérés,  qui  ne  connaissent  sous 
ce  nom  que  les  habitants  de  Saint-Étienne.  (Voyez  Gagat^ 
page  i86  du  Dictionnaire.)  Que  deviendraient-ils  en  lisant  ce 
passage  :  «  Il  vaut  mieux  qu'elle  meure  au  combat  que  de 
finir  dans  un  fauteuil  de  gaga.  » 

A  la  page  286  du  même  roman,  nous  rencontrons  pavé^ 
avec  le  sens  que  voici  :  «  Les  fâcheux  et  les  créanciers,  ce 
qu'en  argot  parisien  on  appelle  les  pavés^  c'est-à-dire  des  per- 
sonnes ou  des  choses  qui  gênent  la  circulation.  »  Vers  1840, 
les  débiteurs  forcés  d'éviter  une  rue,  disaient  :  «  On  pave, 
c'est-à-dire  :Iljy  a  des  créanciers  ici,  il  n'y  faut  point  pas- 
ser. »  C'était  une  double  allusion  aux  embarras  de  la  circula- 
tion et  aux  prétextes  allégués  pour  éviter  toute  fâcheuse 
rencontre. 

On  possédait  déjà  cinq  sens  néologiques  pour  clou  (mont- 
de-piété,  prison,  baïonnette,  mauvais  ouvrier,  outil  de  gra- 
veur). Le  critique  musical  àeV Événement  (3i  octobre  1879) 
en  donne  un  sixième  dans  ce  compte  rendu  d'opérette  :  u  C'est 
le  clou  de  la  partition,  comme  on  dit  aujourd'hui.  C'en  est 
le  bijou,  aurait-on  écrit  autrefois.  » —  Clou  désigne  ici  une 
partie  remarquable,  digne  de  fixer  l'attention.  Fixer  aura 
paru  faible,  car  en  France  on  roule  toujours  sur  la  pente  des 
superlatifs,  et  on  aura  dit  clouer,  ce  qui  est  fixer  forcement 
et  pour  longtemps.  .M 

Mais  ce  qui  me  tient  le  plus  au  cœur,  c'est  Terreur  à  re- 
connaître et  à  réparer.  Ainsi,  je  ne  me  pardonnerais  point, 
si  j'oubliais  de  dire  que  la  lettre  de  forçats,  citée  dans  notre 
dernière  Introduction  (page  n),  a  paru  pour  la  première  fois 
dans  V Intérieur  des  Bagnes,  par  Sers  (Paris,  Dépée,  1845; 
in-8,  p.  35);  la  date  en  est  donc  bien  plus  ancienne  que  le 
manuscrit  de  M.  Rabasse  ne  me  l'avait  fait  penser.  ^ 

Autre  remords  de  conscience.  Manger  sur  l'orgue  (dénon- 
cer), que  j'ai  traduit  mot  à  mot  (p.  78)  par  manger  sur  lui, 
doit  être  traduit  mander  sur  l'homme,  puisque  nous  consta- 


AVIS  NÉCESSAIRE.  ÏX 

tons  plus  loin  (p.  92)  que  orgue  voulait  dire  homme.  Rectifi- 
cation d'autant  plus  importante  que  le  mot  similaire  musique 
(réunion  de  dénonciateurs  dans  une  prison)  m'avait  jusqu'ici 
fait  prendre  orgue  au  pied  de  la  lettre.  C'est  surtout  en  fait 
d'étymologies,que  le  vraisemblable  n'est  pas  toujours  le  vrai. 
Pour  les  exemples  justificatifs,  j'ai  le  regret  de  ne  pas  tou- 
jours mettre  la  main  sur  les  plus  anciens  qui  sont  les  plus 
précieux.  Ainsi  ai-je  lu  trop  tard  les  Mémoires  de  Boucher 
de  Perthes  {Sous  dix  rois),  où  crucifié  se  trouve  daté  de  18 14. 
«  La  foule  des  titrés  ne  peut  être  comparée  à  celle  des  cruci- 
fiés, écrivait-il  le  19  juillet;  quel  déluge  de  croix  et  de  ru- 
bans! » 


Nous  ne  sommes  pas  encore  au  bout.  C'est  dans  la  restitu- 
tion des  mots  appartenant  à  notre  ancienne  langue  que  nos 
découvertes  de  la  dernière  heure  sont  les  plus  nombreuses. 
On  connaît  notre  opinion  sur  la  matière.  Le  temps  n'est  plus 
où  les  chercheurs  faisaient  sérieusement  venir  argot  du  grec 
argos  et  gnia/ du  grec  gnaphô  (6).  On  a  reconnu,  et,  parmi  les 
premiers,  nous  avons  affirmé  qu'il  n'était  pas  besoin  d'aller 
chercher  des  origines  si  loin.  La  part  faite  aux  vieux  mots  de 
langue  d'oc  et  de  langue  d'oil  va  s'élargissant  dans  chaque 
édition.  On  verra  qu'il  en  est  de  même  dans  ce  supplément, 
en  dehors  duquel  il  y  a  beaucoup  à  trouver  encore,  puisqu'il 
me  faut  ajouter  ceci  à  la  dernière  heure. 

En  commençant  par  les  dialectes  et  patois,  qui  sont  des 
monuments  de  la  langue  nationale,  nous  retrouvons  louffe 
(vesse)  dans  le  breton  louf  et  dans  le  provençal  loufia;  — 
hosto  et  lousteau  (prison)  dans  le  flamand  ostiau;  scionner 
(frapper)  dans  le  normand  ;  harpe  (grille  de  fer)  dans  le  cham- 

(6)  Je  n'invente  rien,  comme  on  peut  le  voir  par  cet  extrait  des  Français  peints 
par  eux-mêmes  :  «  Le  mot  gniaffe^  comme  tout  ce  qui  est  greffé  sur  l'argot, 
nous  a  semblé  plus  populaire  et  plus  expressif.  L'étymologie  d'ailleurs  en  est 
brillante  :  ainsi  que  la  plus  grande  partie  du  jargon  des  voleurs^  ce  terme  est 
d'origine  hellénique  et  vient  du  mot  grec  pacpeû;,  cardeur  ou  peigneur,  et  dé- 
risoirement  racleur  ou  gniafîe,  formé  de  ytit^tà^  racler,  c'est-à-dire  racler  ou 
ratisser  de  vieux  cuir.  »  (P.  Borel.) 


X  AVIS   NÉCESSAIRE. 

penois  \  faire  des  emballes  (faire  de  l'étalage)  dans  le  manceau; 
emballe  (orgueilleux),  balot  (lèvre  épaisse),  et  graffignoux 
(écrivain,  huissier)  dans  le  poitevin.  Le  Midi  est  un  terrain 
particulièrement  fertile.  On  y  rencontre  bobine  (figure)  dans 
bobin  :  moue,  grimace;  —  conni  (mort)  dans  caunit  :  tré- 
passé; —  harpion  :  griffe  ;  —  pâlot  :  rustre  ;  -—  pichenet  (petit 
vin)  dans  pichoun  :  petit  (de  même  pour  piccolo)  ;  —  rapiat 
dans  rapateou  :  qui  enlève  tout  ;  —  tourtousine  (corde)  dans 
tourtouras  :  tordu.  —  Sabernau  (savetier  ambulant)  est  aussi 
connu  depuis  longtemps  en  Provence.  Du  reste,  sabrenander 
se  trouve  déjà  dans  le  Dictionnaire  de  Trévoux  de  171 8  ivec 
le  sens  de  travailler  grossièrement.  N'oublions  pas  que  balu- 
chon vient  de  la  partie  du  Berri  qui  confine  à  la  Creuse. 

Enfin  l'expression  ah  malheur!  qui  a  passé  jusqu'ici  pour 
éminemment  parisienne,  est  d'origine  campagnarde,  (.'est 
une  exclamation  d'étonnement  sans  idée  d'exciter  la  compas- 
sion, écrit  le  comte  Jaubert  dans  son  Glossaire  du  Centre. 
—  On  dit  :  «  Ah  !  malhureux  !  que  de  bestiaux  dans  ce  prc  !  » 
Nous  avons  entendu  un  Berrichon,  venu  pour  la  première 
fois  à  Paris,  s'écrier  à  chaque  objet  qui  excitait  son  admira- 
tion :  «  Ah!  malhureux  {j}!  c' est-il  beau  t  » 

Si  nous  nous  reportons  maintenant  aux  répertoires  de  notre 
ancienne  langue,  nous  pouvons  encore  rallier  un  assez  grand 
nombre  de  vétérans. 

Le  lecteur  pourra  les  joindre  à  ceux  qu'énumère  la  page  3 
de  notre  Introduction. 

Ainsi  bille  (argent  monnayé),  que  je  croyais  abrégé  de 
billon^  semble  plutôt  une  forme  du  vieux  mot  pille^  qui  a  le 
même  sens;  —  les  illusions  vaniteuses  caractérisées  par  se ^^0- 
ber^  gobeur,  se  retrouvent  dans  gobe  :  vain,  plein  de  gloire 
et  d'ostentation;  — goret  (compagnon  cordonnier)  est  admis 
par  le  dictionnaire  de  Ménage;  —  de  la  pelure  moderne  au 

7.  C'est-à-dire  :  «  Combien  je  m'estime  malheureux  (pauvre)  devant  1  ne 
telle  magnificence!  »  L'admiration  se  manifeste  ici  dans  un  humble  retour  >ur 
soi-même. 


AVIS  NECESSAIRE.  XI 

vieux  mot  pelé  (habit  fourré),  il  n'y  a  pas  bien  loin.  —  Au 
XVI®  siècle,  dans  les  Nuits  de  Straparole^  il  est  question  d'un 
personnage  qui,  à  coups  d'un  gros  bâton  «  peigne  son  homme 
de  toutes  façons.  »  C'est  bien  la  même  image  que  nous  avons 
conservée  dans  peignée.  —  D'un  autre  côté,  peloter^  qui  se 
dit  aussi  pour  battre,  me  paraît  maintenant  bien  proche  de 
pelauder  :  rosser,  étriller.  Rognioner  (grogner)  est  un  vieux 
mot  donné  tel,  comme  les  précédents,  par  le  dictionnaire 
de  la  langue  romane  de  Roquefort.  De  même  pour  paumoier 
(saisir)  et  paumer  (tomber  en  défaillance),  d'où  viennent  j?aM- 
mer  (prendre)  et  paumer  ;  perdre  (7  bis).  Je  ne  retrouve  pas 
d'exemple  aussi  ancien  de  stuc  (part  de  vol),  mais  un  arrêt 
rendu  par  le  Parlement  de  Paris  contre  un  receleur,  n'a  pas 
dédaigné  d'en  conserver  trace;  il  est  du  22  juillet  1722.  (Pa- 
ris, Delatour  et  Simon,  1722,  in-40.)  ilvoîV  son  arnaud^  (être 
de  mauvaise  humeur),  est  une  déformation  du  vieux  mot  re- 
nos  (fâcheux,  grondeur),  et  lorsque  j'ai  fait  observer  qu'au 
lieu  du  renarder  moderne,  on  disait  autrefois  renauder^  j'au- 
rais dû  ajouter  que  renaud  se  disait  autrefois  pour  renard^  ce 
qui  rétablit  une  similitude  parfaite  entre  les  deux  expres- 
sions... 

Rabelais  a  usé  d'un  verbe  qui  est  bien  l'équivalent  de  nos 
morfier  et  morfiler  (avaler),  quand  il  dit  :  «  Là,  là!  c'est 
morfiaillé  cela.  O  lacryma  Christi  !...  c'est  vin  pineau.  » 

Enfin,  j'ai  été  assez  heureux  pour  trouver  un  texte  décisif 
sur  une  question  bien  controversée  dans  le  monde  de  la  phi- 
lologie argotique. 

Dans  cet  autre  passage  :  «  Verse  tout,  verse  de  par  le  diable  ! 
verse  deçà  tout  plein,  la  langue  me  pelle  :  Lans  stringue!  », 
Rabelais  confirme  mes  premières  conjectures  (8)  sur  l'origine 
germanique  de  notre    mannstringue  (marchand  de  vin).  — 


7  Ws.  Ce  double  sens  à^  paumer,  en  apparence  si  contradictoire,  s'expli» 
que  mieux  si  on  considère  le  premier  paumer  comme  une  forme  de  notre 
verbe  empaumer,  tandis  que  le  second  vient  de  pausmer  qui  voulait,  dire  au- 
trefois :  se  pâmer,  défaillir. 

8.  «  Mannezingue  :  mot  à  mot  homme  {mann]  vendant  à  boire  (^u  trinken). 
On  a  dit  d'abord  mannstringue.  «  —  Excentricités  du  langage.  5«  édition. 


XII  AVIS  NÉCESSAIRE. 

Dès  1725,  l'ancien  commentateur  de  Rabelais,  Le  Duchat.  dit 
en  effet  que  lans  stringue  est  l'abréviation  d'une  formule 
populaire  employée  par  les  soldats  qui  demandaient  à  boire  : 
landsmann^  sfu  trinken  (paysan,  donne  à  boire  !).  Notre  armée 
aura  nationalisé  à  Paris  ce  man  ^u  trinken^  qui  sera  devenu  le 
père  du  moderne  mannstrinque.  aujourd'hui  mannepng.  Le 
lands  est  resté  en  route,  selon  notre  coutume  abréviati  ice. 


Cela  ne  veut  pas  dire  que  je  sois  toujours  heureux  dans  mes 
conjectures.  En  matière  étymologique,  le  temps  et  la  réflexion 
font  tout;  on  n'improvise  ni  les  rectifications,  ni  les  décou- 
vertes. Et  si  j'arrive  à  ne  voir  dans  salé  (paemyent  de  typoi^ra- 
phes)  qu'un  simple  jeu  de  mots  sur  salaire  ;  si  le  vieux  mot 
persepoux  (tailleur  couturier)  me  prouve  que,  de  tout  temps, 
les  néologistes  facétieux  ont  tenu  à  caractériser  le  va-et-\ient 
d'aiguille  que  je  crois  avoir  deviné  dans  piqueprune,  d'autre 
part,  je  reconnais  m'être  trompé  dans  mes  conjectures  sur 
gaffe:  bouche  (9), qui  est  une  formule  populaire  délave,  comme 
le  verbe  populaire  se  gaffer  est  une  forme  de  se  gaver.  Et  ce 
gave^  je  le  retrouve  dans  gavion^  gaviot  (gosier),  qui  sont 
évidemment  ses  dérivés.  Heureusement  que  Don  Carlos  est 
là  pour  me  consoler.  Selon  le  glossaire  argotique  d'Halbert, 
on  appelle  Don  Carlos  l'homme  qui  paye  les  filles.  J'allais  me 
perdre  en  Espagne,  quand  j'ai  pensé  à  carie  (écu),  et  j'ai 
compris  le  jeu  de  mots.  C'était  bien  simple  sans  doute,  mais 
le  plus  simple  n'est  pas  toujours  le  plus  aisé  à  reconnaîtra  du 
premier  coup. 

Notre  supplément  est  de  2784  mots  (avant-propos  compris). 
Ce  chiffre  est  considérable,  mais  il  est  loin  de  représenter  en 
réalité  un  contingent  entièrement  neuf;  on  y  trouvera  beau- 
coup d^expressions  négligées  jusqu'ici  à  dessein,  parce  qu'elles 

9.  Il  est  bonde  préciser,  car  aux  cinq  ou  six  sens  connus  de  gaffe,  le  F  garo 
du  25  septembre  1879  vient  d'ajouter  celui-ci  :  «  La  gaffe  est  synonyme  i  im- 
pair; faire  une  gaffe  ou  faire  un  impair  signifie  pour  tout  Paris^  dire  la  clioos 
précise  qu'il  ne  faut  pas  dire.  • 


AVIS  NÉCESSAIRE.  XIII 

ne  pouvaient  se  justifier  par  des  exemples.  Pour  ne  m'en  point 
passer  plus  longtemps,  j'ai  pris  le  parti  de  les  placer  sous  la 
garantie  des  auteurs  qui  les  ont  publiées. 

Les  2784  mots  se  décomposent  ainsi  :  i»  Mots  nouveaux, 
additions  et  rectifications,  926.  —  Mots  placés  sous  la  garantie 
de  M.  Fr.  Michel,  E.  Colombey,  Al.  Pierre  (10),  Halbert,  Vi- 
docq,  Delvau,  etc.,  990.  —  3°  Mots  placés  sous  la  garantie  de 
M.  Lucien  Rigaud,  868(11).  —Cette  méthode  nous  a  paru 
bonne  en  ce  qu'elle  offre  une  date  de  constatation,  sans  enle- 
ver à  chaque  auteur  le  mérite  et  la  responsabilité  de  ses  pe- 
tites découvertes. 

Tout  dictionnaire  redonnant  d'ordinaire  comme  siens  les 
mots  déjà  donnés  par  les  dictionnaires  précédents,  attribuer  à 
chacun  la  part  qui  lui  revenait  en  propre,  n'a  pas  été  une 
tâche  sans  longueurs  ni  sans  difficultés.  J'ai,  de  plus,  constaté 
les  variations  et  l'origine  de  chaque  mot  lorsque  cela  m'a  été 
possible. 

En  livrant  au  lecteur  tout  le  détail  de  ce  triage,  j'obéis  au 
scrupule  de  conscience  qui  doit,  selon  moi,  servir  de  règle 
pour  la  préparation  d'un  glossaire;  il  ne  suffit  pas  d'annoncer 
des  inconnus,  il  faut  les  légitimer  en  quelque  sorte,  c'est-à- 
dire  prouver  leur  existence  autrement  que  par  une  simple 
affirmation.  Précaution  essentielle  sur  le  terrain  de  l'argot  où 
le  contrôle  est  difficile,  où  rien  ne  paraît  assez  bizarre,  ni  assez 
étrange,  à  des  lecteurs  souvent  trop  crédules.  L'auteur  en 
vient  alors  à  placer  en  première  ligne  la  question  de  chif- 
fres, et  c'est  à  qui  donnera  beaucoup  (12),  le  répertoire  conte- 


10.  Argot  et  Jargon^  par  Alexandre  Pierre,  directeur  de  l'administration 
des  recherches  et  renseignements.  Seule  édition  de  l'argot  des  filous  qui 
n'est  intelligible  qu'entre  eux.  —  Imp.  Bonaventure  et  Ducessois,  i85o  à  iSoo.-' 
Placard  in-folio. 

11.  Lucien  Rigaud.  Dictionnaire  du  jargon  Parisien,  Paris,  OUendorff, 
1878,  in-i2,  de  347  pages  à  2  col.,  5  francs.  Ce  livre  très  substantiel,  dont 
le  titre  et  le  plan  serrent  d'aussi  près  que  possible  notre  6«  édition  [Dic- 
tionnaire de  l'Argot  parisien),  contient  bon  nombre  de  mots  qu'on  cherche- 
rait vainement  ailleurs. 

12.  C'est  cette  misérable  question  d'effectif  qui  a  faitdonner  comme  argotiques 
par  d'autres  livres,  les  mets  suivants  que  je  livre  à  l'étonnement  du  lecteur: 


XIV  AVIS  NÉCESSAIRE. 

nant  le  plus  de  mots  étant  tenu  pour  le  meilleur.  On  n  a  pas 
le  temps  d  apprécier  si  la  masse  est  de  bon  aloi;  on  la  salue 
au  passage  et  tout  est  dit,  car  le  dieu  du  jour  est  la  quantité. 
Le  sacrifice  que  je  lui  offre  à  regret  exigeait  du  moins  ces  ré- 
serves. 

Plus  que  jamais  aussi,  je  maintiens  que  toute  la  force  de 
mon  entreprise  réside  dans  le  choix  et  la  multiplicité  des 
exemples.  Un  avis  placé  en  tête  du  texte  dit  pourquoi  j  ai  dû 
m'en  priver  trop  souvent.  Mais  ceux  que  j'ai  pu  réunir  ici  ne 
m'en  sont  que  plus  précieux.  Un  traité  fort  intéressant  de 
Justin  Améro  (i3)  m'a  permis  de  bien  caractériser  les  inpor- 
tations  de  l'anglomanie;  le 5w!>/zme  de  M.  Denis  Poulet  m'a 
servi  beaucoup  pour  ce  qui  regarde  la  classe  ouvrière;  M.  Ri- 
chepin,  le  poète  des  Gueux^  m'a  donné  quelques  bonne >  rec- 
tifications; les  glossaires  d'argot  militaire,  typographique  et 
théâtral  de  MM.  Désiré  Lacroix,  Boutmy  et  Bouchard  m'ont 
été  utiles.  Enfin  les  romans  de  l'école  naturaliste,  qui  recon- 
naît pour  chef  M.  Zola,  m'ont  apporté  des  exemples  que  je 
désespérais  d'avoir,  car  les  études  de  mœurs  n'ont  jamais 
assez  de  hardiesses  pour  les  chercheurs  qui  poursuive  nt  la 
constatation  de  certains  mots.  L'essentiel  est  que  ces  hardies- 
ses soient  reproduites  sincèrement,  sans  atténuation  comme 
sans  amplification. 

Terminons  par  un  document  de  date  relativement  récente. 


•  Mandrin,  mangeaille,  manger  sur  le  pouce,  manigance,  manivelle,  maquere* 
lage,  maquereile,  maquignonnage,  maquignonnes,  marmaille,  margouilli^,  mat- 
miteux,  marmonner,  marmot,  marmotte,  matois,  mauvais  coucheur,  mazette, 
meublant,  mijoter,  minois,  minable,  mitonner,  mitron,  monter  sur  ses  ergots, 
monter  sur  ses  grands  chevaux,  gouge,  gouine,  gourd,  gourgandine,  j.aiidin, 
gourme  (jeter  sa),  gousset  (sentir  du),  graisser  ia  patte,  greluchon,  grèvj.  gri- 
bouiller, grigou,  gringalet,  avoir  en  grippe,  grivois,  grogner,  grugeur,  gruger, 
gueuserie,  guigner,  guignon,  guindé.  »  — Je  n'ai  pris  que  dans  deux  lettf.s.  On 
peut  par  là  juger  du  reste.  Ce  qui  n'empêchait  pas  le  lexicographe  susdt  d'af- 
fiiander  le  lecteur  par  cette  pompeuse  annonce  :  «  J'ai  cueilli  sur  leur  tige  et 
ramassé  sur  leur  fumier  natal  tous  les  mots  de  mon  dictionnaire.  • 

i3.  L'anglomanie  dans   le  français  et  les  barbarismes  anglais  usités  en 
France j  par  Justin  Améro.  Paris,  Dramard-Baudry,  187S,  in-12. 


AVIS  NECESSAIRE.  XV 

J'ai  déjà  montré  que,  dans  le  langage  comme  dans  la  corres- 
pondance des  malfaiteurs,  l'argot  ne  comptait  jamais  que  pour 
une  faible  partie  du  texte.  Plusieurs  lettres  ont  été  citées 
comme  preuves  à  l'appui;  en  voici  une  autre  non  moins  iné- 
dite et  non  moins  curieuse.  Le  lecteur  est  prié  de  remarquer 
qu'elle  est  généralement  orthographiée.  Je  regrette  de  ne  pou- 
voir reproduire  l'en-tête  illustré  et  peint  qui  représente  un 
groupe  de  chérubins  entourant  une  croix.  Au-dessous  de  cette 
pieuse  composition,  on  lit  : 

Paris,  ce  3o  mai  1876. 
Ma  chère  petite  femme, 

Un  des  grands  bonheurs,  c'est  d'écrire  une  lettre  d'amitié  à  une  petite  femme 
que  l'on  aime. 

Je  te  recommande  une  chose,  c'est:  qu'aussitôt  ta  mise  en  liberté, de  venir  me 
voir  et  ensuite  d'aller  chez  ma  mère.  Tout  ce  que  j'ai  à  te  recommander,  c'csj 
qu'une  fois  sortie  de  ne  pas  taire  de  bêtises,  et  de  te  rendre  au  gré  (repondre 
aux  demandes)  de  M.  P.'..,  car  il  y  a  peu  de  juges  d'instruction  qui  ont  une 
pareille  bienveillance,  envers  les  détenus,  ce  serait  donc  lui  faire  arriver  des 
désagréments  si  tu  ne  te  rendais  à  lui  selon  sa  volonté. 

Ma  chère  petite  femme,  j'ai  appris  que  les  idées  à  Marie  Loudevig,  étaient 
changées  à  l'égard  de  Jean  Keipp,  mais  si  Marie  l'a  gamelé,  je  te  dirai  aussi 
qu'il  nous  a  attachés  un  bidon  le  jour  que  je  t'ai  vue  à  l'instruction,  pour  al- 
ler avec  Henri  Chevet,  il  nous  a  quittés  réellement  comme  un  petit  mufi'e  et 
même  sans  nous  prévenir,  je  te  prierai  de  croire  qu'il  ne  boira  plus  à  notre 
table  à  l'avenir,  ou  bien  si  il  y  boit  ce  sera  vraiment  dans  la  grande  tasse,  car 
Ursin  et  Billon,  ne  sont  pas  trop  contents  après  lui. 

Mon  cher  petit  bébé  chéri,  une  chose  essentielle  que  j'allais  oublier  c'est  :  que 
quand  tu  viendras  me  voir,  je  te  prierai  de  m'envoycr  mon  foulard,  mes  chaus- 
settes ainsi  que  de  l'encre  bleue,  de  l'encre  rouge,  des  crayons  de  toutes  sortes 
de  couleurs  sans  oublier  du  papier  à  lettres. 

Tant  qu'à  ce  qui  concerne  la  famille,  tu  pourras  aller  voir  les  parents  et  sans 
lucune  crainte,  car  au  contraire  cela  leur  fera  un  sensible  plaisir,  voici  leurs 
idresscs:  La  mère,  rue  N ,  no  27  (en  face  la  rue  H....),  aux  2  Mou- 
lins, ce  n'est  aucunement  de  ma  faute  si  je  ne  t'en  mets  pas  plus  long,  car  je 
pars  pour  l'instruction. 

Je  crois  que  tu  ne  pourras  pas  faire  de  jardin  sur  cette  petite  lettre,  car  il  n'y 
a  pas  de  mauvais  bonniments,  si  il  n'y  en  a  pas  long  c'est  assez  joli;  car  Billon 
a  embelli  ma  lettre  en  y  faisant  les  anges  et  les  dessins  qui  sont  en  tête. 

Je  termine  en  t'embrassant  46  minutes  sans  baver.  Ton  homme  qui  n'aime 
que  toi  pour  la  vie  ! 

C.  E. 

U...  vous  souhaite  le  bonjour  ù  toi  et  à  Marie. 

Mazas,  6«  Don  86. 


XVI  AVIS  NÉCESSAIRE. 

Mais  nous  ne  saurions  laisser  le  lecteur  en  une  telle  compa- 
gnie. Ajoutons,  pour  terminer,  que  si  nous  puisions  plus  lar- 
gement aux  sources  manuscrites,  on  verrait  combien  l'argot 
fait  de  chemin,  non  plus  dans  les  dernières  couches  sociales, 
mais  dans  la  classe  la  plus  intelligente  et  la  plus  rele\  ée.  J'en 
peux  donner  une  preuve  curieuse  entre  toutes,  recueillie  dans 
la  collection  d'autographes  de  M.  Eugène  Minoret,  qui  pos- 
sède une  partie  de  la  correspondance  intime  de  George 
Sand.  Vers  la  fin  de  sa  vie,  à  propos  de  théâtre,  elle  écrit  à 
un  vieil  ami  de  la  famille  qui  l'accompagnait  dans  ses  voyages 
à  Paris  ou  à  Palaiseau  : 

«...  Tu  es  MCI  rude  gobeur  comme  moi  ;  tu  écoutes  et  tu  ne  critiqut  s  pas  pen- 
dant la  pièce...  »  (28  novembre  i865.) 

«...  Je  n'ai  pas  eu  un  cil  mouillé,  et  tu  sais  si  je  sais  gobeuse.  »  (19  mars 
1866.) 

Le  verbe  piocher  revient  souvent  sous  la  plume  Je  cette 
grande  travailleuse. 

'A  J'ai  bien  pioché,  dit-elle  'e  i»'  janvier  1866.  —  Du  moment  qa  tu  pio- 
ches, c'est  bon!  écrit-elle  encore  vingt-cinq  jours  après.  »  (25  janvier  1866.) 
Et  plus  loin  : 

«...  Tu  es  un  fameux  loupeur;  on  ne  te  trouve  jamais  chez  toi...  (i5  avrij 
1866.) 

•  ...Je  broie  du  noir...  •  (i5  avril  1866.) 

«...  J'ai  très  bien  dormi  avec  mon  perdreau  dans  le  fusil...  »  (4  jam  ier  1867.) 

«...  Tâche  de  nous  avoir  des  passes  pour  que  nous  puissions  voyage  à  l'œil.  » 
(4  janvier  1867.) 

«...  Il  paraît  que  la  panne  te  tient  en  haleine  et  en  progrès...  » 

«...  Tu  nas  pas  soixante-cinq  ans  dans  ton  coffre.  »  (3i  octobre  is6S.) 

•..,  Les  Parisiens  sont  des /acAe«rs.  »  (2  janvier  1875.) 

Toutes  ces  facéties  étaient  signées  George  Sand.  Gomme 
elles  n'étaient  pas  destinées  à  la  publicité,  leur  divulgation  ne 
saurait  porter  atteinte  à  une  réputation  littéraire  qui  reste,  à 
bon  droit,  des  plus  pures.  Elle  montre  seulement  qu'aux 
heures  de  repos,  l'écrivain  se  dédommageait  volontiers  de 
toute  contrainte  grammaticale,  usant  des  libertés  de  langage 
à  la  mode  dans  le  petit  cénacle  d'artistes  qui  admirait  en 
elle  le  plus  simple  et  le  plus  cordial  des  camarades  A  son 
exemple,  d'ailleurs,  Balzac  et  d'autres  grands  esprits  cie  notre 

i 


AVIS  NÉCESSAIRE.  XVII 

temps  furent  enclins  à  s'amuser  d'une  expression  nouvelle, 
comme  des  enfants.  Mieux  que  personne,  les  maîtres  en  l'art 
difficile  de  formuler  la  pensée  se  laissent  prendre  au  côté 
imagé,  inventif,  de  nos  irrégularités  de  langage.  Et  dans 
quel  monde  aurait-on  le  droit  de  le  leur  reprocher?  Est-ce 
dans  le  bon  public,  qui  se  jette  sur  les  combles  (14)  après 
s'être  enthousiasmé  des  questions? 

La  raison  d'être  de  l'argot  va  plus  loin  que  ces  modes  fugi- 
tives. Cherche:^  le  Bulgare  (i5)  n'eut  qu'un  jour;  gobeur  et 
gobeuse  dureront  aussi  longtemps  que  la  naïveté  française. 

LORÉDAN   LaRCHEY. 
Paris,  8  novembre  1879. 


14.  Le  comble  est  un  jeu  de  mots  fort  à  la  mode  de  l'année  1879.  Voici  deux 
exemples  des  oppositions  d'idées  qui  en  font  le  charme  ; 

«  Le  comble  de  la  gourmandise,  c'est  de  dévorer  un  affront.  » 

•  Le  comble  de  i habileté  pour  un  pécheur  à  la  ligne,  c'est  d'accrocher  son 
hameçon  à  une  ligne  d'omnibus.  » 

On  est  parti  de  là  pour  dire  :  un  comble.  «  M.  P...  poussant  les  gens  à  la 
modestie.  Cela  ne  semble-t-il  pas  un  comble?  »  —  (Fr.  Sarcey.  Le  XIX* siècle 
du  i5  octobre  1879.) 

i5.  Nom  d'une  des  premières  questions  qui  furent  à  la  mode  vers  1877,  au 
moment  où  les  affaires  d'Orient  entraient  dans  la  période  militante.  La  question 
consistait,  si  on  s'en  rappelle,  à  retrouver  certaines  figures  dans  un  dessin  qui 
paraissait  contenir  tout  autre  chose  au  premier  coup  d'oeil.  Ainsi  une  gravure' 
représentait  un  jardin,  avec  un  arrosoir  au  premier  plan.  Au-dessous,  cette 
légende  :  «  Voici  l'arrosoir,  où.  est  le  jardinier?  »  (De  là,  le  mot  question.) 

En  cherchant  dans  les  arbres  qui  ornaient  le  jardin,  on  retrouvait  un  profil 
d'homme  figuré  tant  bien  que  mal  par  le  contournement  des  branches.  Ce  n'était 
pas  en  proportion.  Rien  n'annonçait  un  profil  de  jardinier  pias  que  celui  de 
tout  autre.  Mais  le  public  ne  critiquait  pasj  il  devinait  et  il  était  heureiu. 


.1 


Les  éclaircissements^  les  exemples  nouveaux  et  les  rectifica- 
tions sont  distingués  par  un  astérisque  renvoyant  au 
même  mot  dans  le  corps  du  Dictionnaire. 


SUPPLEMENT 


Le  supplément  de  cette  troisième  édition  est  considérable. 

Outre  beaucoup  d'errata  et  d'explications  nouvelles,  il  s'y  trouve  un  grand 
nombre  d'expressions  négligées  jusqu'ici  à  dessein. 

Depuis  vingt  ans,  j'avais  pris  à  tâche  de  justifier  chaque  mot  par  des  exem- 
ples pris  dans  des  livres  connus  (voyez  page  xxviii  de  l'introduction),  mais,  à 
leur  dféaut,  des  publications  similaires  m'ont  depuis  offert  une  compensation 
inespérée.  Ainsi  grâce  au  Dictionnaire  de  la  langue  verte  de  Delvau,  au 
Dictionnaire  du  jargon  parisien,  de  M.  Lucien  Rigaud,  et  au  Dictionnaire 
d'argot  militaire  (inédit  encore),  de  M.  Désiré  Lacroix,  pourrai-je  présenter 
un  contingent  auquel  je  n'aurais  osé  toucher  sans  la  garantie  du  nom  de  leurs 
auteurs  :  ils  seront  ici  scrupuleusement  cités. 

Enfin  les  romans  de  l'école  naturaliste  m'ont  fourni  un  appoint  d'exemples 
fort  précieux. 


-A. 


ABAT-JOUR  :  Visière.  — 
Vient  de  l'armée  d'Afrique  où  la 
visière  de  képi  est  surtout  ap- 
préciée à  ce  point  de  vue.  (D. 
Lacroix.) 

ABATTAGE  :  Action  d'abattre 
son  jeu  au  baccarat.  —  «  Il  y  a 
abattage  toutes  les  fois  qu'un 
joueur  a  d'emblée  le  point  de 
neuf  ou  de  huit:  »  (Rigaud.) 


ABATTAGE  :  Ouvrage  vive- 
ment exécuté.  (Idem.) 

ABATTAGE  :  Sévère  répri- 
mande. «  Le  patron  est  un  bon 
garçon  ;  il  avait  raison  de  lui 
foutre  un  abattage.  »  [Le  Su- 
blime.) 

ABATTOIR  :  Cachot  des  con- 
damnés à   mort.  —   Ils  y  vont 


AGG  - 

pour  périr,  comme  les  ani- 
maux. (A.  Pierre.) 

ABCÈS  :  Homme  à  visage 
boursouflé.  (Delvau.)  —  Allusion 
à  son  apparence  malsaine. 

•  ABOMINER  :  Vieux  mot  em- 
ployé déjà  par  Marot. 

ABONNÉ    AU    GUIGNON    : 

N'avoir  pas  de  chance.  (Delvau.) 

—  On  dit  aussi  plus  simple- 
ment :  il  est  abonné  —  de  celui 
auquel  arrive  à  plusieurs  reprises 
soit  un  bonheur,  soit  un  acci- 
dent. 

ABORGNER  (S')  :  Regarder 
avec  attention.  Argot  de  voleurs. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  se  rendre 
ijorgne.  —  On  ferme  un  œil 
pour  mieux  voir  de  l'autre.  C'est 
bien  s'aborgner  en  ce  sens. 

ABOTÉ  :  Mal  ajusté.  V.  Chou- 
fliqué. —  Pour  saboté. 

ABREUVOIR  :  Cabaret.  (Del- 
vau.) 

ABRUTI  :  Élève  assidu  à  l'é- 
tude. {Id.)  Se  dit  aussi  par  abré- 
viation d'un  homme  abruti  par 
les  excès. 

ABS  :  Absinthe.  {Id.) 

ABSINTHER  (S')  :  Boire  de 
l'absinthe.  (Rigaud.)  Se  dit  aussi 
des  vieux  buveurs  pour  caracté- 
riser leur  passion  dominante  : 
Que  devient  X?  —  Il  s'absinthe. 

—  C'est-à-dire  il  se  grise  quoti- 
diennement en  buvant  plusieurs 
verres  d'absinthe. 

ACCENTUER  SES  GESTES  : 
Se  livrer  à  des  voies  de  fait. 
(Delvau.) 

ACCŒURER  :  Accommoder 
àc  bon  cœur.  {Li.) 


i  -  ALE 

ACCROCHER  UN  PALE- 
TOT :  Mentir.  Argot  du  peuple. 
(Rigaud.) 

"ACHATE  :  Latinisme  em- 
ployé de  très-ancienne  date.  On 
l'écrivait  acate;  on  a  même  dit 
acatesse  pour  amitié. 

ACRE  :  Paix!  silence!  —  Il  y 
a  de  l'acre  :  cela  va  mal,  le  pa- 
tron n'est  pas  content.  (Rigaud.) 
Acre  semble  une  forme  d'acrèe 
qui  est  de  date  plus  ancienne. 

ACRÉE,  ACRIE  :  Le  réper- 
toire d'Al.  Pierre  donne  Acrèe 
avec  le  sens  de  méfier',  Delvau 
donne  acrèe,  acrie  :  méfance. 

ACTIONNAIRE  :  Homme  cré- 
dule et  simple.  [Id.)  —  Mot  ex- 
pressif dû  aux  nombreuses  dé- 
confitures de  sociétés  par  actions. 

ADROIT  DU  COUDE  :  Ou- 
vrier buveur.  (Delvau.)  —  Mot  à 
mot;  adroit   à    lever  le  coude. 

V.  p.   I20. 

AFF  (avoir  ses)  :  Avoir  ses 
affaires.  (V.  page  3.)  —  Abré- 
viation. 

•AFFURE  :  Avance  d'argent 
sur  un  ouvrage.  On  dit  aussi 
avoir  du  poulet,  jargon  d'ou- 
vriers. (Rigaud.) 

AGATE  :  Faïence.  (Delvau.)— 
Elle  reluit  comme  l'agate  et  se 
colore  souvent  comme  elle. 

AGOBILLE  :  Outil.  Jargon  de 
voleur.  (A.  Pierre.) 

AGRÉMENT  (avoir  de  V)  Ob- 
tenir des  applaudissements  Ar- 
got théâtral.  (Bouchard.) 

ALENTOIR  :  Aux  environs. 
—  Argot  de  voleur.  (Vidocq).  — 


ALL 


-  ^ 


AMA 


C'est  alentour  avec  changement 
de  finale. 

ALLER  A  GOMBERGE  :  Al- 
ler à  confesse.  (Delvau).  —  Gom- 
berge  est  ici  abréviation  de  corn- 
bergeante 

ALLER  A  LA  GHASSE  AVEG 
UN  FUSIL  DE  TOILE  :  Men- 
dier. {Id.)  •—  Fusil  est  ici  pour 
sac,  car  le  mendiant  est  un  vrai 
chasseur  à  la  charité. 

ALLER  A  LA  COUR  DES 
AIDES  :  Tromper  son  mari. 
(Id.)  —  Mot  à  mot  :  lui  chercher 
des  aides.  Jeu  de  mots  sur  une 
ancienne  juridiction.  Je  ne  crois 
pas  que  ce  mot  ait  encore  cours. 
il  est  donné  par  Leroux. 

ALLER  A  SES  AFFAIRES  : 
Faire  ses  nécessités.  {Id.) 

ALLER  AU  CARREAU  :  Se 
faire  engager.  Argot  des  musi- 
ciens qui  ont  l'habitude  en  pa- 
reil cas  de  se  réunir  rue  du  Pe- 
tit-Carreau. {Id.) 

ALLER  AU  SAFRAN  :  Man- 
ger son  bien.  {Id.) 

ALLER  AU  TROT  :  Aller 
faire  le  boulevard.  Argot  des 
filles.  {Id.)  —  Allusion  à  la  vi- 
tesse de  leur  marche. 

ALLER  SE  FAIRE  FAIRE  : 
Le  second  faire  est  ici  pour 
Jiche.  V.  p.  7. 

ALLER  EN  GALILÉE  :  Re- 
manier. (Terme  d'imprimerie.) 
<  C'est  fairedes  remaniements  qui 
nécessitent  le  transport  d'une 
portion  de  page  du  marbre  dans 
la  galée,  sur  la  casse.  »  (Sau- 
vestre.)  —  C'est  un  jeu  de  mots 
sur  galée. 


ALLER  EN  GERMANIE  :  Re- 
manier. {Idem.)  —  «  Lorsqu'il  est 
forcé  de  remanier  un  long  ali- 
néa, on  dit  qu'il  va  en  Germa- 
manie.  »  (Boutmy,  1878.)  — Jeu 
de  mots.  Germanie  est  ici  pour 
je  remanie. 

ALLER  POUR  L'ARGENT  i 
«  Quand  le  propriétaire  a  parié 
pour  son  cheval,  qui  porte,  alors, 
l'argent  de  l'écurie,  le  cheval 
va  pour  l'argent  ;  ne  pas  aller 
pour  l'argent  a  une  signification 
tout  opposée.  »  {Carnet  des 
CourseSj  77.) 

ALLEZ  DONC  VOUS  LA- 
VER :  Allez -vous -en  donc! 
(Delvau.")  —  C'est-à-dire  au  fi- 
guré :  retirez-vous,  vous  êtes 
trop  sale. 

ALLIANCE  :  Poucettes.  (Del- 
vau.) —  Allusion  ironique  à  la 
bague  de  mariage. 

ALLUMER  DES  CLAIRS  :  Re- 
garder avec  attention.  {Idem.)  — 
Mot  à  mot  :  allumer  ses  yeux. 
On  a  dit  ensuite  allumer  par 
abréviation.  V.  Clair,  p.  108. 

^  ALLUMETTE  (avoir  son)  : 
Être  pris  de  boisson.  —  Dans 
l'argot  des  mécaniciens  cité  par 
Le  Sublime  on  dit  avoir  son  al- 
lumette ronde,  ou  son  allumette 
de  marchand  de  vin,  ou  son  al- 
lumette de  campagne,  pour  ca- 
ractériser les  trois  premières 
phases  de  l'ivresse  qui  allume 
le  visage  de  ses  victimes. 

ALPAGA  :  Habit.  (A.  Pierre.) 

ALPION  :  Homme  qui  triche 
au  jeu.  (Delvau.) 

AMADOUAGE  :  Maria-^e.  Ar- 


AUP  —  4  —  ANQ 

Abrév.  usitée  dans    les  collèges 
et  les  écoles  spéciales. 

AMUNCHE  :  Ami.  (Delvau.) 
—  Chrngement  de  finale. 

ANASTASIE  :  Censure  des 
journaux.  (Rigaud.) 

ANDERLIQUE  :  Tonneau  de 
vidange,  V.  Bonbonnière. 

ANGE  GARDIEN  :  Homme 
reconduisant  les  ivrognes  à  do- 
micile. Ce  métier  se  trouve  dé- 
taillé dans  le  Paris  anecdote  de 
Privât  d'Anglemont. 

ANGLAISE  (danser  à  V)  :  Mé- 
tier que  font  beaucoup  de  fem- 
mes, les  soirs  de  bal  à  l'Opéra. 
Au  lieu  d'aller  à  l'Opéra,  elles  se 
rendent  chez  un  restaurateur  et 
y  attendent  une  pratique  qui 
fait  rarement  défaut.  (Type  dé- 
peint par  H.  de  Rochefort  dans 
les  Français  de  la  Décadence.) 


got  de  voleurs.  {Id.)  —  Ce  doit 
être  une  ironie  quand  on  se  re- 
porte au  sens  argotique  d'ama- 
douer. Au  figuré,  beaucoup  de 
nouveaux  mariés  se  griment  en 
effet  pour  tromper. 

AMADOUER  :  Se  grimer  pour 
tromper.  (Delvau.)  —  L'amadou 
était  employé  jadis  pour  jaunir 
la  face  des  gueux  et  mieux  api- 
toyer le  passant. 
•  AMBASSADEUR  :  Cordon- 
nier. (A.  Pierre.)  —  Souteneur. 
(Delvau.) 

AMBES  :  Jambes  (/cf.).— Vieux 
mot  d'argot  qui  a  fait  le  verbe 
amber.  C'est  jambes  avec  sup- 
pression d'initiales,  et  non  une 
forme  moderne  du  latin  ambo, 
comme  on  l'a  dit.  On  disait  ja- 
dis gambe,  et  les  voleurs  n'ont 
jamais  appelé  le  latin  à  leur 
aide  pour  fabriquer  des  mots 
nouveaux. 

AMBULANTE  :  Raccrocheuse. 
—  Elle  est  ambulante  par  mé- 
tier. —  «  Les  ambulantes  sont  là 
qui  ne  demandent  pas  mieux.  » 
(Le  Sublime.) 

AMÉRICAIN  :  Même  sens  que 
tramway. 

AMI  :  Voleur  émérite,  d'après 
Balzac.  (Rigaud.) 

AMINCHE,  AMINCHEMAR, 
AMINCHEMINCE  :  Ami.  Allon- 
gements de  finales.  —  AMINCHE 
DAFF  :  Complice.  Argot  de  vo- 
leur. (Id.)  —  Ce  dernier  terme 
veut  dire  mot  à  mot  :  ami  d'af- 
faire (vol). 

AMOCHER  :  Donner  des  ta- 
loches. (Id.) 

AMPHI    :    Amphithéâtre.    — 


ANGLAISE  (pisser  à  1')  :  S'é- 
loigner sous  prétexte  d'un  besoin 
et  ne  pas  revenir.  —  «  Elle  avait 
demandé  à  son  vieux  tro  s  sous 
pour  un  petit  besoin  et  le  vieux 
l'attendait  encore.  Dans  les  meil- 
leures compagnies,  cela  s'appelle 
pisser  à  l'anglaise.  »  (Zola.) 

ANGLAISES  :  Cabinet  d'ai- 
sances, monté  à  l'anglaise. 

'  ANGOULÈME  :  Jeu  de  mots 
sur  la  bouche  et  la  ville. 

ANISETTE  DE  BARBIL- 
LON :  Eau  claire,  t  Un  bon  zig 
ne  se  donnera  pas  de  collège 
avec  cette  anisette  de  barbillon 
là  !  »  (De  Concourt.) 

ANQUILLEUSE  :  V.  Enquil^ 
leuse. 


ARB 


-  5 


ARR 


APASCLINER  (s')  :  S'accli- 
mater. (Delvau.)  —  Mot  à  mot  : 
se  faire  au  pays.  De  Paquelin  : 
pays. 

APIC:  ail.  (Id.)  —  Mot  à  mot  : 
à  pique.  La  saveur  de  l'ail  est 
piquante...  Le  mot  arbif  est  cons- 
truit de  la  même  façon. 

APIC,  ASPIC  :  Œil.  Jargon  de 
voleur.  (Rigaud.)  — Ail  et  œil 
se  ressemblent  si  fort,  typogra- 
phiquement  parlant,  qu'il  doit 
y  avoir  ici  une  faute  d'impression. 

APLOMBER  :  Étourdir  à  force 
d'aplomb.  (Delvau.) 

APOLLOTTE  :  sain.  (A. 
Pierre.)  —  N'est-ce  pas  plutôt 
sein  i 

APOTHICAIRE  SANS  SU- 
CRE :  Ouvrier  mal  outillé,  mar- 
chand mal  fourni.  (Delvau.)  — 
Allusion  au  rôle  essentiel  du 
sucre  dans  les  préparations 
pharmaceutiques. 

APPAREILLER  :  Sortir.  Ar- 
got des  marins.  (Id.) 

AQUARIUM  :  Réunion  de  sou- 
teneurs. (Rigaud.)  —  Allusion 
aux  poissons  qui  s'y  donnent 
rendez-vous.  V.  Poisson,  p.  288. 

AQUILIN  (faire  son)  :  Faire  la 
mine.  (Id.)  —  Ne:(  aquilin  vient 
aussitôt  en  tête,  mais  comment 
font  ceux  qui  en  sont  dépour- 
vus? Ce  serait  alors  se  donner 
un  nez  long,  et  au  figuré  pren- 
dre une  mine  courroucée. 

ARBIF  :  En  colère.  (A.  Pierre.) 
—  Mot  à  mot:  à  rebiffe,  a  Se  re- 
biffer »  est  pris  ici  dans  le  sens 
de  :  résister  avec  vigueur,  se 
dresser  hgut  et  ferme. 


ARCASINEUR  :  «  Ce  mot  dé- 
signe dans  l'argot  parisien  les 
mendiants  à  domicile.  »  {Figaro, 
77)  —  Acception  nouvelle  d'un 
mot  déjà  connu.  V.  Arcasien. 

ARÇONNER  :  Faire  parler. 
(A.  Pierre.)  —  Mot  à  mot  -.faire 
l'arçon.  On  ne  parle  librement 
qu'après  s'être  reconnu  entre 
malfaiteurs.  V.  Arçon. 

ARDOISE  (avoir  1')  :  Avoir 
crédit  chez  le  marchand  de  vin. 
Allusion  au  compte  tracé  sur 
l'ardoise.  (Rigaud.) 

ARDOISE  :  Tête,  chapeau. 
{Id.)  —  Comparaison  de  l'homme 
à  la  maison  dont  l'ardoise  peut 
être  considérée  comme  la  tête 
ou  le  chapeau.  Cette  dernière 
image  est  plus  juste  et  mieux 
colorée. 

ARGOT  :  Bête.  (A.  Pierre.) 

ARGOTÉ  :  Qui  se  croit  spiri- 
tuel. (Id.) 

ARGOTIER  :  Voleur.  (Del- 
vau.) 

ARGOUSIN  :  Contre-maître. 
—  Argot  des  ouvriers  qui  se 
comparent  à  des  forçats.  (Ri- 
gaud.) 

♦ARGUCHE  (Erratum).  — 
Au  lieu  de  Arguche:  Diminutifs 
lisez  :  Arguche  :  Argot. —  Dimi- 
nutif  

ARGUCHE  :  Niais.  (Id.)  ^é^ 
]0V2iùîd^ argot  pris  dans  ce  sens. 

ARNACQ  :  Agent  de  sûreté. 
(A.  Pierre.)  —  Forme  à'arnac. 
V.  page  i5.  La  police  prémédite 
ses  captures. 

•ARNELLE  :  Rouen.  —  Du 
nom  de  La  ReneUe,  petit  cours 


ART 


-  6  — 


ATT 


d'eau  qui  traverse  cette  ville. 
On  a  pris  la  partie  pour  le  tout. 

ARRACHER  DU  CHIEN- 
DENT :  Attendre  vainement. 
{Id.)  —  Le  chiendent  est  long  à 
arracher. 

ARRANGEMANER  :  Duper. 
{Id.)  —  C'est  arranger  avec  al- 
longement de  finale. 

ARRONDISSEMENT  (chef- 
lieu  d')  :  femme  enceinte.  (Ri- 
gaud.)  —  Elle  &'arrondit. 

ARROSAGE  :  Acompte  payé 
au  créancier.  (Id.) 

ARROSEUR  DE  VERDOUZE  : 
Jardinier.  (Delvau.)  —  Mot  à 
mot  :  arroseur  de  verdure. 

ARSENAL  :  Arsenic.  (Id.) 
Changement  de  finale. 

ARSONNER   :  Fouiller.  [Id.) 

—  Devrait  s'écrire  arçonner.  V. 
ce  mot.  C'est  le  sens  d'interro- 
ger pris  au  figuré.  On  interroge 
les  poches. 

ARTILLEUR  :  Ivrogne.    {Id.) 

—  Il  est  habitué  au  maniement 
du  canon.  Jeu  de  mots. 

ARTILLEUR  :  Refrain  en 
vogue  dans  les  écoles  de  Paris, 
prélude  forcé  de  toute  manifes- 
tation bruyante.  —  L'artilleur 
est  la  marseillaise  des  collé- 
giens. On  dit  :  «  piquer  un  ar- 
tilleur. » 

ARTILLEUR  DE  LA  PIÈCE 
HUMIDE  :  Pompier.  (Rigaud.) 

•  ARTON  :  Pain.  —  Vieux  mot 
qui  semble  venir  du  provençal 
artoun  (pain). 

AS  DE  CARREAU  :  Ruban 


de  la  légion  d'honneur.  (Delvau.) 
—  L'image  n'est  pas  exacte,  ce 
qui  n'est  pas  ordinaire  en  argot. 

AS  DE  PIQUE  :  Anus,  écus- 
son  noir  distinguant  le  collet 
des  zéphyrs.  {ldem.)W.  page  364. 

ASINVER  :  Abêtir.  {Id.) 

ASPIC  :  avare.  (/i.>— V.  Apic, 

•ASSEOIR  (allez  vous)  :  On 
dit  aussi  Va  fasseoir  sur  le  bou- 
chon. Voy.  Maigre.  On  dit  aussi 
il  peut  s'asseoir  pour  qu'il  ne 
bouge  plus! 

ASSOxMMOIR  :  Nom  d'an  ca- 
baret de  Belleville,  devenu  celui 
de  tous  les  débits  de  liquides 
frelatés  qui  tuent  (assomment) 
le  peuple.  {Id.) 

ASTICOT  :  Maîtresse  de  sou- 
teneur. (Rigaud.)  —  Ici  lo  pois- 
son souteneur  amorce  avec  Vas- 
ticot.  C'est  le  monde  renversé. 

ATIGÉ  :  Malade.  {Id.)  —  Mot 
à  mot  :  frappé.  V.  Attiger,  p.  19. 

ATOUT  :  Estomac.  Ar-ot  de 
voleurs.  (Delvau.) 

ATTACHER  UN  BIDiDN  : 
Dénoncer  quelqu'un. —  «  Faire 
la  casserole  »  aura  paru  trop 
connu  et  on  aura  fabrique  ce 
synonyme.  Voyez  Gameler. 

•ATTAQUE  (d')  :  Exemple  : 
«  Coupeau  marchait  de  l'air  es- 
brouffeur  d'un  citoyen  qui  est 
d'attaque.  »  (Zola.) 

ATTIGNOLES  :  Tripes  à  la 
mode  de  Caen.  —  c  Nous  nous 
empâtons  quéqu'  fois  de  sau- 
cisses et  d'attignoles.  »  (Riche- 
pin.) 

ATTRAPE-SCIENCE  :  Ap- 


AUT 


-  7  — 


AVO 


prenti  compositeur  d'imprime- 
rie. —  Le  nom  fait  image.  — 
«  L'attrape-science  reçoit  une 
banque  qui  varie  entre  i  fr.  et 

10  fr.  par  quinzaine.  »  (Boutmy, 
78.) 

ATTRAPER  LE  LUSTRE  : 
Ouvrir  la  bouche  pour  laisser 
passer  une  note  qui  ne  vient 
pas.  Argot  théâtral.  (Bouchard.) 

"ATTRLMER  :  «  Des  habits! 

11  les  faut  attrimer.  »  {La  Comé- 
die des  Proverbes^  1714.) 

AU  PRIX  OU  EST  LE 
BEURRE  :  Au  prix  où  sont 
toutes  choses.  —  La  partie  est 
prise  pour  le  tout,  parce  que 
l'augmentation  progressive  du 
prix  du  beurre  excitait  particu- 
lièrement les  doléances  des  mé- 
nagères. —  «  Au  prix  où  est  le 
beurre  et  où  sont  les  loyers,  une 
femme  seule  ne  peut  pas  vivre 
de  son  travail.  »  (H.  de  Roche- 
fort,  67.) 

AUSTO  :  Salle  de  police.  — 
Pour  ousteau.  —  «  Le  caporal  : 
Allons!  allons!  à  l'austo, et  sans 
traîner.  »  (Durandeau,  78.) 
Voyez  Lousto,  page  224. 

AUTEL  DE  BESOIN  :  Fille 
publique.  (Rigaud.)  — -4MfeZ  doit 
être  ici  pour  hôtel  (un  de  ces  hô- 
tels ouverts  à  tous  ceux  qui 
payent). 

AUTRE  (être  1')  :  Être  dupe. 
(Rigdud.) 


AUVERGNAT  (avaler  V)  : 
Communier.  [Id.) 

AUVERPINCHE  :  Gros  sou- 
lier d'Auvergnat.  {Id.)  —  Chan- 
gement de  finale. 

^  AVALÉ  LE  PÉPIN  (avoir)  : 
Être  enceinte.  Allusion  à  la 
pomme  qui  perdit  Adam  et 
Eve.  {Id.) 

•  AVALER  SA  FOUR- 
CHETTE :  Mourir.  —  Mot  à 
mot  :  Ne  plus  manger. 

Et   comme    on    dit  vulgairement, 
L'  pauvre  homme  avala  sa  fourchette. 
(Dalès.) 

AVANT-COURRIER  :  Mèche 
anglaise  à  percer.  (A.  Pierre.)  — 
C'est  effectivement  elle  qui  fraye 
la  voie  aux  scieurs  de  portes  et 
de  volets. 

AVARO  :  Avarie,  accident. 
(Boutmy,  78.)  —C'est  le  mot 
avarie,  avec  changement  de  fi- 
nale comme  sergo,  invalo,  etc. 

AVOINE  :  Eau-de-vie.  Argot 
militaire.  (Rigaud.)  —  Elle  ex- 
cite comme  l'avoine. 

AVOIR  ENCORE  (!')  :  Avoir 
sa  virginité.  (Rigaud.)  —  On  dit 
aussi  par  abréviation  il  Va  ou 
elle  Va. 

AVOIR  DES  PLANCHES  ; 
Être  à  l'aise  sur  la  scène.  Argot 
théâtral.  (Bouchard.) 


BAF 


BAI 


B 


BABILLAUDIER  :  libraire. 
(Delvau.)—  De  babillard  :  livre. 

BAC  :  Abréviation  de  bacho 
qui  était  déjà  une  abrév.  de  Bac- 
calauréat. V.  Piston. 

BACHE  :  Casquette.  Elle  cou- 
vre la  tête  comme  la  bâche 
couvre  la  marchandise.  (Rigaud.) 

BACHOTIER  :  Préparateur 
au  bacho  ou  examen  de  bacca- 
lauréat. (Rigaud.) 

BACKER  :  C'est  l'opposé  du 
bookmaker.  Il  ne  parie  que  pour 
un  cheval.  (Parent.)  Anglica- 
nisme. 

BACREUSE  :  Poche.  Jargon 
d'ouvrier.  (Rigaud.)  —  Ba  sem- 
ble une  superfétation,  car  on  aura 
dit  creuse  comme  on  dit  profonde. 

BADIGEON  :  Fard  blanc  ou 
rouge.  (Delvau.) 

*  BADIGEONNER  :  se  garder. 
—  Lise:i[  Badigeonner  :  se  farder 
page  23). 

BADIGEONNER  LA  FEMME 
AU  PUITS  :  Mentir.  C'est-à- 
dire  farder  la  vérité.  Jargon  des 
voleurs.  (Rigaud.)  — Ces  voleurs 
ferrés  sur  l'allégorie  deviendront 
les  émules  des  précieuses. 

BAFOUILLER  :  Bredouillex. 
(Rigaud.) 

BAFOUILLEUR  :  Bredouil- 
leur.  (Id.) 


BAGNOLE  :  Petite  chambre 
malpropre.  (Id.) 

BAGNOLE  :  Chapeau  de 
femme  ridicule.  Argot  du  peu- 
ple. (Delvau.) 

BAGOULARD  :  Bavard.  {Id.) 
—  De  Bagoult. 

BAGUENAUDE  :  Poche.  {Id.) 

BAGUENAUDE  RON- 
FLANTE :  Poche  garnie  d'ar- 
gent. (Rigaud.)  Allusion  aux 
murmures  de  la  monnaie. 

BAGUETTE  DE  TAMBOUR  : 
Jambe  maigre. 

Une  jambe  faite  au  tour, 
Qu'a-t-elle,  ôtant  le  postiche, 
Deux  baguettes  de  tambour. 

(Tostain.) 

•  BAHUTER  :  S'est  dit  autre- 
fois pour  plaisanter,  s* amuser. — 
«  Philippin,  à  quel  jeu  jojons- 
nous,  de  bon  ou  pour  bahuter?  » 
[La  Comédie  des  Proverbes ^ 
1714.) 

BAIGNE  DANS  LE  BEURRE  : 

Souteneur.  Allusion  au  beurre 
dont  le  maquereau  est  friand. 
(Rigaud.) 

BAIGNEUSE  :  Tête.  Ar^iot  de 
voleur.  (Delvau.)  —  Extension 
du  sens  de  chapeau  qui  est  le 
plus  ancien.  V.  page  24. 

BAIGNOIRE  A  BON  DIEU  : 
j  Calice.  (Delvau.)  —  Allusion  à 


BAL 


BAN 


la  présence  de  la  Divinité  dans 
le  vin  du  calice. 

BAILLER    AU    TABLEAU    : 

N'avoir  qu'un  bout  de  rôle  dans 
une  pièce  nouvelle.  Argot  théâ- 
tral. (Bouchard.)  —  Allusion  au 
tableau  de  la  mise  en  repétition 
de  la  pièce. 

BAIN-MARIE  :  Personne  tiède. 
(Id.)  —  Allusion  au  chauffage 
dit  au  bain-Marie  qui  n'ap- 
proche pas  du  feu. 

BAISER  LE  C-L  DE  LA 
VIEILLE  :  Ne  pas  faire  un 
point.  A.rgot  de  joueurs.  (Del- 
vau.) 

BAJAF  :  Gros  butor.  (Id.) 
V.  Bayafe,  p.  33. 

BAL  :  Prison.  —  Abrév.  de 
ballon  qui  a  le  même  sens.  (Ri- 
gaud.)  —  POTEAUX  DE  BAL  : 
Amis  de  prison.  {Id.) 

*  BALAI  :  Agent  de  police. 
(Delvau.) 

BALAI:  Plumet  militaire.  Nom 
donné  pour  la  première  fois  à 
l'aigrette  de  crin  vert  qui  sur- 
montait le  schako  d'infanterie 
sous  le  second  empire.  (D.  La- 
croix.) 

BALANCER    LA  TINETTE: 

Vider  le  gogueneau  (V.  ce  mot); 
partir,  vider  les  lieux,  —  ce  qui 
est  un  jeu  de  mots  sur  le  premier 
sens.  (Rigaud.)  —  Le  gogueneau 
se  balance  avant  de  donner  plus 
de  force  à  la  projection  du  con- 
tenu dans  la  fosse. 

BALANCEUR  DE  BRAISE  -. 
Changeur.  (Rigaud.)  —  Allusion 
aux  petites  balances  profession- 
nelles. 


BALANÇON  :  Marteau  de  fer. 
Jargon  de  voleur.  (Rigaud.)  — 
Il  est  à  noter  que  Vidocq  lui 
donne  d'autre  part  le  sens  de 
barreau  de  fer.  V.  Balançoir. 
p.  25. 

BALAYAGE  :  élimination.  — 
«  Le  balayage  des  conservateurs 
est  complet.  »  {Pays,  journal. 
Janvier  79.) 

BALCON  (il  y  a  du  monde 
au)  :  Se  dit  d'une  femme  avan- 
tagée sous  le  rapport  de  la 
gorge.  (Rigaud.)  —  Le  balcon 
est  le  corset  et  la  tête  du  spec- 
tateur figure  l'appas. 

BALCONNIER  :  Orateur  qui 
parle  du  haut  d'un  balcon.  {Id.) 

BALLADE,  BALLADER,B  AL- 
LADEUR  :  Voyez  ces  mots  avec 
une  seule /,  page  2  5. 

BALLE    :    Secret.    (Rigaud.) 

—  FAIRE  LA   BALLE  :  Suivre 
les  instructions.  {Id.) 

BALLON    (en)    :    En  prison. 

—  Jeu    de   mots    sur  emballé. 
Rigaud.) 

BALLONNÉ  :  Emprisonné. 
{Id.) 

BALLOT  :  Chômage.  Argot 
de  tailleurs.  {Id.) 

BALLOTER  :  Manquer  d'ou- 
vrage, jeter.  —  BALLOTER  UN 
CLIENT  AVALANT  :  Jeter  un 
homme  à  l'eau,  c'est-à-dire  en 
aval,  au  cours  de  l'eau.  {Id.) 

BALOTS  :  Lèvres.  V.  Benoit. 

BAMBOCHE  (être)  :  Être  en 
état  d'ivresse.  (Delvau.)  —  Abrév. 
de  Bambocheur. 

BANC  DE  TERRE-NEUVE  : 


BAR 


—   IQ  — 


BAT 


Partie  des  boulevards  comprise 
entre  la  Madeleine  et  la  Porte 
Saint-Denis.  —  Allusion  aux 
morues  (V.  ce  nom)  qu'on  y  va 
pêcher.  On  dit,  pour  abréger,  le 
banc.  —  «  Quand  on  s'ennuie, 
on  dit  :  Viens-tu  au  banc  faire 
un  tour?  »  {Le  Sublime.) 

BANDER  LA  CAISSE  :  Se 
sauver  avec  la  caisse.  (Delvau.) 
—  Jeu  de  mots  sur  l'acte  des 
tambours  qui  bandent  la  caisse 
pour  taper  dessus. 

BANNIÈRE  :  Se  dit  de  la  che- 
mise gardée  pour  tout  vêtement. 
Elle  flotte  au  vent  comme  la  ban- 
nière. —  «  Elle  rabattait  le  pan 
de  devant.  Ça  c'est  la  bannière, 
dit-elle.  »  (Zola.) 

*  BANQUE  :  «  Le  prote  fait 
la  banque  aux  metteurs  en  pages 
qui,  à  leur  tour,  la  font  aux  pa- 
quetiers.  »(Boutmy,  78.)  V.  Salé. 

BAPTÊME  :  Tête.  Argot  de 
faubouriens.  —  Allusion  à  l'on- 
doiement baptismal  de  la  tête. 
(Delvau.) 

BARAQUE:  armoire  de  collé- 
gien. Elle  a  remplacé  l'ancien 
pupitre. 

BARAQUE  :  Chevron  ga- 
lonné cousu  sur  la  manche  des 
soldats  pour  indiquer  un  cer- 
tain temps  accompli  sous  les 
drapeaux.  (D.  Lacroix.)  —  Allu- 
sion à  l'aspect  conique  du  che- 
vron qui  simule  le  profil  d'une 
baraque.  —  «  C'est  un  ancien  à 
trois  baraques,  dira  le  jeune  sol- 
dat en  parlant  d'un  troupier  à 
trois  chevrons.  »  (D.  Lacroix.) 

BARBEAU  :  Souteneur.  Voyez 
Barbillon,  p.  29. 


BARBILLON  DE  BEAIJCE  : 
Légume.  —  Mot  de  vieil  argot 
qui  ne  semble  plus  usité.  U  est 
ironique.  On  ne  trouve  i:îuére 
de  poissons  dans  le  pays  sec  de 
la  Beauce.  —  BARBILLON  DE 
VARENNE  :  Navet.  —  Varenne 
est  ici  pour  garemxe,  terrain  sa- 
blonneux. Même  ironie. 

BARIL  DE  MOUTARDE  : 
Derrière.  (Rigaud.)  —  L'image 
breneuse  se  devine. 

BARRE  (compter  à  la)  : 
Compter  en  traçant  des  barres 
sur  une  ardoise.  {Id.) 

BARRER  :  Réprimander,  (Del- 
vau.) 

BARRES  :  Mâchoire.  —  Che- 
valisme.  V.  Rafraîchir  (se). 

BASCULE  :  Guillotine.  (Del- 
vau.)—  La  partie  est  mise  pour  le 
tout. 

BAS  DE  PLAFOND  :  De  très- 
petite  taille.  {Id.)  V.  Plafond, 
p.  284. 

BASSE  :  Terre.  —  Argot  de 
voleur.  (Id.)  —  La  terre  est  sous 
nos  pieds,  ce  qui  est  aussi  bas 
que  possible. 

BASTIMAGE  :  Travail.  Argot 
de  voleur.  (Id.) 

BASTRINGUE  :  Scie  à  scier  le 
fer.  (A.  Pierre.)  —  C'est  la  ]^ar- 
tie  prise  pour  le  tout.  Voye^  le 
même  mot,  p.  3i. 

BATONS  DE  CHAISES  (noce 
de)  :  Noce  à  tout  casser.  V.  Lw  on. 

BATON  DE  CIRE  :  Jan^bc. 
[Id.) —  Sans  doute  :  jambe  mai- 
gre. 

BATE  (être  de  la)  :  Être  heu- 


BAT 


—  II  — 


BÉC 


reux.  (Rigaud.j  —  Même  ori- 
gine queBath.  V.  page  3i. 

BATIAU  (jour  du)  :  Jour  où 
le  compositeur  arrête  son  compte 
de  travail  pour  la  semaine  ou  la 
quinzaine.  —  PARLER  BA- 
TIAU :  Parler  des  choses  du 
métier.  (Boutmy.) 

BATIMENT  (être  du)  :  Exer- 
cer la  même  profession.  (Ri- 
gaud.) 

BATIR  SUR  LE  DEVANT: 
Prendre  du  ventre.  (Id.)  —  Ex- 
pression pittoresque  et  assez 
juste.  L'édifice  abdominal  des 
gastronomes  est  bien  leur  œuvre. 

BATOUSIER:  Tisserand.  (Del- 
vau.)  —  Allusion  au  battement 
du  métier. 

BATTAQUA  :  Femme  à  robe 
sale.  (A.  Pierre.) 

*  BATTERIE,  BATTRE  :  Éty- 
mologie  :  Du  vieux  mot  bas  ter  : 
tromper. 

BATTEUR    DE    BEURRE   : 

Agent  de  change.  (Rigaud.) 

BATTRE  LE  BEURRE  :  Spé- 
culer à  la  Bourse.  (Rigaud.)  — 
Mot  à  mot  :  battre  l'argent,  frap- 
per la  monnaie.  Jeu  de  mots. 
V.  Beurre. 

BATTRE  ENTIFLE  :  Faire 
le  niais.  Argot  de  voleur.  (Del- 
vau.)  —  Pour  Antifle,  p.  12. 

BATTRE  JOB  :  Dissimuler, 
tromper. (/£f.)V.  Job  (monter  le), 
page  212. 

BATTRE   LA  COUVERTE  : 

Dormir.  Argot  de  soldat.  (Id.)  — 
Battre  doit  être  une  abréviation 
de  Rabattre.  Le  dormeur  rabat 
la  couverte  sur  lui. 


BATTRE  LA  MURAILLE  : 
Être  complètement  ivre.  {Id.)  On 
connaît  ces  vers  de  Piron  : 

Dn  corps  battant  la  muraille, 
Escortés  de  cent  canailles, 
Ils  regagnent  la  maison. 

BATTRE  EN  RUINE  :  Visiter. 
(Rigaud.)  —  Doit  venir  de  l'ar- 
got des  voleurs  que  les  visites 
domiciliaires  ruinent  ordinaire- 
ment. 

BAUDROUILLER  :  Filer. 
(Delvau.)  —De  baudru. 

BAUDRU  :  Fil.  (Id.) 

BAUSSE  FONDU  :  Chef  d'éta- 
blissement ruiné.  (Rigaud.) 

BAVARD  :  Avocat.  (Delvau.) 

*  BAVER  :  Exemple  :  «  On 
pouvait  baver  sur  leur  compte, 
lui  savait  ce  qu'il  savait.  »  (Zola.) 

—  Baver,  toujours  pris  en  mau- 
vaise part,  est  plus  une  accep- 
tion figurée  de  baver  qu'une 
abréviation  de  bavarder,  comme 
je  l'ai  cru  d'abord. 

BEAU  BLOND  :  Soleil.  Argot 
de  voleurs.  {Id.)  —  Allusion 
mythologique  au  blond  Phébus 
des  chansons  de  l'ancienne 
école  ? 

BÉ  :  Hotte  de  chiffonnier.  (Ri- 
gaud.) —  Abrév.  de  Berri. 

BÉBÉ  :  Femme  déguisée  en 
bébé.  (Costume  fréquemment 
porté  dans  les  bals  masqués  de- 
puis   une    trentaine    d'années.) 

—  a  Un  bébé  ouvre  la  porte 
d'un  cabinet  où  siègent  deux 
dominos.  »  (Alm.  des  Cocottes, 
67.)^ 

BÉCANE  :  Machine  à  vapeur, 


BEN 


—    \2 


BER 


—  «  Il  dit  que  c'est  vexant  de 
conduire  une  bécane.  »  {Le  Su- 
blime.) 

BEC  QUANT  :  Poulet.  Jargon 
de  voleur.  (Rigaud.) 

BECQUETANCE  :  Nourri- 
ture. —  «  Quand  il  y  en  a  pour 
le  marchand  de  béquetance,  il  y 
en  a  pour  le  marchand  de  som- 
meil. >  (A.  de  Lafaille.) 

BÉDOUIN  :  Grec,  voleur  au 
jeu.  0  Les  sept  mille  Grecs  de 
France  se  divisent  en  cinq  caté- 
gories dont  les  noms  font  tous 
moins  allusion  à  la  Grèce  (ou 
graisse).  Voici  ces  néologismes 
de  l'équivoque.  /.  sui fards; 
2.  graisseurs;  3.  bédouins;  4. 
grecs;  5.  philosophes.  »  {Figaro, 
70.) 

BÈGUE  :  Bezigue.  (Rigaud.) 

—  Abréviation. 

BEIGNE  ?  coup. —  Vieux  mot. 
«  Oui,  ma  chère,  plus  de  bei- 
gnes  et  des  pépètes.  »  (Huys- 
mans,  79.) 

BÊLANT  :  Mouton.  (Delvau.) 

BELGE  :  Pipe  en  terre  de 
Belgique.  (Rigaud.) 

BELLE  PETITE.  Mot  à  mot  : 
«  belle  petite  dame.  »  C'est  la 
loreite  de  1878-1879.  —  «  Il  y  a 
peut-être  une  ou  deux  belles  pe- 
tites qui  se  sont  glissées  en 
fraude.  )i  (Vie paris.  79.). 

BENI-MOUFFETARD  :  Pari- 
sien du  quartier  Mouffetard, 
spirituellement  canaille.  —  «  Le 
nez  est  franchement  beni-mouf- 
fetard,  camard,  aux  narines  ou- 
vertes, point  bridé  mais  spiri- 
tuel.» (G.  desPerrières,  73.)— Le 


néologisme  date  du  temp?  où  les 
guerres  d'Afrique  ramenaient 
continuellement  dans  les  jour- 
naux des  noms  de  tribus  arabes 
commençant  par  Béni. 

BÉNIR  BAS  :  Donner  un 
coup  de  pied  quelque  part.  —  Ce 
mot  me  semble  rentrer  dans  la 
classe  des  mots  faux  que  j'ai  si- 
gnalée page  14.  Delvau  l'a  donné 
le  premier  pour  faire  plaisir  à 
Babou  qui  l'avait  inventé,  et 
depuis  ce  temps  les  glossaires 
le  répètent. 

BÉNIR  DES  PIEDS  :  Être 
pendu.  (Delvau.)  —  Allusion 
aux  derniers  gigottemenis  du 
suicidé. 

BENOIT  :  Souteneur.  ~  «  Les 
Benoits  toujours  lichent  et 
s'  graissent  les  balots.  »  (Riche- 
pin,  77.) 

BEQ  :  Portion  de  bois  à  gra- 
ver. Argot  d'artiste.  (Delvau.)  — 
Abréviation  de  béquet. 

BÉQUILLARDE  :  Guillotine. 
(Rigaud.) — Augmentatif  de  bé- 
quille (V.  p.  36)  qui  signifiait 
potence. 

BERDOUILLE  :  Ventre.  (A. 
Pierre).  —  Allusion  aux  mur- 
mures intestinaux  ou  bredouil- 
lements  de  ventre.  —  Un  roman 
de  M.  Huysmans  (Les  sœurs 
F^a^<3rii)décritlaberdouilled'une 
femme  géante  en  exhibition  à  la 
foire  deSaint-Cloud. 

BERGE  :  Année.  (Delvau.) 

BERGÈRE  :  «  Dans  la  langue 
typographique  comme  dans  les 
autres  argots,  ce  mot  désigne 
une  femme.  »  (Boutmy,  78)  — • 


BEU 


-  i3  - 


BIC 


Allusion  ironique  aux  ariettes 
pastorales  du  dernier  siècle,  où 
ramante  est  toujours  la  bergère 
de  Tircis  ou  de  Colin. 

BERLU  :  Aveugle.  (Delvau.) 
—  Mot  à  mot  :  qui  a  la  berlue 

BERNARD  :  Postérieur.  (Del- 
vau.) —  ALLER  VOIR  BER- 
NAKD  :  Aller  aux  lieux  d'ai- 
sances. Allusion  à  saint  Bernard, 
représenté  d'ordinaire  ayant  en 
main  des  tablettes  qui  passent 
pour  le  papier  de  rigueur.  (Ri- 
gaud.) 

BERRI  :  Hotte.  Argot  de  chif- 
fonnier, (/i.) 

BERTEL'O  :  Pièce  d'un  franc. 

Argot  de  voleur.  (Delvau.) 

BERZÉLIUS  :  Montre.  Jargon 
de  collège.  (Rigaud.) 

BÊTE  A  BON  DIEU  :  Per- 
sonne réputée  aussi  inoffensive 
que  l'insecte  appelé  bête  à  bon 
Dieu.  —  «  Cette  enfant-là  lui 
était  venue  si  bonne,  si  mal- 
léable, une  vraie  bête  à  bon 
Dieu!  »  (Hennique.) 

BÊTE  A  PAIN  :  Entreteneur. 
Il  apporte  le  pain  quotidien.  — 
«  On  en  trouve  à  gogo,  des  bêtes 
à  pain,  quand  on  sait  s'y  pren- 
dre. »  (Huysmans,  79.) 

BETTANDER  :  Mendier.  (Del- 
vau.) —  Sans  doute  pour  battan- 
der.  Les  Battandiers  formaient 
une  tribu  de  la  cour  des  mira- 
cles. 

BEURLOQUIN  :  Patron  d'une 
maison  de  chaussures  de  der- 
nier ordre.  (Rigaud.) 

BEURLOT  :  Petit  maître  cor- 
donnier. (Id.) 


BEURRE  DEMI-SEL  :  Fillè 
galante  mais  non  tout  à  fait  per- 
due. (Delvau.)—  Une  fille  perdue 
s'appelait  autrefois  une  dessalée. 

BEZEF  :  Beaucoup.  Vient 
d'Afrique.  (Rigaud.) 

BIBARDER  :  Vieillir  honteu- 
sement. (Delvau.) 

BIBASSIER  :  Radoteur,  maus- 
sade, tatillon.  —  «Vieux  bibassier 
va!  »  (Boutmy,  78.)  —  Forme 
abrégée  de  birbassier.  Voyez 
dans  le  corps  du  Dict.  Birbasse, 
Birbasserie. 

*BIBELOTTER  :  Composer, 
machiner.  —  «  Il  dessine  ou  bi- 
belotte  une  invention  qui  sou- 
vent réussit.  »  {Le  Sublime.) 

BIBI  (envoyer  à)  :  Envoyer  à 
la  maison  des  fous.  —  Abrév.de 
Bicêtre,  avec  redoublement  de 
la  première  syllabe.  —  «  On  en- 
voie à  Bibi  ceux  dont  les  pal- 
las  paraissent  insensés.  »  (Bout- 
my, 78.) 

BIBINE  :  Sœur  de  charité, 
bière,  cabaret  de  dernier  ordre. 
(Rigaud.) 

BIBLI  :  Bibliothèque.  —  Abrév. 
usitée  dans  les  collèges. 

BIBOIRE  :  Petit  vase  en  cuir 
ou  en  caoutchouc  dont  les  éco- 
liers se  servent  pour  boire  à  la 
fontaine  en  recréation.  —  Argot 
des  écoles. 

BICARRÉ  :  V.  Bi{ut, 

BICHE  (ça)  :  Cela  va  bien.  (Ri- 
gaud.)— Pour  ce/a  6ai5e.  Quand 
on  se  baise,  on  est  d'accord. 

BICHON  :  Synonyme  de  Je" 


BIF 


—  14  — 


BIL 


sus.  (Delvau.)  —  Allusion  à  sa 
frisure  habituelle. 

BIDACHE  :  Viande.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  Bidoche. 

BIDONNER  :  Boire  copieuse- 
ment. —  Le  bidon  est  une  forte 
mesure  de  capacité.  «  Nom  d'un 
bonhomme!  on  a  rien  bidonné 
depuis  hier  soir!  »  (Huysmans, 
79-) 

BIEN  FAIRE  (en  train  de)  : 
En  train  de   manger.  (Rigaud.) 

BIFFE  :  Métier  de  chiffon- 
nier, {Id.)  —  Il  est  à  remarquer 
que  biffe  veut  dire  chiffon  en 
vieux  dialecte  champenois. 

BIFFER  :  Exercer  le  métier 
de  chiffonnier,  ijd.) 

BIFFETON  :  Contremarque. 
{Jd.)  —  Mot  à  mot  ;  chiffon. 

BIFFETON  :  Lettre.  —V.  l'In- 
troduction, page  14. 

BIFFIN  :  Fantassin.  {Id.)  — 
Comparaison  du  havresac  à  la 
hotte  du  biffin  ou  chiffonnier. 

BIFTECK  DE  CHAMAR- 
REUSE  :  Saucisse  plate.  (Del- 
vau.) —  Allusion  à  la  charcu- 
terie qui  est  trop  souvent  le 
rôti  des  ouvrières. 

BIFTECK  DE  GRISETTE  : 
Saucisse  plate.  (Rigaud.)  —  Ex- 
tension du  terme  ci-dessus. 

BIFTECK  A  MAQUART  : 
Sale  individu.  Mot  à  mot  :  bif- 
teck à  équarrisseur.  (7i.)  —  C'est 
un  équivalent  de  charogne. 

BIFTECK  (faire  du)  :  Frapper. 
—  Allusion  à  la  viande  frappée 
par  le  cuisinier  pour  la  rendre 


moins  dure.  —  A  ce  sujet,  nous 
dirons  que  le  bifteck  ou  beefs- 
teak  anglais  veut  dire  tranche 
de  bœuf  tout  bonnement.  «.  Nos 
pères  disaient  grillade,  fait  ob- 
server M.  Justin  Améro,  et  ils 
ne  se  portaient  pas  plus  mal  pour 
parler  français.  » 

BIFTECK  (faire  du)  :  Monter 
sur  un  cheval  qui  trotte  dur, 
c'est-à-dire  qui  fatigue  le  posté- 
rieur de  son  cavalier.  —  Même 
allusion  que  ci-dessus. 

BIFURQUÉ  :  Collégien  aban- 
donnant l'étude  des  lettre?  pour 
celle  des  sciences. 

BIGEOIS  :  Dupe.  (Rigaud.)  — 
Vidocq  donne  en  ce  sens  bge  et 
bigeot. 

BIGORNION  :  Mensonge.  (Ri- 
gaud.) —  Dérivé  de  Bigorne  qui 
vient  de  biguer  :  Changer.  Le 
mensonge  est  le  changement  de 
la  vérité.  V.  page  40. 

BIJOUTER  :  Voler  des  bi- 
joux. (Id.) 

BIJOUTERIE  :  Frais  avîincés, 
argent  déboursé.  Argot  d'ou- 
vrier. (Delvau.) 

BIJOUTIER  EN  CUIR,  BI- 
JOUTIER SUR  LE  GENOU  : 
Cordonnier.  [Id.) 

BILBOQUET  :  Menus  tra- 
vaux d'imprimerie.  (Boutmy.) 

BILBOQUET  :  Litre  de  vin. 
(Rigaud.)  —  Comparaison  de  la 
bouteille  au  bilboquet.  Le  bou- 
chon de  l'une  s'enlève  comme 
la  boule  de  l'autre. 

BILLE  DE  BŒUF  :  Saucisson. 
(Id.) 


BLA 


-  i5 


BLA 


BILLER  :  Payer.  (Id.)  —  De 
Bille  :  Argent. 

BIRBASSIER  :  V.  Bibassîer. 

BIRMINGHAM  (de)  :  Très  en. 
nuyeux.  —  Les  rasoirs  de  Bir- 
mingham sont  célèbres.  {Id.) 
—  V.  Rasoir  et  Raseur,  p.  Soy. 

^  BISER  :  Embrasser.  {Id.)  — 
Élimination  de  Va.  On  va  en- 
core plus  loin  et  on  dit  bise  par 
abréviation. 

BISSARD  :  Pain  bis.  (A. 
Pierre.)  —  Augmentatif. 

BIZUT  :  Élève  de  i"  année 
en  mathématiques  spéciales.  — 
L'élève  de  2^  année  est  le  carré, 
celui  de  3«  le  cube,  celui  de  4»  le 
bicarré,  on  s'arrête  là.  —  On  dit 
de  même  dans  un  langage  algé- 
brique :  Il  est  ennuyeux  à  la 
j5*  puissance.  Argot  des  écoles. 

BISMARQUER  :  S'approprier 
par  tous  les  moyens.  —  Inutile 
de  développer  son  étymologie. 
Chose  singulière,  le  mot  paraît 
plus  usité  à  l'étranger  qu'en 
France.  —  ce  Le  portugais  pos- 
sède à  un  haut  degré  la  faculté 
si  précieuse  de  s'approprier  des 
locutions  étrangères,  de  croître 
et  de  se  développer  comme  un 
organisme  vivant.  M.  Latouche 
cite  le  mot  français  bismarquer, 
bien  connu,  paraît-il,  de  ses  lec- 
teurs, anglais.  »  {Bibliothèque 
universelle  et  Revue  suisse,  1877.) 

BLAFARD  :  Pièce  d'argent. 
Allusion  de  blancheur.  —  «  Un 
écu  flambant  neuf!  Un  blafard 
de  cinq  balles.  »  (Richepin,  77.) 

•  BLAGUE  :  S'il  fallait  remon- 
ter au  delà  de  1S08,  date  de  notre 
plus  ancien   exemple,  nous  se- 


rions presque  tenté  de  voir  dans 
blague  une  forme  intervertie  de 
l'ancien  catalan  bagol  qui  a  fait 
notre  bagou.  Le  sens  est  le 
même  et  les  cas  d'interversion 
ne  sont  pas  rares. 

BLAGUE  A  TABAC  :  Sein 
flétri.  (Rigaud.)  —  Allusion  de 
forme  et  de  consistance. 

BLAIR  :  Nez.  Argot  de  vo- 
leur. (Rigaud.)  —  Flair  se  com- 
prendrait mieux. 

BLAIREAU  :  Balai,  conscrit. 
—  «  Le  soldat  appelle  blaireau  le 
balai...  Il  nomme  encore  cet  ins- 
trument le  pinceau  du  bleu 
(conscrit.  Voir  Bleu).  »  (D.  La- 
croix.) —  Les  pinceaux  de  colo- 
riste étant  faits  de  poils  de  blai- 
reau et  le  balai  étant  d'autre 
part  appelé  pinceau,  on  voit  le 
rapprochement  qui  a  formé  ce 
nom  nouveau.  De  là  aussi  le 
nom  de  blaireau  donné  aux  nou- 
veaux soldats  qui  font  plus  sou- 
vent que  les  autres  la  corvée  du 
balayage. 

BLANC  :  Eau-de-vie  de  marc. 
(Rigaud.) 

BLANC  (Jeter  du)  :  Interli- 
gner. Terme  d'imprimerie.  (Id.) 

BLANCHIR  :  Créer  des  ali- 
néas, multiplier  les  tirets  dans 
un  texte.  (Id.)  —  Argot  des  gens 
de  lettres. 

BLASÉ  :  Enflé.  Argot  des  vo- 
leurs qui  ont  pensé  à  l'allemand 
blasen  :  Souffler.  (Delvau.) 

BLAVIN  :  Pistolet  de  poche. 
Argot  des  voleurs.  (Rigaud.)  — 
Un  revolver  s'empoche  en  effet 
comme  un  blavin  ou  mouchoir, 


BLO  —  i6  —  BŒU 

ception  figurée  de  leiir  bloquer  : 
remplacer  provisoirement  un 
signe  manquant  par  un  autre 
qui  ne  doit  pas  rester.  «  Blo- 
quer le  mastroquet,  ne  pas  payer 
le  marchand  devin.  »  (Boutmy.) 

*  BLOUSER  :  Tromper.  Êty- 
mologie  :  Dans  le  Nord,  on  dit 
bleusse  pour  mensonge. 

'  BOBÉCHON  :  Tête.  Compa- 
raison de  la  tête  de  l'homme  à 
celle  du  chandelier.  —  Se  mon- 
ter le  bobéchon  :  se  monter  la 
tête.  (Rabasse.) 

BOBELINS  :  Bottes.  Argot  du 
Temple.  (Delvau.) 

•BOBINETTE.  Page  42.  Au 
lieu  de  bobinette  v.  bobine  :  lire 
bobinette  ou  trombinette. 

BOBONNE  :  Bonne.  Redou- 
blement. «  La  machine  tour- 
noyait.. .  Des  bobonnes  calirour- 
chonnaient  des  dadas  peints.  » 
(Huysmans,  79.) 

BOBOSSE  :  Bossue.  —  Redou- 
blement, a  Bobosse,  elle  n'en 
avait  pas  moins  su  pêcher  un 
homme  du  monde.  »  (Huysmans, 

79-) 

BOCKER  :  Prendre  des  b.^ks, 
boire  de  la  bière.  (Rigaud.) 

BOCOTTER  :  Grogner.  (Ri- 
gaud.) —  Mot  à  mot  :  Bêler 
comme  une  bocquotte  (chèvre). 

BOCQUE:  Montre.  (A.  Pierre.) 
—  Forme  de  Bogue. 

BŒUF  :  Roi  de  jeu  de  cartes. 
Allusion  à  sa  rotondité.  V.  Bor- 
gne. 

BŒUF  :  Second  ouvrier  cor- 


et  il  se  tire  pour  moucher...  les 
gens.  V.  Moucher. 

BLECHE  :  Médiocre,  vilain, 
mauvais.  —  Du  vieux  mot 
blaiche  :  Mou,  paresseux. 

FAIRE  BANQUE  BLÊCHE  : 
Ne  pas  toucher  de  banque. 
(Boutmy.) 

FAIRE  BLÈCHE  :  Amener  un 
coup  nul. 

*  BLEU  :  Le  sens  de  conscrit 
donné  à  bleu  remonte  à  la  Ré- 
volution qui  donna  des  habits 
bleus  à  l'infanterie  au  lieu  d'ha- 
bits blancs.  Ce  remplacement 
n'ayant  lieu  que  graduellement, 
les  nouveaux  soldats  portèrent 
les  premiers  la  nouvelle  tenue 
et  se  reconnaissaient  au  premier 
aspect. 

BLEU  :  Stupéfait.  Mot  à  mot  : 
congestionné  de  stupéfaction. 
—  «  Le  lendemain  il  en  était  bleu 
quand  il  a  vu  la  figure  de  sa 
femme.  »  {Le  Sublime.) 

BLEUE  (elle  est)  :  Elle  est 
forte,  elle  est  difficile  à  croire  ou 
à  supporter,  en  parlant  d'une 
nouvelle.  (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
elle  est  à  vous  rendre  bleu,  elle 
est  stupéfiante. 

BLÉZIMARDER  :  Se  couper 
la  parole.  Argot  théâtral.  {Id.) 

BLONDE  :  Bouteille  de  vin 
blanc.  [Id.) 

BLOQUER  :  Consigner.  (D. 
Lacroix.)  —  Terme  de  billard. 
La  boule  bloquée  ne  peut  sortir. 

BLOQUER  :  Faire  défaut, 
faillir,  dans  l'argot  des  typo- 
graphes qui  en  ont  fait  une  ac- 


BOI  -  1 

donnier,  ouvrier  tailleur  faisant 

lesgrosses  pièces.  (IJ.)  —  Comme 
animal  de  trait,  le  bœuf  a  de 
grosses  charges. 

*BŒ(JF  (avoir  son)  :  «  Le 
bœuf  est  un  degré  de  méconten- 
tement plus  accentué  que  la 
chèvre.  »  (Boutmy.)  —  On  sous- 
entend  probablement  bœuf  en- 
ragé. 

BOIRE  DANS  LA  GRANDE 
TASSE  :  Se  noyer,  être  noyé. 

—  Ironie.  Voyez  Gameler. 

BOIRE  DU  LAIT  :  Être  ap- 
plaudi. (J.  Duflot.) 

BOIRE  UNE  GOUTTE  :  Être 
siffle,  (Bouchard.)  —  Opposition 
à  l'image  ci-dessus.  Le  lait  est 
doux,  mais  la  goutte  est  raide. 

BOIS  (remettre  du)  :  Pousser 
à  l'enthousiasme.  Argot  théâtral. 

—  ((  Il  y  en  a  aussi  un  qui  fait 
les  couloirs  pendant  les  en- 
tr'actes,...  qui  chauffe,  qui  re- 
met du  bois,  en  style  de  cou- 
lisses. »  (Dumas  fils.) 

BOIS  AU-DESSUS  DE  L'ŒIL 
JARD  :  Il  sait  et  entend  l'argot. 
(A.  Pierre.)  —  Jard  est  une 
forme  de  jar  qui  veut  dire  ar- 
got. (V.  p.  2IO.)  Bois  au-dessus 
de  l'œil  fait  sans  doute  allusion 
à  un  signe  de  reconnaissance. 

BOISSEAU  :  Litre  de  vin. 
(Rigaud.)  —  Allusion  du  genre 
de  celle  qui  fait  donner  à  un 
verre  d'eau-de-vie  le  nom  d'^- 
voine. 

BOITE  :  Atelier.  V.  Contre- 
coup. 

BOITE  D'ÉCHANTILLONS  ; 
Tonneau  dç  vidange.  Allusion  à 


7  —  BON 

la  diversité  des  provenances  de 
son  contenu.  (Rigaud.) 

BOITE  AUX  RÉFLEXIONS  : 
«  Salle  de  police,...  séjour  où 
tout  porte  aux  réflexions,  puis- 
que toute  distraction  y  est  inter- 
dite. »  (D.  Lacroix.) 

BOITE  AU  SEL  :  Tête.  (Del- 
vau.)  —  Sel  est  ici  pris  dans  son 
acception  figurée. 

BOITE  AUX  CAILLOUX  : 
Prison.  {Id.)  —  Mot  à  mot  :  «  Mai- 
son pavée.  »  On  y  couche  sur  la 
dure. 

BON  ENDROIT  :  Derrière. 
Ironie.  «  Elle  reçut  un  maître 
coup  de  soulier,  juste  au  bon 
endroit.  »  (Zola.) 

BON  JEUNE  HOMME  :  Jeune 
homme  candide.  —  «  Il  s'agit  de 
respecter  les  illusions  d'un  bon 
jeune  homme  qui  croit  encore 
aux  grisettes.  «  {Vie paris.,  79.) 

BON  POUR  BERNARD  :  Bon 
pour  le  cabinet.  {Id.)  V.  Ber- 
nard. 

BON  SANG  DE  BON  SANG!  : 

Exclamation  poussée  en  appre- 
nant une  nouvelle  surprenante. 
Je  ne  puis  la  traduire  qu'en 
l'écrivant  ainsi  :  bon  sens!  et  en 
faisant  une  abréviation  de  l'ex- 
clamation y  a-t-il  du  bon  sens! 
qui  se  dit  communément.  —  «  Le 
maçon  gueula:  bon  sang  de  bon 
sang!  »  (Hennique.) 

BONBON  :  Bouton  au  visage. 
(Rigaud.)  —  Allusion  de  forme. 

BONBONNIÈRE  :  Tonneau  de 
vidange.  Ironie.  —  «  J'étais  pour 
la  réparation  des  bonbonnières 
et  des  anderliques.  »  {Le  Su" 
blime.) 


BOR  - 

*  BONBONNIÈRE  A  FILOUS  : 
C'est  là  que  les  filous  cherchent 
leurs  bonbons  dans  la  poche  des 
voisins.  (Rigaud.) 

BONDIEUSARD  :  Fabricant 
commerçant  d'objets  de  sainteté. 
(Id.) 

BONDIEUSARDISME  :  Cago- 
tisme.  —  «  Il  faut  supprimer 
comme  entachées  de  bondieu- 
sardisme  (c'est  leur  mot)  les  rues 
de  l'Abbaye,  de  l'Abbé-de-l'Épée, 
etc.  »  {Figaro,  76.) 

BONDIEUSERIE  :  Objet  de 
dévotion.  Commerce  d'objets  de 
dévotion. 

BONIMENT  :  Propos.  V.  Jar- 
din. 

•BONIR  :  Se  taire.  (Delvau.) 
Bonir:  Parler,  étant  trop  connu, 
on  lui  aura  donné  le  sens  con- 
traire, pour  dérouter. 

BONISSEUR  :  Discoureur.  — 
BONISSEUR  DE  LA  BATTE  : 
Témoin  à   décharge.   (Rigaud.) 

—  Mot  à  mot  :  témoin  du  beau, 
du  joli. 

BONNET  :  Ligue  secrète  entre 
plusieurs  ouvriers  d'un  atelier. 

—  a  Le  bonnet  est  tyrannique, 
injuste  et  égoïste  comme  toute 
coterie.  »  (Boutmy.) 

BONNET  JAUNE  :  Pièce  d'or. 
Argot  des  filles.  Mot  à  mot  : 
bonne  et  jaune.  (Delvau.) 

BOOK  :  Livre  de  courses,  com- 
binaison de  paris.  (Parent.) 

BORDÉ  (être)  :  Avoir  renoncé 
à  l'amour.  Jargon  des  filles.  (Ri- 
gaud.) —  Quand  on  est  bordé. 


8  -  BOU 

on    est   couché,  on    ne   se  lève 
plus. 

BORGNE  :  As.  —Il  est  uni- 
que comme  l'œil  du  borgne.  — 
a  Quinze  et  cinq,  trois  borgnes, 
trois  bœufs,  tierce  mai  or  dans 
les  vitriers,  trois  colombes.  »  {Le 
Sublime.) 

BORGNER  :  Regarder.  (Del- 
vau.) —  Pour  mieux  voir,  on  se 
fait  borgne  en  fermant  un  œil. 

BOSSELARD  :  Chape  m  haut 
de  forme.  Argot  de  collège.  (M. 
Toumeux.)  —  C'est  bossdé  avec 
changement  de  finale.  Les  ga- 
mins ne  ménagent  guère  leurs 
coiffures. 

BOTTER  :  Donner  la  botte 
au  derrière.  (Rigaud.) 

BOUANT  :  Cochon.  Il  se  plaît 
dans  la  boue.  —  Argot  de 
voyous.  (Delvau.) 

BOUBOUILLE  :  Cuisine  mi- 
sérable faite  sur  un  fc  urneau 
portatif.  (Rigaud.) 

BOUCLAGE  :  Menotte^,  liens. 
Argot  de  prisonniers.  (I  elvau.) 

BOUIF  :  Faiseur  d'embarras, 
mauvais  ouvrier.  (Rigaud.) 

BOULAGE  :  Rebuffade,  re- 
fus. (Boutmy.)  —  Mot  à  mot  : 
action  de  bouler,  battre.  V.  page 

56. 

BOUILLONNER  :  Ne   pas 

vendre,  manger  dans  un  bouil- 
lon restaurant.  (Rigaud.) 

BOULE  :  Chien  terrier.  {Jd.) 
—  C'est  le  bull  anglais. 

BOUL-MICH  :  Boulevard 
Saint-Michel.  {Id.)  —  Alrévia-f 


BOU  -  I 

^on.  Je  dois  faire  observer  à  ce 
sujet  qu'on  dit  aussi  boul-ger 
pour  boulevard  Saint-Germain. 
Ouvrir  la  porte  à  des  néologis- 
mes  de  cet  ordre  expose  à  de 
grands  et  peu  utiles  envahisse- 
ments. 

*  BOULER  :  Tromper.  —  Du 
vieux  mot  boule  :  Tromperie, 
astuce. 

BOULET  A  COTES,  BOU- 
LET A  QUEUE  :  Melon.  Argot 
de  faubourien.  (Vidocq.) 

BOULEUR,  BOULEUSE  :  Ac- 
teur ou  actrice  jouant  comme 
doublure.  (Rigaud.) 

BOULINGUER  :  De'chirer  (ar- 
got de  voleur),  gouverner,  con- 
duire (argot  de  vagabond).  (Del- 
vau.)  —  Dans  le  premier  sens, 
je  crois  que  boulinguer  se  rap- 
proche du  mot  boulin  qui  mot  à 
mot  veut  dire  trou.  Voyez  Bou- 
liner,  p.  56. 

BOULONNAISE  :  Fille  pu- 
blique exploitant  le  bois  de 
Boulogne.  (Rigaud.) 

BOULOT  :  Haricot  rond. 
(Delvau.)  —  Allusion  de  forme. 

BOUQUET  (c'est  le)  :  C'est  le 
comble.  Se  dit  indifféremment 
d'un  malheur  ou  d'un  bonheur 
succédant  à  un  autre.  —  Allu- 
sion au  bouquet  qui  termine  un 
feu  d'artifice. 

BOUQUET  :  Cadavre.  Argot 
de  voyou.  (Delvau.) 

BOURDON  :  Femme  prosti- 
tuée. (A.  Pierre.)  —  Elle  bour- 
donne des  invitations  à  l'oreille 
du  passant. 


9  -  BOU 

BOURGUIGNON  :  Soleil.  (Del- 
vau.)  11  fait  mûrir  le  vin,  et  le 
vin  de  Bourgogne  est  le  vin 
préféré  du  peuple. 

BOURLINGUE  :  Congé.  — 
BOURLINGUER  :  Donner  con- 
gé. —  BOURLINGUEUR  :  Pa- 
tron menaçant  toujours  de  con- 
gédier l'ouvrier.  (Rigaud.) 

BOURREBOYAUX  :  Gargote. 

(Rigaud.) 

BOURREUR  DE  PÈGRES  : 
Code  pénal.  Il  bourre  les  mal- 
faiteurs. (Id.) 

BOURRASQUE  :  Razzia  de 
police.  Argot  de  voleurs.  (Del- 
vau.) —  Une  bourrasque  rase 
tout. 

BOURRE-COQUINS  :  Hari- 
cots. Argot  du  peuple.  (Delvau.) 
—  Les  haricots  ou  fèves  jouent 
le  premier  rôle  dans  la  nourri- 
ture des  bagnes. 

BOURRE  DE  SOIE  :  Fille 
entretenue.  Argot  de  voyous. 
(Delvau.) —  C'est  bourdon  avec 
un  changement  de  finale  qui  fait 
un  jeu  de  mots. 

•  BOURRICHON  :  Tête.  — 
Comparaison  de  la  tête  à  une 
bourriche  d'huîtres. 

BOURSER  (se)  :  Se  coucher. 
(Rigaud.)  —  Même  image  que 
dans  se  glisser  dans  le  porte- 
feuille. Ne  doit  se  dire  que  des 
lits  étroits. 

BOUSILLER  :  Travailler  vite 
et  mal.  Mot  à  mot  :  comme  s'il 
s'agissait  de  bâtir  avec  de  la 
boue.  (Delvau.) 

bousille;ur,  bousil- 


BRA 


—   20  — 


BRI 


LÉUSE  :  Mauvais  ouvrier,  gas- 
pilleuse. {Id.) 

BOUSINGOT  :  Cabaret.  Di- 
minutif de  bousin.  —  «  On  alla 
à  la  Puce  qui  renifle,  un  petit 
bousingot  où  il  y  avait  un  bil- 
lard. »  (Zola.) 

BOUT  :  Congé.  —  FLAN- 
QUER SON  BOUT  :  Donner 
son  congé.  Argot  de  tailleur, 
(Rigaud.)  —  Abréviation.  Pour 
bout  du  service. 

BOUT  DE  CUL  :  Petit  homme. 
«  Un  abominable  bout  de  cul, 
coiffé  d'une  casquette  de  ve- 
lours. »  (Huysmans,  79.)  Voyez 
Bout  d'homme,  p.  58. 

BOUTANCHE,  BOUTOQUE  : 
Boutique.  Argot  de  prison.  (Del- 
vau.)  —  C'est  boutique  avec  chan- 
gement de  finale. 

BOUTEILLE  :  Nez.  Argot  de 
faubouriens.  (Delvau.)  —  C'est 
le  vin  bu  qui  vient  l'empour- 
prer. 

BOUTON  DE  PIEU  :  Pu- 
naise. (Rigaud.)  —  Elle  garnit 
les  lits  (pieux)  du  dernier  ordre 
comme  les  boutons  garnissent 
une  robe.  Et  Dieu  sait  qu'on  ne 
les  ménage  guère  aujourd'hui! 

BOUTON  :  Passe-partout.  Ar- 
got de  voleur.  (Delvau.)  — Allu- 
sion au  bouton  de  porte  qu'il 
suffit  de  tourner  pour  ouvrir. 

BOYAU  ROUGE  :  Bon  bu- 
veur. Argot  du  peuple.  (Id.)  — 
Allusion  à  la  couleur  du  vin  qui 
remplit  l'ivrogne. 

BRADER  :  Vendre  à  vil  prix. 
Argot  de  marchand.  {Id.) 


BRAILLANDE  :  Caleçon.  Ar- 
got de  voleurs.  (Delvau.)  —  Pour 
braillarde. 

*  BRANCHE  :  Peut  venir  aussi 
du  vieux  mot  branché  :  compa- 
gnon associé  dans  une  affaire. 

BRANCHER  :  Loger.  —  Sy- 
nonyme dQ  percher.  Animalisme. 
—  «  Je  m'embête  d'être  branché 
en  garni.  »  (De  Concourt.) 

.  *BRAS  :  Grand.  —  C'est  une 
importation  bretonne.  Bra^  a  le 
même  sens  en  breton. 

BRÈME  :  Carte  de  fille  sou- 
mise. (Rigaud.)  —  Allusion  à  la 
carte  à  jouer  dite  brème.  — 
ÊTRE  EN  BRÈME  :  Être  sous 
la  surveillance  de  la  police.  (Id.) 

BRICHETON  :  Mot.  —  c(  Le 
troupier  dit  aussi  que  son  pain 
est  du  bricheton,  du  brignolet.  » 
(D.  Lacroix.) 

*  BRICULÉ  :  Officier  de  paix. 
(A.Pierre.) —  L'accent  manque 
dans  le  répertoire  d'HaL^ert. 
V.  p.6i. 

BRIDE,  VIEILLE  BRIDE  : 
Objet  de  rebut.  —  Le  pre.niier 
mot  est  une  abréviation.  — 
«  Comment  une  bride  de  son 
espèce  se  permettait  de  mau- 
vaises manières  à  l'égard  d'un 
camarade.  »  (Zola.)  —  «  Enten- 
dez-vous, vieille  bride,  de  l'eau, 
c'est  bon  pour  éteindre  le  feu.  » 
{Le  Sublime.)  —  Ce  péjoratif  doit 
venir,  comme  schabraque,  de  la 
cavalerie.  (V.  p.  328.) 

BRIGAND,  BRIGEANT.  Che- 
veu. Argot  de  voleur.  (Delvau.) 

BRIFFE:  Gras  double? 


BRÔ  —  :i  !  — 

Nous  nous  empâtons 
D'arlequin,  d'  briffe  et  d'  rogatons. 

Richepin. 

BRIMARD  :  Briseur.  Argot 
des  voyous.  (Delvau.)  —  Pour 
brisemar. 

*  BRIMER  (p.  62).  Étymolo- 
gie.  En  poitevin,  brimer  2i  le  sens 
analogue  de  rendre  malade. 

•^BRIOCHE  :  Castil  Blaze  a 
prétendu  donner  l'origine  de  ce 
mot  par  je  ne  sais  quelle  his- 
toire de  musiciens  d'Opéra  que 
je  ne  vois  justifier  par  aucun 
texte.— Règle  générale  :  il  faut  se 
méfier  des  anecdotes  qui  four- 
millent dès  qu'il  s'agit  d'expli- 
quer un  mot  d'argot.  Dans  les 
trois  expressions  très  populaires 
faire  un  pâté,  faire  une  boulette, 
faire  une  brioche,  je  vois  un  air 
de  parenté  qui  nous  mène  loin 
de  l'orchestre  de  l'Opéra. 

BRIQUEMONT  :  Sabre.  Ar- 
got de  voleur.  (Delvau.)  V.  Briq- 
mann,  p.  62. 

BROBUANTE  :  Bague.  Argot 
de  voleurs.  (Delvau.) 

BROCANTE  :  Vieux  soulier. 
(Rigaud.)  —  C'est-à-dire  soulier 
de  brocante. 

BROCHES  :  Dents.  {Id.)  Ani- 
malisme. 


BUV 


BROUILLE  :  «  En  langage  de 
palais  on  appelle  la  brouille, 
c'est-à-dire  ces  nombreux  petits 
artifices  de  procédure  qui  font 
rendre  à  une  affaire  tout  ce 
qu'elle  peut  donner  de  bénéfice.» 
{Petit  Journal,  déc.  78.) 

BRÛLÉ  :  Affaire  manquée. 
(A.  Pierre.)  —  Mot  à  mot  :  «  af- 
faire brûlée.  » 

BRULER  (se)  :  S'approcher 
plus  près  de  la  rampe  que  le  rôle 
ne  L  comporte.  Argot  théâtral. 
(Bouchard.)  —  Allusion  aux 
feux  de  la  rampe. 

BUEN  RETIRO  ;  Cabinet  d'ai- 
sances.  —  Ironie  espagnole.  — 
«  Une  dame  sortant  d'un  buen 
retiro  à  quinze  centimes.  »  (Fz- 
garo,  76.) 

BURETTES  :  Paire  de  pisto- 
lets. Argot  de  voleur.  (Delvau.) 
—  Elle  sortait  de  la  ceinture 
comme  les  burettes  de  leur  étui. 

BUTIN  :  «  Le  butin  du  sol- 
dat, c'est  l'ensemble  de  ses  effets 
d'ordonnance.  »  (D.  Lacroix.) 

BUTRE  :  Plat.  (Delvau.) 

BUVEUR  D'ENCRE  :  «  Par 
ce  surnom,  le  troupier  désigne 
tous  les  militaires  employés  dans 
les  bureaux,  et  plus  particulière- 
ment les  fourriers.  »  (D.  La- 
croix.) 


CAC 


—   22    — 


CAl 


o 


ÇA  (il  a  de)  :  Il  a  de  l'argent, 
il  a  du  courage.  —  ELLE  A  DE 
ÇA  ;  Elle  a  des  appas.  (Rigaud.) 

—  IL  Y  A  DE  ÇA  :  Il  y  a  de 
l'argent. 

CABANDE,CABOMBE  :  Chan- 
delle. —  Jargon  d'ouvrier.  (Ri- 
gaud.) 

CABASSER:  Bavarder.  —  CA- 
BASSEUR:  Cancanier.  (Delvau.) 

—  Du  verbe  cabosser  :  bosseler, 
pris  au  figuré. 

CABOCHARD  :  Tête.  —  Aug- 
mentatif de  Caboche.  V.  Rien. 

CABOCHON  :  Contusion.  (Id.) 

CABOMBE  :  V.  Cabande. 

•  CABOT  :  Chien.  V.  Cabo, 
p.  67. 

•  CABOULOT  :  Étymologie  : 
Vieux  mot  qui  a  signifié  d'abord 
cabane,  puis  guinguette. 

CACA  :  Double-quatre  de  do- 
minos. (Rigaud.)  —  Redouble- 
ment de  la  première  syllabe  de 
quatre. 

CACHE-MISÈRE  :  Vêtement 
boutonné  jusqu'au  menton,  pour 
dissimuler  l'absence  de  che- 
mise. (Delvau.) 

CACHE-FOLIE  :  Postiche  en 
cheveux  (Rigaud),  caleçon.  (M. 
Tourneux.) 

CACHEMAR,  CACHEMINCE, 
CACHEMUCHE  :  Cachot.  (Ri- 
gaud.) —  Changement  de  finale. 


CADAVRE  :  Corps.  —  Ironie 
philosophique  et  religieuse.  — 
ce  SE  METTRE  QUELQUE 
CHOSE  DANS  LE  CADAVRE  : 
Manger.  »  (Delvau.) 

CADOR  :  Chien.  CADOR  DU 
QUART  :  Secrétaire  du  com- 
missaire. Jargon  de  voleurs. 
(Rigaud.)  V.  Chien  de  comviis- 
saire,  Quart  d'œil.  —  Du  mot  de 
langue  d'oc  cadel  :  petit  chiea. 

CADRATIN  :  Chapeau  de 
haute  forme.  (Boutmy.) —Allu- 
sion à  la  forme  du  cadratin 
d'imprimerie. 

CAGE  :  «  A  Paris,  l'ouvrier  a 
donné  le  nom  de  cage  à  tout  ate- 
lier recouvert  de  vitres.  »  (Ladi- 
mir.) 

CAGNE  :  Agent  de  police.  — 
Pour  cogne.  (Rigaud.) 

CAHUAH  :  «  Par  ce  nom,  les 
soldats  qui  ont  été  en  Afrique 
désignent  le  café.  »  —  POUSSE- 
CAHUAH  :  tau-de-vie.  Moi  à 
mot  :  pousse-café.  (D.  Lacroix.) 
—  Ce  doit  être  un  équivalent  du 
mot  indigène. 

CAILLASSE  :  Caillou.  Arf^ot 
du  peuple.  (Delvau.)  —  Chan^^e- 
ment  de  finale. 


CAILLOU  :  Nez.  {Id. 
sion  de  forme. 


AUu- 


CAISSE  D'EPARGNE:  La  bou- 
che. (Id.)  —  Jeu  de  mot  des  bu- 
veurs qui  y  font  des  versemeiits 


CAL 


-  23  — 


CAM 


quotidiens.  —  On  le  peut  pren- 
dre ironiquement  aussi,  car  c'est 
là  que  se  place  tout  l'argent  du 
pauvre  monde. 

CALANCHER  :  Mourir.  Ar- 
got de  vagabonds.  (Delvau.)  — 
Augmentatif  de  caler  :  ne  rien 
faire.  La  mort  est  le  repos  éter- 
nel. 

CALANDE  :  Promenade.  Jar- 
gon de  voleurs.  (Rigaud.)  —  Mot 
à  mot  :  action  de  caler  (ne  rien 
faire).  V.  page  71. 

CALANDRINER  LE  SABLE  : 
Traîner  sa  misère.  Argot  de 
voyous.  (Id.)  —  Diminutif  du 
verbe  calandrer  :  presser,  lus- 
trer. Le  terme  de  polir  le  bi- 
tume (faire  le  trottoir)  rappelle 
exactement  la  même  image. 

CALENCE  :  Manque  d'ou- 
vrage. Jargon  d'ouvrier.  (Ri- 
gaud.) —  Mot  à  mot  :  action  de 
ne  rien  faire,  de  caler. 

*  CALER  :  Rester  sans  ou- 
vrage par  nécessité,  et  non  par 
paresse.  (Boutmy.)  —  Du  vieux 
mot  de  langue  d'oc  calar  :  dis- 
continuer. 

CALER  DES  BOULINS   : 

Faire  des  trous.  V.  Bouliner, 
p.  56.  —  CALER  SA  BITTURE: 
Faire  ses  besoins.  Mot  à  mot  : 
donner  congé  à  sa  nourriture. — 
SE  CALER  LES  AMYGDALES  : 
Manger.  (Rigaud.) 

CALETER  :  Décamper.  (Id.) 

'  CALEUR  :  Ouvrier  sans  tra- 
vail. (Boutmy,  78.) 

CALEUR  :  Ouvrier  paresseux, 
(Rigaud.)  V.  Caler,  p.  71. 


CALEUR  :  Garçon.  De  l'alle- 
mand Kellner.  {Id.) 

CALIGULER  :  Ennuyer.  — 
Allusion  à  la  chute  du  Caliguîa 
de  Dumas  père  au  Théâtre-Fran- 
çais. (Delvau.) 

CALOT  :  Œil  saillant  :  -  Ac 
ception  figurée  de  calot  :  co- 
quille de  noix. 

CALOTTÉE  :  Boîte  à  asticots. 
Argot  de  pêcheurs  à  la  ligne. 
(Privât  d'Anglemont.; 

CAMARO  :  Camarade.  — 
Abréviation.  —  «  Amusez-vous. 
Je  reste  de  cœur  avec  les  cama- 
ros.  »  (Zola.) 

CAMBRIAU  :  Chapeau.  (A. 
Pierre.)  —  Forme  de  Combriau. 

CAMBROUX  :  V.  Cambrouse, 

p.  73. 

CAMBRURE  :  Savate.  (Ri- 
gaud. —  Ironie. 

CAMÉLIA,  DAME  AUX  CA- 
MÉLIAS :  «  Quand  la  lorette  ar- 
rive à  la  postérité,  elle  change 
de  nom  et  s'appelle  dame  aux  ca- 
mélias. Chacun  sait  que  ce  nom 
est  celui  d'une  pièce  de  Dumas 
fils,  dont  le  succès  ne  semble 
pas  près  de  finir  au  moment  où 
nous  écrivons.  »  (E.  Texier,  52.) 

CAMELOTE  :  Prostituée  de 
bas  étage.  (Rigaud.)  —  Mot  à 
mot  :  mauvaise  marchandise. 

CAMOUF  :  Chandelle.  (A. 
Pierre.)  —  Abrév.  de  Camoufle. 

CAMOUFFLÉ  :  Homme  por- 
tant fausse  barbe.  (A.  Pierre.) 
—  De  Camoufler  (se)  :  se  dégui- 
ser. Mot  à  mot  :  cacher  son 
mufle. 


CAP 


-  14  - 


CAR 


CAMOUFLE    :    Signalement. 

—  V.  page  i3  de  l'introduction. 

CAMOUFLER  LA  BIBINE, 
LE  PIVE  :  Falsifier  (mot  à  mot  : 
déguiser)  la  bière,  le  vin.  (Ri- 
gaud.) 

CANAPÉ  :  Lieu  public  fré- 
quenté par  les  pédérastes,  (Vi- 
docq.)  —  Allusion  ironique  aux 
parapets  des  quais  et  aux  bancs 
de  certains  boulevards. 

CANARDER  :  Plaisanter.  (A. 
Pierre.)  —  Mot  à  mot  :  conter 
des  canards. 

"CANARD  :  «  Nom  familier 
par  lequel  on  désigne  les  jour- 
naux quotidiens.  »  (Boutmy.) 

CANARDIER  :  Compositeur 
de  journal.  (Id.) 

•  CANASSON  (vieux):  Mot  d'a- 
mitié. —  «  Tu  vas  venir  avec 
nous,  mon  vieux  canasson,  » 
(Huysmans,  79.) — On  prononce 
can'son. 

CANER  :  Faire  ses  nécessités. 
Argot  du  peuple.  (Delvau.)  —  La 
peur  produit  parfois  ce  résultat, 
et  caner  c'est  avoir  peur.  La  cause 
est  prise  ici  pour  l'effet. 

CANETON  :  Petit  journal 
sans  importance.  (7<i.) 

CANONNER  :  Boire  beaucoup 
de  canons.  —  CANONNEUR  : 
Buveur.  (Delvau.) 

CAPISTON  :  Capitaine,  — 
CAPISTON  BÊCHEUR  :  Capi- 
taine adjudant-major,  (Rigaud.) 

—  Ce  dernier  a  la  police  de  son 
bataillon  et  bêche  par  devoir. 

CAPITAINE  :  Capitaliste, 
agioteur.    Argot    des     voleurs. 


(Delvau.)  —  C'est  capitaliste  avec 
changement  de  finale. 

CAPITONNÉE  (elle  est)  :  Se 
dit  d'une  femme  assez  grosse. 

CAPITONNER  (se)  :  Garnir 
sa  robe  d'avantages  en  coton, 
(Delvau,) 

CAPITOLE  :  «  Nom  donné 
aux  arrêts  ou  cachot,  qui  est 
souvent  un  grenier.  On  dit  : 
«  monter  au  Capitole,  »  —  Allu- 
sion à  la  citadelle  romaine  du 
Capitole.  —  Argot  des  éc  jles, 

CAPOULS  :  Coiffure  féminine 
à  bandeaux  en  cœur,  iniugurée 
par  le  ténor  Capoul,  adoptée  par 
les  élégants  et  les  commis  qui 
visent  à  l'élégance.  (Rigaud,) 

CAPRE  :  Chèvre.  (Id.)  — 
Vieux  mot. 

CAPSULE  :  Schako  d'infan- 
terie. (D.  Lacroix.)  —  Allusion 
de  forme. 

CARABINER  :  Jouer  timide- 
ment. Argot  de  joueurs,  (Del- 
vau,)—  Allusion  aux  tirailleurs 
qui  ne  risquent  qu'à  1  on  es- 
cient leur  coup  de  carabine. 

CARAFE  :  Gosier.  Jargon  de 
voyous.—  On  y  verse  l'eiu  et  le 
vin,  comme  dans  la  carafe.  — 
FOUETTER  DE  LA  CARAFE: 
Avoir  l'haleine  infecte.  (Rigaud.) 

'CARAPATA    :    Pour    com- 
prendre son  étymologie   il  faut 
se   reporter  à  Carapater  :  Cou- 
rir.  V.   plus    bas.    Le    tarapata 
court  à  pattes  en  effet.  Allusion  , 
au  va-et-vient  qu'il   extcuteen, 
appuyant   sur    sa    pcrcbe   pour  ' 
faire    avancer  son    battau.   D^i 


CAR  -  25  —  CAR 

CAROTTE  (cheveux)  :  Che- 
veux très  roux.  (Rigaud.) 

CAROTTE  DANS  LE  PLOMB 

(avoir  une)  :  Chanter  faux, 
avoir  l'haleine  infecte.  Argot  de 
faubouriens.  (Delvau.)  —  Com- 
paraison du  gosier  au  canal 
d'eaux  ménagères  dit  plomb.  V. 
page  286. 

GAROUBLE  :  Soir,  nuit.  Jar- 
gon de  voleur.  (Rigaud). 

CARRE  (à  la)  :  Mettre  de 
côté.  (A.  Pierre.)  —  Une  traduc- 
tion plus  exacte  serait  en  ca- 
chette. V.  Carrer,  p.  82. 

CARRÉ  :  Voyez  Bi:çut. 

CARRÉ  DES  PETITES 
GERBES  :  Police  correction- 
nelle. Mot  à  mot  :  chambre  des 
petits  jugements.  (Rigaud.) 

CARRÉ  DU  REBECTAGE  : 
Cour  de  cassation.  Mot  à  mot  : 
chambre  de  la  médecine.  (Id.)  — 
La  médecine  est  faite  pour  les 
malades  (prisonniers). 

CARREAUX  BROUILLÉS  : 
Maison  de  tolérance  de  dernier 
ordre.  —  Les  fenêtres  sont  dé- 
polies par  ordre  de  police.  — 
«  Il  va  aux  carreaux  brouillés. 
C'est  son  pain  quotidien.  »  {Le 
Sublime.) 

CARRÉE  :  Chambre.  Jargon 
d'ouvrier.  (Rigaud.)  —  Allusion 
de  forme. 

CARRELURE  DE  VENTRE  : 
Réfection  plantureuse.  Argot  du 
peuple  (Delvau.)  •—  Comparaison 
du  ventre  plein  au  soulier  car- 
relé à  neuf.  Les  marins  disent 
de  même  se  radouber  l'estomac. 


même  dans  l'artillerie,  les  ser- 
vants à  cheval  appellent  court  à 
pattes  un  servant  à  pied. 

CARAPATER  :  Courir.  Mot  à 
mot  :  «  courir  à  pattes.  »  — 
«  Dans  mon  Paris  j'  carapate 
comme  un  asticot  dans  un 
mort.  ï  (Richepin,  77.) 

CARAVANES  :  Aventures  ga- 
lantes. Argot  du  peuple.  (Del- 
vau.) —  On  a  cru  qu'il  y  avait 
ici  un  rappel  de  la  Fiancée  au 
roi  de  Garbe,  mais  je  crois  que 
le  peuple  a  fait  tout  bonnement 
allusion  aux  chameaux  de  cara- 
vanes. V.  Chameau,  p.  91. 

CARCASSE  (états  de)  :  Reins. 
-—  Jargon  de  voleurs.  (Rigaud.) 

CARCASSIER  :  Habile  dra- 
maturge. (Delvau.)  —  Mot  à  mot: 
homme  habile  à  établir  la  car- 
casse ou  scénario  d'un  ouvrage 
dramatique. 

CARDER  :  gratigner.  Argot 
du  peuple.  (Delvau.)  —  Compa- 
raison des  ongles  aux  pointes 
des  peignes  à  carder. 

CARISTADE  :  Secours  en  ar- 
gent. (Boutmy.)  —  C'est  une 
forme  méridionale  qui  se  rap- 
proche du  caritat  (charité)  pro- 
vençal. 

-^  CARME  :  Miche.  —  Appelée 
ainsi  sans  doute  parce  qu'elle 
était  blanche  de  farine  comme 
une  robe  de  carme  (dominicain). 

CARME  A  L'tSTORGUE  : 
Fausse  monnaie.  (Rigaud.)  V. 
Carme,  p.  81. 

CARMER  :  Donner  de  l'ar- 
gent. {Id.) 


CAS 


-  26 


CAT 


CARRE UR  :  Receleur.  (A. 
Pierre.)  —  De  Carrer  :  Cacher. 

•  CARTAUD  (page  83)  :  Lisez 
Cartaude. 

CARTE  (piquer  la)  :  Marquer 
la  carte  pour  les  reconnaître. 
Argot  des  Grecs.  (Rigaud.) 

CASQUE  (avoir  du)  :  Avoir 
la  faconde  du  saltimbanque. 
Allusion  au  casque  d'un  mar- 
chand de  crayons  en  plein  vent 
nommé  Mangin,qui  eut  de  i85o 
à  1861  son  heure  de  célébrité  à 
Paris.  (Rigaud.) 

CASQ.UE  (avoir  le)  :  Avoir  la 
tête  lourde  un  lendemain  d'i- 
vresse, (/rf.) —  Allusion  au  poids 
du  casque. 

CASQUE  (avoir  le)  :  Avoir  un 
caprice.  Argot  de  filles.  (Delvau.) 
—  C'est  l'équivalent  de  être 
coiffé. 

*CASQUER:  Donner  dans  un 
piège.  —  J'ai  casqué  pour  le 
roublard  :  Je  l'ai  pris  pour  un 
malin.  (Delvau.) 

CASSANT  :  Noyer,  biscuit  de 
mer.  {Id.)  —  Le  noyer  produit 
la  cassante  :  noix.  (V.  page  85) 
et  le  biscuit  de  mer  est  dur  à 
casser  les  dents. 

CASSE-GUEULE  :  Eau-de- 
vie  de  première  force.  —  Elle 
emporte  la  bouche,  comme  on 
dit  familièrement.  —  «  Elle  re- 
garda ce  que  buvaient  les  hom- 
mes, du  casse-gueule  qui  lui- 
sait pareil  à  de  l'or.  »  (Zola.) 

CASSE-MUSEAU  :  Coup  de 
poing.  Argot  de  faubourien. 
(Delvau.)  —  Coup  destiné,  bien 
entendu,  au  visage. 


CASSER  LA  MARMITE  : 
S'enlever  tout  moyen  d'existence 
par  une  folie.  Argot  de  faubou- 
rien, (/(i.)  — C'est-à-dire  de  sou- 
teneur. Pour  comprendre  le  ter- 
me, voyez  Marmite,   page  234. 

CASSER  SA  FICELLE  :  S'é- 
vader. Argot  de  voleur.  [Id.)  — 
V.  Ficelles  :  Menotes,  p.  171. 

CASSER  UNE  ROUE  DE 
DERRIÈRE  :  Entamer  une  pièce 
de  cinq  francs.  (Rigaud.  —  V. 
Roue,  p.  320. 

•  CASSEROLE  :  Agent  de  po- 
lice. (Id.)  —  Le  sens  primitif 
est  dénonciateur,  V.  C  isserole, 
p.  86.  —  V.  Gameler. 

CASSEROLE  :  L'hôpital  du 
Midi,  à  Paris.  Argot  des  faubou- 
riens. (Delvau.)  —  On  y  soigne 
les  vénériens.  Voyez  Cisserole, 
p.  86. 

CASSEUR  DE  SUCRE  A 
QUATRE  SOUS  LE  MJ>TRE  : 
Prisonnier  des  compagnies  de 
discipline.  Il  est  employi  en  Al- 
gérie à  l'empierrement  des  rou- 
tes. Les  pierres  cassées  lui  sont 
payées  à  quatre  sous  1-  mètre 
cube.  (D.  Lacroix.) 

CASSIN  :  Petite  maison,  pe- 
tite boutique.  —  Abrévi  ition  de 
cassine.  —  «  Il  est  bien  avec  la 
bourgeoise  du  cassin,  il  a  l'oeil 
là-dedans.  »  {Le  Sublime.) 

CASSOLETTE  :  Pot  de  cham- 
bre, tombereau  de  boueux.  (Del- 
vau.) — '  Allusion  ironique  aux 
parfums  de  cassolette. 

CATAPLAMIER  :  Irfîrmier. 
(D.  Lacroix.)  —  Mot  à  mot  :  po«* 

seur  de  cataplasmes. 


CEN 


-  27  - 


CHA 


CATHOLIQUE  A  GROS 
GRAINS  :  Catholique  peu  pra- 
tiquant. Argot  de  bourgeois. 
(Delvau.)  —  Mot  à  mot  :  ne  di- 
sant de  prières  qu'aux  gros 
grains  de  son  chapelet. 

CAUCHEMARDER  (se)  :  S'in- 
quiéter, se  tourmenter.  —  a  Hein  ! 
est-elle  assez  canulante!  Il  faut 
qu'elle  se  cauchemarde.  »  (Zola.) 

CAVALER  AU  REBECTAGE  : 
Se  pourvoir  en  cassation.  Mot  à 
mot  :  galoper  à  la  médecine. 
(Rigaud.)  —  Rebectage  veut  dire 
médecine,  et  médecine  veut  dire 
à  son  tour  conseil  d'avocat.  V. 
p.  238. —  Lé  malade  est  Vinculpé. 
V.  p. 229. 

CAVALER  tHER  AU  RE- 
BECTAGE :  Se  pourvoir  en  grâce. 
(Id.)  Mot  à  mot  :  courir  au  triple 
galop  à  la  médecine.  —  Cher  est 
ici  pour  rude,  raide. 

CAYENNE  :  Atelier,  cime- 
tière extra  muros.  Argot  du 
peuple.  (Delvau.)  —  Allusion 
au  Cayenne  de  la  Guyanne  qui 
passait  pour  un  vrai  cimetière. 
Pour  le  premier  sens,  c'est  une 
assimilation  de  l'ouvrier  au  con- 
damné aux  travaux  forcés. 

CENDRILLON  :  Jeune  fille  sa- 
crifiée dans  l'intérieur  de  sa  fa- 
mille. —  Allusion  à  Cendrillon 
du  conte  de  fées.  {Id.) 

CENTRAL  :  Détenu  de  mai- 
son centrale.  (Rigaud.) 

CENTRÉ  (être)  :  Avoir  fait  de 
mauvaises  affaires.  Argot  d'ou- 
vriers du  fer.  {Id.) 

CENTRE  DE  GRAVITÉ 
(perdre  son)    :   Être  ivre,  gris. 


Mot  à  mot  :  être  assez  ivre  pour 
ne  plus  se  tenir  bien  droit. 
«  Après  le  dîner,  il  perd  ses  belles 
manières  et  souvent  son  centre 
de  gravité.  »  [Vie  paris.,  77.) 

•CERCLE  (page  89)  :  Lisez 
Cerclé. 

CHABIER  :  S'évader.  V.  page 
1 3  de  V Introduction.  Verbe  cons- 
truit sur  les  expressions  faire 
M.  Chibis,  voir  M.  Chibis,  qui 
ont  le  même  sens. 

CHACAL  :  Zouave.  «  Le  cha- 
cal, animal  rusé  et  maraudeur, 
a  été  pris  comme  type  par  le 
zouave  qui  s'est  donné  à  lui- 
même  ce  surnom.  »  (D.  La- 
croix.) 

CHAFFOURER  (se)  :  S'égra- 
tigner.  (Delvau.)  —  Allusion  aux 
griffes  du  chat. 

CHAMBERLAN,  CMAMBRE- 
LAN  :  Ouvrier  en  chambre. 
(Rigaud.)  —  Deux  formes  an- 
ciennes du  mot  chambellan  qui 
signifiait  bien  officier  de  la  cham- 
bre. 

CHAMBRE  A  LOUER  (avoir 
une)  :  Être  fou.  (Delvau.)  —  Mot 
à  mot  :  avoir  une  case  vide  dans 
le  cerveau. 

CHAMBRELAN  :  V.  Chamber^ 
lan. 

•CHAMEAU:  Rusé  exploitant 
toujours  ses  compagnons.  (Del- 
vau.) —  C'est  le  sens  du  cha- 
meau femelle  appliqué  au  mas- 
culin. Les  prostituées  sont  des 
exploiteuses. 

CHANDELIER  :  Nez.  —  H  en 
sort  des  chandelles.  (Rigaud.) 


CHA 


28  — 


CHA 


•CHANDELLE  :  Mucosité. 
t  Celui-ci  reniflant  de  merveil- 
leuses chandelles,  celui-là  sa 
chemise  au  vent.  »  (Hennique.) 

/CHANDELLE  :  Bouteille. 
Etymologie  :  elle  éclaire  l'ivro- 
gne et  lui  fait  voir...  en  dedans. 
V.  Voir  p.  302. 

CHANGER  SON  POISSON 
D'EAU  :  Uriner.  (Rigaud.)  — 
Allusion  au  robinet  lâché  d'un 
petit  aquarium. 

CHANGEUR  :  Marchand  d'ha- 
bits fournissant  aux  voleurs  de 
quoi  se  déguiser.  (Delvau.) 

CHANGEUR  :  Filou  prenant 
les  pardessus  neufs  dans  les  ca- 
fés en  échange  des  vieux  dont  il 
fait  tout  exprès  collection.  (Ri- 
gaud.) 

CHANTEUR  :  Voleur  spécu- 
lant sur  l'humanité.  (A.  Pierre.) 
—  Allusion  aux  faux  chanteurs 
qui  mendient  dans  les  cours. 

CHANTIER  ;  Embarras,  com- 
plication.—  Allusion  à  l'encom- 
brement des  chantiers. 

Minuit  sonnait.  Ahl  quel  chantier! 
Mon  épouse  va  gronder  peut-être. 
(Guy  Marie,  chans.) 

CHAPARDEUR  :  Mari  qui 
trompe  sa  femme.  (Rigaud.)  — 
Il  chaparde  l'amour  conjugal. 

CHAPELLE  :  Comptoir  de 
marchand  de  vins.  (Id.)  —  Les 
burettes  n'y  manquent  pas.  Puis 
il  y  a  presque  toujours  une  ni- 
che figurée  au  fond. 

CHAHCUTIER  :  Chirurgien. 


(Delvau.)  —  Ouvrier  estropiant 
l'ouvrage.  (Rigaud.) 

CHARENTON  :  Absinthe.  — 
tille  trouble  la  raison  de  ses  fi- 
dèles. (Rigaud.) 

•CHARGER  :  Avoir  trouvé 
un  galant.  Argot  de  filles  qui  se 
comparent  aux  cochers.  [Id.) 

^  CHARMER  LES  PUCES  : 
Être  ivre.  (Delvau.)  —  Mot  à 
mot  :  ivre  à  griser  ses  puces. 

CHARRIEUR-CAMBROU- 
SIER  ;  Voleur  à  l'aide  de  moyens 
chimériques.  (A.  Pierre.)  —  Mot 
à  mot  :  voleur  campagnard 
n'ayant  point  la  force  des  vo- 
leurs de  ville. 

CHARRIEUR  DE  VILLES  : 
Voleur  appelant  la  chimie  à  son 
aide  [Idem)} 

CHARRON  :  Voleur.  (Vidocq.) 
—  Voyez  Charon,  page  94. 

CHASSE-COQUIN  :  Bedeau. 
(Rigaud.) 

CHASSE-MARAIS  :  Chasseur 
d'Afrique.  {Idem.)  Pour  chasse- 
mar.  V.  ce  que  nous  avons  dit 
de  cette  désinence  arbitraire. 
(Mar.  page  232.) 

CHASSIS  :  ŒiL  V.  Chasse, 

p.  95. 

CHAT  :  Couvreur.  Il  court  les 
toits  comme  le  chat.  (Rigaud.) 

CHAT  :  Enrouement  subit. 
{Id.)  —  On  ne  peut  alors  chan- 
ter_,  on  miaule.  De  là,  l'expres- 
sion avoir  un  chat  dans  le  go- 
sier. 

CHATEAUBRIAND  :  Beefs- 
teak    cuit    entre    deux    autres. 


CHE  - 

d'après  une  recette  de  Chateau- 
briand. (Delvau.) 

CHATTE  :  Pièce  de  cinq 
francs.  Argot  de  filles.  (M.)  — 
Nom  d'amitié. 

CHEMIN  DE  FER  :  Baccarat 
où  chaque  joueur  tient  à  son 
tour  les  cartes.  Cela  va  plus  vite. 
(Rigaud.) 

CHENILLON  :  Avorton.  Di- 
minutif de  chenille.  —  «  Veux- 
tu  décaniller  de  là,  bougre  de 
chenillon  !  »  (Zola.) 

CHER  :  Beaucoup.  (Rigaud.) 
—  On  dit  de  même  il  est  riche- 
ment laid  pour  très  laid.  La  ri- 
chesse devient  un  superlatif  gé- 
néral. 

CHÉTIF  :  Enfant  de  Limou- 
sin, apprenti   maçon.    (Rigaud.) 

CHEULARD  :  Licheur.  — 
«  Ah!  lescheulards!  dit-il...  J'ai 
senti  ça.  Hein?  Qu'est-ce  qu'on 
mange.  »  (Zola.) 

CHEVAL  DE  TROMPETTE 
(bon)  :  Aguerri.  —  «  Moi,  d'a- 
bord, je  suis  bon  cheval  de 
trompette.  Le  bruit  ne  m'effraie 
point  »  (H.  Monnier.) 

CHEVALIER  DE  LA  GRIPPE: 
Filou.  (Rigaud.)  —  Lisez  de  Va- 
grippe  [d^agripper  :  prendre). 

CHEVANCE  :  Ivresse.  (Id.)  — 
Vieux  mot  qui  signifiait  gros 
bien,  richesse.  L'ivrogne  a  toutes 
les  richesses  de  la  terre  en  ima- 
gination. 

CHEVEU  :  Caprice  «moureux. 
On  dit  avoir  un  cheveu  pour  un 
homme,  (Delvau.)  —  Ce  doit 
être  une  variante  de  Coiffé,  car 
sans  cheveu,  on  ne  saurait  être 


2Q   — 


CHI 


coiffé,  c'est-à-dire  :  être  tout  à 

fait  épris. 

CHEVEU  :  «  Travail  difficile, 
ennuyeux  et  peu  lucratif.  » 
(Boutmy.) 

CHEVEUX  (trouver  des)  : 
Trouver  à  reprendre  tout.  (Ri- 
gaud.) —  Allusion  aux  vétilleux 
qui  cherchent  des  cheveux  dans 
le  potage. 

'CHÈVRE  (gober  sa)  :  En 
1660,  Molière  dit  déjà  : 

D'un  mari  sur  ce  point  j'approuve  le 

[souci, 

Mais  c'est  prendre  la  chèvre  un  peu 

{bien  vite  aussi. 

CHEVROTIN  :  Irascible,  mé- 
content. (Boutmy.)  —  Mot  à 
mot  :  qui  a  souvent  sa  chèvre. 
V.  page  99. 

CHIADE  :  Bousculade.  — 
Argot  des  écoles. 

CHIASSE  :  Chose  sans  valeur, 
marchandise  avariée,  maîtresse. 
Argot  du  peuple.  Delvau.) 

CHIBIS  (faire),  voir  M.  Chi- 
bis  :  S'évader.  —  Argot  des  vo- 
leurs de  province.  V.  l'Introd. 
p.  i3  et  14. 

•  CHIC  (V.  p.  100)  :  Je  dois 
tenir  note  de  l'étymologie  qui 
en  fait  une  forme  du  schick  al- 
lemand (tournure,  talent),  qui 
est  lui-même  une  abréviation 
du  mot  ancien  geschick  (même 
sens).  Comme  nous  usions  déjà 
du  mot  chic  sous  le  premier 
empire,  dans  l'armée,  ce  serait, 
en  ce  cas,  un  mot  qui  aurait  re- 
passé le  Rhin  avec  les  armées 
républicaines. 


CHI 


-  3o  -- 


CHI 


CHICORÉE  :  Réprimande. 
(Rigaud.)  —  La  chicorée  est 
amère. 

CHIÉ  (tout)  :  Tout  à  fait  res- 
semblant. (Id.) 

CHIEN  (faire  du)  :  Faire  un 
ouvrage  payé  d'avance.  [Id.) 

CHIEN  (avoir  un)  :  Avoir  un 
caprice  pour  un  homme.  {Id.) 

CHIEN  DE  FUSIL  (se  tenir 
en)  :  Se   replier  sur  soi-même. 

Allusion  au  profil  du  chien 

de  fusil.—  «  Sur  le  tas  de  paille, 
Gervaise,  toute  habillée,  se  te- 
nait en  chien  de  fusil.  »  (Zola.) 

CHIEN  PERDU  :  On  appelle 
ainsi  un  fait  divers  de  journal. 

—  «  Le  metteur  en  pages  a  be- 
soin d'un  chien  perdu  pour 
boucher  un  trou  quand  les  ré- 
dacteurs n'ont  pas  fourni  assez 
de  copie.  »  (Boutmy.) 

CHIER  DANS  LE  PANIER 
DE  QUELQU'UN  :  Lui  jouer 
un  tour  impardonnable.  —  On 
dit  :  «  il  a  chié  dans  mon  pa- 
nier jusqu'à  l'anse.  »  —  On  lit 
déjà  dans  la  satire  Ménippée, 
au  XVI»  siècle  :  «  Cettuy-là  a  fait 
caca  en  nos  paniers.  »  (Delvau.) 

CHIER  DUR  :  Travailler 
ferme.  —  CHIER  DANS  LA 
MAIN  :  Être  trop  familier.  — 
CHIER  DU  POIVRE  :  Se  déro- 
ber  quand  on  a  besoin  de  vous. 

—  ENVOYER  CHIER  :  Écon- 
duire.  —  FAIRE  CHIER  :  Ob- 
séder. (Rigaud.) 

CHIEUR  D'ENCRE  :  Employé 
de  bureau,  homme  de  lettres. 
(Jd.)  —  Même  genre  de  plaisan- 
terie que  dans  buveur  d'encre. 


CHIFFARD  :  Pipe.(A.  Pierre.) 
Pour  Chiffarde. 

CHIFFE  :  Langue.  Abrév.  de 
Chitfon  rouge.  (Jd.)  V.  p.  io3. 

CHIFFON  :  Fille  à  minois 
chiffonné.  (Delvau.) 

CHIFFONER  :  Contrarier.  — 
Vieux  mot  qui  s'est  dit  en  langue 
romane  achaifonner.  —  «  On  ne 
peut  plus  faire  de  farces  à  sa 
Nini  ;  c'est  ce  qui  vous  chif- 
fonne. »  (Gavarni.) 

CHINE  (aller  à  la)  :  Cri.r  dans 
les  rues  :  vieux  habits,  vieux  ga- 
lons! (Rigaud.) — Pour  a  lUer  en 
Chine.  »  Allusion  à  la  longueur 
des  tournées  quotidiennes  des 
marchands  d'habits. 

CHINER  :  Aller  à  la  chine. 
(Id.) 

'  CHINEUR  (page  104).  Mot  à 
mot  :  allant  à  la  chine.  Voyez 
Chine. 

CHIPE  :  Action  de  chiper. 
(Rigaud.) 

CHIQUE  (avoir  sa)  :  Être  de 
mauvaise  humeur.  (Id.)  -  Allu- 
sion à  la  moue  que  produit  une 
chique  logée  dans  la  bouche. 

CHIQUE  (avoir  une)  :  Être 
saoul.  (Delvau.)  —  Pour  avoir 
chiqué  (mangé  et  bu)  outre  me- 
sure. 

•CHIQUER  :  Manger.  Vieux 
mot. 

•  CHIQUER  :  Faire  d3  chic, 
c'est-à-dire  sans  les  études  né- 
cessaires. «  Voyez  ces  deux  frag- 
ments... Comme  c'est  négligé, 
comme  c'est  chiqué  !  Ne  dirait- 


CIG 


—  3i 


CLA 


on  pas  une  gravure  à  deux  sous.» 
(V.  Bouton.) 

CHIQUEUR  DE  BLANC  : 
Souteneur.  (Rigaud.)  —  Même 
étymologie  que  Mangeur  de 
blanc.  V.  Mangeur. 

CHIRURGIEN  EN  VIEUX  : 
Savetier.  (Delvau.)  —  Il  travaille 
la  peau  comme  le  chirurgien. 

CHOCOTTE  :  Os  gras.  Jar- 
gon de  chiffonnier.  (Rigaud.) 

CHOLÉRA  :  Zinc,  zingueur. 
(Id.)  —  Viande  malsaine.  (Del- 
vau.) 

CHOLET  :  Pain  blanc  de'licat. 
—  Du  vieux  mot  de  langue  d'oil 
I       chollat  qui  a  le  même  sens. 

CHOQUOTTE  :  Doit  être  une 
forme  de  Chocotte. 
Tout  cela  s'rait  de  la  choquotte, 
Mais  c'  qu'est  triste,  hélas  1 

(Richepin,  77.) 

CHOUFFLIC  :  Mauvais  ou- 
vrier. (Boutmy.)  —  Forme  fran- 
çaise de  l'allemand  schuflick  : 
savetier. 

CHOUFLIQUÉ  :  Mal  fait.  Mot 
à  mot  :  saveté.  —  «  C'est  tout  des 
bons  à  rien.  Comme  c'est  chou- 
fiiqué,  saboté  !  »  {Le  Sublime.) 

*CHTIBBE.  —  Germanisme. 
Déformation  de  l'allemand  Stie- 
fel  :  botte,  qui  se  prononce 
schtiffle. 

CHYLE  (se  refaire  le)  :  Faire 
un  bon  dîner.  (Rigaud.)  —  Si  le 
mot  est  populaire,  il  doit  avoir 
un  point  de  départ  scientifique. 
On  dit  aussi  faire  du  chyle. 

CIGALIER  :  Membre  d'une 
société  poétique  du  Languedoc 
nommée  La  Cigale.  —  «  Ciga- 


lier  de  cœur  et  d'âme.   »    (Bar- 
doux,  78.) 

CINGLER  LE  BLAIR  :  Se  soû- 
ler. (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  se 
piquer  le  nez.  V.  Ne:^,  p.  253. 

CINQ  CENTIMADOS  :  Cigare 
de  cinq  centimes.  [Id.)  —  Ironie 
à  l'adresse  de  la  Havane. 

CINQ.  ET  TROIS  FONT 
HUIT  :  Boiteux.  {Id.)  —  Mot  à 
mot  :  faisant  cinq  pas  d'un  pied 
et  trois  de  l'autre  pour  arriver  à 
huit. 

CIRÉ  :  Nègre.  (Rigaud.)  — 
Mot  à  mot  :  passé  au  cirage. 

CISEAUX  (travailler  à  coup 
de)  :  Compiler.  —  C'est  fait  à 
coups  de  ciseaux  :  Il  n'y  a  rien 
de  neuf. 

CISEAUX  (tenir  les)  :  Tenir 
le  poste  de  secrétaire  de  rédac- 
tion dans  un  journal.  Il  coupe 
les  extraits. 

CITRON  :  Tête.  Argot  de  vo- 
leurs. (Rigaud).  —  Allusion  de 
forme. 

CIVADE  :  Avoine.  (Vidocq.) 
—  C'est  le  mot  de  langue  d'oc 
civada. 

CIVARD  :  Pâturage.  {Id.)  — 
De  Cive. 

CIVE  :  Herbe.  {Id.)  —  Vieux: 
mot.  La  cive  était  une  ciboule; 
de  là  notre  mot  civet  (ragoût  aux 
cives). 

CLAM  ART  :  Cimetière  des 
suppliciés.  —  «  L'hippodrome 
désormais  destiné  à  devenir  le 
Glamart,  le  champ  des  navets  de 
la   musique.  »  {Vie  parisienne, 

79-) 
CLAPOTER    :    Manger.  (Ri* 


CLO 


-   32   - 


coc 


gaud.)  —  Allusion  au  bruit  de 
la  mastication. 

CLAQUE  (en  avoir  sa)  :  En 
être  repu,  las.  —  Mot  à  mot  : 
plein  à  claquer,  à  éclater.  — 
«  Toujours  la  même  rengaine... 
Je  finis  par  en  avoir  une  claque.» 
(Durandeau,  78.) 

CLAQUE-DENTS  :  «  Il  fut  in- 
troduit par  quelques  amis  dans 
les  cercles  appelés  vulgairement 
claque-dents.  »  {National,  janv. 
79.)  —  Est-ce  parce  qu'on  y 
claque  (mange)  son  argent,  ou 
parce  que  la  fièvre  du  jeu  vous 
y  ruine.  Avoir  la  fièvre  c'était 
jadis  aller  au  pays  de  claque- 
dent.  Allusion  au  frisson  qui 
commence  l'accès. 

CLAQUER  :  Vendre.  (Del- 
vau.)  —  Acception  figurée  de 
manger. 

•CLARINETTE  :  Fusil.  On  a 
dit  d'abord  clarinette  de  cinq 
pieds.  La  baïonnette  figurait  le 
bec,  et  la  crosse  s'évasant  figu- 
le  pavillon. 

*  CLÉ  :■—  €  Il  y  a  des  femmes 
à  la  clé,  il  y  a  des  côtelettes  â  la 
clé  :  Il  y  aura  des  femmes  à  la 
réunion,  il  y  aura  des  côtelettes 
au  repas.  »  (Delvau.) 

CLICHE  :  Diarrhée.  (Rigaud.) 

CLIENT  :  Individu  volé  ou  à 
voler.  A  remplacé  pante.  (Id.) 
—  Ironie.  Les  voleurs  ont  suivi  la 
mode  des  boutiquiers  qui  appel- 
lent clients  tous  ceux  qui  leur 
font  gagner  de  l'argent. 

CLOQUE  :  Pet.  (Rigaud.)  — 
Onomatopée. 


CLOQUER  :  Péter.  (Id.) 

CLOU  :  «  Le  soldat  appelle 
clou  sa  baïonnette.  (D.  Lacroix.) 

—  Allusion  de  forme. 

CLOU  :  Ouvrier  travaillant 
mal.  (Rigaud.)  —  Le  clou  ac- 
croche et  déchire. 

CLOUS  :  Outils  de  graveur 
sur  bois.  (Id.)  —  Allusion  de 
forme. 

COCARDE  :  Excès  de  bois- 
son. Il  rougit  et  bleuit  le  visage 
comme  une  cocarde.  —  «  On 
était  bien  venu  à  lui  repiocher 
une  cocarde  prise  de  temps  à 
autre.  »  (Zola.) 

COCARDER  :  Avoir  sa  co- 
carde. V.  ce  mot.  —  «  On  était 
gai.  Il  ne  fallait  pas  maintenant 
se  cocarder.  »  (Zola.) 

*  COCHONNERIE  :  «  L'amour  ! 
L'amour!  ne  me  parlez  jiimais 
de  cette  cochonnerie-là.  »  (  Hen- 
nique.) 

COCO  :  Mauvaise  eau-de-vie. 

—  Marchand  de  coco  :  Ma  avais 
marchand  de  vin.  (Rigauvl.)  — 
Ironie.  Le  coco  est  une  bo  sson 
d'eau  et  de  réglisse. 

COCO  :  Soulier.  Argot  du 
peuple.  (Delvau.)  —  Se  trouve 
déjà  au  dernier  siècle  dans  le 
Monsieur  Nicolas,  de  Rétif. 

*COCO  (monter  le)  -.Monter  la 
tête,  exciter.  —  «  Ça  te  chato  lille 
les  belles  frusques.  Ça  te  monte 
le  coco.  »  (Zola.)  V.  Coco. 

*  COCODETTE  :  «  La  coco- 
dette  est  un  type  féminin  du 
second  empire,  comme  la  rner^ 
veilleuse  le  fut  du  Directoire,  et 


COL 


-  33  - 


COM 


la  lionne,  de  la  monarchie  de 
juillet.  Semblable  à  la  courti- 
sane par  son  faste  et  ses  al- 
lures, elle  en  diffère  par  la  régu- 
larité de  sa  position  sociale.  Son 
existence  est  une  pose  inces- 
sante. »  {Souvenirs  d'une  coco- 
dette,  78.) 

CŒUR  (par)  :  Pour  mémoire. 
Ironie.  —  «  Dîner  par  cœur, 
c'est  dîner  en  esprit,  immaté- 
riellement,  c'est-à-dire  négati- 
vement. V.  Danse  devant  le  buf- 
fet. 

COFFIN  :  Table  volante  pour 
le  travail,  en  souvenir  du  géné- 
ral Coffinières  qui  a  donné  ce 
meuble  aux  polytechniciens.  (Ri- 
gaud.) 

COLLARDÉ  :  Prisonnier.  {Id.) 
—  Augmentatif  de  Collé  :  em- 
prisonné. 

'  COLLER  :  Punir.  (Argot  des 
écoles.) 

*  COLLER  (se)  :  Avaler.  (Ri- 
gaud.)  —  Pour  se  couler. 

COLLEUR  :  Homme  qui  se 
lie  trop  facilement.  (Delvau.)  — 
Mot  à  mot  :  qui  colle  volontiers. 
V.  Coller,  p.  II 3. 

COLLIGNON  :  Mauvais  co- 
cher. —  Allusion  à  un  cocher 
de  fiacre  qui  tua  son  voyageur 
dans  un  accès  de  colère,  il  y  a 
vingt  ans  environ. 

COLO  :  Colonel.  —  Abrév. 
(Rigaud.) 

COLOMBE  :  Dame  de  jeu  de 
cartes.  Jeu  de  mots.  Colombe 
désigne  aussi  une  femme  aimée. 
V,  Borgne, 


^  COLONNE  (avoir  chié  la)  ; 
Être  adroit  dans  son  métier. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  faire 
une  chose  jugée  impossible.  Ce 
terme  s'emploie  plutôt  négative 
ment  {il  n'a  pas  chié  la  colonne, 
il  n'est  pas  fort).—  Il  s'agit  ici  de 
la  colonne  Vendôme,  autrefois 
fort  admirée  par  le  peuple. 

COLTIN  :  Fort  de  la  halle. 
Partie  prise  pour  le  tout.  V. 
Colletin,  p.  11 3. 


COLTIN,    COLTINER 
Colletin,  Colletiner. 


V. 


COLTINEUSE  ;   Ouvrière  de 

gros  ouvrage.  —  «  Ma  sœur  n'est 
pas  une  coltineuse...,  elle  fait 
les  travaux  délicats.  >  (Huys- 
mans,  79.) 

COMBERGE  :  Confession. 
Abrév.  de  Combergeante. 

'  COME  :  Abrév.  de  Comité  : 
officier  de  galères.  Vieux  mot. 

COMÉDIE  (envoyer  à  la)  : 
Faire  chômer.  —  Quant  on  va 
au  théâtre  on  ne  travaille  pas. 
—  a  C'est  y  pas  vexant  d'envoyer 
comme  ça.  les  ouvriers  à  la  co- 
médie !  »  {Le  Sublime.) 

COMÈTE  :  Jettatore.  —  Argot 
de  joueurs.  (Rigaud.) 

*  COMFORT  :  Vieux  mot  plus 
français  qu'il  n'en  a  l'air.  — 
«  Tout  le  monde  sait  que  nous 
avons  repris  aux  Anglais  les 
termes  autrefois  français  de  com- 
fort,  comfortable;  mais  nous 
avons  laissé  entre  leurs  mains 
celui  de  discomfort.  Pourtant 
discomfort,  {malaise,  désagré- 
ment), se  trouve  dans  nos  an- 


CON 


-34- 


COP 


ciens  poètes,   notamment    dans 
Charles  d'Orléans.  »  (J.  Amero.) 

COMMANDITE  :  Association 
d'ouvriers  pour  un  travail  quel- 
conque. (Boutmy.)  —  Ironie, 
car  c'est  le  contraire  de  la  com- 
mandite. 

COMPOSE  :  Composition. 
Argot  des  écoles.  —  Abrév. 

COMPRENDRE  (la)  :  Voler. 
(Rigaud.)  —  Jeu  de  mots  sur  les 
deux  dernières  syllabes. 

COMPTE  :  Comptoir  de  mar- 
chand de  vin.  (Id.)  —  Abrév. 

CONDITION  (en)  :  a  Le  che- 
val en  condition  est  dans  un 
haut  état  de  santé,  il  n'a  ni  chair 
ni  graisse  superflues.  »  {Carnet 
des  courses,  77.) 

CONDUITE  (acheter  une)  : 
Mener  un  nouveau  genre  de  vie. 
(Rigaud.)  —  Se  dit  surtout  des 
fous  auxquels  il  en  coûte  d'être 
sages. 

•CONDUITE  DE  GRENO- 
BLE :  «  Jérôme  prend  un  bâton 
et  fait  la  conduite  à  l'exempt, 
conduite  que  le  vulgaire  appelle 
de  Grenoble,  »  (P.  2j,  2«  partie, 
Paulin  ou  les  aventures  du  comte 
de  Walter.  Paris,  Desenne, 
1792.) 

CONFIRMER  :  Souffleter.  (Ri- 
gaud.) —  Allusion  à  la  petite 
tape  de  la  confirmation. 

CONFRÈRE  DE  LA  LUNE  : 
Mari  trompé.  (Delvau.)  —  Allu- 
sion aux  deux  cornes  de  la  lune. 

CONILLER  :  Chercher  à  se 
soustraire.  (Rigaud.)  — Du  vieux 


mot  conil  :  lapin.  On  connaît 
l'adresse  avec  laquelle  cet  ani- 
mal fuit  le  chasseur. 

*CONNASSE  :  Femme  st«- 
pide.  (Rigaud.) 

CONNOBRE  :  Connaître.  {Id.) 
—  Abrév.  de  Connobrer.  V.  page 
116. 

CONSCIENCE  (homme  de)  : 
Ouvrier  typographe  pay^î  à  la 
journée  et  non  aux  pièces.  — 
Allusion  à  la  conscience  néces- 
saire dans  un  travail  aussi  libre. 

CONSERVATOIRE  :  Mont  de 
piété.  (Michel.)  —  On  y  con- 
serve les  effets  engagés. 

CONSERVES  :  Pièces  du  vieux 
répertoire.  Argot  théâtral.  (Ri- 
gaud.) —  Ce  ne  sont  pas  des  pri- 
meurs dramatiques. 

CONSIGNE  :  Tisonnier  de 
poêle.  Argot  militaire.  {Id,) 

CONTRE-COUP:  Contre- 
maître. —  «  C'est  vous  qu'êtes 
le  contre-coup  de  la  boîte.  »  {Le 
Sublime.) 

CONTREMARQUE  DU  PÈRE 
LACHAISE  :  Médaille  de  Sainte- 
Hélène.  (Delvau.)  —  Les  vétérans 
qui  la  reçurent  sous  le  second 
Empire  étaient  déjà  vieux.  Néan- 
moins, il  en  reste  encore  pour 
donner  à  cette  ironie  anti-na- 
tionale un  glorieux  démenti. 

COP  :  Copie.  Argot  de  typo- 
graphe. {Id.)  —  Abrév. 

COPIE  SUR  QUELQU'UN 
(faire  de  la)  :  «  C'est  au  figuré 
dire  du  mal  de  lui  ou  mé  lire.  » 
(Boutmy.)  —  Allusion  aux  arti- 


COR 


-  35 


COR 


clés  méchants  des  petits    jour- 
naux. 

COQUARD  :  Œil.  (Rigaud.)  — 
Mot  à  mot  :  œil  à  la  coque,  gros 
œil  bouffi. 

COQUARDEAU  :  Mari  imbé- 
cile, mari  trompé,  entreteneur 
ridicule  —  Surnom  ravivé  par 
la  vogue  des  caricatures  de  Ga- 
varni  où  Mosieu  Coquardeau 
joue  un  rôle  constamment  ridi- 
cule. Au  moyen  âge,  le  coquar- 
deau était  un  jeune  fanfaron 
d'amour,  un  gâteux.  On  connaît 
ces  vers  du  Blason  des  fausses 
amours  : 

S'un  (si  un)  coquardeau 

Qui  soit  nouveau 

Tombe  en  leurs  mains, 

Cest  un  oiseau 

Pris  au  gluau. 

Ne  plus  ne  mains  (moins). 

COQ.UILLARD  :  Œil.  (Ri- 
gaud. —  Diminutif  de  coquard. 

COQUILLARD  :  Pèlerin.  Ar- 
got de  faubouriens.  (Delvau.)  — 
Je  ne  crois  pas  toutefois  ce  mot 
connu  des  faubouriens  de  notre 
siècle  qui  n'ont  jamais  vu  de 
pèlerins  (à  pèlerines  garnies  de 
coquilles,  d'où  le  vieux  nom  de 
coquillard.)  Le  coquillard  était  le 
faux  pèlerin  de  la  cour  des  mi- 
racles. 

*  CORBEAU  :  Se  prend  aussi 
ipour  prêtre  en  général.  —  «  Six 
francs!  le  prix  d'une  messe  à 
l'autel  des  pauvres.  Certes,  il 
n'aimait  pas  les  corbeaux.  » 
(Zola.) 

CORBUCHE  LOF  :  Ulcère 
factice.  (Delvau.)  —  Lof  est  évi- 


demment l'adjectif/awj;  écrit /o 
et  soumis  à  un  procédé  de  dé- 
formation en  /,  qui  consiste  à 
remplacer  par  /  la  première  lettre 
du  mot  qu'on  rejette  à  la  fin. 
Fo  fait  ainsi  lof.  Voyez  lent 
parler  en),  p.  218. 

CORDE  (dormir  à  la),  coucher 
à  la  corde  :  Passer  la  nuit  au  ca- 
baret. (Delvau.)  —  S'est  dit  d'a- 
bord d'un  marchand  de  vins  de 
dernier  ordre  qui  faisait  payer  à 
ses  dormeurs  le  droit  de  s'ac- 
couder sur  une  corde. 

CORDER  :  S'accorder.  (Id,) 
—  Abrév. 

CORDES  (faire  des)  -.Être 
constipé.  (Id.)  —  Mot  imagé. 

CORNAGE  :  «  Respiration 
bruyante  et  difficile  :  le  cheval 
est  dit  corneur.  joueur  de  flûte.9 
{Carnet  des  Courses,  77.) 

CORNET  D'ÉPICES  :  Capu- 
cin. (Vidocq.)  —  Allusion  au 
capuchon  et  au  papier  brun  de 
l'épicerie.  Le  mot  est  donné  de 
nos  jours  comme  appartenant  à 
l'argot  des  voleurs,  mais  il  a  dis- 
paru dès  1789. 

CORNIGHERIE  :  Niaiserie. 
Abréviation  de  Cornichonnerie, 
mot  à  mot  ;  acte  de  cornichon. 
V.  ce  mot,  page  iiB. 

CORVÉE  (aller  à  la)  :  Se  li- 
vrer au  travail  professionnel. 
Argot  des  filles.  (Rigaud.)  — 
Faire  passer  à  la  corvée  se  dit 
de  plusieurs  hommes  réunis, 
traitant,  de  gré  ou  de  force,  une 
femme  en  prostituée. 

CORVET  (page  119)  :  Lisez 
Corvette, 


cot 


-  36  « 


COU 


COSAQUE  :  Poêle  à  chauffer. 
(Rigaud.) 

COSMO  ;  Cosmographie.  — 
Argot  des  écoles. 

COTE  (frères  de  la)  :  Commis 
d'agent  de  change.  (Id.)  —  Jeu 
de  mots  qui  tait  allusion  à  la 
cote  de  la  bourse  et  au  roman 
populaire  consacré  par  Emma- 
nuel Gonzalés  aux  boucaniers 
gentilshommes  appelés  Frères 
de  la  côte. 

COTE  (G),  page  iig.  Lisez 
Cote  G. 

COTÉ  COUR  :  Coulisses  de 
droite.  —  COTÉ  JARDIN  :  Cou- 
lisses de  gauche.  Argot  théâtral. 
(Bouchard.) 

COTELARD  :  Melon.  —  Allu- 
sion à  ses  côtes.  Argot  du  peu- 
ple. (Michel.) 

COTELETTE  DE  PERRU- 
QUIER, COTELETTE  DE  VA- 
CHE, COTELETTE  DE  ME- 
NUISIER :  Morceau  de  fromage 
de  Brie.  (Delvau,  Rigaud.)  —  La 
facétie  peut  s'appliquer  de  même 
à  tous  les  corps  de  métier,  ce 
qui  promet  encore  bien  des 
pages  aux  dictionnaires  spé- 
ciaux. 

COTERIE  :  Assemblée  d'ou- 
vriers. (Rigaud.)  —  Désigne  aussi 
l'ouvrier  seul.  «  Hé  !  la  cote- 
rie !  »  dit  un  maçon  à  un  autre 
maçon. 

*  COTON  (donner  du)  :  Don 
ner  de  la  peine.  —  «  Ça  ne  fait 
rien,  il  lui  a  donné  du  coton.  » 
Le  Sublime.) 

GOTRETS   :   Jambes.   Argot 


de  faubouriens.  (Delvau.)  — 
Comparaison  d'une  jambe  mai- 
gre à  un  brin  de  fagot  dit  co- 
tret.  V.  son  synonyme  Fumer  on, 
p.  i85. 

COUCHE  (il  y)  :  Se  dit  de 
quelqu'un  qui  se  trouve  conti- 
nuellement dans  une  maison, 
sans  y  passer  toutefois  la  nuit. 

"COUENNE  :  Joue  pendante. 
Argot  du  peuple.  (Delvau.) 

COUINER  :  Parler  ei  lar- 
moyant. (Rigaud.)  —  Abrév.  de 
Couyonner, 

COULE  :  Abrév.  de  Coulage. 

V.  p.    121. 

COULE  (mettre  à  la)  :  Mettre 

au  courant. Ça  commence 

à  venir.  On  les  a  mis  à  la  coule.  » 
{Le  Sublime.) 

COULER  (en)  :  Mentir.  Mot  à 
mot  :  couler  des  mensonges. 
(Delvau.) 

COULER  DOUCE  (la)  :  Vivre 
sans  souci,  couler  une  douce 
existence.  —  «  La  vérité  es^t  qu'il 
la  coulait  douce.  »  (Zola.) 

COULEUR  (Être  à  la)  :  Être 
convenable,  faire  bien  les  choses. 
Mot  à  mot  :  offrir  la  couleur 
qu'on  désire.  —  «c  Vous  n'êtes 
pas  rat,  vous  êtes  chouette  et  à 
la  couleur.  »  [Le  Sublime.) 

COULEUR  :  Soufflet.  —  Il  co- 
lore la  joue.  —  a  Je  vous  fiche- 
rai une  couleur  sur  la  figjre.  » 
(Huysmans,  79.) 

COULEUVRE  :  Femm^  en- 
ceinte. (Delvau.) 


cou 


-37- 


cou 


COUP  :  Manœuvre  faite  dans 
le  but  de  tromper.  On  dit  : 
il  m'a  fait  le  coup  (il  m'a  trom- 
pé); c'est  le  coup  du  suicide 
(c'est  un  faux  suicide  annoncé 
pour  attendrir  la  dupe). 

COUP  D'AGRÉ  :  Extrême- 
onction.  Argot  de  voleurs.  (Ri- 
gaud.) — Mot  à  mot  :  coup  du 
défions-nous.  Voyez  Acre.  Les 
plus  braves  n'ont  pas  leur  con- 
fiance entière  au  dernier  mo- 
ment. 

COUP  D'ANATOLE,  COUP 
DU  PÈRE  FRANÇOIS  :  Voyez 
La  faire  au  père  François,  page 
182.  —  Le  nom  d'Anatole  comme 
celui  du  père  François  est  pro- 
bablement celui  d'un  spécialiste 
fameux  en  ce  genre.  J'en  ai  in- 
terrogé deux  en  i868  sans  obte- 
nir sur  ce  point  aucun  éclair- 
cissement. 

COUP  D'ARROSOIR  :  Verre 
de  vin  bu  sur  le  comptoir.  (Del- 
vau.)  — Il  arrose  le  gosier. 

COUP    DE   BOUTEILLE 

(avoir  son)  :  Être  ivre.  —  «  Il 
avait  son  coup  de  bouteille  com- 
me comme  à  l'ordinaire.  (Zola.) 

COUP  DE  CANIF  :  Voyez  Ca- 
nif, p.  77- 

COUP  DE  CASSEROLE  :  Dé- 
nonciation. (A.  Pierre.)  —  V. 
Casserole,  p.  86. 

COUP  DE  CHANCELLERIE  : 

Coup  Je  lutteur  qui  consiste  à 
tenir  sous  le  bras  la  tête  de  l'ad- 
versaire. (Rigaud.)  —  On  fait 
ainsi  chanceler  son  homme.  Jeu 
de  mots  sur  chanceler  et  chan- 
cellerie. 


COUP  DE  CHASSELAS  :  Dc- 
mi-ébriété.  (Delvau.) 

COUP  DE  FEU,  COUP  DE 
PICTON  (avoir  un)  :  Être  allu- 
mé par  l'ivresse.  Jeu  de  mots 
sur  coup  (blessure)  pris  au  fi- 
guré. —  «  Le  coup  de  feu  est  la 
barbe  commençante.  »  (Boutmy, 
78.) 

COUP  DE  FIGURE  :  Repas 
soigné.  (Rigaud.)  —  Jeu  de  mots. 
Un  bon  repas  porte  à  la  tête 
comme  le  coup  d'escrime  appelé 
coup  de  figure. 

COUP  DE  FOURCHETTE  : 
Vol  à  l'aide  de  deux  doigts.  (A. 
Pierre.)  —  Mot  ancien  qui  doit 
remonter  au  temps  où  la  four- 
chette n'avait  que  deux  pointes. 
—  On  appelle  aussi  coup  de 
fourchette  un  coup  consistant  à 
pointer  deux  doigts  dans  les 
deux  yeux  de  l'adversaire. 

COUP  DE  FOURCHETTE 
(avoir  un  joli)  :  Bien  manger. 

COUP  DE  MANCHE  :  Men- 
dicité à  domicile.  (Rigaud.)  • 

COUP  DE  MARTEAU  :  Folie. 
On  sous-entend  :  Coup  de  mar- 
teau sur  la  tête.  —  «  Elle  finit 
par  oser  lui  parler  de  son  coup 
de  marteau,  surprise  de  l'en- 
tendre raisonner  comme  au  bon 
temps.  »  (Zola.) 

COUP  DE  PIGTON  :  V.  Coup 
de  feu. 

COUP  DE  PIED  (donner  un)  : 
Demander  une  avance  d'argent. 
(Rigaud.)—  Jeu  de  mots,  car  don- 
ner un  coup  de  pied  se  dit  aussi 
pour  avancer,  marcher. 


cou 


~  38  - 


CRA 


COUP  DE  POUCE  :  Effrac- 
tion. (Id.) 

COUP  DE  RAGUSE  :  Défec- 
tion. Allusion  à  celle  qui  fut  re- 
prochée au  duc  de  Raguse.  {Id.) 

COUP  DE  RIFLE  :  Ivresse. 
(/./.)  —  Mot  à  mot  :  coup  de 
feu.  V.  Riff,  p.  3i5.  L'ivresse 
entiamme. 

COUP  DE  SIFFLET  :  Cou- 
teau. (Rigaud.)  —  Pour  coupe- 
sifflet.  V.  p.  123. 

COUP  DE  SIROP  (attraper 
un)  :  Se  soûler.  —  «  S'il  a  at- 
trapé un  coup  de  sirop,  c'est  que 
le  torchon  brûlait.  »  (Le  Su- 
blime.) 

COUP  DE  TORCHON,  COUP 
DE  VAGUE  :  Voyez  Torchon  et 
Vague. 

COUPÈ-CUL  (A)  :  Sans  re- 
vanche. Argot  de  faubouriens. 
(Delvau.) 

COUPÉ  :  Sans  argent.  (A. 
Pierre.)  —  Mot  à  mot  :  a  ayant 
les  vivres  coupés.  » 

COUPELARD  :  V.  Couplard. 

COUPER  (se)  :  Se  contredire 
en  faisant  un  récit  mensonger. 

COUPER-CUL  :  Abandonner 
le  jeu.  Argot  de  joueur.  (Del- 
vau.) 

COUPER  LA  QUEUE  A  SON 
CHIEN  :  Se  faire  remarquer  par 
quelque  excentricité.  (Id.)  — 
Allusion  au  chien  d'Alcibiade. 

COURER  (se)  :  Se  garer.  Jar- 
gon de  voleur.  (Rigaud.)  — 
Forme  de  se  la  courir.  V.  page 


124.  Le  voleur  court  quand  il 
veut  se  garer.  —  Tu  me  la 
coures  :  Tu  m'ennuies.  {Id.) 

COUREUSE  :  Machine  à 
coudre.  {Id.)  —  Allusion  à  sa 
rapidité. 

*  COURIR  (se  la)  :  «  Je  m'ai 
mis  à  pleurer,  ça  l'a  embêté,  et  il 
se  la  court  encore.  »  (Duran- 
deau,  78.) 

COURT  A  PATTES:  Ar- 
tilleur à  pied.  Il  va  sans  dire  que 
c'est  un  terme  inventé  par  l'ar- 
tilleur à  cheval. 

COUSIN  DE  MOÏSE  :  Mari  de 
catin.  Allusion  aux  corres  flam- 
boyantes de  Moïse.  (Delvau.)  — i 
Le  côté  flamboyant  accuse  ici 
une  grande  publicité. 

COUSINE  :  Un  synonyme  de 
plus  pour  la  nomenclatvire  don- 
née à  la  fin  d'Être  {en),  p.  162. 

COUTURASSE  :  Coaturière, 
femme  grêlée.  (Michel.) 

COUVRANTE  :  Casquette. 
(Rigaud.)  —  C'est  revenir  à  no- 
tre couvre-chef. 

COUVRE-AMOUR  :  (:hapeau 
d'homme.  Argot  de  bourgeois. 
(Delvau.)  —  Ironie. 

CRACHER  :  Faire  des  aveux 
en  justice.  (Rigaud.)  —  Cracher 
signi&e  parler,  p.  124. 

CRACHER  BLANC,  CRA- 
CHER DU  COTON,  D  :S  PIÈ- 
CES DE  DIX  SOUS  :  AAoir  soif.  : 
(Delvau.)  Allusion  au  c  petits 
crachats  écumeux  de  l'assoiffé 
qui  n'a  plus  de  salive. 


CRE 


-39- 


cro 


CRACHER  DESSUS  (ne  pas)  : 
En  user  avec  plaisir.  —  Ironie. 

CRAMER  UNE  SÈCHE  :  Fu- 
mer une  cigarette.  Argot  de  col- 
légiens. (Rigaud.) 

CRAMSER  :  Mourir.  Argot 
des  pompes  funèbres.  (Id.)  — 
Ailleurs  on  dit  crapser. 

CRANER  :  Faire  le  crâne,  po- 
ser. —  a  Sans  chercher  à  crâner 
il  entendait  agir  en  homme  pro- 
pre. »  (Zola.) 

CRANEUR  :  Fanfaron  d'au- 
dace. (Delvau.) 

CRAPAUD  :  Petit  garçon. 
(Delvau,) 

CRAPOUSSIN  :  Petit  homme. 
(7^.)  —  Dérivé  de  crapaud. 

CRAPSER  :  Mourir.  —  a  A 
Cayenne-les-Eaux,  vlà  dans  le 
bataillon  de  la  guiche  comment 
crapsent  les  dos.  »  (Richepin, 
77-) 

CRAVATE  DE  CHANVRE  : 
Corde.  Argot  du  peuple.  (Del- 
vau.) —  Se  disait  au  temps  où 
on  pendait» 

CRAVATE  DE  COULEUR  : 
Arc  en  ciel.  Argot  de  faubou- 
riens. {Id.)  —  Mot  imagé. 

CREVAISON  :  Mort.  Anima- 
lisme.  —  a  Le  long  du  corridor, 
il  y  avait  un  silence  de  crevai- 
son. »  (2ola.)  —  Faire  sa  cre- 
vaison :  Mourir. 

CREVARD  :  Enfant  mort-né. 
Argot  de  voyous.  (Delvau.) 

CREVÉ  :  Homme  ruiné  de 
corps  et  d'âme.  {Id.) 


CREVER  L'ŒIL  AU  DIABLE  : 

Réussir  malgré  les  envieux.  {Id.  ) 
—  Le  diable  aveugle  est  supposé 
inoffensif. 

CRIBLEUR  DE  FRUSQUES  : 
Marchand  d'habits.  (Rigaud.) 

CRIBLEUR  DE  LANCE  :  Por- 

teur  d'eau.  (Delvau.)  —  Mot  à 
mot  :  crieur  d'eau.  Les  porteurs 
d'eau  criaient  autrefois  à  leur 
passage  dans  la  rue. 

CRIBLEUR  DE  MALADES  : 
Celui  qui  appelle  des  détenus 
au  parloir.  (Delvau.)  —  Mot  à 
mot  :  crieur  de  prisonniers. 

CRIBLEUR  DE  VERDOUZE  : 
Marchand  de  légumes.  (Rigaud.) 
--  Mot  à  mot  :  crieur  de  pom- 
mes. 

*  CRIE  :  Viande.  Le  mot  pour- 
rait être  ancien,  car  on  disait  au 
moyen  âge  massecrier  pour  bou- 
cher. 

CRIN  :  Homme  irritable  et  ir- 
rité. Mot  à  mot  :  raide  et  pi- 
quant comme  le  crin.  —  «  Tous 
les  trois  restaient  pareils  à  des 
crins,  avec  de  la  haine  plein  les 
yeux.  »  (Zola.) 

CRINOLIER  :  Boucher.  V. 
Criollier,  p.  127. 

CRINOLINE  :  Dame  de  cartes. 
(Rigaud.)  Sa  jupe  est  raide. 

CROCHER  :  Crocheter.  (Del- 
vau.) —  Abréviation. 

CROCODILE  :  Homme  avide 
et  fourbe,  créancier.  [Id.)  —  Usu- 
rier. —  Allusion  à  la  voracité 
des  crocodiles. 


eue  -  40  - 

CROCODILE  :  Étranger  sui- 
vant les  cours  de  l'école  Saint- 
Cyr.  (D.  Lacroix.)  —  Est-ce  parce 
qu'il  y  eut  dès  l'origine  plu- 
sieurs Égyptiens  dans  ce  con- 
tingent exotique. 


CROQUENEAU  :  Soulier.  - 
CROQUENEAU  VERNEAU  : 
Soulier  verni.  —  Ils  craquent  en 
marchant.  (Delvau.) 

CROQUER  :  Craquer,  crier. 
(Id.) 

CROSSEUR  :  Sonneur.  (Del- 
vau.) —  V.  Crosser,  p.  128. 

CROUME  :  Crédit.  (Rigaud.) 
—  Pour  crome.V.  page  128. 

CROUPIR  DANS  LE  BAT- 
TANT :  Ne  pas  se  digérer,  in- 
commoder. (Id.) 

CROUTÉUM  :  Collection  de 
croûtes  (mauvais  tableaux.)  — 
«  Bientôt  la  boutique,  un  mo- 
ment changé  en  croutéum,  passe 
au  muséum.  »  (Balzac.) 

CRUCHE,  CRUCHON  :  Épais 
de  forme  et  creux  d'esprit.  — 
a  II  est  assez  cruche,  pour  ne 
pas  comprendre.  »  (E.  Sue.) 

CUBE  :  V.  Bi:jut. 

CUCURBITACÉ  :  Imbécile. 
Synonyme  de   melon.  (Delvau.) 

"  CUIR  :  Peau.  Cet  animalis- 
me  est  du  moyen  âge.  En  décri- 
vant une  bataille,  Guillaume 
Guiart  dit  : 

Coutiaux  trespercent  armeures, 
Sanc  saut  de  cors  et  de  visages, 
Là  où  11  cuir  et  la  char  s'euvre. 

( . . .  Le  sang  saute  des  corps  et 


CUI 


des  visages    là  où  le  cuir  et  la 
chair  s'ouvrent.) 

CUIR  DE  BROUETTE  'escar- 
pins en)  :  Sabots,  (/i.)  —  C'est- 
à-dire  souliers  de  bois. 


CUIRASSÉ  :  Urinoir  parisien. 
Modèle  de  1876.  (Rigaud.)  —  Al- 
lusion aux  énormes  remparts 
de  tôle  placés  là  pour  protéger 
la  pudeur  publique. 

'CUIRASSIER  :  a  Veux -tu  sa- 
voir ta  langue  et  Tostographe  ? 
Prends  moi  z'un  cuir,  prends- 
moi  z'un  cuirassier.  »  (Festeau.) 

,  CUIRE   DANS  SON    JUS  : 

Étouffer  de  chaleur  et  de  trans- 
piration. Le  mot  est  ancien.  On 
connaît  la  répartie  de  Piron 
suant  au  parterre  et  entendant 
ses  voisins  chuchotter  :  «  Voilà 
Piron  qui  cuit  dans  son  jus.  — 
Ce  n'est  pas  étonnant,  s'écria-t-il, 
je  suis  entre  deux  plats.  » 

CUITE  (avoir  une)  :  Être  ivre. 
—  a  La  parole  d'un  homme  ivre 
est  sans  valeur.  On  ne  de  it  pas 
être  cru  quand  on  a  une  ^uite.» 
(Tamtam,  76.)  —  Allusion  à  la 
quantité  liquide  qui  cuit  dans 
l'estomac  de  l'ivrogne. 

CUITE  (prendre  une)  :  S'eni- 
vrer. —  «  Comme  à  l'occai^ion  de 
la  paye,  il  avait  pris  une  cuite 
énorme.  »  {Petii  Parisien,  77.) 

CUIVRE  :  Monnaie.  Ar^ot  du 
peuple.  (Delvau.) 

CUIVRES  :  Instrume!iis  de 
musique  en  cuivre.  On  dit  d'une 
partition  bruyante  :  qu'il  y  a 
trop  de  cuivres. 


DAP 


CUL  (montrer  son)  :  Faire 
faillite.  (Rigaud.)— Jeu  de  mots. 
Le  failli  n'a  rien  pour  se  couvrir, 
financièrement  parlant. 

CUL  DE  PLOMB  :  Homme  sé- 
dentaire, peu  alerte.  (Dhautel, 
1808.) 

CUL  GOUDRONNÉ.  Matelot. 

CUL  ROUGE  :  Soldat  porteur 
du  pantalon  rouge  d'uniforme. 
Autre  temps,  autres  culottes. 
Au  dix-huitième  siècle,  on  di- 
sait cul  blanc,  témoin  ce  passage 
des  Mémoires  de  Bàchaumont  : 
«  Le  27  janvier  1774.  Il  est  en- 
core arrivé  à  Marseille  à  la  Co- 
médie une  catastrophe  sanglante. 
Un  otïicier  du  régiment  d'An- 
gouléme  était  dans  une  première 
loge;  il  s'était  retourné  pour 
parler  à  quelqu'un.  Le  parterre, 
piqué  de  cette  indécence,  a  crié 
a  bas,  cul  blanc!  (le  blanc  est 
le  fond  de  l'uniforme  de  l'infan- 
terie), etc.,  etc.  » 


CUL    TERREUX 
(Delvau.) 


—  41  —  DAC 

CULOTTE  (grosse)  :  Maître 
ivrogne,  se  donnant  habituelle- 
ment de  grosses  culottes.  V.  ce 
mot.  (Le  Sublime.} 

CULOTTE  ROUGE  (donner 
dans  la)  :  Avoir  un  ou  plusieurs 
militaires  pour  amoureux.  — 
«  Elle  fut  la  maîtresse  du  prince 
de  L...  En  ce  moment,  donne 
dans  la  culotte  rouge.  »  {Cancans 
du  boudoir,  77.) 

CYCLOPE  :  Derrière.  (Ri- 
gaud.) —  L'anus  compte  ici  pour 
un  œil,  et  on  sait  que  le  cyclope 
de  la  fable  n'en  avait  pas  da- 
vantage. 

CYCLOPE  :  Chapeau  de  haute 
forme.  {Id.) 

CYMBALES  :  Pannonceaux 
de  notaire  ou  d'huissier.  [Id.)  — 
Ils  sont  jaunes  et  accouplés 
comme  les  cymbales. 

CYMBALE  :  Lune.  (Id.)  — 
C'est  la  pleine  lune  qui  doit  être 
ici  désignée. 


Paysan, 


r> 


'DAB:  Ce  mot  entre  dans  la 
composition  de  dix  autres  (V.  p. 
i3i-i32)avec  le  sens  de  maître. 
Il  est  probablement  une  forme 
du  vieux  mot  damp  :  seigneur. 

DABICULE  :  Fils  du  patron. 
(Delvau.)  —  Dabmuche  :  {Id.) 
(Rigaud.) 


DABUCHE  :  Nourrice.  (Del- 
vau.) —  C'est  une  seconde  mère. 
V.  page  i32. 

DABUGE  :  Dame,  bourgeoise. 
(Rigaud.)  —  Pour  dabuche. 

DACHE  :  Diable.  —  Envoyer 
à   Daçhe  ;   envoyer  au   diable. 


DAR 


(Delvau.)  Dache  est  ici  pour 
diache,  vieux  mot  de  nos  patois 
du  Centre.  Dans  le  Nivernais,  on 
dit  :  dache  à  toi!  (le  diable  soit 
avec  toi  !) 

DALZAR:  Pantalon.  (Rigaud.) 
—  Abrév.  de  pantal^ar. 

DAMER  :  Séduire  une  fille, 
la  rendre  dame.  (Delvau.)  —  Jeu 
de  mots  ironique. 

DANAIDES  (faire  jouer  les)  : 
Battre  une  femme.  Argot  de  vo- 
leurs. (Rigaud.)  —  Allusion  à 
la  fameuse  parodie  "des  Petites 
Damaîdes,  de  1819,  qui  repré- 
sentait les  épouses  coupables 
battues  et  tourmentées  par  les 
furies. 

•  DANDILLON  (taquiner, 
pincer  le)  :  Tirer  la  sonnette. 
(Id.) 

DANDINETTE  :  Correction. 
(Delvau.)  —  On  se  dandine  pour 
échapper  aux  coups. 

DANSE  DEVANT  LE  BUF- 
FET :  Jeûne  forcé.  Celui  qui 
danse  devant  le  butfet  ne  l'ouvre 
point.  —  «  Arrivaient  avec  la 
pluie  et  le  froid  les  danses  de- 
vant le  buffet,  les  dîners  p\r 
cœur,  dans  la  petite  Sibérie  ie 
leur  cambuse.  »  (Zola.) 

'DANSER  :  Payer.  «  On  dit 
d'un  homme  entré  dans  me 
méchante  affaire  qu'il  en  t  an- 
sera,  c'est-à-dire  qu'il  lui  en 
coûtera  bon.  (Leroux,  i8«  s.) 

DANSEUR: Dindon. (Dhau  el.) 

•  DARON  :  Se  trouve  dans  le 
dictionnaire  comique  de  Leroux. 
(i8«  s.;  —  Est  usité  dans  le 
Nord  avec  le  sens  de  mari. 


—  42  —  DEC 

DAVONE  :    Prune.  (Delvau.) 

—  Pour  Daronne,  V.  p.  134. 
DÉ  :  Oui.  —  Ce  doit  ê^re  une 

forme  de  da,  oui-da. 

DÉ,  DÉ  A  BOIRE  :  Verre. 
(Rigaud.)  —  Ironie.  Ljs  bu- 
veurs trouvent  toujours  les  verres 
trop  petits^ 

DÉBÂCLE  :  Accouchement.  — 
DÉBACLER  :  Accoucher.  —  DÉ- 
BACLEUSE  :  Sage-femme.  [Id.) 

—  De  débacler  :  ouvrir. 


•DEBALLAGE  :  Ling-  sale. 
{Id.) 

DÉBALLER  :  Déshabiller. 
{Id.)  —  DÉBALLER  :  Faire  ses 
besoins.  {Id.) 

DÉBARBOUILLER  (se)  :  Se 
sauver,  se  tirer  d'affaire.  [Id.) 

DÉBARBOUILLER  A  LA  PO- 
TASSE :  Frapper  au  visage. 
(^Id.)  —  La  potasse  entame  la 
peau. 

DÉBARQUER  (se)  :  Renon- 
cer. {Id.) 

DÉBAUCHER  :  Congédier. 
(Boutmy.)  —  C'est  le  contraire 
de  embaucher. 

DÉBOULONNER  :  Vendre. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  dé- 
bouillonner. V.  bouillon  (de  li- 
braire), p.  54. 

DÉBRIDER  :  Manger  avec  ap- 
pétit. {Id.)  —  On  débride  le  che- 
val pour  le  faire  manger. 

DÉCADENER  :  Déchaîner, 
V.  Cadenne,  p.  69. 

DÉCALITRE  :  Chapeau  de 
haute  forme.  (Rigaud.) — Grand 
schako  d'ancien  modèle.  (D.  La- 
croix.) 


DEC 

DÉCARCASSÉ  :  Sans  char- 
pente, sans  solidité,  en  parlant 
d'une  pièce  dramatique.  —  «  La 
pièce  de  Koriki  est  de  toutes  les 
rengaines  du  théâtre  moderne  la 
plus  usée,  la  plus  décarcassée.  » 
(Figaro,  76.) 

DÉCARRADE  :  Sortie,  fuite. 
(Michel.) 

•DÉCARRER  DE  BELLE  : 
Synonyme  de  décarrer  de  la 
geôle,  p.  i36. 

DÉGARTONNER  (se)  :  S'affai- 
blir, devenir  poitrinaire.  Terme 
empruntée  aux  relieurs.  (Bout- 
my.) 

*  DÉCATI  :  «  Quelques  co- 
cottes séculaires  et  décaties  pren- 
nent leur  nourriture  chez  Clé- 
mence. »  {Alm.  des  cocottes, 
67.) 

DÉCEMBRAILLARD  :  Parti- 
san  du  coup  d'État  de  décembre 
5i,  bonapartiste.  (Rigaud.) 

DÉCHASSE  :  Yeux.  (A. 
Pierre.)  —  II  faut  lire  je  crois 
des  chasses  (des  yeux). 

DÉCHIRER  LA  CARTOU- 
CHE :  Manger.  (Delvau.)  —  On 
la  déchirait  jadis  avec  les  dents. 

DÉCHIRER  LA  TOILE  :  Pé- 
ter. (Rigaud.)  —  Il  s'agit  ici  de 
la  toile  de  la  chemise. 

DÉCHIRER  SON  TABLIER  : 
Mourir.  (Delvau.)  —  Mot  à  mot  : 
ab-indonner  le  travail,  car  c'est 
du  tablier  de  travail  qu'il  s'agit 
ici. 

DÉCLANCHER  (se)  :  Se  dé- 
mettre l'épaule.  (Id.)  —  Anima- 
lisme. 


4^  — 


DEG 


DECLAQUER  :  Dire  ce  qu'on 

a  sur  le  cœur.  (Rigaud.) 

DÉCOGNOIR  :  Nez.  -  Com- 
paraison du  nez  au  décognoirou 
morceau  de  bois  à  bout  aminci 
qui  sert  à  chasser  les  coins  dans 
les  imprimeries.  (Boutmy.) 

DÉCOLLER:  S'en  aller, quit- 
ter. (Delvau.) 

DÉCOUVRIR    LA  PEAU  : 

Faire  avouer.  (Delvau.)  —  Allu- 
sion anatomique. 

DÉCROCHER  SES  TA- 
BLEAUX :  Fouiller  dans  son 
nez.  (Rigaud.) 

*DÉCROCHEZ-MOI   ÇA: 

Boutique  de  fripier.  —  Acheter 
au  décrocher-moi  ça,  d'occasion, 
au  Temple  ou  chez  le  reven- 
deur. (Id.)  V.  page  i3j. 

DÉDIRE  CHER  (se)  :  Être  à 
l'agonie.  Jargon  des  voleurs. 
(Rigaud.)  —  Cher  veut  dire  ici 
rude. 

DÉFARGUER  :  Pâlir.  (Id.)  - 
C'est  le  contraire  de  /arguer, 
p.  167.) 

DÉFILER  (aller  voir)  :  N'avoir 
pas  d'argent  pour  manger.  — 
Abréviation  d'aller  voir  défiler 
les  dragons  qui  a  le  même  sens. 
Rigaud.) 

DÉGELER  :  Se  déniaiser,  re- 
couvrer sa  liberté  d'esprit.  (Del- 
vau.) —  C'est  une  variante  de  se 
dégourdir. 

DÉGOTTAGE  :  Trouvaille. 
(Rigaud.) 

DÉGOUTATION  :  Personni- 
fication dégoûtante.   —  «    Ah! 


DEM  —  44  —  DÉS 

bien,   ce    n'était    pas     Eugène:!      DKMI-VERTU   :   Fille    qui  a 
cette  dégoutation  d'homme,  qui  |  déjà  faibli.  {Id.)  —  Ironie. 

DEMOISELLE    DU    PONT- 


lui  aurait  jamais   donné  un  ru 
ban.  »  (Huysmans,  79.) 

DÉGRAISSER  ;  Voler.  (Le- 
roux.) —  Mot  à  mot  :  enlever 
l'argent.  (V.  Graisse.) 

DÉGRIMONNER  (se)  :  S'agi- 
ter, se  tourmenter.  Argot  de 
bourgeois.  (M.  Tourneux.) 

DÉGRINGOLADE  :  Vol.  (Ri- 
gaud.)  —  Le  voleur  fait  dégrin- 
goler ce  qu'il  prend;  il  n"a  pas 
de  temps  à  perdre, 

DÉGRINGOLADE  A  LA 
FLUTE  :  Vol  commis  par  une 
fille  publique  sur  un  client. (/^.) 

DÉGRINGOLER  :  Voler.  (Id.) 

DÉGROSSIR  :  Découper  de 
la  viande.  (Delvau.) 

DÉGUEULAS,  DÉGUEULA- 
TIF  :  Dégoûtant.  (Rigaud.) 

DÉJETÉ  :  Mal  venu.  Se  prend 
au  figuré  :  —  «  Une  vie  aussi 
décousue,  aussi  dégommée,  aussi 
déjetée.  »  (Ph.  Chasles,  76.) 

DÉJETÉ  (N'être  pas)  :  Avoir 
bonne  mine.  On  dit  d'une  fille 
bien  faite  :  «  Elle  n'est  pas  dé- 
jetée,  ï 

DÉJEUNER  DE  PERRO- 
QUET :  Biscuit  trempé  dans  du 
vin.  (Delvau.) 

DÉLICAT  ET  BLOND  :  Gan- 
din, douillet.  [Id.) 

DÉMÉNAGER  PAR  LA  CHE- 
MINÉE :  Brûler  ses  meubles. 
(Id.) 

DEMI-MONDAINE  :  Femme 
du  demi-monde.  V.  p.  i3g. 


NEUF    :    Prostituée.    (Leroux.) 
—  Tout  le  monde  y  passe. 

DÉMORFILLAGE  :  Action  de 
démorfiller. 

DÉMORFILLER:  Démarquer 
une  carte  morfillée  ou  marquée 
par  un  grec.  (Rigaud.)  —  De 
Morbier  :  mordre,  mant^^er.  La 
marque  d'une  dent  peut  faire 
reconnaître  une  carte. 

DÉNICHEUR  DE  FAU- 
VETTES :  Coureur  de  filles. 
(Delvau.) 

DENT  (avoir  de  la)  :  Être  bien 
conservé.  (Id.)  —  Mot  à  mot  : 
avoir  toutes  ses  dents  et  les  avoir 
belles. 

DÉPENSER  SA  SALIVE  : 
Parler.  (Delvau.) 

DÉPIAUTER  :  Déshabiller. 
(Id.).)  —  Acception  figurée  de 
dépioter  (p.  140). 

DÉPLUMÉ  :  Chauve.  (7  /.) 

DÉPOTOIR  :  Confessionnal, 
pot   de   chambre.    (Rigaud.) 

DÉSARGOTÉ  :  Malin.  (A. 
Pierre.  )  Voyez  Argoté. 

DESFOUX  :  La  casquette  de 
soie  bouffante  et  molle  particu- 
lière aux  souteneurs.  (Rigaud.) 
—  Nom  de  vendeur  donnce  à  la 
chose  achetée.  Un  grand  débit 
de  ces  casquettes  a  lieu  cv::z  un 
chapelier  nommé  Des  foi  x  (des 
hêtres.  Nom  de  lieu)  qui  est 
voisin  du  Pont-Neuf. 

DÉSOLER  :  Jeter.  Forme  in- 


DEU 


-45  - 


DOC 


correcte  de  Dessaler  :  jeter  à 
l'eau.  —  Désoler  un  saint  :  jeter 
à  l'eau.  (Id.) 

DÉSOSSÉ  :  Homme  maigre. 
(Delvau.)  —  Ironie. 

DESOSSER  :  Taper  à  grands 
coups  de  points.  (Rigaud.)  — 
Allusion  culinaire. 

DESSALER  :  S'acquitter,  s.- 
mettre  au  pair.  (Boutmy.)  Pour 
comprendre,  voyez  Salé. 

DÉTACHER  LE  BOUCHON  : 
Aller  à  la  selle  (Id.);  couper  la 
chaîne  de  montre,  prendre  la 
bourse.  (Delvau.) 

DÉTECTIVE  :  Agent  de  la 
police  de   sûreté,  argot  anglais. 

—  «  Le  commissaire  Breitenfeld 
qui  était  allé  avec  deux  détec- 
tectives.  »  {Figaro,  76.) 

*  DÉTELER  ;  Le  mot  est  du 
XVIII*  siècle.  Effrayé  dès  le  début 
de  sa  dernière  maladie,  Louis 
XV  disait  à  La  Martinière  :  «  Je 
le  sens,  il  faut  enrayer.  —  Sen- 
tez plutôt  qu'il  faut  dételer,»  ré- 
pondit brusquement  le  docteur. 

—  Le  mot  est  authentique.  Je 
l'ai  retrouvé  dans  une  relation 
contemporaine. 

DEUIL  (il  y  a  du)  :  Ça  va  mal. 
«  S'il  y  a  du  deuil,  ce  ne  sera 
pas  long.  »  {Le  Sublime.) 

DEUS  EX  MACHINA  :  Per- 
sonnage providentiel.  Mot  à 
mot  :  Dieu  de  théâtre  amené 
par  un  truc  sur  la  scène  :  — 
«  Qui  sauvera  le  ministre?,..  Ce 
sont  les  paroles  d'un  grand  poli- 
tique, d'un  deus  ex  machina,  » 
{Figaro,  76.) 


DEUX  SŒURS  (les)  :  Les 
deux  fesses.  (Delvau.) 

DÉVOYÉ  :  Acquitté  en  jus- 
tice. (Rigaud.) 

DIAMANT  :  Pavé.  (A.  Pierre.) 

—  Allusion  de  dureté. 

DIEU  TERME  :  Jour  du 
terme  d'une  location,  auquel 
on  paie  son  loyer.  (Delvau.)  — 
Jeu  de  mots  mythologique. 

DILIGENCE  DE  ROME  : 
Langue.  (Michel.)  —  On  dit  pro- 
verbialement qu'avec  sa  langue 
on  peut  aller  à  Rome  (en  de- 
mandant le  chemin.) 

DIMASINE  :  Chemisette.  (Del- 
vau.) —  Ce  doit  être  limasine. 
V.  Limace,  p.  221. 

DINER  EN  VILLE  :  Manger 
un  petit  pain  dans  la  rue.  (id.) 

—  Jeu  de  mots. 

DIRE    QUELQUE    CHOSE  : 
Éveiller  la  sensualité.  Jargon 
de  libertin.  (Rigaud.) 

DISQUE  :  Postérieur.  {Id.)  — 
Allusion  de  rondeur. 

DISQUE  :  Pièce  de  monnaie. 

—  Allusion  de  rondeur.  V.  Siffler 
au  disque. 

DOCHE  :  Mère.  (Rigaud.)  — 
C'est  dauche,  forme  de  dabuche 
avec  élision  du  b. 

DOCK  :  «  On  donne  en 
France  le  nom  de  dock  à  de 
grands  magasins,  à  de  grands 
entrepôts,  et  l'on  croit,  en  fai- 
sant ainsi,  ne  faire  que  suivre 
l'exemple  des  Anglais.  C'est  une 
erreur.  En  Angleterre,  le  terme 
«  dock  »  désigne  les  bassins  où 

3. 


DOS 


-46- 


DRO 


les  navires  demeurent  à  flot,  à 
marée  basse,  retenue  que  l'eau 
est  par  des  écluses  fermées.  » 
(J.  Amero.) 

*  DODO  (faire  son)  :  Dormir. 
—  «  Popol  qui  boira  du  lolo, 
qui  fera  son  dodo  pour  ne  point 
avoir  du  bobo.  »  (E.  Bourget, 
ch.) 

*  D  0  D  G  :  Lit.  «  Le  dodo 
avait  filé  chez  les  revendeurs  du 
quartier.  »  (Zola.) 

DOIGT  DE  MORT  :  Salsifis. 
(Rigaud.)  —  Allusion  de  forme 
et  de  couleur. 

DONNE  :  Regard.  Jargon  de 
voleur.  —  La  donne  souffle  mal  : 
le  regard  n'est  pas  franc.  {Id.) 

DONNER  (se  la)  :  Se  battre, 
(/i.)—  Mot  à  mot  :  se  donner 
une  volée. 

DONNER  CINQ  ET  QUA- 
TRE :  Donner  deux  soufflets, 
dont  l'un,  le  soufflet  de  revers, 
avec  les  quatre  doigts  de  la 
main,  pouce  en  dehors.  (Delvau.) 

DONNER  SUR  LE  BIFFE- 
TON  :  Lire  l'acte  d'accusation. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  donner 
sur  le  .chiffon  de  papier,  le  lire. 

DONNKR  UN  REDOUBLE- 
MENT DE  FIÈVRE  :  Révéler  un 
nouveau  méfait  à  charge.  (Del- 
vau.) 

DOS  :  Souteneur.  Abréviation 
de  dos  vert.  V.  p.  145.  —  «  Ja- 
dis on  l'avait  vu  vivre  pendant 
trente  ans  de  marmite  en  mar- 
mite. Plus  d'un  des  jeunes  dos 
et  des  plus  verts  l'imite.  »  (Ri- 
chepin,  77.) 


DOUANIER  :  Absinthe.  _ 
Allusion  à  l'uniforme  a  ert  des 
douaniers.  (Rigaud.)  —  Ce  doit 
être  l'absinthe  pure. 

DOUBLE-SIX  :  Poseur.  — 
Celui  qui  a  le  double  six  aux 
dominos  pose  le  premier  au 
commencement  de  la  partie. 
(Rigaud.) 

DOUCE  (se  la  passer)  :  Même 
sens  que  le  précédent.  —  «  Un 
bon  zig  qui  se  la  passe  douce.  » 
(Concourt.) 

DOUCEUR  (le  mettre  en)  : 
Tromper  ou  voler  en  ilattant. 
(Rigaud.) 

DOUILLET  (jamais),  JAMAIS 
DOUILMINCE  :  Innocent.  —Ar- 
got de  voleur.  {Idem.)] 

DOUILLETTE  :  Figue.  (Jd.)  — 
Elle  est  molle. 

DOUILLURE  :  Chevelure. 
(Delvau.) 

DRAGUE  :  Fonds  de  com- 
merce de  saltimbanque.  {Id.) 
Pour  drogue.  V.  Dragumr,  p. 
147. 

*  DRAGUEUR  :  Saltimbanque. 
(Michel.)  —  Pour  dragueur. 

*DRINGUE  :  Pièce  de  cinq 
francs.  (Jd.) 

"  DROGUE  :  «  Vieille  drogue, 
tu  as  changé  de  litre...  Tu  sais, 
ce  n'est  pas  avec  moi  qu  il  faut 
maquiller  ton  vitriol.  (Zola.) 

'DROMADAIRE  :  On  appe- 
lait ainsi  les  vétérans  ayant  fait 
la  campagne  d'Egypte.  (]).  La- 
croix). 


ÉCL  -  47 

DUC  DE  GUICHE  :  Guiche- 
ter.  (Delvau.)  Jeu  de  mots. 

DUMANET  :  Soldat  crédule, 
du  nom  d'un  type  de  carica- 
tures qui  date  de  la  prise  d'Al- 
ger. {Id.) 

DUR  A  AVALER  :  Dur  à 
croire.  {Id.) 


-  ECO 

DURE  :  Maison  centrale.  (77.) 
—  On  sait  que  son  régime  pa- 
raît plus  dur  aux  détenus  que 
la  déportation. 


DURE  (voler  à  la)  :  Voler 
après  avoir  frappé  la  victime 
pour  Tétourdir.  {Id.) 


B 


ÉBOUFFER  (s»)  :  Rire  aux 
éclats.  (Delvau.)  —  Abrév.  du 
vieux  mot  :  s'ébouffer  de  rire 
(de  bouffer  :  Souffler,  enfler). 

ÉCAGHER  :  Écraser.  {Id.).  — 
Vieux  mot. 

ÉCARBOUILLER  :  Aplatir. 
(Id.)  —  On  dit  plus  souvent 
écrabouiller. 

-^^  ÉCARBOUILLER  (s')  :  Se 
sauver.  Acception  étendue  du 
verbe  précédent.  On  s'aplatit, 
on  se  réduit  à  rien  pour  mieux 
se  dérober. 

ÉCHAUDÉ  (être)  :  Être  ex- 
ploité par  un  marchand.  (Del- 
vau.) Son  synonyme  être  écor- 
ché  est  une  image  du  même 
genre. 

ÉCHINEUR  :  Journaliste  échi- 
nant d'habitude.  V.  Échiner,  p. 
149. 

ÉCHOPPE  :  Atelier,  V.  Sa- 
bourin. 

ÉCLUSER  :  Pisser.  (Delvau.) 
—  Pour  lâcher  l'écluse  (p.  214), 
bien  qu'il  ait  par  le  fait  un  sens 


contraire,   car   écluser,  c'est  re- 
tenir l'eau  dans  certaines  con-. 
ditions. 

ÉCOPAGE  :  Choc,  coup,  ré- 
primande, petit  profit,  art  d'ar- 
river tard  dans  une  maison  pour 
s'y  faire  inviter  à  dîner.  ((Ri- 
gaud.) 

*  ÉCOPER.  ÊCOPPER  :  Avoir 
la  mauvaise  part.  —  Allusion  à 
l'ennui  causé  par  la  corvée  de 
canotage  qui  consiste  à  écoper 
(vider  l'eau  d'un  bateau  au 
moyen  d'une  écope). 

ÉCOPER  :  Boire.  (Rigaud.)  — 
Le  gosier  joue  ici  le  rôle  de 
récope. 

*  ÉCORNÉ  :  On  appelle  ainsi 
l'inculpé  parce  qu'il  est  maltraité 
(écorné)  par  le  ministère  public 
(écorneur). 

ÉCORNER'LES  BOUCARDS  : 
Fracturer  les  vitres  de  bouti- 
ques. (Halbert.) 

ÉCOUTE  S'IL  PLEUT  :  Si- 
lence! (Rigaud.)  —  Quand  on 
écoute,  on  ne  peut  faire  aucun 
bruit. 


ÉGN 


-48  - 


EMM 


ECRACHE  :  Passeport.  (Del- 
vau.)  Pour  escrache.  V.  p.  ibç). 

ÉCRACHER  :  Exhiber  son 
passeport.  {Id.)  —  Nous  avons 
vu  que  e  cracher  signifiait  de- 
mander le  passeport. 

ÉCRASKR  DES  TOMATES  : 

Avoir  ses  menstrues.  {Id.) 

ÉCREVISSE  :  Cardinal.  Argot 
de  voleurs.  {Id.)  —  Allusion  à  un 
costume  que  les  voleurs  ont 
bien  peu  occasion  de  rencon- 
trer. Aussi  était-ce  un  mot  de  la 
bonne  société  du  xviii»  siècle; 
M.  Fr.  Michel  en  donne  un 
exemple.  Il  va  sans  dire  que 
l'écrevisse  était  cuite,  comme  le 
cardinal  des  mers  si  injuste- 
ment reproché  à  J.  Janin,  qui 
ne  pensait  qu'au  homard  cuit. 

ÉGURER  LE  CHAUDRON  : 
Aller  à  confesse.  (Id.)  Mot  à 
mot  :  Nettoyer  son  for  intérieur. 

ÉDREDON  (faire  1')  :  Voler 
un  étranger.  Argot  des  filles. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  ex- 
ploiter le  lit  sur  lequel  on  at- 
tire la  victime. 

EF  :  Effet,  —  Abrév.  —  Faire 
de  Vef  :  Briller.  (Delvau.) 

EFFACER  un  plat,  une  bou- 
teille: manger  un  plat,  boire  une 
bouteille.  (Rigaud.)  —  Mot  à 
mot  :  effacer  ce  qui  les  colorait. 

EFFET  DE  BICEPS  :  Exhi- 
bition de  force  musculaire.  (Del- 
vau.) 

EFFETS  DE  POCHE  :  Éta- 
lage d'argent.  [Id.)  —  L'argent 
se  tire  de  la  poche. 

ÉGNAFER  :  Écraser  de  sur- 


prise, émerveiller.  Jargon  de» 
ouvriers.  (Rigaud.)  —  (]e  doit 
Jtre  une  ironie  à  l'adresse  des 
gyiiah  (p.  igS). 

ÉGYPTIEN  :  Mauvais  acteur. 
—  Ironie  à  l'adresse  des  troupes 
dramatiques  de  l'Orient.  [Id.) 

ÉLIXIR  DE  HUSSARD  :  Eau- 
de  vie.  (Michel.)  —  Eau-de-vie 
inférieure.  (Delvau.) 

EMBALLEUR  ;  Agent  de  po- 
lice. (Rigaud.)  —  Il  vous  arrête 
(V.  p.  ibi). 

EMBALLEUR  DE  REFROI- 
DIS :  Croque-morts.  (Id.)  —  Mot 
à  mot  :  metteur  de  morts  en 
bière. 

EMBALUCHONNER  :  Empa- 
queter. (Delvau.) 

EMBAUDER  :  Prendre  de 
force.  Argot  de  voleur.  (Id.)  — 
Pour  emblauder.  De  embler  : 
voler  (vieux  français). 

EMBOUCANER  :  Sentir  mau- 
vais. (Rigaud. 1  —  Mot  à  mot  : 
sentir  la  viande  boucanée. 

EMBROUILLARDER  (s'), 
S'EMBROUILLER  :  Sentir  les 
premiers  effets  de  l'ivresse.  (Del- 
vau.) 

EMMAILLOTER  UN  MOME  : 
Combiner  un  vol.  Variante  de 
nourrir  un  poupard.  (Rigaud.) 

EMMAILLOTEUR  :  Tailleur. 
(Id.)  —  Ironie. 

EMMASTOQUER  :  Se  bien 
nourrir.  Mot  à  mot  :  se  rendre 
mastoc,  s'engraisser.  (Delvau.) 

•EMMERDEMENT:«Gervaise 
si  gonflée  d'emmerdement qu'elle 


EN  F 


-  49 


ENT 


se  serait  volontiers  allongée  sous 
les  roues  d'un  omnibus.» (Zola.) 

EMPÊCHEUR  DE  DANSE  EN 
ROND  :  Trouble  fête.  Mot  à 
mot  :  qui  empêche  les  rondes, 
c'est-à-dire  les  danses  auxquelles 
tout    le   monde   prend    part.  — 

«  Un  empêcheur  de  danse  en 
rond,  l'expert,  prétend  que  le 
tranchelard  est  postérieur.  » 
(Tintamarre,  76.)  —  Je  ne  crois 
pas  le  mot  ancien,  car  il  a  com- 
mencé à  circuler  vers  1860. 

EMPEREUR  :  Vieux  soulier. 
Du  nom  du  savetier  qui  les  re- 
vendait près  des  Halles.  (Ri- 
gaud.) 

EMPLATRE  :  Portée  de  cartes 
glissée  par  le  grec  au  baccarat 
ou  au  lansquenet;  —  cravate 
longue.  (Id.) 

EMPOISONNEUR  :  Marchand 
de  vins  frelatés,  gargotier.  (Id.) 
—  Le  mot  est  de  Boileau. 

'  ENCARADE  :  Porte  d'entrée. 
(Michel.) 

ENGEINTRER  :  Rendre  en- 
ceinte. (Delvau.)  Abrév.  d'en- 
ceinturer  qui  se  disait  au  xviii» 
siècle.  (V.  le  dict.  de  Leroux.) 

ENCLOUÉ  :  Mou,  sans  éner- 
gie, pédéraste.  (Rigaud.) 

ENDOS  :  Échine.  Argot  des 
voyous.  (Delvau.) 

ENDOSSE  :  Épaule.  (Michel.) 

ENFIGNEUR:  Pédéraste.  (Ri- 
gaud.) —  Dejignard. 

ENFILER  DES  BRIQUES  (s')  : 
Jeûner.  (Id.) 

ENFILER    DES     PERLES    : 


Travailler    avec     nonchalance. 
(Id.) 

ENFLANELLER  DE  (s')  : 
Boire  chaud.  {li.)^  G'est  une 
Hanelle  liquide  qu'une  boisson 
chaude. 

ENFLAQUER  :  Revêtir,  en- 
dosser. (Delvau.")  Mot  à  mot  :  se 
/laquer  dans. 

ENFLÉE  :  Vessie.  (Michel.) 

ENFLER  :  Boire. 

ENGUEULAGE  :  Série  d'in- 
jures. (Rigaud.) 

ENGUEULEUR  :  Homme 
ayant  l'habitude  d'engueuler. 

ENLEVER  (s')  :  Souffrir  de  la 
faim.  (Colombey.)  —  S'enlever, 
c'est  être  léger,  c'est-à-dire  n'a- 
voir rien  dans  le  corps. 

ENMOUTARDER  :  Enm-der. 
On  saisit  l'allusion.  —  «Qu'est- 
ce  qui  nous  enmoutarde  donc, 
celui-là,  avec  sa  cloche.  »  {Le 
Sublime.) 

ENPLAQUE  (la  rousse)  :  La 
police  vient.  (A.  Pierre.)  —Pour 
la  rousse  emplanque.  V.  p.  i52. 

ENRAYER  :  Renoncer  à  l'a- 
mour. V.  Dételer. 

ENRHUMER  :  Ennuyer.  (Ri- 
gaud.) 

ENROSSER  :  Dissimuler  les 
vices  d'un  cheval.  (Delvau.)  — 
Repasser  un  mauvais  cheval. 
On  dit  //  m'a  enrossé. 

ENTERREMENT  :  Morceau 
de  viande  ou  de  charcuterie  en- 
terré dans  un  morceau  de  pain, 
sandwich  populaire.  (Delvau.) 


ENT 


-  5o 


EPI 


ENTERREMENT  :  Ouvrage 
dbimé  par  un  ouvrier.  (Rigaud.) 

ENTERREMENT  DE  PRE- 
MIÈRE CLASSE  :  Critique 
faite  sur  le  ton  d'un  faux  at- 
tendrissement. (Id.) 

ENTIÈRE  :  Lentille.  (Michel.) 
Elle  sort  souvent  comme  elle 
rentre,  sans  être  digérée. 

ENTIFFER  :  Enjôler.  (Delvau.) 

—  Forme  (Tantiffer  (page  12). 

ENTONNOIR  :  Gosier.   (Id.) 

—  Ne  se  dit  que  pour  les  grands 
buveurs.  (Quel  entonnoir  !) 

ENTORTILLÉ:  Maladroit. 

—  Quand  on  est  entortillé,  on 
n'a  pas  les  mouvements  bien  li- 
bres. —  «  Je  lui  garde  un  chien 
de  ma  chienne,  à  votre  entor- 
tillé de  singe  (patron).  »  {Le  Su- 
blime.) 

ENTORTILLÉ  :  Pédéraste,  po- 
lisson. (Rigaud.) 

ENTRAINEMENT  :  «  L'en- 
traînement a  pour  but  de  dé- 
velopper, chez  le  cheval,  des 
qualités  extraordinaires  de  vi- 
tesse et  de  fond.  »  (Carnet  des 
courses j  77.) 

ENTRAVER  SE  :  Aux  tra- 
vaux forcés  à  perpétuité.  (Mi- 
chel.) —  Pour  en  traverse,  V. 
p.  35o.  Ce  mot  doit  venir  de  la 
traverse  à  laquelle  les  pieds  des 
forçats  sont  attachés  pendant 
la  nuit.  —  On  dit  aussi  en  tra- 
verse à  perte  de  vue. 

ENTRECOTE  DE  BRO- 
DEUSE :  Morceau  de  fromage 
de  Brie.  (Delvau.)  —  ENTRE- 
COTE DE  LINGÈRE  :  [Idem,) 


(Rigaud.)  —  Même  pînisanterie 
que  dans  Bifteck  de  chamar- 
reusCj  côtelette  de  perruquier^ 
etc. 

ENTRELARDÉ  (un)  :  Un 
morceau  de  bœuf  maigre  avec 
un  peu  de  gras.  On  dit  de  même 
un  maigre  et  un  gras  dans  l'ar- 
got des  bouillons  et  des  créme- 
ries. 

ENTRER  AUX  QUINZE- 
VINGTS  :  Dormir,  c'est-à-dire 
fermer  les  yeux,  comme  les  aveu- 
gles des  Quinze-Vingts.  (Delvau.) 

ENTRE-SORT  :    13araque, 

théâtre  de  foire.  Allusion  aux 
fournées  de  spectateurs  qui  s'y 
succèdent.  (Rigaud.) 

ENVOYÉ  :  Bien  dit,  bien  ré- 
pliqué. Se  dit  surtout  dun  pro- 
pos contenant  une  allusion.  — 
«  On  applaudit,  on  cria  bravo, 
c'était  envoyé.  »  (Zola.) 

ENVOYER  A   CHAILLOT    : 

Envoyer  paître,  repousser.  Voir 
Chaillot,  p.  90.  —  «  S'il  ne  fiche 
un  abattage,  je  l'envoie  à  Chail-  . 
lot.  »  (Zola.) 

ÉPATAROUFLER  :  Augmen- 
tatif de  épater.  —  a.  A'oici  la 
chose.  C'est  machiavélique  au- 
tant qu'épatarouflant.  ."  {Tarn- 
Tarn,  75.) 

ÉPILER  LA  PÊCHE  :  Raser. 
(Rigaud.)  —  Allusion  à  la  ron- 
deur et  au  duvet  de  la  pjche. 

ÉPINARDS  (aller  aux  :  Rece-  ' 
voir  de  l'argent  d'une  nlle  pu-, 
blique.  {Id.)  —  Jeu  de  nots. 

ÉPINARDS  (Plat    d»)   :    Pay- . 
sage   verdoyant    et   mal     peint. 
[Id.)  —  Allusion  de  couleur. 


ESC 


-.51  — 


ESQ 


ÉPITONNER  (s')  :  Avoir  du 
chagrin.  (Id.)  —  Pour  se  pis- 
tonner. ' 

'  ÉPONGE  :  «  Tiens,  que  je  te 
fasse  voir  mon  éponge,  pour- 
suivit-il en  tirant  à  lui  Céline.» 
(Huysmans,  79.)  V.  Linge. 

ÉPONGE  :  Ivrogne.  (Delvau.) 
—  Il  absorbe  comme  elle  les 
liquides.  Scarron  donne  déjà 
cette  image. 

ÉPOQUES  (avoir  ses)  :  Avoir 
ses  menstrues.  (Id.) 

EPOUSER  LA  CAMARDE  : 
Mourir.  Mot  à  mot  :  épouser  la 
mort.  —  ÉPOUSER  LA  VEUVE  : 
Être  guillotiné.  (Colombey.)  Mot 
à  mot  :  épouser  la  guillotine. 

ERGOT  (se  fendre  1')  :  Fuir. 
(Michel.)  —  Animalisme. 

ERNEST  :  Communiqué  offi- 
ciel. Argot  de  journaliste.  {Id.) 

ESBALONER  (s')  :  S'évader. 
Mot  à  mot  :  s'en  aller  en  ballon. 
V.  p.  i3  de  l'Introduction. 

ESBROUFFE  (vol  à)  :  Vol 
commis  dans  la  rue  sur  le  gous- 
set d'uh  passant  qu'on  feint  de 
heurter  par  mégarde.  (Rigaud.) 

ESBROUFFEUR  :  Voleur  à 
l'esbrouffe.  {Id.) 

ESBROUFFEUR,  ESBROUF- 
FEUSE  :  Qui  fait  de  l'esbrouffe 
(V.  page  i58.)  —  «  D...  est  un 
homme  important,  un  esbrouf- 
feur.  »  (V.  Bouton.) 

ESCAFFE  :  Coup  de  pied  au 
derrière.   Vieux   mot.   (Michel.) 

ESGAFFER  :  Donner  un  coup 
de  pied.  {Id,) 


ESCAFIGNON  :  Soulier.  {Id.) 

ESCANNER  :  Fuir.  —  A  l'es- 
canne  :  Fuyons.  (Id.) 

ESCARE  :  Contre-temps.  — 
ESCARRER  :  Empêcher.  (Ri- 
gaud.) —  Halbert  donne  escaver, 

ESCARGOT  :  Lampion,  ser- 
gent de  ville.  [Id.)  Homme  vi- 
lain d'aspect.  (Delvau.)  ^— 
Comme  l'escargot,  l'agent  passe 
le  long  des  murs. 

ESCARPINS  DE  CUIR  DE 
BROUETTE,  DE  LIMOUSIN  : 
Sabot.  (Delvau.)  —  Facéties.  La 
dernière  fait  allusion  aux  ma- 
çons que  le  Limousin  envoie 
chaque  année  à  Paris. 

ESCARPIN  RENIFLEUR  : 
Soulier  prenant  l'eau.  (Rigaud.) 

—  Allusion  au  bruit  de  son  aspi- 
ration. 

ESCARPOLETTE  :  Charge. 
Argot  de   théâtre.    (Delvau.)  — 

—  C'est  une  variante  de  balan- 
çoire. 

'ESCRACHER  :  Exhiber  le 
passeport,  montrer  ses  papiers. 
(Rigaud.) 

ESPADRILLE  :  Soulier  de 
n'importe  quelle  forme.  (A. 
Pierre.)  —  Extension  du  sens 
connu. 

ESPAGNOL  :  Pou.    (Michel.) 

—  L'Espagne  passait  pour  être 
trop  bien  partagée  sous  ce  rap- 
port. 

ESQUINTE  :  Abîme.  Argot  de 
voleur.  (Delvau.)  —  Il  me  sem- 
blerait plus  rationnel  de  lire  ici 
esquinté  :  abîmé.  Il  doit  y  avoir 
une  faute  d'impression  donnée 


FAB 


-   52   — 


FAC 


d'abord  par  M.  F.  Michel,  et  re- 
produite après  par  ses  succes- 
seurs. 

ESSENCE  DE  CHAUS- 
SETTES :  Sueur  de  pieds.  (JJ.) 

ESTABLE:  Poule.  (Rigaud.)  — 
Forme  de  estaphle. 

ESTAFFIER  :  Chat.  (Rigaud.) 

ESTAFFION  :  Chat,  taloche. 
(Michel.)  —  Notre  mot  d'estafi- 
lade semble  bien  près  de  celui- 
là,  de  toutes  façons,  car  le  chat 
est  un  maître  estafileur. 

ESTAPHE  :  Taloche.  (W.) 

ESTAPHLE  :  Poule.  Jargon 
de  voleur.  {Id.)  —  V.  Esta/on, 
p.  i6o. 

ESTOMAC  :  Courage.  (Id.)  — 
Il  a  de  l'estomac  :  il  est  hardi 
au  baccarat,  à  la  Bourse,  etc. 
On  sait  que  la  peur  influe  défa- 
vorablement sur  l'estomac.  Donc 
avoir  bon  estomac,  c'est  être 
courageux.  V.  Foirer,  p.  179. 

ESTROPIER  :  Manger.  (Del- 
vau.)  —  C'est-à-dire  manger 
cuisse  ou  aile. 


^  ÉTATS  (être  dans  tous  ses)  : 
Être  fort  surexcité.  (M.  Tour- 
neux.) 

ÉTOUFFAGE  :  Action  d'é- 
touffer. (Rigaud.) 

ÉTOUFFER  :  Forme  d'estouf- 
fer.  V.  p.  i6o. 

ÉTOUFFEUR  :  qui  pratique 
l'étouffage.  — Éditeur  manquant 
la  vente  de  ses  livres,  faute  de 
réclames.  (Rigaud.) 

ÉTOURDISSEMENT  :  De- 
mande de  service.  {Id.) 

ÉrOURDISSEUR  :  Sollici- 
teur. (Michel.) 

EXAM  :  Examen.  —  Argot 
des  écoles. 

EXCELLENT  BON  :  Jeune 
gandin.  —  Superlatif  de  bon 
jeune  homme.  Voir  ce  mot.  — 
«  Ne  vous  laissez  pas  distraire 
par  la  foule  des  excellents  bons 
qui  sont  debout  dans  les  portes, 
ne  dansent  jamais,  gênent  tout 
le  monde,  s'ennuient  à  }^érir.  » 
[Vie  parisienne,  avril  77.) 


ir 


F  (être  de  1*)  :  Être  perdu, 
ruiné.  Abréviation  de  être  fichu, 
etc.  (Rigaud.) 

FABRIQUER  :  Faire,  dans  le 
sens  de  voler.  —  <  J'aurais 
voulu  fabriquer  jusqu'au  bout 
cette  vieille  tête  de  veau  (voler 


ce  vieux  chauve).  —  Petit  Jour* 
nal,  78. 

FACTIONNAIRE  (relever  un)  : 
S'échapper  de  l'atelier  pour  al- 
ler boire  un  verre  de  vin  déjà 
versé  sur  un  comptoir  des  en> 


FAI 


-  53 


FAR 


virons.  (Rigaud.)—  Le  buveur 
est  ici  le  caporal  de  pose. 

FADE  (avoir  son)  :  Être  bien 
servi  dans  une  distribution. 
(Boutmy.)  —  Abréviation  de 
Fadage,  V.  ce'iiot  p.  164. 

FADE  (être)  :  Être  soûl.  Mot 
à  mot  :  avoir  sa  part  de  bois- 
son. (Rigaud.)  —  V.  Fader, 
p.  164.  Avoir  son  compte  (V. 
p.  II 5)  présente  exactement  la 
même  allusion. 

FAFIOTEUR  :  Savetier.  (Id.) 

—  Banquier,  écrivain.  (Delvau.) 

—  Triple  allusion  au  papier  ou 
fafiot.  11  entre  du  carton  dans 
l>;s  mauvaises  chaussures  ;  le 
banquier  manie  les  billets  et 
l'écrivain  se  sert  de  papier.  Fa- 
fiot est  un  vieux  mot  signifiant 
fanfreluche.  —  On  appelle  fa- 
fiot un  soulier  d'occasion. 

FAFLARD  :  Passeport.  —  FA- 
FLARD  D'EMBALLAGE  :  Man- 
dat d'amener.  (Rigaud.)  —  C'est 
fafiot  avec  changement  de  fi- 
nale. 

•FAGOT  :  Forçat.  —  Le  fa- 
got est  lié  par  le  milieu  comme 
le  forçat  par  sa  ceinture  porte- 
chaîne. 

FAINE  :  Sou.  —  FAININ  : 
Liard.  —  Argot  des  ouvriers. 
(Delvau.) 

FAIRE  BELLE  (la)  :  Être  heu- 
reux. (Rigaud.)  —  Vie  est  sous- 
entendu. 

FAIRE  DESSOUS  (se)  :  Tom- 
ber en  enfance.  {Id.)  —  Variante 
de  l'expression  il  fait  sous  lui, 


c'est-à-dire  :  il  est  gâteux,  il  ne 
sait  plus,  ne  peut  plus. 

FAIRE  DES  YEUX  DE  HA- 
RENG :  Crever  les  yeux.  (Mi- 
chel.) 

FAIRE  DU  SUIF  :  Tricher. 
Argot  de  grec.  (Rigaud.) 

FAIRE  GODARD  :  Crever  de 
faim.  Variante  de  s'' enlever  (V. 
ce  mot).  Double  allusion  au  bal- 
lon de  Godard  et  au  vide  de 
l'estomac.  {Id.) 

FAIRE  LA  PAIRE  :  Se  sau- 
ver. —  De  Jambes  est  sous-en- 
du.  {Id.) 

FAIRE  LA  SOURIS  :  Dévali- 
ser. Argot  des  filles.  (Delvau.)  — 
La  souris  se  fourre  dans  tous 
les  trous. 

FAIS  (j'y)  :  J'y  consens,  j'ap- 
prouve. (Boutmy.)  —  Mot  à  mot  : 
je  fais  comme  vous. 

FAISANT  :  Camarade  de  col- 
lège. (Michel.) 

FAISEUSE  D'ANGES  :  Femme 
pratiquant  des  avortements.  (Ri- 
gaud.) —  Terme  à  la  mode  de- 
puis le  procès  d'une  sage-femme 
avorteuse  du  Midi,  qui  était  ap- 
pelée ainsi.  On  sait  que  les 
morts  nouveau -nés  sont  re- 
gardés comme  acquis  au  ciel. 

FALZAR  :  Pantalon  de  tra- 
vail. (Rigaud.)  —  Forme  altérée 
de  Dal^^ar  qui  est  une  abrévia- 
tion de  pantal^ar. 

FARFOUILLER  DANS  LES 
TYMPANS  (se  le)  :  Se  commu- 
niquer. {Id.)  —  C'est-à-dire  sç 
chuchoter  à  l'oreille. 


FAU 


—     ^A     — 


H 


FER 


FARGUEMENT  :  Témoi- 
gnage à  charge  (Rigaud),  char- 
gement. (Michel.) 

FARIDON  :  Misère.  (Rigaud) 
—  Abréviation  de  faridondaine. 
V.  ce  mot  p.  167. 

FARINEUX  :  Excellent.  (Del- 
vau.)  —  Même  pensée  que  dans 
l'expression  populaire  :  bon 
comme  le  bon  pain. 

FAUBOURG  :  Derrière.  -  Il 
est  éloigné  de  la  place  d'armes. 
V.  ce  mot  :  «  Je  vous  détruirai 
le  faubourg  à  coup  de  bottes.  » 
(Huysmans,  79.) 

FAUCHER  :  Tromper,  voler. 
(Michel.)  —  Mot  à  mot  :  cou- 
per la  vérité,  couper  la  bourse. 
V.  Fauché,  p.  167. 

FAUCHEUSE  :  Guillotine. 
(Rigaud.)  V.  Faucher,  p.  167. 

FAUCHURE  :  Coupure.  (Del- 
vau.) 

FAUSSE-COUCHE  :  Homme 
nul,  embryon  moral.  —  «  Vos 
coups  de  pointeau  sont  trop 
forts.  —  Et  mon  nœud  de  cra- 
vate est-y  trop  fort,  espèce  de 
fausse  couche  i  »  (Le  Sublime.) 

FAUTER  :  Perdre  sa  virgi- 
nité, faire  une  faute.  (Delvau.) 

FAUVETTE  A  TÊTE  NOIRE  : 
Gendarme.  (Rigaud.)  —  Allusion 
au  jaune  des  buftieteries. 

FAUX  COL  :  Place  occupée 
par  la  mousse  au  détriment  de 
la  bière  d'an  bock.  —  «  Aussi 
dans  toutes  les  brasseries,  en- 
tend-on répéter  cent  fois  :  Un 
bock^  et  sans  faux  col.  »  (Ri- 
pud'.) 


FAYOT  :  Légume  <ec.  Argot 
de  marine.  (Delvau.)  —  Du  mot 
provençal  fayol  :  haricot. 

FÉE  :  Maîtresse,  (/i.)  —  Mot 
à  mot  :  amour.  V.  p.  168. 

FÉLIBRE  :  Membre  d'une 
société  poétique  provençale  qui 
a  pour  chef  Mistral.  —  Dans  le 
Courrier  de  Vaugelas,  de  1877 
(septerribre),  M.  Garnier  établit 
que  félibre  est  un  Aïeux  mol 
provençal  signifiant  téiew,  nour- 
risson, et  raconte  comrient  Mis- 
tral l'adopta  en  entencant  chan- 
ter une  vieille  provençale.  — 
ff  C'est  bien  à  Fontsé^ugne,  le 
21  mai  1854,  que  les  poètes 
d'Avignon  adoptèrent  le  nom  de 
félibres.  »  (G.  Garnier.) 

FÉLIBRIGE  :  Genre  des  féli- 
bres. —  «  Les  écoles  rivales  sont 
aujourd'hui  presque  absorbées 
dans  le  félibrige.  »  {Id.) 

FELOUSE:  Prairie.(Delvau.)— 
ï'onv  Fenouse.  V.  p.  1(9. 

FENIN  :  centime.  (Rigaud.)  — 
Delvau  écrit  Feinin. 

FERLOQ.UE:  Mauvaise  loque. 
{Id.) 

FERMER  MAILLARD  :  Être 
terrassé  par  Maillard,  dormir, 
avoir  envie  de  dormir.  —  FER- 
METURE MAILLARD  :  Som- 
meil. —  Allusion  au  nom  de 
l'inventeur  des  fermetures  de 
fer  à  coulisses.  (Rigaud.)  — 
Chaque  soir  on  voit  e  1  effet  ces 
rideaux  de  fer  (sur  ies>.  tieis  ctait 
seul  d'abord  le  nom  de  Maillard) 
descendre  comme  d'  mmenses 
paupières  sur  les  magasins  dç 
Paris. 


FIL 


-  55  ~ 


FLA 


FKRRAILLE  :  Monnaie  de 
cuivre.  (Id.) 

FERRÉ  A  GLACE  :  Sachant 
parfaitement  ce  qu'il  doit  savoir. 
(Delvau.)  —  Mot  à  mot  :  inca- 
pable de  tomber. 

FÊTRÉ  (être)  :  Être  bon  à 
mettre  en  prison.  (Demarquay.) 
—  C'est  évidemment  le  même 
mot  que  faitré  (p.  i66).  Le  sens 
est  un  peu  différent. 

FICELER  :  Suivre.  —  Allon- 
gement du  mot  filer.  (Rigaud.) 

"FICHANT  :  Extrêmement 
contrariant.  Ce  mot  et  ce  sens 
sont  déjà  donnés  dans  le  Glos- 
saire du  patois  normand  de  Du- 
méril  (1849).  De  même  pour  le 
dictionnaire  provençal  d'Honno- 
rat  (1846). 

FICHER  LA  PARESSE  :  Ne 
rien  faire.  —  «  Je  fiche  la  paresse, 
je  me  dorlote.  Vous  voyez....  » 
(Zola.) 

FIFERLIN  :  Soldat.  Jargon  de 
voyous.  (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
petit  fifre.  On  appelait  ainsi  les 
gardes  suisses. 

FIGER  (se)  :  Avoir  froid. 
(Delvau.) 

FIGNARD  :  Anus.  {Id,)  — 
Abrév.  de  toufignard. 

FIGNOLADE  :  Roulade.  {Id.) 

FIL  (un  verre  de)  :  Un  verre 
d'eau-de-vie.  Abrév.  de  fil  en 
quatre.  (Rigaud.) 

FILER  :  Faire  ses  besoins. 
(Delvau.)  —  Abrév.  de  filer  la 
mousse.  V.  p.  174. 


FILER  (faire)  :  D:rob2r.  (Ri- 
gaud.) —  On  dit  par  abrév. 
filer.  Y,  p.  173. 

FILER  LA  COMÈTE  :  Cou- 
cher en  plein  air.  {Id.)  —  Mot  à 
mot  :  suivre  des  yeux  la  comète. 

FILLE,  GRANDE  FILLE  : 
Bouteille  de  vin.  —  FILLETTE  : 
Demi-bouteille.  {Id.) 

FILSANGE  :  Filoselle  (Del- 
vau.) —  Changement  de  finale 
comme  dans  boutanche  :  bou- 
tique. 

"  FINE  est  un  vieux  mot.  On 
lit  dans  le  Cabinet  satyrique. 

Et  dit-on  que  de  la  plus  fine 
Son  brun  visage  fut  lavé. 

^  FINE  PEGRAINE  (être  en)  : 
Être  à  toute  extrémité.  (Del- 
vau.) —  Variante  de  casser  sa 
pégrenne:  mourir  de  faim.  (Mi- 
chel.) —  Colombey  met  caner. 

FINI  (homme)  :  Homme 
n'ayant  plus  de  valeur  phy- 
sique ou  intellectuelle.  «  Il  souf- 
fle comme  un  phoque,  homme 
marié,  fini.  »  [Cancans  du  bou- 
doir, 77.) 

FIQUER  :  Frapper.  (Michel.) 
—  C'est  une  forme  de  ficher  : 
planter,  faire  pénétrer. 

FISH  :  Souteneur.  Mot  à 
mot  :  poisson.  Anglicanisme. 
(Rigaud.) 

FLAC  :  Sac.  (MicheL)  -^ 
Abrév.  de  flaque.  V.  p.  176. 

FLAC  :  Argent.  —  Abrév..  de 
fiacul  :  sac  d'argent  (p.  176). 

FLAC  :  Lit.  (Rigaud.)  — 
Abrév.  dQ  fiacul  (p.  176). 


FLE 


-  56   - 


FLU 


FLACHER  :  Plaisanter.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  flancher. 

FLACON  :  Soulier,  savate.  — 
Onomatopée.  Ils  font  flic  flac 
(Delvau.) 

FLAGEOLETS  :  Jambes  mai- 
gres. (Dhautel.  08.)—  Elles  fla- 
geolent. 

FLANCHER  :  Reculer.  (Ri- 
gaud.) 

FLANCHET  :  Part  de  vol. 
(/i.) 

FLÂNÉ  :  Flânerie.  [Id.)  - 
Abréviation. 

FLANQUE  :  Plaisanterie.  (A. 
Pierre.)  —  Ponr  flanche. 

FLAQUER  :  Mentir.  {Id.)  — 
Poviv  flanquer. 

FLAQUET:  Gousset.  (Mi- 
chel.) ^liQflac  :  sac. 

FLÈCHE  :  Sou.  (Rigaud.) 

FLÉMARD  :  Atteint  de  la 
flème.  (Boutmy.) 

FLÉMER  :  Avoir  la  fléme. 
{Id.) 

'  FLEMME  (envie  de  ne  rien 
faire)  est  une  forme  ancienne 
de  notre  flegme.  Ce  n'est  pas 
douteux  quand  on  voit  dire  en 
Berri  fléme  pour  manque  a'éner- 
gie;  en  Normandie  et  en  Suisse 
fleume;  en  provençal  et  en  ita- 
lien, flemma  Sans  compter  le 
Ttésor  de  Brunetto  Latini  qui 
dit  dès  le  xin»  siècle:  «  Flemme 
est  froide  et  moiste.  » 

FLEMME  :  Paresseux.  (Ri- 
gaud.) 


FLEUR  DES  POIS  (c'est  la)  : 
'3'est  l'homme  à  la  mode. 

FLIBOCHEUSE  :  Soupeuse  af- 
amée  et  rapace.  Dérivé  de  fli- 
nistière.  (Rigaud.) 

*  FLINGOT  :  Fusil  de  boucher. 
Id.)  —  De  là  est  venu,  par  un 

;eu   de   mots,  le    surnom  plus 
nouveau  du  fusil  d'infanterie. 

FLIPPE  :  Mauvaise  compa- 
gnie. —  Abréviation  adoucie  de 
fripouille.  V.  p.  i83.  —  c  Sans 
reproches,  dans  les  derniers 
temps,  tu  fréquentais  de  la 
flippe.  »  (Durandeau,  78.) 

*  FLIRT ATION  :  «  Observa- 
tions analogues  au  suiet  de 
flirt,  qui  se  prononce  fleurte, 
lequel  mot  est  une  contraction 
de  fleurette.  —  Ta  flirt  signifie 
conter  fleurette.  —  De  t  ^irt,  » 
les  Anglais  ont  fait  aussi  flirta- 
tion  que  nous  avons  commencé 
à  employer  pour  en  plaisanter.  » 
(J.  Améro.) 

FLOTTANT  :  Bal  de  soute- 
neurs. (Rigaud.)  Mot  à  mot  : 
bal  de  poissons.  En  argot  pois- 
son se  dit  pour  souteneur,  et 
flottant,  pour  poisson.  —  La  par- 
tie est  prise  pour  le  tout. 

FLOTTARD  :  Élève  se  prépa- 
rant à  l'école  navale.  —  Argot 
des  écoles. 

FLOTTES  (en  avoir)  :  En 
avoir  beaucoup.  On  dit  aussi 
en  avoir  des  bottes.  —  Argot  des 
écoles. 

FLOU-CHIPE  :  Floueur-chi- 
peur.  (Rigaud.) 

FLUTE  :  Clystèrç.  —  FLUX- 


FOU  - 

ENCUL  :  Apothicaire.  —  FLU- 
TER  :  Donner  un  clystère.  (Del- 
vau.) 

FLUX  (avoir  le)  :  Avoir  peur. 
(Rigaud.)  —  C'est-à-dire  avoir 
le  flux  du  ventre.  V.  Foirer, 
p.  179. 

FLUXION  :  Peur.  [Id.)  —  Dé- 
rivé àQjlux  de  ventre. 

FOND  DE  CALE  (à)  :  Sans  le 
sou.  (Id.)  —  Terme  de  marine. 
Q.uand  on  voit  le  fond  de  la 
cale,  le  chargement  a  disparu, 

FONTS  DE  BAPTÊME  (se 
mettre  sur  les)  :  Être  engagé 
dans  une  affaire  dont  on  vou- 
drait bien  sortir.  (Id.)  — Semble 
signifier  mot  à  mot  :  être  cité 
comme  témoin  (en  argot  par- 
rain). 

FORAGE  (vol  au)  :  Vol  à  la 
graisse.  (Rigaud.)  V.  Graisse, 
p.  198. 

FORTANCHE  :  Fortune.  {Id.) 
—  Changement  de  finale. 

FOU  :  Foutu,  perdu.  Abrév. 
{Id.) 

FOUAILLER  :  Reculer.  (Bout- 

my.) 

F  OUATAISON  :  Canne.  Argot 
de  voleur.  (Rigaud.) -- Elle  peut 
fouetter  l'air  ou  l'individu  au 
gré  de  celui  qui  la  manie.  — 
FOUATAISON  MASTARÉE  : 
Canne  plombée.  —  FOUATAI- 
SON LINGRÉE  :  Canne  à  épée. 
{Id.)  Mot  à  mot  :  canne  à  cou- 
teau. 

FOUATTER  :  Puer.  {Id.)  — 
Pour  fouetter    qui    est   ici  un 


57- 


FOU 


synonyme  de  couper  la  gueule. 
V.  p.  123. 

FOUILLES  (des)  :  Non,  ja- 
mais, {Id.)  —  Abrév.  de  tu  peux 
te  fouiller,  p.  i8o. 

FOUINARD,  FOUINE,  FOUI- 
NEUR :  Poltron.  {Id.)  V.  Foui- 
ner, p.  180. 

FOULAGE  :  Travail  pressé. 
(Delvau.) 

FOULER  (ne  pas  se  fouler)  : 
Travailler  mollement.  Ironie. 
Abrév.  de  ne  pas  se  fouler  le 
poignet. 

FOUQUER  :  Donner.  (Hal- 
bert.) 

*FOUR  :  Insuccès  dramati- 
que. Semble  avoir  quelque  rela- 
tion avec  le  vieux  terme  en- 
voyer au  four  (envoyer  prome- 
ner) qui  se  trouve  dans  le 
dictionnaire  comique  de  Leroux 
(1787).  "Lts  fours  étaient  autre- 
fois des  casemates  où  on  enfer- 
mait les  vagabonds.  Aussi  disait- 
on  envoyer  au  four  pour  se  dé- 
barrasser. 

FOURCHETTES  :  Doigt.  (A. 
Pierre.) 

FOURGATURE  :  Objet  volé 
à  vendre.  (Rigaud.) 

'  FOURLINE  :  D'après  A. 
Pierre,  la  fourline  serait  le  lour- 
lineur  femelle.  V.  p.  181. 

FOURMILLON  AU  BEURRE: 
Bourse.  (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
marché  à  l'argent. 

FOURNEAU,  FOURNEAU 
PHILANTHROPIQUE:  Misera- 


FRA 


-  58 


FRI 


ble.    Mot  à  mot  :  habitué    de 
fourneau  phil.  (Id.) 

FOURNIL  :  Lit.  (Delvau.)  — 
On  s'y  enfourne  et  on  y  a  chaud 
comme  au  fournil. 

FOURNIR  MARTIN  :  Porter 
une  fourrure.  (Rigaud.)  — Facé- 
tie. C'est  avoir  de  la  fourrure  à 
en  revendre  aux  ours,  à  fournir 
l'ours  Martin,  qui  fut  célèbre 
entre  tous. 

FOURRER  (s'en)  :  Être 
goinfre.  (Delvau.) 

FRACASSÉ  :  Vêtu  d'un  pale- 
tot. Tout  ce  qui  n'est  pas  blouse 
est  frac  pour  les  voleurs.  (Ri- 
gaud.) 

FRAIS  (être)  :  Être  dans  une 
mauvaise  situation.  (Dhautel. 
08.)  —  Ironie.  Pour  n'être  pas 
frais.  Ce  qui  n'est  pas  frais  sent 
mauvais,  va  se  perdre. 

FRANC  :  Complice,  endroit 
fréquenté  par  les  voleurs.  (Id.) 
—  Dans  le  premier  sens,  c'est 
une  abréviation  de  affranchi  : 
perverti.  Dans  le  second,  c'est 
une  abrév.  de  tapis  franc* 

FRANC  BOURGEOIS  :  Es- 
croc du  grand  monde.  (Id.) 

FRANC  DE  MAISON  :  Rece- 
leur, logeur  de  voleurs.  (Michel.) 

FRANC -FILEUR  :  Homme 
valide  ayant  quitté  la  France  en 
1870  porr  échapper  au  service 
militaire.  Par  opposition  à 
franc-tireur.  (Rigaud.)  —  En 
1871,  les  francs-tileurs  revenus 
li'ont  pas  manqué  de  déclarer 
que  les  Français  étaient  de  tris- 
tes soldats  et  que  la  France  était 
un  pays  perdu. 


FRANCILLON  :  Français. 

(Halbert.) 

FRANGIN,  FRANGINE  : 
Frère,  sœur.  (Id.)  V.  Servir, 
Altèque,  p.  33o  et  8. 

FRATERNEL  :  Frère.  Argot 
des  écoles. 

FRÈRES  DE  L'ATTRAPE  : 

Agents  de  la  sûreté.  —  (  Les 
frères  de  l'attrape  leur  mettaient 
la  serrante  sur  la  porteuse.  » 
(Gavaillé.) 

FRÉROT  DE  LA  CUQUE  : 
Filou.  (Michel.) 

FRIAUCHE  :  Condamné  à 
mort  pourvu  en  cassation.  (Del- 
vau.) 

FRIMAGER  :  Passer  devant 
les  autorités.  (A.  Pierre.)  —  On 
compose  alors  sa  figure  (frime). 

*  FRIMER:  Faire  figure.— 
((  Notre  argent  vaut  bien  celle 
des  autres  et  je  frime  auss'  bien 
que  sa  demoiselle.  »  (Daran- 
deau,  78.) 

FRINGUE  :  Habillé.  (Rigaud.) 
—  Variante  de  fringant. 

FRIPE,  FRIPPE  :  Nourri- 
ture. (Delvau.)  Du  vieux  mot 
fripper  :  manger  goulûment. 
Les  goinfres  s'appelaient  autre- 
fois fripe-saucé. 

FRIQUET  :  Mouchard.  (Mi« 
chel.) 

FRIRE  UN  RIGOLO  :  \'oler 
en  faisant  semblant  d'embr  isser 
une  personne  qu'on  s'excusj  en- 
suite d'avoir  prise  pour  une 
autre.  (Rigaud.)  —  Mot  à  inot  : 
Servir  une  fausse  risette. 


GAD 


-59 


GAL 


FRIRE  DES  ŒUFS  :  Prépa- 
rer un  méchant  tour.  (Id.) 

FRISÉ  :  Juif.  (Michel.)  —  Les 
têtes  de  race  juive  sont  soutent 
frisées. 

FROUFROU  :  Passe-partout. 
Onomatopée.  (Delvau.) 

FRUGES  :  Argent  prélevé  sur 
la  vente  par  les  commis  en  nou- 
veautés. (Id.) 

FUMELLE  :  Femme.  (Id.)  — 
—  Pour  femelle. 

FUMERON  :  Hypocrite.  (Ri- 

gaud.) 


*  FUMISTE  :  «  On  sait  qu'on 
désigne  les  farceurs  sous  le  nom 
de  fumistes.  »  {Figaro,  77.) 

FUSIL  DE  TOILE  :  Sac.  — 
Jeu  de  mots.  L'un  et  l'autre  se 
chargent.  —  «  Quand  on  a  cinq 
ou  six  mioches,  il  faut  aller  à  la 
chasse  avec  un  fusil  de  toile  et 
de  zinc  pour  le  charger.  »  {Le 
Sublime.) 

'  FUSILLER  :  Dépenser.  (Ri- 
gaud.)  —  Mot  à  mot  :  faire  partir 
ses  balles  (francs).  V.  p.  26. 


Gr 


GABARI  (passer  au)  :  Perdre 
au  jeu.  Jargon  des  ouvriers  de 
fer.  (Rigaud.)  —  Et  aussi  des 
soldats  employés  au  fascinage 
qui  rognent  toutes  les  branches 
inutiles,  dépassant  leur  gabari 
ou  modèle  de  gabion.  On  com- 
prend l'allusion, 

GABATINE  :  Raillerie.  (Del- 
vau.) —  Du  vieux  mot  gabe.  — 
Donner  de  la  gabatine  :  railler. 

GACHER  DU  GROS  :  Faire 
ses  nécessités.  Argot  du  peuple. 
(Id.)  —  Allusion  de  mortier. 

GACHER  SERRÉ  :  Travailler 
activement.  (Rigaud.)  —  Même 
origine. 

GADIN  :  Vieux  chapeau,  sou- 
lier. {Id.) 


GAFFE  :  Bouche,  langue. 
(Delvau.)  —  La  bouche  et  la 
langue  donnent  des  coups  de 
croc,  comme  la  gaffe,  —  la  pre- 
mière pour  manger,  et  la  se- 
conde pour  médire. 

*  GAFFE  A  GAIL  :  Garde  à 
cheval,  gendarme.  (Michel.) 

GAFFE  DES  MACHABÉES  : 
Gardien  de  cimetière.  (Rigaud.) 

—  Selon   Delvau,  on   dit  gaffé 
tout  simplement. 

GAFFE  DE  SORGUE  :  Gar- 
dien de  nuit.  {Id.) 

GAFFER  LA  MIRETTE  : 
Ouvrir  l'œil.  (Id.) —  Mot  à  mot: 
surveiller  de  l'œil. 

GALBEUX  :   Qui  a  du  galbe. 

—  «  Je  suis  galbeux  autant  qu'un 


GAL 


-  60  - 


CAM 


autre  et  Je  ne  vois  pas  pourquoi 
je  resterais  dans  mon  fiacre,  » 
(Durandeau,  78.) 

GALERIE  (pour  la)  :  Dans  le 
but  unique  et  plus  ou  moins 
dissimulé  de  faire  de  l'effet  sur 
le  public.  —  Allusion  théâtrale. 

GALETTE  :  Mauvais  sou- 
lier. (Rigaud.) 

GALETTE  (boulotter  de  la)  : 
Faire  de  l'argent.  —  «  Boulottes- 
tu  toujours  de  la  galette  avec  le 
grand  Simon.  »  (Cavaillé.) 

GALFATRE  :  Goulu.  —  «  Ça 
lui  crevait  le  cœur  de  porter  ses 
six  francs  à  ce  galfàtre  qui  n'en 
avait  pas  besoin  pour  se  tenir 
le  gosier  frais.  •  (Zola.) —  C'est 
évidemment  une  forme  abrégée 
du  galioufard  provençal.  Voyez 
ci-dessous  Galifard. 

GALIFARD  :  Apprenti.  (Ri- 
gaud.) —  Cordonnier.  (Delvau.) 
En  provençal,  galioufard  veut 
dire  goinfre. 

GALIFARDE  :  Fille  de  bou- 
tique. (/</.) 

"GALOP  :  Réprimande.  Mot 
fort  ancien.  On  trouve  dans  une 
farce  du  xv«  siècle  citée  par  E. 
Du  Méril  (Dict.  de  patois  nor- 
mand, 1849),  ^^  "^°^  Galop  :  — 
«  Puisque  pour  toy  suis  ainssy 
galopée,  de  Dieu  soys  tu  maul- 
dit.  » 

GALOPER  :  Envahir  au  ga- 
lop. Très  expressif  et  toujours 
pris  au  figuré.  —  «  Voilà  la 
peur  qui  me  galope.  Qu'est-ce 
que  je  pourrai  dire?  »  (E.  Sue.) 

GALOPER  :  c  Travailler  à  la 


hâte,  bousiller  un  ouvrage.  » 
(i8o8,  Dhautel.) 

GALOUBET  :  Voix.  (Delvau.) 

—  Se  dit  exclusivement  de  la 
voix  du  chanteur.  Comparaison 
à  l'instrument  du    même  nom. 

—  Il  a  du  galoubet  :  il  a  une 
une  belle  voix. 

GALUPE:  Femme. 

Les  galup's  qu'a  des  ducutons 
Nous  rinc'nt  la  dent. 

(Riche  pin.) 

•GALVAUDER  :  Signifie  en 
patois  normand  travailler  vite 
et  mal.  (Duméril,  /^g.) 

"GAMBILLER  :  Le  vieux 
français  a  ce  verbe  avec  le  sens 
de  «  remuer  les  jambes  de  côté 
et  d'autre  »  qui  s'applique  exac- 
tement au  cancan. 

GAMBILLER  (se  la)  :  S'en 
aller.  —  «  Il  serait  temps  de 
voir  à  se  la  gambiller.  (Huys- 
mans,  79.) 

GAMBILLEUR  :  Danseur 
(Delvau),  sauteur  politiqvie.  (Ri- 
gaud.) 

GAMBRIADE:  Cancan, 
danse.  Arcot  de  voleurs.  (\^e\~ 
vau.)  —  Dérivé  de  gambiller  (dan- 
ser), mais  dans  le  sens  do  dame 
élégante  que  j'ai  donné  d'après 
Rabasse  (p.  187),  c'est  un  dé- 
rivé de  combneu  (chapeau), mot 
à  mot  :  femme  à  chapeau,  — 
nom  dont  on  qualifiait  ks  fem- 
mes bien  mises. 

*GAME:En  patois  normand 
signifie  écume  venant  à  la  gueule 
d'un  animal;  en  patois  vtadccn. 


GAN 


—  Ol 


CAR 


game  est  un  accès  de  rage.  — 
Le  verbe  gamer  :  empoigner, 
saisir  vivement,  est  encore  usité 
dans  nos  patois  du  Centre.  La 
rage  fait  tout  empoigner,  tout 
mordre. 

GAMELER  :  Dénoncer.  —  Mot 
à  mot  :  manger  dans  la  gamelle. 
C'est  une  variante  de  manger  le 
morceau  qui  aura  paru  sans 
doute  trop  vieux.  L'argot  a  ses 
modes  comme  les  chapeaux.  On 
le  voit  par  cet  exemple  tiré 
d'une  lettre  du  prévenu  E.  Che- 
vallier, détenu  à  Mazas  ;  elle  est 
datée  du  3o  mai  1876  :  —  «  Ma 
chère  petite  femme,  j'ai  appris 
que  les  idées  à  Marie  Loudevig 
étaient  changées  à  l'égard  de 
Jean  Keipp,  mais  si  Marie  l'a 
gamelé,  je  te  dirai  aussi  qu'il 
nous  a  attaché  un  bidon  le  jour 
que  je  t'ai  vue  à  l'instruction, 
pour  aller  avec  Henri  Chevet, 
il  nous  a  quittés  réellement 
comme  un  petit  muffe...  Je  te 
prierai  de  croire  qu'il  ne  boira 
plus  à  notre  table  à  l'avenir,  ou 
bien,  s'il  y  boit,  ce  sera  vrai- 
ment dans  la  grande  tasse.  » 

GANACHE  :  <  On  dit  d'un 
homme  âgé  et  radoteur  :  C'est 
une  vieille  ganache.  »  (Dhautel, 
oS.)  —  Du  vieux  mot  ganache  : 
grosse  mâchoire.  On  dit  de 
même  c'est  une  vieille  mâchoire 
pour  c'est  une  ganache.  — 
€  Quoique  certaines  ganaches 
ne  parlent  que  la  langue  du 
xvin»  siècle.  »  (Revue  de  Paris, 
1834.) 

«  Il  déblatérait  contre  les  ga- 
naches de  la  Chambre.  »  (G. 
Sand.) 


«  Le  père  ganache  ou  le  père 
dindon,  ou  bien  encore  le  com- 
père, c'est  le  nom  d'un  emploi 
dans  lequel  le  père  Brunet  et 
Lepeintre  jeune  ont  excellé.  Ce 
type  du  vieillard  imbécile  et 
crédule  est  une  création  de  Té- 
rence.  »  (Duflot.) 

Déjà  on  trouve  ganache  comme 
synonyme  de  50^  dans  une  poésie 
du  xvi«  siècle,  la  seille  aux  bour- 
riers. 

Que  vous  serez  réputé  lasche, 
Couard,  poltron,  sol  et  ganache 
Des  dames,  si  vous  n'auez  i'or. 

GANACHE  :  Fauteuil  de  forme 
basse.  —  «  Puis  s'étant  blottie 
dans  une  ganache,  elle  tendit 
ses  jambes.  »  (Achard.) 

•  GANDIN  (hisser  un)  :  Trom- 
per. (Rigaud.)  —  Vient  du  vieux 
mot  gande  :  feinte  tromperie. 
Dans  le  Midi  on  dit  ganda.  Dans 
le  Berri,  on  dit  «  tu  nous  contes 
des  gandoises  »  pour  :  «  tu  nous 
contes  des  mensonges.  » 

GARDE-MANGER  :  Water- 
closel.  (Delvau.) 

GARDE  NATIONAL  :  Paquet 
de  couenne.  Argot  des  fau- 
bourgs. (Jd.)  —  National  doit 
être  au  féminin.  Pour  com- 
prendre ce  terme,  voyez  sa  con- 
tre-partie Paquet  de  couennes. 

GARDE  NATIONALE  (être  de 
la)  :  Un  des  nombreux  syno- 
nymes de  en  être,  pour  le  sexe 
féminin  seulement. 

GARDIEN  :  Excrément.  (Del- 
vau.) -—  Même  sens  et  allusion 
que  factionnaire  (p.  i63). 


GAV 


-  62  - 


GËN 


GARGARISME  :  Petit  verre. 
(Rigaud.)—  Allusion  à  la  gor- 
gée d'eau-de-vie. 

GARGOTER  :  Cuisiner  mal, 
travailler  mal.  (Delvau.) 

•GARNAFE,  GARNAFLE  : 

Ferme.  (Vidocq.) 

•  GARNAFIER  :  Fermier.  (Id.) 

GARNO  :  Garni.  (Rigaud.)  — 
Changement  de  finale. 

GASPARD  :  Chat,  rat.  Argot 
de  chiffonnier.  {Id.)  —  Jeu  de 
mots  sur  gat. 

GAT  :  Chat.  (Colombey.)  — 
Vieux  mot  provençal. 

GATEAU  FEUILLETÉ  : 
Chaussure  mauvaise.  (Delvau.) 
—  Allusion  aux  semelles  qui 
s'effeuillent. 

GATER  LA  TAILLE  :  Rendre 
enceinte.  {Id.) 

GAUDISSART  :  Plaisant, 
homme  jovial.  (Id.)  —  En  ce  sens, 
le  vieux  français  a  le  mot  gau- 
disserie  :  plaisanterie,  propos 
ioyeux. 

GAULES  DE  SCHTARD  : 
Barreaux  de  prison.  (Rigaud.)  — 
Gaule  est  une  ironie,  Schtard 
est  une  forme  de  jettard  (V.  p. 
212). 

GA VIOLÉ  :  Ivrogne.  (Id,)  — 
De  gaver  :  gorger. 

GAVIOT  :  Gosier.  (Delvau.)  — 
On  disait  au  moyen  âge  gaviou 
(de  gave  :  gorge). 

*  GAVOT  :  Se  trouve  au  mot 
gaiteau  dans  le  dict.  de  Littré. 


GAZ  :  Eau-de-vie.  —  i'^lle  a/- 
lume.  (Rigaud.) 

GAZ  (allumer  son)  :  Regarder 
attentivement.  (Delvau.)  —  Mot 
à  mot  :  éclairer  sa  vue. 

*  GAZON  :  Se  prend  pour  che- 
velure vraie  dans  cette  image  de 
l'argot  faubourien  :  il  n^a  plus 
de  ga^^on  sur  la  terrasse,  pour 
désigner  un  chauve.  --  Se  ra- 
tisser le  ga:{on  :  Se  peigner. 

GAZOUILLER  :  Puer.  —  De 
ga{  pris  dans  le  sens  do  puan- 
teur. —  «  Oh  là  là!  ça  gf  zouille, 
dit  Clémence  en  se  bouchant  le 
nez.  »  (Zola.) 

GENDARME  :  Moisissure. 
(Delvau.)  —  Mot  de  patois  ber- 
richon. 

GENDARME  :  Grande  femme 
révêche.  {Id.) 

GENDARME  :  Hareng  saur. 
(Rigaud.)  —  Est-ce  parce  que 
son  aspect  jaunâtre  rappelle  les 
bufïleteries  jaunes  de  la  gendar- 
merie, ou  parce  que  sa  tote  avec 
les  ouïes  relevées  a  un  air  de 
chapeau  à  cornes?  On  a,  par 
contre,  appelé  harengs  les  gen- 
darmes. 

GE 
(Id.) 

GENDARME  :  Breuvage  de 
vin  blanc,  de  sirop  de  goinme  et 
d'eau.  (Id.) 

GENDARME  :  Fer  à  repasser. 
—  Il  porte  la  marque  de  la  mai- 
son Gendarme.  {Id.) 

GENS  DE  LETTRES  (faire 
partie  de  la  Société  des)  :   Faire 


GEN 


-  63 


GIB 


chanter  par  lettres.  (Michel.)  — 
Ce  mot,  reproduit  comme  con- 
temporain, est  de  1787  et  n'a 
eu  jamais  cours  qu'en  ce  temps- 
là,  non  à  Paris,  mais  en  Au- 
vergne. M.  Fr.  Michel  le  prouve. 

GENTLEMAN  :  «  On  ne  dit 
plus  de  lui  qu'il  est  un  homqje 
distingué,  un  homme  du  monde, 
un  véritable  gentilhomme,  mais 
un  gentleman.  »  —  Cette  anglo- 
manie, —  peu  intelligente,  — 
est  si  bien  maîtresse  de  nous, 
que  nous  ne  voyons  plus  de  gen- 
tilshommes en  France.  En  re- 
vanche, nous  voyons  des  gen- 
tlemen partout.  Je  cite,  d'après 
un  journal  :  «  On  demandait  à 
un  iferbe  s'il  y  avait  des  nobles 
dans  son  pays  :  «  Tout  Serbe  est 
noble!  »  répondit-il.  «  Chaque 
Serbe  est  un  gentleman!  »  (J. 
Améro.) 

L'auteur  de  V Anglomanie  dans 
le  Français,  que  je  viens  de 
citer,  poursuit  en  ces  termes  : 
«  Notre  gentleman  français  vit 
plus  ou  moins  à  l'anglaise,  et 
on  dit  de  lui  ou  bien  il  dit  lui- 
même  qu'il  a  de  «  l'humour  », 
aime  les  «  beefsteaks,  »  ne  dé- 
daigne pas  un  petit  «  lunch  » 
entre  ses  repas,  fréquente  la 
ft  high  life,  »  se  rend  aux  «  mee- 
tings »  de  n'importe  quoi,  évite 
les  «  pickpockets,  »  redoute  les 
«  questions  »  politiques  des  «  re- 
porters, »  et  quand  il  prend  le 
«  railway,  »  ne  manque  pas  de 
demander  un  c  ticket.  » 

Ce  sont  là  autant  de  termes  an- 
glais qui  n'ont  que  faire  dans  le 
français,  par  cette  raison  bien 
simple,  mais  qui  nous  semble 
péremptoire   malgré  sa  simpli- 


cité, que,  pour  chacun  d'eux, 
nous  ^vons  au  moins  deux  ou 
trois  vocables  correspondants.  » 

•GENTLEMEN-RIDERS  : 
«  Reçoivent  cette  qualification 
et  peuvent  seuls  monter  dans  les 
courses  de  gentlemen-riders  : 
I»  les  membres  du  Jockey-GIub 
et  des  principaux  cercles  de  Pa- 
ris; 2»  les  officiers  de  l'armée 
française,  en  activité  de  service  ; 
3"  les  personnes  admises,  sur 
leur  demande,  après  examen  et 
ballottage  par  le  comité  des 
courses.  »  [Carnet  des  courses, 
11') 

GEO  :  Géométrie.  Argot  des 
écoles. 

GERBEMENT  .-Jugement. (Mi- 
chel.) —  Voyez  ci-dessous  Ger- 
ber. 

*GERBER  :  Étymologie.  Je 
crois  que  gerbement  et  gerber 
font  allusion  à  l'action  de  ger- 
ber, c'est-à-dire  de  lier,  de  réu- 
nir et  d'empiler  les  gerbes.  Seu- 
lement cette  action  est  prise  au 
figuré.  Juger  n'est-ce  pas  réunir 
en  une  seule  gerbe,  en  un  seul 
faisceau  (comme  on  dit  dans  la 
langue  officielle)  les  éléments 
accusateurs. 

GERBIERRES  :  Fausses  clefs. 
(Rigaud.) 

GESSEUR  :  Grimacier,  pré- 
tentieux. (Delvau.) 

GET  :  Jonc  (Michel.)  —  C'est 
pour  jet  qui  se  dit  régulière- 
ment. 

GIBELOTTE  DE  GOUT- 
TIÈRE :  Chat.  (Delvau.)—  Le 
chat  se  mange  pour  du  lapin. 


GLO 


b4  - 


GOD 


GICLER  :  Jaillir.  (Rigaud.)  — 
C'est  un  vieux  mot  encore  usité 
dans  nos  patois.  On  y  retrouve 
lejaculare  latin. 

GIGOT  :  Cuisse  (Delvau)  ; 
mains  larges.  (Rigaud.) 

GIGUE  :  Jambe,  femme  lon- 
gue et  maigre.  (Delvau.)  — Vieux 
mot  conservé  par  nos  patois  et 
donné  par  le  dict.  de  Littré. 

"GILBOCQUE  :  (Transposi- 
tion.) —  Voyez  p.  191,  après 
Giberne. 

GILQUIN  :  Coup  de  poing. 
(Rigaud.) 

-GIRONDE  :  Fille  perdue. 
(Halbert.) 

GIRONDIN  :  Dupe.  —  Argot 
de  camelots.  (Rigaud.) 

GIRONDINE  :  Femme  très 
gentille.  (Delvau.) 

GITE  (dans  le)  :  Ce  qu*il  y  a 
de  mieux.  —  Allusion  au  gîte  à 
la  noix  qui  passe  pour  la  meil- 
leure partie  du  bœuf.  (Rigaud.) 

GIVERNER  :  Vagabonder  de 
nuit.  (Delvau.) 

GLACE  (passer  devant  la)  : 
Voir  une  fille  de  maison  sans 
payer,  parce  qu'on  est  son  amant. 
(De  Concourt.)  — Perdre  des  con- 
sommations au  jeu  dans  un  café. 
(Rigaud.) 

GLAIVE  :  Guillotine.  —  GLAI- 
VER  :  Guillotiner.  (Id.) 

CLOCHETTE  :  Poche.  (A. 
Pierre.)  —  Est-ce  en  souvenir  de 
la  clochette  attachée  jadis  à  la 
poche  sur  laquelle  les  tireurs 
apprentis  se  taisaient  la   main? 


GLOUSSER  :  Parler.  (Delvau.) 
-  Animalisme. 


Enfant  à  la  ma- 


GLUANT 
melle.  {IJ.) 

GLUAU  :  Crachat.  (Rigaud.) 

GLUAU  (poser  un)  :  Arrêter. 

"GNIAF  :  C'est,  à  propre- 
ment parler,  l'ouvrier  cordon- 
nier. Voyez  Pignouf,  p.  280. 
Gnaf  se  trouve  dans  les  dic- 
tionnaires du  patois  normand 
de  Du  Méril,  et  des  patois  du 
Centre  de  Jaubert. 

GNON  :  Meurtrissure,  bles- 
sure. (Delvau.)  —  S'écrivait 
nion  dans  le  compte  rendu  d'un 
procès  de  parricide  (mars  1879). 

GOBAGE  :  Amour.  (Rigaud.) 

GOBELIN  :  Gobelet,  dé  à  cou- 
dre. 

GOBE-PRUNE: Taille ar.  (Mi- 
chel.) —  Ce  vieux  mot  confirme 
notre  étymologie  de  pique-prune 
(p.  282).  C'est  bien  une  compa- 
raison de  mouvement. 

GOBELOT  :  Ciboire.  {Id.) 

GOBER  SON  BŒUF  :  Être 
furieux.  (Delvau.)  —  Mo:  à  mot  : 
être  comme  un  bœuf  en:  âgé. 

GOBET  :  Vaurien  (Id.))  quar- 
tier de  bœuf.  (Rigaud.) 

GOBIN  :  bossu.  {Jd.)  -  Vieux 
mot  qui  se  dit  encore  en  patois 
picard.  Brantôme  rapporte  qu'un 
duc  de  Mantoue  était  appelé  le 
gobin,  à  cause  de  sa  bosse. 

*  GODARD  :  Forme  Je  gau- 
dard  qui  devait  être  un  dérivé 
du  vieux  verbe  se  gaiidi-  :  se  ré- 
jouir, qui  a  fait  gaudissard.  Nos 


GO  M 


65  - 


GOU 


exemples  confirment  ce  sens.  V. 
p.  194. 

*  GODILLER  ..Exemple  ;  «  Plus 
on  est  de  gentilshommes,  plus 
on  godille...  Vous  trouverez 
dans  mes  salons  les  plus  beaux 
noms...  en  femmes.  Depuis  la 
marquise  de  Fumeterre  jusqu'à 
la  baronne  de  Lune  rousse.  » 
(Faillet.) 

•GODILLOT  :   Conscrit.  (Ri- 

gaud.) 

*  GODILLOT  :  Soulier.  «  J'ai 
attendu  que  le  carreleur  ait  rac- 
commodé un  de  mes  godillots.  » 
{Tam-Tamy  76.) 

•GOFFEUR:Deg-q/;  forge- 
ron. (Bretagne.) 

*  GOGO  :  Semble  être  à  pro- 
prement parler  celui  dont  on  se 
moque,  qu'on  goguenarde.  Je  ne 
crois  pas  que  gogo  ait  ce  sens 
dans  l'exemple  de  Villon. 

GOGOTTE  :  Faible,  mou, 
niais.  (Delvau.)  —  C'est  un  dé- 
rivé de  gogo.  V.  p.  195. 

GOGOTTE  :  Mauvais  yeux. 
{Id.)  —  Corruption  du  mot  co- 
cotte qui  a  dû  désigner  d'abord 
des  yeux  gonflés,  dits  à  la  coque. 

GOLGOTHER  :  Poser  en  mar- 
tyr. Allusion  au  Golgotha  bi- 
blique. (Delvau.) 

GOMBERGER  :  Compter.  {Id.) 
—  C'est  une  forme  de  comber- 
ger. 

'GOMMEUX  :  Joli.  C'est  le 
substantif  pris  adjectivement 
dans  le  sens  de  à  la  mode.  — 
9  Quand  il  trouve  une  chose  à 
son  goût,  il  ne  dit  plus   :  elle 


est  jolie,  il  dit   :    elle  est  gom- 
meuse.  »  (Hennique.) 

GONDOLÉ  :  Tordu,  recro- 
quevillé, faussé.  Se  dit  d'un 
homme  comme  d'un  chapeau. 
—  «  Quéq'qu't'as  donc  fait  hier, 
t'as  l'air  tout  gondolé.  »  {Le  Su- 
blime, 72.)  En  patois  poitevin, 
on  dit  :  il  est  en  gondole  d'un 
objet  courbé  par  la  chaleur.  En 
Limousin,  un  chapel  de  gondola 
est  un  vieux  et  mauvais  cha- 
peau. 

•GONZESSE  :  Femme, 
amante.  (Delvau.) 

GORET  :  Premier  ouvrier 
cordonnier.  {Id.) —  Animalisme. 

GORGE  :  Étui.  Jargon  des 
voleurs.  {Id.)  —  La  gorge  a,  par 
le  fait,  la  forme  d'un  émi. 

GORGNIAT  :  Homme  mal- 
propre. {Id.) 

GOSSEUR  :  Conteur  de  gosses. 
V.  p.  196. 

GOUGNOTTAGE,  GOU- 
GNOTTER  :  Acte  de  gougnotte, 
agir  en  gougnotte.  (Higaud.) 
V.  ce   mot  p.  197. 

GOUILLE  (envoyer  à  la)  : 
Envoyer  promener.  (Delvau.)  — 
Gouille  se  dit  en  patois  pour 
marCy  bourbe  (Centre). 

GOUILLON  :  Gamin.  {Id.) 

GOUJON  :  Dupe.  —  Elle  mojd 
à  l'hameçon  de  ceux  qui  l'ex- 
ploitent. {Id.) 

GOUJON  :  Souteneur.  (Ri- 
gaud.)  —  Variante  de  poisson. 
V.  p.  288. 

GOUJON  (lâcher  son)  :  Vo- 
mir.  {Id.) 


GOU 


-  66  - 


GRA 


GOUJONNER  :  Duper.  (Del- 
vau.)  —  Allusion  de  pêche. 

COUR  :  Pot.  (Halbert  ) 

'  GOURBI  :  Ce  mot  n'est  pas 
si  arabe  qu'il  en  a  l'air  quand 
on  voit  gourbin  signifier  clayon- 
nage  en  patois  briançonnais,  et 
panier  en  Provence.  Et  un  gour- 
bi n'est  qu'une  hutte  clayonnée. 

GOURD  :  Friponnerie.  Argot 
de  voleur.  (Michel.)  —  Pour 
goure.  C'est  l'action  de  gourer  : 
tromper.  V.  p.  197. 

GOURGOUSSER:  Se  plaindre, 
récriminer.  (Boutmy.)  —  C'est 
un  équivalent  du  provençal 
gourgoulhar,  gourgoutar  :  mur- 
murer (en  parlant  d'un  liquide) 
qui  répond  au  gargouiller  fran- 
çais. 

GOURGOUSSEUR  :  Grognon. 
(Boutmy.) 

GOURRER,  GOURREUR. 
(Michel.)  —  Voyez,  Gourer, 
Goureur,  p.  197. 

GOUSPINER  :  Vagabonder. 
(Id.) 

GOUSSER  :  Manger.  (Id.) 

GOUT  DU  PAIN  (faire  passer 
le)  :  Tuer.  On  trouve  Perdre  le 
goût  du  pain  :  mourir,  dans  le 
Dictionnaire  comique  de  Leroux. 

(i8«  s.)  —  «  Tous  les  jean-f 

qui  voulaient  faire  perdre  le 
goût  du  pain  aux  braves  monta- 
gnards. »  (1793,  Hébert.)  — 
«  V'ià  la  guillotine  qui  se  met  à 
jouer.  On  enlève  le  goût  du  pain 
au  monde.  »  (H.  Monnier.) 


GOUTTE  (donner  la) 
ner  à  têter.    (Rigaud.) 


Don- 


GOUTTE  MILITAIRE  :  An- 
cienne gonorrhée.  {Id.) 

GOUTTIÈRE  (lapin  de): Chat. 
{Id.)  —  Voyez  Gibelotte. 

GOUVERNEMENT  :  Épée  à 
l'École  polytechnique.  (I)elvau.) 
—  C'est  l'État  qui  la  donne. 

GRAFFAGNADE  :  Mauvafs 
tableau,  commerce  de  mauvais 
tableaux.  (Rigaud.) 

GRAFIN  :  Chiffonnier.  {Id.)  — 
[1  grafigne{q,v2ilXQ)  avec  son  cro- 
chet. 

GRAILLONNEUSE  :  Blanchis- 
seuse par  occasion.  (Delvau.) 

•GRAIN  :  Pièce  de  dix  sous.  {Id.) 

*  GRAIN  :  Émotion  produite 
par  un  extra  de  boisson.  —  «  Un 
petit  grain  de  temps  eu  temps, 
ça  vous  remet.  »  {Le  Sublime.) 

GRAISSER  LES  ROUES  : 
Boire.  (Rigaud.)  —  Cela  fait 
marcher  la  voix  et  permet  la 
roulade. 

GRAISSER  LE  TRAIN  DE 
DERRIÈRE  :  Donner  le  pied  au 
cul.  {Id.)  —  Cela  fait  marcher 
plus  vite,  comme  le  i^raissage 
des  roues  fait  rouler  une  voi- 
ture. 

GRAISSEUR  :  Grec—  De 
graisse  (Grèce,  monde  des  Grecs). 
V.  Bédouin. 

GRAND  MECQUE  :  Président. 
(A.  Pierre.)  —  Mot  à  me  t  :  grand* 
maître. 

GRAOUDJEM  :  Chircutier., 
(Rigaud.) 

GRAS  (avoir  son)  :  l'Itre  tué. 


GRI 


-67- 


GUA 


«  Si  j'ai  mon  gras,  je  ne  veux 
pas  qu'un  de  ces  pouilleux-là 
me  chaparde  ma  croix...  »  (A. 
Bouvier,  69.) 

GRASSE  :  Coffre-fort.  Argot 
de  voleur.  (Rigaud.)  —  Elle  ren- 
ferme le  gras  (argent).  V.  page 
198. 

GRATE  :  Abréviation  de  gra- 
tification. (Boutmy.) 

GRATIS  :  Crédit.  Jargon  de 
marchand.  (Rigaud.) 

GRATON  :  Rasoir.  (Delvau.) 

GRATOUILLE  :  Gale.  {Id.) 

GRAVEUR  EN  CUIR  :  Save- 
tier. (Rigaud.) 

GRELOT  :  Voix  sonore.  —  Il 
va  toujours  comme  le  cheval  de 
poste  faisant  tinter  son  grelot. 
—  «  Chaud  là!  En  triomphe 
l'orateur!  Quel  grelot!  »  {Le 
Sublime.) 

GRENOUILLARD  :  Grand 
baigneur,  buveur  d'eau.  (Ri- 
gaud, Delvau.) 

GRENOUILLER  :  Boire  de 
l'eau.  (Delvau.)  —  Mot  à  mot  : 
faire  comme  les  grenouilles. 

GRÉS  :  Cheval.  (Michel.) 

CRIBLAGE  :  Plainte.  (Del- 
vau.) —  C'est  une  forme  de  cri- 
blage. 

GRIFFARDE:  Plume.  (Ri- 
gaud.) —  Elle  sert  à  griffonner. 

GRIFFER  :  Voler.  (Delvau.) 

GRIGNON  :  Juge.  Argot  de 
voleur.  (Rigaud.) 

GRILLEUSE  DE   BLANC 


Repasseuse.   (Delvau.)  —   AHu- 
sion  au  fer  chaud  et  au  linge. 

*  GRIMÉ  :  Arrêté.  (Halbert.) 
—  GRIMER:  Arrêter. (A.  Pierre.) 

GRIMOIRE  :  Code  pénal. (Del- 
vau.) —  M.  Rigaud  dit  grimoire 
mouchique. 

GRINGUE  :  Pain.  Jargon  du 
peuple.  (Rigaud.)  —  Forme  in- 
tervertie de  grigne.  Le  pain  se 
grignotte. 

GRISAILLE,  GRISE  :  Sœur 
de  charité.  (Delvau.)  — -  Allusion 
à  sa  robe. 

GRONDIN  :  Porc.  (Michel.) 

GROS  LÉGUME  :  Officier  su- 
périeur. (Rigaud.)  —  Allusion  à 
la  graine  d'épinard. 

GROS  LOT  :  Mal  de  Naples. 
(Delvau.) 

GROSSE  CAVALERIE  :  «  C'est 
ainsi  que  s'appellent  les  scélé- 
rats les  plus  déterminés  du  ba- 
gne. »  (Sers,  45.)  —  Acception  fi- 
gurée. Cette  grosse  cavalerie  est 
cuirassée  contre  le  remords  et  la 
crainte. 

GROSSE  CULOTTE  :  Ivro- 
gne beau  parleur.  V,  Sublime. 

GROULE,  CROULASSE  :  Ap- 
prentie, petit  souillon.  (Rigaud.) 
—  Du  mot  provençal  groula  qui 
a  le  même  sens. 

GROUPER  :  Arrêter,  saisir. 
(Michel.)  —  Abrév.  d'agripper. 

GUANO  :  Excrément  quel- 
conque. (Delvau.)  —  Allusion, 
au  guano  chilien. 


GUELTER  :  V. 

202. 


HAB  -  68  - 

Guelte,  page 


HAB 


GUENON:  Patronne.  (Ri- 
gaud.)  —  Pendant  du  singe. 

GUETTE  :  Gardien.  (Delvau.) 
—  Vieux  mot. 

GUEULARDE  :  Poche.  (Hal- 
bert.) 

•GUEULE  (faire  sa)  :  «  Dis 
donc,  Marie,  bon  bec,  ne  fais 
pas  ta  gueule.  »  (Zola.) 

GUEULE  DE  BOIS  :  Ivresse. 
(Delvau.) 

GUEULE  D'EMPEIGNE  :  Pa- 
lais habitué  aux  liqueurs  fortes. 
(Id.)  —  Mot  à  mot  :  gueule  de  cuir. 

GUEULE  DE  RAIE  :  Vilain 
visage.  (Kigaud.)  —  La  raie  est 
un  poisson  d'aspect  repoussant. 

GUEULÉE  :  Repas,  hurle- 
ment. (Delvau.) 

GUIBONNE  :  Jambe.—  De'rivé 
de  guibon.  —  «  J'  sais  tirer  la 
savate  avec  mes  guibonnes.  » 
(Richepin,  77.) 

GUICHE  :  Cheveux,  roufla- 
quettes. 


Quand  j'  veux  tromper  mes  puiches, 
J'  m'en  vas  faire  une  pleine  e  m. 
(Riche  in  ) 

GUIMBARDE  :  Porte.  Ri- 

gaud.) 

*GUINAL  :  Marchand  de  chif- 
f  )ns  en  gros.  —  Grand  Guinal  : 
Mont-de-piété.  [Id.)  Mot  à  mot  : 
juif  et  grand  juif. 

GUINALISER  :  Faire  l'usure. 
{Id)  —  Mot  à  mot  :  faire  fcte  de 
juif.  Voyez  Guinal,  p.  2o3. 

GUINCHE  :  Bal   de  barrière. 

—  Halbert  donne  guincht    avec 
le    sens  généralisé  de   barrière. 

-  GUINCHEUR  :    Habitué  de 
bal.  (Delvau.) 

GUINCHER  :  Danser.  {Id.)  — 
Dans  les  patois  du  Centre,  <y^uin~ 
cher\eut  dire  baisser  la  tcte,  se 
mettre  de  travers,  ce  qui  équi- 
vaut à  cancaner  et  ce  qui  a  fait 
guinc'ie  (bal,  sauterie).  —  Dans 
le  Berri,  on  dit  encore  qu'on  va 
aux  assemblées,  fêtes  de  villages 
pour  guinguer  :  danser. 

GUINGUETTE  :  Gri>ette. 
(Delvau.)  —  Elle  guingue  volon- 
tiers. Voyez  Guincher. 


H 


HABILLER  :  Préparer  pour 
l'étal.  —  Argot  de  boucher. (Del- 
vau.) 

HABILLER  :    Médire,  répri- 


mander. (Rigaud.)  —  Abrévia- 
tion de  bien  habiller  qui  sc  dit 
ironiquement  un  peu  partout 
et  presque  toujours  de  cette  fa- 
çon :  il  Va  bien  habillé. 


HAN 

HABINER  :  Mordre.  (Delvau.) 
—  Pour  happiner. 

HABIT  DU  PÈRE  ADAM  : 
Nudité  complète.  (Rigaud.) 

HABIT  NOIR  :  Bourgeois. 
(Delvau.)  —  Menteur.  (Rigaud.) 

HABITONGUE:  Habitude. 
(Michel.)  —  Changement  de  fi- 
nale. 

HACHER  DE  LA  PAILLE  ; 
Prononcer  mal  le  français.  Se 
dit  des  Allemands.  (Rigaud.) 

HALEINER  :  Respirer  l'ha- 
leine, chercher  à  deviner.  (Del- 
vau.) 

HALLE  AUX  DRAPS  :  Lit. 
[Id.)  —  Jeu  de  mots  sur  draps. 

HALOTER  :  Souffler,  souf- 
fleter. (Halbert.) 


HALOTIN  :  Soufflet  de  che- 
minée. (Rigaud.)  —  Diminutif 
de  Halot,  V.  p.  204. 

HANCHER  (se)  :  Se  camper 
sur  la  hanche.  {Id.) 

HANDICAPEUR  :  «  C'est  le 
handicapeur  qui  est  chargé  de  la 
difficile  tâche  d'établir  une  échelle 
de  poids,  à  chaque  course,  du 
meilleur  cheval  au  plus  médio- 
cre. Il  se  base  sur  le  pedigree  et 
les  performances.  »  {Carnet  des 
courses^  77.) 

HANNETON  DANS  LE  PLA- 
FOND (avoir  un)  :  Avoir  une 
idée  fixe  dans  la  tête,  avoir  la 
cervelle  un  peu  détraquée.  (Bout, 
my.) 


69  -  HER 

HANNETONNER  :  Être  dis- 
trait. (Delvau.) 

HARDI  A  LA  SOUPE  :  Fai- 
néant. {Id.)  —  Mot  à  mot  : 
n'ayant  de  courage  que  pour 
manger. 

HARICANDER  :  Chamailler. 
{Id.) 

HARNACHÉ  :  Mal  habillé. 
{Id.) 

"HARPE  :  «  C'est  lorsqu'on 
est  nanti  qu'il  faut  craindre  la 
harpe.  »  {La  Comédie  des  Pro- 
verbes, 17 14.) 

HARPIGNER  (se)  :  Se  battre. 
(Delvau.)  —  Le  vrai  mot  serait 
se  harpionner.  V.  Harpion,  page 
204. 

HASARD!  :  Exclamation  iro- 
nique, pour  dire  :  «  Cela  arrive 
bien  fréquemment.  »  —  On  dit 
plus  souvent  H.  (Boutmy.) 

HAUS  :  Personne  marchan- 
dant toujours  et  n'achetant  ja- 
mais. Argot  de  magasins  de  nou- 
veautés. (Delvau.) 


HANNETONNE 
hanneton.  {Id,) 


Ayant   un 


HAUSSMANISATION  :  Démo- 
lition générale  dans  un  but  d'em- 
bellissement.— «  Depuis  l'hauss- 
manisation  de  la  capitale,  les 
loyers  sont  hors  de  prix.  »  {Alm. 
des  cocottes,  67.) 

HAUTOCHER  :  Monter.  Ar- 
got de  voleur.  (Delvau.)  —  Mot 
à  mot  :  aller  haut,  se  hausser. 

HERBE  A  LA  VACHE  : 
Trèfle  de  cartes.  (Zola.)  —  Jeu 
de  mots. 

HERBE  SAINTE  :  Absinthe. 
I  (Delvau.)  —  Jeu  de  mots. 


IMP 


—  70 


IND 


•HIGH-LIFE  :  Mot  à  mot  : 
haute  vie,  —  est  Féquivalent  de 
nos  expressions  haute  société, 
grand  monde,  bonne  compagnie  ; 
c'est-à-dire  que  nous  avons  au 
moins  trois  manières  d'expri- 
mer en  bon  français  ce  que, 
communément,  nous  nous  ef- 
forçons de  dire  en  mauvais  an- 
glais. (C.  Améro.) 

HIRONDELLE  :  Commis 
voyageur,  ouvrier  tailleur  de  pas- 
sage à  Paris.  (Delvau.) 

HIRONDELLE  DE  GRÈVE  : 

Gendarme.  (Id.)  —  On  exécutait 
jadis  sur  la  place  de  Grève. 

HIRONDELLE  DE  PONT  : 
Vagabond  couchant  sous  les  ar- 
ches de  pont.  (Id.) 

HIRONDELLE  D'HIVER  : 
Marchand  de  marrons,  ramo- 
neur. [Id.)  —  L'hiver  les  ramène 

HISSER  :  Appeler  en  sifflant. 
(Rigaud.) 

HISTOIRES  :  Menstrues.  (Id.) 


—  Equivalent  d'époques  (épo-* 
ques  historiques.  Allusion  de 
périodicité),  car  on  dit  ai^oir  ses 
époques  pour  avoir  ses  règles. 

HOMARD  :  Soldat  de  la  ligne 
(Delvau.)  ;  —  spahis.  (Rigaud.)  — 
Allusion  au  pantalon  du  pre- 
mier et  au  burnous  du  second. 

HORLOGER  :  Mont-d a-piété. 
(Delvau.)  —  Allusion  au  pré- 
texte de  ceux  qui  ont  engagé 
leur  montre  et  qui  disen:  :  «  elle 
est  chez  l'horloger.  » 

HOSTO  :  Prison.  {Id.)  —  C'est 
hostel  (hôtel)  avec  changement 
de  finale.  V.  Lousteau,  p.  224. 

HOTTERIAU  :  ChifF.nnier. 
(Id.)  —  Nom  de  la  hotte  donné 
au  porteur.  V.  Hoteriot,  p.  206. 

HUGREMENT  :  Beaucoup. 
(Michel.) 

HUILE  :  Vin.  —  HUILE 
BLONDE  :  Bière.  {Id.) 

HUISSIER  :  Concierge.  —  Il 
garde  l'huis.  (V.  page  12  de  l'In- 
troduction.) 


ILLÉGITIME  :  Maîtresse  de 
mari,  amant  de  femme  mariée. 
V.  Légitime. 

IMBIBER  (s')  :  Boire.  (Delvau.) 
—  Être  imbibé  se  dit  surtout 
pour  être  ivre. 

IMPAIR  :  Insuccès.  {Id.)  — 
On  dit  faire  un  impair^  pour 
échouer. 


IMPRESSIONISME  :  École  de 
peinture  ultra-réaliste.  (Rigaud.) 

IMPRESSIONISTE  :  Peintre 
ultra-réaliste.  {Id.) 

INDEX  (travailler  à  1')  :  Tra- 
vailler à  prix  réduit.  On  se  met 
ainsi  à  l'index  des  compagnons. 
(Delvau.) 

INDIGENT  :  Voyageur  d'im- 


JAM 


JAR 


périale  d'omnibus.  Argot  des 
cochers.  (Rigaud.)  —  Les  voya- 
geurs se  vengent  en  appelant  les 
cochers  Collignon. 

INFANTERIE  (dans  1')  :  En- 
ceinte. (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
en  situation  d'infanier  (enfanter). 

INFÉRIEUR  (cela  m'est)  : 
Cela  m'est  égal.  {Id.)  —  Mot  à 
mot  :  cela  est  au-dessous  de 
moi. 

INFIRME  (c'est  un)  :  C'est  un 
homme  sans  valeur.  {Id.) 

INSECTE  :  Volaille,  oiseau. 
{Id.)  —•  Diminutif  inventé  par 
les  gros  mangeurs. 

INSINUANT  :  Apothicaire.  — 


INSINUANTE  :  Seringue.  {Id.) 
—  Le  second  terme  explique  le 
premier. 

*  INTÉRESSANTE  (situation): 
Mot  transposé.  V.  p.  209,  après 
in  petto. 

INVALIDÉ  :  Député  dont  l'é- 
lection n'a  pas  été  confirmée.  — 
«c  L'invalidation,  je  ne  connais 
que  ça  !  Invalidons  nos  con- 
frères qui  nous  gênent.  »  {Tam- 
Tam,  76.) 

ISOLAGE  :  Abandon.  (Del- 
vau.) 

ITALIQUES  (avoir  les  jam- 
bes) :  Être  bancal.  —  Allusion 
à  l'inclinaison  du  caractère  dit 
italique.  (Boutmy.) 


JACQUE  :  Pièce  d*un  sou. 
(Dslvau.) 

JACQUELINE  :  Sabre.  (Mi- 
chel.) 

JAFFE  :  Soufflet.  {Id,) 

JAFFLE  :  Soupe.  {Id.) 

JAMBE  EN  L'AIR:  Potence. 
{Id.)  —  Allusion  à  ses  jam- 
Dages. 

JAMBES  DE  COQ  :  Jambes 
maigres.  —  De  coton  :  molles. 
(Delvau.) 

JAMBON  :  Cuisse.  {Id.) 

JAMBON  (faire  un)  :  Casser 
son  fusIL  (D.  Lacroix  )  —  Allu- 


sion à  la  crosse  brune  qui,  sé- 
parée du  canon,  a  des  airs  de 
jambonneau. 

JAMBONNEAU  (sans  chape- 
lure au)  :  Chauve.  (Rigaud.)  — 
Allusion  à  l'aspect  rosé  de  cer- 
taines têtes  chauves. 

JAPPER  :  Crier.  (Delvau.)  — 

Animalisme. 

JARDIN  (faire  du)  :  Se  mo- 
quer. —  «  Je  crois  que  tu  ne 
pourras  pas  faire  de  jardin  sur 
cette  petite  lettre,  car  il  n'y  a 
pas  de  mauvais  boniments.  » 
(Extrait  d'une  lettre  dcjà  citée. 
V.  Gamde- .} 


J'OR 


^  72  - 


JUT 


JAUNIER  :  Débitant  d'eau-de- 
vie.  (Delvau.)  V.  Jaune,  p.  211. 

JEANJEAN  :  Niais.  —  «  La 
blanchisseuse  était  allée  retrou- 
ver son  ancien  époux  aussitôt 
que  ce  jeanjean  de  Coupeau  avait 
ronflé.  »  (Zola.)     ^ 

JÉSUS  (petit),  JÉSUS  A  QUA- 
TRE SOUS  :  Enfant  nouveau- 
né.  Les  quatre  sous  font  allu- 
sion au  prix  des  poupards  à  tête 
rose  qu'on  donne  aux  enfants. 
«  Ils  veulent  donc  le  faire  cre- 
ver ce  chérubin...  En  voilà  un 
de  Jésus  à  quatre  sous  qui  ne 
fera  pas  de  vieux  os.  »  (Hen- 
nique.) 

JETÉ  :  Soûl.  —  Mot  à  mot  : 
oui  s'est  jeté  du  liquide  dans 
l'estomac.  (Rigaud.) 

JETER  DE  LA  GRILLE  :  Re- 
quérir au  nom  de  la  loi,  —  Mot 
à  mot  :  jeter  une  grille  de  prison 
sur  l'accusé.  {Id.) 

JEU  (vieux)  :  Vieux  système, 
méthode  surannée.  (Id.) 

JEU  DE  DOMINOS  :  Denture. 
{Id.) 

JONCHERIE  :  Duperie.  {Id.) 
—  Mot  à  mot  :  dorure.  V.  Jon- 
cher, p.  21 3.  Le  mensonge  est 
souvent  doré. 

JONCS  (être  sur  les)  :  Être  en 
prison.  (Delvau.)  —  Mot  à  mot  : 
sur  la  paille. 

J'ORDONNE  (Mosieu  ou  Ma. 


dame)  :  Se  donner  des   allures 
de  commandement.  {Id.) 

JOSÉPHINE  (faire  sa)  :  Affec- 
ter un  air  de  chasteté.  Id.)  — 
On  a  voulu  donner  un  féminin 
à  Joseph^  V.  p.  21 3. 

JOUAILLON,  JOUASSON: 
Joueur  peu  hardi ,  mauvais 
joueur.  {Id.) 

JOUER  DU  FIFRE  :  Se  priver 
de  nourriture.  (D.  Lacroix.)  — 
Mot  à  mot  :  siffler  au  lieu  de 
manger. 

JOUER  DU  VIOLON  :  Scier 
ses  fers.  (Id.)  —  Allusion  au 
mouvement  de  la  lime. 

JUBILE:  Peau  économisée  par 
l'ouvrier  gantier  (de  Paris)  sur 
celles  qu'on  lui  a  confiées  pour 
tailler  une  douzaine  de  paires  de 
gants.  «  Ils  affirment  que  les 
peaux  offertes  à  la  vente  sont  le 
produit  légitime  de  leur  gain, 
ce  que  dans  le  langage  de  la 
ganterie  on  appelle  la  jubile,  » 
{Petit  Journal,  mdivs  iSjvS.) 

JUMELLES  :  Fesses.  —  On 
dit  aussi  les  deux  sœurs.  (Delvau.) 

JUS  :  Vin.  (Id.)  —  Abrév.  de 
jus  de  la  treille. 

JUS  (avoir  du)  :  Avoir  du  chic, 
de  l'élégance.  {Id.)  —  Compa- 
raison de  l'être  vivant  au  fruit. 

JUS  DE  RÉGLISSE  :  Nègre. 
(Id.) —  Allusion  à  sa  couleur. 

JUTEUX,  JUTEUSE  :  Qui  a 
du  chic.  V.  Jus. 


LAC 


—  7J  — 


LAI 


K 


KIF-KIF  (c'est)  :  C'est  e'quiva- 
lent.  Importation  algérienne. 
(Boutmy.)  —  Voyez  Quif-Quif 
pour  l'exemple. 

KILO  :  Litre  de  vin,  faux  chi- 
gnon :  —  Poser  un  kilo  :  faire 
ses  besoins.  (Rigaud.) 

KNICKERBOGKER  :  Bas.  — 


«  Il  faut  la  voir  l'été  en  Knicker- 
bocker  violet  laissant  voir  une 
jambe  modelée.  »  (G.  des  Per- 
rières,  72.) 

KOLBAG  :  Grand  verre  de 
vin,  quart  de  litre.  (D.  Lacroix.) 
—^  Mot  à  mot  :  verre  grand 
comme  le  bonnet  à  poils  dit 
Kolbac. 


LABADENS  (vieux)  :  Ancien 
camarade  de  pension.  —  Depuis 
le  vaudeville  amusant  de  La- 
biche {l'affaire  de  la  rue  de 
Lourcine  )  qui  a  mis  ce  terme  à 
la  mode,  il  a  pris  avec  le  procès 
Bazaine  une  valeur  historique. 
Quand  Régnier  voulut  en  effet 
être  mis  en  la  présence  du  ma- 
réchal, il  se  fit  annoncer  ainsi  : 
«  Dites  que  c'est  un  vieux  Laba- 
dens.  j» 

LAGETS  :  Menottes.  V.  page 
282. 

LAGHER  (se)  :  Laisser  échap- 
per un  pet.  (Delvau.) 

*  LAGHER  LES  ÉGLUSES  : 
Pleurer.  —  «  Nous  avons  donc 
fait  un  héritage  que  tu  lâches 
les  écluses!  Chouette!  »  (Hen- 
nique.) 


*  LACHEUR  :  Ce  mot  a  passé 
dans  la  langue  politique  depuis 
un  discours  de  M.  Estancelin, 
imprimé  dans  le  Mémorial  Eu- 
dois  (juillet  1878).  Voici  le  pas- 
sage :  «  Nos  pères,  dans  leur 
langage  d'une  franchise  brutale, 
auraient  pu  les  appeler  des 
lâches,  nous,  moins  sévères  dans 
l'expression,  nous  les  appelons 
des  lâcheurs!  » 

LAIGRE  :  Foire.  (Rigaud.)  — 
Pour  lègre.  V.  p.  218. 

LAINE  (avoir  de  la)  :  Avoir  de 
l'ouvrage.  Argot  de  voleur.  (Del- 
vau.) 

LAISSER  PISSER  LE  MÉRI- 
NOS :  Attendre  l'occasion.  {Id.) 
—  On  disait  auparavant  :  lais- 
ser pisser  le  mouton. 


LAV 


—  74  — 


Lie 


LANCE  :  Balai.  —  LANCIKR  : 
Balayeur.  (Id.)  —  Allusion  à  la 
longueur  du  manche  du  balai. 

LANDIÈRE  :  Boutique  de 
foire.  (M.) 

LANGUE    VERTE    :    Argot. 

—  Mot  à  la  mode  depuis  la  pu- 
blication du  dictionnaire  de  Del- 
vau,  qui  l'avait  détourné  de  son 
sens  ordinaire.  L'expression  lan- 
gue verte  ne-  s'appliquait  vrai- 
ment qu'aux  mots  crus  (ce qui  est 
cru  est  vert),  et  non  à  l'argot 
ni  aux  néologismes.  Par  excep- 
tion, M.  Fr.  Michel  lui  donne 
le  sens  restreint  de  argot  de 
joueurs. 

LANGUINER  :  Pleuvoir.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  lansquiner. 

LAPIN  (coller  un)  :  Tromper 
une  femme  galante,  c'est-à-dire 
ne  lui  point  donner  d'argent. 

LARGUEPÉ  :  Prostituée.  Ar- 
got de  voleur.  (Rigaud.)  —  Chan- 
gement de  finale,  comme  dans 
insolpé. 

LARQ.UE  :  Femme  en  cartes. 
(A.  Pierre.)  —  Pour  largue. 

LATTIFFE  :  Savonné.  (Id.)  — 
Il  y  a  évidemment  ici  faute  d'im- 
pression, A.  Pierre  aura  voulu 
dire  Lartif  savonné  :  pain  blanc. 

—  On  n'aura  composé  que  les 
deux  premiers  mots. 

LAVEMENT:  Personnage 
canulant.  —  «  Quel  lavement 
quand  il  est  paf  !  murmura  Ger- 
vaise.  »  (Zola.) 

LAVER  LES  PIEDS  (se)  : 
Aller  à  Cayenne.  ('Rigaud.)  — 
Allusion  à  la  traversée. 


LAVER  LE  TUYAU  (se)  : 
Boire.  V.  Tuyau. 

LAVETTE  :  Langue.  (Del- 
vau.) 

"LAZAGNE  :  Transposition. 
Voyez  après  lavement,  p.  218. 

LAZZI-LOFF  :  Mal  vénérien. 

(Vidocq.) 

LÈCHE-CUL  :  Flatteur.  (Del- 
vau.) 

LÉCHER  :  Peindre  trop  mi- 
nutieusement. (Id.) 

*  LÉGITIME  :  Mari.  —  «  Vos 
épaules  étincelantes  des  pierre- 
ries du  légitime  aimé  ou  de  l'il- 
légitime plus  aimé  encore.  » 
{Cancans  du  Boudoir,  77.) 

LÉSÉE,  LÉSÉBOMBE  :  Fille 
publique.  (Rigaud.) 

LESTOME  :  Estomac.  (A. 
Pierre.)  —  Lire  Vestom. 

LEVER  :  Prendre  possession 
d'une  valeur  cotée  à  la  Bourse. 
(Rigaud.) 

LEVER  LES  PETITS  CLOUS: 
Composer.  (Boutmy.) 

LEVEUR  fbon)  :  Ouvrer  im- 
primeur composant  habilement 
et  vite.  [Id.) 

LEVEUR  :  Coureur  ai  fem- 
mes, voleur  à  la  tire.  (Delvau.) 

LEVURE  :  Fuite.  (Rigiud.) 

LICE  :  Bas  de  soie.  (Michel.)— 
Il  est  lisse. 

LICE  :  Société  chantante  po- 
pulaire. —  Lice  est  ici  syno- 
nyme de  champ  de  tournoi. 


i 


LIP 


-  75  - 


LOU 


LICHADE  :  Embrassade. 
(Delvau.) 

•  LICHER  veut  dire  non  seu- 
lement aimer  à  boire,  mais  ai- 
mer toutes  sortes  de  friandises. 

LICHEUSE  :  Femme  aimant 
à  licher.  —  «  M°>»  Lorilleux  la 
traita  de  licheuse.  Ça  se  mettait 
quatre  morceaux  de  sucre  dans 
son  café.  »  (Zola.) 

LIGNANTE  :  Vie.  (Rigaud.) 

*  LIGNE  (avoir  la)  :  Avoir  un 
beau  profil.  Argot  de  sculpteur. 
Mot  employé  par  Dumas  fils 
dans  les  Idées  de  iV/"»»  Aubray. 

LIGNE  D'ARGENT  (pécher  à 
la)  :  Acheter  du  poisson  pour 
faire  croire  qu'on  en  a  péché. 
(Rigaud.)  —  Ironie. 

LIGOTTE  DE  RIFLE,  RI- 
FLARDE  :  Camisole  de  force. 
Mot  à  mot  :  lien  brûlant.  (Id.) 

LIMACE  :  Prostituée  de  der- 
nier ordre.  (Id.)  —  Animalisme. 

LIME  SOURDS  :  Sournois. 
(Michel.) 

LIMONADE  DE  LINSPRÉ  : 
Vin  de  Champagne.  (Rigaud.)  — 
Mot  à  mot  :  limonade  de  prince. 

LINGE  :  Femme  galante  ayant 
une  certaine  toilette.  —  «  Les 
sublimes  savants  se  payent  un 
linge;  les  autres  se  payent  un 
torchon,  une  éponge.  »  (Le  Su- 
blime.) 

LINGE  LAVÉ  (avoir  son)  : 
Être  pris.  Argot  de  voleur.  (Del- 
vau.) 

LIPETTÊ  :  Prostituée,  ma- 
çon. (Rigaud.) 


LIQUETTE  :   Chemise.  (Id.) 

LIVRE  :  Cent  francs.  Terme 
de  grec.  —  «  Ils  venaient  de 
charrier  un  pante,  l'avaient  mis 
dans  le  bal  et  il  avait  dansé  d'une 
livre.  »  (Cavaillé.) 

LIVRE  DES  QUATRE  ROIS  : 
Jeu  de  cartes.  (Delvau.)  —  Jeu 
de  mots  sur  la  Bible  et  les  rois 
des  quatre  couleurs. 

LOCHER  :  Chanceler.  {Id.) 

LOFFARD,  LOFFE  :  Même 
sens  que  Loffiatj  p.  222. 

LOU  (faire  un)  :  Manquer  une 
pièce.  —  Lou  est  ici  pour  loup 
(sottise)  —  «  Comment,  c'est 
vous  Auguste  qui  faites  un  lou 
aussi  grossier.  »  (Le  Sublime.)-^ 
D'une  affaire  mal  conçue,  on 
dit  :  «  il  y  a  un  loup.  » 

LOU  AVE  :  Soûl.  Argot  de 
boucher.  (Rigaud.) 

LOUCHER  (faire)  :  Donner 
envie.  {Id.) 

LOUFFE  :  Pet  étouffé.  {Id.)  — 
Onomatopée. 
LOUFFIAT  :  Crapuleux.  (7^.) 

L  O  U  P  E  L  :  Pouilleux.  (Mi- 
chel.)—  Interversion. 

LOUPIAU  :  Jeune.  —  Pour 
pouillau.  L'enfant  a  des  pous. 

LOURDEAU  :  Diable.  (A. 
Pierre.)  —  Le  répertoire  d'Hal- 
bert  dit  Lousteau.  Lequel  croire  ? 
On  pourrait  lire  ainsi  le  pre- 
mier Vourdeau,  c'est-à-dire /'or^: 
le  sale,  le  répugnant.  —  Vieux 
mot. 

LOUSSE    :   Gendarmerie  dé- 


MAC  ^  7O  - 

partementale,    gendarme.     (Ri- 
gaud.)  —  Pour  pousse. 

LOUSTAUD  (envoyer  à)  :  En- 
voyer promener.  (A.  Pierre.) 
—  C'est-à-dire  envoyer  au  dia- 
ble. V.  p.  224. 


MAC 


LOUTER  :  Faire  erreur.  (Le 
Sublime.)  —  Mot  à  mot  :  faire 
un  loup.  On  devrait  dire  louper, 
mais  ce  verbe  voulant  dire  déjà 
flâner^  on  a  fui  l'amphibologie. 

LOUVETIER:  Homme  en- 
detté. (Boutmy.)  —  V.  Loup, 
p.  224. 

LUCQUE  :  Faux  passeport. 
(Rigaud.)  —  Pour  Luque.  V.  p. 

225. 

LUISANT  :  Soulier  verni. 
—  «  II  a  tout  lâché  :  les  lui- 
sants, le  tuyau  de  poêle.  »  {Le 
Sublime.) 

LUISARDE  :  Jour.  {Id.) 


LUNCHER  :  Faire  un  lanch. 

—  «  Avant  dîner,  ils  lunchent 
et  avalent  un  jambon  et  deux 
livres  de  beurre.  [Vie  pari- 
sienne, 78.) 

LUNETTE  (passer  en)  :  Trom- 
per, nuire.  —  Etre  passé  en  lu- 
nette :  avoir  fait  faillite.  (Ri- 
gaud.) —  On  disait  jadis  en  ce 
sens  faire  un  trou  à  la  lune. 

*  LURON  (avaler  le)  :  Commu- 
nier. —  «  Ça  avale  le  luro  1  tous 
les  matins  et  le  soir,  ça  fait  des 
noces  de  bâtons  de  chaises.  » 
(Huysmans,  7g.) 

LUSIGNANTE  :  Amante.  (Ri- 
gaud.) 

LUSTUCRU  :  Niais.  (Delvau.) 

—  Ce  nom  déjà  ancien  semble 
faire  allusion  à  une  interroga- 
tion niaisement  ébahie  {l'eusses- 
tu  cru  ?) 


]\j: 


MABILIEN,  MABILLÂRD  : 
Habitué  du  bal  Mabile.  (Ri- 
gaud.) 

MACABÉE  :  Cadavre  de  noyé, 
souteneur.  {Id.)  —  Pour  le  pre- 
mier sens,  voyez  Machabée  (p. 
228.)  Dans  le  second  sens,  il  ne 
s'agit  évidemment  que  d'un  dé- 
rivé de  Mac  (p.  227.) 

MACABRE  :  Mort.  (Boutmy.) 
•  MAC  AI  RE  :  V.  page  227.  — 


«  C'est  un  macaire,  je  ne  c;is  pas 
non,  mais  enfin  il  a  toujours  le 
mot  pour  rire.  »  (Huysmans, 
79-) 

MACARON  :  Huissier.  (Del- 
vau.) 

*  MACARON  (p.  227)  :  Au  lieu 
de  Macaron  :  dénonciation,  li- 
sez Macaron  :  dénonciateur. 


MACARONAGE 
tion.  (Rigaud.) 


Dénoncia- 


MAI 


-  77 


M  AN 


MACARONNER  (se)  :  Se  sau- 
ver, filer.  Allusion  au  macaroni 
qui  file  à  sa  manière.  (Id.) 

MACÉDOINE  :  Combustible. 
Argot  des  chemins  de  fer.  {Id.) 

MAÇON  :  Pain  de  quatre  li- 
vres. {Id.)  —  Les  maçons  du  Li- 
mousin vont  toujours  prendre 
leurs  repas  en  apportant  leur 
pain. 

MACROTAGE  :  Maquerelage. 

—  MACROTER  :  Maquereler. 

—  MACROTER  UNE  AF- 
FAIRE :  Servir  d'intermédiaire 
dans  une  affaire  louche.  —  MA- 
CROTIN  :  Apprenti  souteneur. 
(Id.) 

MADELEINE  (faire  suer  la)  : 
Tricher  péniblement.  Argot  de 
grec.  (Id.) 

MAGASIN  DE  BLANC  :  Mai- 
son de  prostitution.  Même  allu- 
sion que  dans  Mangeur  de 
blanc.  —  «  Désirant  une  maî- 
tresse, il  allait  se  galvauder  dans 
les  magasins  de  blanc  du  quar- 
tier Montrouge.  »  (Huysmans, 
79-) 

MAGNE  :  Manières.  —  Abrév. 
(Rigaud.) 

MAGNEE  :  Même  sens  que 
Ponifle.  (Halbert.) 

MAGNEUSE  :  Synonyme  de 
Magniisse.  (Michel.)  V.  p.  228. 

MAIGRE  (du)  :  Silence!  — 
Formule  impérative  pouvant  se 
traduire  par  il  n'y  a  pas  gras 
pour  toi.  —  «  Oh!  du  maigre! 
va  t'asseoir  sur  le  bouchon!  Tu 
me  gênes!  »  (Huysmans,  79.) 

MAILLOCHER  :  Surveiller 


une  prostituée.  Argot  de  soute- 
neur. (Rigaud.) 

*  MAINS  COURANTES  :  Sou- 
liers. (D.  Lacroix.) 

MALDINE  :  Collège.  (Michel.) 

—  On  y  dîne  mal. 

MALSUCRÉ  :  Faux  témoin. 
(Rigaud.) 

MALTÈS  :  Écu.  {Id.)  -  Pour 
Maltaise.  Voyez  page  229. 

MANCHEUR  :  Saltimbanque 
exerçant  sur  la  voie  publique, 
sans  autre  ressource  que  celle 
de  faire  la  manche  ou  (quête). 

MANDARIN  (tuerie)  :  Com- 
mettre une  mauvaise  action  par 
la  pensée  et  avec  la  certitude  de 
l'impunité.  L'image  date  du 
xvm«  siècle.  (Delvau.) 

MANDAT  IMPÉRATIF  :  En- 
gagement pris  par  un  député 
de  voter  en  toute  occasion  comme 
le  lui  prescrivent  ses   électeurs. 

—  Expression  souvent  et  ironi- 
quement employée  dans  la  po- 
lémique des  journaux  conser- 
vateurs. Elle  a  été  prise  dans  la 
déclaration  de  principes  de  can- 
didats, il  y  a  une  dizaine  d'an- 
nées. 

MANDOLE  :  Soufflet.  (Delvau.) 
MANDOLET  :  Pistolet.  (Rigaud.) 

—  On  doit  remarquer  le  double 
sens  de  ces  deux  mots  qui  pa- 
raissent n'en  faire  qu'un  (man~ 
dole-mandolet),  car  mandolet  a 
un  pendant  exact  dans  soufflant 
et  bayafe  (p.  33),  qui  signifient 
chacun  souffleur  et  pistolet. 

^MANESTRINGUE  :  Lisez 
mannstrinque.l^xïxs,  à  la  3«  ligne, 
lisez  les  deux  derniers  mots  au 


MAN  -  ; 

lieu  de  les  trois  mots.  —  Je  ne 
cite  pas  d'exemple  justificatif  de 
mannstrinque,  mais  j'ai  souvent 
entendu  jadis  prononcer  ce  mot, 
et  comme  notre  langue  tend 
toujours  à  se  débarrasser  des  ac- 
cumulations de  consonnes,  je 
crois  que  manyie^ingue ^  puis 
min^^ingue^  sont  des  formes  pos- 
térieures. Je  persiste  donc  dans 
ma  conjecture  étymologique, 
bien  qu'il  en  ait  été  donné  deux 
autres  diftérentes. 

MANGEOIRE  :  Restaurant 
(Delvau.)  —  Animalisme. 

MANGER  A  TOUS  LES  RA- 
TELIERS :  Accepter  de  tous 
côtés.  (Rigaud.)  —  Se  prend  au 
figuré  pour  être  subventionné  par 
des  partis  contraires^  recevoir 
des  deux  mains. 

MANGER  DU  LAPIN  :  Aller  à 

l'enterrement. (Boutmy.) — >Même 
genre  d'allusion  que  dans  man- 
ger du  fromage.  V.  p.  2  3o. 

MANGER  DU  LARD  :  Dénon- 
cer. (Rigaud.)  Variante  de  man- 
ger le  morceau f  p.  i3o. 

MANGER  DU  SUCRE  :  Être 
applaudi.  V.  Sucre,  p.  336. 

MANGER  LA  BOUILLIE 
AVEC  UN  SABRE  :  Avoir  une 
grande  bouche.  (Rigaud.)  —  Mot 
à  mot  :  avoir  une  bouche  aussi 
large  que  le  sabre  est  long. 

MANGER  LE  BON  DIEU  : 
Communier.  — Allusion  au  sym- 
bole de  l'hostie.  Ne  se  dit  pas 
toujours  en  mauvaise  part.  — 
«  Et  c'est  du  propre  d'aller  man- 
ger le  bon  Dieu  en  guignant 
Içs  hommes.  »  (Zola.) 


?    -  MAN 

MANGER  LE  GIBIER  :  Ne 
pas  faire  payer  un  client,  ca- 
cher ses  profits  au  souteneur. 
Argot  de  prostitution.  (Delvau.) 
—  Terme  de  chasse.  Le  chien 
qui  mange  le  gibier  ne  rapporte 
pas. 

MANGER  LE  MOT  D'ORDRE, 
MANGER  LA  CONSIGNE 
(avoir)  :  Oublier  le  mot  d'or- 
dre, la  consigne.  Mot  à  mot  :  ne 
plus  les  avoir  dans  la  b  juche, 
ne  plus  pouvoir  les  répéter.  (D. 
Lacroix.) 

MANGER  LE  NEZ  (se)  :  Se 
battre  avec  acharnement.  (Del- 
vau.) 

^  MANGER  LE  PAIN  HARDI  ; 
Etre  domestique.  {Id.) 

MANGER  LE  POULET  :  Par- 
tager en  déjeunant  un  bénéfice 
illicite.  Argot  des  entrepreneurs 
et  architectes.  (Michel.) 

MANGER  LES  SENS  (se)  : 
S'impatienter.  {Id.)  —  M.  Ri- 
gaud écrit  sangs,  ce  qui  vaut 
mieux  pour  faire  compreidre  le 
mot.  L'impatience  fait  affiuer  le. 
sang  à  la  tête  qui  en  inange 
alors,  au  figuré. 

MANGER  L'HERBE  PAR  LA 
RACINE  :  Être  enterré.  —  L'ima- 
ge n'a  pas  besoin  d'explicition. 
—  a  Bien  d'autres  encore  étaient 
en  train  de  manger  l'herbe  par 
la  racine.  »  (Hennique.) 

*  MANGER  SUR  L'ORGUE: 
La  musique  n'y  est  pour  rien. 
Vorgue  est  ici  pour  lorguc,  qui 
veut  dire  en  argot  lui  et  le  dic- 
tionnaire de  Vidocq,  en  mettant 
une  apostrophe  mal  à  propos,  4 


\ 


MAN 


—  79  — 


MAQ 


jusqu'ici  obscurci  le  sens.  Voyez 

Orgue. 

*  MANGEUR  DE  BLANC 

(page  23o)  :  le  terme  est  long  et 
cependant  ce  n'est  qu'un  abrégé. 
On  disait  d'abord  mangeur  de 
blanc  à  la  cuiller.  Cette  forme 
primitive  en  révèle  plus  long 
que  nous  ne  pourrions  le  faire 
sur  l'allusion  contenue  dans  les 
six  mots.  —  Allusion  qui  va 
droit  aux  moyens  d'existence  du 
souteneur  de  filles. 

MANICLE  (frère  de  la)  :  Fi- 
lou. (Michel.)  —  Pour  manique. 

MANIQUE  :  Pratique  du  mé- 
tier. —  Terme  de  compagnon- 
nage. —  «  Il  parle  manique  du 
matin  au  soir.  »  (Le  Sublime.) 
—  La  manique  fut  d'abord  une 
pièce  de  cuir  destinée  à  protéger 
la  main  ou  le  poignet  de  certains 
ouvriers.  Ainsi,  en  terme  de 
compagnonnage,  les  cordonniers 
en  vieux  s'appelaient-ils  compa- 
gnons de  la  petite  manique. 

MANNEQUIN  DE  MACHA- 
BÉE  :  Corbillard.  (Rigaud.)  — 
MANNEQUIN  DE  TRIMBAL- 
LEUR  DE  REFROIDIS  :  Cor- 
billard. (Delvau.)  —  Mot  à  mot: 
panier  de  morts,  panier  de  cro- 
que-morts. 

MANNEZINGUEUR  :  Habitué 
de  cabaret.  (Delvau.) 

MANNSTRINGUE,  MANS  - 
TRINQUE  :  Voyez  Manestrin- 
giie  ci-avant  et  page  23i. 

*  MANQUE  (à  la)  :  A  gauche 


(Colombey)  ;  mauvais,  laid.  (Ri- 
gaud.) 

MANUSCRIT  BELGE  :  Texte 
imprimé  donné  à  une  impri- 
merie comme  réimpression.  — 
AHusion  au  grand  commerce  de 
contrefaçons  que  faisait  jadis  la 
Belgique.  (Boutmy.) 

MAQUA,  MAQUECÉE  :  Ma- 
querelle.  (Michel.)  —  Maquecée 
est  une  abréviation  de  marque 
de  ce.  Voyez  ce  mot  page  235. 
Maqua  date  du  dernier  siècle. 

•MAQUILLER  :  Farder.  — 
On  a  cité  comme  ancienne  forme 
de  ce  mot  un  passage  de  la  chan- 
son d'Antioche  (xiii"  s.)  ;  «  barbe 
sanglente  et  vis  masquilliés.  » 
—  Mais  masquillié  me  semble 
signifier  plutôt  ici  coupé,  tail- 
ladé que  rouge.  Ne  disait-on 
pas  masquelier  pour  boucher  au 
moyen  âge.  On  a  cherché  encore 
avec  assez  de  vraisemblance  la 
racine  de  maquiller  dans  le  latin 
maculare  :  barbouiller.  Mais  il 
ne  faut  pas  oublier  que  maculare 
faisait  en  langue  d'oil  maculer 
et  en  langue  d'oc  macular.  Mieux 
vaut  donc  se  résigner  à  consi- 
dérer maquiller  comme  une  ac- 
ception du  vieux  mot  Maquiller  : 
faire j  tripoter,  maquignonner, 
qui  se  disait  maquilloner.  —  De 
maquilloner  à  maquiller,  la  dis- 
tance est  trop  courte  et  le  sens 
offre  trop  d'analogie  pour  qu'on 
aille  chercher  plus  loin.  A  titre 
de  renseignements,  rappelons 
que  le  dialecte  bas-limousin  a 
le  verbe  maquilhar  (brouiller) 
et  le  substantif  maquilhage  \\.vï- 
potage). 

-MAQUILLEUR  :    Tricheur. 


MAR 


-  80  - 


MAR 


(Rigaud.)  Voyez  Maquillage  et 
Maquille,  page  33 1. 

MARAILLE  :  Monde.  Argot  de 
voleur.  [Id.) 

MARAUDER  :  Prendre  des 
voyageurs  en  dehors  du  règle- 
ment. Argot  de  cochers  de  fiacre 
(Delvau).  —  Pour  éviter  les  sta- 
tions de  contrôle,  ils  roulent  à 
vide,  cherchent  des  voyageurs 
dans  la  rue,  comme  le  marau- 
deur cherche  des  fruits  aux  ar- 
bres. 

MARAUDEUR  :  Cocher  qui 
maraude.  (Rigaud.) 

MARBRE  :  Grand  comptoir 
d'atelier  d'impremerie,  sur  le- 
quel on  trouve  rangées  des  parties 
composées  de  livre  ou  de  jour- 
nal, en  attendant  la  mise  en 
page.  De  là  les  expressions  avoir 
sur  le  marbre  :  avoir  en  ré- 
serve ;  être  sur  le  marbre  :  être 
prêt  à  passer.  (Boutmy.)  —  Al- 
lusion au  marbre  qui  a  dû  d'a- 
bord recouvrir  le  comptoir  en 
question. 

MARCHAND  D'EAU  CHAU- 
DE :  Limonadier.  (Rigaud.) 

MARCHAND  D'EAU  DE  JA- 
VELLE :  Marchand  de  vin.  (Id.) 
—  Allusion  à  la  mauvaise  eau- 
de-vie  ;  elle  brûle  comme  l'eau 
de  javelle. 

MARCHAND  DE  CERISES  : 
Voyez  Cerisier,  p.  89. 

MARCHAND  DE  CERISES  : 
Ouvrier  travaillant  hors  de  Pa- 
ris. (Rigaud.) 

MARCHAND  DE  MORT  SU- 
BITE  ;    Charlatan  nomade.  — 


Allusion  aux  débitants  de  mori 
aux  rats.  —  «  Il  fait  galerie  de- 
vant les  marchands  de  mort  su- 
bite. »  (Le  Sublime.)  ~  D'après 
l'Assommoir,  ce  nom  serait  don- 
né par  le  peuple  aux  médecins. 

MARCHAND  DE  MORT  SU- 
BITE :  Maître  d'armes.  — ■  II 
vend  le  moyen  de  tuer  d'un  seul 
coup.  «  D'abord,  moi,  je  suis 
avec  mon  marchand  de  mort 
subite.  »  (De  Concourt.) 

MARCHAND  DE  SOMMEIL  : 
Logeur  à  la  nuit.  —  On  lui  paye 
le  droit  de  dormir.  V.  Becque- 
tance.  —  «  Il  vous  amène  son 
marchand  de  sommeil.  )  (Le  Su- 
blime, 72.) 

MARCHE  (je)  :  J'approuve,  je 
suis  de  ton  avis.  (Boutmy.)  — 
Mot  à  mot  :  je  marche  avec  toi. 

MARCHE  DE  FLANC  :  Repos 
sur  le  lit.  Jargon  de  soldat.  (Ri- 
gaud.) —  Jeu  de  mots  sur  la 
manœuvre  dite  marche  de  flanc 
et  sur  l'homme  qui  présente  le 
flanc  au  lit  en  se  reposant  sur  un 
côté. 

MARCHE  DE  FLANC  :  Ma- 
raude. Argot  d'Afrique.  {Id.)  — 
Pour  marauder,  on  se  détache 
de  la  colonne,  ce  qui  est  mar- 
cher sur  ses  flancs. 

MARCHEF  :  Maréchal -des-lo- 
gis  chef.  Abréviation.  [Id.) 

MARCHER  AU  PAS  :  Être 
discipliné  comme  un  soldat. (/<i.) 

MARCHER  DANS  LiCS  SOU- 
LIERS D'UN  MORT  :  Avoir 
hérité.  (Delvau.) 

MARCHER  SUR  LA   GHRÉ- 


MAR 


-  8i  - 


MAR 


TIENTÉ  :  Marcher  pieds  nus. 
[Id.)  —  Mot  à  mot  :  sur  une 
chair  de  chrétien. 

MARGOULETTE  :  Visage. 
(Id.)  —  Voyez  margoiilette  : 
bouche,  p.  233.  C'est  comme 
dans  gueule,  la  partie  prise  pour 
le  tout. 

MARGOULIN  :  Mauvais  ou- 
vrier. —  a  II  n'y  a  que  des  mar- 
goulins, et  puis  on  ne  gagne 
pas  sa  vie.  »  {Le  Sublime,  72.) 

MARI  MALHEUREUX  :  V. 
malheureux,  p.  229. 

MARIAGE  EN  DÉTREMPE  : 
Concubinage.  (Rigaud.)  —  On 
dit  plutôt  à  la  détrempe.  Ce  qui 
est  peint  à  la  détrempe  n'est  pas 
solide. 

MARIANNE  :  Guillotine.  — 
En  1878,1e  Figaro  a  demandé 
l'origine  de  ce  nom  qui  a  été 
bien  certainement  celui  d'une 
société  secrète  républicaine  sous 
la  monarchie  de  juillet,  mais 
non,  comme  on  semble  le  croire, 
celui  de  la  République?  La  Ma- 
rianne avait  des  ramifications 
en  province;  elle  existait  encore 
en  i835.  Le  8  mai  i85o,  dit 
M.  Fr.  Michel,  le  Pays  relatait 
la  condamnation  d'un  soldat  ac- 
cusé d'avoir  crié  :  Vive  Ma- 
rianne! Vive  la  guillotine! 

Maintenant,  pourquoi  ce  nom 
de  Marianne?  Mais  Guillotine 
n'est-il  pasdéjàun  nom  d'homme 
(Guillotin)  féminisé?  Et  Loui- 
sette  n'est- il  pas  un  autre  sur- 
nom qui  peut  avoir  rappelé 
l'exécution  de  Louis  XVI,  comme 
Marianne  a  rappelé  celle  de  Ma- 
rie-Antoinette? 


MARIONETTE  :  Soldat.  (Mi- 
chel.) —  Allusion  à  la  régularité 
automatique  qui  préside  aux 
manœuvres  de  troupe. 

MARLOUPIN  ;  Diminutif  de 
marlou  :  souteneur.  —  «  Quand 
on  paye  en  monnaie  de  singe, 
nous  autres  marloupins.  »  (Ri- 
chepin,  77.) 

MARLOUSIER  :  V.  Marlou, 
p.  234. 

MARMITE  :  Femme  secourant 
son  mari  en  prison.  (A.  Pierre.) 

MARMITON  DE  DOMANGE  : 

Vidangeur.  (Delvau.)  Domange 
était  le  nom  d'un  entrepreneur 
de  vidanges. 

MARMOTTE  :  Boite  de  com- 
mis placier.  (Rigaud.)  —  Allu- 
sion aux  boîtes  à  marmottes 
montrées  par  les  petits  savoyards. 

MARNER,FAIRE  LA  MARNE, 

MARNEUSE  :  Exercer  la  pros- 
titution sur  une  berge  de  ri- 
vière, prostituée  qui  marne.  (Id.) 
—  Malgré  la  similitude  des 
mots,  je  ne  crois  pas  que  la 
rivière  de  Marne  soit  ici  pour 
rien.  Marner  et  Marneuse  ont 
signifié  d'abord  voler  et  voleuse, 
V.  p.  235.  Delvau  donne  aussi 
marner  en  ce  sens,  comme  usité 
au  marché  du  Temple. 

•MARQUE  :  On  doit  remar- 
quer que  largue  et  marque  signi- 
fient tous  deux /emwe  de  voltur. 
On  dit  aussi  marquise,  qui  est 
un  dérivé  de  marque  et  non  une 
allusion  aux  manières  de  la 
femme.  Pour  hasarder  une  éty- 
mologie,  il  faudrait  connaître  le 
mot  le  plus  ancien.  Si  marque 
a  précédé  larque,  ce  dernier  est 


MAR 


—  82  - 


MAS 


une  forme  altérée.  Et  vice  versa. 
Jusqu'à  preuve  du  contraire,  je 
crois  que  marque  a  produit  lar- 
que,  car  ce  mot  a  plus  de  déri- 
vés {marque  de  ce,  marque  fran- 
che, marquise),  et  surtout  il  a  son 
pendant  dans  marquant  (soute- 
neur). 

MARQUÉ  :  Marqué  par  la  pe- 
tite vérole. 

MARQUE-MAL  :  Margeur, 
ou  plutôt  receveur  de  feuilles  à 
la  machine.  (Boutmy.)  —  Iro- 
nie. 

MARQUÉ  A  LA  FESSE  :  Ma- 
niaque, ennuyeux.  (Delvau.) 

MARQUER  (ne  plus)  :  Vieil- 
lir. {Id.)  —  Un  vieillard  ne  mar- 
que plus,  c'est-à-dire  ne  compte 
plus. 

MARQUER  BIEN  :  Faire  bel 

et  bon  effet.  (Rigaud.) 

MARQUER  A  LA  FOUR- 
CHETTE :  Voyez  Fourchette. 

MARQUER  LE  COUP  :  Trin- 
quer. (Delvau.)  —  Allusion  au 
choc  des  verres. 

MARQUIS  D'ARGENT- 
COURT,  DE  LA  BOURSE 
PLATE  :  Vaniteux  et  miséra- 
ble. {Id.) 

MARQUISE  :  V.  ci-dessus 
Marque. 

MARRON  :  Brochure  clan- 
destine. {Id.)  —  Mot  à  mot:  im- 
primée en  contravention.  Voyez 
Marron,  p.  235. 

MARKON  :  Procès-verbal  des 
chefs  de  ronde.  {Id.)  —  Ce  mot 
vient  de  l'armée  où  il  désignait 
non  un  procès-verbal,'mais  un 
marron   jeté  d'abord  dans  une 


boîte  de  poste  par  le  chef  de 
ronde  pour  y  constater  s^n  pas- 
sage. 

MARRON  SCULPTÉ  :  Tête 
grotesque,  comme  celles  qu'on 
s'amuse  à  sculpter  dans  la  pulpe 
des  marrons.  —  a  Quand  tu 
donnes  ce  que  tu  appelles  une 
soirée  à  tes  marrons  sculptés 
d'amis.  »  (Durandeau,  78.) 

MARSOUIN  :  Homme  laid 
(Delvau);  —  Contrebandier  (Ri- 
gaud). —  On  dit  aussi  vieux 
marsouin  pour  vieux  matelot, 
par  allusion  au  poisson. 

MARTYR  :  Caporal.  (Delvau.) 
—  Le  caporal  de  semaine  fait  le 
plus  dur  métier  du  régiment. 

MASCOTTE  :  Fétiche  de 
joueur.  (Rigaud.) 

MASSACRE  :  Gâcheur,  gas- 
pilleur. (Delvau.) 

MASSAGE  :  Action  de  mas- 
ser. —  «  Je  ne  travaille  ]  as  par 
tocades,  ce  qu'on  appelle  des 
coups  de  massage,  pour  tirer 
une  loupe  après.  »  {Le  ^ubliitie, 
72.) 

•  MASSER  :  Travailler.  Mot  à 

mot: donner  des  coups  de  masse, 
faire  de  gros  efforts.  —  «  Il  y  a 
trop  à  masser  pour  y  arriver.  » 
{Id.) 

MASSÉ  :  Coup  de  queue 
donné  perpendiculairement  à 
une  bille  de  billard.  (Delvau.) 

MASSEUR  :  «  Un  masseur  est 
un  ouvrier  laborieux.  »  {Le  Su- 
blime.) 

'  MASTIC  :  Discours  em- 
brouillé. —  Faire  un  mastic  : 


MÈG 


—  83  - 


MÈR 


s'embrouiller  en  voulant  s'expli- 
quer. (Boutmy.) 

MASTIC  :  Désordre  de  mise 
en  pages.  {Id.) 

MASTIC  :  Homme.  Argot  de 
voleur.  (Rigaud.) 

MASTIQUER  :  Manger.  Verbe 
régulier,  car  nous  usons  du  subs- 
tantif mastication.  —  a  Si  on 
ne  parlait  guère,  on  mastiquait 
ferme.  »  (Zola.) 

MASTIQUER,  MASTI- 
QUEUR  :  Mastiquer  c'est  mas- 
quer les  avaries  d'une  chaus- 
sure, sans  la  rapiécer.  (Rigaud.) 
—  Le  mastiqueur  est  à  la  cor- 
donnerie ce  que  le  pommadeur 
est  à  rébénisterie.  V.  p.  291. 

MATA  :  Faiseur  d'embarras. 
Abrév.  de  matador.  [Id.)  —  On 
sait  que  le  matador  est  le  toréa- 
dor chargé  de  donner  le  coup 
de  grâce  à  l'animal. 

MATERNELLE  :  Mère.  Argot 
des  écoles. 

MATH  :  Mathématiques.  (Id.) 

MAUVIETTE  :  Décoration. 
(Delvau.)  —  Ne  doit  se  dire  que 
d'une  décoration  accompagnée 
de  plusieurs  autres  et  formant 
avec  elles  une  brochette.  Allu- 
sion aux  brochettes  de  mau- 
viettes. 

MAYER  :  homme  qui  paye  les 
filles.  De  l'ail,  meier:  fermier. 

MÈCHE  (demander)  :  Offrir 
ses  services  dans  une  imprime- 
rie. (Boutmy.)  —  Mot  à  mot  : 
demander  s'il  y  a  mèche  d'être 
employé. 


MECQUE   :    Victime.    (A. 

Pierre.) 

MÉDECINE  :  Plaidoyer.  (Mi- 
chel.) V.  Médecin,  p.  238. 

MÉLASSE,  MÉLASSON  : 
Mélasse  est  un  jeu  de  mots  pour 
peindre  une  situation  embrouil- 
lée, emmêlée.  Mélasson  veut  dire 
englué,  gauche. —  «  Faut-il  que 
vous  soyez  mélasson  pour  vous 
être  ainsi  fourré  la  gueule  dans 
le  beurre.  »  (Huysmans,  79.)  — 

MÊLÉ-CASS  :  Mélange  de  cas- 
sis et  d'eau-de-vie.  —  «Voyons! 
un  mêlé-cass,  cela  vous  va-t-il.  » 
(Durandeau,  78.) 

MÉNAGE  A  TROIS  :  Bonne 
intelligence  du  mari,  de  la  femme 
et  de  l'amant.  —  «  Les  gens  fi- 
nissaient par  trouver  ce  ménage 
à  trois  naturel.  »  (Zola.) 

MENDIGOTER  ;  Mendier. 
(Rigaud.)  V.  Mendigo,  p.  238. 

MENER  PISSER  :  Forcer  à 
un  duel.  Jargon  de  troupiers. 
(Delvau.) 

MENOUILLE  :  Monnaie.  -. 
C'est  une  déformation  du  mot. 
—  «  Quand  on  déballe  la  me- 
nouille  de  la  paie  sur  la  table,  elle 
calcule.  »  (Le  Sublime,  72.) 

MENUISIÈRE  ;  Redingote 
d'ouvrier  endimanché.  (Rigaud. 

MERCANTI  :  Vivandier  pil- 
lard suivant  les  armées.  (D.  La- 
croix.) —  Mot  levantin  passé 
dans  l'argot  militaire. 

MÈRE  ABBESSE  :  Directrice 
d'une  maison  de  tolérance.  (Del- 
vau.) 


MIC 


-84- 


MIR 


MÈRE  D'OCCASION  :  Fausse 
mère,  entremetteuse.  (Id.) 

MERINGUE  (en)  :  En  décom- 
position. —  Allusion  à  la  fragi- 
lité de  la  pâtisserie  meringuée. 
—  «  Un  vieil  homme  qui  avait 
tant  bu  qu'il  avait  l'estomac  en 
meringue.  »  (Huysmans,  79.) 

•MERRIFLAUTÉ  :  Mot  mal 
imprimé  sans  doute.  Pour  Mouf- 
flanté. 

MESSE  (être  à  la)  :  Être  en 
retard.  —  «  Nous  nous  sommes 
mouillés  un  peu  et  nous  avons 
été  à  la  messe  de  cinq  minutes.  » 
(Le  Sublime.) 

METTRE  BIEN  (se)  :  Ne  se 
priver  de  rien.  (Rigaud.) 

METTRE  DANS  LE  MILLE  : 

Avoir  grand  succès.  —  Allusion 
au  plus  heureux  coup  du  jeu 
populaire  du  tonneau  qui  con- 
siste à  obtenir  le  numéro  1000 
en  lançant  son  palet  dans  le  cra- 
paud. —  «  Les  mêmes  auteurs 
ne  mettent  pas  deux  fois  de 
suite  dans  le  mille.  »  (De  Ban- 
ville, 79.) 

METTRE  EN  DEDANS  :  For- 
cer une  porte.  Argot  de  voleur. 
(Rigaud.) 

METTRE  UNE  GAMELLE 
(se)  :  Se  sauver  de  prison.  {Id.) 

MEURT  DE  FAIM  :  Pain  d'un 
sou.  (Michel.) 

MICHAUD  (faire  un)  :  Dor- 
mir. (Boutmy.) 

MICHAUD  :  Tête.  (Michel.) 

MICHE  :  Dentelle.  Allusion  à 


la  blancheur  et .  aux  trous  du 
pain.  {Id.) 

MICHELET  (faire  le),  —  LE 
MICHELIN  :  Palper  les  femmes 
dans  une  foule.  (Rigaud.) 

*  MIDI  (il  est)  :  Cela  n'est  pas 
vrai.  Défions-nous!  {Id.) 

*  MIE  DE  PAIN  :  De  peu  d'im- 
portance, de  mince  valeur.  (Bout- 
my.) 

MIEL  :  Merde.  Argot  de  bour- 
geois. (Delvau.) 

MIEL  (c'est  un)  :  C'est  très 
agréable,  (et  par  ironie)  c'est 
très  désagréable.  (Rigaud.) 

'MINCE  :  Assignat,  billet  de 
banque.  (Michel.) 

*  MINCE:  Page  242,  colonne 
2,  ligne  2.  Au  lieu  de  oui,  cc>  tes, 
lisez  beaucoup.  —  Terme  ironi- 
que semblable  à  celui  de  Kien. 
V.  p.  3i5. 

MINCE  DE  :  Beaucoup  de 
(Rigaud.) 

MINISTRE  :  Mulet  de  l'armée 
d'Afrique.  —  Jeu  de  mots.  Il 
est  chargé  des  affaires  de  l'I^tat. 
(D.  Lacroix.) 

MINUIT  (enfant  de)  :  Voleur 
(Michel.) 

MINZINGO  :  Marchand  de  vin. 

—  Diminutif  de  Manne:{in,rue. 

—  <  J'ai  fini  mon  après-midi 
dans  la  cour  du  minzingo.  »  {Le 
Sublime.) 

MION  DE  GONESSE  :  Petit 
jeune  homme.  (Michel.) 

MIRECOURT  :  Violon.  M.  Mi- 
chel croit  avec  raison  que  c'est 


MIS 

le  nom  de  la  ville  de  Mirecourt 
où  se  fabriquent  beaucoup  de 
violons.  De  même  en  argot  on 
dit  Lz7/o/5  pour//,  lingre  (Lan- 
gres)  pour  couteau,  Orléans  pour 
vinaigre. 

MIRETTES(sans)  :  Aveugle. 
(Rigaud.) 

MIRETTES  EN  GLACIS  :  Lu- 
nettes. (Id.)  —  On  dit  de  même 
yeux  de  verre, 

MIRETTE  EN  CAOUCHE  : 
Télescope.  {Id.)  —  Mot  à  mot  : 
lunette  en  caoutchouc. 

MIRLITON  :  Voix.  [Id.) 

MIRODÉ  :  Arrange'e.  (Jd.) 

MIRQUIN  :  bonnet  (Halbert). 

MISE  A  PIED  :  Suspension 
d'emploi.  (Rigaud.)  —  C'estaussi 
suppression  d'emploi. 

MISE-BAS  :  Grève.  (Boutmy.) 

—  Mot  à  mot  :  mise  à  bas  du 
travail. 

MISE-BAS  :  Habillements  dé- 
fraîchis donnés  par  le  maître  à 
son  valet  de  chambre.  (Delvau.) 

MISTI,  MISTIGRI  :  Valet  de 
trèfle.  {Id.)  —  Se  dit  spéciale- 
ment à  un  certain  jeu  de  ce 
nom.  Au  rams,  prendre  le  misti 
n'est  pas  prendre  le  valet  de 
trèHe,  mais  un  jeu  abandonné 
sur  la  table. 

MISTICHE  :  Demi-heure,  de- 
mi-setier.  {Id.)  —  Abrév.  de  demi 
avec  finale  allongée. 

MISTOUFLE  :   Mystification. 

—  Abréviation  avec  changement 
de  finale.  —  «  C'est  des  mis- 
toutics  tout  ça  !    Qu'est-ce  que 


—  85  —  MON 

vous  offrez?  »  (Huysmans,  79.) 

MITE-AU-LOGIS  :  Mal  d'yeux. 
—  Jpu  de  mots  sur  mite  et  my- 
thologie. (Rigaud.) 

MOCHE  :  Laid,  (/i.)  — Forme 
de  Mouche,  V.  p.  248. 

MODISTE  :  Petit  journaliste 
voué  à  l'actualité.  (Delvau.) 

MOELLEUX  :  Coton.  (Michel.) 

MOISIR  (ne  pas)  :  Ne  pas  res- 
ter longtemps.  (Rigaud.) 

MOLÉCULE  :  Petit  enfant. 
Argot  des  écoles. 

MOLLUSQUE  :  Homme  ar- 
riéré. (Delvau.)  —  Inventé  par 
les  néologistes  fatigués  de  dire 
huître. 

MOME,  MOMERESSE  :  Jeune 
maîtresse.  Argot  de  voleur.  {Id.) 

*MOME  (taper  un)  :  Com- 
mettre un  vol. 

MOMIGNARDAGE  à  l'an- 
glaise, —  en  purée  :  Fausse  cou- 
che. (Rigaud.)  V.  Momignard. 

MONDE  RENVERSÉ  :  Guil- 
lotine. (Delvau.)  —  Allusion  à 
la  tête  qui  tombe. 

MONFIER  :  Embrasser  Jar- 
gon de  voleur.  (Rigaud.)  —  Hal- 
bert dit  monfier.  Semble  une  al- 
tération de  morfier  ;  manger. 

MON  LINGE  EST  LAVÉ  :  Je 
suis  vaincu.  (Halbert.) 

MONSEIGNEUR  :  Ce  qui  con- 
firme notre  étymologie  (V.  p. 
246)  est  l'ancien  mot  de  clé  le 
Roi  donné  à  la  cognée  qui  ser- 
vait à  enfoncer  les  portes  qu'on 
refusait  d'ouvrir  à  la  justice. 


MON 


-  86 


M  OR 


MONSTRE  :  Livret  d'opéra 
ébauché  par  le  compositeur 
(Delvau);  —  Canevas  de  livre. 
(Rigaud.) 

MONT  (petit)  :  Commission- 
naire au  Mont-de-piété.  (Delvau.) 
—  Le  petit  mont  bourgeois  cité 
page  245  est  l'entreprise  d'un 
simple  prêteur. 

MONTAGE  :  Abréviation  de 
Montage  de  coup.  (Boutmy.)  — 
V,  p.  245. 

MONTAGNARD  :  Partisan 
des  doctrines  de  la  Montagne. 
(Voyez  ce  mot.)  —  «  Aux  bra- 
ves montagnards  et  aux  jaco- 
bins. »  (Hébert,  lygS.) 

En  1848,  on  donna  ce  nom  au 
corps  provisoire  qui  remplaça 
d'abord  la  garde  municipale. 
Allusion  au  képi  rouge,  à  la 
longue  cravate  rouge  et  à  l'é- 
charpe  rouge  qui  composaient 
son  uniforme  avec  une  blouse 
bleue.  Chenu  publia  un  pam- 
phlet contre  les  montagnards  de 
Caussidière.  C'était  le  nom  qui 
était  donné  aussi  à  cette  garde, 
à  cause  du  nouveau  préfet. 

MONTAGNARD  :  Beignet, 
cheval  de  renfort.  (Delvau.)  — 
Ce  dernier  est  destiné  à  gravir 
les  côtes.  L'autre  avait  ce  nom 
parce  qu'on  lui  avait  donné  une 
teinte  rouge.  Allusion  politique. 

MONTAGNE  :  Parti  républi- 
cain avancé.  —  Allusion  à  la 
place  qu'il  occupait  sur  les  gra- 
diis  les  plus  élevés  de  l'ancienne 
Convention  nationale. 

MONTER  :  Préparer  une  pièce 
nouvelle.  C'est  aussi  un  anima- 


lisme  introduit  par  l'argot  de 
sport  qui  progresse  en  France. 

—  «  A  l'Opéra,  M.  Halanzier 
vient  de  monter  Jeanne  d'Arc... 
Pas  de  commentaires,  n'est-ce 
pas?  »  {Le  Tintamarre,  76.) 

MONTER  UN  SCHTOSSE  : 
Mentir.  (Rigaud.)  —  C'est  litté- 
ralement monter  un  coup,  car 
stoss  veut  dire  en  allemand  coup 
de  fleuret.  Germanisme. 

MONTRETOUT  (aller  à)  ;  Al- 
ler à  la  visite.  Argot  de  fille 
soumise.  {Id.)  —  Jeu  de  mots 
sur  le  nom  de  lieu  et  si  r  l'exa- 
men exigé. 

MONTREUIL  :  Pêche.  V.  p. 
246. 

MONUMENT  :  Chapeau  de 
haute  forme.  (Rigaud.) 

MONZU  :  Mamelle.  (Michel.) 

MORBAQUE  :  Enfant  désa- 
gréable. (Delvau.)  —  Même  éty- 
mologie  que  pour  Morbec. 

MORBEC  :  Vermine.  (Rigaud.) 

—  C'est  morp...j  avec  change- 
ment de  finale. 

MORCEAU  DE  PATE 
FERME  :  Écrit  lourd.  {Id.)  — 
Allusion  à  l'aspect  présenté  par 
le  texte  qui  n'a  ni  alinéas  ni 
phrases  courtes. 

MORESQUE  :  Danger.  (Mi- 
chel.) —  Forme  de  Morasse.  V. 
p.  246. 

MORICAUD  :  Charbon,  (/i.) 

—  Allusion  de  noirceur. 

•MORNIFLE  :  Soufflet.— 
Vieux  mot.  {Id.) 

MORNINGUfî  :  Monnaie.  (Ri- 


MOU 


-87- 


MOU 


gaud.)  —  C'est  Momifie  (V.  p. 
247)  avec  changement  de  finale. 

MORNE  :  Manuscrit  à  impri- 
mer. Argot  d'ancienne  librairie. 
(Michel.) 

MORVIAU  :  Nez,  morve  (Del- 
vau),  petit    morveux.  (Rigaud.) 

MOU  ENFLÉ  :  Grossesse. 
(Id.) 

MOUCHARD  :  Portrait  peint. 
(Delvau.) 

MOUCHARD  A  BECS  :  Ré- 
verbère. (Michel.)  —  V.  Moii- 
charde,  p.  248. 

MOUCHE  :  Espion  de  police. 
—  En  1455,  les  gueux  ou  co- 
quillards  de  Dijon  disaient  déjà 
mouschier  à  la  marine,  pour  dé- 
noncer à  la  justice.  On  connaît 
l'indiscrétion  des  mouches  ;  elles 
se  fourrent  partout.  —  Dans  une 
brochure  de  circonstance  qui 
parut  en  1625  {le  Marchand  ar- 
rivé sur  les  affaires  du  temps), 
on  enjoint  aux  cabaretiers  de 
frauder  les  droits  de  perception 
en  ayant  du  vin  chez  leur  voi- 
sin et  n'allant  en  chercher  que 
la  nuit  «  pour  n'estre  pas  veuz 
des  mouches  de  ce  païs  icy  qui 
valent  pire  que  des  guespes  d'Or- 
léans. » 

MOUCHE  (la)  :  L'administra- 
tion delà  police.  (Rigaud.) 

MOU  CHIQUE  A  LA  SEC- 
TION :  Mal  noté  dans  son  quar- 
tier, (Michel.)  —  Le  mot  de  sec- 
tion semble  être  ici  contemporain 
de  notre  première  révolution.  En 
ce  cas,  mouchique  serait  mou- 
chardé avec  changement  de  fi- 
nale. Plus  tard,  par  extension,  il 


aurait  signifié  laid,  mauvais. 
Voyez  mouchique  et  mouche, 
pages  248  et  249. 

MOUCHOIR  :  Pistolet.  (Mi- 
chel.) —  On  le  cache  dans  la 
poche  comme  un  mouchoir  et 
on  s'en  sert  pour  moucher... 
les  autres,  c'est-à-dire  pour  les 
tuer. 

MOUCHOIR  A  BŒUFS: 
Pré.  —  Les  bœufs  ont  toujours 
le  nez  dans  l'herbe. 

MOUCHOIR  D'ADAM  :  Les 
doigts  des  gens  qui  n'ont  pas 
autre  chose  pour  se  moucher. 
(Delvau.)  —  Allusion  biblique. 

MOUDRE  UN  AIR  :  Jouer  de 
l'orgue.  (Rigaud.)  —  Allusion  à 
la  rotation  de  la  manivelle. 

MOUFFLAUTÉ  :  Chaudement 
habillé.  (A.  Pierre.)  —  Semble 
la  forme  primitive  de  merri- 
flauté  qui  ne  s'explique  pas, 
tandis  que  moufflauté  peut  ve- 
nir de  mouffie  :  gant  fourré, 
gant  chaud. 

MOUFFLET  :  Enfant.  (Del- 
vau.) Mot  à  mot  moufflé  :  tenu 
au  chaud,  enmaillotté.  Voir  ci- 
dessus. 

MOUILLER  (se)  :  Se  griser 
un  peu.  Même  ordre  d'images 
que  dans  s'humecter.  Compa- 
raison de  l'ivrogne  à  une  éponge. 
—  «  Si  les  autres  sont  là,  on  se 
mouille  un  peu.  »  (Le  Sublime, 
72.) 

MOUISE  :  Soupe.  (Michel.) 

MOULE  A  BOUTONS  :  Louis 
d'or.  (Delvau.)  —  Allusion  au 
rond  de  métal  qui  est  le  corps 
du  bouton. 


MOU 


MOU 


MOULE  A  CLAQUES  :  Fi- 
gure insolente.  {Id.) 

MOULE  A  PASTILLES  : 

Grêlé.  —  Allusion  aux  plaques 
à  cavités  où  se  moulaient  jadis 
les  pastilles.  —  «  Ce  qui  l'a  sur- 
pris, c'est  de  voir  le  moule  à 
pastilles  commander  des  dix 
litres.  »  {Le  Sublime,  72.) 

MOULE  DE  PIPE  A  GAM- 
BIER  :Tête  grotesque  (Rigaud.) 
—  Gambier  était  le  nom  d'un 
fabricant  de  pipes  à  têtes  gro- 
tesques. 

MOULIN  A  CAFÉ  :  Mitrail- 
leuse. —  «  Nos  soldats  les  ap- 
pellent moulin  à  café  à  cause 
du  mouvement  circulaire  qui 
détermine  leur  décharge.  »  {Mo- 
niteur, 70.) 

MOULIN  A  VENT  :  Derrière. 
(Delvau.)  —  Jeu  de  mots. 

MOULIN  AGE  :  Bavardage. 
(Michel.)  Comparaison  du  ba- 
vardage au  tic-tac  du  moulin. 

MOULOIR  :  Dents.  {Id.)  — 
Elles  procèdent  à  la  mouture 
des  aliments. 

MOULOIR  :  Batelier.  —  C'est 
évidemment  une  faute  d^im- 
pression  du  dictionnaire  d'argot 
qui  a  le  premier  mis  au  jour  ce 
mot.  Il  faut  lire  râtelier  (mâ- 
choire). 

MOULURE  :  Excrément.  fRi- 
gaud.)  —  La  médecine  se  sert 
presque  du  même  mot  pour  dis- 
tinguer les  excréments  prove- 
nant d'une  digestion  régulière. 

MOUNNIN  :  Petit  garçon. 
CDelvau.)  —  MOUNNINE  :  Pe- 
tite fille.  (Rigaud.)  —  Ces  deux 


mots  sont  une  forme  de  notre 
vieux  mot  Menin  qui  se  dit  en- 
core dans  le  Centre. 

MOUSCAILLE  :  Excrément. 
(Michel.)  —  C'est  Mousse  avec 
adjonction  de  la  finaleCcz/V/c,  qui 
exprime  toujours  une  idce  de 
projection. 

MOUSCAILLOUX  :  Fantassin. 
(Rigaud.)  —  M.  Fr.  Michel  écrit 
Mouscouilloux.  Il  doit  y  avoir 
à  l'origine  quelque  faute  d'im- 
pression dans  le  texte  primitif 
suivi  par  les  lexicographes. 
Si  Mouscailloux  a  dû  être  mis 
par  erreur  pour  poussecaill  mx, 
il  veut  dire  tnerdeux  (de  mous- 
caille). 

MOUSQUETAIRE  GRIS: 
Pou.  (Delvau.)  —  Allusion  de 
couleur. 

MOUSSU  :  Riche,  puissent. 
(.Vlichel.)  —  C'est  Monsieur,  en 
gascon. 

MOUSTACHU  :  Ayant  de  for- 
tes moustaches.  —  «  Un  jeune 
compositeur  dont  la  physiono- 
mie moustachue  rappelle  cille 
d'un  chat  ébouriffée.  »  (A.  Se- 
cond.) 

MOUT  :  Beau.  (Rigaud.)  — 
Semble  être  une  abréviation  de 
Moussu  si  ce  n'est  l'ancien  ad- 
verbe moulty  qui  se  prononçait 
moût  et  signifiait  beaucoup. 

MOUTARDE  :  Excrément. 
(Delvau.) 

MOUTARDIER  :  Derrière.  — 
L'allusion  se  devine.  —  a  Et  en 
face!  je  n'ai  pas  besoin  de  reni- 
fler ton  moutardier.  »  (Zola.) 


NAR 


-89- 


NAT 


MOUTARDIER  DU  PAPE  : 
Vaniteux.  (Delvau.) 

MOUTON  :  Matelas.  --  Allu- 
sion à  la  laine  du  matelas.  {Id.) 

MOUTON  :  «  En  prison,  le 
mouton  est  un  mouchard  qui 
paraît  être  sous  le  poids  d'une 
méchante  affaire  et  dont  l'habi- 
leté consiste  à  se  faire  prendre 
pour  ami.  a  (Balzac.)  —  Allu- 
sion à  la  fausse  candeur  de  ces 
compères.  V.  Coqueur. 

MOUTONNAILLE  :Foule. 
(Delvau.)  —  Les  moutons  font 
toujours  troupe. 

MOUTONNER  :  Dénoncer. 
(Rigaud.) 

MOYEN-AGISTE  :  Admira- 
teur du  moyen  âge.  —  «  Aussi 
devint-elle  moyen-agiste.  »  (Bal- 
zac. » 

MUCHE  :  Excellent,  parfait 
(Delvau);  —  jeune  homme  ti- 
mide. (Rigaud.) 

MUFLETON  :  jeune  imbé- 
cile (Delvau).  Voyez  mufleton, 
page  25o;  —  apprenti  maçon. 
(Rigaud.) 


MULET  :  Compositeur  aîde- 
metteur  en  pages.  (Boutmy.)  — 
Allusion  à  la  descente  des  for- 
mes qu'il  est  chargé  de  faire 
aux  machines. 

MULET  :  Diable.  (Micliel.) 

MUSÉE  DES  CLAQUÉS  : 
Morgue.  (Rigaud.)  —  C'est-à-dire 
musée  des  morts. 

MUSELÉ: Imbécile,  incapable. 
—  Celui  qui  est  muselé  ne  mord 
pas,  et  ne  pas  mordre  veut  dire 
être  sans  talent.  —  «  Va  donc, 
rapointi  de  ferraille,  triple  mu- 
selé. »  {Le  Sublime.) 

•MUSICIEN  :  Dictionnaire. 
(Rigaud.) 

•  MUSIQUE  :  Doléances,  mise 
au  jeu,  lot  d'objets  de  bric  à 
brac  (Rigaud)  ;  -r-  petit  pain 
(Michel);  —  assemblage  de  pe- 
tites pièces  de  drap;  résidu  de 
verre,  culot  d'auge  (Delvau)  ;  — 
marge  d'épreuve  ,  surchargée  de 
corrections.  (Boutmy.) 

MUSIQUER  :  Marquer  une 
carte  d'un  petit  coup  d'ongle. 
(Rigaud.)  V.  Maquillage,  p.  23i. 


N 


NAGEANT  :   Poisson.  (Ri- 
gaud.) 

NAGEOIRES  :  Bras  et  mains 
de  souteneur.  {Id.) 

NARQUOIS  :  Gueux  mili- 


taires de   l'ancienne 
miracles.  (Michel.) 


cour    des 


NATURALISME  :  Méthode  des 
romanciers  naturalistes.  — «  No- 
tre République  va  avoir  son  ex- 


NÈF 


—   QO    — 


NOB 


pression  littéraire.  Cette  expres- 
sion, selon  moi,  sera  forcément 
le  naturalisme,  j'entends  la  mé- 
thode expérimentale  et  analyti- 
que. »  (Zola,  79). 

NATURALISTE  :  Contenant 
des  études  prises  sur  nature,  ne 
faisant  que  des  études  sur  na- 
ture. —  «  Aux  frères  d'armes 
Ceard  et  Huysmans,  j'offre  ce 
roman  naturaliste.  »  (Hennique, 
78.)  —  «  Les  romanciers  natu- 
ralistes ont  fait  des  pas  de  géant: 
Fromont  et  le  Nabab  d'Alphonse 
Daudet  ont  eu  chacun  quarante 
éditions.  »  (Zola.) 

NATURE  (bœuf)  :  Bouilli 
sans  légumes.  —  On  dit  de  même 
pour  veau,  rôti,  rosbif,  etc.  Abré- 
viation de  au  naturel j  sans  assai- 
sonnement. 

NATURE  (être)  :  Être  vrai 
d'expression.  (Delvau.) 

NATURE  (faire)  :  Peindre 
avec  vérité.  {Id.) 

NAVARIN  :  Navet.  Ragoût  de 
mouton.  {Id.) 

•NAVETS  (des)  :  Voici  un 
exemple  curieux  de  l'ancienneté 
de  ce  mot.  «  Combien  en  ay  je 
veu  qui  devoyent  faire  mer- 
veilles ?  Ouy  dea,  des  naveaulx  ! 
ils  en  ont  belles  lettres.  »  (Bon. 
des  Periers.  Cymbalum  mundi, 
1537.) 

'NÈFLES  (des)  :  Le  Courrier 
de  Vaugelas  (mars  1878)  fait 
remarquer  à  ce  sujet  que,  de  tout 
temps,  on  a  vulgairement  con- 
firmé une  dénégation  par  l'offre 
dérisoire  d'une  chose  de  peu  de 
valeur,  La    fève,  la   noix,    l'ail 


ont  eu  leur  moment  de  vogue. 
On  en  est  resté  aux  navets  aux 
prunes  et  aux  nèfles,  en  sous- 
entendant  je  te  paierai  des  na- 
vets ou  des  nèfles  quand  cela 
sera. 

NEG    AU    PETIT   CROCH  : 

Chiffonnier.  Mot  à  mot  :  négo- 
ciant au  petit  crochet.  (Rigaud.) 

NÉGOCIANT  :  Entre.eneur. 
(Halbert.) 

*  NÉGRESSE  :  «  Le  tas  de  né- 
gresses mortes  grandissait.  Un 
cimetière  de  bouteilles.  »  (Zola.) 

NEZ  :  Mine  désapp  )intée. 
Abréviation  de  ne:ç  long.  — 
a  Plus  de  parts  de  gâteaux!  Il 
fallait  voir  le  nez  de  Boche.  » 
(Zola.) 

NEZ  DANS  LE  BLEU  (mettre 
son)  :  S'enivrer.  —  «  Pour  noyer 
son  chagrin  il  a  été  obligé  de 
mettre  son  nez  dans  le  bleu.  » 
(Le  Sublime.) — Bleu  est  ici  vin. 

•NICHON  :  (p.  253)  «  Nana  ne 
fourrait  plus  de  boules  de  pa- 
pier dans  son  corsage.  Des  ni- 
chons lui  étaient  venus.  »  (Zola.) 

•NIÉRE,  xNlERT  :  Individu. 
(Colombey.)  —  De  là  les  expres- 
sions mon  nière  :  moi,  (c'est-à- 
dire  mon  propre  individu,)  et 
mon  nière  bobèchon  (ma  tête  à 
moi). 

NIÈRE  :  Maladroit.  (Rigaud.) 
—  Semble  être  niais  avec  change- 
ment de  finale. 

*  NIORT  (dire  à)  :  Nier.  V.  p. 
14  de  rintrod. 

NOBRER  ;  Reconnaître.  (Ri- 
gaud.) —  Abrév.  de  Connobrer, 


OCG  ~  9 

NOCES  DE  BATONS  DE 
CHAISE  (faire  des)  :  Faire  des 
ripailles  à  tout  casser.  —  «  Ça 
avale  le  luron  et  ça  fait  des 
noces  de  bâtons  de  chaises.  » 
(Huysmans,  79.) 

NOCHER  :  Sonner.  (Halbert.) 
—  Pour  clocher  :  resonner  à  la 
cloche. 

NOCTAMBULE  :  Parisien 
faisant  de  la  nuit  le  jour,  cou- 
rant jusqu'au  matin  les  boule- 
vards, les  cafés  et  les  cabarets. 
(Rigaud.) 

NOCTAMBULER,  NOCTAM- 
BULISME  :  Faire  le  noctambule, 
conduite  de  noctambule.   {Id.) 

NŒUD  (mon)  ;  Injure  intra- 
duisible proférée  à  propos  de 
tout.  Voyez  fausse  couche.  Dans 
l'exemple,  «  nœud  »  est  détourné 
de  son  vrai  sens  qui  est  obscène. 

NOIR  :  Plomb.  (Id.)  —  Il 
noircit  les  mains. 

NONNANT,  NONNANTE  : 

Ami,  amie.  (Michel.)  —  Mot  à 
mot  :  qui  fait  nonne.  Voyez  page 
264. 

*  NONNE  :  Compère.  (Id.)  — 
Abrév.  de  nonneur. 


I  —  ŒIL 

NOTAIRE  :  Comptoir  de  mar- 
chand de  vin  (Delvau);  —  mar- 
chand de  vin.  (Rigaud.)—  De- 
vant lui  se  passent  les  actes  des 
buveurs.  Ironie. 

NOUVELLE  CALÉDONIE  : 

Nouveau  cimetière  de  Saint- 
Ouen.  {Id.)—  Allusion  à  la  lon- 
gueur du  voyage. 

NOUVELLES  COUCffis  : 
Prolétariat  appelé  au  pouvoir 
par  le  suffrage  universel.  — 
Abrév.  de  nouvelles  couches  so- 
ciales, expression  relevée  dans 
un  discours  semi-officiel  et  de- 
venue ironiquement  proverbiale 
dans  les  journaux  anti-démo- 
cratiques. 

NOYAU  :  Nouveau  venu  à 
l'armée,  à  l'atelier  ou  à  la  pri- 
son. (Delvau.)  —  C'est  par  le 
noyau  que   le   fruit  commence. 

NUMÉRO  ;  Fille  publique. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  Fille 
de  gros  numéro.  V.  p.  255. 

NYMPHE  DE  GUINÉE  :  Né- 
gresse ;  —  potagère  :  cuisinière 
(Delvau);  —  verte  :  absinthe. 
(Rigaud.) 


o 


*  OCCASE  (d')  :  Se  dit  de  tout 
ce  qui  n'est  pas  vrai  comme  de 
tout  ce  qui  n'est  pas  neuf.  Un 
objet  d'occasion  est  inférieur  de 
c^ualité» 


OCHE  :  Oreille.  (Colombey.) 

ŒIL  D'OCCASE   :    Lorgnon. 
{Id.)Y.  Occase  id'). 

(EIL  DE  BŒ;UF  ;  Pièce  dç 


OMN 


—   Q2 


ORG 


cinq  francs.  (Id.) —  Allusion  de 
rondeur. 

ŒIL  QUI  DIT  MERDE  A 
L'AUTRE  :  Œil  qui  louche. 
(Rigaud.) — Les  deux  yeux  du 
louche  semblent  vouloir  mar- 
cher l'un  contre  l'autre. 

OFFICIER  :  Garçon  d'office 
(Id.) 

OFFICIER  DE  TANGO, —  DE 
TOPO  :  Tricheur.  (Delvau.)  — 
Jeu  de  mot  sûr  topo  :  carte  géo- 
graphique. 

OIGNONS  (chaîne  d')  :  Dix  de 
jeu  de  cartes.  (Rigaud.)  —  Allu- 
sion aux  chapelets  d'oignons. 

OIGNONS  (peler  des)  :  Gron- 
der. (Id.)  —  Peler  des  oignons 
fait  pleurer, 

OISEAU:  Auge  de  maçon. 
(Id.)  — -  Elle  se  perche  sur  l'é- 
paule. 

OISEAU  (faire  1')  :  Jouer 
l'ignorance.  (Michel.) 

OISEAU  DE  CAGE  :  Prison- 
nier. {Id.) 

OLIVIER  DE  SAVETIER  : 
Navet.  (Id.)  —  M.  Rigaud  donne 
avec  plus  de  vraisemblance  olive 
de  savetier.  Facétie  du  genre  de 
celle  qui  fait  appeler  une  oie 
alouette  de  savetier.  La  suite  en 
est  interminable. 

OLIVES  D'EAU  (changer  les)  : 
Uriner.  (Delvau.)  —  M,  Rigaud 
donne  changer  l'eau  des  olives. 
—  Allusion  testiculaire,  mais 
non  scientifique. 

OMNIBUS  :  Verre  contenant 
un   demi-seiier,  résidu    des    li- 


quides répandus  sur  le  comp- 
toir du  marchand  de  vin,  gar- 
çon de  café  supplémentaire.  (Del- 
vau.) 

OMNIBUS  (attendre  I")  :  At- 
tendre qu'on  verse  à  boire.  (Ri- 
gaud.) 

OMNIBUSARD  :  Faux  misé- 
rable exploitant  la  pitié  publi- 
que dans  les  omnibus.  {Id.) 

OMNICROGHE  :  Omnibus. 
{Id.)  —  Allusion  aux  accidents 
entre  voitures. 

ON  PAVE  :  Exclamation  si- 
gnifiant qu'on  n'ose  passer  dans 
la  rue  d'un  créancier.  (Bo utmy.) 
—  Allusion  aux  rues  dépavées 
qu'on  évite  d'ordinaire. 

ONCLE  DU  PRÊT  :  Mont-de- 
piété.  —  Variante  de  tanta.  (Ri- 
gaud.) 

ORANGER  DE  SAVEl  1ER  : 
Basilic  (/i.),  réséda.  (Delvau.) 

ORANGES  SUR  L'ÉTA- 
GÈRE :  Belle  gorge.  (R.gaud.) 

ORDINAIRES  :  Menstrues. 
(Delvau.)  — -  Allusion  de  pério- 
dicité. 

ORDRE  MORAL  :  Nom  don- 
né au  parti  conservateur  à  la 
suite  d'un  discours  politique 
(1874  à  1878).  Il  est  employé 
exclusivement  et  ironiquement 
par  les  journaux  démocrati- 
ques. 

ORGUE  :  Homme.  (Colom- 
bey.)  —  Mon  orgue,  ton  crgue. 
son  orgue  :  moi,  toi,  lui.  (Ri- 
gaud.) —  Cette  double  acception 
m'induit  à  penser  que  manger 
sur  Vorgue  (dénoncer)  veut  dire 


PAI 


-  9^  - 


PAI 


mot  à  mot  :  manger  sur  l'homme. 

ORPHELIN  ;  Bout  de  cigare. 
(Id.) 

ORPHELINE  DE  LACE- 
NAIRE  :  a  Prostituée  du  boule- 
vard. Jargon  de  gens  de  lettres.» 
(Rigaud.) 

OSANORE  :  Dent.  (Id.)  — 
Allusion  aux  réclames  faites  il 
y  a  une  quarantaine  d'années 
par  un  dentiste,  inventeur  des 
dents  dites  osanores. 

^  OSEILLE  (avoir  mangé  de  1')  : 
Être  de  mauvaise  humeur.  (Id.) 
—  Allusion   à   l'aigreur  de  l'o- 
seille. 
OSSELET  :  Dent.  (Delvau.) 

OTAGE  :  Ecclésiastique.  — 
Allusion  aux  otages  fusillés  en 
1871.  (Rigaud.) 


OTOLONDRER  :  Ennuyer. 
(Id.) 

OUATER  :  Peindre  trop  flou. 
(Delvau.)  —  Ce  qui  est  ouaté  est 
mou. 

*  OURS  :  Oie.  Jargon  des  ou- 
vriers. (Rigaud.)  —  Si  c'était  le 
jargon  des  archéologues,  je  di- 
rais que  c'est  par  allusion  à  la 
rue  aux  Ours,  qui  était  jadis  la 
rue  aux  Oues  (oies)  ;  mais  les 
ouvriers  ne  remontent  pas  si 
haut. 

*  OURS  :  Bavardage  ennuyeux, 
compagnon  gêneur.  —  Poser  un 
ours  :  Ennuyer  par  son  bavar- 
dage. (Boutmy.) 

OUVRAGE  :  Partie  liquide 
des  excréments  d'une  fosse  d'ai- 
sance. (Delvau.) 


PACCIN  :  Paquet.  (Michel.)  — 
Forme  de  pacsin.  V.  p.  261. 

PAFFE  :  Souiller.  (A.  Pierre.) 
—Il  faut  lire  soulier.  C'est  une 
abrév.  de  passif. 

PAGE  BLANCHE  :  Innocent. 
(Boutmy.) 

PAILLASSE  (manger  sa)  : 
Prier  au  pied  de  son  lit.  (Ri- 
gaud.) 

PAILLOT  :  Paillasson.  (Del- 
vau.) 

PÂING  :  «  Les  sal's  mich'tons 


qu'  a  pas  de  Hnge  on  les  passe 
chez  paings.  »  (Richepin.)  —  Se- 
lon M.  Richepin,  auquel  je  me 
suis  adressé  pour  l'explication 
de  ce  terme,  paing  veut  dire 
poing  et  passer  che^  pi^ing  veut 
dire  battre,  frapper  à  coups  de 
poing.  On  dit  de  même  passer 
che^  briffe  pour  manger. 

PAIX-LA  :  Huissier- audien- 
cier.  (Michel.)  —  Le  parasite 
Montmaur  fut  un  jour  persifflé 
dans  une  maison.  Dès  qu'il  pa- 
rut sur  le  seuil,  un  des  con- 
vives se  mit  à  crier  :  Guerre  ! 


PAM 


-  94  - 


PAP 


Guerre!  C'était  un  avocat  dont 
le  père  avait  été  huissier.  Mont- 
maur  n'eut  garde  de  l'oublier  en 
lui  répondant  :  a  Combien  vous 
dégénérez,  monsieur,  car  votre 
père  n'a  jamais  dit  que  :  Paix  ! 
Paixin 

PALETOT  :  Cercueil.  (Del- 
vau.)  —  C'est  le  dernier  habit. 

PALETTE  :  Guitare.  (7i.)- 
Allusion  de  forme. 

PALLAS  :  Discours  empha- 
tique. (Boutmy.)  —  Pour  par- 
lasse. V.  Pallasseur. 

PALLASSER  :  Faire  des 
phrases.  {Id.) 

PALLASSEUR  :  Faiseur  de 
phrases.  {Id.)  —  Je  me  suis  abs- 
tenu (V.  p.  262)  de  conjecture 
étymologique  à  propos  de /7^/to. 
Je  crois- cependant  qu'il  ne  faut 
pas  chercher  l'origine  de  ce  mot 
dans  la  Pallas  antique.  J'y  ver- 
rais plus  simplement  une  abré- 
viation de  notre  mot  familier 
parlasserie  qui  a  le  même  sens 
et  qui  correspond  au  parladissa 
provençal.  —  Le  pallasseur  se- 
rait donc  un  parlasseur  tout  sim- 
plement. 

PALMIPÈDE  :  Imbécile.  — 
Mot  à  mot  :  bête  comme  une 
oie. 

PALOTTE  :  Lune.  Argot  de 
voleur.(Rigaud.)— Elle  est  pâle. 

PAMEUR  :  Poisson.  —  Il  se 
pâme  hors  de  l'eau.  (Delvau.) 

PAMURE  :  Grand  soufflet.  — 
Il  fait  pâmer.  {Id.) 

'  PAMPINE  :  Sœur  de  charité. 
Jargon  de  voleurs,  (Rigaud.)  — 


Me  semble  un  dérivé  du  mot 
méridional  pampa  :  poupée. 

PANACHE  (avoir  le)  :  Être 
gris.  (Id.)  —  Variante  de  plu- 
met. V.  ce  mot. 

•PANADE  :  Femme  vilaine, 
sale.  (Michel.)—  Du.  vieux  mot 
panne  :  haillon. 

PANAILLEUX  :  Voyez  Panas, 
p..  263. 

PANAIS  (en)  :  En  chemise. 
(Delvau)  —  Du  vieux  mot  panne  : 
lambeau  d'étoffe. 

PANAMA  :  Bévue  énorme 
nécessitant  un  carton  ou  un 
nouveau  tirage  à  l'imprimerie. 
iBoutmy.) 

PANIER  :  Lit.  (Rigaud.)  — 
Allusion  de  forme. 

PANIOTTER  :  Mettre  au  lit. 
(Id.) 

PANNE  :  Mauvais  lableau.(/i.) 

PANOTEUR  :  Bracoinier. 
{Id.)  —  De  panneau  :  hlet  à 
prendre  le  gibier. 

PANTALON  GARANCE 

(donner  dans  le)  :  Aimer  les  mi- 
litaires. (Id.)  V.  Pantalon  rouge, 
p.  263. 

PANTALZAR:  Pan  alon. 
(Delvau.)  Changement  de  finale. 

PANTIÈRE  :  Bouche.  A  brév. 
de  pannetière  :  endroit  olx  on 
met  le  pain.  (Michel.) 

PANUCHE  :  Femme  de  mai- 
son de  tolérance.  (Rigaud.)  — 
Même  dérivé  que  panade, 

PAPE:   Imbécile.    (Id.)  ^ 


PAQ 


^95- 


PAR 


Abrév.  de  papa.  On  dit  à  la  pa- 
pa pour  bourgeoisement. 

PAPE  :  Verre  de  rhum.  — Jeu 
de  mots  sur  Rome  et  pape.  (Id.) 

PAPER-HUNT  :  «  Chasse  aux 
papiers.  Uji  cavalier  part  en 
avant  bon  train,  en  semant  des 
morceaux  de  papier  sur  sa  route, 
et  sautant  les  obstacles  qu'il 
rencontre.  Les  autres  cavaliers 
relèvent  les  traces  et  passent  par 
le  chemin  qu'il  a  suivi.  Ce 
genre  de  sport  devient  à  la  mode 
parmi  nos  officiers  de .  cavale- 
rie. »   {Carnet  des  courses,  77.) 

PAPIER  A  DOULEUR  :  Bil- 
let protesté. —  «  Tous  savent  ses 
affaires  :  le  billet  en  retour,  le  pa- 
pier à  douleur.  »  (Le  Sublime.) 

PAPILLON  D'AUBERGE  : 
Assiette. (Rigaud.)— Allusion  de 
rondeur  et  de  blancheur. 

Bientôt  au  deffaut  de  flamberges, 
Volent  les  papillons  d'auberges. 

dit  un  poème  burlesque  sur  les 
Porcherons  ci^é  par  M.  Fr.  Mi- 
chel. 11  est  évident  qu'il  s'agit 
ici  d'assiettes  jetées  à  la  tête; 
mais  je  ne  pense  pas  que  ce  mot 
ait  été  employé  par  d'autres  que 
par  un  poète  en  quête  de  rimes. 

PAQUELIN  :  Flatteur.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  patelin. 

PAQUINER  :  Flatter.  (Id.)  — 
Pour  pateliner.  De  même  on  dit 
en  argot  paquelin  pour  flatteur 
(patelin). 

*  PAQUET  (avoir  son)  :  Être 
ivre.  (Delvau.)  —  Mot  à  mot  : 
être  chargé  de  boisson. 


PAQUETS  (faire  des)  :  Com- 
mérer,  médire. 

PAQUET  (lâcher  le)  :  Tout 
révéler  (Rigaud),  abandonner. 

PAQUET  DE  COUENNE: 

Garde  national.  (Id.)  —  Ne  se- 
rait-ce pas  plutôt  garde  natio- 
nale? En  mettant  couennes  au 
pluriel  (V.  Couenne,  p.  120), 
nous  pouvons  traduire  ainsi  : 
assemblage  de  maladroits-. 

PARADE  :  V.  Défiler,  p.  137. 

PARA  DOUZE  :  Paradis.  — 
Vieux  mot.  (Michel.) 

PARANGONNER  (se)  :  Se  con- 
solider  en  s'appuyant.  Acception 
figurée  de  parangonner  :  aligner 
ensemble  des  caractères  d'im- 
primerie de  force  différente. 
(Boutmy.) 

PARAPHE  :  Soufflet.  (Del- 
vau.) —  Il  signe  la  joue. 

PAREIL  AU  MÊME  c  Sem- 
blable. {Id.) 

PARER  (la)  :  Secourir.  (Ri- 
gaud.) —  Mot  à  mot  :  parer  la 
botte,  parer  le  coup. 

PARFAIT  AMOUR  DE  CHIF- 
FONNIER  :  Eau-de-vie.  (Mi- 
chel.) 

PARFONDE  :  Cave,  poche. 
{Id.)  —  Vieux  mot  qui  veut  dire 
profonde. 

PARISIEN  :  Tricherie  au  jeu 
de  dominos  (Rigaud),  cheval 
bon  pour  l'abattoir.  (Delvau.)  — 
Paris  tue  les  chevaux. 

PARLOIR  DES  SINGÉS: 
Parloir  de  prison.  (Rigaud.)  — 


PAT 


96- 


PAU 


Il  est  grillé  comme  le  palais  des 
singes  du  jardin  des  plantes. 

PARMEZARD  :  Pauvre.  {Mi- 
che].)—Pour  panne^ard:  dégue- 
nillé? 

PARRAIN  :  Juge  assistant  le 
président.  (A.  Pierre.)  —  Nous 
avons  déjà  vu  page  266  que  le 
même  mot  signifie  QncoiQ  témoin 
et  avocat. 

PAS  DE  BESOIN  :  Veut  dire 
au  contraire  besoin  de.  Ironie 
parisienne. 

PASSADE  :  Secours  pécu- 
niaire donné  par  les  ouvriers 
d'un  atelier  à  ceux  qu'on  ne  peut 
y  embaucher.  (Boutmy.  ) 

PASSADE  :  Plongeon  forcé. 
(Rigaud.) 

PASSE  (écornifler  à  la)  :  Tuer. 
(Id.)  —  C'est  la  passe  de  la  vie  à 
la  mort.  On  dit  aussi  il  l'a  pas- 
sée pour  il  est  mort. 

PASSER  A  LA  FABRICA- 
TION :  Être  volé.  {Id.)  —  Voyez 
Fabriquer.  C'est  une  variante  de 
faire. 

'  PASSER  LA  JAMBE  A  THO- 
MAS :  «  La  jambe  est  sans  doute 
ici  le  bâton  passé  par  les  hommes 
de  corvée  dans  les  anses  du  Tho- 
mas ougoguenot.  »  (D.  Lacroix.. 

PASSEUR  :  Homme  payé  pour 
passer  des  examens  sous  d'au- 
tres noms.  (Delvau.) 

'  PATAFIOLER:  On  dit  «  ra- 
patafioler  »  dans  le  patois  du 
Is'ord.  (Voir  le  dictionnaire  de 
M.  Louis  Vermesse.) 

PATAGUEULE  :  Ennuyeux. 
(Rigaud.) 


PATE  :  Patron.  Abréviation. 
(Delvau.) 

PÂTÉ  :  Mauvaise  besogne. 
Terme   d'imprimerie.    (Michel.) 

—  De  mettre  en  pâte  qui  veut 
dire  renverser  des  paquets  de 
caractères  composés. 

PÂTÉ  D'ERMITE  :  noix.  {Id.) 

—  Allusion  à  la  vie  frugale  des 
ermites  et  au  fruit  contenu  dans 
la  coque  comme  la  viande  dans 
la  croûte. 

*  PÂTÉE  (donner  une)  :  Battre. 
Mot  à  mot  :  mettre  en  pâté.  Le 
mot  est  depuis  longtemps  en 
circulation,  car,  dès  le  xni«  siè- 
cle, on  voit  crier  par  \m  per- 
sonnage du  Roman  de  la  Rose  : 
«  Qui  me  tient  que  je  ne  vous 
froisse  les  os  comme  à  poucin 
en  paste  (poulet  en  pâté,  !  » 

PATERNEL  :  Père.  Argot  des 
écoles. 

PATOUILLER  :  Forme  d&  pa- 
trouiller. V.  p.  270. 

PATRON-MINETTE  :  Société 
de  malfaiteurs,  1830-1840.  (Del- 
vau.) 

PATTE  D'ÉLÉPHANT  (pan- 
talon) :  Pantalon  évasé  mons- 
trueusement par  le  bas. —  «  Pour- 
'  quoi  existe-t-il  i  Pour  comman- 
der au  tailleur  des  p;intalons 
patte  d'éléphant.  »  {Cancans  du 
boudoir,  77.) 

PATTE  D'OIE  :  Carrefc)ur.(7.f .) 
—  Allusion  à  son  aspect  palmé. 

PATTES  (se  tirer  les)  :  Voyez 
Pattes,  p.  344. 

PAUME  :  Perte.  (Rigmd.)  — 
Dg  paumer  :  perdre  (p.  270],  ex» 


PED 


97  - 


PER 


pression  qui  ne  peut  s'expliquer 
que  par  une  contradiction  vou- 
lue, puisque  paumer  signifie  en 
même  temps  prendre. 

PAUMER  :  Arrêter.  (Dict. 
d'argot,  1847,)  —  Nous  disons 
de  même  Empaumer. 

PAUSES  (compter  des)  :  Dor- 
mir. (Rigaud.)  —  Allusion  au 
bruit  scandé  de  la  respiration. 

PAVÉE  (rue)  :  Rue  évitée  par 
crainte  des  créanciers.  (Rigaud.) 

—  Le  vrai  sens  est  rue  qu'on  est 
en  train  de  paver. 

PAYER  :  Faire,  accomplir. 
V.  Marquet,  p.  2  35. 

*  PAYER  (tu  vas  me  le)  :  On 
a  publié,  après  1870,  une  ronde 
intitulée  :  Tu  vas  me  V  payer, 
Aglaé.  (Paroles  de  J.  Renard  et 
Delbès,  musique  de  Systermans.) 

PAYOL  :  Page  271.  Lisez 
Payot. 

PAYSAGE  (faire  bien  dans  le)  : 
Produire  bon  effet  n'importe  où 
et  n'importe  comment.  (Rigaud.) 

PEAU  D'ANE  :  Tambour. 
(Michel.)  —  Il  est  recouvert  de 
peau  d'âne. 

PECCAVI  :  Péché.  (Halbert.) 

—  Latinisme. 

PÊCHON,  PESCHON  DE  RU- 
BY  :  Enfant,  apprenti  gueux. 
(Michel.)  —  Pechin  signifie  fctit 
en  provençal. 

PEDIGREE  :  «  Chaque  cheval 
de  pur  sang  a  un  certificat  d'o- 
rigine, appelée  pedigree,  indis- 
pensable à  produire  lors  de  son 
premier  engagement.  »  {Carnet 


des    courses j   77.)  —    Anglica- 
nisme. 

PELÉ  :  Grand  chemin.  (Mi- 
chel.) —  Le  va  et  vient  n'y  laisse 
rien  pousser, 

PÈLERIN:  Inconnu.  On  dit: 
«  Quel  est  ce  pèlerin-là?  »  (Ri- 
gaud.) —  Le  mot  pèlerin  rentre 
ici  dans  sa  signification  pre- 
mière qui  est  étranger,  voya- 
geur (du  latin  peregrinus,  qui 
nous  a  laissé  pérégrination). 

PELOT  :  Sou.  —  «  Croyait-il 
pas  qu'on  avait  assez  de  pelots 
pour  lui  offrir  un  fonds  de  bou- 
tique assorti.  »  (Hennique.)  — 
On  écrit  aussi  pello,  V.  p.  274. 
Il  est  à  noter  que  pelote  signi- 
fiait autrefois  bourse  en  argot. 

PELOTER  LE  CARME  : 
Lorgner  les  sébiles  de  changeurs. 
(  Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  caresser 
l'argent  du  regard. 

*  PELOTEUR  :  Libertin.  {Id.) 

PENDULE  (remonter  la)  : 
V.  Remonter. 

PELOTON  DE  CHASSE  :  Pe- 
loton de  punition.  —  Les  soldats 
punis  qui  le  composent  manœu- 
vrent quatre  heures  par  jour. 
(D.  Lacroix.) 

*  PENTE  :  La  poire  est  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  pend  à  la 
branche. 

•PÉPETTE  :  «  Plus  de  bei- 
gnes  et  des  pépettes  1  »  (Huys- 
mans,  79.) 

PERCHE  :  Personne  longue 
et  mince. 

PERCHE  (être  à  la)  :  Crever 

6 


PER 


98- 


PST 


de  faim.  (Rigaud.)  —  Allusion  à 
la  maigreur  de  l'homme  qui  ne 
mange  pas. 

PÈRE  LA  TUILE  :  Dieu. 
(Delvau.) 

PÈRE  NOIR  (petit):  Litre. 
(Michel.) 

PERLOT  :  Tabac.  (Rigaud.)— 
Dérivé  abrégé  de  semper, 

PERLOTTE  :  Boutonnière. 
(Delvau.) 

PERMISSION  DE  DIX  HEU- 
RES :  Gourdin,  canne  à  épée. 
(Rigaud.)  —  Elle  donnait  la  per- 
mission de  rentrer  chez  soi  sans 
crainte  d'attaque,  au  temps  où 
on  attaquait  à  dix  heures  dans 
la  rue. 

*  PERRUQUE  (faire  en)  :  Faire 
en  fraude.  —  Le  patron  croit 
qu'il  ne  paye  pas  nos  outils,  mais 
les  trois  quarts  sont  faits  en  per- 
ruque. »  {Le  Sublime.) 

PERRUQUEMAR  :  Perru- 
quier. (Michel.)  —  Tous  les  noms 
de  métiers  pourraient  y  passer. 

PERSIENNES  :  Lunettes. 
(Delvau.) —  C'est  l'œil  qui  est  la 
fenêtre. 

•  PERSIL,  PERSILLER  :  Dans 
le  sens  de  raccrocher^  ce  mot 
me  paraît  trop  prés  de  pesciller 
(prendre,  mot  à  mot  :  pêcher^ 
hameçonner,  p.  274,)  pour  ne 
pas  en  être  une  déformation  pos- 
sible. Le  sens  des  deux  est  en 
effet  le  même.  Aller  au  persil  et 
persil  en  fleur  serait  alors  des 
altérations  postérieures  en  date, 
comme  dos  et  barbillon,  qu'on 
a  donnés  pour  synonymes  à  ma- 


quereau, parce  que  celui-ci  sem- 
blait un  poisson,  tandis  que  son 
étymologie  nous  donne  plus  lo- 
giquement le  sens  de  maquignon^ 
courtier  de  femmes. 

*  PESSIGNER  :  Recevoir,  etc., 
page  274.  —  Il  doit  y  avoir  ici 
une  leçon  défectueuse.  Pessi- 
gner  n'est  évidemment  que  le 
verbe  Pess/^Mer. L'exemple  prou- 
ve aussi  qu'il  doit  avoir  L  sens 
de  mettre  en  pièces,  et  non  celui 
de  recevoir. 

PESSIGUER  :  Mettre  en  piè- 
ces, maltraiter.  Du  vieux  verbe 
provençal  pessigar  :  mettre  en 
pièces. 

PESSILLER  :  Prendre.  (Hal- 
bert.)  —  Forme  de  pesciller. 

PET  A  VINGT  ONGLES  : 
Nouveau-né.  (Delvau.) 

PET  HONTEUX  :  Pet  silen- 
cieux. (Rigaud.) 

PETASSE  :  Fille  publique. 
Pour  «  putasse  ».  {Id.) 

PÉTER  SUR  LE  MASTIC  : 
Renoncer  au  travail.  (Delvau.) 

PÉTEUR,  PÉTEUSE  :  Plai- 
gnant, plaignante.  (Michel.) 

PÉTEUX  :  Qui  se  sent  fau- 
tif (Rigaud);  timide.  (Delvau.) 

PETIT  :  Amant  de  cœur.  (Ri- 
gaud.) —  Employé  aussi  géné- 
ralement comme  terme  amical 
ou  méprisant,  ou  simplement 
familier,  sans  portée  précise  et 
vis-à-vis  des  hommes  de  toute 
taille.  —  <(  Essaie  d'en  faire  al- 
ler d'autres  que  Florine,  mon 
petit.  1»  (Balzac.) 


PIÈ  —  99  — 

PETITE  MAIN  :  Fleuriste  ap- 
prentie. (Rigaud.) 

PETRA,  PETROUSaUIN, 
PETZOUILLE  :  Derrière.  (Del- 
vau.)  —  Dérivés  de  péteur. 

PÉTROLEUR  :  Mauvais  mar- 
chand de  vin.  (Rigaud.)  —  Il  in- 
cendie l'estomac  de  ses  clients. 


PHILANTROPE  :  Filou.  (Mi- 
chel.) —  Changement  de  finale. 
—  Balzac  n'aimait  pas  les  faux 
humanitaires  et  trouvait  qu'ils 
prenaient  trop  de  place  dans  le 
monde  officiel.  Aussi  appelait-il 
les  philantrophes  des  filous-en- 
troupe. 

PHILISTIN  :  Vieil  abruti. 
(Delvau.) 

PHILO  :  Philosophie.  Argot 
des  écoles. 

*  PHILOSOPHE  :  Grec  opé- 
rant sans  compère.  De  là  son 
nom.  La  solitude  marche  avec 
la  philosophie. 

PHILOSOPHE:  Misérable. 
(Delvau.)  —  Ironie. 

PHILOSOPHIE  :  Misère.  (Id.) 

PIANISTE  :  Valet  de  bour- 
reau. (Rigaud.) 

PIANO  (jouer  du)  :  Trotter 
irrégulièrement.  Jargon  de  ma- 
quignons. (Id.) 

PIAU  :  V.  Piaux,  p.  277. 

PIAUSSEUR  :  Conteur  de 
piaux.  (Boutmy.)  V.  p.  277. 

PIE  :  Vin.  (Michel.) 

PIÈCE  :  Lentille.  {Id.) 

PIÈCE  DE  RÉSISTANCE  : 
V,  Pièce  de  bœuf,  p.  278. 


PIE 

PIED  :  Sol.  (Halbert.)  —  On 
y  a  pied. 

PIED  (en  avoir  son)  :  En  avoir 
assez.  (Rigaud.)  —•  Abrév.  de 
en  avoir  son  pied  de  nef,  avoir 
le  nez  long. 


PIED  ^être)  :  Etaler  sa  bêtise. 
{Id.) — Abrév. de  être  bête  comme 
ses  pieds,  qui  se  dit  souvent. 

PIED  DE  BANC  :  Sergent.  — 
Simple  comparaison  de  ses  ga- 
lons à  des  pieds  de  banc  ;  ils 
sont  tous  deux  obliques  et  grêles. 
—  Je  ne  crois  pas  que  les  sol- 
dats aient  comparé,  comme  on 
l'a  dit,  une  compagnie  à  un 
banc  dont  les  quatre  sergents 
sont  les  quatre  pieds.  Je  ne  crois 
pas  non  plus,  comme  l'a  dit 
sérieusement  Delvau ,  que  ce 
soit  par  allusion  au  pied  du  banc 
sur  lequel  fume  le  sergent  de 
garde.  Et  cependant  Dieu  sait 
combien  Delvau  persifflait  les 
étymologistes  ! 

PIED  DE  BICHE  :  Outil  pour 
forcer  les  portes.  (A.  Pierre.)  — 
Allusion  de  forme. 

PIED  DE  NEZ:  Sou.  (Del- 
vau.)— C'est  un  pied  de  nez  pour 
celui  qui  attendait  davantage. 

PIERRE  A  AFFUTER  :  Pain. 
Jargon  de  boucher.  (Rigaud.)  — 
Pierre  brute  :  Pain.  Langue  ma- 
çonnique. (Delvau.)  —  Pierre  de 
touche  :  Confrontation.  (Mi- 
chel.) Cette  épreuve  sert  sou- 
vent de  pierre  de  touche  au 
magistrat  instructeur. 

PIÈTRE  :  Faux  estropié.  (Mi- 
chel.) 

•  PIEUVRE  :  Se  dit  de  toutç 


PIN 


100   — 


PIP 


femmie  vieille  ou  jeune  qu'on 
accuse  de  vous  exploiter.  —  «  Je 
dois  à  M"»»  Juscou  vingt-sept 
sous  pour  mon  arriéré  de  mon 
ménage,  paye -la  donc,  cette 
vieille  pieuvre.  »  (Durandeau, 
78.) 

♦  PIFFE  :  Nez.  (Halbert.) 

PIFFER  (se)  :  S'enivrer.  — 
Vieux  mot  donné  par  M.  Fr. 
Michel  ;  mais  les  exemples  justi- 
ficatifs prouvent  qu'ils  veulent 
dire  s^ empiffrer  et  non  s'enivrer. 
C'est  une  abréviation. 

PIGEON  :  A-compte.  (Del- 
vau.) 

PIGEON  VOYAGEUR  :  Fille 
exploitant  les  trains  de  banlieue. 
(Rigaud.)  —  Elle  se  pose  de  va- 
gon  en  vagon. 

PIGER  LA  VIGNETTE  :  Re- 
garder avec  complaisance  une 
chose   divertissante.   (Boutmy.) 

—  Mot  à  mot  :  considérer  l'ima- 
ge. V.  p.  280. 

PILE  OU  FACE!  :  Exclama- 
tion saluant  une  chute.  (Rigaud.) 

—  Allusion  ironique  au  jeu  con- 
nu. 

PILER  DU  POIVRE  :  Se  tenir 
mal  à  cheval,  faire  faction.  (Id.); 

—  médire,  attendre.  (Delvau.)  — 
Allusion  au  mouvement  du  pi- 
lon, excepté  pour  médire  qui 
fait  allusion  au  piquant  du  poi- 
vre. 

*  PILIER  :  Maître  de  maison  de 
femmes.  (Halbert.) 

PILON  :  Doigt.  (Michel.) 

PINÇANT  :  Ciseaux.  (Hal- 
bert.) 


•PINCE-CUL  :  c  Elle  ne  va 
pas  au  bal  Grados.  C'est  u  le  in- 
famie que  ce  pince-cul- là.  » 
(Huysmans,  79.) 

PINCE-DUR  :  Adjudant.  (Del- 
vau.) —  Il  a  plus  souvent  occa- 
sion de  punir  que  l'officier. 

PINCE-SANS-RIRE  :  Agent  de 
police.  (Rigaud.) 

PINCER  :  Voler.  (Halbert.) 

PINCETTES  (se  tirer  les)  : 
S'enfuir.  Comparaison  des  jam- 
bes à  une  paire  de  pincettes.  — 
«  S'ils  ne  s'étaient  pas  tiré  les 
pincettes  de  dessous  le  ventre, 
ils  étaient  bath.  (bien,  c'est-à- 
dire  arrêtés.)  »  (Cavaillé.) 

PINET,  PINO  :  Denier.  ^Hal- 
bert.)  —  Fait  pinos  au  pluriel. 

PINGOUIN  :  Public.  Jirgon 
de  saltimbanques.  (Rigau  1.) 

PIOCHE  :  Voleur  à  la  tire. 
{Id.) 

PIOCHER:  Voler  à  la  tire. 
{Id.)  —  C'est  piocher  les  p(  ches. 

.  PIOLIER  :  Tavernier.  (Hal- 
bert.) —  Dq  piaule  :  taverne  qui 
semble  venir  de  pie  :  vin. 

PIONNE  :  Sous-maîtresse.  (Ri- 
gaud.) 

*  PIPELET  :  Le  surnon  de 
pipelet  donné  aux  concierges  se- 
rait, dit-on,  plus  ancien  que  les 
Mystères  de  Paris,  d'E  igéne 
Sue.  Il  faudrait  qu'un  texte  jus- 
tificatif vînt  le  prouver. 

PIPOT  :  École  polytechnique, 
élève  de  l'école  polytechnique. 
Argot  des  écoles. 


PIS 


—    101    — 


PLA 


PIQUER  SON  FARD  :  Rou- 
gir naturellement.  (Rigaud.) 

PIQUET  :  Livre  de  messe, 
juge  de  paix.  (Id.) 

PISSE-HUILE  :  Lampiste.  On 
dit  aussi  sue-mèches.  Argot  des 
écoles. 

PISSER  A  L'ANGLAISE  : 
V.  Anglaise, —  V.  Mener  pisser. 

•PISSER  DES  ENFANTS: 
a  Si  nous  voulions  nous  offrir 
le  luxe  de  ne  pisser  que  des  en- 
fants   légitimes.  »    (Huysmans, 

79-)     . 

PISSER  LE  MÉRINOS  (lais- 
ser) :  Ne  pas  se  hâter,  attendre. 
(Delvau.)  —  On  disait  aupara- 
vant laisser  pisser  le  mouton. 

PISSER  LES  POULES  (me- 
ner) :  Quitter  le  travail  sous  un 
faux  prétexte.  (Rigaud.) 

PISSEUSE:  Petite  fille.  —  «  Il 
y  en  a  qui  disent  aux  pisseuses 
qu'ils  veulent  envoyer  dinguer  : 
Je  pars  pour  l'Algérie,...  geins 
pas!  »  (Huysmans,  79.) 

PISTEUR  :  Coureur  de  bonnes 
fortunes  de  rue  ou  d'omnibus. 
^Rigaud.) 

PISTOLE  (grande)  :  Pièce  de 
dix  francs.  La  petite  vaut  dix 
sous.  Jargon  de  chiffonniers. 
(/i.) 

^  PISTON  :  Recommandation 

puissante,  haute  protection.  — 
Avoir  du  piston  :  être  recom- 
mandé. —  On  dit  par  exemple: 
«  U  lui  a  fallu  un  bon  coup  de 
piston  pour  ne  pas  être  reculé  à 
son  bac.  »  —  Piston  fait  allusion 
ici  à  l'action  de  pistonner  :  im- 


portuner les  supérieurs  (V.  p. 

284). 

*  PISTON  :  Homme  protégé. 
—  C'est-à-dire  ;  arrivé  à  coups 
de  piston. 

PIVOINER  :  Rougir,  devenir 
rouge  comme  une  pivoine.  — 
«  Tu  tâches  de  pivoiner  et  de 
baisser  les  stores.  Toutes  les 
femmes  font  ça  pour  enjôler  les 
hommes.  »  (Huysmans,  79.) 

PIVRE  :  Vin.  (Halbert.) 

PLACEUR  DE  LAPINS  :  Ap- 
pareflleur,  bénévole,  procurant 
des  bonnes  fortunes  à  ses  amis. 
(Rigaud.) 

*  PLAN  (laisser  en)  :  Ce  mot 
vient  d'avoir  sa  consécration  po- 
litique et  internationale.  Je  ne 
fais  que  citer. 

«  On  écrit  de  San  Stefano, 
8  mars,  à  la  Correspondance  po- 
litique de  Vienne  : 

«  Une  scène  émouvante  s'est 
passée  au  moment  de  la  signa- 
ture de  l'instrument  de  paix. 
Savfet-Pacha  éclata  en  sanglots 
convulsifs,  lorsqu'il  lui  fallut 
mettre  son  nom  au  bas  d'un 
document  aussi  fatal  pour  sa  pa- 
trie. Le  général  Ignatieff  lui  dit 
en  ce  moment  :  «  Voyez-vous,  je 
vous  ai  dit  tout  de  suite  que 
l'Angleterre  vous  laisserait  en 
plan.  Les  Anglais  n'ont  jamais 
su  ce  que  c'était  que  de  tenir 
leur  parole.  »  {Petit  Journal, 
mars  1878.) 

PLANCHE  :  Tableau  noir. 
Argot  des  classes  de  mathéma- 
tiques. Pour  passer  au  tableau 
on  dit  aller  à  la  planche. 

PLANCHE  :  Sabre.  (Michel.) 
6. 


PLA 


102    — 


PLO 


PLANCHE  :  Femme  plate  et 
froide.  (Rigaud.) 

PLANCHER  :  Quitter  un  ami 
de  prison.  (Id.)  Mot  à  mot  : 
laisser  en  plan. 

PLANCHES  (avoir  fait  les)  : 
Avoir  été  ouvrier  tailleur.  (Del- 
vau.)  Allusion  à  l'établi.  —  On 
sait  que  avoir  paru  sur  les  plan- 
ches se  dit  pour  avoir  été  artiste 
dramatique.  Voyez  brûler  les 
planches, 

PLANQUE  A  LARBINS  :  Bu- 
reau de  placement.  —  Planque  à 
plombes  :  Pendules.  —  Planque 
à  sergots  :  Poste  de  police.  ~ 
Planque  à  suif  :  Tripot.  —  Plan- 
que à  tortorer  :  Restaurant.  — 
Planque  aux  atigés  :  Hôpital.  (Ri- 
gaud.) 

Dans  toutes  cesacceptions,p/an- 
que  a  le  sens  de  lieu  clos,  ce  qui 
donne,  en  suivant  l'ordre  de  nos 
termes  :  lieu  à  domestiques  y  — 
à  heures  y  —  à  sergents j  —  à 
Grèce  (assemblage  de  grecs.  Jeu 
de  mot.  Le  suif  est  plein  de 
graisse),  —  à  manger,  —  aux 
malades. 

PLAQUER  ;  Venir  (A.  Pierre), 
—  cacher.  (Halbert.  —  Doit  être 
une  abrév.  de  emplanquer. 

PLAT  A  BARBE  :  Hâusse-col 
d'offlcier.  —  Il  est  échancré  et  se 
place  au-dessous  du  menton. 
(D.  Lacroix.) 

PLATRE  :  Mauvais  composi- 
teur d'imprimerie.  (Boutmy.)  — 
Abrév.  de  emplâtre  {V.  p.  ibz). 

PLATS  A  BARBE  :  Grandes 
oreilles.  {Id.)  —  Allusion  de 
forme. 


PLATUE  :  Galette.  (Halbert.) 
—  Elle  est  plate. 

PLETTE  :  Peau.  (Id.)  —  Pour 
pellette.  De  pellis  :  peau. 

PLIS  !  (des)  :  Interjection  né- 
gative comme  Des  navets  !  Des 
nèflles  !  (Id.)  —  De  nouvelle 
date,  elle  doit  faire  allusion  aux 
plis  et  aux  draperies  innombra- 
bles qui  ont  surchargé  de  1872 
à  1878  derniers  les  jupes  fémi- 
nines. —  Les  lanciers!  était  un 
néologisme  du  même  genre.  V. 
p.  216. 

PLOMB  :  Je  citerai  encore  ici 
M.  Justin  Améro,  qui  fait  ces 
réflexions  très  sensées  et  très 
amusantes  : 

a  11  a  été  un  temps  où  je  me 
demandais  d'où  pouvait  bien 
provenir  le  nom  de  plomb  donné 
dans  les  restaurants  de  Paris  à 
certains  entremets  d'un  goût 
fort  agréable.  Ces  entremets  sont 
appelés  «  plomb  »  tout  court,  ou 
«  plomb  de  cabinet,  »  plomb  de 
ceci,  plomb  de  cela.  (J'ai  oublié 
leur  dénomination  exacte.) 

Comme  ces  sortes  d'entremets 
sont  d'une  nature  un  peu  lourde, 
je  soupçonnais  que  leur  nom 
générique  de  «  plomb  »  était  une 
allusion  à  leur  qualité,  et  comme 
un  avertissement  pour  les  esto- 
macs faibles. 

Mais  je  finis  par  découvrir  que 
ce  «  plomb,  »  qui  m'avait  tant 
donné  à  réfléchir,  venait  tout 
simplement  de  plum  qui  en  an- 
glais se  prononce  pleume,  et  que 
ce  fameux  «  plum  »  signihait 
prune,  raisin  sec,  raisin  de  Co- 
rinthe.  Je  découvris  aussi  que 
le  mot  pudding  {fiïi  anglais  fran- 


POI 


lOJ   — 


POI 


cîsé  «  pouding  »  )  ajouté  à  aplum  » 
désignait  cette  sorte  de  baba 
dont  les  Anglais  ont  tant  raison 
de  raffoler,  —  baba,  dont  on 
présente  à  Paris  la  contrefaçon 
sous  l'horrible  dénomination  de 
«  plomb  *.  » 


son  poignon.  »  (Huysmans,  79. \ 

POIGRK  :  Poète.  (Michel.)  — 
Changement  de  finale. 


•POINT 

ild.) 


Pièce  d'un  franc. 


•  POINT  DE  COTE  :    Agent 
PLOMB   (manger  du)  :  Etre  |  des  mœurs.  (Rigaud.) 

tué  d'un  coup  de  feu. —  «  C'est        Dr,rMT- nT7  TiinAc      t    • 

peut-être  moi  qui  vas  manger  !    J^^NT  DE  JUDAS  :  Treize. 

du  plomb.  »  (A.  Bouvier,  69.)         (Michel.) 
PLONGEUR:   Laveur  de       POINTE  (être)  :    Avoir  sa 

vaisselle.  (Rigaud.)  -  Ses   bras    P^'^te.  (Rigaud.)  V.  p.  288. 

plongent  dans  l'eau  grasse.  |      PQIQUE  :  Littérateur.  Jargon 

PLOTTE  :  Bourse.  (Halbert.)    ^^^J°}^^^^fJJf'l-^  H?  fo^^être 

—  Pour  pelote.  V.  Pelot. 


le  Poigre  de  M.  Fr.  Michel. 


PLOUSE  :  Paille.  (Halbert.)     |     POIREAU  :   Sergent  de  ville 

I  en  station.  —  Faire  le  poireau  : 
PLUC  :  Butin.  (Michel.)  I  attendre.  {Id.) 

PLUMARDE  :  Paillasse.  (A.  |  "POISSE  :  Voyoucratie.  — 
Pierre.)  —  Doit  être  la  forme  Poisseux  :  Voyou.  {Id,)  —  Ce 
primitive  de  Plumade.  ;  qui  est  sale  poisse. 

PLURE  :  Manteau.  (Halbert.)  |      •  POITOU  :  Public.  {Id.) 
—  Pour  Pelure.  I 

oT  TTC.    /•!      ,       ç    .^      T7  POIVRE  :  Poisson  (Michel); 

PLUS!  (il  n'en  faut)  :  En  i^^^^Colombey.)- Le  second 
voila  assez.  Locution  mise  a  ^^^^  p^^ait  être  le  seul  admis- 
toutes  sauces.  (Rigaud.)  1  sible,  car  il   se  complète  par  le 

PLUS  FINE  :  V.  Fine,  p.  175.  1  verbe  poivrer  (empoisonner),  V. 

*  PLUS   SOUVENT  !   «   Vous   Je  trop, 
n'iriez  point,  disait-il  en   ajou- 
tant un    mot    patois  qui   équi-       POIVRE  :  Eau-de-vie.  —  Allu- 
vaut    à    notre    inimitable    plus  \  sion    au    poivre    qu'on    y    met 
SOUVENT  !    Vous    le    dites,  mais    pour  lui  donner  plus   de   force 


vous  ne  le  feriez  point.  »  (Geor- 
ge Sand,  Lettres  d'un  Voyageur. 
Lettre  111%  1834.) 

POCHETÉ  :  Niais.  (Rigaud.) 

•POIGNON  :   c  Ce  n'est  pas 
trop  tôt!    On  va  donc  toucher 


apparente.  «  Avec  vingt  centi- 
mes de  poivre  d'assommoir,  il 
est  gris.  »  {Le  Sublime,  72.)  — 
De  là  peuvent  venir  les  mots 
poivreau,  poivrier  (ivre  d'eau- 
de-vie).  Mais  alors  il  faudrait 
supposer   que    poivre    est    une 


l.  L'Anglomanie  dans  le  français.  Paris,  Baudry.  In-12  (i  fr.  20  cent.). 


PON 


—  104 


POS 


abréviation   de  poivreau,  car   il 
signifie  aussi  ivre. 

POIVRIER  :  Débit  de  mau- 
vaise eau-de-vie.  (Rigaud.) 

POIVRIÈRE  :  Route.  (Mi- 
chel.) —  Poivre  veut  dire  ici 
poussière. 

POMMADE  :  Déconfiture.  (Ri- 
gaud.) —  La  pommade  fond. 

•POMMADIN  :  Garçon  coif- 
feur. (Id.) 

POMME  A  VERS  :  Fromage 
de  Hollande.  (Michel.)  —  Allu- 
sion à  sa  rondeur  et  à  sa  croûte 
rouge. 

POMME  DE  CANNE  FÊLÉE 
(avoir  la)  :  Déraisonner.  Mot  à 
mot  :  avoir  la  tête  fêlée. 

*  P  O  M  P  E  :  Retouche  à  un 
vêtement.  (Rigaud.) 

POMPE  (avoir  de  la)  :  Avoir 
assez  de  travail.  (Boutmy.) 

POMPER  :  Travailler  vite  et 
pour  peu  de  temps.  (Id.) 

POMPIER  :  Refrain  classique 
qui  est  le  signal  de  tout  chahu 
(tapage)  en  règle.  On  dit  piquer 
un  pompier.  Argot  des  écoles. 

POMPIER;  Mouchoir.  (Ri- 
gaud.) —   Il  pompe  le  nez. 

PONDANT  :  Correspondant 
chargé  de  faire  sortir  un  écolier. 
Argot  des  écoles. 

PONEY  :  Billet  de  cinq  cents 
francs.  Argot  de  courses.  (Ri- 
gaud.) 

PONIFFE  :  Synonyme  de  Ma- 
gmisse.  (Halbert.)  Voyez  en  être, 
p.  162. 


"POPOTE  :  Réunion  d'offi- 
ciers ou  de  soldats  pour  manger 
en  campagne.  (D.  Lacroix.;  — 
On  dit  se  mettre  en  popote, 

PORTANCHE  :  Portier.  (Mi- 
chel.) —  Changement  de  finale. 

•PORTEUSE  :  Main.  V. 
Frères  de  l'attrape. 

PORTIER  :  Cancanier.  (Del- 
vau.)  —  Allusion  aux  cancans 
de  la  loge. 

PORTION  :  Fille  publique. 
Jargon  de  soldats.  On  dit  tom- 
ber sur  la  portion.  (Rigau.i.)  — 
C'est  mot  à  mot  :  tomber  sur  la 
viande.  On  appelle  ainsi  dans 
l'armée,  le  morceau  de  viande 
assigné  à  chacun  avec  sa  soupe. 

POSITION  :  Malle.  Jargon  de 
voleur.  (Rigaud.)  —  Le  voyageur 
est  jugé  souvent  d'après  sa  malle. 

POSSÉDÉ  :  Eau-de-vie.  (Mi- 
chel.) —  Mot  à  mot  :  endiablé. 
Allusion  à  son  feu. 

•POSTICHE  :  Plaisanterie. 
(Boutmy.)  —  Faire  une  posti- 
che :  Faire  des  reproches.    (Id.) 

POSTIGER  :  Rassembler  une 
postiche.  (Rigaud.)  V.  p.  294. 

POSTILLON  D'EAU  CHAU- 
DE :  Infirmier  militaire.  (I).  La- 
croix.) 

POSTILLON  D'EAU  CHAU- 
DE :  Mécanicien.  —  C'est  avec 
la  vapeur  d'eau  chaude  qu'il  fait 
galoper  sa  machine.  —  «  Va 
donc,  postillon  d'eau  chauJe  !  » 
{Le  Sublime,  72.) 

POSTILLONNER  :  Crachoter 
en  parlant.  (Delvau.) 


POU 


-  io5 


PRE 


POSTURE  (en)  :  Apothicaire. 

—  Allusion    de    seringue.  (Mi- 
chel.) 

POT,  CUILLER  A  POT  : 
Cabriolet.  (Id.)  —  Les  brancards 
figurent  la  queue,  et  la  capote 
figure  le  récipient  de  la  cuiller. 

POT  A  TABAC  :  Personnage 
gros  et  court.  (Rigaud.)  —  Allu- 
sion aux  pots  à  tabac  grotes- 
ques qui  furent  à  la  mode. 

POTEAU  (avoir  son)  :  Être 
complètement  ivre.  Argot  des 
mécaniciens.  —  Mot  à  mot:  être 
raide  comme  un  poteau.  —  On 
dit  aussi  avoir  son  poteau  kilo- 
métrique, son  poteau  télégraphi- 
que. {Le  Sublime,  76.) 

POTÉE  :  Litre  de  vin.  (Ri- 
gaud.) 

POTET  :  Radoteur.  (Delvau.) 

—  Doit  être  un  dérivé  de  potin. 
V.  p.  295. 

POTIRON  ROULANT  :  Ca- 
briolet. (Michel.) 

POUCE?  (Et  le)  :  Exclamation 
signifiant  :  il  y  a  plus  que  vous 
ne  l'affirmez.  —  Mot  à  mot  : 
«  et  le  pouce  que  vous  oubliez 
dans  votre  compte  ?»  Le  pouce 
étant  autrefois  une  fort  petite 
mesure,  on  saisit  l'ironie  qu'on 
retrouve  d'ailleurs  dans  c'est 
un  détail^  dans  //  n'est  rien  bête, 
etc.  C'est  l'emploi  ironique  des 
contraires. 

POUGNON  :  Argent.  (A. 
Pierre.) —  Forme  de  Poignon. 

POUIFFE  :  Argent.  (Halbert.) 

POUIFFE  :  Femme  éhontée. 
(A.  Pierre.)  —  Pour  ponijle. 


ROUISSE  :  Même  sens  que 
Ponifle.  (Halbert.) 

POIJLAINTE  :  Vol  par  échan- 
ge. (Michel.) 

POUPÉE  :  Soldat.  {Id,)  ~ 
Allusion  automatique. 

POUPON  :  Voyez  Poupard, 
p.  296. 

POUR:  Peut-être,  au  con- 
traire. (Michel.) 

•POUSSE  :  Gendarmerie.  — 
Abrév.  de  pousse-cul  :  sergent 
de  police,  aux  xvii«  et  xvm«  siè- 
cle. {Id.) 

POUSSE  AU  VICE  :  Mouche 
cantharide.  {Id.) 

POUSSE-MOULIN  :  Eau.(/i/.) 
—  Elle  faisait  marcher  seule  le 
moulin  avant  la  vapeur. 

POUSSÉE  :  Surcroît  de  tra- 
vail. (Delvau.) 

POUSSIER:  Poudre.  (Hal- 
bert.) —  Mot  à  mot  :  poussière. 

POUSSIER  :  Pouce,  main. 
(Michel.)  —  Elle  sert  à  pousser^ 

POUTRONE  :  Prostituée.  Ar- 
got lyonnais.  {Id.)  —  De  pute- 
rie  :  prostitution. 

*  PRATIQUE  :  Ligne  10,  au 
lieu  de  Ils  font  fait  voir  le,  il 
faut  lire  Ils  t'ont  fait  voir  le 
tour. 

PRENDRE  LA  VACHÉ  ET  LE 
VEAU  :  Voyez  Vache,  p.  SSy. 

PRENDRE  UN  RAT  PAR  LA 
QUEUE  :  Couper  la  bourse. 
(Michel.)  —  Allusion  aux  la- 
nières qui  rattachaient  la  bourse 
à  la  ceinture. 


QUA 


—  io6  — 


QUA 


PREVOT  :  Chef  de  chambrée 
de  prison  (Id,)  ;  domestique  de 
prison.  (A.  Pierre.) 

PRIANT  :  Chapelet.  (Halbert.) 

PRIANTE  :  Messe.  (Id.) 

PRIANTE  :  Église.  (Michel.) 

PRIE- DIEU  :  Code.  (A. 
Pierre);  cadre.  (Halbert.) —  Ces 
deux  sens  n'en  doivent  faire 
qu'un,  et  il  faut  lire  cadre  au 
lieu  de  code,  car  un  prie-Dieu 
est  le  plus  souvent  encadré.  On 
aura  pris  le  tout  pour  la  partie. 

PRIN  :  Proviseur,  chef  d'ins- 
titution, principal.  Argot  des 
écoles.  —  Abrév.  de  principal. 

PRINCIPAUTÉ  :  Gale.  —  Jeu 
de  mots  du  xvii«  siècle  sur  le 
prince  de  Galles.  (Michel.) 

PRINE  :  Femme  du  prin. 

PRISE  :  Mauvaise  odeur.  (Del- 
vau.)  —  Abrév.  de  prise  de  ta- 
bac qui  s'emploie  également  en 

ce  sens. 

PRODUISANTE  :  Terre.  (Mi- 
chel.) 

PROSE,  PROUAS,  PROYE  : 
Formes  de  proie,  page  298.  — 


Proye  le  C  :  merdeux.  (Halbert.) 

PROTE  A  TABLIER  :  Prote 
de  petite  imprimerie,  travail- 
lant comme  un  ouvrier.  (Bout- 
my.)  Tablier  est  ici  pour  blouse. 

P  R  O  U  T  !  :  Ça  m'est  égal. 
(Rigaud.) 

PRUDHOMMESQUE    :    Sen- 
tencieusement creux.  «  De  là  les 
I  déclarations  prudhommesques.» 
I  (Zoia,  79.) 

PRUNEAU  :  Chique  de  tabac, 
i  œil,  excrément.  (Michel.)  \'oyez 
I  Prune,  p.  299.  —  M.  Fr.  Michel 
;  a  constaté  que  pruneau  (œ  I)  est 
i  une  forme  de  prunelle.  Les  autres 
!  sens  sont  des  allusions  de  forme. 

;  PURÉE  :  Misère.  (Rigaud.)  — 
:  Ce  qui  est  en  purée  est  réduit  à 
!  rien. 

PUROTIN  :  Misérable.  (Td.) 

i  PUYMAURIN  :  Ane.  Ce  mot, 
dit  M.  Fr.  Michel,  ne  doit  dater 
que  de  la  Restauration.  On  peut 
ajouter  que  celui  qui  l'a  in /enté 
devait  être  un  ennemi  du   légi- 

j  timiste  ardent  Marcassus  de  Puy- 
maurin.  C'est   une  simple  ma- 

jlice;  ce   n'a  jamais  été  un  mot 

■  en  circulation. 


Q 


QUAMPER  :  Abandonner.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  camper,  qui  est 
très  régulier. 

QUAND  EST-CE  :  Bienvenue, 


consommation  offerte  par  un 
ouvrier  nouvellement  embauché 
à  ses  camarades.  ~  Abréviiition 
de  la  phrase  consacrée  :  Q^iand 
est-ce  que  tu  payes  ta   bicnve^ 


QUI 

nue?  —  «  Pas  plan!  je  suis  du 
quand  est-ce  de  la  Truffe  qui  a 
été  embauché  hier.  »  {Le  Su- 
blime, 72.) 

QUANTES  (payer  son)  :  Payer 
sa  bienvenue.  (Boutmy.  )  — 
Forme  altérée  de  Qitand  est-ce? 

QUASI-MORT  (être)  :  Être  au 
secret.  (Michel.) 

QUATRE-VINGT-DIX  :  Lo- 
terie de  magasin  de  porcelaines 
dans  une  foire.  Elle  a  90  numé- 
ros. (Rigaud.) 

QUESACO  :  Qu'est-ce  que 
cela.  —  Gasconisme.  —  «  Les 
journaux  nous  ont  appris  la  no- 
mination de  M.  Bonnet...  Quès- 
aco, Bonnet  ?  »  (F.  Magnard,  78.) 

QUIF-QUIF  :  Indiftérent.  — 
«  J'  m'  figurais  que  c'était  un 
petit  rouge.  Enfin,  qu'il  soit 
rouge  ou  brun,  c'est  quif-quif.  » 
(Hennique.)  —  Doit  s'écrire  Kif- 
Kif.  V.  ce  mot. 

QU IMPER  :  Tomber.  (Hal- 
bert.) 

QUIMPER  LA  LANCE  :  Uri- 
ner. (Michel.)  —  Mot  à  mot  : 
faire  tomber  l'eau.  Ce  terme 
correspond  exactement  au  terme 
de  lâcher  l'eau  qui  est  souvent 
employé. 

QUINZE  BROQUILLES: 
Quart  d'heure.  (Halbert.) —  Mot 
à  mot  :  i5  minutes. 

QUINZE  CENTS   FRANCS  : 

Volontaire  d'un  an.  —  Il  paie 
i3oo    francs   à    l'État.   —  «  A 


[07  — 


QUO 


notre  arrivée  toutes  ces  figures 
inconnues  sortaient  des  bara- 
ques pour  nous  regarder  pas- 
ser :  venez  voir  les  quinze  cents 
francs.  »  (Vallery  Radot,  78.) 

QUIPE  :  Homme  d'équipe. 
(Rigaud.) 

QUI  QUI  :  Abatis  ramassés 
dans  les  ordures  et  vendus  par 
les  chiffonniers  aux  gargotiers 
qui  en  font,  dit  Delvau,  «  de  fa- 
meux potages.  »  —  Donné  sous 
toutes  réserves. 

QUI  VA  LA  (donner  le)  :  De- 
mander le  passeport.  (Michel.) 

QUOCTER  :  Tromper.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  caqueter,  dérivé 
de  coquer  :  dénoncer. 

QUOQUANTE  :  Armoire. 
(Halbert.)  —  Pour  coquante.  De 
coquer  :  mettre.  On  met  bien 
des  choses  dans  une  armoire. 

QUOQUARD  :  Arbre.  {Id.) 

QUO  QUE  :  Pris.  {Id.)  — 
Pour  coque  :  donné,  fait.  V. 
p.  117. 

QUOQUERET  :  Rideau.  (Id.) 

QUOQUILLE  :  Béte.  {Id.)  — 
Dérivé  de  cocu. 

'  QUOS  EGO  :  Vous  que  je  .* 
—  Latinisme  souvent  employé. 
Il  sous  entend  :  que  je  devrais  pu* 
nir.  —  Menace  interrompue.  Em- 
pruntée à  Virgile  qui  la  place 
dans  la  bouche  de  Neptune  en 
courroux  contre  les  vents. 


RAF 


—  io8  — 


RAM 


H 


RABATTEUSE:  Entremet 
teuse.  (Rigaud.) 

RABIAU,  RABIOT  :  Conva- 
lescent, durée  de  condamnation 
dans  une  compagnie  de  disci- 
pline. —  Rabiauter  :  Manger  et 
boire  les  restes  des  autres.  (Id.) 
—  Dans  ces  trois  acceptions  nous 
retrouvons  le  sens  de  rabiot  : 
reste,  excédant  (V.  p.  3o3),  qu'il 
s'agisse  d'un  reste  de  maladie, 
de  temps  de  service  ou  de  vic- 
tuaille. 


RACHEVAGE 
cène.  {Id.) 


Homme  obs- 


Dent 


RACINE  DE  BUIS 
jaune.  (Delvau.) 

RACLER  :  Respirer.  (Rigaud.) 

—  Forme  de  râler. 

RACLETTE  :  Ramoneur. 
(Id.)  —  Allusion  à  son  outil. 

RADICAILLE  :  Opinion  radi- 
cale, parti  radical.  —  «  On  ne 
saurait  souffrir  le  contact  des 
gens  entachés  de  radicaille.  » 
{Tintamarre,  77.) 

RADICON  :  Prêtre.  (A.  Pierre.) 

—  Pour  ratichon. 

RADIS  NOIR  :  Prctre.  (Ri- 
gaud.) —  Jeu  de  mo^s  sur  radis 
noir  et  ratichon. 

RAFRAICHIR  LES  BARRES 
(se)  :  Boire.  (D.  Lacroix  )  — An i- 


malisme   créé  par  la  cavalerie. 
Barres  veut  dire  mâchoires. 


Quart  d'écu.  (Hal- 


RAGOT 

bert.) 

RAGOUT  (faire  du)  :  l'orme 
de  regout.  V.  p.  3ii. 

•RAIGUISÉ  :  Trompi.  Ai- 
guisé a  ce  sens  dans  nos  patois 
du  Centre. 

RALER  :  Tromper.—  RA- 
LEUR :  Menteur,  trompeur. 
(Rigaud.) 

RALLIE-PAPIER  :  V.  Paper 
hunt. 

RAMAMICHER  :  Réconcilier. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  refaire 
aminche  (ami). 

•RAMBUTEAU  :  «  La  con- 
currence menace  les  colonnes 
Rambuteau  qu'on  n'ose  pas  ap- 
peler des  pissotières,  parce  que 
c'est  leur  seul  nom.  »  (Le  Guil- 
lois,  76.) 

RAMENEUSE:  Boulevardière. 
Elle  ramène  chez  elle.  (Delvau.) 

RAMONA  :  Petit  ramoneur. 
ild.) 

RAMONER  :  Marmotter.  {Id.) 
—  Pour  marmonner  qui  se  disait 
autrefois  (V.  croquer  le  n  annot, 
p.  234),  et  non  par  allusion  au 
ramonage  d'une  cheminée,  com- 
me on  l'a  cru. 


RAS  -  1 

RAM  OR  :  Imbécile.  Jargon 
de  juifs.  (Rigaud.) 

RAMPO  :  Coup  nul  aux  bil- 
les, à  la  balle.  (Delvau.)  —  Vieux 
mot  qui  se  dit  encore  au  jeu  de 
quilles  dans  nos  campagnes. 

RANGRAISSER  :  Renoncer. 
Pour  Rengracierj  p.  3i3. 

RAPAPIOTAGE  :  Réconcilia- 
tion. (Rigaud.)  —  C'est  un  aug- 
mentatif de  rapiotage  :  raccom- 
modage d'habit.  Une  réconcilia- 
tion n'est  qu'un  raccommodage 
pris  au  figuré. 

RAPE  :  Dos,  (/i.) 

RAPER  :  Chanter.  —  «  Les 
brocheuses  avaient  des  voix  de 
mirlitons  crevés...  On  râpait  à 
cet  instant  : 

Rose  je  t'aime 
Toujours  de  même, 
Car  en  amour,  il  n'est  pas  de  saison. 

(Huysmans,  79.) 

RAPIAU  :  Fouille.  (Grandval.) 
—  Même  origine  que  rapiat  : 
pillard,  p.  3bj. 

RAPIOTEUR:  Ravaudeur. 
(Rigaud.)  —  Pour  rapiéceur. 

RAPOINTI  :  Même  sens  que 
Corvette.  (Id.) 

RAPOINTI  DE  FERRAILLE  : 
Broche  faite  avec  le  déchet  de 
fer,  et  au  figuré  :  rebut,  homme 
sans  valeur.  {Le  Sublime,  72.) 
V.  Muselé. 

*  RASER  :  Ennuyer  par  des  ré- 
dites. —  «  Tu  me  rases  avec 
l'argent  que  tu  as  dépensé  pour 
moi  depuis  ma  naissance.  »  (Du- 
randeau,  78.) 


09  -  REB 

•  RAT  :  Retardataire.  —  Vient 
de  rater  :  manquer. 

RAT  (courir  le)  :  Voler  la 
nuit.  (Delvau.) 

RATICHE  :  Église.  (Rigaud.) 
De  ratichon  :  curé. 

RATION  DE  LA  RAMÉE  : 
Nourriture  de  prison.  (Halbert.) 

RAYON  DE  MIEL  :  Dentelle. 
(Michel.)  —  Allusion  à  l'aspect 
des  trous  du  rayon  qui  rappelle 
celui  du  tulle. 

RAZE  POUR  L'AF  :  Acteur. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  raseur 
pour  la  vie  (éternel). 

•  REBECTAGE  ;  Page  39.  Lire 
rébectage  :  médecine  au  lieu  de 
rebectage  :  lutte. 

REBECTAGE  :  Cour  de  cas- 
sation. (Rigaud.) 

REBIFFE  :  Révolte.  —  Rebif- 
fer au  truc  :  être  en  état  de  ré- 
cidive. 

REBIFFER:  Recommencer. 
(Boutmy.) 

REBONNETAGE:  Raccommo- 
dement. —  Mot  à  mot  :  action 
de  redevenir  bons  amis.  —  «  Il 
avait  rapporté  du  mêlé  dans  un 
carafon  et  nous  avons  trinqué  à 
notre  rebonnetage  avec  toi,  mon 
Tatave.  »  (Durandeau,  78.) 

REBOUIS  :  Cadavre.  (Rigaud.) 
Pour  riboui  :  objet  remis  à  neuf. 
—  Ironie. 

REBOUISER  :  Tuer.  (Id.)  — 
Acception  figurée  de  ribouiser  : 
remettre  à  neuf,  donner  une  au- 
tre vie.  Ironie.  V.  Rebouiseur 
p.  3io. 


REG  -  I 

RECALER  :  V.  Remballer. 

RÊCHE  :  Sou.  (Delvau.)  —  Il 
est  plus  rêche  au  doigt  que  la 
pièce  d'argent. 

RECOLLER  :  Relever  de  ma- 
ladie. (Rigaud.) 

RECOLLER  (se)  Se  raccom- 
moder. 

RECONDUIRE  :  Siffler.  — 
Terme  de  théâtre. 

RECOQUER  :  Reprendre  des 
forces,  s'habiller  de  neuf.  (Del- 
vau.) —  De  coquer  :  prendre. 

RECOURIR  A  L'ÉMÉTIQUE: 
Escompter  de  faux  billets.  Mot 
du  xviu*  siècle.  (Fr.  Michel.) 

RECUIT  :  Ruiné  de  nouveau. 
{Id.) 

'  RED  AIN  :  Lisez  Redam. 

REFFOLER  :  Voler  par  sur- 
prise. (Halbert.)  —  Pour  refou- 
ler. C'est  le  vol  à  la  rencontre. 

REFILER  :  Suivre.  (Id.) 

REFILER  :  Reperdre  (Rigaud). 

REFOULER  :  Refuser.  —  Re- 
fouler à  Bondy  :  Envoyer  pro- 
mener. (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
envoyer  au  dépotoir  de  Bondy. 

REFROIDI  :  Mort.  (Halbert.) 

REGATTE  :  Viande.  Argot  de 
chiffonnier.  (Rigaud.) 

•REGONSER:  Suivre  à  la 
piste.  (Id.) 

'  REGOUT  (faire  du)  :  «  Pois- 
sons avec  adresse  mezières  et 
gonzesses  sans  faire  de  regout.  » 
(Vidocq.) 


10  — 


REN 


REGUISÉ  :  V.  Raiguisê. 

RELEVEUR  DE  PESOCHE  : 
Garçon  de  recettes.  (Rigaud.)  — 
Pesoche  est  ici  pour  pièces. 

RELICHER  :  Vider  un  verre. 

REMBALLER,  REC/VLER, 
REQUILLER,  RETOQUER  : 
refuser  à  un  examen.  —  Argot 
des  écoles. 

REMONTER  SA  PENDULE  : 
Battre  sa  femme.  (Riga  ;d.)  — 
Mot  à  mot:  la  faire  marcher. 

REMONTER  LE  TOI  RNE- 
BROCHE  :  Ramener  à  1  obser- 
vation d'une  règle  négligée. 

REMOUCHAGE  :  Vengeance. 
—  REMOUCHER  :  Venger.  (Ri- 
gaud.) 

REMOULEUR  DE  BUFFET  : 
Joueur  d'orgue.  {Id.)  —  Allu- 
sion au  mouvement  rotat  )ire  de 
son  bras  et  au  buffet  de  l'orgue 
ou  plutôt  à  sa  forme. 

RENACHE  :  V.  Rousse. 

RENACHÉ  :  Fromage.  (Ri- 
gaud.) 

RENACLER  :  Crier  après. 
(Halbert.) 

RENAUD  :  Reproche,  es- 
clandre (Delvau).  —  De  rensiuder. 

RENDÉMI  (vol  au)  :  Vol  au 
rendez-moi.  Voyez  p.  3ii.  (Ri- 
gaud.) 

RENFRUSQUINER  :  Hibiller 
à  neuf.  (Delvau.) 

*  RENGAINER  :  Rentrer.  (Ri- 
gaud.) —  Mot  à  mot  ;  rentrer 
dans  sa  gaine. 


kEP 


—  I  II  — 


RÉV 


RENIFLANTE  :  Botte.  (Del- 
vau.)  —  Sans  doute  botte  percée  \ 
elle  renifle  l'eau. 

RENIFLER  :  Boire  d'un  trait. 
(Rigaud);  —  reculer,  pressentir. 
(Delvau.) 

RENQUILLER  (se)  :  S'enri- 
chir. (Id.);  —  se  rétablir.  (Ri- 
gaud.)—  On  dit  plus  souvent 
se  requiller  qui  se  conçoit  mieux. 
C'est  se  remettre  sur  ses  pieds 
après  avoir  été  abattu,  comme 
la  quille  du  joueur. 

^RENQUILLER;  «  Le  mi- 
nistre de  la  guerre  se  figure 
peut-être  que  je  vais  renquiller 
pour  mon  troisième  congé. . . 
mais  i  peut  s'  fouiller.  »(Duran- 
deau,  78.) 

RENSEIGNEMENT  (prendre 
un)  :  Prendre  un  canon  sur  le 
comptoir.  (Rigaud.)  —  Ironie  à 
l'adresse  des  ivrognes  qui  disent  : 
«  J'ai  été  là  prendre  un  rensei- 
gnement. » 

REPASSER  :  Battre.  (Michel.) 
—  Même  sens  que  brûlée.  Le  re- 
passage chauffe  le  linge. 

REPAUMER  :  Reprendre.  {Id.) 

REPÉRIR  :  Retrouver.  Jargon 
de  voleur.  (Rigaud.)  —  Vieux 
mot,  car  c'est  le  latin  reperire. 

REPESIGNER:  Arrêter  de 
nouveau.  (Michel.) 

REPORTAGE  :  Spécialité  du 
reporter ,  métier  de  reporter.  — 
«  C'est  un  journaliste  actif.  Il  a 
été  un  des  créateurs  du  repor- 
tage. ))  (E.  Abraham.) 

^  •  REPORTER  :  Quelque  chose, 
à  mon    sens,  achève  de   rendre 


ce  terme  de  «  reporter  »  ridi- 
cule; c'est  de  l'énoncer  comme 
reportair  au  lieu  de  riporteur 
que  les  Anglais  disent.  Mais, 
fuir  «  rapporteur  »  pour  tomber 
dans  «  riporteur  »  n'est-ce  pas 
de  la  peine  bien  employée!  » 
(J.  Améro.) 

REPOSANTE:  Chaise.  (Ri- 
gaud.) 

REQUILLER  :  Voyez  Rem- 
baller,  Renquiller. 

RÉSERVOIR  :  Réserviste.  (Ri- 
gaud.) —  Changement  de  finale. 

RÉSURRECTION  :  Prison  de 
Saint-Lazare.  (Michel.)  —  Allu- 
sion à  Lazare  le  ressuscité. 

•RETOQUER  :  «  J'ai  besoin 
de  me  calfeutrer  pour  étudier... 
je  ne  veux  pas  être  re toqué.  » 
(Mirval,  79.) 

RÊVE  (c'est  un)  :  C'est  supé- 
rieur. (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
c'est  au-dessus  de  la  réalité. 
Terme  souvent  ironique. 

REVENDRE  :  Révéler.  (Mi- 
chel.) —  On  dit  déjà  dans  le 
peuple  vendre  pour  dénoncer. 

REVIDAGE  :  Même  sens  que 
révision.  (Delvau.) —  Mot  à  mot: 
action   de  revider  les  enchères. 

REVISION  :  Opération  secrète 
de  marchands  associés  pour  as- 
sister à  une  vente  et  pour  y  payer 
les  choses  au-dessous  de  leur 
valeur  sans  se  faire  concur- 
rence. Après  la  vente,  ils  se  réu- 
nissent dans  un  café  voisin  et 
recommencent  la  vente  en  y  met- 
tant cette  fois  le  prix  vrai.  Les 
bénéfices  sont  répartis  entre  les 


RI  F 


«—    112    — 


RIV 


compères  dont  certains  empo- 
chent sans  être  des  acquéreurs 
sérieux;  ils  touchent  seulement 
une  sorte  de  prime  pour  leur 
complicité.  On  a  souvent  et  vai- 
nement réclamé  contre  une  ma- 
nœuvre qui  fait  aux  vendeurs 
un  dommage  illicite  et  considé- 
rable. On  en  jugera  par  cette 
note  manuscrite  d'un  catalogue 
de  vente  de  livres  faite  par  la 
librairie  Tross,  en  date  du  21 
décembre  1867  :  (Numéro  i34  : 
Collection  factice  de  288  por- 
traits, etc.] —  ce  Vendu 3go francs. 
A  la  révision,  cette  collection  a 
été  poussée  à  y  00  francs.  »  — 
Ce  catalogue  fait  partie  de  la 
bibliothèque  de  l'Arsenal.  —  La 
révision  est  pratiquée  du  reste 
pour  les  ventes  de  toute  nature. 
Elle  s'appelle  ainsi  parce  qu'on 
y  révise  les  prix  d'adjudication. 

RIAULLE  :  Bonne  chère. 
(Halbert.)  —  Pour  riole. 

*  RIBOUI  :  Soulier  neuf  fait 
avec  du  vieux.  Voyez  Dix-huit, 
p.  144. 

RICHONNER  :  Rire.  (Michel.) 

RIEN  :  Garde-chiourme.  {Id.) 

RIFFAUDANT  :  Cigare.  (Ri- 
gaud.)  —  Mot  à  mot  :  brûlant. 

*  RIFFE,  RIFFLE  :  V.  RiJ", 
p.  3i5.  Comme  ruffante  (p.  i), 
riff  tX.  ses  dérivés  doivent  avoir 
pour  radical  le  latin  vufus  :  rouge 
qui  a  fait  le  verbe  rufare  (rous- 
sir, fumer,  enfumer.  Dans  le 
Midi,  on  appelle  encore  ruffian  : 
une  torche  allumée  de  chiftbns 
gras.  Notre  verbe  rissoler  qui 
est  une  forme  de  roussoler  : 
Iroussir),  est  encore  un  dérivé 


de  même  souche.  Ce  qui  prouve 
bien  que  l'argot  a  pu  faire  r./de 
tuf,  c'est  que  le  mot  d'argot 
riffic  :  sévère  (Halbert,  A.  Pierre 
est  bien  le  même  que  le  vieux 
mot  rufe  :  bourru,  encore  usité 
dans  nos  patois  du  Centre  (V.  le 
dict.  du  comte  Jaubert).  Et  dans 
ce  même  patois  on  dit  rw/j  et 
ruffe  pour  ru  fie,  comme  on  dit 
en  argot  rif  et  riffe  pour  riffle. 
RlFFLÉ,  RIFFLER  :  Se v  ère. 
(k.  Pierre,  Halbert.)  Voir  iiiffe 
ci-dessus. 

RIFFONDANT  :  Cigare,  Ri- 
gaud.)  —  Forme  de  riffaudant. 

KIFLARb  :  Vieux  soulier. 
{Id.) 

RIFLARDISE  :  Morgue,  ild.) 

RIFLE  :  Jeu.  (Halbert.)  -  Pour 
feu.  C'est  une  forme  de  Riffe. 

RIFOLARD  :  Amusant.  (Ri- 
gaud.)  —  Pour  rigolard. 

RIO  AD  IN  :  Soulier.  (/-/.)— 
Pour  ripatin.  Voyez  ripaton, 
p.  317. 

^  RIPA,  RIPEUR  :  Voleur  de 
Seine,  ou  du  bord  de  la  Seine. 
[I-i.)  —  Ces  voleurs  sont  de  ^  rais 
latinistes,  car  le  latin  ripa  v-eut 
dire  bord  de  Veau.  Voyez  ei  ce 
genre  reperir. 

RIPIOULEMENT  :  Chambre. 
(Rigaud.)  —  De  piaule  :  cham- 
bre. 

RIPIOULER  :  Dormir.  (Id.) 

RIVÉ  AU  PIEU  :  Épris  dune 
prostituée.  (De  Concourt.) 

RIVETTE  :  Prostituée.  (Mi- 
chel.) —  Du  verbe  rivancLer  ; 
se  livrer  à  l'amour. 


RON 


—  ii3 


ROU 


ROBIGNOL  :  Très-amusant. 
(Rigaud.)  —  De  robignole  (V. 
p.  3 17).  —  Allusion  aux  facéties 
des  robignoleurs  qui  veulent  at- 
tirer les  dupes. 

ROGNER  :   Guillotiner.  (7i.) 

ROMBOINÉ  :  Sou  marqué. 
(Halbert.)  —  Rom  est  ici  pour 
rond. 

ROMSTECK:  Forme  française 
de  l'anglais  a  rumpsteak,  »  qui 
signifie  en  bon  français  :  tranche 
de  culotte. 

ROMTURE  :  Homme  en  sur- 
veillance. (A.  Pierre.)  —  Pour 
rousture. 

RONCHONNER  :  Murmurer, 
grommeler.  (Boutmy.)  —  Doit 
être  une  abrév.  de  gronchonner, 
par  dérivation  du  verbe  grincer 
(des  dents)  qui  a  déjà  fait  grin- 
cheux. Le  g  initial  est  tombé 
comme  dans  l'expression  popu- 
laire rognonner  :  grogner,  qui 
est  certainement  une  abrévia- 
tion de  grognonner. 

RONCHONNEUR  :  Qui  ron- 
chonne. (Boutmy.) 

ROND  (faire)  :  Ne  faire  rien  de 
vigoureux,  qui  ait  une  forme 
nettement  dessinée.  Terme  d'a- 
telier pris  au  figuré.  —  «  Le 
fiou,  la  douceur  abondent.  L'ar- 
tiste fait  un  peu  rond,  comme 
on  dit  dans  les  ateliers.  »  (Ph. 
Chasles.) 

•ROND  :  Soûl.  Page  3 18,  li- 
sez ROND  :  Sou. 

ROND  (tourner)  :  Ne  plus 
avoir  d'argent.  (Rigaud.) 


RONDIN:  Excrément  (Del- 
vau.)  ;  boule.  (Halbert.) 

RONDINE  :  Voyez  Rondache, 

p.  3i8. 

RONDINER  :  Aller  à  la  selle. 
(Rigaud.) 

RONDINER  :  Boutonner.  (Mi- 
chel.) —  Le  bouton  est  rond. 

ROND  IN  ET  :  Bague.  (A. 
Pierre.)  —  Elle  est  ronde. 

RONFLANT  :  Bien  mis.  (Ri- 
gaud.) 

RONFLER  THOMAS  (faire)  : 
Aller  à  la  selle.  (7^.)  —  M.  Fr. 
Michel  donne  deux  exemples  du 
xvne  siècle  donnant  les  variantes 
faire  ronfler  le  bourrelet,  et 
faire  ronfler  la  chaise  percée. 
M.  Rigaud  a  constaté  que  cette 
expression  modifiée  reparaît  de 
notre  temps. 

ROQUILLE  :  Quart  de  setier. 
(Michel.)  —  Abrév.  de  broquille  : 
petite  partie  de  broc.  C'est  un 
vieux  mot. 

ROSSIGNOL  :  Hautbois.  (Hal- 
bert.) 

ROSTO  :  Bec  à  gaz.  Argot  de 
polytechnicien.  Du  nom  du  gé- 
néral Rostolan.  (Rigaud.) 

ROUATRE  :  Lard.  (Halbert.) 

ROUATRÉ  :  Lardé.  {M.) 

ROUBIGNOLEUR  :  Floueur, 
malin.  (Rigaud.)  —  Pour  l'ori- 
gine de  ce  mot,  voyez  Robigno- 
leur,  p.  3 17. 

ROUBLAGE  :  Témoignage. 
{Id.)  —  De  roublard  :  iaid,  dé- 
fectueux. Un  témoignage  n'est 
jamais  bon  pour  le  malfaiteur. 


ROU 


—  114  — 


ROU 


ROUBLARD  :  Agent  de  po- 
lice. {Id.)  —  Même  allusion  que 
ci-dessus. 

ROUBLARD  :  Heureux.  (Id.) 
—  Mot  à  mot  :  ayant  des  rou- 
bles, riche. 

ROUBLER  :  Témoigner,  se 
plaindre.  (Id.)  —  De  roublard 
pris  dans  le  sens  de  laid.  Voyez 
page  319. 

ROUBLEUR  :  Témoin.  (Id.) 

ROUE  :  Interrogateur.  (Mi- 
chel.) —  Doit  être  le  même  mot 
que  roué  :  juge  d'instruction. 
Sans  accent,  il  ne  peut  faire  al- 
lusion qu'à  l'ancien  instrument 
de  supplice  appelé  roue,  comme 
rouin  (ofl&cier)  et  roveau  (gen- 
darme). 

ROUEN  :  Officier  de  gendar- 
merie. (Halbert.)  —  Rouen  n'est 
ici  qu'une  forme  de  rouin  qui 
voulait  dire  jadis  ^réyo/.  (Grand- 
val.) 

•  ROUEN  (aller  à)  :  Page  320. 
Au  lieu  de  je  deu  mots,  lisez  : 
«  jeu  de  mots  sur  Rouen  et 
ruine.  «  —  On  trouve  un  second 
exemple  de  ce  procédé  dans 
nier  et  aller  à  Niort. 

*  ROUEN  (envoyer  à)  :  Cou- 
ler. —  Ce  n'est  pas  une  allusion 
à  la  Seine,  mais  une  équivoque 
sur  Rouen  et  ruine  comme  ci- 
dessus. 

ROUFFLÉE  :  Roulée  de  coups 
de  poings.  (D.  Lacroix.)  —  De 
ronffle  (chaud),  ce  qui  équivaut  à 
notre  brûlée. 

ROUGEMONT  (pivois  de): 
Vin  rouge.  (Michel.)  —  Équivo- 


que géographique  du  genre  de 
Rouen,  Niort. 

ROUCOULE  :  Vol  au  rendez- 
moi.  (Rigaud.) 

ROUILLE  :  Bouteille.  (Michel.) 

—  Abrév.  de  r ou  illarde. 

ROULE  (ça)  :  Cela  marche 
bon  train.  —  Allusion  au  roule- 
ment d'une  voiture. 

ROULEMENT:  Aràeurà 
l'ouvrage.  (Rigaud.) 

ROULEUR:  Chiffonnier  (Id.); 

—  Il  roule  (voyage)  constam- 
ment. (Delvau.) 

ROULOTIN  :  Roulier.  (Mi- 
chel.) 

ROULOTTE  A  TRÊPE  :  Om- 
nibus. (Rigaud.) 

ROULOTTE   EN  SALADE 

(grinchir  une)  :  Voler  sur  une 
voiture.  (Michel.)—  Mot  à  mot  : 
dans  le  pêle-mêle  de  la  voiture. 
V.  Salade. 

ROULURE  :  Fille  perdue, 
mot  à  mot  :  roulant  de  l'un  à 
l'autre.  —  «  Le  hasard  fit  qu'il 
n'habitât  point  une  maison  bon- 
dée de  roulures  ou  foisonnant  de 
gigolettes.  »  (Huysmans,  7  ).) 

ROU  MIE  :  Vieille  croûte  de 
pain.  Jargon  de  chiffonnier.  (Ri- 
gaud.) 

ROUSCAILLEUR  :  Débauché. 

—  Employé  souvent  en  mau- 
vaise part.  Exemple  :  c'est  un 
vieux  rouscailleur,  c'est  un  vieux 
coureur  de  filles.  —  Vie.it  de 
rouscailler,  verbe  composé  de 
deux  parties.  C'est  une  allusion 
testiculaire,  et  non  un  dérivé  de 


ROU 


-  ii5  - 


RUS 


rousse-caîgne  (chienne  rousse) 
comme  on  l'a  cru  jusqu'ici.  — 
La  finale  cailler  qu'on  retrouve 
dans  lanscailler  et  mouscailler, 
n'a  rien  de  commun  avec  caigne. 
Elle  a  le  sens  de  projeter. 

ROUSPÉTANCE  .•  Mauvaise 
humeur.  (Rigaud.)  —  Au  xviii« 
siècle, /<:ifre  le  pet  signifiait  déjà 
faire  mauvaise  mine.  V.  p.  275. 

ROUSPÉTANCE  :  Agent  des 
mœurs.  {Id.)  —  Mot  composé  de 
rousse  et  de  pet,  qui  donne  au 
mot  Rousse  un  caractère  plus 
menaçant.  V.  p.  275. 

ROUSPONT  :  Souteneur  ex- 
ploitant les  pédérastes.  (Michel.) 
—  C'est  le  même  mot  que  rous- 
pant  (p.  321),  mais  le  sens  est 
différent. 

ROUSSE  A  LA  RENACHE  : 

Police  secrète  non  commission- 
née.  (Halbert.)  —  Mot  à  mot  : 
police  à  la  tromperie.  —  Hal  bert 
appelle  aussi  arnaque  un  agent 
de  la  sûreté.  M.  Rigaud  donne 
rousse  à  l'arnac  :  police  de  sûre- 
té (c'est  une  forme  d'arnaque). 

ROUSSI  :  Mouchard,  contrô- 
leur, inspecteur.  (Rigaud.)  —  Dé- 
rivé de  rousse.  V.  p.  322. 

"ROUSTI  :  Ruiné.  {Id.) 

ROUSTISSEUR  :  Parasite,  — 
carottier.  {Id.) 


ROUSTISSURE  :  Mauvaise 
plaisanterie.  (Delvau.) 

ROVEAU  :  Gendarme.  (Hal- 
bert.) —  Pour  roueau.  V.  Rouen. 

RUBIS  SUR  PIEUX  :  Argent 

comptant.  (Michel.) 

•  RUP  :  Étymologie.  Rup  sem- 
ble venir  du  vieux  français  drup. 
Outre  Lacombe  que  nous  avons 
cité  page  323,  le  glossaire  de 
Barbazan  cite  à  ce  propos  un 
vers  de  Coquillard  qui  ne  laisse 
aucun  doute  : 

Sots,  singes,  drups,  dupes,  niais. 

Drup  semble  à  Barbazan  une 
forme  de  dru  qui  signifiait  : 
«  gaillard,  bien  en  point,  »  et 
qui  a  pu  se  prendre  au  figuré 
pour  désigner  des  gens  riches. 
—  Rup  peut  aussi  être  plus  sim- 
plement une  altération  de  huppé 
(homme  riche)  qui  est  un  vieux 
mot. 
RUPIN  :  Fameux.  (Halbert.) 
RUPIN  :  Malin.  (Rigaud.) 

RUPINE  :  Dame  bien  mise. 
(Halbert.) 

RUSQUIN  :  Écu.  {Id.)  — 
Semble  une  abréviation  du  terme 
populaire  saint  frusquin  :  ar- 
gent, fortune. 


SAB 


-  ii6  - 


SAF 


8 


SABACHE  :  Simple.  (A. 
Pierre.)  —  Pour  Saboche. 

SABLE  (être  sur  le)  :  Être  en 
disponibilité.  Jargon  des  soute- 
neurs. Allusion  à  leur  nom  de 
poisson.  (Rigaud.) 

SABLENAUT  :  Cordonnier. 
(Michel.)  —  Pour  sabrenot  (page 
323). 

SABLON  :  Cassonade.  {Id.) 

—  Elle  ressemble  à  du  sable. 

SABOCHE  :  Mauvais  ouvrier. 

—  SABOCHER  :  Travailler  trop 
vite.  (Delvau.)  Dérivés  de  sabot. 

SABORD  (jeter  un  coup  de)  : 
Vérifier  l'ouvrage.  Jargon  d'ou- 
vriers. (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
jeter  un  coup  d'oeil.  Un  sabord 
est  un  œil  pour  le  navire. 

SABOT  :  Objet  démodé,  vieux, 
hors  de  service  (Rigaud);  mau- 
vais violon,  mauvais  billard, 
homme  aimant  à  dormir.  (Del- 
vau.) 

SABOT  :  Mauvais  ouvrier.  — 
c  Combien  gagne-t-il?  —  Huit 
sous  l'heure  !  —  Un  sabot,  quoi  !  » 
(Huysmans,  79.)  —  Allusion  au 
sabot  avec  lequel  on  marche 
moins  bien   qu'avec  le  soulier. 

SABOURIN  :  Maladroit.  — 
«  Il  n'y  a  que  des  sabourins 
dans  son  échoppe.  »  {Le  Su- 
blime, 72.)  —  Doit  venir  de  sa- 
brer. V. sabreur. 


SABRE  (coup  de)  :  Grande 
bouche.  (Rigaud.)  —  Allusion  à 
la  largeur  d'une  blessure  de  coup 
de  sabre. 

SABRENAS  :  Gâcheur,  mau- 
vais ouvrier.  (Michel.) 

SABRENOT  :  Savetier.  Allu- 
sion à  leur  sabre  ou  tranchet. 
(Halbert.) 

SABREUR  :  Ouvrier  travail- 
lant vite  et  mal.  (Rigaud.)  — 
Du  verbe  sabrer  qui  veut  dire 
mot  à  mot  :  travailler  à  coups 
de  sabre,  c'est-à-dire  à  coups 
pressés  sans  ordre. 

SAC  PLEIN  (avoir  le)  :  Être 
ivre.  (Delvau.) 

SAC  A  OS  :  Maigre.  (Riga  ud.) 
—  Le  sac  est  ici  la  peau. 

SAC  AU  LARD  :  Chemise. 
(Delvau.)  —  Le  lard  désigne  ici 
le  corps  humain. 

SACQUER  :  Renvoyer,  mot  à 
mot  :  donner  son  sac  à  quel- 
qu'un. —  «  T'es  toujours  noceur, 
tu  te  seras  fait  sacquer.  »  (Le 
Sublime.) 

SACRISTIE  :  Lieu  d'aisarces. 
Jargon  de  voleur.  (Rigaud.) 

SAFFRE  :  Gourmand.  Mi- 
chel.) —  Vieux  mot. 

SAP^RAN  (aller  au)  :  Dissiper 
son  bien.  (Delvau.) 


SAL  —  Il 

SAIGNEMENT  DE  NEZ  :  In- 
terrogatoire. —  Faire  saigner  du 
ne^  :  interroger.  (Rigaud.) 

SAINT-DOME  :  Tabac.  — 
Abrév.  de  Saint-Domingue;  pa- 
trie du  tabac,  dit  M.  Rigaud. 
C'est  une  variante  de  saindom- 
me  (p.  324).  Le  manque  absolu 
d'exemples  anciens  met  dans  le 
doute  sur  la  forme  vraie  et  l'o- 
rigine de  cette  expression. 

SAINT  JEAN  :  Outillage  d'un 
compositeur. — Prendre  son  saint 
Jean  :  quitter  l'atelier.  (Boutmy.) 

SAINT  LUNDI  (faire  la)  :  Ne 
pas  travailler  le  premier  jour  de 
la  semaine.  Ironie  à  l'adresse 
des  jours  fériés  par  l'Eglise. 

SAINT  PÈRE  :  Tabac  à  fumer. 
Argot  des  marbriers  de  cime- 
tière. (Delvau.)  —  D'après  M.  Ri- 
gaud il  serait  passé  dans  le  jar- 
gon des  ouvriers. 

SAINTE  TOUCHE  :  Jour  de 
la  paye.  (Boutmy.)  —  Ironie 
voltairienne. 

SALADE  :  Pêle-mêle.  (Mi- 
chel.) —  Allusion  au  pêle-mêle 
de  la  salade. 

SALADE  :  Fouet.  (Id.)  —  Il 
vous  sale  (cuit). 

SALADIER  :  Vin  sucré.  — 
Récipient  pris  pour  le  contenu, 
—  «  Il  ne  sortait  pas  du  saladier, 
ça  vous  retapait  un  homme.  » 
(Le  Sublime,  72.) 

SALE  :  Gris.  (Halbert.)  —  Ce 
qui  est  gris  paraît  sale. 

SALÉ  :  Travail  payé  d'avance 
à  un  compositeur  ou  à  un  met- 
teur en  pages  d'imprimerie  qui 


7  —  SAC 

ne  touchera  rien  à  la  banque. 
Cet  exemple  donne  peut-être  la 
clef  de  l'étymologie  :  «  On  dit 
que  le  salé  fait  boire  parce  qu'il 
n'encourage  pas  à  travailler.  » 
(Boutmy.)  —  Salé  semble  avoir 
un  sens  plus  ironique  dans  cet 
exemple  :  «  Tout  ça  ce  n'est  pas 
du  salé.  En  voilà  de  la  turbine! 
On  se  casse  les  ongles  sur  ce 
papier-là  I  »  (Huysmans,  79.) 

•SALÉ  (morceau  de)  :  Petit 
enfant.  —  11  est  blanc  et  rose 
comme  un  morceau  de  petit- 
salé  (lard). 

SALLE  A  MANGER  :  Bouche. 
(Delvau.)  — Les  aliments  y  sont 
servis  en  effet. 

SALLE  DE  DANSE  :  Derrière. 
(Rigaud.)  —  Allusion  à  faire 
danser  :  battre. 

SALUER  :  Baisser  la  tête  sous 
le  feu  des  projectiles.  (D.  La- 
croix.) 

'  SANCHO-PANÇA  :  Juge  de 
paix.  (Michel.)  —  Don  Quichotte 
est-il  aussi  connu  dans  le  monde 
argotique  ? 

SANG  DE  POISSON  :  Huile. 
(Id.)  —  Allusion  à  l'huile  de 
poisson. 

SANS  BEURRE  :  Chiffonnier 
de  premier  ordre.  (Id.) 

SANS  BOUT  :  Cerceau.  (Id.) 
—  Un  cercle  n'a  pas  de  bout. 

SANS  CAMELOTE  :  Escroc 
solliceur  de  zif.  (Id.)  V.  Solli' 
ceur,  p.  333. 

SANS  CHAGRIN  :  Voleur. 
(Vidocq.) 
SAOULLE  :  Terme  de  mépris 


SAU 


8 


SCI 


employé  particulièrement  en  pri- 
son. (Halbert.) 

SAPEUR  :  Cigare  presque  en- 
tier. (Rigaud.)  —  Il  marche  à  la 
tête  des  autres,  pour  les  ramas- 
seurs  de  bouts  de  cigare. 

SAPIN  :  Plancher.  —  Il  est  en 
sapin. 

SAPIN  DES  CORNANTS: 
Terre.  Mot  à  mot  :  plancher  des 
vaches.  (Michel.) 

SAPINIÈRE:  Fosse  commune. 
(Rigaud.)  —  Jeu  de  mots  sur 
sapin  (arbre)  et  sapin  (cercueil). 

V.  p.  326. 

SAQUÉ  (être)  :  Être  riche, 
avoir  le  sac  (Boutmy.)  — Voyez 
aussi  sacquer. 

SARDINE  :  Doigt.  (Rigaud.) 
—  Allusion  de  forme. 

SARRASIN  :  Ouvrier  travail- 
lant quand  les  autres  font  grève. 
Mot  à  mot  :  infidèle.  (Delvau.) 

SATON  :  Matériel  de  saltim- 
banque. 

SAUCE  PIQUANTE  (accom- 
moder  à  la)  :  Persiffler,  battre. 
(Delvau.)  —  On  dit  aussi  mettre 
à  la  sauce  piquante. 

SAUCE  TOMATE  :  Menstrues. 
(Rigaud.) 

SAUCISSE:  Fille  publique. 
ild.) 

SAUMON  :  Personne  riche  dé- 
cédée. {Id.)  —  Jargon  de  croque- 
mort. 

'  SAUTER  (puer)  :  Peut  être 
une  abrév.  de  sauter  au  we^  qui 
se  dit  familièrement.  Cela  saute 
au  wef  :  cela  est  infect. 


SAUTER  :  Voler.  (Hall -rt.) 
—  Mot  à  mot  :  faire  sauter. 
Même  image  que  dans  évanouir, 
filer,  etc. 

•SAUTEROLLE  :  Abrév.  de 
sauterondolles. 

SAUTE-RONDOLLES  :  Ban- 
quier. (Halbert.)  —  Mot  à  mot  : 
voleur  de  sous  (ronds). 

SAUTEUSE  :  Puce.  (Halbert.) 

SAUTU  ;  Santé.  {Id.)  —  Pour 
santu. 

SAVATE  ;  Ouvrage  mal  fait 
(Delvau),  homme  inhabile.  (Ri- 
gaud.) —  Traîner  la  savate  : 
Être  misérable.  (Id.)  —  Mot  à 
mot  :  n'avoir  pas  de  quoi  s'ache- 
ter des  chaussures. 

SCARABOMBE  :  Étonneir,  ent. 
Scarabomber  :  Étonner.  {Id.) 

SCHAKO  :  Tête.  -  «  E  t-ce 
que  vous  vous  fichez  dans  le 
schako  que  vous  allez  nous  em- 
bêter plus  longtemps.  »  (Duran- 
deau,  78.) 

SCHLOFFER  :  Dormir.  ^  De 
l'allemand  schlafen  :  dormir .  — 
«  J'ai  filé,  je  suis  allé  schl  ffer 
un  brin.  »  (Zola.) 

SCHPIL,  SCHPILE  :  Bien  exé- 
cuté. —  Schpiler  :  réussir  un 
ouvrage.  (Rigaud.)  —  Semble 
venir  de  l'allemand  spiegel  z 
modèle. 

SCHTARD  :  Prison.  {Id.)  — 
Forme  altérée  de  jettard,  page 
212. 

SCIER  DU  BOIS  :  Jouer  du 
violon.  —  Scieur  de  bois  :  violo- 
niste. (Delvau.)  —  Comparaison 
de  l'archet  à  la  scie. 


SEI 


SEC  :  Mort.  (Rigaud.) 

SÈCHE  :  Cigarette.  V.  cramer. 

SÈCHE  :  Mort.  (Rigaud.)  - 
Le  squelette  qui  la  personnifie 
n'est  pas  gras. 

SÈCHE  (piquer  une)  :  Avoir 
une  mauvaise  note.  Argot  des 
écoles. 

SÉCHÉ  (être)  :  Avoir  échoué 
à  l'examen.  (Rigaud.)  —  Du  ter- 
me piquer  une  sèche. 

SÉCHÉ  (être)  :  Être  dégrisé. 
(Delvau.)  —  Mot  à  mot  ;  n'être 
plus  mouillé  (gris). 

SÉCHER  LE  LYCÉE: Ne 
point  aller  au  lycée.  (Rigaud.) 

SÉCHER  UN  DEVOIR:  Ne 
pas  faire  de  devoir.  Argot  des 
écoles. 

SÉCHOIR  :  Cimetière.  (Ri- 
gaud.) —  C'est  le  séjour  des  secs 
et  la  sèche  est  là  sur  son  terrain. 
V.  ces  deux  mots  ci-dessus. 

SECOUSSE  (prendre  sa)  : 
Mourir.  (Michel.)  —  Allusion  à 
la  dernière  convulsion  de  l'ago- 
nie. Mot  du  XVIII»  siècle. 

SEIZE-MAYEUX  :  Fonction- 
naire du  ministère  du  i6  mai 
1877.  (Rigaud.)  —  Jeu  de  mots 
ironique  des  journaux  républi- 
cains sur  mai  et  mayeux  (bos- 
su).—' La  finale  eux  est  un  pé- 
joratif politique  employé  par 
tous  les  partis.  On  a  commencé 
par  dirQ partageux,  communeux 
(à  l'imitation  des  paysans)  ',  puis 
est  venu  bonaparteux. 

SEIZIÈME  :  Seizième  de  litre. 
—  «  Un  patriarche  qui  l'exorci- 


9  —  SER 

sait  derrière  les  bocaux  d'al- 
cool, en  faveur  de  trois  seizièmes 
(d'eau-de-vie)  de  cent  sept  ans.  » 
{Intermédiaire y  10  juill.  70.) 

SEMER  :  Se  débarrasser,  ter- 
rasser. (Delvau.)  —  Mot  à  mot  : 
éparpiller,  répandre  sur  le  che- 
min, sur  la  place. 

SÉMINAIRE  :  Bagne.  (Ri- 
gaud.) —  Le  même  nom  est  don- 
né dans  les  campagnes  aux  cages 
des  poulets  à  l'engrais. 

SEMPER  :  Tabac,  (/i.)  Voyez 
saint  père. 

SÉNAT  :  «  Depuis  longtemps, 
les  travailleurs  appellent  sénats 
les  boutiques  des  marchands  de 
vins  où  ils  se  réunissent  par 
spécialités.  »  {Le  Sublime ^  72.) 

SÉNATEUR  :  Bourgeois  bien 
mis.  (Rigaud.) 

SERGENT  D'HIVER  :  Soldat 
de  première  classe.  [Id.)  —  Al- 
lusion ironique  à  ses  galons 
de  laine.  La  laine  tient  chaud 
l'hiver. 

SERIN  :  Gendarme.  —  Allu- 
sion au  jaune  des  buffleteries. 
(Delvau.) 

SERINGUE  A  RALLONGES  : 
Télescope.  (Rigaud.)  —  Allusion 
à  sa  forme  et  à  ses  tubes  s'allon- 
geant  à  volonté. 

SERPENT  :  Sergent  dans  les 
lycées.  —  Déformation  du  mot 
et  allusion  au  galon  serpentant 
sur  la  manche. 

SERPENT  (faire  un)  :  Les 
écoliers  se  mettent  les  uns  der- 
rière les  autres  et  courent  dans 
toute  la  cour  en  suivant  toujours 


SIF  —  120  - 

leur  chef  de  file;  ils  forment 
ainsi  les  anneaux  d'un  immense 
serpent.  Le  serpent  est  surtout 
usité  en  hiver  pour  se  réchauf- 
fer. —  Argot  des  écoles. 

SERPENT  :  Crachat.  (Michel.) 

SERPENTIN  :   Matelas.  (Id.) 

SERPETTE  :  Jambe  courte. 
(Rigaud.) 

SERPILLIÈRE:  Robe,  sou- 
tane. (Halbert.)  —  Vieux  mot 
qui  veut  dire  aujourd'hui  toile, 
mais  qui,  au  xiii*  siècle,  vou- 
lait dire  robe. 

SERREBOIS  :  Sergent.  —  Il 
fait  serrer  les  rangs.  —  Allusion 
à  un  écrou  que  les  menuisiers 
appellent  de  leur  côté  sergent, 
(D.  Lacroix.) 

SERRER  LE  BRANCARD  : 
Serrer  la  main.  (Rigaud.)  —  Al- 
lusion à  l'aspect  fourchu  de  la 
main  qui  étreint. 

SERRER  LES  FESSES  : 
Avoir  peur.  (Id.)  —  Celui  qui 
foire  (a  peur)  serre  les  fesses  à 
tout  moment  sur  le  chemin 
de  la  garde-robe. 

SEUL   HOMME   (faire  le)  : 

—  Pour  faire  le  seul  homme,  les 
écoliers  se  tiennent  un  par  un 
très  serrés  l'un  derrière  l'autre. 
C'est  toujours  un  prétexte  à  dé- 
sordre. Argot  des  écoles. 

SIANTE  :  Chaise.   (Halbert.) 

—  Du  verbe  seoir. 

SIFFLER  AU  DISQUE  :  De- 
mander de  l'argent.  —  Allusion 
au  mécanicien  du  chemin  de 
ter  sifflant  au   disque  pour  de- 


SOL 


mander  l'ouverture  de  lar  voie'/'- 
De  plus,  la  monnaie  est   ronde 
comme  le  disque.  —  a  II  avait 
beau  siffler  au  disque...  Rien  !  » 
{Le  Sublime,  72.) 

SILENCE  :  Huissier.  (Michel.) 
—  C'est  le  pendant  moderne  de 
paix-là  ! 

SINQUI  :  Cela.  (Halbert.)  — 
Doit  être  un  mot  de  nos  patois 
de  l'Ouest. 

SINVINERIE  :  Niaiserie.  (Mi- 
chel.) —  De  sinve  (p.  33 1). 
SITRIN  :  Noir.  {Id.) 

SITRON  :  Aigre.  (/4.^  -  Le 
citron  est  acide. 

SIVE  :  Poule.  {Jd.) 

SIX  ET  TROIS  FONT  NEl  F  : 

Boiteux.  (Rigaud.)  —  Mêmei^-en- 
re  d'alLusion  que  pour  cin.j  et 
trois.  Voir  ce  mot. 

*  S ΠU R  (et  ta)  :  M.  Rigmd 
voit  une  allusion  dans  ce  couj^let 
d'une  chanson  populaire  char,  tée 
sur  un  air  de  valse  de  la  Fille 
du  régiment  : 

Et  ta  sœur  est-elle  heureuse, 
A-t-elle  z'évu  beaucoup  d'enfants; 
Fait-elle  toujours  la  gueuse, 
Pour  la  somme  de  trois  francs? 

Cette  origine  paraît  vraisenn- 
blable.  Il  n'y  manque  que  la 
date  de  la  chanson. 

SŒURS  BLANCHES  :  Dents. 
(Michel.) 

SŒUR  DE  CHARITÉ  :  Vo- 
leuse se  présentant  sous  pré- 
texte de  bonnes  œuvres,  (yi" 
docq.) 

SOLLICEUR  DE  LOFFI- 


sou 


—    121    — 


sou 


TUDE  :  Homme  de  lettres.  (Mi- 
chel.) —  Mot  à  mot  :  marchand 
de  sottises.  —  Solliceur  de  po- 
gnon :  Banquier. 

SOMBRE  (la)  :  Préfecture  de 
police.  (Rigaud.)  —-  Pour  les 
malfaiteurs,  l'ancien  bâtiment 
était  très  sombre,  à  tous  les 
points  de  vue. 

SONNER  (se  la)  :  Bien  dîner. 
ild.) 

SONNER  :  «  Le  magistrat  de- 
manda ce  que  voulait  dire  le 
mot  sonné.  —  «  Ah  !  répondit-il 
"sans  s'émouvoir,  je  vas  vous 
dire,  monsieur  le  juge.  Chez 
nous,  là-haut  à  la  Villette,  on 
dit  comme  ça  quand  on  a  pris 
un  homme  couché  par  terre  par 
les  oreilles  et  qu'on  lui  a  tapé 
le  derrière  de  la  tête  contre  les 
pavés  jusqu'à  ce  qu'il  soit  ache- 
vé! »  (Petit journal,  oct.  78) 

SORGUE  :  Rue.  (Halbert.) 

SORLOT  :  Soulier.  (Rigaud.) 

SORTE  :  Mystification,  scie 
(v.  ce  mot)  dans  le  langage  des 
ouvriers  imprimeurs.  «  Conter 
une  sorte,  c'est  narrer  une  his- 
toire impossible...  Il  y  a  aussi 
des  sortes  en  action.  »  (Boutmy, 
78.) 

SORTI  (être)  :  Être  distrait. 
(Rigaud.)  —  Quand  on  est  sorti, 
on  n'y  est  pas  (on  n'est  pas  à  la 
question), 

SOUCHE  (fumer  une)  :  Être 
enterré.  (Id.)  —  Mot  à  mot  :  fu- 
mer la  terre,  faire  pousser  les 
souches  des  arbres  qu'on  y 
plante. 


SONDEUR  :  Commis  d'octroi. 
(Halbert.)  —  Pour  sondeur. 

SOUFFLER  MAL  :  Avoir  de 
mauvaises  intentions.  (Rigaud.) 
—  Jeu  de  mots  sur  avoir  mau- 
vais air. 

SOUFFLER  SON  COPEAU  : 
Travailler.  (Delvau.)  —  Allusion 
au  sifflement  du  rabot  de  me- 
nuisier. 

SOUFRANTE  :  Allumette.  — 
Elle  est  soufrée.  (D.  Lacroix.) 

SOULOTTEUR  :  Ivrogne.  — 
«  C'était,  peut-être  un  mauvais 
sujet,  un  soulotteur  prompt  aux 
disputes.  »  (Huysmans,  79.) 

SOUPAPE  (serrer  la)  :  Cher- 
cher à  étrangler.  (Rigaud.)  — 
Mot  à  mot  :  mettre  obstacle  à  la 
respiration. 

SOUPAPES  (faire  cracher 
ses)  :  S'enivrer.  —  Terme  de 
mécanicien. 'Comparaison  de  l'i- 
vrogne à  une  machine  bien 
chauffée.  C'est  par  les  soupapes 
que  s'échappe  le  trop-plein  de 
vapeur.  —  «  Si  ses  soupapes  ont 
craché  le  dimanche,  le  lundi  il 
a  mal  aux  cheveux.  »  {Le  Su- 
blime, 72.) 

SOUPE  DE    TA   TRANCHE 

(j'ai)  :  Tu  m'ennuies.  Argot  de 
soldat.  (Rigaud.)  —  Mot  à  mot  : 
j'en  ai  mangé  asseiz  pour  aujour- 
d'hui. Le  souper  est  le  dernier 
repas. 

SOUPENTE  :  Ventre.  Jeu  de 
mots  sur  soupente,  grenier  et 
soupe.  Le  ventre  est  un  grenier 
à  soupe. 

SOUPESER  (se  faire)  :  Se  faire 
réprimander.  (Rigaud.) 


SPO 


122    — 


SUA 


SOUQUER  :  Rudoyer.  Argot 
maritime.  (Michel.) 

SOUS  LE  LIT  (être)  :  Se  trom- 
per. (Rigaud.)  —  Quand  on  est 
sous  le  lit,  on  n'y  voit  goutte. 

SOUS-MERDE  :  Moins  que 
rien,  homme  ou  chose.  (Id.)  — 
Mot  à  mot  :  inférieur  à  une 
merde. 

SOUS-OFF  :  Sous-officier.  — 
Abréviation.  —  t  L'ancien  sous- 
oft  ne  fera  pas  mal  de  lire  le 
réquisitoire  de  l'officier.  »  (Sa- 
vard,  76.) 

SOUSSOUILLE  :  Souillon. 
—  Redoublement  de  la  première 
syllabe.  —  «  11  ne  pourrait  ai- 
mer qu'une  fille  honnête...  et 
non  une  de  ces  soussouilles.  » 
(Huysmans,  79.) 

SOUTENANTE  :  Canne.  (Mi- 
chel.) —  Elle  sert  de  soutien. 

SOUTIRER  AU  CARAMEL: 
Soutirer  de  l'argent  en  em- 
ployant la  douceur.  (Delvau.)  — 
Le  caramel  est  une  douceur. 

SPECTRE  DE  BANCO  : 
Joueur  ruiné.  (Rigaud.)  —  Jeu 
de  mots  sur  le  Banco  de  Mac- 
beth et  du  baccarat. 

*  SPORT,  Sportsman  :  «  Le 
terme  de  sports  s'applique  à 
tous  les  exercices,  à  toutes  les 
occupations  qui  n'ont  pas  pour 
objet  le  commerce  et  le  gain. ..Les 
jeux  de  mots,  les  railleries,  les 
boutades  à  l'anglaise  s'appellent 
aussi  des  t  sports.  »  On  voit 
que  nous  avons  adopté  ce  terme 
de  «  sports  »  dans  le  sens  le 
plus  restreint  possible,  puisqu'il 


n'a  chez  nous  qu'une  seule  ac- 
ception. (J.  Amero.) 

SQUARE  :  En  Angleterre, 
square  signifie  :  place  publique 
carrée,  qu'il  y  ait  du  gazon,  des 
fleurs  et  des  arbres,  ou  qu'il  n'y 
en  ait  pas.  Si  la  place  atfecte  une 
forme  géométrique  autre  que  le 
carré  ou  le  rectangle  :  rende,, 
elle  est  appelée  circus;  fait-elle 
la  demi-lune,  elle  reçoit  le  nom 
de  crescent  (croissant).  11  sem- 
blerait plus  logique  d'api  eler 
nos  plantations  jardin  ou  par- 
terre au  lieu  de  square.  (J.  Ame- 
ro.) 

STAFER  :  Dire.  (Halbert.) 

STOP  :  Anglicanisme  employé 
par  ceux  qui  ne  veulent  pas 
dire  halte!  en  français.  On  dit 
stoper  pour  faire  halte. 

STORES  :  Paupières.  V.  P/- 
voiner.  Maillard  (fermer). 

STRON  :  Sentier.  (Hall  ert.) 
—  Doit  être  une  erreur  (l'im- 
pression pour  stroc  :  setier. 

STYLE  :  Argent.  Argot  d'ar- 
mée d'Afrique.  (Rigaud.) 

STYLÉ  :  Bien  mis.  {Id.)  — 
On  dit  aussi  il  est  dans  le  <tyle 
pour  il  est  élégant.  Le  ch  ;min 
fait  dans  le  peuple  par  ce  terme 
artistique  a  été  rapide.  Les  ou- 
vriers peintres,  sculpteurs  et 
modeleurs  ont  dû  le  proj  ager 
d'abord,  en  entendant  direc'une 
œuvre  de  beau  caractère  qu'elle 
avait  du  style. 

•SU AGE  :  Chauffage,  assas- 
sinat. (Michel.) 

SUAGEUR  :  Chauffeur,  assas- 
sin. (Id.) 


TAB 


—   123   — 


TAB 


SUBLIMER  (se)  :  Tomber 
dans    l'avilissement.    (Rigaud.) 

—  Terme  ironique  à  l'adresse 
des  ivrognes  arrivés  au  sublime 
de  la  soulographie.  —  On  dit  : 
c'est  un  sublimé. 

SUBLIME  :«  On  ne  dit  plus 
en  parlant  d'un  travailleur  pa- 
resseux, violent  et  ivrogne  c'est 
un  mauvais  ouvrier,  on  dit  c'est 
un  sublime.  »  Le  Sublime,  72.) 

—  «  Deux  vrais  sublimes,  an- 
ciennes grosses  culottes.  »  (Id.) 

—  On  y  voit  une  acception  iro- 
nique de  la  chanson  populaire 
de  Tisserand,mais  5MÔ/imé,  d'où 
vient  sublime,  me  paraît  plus 
ancien.  V.  ci-dessus  : 

Le  gai  travail  est  la  sainte  prière 
Qui  plaît  à  Dieu,  ce  sublime  ouvrier. 

SUCE-LARBIN  :  Bureau  de 
placement.  (Michel.)  —  On  y  ex- 
ploite souvent  les  domestiques. 

SUCER  LA  POMME,  SUCER 
LE  TROGNON  :  Embrasser. 
(Delvau.)  —  La  pomme  est  ici 
la  joue.  Trognon  est  un  dimi- 
nutif de  trogne  :  figure. 

SUCRE  (un)  :  Très  bon. 

SUCRE  (manger  du)    :   Être 


applaudi.  Jargon  de  théâtre.  (Mi- 
chel.) —  Souvent  le  sucre  est 
fourni  par  ceux  qui  paraissent 
le  recevoir.  On  se  rappelle  la 
réponse  d'une  cantatrice  bien 
connue  à  un  ami  qui  lui  disait  : 
«Qu'a  donc  X...  contre  vous? 
Son  feuilleton  de  lundi  était  tout 
aigre.  »  —  «  Oh  !  c'est  que  j'avais 
oublié  de  le  sucrer  dimanche.  » 

SUER  :  Tuer.  (Halbert.)  — 
Pour  faire  suer,  p.  336. 

SUIF  :  Grèce,  assemblage  de 
grecs.  —  Jeu  de  mots.  Le  suif 
est  plein  de  graisse, 

*SUIFFARD  :  Grec.  Même 
équivoque  que  pour  suif.  V. 
Bédouin. 

SUPIN  :  Soldat.  (Michel.) 

"  SURFINE  :  Même  sens  que 
sœur  de  charité. 

SURGEBEMENT  :  Arrêt  dé- 
finitif en  cassation.  (Id.)  —  Mot 
à  mot  :  sur-jugement.  V.  Gerber. 

SUR  SEIZE!  :  Attention!  (Ri- 
gaud.) 

SYMBOLE  :  Crédit.  —  Allu- 
sion au  Credo  ou  symbole  des 
apôtres.  De  credo  à  crédit  il  n'y 
a  pas  loin.  (Boutmy.) 


T 


TABLEAU!  :  Exclamation 
par  laquelle  on  exprime  la  joie 
ou  la  surprise  générale.  (Bout- 
my.) —  Mot  à  mot  :  vous  voyez 
d'ici  le  tableau.  —   L'emploi  de 


ce  mot  est  fort  répandu.  Il  est 
généralement  ironique. 

TABLETTE  :  Brique.  (Mi- 
chel.) —  Allusion  de  forme. 


TAP  -  124  -  TAU 

—  Dérivé  de  se  tapir  qui  a  fait 
tapinet  et  tapis. 


TABLIER  DE  CUIR  :  Cabrio- 
let. {Id.)  —  Partie  prise  pour  le 
tout. 


TAFFOUILLEUX  :  Chiffon- 
nier des  bords  de  la  Seine.  (Ri- 
gaud)  —  Mot  à  mot  :  tas-fouil- 
leur,  fouilleur  de  tas. 

TAL  :  Derrière.  —  Tapeuse 
de  tal  :  Fille  publique.  {Id.) 

TALBIN  :  Huissier.  (Hal- 
bert.)  —  De  tailbin  :  billet  à 
ordre. 

TALBINE  :  Halle.  {Id.) 

TALBINER  :  A  ssigner.  {Id.) — 
De  talbin  :  huissier. 

TALBINIER  :  Hallier.  {Id.)  — 
Marchand  de  la  halle  .' 

TALENT  DE  SOCIÉTÉ  :  Raf- 
finement secret.  —  «  Si  les  char- 
mes ne  peuvent  plus  se  vendre 
assez  cher,  elles  emploient  leurs 
talents  de  société.  »  {Le  Su- 
blime.) 

TAMBOUILLE  :  Ragoût,  pe- 
tite cuisine.  (Delvau.) 

TAMPONNER  :  Battre  à  coups 
de  poing.  {Id.) 

TAPE  A  L'ŒIL  :  Borgne.  — 
Allusion  à  l'accident  qui  cause 
d'ordinaire  cette  infirmité. 

TAPE  A  L'ŒIL  :  Chapeau.  Il 
descend  sur  les  yeux.  —  «  Ils. 
avaient  des  tape  à  l'œil  flambant 
neufs.  »  (Huysmans,  79.) 

*  TAPETTE  :  Verve,  entrain. 
(Delvau) 

TAPIQUER  :    Habiter,    (/i.) 


TAPIS  :  Café.  (Halbert.) 

TAPIS  BLEU:  Ciel.  (Rigaud.) 

TAPIS  VERT  :  Table  de  jeu, 
café  de  voleurs,  prairie  (Halbert, 
Michel). 

TAPOTEUR  :  Mauvais  joueur 
de  piano.  (Rigaud.) 

TAPPE:  Marque  au  fer  chaud. 
(Halbert.) 

TARAUDER  (se)  :  Se  dispu- 
ter. (Rigaud.) 

TARRE  (à  la)  :  Voler  les  mou- 
choirs de  poche.  (A.  Pierre.  — 
Tarre  est  ici  pour  tire  qu'on 
aura  trouvé  trop  connu.  V.  Tire  y 
p.  343. 

TARTARE  :  Apprenti  tail- 
leur. (Delvau.) 

TARTE,  TARTELETTE  : 
Faux.  (Michel.) 

TARTIR  :  Aller  à  la  selle. 
{Id.)  —  Pour  tartiner, 

TAS  :  Personne  sans  énergie. 
(Rigaud.)  —  Mot  à  mot  :  qui  se 
tasse,  qui  s'affaisse. 

TAS  DE  PIERRES  :  Prison. 
(Michel.)  —  On  n'y  voit  pas  de 
fenêtres. 

TATE-MINETTE:  Sage- 
femme  (Halbert,  A.  Pierre.) 

TAUPIN  :  Soldat  du  génie.  Il 
fait  un  travail  de  taupe  dans 
les  sièges.  (D.  Lacroix.) 


TIC 


125    — 


TIR 


TAUPINIÈRE  :  Cours  ou 
école  préparatoire  à  une  école 
spéciale  de  l'Etat.  (Rigaud.)  — 
Elle  est  composée  de  taupins 
(V.  p.  341). 

TE  DEUM  RABOTEUX  (faire 
chanter  un)  :  Battre.—  Allusion 
aux  cris  de  la  victime.  —  «  Il  lui 
a  fait  chanter  un  Te  Deum  rabo- 
teux que  c'était  ça.  »  {Le  Su- 
blime, 72.) 

TÉLÉGRAPHE  SOU  S- MA- 
RIN :  Se  dit  des  signaux  amou- 
reux hasardés  sous  les  tables 
par  les  pieds  d'une  ou  de  deux 
personnes.  (Rigaud.) 

TEMPLE  :  Objet  acheté  au 
marché  du  Temple.  {Id.) 

TERREAU  :  Tabac  à  priser. 
(Delvau.)  —  Il  y  a  communauté 
d'aspect. 

TESSON  :  Tête.  {Id.) 

TÊTARD  :  Homme  de  tête. 
(Halbert.) 

TÊTES  DE  CLOU  (imprimé 
avec  des)  :  Imprimé  avec  de 
vieux  caractères.  —  Allusion  à 
l'aspect  morcelé  de  chaque  lettre_ 

TÊTUE  :  Épingle.  (Halbert.) 
—  Sa  tête  était  plus  grosse  au- 
trefois. 

•  THOMAS  :  Pot  de  nuit.  - 
«  Il  entrevit  sous  le  lit  un  im- 
mense Thomas  qui  brillait  de 
profil  dans  l'ombre.  »  (Henni- 
que.) 

TIGHE  :  Profit  (Delvau.) 
TICKET  ;    Billet  de  chemin 


de  fer.  (Id.)  —  Billet  quelcon- 
que.—  ((  L'exposition  de  1878 
laissera  dans  notre  langue  le 
terme  de  ticket,  actuellement 
employé  par  quiconque  tient 
une  plume,  —  à  la  place  de  bil- 
let, honni  et  rejeté.  Honte  donc 
sur  «  billet  »  et  vive  le  vocable 
anglais.  »  (J.  Amero.)  —  Ajou- 
tons que  l'administration  elle- 
même  de  l'Exposition  a  intro- 
duit ticket  dans  sa  langue  offi- 
cielle. 

TIERCE  (il  y  a  de  la)  :  La  po- 
lice est  en  nombre.  (Rigaud.)  — 
Allusion  à  la  tierce  du  jeu  de 
piquet. 

TIGNER  D'ESBROUFFE  : 
Violer.  (Michel.) 

TIMBALE  (décrocher  la)  :  Sur- 
passer. (Rigaud.)  —  Allusion  à 
la  timbale  qui  était  le  prix  or- 
dinaire placé  au  sommet  du  mât 
de  cocagne. 

TINETTES  :  Bottes.  (Hal- 
bert.) —  Allusion  de  puanteur. 

TINTE UR  :  A  faire  rentrer 
dans  la  longue  nomenclature  qui 
^miÊtre  {en),  p.  162. 

TIPSTER  :  «  Homme  faisant 
métier  d'annoncer  les  noms  des 
chevaux  gagnants.  »  —  Angli- 
canisme. (Carnet  des  courses, 
77-) 
TIRANT  :  Lacet.  (Halbert.) 
TIRE,  page  843.  Au  lieu  de 
voler  à  la  tire,  lisez  voler  dans 
la  poche. 

TIRER  AU  MUR  :  Se  passer, 
se  priver.  (D.  Lacroix.)  —  Terme 
d'escrime.  Celui  qui  tire  au  mur 
ne  pique  rien. 


TOC 


-  126  — 


TOR 


TIRER  DES  LONGES  :  Faire 
plusieurs  années  de  prison.  (Hal- 
bert.) 

TIRER  LE  CHAUSSON  :  Fuir. 
(Michel.)—  Chausson  est  ici  pour 
pied. 

TIRER  SON  PLAN  :  Subir  un 
emprisonnement.  (Rigaud.)  — 
Mot  à  mot  :  tirer  sa  prison. 

TIRER  UNE  DENT  :  Escro- 
quer de  l'argent.  (Michel.)  —  Al- 
lusion d'extraction. 

TIRET  AINE  :  Voleur  de  cam- 
pagne, ild.)  —  Jeu  de  mots  sur 
tirer  (voler)  et  sur  l'étoffe  gros- 
sière appelée  tiretaine  qui  est 
portée  par  les  campagnards. 

TIR  ON  :  Route  pavée  (Hal- 
bert),  petit  chemin.  (Michel.) 

T  I T I  :  Volaille.  Jargon  de 
chiffonnier.  (Rigaud.)  — Allusion 
au  cri  de  petits  !  petits  !  poussé 
pour  appeler  la  volaille  à  la  dis- 
tribution de  grain. 

TITI  :  Typographe.  {Id.)  — 
Redoublement  de  première  syl- 
labe. 

■  TOC  :  Amusant.  (Rigaud.) 

TOGASSE,  TOGASSON: 
Femme  laide,  ridicule.  (Deivau.) 

—  V.  Toquasse. 

TOGGANGE  :  Coquille  de 
noix.  (Halbert.)  —  Pour  co- 
cange. 

TOGGANTE  :  Montre.  {Id.) 

—  V.  Toquante  y  p.  3^b. 

TOG-TOG  :  Un  peu  toqué. 
(Rigaud.)  V.  p.  3^b.  —  Abrév. 
avec  redoublement  des  premiè- 
res lettres. 


TOGNE  :  Malin.  (Michel.) 

TOITURE  :  Chapeau  d'hom- 
me. (Rigaud.)  —  On  dit  aussi 
tuile;  toit  (pour  chapeau  existe 
en  fourbesque,  dit  M.  Fr.  Mi- 
chel, et  si  la  forme  comble,  qu'il 
donne  aussi  est  plus  ancienne 
que  combre  (chapeau),  il  n'est 
pas  douteux  qu'il  faille  y  voir 
une  allusion  au  couronnement 
de  notre  édifice  humain.  Le  cha- 
peau est  en  effet  le  toit,  le  com- 
ble, de  la  tête. 

TOLE  :  Derrière,  lo::ement, 
maison.  (Halbert.)  —  '?o\ïv  taule. 

*  T  O  P  O  :  Gommur  ication 
écrite,  mais  particulière  aux 
élèves;  on  la  fait  circuler  dans 
les  salles  d'étude.  —  Argot  des 
écoles. 

TOQUASSE  :  Laide.  Augmen- 
tatif de  Toc,  V.  p.  344.  —  De- 
vrait s'écrire  tocasse  : 

Si  j'  guigne  un  beau  brun  q  ù  passe, 
L'  cœur  tout  patpitant, 

Souvent  j' l'entends  m'  dire  :  toquasse, 
C'est  bien  embêtant. 

V.  Va: hier. 

TOQUE  :  Malin  (Michel); 
amusant.  (Rigaud.) 

TOQUE  :  Mauvais.  \.  Toc, 
p.  344. 

TORCHECUL  :  Écrit  ou  im- 
primé sans  valeur.  (Rigaud.)  —^ 
On  disait  autrefois  dansk  même 
sens,  bon  à  mettre  au  cabinet. 

TORCHON  :  Femme  fcalante 
d'humble  condition.  La  lorette 
élégante  s'appelle  linge,  ce  qui 
suffit  pour  préciser  la  nature  de 
ces  deux  surnoms.  —  «  Il  s'est 


TOU 


s—      127      — 


TRA 


payé  un  torchon.  On  lui  refuse 
l'entrée.  »  {Le  Sublime,  72.) 

TORDU  :  Joueur  volé  au  jeu 
par  un  grec.  —  Augmentatif  de 
pigeon  (dupe)  ;  on  tue  le  pigeon 
en  lui  tordant  le  cou.  —  «  Après 
une  demi-heure,  les  jeunes  pi- 
geons sont  plumés...  Vous  n'a- 
vez pas  de  chance,  messieurs, 
s'écrie  Raoul  de  Brisemailles,  je 
vous  propose  une  partie  sur 
parole.  —  Alléchés,  les  jeunes 
tordus  tiennent  des  sommes  plus 
fortes.  »  (Paillet.) 

TORTILLANTE  :  Vigne.  (Ri- 
gaud.)  —  Allusion  à  sa  flexibi- 
lité. 

TORTILLARD  :  Fil  de  fer  ou 
de  laiton.  (Halbert.)  —  Il  se  tor- 
tille aisément. 

TORTILLER   :   Boiter.    {Id.) 

—  V.  Tortillard,  p.  347. 

TORTORE  :  Repas.  (Rigaud.) 

—  Doit  venir  de  tortiller  :  man- 
ger. 

TORTOUSE  :  Corde.  (Hal- 
bert.) V.  Tourtouse,  p.  348. 

TORTUE:  Femme,  maîtresse. 

—  ce  Et  ta  tortue,  qu'est-ce  que 
tu  en  fais?  »  (Huysmans,  79.) 

TORTUE  (faire  la)  :  Jeûner. 
(Rigaud.)  —  La  tortue  mange 
fort  peu. 

TOULABRE  :  Toulon.  (Mi- 
chel.)—  Changement  de  finale 

TOUPIN  :  Boisseau.  (Halbert.) 

—  Vieux   mot.   Tupin   se  disait 
au  moyen  âge  pour  pot,  caisse. 

TOUPINER  :  Mesurer  au  bois- 
seau. {Id.) 


TOUR  DE  CRAVATE  (don- 
ner un)  :  Étrangler.  —  «  Elle 
disait  avec  des  airs  équivoques 
et  tentateurs  que  ça  serait  fa- 
cile de  donner  un  tour  de  cra- 
vate au  cou  des  Pelletier.  »  (Pe- 
tit  journal,  sept.  77.) 

TOURNE-AUTOUR  :  Tonne- 
lier. (Vidocq.)  —  Il  frappe  en 
tournant  sur  ses  tonneaux. 

TOURNER  (faire)  :  Attraper. 
(Halbert.)  —  Variante  de  faire 
aller, 

TOURNEVIS  :  Chapeau  à 
cornes.  C'est  le  fond  du  cha- 
peau qui  représente  la  tête  de 
vis;  les  ailes  relevées  figurent  la 
partie  qui  sert  à  la  faire  tour- 
ner. —  Le  surnom  de  tournevis 
est  resté  aux  gendarmes  en  cer- 
tains pays. 

TOURNIQUET  :  Chirurgien 
de  marine.  (Delvau.)  —  Moulin. 
(Rigaud.)  V.  Torniquet,  p.  346. 

TOUR  POINTUE  :  Préfecture 
de  police.  (Rigaud.)  —  Allusion 
à  la  tour  pointue  de  la  Concier- 
gerie. 

*  T O U^RT E  :  Vieille  ridicule. 
(Rigaud.) 

*  TOURTOUSINE  :  Ficelle. 
(Halbert.) 

TOUT  :  «  Espion  cherchant 
à  surprendre  les  secrets  des  écu- 
ries et  les  vendant  aux  tipster  et 
aux  book  mayer.  »  —  Anglica- 
nisme. On  prononce  taout.  (Car- 
net des  courses,  77.) 

TRAÎNÉE  :  Fille  perdue.  — 
Ce  qui  est  traîné  est  souillé 
Vieux  mot  resté  dans  nos  pa- 
tois. 


TRE 


—  128  — 


TRO 


TRAMWAY  :  Omnibus  sur 
rails.  —  «  Le  chiffre  des  termes 
français  exportés  de  Normandie 
en  Angleterre  est  estimé  par 
Thommerel  à  8.489,  Au  nombre 
de  ces  mots  était  voie  (chemin, 
route),  que  les  bonnes  gens  de 
Normandie  prononçaient  voué. 
De  voué  les  Anglais  firent  way 
qui  se  prononce  ouay.  Tram  est 
une  abréviation  de  trammel 
(traîneau).  Les  Anglais  tron- 
quent volontiers  les  mots  pour 
aller  plus  vite.  Ainsi  disent-ils 
cab  pour  cabriolet.  L'expression 
«  tramway  »  signifie  donc  traî- 
neau-voie, en  bon  français»  voie- 
de-traîneau,  chemin  à  traîneau.  » 
Mais  un  chemin  destiné  à  un  vé- 
hicule n'a  jamais  passé  pour  être 
le  véhicule.  C'est  pourtant  ce  que 
l'on  a  dit  en  appelant  tramways 
les  voitures  qui  circulent  sur  les 
voies  à  «  trams.  »  (J.  Amero.) 

Vlà  le  tramway  qui  passe, 
Ernest  est  là-bas  qui  m'attend. 
(Chanson  populaire.  78.) 

TRAVAILLER  DANS  LE  BA- 
TIMENT. Voler  avec  effraction 
dans  les  maisons.  Jeu  de  mots. 

—  «  Il  ne  savait  pas  travailler 
dans  le  bâtiment.  »  (Petit  jour, 
nal,  mai  1879.) 

TRAVERSIN  :  Fantassin.  (Ri- 
gaud.) 

TRAVIOLE  :  Traverse.  (Hal- 
bert.) —  Changement  de  finale. 

TREFFLIÈRE  :  Tabatière, 
(/i.)  —  V.  Trè/le,  p.  35o. 

TREFOUINE  :  Tabatière.  (IJ.) 

—  De  trèfle  :  tabac. 

TREMPLIN  ;  La  scène.  (Del- 


vau.)  —  Jeu  de  mots  sur  la 
planche  du  tremplin  et  les  plan- 
ches de  la  scène. 

TRIBU  (se  mettre  en)  :  Même 
sens  que  popote.  Terme  de  Tar- 
mée  d'Afrique.  (D.  Lacroix.) 

TRICHER  :  Suivre  l'école  ma- 
trimoniale de  Malthus.  (Rigaud.) 

TRIGO  :  Trigonomètre.  — 
Argot  des  écoles. 

TRIMANCHER:  Cheminer, 

marcher.  (Halbert.) —  C'est  tri' 
mer  avec  changement  de  finale. 

TRIMAR  :  Éventaire,  balle. 
(Rigaud)  —  Le  petit  marchand 
trime  en  les  portant. 

TRIPER  :  Donner  le  sein  à  un 
enfant. 

TRIPIÈRE  :  Femme  très 
avantagée  sous  le  rapport  de  la 
poitrine.  (Rigaud.) 

TRIPOT  :  Garde  municipal. 
(Id.) 

TRIQUAGE  :  Triage  de  chif- 
fonnier. (Id.)  —  Diminutif. 

TRIQUE  A  LARDER  :  Canne 
à  épée.  (Id.) 

TRIQUE  :  Surveillance  de  po- 
lice. —  Casser  sa  trique  :  rom- 
pre son  ban.  (Rigaud.)  —  C'est 
une  variante  de  Canne,  V.  page 
78. 

TRIQUER  :  Trier.  —  TRI- 
QUEUR  :  maître  chiffonnier. 
(Delvau.)  —  C'est  trier,  trieur 
modifiés  par  l'adjonction  de  deux 
lettres. 

TROLLER  :  Rôder  (Rigaud), 
porter.  (Halbert.) 


TRO  —  129  - 

TROLLEUR  :    Commission- 
naire,  vagabond    (Rigaud),    — 


tut 


marchand  {Id.),  —  marchand  de 
peaux  de  lapins.  (Delvau.)  Dans 
ces  trois  sens,  trolleur  vient  de 
troller,  vieux  mot  qui  signifie 
cheminer,  arpenter  le  terrain 
(dialectes  de  l'Est).  On  prononce 
troiller,  troilleur, 

TROMBILLE  :  Bête.  (Delvau.) 

TROMBOLER  :  Aimer.  (Jd.) 

TROMBONE  (faire)  :  Faire 
semblant  de  prendre  dans  son 
gousset  de  l'argent .  Comparai- 
son du  va-et-vient  des  doigts  au 
va-et-vient  du  trombone.  (Ri- 
gaud.) —  Il  s'agit  ici  du  trom- 
bone ancien  modèle. 

TROMPE  :  Nez.  (Delvau.)  — 
Animalisme. 

TRONE  (être  sur  le)  :  Être 
aux  lieux  d'aisance.  (Delvau.)  — 
Ironique  allusion  aux  gradins 
sur  lesquels  le  siège  s'élevait  au- 
trefois. 

TRONQUE  :  Tête.  (Halbert.) 

—  Pour  tronche. 

TROTTINET  :  Soulier.  {Id.) 

TROU  :  Salle  de  police.  (Ri- 
gaud.) —  Se  dit  surtout  pour 
prison.  Allusion  d'obscurité. 

TROU  :  Lacune  imprévue. 
€  L'instrumentation  a  parfois  des 
trous.  »  (De  Lapommeraye,  79.) 

—  On  dit  d'un  homme  qui  passe 
de  l'aisance  à  une  pauvreté  inex- 
pliquée :  «  Il  y  a  des  trous  » 
(c'est-à-dire  causes  de  désordre 
cachées,  trous  par  où  l'argent 
s'écoule). 

TROUILLARDE,  TROUIL- 


LE :  Souillon,  dévergondée.  (lil- 
gaud.)  —  Vieux  mot  de  nos 
patois.  Même  origine  que  troU 
leur. 

TROU  SOUS  LE  NEZ  (il  a 
m)  :  Il  boit  avec  excès.  —  Com- 
paraison de  la  bouche  à  un 
gouffre. 

*TRUC  :  Industrie  quelcon- 
que. (Halbert.) 

TRUCAGEUR  :  Fabricant 
d'antiquités.  (Rigaud.)  —  Pour 
Truqueur  (p.  354). 

TRUNE  :  Aumône.  (Halbert.) 
—  Pour  thime.  De  tuner  :  men- 
dier. 

"  TRUQUER  :  Commercer. 
{Id.) 

TUBE  :  Fusil.  {Id.) 

TUBE  :  Nez.  (Delvau.) 

TUBER  :  Fumer  la  pipe.  {Id.) 

TUÉ  (être)  :  Rester  immobile 
de  stupéfaction.  On  dit  aussi  : 
il  est  mort.  Argot  de  collège. 
(Tourneux.) 

*TUER  LE  VER:  La  cou- 
tume est  ancienne  comme  l'a 
fait  remarquer  M.  du  Camp 
dans  cet  extrait  du  journal  d'un 
bourgeois  de  Paris  (juillet  1 5 19)  : 
«  11  est  expédient  de  prendre 
du  pain  et  du  vin  au  matin,  au 
moins  en  temps  dangereux,  de 
peur  de  prendre  le  ver.  » 

TUILE  :  Chapeau,  casquette. 
(Delvau.)  —  Même  allusion  que 
dans  Toiture. 

TUILER  (s')  :  S'enivrer.  Mot 
à  mot  :  s'empourprer,  devenir 
couleur  de  brique.  {Id.) 


ORF 


-  i3o  - 


UT 


TUITE  (prendre  une)  :  S'en- 
ivrer. —  Altération  de  cuite. 
(Boutmy.) 

TUNEBÉE  :  Bicêtre. (Michel.) 

TURC  :  Tourangeau.  (Hal- 
bert.)  —  Trois  des  premières 
lettres  du  nom  ont  e'té  conser- 
vées et  le  c  a  été  ajouté  pour 
dérouter. 

TURCAN  :  Tours.  (Id.) 

TURIN  :  Pot  de  terre.  (Hal- 
bert.)  —  Pour  terrin  qui  a  tait 
terrine. 

TURQUIE   :    Touraine.  {Id.) 

TUYAU  :  Jambe.  (Delvau.) 

TUYAU  A  OPÉRA  :  Gosier. 


On  saisit  Tallusion.  —  «  \  )us 
venez  de  vous  le  laver,  v  tre 
tuyau  à  opéras...  Vous  vous  en 
fourrez  dans  le  coco...  »  (Hnys- 
mans,  79.)  —  On  dit  plus  sim- 
plement tuyau.  «  Le  tuyau  est 
bouché  :  je  suis  enrhumé.  »  (Del- 
vau.) 

'TYPO  :  «  Le  typo  laborieux 
si  prompt  à  soulager  les  infor- 
tunes imméritées.  »  (Boutmy. ) 

TYPOTE  :  Ouvrière  typogra- 
phe. «  Ces  jeunes  filles  ne  man- 
quent pas  de  devenir  de  vr  lies 
typotes,  comme  elles  se  nom- 
ment entre  elles.  »  {Id.) 

TYRAN  :  Roi  (Delvau);  roi 
de  cartes.  (Rigaud.) 


XJ 


UNE  (en  griller)  :  Fumer  une 
cigarette.  —  Argot  des  écoles. 

UN  PEU,  MON  NEVEU  : 
Beaucoup.  —  a  Vous  auriez  ai- 
mé une  robe?  —  Un  peu,  mon 
neveu  !  »  {Vie  paris. ^  79.)  —  On 
dit  par  abréviation  un  peu  ! 

URF  (monde)  :  Monde  élé- 
gant. —  C'est  le  même  mot  que 
urffe  :  soigné  (p.  336).  M.  Bout- 
my donne  aussi  urfe  :  très  bien, 
ce  qui  fait  une  troisième  ma- 
nière de  l'écrire.  —  e  La  patrie! 
Allons  donc.  Doit-on  s'occuper 
d'elle  chez  les  gens  du  monde 
urf  !  »  (  Tam-Tam,  78.)  Voyez 
Urpitu). 


URNE  :  Tête.  —  C'est  elle  qui 
émet  le  vote  individuel,  c'es  -à- 
dire  qui  dirige  le  corps.  —  «  J'y 
cabossais  l'urne.  Elle  chignait 
roide.  »  (Huysmans,  7g.) 

URPINO  :  Distingué,  coquet. 
Forme  intervertie  de  rupiio. 
(Boutmy.)  —  Urpino  nous  per- 
met de  penser  que  urfe  (très 
bien)  n'est  qu'une  altération  de 
urpe,  forme  intervertie  de  rupe. 
Voir  Urf. 

UT  :  Formule  employée  i^ar 
les  typographes  en  trinquait. 
Elle  est  le  premier  mot  de  cette 
phrase  latine  :  ut  tibi  prosit  meri 
potio  !  oubliée  par  la  plupart. 
(Boutmy.) 


VEI 


i3i  - 


VER 


V 


•VACHE  (être)  :  Être  avachi, 
sans  énergie.  (Delvau.) 

VADROUILLARD  :  C'est  le 
masculin  de  vadrouille.  —  «  Peu- 
ple! ces  vadrouillards  te  nom- 
ment populace.  Qui  ^ont-ils?... 
Leur  naissance  est  souvent  un 
mastic.  ))(J'am-7'(2m,  78.)  —  Mas- 
tic est  ici  dans  le  sens  de  mé- 
lange confus,  mystère. 

VADROUILLE  :  Drôlesse 
(Delvau),  prostituée  de  bas  étage 
(Rigaud). 

*  VAGUE  :  Raccrochage.  Argot 
de  prostitution.  (Id.) 

VAIN,  VAINE  :  Mauvais,  mau- 
vaise. (Halbert.) 

VANÉ  :  Fatigué.  (Rigaud.)  — 
—  Mot  à  mot  :  secoué  comme 
le  grain  vanné.  En  patois  du 
Centre,  vané  veut  dire  poursuivi 
à  coups  de  bdton. 

VASER  :  Pleuvoir.  {Id.)—  Mot 
à  mot  renverser  le  vase.  On  dit 
vulgairement  dune  forte  pluie  : 
Dieu  renverse  son  pot. 

VEAU  MORNÉ  :  Femme  ivre. 
(Halbert.)  Voyez  Veau,  p.  358. 
Morné  est  ici  pour  mort-né.  Al- 
lusion d'avachissement. 


VEGULE  :  Voiture. 
Abrév.  de  véhicule. 


{Id.) 


VEILLEUSE  :   Estomac.  (Ri- 
gaud.) —  On  dit  de  même  met- 


tre de  l'huile  dans  la  lampe  pour 

manger. 

VÉLIN  :  Femme.  {Id.)  —  Al- 
lusion à  la  douceur  de  la  peau 
ou  diminutif  de  veau. 

VELOURS  :  Cuir.  (Halbert.) 
—  C'est  du  cuir  de  la  pronon- 
ciation qu'il  s'agit.  V.  Cuirasser, 
p.  129.  Velours  fait  allusion  à 
la  douceur  des  liaisons  illicites. 

VELU  (c'est)  :  Même  sens  que 
chic.  —  Argot  des  écoles. —  Pour 
les  jeunes  gens,  tout  ce  qui  ca- 
ractérise la  virilité  est  supérieur. 

VENELLE  (enfiler  la)  :  Pren- 
dre la  fuite.  (Michel.)  —  Fe- 
nelle  signifiait  ruelle  :  petit  che- 
min. 

VENETTE  :  Peur.  Du  vieux 
mot  venne,  vesse.  —  «  Dire  que 
j'ai  vendu  à  61  fr.  26.  Ah!  j'ai 
eu  la  venette.  »  (De  Leuven.)  — 
«  II  a  eu  une  fière  venette;  il  a 
eu  terriblement  peur.  »  (i8o8, 
Dhautel.)  V.  Vesse  (p.  36o.) 

VENNE  :  Honte.  (Halbert.)  — 
Vieux  mot. 


VENTERNIER 
Vanter  nier. 


Forme  de 


*VER  RONGEUR  :  (Transpo- 
sition.) V.  p.  359,  après  Ver- 
mine. 

VERDOUSE  :    Pomme,  prai- 


VER 


-   l32  - 


VEZ 


rie.  (Halbert.)  — Allusion  de  cou- 
leur. 

VERDOUSIER  :  Pommier, 
jardin  (Id.),  —  fruitier  (Rigaud). 

VEREUX  :  Sous  la  surveil- 
lance de  la  police.  Jargon  de 
voleurs.  {Id.) 

VERONE  :  Ville.  (Halbert.) 

VERGOGNE  :  Colère.  [Id.) 

VERM1NARD,VERMINEUX  : 
Homme  méprisable.  Argot  de 
collège.  (Tourneux.) 

VERMOIS  :  Sang.  (Halbert.) 

—  C'est  vermeil  avec  finale  chan- 
gée. 

VERMOISÉ  :  Rouge.  (Id.) 

VÉRONIQUE  :  Lanterne.  (Ri- 
gaud.) —  Jeu  de  mots  sur  verre. 

VERSER  :  Verser  des  larmes. 
(Michel.)  Abrév. 

VERSIGOT  :  Versailles.  {Id.) 

—  Changement  de  finale. 

VERT  (se  mettre  au)  :  Jouer. 
(Rigaud.)  —  Allusion  au  tapis 
vert. 

VERT-DE-GRIS  :  Huissier 
(A.  Pierre),  —  commandant  de 
place.  (D.  Lacroix.)  —  Tout  offi. 
cier  dur  dans  le  service  a  le 
même  nom.  Ses  rappels  sévères 
à  la  consigne  sont  comparés  au 
poison. 

VERT-DE-GRIS  :  Domestique 
de  charlatan.  Du  sobriquet  don- 
né à  son  joueur  d'orgue  par 
Mangin,  marchand  de  crayons 
nomade.  (Rigaud.) 

VERT-DE  GRIS  :  Verre  d'ab- 


sinthe. (Id.)  —  Jeu  de  mots  sur 
verre  et  vert  (couleur  d'absin- 
the). Le  vert-de-gris  est  de  plus 
un  poison,  ce  qui  donne  une 
allusion  redoublée. 

VERTE  :  Absinthe,  gonor- 
rhée.  (Rigaud.)  —  Allusion  de 
couleur. 

VERT  EN  FLEURS  :  Pour 
Verre.  Voyez  p.  SSg. 

VERVER  :  Pleurer.  (Michel.) 

—  Pour  ver;i[er. 

VESSE!  :  Exclamation  que  les 
collégiens  emploient  peur  se 
prévenir  de  l'apparition  d'un 
surveillant.  On  dit  aussi  :  colle  ! 

—  Argot  des  écoles.  —  Voyez 
Pet,  page  275. 

VESTIGE  :  Vivacité,  peur. 
(Rigaud.)  —  Dérivé  de  Vesse, 
p.  36o. 

VESTO  DE  LA  CUISINE  : 
Agent  de  la  sûreté.  (Rigaud.)  — 
Cuisine  se  dit  pour  la  préfecture 
de  police. 

VESTOS  :  Légume  sec.  (Id.) 

—  Abrév.  de  Vestige,  p.  3 60. 

VEUVE  :  Corde.  (Id.)  —  De 
veuve  qui  signifiait  potence.  On 
a  pris  le  tout  pour  la  partie. 

VEUVE  RENTRÉE  (la;  :  Pro- 
priétaire d'un  objet  non  adjugé 
aux  enchères  et  rentrant  chez 
son  possesseur.  On  dit  aussi 
monsieur  Dufour.  (Rigaud.)  — 
De/o«r;  insuccès. 

VEZOUILLER  :  Puer.  (Del- 
vau.)  —  De  vesse  pris  dans  le 
sens  de  flatuosité. 


à 


WAT 


•  i33  - 


YOU 


•VIAUPER  :  Pleurer  comme 
un  veau.  (Rigaud.) 

VICE  (aller  au)  :  Aller  chez 
une  fille  de  joie.  {Id.) 

VICE-RACE  :  Vicaire.  (Hal- 
bert.) 

VIEUX  (se  faire)  :  Se  tourmen- 
ter (Rigaud),  attendre  long- 
temps. —  Les  minutes  sont  alors 
des  siècles. 

VIO  G  :  Vieux.  (Delvau.)  — 
Changement  de  finale. 

VIO C QUE  :  Vie  débauchée. 
(Id.)—  Pour  Vioque,  p.  36i. 

VIOLONÉ  :  Misérable.  (Mi- 
chel.) V.   Violon,  p.  36i. 

VISCOPE  :  Visière,  casquette 
(Rigaud),  bord  de  chapeau.  V. 
Galurin,  p.  187.  —  C'est  visière 
avec  changement  de  finale. 

VITRIER  :  Carte  de  carreau. 
—  On  saisit  l'allusion.  V,  Bor- 
gne. 


VOIR  EN  DEDANS  :  Dormir. 
(Rigaud.)  —  Allusion  aux  yeux 
fermés. 

VOIR  LA  FARCE  (en)  :  S'en 
passer  le  caprice.  (Delvau.)— Al- 
lusion aux  baraques  des  farceurs 
de  foires  où  on  se  laisse  aller  à 
entrer.  On  dit  aussi  s'en  payer 
la  farce, 

VOIR  SOPHIE  :  Avoir  ses 
menstrues.  (Id.)  —  C'est  un 
temps  de  sagesse,  en  grecsophia. 

VOLE  AU  VENT,  VOLANTE  : 
Plume.  (Michel.) 

VOLTIGEANTE  :  Boue.  Elle 
voltige  souvent  sur  les  habits 
des  passants.  (Delvau.) 

VOLTIGEUR  :  Apprenti  ma- 
çon. Il  voltige  sur  les  échelles. 
(Rigaud.) 

VOUZIGAUD,  VOZIÊRE, 
VOZIGUE  :  Vous.  (Michel.) 


•w  ISI 


WAGON  :  Grand  verre  de  vin. 
(Delvau.) 

WATERLOO  :  Derrière.— 
f  Ça  va,  gentiment  et  sans  coup 


de    bottes   dans  le   waterloo.  » 
(Huysmans,  79.) 

YOUTRERIE  :  Ladrerie,  réu- 
nion de  juifs.  (Rigaud.)  —  De 
y  outre  :  juif. 


zoz 


-  i34- 


ZUT 


Z 


ZÉPH  :  Zéphîr,  vent.  Abrév. 
(Id,) 

ZERVER  :  Pleurer.  (Halbert.) 

—  Interversion  de  verser» 

ZIG  :  Si  ce  mot  n'est  pas  ac- 
compagné d'un  adjectif,  il  veut 
dire  mauvais  ami.  (Michel.) 

'  ZIG  A  LA  REBIFFE  :  Réci- 
diviste. (Rigaud.) 

ZIG-ZAG  :  Bancal,  boiteux. 
(Michel.) 

ZINC  :  Argent  monnoyé.  — 
Ironie.  Le  zinc  est  un  métal  in- 
férieur. —  «  11  ne  comprend  pas 
qu'on  mette  son  zinc  dans  une 
tirelire,  ça  rouille.  *  Le  Sublime, 
72.) 

ZOZOTTE  :  Argent.  (Rigaud.) 

—  Dérivé  abrégé  dcpe^^otte,  qui 


est  un  diminutif  de  pè^e  :  ar- 
gent. V.  p.  275. 

*  Z  U  T  !  :  Avec  le  comte  Jau- 
bert  (glossaire  du  centre  de  la 
France),  faut-il  y  voir  un  allon- 
gement de  l'interjection  ut!  em- 
ployée dans  nos  patois  du  '  Cen- 
tre pour  dire  hors  d'ici  !  i>a-V 
en  !  J'incline  vers  cette  dernière 
origine,  car  il  y  a  trente  ans 
que  j'ai  entendu, à  Paris  mcme, 
dire  ut  pour  :{Ut.  Quand  on  vou- 
lait compléter  la  phrase,  on  di- 
saitmême  pour  défierquelqu'un: 
Je  lui  dis  ut  en  musique.  Cl  jeu 
de  mots  sur  ut  (hors  d'ici  !)  et 
ut  (note  de  musique)  vient  con- 
firmer l'emploi  primitif  du  mot 
ut.  Seulement,  à  force  de  répéter 
je  lui  dis  ut,  on  aura  fin'  par 
réunir  à  ut  Vs  de  dis,  qui  lui 
était  liée  par  la  prononciation 
et  qui  sera  devenu  un  ;f . 


Imprimerie  D.  Bardin,  à  Saint-Germain. 


yr^'    ,^^^^.- 


3741^ 

L3 

1880 


Larchey,   Lorédan 

Dictionnaire  historiq:tie 
d'argot 


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UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


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