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Full text of "Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne. Ou, Mémoires disposés en ordre alphabétique pour servir a l'histoire de cette science, et a celle des medecins, anatomistes, botanistes, chirurgiens, et chymistes de toutes nations"

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UNIVERSITYOF 
TORONTO  LIBRARY 

The 
Jason  A.Hannah 

Collection 

in  the  History 

of  Médical 

and  Related 

Sciences 


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in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/dictionnairehist04eloy 


"X- 


dictionnair: 


p 


HISTORIQUE 


DE   LA   MÉDECIN 


.AJsrCXJBLWJSrM     MT    3£OJDJj^MN'JE:, 


Q-  Z. 


■à 


DICTIONNAIRE 

IIISTORI<^UE 

DE  LA    MÉDECINE 


ou 


^ 


MEMOIRES  DISPOSES  EN  ORDRE  ALPHABÉTIQUE 

POUR    SERVIR    A    L'HISTOIRE    DE    CETTE     SCIENCE, 

Et  A  CELLE    DES    MEDECINS,    AnATOMISTES  ,  BOTANISTES  ,    CHIRURGIENS 
ET    ChYMISTES     de    TOUTES    NATIONS. 

Par    N.    F.   J.    ELOY, 

Confeiller  -  Médecin    ordinaire    de    SON    ALTESSE     ROYALE    MONSEI- 
GNEUR  le  DUC   CHARLES  DE   LORRAINE   &  DE  BAR    &c.  &c.  &c- 

&  Médecin    Penfionnaire   de    la  "^''ille    de    Mons. 


//  importe  beaucoup  de  connaître  VHiftoire  de  la  Science  à  laquelle,  on  s'attache. 

Éloge  critique  de  BOERHAAVE. 


TOME  QUATRIEME, 


A        I\l    O    N    S    , 
Chez   H.  HOYOIS  ,   Imprimeur  -  Libraire  ,   Rue  de  la   Clef. 

M.    DCC.    L.XXVIU. 


v?'^ 

^ 


D  ICTIONNJ  IRE 

HISTORIQUE 

DE   LA   MÉDECINE 


S>^  : 


Q. 


UACKELBEEN  (  Guillaume ^  naquit  à  Courtray  en  Flandre.  II  s'attacha, 
en  qualité  de  Médecin,  à  Auger  Giflen  Busbec  ,  Ecrivain  illuftre  par  la 
naiflance  ,  par  ion  mérite  ,  par  fes  ambalTades  ,  &  le  iuivit  dans  celle  de  ConT- 
tantinople  vers  l'an  70  ou  80  du  XVI  liecle.  Il  raoarut  dans  cette  Capitale  ds 
l'Empire  Ottoman ,  d'où  il  avoit  envoyé  plufieurs  plantes  rares  à  Matthlok  ,  ainii 
qu'on  peut  le  voir  dans  la  Lettre  qu'il  lui  adrefla ,  &  qui  le  trouve  dans  le  troi- 
lieme  Livre  de  celles  écrites  à  ce  célèbre  Botanifte.  Siguier  s'eft  trompé ,  en  fai- 
Tant  naître    Qaackelbeen   en   Hongrie.^ 

QUARRÉ  ,    C  Guillaume  J  Chirurgien  de  Paris  du  dernier  fiecle  ,  a  écrit    un 
Traité  de    Myologie  en  vers ,  fous    ce  titre  : 

Myographia  heroicô    verfU    explicata.    ParlfiU  ,  1638  ,    iB-4.   Cet  Ouvrage ,  qui  efi; 
dédié  à  Bouvard  ,  premier    Médecin  du    Roi  ,    ne  contient   que  quarante  pages. 

La    Bibliothèque  Phyfique  de    la  France  cite  Pkrre  Quani  ,    Charollois  ,    qui 
eft  Auteur  d'un  Livre  intitulé  ; 

X  0  ME     /^.  A^ 


€  QUE 

r.c  r,<;-v^Vkux  effets  de  la  Nymphe  de  Santhenay  ,  au  Duché  de  Bour^ognt  , 
.^l^P^SlZSoMde^'ok^e  ,  ,ro,He.^  ^  .^ge.  Dijon  ,  1633  ,  ..^4. 
QUECCIUS,  (Grégoire;  fils  de  Georg.  ,  Profeffeur  ^e  Jf  o^ophte  à  A^ 
torf ,  naquit  dans  cette  ville  en  1.96.  U  Y  «vou  pr,s  le  degré  de  M.u^e  js 
Arts ,  lorfqu'il  le  rendit  à  Btîle  ,  où  il  reçut  le  bonnet  de  Do^^J^^  /^J'  ^ger 
3nc  le  q  Août  1620.  Le  2  Décembre  de  la  môme  année  ,  il  ^^^^  ^^f^^f  ' 
^u  CoUeVdes  Médecins  de  Nuremberg,  &  pendant  ^f. '^°""";J^i^^,?,;. 
Si.  obtint  la  charge  de  Phyficien  de  l'Hôpital  du  ^^^Vv  ^l'^6  ans  On  a 
<3uitta  julqu'à  la  mort  arrivée  le  26  Septembre  163a,  à  l'âge  de  S^^n^'  ^"  ^ 
1  lui  un  affez  mauvais  Ouvrage  qui  dégoûte  par  l'eruduion  qu  .1  y  a  répandue. 
Ceft  une    Anatomie  Philologique  ,  ious  ce  titre  =  ^r^daK- 

AuatomU  PhilAo^ic^  Pars  prima  ,  condnens  Dlfcurfus  de  noUhme  ^  F'^i^^^ 
iià  .hominis  ,  contra  in!quos  coRdidonis  human<e  aftimatores.  Normbcrgx  ,  10^2  ,  wi-4. 
Lipfi^,  Ï654,  in  4. 

OUELMALTZ  (  Samuel- Théodore  )  naquit  à  Freidberg  en  Mifnie  ,  le  21 
JNlai  1696  ,  de  Samuel- André  Ouelmahi ,  Sénateur  de  cette  ville  H  étudia  les 
Jklles-Lettrcs  dans  la  patrie  ,  &  palla  eniuite  à  Leipfic  où  il  ht  les  cours  de 
Philolbphie  &  de  Médecine  ,  &  reçut  le  bonnet  de  Doreur  en  cette  dermere 
Science  i'an  1723.  Comme  il  avoir  autant  de  goût  que  de  dilpoiition  pour  len- 
ieignement  ,  il  ie  fixa  à  Leipfic  dans  l'ePpérance  d'y  être  employé.  Il  réuliit  dan. 
Ion  deffein  ;  car  il  fut  nommé  ProfelFeur  extraordinaire  d'Anatomie  &  de  cm- 
jurgie  en  172C  ,  Profefleur  ordinaire  de  Phyfiologie  en  1737,  &  de  Pathologie  en 
1747.  Peu  de  tems  avant  la  mort  arrivée  à  Leiplic  en  1758,  il  avoit  obtenu 
la  Chaire  de  Thérapeutique.  U  paroît  que  ce  Médecin  n'a  publié  d'autres  Ouvrages 
que    des  Dllfertations  Académiques. 

QUERCETANUS.  Voyez  CHESNE.  (  Jofeph  DUj) 
QUERCETANUS.  Voyez  CHESNE  AU.  C  Nicolas  J 

QUESNAY  (  François  ;  étoit  de  Merey  ,  près  de  Montfort-Lamaury  ,  petite 
ville   de    l'iile    de    France  ;    il    y    naquit    en    1694.    La  Nature   fit    les    premiers 
l'raix    de  Ion  éducation  ,    &    s'il  conlerva    toujours  une    raifon  ferme  &  un  juge- 
ment fain  &    vigoureux  ,  il    le   dut  lani  doute    à    l'avantage    d'avoir    formé    Ion 
entendement    avec    lenteur.    Il   prodigua    fa    jeunefle   aux   détails    les    plus    com- 
muns   de   l'économie    ruftique  fous    les    yeux    de    fes    parens  ,   qui  étoient  bien 
loin   d'imaginer  que  ce  jeune  homme  ,   qui  à  leize  ans  ne  favoit  pas   lire  ,  feroit 
un  jour   diùingué    parmi  les    Membres  les  plus  célèbres  de  l'Académie  des  Scien. 
ces  de   Paris.   Las   de   vivre  dans   l'ignorance  ,    il  lentit  naître    en   lui    l'aiguillon 
de  la    curioiité.    Déjà  aidé    d'un    Chirurgien  du    village    d'Ecqueviily    &    du  pe- 
tit nombre  de  livres  qu'il    pouvoit   le    procurer  ,    il    apprit   prefque    tout  feul    le 
Latin  it   le    Grec  ,    &    fouilla    ce  cahos  oblcur^  d'opinions   antiques   &  modernes 
.^ue  nous  nommons  la  Philofophie. 

Ses    parens  auroient   voulu  concentrer   fes   defirs   &  fes    vues  dans  le  cercle 


QUE  2^ 

ëtroft  de  leur  fortune  &  de  leurs  habitudes.  Quefnay  s'en  défendit  ;  fon  ame 
étoit  faite  avant  fon  état  ,  &  le  préjugé  lui  permettoit  de  luivre  une  profel- 
fion  qu'il  devoit  un  jour  rendre  fi  noble.  Un  goût  vif  l'y  portoit  :  il  avoit  en- 
trevu les  rapports  de  la  Chirurgie  avec  toutes  les  branches  de  la  Phyfique.  Il' 
triompha  donc  de  l'oppolition  de  fa  famille  ;  mais  bientôt  le  Chirurgien  d'Ecquevilly 
ne  fe  trouva  plus  en  état  de  luivre  fon  Elevé.  Celui-ci  avoit  compofé  quelques 
cahiers  fur  fes  ledures  ;  fon  Maître  qui  étoit  venu  folliciter  d'être  admis  au 
Collège  de  Saint  Côme ,  ofa  les  préfenter  comme  de  lui,  &  fut  reçu  avec  ap- 
plaudiffement.  A  ce  fignal  d'encouragement  ,  Quepiay  fe  rendit  enfin  juftice  ;  il 
vint  à  Paris  achever  les  études  profondes  auxquelles  il  s'étoit  dévoué ,  &  recevoir 
la  Maîtril'e.  Logé  ,  à  fon  arrivée  à  Paris  ,  chez  le  père  du  célèbre  Coclnn  ,  Gra- 
veur ,  il  apprit  le  dedin  &  la  gravure  :  cette  occupation  le  délaflbit  fouvent 
de  fes  études  ;  il  a  gravé  tous  les  os  du  corps  humain  ,  un  grand  nombre  de 
fujets  ,  &  M.  Hévln  ,  fon  gendre  ,  a  entre  les  mains  pluCeurs  de  ces  morceaux 
efiimés  des  connoiflèurs. 

Quelques  années  s'étoient  écoulées  pour  lui  dans  la  pratique  de  fon  Art  , 
&  dans  le  travail  rare  ,  pénible  &  peu  apprécié  de  digérer  fes  idées  &  fes 
oblervations  pour  en  former  des  Théories ,  lorfqu'un  concours  de  circonftances 
heureufes  vint  l'arracher  de  Mantes,  ville  afiez  confidérable  de  l'Ule  de  France  , 
où  il  fembloit  avoir  fixé  fon  dtabliffement.  La  Feyronie  ,  plein  de  l'amour  de 
fon  Art  ,  méditoit  un  projet  utile  au  public  ;  c'étoit  l'établiffement  de  l'Acadé- 
mie de  Chirurgie.  Il  lui  falloit  des  coopérateurs  &  il  en  cherchoit  par-tout.  Ga- 
rengeot ,  Chirurgien  eftimé  &  plein  ,  comme  lui  ,  de  l'enthoufialme  de  fa  profelîion  , 
,1e  fervoit  dans  cette  recherche  avec  toute  la  bonne  foi  d'un  homme  qui  n'auroit 
pas  couru  la  même  carrière  .'  il  découvrit  Quefnay  ,  &  ce  fut  à  ce  concours  de 
hazards  que  celui-ci  dut  une  célébrité  que  fa  modefîie  &  fon  averfion  pour  toute 
intrigue  lui  auroicnt  fans  doute  refufCe,  ou  qu'au  moins  elles  lui  auroient  fait 
long-tems  attendre. 

Sollicité  par  Garcngeot  d'écrire  fur  l'Art ,  il  faifit  l'occafion  qui  fe  préfenta.  SUvm 
venoit  de  donner  un  Traité  de  la  faignée  ;  Quefnay  l'attaqua  par  une  critiqué 
qui  étoit  elle-même  un  Traité  complet.  Sa  Théorie  oppofée  abfolument  à  celle  de 
Silva ,  fit  naître  des  difputes  ,  dont  l'effet  fut  de  répandre  fa  réputation  &  da 
fervir  à  fa  fortune.  La  Pcyronle  convaincu  ,  apperçui  en  lui  l'homme  néceffaire 
à  l'établifièment  de  fon  Académie.  Il  s'agifToit  de'raffembler  les  Chirurgiens  en  un 
Corps  qui  fiit  le  dépôt  des  connoiiiances  &  le  foyer  des  lumières.  Mais  cette  idée  dut 
en  fon  tems  paroître  bizarre  &  peut-être  extravagante  :  comment  tirer  la  Chirurgi<i 
de  l'aviliflement  où  elle  fe  trouvoit?  Confondus  dans  une  elaffc  d'Artifans,  comment 
fe  flatter  d'élever  à  l'état  d'Académiciens  des  gens  dont  quelques  uns  ne  lavoient: 
pas  lire^î  Voilà  ce  que  La  Peyronle  avoit  ofé  concevoir  &  ce  qu'il  exécuta.  Mnis 
pour  l'aider  dans  une  entreprife  fi  hardie,  il  lui  fliUoit  un  homme  dont  les  vues  fui- 
lent  profondes,  le  coumge  infatigable  ,  le  zèle  du  bien  public  ardent  ,  &  à  l'é, 
preuve  de  tout  dégoût  ,  &  qui  familiarifé  avec  l'idiome  propre  à  chacune  dcs- 
Sciences  qu'on  ailoit  cultiver,  fût  l'interprète  de  toutes,  &  le  liédadeur  commun 
de  tous  les  Mémoires:  en  un  mot,  un  Secrétaire  de  l'Académie,-  &  cet  homm&- 
iit  Quefnay. 


5à  QUE 

■  Mais  ies  travaux  que  dcmandoit  cet  emploi  ,    m-iioicr.t   fourdemcnt  one  ianté 

.-déadclicate:  la  goutte  ,    dont  il  a  voit   de  fréquens  .ccès     lu,  fit  craindre  que  fa 

main  ne  fe  rdu.ât    ei=fia    à  l'exercice  de  la  Chirurgie  ,•  iHc  détermina  donc  à  pren- 

dre  l'état  de    Médecin.  Ce  n'étoit  pas   changer  de  protcflion;  il  avoit  allié     dans 


Charge    de  Médecin   Coniultant    du    Roi  ,   vacante   par  la    mort  de  M.   Terray. 

C'eli  de  l'Eloge  de  François  Quefnay ,  publié  à  Paris  en  l^^rs  ,  in-S  ,  que 
i'ai  extrait  ce  que  je  viens  de  dire  de  cet  Homme  célèbre.  Je  puiferai  dans  la 
même  lource  tout  ce  que  j'en  dirai  encore  ,  après  avoir  donné  la  note  de  fes 
Ouvrages,  dont  voici  les  titres;  _        ^     ,    ^    ..   , 

Obfcrr allons  fur  les  effets  de  la  falinée.^  avec  des  Remarques  critiques  fur  le  Jraue  de 
Silva.  Paris  ,  1730  &  1750  ,  in-\i.  Dans  la  première  édition  ,  il  rapporte  les  ex- 
périences ,  dont  il  croit  que  le  réiultat  prouve  la  dérivation,  &  que  la  révulfion 
n'eft  autre  choie  que  !a  dérivation  elle-même.  La  féconde  édition  eft  beaucoup 
plus  étendue  ;  il  y  réduit  les  effets  de  la  faignéc  à  l'évacuation,  la  fpoliation  &  la 
dimotion.  Ce  qu'il  dit  fur  la  Ipoliation  ,  mérite  l'attention  des  Praticiens:  rien  ne 
prouve  mieux  la  néceflité ,  comme  les  abus  de  la  faignée. 

L'^rt  de  guirlr  par  la  faignée.  Paris  ,  1736  ,  m-i2.  Il  vante  la  faignée  dans  prcf- 
que  toutes  les  maladies  ;  &  il  en  agit  ainfi ,  parce  qu'il  ne  fentoit  point  alors 
toute  la  force  des  coniéquences  qui  rélultent  des  principes  qu'il  a  ét.ablis  dans  la 
l'econde  édition  de  l'Ouvrage  précédent. 

Etfal  Pbyfiquî  far  Vézonomie  animale.  Paris  ,  i^jS  ,  deux  volumes  in-11  ,  & 
T7A7  troi?  volumes  i/i-12.  On  retrouve  Boerhaave  dans  plufieurs  endroits  de  cet 
l'jiiai ,  qui  ,  au  jugement  du  Baron  de  Haller  ,  fait  une  Phyiiologie  fort  in- 
complette,  L'Auteur  a  fouvent  été  fourd  à  la  voix  de  l'expérience  &  de  l'ob- 
Icrvation   ,    pour    n'écouter  que  ce  que  la  vivacité  de  ion  imagination   lui    difloit. 

Préface  des  Mémoires  de  P académie  de  Chirurgie.  Paris  ,  1743  ,  ia-^.  C'eft  un 
morceau  recherché  ;  il  y  prouve  que  la  connoiflance  des  Lettres  eft  très-utile  aux 
Chirurgiens.  Son  principe  eft  vrai  ;  mais  ainfi  que  toutes  les  bonnes  chofes  ,  il  peut 
être  nuifible  par  l'abus.  On  s'apperçoit  même  qu'il  l'eft  déjà;  car]  plufieurs  Chirur- 
giens ,  enttés  par  cette  connoiilance  des  Lettres,  icrablent  préférer  le  faux  brillant 
des  fyftêmes  que  leur  imagination  enfante  ,  à  la  folidité  de  l'obfervation.  Pour  le 
peu  que  cet  abus  fade  de  progrès,  on  verra  dans  la  Chirurgie  plus  de  fubtils 
'I  héoricicns  ,'  que  d'habiles  &  de  vrais  Praticiens.  Comme  l'exemple  d'autrui  eft 
une  bonne  leçon  ;  que  les  Chirurgiens  voient  ce  qu'a  été  la  Médecine  ,  lorf- 
que  la  fureur  des  fyftêmes  a  prévalu  fur  l'étude  de  la  Nature  au  lit  des  mala- 
des. Les  Mémoires  de  l'Académie  de  Chirurgie  contiennent  plufieurs  Oblervations 
intéreffantes  de  la   façon  de  Ouefnay. 

Recherches  critiques  i£  hiftorlques   far  V origine  ,  far  les  divers  états   &  far  les  progrès 

de  la  Chiruri,ie  en    France.   Paris  ,    1744    &    1749,  in-4.    Paris,  1744  ,  deux   volu- 

>-mes  i/i-ia  On  y  a  joint  ["Index  funereusde  Devaux.    L'Ouvrage  des  Recherches  n'a 

.pas  été  fans  réplique  ;  il  en  méritoit  davantage,  car  tous  les  faits  ne  font  point  ren- 

, dus  avec  la  vérité  qu'exige  la  fidélité  de  l'^iftoire, 


QUE  9 

Tefiament  de  M.  di  La  Pdyronie  du  i3  Avril  1747.  //ï-4. 

Examen  impanial  des    contejï allons  des  Médecins  &  des  Chirurgiens  de  Paris.  1748, 

tVl2. 

Mémoire  préfenté  au.  Roi  par  fon  premier  Chirurgien  ,  où  Von  examine  la  fagejjc  de 
Vancieane  légifladon  far  l'état  de  la  Chirurgie  en    France.  Paris,  174g,  in-^. 

Traité  de  la  fuppuration.  Paris,  1749 >  ia-i2.  Cet  Ouvrage    eft  bien  rempli. 

Traité  de  la  gangrené.  Paris,  1749,  in-i2.  L'Auteur  connoiflbit  bien  la  matière.  Il 
eft  entré  dans  des  détails  intéreffans  dont  on  a  fait  le  plus  grand  cas  ,  &  que  les 
meilleurs  Maîtres  ont  pris  pour  règle  de  leur  conduite  dans  le  traitement  de 
la  gangrené. 

"Traité  des  Fièvres  continues.  Paris ,  1753 ,  deux  volumes  /n-i2. 

Je  paffe  maintenant  au  récit  des  anecdotes  qui  caraftériient  li  bien  Quefnay  du 
côté  du  cœur  &  de  l'efprit.  Dans  le  tems  où  les  bontés  de  Madame  de  Pompadour 
lui  donnoient  un  crédit  qu'il  n'employa  jamais  pour  lui ,  un  homme  vint  le  prier 
de  lui  faire  obtenir  d'elle  une  recommandation  pour  une  affaire  qui  l'intérefToit 
fort.  Quefnay  l'obtint.  L'affaire  décidée  en  faveur  de  fon  protégé ,  il  apprit  que 
la  partie  adverfe  étoit  fort  gênée  pour  payer  mille  écus  qui  étoient  le  fonds  de 
la  conteftation  ;  fa  délicatefle  s'allarma  de  la  limple  polîibilité  d'être  la  caufe  fort 
occafionnelle  de  fon  mal-aife ,  il  lui  fit  remettre  les  mille  écus. 

M.  le  Dauphin ,  père  de  Louis  XVI ,  qui  l'honoroit  d'une  bonté  &  d'une  con- 
fidération  particulière ,  lui  difant  un  jour  comme  il  entroit  dans  fon  Cabinet  , 
r,  M.  Quefnay ,  c'eft  chafler  fur  vos  terres ,  nous  parlons  économie ,  nous  nous 
»  promenons  dans  les  champs.  »  Monjîeur ,  répondit  l'ingénieux  Phiiofophe  ,  vous 
vous  promené^  dans  votre   jardin  ,  c'efl-là  que  croijfent  les  fieurs-de-lys. 

Le  même  Prince  difant  un  jour  devant  lui ,  «  que  la  charge  de  Roi  étoit 
bien  di&icile  à  remplir.  "  Monjîeur  ,  je  ne  trouve  pas  cela,  dit  Quefnay. —  Eh  que 
»  feriez-vous  donc  li  vous  étiez  Roi '^  »  —  Monjîeur ,  je  ne  ferols  rien.'"-  Et 
qui    gouverneroit  *?  — •  Les   Loix. 

Dans  un  tems  d'agitations  caufées  par  le  choc  de  la  puiflance  Civile  &  de  la 
puilTanc^  Eccléhaftique ,  il  fe  trouvoit  chez  Madame  de  Pompadour  un  homme 
en  place  qui ,  voyant  combien  ces  difputcs  fatiguoient  la  Cour ,  propofoit  des 
moyens  violens,  &  difoit:  Cejî  la  Hallebarde  qui  mené  au  Royaume.  M.  Quefnay, 
furpris  de  cette  afiertion,  ofa  lui  dire:  Monjîeur ,  &  qui  ejl-ce  qui  mené  la  Halle- 
harde?  On  attendoit,  il  développa  fa  penfée;  CeJl  l'opinion,  c'ejl  donc  fur  Vopi- 
nion  qu'il  faut  travailler.  Cet  avis  modéré  fit  impredion  &  peut-être  épargna-t-il 
bien  des  maux. 

Après  une  confultation  fort  importante  fur  une  tôte  précieule ,  un  Médecin  fa- 
meux ,  dont  l'avis  avoit  prévalu  quoiqu'avec  beaucoup  d'oppofition ,  le  vint  voir; 
La  goutte  le  retenoit  chez  lui  ;  le  Médecin  qui  vouloit  s'autoriler  de  fon  opinion  , 
la  lui  demanda;  mais  lui,  faififlant  l'elprit  de  cette  déférence,  &  n'approuvant 
pas  l'avis  qui  avoit  pafTé ,  en  quoi  il  fut  jurtifié  par  l'événement,  fe  contenta 
de  répondre  :  ».  Monfieur ,  j'ai  rais  aulfi  à  la  Lotterie  quelquefois ,  mais  jamais 
T)  quand  elle  étoit    tirée,  n 

Après  la  petite    vérole  de    M.  le  Dauphin,   le  feu  Roi  qui  aimoit  M.' Quefnay 
T  0  M  E    ir.  B  ^ 


10  QUE' 

&  qui  l'eniiTioit  beaucoup  ,  lui  donna  des  lettres  de  nobleffe  que  le  Philofophe 
n'avoit  pas  demandées.  Quefnay  pria  le  Roi  ingénuement  de  lui  choifir  aulTi  les 
armoiries ,  &  ce  Prince  qui  avoit  de  la  grâce  dans  l'efprit ,  &  qui  avoit  coutu- 
me de  le  nommer  le  Pcnfeur  ,  lui  donna  trois  fleurs  de  penfées  en  champ  d'argent, 
à  la  face  d'azur,  avec  cette  Icgccde  au  cimier:  Propter  cogitanoneni  mentis.  Ce  fut^ 
preique  la  feule  grâce  qu'il  reçut  de  la  Cour,  car  on  ne  peut  pas  regarder  comme' 
tels  les  emploi?  qu'il  eut,  ov'û  fut  utile  à  tout  le  monde,  excepté  à  lui-même; 
audi  quoique  vieux  &  après  une  longue  faveur,  il  eft  mort  fans  fortune,  n'ayant 
qu'un  léger  argent  comptant  qui  circuloit  toujours  entre  ïcs  amis  qui  pouvoient  en 
avoir  befoic.  Il  ctoit  premier  Médecin  ordinaire  du  Roi ,  Membre  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Paris ,  ainlx  que  des  Sociétés  Royales  de  Londres  &  de 
Lyon,  lorfqu'il  mourut  à  Vcrfailles  le  i6  Décembre  I7f4,  ^gé  de  £o  ans.  L'A- 
cadémie de  Chiruigie  lui  a  accordé  feul ,  ?.vec  M.  Petite  l'honneur  de  voir  fon 
portrait  placé  de   fon  vivant  dans    la  falle  du    Confeil. 

S'il  y  eut  jamais    un    homme  dont   on   pût  dire  que   la    chiîne   de   fes  penfées 
forme    l'hiRoire   de   fa  vie;    ce    fut   Quifit'iy.    Chez  la  plupart  des  hommes  la  foi- 
blefie   du  caracicre  ou  le  défaut  d'étendue  dans  l'efprit,    placent  en  oppofition  les 
fentimeus  du  cœur,  le  jugement  de  l'efprit ,  &  les  délicatefles  de  l'amour  propre  i 
leur  carartere  eft  une  rnofaïque  ;  mais  cette   ame   privilégiée  avoit  été  formée  par 
la   nature  ,  comme   d'un  feul  jet.   La   méthodz   fut   le  caractère  propre  de    fon  cf- 
prit  ,  l'amour  de  Vordre   fut  la    paflion  dominante    de   fon  cœur.  Voilà  l'origine  de 
fes  découvertes  ;  voilà  la    fource   de  fes   vertus.  Dur    à  lui-même ,  mais  fenlible  à 
l'excès  pour  l'humanité  foufFrante ,    une  afkion  généreufe   lui  arrachoit  des  larmes. 
Jamais    homme   ne  fut    plvs  contredit,   fes  nombreufes  découvertes  lui  fufciterent 
une  foule    d'adverfaires;  &  jamais  homme  ne  porta  moins   d'aigreur   dans  la  con- 
trovcrfe  :  il    difcutoit   toujours    pour  l'intérêt   de  la   vérité  ,   mais  jamais  il  ne  dif- 
putoit  pour   l'intérêt  de    fon  amour  propre.  Le  calme  de  fon    ame  s'annonçoit  par 
la  iérénité  de  fon  vifage  &  la  gaieté  de   fon  efprit  que  les  douleurs  les  plus  vives 
n'altérèrent  jamais  ;  il  l'ouftroit   tranquillemeut  les   infirmités  de   fa  vieilIeflTe  ,  S?  n'y 
voyait,   dilbit-il  ,  que  V opération  lente  de  la  nature  qui  démolijjbit  des  ruines.  L'obferva- 
tion  de  la  nature  lui  étoit  devenue  une  habitude.  Ne  fe    preliant  jamais  de  parler, 
écoutant     tranquillement  ,   il    rapprochoit   par   une    opération  intérieure    très-vive 
tout  ce   qu'il  venoit   d'entendre,  &  ces  fragmens  s'éclairant  mutuellement,  il  fup^ 
pléoit  les  lacunes  a/ec  une  fagacité  merveilleufe ,  &   eonnoiflbit  à   fonds  l'homme 
qui  croyoit  l'avoir  entretenu    légèrement   d'un   fujet    indiiTérent.   Lui    parliez-vous 
(l'une   Science,    d'un  Art,  dont  fouvent  il  n'avoit  qu'une  légère  teinture  ?  L'ordre 
qu'il  mettoit  dans  vos  idées,  vous  les   éclaircilïoit  à  vous-même;  il  en  réfultoit  fou- 
vent    de    nouveaux    apperçus  ,   &  ii   n'y   avoit  perfonne  qui  ne    crût   en    le  quit- 
tant, avoir  été  enrichi  par  lui  de  connoiiiances  que  fouvent  lui-même  n'avoit  pas: 
eR'et    précieux    &   fingulier   de    l'efprit    de    métbode.   11    pioufToit    jufques  dans    la 
Logique   ce   principe  de  laifler  opérer  la  nature  ,  &  ne  fe  hâtant  pas  d'établir  dog- 
matiquement   ion   opinion,  il    vous  amenoit  par   une  fuite   de    queftions    bien    mé- 
nagées à  pofcr  vous-même,  comme  conlcquence  ,  ce  qu'il  vous  auroit  donné  pour 
principe  ;  c'é«oit  la    marche  des  dialogues  de  Platon.  Oppofé    comme  Socrate  à  la 


QUI  II 

foule  des  Sophifies,  il  avoit  fon  Ironie,  &  fembloit,  comme  le  fils  de  Sophro- 
nifque,  avoir  fait  fon  étude  particulière  de  l'art  d'accoucher  les  efpr'us.  11  cft  éton- 
nant combien  la  nature  avoit  mis  de  rapport  entre  ces  deux  hommes ,  dont  l'hif- 
toire  eft  celle  de  la  morale.  On  trouvoit  à  Montefquieu  la  figure  de  Cicéron  ,  tel 
que  les  marbres  nous  le  repréfentent  ;  Quefnay  avoit  exadïement  la  figure  de 
Socrate  tel  que  nous  l'ont  coni'ervé  les  pierres  antiques;  comme  fi  la  nature  fidèle 
à  un  plan  d'analogie  ,  attachoit  confiamment  certaines  qualités  de  l'ame  à  certains 
traits  de  phyfionomie.  La  candeur  de  fon  ame  lui  donnoit  une  forte  de  fimpli- 
cité  qui  n'étoit  pas  comme  dans  La  Fontaine  la  bêtife  du  génie;  fes  naïvetés  étoient 
des  vérités  profondes,  cachées  fous  l'apparence  d'un  tour  ordinaire  &  commun- 
Tel  fut  le  caradtere  de  ce  grand  Homme  :  fa  vie  ne  fut  qu'une  adion  con« 
tinuelle.  Dans  fes  dernières  années  ,  il  avoit  entrepris  de  poafier  jufques  dans 
les  abftradlions  de  la  Géométrie  &  indépendamment  de  tout  calcul ,  l'évidence 
qu'il  avoit  établie  dans  la  Métaphyfique  &  la  Morale.  Il  donna  l'application  de 
plufieurs  problèmes  qui  élevèrent  des  difputes  que  le  monde  favant  jugera.  Une 
obfervation  qu'on  ne  doit  pas  négliger  ,  c'eft  que  le  Philofophe  Hobbes  avoit 
eu  les  mêmes  idées  que  lui  ;  ainfi  l'autorité  de  ces  deux  hommes  de  génie  peut 
au  moins  balancer  quelque  terns  cette  décifion  importante.  Ce  fut  le  dernier 
eflbrt  de  cet  efprit  infatigable  ;  accablé  d'infirmités  ,  &  ne  confervant  prefque 
plus  que  fa  tête  ,  il  fortit  de  la  vie  fuivant  le  mot  d'un  ancien  Poëte  ,  comme 
d'un    f^ftin  ,  fans    dégoût  ,  mais   fans  regret. 

QUICKELBERG  (  Samuel^  étoit  d'Anvers.  Il  pafla  en  Bavière  &  s'établit 
à  Ingolfladt  ,  où  il  fit  la  Médecine  avec  réputation  vers  l'an  1553-  On  a  de 
lui  :  Tabulte  Mediclms.  yïpophthcgmata  Bibllca.  Admonitlo  3  Confillum  de  Unlverfi- 
C'eft  dans  ce  dernier  Ouvrage  ,  publié  à  Munich  en  1565  ,  qu'il  a  donné  le 
programme  d'un  autre  qu'il  méditoit  fur  la  nature  de  tout  ce  qui  exifte  dars 
l'Univers.  A  en  juger  par  la  diftributioQ  &  les  titres  des  Chapitres  qu'il  a  fait 
imprimer  dans  le  Profp^cîus  ^  ce  devoit  être  un  Ouvrage  imraenfe  ;  mais  ce  Mé- 
decin  en    eft  dem.euré  au  projet. 

QUIGNONES  (  Jean  DE  )  naquit  en  Efpagne  vers  l'an  1600.  Une  forte 
inclination  pour  l'Hiftoire  Naturelle  qu'il  étudia  I9  plus  grande  partie  de  fa  vie , 
le  jctta  dans  la  Médecine  ,  dont  il  té  fit  une  occupation  férieufe.  Il  y  acqi'lt 
tant  de  connoiffances  qu'il  fe  trouva  en  état  de  la  pratiquer  ;  mais  il  ne  voulut 
point  en  faire  profellion  publiquement,  IVIédecin  par  goût  ,  il  réferva  fes  foins 
pour  fes  amis  qui  éprouvèrent  plus  d'une  fois  de  quoi  il  étoit  capvible.  Il  a 
écrit  un  Traité  en  Efpagnol  fur  les  langouftes  ou  fauterelles  ,  dont  on  a  ure 
édition  de  Madrid  de  1620  ,  m-4.  Sa  jeuneffe  peut  fervir  d'cxcufe  à  fa  cré- 
dulité. Il  a  glifié  dans  ce  Traité  les  prières  myftérieufes  &  les  pratique's  fu- 
perftitieufes  ,  à  qui  l'on  attribuoit  alors  en  Efpagne  le  pouvoir  de  chaflèr  ces 
infedes  Jean  de  Ouignones  eft  encore  Auteur  d'un  Ouvrage  curieux  &  recherché 
qui  parut  à  Madrid  en  1632 ,  m-4  ,  fous  ce  titre  :  El  Monte  P'cfuvlo.  Mais  comme 
il  avoit  embralfé  plus  d'une  fcience  ,  &  qu'il  s'occupoit  auHi  de  l'Antiquité  , 
il   ellàya  d'écrire  fur   les  monnoies  des  Romains  un   Livre  qui  eft  fort  rare  au- 


12  Q    V    I 

jourd'hui  ,   &  qui   fut  imprimé  à  Madrid    fous  le  titre  à'Explîcadon  de  unai  Mo:, 
nedas  de  oro  de  Emperadores  Rom.   1620  ,   i/1-4. 

QUILLET  ,  C  Claude  )  Poëte  du  XVII  fiecle  ,  étoit  de  Chinon  en  Tou- 
raine  ,  où  il  pratiqua  la  Médecine  pendant  quelques  années  avec  aifez  de  ré- 
putation ;  mais  s'étant  déclaré  contre  les  poflëdées  de  Loudun  par  un  Traité 
manuibrit  ,  dont  l'original  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  de  Sorbonne  ,  il  fut 
obligé  de  fuir  pour  éviter  lé  reffentiment  de  Laubardemont  ,  qui  étoit  fur  le 
point  de  le  décréter  de  prife  de  corps.  Il  fe  retira  à  Rome  &  il  y  prit  l'habit 
eccléfiaftique  ,  comme  le  plus  favorable  pour  fe  procurer  un  état  ;  il  devint 
Secrétaire  du  Maréchal  d'Eftrées  ,  Ambafladeur  de  France  en  cette  Cour.  Ce 
Scio-ncur  étoit  adverfaire  déclaré  du  Cardinal  de  Richelieu  ,  qui  avoir  employé 
Laubardemont  pour  prendre  connoiflance  de  la  comédie  qu'il  faifoit  jouer  il 
Loudun   contre  Urbain   Grandier, 

Ce  fut  à  Rome  que  Quillet  compofa  fa  Callipédie  ,  Po'éme  en  quatre  chants 
imprimé  à  Leyde  en  1655,  Ù1-4,  fous  le  titre  de  Calvidii  L^tl  Callipadla ,  five^ 
de  pulclins  prolis  kabenda  ratione.  11  le  publia  enfuite  à  Paris  en  1656  ,  fn-8  , 
fous  cet  autre  titre  :  Claud'ù  Ouilleti  Callip^dia,  &  le  dédia  au  Cardinal  Mazarir. 
On  l'a  audi  de  Londres,  ifoB,  in-12.  L'édition  fous  le  nom  de  Paris  &  d'Amf- 
terdam  ,  1749  »  in-8  ,  eft  accompagnée  de  la  Tradudiion  Françoife  en  profe  par 
M.  de  Monthenault  d'Egly  ,  &  l'on  a  joint  une  Tradudion  libre  en  vers  Fran- 
çois à  celle  de  Paris  de  1774  ,  in-12.  Ce  Poëme  eft  extrêmement  intérefiant  par 
fa  jufte  diftribution  des  parties  ,  par  l'ingénieux  emploi  de  la  fable  ,  par  la 
variété  des  épifodes  ;  mais  fa  verlification  ne  fe  Ibutient  pas  ,  la  diflion  n'eft 
pas  toujours  correfte  ,  &  la  bonne  Latinité  y  eft  blefl'ée  en  quelques  endroit?. 
Dans  plulieurs  morceaux  ,  l'harmonie  ,  la  douceur  ,  l'élévation  ,  le  nombre  & 
la  cadence  caradériient  fa  Mufe  ,  &  la  féchereffe  des  préceptes  difparqît  fous 
le  coloris  poétique.  C'eft  dommage  que  la  matière  n'y  foit  pas  toujours  traitée 
avec  folidité  ;   on  y  trouve   quelques    erreurs   populaires    qui  la   déparent. 

Suivant  ^Indry ,  page  XLIX  de  la  Préface  de  fon  Orthopédie ,  on  a  été  long- 
tcms  fans  l'avoir  les  caufes  des  variations  du  Poëte  dans  le  titre  de  fon  Ouvrage  ; 
mais  enfin  l'on  a  appris  d'une  perfonne  bien  inftruite  de  la  fortune  de  ce  Livre  , 
que  Quillet  l'avoit  d'abord  fait  imprimer  en  pays  étranger  fous  fon  nom  contourné 
en  cette  efpece  d'anagramme ,  Calvidii  Leti  au-lieu  de  Claudii  Quillctl:,  &  cela  pat- 
ce  que  dans  un  endroit  de  cette  belle  Poéfie  ,  où  il  marque  les  précautions  qu'il 
faut  prendre  pour  unir  les  époux  afin  qu'ils  aient  une  belle  poftérité  ,  &  où  il  in- 
vedVive  tortement  contre  les  mariages  môme  des  Puifiances ,  lorsqu'ils  ne  font  pas 
faits  félon  les  règles  qu'il  donne  ,  il  s'étoit  abandonné  imprudemment  à  une  di- 
^redfon  contre  le  penchant  qu'il  sttribuoit  à  la  France  de  fe  livrer  à  des  étrangers^ 
&  pour  les  alliances  &  pour  le  gouvernement.  Quillet  difjit  ,  en  parlant  des  Ita- 
liens :  »  ils  ont  un  efprit  fin  &  diflimulé ,  une  fourde  politique  ,  dont  les  reiïbrts 
»  abufent  l'Univers  imbccille.  Flatteurs  adroits  ,  bas  couriiians ,  s'élevant  à  force 
y,  de  ramper,  fourbes,  avides  de  gain,  ils  prennent  toutes  lortes  de  formes.  Or- 
>»  donnez  à  un  Italien  affamé  d'aller  jufqu'aux  enfers  ,  il  y  pénétrera  ,  &  ne  fe 
»  réfutera  à  aucun  crime,  w  A  ce   trait  qui  attaque  la  nation  en  général ,  il  ajour 


r 


QUI  15 

îoît  le  fuivant  qui  eft  plus  direft  :  »  les  premiers  Miniftres ,  par  de  coupables  vues, 
r,  entretiennent  les  Rois  dans  l'ignorance  &  la  mollefib.  Pour  prolonger  leur  règne , 
y>  ils  perdent  tous  les  royaumes.  Mais  je  me  flatte  que  la  gloire  de  notre  fiecle  , 
•n  l'ornement  delà  France,  ce  Roi  digne  prélent des  Dieux,  Louis  ,  l'objet  de  toug 
»  leurs  foins  ,  dillipera  les  nuages  qui  nous  cachent  fon  éclat  ,  &  brillera  un 
»  jour  de  la  propre  lumière.  »  Quilht  ne  fe  contentoit  pas  de  faire  foupçon- 
ner  que  c'étoit  du  Cardinal  Mazarin  qu'il  vouloit  parler ,  il  le  dit  ouvertein'ent. 
»  Parlerai-je  des  careffes  que  la  Cour  de  France  fait  aujourd'hui  à  un  étranger  , 
T)  &  qui  plus  eft  ,  à  un'  homme  amené  de  l'Ifle  de  Sicile  '1  La  France  a  des  boa- 
»  tés  excedives  pour  ceux  qui  ne  font  pas  nés  dans  fon  fein.  Que  dis.je  1  Elle 
»  fe  jette  le  plus  louvcnt  dans  leurs  bras  pour  en  être  gouvernée,  &  les  fait  dépolî- 
»  taires  de  fa  gloire  &  de  fes  forces,  n  Voilà  juftement  îa  defcription  du  Cardinal 
né  à  Rome  ,  mais  Sicilien  d'origine  :  Trinacris  devectus  ab  oris  adveaa.  C'eft  dans 
l'édition  de  Leyde  de  1655  qu'on  lit  ces  traits  que  l'Auteur  a  retranchés  dan» 
celle  de  Paris  de   1650    pour   parler  ainfi  du  Cardinal  : 

Sic  qui  hodie  noftrb  pralucet  JuUus  orls, 
^ufonlts  rutilans  jiibar  â?  Romana  propago. 

Il  s'exprime  ainfi    dans  un  autre  endroit  de  fon  Poërae  ; 

Sic  qui  nunc  placldd  feSit  moderamine  Gallos 
Romanus  Latiô  Princeps  fpt^abilis  ojlrâ  , 
Quàni  dulci  exceptas  gremiô  !  Sed  quanta  rependit 
Muncra  f  dum  firmis  Gallorum  cervicibus  orbem 
Suftentat  novus   Alcides ,  clavâque.  tremendus 
f^iSi.nci ,  Hlfpani  Gerlonis  ora  retundit. 

Voici  ce  qui  donna  occaHon  à  Q^uilht  de  faire  tous  ces  changemen?.  Les  émif- 
faires  du  JVliniftre  lui  découvrirent  le  véritable  nom  de  l'Auteur  de  la  Callipé- 
die ,  peu  de  tems  après  qu'elle?  eut  été  publiée  ;  mais  le  Poëte  ,  qui  fe  croyoit 
sûr  de  Ion  fecret  fous  le  mafque  quil  avoiî  pris ,  ne  fe  méfia  de  rien  ,  &  fe  pré- 
fenta  au  Cardinal,  dans  le  tems  que  cette  Eminence  difiribuoit  des  pendons  aux 
Savans.  Quiikt  n'eut  pas  été  plutôt  introduit  ,  que  le  Cardinal  afFeftant  un  air 
doux  ,  lui  dit  d'un  ton  plaintivement  flatteur  :  Quel  fujet  vous  al-je  donné  M. 
VAbbé  Quillet ,  pour  me  traiter  comme  vous  avei  fait  dans  votre  admirable  CaUipédie  ? 
Malgré  votre  procédé ,  j'ai  toujours  fenti  du  côté  du  cœur  quelque  choje  qui  me  portait 
à  vous  demander  votre  amitié  ,  &  â  vous  donner  des  marques  de  la  mienne.  Ces 
paroles  prononcées  ,  le  Cardinal ,  fans  lailTer  au  Poëte  le  loifir  de  répondre  ,  ap- 
pella  Ondedei ,  Evêque  de  Frejus ,  fon  confident.  Ondzdd  ,  lui  dit-il ,  n'y  a-t-il 
point  quelque  petite  ylbbaye  vacante  qui  putjje  accommoder  ce  grand  Poète  ?  L'Evêque  , 
qui  âvoit  concerté  cette  fcene  avec  le  Cardinal  ,  répondit  :  oui  ,  Monfdgneur ,  Il 
y  en  a  une  jolie  de  quatre  cens  pljhles  ,  revenu  bien  venant.  Je  vous  la  donne ,  M. 
Outllet ,  dit  le  Cardinal  ;  adieu.,  apprenez  à  ménager  davantage  vos  amis.  Le  Poëte, 
confus  d'une   telle  géaérofué  &  d'un  bienfait  li  furprcnant ,  fortit  daas  la  réfolu- 


I 


14  QUI 

lion  de  chanter  haut  les  louanges  de  l'Eminence.  I!  réforma  pour  cela  foo  Ou- 
rrage  &  le  lui  dédia    après  Savoir  corrigé, 

La  Callipédie  tut  donc  imprimée  à  Paris.  L'Auteur  commence  par  célébrer  les 
louanges  du  Cardinal  dans  fon  Epitre  Dédicatoire;  puis  il  vient  au  corps  de  l'Ou- 
vrage qui  eft    aicfi  divil'é   en  quatre    Livres. 

Dans  le  premier,  il  invoque  d'abord  en  Po'éte  le  ficours  des  Grâces  &  de 
la  Mère  des  Grâces  ;  après  quoi  il  expofe  les  diflérens  goûts  des  amans  fur  la 
beauté  de  leurs  maîtrefles  j  il  pafie  delà  aux  conditions  requifes  dans  ceux  qui  fe 
deflinent  au  mariage    &  qui    veulent  avoir  une  belle  poftérité. 

Dans  le  fécond ,  Ouillct  donne  divers  préceptes  aux  gens  mariés  fur  ce  qu'il 
eft  à  propos  qu'ils  obfervent  au  moment  qu'ils  veulent  devenir  pères  &  mères  ; 
il  marque  au.Tà  ce  qu'il  croit  qu'il  leur  convient  de  pratiquer  pour  avoir  des  garçons 
plutôt  que  des  Hlles. 

La  manière  dont  fe  doivent  conduire  les  femmes  grofles  &  les  nouvelle»  accou- 
chées ,  fait  le  fujet  du  troVOeme  Livre. 

Le  quatrième  commence  par  une  vive  delcription  de  la  mifere  de  l'homme 
pendant  les  premières  années  ;  viennent  enluite  diverfes  règles  pour  former  l'efprit 
des  enfans,  lorfqu'ils  font  parvenus  à  un  certain  âge. 

On  trouve  dans  ce  Poëme  difiérens  préceptes  qui  regardent  les  ioins  qu'on  doit 
prendre  pour  la  nourriture  &  la  beauté  du  corps  des  enfans  ;  mais  je  me  bornerai 
à  ce  que  dit  QuiUet  fur  l'ufage  des  maillots  qu'il  condamne  avec  tant  de  raifon,  & 
que  les  matrones  ont  tant  de  peine  à  quitter  aujourd'hui; 

Ncc  futls  eft  egrejfu  agiil  emzrfîjjh  veauftam 

/nfantcm  ,  nî   legitimi  nova  pignora  hcii , 

u^ppojîtîjvi  tener  cunis  fùveatur  alumnus. 

Pracipuè  caveas  m  darô  fafcla  gyro 

Mollia  immbra  prcmat ,  mve  Ipfo  à  llniine  v'ua 

Jnducat  tortam  nutrix  împrovida  formait. 

Nonm  incompajud  qua  fépè  volumlm  clngunt 

J^incula  ftricia  latus  pueri ,  coftafque  tenellas  , 

Gibbofum  faciunt  deformi  tubere  dorfum  , 

Elatafqut   kumeris  alas  furgauibus  addunt?  i 

Quïlkt  mourut  à  Paris  en  1661  ,  âgé  de  59  ans  ,  après  avoir  donné  à  Ménage 
tous  fes  Ecrits  ;&  500  écus  pour  les  faire  imprimer  ;  mais  cet  Abbé  prit  l'argent 
&  les  papiers,  &  ne  publia  aucun  Ouvrage  de  fon  ami. 

QUINCY,  (  JcanJ  Dodieur  en  Médecine,  étoit  Anglois.  Il  fit  fa  profeflion  à 
Londres  dès  le  commencement  de  ce  fiecle ,  ôî  il  y  publia  ditîérens  Ouvrages  qui 
ont  été  bien  reçus  du  public.  Tels  font  : 

La  Médecine  Statique  de  San&orius.  Londres,  1718,  Jn-8  ,  en  Anglois.  Il  y  a  en- 
core une  édition  de  1728 ,  qui  e(l  la  quatrième. 

Or  a  nsw  Fliyjîcal  Vi&ionary,  Londres,  1719,  in-8. 


QUI  îS 

The  Dljpenfatory  of  the  Royal  CoUcJge  of  Phyjïclans  in  Londofi.  Londres ,  i^ai  ,  in-B. 
"En  François,  par  Cl  an  fier  ,  fous  le  titre  de  Pharmacopée  univevfclh  raifonnée  ,  où  Von 
trouve  la  critique  des  principales  préparations  qui  font  dans  les  boutiques  des  apothicaires. 
Paris,  if45 ,  i/1-4. 

Or  a  Courfe  of  Lectures  in  Pharmacy  Chymical  and  Galenical.  Londres  ,  1723  , 
/n-4. 

QUINTUS,  Médecin  qui  vécut  vers  la  fin  du  preinier  fiecle  &  le  commence- 
ment du  fécond,  fut  regardé  par  Galien  comme  un  des  plus  habiles  de  fon  tems. 
11  avoir  étudié  fous  Marinas;  &  au  fortir  de  ion  Ecole  ,  il  exerça  fa  profeflion 
à  Rome  ,  d'où  il  fut  chafl'é  fous  le  faux  prétexte  qu'il  tuoit  tous  fes  malades. 
Mais  Galien  avoit  de  lui  une  opinion  bien  dift'érente  ;  car  il  regarde  fon  bannifie- 
ment  comme  l'effet  de  l'envie  &  de  la  calomnie  des  autres  Médecins.  Quintus 
les  avoit  indifpofés  contre  lui  ;  il  fe  raiiloit  d'eux  en  difant  que  le  chaud  &  le 
froid  ,  le  fec  &  l'humide  ,  font  des  qualités  dont  la  connoiflance  appartient  plutôt 
aux  Baigneurs  qu'aux  Médecins  ,  &  qu'il  faut  lailfer  fexamen  de  l'urine  aux 
Peintres  .&  aux  leinturiers. 

QUINTUS  STERTINIUS  fe  fit  beaucoup  de  réputation  à  Rome  dans  le 
premier  fiecle    fous    le    règne    de   Tibère  &    de    Caligula.    Au  rapport  de   Pline, 

I;  il    faifoit    beaucoup  valoir   aux  Princes   la    facilité    qu'il  avoit  à  fe    contenter   de 

cinq   cens   mille    Sefterces  ,   au -lieu    qu'il    en    pouvoit    gagner  fix    cens  mille,  à 
compter   ce  que    les    mailbns  de  la  ville    de   Rome  lui  valoient  l'une   après  l'au- 

■  tre.  L'Empereur  Claude  ,   pourfuit  PUac  ,  donna  le  même  appointcment  au  frère 

de    Stert'inius  ;    &  quoique  ces  deux  frères  euffent  beaucoup  dépenfé  pour    les  or. 
nemens  publics  qu'ils  avoicnt  fait  faire  à  Naples,  ils   laiflerent  encore  trente   mil- 
lions de  Sefierces  à  leurs    héritiers. 
Il  s'agit  ici   de    petits    Sefterces ,  qui  étoient   une    monnoie    Romaine  faifant  la 

;  quatrième    partie  du  denier    &    qui  valoir    deux    j{s  &  demi  ;  ce    qui   revient   à 

un  fol    fix    deniers  &   deaû  de    France  ,  évaluation   faite   fur   le  prix    adluel  d» 
marc  d'argent. 


\ 
I 


,6  R    A    B 


R. 

ABBI  MOÏSES   MALMONIDES.  VoyezMAIMONIDE.  (  MoïfeJ 

RABELAIS  ,  C  François  )  Ecrivain  du  XVI  fiecfc  ,  étoit  de  Chinon  en 
Tourainc  ,  où  il  naquit  d'un  père  qui  tenoit  cabaret.  11  fut  mis  fous  la  difci- 
pline  des  Moines  de  TAbbaye  de  Sévillé  près  de  fa  ville  natale,-  mais  il  y  fit 
li  peu  de  progrès  ,  que  fon  père  l'envoya  continuer  les  Humanités  au  Cou- 
vent de  la  Baimette  ,  à  un  demi-quart  de  lieue  au-deflbus  d'Angers.  Dès  qu'il 
fut  en  âge  de  prendre  un  état  ,  il  choilit  celui  de  Cordelier  ,  dont  il  reçut  l'habit 
dans  la  Mailbn  de  Fontenay-le-Comte  au  Ba:-Poitou.  Après  avoir  été  élevé  aux 
Ordres  Sacrés  ,  il  le  dévoua  à  la  Chaire  &  il  y  réuRit  ,  parce  que  ceux  qui 
vont  au  fcrmon  pour  s'inftruire  ,  s'attachent  quelquefois  davantage  aux  talen» 
du  Prédicateur  qu'à  fa  Morale.  Rabelais  avoit  ce  qu'il  falloit  pour  plaire  ;  il 
étoit  né  avec  une  imagination  vive  &  une  mémoire  heureufe.  Il  fentit  cepen- 
dant que  ces  talens  naturels  ne  lui  iufHfoient  pas  &  qu'il  avoit  befoin  d'en  ac- 
quérir d'autres  ;  mais  ion  Couvent  étoit  dépourvu  de  livres.  Pour  remédier  à 
ce  défaut  ,  il  employa  les  honoraires  de  fes  fermons  à  lé  faire  une  petite  Bi- 
bliothèque ,  dont  il  fe  fervit  pour  étudier  les  Belles-Lettres  &  fe  rendre  habile 
dans  les  Langues  ,  fur-tout  dans  le  Grec.  Sa  réputation  s'établiflbit  de  plus  en 
plus  ,  lorfqu'une  aventure  fcandaleufe  le  fit  renfermer  dans  la  prilbn  monafli- 
que  ,■  d'où  il  trouva  le  moyen  de  s'échapper.  Répandu  dans  le  monde  ,  loti 
efprit  enioué  &  facétieux  lui  procura  de  puifians  protcdeurs  qui  fécondèrent  Je 
penchant  qui  le  portoit  à  jetter  le  froc  ,  &  lui  obtinrent  du  Pape  Clément  VII 
la  permiffion  de  paflèr  dans  l'Ordre  de  Saint  Benoit ,  au  Monafiere  de  Mail- 
iefais  en  Poitou.  Mais  rien  ne  put  arrêter  l'humeur  libertine  de  Rabelais  j  en- 
nemi de  toute  forte  de  joug  ,  il  fe  dégoûta  bientôt  de  l'Ordre  dans  lequel  il 
avoit  éié  traniféré  ,  &  s'étant  fauve  de  l'Abbaye  ,  il  rcfla  quelque  tems  vaga- 
bond   fans   prendre   aucun  parti. 

Enfin  ,  il  arriva  à  Montpellier  en  1530,  &  le  16  Septembre  il  fut  infcrit  dans 
le  Rcgiftre  des  Matricules  de  la  Faculté  de  Médecine  de  cette  ville..  Son  inf- 
cription    efi:  couchée  en  ces    termes  ; 

Ego  Francljcus  Rabdtsfus  ,  Chinontnfis ,  Diœccjîs  Turoncnfis  ,  hue  adpuli  ftudiorum 
Medicims  gratià  ,  ddegique  mihi  in  patrem  egreglum  Dominum  Joannein  Scurromm , 
Doclorem  Rcs,eiitcmquc  in  hac  aima  Univerfitate.  Polliceor  autem  mz  omnia  obfcrvatunim 
qua  in  pradicla  Mcdiclms  Facultatz  ftatuuntur  &  obfervari  falcnt  ab  îis  qui  nomen  honâ 
fide  dedere ,  juramentô  ,  ut  moris  ej} ,  pnsjlitô  ;  adfcripjîque  nomen  meum  manu  propriâ. 
Die  i5  menfis   Szptembris  annô  Domîni   i5f;o.  Rabel.,t:sus. 

Comme  Rabelais  avoit  au  moins  quarante  ans  lorfqu'il  fe  préfenta  pour  étu- 
dier la  Médecine  à  Montpellier  ,  on  crut  pouvoir  lui  faire  la  grâce  de  l'ad- 
mettre bientôt  au  Baccalauréat,  dans  la  réfolutioa  de  différer  ion  Do61:orat  pen- 
dant 


n  A  B 


I? 


dant  un  tems  convenable.  Il  fjt  donc  reçu  Bachelier  le  pfemler  Nox'embre  de 
la  même  année  ,  fous  la  prélidence  de  J<ian.  Scurron  qu'il  avoir  choifi.  Voici 
ce    que   les   Regiftres   portent  : 

E^o  Franclfcas  Rabclafus ,  Diœcejïs  Turomnjïs  ,  promotus  fui  ad  gradum  Bacca- 
laureatùi  ,  die  menjîs  N'ovem'^rls  ,  annô  Dom'ml  1530  ^  fub  revcrindo  y/rdum  &iMe- 
dicime   Prqfejfore   Magijîro  Jnanm  Scurrono.  RabeljEsus. 

Rabelais  luivit  les  exercices  des  Ecoles  pendant  1.^31  ,  &  à  la  fin  de  cette 
année  ou  au  commencement  de  1532  ,  il  partit  de  Montpellier  pour  aller  à  Lyon  , 
oii  il  fit  imprimer  un  Livre  ,  iaiô,  qui  coctient  les  Aphorifmes  à'TIippocrate  ^ 
le  premier  Livre  des  Pronoftics  ,  le  Traité  De  natura  hominis  ,  le  premier  Livre 
J>e  vicias  ratione  in  acutis  ,  &i  VArs  medlcinalis  de  Gallen.  Ce  Recueil  Latin,  dont 
la  première  &  dernière  pièces  avaient  fait  la  matière  de  fe.^  Leçons  après  le 
Baccalauréat,  parut  en  1532,  &  encore  dans  la  m:.Tie  ville  en  1545,  In-ii.  Il  a 
fuivi  pour  chacun  de  ces  Ouvrages  les  Traductions  publiées  de  fon  tems  ,  & 
i'eû    contenté  d'ajouter   à    la    marge  quelques   corrections    peu   importantes. 

Le  léjour  de  Lyon  plut  à  Rabelais  ;  il  s'occupa  dans  cette  ville  de  l'édition 
&  de  la  compoiition  de  diftérens  Ouvrages.  En  1532,  il  fit  imprimer  un  petit 
Traité  ,    qui    eft    intitulé  : 

Tejlamentum  LucV.  Cupldil;  item  ^  contrains  vendldonls  antiquis  Romaaorum  tempo- 
rlbus  initus  ,  cùm  Pr^faùoae  Francifci  Rabelajîl.  Le  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de 
Fakonet  ajoute  :  jlitirt  Pompanlô  L<stô.  L'P^diteur  croyoit  que  ces  deux  pièces 
n'avoient  jamais  paru  &  qu^elles  étoient  anciennes;  mais  il  fe  trompoit  fur  l'un 
&  l'autre  article.  Ce  teftament  &  ce  Contrat  de  vente  avoient  été  imprimés, 
&  c'étoient  deux  pièces  nouvelles,  fabriquées  par  quelqu'un  qui  avoit  pris  plaifir 
de  tendre    un   paneau    à   la    crédulité  des   Antiquaires. 

En  1534,    il    publia  une   partie   de  fon  Hiftoire  de  Pantagruel,  fous  ce  titre: 
Tr  ailé   des   horribles  &   épouvantables    prouejfes    de     Pantagruel,   Roi   des   Dypfudes , 
compofé  par  M.  ^Icofribas ,  abjlraaeur    de  quintejfence.    Volume    //1-12,    en  caradere 
gothique. 
L'année  fuivante,  Rabelais  fit  paroître  à  Lyon  un  autre    Livre  de   Pantagruel, 

intitulé:  ,      .    ,.  r' 

La  vie  ineflimable  du  grand  Gargantua  ,  père  de  Pantagruel  ,  jadis  compofee  par 
l'abftracîeur  de  quintejfence  ,  avec  la  prognoftication. 

Enfin,  il  fit  imprimer  dans  la  même  ville  en  1535  ,  tn-ia,  en  caradere  gothiq-je  : 

Pantagruéline  Prognoftication  certaine  <5?  infaUibU  pour  Van  perpétuel ....,  par  Maure 
jilcofribas  y    ^rchitriclin    dudit  Pantagruel. 

On  attribue  encore  à  Rabelais  une  Epltre  envers  d'un  Limofin ,  grand  cxconateur 
de  la  Lanoue  Latiale.  Deux  Epitres  aufii  en  vers  à  deux  riellks  de  différentes  mœ-crs  ; 
la  Chrême  Philofoohale  des  queftions  Encyclopédiques  de  Pantagruel:  mais  on  ignore 
en  quel   tems  &  en  quel  lieu  ces  Pièces  ont    été  imprimées,    luppole  quelles  lui 

appartiennent.  n-     •      i  a  n    • 

Vers  la  fin  de  153:;  ou  le  commencement  de  1536,  il  pafla  de   I-yon    a  1  ans  , 
où  il  fe  préfenta  à  l'Èvêque  de  cette  ville  ,  Jean  du  Bellay ,  que   Paul  lll  veno.t 
de  nommer  Cardinal  à  la    recommandation  de    François  L  II   etoit  connu  de   ce 
T  0  M  E    1  r.  ^ 


ï8  R    A    H 

Prélat,  depuis  qu'ils  avoient  demeuré  eniemhle  au  Couvent  delà  Bafmette.  H 
en  fut  très-bien  reçu,  &  le  Cardinal,  ayant  goûté  l'on  efprit  &  fon  caraf^ere ,  le: 
prit  dans  fa  Maifon  en  qualité  de  Médecin,  de  Ledeur,  d'Econome  &  de  Biblio- 
thécaire; il  le  conduiiit  même  avec  lui  à  Rome,  lorfqu'il  fut  nommé  à  l'AmbafTade 
de  cette  Cour  en  1536.  Rabelais  profita  de  cette  occalion  pour  obtenir  du  Pape 
une  pleine  &  entière  abiolution  des  ceniures  qu'il  avoit  encourues  par  fes  apoU 
tafies   monacales. 

Il  quitta  Rome  en  1537,  &  fut  promu  au  Doftorat  à  Montpellier  le  22  Mai  de 
cette  année,  fous  la  préliJence  à\^ntolm  Gnphy,  comme  il  l'attefle  lui-même 
par    la  note   écrite  de  fa   propre   main  dans  les  Regiflres  : 

Hgo  Francifcus  Rabdisfus  ,  Dicxcejîs  Turonmjh  •,  fufcepl  graduai  Do&oratâs  fub  R- 
^ntonîo  Griphyo  in  praclara  Medlcims  Facultate.  DU  22  menjîs  Mau',  annô  Domini 
1537, 

RAEELiESUS, 

Comme  c'étoit  l'ufage  alors  que  les  Dofleurs  qui  vouloient  s'attacher  ^  la  Fa- 
culté en  qualité  de  Docieun  ordinaires ,  dévoient  y  faire  des  Leçons  publiques  & 
choifir  la  matière  qui  leur  coavenoit ,  Rabelais  choifit,  en  1537,  le  Traité  de* 
Prouortiqucs  û'Hippocrate  ,  qu'il  interpréta  en  Grec.  On  trouve  même  qu'il  pafla 
dans  la  Faculté  une  partie  de  l'année  1530;  mais  comme  il  abandonna  alors  le 
projet  de  s'établir  à.  Montpellier,  il  en  partit  pour  fe  rendre  à  Paris  auprès  du 
Cardinal  du  Bellay.  Il  en  fut  encore  bien  reçu  ;  il  effuya  cependant  les  reproches 
de  ce  Prélat  qui  voyoit  avec  peine  qu'il  fembloit  avoir  oublié  Ion  état  ecclé- 
fiaftique.  Le  Cardinal  ne  négligea  rien  pour  le  déterminer  à  s'y  fixer  ,  &  pour 
l'engager  davantage  à  vivre  félon  les  règles  prefcrites  par  les  Canons ,  il  le 
pourvut,  dit  on,  d'une  prébende  dans  le  Chapitre  de  Saint  Maur,  qu'on  avoit 
établi  fur  les  fonds  de  l'Abbaye  fécularifée.  Mais  ce  Prélat  n'en  demeura  pas  là 
à  l'égard  de  Rabelais  ;  quelque  tems  après ,  il  lui  conféra  la  Curé  de  Saint  Fleury 
de  Meudon ,  à  deux  lieues  de  Paris.  On  met  cette  nomination  en  1545.  Rabelais  , 
qui  fut  à  la  fois  le  Pafteur  &  le  Médecin  de  fa  Pareille,  y  vécut  tranquillement 
julqu'à  fa  mort  arrivée  à  Paris,  en  1553,  dans  une  maifon  de  la  rue  des  jardins; 
il  fut  enterré  dans  Iç  cimetière  de  l'Egliie  de  Saint  Paul.  Suivant  Gui  Patin ,  il 
poufla  fa  carrière  jufqu'à  l'âge  de  63  ans  ,  &  félon  MM.  de  Sainte  Marthe  ,  juf- 
qu'à  celui  de  70.  Sa  naiiïance  tomberoit  donc  en  1490,  fuivaat  le  premier,  65 
en  14B3  ,  félon  les  féconds. 

Le  Livre  qui  a  le  plus  fait  connoître  Rabelais  dans  le  monde  ,  eft  l'Hiftoire 
de  Pantagruel  &  de  Gargantua;  fatyre  dans  laquelle  les  Moines  font  couverts 
de  ridicule.  Ils  en  furent  fi  choqués,  qu'ils  vinrent  à  bout  de  la  faire  cenfurer 
par  la  Sorbonne  &  condamner  par  le  Parlement.  Le  troifieme  Livre  qui  parut 
au  plutard  en  1548,  les  engagea  à  cette  pcurfuire.  L'Arrêt  du  Parlement  eft  du 
premier  de  Mars  1551:  mais  Rabelais  ne  laiffa  pas  de  publier  le  quatrième  Livre 
en  155a  ;  les  anathômes  de  la  Sorbonne ,  les  défcnfes  du  Parlement ,  ne  firenr 
même  qu'accréditer  fes  Ouvrages,  &  ceux  à  qui  ils  paroiflôient  auparavant  fades 
&  inlipides,  les  trouvèrent  alors  vifs  &  piquans.  L'Auteur  fut  recherché  comme 
le  bel  efprit  le  ^lus  ingénieux,  ôi   comme    le    boufibn  le  plus  agréable.  Tout  le 


R    A    B 


19 


monde  lifoit  fes  Ecrit»,  tout  le  monde  les  apprenoit  par  cœur,  &  il  ne  failoit 
pas  prétendre  au  titre  d'homme  d'efprit,  fi  l'an  n'en  lavoit  pas  les  plus  beaux 
endroits.  Cette  prévention  a  duré  long-tems  ;  mais  on  eft  bien  éloigné  de  penfer 
ainfi  aujourd'hui.  Dans  Ion  extravagant  &  inintelligible  Livre,  Rabelait  a  répandu 
à  la  vérité  une  extrême  gaieté,  mais  une  plus  grande  impertinence.  Il  a  prodigué 
l'érudition  ,  les  ordures  &  l'ennui.  Un  bon  conte  de  deux  pages  ert  acheté 
par  un  volume  de  Ibttiies  :  il  n'y  a  que  quelques  pcrfonnes  d'un  goût  bizarre 
qui  puiflent  le  piquer  d'entendre  &  d'-.-ftlmer  tout  cet  Ouvrage.  Les  gens  qui 
jugent  bien  des  choies,  rient  de  certaines  piaifanteries  de  ce  Polichinel  Médecin, 
&  méprirent  le  Livre  &  l'Auteur.  On  eft  cependant  fâché  qu'un  homme  qui  avo't 
tant  d'efprit ,  en  ait  fait  un  fi  milerable  ufage  ;  c'eft  un  Philoibphe  qui  n'a  écrit 
que   dans  le   tems  de  fon  ivreflè. 

Rabelais  étoit  meilleur  à  voir  qu'à  lire.  Un  port  noble  &  majeftueux,  un  vifage 
régulièrement  beau .  une  phyfionomie  fpirituelle ,  des  yeux  pleins  de  feu  &  de 
•douceur,  un  fon  de  voix  gracieux,  une  exprellion  vive  &  facile,  une  imagina- 
tion inépuifable  dans  les  fujets  piaifans  ;  tout  cela  en  failoit  un  homme  d'une 
fociété  délicieufe.  Il  étoit  d'ailleurs  efHmable  par  la  réunion  des  qualités  qui  for- 
ment l'homme  d'efprit  &  le  Savant.  Langues  anciennes ,  Langues  modernes , 
Grammaire  ,  Poéfie  ,  Philofophie ,  Aftronomie  ,  Jurifprudence  ,  Médecine  ;  il  avoit 
orné  fa  mémoire  de  toutes  les  richelTes  de  fon  tems;  il  ne  lui  a  manqué  que 
d'en   faire    un  bon    ufage. 

On  a  un  grand  nombre  d'éditions  des  Œuvres  de  Rabelais  ;  il  y  en  a  de  Lyon 
de  1558,  15^4,  1600,  in-11;  d'Amfterdam,  1663,  deux  volumes  //1-12.  Les  plus 
complcttes  font  celles  d'Amfterdam,  l'une  de  171 1  en  lix  Tomes,  trois  volumes 
ja-8,  avec  les  notes  de  le  Duchat ,  l'autre  de  1741,  trois  volumes  în^  ,  avec  les 
figures  de  Bernard  Picart.  Celle-ci  eft  encore  en  cinq  volumes  ia-ia.  Mais  comme 
les  Ecrits  de  cet  homme  fiagulier  font  remplis  de  propos  licencieux  fur  les  chofes 
facrées  &  fur  les  Religieux,  que  cette  conduite  l'a  fort  décrié  pour  les  mœurs, 
&  qu'il  a  même  été  accufé  d'impiété  &  d'irréligion ,  l'Abbé  Perau  a  donné  une 
édition  de  fes  Ouvrages ,  dans  laquelle  il  a  retranché  les  obfcénités  &  les  impiétés 
les  plus  révoltantes.    Cette  édition  a  paru  fous  ce    titre: 

Rabelais  moderne  ,  ou  ,  fes  Œuvres  avec  des  Edaircijfemens.  Paris  ,  fous  le  nom 
d'Amfterdam  ,  1752,  fix  Tomes  en  trois  volumes  in-12.  Jean  Bercier  avoit  déjà 
publié  :  Jugement  &  Obfervations  fur  les  Œuvres  de  Rabelais ,  ou  ,  le  véritable  Rabelais 
réformé.  Paris,   1697,  tVl2. 

Les  Poètes  ont  compofé  différentes  pièces  qu'ils  ont  confacrées  à  la  mémoire 
de  Rabelais.  On  trouve  cette  Epitaphe  dans  le  Livre  des  Tombeaux  d'Etien- 
ne Pafquier  : 

Sive  fit  tibt  Lucinianus  alter  ^ 
Sive  fit  Cynicus  ,  quid  Hofpes  ad  te  ? 
Hic  unus  Rabelafius  facetus  ^ 
Nugarum  pater  ,   artifcxque  mirus , 
Quldquid  is  fuerit  ,  recumbit  in  urna. 


^  R    A    B 

Pafquier  rapporte  encore  ce  Quatrain  dans  fon  Recueil  des   Portraits  r 

Ille  ego  Gallorum  Gallas  Democritus ,  illô 

Gratlus  aut  fi  quïd  Gallla  progenuit. 
Sic  homines  ,fic  &  cœlefiia  numina  lufi , 

Vix  homines  ,  vix  ut  numina  lafa  putes. 

Voici  le  fens  d'une  Epitaphe  compofée  par  Jean-Aùtoine  du  Baif ,  Poëte  Fran- 
çois du  XVI  fiecle  ; 

Pluton,  Prince  du    noir  Empire^ 
Où  les  tiens  ne  rient  jamais. 
Reçois  aujourd'hui  Rabelais  ^ 
Et  vous  aurez    tous  de  quoi   rire. 

Un  Curé  de  Meudon  a  fait  imprimer  tout  ce  qui  fe  trouve  à  la  looang» 
de  Rabelais.  r  ^ 

J-.e  célèbre  j^ftruc  ,  qui  parle  fort  au  long  de  ce  Médecin  dans  fon  Hifioire 
de  la  Faculté  de  Montpellier  ,  m'a  fourni  plufieurs  traits  que  j'ai  copiés  dan» 
cet  Article  ;  je  vais  en  rapporter  d'autres  au  fujet  de  ce  qu'il  dit  fur  les  plaifan- 
tenes  qu'on  attribue  communément  à  Rabelais.  Comme  cet  homme  fingulicr  étoit 
lacétieux  &  qu'il  aimoit  à  rire  ,  on  crut  pouvoir  mettre  fur  fon  compte  pluJ 
Iieurs  bouffonneries  indécentes  &  groffieres ,  dont  il  convient  de  le  diiculpcr.  Je 
veux  bien  ,  dit  ^Jîrac  ,.  qu'il  ait  été  bouffon,  mais  je  ne  faurois  me  perfuader 
qu'il  ait  été   fou. 

1  .  On  prétend-  que  le  Chancelier  du  Prat  ,  ayant  cafTé  les  privilèges  de 
la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  par  quelque  mauvaife  volonté  qu'il 
ayoït  ,  dit-on  ,  contre  cette  ville  ,  Rabelais  fut  député  pour  en  aller  demander  le 
retabliffement.  On  dit  que  pour  parvenir  à  parler  au  Chancelier  ,  il  fit  une 
malcarade  ridicule  &  tint  des  propos  extravagans.  Cependant  il  réuffit  par  ce 
moyen  à  fe  faire  introduire,  &  il  parla  fi  bien  au  Chancelier  ,  qu'il  obtint  tout 
ce  qu'il  demandoit. 

Les  privilèges  de  la  Faculté  n'ont  jamais  reçu  aucune  f  atteinte.  Si  M.  du  Prat 
avoit  fait  calfer  ces  privilèges  dans  un  tems  où  la  Faculté  pût  lui  députer  Rabe- 
lais ,  c'eût  été  depuis  1530  ,  que  Rabelais  entra  dans  la  Faculté  ,  jufqu'au  9 
Juillet  1535  qye  ce  Chancelier  mourut.  Mais  la  Faculté  auroit-elle  député  , 
pour  une  affaire  auîîi  grave  ,  un  fimple  Bachelier  ,  qui  dans  le  fonds  étoit  un 
Moine  défroqué  ,  tandis  qu'elle  avoit  tant  de  gens  de  mérite  à  y  envoyer  *? 
L'Editeur  du  Rabelais  moderne  prétend  que  ce  fut  les  privilèges  du  Collège  de 
Gironne  ,  que  Rabelais  fit  rétablir. 

2^.  On  prétend  que  Rabelais  ,  voulant  aller  de  Lyon  à  Paris  en  1536  & 
n'ayant  point  d'argent,  s'aviia  de  faire  pluiieurs  paquets  cachetés  ,  pleins  de  cen- 
dre ,  &  qu'il  envoya  quérir  un  jeune  garçon  ,  à  qui.  il  fit  mettre  fur  chacun 
des  infcriptions  difl'érenics ,  Poifon  pour  le  Roi  ,  Polfon  pour  M.  h  Dauphin  ,  lui 
recommandant  bien  de  garder  le  lecret.  11  le  fut   très-mal ,  Ôz  Rabelais  s'y  aï- 


K    A    B  al 

îtndoft  bien.  Le  Prévôt  des  ^larchands ,  qui  en  fut  informé ,  l'envoya  prendre  & 
le  fit  conduire  à  Paris  ,  bien  gardé  ,  mais  bien  traité.  Quand  on  fut  arrivé  Si 
Paris,  on  interrogea  iîaie/û/^ ,  on  examina  la  poudre  renfermée  dans  les  paquets^ 
&  tout  ccnfidéré  ,    le  fait  parut    afiez  plaifant  pour  ne  faire  qu'en  rire. 

Suivant  ^ftruc  ,  il  n'y  a  pas  de  conte  plus  mal  imaginé.  C'eil  un  crime  de 
badiner  fur  la  vie  des  Souverains  ,  &  Rabelais  auroit  eu  fujet  de  fe  repentir 
de  l'avoir  fait ,  fur-tout  dans  un  tcms  ,  où  l'on  venoit  de  perdre  le  Dauphin  Fran- 
çois ,  fils  aine  de  François  I,  qui  avoit  été,  difoit-on  ,  empôifonné  par  Montecu- 
culli,    Ceft   en  1536  que  le  Dauphin  mourut 

3".  On  ne  conçoit  pas  comment  on  a  pu  imaginer  que  Rabelais  ait  tenu  au- 
Pape  Paul  III  les  diicours  qu'on  lui  prête  en  deux  occafions.  Cependant  cette 
anecdote  indécente  a  été  adoptée  par  Scévole  de  Sainte  Marthe.  Mais  eft-il 
croyable  que  Rabelais  ,  figé  alors  au  moins  de  46  ans  &  connoiflant  la  va' 
leur  des  termes  ,  ait  tenu  à  un  Pape  toujours  refpeilable  par  lui-môme  ,  &  fur- 
tout  à  un  Pape  qu'il  avoit  befoin  de  ménager  pour  en  obtenir  un  Bref  d'ab- 
folution  ,  des  propos  auffi  grofliers  ,  aulli  indécens  ,  difons  mieui  ,  aufli  ia- 
folens  1 

4°.  On  doit  porter  le  même  jugement  des  fautres  bouffonneries  qu'on  lui  attribue  ^ 
comme  d'avoir  dit  à  un  Page  que  le  Cardinal  du  Bellay  lui  envoyoit  :  Tire  le 
rideau  ,  la  farce  ejl  jouée  ;  d'avoir  dit  à  un  autre  qui  lui  parloit  de  fonger  à  fou- 
falut  :  Beau  qui  moriuniur  in  Domino  ,  ce  qu'il  entendoit  d'une  efpece  de  chape,, 
appellée  Domino  ,  qu'il  avoit  autour  de  la  tête  ;  d'avoir  répondu  ù  une  pcrfonne- 
qui  lui  demandoit  ce  qu'il  laiflbit  aux  pauvres  :  Je  n'ai  rien ,  je  dois  beaucoup  ,  je: 
donne  le  rcfic  aux  pauvres.  Tous  ces  quolibets  font  plus  anciens  que  Rabelais  Sc' 
on  a  tort  de  les  lui  attribuer  ,  fùr-tout  à  l'article  de  la  mort. 

L'enthoufiafrac  où  l'on  a  été  pour  ce  Médecin  ,  s'efi  étendu  jufqu'à  la  Faculté 
de  Montpellier  qui  l'a  reçu  au  nombre  de  fes  Docteurs ,  &  l'on  a  regardé  comme 
gens  de  mérite  ,  ceux  qui  avoicnt  porté  la  même  robe  que  lui,  La  préventiotï 
a  même  été  julqu'à  lui  attribuer  l'établiflcment  de  quelques  ufages  finguliers  ,  qui" 
ibnt  particuliers  à   cette  Faculté. 

Le  Candidat  fouîieni  rA(f\e   du  Baccalauréat  avec    une   robe  noire  ordinaire  '. 
mais   quand   il    eft  admis  à  ce  grade  ,  le  Bedeau    lui    met  une   robe  rouge   qu'il- 
doit  porter  pendant    tous  les    Ades  probatoires  ,  jufqu'à  ce  qu'il    ait   fait  le  Point' 
ou  TAéle  rigoureux  ,    &    qu'il  ait   été    admis.   Cette   robe  n'a    rien    de    fingulier  , 
c'eft  une  Tunique  qui   va  julqu'aux  talons  ,  avec  des   m&nches    allez  larges  pour 
pouvoir  la  mettre  fur  fes  habits ,  &    une  eipece  de  large  Collier   ou    Rochet  ;  elle 
eft  de  drap  rouge.  Je  crois ,   pourfuit  ^jlruc  ,  que  c'étoit  la  robe  commune  à  tous 
les  Clercs ,  quand   la  Faculté    fur  établie  ;  on  ia   failoit  porter  à  tous   les    Candi- 
dats dès  qu'ils  étoient  fur  les  bancs,  parce  qu'ils  devcnoicnt  Clercs;  mais  pour  ft: 
dlftinguer  des  Clercs  ordinaires ,  on  la  fit  de  couleur  rouge ,  parce  que  c'efi  la  cou-< 
leur  des  Faculté»  de  Médecine. 

Rabelais    a    porté    cette    robe   comme    ceux   qui  l'avoicnt    précédé   &   ceux   qui 
font  venus   depuis  ,   mais  il  ne  fa  pas  établie  &   n'avo:t  r.ucun  droit  dei'éiablir;  ôt. 
le  nom  de  Rsjbe  di  Rabelais ,  que   les  Eiudiaos  lui  oct  donné  ,  ne   fignilie   l'&u. 


»a 


Il    A    B 


On  doit  feulement  être  étonne  de  rentôtement  de  ces  Etudians  ,  quî  coupent 
furtivement  quelques  lambeaux  de  cette  robe  pour  les  emporter  chez  euK  ,  ce  qui 
oblige  à  en  faire  une  nouvelle  de  tems  en  tems ,  à  quoi  on  ne  gagne  rien  ;  car  les 
Etudians  confervent  pour  la  robe  qu'on  vient  de  faire ,  la  même  prévention  qu'ils 
avoient  pour  l'autre.  u4/îruc  dit  que  François  Ranchin  en  fit  faire  une  nouvelle  en 
1612,  &  qu'on  fut  o'oîigé  d'en  fubdituer   une  autre  en  1720. 

L'auire  uiage  établi  dans  la  Faculté  de  Montpellier  ell  plus  fingulier  encore. 
L'Acte  du  Baccalauréat  fini  ,  tous  les  Profcûeurs  paffcnt  dans  le  Conclave  qui 
eft  à  côté  de  la  falle  des  Aftes.  Le  Chancelier,  ou  en  fon  abfence  ,  le  Doyen  , 
fi,it  approcher  le  Caadidat  ,  lui  annonce  qu'il  a  été  admis  au  Baccalauréat  ,  & 
aioutc  Iniae.  purpuram  (  c'eft-à  dire ,  la  robe  rouge  )  cmfcende  cathedram  &  grâces 
ane  quibus  dcbcs.  Cela  fait  ,  le  Bachelier  defcend  &  s'arrête  au  bas  de  la  chaire  , 
où  les  Docteurs  s'aflèmblent  &  reçoivent  les  renaercimens  du  Profefleur  qui  a  pré- 
fiJé  à  rA£le  pour  la  réceprion  du  Candidat,  après  quoi  le  nouveau  Bachelier  part 
Dour  entrer  dans  le  Coaclave.  Ceft  dans  cet  ei'pace  qu'il  eft   expofé  aux  coups  de 


e 


pour  entrer  uaus  ic  ».^LJviav>.,  v,i.il  v.»uo  »,^i  wj.<.v,v-  ^>^..  w^^  ^^^.^.%.  «^^  y.^.^^..^  -- 
poin^  de  tous  fes  condifciples  ;  fes  amis  font  même  les  plus  empreffés  à  fe 
bien"  placer  ,   pour     d'autant   mieux  appliquer   les  coups    qu'ils   cherchent   à    lui 

(Jn  prétend  que  Rabelais  a  établi  cet  ufage ,  comme  une  marque  de  réjouiffance 
&  de  félicitation.  C'étoit  la  mode  de  fon  tems  ,  dit-on,  de  fe  donner  des  coups 
de  poing  aux  fiançailles  ,  après  en  avoir  donné  aux  fiancés;  &  on  allègue, 
pour  le"  prouver  ,  la  defcription  qu'il  fait  des  noces  de  Bafclié  dans  fon 
Pantagruel.  Mais  yJJïruc  croit  que  cet  ufage  a  une  origine  plus  ancienne  &  plus 
noble.  L'Ordre  de  Chevalerie  étoit  dans  fon  plus  grand  luRre,  quand  on  a  établi 
les  plus  anciennes  Facultés.  Il  y  avoir  deux  Ordres  dans  la  Chevalerie;  celui  des 
Bacheliers  ,  oii  l'on  initioit  ceux  qui  étoient  d'une  naifiance  &  d'un  mérite  à  af- 
pirer  à  l'honneur  ^'êtie  Chevalier;  &  celui  de  Chevalier,  qui  étoit  alors  un  état 
très-diftingué  &  qui  faifoit  aller  de   pair  avec  les  Princes. 

Quand  les  Facultés  l'urcnt  autorifécs  à  donner  des  Licences  aux  gens  de  Lettrés , 
elks  fe  rapprochèrent ,  autant  qu'elles  purent  ,  de  ce  qu'on  pratiquoit  dans  l'Or- 
dre de  Chevalerie.  11  eft  certain  du  moins  ,  que  les  cérémonies  qui  font  en  ufage 
quand  on  fait  un  Maître  ou  Dodeur,  font  copiées  fur  celles  qu'on  failoit  en  ar- 
mant un  Chevalier,  mutatis  mutandis  ^  c'eft-à-dire,  avec  les  différences  que  l'objet 
îiuquel  on  fe  deftinc  a  dû  y  mettre.  On  a  donc  dû  de  même ,  dans  les  Facultés 
fort  anciennes  ,  imiter ,  en  donnant  le  Baccalauréat  ,  ce  qu'on  failoit  quand  on 
recevoit  Bachelier  une  perfonne  qui  afpiroit  à  devenir  Chevalier.  Or  il  eft  cer- 
tain qu'on  donnoit  à  ce  Bachelier  ,  qui  étoit  à  genoux  ,  deux  coups  de  plat 
d'épée  fur  f épaule  ,  comme  pour  lui  apprendre  qu'il  dcvenoit  un  nouvel  hom- 
me &  que  c'étoit  la  dernière  infulte  qu'il  eût  à  fouffrir.  Sur  ces  exemples  ,  la 
Faculté  de  Montpellier  laifla  donner  des  coups  de  poing  aux  Bacheliers  ,  pour 
les  avertir  que  c'étoit  la  dernière  marque  de  mépris  qu'ils  daffeot  efUiyer.  Cette 
conj'eaure  peut  être  confirmée  par  l'attention  que  les  Profeffeurs  de  la  Faculté 
de  Montpellier  ont  toujours  eue  de 'participer,  autant  qu'ils  ont  pu  ,  aux  honneurs 
de  la  Chevalerie  ,  &  de  fe  faire  enterrer  avec  l'épée  &  les  éperons  fur  la  bière.  Sur 
ce  pied -là,  la  Faculté  a  intérêt  de  conferver  cette  coutume  ,  toute  finguliere 
qu'elle  foit  ,  comme  une  preuve  de  fon  ancienneté. 


R    A    D         R    A    ï  23 


o 


On  ne  peut  difconvenir  qu'il  y  ait  ici  un  peu  d'cnthoudafme  de  la  part  à'^flruc 
pour  la  Faculté  de  IMontpellier  ,  dont  il  étoit  Ucfteur  avant  de  prendre  le  bonnet  dans 
celle  de -Paris  :  nous  tenons  tous  à  nos  premiers  engagemens  ,  &  nous  aimons 
à  relever  ce  qui  fait  honneur  à  notre  patrie.  Le  La-guedoc  eft  trop  voifm  de 
l'Erpagne  ,  pour  que  l'eiprit  de  Chevalerie  n'y  ait  point  pafle  dans  le  bon  vieux 
tems  ,  lorfque  les  rodomontades  Elpagnoles  faifoient  tant  de  bruit.  Je  pafle  vo- 
lontiers aux  Profelllurs  de  Montpellier  de  porter  après  leur  mort  ces  marques  de 
Chevalerie  qui  les  auroient  déparés  pendant  la  vie;  mais  dans  l'ufage  ridicule  de 
donticrdes  coups  de  poing  aux  Bacheliers  ,  je  vois  moins  une  repréfentaticn  du 
Récipiendaire  à  la  Chevalerie  ,  que  la  folie  répétition  de  ce  qui  fe  paffijit  aux  noces 
de  i3al"ché  dans  le  Pantagruel.  La  vénération  des  Ecoliers  pour  la  prétendue  robe 
de  Rabelais  ,  a    pu  s'étendre  jufqu'à  adopter  certaines  plaifanttries  de  fon    Roman, 

RADCLIFF ,  (  Jean  J  Médecin  Anglois  de  nation  ,  reçut  le  bonnet  de  Doc- 
teur à  Oxford  le  5  Juillet  1682  ,  &  fe  fit  enfuite  aggréger  au  Collège  Royal  de 
Londres.  Il  pratiqua  dans  cette  dernière  ville  avec  un  fuccès  qui  lui  valut  de 
fi  grandes  récompenfes  dans  fa  profellion ,  qu'étant  mort  en  célibat  le  premier  de 
Novembre  1714,  on  lui  trouva  des  fonds  fufnians  pour  accomplir  les  legs  qu'il 
avoir  faits  à  l'Univerfité  d'Oxford.  11  donna  par  fon  leftament  une  fomme  de 
quarante  mille  livres  fterlings  pour  la  Bibliothèque  publique,  &  fix  cens  livres  an- 
nuellement, applicables  pendant  le  terme  de  dix  ans,  au  proht  de  deux  Etudians 
en  Médecine  qui  doivent  voyager.  On  ne  connoît  d'autre  Ouvrage  de  la  façon 
de  Raddijj'f  qu'une  Pharmacopée  ,  dont  MatthUs  a  dit  un   mot  dans  fon  Confpchus. 

Le  Catalogue  des  Médecins  Anglois  fait  mention  de  deux  autres  Radcliff  plus 
anciens  que  celui  dont  on  vient  de  parler.  L'un,  Richard,  fut  reçu  Docteur  à 
Oxford  le  8  Juillet  1585,  &  mourut  dans  cette  ville  le  18  Janvier  159g.  L'autre, 
Edouard f  Douleur  de  l'Univerlité  de  Cambridge,  fut  incorporé  dans  celle  d'Oxford 
le   II  Juillet  de  l'an  i6co. 

RALMOND  DE  VINARIO  ou  Rabmnd  Challn  de  yinario.  Médecin  du  XIV 
fiecle  ,  avoit  pris  les  grades  à  Montpellier.  Comme  il  naquit  dans  un  endroit 
appelle  en  Latin  f^inarium  ,  ylftruc  conjecture  que  ce  fut  à  Vinas  ,  petit  village 
du  Diocefe  de  Bezicrs;  à  moins,  dit-il  ,  qu'on  n'aime  mieux  fuppofer  qu'il  faut 
lire  de  yivario  au-lieu  de  yinario  ,  auquel  cas  ce  Médecin  ieroit  originaire  de 
Viviers. 

Jacques  JDalechamps,  &  gpiès  lui  Jean-George  Schenck,  difent  que  Rain:ond  fut 
Médecin  de  trois  Papes  qui  liegerent  à  Avignon.  Il  efl  connu  par  un  petit  'l'iaité 
de  la  pelle.  Comme  il  vivoit  à  Avignon  en  même  tems  que  Gui  de  CauUac  \\ 
décrit  les  mêmes  pertes  que  lui,  &  les  décrit  alTez  esadement;  il  parle  même 
de  deux  dernières  pcftes  du  quatorzième  ûecle,  dont  Gui  de  CauUac  ne  parle 
pas  &  que  probablement  il  n'a  pas  vues.  Dahchamps,  à  qui  un  Chirurgien  de 
Montpellier,  appelle  Guillaume  Lot  hier ,  avoit  prêté  un  exemplaire  manufcrit  du 
Traité  de  RaimonJ  pour  avoir  fon  fentiment ,  avoue  qu'il  fut  frappé  de  la  beauté 
de  cet  Ouvrage  ,  malgré  la  barbarie  du  ftyle  ;  c'eft  ce  qui  le  détermina  à  le  pu- 
blier  à  Lyon  en  1552,   in-i6y  chez  Guillaume  Rouillé  ,  .^p^ès  l'avoir  mis  en  mcil- 


I 


«4  Tl    A    I       R.    A    M 

leur  Lstin.  L'Auteur  paroît  f^rt  prévenu  en  faveur  de  TAflrologie  judiciaire^ 
«nais  c'eft  un  défaut  dans  lequel  il  étoit  difficile  de  ne  pas  tomber  dans  le  iiecle 
où  il    vivoit. 

RAÎ"NSANT,  C  Pierre  ^  Médecin,  Antiquaire  &  Garde  du  Cabinet  de  Mé- 
jdailles  du  Roi  Louis  XIV  ,  étoit  de  Rheims  où  il  avoir  pris  le  boDn;t.  Il  vint 
à  Paris  dans  le  deflein  d'y  exercer  la  Médecine,-  mais  ayant  été  fait  Garde  du 
Cabinet,  il  ne  s'occupa  guère  que  de  l'étude  des  Médailles,  &  il  appella  auprès  de 
lui  Oudinct  le  His ,  fon  parect,  qui  avoit  le  raîme  goût.  Raiafant  eut  le  malheur 
<le  fe  noyer  dans  la  pièce  d'eau  du  Parc  de  Verfailles.  On  a  de  lui  quelques  ob- 
fervations  dans  le  Journal  des  Savans  ,  année  1678,  comme  l'Hiftoire  d'un  eofant 
de  Sens ,  qui  demeura  vingt-huit  ans  dans  le  corps  de  ia  mère  &  n'en  fut  tiré 
qu'après  la  mort  de  celle-ci;  des  Remarques  fur  l'opération  célarienne  &  la  pa- 
Tacenthelé.  Mais  il  a  publié  un  Ouvrage  plus  confidérable  ;  c'ell  une  Dijiniihati 
fur  douie  Mida'dks  dzs  }iiix  ficulaircs  de   V Empereur  Domitlm.  Verlailles ,  1684 ,  in  4. 

RAMAZZINI  (  Bernardin  )  naquit  à  Carpi  »  le  5  Novembre  1633  ,  de 
JBarthélàni  ia  de  Catherine  Feder^oni,  honnêtes  Bourgeois  de  cette  ville  qui  eft  à 
dix  milles  de  Modene.  Il  fit  fon  cours  d'Humanités  chez  les  Jéfuites  ,  &  fe  rendit 
é,  Parme  à  l'âge  d'environ  19  ans,  pour  y  commencer  celui  de  Philolophie  qu'il 
liait  au  bout  de  trois  ans ,  par  des  Thelés  qu'il  ibutint  publiquement  fur  toutes 
les  parties  de  cette  Science.  Incertain  alors  fur  la  profeffion  qu'il  embtaiferoit , 
il  balança  quelque  tems  entre  l'étude  du  Droit  &  de  la  Médecine  ;  mais  enfin 
il  fe  décida  pour  la  dernière  ,  dans  laquelle  il  fit  tant  de  progrès,  qu'il  obtint  le 
l^onnet  de  Dofleur  dans  la  Facuhé  de  Parme  le  21  Février  1659.  De  cette  ville, 
il  pafik  à  Rome  &  fe  mit  à  fuivre  ^ntoiae-Marie  Rubei^  célèbre  Praticien,  fils 
^e  Jérôme  Rubei^    Médecin  du  Pape  Clément    VIII. 

Eclaué  par  les  lumières  de  cet  habile  Maître    qui  le  jugea    en  état    de  marcher 
feul  dans  les   routes  épineuftis  de  la    Pratique ,  il     alla  l'exercer  dans  le  Duché  de 
-Caftro,  contrée  du   Patrimoine  de  Saint   Pierre  ;  mais  le  mauvais  état    de  fa  fanté 
î'obligea  de  retourner  à  Carpr  au  bout  de   quelques  années  ,  &  s'y  étant  enfin  ré- 
tabli, il  y  époufa  Françnife  Rîchi  qui  lui  donna  un  fils  &  deux  filles.  Il  fit  la  Mé- 
decine avec  honneur  dans  fa  patrie  jufqu'en  1671 ,  qu'il   vint  s'établir  à  Modene. 
iSon  mérite   y  fut    bientôt   connu ,  &    Ton   auroit    voulu    trouver    l'occafion  de  lui 
donner  des   preuves  de  l'efiime  qu'on  en  faifoit;  mais    les  circonfiances  ne   furent 
pas   favorables  à  fa  promotion.  Ce  ne  fut  qu'en  1682  qu'il  fut  nommé  à  la  Chaire 
de  Théorie  dans  les  Ecoles  que  François  II,  Duc  d'Eft  ,  avoir  rétablies  à  Modene 
en  167B.   Ramaiilni  y   enfeigna  jufqu'en  1700  ,  qu'il  ambitionna    d'avoir  part  à  la 
réputation  dont  les  Profefl'eurs   de  l'Univerfiré  de    Padoue  jou.illbienr.    Il  ibliicita 
de   l'emploi  dans  cette   Académie,  &  il  y  obtint  la  Chaire  de  Médecine  pratique, 
dans  laquelle  il  monta  le   12  du  mois  de  Décembre  de  la    même  année.  Quoiqu'il 
fût    déjà    avancé  en   âge  ,   il  n'eut  pai    moins    d'ardeur  à    remplir   les   fondions 
de  fa   nouvelle   charge,    que    les  ProfelTcurs    qui  n'avoient  point    vieilli    dans    cet 
exercice.  Pendant  l'hiver    de  1  an   1703,  il   fut  attaqué  d'une  fluxion  fur  /es    yeux 
g^ui  lui  fit  craindre  de  perdre  la  vue  ;  il  la  perdit  en  effet  au  bout  de   quelques 

années. 


TL    A    M  5^ 

liîsnée?.  Privé  du  plaifir  de  la  Icflure ,  qui  étoit  tout  ce  qu'il  regrctoit ,  il  y  fuppléa 
par  le  fecours  de  les  pctit?-fi!s  qui  lui  lervirent  de  Lefteurs   &  de  Scribes. 

En  1708  ,  le  Sénat  de  Venife  le  nomma  Prélident  du  Collège  des  Méde- 
cins, de  cette  Capitale  de  la  République,  &  l'année  ibivante ,  il  le  fit  monter 
de  la  féconde  Chaire  de  Pratique  à  la  première.  ilamj^^J/ii  fe  préparoit  à  donner 
fa  Leçon  ,  lorfqu'il  fut  attaqué  de  l'apoplexie  qui  l'enleva  de  ce  monde  le  5 
Novembre  1714  ,  à  J'Age  de  81  ans.  Son  mérite  lui  avoit  procuré  l'entrée  de 
quatre  Académies.  II  fut  d'abord  aflbcié  à  celle  des  DiJJhnantl  de  Modene ,  & 
çnfuite  à  celle  des  Curieux  de  la  Nature  ,  qui  le  reçut  fous  le  nom  d^Blppo- 
crate  III.  En  1706  ,  la  Société  Royale  de  Berlin  le  mit  au  nombre  de  fes  Mem- 
bres ,   &   l'Académie  des    Arcades    de    Rome  en    1709,   On   a  de    lui  : 

Exercitado  latro-apologetica  ,  fiu  ,  Refponjum  ad  fcripturam  quandam  Annîballs  Cer- 
vii  ,  Docioris  Medici.  Mutine  ,  167g  ,  in-fvl.  Il  juftifte  fa  conduite  ,  au  fujet  des 
confeils   qu'il  avoit  donnés   à   Ufi   malade   que   Cervius    traitoit. 

Rda^ioiii  fîjpra  il  parto  e  la  morte  délia  Marchefe  Martellni.  Modens,  168 1  ,  in-fol, 
La  mort  de  la  Marquife  fut  fuivie  d'une  difpute  très-vive  entre  Ramaninl  & 
le  Dodeur  Jean-^ndré,  Monlglia.  Il  s'agifibit  de  favoir  s'il  auroit  fallu  procéder 
à  l'extradïion  de  l'arriere-faix  ,  immédiatement  après  l'accouchement  de  cette 
Dame.  Cette  conteftation  amena  plufieurs  Ecrits  pendant  le  terme  de  trois  ans 
qu'elle  dura. 

Oratio  in  folemni  Mutlnenjîs  AcademliS  inftauratione.  Matlna  ,  1683  »    ''''"4- 

De  conjlltutiam  anni  i6go  ,  ac  de  Epidemia  quts  Mutlnenjîs  u4gri  colonos  affllxîù 
Ibidem  ,  169 1  ,  in-4. 

De  Fontium  Matlmnjîum  admirandâ  fcaturlglne.   Ibidem  ,  i6gi ,  in-i. 

De  conjlitiitione  anni  1691   apud  Mutlnenfes.  Ibidem  ,  1692  ,  i/2-4. 

De  morbls  ^rtlficum  Diatr'iba.  Mutina  ,  1700  ,  in-8.  Ultrajccll  ,  1703  ,  //1-8.  Pa- 
tayii  ^  1713?  f«-8.  Fenetils  ,  1743,  i/î-8.  En  Allemand,  Leipfic,  1718,  in-8.  Il  eft 
la  premier  qui  fe  loit  avifé  de  traiter  des  maladies  qui  font  propres  à  chaque 
profellion. 

Oratlones  latrlci  argument!.  Patavii ,  1708 ,  in-^.  C'eft  le  Recueil  des  Difcours 
qu'il    prononça  ,  tant  à  l'ouverture  des  études   qu'à  d'autres    occafions. 

Ephemerldes   Barohetrica   Mutine  ollm  édite.  Ibidem  ,  1710  ,  in- 12. 

De  Principum  valetudlne  tuendà  Commentatlo.  Patavii,  1710  ,  In-^.  Lipjïe  .,  171  r, 
in-8',  par  les  foins  de  Michel-Ernejîe  Ettmulkr  qui  a  joint  la  vie  de  l'Auteur 
à  cet   Ouvrage. 

De  contaglofa  epidemia  que  In  Patavîno  ^4gro  in  baves  irrepjit.  Patavii,  17I-*  '«-8. 
Lipfia  ,  1713  ,  11-4.    En   Allemand  ,  Lunebourg  ,   1746  ,  in-8. 

De  abufu    Chine  Difertatio  Epijlolarls.   Patavii,   1714,  in-S. 

Et  plulieurs  autres  pièces  qu'on  trouve  dans  le  Recueil  de  fes  Ouvrages, 
fur -tout  dans  celui  imprimé  à  Padoue  ,  en  1718  ,  quatre  volumes  in-8. 
On  a  encore  d'autres  éditions  du  Recueil  de  fes  Œuvres  ,  comme  celle  de 
Genève,  1716  ,  i/i-4  ,  de  Londres  ,  1717  ,  in-4 ,  de  Naples ,  1739,  deux  Tomes 
en    un  volume  i/1.4  ,   avec    figures. 

T  0  M  E    I  K  D 


9.6  R    A    Rî 

RAMELIN  ou  REMMELIN  ,  (Jean)  d'Ulm  en  Souabe  ,  vivoit  au  con»- 
mencement  du  XVII  fiecle.  11  a  donné  au  public  un  Ouvrage  d'Anatomïe  qui 
»'ell  remarquable  que  par  la  difpoiition  des  figures  ,  dont  la  plupart  font  tirées 
de  f^éfale ,  mais  allez  mal  rendues.  Les  planches  font  rangées  de  façon  qu'on  a 
d'un  côté  les  parties  antérieures  ,  &  de  l'autre  les  parties  poilérieures.  Eq 
levant  la  planche  qu'on  vient  d'examiner  ,  on  voit  toujours  le  côté  oppolé  ; 
&  en  continuant  ainQ  ,  on  rencontre  ,  dans  leur  ordre  naturel  ,  les  parties  fi- 
tuées  plus  profondément.  La  gravure  eft  de  la  main  de  Michel  Spachier  fous 
le  nom  duquel  l'Ouvrage  parut  en  Hollanùois  dans  les  années  1614  &  ^615  , 
fans  faire  mention  de  Remmdin.-  Le  titre  qu'il  porte  ,  peut  fe  rendre  en  Fran- 
çois par  celui-ci  :  Defcrîption  ou  F'u.z  Mlcrofcome  ,  ou  VAnatomlc  du  corps  de  l'homme 
&  de  la  femme.  Les  éditions  Latines  font  d'Ausbourg  ,  1619  ,  grand  ia-fuUo  , 
d'Ulm  ,  1639  ,  in-folio  ,  de  Francfort  ,  i56o  ,  in-folio  ,  à'Amfterdam  ,  1667  ,  in-folio  , 
fous  le  titre  de  Caioptrcn  Microfcomicum  fuis  are  incijîs  vifionibus  fplendens  ,  cum 
hifiorla  &  plnace  de  nova  prodlens.  Cet  Ouvrage  a  encore  paru  en  Allemand  à 
Ausbourg  ,  1632  &  1661  ,  in-folio  ^  en  Anglois  par  Clopton  Havers  ,  Londres  » 
Ï702 ,    in-folio.. 

RAMPULLA  ,  C  Ange-Mnrie  )  Doreur  en  Philofophie  &  en  Médecine  ,. «na- 
quit à  Palerme  &  paflà  pour  un  des  plus  favans  Médecins  de  fon  tems.  lî 
le  diftingua  encore  par  l'étuue  des  Belles-Lettres  ,  fpécialement  de  la  Poéfie  ; 
on  a  de  lui  des  Vers  en  Langue  Latine  ,  Tofcane  &  Sicilienne-^  La  célébrité 
dont  il  jouit  par  toi^te  la  Cici'e  ,  le  fit  rechercher  pour  remplir  les  premiers 
portes.  Il  fut  M'jdecin  des  Troupes  Efpagnoles  ,  de  l'Hôpital  de  Saint  Jacques 
à  Palerme  ,  ainfi  que  des  Vice-Pvois  de  Sicile  ,  Ferdinand  Comte  d'Ayala  & 
Claude  Lcmoral  Prince  de    Ligne. 

Rampulla  mourut  dans  fa  ville  natals  le  16  Novembre  1673,  ^  ^^^  enterré  dans 
l'Eglife  des  Frères  du  Tiers -Ordre  de  Saint  François.  Il  a  publié  à  Palerme  en 
1672  ,  in-4 ,  l'Hiiloire  de  la  maladie  du  Prince  de  Ligne  ,  &  il  a  lailTé  phifieurs 
IVlanufcrits  en  Italien  touchant  la  Médecine. 

RAMUS  Ct'ieïve  )  ou  La  RAMÉE,  Savant  du  XVI  fiedlle  .,  contribua  nca 
feulement  au  rétatliliernsnt  des  Sciences  en  France  ,  mais  encore  à  la  réforme 
de  la  Philofophie  ,  qu'un  attachement  aveugle  a  voit  retenue  jufqu 'alors  fou» 
le  joug  é' ^Irîftots.  C''.;R:  à  ce  double  titre  que  Ramus  mérite  une  place  dans 
ce  Dictionnaire. 

11  naquit  en  1515  à  Cuthe  ,  village  du  Vermandois  ,  d'un  Gentilhomme  Lié- 
geois fans  fortune.  Son  goût  pour  l'étude  le  détermina  à  venir  à  Paris  ,  où  il 
eut  tant  de  peine  à  iùblifter  ;  qu'il  fut  contraint  de  fc  mettre  Domeftique  au. 
Collège  de  Navarre.  Employé  d'abord  à  de  bas  othces ,  il  déroba  plutôt  la  fcience- 
qu'il  ne  fut  enfeigné  ;  mais  par  fon  étude  &  la  pénétration  de  fon  efprit ,  il  par- 
vint enfuite  à  un  il  haut  degré  de  doiflrine  ,  qu'il  fe  fit  un  nom  dans  l'Univeriité. 
Comme  il  étoit  d'un  caradere  intrépide  ,  il  ne  fut  point  effrayé  du  projet  qu'il  avoit 
conçu  d'avancer  des  opinions  philofophiques ,  oppoiées  îi  celles  de  l'antiquité  qui 
Ploient  généralement  adoptées.  Pans  les  Thei'es  qu'il  Ibutint  )  en  1543  >  ^o\ii  ^xsa. 


îl    A    M  s/ 

Tèçu  Maître-ès-Arts  ,  il  prit  le  contrepied  à'^rîjîote  dans  tout  Ce  qu'on  lui  propofa. 
Une  telle  audace  dans  un  Ecolier  qui  ne  devoit  pas  avoir  d'autres  fentimens  que 
ceux  de  fes  Maîtres ,  fouleva  prefque  toute  l'Univerlité.  Les  Thcfes  furent  jugées 
fcandaleules  ,  &  le  Ibutenant  déclaré  novateur  &  perturbateur  du  repos  de  la 
République  littéraire.  Ranius  voulut  prouver  qu'il  n'étoit  ni  l'un  ni  l'autre,  & 
qu'il  avoit  eu  raifoa  de  difiiper  tant  de  ténèbres  Ariftotéliciennes.  Pour  cet  effet  ,  il 
publia  Tes  Inftitutions  dialeiliques  &  fes  Remarqueo  critiquesfur-^ri/?oîe,qui  animèrent 
encore  plus  les  efprits  &  armèrent  tout  le  monde  contre  lui.  L'affaire  lit  tant  de 
bruit  ,  qu'elle  fut  portée  rapidement  à  diiFérens  Tribunaux ,  &  enfin  au  Coni'eil  du 
Roi  ,  pour  qu'elle  fût  jugée  plus  prompîement.  François  I ,  qui  aimoit  les  Sciences  & 
les  Savans,  étoit  prévenu  contre  Ramus  ;  il  voulut  d'abord  févir  contre  lui^ 
mais  un  fentiment  plus  équitable  ,  dïffté  par  le  Cardinal  de  Lorraine  ,  protefleur 
du  nouveau  Phiiofophe  ,  porta  le  Roi  à  ordonner  uns  difpute  réglée  &  publique  en 
Sorbonne,  avec  des  arbitres  nommés  pour  en  taire  leur  rapport. 

Antoine  Govéa  ,  Portugais  ,  l'un  des  plus  grands  Philofophes  de  fon  tems ,  fut  le  pre- 
mier champion  qui  defcendit  dans  l'arène;  iî  attaqua  vivement  l'Anti-Péripatéticien , 
qui  fe  défendit  avec  une  préfence  d'efprit  &  uue  force  de  raifon  admirable.  Cepen- 
dant ,  dans  la  crainte  que  fa  jeuneffe  ne  fuccombât  fous  le  poids  &  le  nombre  de 
fes  adverfaires ,  Ramus  eut  permillion  de  fe  choilir  deux  défenfeurs.  11  n'eut  garde 
de  les  choifir  dans  la  Faculté  des  Arts  ,  qui  étoit  fa  partie  ,  ni  dans  la  Faculté  de 
Théologie,  imbue  des  mêmes  principes;  li  les  trouva  dans  les  Facultés  de  Droit  & 
de  Médecine  ,  qui  peut-être  plus  Philofophes  alors ,  commençoient  à  entrevoir  le 
vuide  de  l'ancienne  Philofophie.  Ces  Athlètes  d'une  nouvelle  do6trine  Ibutinrent 
long-tems.  avec  avantage  le  choc  de  la  difpute.  Jean  Qulntin  ,  Dofteur  en  Décrets  , 
&  Jean  de  Bornant ,  Dodleur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  ,  défenfeurs  de 
Ramus  ,  étoient  des  hommes  profond»  en  favoir  :  mais  l'autorité  des  Arbitres,  ou 
prévenus  ou  gagnés,  prévalut.  Ramus  eut  défenfe  d'enleigner  la  Philofophie,  fes  Li- 
vres furent  profcrits  ,  &  lui-même  taxé  d'ignorance. 

Ce  nouveau  Phiiofophe  avoit  un  terrible  rival  dans  la  perfonne  de  Jacques  Char- 
pentier ,  Médecin  de  la  Faculté ,  contre  qui  il  avoit  olé  dilputer  une  Chaire  de 
Mathématique  au  Collège  Royal.  Charpentier,  promu  au  Redlorat  en  1550,  plaida 
contre  fon  antagonilte  en  155 1  ,  &  obtint  un  Arrêt  qui  ordonnoit  que  le  difciple 
obferveroit  ,  quant  à  la  dodtrine  ,  les  Statuts  de  l'Univerfité.  Ramus  eut  diflëren- 
te?  autres  tracafferies  à  effuyer  ;  toujours  fufpedt  de  fuivre  les  opinions  des  Pro- 
teftans ,  toujours  en  butte  à  la  jaloufie  &  à  la  haine  de  fes  ennemis  ,  il  prit  le 
parti  de  voyager.  Revenu  en  France  en  1571  ,  il  eut  le  malheur  d'être  enveloppé 
dans  le  Maffacre  de  la  Saint  Barthélémi  en  1572.  11  s'étoit  caché  dans  une  cave 
du  Collège  de  Prelle,  où  il  demeuroit  pour  lors  ;  Charpentier  Vy  découvrit ,  &  après 
avoir  eu  la  baffeife  de  tirer  de  l'argent  de  fon  prifonnier  ,  il  le  livra  aux  couteaux 
des  affaliins  qu'il  avoit  à  fes  gages.  Le  corps  nud  de  Ramus  égorgé  fut  jette  par 
les  fenêtres  dans  la  cour  de  fon  Collège  ,  &  les  Ecoliers  ,  animés  par  leurs  Ré- 
gens encore  plus  enragés  qu'eux  ,  frappèrent  de  verges  le  corps  mort  ,  pour 
infulter  à  fa  profellion  ,  &  enfuite  le  traînèrent  par  les  rues  &  le  mirent  eiî 
pièces. 


c8  R    A    N 

Telle  fat  la  fin  de  ce  grand  Philofophe  ;  fa  difpute  littéraire  influa  fur  fon  mal- 
heur,- tant  il  eft  dangereux  d'off'enfer  les  opinions  reçues  ,  même  en  Phyfiqus.  Ra- 
mus  mcritoit  un  meilleur  fort  par  les  talens.  Son  ardeur  infatigable  au  travail,  fon 
zèle  pour  les  progrès  des  Beaux  Arts  &  des  Sciences  ,  lui  ont  fait  acquérir  les 
rares  connoilTances  qu'il  communiquoit  volontiers  aux  autres.  Il  avoir  d'ailleurs  de 
grandes  vertus  morales.  Généreux  &  libéral  ,  il  diftribuoit  fes  revenus  à  ceux  de 
ies  Ecoliers  qui  en  avoient  befoin  ;  fobre  dans  fes  repas,  dur  à  lui-même  ,  il  ne 
but  du  vin  que  dans  l'âge  avancé  ,  encore  n'en  but-il  que  par  ordre  des  Méde- 
'cins,  &  il  n'eut  jamais  d'autre  lit  que  la  paille.  Sa  conduite  réglée  &  irrépréhen- 
fible  eût  été  à  l'abri  de  tout  reproche  ,  fi  Ion  attachement  opiniâtre  au  Proteftan- 
tifme  ,  &  fa  fureur  de  vouloir  tout  innover  ,  jufques  dans  l'Orthographe  Françoife  , 
ne  l'eût  rendu  inexcufable, 

RANCHIN,  C François  )  de  Montpellier,  où  il  naquit  vers  1560,  commença 
fon  cours  de  Médecine  dans  les  Ecoles  de  cette  ville  en  15^7,  &  obtint  le  bon- 
net de  Dofteur  en  1592.  Ayant  fait  preuve  des  talens  qu'il  avoit  pour  la  Chaire, 
par  les  Leçons  de  Chirurgie  qu'il  donna  publiquement  au  nom  &  à  rabfence  d'^i/i- 
dré  du  Lciurens^  il  obtint,  en  1605,  celle  qui  étoit  vacante  par  la  mort  de  Sa- 
porta.  En  1612,  il  parvint  à  réunir  les  lufFrages  de  fes  Collègues  en  fa  faveur,  pour  la 
place  de  Chancelier  qui  vaquoit  depuis  1609,  année  de  la  mort  à'^^drédu.  Laurens^ 
dernier  pofleffeur.  11  promit  de  donner  un  tapis  pour  la  grande  table  du  Conclave, 
&  de  faire  faire  une  robe  de  Rabelais  neuve,  à  la  place  de  celle  dont  on  fe  fer- 
voit;  ce  qu'il  exécuta.  Il  fit  mettre  en  broderie  fur  cette  robe  les  trois  lettres 
F.  R.  C.  qui  lignifioient,  à  ce  qu'il  difoit ,  Franclfcus  RabeUfus  Chinomnfis ^  mais 
qui  vouloient  dire,  à  ce  qu'on  prétendoit ,  Franclfcus  Ranchinus  Cancdlarius.  Ces 
lettres  n'ont  pas  peu  contribué  à  appuyer  l'idée  qu'on  a  fur  la  robe  de  Rabelais, 
dont  les  Etudians  croient  qu'on  revêt  les  Bacheliers  de  la  Faculté  de  Médecine 
de   Montpellier. 

Ranchin   mourut  en   1641,    &  laifla  les  Ouvrages    qui  ont  paru   fous    ces  titres: 

Quefllons  Françoifes  fur  la   Chirurgie   de    Gui   de  Cauliac.    Paris ,    1604  ,    Rouen 
1628  ,  in-8.  ' 

Opufcula  Medica^  utili  jucundâgue  rerum  varietaie  referta.  Lugdunî,  1627,  in-4.  On 
y  trouve  les  pièces  fuivantes  :  ^poUinare  Sacrum.  In  Hippocratis  jusjurandum  Com- 
mentarius.  Pathologîa  univerfalis  cum  controverfiis  in  mramque  panem.  De  morbis  Pue- 
rorum.  De  morbis  rirginum.  De  Senum  confervatione  &  fenîliam  morborum  curatlone. 
De  morbis  fubitands.  De  curatlone  morborum  «Sf  fymptomatum  qua  vitiofani  purgationent 
eut  comitantur,  aut   confequuntur.  De  confultandi    ratione. 

Œuvres   Pharmaceutiques.  Lyon,   1628,  in-8. 

Traités  divers  &  curieux  en  Médecine.  Lyon  ,  1640  ,  in  8.  Ils  roulent  fur  la  Peîîe  - 
fur  la  Lèpre,  fur  la  Vérole,  furies  accidens  qui  arrivent  à  ceux  qui  vont  en 
pone,  lur  la  Torture,  iur  la  cruentation  des  cadavres  en  préfence  de  l'alTaffin , 
lur  la  nature  &  les    propriétés  du  Cerf,  fur   la  Térébenthine 

De  viorbis^  ante  panum  ,  in  parm  &  pofl  partum  ,  &  de  purificatione  rerum  infedlarum 
pofi  pejltkntcam.  Lugdunl ,    1645,    1653,    inS.  1\    étoit     premier   ConfuI  de    Mont- 


I 


R    A    N  ncj 

pellicr  en  1629,  loi'fque.  la  pefte  ravagcoit  cette  ville.  Il  donna  tous  fes  ioins 
pour  arrêter  les  progrès  de  la  maladie,  &  à  cette  occalion,  il  compola  Ion  l'raité 
de  la  pefie  ,  dans  lequel  il  donne  l'Hiftoire  de  celle  dont  il  avoit  été  témoin.  C'eft 
d'après  cet  Ouvrage  qu'on  publia  à  Liège  en  1721  ,  in.-ii,  au  fujet  de  la  peRe 
de  Marfeille  de  1720,  un  Traité  Politique  c?  Médical  delà  Pefte,  avec  l'Hiftoire  de 
la  pefte  de  Montpellier  de  1629  &  de  1630,  &  le  remède  contre  cette  maladie  du 
teu  Curé  de  Colonge. 

Ranchin  aima  la  Faculté  de  Montpellier  ,  &  ne  négligea  rien  pour  rembellilTe- 
ment  de  les  Ecoles.  L'ancien  Amphithéâtre,  bâti  du  tems  de  Rondelet^  tomboit 
en  ruine,  il  en  fit  conftruire  un  nouveau,  &  il  y  plaça  plulieurs  morceaux  de' 
marbre ,  qu'il  fe  procura  des  édifices  élevés  à  Nilmes  par  les  Romains.  11  orna 
la  grande  Salle  des  Adles  d'une  fuite  de  portraits  des  Profefi'eurs  qui  avoient 
enleigné  avant  lui  ;  &  depuis  on  continua  d'y  mettre  ceux  de  tous  les  Profeiïeurs 
qui  ont  illuftré  rfltole  de  Montpellier  jufqu'aujourd'hui.  Il  ajouta  aux  Inicriptions 
de  la  façade  du  bâtiment  qui  appartient  à  la  Faculté  ,  deux  Infcriptions  en  l'hon- 
neur de  Jean  Hacher  &  d'André  du  Laurens.  11  répara  le  Collège  de  Mende  fondé 
pour  douze  Etudians  en  Médecine  du  Diocefe  de  ce  nom,-  fans  lui,  ce  Collège 
qui  menaçoit  de  tomber  en  ruine,  n'auroit  pas  fubfifté  long-tems.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  louable,  c'eft  qu'il  fit  ces  établilfimens  &  ces  réparations  à  fes  dépens;  mais 
il  pouvoir  y  fournir  fans  peine  5  car  il  étoit  riche  ,  &  il  avoit  été  pourvu  dans  fa 
jeunefle  de  trois  bénéfices,  dont  il  jouit  toute  fa  vie,  malgré  fon  mariage  avec 
Marguerite  Carlencas  qui  ne  lui  laiffa  point  d'enfans.  Ces  bénéfices  étoient  les 
Prieurés  de  Saint  Martin  de  Florac ,  de  Saint  Etienne  de  Montant  &  de  Saint 
Pierre  de  Vébron  ,  qu'il  retint  par  un  abus  qui  étoit  afPez  commun  dans  ce  tems-là, 

La 'Conftrudion  du  nouvel  Amphithéâtre  de  Montpellier  &  les  réparations  faites 
au  Collège  de  Mende  de  la  même  ville,  font  honneur  à  la  mémoire  de  Ranchin  ; 
mais  il  gâta  la  beauté  de  fon  action,  en  cherchant  à  fe  payer  lui-même  de  toutes 
ces  dépenfes.  Sa  vanité  le  porta  à  faire  mettre  des  Infcriptions  fur  ces  deux  bâ- 
timens ,  pour  apprendre  à  la  poftérité  que  c'étoit  à  lui  qu'on  en  avoit  l'oblio-ation. 
Voici   llnlcription   qu'on  lit  fur    l'Amphithéâtre  : 

Q.    F.    F.    S. 

Theatrum  hoccc  ^natomicum  olim  à  Majorlbus  conftrucium , 

Injuria  temporum  coUapfum^ 

Franc iscus  Ranchinus, 

Canccllarius  &  Judex  Univerjîtatis  , 

In  gratlam  Patria   &   Pofteritatis  gloriam  , 

Omamentumque   jicademùe ,  perpetuamque  memoriamy 

Proprîîs  famptibus  reftatiravit  &  magnifiée  exornavlt. 

^nnà  M.  D.C.Xt. 

Celle  qui  eft  fur  le  Collège  de  Mende,  cft  à-peu-près  dans  le   même  goût? 


I 


riG  RANR.APR.AS 

COLLEGIUM    HOCCE    DUODECIM    MeDICORUSC 

Ab  Urbano  V^Pontifice  Muxlmoy   Fandatum  , 

P^'etujîate   corruptum    &  ruinam  minitans  , 

Reparavit  &  ad   indioiem  facUm  ,  formamque    reduxit 

i\   Ranchlnus  , 

Cancdlarius  Uaivufuatls  Medicina;    Monfpelknjîs. 

Annô  M.  D.  C.  XX. 

Urbain  V  ,  quifiégea  depuis  le  28  Oftobre  136a  jufqu'au  19  Décembre  1570,  étoit 
£ls  de  Guillaume  de  Griraoard  ,  Gentiihoni»ne  du  Diocele  de  Mende  dans  le  Gévaudan. 

RANGONUS.  Voyez   PhlLOLOGUS. 

w 

RAPAER.T  ou  RAPARDUS  ,  (  François  )  Philofophe  &  Dofleur  en  Mé- 
decine ,  étoit  natif  de  Bruges  &  vivoit  vers  le  milieu  du  XVI  fiecle.  L'Or- 
donnance du  RiagiiTrat  de  la  ville  natale  ,  au  fujet  du  Grand  &  perpétuel  Al- 
Tianach  publié  par  lîruheiius  en  1550  ,  le  mit  tellement  de  mauvaii'e  humeur, 
qu'il  ofa  fronder  l'éloge  qu'on  y  iaiibit  de  ce  ridicule  Ouvrage  ,  &  qu'il  ne 
négligea  rica  pour  guérir  le  public  de  fbn  aveugle  crédulité  à  cet  égard.  C'eft 
pour    remplir  ces    deux  objets    qu'il   mit    au  jour   le  Traité   fuivant  : 

Magnum  &  perpétuant  Alnianach ,  à  confuetls  nugis  liberum ,  adeoque  verè-  Medlcum  , 
à&  Phlcbotomia  ,  de  Balnzis ,  de  Purgatlonibus  Se.  ,  certiora  pnecepta  continens  ;  ut 
mérita  dici  pojjît  vulgarium  Prognofticon  Medicorum ,  Empiricorum  &  Medlcafirorum  fla- 
gellum.  Antverpiis  4  1551  j,  în-12.  L'Auteur  avoit  la  raiibn  de  fon  côté  ,  mais 
on  ne  l'écouta  pas  ,  tant  on  étoit  alors  prévenu  en  faveur  de  l'Aftrologie  ju- 
diciaire &  de  fou  influence  fur  la  Médecine.  Pierre  Hafchardus  prit  hautement 
la  défenfe  de  l'Ouvrage   que  Rapardas  avoit    ii  judicieufement   critiqué. 

RASARiO  ,  C  Jean"Baptille  J  Médecin  Italien  ,  ilTu  de  famille  noble ,  étoit 
d'une  petite  ville  dans  les  vallées  de  la  Séfia  ,  où  il  naquit  en  15 17.  Il  fit 
ion  cours  d'Humanités  à  Milan  ,  celui  de  Logique  à  Pavie  ,  &  ceujc  de  Phy- 
lique  &  de  Médecine  à  Padoue.  De  retour  à  Milan  ,  il  s'acquit  une  telle  ré- 
putation par  l'étendue  de  fes  connoiliances ,  qu'il  fe  fit  admirer  de  Philippe  II  » 
îorfque  du  vivant  de  Charles-Quint  ,  fon  père  ,  il  pafla  par  l'Italie  pour  fe 
rendre  d'Allemagne  en  Efpagne,  Rafario  fut  enfuite  appelle  à  Venife  ,  &  il 
y  enfeigna  la  Rhétorique  &  la  Langue  Grecque  pendant  vingt-deux  ans  :  c'eft 
clans  cette  ville  qu'il  donna  de  plus  grandes  preuves  encore  de  la  vafte  érudi- 
tion qui  lui  procura  l'amitié  de  Slgonio  ,  de  Paul  Manuce ,  de  Murec  &  d'OSavlen 
Ferrari  ,  &  qui  lui  valut  une  place  dans  l'Académie  de  gli  AJJidati  de  Padoue , 
fous  le  nom  d'Euthlmo.  La  République  de  Venife  lui  témoigna  l'eftime  qu'elle 
faiioit  de  fes  talens  ,  &  récompenfa  largement  le  zèle  qu'il  avoit  montré  en 
prononçant  une  belle  Oraifon  ,  pour  célébrer  la  viftoire  mémorable  que  les  Troupes 
Vénitiennes    avoient   remportée  fur   les  Turcs   aux    Ifles   de   Curzolari. 

Mais    Philippe    II  ,   Roi    d'Efpagne  ,    envia    aux   Vénitiens  ce    bel   ornement 


Pv.    A    s       R    A    U  S* 

de  leur  ville.  Il  fit  proporer  à  Rafarlo  les  conditions  les  plus  honorables  &  les 
plus  avantageufes  pour  l'engager  à  palier  dans  l'Univerfité  de  Conimbre^,  ea 
la  Province  de  Beira  en  Portugal.  Ce  favant  Homme  ï'excufa  fur  fon  âge  5 
il  ne  put  cependant  fe  refufer  toujours  à  un  Prince  qui  avoit  des  droits  iur 
lui ,  à  titre  de  fes  bienfaits  ,  &  il  accepta  le  parti  qu'il  lui  fit  propofer  de  le 
rendre  à  Pavie  ,  où  il  enfeigna  la  Rhétorique  pendant  quatre  ans  ,  avec  autant 
de  réputation  qu^à  Venife.  Ce  fut  à  Pavie  que  Rafarlo  mourut  ;^  il  y  fut  at- 
taqué d'une  fièvre  maligne  qui  termina  fes  jours  en  15^8,  â  l'âge  d'un  pea 
plus  de  60  ans.  Tous  les  Ordres  de  la  ville  accompagnèrent  fa  pompe  funèbre 
juiqu'à   l'Eglife    des  Auguflins ,  où  il  fut    enterré. 

Rajario  avoit  le  coeur  fi  bon  ,  qu'il  ierabloit  né  pour  faire  du  bien  à  tout 
le  monde  ;  mais  il  avoit  fur-tout  une  extrême  charité  pour  les  pauvre?.  H 
traitoit  les  malades  avec  tant  de  générofité  ,  qu'il  n'acceptoit  même  aucun  ho- 
noraire de  la  parc  des  riches  ;  quant  aux  néceffiteux ,  il  fournilfoit  à  leurs  be« 
fjins  ,  comme  s'il  eût  été  leur  père.  A  ces  preuves  de  la  bonté  de  Ion  cœur , 
ce  Médecin  en  joignit  d'autres  qui  attellent  combien  il  avoit  de  goût  pour  le 
travail  &  quels  furent  les  progrès  qu'il  avoit  faits  dans  les  Sciences.  Il  a  tra- 
duit ,  de  Grec  en  Latin  ,  Parchimere  ,  ylmmoaius  &  Xénocratz  ;  fa  Veruon  Latine 
des  Commentaires  de  Galien  fur  quelques  Livres  &Hlppocratc  a  para  à  Sarra- 
gofiê  en  1567  ,  in-4.  ;  celle  d'Oribafe  a  été  publiée  à  Baie  en  1557  ,  ia-8  ,  mais 
Guillaume  Dundafs  en  a   procuré  une   nouvelle  édition  à  Leyde  en  1735  ,  ira-4. 

RASIS.  Voyez  RHASES. 

RAU  C  Jean- Jacques  )  naquit  en  1668  dans  une  petite  ville  du  Cercle  de 
Souabe  ,  nommée  Bade  ou  Baden  ,  &  qui  eft  la  Capitale  du  JVIarquifHt  de 
ce  nom.  Son  père  ,  Jean.  Rau  ,  &  fa  mère  ,  Marguerite  Maller  ,  failnient  ua. 
commerce  de  vin  fi  médiocre  ,  que  leur  petite  fortune  ne  perm-t  p^s  qu'ils 
pullènt  donner  beaucoup  d'éducation  à  leur  fils.  Celui-ci  n'avoit  que  quatorze 
ans  ,  lorfque  fon  père  le  mit  dans  la  boutique  d'un  Chirurgien  de  vStrp^bourg  ; 
mais  il  en  fut  retiré  au  bout  de  trois  ans,  parce  qus  fes  parées  crurent  qu'il 
avoit  fait  allez  de  progrès  dans  la  Chirurgie  pour  ie  iuffire  à  lui  même  &  pour- 
voir à  fes  befoins  par  fon  indutlrie.  Le  jeur.e  Rau.  ne  put  obtenir  la  permiHion 
de  revenir  chez  lui  .•  on  fe  borna  à  lui  envoyer  quelque  ?rg«nt  pour  voyager, 
&   on   l'abandonna  ainfi  à  fa   propre  conduite. 

Dénué  de  tout  fecours  &  de  tout  confeil  ,  il  chercha  inutilement  fortune 
en  Allemagne  ;  mais  étant  paffé  à  Hambourg  ,  il  trouva  par  haz^rc!  un  vail* 
feau  fur  lequel  il  aborda  en  Norvège  au  fond  du  Golfe  de  Jelta  ,  où  ell  fituée 
la  ville  de  Bergen,  II  fe  mit-là  au  i'ervice  d'un' Ch'ruigien  nommé  Fraven  ,  chez 
qui  il  ne  put  tenir  long-tems  ,  à  caufc  de  la  rigueur  du  climat  ;  la  oeine  qu'il 
avoit  d'en  fupporter  le  froid  ,  lui  fit  chercher  foccafion  de  psfTer  ailleurs  ,  ?i  il 
trouva  celle  d'un  vailTeau  qui  le  porta  à  Arafterdam.  Dan.-;  cette  ville  ,  il  réufîit 
à  ie  faire  accepter  pour  Chirurgien  d'un  vaifieau  de  guerre  commandé  par  le 
Comte  de  Benthem ,  fur  lequel  il  parcourut  les  cô:es  (<'E\"psgîîe  &  beaucoup 
d'autres  ports,  11  revint  de  ce  voyage  en  Hollande  ,  jufteraeni  lorfque  le  Princ* 


52  R    A    U 

Guillaume  d'Orange  droit  prêt  à  pafler  l'ur  Ta  flotte  en  Angleterre  ;  il  y  fut  reçu 
Chirurgien  du  vailleau  que  montoit  Milord  Schey  en  qualité  de  Vice-Amiral  , 
de  manière  qu'il  fut  prclent  à  toute    cette  expédition. 

Juiqu'alors  Ruu  avoit  mené  une  vie  errante  en  la  compagnie  de  gens  fort  gref- 
fiers ,'  mai»  heureufement  il  s'étoit  rcfervé  ,  par  fes  épargnes ,  tout  ce  qu'il  avoit  pu 
«mafTer  dans  ces  emplois  également  durs  &  périlleux.  D'abord  après  fon  retour  en 
Hollande  ,  il  paUa  à  Leyde  ,  &  s'y  confa;ra  à  l'étude  de  la  Médecine  avec  une 
«rdeur  furprenante.  Lorfqu'il  crut  avoir  fait  des  progrès  fuffii'ans  ,  il  fe  rendit  à 
Paris  ,  afin  de  s'y  exercer  à  PAnatomie  &  à  la  pratique  de  la  Chirurgie  fous 
les  excellens  Maîtres  qu'il  fuivit  &  dont  il  recueillit  les  inflruétions.  En  1694  ,  il 
revint  à  Leyde  ,  où  il  fe  fit  de  nouveau  inl'crire  à  la  Matricule  de  l'Univerfité 
le  13  Mars  de  la  même  année  ,  &  le  11  Mai  fuivant,  il  loutint  publiquement 
pour  fon  Dodlorat  une  DilTertation  ,  en  forme  de  Ihefe  ,  qui  eft  intitulée  :  De 
origine  &  gencratloae  dcntiam.  Après  la  diijpute  .  il  reçut  le  bonnet  des  mains  du 
célèbre   Drelincourt. 

Las  d'errer  d'un  endroit  à  l'autre  ,  ainfi  qu'il  avoit  fait  pendant  tant  d'an- 
nées ,  il  fixa  fa  demeure  à  Amfterdam  ,  où  il  fe  fit  fi  bien  conuoîtrc  par 
la  délicatelfe  de  fes  difleclions  ,  que  les  Magifirats  de  cette  ville  lui  permirent , 
en  1696  ,  de  les  faire  publiquement  dans  leur  Amphithéâtre.  Vers  ce  tems-là  y 
tne  elpece  d'Hermite  ,  nommé  Frcrc  Jacques  de  BcauUeu  ,  vint  à  Amfterdam 
pour  y  pratiquer  fa  nouvelle  méthode  de  tirer  la  pierre  de  la  veffie  ,  ainfi 
qu'il  avoit  fait  en  France.  Il  ne  tarda  point  à  obrenir  la  permiflion  des  Ma- 
gifirats ;  &  comme  il  ne  lui  manqua  pas  d'occafions  de  travailler,  Rau  aflifta 
prel'que  toujours  à  fes  opérations  ,  mais  il  les  condamna  &  lesdéfapprouva  haute- 
ment ,  fur-tout  à  caufe  du  défaut  d'inftrumens  convenables.  Son  obftination  à 
Blâmer  la  méthode  du  nouvel  Artifi:e  ayant  été  mal  interprétée  des  Magifirats  , 
Hau  fut  obligé  de  fe  taire  pendant  quelque  tems  ;  on  lui  rendit  pourtant  juftice 
dans  la  fuite  ;  car  la  vérité  de  ce  qu'il  avoit  avancé  s'étant  manifeftée  par  des 
événemens  bien  triftes ,  il  fut  chargé  lui-même  de  l'emploi  de  Lithotomifte  , 
&  le  Frère  Jacques  fe  vit  réduit  à  quitter  la  ville  où  il  avoit  d'abord  été  pu- 
bliquement accueilli.  Ce  Médecin  qui ,  avant  l'arrivée  du  Frère  en  Hollande  , 
n'avoit  taillé  qu'au  grand  appareil ,  fut  tellement  profiter  des  obfervations  qu'il 
avoit  faites  fur  la  méthode  d'opérer  de  cet  Hermite  ,  qu'il  vint  à  bout  de 
la  reétifier  &  qu'il  fe  fit  à  lui-même  une  manière  de  tailler  qui  eut  les  plus 
grands  fuccès.  Suivant  ^Iblnus  &  Hallcr  ,  Rau  n'a  enfeigné  fa  méthode  à  per- 
fonne  ;  tous  les  Chirurgiens  de  fon  tems  fe  font  appliqués  à  la  faifir  en  imi- 
tant ce  qu'ils  lui  avoient  vu  fiîire  ,  mais  on  ne  fait  point  au  juflte  fi  quelqu'un 
d'eux  y  eft  parvenu.  On  fait  maintenant  que  fon  projet  dans  l'opération  étoit 
d'entamer  la  vcfiie  près  de  fon  col  ,  par  le  côté  ,  un  peu  vers  fa  partie  in- 
férieure &  poftéricure  ;  mais  au  rapport  de  feu  M.  Morand  ,  féconde  Fiirtie 
de  fes  Opuicules  ,  Raa  faifoit  tout  Amplement  l'opération  de  Celfe  ,  c'eft  à. 
dire  ,  il  coupoit  le  col  de  la  vefiie  &  non  pas  fon  corps.  Toutes  les  épreuves 
faites  ont  ramené  fuccedivement  les  Lithotomiftes  à  fuivre  la  méthode  de  Celfe 
de  préférence  à  toute  autre  ;  Morand  n'y  trouve  de  difi'érence  que  dans  les  inf- 
trumens.   Voici  comme  il  s'explique   à  ce   fujet ,  page  m  delà   féconde  Partie 

de 


R    A    U 

ie  Tes  Opùrcules  de  Chirurgie.  «  En  France  MM.  Perchez,  le  Cat ^  Frcrz  Côme  ^ 
»  &  moi  nous  l'avons  pratiquée  les  premiers  ;  elle  s'eft  peu-à-pcu  répandue  dans 
»  les  grandes  villes  où  j'avois  fiiit  des  Elevés  ;  infenliblement  le  nombre  des 
«  pierreux  qui  venoient  à  Paris  pour  le  faire  tailler  a  conlidérablement  diminué  , 
»  &  les  Provinces  pofTedent  à  préfent  d'exceilcas  Lithotomiftes.  Comme  cette 
•n  Taille  eft  pratiquée  uniformément  pour  la  fection  intérieure  ,  &  qu'elle  ne 
T.  peut  différer  que  par  quelques  inllrumens  que  chaque  Lithotomifte  emploie 
»  de  préférence ,  toutes  les  efpeces  de  Taille  au  bas  appareil  n'ont  plus  beibin 
T)  d'être  diffinguécs  que  par  les  infîrumens  employés  par  chacun  d'eux  ,  tels  que 
»  la  l'onde  de  Rau ,  le  petit  couteau  de  Chéfelden ,  les  inffrumens  de  M.  le  Cat 
»  à  mon  ^ré  trop  multipliés  ,  le  gorgeret  tranchant  de  Haiykins  ,  le  lithotome 
•n  caché  de  Fr.  Cômc  ,  &c  ,  aulli  ne  les  nommerai-je  plus  autrement  quand  il 
»  en  fera  queftion.  » 

Mais  reprenons  l'Hifîoire  de  Rau.  On  l'appella ,  en  ifi'^  ,  à  la  Chaire  d'Ana- 
■tomîe  &  de  Chirurgie  vacante  dans  les  Ecoles  de  Leyde  par  la  mort  de 
Bidloo.  Il  ne  quitta  Amfterdam  qu'avec  peine  ;  mais  il  étoit  trop  fouhaité  pou^r 
réfifter  à  l'emprefTement  avec  lequel  en  le  demaiidoit  à  Leyde.  Il  s'y  diQingua 
par  les  dilTedions  ,  &  il  orna  l'Amphithéâtre  de  cette  ville  par  les  prépara- 
tions Anatomiques  de  là  façon  qui  font  en  fi  grand  nombre ,  qn'Albinus  a  cru 
en  devoir  donner  le  Catalogue  en  1725  ,  Tous  le  titre  d'Index  fuppdkcîilii 
uinatomicte  Raviana. 

En  1718,  il  pa^int  au  fuprême  degré  d'honneur  dans  l'Académie  de  Leyde;' 
on  le  nomma  à  la  charge  de  Redeur.  Sa  fanté  étoit  alors  bien  altérée.  Il  l'avoit 
parfaite  lorfqu'il  vint  remplir  fa  Chaire,  &  tant  qu'il  fut  dans  cet  état,  il  s'acquitta 
de  fes  devoirs  avec  beaucoup  d'afiîduité  ;  mais  quatre  ans  avant  i"a  mort,  il  fit  une 
chute  qui  le  blefla  au  pied.  Les  douleurs  que  lui  caufa  cette  blefTure ,  le  retinrent 
au  lit  pendant  quelques  femaines ,  &  quand  elles  furent  calmées,  ion  pied  devint 
œdémateux.  Ce  nouvel  accident  qui  l'obligea  de  garder  long-tems  le  repos  ,  lui 
donna  de  vives  inquiétudes  fur  fon  mal ,  &  le  conduifit  infeniiblement  à  la  maladie 
hypochondriaque.  Il  en  fentit  les  plus  vives  atteintes  deux  ans  avant  fa  mort,  & 
dès  lors  il  mena  une  vie  trille  &  languiflante.  Enfin  fon  mal  augmenta  de  jour 
en  jour  ,  &  vers  le  mois  de  Juillet  1719  ,  il  fut  travaillé  d'un  délire  mélancholi- 
que  qui  parvint  à  un  tel  degré ,  malgré  tous  les  fecours  de  fes  Confrères  &  de  fes 
amis ,  qu'il  mourut  le  18  Septembre  de  la  même  année.  11  fut  inhumé  dans  la 
principale   Eglile  de  Leyde ,  où  Bernard  uilbinus    prononça    fon   Oraifon    funèbre. 

Rau.  avoit  acquis,  par  fon  travail,  un  bien  raifonnable ,  une  haute  réputation, 
&  il  fe  trouvoit  plus  comblé  d'honneur  qu'il  n'auroit  ofé  l'efpérer.  II  étoit  d'une 
ftature  au  delà  du  médiocre,  fort  &  robufte,  d'une  forme  toute  virile,  d'un  vi~ 
iage  févere  &  d'un  regard  un  peu  farouche.  Il  avoit  l'efprit  prompt  &  d'une  vi- 
vacité extraordinaire,  ayant,  en  général,  trop  d'ardeur  &  de  mouvement.  Au 
lefte,  ingénieux,  propre  au  travail,  penfant  jufte  &  fort  avide  de  gloire;  mais 
il  vouloit  l'acquérir  ouvertement  par  fon  mérite  &  jamais  par  fineffe.  Il  a  vécu 
dans  le  célibat  frugalement  &  fobrement,  mais  libre  &  gai  avec  fes  amis.  Il 
étoit  peu  propre  à  flatter  les  gens ,  &  il  lui  étoit  impoffible  de  cacher  long-tems 
TQME     IF.  JE 


34  R    A    U 

fes  penfées.  Ce  Médecin  ne  s'appliqua  point  ù  écrire  ;  on  n'a  rien  de  lui  que  deux 
pièces  de  peu    d'étendue  : 

Epljiolie  duce  Ji  fcpto  fcrotl    ad  Ruyfchium.  ^mjldodami ,  1699  ,  in-4. 

De  methodo  difcendi  ^înatomen.  Lcidte ,  1713,  in-^.  C'elt  le  Uifcours  qu'il  prononça 
lorfqu'il  prit  poflelfion  de   la  Chaire  d'Anatomie. 

RAULIN,  f  Joreph  )  Dofteur  en  Médecine,  Confeiller-Médecin  ordinaire  du 
Roi ,  Cenieur  Royd ,  de  la  Société  Royale  de  Londres  ,  des  Académies  des 
Belles-Lettres,  Sciences  &  Arts  de  Bordeaux,  de  Rouen,  de  Châlons-fur-Marne, 
de  celle  des  Arcades  de  Rome  ,  Aggrégé  honoraire  au  Collège  Royal  des  Méde- 
cins de  Nancy ,  naquit  à  Aiguetinte  dans  ie  Dioceie  d'Auch.  Il  pratiqua  d'abord 
la  Médecine  à  Nérac  en  Gafcogne,  oii  il  déploya  des  talens  fupérieurs  qui  lui 
méritèrent  une  réputation  fort  étendue.  Mais  trop  refTcrré  dans  cette  ville ,  il  cher- 
cha un  théâtre  plus  vaiie  ,  où  il  pourroit  profiter  des  lumières  d'autrui  &  commu- 
niquer les  Tiennes, •  il  le  rendit  à  Paris  vers  le  milieu  de  ce  iîecle.  Phyficien  écljùré  , 
lavant  ,  Médecin  ,  bon  citoyen ,  il  ne  tarda  pas  à  s'y  faire  connoître  par  les  Ou- 
vrages, que  des  vues  qui  poitent  toutes  au  bien  de  l'humanité  lui  ont  fait  mettre 
au  jour ,  ibus  ces  titres  ; 

Traité  d^s  maladies  occajîonnées  par   les  promptes    &  fréquentes  variations    de    l'air. 
Paris,    irsi  ,  £«-12,  avec  figures. 

Dljfertatlon  en  forme  de  Lettre  fur  h  Ver  foUtaire.  Paris  ,  ij'52  ,   i/i-ia. 

Raifons  pour  &   contre  V Inoculation.   Paris,   1752,   in-12. 

Obfcrvations    de  Médecine  fur  le  préjugé  de  l'ufage  du  lait  dans  la    Pulmonk,  avec 
une  Dijfertation  fur  les  ingrédlensderair.    Paris,    1754,   in-12. 

Suite  d'Obfervations  fur   l'alliage  au   Camphre  &   du    Mercure.   Paris,    1755,    Jn-I2,' 

Traité  des  maladies  occajîonnées  pur  les  excès  de  chaleur,  de  froid ,  d'humidité  &  aU' 
tre%    intempéries  de   2'air.  Paris ,   1756,   in-i^. 

Réponfc  à  la   critique  du  Journal  des  Savans  fur  le  Livre    de   l'intempérie  de  l'air. 

1757,  in-4. 
Traité   des  affecHons  vaporeufes    du  fcxe.  Paris,    1758,  ira- 12. 

Traité  des  fleurs  blanches^  avec  la  méthode  de  les  guérir.  Fans  ,  1766,  deux  volu- 
mes in-12. 

De  la  confcrvation  des  enfans.,  ou,  les  moyens  de  les  fortifier,  de  les  préferver  & 
guérir  des  maladies  depuis  l'înftant  de  leur  naijfance  jufqu'â  la  puberté.  Paris,  1768, 
in-o,  premier  volume  en  deux  parties;  1769,  in-S ,  deuxième  volume.  L'Ou- 
vra'^e  complet  doit  aller  à  huit  volumes  j  ceft  par  ordre  de  Louis  XV  que  Raulîa 
l'a  entrepris, 

Obfervations  fur  Tufage  des  Eaux  Minérales  de   Fougues.  Paris ,   1769  ,  in-i2. 
Pnjlruclions  fuccintes  fur  les  ^ccouchemens ,  en  faveur  des  Sages-Femmes  de  Province, 
faites  par  ordre  du  Minifiere.  Paris,  1770,  £Vi2. 

Traité  des  maladies   des  femmes    en   couche ,  avec  la  méthode  de  les  guérir ,  fait  par 
ordre   du   Miniftcre.  Paris,   1771,  in.i<2. 

Traité  analytique  des  Eaux  Minérales  en  général ,  de  leurs  propriétés  &  de  leur  ufage 
dans  ks  maladies  ^  fait  par  ordre  du  Gouvernement.  Paris,  1772,  in-12,  deux  volumes. 


R    A    U  S5 

Traité  des  Eaux  Minérales  de  Ferdufan  ,  connues  fins  le  nom  d'Eaux  Minérales  du 
Cajtera- rivent,  avec  leur  analyfe  ,  leurs  propriétés  &  leurs  ufages  dans  les  maladies ,  fUit 
par  ordre  du  Goia-ernement.  Paris  ,   1772 ,  ia-ii. 

Examen  de  la  Houille  conjîdérée  comme  engrais  des  terres.  Paris,  1775  ,  in-l2.  L'Au- 
teur ,  après  avoir  fuccintement  confidéré  la  Houille  en  Nsturalifte  ,  examine 
chymiquenient  les  principes  dont  elle  etl  compoféc.  11  pafie  enluite  à  l'ulage 
qu'on  en  fait  pour  fertilifer  les  prairies.  Dans  le  pays  que  j'habite  ,  la  cendre  de 
Houille  ou  Charbon  de  terre  eft  un  engrais  dont  les  Laboureurs  font  ufage  ,  mais 
ce  qu'ils  appellent  cendre  de  mer,  vaut  beaucoup  mieux  encore  pour  la  fertilifa- 
tion  des  terres.  On  entend  par  ce  nom ,  la  cendre  qui  nous  vient  de  la  Hollan- 
de, où  le  peuple  a  coutume  de  fe  chauffer  avec  la  Tourbe  qu'il  levé  en  mor- 
ceaux pendant  l'été  Ôz:  fait  fécher  au  Ibleil  ,  en  la  rangeant  par  petits  monts  La 
France  tire  auffi  un  parti  avantageux  de  fes  Tourbières ,  tant  pour  le  chauttage 
que   pour  l'engrais. 

M.  Raulin  le  fils  ,  Doéleur  en  Médecine  ,  Médecin  du  Roi  par  quartier  ,  Méde- 
cin des  Hôpitaux  Militaires ,  Infpeaeur  des  Eaux  Minérales  de  la  Flandre  &  du 
Hainaut,  Intcndaut  de  celles  de  Saint  Amand,a  publié  en  1774,  '«-4  ■>  des  Ob- 
fervations  fur  la  maladie  épiiootique  de  la  Flandre  &  du  Hainaut. 

R AU WOLF,  (Léonard J  Médecin  natif  d'Ausbourg  ,  fe  rendit  célèbre  dans 
le  XVI  liecle.  II  pratiqua  dans  la  ville  natale  avec  tant  de  fuccès  ,  qu'il  mé- 
rita d'être  gratifié  d'une  penlion  par  les  Magiftrats,  mais  fous  la  claule  de  ne 
point  s'abfenter  ians  leur  permidion.  C'eft  pourquoi  il  s'adrelTa  à  eux  en  1573,  & 
leur  demanda  de  quitter  Ausbourg  pendant  quelques  années  ,  pour  les  confa- 
crer  à  la  belle  paffion  qu'il  avoit  pour  la  Botanique.  Dès  qu'il  fut  le  maître  de 
fuivre  ion  goût  ,  il  partit  &  le  rendit  en  Syrie  ,  delà  en  Judée  ,  en  Arabie  , 
en  Babylonie  ,  en  AfTyrie  ,  en  Arménie  ,  &  par-tout  ,  il  fit  non  feulement  beau- 
coup  d'Oblervations  fur  les  mœurs  ,  les  coutumes  &  la  Religion  des  peuples 
de  ces  contrées ,  mais  il  amaffa  encore  des  plantes  ,  des  curioGtés  naturelles  ., 
&  quantité  de  chofes  qui  lui  parurent  avoir  rapport  à  la  Botanique  &  à  la  Mé- 
decine. En  1576  ,  il  revint  à  Ausbourg  où  il  reprit  la  place  qu'il  avoit  occupée 
avant  ton  départ  ;  mais  il  abandonna  cette  ville  en  1588,  piqué  qu'il  étoit  de  fe 
voir  dépoffédé  de  fa  penfion  ,  parce  qu'il  profeffoit  la  Religion  prétendue  réfor- 
mée. Il  pafTa  à  Lintz   avec   le  titre  de   Médecin  des  Archiducs   d'Autriche,  &  il 

y  mourut  en  1606.  ,  »  ,-        r 

La  Relation  de  fbn  voyage  au  Levant  parut  en  Allemand  à  Francfort  en  150 
in-4 ,  en  trois  Livres ,  &  à  Lawing>en  en  1583 ,  même  format  ,  en  quatre  Livr 
On  remarque,  dans  cet  Ouvrage,  une  grande  fidélité  dans  le  récit,  &  beaucoup 
d'induffrie  pour  la  coUeaion  des  plantes  &  la  recherche  des  raretés.  Nicolas  Sta- 
vhrojla  mis  cette  Relation  en  Anglois,  &  l'a  publiée  à  Londres  en  1693,  w-8, 
avec  les  voyages  de  Ray.  Le  Catalogue  des  plantes  que  Rauwolf  a  obfervées  au 
Levant ,  a  paru  en   Latin ,  fous  ce  titre  :  .    .     „    . 

Flora  Oricntalis  ,  five,  Recenfîo  plantarum  quas  annis   1573- ^575  objlrvavit  in.Syria 
^c.  Studio  Joannis  Friierid  Gronovii.  Lugduni  Batavorum  ,  1755  >  '«'S-  On  voit    cor 


2, 
ivre?. 


SS  R.    A    Y 

core  ,  dans  la  Bibliothèque  de  Leyde,  les  plantes  fechïs  que  Raùwoîfs.  rappor» 
tées  en  Europe. 

RAY,  (  Jean_)  célèbre  Botanifte  &  Phyficien  Anglois  ,  naquit  en  i6a8  < 
Black-Notley  ,  village  obfcur  du  Comté  d'Eflex.  Quoique  fon  père  ne  fût  qu'un 
forgeron  ,  il  ne  négligea  point  l'éducation  de  fon  Hls  qui  paroiflbit  avoir  de  gran» 
des  difpofitions  à  l'étude  ;  il  l'envoya  à  Cambridge  ,  &  Ray  ne  négligea  rien 
lui-même  pour  s'avancer  dans  les  Sciences.  Après  avoir  pris  les  degrés  académi- 
ques ,  il  s'appliqua  à  la  Théologie  &  fe  fît  ordonner  Prêtre  par  l'Evêque  de  Lin- 
coln ;  mais  n'ayant  point  voulu  fe  conformer  entièrement  aux  fentimens  des  Epif- 
copaux ,  il  ne  put  obtenir  aucun  bénéfice,  &  pour  cette  raifon  ,  il  fe  détermina  à 
étudier  l'Hifloire  Naturelle  pour  laquelle  il  fe  fentoit  de  l'inclination.  I/envie  de 
connoîtrc  les  plantes  des  environs  de  Cambridge,  lui  en  fit  parcourir  les  campa- 
gnes ;  il  chercha  toutes  celles  qui  y  croilTent ,  &  fon  ardeur  qui  alloit  de  pair 
avec  fon  goût  ,  l'emporta  bientôt  jufqu'aux  extrémités  de  cette  contrée  ,  où  rien 
n'échappa  à  fa  curioiité.  Comme  fa  colleétion  de  plantes  ne  tarda  point  à  prendre 
une  forme  capable  de  foutenir  la  vue  du  public,  il  la  fit  imprimer,  &  les  con- 
no  fleurs  en  tirèrent  un  augure  favorable  pour  les  grands  progrès  qu'il  feroit  un 
jour  dans  la  Botanique.  Cette  CoUeélion  eft  intitulée: 

Catalogus  plantarum  clrca  Cantabrlgiam  nafccntlum  ,  in  quo  exklbentur  quotquot  hacitnus 
inventa  funt ,  vd  qme  fpontc  proveniunt ,  vel  in  agris  ftruntur ,  unà  cum  fynonymis  fi- 
hciioribus^  locis  nàtalibus^  &  obfirvationlbus  quibufdam  oppidà  raris.  ^djiciuntar  :  Index 
^ngllco-Latinus  ,  Index  locorum  ,  etymologla  nnminum ,  &  explanado  quorumdam  termi' 
noruni.  Cantabrigics  ,  1660 ,  inJQ.  ^vpendix  ad  hune  Catalogum  ,  conûnens  addenda  & 
emendanda.  Ibidem^  Ï663  ,  in-i3.  ^ppenaix  altéra.  Ibidem  ,   1685,  in-ii. 

Depuis  1658  Ray  ne  s'occupoit  d'autre  chofe  que  de  voyager  dans  les 
difi'érentes  parties  de  l'Angleterre  ,  de  l'EcoHë  &  de  l'Irlande  ,  &  le  but  de 
tous  ces  voyages  étoit  de  slnftruire  dans  l'Hifloire  Naturelle  de  ion  pays.  Sa  car 
pacité  ,  qui  croifToit  à  mefure  qu'il  étendoit  l'es  recherches,  lui  mérita  une  place 
dans  la  Société  Royale  de  Londres  ;  il  y  fut  reçu  le  7  Novembre  1667.  Mais  com- 
me le  théâtre  de  l'Angleterre  lui  paroifToit  trop  borné  pour  l'immenfité  de  fes 
vues,  il  voulut  embrafiêr  plus  d'eipace;  &  s'étant  lié  avec  JVilloughbi.,  homme  de 
naiffance,  animé  du  même  goût  &  livré  aux  mêmes  recherches  que  lui,  il  en  fut 
le  compagnon  de  voyage  depuis  1668  jufqu'en  1672,  &  parcourut  avec  lui  l'Alle- 
magne, la  Hollande,  l'Iralie  &  la  France. 

En  167'; ,  il  époufa  une  fille  de  M.  Oakky  qui  demeuroit  à  Launton  dans  la- 
Province  d'Oxtbrd.  Sa  fortune  ne  paroît  pas  avoir  été  bien  augmentée  par  ce  mariage  , 
car  après  avoir  paffé  quatre  ans  dans  le  Comté  de  Wr,r\vich  ,  il  fe  retira  dans  l'en- 
droit de  fa  naifiance  ,  où  content  de  peu  ("une  modique  penfion  viagère  que  lui' 
avoit  laiffé  JVdloughbi  ^  faifoit  la  plus  grande  partie  de  i^a  revenus  )  il  s^appliqua  à 
enrichir  la  Botanique  de  fes  obfervations.  Jîn  les  comparant  toujours  avec  celles  de /ea« 
Bauhia  &  de  Clujîus ,  il  fe  fit  une  Méthode  qu'il  fuivir  dans  une  Hiftoire  générale  des 
plantes,  écrite  d'un  fty'e  autant  élégant  que  modefie.  Sa  Méthode  fut  fon  premier 
Ouvrage  ,  VH/floire  générale  des  plantes  fut  le  fécond.  Dans  celui-là  ,  il  divife  les  plan- 
tes en  vingt-huit  genres,  dont  les  divifions  &  Ibus-divilions  portent  fur  les  différeis*' 


RAY  Sf ' 

attributs  qnî  cara£^érifent  les  genres  fubalternes  ;  dans  celui-ci ,  il  met  un  ordre  plus- 
naturel  que  celui  qu'on  avoit  fuivi  juiqu'alors  dans  la  matière  qui  en  fait  le  fujet.  II- 
fc  préparoit  aufli  à  donner  une  Méthode  pour  la  connoifiance  des  infeftes  ;  mais  la  ca- 
ducité de  l'âge  &  les  ulcères  qui  lui  rongeoient  les  jambes, fufpendirent  fes travaux 
&  l'emportèrent  enfin  l'an  1705.  C'étoit  un  homme  modefte  »  affable  ,  communicatif , 
frugal  &j  très-ftudieux.  Il  a  été  appelle  le  Tournefore  anglais  \  aufli  s'eft-il  attiré  les- 
éloges  les  plus  flatteurs  de  la  part  des  Savans,  qui  ont  rendu  juftice  à  la  lagacité 
avec  laquelle  il  a  fu  faire  un  choix  judicieux  de  tout  ce  qu'il  a  trouvé  de  bon- 
dans  les  Écrits  des  Maîtres  qui  Pont  précédé.  Voici  les  titres  des  autres  Ouvrages- 
qui  ont  paru  fous  Ion  nom: 

Catalo^us  plantarum  ^ngU<e  &  Jnfularum  adjacentium.  Londini  ,  1670  m-8 
Editio  altéra  planth  clrcUer  XLFI  &  obfervationibus  allquammuhls  auâior.  Ibidem  ' 
1677,  £/i-8.  *  ' 

Ornltholoolts  Llbri    très  ,    fïve  ,  defcrlptio   omnium  ^vîum.    Londini  ,    16^6  •  in-foUo 
Quoiqu'il  ait  mis   ce  Traité   fous  le  nom  de  ïf^illoughbi  &  qu'il  ne  fe  foit  'annoncé- 
que  comme  Editeur,  on  ne  peut  difconvenir  qu'il  n'ait   beaucoup  contribué  à  la 
compilation  de  l'Ornithologie. 

Mcthodus  plantarum  nova ,  brcvitatis  5?  perfplcuitatis  causa  in  tabulis  exhibita  cuni 
notis  generum  tàm  fummorum  ,  tùm  fubahernorum  ,  charaSeridfque  obfervationibus 
nonnulUs  de  Jeminibus  plantarum  ,  c?  indice  coplosd.  Londini  ,  1682  ,  in-8.  Eadem 
emendata  &  aucîa.  uiccejfit  Mithodus  juncorum  ^  graminum  &  cyperorum' fpecialls 
Londini ,  1703 ,  ia-8.  ^mfièlodami ,  1710  ,  inS.  Tublngx  ,    fous  le  nom  de   Londres  * 

Bifioria  plantarum  ,  fpecles  ha&enus  éditas ,  aliafque  infuper  muhas  novitcr  inventas  f? 
defcriptas  compkctens.  Tomus  I.  Londini  ,  1686  ,  in-folio.  Tomus  JL  Ibidem  1688 
in-folio.  Tomus  III.  Ibidem  ,  1704 ,  in-folio.  Les  trois  tomes  enfemble ,  Londini  ' 
1716,  in-fjlio.  Comme  cet  Ouvrage  manquoit  de  figures  .,  Jacques  Petiver  publ'-' 
à  Londres  en  17 13  ,  in-folio  ,  un  Catalogue  Anglois  &  Latin  ,  orné  de  fo  rlan^ 
ches  qui  reprélentem  l'Herbier  Britannique  de  Ray  ;  il  donna  même  depuis  pJu" 
fleurs  autres  planches  qui   peuvent  fervir  à  l'Hiftoire  des  plantes  de  notre  /ut 

Fafciculus  ftirpium  Britannicarum  pojî  cditum  Catalogum  plantarum   ^nglia^obrervara 
TUm,  Londini ,  1688  ,  in-B. 

Syn  pfis  methodica  ftirpium  Britannicarum  ,  in   qua  tùm   nota   generam   chara&eritlica' 
traduntur  y  tùm  fpecies  ftngults  brevitcr   defcrlbuntur.   CCL  plus  nova  fpzcies  partlm   Cws 
hcis  Inferuntur  ,   partim  in  appendice   feorfîm  exhlbentur  ,  cum  indice  &  vlrlum   e-itome 
Londini.^  1690,    1V8.  Ibidem^  1696,  in-8,    avec  une  Lettre  de   Rlyinus  s  R'ay  fur- 
la  méthode  des  plantes  ,  &  la   Réponfe  de    celui-ci.   Ibidem  ,    i^2i{  ,    in-8.   On 
omis  ,   dans   cette   édition  ,    la  Lettre   de    Rivinus   &  la    Réponfe  de  Ray      mai- 
on  l'a  enrichie  de  450  plantes  nouvellement  découvertes  ,  &   de   XXIV   planches 
avec  d'autres  additions.  ' 

Synt.pfîs    methodica  anlmadum   qaadrupedum    &   ferpentini    generis.    Londini  ,    i6q'> 
in-8.    Ibidem  ,    1729  ,   ia  8   ,    avec    des    augmentations   ,    par    les   foins    de    sZ 
mueljibb. 

Stirpiim.  Europxarum  extra  Brltanniam  nafcentlum  Sylloge.  Londini^  1694 j  /a-S  C  -. 


38  RAY 

y  trouve  :  I ,  Catahgns  gêner  dis  fllrpium  à  Jo.  Ralo  ta  exterts  reglonthui  obfervatarum  ^ 
adjccHone  allatum  plantarutn  duplo  auEtior.  Il  ,  Planta  ab  eodem  colkctts  in  varils  fuis 
itincrlbus  ,  prafatim  in  Itallâ  ,  Slciliâ^  Melitâ  ,  Hdvaiâ  ,  Gallo-Provinciâ  &c.  III  , 
planta  ab  aliis  in  diverjîs  locis  collecta.  IV  ,  Catalogus  plantaram  Siciûarum.  P.  Boccoai. 
V  ,  Helvaicarum  Joann.  Jacobi  ^agneri.  VI ,  ^gri  Romani  Jacobi  Rogeri.  VII ,  ^e« 
netarum  Ant.  Donati.  Vlll,,  Parlfîenjîam  Jac.  Cornuti.  IX,  Montls  Raidi  Joan.  Pona. 
X  ,  Hifpanicarum.  Cl.ijïl ,  aliorumque.  XI  »  Pyrenaicarum  &  Alplnarum  Tournefortii. 
XII,  Lujîtanlcarum  Grijltei.  XIIÏ ,  Suppkmentam  ad  Catalogum  fecundum  plantarun  D. 
Sherardl  in  percgrinationibus  fais  in  GaUiam  &  Italiam  obfervatarum.  XIV,  Grcscarum 
é?  Orientalium  Catalogl  ex  varils  auSioribus.  XV  ,  Creticarum  Bellonli  ,  Honorati 
Belle  ,  Alplnlquc. 

De  varlis  plantaram.  methodls  Dijfenatlo  brevls ,  in  qua  agitur  :  1,  de  methodi  origine 
&  progreffu.  II  ,  de  notis  generum  charackrïfticis.  III ,  de  Rail  methodô  in  fpecie .  IV  , 
de  notis  quas  rcprobat  &  rejickndas  cenfct  Tourne fortius.  V  ,  de  methodo  Tournefonianâ' 
Londinij  1696,  in-B. 

Hijloria  infe^orum  ,  cum   Appendice    Martini  Lifteri  de  Scarabisis    Brliannlcls.   Lon- 

dini,  17 10,  i«-4. 

Synopjis  mcthodica  Avium ,  Plfclum.  Ibidem,  ï-^i^ -,  in-B.  Ces  deux  derniers  Ou- 
vrages   font  pofthumes. 

Ray   a    écrit   quelques  Traités  en    fa    Langue    maternelle  ,  parmi  lefquels   on 

remarque  : 

Obfcrvatlons  topographical ,  moral  &  phy[iologlcal ,  made  in  a  journey  trough  part  of 
ihe  low-countria:  Germany  ,  fraly ,  and  France,  &c.  Londres,  1673,  in-B  ,  &  encore 
en  1746 ,  Jra-8.  U  y  rend  ,  avec  beaucoup  de  limplicité  &  de  vérité  ,  l'Hiftoire 
î<Iaturelle  de  la  Suilîe  ,  de  l'Allemagne,  de  l'Italie,  delà  France  méridionale,  &  il 
y  joint  fes  réflexions   fur  le?  mœurs  des  habitans  de  ces   di{férens  pays. 

The  ii'lfdom  of  god  manïfefted  in  the  u'orks  of  thz  création.  Londres,  1691 ,  tn-8. 
L'édition  de  1722  eft  la  huitième.  En  François,  fous  ce  titre:  Vexijlence  &  la  fa- 
geffe  de  Dieu  manlfcflée  dans  les  œuvres  de  la  création.  Utrecht  ,  1714,  iVia.  On 
y  trouve  beaucoup   de  folidité  ,  de  jugement  &  d'érudition. 

Three  Phyfico-Theological  difcourfes.  Londres ,  1692 ,  in-8  ,  &  I7i3,avec  des 
augmentations.  Il  y  traite  de  la  création  du  monde  ,  du  déluge  ,  des  montagnes  , 
des    trembleiTiens  de  terre ,  &c. 

A  collection  of  travels  and  voyages  in  ttm  tomes.  Londres  ,  169.'?  &  i7:,8  ,  deux 
volumes  in-8.  C'eft  un  Recueil  des  Traités  de  voyages  publiés  p^r  Rauifolf ,  Selon, 
ycrnon,  Spnn,  Smith  ^  Huntinodon ,  Greavcs ,  /^eflingius ,  Thevenot.  On  y  trouve 
difFérens   Catalogues   de  plantes  orientales. 

Derham  a  fait  imprimer  tout  ce  qu'il  a  pu  recueillir  de  Lettres  Philofophiques 
<Je  Ray  ;   elles  font  en    Anglois  ,   fous  ce    titre  ; 

Philofovhical  Ictters  bettuee.n  the  M.  Ray  and  feveral  of  his  ingénions  correfpondenis 
natives  and  foreigners ,  ta  îMch  are  addcd  thofe  of  Francis  milughby.  Londres , 
1718  ,   m-8. 

RAYGER  C  Charles  ^  étoit  de  Presbourg ,  où  il  naquit  le  11  Septembre 
f54X,  de  GuiUaume,  Doreur  ea  Médecine  &  Phyficiea  de  l'Autriche  inférieure. 


RAY 


'S9 


&  d'Anne  Marie  Knoghr.  Il  commença  fon  cours  de  Philofophie  à  AUorf  en 
1659,  &  l'ayant  achevé  en  1661 ,  il  alla  étudier  la  Théologie  à  Wittemberg  ; 
mais  la  mort  de  ion  frère  aiué  lui  Kt  abandonner  ce  parti  pour  prendre  celui  de 
la  Médecine  qu'il  étudia  à  Strasbourg  ,  où  il  demeura  depuis  1662  jufqu'au 
mois  d'Avril  1665.  Il  le  rendit  alors  en  Hollande,  &  après  en  avoir  vu  les  villes 
principales,  il  s'arrêta  à  Leyde  pour  y  fuivre  les  plus  habiles  Piofeffeurs.  Il  pafla 
enfuite  à  Paris  &  delà  à  Montpellier,  où  il  ahifla  avec  la  plus  grande  afiiduité 
aux  exercices  publics  &  particuliers  qu'on  fait  annuellement  fur  toutes  les  parties 
de  la  Médecine.  Inltruit  par  les  favans  Maîtres  des  deux  plus  célèbres  Univer- 
fités  de  la  France ,  il  fe  mit  en  route  au  mois  de  Février  1667 ,  traverfa  la 
Bourgogne  &  la  SuilTe ,  arriva  à  Strasbourg ,  où  il  demanda  le  bonnet  de  Doc- 
teur qu'on  lui  donna  au  mois  de  Mai  fuivant.  Mais  comme  il  ambitionnoit  de 
perfedionner  les  connoifllmces  qu'il  avoit  acquifes  ,  il  n'eut  pas  pjutôt  reçu  le 
bonnet  qu'il  pafla  en  Italie  ,  dont  il  vilita  les  principales  Univer fîtes,  avant  que 
de;    fe    mettre  en  chemin  pour  retourner  dans   fon     pays. 

Arrivé  à  Presbourg  ,  il  ne  tarda  pas  à  y  être  employé  ;  il  fe  fît  même  fou- 
haiter  chez  les  malades ,  dont  l'empreffemcnt  annonçoit  bien  la  confiance  qu'il 
avoit  méritée  par  fes  fuccès.  Son  attention  aux  démarches  de  la  nature  lui  pro- 
cura d'importantes  Obfervations  qu'il  communiqua  au  Direileur  de  l'Académie 
Impériale  d'Allemagne;  elles  lui  méritèrent,  en  1694,  une  place  dans  cette  So- 
ciété, fous  le  nom  de  Philon  IL  II  a  encore  recueilli  d'autres  Obfervations  qu'il 
a  jointes  à  celles  de  Paul  Sprindkr ,  &  qu'il  a  fait  imprimer  à  Francfort  en  i6qi 
m-4 ,  avec  des  notes   de  fa  façon. 

Rayger  ,  mourut  de  la  goutte  à  Presbourg  le  14  Janvier  1707,  &  fut  enterré;, 
avec  beaucoup  de  pompe ,  dans  le  cimetière  des  Evangcliques.  On  trouve  dans 
la  Bibliothèque  de  Manger,  une  Infcripiion  à  l'honneur  de  ce  Médecin,  en  fornje 
d'Epitaphe  : 

SiSTE      GRADUM    VlATOR  ! 

Hic  jacet 
F'ir  magni  mminh , 
Carolus  Raygerus   D.    Phypcus  Pofoaknjïs 
yJcaJemits   Cafareo-Lcnpoldincs  Colla^j 

je."' 

Omnia  quhtl    momenta  funlpiens , 

Pltam  flud'ùs   propemodum   omncm  fecenic  vcTigalem 

Philtrb    quàdam    Palladis  dditiarum    delibutus, 

Fieminas    Plndo    Sacras    depericm , 

JUlfque  fc    totum    mancipam  ; 

Uiilijfimum   vhx  fociaUs  &    Pairia   cvafu  membrun}^ 

Multos    ollni  juvandos  aniîdotïs  javans  . 

Fati  mcejjitate  nondum  occupatos , 

Se  Vira  eâdcm  praventum 

Juvare 


4«  R    A   Y       R    E    B 

f^oluit ,  debuit ,  kaud  potult  î 

Ortus ,  mortuus ,  oriturus. 

Fata  eheu  Fata  t 

Siimmus  fatorum  arbîter  Deus  , 

Qui  eum  tôt  peragranten  régna    &  provinclas  , 

Totquc  fatorum.   difcr'minibus  expofitum  juvU , 

Sternum  juvabit. 

Intérim 

Monumentum  are  perennius  pofait  duraturus 

Jn    marmore 

^mor 

JOHANNIS     AdAMI    GeN^SELII  , 

Collège   vitam  grata  pofterorum  , 

Quâ  potuit  pietatis  Jignificatioae  , 

Memori<s   infculpere   voluit. 

^bi  Fiator! 

Cogita  t  pondéra  tenue  momentuni  inter  emnîa  &  n'ihil! 

raie. 

RAYNAUD ,  (  Théophile  )  Jéfuite  du  XVII  fiecle ,  étoît  de  Sorpello  au 
Comté  de  Nice  ,  où  il  naquit  en  1584.  II  demeura  prefque  toujours  en  France; 
&  la  fingularité  de  fes  opinions,  jointe  à  fon  efprit  cauftique  &  naturellement 
porté  à  la  fatyre  ,  lui  attira  beaucoup  de  traverles  dans  la  Société.  Cependant  il 
ne  voulut  jamais  en  fortir,  &  mourlJt  à  Lyon  le  31  Odtobre  1663,  à  79  ans. 
Parmi  fes  Œuvres,  qui  font  en  vingt  volumes  in-folio,  on  trouve  les  deux  pièces 
fuivantes,  dont  on  a  des   éditions  féparées  fous   ces  titres: 

De  ortu  infantlum  contra  naturam ,  per  feSllonem  Ctsfaream ,  Tractatio.  Lugduni , 
1637,  i/i-B. 

De  incorruptione    cadaverum.    ^venlone,    1665,    in  8. 

REBECQUE,  C  Jacques-Conftant  DE  )  Bofteur  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  Montpellier ,  fit  fa  profeflion  à  Laufanne  dans  le  XVII  fiecle.  On  a  quelques 
Ouvrages  de  fa    façon; 

Medicina  Helvetiorum  Prodromus  ,  Pharmacopoecs  Helvetlorum  fpecimen.  Geneva, 
1677,  in-12. 

Nicolal  Letnery  Cur/us  Ckymlcus.  Geneva^  i58r,  m-12.  C'eft  à  lui  qu'oq  doit 
cette  verfion  Latine. 

Le  Chirurgien  François  charitable.  Genève,  1683,  i/i-8.  Lyon,  1731»  in-8.  Ce 
précis  de   Chirurgie   ne   contient  rien  d'intérefi'ant. 

uitrium  Medicina  Helvetiorum ,  feu ,  eorumdem  Pharmacopœa  Promptuarium  ;  obfer- 
vationefque  Medicts  rariffimis  ac  fele&ljjima.  Gencva^  1690,  i/i-l2.  En  François,  avec 
des  augmentations.  Berne,  1709  ,  i/ï-12.  RECALCUS 


R    E    C        RED 


41 


"RECALCUS  ,  f  Jules  J  Médecin  de  Ferrare  ,  naquit  dans  cette  ville  en  is,^^. 
Comme  il  avoit  fait  beaucoup  de  progrès  dans  l'étude  de  la  profeflion  qu'il 
aimoit,  il  partagea  prefque  tout  fon  tcms  entre  les  malades  &  la  Chaire,  S:  con- 
tinua ces  exercices  jufques  dans  un  âge  très  avancé;  il  étoit  dans  fa  gfe.  année, 
lorfqu'il  mourut  en  1645.  On  dit  que  ce  Méiecin  a  beaucoup  écrit,  mais  on  ne 
connoît  de  lui  que  peu  d'Ouvrages  qui  aient  été  imprimes.  Outre  les  Apologies 
de  fa  doctrine,  que  la  jaloufie  &  les  reproches  de  fes  collègues  l'ont  obligé  de 
mettre  au  jour,  il  a  publié: 

Confuhatio  dz  Lue  Sarmaticà.    Ferrart<s,    1600,  In-folîo. 

De  Jîmilariim    corporum  naturâ.    Ibidem,   1621,    tn-4. 

De  Febre  Typhode  Traciatus.  Ibidem,  1638  ,  f/z-8. 

RECORD  (  Robert^  enfeigna  les  Mathématiques  à  OxFord  &  à  Cambridge,' 
mais  comme  il  étudioit  en  même  tems  la  Médecine  ,  il  en  prit  le  bonnet  de 
Dodeur,  en  1545,  dans  les  Ecoles  de  la  féconde  ville.  Il  a  écrit  quelques  Ou- 
vrages concernant  l'Arithmétique ,  la  Géométrie  ,  la  Théologie  &  la  Politique  • 
matières  qui  n'ont  point  de  rapport  à  l'objet  de  ce  Dictionnaire.  Ce  qui  nous 
intérefl'e,  c'eft  qu'il  a  compofé  un  Traité  fur  la  ftructure  des  voies  urinaires  & 
furie  jugement  des  maladies  par  l'urine,-  il  fut  publié  à  Londres  en  Anglois, 
1582    &    1665 ,    m-o. 

Record  mourut  en  1558  dans  les  prifons  de  Londres,  oià  il  avoit  été  enfermé 
pour  dettes. 

REDI,  ("François  )  d'une  famille  noljle  d'Arezzo  en  Tofcane ,  naquit  dans 
cette  ville  le  18  Février  1626. Il  fit  fes  premières  études  à  Florence,  &  le  rendit 
•enluite  à  Pile  pour  fes  cours  de  Philofophie  &  de  Médecine,  qu'il  finit  l'un  & 
Pautre  par  la  réception  du  bonnet  de  Dodeur.  Son  habileté  le  mit  bientôt  en 
réputation  à  Florence ,  où  il  étoit  venu  s'établir  ,•  fes  fuccès  dans  la  cure  des 
maladies  les  plus  graves  le  firent  même  connoître  à  la  Cour  avec  tant  d'avantage  , 
que  le  Grand-Duc  Ferdinand  II  le  nomma  ion  premier  Médecin ,  &  que  Cofme 
m  eut  depuis  la  même  confiance  en  lui.  Les  foins  que  Redi  donna  à  la  fanté  de 
ces  Princes ,  fes  aflîduités  à  la  Cour ,  les  malades  qu'il  avoit  en  viJie  ,  rien  de 
tout  cela  ne  l'empêcha  de  cultiver  les  Belles-Lettres,  mais  fans  négliger  ce  qu'il 
devoit  à  fa  Profellion.  Pafllonné  pour  les  progrès  de  l'Art  qu'il  exerçoit  avec  tant 
d'honneur,  il  encouragea  fes  contemporains  à  bannir  de  la  pratique  ces  vieilles 
«rreurs  qui  retardent  la  guérilbn  des  maladies.  Simple  &  uni  dans  fa  méthode  , 
peu  de  remèdes  lui  fuffilbient  pour  parvenir  aux  fins  qu'il  fe  propofoit  ;  il  ne 
haïHbit  rien  tant  que  cette  multitude  de  médicamens  dont  on  accablolt  les  malades. 
Il  rappella  encore  aux  Praticiens  le  fouvenir  de  différentes  maximes;  entre  autres 
il  leur  fit  fentir  la  nécellité  des  boifibns  aqueufes ,  qu'on  ménageoit  alors  dans 
Pardeur  des  maux  même  les  plus  aigu?.  Mais  tout  favant  que  Redi  ait  été  dans 
fa  Profeflion  ,  on  ne  peut  s'empêcher  de  convenir  que  la  partie  la  plus  brillante 
de  fes  travaux  a  été  du  côté  des  Belles-Lettres,  qui  fan?  doute  font  la  caufe 
que  la  Médecine  lui  eft  moins  redevable.  Plufieurs  Académies  d'Italie  ont  rendu 
juftice  à   fes   talens  ;    celles    dd   Cimento  &  de  la  Crufca   de  Florence  ,   celle    des 

T  0  M  E  if:  F 


42  RED 

Gdati  de  Bologne ,  celle  des  arcades  de  Rome  ,  fe  font  fait  un  honneur  de  Te 
recevoir  dans  leur  Corps.  L'étude  de  la  Langue  Italienne  abforba  une  grande 
partie  de  les  momcns  de  'nl'ir  ,  &  il  contribua  autant  que  perionne  à  la  perfeaioa 
du   Diftionnaire  rie  l'Académie  de  la   Crufca. 

On  ne  doit  cependant  point  croire  que  l'amour  des  Belles-Lettres  ait  jamais 
détourné  Redi  de  fuivre  un  plan  plus  général  d'applicntion.  Savant  dan#  plu- 
lieurs  genres  ,  il  aimoit  ceux  qui  l'étoient  comme  lui ,  &  donnoit  avec  plaifir  tous 
fes  foins  à  ceux  qui  vouloient  le  devenir.  Eloigné  de  toute  préfomption  ,  de 
toute  injultice  ,  incapable  d'abufer  des  avantages  que  lui  procuroit  la  fupério- 
rité  de  les  talons  ,  il  mit  tant  de  mo:|eflie  dans  fa  con.-iuite ,  qu'il  fut  loué  de 
tout  le  monde  &  ne  fit  ombrage  à  perionne.  Comme  il  connoillbit  tout  le  prix 
de  l'obfervation  ,  il  s'y  livra  par  goiàt  &  il  prit  toutes  les  mefures  _  propres 
à  y  réulfir.  Ce  qui  le  caraftérife  de  ce  côté-là  ,  dit  un  illufire  Ecrivain  ,  c'eft 
une  fage  incrédulité  à  l'égard  du  merveilleux,  une  grande  attention  à  détruire 
les  erreurs  établies  ,  une  fagaciré  finguliere  à  obierver  la  marche  de  la  Nature 
dans  la  formation  de  fes  plus  petits  Ouvrages  ,  &  une  bonne  foi  fcrupuleufe 
à  f.ire   l'i.iftoire    de    ce    qu'il    avoit  obîervé. 

Mail»  cet  Homme  fi  appliqué  ,  fut  enfin  obligé  de  modérer  l'ardeur  qu'il  avoit 
pour  l'étude  ;  fa  vie  fut  miférablcment  traverfée  par  de  fréquens  accès  d'épi- 
iepfie  ,  &  ce  fut  probablement  ce  mal  qui  l'enleva  de  ce  monde.  On  le  trouva 
mort  dans  fon  lit  le  premier  de  Mars  1697  ,  dans  la  ji^-  année  de  fon  âge  , 
qu'il  avoit  commencée  depuis  dix  jours.  Ses  héritiers  firent  tranfporter  fon  corps 
de  Florence  à  Arezzo  ,  où  il  fut  inhumé  dans  l'Egîife  de  Saint  François  ;  on 
y  mit  cette  infcription    bien  fimple    fur   fon  tombeau  ; 

Francisco   Redi   Patritio    Aretino 
Gregorius  Fratris   Filius. 

Redi  a  donné  des  Poéfies  Italiennes  fort  eftimées  ,  &  d'excellens  Ouvrages  de 
Philofophie  &  d'HiRoire  naturelle.  Le  Recueil  de  la  plupart  de  ces  Ouvrages  a 
paru  à  Venife  en  1712  ,  trois  volumes  ln-8  ;  mais  comme  on  n'a  rien  négligé  pour 
le  compléter,  il  a  été  pouffé  jufqu'au  fixicme  volume,  imprimé  dans  la  mérne 
ville  en  1726.  Il  y  a  une  édition  de  Naples  de  1741  ,  in-^  ,  &  une  autre  de 
Venife  de  1742,  aufîi  in-^  ,  ou^de  fëpt  volumes  in-S.  Les  Traités  Phyfiques  de 
cet  Auteur  ont  été  publiés  féparément  ,  fous  ces  titres  ,  à  mefare  qu'ils  for- 
toient   de    fa   plume  : 

Efpeiknie  Intorno  alla  generaxlone  degll  infettl.  Florence  ,  1668  ,  fn-4.  Le  même 
en  Latin  :  Expérimenta  clrca  generatlonem  infe&orum  ,  cum  figurls  aneis.  ^îmflelodami , 
1670  S'  1688  ,  trois  volumes  m-12.  Il  y  combat  le  fyRême  de  la  génération 
des  infeftes   par  la   pourriture. 

OJfcrvaiioai  dd  medcfimo  imorno  aile  F^ipere,  Florence  ,  1664 ,  in-i.  En  Latin  , 
Amfterdam  ,  1678  ,  în-12  ,  fous  le  titre  d'Obftrvadones  de  ripcris.  11  foutient 
que  le  iuc  falivaire  de  la  vipère  morte  eft  capable  de  produire  des  effets  mor- 
tels ,  lorfqu'il  eft  immédiatement  mêlé  avec  le  iang.    Ckaras  ,   qui   ne  peafoit  pas 


R    E    G  43 

àe  même  ,  a  combattu  le  fentiment  de  Redl  dans  un  Ouvraq-e  puWié  en  '-Mk>  ; 
c'eft  ce  qui  engagea  celui-ci  à  appuyer  fes  affertiDns  par  un  Ecrit  intfl|^': 
Lzttcra  fopra  alcum  oppojl^ione  futic  aile  fae  OJfcrfai'ioae.    Florence ,  1670  ,  in-j^. 

Efpcrimii  intorno  aile  diverfe  cofc  naturali  deW  Jnd'.e.  Florence  ,  1671  ,  in-^.  En 
Uatin  ,  Amflerdam  ,  1675  &  1685,  "- 12,  fous  ce  titre  .•  Expcrlntita  circa  diverCas 
Tes  naturahs ,  fpeclatim  illas  qu£  ex  IndV.s  aJferuntur.  Il  y  démontre  l'iniuilicé  de  plu- 
fieurs  médicamens  étrangers,  &  fait  voir  toute  fon  averfibn    pour  la  polypharmacie. 

£fperienie  intorno  a  quel  acqua  che  fi  d:ce  de  Jîagna  fibito  t. ni  fiujfi  di  fangue, 
Florence  ,  1673.  Il  condamne  les  eaux  (typtiqueà  ,  dont  on  le  fervoit  de  fon 
tems  pour  la  guérifon  des  plaies  ,  &  prétend  que  celles  qu'on  n'auroit  lavées 
qu'avec  l'eau  pure  ,  guériroient  aulfi  prompîement  que  d'autres  pour  lefquelies 
on    auroit    employé   ces   liqueurs. 

Lettera  fipra  VinvenTjone  de  gli  occhiali.  Florence,  1678,  in-^.  Il  entre  dans  beau- 
coup de  dérails  fur  l'invention  &  rufaa;e    des    lunettes. 

OJfcrvailoni  intorno  a  gli  animale  vivinti  ,  che  fi  trovano  negli  animali  viventi.  Flo- 
rence ,  16B4  ,  //z-4.  Ce  font  les  vers  qu'il  a  en  vue  ;  il  en  décrit  les  diSe- 
rentes  ef.ieces,  les  raaux  qu'ils  eau  lent  ,  &  propofe  le  Mercure  corrime  le  meil- 
leur vermifuge.  Cet  Ouvrage  a  paru  en  Latin  à  Amflerdanî  en  1708,  m-ia, 
avec  figures  ,  de  la  tradudlion  de  Pierre  Cojîe.  Les  remèdes  contre  les  vers 
le  font  beaucoup  multipliés  depuis  Redi  ,  mais  ils  ne  font  pas  tous  également 
efficaces.  Il  en  manquoit  un  qui  fût  sûr  contre  le  Ténia  ou  ver  folitaire  ,  & 
Louis  XVI  ,  Koi  de  France  ,  vient  de  faire  préf^nt  à  l'humanité  de  celui 
qu'il  a  acheté  de  Madame  Nouffer  ,  qui  l'empioyoit  avec  fuccès  à  Morat  en 
éuiflè.  On  l'a  communiqué  au  public  par  un  Mémoire  ,  //1-4  ,  forti  de  l'Irapri" 
merie  Royale  de  Paris  en  1775  ,  avec  figures.  Ce  fpcc'fiqne  cnnfifte  dans  la 
poudre  de  la  racine  de  Fougère  mâle  ,  dont  l'ufage  doit  être  fuivi  de  la  prife 
d'un    purgatif   animé. 

REGA  ,  fHenri-Jofeph  )  Dodteur  &  Profcffeur  Primaire  de  la  Faculté  de  Mé- 
decine en  rUniverfité  de  Louvain  ,  étoit  de  cette  villa  ,  où  il  naquit  le  26 
Avril  1690  ,  de  Pizrre  Rega  &  de  Chrifiine  F'an  Herrebergen.  Ses  parens  re- 
levèrent avec  beaucoup  de  foin  ,  &  dès  qu'il  fut  en  âge  de  commencer  i'es  étu- 
des, ils  l'envoyèrent  au  Collège  de  la  Sainte  Trinité.  Cette  Ecole  d'Humanités, 
fi  célèbre  à  Louvain  par  les  grands  Hommes  qu'elle  a  donnés  aux  Sciences  fu- 
périeures,  fut  celle  où  le  jeune  Rega  remporta  toujours  les  premières  places.  Il 
palTa  enfuite  au  Collège  du  Porc  en  la  même  ville  ,  &  par  l'étude  de  la  Philofo- 
phie  ,  mais  fur-tout  de  la  Phyfique,  il  s'y  difpoia  à  celle  de  la  Médecine,  pour 
laquelle  il  ne  tarda  point  à  montrer  le  goût  le  plus  décidé.  Il  fe  mit  donc  fur 
lés  bancs  de  la  Faculté  ,  &  fon  cours  fini ,  il  fut  reçu  à  la  Licence  le  7  Avril 
171a.  La  mort  de  M,  de  Lucq  ne  tsrda  point  à  le  faire  monter  ?u  rang  de 
Profeffeur,"  car  le  Magiftrat  de  Louvain  le  nomma  le  24  de  cem>is  à  la  place  va- 
cante. Cette  promotion  ne  fit  qu'augmenter  l'a'rdeur  qu'il  avoit  pour  l'étude  ;  mais 
comme  fa  Chaire  ne  l'occupoit  que  pendant  fix  femaincs,  il  n'en  eut  pas  plutôt 
rempli    les  devoirs,  qu'il  alla  à  Paris  fe  perfectionner  dans  l'Anatomie  ,   la  Cbi- 


44  R    E    G 

rurgi^&  la  Chymie  ,  dont  il  fît  plufieurs  cours  fous  les  Maîtres  les  plus  habiles.  A 
fon  lïtour  à  Louvain ,  il  commença  à  travailler  à  fon  Traité  D&  Sympathia  ;  &c 
ce  coup  d'elTai ,  dont  les  hommes  les  plus  confommés  fe  leroient  fait  honneur,  lui 
\'alut  une  approbation  univerfelle,  ioriqu'il  le  publia  en  1721. 

En  1716,  il  remplaça  de  Racdemaeker  dans  la  Chaire  de  Chymie.  Leaa'Février 
1718,  il  reçut  le  bonnet  de  Dodeur  avec  Favcht  &  Nare^  ;  peu  de  tems  après, 
il  palfa  à  la  Chaire  d'Anatomie  ,  qu'il  abandonna  le  11  Septembre  de  la  même 
année,  pour  occuper  celle  de  Profelieur  Primaire  que  la  mort  du  Docteur  Pee- 
ters  avoit  laiffée  vacante.  En  1719  ,  il  fut  élu  Recteur  de  l'Univerfité  ;  on  lui 
accorda  encore  le  même  honneur  en  1722  ;  &  pendant  fes  deux  Redorats  , 
il  s'occupa  vivement  de  tout  ce  qui  pouvoit  contribuer  à  l'avantage  du  Corps 
Académique. 

Le  mérite  de  Rega  ,  qui  jufqu'à  cette  époque  n'a  voit  guère  été  connu  que 
dans  le  iein  de  la  ville  de  Louvain,  fe  répandit  alors  au  dehors.  Sa  réputation  perça 
dans  les  provinces  voifmes  ,  &  bientôt  on  vit  les  malades  des  pays  même  les  plus 
éloignés  ,  ou  venir  le  trouver  pour  prendre  fes  confeils  ,  ou  les  lui  demander  par 
lettres.  Comme  il  avoit  de  grands  fentimens ,  il  fit  ia  profeflion  avec  tant  d'hon- 
neur &  de  générofitê  ,  que  non  content  de  réfuter ,  en  certaines  occafions ,  les 
honoraires  qui  lui  étoient  préfentés  de  la  part  des  riches,  il  avoit  encore  la  bourfe 
ouverte  pour  les  pauvres  qui  l'appelloient  à  leur  fecours.  Prêt  à  fervir  tout  le 
inonde  ,  lorfque  des  occupations  indifpenfables  ,  ou  quelque  maladie  ,  ne  lui 
permirent  pas  de  remplir  les  devoirs  qu'il  s'étoit  impofés  envers  les  indigens  , 
il  en  chargea  toujours  d'autres  Médecins  ,  par  qui  il  fe  failoit  rendre  compte  de 
leur  état.  Ses  foins  charitables  allèrent  encore  plus  loin.  S'il  oblervoit  en  vifitant 
fes  malades  ,  qu'ils  fuflent  menacés  de  quelque  revers  de  fortune  ,  il  en  écartoit 
les  coups  par  les  fecours  qu'il  leur  donnoit  en  argent  ,  fous  la  feule  condition 
de  garder  le  filence  le  plus  profond  &  d'oublier  lés  bienfaits..  Plulieurs  familles 
lui  ont  eu  l'obligation  d'avoir  été  préfervées  d'une  chute  prochaine. 

Comme  Rega  pofledoit  le  grand  art  de  favoir  ménager  fon  tems,  le  nombre  de 
fes  malades  ne  le  ,  détourna  jamais  des  foniftions  académiques  ,  non  plus  que  de 
l'étude  de  la  Médecine  &  des  Belles-Lettres.  Sa  Bibliothèque  amplement  fournie 
de  ce  qu'il  y  avoit  de  meilleurs  livres  en  tout  genre  ,  étoit  l'endroit  où  il  paflbit 
utilement  les  heures  qu'il  pouvoit  ménager  iur  fes  occupations  publiques.  iMais  cet 
Homme  ,  toujours  avide  de  fcience  ,  s'épuifa  par  la  continuité  d'un  travail  trop 
ïiffidu  ;  fa  fanté  diminua  fenfiblement  ,  fans  qu'il  fongeât  pour  cela  à  la  mé- 
nager davantage.  Plus  attentif  à  guérir  les  maux  des  autres  que  les  liens  , 
il  parut  en  quelque  forte  fe  négliger  lui-même  ;  il  devint  li  férieufement  ma- 
lade ,  qu'il  mourut  le  22  Juillet  1754  ,  âgé  de  64  ans.  Il  a  pafié  la  vie  en 
célibat. 

Ce  Médecin  eft  Auteur   des  Ouvrages  fuivans  : 

De  fympathia  ^  feu  ,  deco.ifeafa  partiam  corporls  huniani.  Harleml ,  1721 ,  în-i2:  Lip- 
fia  ,  1762,  in-ii. 

"De  Uriais  Tra&atus  duo.  Lovanii  ^  ^75'^  ■>  in-il.   Francofuni .,  I761  ,  in-B. 

^ccurata  methodus  medeadi  pcr   ^phorlfuios  propojîta.  Lovanil  ,   1737  ,  in-J{.    Coionia. 
^^rippinte  ,  1767  ,  Jn-4.. 


K    E    G  43 

DiffcTtatio  Medica  de  aquis  mlnerallbus  Fontis  Marimonunjis  In.  Com'uatii  Hannon  îte 
Lovanli  ,  1740  ,  in-il.  En  François  ,  par  Servals-^uguflin  DevUkrs  ,  Dodeur  de  la 
Faculté  de  Médecine  de  Louvain  ,  fous  le  titre  d^^nalyfe  des  eaux  minérales  de  Mi~ 
nmonr.  Louvain ,  1741  ,  jn-12.  Ces  deux  Médecins,  qui  avoient  travaillé  à  cette 
analyfe  ,  conjointement  avec  le  Profefleiir  de  Chymie  ,  Sajfeaus  ,  ont  encore 
donné  celle  des  Fontaines  appellées  h  Roideniont  ,  le  Montaigu  ,  qu'ils  ont  jointe 
au  Supplément  aux  Traités  des  Eaux  de  Mariniont  ,  publié  fous  Je  nom  de  Delval ,. 
directeur  des  Eaux  ,    &    imprimé  à  Louvain  en  1742  ,  in-i2. 

Dijfertatio  JVIedicô-Chymlca  quâ  demonjlratur  fanguinem  humanum  nullô  acldô  vltiarî. 
Lovanii ,    1744  ,  in-3. 

La  Scréniffime  Archiduchefie ,  Marie-EKfabeth  ,  Gouvernante  des  Pays-Bas 
pour  l'Empereur  Charles  VI,  fon  augufte  Frère,  décora  Rega  ^  en  1740,  du  titre 
de  Confeiller  Médecin  de  fa  perfonne,  &  lui  donna  fon  portrait  enrichi  de  dia^ 
mans ,  en  récompenfe  des  foins  qu'il  avoit  pris  pour  rAnalyfe  des  Eaux  de 
Mariraont.  S.  A.  R.  Mcnfeigneur  le  Duc  Charles  de  Lorraine  &  de  Bar ,  actuel- 
lement Gouverneur  général  des  Pays-Bas,  lui  a  aufli  fait  préfent  de  fon  portrait 
magnifiquement  enrichi,  de  même  que  le  Prince  de  Lichteinftein  à  qui  il  avoit  eu 
occafion  de  donner  quelques  confeils  fur   fa  fanté. 

Rega  étoit  en  correfpondance  avec  les  Médecins  les  plus  célèbres  de  l'Europe, 
&  ce  commerce  littéraire  l'avoit  fait  avantageufement  connoître  en  diK'érens  pays. 
Sa  réputation  fe  répandit  même  tellement  les  dernières  années  de  fa  vie  ,  que 
fans  l'attachement  qu'il  conierva  toujours  pour  l'Univerlité  de  Louvain  &  fa 
patrie ,  il  auroit  pu  faire  une  fortune  brillante  dans  les  Cours  des  Princes  qui 
lui  ont  propofé  de  pafler  à  leur  fervice.  Cet  Homme  uni  dans  fa  conduite,  con- 
tent de  fon  état  qu'il  aimoit ,  aufli  modefte  que  favant ,  fentit  tout  le  prix  de 
ces  avances;  mais  le  plaiiir  qu'il  trou  voit  dans  la  bienfaifance  ,  lui  fit  préférer 
l'avantage  d'être  utile  à  la  multitude.  11  ne  celfa  de  l'être  pendant  fa  vie,  tant 
qu'il  le  put;  en  mourant  même,  il  le  fut  par  les  difpofitions  de  fon  tefiament; 
car  il  légua  une  fomme  de  dix  mille  florins  de  change  pour  la  fondation  de  deux 
bourfes  deftinées  principalement  aux  Etudians  en  Médecine,  &uneautrede  deux 
mille    Horins  pour  la   Bibliothèque  de   l'Univerlité. 

REGIMORTER. ,  (  Affuerus  )  Doreur  en  Médecine  de  la  Faculté  de  Leyde,- 
fe  fit  incorporer    à  celle   d'Oxford  le   26    Mai   1636  ,   &  vint   enfuite    exercer    fa 
profeffion  à  Londres  ,  fa  patrie.  On  a  de  lui  des  obfervations  fur  le  Rakitis ,  qui 
ont  été  jointes  au  Traité  de  GliJJon  fur  cette  maladie,.  &  qui  ont  paru  avec  lui 
à  La  Haye  en  1682 ,  in-12. 

REGIO  ou  RHEGIXUS,  f  Nicolas   DE  j)   Médecin    du    XIV  fiecle ,  naquit 
en  Calabre.    Comme  il  étoit   favant  dans    les  Langues,    Robert,   Roi    de   Sicile, 
l'engagea  à  traduire  de  Grec  en  Latin    quelques  Ouvrages  de   Galien  ,    &  fa   ver- 
fion  fut  eftimée  dans  le    tems.  Il  a    encore  donné   une  Traduction   de  Mjrepfas,, 
dont  on  a  une  édition  d'Ingolftadt,  1541,  w-4, 


45  R    E    G       R    E    I 

REGIS  (  Pierre  )  naquit  à  Montpellier  en  1656.  Il  étudia  la  Médecine  dans 
les  Ecoles  de  l'a  patrie,  où  il  obtint  le  bonnet  de  Doitleur  en  1678.  Picrrc-SUvain 
ILegls  ttoit  alors  à  MontptUicr  ,  &  comme  il  y  thiibit  des  conférences  ,  notre  jeune 
Médecin  tâcha  d'y  être  admis,  le  Ha  d'amitié  avec  ce  Philoflphe  ,  le  l'uivit  comme 
ibîi  maître  ,  &  le  prit  pour  le  diredeur  de  les  études.  11  l'accompagna  même  à 
Paris,  où  il  ^'acquit  l'cttimc  de  Duverney,  de  Lemery,  de  Pelijjun  ,  de  Dejpreaux.^ 
de  Perrault,  de  Mea.^ge  &  de  plulisurs  autres  bavans  ,  avec  îclquels  il  contrad^a 
vine  union  intime.  De  retour  à  Montpellier ,  il  y  pratiqua  la  Médecine  avec  hon- 
neur julqu'en  i6d5,  que  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  l'obligea  de  le  retirer 
avec  la  famiilc  à  Amilerdam ,  parce  qu'il  éroit  Calvinifte.  Il  y  mourut  d'un  abfcès 
dans  l'eftomac    le  30  Septembre   1726  ,    à  70  ans. 

Ses  Ouvrages  lont ,  une  Lettre  à  M.  Chauvin  fur  la  proportion  félon  laquelle 
l'air  le  condenlé.  Des  Obfcr nations  touchant  deux  petits  chiens  d'une  ventrée, 
qui  font  nés  ayant  le  cœur  hors  de  la  cavité  de  la  poiîrine.  Une  édition  des 
CEuvres  p.'ithumes  de  Mjlpis,hi.  Des  Observations  fur  la  pefîe  de  Provence  en 
I721.  Lcrlque  Bafnagc  dd  B^aiival  fit  imprimer  le  Diflionnaire  de  Furetiere  ,  ce 
fut  lui  qui  revit  &  augmenta  tout  ce  qui  regarde  la  Médecine  &  fes  différentes 
parties. 

Pierre- Silvain  Re^h  ^  dont  il  efî  parlé  dans  cet  Article,  naquit  en  1632  à  la 
Salvetat  de  Blanqucfort  dans  le  Comté  d'Agenois.  Ce  fut  un  de  ces  Philofophes 
qui  lirent  valoir  la  dodrine  de  Defcartes  ^  &  la  Ibutinrent  contre  les  adverlaires 
que  la  nouveauté  lui  fuicita.  L'Académie  des  Sciences  de  Paris  le  reçut  en 
i6gQ ,  en  qualité  de  Géoinctre  ;  mais  il  paroît  qu'il  ne  s'occupa  point  toujours  de 
Philolbphie  &  de  Mathématique,  car  on  a  de  lui  un  Examen  des  Eaux  de  £a- 
larac  dans  les  Mémoires  de  cette  Académie.  Régis  mourut  à  Paris  !e  7  Jan- 
vier 1707. 

REGIUS.  Voyez  DU  ROY. 

REGNIER  C  Jacques  )  étoit  de  Beaune,  où  il  vint  au  monde  le  6  Janvier 
158LJ.  Après  fes  premières  études,  il  fut  charge  de  l'éducation  de  quelques  jeunes 
gens  de  qualité ,  &  fe  mit  eniuite  dans  une  Imprimerie  à  titre  de  Corredeur. 
Mais  dégoûté  de  ces  occupations,  il  étudia  la  Médecine,  fut  reçu  Dofteur  à 
Cahors  le  3  Décembre  1624»  ^  P^^^  bientôt  après  à  l'exercice  de  fa  profcffion. 
Elle  ne  lui  réuflit  guère  ;  il  fc  diftingua  davantage  par  fes  Fables  &  fes  Poéfies 
Latines  qui  ne  le  mirent  pas  fort  à  l'aile,  car  il  mourut  le  16  Juin  1653 ,  accablé 
de  mifere  &  de  maladies. 

-REIN  A  ,  f  Placide  )  Dod\eur  en  Philofophic  &  en  Médecine  dans  le  XVIÏ 
Tiecle  ,  étoit  de  McRine  en  Sicile.  La  profondeur  de  fon  favoir  lui  procura  des 
titres  &  des  crnplûis  honorables.  Il  fut  créé  Comte  Palatin  ;  il  obtint  la  Chaire 
de  Philolbphie  dans  l'Ecole  de  Menine,la  place  de  Médecin  de  cette  ville  & 
de  fon  territoire  ,  &  plufieurs  fois  celle  de  Prieur  du  Collège.  Mais  le  favoir  de 
Reina  s'étcndoit  au  delà  de  fa  profelfion  ;  bon  Hiftorien  &  Poëte  ,  il  a  compofé 
plulieurs  Ouvrages  Italiens  en  ces  deux  genres  ,  &  les  a  donnés  au  public  fous 
des  noms  empruntés.  Ce  Médecin  mourut  fort  vieux  le  a8  Oaobre  1671. 


R    E    I  4^ 

REINESIUS  (  Thomas  )  naquit  à  Gotha  le  13  Décembre  1587.  Il  fe  rendit 
très  habile  dans  la  Médecine,  qu'il  étudia  à  Wittemberg ,  à  Jene,à  Francfort  fur 
l'Oder  ,  à  Psdoue  &  à  Kûle  ;  ce  fut  dans  les  Ecoles  de  cette  dernière  ville  qu'il  reçut  le 
bonnet  de  Docteur.  Après  les  premiers  effais  de  pratique  ,  il  fe  mit  au  fervice 
des  Comtes  de  Reuflèn  dans  le  Voigt-land,  pafla  enCuite  à  Géra  dans  la  Mifnie  ,  oii 
il  fut  Profeflbur  &  Infpefteur  du  Collège  ,  &  delà  à  Altembourg  ,  ville  de  la 
même  Province  ,  dont  il  devint  BourguemeRrc  ,  avec  le  titre  de  Conleiller  de 
l'Electeur  de  Saxe.  Comme  le  train  des  affaires  politiques  dérangeoit  celui  des 
études  de  Rdnefius ,  on  dit  qu'il  prit  ce  prétexte  pouï  ie  retirer  à  Leipfic  ,  oi 
il  continua  de  faire  la  Médecine  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  14  du  mois  de  Février 
1667.  Mais  Haller ,  qui  met  la  mort  de  Rcinefius  en  1661  ,  dit  qu'il  fut  extrê- 
mement libre  à  parler  fur  le  crmpte  des  perConnes  qu'il  auroit  dû  ménager  ,  & 
que  fa  conduite  ,  à  cet  égard  ,  lui  ayant  fait  des  ennemis  ,  il  prit  le  parti  de  quitter 
Altembourg  ,  où  il  s'appercevoit  d'ailleurs  qu'il  n'étoit  plus  confidéré.  Il  méritoit 
cependant  de  l'être  du  côté  de  fes  talens  ;  car  il  excelloit  non  l'eulement  dans  fa 
profefiion  ,  mais  encore  dans  la  connoiflance  des  Langues  ,  de  l'Hiftoire  &  des 
Antiquités  :  ce  fut  à  ces  différens  titres  qu'il  eut  part  aux  libéralités  de  Louis  XIV 
qui  fe  plaifoit  à  récompenfer  les  gens  de  mérite ,  en  quelque  pays  qu'ils  vécufTent. 

ReineJIus  avoit  eu  deflcin  de  travailler  à  l'Hilloire  de  la  Médecine  ;  il  en  étoit 
capable  autant  que  perfonne  ,  mais  il  en  ell  demeuré  au  projet  qu'il  avoit  formé. 
On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'Ouvrages  en  Latin  ,  comme  un  bon  fupplément 
au  grand  Recueil  de  Gruter  ,  fous  le  titre  de  Syntagma  infcriptionum  antiquarum  , 
en  deux  volumes  in-fullo.  Je  ne  m'arrêterai  point  à  faire  l'énumération  de  tous 
fes  Ecrits  ;  je  me  bornerai  à  ceux  qui  concernent  la  Médecine  ou  les  matières 
qui    ont    rapport  à  cette   Science.   'J'els   font  : 

De  vajïs  umbilicalibus  eorumque  rupturà  Obfcrvatlo   fingularls.  LipJΣ  ,  1624  »  '""-4. 

Chymiatria ,  hoc  eji  ,  Medicina  nabili  &  necejjarlâ  fui  pane  ,  Chymià  ,  injîruc/a  & 
exornata.  Gcra  Rathcalcx ,  1624,    in-j^.  Jcme  ^  167b',  in  4. 

f^ariarum  leciionum  Libri  très.  ^-Jhenb'jrgi ,  1640  , /n-4.  Cet  Ouvrage  y  qui  eft  mar- 
qué au  coin  de  la  plus  profonde  érudition  ,  contient  beaucoup  de  chofes  rela- 
tivement à  la  Médecine.  On  y  trouve  ,  en  particulier  ,  l'interprétation  de  plufieurs 
paflages  obfcurs  &  diiHciles  de  Sylvaticus ,  de  Gariopontus  ^  &  de  quelques  autres 
Médecins  anciens. 

Dcfeajîo  variarum   Leaionum.  Rojhcku  ,    165 J  ,  in-d. 

Epijlolarum.  ad  Ncftcros ,  patrcm  &  filium  ,  Farrago  ,  in.  qiia  varia  Medlca  &  PhU 
Ufophica  leclu  digna  continentur.  Llpjlcs  ,    i66o ,  în-^.  Hamburgl  ,  1670  ,  /n-4. 

Schola  Jnre-co^fitltGrum  Medica ,  Rdationuin  alijitnt  Libris  comprchcnfa  ,  quihits  prlrf 
c'ipîa  Medic'miS  in.  jus  traafampta  ex  profejpj  examiaantur.  Lîpfue  ,  1676  ,  //!-8.  C'eft 
à  tort  qu'on  attribue  cet  Ouvrsge  à  Relnejîus  ;  il  n'y  a  rien  de  lui  que  fon  nom. 
11  appartient  à  Fortunatus  Fidclii  ,  Médecin  Sicilien  qui  mourut  en  t6",o  ,  &  qui 
l'avoit  donné  au  public  fou»  ce  titre  :  De  Rclationlbus  Afcdlcorum  Libri  quatuor. 
Ceci  cft  une  petite  fourberie  d'imprimeur.  Ces  Mcfîieurs  ont  le  talent  de  rajeu^:ir 
les  Livres,  en  changeant  la  date  de  l'édition  ;  ils  en  annoncent  même  d'aitres 
comme  nouveaux  ,  en  y  mettant  un  autre  titre  j  avec  !e  nom  d'un  Auteur  plua 
moderne  qui   a  ea  de  la   réputation, 


REINNECCER  ,  (  Fidejudus  )  Apothicaire  de  Salfeld  en  Thuritigc ,  Arécut 
dans  le  XVI  fiecle.  Comme  il  s'étoit  mis  en  état  de  voir  des  malades  ,  il  en 
traita  beaucoup  ,  &  fes  fuccès  lui  méritèrent  la  confiance  de  les  concitoyens 
qui  furent  lenlibles  à  fa  perte  arrivée  dans  un  âge  peu  avancé.  11  lailla  un 
Ouvrage  écrit  en  Allemand  ,  que  Jean  Baccer  ût  paroître  en  Latin  plufieurs 
.années   après   la    mort   de  l'Auteur,  fous    ce   titre: 

Tàtfaurus  Ckymlcus  experlmentorum  certljjimoram  collcàiorum  ,  ufiique  probatorum  à 
Fidejujio  Reinncccero  ,  Pharmacopolâ  olim  SalfelJcnJîum .  Cum  prafatione  Joachimi  Tahc- 
kii ,  JJ.  de  Medlcina.  Lipjl^  ^  1609,  In-'d.  Franco/ uni  ^  i6îo  ,  in-12.  Ce  Recueil  n'efi: 
point  une  compilation  de  remèdes  extraits  de  difFérens  Auteurs  ;  il  eft  dû  en- 
tièrement à  Rànnccccr  ,  &  tout  y  ell  de  fon  invention  :  mais  tel  qu'il  eft  » 
on  en  fait  peu  d'eîlime  aujourd'hui  ,  parce  que  l'utilité  qu'on  en  peut  tirer  eft 
prefque  réduite  à  rien  ,  en  comparaifon  des  avantages  que  prélente  la  Chymie 
des  Modernes.  Manget  s'eft  borné  à  donner  le  titre  de  cet  Ouvrage  ,  qu'on 
trouve  audi  dans  le  Catalogue  de  Falconu  fous  le  N".  800B  ;  mais  M.  Goiilin 
en  parle  plus  au  long  dans  la  Réponfe  à  M.  Carrerc  ,  qui  a  paru  dans  les 
Journaux  de  Médecine  fous  le  nom  de  M.  Bâcher.  C'eft  delà  que  j'ai  tiré  cet 
article  ,  que  je  finis  par  remarquer  ,  avec  l'Auteur  de  la  Rcponfe  ,  que  Baccer 
étoit  audi  Apothicaire  ,  qu'il  paroît  même  avoir  pris  la  boutique  de  Relnneccer  , 
auquel  il    a  fuccédé    à   Salfeld. 

REISELIUS  ,  (  Salomon  J)  Confeiller  Médecin  du  Duc  de  Wirtemberg  & 
TVIembre  de  l'Académie  Impériale  d'Allemagne  ,  fous  le  nom  d'^mph'wn  ,  étoit 
dHirlchberg  en  Siléfie  ,  où  il  naquit  le  24  Oflobre  1625.  Ses  parens  l'en- 
voyèrent à  Breflau  ,  en  1637  ,  chez  Balthafar  Croner  ,  fon  coufm  germain  du 
côté  maternel  &  célèbre  Médecin  de  cette  ville  ;  il  y  fit  fon  cours  d'Huma- 
xité?  ,  au  bout  duquel  il  fe  décida  pour  l'étude  de  la  Médecine  ,  dont  l'exemple 
de  fon  coufni  lui  avoit  infpiré  le  goiàt.  Mais  le  peu  de  fortune  de  fon  père 
ne  lui  permit  pas  de  fuivre  alors  ce  defiein  ,  &  en  attendant  que  des  circonf- 
tances  plus  favorables  le  miHbnt  en  état  de  faire  face  à  la  dépenfe  que  la 
continuation  de;  fcs  études  demandoit  ,  il  s'engagea  au  fervice  d'un  riche  Négo- 
ciant,  dont  il  infiruifit  les  fils  des  principes  de  la  Langue  Latine.  Dans  l'entrc- 
tems  ,  il  perdit  fon  père  en  1644  ,  &  Pannée  fuivante  il  pafla  à  Strasbourg , 
où  il  s'appliqua  à  la  Médecine  fous  Mclchior  &  Jean-Albert  Sebiiius  ,  père  & 
fils  ,  &  fous  Rodolphe  Sali^mann.  Sa  mère  ,  plus  indulgente  que  n'avoit  été  fon 
père  ,  lui  fournit  tout  ce  qu'elle  put  d'argent  ,  au  point  qu'en  164S  il  foutint 
une  Thefe  De  Fucultatibus  mcdicamentonim  ;  mais  privé  de  fecours  ultérieurs  par 
la  mort  de  cette  mère  li  tendre  ,  il  fut  obligé  d'abandonner  fes  études  &  de 
chercher  ,  dans  l'inftruflion  des  jeunes  gens  ,  un  remède  à  la  mifere  dont  il 
étoit  menacé.  Une  fage  économie  lui  fournit  les  moyens  de  fc  rendre  à  Bâle 
en  1652  ,  &  le  21  Avril  1657,  il  y  obtint  le  bonnet  de  Dodteur  en  Médecine. 
Depuis  cette  année  jufqu'en  167g  qu'il  fut  appelle  à  la  Cour  du  Duc  de  Wir- 
temberg  ,  il  fit  fa  profeUion  avec  honneur  en  divers  endroits  de  l'Allemagne. 
Sa  réputation  s'accrut  beaucoup  dans  cette  Cour  ,  &  il  étoit  parvenu 
au    plus    haut    point   de    célébrité  auquel    un   Médecin    puilTe    alpirer  ,  lorfqu'il 

fut 


«Ut  attaqué  de  l'jipopkïiie 'qui  le  mit  au  tombeau  le  ai  Juin  ijrol  ,  â  ]'!\ge  de 
^"7  ans.  Les  Mémoires  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  Ibnt  .remplis 
d'obfervations  de  fa  façon  ;  du  refie  ,  il  ne  paroît  point  s'être  occupé  de 
la  compofition  d'aucun  Ouvrage  ,  fi  Ton  excepte  un  Traité ,  en  Allemand  ,  fur 
les  Bains  de    Nieder-bron  ,  que   George  Matthias  lui  attribue. 

REISKE  C  Jean-Jacques  _)  ell:  un  de  ces  hommes  dont  le  caradlere  fut  auffi 
fmgulier  que  la  fcience  étoit  profonde.  11  naquit  le  25  Décembre  1716  à  Zorlis , 
petite  ville  de  Mifnie  ,  d'un  père  qui  faifoit  le  métier  de  Tanneur.  Les  progrès 
rapides  de  fes  premières  études  donnèrent  de  lui  les  plus  hautes  cfpérances  aux 
Profefièurs  de  la  Maifon  des  Orphelins  de  Hall  ,  où  il  étoit  entré  dès  l'ûge 
de  douze  ans;  mais  l'élevé  ,  moins  fatisfait  que  fes  Maîtres ,  leur  a  fouvent  repro- 
ché de  ne  lui  avoir  donné  aucune  coonoiflànce  des  Anciens  ,  fur  lefquels  il  au- 
roit  pu  fe  former  un  ftyle  plus  clair  &  plus  élégant.  C'eft  à  cette  négligence 
qu'il  attribua  la  peine  qu'il  eut  fi  loDg-tems  de  s'exprimer  nettement  en  Latin  ; 
ce  ne  fut  même  que  vers  les  dernières  années  de  fa  vie  ,  qu'il  parvint  à  parler 
la  langue  de  Cicéron  avec  cette  grâce  &  cette  énergie  qu'on  ne  peut  puifer 
que  dans  les  bons  modèles. 

JR.dske  étoit  fort    mal  préparé  aux    études   académiques  ,   quand  il    fe  rendit  à 
Leipfic  ert  1733.    Là,  jeune  encore,  vif,  ardent    &  abandonné  à  lui-même  ,    il 
choilit  mal  fes  occupations  ;   méprife   d'antant   plus    funefte  pour  lui  ,    que  dans 
ia  fuite  elle  devint  la  caufe  de  fes  infortunes.  Deftiné  à  l'état  Eccléfiaftique  par  des 
parens   qui  n'avoient   confulté  ni  fes  penchans,  ni  fes  goûts ,  il  ne  s'occupa  ,  pen- 
dant les  cinq  années   de  ion  féjour  à    Leipfic ,  que  de    Rabbinifme  &  de  l'étude 
de   la  Langue  Arabe  ;  mais   il  renonça    au  premier  ,  pour   s'attacher  tout  entier 
à  la  ledlure  des  Livres  Arabes  qu'il    parvint  à  expliquer  lans  Maître.  Sa  pafiîon 
pour    ces  Livres  fut  telle ,  que   pour  le  ménager  les  moyens  de  ie  les  procurer , 
î!  fut  obligé  de  borner  la  dépeufe  au  pur  néceîfaire  ;  car  fon  état  approchoit  fort 
de  l'indigence.  Le  favant  Jfolf  ,  Théologien  de  Hambourg  ,    lui  avoir    communi- 
qué le  Hariri  en  1736;  Rdske  le  copia   fort  rapidement,  &:   l'année  fuivanre  ,    il 
en  fit  imprimer  la  vingt-fixieme  Narration,  avec  des  Scholies  Arabes  &  une  ver- 
fion  Latine.  Le  luccês  de  cet  efîai  lui  fit  prendre  la  rélblution  d'aller  en  Hollan- 
de ,    dans  l'efpérance  d'y  trouver  des   fecours    pour   PintelJigcnce  de  la  Langue 
Arabe.  Ses  amis  s'eflbrcerent  vainement  de  le  détourner  du  projet  de  pafier  dans 
lin   pays  où  il  n'avoir   aucune  forte  de    rcnburce  ;  il  n'écouta  perfonne,  &  quoi- 
qu'il n'aimât  pas  la  Langue  pour  laquelle    il  faifoit  le  facrifice  ds  tous   les  avan- 
tages dont    il  jouiflbit  en  Allemagne  ,  il  fe  rendit    à  Amlierdam.   /P'olf  lui   donna 
une  lettre  de   recommandation    pour  Dorville    qui   lui  oflrit    de  le   prendre  chez 
lui  ,    avec   600  florins  d'appointemens  ;  mais    comme    notre   Savant   mettoit    de 
l'humeur    dans   la   plupart  de   fes   aéiions  ,    il  rejetta.    cette    offre  ,  fous    prétexte 
qu'il    n'avoit  d'autre  but,  en    venant  en  Hollande  ,   que  d'examiner   des  Manufl 
crits  Arabes,   &   d'obtenir  la  permiflion  de  touiller  dans  la    fameufe    l^ibliotheque 
de  Leyde.  11  réafiit  à  voir  à  fon  aife  les  richefies   de   ce  fanfiuaire  des  Sciences, 
&  s'attacha  fur-tout  aux  Poètes  Arabes. 
Comme  ces  occupations  ne  l'enrichilfoient  pas  >  i!  fe  fit  Corrcfteur  d'Imprimerie  , 
J  0  ME    IF.  G 


go  R    E    1 

&  dans  ce  pofie  ,  il  îndifpofa  contre  lui  la  plupart  de  ceux  dont  il  foignoit  îeî 
éditions.  Sa  manie  étoit  d'ajouter  &  de  changer  aux  Manufcrits  des  Auteurs.  Obli- 
gé enfin  de  quitter  la  Hollande  ,  où  il  étoit  ians  amis  &  pauvre  par  la  f;;ute  , 
i\  rapporta  dans  i"a  patrie  quelques  Ouvrages  Arabes  ,  &  avec  eux  ,  une  fanté 
chancelante.  Sa  maladie  habituelle  étoit  une  hypocondrie  noire  qui  le  tracaf- 
Ibit  pendant  le  jour  &  lui  caufoit  des  rêves  très-  inquiétans  pendant  la  nuit. 
Cette  défagréable  maladie  ne  fit  que  s'accroître  avec  le  tems  ,  &  elle  ne  le 
quitta  plus. 

Pendant  ion  féjour  en  Hollande  ,  Reiske  avoit  étudié  la  Médecine  &  l'Anato- 
mie  ibus  les  meilleurs  Maîtres;  il  s'étoit  même  fait  connoître  avantageufcment  du 
côté  de  ces  Sciences.  A  fon  retour  à  Leipfic  ,  les  Profeffeurs  lui  donnèrent  gra- 
tuitement le  bonnet  de  Dod^eur^  mais  ce  grade  ne  le  rendit  pas  plus  riche.  Il 
avoit ,  il  eft  vrai  ,  obtenu  une  penfion  ;  &  parce  qu'elle  ne  fut  point  payée 
pendant  la  guerre,  il  ne  tarda  pas  à  retomber  dans  la  plus  grande  indigence.  Pour 
s'aider  à  vivre,  il  fe  mit  à  corriger  des  épreuves  ,  à  faire  des  tables  ,  à  traduire 
du  François  en  Allemand  ,  de  l'Allemand  en  François  ,  à  compofer  des  Mémoi- 
res, à  travailler  pour  ditterens  Libraires  ,  dont  il  fut  mal  payé,  &  il  végéta  ainfi 
dans  une  mifere  plus  iupportable.  Tout  inftruit  qu'il  étoit  de  la  Médecine,  il  n'en 
tira  aucun  parti.  Sa  conduite  auroit  cefTé  d'être  iinguliere  ,  s'il  fe  fût  fait  un  plan 
de  vie  plus  honorable  &  plus  avantageux.  Son  état  lui  donna  enfin  de  la  mau. 
vaife  humeur  ;  la  caufticité  devint  même  fi  infupportable  ,  qu'il  s'attira  beaucoup 
d'ennemis  par    fa  critique ,  où  il  mêloit  fouvent  le    menlonge  avec  la  vérité. 

Reiske  eut  cependant  des  intentions  droites  ,  mais  il  les  gâta  par  le  défaut  de 
juftefie  dans  le  difcernement  &  celui  de  prudence  dans  fes  moyens.  Comme  il 
n'avoit  d'autre  but  que  de  concourir  aux  progrès  des  Sciences  &  des  Belles-Let- 
tres,  lorfqu'il  croyoit  pouvoir  être  utile,  il  ne  connoifibit  ni  protefleurs,  ni  amis; 
peu  lui  importoit  que  le  public  le  condamnât  ou  lui  tînt  compte  de  fes  travaux, 
il  alloit  toujours  fon  train.  Ce  fut  dans  cette  vue  qu'il  publia  deux  volumes  in- 
folio ,  pour  fervir  de  fupplément  à  VHifioire  Byiandne:  ce  font  les  deux  Livres 
de  Conjtandn.  Porphyrogeneu  fur  les  cérémonies  de  la  Cour  de  Byzance.  Quelque 
tems  après  ,  il  fit  paroître  V^ntologie  de  Conjlandn  Kephalos ,  avec  de  favantes  ob- 
fervations  critiques ,  &  une  notice  des  Poètes  Antologiques.  Il  donna  enfuite  les 
Annales  à'yJbulfiJa ,  mais  il  n'en  fit  imprimer  que  la  moitié.  En  1767  ,  il  mit  au 
jour  la  première  partie  de  fes  remarques  fur  les  Auteurs  Grecs  ;  &  comme  il  n'a- 
voit trouvé  aucun  Libraire  qui  voulût  fe  charger  des  avances,  il  fut  obligé  de  faire 
cette  édition  à  fes  dépens. 

Quoique  Reiske  eut  employé  treize  années  à  l'étude  de  la  Langue  Arabe,  il 
ne  fit  pas  grand  ufage  des  Manufcrits  qu'il  avoit  copiés ,  ni  des  morceaux  qu'il 
avoit  écrits  fur  la  moonoie  des  Arabes  ,  fur  l'Hiftoire  du  Sacerdoce  chez  cette 
nation,  &c.  Littérateur  malheureux,  il  étoit  preique  réduit  à  la  plus  extrême  in- 
digence, lorfqu'on  le  nomma  au  Redorât  du.  Collège  de  Saint  Nicolas  à  Leipfic,. 
11  en  fut  pénétré  de  joie  &  de  reconnoiflance ,  &  il  fe  coniacra  tout  entier  aux 
foins  que  cet  emploi  dcmandoir.  Plus  à  fon  aife  du  côté  de  la  fortune,  il  con- 
tinua de  traduire  en  Allemand  les  roeilleurs  Orateurs,  Hiftoriens  ôi  Poètes  Grecs, 


.  R    E    M       R    E    N  51 

Ses  travaux    Furent  heureux,  &  il  eut  la  gloire  de  former  des  élevés  qui  l'hono-, 
rerent  lui    &  le  Collège  de  Saint    Nicolas. 

Il  étoit  îlo;é  de  48  ans,  lorfqu'il  époufa ,  en  1764,  Ernefllne  Maller ,  originaire 
de  Kemberg,  qui  n'en  avoit  que  25.  Inftruite  par  un  tel  Maître,  cette  femme 
apprit,  en  peu  de  tems,  le  Grec,  le  Latin  &  quelques  Langjes  vivantes;  elle 
fut  mêm;  d'un  grand  fecours  à  fon  mari  dans  les  diverfes  éditions  qu'il  entreprit, 
fur-tout ,  dans  celle  des  Orateurs  Grecs.  La  mort  rompit  ce  lien.  Reiskc  ,  dont 
les  travaux  avoient  épuifé  les  forces,  languit  pendant  quelque  tems;  il  fut  enfin 
faifi  d'un  rhume  violent  qui,  malgré  tous  les  fecours  de  l'Art,  termina  fes  jours 
le  14  Août  1774,  dans  la  s^'e.  année  de  fon  âge.  Ce  Savant  eft  un  exemple 
de  la  mifere  à  laquelle  la  palfion  mal  entendue  pour  les  Sciences  espofe  les 
hommes. 

REMMELIN.  Voyez   RAMELIN. 

RENAUDOT  C  Théophrafte  _)  naquit  à  Loudun  en  1584.  Il  étoit  à  Paris  en 
l6c6  ,  où  il  s'appliquoit  à  la  Chirurgie  ;  mais  comme  il  avoit  déjà  étudié  la 
Médecine  en  l'Univerfité  de  Montpellier  ,  il  retourna  dans  cette  ville  &  il  s'y 
fit  recevoir  au  Doclorat  dans  le  cours  de  la  même  année.  Il  dit ,  dans  un  de 
fes  FaSum  ,  qu'il  en  employa  enfuite  plufieurs  autres  à  voyager  ;  &  fuivant 
George  Matthias  ,  il  lé  mit  à  enieiguer  dans  fa  patrie  en  qualité  de  Maître 
d'Ecole.  L'une  &  l'autre  de  ces  aflcrtions  n'ont  rien  qui  implique  ;  car  il  n'efi: 
plus  guère  parlé  de  Renaudot  jufqu'en  i6ia  qu'il  revint  à  Paris  ,  où  il  obtint 
le  titre  de  Médecin  du  Roi  Louis  XIIÎ.  Si  on  l'en  croit  ,  ce  Prince  l'avoir 
fait  venir  dans  la  Capitale  pour  veiller  au  foulagement  des  pauvres  ,  &  en  con- 
fcquence  ,  il  lui  avoit  donné  une  charge  de  Médecin  de  fa  perfonne  ;  mais 
cette  prétendue  charge  n'étoit  qu'un  fimple  titre  ;  &  quoiqu'il  afiure  d'avoir  prêté 
ferment  entre  les  mains  à'Héroard ,  premier  Médecin  ,  d'avoir  même  été  gra- 
tifié de  huit  cens  livres  de  gages  ,  il  efl:  bien  apparent  qu'il  ne  jouit  jamais  de 
cet  appointement.  Quoiqu'il  en  foit  ,  il  fit  beaucoup  de  bruit  à  Paris  par 
fes  remèdes  chymiques  ,  fur-tout  par  ceux  nrés  de  l'Antimoine  ,  &  il  fut  le 
premier  qui  commença  à  faire  imprimer  ces  Nouvelles  publiques ,  fi  connues 
fous  le  nom  de  Galettes.  Le  Cardinal  de  Richelieu  ,  qui  honoroit  Renaudot  de 
fa  protedion  &  de  fa  confiince  ,  lui  en  fit  obtenir  le  privilège  de  Louis  XIII 
en  1631  ;  Louis  XIV  le  lui  confirma  ,  tant  pour  lui  que  pour  fes  héritiers. 
Ce  mot  de  Galette  vient  du  nom  Italien  Ga^etta  ,  petite  monnoie  en  ufage  à 
Venife  ,  avec  laquelle  on  payoit  la  lefture  des  Nouvelles  publiques  qui  fe  dif- 
trlbuoient  en  manulcrit.  Renaudot  crut  devoir  conferver  ce  nom  qu'il  donna  à 
fes    feuilles. 

Il  y  avoit  long-tems  qu'il  exerçoit  la  Médecine  à  Paris  fans  qu'on  l'iaquiétât, 
lorlque  pour  fe  donner  plus  de  réputation  ,  i!  s'aviia  d'établir  chez  lui  un  Bu- 
reau public  de  confultations  gratuites  pour  les  pauvres.  11  obtint  des  Lettres 
qui  rctabiilToient  Commiffaire  général  des  pauvres  valides  cs  invalides  d.ins  tout  le 
Royaume  ,  MuUn  S  Intendant  général  des   Sureaux   d'adrejje  ,   où  l'on  enrégiitrfut 


R   E    N 

lout  ce  que  les  uns  vôuloient  vendre  ,  &  tout  ce  que  les  autres  cfiercholcot 
heter  ;  on  prétend  même  qu'il  étendit  fa  commiffion  beaucoup  pius  loin  ■» 
le  fous  pr'itexte  de  foulager  la  miiere  ,  il  prôta  fur  gages  à  l'inftar  des 
iVi.in;  de- Pieté  d'Italie.  On  ne  manqua  pas  de  fe  récrier  contre  ce  trafic,  qui 
?Jt  jugé  ufuraire  &  ruineux  ;  mais  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  fe  récria 
davantage  ,  loifque  Renaudot  fe  crut  autorifé  ,  par  le  titre  de  Commijfalre  général 
des  pauvres  ,  à  lé  fervir  de  fa  Gazette  pour  publier  dans  tout  le  Royaume  & 
chez  l'étranger  ,  qu'il  tiendroit  dans  fa  maifon  des  Confultations  gratuites  en  fa- 
veur des  pauvres.  En  exécution  de  ce  deflcin  ,  il  s'affocia  quelques  Dofteurs  de 
Montpellier  &  d'autres  Univerfités  Provinciales  ,  &  s'acquit  bientôt  une  célébrité 
qui  fit  ombrage  aux  Médecins  de  Paris,  La  Faculté  ne  crut  pas  pouvoir  fe  taire 
fur  le  tort  que  cette  entreprife  faifoit  à  fes  privilèges  ;  elle  ne  vit  dans  les  pieux 
offices  de  Renaudot  qu'une  démonftration  feinte  qui  couvroit  d'autres  delfeins. 
C'eft  pourquoi  elle  attaqua,  en  1640,  ce  Médecin  étranger  en  juftice ,  pour  lui 
faire  détendre  de  tenir  de  pareilles  alfemblées  &  de  faire  dans  Paris  aucune  fonc- 
tion de  fon  Art.  Le  procès  dura  long-tems  ,•  car  l'aRaire  fut  portée  fucceffive- 
ment  devant  le  Prévôt  de  Paris  ,  les  Maîtres  des  Requêtes  de  PHôtel  &  au 
Parlement.  Renaudot  eut  d'ailleurs  la  malice  de  faire  traîner  ce  procès  ,  en  in* 
troduifant  un  Avocat  pour  la  Faculté  de  Montpellier  intervenante  ,  quoique  fuî- 
vant  ^jlruc  ,  elle  ne  s'en  foit  jamais  mêlée.  Mais  ces  détours  ne  lui  réuffi- 
rent  point.  Far  Arrêt  du  9  Décembre  1643  >  ^  <=^'"'  ^^  i  '^''^''^  ^^44  »  il 
fut  défendu  tant  à  lui  ,  qu'aux  DoiSteurs  unis  d'intérêt  avec  lui  ,  de  tenir  de 
pareilles  aflèmblées  ou  confultations  ,  &  de  faire  aucun  adte  de  Médecin  pra- 
tiquant ,  en  vertu  des  grades  obtenus  dans  des  Facultés  autres  que  celle  de 
Paris.  Renaudot  continua  cependant  de  le  faire  en  cachette,  en  même  teras  qu'il 
travailloit  à  fa  Gazette  ,  qui  étoit  fa  meilleure  reffource  :  ce  privilège  devoir  lui 
rapporter  beaucoup  ,  quoiqu'en  eût  dit  Gui  Patin  qui  alTure  qu'il  mourut  peu 
riche  _le  25  Octobre  1653  ,  à  l'âge  de  70  ans.  Il  n'a  rien  écrit  fur  la  Médecine  , 
mais  il  a  publié  quelques  petits  Ouvrages  Hiftoriques  fur  la  vie  de  Henri  de 
Kourbon  ,  Prince  de  Condé  ,  fur  celle  du  Maréchal  de  Gallion  ,  &  de  Michel 
IWazarin  ,  Cardinal  de  Sainte  Cécile  ,  frcre  du  Cardinal  premier  Miniftre.  On 
a  encore  de  lui  une  Réponfe  à  l'avis  du  Gazeticr  de  Cologne  ,  imprimée  à 
Paris  en    1648  ,  in-^. 

Ce  Médecin  eut  deux  iils,  Jfaac  &  Eufcbe,  qui  ,  après  la  perte  du  procès  de 
leur  père,  fe  préfenterent  à  la  Faculté  de  Paris  dans  Jes  Licences  de  1645.  Us 
obtinrent  le  bonnet ,  parce  que  la  Faculté  ne  favoit  qu'être  jufte  &  que  tous 
fes  Membres  n'avoient  pas  l'aigreur  de  Gui  Patin.  C'eft  ainfi  que  parle  ^Jîrue 
dans  fes  Mémoires;  mais  on  s'exprime  différemment  dans  les  Remarques  qui  éclair- 
ciflent  le  texte  du  Difcours  prononcé  par  M.  Haion  aux  Ecoles  de  Médecine" 
de  Paris,  le  16  Oflobre  1770.  11  y  eft  dit:  k  MM.  liaac  &  Eufebe  Renaudot, 
T,  fils  de  Théophrafte  ,  voulurent  entrer  dans  la  Faculté  ;  mais  ils  éprouvèrent  de 
»  la  réfiftance;  ils  coururent  cependant  la  Licence,  foutinrent  le?  Thefes  &  fu- 
w  birent  les  examens,  après  lefqucls  le  Parlement  ordonna  qu'ils  feroient  admis 
r,  au  Doaorat  ;  ce  no  fut  pas  faos    dilhculté.    M.  le    premier  Préfident  fMolé  ) 


R    E    N  53 

*  s'employa  en  leur  faveur  ;  &  ce  fut  à  cette  occafion  que  ce  premier  Magiftrat 
"  dit  agréablement  à  notre  Doyen  ;  Eft-il  jufte  que  les  arrêts  de  la  Cour  cèdent  aux 
n  Décrets  de  la  Faculté?  lis  furent  reçus  Dodteurs  ;  mais  ils  furent  obligés  de  déia- 
n  vouer  la  conduite  de  leur  père  ,  de  renoncer  au  Bureau  d'adreflè ,  &  de  fe 
»  conduire  en  Médecins  de  la  Faculté.  »  /faac  prit  le  bonnet  fur  la  fin  de 
Î647  ,  &  mourut  en  1680.  Eufebe  ,  Docteur  au  commencement  de  l'année  1648, 
eut  de  la  réputation  &  fut  beaucoup  employé  dans  la  pratique.  Il  devint  premier 
Médecin  de  Madame  Marie-Anne-Chriltine-Vicloire  de  Bavière  ,  femme  du  Dau« 
pliin    Louis,  fils    de  Louis  XIV,  &  mourut   en    1679,    après  avoir    publié  : 

Spiclle^ium ,   jive,    Hljîoria  Midica    mirabilis   fplca   graminece    extra&es  è  latere  tegri 
pleuritici ,  qui  eam   antè    menfes  duos   iacaUiè    voraverat.   Purljlis ,    1647,  in-8. 

Pièces  fur  le  procès  entre  la  Faculté  di  Paris  &  Théophrafte  Renaudot.  Trois  vo- 
lumes w-4. 

L'Antimoine  juflifié  S  l'yîntimolne  triomphant,  Paris,  1653,  In-^. 
.  11  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  fon  fils  Eufebe.  Celui-ci ,  connu 
fous  le  nom  de  l'Abbé  Renaudot,,  fut  Membre  de  l'Académie  Francoife,  de  celle 
des  Infcriptions,  de  celle  de  la  Crufca  ,,  &  l'un  des  plus  habiles  hommes  de  fon 
ijecle  dans  l'Hiftoire  &  les  Langues  Orientales.  Ses  Ouvrages  lui  ont  acquis  de 
la  réputation ,  &  il  en  jouiflbit  encore  à  fa  mort  arrivée  à  Paris  le  i  Septembre 
1720,  à  l'âge  de  74  ans. 

RENEAULME,  (Vml  )  Médecin  de  Blois  dans  le  XVII  fiecle  ,  a  donné 
pluifeurs    Ouvrages  au  public.  Tels  font  : 

Ex  curatlonibus  Obfervationes,  qui  videre  ejl  morbos  tuto,  cita  &  jucundè  pojji  dz- 
bellarî  ,  Jî  pracipuè  Cahnlcis  prtsceptis  Chymica  remédia  ventant  fubfidld.  ParlfliSy 
l6o5,  in-8. 

Spécimen.   Hijîorite  plantarum ,    cum  figurls  antls.   Ibidem  ,    161 1  ,    /n-4. 

La  vertu  de  la  Fontaine  de  Médicis  .,  près  de  Satnt'Denys-lcs-Blols.  Blois,  1618,  //i-8.' 

Lorfque  le  premier  Ouvrage  parut,  les  remèdes  chymiques  caufoient  beaucoup 
de  fermentation  entre  les  Médecins.  Ceux  de  Paris  trouvèrent  mauvais  que 
Reneauln.e  sh  oie  prouver,  par  201  Obfervations ,  que  ces  remèdes  font  quelque- 
fois d'un  grand  fecour»;  ils  lui  firent  un  procès,  &  finirent  par  l'obliger  de  ve- 
nir déclarer,  par  devant  eux,  qu'il  n'employeroit  plus  à  l'avenir  les  médicamens 
qui  lui  avoient  réufii  dans  fa  pratique.  La  proteftation  du  IMcdecin  de  Blois  efl: 
conçue  en  ces  termes  :  Ego  Paulus  Reneaulme  profiteor  apud  Decanum  è?  Doares 
Parifienfis  Scholte ,  nunquani  ufurum  remediis  feriptis  in  Libro  Obfrvaiionum  mearunt 
typis  edltà ,  fed  fa&urum  Medlcînam  fecundàm  Hippocratis  &  Galeni  décréta  fi?  formulas 
à  Scholee  Parijîenjîs  Medicisprobatas  &  ufurpatas.  Datum  L'Jtetits.,   die  23  Februjrii  1607. 

Michel-Louis  Reneaulme  de  la  Garanne  étoit  de  Blois  &  probablement  de  la  fa- 
mille du  précédent.  11  entra,  en  1699,  dans  l'Académie  des  Sciences  de  Paris, 
en  qualité  de  Botanifte ,  &  fut  reçu  Docteur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  la 
même  ville  en  ifco.  Comme  il  fut  chargé  d'enfeigner  la  Chirurgie  en  Langue 
Latine  &  Françoile  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté,  il  y  prononça  un  Difcours, 
le  8  Janvier  1720,  dont  on  a  une  édition  de  Paris,  1726,  //i- 12,  qui  eft  intitulée: 


R    E    N       R    E    S 

jDifcoun  pour  Vouvmurc  de  l'Ecole  de  Chirurgie,  avec  une  Thefe  -paraphrafie^  fotA 
ce  litre  ^  Effal  d'un  Traité  des  Hernies.  La  Thele  qui  a  donné  occafion  à  cet  eflai , 
ftit  foutenue,  en  1721,  par  Antoine  Cafamajor ,  Bachelier  de  la  Faculté,  fous  la 
Prélidence  de  Reneaulme.  On  y  pofoit  en  queftion:  An  alvi  laxitas  in  hcrniojîs 
ikum  pr£cavct  ?  Affirmative.  Ce  Médecin  eft  Auteur  de  plufieurs  Mémoires  fur  la 
Botanique,  qu'on  trouve  parmi  ceux  que  l'Académie  a  publiés  depuis  1699 
jufqu'en    1720. 

RENOU ,  (  Jean  DE  )  dit  Renod^us ,  étoit  de  Coutance  en  Normandie.  Il 
étudia  la  Médecine  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Paris ,  où  il  prit  le  bonnet  de 
Dod^eur;  mais  M.  Baron,  qui  met  fa  Paftillaire  au  10  Novembre  1598,  ne  dit 
rien  du  jour  de  fon  Doftorat.  De  Renou  s'appliqua  beaucoup  à  la  Matière  Mé- 
dicale ,  il  y  excella  même  ,  li  l'on  en  croit  Louis  de  Serres  qui  le  met  ,  à  cet 
é»ard ,  au  deflus  de  Fernel  &  de  Sylvius ,  dans  la  Tradudion  Françoife  qu'il  a 
donnée  de  fes  Œuvres  &  qui  a  paru  à  Lyon  en  1626  &  en  1637  »  in-fdlo.  On 
a  cependant  acculé  notre  Auteur  de  plagiat,  &  on  a  dit  qu'il  avoit  copié  en 
partie  l'Antidotaire  de  Bauderon.  Quoiqu'il  en  foit  de  ce  reproche  qu'il  n'a  pas  man- 
qué de  repoulTer,  on  doit  avouer  que  fon  plus  grand  mérite  confifte  à  avoir 
entafië  remèdes  fur  remèdes  dans  fa  Coîieétion.  Cela  pouvoir  pafTer  dans  un 
fiecle  tout  polypharmaque  ;  mais  ce  mérite  n'en  eft  plus  un  aujourd'hui ,  que  les 
Praiiciens  ont  réulli  à  débarrafler  la  Matière  Médicale  d'une  foule  de  médicamens 
inutiles.  On  ne  peut  qu'applaudir  à  la  réforme  qu'ils  ont  entreprife;  elle  feroit 
plus  complette  ,  fi  on  la  poufibit  jufqu'à  profcrire  tant  de  compolitions  également 
difpendieules  &  bizarres  ,  pour  réduire  les  drogues  au  petit  nombre  nécelTaire  de 
celles  dont  l'expérience  a  prouvé  l'efficacité.  Revenons  maintenant  aux  éditions 
Latine's  du  Difpenfaire   de   Jean  de    Rcnou: 

Difpcnfdtorlain  Gahmco-Chymicum  ,  continens  InjVuutionum  Pharmaceuticarum  Libros 
y  tie  Materia  Medlcâ  Libros  III ,  &  Antidotarium  varium  &  abfolutljjîmum.  Pa- 
rifiis  ,  1608,  1623,  w-4.  Francofurti,  1609,  /n-8  ,  1615,  4/1-4.  Hanovi<s ,  163 1  , 
i/i-4.    GmvcS  ,  1645,  in-4-  Ea    Anglois,   1657,  in-folio. 

RESTAURAND,  CRaymond  J  natif  du  Pont-Saint-Efprit  en  Languedoc, 
prit  le  bonnet  de  Doreur %n  Médecine  à  Montpellier,  &  fe  Ht  connoître, 
après  le  milieu  du  XVII  Uecle ,  par  difFérens  Ouvrages  de  fa    façon  ,   qui    font 

intitulés  : 

Monarchia  Microcofmi.    1657,  in-^. 

Figdus  ,  Exercitatia    Medica   de  principih  fœtus.  Araufione ,    1657 ,  inS. 

Hippocrates  de  natara  laclis  ejuCque  ufi  In  curationibus  morborum.  Ibidem ,  1667 ,  m  8. 
Ce  Médecin,  grand  partifan  d' Uippocrate ,  voyoit  cet  Auteur  par- tout ,  même 
dans  les  chofcs  qui  ont  été  inconnues  aux  Grecs;  telle  eft,  par  exemple,  la  cir- 
culation du    hr.g.  r.  ■        j      1      r       ■     1 

Hippocrate    de  Vufa^z  du  boire  à  U  glace  pour   la  confervatto,i  de    la  Junte.    Lyon , 

Hippocratë  de  l'ufage  du  Kinklna  pour  la  guérifnn  des  ficvrcs.  Lyon  ,  1681 ,  //i-Iî. 
Ea  Italien ,  de  la  Traduaion  de   Charles  Richani.  Parme ,  1695 ,  J/i-8. 


R    E    s       R    E    U       R    E    Y  53 

ITtppocraus  de  înuftlonibus  Jïve  fonticuUs.  Opus  Hiftorîh  Medlch  refertum.  Lugdani, 
ï58i,  «'12,  Il  y  démontre  l'utilité  des  cautères,  &  ne  néglige  rien  pour  en  rap- 
peller  l'ufage  prefque  oublié  de  Ton   tem?. 

Magnus  Hippocrates  Cous  redivlvas.  Ibidem^  1681 ,  in-11.  C'eft  le  premier  Tome 
d'un  Ouvrage  qu'il  méditoit  ;  mais  il  en  eft  demeuré-là.  Ce  volume  comprend 
la  PhyGologie  ,  qui  eft  la  partie  de  la  Médecine,  dont  Hippocrate  s'occupa  le  moins. 

RESTIFA,  C  Paul  )  Dofleur  en  Médecine,  naquit  en  vSicile ,  &  fit  fa  pro- 
feflion  dans  une  petite  ville  de  ce  Royaume  vers  l'an  1583.  Coinme  il  étoit 
ftudieux  ,  &  qu'il  aimoit  à  approfondir  les  difficultés  que  la  variété  de  fentimens 
répand  toujours  fur  la  pratique  pendant  le  règne  des  maladies  populaires ,  il 
écrivit  deux  Lettres    fous   ce  titre  : 

Eplftol£  Medicts  ad  Francifcum  BlJJum ,  Regni  Sicilie  Proto-Medlcum ,  &  Paulum 
Crinoum  ^  de.  Eryjipelate  in  Slc'dia  vigente.  Mejfana  ,  1589  ^  «1-4.  On  y  a  joint  la 
Réponfe  de  Bijjus  ^  la  Cenfure  de  Crinous,  &  la  défenfe  de  Gérard  Columba  fur 
le  traitement    de  cette    maladie. 

REUSNER  f  Elie  )  naquit  en  155g  à  Lemberg  en  Siléfîs.  Il  étudia  la  Mé- 
decine à  Jene ,  où  il  fut  promu  au  degré  de  Licence.  Mais  il  ne  paroît  pas 
qu'il  ait  cherché  à  le  pouller  dans  cette  Science  ;  car  il  s'occupa  beaucoup  de 
la  Poéfie  &  de  l'Hiftoire  ,  il  les  enfeigna  même  publiquement  dans  les  Ecoles  de 
Jene  jui'qu'à  fa  mort  arrivée  le  3  Septembre  i6ia.  Les  Ouvrages  de  Reufner 
roulent  prefque  tous  fur  l'Hiftoire.  Tels  font:  Jfagoge  Hijhrlca.  Ephemeris,  feu  ^ 
Diarium  Hijioricum.  Hortulus  Hifiorico-PoUiicus.  Geaealogia  Imperatorum ,  Ducum , 
Regum  ,    &c. 

11  y  a  plufieurs  Médecins  ,  du  même  nom  ,  qui  font  nés  en  Siléfie  ,  ou  qui 
ont  fait  leur  profeflion  dans  cette  Province.  Barthélcmi  Reufner,  natif  de  Lem- 
berg,  fut  Médecin  à  Zittaw  dans  la  haute  Lu  face  ,  où  il  mourut  en  1592.  On  a  de 
lui  une  réfutation  des  blafphêmes  &  menfonges  de  Faracelfe  ,  imprimée  en  1550 , 
à  Gorlitz  :  elle    eft   en  Allemand.  Liber  primus  de  Febribus.   P^ratiflavits ,   1561  ,  inS. 

Jérôme  Reufner  a  donné  au  public  :  Jodoci  Tf^illichii  urinarumprobation.es,  Bafllets, 
1582,  m-8.  .Amflelodami ,  1688,  in-8.  Ces  deux  éditions  font  enrichies  de  notes 
de  fa  façon.  Diexodicarum  Exercitadonum  Liber  de  Scorbuto.  Francofurti  ,  1600 , 
1610  ,  /rt-8.  Les  Obfervations  &  expériences  médicinales  de  cet  Auteur  ont  été 
inférées  dans   les    Ouvrages   de   George-Jérôme   T^dfchlus  fur  pareilles  matières. 

ChrijUan  Gottlieb  Reufner,  Médecin  du  Comte  de  Schafgotfch  &  de  la  ville  de 
Javer  ,  a  communiqué  à  l'Académie  Impériale  d'Allemagne  un  gr<iDd  nombre 
d'Obfervations   intérelTantes  ,  dont   elle    a    chargé  fes   Mémoires. 

REY  ,  f  Guillaume  J  Médecin,  Membre  de  l'Académie  de  Lyon  ,  étoit  de 
cette  ville  ,  où  il  naquit  en  1687,  Sa  Diflertation  De  caufis  dellril  ,  imprimée  à 
Montpellier  en  1714,  in-11,  paroît  être  celle  qu'il  foutint  ,  loriqu'il  y  fut  promue 
au   Doctorat.    Il  mourut   le    10   Février  1756  ,   &  laiflk    au    public  : 

Dijjertaiion  fur  un   Nègre   blunc.   Lyoïi  ,  17.^4.,  wî--3. 


«6  R    E    Y       R    H   A 

REYES  ,  (  Gnrpar  DEJ>  d'Evora  en  Portugal,  prit  le  bottflet  de  Docleuf 
ea  Médecine  à  Salamanque  ,  &  lit  la  profedjon  à  Carmone  dans  l'Andaloufia 
vers  le  milieu  du  XVII  ficcIe.  On  a  de  lui  un  Ouvrage  intitulé  : 
^Elyjius  jucundarum  quiejîionam  campus  ,  Phllofophicarum  ,  Tkeologicarunt ,  Philologi' 
carum  ,  6?  maxime  Medlcarum.  BruxeUis  ,  1661  ,  ia-fol,  Francofurti  ,  i6j^0  ,  £«-4. 
L'Auteur  y  traite  de  l'origine  de  la  Médecine  ;  il  fait  voir  tout  ce  qw'Iiippo- 
crate  a  fait  pour  le  bien  de  l'humanité  ;  il  prouve  que  c'ed  caloronieufe- 
ment  qu'on  a  dit  que  les  Médecins  avoient  été  chaiiës  de  l'ancienne  Rome  ; 
il  s'étend  fur  les  ulages  reçus  dans  la  pratique  &  fur  les  devoirs  de  ceux  qui 
l'exercent.  Dans  tous  les  fiecles  ,  on  a  cherché  à  dégrnder  l'Art  de  guérir  par 
les  traits  qu'on  a  lancés  contre  lui  ;Ar  dans  tous  les  (iecles  ,  on  a  vu  des  hommea 
fi  fortement  attachés  à  cet  Art  ,  qu'Us  fe  font  fait  un  devoir  de  ne  rien  né- 
gliger pour  en  foutenir  l'honneur.  De  Reyes  eut  les  meilleures  intendons  à  cet 
égard  ,  mais  il  les  a  déparées  par  la  crédulité  avec  laquelle  il  a  adopté  les 
opinions  les  plus  finguljeres.  Selon  lui  ,  la  plupart  des  maladies  font  produites 
par  le  démon  ,  &  la  première  intention  qu'un  Médecin  doit  avoir  ,  c'eft  de 
chafier  ctt  efprit  infernal  par  de  longues  prières.  La  piété  folide  s'adrefie  à 
Dieu  ,  Auteur  de  tout  bien  ,  54  demande  foîi  fecours  dans  les  maladies ,  même 
par  l'interceflion  des  Saints  ;  mais  accufer  le  démon  comme  caufe  de  la  plupart 
de  nos  maux  ,  c'eft  ouvrir  la  porte  au  fanatilme  &  à  la  fuperftition  ;  c'eft  cher- 
cher du  furnaturel  dans  les  choies  qui  dépendent  du  méchanifme  de  nos  corps» 
&   de  l'action  des   agens   phyfiques  qui   font   capables  de  le   troubler. 

Il  ne  faut  point  confondre  le  Médecin  ,  dont  je  viens  de  parler  ,  avec  Em- 
manuel dos  Reyes  Tavares ,  Portugais  ,  qui  enfeigna  d'abord  la  Théologie  à  Lif- 
bonne  ,  &  cnfuite  la  Médecine.  Il  publia  vers  le  milieu  du  XVII  fiecle  ,  de* 
Controverfes  Philofophiques  &  Médicinales  fur  la  doélrine  des  Fièvres,  pour  dé- 
fendre les  fentimcns  de  Thomas- Roderlque  ds  Feig,a  comre.  Benoit  f^afquei  Mato- 
tnoros ,  Profeffeur  d'Alcala  de  Hénarez  ,  qui  avoit  fait  paroître  un  Ouvrage  fur 
les  Fièvres  ,   environ  l'an    1632. 

RHASÈS  ou  RASIS,  qu'on  a  encore  appelle  uilbuhecar  Mahamed ,  ou  comme 
d'autres  écrivent  par  corruption  ,  Abubeter  ,  Albubeter  &  jibubater ,  étoit  fils  de 
Zacharias  ,  fils  d'Aralù  ou  A^Etrafîs.  Léon  l'Africain  ,  qui  le  nomme-  uibubachar 
&  Rafi  ,  nous  apprend  que  fon  père  étoit  un  marchand  de  la  ville  de  Ray 
en  Perfe  ;  il  ajoute  que  le  fils  étudia  la  Philolbphie  &  la  Médecine  à  liagdad  • 
que  delà  il  paffa  au  Caire  &  du  Caire  à  Cordoue  ,  où  il  avoit  été  attiré  par 
les    folHcitations   d'Almanfor  ,   homme   puifiant ,  riche  &   favanf. 

La  ville  de  Ray  avoit  une  Académie  déjà  célèbre  avant  la  naiflànce  de  Rhasês, 
qu'on  fixe  environ  l'an  246  de  l'Uégire  ,  c'elt-à  dire  ,  *o6o  de  falut.  On  en-  , 
leignoit  la  Philolbphie,  la  Médecine  &  les  Beaux-Arts  dans  cette  Ecole;  mais 
il  ne  paroît  pas  que  Rhasès  ait  d'abord  prit  du  goût  pour  les  Sciences ,  car 
il  fe  livra  prcfque  entièrement  à  la  Mufique,  dont  les  charmes  eurent  toujours 
beaucoup  d'afcendant  fur  l'efprit  des  Perfe?.  Il  touchoit  à  fa  vingtième  année  , 
lorfqu'il  fe  mit  à  étudier  la  Philolbphie  &  la  Médecine  ,  &  qu'il  en  prit  la 
^itemiere   teinture   Tous    un  cenaiil  Tabri  ,  qui  vivoit  à  Ray   vers  l'ao  880  de 

l'ère 


5? 

l'Ere   Chrétienne  ,   &  il  avoit  au  moins  trente  ans  ,  lorfqu'il  fe   rendit    h    Bagdad 
pour  fe   perfedionner   dans  l'une  •&   dans   l'autre.  I!  y    fit  de    fi  grands    progrès , 
qu'il  parvint  bientôt   à    fe   faire   coniidérer  des    perfonnes    les    plus    diRinguées    de 
cette    ville;  il   fat   même    pn51eré    à  tout   ce    qu'il     y   avoit    alors    de    Médecins  » 
pour   la   direftion    de   fon  grand   Hôpital.   Il   eut   enfuite    le  même  emploi    à  Jon- 
difabur  ,    &  fut   encore    long-tcms  à  la  fête  de   l'Hôpital  de  Ray  ,  fa  patrie.   Au 
moyen  de    ces  .places  ,    il  ne  manqua   pas  d'occafions  d'étudier  les  démarches   de 
la   Nature  ,•  il   connoifToit    trop  l'iraportnnce   de   l'obfervation  pour    ne    point    s'y 
attacher  ,  &    fon   goût   pour    cette    partie    elî'entielle  de  l'Art    lui   mérita  le    fur- 
nom  à'Uxperlmentatnr.     Infatigable  à  l'étude,  il  ne  cefibit  ou   de  lire   ou    d'écrire; 
&   comme  il  fit  l'un  &  l'autre  avec  plus  de   fruit  que  les    contemporains  ,    parce 
qu'il  s'attacha  aux  Ouvrages   à' Hippocrate  ,    de  Galien  ,  d^Oribafe  ,  A'AUtius   &    de 
Paul  ,    il  fut    encore    appelle  le    Galien    des  Arabes.   Mais    ce   ne  fut  point   feu- 
lement  par  fes   nombreux    Ecrits    qu'il    refiembla    au    Médecin   de    Pergame  ,    il 
Pimita  auffi  par    les   longs    &   pénibles  voyages   qu'il  entreprit    à  fon  exemple. 

^bi  Osbaia  compte  aa6  Livres  écrits  par  Rhaiès.  Ce  qui  nous  refle  de  lui 
confifle  en  un  Ouvrage  qu'il  intitula  Elhavi ,  ou  iuivant  d'autres  ,  Hclchavi  , 
Elcliavi  ,  Elkavi ,  en  Latin  Libri  continentes;  en  dix  Livres  dédiés  à  Almanibr  ; 
en  lix  Livres  d'Aphorifmes  ,  &  en  quelques  autres  Traités  qui  ont  paru  fé- 
parément  ,  ou  qui  ont  été  inférés  dans  les  différentes  éditions  qu'on  a  don- 
nées. Le  favoir  de  ce  Médecin  s'étendoit  au  delà  de  la  pratique  de  Ion  Art. 
Il  avoit  une  grande  connoiffance  de  l'Allronomie  &  de  l'Alchyraie  ;  on  pré- 
tend même  qu'il  eft  le  premier  qui  ait  fait  mention  des  procédés  chymiques. 
L'Huile  de  briques  &  le  Sublimé  corrofif,  dont  il  parle  dans  fes  Ouvrages  , 
lui  auront  lans  doute  mérité  afiez  de  réputation  ,  pour  le  faire  regarder  comme 
inventeur  ;  mais  Icng-tems  avant  lui  on  i'avoit  traiter  les  médicamens  par  le  feu  , 
puifque  du  tems  de  Diofcoride ,  qui  vécut  dans  le  premier  Oecle  de  falut,  on 
tiroit  le  Mercure  ou  le  vif  argent  du  Cinnabre  par  lublimation.  Cette  remar- 
que ne  doit  point  empêcher  de  confidérer  Rhasès  par  tout  ce  qu'il  vaut  d'ail- 
leurs ;  car  il  eft  avoué  de  tout  le  monde  que  c'eft  à  jufte  titre  qu'il  pafle 
pour  le  chef  des  Médecins  Arabes  ,  &  que  c'eft  d'après  lui  ,  fans  en  ei;- 
cepter  uivicenne  ,  que  les  Ecrivains  de  cette  nation  ont  coinpofé  leurs  Ou- 
vrages. 

Rhasès  parvint  à  un  grand  fige.  Il  avoit  atteint  celui  de  80  ans  lorfqu'il 
perdit  la  vue  ,  mais  il  mourut  peu  de  tcms  après.  S'il  efi:  vrai  qu'il  foit 
né  en  860  ,  il  vécut  au  delà  de  l'an  940  ;  conféquemment  il  pouffa  la  vie 
pl-us  loin  qu'en  932  ,  qui  eft  le  terme  fixé  par  le  Dcifteur  Frdnd.  Je  ne  m'ar- 
rêterai point  à  ce  que  difent  René  Mireau  &  JFolfgans:  Juftus  ;  l'un  &  l'au- 
tre fe  trompent.  Car  ,  quelle  apparence  que  Rhasès  déjà  vieux  lorfqu'il  de- 
vint Médecin  de  Moktader  Billah  ,  &  qui  étoit  encore  à  fon  fervice  ,  lorf- 
que  ce  Calife  fut  tué  l'an  523  de  l'Hégire  ,  c'eft -à -dire  ,  de  falut  934  ,  ne 
foit  mort  qu'en  966  ,  comme  le  dit  Moreati ,  ou  en  1070  ,  peut-être  en  10S5  ,  comme 
le  veut  [ujlus? 

Comme  notre  Auteur   a   écrit  tous  fes   Ouvrages  en  Arabe  ,    nous  n'en   avonî 
7'  0  M  E    J  y.  Il 


5»  R    H    A 

que    des  verfions  qui  font  de  plufieurs  mains.    Voici  la   notice  des  éditions  qu*eR 
donnent  les  liibliographes: 

Continens  Rhafîs  ordinatus  &  corre&us  per  Clarljfimum  ^rtium  &  MedicintE  Do^iO' 
rem ,  Magijlrum  Hieronjmum  Surianum ,  nunc  in  Camaldulenfi  Ordine  Deo  diaitum,. 
BrixitE  ,  i486,  deux  volumes  in-folio.  Fenetils  ,  1509,  deux  volumes  in-folio.  Ce 
Traité  comprend  non  leulement  ce  qui  concerne  la  pratique  de  la  Médecine  , 
mais  encore    ce  qui  a   rapport  à    celle  de   la  Chirurgie. 

Liber  de  fecretis  ^  qui  ^phorifmorum  appellatur.  Bononite  ,  1489,  m-4.  Bafilea , 
1560  ,   i/i-8. 

Opéra  parva  ,  quibus  additus  efl  Conftantini  Monachi  F^iaticus.  Lugduni,  1510, 
În-S. 

.^d  .^Imanfurem  Llbri  decem.  yenetils  ,  1510  ,  in-folio.  Les  deux  premiers  Li- 
vres traitent  de  la  Phyfiologie  ,  le  leptieme  de  la  Chirurgie  ,  &  les  autres  de  la 
pratique  de  la  Médecine  ;  mais  dans  le  neuvième,  l'Auteur  fait  l'énumération 
de  toutes  les  maladies. 

De  ratione  ciirandi  peftilentlam  ex  verjione  GeorgU  f^allip.  Parijîls  ,    1528  ,  Jn-4.  Geor- 
ge f^alla.   Médecin   de   Plaifance ,  a  publié   fa   Tradu^ion  en  1498  ,   fous    ce  ti- 
tre :    Rhaia  ,    cognomentô    Experimentatoris  ,   de     Feftilentia    Liber.    Le    même    Ou- 
vrage  ,  avec  les  deux  Livres  De  vicias  ratione  de  Pfellus ,  elï  intitulé:  De  peftlkntia 
Libellas  ex   Grceco  in  Latinum    verfus.  Bafilets,  1529,  Jn-8.  -i4rgeniina ,   1549,  in-8  , 
ex   f^erfione   Guntherii  uindernaci  ,    à  la  fuite  des  Ouvrages  d'Alexandre  de  Tralles. 
F^enetiis,  1555  ,  1586 ,  w-8,  ex  Ferjione  Nicolai  MacchelU  Mutinenfis.    En    François, 
par  Sébaftien  Clin.  Poitiers  ,    1556,  Robert    Etienne  a  donné  une  édition    fous    ce 
titre:  De pijîilenda  Libellas  ex  Syrorum  Linguâ  in  Gracam  tranjlatus.,  cum  Jacobi    Gou- 
pyli  in  eundem  cajîigationibas.  Lutedts,  1548,  m-/o//o,  avec  les  douze  Livres  d'Alexan- 
dre de  Tralles.   Comme  l'édition  du  célèbre  Imprimeur  Etienne  ne  préfente  qu'une 
Traduction  Grecque  ,  faite  d'après  une  autre  de  l'Arabe  en  Syriaque  ,    le  Doéteiir 
Aléad  trouve  que    le   Traité  de  Rhasès    y   a    d'autant   plus   perdu  de   fon  mérite  , 
que  l'Editeur   a    retranché  bien  des  choies   de  fon  chef,  &  qu'il   en  a  ajouté  plu- 
fieurs qui  ne  fe  trouvent    point  dans  l'Original. 

De  viribus  ciborum  &  medicinarum  flmpUcium.  Argentoratî ,  I531  ,  in-folio.  C'eft  le 
troifieme  des  Livres  adrelTés  à  Aimanfor. 

Opéra  exqaijhlora  quibus  nihîl  utilius  ad  aclus  praSUcos  extat.  Bajllee ,  1544  ,  in-fullo. 
C'eft  une  Verfion  compilée  d'après  celles  que  Gérard  Toletanus  ,  André  F'éfale  & 
Albanus    Torinus   ont    données    de    différens    morceaux   réunis   dans   ce  Recueil. 

Parmi  les  l'raduftions  du  Traité  De  Pejtilentia  ,  c'eft-à-dire  ,  de  la  petite  vérole, 
celle  du  Dodleur  Méad  n'e{\  point  une  des  moindres ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas 
aufli  réuflle  que  ce  Médecin  l'auroit  voulu.  Il  écrivit,  en  1745,  à  Bocrhaave.,  pour 
lui  demander  fi  dans  la  Bibliothèque  de  Leyde,  riche  en  Manufcrits  Arabes,  il 
n'y  auroit  pas  dans  cette  Langue  quelque  Traité  particulier  de  Rhasès  fur  la 
petite  vérole  ,  qu'on  pût  traduire.  Bocrhaave  lui  envoya  ce  qu'il  demandoit.  Mal- 
heureufement  le  Manufcrit  étoit  rempli  de  fautes ,  &  il  y  manquoit  bien  des 
mots.  C'eft  pourquoi  Méad  fe  fit  aider  dans  cette  Traduction  par  Salomon  Negri  ^ 
Syrien ,  natif  de  Damas ,  qui  connoilfoit  les  Langues  Orientales  ;  par  /.  Gagnier , 


R    H    A  55 

Profeneur  de  Langue  Arabe  ùOxforJ,  &  par  Thomas  Hant  qui  enfeignoit  la  même 
Langue,   ainii  que  l'Hébraïque,    dans  les  Ecoles  de    l'Univerfité   de  cette    ville- 
C'eft   avec  ces     fccours    &  ceux   de    fes    lumières   qui    luppléerent   aux    vices    du 
Manufcrit,  que  Miad   parvint  à  publier,    en  1747,   un    Traité    de    la   petite  vé- 
role   de   Rhasês  en  Latin  ,   qu'on  trouve  dans   le    Recueil  des  Ouvrages   du  Mé- 
decin Anglois,à  la  fuite  de  celui  qu'il  a  écrit  fur  cette  maladie.  Jufqu'alors  c'étoit 
la   Traduction   la  moins  infidèle,  &  Méad  avoue    qu'il   en   auroit  donné  une  meil- 
leure, s'il   eijc  été  mieux   fervi.    Les  regrets    d'un    homme    qui  ju2:e   fon   Ouvrage 
avec  tant  de  modeflie,  ne   Hrent  qu'augmenter  ceux  des  autres  Médecins,  On  Ht 
de  nouveaux  eftbrts  pour  déterrer  un   Manuicrit  plus  correft ,  &  enfin   un  Savant 
de  Londres,  Jean  Channing  ,  fous  les  aufpices   de  Charles    2orkc  qui  lui  en  a  pro- 
curé un    de   la    Bibliothèque   de   Leyde  ,  a  publié,  en   1766,  une  fuperbe  édition 
de  ce  Traité  fi  defiré,  en  Arabe  &  en  Latin.  L'Editeur  a  fuivi    une    copie    iidele 
d'un  Manuicrit  que  H.  Schuhens^   Profcfleur  de    TUniverfité  de  Leyde,  avoit  fait 
faire  fous  fes  yeux.  Cette  copie  rétablit  l'honneur  du  Médecin  Arabe  ;  c'cft  Rhasès 
pur  &  vengé  des  injures  du  tems  ,  &  du  tort  que   lui  avoient  fait  les  Tradufleurf. 
Ainfi  parle    M.   Poulet,   Médecin  des  Facultés   de  Montpellier  &  de  Paris,  dans 
le   fécond   Tome  de   fon    Hiftoire  de  3a  petite   vérole  ,   qu'il   finit  par   un  Abrégé 
de   la  vie  de   Rhasês,   &  la  Tradudion  FrançoiCe  du  Traité    que  Channing  a  fait 
imprimer  à  Londres  en  176G. 

Le  Continens  de  Rhasès  eft  principalement  tiré  à'^tius  &  de  Paul  ;  TAuteur 
le  donne  comme  un  Corps  entier  de  Médecine,  aufli  complet  que  celui  (ïHippo- 
crate  qu'il  a  encore  fuivi,  mais  il  y  manque  de  l'ordre.  Rhasès  avoit  cependant 
beaucoup  d'intelligence ,  &  par  rapport  à  ion  fiecle  il  étoit  Savant ,  ainh  qu  il 
paroît  de  fou  Traité  de  la  petite  vérole,  maladie  qui  fe  montra-en  Egypte  en 
634.  On  eftime  encore  le  Livre  de  ce  Médecin  fur  les  maladies  des  enfims,  & 
c'ell:  peut-être  le  premier  Ouvrage  qui  traite  expreffément  de  cette  matière.  On 
fait  aufli  cas  de  fes  remarques  fur  les  bons  Médecins  &  les  Charlatans  :  mais  en 
louant  cet  Ecrivain,  on  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  un  défaut  qui  lui  elt 
commun  avec  tous  les  Arabes;  c'eft  qu'il  eft  fort  court  dans  les  def:nplions  des 
maladies  ,   &  d'une  prolixité    étonnante   dans  l'énumération  des     remèdes. 

Aucun  des  Ouvrages  de  Rhasès  n'eut  plus  de  vogue  que  le  neuvième  des  Livre» 
dédiés    à  Almanfor  ;  ce    Livre   fut    même  long-tems  celui  fur   lequel   rouloient  les 
Leçons  dans  les  Univerfités.    On  voit  par  la  viiite  de  celle  de  Louvain ,   publiée 
le   ç  Septembre  1617,    par  ordre  des  Archiducs   Albert  &  li^^eUe .  q"f/^.  ^'^J^ 
étoit  expreffément  recommandé    aux  Profeflèurs  de   la  Faculté    de  Médecme   oe 
cette  Académie.  Il  eft  dit,  article  CXVI  de  cette  vifite  :  Ténia  ( LtcHo  )   f^'' f.^^^ 
tica,  &  docebit  morbos  à    capite  ad  pedes ,  fecundàm  ordinem   queniRhafes  habet  Z.t^_^ 
mnù   ai  Halmanforem ,  preterea  de  febribus  &  morbis  cont  agio  fis.  Tout    ce  qui  e 
d'ailleurs  dans  ce  Règlement  fur  la  matière  des  Leçons  publiques ,  °'^°°°f" ,?°  ^ 
que  les  Médecins  Grecs  aient  été  en  grande  eftime  à  Louvain  au  tems  de 
nation  du  Décret  des   Archiducs;    car  à  l'exception  des    Aphonimes  d  Hippocra 
&  de  l'^rs  parva  de    Galien  ,  on  ne    parle    point    de  ces    Livres   admirables  qu 
nous  devons  aux  Maîtres  de  l'Ecole  Grecque,  fi  préférables  en  tout   aux  Auteurs 
Arabes ,  qui  n'ont  été  que  leurs  copifte». 


6c  R    n    A 

Mais  cet  enfeijîncment  étoit  celui  de  prefque  toutes  les  Univerfitési  il  y  regHoft 
un  goût  dominant  pour  les  Arabes,  &  en  particulier  pour  Rhasés.  Les  plus  cé'- 
lebres  Profenburs  de  l'Europe,  ne  fe  contentèrent  même  point  d'expliquer  les 
Ouvrages  de  ce  Médecin  dans  les  Ecoles,  ils  travaillèrent  encore  à  les  éclaircir 
par  d'amples  Commentaires.  Tout  occupés  de  ce  genre  d'étude ,  ils  négligèrent 
pendant  long-tems  les  Auteurs  Grecs ,  fans  s'appercevoir  que  Rliasès  les  avoit  cc^ 
pies.  Hippocrate  ,  Galien ,  Paul^  JEtiiis,  Oribafi  étoient  peu  connus  ou  iuivis  dans 
les  Ecoies  qui  s'étoient  fervilement  foumifes  à  l'empire  des  Arabes;  l'enthoufiafme, 
dont  on  fut  épris  pour  les  produilions  de  ceux-ci,  dura  même  fi  long-tems,  que 
ce  n'efl  qu'à  la  renailihnce  des  Lettres,  qui  ramena  l'étude  de  la  Langue  Grecque, 
qu'on  doit  rapporter  l'époque  de  la  première  levée  de  bouclier  contre  ces  Méde-^ 
cins.  Les  Arabes  ne  furent  cependant  point  abandonnés  de  toute  part  &  dans  le 
même  tems;  ils  tinrent  encore  le  haut  bout  dans  quelques  Univerfités ,  pendant 
que   les  Grecs  dominoient   dans   le  plus  grand  nombre  des  Ecoles. 

Ce  n'eit  pas  que  les  Arabes  ne  valufi'ent  beaucoup  pour  la  pratique  de  la  Mé- 
decine, &  qu'ils  ne  méritalfent  des  éloges  à  plulieurs  égards;  il  y  auroit  de  l'in- 
juftice  à  condamner  généralement  les  Ouvrages  <Sc  les  opinions  qu'ils  nous  ont 
laifTés.  ^riiauld  de  Villeneuve  penibit  bien  avantageufement  fur  le  compte  de 
Rhaiès.  Il  avoit,  félon  lui,  des  notions  claires,  il  jugeoit  avec  circonfpeflion  ,  il 
opéroit  avec  fermeté,  il  étoit  d'un  mérite  éprouvé.  Comme  il  faifoit  grand  cas 
des  fêtons,  il  a  prefque  paffé  pour  en  être  l'inventeur.  Il  fe  fervoit  de  ventoufc»- 
dans  l'Apoplexie,  d'eau  froide  dans  les  tievres  continues!,  &  il  en  faifoit  boire 
abondamment  à  lès  malades.  Il  faignoit  hardiment  dans  la  pente  Vérole  &  la 
Rougeole ,  il  purgeoit  beaucoup  dans  la  Lèpre ,  il  eraployoit  les  acides  &  la 
dicte  végétale,  comme  des  moyens  préfervatifs  de  la  pefte,  il  condamnoit  tous 
les  remèdes  chauds  dans  la  Pleurélie.  Cçs  maximes  parlent  d'autant  plus  en  la, 
faveur  ,  qu'il  étoit  prudent  &  circonfpeit.  Mais  voici  un  trait  qui  lui  fait  beaucoup 
d'honneur.  Léon.  l'Africain  dit  que  Rliasès^  palfant  un  jour  dans  les  rues  de  Cor- 
douc ,  vit  le  peuple  afiemblé ,  demanda  la  raifon  de  ce  concours  ,  &  apprit 
qu'un  citoyen  qui  fe  promenoit,  étoit  tombé  mort.  Il  s'approcha,  &  après  avoir 
examiné  cet  homme  ,  il  fe  fit  promptement  apporter  des  baguettes  qu'il  diftribua 
à  ceux  qui  l'environnoient  ,  en  garda  une  pour  lui  &  exhorta  les  alTidans  à  l'imiter. 
Alors  il  fe  mit  à  frapper  le  corps  immobile  du  citoyen  fur  toutes  les  parties 
&  fpécialement  fur  la  plante  des  pieds  ;  les  autres  en  firent  autant.  Le  refte  de 
l'affemblée  les  regardoit  comme  des  fous  ;  mais  au  bout  d'un  quart  d'heure,  l'homme 
que  l'on  croyoit  mort,  commença  à  le  remuer;  il  revint  enfuite  parfaitement  à 
lui,  au  milieu  des  acclamations  du  peuple  qui  crioit  au  miracle.  Almanlbr  n'eut 
pas  plutôt  appris  cet  événement  ,  qu'il  fit  venir  Rhasès  &  lui  dit  en  le  compli. 
mentant  .•  «  je  vous  connoiffbis  pour  un  excellent  Médecin  ,  mais  je  ne  vous  croyois 
T  pas  homme  à  relfufciter  les  morts.  J'avoue  que  j'entends  la  Médecine ,  répondit 
3>  Rhasès  ,  mais  je  ne  fais  pas  rendre  la  vie  aux  morts  ;  c'eft  l'ouvrage  de  Dieu. 
»  Quant  à  ce  que  je  pratiquai  dernièrement  avec  tant  de  fuccès  ,  je  ne  l'ai 
»  trouvé  dans  aucun  livre  de  Médecine,  ni  ne  le  tiens  d'aucun  Maître;  mais  il 
»  m'arriva  de  faire  en  compagnie  le  voyage  de  Bagdad  en  Egypte.  En  entrani 
»  dans  les  délerts  ,    quelques   Arabes  ,  gens    de    qualité ,  le  joignirent  à   nous. 


21    H    E  61 

♦•  En  chemin  faifant ,  un  d'entre  eux  fe  laiiïa  tomber  de  fon  cheval ,  comme  s'il  eût 
■o  été  mort.  Un  vieillard  de  notre  troupe  mit  pied  à  terre  fur  le  champ  ,  &  cou- 
»  pant  une  poignée  de  verges  ,  il  nous  en  diftribua  à  tous ,  &  nous  commençâmes 
T>  à  nous  exercer  lur  le  prétendu  mort,  comme  nous  fimes  il  y  a  quelques  jours 
«  fur  le  citoyen  de  cette  ville  ,  &  avec  le  même  iuccès.  Tout  le  mérite  de  ma 
«  cure  fe  réduit  donc  à  avoir  remarqué  que  le  cas  du  citoyen  étoit  le  même  que 
»  celui  de  l'Arabe  :  quant  à  l'événement ,  c'eft  un  pur  hazard.  »  Ce  récit  plut 
à  Almanibr  qui  dit  avec  admiration  à  Rhasés  ^  que  le  pays  qu'il  habitoit,  pouvoit 
fe  vanter  de  pofféder  en  lui  un  Galicn:  à  quoi  Rhasès  répliqua  modefiement,  l'cx- 
përkncc  vaut  mieux  que  le  Médecin.  Ce  trait  fait  voir  combien  grande  étoit  l'eftime 
qu'Almanfor  faiibit  de  notre  Auteur  ;  rnais  fi  l'on  en  croit  ce  qui  efl:  rapporté  dans 
les  ylnalecta  d'Hottingcr,  d'après  un  certain  Jbn  Chalicam ,  Rhasès  fut  enl'uite 
difgracié.  On  dit  que  ce  fut  à  l'occafion  d'un  Livre  de  Chymie  qu'il  dédia. 
à  Almanfor ,  &  dont  la  dédicace  lui  valut  une  récompenie  de  cent  deniers; 
comme  il  ne  put  exécuter  ce  qu'il  avoit  promis  dans  ion  Ouvrage ,  il  fut  puni 
&  banni. 

-  RHEAD  ,  C  Alexandre  _)  EcofTois  ,  fut  reçu  Do61;eur  en  Médecine  à  Oxford 
le  29  Mai  1620  ,  par  ordre  du  Roi  Jacques  I.  Le  Collège  Royal  de  Londres 
l'admit  enfuite  au  nombre  de  fes  Membres  ,  mais  il  ne  tarda  pas  à  voir  que 
Rliead  n'avoir  point  iaifi  l'efprit  de  cette  Compagnie  ,  en  y  entrant  ;  car  il  fe 
fit  recevoir  dans  la  Société  des  Barbiers-Chirurgiens  ,  &  s'occupa  davantage  de 
leurs  fondions  ,  que  de  celles  de  Dofteur  en  Médecine,  Matthias ,  qui  met  la 
mort  de  Rhead  en  1650  ,  ajoute  qu'il  légua  deux  cens  livres  fterlings  &  toute 
la  Bibliothèque  à  l'un  des  Collèges  d'Aberden  ,  &  qu'il  laifla  plulieurs  Ouvrages 
en   Anglois.  Tels    font   : 

Chirurgical  le&ures  of  tumours  and  ulcers.    Londres,  1635,  /n-4. 

Chirurgical  kcfares  concerning  the  wourds.  Londres  ,  163^  ,  fn-4.  Il  y  détaille  afiez^ 
amplement  tout  ce  qui  regarde  les  moyens  qui  conduifent  les  plaies  à  la  réunioiï 
&  forment  une  bonne  &  folide    cicatrice. 

Manual  of  dijfcction.    Londres  ,  1652  ,   in-12. 

Vefcription  of  the  body   of  man.   Londres  ,   1654  ,  in-4  ,  avec   figures. 

RHEEDE  ,(  Henri  VANJ)  Gouverneur  Hollandois  au  Malabar,  vécut  dans  te 
XVil  (iecle.  Il  dépenfa  de  grolfes  ibmme*  d'argent  pour  faire  deffiner  &  peindre 
les  plantes  ,  dont  on  voit  les  figures  dans  un  Ouvrage  imprimé  à  Amflerdam 
en  douze  volumes  in-folio  ,  fous  le  titre  d'Hortus  Malabaricus.  La  première  partie 
parut  en  lojB  ,  la  féconde  en  .1679  ,  la  troifieme  en  1682  ,  la  quatrième  ea 
1683  ,  la  cinquième  en  1685  ,  la  uxicme  en  1686  ,  la  icptieme  en  1688  ,  la 
huitième  en  la  même  année  ,  la  neuvième  en  1689  ,  les  dixième  &  onzième 
en  i6qo  ,  &  la  douzicme  en  1703.  C'eft  un  recueil  incomparable  ,  foit  pour  le 
nombre  des  planches  qui  fe  monte  à.  f 00 ,  foit  pour  celui  des  plantes  nouvelles 
&  la  jiifttlfe  avec  laquelle  elles  font  repréfentées.  Le  Père  Jean-Matthieu  de 
Saint  Jofeph  ,  Carme  Napolitain  &c  Milïionaire  à  Cochin  fur  la  côte  de  Ma- 
labar 5  fut  le  premier  que   f-'ùii  Rhadi  employa  à  peindre  les  Heures  des  plantes  i 


62  R  H  E      n.  n  I      R  H  o 

Jean  Cafearius  corrigea  les  defiins  &  les  dcicriptions  ;  les  Médecins  du  pays  y 
mirent  les  noms  de  chaque  plaate  ;  Arnould  Sym  ,  ProfclLur  de  Médecine  & 
de  Botanique  à  Leyde  ,  Guillaume  Tew  Rhynz  ,  Théodore  Wlmelovcen  ,  Jean  Com- 
jndin.  ,  Jean  Munnicici  ,  FrofcUeur  de  Botanique  &  d'Anatomie  à  Utrecht  ,  Abrw 
kam  Foot ,  Frciltric  Ruyfch ,  &  d'autres  y  ajoutèrent  les  fynonymes  reçus  par  les 
Botaniftes  ,  d,es  notes  intérellantes  ,  ou  corrigèrent  ht  didVion.  Gafpar  Commelin 
iit  la  Table  de  tout  l'Ouvrage  ,  ibus  le  titre  de  Flora  Malabarîca.  L'exécution 
d'un  dell'ein  audi  grand  qu'il  eft  avantageux  à  l'Hiftoire  Naturelle  ,  met  la  mu- 
niticence  de    f^an   Rheede    prelque  à   l'égal    de    la   libéralité    des  Rois. 

RHEGINOD  ou  RHEGINUS,  (Guillaume)  Médecin  de  Lyon  qui  fleuriiïbit 
vers  le  milieu  du  XVI  liecle  ,  a  compofé  un  Ouvrage  ,  dont  le  titre  annonce 
combien  l'Auteur  étoit  laborieux  ,  &  combien  il  avoit  fait  de  recherches  en  vue 
de   perfedionner   fon    Art.    Ce    Livre  eft   intitulé  : 

Medicints  exercitamenta  ex  fckcUs  lingu<£  utriufque  Authoribus  illuftrata.  Lugduni , 
1564  ,  In-folio. 

RHIEM  ,  C  Jean-Luc  J  Membre  de  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la 
Nature  ,  fous  le  nom  de  Myrcpfus  ,  étoit  de  Cobourg  en  Franconie ,  où  il  naquit 
le  27  Juillet  1656.  Il  commença  Ion  cours  de  Médecine  à  Leipfic  ,  &  le  finit  à 
Altorf  par  la  prife  de  bonnet  de  Dofleur  en  16^2.  Albert,  Duc  de  Cobourg, 
le  choiiit  pour  Ion  Médecin  en  1689  ,  &  le  nomma  peu  de  tems  après  à  la  Chaire 
de  Phyfique  dans  le  célèbre  Collège  de  la  ville  de  ce  nom.  En  1704  ,  Rhlem  ob- 
tint l'eaiploi  de  Médecin  Provincial,  &  parvint  enfin  à  celui  de  Conieiller  du  Duc 
de  Saxe.  11  mourut  le  27  Octobre  1720.  C'eft  tout  ce  qu'en  dit  George  Matthias 
qui  ne  lui  attribue  aucun  Ouvrage. 

RHODION.  Voyez  EUCHARIUS    RHODION. 

RHODIUS    (  Ambroilé  )   vint   au    monde,    le   18   Août  1577  ,  à    Kemberg  , 
petite  ville  du  Cercle    Eledoral   de   Saxe,    à  deux  lieues   de   Wittcmberg.    Il    fit 
d'excellentes  études  dans   ce    dernier  endroit,   où  il  lut   reçu    Maître-ès-Arts,  & 
fe  rendit  enfuite  à  Prague  pour  apprendre  l'Aftronomie  fous  Tycho-Brahé  ^  &  pro- 
fiter des   inftruéUons  de   Jean  Kepler  qui  étoit  pafTé  en    Boh-:me  ,  l'an   1600 ,  à  la 
foUicitation  du    môme  Tycho-Brahé.    Rkodius   fit   de  fi  grands  progrès   fous  ces  ha- 
biles Maîtres,  qu'il  le  trouva  en  état  d'enfeigner  les  Mathématiques  à  Wittemberg; 
mais  comme  il  y  étudioit  en   même  tems  la    Médecine,  il  fe  fit  recevoir  Dodeur 
en  cette   Science  le  7    Oiflobre    1610.  Bientôt  après  ,    il  voyagea  en  Dannemarc 
&  en  Norwege  ,    &  s'étant  fixé  à   An(lo  dans   ce   dernier   Royaume  ,  il  y  exerça 
non   feulement    la  Médecine,   mais  il  y   remplit  encore  les    Chaires    de  Phyfique' 
&  de  Mathématique   pendant    long-tems.    Malheureufement    pour    lui,   il  fortit  de 
fa  fpherc  ;    fon    caraî^ere    remuant    le    porta  à  fe    mêler    des   aflaires    publiques. 
Vid\ime   de  fon  imprudence,  il  fat  jette   en    prifon  où   l'on  croit   qu'il   mourut  le 
25  Aoijt  1633.  Manget  parle  différemment  de  fa  fin;  il  dit  qu'il  périt  d'Apoplexie 
à  Wittemberg. 

Od  a  difiérens  Ouvrages  de  la  façon  de  Rhodius ,   comme   Dialo^us  de  tranfmi. 


RHO  6* 

gratîone  anîmarum  Pythagorleà.  Un  Traité  d'Optique  ,  avec  un  autre  des  Crépufcules» 
Difputationes  de  Scorbuto.    Hafnlte ,  1635  3   Jn-4. 
Difputadoncs  faper  ideain  Midicina  Fliilofophias  Pétri  Ssverinî.  Hafnits  ,  1643,  in-^, 

RHODIUS ,  CJean  )  habile  Médecin  &  Antiquaire,  étoit  de  Copenhague,  où 
il  naquit  vers  1587.  Les  études  qu'il  fit  dans  l'a  patrie  lui  réuflirenr,  mais  l'envie 
de  fe  perfectionner  le  porta  à  fe  rendre  en  Italie  pour  y  luivre  les  plus  grands 
Maîtres.  Il  étoit  à  Padoue  ,  en  1614,  fans  autre  delilin  que  de  s'y  arrêter  pen- 
dant quelques  mois,  avant  de  pafier  ailleurs;  l'agrémcnî  qu'il  trouva  dans  cette 
ville  ,  lui  fit  cependant  changer  de  réfolution  ;  car  il  prit  le  parti  de  s'y  fixer. 
Comme  il  aimoit  fa  liberté,  il  ne  voulut  prendre  aucun  engagement;  ni  le  mariage 
avantageux  qu'on  lui  propofa ,  ni  la  Chaire  de  Botanique  &  la  direéVion  du  Jardia 
des  plantes  qu'on  lui  préfenta  en  1631 ,  rien  de  tout  cela  ne  put  le  faire  changer 
d'avis.  Il  penfa  de  même  lorfqu'il  retourna  à  Copenhague  en  1^640;  il  refufa  la 
Chaire  de  Phyfique  qu'on  lui  offrit  dans  cette  ville ,  &  ne  longea  plus  qu'à  revenir 
à  Padoue  ,   où  il  mourut   le  14   Février    1659,  à   l'âge  de    72  ans. 

Ce  Médecin  a  écrit  beaucoup  plus  d'Ouvrages  qu'il  n'en  a  paru  fous  fon  nom, 
car  on  alFure  qu'il  travailla  pour  bien  des  gens  qui  fe  firent  honneur  de  fes  pro- 
dué^ions.  11  laiffa  même,  en  mourant ,  plufieurs  Traités  qui  étoient  prefque  achevés, 
&  dont  Bartholin  enrichit  fa  Bibliothèque,  mais  qu'un  incendie  coniuma  avec  elle. 
Voici  les  titres  des   pièces    qui  nous  relient  fous  le  nom  de  Rhodlus  : 

Libellas   de  natura  Alediclms.    Patavlî ,    1625  ,  t'!-4. 

De  Acla ,  DiJJertatio  ad  Cornelii  Celjl  mentent ,  quâ  unlverfa  fibule  ratio  explkatur, 
Pataviif  1639,  jfi-4.  Hafnie  ,  1672,  /n-4,  par  les  foins  de  Thomas  Bartholin.  Cette 
DifTcrtation  parut  encore  â  Lunden  en  Suéde  fous  ce  titre:  ^ntiquitatcs  à  Celfo 
5?  Rhodlô  de  ^cia ,  ab  Interita  vindicatce.  1694,  in-4.  Jacques  Chlfflet  &  ^llphonfc 
Nunne^  ont  voulu  prouver  que  V^cia  de  Celfe  étoit  un  fil  rnétallique;  mais  Rhodlus 
a  démontré  que  c'étoit  un  fil  de  lin  tors ,  avec  lequel  les  Anciens  failoicnt  les 
futures,  ou  comme  ils  les  appelloient.  Fibule.  Pour  mieux  apprécier  le  fentiment 
de  Rhodlus  ,  il  n'eil  point  hors  de  place  de  rapporter  ici  les  paroles  de  Celfe  : 
Utraque  Ç  futur  a  vel  fibula  _)  optima  eft  ex  acia  molli  ^  non  nimis  torta,  quô  nihiùs  cor- 
porl  infideat.  Un  fil  de  métal  pouvoit-il  ne  pas  blefièr  les  chairs,  parce  qu'on  avoit 
pris  la  précaution  de  ne  le   tordre    que  légèrement'? 

^nalecîa  &  Not£  In  Septalii  ^Inimadverfiones  &  Cautlv.nes  M:dlcas.  Pataviif  1652, 
i5;9,  in-B.  On  y  trouve'plufieurs  remarques  fur  la   Chirurgie  &  les   Médicamens 

Nota   &    Lexlcon    In    Szrlbonlum    Largum  de    compojîtlone  medicamentorum.    Ibidem , 

1655  ,  //I-4- 

Obfervatlonum  AnatomlcoMedicarum  Centuria  très.  Patavii  ,  1657  •>  '""■B-  ^''^«'^o- 
furn  ,  1676  ,  m-8  ,  avec  les  Hifioires  &  Oblervations  Médico-Phyfiques  de 
Pierre  Borelli.  Comme  Rhodlus  vécut  afTez  long-tems  avec  Dominique  de  Mur. 
chettls  ^^Mollnetti  &  plufieurs  autres  Profeffeurs  de  Padoue  ,  il  profita  des  cho- 
fes  qu'if  en    avoit    appriies  ,   pour     grofiir  le    nombre  de    fes  Oblervations. 

Mantijfa  ^natomica.  Hafnue,  1661  ,  m-8,  avec  les  Ve-  &  VJe.  Centuries  d'Hiftoi- 
res  Anatomiques  de   Thomas  Bartholin,  Ce    qui  appartient  à  Rhodlus   ne  contient 


Si  R    H    U 

que  trente-deux  page? ,  &  c'cR  un  Journal  dans  lequel  il  rapporte  les  faits  1« 
plus  rares  qu'il  avoit  oblervés  dans  fcs  diUeilions  particulières  ,  ou  en  fuivant 
les  leçons  de  fes  Maîtres. 

RHUMELIUS  (  Jean-Conrad  )  naquit  le  13  Février  T574  à  Nordlingen 
dans  la  Souabe.  II  n'eut  pas  plutôt  reçu  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médeci- 
ne ,  qu'il  alla  s'établir  à  Neumarck  dans  le  Haut  Palatinat  ;  mais  il  fut  obligé 
d'en  fortir  en  1628  ,  p?rce  qu'il  ne  profeflbit  pas  la  Religion  Catholique  Rc- 
maine.  11  fe  retira  alors  dans  les  environs  de  Nuremberg  ,  &  il  y  mourut  le 
23  Janvier  1630. 

L'ainé  de  les  fils  ,  Jean-Conrad  ^  vint  au  monde  à  Neumarck  en  1597.  H  s'ap- 
pliqua à  la  Théologie  ,  mais  il  la  quitta  bientôt  pour  prendre  le  parti  de  la 
Médecine  qu'il  alla  étudier  à  Heidelberg  &  à  Strasbourg/Après  quelques  îinnées 
de  féjour  dans  ces  deux  villes  ,  il  voyagea  en  France  ,  en  Angleterre  ,  en 
Ecofié  &  en  Hollande  ;  &  à  fon  retour  en  Allemagne  ,  il  fer  vit  en  qualité  de 
Médecin  dans  l'Armée  du  Comte  de  Mansfeld  ,  qui  s'étant  jette  par  mécontentement 
dans  le  parti  des  Princes  Proteftans ,  devint  l'un  des  plus  dangereux  ennemis  de  la 
Maifon  d'Autriche.  On  ne  fait  où  palTa  Rhumdius  après  la  défaite  de  ce  Général 
en  1626  ;  mais  on  n'ignore  pas  que  la  mort  de  fon  père  le  rappella  dans  fa  fa- 
rnille  ,  où  il  ne  s'arrêta  pas  long-tems.  Comme  il  vouloir  fc  faire  recevoir  Doc- 
teur en  Médecine  ,  il  pafia  à  Altorf  &  il  y  prit  le  bonnet  le  29  Juin 
1630.  Le  29  Janvier  de  l'année  fuivante  ,  il  fe  fit  aggréger  au  Collège  de 
Nuremberg,  &  ne  tarda  pas  à  gagner  la  confiance  du  public.  Ses  fuccès  furent 
tels  ,  qu'ils  lui  procurèrent  une  réputation  qui  fe  répandit  dans  prefquc  toute  la 
Franconie.  Sa  mort  fut  honorée  des  regrets  de  fes  concitoyens  qui  le  perdirent 
Je  premier  jour  du  inois  de  Septembre   1661, 

Gtorgz  Matthias  ^  Manget  ne  ïont  pas  d'accord  fur  les  Ouvrages  qui  appartiennent 
è  Rhumelius  père  &  fils.  Suivant  le  premier  ,  la  plupart  de  ceux  ,  dont  je  vais 
donner  les  titres  ,  font  de  la  façon  du  père  ;  &  fuivant  le  fécond  ,  ils  font  tous 
de  la  compofition  du  fils.  Comme  l'une  &  l'autre  de  ces  afiertions  peuvent  être 
vraies  ,  je  ne  m'arrêterai  point  à  les  dilcuter  ;  il  efl  cependant  plus  probable  que 
le  fentiment  de  Matthias  doit  prévaloir  fur  celui  de  Mangzt,  Voici  les  titres  que 
ces   Ouvrages  portant  : 

^rthrlth  en  ans.    Norimbcrgie  ,  in-^. 

JProvhylaxis  Medko-Pradlca  Luis  Ep'idzml^.  Tbldem ,   1624,    in-2. 

Panus  humanus  ,  five  Dljfertatlo  de  humani   partùs  naturâ  ,   temporlbus  &  caufis.  IbU 

dm  ,  1624 ,  ii-8. 

Hiftoria  morbi  qui  ex  caftrh  ad  raflra ,  à  rajîrls  ad  roftra ,  ab  hls  ad  aras  &  fucos 
în  Palatlnatu  fuperloris  BavarU  penetravlt  annô  1621  ,  &  permanfit  annls  it522,  1623. 
Norlmberg<e  ,  1625  ,  In-S. 

Loimographia.  Ibidem  ,  1626  ,   ia-8. 

Theologia   vegetabUls  carminlcè  fcrlpta.    Ibidem  ,    1626 ,  in-8.  • 

Philofophla  anlmalh  ,   P^lvariô  ,    uiviarlô  ,  Natatorlô    recenjlta   &  carminlcè  fcrlpta. 

Ibidem  ,  1630  ,  in-S.  . 

Jean-Pharamond  Rhumelius  ,  fils  cadet  du  premier  dont  nous  avons  parle  ,  a 
4onné  au  public  :  Compendium 


R    I    C  65 

Compendlam  ffertnsdcum  Je  macrocofmo  &  mlcrocofmo.  Francofart'i  ^  1635,  '«-la^avec 
un  Difpcnfaire  Chymique. 

Opufcula  Chymico-Magica  Mcdica  de  curatlone  herniarum.  i6S)2,->  '«-12. 
Medicîna  fpargyricè  tripartlta.  Francofunl ,  1662,  in.11. 

RICCHI  ,   C  Auguftin^  Médecin  de  Jules  III  qui  gouverna  l'Eglife  depuis  le 

5  Février  1550  jufqu'au  .23  Mars  1555 ,  fut  un  de  ces  iavans  perfonnages  que  les 
grands  Hommes  du  XVI  liecle  honorèrent  de  lear  eftime  &  de  leur  correfpon- 
dance.  Il  mit  en  Latin  plufieurs  Ouvrages  de  Galien  ,  qui  parurent  à  Venife  ,  in-'Q  , 
«vec  des  notes  de  fa  façon. 

RICCI  ou  RICIUS  ,  (  PaulJ)  Juif  Allemand  ,  s'appliqua  à  l'étude  de  la  Mé- 
decine ,  après  avoir  embraffé  la  Religion  Catholique.  Comme  il  étoit  bien  au  fait 
de  la  Philofophie  de  fon  tems  ,   il  fut  chargé  d'enfeigner   cette   Science  à  Pavie  , 

6  il  le  fit  avec  tant  de  réputation  dès  le  commencement  du  XVi  fiecle  ,  que 
l'Empereur  Maximilien  I  le  rappelîa  en  Allemagne  &  le  mit  au  nombre  de 
fes  Médecins.  Ce  ne  fut  point  du  côté  de  l'Art  de  guérir  que  Ricci  fe  diftingua 
le  plus  ;  il  brilla  davantage  par  fes  autres  connoiflances.  On  lui  doit  cependant 
une  édition  à'^lbucafii  ,  qui  parut  à  Ausbourg  en  1519,  in-folio:  M.  Portai  l'at- 
tribue mal-adroitement  à  un  certain  Pae  Ricclus ,  fans  faire  attention  que  la  lettre 
capitale  P  ,  qu'on  trouve  dans  l'Hiftoire  de  Freind ,  eft  la  première  du  nom  de 
Paul  qui  eft  celui  de  l'Editeur.  Ricci  fait  un  grand  éloge  à" yllbucafis  ;  il  a  même 
beaucoup  contribué  à  faire  connoîtrc  ce  Médecin  Arabe  ,  dont  les  Ouvrages  n'a- 
voient  point  encore  vu  le  jour  en  Latin  ,  avant  l'édition  que  Jean-Matthieu  de 
Cradibus  fit  paroître  en  cette  Langue  dans  le  XV  fiecle. 

Quoiqu'on  ait  beaucoup  loué  Ricci  pour  fa  politefle  &  fa  modération ,  quoi- 
qii'Erafme  même  ait  parlé  avantageulement  de  lui  dans  la  dernière  lettre  de 
ion  premier  Livre  ,  il  fe  fit  plufieurs  ennemis ,  entre  autres  ,  Jean  Ecldus ,  favant 
Dodteur  &  Profeffeur  de  Théologie  à  Ingolftadt.  Il  eut  une  vive  difpute  avec 
lui  ,  qui  rouloit  fur  la  queftion  ,  fi  les  cieux  font  animés  1  Ricci  qui  tenoit 
pour  l'aifirmative  ,  avança  là  deffus  des  fentimens  qui  le  firent  pafTer  pour  un 
cfprit  ûngulier ,  &  qui  lui  attirèrent  le  jufte  mépris  de  fes  contemporains.  Il 
penfa  mieux  fur  d'autres  fujets  ;  car  il  écrivit  plufieurs  Ouvrages  pour  amener 
les  Juifs  à  la  vérité  &  les  convaincre  d'une  manière  à  difiiper  leur  aveugle- 
ment :  mais  fon  zèle  pour  la  converfion  de  fes  frères  a  quelquefois  paffé  les 
bornes  de  la  modération  ,  puifqu'il  s'emporta  jufqu'à  publier  une  Harangue  pour 
animer  les    Allemands    à  leur    faire  la  guerre, 

RICHA  (Charles)  naquit  en  1628  dans  le  Marquifat  de  Saluées  en  Piémont, 
&  mourut  à  Turin  le  23  Odîobre  1717.  Son  favoir  &  fa  grande  expérience 
le  firent  connoître  à  la  Cour ,  où  il  occupa  l'emploi  de  premier  Médecin  de  fon 
Souverain.  Il  fe  diftingua  aufti  dans  la  Chaire  ,  &  les  meilleurs  Praticiens  du 
Piémont  le  font  fiiit  honneur  d'avoir  été  fes  difciples,  Richa  a  laiil'i  plufi:uri 
Ouvrages ,  comme  trois  Centuries  de  Confultations  avec  les  Réponfes ,  un  Livre 
TOME     IV,  1 


6(5  R    I    C 

fur    les  maladies    des    femmes  ;    mais   tout   cela    efl    demeuré    en  mains    de    fon 
tils   qii   n'a   pas  jugé    à    propos    de  les    mettre    au   jour. 

Le  dépolitairc  de  ces  Ecrits  fut  Pierre-  Paul  Richa  qui  vint  au  monde  à 
Turin  le  25  Janvier  XG65.  II  étudia  la  Médecine  avec  tant  d'ardeur  &  de 
fuccès  ,  que  ion  père  prévit  dès-lors  tout  ce  qu'il  feroit  un  jour.  11  étoit  encore 
bien  jeune  quand  il  fut  reçu  au  nombre  des  Médecins  de  la  Cour  ,  mais  il 
s'y  comporta  avec  tant  de  prudence  &  de  fagefle  ,  qu'il  fut  honoré  de  la  bien» 
veillance  du  Prince  &  mérita  l'eftime  des  Courtifans.  Ses  talens  le  tirent  monter 
à  la  place  de  Médecin -Confeiller  ,  fes  cures  lui  procurèrent  d'abondantes  ri- 
chefi'es  ,  &  fes  fuccès  la  plus  haute  réputation.  11  fe  maria  très-honorablement 
&  fut  père  à    cinq    fils   &    quatre   filles. 

L'ainé  de  les  fils  naquit  à  Turin  le  24  Septembre  1690  ,  &  reçut  le  nom 
de  Charles  au  Kaptême.  L'exemple  de  fon  père  &  de  fon  aïeul  lui  infpira  du 
goût  pour  la  Médecine,  &  ce  goût  ne  fit  qu'augmenter  à  la  vue  des  progrès 
furprenans  qu'il  fit  dans  l'étude  de  cette  Science  ,  &  de  plus  grands  encore , 
dont  il  fe  lentit  capable.  11  n'eut  pas  plutôt  reçu  le  bonnet  de  Dofteur  dans 
fa  patrie  ,  qu'il  fe  mit  à  voyager.  Ses  premiers  pas  fe  tournèrent  vers  l'An- 
gleterre ,  où  il  favoit  que  la  prcfcfiion  étoit  en  honneur  &  méritoit  de  l'être. 
La  juftice  qu'on  y  rend  aux  talens  des  grands  Maîtres,  y  entretient  la  noble 
émulation  qui  en  multiplie  le  nombre.  Il  demeura  près  de  trois  ans  dans  ce 
Royaume  ,  &c  delà  étant  pall'é  en  Hollande  ,  il  s'arrêta  à  Leyde  pour  y  profiter 
des  leçons  de  Bocrhaave   qu'il    fuivit  pendant   toute   une    année. 

A   peine  étoit-il  de  retour  dans  fa  patrie,   que  le  Comte  de  Mafley  fut  nommé 
à    la    Vice-Royauté   de    Sicile.  Ce  Seigneur  l'engagea  à  l'accompagner  dans  cette 
llle  ,  &  il  y    demeura    pendant    deux  ans.    Mais  il  étoit    tems  que  la   ville   de 
Turin   profitât    de    l'avantage    de    voir    Richa  fixé  dans   l'enceinte    de  fes    muiH  ;. 
il   y    revint  ,  &  comme  il   éioit  tout  dévoué   au  fervicede  fes  compatriotes,  il  fit 
parmi   eux    la    Médecine   avec  le    plus    grand   fuccès   ,     pendant  quii   l'enfeignoit 
dans     fa   roaifon    avec    beaucoup  de  réputation.    Le  miférable    état  des  Ecoles  de 
Turin   fut   la  raifon  -qui   l'engagea   à   fe    borner  à    l'enfeignement    privé  ;    il  aima 
mieux  de  former  quelques  Elevés  choifis   par  des  inftrudions  domeftiques  ,  que  de 
le  mêler   parmi   les   Profefl'eurs    publics   qui    s'acquittoient    mal    ds    leurs    devoirs. 
Le   koi   fut  enfin    informé    du   mauvais    ordre    qui    regnoit   dans    la    Faculté    de 
Médecine   de   fa    Capitale  ,  &    pour   en   rétablir    le   luttre    &   rendre    fes   Ecoles 
tloriffantes ,  il  ordonna    à    Richa    d'y    faire  des   Cours    d'Anaromie.    Ce    Médecin 
remplit   cette   commifiion    avec    une    dextérité  &    une    intelligence   qui  correfpon- 
dirent    aux    vues    du   Prince  :  chacun    de    les   Cours  fut  ouvert  par  un  Dilcours 
éloquent   qu'on    eut    foin    de  faire   imprimer.  Ces  pièces  Académiques  procurèrent 
le   double   avantage   de   faire    renaître   l'émulation   entre  les   Doéteurs  ,   &  de  ré- 
veiller  l'amour  de   l'étude    parmi    les    dilciples.    Mais   Richa   ne    fe    borna    point 
à    être   utile    aux    uns    &    aux    autres  ;    il  étendit   fes  vues    plus  loin  ,   &  voulut 
travailler  encore  à    l'avancement  de  la  pratique   médicinale.   Comme  il  connoifibit 
toute  l'importance    de    l'obfervation  ,    il    commença  ,  en    1721  y  à    publier   l'Hif- 
toire  des   maladies  régnâmes   dans   la    ville  de    Turin  &   fes    euvirons.  bon  pre- 
BUfir    Recueil  parut  fous  ce  litre  > 


R    1    C  67 

Morlorum  vu7gartum    TTiflorla  ,  fm  ,    Conftitutio  Epidemlca    Taurînenjîs   annî   ij'îo; 
'^ugujt<e  Taurinorum ,  1721,  «'«-4.    Ce  volume    fut    fuivi   de  ces  deux   autres; 
Conjtituiiu  Epidemica  altéra.   Ibidem  ,  172a ,   in-4. 
Conjtitutio  Epidcmica  ténia.  Ibidim  ,  1723  ,  «71-4. 

RICHAI^D  ,    Médecin  cité  par   ^Jîruc    dans    fon    Hifloire   de    la   Faculté    de 
Montpellier  ,    vécut   du   tems    de    Gilles  de  Corbeil   qui  en    parle  ainû    dans  ion. 
Ouvrage   De  compojîtorum  medicamentorum  virtutlbus  : 

Q_ub   PeJJulanus    nijî   Mous    auEîore    niteret  , 
Juin   dudum     Phyjicts    laus   eccUpfata   fuijjht  ; 
Qui   vctulô   canos   profert    de  pectore  fcnfus  « 
Klchardus  fmior  plus  quàm  tseatc  fenilL 

.  Une  défignation  aufîî  vague  ,  pourfuit  uiftruc  ,  ne  pertnet  guère  de  décider  de 
quel  Médecin  Gilles  de  Corbeil  entend  parler.  Cet  Hiftoricn  avoit  foupçonné  pen- 
dant quelque  tems  que  ce  pourroit  bien  être  de  Rigord  du  Bas-Languedoc  « 
d'autant  que  les  noms  de  Richardus  &  de  Rit^ordus  lui  paroiffuient  être  les  même=. 
Mais  ayant  réfléchi  combien  fes  Ibupçons  étoient  ma!  fondés  ,  il  fcntit  que  fi 
Gilles  avoit  eu  Rigcrd  en  vue ,  il  auroit  déligné  ce  Médecin  par  quelque  en- 
droit plus  marqué  ,  que  du  moins  il  ne  l'auroit  pas  rendu  mécoonoin'able  en 
défigurant  fon  nom  ,  puifque  la  mefure  du  vers  permettoit  de  l'employer  auHi 
facilement  que  celui  de  Richardus.  M.  Lorry  ,  Editeur  à'y^ftruc,  ne  i/i'ic  aucun 
doute  fur  la  diveriité  de  perlonne  entre  Richard  fa  Rigord  ;  celui  ci  ,  dit-il  dans 
fa  note  ,  étoit  à  l'Abbaye  de  Saint  Denis  ou  à  la  Cour  antérieurement  à  celui-là , 
qui    étoit   déjà    vieux    lorfqu'il    enleignoit  à    Montpellier 

On  trouve  à-peu-près  dans  le  môme  tems  deux  Médecins  qui  portoient  le  nom 
de  Richardus.  L'un  ,  qui  étoit  de  Paris  ,  a  écrit ,  félon  Schenckius ,  un  Traité  De 
Febribus  imprimé  à  Venife  en  1514,  in-folio,  à  l^yon  en  I517,  ''1-4,  à  Kâle  en 
1535  ,  in-fuUo,  avec  quelques  Ouvrages  fur  la  même  matière.  L'autre  ,  qui  étoit 
d'Oxford,  dont  le  ncm  étoit  /f  endmere ,  s'acquit  beaucoup  de  réputation  dans 
fa  profeilion,  &  fut  premier  Médecin  du  Pape  Grégoire  IX  ,  élu  le  ao  Mars 
1227  &  mort  le  22  Août  1241.  yijîruc  ,  que  je  fuis,  doute  de  l'cxiftence  de  i?.- 
chard  de  Paris.  Il  lui  ferable  qu'on  le  confond  avec  Richard  d'Angleterre,  Auteur 
de  Chymie  qui  cite  Arnauld  de  Villeneuve,  &  qui  par  conféquent  n'a  pu  vivre 
que  dans  le  XIV  fiecle.  On  a  de  Richard  d'Angleterre  un  Ouvrage  intitulé  :  Cor- 
rediorium  ,  qui  le  trouve  dans  le  Recueil  de  Gratarole  im.primé  à  Bâle  en  1561  , 
in-folio,  &  dans  le  fécond  Tome  du  Théâtre  Chymique  qui  parut  à  Strasbourg 
en   1613  ,  in  8. 

Si  Richard  d'Angleterre  eft  le  même  que  Richard  de  Paris ,  comme  yffiruc  le 
croit,  à  cauie  que  Sdieaclcius  leur  attribue  les  mêmes  Ouvrages,  le  paflàge  de 
Gilles  de  Corbeil  ne  fauroit  les  regarder,  puifque  le  Richard,  dont  cet  auteur  fait 
l'éloge  ,  a  dû  vivre  au  commencement  du  XlIIe-  fiecle.  Mais  cela  convient  alTez 
bien  à  Richard  de  IFendinere,  autrement  Richard  d'Oxford,  Chanoine  de  Londres, 
qui  paroît  avoir  enicigné  à  Paris,  qui  a   vécu,  fuivant  Ducange  ,  en  1230,  -&  qui 


68  R    I    C 

eft  inort  en  1152  ,  fclotl  Matthieu  Paris.  Le  tem;  quadrera  même  encore  mieuîf^ 
pourl'uit  ^flruc ,  fi  l'on  fuppofe  que  Gllks  de  Corbeil  n'a  compiié  l'Ouvrage-, 
où  il  en  eft  parlé,  que  fur  la  ftn  de  fa  vie,  par  conlequent  environ  l'an  1230, 
ou  môme  plus  tard  ,  puifiqu'il  eft  certain  qu'il  iurvécut  à  Philippes-Augufte  mort 
en  1223,  &  peut-être  à  Louis  VIII  qui  finit  fes  jours   en  1226. 

Telles  font  les  eonjeéliures  d'^f/?ruc  fur  l'ancien  Richard,  dont  parle  Gilles;  les 
difcuHions,  dans  lelquelles  il  eft  entré,  ont  donné  de  l'étendue  à  cet  Article  de 
fes  Mémoires  pour  fervir  à  l'Hiftoire  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier. 
En  revanche,  il  eft  fort  fuccint  dans  ce  qu'il  dit  fur  Sébajlien  Richard,  Docteur 
de  la  même  Faculté  ,  qui  a  publié  à  Lyon,  en  lûig,  _'n-8,  un  Traité  des  Bains 
de  Digne  en   Provence. 

Je  dirai  maintenant  un  mot  d'un  Médecin  de  nos  jours  &  du  même  nom.  C'eft 
M.  Richard  de  Hauterjierk,  Ecuyer,  Médecin  Confultant  du  Roi  &  Chevalier  de 
fon  Ordre,  ancien  premier  Médecin  des  Camps  &  Armées  de  France,  de  l'Aca- 
démie de  Gottingue    &    de  liezier?.   Il    a  publié  .• 

Formulte   medlcamentorum  Nofocomiis   militaribus     adaptât^.  Parljîis,    1761  ,  m-4. 

Recueil  d'Obfervations  de  Médecine  des  Hôpitaux  militaires.  Paris,  1766,  1772, 
deux  volumes  jn-4.  Il  ne  fe  peut  rien  de  mieux  que  ce  Recueil  pour  établir  une 
règle  de  pratique  relativement  aux  différentes  conftitutions  des  villes,  où  les  fol- 
dats  font  en  garnilbn.  Cet  Ouvrage  deviendra,  fous  la  direction  de  M.  Richard  y. 
un  Code  précieux  de  Médecine  Militaire,  dans  lequel  on  trouve  déjà  des  Mé- 
moires fur  la  nature  de  l'air  ,  des  eaux  ,  du  fol  ,  &  des  autres  circonftances  deg 
lieux,  où  font  fitués  les  hôpitaux,  qui  peuvent  influer  fur  la  l'anté  des  fol- 
dats.  On  y  trouve  encore  des  Obiervations  fur  les  maladies  régnantes,  fur  les 
épidémies,  fur  les  cas  particuliers  &  nouveaux  qui  fe  font  préfentés  dans  la 
pratique  de  la  Médecine  &  de  la  Chirurgie  ;  on  a  même  pris  le  loin  de  marque* 
le  rapport  que  toutes  ces  maladies   peuvent,- avoir  avec  l'état  de  l'athmoiphere. 

RICHARDOT ,  (  Camille  )  Médecin  de  S.  A.  R.  Léopold ,  Duc  de  Lorraine 
&  de  Har  ,  fit  imprimer  à  Nancy  en  1722  ,  in-ii  ,  un  Nouveau  fyjUme  des  Eaux 
chaudes  de  Plombières ,  de  l'Eau  froide  dite  Savonneufe  &  de  celle  de  Sainte  Ca. 
therine ,  aufli  de  Plombières,  L'Auteur,  après  avoir  beaucoup  raifonné  d'une 
manière  vague  &  peu  inftrué^ive  fur  la  caufe  de  la  chaleur  des  Eaux  de  Plom- 
bières ,  penfe  que  ces  Eaux  font  naturellement  chaudes  ,  comme  d'autres  font  na-* 
turellement  froides,  d'autres  naturellement  falées.  Ceci  revient  à-peu-près  au  grand 
mot  de  qualité  occulte  ,  par  lequel  on  tranchoit  anciennement  un  bon  nombre  de 
ditiicultés.  Mais  Richardot  avoit  annoncé  quelque  chote  de  mieux  ;  il  n'a  cepen- 
dant rien  dit  de  pofitif  fur  la  raifon  pour  laquelle  les  Eaux  de  Plombières  font 
aaturellement  chaude?»  ' 

RICHER  DE   BELLEVAL.  Voyez  BELLEVAL. 

RICHTHAUSEN  ,  Gentilhomme  Allemand,  a  fait  beaucoup  de  bruit  dans 
le  XVII  fiecle.  Les  Auteurs  de  Chymie  qui  croient  la  tranfmutation  des  métaux 
polîible,  lui  ont  attribué  une  opération  bien  furprenante.  Ils  difent  que  l'an  1648. 


R.    I    C  63 

51  convertit  trois  livres  de  mercure  en  or,  avec  un  feul  grain  de  poudre,  en  pré- 
l'ence  de  l'Empereur  Ferdinand  111  ;  ils  ajoutent  même  que  ce  Prince  le  créa 
Baron,  fous  le  tiire  de  Caos,  &  qu'il  fit  frapper  une  médaille  de  cet  or  chymi- 
que.  On  chargea  d'infcriptions  les  deux  faces  de  cette  médaille.  Sur  l'une,  on 
voyoit  la  figure  d'un  jeune  homme  nud  qui  avoit  le  foleil  pour  tête  ,  tenoit  de 
la  main  droite  la  Lyre  d'Apollon  ,  &  portoit  de  la  gauche  le.Caducée  de  Mercure? 
la  devile   étoit  : 

Divlaa  metamorphojls   exhiblta  Praga 

XV  Jan.    1648 
Jn  pr£f.   S.    C<sf.   Ma}.  Fcrdin.  III 

Sur  le  revers  on  lilbit: 

Raris  hec  ut   hominibus  nota  efi  jiTS , 

Ità  rarà    in    luccm  prodit  : 

Laudctur  Dcus  in  sternum  , 

Oui  partent    infinita    fu<e  fcientiis 

^bjcclijjinils   fuis   crcaturis    communicat^ 

Cette  médaille  ,  qu'on'  trouva  dans  l'écritoire  de  l'Empereur  ,  fut  donnée  à 
Zweljjer  par  Léopold  I,  fucceffeur  de  Ferdinand  111.  Zwdffèr  lui  même  raconte 
le  fait  dans  le  premier  Chapitre  de  la  première  Partie  de  fa  Maniljfi  Spargyrica , 
où  l'on  voit  l'empreinte  de  la  médaille,  telle  qu'on  la  trouve  encore  dans  l'Œdipe 
Chymique  de  Bêcher.  Si  je  prends  la  peine  de  rapporter  les  propres  mots  de 
Zwclffir,  ce  n'eft  point  pour  qu'ils  foient  des  motifs  de  crédibilité  ;\  ceux  qui  les 
liront ,  mais  uniquement  pour  faire  voir  combien  les  préjugés  s'étaient  de  tout  ce 
qui  paroît  leur  être  favorable.  Hoc,  quod  coram  intueris  ,  Numifma ,  dit  ce  Médecin, 
conjlat  ex  aura ,  quod  è  vulgari  Mercurio  tin&um  fuit  ;  cujus  libres  très  intégras  ipfe 
Ferdinandus  III  Imperator  ,  gloriofe  mémorise  ,  manu  prcpriâ  ,  in  libras  ducs  â? 
dimidiam  auri  puri,  bénéficia  unius  grani  Tinciurts  Phllofophorum  ,  tranfmutavit.  Faljfknt 
qu'idem integr<e  très  Ubr<e  Mercuriî'tranfmutatce  ,  nifi  tingenda  Mercurii  majfa  femillbrà  illâ 
priportionem  Tinciurte  fuperajfct.  Neque  hic  locum  habent  infidcs  forfan  multorum  retorjîones  , 
fuijje  magnum  hune  Monarcham  ab  impnjîore  quopiam  illicio  quôdam  incfcatum  ,  fappojîtitid 
quodam  aura ,  ad  majora  aucupanda.  Exulent  procul  indigna  ejufmodi  ncenits  vira  probrape  : 
caderc  hoc  in  Pr'incipem  tàm  circumfpecfum  ,  ^ avi  nofiri  Salomonem  y  nonpotuit  ;  urjote  qui 
tecbnas ,  ac  mille  gyros  &  anfracfus  ejufmodi  tenebrionum  &  pfeudo-^lchymicorvm  ex  ajfc 

perfpecfos  habuit,  quibus  obviaret ,  ut  veritatem  &  natura  abdit^  erueret .  .  Undè  Fcrdinan-^ 

dus  JII  hoc  Numifma  in  tantum  redamavit ,  ut  illud  confueto  ^ulee  magnifico  Thefauro  adjungi 
pajfus  non  fuerit ,  fed  fecretijfimo ,  S§ conclavis  fui  fcriniulo  inch:f:rit ,  nullo.,  aut paucis  arbitris. 
Undè  accidit  ,quod,cum  recentijfimè  ego  ,  apad Sacratiffimam  Majsfiatem  ,  Lecpoldam  ^ per^  qf- 
dinatum  &aulicum  TheCaurarium  Nob.  Dn.Joannem  Ladner  ,  hujus  rarlffimi  Nunufmaiis ,  ac 
vcTè  l'hcfduri,  mcntionem  fecijfem  ;  neque  Sacrat'iffimus  Cafar ,  neque  ihefaurarlus ,  hujus  noti- 
îiam  ac  copUm  habcre  perhibuerint  ;   ufque  duniy  me  humiUter  injlante  ,  ClemciuiJJ'imus  IrO" 


^  ii  1  C 

jterator  ,  in  fecretljfima  arcuca  reperît  ,  mihlque  ,  ai  14  fcrè  dierum  fpatlum ,  ut  âomi 
meis  terl  incUendum  cajtndirem  ,  clanzndjjmè  concejjh.  Exhibait  auum  hoc  granum 
Tin&ara  Fcrdinando  III  vit  quidam  Nobdis  ,  cognomentd  Richthaulen  ,  guem  deindè 
ad  Buronis,  fdjiigium  evex'u  ,  mata  propnô  ,  Sacra  Mojejlas^  &  Vomiai  de  Chant  tituld 
infi^nint.  Ain(i  parle  Zwelffcr  qui  ,  pour  appuyer  le  l'yllême  de  la  trani'mutation 
des  métaux  ,  dont  il  ctoit  grand  partifan  ,  rapporte  d'autres  liifloires  ,  aux- 
quelles la  laine  Philolbphie  n'KJoutc  pas  plus  de  foi ,  qu'à  celle  arrivée  à  l'Em- 
pereur Ferdinand  III.  Feu  importe  qu'on  produife  ce  Monarque  comme  témoin  : 
la  cliarlataneric  des  Alchymilies  en  a  plus  d'une  fois  impofé  aux  Princes ,  fur- 
tout  en  Allemagne  ,  où  les  recherches  fur  le  Grand-Œuvre  occupoient  beaucoup 
de   monde   dans   le    XVll   fiecle. 

On  pourroit  rapporter  quantité  d'autres  Hiftoires  que  les  Alchymifies  ont  in- 
ventées ,  &  que  la  crédulité  de  leurs  feiliateurs  a  adoptées  ;  mais  en  quelque 
grand  nombre  qu'elles  foient  ,  elles  ne  pourront  jamais  convaincre  ie  Philo- 
sophe de  la  pollibilité  de  la  tranfmutation  ,  parce  que  ie  bon  fens  &  la  raifon 
féclameront  toujours  contre  elle.  Je  ne  puis  cependant  palier  fous  filence  un 
dernier  trait  qui  regarde  Richthaufeii.  C'eft  Monconys  qui  le  rapporte.  Ce  fameux 
Voyageur  ,  fils  du  Lieutenant -Criminel  de  Lyon  ,  nous  apprend  comment  la 
poudre  ou  la  teinture  en  queftion  étoit  tombée  dans  les  mains  de  ce  Gentil- 
homme &  de  qui  il  la  teno't  ;  il  appuie  même  Ion  récit  du  témoignage  de 
l'Eledieur  de  Mayence  ,  qui  lui  conta  le  fait  à  la  Diète  de  Uatisbonne  en 
1664.  Voici  ce  que  dit  Monconys.  Un  nommé  La  Bufaidkrc  demeuroit  à  Prague 
dans  la  maifon  d'un  homme  de  qualité  ,  qu'on  croit  être  le  Comte  de  Schlick, 
Ce  La  Bufardiere  étant  tombé  malade  &  fe  trouvant  fur  le  point  de  mourir , 
écrivit  ou  fit  écrire  à  de  Chaos  ,  fon  ami  ,  de  venir  à  Prague  le  plus  promp- 
tement  qu'il  lui  feroit  podible  ;  mais  celui-ci  ne  put  faire  allez  de  diligence  , 
en  forte  que  le  malade  étoit  mort  depuis  quelques  heures  ,  lorfqu'il  arriva.  La 
première  chofe  que  fit  de  Chaos  ,  ce  fut  de  s'informer  fi  fon  ami  n'avoir  rien 
laifle  qui  dût  lui  être  remis.  Le  Maître  de  la  maifon  lui  montra  une  certaine 
poudre  que  La  Bufardiere  lui  avoit  donnée  en  dépôt  ,  mais  dont  il  ne  con- 
DoiRbit  pas  l'ui'age.  De  Chaos  fe  fervit  de  la  poudre  ,  l'emporta  &  fit  avec  elle 
plufieurs  projcdtions.  Elle  fut  éprouvée  pour  la  première  fois  eu  préfence  du 
dernier  Empereur  ,  qui  fit  frapper  ,  de  l'or  produit  ,  une  Médaille  qui  porte 
fur  une  de  fes  faces  la  figure  &  les  attributs  de  Mercure  ;  &  fur  le  revers. 
le  jour  &  l'année  auxquels  la  Médaille  a  été  frappée.  Il  auroit  dû  dire  le  jour  & 
l'année  auxquels  la  prétendue  transmutation  a  été  faite.  Mais  je  palTe  fur  le  conte 
rapporté  par  Monconys  ;  il  y  a  long-tems  qu'on  a  accordé  le  privilège  de  mentir  à 
■  ceux  qui  courent  le  monde  ,  &  ce  privilège  eft  double  ,  lorfqu'on  efi:  encore  fouffleur,  ' 

RICOME ,(  Laurent  J  de  Montpellier,  naquit  le  24  OfVobre  1654,  Quoique 
fon  éducation  n'eiàt  rien  que  d'ordinaire  ,  la  beauté  de  fon  génie  perça  &  fit 
voir  de  bonne  heure  combien  il  étoit  propre  aux  Sciences.  Après  fon  cours  d'Hu- 
manités au  Collège  des  Jéfuitcs,  il  fe  livra  aux  Jîelles-Leitres  &  à  l'étude  de  la 
Philofophic.  Il  prit  du  goût  pour   la  Phyfiquc    &  l'Hiftoire  Naturelle  ,  &  ce  goût 


R    1    D  7î 

ïe  dérermina  à  prendre  le  parti  de  la  Médecine  ,  qu'il  étudia  dans  fa  ville  n^îtale  , 
où  il  reçut  le  bonnet  de  Dodeur  à  làge  de  22  ans.  Peu  de  tcms  après  Ta  pro- 
motion,'il  fut  nommé  Médecin  ordinaire  de  l'Hôtel-Dieu.  Les  ftrvices  qu'il 
rendit  à  cet  Hôpital  ,  le  zèle  avec  lequel  il  fecourut  les  pauvres ,  la  fagelTe  qui 
accompagna  toutes  fes  démarches  ,  lui  attirèrent  l'eftime  &  la  confiance  de  M. 
Pradel,  Evêque  de  Montpellier,  &  ce  Prélat  le  prit  pour  un  de  les  Médecins» 
fur-tout  durant  fa  dernière  maladie.  11  aimoit  à  le  confulter  &  à  s'entretenir  avec 
lui  ;   &    ce  fut   entre  fes  bras  qu'il  mourut. 

Rlcome  fe  livra  davantage  à  l'étude  de  la  Botanique  qu'à  la  pratique  de  la  Mé- 
decine; &  pour  réuflir  dans  fon  occupation  favorite  ,  il  n'épargna  ni  veilles  ,  ni 
voyages.  Son  tempérament  en  fut  confidérablement  altéré  ;  mais  il  s'en  appcrçuf 
trop  tard.  Lori'que  Magnol  ^  célèbre  Botanifte  &  Dod^eur  en  Médecine  de  la  Fa> 
culte  de  Montpellier,  fut  appelle  en,  1708,  pour  remplir  la  place  de  Tournefort 
à  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  il  ne  le  trouva  pas  de  meilleur  fujet  que 
Ricome,  pour  remplir  celle  que  Magnol  laiffoit  vacante  dans  la  Société  de  Mont- 
pellier. 11  eut  tous  les  fuffrages  de  cette  Compagnie,  à  qui  il  fit  part  d'une  ex- 
cellente Diifertation  fur  les    plantes.    Cet   Académicien    mourut  le  24   Août  I711. 

RIDEUX,  CGuillaume  )  Do£l:eur  de  Montpellier,  dont  ^ftruc  fait  mention 
dans  fon  Hiftoire  de  la  Faculté  de  Médecine  de  cette  ville,  fut  pourvu  de  la 
Régence  vacante  par  le  décès  de  Gafpar  Fefqaet.  Ses  provifions  furent  expédiées 
à  Saint  Germain  en  Laye  le  ai  Avril  1673;  "^"'^  ''  paroît  par  les  provifions 
même,  que  cette  Régence  avoit  été  mile  au  concours,  que  h  Faculté  avoit 
propofé  au  Roi  trois  fujets  &  que  le  Roi  avoit  choifi  Ric'eux.  Ce  Médecin 
avoit  du  favoir  &  du  génie,  &  il  auroit  réufli  dans  les  fondions  de  fa  Chaire, 
ainli  que  dans  l'exercice  de  la  Médecine,  s'il  eiit  voulu  s'appliquer;  mais  il  n'si- 
moit  pas  le  travail,  &  il  fe  contenta  d'être  attaché  au  Cardinal  de  Bonzi,  dont 
le  fervice  lui  laiffoit  un  grand  loifir.  En  1698  ,  il  obtint  des  provifions  à  la 
Chaire  ,  dont  il  s'étoit  démis  en    faveur  de  fon  fils  ,  &-mourut  peu  de   tems  après. 

Pierre  Rideiix ,  ce  fils  de  Guillaume^  avoit  beaucoup  d'efprit ,  &  beaucoup  plus 
de  favoir  en  Médecine,  qu'on  ne  le  penloit.  11  ne  fe  foucioit  pas  qu'on  lui  crût 
des  talens ,  parce  que  la  nonchalance,  ou  li  l'on  veut  la  parefle  de  fon  amc , 
lui  fiifoit  haïr  toute  forte  d'application  &  de  contrainte..  De  ce  cuté-li\,  il  rcf- 
fcmbloit  parfaitement  à  fon  père.  Il  avoit  quelque  choie  de  fi  doux  ,  de  fi  ailé 
&  de  fi  liant  dans  le  caradere,  qu'il  s'accoromodoit  à  celui  des  autres,  ne  con- 
teftoit  jamais ,  ou  conteftoit  avec  une  politeffequi  le  faifoit  aimer  de  tous  ceux  qui  le 
connoilfoient.  11  mourut  en  1707,  &  laifla  un  fils,  Pierre  Ridmx ,  qui  avoit  obtena 
la  furvivance  de    fa  Chaire.  On  a  de  ce  dernier: 

Dijjertatio   Pliyjico-^Jnatcmica  de    motu,    mufculari.   Monfpelil  ,  1710  ,  in-12. 

Çonfpe&us  in   liumorum  fecretio.ies  m  génère.    Ibidem^  1731  >  ^"8. 

RIDLEY  ,  ("Henri  )  Membre  du  Collège  des  Médecins  de  Londres,  publia 
à  la  fin  du  dernier  fiecle  un  Traité  du  cerveau,  avec  plufieurs  remarques  fur 
la  Théorie  du  mouvement  mufculaire.  On  y  trouve  quelques  oblcrvations  qui 
ent  échappé  à  ff^illis  &  à  FieuJJens  ^  &  que  les  Anatomifles  modcriies  ont  adop- 
técs  y.  mais  on  en  trouve  aulli   que   ces  mêincs  Anatoraiftes   ont  rectifiées  ou  rc« 


72  R    I    D       II    1    E 

jettées,    L'Ouvrage  de^Ridley    a  paru  à  Londres  en  1695  ,  /n.8,  fous  Ce  titre: 

The  ylnatomy  of  the  braia,  containing  hs  mcchanlfni  and  Phljlology.  On  a  imprimé  , 
en  i;?05,  une  l'raduiflion  Latine  de  la  main  de  Michel  EttmuUr  ;  &  il  y  a  encore 
une  édition  en  cette  Langue ,  qui  eft  intitulée  :  ylnawmla  cerebri  comphckns  ejus 
mcchanifmum   &  Phyjîohgiam.   Luodual   Batavorum  ^    ^725,   /n-8. 

Ridky  a  aufià  écrit  des  obfervations  pratiques  &  phyiiologiques,  dont  le  Re- 
cueil porte  ce  titre  :  ^ 

Obfervatlones  quadain  Medico-Pra&lciS  &  Phyjîologicte  ,  inter  quas  patilo  fujîàs  Je 
■uiflhmate  ,  Hydrophoblâ  &  cordis  in  Embryons  flrudiurâ ,  &c  agitur.  Londini ,  1^03» 
îjiS.   Lugduni  Batayoriim  ,  1738,  in-B. 

Il  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin,  avec  un  autre  du  même  nom,  mais 
plus  ancien.  C'eft  Marc  Ridky  qui,  après  avoir  pris  le  bonnet  de  Do(fieur  à 
Cambridge  ,  pafla  en  Ruflie  ,  où  il  fut  Médecin  des  Marchands  Anglois  &  en- 
luite  du  Czar.  Il  revint  à  Londres  au  commencement  du  XVil  fiecle ,  fe  fit  rece- 
voir dans  le  Collège  de  cette  ville,  &  parvint  à  la  charge  d'Eledcur  de  fa  Com- 
pagnie. On  a  de  lui  des  Remarques  en  Anglois  fur  un  Ouvrage  de  Guillaume  Bar- 
low,  qui   eft    intitulé:   Magnctical  yidvertifimmt. 

RIDO,(  Nicolas  )  né  à  Padoue  dans  une  famille  patricienne,  fit  la  Médecine 
dans  cette  ville  avec  tant  de  réputation,  qu'il  fut  furnommé  VHippocrate  de  fon  fie- 
cle. Laurent  Fi^norius ,  fon  compatriote  qui  mourut  en  1631  &  laifla  plufieurs  Ou- 
vrages furies  Antiquités,  dit  que  Rido  a  écrit  diiférens  Traités  de  Médecine,  mais 
qu'ils  font  perdus.  On  lui  attribue,  en  particulier,  un  Recueil  de  Pronoftics  en 
vers,  dont  Jacques  de  Forli  fait  mention.  Ce  Poëte-Médecin  mourut  environ  l'an  1360. 

RIEDLIN  f  Vite  J)  naquit  à  Ulm,  le  28.  Juin  1628  ,  dans  une  famille  dont 
les  chefs  s'ctoicnt  fait  depuis  iong-tems  une  affaire  de  fe  diftinguer  dans  l'exer- 
cice de  la  Chirurgie.  George  ,  fon  père ,  mort  en  1648 ,  après  avoir  publié  un 
Recueil  dObfervations  ,  fon  aïeul  ,  fon  bifaïeul  ,  fon  trifaïeul  même  ,  ont  tous 
ioui  d'une  réputation  qu'ils  ne  durent  qu'à  leurs  talens.  Celui  ,  dont  je  parle , 
apprit  les  élém^ns  de  la  Chirurgie  à  l'école  de  fon  père  ,  &  fe  rendit  à  Straf- 
bourg  ,  en  1647  ,  pour  y  commencer  fon  cours  de  Médecine  ,  qu'il  finit  le 
13  Janvier  1653  P^'"  ^^  réception  du  bonnet  de  Dodîeur.  En  1655  ,  il  fe  fit 
aggréger  au  Collège  des  Médecins  de  fa  ville  natale  ,  &  il  en  occupa  les  places 
les  plus  honorables  ,•  mais  il  ne  profita  pas  Iong-tems  des  avantages  que  fon 
application  à  l'étude  lui  avoit  mérités  ,  car  il  n'avoit  que  40  ans  ,  lorfqu'il 
lîiourut  dans  fa  patrie  le  16  du  mois  de  Novembre  166B.  Il  a  recueilli  trois 
Centuries  d'Obfervations  que   fon  fils  a  fait  imprimer  à  Ausbourg  en  1691  ,  //i-ia, 

RIEULIN  ,  C  Vite  )  fils    du  précédent  ,   vint   au  monde   à  Ulm   le   19  Mars 


la 
à 


Tubingue ,  en  1674  ,  pour  y  commencer  fon  cours,  &  il  y  fit  de  fi  grands  progrès 
Ibui  les   Profefieurs  de  la   Faculté  de    cette  ville  ,  qu'étant   paflé   en  Italie  l'an 

1676, 


RIE  ^3 

1676  ,  il  reçut  les  honneurs  du  Doi^orat  à  Padoue  le  a^  Septpmbre  de  la 
même  année.  11  auroir  bien  f)uhnué  de  prolonger  fon  l'éjour  dans  cette  Uni- 
verfité  ;  mais  la  médiocrité  des  fecours  qu'il  recevo.t  de  ion  pays  ne  lui  per- 
mettant pas  d'y  fubfifter  avec  honneur  ,  il  retourna  l'année  fuivante  dan?  fa 
patrie.  Le  14  Mai  1679  ,  il  fe  fit  ao;gréger  au  Collège  des  INIédecins  d'Auf- 
bourEj  ,  &  bientôt  après  il  fut  reçu  dans  l'Académie  Impériale  d'AJ.'emagne 
qui    le   nomma     Adjoint   fous  le  nom  de    Craterus. 

Le  mérite  de  R'iedlin  ne  tarda  pas  à  percer.  Répandu  dans  Ausbourg  par 
une  nombreufe  pratique  ,  recherché  même  par  les  malades  de  la  première  cun- 
fidération  ,  il  fe  trouva  lî  bien  dans  cette  ville  ,  que  fon  intention  étoit  d'y 
pafler  le  refte  de  fa  vie  ;  mais  les  inftances  qu'on  lui  fit  pour  retourner  à  Ulm  , 
l'engagèrent  à  changer  de  deffein.  Il  lé  rendit  aux  vœux  de  fes  compatriotes 
&  rentra  dans  fa  ville  natale  le  19  Septembre  1704.  Ses  fuccè.s  lui  procurèrent 
autant  de  réputation  qu'à  Ausbourg  ,  &  il  fe  loutint  dans  la  même  lélcbrité 
.jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  29  Février  1724.  Les  Obierva:ions  ,  dont  il  a  t^nrichi 
les  Mémoires  des  Curieux  de  la  Nature  ,  lui  ont  tait  honneur  ;  mais  fes  au. 
très  Ouvrages  ne  lui  ea  ont  point  fait  un  aufli  durable  ,  puifqu'on  lui  a  re- 
proché de  les  avoir  groffis  par  de  longs  détails  fur  les  choies  les  plus  médio- 
cres ,  &  par  quantité  d'Hifioires  où  il  fait  preuve  de  fon  aveugle  crédulité» 
Tels  que  foient  fes  Ouvrages  ,   voici   leurs    titres  : 

Liriez  Médite  continentes  Objervationcs  ,  Hijiorias  ,  Expérimenta  ,  Cautelas  S'c. ,  à 
menfe  Januario  1695  ad  meafem  Junium  1700.  ^ugafla  F'indelicorum  ,  dix  volumej 
in-8.  Et  fous  le  titre  d^Obfcrvaîionum  PhyjîcQ-  Medicarum  SyUogc.  Llpfits  ^  1746 
in  4.  C'eft  le  Journal  dans  lequel  il  écrivoit  fes  propres  Obfervations  &  celles 
d'autrui  ;  mais  il  ne  paroît  pas  que  lui-même  ,  ou  ceux  qu'il  a  copiés  , 
aient  toujours  eu    le    talent   de   bien    voir. 

Jter    Medicum  fa-ù'atis   recuperand£   causa  injlitutum.    ^agufia  F'indelicorum  ^  1702  j 
M-8  ,   avec   les    Obfervations    Chirurgicales    de   George  Riedlin  ,  fon  grand-pere. 

Meihodus   curandi   filtres.  Ulmts  ,  1705  ,  inS. 

Manudu&io  brevis  ad  Jludium  Mcdicitue.  ^uguJΣ  F'indelicorum  ,  1706  ,  in-8.  Il 
n'eft  que   l'Editeur   de    ce    Traité   qui    appartient    à   fon    père- 

Medulla    Phar.-nacnpoeicE    Aug"jlan£.    Ibidem^  ^7^7  •>  i'^-^- 

Curarum  Medicarum  MiUcnarius.  Ulniee  ,  1709  ,  in-^.  L'Auteur  s'eft  plijs  attaché 
au  nombre  quau  choix  des  Obfervations  ;  encore  manque-t-il  de  guût  dans  la 
manière    dont  il   les   a   rendues. 

De   Embroc'Us.    Ibidem,  1710,  1/1-4. 

RIETMAEKEli.S  ,  f  Hubert  -  Arnoud  J  Médecin  du  XVII  fiecle  ,  étoit  de 
Bréda.  Il  étudia  à  Louvaiu  ,  (,ù  il  fit  de  grand»  progrès  Anas  Thomas  Jienns^ 
&  palfa  eiîfjite  à  Tirlemont  à  quelques  lieues  de  cette  ville.  Il  s'y  fit  aimer 
par  les  qualités  de  fon  cœur  ,  qui  étoit  bon  ,  franc  &  généreux  ;  mais  celles 
de  Ion  elprit  lui  méritèrent  une  eftimc  plus  générale.  Prudent  d^ins  la  conduite  des 
affaires ,  judicieux  dans  le  choix  des  moyens  propres  à  le*  faire  rcuHir  ,  il  étoit 
aulli  bon  politique  que  favant  Médecin;  il  étoit  même  G  perfuadé  de  l'importance  de 
T  0  M  E     ir.  K 


j^  R    I    GT 

l'étude  des  Belïes-Lettres ,  qu'il  aimoit ,  que  c'cto't  à  fts  yeux  une  faute  capitale 
de  la  négliger,  parce  que  cette  étude  orne  non  feulement  l'efprit  du  Médecin, 
mais  polit    encore  ,   éclaire   &    ennoblit   fon   Art. 

Rictmaekers  fe  préparoit  à  donner  au  public  trois  Livres  De  cura  fanUath , 
iorfque  la  mort  vint  l'arrêter  dans  fon  delfein.  Nous  n'avons  de  lui  que  l'Ou- 
vrage  iuivant  ; 

Tracîatus  de  nephritico  dolore  ,  in.  quo  ejftnda  ^  differentia  ,  cau/k ,  Jïgna  &  curatio 
calcuU  &  arcnularuni  explanantur.  Lovanii  ,  1622  ,  1639  ,  in-4.  f^enctiU  ,  .1655  , 
1664  ,  in-12. 

RIGORD  ,  RIGOLDE  ou  RIGOT  ,  Moine  de  Saint  Denis  ,  étoit  Goth  , 
c'eft-à-dire ,  du  Bas-Languedoc  qui  dans  ce  tems  étoit  appelle  Gothie.  C'eft  le  nom 
que  lui  avoient  donné  les  Goths ,  quand  ils  occupoient  ce  pays.  Rigord  mourut 
!e  17  Novembre  au  commencement  du  XIII  fiecle  ,  mais  on  ne  fait  en  quelle 
année  ;  tout  ce  qu'on    lait    bien  ,  c'eft    qu'il   dit  lui-même  qu'il   étoit   déjà    vieux 

en   1205.. 

Rioord  fè  borne  à  prendre  le  titre  de  Beatl  Dionyfti  uireopagîta  Clericorum 
mlnimus  ;  on  allure  cependant  qu'il  exerça  la  Médecine  ;  quelques  Ecrivains  mo- 
dernes lui  donnent  même  la  qualité  de  Médecin  de  Philippe-Augufte  ,  Phyjîcus 
Régis.  11  eft  appelle  Magijîer  dans  l'ancien  Nécrologe  de  Saint  Denis  en  France  , 
Magijhr  Rigonus  M.  B.  D.  ,  c'eft-à  dire  ,  Monachus  Beati  Dionyjîi  ;  mais  on  n'a 
jamais  donné  le  titre  de  Magifter  aux  Moines  ,  à  moins  qu'ils  n'enfeignalTent 
dans  quelque  Ecole  approuvée.  C'eft  la  remarque  que  fait  M.  Lorry  dans  fa 
Note  fur  les  Mémoires  à^^flruc  ,-  Article  Rigord  ;  &  il  s'enfuit  delà  qu'il  eft 
bien  apparent   que    ce   Moine  a  profeflé   publiquement  la    Médecine.. 

11  nous  refle    de  lui    une  Hiftoire   Latine  du    règne    de  Philippe-Augufte ,  dont 
le   ftyle   eft  allez   clair  &  la  diction  paflable.  Elle  eft  curieuie  &  fort  exadte  ;  mais 
c'eft   dommage   qu'elle  foit    remplie   de  contes   faits    pour  le    peuple  ,    de   vifions, 
de  fonges   &    de    fuperftitions.    Elle    commence    en  1179   &    finit   en    1209  ,    fous 
le    titre  de   Gefta  Philippi-^ugufti   Francorwn  Régis.  Si   l'on   en   croit  yfftruc ,  1  •Hif- 
toire  de    Rigord  ne    va   pas   fi   loin  ;    il    eft  du  fentiment  qu'il  ne  la    poufla  que 
iufqu'à   l'an   1205    ou  1206,  &  que    le  refte  de  l'Ouvrage  vient  d'une  autre  main. 
LaiUbns    pour   un    moment  cette  diicuilion  ,   &  bornons-nous  à  dire  qu'il  eft  parlé 
de    l'UniverBté    de    Paris    dans  cette    Hiftoire  ,    fous   l'année    1209  ,    &   que    ce 
qui    en   eft  rapporté    eft  trop    remarquable,   pour  le  palier  dans  ce  Didionnaire  , 
où  de  pareils   traits  doivent  trouver  place.    In  diebus  illis  jludium  litterarum  jlorebat 
Parifils  ,    nec    legimus    tanram    aliquando  fuijj'e    Scholarium    frequendam:    ^thenis    vel 
avpypu  vel    qualibcî  in  parte  mundi  ,   quanta   locum  preedi&um  ftudmdi  grat'â.  incolebat, 
Ouod  non  folum  fiebat  propter    locl    iUius  amœnitatem  ,  fi?   bonorum   omnium  fiipercbua" 
daritiain  afflaentiam  .,  fed   etiam  propter  libertatem  &  fpecialem  prarogativam   dcfcnjîonis  ^. 
quant    Pbilippus    Rex  ,    &  pater    ejus    ante   ipfum  ,  ipfis   Scholaribm    impendebat.    Cum 
ieitur    in   eadem    nobilijpma    civitate    non    modo  de  Trivio  &   Quadrivio    fi?    de   quajlio- 
nibus  juris   Canoiiici  fi?  Civilis  .,  &  de  ea    Facuhate  ,  qu£  de  fanandif  corporibus  fi?  fa. 
nitatibus   confervandis  fcrlpta    eft  ,  plena    &  perfc&a    inveniretur  [criptura  ,  ferventiori 
lamen  fiudiù  Sacram   Paginant  &  Tluologicos  docebaat,. 


R    I    G^ 


?5 


';^ruc  ,'  toujours  prévenu  en  faveur  <^c  la  Faculté  de  Montpellier,  ne  trouve 
!pas  que  ce  pailige  puiiTb  convenir  ft  l'-îtst  do  l'Univerfité  de  Paris  en  laog. 
il  le  rc:!;ar.i3  comme  un  pafTage  banal  &  comme  une  interpolation  que  quelque 
main  plus  récente  a  faite  dans  les  Auteurs  qui  ont  écrit  après  Rlgord.  Mais 
doit-on  trouver  extraordinaire  de  voir  des  Ecrivains  rapporter  ce  qui  a  été  dit 
avant  eux  °?  Encore  qu'on  n'auroit  pas  plufieurs  autres  pafihges  d'Auteurs  prefque 
contemporains  ,  qui  confirrnent  l'antiquité  de  l'enfeignement  confiant  de  la  Mé- 
decine dans  rUniverfité  de  Paris  ,  ce  que  Rigord  en  dit ,  ne  devroit  pas  pafl'cr 
pour  un  texte  fuppofé.  L'afliuence  d'Ecoliers  dont  il  parle  ,  eft  confirmée  par 
Jacques  de  Vitry  ,  Cardinal  &  Légat  du  Saint  Siège  ,  qui  vécut  en  1228  , 
c'eft-à-dire  ,  dix-neuf  ans  feulement  après  l'époque  de  Rigord.  Ce  Cardinal  n'a 
pu  s'énoncer  ainfi  dans  fon-  Hiftoire  Occidentale  ,  Chapitre  VII  :  Ex  omnibus 
penè  Europe  regionibus  innumeri  difcendi  causa  confluxerunt  ,  l'ans  qu'il  y  eût  alors 
à  Paris  un  enfeignement  ,  dont  la  forme  &  la  confidence  avoient  procuré  beau- 
coup de  réputation  à  cette  ville.  L'état  que  Rigord  donne  à  cet  enfeignement 
eft  il  éloigné  de  celui  auquel  l'Univerfité  de  Paris  monta  dans  la  fuite  ,  que 
bien  loin  qu'il  y  ait  de  l'exagération  dans  le  narré  de  cet  Hiftorien  ,  on  n'y 
trouve  au  contraire  que  des  traits  qui  annoncent  la  perfeftion  prochaine  du  Corps 
Académique.  Sous  le  mot  de  Trivlum  ,  on  comprenoit  alors  la  Grammaire  ,  U 
Rhétorique  &  la  Dialedique  ,  &  lous  celui  de  Quadrivium  ,  l'Aftrologie  ,  la  Géo- 
métrie ,  l'Arithmétique  &  la  Mufique.  C'étoit  le  partage  de  la  Faculté  des 
Arts.  Celle  de  Théologie  étoit  dans  un  état  plus  folide  &  plus  brillant  :  l'en- 
feignement  de  la  Médecine  avoit  déjà  pris  une  telle  confiftence  ,  que  fi  le 
Corps  des  Maîtres  ne  portoit  point  encore  le  nom  de  Faculté  ,  il  en  avoit 
prefque  la  forme  :  le  Droit  Canonique  tenoit  de  trop  près  à  la  Théologie  ,  pour 
que  l'étude  qu'on  en  faifoii ,  ne  participât  point  à  l'état  de  vigueur  de  celle-ci 
Quant  au  Droit  Civil ,  c'étoit  comme  furtivement  qu'on  en  traitoit  quelques 
queftions  ;  la  découverte  des  Fandeilies  de  Juftinien  en  113'^  avoit  tourné  les 
efprits  de  ce  côté-là  ;  mais  les  Souverains  Pontifes  &  les  Èvêques  s'en  allar- 
merent  ,  par  la  crainte  que  la  Théologie  &  le  Droit  Canon  ne  manquafient  de" 
Maîtres  &  d'Ecoliers.  Tel  étoit  l'état  de  l'Univerfité  de  Paris  au  tems  que 
Rigord  écrivoit  ;  &  certes  il  n'y  a  là  rien  qui  oifufque  celle  de  Montpellier 
pour  l'honneur    de    laquelle    ^ftruc   s'épuife    en    réflexions.  ' 

Il  étcit  alors  permis  aux  Moines  de  pratiquer  la  Médecine  ,  bien  emendu  à 
ceux  qui  n'étoient  que  fimples  Clercs  ,  ainfi  que  Rigord.  Il  eft  vrai  que  le 
fixieme  Canon  du  Concile  de  Rheims ,  tenu  en  1131,  défendit  esprefl'ément  aux 
Moines  &  aux  Religieux  l'étude  de  la  Médecine  ;  mais  comme  il  les  traite  de 
téméraires  ,  parce  qu'au  mépris  de  leurs  engagemens ,  ils  abandonnoient  le  foin 
des  âmes  pour  ne  s'occuper  que  du  traitement  des  corps  ,  il  paroît  que  cette 
défenfe  regardoit  plus  particulièrement  ceux  qui  étoient  Prêtres.  Le  Concile  de 
Latran  en  1139  ,  celui  de  Montpellier  en  1162  ,  répétèrent  tout  ce  qui  avoit 
été  ftatué  à  cet  égard.  Les  Pères  du  Concile  de  Tours  ,  tenu  en  116",  s'ex- 
priment ainfi  .•  Proinde  fiatuimus  ut  nullus  omnino  ,  pojl  votum  Rcligionis ,  poft  fac/am 
ProfeJJlnmm  ,  ad  Phyjîcam  Legefve  mundanas  hgendas  pcrmhtatur  exire  :  fecùt  excom- 
rmunlcatus  ab  omnibus  vîtetur.  Cette  défenfe  ,  quoique  bien  précife ,  n'opéra  pas  tout 


76  R    I    I        R    T    O 

l'effet  qu'on  en  attendon  ;  elle  ne  fît  que  modérer  les  abus,  La  ciiricfiré  ,  les 
honneurs  ,  les  récompenfes  ,  &  tant  d'autres  attrait?  qu'oiïre  l'Art  de  guérir  , 
avoient  porté  dans  les  Cloîtres  un  fi  grand  empreffemcnt  ,  que  les  Religieux , 
au  -  lieu  d'étudier  la  fcience  de  leur  état ,  s'attachoient  aux  Livres  d'Hippocrate 
&  d* ^ibucajis.  L'émulation  étoit  même  li  vive  à  cet  égard  ,  qu'elle  avoit  caufé 
une  elpece  de  dél'ertion  dans  les  Monafleres  :  il  fallut  que  le  Concile  employât 
l'excommunication  pour  rappeller  'A  leurs  exercices  ces  fedlatcurs  li  finguliers 
à^Hipppcrî't:  ,  lelquels  ,  félon  la  remarque  du  Dofleur  Frelnd ,  ne  pouvoient  être 
bien  habiles  ,  ni  dans  leur  protellion  ,  ni  dans  la  nôtre.  Honoré  ÏIl  ,  qui  fiégea 
depuis  le  ai  Juillet  1216  juiqu'au  18  Mars  1227,  renouvella  les  mêmes  défenleS 
contre  les  Religieux  ;  il  défendit  encore  aux  Archidiacres  ,  Prévôts  ,  Curés  » 
fimples  Prêtres  ,  de  faire  la  Médecine.  Ainfj ,  ajoute  Chomd  dans  fon  Eflai  Hit" 
torique  fur  la  Médecine  en  France  ,  les  Chanoines  ,  les  Diacres  ,  Sous-Diacres  •> 
Clercs ,  étoient  les  maîtres  de  prendre  la  profellion  de  Médecin  ,  ou  du  moins 
n'en  étoient  pas  formellement  exclus.  Quant  aux  Moines  qui  n'étoient  que  Clercs» 
il  paroît  qu'on  avoit  eu  antérieurement  la  même  indulgence  à  leur  égard  ,  fur- 
tout  )  lorfqu'il   plaifoit   aux  Rois    de  les   appeller  à   leur    fervice. 

RIIF,  f  Vautier- Herman  J  Médecin  natif  de  Strasbourg  ,  avoit  occi^pé  l'em- 
ploi de  Phyficien  ordinaire  de  la  ville  de  Nuremberg  ,  lorfqu'il  fe  retira  à 
Mayence  ,  où  il  fut  en  grande  réputation  vers  l'an  1540.^  H  a  publié  plulîeurs 
Traités  en  Allemand  fur  la  Chirurgie  ,  fur  les  Aecouchcmens  &  fur  l'Anatomie  » 
mais  le  Baron  de  Halkr  &  George  Matthias  ne  les  regardent  que  comme  des 
compilations,  Sa  del'cription  du  corps  humain,  imprimée  en  Allemand  à  Strasbourg 
en  1541  1  in-foLo ,  fut  mile  en  François  &  donnée  au  public  à  Paris  en  1545, 
même  format.  L'édition  de  Diofooride  de  la  Vcrfion  de  Jean  Ruel ,  qui  parut  à 
Francfort  en  1543  >  in-folio  y  eft  ornée  de  notes  favantes  de  fa  façon.  Ses  autres- 
Ouvrages   font  : 

De   memoria  artificialï  ,  quant  memoratîvam  artem  vacant ,  Opufculum  rariim    &  injîgne. 
' ^rgentime  ,    1541  ,  in-'à. 

Meilcince  Theoriae  &  PraSlca  brève  quidem  ,  fed  doSiJfwtum  pariter  ac  opulentum 
Enchyridion,    Ibidem^  154'^»  in-ii, 

Jatromathematicte ,  hoc  ejî  ,  medicatïonls  accommodatte  ad  aflrologicam  ratlonem  Encby^ 
ridion,  de  crifi  ^    dcque   invefligatione   dierum  criticorum.  Ibidem,   1542,  in-12. 

Les  Hiftoriens  parient  de  Pierre  Ri'rf,  Docteur  en  Médecine  &  Profefleur  de 
Mathématique  à  Bâle  ,  fa  patrie.  Il  y  vint  au  monde  le  8  Mai  1555,  &  mourut 
le   19  du  même  mois  1629. 

RIOLAN  (  Jean  )  étoit  d'Amiens.  H  fit  de  grands  progrès  dans  les  Sciences 
&  dans  la  Littérature  ;  car  outre  les  Langues  favantes  qu'il  écrivoit  &  parloir 
avec  une  facilité  admirable  ,  il  n'y  avoit  pas  d'Auteur  ancien  qu'il  ne  connût 
parfaitement   &  dont    il    ne    fût    en    état  de  fiiire   l'analyfe. 

Riulan  régenta  la  Phyfique  au  Collège  de  Boncour  à  Paris,  prit  le  bonnet  de 
Dofleur  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  cette  ville  vers  l'an  1574  ,  fut  choiG 
Doyen  en  1586,  continué  en  1587,  &  mourut  le  18  du  mois  d'Od^obre  1606. 
11  a  été  uD  des  plus  illuftres  orneraens  de  la  Faculté    de  Paris  >  ôj  l'un  des  plus^ 


RIO  ^^ 

grands  partifans  de  la  dof^rine  d'Hlppocrate ,  qu'il  a  défendue  avec  beaucoup  de 
zèle  contre  les  Chymifies.  Ses  Ouvrages  ,  qui  feront  un  monument  éternel  de  fa 
capacité,  furent  recueillis  en  un  volume,  in-folio,  dans  lequel  on  a  inféré  plu- 
Ceurs  Traites  poflhiimes  :  l'édition  eft  de  Paris,  i6io  ,  fous  le  titre  d'Opcra  oui' 
nia  ,    tàm   haUtenns  édita   q  ait  pofthuma.   On  a  publié  féparément   : 

De  primis  princîpiis  reruni  naturalium  Libri  ires.    Parifùi  ,,  i^7i  ,  in-^.  Montebelgardi  ^ 
-  1588  ,  in  S. 

u4d  impudentlam  qaorumdain  Chirurgorum  qui  Medlcis  aquari ,  (S?  Chirurglam  publlcè 
profiteri  volunt  ,  pro  yeieri  dîgnitatz  Medicime  u^pologia  Philofophica,  Parifils ,  i5j!'7 , 
/n-12.  Cet  Ouvrage  eft  une  eïpece  de  déclaration  de  guerre  contre  les  Chirurgiens. 
Riolaii  s'élève  contre  ceux  qui  vouloient  de  Ion  tems  enfeigner  la  Chirurgie  ,  fans 
avoir  aucune  connoifTance  des  Belles-Lettres;  &  de  nos  jours  ,  on  a  réclamé  contre 
les  Chirurgiens  qui  fe  paroient  du  titre  de  Maître-ès-Arts.  C'cft  ainfi  que  la  paf> 
lion  aveugle  les  hommes  &  leur  fait  adopter  des  fyflêmes  contraires  ,  que  l'ef- 
prit.  dominant  du  Corps  ,  auquel  ils  font  attachés  ,  s'eftbrce  toujours  de  tourner 
à  fon  avantage.  Cet  Ecrit  de  Rlolan  fut  fuivi  de  différentes  pièces  que  l'un  &c 
l'autre  des  partis  publièrent  pendant   le  cours  de  la  même  année   1577- 

Comment arii  in  Jcx  pofieriores  Phyfîoingi£  Ferndii  Libros.  Parijîii  ^  1577?  '«-S.  Mon- 
tebelgardi ,  158g  ,  jn-8.  ^niverplte  ^   1601,  m-8. 

^rs  bene  medcndl.  Lugduni  ^  15S9,  in- 8,  avec  siphon fi  Benocii  Methodus  medcndi.  Pari" 
fis ,   1601  ,  in-d. 

Ad  Libros  Fernelii  de  abditis  reruin  caufis  Commentarii.  Parifiis  ,  1598  ,  (n-12  , 
i6oa ,  zn-8. 

Univerfe  Medicime  Compendium,  Ibidem  ,  iggS ,  inS.  Safdete ,  160 1 ,  /n-i2.  Il  y 
a  encore  une  édition  de  Bftle  de  162g  ,  i/i-8,  par  les  foins  à^Emmanuel  Stupan  , 
fous  le  titre  à''Artis  Mediclnalis  Tkeoriae  &  Pra&icte  fyjîema, 

Ad  Libavii  maniam  Rej'ponfio ,  çro  cenfura  Schol£  Parifîenjïs  contra  Alchymiam  latâ. 
Parifiis^  1600  ,  in  8. 

ChiruTgia.  Liofiis  ,  1601  ,  /n-8.  Parifiis  ,  i6i8 ,  /n-8.  En  François,  Paris  ,  1669, 
in- 12. 

Pnele&iones  in  Libros  Phyfiologicos  &  de  abditis  rerum  caufis.  Accejferunt  Opufcula  quœ- 
éam  Philofophica.  Parifiis  ,    i6oa ,  m-8. 

DcFcbribus.  Ibidem,  1640,  in-8, 

RIOLAN  ,  (  Jean  )  fils  du  précédent  ,  naquit  à  Paris  en  1577.  Son  pcre 
oe  manqua  pas  de  féconder  les  heureufes  difpofitions  qu'il  montra  pour  l'étude, 
il  l'engagea  même  à  le  livrera  celle  de  la  Médecine.  Tout  y  portoit  le  jeune  Rio- 
lan.  Son  goût ,  l'exemple  d'un  père  célèbre  dans  fa  profefllon  ,  les  inftruétions  do- 
mcftiques  qui  lui  applaniffoient  les  difficultés  qui  arrêtent  les  commençans  ,  le  fi.- 
rent  marcher  à  grands  pas  dans  la  carrière  laborieufe  où  il  étoit  entré.  Ses  progrès 
furent  fi  rapides ,  que  peu  d'années  après  avoir  reçu  le  bonnet  de  Docteur  dans 
les  Ecoles  de  la  Faculté  de  fa  ville  natale  ,  c'eft-à-dirc  ,  après  le  premier  ce  Juil- 
let 1604  ,  il  s'annonça  par  des  Ouvrages  qui  poferent  les  fondemens  de  fa  répu- 
'tation.  pjn  1613  ,  il  fut  nommé  ProfeReur  Royal  d'Anatomie  &  de  Botanique 
par  Louis    XllI  ,  &    en   cette    dernière    qualité  ,    il    lu:   prélenta    une  Requête 


Il    1    o 


:jiprès  la  mort  de  cette  Frincefle  ,  arrivée  à  Cologne  le  3  Juillet  1642  ,  il  re- 
vint ea  France  ,  où  il  reprit  l'exercice  de  fon  état.  Riolan  mourut  à  Paris  le 
If)    Février    1657 ,  «gé   de  80  ans.   Il    avoit    fouffert    deux   fois    l'opération   de   la 

Taille. 

L'Anatomie  fut  la  paffion  de  ce  Médecin.  11  lut  prefque  tous  les  Ouvrages 
des  Auteurs  qui  ont  écrit  fur  cette  partie  ;  mais  prévenu  en  faveur  de 
l'Antiquité  ,  il  s'aveugla  quelquefois  au  point  de  ne  voir  ,  dans  fes  dilTedions  , 
oue  ce  que  les  plus  anciens  Anatomifles  avoient  remarqué,  il  a  cependant  fait 
lîlufieurs  découvertes  utiles  ,  parmi  Icfquelles  on  peut  compter  les  appendices 
graiflTcules  du  Colon.  Il  donna  des  noms  aux  canaux  hépatiques  &  cyftiques  ;  il 
obferva  que  le  canal  commun  ou  cholédocque  n'avoit  point  de  valvule  ,  mais  à 
la  place  de  cette  membrane  ,  une  cfpece  de  plis  qui  en  fait  les  fonctions.  Il  pu- 
blia de  nouvelles  obfervations  iur  le  vagin  &  l'orifice  de  la  matrice  ,  fur  l'os  hyoï- 
de fur  la  langue ,  &  fur  le  ligament  qui  s'étend  depuis  l'apophyfe  ftyloïde  juf- 
qu'à  l'angle  de  la  mâchoire  inférieure.  En  un  mot ,  Riolan  fut  un  habile  Anato- 
mifte  pour  fon  tcms.  Ses  Ouvrages  font  remplis  d'érudition  ,  écrits  avec  beaucoup 
d'éloquence,  cependant  un  peu  diffus.  Comme  il  pofTédoit  les  Auteurs  Grecs  &  La- 
tins ,  principalement  les  Poëtes  dont  il  avoit  fait  une  étude  des  plus  fuivies  ,  il 
a  rapporté  dans  fes  Ouvrages  dift'érens  lambeaux  de  ces  Auteurs  ,  &  les  a  ap- 
pliqués au  fujet  de  la  manière  la  plus  convenable.  On  doit  cependant  lui  repro- 
cher d'avoir  été  l'ennemi  juré  des  Anatomiltes  qui  s'étoient  fait  une  réputation 
brillante;  depuis  £uy?ac/u  jufqu'à  Dulaurens ,  aucun  n'a  échappé  à  fes  traits  fatyri- 
ques.  11  avoit  le  malheur  de  penfer  trop  avantageuiement  fur  fon  compte,  &  point 
allez' fur  celui  des  autres.  Plus  de  modeflie  de  la  part  n'auroit  rien  diminué  *de 
Ion  mérite  ;  c'étoit  allez  d'être  reconnu  lavant ,  fans  vouloir  afficher  une  fupério- 
jité  injuricufe  à  les  émules  ,  &  s'attribuer  une  forte  de  didarure  dans  fa  profef- 
fion.  D3  pareilles  prétentions  irritent  les  elprits.  Comme  il  étoit  d'un  cara<flere  bouil- 
lant décidé  ,  tranchant  ,  opiniâtre  ,  &  d'autant  plus  attaché  à  fes  fentimens  , 
qu'on  lui  en  démontroit  la  foibleffe  ou  la  caducité  ,  fa  conduite  lui  fufcita  de 
puifians  adverfaires  ;  il  anima  contre  lui  les  Médecins  de  fon  tems  ,  qui  le  cen- 
furerent   à  leur  tour. 

On  ne  trouve  aucune  figure  dans  les  Ouvrages  Anatoraïques  que  Riolan  a  laif- 
fés  ■  il  infinue  toujours  que  c'ett  la  Nature  elle-même  qu'il  faut  confulter  ,  &  pour 
cette  raifon,  il  ne  recourut  point  à  la  gravure.  Mais  ce  Médecin  ne  s'eft  pas  borné 
à  écrire  fur  l'Analomie  ;  il  a  travaillé  fur  d'autres  matières  ,  ainfi  qu'on  peut  le 
voir  dans  la  notice   fuivante  : 

Brevis  excurfus  in  Battologiam  Qucrcctani  ,  qub  yllchyml<e  prlncipia  funditùs  diruun- 
tur  ,    &   ^rtis   Veritas    Jemonftratur.    yîccejjlt    Cenfura   Schola    Parifiicnfis.   Parifiis  , 

1604,  in-î2. 

Comparatio  veteris  Medicina   cum  nf)va ,  Hippocratic£  cum  Hermetica ,  Dogmaticte  cum 
' Spargyrica.  Adjanclum  ejï  examen  ^nimadverflonum  Baacyneti  &  Harveti.  /iiiem,  1605  , 
an  \i.  On  peut  fe  rappeller  combien  la  Chymie  fut  mal  accueillie  parla  Faculté  <J* 
Paris  qui  étoit  alors  toute  Hippocratique, 


RIO  75» 

3ifputatio  d&  monflro  Lutetla  1605   natô.  Parifiis,  1605  ,  £n-ia. 

Incurj'ioaum  Quercctani  dipuljio.    Ibidem,   1605  , //j-I2. 

Cenfura  demoiijlrationis  Harveti  pro  vcriiate  ^lchynH<e.   Ibidem,  i€o6,/n-i3. 

Schola  ^naiomica  novls  &  raris  obfcrvationibus  illujhata.  udJjuncfa  ejî  accurata  Fœtû» 
hamani  Hiftoria.  Parifils ,  1607,  /n-8.  Genevts  ,  1624,  /n-B.  En  François,  par  Pierre 
Confiant,  Paris,  if)2y,  in-4.  Les  augmentations,  dont  l'Auteur  enrichit  ce  premier 
eflài  anatomique  ,  le  pouffèrent  à  un  voJume  in-folio ,  qui  fut  imprimé  à  Paris  ea 
1610  ,  Tous  le  titre  d'^natome  corporis  humani.  On  a  cru  trouver  la  découverte  des 
muicles  intéroffeux  dans  cet  Ouvrage ,  mais  Riolan  l'attribue  lui-même  à  Gclkn  , 
dont  il  étoit  trop  grand  partifan  pour  ne  point  lui  en  céder  tout  l'honneur. 

In  Libram  Claudii  Galeni  de  ojjlbus  ad  Tyrones  explanationes  apologeticie  pro  Galena 
adversùs  novidoi  &  novatorcs  ^natomicos.  ParijUs ,  1613,  fn-8  ,  avec  le  livre  de  Galien 
commenté    par  Jacques   Sylvius. 

Gigantomachie.  1613,  in-'è.  Elle  fut  écrite  contre  Habicoi ,  an  fujet  de  la  décou- 
verte des  os  du  Géant  Teutobochus.  Au  commencement  de  l'année  ,  on  y  répondit 
par  ]a  Hfjnomackleou  Refponce  d'un  compagnon  Chirurgien  nouvellement  anlvé  de  Moni" 
pellier ,  aix  calomnieufes  invecilves  de  la  Gigantomachic  de  Riolan  ,.  Docteur  en  la  Facul- 
té d'ignorance  ,  contre  Vhonneur  du  Collège  des  Chirurg'uns  de  Paris.  Jn'à,  Il  n'en  fallut 
pas  davantage  pour  piquer  Riolan  qui  n'étoit  point  mcnFgé  dans  cette  pièce.  Il 
entra  en  lice  ,  &  publia  L'impojlure  découverte  des  os  humains  fuppofés  &  faujfement  at- 
tribués au  Roi  Teutobochus.  Paris,  1614,  in  8.  Suivant  M.  GouUn.  dans  fa  L'ttre  â 
Fréron  ,  il  parut  enfuite  une  eflampe  repréfentant  Hablcut  à  cheval;  fur  le  feuillet 
fuivant  on  lit;  Extrait  des  Œuvres  non  encore  imprimées  de  N.  Hablcot ,  &c.  C'eft  la 
préface  de  la  première  édition  de  la  Semaine  anatomique  (  1610  )  à  laquelle  on  a- 
ajouté  des  apoftilies  marginales  pour  déprifer  Hablcot  &  fon  Ouvrage.  Cet  Ecrit  de 
douze  pages  fut  fuivi  d'une  turlupinade  ,  Ibus  le  titre  de  Jugement  des  ombres  d'Hé'- 
raclite  &  Dé,nocritc,  fans  date,  (7j-8.  de  trente-une  pages.  Ces  deux  pièces  furenr 
attribuée»  à  iîio/ara  qui  donna  ,  en  161B,  /n-8,  f^  Gigantologie:  difcours  fur  la  grandeur 
des  Géants  &c.,  de  cent  vingt-huit  pages,  par  où  cette  longue  querelle  finie  de  la- 
part  de  ce  Médecin. 

Ojicologia  ex  veterum  &  recentiorum  pneceptis  defcripta.  Parifils ,  1614  ,  in-S. 

Difcours  fur  les  Hermaphrodits ,  où  il  eft  démontré,  contre  l'opinion  commune  ,  qu'il  n''y 
»  point  de  vrais  Hermaphrodits.  Paris,  1614,   ^1-8. 

^natomica ,  feu  ,  jinthropographia.  Pariftis,  1618,  //1-8,  1626,  in-i\  ,  1649,  in-'folio,. 
A  la  fin  de  la  dernière  édition ,  qui  comprend  tout  ce  que  l'Auteur  avoit  écrit 
jufqu'alors  fur   l'Anatomie  ,  on  trouve  une  table  de  la    façon  de  Gui  Patin. 

Ençh'i-idium  ^natomlcum  &  P athologicum.  Parifùs,  i6^\i ,  in-i2.  Lugduni  Batavorum^ 
1649,  in-8,  avec  les  planches  de    Fifflingius ,  que  l'Editeur    a  irouvé  à   propos    d'y 
joindre.  Parijh  ,  1658,  in-8.  :  c'eft  la  meilleure  édition,  Jena  &  Lipfia  ,  1675  ,  IrS  ,  avec 
les  planches  de  F'efimgius.  Lugduni  Batavorum  ,  1675^  in  H.   Francofurti ,    1677,  //1-8». 
En  François,  par  Sauvin  ,  Paris,  1653,  1661  ,,/n-i2.  Lyon,   1682,  i/i-8. 

Opufcula.  ^'înatomica  nova.  Londini ,  1649,  /n-4.  On  y  trouve  des  remarques  fur  le» 
Traités  Aoatomiques  des  plus  célèbres  Médecins,  &  la  difpute  De  monfim  nata' 
latciia.  L'Auteur,  qui  a  été  un  des  plus  grands  antagoniftes  d'//arv^e,  ne  manque; 


So  R    I    O       R    I    P 

pas  de  combattre  l'opinion  du  Médecin  Anglois  &  de  fes  partifans  fur  la  circula' 
tion  du  iang. 

Opufcula  ^Inatomlca  aetcra  ,  recognlta  &  au&iora  :  unà  cum  OpufcuHs  yinatomicis  novîs- 
Lutetiie  Parlliorum  ,  \Ç>^o  ,  in-folio. 

Curieufes  Recherches  fur  les  efcholes  en  Médecine  de  Paris  &  de  Montpellier.  Paris  , 
1651  ,  t/2-8-  Il  compoia  cet  Ouvrage  à  l'occafion  du  diicours  que  Slméon  Courtaud 
prononça,  en  1644,  à  l'ouverture  des  Ecoles  de  Montpellier,  après  la  perte  du 
procès  où  la  P'aculté  de  Médecine  de  cette  ville  étoit  intervenue  contre  celle  de 
Paris.  On  s'attend  bien  que  Riolan  n'y  a  pas  épargné  les  Médecins  de  Montpel' 
lier,  &  que  ceux-ci  n'ont  pas  mis  plus  de  décence  &  de  modération  dans  leurs 
répliques, 

Opufcula  yinatomica  varia  &  nova.  Parijîis ,  1652,  in-11.  Ces  Opufcules  roulent 
principalement  fur  la   circulation  du  fang ,  que  l'Auteur    n'admettoit  vjoint. 

Opufcula  ^natomica  nova  judicium  novam  de  venis  lacteis ,  tant  mefntericis  quant 
ihoracicîs,  adversùs  Thomam  BarthoUnum.  Parijîis  ^  16^^^  ^  i.'i-S. 

jinimadverfiones  fecunda  ad  anatomicam  reforniacionem  Thomee  Banholini.  Parijîis  > 
1653,  in  S. 

Àefponjîo  prima  ,  édita  annô  1652 ,  ad  expérimenta  nova  anatomica  Joannis  Pecqueti 
adversùs  hamatofim  in  corde  ,  ut  chylus  hepati  rejlituatur ,  &  nova  Riolani  de  circulatione 
fanguinis  docHrina  farta  te&a   amfervetur.  Purifiis ,  1655,    in  S. 

Refponjîo  altcra.  Ibidem^  1655*  '«B.  Il  commente  ici  les  plaintes  qu'il  a  faites 
précédemment  contre  les  jeunes  Anatomiftes  qui  penfent  faire  tous  les  jours  de 
nouvelles  découvertes:  il  ne  veut  point  admettre  l'exiftence  des  vaillèaux  laftés  , 
ni  du  réfervoir  du  chyle. 

Enchelrîdiuni  Medicum  Hippocratico-Fernelianum.  Lugduni  ,  1685  ,  inS.  C'eft  It 
nouvelle  édition  d'un  Ouvrage  que    Manget   attribue  à  Riolan. 

RIOLET  ,  f  Jean-Thomas  )  Doifteur  en  Médecine  à  Saintes,  Capitale  de  la 
.S'aintonge,  eft  Auteur  d'un  livre  curieux  touchant  la  Thériaque  &  l'Orviétan  ,  quj 
fut  imj^rimé  à  Bordeaux  en  1665  •>  '"■  ^  '  ^""*  '^  ^'^^^  '^^  Remarques  far  la  Thériaque^ 
avec  un  traité  de  VOrviétan.  Il  eft  parlé  de  ce  Médecin  &  de  fon  Ouvrage  dans 
la  433e.  Lettre  de  Gui  Patin ,  datée  de  Paris  le  3  Décembre  1666.  »  L'on  m'a 
11  aujourd'hui  apporté  un  livre  nouveau,  imprimé  à  Bordeaux,  touchant  la  Thé- 
»  riaque  &  l'Orviétan;  il  eft  curieux, mais  je  ne  fais  s'il  eft  fort  bon.  Son  Auteur 
M  eft  Ihomai  Riolet ,  Dodeur  en  Médecine  à  Xaintes.  Dans  quelques  jours  je  vous 
»  ferai  part  de  ce  que  j'y  aurai  appris.  » 

RIPA,  CGuillaume)  que  Manget  ,  dans  fa  Bibliothèque  des  Ecrivains  en  Mé- 
decine ,  &  MatthidS  ,  dans  ion  Coup  d'œil  chronologique  de  l'Hiftoire  des  Méde- 
cins ,  citent  ibus  le  nom  de  Jean-Guillaume  Riva  ,  étoii  d'Afti  en  Piémont.  11  prit 
le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine  ,  mais  il  fe  diftingua  davantage  par  la  qua- 
lité de  Chirurgien  ,  fous  luquelic  il  le  fit  connoître  à  Rome  pendant  plufieurs  an- 
nées ,  &  en  particulier  à  h  Cour    de   Clément   IX. 

Ripa,  mourut  en  1676  d'une  tievre  maligne  qu'il  avoit  contradée  en  s'endormant 

fous 


il    I    P  5i 

fous  un  arbre  dans  la  Campagne  de  Rome.  On  a  de  lui  deux  Obrervations  Chi- 
rurgicales qui  parurent  dans  cette  ville  en  1663  &  1664  ,  &  quelques  autres  dans 
les  Mémoires  de  l'Académie  Impériale  d'Allemagne.  Il  y  a  dans  la  Hibliotheque 
de  Gottingue  une  collection  de  Planches  ,  dont  le  Baron  De  Hallcr  fait  mention 
dans  les  Notes  fur  la  MethoJus  JiudU  Meaici  de  Bocrhaave.  A  la  tête  de  cette  col- 
Iciflion  ,  on  voit  le  portrait  de  Ripa  ,  à  qui  il  n'efi:  point  douteux  que  les  trente- 
deux  premières  Planches  appartiennent  ,  &  peut-être  un  plus  grand  nombre.  On 
y  remarque  diSërentes  figures  grotefques,  &  parmi  elles,  d'autres  fur  l'Anatomie  , 
la  Chirurgie  &  môme  fur  les  maladies.  Le  favant  Halkr  ajoute  qu'on  conferve 
dans  cette  Bibliothèque  vingt-fept  Planches  reliées  en  un  volume  ,  qui  furent  publiées 
à  Rome  en  1741  ,  in-folio  ,  avec  les  explications  de  Cajttan  Petrioli.  Quelques- 
unes  de  ces  dernières  font  tirées  des  Ouvrages  de  f^éfale  &  de  CaJJerius  ;  elles  re- 
préfentent  les  os  &  différentes  parties  du  corps  humain.  Les  autres  paroiffent  origi- 
nales ,  fur-tout  celles  qui  appartiennent  à  la  Névrologie,  &  elles  font  plus  ancien- 
nes que  ne  porte  la  date  de  leur  édition.  Ce  qui  le  fait  croire  ,  c'eft  qu'on  y 
voit  le  nom  de  Pierrz  Bzrruini^  célèbre  deflinateur  ;  d'où  Halltr  conclut  que  ces 
dernières  Planches  font  faites  d'après  les  dilfeftions  de  f^cflingîas.  L'âge  de  Bzrrc- 
tlni  eft  favorable  à  ce  femiment.  Comme  il  avoit  40  ans  ,  lorfque  F'eflingius  mou- 
rut en  1649  »  ^^  a  pu  travailler  pour  cet  Anatomifte  ;  &  comme  il  n'eft  mort 
qu'en  1669,  il  a  pu  encore  travailler  pour  Ripa  ,  à  qui  il  aura  fait  pafler  des 
deflins  qui  n'étoient  que  des  copies  de  ceux  qu'il  avoit  préparés  pour  F'ejlingius 
plus  de  vingt  ans  auparavant. 

RIPLEY,  (  George  )  Anglois  qui  étoit  Chanoine    de    Bridlington ,  vécut  fous 
le  règne  d'Edouard  IV^  à  qui  il  dédia,  en  14^'^,  l'on  Ouvrage  intitulé:  Twelvt  gâ- 
tes ,  les  douze  portes.  Il  voyagea  en  Allemagne  &  en  Italie  pour  s'inftruire   des  fe- 
crets  de  l'Alchymie  ,  dont  il  étoit  grand  amateur,  &  il  en  recueillit  un  affez  grand 
nombre    qu'il  configna    dans  les  Traités  qu'il    mit   au  jour.    Tous  fes    Livres   font 
bons ,  chacun  dans  leur  genre  ;  mais   ils  font  écrits  d'une  manière  plus  allégorique 
que  celle  adoptée  par  Bacon.  ,  ion  modèle.  Comme  Ripley  n'étoit  point   Médecin  , 
il  n'a  donné  aucune  préparation    utile  à  J'Art    de  guérir  ;  fon  principal  objet  eft  la 
cure  des  métaux ,  c'eft-à-dire  ,    leur  purification  &  leur  maturation.  11  a  fuivi  fort 
fcrupuleufement  le?  principes  de  Geber  &   de    Bacon.   11  a  foutenu,  par    exemple  , 
que  le  Mercure  eft  la  matière  univetlèlle  de  tous  les  métaux,  &  qu'étant  expoié 
au  feu  avec  du  fouflre  très-pur ,  il  le   converdt  en  or;  mais  que  ii  l'un  des  deux 
devient  malade  ou  lépreux  ,  c'eft-à-dire,  fouillé  de   quelque  impureté  ,  il  fe  forme 
quelque  adtre  métal  plus  bas  ,    au-lieu  d'or.  Séduifante  théorie  pour  les  partifans 
du  Grand- Œuvre  !  Ce  ne  fut  qu'à  force    de  fouffler  le  charbon  qu'ils  en  l'entirent 
le    vuide  ;  heureux  encore ,  quand   ils  s'en  apperçurent  avant  d'être    réduits  à  la 
mendicité.  Riphy  ajoute  que  le    Mercure  &  le  ibuftre  fuffilent  pour  la  formation  de 
tous  les  métaux,  &:  qu'on  peut  ea  tirer  un  remède  ou  métal  univcrf.l  pour  toutes 
iurtcs  de  maladies. 

On  dit  que  ce  Chanoine  envoya  ,    plufieurs  années    de  fuite  ,  cent   mille    livres 
aux  Chevaliers  de    Saint  Jeau  de"  Jérufalem  établis  à    Rhodes ,  pour  aider  à  les 
T  0  M  E    I  K  '     '  -L 


jj  R    I    s       R    I    V 

niettre  en  érat  de  fe  défendre  contre  les  Turcs.  Ou  ce  Chanoine  étoît  riche  ; 
&  il  tira  cette  femme  du  produit  de  fes  revenus  ;  ou  il  croit  libôrul  ,  parce 
qu'il  avoir  le  fccret  de  la  tranfmutation  des  métaux  ,  &  Toa  or  ne  fut  sûre- 
ment point  au  bon  titre  ;  mais  comme  il  n'eft  point  de  conte  que  le>  AI- 
chymiftes  n'aient  déb'.té  pour  relever  leur  Art ,  o  i  eft  bien  en  droit  de  met- 
tre le  trait  de  générofité  de  Ripky  au  nombre  des  hiftoircs  qu'ils  ont  in- 
ventées. 

Parmi  les  Manufcrits  de  la  Bibliothèque  de  Leyde  ,  les  fuivans  font  attnbués  âi 
l'Auteur  dont  je  parle.  Une  Alchymie  en  vers  Anglois.  De  Mercurio  Philnfopho- 
Tum.  Hermefii  Philofophi  Commentartum.  On  voyoit  dans  la  Bibliothèque  de  Jioile  un 
Manufcrit  qu'il  tenoit  d'Elie  ylshmoh  ^  fous  le  titre  de  Pupilla  ojulii  un  autre  De 
reglmine  igniuni  Pliilofophorum  &  quibufdam  probatljjîmis  t.xp:rimen.ns  ;  tous  deux  ious  le 
nom  de  Ripky.  Les  curieux  de  ces  fortes  d'Ouvrages  ont  de  quoi  fe  fatiîfaire  » 
puifqu'il  y  a  différentes    éditions  Latines  des  Ecrits  de  cet  Alchymifte. 

Llbcp  daodeclm  portarum.  De  Mercurio  &  Lapide  Pkilofopkorum  Liber.  Lagdani  Ba- 
tavorum ,  1599,  i/i-8  ,  avec  la  Ouadriga  aurifcra  mife  au  jour  par  Aicolas  Barnaud, 
^rgentorad,  161';,  m-8 ,   dflns  le  fécond  volume  du   Théâtre  Chymique. 

Meduila  Philofhphia  Chemka.  Francofuni,  1614  ,  i/i-8,  avec  quelques  Opufcule» 
de  Chymie. 

Opéra  omnia  Chymlca  ,  quotquot  hacîems  vifa  fant ,  quorum  aliqua  jam  primàm  in.  lucem 
prodierunt,  aliqua  MJf.  exemplarium  coUatlone  à  mendlt  repurgata  arque  integritaii  reflitutct 
funt,  Cajfdiis,    1649  ,  in-». 

RISICA ,  C  Vincent  )  Dofteur  en  Philofophie  &  en  Médecine ,  étoit  de  Mef- 
fine  en  Sicile,  Son  goût  pour  les  Belles-Lettres  le  fît  briller  parmi  les  Académiciens 
de  cette  ville;  mais  comme- il  avoit  l'efprit  propre  à  toutes  les  Sciences,  Tuniver- 
fiilité  de  fes  talens  le  fit  admirer  de  fes  autres  concitoyens  qui  le  regreterent  beau- 
coup,  lorfqu'ils  le  perdirent   en    1647.  On  a  de  lui: 

Difcorfo  fpirituale  delta  Grandena  è  Providetiia  di  Iddlo  Sig.  noflro,  è  délia  fu a  gran 
Pleta  nella  création  deW Huomo  ^  è  délie  miferle  di  quefto ,  coa  alcuni  auvertimenti  politici 
è  moral!.  Melline,  1630,  m-4. 

Brevis  hijtoria  de   maligna  febre    D.  Joannis   Spatafort<e.    MeJJanis ,    i6^.,Q  ,  ia-4. 

Brieve  Raguaglio  delli  pia  illuftri  Puejî  délie  quatro  parti  dell  Mondo ,  cojî  per  mare ,. 
corne  per  terra.  Mefline  ,  1640,  /V.-4.  C'eft  une  courte  defcription  en  vers  des  prin- 
cipaux   pays  du  monde. 

De  febre  pejîiknte    Panormltanam  Urbetn   objîdente    Oratix),  Mejfants  ,  1647  >  11-4. 

RIVARD  ,  Chirurgien  natif  de  Neuf  Château  en  Lorraine  ,  vint  au  monde  vers 
l'an  1675.  Il  ne  fe  fut  pas  plutôt  mis  au  fait  des  principes  de  fon  Art  qu'il  apprit 
dans  fon  pays  ,  qu'il  alla  à  Paris  aHn  d'y  étendre  fes  connoiflances.  Comme  il  de- 
meura près  de  vingt  ans  à  l'Hôtel-Dieu  ,  il  profita  fi  bien  de  l'expérience  qui  nait 
d'une  pratique  journalière,  &  s'appropria  tellement  les  traits  de  lumière  qu'elle 
répand  ,  qu'il  jouit  bientôt  de  l'a  plus  haute  réputation,  fur-tout  pour  l'opération 
de  la  Taille  qu'il  exécuta  à  Paris  avec  tout  le  îuccès  poflible.  Mais  M,  Mahuet^ 
«jui  eft  mort  premier  Prélident  du  Parlement  de  Nancy,  conaoiflbit  trop  particii- 


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fièrement  le  mérite  de  Rlvard,  pour  ne  point  infpirer  au  Duc  LéopolJ  le  defTcin 
de  rappeller  cet  habile  Chirurgien  dans  fcs  Etat*.  Ce  grand  Prince,  qui  ne  négligea 
aucune  occalion  de  montrer  à  fes  iujets  qu'il  étoit  autant  leur  père  que  leur  Sou- 
verain, fit  revenir  Rlvard  en  Lorraine  &  l'établit  Demoritrateur  d'Anatom'e  dans 
la  Faculté  de  Médecine  de  Pont-à-MoulTon.  Il  y  anroir  fo.mé  de  jeunes  gens  à  la 
pratique  de  la  Chirurgie,  s'il  eût  eu  d'autres  Elevés  que  tics  Candidats  en  IM^de* 
cine ,  &  s'il  eût  pu  avoir  les  cadavres  néceliaires  pour  les  dé inonfi rations.  Mais  faute 
d'en  trouver  ,  il  pafla  des  années  entières  lans  diliequer  ;  c'eft  ce  qui  lui  faifoit 
dire  en  plaifantant  :  je  ne  ferai  que  des  Igncrans ,  fî  la  grands  chemins  font  sù^s.  Il 
parloir  ainlî,  parce  que  les  Ordonnances  que  le  Duc  Lcopold  avoit  t'a.t  publier 
pour  la  sûreté  des  chemins,  s  voient  purgé  la  Lorraine  de  ces  brigand;  qui,  au  com. 
inencement  de  fon  règne ,  attaquoient  la  vie  &  la  fortune  de  les  fujets. 

Rivard  venoit  régulièrement  deux  fois  l'année  à  Luneville  pour  exercer  gratui- 
tement fes  taiens  fur  les  perlbnnes  travaillées  de  la  pierre  ou  de  la  fiflule.  Ji  y 
réuffiflbit  tellement ,  quM  y  avoit  fort  peu  de  malades  qu'il  ne  guérît  ;  aufli  fe 
raettoit-on  entre  fes  mains  avec  une  confiance  entière.  Son  caraftere  étoit  la  bonté 
&  la  charité  envers  les  pauvres ,  beaucoup  de  piété ,  de  religion  &  de  délicatelfe 
de  confcience. 

RIVIERE,  C Etienne  )  Chirurgien  de  Paris,  fa  patrie,  mourut  le  5  Juillet 
1569.  Il  eut  quelques  démêlés  avec  Charles  Etienne,  Médecin  de  cette  ville,  au 
fujet  des  Planches  &  des  explications  qui  fe  trouvent  jointes  à  l'Ouvrage  de 
celui-ci,  qui  parut  en  1545,  in-folio,  fous  le  titre  de  Libri  très  de  d'Jfe&ione  partiura 
corporis  humani.  Ce  Chirurgien  revendiqua  les  Planches  &  les  explications,  &  donna 
de  fi  bonnes  preuves  du  droit  quM  avoit  d'y  prétendre  ,  qu'elles  lui  furent  adjugées. 

RIVIERE,  (  Lazare  )  Médecin  du  XVII  fiecle  ,  étoit  de  Montpellier,  où  il 
naquit  en  15^9,  fuivant  yljlruc  que  je  fuivrai  dans  fes  Mémoires.  Il  étudia  dans 
l'Univerfité  de  fa  ville  natale  ,  mais  les  progrès  furent  fi  lents  ,  qu'ayant  été  ad- 
mis au  point  rigoureux  le  6  Décembre  i6îo  ,  &  n'ayant  pas  été  trouvé  aflez 
inftruit,  il  eut  une  qneue  honoraire  jufqu'à  Pâques  de  l'année  fuivante  ,  c'ell  à-dire  , 
que  les  a-ftes  qui  conduifent  au  Docîorat  furent  renvoyés  après  Pâques  rôii. 
Humilié  de  cette  dilgrace.  Rivière  redoubla  fes  efforts  pour  s'avancer  dans  la  Mé- 
decine, &  donna  enfin  de  U  bonnes  preuves  de  capacité  dans  les  examens  ulté- 
rieurs, qu'il  fut  reçu  Docteur,  fous  F'arandé  ,  le  9  Mai  1611.  Sa  promotion  ne  di- 
jninua  rien  de  fon  attachement  à  l'étude;  il  s'y  appliqua  même  avec  tant  de  fruit, 
qu'il  obtint  la  Chaire  de  Laurent  Coud'm  en  T622 ,  &  qu'il  la  remplit  avec  honneur 
julqu'à  l'snnée  1655  ,  qui  eft  celle  de  fa  mort. 

Ce  Profellcur  a  cotnpofé  en  Latin  des  Inftitutes  de  Médecine  en  cinq  Livres, 
dont  il  y  a  différentes  éditions;,  entre  autres,  de  Leipfic,  1655,  /a  8,  de  Paris, 
1655  ,  ira- 4,  de  La  Haye,  1662,  ri-b,  de  Lyon,  1672,  in-â..  C'étoit  un  fort  bon 
Traité  en  fon  tems.  Mais  fon  principal  Ouvrage  &  celui  qui  lui  a  fa  if  le  plus  d'hon- 
reur,  etl  un  Cour«  de  Mé.lecine  intitulé:  Praxis  Medlca.  Ce  n'étoit  d'abord  qu'une 
iiraple  Pratique,  dénuée  de  toute  '1  héorie ,  qu'il  avoit  didée  cens  les  Ecoles  & 
dfont  on  fit  plufieurs  éditions  eii  France   &  en  Hollande,  Voyant  le  fuccès   de  cet 


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Ouvrage  ,  il  y  joignit  une  Théorie  fuivant  les  principes  qui  âvoient  cours  alors 
dans  la  Faculté  de  Montpellier,  &  cet  enlemble  fut  imprimé  à  Paris,  1640,  1647, 
in-a,  à  Goudc,  1649,  '«-S ,  à  Lyon,  1,652,  1654,  1660,  même  format,  à  Lyon, 
1657,  in  folio,  à  La  Haye,  1651,  1658,  1664,  1670,  Z«-8,  en  François,  à  Lyon, 
1623,  Jn-i2,  en  Anglois  ,  à  Londres,  1672,  in-folio,  &  1706,  in-8.  Toutes  les 
maladies  du  corps  humain  font  traitées  dans  cet  Ouvrage  en  XVll  Livres.  Le 
ftyle  en  eft  clair,  les  maladies  y  iont  bien  décrites,  &  la  curation  qu'on  y 
propofe  pour  chacune  ,  eft  lenfée  &  judicieule.  11  ne  faut  pourtant  pas  diffimuler 
que  Rivière  fuit  ordinairement  Scnnert  pas  à  pas  fur  l'article  de  la  Théorie  ,  &  que 
fouvent  il  en  tranicrit  des  pages  entières  lans  le  citer  ou  fans  en  prévenir ,  ce 
qui  reflemble  aflez    au  plagiat. 

On  a  encore  des  obfervations  de  la  façon  de  ce  Médecin ,  qui  ont  paru  fous  !è 
titre  à'Obferpationes  Mcdicts  &  curât iones  injîgnes.  Farifîis^  1646,  m-4.  Londini ,  1646, 
in-'o.  Delphis  ^  165 1  ,  //1-8,  Hagie  Comitls ,  1656,  in-8.  Lugdani,  1659,  tn-4-  ^^ 
Recueil  lui  fit  d'autant  plus  d'honneur,  qu'il  annonce  combien  il  étoit  fage, 
cxaél  &  prudent.  Il  laifla  d'autres  obfervations  qui  furent  publiées,  après  fa  mort, 
à  La  Haye  ,  1659,  i/i-8,à  Genève  en  quatre  Centuries,  1679,  in-filio ,  en  Fran- 
çois, à  Lyon,  1724,  in-12.  Le  Riverius  reformatas,  ou  Praxis  Medica  reformata  parut 
à  Genève,  1696,  j/i-8  ,  à  Lyon,  1690  &  1704,  deux  volumes  i/i-8,  à  Veniie  , 
1733,  i/1-4.  C'eft  François  de  la  Calmette  qui  a  réduit  la  Pratique  de  Rivière  à 
cet  abrégé. 

Un  certain  Bernardin  Chrijîln^  de  rifie  de  Corfc  ,  qui  avoit  e'tudié  à  Mont- 
pellier fous  notre  Auteur  &  qui  fe  mêloit  de  la  Médecine,  quoiqu'il  fût  Cordelier, 
s'avifa  de  compiler  quelques  fccrets  de  Chymie  &  les  publia  fous  le  nom  de  Rii'iere^ 
pour  donner  plus  de  poids  &  d'autorité  à  Ion  Recueil.  Il  eft  bien  décidé  que  ce 
Médecin  n'en  fut  jamais  l'Auteur;  il  peut  y  avoir  eu  quelque  part,  car  on  fait 
qu'il  aimoit  beaucoup  à  multiplier  lei  médicamens,  mais  ce  qui  lui  appartient  fc 
réduit  à  peu  de  chofe.  On  imprima  cependant  la  compilation  de  Chrijiln  fous  le 
titre  d''uircana  Riverii ,  à  Venife  ,  1676,  i/1-4,  à  Utrecht,  1680,  in-12..  Elle  a  même 
toujours  été  publiée  à  la  fuite  des  Œuvres  de  ce  Profcfl'eur,  qui  ont  été  réunie* 
fous  le  titre  d'Opéra  omnia  Medica.  Lugdani ,  1663,  1679,  1698,  in-folio.  F'enetiis , 
1664,  1680,  1700,  1713,  in-folio.  Francofurti,  1669,  1674  ,  in-folio.  Genevte ,  1728^ 
1737  ,  ia-folio.  Lugduni ,  1738  ,  in-foUo. 

RIVIERE,  C  Guillaume  )  fils  d'un  Marchand  Droguifte  de  Montpellier,  naquit 
dans  cette  ville  le  15  Août  1655.  Apre.;  avoir  reçu  une  excellente  éducation  &  fait 
de  très-bonnes  études  au  Collège  des  Jéfuites  ,  il  s'attacha  à  la  Médecine.  Pendant 
Ton  Cours ,  il  contraé^a  l'hcureufe  habitude  de  ne  chercher  que  la  vérité,  &  de 
ne  fe  rendre  qu'à  l'évidence  dans  les  choies  qui  font  du  reifort  de  l'expérience  5e 
de  la  raiioa.  Avec  de  pareilles  dil'pofitions  ,  il  ne  pouvoir  pas  s'accommoder  des  qua- 
lités occultes  qui  regnoient  alors  dans  la  Phyfique  &  fur-tout  dans  la  Médecine? 
c'étoit  l'ancien  langage  de  l'Ecole.  Mais  Rivière  fut  fi  bien  l'ajufter  avec  le  mo» 
derne  qu'il  avoit  adopté  ,  que  fjns  dépouiller  entièrement  l'ancien  de  cet  air  myf- 
îérieux  que  l'on  s'imaginoit  devoir  le  rendre  refpcclable,   il    faifoit  goûter  la  mp. 


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d'erne  à  ceux-mêmes  qui  étoient  îe  plus  en  garde  contre  les  nouvelles  opinions. 
Ceft  par-!à  qu'il  le  diOingun  dans  les  difterens  examens  qu'il  fut  obligé  de  fubir 
pour  parvenir  au  Doctorat.  11  en  agit  de  même  dans  la  pratique.  Dégoûté  de  la 
Piiarmacie,  qui  avec  les  fiiflueufes  compofiiions  n'avoit  que  des  expériences  trop 
équivoque?,  il  recourut  aux  analyfes  chymiques  qui  lui  mettoicnt  à  découvert  les 
principes  dos  mixtes.  Senlible  aux  malheurs  de  fes  femblables ,  il  ne  ie  refufoit 
jamais  à  ceux  qui  avoieni  beloin  de  ion  iecours,  iur-tout  aux  pauvres,  pour 
qui  il  a  toujoars  eu  beaucoup  d'attention.  Loriqu'il  pairoit  à  Verune  ,  où  il  avoit 
un  domaine  conlidérable,  les  délices  étoient  d'exercer  la  charité  envers  Jes  habitans 
de  la  campagne,  qui  manquent  ibuvent  des  chofes   les   plus    nécefiaires. 

En  1696,  il  difputa  la  Chaire  de  Chymie  vacante  par  la  mort  de  Fonfvrbc.  ïl 
fe  diftingua  dans  la  compofition  de  fes  Thelés  Médico-Chymiques  ,  &  par  les  la- 
vantes réponfes  qu'il  fit  à  toutes  les  difficultés  qui  lui  furent  propol'ces  ,  il  mérita 
Tapprobation  de  Tes  juges.  11  n'obtint  cependant  point  cette  Chaire.  En  1706, 
époque  delà  fondation  de  l'Académie- de  Montpellier,  il  fut  nommé  pour  y  remplir 
une  place  de  Chymilie  ;  &  en  cette  qualité,  il  Te  chargea  d'examiner  les  Eaux 
Minérales  du  Languedoc,  fans  autre  motif  que  celui  de  l'utilité  publique,  qu'il  a 
toujours  eu  feule  en  vue  dans  toutes  fes  occupations.  Non  feulement,  il  donna, 
en  oifférens  tems ,  des  Analyfes  railbnnées  de  ces  Eaux,  mais  encore  plulieur's 
Dillertations  fur  d'autres  lujets,  entre  autres  lur  l'Opium,  iur  la  Ciguë,  fur  l'I- 
vraie, &c  ,  qu'on  trouve  dans  les  extraits  des  Mémoires  de  la  Société  de  Mont* 
pellier.  Ce  Médecin  mourut  à  Verune  le  14  Juillet  i7.';4,  à  la  fin  de  la  fc;e.  année 
de  fon  âge.  On  peut  voir  fon  éloge  plus  au  long  dans  les  Mémoires  , pour  1736,  de 
la  Société  dont  je  viens  de  parler. 

RIVINUS,  (  André  )  favant  Médecin  &  Critique  du  XVII  fiecle ,  portoit  le 
nom  de  Bachmann.  qu'il  changea  en  celui  de  Rivlnus  ^  félon  la  coutume  qu'avoicnt 
les  Hommes  de  Lettres  de  Ion  tems  de  grécifer  où  de  latinifer  leur  nom  de  famille. 
Il  naquit  à  Hall  en  Saxe  le  7  lOdobre  iCoo.  A  l'âge  de  ai  ans,  il  fe  rcnJit  à  Jena 
où  il  s'appliqua  ù  l'étude  de  la  Philolbphie  &  de  la  Alédecine  avec  beaucoup  de 
fuccès  ;  mais  comme  il  ambitionnoit  de  fe  di.'iinguer  un  jour  dans  le  monde  ,  il 
quitta  Jene  au  bout  de  quelques  années,  pour  aller  fe  perfeétionner  en  J'rance , 
dans  les  Pays-Bas  &  en  Angleterre.  A  fon  retour  en  Allemagne  ,  il  tarda  jufqu'en 
163B  à  fe  faire  recevoir  à  la  Licence,  &  ne  prit  même  le  tonnet  de  Dodteur  à 
Leipfic  qu'en  1644;  il  étoit  cependant  depuis  long-tems  en  état  d'être  Maître,  & 
il  ne  manquoit  à  fa  fcience  que  le  titre  qui  la  décore.  En  1655  ,  il  fut  nommé 
à  la  chaire  de  Pliyiiologie  dans  les  Ecoles  de  Leipfic,  mais  il  ne  l'occupa  gucre;. 
car  il  mourut  le  4  Avril  de  l'année  fuivante. 

Rivinus  a  donné  au  public  des  Diiïèrtations  fur  différentes  matières  de  Littérature 
&  fur  l'origine  de  l'Imprimerie;  on  les  a  recueillies  à  Leiplic  en  1656,  //1-4 ,  ibus 
le  titre  de  Philo- Phyjiologica.  On  lui  doit  encore  des  éditions  de  quelques  Auteurs^ 
anciens  qu'il  a  enrichies  de  notes  de  fa  façon  ;  mais  Ion  commentaire  fur  le  Per. 
vigiliuin  f^eneiLs  ne  fait  pas  l'éloge  de  les  mœurs.  La  Médecine  lui  doit  les  Cui- 
vrages l'uivans  : 

P'airum  bonorum  Scriptorum  de  Mcdicina  ColhJtance.   Lipjie  y  16^^  ^  ia  ii,. 


86  R    I    V 

De  PolUn&ura  feu  Balfamatîone.  Ibidem,  1655,  /n-4. 

Myfteria  P'.iyfico-Medica.  Francofarti^iôBi ,  in-i2  Le  même  avoit  déjà  paru  fous 
le  titre  de  Klrani  Kirar.ides  &  ad  eas  Rhyakini  ("  Rivini  )  Koronides  de  Gemmis  , 
Uerb'is  ,  ^vibus ,  &c.  i/i-8. 

RIVINUS,  (  Augufte-Quirio  J  fils  du  précédent,  vint  au  monde  à  LeJpfic 
le  Q  Décembre  1652.  Il  prit  le  bonnet  de  Docteur  en  Médecine  à  Helmfladt  au 
Duché  de  Brunfwic  ,  en  1676  ,  qui  étoit  l'année  jubilaire  de  la  fondation  de  l'Uni- 
verlité  de  cette  ville  ,  &  retourna  enfuite  à  Leipfic  ,  où  il  obtint  la  Chaire  de  Phy- 
Tioloi^ie  &  de  Botanique  en  1691.  Laborieux  comme  il  étoit  ,  il  fit  honneur  à  fa 
Faculté  par  le  goût  qu'il  mit  dans  fes  recherches  &  par  les  découvertes  qui  en 
réfultercnt.  On  lui  doit  celle  d'un  nouveau  conduit  falivaire  ,  ainfi  que  l'invention 
d'une  nouvelle  méthode  Botanique.  Quoique  celle-ci  n'ait  point  été  généralement 
adoptée  ,  elle  ne  laifTa  pas  de  le  faire  connoître  fi  avantageufement  ,  que  la  So- 
ciété Royale   de  Londres  crut  devoir  lui  accorder   place  parmi  fes  Membres. 

Rivinus  mourut  le  30  Décembre  1723  ,  ôi  laifla  au  public  les  Ouvrages  dont 
voici  les  titres  &î  les  éditions  •• 

Diffcrtaiio  de  Liplienfî  Pefte  anni   160O.  LipjΣ  ^  1682,  1714,  «n-8. 

JntroduSio   generaUs    in.    Rem  Herbariam.  Ibidem  ,    1690 ,  deux   volumes  in-folio , 

avec  figures. 

Ordo     Plantarum    qua  funt    flore    irregulari    jmnopetald.     Ibidem  ,   i6go  ,  in-folio  , 

avec    figures. 

Ordi)  Plantarum  quce  funt  flore  irregulari  tetrapetalà.  Ibidem  ,  1691 ,    in-folio  ,  avec 

figures. 

£pijlola  Bntanica  ad  Joannem  Ralum.  Ibidem^  I094,  itt-4.  Londini  ,  1696,  in  S  , 
avec  la  Réponfe   de   Ray. 

Ordo  Plantarum  qu^  funt  flore  irregulari  pentapetald.  Lipfîte  ,  1699  »  ii-foUo  , 
avec  un  bon  nombre  de  planches.  Le  goût  que  Rinnus  avoit  pour  la  Botanique 
l'engagea  à  faire  de  grandes  dépenfes  pour  l'avancement  de  cette  belle  Science.  Il 
retint  à  fes  gages  plufieurs  Peintres  &  Graveurs  ,  &  fe  procura  les  dclîins  &  lee 
planches  qui  ont  fi  fidèlement  rendu  la  figure  des  plantes  ,  dont  il  a  orné  fes  Ou- 
vrages. C'eft  dommage  qu'il  fe  foit  borné  au  fommet  de  chaque  plante  ,  au-lieu  d« 
la  faire  graver  en  entier. 

Ceiifara  medicairientorum  ojficinalium.  Lipfî^  ,  1701  ,  jn.4.  Le  grand  nombre  de 
médicameDs  dont  les  boutiques  des  Apothicaires  font  furchargées  ,  a  toujours  été 
regardé  comme  un  empêchement  qui  retarde  les  progrès  de  la  Médecine  Prati- 
que ,  jette  une  lorte  d'incertitude  dans  la  cure  des  maladies  ,  &  multiplie  les  dé- 
penfes du  malade  ,  ians  remplir  les  vœux  qu'il  fait  pour  fa  guérifon.  On  convient 
aifez  des  dt-fauts  de  la  Polypharmacie  ,  mais  on  ne  les  corrige  guère.  La  plupart 
des  Diipenlaires  font  pleins  de  formules  entaffées  les  unes  Jur  les  autres ,  dans  lef- 
quellcs  un  fait  entrer  une  infinité  de  drogues  fouvent  inutiles ,  pour  ne  rien  dire 
de  plus.  Rivlnus  fait  ici  des  eflbrts  dignes  de  lui,  pour  bannir  de  la  Matière  Médi- 
cale Ici  prétendus  remèdes  qu'il  range  fous  les  fept  clallës  lui  vantes,  ytUena,  c'efl- 
à-dire  ,  les  puilbns ,  tout  ce  qui   fert   aux  brutes  ,  à  la  Peinture ,  à    la  Colméti- 


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qne  &  à  l'Art  du  Confifeur.  Sordida  &  naufeofa ,  c'eft-à-dire ,  les  difTérentes  partie» 
qu'oa  tire  de  l'homme  ,  des  animaux  &  rcême  des  icfeftes.  Par  ignobillora  &  indigna  , 
cet  Auteur  entend  parler  de  plufieurs  plantes  lèches  ,  des  chcies  qui  s'altèrent  ai- 
icment  &  de  celles  dans  lefquelles  on  ne  remarque  aucune  propriété  notable.  Sous 
la  claiïe  dubia  ,  il  range  tous  les  remèdes  iujets  à  être  fophilliqués  ,  &  môme  ceus 
qui  n'ont  d'autre  mérite  que  d'avoir  été  vantés  par  les  Anciens  ,  à  qui  on  eft  en  droit 
de  refufer  une  confiance  entière  à  bien  des  égards.  Ce  qu'il  appelle  Superflitiofa  ^ 
ce  font  les  mixtes  lans  vertus,  à  qui  l'imagination  en  attribue  de  réelles  &  Ibuvent 
de  fpécifiques,  ibit  parce  qu'ils  font  rares  &  précieux,  loit  parce  qu'on  les  cueille 
ou  prépare  en  certain  tems  ,  foit  enfin  parce  qu'ils  ont  quelque  refîemblance  de  fi- 
gure ou  de  nom  avec  la  partie  malade.  Viennent  enfuite  malè  prteparata  ;  &  les 
médicamens  Tont  tel»  par  les  différentes  bagatelles  qu'on  tait  entrer  dans  leur  com- 
poGtion  ,  par  le  défaut  de  préparation ,  &  plus  encore  par  la  mauvaife  foi  de 
i'Artifte  dans  le  choix  des  ingrédiens.  La  l'cptieme  &  dernière  claflc  comprend  ia' 
congrue  mîxta.  Les  remèdes  que  Rlvinus  appelle  ainli ,  demandent  bien  de  la  réforme  , 
parce  qu'il  entre  dans  leur  mélange  quantité  de  choies  inutiles ,  reflèmblantes  l'une 
à  l'autre,  périflables  ,  contraires  en  vertu,  ou  d'une  qualité  nuifible.  Si  l'on  fui- 
voit  le  plan  propofé  par  notre  Médecin  ,  que  deviendroient  la  plupart  des  remé- 
dies qui  meublent  nos  Pharonacies  ?  Ils  deviendroient  meilleurs,  plus  sûrs,  &  les 
Miniflres  de  fanté  ,  ainfi  <jue  les  malades  ,  ne  feroient  pas  fi  fouvent  les  dupes 
du   commun   des    Apothicaires. 

Dijfcnatiunei  Medlc<e.  Lipjis ,  1710,  /n-4.  C'eft  un    Recueil  de  Thefes    foutenues 
dans  les   Ecoles  de  Leipfic. 

Manudu&io  ad  Cbemiam  Pharmaceuticam.  Norimberga ,  i^iS^  in  8  ,  avec  la  Mcdulîn 
Chy;ni£  de  Jean-François  l^iganus. 

Séries  Decanoram   Lipfienjîum.  Lipji<s  ^l^ig  ,  ia-4. 

Jnnodud/io  la  Rem  Htrbariim,  Ibidem,  ij'io,  J/î-i2,avec  la  Réponfe  de  l'Auteur 
aux  obje(flions  de  Jean-  Jacques  Dillen. 

Notitia  morborum.  Lipjîa  &  fFUtemberga  ,  1745  ,  //1-12. 

ROBERDEAU,(  Louis J>  Chirurgien  ordinaire  de  Gallon  de  France,  Duc 
d'Orléans  ,  étoit  du  village  de  Champigny  en  Touraine.  11  fe  fit  beaucoup  de 
réputation  à  Paris  par  les  connoiflances  qu'il  avoit  dans  fon  Art  ,  &  fur-tout 
par  fes  fuccès  dans  le  traitement  de  la  Vérole.  Cette  maladie  étoit  déjà  dévolue 
à  la  Chirurgie  avan»  Roberdcaa  ,  mais  elle  femble  l'être  plus  décidément  aujour- 
d'hui ;  de  fimples  Elevés  s'ingèrent  même  d'en  entreprendre  la  cure.  Enfant  du 
vice  &  de  la  débauche  ,  la  Vérole  cherche  l'oblcurité  &  craint  de  multiplier  les 
témoins  qui  devroient  diriger  l'adminifiration  des  remèdes.  Les  Maux  Vénériens 
font  inconeftableraent  du  refTort  de  la  Médecine  ;  la  feule  application  des  fe- 
cours  extérieurs  appartient  à  h  Chirurgie,  en  fa  qualité  de  partie  miniftrame  de 
J'Art  de  guérir.  'J'el  tft  le  planque  ïun '^'\ .  Gardane  dans  le  traitement  populaire  éta- 
bli ci  Paris,  &  qu'à  fon  exemple  ,  on  a  établi  dans  les  Provinces,  Je  ne  chicanerai  point. 
Je  paife  volontiers  aux  grands  Maîtres  en  Chirurgie,  qui  joigi,ent  des  coni:oiflànce9 
fujîérieures  à  la  dextérité  de  )a  main,  de  fe  mêler  de-la  cure  entière  de  la  Vérole  j 
utie  expérience  éclairée  les  dirige  &  conduit  les  malades  au  port  defiré.  Mais  daas 


B3  R    O    B 

les  villes  ,  où  la  Chirurgie  n'a  encore  fait  que  de  foibles  progrè?  ,  la  mal-adreffe 
avide  des  ArtlHes  fait  gémir  l'humanité.  La  jcunelTe  débauchée  donne  toute  fa  con- 
fiance à  CCS  IViiniflres  ignoraas,  &  au-lieu  d'une  guérifon  radicale  qu'elle  attend, 
elle  n'obtient  tout  au  plus  que  la  paliiation  de  fes  maux.  Railurée  cepcndfini  fur 
les  fuites,  cette  jeuneilé  s'engage  dans  les  liens  du  mariage;  le  feu  mal  éteint  fe 
rallume  ,  une  époufe  chérie  en  refient  les  impretïions  ,  &  fi  d'innocentes  vi6\imcs 
ue  reçoivent  pas  la  vie  &  la  mort  de  la  même  main  ,  elles  traînent  des  jours  mi. 
férabies  qui  coulent  fans  avantage  pour  l'Etat.  Le  moindre  mal  qui  réfulte  de  la 
<]évolution  du  traitement  de  la  Vérole  à  la  feule  Chirurgie  ,  c'eit  la  duperie  à  la- 
<3uellc  un  vil  intérêt  expofe  les  jeunes  gens  qui  craignent  fur  la  fuite  des  écarts  , 
dans  Icfquels  l'oubli  de  leurs  devoirs  les  a  fait  tomber.  Au  moindre  figne  d'indifpo- 
fition  ,  ils  s'adreflent  à  quelque  Chirurgien  pour  être  ralfurcs  iur  leur  état  ;  celui-ci 
débute  fouvent ,  dans  fon  avis  ,  par  les  menaces  les  plus  effrayantes  ,  ainfi  que 
par  la  néceCQté  d'un  traitement  en  forme.  Le  jeune  homme  intimidé  le  livre  aveu- 
«flément  aux  ioins  du  donneur  de  conleiis  ;  il  fe  porte  bien  ,  il  eft  fain  ;  n'importe  , 
l'avide  &  miCérable  Thaumaturge  le  traitera  des  maux  qu'il  n'a  pas  ,  altérera  fon 
tempérament  par  des  manœuvres  inutiles  ,  &  finira  par  lui  extorquer  fon  argent- 
Je  pourrois  dire  quelque  choie  de  plus  iur  le  danger  qu'il  y  a  de  permettre  que 
certains  Chirurgiens  s'emparent  feuls  de  la  cure  de  la  Vérole,  qu'ils  rcgardeat  com- 
me une  des  branches  principales  de  la  profeflion  qu'ils  exercent.  J'ai  connu  un 
de  ces  Chirurgiens  traiteurs  de  Vérole  dans  ma  Province  :  le  fripon ,  il  ofa  décla. 
rer  d'avoir  curé  de  cette  maladie  de  très-honnêtes  maris  qui  n'en  «voient  jamais 
été  atteints  ,  &  il  pouffa  l'effronterie  julqu'à  exiger  de  leurs  veuves  le  paie- 
ment des  ibins  qu'il  n'avoit  point  rendus.  Peut-on  voler  plus  méchamment  ?  Je 
demande  grâce  pour  cette  digrelfion ,-  je  la  devois  à  mon  amour  pour  le  bon  or- 
dre &  l'humanité. 

Je  reviens  à  Roberdeau.  Le  titre  de  Commenfal  de  la  Maifon  Royale  lui  don. 
noit  le  privilège  de  pratiquer  à  Paris  ,  quoiqu'il  ne  fût  point  admis  à  Spint 
Côme  ,"  mais  il  ambitionnoit  de  devenir  Membre  de  cette  célèbre  Communauté  , 
{k  il  s'y  fit  recevoir.  Il  eft  le  premier  des  Chirurgiens  Comracnfaux  qui  s'y  foit 
fait  aggréger.  Cela  donna  occalîon  à  la  réunion  de  ces  Chirurgiens  à  la  Société 
de  Paris.  Roberdeau  eft  un  de  fes  bienfaiteurs.  Il  fonda  deux  places  de  DémonC 
trateurs  ,  l'un  pour  enfeigner  l'Oftéologie  &  l'autre  la  cure  des  maladies  des  os. 
Celte  fondation  fi  utile  au  public  rendit  fon  nom  rcfpecl:able  à  les  Confrères , 
&  lui  mérita  leurs  regrets  à  fa  mort  arrivée  à  Paris  le  30  Novembre  1712  ,  à 
l'ilge  de  81  ans.  Le  lendemain  ,  fon  corps  fut  honorablement  enterré  dans  l'Eglife 
de  Saint  Séverin  ,   fa  paroiffe. 

ROBERT  de  Douay  ,  Chanoine  de  Senlis  &  Médecin  ou  Phyficien  de  Mar- 
guérite  de  Provence,  femme  du  Roi  Saint  Louis,  vécut  vers  l'an  1250.  Il  con- 
tribua beaucoup  à  la  fondation  du  Collège  des  Théo'iOJ;iens  faite  par  Robert  de 
Sorbonnc  ,  en  donnant  le  priw  d'une  maifon  qu'il  avoir  dans  le  Quartier  du  Palais 
des  Thermes  ;  &  ce  fut  principalement  à  fa  recommandation  que  Saint  Louis 
augmenta  cet  établifîément. 

On  croit  que  Robin  de  Douay  étoit  encore  Chanoine   de  Saint  Quentin ,  parce 

qu'il 


R     O      B  gg 

qii"'il  laifTa  cent  livres  à  cette  Eglile  pour  la  fondation  d'an  Gèù,  &  pour  l'achat 
de  huit  muids  de  froment  qui  dévoient  êire  difiribucs  chaque  année  le  20  Mai, 
jour  de   fon    anniverfaire. 

ROBERT  ou  ROGER  de  Provins  ,  Chanoine  de  Paris  ,  Chanoine  &  Chan. 
celier  du  Chapitre  de  Saint  Quentin  ,  fat  Médecin  &  Chapelain  du  Roi  Saint 
Louis  qu'il  paroît  avoir  fuivi  dans  fes  pénibles  campagnes  d'Outremer.  Il  IsifTa  « 
amfi  que  le  précédent  ,  100  livres  tournois  au  Chapitre  de  Saint  Quef.tin  pour 
la  fondation  d'un  anniverfaire  ;  mais  il  lui  donna  encore  deux  calices  d'argent  doré 
du  poids  de  quatre  marcs ,  une  once  ,  des  Reliques  de  la  Couronne  d'épines  de 
Notre-Seigneur ,  des  Reliques  de  Saint  Jean-Baptilie  &  de  Sainte  Marie -Mag- 
deleiae   dans  un   vafe   doré ,  le  tout  muni   de  pièces    authentiques. 

L'état  de  Clerc  qui  a  été  long-tems  celui  des  Médecins  ,  les  a  rendus  capables 
de  pofféder  les  meilleurs  bénéfices.  La  Faculté  de  Paris  a  eu  pluîieurs  de  les 
Membres  qui  étoient  Chanoines.  Albert  le  Riche  ou  Dives  ,  qui  vécut  en  1395, 
fut  Archidiacre  d'Arras  &  Médecin  du  Duc  d'Orléans  :  Henri  Thibouft  fut  Pc- 
ritencier  &  Chanoine  de  rEgfife  de  Paris  en  1410  :  Michel  de  Colonia ,  Chanoine 
&  Chantre  de  la  même  Eglife  ,  fut  élu  Doyen  de  la  Faculté  en  1490  &  continué 
en  1491  :  Michel  Amy ,  Chanoine  de  Paris ,  entra  en  Licence  fous  le  Décanat 
de  Nicolas  Lajplé  en  15 18,  &i  Jean  Froideval  ,  Chanoine  de  la  même  Eglife  & 
Curé  de  Saint  André  ,  fous  celui  de  Jean  Des  Jardins  en  1524  :  Claude  Fauvelet 
de  Sens  ,  Chanoine  &  Chantre  de  l'Eglife  de  fa  ville  natale  ,  fut  reçu  à  la  Li- 
cence fous  Claude  Roujfelet  ,  Doyen  en  1576  &  1577.  Mais  les  Médecins  ,  pourvus 
de  bénéfices,  ne  continuoient  pas  tous  l'exercice  de  leur  profeflion  ;  plufieurs  s'em- 
preflbicnt  de  l'abandonner  ,  pour  aller  profiter  de  la  retraite  honorable  qu'ilj 
s'étoient  ménagée   dans  les    Chapitres. 

ROBERT  ,  (  Marin-Jacques-Clair  )  de  Caen  ,  Doreur  en  Médecine  ,  fit  fa 
Paftillaire  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Paris  le  17  Janvier  1759,  &  mérita 
la  place  de  Confeiller  intime  ,  premier  Médecin  de  Son  Altcffe  le  Duc  de  Deux- 
Ponts.  On   a   de  lui  des  Ouvrages  imprimés  fous  ces  titres  ; 

Recherches  fur  la  nature  &  l'inoculation  de  la  petite  vérole.   1763  ,  ùi-ia. 

Traité  des  principaux  objets  de  la  Médecine  ,  avec  un  Traité  fommaire  des  Thcfes  fbw 
tenues  depuis  1752  jufqu'en  1764.    Paris  ,  1766  ,  deux  volumes  ,  in-12. 

Lettre  à  M.  GuÛbert  de  Preval.    177a  ,  in-8 ,  de  15  pages. 

De  la  J^iellleJJe.  Paris ,  1777 ,  în-i2.  Ce  volume  comprend  quarante-deux  lettres  ; 
•c'eft  le  genre  d'écrire  que    l'Auteur  a  fuivi. 

ROBERTI,(  Jean  ^  favant  Jéfuite,  dont  M.  Paqunt  parle  dans  fes  Mémoires^ 
naquit  le  4  Août  1569 ,  dans  une  bonne  famille  de  Saint  Hubert ,  célèbre  Bour- 
gade  des  Ardennes.  11  fit  Ion  Cours  d'Humanités  chez  les  Pères  Jéfuites  nou- 
vellement établis  à  Liège  ,  &  celui  de  Philofophie  chez  les  Pères  de  la  même 
Compagnie  au  Collège  des  Trois-Couronnes  à  Cologne ,  où  il  remporta  la  première 
place  à  la  promotion  des  Maîtres-ès-Arts  faite  le  la  Février  1592.  La  même 
année  ,  il  entra  au  Noviciat  des  Jéfuites  de  la  Province  du  Rhin.  Depuis  il  en- 
T  Q  ME   Xr.  M 


ga  R    O    B 

feigna  avec  réputarton  la  Théologie  &  l'Ecriture  Sainte  dans  les  Univerfités  d* 
Uouay  ,  de  Trêves,  de  Wirtzbourg  ,  &  enfuite  dans  celle  de  Mayence  ,  où  il 
fe  fit  recevoir  Doftear  en  Théologie.  Ce  Jéfuite  fit  aufij  un  allez  long  iejcut 
â  Liège  ,  mais  il  alla  terminer  fa  carrière  à  Namur  ,  où  il  mourut  ,  d'une  ma- 
nière fort  édifiante,  le  14  Février  165 1  ,  âgé  de  81  ans,  fix  mois  &  dix  jours. 
11  a  écrit  plufieurs  Ouvrages  de  Théologie  ,  de  Controverfe  &  d'Hiftoire ,  qui 
ne  ibnt  point  de  mon  reffort  ;  c'efl:  pourquoi  je  ne  m'arrêterai  qu'à  ceux  qu'il 
a  nus  au  jour  contre  Rodolphe  Gochnius  le  fils ,  Dofteur  en  Médecine  &  Pro- 
feireur  à  Marpurg  ,  Auteur  du  Traité  De  ma^netica  curatione  vulnerls.  La  difpute 
qui  s'alluma  à  ce  fujet  ,  fut  très-vive  ;  ces  deux  adverlaires  publièrent  différens 
Ecrits.   Voici    les  titres   de    ceux   qui    parurent    de  la    part   de  Robertl. 

Traclitus  novi  de  magnetlca  vulaerum  curatione ,  authore  D.  Rodolphe  Gockntô ,  Med. 
D,  &  ProfcJJhre  Marpurg.  ordinariô ,  brevls  Anatome.  Trcvlris  ,  1615,  i/i-ia.  Lovanii  ^ 
1616,  m- 18.   Norimherga  ,  i&ôî  ,   i«-4  ,   dans  le  Theatrum  fympatheticum  aucîum. 

Goclenius  Heautontimorumenos  ^  ïd  eft ,  Curatîonis  magmticts  &Ungaenti  armarii  rulna^ 
Luxemburgi ,    1618  ,  /n-i2.   Norimbcrga  ,    1662,  m-4,  dans  le  Theatrum  fympathiticum' 

Mitamorphofis  Magnetlca  Calvino-Goclenlana.    Leodli  .^  i6i8 ,   m-i6. 

Goclenius    Magus    jTerio    délirais  ,  Epiftnla.    Duaci  ^  1619 ,  in-i'Z. 

Curationis  magneticts  &  Unguenti  armarii  maglca  impojîura  clarè  demonjlrata.  Luxem^ 
burgi ,   1621  ,  J/i-12.    Colonie  .y    i6a2  ,  in.-il,. 

ROBIN,  (  JeanJ  Garde  du  Jardin  Royal  des  plantes  à  Paris,  fut  nommé  à 
cet  emploi  par  Henri  IV,  vers  l'an  1590.  Tourne/on  le  met  au  nombre  des  plus 
curieux  Botaniftes  de  l'on  tems  ;  &  comme  il  paflbit  généralement  pour  tel,  fes  amis- 
firent  graver  Ion  portrait,  qu'ils  placèrent  à  la  tête  du  Recueil  des  fleurs  &  de*s 
plantes  qu'il  avoit   cultivées,  avec   ce  Diffique  au  bas; 

Omnes  Herbas  novi. 

Quot  tulit  Hefperiduia  .y  mundi  quot  fenilis  Hortui^ 

Herbarum  fpecies  ^novit  Me  unus  cas.. 

Jamais  homme  n'a  été  plus  entêté  de  fleurs  que  Robin.  De  quelque  chofe  qu'on 
lui  parlât,  il  en  revenoit  toujours  à  fa  gripe  :  ce  qui  faifoit  dire  à  Gui  Patin  qu'il 
fcroit  changer  le  proverbe,  &  qu'on  ne  diroit  plus:  il  rejfouvient  à  Robin  de  fes 
fiàtts,  mais  il  rejjbavient  à  Robin  de  fts  fleurs.  Le  même  Patin  l'appelloit  Eunuchus 
Uefpcridum  ;  il  étoit  en  effet  un  furveillant  fi  jaloux  de  fes  fleurs  ,  qu'il  aimoit  mieux 
en  écraler  les  cayeux,  que  d'en  fah-e  part  à  les  amis.  Un  Médecin ,  piqué  de  cette 
dureté ,  lui  adrefla  une  l'atyre  Latine  très-cruelle,  qui  portoit  ces  mots  en  tête; 
Toannl  Robino  totius  propaglnls  inimico  nato. 

Les  Ouvrages  fuivans  appartiennent  à  Robia: 

Catalogus  Jlirpium  ^  tàm  îndigenarutn  quant  exoticarum  ,  çua  Latetite  coluntur.  Parijiùf^ 
160 1  ,  m-lî,  1607,    1624,  in-8. 

Le  jardin  du  RjI  Henri  IF .,  ou  Recueil  des  fleurs  gravées  par  Pierre  Fallet^ 
Brodeur  du  Roi ,  &  décrites  par  Jean  Robin ,  avec  une  Préface  &  un  Catalogue 
^a  quelques  plantes  étrangères  qu'il  avoit  apportées,  en  1603 ,  de  Guinée  &  d'Ef-r 


R    O    B        R    O    D        R    O    E  <>t 

^gne.  Paris ,  1608 ,  In-folio ,  avec  65  planches.  Le  même ,  fous  le  titre  de  Jardin, 

du  Roi  Louis  Xlll.  Paris,  1638,  in-folio. 

yefpajhn  Rnbin.,   autre  amateur  de  Botatîique,  a  publié   un  Traité  intitulé: 
Enchiridion  Jfagogicum  ad  factlem  notitiam  ft^rplum  ,  tàm  indig,tnarum  qiiàm  exoticarum^ 

qu£  coluntur  in  horto.  Jo.  &  l^ifp-  Robin.  Parijiis ,   1623,  1624 ,  inll. 

ROBIN,  évincent  J  de  Dijon,  Médecin  du  Roi,  vivoit  en  1633.  Son  goût 
pour  la  Poéiie  lui  Ht  prendre  ce  genre  d'ctude  en  façon  d'atnufement  ,  &  il  mit 
au  jour  quelques  Ouvra^^es  en  vers;  mais  comme  la  vcrfificaiion  ne  fut  jamais 
capabiC  de  lui  taire  oublier  ce  qu'il  devoit  à  fa  profeûion,  il  s'en  occupa  lerieu- 
iement  dans  les  Ecrit*  qu'il  fit  imprimer  fous  ces  titres  : 

Mvii  fur  la  pejtc  reconnue  ea  quelques  endroits  de  lu  Bourgogne  ,  avec  choix  des  re- 
mèdes propres  pour  la  pré!en>ûtiin  S  ^uArifon    de    cette  maladie.  Dijon  ,    i6î8,  in  12. 

Synopjis  ratuinuii  ii  ai  &  udvcrfariurum ,  de  tertia  die  Futûs  anlmatione,  ex  qiiibus 
doré  conjt^bit  ceUbratan  unriquLate  opinioneia  de  l'ot'-às  fjr.naùone  defereadam  ,  Fieni 
vcrù  novant  complcciendam.  Divine,  1632,  j«-4. 

RODEvVALD,  (  P'rançois  )  Dodeur  en  Médecine,  étoit  de  Brun'wick  ,  où 
il  fut  Redeur  de  l'Ecole  oe  Saint  Gilles.  Il  pafla  enfuite  à  Lunebourg  en  qualité 
de  Phyficien  ,  &r  cnHn  en  155 1  ,  à  Hambourg,  qui  fut,  à  ce  qu'il  paroît,  J'undroit 
où  il  tioit  fes  jours.  On  ne  connoîc  r;en  de  lui  qu'une  Orailbn  De  caufîs  puir(.<- 
fitdiionis  qu'il  prononça  à  ia  prife  de  bonnet,  &  qu'on  trouve  dans  le  quatrième 
Tome  des  déclamations  choilies  de  Philippe  Mélanchtun. ,  imprimé  â  Strasbourg  en 
155B,    in  8. 

RODIUS,  (  Adrien  J  de  Grand-mont  en  Flandre,  enfeigna  la  Médecine  dans 
les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Eouvain  vers  le  milieu  du  XVI  fiecle.  Comme  il  fut 
appelle  à  Douay  pour  remplir  la  Chaire  de  Profelleur  Primaire  dans  l'Univerfiré 
qu'on  y  avoir  fondée  en  1552  ,il  prit  le  bonnet  de  Codeur  avant  de  quitter  Lou- 
vain,  &i  la  cérémonie  b'en  fit  le  premier  de  Septembre  1562. 

ROEDERER,  (  Jean  George  )  ProfefTeur  en  Médecine  à  Gottiogue,  de  l'A- 
cadémiede  Pétersbourg  Jj  de  celle  de  Chirurgie  de  Paris ,  des  Sociétés  Rcyales  d'Up- 
fal  &r  de  Gottingue,  étoic  de  Strasbourg,  cù  il  naquit  en  1726.  11  étudia  la  Médecine 
dans  là  patrie  &  il  y  prit  le  bonnet  en  1750;  mais  comme  il  chtrcho.t  à  fe  t-rer  de 
la  foule  en  perfedtionnant  &  multipliant  Tes  connoiiiances,  il  ne  crut  pas  mieux 
faire  que  de  le  renare  à  Paris  pour  remplir  Ion  objet,  &  de  pafT.r  enfuite 
en  Angleterre  &  en  Hollande,  Il  acheva  htureufement  les  voyage? .  &  s'occupa 
pn  -tout  de  l'Art  des  Accouchemens  avec  tant  de  fuccès,  qu'à  Ion  retour  à  straf- 
bourg  ,  il  l'exerça  avec  la  plus  grande  réputation.  M.  de  HalLr  ,  qu\  fcntoit  le  be- 
foin  qu'il  avoit  d'un  tel  homme  po^or  enfeigner  à  Gottmgue  ce  qui  a  rapport  à  cet 
Art  intérettant,  appella  Roeicrer  en  1754,  &  Finfialla  dans  la  Chaire  qu'il  lui 
avoit  defiinée.  Les  leçons  du  nouveau  Profefleur  répandirent  bientôt  tant  de  lu- 
mières fur  la  Théorie  &  la  Pratique  des  Accouchemens,  que  les  Mé-i-cos  quifor- 
tirent  de  fon  Ecole ,  furent  autant  de  Maîtres  qui  allèrent  infiruirc  les  Sageb-Ftmme* 


^1  R    O    E        R    O    G 

trop  lon*-'ems  ignorantes  dans  cette  partie.  MmsRoederer  ne  jouit  guère  de  la  ri:- 
putalion^qu'il  s-étoit  faite.  Le  dérangement  de  fa  ianté  l'obligea  de  quitter  foexer. 
Gices  Académiques;  il  retourna  à  Strasbourg,  où  il  mourut  en  1763.  Ce  Médecin 
a  publié  un  grand  nombre  de  Programmes  ,  plufieurs  Differtations  &  quelques  Ou- 
vrages fur  la  matière   des    Accouchcmens  ; 

Oratlo  de  ylrtîs  Ob[ïancl<e  pr^flantiâ.  Gottinga ,    1752.  ^ 

Ekmenta  ^rth  Objletricia  in  ufum  Pr^ehmonam  ^cadcmicamm.  Gottifiga,  1755, 
1759,  i/i-8.  Colonies,  176-,  m-8.  En  François,  Paris,  1765,  InS.  Ce  Livre  61er 
mentaire  eft  généralement  eftimé  ,  mais  il  ne  vaut  pas  celui    de  Lcvret. 

Icônes  Utcri  humani.  Goning^,  1759,  1764,  in-f<iUo.  On  y  trouve  plufieurs  remar- 
ques intérelfantes  fur  l'état  de  la  matrice  en  diftérens  ftges  ,  fur  celui  de  ce  vjlcers 
chez  la  femme  enceinte ,  fur  fes  vaiflèaux  &  fes  lacunes. 

Opujcula  MeJica,  fparjîm  prias  édita ,  mine  danàm  culle&a  ,  aucia  &  recufa.  Ootr 
tîng^,  1764,  in-^.  C'eft  le  Recueil  des  Programmes  &  des  Diflertations  qu'il  a  pu- 
bliés fur  différentes  matières  ,  mais  fpécialement  fur  ce  qui  a  rapport  aux  temmes 
grolfes,  aux  femmes  accouchées,  &  au  fœtus.. 

ROËLS,  (  Paul  )  natif  de  Tenrcmonde  ou  Dendermonde  en  Flandre,  f^*^^  ^^^^' 
à  la  Licence  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Louvain.  Il  étoit  Régent ,  c'eft-à.- 
dire  ,  Principal  du  Collège  du  Porc  en  la  môme  ville  ,  quand  il  fut  nommé  Rec- 
teur de  rUniverfité  le  premier  O^obre  153a.  Pendant  le  cours  de  cette  année  , 
il  obtint  la  Chaire  de  Profefleur  ordinaire  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  ,  &  comme 
il  afpiroit  à  quelque    choie  de  plus  ,  il  prit  le  bonnet  de  Doaeur  le   6  Mai  1537. 

Il  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Tobie  Rocls  natif  de  Middelbourg 
en  Zélande  &  Médecin  lui-même.  Celui-ci  a  écrit  une  Lettre  De  cenis  quibufdain 
plains ,  qu'on  trouve  dans  l'Ouvrage  de  Charles  Clufius  imprimé  à  Anvers  en  1601  ^ 
in-folio,   fous  le  titre  d'HiJloria  rariorum  plantarum.. 

ROESLIN.  Voyez  EUCHARIUS  RHODION. 

ROETENBECK  C  Michel  )  vint  au  monde  à  Nuremberg  le  19  Avril  1568. 
Après  de  bonnes  études  à  Altorf,  il  paila  à  Bâle,  où  il  reçut  les  honneurs  du 
Doctorat  en  Médecine  l'an  1595.  A  fon  retour  à  Nuremberg  ,  il  le  fit  aggréger  eu 
Collège  des  Médecins,  dont  il  remplit,  enfuite  les  premières  places  avec  tant  de 
diftinéMon  ,  qu'il  fut  beaucoup  regreté  à  fa  mort  arrivée  le  27  Mars  1623.  On  a 
de  lui  le  Recueil  des  Epitaphes  qui  fe  trouvoient  de  Ion  tems  dans  fa  ville  natale. 

]ean^  l'on  fils,  obtint  le  bonnet  de  Doéleur  en  Médecine  à  Altorf  le  23  Juin 
1630  ,  &  fe  fit  aggréger  au  Collège  de  Nuremberg.  Mais  à  peine  commençoit-il 
à  percer  dans  cette  ville ,  qu'il  y  mourut  de  la  peiîe  le  2  Oétobre  1634  ,  âgé  feu- 
lement de  28  ans.  Il  a  écrit  un  Ouvrage  intitulé  :  Spéculum  Scorbudcum. 

ROGER  étoit  de  Parme  ou  de  Salerne.  Les  Auteurs    font  non   feulement  par- 
tagés fur  le  lieu  de  fa  naiffance ,  mais  encore  fur  le    rems  auquel  il   a  vécu;  tout 
ce  qu'on  fait  de  mieux  de  fon  âge,  ce  qu'il  a  écrit  avant  Roland  de  Parme  qui^ 
fieion  i=rein</,  floriflbit.  au  plutôt  dans  le  XIII  iiecle. 


R    O    G  Q3 

D'abord  à  l'arrivée  des  Ouvrages  d'^lbucajis  en  Italie  ,  Roger  tira  de  cet  Au- 
teur les  cotinoiflances  qui  firent  tant  eftimer  les  écrits  qu'il  compofa  lui-môme  ;  mais- 
il,  ne  s'eft  pas  piqué  de  lui  rendre  juftice,  car  il  s'eft  attribué,  en  bien  des  choies, 
l'honneur  de  l'mvention  qui  certainement  n'eft  dû  qu'à  Albucajiî.  On  a  fous  le  nom 
ide  Roger  : 

Liber  breviter  perjlrîngens  quidqaid  de  omnium  venarunt  phlebotomiâ  fctre  bonum  Mc' 
i'uum  opnnet  ,  avec  l'Ouvrage  d'AlbucaJîs  ,  qui  eft  intitulé  ;  Methodus  medendi; 
PraSlica  Mcdiclns.  F'en.etiii  ,  1490  ,  1519  ,  in-folio.  Ibidem  ,  1546  ,  In-folio  , 
avec  la  Chirurgie  de  Gui  de  Cauliac  ,  de  Brunus  ,  de  Lanfranc  &  d'autres.  Roger 
traite  lui-même  de  la  Chirurgie  ,  mais  principalement  de  celle  qui  eft  toute  mé- 
dicamenteufe.  Le  vin  ,  le  miel  &  quelques  herbes  émollientes  ,  ibnt  prelque 
les  ieuls  moyens  curatifs  qu'il  conieille  dans  le  traitement  des  plaies  ;  il  ne 
condamne  cependant  point  l'ufage  des  inftrumens  ,  lorfque  les  circonftances 
l'exigent. 

ROGER  de  Provins.  Voyez  ROBERT. 

ROGER ,  (  Jean-Nicolas  _)  Médecin  natif  de  Venife ,  fut  en  réputation  vers  la- 
fin  du  douzième  fiecle.    On  lui  attribue  les  Ouvrages  fuivans  : 

Queejhum  difficillimum  accuratè  expUcatum  de  fedc  anima  i^  membrorum  principatu. 
ex  Galeno  ,    Hippocradfque  placîds ,  advenus  Plnlvfophos.  Neapoli  ^  '574  »  ii-A. 

De   re&a    curandl  rations    per     fanguinîs   niijfionem   Liber   unus.    f^enaiis  ,    i-or 
/n-4. 

ROGER  (  Jofeph-Louis  ^  étoit  de  Strasbourg.  Il  prit  Je  bonnet  de  Dodteur  ea 
Médecine  à  Montpellier ,  où  il  fe  dirtingua  pendant  Ton  cours.  Il  donna  au  public 
deux  Did'ertations ,  dont  les  titres  annoncent  quelque  chofe  d'intéreflant.  L'uae 
parut  en  1758,  /n-B  ,  ibus  celui  de  Tentamen  de  vi  foni  &  Mu  fie  es  in  corpus  burnanum  ; 
l'autre  en  1760,  :/i-i6,  eft  intitulée:  Spécimen  Phyfiologicum  de  perpétua  fibrarum  mufcu- 
larium  palpitatione  ,  novum  phanomenon  in  corpore  humano  experimentis  detec/um  &  demonfl 
tratum.  Ce  Médecin  ne  furvécut  guère  à  la  publication  de  ces  deux  pièces  car 
on  met  là  mort  en  ijôu 

ROGERIUS  ou  ROGGIERI,  félon  Matthias,  (f  Jean -Jacques  J  naquit  à  Ro- 
me en  162b',  &  pouffa  le  terme  de  fa  vie  jufqu'en  168a,  peut-être  au  delà.  Se- 
guier  le  dit  Auteur  d'un  Ouvrage  intitulé  : 

Catalogus  plantaram  in  yJgro  Romano  nafcentium.  Ronnsy  i()2'7  ■>  in-f'Uo,  avec  le 
Théâtre  Pharmaceutique  de  Donielli ,  en  Italien.  F'eaetUs  ,  1681  ,  1704 ,  /ft-4.  Loa- 
dini ,  1684,  in-ii  ,   avec  Jo.  Raii  fiirpium  fyllqge.. 

ROGERS  C  George  )  vint  au  monde  à  Londres  vers  l'an  1618..  Après  avoir 
étudié  la  Médecine  à  Oxford, où  il  fut  admis  au  Baccalauréat  en  1642,  il  fc  ren- 
dit  à  Padoue ,  &  il  y  reçut  les  honneurs  du  Doctorat  ie  'jo  Avr  I  16^6.  A  ion 
retour  en  Angleterre  ,  il  fe  fit  incorporer  à  l'Univerfité  dOxford  ,  &  p.iffa  en- 
Ëjite  à  Londres  pour  y  faire  la  Médecine.  Il  acquit  beaucoup  de  réputation  dans- 
cette   ville  i  il  fut   même  tant    eftiraé  de  fcs  Collègues  ,   qu^ils   le  nommèrent 


-^ 


ROI 


leur  Préfident  en  1689.  L'Orailbn  qu'il  prononça  le  18  Octobre  iSHt  ,  en  I'h<5nn«ut 
à''Harvée  &c  des  autres  bienfaiteurs  du  Collège  des  Médecins  de  Londres  ,  fut  im- 
primée dans  cette  Capitale  en  1682,  tn-4. 

Matthias  fait  cncor.;  mention  de  Jean  Rogers  ,  autre  Médecin  Angloi-  ,  qui 
prit  le  bonnet  de  Dodtcur  à  Utrecht  &  fut  aggrégé  à  la  Faculté  d'Oxford  le  13 
Juin  1664.  Il  pail'a  en'. aite  dans 'a  Province  de  Surrey  ,  où  il  exerça  avec  de  grands 
luccès.  On  connoît  de  lui  ua  t-iecueil  intitulé  : 

yjnalccfa  Inanguralia  fjii'e  ,  Difceptat'oms  Midicis,  necnonDïutribce  dlfcufforla  dt  quin- 
çue  corporis  liumani  conco&ionibus  ,  potijjimumquc  de  ra(iuma:oji  ac  Spcrmatojî.  Lon- 
dlni ,    1664  ,    i/i-8. 

ROI  (  Alphonfe-Vincent-Louis- Antoine  LE_)  natif  de  Rouen ,  prît  le  bonnet 
de  Dodtcur  dans  la  Faculté  de  Médecine  eo  l'Univeriité' de  Paris,  &  publia  quel- 
ques Ouvrages,  fous  ces  titres: 

Jiechercli£s  fur  les  habUkniens  des  femmts  &  des  enfaai  »  ou  Examen  de  la  manière 
dont  il  faut  vêtir  Vua  &  Pâture  fexe.  Pans  ,  1772,  m- 12. 

La  pratique  de  V^rt  des  accouckemens  ,  première  partie  ,  contenant  VHiftolre  critique 
de  la  (lod'rine  &  de  la  pratique  des  principaux  accoucheurs  qui  ont  paru  depuis  Hip- 
pocrate  jurqu''à  nos  jours  ^  pour  fervlr  d'introduâion  à  Vétude  S  à  la  pratique  des  accou- 
chemcns.  Pans,  ïJ'^G  ,  in-B.  Le  Rédadteur  du  Journal  de  Médecine  (  Avril  1776) 
«'exprime  ainfi  dans  l'Extrait  qu'il  donne  de  ce  Traité  :  »  mais  avant  d'en  tracer 
«  le  plan  ,  il  a  cru  dtvotr  analyfer  les  Ouvrages  de  M.  Levret  ,  accoucheur  Fran- 
u  çois;  il  les  difcute  avec  une  rigueur  &  une  févérité  ^ui  ne  peut  être  jui*ifiée 
o  que  par  une  dod^rine  affez  lumineufe  pour  enlever  tous  les  ibfTijrgcf.  L'âge  de 
o  M.  Le  Roi  ,  le  peu  ce  tems  qu'il  a  pu  donner  à  la  pratique  d'un  art  fi  impor- 
1»  tant  &  fi  difficile  ,  auroient  dû  l'engager  à  mettre  un  peu  plus  de  modération 
»  dans  fes  jugement  ;  les  objed^ions  piréfentées  avec  plus  de  modefiie ,  &  d'un 
n  ton  moins  tranchant ,  n'auroicnt  rien  perdu  de  leur  fcrce  ;  o'i  manque  fouvent 
»  ion  but  en  allant  au-deh\.  n  D'après  ce  qu'on  vient  de  dire  ,  on  ne  doit  pas 
s'étonner  que   M.  Le    Roi  ait   elTuyé  une  critique  anonyme    un    peu  amerc,  fous 

2e  litre  de   Lettre  de    M. étudiant  en  Chirurgie.  1776,  i/i-8  i  mais  il  y  a  répondu 

îjvec  union  de   modération  &  de   vérité  qui  fait  fon  éloge. 

ROIS  qui  ont  exercé  la  Médecine.  Quoiqu'il  foit  en  apparence  au  defibu*  de 
la  fuprême  dignité  des  Maîtres  de  la  terre  de  fe  mêler  de  la  pratique  de  cette 
Science  ,  eux  qui  ne  font  faits  que  pour  commander  à  leurs  fujets,  les  protéger  & 
leur  difiribuer  la  juRice  ;  cependant  l'humanité  a  quelquefois  trouvé  des  fecours  à 
les  maux  jufques  fur  le  trône  ,  &  l'Hiitoire  fait  mention  de  plulieurs  Princes 
qui  ,  fentant  toute  la  nobleffc  que  la  Médecine  tire  de  ion  objet ,  n'ont  pas 
dédaigné  d'être  les  Pcres  6i  les  Médecins  de  leurs  peuples.  Sans  parler  des  Rois 
d'Egypte  qui  s'app'iqucr-nt  l'crieufcmett  à  l'Art  d--:  guérir,  les  Anm.les  delà  Mé- 
decine nous  fourniflént  beaucoup  d'exemples  d'autres  Princes  qui  ont  cultivé  quel- 
que partie  de  cet  Art.  Tt's  lont,  le  Roi  Sapor  ,  qui  a  laiiï'é  entre  nos  médica- 
m  rs  un  fyrop  ious  fori  nom,  parce  qu'il  en  a  été  l'inventeur  ;  .V^i/rf,  Roi  d'A- 
rabie; MithriJate  f  Roi  de  Pont;  AUfaé ,  iiis  des  Rois  de  Damas;  Aviccnne  y  Roi 


ROI       R    O    L 


55 


de  Cordoue  ;  Achille ,  Prince  fameux  chez  les  Grecs.  Denis ,  Roi  de  Sicile ,  exer» 
cuit  la  Méclecine  ,  il  pratiquoit  même  les  opérations  c'-^  Chirurgie.  Homire  dit 
qu'/t/omenee  ,  koi  de  Creie ,  étoit  un  grand  MéJccin.  Conjlatxiin  IV,  lurtiommé  Po- 
gonat.  Empereur  de  Confliintinople ,  après  avoir  défait  les  Sarrjlins  &  les  Arabes, 
s'adonna  à  l'étude  de  la  Médecine  le  rcRe  de  fes  jours  ,  perfuadé  qu'il  étoit 
que  cette  occupation  n'étoit  point  indigne  de  i'a  grand  ur.  ^kxandrc  môme,  ce 
Êimeux  conquérant,  s'appliqua  non  leulement  à  la  Théorie  Médicinale  ,  au  rap- 
port de  Plutarque  ,  mais  il  fe  mêla  encore  de  la  Pratique  &  compol'a  quelques 
médicamens.  Voyez  »  fur  cet  Article  ,  le  Traité  De  uobiUtatc  du  Jurifconfultc 
Tiraqucau. 

Dans  le  premier  âge  de  la  Médecine  ,  on  ne  voyoit  guère  que  des  Princes, 
des  Sacrificateurs  ,  des  Prêtres  &  des  perlonnes  de  Race  Royale  fe  mêler  de 
l'Art  de  guérir  les  maladies.  Leur  état  les  faifoit  refpedter  comme  les  ombres 
de  la  Divinité  fur  la  terre  ;  &  pour  s'approcher  davantage  de  la  nature  des 
Dieux  ,  ils  cherchoient  à  les  imiter  en  confervant  la  vie  des  hommes  ,  &  la 
mettant  à  couvert  des  maux  qui  menacent  d'en  abréger  le  cours.  Mais  fan» 
remonter  à  des  tems  aulîi  anciens ,  on  a  admiré  ,  au  commencement  de  ce  fiecle  , 
la  bonté  d'un  grand  Roi  ,  qui  daignoit  diflribuer  des  médicamens  préparés  de 
fes  mains  ,  &  qui  ne  cruyoit  rien  au  deffous  de  lui  ,  lorfqu'i!  s'agiflbit  de  la 
vie  &  de  la  fanté  de  fes  fujets.  Louis  XIV  fut  ce  Prince  ;  les  merveilles  de 
foa  règne  lui  ont  mirité  le  Qom  de  grand  ,  &  ce  trait  le  rend  plus  grand 
encore  aux  yeux  de  l'humanité. 

Nous  naiflbns  tous  Cultivateurs  ,  &  le  fentiment  nous  rend  Médecins.  La  nature 
développe  à  peine  les  premiers  goûts  chez  les  enfàns ,  qu'on  les  voit  amonceler 
la  terre  ,  la  ranger  en  jardin  ,  la  bêcher  ,  &  y  planter  ou  femer  ce  qu'ils  trou- 
vent Ibus  la  main.  Dans  l'âge  mûr  ,  &  encore  plus  dans  l'âge  avancé  ,  loit  qirç 
nous  craignions  les  maux  inféparabies  de  la  condition  humaine  ,  Ibit  que  nous 
les  tentions  déjà  ,  nous  nous  prenons  de  compaffion  pour  les  perlonnes  fouf- 
frantes  ,  nous  volons  à»  leur  fecours  ,  nous  leur  préfentons  les  remèdes  donr 
nous  fommes  les  dépolitaires  ,  &  que  nous  tenons  de  nos  pères  ,  comme  des 
fecrets  qu'ils  nous  ont  tranfmis.  Nous  allons  plus  loin  ;  nous  donnons  des  con» 
ieils.  Le  Gentilhomme  dans  fa  campagne  cft  toujours  le  Médecin  de  fes  val- 
faux  i  les  Dames  fur  -  tout  fe  piquent  d'exercer  cette  charité  intelligente  ,  dont 
elles  fe  font  fait  une  forte  d'étude  ,  &  vont  dans  la  cabane  du  pauvre  à  qur 
elles  diftribuent  des  remèdes  diététiques  ,  médicinaux ,  &  quelquefois  chirurgicaux. 
L'exemple  des  Rois  bienfailans  ,  qui  ordonnent  de  dittribuer  chaque  année  des 
caifles  de  médicamens  à  leurs  fujets  ,  &  qui  leur  communiquent  la  préparation 
de  ceux  dont  ils  font  l'acquifition  ,  remue  l'efprit  de  la  Noblefle  ,  &  l'excite  à 
faire  en   petit  ce  que  les   Maîtres  de  la  terre  font  en  grand. 

ROLAND  de  Parme  ,  que  Freiad  place  au  plutôt  dans  le  XIÎI  lîecle  -  a  fuivi 
Roger  de  bien  près  ,  ainfi  qu'il  le  dit  lui-même  dans  le  Traité  de  Chirurgie 
que  nous  avons  de  lui.  Il  a  groiH  ion  Livre  de  formules ,  mais  fans  négliger 
les  opérations.  U  y  confeille  l'extirpation  du  polype  des  narines  ;  il  traite  àet 
hixatious  ii    des    fia^ures  d'après  Oribafi  ;  il  jparle   de   l'applicatioa  &  des  efie^ft 


ç6  R    O    L 

du  féton.  Sa  manière  d'écrire  refiemble  fi  fort  à  celle  de  Roger ,  qu'on  eft  tenté 
<ie  croire  qu'il  n'a  eu  d'autre  vue  que  de  le  copier  dans  la  plupart  des  choies; 
il  va  même  jufqu'à  tranfcrire  des  phrafes  entières  ,  fans  prefque  aucun  chan- 
gement. 

La  relfemblance  qu'il  y  a  entre  l'Ouvrage  de  Chirurgie  de  Roland  de  Parme 
&  celui  de  Roland  CapeUudus  ,  a  porté  quelques  Bibliographes  ^  croire  que  ces 
<leux  Auteurs  ne  font  qu'une  môme  &  feule  perfonne.  Suivant  leur  conjedture  , 
Roland  Capdludus  feroit  plus  ancien  que  certains  Ecrivains  l'ont  dit  ,  quand  ils 
le   font    vivre  vers  l'an    1468. 

ROLAND,  CJoachimJ  ou  ROELANTS  ,  Médecin  du  XVI  fiecle  ,  étoit 
xiatif  de  Malines.  f^éfale  ,  foa  ami ,  lui  écrivit ,  en  1542  ,  une  Lettre  fort  ample 
Jur  la  nature  &  les  propriétés  de  la  racine  d'Elquine,  &  non  point  du  Kinkina , 
xomme  M.  Paquot  le  dit  dans  fes  Mémoires.  Cet  Hiftorien,  malgré  l'étendue  de 
Tes  connoiflances ,  n'a  pas  réfléchi  que  la  racine  du  Quinquina  n'eft  d'aucun  ufage 
en  Médecine ,  mais  bien  fon  écorce  ;  ainfi  la  Lettre  de  yéfak ,  qui  traite  De 
Jtadice  Chints  ,  n'a  en  vue  que  la  racine  d'Efquine.  D'ailleurs  ,  P'éfale.  n'a  pu 
connoître  le  Quinquina  ni  fon  écorce  ,  puifque  les  Efpagnols  ne  l'ont  apporté  en 
Europe  qu'en  1640.  Mais  ce  nouveau  remède  n'eut  pas  grande  vogue  qu'en  1649 , 
après  que  le  Provincial  des  Jéfuites  de  l'Araérique  eut  invité  tout  fon  Ordre 
afiTemblé  à  Rome  à   lui   donner  de  la  réputation. 

Roland  a  publié  un  Ouvrage  De  novo  niorbo  fudoris ,  quem  ^.nglicum  vacant,  annâ 
lijag  grajfantis  ;  &  à  cette  occalion ,  Jean  Second,  Poëte  Latin  natif  de  La  Haye , 
lui  a  donné  une  preuve  publique  de  fon  amitié,  dans  l'éloge  qu'il  a  fait  de  cet 
.Ouvrage,  en  ces  termes; 

Qui  cupîs  IgnotiB    naturam  difcere  pefils  ^ 

Et ,  forniidata  do&us  opus  faria  , 
Splcula  fccuras  vapida  contemnere  mords,  ^ 

uiccipi  quâ  vîtes  callidui   artc    malum. 
Scilicct  hac  multô  tlbi  datfudata  labore^ 

Gloria    Maclinîce  laufque  vel  una  fu<e  , 
'^rimus  ApoUîncâ  Joachimus  in  u^rte  medendl: 

Qu(S  nuper  mifcros  dum  latuerc   homlnes , 
Jeu  quoi  la  ardenii  famarunt   corpora  leSo , 

Mords  &  ignotas  exdmuere  vlas  / 
tfèu  quot   ublque    animas  exfudavere    tepentels , 

Tranfmijfi  ftyglU  in  nova  régna  vadis  ! 

ROLFINCK  CGuerner  J  naquit  à  Hambourg  le  14  Novembre  1599.  Il  perdit 
trop  tôt  fon  père ,  qui  enfeignoit  avec  diftinftion  dans  les  Ecoles  de  cette  ville  , 
pour  être  conduit  de  fa  main  dans  la  carrière  des  Sciences;  mais  il  avoit  heureu- 
ièmsnt  toutes  les  difpofuions  propres  à  y  réuffir.  On  en  profita ,  en  le  faifant 
paûêr  en  i6i6  à  Wittemberg ,  où  U  eut  l'avantage   d'avoir  Sennert  pour  Profef- 


R    O    L  ^ 

fdOT  de  Médecine.  En  l6i8 ,  il  fe  rendit  à  Leyde,  &  au  bout  de  deux  ans  de  fé- 
jour  dans  cette  ville,  on  lui  permit  de  voyager  en  Angleterre,  en  France  &  en 
Italie.  La  beauté  de  ce  dernier  pays  le  tenta  de  s'y  arrêter,  mais  il  fe  borna  à 
le  parcourir  tout  entier;  il  revint  enfuite  à  Padoue  ,  &  après  avoir  fuivi  les  Pro- 
i'efieurs  de  l'Univerfité  pendant  cinq  ans,  il  demanda  le  bonnet  de  Dod^eur  qu'il 
obtint  le  7  Avril  1625.  La  l'upériorité  de  fes  talens  lui  mérita  l'eflime  des  Italiens. 
Ce  fut  une  chofe  bien  glorieufe  pour  lui,  de  fe  voir  invité  à  faire  un  Cours  d'A- 
natoraie  dans  l'Amphithéâtre  de  Venife,  mais  c'en  fut  une  plus  glorieufe  encore  , 
de  l'avoir  fait  avec  un  applaudifleraent  général. 

Après  fa  promotion  au  Dodïorat ,  il  revint  en  Allemagne  &  palTa  à  Wittemberg, 
où  il  avoit  pris  les  premières  notions  d'une  Science  qu'il  polfédoit  alors  li  parfais 
tement.La  Faculté  de  Padoue,  qui  ne  Pavoit  point  perdu  de  vue,  voulut  l'en- 
gager ,  en  1628,  à  venir  enieigner  &  démontrer  l'Anatomie  dans  fes  Ecoles.  L'of- 
fre étoit  autant  avantageufe  qu'honorable  ;  mais  pendant  que  Rolfinck  délibéroit 
fur  le  parti  qu'il  devoit  prendre  ,  on  lui  propofa  de  fe  fixer  à  Jene  en  qualité  de 
Profeffeur  d'Anatomie,  de  Chirurgie  &  de  Botanique.  Ce  fut  le  4  Février  1629 
qu'on  lui  fit  cette  propofition  qu'il  ne  tarda  pas  d'accepter ,  parce  qu'il  aima  mieux 
d'être  utile  à  l'Allemagne ,  que  d'aller  éclairer  de  fes  connoifianccs  une  région 
étrangère.  L'Univerfité  de  Jene  le  reçut  avec  joie  ;  &  non  feulement  il  lui  fit  hon- 
neur par  la  pratique  de  la  Médecine  ,  mais  encore  par  celle  de  l'Art  des  accou. 
chemens  &  des  autres  parties  de  la  Chirurgie.  11  contribua  auffi  à  la  réputation 
de  cette  Univerfité  par  l'établiffement  d'un  Jardin  Botanique  &  d'un  Amphithéâtre 
d'Anatomie  &  de  Chymie. 

En  fa  qualité  de  Diredeur  du  Jardin  des  plantes  ,  il  y  mit  un  tel  ordre  ,  de- 
puis 1630  jufqu'en  1638  qu'il  occupa  cette  place ,  qu'aucun  des  Jardins  de  l'Alle- 
magne ne  lui  fut  comparable ,  foit  pour  le  nombre ,  foit  pour  la  beauté  des 
plantes ,  tant  indigènes  qu'étrangères.  Le  ai  Février  1641 ,  on  le  chargea  d'enfeigner 
in  Chymie;  il  accepta  cet  emploi,  &  il  fut  le  premier  Profelfcur  en  cette  Science, 
non  feulement  en  Allemagne  ,  mais  dans  toute  l'Europe.  Il  fut  en  même  tems 
le  dernier  des  Profefieurs  Allemands  qui  eût  expliqué  publiquement  les  Ouvrages 
des  Auteurs  Arabes  i  il  les  abandonna  pour  s'attacher  à  la  do^rine  des  Grecs^ 
«omme  plus  faine  &  plus  judicieufe.  Ce  tut  en  bonne  partie  aux  foins  de  Rolfinck 
que  l'Univerfité  de  Jene  dut  la  haute  réputation,  dont  elle  commença  de  jouir  dès 
le  milieu  du  dernier  fiecle.  Ce  fut  à  fes  travaux  littéraires  que  Rolfinck  dut  la  fienne. 
La  célébrité  de  Ion  nom  étoit  répandue  dans  toute  l'Allemagne,  lorfqu'il  mourut 
le  6  Mai  1673.  Ses  Ouvrages ,  qui  font  en  grand  nombre,  n'ont  pas  peu  contribué 
à  le  faire  eftimer  de  fes  contemporains  ;  &  quoiqu'on  n'en  fafle  plus  le  même  cas 
aujourd'hui ,  je  ne  puis   me  difpenfcr  d'en  donner  le  Catalogue  : 

Zacharia  Brendelii  Chymla  in  ylrùs  formant  reda&a.  Jents ,  1641 ,  m-8 ,  avec  une 
Préface  de  fa  façon.  Jbidem  ,  1661  ,  1679 ,  J/1-4  ,  avec  des  notes.  Lugduni  Batavo. 
rum,  i6fi,  ta-i2.    Genev<£,  167 1 ,  in-^, 

Dijfertatio  de  Hcpaie  ad  circulationem  accommodata.  Jene  ,  «653 ,  in-4.  H  admet  la 
circulation  &  il  en  attribue  la  découverte  à  Harvéc. 

Methodus  cognofcendi  â?  curandi  affe^us  capiiis  particulares.Jeme^  1653,  în\.  Jbidem^ 

T  0  M.  E    ir.  N 


98 


ROM 


1C71 ,  in-4,  avec  le  Traité  du  même  Auteur,  qui  eft  intitulé:  De  aucloribus  pra&lch^ 

Dlifertatio  de  Corde  ex  Veterum  &  Recentiorum  ,  proprilfquc  obfervationlbus  conclnnata   ' 
&  ad  circuladonem  accommodata.  Jcna ,  1654  ,   in-4. 

Methodus  cognoCcendi  &  curandi  partiailares  corpnris  affectas ,  fecundàm  ordinem  ^bU' 
betrl  Rhai<s  &c.Jen<B^  1655,  in-\.  Ibidem,  1675,  i/1-4 ,  par  les  foins  de  George» 
JVblfgang  iVedelius. 

Dijfenationes  j^natomica ,  f^eterum  cf  Recentiorum  obfervationlbus  illuftra:ée ,  ad  clrcU'^ 
lationem  accommodata.  Jena^  1656,  m  4.  Quoique  Rolfinck  eût  pafTé  pour  le  copifte 
de  Riolan. ,  fes  Differtations  Anatomiques  ne  méritent  pas  moins  d'être  lues.  Elles 
contiennent,  dit  M.  Portai ^ des  détails  fort  utiles  &fort  érudits.  Après  un  long  & 
favant  prélude  fur  l'ancienneté,  les  progrès  &  l'importance  de  l'Anatomie,  cet 
Auteur  donne  une  defcription  générale  des  parties  du  corps ,  &  pafie  cnfuite  à 
l'examen  de  chacune.  Avant  de  propofer  fon  fentiment,  il  rappelle  fuccintement 
celui  des  plus  anciens  Pères  de  l'Art ,  &  comme  il  poflédoit  l'hiftorique  de  l'Ana- 
tomie il  a  excellé  dans  ce  genre  de  récits.  A  l'aide  de  fes  ledlures ,  il  a  été  â 
portée  de  parler  de  plufieurs  objets  inconnus  à  fes  contemporains  ;  c'eft  ce  qui 
prouve  comWen  l'érudition  eft  utile  dans  tous  les  états.  Rolfinck  a  mis  un  ordre 
admirable  dans  fes  defcriptions ,  &  cet  ordre  eft  prefque  par-tout  uniforme.  Il  eft 
un  des  premiers  qui ,  en  décrivant  l'Oftéologie ,  aient  parlé   de  l'infertion  des  rauf" 

clés  aux  os. 

Ordo  &  methodus  cognofcendi  &  curandi  febres.  Jene  ,   1658  ,  Jn-4. 

DtJJertationes  Chymlcts  fex ,  de  Tartaro  ,  Sulphure  ,  Margarltls ,  perfectls  metallls  duo* 
bus  Aurô  &  Argentô  ,  uintlmoniè  ^  imper feSlis  metallis  duris  duobus  ,  Feriô  ijf  Cuprô. 
Ibidem  ,  1660,  1679,  Jn-4. 

Ordo  &  methodus  generationi  dicatarum  partium  per  Anatomen  cognofcendi  fabricam.. 
Ibidem,  1664,  in-/^.  Cet  Ouvrage  parut  encore  fous  ce  titre:  Sacra  Eleujmia  pate- 
facia  ,  five  ,  Tradiatas  Anatomicus  de  organorum  generationi  dlcatorum  Jlruciurâ.  Franco^ 

furti^  16B4,  m-4- 

De  partu  diffidli.  Jen£ ,  1664,  /n-4.  C'eft  une  des  Differtations  Académiques  foute» 
nues  fous  fa  prélidence.  Il  eft  Auteur  de  beaucoup  d'autres. 

Ordo  &  methodus  Mediclnts  fpecialis  Commentatori<e.  Jcna  &  Vrancofurtl\  1665 ,   m-4. 

De  purgantibus  vegetabilibus   Liber.  Jene  1667  ,  1684  ,  t/1-4. 

De  curatione  Hydropis  ylfcitis.  Ibidem ,  1668 ,  in-4. 

Ordo  &  methodus  Medicinte  fpecialis  Confultatoria.  Ibidem  ,  1669  ,  /n-4,  Francofurti  ai 
Moinum  ,  1676 ,  in-^ 

De  vegetabilibus ,  pi antis .,  fuffru&icibus  ,  frucîicibus  in  génère  ^  Libri  duo.  Jene .,  1670, 
fn-4.  Il  y  a  joint  THiftoire  de  l'établiflement  des  Jardins  Botaniques  d'Allemagne  », 
d'Italie  &  des  Pays-Bas  ,  avec  la  lifte  des  Direéleurs. 

Non-Ens  Chymicum^  Mercurius  metallorum  &  miner alium.  Jena .,   1670,  tn-4. 

Syntagma  univerfa  Medicin^  Pracfica.  Francofurti ,  1688  ,  in-4.  C'eft  le  Recueil  de 
fes  principaux  Ouvrages  de  Pratique. 

ROMAIN  ,  f  Adrien  )  Médecin  &  Mathématicien,  étoit  de  Louvain ,  où  il 
naquit  le  29  Septembre   1501.  Il  fit   l'on  cours  de   Philofophie  chez   les  Pères  Je- 


ROM  99 

fuites  I  Cologne,  &  après  avoir  encore  étudié  la  Médecine  dans  la  même  ville 
pendant  quelque  tems,  il  vint  à  Louvain  où  il  continua  de  s'y  appliquer,  &  paflTa 
eofuite  dans  les  plus  célèbres  UniverGtés  d'Italie.  11  fit  par-tout  de  grands  progrès  ; 
mais  comme  il  avoit  l'efprit  extrêmement  pénétrant  &  le  jugement  profond ,  il  fe 
diftingua  tellement  par  ceux  qu'il  fit  dans  les  Mathématiques  ,  qu'il  paiïh  bientôt 
pour  le  premier  homme  de  fon  fiecîe  dans  cette  partie.  11  jouiflbit  déjà  de  beau- 
coup de  réputation  à  cet  égard,  lorfque  l'Evêque  de  Wirtzbourg  l'attira  chez  lui 
en  1593,  P°"'  enfeigner  la  Médecine  &  les  Mathématiques  dans  la  nouvelle  Aca- 
démie de  fa  réfidence.  Romain  remplit  ces  deux  Chaires  à  la  fatisfaéïion  de  tout 
le  monde  ;  mais  après  la  mort  d'Anne  Steegh ,  fa  femme  ,  il  fe  dégoûta  de  ce  traio 
de  vie  ,  erabrafla  l'Etat  Eccléfiaftique  ,  &  obtint  du  Prince  «  Evêque  un  Cano. 
ntcat  de  TEglife  de  Saint  Jean.  H  parcourut  enfuite  l'Allemagne  &  Ja  Pologne  , 
&  s'arrêta  pendant  deux  ans  chez  Jean  Zarooski  ,  Chancelier  du  dernier 
Royaume  ,  qui  l'engagea  à  pafler  en  la  ville  de  fon  nom  dans  la  Ruflie  rouce  , 
où  il  enfeigna  publiquement  les  Mathématiques  en  1610.  On  ne  lait  pas  le  tems 
qu'il  demeura  en  ce  pays  ;  mais  on  fait  qu'après  avoir  traverfé  la  Pologne  ,  la 
Pruffe ,  la  Bohcme  &  l'Allemagne  ,  il  prit  la  route  des  Pays-Bas  dans  Je  defTein 
d'aller  à  Spa  pour  y  prendre  les  Eaux ,  &  qu'il  mourut  à  Mayence  le  ^  Mai  1615. 
Il  a  compoié  quantité  d'Ouvrages  de  Mathématique ,  &  aucun  de  Médecine  , 
finon  des  Theles  foutenues  à  Wirtzbourg  fous  fa  préfidence.  Voici  les  titres  de» 
uns  &  des  autres  : 

Ouranographia  ^  de  cœlorum  numéro  &  ordine.  Lovanil ,   1591  ,  m-4. 

Jdea   Machematlca  Pars  prîor  ,  flve  ,     Methodus  Polygonorum.   Ibidem.  1593  ,  in-4. 

Theatrum  Urbium.  Francofurti  ,  1595  ,    ^-4. 

Supputatio  Ecclejîajîica  juxta  novarn  veteremque  Calendarii  rationem  ,  cum  Theoria 
Calendariorum.  Wirceburgl ,  159?; ,  ire-4. 

Problema  ^poUoniacum.    UcrbipoU  ,   1596 ,  in-4. 

Theoria  venwrum.  Wircthurgi^  1^96,  Ji-4- 

Exerdtationes  Cydicce  contra  Scaligerum^  Orontium  Flnaum  &  Raymarum  Urfîaum  ^ 
in  decem  Dialogos  tribut<e.  Ibidem  ,  1597 ,  in-folio  ,  avec  Expojïtlo  &  ^nclyfis  in  Ar- 
chimedii  cîrculi  dimenjîonem.  Apologia  pro  Archimede. 

Pythologia ,  five  ,  Thefes  de  plantis  ,  quatenus  Medicîs  materiam  fubminiftrant  remcdio- 
rum.  Jf^irceburgi ,  1598,  ii'^. 

De  fîmpUcium  medicamentorum  facuhatlbus.  Ibidem  ,  1601 ,  i/1-4. 

De  falubri  olerum  ufa.  Ibidem,  i6o2 ,  1/14.  Ces  trois  dernières  pièces  ne  font  que 
des  Dilfertations  Académiques. 

Idea  Mathefeos  univerfe.  HcrbipoU  ,  1602  ,  i/i-8.  Francofurti ,  1605  ,  j/i-8  ,  fous  le 
titre  de    Mathejîs  Polemica  ,  avec  des  augmentations, 

Arithmeticte  quatuor  inftrumenta.  HerbipoU  ,  1603  ,  in-folio  patente. 

Spéculum  Mathematicum ,  five ,  organum  forma  mappa  exprejfum  ,  de  motibus  In  primo 
cœlo  ac  mobill  fpe&ari  folitis.   Lovanil ,   1606  ,  tV4. 

Methodus  exprimendi  numéros  quantumvls  maximds.  Ibidem ,  1607 ,  In-folio  patente, 

Mathematica    uinalyfeos  Triumphus.    Ibidem  ,  1607  ,    in-folio  expanfo. 

Canoa  Triangulorum   Spharicorum.    MoguntU  ^  1609,  m«4. 


too  ROM 

Pyrotechnla^  jîve,  de  ignlbus  feftivis^  jocojîs,  artificlalibus  f  Llbrl   duo.  Francofàrtt^ 

i6ii,  m-4.  i) 

De  formatlone  corporls  humant  in.  utero.  Parijîls,  1615,  in-4.  f^enetils  ^  1623,  in-4,. 
Suivant  Manget ,  c'eft  Gilles  Romain  qui  eft  Auteur  de  cette  pièce  ;  mais  l'hirtori- 
que  qu'il  donne  de  ce  Médecin ,  eft  exad^ement  le  même  que  celui  de  Foppens 
dans  la  Bibliothèque  Belgique  ,  fous  le  nom  d'^Jdrlen  Romain.  J'ai  fuivi  le  texte 
de  Foppens. 

Jacques  Romain ,  fils  à' Adrien ,  accompagna  fon  père  dans  fes  longs  voyages.  Il 
fut  reçu  à  la  Licence  dans  la  Faculté  de  Médecine  en  l'Univerfité  de  Louvain  , 
&  il  y  remplit  enluite  la  Chaire  d'Anatomie  &  de  Chirurgie,  Il  mourut  le  13  No- 
vembre 163s  ,  &  légua  fes  Livres  à  la  Bibliothèque  Académique, 

ROMAINS.  C  Etat  de  la  Médecine  chez  les  )  Ce  fut  environ  l'an  du  inonde 
Srso»  quand  les  Romains  fe  prévalurent  de  la  foiblefTe  des  autres  nations  &  tirent 
les  premiers  pas  vers  la  Monarchie  univeri'elle  ,  que  les  Arts  &  les  Sciences  corn» 
mencerent  à  pafler  de  l'Egypte  &  de  la  Grèce  en  Italie.  Archagatus  vint  à  Rome 
l'an  535  de  la  fondation  de  cette  ville,  c'eft-à-dire,  3788  du  monde,  &  fut  le 
premier  étranger  qui  apprit  aus  Romains  qu'il  étoil  un  Art  de  guérir  lupérieur 
à  tout  ce  qu'ils  en  avoient  de  connoifiances.  La  Médecine  y  étoit  connue  avant  fon 
arrivée,  &  il  ne  fit  que  la  préfenter  fous  un  nouveau  jour;  c'eft  donc  fans  fon- 
dement qu'on  a  prétendu  que  Rome  fut  avant  lui  fans  Médecins.  Mais  comme 
cette  affertion  ne  manquera  pas  de  trouver  encore  aujourd'hui  des  incrédules  ,  il 
eft  d'autant  plus  important  de  la  mettre  daiii  tout  fon  jour ,  qu'elle  eft  un  point 
înté/eflant  de  l'Hiftoire  dont  je  traite. 

S'il  en  faut  croire  Pline  ,  non  feulementla  Médecine  ne  fut  pas  connue  à  Rome 
dans  les  premiers  fiecles  de  la  République  ,  mais  elie  n'y  fut  même  reçue  qu'au- 
près tous  les  Arts  libéraux  &  toutes  les  Sciences,  «  Le  peuple  Romain,  dit  cet 
»  Auteur,  a  été  plus  de  600  ans  fans  Médecins,  quoique  d'ailleurs  il  n'ait  pas  été 
j5  pareiTeux  à  recevoir  les  Arts,  &  qu'il  ait  même  été  fort  avide  de  la  Médecine,, 
n  jufqu'à  ce  que  l'ayant  connue  par  expérience,  il  l'a  condamnée.  »  Quoi  les  Ro> 
mains  (e  font  paffés  fi  long-tems  de  Médecins  ?  Si  le  fait  étoit  vrai ,  il  y  auroit 
de  quoi  furprendre.  Mais  li  on  oppofe  l'autorité  de  Denis  d'Halicarhaflè  à  celle 
de  Pline ,  fi  on  oppofe  même  les  paflages  de  Pline  les  uns  aux  autres ,  on  ne 
peut  s'empêcher  de  voir  combien  font  peu  fondés  les  Hiftoriens  qui  s'appuient  fur 
ce  dernier  Auteur ,  pour  dire  que  la  Médecine  a  été  long-tems  inconnue  aux  Romains. 

Suivant  Denis  d'Halicarnafle ,  «  la  pefte  étant  venue  à  Rome  l'an  301  de  fa 
»  fondation,  &  s'étant  rendue  plus  furieufe  qu'aucune  autre  pefte,  qui  eût  été  de 
T.  mémoire  d'homme ,  elle  emporta  prefque  tous  les  efclaves  &  la  moitié  des  ci- 
»  toyens,  les  Médecins  ne  fuffifant  pas  pour  le  nombre  des  malades,  n  II  y  avoit 
donc  alors  des  Médecins  à  Rome,  c'eft-à-dire,  plus  de  deux  cens  ans  avant  le 
tems  marqué  par  Pline ,  comme  il  y  en  a  eu  de  tout  tems  chez  tous  les  peuples. 
Mais  pour  concilier  ces  deux  Auteurs,  il  faut  entendre  des  Médecins  étrangers 
&  particulièrement  des  Grecs ,  ce  que  dit  Pline.  11  s'explique  lui-même  en  ces 
termes:  «  pour  être  convaincu  de  l'éloignement  que  les  Romains  de  ce  temslà 
9  avoient  pour  la  Médecine,  il  ce  faut  qu'entendre  là-delTus  les  fentimens  de  Marcu 


ROM  loc 

»  Caton  y  quia  vécu  foixante-dix  ans  après  ^rchagatus ,  &  qui  étoit  un  homme  dii. 
a  quel  on  peut  dire  que  l'honneur  du  triomphe ,  qui  lui  a  été  décerné ,  &  la  charge 
n  de  Cenfeur  qu'il  a  exercée,  font  ce  qui  le  relevé  le  moins,  tant  il  y  a  eu  d'au- 
»  très  choies  confidcrables  en  fa  perfonne.  Voici  fes  propres  termes  tirés  d'une  let- 
y>  tre  qu'il  écrivoit  à  fon  fils  :  je  vous  dirai  quand  il  fera  tems ,  mon  cher 
n  Marcus,  ce  que  je  penfe  de  ces  Grecs,  &  ce  que  j'eftime  le  plus  de  tout 
•  ce  qui  eft  à  Athènes.  11  eft  bon  d'étudier,  comme  en  paflànt,  leurs  I^ettres  & 
»  leurs  Sciences;  mais  il  ne  Faut  pas  les  apprendre  à  fonds.  Je  viendrai  à  bout 
B  de  cette  race  méchante  &  fiere;  mais  foyez  afluré,  comme  C  un  devin  vous 
»  l'avoit  dit,  qu'aulîitôt  que  cette  nation  nous  aura  communiqué  fes  Lettres  j, 
»  elle  gâtera  ou  corrompra  tout;  &  cela  fe  fera  d'autant  plus  aifément ,  fi  elle  nous 
n  envoie  encore  fes  Médecins,  lis  ont  juré  entre  eux  de  tuer  tous  les  Barbares 
D  par  le  moyen  de  la  Médecine  ;  &  encore  exigent-ils  un  falaire  pour  cela  de  ceux 
B  qu'ils  traitent,  afin  qu'ils  fe  fient  mieux  à  eux  &  qu'ils  puifient  les  perdre  plus  faci- 
r  lement.  Ils  font  affez  infolens  pour  nous  appeller  Barbares  auffi  bien  que  les 
n  autres;  ils  nous  traitent  même  plus  infolemraent,  en  nous  appellant  Opiques , . , . . , 
-  En  un    mot  ,  fouvenez-vous  ,  mon  fils,  que  je  vous    ai  défendu  les   Médecins.  » 

Ainfi  penfoit  Caton  ,  ce  fier  Romain  qui ,  à  travers  un  extérieur  réfervé  & 
prefque  mortifié  ,  ne  montroit  qu'une  vertu  d'ortentation.  Cenfeur  rigide  ,  il  crai- 
gnoit  l'introduction  des  Arts  qui  auroient  adouci  les  mœurs  de  fon  tems.  Tout 
commerce  avec  les  Grecs  lui  fembloit  propre  à  introduire  dans  la  République 
un  air  d'urbanité  ,  qu'il  croyoit  contraire  à  la  fierté  dont  il  vouloit  animer  l'efpric 
de  fes  concitoyens.  11  craignoit  jufqu'aux  Sciences  de  la  Grèce  ,  &  comme  par 
la  manière ,  dont  il  s'exprime ,  il  eft  tout  viCble  qu'il  n'avoit  en  vue  que  la 
Médecine  étrangère,  il  eft  aifé  de  conclure  que  c'étoit  celle  des  Grecs  qu'il  haiiïbit 
davantage ,  parce  qu'elle  ne  s'accordoit  pas  avec  la  vieille  Empirique  qu'il  avoit 
adoptée.  Pline  en  convient  ,  lorfqu'il  fe  fait  cette  objection  :  "  Croironî-nous  , 
"  dit-il  ,  que  Caton  ait  condamné  une  chofe  auffi  utile  que  la  Médecine  "]  Non 
1  aflurément  ,  parce  que  lui  même  a  bien  daigné  nous  apprendre  par  quelle  Mé- 
»  decine  lui  &  fa  femme  étoient  parvenus  à  un  âge  fort  avancé  ,  &  qu'il  avoif 
»  un  Livre  où  il  marquoit  de  ^elle  manière  il  traitoit  fon  fils  &  fes  efclaves  , 
n  &   même  fes   bœufs  ,    quand  ils  étoient    malades. 

Les  Romains  n'ont  donc  pas  été  abfolument  fans  Médecine  ;  comme  chaqce 
peuple  eut  la  fienne  ,  ces  Républicains  eurent  la  leur.  La  fin  de  cet  Art  nécef- 
faire  fut ,  chez  tous  les  hommes ,  la  confervation  de  la  vie  &  le  rétabliiïeroent  de 
la  fanté  ;  s'ils  différèrent  entre  eux  ,  ce  fut  uniquement  par  le  moyen  de  par- 
venir à  ce  but  général.  H  paroît  que  les  Romains  ne  fe  font  fervi>  ,  jufqu'à 
la  venue  d'^rchagatus  ,  que  de  la  Médecine  naturelle  ou  de  la  fimple  Empirique,/ 
telle  qu'elle  avoit  été  en  ufage  parmi  eux  dès  les  premiers  fiecles  de  la  Répu- 
blique i  c'eft  cette  Médecine  qui  fut  tant  du  goût  de  Caton,  &  de  laquelle  lîl 
eft    le  premier    Romain   qui    ait  écrit. 

A  l'égard  de  la  Médecine  Grecque  ,  il  n'eft  pas  furprenant  qu'on  n'en  eut  point  de 
connoiffance  à  Rome  avant  l'arrivée  d'^^/rchagatus  ,  puiPque  l'es  habitans  ont  d'ail- 
leurs beaucoup  tardé  à  [recevoir  les  Sciences  &  les  Beaux  Arts.  Une  ville  où 
l'on  n'étoit     occupé   que  d'élections  &    de  brigues  i  un  Etat  qui  ne  vouloit  de» 


102  ROM 

ruiner  que  par  les  armes  ,  s'aveugloit  aiféraent  fur  l'importance  &  la  dignité  dei 
•Sciences.  Les  Romains  devenus  favans  fe  feroient  amollis,  c'eft-à-dire  ,  que  les 
mœurs  fe  leroient  adoucies  :  ils  auroient  perdu  cette  férocité  qui  leur  failbit  ea- 
vilager  le  bien  d'autrui  comme  le  feul  bien  qui  méritât  d'exciter  leurs  defirs  :  oa 
ce  les  eût  point  vu  rechercher  avidement  d'affreux  lauriers  ,  teints  du  fang  des 
peuples  &  arrofés  des  larmes  de  l'humanité.  C'eft  pourquoi,  li  Pline  a  dit,  dans 
le  paffage  qu'on  a  cité ,  que  le  Peuple  Romain  n'avoit  point  été  parefleux  à 
recevoir  les  Arts,  cela  doit  feulement  s'entendre  des  méchaniques  qui  font  abfolu. 
ment  nécefiaires  à  la  vie.  Ciccroa  nous  apprend  (  Tufculan.  Libr.  I.  J  que  la  Poéfie  ne 
s'étoit  introduite  chez  les  Romains  que  Fort  tard  ,  &  qu'ils  avoient  beaucoup  mé- 
prifé  la  Philolbphie  jufqu'à  Ion  tems ,  c'eft-à-dire  ,  jufques  vers  le  milieu  du  qua- 
rantième fiecle.  Suétone  ajoute  (  de  illuflrib.  Grammatic.  )  que  la  Grammaire  n'avoit 
point  été  en  ulage  chez  les  premiers  Romains,  bien  loin  d'y  avoir  été  eftimée  ;  parce 
que  ce  peuple  étoit  encore  fort  grolfier  en  ces  tems-1^ ,  &  H  uniquement  attaché  aux 
affaires  de  la  guerre ,  que  peribnne  ne  fongeoit  à  cultiver  les  Arts  libéraux.  Mais  il  ue 
faut  point  d'autre  preuve  que  les  Belles-Lettre^  font  venues  fort  tard  à  Rome  , 
que  la  crainte  qu'avoir  Caton  qu'elles  ne  s'y  introduififfent  de  fon  tems,  c'ei^- 
l-dire  ,  après  le  milieu  du    fixieme   liecie   de    la  fondation    de  cette  vUle. 

En  voilà  affez  pour  juger  de  l'état  des  Sciences  chez  les  Romains ,  &  pour 
fe  convaincre  que  fi  ce  peuple  n'a  point  toujours  eu  des  Médecins  en  ûrrs , 
il  n'a  jamais  été  fans  en  avoir  qui  en  fiffent  les  fondions  proportionnémenï  au 
goût  de  la  nation  &  à  l'étendue  de  leurs  connoiffances.  Mais  il  y  a  une  autre 
queftion  qu'il  faut  éclaircir  ,  c'eft  de  favoir  s'il  eft  vrai  ,  comme  agrippa  & 
Montagne  l'ont  prétendu  ,  que  les  Médecins  aient  été  bannis  de  Rome  du  tems 
de  Caton  le  Cenfeur.  On  vient  de  voir  que  ce  fier  Républicain  ne  craignoit  rien 
tant  que  l'introduf^ion  de  la  Médecine  Grecque  dans  cette  ville  ;  mais  il  ne 
jraroît  point  qu'il  lui  en  ait  empêché  l'entrée  ,  &  encore  moins  que  fon  parti 
ait  prévalu  à  l'en  faire  bannir.  Il  eft  plus  que  probable  que  Thiftoire  qu'on 
débite  fur  l'expuUion  des  Médecins  ,  a  été  forgée  fur  l'aventure  d^ ^rchagatus , 
quoiqu'il  ne  loit  pas  dit  que  ce  Médecin  ait  été  chaffé  de  Rome  ,  mais  fim- 
pleraent  que  fa  profeŒon  y  fut  décriée  ,  lorfiju'il  voulut  fe  mêler  de  la  Chi- 
rurgie. Au  refte  ,  Caton  n'a  pu  avoir  aucune  part  à  cette  affaire  ,  puifqu'il 
avoit  au  plus  dix-huit  ans  lors  de  la  venue  é'Archagmus  à  Rome  ,  qui  ne  paroît 
pas  y  avoir  fait  un  long  féjour.  On  eft  d'accord  fur  l'averfion  que  Caton  avoit 
pour  les  Médecins  &  particulièrement  pour  les  Médecins  Grecs  ;  on  convient 
qu'il  fe  détioit  d'eux  ,  foit  qu'il  trouvât  leur  manière  de  faire  la  Médecine  trop 
affedîée  ,  foit  qu'étant  accoutumé  à  la  vieille  Empirique  ,  il  traitât  cette  nou- 
velle Médecine  de  Charlatanerié.  Pline  ne  laiffe  aucun  doute  là  deffus ,  puif- 
qu'il dit  que  Caton  condamnoit ,  non  la  Médecine  en  elle-même ,  mais  la  manière  dont 
on  l'exerçoit  :  d'où  il  s'enfuit  bien  que  Caton  &  les  Romains  de  fon  tems  eurent 
de  l'éloignement  pour  les  Médecins ,  &  non  point ,  qu'ils  euffent  jamais  donné  ua 
arrêt  de  banniffement  contre  eux.  On  ne  fait  point  d'ailleurs  qu'aucun  Auteur  an- 
cien ait  fait  mention  de  cet  arrêt  ;  mais  quand  l'expulfion  des  Médecins  feroit  autant 
vraie  qu'elle  paroît  fauffe ,  que  pourroit-on  inférer  delà  au  défavantage  de  la  Me- 


ROM  io5 

Jecine?  Eft-ce  que  le  goût  des  Romains  du   tems  de    Caton ,  ou  celui  de  Caton 
lui-môme  qui  condamnoit  ce  qu'il  ne  connoifToit  pas,  doit  décider  du    prix  de    cet 
Art?   Chaque  peuple  a  enviCagé  la  chofe  félon  fa   portée  &  comme  il  lui  a    plu  ; 
d'où  vient  que  les  uns  font  allés  à  un  excès  &  les  autres  à  un  excès  tout  oppoie. 
Les  Grecs  ,  par  exemple,  avoient  une  opinion  bien  différente  de  celle  qui  prévaloit 
chez    les  Romains  dans  les  premiers  fiecles    de  la  République;  ils  penfoicnt   tout 
autrement  lur   la  Médecine.   Il  étoit  défendu  ,  par  une  ancienne  loi  des  Athéniens  > 
aux  femmes  &  aux  eiclaves    de  fe  mêler  de  cet  Art  ,jufques-là  qu'ils  ne  fouffroient 
point  de  Sages-Femme?.  Ceux  de  Locres  allèrent  encore   plus  loin.    L'eftime  &  le 
refpedl  qu'ils  avoient  pour  la  Médecine  ,  porta  leur  Roi  Zelcucus  à   faire  une  loi 
qui  ordonnoit  que,  JI quelqu'un  étant  malade  avoh  bu  du  vin  contre  les  ordres  du  Médecin  , 
quoiqu^d  guérît  nonohjîant    cela  ,  on  le  punit  de  mort  pour  avoir  défobéi.  Mais  que  per- 
foit  la  Grèce  au    fujet   d'Hippocrate  ,    plus    d'un   liecle    avant     Catcn  ^    l'oi  t    fut 
employé,   honneurs,  ftatues  ,  couronnes,  privilèges,  pour  faire  marcher  la  rccon- 
noiffance  de  pair  avec  l'eRime.  On  voit  par  ces  différens  exemples  qu'il  ne  faut  pas 
toujours  juger  du  prix  des  chofes   par  l'opinion  qu'en   a  un  peuple  ,   mais    par   ce 
que   dide  la  droite  raifon.    La   trop    grande    vénération    des   Locricns   étoit     nar 
exemple ,  aulïï  peu  juRe  .  que  le  mépris  des  Romains  étoit  peu  conforme  au  bon  fe^ns. 
Mais  les  chofes  changèrent  de  face  dans  la  fuite,  ^fclépiade  ,qm  floridbit  à  Rome 
vers  l'an  658  de  fa  fondation  ,  fit  regarder  la  Médecine  d'un  autre  oeil  que  n'avoit 
fait  ^rchagatus.  Un  fiecle  avoit  changé  l'efprit  des  Romains.  Ils  s'étoient    civilifés 
par  les  liaifons  qu'ils  avoient  eues  avec  des  peuples   plus  policés   qu'eux  ,  &  leurs 
mœurs  adoucies  prenoient  déjà  l'empreinte  de  la  mollefl'e.  u4fclépiade  fut  profiter  de 
ces  difpofitions.  Plus  occupé  de  plaire  que  d'être  utile,  il  bannit  de  fa  pratique  la 
faignée  ,  les  purgations ,   les  vomitifs;  il  habilla  la  Médecine  à  la  Romaine,  en  la 
réduifant   à  un  certain   régime   de  vivre,  à  peu    d'alimens,  aux  boifTons    glacée? 
aux  bains ,  aux  frictions ,  à  la  promenade.   C'eft  en  avertillànt  que  fa   méthode  ne 
reffembloit  point  à  celle  des   Grecs,    que  ce    Médecin    parvint    à  faire   eftimcr  fa 
profeffion   à  Rome;    mais  l'eftime  qu'on  avoit    conçue  pour  elle,  alla  tellement  "n 
augmentant ,   qu'au   rapport  de  Suétone ,  Jules-Céfar  donna  le  droit  de  Bour  ^eoifie 
à  tous  ceux  qui  l'cxerçoient  ,  ainfi  qu'à  ceux  qui  enfeignoient    les     Arts    libéraux 
afin  qu'ils  demeurafient   dans  la   Capitale  &  que  d'autres  vinlfent  s'y  établir.   Oti 
voit  par-là  que  Jules-Céfar ,  en  jettant  les  premiers  fondemens  de  l'Empire  Romain 
ne  fe  contenta  pas  d'en  étendre  les  limites  par  les  armes,  mais  voulut  encore  HU 
luftrer    par  les  Sciences;  fa    conduite  prouve  même  qu'il  étoit  d'un  goût  bien  dif- 
férent de  celui  de  Caton  ,   qui  craignoit  tant  la  venue  des  Médecins    Grecs  &  des 
autres  Gens  de  Lettres.  Horace  parle  ainfi  dans  la  première  Epitre  du  fécond  Livre  ; 
Gracia  capta  ferum  vidorem  cepit ,  (Sf  artes 
Intulit   agrejli    Latlo. 
Céfar  Augufte,   à  qui  le    Poëte  adreffa  ces    vers,    ne    fe  borna    point  à   imiter 
fon  oncle  &  fon  prédéceffeur,  il  renchérit  fur  lui.  Non  iculement  il  fit  de  grandes 
largeffes  à  Antoine  Mufu ,  fon    Médecin ,  mais  il  lui   accorda    encore    le   droit    de 
porter  l'anneau ,  &  il  ordonna  de  lui  élever  une  flatue  près  du  Temple  d'Efculape. 
Il    fit  plus  ;    il  exempta  tous  les    Médecins  des  charges  publiques  :  Dederat  unîvcrfo 
Mcdicorum  ordini   immunitatem  munerum,   Cad.  Ji'Jlin.  Ces  privilèges  furent  confirmes 


104  U    O    M 

par  les  Empereurs  VefpaGen  ,  Adrien  &  Antonin:  on  fut  cependant .  obligé  dans 
la  fuite  de  borner  le  nombre  des  Médecins  dans  chaque  ville  ,  afin  que  l'exemption 
ne  devînt  point  onéreuie  à  l'Etat  &  que  la  Médecine  ne  fervît  pas  de  prétexte 
pour  éviter  les  charges  publiques.  On  jugea  encore  qu'il  ne  falloit  pas  accorder 
Mmmunité  à  ceux-mèmes  qui  étoient  du  nombre  prefcrit  par  la  loi,  fans  le  con- 
fentcment  du  public:  invita  ordine.  Ce  qui  prouve,  ajoute  Godcfroy ,  célèbre  com. 
mentateur  des  Inftitutes  de  Juflinicn ,  que  l'immunité  accordée  aux  Médecins  ne 
fétoit  que  par  décret  des  Décurions  ;  Quoi  argumento  ejî  ex  décréta  Decurionum 
immunltatein  Medicis  trlbutam. 

Soùs  l'Empereur  Commode  ,  Gaîien  obtint  les  plus  grands  honneurs  ;  on  lui 
drefia  môme  une  ftatue.  Sévère  récompenfa  les  Médecins  aux  dépens  du  Tréfor 
public:  jVkdicis  annonas  ex  publica  addidit.  Dioclétien  &  Maximien  accordèrent  auffi 
des  immunités  à  ceux  qui  profeflbient  la  Médecine.  Conftantin  fur-tout ,  &  après 
lui  Ihéodofe  &  Honorius  confirmèrent  ces  privilèges  ,  quelque  grands  qu'ils  pa- 
Tufient  aux  yeux  économes  des  Tréforiers  de  l'Empire.  Julien,  protefleur  des  Let- 
tres, Lettré  lui-même,  fit  exempter  les  Médecins  des  charges  publiques,  lorfqu'il 
trouva  qu'on  avoir  voulu   les  y  aifujettir  contre  le  vœu  de  la  Loi. 

Ces  dilpofitions  des  Empereurs  font  des  preuves  fubfiftantes  de  l'état  honorable 
dont  la  Médecine  jouiflbic  dans  l'ancienne  Rome;  mais  on  a  voulu  oliufqucr  la 
gloire  qui  pouvoit  lui  en  revenir,  en  foutenant  que  les  Médecins  qui  exerçoient  à 
Rome  fous  le  règne  des  premiers  Empereurs  ,  étoient  tous  Efclaves.  C'eft  la  con- 
dition fervile  d'^itoiae  Mufa  &  de  quelques  autres  qui  a  fans  doute  donné  lieu  à 
ce  reproche  avilifllmt.  La  diipute  a  été  vive  fur  cette  queftion  ;  non  feulement  elle 
a  partagé  les  efprits  dans  les  Gecles  antérieurs  à  celui  où  nous  vivons,  mais  elle 
3  encore  été  remife  fur  le  tapis  dans  ces  derniers  teras ,  au  fujet  de  l'Ouvrage 
<]ue  Conyers  Middleton  a  publié  à  Cambridge  en  1726,  i«-4 ,  fous  ce  titre:  De  Me- 
dlcorum  apud  veteres  Romanos  degentium  conditione  ,  qua  contra  J.  Sponïum  &  R. 
Miadium  fcrvilem  atque  ignobllem  fiùjfe  oftenditur.  Cet  Auteur  s'appuie  d'abord  de 
J'autorité  de  Piitic^  &  foutient  avec  lui  que  Rome  a  été  plufieurs  fiecles  fans 
3Vlédecins.  Il  ajoute  enfuite  qu'aucun  homme  libre  ne  s'étoit  mêlé  de  la  Médecine 
avant  les  Céiars,  que  s'il  s'en  eft  trouvé  quelques-uns  à  Rome,  c'étoient  des 
;<jrecs  de  bafle  condition,  &  que  généralement  tous  les  Médecins  de  cette  ville 
étoient  des  Afii-anfhis  ou  des  Efclaves.  Middleton  dit  encore  que  les  Médecins 
de  Rome  exerçoient  en  même  tems  leur  Art  &  la  Chirurgie,  parce  que  ces  deux 
profefiions  n'étoienl  point  alors  partagées  en  diftërentes  mains  ;  que  ceux  d'entre 
eux  qui  portoient  le  nom  des  familles  Romaines,  n'étoient  point  dé  condition  libre. 
Les  Médailles  connues  des  familles  Rubria  &  ^cilia  n'appartiennent  point ,  con- 
tinuc»t-i!,  aux  Médecins  qui  en  portent  le  nom,  mais  à  ces  familles  mêmes  qui 
les  ont  fait  frapper  à  l'occaUon  de  quelques  cérémonies  ou  événemens   particuliers.  , 

On  ne  manqua  pas  de  réclamer  contre  les  raifons  de  Middleton  qui  ,  tout  favatit 
qu'il  étoit ,  paflbit  généralement  pour  un  homme  à  paradoxes.  Un  Anonyme  mit 
au  iour  :  Ad  C.  Middleton  de  Medicorum  apud  veteres  Romanos  conditione,  quant 
fervUem  &  isnobilem  fuilfe  contendit,  Refponjio.  Cette  Réplique  fut  imprimée  à  Lon- 
dres en  1727,  in-S.  On  y  prouve  qu'il  étoit  fi  néceflaire  d'être  de  condition  libre 
pour  exercer  la  Médecine  à  Rome ,  que  les  Efclaves  ne  pouvoient  s'en   mêler  ,         •■ 

finoa 


'U    O    M  kS 

'iinon  qu'après  avoir  obtenu  l'afFranchincment.  En  général  ,  les  Médecins  avoient 
le  pas  llir  les  Profedl-urs  des  Arts  Libcraux.  Glycon  ,  Médecin  de  Panfa  qui  fut 
ConibI  ibii's  Jules-Céiar  ,  étoit  marié  &  conféquemment  l'br;;  Scneque  parle  des 
Médecins  comme  des  gens  qui  jouiflbient  de  tous  les  avantages  de  la  liberté  ; 
yiUus  Rufus  mérita  une  Infcription  en  récompenfe  de  fes  fervices  &  il  n'y  eft  point 
dit  qu'il  fut  efclave;  C/iû/ic/es  étoit  li  avant  dans  les  bonnes  grâces  de  libcre,  qu'il 
mangcoit  à  fa  table  où  l'on  n'admettoit  que  des  perfonnes  de  condition  libre.  Après 
toutes  ces  preuves ,  l'Anonyme  palTe  à  celles  qui  démontrent  que  la  diviGon  de 
la  Médecine  en  plufieurs  mains  eft  un  arrangement  qui  date  de  bien  plus  haut  que 
les  premiers  Empereurs ,  puifqu'il  remonte  au  tems  d'Hérophile  &  d'EraJIfirate  dans 
îe  XXXVIIJe.  fiecle.  Il  prétend  que  ce  fut  par  abus  qu'on  appella  Médecin?  pro- 
prement dits  ,  ceux  qui  étoient  employés  à  des  offices  fubalterncs.  II  remarque 
que  Celfe  a  diftingué  tellement  les  Médecins  des  Chirurgiens  ,  qu'il  a  donné  une 
jifte  féparée  de  ceux-ci  dans  plufieurs  endroits  de  fes  Ouvrages,  notamment  dans 
la.  Préface  du  feptieme  Livre  ;  il  remarque  encore  que  CraJJàs  ne  confondoit 
point  ces  deux  ordres  de  Miniftres  de  fanté,  ainli  qu'on   peut  le   voir  dans  Cicéroiu 

Un  autre  Anonyme  ,  que  l'on  croit  être  Ferrot  Jf^illiams  ,  publia  à  Londres  , 
en  1726  ,  un  petit  Traité  tn-8  ,  fous  le  titre  de  Notte  brèves  in  LiJJertationem  nu- 
per  eJitam  de  Mcdicorum  apud  vacns  Rimanos  degentiam  condidone.  Il  convient  , 
avec  Mîddleton  ,  qu'il  s'eft  trouvé  quelques  Médecins  dans  la  clafle  des  ef- 
claves,  mais  il  prouve  que  la  plus  grande  partie  étoit  libre  ,  &  que  les  Mé- 
decins   Cliniques    avoient   un    état   abfolument  diftinél    de    celui    des  Chirurgiens. 

En  1727 ,  parut  un  autre  Ouvrage  anonyme  ,  intitulé  :  /a  Dijfertationem  nu- 
per  editam  de  Medicorum  apud  vcteres  Romanos  degentium  condidone  ,  uilnimadverfio 
brevis.  Londini  ,  in-S.  On  y  répète  les  mêmes  choies.  On  cite  d'ailleurs  quelques 
paflages  de  Platon  fur  la  différence  des  Médecins  d'avec  leurs  efclaves;  on  rap- 
porte les  textes  de  Plutarque  &  de  Cicéron  fur  la  dignité  de  la  Médecine;  on  fait 
voir  que  le  partage  de  Pline  peut  être  expliqué  tout  naturellement ,  en  difant  que 
les  Romains  n'ont  rien  ajouté  à  l'Art  de  la  Médecine  que  les  Grecs  leur  avoient 
tranfmisi  enfin,  on  s'appuie  encore  du  témoignage  de  CraJJus  pour  la  diftindVion 
des  Médecins  proprement  dits,  d'avec  ceux  qui  guéridoient  par  l'opération  de  la 
main  &   l'application  des  remèdes  externes. 

Tant  de  raifons  ne  purent  faire  changer  d'avis  à  Mîddleton  ;  il  s'opiniâtra  an 
point  de  publier  à  Cambridge  en  1727  ,  in-4,  un  nouvel  Ouvrage  ,  fous  le  titre  de 
DiJJenationis  de  Medicnrum  Romte  degendam  condidone  ignobili  ac  ferv'di  ^  contra  ^nonymos 
çuofdam  Notarum  brevium  ,  Refponjionis  atque  ^nimadverfiouis  ^u&ores  ,  defenjïo.  Il  per- 
fide à  loutenir  que  du  tems  de  Ccife  les  fondrions  des  Médecins  n'ctoient  point 
didinétes  de  celles  des  Chirurgiens,  Il  ne  faut  qu'ouvrir  Celfe  pour  être  convaincu 
da  contraire.  Il  emploie  en  différens  fens  les  mots  de  Médecin  &  de  Chirurgien 
dans  le  cours  de  fes  Ouvrages  ;  &  dans  la  Préface  du  feptieme  Livre  ,  il  dit  en  pro- 
pres termes:  Poteft  autem  requiri ,  quld  huic  parti  (la  Chirurgie^  propriê  vindicandum. 
fit  :  quia  vulneruni  quoque  ulcerumque  multorum  curatioi.es ,  quas  alibi  exfecutus  fum  ,  Chirurgi 
Jîbi  vendicant.  Ego  eundem  qu'idem  hominem  pojfe  omnîa  ifta  prsjlare  conci/io  :  atque  ,  ubl  fz 
divîferunt ,  eum  laudo  ,  qui  qaamplunmùm  pcrcipit,  Ipfe  autem  huic  parti  ea  rellqui ,  in  quibus 
fulnus  fucit  Medicus ,  non  accipit  ;  &  in  quibus  vulaeribus  ulceribufve  plus  perfici  manu  , 
T  0  M  E    Jr.  O 


io5  ROM? 

quant  mcdkamentb  ,  crtdo  :  mm  ,  qvlcquli  ad  ojja  pzrdnet.  Ce  teste  nV.nnonce-t-îl  pas  une 
forte  de  divifion  &  de  partage  "]  Ne  rcglc-fil  pas  les  foniiions  différentes  du  Médecia 
&  du  Chirurgien  ?  Comme  Middle-tcn  avcit  r.ficz  mal  prouvé  ce  qu'il  avance  ;  com- 
me il  n'avoit  pu  Faire  fdCe  au  témoignage  de  C/MJ/ùs  dans  les  Ouvrages  de  Ckàon ,  &c 
à  celui  de  Cicéron  lai.mîm^  q:ii  m^t  la  MiJ^cin^  au  rang  des  Arts  Libéraux,  i\ 
ti-ouva  à  propos  de  garder  le  filence.  Mais  il  fat  encore  obligé  de  fe  taire  ,  à  la  vue 
des  raifons  concluantes  que  Jean  TVard  lui  oppofa  ,  en  1728  ,  dans  l'Examen  de  fa 
Diflertation. 

Charles  La  Motte  ^  Théologien  Anglois ,  a  voulu  fe  rendre  l'arbitre  de  cette  difputelit- 
téraire.  Il  avoue  que  les  Grecs  ont  fait  grand  cas  de  la  Médecine,  mais  il  ne  coûvient 
pas  que   les  Romains  l'aient  autant  efVimée;  &  il  en  trouve  la  raifon  dans  le  mépris 
que   ceux-ci  faifoient  des  Grecs  ,  qui  éto'ent  alors  les  feuls   qui   cnfeignaflent  cette 
Science.   Ceci    efi:   aflèz  conforme   à   la   façon   de    penfer    de    Marc  Caton   :  mais 
les  Médecins  Allemands  ,  qui  ont  auflî    pris  part  à  cette   difpute  ,    ont    réduit  les 
fentimens  de    Middlcton    &    de    Tes     partifans    à   tout    ce    qu'ils  valent,    Polycarpe- 
François  Schacher  a  folidement  parlé  de  l'état  honorable  des  Médecins  de  l'Antiquité  s 
Jeaii'Henri  Schul^^c  a    clairement   expliqué  ce  qu'on  doit  entendre    par    les  foni£\ior.s- 
des  efclaves    qui   fe  mêloient  de    la    Médecine    chez    les    Grecs    &    les    Romains  ; 
Jules- Charles  Schlaeger  a    donné    tOJte    l'hiiloire    des    difcuflions  que   cette   queftion 
-avoit  occafionnées ,  &  il  a  conclu  par  aîl'urer  aux  Médecins  proprement  dits  le  rang 
que  la  naifiai.ce,  le  mérite  &  les  talens  avoient  forcé  les  Romains   à   leur  accorder» 
On  convient    qu'il    y    eut  à    Rome    des  ei'ciaves    qui  exercèrent    la   Médecine  •, 
qui  la  firent  même  avec  confidérstion.  Seneque  Su  Suétone  parlent  du  Médecin  de  Do- 
raitius  ,  &  Cicéron  ,   dans  la    Harangue  pour  le  Roi  Dejotarus  ,  fait   mention  d'un 
Phidippus  ,   qui  étoient  tous  deux  efclaves.  On  peut  ajouter  le  témoignage   d'Orofe 
q»i   dit  que   la    quatrième    année  de    l'Empire  de   Céfar-Augufle    il   y    eut  une  fi 
grande   famine    à   Rome  ,  que    ce  Prince    ordonna   de  faire  fortir    de  la  ville  tous 
les   étrangers   &  un  très-grand  nombre  d'efclaves  ,  du  nom.bre  defquels  on  excepta 
les-  Médecins  &   les    Précepteurs.   Un  paflage  de    Suétone  &  des  Vers    de  Claudien. 
confirment    l'opinion     touchant     les     Médecins    qui    n'étoient    point    de    condition 
libre.    On  cite   cccore  pour  cela  des  autorités  tirées  des  Jurifconfultes  ,  fans    parler 
d'un    endroit  de   Diogene  Laërce  ,  où  il  femble    dire    qu'il    y    avoit  des  Médecins 
efclaves,   môme    parmi    les   Grecs,  long-tems   avant  le  commencement  de  la  Mo- 
narchie Romaine.   Mais  ce  long    étalage   de  citations  n'cft   point  une   preuve   qu'il 
n'y    eut   point    alors   des   Médecins    de'  condition    libre.    11  n'y  a    qu'à    réfléchir  à 
ceux   qui   ont  introduit  la  Médecine  Grecque  à  Rome,  pour   être  convaincu    que 
ce  ne  fut  point   à  des  efclaves  que  cette   ville  eut  cette   obligation  ,  mais  à  des  gens 
qui  jouiifoient  d'un  état  indépendant,  tels   qu''u4rchagaius  &  jifdépiade. 

Ces  Médecins  ne  fourniroient  qu'un  témoignage  d'exception  ,  fi  l'Edit  de  Jules— 
Ccfar  né  prouvoit  qu'il  y  en  avoit  à  Rome  un  plus  grand  nombre  qui  n'étoient 
pas  efclaves.  Comme  cet  Edit  donnoit  la  Bourgcoifie  de  cette  ville  à  tous  les 
Médecins  qui  s'y  étoient  venus  établir  ,  même  à  ceux  qui  viendroient  s'y  fixer 
dans  la  fuite  ,  cette  laveur  en  attira  beaucoup  ,  &  particulièrement  de  la  Grèce  , 
où  l'Art  de  guérir  étoit  entre  les  mains  des  perfonnes  libres.  Les  Grecs  furent 
\«s  premiers  étrangers  qui  portèrent  la  Médecine  à  Roîne  avec  les  autres  Sciences  ^, 


T.    O    Tvî  *       157 

'Sfiis  furent  prefque  les  feuls  qui  firent  cette  Profeffion  avec  éc'at  pendant  un  tcms 
^flèz  conlidérable.  Mais  les  Lettres  s'étant  enfaite  plus  généralement   répandues  en 
Italie  ,   on  ne   larda  pas  à  voir  des  Médecins  Romains  de  très-bonne  famille  &  qui 
furent  en   réputation.  Pline   femble  cependant  aliurer  le  contraire  ,   Icrfq-u'il  dit  que 
id  Alédccine   cji  le  feul   des  ^Irts  de  la  Grèce   que  la  gravité  romain:  n'avait  point  encore 
exercé  ,  nonobjtant   le  grand  profit  qu'on,  y  fa'foit.    Mais   il  s'explique  immédiatement 
après  ,  &   il  ajoute  qu'iZ  y   a   eu,   très  peu  de   Romains   qui  fe  foieni  nièlés  de  la  Mé- 
decine ,  c'eft-ù-dire  ,   qu'il  y    a    eu   peu    de  Romains  en   comparaiion  des    autres  • 
foit    que   les  Grecs    fuilent    plus    propres   à   cela  qu'eux  ,    loit    que  les  Romains 
fiers  de  leur  grande   puilfance,  &   qui    avoient  la  plupart    l'elprit   tourné    du   côté 
des  arm.es    &   des    afiaires  politiques  ,  ne    penfafient  guère    à  s'attacher   à  ■  un  Art 
fi   rebutant   &  quelquefois   li   ingrat   que   la   Médecine.  Cette   dernière  raiibn  étoit 
elle  feule   aflèz   forte  ,   quand  il  n'y  en  auroit  point  eu  d'autres  ,  pour  les  obliger 
à  renvoyer  ce  fardeau  fur  des  étrangers.  Il  (e   trouva  pourtant  quelques  Romains 
qui   voulurent  bien  le    fupporter  ;  mais    outre   qu'ils  furent   en    petit    nombre  ,  ils 
ne   commencèrent  à  paroître    que   fur    la    lia  du  rogne  d'Augufte   &  fous  celui  de 
Tibère.   Tels  furent     ious    Augufte  ,   JuUus   BaJJus  ,  Scxtius  Niger  ,  Cnjfius  ,    Caïus 
.  f^algius,  ^milius  Macer  ;  fur  la  fin  du  règne  d'Augufte  &  fous  Tibère  &  Caiigula  , 
yirruntius ,  CalpetfMts y  Aubrius  ^  Albutius  ^  Stertinius  ,  &c.    Enfin,  il  fulHra  de  citer 
un   pali'age  de  Ciceron  ^  .pour    prouver  qu'il   y    avoit    d'autres    perfonnes   que    des 
efclaves  ,    qui   lé    mêloient    de  ia    Médecine   chez  les  Romains.    «  Les  Arts  ,  dit 
•  cet    Auteur,  qui  demandent    une   grande   connoHlance  ou  qui  ne  font  pas  d'une 
•»  médiocre    utilité  ,  comme  la  Médecine  ^  comme  l'Architedlure  ,   comme  tous  les 
«  autres  Arts  qui  enfeignent   des  chofes  honnêtes  ,   ne  déshonorent  point  ceux  qui 
»  les    exercent,  lorfqu'ils   font   d'une  condition  à  laquelle   ces  Profeflïcns    convien- 
nent. »  Ce   qui  ne  veut  dire  autre   choie  ,  finon  eue  la  Médecine  étoit  regardée  à 
Rome  ,  du  tems   de   Cicéron  ,    comme  un   Art  que  les  perlbnnes  libres  pouvoient 
exercer ,  fans  s'abailfer.  Or    Cicéron   parloit   ainfi    avant    les   Empereurs  ,    puifqu'il 
périt  l'an    43  avant  J.  C.  ,  ^oS  de  Rome.  .|tv 

Les  perlbimes  les  plus  difficiles  à  i"e  rendre  aux  raifons  que  nous  venons  de 
donner  ,  interpréteront  peut-être  le  paîTage  de  rOratcur  Romain  ,  comnic  s'il 
eût  voulu  dire  que  la  Médecine  ne  déshonoroit  point  hs  efclaves,  parce  qL'eile 
convenoit  à  leur  condition.  Si  Cicéron  n'avcit  vo')lu  dire  que  cela,  il  .auroit  fini 
fa  période  par  un  lens  qui  ne  s'accorde  pas  avec  ce  qu'il  annonce  dans  le  com- 
mencement; cet  Ecrivain  ne  s'accorderuit  point  encore  .avec  lui-rnâme  ,  lui  qui, 
dans  une  Lettre  à  Atticus  ,  répand  des  larmes  fur  la  moit  à\-Jle.\:on  ,  fon  Mé- 
decin ,  s'épuife  en  regrets  ,  &  fuit  un  éloge  qui  m  permet  pas  de  douter  de  l'at- 
tachement, de  la  confiance  &  de  l'amitié  qu'il  avoiï  pour  un  homme  rcfpeétable  à 
tous  égards,  flexion  auroit-il  été  eiclave  1  Tout  porte  h  croire  qu'il  ne  létoit  pas. 
Mais  on  a  déjà  dit ,  &  il  ei^  vrai  qu'il  y  eut  chez  les  Romains  &  chez  les  autre?  rations 
de»  efclaves  qui  pratiquoient  la  Médecine ,  foit  qu'ils  eufient  appris  cet  Art  étant  ef- 
claves, foit  qu'étant  nés  libres ,  il»  fuflcnt  tombés  dans  l'efclavagf  par  quelque  mal- 
heur. Les  Livres  des  Anciens  font  mention  de  quelques  Médecins  de  cette  efpcce  ; 
on  en  trouve  même  ,  dont  on  a  lait  palTer  le  nom  à  la  pofîcrité  par  des  Ins- 
criptions i  pxcu  Y  e  certaine  que   tout   efclaves  qu'ils  étoient,    en   ne  les  rcgardok 


îo8>  r:    O    M 

pas   à   Rome  d'un    auflî    mauvais   œil    qu'on    a    voulu    le    faire    croire.  Voici  ce 
que  porte  rinlcription   où  il  eft  parlé  d'un  efclave  de  l'Empereur  ïibere  : 

Ti.  Lyrius    Ti.  C^saris 
AuG.  Ser.  Celadianus 
Medicus   Ocularius  I; 

Plus  Parentium    Suorum  &g. 

Dans  cette  autre  ,  la  lettre  L  ,  avec  un  point  à  côté  ,  marque  que  ces 
Médecins  étoient  des  Affranchis  ,  Libertl  ,  conféquemment  qu'ils  avoient  été 
efclav€s  :. 

C.  N.   Helvius  C.  N.  L.  Ioi,a.  Medicus    Ocularius 
Q.  Clodius  Q.  L.  Niger  Medicus  Ocularius 

SiBI  &c. 

Ils  fe  difoient  fimplement  Médecins  Oculiftes,  c'eft-à-dire,  ils  n'embrafibient  pas 
toute  la  Médecine  ;  conféquemment  ils  n'étoient  point  de  l'ordre  des  Médecins 
proprement  dits.  On  peui  afTurer ,  à  cet  égard  ,  que  le  plus  gll^nd  nombre  d'ef- 
claves  qui  ont  pafie  pour  Médecins  ,  n'étoient  le  plus  Ibuvent  que  des  Chirur. 
giens  ou  de  ceux  qui  exerçoient  la  Pharmaceutique,  c'eft- à-dire  ,  du  nombre  de 
ceux  qui  ne  remplifibient  d'autres  fondrions  que  celles  de  la  Médecine  Miniftrante. 
Dès  que  l'Art  fut  réduit  en  préceptes ,  chaque  Médecin  eut  fes  valets  qu'il  faifoit 
travailler  fous  les  yeux;  après  le  partage  même  de  la  Médecine  en  trois  clafl'es , 
il  y  eut  encore  des  Médecins  qui  tirent  préparer  les  médicamens  dans  leurs  mai- 
fons ,  &  qui  employèrent  leurs  ferviteurs  à  cet  office,  audi  bien  qu'aux  opéra- 
tions chirurgicales.  11  arriva  delà  que  ces  ferviteurs  qui  étoient  pour  la  plupart  les 
efclaves  de  leurs  maîtres  ,  &  qui  îouvent  étoient  mis  en  liberté  pour  les  avoir  bien 
lervis ,  pratiquèrent  enfuite  de  leur  chef  les  parties  de  la  Médecine  qu'ils  avoient 
apprifes.  Cajjius  eut  un  valet  ,  nommé  ^timetus  ,  qui  lui  préparoit  les  médica- 
mens dont  il  avoit  befoin.  Ce  valet  étoit  encore  Chirurgien  Oculifte  ,  au  fenil- 
ment  de  Rhodius  ,  qui  croit  que  c'eft  du  même  dont  il  eft  parlé  dans  l'infcrip. 
tion  fuivante.' 

P.  Attius  Atimetus 
AuG.  Medicus  ab  ocul. 
H.  S.  E. 

ROMANIS,  fjean  DE  )  Maître  de  Marlanus  de  Barlette,  exerça  la  Mé^ 
decine  à  Crémone  dans  le  XVI  fiecle  ,  &  n'en  pratiqua  pas  moins  la 
Chirurgie.  Freind  fe  borne  à  dire  qu'il  étoit  de  Crémone  ,  &  qu'il  fe  diftingua 
à  Rome  par  fes  talens  en  Chirurgie  ,  fur. tout  par  la  Taille  à  qui  on  a  donné 
le  nom  de  grand  appareil.  Les  Anciens  n'ont  rien  dit  de  cette  méthode  de  Tail- 
ler, parce  qu'ils  ne  la  connoiffoient  pas,  &  que  ce  ne  fut  qu'en  1525  ,  qu'elle 
fijt  inventée  par  Jean  di  Romanis  qui  la   pratiqua  aulli  bien  que  la  nouveauté  J».- 


ROM 


rog 


pouvoît  permettre.  Toute  imparfaite  qu'étoit  cette  méthode  ,  elle  lui  acquit  de  la 
réputation;  mais  il  n'en  prcfita  pas  !ong-tems  ,  à  caufe  de  fon  âge  avancé.  11  ré- 
folut  donc  d'en  faire  part  à  Marianus ,  ion  meilleur  ami;  &  c'eft  à  celui-ci  qu'on 
en  doit  la  première  delcription. 

ROME,  f Temple  du  Dieu  de  la  Médecine  à  )  Il  'y  avoit  dans  Tlfle  du  Ti- 
bre,  près  de  cette  ville,  un  Temple  dédié  à  Efculape ,  qui  fut  élevé  l'an  462  de 
la  fondation  de  cette  Capitale  ,  3715  du  monde.  Les  Romains  affligés  de  pefte 
avoient  confulté  l'Oracle,  qui  leur  avoit  conleillé  d'envoyer  à  Epidaure  dix  dé- 
putés ,  dont  Q.  Ogulnius  ,  Tribun  du  peuple  en  45^5  ,  fut  le  principal.  lis 
partirent ,  &  comme  ils  admiroient ,  à  leur  arrivée  ,  la  flatue  à'Efculape  ,  on  vit  à 
i'inftanr  fortir  de  fon  gîte  un  ferpent  qui  alla  fe  jetter  dans  la  chambre  d'Ogul- 
nius.  Les  députés  ravis  d'emporter  le  Dieu  avec  eux,  fe  rendirent  heureufement 
à  u^ntium  où  ils  firent  quelque  féjour  ,  parce  que  Pagitation  de  la  mer  les  empêcha 
de  pourfuivre  leur  navigation.  Le  ferpent  ,  qui  durant  cet  intervalle  s'étoit  glif- 
fé  dans  un  Temple  voifin  dédié  à  Efculape  ,  revint  au  vaiffeau  quelques  jours  • 
après  ,  &  continua  fa  route  avec  lui  en  remontant  le  Tibre ,  jufqu'à  ce  qu'étant 
arrivé  devant  Mlle  que  forme  ce  fleuve,  il  fauta  à  terre.  On  lui  bâtit  un  Tem- 
ple dans  cet  endroit,  &  la  pefte  ceifa. 

Ce  fameux  ferpent  ,  dit  l'Auteur  des  Annales  Romaines  ,  n'étoit  autre  chofe 
qu'une  grolfe  couleuvre  que  les  Prêtres  du  Temple  A'Efculape  à  Epidaurc  dans  le 
Péloponnefe  avoient  eu  foin  d-'apprivoifer  ,  &  qu'ils  avoient  accoutumée  à  fe  ni- 
cher dans  le  piedeftal  de  la  ftatue  de  ce  Dieu  de  la  fanté.  On  racontoit  de  ce 
ferpent  des  chofes  merveilleufes  que  le  peuple  crut  fans  peine  ;  il  fe  pcrlbada 
même  qu'il  lui  étoît  redevable  de  la  ceflation  de  la  pefte.  Au  reOe,  ajoute  le  Pcre 
Catrou  dans  fon  Hiftoire,  ce  n'étoit  pas  la  première  fois  qu'on  eût  tiré  une  de  ces 
couleuvres  du  Temple  d'Epidaure  ;  déjà  les  Syconiens  en  avoient  tranfporté 
une  dans  leur  ville  fur  un  char,  &  je  ne  fais  quelle  femme,  nommée  Nica^ore  ^  . 
en  avoit  été  la  conduîîrice.  C'eft  ainfi  que  la  fourberie  Grecque  fouroifTort 
des  Efculapes  aux  peuples  qui  vouloient  bien  fe  laifîer  tromper ,  &  c'eft  ainfi  que 
Rome  en  fut  la  dupe, 

C'étoit  la  coutume  dans  ce  Temple,  comme  dans  tous  les  autres,  de  tracer  fur 
des  coîomnes  &  fur  des  tableaux  la  delcription  des  remèdes  que  le  Dieu  avoit 
indiqués  aux  malades  pour  leur  guérilbn.  On  a  trouvé  une  de  ces  tab'es  à  Rome  ' 
dans  rUle  du  Tibre  ,  où  le  Temple  A'Efculape  étoit  anciennement  ;  &  cette  table  , 
qui  eft  de  marbre,  fe  voit  encore  aujourd'hui  dans  le  Palais  MafTée.  II  y  eft  fait 
mention  de  quatre  malades,  dont  les  cures  font  rapportées  en  Grec;  une  d'entre 
elles  a  été  airfi  rendue  en  Frsnçois  ;  «  Lucius  ayant  mal  au  côté  &  étant  déicf- 
jj  péré  de  tout  le  monde,  le  Dieu  lui  a  rendu  cet  Oracle.-  qu'il  vînt  prendre  de 
«  la  cendre  fur  fon  autel,  &  que  l'ayant  mêlée  avec  du  vin,  il  l'appliquât  fur 
»  fon  côté.  Ce  qu'ayant  fait,  il  a  été  guéri  &  il  a  rendu  grâces  au  Dieu ,  &  le  - 
»  peuple  l'a  félicité  fur  ft  convalefcence.  r, 

Les  malades ,  qui  venoient  invoquer  le  fecours  A'Efculape  ,    avoient  coutume  de 
coucher   dans  le  Temple  pour  attendre  les   confeils   que    le   Dieu    leur   donncroit  : 
pendant  le  forameil;  &  pour  que  Viacubation  fût  plus  efficace,  on  les  enveloppoiç; 


i-io  ROM 

ordinairement  dans  des  peaux  de  btMicrs,  à  qui  on  attribuoit  la  propriété  de 
procurer  des  fonges  divins.  J'ai  parlé  ailleurs  de  .'artifice  &  de  l'impofture  des 
Prêtres  à  cet  égard  ;  ces  Minirtrcs  du  Dieu  de  la  lanté  ne  laifibient  cependant  point 
d'ordonner  bien  louvent  des  remèdes  qui  agilibient  naturellement  ,  car  la  plupart 
étoient  en   même  tcms  Médecins. 

ROME.  (  Lieux  publics  deftinés  aux  Médecins  dans  la  ville  de  )  Suivant  Je- 
irôme  Mercuriali ,  il  y  eut  à  Rome  trois  ibrtes  d'endroits  où  les  Savans  s'afTeni- 
bloient  ;  les  lieux  d'exercice ,  appelles  Gymnafia  ,  le  'l'emple  de  la  Paix  &  !es  Au- 
ditoires particuliers.  Il  y  eut  encore  une  Ecole  de  Médecine  dans  le  quartier  ap- 
pelle EfquilUa^  cinquième  région  qui  tiroit  ion  nom  du  Mont  Ëi'quilin;  &  cette 
Ecole  étoit  ornée  de  plutieurs  belles  ftatues  de  marbre ,  comme  Li^orius  Ta  conjec- 
turé   l'ur  les   ruines  qui   en  font  reftées. 

Le  Temple  de  la  Paix  fervoiî  aux  Médecins  pour  leurs  confultations.  On  vou- 
loir que  cette  Dcelie  préiidât  à  leurs  délibérations,  pour  qu'elles  fuirent  plus  tran- 
'quilles,  plus  pacifiques,  &  qu'elles  n'euliënt  d'autre  but  que  le  rétabliflèment  du 
malade.  Galien  remarque  qu'il  y  avoit  de  fort  belles  Bibliothèques  dans  ce  Temple; 
ce  qui  fait  voir  qu'il  n'étoit  point  uniquement  confacré  au  culte  public  de  la  Di- 
vinité,  mais  encore  aux  progrès  des  Lettres  &  des  Arts,  qui  ne  fleuriflent  jamais 
davantage  que  pendant  la  paix.  Ce  Temple  ,  commencé  l'an  71  de  J.  C  ,  fut 
achevé  en  75  fous  le  règne  de  Vefpnfien  ;  mais  il  fut  réduit  en  cendres  l'an  191 
fous  Commode,  &  les  Livres  qu'on  y  avoit  amaCTés  ,  furent  également  la  vidime 
des  Hammes.  Galien.  ajoute  que  les  Médecins  continuèrent  de  s'allèmbler  autour 
des  débris   du  Temple  de  la  Paix. 

L'Empereur  Adrien,  qui  aimoit  les  Sciences  &  les  Arts  ,  fonda  en  1^5  un  Col- 
lège à  Rome  ,  où  il  mit  des  Profclfeurs  Grecs.  On  lui  donna  le  nom  d'^theneum.  II 
y  a  apparence  que  les  Médecins  y  avoient  un  appartement,  ainfi  que  le?  autres  Gens 
de  Lettres  ;  il  eil:  au  moins  certain  qu'on  leur  ailigna  des  Auditoires  particuliers  du 
tems  d'Alexandre   Sévère  qui   commença    à  régner   l'an  223  de  l'Ere  Chrétienne. 

Dès  que  le  Collège  des  Archiatres  fut  établi,  l'Ecole  de  Médecine  devint,  fans 
doute,  plus  confidcrable  &  mieux  réglée.  On  y  créa  divers  Offices,  &  il  y  eut, 
entre  autres ,  des  Secrétaires,  Tabularii ,  qui  tenoient  les  Regiftres.  Tel  fut  M, 
Ziivius  Celfus ,    dont  il  eft  parlé  dans  i'ini'cription  fuivante  : 

M.  Livio  Celso  tabulario  ScHoiviE    Medicorum 

M.   Junus    EuTiCHius    Arciiiatros   oll.  D.  II. 

In  Fr.  ped.  IIIL 

Il  y  eut  même  fous  le  règne  de  Claude,  vers  le  milieu  du  premier  fiecle,  des 
Médecins  qui  faifoient  fonrtion  de  Bibliothécaires,  ou  qui  avoient  la  direaion  des  Bi- 
abliotheques  publiques.  Tel  eft  celui,   dont  il  ell  fait  mention  dans  cette  Inicription  : 

Tx.   Claudius  Aug.' 
L.  Hymeneus 
Medïcus  a  Bieliothecis. 


R     O    N  îii 

RON'CALLI^  (François)  Médecin  de  ce  liecle  ,  s'cft  fait  bsaucoup  de  répu- 
tation à  Brixen  dans  le  Tirol,  où  il  exercoit  fon  Art,  mais  il  s'en  eft  fait  davan- 
tage  par  toute  l'Europe,    en  publiant  les  Ouvrages  dont  voici  les  titres: 

Exercitatio  agens  novani  methodu.-n  cxtirpandi  carunculas  &  curanJi  fijiulus  UrahrA 
Brixite  ,  1720  ,  jn-8. 

Epijlola  ad    F'alifnlcrum.   Ibidem,    1724. 

De  Aquis  Brlxiaais  Examen  Chymico- Medicum.  Brixîa ,     1724,  1735,  tn-4. 

De   uiquls  Caldoril  In   Med'.olanen(i  Ducatu,    Ibidem  ,  1724  ,  in-^. 

Dijfertationes  quatuor.  Ibidem  ,  1740  ,  Jn-4.  La  féconde  DifTertation  qui  traite  De 
hominibus  invulnerabilibus  &  de  acubus  ferreis  fub  cute  Monialis  reperds  ,  fut  traduite  eiî 
Italien    par    yînge  Zanardelli  ,  &   publiée   à   Brixen   en    1746,  in-8. 

Hîjîorite  morborum  ohfervationibus  aucfts  &  ClariJJimorum  F'iroram  obfervadonibus 
îUufirat^.  Brixite,  1741  ,  in-folio. 

Etiropte  Medicïna  à  Sapientibus  illuftrata.  Ibidem  ,  1747  ,  in-folio.  L'zluteur  avoit 
écrit  aux  Médecins  les  plus  célèbres  pour  s'inforn:ier  des  particularités  &  de 
l'état  de  la  pratique  dans  leur  pays  ;  il  n'a  point  été  alfcz  heureux  pour  avoir  ré- 
ponfe  de    tous ,  mais   la  plupart  des   Italiens   l'ont   honoré  de   la   leur. 

RONDELET  f  Guillaume  J)  naquit  à  Montpellier  le  27  Septembre  11507,  de 
Jean  „  Marchand  Droguifte  de  cette  ville  ,  &  de  Jeanne-Renaude  Monceaux.  Il 
fut  fi  valétudinaire  dans  fa  jeuneffe  ,  que  le  cours  de  les  études  en  fut  retardé,. 
11  étoit  âgé  de  i^  ans  ,  lorfqu'il  vint  à  Paris  pour  s'y  perfeétiotiner  dans  les 
Humanités  ;  mais  comme  il  y  fit  des  progrès  rapides  ,  ainfi  que  dans  la  Phi. 
lofophie  ,  il  retourna  au  bout  de  quatre  ans  à  Montpellier  ,  où  il  fe  fit  im- 
matriculer le  2  Juin  1529.  Dès  qu'il  eut  été  reçu  Bachelier  en  Médecine  ^  il  fe 
rendit  en  Provence  pour  y  exercer  fa  profelîion  ,  &  s'arrêta  à  Pertuis  ,  petite 
ville  qui  lui  rendit  fi  peu  par  la  pratique,  qu'il  fut  réduit  à  enfeigner  la  Gram- 
maire aux  cntans  pour  fe  procurer  une  lubfiflance  honnête.  Les  fecours  que  fon 
frère  lui  fournit  ,  le  mirent  cependant  en  état  de  retourner  à  Paris  où  il  apprit 
le  Grec  ;  mais  apparemment  que  ces  fecours  étoient  bien  foibJes  ,  puilqu'il  le 
vit  obligé  d'entrer  chez  le  Vicomte  de  Turcnne  ,  en  qualité  de  précepteur  de 
foa  fils.  C'ed  dans  ce  fécond  voyage  qu'il  fit  la  connoiiTânce  de  Gonihier  d'yhi- 
dernach  ;   ils   fièrent    une  étroite   amitié  &  cultivèrent   enfcmbie  l'Anatomie. 

En  revenant  de  Paris,  Rondelet  s'arrêta  quelque  tems  à  Meringue  en  Auvergne- 
où  il  fit  la  Médecine  avec  fuccès  ;  mais  étant  enfin  retourné  à  Montpellier,  il 
y  fut  reçu  Dodeur  en  1537.  Jean  Sehyron  ,  Médecin  de  la  Faculté,  le  recom- 
manda alors  au  Cardinal  de  Tournon  qui  ,  peu  de  tems  après,  le  choifit  poiijr 
fon  Médecin  &  le  prit  avec  lui  dans  les  différens  voyages  quil  tit  en  qualité 
d'Ambafl'adeur  du  Roi,  Rondelet  eut  non  feulement  l'occafion  de  voir  l'Italie  à 
la  fuite  de  cette  Eminence  ,  mais  plufieurs  autres  pays  ,  &  par-tout  il  s'attacha 
à  recueillir  les  connoiifances  qui  lui  fervirent  à  compofer  fon  Hiftoire  des  poif- 
fons.  En  1545  ,  il  fut  nommé  à  la  Chaire  vacante  par  la  mort  de  Pierre  Laurent; 
il  en  prit  podelfion  ,  fans  trop  longer  à  en  remplir  les  devoirs  ,  car  il  luivit 
encore   long-tems   le   Cardinal   de  Tournon. 

Ca  Médecin   eut   beaucoup  de  part  à  la  conliruv^ion  de  l'ancien  Ataphithéatre.. 


ai2  R    O    N 

que   le  Roi   Henri  II  fit  bîltir ,  en  1556  ,  à  l'ufage  de  la  Faculté  de  Montpellier  : 
on  y  mit  cette  Infcription   fur  la  porte  : 

curantibus 
joanne   schrynic, 
Antonio  Saporta  , 

■GuiLLELMO   RONDELETIO 

Et 
j.  bocatio. 

Comme  Rondelet  ëtoit  celui  des  quatre  qui  avoit  fait  le  plus  de  propres  dans 
i'Anatomic  &  qui  en  connoifToÏT  mieux  l'utilité ,  ce  fut  auffi  lui  qui  foliicita  plus 
fortement  cette  grâce  auprès  du  Roi  ,  qui  veilla  avec  le  plus  de  foin  à  la  conf- 
.trudion  de  cet  édifice  ,  &  qui  fut  jugé  le  plus  capable  d'y  faire  les  démonftra- 
tions.  Godlcke  lui  attribue  la  découverte  des  vélicules  féminales  dans  l'homme  1 
.&.  HalUr  celle  de  la  valvule  du  colon  ;  mais  Morgagnl  revendique  la  première  , 
pour  la  donner  à  Hippocrate.  Quoiqu'il  en  foit  ,  on  ne  peut  refufer  à  Rondelet 
ïl'avoir  dilféqué  beaucoup  de  cadavres  ;  cependant ,  malgré  toute  la  palïion  qu'il 
•eut  pour  l'Anatomie  &  le  grand  defir  de  la  pouffer  plus  avant  qu'elle  n'étoir  de 
ion  tems ,  on  eft  obligé  d'avouer  qu'il  en  eft  demeuré  à  ces  découvertes  ,  fi  l'on 
^n  excepte  ce  que  Rlolan  lui  fait  dire  fur  la  poulie  de  l'œil  ,  dont  il  a  parlé 
.avant  que  Fallope  ait  rien  publié  à  cet  égard.  On  dit  que  la  paflion  de  Rondele, 
^our  l'Anatomie  fut  telle  ,  qu'il  fit  porter  le  corps  d'un  de  les  enfans  dans  l'Ani. 
phithéatre  des  Ecoles  pour  en  faire  l'ouverture  :  aftion  qui  le  fit  paffer  pour  un 
yere  barbare  &  dénaturé.  Si  l'on  en  croit  Pojlhlus  ,  fon  difciple  ,  il  paroît  que 
ce  Médecm  ne  mettoit  pas  grande  façon  à  fe  procurer  des  cadavres  ,  puifqu'il 
pria  inflamment  un  certain  Fontanas ,  fou  Collègue  ,  dangereufemenî  malade  ,  de 
ie    laifler   dilTéquer    après    la  mort. 

Jean  Schyroa ,  Chancelier  de  la  Faculté  de  Montpellier ,  étant  mort  en  1556, 
.Kondelct  fut  choifi  pour  remplir  cette  place,  &  il  s'en  acquitta  avec  beaucoup 
^l'attention  jufqu'à  ià  mort  qui  arriva  le  30  Juillet  Ï566.  Il  étoit  allé  à  Touloufe 
-le  22  du  mois  de  Mai  de  cette  année ,  à  la  prière  de  fes  beaux-freres  qui 
avoient  un  procès  au  Parlement  ,  où  ils  étoient  bien  aifes  d'être  appuyés  de 
ion  crédit.  La  peine  que  cette  affaire  lui  donna ,  la  fatigue  à  laquelle  il  fe  livra 
.à  voir  des  malades  ,  mais  fur-tout  la  quantité  de  fruits  qu'il  mangea  ,  lui  cau- 
Jerent  un  dévoiement  qui  tourna  bientôt  en  dyffenterie.  Il  fe  déterminoit  à  re- 
tourner chez  lui ,  lorfque  M.  Coras  ,  Confeiller  au  Parlement  ,  le  pria  d'aller 
■voir  fa  femme  qui  étoit  malade  à  Réalmont  ,  petite  ville  du  Diocefe  d'Alby. 
îls  partirent  le  ao  Juillet  &  n'arrivèrent  que  le  21.  La  fatigue  du  voyage  & 
la  chaleur  de  la  faifon  augmentèrent  le  mal  de  Rondelet,  il  empira  tous  les  jours 
.malgré  les  foins  qu'on  y  apporta  ;  çntin  il  mourut  au  grand  regret  de  fes  Col- 
lègues qui  ont  éternifé  fa  mémoire  ,  en  faifant  graver  cette  Infcription  fur  le  fron- 
{ilpice  des   Ecoles  de    Médecine  : 


Guu., 


a    O    N  u/î 

^GUILLEL.    RONDELETIUS    MoNTISPESS. 

Ingenii  fiecunditate  &   duclrina  ubertate 

Totô   Orbe  Clariffimus , 

Univerjîtatis  Medicinie  XXIannis  Profejfor  Reglus  , 

X  annis  Cancellarius  dignijjîmus  , 

Pojl  diuturnam  in  docendo   &  fcribendo  navatam  fedulo  operam 

Et  édita  rare  eruditionii  non  pauca  monumenta , 

Pluribui  ex  codicillo  ad  recognofccndum  creditis  fidei 

Laurent.  Jouberti  , 

Jn  Régla    Profejf.   fuccejjbris  fui, 

Tolosâ  rediens., 

Obiit  in  RegaU  Monte  an.  D.  1^66  ^  die  30  menfn  JulU. 

F'ixit  annos  58  ,  menfes  10,  dies  4. 

Laurentius  Joubertus  Cancellar. 

Pr<scept.  charljf. 

D.  S.  M.  H.  P.  C. 

On  lit  dans  l'Hiftoire  Eccléfiaftique  de  Montpellier,  que  ce  fut  Rondelet  qui 
mit  en  réputation  les  Eaux  de  Balaruc  ,  fi  peu  connues  avant  lui  &  fi  re- 
commandées aujourd'hui.  Le  Chapitre  de  Maguelonne ,  à  qui  elles  appartenoient , 
les  vendit  à  des   particuliers  pour  une  forame  trè*-modique. 

On  n'a  point  de  Recueil  complet  des  Ouvrages  de  ce  Médecin;  ils  font  de- 
meurés   teû  qu'ils  ont  paru  en  différens  endroits  ,  fous  ces  titres  : 

De  pifcibus  marinls  Libre  XVIII ^  in  quibus  verapifcium  effigies  exprejfe  funt.  Lugduni , 
"Ï554  >  In-folio. 

Univerfe  aquatlllum  HlflorliSpars  altéra^  cum  verls  ipforum  imaglnlbus.  Ibidem ,  1555» 
in-folio.  En  François ,  avec  figures  ,  de  la  traduftion  de  Laurent  foubert ,  fous  ce 
litre  :  Hijloire  entière  des  Poijfons  ,  divifée  en  deux  parties ,  avec  les  figures  au  naturel 
gravées  en  bols.  Lyon,  155B,  In  folio. 

De  ponderibus  ,  ftu  ,  juflâ  quantîtate  &  proportlone  medicamentorum  Liber.  Patavli , 
1555  ,  m-b.  Ibidem  ,  1579,  iV4  ,  avec  d'autres  Ouvrages  fur  les  dofes  des  médica- 
msns.  Lugduni ,  1558  ,  15Ô3  ,  1584,1/1-8.  ^ntverpits  ^  1561  ,  in-B.  Venetiis ,  1562  , //1-8. 

Methodus    de  matcria  medicinali   &    compojïtlone   medicamentorum.    Patavli  ,    1556    , 

Methodus  curandorum  omnium  morborum  Corporls  Humani  in  très  Libros  dlflln&a.  De 
dîgnofcendls  morbls.  De  Febrlbus.  De  Morbo  Galllco.  De  medicamentls  Intcrnls  &  ex- 
ternis.  De  Pharmacopolarum  Officina.  De  Fuels.  Parlfils ,  1574  ,  m-8.  Lugduni ,  15^3* 
1585  ,  lin  S.  Francofurtl,  1592,  in-8.  Monfpejfull  .,1601  ,  inS.  Genève  ,  1608  ,  1623, 
1C28  ,  i/i-S.  C'eft  à  Jean  Croqua  us  ,  Médecin  Polonois  qui  avoit  étudié  à  Montpel- 
lier, qu'on  doit  la  dernière  édition,  à  laquelle  il  a  ajouté  ;  Intiodu&io  ad  Praxlm. 
De  Urlnls.  Confîlia  Medlca  ;  Ouvrages  qui  n'avoient  point  encore  vu  le. jour.  Celui 
De  morbo  Galllco  a  paru  en  François  à  Bordeaux  en  1576  ,  in-B  ,  de  latradudlion 
-d'Etienne  Manuel. 

TOME     IF.  P 


ir4' 


R    O    N 


Formdie  aliquot  remcdioram  Librd  de  internis  remeJUs  omijjîs.  ^ntvcrpïa ,  1576  » 
In-folio,  avec  d'autres  Ouvrages, 

TraSiatus  de  Urinis.  Francofurti ,  1610  ,  t/i-8  &  in-12. 

On  trouve  dans  le  Catalogue  de  la  i3ibliotheque  de  Falconet  ,  N^.  4144  :  Mat' 
thi<£  de  Lobd  Hljîoria  Plantai  uni  feu  Jîirpium ,  cum  ^Inimadvtrfionibus  Cuil.  Rondekni. 
Londini ,  1605  ,  in  folio, 

La  plupart  de  ces  Ouvrages  n'ont  point  répondu  à  la  réputation  que  leur 
Auteur  s'ég)it  faite  par  fon  Hiftoire  des  Poiflbns.  Il  n'en  faut  pas  être  furpris. 
Rondelet  corapofoit  avec  beaucoup  de  précipitation  ,  fans  avoir  réfléchi  lur  ce  qu'il 
vouloit  dire  &  fans  avoir  penfé  à  mettre  en  ordre  la  matière.  De  pareilles  com- 
pofitions  avoient  grand  befoin  d'une  revifion  exadte ,  &  Rondelet  n'avoit  pas  le 
tems  de  lire  ce  qu'il  faifoit  ;  ce  qui  eft  pis  encore,  il  ne  pouvoit  pas  même  fe  dé- 
terminer à  en  prendre  la  peine.  Scrlpta  relegendi  nec  dabatur  otiuin  ,  nec  voluptas  erat , 
dit  Joubtn  dans  la  vie  de  ce  Médecin. 

Rondelet  ,  quoique  né  fans   fortune  ,   étoit  libéral  jufqu'à    l'excès.   11  méprifoit  li 
fort  l'argent  &  le  dépenfoit  avec  tant  de  profufion  ,  que  malgré  les  appointemens  con- 
fidérabîes  qu'il  avoit,  &  les  grands  profits  qu'il  faifoit  dans  l'exercice  de  la  Médecine  , 
il  étoit  toujours  fans  épargne  ;  il  n^  lailTa  même  prefque  aucun  bien  à    fes  héritiers» 
Rabelais    fe  moque     quelquefois   de    lui  ,    &    le   joue    fous    le  norn  de  Rondibilis  , 
tant    par   rapport  à  fon  nom ,  que   parce   qu'il  étoi^t   fort   gros  ,  fans  être  ventru. 
Le  Préfidenr  de  Thou  ,  qui   fait  mention  de  ce  Médecin  fous  l'année  1566  ,  dit  qu'il 
étoit  favant,  quoique  J'ranfojj  Rabelais  en  ait  parlé  avec  mépris.  11  efl  vrai ,  ajoute- 
t-il ,  que    les  écrits  de  Rondelet  ne    répondent  pas    à  ce  qu'on  en  attendoit   &  à  la 
réputation   qu'il  s'étoit  acquife  d'ailleurs;  que   même  fon   Hiftoire   des  Poifibns  cft 
plutôt  le  fruit  du  travail  &  del'indul^irie  d'autrui,  que  de  la  fienne.  Il  a  tiré  cette 
Hiftoire  des  Commentaires   de  Guillaume   Pelicier,  Evêque  de   Montpellier  ,  per- 
fonnage  de  grande  érudition  :    c'étoit   partie  des  favantes  annotations   que  ce   Pré» 
lat  avoit  faites  fur  Pline  ,   &  qui  ont  été  perdues  ou  lupprimées   au  défavantage 
des  Belles-Lettres.  Ainfi  penfoit  de   Thoa  au  fujet  du  principal  Ouvrage   de    Ron- 
delet  ;  mais  on  fait  le  contraire  aujourd'hui.  11  efi  connu  que  ce  Médecin  avoii  fait 
divers  voyages  à  Anvers ,  à  Bayonne ,    à    Bordeaux  &    ailleurs ,  pour  s'mftruire 
furl'Hiftoire  des  Poiffons  à  laquelle  il  travailloit  ,•  il  eft  connu  encore  qu'il  étoit  favant 
dans  l'Hiftoire  Naturelle;  &   d'après  la  note  de    M.    Lorry  ^   éditeur  des  Mémoires 
pofthumes    èa  célèbre  ^iflruc  fur  la    Faculté  de  Médecine  de  Montpellier,  on  re- 
marque quÈ  Rondelet  a  dédié  fon  Traité  des  Poifibns  au  môme   Guillaume  Pelicier  , 
qui  peut  avoir   concouru  à  cette  Hiftoire,    mais  aucun  de    les  contemporains  ne  lui 
a  reproché  le  plagiat,  dont  le  Préfident  de  Thoa  l'accufe.  Tout  au   contraire  ,  Laurent 
Gryll,  qui  a  vécu  avec    notre  Auteur,  affure  qu'il  a  été  témoin  de  fes  recherches 
fur  la  nature  des  Poiffons. 

RONSS  ouRONSS^US,  (  Baudouin)  Médecin  du  XVI  fiede  ,  étoit  de 
Gand.  Dés  qu'il  eut  achevé  fes  premières  études  ,  il  embralfa  celle  de  la  Médeci- 
ne &  fit  fon  cours  à  Louvain  fous  Jérémie  Drivere.  Il  pafl'a  enfuitc  en  Allemagne, 
où  le  Duc  Henri ,  de  la  Maifon  de  Brunlwic  -  Lunebourg  ,  l'attira  à  fa  Cour  & 
kchoiût  pour  li>n  Médecin.   Depuis  ,   il  revint  en  Flandre   &  pratiqua  fon  Art  à 


R    O    N  II- 

Furnes  ;  enfin  il  fut  appelle  à  Goude  en  Hollande  ,  dont  il  fut  nommé  Mé- 
decin Penfionnaire.  Il  paroît  qu'il  mourut  dans  cette  ville  vers  la  ïm  du  XVI 
liecle. 

Ronfs  fe  fit  beaucoup  de  réputation  dans  fon  Art  ;  il  fe  diftingua  même  par 
la  connoiiFance  qu'il  avoit  des  Belles-Lettres ,  en  particulier  ,  de  la  Poélie  &  de 
Ja  Langue  Grecque.  Son  attachement  à  la  Chiromancie  &  fa  confiance  aux  pra- 
tiques luperftitieulès  ne  font  cependant  point  honneur  à  fon  jugement  ;  mais  les 
bons  Ouvrages  qu'il  a  donnés  fur  d'autres  matières  ,  méritent  qu'on  lui  paflc  ces 
défauts  qui  avoient  tant  de  cours  de  fon  tems.  Voici  les  titres  &  les  éditions  de 
fes  Ecrits.  • 

F'cnatlo  Medîca  ^  continens  remédia  ad  omnes  à  capîte  ad  calcem  ufque  morbos- 
Lugdani  Batavorum  f  1589,  i>.-8  ,  en  Vers  Hexamètres.  M.  Paquot  croit  que  cet 
Ouvrage  a  paru  avant  l'an  1576  ,  puilqu'il  eft  adrelTé  à  Adrien  Junius  mort  en 
1575.  On  trouve  dans  ce  Poiime  tout  ce  qu'on  peut  imaginer  d'opinions  ridi- 
cules ,  ainfi  qu'on  ne  manquera  pas  de  le  voir  dans  cet  échantillon  où  il  parle 
des  propriétés  du  Loup  : 

Nec  rùjîrum  virtute  caret  ;  nam ,  munere  quodam 

Nature  arcanù ,  depellit  fafcina  dira, , 

Si  prias  exuccum  fuerit.  Mos  hinc  fuit  olim 

uintiquis  ville  partis  prafigerc  rojîrum. 

Quid ,  quod  dura   cutis  ,  ri^idâ  cervice  révulsa , 

Triflia  dicatur  depellere  faj'cina  pojjï? 

Reftat  adeps  plnguis  ,  celebrem.  Saturnîa  Juno 

Quem  fecit ,   populis  dum  vlncla  Jugalia  curât  , 

£t  Unit  obduâos  vittis   hoc  unguine   pofies , 

uiniè  venit  fponfui  quàm  optatœ  ad  limina  fponfts. 

Je  laifle  Je  rete  des  Vers  qu'on  trouve  dans  les  Mémoires  de  M.  Paquot ,  pour 
•paffer  aux  autres  Ouvrages  de  Ronfs. 

De  Hominis  primurdiis ,  hyftericlfque  affeclibus  fi?  infantilibus  aliquot  morbis  ,  Centones. 
Lovanii  1  1559  ,  i«-8.   Lu^duni  Batavorum  ^   ^594»  *«-8- 

Jn  Chdromuiitiam  brevis  Jja^oge.  Norimbergte ,  1560  ->  (n-4  ,  avec  Tricajfi  Ccrajarien- 
JIs ,  Mantuani ,  enarratio  principiurum  Chyromantice, 

De  magnii  Hippocratls  litnibus ,  PUniique  jlomacace  ac  fcchtyrbe ,  fea  ,  vulgo  di^o 
fcorbuto  Libellas,  yintvtrpla  ^  1564 , /n-8,  ff^ittebergte  ^  ^624,  ind,  avec  le  Traité  du 
Scorbut  par  Sennert. 

Mifcellanea ,  feu  ,  Epiftola  Médicinales.  Lugduni  Batavorum  ,  1590  ,  1619 ,  inS.  Amjle- 
lodami,  i66i  ,  /n-8  ,  avec  les  Opufcules  de  l'Auteur.  Ces  Epitres  contiennent 
encore  bien  des  preuves  de  fon  aveugle  crédulité.  Par  exemple  ,  dans  la  XXII  , 
il  recherche  pourquoi  la  corne  du  pied  de  l'âne  fauvage  ,  &  celle  de  l'âne  do- 
meitique  qui  n'a  pomt  de  taches  noires  ,  font  un  fpécifique  contre  le  malé- 
fice ,  nommé  Ligature  ;  &  il  en  donne  pour  caufe  le  naturel  lalcif  de  ces 
animaux.  Comment  un  homme  fcnfé  peut-il  s'amufer  à  débiter  de  pareille» 
miferes  ! 


i,i6-  R'    O    O        R      O     Q 

Enarratîones  in  feptem  pofteriores.  Lîbros  ^urelil  Cormlit  Celjl  de  Rc  Medtcâ'.  Lug- 
duni  Batavorum  ,  1592 ,  Jn-4  ,  avec  le  Commentaire  de  JcrénJe  Drivera  fur  le. 
premicr  Livre. 

Opufcula  Mcdlca.  I  ,  Ep'ifiola  Médicinales.  II  ,  De  morbis  mullebrihus.  III  ,  Ds  T^e- 
natione  Mdicâ.  IV,  De  Scorbuto.  Lugduni  Batavorum,  1618,  1654,  in-8.  C'eft 
Ouon  Ileurnius  qui  a  procuré  la  première  édition  de  ce   Recueil. 

ROONHUYZEN ,  (  Henri  VAN J  célèbre  Accoucheur  &  Chirurgfien  d'Amfter- 
dam  vers  le  milieu  du  XVII  fiecle ,  étoit  penfionné  de  cette  viile.  D^ventcr  ,  qui 
en  parle  dans  l'a  lettre  à  F'ink,  lui  donne  le  titre  de  Do(fleur  en  IVlédecine.  C'eft 
à  un  inftrument ,  connu  fous  le  nom  de  Levier  de  Roonhuy^tn  ,  mais^dont  il  a  fait 
long-tcms  un  myflere ,  que  ce  Chirurgien  a  dû  la  réputation  que  le?  ii'ccès  lui 
ont  méritée  dans  l'Art  des  accouchemens.  Il  a  laifie  fon  fecret  à  Roger  ,  ion  fils. 
Médecin  ,  Chirurgien  &  Accoucheur  à  Amftcrdam  ,  qui  le  partagea  avec  le  cé- 
lèbre Ruyfch  &  le  Chirurgien  Boekelman.  C'eft  d'eux  que  Jean  de  Bruin  &  Pierre 
Plaatman  eurent  la  connoiflance  de  cet  inftrument  ,  enfuite  de  convention.  Ces 
derniers  la  communiquèrent  à  d'autres,  fous  la  même  réferve  ;  &  le  Levier  fut 
toujours  ainli  un  myftere  pour  le  public  ,  jufqu'à  ce  que  MM.  de  yifcher  &  J^an 
de  Pool  le  lui  découvrirent,  après  l'avoir  acheté  du  Gendre  de  de  Bruin.  On  ne 
peut  trop  louer  la  générofité  de  ces  Médecins  d'Amfterdam  ;  cependant  le  préfent 
dont  ils  ont  gratifié  le  genre  humain  ,  a  fait  d'autant  moins  de  fenfjrtion  fur  les  Ac- 
coucheurs ,  que  le  Forceps  courbe ,  avec  la  perfed^ion  qu'on  lui  a  donnée ,  rend  des 
fervices  fupérieurs  à  ceux  qu'on  pourroit  attendre  du  Levier. 

Jean-Pierre  Rathlaw ,  Accoucheur  d'Amfterdam,  fit  imprimer  dans  cette  ville, 
en  1747 ,  une  DifTertation  en  HoUandois ,  dont  le  titre  peut  fe  rendre  ainfi  :  Le 
fameux  fecret  d'accoucher  du  Sieur  Roger  Roonhuy^en  .,  découvert  B  publié  par  un  ordre 
fouverain.  II  s'agit  dans  cet  Ouvrage  d'un  inftrument  en  forme  de  Forceps ,  dont 
la  figure  ne  reflemble  point  à  celle  du  Levier,  Celui-ci  étoit  sûrement  le  fecret  de 
Roonhuyien  ;  mais  on  n'a  pas  la  même  certitude  fur  celui-là ,  qui  0roît  avoir  été 
imaginé  par  gens  curieux  de  percer  le  voile  qui  cachoit  à  leurs  yeux  le  fecret , 
dont  les  afibciés  ,  que  j'ai  nommés   plus  haut,  faifoient  encore  un  myftere. 

Henri  van  Roonhuy^en  a  publié  en  HoUandois  un  Traité  fur  les  Accouchemens  , 
qui  fut  imprimé  à  Amfterdam  en  1663  &  1672,  in-8.  Il  a  été  traduit  en  Anglois , 
Londres,  1676,  in-8.  On  a  encore  des  Obfervations  en  HoUandois  qui  parurent 
à  Amfterdam  en  1672,    &  en  Allemand  à  Nuremberg  en  1674,    j/i-8. 

ROQUETAILLADE  C  Jean  DE  LA  )  ou  de  Rupefcijfa ,  Francifcain  ,  mourut 
en  prilon  vers  l'an  1375.  C'eft  ai'nfi  que  le  rapporte  Boerhaave  ;  mais  d'autres  af- 
furent  qu'il  trouva  le  moyen  de  s'échapper ,  &  qu'il  fut  fi  fenliblement  touché  de 
l'injuftice  du  traitement  auquel  il  avoit  été  expofé,  eni'uite  des  accufations  de 
Magie  intentées  contre  lui,  qu'il  mena  une  vie  languifTante  &  mourut  enfin  de  chagrin- 
Ce  Moine  a  compofé  plufieurs  Ouvrages  fur  l'Alchymie  ;  &  quoique  Paracdfe  loi 
eût  reproché  d'avoir  avancé  des  choies  faufles  &  ridicules,  il  n'a  pas  iaifl'é  d'être 
regardé  par  les  Chymiftes  comme  leur  Patriarche  ,  &  d'avoir  beaucoup  d'autorité 
parmi  eux.  C'eft  le  goût  décidé  que  ce  Fraaciicain  eut    pour  la  Chyrnie  ,    qui  le  . 


R!    O    s  1:7 

porta  à  faire  tant  de  recherches  fur  les  réfuhats  qu'on  croyoit  alors  pouvo'r  ob-' 
Tenir  au  moyen  de  cette  Science.  La  tranfmutation  des  métaux  fut  long-tems  le 
leu!  objet  qui  anima  les  Chymiftes  au  travail;  mais  en  courant  après  ce  phantome 
qu'ils  ne  faifireot  jamais,  ils  tombèrent  quelquefois  fur  des  chofes  utiles,  dont  les 
autres  ont  fu  profiter.  Jean  de  la  Roquetaillade  a  écrit  pluiieurs  Ouvrages;  il  en- 
auroit  même  donné  davantage,  fi  les  accufaiions  de  Magie  qui  le  firent  jetter  dans 
la  prilbn  ,  n'eufient  retenu  fa  plume  &  arrêté  fes  travaux.  Sa  mort  nous  a  privés 
d'un  grand  nombre  de  découvertes  i  il  les  tenoit  de  la  Nature  qu'il  avoit  beau- 
coup étudiée.  On   a  de  lui: 

Liber  Magifierii  de  confe&ione  veri  Lapîdis  Philofophorum.  Il  a  été  publié  avec  d'au- 
tres Ouvrages  d'Alchymie  recueillis  par  Gratarnle.  Bâle  ,  1561,  deux  volumes 
in-folio;  on  le  trouve  à  la  page  126  du  fécond  Tome.  Cet  Ouvrage  eft  encore  re- 
pris dans  le  troilieme  Tome  du  Théâtre  Chymique,  page  i8g ,  &  dans  le  troifieme 
de   la  Bibliothèque  Chymique  de  Ma/iger,    page  80. 

Liber  Luc! s  fut  imprimé  à  Cologne  ea  is^g,  'n-4i  avec  les  Sécréta  ^Ichymies 
magnolia  attribués  à  Saint  Thomas  d'Aquin.  Leyde ,  159B,  in  folio.  \l  fe  trouve  aufli 
page  284  du  troifieme  Tome  du  Théâtre  Chymique  ,  &  à  la  page  84  du  fécond  vo- 
lume de  la  Bibliothèque  Chymique  -de  Manget. 

Rofarium  Philofophorum ^  dans  la  même  Bibliothèque,  pages  87  &  119  du  fécond 
Tome. 

De  conjîderatione  Ouinta   Ej]entl<e  rerum  omnium.  Bafilea,    I59f ,   t/i-8. 

ROSA ,  C  André  )  Dodleur  en  Médecine  dans  le  XVI  fiecle  ,  fervit ,  en  cette 
qualité,  Otton-Henri  dit  le  Magnanime,  &   Frédéric  III,    Comtes  Palatins. 

Jean,  fon  fils  ,  naquit  le  12  Janvier  1579a  Amberg  dans  le  Haut  Palatinat  de 
Bavière.  Il  prit  le  bonnet  de  Dofleur  en  Médecine  à  Bâle  en  160^  ,  &  retourna 
enfuite  dans  la  patrie,  où  il  fe  mit  à  exercer  fa  profelîion.  Comme  il  étoit  delà 
Religion  Proteftante ,  il  fut  obligé  d'en  fortir  en  1627;  ce  fur  alors  qu'il  fe 
rendit  à  Ratisbonne ,  où  il  finit  fes  jours  le    12  Janvier  1643. 

ROSALES  ,  (  Jacques  )  Juif  Portugais ,  étoit  Dofteur  en    Médecine.   Ses  ta- 
lens  lui  méritèrent  le  titre  de  Comte  Palatin.  Après  avoir  exercé  à  Hambourg  de- - 
puis  environ  1637  jufqu'en   1645,  on  le  retrouve  à  Amfterdam  vers  fan  1655;  mais, 
il  n'y  léjourna  pas   long-tems ,  car  il  pafla  bientôt  à  Livourne ,   où   il  mourut   en 
1668,  à  l'âge  de  75  ans. 

ROSE-CROIX.  C  Frères  de  la  J)  Voyez  CROIX. 

ROSSI  ou  RUBEl  ,  C  Jérôme  J  célèbre  Hiftorien  ,  natif  de  Ravenne  ,  fut 
premier  Médecin  du  Pape  Clément  VIII.  11  mourut  de  la  dyffenterie  le  8  Sep- 
tembre 1607  ,  à  l'âge  de  68  ans  ,  &  laiffa  un  fils  unique  ,  ^Intolne- Marie  \  qui- 
fe   fit   beaucoup   de   réputation    à   Rome  ,  où    il   enfcigna  la    Médecine, 

Jérôme  Rojfi  étoit,  un  homme  d'une  profonde  érudition  ,  comme  il  paroît  par 
fon  Ouvrage  imprimé  à  Vcnife  en  1590  ,  in-folio  ,  fous  le  titre  à' Hijloriarum  Ra- 
vtnnatum  Libri  XL  11  fe   diftingua  encore  par   fon  intelligence  dans  les  affaires  j  , 


îi8  ROT 

&  par  cette  éloquence  mâle  qui  a  le  double  avantage  de  periuader  &  de 
charmer.  Les  Ouvrages  qu'il  a  écrits  iur  la  Médecine  ,  furent  autant  bien  reçus 
pour  les   grâces  de    Ion   ftyle  ,  que  pour    les    matières    intéreliàntes  qu'il  y  traite  : 

i>e  Jejîlllac'wne  f  fivc  ,  de  juibtitiorum  Ihjuorum  ,  qui  ad  Medicinam  faciunt  ^  mahodô 
4ttqui  viiiùus  Liber.   BajiUa,   1585  ,  in-8.    l^eaaiis  ,    1604  ,  ia-/^. 

jDi  Mdonibus.  f^cnedis  ,  1607  ,  i/1-4. 

uinnotationes   in.    Libros    oolo    Corndii   Celfi  de  Re  Medicâ,  Ibidem ,  1616 ,  t«-4. 

Jean-J-^i&or  RoJJi  ,  autre  Médecin  de  Rome  ,  n'ell  connu  que  par  un  Traité 
intitulé  : 

Ve  diuturna  agrotadone  tolerandâ.    Romts  ,    1605  »  '"■4- 

Pierre- Mattkieu  Rojjî   exerça   dans   les    Pays-Bas  ,    où   il  fut  attaoéié    au    fervicc 
■des  'Iroupes  Elpagnoles  en  qualité  de   Médecin  (x  de  Chirurgien.  Ses  Conjultatloaet 
.&  Obferyationes  feleStiC  ,  imprimées  à  Francfort  en  160B  ,  i/i-8  ,  ont  également    pQur 
•objet  les  maladies    du  reflbrt   de    la   Médecine   &  de   la    Chirurgie. 

On  trouve  encore,  dans  les    Hiblioçraphes , /ean-zV/une  RoJJî ,  natif  de   Padoue  , 
■qui  obtint  une   Chaire    de   Médecme    en  rUnivertité    de    cette   ville  ,   le  7   Mai 
3716.    11   a    écrit  : 
'.De  interpretandis  Jîmplicium  medicami:ntorum  facultatibus.   Patavii  ^  1723  ,  /n-4. 

ROTA  ,  C  Jean-François  J  Dodteur  en  Médecine  ,  eniéigna  publiquement  la  Chi- 
Turgie  dans  les  Ecoles  de  la  ville  de  Bologne ,  la  patrie.  11  mourut  le  7  Mai 
1550 ,  &  laifla    ces  deux   Ouvrages  .• 

JJe.   lairoducendis  Gr£coruin  meJicamiiiibus  Liber.   Bononi^  ^    1553  1   in  fol. 

De  tûrniintariorum  vulnerum  naturà  &  curatiuae  Liber.  Boiwni<s  ,  1555  ,  //1-4.  Fraa- 
C'ifuni  ,  1575  1  in-4.  ^niverpia ,  15^3  ,  //7-4  ,  lous  ce  titre  ;  De  fclopaorum  vulnerlbus. 
Un  a  joint  à  cette  édition  tout  ce  <\vi  Alplimfe  Ferrius  $£  Léonard  Botal  ont  écrit 
fur  la  même  matière.  L'Auteur  regardoit  les  plaies  d'armes,  à  feu  comme  enve- 
nimées  ou  comme    des  brûlures  :  ce    iyilême   fut  long-iems  celui  des  Chirurgiens. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ce  Médccio  avec  Miclul- jiage  Rota  qui  étoit  origi- 
naire de  Bcrgame  ,  mais  qui  naquit  à  Venife  en  1589.  11  reçut  les  honneurs  du 
Doctorat  à  Padoue,  &  retourna  enfuite  dans  fa  vihe  niitale ,  où  il  fe  diftingua  telle- 
iv.cnt  par  fes  luccès  ,  qu'il  furpalTa  bientôt  en  réputation  ceux  de  lés  Collègues 
qui  étoicnt  le  plus  fuivis.  C'eft  à  l'eftime  générale  dont  il  jouifToit ,  qu'il  dut  Thon* 
aieur  d'être  choifi  pour  accompagner  ,  en  qualité  de  Médecin  ,  l'Ambafladeur 
que  la  Seigneurie  envoyoit  à  la  Cour  de  France.  Il  acquit  dans  ce  Royaume 
la  même  réputation  qu'à  Venife  ;  &  l'accueil  qu'on  y  avoit  fait  à  fes  talens  , 
iut  une  nouvelle  railon  de  le  conlidérer  encore  davantage  à  fon  retour  dans  fa 
patrie,  où  il  mourut  en  1662  ,  âgé  de  75  ans,  &  fans  avoir  été  marié.  Les  grandes 
îiumônes  qu'il  faifoit  journellement  ,  lui  ont  mérité  le  titre  glorieux  de  Père 
des  pUuvres ,  &  les  Ouvrages  qu'il  a  laiflcs  au  public ,  celui  d'habile  &  de  favant 
Médecin.  Les  Bibliographes    lui    donnent  les  Traités  fuivans  : 

De  pejle  yeneta  aiini   1630.  f^eiietiis ,   1634  ,  i/1-4. 

Conjilioram  Medicorum   Ceiuuria  très.  * 

De  curaiione  morborum  internorum. 

Commentarius  fuper  Ilippocratern  de  démentis. 

Comment ariu s  fuper  Librum  tenium  de   morbis   epidem'cis. 


R    O    T        R    O     V  119 

ROTARUS ,  (Sébaftien  )  Médecin  natif  de  Vérone,  a  beaucoup  éciit  en  Ita- 
''cn  contre  l'ufa^e  de  la  laignée  ,  en  même  tems  qu'il  a  cherché  A  introdtirc 
celui  du  Mercure  dans  le  traitement  de  plulieurs  maladies ,  contre  lefquelles  il 
n'eft  point  ordinairement  employé.  C'eil  principalement  à  ces  deux  objets  que 
buttent  tous  les  Ouvrages  ;  il  commença  à  les  publier  dès  la  fin  du  dernier 
Cecle  ,    &  continua  fort    avant   dans  celui-ci.   Voici  les   titres  qu'ils  portent  : 

Rûgionamento  contra  Vufo  del  falajjb  e  Jelle  ventofe,  Vérone  ,  169g  ,  m-4.  Venils  , 
1701  ,  i/1-4.  11  prétend  prouver  par  la  pratique  des  Anciens  ,  &  fur-tout  par 
celle  à' Hippocrate  ,  que  la  faignée  eft  non  leulement  inutile  ,  mais  nuilible.  Il  re- 
jette la  pléthore  ,  par  la  raifon  que  tel  excès  qu'il  y  ait  dans  le  volume  du 
l'ang  ,  les  parois  des  vaifieaux  font  toujours  difpolëes  à  fe  prêter  en  proportion  de 
la  maffe  qui  augmente.  Mais  il  a  du  quelquefois  appercevoir  que  fa  Théorie  étoit 
démentie  par  la  Pratique  ;  car  il  confeille  les  Bains  dans  le  cas ,  que  nous  appel- 
ions pléthore  ,  pour  donner   plus    d'exienfibilité  aux   fibi-es. 

^//ega^ione  Medico-Fifîche  nella  viflone  d'un,  cadavero.   Vérone  ,  171  r. 

Parère  intorno  alla  morte  di  due  uominî ,  Vérone , -1718 ,  în-4.  Il  y  parle  des  per- 
nicieux  effets  de  la  vapeur  du    vin. 

//  Medico  padre.  Vérone  ,  1719  &  1720  ,  in-^.  La  PleuréJie  fait  le  fujet  de  cet 
Ouvrage.  Il  y  foutient  Ga^ula  contre  les  attaques  de  Pllarino ,  &  condamne  la 
laignée  à  fon  ordinaire. 

Rimedio  di  non  ifpregiane  ml  mal  caduco.  "S^'érone,  ij'22.  Il  .s'efTorce  de  prouver 
l'utilité  des  fripions  mercurielles  dans   ta  cure    de  l'Epilepfie. 

Injegnamento  del  Medico  padre  a  fuoi  figlioli.  Vérone,  1714,  in-^.  C'eft  le  traite» 
ment  de  l'Hydropifie  par  les  mêmes  frid\ions. 

Rimedio  délie  paralijia  à  apnplejjla.  A'érone,  1734,  /n-4,  féconde  édition.  Il  rejette 
abfolument  la  faignée  &  les  purgatifs  dans  la  cure  de  l'Apoplexie  &  de  ila 
l'aralyGe  ,  pour  s'en  tenir  encore  au  Mercure  ;  remède  qu'il  a  auflî  propofé 
pour  la  Goutte. 

Je  pafle  fur  les  titres  de  plufieurs  autres  Ouvrages  de  ce  Médecin  ,  pour 
avertir  que  tout  ce  qui  eH  Icrti  de  fa  plume  a  été  recueilli  deux  ans  après  fa  mort  ^ 
c'eft-à-dire  ,  en  ij'44  ,  &  publié  fous  un  même  volume  in-folio. 

ROVERELLA,  C  Laurent  )  Médecin  du  XV  fiecle,  étoit  de  Ferrare,  où  il; 
naquit  dans  une  famille  noble.  Il  enfeigna  d'abord  dans  les  Ecoics  de  fa  pntrie, 
enfuite  à  Padoue  ,  &  revint  encore  remplir  les  mêmes  fonfiionsà  Ferrare,  C'cii  dehV 
qu'il  pafla  à  Rome  en  qualité  de  premier  Médecin  &  de  Camérier  du  Pape  ; 
mais  il  n'occupa  ce  pofte  que  pendant  deux  ans.  Au  rapport  de  George  Alatthias  y 
dans  fon  ConfpeSus  Hijloria  Medicorum  Chronolugicus  ,  il  lé  rendit  à  Paris  ,  enfeigna 
la  Philolbphie  dans  cette  ville,  &  prit  le  bonnet  de  Docteur  en  '^ihéologie.  Ije  re- 
tour à  Ferrare,  le  Duc  fon  Souverain  l'envoya  en  négociation  à  la  Cour  de  dif- 
férens  Princes  ;  &  s'étHnt  fiiit  connoître  avantageufement  à  celle  de  Rome  ,  Ni. 
colas  V  le  nomma  à  la  Nonciature  de  France  &  de  Hongrie.  Le  Pape  Pie  II  lui 
donna  l'Evêché  de  Ferrare.  Il  fut  enfuite  Légat  du  Saint  Siège  à  l'Armée  de  l'E- 
glife  ,  apparemment  à  celle  que  Pie  dcftinoit  contre  les  Turcs  ,  lori'qu'il  mourut 
à  Ancone  en  1464.  Roverella  furvécut  à  ce  Pape,  &  finit  par  être  Nonce  à  la. 
Diète  de  l'Empire,  &  Dataire  de  plufieurs  Souverains  Pontifes,. 


jao  K    O    V 

ROVERELLI ,  C  Jean-Antoine  )  Dofleur  es  Arts  &  en  Médecine  dans  le 
XVI  liecle,  étoit  de  Bologne.  Il  compofa  un  Traité  de  la  vérole  qu'il  fit  imprimer 
(bus  ce  titre: 

Tract atus  de  Morbo  Patufa^  affeda  qui  vulgo  Gallkus  appellatur.  Cypris  ,  1537,  in-8. 
Ptolomée  parle  de  deux  places  d'Italie  nommées  CypriS ,  l'une  maritime  qu'on  croit 
>être  le  £ourg  de  Grotte  ,  l'autre  fur  une  montagne  &  qui  s'appelle  aujourd'hui 
.Loretta.  C'eft  ^ftruc  qui  a  fait  cette  remarque ,  mais  il  ne  décide  point  en  quel  des 
deux  endroits  le  Traité  de  Roverelli  fut  imprimé.  Peut-être  ne  le  fut-il  ni  dans  l'un  , 
ni  dans  l'autre.  On  aura  caché  l'endroit  où  l'édition  s'eft  faite,  fous  ces  mots  Cy- 
pris imprejfus .,  par  allégorie  au  vice  dominant  des  habitans  de  cette  Ille  de  la  Mé- 
.diterranée.  La  débauche  y  regnoit  au  point ,  que  les  filles  fe  proftituoient  pour  ho- 
norer  Venus ,  à  qui  on  avoit  élevé  un  Temple  ,  dans   leur    lile. 

ROUHAULT,  C  Pierre-Simon  )  Chirurgien  Juré  de  Paris  &  bon  Anatomifte  , 
fut  reçu  en  1716  à  l'Académie  des  Sciences  de  la  même  ville.  Son  mérite  l'éleva  à 
l'emploi  de  premier  Chirurgien  du  Roi  de  Sardaigne  Vidor-Amédée  ,  qui  le  nom* 
ma  Profeffeur  de  Chirurgie  en  l'Univerfité  de  Turin.  Rouhault  mourut  en  1740 -, 
&  laifla  quelques  Diflertations  Anatomiques  qu'on  trouve  dans  les  Mémoires  de 
l'Académie  des  Sciences  de  l'an  1714.  Elles  roulent  fur  lesdifférens  changemeos 
qui  arrivent  à  la  circulation  du  fang  dans  le  fœtus  ,  fur  la  defcription  du  Placenta 
avec  de  nouvelles  Oblcrvations  ,  fur  le  cordon  ombilical.  La  Difiertation  qu'il  pré- 
l'enta  à  l'Académie  en  1716  ,  a  pour  objet  la  queftion  ,  fi  le  Placenta  eft  une 
partie  du  Chorioa  épaifli  ,  ou  une  partie  diftini^e  ;  une  autre  de  1717  traite  du 
Placenta  &  des  membranes  du  fœtus  ;  dans  deux  autres  qui  font  de  1718,  l'Au- 
teur donne  fes  recherches  fur  la  force  qui  poulfe  le  fang  dans  le  fœtus,  &  fur  les 
injections  anatomiques. 

M  iVin^ott'.,  Doéleur  Régent  de  la  Faculté  de  Alédecine  de  Paris,  a  critiqué  le 
Mémoire  fur  la  circulation  du  fang  dans  le  fœtus  humain;  &  Rouhault,  qui  fe  crut 
honoré  d'avoir  mérité  les  réflexions  d'un  adverlaire  de  cette  importance  ,  lui 
répondit  poliment  par  un  Ecrit  imprimé  à  Turin  en  1728,  Jn-4  ,  fous  le  titre 
de  Réponfe  à  la  Critique  de  Jon  Mémoire  de  la  circulation  dans  le  fœtus  humain.  On  a 
-encore  de  ce  Chirurgien: 

Traité  des  plaies  de  tête.  Turin  ,  1720,  rn-4. 

OJJervaiioni  jinatomico- Fi  fiche.  Turin,  1724,  i«-4-  Dans  ces  obfervations  ,  qui  font 
au  nombre  de  fix,  il  détaille  plus  au  long  ce  qu'il  avoit  dit  dans  les  Mémoires 
préfentés  à  l'Académie  Royale  des  Sciences  de  Paris.  Il  donne  un  nouveau  fyf- 
ïâme  fur  l'Accouchement  dans  la  fixieme. 

ROVIDA,  C  Céfar^  Médecin  natif«*le  Milan,  étoit  favant  en  Poéfie  &  pofR- 
doit  parfaitement  les  Langues  Grecque  &  Latine.  11  fut  reçu  dans  le  Collège  des 
Médecins  de  fa  ville  natale  le  14  Juillet  1575  i  mais  les  concitoyens  ne  le  polfé- 
derent  pas  long-tems.  L'éTendue  de  fes  connoiflances  le  fit  regarder  comme  un 
homme  propre  à  remplir  une  Chaire  dans  les  Univerfités,  &  celle  de  Pavie  s'em. 
prefia  à  l'attirer  dans  fes  Ecoles  en  qualité  de  ProfelTeur  de  Philofophie.  Rovida  s'y 
«jEndit,   &  s'acquitta  des  devoirs  de  fa  charge  avec    beaucoup  d'honneur  jufqu'en 


J594 


« 


1^   o   u 

^594,  qui  efl:  l'année  de  fa  mort.  Quelques  Auteurs  ne  lui  donnent  que  55  ans  de 
-vie,  mais  George  Matthias  croit  qu'ils  le  trompent;  en  effet,  itov/rfj  n'auroit  eu  que 
leize  ans  à  la  réception  dans  le  Collège  de  Milan.  De  tous  les  Ouvrages  que  ce 
Médecin  s  écrit,  il  n'en  efl  aucun  qui  ait  été  publié. 

ROUSSET,  (  François^  Dodeur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier 
&  Médecin  du  Roi,  fit  imprimer  à  Paris  en  1581  ,  i/i-8,  un  Ouvrage  de  fa  com* 
pofition,  qui  eft  intitulé  : 

Traité  nouveau  de  VHyjUrotomotokîe  ou  enfantement  Céfarien ,  qui  eft  extra&ion  de  l'en- 
fant par  incifton  latérale  du  ventre  &  de  la  matrice  de  la  femme  grojje  ^  ne  pouvant  aU' 
tremcnt  accoucher:,  &  ce  fans  préjudicier  à  la  vie  de  Vun  &  de  P autre ,  ni  empêihcr  la 
fécondité  naturelle  par  après.  L'Auteur  fut  d'autant  plus  porté  à  traiter  de  cette  ma- 
tière ,  que  ,  fur  la  fin  de  1561  ou  au  commencement  de  1562  ,  il  avoit  vu  ,  avec 
Denis  Jirmenault  dans  l'Hôpital  de  Chàtillon,  une  femme  qui  leur  dit  avoir  fouf- 
fert  l'opération  céfarienne,  ôe  qui  leur  ajouta  que  l'enfant  tiré  par  cette  voie,  étoit 
âgé  de  fept  ans,  dans  le  tems  qu'elle  leur  faifoit  ce  récit.  C'eft  dans  le  même 
Ouvrage  que  Roujfet  recommande  la  Taille  au  Haut  Appareil  ;  opération  qu'il 
4i'avoit  jamais  vu  pratiquer  fur  le  vivant,  mais  qu'il  croyoit  poffible  &  sûre ,  parce 
qu'il  favoit  que  la  veflie  eft  hors  du  lac  du  péritoine  &  de  la  capacité  du  bas» 
ventre  ,  &  qu'il  n'y  a  que  fa  face  poftérieure  qui  foit  couverte  par  la  vraie  lame 
de  cette  membrane.  Dans  la  perfuaiion  oii  il  étoit  d'ailleurs  que  l'incifion  faite  à 
la  matrice  pour  l'accouchement  céfarien  n'eft  point  mortelle  ,  il  en  tiroit  la  con* 
iéquence   que  la  bleflure  de  la  vefîie  dans  fon  fond  ne  l'étoit  pas  plus. 

Cet  Ouvrage  ,  dans  lequel  les  principes  de  la  Chirurgie  font  folidement  traités , 
&  l'Anatomie  expofée  avec  beaucoup  de  vérité  relativement  à  la  matière  ,  n'eut 
pas  plutôt  été  rendu  public,  qu'il  fît  du  bruit.  Il  méritoit  d'en  faire  par  l'impor- 
tance de  fon  lujet,  &  par  les  lumières  que  Roujjet  avoit  répandues  fur  l'opération 
céfarienne,  dont  il  fut  regardé  comme  l'Auteur,  du  moins  dans  les  femmes  vi- 
vantes. Sa  méthode  eut  cependant  bien  des  adverfaires;  mais  après  avoir  eli'uyé 
tout  ce  qu'on  lui  a  oppofé  de  contradictions ,  elle  eft  aujourd'hui  admile  dans  les 
cas  où  elle  eft  abfolument  néceffaire.  M.  Levret  s'eft  fort  étendu  fur  les  circonf- 
tances  qui  autorifent  à  pratiquer  cette  opération ,  ainfi  que  fur  celles  qui  portent 
à  la  rejetter  dans  les  femmes  en   vie.    Voyez  l'Article  SIGAULT. 

Dès  que  le  Traité  de  RouJJei  fut  parvenu  à  la  conooiffance  de  Gafpar  Bauhin,ce 
Médecin  s'emprelfa  de  le  traduire  en  Latin  ,  &  le  fit  imprimer  avec  de  nouvelles 
obfervations  qui  viennent  à  l'appui  du  fentiment  de  l'Auteur.  11  a  paru  fous  ce  titre  . 
Exfe^lo  Fœtus  vivi  è  triùire  vlvâ ,  JInc  ahcrutrius  viice  periculd  ,  &  ahfque  facunda^ 
tîonis  ablatione  ,  à  l'ranclfco  Roujfeto  Gillicè  tranfcripta ,  &  à  Cafpare  Bauhino  Latin^ 
reddita,  &  vcrlis  Hiftoriis  aacla.  Bafile<s ,  158a,  in-S.  Le  même  Ouvrage,  fous  cet 
autre  titre:  De  Partu  Cafareo  Liber ,  in  quo  agitur  de  vplficio  chirurgie)  humani  onàs  ^ 
aliter  fauftè  faccedcrc  nequeuntis  quam  per  ventris  materni  folertem  incifiomm ,  fbfplte , 
cumfuofxtu,  matre  ipsâ.  Balïka,  15^8,  1591,  i«-8.  Fr ancof uni ,  1601  ,  in-8.  Toutes 
ces  éditions  font  enrichies  de  nouvelles  pièces.  Il  y  en  a  encore  une  de  Paris  de 
1590  ,  in-H ,  en  l^atin  ;  elle  eft  due  aux  foins  de  RouJJet  qui  a  traduit  fon  propre  Ou- 
vrage en  cette  Langue. 

T  0  ME    I  K  Q 


R    O    U 

C'eft  à  l'occafion  du  Traité  de  l'enfantement  céfarien  que  ce  Médecin  a  compoie 
les   deux  Ecrits  fui  vans  : 

Brevls  j^pnlogia  pro  Partu  C<efareo  ,  in  dldacis  cujufdam  ex  pulverc  padagogico  Chl- 
rurguli  thcatraUm  inve&ivam.  Paris,  1598  ,  m-8.  Le  judicieux  ^a//er  paroît  faire  grand 
cas  de  cette  Apologie.  C'eft  Jacques  Marchant  que  Roujfet  a  en  vue  ; .  mais  ce  Chi- 
rurgien de  Paris  n'en  cria  que  plus  haut.  Il  publia  un  Ouvrage  intitulé:  Déclama- 
duRcs  in  yipolooiam  Francifci  RoJJeti.  Pari'Jïis ,  1598,  dans  lequel  il  s'oppofe  non  feu- 
lement à  l'opération  céfarienne,  mais  charge  encore  iîoti^er  d'injures,  en  repréfailles 
des  traits  que  ce  Médecin  avoit  lâchés  contre   le  Corps  de  Saint    Côme. 

Exercltado  Medica  ajjertionis  novis  veri  usùs  anajhmcfeos  cardiacarum  fœtus  ex  utero 
materno  trans  ipfas  trahentis  aërem  internum  in  fuos  puîmones ,  motàs  refpiratorii  tune 
non  expertes ,  &  illum  cordi  eum  appetentl ,  fuique  etlam  tune  micantis  motùs  compoti  pr<£' 
paraturos.  Parijus^  1603,  t/i-8.  Cette  pièce  ne  correfpond  point  aux  autres.  Son 
Auteur  tout  occupé  de  Théorie,  ne  lui  a  pas  même  donné  un  air  de  vraifemblance» 

ROUVROY,  CN.  ^  Médecin  de  Plombières,  fa  patrie,  n'a  rien  négligé  pour 
faire  valoir  les  Eaux  de  cette  ville.  Il  fit  imprimer  ,  dans  le  XVII  fiecle  ,  un  Ou- 
vrage qui  n'eft  qu'un  Abrégé  de  celui  de  Birthem'm  ,  auquel  il  a  fait  beaucoup  de 
retranchemens  &:  quelques  additions   peu  importantes.  II  a  paru  ibus  ce  titre  : 

Petit  Traité  enfeignant  lu  vraie  &  ajjitrée  méthode  pour  prendre  les  bains ,  la  douche^ 
Véiuve  &  les  Eaux  chaudes  &  froides  minérales  de  Plombières.  Efpinal ,  1685,  1698  , 
tiî-8,    1737,  /n-ia. 

ROUX,  (  Auguftin  ^  de  Bordeaux,  Dodleur  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris  depuis  1762  ,  ancien  Profefleur  de  Pharmacie  de  la  même  Faculté  ,  Membre 
de  l'Académie  Royale  des  Belles-Lettres,  Sciences  &  Arts  de  Bordeaux,  delà 
Société  Royale  d'Agriculture  de  la  généraUté  de  Paris,  4î  de  l'Académie  Royale  de 
Médecine  de  Madrid,  a  pourfuivi  le  Journal  de  Médecine.^  Chirurgie,  Pharmacie  &c, 
commencé  par  Fandermonde  qui  mourut  à  la  Hn  de  Mai  1762.  M.  Roux  donna  fon 
premier  cahier  en  Juillet   de   Ja  même   année. 

Il  i"e  diftingua  ,  dès  le  milieu  de  ce  liecle ,  par  fon  goût  pour  la  Littérature  8e 
tout  ce  qui  peut  contribuer  à  l'avancement  des  Sciences  &  des  Arts.  M.  Aîorin  & 
lui  ont  publié ,  en  1758,  les  annales  Typographiques,  2n-8;  mais  les  années  fui- 
vantes  font  du  feul  M.  Roux.  Il  a  travaillé  à  la  Colle&iôn  Académique  ;  il  a  fait 
l'examen  des  Eaux  ameres  de  Seydchuz  en  Bohême ,  par  ordre  de  la  Faculté  de 
Médecine  de  Paris,  avec  MM.  Bertrand  &  d'Arcet  .,  Dodeurs  Régens  de  ladite 
Faculté;  il  a  fait  rapport  à  la  même  Faculté,  conjoiniement  avec  MM.  Bellot^ 
Le  Camus  &  d'Arcet ,  au  fujet  des  efprits  inflammables  du  Poiré  &  du  Cidre ,  fur 
lefquels  les  Juges  Municipaux  des  Duchés  de  Lorraine  &  de  Bar  avoient  demandé 
d'être  éclairés;  il  a  traduit  V Abrégé  de  l'Embryologie  facrée ,  en  lociété  avec  l'Abbé 
Dinouarfy  mais  c'eft  à   lui  feul  que   nous  devons  les    Ouvrages    dont  voici  les  titres; 

Traité  de  la  culture  &  de    la   plantation     des  arbres  à  ouvrer.  Paris,    1750,    in-12. 

Recherches  hijhriques  &  critiques  fur  différens  moyens  qu'on  a  employés  pour  refroidir 
les  liqueurs,   Paris,  J758,  fn-i2. 

J'en  étois  à  cctts  note  fur  M.  Roux,  lorlque  je  reçus  le  Journal  de  Médecine,, 


R    O    U  *  123 

t  Janvier    l'ffj    à  la    tâte    duquel    je    trouvai    fon    éloge,  dont  je    vais    donner 
l'Abrégé. 

Auguflln  Roux  naquit  au  mois  de  Janvier  1726  ,  à  Bordeaux.  Ses  père  & 
mère  étoient  originaires  du  Périgord.  Ils  fortoiem  de  familles  recommandables 
dans  la  bourgeoise  ,  mais  très-peu  favorifées  de  la  fortune.  M.  Roux  étoit  Painé 
de  quatre  garçons;  fes  parens,  en  conféquence  ,  le  deflinerent  à  la  Prêtrife.  Cet 
état  faim  ,  auquel  des  vues  temporelles  devroient  fi  peu  conduire ,  cfî  ordinai- 
rement regardé  comme  une  fource  de  richefTe  &  d'illuRration  pour  les  puînés 
des  Mail'ons  nobles  &  puifiantes.  En  Guienne  ,  des  motifs  analogues  déterminent 
communément  les  perfonnes  peu  riches  à  vouer  à  l'état  éccléfiaftique  leurs  pre- 
miers nés  ,  qui  deviennent  alors  de  féconds  pères  ,  l'appui  &  le  foutien  de 
toute  la  famille.  M.  Roux  fut  donc  envoyé  au  Collège  ,  &  fit  fes  études  aux 
Jéfuites. 

Bientôt  il  fe  dégoûta  de  la  Philofophie  Scbolaftique.  Son  efprit  le  portoit  à 
cultiver  les  Sciences  exa6\es  :  il  cherchoit  des  connoifTances  folides  ,  &  à  acquérir 
une  faine  érudition.  Il  employoit  tous  les  momens  ,  dont  il  pouvoit  difpofer ,  à 
la  leélure  de  Malhbranch2  ,  de  Lackc  &  à  l'étude  des  Mathématiques  ,  dans  lef- 
quelles    il  fit    des    progrès   rapides. 

Après  fa  Philofophie  ,  il  annonça  le  deffein  où  il  étoit  d'embrafler  la  Mé- 
decine ,  &  trouva  tous  fes  parens  oppofés  à  cette  réfolution.  Il  éprouva  ,  de 
!:i  part  de  fon  père  ,  la  plus  grande  réfiilance ,  &  il  ne  lui  fallut  rien  moins 
que  tout  fon  courage ,  pour  le  foutcnir  dans  cette  occafion.  11  fut  abandonné 
à  fes  propres  reffburces  ,  &  n'obtiot  de  fa  famille  ,  dont  il  trompoit  les  efpé- 
r-.mces ,  que  les  fecours  abfolument  néceflaires  aux  befoins  de  la  vie  :  mais  l'amour 
d'une  Science  qui  embrafie  la  nature  entière  ,  où  chaque  nouvelle  connoifTance  » 
cil  fatisfaifant  i'cfprit  ,  promet  au  cœur  tous  les  plaifirs  de  la  bienfaifance  ,  lui 
tint  lieu  de  tout  le  refte.  M.  Roux  commença  fes  études  en  Mcx^ccine  à  Bor- 
deaux ,  où  il  prit  le  bonnet  de  Dofteur  au  commencement  de  l'année  17SO. 
Le  célèbre  Préfidenl  Barbot  à  qui  il  avoit  eu  le  bonheur  de  plaire  &  d'être 
utile  ,  le   mit    en  état    de    fournir   à  la   dépenfe    de  fes  grades. 

Comme  le  nouveau  Doéîeur  fentit  bientôt  que  ce  titre  eft  un  avantaççe  ftérile  •, 
&  qu'il  ne  peut  devenir  utile  que  par  les  connoiflances  ,  les  lumière?  &  l'expé- 
.rience  que  le  jeune  Médecin  doit  travailler  à.fe  procurer,  il  forma  le  projet  de 
venir  à  Paris  continuer  à  étudier  ,  &  forcer  ,  par  fon  travail  ,  la  fortune  à  lui 
être  moins  défavorable.  Il  s'étoit  bien  attendu  que  cette  réfolution  ne  feroit  pas 
mieux  accueillie  de  fes  parens  que  ne  l'avoir  été  celle  de  fe  faire  Médecin  ,  & 
partit  de  Bordeaux  fans  autre  rclfource  que  quelques  fecours  qu'il  obtint  de  fes 
amis  ,  &  la  fermeté  de  fon  ame.  Il  fut  reçu ,  à  fon  arrivée  à  Paris ,  par  plu- 
fieurs  de  fes  anciens  condifciples.  Quelques  Gens  de  Lettres  ,  à  qui  il  avoit  été 
recommandé  ,  l'aidèrent  de  leurs  confeils  ,  &  lui  donnèrent  ,  en  particulier  ,  celui 
d'apprendre  l'Anglois  ,  en  lui  faiiant  envifager  difîérens  avantages  dans  l'étude 
de  cette  Langue.  Roux  s'y  livra  fans  relâche ,  &  participa  fi)^  mois  après  à  la 
Tradudion  des  Tranfaciions  PhUofophlques.  Il  entreprit  enfuite  celle  de  l'Ouvrage 
du  Dod\eur  Robzrt  ff^liyu  ,  intitulée  :  Ejfai  fur.  les  vertus  de  Veau  de  chaux  pour  la 
guîrij'cn   de    la  pierre.    A   la    tête   de    cet    Ouvrage  «  on    trouve    des    Recherches 


ia4i  R    O    U' 

chymiques  fur  l'eau  de  chaux  :  ce  morceau  cft  tout  entier  de  M.  Houx.  Ce  début 
fut  bientôt  luivi  de  les  Recherches  hijloriques  &  critiques  far  hs  dljcrens  moyen'! 
employés  pour  refroidir  les  liqueurs.  Ce  petit  Ouvrage  eft  précieux,  &  peut-être  le  plus 
travaillé   qui   Ibit   forti   de    la    plume   de   cet    Auteur. 

En  1^60  ,  M.  Roux  ic  préienta  pour  obtenir  des  grades  dans  la  Faculté  de 
Paris.  Il  commença  le  cours  de  fa  Licence  ,  la  fit  d'une  manière  diftinguée  , 
&  la  finit  par  la  générofité  de  M.  Dumarel  qui  le  força  d'accepter  les  6000 
livres  nécefiaires  pour  cette  dépenfe.  A  peine  avoit-il  reçu  îc  bonnet  de  l^ofleur, 
que  la  mort  prématurée  de  M.  /^andermonde  fit  pafler  le  Journd  de  Médecine 
entre    fes    mains. 

M.  Roux  avoit  entrepris  une  Encyclopédie  portative.  Ouvrage  confidérable  ,  dont 
les  deux  premières  parties  parurent  en  1766.  Malgré  l'accueil  que  fit  le  public  à 
cette  production  ,  l'Auteur  a  toujours  eu  la  modeftie  de  ne  fe  point  nommer  ,  & 
beaucoup  de  pcrfonnes  ignorent  encore  aujourd'hui  qu'elle  eft  de  lui.  Il  avoit 
raflèmblé  tous  les  matériaux  de  la  troificme  partie  qui  manque  ,  &  qui  alloit 
paroître.  Cet  Ouvrage  ,  qui  fuppofe  un  travail  immenle  ,  eft  le  fruit  des  éludes 
particulières  auxquelles  il  fe  livra  pour  l'éducation  du  jeune  M,  d'Héricourt  ,  au- 
jourd'hui Confeillcr  au  Parlement.  Cette  éducation  lui  avoit  été  confiée  peu  de 
mois  après  Ion  .arrivée  à  Paris  ,  fut  la  recommandation  du  Préfident  de  Mon- 
tefquieu. 

Peu  de  tems  après  fa  réception  à  la  Faculté  de  Paris  ,  M.  Roux  fut  préfenté 
par  M.  Le  Baron  d'Olback ,  à  l'adminifiration  de  la  Manufacture  des  Glaces  de 
Saint-Gobin  ,  &  il  rendit  les  plus  grands  fervices  à  cet  établiflement  ,  en  rec- 
tifiant plulieurs  des  procédés  ufités,  &  en  fe  rendant  à  Londres,  pour  y  puifer 
de  nouvelles  lumières  ,  dont  il  fit  part  à  l'adminiftration.  Ses  engagemens  avec 
elle  portèrent  M .  Roux  à  renoncer  totalement  à  la  Médecine  clinique ,  pour  fe 
donner  entièrement  à  la  Phyfique  &  à  la  Chymie.  Mais  les  tracafferies  qu'on  lui 
fufcita  pendant  fon  voyage  d'Angleterre  ,  le  rapprochèrent  de  la  Faculté.  Cette 
Compagnie  avoit  toujours  regreté  de  ne  pouvoir  joindre  des  leçons  de  Chymie 
à  l'enfeignement  général  &  public  de  la  Médecine.  Elle  jetta  l'es  yeux  fur  M. 
Roux  ^  qui  commença  le  premier  cours  complet  en  ce  genre  le  Jeudi,  14  Fé- 
vrier 1771  ,  &  qui  le  continua  pendant  fix  années  avec  un  applsudilibment  uni- 
verfel.  La  Faculté  récompenfa  fon"  zele  par  plufieurs  décrets  honorables  ,  &  par 
un  jeton  qu'elle  fit  frapper  à  fon  honneur  ,  avec  cette  devifc  :  Chemia  curf. 
inflitut.  1770  inauguravlt  M.  Aug.  Roux  1771.  Ce  Médecin  venoit  de  finir  le  fixiemc 
cours  de  Chymie  ,  loriqu'il  mourut  le  28  Juin  1776,  dans  la  cinquante-unième 
année  de    fon    âge. 

M.  Roux  étoit  naturellement  grave  &  réfiéchi  ,  il  avoit  une  ame  ferme  & 
courageufe  ;  mais  l'auftérité  de  Ion  caradere  s'adouciffoit  facilement  avec  fes 
amis  ,  &  même  il  portoit  de  la  gaieté  dans  la  bonne  compagnie  où  il  aimoit 
à  le  trouver  ,  où  il  paroifToit  toujours  avec  avantage.  Dans  la  converfation  , 
jl  étoit  vif  &  aflmé  ;  il  y  prenoit  toujours  un  parti  ,  4i  le  foutenoit  avec  cha- 
leur. Il  avoir  ce  défaut  ,  fi  c'en  eft  un ,  qu'on  ne  peut  reprocher  qu'aux  belles 
âmes  ,  de  défendre  avec  feu  toute  opinion  qui  avoit  un  rapport  immédiat  ou 
éjoigné  avec  la  confervation   &  le    bonheur  des    hommes  ,  &   de    montrer    qu'il., 


R    O    U      ROY  125 

m^priloit  fouverainement  les  intriguans  ,  autant  qu'il  déteftoit  l'intrigue.  Ennemi 
des  abus  ,  il  s'élevoit  contre  eux  avec  une  forte  d'intrépidité  ,  &  jamais  alors 
aucun  refpedt  humain  ,  aucun  motif  de  crainte ,  ne  l'ont  forcé  à  la  diilimulation 
ni  au  filence.  Capable  ,  en  même  tems  ,  autant  qu'aucun  homme  ,  de  tous  les 
fentimens  tendres  ,  il  s'eft   montré  fi's  excellent  ,  ami  confiant  &  fidèle. 

Quoiqu'il  eût  été  extrêmement  ienfible  à  l'abandon  où  les  parens  l'avoient 
laiflë ,  il  n'oublia  jamais  des  devoirs  ,  dont  il  trouvoit  la  récompenfe  dans  le  fond 
de  fon  cœur.  U  appella  près  de  lui  deux  de  les  frères.  Le  premier,  pour  lequel 
il  avoit  une  tendreflë  particulière  ,  mourut  jeune.  Il  s'étoit  adonné  à  la  Géo- 
métrie :  l'excès  du  travail  lui  occafionna  une  maladie  convullive  ,  à  laquelle 
il  a  fuccombé.  L'autre  embrafia  la  Chirurgie  ,  &  pafia  enfuite  aux  liies  , 
où  il  a  exercé  cet  Art  en  homme  inftruit;  mais  ces  terres  nouvelles,  où  tant 
d'Européens  vont  chercher  la  fortune  &  ne  trouvent  fouvent  que  leur  tombeau  , 
détruilirent  la  lanté  :  il  cft  mort  depuis  deux  ans.  Enfin  ,  M.  Roux  trouva 
dans  le  bon  ordre  &  l'arrangement  qu'il  avoit  mis  dans  les  affaires  ,  le  moyen 
de  procurer  à  fon  père  ,  qui  vit  encore  ,  &  qui  eft  plus  Qu'o*!togénaire  &i  in- 
firme ,  des  recours  qu'il  a  toujours  augmentés  à  proportion  de  fes  facultés.  A  fa 
mort ,  la  penfion  qu'il  lui  faitbit  étoit  de  huit  cens  livres.  La  même  économie  avoit 
mis  M.  Roux  en  état  de  former  un  Laboratoire  très-bien  fourni ,  &  une  Bibliothèque 
qui  étoit  déjà  très-nombreufe  ,  bien  cboiiie  en  tout  genre  de  Sciences ,  de  Littéra- 
ture ,  &i    particulièrement  de   Médecine, 

M.  Roux  étoit  d'une  taille  ordinaire.  Il  avoit  le  teint  bafané  ,  le  vifage 
plein  &  fort  en  chair  ;  fa  fanté  étoit  ferme  ,  jamais  il  n'a  efluyé  ce  qu'on 
peut  appeller  une  maladie  ;  mais  depuis  quelque  tems  ,  il  étoit  dévenu  fujet 
à  des  fluxions  &  des  douleurs  de  rhumatilme.  Il  étoit  dur  au  travail  &  fup- 
portoit  aifément  la  fatigue.  L'étude  étoit  la  patïion  dominante.  Il  s'y  étoit  même 
livré  avec  excès  plufieurs  années  de  fa  vie  ;  comme  fa  fanté  &  fon  eilomac  fur- 
tout  en  fouttrojent,  il  y  avoit  apporté  beaucoup  de  modération;  &  depuis  long- 
tems,  il  donnoit  tous  les  jours  quelques  heures  à  la  fociété  &  à  la  difiipation.  M. 
Roux  ne  s'eft  point  marié. 

On  a  trouvé  parmi  fes  papiers  un  Ouvrage  confidérable  ,  dont  il  y  a  déjà  bon 
nombre  de  feuilles  imprimées;  l'ordre  &  la  méthode  le  caradtérifent.  C'eft  une 
tradudion  Françoife,  &  en  même  tems  une  rédaflion  des  Leçons  de  Chymie  Midi- 
clnak  &  Pharmaceutique  Je  Lewis ,  faites  d'après  celles  de  Newmann.  M.  Roux^  y 
a  beaucoup  ajouté.  La  partie  du  règne  minéral,  qui  eft  imprimée  ,  fuliit  pour  fiiire 
fentir  le  mérite  qu'auroit  eu  l'Ouvrage  entier.  Le  Traducteur  en  avoit  écnrté  foi» 
gneufement  toute  cfpece  de  fyflême  &  de  vaine  théorie  ;  il  favoit  que  cette  dé- 
mangeaifon  de  faire  part  au  Public  de  fes  opinions  particulières,  &  de  l'entraîner 
de  force  dans  les  écarts  de  fon  imagination  ,  eft  un  des  plus  grands  obfiacks  au 
progrès  de  toutes  les  Sciences  Phyfiques  ,  &  qu'elle  eft  fur-tout  très-dangcreufej 
en  Médecine. 

ROY  ou  REGIUS.  (  Henri  DU  )  Voyez  DU  ROY/. 


îi6  ROY 

ROY,  (  Charles  LE  )  Profefleur  de  Médecine  au  Ludovicée  de  IVlontpellier  , 
Blcir.bre  de  la  i^ociété  Royale  de  la  même  ville  &  de  celle  de  Londres  ,  des 
Académies  de  Touloiife  ,  de  Niraes  ,  &c.  ,  naquit  i  Paris  d'un  homme  célèbre 
dans  ion  Art.  Déterminé  à  fe  fixer  dr.ns  cette  Capitale,  où  fa  réputation  Ta- 
voit  devancé ,  il  eut  la  iatiffadion  de  voir  que  la  Faculté  de  Médecine  avoit 
accédé  unanimement  à  la  requête  qu'il  lui  a  prélentée  pour  être  coopté  parmi 
les  Membres  ,  d'après  la  déclaration  de  1696,  Ce  lavant  Médecin  a  fait  irapri- 
iner  en  1766  ,  /n-8  ,  des  Mémoires  &  Obfervations  ,  première  partie  ,  conte- 
nant deux  Mémoires  fur  les  fièvres  aiguës.  Ces  pièces  ont  été  publiées  avec 
d'autres ,  fous  ce  titre  : 

Aldanges  de  Pliyjïque  &  de  Médecine.  Paris,  1771  ,  //1-8. 

On  lui  doit  encore  : 

Du  FroaojHc  dans  les  maladies  aiguës.   Paris,  I7"6,  in-8. 

ROY  (  Jacques- Agathange  LE  J  naquit  à  Maubeuge.en  Hainaut ,  le  4  Mai 
1734,  de  Charles  Le  Roy  &  de  Catherine  Barbier  ,  fille  d'un  Chirurgien  de  la 
înême  ville.  Après  de  bonnes  études  ,  ii  fe  livra  à  fon  goût  pour  la  Pharmacie 
qu'il  apprit  fous  différens  Maîtres.  Les  proç;rès  qu'il  fit  dans  cette  partie  de  l'Art  , 
furent  d'autant  plus  rapides  ,  que  fon  efprit  vif  ,  éclairé  ,  pénétrant  ,  fran- 
chit bientôt  les  bornes  de  la  fphere  étroite  où  végètent  la  plupart  des  élevés.  La 
préparation  des  raéd'icamens  Galéniques  &  Chymiques  ,  que  tant  de  jeunes  gens 
tipprennent  par  routine,  fut  toujours  pour  Le  Roy  un  objet  de  réflexions  ;  il  ne 
manqua  jamais  d'examiner  la  nature  des  corps ,  le  réfultat  des  combinaXons  ,  les 
produits  de  l'anal yfe  &  les  motifs  des  opérations.  Un  plan  d'étude  établi  iur  ces 
principes  eft  le  vrai  chemin  qui  conduit  au  but.  Celui  du  Médecin  dont  je  parle  , 
iut  de  fe  tirer  de  la  foule  par  fes  talens  ,  &  il  y  a  réufli.  Les  dernières  guerres 
des  François  en  Allemagne  contribuèrent  à  le  faire  connoître  ;  il  parvint  à  être 
chargé,  en  chef,  des  Pharmacies  des  Hôpitaux  ambulans  &  fédentaires  de  l'Ar- 
mée. Comme  cet  emploi  lui  avoit  fourni  mille  occafions  d'étudier  la  nature  au 
lit  des  malades  ,  &  qu'il  s'étoit  fait  d'ailleurs  une  application  lérieufe  de  la 
Tviédecine  dans  fes  moraens  de  loifir  ,  il  profita  de  fon  féjour  en  Allemagne 
pour  fe  faire  recevoir  Doaeur  à  Giefien  dans  la  Heife  ,  où  il  prit  le  bonnet 
]e  24  Mai  1759.  Revenu  en  France,  il  entreprit  le  voyage  d'Amérique,  pour 
y  comparer  les  maladies  de  cet  hémifphere  avec  celles  du  nôt^e  ,  &  pour  y  re- 
cueillir encore  d'utiles  obfervation?  Iur  l'Hiftoire  naturelle  de  ces  vaftes  contrées. 
Mais,  au  bout  de  dix  mois  ,  il  fut  obligé  d'interrompre  le  fil  de  fes  travaux;  fa  fanté 
fe  trouva  C  altérée  par  fon  féjour  dans  ce  climat  étranger,  qu'il  dut  longer  à 
le  quitter. 

Convaincu  de  l'avantage  qui  réfulteroit  pour  les  Colonies  ,  fi  les  Miniftres  de 
lanté  ,qui  pafTent  en  Amérique  ,  étoient  bien  au  fait  des  maladies  du  pays,  il  ne  fut 
pas  p'utôt  de  retour  en  France,  qu'il  entretint  M.  Puifonnier  de  l'utilité  de  l'éta- 
bhfieraent  d'une  Ecole  de  Médecine  pratique  dans  les  ports  de  mer.  ConnoilTant 
d'ailleurs  tout  l'intérêt  que  cet  illuftre  Médecin  prend  à  tout  ce  qui  peut  contribuer 
à  i  avancement  de  l'Art  qu'il  exerce    avec  tant  de  célébrité  ,    il   lui    communiqua 


ROY  I2f 

i'Hiftoire  de  la  fîevre  maligne  gangréneufe  qui  régna  à  RocheTort  en  1766.  Ce 
morceau  intéreflant  méritcroit  de  voir  le  jour  ,  mais  l'Auteur  a  négligé  jufqu'ici 
de  le  faire  imprimer  ,  quoiqu'il  ait  été  encouragé  par  ceux  qui  ont  lu  Ion 
Alanufcrit.  * 

JLes  talens  de  M.  Le  Roy  &  fon  zele  pour  le  bien  de  l'humanité  ne  tardèrent 
point  à  être  connus.  11  obtint  ,  en  1771  ,  la  place  d'un  des  Médecins  ordi- 
naires de  Monfieur  ,  frère  du  Roi  ;  ce  qui  lui  donne  le  privilège  d'exercer  fa 
profeflEon  à  Paris.  En  1773  ,  il  fjt  reçu  daus  l'Académie  des  Scieaces  de  la  Heffe 
&  dans  celle  de  Mayence  ;  en  1774  ,  il  devint  Membre  de  l'Académie  Impériale 
des  Curieux  de  la  Nature  ,  Aggrégé  honoraire  au  Collège  Royal  des  Médecins  de 
Nancy  ,  &  prit  encore  place  dans  l'Académie  de    Befançon. 

M.  Le  Roy  a  compofé  un  EjTai  fur  l'ufage  &  les  effets  de  Ncorce  de  Garnu  ,  ou 
Traité  des  exutoires ,  dont  on  a  des  éditions  de  Paris ,  1767,  1774,  //j-12.  lia  joint, 
à  la  dernière ,  une  Dijfcrtation  Médicale  fur  l'huile  fétide  de  Tertre,  ^'on  Eflai 
fur  le  Garou  a  été  traduit  en  Allemand  par  M.  Juncker ,  &  imprimé  à  Strasbourg 
en  1772.  On  doit  encore  à  notre  Auteur  une  Tradud\ion  Françod'e  du  Traité  des 
maladies  aiguës  de  M.  Eller  ,  premier  Médecin  du  Roi  de  Prufîl' ,  à  laquelle  il  a 
ajouté  une  Préface  &  des  notes  de  la  façon.  Cette  Traduiftion  fut  publiée  à  Paris  , 
1774,  ta-ia. 

ROYEN  ,  ("Adrien  VAN  )  célèbre  Profeflèur  de  Médecine  &  de  Botanique  en  IT. 
niverfité  de  Leyde,  s'eft  diftingué  dans  ce  tiecle  par  fes  connoinknces  &  fes  Ou- 
vrages qui  roulent  tous  fur  l'Hifioire  des  plantes  ,  à  laquelle  il  a  quelquefois  con- 
i'iicré   fes    talens   pour  la  Poélie.  On  a  de  lui  : 

Diffenatio  B  tanico-Medica  de  anatome  &  œconomiâ  plantarum.  Lugduni  B^tavorum  y 
1728,  /n-4.  II  paroît  que  cette  pièce  n'eft  autre  chofe  que  la  Diffcrtation  inaugu- 
rale  qu'il  fouîint  lorfqu'i!   prit    les  degrés. 

Oratio ,  quà  jucunda ,  utlUs  &  necejfaria  Mediclna  cultoribus  commendatur  docfrina  Bo- 
tanica.  Ibidem,  1729,  m-4.  C'cft  le  Difcours  qu'il  prononça  le  9  Mai  1729,  en 
prenant  polTclfion    de  la  Chaire  de  Botanique.  Ce  difcours  eft   en  vers. 

De  amorihus  S"  conaubiis  plaruarum  ,   Carmen  Elegiacum.   Ibidem  ,    1752 ,   iii.±. 

Prodromus  Flor<e  Leidenfis.  Ibidem^  174°  1  ir^'^.  Cet  excellent  Ouvrage  donne 
en  détail  toutes  les  richeffes  du  Jardin  de  Leyde.  On  y  trouve  beaucoup  de 
plantes  très  rares,  dont  on  eft  redevable  aux  loins  de  l'Auteur;  il  eft  le  premier 
qui  les  tit  connoître  ou  qui  les  rangea  dans  la  clafTe  qui  leur  eft  propre.  Son  i'yf- 
tême  eft  celui  de  Linnteus^  qu'il  a  fuivi  dans  les  genres  &  les  noms  i  mnis  il  a  pris 
un  ordre  plus  naturel  dans  la  diftribution  des  clafies,  pour  lefquelles  il  a  iraaqiné 
de   nouveaux  noms. 

David  van  Roy  en ,  de  la  famille  du  précédent,  prit  Je  bonnet  de  Doéieur  à-. 
Leyde,  où  il  foutint,  en  1752,  une  Thelé  De  intejllnis  crajjîs  multorum  maîorum 
causa  &  fede.  Ce  Médecin  enl'eigne  maintenant  la  Botanique  dans  l'Univcrlité  de 
cette  ville.  On  a  de  lui  un  Difcours  intitulé  ; 

Oratio  de  Honis  publicis  prarjlantijjlmis  Scientiie  Botanicts  adminicuils.  Lugduni  Bats^ 
vorufn,i754,  <n-4.  Apparemment  qu'il  a  remplacé  Adrien  r,m  Royen  ,  (on  parent,- 
^ui  eft  actuellement  Profen'eur  émérite  ,  avec  continuation  d'appointemens,. 


lig  U    U    B       R    U    D 

RUBEIS  ,  ("Alexandre  DE  J)  de  l'Ide  de  Zante  dans  la  Mer  de  Grèce  ,  naquit 
dans  une  famille  noble.  Son  goût  pour  la  Médecine  l'engagea  à  fe  rendre  à  Pa- 
doue  ,  où  il  demeura  chez  Jean  Cicala ,  Profefleur  public  en  cette  Science.  Il  y  fit 
tant  de  progrès ,  qu'il  mérita  bientôt  les  honneurs  du  Doaorat ,  &  qu'à  fon  retour 
dans  la  patrie,  il  ne  tarda  point  à  être  recherche  par  fcs  concitoyens,  dont  il  eut 
touie  la  confiance.  Ses  Ouvrages  confiftent  en  des  Commentaires  iur  la  première 
&  la  féconde  Icaion  des  Aphorifmes  d'Hippocrate.  C'eft  tout  ce  que  Manget  en 
dit,  linon  qu'il  met  fa  mort  dans  l'Ifle    de  Zante  en  1680. 

RUBEUS.  C  Jérôme  J  Voyez  ROSSI. 

RUDBECK,  (  OlausJ  lavant  Médecin  &  Littérateur  Suédois,  étoit  d'Arofen 
dans  la  Weftmanie ,  où  il  naquit  le  20  Juin  1630  dans  une  famille  noble  ôz  an- 
cienne. Il  étudia  la  Médecine  dans  fa  patrie  &  il  y  fit  tant  de  progrès,  fur-tout 
dans  l'Anatomie  ,  que  la  Reine  Chriftine  le  gratifia  d'une  penfion ,  pour  lui  donner 
plus  d'ailance  à  faire  face  aux  dépenfes  qu'entraînent  les  voyages  en  pays  étran- 
gers. Le  jeune  Rudbuk  fe  rendit  dans  les  villes  du  Nord  les  plus  célèbres  parleurs 
Uni'veîfités,  &  pall'a  enfuite  à  Leyde ,  où  il  fit  de  nouveaux  progrès  dans  l'Ana- 
tomie &  même  dans  la  Botanique.  De  retour  en  Suéde,  il  fe  fixa  à  Upfal ,  &  u 
y  ouvrit,  en  1657,  un  Jardin  ôz  une  Ecole  Botanique  à  les  dépens,  pour  fervir 
à  l'inftruaion  des  jeunes  Médecins  à  qui  il  faifoit  des  cours  particuliers.  Tout 
jeune  qu'il  étoit  lui  -  mêitie ,  il  fe  diftingua  tellement  dans  ces  exercices,  que 
jbientôt  après  il  fut  nommé  Profefleur  d'Anatomie  &  de  Botanique  à  la  place  de 
Jcaa    Franckcn   mort  en  1661. 

Rudbeck  eut  une  querelle  fort  vive  avec  Thomas  Banholin,  au  fujet  de  la  dé- 
couverte des  vaiffeaux  lymphatiques  à  laquelle  ils  prétendoient  tous  deux.  Celle  de 
Rudbeck  date  de  1650 "à  Leyde;  il  fit  même  la  démonftration  de  ces  vaiffeaux  au 
lîiois  d'Avril  1652  en  préfence  de  la  Reine  Chriftine;  &  en  Mai  de  cette  année, 
JJanhoUa  n'en  dit  encore  rien  dans  fon  Traité  De  Lacfeis  Thoraclcis  qu'il  publia  alors. 
Ce  ne  fut  qu'en  1654  qu'il  en  parla  dans  un  Ouvrage  fait  exprès  pour  donner  la 
delcription  de  ces  vaiffeaux;  il  les  avoit  cependant  découverts  en  Décembre  1651, 
&  par  conféquent  poftérieurement  à  Rudbeck.  Mais  Banholin  n'en  alla  pas  moins 
fon  train  ;  il  perfifia  à  revendiquer  cette  découverte  que  les  perfonnes  impartiales 
::;'ont  point  balancé  de  lui  refufer.  A  peu  près  dans  le  même  tems ,  ou  même  un 
peu  plutôt,  le  Dodeur /oZt^e  apper eut  les  vaiffeaux  lymphatiques  en  Angleterre. 
Voilà  donc  un  troifieme  Anatomifte  qui  pourroit  s'attribuer  l'honneur  que  les  deux 
premiers  fe  difputoient  ;  mais  comme  il  efi:  vraifemblable  qu'aucun  de  ces  con- 
tcndans  n'a  aidé  les  autres,  rien  n'empêche  de  leur  partager  la  gloire  d'avoir  tous 
trois  contribué  à  cette  importante  découverte,  qu'ils  ont  fi  bien  conftatée  par  des 
recherches   ultérieures. 

Rudbeck  étoit  Curateur  perpétuel  de  l'Uni verfité  d'Upfaî,  lorfqu'il  mourut  dans 
cette  ville  le  14  Septembre  170a,  îigé  de  72  ans  &  près  de  trois  mois.  Il  a  joui 
d'une  réputation  confiante  jufqu'à  la  fin  de  fcs  jours,  &  comme  il  l'avoit  méritée 
par  l'étendue  de  fes  connoiffances  dans  la  Médecine  ,  l'Anatom'e  ,  la  Mufique  ,  la 
Teinture  ,  les  Mécha.niques  &  les   Belles-Lettres ,  elle  s'eft  foutenue  encore  après 

ik 


R    U    D  129 

fa  mort  chez  les  nations  favantes  de  l'Europe.  Ses  Ouvrages  ont  beaucoup  con- 
tribué  à  y  répandre  fon  nom;  ils  font  en  aficz  grand  nombre,  &  la  plupart  roulent 
fur  des  matières   intéreflantes.     Voici  leurs  titres  ; 

Nova  Excrcitatio  ^natomica  exhibens  duSfus  hepaticos  aquofos  &  vafa  gïandularum 
ftrofa.  profite,  1653,  /n-4.  Lugduni  Batavorum,  1654,  //i-i2,  avec  quelques  autres 
Oblérvations  du  même  Auteur. 

In(îdi£  ftru&e  Olai  Rudbeckii ,  Sueci ,  du&ibus  hepatlcis  aquojh  &  vajîs  gïandularum 
fcrofis^  y^rnfia  editis.  Lugduni  Batavorum  ,  1654  ,  in  8  fi?  i/i-l2.  Cet  Ecrit  fut  publié 
en  réponfe  à  celui  qui  parut  de  la  part  de  Bartholin  ou  de  Martin  Bogdan.,  fon 
Tcclateur. 

Pro   duSibus  hepatic'is  contra  Thomam  Bartholinum.  Ibidem  y  1654,  tn'8. 
Hpiftola  ad  Thomam    Bartholinum  de  vajîs  ferojis.  UpfaliiS ,    1657,  "".^2. 
Catalogus  plantaru.n  Horti  Upfaliinfis.   Ibidem  1    1658,    J/i-I2. 
Dcllcite   F'allis  Jacobex.   Ibidem  ,  1664,  in-il, 

Horti  Upfalienjb  aucluarlum.  Ibidem  ,  i665 ,  in-n.  La  troifieme  édition  a  paru  à 
Upfal  en  1685  •>  '"«-12  ,  fous  le  titre  ù'Hortus  Botanicus  variis  exotlcis  ,  indigenlfquc 
plantis  inftrucfus, 

Campi  Elyjii  Liber  fecundus ,  nomîna  ,  figuras  bulbof arum  plantarum  continens.  Upfal ia  , 
1701,  in-folio.  L'Auteur  avoit  une  Imprimerie  chez  lui,  qu'il  perdit  par  l'inctndie 
de  fa  raailbn  en  1702.  Ce  qui  lui  reftoit  d'exemplaires  du  premier  Livre  ,  dont  je 
vais  donner  le  titre,  fut  confumé  par  les  flammes;  il  n'en  put  échapper  que  deux, 
&  c'eft    pour   cette  raifon  que   ce  volume  eft  fort  rare. 

Campl  Elyjïi  Liber  primas  ,  Graminum ,  /uncorum  ,  Cyperorum  ,  Frumentorum  ,  &c. 
figuras  continens.  Upfalix  ^  1702,  in-folio.  La  perte  qu'il  fit  à  Pincendie  de  fa  mai- 
fon  ,  le  mit  hors  d'état  de  continuer  cet  Ouvrage  qu'il  avoit  deflein  de  poulier 
jufqu'à    douze  volumes  ,    &  qui   devoit  contetiir  onze    mille  fi.^ures. 

Laponia  illuflrata   &    Iter   per    Uplandiam  ,    Gzflrlciani ,  Ildjingian  ,    &c.   Upfalls  , 
1701  ,   i/î-4  ,    avec   un   Gloffarlam  Laponicum.    Il  n'a  pas    rempli    fon   titre    dans  ce 
volume    qui   devoit    apparemment  être  fuivi  de  quelques   autres  ;  car  il  n'y  donne 
■que  la   defcription  de  la  Uplande.  Il   s'efi:    même  rélcrvé  les   figures  des  plantes» 
des  animaux  ,    des   infeé\es  &    des    qtiadrupedes  ,  qui   iervoient   à    l'ornement  de 
cet  Ouvrage  ,  &    il   s'eft    borné   à   celles   de    quelques    oifeaux. 
Iclityologite   Biblice  pars  prima ,  de    ^ve   Salav.  UyfiU^  ,    170!^  ,  'n-4. 
On  a   encore    de   la  façon  de    ce  Médecin  :  ^lUantlca  ,  five  ,  Manhe'm  vera  fa- 
phiti  pofterorum  fedes    &   patria.    Upfal,  1675  ,   1689,   ifîgB ,   ifigo  ,  quatre  volumes 
in-folio  ,    &    un  in-4  pour   les   figures.  Cet  OuvraiJe  ,  qji  eft  en -Latn   &  en  Sué- 
dois ,   cft   rempli   d'érudition  ,  mais    d'une   érudition    acc-;blantc  ;  il    fuppofe   une 
■îei\ure   prodigieufe    dans   fon    Autenr    qui    avance    &    fourient    les   pnrad  >xes   les 
plus   étonnans.   Il  prétend    que    la    Suéde  ,  la    patrie  ,  a  été  la   demeure  des  an- 
ciennes  Divinités    du    Paganii'me    &   de    no-    premiers   pères  ;  q-j*elle  eft  la   véri- 
table  ylihtant  de   de   Platon  ,    &    que    c'eft  de    la   Suéde    que   les    Aikmaud»  ,  les 
François ,  les  Anglois  ,  les  Danois  ,  les  Grecs  ,  les  Romains    &   tous  les   autres 
peuples  lont   forfis. 

OUus  ,  fon    fils  ,   s'appliqua   de    bonne    heure    à   l'étude    de    la    Médecine  ;   il 
étoit    même  encore  jeune  ,   lorfqu'il    mit   au  jour  à  Upfal  ,    en    1680  ,  ifi-8  ,  une 
T  0  ME    IF,  R. 


iga  R    U    D 

Diflertation  Académique  De  propagaticne  plantarum  Botanko-Phyjîcâ.  En  1690  ,il  reçut 
le  bonnet  de  Uodieur  à  Utrecht.  Sa  Thefe  Inaugurale  ,  qui  traite  De  funda- 
mentali  plantarum  notitiâ  ,  coUatis  MethoJis  Hermonnianâ  ,  Raynnâ  ,  Rivinianâ  ,  fut 
encore  imprimée  à  Auibourg  en  1691  ,  ia-il.  Mais  ce  Médecin  ne  s'eft  point 
borné  à  ces  premières  produdions  ;  il  a  donné  des  Ouvrages  plps  confidérables , 
fous  ces   titres  : 

Nova  Samolaad  f  Jîve  ,  Laponia  illujlrata  ,  tradeas  aniaiallum ,  herbarum  &  miner  ce 
lîum  divQvfitatem.  Upfalits  ,  1701  ,  /n-4.  On  lui  attribue  alFez  communément  ce 
Traité  ,  mais  il  reflèmble  li  fort  à  celui  que  fon  pcre  publia  la  même  année  j 
qu'il  eft   bien  probable   que   celui-ci    en   eft  l'Auteur. 

Dljfertatïo  de  Hedcra.  Jbidcm  y   1716. 

Index  plantarum  pracipuarum  quas  in  Jtinere  Lapponico  y  annô  1695  ,  obftrvavit- 
Dans  les  Aftes  de   l'Académie   de    Suéde   de  l'an  1720. 

De  Borhh  Fullonum^  qnod  non  herbam  aliquan  ^  multù  minus  fmegma  vel  faponem 
fuljfe  t.fed  purparam.    Upfalia  ,  1722»  'n-4- 

Refponfum  ad  Chrijîianl  BenediStl  Michaëlls  ,  Llnguarum  Orlentallum  Profejforis  aputt 
Halam^  objc£tiones  ,  quod  Borlth  Fullonum  non  faponem  vel  fmegma  ,  utipfe  contendlt^ 
vel  facum  fuijfe ,  pluribus  probatur  argamentls.  Ibidem  ,   1733  »  "*-4' 

Dudaim   Rubenis  ,   quos  neuiiquam    Mandragora  fruSus   fuijfe^  aut  flores    amabiles ^. 
Tdia  ,  violas  ,    &c. ,  fed  fraga   vel  mora  Rubi  Idal  fpifiojl.  Ibidem ,  1733  ,  {«-4. 

RUDEL,  C  Sigifmond  J  de  Gorlitz  en  Luface  ,  où  il  naquit  l'an  1582  ,  fut 
reçu  Dodteur  en  Médecine  à  Bâle  en  1609.  Il  exerça  d'abord  la  profellion  dan» 
le  Haut-  Palatinat  ,  &  fe  rendit  en  i6a8  à  Nuremberg  en  qualité  de  fimple  pra- 
ticien ;  mais  ayant  été  admis  dans  le  Collège  de  cette  ville  en  1634 ,  il  fut  nommé 
pour  veiller  aux  maladies  contagieufes  ,  enfuite  prépofé  à  l'Hôpital  pendar.t  huit 
ans  ,  &  il  paflà  le  refte  de  ia  vie  ,  c'efi-à-dire  ,  jufqu'en  1658  ,  à  remplir  les- 
devoirs  de  Phyficien  ordinaire.  On  ne  connoît  rien  de  lui  qu'une  DiUèrtation 
De  Carcinomate  que  Jean-Jacques  Genathius  a  inférée  dans  le  Recueil  imprimé  à 
lîâle  en  1620  ,  in-^.  11  eft  bien  apparent  que  cette  pièce  n'eft  autre  chofe  que 
la  Thefe   Inaugurale  de    Rudel. 

RUDIUS,  CEuftacheJ)de  Belluno ,  petite  ville  d'Italie  dans  l'Etat  de  l'Eglife,. 
fuccéda  ,  en  1599,  à  Alexandre  Maffaria  dans  la  Chaire  de  Médecine  Pratique  en 
rUniverûté  de  Padoue ,  &  la  remplit  jufqu'en  161 1,  qui  eft  l'année  de  fa  mort, 
Jjçs  nombreux  Ouvrages  qui  nous  reftent  de  la  façon  de  Rudius  ,  font  preuve 
de  la  beauté  de  fon  efprit  ,  de  fon  application  à  l'étude  &  de  fon  goût  pour 
le  travail.   Voici   le    Catalogue   que    les   Bibliographes   en    donnent  : 

De  vinutlbus  &  vltils  cordis.  Fcnetlis ,  1587,  in-4.  Ibidem .,  1600,  «4  ,  fous  ce 
titre  :  De  naturali  &  morbofa  cordis  conjîitmione. 

De,  ufu  totius   corporis    humani   Liber,    yenetiis  ,    1588  ,  Jn-4, 

uirs  Medica  ,  feu  ,  de  omnibus  humani  corporis  affectibuz  medendis  I.ihri  quatuor, 
f^enetiis,  1590»  ^59'^  1  in-folio  ,  trois  Tomes.  Ibidem  ,  1596,  j6o8  ,  in-folio  ,  auHi 
trois  Tomes  de  l'édition  de  Jean-Antoine  &  de  Jacques  de  Francifcis.  Les  mêmes 
ont  publié  un  quatrième  Tome  qui  efl  intitulé  :  De  affe&ibus  excernarum  corporL^ 
humani  partiuia    Liiffi  fepiint, .  f^enetiis ,  i6c56  ,  in-folio^ 


Tl    U    E  131 

De  Tumoiibus  prater  naturam  Llbri    très.   F'enetus ,  1600  ,  irt-4. 

De  (Jicerlbus  Libri  très.  Pataviî  ,    1602  ,  in-i,. 

De  Paljlbus  Libri  duo.  Pati^vd ,  1602,   t/i-4.    Franco/uni ,  1602,  1642 ,  jn-8. 

De   Morbo  Galllco  Libri  qiiinque.    I-^enetiis ,  1604 ,  /R-4. 

De  morbis  occultis  &  venenatis  Libri    quinqae.  Ibidem  ,  1610  ,  in-folio. 

Liber  de  anima.  Patavii  ,  161 1  ,  in-4.  f^enenis  ,  1616  ,  /a-4. 

RUE  ou  RUEUS ,  CFrançois  DE  LA  )  Doaeur  en  Médecine  ,  étoit  de  Lille. 
11  mourut  en  1585  dans  un  âge  aflez  avancé,  après  avoir  longtems  exercé 
dans  fa  patrie.  11  eut  un  fils  nommé  .Alard  qui  étoit  prefque  encore  enfant ,  lorf- 
qu'il  fit  d'afiez  bons  vers  Latins  à  la  louange  de  fon  père  &  d'un  Ouvrage  qu'il  fe 
préparoit  à  mettre  au  jour.  Il  a  paru  Tous  ce  titre  : 

De  Geinmis  aliqmt  ,  lis  prtefenim  quarum  Divus  Joannes  ^poflolus  in  faa  ^pocalyp- 
fi  memlnit  :  de  aliis  quoque ,  quarum  ufus  hoc  £vd  apud  omnes  percrebuit ,  Libri  duo.  Paru 
■^".•'  ^.54?»  '"'i-^-  1"W^<-->  15651  in-ii.  Lugduni .,  1588,  1595,1652,  in-12  ,  avec  la 
Philofophie  l'acrée  de  François  F'allefius.Francofurti  ,  1596  ,  tn-i2  ,  avec  divers  Opuf» 
cules  fur  toutes  les  efpeces  de  Fodiles. /iii/em ,  i6o8,  1626,  :/n2,  avec  Levini  Lemnil 
Jîmilitudines  Sparaholie.  Ce  Traité  prouve  que  fon  Auteiir  avoit  fait  une  étude  par- 
ticulière de  tout  ce  qui  concerne  les  pierres  précieufes ,  qu'il  avoit  cultivé  les  Bel. 
les-Lettres  &  qu'il  entendoit  l'Hébreu.  Leà  vers  de  fon  fils  fe  trouvent  à  la  fin 
de  l'Ouvrage. 

RUEF  floriflbit  à  Zurich  vers  le  milieu  du  XVI  fiecle.  Les  Auteurs  ne 
font  point  d'accord  fur  fa  profelîion  ;  Douglas  le  fait  Médecin  &  Chirurgien  ;  Gce- 
Ucke  le  dit  limpleraent  Chirurgien  ;  Matthias  le  nomme  Lithotomifte  &  Accoucheur  ; 
Garengeot  &  Lafaye  fe  font  prefque  fâchés  de  ce  qu'on  avoit  voulu  faire  pafler  Ruef 
pour  Médecin.  11  étoit  fimplement  Chirurgien ,  &  c'eft  à  ce  titre  que  les  deux 
derniers  l'ont  revendiqué.  Comme  ils  lui  ont  attribué  l'honneur  de  la  découverte 
de  la  circulation  du  fang  ,  ils  n'ont  pas  manqué  d'en  grolîir  les  Faftes  de  leur 
Art ,  &î  de  lui  affurer  par-là  une  forte  de  prééminence  fur  la  Médecine.  Cette 
Science  fe  glorifioit  de  fon  Harvée  qui  a  démontré  la  circulation  avec  tant  d'é- 
vidence ;  &  les  deux  Chirurgiens  de  Paris  ,  bien  aifes  d'avoir  trouvé  l'occafion 
de  lui  enlever  cette  gloire  ,  ont  érigé  Ruef  en  inventeur  de  cette  importante 
découverte ,  qu'ils  lui  auroient  peut-être  difputée  s'il  eût  été  Médecin.  En  effet  , 
cet  Auteur  avoit  une  connoiflancc  fi  mince  de  la  circulation  ,  qu'il  n'a  pas  mô- 
me i'oupçonné  que  le  fang  padbit  des  artères  dans  les  veines  «  puifqu'il  le  fait 
retourner  au  cœur  par  la  même  voie.  Ce  qu'il  dit  d'ailleurs  fur  le  foie  &  fur 
le  cœur,  comme  organes  de  la  circulation,  ne  butte  qu'à  leur  faire  produire  un 
efprit  fubtil  &  prefque  aérien  qu'ils  envoient  dans  toutes  les  parties  du  corps. 
Reconnoît-on  bien  là  les  preuves  établies  par  Harvée  ?  Cependant  Garengeot  a  trouvé 
celles  de  Ruef  ïi  folides  ,  qu'il  dit  dans  fa  Splanchnologie  ,  Tome  fécond  :  «  veut-on 
»  encore  fuvoir  ce  que  c'eft  que  la  circulation  &  fa  véritable  époque  ?  D  faut  con- 
u  fuher  jRue/,  célèbre  Chirurgien,  qui  a  fait  imprimer  plus  de  cent  ans  avant  Har- 
*  vée ,  les  mouvemens  du  cœur  &  des  artères*  &  la  marche  que  tient  le  fang  da- 


T-^a  RUE 

n  cœur  aux  di'fl'éreDtes  parties  du  corps  ,  &  de  celles-ci  au  cœur;  ce  qui  n'effan- 
n  tre  choie  que  ce  que  nous  appelions  la  circulation.  »  Gaien^eot  lavoit  broder  , 
mais  point  toujours  d'après  nature.'  on  en  trouve  encore  des  exemples  dans  fon; 
Traité  des  Opérations.  Mais  lailibns  fes  cendres  en  paix,  &  finiffons  par  dire  que, 
comme  Rucf  tû  un  des  plus  mauvais  Ecrivains  de  ion  fiecle,  on  l'abandonne  vo- 
iontiers  à  qui  voudra  le  revendiquer.  Voici  les  titres  de    fes  Ouvrages  : 

De  cnnceptu  &  gencraticne  hominis  ^  &  Vis  que  circa  h<£c  potljfimùm  confîderantur ,  Li- 
bri  fcx.  fnjertce  quoque  fuat  pi&ura  varia  fatûs  ,  primant  ia  utero  Jîri,  diindè  in  partu  , 
mox  etiam  matricis  S  injlrumentorum  ad  partum  promovendum  &  cxtrahendum  pertinen- 
tlum  ,  mcnon  poj'hemô  varlorum  monftroforiim  ùifuper.  Tiguri  ,  1554,  i/i*4.  Francofurti , 
1580,  /n-4,  1587,  m.8.  Il  a  fait  revivre  ,  dans  ce  Traité,  ia  plupart  des  contes 
que  les  bonnes  f.mmes  debitoient  ,  dans  l'on  liecle,  fur  les  accouchemens  &  fur 
les  monn.cs.  On  lui  doit  cependant  le  premier  plan  du  Spéculum  Matricis.  Quant 
à  raficrtion  de  Garengeot ,  au  fujet  de  la  découverte  de  la  circulation  par  Ruef  , 
elle  eil  manifeflcment  faulTe  p'^r  rapport  au  tems.  Hicn  loin  que  ce  Chirurgien  Suilfe 
ait  parlé  du  mouvement  circulaire  du  fang  plus  de  cent  ans  avant  Harvée  ,  celui-ci, 
qui  le  connoiflbit  dès  fan  1619,  l'a  démontré  par  un  écrit  publié  en  1628  ;  ainfi 
voilà  35  ou  36  ans  à  rabattre  fur  le  liecle  d'ancienneté  que  Garengeot  donne  à. 
Ruef  iur  Harvée.  Mais  paiibns  fur  cette  erreur  de  calcul ,  pour  dire  que  le  célèbre 
Haller  n'a  pu  s'empêcher  de  jetter  fur  le  fond  même  de  l'alfertian  du  Chirurgien 
François  tout  le  ridicule  qu'il  méritoil;  moins  emprelTé  que  lui  à  relever  la  décou- 
verte imîiginaire  de  fon  compatriote,  il  fait  lî  peu  de  cas  de  fon  Ouvrage,  qu'il 
déclare  que  tout  ce  qu'il    contient   de  mieux  ,   efl     extrait  d'Eucharius  RhoJion. 

Libellas  de  Tumoribus  quibufdam  phlegmaticis  non  naturalibus.  Tiguri,  1556  >  in- 4. 
uimftdodami  ^  1662,  in-8.  Ce  Traité  vaut  beaucoup  mieux  que  celui  que  Ruef  a 
publié  fur  les  accouchemens. 

RUEL  (  Jean  )  naquit  à  Soiflbns  en  1474.  H  apprit  de  lui-même  les  Langues 
Grecque  &  Latine  ,  &  comme  il  parvint  à  les  poffcder  autant  bien  que  peifonne  , 
il  s'en  fervit  utilement  pour  la  traduéiion  des  Œuvres  de  Diofcoride  &  à^^&uarius. 
Le  célèbre  Guillaume  Budée ,  ce  bon  juge  en  ces  fortes  de  matières,  fit  tant  d'ef- 
time  du  travail  de  Ruel ,  qu'il  lui  donna  le  titre  d'aigle  des  Interprètes.  On  doit 
encore  à  ce  Médecin  de  belles  éditions  des  Ouvrages  d'Hippocrate  ,  de  Galien  ,  d'Ea- 
clide^de  Celfe  .^  de  Pline;  elles  font  d'autant  plus  correétes  ,  qu'il  a  voit  fait  de 
grandes  dépenfes  &  s'étoit  donné  beaucoup  de  foins  pour  ie  procurer  les  meil- 
leurs Manufcrits. 

La  Faculté  de  Médecine  de  Paris  ,  dont  il  étoit  Membre  ,  le  nomma  fon 
Doyen  en  1508  ,  &  le  continua  dans  cette  charge  en  1509.  François  I  le  mit 
au  nombre  de  fes  Médecins  ;  mais  Rucl  n'y  fit  pas  fortune  ,  car  il  négligea 
de  fuivre  ia  Cour  ,  pour  ne  rien  perdre  du  tems  qu'il  confacroit  à  l'étudp , 
qui  étoit  fa  pafîîon  dominante.  Elle  ne  l'avoit  cependant  point  empêché  de  fe 
marier  ,  comme  tant  d'autres  Gens  de  Lettres  qui  ont  craint  d'être  diftraits  de 
leurs  études  par  les  embarras  du  ménage  &  les  foins  que  demande  l'éducation 
des  enfans.  Ruel  en  eut  plufieurs  qu'il  éleva  avec  toute  l'attention  d'un  per« 
qui   connoît    combien  les    impreffions    du    premier   âge    ont    d'influence    fur     l^ 


R    U    F  •  r^3 

refle  de  la  vie  ;  mais  l'a  femme  étant  morte  ,  il  entra  dans  les  Ordres  fa_ 
crés  ,  &  mourut  Chanoine  de  l'Eglife  de  Paris  le  24  Septembre  1537,  empor- 
tant avec  lui  ,  dans  le  tombeau  ,  la  réputation  d'un  homme  habile  &  favanr. 
Voici   les   titres    de   fes   Ouvrages    &    de   l'es  Traduirions  ; 

Interprztatlo  Latina  Scripv.rum  Gracoram  de  Medicina  F'eterinaria.  Parifiis  , 
'53°  •>    in-folio. 

laterpretatio  Latina   ^natolUi  de   Mulo-Medicina,  Bafihte  y  1530,    In  fol. 

Dénatura  Stirpium  Libri  très.  Parifiis,  1536  ,  in-folio.  Bap.le<e  ,  l53f  »  ^543 1 
1573  ,  in  folio,  y^netiis ,  153B  ,  deux  volumes  in-îi.  C'eft  un  Recueil  de  ce  que  les 
Anciens  ont  dit  fur  cette  matière.  L'Auteur  ne  paroît  point  y  avoir  mis  du  fien  ; 
car  il  s'eft  plus  attaché  à  examiner  ce  que  les  Botaniftes  avoient  écrit  avant 
lui  ,  qu'à  confulter  la  Nature  qui  eft  le  meilleur  Livre  pour  acquérir  la  con- 
noiilance    des   plantes, 

fnterpretatio  Aciuarii  de  medicamcntorum  compojuione.  Parifùs  ,  1539 ,  In-il.  Baji' 
lae  4   1540  ,    1546  ,    in-B. 

Pedacius  Diofcorides  de  Materia  Medlca.  Lugdani.,  1546,  in-12.  Parijiis ,  154g,  t«-8» 
en  Grec  &  en  Latin  ,  avec  des  correéïions  par  /.  Goupil.  Francofurti  ,  1549 , 
in  folio^  avec  les  notes  de  ITahrius  Cordus.  Je  me  borne  à  ces  édiiions  ;  car 
fi  je  voulois  rapporter  toutes  celles  qu'on  a  faites  de  la  Traduction  de  Ruel , 
j'en    trouverois   au    moins   une   douzaine.   Voyez  l'Arncle    DIOSCORIDE. 

RUFFIN  ,  C  Antoine  J  Ct:irurgien  de  Paris,  exerça  fa  profeffion  ,  en  qualité 
de  Chirurgien  en  chef  ,  dans  l'Hôpital  de  la  Charité  de  cette  ville  ,  &  s'y 
diftingua  par  l'opération  de  la  Taille.  Il  mourut  le  27  Juillet  1667  ,  &  laifla 
un  fils  ,  nommé  Pierre  ,  qui  fuccéda  à  fa  réputation  dans  le  Collège  de  Saint 
Côme  ,  &  le  fit  eflimer  par  fes  iuccès  dans  la  Lithotomie,  Une  probité  à  toute 
épreuve  &  une  charité  fans  bornes  envers  les  pauvres  le  firent  confidérer  de  fes 
Confrères  ;  ils  l'honorèrent  même  de  leurs  regrets  à  fa  mort  arrivée  à  Paris  le 
25  Août  1678.  Les  deux  Rujfîn  avoient  coutume  de  tenir  eux  mêmes  la  fonde 
en  opérant  ,  comme  font  encore  aujourd'hui  plufieurs  Chirurgiens  ;  mais  François 
Tolet  ,  qui  décrit  leur  méthode  de  Tailler  dans  fon  Traité  de  l'extraflion  de  la 
»pierre  hors  de  la  veliie  ,  blâme  cet  ufage  4i  lui  préfère  celui  de  fiiire  tenir  la 
fonde   par    un   Aide. 

RUFUS  d'Ephefe  vécut  fous  l'Empire  de  Trajan  ,  vers  Tan  ria  de  falut. 
Galien  ,  qui  le  met  au  rang  des  plus  habiles  Médecins  ,  nous  apprend  qu'il 
avoit  écrit  en  Vers  Hexamètres  un  Ouvrage  fur  la  Matière  Médicale  ,•  il  étoic 
en  quatre  Livres  ,  mais  il  eft  perdu  ,  &  il  ne  nous  en  refts  que  des  fras;mens 
qu'on  trouve  dans  le  Diofcoride  Grec  publié  par  Aldus.  Rufas  a  aufli  compol'é 
un  Traité  De  atra  bile  &  quelques  autres  qui  font  cités  par  Suidas.  Nous  n'avon* 
plus  rien  de  tout  cela  ;  les  Ecrits  de  ce  Médecin  qui  font  paflés  à  la  pofté' 
rite  ,  confiftent  en  un  petit  Traité  des  noms  Grecs  de  diverfcs  parties  du  corps 
humain  ,  &r  en  un  autre  des  maladies  des  reins  &  de  la  vedie  ,  avec  un  frag- 
ment où  il  eft  parlé  des  médicamens  purgatifs.  Le  but  de  Rufus  dans  le  pre- 
mier de  ces  Ouvrages  ,   fut   de   donner  une    idée  générale  de   l'Anatomie  ,  àt 


•ï34  ■    ,  R-  ■  IJ    'F' 

particulièrement  d'empêcher  ceux  qui  de  Ion  tems  étudioieût  la  Médecine ,  de 
le  tromper  en  lifant  les  Auteurs  qui  ont  nommé  certaines  parties  du  corps  « 
les  uns  d'une  manière  &  les  autres  d'une  autre.  On  trouve  dans  le  même  Ou- 
vrage une  delcription  de  la  matrice  ,  où  il  parle  des  tuyaux  qui  s'ouvrent  dans 
la  capacité  de  ce  vifcere  ,  &  qui  font  connus  aujourd'hui  fous  le  nom  de  Trompes 
de  Fallopi,  Pour  le  refte  ,  on  recueille  de  ce  que  Rufas  dit  dans  ce  Livre  ,  que 
toutes  les  démondrations  Anatomiques  ie  failbient  en  ce  teras-là  fur  les  bêtes. 
ChoiniTez,  dit-il,  un  animal  ie  plus  iemblable  à  l'homme  qui  fe  puiffe  ;  vous  n'y 
trouverez  pas  toutes  les  parties  femblables  en  tout  à  celles  de  l'homme  ;  mais  elles 
auront  Ju  moins  quelque  rapport  les  unes  avec  les  autres.  Anciennement ,  ajoute- 
>t-il  ,  on  montroit  TAnatomie  fur  des  corps  humains.  On  recueille  encore  de  ce 
Livre  ,  que  les  nerfs  qu'on  a  appelles  dans  la  fuite  recurrens ,  étoient  alors  nou- 
vellement découverts.  Le  petit  Ouvrage  qui  traite  des  maladies  des  reins  &  de 
la  velfie  ,  ne  contient  rien  de  particulier.  Cet  Auteur  avoit  auQi  fait  quelques 
Commentaires   fur  Hippocrate. 

Les  trois  Livres  de  Rafus  fur  tes  noms  Grecs  des  parties  du  corps  humain 
furent  publiés  à  Paris  en  1554, /rt-8,  chez  Turnebe  ,  par  les  foins  de  Goupii  L'é- 
dition efi;  Grecque.  11  en  avoit  déjà  paru  une  en  Latin  avec  yJraée  ,  de  la 
traduction  de  Junius  Paulus  Crajfus  ,  Venife ,  155^1,  '"-4.  Goupil  revit  cette  tra- 
duction &  la  fit  imprimer  à  Paris  en  1554  ,  î/i-8.  Ces  Livres  ont  enfuite  été 
publiés  parmi  les  Mcdici  Principes  de  Henri  Etienne  ,  1567  ,  in-folio.  Ils  le  furent 
une  féconde  fois  par  Crajfus  ,  toujours  fous  le  titre  d'^ppellatlones  parclum  cor- 
^urii  humani  ,    Venife  ,  1555  ,  m-4.  Il  y  a  aufïi  une  édition  de  Bâle  de   1581  ,  m-4. 

Le  Livre  de  Rufus  fur  les  maladies  des  reins  &  de  la  veffie  ,  avec  fon  frag- 
«mem  des  médicamens  purgatifs  ,  parut  en  Grec  avec  les  trois  Livres ,  dont  on 
vient  de  faire  mention,  &  ceux  de  Soranus  qui  font  intitulés:  De  utero  &  mulie* 
bri  pudendo.  C'eft  Goupil  qui  en  eft  l'Editeur  &  Turnebe  l'Impruncur,  Paris, 
1554  ,  in-8.  La  même  année  ,  on  les  publia  en  Latin  en  plus  petit  format  , 
&  depuis  avec  les  Medlc£  uinis  Principes  de  Henri  Etienne,  156^»,  in-folio.  Il  y  a 
vne  édition  récente  de  tous  les  Ouvrages  de  Rufus ,  qui  a  paru  à  Londres  en 
1735  ,  ia.4  ,  en  Grec  &  en  Latin  ,  par  les  foins  de  Guillaume  Rinch. 

Le  Père  Labbe ,  Jéfuite  &  l'un  des  plus  laborieux  Ecrivains  du  XVII  fiecle  ^ 
fait  mention  de  Rufus  dans  fa  Bibliotheca  nova  Manufcripiorum ,  &  lui  attribue  deux 
Ouvrages,  l'un  £>e  venereis  &  l'autre  De  ojfibus.  Les  Livres  De  fanitate  ,  qu'on 
trouve  parmi  les  Ecrits  de  Gallen,  lui  font  encore  attribués  par  Rhasès.  Mais  les 
Ouvrages  de  notre  Médecin,  qui  font  perdus,  montent  à  un  plus  grand  nombre.  Ils 
.confifteut  en  cinq  Livres  de  la  Dicte;  Suidas  en  parle  &  Oribife  fait  mention  do 
fécond.  En  citant  les  quatre  Livres  fur  les  plantes,  Gulien  paroît  en  défigner  quel- 
qu'autre  ;  &  dans  le  même  endroit ,  il  parle  encore  d'un  Ouvrage  de  Rufus  qui  • 
étoit  intitulé  :  Livres  de  Thérapeutique.  C'eft  delà  que  la  plupart  des  fragmens  qu'on 
trouve  dans  Actlus^  paroiflent  avoir  été  pris.  Galien  cite  aulTi  un  Traité  fur 
la  MélanchoHe  ou  V^tra-bile.  On  en  trouve  cinq  autres  loués  par  Suidas.  Un 
îfur  la  dicte  des  pcrfonnes  corpulemes  ;  un  autre  fur  les  remèdes  vulnéraires  , 
:-un  troifjeme  fur  les  tumeurs  ou  excroillances  â  qui  l'on  donne  le  nom  de 
jè'icsi  un    guatrieme  fur  la  Médecine  ancienne,  &  le  dernier  fur  le  lait,  le  vin   & 


R    U    L  135 

2b    miel.'    Cette    diftribution     de    Livres   porte    à    croire     que     cet  Ouvrage    eft 
différent  de   celui    qui  traite   de  la  diète  ,  &  dont  on  a    dit  plus  haut  que  Suidas 
a  voit  parlé. 
Les    Auteurs    citent  un  autre  Rufus ,  connu   fous   le  nom    de   Menius  Rufus. 

RULAND  ,  (  Martin  ^  natif  de  FreBngue  dans  la  Haute  Jiaviere  ,  enfei- 
gna  la  Médecine  à  Lavingen  en  Souabe  ,  &  fut  Médecin  de  Philippe-Louis  , 
Comte  Palatin  ,  aicfi  que  de  PEmpereur  Rodolphe  IL  II  mourut  à  Prague  le 
3  Février  1602 ,  à  l'âge  de  70  ans.  Roland  commença  à  écrire  de  bonne  heure 
&  continua  jufques  vers  la  fin  de  fa  vie.  Les  Ouvrages  qu'il  a  compolés  fur  la 
Médecine  font  calqués  fur  les  fyflêmes  dominans  dans  les  Ecoles  de  fon  fiecle  , 
&  en  particulier  fur  les  principes  de  la  Chymie.  Les  Bibliographes  lui  attribuent 
les  Traités  fuivans  : 

Medicina  PraSfica  recens  &  nova  ^  contînens  omnestotius  humant  corporis  morbos  per 
alphabeticum  ordinem  colklios.  ^r^cntina ^  l ^6^ ,  {«8,  I567  ,  in-12.  Hanovlte  ^  l6io  , 
in-ia.   Francofurti ,  1625,  j/i-i3. 

De  Phlebotomia ,  fcarificatione  ac  ventofatlone  ,  morbifque  per  cas  curandis  ,  Libellas^ 
jirgentin£  ,   1567  ,   ift-l2. 

uippendix  de  dojîbus ,  feu  ,  jafiâ  quantitate  &  proporcîone  meJicamentorum  compofitorum' 
omnium.  Ibidem,  1567,  Jn-12. 

Hydriatice,  jîve  ,  ûiquarum   Medicarum  feciiones  quatuor.  DilingiS ,   1568,  in-o. 

Curationum  empiricarum  &  hljîoricarum  Ccnturits  decem.  Bafilecs,  1578,  1580,    1593»^ 
1596 ,  in-16.  Le  débit  de  ce  Recueil  doit  avoir  été  bien  prompt ,  puifque  les  édi- 
tions fe  font  fuccédées  fx  rapidement.  Lugduni^  i6i8,i/x-8,  Bafilea,  16B0,  in-8. 

Balnearium  rejîitutum.  Bafilets ,  1579,   1625,  inS. 

Thefaurus  Rulandinus.  Bafilets ,  1591 ,  îa-i6  ,  1628  ,  «-8.  Rothomagl ,  1650  ,  in-8. 
BudiJJle ,  1679,  Jn-8.  C'eft  une  ColIed\ion  de  quelques-uns  de  fes  Ouvrages,  commet 
Curmiones  empiriez  y  qute  anîeà  in  decem  Centurias  dijfellee  prodierunt ,  nuncvcrà  in  com- 
pendiofum  ordinem  fecundùm  partium  corpofis  feriem  reda&a,  lucem  afpiclunt.  l'raciatm 
très,  de  Phlebotomia ,  de  fcarificatione  ,  de  ventofatione.  Oratio  de  ortu  anima.  Les  Trai- 
tés  De  Plilebotomia ,  fcarificatione  &  venicfationc  ont  été  traduits  en  Allemand  &  im- 
primés  à  Bâie  en  cette  Langue ,  1613  ,  in-8. 

Progymnafmata  Alchemus ,  cum  Lapldis  Philofophici  verâ  conficiendi  ratione.  Franco^ 
furci  ,  1607  ,  in-8. 

Lexicon  Alchemia ,  five ,  DiSionarium  u4lchemijlicam  ,  càm  ohfcurlorum  verborum  & 
rtrum  hermaicarum  ,  tùm  Theophrajl-Paracelficarum  phrafium  ,  planam  expUcationem 
cominens.  Ibidem  ,1612  ,1661  ,  in.4.  Noriber^a  ,  1671,  i/1-4. 

Sécréta  fpargyrîca  ,  feu,  phrorumque   mcdicamcntorum  Rulandinorum  genuints  dcfcrlptic^  ■ 
nés  ,cumfchoUis  Ehrenfridi  Hagendurnii.  Jen<e^  1676,  j/i-i2.  C'eft  le  Recueil  des  mé- 
dicamen»  les  plus  accrédités  de  l'Auteur. 

RULAND  ,  C  Martin  )  fils  du  précédent,  naquit  à  Lavingen  le  11  Novembre" 
1569.   A  l'âge  de    18  ans  ,  il  reçut    le  bonnet   de   Dofteur  à  Bâte  ,  &  à   celui    de  ' 
25  ,   on  lui  donna  l'emploi  de  Médecin  ordinaire  de  la  ville  de  Ratisbonne.  L'Em- 
pereur Rodolphe  II  le  mit   au  nombre  de  fes  Médecins  le  16  Mars  1607.  Ruland' 


j-6  U    U    M 


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■  étoit  alors  à  Prague,  où  il  y  a  apparence  qu'il  fe  fixa  ,  car  il  mourut  dans   cette 
ville  le    23  Avril  161 1,  dans  fa  42e-  année.   Nous  avons  de  lui: 

Nova  &  oinni  menioriâ  omnino  iaaudita  H'ijloria  de  aureo  dente,  qui  nuper  in  Silejîa 
puero  cuidam  feptenni  JuccreviJJe  animadverfus  efl.  Francafard  ,  1595  ,  in-8.  Cette  Hif- 
toire  prouve  à  quel  point  la  crédulité  des  hommes  peut  monter,  &  combien  Ruland 
fut  dupe  de  la  tienne. 

Demonjîratio  judicii  de  aureo  dente  pueri  Silejîi.  fbldem  ,  1597  ,  in-S.  Comme  tout 
le  monde  ne  fut  point  de  l'avis  de  l'Auteur  au  fujet  de  la  dent  d'or  de  l'enfant 
Silélien  ,  on  attaqua  fon  Ouvrage  en  niant  le  fait ,  dont  il  prétend  de  faire  ici 
là  démonfiration;  mais  il  n'a  rien  démontré,  finon  qu'on  s'expote  toujours  à  mal 
juger  des  choies ,  lorfqu'on  fe  laifle  prévenir  par  les  bruits  populaires  ,  &  qu'on 
prend  les   apparences  pour  la   réalité. 

De  pernic:ofie  Luis  Hungarica  tecmarfi  &  curatione.  Francofurti,  1600,  in-B.  Lipfiaj 
l5io,  i-6i6,  in-S.  Lugduni,   1628,  ln.-8.   Stetini ,   1651,    in-8. 

Propugnaculum    Ckymiatrite.    Lipfice,  iCioB,  ii-4. 

J^robleiituum   Medicorum  Phyjîcurum   Pars  prima  &  fecunda.  Francofurti ,  1608,  M-8. 

^lexicacus  Chymiatricus  ,  parts  putis  meaiadis  atque  calumniis  atrociffimis  Jnannii 
Oberndorferl  oppofitus.  Ibidem^  1611,  {«-4.  C'eft  encore  un  de  ces  Ouvrages  qui, 
jiar  le  peu  de  politefie  qui  y  règne ,  font  honte  à  la  Littérature  du  XVII  fiecle. 
<.)n  n'avoir  point  alors  le  talent  de  fe  dire  joliment  des  injures  ,  comme  on 
fait  Je  faire  aujourd'hui.  Mais  quand  cette  fureur  cédera  t-elle  *?  Jamais.  C'eft  une 
maladie  innée  qui  ravage  le  pays  des  Lettres  ,  &  qui  tout  ainfi  que  la  petite 
vérole  ne  peut  s'adoucir  que  par  l'inoculation.  Si  l'on  pouvoit  préparer  les  têtes  à 
i'inlertion  du  bon  lens  par  une  cure  préliminaire  qui  retiendroit  l'amour  propre 
dans  de  juftes  bornes,  la  critique  plus  faine  rempliroit  fon  objet,  qui  n'eft  autre 
que  le  progrès  des  Sciences. 

Martin  Ruland  eut  quatre  frères  qui  embraflcrent  la  même  profefïion  que  lui. 
yîidré  fut  Médecin  ordinaire  de  la  ville  de  Rati -bonne  ;  Jean  fut  Médecin  Pen- 
lionné  ou  Phyficien  de  Presbourg  ;  P'^ahntin  enfeigna  à  Lavingen  à  la  place  de  fon 
père,'  OttonHenri  étudia  à  Tubingue. 

RUMRAUM,  fChriftopheJ  Ecrivain  du  XVI  fiecle,  dont  Goelicke  fait  men- 
tion dans  fon  Hiftorre  de  l'Anatomie,  étoit  de  Breilau  ,  fuivant  quelques-uns,  & 
fuivant  d'autres  ,  de  Javer  en  Siléfie.  On  a  de  lui  un  Ouvrage  qui  pourroit-en  im- 
•pofer  par  le  titre;  ce  n'eft  point  une  expofition  de  la  ftruéture  du  corps  humain, 
mais  fimplement  une  fuite  de  remarques  Phyfiologiques ,  Pathologiques  &  Théra- 
^leutiques  fur  chacune  de  fes  parties.  Cet  Ouvrage  ett  intitulé: 

Exercitationes  qutedam  de  corporis  humani  partibus ,  quitus  generatio  ,  fubjlantia ,  ufus  ,^ 
fanitas ,    morbus   &  curatio  illarum,   exponiuir.  Bajîleic ,  1586,   in-S. 

RUMPH  ,  (  George-Everard  _)  natif  de  Hanau  dans  la  Wétéravje,  fu-t  reçu  dans 
]' Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom  de  PUnius  fndicus. 
Les  affaires  de  Ion  commerce  l'ayant  attiré  à  Amboinc ,  ville  de  l'Iile  de  ce  nom 
<en  Afie,  fon  intelligence,  fa  droiture  &  fon  adlivité  l'élevcrent  à  la  charge  de 
Corifeiller  de  la  Compagnie  HoUandoire  des  Indes  Orientales.  Mais  comme  les  ta- 
lons 


RUS  13? 

fciîs  n'étoîent  point  bornés  au  commerce,  il  profita  de  fon  féjour  à  Amboine  pour 
étudier  i'Hiiîoire  Naturelle  de  cette  Ille.  11  eft  mort  fort  regreté  vers  l'an  1706, 
à  l'âge  de  69  ans.  On  a  de  lui  plufieurs  Obfervations  dans  les  Mévîioires  de  l'A- 
cadémie Impériale.  11  a  encore  laifië  un  Herbier  de  l'KIe  d'Amboine,  &  un  Ca- 
binet des  raretés  naturelles  du  même  pays,  qui  comprend  la  delcription  de  diffé- 
rens  Poiflbns,  Minéraux,  Pierres,  &c.  L'Auteur  avoit  écrit  ces  Ouvrages  en  Hol- 
landois  ,  &  le  fécond  a  paru  en  cette  Langue  à  AmRerdam  en  1705,  in-folio;  mais 
l'un   &  l'autre  ont  été  imprimés  en  Latiu  ,  fous  ces  titres  : 

Thefaiirus  imaginum  Pifcium ,  Tejlaceorum.  ,  Coctiharum  ,  Concharum  ,  Conchyliorum  & 
Mlneralium.  L'igduni  Batavorum,  1711,  in-folio.  Il  y  a  une  féconde  édition  qui  ne 
vaut  pas   la  première   pour  les   planches;  elle  eft  iotitulce.- 

Thefaurus  ima^inum  Pifcium.,  Tefiaceorum  ,  quala  fint  Cancri ^  Echini .,  Echinometra , 
StdltG  Marina  ,  Ssc,  ^  ut  S  Cochlearum  varil  gmeris ,  quibtis  accedunt  Conchylia  &  Con- 
cha  univalvLt  &  blvalvie ,  denîque  Mineralla  &c.,  quorum  omnium  maxlmam  partem 
Georgius  Everhardus  Ilumphius  ,  dictus  Pltnius  Jndicus  ,  collegit;jom  verà  Nature  amator 
&  curiofus  quidam  in  hune  ordinem  dige£it  &  nltidijfimé  jsrt  incudi  caravit.  Hag<e  Co' 
mitum,   1739,   in-folio. 

Herbarium  ^Inihoincnfe  plurimas  complecieas  yirborcs.,  Frudtlccs  ,  fferbas  ,  Plantas  ter- 
rejlrei  &  aquaticas ,  qux  in  ^mboina  &  adjaantibus  reperiuntur  inl'uUs  ,  accuratijjimè  def- 
'  criptas  juxta  earum  formas ,  cum  diverlh  dmunci ationlbus ,  cuhurâ  ,  ufu  &  virtutibuS' 
Quod  S"  infuper  exhiba  varia  Jnfccbrum  ,  ylnlmaliumque  gênera ,  plurîma  cum  natura- 
libus  earum  figuris  plà'a .,  cum  ohferv ationlbus  Joannis  Burmannl;  cul  acadit  Aucluarium. 
rdiquas  compleckns  arbores  qux  in  ylmbiina  &  adj ncentibui  deniàm  rcperta  funt  fnfulis 
cura  &  ftudià  ejufdem  Joannis  Burmanni  edltum.  ^mflelodami  ^  ï74o*i755  1  fept  vo- 
lumes   in-folio. 

Il  ne  faut  point  confondre  ce  Négociant  avec  Chriftian-Cunflantin  Rumph  ,  Mé- 
decin de  Frédéric  V,  Electeur  Palatin.  Il  fut  incorporé  à  Oxford  le  3  Avril  1613, 
comme  il  l'avoit  déjà  été  à  Heidelberg,  enluite  de  ià  réception  au  Dodorat  à 
Râle.  Il  a  revu  &  enrichi  de  plufieurs  fupplémens  l'Ouvrage  de  Jcin-^ndré  Snit^y 
intitulé;  Medicln<s  PracJica  Compendium,  11  fut  imprimé,  avec  ces  augmentations, 
Paris,   1666,  /n-i2  ,  Utrecht  ,  1682,  même  format. 

RUSSE  ("Pierre  )  vint  au  monde  à  Middelbonrg  dans  le  XVII  fiecle.  Dè«  qu'il 
eut  pris  le  bonnet  de  Doéteur  en  Médecine  ,  il  vint  exercer  la  profeflion  dan?  fa 
ville  natale;  mais  il  en  fortit  pour  aller  s'établir  à  Hulft ,  petite  ville  de  la  Flan- 
dre Hollandoiie  ,  dont  il  fut  nommé  Ecbevin,  Il  a  écrit ,  en  fa  Langue  matcrnerie , 
un  Ouvrage  fur  les  slimens  &  les  boilfons  ,  dont  le  titre  peut  fe  rendre  aioli  ;  Le 
Tréfor  de  la  longue  i7e  ,  ou  defcriptlon  curieufe  de  tout  ce  qui  peut  être  utile  S',  dmge- 
rcux  en  fait  d' aliment  B  de  boîjfon.  Avec  des  Obfervations  fur  l'abus  du  Thé,  du  Ctiffe\ 
£fc.  Middelbourg ,  in-11.  L'Auteur  a  copié  dans  la  première  Partie  le  Tréfjr  de 
fanté  de  Beverwyck.,  imprimé  en  1642;  dans  la  féconde,  il  at'aque  l'opinion  de 
Jiontekoe  {mt  l'ufage  du  Thé  &  du  CafFc  ,  &  vante  beaucoup  le  Chocohit. 

Il  eft  étonnant   à   quel   point    l'abus   du  Thé  ,    &  fur-to'.it  celui  du  CafFé  ,    eft 
monté  aujourd'hui  dans  nos  Provinces.  Le   CaHé  fait   la  boiflba  du    peuple  ;   les 
T  0  M.  E    ir.  S 


jfiS  RUS        R    U    Y 


■o 


perfoones  de  tout  état  en  prennent  fnns  aucun  égard  à  leur  tetnpérnnient ,  aurif- 
que  de  palier  du  tremblement  aux  fecoufTes  ncrveufes  les  pl.-s  fortes.  Qu'avons 
nous  befoin  de  cette  fève  exotique  qui  n'eft  bonne  qu'à  enrichir  nos  voifios  qui 
nous  la  vendent  ?  La  fuppreilion  de  cette  branche  de  commerce  feroit  autant 
utile  à  l'Etat  qu'à  la  tauté  des  fujets.  L'immenfitc  d'argent  qui  s'exporte  chez 
l'étranger ,  refouleroit  fur  le  débit  des  boifibns  fabriquées  dans  le  pays  ;  Timpi't 
fur  la  bierre  rapporteroit  davantage  par  la  plus  grande  confommation  ;  les  artifans 
feroient  plus  forts  &  plus  robuftes  par  l'ufage  de  la  bierre  qui  eft  leur  boilTon  na- 
turelle ;  leurs  femmes  ne  trouveroient  pas ,  dans  l'abus  du  Caff'é  ,  la  caufe  des 
fleurs  blanches  &  des  vapeurs  qui  les  énervent  ,  &  qui  les  rapprochent  fi  fort  de 
la  délicatefie  des  Dames  que  l'inaftion  ,  la  moliefle  ,  la  peinture  &  les  parfums 
font,  vieillhr  avant  l'âge. 

RUSTIQUE  ELPIDE  ou  RUSTICUS  ELPIDIUS  ,  d'une  famille  noble  , 
étoit  Diacre  de  l'Eglife  de  Lyon.  Il  eut  beaucoup  de  crédit  auprès  ce  Théodo> 
rie ,  Roi  d'Italie  ,  dont  il  fut  premier  Médecin  ,•  &  cotrme  il  n'étoit  parvenu  à 
cette  place  que  par  les  talens  qui  relevoient  fes  qualités  perfornelles  ,  il  mérita 
tellement  la  confiance  de  ce  Prince,  qu'au  rapport  de  Procope ,  dans  fon  Hiftoire 
de  la  guerre  des  Goths,  il  fut  le  dépofitaire  de  fes  derniers  ientimens.  Théodoric 
avoit  terni  fa  gloire  par  la  mort  injurte  de  Boëce  &  de  Symmaque ,  les  deux 
plus  grands  hommes  qui  fuflent  alors  en  Italie;  il  en  eut  du  regret  en  mourant  , 
&  il  le  témoigna  à  Rujlique  Elpidc  qui  ne  l'abandonna  ,  qu'après  lui  avoir  fermé  les 
yeux  le  30  Août  526. 

Ce  Médecin  demeura  quelque  tems  à  Arles,  pendant  que  la  Provence  étoit  fous 
la  domination  de  Théodoric  ;  il  pafla  enfuite  à  Spolete  en  Italie  &  fit  de  grandes 
dépenfes  pour  l'embelliffement  de  cette  ville.  11  eut  beaucoup  de  goût  pour  la 
Poétie  ;  fa  verfification  eft  même  eftimée.  On  lui  attribue  des  Epigrammes  Latines, 
ainfi  qu'un  Poëme  Héroïque  fur  les  bienfaits  de  Jefus-Chrifl:.  11  a  encore  mis  en 
vers  la  ConfolaUon.  de  la  douleur  que  nous  avons  perdue,  mais  dont  il  fait  mention  en 
ces  termes: 

Hînc  etlam  noftro  nugata  ejl  fchefma  dolori  ; 
Garrula  mendojîs  fingens  fatyromata  mujïs  , 
Falleret  ut  trepidos  cantatrlx  pagina  qucftus, 

RUYSCH  ,  CFréderic  )  l'un  des  plus  favans  Anatoraiftes,  Médecins  &  Natu-- 
raliftes  qui  aient  paru  en  Hollande  ,  naquit  à  La  Haye  le  23  Mars  1638,  11  étoit 
fils  de  Henri  Ruyfcli  ,  Secrétaire  des  Etats  Généraux  ,  &  d'^f/ine  Fan  Bcrghzm.  Sa 
famille  étoit  originaire  d'/-mfterdam  ,  où  tes  ancêtres  avoient  occupé  les  places  les 
plus  honervibles  depuis  1365  julqu'en  1576  que  la  guerre, qui  s'éleva  entre  rEfpagne 
&  la  Ho  lande,  occai!onna  une  grande  révolution  dans  les  biens  ,  la  condition  &  la 
famille  de  Ruyfch.  Mais  quelque  loit  l'éclat  &  l'ancienneté  de  fa  faraiile ,  il  s'efl 
moins  fait  connoître  par  cet  endroit,  que  par  fon  mérite  ,  en  qualité  de  Médecin 
&  d'Anatomifte. 

Il  étudia  à  Leyde  &   à  Franequer  ,  où  il  luivit  le  goût  qui   dès  fa  première- 


R.    V    Y  1-39 

'jeunefTe  l'avoit  porté  à  l'étude  de  la  Médecine.  Les  propriétés  des  plantes ,  la 
ftructure  des  animaux  ,  les  qualités  des  minéraux  ,  les  opérations  chymiquea  & 
les  difleétions  anatomiques ,  furent  les  premiers  objets  qui  frappèrent  fon  atien- 
tion  ,  qui  excitèrent  l'a  curiofité,  &  à  la  connoiflànce  deiquels  il  fe  livra.  Il  ne 
fut  point  un  de  ces  obfervateurs  iuperficiels  qui ,  ibit  par  préjugé  ,  foit  par  indo- 
lence ,  effleurent  les  choies  &  gliiiènt  légèrement  fur  la  vériie  ,  dont  la  première 
vue  les  fat'isfait.  Il  commença  par  détacher  fon  efprit  de  toutes  ces  préventions  in- 
dignes de  la  railba  &  de  la  Philofophie  ;  &  le  travail  lui  donna  dans  la  f.ite  un  four 
fi  lingulier  ,  que  les  recherches  les  plus  pénibles  étoient  devenues  pour  lui  un  exer- 
cice  agréable  &  une  vraie  recréation. 

Dans  ce  tems  ,  le  fameux  Bilfius ,  qui  avoit  lait  beaucoup  de  bruit  à  Louvain 
par  fa  méthode  de  préparer  les  cadavres  ,  vint  à  Leyde.  Cet  homme  le  pre- 
noit  iur  un  ton  extrâmement  Her.  Sylvlus  de  Le  Bc'é  &  yan,  Hoorne  entreprirent 
-de  rabattre  la  vanité  de;  ce  nouveau  venu,  &  pour  y  mieux  réuHir,  ils  entraînèrent 
•dans  leur  defi'cin  le  jeune  Kuyfch^  plus  verl'é  qu'eux  dans  les  difiéflion.-  délicar^s  & 
rriinutieul'es.  11  combattit  quelque  tems  en  fecret  contre  jiilfins  :  mais  fan  Hoorne 
&  Sylvius  qu'il  avoit  li  généreulement  fecourus  contre  leur  adverfaire ,  étoient  trop 
braves  pour  dillimuler  les  obligations  qu'ils  lui  avoient  &  s'approprier  ce  qui  n'é« 
toit  que  le  réluhat  de  l'indultrie  d'autrui.  Ils  le  décélèrent  donc  ,  &  dès  lors  la 
querelle  devint  pcrfonnelle  de  Bilfius  à  Ruyfch.  Celui-ci  publia  en  1665  un  petit 
volume ,  dans  lequel  il  donna  le  détail  de  cette  conteftation  ;  c'eil  le  premier  qui 
foit  forti  de  là  plume. 

Ruyfch  reçut  ,  ea  1664,  le  bonnet  de  Dofteur  en  Médecine  à  Leyde.  Il  eut 
bientôt  aprc»  une  grande,  mais  trirte  occalion ,  de  montrer  su  monde  combien 
il  étoit  digne  de  l'honneur  qu'on  venoit  te  lui  faire.  La  pefte  fe  répandit  avec 
fureur  dans  toute  la  Hollande ,  &  le  nouveau  Dotteur  fut  chargé  de  fecourir  tous 
ceux  qui  en  furent  attaqués  dans  La  Haye.  Quelque  gloire  qui  dût  rejaillir  de  cet 
emploi ,  il  faut  convenir  que  par  lui-même  il  étoit  peu  propre  à  fe  faire  fouhaiter. 
Mais  une  choie  allez  commune,  c'eft  de  voir  la  Icience  &  le  mérite  expoler  les 
perfonnes,  qui  en  font  douées,  à  des  dangers,  dont  l'ignorance  ou  moins  de  cé- 
lébrité ,  met  les  autres  à  l'abri.  Ruyfch  étoit  favanî ,  &  on  le  défigna  pour  être  la 
viftime  du  bien  public,  en  s'expolant  à  tous  les  périls  qui  font  inféparables  des 
foins  qu'une  telle  commiflîon  exige. 

La  principale  occupation,  celle  qui  confumoit  la  plus  grande  partie  du  tems 
de  ce  Médecin ,  c'étoit  la  diflsdion.  Gomme  il  s'y  appliqua  conftamment  depuis 
i'an  1665,  julqti'cn  1731  ,  il  pouifa  l'Anatomie  à  un  point  de  perfection  auquel 
«Uen'avoit  point  encore  atteint.  Les  Anatomiftes  s'en  étoient  tenus  pendant  long-tems 
aux  inftrumens  qu'ils  jugeoient  néceflaires  pour  la  féparation  des  parties  folides  , 
dont  ils.  fe  propcifoient  de  connoître  la  ftrudure  particulière  &  les  rapports  mu- 
tuels. Rdnier  de  Graaf^  intime  ami  de  Ruyfch  ,  fut  le  premier  qui ,  pour  décou- 
vrir le  mouvement  du  fang  dans  les  vaiffeaux ,  &  les  routes  différente?  qu'il  prend 
pendant  la  vie  de  l'animal,  inventa  une  feringue  d'une  efpece  noivelle,  à  l'aide 
de  laqu<i\le  il  remplit  les  vaiflbaiix  d'une  lubftance  colorée  qui  failbit  diftinguer  les 
routes  qu'elle  avoit  luivies  .  &  celles,  par  coolequent,  que  le  fang  fuivoit  à  fa 
place ,   lorfque  ranimai  étoit  vivant.  On  reçut  d'abord  cette  découverte  avec  ap- 


I40  R    U    Y 

plaudifTemcnt  ;  mais  cette  invention  ne  tarda  pas  à  tomber,  parce  que  la  liqueur, 
dont  les  vaiiî'eaiix  étoient  remplis,  venant  à  s'évaporer,  le  i'ujct  préparé  ne  fer» 
voit  plus  He  rien. 

Jcm  Swammerdam  s'appliqua  à  corriger  ce  défaut  ,  &  conclut  fort  judicieufement 
qu'il  étoit  abrolument  nécciraire  de  le  fervir  de  quelque  fabftance  chaude,  qui  le  re- 
froidiiÎJDt  peu-à  peu  à  mefiire  qu'elle  couleroir  dans  les  vsiflêaux,  perdît, en  arri- 
vant à  leur  exitêmité,  la  nature  de  fluide,  &  pût  en  conféqueuce  féjourner  dans 
leur  cavité  :  mais  ceci  jettoit  beaucoup  de  difficulté  dans  l'opération  ,  en  multi- 
pliiînt  les  chufes  auxquelles  il  falloit  avoir  une  grande  attention  pour  y  réuffir.  On 
devoit  avoir  égard  à  Ja  qualité  particulière  de  la  matière  à  injefter,  au  jufle  degré 
de  la  chaleur  qu'il  falloit  lui  donner,  &  à  la  fjrce  avec  laquelle  il  convenoit  de 
la  pouffer.  C'cft  ainfi  que  Swammerdam  parvint  à  rendre  fenlibles  les  artères  capil- 
laires &  les  veines  du  vifage  ;  mais  il  abandonna  bientôt  l'ufage  &  la  culture  de 
cet  srr  na'ffant.  Il  (e  précipita  dans  une  dévotion  mal  entendue  ,  abandonna  l'Anato- 
mie  ùi  regRriia  toutes  ces  opérations  comme  illicites.  Swammerdam  ne  put  cependant 
réfifter  à  la  tentation  de  communiquer  fon  fecret  à  RuyÇch ,  fon  ami ,  qui  en  fut 
émerveillé  &  qui  ofa  le  pratiquer  dans  la  fuite  ,  fans  croire  que  Dieu  en  fût  ofFenfé. 
Le  iuccès  répondit  à  fes  premiers  effais ,  &  il  débuta  vraifemblablement  par 
quelque  chofe  de  beaucoup  plus  parfait  que  tout  ce  que  Sfpammerdam  avoir  ob- 
tenu de  fes  procédés.  L'injeftion  des  vaiffeaux  étoit  telle,  que  les  parties  les  p'us 
éloignées  de  leurs  ramifications,  celles  qui  étoieot  aulfi  déliées  que  les  fils  des 
toiles  daraignées,  devinrent  feufibles  à  la  vue;  &  ce  qu'il  y  a  de  fmgulier  ,  c'eff 
qu'elles  ne  l'étoicnt  quelquefois  qu'à  l'aide  du  microfcope  avant  qu'elles  fuffent  io- 
je£iées.  On  découvrit  par  ce  moyen  des  ramifications  qu'on  n'avoit  point  encore 
appcrçues ,  foit  en  confidérant  des  corps  vivans,  foit  en  difféquant  des  corps 
d'hommes  morts  depuis   peu  de  tems. 

Des  cadavres  entiers  d'enfans  furent injeilés:  quant  aux  adultes,  l'opération  paffa 
pour  difficile ,  linon  pour  impollible  fur  eux.  Cependant  il  entreprit ,  en  1666 , 
par  ordre  des  Etats  Généraux,  d'injefler  le  corps  de  l'Amiral  Anglois  Bercîey, 
qui  fut  tué  le  11  Juin  dans  une  aftion  entre  les  Hottes  Angloifes  &  Hollandoiles. 
Ce  corps,  qnoiqu'en  fort  mauvais  état,  lorfqu'on  le  remit  entre  les  mains  de 
Ruyfch^  fut  renvoyé  en  Angleterre  aufS  habilement  préparé,  que  fi  c'eût  été  le 
cadavre  frais  d'un  enfant.  Les  Etats  Généraux  le  récompenferent,  comme  il  con- 
venoit à   leur  grandeur  &  à  Tbabileté  de  l'Artifte. 

Chique  partie  injectée  confervoit  fa  confiffence  ,  fa  molleffe  ,  fa  flexibilité  ,  &ac- 
quéroit  même  à  la  longue  quelque  degré  de  beauté.  Les  cadavres  ,  avec  tous 
leurs  vifceres ,  bien  loin  de  rendre  une  odeur  défagréable  ,  en  prcnoient  une  fort 
douce,  encore  qu'ils  euifent  été  mis  entre  les  mains  deRuyfch,  lorfqu'i!»  tendoient 
déjà  à  la  pourriture.  .Son  fecret  empêotioit  les  parties  de  fe  corrompre.  Il  eut  !e 
plaiGr  de  voir  dans  le  cours  de  fa  vie,  qui  fat  extrêmement  longue,  que  fes 
préparations  avoient  réfiflé  à  l'injure  des  ans  ,  &  qu'il  lui  étoit  même  impofGble 
de  fixer  le   tems  qu'elles  avoient  encore  à  durer. 

Tous  les  cadavres  qu'il  a  iijei^és  avoient  le  luflre,  l'éclat  &  la  fraîcheur  de  la 
jeuncffe  :  on  les  aurolt  pris  pour  des  perfonnes  vivantes  profondément  endormies , 
&  à  coDfidérer  les  membres  articulés,  on  les  auroit  cru  prêts  à  marcher.  Enfin  oÔT 


R    U    Y  141 

pourroit  prelqoe  dire  que  Rnyfch  avoit  découvert  le  fecret  de  refRifciter  les  morts. 
Ses  Momies  et  ;ient  un  fpedacle  de  vie  ,  au-lieu  que  celles  des  Egyptiens  n'ofl 
frôlent  que  l'image  de  la  mort.  L'homme  fembloit  continuer  de  vivre  dans  les 
unes  &  continuer  de  mourir  dans  les  autres. 

En  conljdérant  les  avantages  du  fecret  que  Ruyfck  poli'édoit  ,  &■  la  curiofité 
dont  il  étoit  dévoré  ,  on  n'eft  plus  étonné  qu'il  ait  découvert  une  infinité  de 
chofes  qui  avoient  échappé  à  la  connoiiïance  de  ceux  qui  s'étoiem  appliqués 
à  ce  travail  avant  lui.  Telle  et\  l'^rttre  Bronchiale  qui  fournit  la  nourriture 
aux  poumons  ,  &  que  les  Anatomiftes  les  plus  éclairés  n'avoicnt  point  appei  eue  ; 
tel  eft  le  périofte  des  petits  os  de  l'oreille  interne  qu'on  avoit  regardés  jufqu  alors 
comme  nuds  ;  tels  font  les  ligamens  placés  aux  articulations  de  ces  mêmes  os. 
11  découvrit  encore  que  la  fubftance  corticale  du  cerveau  n'eft  point  glacduleufe, 
comme  on  la  croyoit ,  mais  qu'elle  eft  compofée  d'une  infinité  de  ramificatîons 
de  vailïèaux  ;  &  quant  aux  autres  parties  ,  qu'on  regardoit  comme  des  corps 
glanduleux  ,  que  ce  ne  font  que  des  amas  de  fimples  vaifleaux  qui  ne  diiTerent 
entre  eux  que  par  leurs  longueurs  ,  leurs  diamètres  ,  les  détours  qu'ils  forment 
dans  leurs  cours  ,  &  la  diftance  de  leurs  extrémités  au  cceur  ;  circonftances , 
dont   les   diflérentes   fécrétions    &    filtrations   font   entièrement   dépendantes. 

Outre  la  pratique  de  la  Médecine  &  fa  Chaire  d'Anatomie  qu'il  rempliflbit 
à  Amfterdam  depuis  1665  ,  Ruyfch  étoit  encore  chargé  de  l'infpedtion  de  ceux 
qui  étoient  bleffés  ou  tués  dans  les  querelles  particulière?.  Pour  Je  bien  général 
de  l'FJtat ,  on  l'avoit  auRi  conftitué  M&ître  des  Sages-Ftmmes  qui  ,  généralement 
parlant  ,  entendoient  alTez  mal  leur  profeilion.  Elles  avoient  fur-tout  le  défaut 
de  le  hâter  trop  à  faire  l'extraftioa  da  Placenta  lorfquil  ne  venoit  pas  de 
lui-môme  ;  elles  employoient  la  violence  &  poulfoient  même  l'imprudence  jufqu'à 
déchirer  cette  partie  ;  ce  qui  caufiit  fouvent  la  mort  aux  femmes.  Ruvfch  les 
détermina  ,  mais  ce  ne  fut  pas  fans  peine  ,  à  attendre  patiemment  qu'il  fût 
cxpuifé ,  ou  à  aider  doucetueut  à  fan  expulficn  ,  par  la  raifon  que  la  Nature  a 
placé  à  cet  effet  un  muicle  orbiculaire  au  fond  de  la  Matrice.  II  croyoit  avoir  dé- 
couvert ce  œul'cle,  &  il  prétendoit  que  fa  fonftion  étoit  de  challèr  le  Placenta 
&  qu'il  avoit  prefque  toujours  la  force  de  Je  cbaffer  en  entier.  Il  a  donné 
là  defTus  une  Lettre  en  Hollandois  ,  qui  parut  à  Amfterdam  en  1^35. ,  //i-S.  Elle 
fut  traduite  en  Latin  par  /.  C.  Bohl  qui  la  fit  impfimer  dans  la  même  ville  en 
1726  ,  i/1-4.  Plufieurs  Médecins  &  Accoucheurs  ont  combatra  l'cxiftence  &  les 
ufages  de  ce  muCcle  avec  d'autant  plus  de  raifon  ,  qu'on  m  doute  plus  au- 
jourd'hui ,  que  la  matrice  étant  elle  même  un  mufcle  creux,  la  contrat51ion  de 
fes  fibres  fuJfit  à  l'cxpulfion  du  Placenta  ,  fans  fuppofer  au  fond  de  ce  vifcere 
un  mufcle  orbiculaire  qu'on  n'a  jamais  bien  démontré.  Comme  la  portion  de  la 
Matrice  ,  où  le  Placenta  eft  implanté  ,  eft  toujours  plus  épaiffe  que  les  autres 
cette  circonftance  aura  pu  en  impofer  ,  &  faire  croire  que  l'excédent  de  fon 
épaifleur  provient  du  mufcle  particulier  que  la  Nature  a  mis  dans  le  fond  de 
cet   organe  ,   qui   eft  l'endroit    le   plus    ordinaire   de    Hnfertion   du    Placenta. 

Ruyfch  fut  enfin  nommé  ProlclTeur  de  Botanique  ,  &  il  donna  dans  cette 
Science  le  même  eflbr  à  fon  génie  ,  qu'il  lui  avoit  donné  dans  l'Anatomie.  Le 
commerce  étendu  des  Hollandois  lui  fournit  un  grand  nombre  de  plantes  étran- 


144  R    U    Y 

gères  qu'il  diffijqua  &  qu'il  conferva  avec  un  art  admirable.  11  fépara  adrm- 
tement  leur?  vailFeaux  de  leur  parenchyme  ,  &  par  ce  moyen  ,  il  rendit  évi- 
dente la  manière  dont  il  fubiittoit.  Les  plantes  furent  ainfi  embaumées  comme 
îes  animaux  ,  &  la  main    de   Ruyfch  les   éternita  comme  eux. 

Son  Cabinet  ,  qui  contenoit  ces  raretés  6:  beaucoup  d'autres  ,  étoit  li  riche  , 
qu'on  l'auroit  pris  pour  le  Cabinet  d'un  Roi  ,  plutôt  que  pour  la  Colleétion 
d'un  particulier.  Outre  la  multitude  &  la  vaiiété  qui  y  regnoient  ,  il  étoit  em- 
belli par  un  ordre  &  des  orneraens  qui  en  relevoient  infiniment  la  vue.  Des 
plantes  difpofées  en  bouquets  ,  des  coquillages  arrangés  eu  dcllln,  étoient  mêlés 
avec  des  fquelettes  &  des  membres  anatomilés  ;&  afin  qu'on  n'eût  plus  rien  à  dé- 
lirer ,  il  avoit  animé  le  tout  par  des  Infcriptions  placées  fur  chaque  chofe  Se 
îirécs  des  meilleurs  Poëtes  Latins.  Ce  Cabinet  étoit  Tadmiration  de  tous  les  étran- 
gers. Les  Généraux  d'armées  ,  les  AmbafTadeurs  ,  les  Eledleurs  ,  les  Princes, 
les  Rois  même  ,  ne  dédaignèrent  point  de  le  vifiter.  Le  "Czar  Pierre  ,  paiTant 
par  la  Hollande  en  1698  ,  vit  le  Csbinet  de  Ruyfck,  Il  fut  tellement  frappé  de 
la  beauté  d'un  petit  enfant  ,  en  qui  briiloient  toutes  les  grâces  d'un  enfant  vi- 
vant de  fcn  âge  &  qui  fembîoit  lui  fourire  ,  qu'il  ne  put  s'empêcheri  de  le 
bailbr.  Ce  Prince  fut  également  enchanté  par  toutes  les  autres  raretés  de  ce 
Cabinet  ;  il  se  pouvolt  ea  fortir  ,  ni  fe  lafl'er  d'y  recevoir  <les  inflruifiions  : 
il  dmoit  même  à  la  table  frugale  de  fon  Maître  ,  pour  pafler  les  journées  en- 
tières p.vec  lui.  A  fon  retour  ea  Hollande  en  1717»  Pierre  le  Grand  acheta  cette 
CoUeftion  &  la  fit  pafièr  à  Pétersbourg  ;  mais  l'induftrie  &  l'expérience  de  Ruyfck 
«n   eurent    bientôt  formé   une  autre. 

En  ij'27 ,  cet  Homme  célèbre  fut  reçu  dans  l'Académie  des  Sciences  de  Paris 
&  nommé  AlTocié  honoraire  de  celle  de  Pétersbourg.  Il  étoit  déjà  Membre  de 
la  Société  Royale  de  Lpndres  ,  aiali  que  de  l'Académie  des  Curieux  de  la 
Nature  où  il  étoit  entré  ,  en  1705  ,  fous  le  nom  de  Philotimus.  En  1728  ,  il 
eut  le  malheur  de  fe  calTer  l'os  de  la  cuifiè  par  une  chute ,  &  il  ne  pouvoit 
plus  guère  marcher  fans  être  foutenu  par  quelqu'un  ;  mais  du  refte ,  il  n'en  fut 
pas  moins  fain  de  corps  &  d'efprit  jufqu'en  173 1  ,  qu'il  mourut  d'une  lièvre,  le 
S2  Février  ,  dans  fa  quatre-vingt-treizième  année  preique  accomplie.  Il  eut  cet 
avantage  particulier  fur  tous  les  grands  Hommes  qui  l'ont  précédé  ,  d'avoir  vécu 
afltz  long-tems  pour  voir,  ^^nt  fa  mort,  fon  mérite  reconnu  ,  &  la  malice,  aiufî 
que  l'envie  ,  réduites  au  filence.  Ceft  principalement  de  l'éloge  que  M.  Focte- 
nelle  a  fait  de  ce  Médecin ,    que   j'ai  extrait  ce  que  je  viens  d'en  dire. 

Ruyfch  a  donné  un  grand  nombre  d'Ouvrages  diiFérens  &  en  difFérens  tems  , 
qui  font  écrits  avec  beaucoup  de  fimplicité  ,  cependant  avec  un  peu  de  myftere  ;  car 
:5l  a  lailTé  aux  autres  le  foia  de  tirer  les  conléquences  qui  partoient  de  les  décou. 
vertes.  Mais  il  fut  d'une  candeur  à  toute  épreuve,  jufques-Ià  qu'il  prit  fur  lui-même 
&  qu'il  fe  iic  un  devoir  de  révéler  fes  fautes.  Comme  les  Ouvrages  font  encore 
aujoardHiui  l'ornement  des  Bibliothèques  ,  je  vais  pafTer  à  la  notice  qu'en  ont  donné 
les  Hilloriens  de  l'Anatomie ,  parmi  lefquels  je  fuivrai  M.  Portai  qui  en  a  parlé 
fort  au    long. 

Diludiatio  valvularum  in  F'afis  Lymphatlcis  &  Lactd%  ,    cum  fifturh    cends.    y^ccejfe- 
jTuiu  quedam  Obfirvationcs  Auaiomlcce  Taiiom.  Ha^e  Comiiis ,  1665 ,  ia-iJ.  Lugduid  Ma- 


R    U    Y  143 

tavorum^  1687,  ln.-ii.  En  Hollandois  ,  par  Bldloo.  On  a  déjà  dit  que  Ruyfih  four- 
Diflbit  des  armes  à  Sylvlus  &  à  /'an  Hoorne  contre  Biljîus^  &  c'eft  dans  le  fort  de 
cetre  querelle  littéraire  que  cet  Ouvrage  parut.  L'Auteur  a  donné  les  moyens  de 
découvrir  les  valvules  dans  les  vaillèaux  lactés  &  lymphatiques;  il  s'étend  fur  leur 
poûtion  qu'il  allure  être  très-irréguliere.  Cependant  il  ne  le  pare  pas  de  la  décou- 
verte des  valvules  des  vaifleaux  lymphatiques  ;  il  convient  que  d'autres  Anatomifte» 
les  avoient  vues  avant  lui ,  mais  il  dit  qu'il  eft  le  premier  qui  les  ait  démontrées  , 
&  qui   ait  enteigné  les  moyens  de  les  découvrir. 

Obfervationum  ^naiomico-ChiTWgîcarum  dniuria.  ^ccedlt  Catalogus  rarlorum  in  Mu- 
fceo  Ruyfchiano.  Amjldodami  ^  1691  ,  /n-4.  Ce  Recueil  qui  eft  rempli  de  faits  éga- 
lement curieux  &  utiles  ,  n'eft  pas  moins  eftimable  par  l'exaftitude  des  figures , 
dont  il  elt   orné. 

Refponfîo  ad  Godefrldi  Bidloo  Libellum  ,  cui  nomen  yCndiciarum  înfcripfît.  yîmjîdo- 
dami ,  1694  ,  /n-4.  La  réputation  que  Ruyfch  s'étoit  faite  par  fa  nouvelle  méthode 
d'injefter  &  par  les  découvertes  qui  en  avoient  été  les  fuites,  fit  trop  d'ombrage 
à  Bldloo  pour  qu'il  ne  cherchât  point  à  l'obfcurcir.  Il  attaqua  notre  Auteur  fur 
diflerens  points  de  dod^rine  qu'il  avoit  établis  ;  mais  les  pièces  que  celui-ci  confer- 
voit  dans  fon  Cabinet  ,  en  faifoient  la  preuve  démonftrativc.  L'un  &  l'autre  de  ces 
Anatomiftes  auroient  dû  fe  borner  à  la  recherche  de  la  vérité ,  &  ne  point  s'oublier 
jufqu'à  fe  dire  des  inve(5^ives  grollieres. 

Joanais  Gaubii  EpifioU  Probkmatlc<s  très  ad  Ruyfchlum  ,  cum  hujus  totîdem  Refpon- 
fionibus.  ^mjîdodami ,  1696,  //i'4.  Dans  ces  réponfes  &  les  fuivantes,  Ruyfch  expo- 
le  lafiru<aj|re  de  différentes  parties  du  corps  humain,  &  fait  valoir  fes  opinions  qu'il 
met  dansWn  plus  grand  jour  ,  pour  difliper  les  doutes  &  repouffer  les  attaques 
de  fes  adverfaires. 

Epijiola  uinatomic(S  Probkmatîca  IP' ,  V  ^  VI  ad  eundem,  unà  cum  hujus  totidem 
Rcfponjîonibas,   ^m/lelodaml ,   1696  ,  jn-4. 

EpijloU  ^naiondca  Probkmatkx  ^V/,  FIIJ  &  IX  ad  eundem  ,  cum  hujus  totidem 
Refponjïonibus.  Ibidem  ,  1696  ,  1697  ,  /n-4. 

Epijiola  Probkmaticte  Z ,  XI  ^  XII ,  ad  eundem  ,  cum  Refponjïonibus.  Ibidem  » 
1697  ,  1698 ,  i699  ,  jfi-4, 

Epijhila  yinatumica  Frobkmatica  XIII ^  Authore  Chrijiîanà  Weddiô  ,  ad  Ruyfchium  , 
cum  hujus   Refponjïone  de  oculorum  tunicis.  Ibidem^  ifoo,  i/1-4. 

Epijiola  ^natomkd  Probkmatica  XIF^  Autbore  Mauritiô  ran  Reverhoji,  ad  Ruyfchîumj 
eum   hijus  Refponjïone   de  nova  artuum  decurtandorum  mahodô.  Ibidem  ,  1701  ,  //j-4.  La 
quinzième  Lettre   a  para    en  1704  &  la  feizieme  en  1713.    Son    animofité   envers 
Bidloo    paioît    dans    toutes   fes    Réponfes   ;  il   relevé    les    fautes    de    cet   Anato»- 
mille  avec   une  aigreur  qu'il  tâche  de  faire   pafler    dans    l'efprit  de  fes  diiciples. 

Thefaurus   ^natomlcus  primas.    AmjJdvdami ,  ifoi»  'n-4.  Les   volumes   fuivans   de 
cet    Ouvrage  qui    eft  écrit   en  Latin    &    en   Hollandois ,  furent  imprin^és  daua  la 
même  ville,  in-4:  II,  1702;  III,  1703;  IV,  1704;  V  &  VI  ,  1705;  VII,  1707  a. 
Viil ,  1709;  IX,  1714.  Je  reprens  le  fil  des  volumes. 

Thefaurus  Jlnatomicus  primas,  ylmjîehdami  ,  1701  ,  in-4.  Il  y  traite 
d«s     vaifleaux  fanguins    de    difi'érentes  parties   du  corps   de  l'homme.    Xhefaurui- 


144  R    U    Y 

fecunJus.  Ibidem,  1702, /n-4.  Le  cervenu  ,  les  yeux,    quelques    antres   orga'^'^s  de 
la  tête  ,    le   pounion,  le  fœtus,  la  gnùflë  ,  <ont    les  principaux  objets  auxq;:t.ls.  U 
s'attache  dans  ce  volume.  Thefuarus  ténias.  Ibidem,  ifc; ,  //1-4.   On  y  trouve    des 
détails  intérelFans  fur  l'épiderme  ,  les  vertèbres  &  leurs  cariiia^es  ,  la  ftruflure  d.  s  lè- 
vres ,  celle  des  parties  de  la  génération  de  l'homme  &  de  la  femme  ,  l'intefîin  co- 
lon ,  les  nerfs  &  les  reins,  Tnefmrus  quartus.  Ibidem  ,  1 1704, 41-4.  L'Auteur  infi'îe  fur 
l'ordre  que  les  nerfs  obiervent  en  ibrtant  du  crâne  ;  il   décrit  les  tuniques  des  in- 
teftins  ,  les  vaifleaux  du  cœur  ,   &  dit  enluite  quelque  chofe  (iir  ceux  du  foie  »  du 
pancréas  &  de  la  rate,  l^hefauri  qulntus  &  fextus.  Ibidem  ,  1705   ,  //j-4.  Notre  Ana- 
tomifte  fait  différentes    remarques  fur    le    plexus    choroïde,    fur  la  peau  ,  fur   les 
sppendices    vermiformcs    du   cervelet ,    fur    la    cavité     cotiloïde  ,    fur    les    liga- 
msns    du   foie ,    lur     la     membrane     villeufe     qui    tapiffe    l'utérus    de    la    femme 
ëncuinte  ,  fur  l'ouraque ,  fur  le  chorion ,  lur  les  ligamens  larges  de  la  matrice  ,  fur 
les   corps    pyramidaux     &    oHv aires    de  la  moelle  allongée,  &  fur  quelques  autres 
parties.  Tout  cela  le  trouve  dans  le  cinquième  Tréfor.  Il    s'agit  ,    dans    le    fixie- 
me ,  des  finus  des  narines ,  de  la  fubftance  corticale  du  cerveau  ,  de  la  ftru£\nre  du 
clitoris,  des  glandes  muqueufer,  du    nez,  de  la  tunique  celluleule   '^es  inteftins  ,  5e 
des  ovaires.   Thefaurus  ftpiimus.  Ibidem,   1707,  in-&..  Il   roule  principalement  fur  la 
irrufture  de  la  rate  ,  fur  la  ftrué^ure  interne  de  l'épiploon  ,  &  fur  la    communica- 
tion de  la  veine  porte  avec  les  canaux  biliaires.  Thefaurus  oSavus.  Ibidem  ,  ^7^t  "»"4- 
Après  avoir  parlé  de  l'aîtération  ,  dont  difiérentes  parties  font  fufceptibles  ,  ^  nié 
l'exiftence    des  hermaphrodites  ,  il   décrit ,  plus   particulièrement  qu'il   n'a    fait  ail- 
leurs ,  les  fjEUS  du    cerveau    &r  ceux    de    la  face.  Thefaurus    nomis.    Ihi^m ,  1714, 
in-4.  On  y  trouve  des  détails  inftrudlifs  fur  la   ftrutture   de    l'Utérus   or  fur  celle 
de  fes  ligamens  pendant  l'état  de  groireiTe,  Ruyfch  parle  auffi  delà  marche  irréguliere 
des  vaifleaux  intercoftaux. 
Thefaurus  animalium.  ^mjlelndamt ,  1710  ,  tn-4,  avec  figures. 

Thefaurus  magnus  &  rsglus ,  qui.  ejî  dccîmus  TheCaurorum  /inatnmicorum.  Ibidem  , 
1715,  /n-4.  Après  avoir  rendu  compte  de  fes  recherches  fur  les  vaifl'eaux  des 
dents  ,  fur  les  papilles  de  la  langue,  fur  les  reins  fuccenturiaux  ,  l'Auteur  rap- 
porte différentes  Obfervations  relatives  à  la  Chirurgie.  Les  préparât  ons  Anato- 
miques  de  Ruyfch  étoient  rangées  dans  trois  falles  d'une  allez  vafte  étendue  ; 
c'étoit-ià  qu'il   faifoit    fes   démonftrations    publiques  ,    moyennant   un   prix  réglé. 

jidverfarla  ^natomico-Chirurgico-Medica.  La  première  Décade  parut  à  Amfterdam 
en  1717  ï  1^  féconde  en  1720  ,  &  la  troilleaje  en  1723  ,  t/i»4.  'Son  feulement 
ce  Médecin  entre  dans  les  détail^  les  plus  inifruétifs  fur  la  ftrufture  de  diffé- 
rentes parties ,  mais  il  rapporte  encore  plufieurs  Obfervations  Chirurgicales ,  & 
{"ait  quantité  de  remarques   fur   l'Art    des  Accouchemens. 

De  fabrica  glandularum  ad  Boerbaavium.  y^m/iilodami  ,  1722  ,  /n-4.  Le  ProfefTeur 
de  Leyde  avoit  attnqué  l'orirnon  de  Ruyfch  fur  les  glandes,  pour  défendre  celle 
de  Malpighi.  Ruyfch  nie  formellement  qu'il  y  ait  des  glandes  dans  le  corps  humain, 
telles  que  Midpiyihi  les  a  décrites  ;  il  ptrlifte  à  foutenir  qu'elles  ne  font  qu'un 
compofé   de    vaifleaux,  fans  follicule. 

Cure  pofteriores  ,  feu  ,  Thefaurus  ytnatomicus  ,  omnium  prtecedentium  maximus.  yîmftclo. 

dami 


R    Y    E  X4S 

iamî ,  1724  ij  în-J[.   On  y  fCii^arque  ,  entre  autres  chofeS ,  une  defcription  exaae 
de    la    veine    Porte    &  de  fes  rameaux. 

Cura  rennvatte  ,  feu ,  Tliefaurus  Anatomicus  novus.  Amftdodami ,  ijrciS  ,  fa-4.  Il  y 
traite  principalement   de  l'Anatomie  des  Végétaux. 

En  if2i,  on  donna  un  Recueil  des  Ouvrages  de  Ruyfch ,  fous  le  titre  d'Opéra 
omnia  Anatomico- Medico- Chirurgie  a  ,  avec  figures.  L'édition  eft  d'Amfîerdam  ,  ^-4/ 
mais  on  doit  lui  préférer  celle  publiée  dans  la  même  ville  en  1^37  ,  cinq  vo- 
lumes   i/i-4  ,  avec  figures. 

Ce  Médecin  époula  Marie  Poft  le  4  Décembre  1661.  Il  en  eut  pluGcurs  filles  , 
&  un  fils  ,  nommé  Henri  ^  qui  prit  le  bonnet  de  Doiteur  &  fe  diftingua  par  les  taiens 
dans  PHifloire  Naturelle  ,  l'Anatomie  &  la  Boranique.  11  mourut  en  1727,  Son 
père  lui  avoit  confié  le  fecret  de  fes  injcjflions ,  nais  il  n'en  découvrit  rien  au  pu- 
blie. Ruyfch  ,  feul  dépofitaire  de  ce  fecret  ,  après  la  mort  de  fon  fils ,  ne  s'ou- 
vrit pas  davantage  là-defllis  ;  &  on  lui  reprochera  toujours  d'avoir  laifle  périr 
avec  lui  une  invention  auUi  importante.  Plufieurs  grands  Hommes  fe  font  occu- 
pés  à  la  rechercher  ,   mais  leurs  travaux    ont  été   infrudiueux, 

Henri   Ruyfch  a  donné   au    public  ; 

Theatrum  uaiverfale  omnium  Animalium  ,  PIfclum  ,  Avîum  ,  Quadrupedum  ,  Exan- 
guium  ,  uiquancorum  ,  Infecfnrum  &  Anguiam  ,  240  Tabulis  ornatum  ,  ex  Scriptorilms 
làm  antiquis  quàm  recendoribus  coUeâ'um,  ac  plufquam  trecmtis  pifcibus  nuperrimè  ex 
Jndiis  Or:entaUbus  allatis  iocupletatum  ,  <  uni  enumeratione  morborum  quibus  medicamina  ex 
his  animalibus  petuntur  ,  ac  notitià  animalium  ex  quibus  viciffim  remédia  poffunt  capi. 
Amftelodami  ,  1718,  deux  volumes  iàfol  Cet  Ouvrage  pafle  pour  une  nouvelle 
édition  de  celui  de  Jonfton  ,  qui  eft  intitulé  :  Hijînria  Naturalis  de  Quadrupcdibus , 
yivibus,  &c.  ;  il  lui  eft  cependant  fupérieur  par  bien  ties  endroits  ^^  en  parti- 
culier par  les    augmentations  dont   il  eft   enrichù 

RYE  (  Thomas   UE^  naquit   à  Mafmes   vers   l'an   151^0.    Il   étudia   la    Méde- 
cine ,    &  s-y    rendit    afiez  habile  pour  mériter  de   fuccéder  ,  en    1604  .  à  Philippe 
Ghering  ,  en  qualité  de  premier  Médecin  dErneft  de   Bavière,  Evêque  &  Prince 
j  de     Liège  ;    mais    il     paroît    qu'il,   n'a     occupé    cet   emploi    que    peu    de     tems 

}  Ce   Médecin    avoit  époufé  la    veuve  de   Ghering^  &  il  en   eut  une  fille    avec  qui 

Henri   f^an  Heer   fe    maria.  On   a  de  Thomai  de  Rye  une  Traduaion  intitulée  • 

Philippi   Garingi  fomium    acidorum    P igi  Spa  ,    &  ferrati   TungrenUs   accurata    def. 
criptio  ,    é    Gallicâ  Latina  facla  à  Thoma  Ryetio  ;  cujus  et'am   accejferunt    in  defcripuo- 
\  nm  ,  &  fuper  natura  &  ufu  eorumdem  foatium  ,  Ol^fervationes.  Leodii ,  1592    m-12. 


20  ME    IK 


140  S    A    B        S    A    G 


-—  * 

^  ARATIEli,  fRaph.  BienvO  de  Paris,  fut  reçu  Maître  Chirurgien  de  cette 
ville ,  le  30  Mai  1752.  Il  s'y  diftingue  aujourd'hui  par  les  places  qu'il  occufe 
&  qu'il  ne  doit  qu'à  fon  favoir,  fes  talens  &  les  luccès.  11  eft  Cenfcur  Royal  9. 
de  l'Académie  des  Sciences  ,  Profelleur  &  Déraonftrateur  aux  Ecoles  de  Chi- 
rurgie ,  Commiflàire  pour  les  correrpondances  ,  Chirurgien -Major  de  l'Hôtel 
Royal   des   Invalides.  On  a  de   lui  : 

abrégé  d'^natomic  £ar  F'erdier  ,  avec  des  augmentations.  Paris,  1768,  deux  vo- 
lûmes   in- 12. 

Traité  complet  de  Chirurgie  par  La  Motti^  troiiieme  édition  augmentée  ,  avec  des- 
notes.   Paris  ,   1771  ,  deux  volumes  in-8. 

Traité  d'uinatomie,  Paris ,  1775  ,  deux  volumes  ta-8.  L'Auteur  avoit  agi  par  re- 
connoifiance  ,-  en  publiant  un  Abrégé  d'Anatomie,  fous  le  nom  de  P^erdier  ;  mais 
peu  content  de  cet  Ouvrage ,  qu'il  avoit  exécuté  avec  beaucoup  de  promptitude^^ 
il  céda  aux  confeils  de  fes  amis  ,  en  donnant  un  Traité  plus  complet ,  fous  fon 
propre  nom.  M.  Sabatitr  rend  juiîice  aux  Anaîomiftes  qui  l'ont  précédé  ;  il  avoue 
même  avec  toute  la  candeur  de  fon  caradïere  ,  qu'ii  en  eft  peu  qu'il  n'ait  mis 
à    contribution. 

S ABIN US  ,    Médecin  qui    vécut    vers   la  fin   du    premier  liecle  de  falut ,  fut 
Maître    de    Métrodore ,    ainlî    que   de   Stratonicus  ,    fous  qui    Galien    étudia.   Il   a 
écrit  fur  Hippocrate  ;  &   les  Anciens   en    parlent  comme   d'un   favant   Commenta- 
teur de  ce   chef  de  l'Ecole  Grecque;  mais  fes  Ouvrages  ne  font  point  venus    juf- 
qu'à  nous. 

SABIO  ("Nicolas  DE^  étoit  de  la  Famille  des  Imprimeurs  de  ce  nom  à  Venife  ,, 
peut-être  Imprimeur  lui-même  ,  tout  au  moins  Graveur;  car  il  a  donné  deux- 
planches  repréfentant  l'homme  &  la  femme  ,,  qui  ont  paru  si  Venife  en  1539,. 
in-folio ,  ibus  le  titre  de  Vifceruni  viva  dclineatlo.  C'elî  le  même  qu'on  a  voulu 
ériger  en  Auteur,  d'un  Traité  d'Anatomie  ,  mais  que  George  Matthias  avoit  déjà 
déligné  par  la  dénomination  d'/co/iam.  Anatomicarum  artifex.  Suivant  M.  Haller ^, 
fes  planches   font  aflèz,  mal  gravées. 

SABUCO  ,    (  Oliva  )   femme  favante ,    dont  Niùolas  Antonio  fait     mention  dans- 
fa  Bibliothèque  d'Efpagne,  naquit  à  Alcaraz,  petite  ville  de  la  Manche,  contrée 
de   la  nouvelle  CalViUe.    On  a  un   Recueil  de  fes  Ouvrages   imprimé   en   Eipagnoi 
à  Madrid  en  1588  ,  dans  lequel  il   y  a  plufieurs     morceaux  fur  la  Médecine. 

SACCO  (  Jofeph-Pompée  )  étoiti  fils  de  Flavius  Sacco ,.  Médecin  très-expert  dans 
Va  Chirurgie  ,  &  qui  enfeigna  pendant  plufieurs  année»  dans  les  Ecoles  de  l'Uni- 
verlité  de  Farme.  Jofeph-Pompée  naquit  dans  cette  ville  le  14  Mai  1634  ,  &  fut 
Kçu  Doaeur  ea  Philofophie  Sa  en  Médecine  le  jg  Août-  1652..  Toot  jeune  qu'il. 


s    A    C 


147 


^tôit,  il  mit  fi  bien  à  profit  le  goût  pour  l'étude  qu'il  tenoit  de  la  nature  &  de 
fon  père,  que  les  fuccès  ne  tardèrent  point  à  le  faire  connoître  dans  fa  patrie.  Le 
Duc  de  Panne  le  nomma  à  la  Chaire  de  Théorie  le  3  Novembre  1661.  Sacca 
en  remplit  les  devoirs  avec  taat  de  réputation  ,  que  la  Faculté  de  Médecine  fit 
mettre  lés  armes,  avec  une  inlcription  honorable,  dans  la  falle  où  il  enfiiçnoit.  Ce 
monument  de  la  reconnoiflànce  de  fes  Collègues  ne  manqua  pas  de  répandre  fon 
nom  au  dehors  de  l'Etat  de  Parme  ;  la  République  de  Venife  l'attira  dans  TU- 
niverfité  de  Padoue  en  1694,  &  lui  confia  fucceflivement  les  Chaires  de  Pratique 
&  de  'Ihéorie.  Mais  le  Duc  François,  qui  fentit  la  perte  qu'il  avoit  faite,  le  rap- 
pella  en  ijoi  dans  fa  Capitale  ,  &  l'y  retint  par  l'emploi  de  premier  Prcfeiîëur> 
^ue  ce  Médecin  occupa  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  2i  Février  1718,  dans  la  84e. 
année  de  fon  âge.  Sacco  avoit  perdu  la  vue  depuis  quelque  tems  ,  mais  il  n'en  fui- 
voit  pas  moins  les   exercices  Académiques.  On    a  de  lui  : 

Iris  fcbrilh ,  fœdus  iater  Antiquorutn  &  Rccentioram  opinLones  de  febribus  promittens. 
Ceneva ,   1684,  in.8.   P^enetiis,  1702,  i/i-S. 

Nova  methodus  febres  curandi ,  fundamentis  acidiS  alcali  fuperfiruSa.  Geneva  ^  1684^ 
in-8.  f^enaiis ,  1695  ,    1703  ,  in- 8. 

Mcdlcina  Thcorico-PracHca  ad  faniorzm  fecuH  mentent ,  centenis  &  ultra  confuhatlo- 
nlbus  di^ejla.  j^arma,  1687,  1696,  1707,  in  folio.  Trois  éditions  faites  en  li  peu 
d'années ,  annoncent  aflez  que  cet   Ouvrage    fut  bien  reçu  du   public. 

Novum  fyjlema  Medlcum  ex  unitate  doarine  j^nùquoram  S  Reuntium.  Ibidem^ 
1693  ,   irt.4. 

Mcdiclna   rctionalis  pracîica  Hippocratls.  Ibidem ,  I707 ,  ia-fuUoé 

Opira  omnia  Mcdica.  f^eneiiis ,  1730,  in. folio.  Ce  Médecin,  ardent  défenfeur  de 
la  dodtrine  de  l'acide  &  de  l'alcali  ,  avoit  établi  les  fondemens  de  fa  pratique  fur 
ces  deux  principes  qui  étoient  de  mode  ce  l'on  tems.  Mais  devroit-il  y  avoir  des 
modes  dans  la  Médecine  ?  Pas  plus  que  dans  la  Nature ,  dont  la  marche  conf» 
tante,  uniforme,  invariable,  n'eft  point  foumife  aux  loix  que  dirent  le  caprice  & 
l'imagination.  C'cft  à  la  fureur  pour  les  fyftûmes  que  doit  être  renvoyé  le  reproche 
d'inconftance  qu'on  fait  fi  fouvent  à  la  Médecine.  Otez  les  fyftémes  de  l'Hifloire 
de  cette  Science ,  &  ne  confultez  quelles  Obfervateurs ,  vous  y  trouverez  un  fil 
fuivi  de  connoiflances  qui  n'ont  jamais  varié.  Les  maladies  décrites  par  Hippocraie 
ie  préfentent  encore  aujourd'hui  fous  la  même  face  ;  elles  font  les  efi'ets  réguliers 
des  caufes  qu'on  ne  peut  reconnoître   que  par  l'étude  de  la  Nature. 

SACHS,  (  Philippe  Jacques  J  Dodleur  en  Médecine  &  Membre  de  l'Académie 
Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  ,  fous  le  nom  de  Phofphorus ,  étoit  de  Brellau. 
Il  y  naquit  le  26  Août  1627,  de  Tobie  Sachs ,  Tréforier  de  cette  ville ,  &  d'Urfule 
Rindfidfchoa  Bucret^  fille  de  Sam'uel ,  Médecin  de  l'Evêque  &  Phyficien  de  la 
même  ville.  Après  avoir  fait  de  bonnes  études  dans  fa  patrie,  fon  père  l'envoya 
en  1646  à  Leiplic,  où  il  fut  reçu  Maître-ès-Arts  en  1648,  à  la  fin  de  fon  cours 
de  Philofophie.  Décidé  à  embrafier  le  parti  de  la  Médecine,  il  voulut  s'appliquer 
à  cette  Science  en  voyageant  &  vilitant  tour-àtour  les  plus  célèbres  Univerfités. 
Il  le  mit  eu  toute  <m  1649.  La  Hollande  &  les  Pays-Bas  furent  les  premières  coat 


148  SAC 

ïrécs  où  il  fit  quelque  féjour  ;  il  alla  enfuite  pafier  l'hiver  à  Strasbourg  ,  &  au  prm" 
tems  de  l'année  1650 ,  il  fe  rendit  en  France  &  ne  manqua  pas  de  fuivre  les  Pro- 
fefleurs  de  Paris  &  de  IVIontpelliér.  Il  s'embarqua  ealuite  &  fit  heureufemeot  le 
trajet  de  Marfeille  en  Italie.  Il  s'arrêta  à  Padoue  ,  &  après  y  avoir  reçu  les  hon- 
neurs du  Doctorat  le  27  Mars  1651  ,  il  reprit  le  chemin  de  la  patrie,  &  rentra 
à  Brcllau  le  6  Mai  de  la  même  année.  Comme  il  ne  tarda  pas  à  s'y  diftinguer  dans 
la  pratique  ,  il  mérita  bientôt  l'eflime  de  les  concitoyens;  &  les  preuves  qu'il  en 
reçut  ,  l'engagèrent  à  fe  fixer  parmi  eux  par  le  mariage  qu'il  contradïa ,  e 
1653,  avec  yinne  -  Magdelaine  Benck  qui  lui  donna  deux  fils  &  une  fille.  On 
auroit  bien  voulu  récompenfer  les  talens  de  Sachs  par  quelque  emploi ,  mais  il  ne 
s'en  préfenta  point  alors  qui  pût  lui  convenir.  Ce  ne  fut  qu'en  1670  qu'on  le 
nomma  à  la  charge  de  Phyficien  de  la  ville  de  Breflan.  II  n'en  jouit  que  peu  de 
mois,  car  il  mourut  le  7  Janvier  de  l'année  faivante ,  dans  la  44e-  année.  Les 
Ouvrages  de  ce  Médecin  affichent  une  érudition  plus  curieufe  qu'utile,  telle  qu'on 
la  remarque  dans  quantité  de  Mémoires  de  l'Académie  Impériale  d'Allemagne.  La 
réception  de  notre  Auteur  dans  cette  Société  littéraire  date  de  1658,-  mais  en 
1666  il    fut   nommé  Adjoint  &  chargé  du  Recueil  des  éphémérides.  Il    a  écrit: 

^^npdographia  ,  five,  vitis  viniferte  ^  y^f^^^^  panium.    confideiado.    Lipfue  ,  i66i  ^ 
in-  8. 

Refponforia  D'ijfertatlo     de   mlranda  lapidum  naturâ,  Jena ,  1664,  inS,  avec  la  Dif- 
fertation  de  Jean-Daniel  Major ,  qui  traite  De  canaris  &   ferpendbus  petrefaSlis. 

Oceanus   macro  microfcomicus  ,  feu  ,  Dïjfenano    epijwîica     de   analogo    motu  aquaruttt 
*x  &  ad  Oceanum,fanguinis   ex  S   ad  cor.  f^ratiflavie .,   1664,  //i-8. 

Gammarologia ,  fiv4  ,  Gammarorum ,  vulgà  Cancrorum,   conjideratio.  Llpfiis  &  Franco-- 
fartl ,  1665  ,  ia-8. 

SACK  (ErafmeJ)  naquit  le  23  Août  1631  à  GiefTen  dans  la  Haute  HefTe.  Ce  fut 
à  Konigsberg  &  à  Marpurg  qu'il  commença  fes  études  de  Médecine;  mais  il  les- 
interrompit  ,  à  l'âge  de  23  ans,  pour  le  livrer  au  goût  qu'il  avoir  de  voyager.  Pen- 
dant ion  féjour  à  Copenhague  ,  il  s'attacha  à  M.  Durell  ,  Ambaffadeur  de  Suéde  dans 
cette  Capitale  ,  qui  le  chargea  d'accompagner  Ion  fils  aux  Eaux  de  Spa.  La  mort 
de  ce  jeune  homme  ,  arrivée  à  Bruxelles  ,  l'engagea  à  reprendre  le  chemin  de  Co- 
penhague où  il  pourfuivit  fes  études  ;  mais  ilpaffa  enfuite  à  Leyde  ,  &  après  avoir 
fuivi  les  Profeffeurs  de  l'Univerfité  de  cette  ville  pendant  trois  ans  ,  il  y  reçut 
les  honneurs  du  Doctorat.  M.  Durell  attendoit  que  fa  promotion  lui  permît  de  re- 
venir à  Copenhague  ;  il  le  vit  arriver  avec  plaifir,  &  ne  tarda  pas  à  le  charger  du 
loin  &  de  l'éducation  d'un  autre  de  fes  fils ,  avec  qui  il  lui  donna  ordre  de  par- 
courir l'Allemagne,  l'Italie,  la  Suiffe  &  la  France.  A  Ion  retour  en  Suéde  avec 
fon  élevé  ,  Sac/c  obtint  la  Chaire  d'Anatomie  &  de  Botanique  dans  l'Uaiverlité 
de  Lunden  ,  &  il  en  prit  polfeffion  le  14  Mars  1668.  Livré  aux  exercices  de  fon 
emploi,  il  goûtoit  les  charmes  de  la  vie  itudicufc  qu'il  aimoit  ,  lorlque  la  guerre 
déclarée  ,  en  167s  ,  aux  Suédois  par  Chri^ian  V  ,  Roi  de  Dannemarc  ,  vint 
troubler  la  tranquillité  dont  il  jouiiroit.  Il  fut  fait  prifonnier  &  emmené  hors  du 
pays  qu'il  regardoit  comme  fa  patrie  ,-  il  n'en  fut  cependant  point  abfent  pendant 
iûRg-tems,  car  le  Roi  de  ijuede  le  rançonna  &  le  mit  au  nombre  de  fes  Médecins»- 


s    A    E       S    A    G  14c 

A  la  paix  conclue  entre  les  Suédois  &  les  Dsnois ,  le  2  Septembre  167Q,  Sach 
retourna  à  Lunden  pour  y  remplir  fei  fonfkions  académiques  ;  il  fut  même  trois 
fois  Redteur  de  l'Univerfité  de  cette  ville,  où  il  mourut  le  premier  du  mois  de 
Septembre  1697,  âgé  de  66  ans.  On  ne  connoTt  aucun  Ouvrage  de  la  f.îçon  de 
ce  Médecin  ,  &  Matthias,  ,  qui  en  fait  THiftoire  que  je  viens  de  donp-er  ,  ne  dit 
pas  Je  mot  de  fes  Ecrits, 

SAED  BEN  HEBAT-ALLAH  AL-ADHIRI  ,  fils  à'Hcbat  ^llah  ,  Médecia 
qui  vécut  fous  le  règne  de  MoiSaH  vers  l'an  550  de  l'Hégire,  1155  de  falut, 
fut  lui-même  un  favant  Médecin,  &  fervtt,  en  cette  qualité,  le  Calife  Naîiér 
l'Abbaflide.  Il  a  écrit  un  Livre  de  la  fanté ,  fous  le  titre  à^Al-Safouah ,  &  un  au- 
tre de  la  circoncifion  ,  ibus  celui  de  Ketab  Al-Khatan. 

Le  Calife  NaiTer  eut  encore  à  fon  fervice  un  Médecin  Chrétien  ,  nommé  Saei 
Ben.  Tourna.  Celui-ci  entra  fi  avant  dans  les  bonnes  grâces  &  la  confidence  de  foa 
Maître,  qu'il  devint  le  dépofitaire  de  fon  srgent;  mais  il  n'en  fut  que  plus  expofé 
à  la  jaloufie  des  envieux  de  fon  mérite.  Une  femme  &  un  eunuque  complotèrent 
de  fe  défaire  de  lui,  &  ils  exécutèrent  leur  criminel  deffèin  l'an  de  l'Hégire  62», 
de  J.  C.  1223* 

SAGES-FEMMES.  Comme  cet  Article  efi fufceptible  de  plufieurs  beautés  éga- 
lement curieufes  &  intéreflantes ,  j'ai  cru  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  rapporter 
ce  que  feu  M.  Dujardin  a  dit  à  ce  fujet  dans  (on  Hiftoire  de  la  Chirurgie  ,  &  d'y 
joindre  des  traits  empruntés  de  l'Hiftoire  fommaire  de  l'Art  d'accoucher  par  M. 
uijiruc ,  dans  la  vue  d'en  former  un  enfemble  qui  rendît  tout  ce  qui  regarde  les 
difïérens  états  de  cet  Art  julqu'à  nos  jours.  Les  préceptes  de  pratique  n'entrent 
point  dans  mon  plan  j  je  me  borne  à  la  partie  hiRorique  d'après  ces  deux  Auteur?  ^ 
&  je  commence  par  ce  que  dit  le  premier  fur  l'accouchement  en  général,  lama» 
niere  dont  il  étoit  exercé  chez  les  Grecs,  &  les  ufages  qui  l'accompagnoient  ou  ve- 
noient  à  fa  fuite,  fous  le  règne  du  Polythéifme. 

n  L'Accouchement  ell  une  des  premières  opérations  que  la  Nature  elle-même 
»  fembloit  ofl'rir  à  la  Chirurgie.  Cette  opération  qui,  dans  l'état  naturel,  confifte 
»  à  aider  la  femme  à  fe  déb£rra(Iér  de  l'enfant  qu'elle  a  porté  pendant  neuf  mois, 
»  &  à  le  dégager  de  les  liens,  a  dû  s'attirer  l'attention  des  deux  fexes;  il  eft  évi- 
n  dent  que  les  femmes  ont  commencé  à  s'accoucher  elles-mêmes.  Clément  d'A- 
»  lexandrie  raconte  que  les  femmes  des  environs  de  l'Ibérie  ,  quoiqu'encein- 
«  tes  ,  le  livroient  aux  mêmes  travaux  que  les  hommes  ,  &  fouvent  accou- 
n  choient  au  milieu  de  leurs  occupations  ordinaires  ;  alors  l'accouchée  prenoit  fot» 
»  enfant  &  l'emportoit  chez  elle.  Les  femmes  des  Sauvages  &  desAbyiîins,  lorf- 
«  qu'elles  font  en  travail,  ne  font  que  s'agenouiller  ,  &  dépofent  leur  fardeau,  fan* 
»  attendre  qu'une  main  étrangère  leur  facilite  cette  douloureui'e  éruption.  Latonc 
»  n'eut  d'autres  fecours  en  mettant  au  monde  Apollon,  que  le  tronc  d'un  palmitr 
n  contre  lequel  elle  s'adoiïa.  Quoique  cette  prérogative  foit  annexée  ipécialement  aux. 
»  pays  chauds  ,  tous  les  accoucheraens  n'étant  pas  naturels  ,  ni  toujours  heureux  ,  il 
n  le  trouva  dès  les  premiers  tems ,  des  circonftances  où  Ton  Rjt  obligé  d'aider  cellea- 
»  qu'un  travail  long  &  pénible  ,  ou  contre  nature  ,  jettoit  dans    l'épuifement  & 


-ï'jo  s    A    (S 

»  mettoit  en  danger  de  périr  avec  leur  fruit.  Les  femmes  qui  fc  viGtent  avec 
OD  tant  d'enipreflement  dans  ces  momens  critiques ,  ont  fans  doute  été  les 
»  premières  à  fecourir  leurs  femblables.  Celles  qui  montroient  plus  de  courage  , 
«  de  Iwgacité  ou  d'adreffe,  auront  été  plus  recherchées  que  les  autres;  c'efi:  ainG 
»  qu'inlenfiblement  le  font  formées  les  Sages-Femmes,  Les  Hébreux  appelloient  une 
m  Sage-Femme   Hameiah  Deth  ,  qui  fait    accoucher, 

r>  La  première  femme  qui  dans  l'hiftoire  facrée  Toit  défignéc  fous  ce  titre  ,  eft 
■n  celle  qui  aflida  au  fécond  accouchement  de  Rachel ,  femme  de  Jacob  ,  qu'elle 
.T)  eut  le  déplaiiir  de  voir  expirer  en  mettant  un  fils  au  monde.  L  femble  même 
»)  que  dès  lors  on  fe  fervoit  d'une  efpece  de  fiege  propre  à  cette  opération  ; 
1■^  c'cft  au  moins  ce  qu'on  peut  conjedturer  du  mot  liaabenlm  qae  Moïfe  emploie» 
u  &  que  les  Interprètes  ont  rendu  par  ie  mot  Sellas.  Danr-  le  quinzième  &  vers 
3)  le  commencement  du  feizieme  iîecle  ,  les  Sages-femmes  en  France  avoicnt  en. 
3î  core  des  fieges  ,  qu'elles  faifoient  tranfpcrtcr  dans  les  maifons  où  elles  étoient 
5-)  appcUées  ,  &   cet   ufage  fe  pratique  encore   en   Allemagne. 

»  L'art  d'accoucher ,  pratiqué  par  des  femmes  exclufivement  ,  étoit  deftiné  à 
Il  refter  dans  une  perpétuelle  enrance.  Les  obfervations  ,  fi  quelques-unes  étoient 
to  capables  d'en  faire  ,  étoient  déiigurécs  psr  les  traditions  ,  ou  demeuroient  dans 
m  l'oubli  :  &  quand  elles  auroient  été  publiées,  que  pouvoit-on  attendre  des  per- 
»  ionnes  dépourvues  de  tout  principe  ,  de  toute  connoiilance  effentielle  ,  ou  même 
M  accelToire  à  l'Art  qu'elles  exerçoient  ?  Hippocrate  qui  nous  a  tranfmis  ce  qu'on 
n  favoit  de  fon  tems  fur  les  accouchemens  ,  ne  nous  offre  que  des  vues  fauiïès  , 
»)  une  théorie  idéale  ,  hazardée  ,  fouvent  dangereufe  :  tandis  que  dans  les  autres 
»  branches  de  l'Art  dont  il  s'occupoit  habituellement  ,  la  raiion  &  l'expérience 
w  dirent   prefque   toujours    ce    qu'il  écrit. 

n  L'art  d'accoucher  ,  dit  ^iftruc ,  efi:  prefque  aulïî  ancien  que  le  monde.  Lorf- 
»  qu'Eve  ,  chafl'ée  du  Paradis  terreftre  ,  accoucha  de  fes  énfans  ,  elle  eut  befoia 
•n  d'être  feccurue  ,  &  elle  ne  put  l'être  que  par  Adam.  Mais  dès  que  leur  pof- 
•n  térité  fe  fut  multipliée  ,  les  femmes  fe  rendirent  en  cela  des  fecours  mutuels, 
»  jufqu'à  ce  que  quelques-unes  d'entre  elles ,  ayant  eu  plus  de  goût  ou  plus  de 
yi  talens  pour  ces  fonéïions  ,  s'y  appliquèrent  plus  particulièrement  ,  &  devinrent 
jî  de  véritables  Sages-femmes  ,   telles  qu'elles   pouvoient    l'être  dans   ce  tems-là. 

»  La  première  Sage-femme  dont  il  foit  parlé  fous  ce  nom  ,  efl:  celle  qui  af- 
«  fifta  au  fécond  accouchement  de  Rachel  ,■  femme  de  Jacob.  Cette  Sage-femme 
sj  pour  l'encourager  ,  eut  beau  lui  annoncer  qu'elle  accoucheroit  d'un  garçon  ; 
»  Rachel  expira  en  le  faifant.  11  eft  parlé  dans  la  Genefe  d'une  autre  Sa(;e- 
VI  femme  à  l'occalion  des  couches  de  Ihamar  ,  qui  accoucha  de  deux  jumeaux," 
jj  mais  la  mention  la  plus  honorable  pour  les  Sages-femmes  ,  ell  ceHe  qu'on 
w  trouve  dans  l'Exode  ,  où  le  Pharaon  qui  regnoit  en  Egypte  &  qui  vouloit 
T)  faire  périr  les  Hébreux  ,  commanda  aux  Sages-femmes  que  l'Ecriture  nomme 
n  Siphra  &  Phuha  ,  de  faire  périr  tous  les  enfans  mâles  des  femmes  des  Hébreux, 
»  à  quoi  elles  n'eurent  garde  d'obéir  ,  &  ce  qui  mérita  que  Dieu  les  en  récom' 
w  pensât.  Ce  font  des  femmes  de  même  qui  affifterent  la  femme  de  Phinée  ,  fils 
«  d'HéU  ,  grand  Prêtre  des  Hébreux,  dans  le  malheureux  accouchement  qu'elle 
»  fit  à  la  nouvelle   de   la   priie  de  l'Arche  ,  &   de  la  mort  de  fon  mari   &  de 


s    A    G  15» 

»  fbn  beau-pere.   Dans   tous   ces   endroits  ,  les  Sages-femmes  portent  le  nom   fé- 
»  minin   de  Mejalledeth, 

»  Chez  les  Grecs  ,  continue  ^ftruc  ,  c'étoient  des  femmes  de  même  ,  qui  fer-' 
»  voient  dans  les  accouchcmens.  Phénarete  ,  mère  de  Socrate  ,  étoit  une  Sage- 
n  femme  ;  Platon  parle  au  long  des  Sages  -  femmes  ;  il  en  explique  les  fonc- 
n  tions  ,  il  en  rcgîe  les  devoirs  ,  il  marque  qu'elles  avoient  à  Athènes  le  droit 
y)  de    propofer   ou    d'alTortir   les   mariage?. 

■n  La  pratique  de  lier  le  cordon  ombilical  &  de  le  couper  au  defïus  de  la 
w  h'gature  ,  eft  eflentielle  à  l'Art  d'accoucher  ,  &  je  crois  qu'elle  remonte  jufqu'à 
«  Eve;  On  la  regarde  comme  abfolument  néceflaire  pour  la  confervation  de  l'en- 
»  fant,  ce  qui  pourroit  bien  n'être  pas  exempt  d'un  peu  de  préjugé  ,  comme- 
Ti  ^firuc  le  fait  voir  dans  une  Diflertation  particulière.  Mais  il  eft  certain  que 
»  c'ert  une  pratique  généralement  reçue  chez  toutes  les  nations  ,  d'où  vient  que 
»  les  Sages-femme»  portoient  chez  les  Grecs  ,  le  nom  d'umbilifecis ,  c'eft-à-dire , 
»  coupeufcs  de  nombril  ou  cordon  ombilical.  Cependant  le  Prophète  Ezéchiel  eft: 
»  lé  plus  ancien  Auteur  qui  en  ait  fait  mention.  Il  eft-  vrai  qu'Ezéchiel  a  vécu 
j*  vers  l'an  du  monde  3360,  environ  600  ans  avant  Jcfus-Chrift  ,  &  qu'il  eft  par 
»  conféquent  beaucoup  plus  ancien  qu'Hippocrate.  »  Dujardln  ajoute  qu'on  lavoir 
les    nouveaux   nés   avec  de    l'eau    falée  ,  &   qu'on  les  cnveloppoit   de   lano-es. 

Les  Iix)raains  n'avoient  chez  eux  que  dis  Sages-femmes  ;  on  voit  dans  les 
Comédies  de  Plante  &  de  Térence  que  ce  font  toujours  elles  qu'on  appelle  pour 
fecourir  des  femmes  qui  accouchent.  Le  même  ufage  fe  fourint  dans  la  déca- 
dence de  l'Empire  ;  car  ^mmien.  Marcdlin  allure  qu'Eufébie  ,  femme  de  l'Em- 
pereur Confiance  ,  fils  de  Conftantin  le  Grand  ,  jaloufe  de  la  fécondité  d'Hélène 
fœur  de  fon  mari  ,  &  femme  de  Julien  connu  fous  le  nom  d'Apollat  ,  ga<^na 
la  Sage-femme  qui  devoit  l'accoucher  dans  les  Gaules ,  où  fon  mari  comman- 
doit,  &  l'engagea  à  faire  mourir  Penfant  dont  elle  accoucheroit ,  en  coupant  trop 
court  le  nombril  ,  c'eft-à-dire  ,  le  cordon  ombilical.  Ainfi  parle  ^jîruc  ,  que  je 
quitte  un  moment  ,  pour  revenir  à  Dujardin  &  rapporter  d'après  lui  les  ufages 
des  Anciens  ,  ainfi  que  les  noms  de  différentes  Divinités  qu'ils  invoquoient  pour 
les   femmes   enceintes  ,   accouchées  ,  &  leurs    enfans. 

„  La  crainte  (i  naturelle  aux  femmes  dans  la  fon<flion  pénible  &  douloureufe 
„  de  la  maternité;  le  defir  jufte  &  prelfant  d'un  fecours  euicacc  &  prompt;  les 
„  amuletes  ou  les  recettes  fuperftitieuies  ,  propres  tout  au  plus  à  amufer  la  dou- 
„  leur  ;  enfin  l'ignorance  &  la  perplexité  des  Sages-femmes  dont  on  atîcndoit  un 
„  foulagement  réel:  tout  cela  fournit  à  des  Prêtres  importeurb  des  moyens  fîcileg. 
„  de  reculer  les  lunites  de  leur  domaine.  Infeniiblement ,  il  y  eut  un  peuple  de- 
^  Divinités  pour  toutes  les  petites  circonftances  ,,  ;x)ur  tou?  les  accidens  qui  accom- 
n  pagnent  ou  fuivent  la  groflefle  &  l'accouchement.  Dès  qu'une  femme  éroit  dé- 
„  clarée  groife,  la  Religion  lui  prefcrivoit  de  venir  dépofer  fokmnoikitient  fa 
„  ceinture  dans  le  temple  de  Diane,  &  d'y  prendre  des  vêtemens  convenables  à; 
„  fa  iituatibn.  Les  femmes  diipofées  ,  dans  tous  les  tems,  à  préférer  leur.î  a^ré- 
„  mens  &  leurs  parures  à  leur  fanté ,  fe  rendoient  par  ruperftirion  à  ce  qu'dics 
„  n'auroient  peut-être  pas  fait  par  raifon ,  ni  par  îrs  fages  con-cif-  -^£3  îVît'decinSi 
^.Toutes  les   fuperftitions  n'avoient   pas  un  motif  aufli  excufable.  Diejpuer  am 


'Ï52 


s    A    G 


„  Jupiter  conduîfoit  les  enfans  à  un   heureux  terme.    Mena  ,    qui  ne   diffère  guère 

„  de  la  Lune   ou  de  Lucine ,  étoit   chargée  de   protéger  les  femmes  enceintes,  & 

».  de  les  préferver  des  pertes  de  lang  pendant  la  grofleffe  &  l'accouchement.  Au 
moment  de  l'accouchement ,  c'étoit  Eug-erie  &  Fluonia  qu'on  invoquoit.  La  femme 
quittoit  fon  manteau,  on  lui  environnoit  la  tête  de  bandelettes,  &  elle  s'afféioit 

*' pour  i'e  mettre  en  travail.  H  falloit  que  peribnne  de  la  mailon  n'eût  les  jambes, 
ni  les  doigts  croilés;  une  ancienne  luperiUtion  failbit  voir  dans  cette   pofture  un 

„  obftacie  invincible  à  laccouchement. 

n  Si  le  fœtus  fe  préfentoit  mal ,  (  &  de  toutes  les  fituations  ,  on  îi'en   conooiffoit 

»  point  déplus  fàcheufes  que  celle  où  il  fe  prélentoit  par  les  pieds  )  on  faifoit  des 
facrificci  à  Pojlverfa   &  à  Profa ,  que  d'autres  appelloient  Purrima   &  ^.itevorta , 

î>  DiielTes  ainli  nommées  des  fituations  de  l'enfant  dans  l'accouchement  Les  fem- 
mes qui  vouloient  avorter  ,  facriHoient  auffi  à  ces  Déeffes;  fi  ces  faciifices  n'opé- 
roicnt  pas  ce  qu'on  en  attendoit  ,  c'étoit  au  moins  un  moyen  d'amufer  l'efpoir  , 
&  de  faire      retarder  un  crime  qu'on   eut  cherché  à  confommer  par  des  voies 

„  plus  dangereufes. 

„  Quand  l'accouchement  étoit  laborieux  ,  ou  qu'on  foupçonnoit  deux  jumeaux, 

on  invoquoit  les  Dieux  Kixii  ,  ainli  nommés  de  la  fonflion  qu'on  leur  attribiioir. 
„  Cette  invocation  fe  faifoit  la  tête  découverte  &  après  s'être  lavé  les  main?„ 
J  Mais  l'ufage  le  plus  ordinaire  étoit  d'implorer  la  proteftion  de  Lucine  ,  mère 
de  la  lumière  &  la  pairone  des  femmes  en  couche.  C'étoit  l'illithie  des  Grecs  , 
„  &  la  Jtmon  ,  l'Opigena  des  Latins.  La  formule  de  l'invocation  étoit  d'appel  1er  trois 
,,  fois  la  Déeffe  à  haute  voix  ;  dans  certains  cas,  on  alloit  juiqu'à  fept.  Si  dans 
„  ces  entrefaites  la  Nature  terminoit  fon  Ouvrage  ,  on  rapportoit  ce  bienfait  à  la 
„  Divinité.  En  même  tems  on  lui  faiibit  un  Ihcrifice  de  deux  agneaux  jumeaux  » 
„  auquel  on  ajoutoit  des  gâteaux  &  de  l'argent ,  de  manière  qu'on  mcttoit  à  plus 
„  haut  prix  l'art  de  tromper  la  douleur  ,  qu'on  n'eût  mis  celui  d'adminiftrer  des 
j,  fecours  utiles  &  efficaces. 

,,  Toute  l'Antiquité  ^a  reconnu  le  neuvième  mois  pour  le  terme  le  plus  ordinaire 
„  du  part.  A  Sparte,  on  admettoit  encore  le  dixième;  mais  les  enfans  qui  naif- 
„  foient  au  delû  ,  étoient  cenfés*illégitimes.  Cette  loi  fit  dans  la  fuite  partie  de  celle 
„  des  douze  Tables  chez  les  Romains.  Homère  en  parlant  de  la  femme  de  Stenelus  , 
^,  nous  apprend  aufïi  qne  le  feptieme  mois  étoit  déjà  un  terme  obfervé  ^  reçu 
„  de  fon  tems.  A  quelque  terme  que  le  premier  enfant  vînt  à  naître  ,  on  avoit 
,,  pour  lui  une  forte  de  vénération.  Une  Décfle  particulière  préficloit  à  fa  naif- 
„  fance .'  les    Romains  l'appelloient  Fonuna  natalis  primûgenia. 

„  Auilitôt  que  l'enfant  étoit  né  ,  s'il  étoit  vivant ,  on  le  lavoit ,  pour  enlever 
„  les  faletés  dont  fa  peau  étoit  couverte.  Cette  lotion  fe  faifoit  d'abord  avec  de 
„  l'eau  ,  à  laquelle  on  ajoutoit  enfuite  de  l'huile.  Les  I^acédémoniens  fe  fervoient 
,5  de  vin  ;  les  Cymbres  de  neige  ,  &  d'autres  peuples  de  roiée.  Les  femmes  de 
,,  Lacédémone  ,  pour  montrer  qu'elles  dévouoient  leurs  enfans  dès  le  berceau  à 
„  la  défenfe  de  la  patrie,  les  faifoient  laver  fur  un  bouclier,  avec  une  lance  à 
„  côté  d'eux.  Tous  les  peuples  n'avoient  pas  dans  cette  lotion  des  vues  auffi  rai- 
J5  ioaaables.  Les  Xîermains  ne  trempoient    leurs  enfans  dans  les   eaux  du    Rhin, 

•      .  '  .  »  que 


■5» 


s    A    G 


Ï53 


u  que  pour  s'aflurer  de  leur  légitimité.  C'eft  pour  la  même  raifon  que  les  Pfylles 
„  préfentoient  les  leurs  aux  lerpens ,  &  les  Ethiopiens ,  aux  oifeaux.  Ces  épreuves 
j,  fuperftitieufes  &  iliulbires ,  dont  l'inftitution  n'avoit  vraifemblablement  eu  d'autre 
1,  objet  que  de  retenir  les  femmes  dans  les  bornes  du  devoir,  pouvoient  être  auffi 
,,  la  fource  d'une    infinité  d'abus  &  de  querelles. 

„  A  cette  lotion,  fuccédolt  une  cérémonie  à  laquelle  préfidoit  la  Déefie  Statint. 
j,  Elle  confifloit  à  mettre  l'enfant  fur  la  terre.  Par-!à  on  fe  propofoit  trois  chofes  : 
«  I.  d'exciter  les  cris  de  Tenfant  parlecontaét  de  la  terre  ,  de  laquelle  on  croyoit 
n  qu'il  empruntoit  la  voix,  &  à  ce  premier  cri,  on  invoquoit  le  Dieu  ragitanus 
„  ou  ^aticanus  ;  2.  de  voir  s'il  étoit  droit  ou  agréable  aux  Dieux  conjugaux,  & 
„  pour  cet  effet  la  Sage-femme  le  mettoit  debout  j  3.  de  lui  faire  falucr  Ops  ou  la 
y,  terre  , cette  merc  commune  des  Dieux  &  des  hommes,  dont  il  alloit  avoir  befoin. 

»  Le  père  ou  ion  repréfentant  recueilloit  les  fignes  de  vie  que  donnoit 
»  l'enfant  pendant  cette  cérémonie.  Enfuite  on  le  relevoit  de  terre  fous  la  pro- 
„  tedion  de  la  Déefle  Lcvana.  Sa  légitimité  n'étoit  reconnue  ,  que  lorfqu'il 
„  étoit  relevé  par  le  père  ,  ou  fous  les  ordres  par  fa  mère  ,  par  fa  foeur,  par  la 
„  Sage-femme  ou  par  quelqu'autre  perfonne  de  la  maifon.  Jamais  le  père  ne  re- 
,,  levoit  lui-même  une  tille  ,  <laDS  la  crainte  de  quelques  mauvais  préfages.  Les  en- 
.,  fans  que  le  père  ne  relevoit  pas  ou  ne  faiioit  pas  relever  ,  étoient  réputés  illé- 
„  gitimes,  &  comme  tels,  expofés  dans  un  lieu  public,  &  quelquefois  dans  des 
„  endroits  défcrts  ou  écartés.  C'eft  delà  peut  être  qu'on  voit  dans  l'Hiftoire  an- 
,,  cienne  des  exemples  d'enfans  nourris  par  des  chèvres  ou  d'autres  animaux. 
„  IVÎais  pour  quelques  enfans  qui  étoient  trouvés  &  nourris  ,  combien  il  périf- 
„  foit  de  ces  innocentes  vidimes  !  Aufîi  les  Grecs  fe  fervoient-ils  du  même 
„  m'it  pour  exprimer  le  meurtre  &  rexpofitioo.  Les  Thébains  profcrivirent ,  fous 
„  peine  de  mort,  cet  ufage  abufif  &  barbare.  Si  le  père  étoit  trop  pauvre 
„  pour  nourrir  fon  enfant ,  la  loi  lui  ordonnoit  de  l'apporter  dans  l'es  langes 
i,  au  Magiflrat  ,  qui  le  confioit ,  pour  un  prix  modique,  aux  foins  de  quelque 
„  particulier. 

„  Les  Anciens  avoient  deux  raiibns  pour  envelopper  de  langes  &  de  bandes 
„  leurs  enfaos  ;  la  première ,  d'empêcher  leurs  membres  tendres  de  fe  contourner  ; 
„  la  féconde,  de  fée her  l'eau  &  le  fel  dont  on  les  lavoit.  C'eft  donc  un  abus  fort 
,,  ancien  de  gêner  les  enfans  ,  de  le«  enfermer  dans  des  bandes  ,  &  cet  abus 
„  n'eft  pas  encore  univerfellement  profcric  ^  il  faut  fouvent  une  révolution  de  plu- 
s,  ficurs  fiecles  ,  pour  déraciner  un  préjugé  trop  accrédité. 

„  Dans  les  maladies  des  enfans,  c'étoit  la  mère  ou  la  Sage-femme  qui  appli- 
,,  quoit  les  remèdes;  ils  confiHoient  ^n  quelques  atnulettes  ,  ou  en  quelques  re- 
„  cettes  traditionnelles  qui  alloient  à  toutes  les  maladies  &  à  tous  les  cas.  Quand 
„  on  avoit  efiavé  ces  fuperftitions ,  on  avoit  recours  à  celles  des  Prêtres.  On  faifoit 
„  des  vœux  i^" Junon-Lucinc^  à  Cajlor  &  à  Pollux.  L'enfant  guériflbit-il  ,  on  con- 
„  facroit  des  Infcriprions ,  on  faifoit  des  facrifices  &  des  préfens.  S'il  ne  gué-. 
„  riffoit  pas ,  on  continuoit  les  confécrations  &  les  vœux  ;  on  faifoit  des  fon- 
;,  dations  proportionnées  à  fa  fortune.  Le»  Prêtres  avides  élevoient  jufqu'aux  af- 
T  0  ME     IF.  V 


3«it!.  s    A    G 

>,  1res  le  bonheur  dès  enfans  ,  &  la   piété   des  paréos  imbécille?  ,   dont  ils  tiroîent 
„  un  li  bon  parti. 

Les  femmes,  toujours  chargées  d'aider  leurs   femblables  dans  le    travail  de  l'ac- 
couchement  ,  fe  firent   enfin    un    art    d'une    occupation   qu'elles   n'avoient  fi  long- 
teras  remplie  que  par  routine  ;  à  force  de  voir  <Sî    d'oblerver  ,    elles    parvinrent  à 
fe  faire  un  fonds  de  connoifiances.  Flufieurs  Médecins  avoient  déjà  écrit  fur  l'Art 
d'accoucher  ,  lorfque  Trotula  ,   Sage  femme    de    Salerne  en  Italie  ,  qu'on  croit  avoir 
vécu  au  Xllle.  fiecle  ,    donna  un   Livre  où  elle  traite    de    cet  Art  avec  quelque 
détail.    D'autres  femmes  fuivirent  fon    exemple  &  mirent    au  jour  tout  ce    qu'elles 
favoient.  Lcuife  Bourgeois,  dite    Bourtïer  ,  Sage-femme  de  Marie  de  Médicis  ,  Reine 
de  France,  publia   en    1609  des  Obfirvatlons  Jiverfes  fur  la  Jlérilité^  perte  de  fruit  , 
fécondité ,     accouchemens ,  &  maladies  des  femmes  &  enfans  nouveaux  nés.  Elle  y   étale 
toutes  fes  connoifTances ,  &  il  paroît  ,.  dit  .,4jlruc  .,  qu'elle  favoit  ce  qu'on  favoit  de 
fon  tems.  Si  l'on  en  croit  le  même  Médecin ,  l'époque  de  l'emploi  des  Chirurgiens 
en  France  ,  en  qualité  d'Accoucheurs  ,  ne    remonte    pas  plus  haut  que  les  premiè- 
res couches   de  Madame  de  la  Valliere    en    1663.  Ce  n'eft  pas    qu'il   n'y  eût  dans 
ce  tems-là  ,  &  même  avant ,  des  Chirurgiens  qui  s'appliquoient  à   l'Art  d'accoucher- 
&  qui  en    faifoient  une    étude   particulière  ;  mais   on  ne  les  appelloit  que   dans  les 
cas  difficiles  ,  où  les   Sages-femmes    fentoient   leur  inluffifance.   Alors  le  Chirurgien' 
tâchoit   par   fon   adrefle  de    délivrer  la  femme  ,  ou  il  avoit  recours  aux  inflrumens 
connus.   Comme  ces  cas  étoient  aflez  rares  ,  les  Sages-femmes    relièrent  en    poflef- 
fton  de  faire  les  accouchemens  qui  ne  demandoient  point  des  fecours  particuliers  ; 
leur  pofieffion  ,  fur  cet  article  ,  fut  même  fi  confiante  chez  les  nations  de  l'Europe  , 
que  les  noms  qu'on  y  a  donnés  aux  perfonnes  qui  aifilient  les  femmes  en  couches, 
iont  tous  noms  féminins  :  preuve  certaine  qu'on  n'a  employé  que  des  femmes  à  ces 
fondiions,  ou  tout   au  moins,  qu'elles  y  étoient  employées  de  préférence  aux  hom- 
mes. Les  Accoucheules  s'appellent  en  Efpagne  Comadré  ou  Fartera  ;  en  Italie  ,  Comaré- 
ou  Levatrici  ;  en  France  ,  Matrones  ou  Sages-femmes  ;  en  Angleterre  ,  Mldwifes  ;  en  Al- 
lemagne ,  Hebammen  ;  en  Bafle    Bretagne  ,  où  l'ancienne  Langue  Celtique  fubfiftc 
encore ,  on  leur  donne  le  nom  de  Mamdiegues ,  c'eft-à-dire ,  à    ce  qu'on  prétend  , 
Mamma  ménagères. 

Dès  que  les  Dames  Françoifes  eurent  pris  le  goût  de  fe  fervir  de  Chirurgiens 
dans  leurs  accouchemens,  cet  ufage  fe  mit  bientôt  à  la  mode  ,  &  l'on  inventa  le 
nom  à,'' accoucheurs ,  pour  fignifier  cette  clafie  de  Chirurgiens.  On  ne  tarda  pas  à 
adopter  le  même  ufage  dans  les  autres  pays  ,  &  en  l'adoptant ,  on  donna  auffi 
aux  hommes  le  nom  d' accoucheurs  ,  quoiqu'il  ne  fût  pas  dans  le  g<^nie  de  la  lan- 
gue de  ces  diftérens  pays.  Les  Anglois  font  peut-être  les  feuls  qui  n'ont  point  reçu 
ce.  nom,-  ils  appellent  les  Accoucheurs  Mans  Midwifes ,  c'eft-à-dire,  hommes  Sages- 
femmes. 

Depuis  que  la  mode  eft  venue  d'avoir  des  Accoucheurs,  les  Chirurgiens  qui  fe 
Iont  attaches  à  la  partie  qui  regarde  les  accouchemens  ,  ont  renonce  pour  la  plu- 
part au  refte  de  la  Chirurgie,  au  moins  dans  les  grande?  villes  ,  où  ils  lavent  d'être 
beaucoup  employés.  Ils  ont  ainfi  érigé  l'Art  d'accoucher  en  un  art  particulier  ; 
&  cette  irruption  qu'ils  ont  faite  dans  le  domaine  des  Sages-femmes  ,  a  d'aufart 
plus  tourné  à  l'avamage  du  public ,  que  l'émulatioa  s'efl  mile  de  la  partie.  Depuis 


t 


s    A    G         s    A    I  155 

fprès  d'un  lîccfe  ,  les  Chirurgiens  ,  !es  Médecins  même ,  fe  Tont  tellement  appli- 
qués i.  répandre  de  nouvelles  lumières  iur  la  pratique  der^  Ticccuchemens  ,  qu'il 
S'en  faut  de  peu  que  l'Art  n'ait  atteint  la  perfection  ,  &  que  les  opérations  qu'il 
faut  faire  ,  ne  foient  portées  prefque  à  la  certitude  géométrique.  Les  Ouvrages 
des  plus  célèbres  Accoucheurs  de  nos  jours  ont  au  moins  donné  à  la  Théorie 
des  accouchemens  une  certitude  fondée  iur  le  méchanilme  déinoutré  des  parties, 
dont  l'aétion  ou  la  ftrudure  concourent  à  cette  opération.  Les  principes  qui  ré- 
fultent  de  cette  Théorie  ,  font  autant  lumineux  que  vrai?  ;  &  fans  les  obflacles 
qui  partent  de  la  mère,  de  l'enfant,  du  placenta  ,  du  cordon,  des  membranes, 
des  eaux  &c. ,  ces  principes  feroicnt  encore  invariables  dans  leurs  conféquf  nces  Mais 
ce  qui  en  fait  le  grand  mérite  ,  c'eft  qu'ils  dirigent  la  main  de  l'opérateur  dans  les 
cas  difficiles,  &  qu'ils  la  mettent  à  même  de.  furmonter  les  dangers  auxquels  les 
écarts  de  la  Nature  expofeni  les  mères  &  les  enfans. 

SAGUYER  ,  (  François  )  d'Amiens,  étoit  Doaeur'  en  Médecine.  Il  avoit  ap- 
pris les  premiers  principes  de  cette  Science  fous  Fernel  &  Jacques  Sylrius ,  c'eft- 
à-dirc  ,  qu'il  étoit  à  Paris  vers  l'an  1547  &  1548;  car  Fernd ,  trop  -  ccupé  par 
la  pratique  ,  fut  obligé  de  difcontinuer  fes  leçons  vers  1549  :  mais  Sjguycr  a  pu 
profiter  plus  long-tems  de  celles  de  Sylvius  qui  les  continua  jufqu'à  fa  mort  arrivée 
en  1555.  De  Paris ,  il  pafla  à  Montpellier  pour  s'y  perfectionner  fous  Rondelet 
qui  enfeignoit  dans  cette  ville  depuis  l'an  1545  ;  &r  félon  toute  apparence  ,  il  y 
prit  le  bonnet  de  Dofteur.  11  femble  que  notre  Médecin  a  demeuré  à  Tonnerre 
en  Champagne,  avant  de  pafleren  Bourgogne,  oii  il  fut  beaucoup  recherché  ;  on 
le  voit  ,  tantôt  à  Sauheu  ,  tantôt  dans  les  environs  d'Autun  .tantôt  à  Noyers  &  à 
Grancey.  Comme  il  n'étoit  point  Polypharmaque  ,  il  a  écrit  une  Apologie  pour  les 
Médecins  Hippocratiques  contre  les  Paracelfites.  Il  a  encore  fait  des  notes  fur  la  Phar- 
macie de  Fernel  ;  elles  ont  paru  avec  celles  de  Plancy  fur  le  même  Ouvrage ,  dans 
l'édition  de  Hanau  ,  1605  ,  in-12.  Gafpar  Bauhin  ,  à  qui  on  doit  cette  édition  ,  parle  de 
Saguyer  comme  d'un  homme  qui  étoit  vieux  en  1604  ,  &  M.  Goulin  ,  dont  les 
Mémoires  m'ont  fourni  cet  Article,  croit  qu'il  pouvoir  avoir  alors  environ  77  ans. 

SAINT-AUBIN,  CJean  DEJ)  dit  SANTALBÏNUS  par  les  Auteurs  Latins, 
fit  la  Médecine  à  Metz  dans  le  XVI  fiecle  ,  &  s'y  diftingua  par  la  connoilTance  des 
Langues  favantes.  Focs ,  fon  ami ,  pria  les  Magitoats  de  Metz  de  lui  donner  Saint- 
udubm  pour  Collègue  dans  la  charge  de  Médecin  de  -cette  ville  ,  parce  que  fes 
travaux  fur  Hippocraie  ne  lui  pcrmettoient  pas  de  s'acquitter  de  fes  fonélions  avec 
autant  de  foin  que  cet  emploi  le  demandoit.  On  ne  pouvoit  rien  refufer  à  un 
homme  qui  ié  piquoit  de  tant  de  i'entimcns  ;  il  obtint  la  demande  ;  &  Saint- 
^ub'in  qui  fut  apprécier  tout  ce  que  ^-aloit  le  procédé  de  fon  ami ,  vécut  tou- 
jours en  parfaite  uuion  avec  lui.  Lors  même  que  Foës  ^  accablé  par  fimmenfité  de 
fon  entreprife  ,  fe  trouva  preilé  dans  l'édition  d'Hippocrate  potr  la  traduction 
des  Scholies  de  Falladius  fur  les  Livres  des  fractures,  il  pria  Saint-ytubin  de  lui 
rendre  ce  Icrvice.  Celui-ci  s'en  chargea  volontiers  ;  il  réufllit  même  tellement  dans  ce 
travail,  que  des  envieux,  qui  ne  manquent  jamais  aux  gens  de  mérite,  publièrent, 
après  la  mort  ,  que  Foës  lui  avoit  enlevé  fes  Manufcrits ,  où  il  avoit  trouvé    une 


156  s    A    ï 

partie  de  ces  excellentes  chofes  que  nous  admirons  daHS  Tes  Ouvrages.  Wa'is 
cette  calomnie  tombe  d'elle-même ,  quand  on  fait  attention  que  Foès  rcconnoît 
de  bonne  foi  que  fon  ami  avoit  fait  la  traduction  ,  dont  nous  venons  de  par- 
ler ,  &  qu'on  remarque  d'ailleurs  que  Saint-^ubln.  vivoit  encore  ,  lorfque  cet 
Ouvrage  parut  à  Francfort  en  1595.  S'il  refloit  là  defTus  quelque  doute  ,  il  n'y 
auroit  qu'à  confulter  les  autres  Traités  que  Focs  a  fait  imprimer  long-tcras  aupa^ 
ravant  ;  on  y  reconnoîtroit  par-tout  le  même  goût  ,  la  même  érudition  &  le 
même  ftyle  qui    brillent  dans   VHIppocrate  de  cet  Auteur, 

Saint-Aubin  avoit  commencé  un  Traité  fur  la  Pefte ,  mais  fa  mort  ,  arrivée  en 
1597,  l'a  empêché  de  le  finir.  On  donna  fon  Manufcrit  à  Bucelot  ,  fon  Confrère, 
qui  le  lit  imprimer  l'année  fuivactc  ,    fous  ce   titre: 

Nouveau  confeil  &  avis  pour  la  préfervatlon  &  guérifon  de  la  Pefte  ,  par  han  de  S» 
Aubin ,  Médecin  ordinaire  de  la  ville  de  Mct^.  1598 ,  i/i-8, 

SAlNT-HILLIEli  ,  f  Jean-Simon  DE  J)  Médecin  natif  de  Verdun  ,  fe  fit  beau- 
coup de  réputation  dans  cette  ville  au  commencement  du  XVU  liecle.  On  a  de  lui 
un  Ouvrage  intitulé  : 

L'Ofmologie  contenant  les  caufes ,  Jignes  ,  prognoftiques  ^remèdes  contre  la  Pefte.  Pont- 
à-Mouflbn  ,  1623,  ia-12.  La  pefte  n'affligeoit  point  encore  la  ville  de  Verdua 
quand  il  mit  ce  Traité  au  jour,  mais  elle  étoit  à  (es  portes.  On  prétend  qu'elle, 
dut  fon  origine  à  un  grand  nombre  de  beftiaux  que  conduifoit  les  Mansfeldiens, 
&  qui  étant  morts  en  route  ,  ne  furent  pas  enterrés. 

SAINT-VEliTUNIEN,(  François  DE  )  dit  LAVAU,  fils  d'un  Médecin  qui 
étoit  en  correfpondance  avec  Michel  Servet,  vint  au  monde  à  Poitiers.  Il  étudia 
la  Médecine  à  Montpellier  ,^  &  il  y  prit  fes  degrés  en  1567  &  1568.  George  Mat-' 
thias  met  fa  mort  en  i6o8,  &  lui  attribue,  avec  tous  les  Bibliographes,  un  Ou- 
vrage dans  la  traduflion  duquel  il  fut  beaucoup  aidé  par  Jofeph  Scaliger  ,  fon  ami. 
II  a  paru  fous  ce  titre  .• 

Hippocratis  Coi  de  vulneribus  capltis  Liber  Latlnitate  donatus  &  Commentarlis  Hl'jf- 
tratus  ;  additô  Gracô  textu  à  Jofepho  Scaligero  caftigatô  ,  cum  ipftus  Scaligerl  cafti- 
gailonum  fuarum  explicatlone.    Liuet!<e  ,  1578  ,  m-8. 

SAINTE-FOI,  (Jérôme  DE  J  Juif  Efpagnol  ,  lequel  ayant  reconnu  par  la 
fefture  des  Livres  Hébreux  que  Jefus  -  Chrift  eft  le  vrai  Meffie  prédit  par 
les  Prophètes  ,  embraffa  le  Cbriftianifnîe  &  reçut  au  Baptême  le  nom  de 
Jérôme  de  Sainte- Foi  ,  au- lieu  de  celui  de  Jehnfchuad  Hallos/d  ou  Jofué  Lurki  , 
qu'il  portoit  auparavant.  Comme  il  avoit  fait  de  bonnes  études  de  Médecine , 
il  parvint  à  l'emploi  de  Médecin  de  Pierre  de  Lune  qui  prenoit  le  nom  de 
Benoit  XIII.  Cet  Antipape  étant  en  1412  dans  le  Royaume  d'Aragon  ,  alors 
le  fcul  de  fon  obédience  ,  Jérôme  lui  inipira  le  deflein  de  fignaler  fon  zèle  en 
attaquant  les  Juifs  qui  étoient  en  grand  nombre  en  Efpagne  ,  &  l'aflura  que 
s'il  vouloit  faire  tenir  une  conférence  publique  ,  il  convaincroit  tous  les  Rabbins  , 
par  des  paffages  du  Thalmud  ,  que  Jefus-Chrift  eft  le  vrai  Melîie  &  quil  n'y 
*n  a  point  d'autre  à  attendre.  Cette  conférence  fut  publiée  &  indiquée  à  Tortofe 


s     A    I  15^ 

ea  Caulogne  ;  elle  commença  le  jr  Février  1413  &  finit  le  10  Mai  fuivant.  Le» 
Juifs  y  furent  mal  menés.  -Cette  conférence  &  le  Traité  que  Sainte -Foi  publia 
contre  eux  ,  firent  même  tant  d'imprefiion  fur  cette  Nation  ,  qu'il  s'en  convertit 
au  Chriftianilme  environ  cinq  milie.}  Le  Livre  de  ce  Médecin  a  été  inféré  dans 
la  Bibliothèque  des  Pères  par  Marguerin  de  La  Bigne  ,  Docteur  de  la  Maiioa 
&  Société  de  Sorbonne  ,  qui  le  premier  donna  un  Recueil  de  leur*  Ouvrages 
ca  15^5.   Le    Traité    de    Sainte-Foi   a    paru  féparément  à  Francfort  en  1612. 

SAINTE-MARTHE,  (Gaucher  DE^  habile  Préfident  &  Tréforier  de  France 
dans  la  Généralité  de  Poitiers  ,  plus  connu  fous  le  nom  de  Scévole  de  Salnu- 
Marche  ,  naquit  à  Loudun  le  2  .Février  J536  ,  d'une  famille  noble  &  ancienne 
qui  étoit  féconde  en  perlbnnes  de  mérite.  11  cultiva  les  Lettres  &  les  Sciences, 
&  donna  au  public  un  grand  nombre  de  Poéfies  Latines ,  parmi  Icfquelles  on 
trouve  un  Ouvrage  intitulé  :  Padoirophia  ,  feu  ,  de  puerorum  nutritions  Libri  très.  Le 
Recueil  de  fes  Poéfies  fut  imprimé  à  Paris  en  1587 ,  Ù2-8  ,  &  fa  Pœdotrophic 
en  particulier  ,  un  grand  nombre  de  fois  avant  &  après  fa  mort.  Les  maladies 
auxquelles  un  de  fes  fils  fut  lujet  ,  dans  le  teras  qu'il  étoit  encore  en  nourrice  , 
lui  donnèrent  occafion  de  compofer  ce  dernier  Poëme.  Les  plus  habHes  Méde- 
cins ,  appelles  pour  fecourjr  cet  enfant  ,  ayant  défefpéré  de  fa  guérifon  ,  ce 
père  tendre  &  allarmé  étudia  lui-même  les  allures  de  la  Nature  qui  s'égaroit 
rechercha  les  moyens  les  plus  propres  à  redreflèr  i'es  écarts  ,  les  trouva  ,  & 
s'en  fervit  ave;  iuccès  pour  arracher  fon  fils  d'entre  les  bras  de  la  mort..  Enluite 
de  cette  cure  ,  il  fut  prié  par  fes  amis  de  communiquer  fa  méthode  au  pu- 
blic ;  il  y  confentit  &  mit  au  jour  l'Ouvrage  dont  on  a  parlé ,  qu'il  dédia  au 
Roi    Henri    III  ,  en    1584. 

Gaucher  de  Sainte-Marthe  pafla  fa  vie  dans  les  peines  des  emplois  publics  & 
dans  les  troubles  des  guerres  civiles  ,  mais  il  jouit  de  quelque  tranquillité  fur 
la  fin  de  fa  vie  ,  qu'il  alla  terminer  à  Loudun  ,  fa  patrie,  le  29  Mars  1629, 
âgé  de  87  ans  ,  un  mois  &  quelques  jours.  Abd-Louis  de  Sainte-Marthe  ,  Général 
des  Pères  de  l'Oratoire  &  petit-fils  de  Scévole,^  traduifit  en  François  le  Poëme 
intitulé  Padotrophia  ,  &  fa  verfion  fut  imprimée  à  Paris  en  1698  ,  ia-'à  ,  fous  le 
titre    de    Manière  de  nourrir  les    enfans    à  la   mammelle. 

SAINTE- MARTHE,  f  Jacques  )  de  la  famille  du  précédent,  naquit  en  Pci. 
tou  le  29  Septembre  1517.  Devenu  Médecin  de  la  Faculté  de  Paris  en  1546 , 
il  obtint  ,  en  1551  ,  le  titre  de  Médecin  du  Roi  Henri  H  ;  c'eft  au  rcoins 
tinfi  que  le  difent  quelques  Mémoires  particuliers  ,  qui  ajoutent  qu'il  eut  Je 
même  hoimeur  fous  François  II  &  Henri  IIL  II  mourut  fous  le  règne  du  der- 
nier ,  le    10  Septembre    1587. 

On  trouve  un  autre  Gaucher  de  Sainte-Marthe  ^  que  plufieurs  Auteurs  difent  père 
de  Jacques.  Il  fut  reçu  Dofteur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  &  nommé 
Médecin-Conleiiler  du  Roi  François  I.  Son  favoir  l'a  fcit  regarder  comme  uq 
oracle  dans  fa  profeffion  ,  non  feulement  parmi  les  François  ,  mais  encore  chez 
les  étrangers.  Il  vécut  au  moins  allez  long-tems  pour  acquérir  une  grande  expé- 
îieace  ,  car   il   étoit  ùgé   de    80   ans,   lorfqu'il  mourut  le  14  Janvier  155 1. 


i5t>  S    A    1 

C'eft  George-Matthias  qui  le  dit  Doiflieur  de  Paris  i  mais  je  n'ai  point  trouvé 
fon  nom  dans  la   Notice  des  Médecins  de   la  Faculté  de  cette  ville  par  M,  Baron. 

SAINTS  MÉDECINS.  Parmi  les  reproches  qu'on  a  faits  à  la  Médecine  ,  le 
plus  outrageant  eft  celui  d'accufer  cette  Science  de  conduire  à  l'Athéifme  &  à 
rirréligioo.  Mais  quand  l'étude  du  méchanifme  animal  ne  feroit  pas  celle  des 
merveilles  du  Créateur  ,  dont  on  reconnoît  le  doigt  &  la  toute-puifi'ance  dans 
la  {Irudture  de  la  plus  petite  fibre  ;  quand  cette  étude  ne  porteroit  pas  au  culte 
d'un  Dieu,  dont  le  Médecin  a  tous  les  jours  l'occaGon  d'admirer  les  Ouvrages, 
il  lulliroit  de  tuire  l'énumération  des  perTonnages  qui  fe  font  fanclifiés  dans  l'exer- 
cice de  la  Médecine  ,  pour  laver  cette  Science  des  reproches  injurieux  qu'on 
lui  fait  encore  aujourd'hui.  Jufques  dans  le  fcin  de  l'Eglile  Catholique  ,  il  y 
a  eu  des  Médecins  impies  ,  ily  a  eu  des  Athées  ;  mais  c'eit  à  la  perverlité  de  leur 
cœur,  à  l'aveuglement  de  leur  efprit,  Û£  noa  point  à  l'Art,  qu'ils  profeffoient  , 
qu'on   doit  attribuer  leurs  écarts. 

Les  efpnts  iorts  de  DOS  jours  me  mettront  fans  doute  au  rang  de  ces  bonnes  gens, 
que  leur  Philolophie  regarde  comme  des  dupes,  parce  qu'ils  croient  ce  que  leurs 
ptres  ont  cru.  A  cette  condition,  je  conCens  d'être  rais  dans  la  même  clalîe;  &, 
pour  mériter  davantage  le  mépris  dont  ils  m'honoreront ,  je  vais  mettre  fous  leurs 
yçux  les  noms  des  Saints  Médecins  que  l'Eglife  Romaine  révère.  Elle  leur  a  dé- 
cerné un  culte  public ,  foit  pour  svoir  généreufement  foutenu  les  intérêts  de  la  Foi 
qu'ils  ont  fceliée  de  tout  leur  fang  ,  foit  pour  avoir  illuftré  leur  profeffion  par  la 
pratique  des  vertus  les  plus  fublimes. 

L'Evangelille  Saint  Lac  mérite,  à  tous  égards,  d'être  placé  à  la  tête  du  Catalogue 
de  ces  faints  peribnnages.  On  en  a  parlé  ailleurs. 

Le  31  Janvier,  l'Eglife  honore  les  Saints  Martyrs  &  Médecins  Cjrus  &  Jean 
qui  failoient  gratuiteraeut  leur  profeflion.  Us  eurent  la  tête  tranchée  à  Alexandrie; 
&  la  mailbn  de  Cjrui  fut  depuis  changée  en  un  Temple  ,  où  les  Fidèles  réclament 
l'interceilion  de  ces  Médecins  pour  la  guérilbn  des   maladies. 

Le  3  Février ,  fe  célèbre  la  fête  de  Saint  Blaije ,  Médecin  &  enfuite  Evêque 
de   Sebaftc.  Voyez  Blaxse. 

Le  6  du  même  mois ,  Saint  Julien.  Martyr.  Il  avoir  exercé  la  Médecine  dans 
la  jeun  elfe. 

Le  25,  Saint  Céfaire^  frère  de  Saint  Grégoire  de  Nazianze  ,  a  été  Médecin  de 
Julien  l'Apoftat. 

Le  10  Mars,  Saint  Codratus,  Martyr  &  Médecin.  Il  eut  la  tête  tranchés  à 
Corinthe,   fous  le  Préiident  Jalon,  dans  la  perlëcution  de  Dece. 

Le  3  Mai,    Saint /uvenaZ  Médecin  &  depuis  Evêque   de  Narnie. 

Le  20 ,  Saint  Bernardin  qui  fit  la  Médecine  à  Sienne  ,  pendant  tout  le  tems 
que  la  pelie  ravagea  cette  ville  en  1400,  &  fe  confacra  enfuite  à  Dieu  dans  l'Ordre 
•des  Frères  Mineurs. 

Le  2  Juin,  Saint  Alexandre  Phrygien  de  nation,  qui  pratiqua  la  Médecine 
!.en  France  &  fouH'rit  le  Martyre   à  Lyon. 

lue   14.,  Saint    Bafde  le  grand  qui  étudia  la  Médecine  à  Athènes. 


s    A    L 


159 


Le  iQ,  Saint  O/Zc/t,  Médecin  qui  fut  martyrifé  à  R  aven  ne  ,  fous  le  Juge 
Paulin ,  di-ns    ia  perlecution  de  Néron.  * 

Le  29  ,  Saint  Samfun  qui  exerça  premièrement  la  Médecine  à  Rome,  fut  eniuite 
conlacré  Prêtre ,  &  fe  dévoua  tout  entier  au  fervice  des  pauvres  dans  l'Hop'tai 
de  Coaftantinople.  Il  vécut  au  commencement  du  VI  fiecle,  fous  l'Empire  de 
Judinien   I. 

Le  15  Juillet, Saint  ^ntiachus  à  qui  !e  Préfident  Adrien  fit  couper  la  tête  à  Se- 
bafte  pour  la  confellion  du   nom  de  Jefus-Chriil. 

Le  23,  les   Saints   Martyrs  Ravennus    &   Rajîphus ,  frères. 

Le  27,  Saint  PantaUon ,  Profeffeur  en  Médecine  ,  qui  fut  mis  à  mort  fous  l'Em- 
pereur Maximin. 

Le  27  Septembre  ,  Saints  Cônn  &  Damien ,  Arabes  de  nation  ,  qui  exerçoient  la 
Médecine  tous  l'Empire  de  Dioclétiea  &  de  Maximin.  Ils  perdirent  la  vie  pour 
la  fui   dans  la  perfécution  de  ces  Empereurs. 

Le  29  Octobre  ,  Saint  Zdnobe ,  Médecin  &  Prêtre,  fut  martyrifé  à  Sidon  en  Phé- 
nicie,  fous    Dioclétien. 

Le  2  Novembre  ,  Saint  Théodote  qui  ,  après  avoir  exercé  quelque  tems  la  Mé- 
decine ,  fut   élevé  fur  le   liège  Epifcopal  de  Laodicée. 

Le  9 ,  Saint  ylrcjles ,  Médecin  de  Thyane  en  Cappadoce,  qui  remporta  la  palme 
du  martyre  fous  l'Empire   de    Dioclétien. 

Le  5  Décembre  ,  Saint  Emilien ,  Africain  de  nation  &  Médecin,  fouffrit  îe 
martyre  fous  Hunneric,  Roi  Arien.  Et  plufieurs  autres,  dont  on  peut  voir  les 
noms  dans  l'Ouvrage  compofé  par  Jean  Mol  anus  ^  Dofteur  &  Profefleur  de  Théo, 
logie  en  l'Univerfité  de  Louvain,  fous  le  titre  de  Diarium  £ccleJîajHcum  Medico- 
rum.    Lovanii ,    I595  ,  jn-8. 

SALA,  C  Ange  )  de  Vicenze  dans  l'Etat  de  Venife,  fut  un  des  premiers  qui 
fe  foient  férieufement  appliqués  à  la  Chymie.  Vers  l'an  1609,  il  fe  mêla  de  faire 
la  Médecine  à  Winterthour  enSuiffè;  depuis  1613  jufqu'eo  1617,  i/  fe  fit  con- 
noître  à  La  Haye  par  fes  travaux  &  fes  Ecrits;  entre  ido  &  1625,  il  étoit  à 
Hambourg;  environ  l'an  1532,  il  fut  nommé  Médecin  du  Duc  de  Meckelbourg 
à  Guftrow  ,  où  il  vivoit  encore  en  1639.  Au  fentiment  de  Conringius,  il  eft  le  pre- 
mier Chymifle  qui  ait  banni  de  fes  Ouvrages  les  inepties  qui  déparent  ceux  des 
Auteurs  qui  ont  couru  la  m'îme  carrière  avant  lui.  Boerhaave  en  parle  comme 
d'un  Ecrivain  très  exad  dans  le  choix,  la  préparation  &  la  defcription  des  mé- 
dicamens;  il  le  loue  beaucoup,  pour  avoir  enfeigné,  avec  toute  la  clarté  pof- 
fible,  à  traiter  les  Végétaux,  les  Animaux  &  les  Minéraux,  dans  la  vue  d'en 
tirer  des  remèdes  utiles  à  la  guérifon  des  maladies.  On  fait  que  cet  objet  a  été 
long-tcras  le  feul  qui  ait  occupé  la  Chymie  ,  &  que  delà  e(l  venue  cette  foule  de 
médicamens,    dont  la  plupart  font  aujourd'hui  tombés  dans  l'oubli  qu'ils  méritent. 

Les   Ouvrages    d'^inge    Sala    ont  été    recueillis    &    publiés   fous    le   titre  A'Opera 
MedicO'Chymica  qu<e  extant  omnia.  Francofarti  »  1647,   1680,  Ifi2,  in-4.    Roihvmogi  ^^ 
1650  ,  //1-4.  Les    éditions    particulières    ont    paru    fous  ces  titres  : 

TraHutus  duo  de  variis ,  tum  Chymicorum  ,  tum  Gaknljîarum  crrorlbus  In  praparatioai 


l(?o  s    A    1/ 

midiclnaU  commljfis.  Franeofurtl  ^  1602,  1649,  1/1-4.  L'Auteur  a  écrit  cet  Ouvra»e 
ca  Italien  ,  &   c'eft  à  fa  prière  qu'il   fut  traduit   en  Latin, 

^natomla  F"urioli  in  duos  Tradatus  divifa  ,  in  quibus  vera  ratio  f^itrîoli  in  diverfai 
fubfiantias  refolvendl  accuratijjimè  tradltur.  Aarelte.  Allobrogum  ,  1609  ,  1613,  inli. 
Lug,duni  Batavorum^  i6if ,  in-8.   C'eft    une   Tradui5\ion   de  l'Original   Italien. 

Septem  planetarum  terrejhium  fpagyrica   recenfîo.  Ainftelodamî  ^  i6i4,/a-i2. 

uinatomia  AntimonU  ,  id  eft  «  dijje&io  tàm  dogmatica  ,  quàm  hermetica  ,  uinùmonû 
vfam  ^  propriaatem   &  vires   ejus  dedarans.    Lugduni   Batavorum^   1617  ,  in-S. 

Defcripdo  brevis   Afiùdoti   prêtions.  Marpurgl  ,  1620,  in-S.  Francofiirti ,   ï649î  'i-S- 

Apborifmorit-m  Chymiatricorum  Synopfis  ,  univerfa  Chymlairits  intima  fim  dam  enta.  ^  fines, 
ac  fcopns  brcyitcr   daabus  fciSioalbus  continens,  Brema  ,  1620  ,  in-B. 

Chrvfulogia  ,  feu  ,  Examen  Auri   Chymicum.  Hamburgi ,  1622  ,  /n-8. 

Tcrnarius  Bt^oardicorum  ,  &  Emetologia.,fcu  ,  Triumplius  F'omitoriorum.  Erfuni  ,  1628, 
inS.   L'Emétologie   avoit   déjà   paru  à  Delphes  en    1613 ,  in  8. 

Ttrnarius  Ternarlorum  Hermeticorum ,  Bti^oardicorum  ,  Laudanorxun.  Erfuni  ,  1630  ♦ 
171-8.  Ce  fut  André  Tentiel  qui  mit  cet  Ouvrage  en  Latin  ;  il  avoit  déjà  paru 
en  François  à  Leyde  en  i6i6,  in-4.  Celui  qui  traite  de  VOpium  fut  imprimé  eo 
François  à    La  Haye  en   1614 ,  in-'à  ,  &  en   Anglois  ,    en  i6i8,  même  format. 

Frôccjfus  de  aura  potabili  novô  ,  paucifque  adhuc  cogn'uô.  Argentorati ,  1630  ,  in-8, 

Tanarologla.  En  Allemand  ,  Roftock  ,  1632  ,  1636,  in-8  ;  en  Latin,  dans  le 
Recueil    des    Ouvrages   <ls   l'Auteur. 

Saccharologia.  En  Allemand  &  en  Latin  ,  Roftock ,  1637  ,  in-B. 

De  pc/k  Tractatus.  Marpurgi  ^  1641  ,  i/1-4  ,  de  la  traduftion  de  Grégoire  tiorfiius. 
jî  y  a  une  édition  Françoife  de   Leyde  ,   1617 ,  in-B. 

SALA  (  Jear-Dominique  )  Médecin  du  XVII  fiede  ,  étoit  de  Padoue  ,  où  il 
enfe-ana  la  Médecine  avec  beaucoup  de  réputation  depuis  l'an  1607  juiqu'à  celui 
d-  fa  mort  qui  arriva  le  premier  de  Mars  1644  ,  dans  la  65e.  année  de  fon  âge.  Il  fot 
enterré  auprès  de  fes  ancêtres  dans  l'Eglife  de  Saint  Antoine  ,  oii  l'on  voit 
iit   ftatue    en    marbre  ,  avec  cette  Infcription  ; 

JOANNI    DOMÎNICO    SaLA 

Medicorum    Princlpi , 

Qui   antiqua    Anis   miracala  renovans  , 

Eugientes   animas  non  femd  repreJJJt  , 

Membrifque  fuis  htsrere  compulit  ; 

Pir  fex  &  triginta  annos  fulutis  arcana  florentijjîmo  Gymnajlo  evulgavit  j. 

Et  id  plures  docait ,  quod  penè  folus  poterat. 

Jacobus   et  Franciscus  Fh.ii 

Parenti   Optimo  P.  P. 

f^ixlt  ann.  LXV. 

Decejft   ann.  M.  D.  C  XLIV. 


Ce  Médecin  a   publié  les  Ouvrages  dont  voici  les  titres 


rffrî 


s    A    L  161 

^rs  Medlca  ,  in  qua  methodus  g*  pracepta  omnia  Medicînte  curatricls  &  eonfervc 
trlcis  expUcantur.  Patavii,  1614 ,  1641  ,  1659,  "'•4'  f^enctiis  ,  1620,  2/1-4.  Les  troi» 
<Jernieres    éditions  ont   été   lucceflivement    augmentées. 

De  natura  Mcdidn<s  Libellas.    Patavii^  1628  ,  /n-4. 

De  ^limentis  &  eorum  re&â  admlniftratione  Liber.  Ibidem  ,  1628  ,  in-4.  Le  flyle  de 
ce  Livre  eft  aflèz  mauvais  :  c'eft  dommage  que  l'Auteur  ait  écrit  auffi  négli- 
gemment ,  en  difant    de  bonnes   choies. 

George  Matthias  parle  d'un  autre  ProfefTeur  de  Padoue  ,  nommé  Jules  Sala  •, 
qui  fut  contemporain  du  précédent.  11  obtint  la  Chaire  extraordinaire  de  Mé- 
decine pratique  en  1620  ,  la  féconde  extraordinaire  de  Théorie  en  1624  ,  & 
la  première  en  1634.  A  cet  emploi  ,  on  ajouta  ,  en  1637  >  "^^  Leçon  qui  fe 
donnoit  au  pied  du  lit  des  malades  ,  dans  l'Hôpital  ,  fur  les  lignes  qu'on  peut 
tirer  du  pouls  &  des  urines,  C'eft  tout  es  qu'on  fait  de  ce  Médecin  ,  finon 
qu'il   mourut    en    1643. 

SALANDUS  ,  C  Jofeph^  de  Bergarae  dans  l'Etat  de  Venife  ,  n'enfeigna  la 
Médecine  dans  les  Ecoles  de  Padoue  que  pendant  l'année  1540  ;  car  il  fe  mit 
enfuite  à  voyager.  Il  parcourut  d'abord  la  plus  grande  partie  de  l'Italie  ,  &  s'ar- 
rêta dans  diveries  bourgades  &  villes  ,  où  il  fe  fit  un  nom  par  fes  cures.  Mais 
comme  il  aimoit  à  changer  fouvent  d'endroit  ,  il  pafla  en  Stirie  ,  &  continua 
d'y  traiter  les  malades  avec  autant  de  fuccès  que  de  réputation.  Cela  fut  caufe 
que  l'Empereur  Ferdinand  I  l'appella  à  fa  Cour ,  &  qu'il  l'y  retint  durant  le 
relie  de  fa  vie.  Maximilien  II  ,  qui  lui  fuccéda  ,  le  nomma  fon  Médecin  ,  & 
lui  continua  la  confiance  pendant  tout  fon  règne.  Mais  ce  Prince  étant  mort  en 
1576  ,  &  Salandus  voyant  qu'il  n'étoit  plus  payé  d'un  emploi  ,  dont  on  lui 
avoit  cependant  confervé  le  titre  fous  Rodolphe  II,  il  quitta  Vienne  fans  rien 
dire  à  perlbnne  &  fe  retira  à  Milan  ,  où  il  fit  fa  profeiîion  avec  la  même  cé- 
lébrité que  dans  les  autres  villes.  Las  d'errer  fans  demeure  fixe  ,  il  alla  s'éta- 
blir à  Salo  dans  le  Brefian  ,  &  il  y  mourut  en  1630 ,  Agé  de  plus  de  cent 
ans.  Ce  Médecin  a  donné  un  volume  de  Réponfes  Médicinales  ,  qui  fut  imprimé 
à    Milan  ,  &  un   autre  de  la  Panacée  ou   Elixir  de  Vie  ,  qui  fat  publié  à  Venife. 

Ferdinand,  iba  fils,  né  à  Salo ,  mourut  en  la  même  année  1630.  Il  fit  la  Mé- 
decine avec  aflez  de  réputation  ,  mais  il  n'atteignit  point  à  celle  de  fon  père.  On 
a  de  lui  un   Ouvrage    intitulé  : 

Traclatas  de  purgadone,  Acceffit  Conjîlium  de  MelanchoUa  Hypochondriaca ,  Catav 
tIio  falsd,  diminutâ  purgadone  menfium  ^  vomitu,  aliifquc  affeSibus  pr<eter  naturam. 
J'eronts  ,  1607 ,    in-4. 

SALATUS,  CErafme^  Doreur  en  Philofophie  &  en  Médecine  dans  le  XVII 
fiecle,  étoit  de  Trapani,  ville  de  Sicile  dans  la  Vallée  de  Mazara.  Il  exerça  pre- 
mièrement dans  fa  ville  natale  &  puis  à  Venife;  mais  ayant  atteint  la  maturité 
de  l'âge,  il  prit  le  parti  d  ;tller  à  Palerme ,  où  Ion  favoir  &  fes  fuccès  lui  méri- 
tèrent un  applaudi.fTemcnt  univerfel.  Le  Cardinal  Doria ,  Archevêque  de  cette 
ville  ,  ne  manqua  aucune  occafion  d'honorer  les  talens  de  fon  approbation,  &  la 
Dcrfonne  de  toute  fon  ciTime.    Salaïus  fit  voir  qu'il  en    étoit  digne,    &  particulie- 

r  0  M E  ir.  X 


i62  s    A    L- 

rement,  lorfqu'il  fut  nommé ,  en  1624  ,  avec  les  principaux  Médecins  dePaîerme, 
pour  examiner  le  corps  de  la  Bienheureufe  Rolalie  ,  native  de  cette  vWle.Jordain 
Cafcini  fait  mention  de  cet   examen  dans  la  vie  de  cette  fainte  fille. 

On  met  la  mort  de  Salatus  vers  l'an  1640,  &  on  le  dit  Auteur  de  plufieurs 
Commentaires  fur  différens  Livres  de  Galien^  que  Simon  ^campo  publia  à  Naples 
en  1642  &  en  1647^,  fous  fon  propre  nom;  mais  Jofeph  Galeanus ,  qui  avoit  été 
difciple  de  Salatus ,  a  convaincu  yJcampo  de  plagiat  dans  foo  Traité  D&  Febrc 
Epidemica,  imprimé  à  Palcrme  en  1648,    in-4. 

SALER  NE  C  l'Ecole  dej  fut  établie  par  Charlemagne  en  802  ;  elle  eft  la  pre- 
mière LJnuveriité  Chrétienne  où  l'on  ait  enfeigné  la  Médecine.  Cette  Ecole ,  dit  M. 
Lorry  dans  la  Préface  qu'il  a  mife  à  la  tête  des  Mémoires  pour  fervir  à  THiftoire 
de  la  Faculté  de  Montpellier  par  ^jlruc ,  s'ert  produite  de  l'aflemblage  de  plufieurs 
Chrétiens,  la  plupart  Moines,  qui  ayant  étudié  fous  les  Arabes  ,  étoient  revenus 
fe  fixer  dans  l'Italie,  leur  patrie;  elle  s'eft  toujours  plus  reirentie  du  goût  &  de  la 
DialecVique  des  Arabes  ,  que  de  la  méthode  des  Grecs.  Jugeons  en  par  les  Vers 
fameux  qu'un  Médecin  de  cette  Ecole  a  compofés  au  nom  de  toute  cette  Com- 
pagnie. Aufli  n'étant  appuyée  ,  ni  fur  des  principes  certains  ,  ni  fur  le  goût  flat- 
teur des  principes  de  la  Nature,  elle  n'a  pas  tardé  à  dégénérer.  Nous  le  voyons 
par  le  reproche  que  fait  Gilles  de  Corbeil  à  cette  Faculté,  de  recevoir  dans  fon  fein 
&  au  no.Tibre  de  fes  Dofteurs ,  des  enfans  qui  auroient  eu  beibin  de  Maîtres  fages 
&  la  vans.  En  effet,  à  l'exception  d'un  feul ,  Conjlantin  ,  Moine  du  Mont  Caffin  , 
qui  n'étoit  qu'un  compilateur,  cette  Ecole  n'a  fourni  aucun  Ecrivain  digne  de  re- 
marque, &  a  bientôt  elle-même  entièrement  diiparu  de  deflus  la  terre.  Ainfi  parle 
M.  Lorry. 

Si  la  mémoire  de  cet  établifiemcnt  s'eff  confervée  jufqu'aujourd'hui  ,  c'efl:  uni- 
quement au  Livre  qui  parut  ,  en  iioo,  fous  le  titre  à'Lcole  de  Salerne ,  qu'on 
doit  l'attribuer.  Mais  on  n'eft:  point  d'accord  fur  l'Auteur  de  cet  Ouvrage,  .^ndry 
a  foutenu,  dans  le  Journal  des  Savans,  qu'il  a  été  compote  par  Tufa  &  Rebecca 
Guerna ,  Dames  célèbres  qui  fe  font  Ggnalées  par  plufieurs  Ecrits.  Quelques  Bi- 
bliographes l'ont  donné  à  .Arnauld  dz  /^Uleneuve  ;  on  penfe  cependant  différem- 
ment aujourd'hui,  &i  Ton  croit  allez  généralement  que  Jean  Milanais  en  eft  l'Au- 
teur, &  qu'il  le  compofa  au  nom  du  Collège  de  Salerne.  Cet  Ouvrage  fut  dédié 
à  Robert,  Duc  de  Normandie,  fils  de  Guillaume  le  Conquérant  &  frère  de  SuiJ- 
laume  II  dit  le  Roux,  l'un  &  l'autre  fucceffivement  Rots  d'Angleterre.  Robert 
revenoit  de  la  guerre  que  les  Croifés  avoient  portée  dans  la  Terre  Sainte,  lorf« 
qu'il  s'arrêta  dans  le  Royaume  de  Naples  pour  confulter  les  Médecins  de  Salerne  , 
&  fe  faire  guérir  d'une  plaie  qu'il  avoit  reçue  au  bras.  En  iioi,  ce  Prince  pafTa. 
d'Italie  en  France,  &  ne  manqua  pas  d'y  apporter  l'Ouvrage  qu'on  hii  avoit  dédié- 
Le  Livre  intitulé  YEcole  de  Salerne  contient  différens  préceptes  pour  la  confer- 
T^ation  de  la  fanté.  On  s'eft  fervi  de  vers  Léonins  ,  peut-être  parce  que  cette  ma- 
nière d'écrire  éroit  plus  au  goiît  de  Robert  ;  elledivement ,  cette  forte  de  verfifi- 
cation  étoit  alors  fort  à  la  mode  en  Normandie.  C'eft  par  égard  pour  le  même 
FritKe  qu'il  eft  parlé    de  la    cure  de  La  fiftule  dans  cet  Ouvrage.  On  rapporte  que 


o 


^    A    L  iC 

T'a  blefiure  qu'il  avoit  reçue  étoit  dégénérée  en  cette  efpece  d^ilcere  ,    &  qve    les 
Médecins  de  Salerne  lui  avoient  cônfeillé  la  Saccicn ,  comme  l'unique  moyen    d'en 
guérir.   JVlais  comme  h   plaie  avoit   été  faite  par  une  flcche    empoironn^e* ,  Robert 
ne  voulut  pas  permettre  qu'on  tentât  fur  lui   cette  méthode,  de  crainte  que  la   per- 
fonne  qui    lui  rendroit   le  fervice  de    fucer    le    venin    qui    empêchoit  la    guérifon ,' 
ne  s'exposât  en  même  tems  à   la  mort.  Sybille,  fille  de  Roger,    Duc  de  la  Fouille, 
qu'il  avoit  époulée  en  Sicile  au  retour  de  Jéruialem  ,  prit  fur  elle  d'en  courir  tous 
les  dangers.    Elle  fuça   pendant  la   nuit  la  plaie   de   fîjn   mari ,  &    continua    à  fon 
infu    julqu'à    la  guérifon  ,•  mais  cette   héroïne    de  l'amour    conjugal    périt  peu    de 
tems  après.  C'eft  ainfi   que  ce   trait    d'hiftoire    eft   rapporté    dans    la    plupart    des 
Auteurs  qui  parlent  de  l'Ecole  de  Salerne.  11  pèche  cependant  du  côté  de   la  vrai- 
femblance;  car  le  poifon  ,  dont  la  plaie  de  Robert  avoit  été  infeflée  ,  devoit  être 
diflipé  par  le   tems  qui  s'étoit  écoulé   entre  le  moment   de  la   blefiure  &  celui  de  la 
fuccion  par  Sybille,'  ou  ce  poifon  s'étoit  communiqué  à  toute  la  mafle  des  liquides, 
&  la  fuccion  feule    ne  pouvoit   pas  l'en  débarralltr.  11  cft  d'ailleurs   tant   de  caufes 
qui  font  capables  de  faire  dégénérer  une  plaie  en  ulcère  fifluleux  ,  qu'il  eft  inutile 
de  recourir  au   poifon  :  c'cft  bien   alfez  de  fuppofor  de   l'impéritie    &    de    la  négli- 
gence dans  le  traitement^   &  du  tems   de    Robert,   les   Chirurgiens    n'étoient  pas 
plus  adroits    dans     l'Armée    des  Croifés  ,    qu'à  Salerne. 

Roger,  premier  Roi  des  deux  Siciles  en  1130,  &  les  deux  Guiilaumes ,  pre- 
mier &  fécond  ,  qui  lui  fuccéderent  ,  eurent  beaucoup  d'égard  pour  l'Ecole 
de  Salerne.  F'ital ,  Hiftorien  qui  mourut  en  1141,  rapporte  que  de  fon  tems  le 
Collège  des  Médecins  de  cette  ville  étoit  renommé  par  tout  le  monde.  Benja- 
min de  Tudela  ,  Juif  qui  avoit^eaucoup  voyagé  ,  confirme  la  même  chofe  ,  &  dit 
■que,  vers  l'an  1161,  cette  Ecole  étoit  la  plus  célèbre  &  la  meilleure  qui  fût  par- 
mi, les  enf'ans  d'E"!om  ,  c'oft-à-dire ,  les  Chrétiens.  Si  l'on  fait  cependant  attention 
à  l'Ouvrage  qui  nous  refte  fous  le  nom  de  cette  Ecole  ,  on  peut  juger  des  progrès 
que  fes  Membres  avoient  faits  dans  l'Art  de  guérir  ;  ils  font  bien  foibles  après  trois 
iiecles  d'étude,  c'eft-à-dire,  depuis  l'an  802,  époque  de  l'étab!iflemcnt ,  jufqu'en 
1100  que  cet  Ouvrage  fut  compofé. 

l'el  qu'étoit  le  Collège  de  Salerne  ,  on  ne  manqi'a  pas  de  lui  donner  des  fta- 
tuts  pour  en  alTurer  l'exiflence  &  faire  profpérer  fon  enfcignement;  ces  Oatut?  font 
même  les  plus  anciens  qu'on  connoifle  avoir  It^.  donnés  à  une  Ecole  publi- 
que. J'en  rapporte  le  précis.  Saint  Matthieu  étoit  le  puron  du  Co'kge.  Le  fccau 
portoit  ces  mots  pour  devife  :  Ciritas  Hippocraris.  Le  nombre  dis  Do,.'>eurs  éioit 
borne  à  celui  de  dix  ;  ils  dévoient  fuccéder  l'un  à  l'autre  ,  ibivant  l'ordre  de  leur 
ancienneté.  Les  Candidats  dévoient  être  examinés  fur  la  Thérapectique  de  Galieiiy 
le  Livre  d'wvifenne  qui  eft  intitulé  Canon  AlcdiciriiS  ,  &  fur  les  ApLcvirm  -  fans 
égard  pour  perfonne  &  avec  beaucoup  de  févérité  Ctlui  qui  \  oulvir  être  promu 
au  Dodorat,  devoit  avoir  atteint  fa  vingt-unicme  année,  Ç  Frzind  croit  qu'il  faut 
lire  vingt-cinquième  ou  vingt. feptieme  )  &  devoit  produire  des  tdmoignygcs  d'une 
étude  fuivie  pendant  fept  ans.  Four  être  admis  Chirurgien,  il  falloit  l'ep^^lict-tion 
d'un  an  à  l'Anatomie.  On  failbit  jurer  à  l'Afpiiant  au  Doclorat  de  ne  rien  f;.ire 
contre  l'honneur  &  l'intérêt  du  Collège,  de  fervir  les  pauvres  gratis^  de  ne  point 


«54  S    A    L 

entrer  en  monopole  avec  les  Apothicaires ,  en  partagfcant  avec  eux  le  profit  qu'ils  pour- 
Toient  tirer  de  leurs  médicamens  au  préjudice  des  malades.  Après  cela  ,  on  met- 
toit  un  livre  entre  les  mains  du  Candidat,  on  lui  palToit  un  anneau  au  doigt, 
on  lui  mettoit  la  couronne  fur  la  tête  ,  &  on  le  congédioit  après  lui  avoir  donné 
le  baifer  de  paix.  Il  y  a  encore  dans  les  ftatuts  de  l'Ecole  de  Salerne  d'autres 
articles  .  mais  ils  concernent  la  pratique.  11  yen  a  un  ,  en  particulier  ,  qui  enjoint 
aux  Apothicaires  de  ne  vendre  leurs  drogues  qu'au  prix  réglé  ,  Sa  de  les  préparer 
i'uivant   l'intention  &  l'ordonnance  des  Médecins. 

L'obfervance  de  ces  fiatuts  fit  fleurir  l'Ecole  de  Salerne  ;  elle  mérita  la  protec- 
tion de  l'Empereur  Frédéric  II  qui  lui  accorda  pluileurs  privilèges  vers  l'an  1225  , 
entre  autres  ,  celui  d'être  la  feule  Ecole  ,  avec  celle  de  Naples  ,  où  l'on  pût 
prendre  le  degré  de  Licence.  C'eft  aux  ordres  de  ce  Prince  &  à  ion  amour 
pour  les  Sciences  ,  que  nous  devons  les  Vcrfions  Latines  de  plufieurs  Mé- 
decins Arabes.  Le  Collège  de  Salerne  profita  peu  de  ces  avantages  ;  il  dégénéra 
inienfiblement  par  le  relâchement  qui  s'introduifit  dans  la  difciplme  ,  &  les  Uni- 
verfités  qu'on  établit  ailleurs  ,  ne  tardèrent  point  à  efliicer  le  mérite,  de  fes 
Doéteurs. 

L'Ouvrage  intitulé  VEcole  de  Salerne  eft  un  mélange  de  maximes  vraies  » 
noyées  dans  quantité  de  faufles  ;  &  à  confidérer  la  dureté  des  Vers  qui  les 
expriment ,  on  reconnoît  fans  peine  le  génie  du  fiecle  qui  les  a  produits.  Mais  toute 
mince  que  foit  cette  production  ,  on  ne  s'elt  pas  moins  empreffé  à  la  lire;  on 
en  a  même  multiplié  les  éditions ,  comme  on  n'a  peut-être  jamais  fait  d'aucun, 
autre  Ouvrage.  En  voici  quelques-unes  : 

SclioIiS  SakrnUarue  Opufculum  de  confervanda  valetadlne  ,  cutn  u^rnnldi  Novîcomen-' 
fis  enarrationîbus  ,   rccognitam  per  Jo.  Curionem  &  Jac.  Crellium.  Parifih  ,  1545,  inis, 

L'Efchok    de   Salerne    en  Quatrains  François  ,    par  l'Abbé   ^ncelia.  Paris,  1628  y, 
£/i-8.   Ibidem^  1669,  par  Jacques  Du  Four. 

Nova  ^ntlqua  Schola  Salerna.  Mechlinas  ^  1633,  Jn-8. 

Echoie  de.   Salerne  en  vers   burlcfqucs.  Paris,    165 1  ,  tn-12.  Grenoble  ,    1657  ,    in-12^ 

UEfchole  des  Médecins  de  Salerne.,   enrichie  de  plufieurs  beaux  &  do&esdifcours.  Lyon.,. 
1660,  :/i-i2,  par    Martin.    C'eft    fans    fondement   qu'on  attribue   cette    Verfion   à 
Gui  Patin.  Sous  le  même  titre,  avec  des  augmentations,  Rouen,  1660,  /7i-i2jpar. 
Michel  Le  Long ,  Dodeur  en  Médecine  à  Provins. 

Joannis  de  Medlolano  Schola    Salcrnltana  ,  Jîve  ,   de    confervanda  valetudine  pracepta . 
metrica.,  ex  recenfione  Zacharîa  Sylvii.  Roterodami,  1667,  in-12. 

Schola  Salernicana  de  valetudine  tuenda ,  cum  animadverjîonibus  Renaxl  Moreau.  Pa- 
rifiis ,  1672  ,  /n-8. 

La  Scuola  Sdernltana  dilucîdata.   Venife  ,   1733,  ;/ï-8,  par  Fulvio  Gherlî. 

VArt  de  confervzr  fa  famé  compnfi  par  V Ecole  de  Salerne.  TraduéVion  nouvelle  en-. 
François  par  B.  L.  M.  La  Haye,  1743,  '"-8.  Paris,  1749,  1753  ,  w  12.  On  voit- 
que  jufques  dans  notre  fiecle  ce  petii  Ouvrage  a  eu  cours  *;  c'eft  l'ordinaire: 
de  tous  ces  Livrets  qui  promettent  aux  hommes  l'acquilition  ou  la  conferva- 
tion  de  la  fanté  à  peu  de  fraix.  Mais  le  nombre  des  éditions  de  \E:olede  Salerne. 
ne  fe  borne  point  à  celui  qu'on  vient  de  donner  ;  on  remarque  encore  les-, 
iuivantes: 


s    A     L  165 

Fn  Ladp.  Pife  ,   i484,/«-i.  Paris,  149;,,  in-3.  Leipfic  ,  1508,  in-4.  Francfort ,- 
r^45,  1551»  Ï553.   '5.S7,  1559.   1582,   IS99,  '■"•«  ".  1594^   1612,1625,  Jn-i2.  An- 
vers ,  issr  ?  ii-i'i-  Co'oa;ne  ,   1606,  in  folio.  Tubingue  ,  lôj-a  ,  in-8,    Rotcrda.n  , 
1649,  ï^.T^  •>  '"n-iî-  La  Haye,  1683,  {/1-12. 

En  François.  Lyon  ,  1501 ,  in-8. 

En  Ano;lois.     Londres,  1579,  1607. 

En  Italien,  Veniie  ,  1666,  in-li. 

Sx\LER.NE  ,  fFrançois  )  Médecin  d'Orléans ,  mourut  en  1760.  Il  aimoit  pu° 
tant  le  travail  qu'il  avoir  de  connoifTances  pour  y  réuffir  ;  mais  c'eft  principalement 
à  l'Hifloire  Naturelle  qu'il  s'eft  attaché.  Il  a  travaillé  ,  avec  ^rnault  de  NobkvlUc, 
à  la  continuation  du  Traité  de  Matière  Médicale  que  Geoffroy  avoir  laifle  impar- 
fait. Ces  deux  Médecins  ont  donné  le  Règne  Animal  ,  qui  eft  renfermé  dans  les 
fix  derniers  volumes  de  l'édition  Françoife  du  Traité  de  la  Madère  Médicale  publié 
à  Paris  en  1743  &  années  iuivantes  ,  feize  volumes  j/1-12.  L'HiJloire  Naturelle  des 
animaux  eft  de  17^6.  Elle  s'étend  fur  les  Infectes  ,  les  Poiflbns  ,  les  Amphibies  , 
les  Oiftaux  ,  leS  Quadrupèdes  &  l'Homme;  mais  la  defcription  Anatomique  tient 
la  plus  grande  place  dans  chaque  article  de   cet  Ouvrage, 

Le'  goût  de  Sahrne  pour  THiftoire  Naturelle  lui  avoit  fait  entreprendre  la  tra- 
dudion  du  Synopjîs  ^vium  de  Ray  ;  il  en  laifla  en  mourant  le  Manul'crit  qui  fut 
imprimé  à  Paris  en  1766  ,  deux  volumes   i'2-i2,rous  ce  titre: 

EJJai  fur  PHiJtaire  Naturelle  des  Oifeaux ,  ou  Traducilon  t/u  Synopfis  Avium  i/e  Ray  ; 
augmenté  de  Recherches  critiques  &  d'Obfer rations  curieufcs  far  les  Oifeaux  de  nos  c/i~ 
mars.  Debure  ,  qui  en  eft  l'Imprimeur  ,  donna  en  1767  une  édition  îra-4  , avec  figu- 
res ,  lous  cet  autre  titre  ;  VHiftoire  Naturelle.,  éclaircie  dans  une  di  fes  parties  princi- 
pales ,  VOrnithologie  ,  qui  traite  des  Oifeaux  de  terre  ,  de  mer  fif  de  rivi^rz ,  tant 
de  nos  climats  que  des  pays  étrangers:  Ouvrage  traduit  du  Latin  du  Synoplis  Avium  de 
Ray ,  augmenté  d'un  grand  nombre  de  Defcriptions  &  de  Remarques  hiftorîques  fur  le  ca- 
ractère des  Oifeaux  ,   leur  indujïrie .,  leurs  rufes. 

On  doit  encore  à  Salerne  un  Mémoire  préfenté  A  l'Académie  Royale  des  Sciences 
de  Paris  fur  les  maladies  que  caufe  le  feigle  ergoté.  Les  Obfervations  de  l'Auteur  , 
qui  étoit  Correfpondant  de  cette  Académie  ,  regardent  principalement  la  Pologne , 
petit  pays  de  l'Orltanois,  où  cette  maladie  du  grain  fait  le  plus  grand  ravage. 
Notre  Médecin  a  laiflë  un  Manufcrit  ,  in-folio ,  qui  eft  pafl'é  dans  les  mains  c'^r- 
nault  de  Noblevllle ,  &  qui  contient  VHijloire  des  Plantes  qui  cro'.ffent  aux  environs 
d'Orléans  ;  par  M.  Lambert  de  Cambrai.,  ancien  Maître  des  Eaux  &  Forêts;  con- 
tinuée depuis  par  M  Duhamel  &  par  M.  Salerne.  Ce  Manufcr't  a  été  employé 
dans  les  Obfervations  fur  les  Plantes  ,  p&T  M.  Guettard ,  de  l'Académie  des  Sciences, 
Paris  ,  1747  ,  deux  volumes   in-12, 

SALICET  ,  ("Guillaume  DE  J  Médecin  natif  dé  Plaifance  ,  exerça  fa  pro- 
feftion  à  Vérone  vers  le  milieu  du  XIII  liecle.  Il  eft  le  premier  Praticien  qui  ait 
prefcrit  à  fes  malades  des  remèdes  tirés  de  la  Chymie  ;  mjais  comme  il  ne  fe 
borna  pas  au  traitement  des  maux  internes,  &  qu'il  fe  diftingua  par  lé?  connoif. 
fances    chirurgicales,  on  n'a    pas   balancé  d'enlever   cet  Ecrivain    à  la  Médecine. v 


iG6  S    A    L 

pour  le  donner  à  la  Chirurgie,  (nns  faire  attention  qu'un  feul  &  même  homrn* 
remplifToit  alors  ordinairement  les  devoirs  de  l'une  &  de  l'autre  de  ces  deux  par- 
ties de  l'Art  de  guérir.  Salicet  parle  d'une  façon  particulière  de  tirer  la  pierre  de 
la  veilie  &  du  traitement  des  plaies.  Sa  méthode  en  général  vaut  mieux  que 
celle  des  Auteurs  qui  ont  écrit  avant  lui  ;  il  ne  la  borne  point  à  la  feule  sp- 
plication  des  méoicamens  ;  il  propofe  des  opérarions  ,  &  il  paroît  les  avoir  pra« 
tiquées  lui-même.  Parmi  les  cures  qu'il  a  faites  ,  on  voit  qu'il  a  guéri  une  pkie  du 
Bas-Ventre  par  la  future,  &  la  luxation  d'une  vertèbre  par  la  rédud^ion.  Il  le 
fervoit  cependant  de  beaucoup  d'onguens  &  d'emplâtres,  &  même  trop  fréquem- 
ment :  Gui  de  Cauliac  le  cenfure  à  cet  égard  ,  mais  il  lui  donne  d'ailleurs  le  titre 
de  f^akns  homo,  &  celui  d'homme  entendu  en  Médecine  &  «n  Chirurgie.  Il  eut 
certainement  une  longue  expcrience,  dit  Frclnd,  &  il  iemble  avoir  mieux  connu 
fa  profcflion  que  ceux  du  même  tems.  Quoiqu'il  ait  écrit  comme  eux  d'un  ftyle 
barbare ,  &  qu'il  ait  fouvent  copié  ^Ibucajh  &  d'autres  ,  il  a  cependant  plus  l'air 
d'un  Auteur  original.  Il  femble  avoir  été  le  premier  qui  ait  confeillé  les  eaux 
jnercurielles  pour  le  vilage,  &  il  s'étend  davantage  que  les  contemporains  fur  la 
cure  du  Sarcoceile.  Il  die  que  les  nerfs  qui  prennent  leur  origine  du  cerveau  &c 
de  la  nuque,  fervent  aux  mouvemens  volontaires,  &  que  ceux  qui  partent  d'ail- 
leurs ,  font  deftinés  aux    mouvemens  naturels  &  vitaux. 

Ce  Médecin  mourut  en  1280.  Il  laiffa  une  Pratique  qui  fut  long-tems  en  vogue 
fous  le    nom  de   Guillelmia  &c  qui  parut   fous   ce  titre: 

Summa  confcrvuùonU  &  curatlonis.  f^cnetils ,  1489,  in-folio.  LlpJΣ  ,   ^495  1  in-folio. 

11  a  audi  écrit  Xne  Chirurgie  qu'on  a  publiée  en  Latin  à  Venife  en  1502  & 
1546,  in-folio;  en  François  par  Nicolas  Prevot ,  Médecin  ,  Lyon,  1492,  :n-4 ,  Pa- 
ris, 1505,  1596,  même  format,  fous  ce  titre  ••  La  Cyrurgie  de  M.  Guillaume  de 
Salicet  ,  dà  de  Placentia. 

SALINS  ,  CHugues  DE  ^  Do£leur  en  Médecine  de  la  Faculté  d'Angers,  étoit 
de  Beaune  en  Bourgogne.  Le  5  Janvier  1688  ,  il  fe  lit  aggréger  au  Collège 
des  Médecins  de  Dijon ,  &  fut  eniuite  pourvu  d'une  charge  de  Secrétaire  du 
Roi  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Dole.  Il  eft  mort  à  Meuifault,  village 
près   de    Beaune  ,  le    28   Septembre    1710  ,   âgé  d'environ   7^   ans. 

Ses  Ouvrages  ne  confiftcnt  qu'en  Vers  &  en  différentes  pièces  de  Littérature, 
comme  une  Lettre  contre  Moreau  de  Mautour  far  la  ville  de  Bibradle.  Dijon  , 
1708  ,  ift-S.  Mais  il  a  procuré  une  nouvelle  édition  de  l'Ecrit  de  Jean-Bapilftt 
de  Salins ,  fon  frère  ,  qui  eR  intitulé  ;  Défenfe  du  vin  de  Bourgogne  contre  le  vin 
de  Champagne  ,  pour  la  réfutation  de  ce  qui  a  été  avancé,  par  P  Auteur  de  la  Thefe 
Jcutenue  aux  Ecoles  de  Médecine  de  Rheims  ,  /e  5  Mai  1700.  Dijon  ,  fous  le  nom  de 
Luxembourg,  1704,  ira-4.  La  première  édition  eft  de  1701.  Cet  Ouvrage  qu'on 
peut  regarder  ,  pour  fon  objet  ,  comme  une  Oraifon  de  Cicéron  Pro  domo  fi:â , 
fut  traduit  en  Latin  ,  fous  ce  titre  ;  Defenpo  vini  Burgundîonis  advenus  vinum 
Campanum  ,  &  parut  à  Beaune  en  1705  ,  à  Dijon  en  1705.  On  croit  que  le 
Tradudlcur  ef^  le  même  Hugues  de  Salins.  Il  laifla  un  fils  ,  Claude  ,  né  en  1664  , 
cjui  prit  le  bonnet  de  Dodteur  en  Médecine  &  fut  Maître  des  Comptes  à  Dijan 


s    A    L  r6? 

Jean-Baptijîc  de  Salins  ,  frère  de  Hugues  ,  fut  au(îi  Doifleur  en  Médecine.  Il 
étoit    de  Beaune  ,  où   il    mourut   le   i8  Février  1710  ,  âgé   de  80  ans. 

SALLUSTE  de  Mopfuete  ,  Médecin  du  premier  fiecle  ,  vécut  fous  Tibère, 
Suidus  en  fait  mention  ,  &  Pline  cite  un  SallujHus  Dionyfius  qui  paroît  être  dif- 
férent du   premier. 

SALMUTH  ,  (  George  )  Doéleur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpel- 
lier ,  étoit  de  Leipfic.  Non  content  des  progrès  qu'il  avoit  faits  en  France  , 
il  pafla  en  Italie  &  s'arrêta  à  Padoue  ,  dans  le  delfiin  de  s'y  peifedtionn  er  ^ 
mais  on  le  rappella  bientôt  dans  fa  patrie  ,  pour  lui  donner  la  Chaire  d'Ana- 
tomie  &  de  Chirurgie.  Son  mérite  le  fit  monter  à  la  charge  de  Médecin  de 
la  Cour  Eledorale  de  Saxe  ;  il  fit  honneur  à  cet  emploi  ,  ainfi  qu'à  celui  de 
Profelfeur  qu'il  remplit  jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  1604  ,  à  l'âge  de  50  ans.  On 
ne  connoît  rien  de  lui  qu'un  Ouvrage  imprimé  en  1585,  //i-4 ,  fous  le  titre  de 
Quajïta  quidam  Chirurgica  ;  mais  il  n'ett  peut-être  qu'une  Diflertation  Académique, 
en  forme  de  Thefe,  forte  d'Ecrit  que  certains  Bibliographes  nous  donnent  fré- 
quemment   comme    des    Traités   d'une  grande    étendue. 

Philippe  Salmuih  ,  autre  Médecin  Allemand  du  môme  fiecle  ,  fervit  le  Prince 
d'Anhalt.    Il  a   lailfé    au   public  : 

Obf'crvationum  Mcdicarum  CenturLs  très  pofthuma.  Brunfvlg(e ,  1648  ,  m-4,  L'Au- 
teur ie  plait  à  y  rapporter  des  chofes  extraordinaires  ;  mais  dupe  de  fon  amour 
pour  le  merveilleux  ,  il   n'a  que  trop    fouvent  donné  des  fables  pour  des   vérités. 

SALOMON  ,  Roi  de  Judée  ,   commença  à  régner  l'an  du   monde   2991.  Flave 
Jufeph    dit    que    Dieu    avoit  rempli    ce    Prince  d'un   favoir  &  d'une   intelligence  fi 
extraordinaire,   que   nul    autre    dans  toute  l'antiquité  ne  lui  avoit  été  comparable 
&    qu'il   furpafToit    même  de  beaucoup  les  hommes    les    plus  infiruits  de  l'Egypte 

Les  Livres    Saints    nous  apprennent    que  fon  favoir  étoit   fi  étendu  ,  qu'il  con- 
Boiflbit   depuis   le   Cèdre    du   Liban   jufqu'à    rHyffope    qui   fort   de  la    muraille 
&  qu'Vl  avoit  éc-it  roa^haat  lis    lieptiles  ,   les   PoilFons  ,  les    Oifeaux    &   tous  les 
autres   animaux.    Salomon    lui  -  même  ,    entre     les    autres    connoifiances   qu'il    s'at- 
tribue    au    Livre    de  la  SagefTe  ,    Chapitre    V  ,   alFure    qu'il    n'ignoroit    rien   de 
tout  ce   qui  a   rapport   à    la  différence   des   plantes   &  les    propriétés  des   racines 
Ue   tout   ceci ,  il  paroît    que  ce    n'etl  pas  fans  raiibn  qu'on  compte   ce   Roi  parmi 
ks   hommes    dont   on   admire    l'intelligence    dans   la   partie   de  la  Médecine  à  qui 
on   a  donné    le    nom   de   Botanique  ,"   mais  c'efl:  pouffer  trop   loin   la    choie  ,    que 
de   dire  ,    avec  certains  Hiftoriens  ,   qu'il   a    cultivé   l'Anatomie   &    la    Chirurgie 
-&  de   lui  attribuer  ,   avec  les   Alchymiftes  ,  le    Livre    De    Lapide   Minerai!  ,    guen 
P hilofopkorum   appdlant  ,   que   Jean  Rhenanus    a    mis   dans   le    Recueil    imprimé    à 
Francfort  en    1625  ,  fn-8. 

Flave  Jofeph  dit  encore  que  la  Reine  d'Ethiopie  ,  celle  que  les  Livres  Saints 
nomment  la  Reine  d'Orient  ,  &  qui  vint  à  Jérulalem  vérifier  par  elle  -  même 
ce  qu'elle  avoit  entendu  de  la  fageflè  de  Salomon  ,  fit  préfent  à  ce  Prince  de 
la  plante  qui  produit  le  Baume  ,  &  que  la  culture  multiplia  cet  arbre  précieux 
dans  ks  Jardins  de  Jciicha.. 


i65  •  '  S    A    î. 

Suidas  remarque  qu'on  avoit  gravé  dans  le  veftibule  du  Temple  de  Jérufalem 
tout  ce  que  contenoit  un  Livre  de  Salcmon  ,  qui  étoit  intitulé  :  Remèdes  pour 
traiter  les  maladies  ;  mais  qu'Ezéchias  avoit  fait  eflacer  tout  cela  ,  parce  que  le 
peuple  qui  en  tiroit  des  moyens  de  guérifon  ,  négligeoit  de  s'adrefier  à  Dieu 
pour  lui  demander  la  fanté.  Suidas  parle  fans  doute  'd'après  les  Rabbins  ,  qui 
le  ibnf  imaginés  qu'on  avoit  pratiqué  la  même  choie  dans  le  Temple  du  vrai 
Dieu  que  dans  celui  â'Efculape  ,  où  les  Païens  alloient  confulter  les  Tableaux 
des  guérifons  attribuées  au  Dieu  de  la  Médecine.  Rien  de  pareil)  ne  le  trou- 
voit  i  l'entrée  du  Temple  de  Jérufalem  ;  c'étoit  le  Livre  même  de  Salomon 
que  le  peuple  alloit  confulter  dana  l'endroit  public  où  il  étoit  confervé.  Euf&be  ^ 
qui  cite  yJaûJîaft:  de  Nice  ,  s'explique  afléz  clairement  à  ce  fujct ,  iorlqu'il  dit  : 
Libros  Salonioàls  ,  qui  fcripti  erant  de  Proverbiis  &  Odis ,  in  quitus  tradabatur  de  na- 
ture plantarum  &  omnt  génère  anlmalium  ,  &  de  curatione  morborum  ,  de  medio  fuftulit 
E^ccklus  ,  proptireà  quod  morborum  medclas  indè  populas  accipjiret  ,  e?  nïhili  faceret 
à   Deo  petere    curatioaem. 

Flavi  Jofeph  a  remarqué  qu'il  y  avoit,  du  tems  de  Salomon,  plulieurs  Juifs  fort 
favans  en  Mé^iecine  ;  il  en  cite  quatre,  comme  les  plus  habiles,  Ethan ,  Heihan, 
Chalcol  &  Darda,  tous  fils  de  Mahol.  Leurs  noms  fe  trouvent  aulli  dans  le  troi- 
fieme  Livre  des  Rois ,  où  il  eit  dit  en  parlant  de  Salomon  :  Et  pnecedebat  fap'ientia 
Salomonls  fapientiam  omnium  Orientaliam  &  ^gyptlorum ,  &  erat  faplentlor  candis  ho- 
minibus:  faplmtlor  Ethan  E^rahitay  &  Heman ,  &  Chalcol,  &  Dorda^  filiis  Mahol. 

SALOMON  BEN  VIRGA  ,  Rabbin  Efpagnol  &  favant  Médecin  au  commen- 
cernent  du  XVI  fiecle  ,  a  ^crit  une  Hiftoire  de  ce  qui  eft  arrivé  aux  Juifs  depuis 
}a  deftruéVion  du  Temple  de  Jérufalem  jufqu'à  fon  tems.  Cet  Ouvrage  intitulé: 
Schebet  Juda,  c'eflà-dire,  Inhus  Judée  ou  plutôt  F'IrgaJudcS,  a  été  traduit  en 
Latin  par  George  Gentius.  Il  a  paru  à  Amfterdam  en  1651,  in-4. ,  par  les  foins 
de  Pierre  Noël.  Les  Juifs  efliment  beaucoup  ce  Livre  qu'ils  ont  fait  paroître  en 
diverfes  Langues,  comme  en  Allemand,  en  Portugais,  &c.  Bafnageen  a  fait  ufage 
dans  fon  Hiftoire  des  Juifs. 

SALPÉ,  Sage-femme  étoit  de  l'Ille  de  Lesbos,  aujourd'hui  Métclin  dans  l'Ar- 
chinel.  uithinée  le  Grammairien  parle  d'elle  dans  fes  Diphnofophiftcs  ;  il  fait  dire 
î\  Nymphodore  que  cette  femme  a  écrit  fept  Livres  des  remèdes  propres  aux  ma- 
ladies de  fon  fexe. 

SALTZMANN,  C  Jean  Rodolphe  )  Médecin  natif  de  Strasbourg,  enfeigna 
publiquement  dans  cette  ville  ,  en  qualité  de  premier  Profïfleur  de  la  Faculté, 
ïl  étoit  Doyen  du  Chapitre  de  Saint  Thomas  à  Strasbourg ,  &  Médecin  ordinaire 
de  la  même  ville,  lorfqu'il  y  mourut  le  11  Décembre  1656,  à  làge  de  83  ans. 
On  a  de   lui; 

Confultatio  Medica  de  curando  Melancholico.  Argentorati ,  1611,..  m-8,  dans  le  pre- 
mier  Tome  des  Oraifons  de  Strasbourg. 

i)e  dlata  fraciorum  ojfium.  Oppenheimii,  161 1  ,iV8,  avec  les  obfervations  A'Hildanus. 

Z>c  Anaiomicis  quibufdam  Obfervatlonibu  Epiftola.Ulma ,   1628,  :/i-4 ,  avec  les  Ob- 

i&rvationi 


s    A    L  •        -  169 

Tervations  de  Grégoire  Horfllus.  Les  obfervations  Anatoniiqucs  de  Sah^mann  (ont 
en  plus  grand  nombre,  &  quoiqu'elles  aient  été  recueillies  entre  les  années  1610 
âî  i6if ,  elles  n'ont  paru  que  bien  tard,  par  les  Ibins  de  Théodore  Wynandfi  qui 
les  fit  imprimer  à  Amfterdara  en  1669,  :n-i2,  fous  le  titre  de  F'aria  ob/ervata 
^aatomica. 

SALTZMANN ,  C  Jean  )  de  Strasbourg ,  fit  fes  premières  études  dans  cette 
ville,  où  il  s'appliqua  enfuite  à  la  Médecine  avec  tant  de  luccès,  qu'il  y  mérita 
les  honneurs  du  Doctorat.  L'envie  de  le  perfeftionner  lui  fit  entreprendre  de 
longs  voyages.  De  retour  dans  fa  patrie ,  il  donna  tant  de  preuves  des  progrès 
qu'il  avoit  faits,  fur  tout  dans  l'Anatomie  &  la  Chirurgie,  qu'il  fut  nommé  à  la 
Chaire  de  cette  première  Science  en  1708.  C'eft  à  lui  qu'on  doit  rapporter  l'éta- 
blilFement  de  la  Leçon  de  Chirurgie  à  Strasbourg;  il  y  enfeigna  cette  partie  de 
l'Art  dont  perlbnne  ne  s'étoit  occupé  jufqu'à  lui,  mais  qui  depuis  a  toujours  été 
traitée  par  le  Profefleur  d'Anatomie.  Sdt:^mann  remplit  ces  deux  Chaires  avec 
réputation,  &  fit  tant  d'honneur  à  l'Univerfité  de  Strasbourg,  qu'il  en  mérita  les 
regrets  les  plus  finceres  à  fa  mort  arrivée  en  I7.'^4,  dans  la  31e-  année  de  fon  Doc- 
torat. Ce  Médecin  a  iaifle  plufieurs  bonnes  Diflèrtations  Académiques  qvi  roulent 
principalement  fur  l'Anatomie  &  la  Chirurgie,  dans  lefquelles  il  excelloit,  &  qui 
font  voir  combien   il  avoit  de  goût  pour  l'obfervation. 

SALVIANI  (  Hippolyte  J  naquit  dans  une  famille  noble  à  Citta-diCaftello  dans 
rOmbrie,  &  profelia  la  Médecine  à  Rome,  où  la  profondeur  de  fon  favoir  &  la 
confiance  de  fon  aOiduité  à  obferver  le  cours  des  maladies  lui  méritèrent  les  fuc- 
cès  qui  couronnèrent  fa  pratique.  Ils  lui  méritèrent  encore  Teftime  &  la  confiance 
du  Pape  Jules  III  qui  le  mit  au  nombre  de  fes  Médecins.  Après  la  mort  de  Jules 
en  1555,  5(2/^^71;  continua  d'être  beaucoup  répandu  dans  le  public ,  &  de  s'y 
xJiflinguer  par  fes  taleos ,  la  fageffe  de  fes  confeils  &  la  prudence  de  fa  conduite. 
11  mourut  à  Rome  en  1572,  ù  l;â3:e  de  58  ans,  &  laifla  plufieurs  Poèmes  &  Co- 
médies Italiennes,  dotit  la  compofition  le  dillrayoit  de  fes  éludes  férieufes.  C'efl: 
à  celles-ci  que   nous  devons; 

De  P'ifdbui  Tomi  duo  ,  cum  eorumdem  figuris  are  incijîs.  Rcma^'x^^^  ^  159"  ?  in-fo- 
lio. Ouvrage  magnifique  qui   fut  imprimé  en  grand  papier  ,  aux  fraix  de  l'Auteur 
mais  dans  lequel  on  trouve  plus  de  détails  propres  à  amufer  les  Curieux ,  qu'à  éclai- 
rer les  Phyficiens  fur  la  nature  des  poilibns. 

De  crijîbus  ad  Gaknl  ccnfuram  Liber.  Roime  ^  I55^»  '^^• 

De  aquatilium.  anbnalium  carandurum  formis.  f^cmnis  ,  i6o3  ,  l6o2  ,  in»foUo,  C'eft 
le  premier  Ouvrage  fous  un  titre  nouveau.  L'édition  de  Rome- eft  fupérieure  à 
celle«ci. 

Ce  Médecin  eut  deux  fils  qui  fe  diftinguerect  dans  la  République  des  Let- 
tre?. GiCpar  ,  excellent  Poëte  ,  fit  honneur  à  l'Académie  des  Humorîftes  ,  dont  il 
étoit  Membre.  Sulufte  ,  Dof\eur  en  Philofopbic  &  en  Médecine ,'  &  Profefièur 
de  Théorie  à  Rome  ,  fa  patrie  ,  a  joui  d'une  grande  réputation  qu'il  a  foutenuc 
par  les  Ouvrages.  Tels  font  ; 

De.   cahre  naturali^  acquijhd  &  febrili  Llbri  duo.  Roma^  1586,  J/i-8. 
T  û  M  E    t  l^.  Y 


j;o.  S    A    L       S    A    M 

De.  Urinarum  diferentus ,  caufîs  &  judicn-i  Libri  duo.  Jbîd&m  ^  ^5^7  >  '"''-^■ 
yariarum    Le&ionum  de  Re   Mcdicà    Libri  très.    Ibidem  ,   1588 ,  m-8. 
De  crifibus  Liber.  Ibidem,  1589,  in-S.  C'efl:  l'Ouvrage  de  Ion  père  qu'il  fit  réimprf- 
mer.  11  a  encore  paru  à  Lyon  en  1605 ,  lia~B. 

SALVUS  SCLANUS,  ProfelFeur  d'Anatomie  dans  l'Ecole  de  Naples,  fa  pa- 
trie ,  fut  en  réputation  après  le  milieu  de  XVI  fiecle.  Les  Ouvrages  qu'il  publia-- 
iur  Hippocrate  &  lur  Galien  lui  firent  honneur;  mais  comme  ils  ont  été  remplacés 
par  des  Corr.ratntaires  qui  valent  mieux,  ils  font  peu  luivis  aujourd'hui.  Tels 
qu'ils  Ibient ,  voici  les  titres  fous  lelquels  ils  ont  paru  : 

Commentaria  in.    ^phorifmos  Hippocrans,  f^enetiis ,  1579,  isS.-?  ,  /n-4. 

Comment jria   in  très    Libros  yinis  Mediclnalis  Odeni.   Ibidem,  1597,  m-4. 

Jean  ^Itimarus ,  Médecin  de  Naples,  ne  manqua  pas  de  foutenir  fes  fentimens 
contre  les  attaques  de  Salvus  Sclanus  qui  les  avoit  cenfurés  dan?  fes  Commen- 
taires fur  Hippocrate:,  mais  celui-ci  lui  ripolta  par  une  Apologie  publiée  à  Venife 
en  1584,  /n-4. 

SAMBUC,  (  Jean  )  Médecin    natif  de    Tirnau  en   Hongrie  ,  vint  au    monde 
au  mois  d'Août   1531.  11  fréquenta  les  plus  célèbres  L^niverfités  d'Allemagne  ,  d'I- 
talie &  de  France ,  &  s'y  rendit  très-habile  dans  la   Médecine ,  les  Belles  Lettres , 
la  Poéfie  ,  THiitoire    &  les  Antiquités-.   L'opinion  où  il  étoit  qu'on    perdoit  à  être 
privés    des   Ecrits  des  Auteurs  anciens  les   plus  célèbres,  l'engagea  non  feulement 
à  en  faire  la   recherche  avec  beaucoup  de  peine   &   de  diligence  ,    mais  encore  à 
dépenfer  des  fommes  confidérables   pour  kur  imprefiion.  Sa  libéralité  î\  cet  égard  , 
ainfi  qu'au   fujet  des  médailles  qu'il  fe  procura  à   grands  fraix  ,  peut  être  comparée 
à  celle  des    Princes  les  mieux  intentionnés  pour  les  Lettres.   Comme    la  fcience  de 
Sambuc    alloit   de    pair    avec   le   zèle    qu'il    avoit  de  la  communiquer  aux  autres, 
fon  mérite  perça  à  la  Cour  des  Empereurs  Maximilien  II  &  Rodolphe  II,  dont  il 
fut  fucceffivement  Confeiller  &  Hiftoriographe.  Il  ne  fervit  le  dernier  que   pendant 
fept  ans   &  quelques  mois  ,  car  il  mourut  d'apoplexie  à  Vienne  en  Autriche   le  13 
Juin  1584  ,  dans  la    53e.  année  de  fon  âge.   On  a  de  lui  une  Hiftoire  de    Hongrie 
depuis  Matthias  jufqu'à  Maximilien  H;  elle  eft  affez  exade  ,  mais  on  ne  la  trouve 
point  également    impartiale.  On    a  encore  les  vies    des   Empereurs  Romains,  des 
Traductions  Latines  d'Héfîode ,  de   Thénphylate  ,   &  d'une    partie    des   Œuvres    de 
Platon  ,  de  Xénophon  &  de  Thucydide;  des  Commentaires  fur  l'Art  Poétique  à'Horacc 
il  des   Notes   fur   plufieurs   Auteurs    Grecs    &    Latins.   Celui    de    fes    Ouvrages 
qui   a   le    plus    de    rapport   à    la    Médecine  ,    eft  un  Recueil    contenant   67    por- 
traits,  la  plupart  des    Médecins   du    XVI  ficcle ,  avec  un  abrégé  de  leur  vie.  li 
eft  intitulé  : 

Icônes  ,  feu^  viv<e   imagines  Medlcorum  &    Philnfopborum  veterum  &  recentium.  ^iit- 
yerpite^  I574  >  in-folio.  Lugduni  Batavorum  ,  1603,  in-folio. 

Nicolas  Rcufner  a  confacré  cette  Infcription  à  la  mémoire  de  Jean.  Sambuc  i 


•) 


s    A    M  -    s    A    N  ,       ^^^ 

JoANNES   SaMBUCUS 

Tlrnavia,  Pannonite  Oppidô,  natus   ig^T. 

Qui  phrtfque  in  ^cademlis  Italits  ^  Germanits  ,  Gallits  ,  cuin  laude  verfatus  ; 

Qui  prater  cateros  unus  cum  Litteris  humanîtatem  , 

Graca  cum  Latinis^ 

^adqua  Philojbphla  fcientiam  cum  elegantia  do&rinte  conjunxlt: 

Medicus  elegans  , 

Poëta  Scitui, 

^ntiquarius  folers  : 

Divo  Maximiliano  et  RodolphoU  Avg.Cjes. 

A   ConfiUis  &  Hiftorîis  : 

Maximum  gloriam  , 

Càm  propriis  Scriptis  elucubrandis  , 

Tùm    Authoribus    vzteribus  recolUgendis  ^ 

Et  quafi    à   monuis  excltandis , 

Adeptus  in  Orbe  ChrlJUano  univcrfo. 

Obiit  Viennes  Auftria^ 

Idibus  Junii ,  AnnÔ  Salutis    M.  D.  LXXXIV. 

jStatis  LUI. 

SAMMICHELLUS  ,  ("Nicolas)  Médecin,  mourut  à  Venife ,  fa  patrie  ,  en 
1:578.  M.  Portai  lui  attribue  la  découverte  de  la  Veine  Bronchique ,  mais  il  ajoute 
que  la  defcription  qu'il  en  donne  ,  eft  peu  exafle. 

SAMSO>f,  f  Saint  J  Médecin  du  VI  fiecle ,  fe  fît  Prêtre,  &  en  cette  qualité, 
fut  prépoié  au  gouvernement  de  l'Hôpital  que  l'Empereur  Juftinien  le  grand  avoit 
t'ait   bâtir  à  Conftantinople.  Il  mourut  vers  l'an  530. 

SANCASSANl  C  Denis. André  )  naquit  le  7  Avril  1659 ,  dans  une  petite  ville 
du  Modenois  ,  où  François ,  fon  père  ,  pratiquoit  la  Médecine.  Après  avoir  tait 
de  bonnes  études  d'Humanités,  partie  à  BreCello  dans  le  Modenois,  partie  à  Ko- 
zolo  dans  le  Mantouan  ,  toujours  à  la  fuite  de  fon  père  qui  chaageoit  ainli  de  do- 
micile, il  apprit  fous  lui  les  premiers  principes  de  la  Médecine.  Mais  il  perdit  mal- 
heureufement  cette  reffource  au  commencement  de  fa  quatorzième  année;  la  mort 
le  priva,  en  1672,  d'un  père  qui  fe  propolbit  de  lui  applanir  les  d'tticukés  qui 
rebutent  les  jeunes  gens  dans  la  carrière  de  la  Médecine.  Marguerite  Avlgnia  , 
qui  regardoit  Dcnis-Andié  ,  l'ainé  de  fes  er.fans  ,  comme  le  foutien  futur  d'une 
famille  qui  n'étoit  rien  moins  qu'opulente  ,  l'envoya  à  Bologne  bientôt  après  la 
mort  de  fon  mari  ,  pour  y  faire  fes  cours  de  Philofophie  &  de  Médecine.  Il  réuilit 
dans  l'une  &  l'autre  de  ces  Sciences ,  &  prit  le  bonnet  de  Dofteur  en  la  féconde  !e 
4  Mai  1677.  Se  livrer  à  l'étude  profonde  de  l'Obltrvation  à  l'â,?e  de  diX-huit  ans, 
c'eft  un  phénomène  dan.«  un  jeune  homme,  dont  le  goût .  devroit,  i'emble-til ,  fe 
porier  tout  naturellement  vers  les    plaifirs  &e  les  amufemens  ;  tilais  Sancajfani  pec- 


i?x  "  SA    N. 

fuit   plus    mûrement.    Il    fe  [rendit   à   Florence  ,    &  s'y   appliqua  à   la   Pratique 
dans  le  célèbre  Hôpital  de  cette  ville  ,  connu  fous    le    nom    de   Sainte  Merie    la. 
Neuve.   Au   bout   de   deux    ans  ,   il  alla    retrouver    fa   mère    à     Reggio   dans  le 
Modenois  ,   &  comme   il    étoit    déjà    au    fait   de  la  cure  des    malaaies  ,  il  cia  ,  à.. 
l'âge  de    vingt  ans,   fe    charger  du  traitement  de  celles  qui  paflent    pour  être   les 
plus  rebelles  aux  remèdes.   Les   fuccès  répondirent  à  fes  foin-  ;  mais  il  quitta  cette 
ville  où    le    mérite    n'étoit   pas   récompenfé ,   pour   efiaye:    fi    fa   proièllion   ne    lui; 
feroit  pas  plus  avantageufe  ailleur:?.  Après  avoir  parcouru  diffcrens  endroits  de  l'Ita- 
lie, &  s'être  arrêté  en  particulier  à  Comachia,  où  il  fe  maria,  mais  qu'il  abandon- 
na, en  If 08,  à  caufe   des  troubles   de  la  guerre,  il  vint  enfin  fe  fixer  à  Spolete.  Il 
y  jouifibit   encore   d'une   fanté  ferme  en    1727,   à  l'acte,  de  6B  ans  ;  cependant  ,, 
comme  le   dernier  Tome  de   fes  EcLinc'iJfemens    fut  donné    pour  un   Ouvrage  pof- 
thume  en    1738  ,  on  peut   conclure  qu'il  mourut  peu    de   tems  après  avoir  publié 
le   troifieme  en    1737.   Le  premier  a  paru    en  1731  ,  &  le  fécond    en    1733.  Le. 
titre  porte  : 

Dîlucidaiioni  FiJîco-McJiche.  Rome,  quatre  volumes  in-folio.  Cet  Auteur  eft d'une.- 
prolixité  rebutante. 
Les  autres  Ouvrages  de  SancaJJani  font  intitulés  : 

Polyandrion  ,  feu  ,  Dijfenationum  Eplftolarium    Enneas.  Ferrarîa,  1701  ,  w-4. 
//  Chirone   in  campo^  0  flaji  c  fîcuro  modo  di  medicar  IL  ferite   neW  armate.  La  pre- 
mière édition  eft  de   1708,  /n-8  ,   la  féconde  de  Venife  1729,  môme   format,  deux 
volumes.  Celle-ci  eft    un  Recueil  des  Traités  publiés  par  Bdlofte   ,    que   Sancajfani. 
a    mis    en   Italien  ,    avec    un  parallèle  des   maladies  des  os  &  de  celles  des  par- 
ties molles. 

Jtphorifmi  generaii  dtUa  cura  deîîe  ferite  col    modi  di    Magati.  Venife  ,.  1713  ,  in-8. 

Cinque  dijînganni    Chirurgici  per   la   cura  délie  ferite.   Venife,  1713  ,    ûi.B,  fous  le 

nom  à'uintoine    ^occûc/ni.  Chirurgien    de  Comachio  ,   avec  quelques  Lettres  pour 

détromper  encore  plus  etticacemeiu    le  public  fur  l'abus  des  tentes  dans   le  pan- 

fement  des  plaies. 

Cinque    dijînganni    per  la    cura  délie    vlcere.    Venife,  1714,    in  8.    Il  veut   qu'on 
traite  les   ulcères  comme  les  plaies. 

Cinque  dijînganni  de'i  feni.  Venife,  1715  ,  j/j-8.  Il  combat  encore  l'ufage  des 
tentes  ,  même  celui  des  ,  injeél^ions  ,  &  prétend  que  l'un  &  l'autre  donne  lieu 
aux  finuolités  dont  les  plaies  font  fi  Ibuvem  compliquées.  Ce  Médecin  a  déployé 
toute  la  vivacité  de  fon  zèle  pour  rappeller  aux  Chirurgiens  les  fages  confeils 
que  Céfar  Magatus  leur  avoit  donnés  long-tcms  avant  lui  ;  &  pour  faire  voir 
combien  il  eftimoit  fa  méthode  ,  il  ajoutoit  ordinairement  le  nom  de  Magatus 
au.fien.  Le  Recueil  des  Ouvrages  de  Sancajfani  a  paru  à  Rome  en  1741  ,  quatre 
volumes  in-folio. 

Notre  Médecin  fe  diftingua  non  feulement  par  la  connoifîance  qu'il  avoit  de  diP- 
férentes  parties  de  fon  Art,  mais  encore  par  celle  des  helles-Lettres  ,  &  en  parti- 
culier ,  de  la  Poéfie  Latine  &  Italienne..  C'ell  à  la  variété  de.  ces  talens  qu'il  a 
dû  l'entrée  dans  la  plupart  des  Académies  de  ITtalie:  telles  font  celle  des  Intrcm. 
p;ii .  de  Ferrare ,  celle  de  Philopponi  de  Faenza  ,  celle  des  OJfufcati  de  Céfene , 
'4ss  Rinvigoriti  de  FoUgni ,  des  arcades  de  Rome  &  de  VJnJîitut  de  Bolog.ne. 


s    A    N  173' 

SANCHE  ,  (  Pierre  J  Médecin ,  dont  ^jîruc  tait  mention  dans  fes  Mémoires  y 
étoit  de  Montpellier.  En  1616,  il  fut  promu  au  Dodorat  dans  les  Ecoles  de  la  ville 
natale,  où  il  remplit  long-teras  une  place  d'Aggrégé  ;  mais  il  obtint  enlin  la  Chaircr 
vacante  par  la  mort  de  François  Ranchin.  Ses  Provilions  ,  qui  font  du  10  Mai 
1641  ,  portent  qu'il  a  été  nommé  Protelleur  fans  aucune  difpute  pour  ju2;ep 
du  mérite  des  concurrens;  elles  n'excluent  cependant  point  ceux  qui  pourroienr 
fe  prélenter ,  &  en  particulier  les  Médecins  qui  avoient  dilpuié ,  avec  Sandii 
Itij  même  ,  pour  les  deux  dernières  Régences  conférées  à  Durant  &  à  SuUniac. 

Pierre  Sanche  mourut  en  1667  ,  &  laiffa  un  fils  du  même  nom  ,  qu'il  avoir  vu 
prendre  lès  degrés  à  Montpellier  en  1650,  &  fuccéder  le  9  Odobre  1659  kLaïaie 
Rivière.  Cette  nomination  tut  luivie  de  quelques  débats.  George  Scharpe  &  Pierre 
Benoit  fe  pourvurent  contre  elle ,  ainfi  que  contre  celle  de  Michel  Chicoyneau. 
à  la  Chaire  de  Jacques  Durant  ;  mais  ils  furent  déboutés  par  un  Arrêt  du 
Confeil.  Sanche  iurvécut  peu  de  tems  à  Ion  père  ;  car  il  mourut  en  1668.  La 
Faculté  y  gagna  du  côté  de  la  tranquillité  :  ils  furent  l'un  &  l'autre ,  dit  ^ftruc  , 
des  efprits  chauds  &  turbulens  ,  &  ils  excitèrent  plufieurs  conteftations  délagrca- 
bles  à   leurs  Collègues.. 

SA  NCHEZ  ,(  François  J>  Médecin  qui  vécut  vers  la  fin  du  XVï  fie  de  , 
étoit  d'Oropefa  ,  ville  d'Efpagne  dans  la  Caftille  nouvelle.  Il  fit  les  cours  dans 
rUniverfité  de  Salamanque  ,  &  pafla  delà  à  Séville  ,  où  il  exerça  avec  beau- 
coup de  réputation.  Sa  vie  fut  une  étude  perpétuelle  ;  il  en  employa  la  plus 
grande  partie  à  méditer  les  Ouvrages  des  Auteurs  Grecs  qu'il  avoit  choifis  pour 
guides  dans  Je  traitement  des  maladies.  On  a  de  lui  quelques  Difcours  &  Con. 
lultations  en  Efpagnol ,  qui  ont  paru    à   Séville  depuis  1593  juCqu'en   1599. 

SANCHEZ  ,  C  François  J  Profefleur  à  Touloule  dans  le  XVII  fiecle ,  étoit  de 
Brague  en  Portugal.  Il  fut  tranfporté  à  Bordeaux  dans  fon  enfance  par  fon 
père  ,  habile  Médecin  ,  que  des  raifons  de  convenance  engagèrent  à  quitter  la 
patrie.  Dès  qu'il  fut  dans  un  âge  à  le  fufiire  à  lui-même  ,  il  voyagea  en  Italie 
&  s'arrêta  quelque  tems  à  Rome  ;  mais  il  repafla  de'à  en  France  &  fe  rendit 
à  Montpellier  ,  où  il  s'inlcrivit  dans  les  Regiftres  des  Matricules  ,  non  pas  en 
^575»  comme  dit  yîftruc  dans  les  Mémoires,  puilque  Sanche^  n'avoit  alors  qu'onze 
ans  ,  mais  beaucoup  plus  tard.  Après  avoir  pris  fes  degrés  dans  l'Univeriité 
de  cette  ville  ,  il  parut  avoir  quelque  envie  de  s'y  fixer.  Ce  tljrent  les  guerres 
de  Religion  qui  le  détournèrent  de  ce  dellein  &i  lui  firent  prendre  le  parti 
d'aller  à  l'ouioufe  ,  où  il  enfeigna  la  Philoibphie  pendant  vingt-cinq  ans  &  ia 
Médecine  pendant  onze.  11  mourut  en  1632.,  dans  la  Ibixante-dlxieme  année  de 
fon  âge, 

Sunchei   a   corapofé   beaucoup    d'Ouvrages    de    Philoibphie    &    de    Médecine ,. 
qu'on  a  recueillis  après  fa    mort    co   ua  volume    i/1-4  ,   imprimé  à    Touiojie  en 
1656  ,    fous  ce   titre  : 

Opéra  MeJica.  His  junSti  funt  Tra^atus  quidam.  Philofophici  non  infubtlles.  On  ne 
lit  guère  les  'l'raités  de  Médecine  ,  mais  on  liloit  encore  ks  Traites  Piilofo- 
Rhiques   au   commencement    de  ce  fiecle.   Cet  Auteur  y  a   porté   bien  loin  les^ 


174 


SAN 


idées  fur  le  fcepticume  ,  particulièrement  dans  l'Onvrage  intitulé  :  Qu'iJ  nîhiî 
fcitur ,  Liber,  Ce  dernier  fut  publié  léparément  à  Francfort  en  1618 ,  i/i-8  ,  & 
à  Roterdam  en  1649  ,  i/i-12,  avec  quelques  autres  fur  la  longueur  &  la  briè- 
veté de  la  vie  ,  fur  le  Phypoenomicon  à'^r'ijlou  ,  &  fur  la  divination  par  le  fom- 
meil.  Ulric  fFLddius  a  mis  au  jour  à  Leipfic  ,  en  1661  ,  une  réfutation  du 
Icepticifme   de    Sanchei. 

SANCTUS  ,  Médecin ,  remporta  la  couronne  du  martyre  dans  le  deuxième 
iiecle  ,  à   peu    près    du    tems  de    Galiea. 

SANDEN  ,  C  Henri  VAN  J  fils  de  Bernard,  ProfefTeur  de  Théologie,  vint  au 
monde  à  Konigsberg  le  a8  Juillet  1672.  Son  goût  pour  la  Médecine  l'arracha 
à  fa  patrie  ,  où  il  s'étoit  mis  au  fait  des  premiers  principes  de  cette  Science  ; 
il  paflà  en  Hollande  ,  iuivit  les  plus  célèbres  Profefleurs  des  UniverGtés  de  ce 
pays  ,  &  ne  revint  à  Konigsberg  qu'après  avoir  acquis  les  rares  connoifiances 
qui  lui  méritèrent  le  bonnet  de  Dodeur  dans  la  Faculté  de  fa  ville  natale  -, 
le  10  Juillet  1696.  L'année  fuivante  ,  il  commença  d'y  enfeigner  la  Médecine 
en  qualité  de  Profellëur  extraordinaire ,  &  continua  de  remplir  cette  Chaire  juf- 
qu'en  1704  ,  qu'il  fut  encore  chargé  de  celle  de  Phylique.  En  1713  ,  il  fut 
reçu  dans  l'Académie  Royale  de  Berlin  ;  en  1714  ,  il  entra,  comme  Adjoint, 
^ans  la  Faculté  de  Konigsberg  ;  en  i^ao  ,  il  fut  choiti  Refteur  de  l'Univerlité 
de  cette  ville  ,  &  reprit  cette  Klagiftrature  Académique  en  1728.  Il  ne  finit  pas 
fon    fécond    Redorât  ;  car   il    mourut    le    10   Août   de   cette   année. 

On  a  de  lui  plufieurs  Obfexvations  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  Impé- 
riale des  Curieux  de  la  Nature ,  &  une  autre  De  prolapfu  uteri  laverfi  ab  txcrtf, 
centia  carnco'fangoià  in  fundo  ejus  interna  ,  ex  potu  infujî  Crépitas  Lupi  enatà.  Lipjîte  , 
1722  ,  in-4.  L'Auteuc  y  a  joint  plufieurs  remarques  Anatomiques  &  Chirurgi- 
cales ;  il  les  poufie  même  jufqu'à  prétendre  qu'on  peut  extirper  la  matrice  par 
defius  les  os  pubis  ,  &  par  l'endroit  du  bas-ventre  où  l'on  pratique  l'opération 
céfarienne.  Mais  il  ne  paroît  pas  que  ce  moyen  curatif  ait  été  adopté;  les  confé- 
quences  dangereulés  qui  en  réfulteroient ,  ont  difparu  aux  yeux   du   feul  F'an  Sanden. 

SANDERS  ou  SANDERUS  ,  CJeanJ  de  Gand  ,  célèbre  Médecin  du  XVI 
fiecle,  fut  père  de  Liévin  ^  dont  le  fils  ,  Antoine  ,  Chanoine  d'Ipres  &  Théologal 
de  Térouane  ,  a  donné  au  public  un  grand  nombre  d'Ouvrages  en  vers  & 
«n  profe. 

Jean  Sanden  s'appliqua  de  bonne  heure  à  la  Médecine  ,  &  il  y  fit  de  fi  grands 
progrès  ,  que  l'Empereur  Charles-Quint  l'honora  du  titre  &  office  de  fon  Médecin- 
Conlultant.  Son  fa  voir  &  fa  probité  le  firent  encore  eftimer  &  chérir  de  fes  concitoyens  ; 
ces  qualités  lui  donnèrent  mcme  tant  de  crédit  dans  la  ville  de  Gand,  qu'il  remplit  à 
diveries  reprifcs  la  charge  d'Echevin  ou  quelque  autre  iemblable ,  que  M.  Pa~ 
quoi,  que  je  copie,  ne  déligne  pas.  Sandcrs  étoit  alors  marié  avec  une  Dame  de 
qualité',  nommée  Livine  Seelandt  ;  mais  l'ayant  perdue ,  il  embralTa  l'état  eccléfiaf- 
lique  &  fut  pourvu  d'un  Canonicat  de  Saint  Bavon.  Ce  doit  avoir  été  après 
i/an  1556.  Il  a  écrit    plufieurs  Ouvrages,  dont  on  ne  connoît  que  celui  intitulé; 


SAN  iM 

Methodus  curandarum  agrltudinum  ,  qui  étoit  en  Manufcrit  dans  la  Bibliothèque  d'-^j- 
toine ,  ion  petit-fils. 

SaNDRI,  (  Jacques  J  Noble  Bolonois ,  reçut  les  honneurs  du  Doctorat  dans 
la  Faculté  de  Médecine  en  l'Univerfité  de  fa  ville  natale  ,  où  il  enlcigna  publi- 
quement l'Anatomie  &  la  Chirurgie.  11  y  mourut  le  23  Avril  1718  ,  &  laiiia  va 
Ouvrage  dans  lequel  on  trouve  pluiieurs  remarques  originales  fur  le  mouvement 
du  lang.  Le  titre  porte  : 

De  aaturali  &  pneternaturali  fanguinîs  ftatu  Specimina  Mcdica.  Bononîa  ^  i6q6  , 
1/14.  Francofunl  ^  1712  ,  i/i-8  ,  avec  un  Traité  De  f^entrîculo  iS  Emciicis. 

SANGUIN ACCIUS,  (  Joannin^  Médecin  de  Padoue  ,  prétendoit  juger  ds 
l'état  d'une  maladie  cachée  &  de  toute  autre ,  fans  s'attacher  à  aucun  ligne  , 
qu'à  ceux  que  lui  fourniflbit  l'infpeftion  du  vifage  de  la  perlonnc  incommodée. 
La  fagacité  ,  dont  il  fe  paroit,  pafla  pour  extraordinaire  ;  on  la  crur  même  iurna- 
lurelle  ,•  &  du  foupron  de  Magie,  on  en  vint  jufqu'à  l'accufation.  Le  fourbe  San^ui. 
nacclus  fut  Ibmmé  de  paroître  devant  le  tribunal  des  Juges  qu'on  lui  avoit  nommés 
à  Rome  ;  comme  }\  s'y  défendit  mal,  on  le  relégua  dans  l'Ule  de  Maithe  qu'on 
lui  afligna  pour  prifon.  La  fentence  portée  contre  ce  Médecin  fait  preuve  de 
l'ignorance  de  fes  Juges  :  le  charbtanifme  étoit  tout  l'on  crime. 

Les  Auteurs  qui  rapportent  ce  trait  d'hifloire  ,  ne  difent  rien  du  tems  auquel 
Sanguinaccius  a  vécu. 

SANTES  DE  ARDOYNIS  naquit  à  Pefaro  ,  grande  &  belle  ville  du  Duché 
d'Urbin.  11  fit  la  Médecine  à  Venife  vers  le  milieu  du  XV  fiecle,  &  s'y  diningua 
par  ion  lavoir.  Nous  avons  de  lui  un  Traité  des  Poifons,  dans  lequel  il  a  in- 
féré tout  ce  que  les  Grecs  &  les  Arabes  ont  écrit  fur  cette  matière.  Il  a  paru 
fous  ce  titre  ; 

Opus  de  f'^enenls.  F'enetiis  ^  MQ^i  '1-4*  avec  les  Commentaires  de  Ferdinand  Pon- 
zetti,  Cardinal  du  titre  de  Saint  Pancrace.  Bajîlets  y  1562,  1592,  i.i-foUo  ,  avec  les 
corrections  de  Théodore  Zwlnger^ 

SANTORELLI,  (  Antoine  J  de  Noie ,  enfeigna  publiquement  la  Médecine  à 
Naples  ,  où  il  mourut  le  i  Odobre  1653  ,  à  l'âge  de  72  ans.  Il  a  écrit  les 
Ouvrages  fuivans  : 

Antepraxis  Medica  in.  Libres  XXI  dijfributa ,  In  quibus  ca  omnia  qu<s  Praxim  Mcd:^- 
cam  ag^rejjuris  pranofcere  eft  necejjarium  ^  fummâ  brevitate  exaiiinaïuur.  Neapoli ,  1622, 
1633  ,  Jn-4  ,    1651  ,  in-folio. 

Poftpraxis  Medica.,  feu,  de  medicaado  defuncfo  Liber  unus.  Ibidem,  1629,  //1-4. 

De  fanitdds  natura  Libri  XXIF'.  A^ea/?o/i ,  1643  ,  In-fAio.  Vingt -un  de  ces  Livre* 
traitent  de  la  Phyliologie.  Le  (îyle  en  eft  rebutant  par  les  lyllcgii'mes  &  enthy. 
mêmes  que  l'Auteur  a  entaflës  les  uns  lur  les  autres,  pour  fe  conformer  au  lan- 
gage de  l'Ecole. 

SANTORINI,  (Jean-Dominique^  Profeffeur  de  Médecine  &  Démonftrateur 
d'Anatomie  dans  l'Ecole  de  Venife  ,  s'eft  difîingué  au  commencement  de  ce  iiede 


^75  5    A    N 

par  plufieurs  découvertes.  Huiler,  qui  en  parle  comme  d'un  homme  également  in* 
iatigable  &  ingénieux,  feroit  tenté  de  fe  plaindre  de  l'induftrie  trop  clairvoyante 
<le  ce  Médecin  ,  fi  l'excès  d'adrefïè  étoit  un  défaut  en  Anatomie.  Il  a  pouffé  fes 
recherches  fur  les  mufcles  à  un  point  ,  auquel  les  .plus  habiles  diffedeurs  moder- 
nes n'ont  pu  atteindre  i  il  eft  même  entré  dans  des  détails  li  circonilanciés ,  que 
plufieurs  Anatomiftes  les  ont  regardés  comme  minutieux.  Santoriai  ne  s'eft  point 
t)orné  à  la  Myologie.  Curieux  d'apprécier  les  travaux  d'autrui  &  de  les  confronter 
avec  les  fieos  ,  il  a  fait  tout-à-la-tbis  ufage  de  la  profondeur  de  ion  érudition  & 
du  rare  talent  de  bien  obferver  ,  dans  l'expofition  Anatomique  du  cerveau,  des 
vierfs  ,  des  glandes  lacrymales  ,  du  nez  ,  du  larynx ,  des  vifceres  contenus  dans 
la  poitrine  &c  le  bas-ventre  ,  des  organes  de  la  génération  dans  les  deux  fexes. 
Ceft  dans  les  Obfervations  qu'on  trouve  tous  ces  détails  intéreflans ,  qu'il  a  enri- 
chis de  trois  planches  extrêmement  bien  faites  ;  Haîler  les  appelle  minutas^  doSfas 
C?  dh-ites.  Voici  les   titres  des  Ouvrages  de  Santorini. 

Opufc'ila  Medica  de  Jlracfara  &  motu  fibra,  de  nutritione  animali,  de  h^morrhoidibus , 
de  catamenili.  F'enetiis  ,  IJ05  ,  1740,  /n-8.  Roterodamij  1719 ,  in-d.  On  les  trouve 
encore  à  la  tin  de  prefque  tous  les  Recueils  des  Ouvrages  de  BaglivU  Difciple  de 
M-tlpi^bi  ,  de  Bellini  &  de  Delphini ,  notre  Auteur  compofa  fes  Opufcules  avant 
l'âge  de  25  ans,  &  donna  par-là  une  preuve  publique  des  progrès  qu'il  avoit  faits 
Ibus  ces    habiles  Maîtres.  1 

Obfervationes  ^natomica.  F'enetih^  ^7^^»  'S-4'  Lugduni  Batavoram^  1739»  '"'4«  I^ 
y  a  encore    plufieurs  éditions  Italiennes. 

Ijîoria  d'un  feto  efiratto  délie  parti  deretane.  Venifcj  1727  ,  ia-^.  11  s'agit  de  l'ex- 
4raciion   d'un  foetus  par  l'anus. 

SANTORlUSCSanaoriusJ)  naquit  en  1561  à  Capo    d'îftria  ,  ville  d'Italie  fur 

le  Golfe  de   Trieftc.    Il  étudia  la    Médecine  à  Padoue  ,   &  après  y  avoir  reçu    lei 

"homieurs  du  Dodorat ,  il  palfa  à  Venife  où  il  fil  fa  profedion  avec    beaucoup  de 

iliccès.  A  la  mort  d'Horace    ^ugenius  ,  on  le  rappella   à  Padoue    pour  y   enfeigner 

la  Théorie;  il  y  commença  fes  leçons  en  i6n  ,  &  les  continua  pendant  treize  ans 

avec  un  grand    concours  d'auditeurs.  Comme  on  le  demandoii  fort  Ibuvent  à  Ve- 

oife  pour  y  traiter  des  malades  de  la  première  diflinftion,    &  que  fa  fanté  fe  dé- 

rangeoit  par  la  longueur  de  ces    courfes  de  go    lieues,  il  abdiqua   fa  Chaire  pour 

s'attacher    uniquement  à  la  Pratique.    On  reçut  fa  démiffion  ,  mais  on  lui  continua 

fes  honoraires;    &  ce  fut    avec    cette    marque    de    l'eftime    publique    qu'il  alla  fe 

fixer  pour  toujours  à  Venife.  Santorius  étoit  alors  âgé  de  63  ans.   Il  en   avoit  75  , 

à  fa  mort   arrivée   en  1636.  Son  corps  fut   enterré  dans    le  cloître  des  Servîtes  de 

Venife,  &  on  lui  éleva  une  ftatue  de  marbre   dans  l'Eglife  de  ces   Religieux.  Il 

légua,   par  fon  teftament ,  une  fomme    annuelle    au   Collège    des   Médecins   de  la 

iTiême    ville,  qui,  en   reconnoiffance   de    ce    bienfait,   charge  tous   les  aî?s  un  de 

fes  Membres   de  prononcer   un  difcours  à  fa  louange ,  ainfi  qu'il  eft  de  coutume  à 

JLondres  pour  honorer   la  mémoire  du   célèbre  Harvie   &  des  autres    bienfaiteurs 

du  Collège, 

Santorius  étoit  fi  perfuadé   que  la  fanté  &  les  maladies  dépendent    de  la  manière 
dont  fe  fait  la  îraufpiration   inicnfible  par  les    pores  du  corps ,  qu'il  fit  un  grand 

nombre 


SAN  777 

Tiom'bre  d'expériences  pour  confirmer  fon  opinion.  Il  fe  mit  dans  une  balance  faite 
«xprès,  &  en  pefant  tous  les  alimens  qu'il  prenoit,  ainii  que  tout  ce  qui  fortoit 
lecfiblement  de  l'on  corps  ,  il  parvint ,  au  moyen  de  cette  balance ,  à  déterminer 
le  poids  &  la  quantité  de  la  tranfpiration  infenfible ,  &  Ion  rapport  avec  les  ali- 
mens qui  l'augmentent  ou  qui  la  diminuent.  Il  trouva ,  par  exemple ,  que  fi  l'on 
mange  &  fi  l'on  boit  en  un  jour  la  quantité  de  huit  livres,  il  en  fort  environ 
cinq  par  la  tranfpiration.  Comme  fes  expériences  ont  été  pourfuivies  pendant  plu- 
(ieurs  années,  il  s'eft  tellement  appliqué  à  la  recherche  des  faits  &  des  raifons  qui 
pouvoient  convaincre  les  efprits  de  la  vérité  de  fon  fydême ,  qu'il  a  cru  n'avoir 
rien  laiffé  à  defirer  à  cet  égard.  Ce  fyftême  n'eft  cependant  point  auffi  général 
qu'il  a  voulu  le  faire  croire,  parce  que  la  diverfité  de  climats  &  de  tempéramens 
différencie  beaucoup  les  conféquences  qu'il  en  a  tirées.  Mais  il  n'en  eft  pas  moins 
eftimable  pour  le  fonds  ;  il  lui  a  même  fait  tant  d'honneur  chez  fes  contemporains  , 
qu'il  a  excité  la  jaloufie  de  fes  ennemis  ,  dont  les  hommes  de  mérite  ne  manquent 
jamais.  On  a  accule  Sanzorius  d'avoir  copié  ce  que  le  Cardinal  de  Cufa  avoit  re- 
cueilli fur  cette  matière  dans  le  XV  fiecle,  &  Hippolite  Obiclus  l'a  calomnieufe- 
ment  chargé  d'avoir  tranfcrit  Jérôme  Thebaldus. 

Les  réflexions  de  ce  Médecin  fur  la  tranfpiration  &  l'infîuence  qu'elle  a  fur  la 
fanté,  font  rédigées  en  aphorifmes  dans  l'Ouvrage  qu'il  a  donné  au  public  en  fept 
feclions.  Au  moment  que  cet  Ouvrage  parut,  on  traça  fur  la  muraille  des  Ecole» 
de  Padoue  une  efpece  d'emblème  à  fhonneur  de  fon  Auteur  ;  on  y  voyoit  le 
oom  de  Santorius,  par  deffous  une  balance  pour  fymbole ,  &  ces  mots  pourdevife: 

Hac  stat  salus. 

Mais  une  main  ennemie  a  effacé  ce  foible  témoignage  de  la  reconnoifTance  publi- 
que. Les  nombreufes  éditions  qu'on  a  données  du  Traité  dont  il  eft  qaeftion , 
iont  des  monumens  plus  durables  ,  que  le  tems  ne  détruira  jamais  ;  il  eft  peu  d'Où* 
vrages  qui  aient  été  autant  de  fois  rais  au  jour  &  en  tant  de  Langues  ,  comme  on 
peut   en  juger  par  la  notice  fuivante: 

uirs  de  Statica  Medîcina.  Fenetus ,  1614  ,  m-12.  Ibidem,  1634,  i/i-iô,  avec  la  ré- 
ponle  de  l'Auteur  à  une  critique  intitulée:  Statkomajiix ,  feu ,  ylnis  ftatic<s  denioliiioy 
par  Hippolite  Oblcius.  Lugduni  Batavorum -,  164a,  in-ii.  Ibidem,  1711  ,  in-ii.  avec 
le  Commentaire  de  Martin  Lijier.  Ibidem ,  1713  ,  «n-i2  ,  avec  le  Statlcomaftix.  Ibi- 
dem, 1728,  m-i2.  Hdgts  Comitis,  1650,  1657,  in-i2.  Lipji£,  1670  ,  ;7i-i2.  Londlni  , 
1701,  ta-8,  avec  les  Camraentaires  de  L'jhr.  Fatavii ,  1713,  ùi-12  ,  avec  les 
Commentaires  de  Lifter  &  de  BagUvi.  Parijiis  ,  1725,  deux  volumes  i«.i2,  avec 
des  augmentations  par  Noguei ,  fous  ce  titre  :  De  ftatica  Medicina  aphorlfmnrum  expla- 
natlo  Phyjico-Medica,  oui  Statica  Medicina,  tiim  Gallica  Clar.  Dodan,  tàm  Britan- 
nica Clar.  Kàll,  notîs  auSa  accedit.  Duisburgi ,  1753,  in-ii.  Parifiis,  1770,  m-12, 
avec  les  notes  &  les  Commentaires  de  M.  Lorry.  Les  Traductions  font  :  en  lta> 
lien,  Rome,  1704,  in-ii  ,  par  Bagllvi  qui  y  a  joint  fes  Canones  de  Medicina  folr^ 
dorum.  Padoue,  1727,  £«-4,  par  Charles- François  Cogreffi ,  fous  le  titre  de  Medi. 
cina  haliana  ndlc  quali  U  inveniloni  del  Santorio.  Venife ,  1743  ,  par  Ckiarl.  E« 
Anglois,  Londres,  1718,  i«-8,  par />;a/i  Quincy  ;  dani  la  même  ville,  1723,  in-3, 
TOME    ly.  Z 


178  SAP 

En  François,  par  Z-e  Breton,  Paris,  1722 >  in-12  ,  foas  ce  titre:  La  Médecine 
Statique  uê  Saatorias  ,  ou  V^-in  de  conjtrvcr  lu  J'anté  par  la  tranjpiration.  En  Allemand  > 
par  Jean  'J'immius  ,  Brème,    1736,  i/i-8. 

Sanwrhis  ne  s'eft  pas  borné  à  ia  Statique  ,  il  a  donné  plifieurs  autres  Ou- 
vrages ,  dont  le  Recueil  a  paru  à  Venilè  en  1660  ,  quatre  voluraeà  ia-:\.  Les 
éditions  particulières   font  : 

Metbodi  vitandjrum  errorum  omnium  qui  in  Mediclna  contingunt  ,  Llbri  HV.  Vt- 
netiis ,  1602  ,  1603,  In-fulio ,  1603,  //i-B ,  1630,  /n-4.  GeneviS  ,  1631  ,  t"-4  >  avec 
un    Opulcule   du    même   Auteur  ,   qui   eft    intitulé  :   De  inveiuione   remeiiorum. 

Commentarîa  in  primant  Fen  priml  Libri  Canonis  yîvicenme.  F'enetiis^  1625  ,  in-'folio  , 
1646 ,  ;n-4    On  y  trouve   quelques   remarques   anatomiques. 

Commentariu  in  primam  fc&îoneni  yJphorîfmorum  Hippocratis.  P^enetiis  ,  1629  ,  /n-4  » 
avec  le  l'raité  intitulé  :  De  inventione  rtmediorum.  La  doftrine  d" Hippocrase  eft 
bien  rendue  'dans  ces  Commentaires.  L'Auteur  obferve  que  fi  les  Aphorii'mes 
de  ce  Père  de  la  Médecine  paroiiTent  quelquefois  contraires  les  uns  aux  autres» 
cela    vient  de   ce   qu'on    ne  les    lit    point   dans  l'ordre    que    Galicn  y  a   mis. 

Commentaria  in  ^rtem  Mediclnahm  Galeni.  Fenetiis  ,  1613  ,  in-folio  ,  1630 ,  fB-4* 
Lugduni  ^   1632,  /n-4. 

Santorius  inventa  un  Pulfûoge  pour  diflinguer  la  difFérence  des  battemens  du 
pouls  chez  les  malades,  11  fut  le  premier  qui  ie  fervit  du  Thermomètre  ,  pour  dé- 
terminer le  degré  de  chaleur  du  corps  dans  les  différens  tems  de  la  maladie  ,  ainfi 
que  dans  les  diflérens  fujets  qui  font  attaqués  du  mâme  mal.  On  lui  doit  encore 
plufieurs  nouveaux  inllrumens  de  Chirurgie,  Dans  fa  ftiçoa  de  faire  la  Méde- 
cine ,  il  s'afficha  toujours  comme  ennemi  juré  des  Empiriques  &  de  ces  remèdes 
inutiles  qu'ils  vantent  avec  tant  de  fafle  ,  comme  les  pierres  précieufes  ,  les 
perles  ,  l'or  ,  la  corne  de  Rhinocéros  &c.  ;  il  donne  ceperdact  lui-même  dans 
certains  raffinemens  qui  ne  font  propres  qu'à  araufer  les  malades.  Tels  font  fes 
liis    &  fes    bains   fufpendus  ;    invention   qu'il    avoit    copiée    à'^fclépiade. 

SA  PORTA  (  Louis  J  proFefla  la  Médecine  pendant  neuf  ans  à  Lérida  en 
Catalogne  ,  fa  patrie.  On  ignore  les  raiibns  qui  l'engagèrent  à  en  fortir;  mais 
il  eft  certain  qu'étant  paflTé  en  France  ,  il  s'établit  d'abord  à  Arles  ,  &  qu'il 
fe  rendit  enfuite  à  Avignon.  Décidé  qu'il  étoit  d'exercer  la  Médecine  dans 
cette  dernière  ville  ,  il  rencontra  des  oppofitions  qui  l'obligèrent  à  faire  tous 
les  Aetts.  néceffaires  pour  être  reçu  Dodleur  dans  fon  Univerfité  ;  il  fe  con- 
forma   à   l'ulage ,  prit   de  nouveaux    degrés    &   pratiqua   avec    diflinaion. 

L'accueil  qu'on  lui  fit  à  Avignon  ,  'ne  fut  pas  capable  de  l'y  fixer.  La  ré- 
putation de  la  Faculté  de  Montpellier  l'attira  dans  fes  Ecoles  ;  il  y  prit  des 
degrés  pour  la  troiCeme  fois  ,  &  il  y  enfeigna  pendant  quelque  tems.  Mais  le 
goût  qu'il  avoit  pour  les  voyages  ,  ou  plutôt  l'empreffement  de  la  vilie  de  Mar- 
feiîle  qui  le  dcmandoit  ,  l'engagea  à  aller  s'y  établir,  Il  y  exerça  fa  profeffion 
pendant  long-iems  ,  &  même  d'une  manière  très- honorable  &  très-avartageufe. 
11  eut  l'honneur  d'être  connu  du  Roi  Charles  VI il  qui  Je  mit  au  nombre  dé 
fes   Médecins  ordicaires  ,    &    qui    lui   témoigna   beaucoup    de    confiance.    On   9n 


SAP  ,79 

î^fdé  long-tems   dans   la  famille  de  Louis  Saporta  de  la   vaifTelIe    de  vermeil  aux 
armes    de   France  ,  que    ce    Prince   lui    avoir   donnée. 

Ce  Médecin  vécut  jufqu'à  l'âge  de  cent  lis  ans.  On  ne  marque  point  l'an, 
née  de  la  mort  ,  mais  ce  fut  fur  la  fin  du  XV  fiecle  ou  le  commencement 
du  fuivant.  Sa  longue  vie  feroit  honneur  à  l'Art  qu'il  exerçoit  ,  f»  elle  étoit 
due  à  fon  habileté.  Il  y  a  apparence  qu'il  faut  l'attribuer  à  la  bonté  de  fa 
conftitution  naturelle  ,  puiiqu'il  eut  un  frère  qui  vécut  encore  plus  que  lui  & 
qui  alla  jufqu'à  cent  vingt  ans.  Ce  frère,  appelle  Gulllaume-Ralmond  Saporta, 
S'établit  à  Rome  ,  où  il  fut  Avocat  Confiftorial  &  acquit  de  grands  biens.  Il 
mourut  dans  le  tems  que  le  Connétable  de  Bourbon  Te  rendit  maîrre  de  cette 
ville,  c'eft-à-dire  ,  en  1527.  ^Jïrac  n'a  pas  fait  attention  que  le  Connétable  n'entra 
pas  dans  Rome  ,  puifqu'il  fut  tué  le  6  Mai  à  l'ailaut  qu'il  donna  à  cette  Capi- 
tale ,    que    fon    armée   faccagea. 

Cette  remarque  fuiHroit  pour  faire  voir  que  c'eft  des  Mémoires  de  feu  M. 
uiflruc  fur  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  que  j'ai  tiré  cet  Article  • 
mais  j'en  fais  l'aveu  ,  &  je  préviens  que  les  trois  fuivans  font  pris  du  même 
Ouvrage. 

SAPORTA  ,  (  Louis  )  fils  de  celui  dont  on  vient  de  parler  ,  étudia  la 
Médecine  dans  l'Ecole  de  Montpellier  fur  la  fin  du  XV  (iecle.  Quoiqu'il  n'eût 
point  de  rang  entre  les  Dofteurs  ftipendies ,  il  fut  très-adidu  aux  exercices  de 
la  Faculté  ;  uinunne.  ,  fon  fils ,  le  choilit  pour  parrein  quand  il  s'inlcrivit  en 
1526  ,    &   ce   fut   de    fes  mains   qu'il  reçut    le   bonnet  en    is.'^i. 

Louis  Saporta  quitta  peu  de  tems  après  Montpellier  pour  aller  s'établir  à  Tou- 
louié  ,  où  il  acquit  de  la  réputation  ,  &  mourut  vers  le  milieu  du  XVI  fiecle  , 
ô»é  de  90  ans.  Il  avoir  époufé  une  Efpagnole  de  très'bonne  maifon ,  appellée 
Bardicla  ,  &  il  en  eut  au  moins  deux  fils.  Antoiae ,  dont  je  vais  parler ,  fut 
i'ainé  ;   le    cadet, /ean,  s'établit   à  Touloufe  &    s'appliqua  à  la  Jurifprudence. 

SAPORTA  ,  (  Antoine  )  fils  du  précédent  ,  naquit  à  Montpellier.  Il  s'infcrivit 
dans  le  Regiflre  des  Matricules  le  12  Octobre  1526  ,  &  fut  reçu  Dodteur  en 
ic"!.  Réiblu  de  fe  fixer  dans  fa  ville  natale  ,  il  fuivit  les  exercices  des  Ecoles 
en  vue  de  s'y  placer  ,  en  qualité  de  ProfelTcur  ,  à  la  première  occafion  favo- 
rable ;  elle  le  préfenta  en  1540,  &  il  fut  nommé  pour  remplir  la  Chaire  va- 
cante par  la  mort  de  Gilbert  Grlffi.  Il  fut  Doyen  en  155 1  ,  Chancelitr  en 
it66  après  Rondelet,  &  mourut  en  1573.  Il  eut  foin  de  la  conftruaion  de  l'an- 
cien Amphithéâtre  Auatomique  ,  conjoiniement  avec  lés  Collègues  /.  Schyron , 
Q  Rondelet  &/.  B 0 c au d  ^  ^.mii  qu'il  étoit  dit  dans  l'Infciption  qu'on  y  a  lue  long- 
lems,  &   dont    il  a    été   parlé    à   l'Article   de    RONDELET. 

Saporta  lailTa  un  Traité  des  Tumeurs  que  Henri  Gras  ,  Médecin  de  Lyon  , 
tira  de  la  Bibliothèque  de  François  Ranchin  après  la  mort  de  rAiiteur,&  fii  pg- 
roître    fous    ce    titre  : 

De  Tumoribus  pr<eter  naturam  Librl  V.  Lugduni  ,  1624 ,  m-i2.  Il  y  a  encore 
une  édition  de    1641.   Cet   Ouvrage    eft    écrit  avec  beaucoup  d'ordre,    de    clarté 


tSd  SAP       SA    K 

&    de  précilion.    Fre'ind  \e  cite    dans  fon  Hift  ^ire  de  la  Médecine  ,  ftu   fujet  dé* 
rAnévrifme  ,  dont   Saporta    parle  aflez  au   long.  Comme  notre   Auteur    étoit   par- 
tifan    des   fri6\ions   mercurielles  ,  il    le  récrie  contre    ceux   qui  en  négligent  l'ulage 
dans  le    traitement   de  la    vérole  ;     mais    il    allie   allez    mal   le    mercure  ,    car    ili 
joint  l'euphorbe  ,   des  réiines  &  des-  gommes  à   l'onguent  qu'il   en  compole    avee 
le  fain-doux. 

SAPORiTA  ,  CJean  )  fils  d'Antoine  ,  étoit  de  Montpellier.  Il  reçut  les  boni 
neurs  du  Dodorat  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Médecine  de  cette  ville; 
l'an  1572,  &  ce  fut  Laurent  Joubert  qui  lui  donna  le  bonnet.  La  mémoire  de. 
fon  père  encore  récente  «  jointe  à  fon  mérite  perfonnel  ,  lui  fut  avantageufe  à 
la  mort  de  François  Feynes  ,  dont  il  obtint  la  Chaire  en  157^  ;  mais  il  n'en  de- 
meura pas  là.  Comme  oindre  du  Laurens  ,  élu  Chancelier  en  1603  ,  la  même; 
année  qu'il  fut  Médecin  de  Marie  de  Médicis  ,  étoit  retenu  à  la  Cour  par  fon- 
emploi  ,  il  nomma  Saporta  pour  faire  les  fondrions  de  cette  place  ,  fous  le  nom' 
de  Vice-Chancelier.  Cette  noraination  trouva  quelques  oppofitions  dans  la  Faculté  v 
mais  elle  fut    confirmée  par    les   arbitres   qu'on   avoit    choifis   pour  en   décider. 

Jean  Saporta    mourut    en    1605  ,  &   laifla    un    petit    Traité   De   Lue   venerea^  quf< 
fut  imprimé   à   Lyon  ,    en    1624  ,   avec    l'Ouvrage   de   fon    père.   11  y    parle    de 
l'adminifiration  du    mercure   ibus  diiférentes  formes ,  en  fridions  ,  en   fumigationt 
&   en   pilules. 

SAR PI ,  C  Pierre-Paul  ^  plus    connu  fous   le    nom  de    Fra   Paolo   ou   de  Paul 
de  yenife  ,   vint  au  monde  dans  cette    ville   le  14  Août  155a.  Un    Religieux  Ser* 
vite  ,  charmé  de  la  pénétration  de  fon    efprit  &  de  fa  facilité  à  faifir  les  choies , 
fe    fit  un    plaifir    de    cultiver  fes  talens  ,   &    de   le    faire    entrer  dans  fon  Ordre 
d'abord   qu'il    fut  en    âge    d'y   être   reçu.    11   parut  alors  redoubler    d'ardeur  pour 
les  Sciences  ,  &  comme   il  s'y  appliqua  avec  le  plus  grand  fuccès  ,  fa  réputation 
fe   répandit   bientôt   par    toute  l'Italie.   Les  Papes,   les    Cardinaux  ,  les    Princes 
l'honorèrent  de  leur  eftime  &  lui  en  donnèrent  des  marques  éclatantes.  On  étoit^ 
furpris   qu'un  jeune    homme  foible   &   délicat   pût  l'avoir  tant  de  chofes  dans  un' 
ftge    il  peu    avancé.    Outre    qu'il   polTédoit   les   Langues  ,  les   Mathématiques,  la 
Philolbphie  &  la    Théologie,  il  avoit  encore    étudié  la    Médecine  &   l'Anatomie; 
il    paflà    même    pour    avoir    fait    des    découvertes    dans    la    dernière   Science  ,    à 
laquelle  il    s'étoit    appliqué   fous  Fabrice  d' ^quapendente.    La    plus    importante   de 
toutes   les    découvertes   qu'on   lui    attribue  ,    c'eft   la   circulation   du  fang.   Ulmus ,. 
Walteus  ,    P^eflingius  &   d'autres    lui   en   font   honneur ,  mais    ils  n'en  donnent    que 
des  preuves  fufpedes.   A    qui  n"a-t-on  pas    attribué  cette  découverte  '^  On    en  a 
fait    fur-tout    un    mérite    à    Michel  Servet ,  à  Realdus   Columbus  ,    à  Jérôme  Fabrice- 
d'Aquapendentc  ,   à   André   Céfalpin  ,  k   Guillaume    Hurvée.    Voyez   ce    qu'on  a    dit 
là  deffus  à    l'Article    du    dernier. 

Le  mérite  de  Sarpi  le  fit  élever  aux  charges  principales  dé  fon  Ordre  ,  comme 
à  celle  de  Provincial  qu'on  lui  confia  en  1579  ,  quoiqu'il  n'eût  que  27  an»» 
Les  querelles  de  la  République  de  Venile  avec  le  Pape  Paul  V  ,  au  fu^- 
ist   de  quelques  décrets   de  la   Seig^aeurie   qui   offenfoient  la'  Cour   de    Rome  „ 


» 


'  ■         s   A   r:.  i8i- 

Jbi  fuféiterent  des  affaires  extrêmement  fâcheure?.  Il  fut  excommunié  en  lôof), 
à  caufe  de  certains  Ouvrages  où  il  le  laifia  emporter  trop  loin ,  fous  prétexte 
de  la  défenfe  des  droits  de  fa  patrie.  Mais  comme  cette  difcufïion  n'eft  pas 
de  mon-  lujet  ,  je  me  borne  à  dire  que  l'Hiftoire  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  Padoue  parle  de  ce  Religieux  &  lui  attribue  l'éreftion  de  fon  Amphithéâtre" 
Anatomique ,  qu'on  bâtit  p£r  fes  confeils  en  T594.  Le  Père  Sarfi  fut  attaqué 
par  cinq  aflaflins  qui  lui  portèrent  trois  coups  ,  dont  il  guérit  ;  il  furvécut  juf- 
qu'au  14  Janvier  1623  ,   qu'il    termina   fa  carrière   à  l'âge  de  j'i    ans. 

SAR-IiASIN  ,  ("Jean- Antoine J  natif  de  Lyon  ,  s'infcrivit  dans  le  Regidre 
des  Matricules  de  la  Faculté  de  Montpellier  en  1565  ,  mais  il  ne  fut  proma 
au  Baccalauréat  qu'en  1572  ,  &  au  Dodorat  en  1573.  Il  a  publié,  dit  jiflruc ^ 
un  Ouvrage  fur  la  pefte  ,  qu'on  ne  lit  plus  ,  &  il  a  procuré  une  édition  des 
Œuvres  de  Diofcoride ,  qui  lui  fit  beaucoup  d'honneur  ,  &  en  fait  encore  à  fa 
mémoire.  Ces  Ouvrages   font    intitulés  : 

De  Pcjle  Commentarius.  Gzncva ,  1571  ,  inS.  Lugduni ,  1572,  1589,  '1-8.  Les  da- 
tes des  éditions  font  voir  que  l'Auteur  fe  mêla  de  parler  en  Maître  ,  avant  que 
d'en  avoir  obtenu  le  titre  i  &  le  jugement  (T^firuc  porte  à  croire  qu'il  n'en  avoiî 
point  la  fci'ence. 

Fedaclui  ViofcorUes  de  Materia  Medica ,  Gr<eci  S  Latine.  Franco/uni  ,  1598  » 
ia-folio. 

^Jîruc  p&T]e  encore  de  Philibert  Sarr afin  de  Genève  ,  qui  fut  promu   au  Doftorat 
en  1595,  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier.  On  lit  trois  Obfervations  ds 
fa  Façon    parmi  celles  recueillies  par  Guillaume  Fabrice  de   Hilden,  Si  l'on   en  pou- 
vojt  croire  Lipenius  ,  Philibert  feroit  le    fils  de  Jean' Antoine, 

SARRASIN,  TMichel  )  dont  il  eft  parlé  dans  la  Bibliothèque  des  Auteurs  de 
Bourgogne  par  M.  Papillon,  naquit  dans  la  petite  ville  de  Nuys  le  5  Septembre 
1659.  Il  exerça  d'abord  la  Chirurgie  avec  honneur.  Sa  piété  lui  ayant  enfuite  inf- 
piré  d'entrer  dans  le  Séminaii-e  des  Mifîions  étrangères  ,  le  Supérieur,  qui  avoit 
bien  examiné  fes  difpofitions ,  lui  confeilla  de  s'attacher  à  la  Médecine.  Sarrajîn  fuivii 
ce  confeil,  étudia  avec  foin  ,  devint  habile,  &  fut  envoyé  à  Québec  où  il  a  fait 
fa  profeilion  avec  beaucoup  de  fuccès  ,  &  s'eft  appliqué  à  l'Obfervation.  11  eft 
mort  à  Québec  vers  1736.  On  a  de  lui  une  Hiftoire  du  Caftor  imprimée  en  1704- 
dans  le  Recueil  de  l'Académie  des  Sciences  de  Paris.  L'Hiftoire  d'un  animal  qu'on 
peut  appeller  Rat  d'Amérique  ,  aflez  femblable  à  celui  que  -£ay  a  décrit  fous  le 
nom  de  Mus  Alpinm  ;  on  la  trouve  dans  le  Journal  des  Savans  1718.  Des  Remar- 
ques fur  une  efpece  d'Erable  dé  l'Amérique  Septentrionale,  dont  la  fève ,  qu'on' 
tire  par  incifion  au  mois  d'Avril,  eft  fucrée  ;  elles  font  dans  l'Hiftoire  de  l'Aca»- 
démie  des  Sciences  1730.  Enfin  ,  une  Lettre  au  fujet  des  Eaux  du  Cap  de 
la  Magdelaine  ,  dont  on  voit  l'extrait  dans  les  Mémoires  de  Trévoux,  Ma»; 
1736. 

SARTORIUS,  C  Jéan-George  )  Membre  de  l'Académie  Impériale  dès  Curieirs^ 
de.  la  Nature  y,  étoit  de  Bamberg.  Il  prit  le  bonnet  de-  Dodieur  en  Médecine  à  Ai- 


lo2 


SAS 


torf  en  iGBo,  &  mourut  le  i8  Avril  1696.  Outre  les  Obfervations  qu'il  a  commu- 
niquées à  l'Académie  Impériale  ,  il  a  donné  au  public: 

u-ld'inranda  nar'ium  hcemorrhagia  nuper  ohfervata  &  percurata.  Cui  adjun&a  faut 
alla  jîjpmda^  ex  dtverjîs  ^iUilwr.bus  coUeSd  ,  fanguînls  ex  narlbus  profiuvia.  ^Itdorffi^ 

ï6H2  ,  /n  4- 

U'ijarufum  lVIodii;ier  Avagy  Betegfeus  ,  hoc  cft  ,  de  Morbo  Militari  feu  CafîrcnJI , 
Unu,u;icô ,  coiumuni.  nomine  dicta ,  Sy,.opjh  Hijlorico-Phypco-Botanico-Chyniico-TherapeU' 
tica.  Bambcga ,  1684  ,  in-folio. 

SASCERIDES  ou  SASKERIDES  (  Gellius  )  naquit  à  Copenhague  ,  le  13 
Mari  1562,  de  Jean  Safgers  ^  àk  Saskerides ,  à  qui  Chriftiern  lil ,  Roi  de  Dan- 
nem&rc  ,  fit  c/orner  en  1557  une  Chaire  de  Langue  Hébraïque  dans  l'Acadé- 
jnie  de  fa  Capitale.  Jean  Safgers  étoit  de  Warmenhuylen ,  village  de  la  Nort- 
Hoîlande  prc'^  d'Aicmar.  Il  fut  ordonné  Prêtre  &  devint  Curé  de  Haringkarfpel  , 
paroilTe  peu  éloignée  du  liei;  de  ia  naiflance  ;  mais  ayant  embraffé  la  dodtrine  des 
Proteftans,  il  fe  retira  d'abord  en  Angleterre,  delà  en  Saxe  &  enfin  en  Danne- 
marc  ,  où  il  mourut  en  1594. 

Gdiius  Safccridei  iuivit  ion  premier  goût  qui  le  portoit  à  l'étude  de  l'Aflronomie. 
11  entreprit ,  en  1588  ,  le  voyage  d'Allemagne  &  d'Italie  qu'il  parcourut  en  homme 
curieux  ,'5î  ce  fut  pendant  ce  voyage  qu'il  s'appliqua  à  la  Médecine ,  dont  il  alla  pren- 
dre le  bonnet  de  Dodteur  à  Bâle  en  1593.  A  ion  retour  à  Copenhague  ,  il  <olli- 
cita  une  Chaire  qu'il  obtint  &  qu'il  remplit  juiqu'à  fa  mort  arrivée  en  1612.  On  ne 
connoît  rien  de  lui  que  quelques  Diflcrtations  Académiques  foutenues  dans  les  Eco^ 
les  de  Médecine  de  l'Uiiiverfité  de  Copenhague. 

SASSENUS,  C  François  )  de  Louvain  ,  prit  le  bonnet  de  Doifleur  en  Mé. 
decine  à  Padoue.  Il  fut  reçu  au  nombre  des  Profefleurs  de  l'Univerfité  de  fa 
ville  natale  en  1618,  mais  il  jouit  peu  de  cette  promotion,  car  il  mourut  le  10 
Août  i6ao.  SaJJcn.us  eft  le  premier  qui  ait  enfeigné  les  Inflitutes  de  Médecine  dans 
les  Ecoles  de  fa  patrie. 

^ndré-Dominique  Sajfenus  ,  auffi  natif  de  Louvain  ,  étoit  de  la  famille  du  pré- 
cédent. 11  fut  en  même  tems  Médecin  &  Apothicaire  dans  fa  ville  natale ,  & 
il  y  enfeigna  la  Chymie  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté.  11  remplifibit  encore 
cette  Chaire  lorlqu'il  mourut ,  mais  il  c'é;oit  que  Bachelier  ,  quand  il  publia  , 
en  1704 ,  des  Remarques  fur  la  Pharmacopée  de  Bruxelles  imprimée  en  1702,  Ces 
Remarques  font  intitulées: 

Brèves  ^nimudverjîones  ia  Pharmacopœam  Bruxellenfem  éditant  annd  1702.  Lnvanti , 
1704,  m-i2.  On  ne  peut  refufer  à  l'Auteur  des  vues  droites  pour  la  perfection 
du  Code  Médicamentaire  de  Bruxelles,  mais  il  a  fi  fouvent  manqué  fon  objet, 
qu'on  ne  peut  aulfi  s'empêcher  de  lui  reprocher  d'avoir  expofé  pluficurs  remèdes 
aune  prompte  altération,  par  le  raffinement  qu'il  a  voulu  mettre  dans  fes  procédés. 
Du  tems  de  ce  Profeflcur ,  les  Leçons  de  Chymie  n'étoient  pas  bien  brillantes 
dans  les  Ecoles  de  Louvain  ;  elles  le  font  devenues  par  les  foins  que  s'efl:  dopné 
M.  Founck^  fon  fucceflcur  ,  qui  a  enrichi  l'Amphithéâtre  d'une  nombreufe  collec- 
iioa  de  Matière  Médicale,  &  qui   a  travaillé  à  meubler  le  Laboratoire  du  Jardjo 


SATSAVSAU  183 

Botanique  de  toutes  les  préparations  chymiques  pcffibles.  Depuis  la  promotion  de 
M.  P^junck  à  la  Chaire  d'Anatomie  &  au  Doftof  at ,  M.  F'ati  Bouckhout ,  qui  l'a 
rcmpKicé,  ne  met  pas  moins  de  zele  ,  d'ardeur  &  d'intelligence  dans  tout  ce  qu'il 
fait  pour  l'avancement  des  progrès  de  la  Chymie ,  &  l'inftrud^ion  des  Ecoliers  qui 
l'uivent  fes  cours. 

SATIRUS,  difciple  de  Qulntus ,  vécut  dans  le  deuxième  fiecle;  Galizn.  étudia 
loUÉ  lui,  avant  que  de  paflcr  à  l'Ecole  de  Pélops.  Le  Médecin,  dont  je  parle,  a 
été  placé  au  nombre  des  bons  Anatomiftes  de  ion  tems  ;  il  le  Ht  même  une  ré- 
putation,  par  les  connoiflances  tur  la  ftru<flure  du  corps,  qui  le  mit  à  l'égal  de 
Fhecianus  &  d'Heraclianus  ,   autres  Maîtres  de  GaUen.  ^ 

SAVIAliD,  (  Barthélémi  )  de  Marole.lur-Seine  ,  où  il  naquit  le  18  Oflobre 
1^56,  fjt  reçu  Maître  à  Saint  Côme.  Il  pratiqua  la  Chirurgie  à  l'Hôteî-Dieu  de 
Paris  pendant  dix-lept  ans,  &  c'eft-là  qu'il  s'appliqua  à  la  Lithotomie  avec  tant 
de  luccès,  qu'il  a  joui  toute  fa  vie  de  la  plus  grande  réputation  pour  cette  opé- 
ration. Né  avec  un  génie  obfervateur,  il  recueillit  les  faits  les  plus  rares  &  les  plus 
intérelfans  à  l'Art  qu'il  exerçait;  mais  comme  fes  occupations  journalières  le  mi- 
rent hors  d'état  de  rédiger  lui-même  fes  obfervations ,  il  mourut  fans  avoir  encore 
fongéà  les  mettre  en  état  d'être  données  au  public.  C'eft  à  Egligny-lur-Seine  ,  chez 
M.  Etienne  Saviard ^  ion  frère,  qui  enétoitCuré,  qu'il  termina  fa  carrière  le  15 
Août  1702 ,  à  l'âge  de  46  ans. 

Les  obfervations  de  Saviard  font  d'autant  plus  précieufes  ,  qu'il  évite  les  longs 
détails  de  Théorie,  &  qu'il  expole  les  faits  avec  la  plus  grande  exactitude.  Mais 
c'etoit  un  tréfor  en  danger  de  fe  perdre  ,  parce  que  ces  obfervations  étoient  la  plu- 
part fur  des  feuilles  volantes  ,  toujours  fujettes  à  s'égarer.  Devaux  fe  wiargea  du 
foin  de  les  ralfembler  &  de  les  mettre  en  ordre;  ce  qu'il  exécuta  en  1-02,  peu 
de  tems  avant  la  mort  de  leur  Auteur.  Il  ne  choifit  néanmoins  que  les  plus  iaf- 
trudtives  &  les  plus  dignes  d'attention,  auxquelles  il  joignit  le  recueil  de  quelques 
remèdes  particuliers  ,  dont  Saviard  s'étoit  fervi  dans  le  traitement  des  maladies  qui 
font  le  fujet  de  ces  obfervations.  L'Ouvrage,  ainfi  rédigé  par  Devaux ,  fut  publié 
fous  ce    titre.' 

Nouveaa  Recueil  d'Obfèrvations  Chirurgicales.  Paris ,  1702 ,  inJ8.  On  a  encore , 
de  la  façon  de  Saviard,  une  Réponfe  qui  roule  fur  les  accouchemcns;  il  la  fit  pa- 
roître  au  fujet  de  ce  qui  avoit  été  dit  dans  le  Journal  des  Savans  du  26  Novem- 
bre 1696. 

SAUMAISE  ou  SALMASIUS,  (  Oaude  ^  fils  de  Bénigne  Saumaîfe  &  dT/t- 
fabeth  Firot,  naquit  à  Sémur  en  Auxois,  petite  ville  de  Bourgogne,  le  15  Avril 
1588.  Il  étudia  U  Philofophie  à  Paris,  mais  il  s'appliqua  davantage  à  cultiver  les 
Belles- Lettres  &  à  former  des  liaifons  avec  les  Savans  qui  fe  trouvoient  alors  dans 
cette  Capitale.  Cufaubon  conçut  de  lui  une  li  grande  idée,  qu'il  lui  donna  uns  kttre 
de  recommandation  à  foo  départ  {X)ur  Heidelberg  en  1606.  Saumaife  fe  rendit 
dans  cette  ville  fous  prétexte  d'étudier  la  Jurifprudence ,  à  laquelle  (on  père  le 
deftinoit,  &  ne  s'attacha  pas  moins  à  la  Littérature  Grecque  &  Romaine  qui  étoiî 


i-S^  s    A    TJ 

fi  fort  de  Ton  gotit.  Dî  retour  à  Dijon ,  où  fon  père  remplinblt  une  charge 
de  Confeiller,  il  fe  fit  recevoir  Avocat  au  Parlement  en  1610,  mais  il  ne  fré- 
■quenta  jamais  le  Barreau.  Elevé  dans  les  principes  de  la  Religion  Proteftante  par 
la  mère ,  affermi  dans  les  erreurs  de  cette  Religion  pendant  fon  féjour  à  HeideL» 
berg  ,  il  le  maria,  en  1622,  avec  ^inne  Mercier,  fille  de  Jojîas  Mercier,  Protef« 
tant  fort  accrédité  en  France.  Son  attachement  au  Proteftantilme  lui  fit  manquer 
la  charge  de  Conlciller  au  Parlement  de  Dijon  que  fon  père  vouloit  lui  réfigner. 
Déchu  de  fes  efpérances  à  cet  égard,  il  fe  hvra  avec  plus  d'ardeur  aux  Belles- 
Lettres  &  à  la  Critique;  fa  réputation  perça  même  fi  loin,  que  les  Univerfités 
-de  Padoue  &  de  Bologne  cherchèrent  à  l'attirer  dans  leurs  Ecoles.  Ce  fut  en 
•vain  ;  fon  ambition  ne  s'accommodoit  pas  du  titre  de  Profelïèur  ;  &  lorfqu'il  fe  rendit 
à  Leyde,  en  163a,  les  Curateurs  de  l'Univerfité  de  cette  ville  n'avoient  pas 
jnême  employé  le  mot  de  Profejfeur  honoraire  dans  la  lettre  qu^ils  lui  écrivirent  en 
163 1  ,  pour  Hnvtter  à  venir  les  enrichir  de  fes  connoiflances.  Saumaife  pafla  les 
années  fuivantes ,  tantôt  en  France ,  tantôt  en  Hollande ,  jufqu'èn  1650  qu'il  fe 
détermina  à  aller  à  Stockholm,  où  Chriftine ,  Reine  de  Suéde,  le  demandoit.  Il 
fit  un  fécond  voyage  à  la  Cour  de  cette  Princefle;  mais  il  ne  s'arrêta  guère  en 
Hollande  à  fon  retour  en  1655  ;  car  il  fuivit  fa  femme  i  Spa ,  où  il  mourut  le 
3  Septembre  de  la  même  année.  Son  corps  fut  enterré  fans  cérémonie  &  fans  épi. 
taphe  dans  l'Eglife  de  Saint  Jean  à   Maftricht. 

Si  je  parle  ici  de  ce  Savant,  ce  n'eft  point  parce  qu'il  a  été  Médecin,  comme 
î'a  dit  M.  Portai  dans  le  fécond  volume  de  fon  Hiftoire  de  l'Anatomie  &  de  la 
Chirurgie  ;  mais  heureufement  il  s'eft  rétrafiré  à  la  note  de  la  pa^^e  19a  du  fixieme. 
Je  ne  cite  Saumaife  qu'en  ia  qualité  de  Littérateur  ,  &  comme  un  Ecrivain  qui ,  par»- 
lîii  les  nombreux  Ouvrages  qu'il  a  lailfés  ,  a  quelquefois  traité  de  certaines  matières 
JVlédicinales.  On  a  de  lui  : 

Epijloia  ad  Joannem  Beverovicium.  Dans  le  Liber  fingularis  Joannis  Beverovlcîi  de 
ealùulo  renum  &  vejîca.  Lugdunl  Batavorum  ,  1638  ,  fn-iô.  11  s'agit  du  mot  ramex 
«ui  ,  fe:lon  Saumaife  ,  lignifie  une  efpece  de  hernie. 

Jnterpraatio  Hippocrat<.i  Aphorifml  79  Seclionis  //^,  de  Calcula,  ^ddita  funt  Epif- 
zolic  daa  Joanaii  Beverovicil ,  M.  Z>.,  ^aibus   refpondetur.  Lugduai   Batavorum  ^  1640, 

In-ia. 

Epiftola  de  vitts  termina.  Dans  le  Traité  de  Beverwyck  fur  la  même  matière ,  édi- 
tion de  1641. 

Epiftole  aliquot ,  car  fternutamentum  F'eterlbas  habltum  pro  Deo.  De  voce  ramex. 
Refertur  exemplum  calculorum  è  renibuSy  &c.  Dans  Joannis  Beverovicli  QuteJUones  Epif- 
toliC(S  I  cum  Dociorum  Refponjîs.  Roterodami ,  1644,  i/i-ia.  Item  dans  Doc/arum  F'iro' 
Tum  Eplftol<e  &  Refponfa.  Ibidem  ,  1665  ,  in-S. 

De  Jtanis  ClimaSlerlcLS  &  antiquâ  ^jlrologià ,  Diatribe.  Lugdunl  Batavorum,  1648, 
£n-i2.  Cette  Difiertation  eft  curleufe. 

De  Saccharo  &  Manna  Commentarlns.  Parijîls ,  1664,  /n-i2,  avec  une  Préface  de 
Philibert  de  la  Mare  qui  en  ell  l'éditeur. 

Prtefatio  in  Exercitationes  de  Homonymis  Hyles  latrica.  Ejnfdem  de  PUnîo  judicium, 
Vîyioae ,  166B  ,  petit  In-fuUo  ,  par  les  foins  de  Philibert  de  la  Mare  ôc  de  Jean.Bap. 

tijie 


s    A    V  i85 

tljïe  Zrt/ir/rt  ,  Confeillers  au  Parlement  de  Dijon.  Saumalfe  obfefve  dans  cet  Ouvrage 
avant-coureur ,  que  Pline  a  rempli  ion  Hifioire  Naturelle  de  fautes  i^ro^àeres  ,  pour 
avoir  ignoré  que  les  mêmes  mots  fignifioient  Ibuvent  des  choies  fort  différentes. 
Cela  prouve  la  ncccffité  de  la  recherche  du  fens  des  Homonymes  ^  ou  des  termes 
équivoques  ,  qui  le  font  glifies  dans  la  Matière  IVIédicale.  Plufieurs  l'avoient  entre- 
pris ,  mais,  au  dire  de  notre  Auteur  ,  ils  ont  reculé  par  un  lâche  refpedl  pour 
les  Anciens.  Pour  lui ,  il  ne  tombe  pas  dans  ce  défaut  ;  il  fronde  hautement  ceux 
qui  regardent  comme  des  oracles,  Tliéophrafle  ,  Dlofcoride  &  Pline .^  feuls  Ecrivains 
de  l'Antiquité  fur  la  Science  des  herbes,  qui  foient  paffés  jufqu'à  nous.  La  Mé. 
decine ,  fuivant  Saumaifc  ^  ne  confiftoit  autrefois  que  dans  la  connoifïUnce  des  plan- 
tes &  dans  l'obiervation  de  leurs  vertus.  Il  fe  trompe  ;  car  Hippocrate  s'attachoit 
bien  plus  à  obferver  la  Nature  dans  les  maladies.  Le  titre  qu'on  a  donné  n'eft  que 
celui  de  la  Préface  d'an  graaJ  Ouvrage  intitulé  :  CLvidli  Sdhmifli  Excrcitationes  de 
Homonymis  Hyhs  Jatricie  ,  nunquam  amehac  edit£  ;  ut  &  de  Manna  &  Saccharo.  Tra- 
jecli  ad  Rhenum  ,  16B9  ,  in-/o/i-\  M.  Pjjuot  ^  que  j'ai  fuivi  dans  cet  Article  extrait 
de  fes  Mémoires ,  ajoute  que  l'édition  cft  très-belle  &  qu'elle  eft  dédiée  aux  Etats 
de  Hollande;  que  l'Ouvrage  efi:  favant,  mais  fort  fec  ,  fort  pédantefque ,  &  trop 
hcrifle  de  Grec  pour   être  entendu  du  commun  des  Lecteurs. 

Judiclum  de  faaguim  vetito.  Dans  Thom<s  Banholinl  Difquifitio  MeJica  de  fanguine  vetito. 
Francofurti  ,  1675  ,  iri-16.  BanhoUn  croyoit  que  la  défenfe  de  manger  le  fang  des 
animaux  obligeoit  encore.  Il  faiibit  confcience  de  goûter  du  boudin  ,  pendant  qu'il  n'au- 
TDit  dû  le  condamner   que  comme  un  aliment  indigefte. 

Saumaife  a  laifle  des  Notes  fur  Apicii  Ctslii  ,  de  obfoaih  &  condimentis  ,  pve  ,  de 
Ane  Coquinaria  ,  Librl  decem  ^  &  un  Exemplaire  de  Diofcoride  avec  des  Commentaires 
fur  chaque  chapitre.  Gui  Patin  en  parle  dans  fa  Lettre  23e.  à  Charles  Spon  :  il  y 
aura  ^  dit-il,  beaucoup  d'Hébreu  &  d'Arabe,  à  ce  que  m'a  dit  M.  Faumaife  lui-même. 
.Il  fera  Grec-Latin  ^  grand  in-folio.  Le  DiofcoriJes  Latinus  imprimé  à  Paris  en  1549, 
•f/i-8,-  les  Libri  duodccim  Akxandri  Tralliani  publiés  dans  la  même  ville  en  1545  ,  in- 
folio  \\e  Rhasés  Grec  fur  la  peftilence  ,  in-folio;  les  Nicandri  Alcxipkarmaca  ,  Grâce 
&  Latine.  Parifns.,  1557,  m-4  ,  croient  tous  Ouvrages  de  la  Bibliothèque  de  M. 
de  la  Mare  à  Dijon  ,  notés  de  la  main  de  Saumaife.  Ils  font  maintenant  dans  la 
Bibliothèque  du  Roi  Très-Chrétien  ,  avec  quantité. d'autres  notes  de  la  même  main, 
mais  qui  ne  font  point  de  mon  fujet. 

SAVONA,  C  Philippe  )  Docteur  en  Philofopliie  &  en  Médecine,  étoit  de  Pa- 
lerm.e.  Il  le  fit  beaucoup  de  réputation  dans  toute  la  .Sicile;  il  s'en  fit  même  à 
Naples,  où  il  contribua  au  rétabliflement  du  Comte  d'Olivares,  qu'une  maladie 
dangereufe  retint  dans  cette  ville  en  15Ç2 ,  lorfqu'il  alloit  prendre  polTefiion  de  la 
Vice-Royauté  de  Sicile.  Savona  mourut  à  Palerme  en  1636,  après  avoir  publié  la 
première  partie  d'un  Ouvrage  qui  devoit  en  avoir  cinq.  Cette  première  partie  eft 
intitulée; 

Decifionum  Mediclnalium  morboram  ,  fymptomatum  ,  evacuationum  ,  abfcejfuam  maîcj 
tioforum  S  fallacium  ,  quoad  diagnofim  &  prognofim  ,  nova  fciibendi  modo  prlmàm  Inventù. 
Panormi ,  1624  ,  in-folio, 

TOME    jr.  ^* 


386  S    A    V 

On  n'avoit  rmprimé  que  quelques  feuilles  de  la  féconde  partie  ,  lorfaue' l'Au- 
teur vint  à  mourir  ;    cet  cvénenieot  fut   la   caule  qu'où  en  demcura-là. 

SAVONAROLA  ,  (  Jean-Michel^  de  Padoue,  tù  il  naquit  dans  une  famille 
autant  illuitre  par  la  vertu  que  par  la  nobUlfe  ,  fut  r^çu  dans  l'Ordre  de  Saint 
Jean  de  Jérufaiem.  Le  goût  de  l'étude  lui  fit  abandonner  cet  état  ,  dans  lequel 
il  auroit  pu  fe  diftinguer;  il  préféra  le  parti  des  Lettres  à  celui  cxs  Arm  s,  fe 
mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Médecine  de  fa  ville  natale,  &  reçut  le  bonnet 
de  Dodeur  en  cette  Science.  Sur  le  déclin  de  l'Age  ,  il  fut  appelle  h  Ferrare  ,  où 
il  mérita,  par  fes  fervices  ,  l'eftime  des  Prince»  d'Eft  &  les  n:arques  le=  plus  écla- 
tantes delà  eonfidération  des  habitans.  Flatté  de  cet  accueil,  il  fe  fixa  à  Ferrare, 
&  fuivanr  quelques  Hilioriens,  il  y  mourut  en  1431.  Mais  cette  date  ne  s'ac 
corde  pas  avec  les  liegiftres  de  la  Faculté  de  Padoue  ;  il  y  efi:  dit  qu'il  expliqua 
^vlcenne  dans  les  Ecoles  de  cette  ville  en  1436;  &  comme  ce  fut  après  cette 
année  qu'il  enfeigna  publiquement  à  Ferrare  ,  il  y  a  apparence  qu'il  poufla  fa  car- 
rière au  delà  de  1440.  Si  l'on  en  croit  Frdnd,  il  alla  même  jufqu'en  1460,  puif- 
que  cet  Hiftorien  remarque  qu'il  fit  en  cette  année  q.ueiq,ues  additions  à  fon  Traité 
des  Bains    d'Italie. 

Savunarola  a  employé  le  cours  de  fa  vie  ,  qiii  fut  longue  ,  à  voyager  &  à  confirmer,, 
par  des  expériences  fuivies  ,  le  fonds  de  fcience  qu'il  avoir  acquis  par  l'étude. 
Comme  il  aimoit  encore  le  travail  du  Cabinet,  il  s'y  occupa  de  la  compofition  des 
Ouvrages  que  nous  avons  fous  ces  titres: 

PraStica  du  agritudinibus  à  capire  ufque  ad  pedes.  Pip'ne ,  i486,  in-folio,  FenetUs  , 
1498,   in-folio.   Ibidem  f  1560,    in-folio^  ious  le  titre  do  Pra&ica  major. 

Pradica  canonica  de  febribus  ^  de  pulfibus  ,  de  urinls,  de  egejtionibas,  de  Balneis  om- 
nibus JtalitE- .,  de  vcnnibus.  Faiedis  ,  1498,  ^503»  ^SS^-,  1563,  in-folio.  Lugduni, 
1560,   in-^. 

De  arte  conjiciendi  aquam  vita  Jîmplicem  &  compofitam  Libdlus.  Hagcnote ,  1532 , 
in-S.  BafUeie.,  1597,  in-S  ,  avec  le  Traité  de  Jean  de  la  Roquetaillade  ^  qui  eft  in- 
titulé.'   Conjîderatio    quinta   ejfentï<e  rerum  omnium. 

In  Medicinam  pradicam  introdu&ia,  five^  de  compojïdone  MeJicinarum  Liber.  Item 
Catalogua  continens  tdm  fîmplicium  ,  quàm  compojîtorum  medicamentorum  nomcnclaturas  , 
ufum  &  fummam.   uirgtntinte .,  1533,    /n-4  &  in-i^. 

Libro  délia  natura  e  virtu  délie  cofe  che  nutrifcono  ^  overo  trattati  de  igranl,  délit 
erbe,  radici ,  agrumi ,  fruttl ,  degll  animali ,  pefci,  del  vino  ,  &c ,  accrefciuto  da  Bar. 
lolomeo   Boldo..   Veniié,   I576,    in-4. 

De  Balneis  omnibus  Itali<s  ,  ficque  tonus  Orbis ,  proprietat'bufque  eorum,  F'enetus^ 
icga  ,  /n-4,  &  dans  la  Colleifiion  de  Venile  Z)^  Balneis.  Ce  Traité  de  Savonarola 
fut  écrit  entre  les  années  1440  &  1450 ,  ainfi  que  Frelnd  prétend  le  prouver  par 
l'Epitre  Dédicatoire. 

SAVOT  ,  (  Louis  )  Médecin  &  Antiquaire  ,  étoit  de  Saulieu  au  Diocefe  d'Autun, 
où  il  naquit  vers  l'an  1579»  Après  le  cours  ordinaire  de  fes  études,  il  le  deflina 
à  la  Chirurgie  &  vint  à  Paris  à  l'Age  de  22  ans ,  dans  le  deffein  de  s'y  perfec- 
tionner. Mais  il  changea  de  réfolution  dans   la  fuite;,  il  fe  tourna  du  côté  de  Isi 


s    A    U  .      îS? 

Médecine,  fréquenta  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Paris,  oii  il  fe  borna  à  prendre 
le  degré  de  Licencié  en  1610.  11  mourut  Médecin  de  Louis  XIV  vers  l'an  1640, 
ou  plutôt  de  Louis,  Dauphin  de  France,  car  ce  Prince,  encore  enfant,  ne  par- 
vint à  la  Couronne  que   le  14  Mai  1643. 

Les  principaux  Ouvrages  de  Savot  font  le  Livre  de  Galien  de  l'art  de  guérir 
par  la  faignée,   avec  un  Difcours  préliminaire  pour  la  faignée. 

Nova ,  feu   veriàs ,  Novo-antiqua   de  caujîs  colirum  fentenda.  Parijîis  ,    1609,  î/i-8. 

De  Tetr agoni  Hippocradci  Jîgnificadone  contra  Chymicos  ,    obfirvatio.   Ibidem  ,  1609  , 

Difcours  far  les  Médailles  antiques,    Paris ,  1627 ,  in-4. 

architecture  des  bâdmens  particuliers.  Les  meilleures  éditions  font  celles  de  Paris, 
l6f3  &  1685 ,  J/i-8 ,  avec  les  notes  de  François  Blondsl. 

SAUVAGES,  (  François  BOISSIER.  DE  )  Profefieur  Royal  de  Médecine  &  de 
Botatjique  en  la  Faculté  de  Montpellier,  Membre  des  Sociétés  Royales  de  Londres, 
de  Stockholm,  d'Upfal  ,  de  Berlin,  de  Montpellier,  ainfi  que  de  l'Académie  des 
Curieux  de  la  Nature  ious  le  nom  de  Stratoa  il  ,  de  l'Académie  Phyfico-Botanique 
de  Florence,  &  de  l'Jnftitut  de  Bologne,  étoit  d'Alais  dans  le  Bas  Languedoc, 
où  i:  naquit  le  12  Mai  1706,  de  François  Boiffier  ,  Seigneur  de  Sauvages,  ancien 
Capitaine  du  Régiment  de  Flandre,  &  de  Gillette  Rlanchier ,  dont  il  fut  le 
fixieme  fils. 

L'éducation  qu'il  reçut  à  Alais  fut  affez  défeftueufe  ,•  on  n'y  avoit  pas  encore 
établi  de  Collège  public  ,  &  il  n'eut  pojr  guides  dans  les  Humanités  &  la  Philo- 
fopbie  que  des  Maîtres  d'un  mérite  obfcur.  Il  fut  réparer  ce  défavantage  par  des 
taiens  qui  lui  applanirent  les  diBicultés  qu'on  rencontre  dans  la  route  des  Sciences  ; 
les  fuccès  furent  même  fi  heureux ,  qu'il  fe  vit  en  état  d'entrer  dans  un  chemia 
plus  difficile  encore  ,  &  d'entreprendre  un  cours  de  Médecine.  Il  pafla  en  1722 
à  .Montpellier,  où  il  tuivit  les  Leçons  de  Chicoyneau  ^  de  Deidier  ^  d'^ftruc  & 
à'Haguenot  &  fut  reçu  Doéteur  en  1726.  Sa  'l'hefe  de  Licence  fit  du  bruit  ;  il  agita 
cette  queftion  :  Si  V amour  peut  être  guéri  par  les  remèdes  tirés  des  plantes  ?  Elle  lui 
Valut  pour  quelque    tems  le  furnom  de  Médecin,  de  Vamour. 

La    réputation    des    Médecins    de    Paris    l'attira  dans    cette  ville  en  1730.    Il  y 
fit    fous    eux   de   nouveaux   progrès  ,  &  après   avoir   en  quelque  Ibrte  rempli  les 
vues    qui   l'avoient    amené    dans  la    Capitale  ,    il  retourna    à    Montpellier  ,  où  il 
obtint  ,    en   1734   ,  la  furvivance  de   la   Chaire  de  Marcot  ,  dont  il  ne  tarda  point 
à   devenir    titulaire.    Son  application  à  l'étude  ne    le   détourna  jamais   des  devoirs 
académiques  qu'il  remplit   avec  un  zèle  étonnant  ;  quelque    attaché  qu'il  fût  même 
à   fon  Cabinet  ,  à    les   Livres  ,   à   fes   expériences  ,  il   quittoit    tout  pour   les  ma- 
lades   qui   rèclamnieut  Ton  lecours.    Ils   furent    d'abord  en   petit  nombre.  Ce  n'efl 
pas   qu'il   n'eut    du     talent   pojr    la   pratique  ;    mais   il    ignoroit   entièrement  l'art 
de  fe  faire  valoir  ,  &  il  falloit  du  tems    pour    réduire  au  lilence    ceux  qui  préten- 
doient   borner   fon    mérite   à   la    fimple  fpéculation.  Malheureufement  il  avoit  pris 
trop   de   goût    pour   les    inventions    modernes.    L'application    des    Mathématiques 
à    la   Théorie    de  la    Médecine  ,   qu'il  foumet   quelquefois  aux  calculs  d'Algèbre 
les  plus  rigoureux  &  aux  dcmonftrations  de  la  plus  fublime  Géométrie;  le  fyltéme 


m  s  A  \y 

de  Stahl  louchant  le  pouvoir  de  l'ame  fur  le  corps ,  l'état  de  foufFrance  de  cet-fg 
partie  Ipirirueile  de  nous-môme  qui  cherche  &  emploie  tous  les  moyens  pofli- 
bles  d'écarter  le  danger  dans  les  maladies  :  tout  cela  a  fait  tirer  à  Sauvages 
des  conféquences  qui  ne  s'accordent  pas  toujours  avec  les  opéraiioas  de  la 
Nature.  C'eft  lur-tout  au  iyfîême  de  Stahl  que  Zimmermann  attribue  la  plupart 
des  erreurs  que   notre    IMédecin   a   adoptées  avec    tant  de  feu. . 

«  Ne  peut-on  pas  entendre  tout  iîmplement  par  la  Nature  ,  dit  l'Auteur  q'ûtf 
»  je  cite  f  la  force  vitale  aitazlle  du  corps  organijfé  vivant  ,  force  dont  l'union  de 
Ti  l'ame  avec  le  corps  eft  le  principe  éloigne ,  mais  dont  le  fluide  nerveux  eft 
•n  la  cauie  immédiate  ?  Ce  fentiment  eft  clair  ,  lumineux  ,  quelle  que  foit  la 
»  natcrc  de  ce  fluide  ,  fût-ce  même  celui  de  Le  Cat.  On  conviendra  que  le 
»>  corps  eft  fubordouné  à  l'empire  de  l'ame  dans  tous  les  mouvemens  que 
»  nous  appel'ons  communément  volontaires  ;  mais  l'ame  paroît  ,  îiu  contraire^ 
»  lui  être  lubordonnée  dans  ceux  où  elle  eft  dans  un  état  de  pafTibilité  ;  c'efl: 
»  ce  que  l'expérience  journalière  peut  prouver  à  un  homme  qui  ne  prend  pas 
»  les  mots  pour  les  chofes.  «  Si  Sauvages  ne  fe  fût  pas  laifTé  emporter  par  la 
vivacité  de  fon  génie  ,  il  auroit  du  moins  fufpenda  ion  jugement  fur  des  opé- 
rations ,  qu'on    peut    rappeller   à   la  feule  organifation  du    corps  humain. 

En  1740  ,  notre  Médecin  fut  chargé  de  la  démonftration  des  plantes  du  Jardin 
Royal  de  Montpellier  ,  à  la  place  de  Chicoyneau  ,  le  fils  ,  qui  venoit  de  mourir. 
Il  s'en  acquitta  alternativement  avec  Fiti-Gerald  ,  qui,  étant  mort  lui-môme  en 
174b,  le  lailTa  pour  plufieurs  années  chargé  de  tout  ce  travail.  En  1751,  il  obtint 
le  brevet  de  Profefîeur  de  Botanique  ,  &  il  s'acquitta  de  cette  charge  avec 
une  célébrité  qui  ne  diminua  rien  de  celle  qu'il  avoit  méritée  par  fes 
autres  emplois.  Mais  une  maladie  qui  dura  près  de  deux  ans  ,  &  qui  deux 
mois  avant  fa  mort  l'obligea  à  garder  la  chambre  ,  vint  mettre  fin  à  fes  tra- 
vaux ;  elle  l'enleva  de  ce  monde  le  19  Février  1767 ,  à  l'âge  de  foixante  ans 
&  neuf  mois.  Il  étoit  fimple  dans  fes  moeurs  comme  dans  fon  caraftcre.  Il  fut 
aimé  de  fes  dilciples  &  mérita  de  l'être  ,  parce  qu'il  leur  conimuniquoit  aulïï 
volontiers  ce  qu'il  favoit  ,  qu'il  recevoir  des  autres  ce  qu'ils  étoient  en  état 
de  lui  apprendre.  Ses  connoilfances  paflbient  fans  fafte  dans  fes  converfations  ; 
nulle  envie  d'étaler.  Il  portoit  quelquefois  dans  le  monde  cet  air  que  l'on  prend 
dans  le  Cabinet  ,  &  qui  s'oppofe  il  fouvent  ,  malgré  nous  ,  à  l'enjouement 
&  aux  grâces  ;  mais  il  réparoit  ce  défaut  par  les  traits  de  lumières  qui  W 
cchappoient  ,  &  les  gens  raifonnables  préféroient  le  maintien  lérieux  &  abftrait 
de  ce  Savant  ,  à  l'air  badin  de  ces  hommes  qui  parlent  beaucoup  pour  ne 
dire  que  de  jolis  riens.  Sauvages  avoit  époufé  ,  en  1748  ,  Jeannc-9Zlande  Foucard 
i'Olimpies ,  fille  de  Nicolas  Foucard  d'Olimpies  ,  Capitaine  au  Régiment  Dauphin  > 
Dragons.   Il    en    a   laifle   deux   fils    &    quatre    filles. 

Ce  Médecin  eut  l'avantage  d'être  loué  &  eftimé  dans  fa  jeunefie  par  Boer' 
haave ,  &  il  prouva  ,  dans  la  fuite  ,  qu'il  avoit  droit  à  fes  éloges.  Infatigable 
dans  les  travaux  utiles ,  plein  de  fagacité  dans  fes  expériences  ,  favant  en  Mathé- 
matiques ,  exait  dans  fes  Obl'ervations  ,  il  ne  lui  manqua  que  d'avoir  moin» 
de  penchant  pour  les  lyftâmes  &  de  cotifuher  la  Nature  ians  prévention.  Malheii- 
jeufement  il  ne  fut  point  toujours  tel ,  comme  on  peut  s'en  ailurer   par  la  levure 


s    A    U  189 

des   DifTerlations   d'ailleurs    intérclTantes  ,  &    des  Ouvrages    dont  voici  la  notice: 

DiJJlnatioa  far  hs  animaux  venimeux.  Elle  a  remporte  le  prix  de  l'Académie 
de  Rouen.  Le  Recueil  des  Mémoires  de  cet  Auteur  qui  ont  été  couronnés  par 
différentes  Sociétés  lavantes,  fut  publié  à  Lyon  eu  1770,,  deux  volumes  taxa, 
iojs    le    titre  de    Chcfd'ccuvres  de    M.    de   Sauvages. 

Nouvelles  clajfes  des  maladies  dans  un  ordre  j'emblabh  à  celui  des  BotanIJîes ,  com- 
prenant les  genres  &  les  efpeces.  Avignon,  1732  ,  in-ii.  C'eft  le  canevas  de  la 
Nolblogie. 

Mémoire  far  les  Eaux  Minérales  d^^lais  ,  pour  fcrvir  à  VHlfloire  Naturelle  de  la 
Province.  Il  fut  lu  à  l'Aflemblée  publique  de  la  Société  Royale  des  Sciences 
de    Montpellier   le    19    Avril    1736  ,  t/1-4. 

Theorid  Febris.  Monfpelii ,  1738,  in-12.  En  François,  Genève,  1744,  in-^.  11  y 
fait  voir  combien  il  eft  partiian  du  fyftême  de  Stahl  ,  en  établillànt  la  cauiè 
de  la  fièvre  dans  les  efforts  que  fait  l'ame  pour  lever  les  obftacles  qui  s'op* 
polent  à  la    liberté   des   mouveraens  du    cœur. 

J^uthologia  Methodica .,  feu  ,  de  co^nofcendis  morbis.  Monfpelii  ,  1739,  //J-12.  Amflt- 
hdaml  ,    1752  ,  1759  ,  in.11. 

La  manière  d'élever  les  f^^ers  à  foie.  1740. 

Nova  fomni  Theorïa.  Monfpelii  y   1740,  in-^. 

De  moiuum  vitalium  causa.  Ibidem  ,  1741  ,  /n-4, 

Jnflammationis  Theorla.  Ibidem.,  I743,i/i-i2. 

La  Statique  des  animaux  traduite  de  l'Anglois  de  Haies ,  avec  les  Diflèrtation» 
fur  Ja  Théorie  de  la  Fièvre  &  de  l'InHammation.  Genève  ,  1744  ,  //j.^.  Dans 
fa  Théorie  de  la  Fièvre  ,  il  s'étend  fur  la  caufe  qui  excite  le  cœur  à  i'e  con- 
tracter ,  mais  avec  plus  d'efprit  que  de  vérité.  11  compare  ce  vifcere  creux  à  un 
ibufflet  qui  ne  pouffe  la  liqueur  qu'il  contient  ,  par  le  tuyau  qu'on  lui  a  adapté, 
que  parce  qu'on  le  comprime.  A  cette  occafion  ,  il  pafle  en  revue  ce  que  BoreUi 
Ketll   &  Ji^rin  ont  dit  fur  la   contradion  du  cœur. 

Mémoire  fur  les  maladies  des  Bœufs  du  f^varais.  Montpellier,  1746,  in-d.  Il  y 
parle  du   Grofeiller   noir  comme  d'un  ipécifique. 

Dijfertaiio   de   vaforum    capillarium   corporis    humanl  fuS/a.   Monfpelii  ,   1747  ^   /n.12. 

De  Nodambulatione.  Ibidem ,  1748,  in-S. 

De  Hemiplcgia  per    EUSricitatem  fanaiâ.   Ibidem ,  1749 ,  /n-8. 

Dijfertathn  fur  la  nature  &  la  caufe  de  la  Rage  ,  qui  a  remporté  le  prix  de  l'A- 
cadémie de  Touloufe  en  1748.  Touloufe ,  1749 ,  1/14. 

Confpeclus  Phyfologicus.   1751,  '«-4. 

Methodus  foUorum  ,  feu  .^  planta  Flora  Monfpelienjis  juxta  foliorum  ordinem  ad  juv an- 
dam  fpecierum  cognitîonem  digcjîa.  Hagte  Comitis  y  1751,  in-S.  On  y  trouve  le  Ca. 
talogue  d'environ  500  plantes  qui  manquent  dans  le  Botanicon  Mjnfpelienfe  que 
Magnol  publia   en    1676  ,    inS  ,    &   en    1686 ,  même    format ,  avec  un    Appendix. 

Differtatîoi  dans  laquelle  on  recherche  s'il  y  a  des  médicamens  qui  afeîtent  certaines 
parties  du  corps  pliuôt  que  d'autres.  Bordeaux,  1752  ,  {«.4. 

Nova  puhâs  &  arculationis   Theorla.   1752 ,  /n-4. 

Embryologie ,  feu  ,  Dijfenatlo  de  Foetu.  1753  s  //1-4. 


193  s    A     X 

Synnpfis  mnrboTum  oculh  inJîJcntîam ,  gênera  &  fpecies  expomns.  1753 ,  m-4. 

'Tlicoria  Tuniorum.  1753,  i/2-4. 

Dijjïrtdtion.  far  la  manière,  dont  Vair  agit  fur    le  corps    humain.  Elle  a  été  couron- 
oée  par  l'Académie  de  Bordeaux  &  publiée  en  1754  ,  /rt-4. 

Fkyfiologits  Mechanicte  Elemznta.   ^mjhlodami  ,  1755  ,  in-il. 

Recherches  fur  les  loix  du  mouvement  du  fang  dans  les  vaijfeaux.  Mémoire  de  l'Aca- 
demie  de  Berlin  ,  année  1755. 

Theoria  doloris.  1757,  in-4. 

D'iffenatio  de  refpiratlom  difficili.  1757  ,  irt-4. 

Diffenatio  de  ajlrorum  influxu  in  hominem.  1757 ,  i/1-4. 

Dijjenatlo  de  F'Lfione.  175B,  m-4. 

Medicinœ  Slnenjîs  Confpe&us.  1759,  in-4. 

Theoria  Convulfîonis.  175g ,  in»^. 

Dijfertatio  de  ^niblyopia.   1760,  in~^. 

DiJJ'crtatio  de  Svffujione.   1760,  m-4. 

Diffenatio  Medicâ  oppojua  ar^umentis  celeberrimi  Eberhardi  de  anime  împerîô  in  cor. 
^venione ,  1760,  in-4. 

De  anima  redivvâ  Diffenatio.  1761  ,  m-4. 

Dijfertdtio    de  Caihartids.  1762  ,  m-4. 

De  prognujî  Medicâ  ex  Necrologis   eruendâ.  1762 ,  fn-4. 

JSfofoUma  Methodicj  jljtens  morborum  clajfes  ,  gênera  &  fpecies ,  juxta  Sydenhami  men. 
tem  &  Botantcorum  nrdinem.  ^mftelodami .,  1763,  cinq  volumes  In-^.  Le  Ijxieme  or- 
dre des  maladies  de  la  première  clafle ,  concernant  les  déplacemens,  appartient  à 
M.  pierre  Cuffon  ,  Docteur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  ,  de  la  So- 
ciété Royale  de  cette  ville  &  de  celle  de  Londres.  Cet  Ouvrage  a  pour  baie  le 
plan  que  l'Auteur  s'étoit  fait  depuis  bien  des  années  ;  comme  il  déhnidbit  les  maux 
jqui  aiiligent  l'humanité  par  les  iyraptômes  plutôt  que  par  les  caui'es  ,  il  a  étoncam- 
ment  multiplié  le  nombre  des  maladies,  lout  excellente  que  foit  fa  IMofologie  à 
certains  égards,  on  s'attendoit  qu'il  y  mettroit  la  dernière  main  en  la  retouchant; 
il  n'a  pu  le  faire;  mais  on  a  profité  d'un  très-grand  nombre  de  nouvelles  deîcriptions 
de  maladies  <iu'il  avoit  recueilli  dans  les  trois  dernières  années  de  fa  vie  ,  dans 
le  deil'ein  de  le  faire  entrer  dans  la  féconde  édition  de  fon  Ouvrage.  M.  Jean-^Jn' 
toine  Cramer  .,  Doéïeur  en  Médecine,  a  exécuté  ce  projet.  Il  a  inféré  les  nouvelles 
defcriptions  dans  la  Nofologie  Méthodique  ,  imprimée  à  Amfterdam  en  1768  ,  deux 
volumes  in-4.  ^-  Gourion  ,  Médecin  ,  a  traduit  cet  CJuvrage  en  François  &  l'a 
publié  à  Lyon  en  1771 ,  dix  volumes  m-12.  Il  y  a  une  autre  Tradudion  Françoife 
par  M.  Nicolas  ,  Chirurgien  gradué,  Paris,  quatre  volumes  in 'à;  mais  il  s'en  faut 
de  beaucoup  qu'elle  vaille  celle  de  M.  Gouvion. 

M.  Ratte.,  Secrétaire  perpétuel  de  la  Société  Royale  des  Sciences  de  Montrel- 
îier  a  prononcé  l'Eloge  de  Sauvages  dans  une  Aflemblée  publique  de  cette  Com- 
pagnie. J'en  ai  tiré  parti ,  pour  rédiger  l'Article  que  je  viens  de  mettre  fous  les 
yeux  du  Lefteur. 

SAXONIA  fHercule  )  ctoit  de  Padoue,  oià  il  naquit  en  1551,  dans  une  famille 
que  l'étude  de  la  Médecine  avoit  rendue  également  célèbre  &  relpeéhible.  FiCior , 


5    A    X 


19  r 


fbn  pcre,  Jérôme  &i  François^  Tes  oncle»  paternels,  fe  diftinguerent  dans  la  pratique 
de  cette  Science ,  foit  à  Veniie  ,  foit  à  Padoue.  A  leur  exemple ,  Hercuk  embrafla 
le  parti  de  la  Médecine  ,  &ii  y  réuflit  lî  bien  ,  qu'on  lui  accorda  les  honneurs  du. 
Doflorat  dans  les  Ecoles  de  i'a  ville  natale.  Avant  l'an  1574  il  fut  chargé  d'en- 
leigner  la  Logique  ;  mais  il  le  rendit  vers  1579  à  Veniie  ,  où  il  exerça  avec  tant 
de  fuccès ,  qu'il  parvint  en  peu  d'années  au  plus  haut  degré  de  réputation.  Les 
malades  le  recherchoient  avec  un  emprefiement  fi  extraordinaire,  qu'il  auroit  fallu 
qu'il  le  multipliât  pour  le  rendre  à  leurs  defirs.  Après  dix  ans  de  fatigue  &  de  courfes 
laborieufes  dans  cette  ville  ,  on  le  nomma  à  la  Chaire  vacante  par  la  mort  de 
féiôme  Caplvaccio.  La  Faculté  de  Padoue  le  revit  avec  plaifir  dans  Tes  Ecoles ,  & 
il  s'y  acquitta  de  fes  fonflions  avec  beaucoup  d'applaudillement  depuis  1590  jufqu'en 
i6of ,  qui  eft  l'année  de  la  mort.  Il  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  Saint  Pierre  à  Pa- 
doue ,  où  l'on  mit  ces  Vers  fur  fou  tombeau  : 

Herculis  ojfa  jacent ,  qui  nomcn  ab  arte  mcdzndi 

u4ntz  omncs  clarum  fparjît  In  orbe  C^um. 
Et  quis  erit  qui  non  doleat  ^  morfque  improba  ^  dicatf 

Duriorheufaxô,  Saxonium  abripuiu 

Quelques  Auteurs  rapportent  que  Saxonia  fut  demandé  à  Vienne  en  1573,  avec 
Mercuriali,  pour  la  maladie  de  l'Empereur  Maximilien  II;  mais  ils  n  o,it  pas  ré- 
fléchi qu'un  jeune  homme  de  22  ans  ne  pouvoit  point  avoir  affez  de  réputation  , 
pour  fe  faire  fouhaiter  à  la  Cour  de  ce  Prince.  D'autres  dii'ent  qu  il  accom- 
pagna fimplement  Mercuriali  dans  le  voyage  de  Vienne  ;  &  cette  opinion  cil 
plus  vraifemblable. 

Fitrre  UJfenbach  ,  Dofleur  en  Médecine  qui  avoit  étudié  fous  Saxonla  ,  fit  im- 
primer le  Recueil  de  tout  ce  qu'il  connoiffoit  d'Ouvrages  de  fon  Maître  ,  fous 
le  titre  de  Panthéon  Medicina  fdeSum  ,  fea  ,  Medicinte  Templam  in  Libros  XI  difiinc- 
tum.  Francofuni  ,  1603  ,  in-folio.  On  a  publié  féparément  .• 

Dlfputatio  de  pbœni^mis ,  vulgù  vejîcannbus,  &  Theriaca  ufu  in  Febribns  P eftilentiali- 
bus.  Patavii ,  1591  ,  in.4.  L'Epidémie  qui  défola  la  Seigneurie  de  Pcfaro  en  1591  , 
fufcita  une  querelle  littéraire  entre  les  Médecins  de  Padoue.  Le  Duc  d'Urbin  avoir 
demandé  leu/  avis  fur  la  conduite  qu'il  falloir  tenir  dans  le  traitement  de  cette 
maladie.  Saxonia  propofa  l'application  des  Véiicatoires  &  l'ulage  interne  de  la  Thé- 
riaque  4  Alexandre  Majj'aria  rejetta  l'un  &  l'autre  de  ces  remèdes  r  on  ne  décida 
rien;  &  pendant  que  chacun  des  deux  partis  s'efForçoit  de  f«ire  valoir  (on  opinion 
par  les  Ecrits  qu'il  donnoit  au  public,  l'Epidémie  alla  ion  train,  les  ma'ades  mou- 
rurent, &  il  fut  prouvé  encore  une  fois  que  les  conteflations  des  Médecins  font 
ibuvent  les  fymptômcs  les  plus  mauvais  d'une  maladie. 

De  Phœnii^mii  Libri  très.  In  quibus  agiiur  de  univerfa  rubificanti'um  natvrâ,  deque 
differeniiis  omnibus  atqueufu  ;  Fjïlothris,  Smegmatibus ,  Drnpacibus ,  Sinapipnis  fimpUcibus  ac 
compojîtis ,  l'ul^o  Feficantibus  ;  de  quorum  ufu  in  Febribui  Pejiilemibus  multa  dlfputantur, 
Patavii ,  1593  ,  /ft-4.  Cet  Ouvrage  fut  corapofé  dans  la  chaleur  de  la  querelle  dons 
ou  viet2t  de  parler. 


iDî  S     B     A 

,Trac!dtus  perfeSIIjJtmus  de  Morbo  Gallico  ^  feu  ^  de  Lut  J^emna.  Ibidem  ,  1593,  1597, 
1602  ,  /71-4    Francafuni ,  1600 ,  in-[u 

TraSfaïustnplex  ^  de  Febrium  putridarum  Jîgnls  c?  fymptomatlbus  ^  de  Pulfibus ,  de  Url- 
nls.  Francofurti  f  1600,  i/i-8. 

De  Plica  quam  Poloni  Guvozdziec,  Roxulani  Koxtunum  vacant.  PatavU  ,  i6co, 
1602  ,  //î-4. 

De  Pulfibus  Tra&atus  abjolutijjîmus.  Ibidem ,  1603  »   '""4' 

Pieelecfionum pra^icarum  Libre   duo.  Francofurti  ,    i6io ,  In.  folio. 

Opéra  pra&lca.  PatavU,  163g,  1658,  in-folio.  Les  éditions  furent  poufTées  jufqu'à 
la  neuvième  qui  ibrtit   des  preffes  de   Padoue  en  1681  ,  in-fûin. 

On  trouve  dans  F^ander  Linden  .,  Lipenias  &  Manget  ,  un  Médecin  nommé  Henri 
de  Scxonia,  qui  a  écrit  un  Livre  De  fecretls  Mulieram  imprimé  à  Ausbourg  en  1489, 
//!-4,  &  à  Francfort  en  1615  ,  i/i-8.  Cet  Ouvrage  a  été  mal-à  propos  attribué  à 
u4lbert  le  grand. 

SBARAGLIA  f  Jean-Jérôme  J  naquit  à  Bologne  le  î8  Odobre  1641.  Il  fit  fes 
études  dans  fa  ville  natale,  où  il  reçut  le  bonnet  de  Docteur  en  Médecine  le  27 
Février  1663  ;  &  le  6  Mars  fuivant,  il  y  devint  Membre  du  Collège  ,  en  qualité 
de  Profefleur  de  Philofophie.  Dès  le  mois  d'Octobre  1664  il  en  ouvrit  le  Cours  ; 
inais  il  ne  remplit  pas  long-iems  cette  chaire  ,  car  il  tnonta  enfuite  à  celles 
d'Anatomie  &  de  Médecine,  En  1688,  on  le  demanda  pour  enfeigner  à  Padoue; 
il  refuia  fous  prétexte  de  la  foiblefle  de  fa  fanté  ,  &  dans  le  fonds,  par  amour 
pour  fa  patrie.  Sbaraglia  fut  déclaré  ProfeiTeur  émérite  ,  après  avoir  rempli  les  Chaires 
de  Bologne  pendant  quarante  ans  ;  il  ne  furvécut  que  peu  d'années  ,  car  il  mou- 
rut fubitement  le  8  Juin  1710,  à  l'âge  de  69   ans. 

Ce  Médecin  a  écrit  pluiieurs  Ouvrages: 

Exercitationes  PhyficO' ^natomicte  de  recentlorum  Medlcorum  fludid  ,  en  deux  Difler- 
tations.  La  première  ,  fous  le  nom  d'^rijUde.,  fut  imprimée  à  Gottingue  (  Bologne  J 
en  if)87;  à  Parme  en  1690;  à  Naples  ("Vienne  en  Autriche  J  en  1693  ;  à  Bolo- 
gne 1701  ,  J/i-8,  1704,  in-4.  Les  éditions  de  Naples  &  de  Bologne  comprennent  la 
féconde  Dillertation ,  dans  laquelle  Sbaraglia ,  fous  le  voile  de  Libanius  ,  s'efforce 
de  prouver  qu'on  n'a  encore  rien  trouvé,  par  les  difiééVions  du  corps  humain,  qui 
foit  fort  utile  pour  la  pratique  ;  que  les  expofitions  Anatomiques  qui  mettent  fous 
les  yeux  le  détail  minutieux  des  parties  qui  entrent  dans  la  firufture  délicate  des 
organes  ,  font  plus  d'honneur  à  l'Artifte  qu'elles  ne  procurent  d'avantage  à 
la  Médecine  ;  qu'il  eft  plus  important  de  s'attacher  à  la  connoiflance  des  fluides  , 
puifque  c'eft  d'eux  que   viennent  la  plupart  des  maladies. 

De  vivipara  generatione  Scepfis  I  S  II.  F'indobonts ,  i6g6  ,  par   les  foins  de  Nicolas 

Garelli. 

Oculoruni  &  mentis  vigiUts  ad  diftln^uendum  Jludlum  jlnatomlcum  &  ad  praxim  /l/e- 
dkam  dirigendam.  Bononia .,  1701  ,  in-8  ,  fous  le  nom  de  Sbara'^lia.  Ibidem,  1704, 
in-A.  L'Auteur  levé  ici  le  mafque  fous  lequel  il  s'étoit  caché  dans  fes  premiers 
Ouvrages;  il  attaque  ouvertement  les  Ecrits  pofthumes  de  Malpiglii ,  fon  confrère 
&  autrefois  fon  ami  ,  dont  il  s'efforce  de  rabattre  le  mérite.  Cette  pièce  eft  remplie 
4ç  chicanes  &  de  railleries.  SbaragUa  ne  garde  plus  de  mefure.  Il  s'épuife  en  dé- 
clamations 


s    C    A  195 

«lamations  injurieufes  à  l'Art  qu'il  exerçoit  ;  il  dit  tout  nettement  que  la  bonne  Mé- 
decine a  toujours  été  empirique ,  qu'elle  l'efl  encore  &  ne  cefiera  de  l'être.  Mais 
on  n'a  pas  manqué  de  relever  l'es  erreurs  dans  les  Ecrits  qu'on  a  publiés  pour 
la  défenle  de  Malpighi.  11  y  a,  entre  autres,  un  Ouvrage  imprimé  à  Rome  en 
1705,  £«-4,  ibus  le  titre  d'Horatii  de  Florianis  Epî/iola ,  dans  lequel  on  fait  un 
portrait  bien  déiavantagcux  de  Sbara°lla.  On  y  met  au  jour  l'es  contradidions , 
fes  inconféquences ,  l'es  faux  allégués,  fes  vols  littéraires;  on  l'accufe  de  vanité- 
on  lui  reproche  l'aveuglement  &  la  ,  '4foraptiôn  qui  l'ont  porté  à  méprifer  des 
hommes  célèbres  ;  on  fait  voir  qu'il  efl:  fort  éloigné  d'être  auffi  favant  qu'il  croit 
l'être  ,  qu'il  eft  obfcur  dans  fes  oblervations ,  &  qu'il  rend  les  choies  fans  goût, 
fans  ftyle  &  fans  éloquence.  En  un  mot ,  cette  Epitre  eft  un  tiffli  d'invedivcs 
d'autant  plus  déplacées  ,  que  les  armes  de  la  vérité  font  fuffifantes ,  lorfqu'on  a 
une  bonne  caufe  à  défendre. 

Entclechia ,  feu ,  anima  fenjîtiva  brutorum  demonjlraia  contra  Cartejîum,  Cet  Ouvrage 
ne  parut  qu'après  la  mort  de  SbaragUa. 

SCALA,  (  Dominique  LA  )   de   Meffine  en  Sicile  ,  où  il   vint    au  monde  en 
1632,  fut  élevé  avec  tant  de  foins  &  iit  tant  de  progrès  dans   l'étude  de  la  Mé- 
decine, qu'il  reçut  les  honneurs  du  Doftorat  à  l'âge  de  22  ans.  Sa  promotion  ne 
Ht  qu'animer  fon  ardeur  pour  le  travail  ^  il  redoubla  fes  veilles  &  porta  Ion  attention 
lùr    tout   ce   qui    pouvoit    étendre  la   fphere  de    fes    connoiflances.    Mais    il    puifa 
xnalheureulemem  dans  de  mauvaifes    fources,  c'ell-à-dire ,  dans   les   Ouvrages  de 
Démocrlte ,   de  Paracdfe ,  de  f^an  Hclmont ,  dont  il  adopta  les  fentimens  avec  tant 
de  chaleur  ,  qu'il  fe  prit  de  paflion  pour  leur  doctrine.  Il  en  fit  retentir  la  Chaire 
qu'il  rempliilbit  dans   fa  patrie,    ôe  ne    tarda  pas  à  le  montrer  comme   chef  d'une 
nouvelle   fecte,    dont  les  partilàns    prirent  le   nom  de  Scalijies.  Parmi  les  remèdes 
que  ce  Médecin    condamnoit ,  on  remarque   fur-tout  la  faignée  &  les  véficatoires 
contre   lelquels  il  fe   déclaroit    hautement;  félon  lui,  il  n'étoit  point    de   maladies 
où  ils  duflent  être  employés.  Cette  opinion,  toute  linguliere  qu'elle  fût,  ne  diminua 
rien  de  la  réputation  qu'il  avoit  méritée  par  d'autres  endroits^  car  on  le  demanda 
en  1686,  poui  enfeigner  la  «Médecine  dans  l'Univerfité  de  Padoue  ,   &  il  s'excufa 
d'accepter  cette  Ch'aire,   pour   continuer  à   remplir    celle    qu'il  avoit  à  Mefline  & 
qu'il  garda  jufqu'à  la  tin  de  fa  vie.   En    1665 ,   il  avoit  été    appelle    en    Efpagne 
pour  la  maladie  de  Philippe    IV,    mais  ce  Prince  mourut  avant    que    l'ordre  de 
partir  lui  eût  été  intimé.  Après  l'exaltation  d'Innocent  XII  en  1691  ,  il  fut  encore 
propofé  à  ce  Pape  pour  remplir  la  charge  de  fon  premier  Médecin  ;  George  Mjtthias 
dit  même  qu'il  y  fut  nommé.    Il  ne  l'accepta  cependant  point,  Ibit  que    fon  aita. 
chement  à  fa  patrie,  foit  que  le  grand  nombre  d'Ecoliers  qui  fui  voient  fes  Leçon», 
l'eût  empêché  de  fe  rendre  à  une  invitation  fi  glorieufe  pour  lui.  Content  d'ailleurs 
de  la   médiocrité   de    fon  état ,  il  fe   borna  à   fes  premiers    devoirs  ;  monter    en 
Chaire,  vifiter  les  malades,  répondre  aux  confultations ,  c'eft  à  quoi    il    employa 
tout   fôn  tems.    Après  la  mort  de  fa  femme,  il   prit  l'habit   clérical  &   reçut    les 
Ordres  facrés  ;  mais  il  n'en  fit  pas  moins  la  Médecine ,  fur-tout  à  l'égard  des  pau- 
vres ,  pour  qui  il  eut  toujours    des  entrailles  de  père.  Il  mourut  le  7  du   mois  de 
T  0  M  E    ir.  B  b 


t94i  S    C    A 

Septembre  1^97,  à  l'âge  de  65  ans,  &    laifla  un  Ouvrage  contre  la  faignl^e,  fous- 
'e  titre  de 

Phlehotomia  damnata  ^  (Ive  ,  ^vidii ,  Chryjîppi  Cnidii ,  ^fclepiadis  ,  Erafiflrari  &  ^rlf- 
togenîs  contra  fanguinis  mljjionem  do&rina  è  vetufiatls  tenebris  in  lucem  fibi  dchitam  revo' 
caca  &  luculeitiàs  enuckata  jaxta  leges  motûs  kumorum  in  orbem.  Putavli,  i6q6  ,  tn-4- 
Un  Médecin,  nommé  Matthieu  George^  s'eft  élevé  contre  la  doftrine  de  cet  Ou- 
vrage par  un  Ecrit  intitulé:  Phlebowmia  liberata ,  feu,  yJpologia  pro  fanguinis  mif' 
Jlone.  Genue,  1697 ,  /n-4.  Mais  comme  toutes  les  opinions,  même  les  plus  abfurdes, 
ne  manquent  jamais  d'avoir  quelques  partifans  ,  Jean-Baptijh  Fulpini  a  voulu  fou- 
tenir  celles  de  La  Scala  dans  une  Lettre  qu'il  publia  contre  George.  Cette  diCpute  ,. 
au  fujet  de  la  faignée ,  avoit  déjà  été  agitée  plidieurs  fois  ,  &  l'on  remarque  que 
la  pa (lion,  l'entêtement,  le  préjugé  y  ont  toujours  eu  beaucoup  de  part.  On  a 
donné  dans  les  extrêmes.  Ceux  qui  n'étoient  pas  du  goût  de  la  faignée,  l'ont 
entièrement  profcrite  de  la  pratique  de  la  Médecine  ;  ceux  qui  la  regardoient 
comme  un  remède  puiJTant,  ont  répandu  le  fang  humain  à  grands  flots,  fans  trop 
s'attacher  aux  différences  des  tempéramens,  non  plus  qu'à  la  variété  des  caufes, 
des  circonftances  &  des  complications  des  maladies. 

SCALA,  fjofeph^  de  Noto ,  Capitale  du  Val  de  ce  nom  en  Sicile ,  naquît 
le  aB  Août  1530.  Comme  il  étoit  doué  de  l'efprit  le  plus  pénétrant ,  &  que  l'étude 
étoit  l'a  paflion  dominante,  il  fe  fuffit  à  lui-même  pour  apprendre  les  Langues 
favantes,  la  Philofophie ,  les  Mathématiques  &  la  Médecine.  L'Univerlité  de 
Padoue  couronna  fon  mérite  ,.  en  lui  donnant  le  bonnet  de  Doéteur  en  cette  der- 
nière Science,  l'an  1556.  Mais  à  peitte  furvécut-ii  à  cet  honneur,  car  il  mourut 
le  7  Juillet  de   la    même    année  ,    dans  la  26».  de  fon  âge. 

Jofeph  Scala,  fils  pofthume  du  précédent,  étoit  aufli  de  Noto.  Il  fe  diftingua 
P"'  *°"  /avoir  en  Philofophie  &  en  Médecine  mais  il  furpafla  fon  père  dans  la 
Géométrie  ,  l'Arithmétique  &  l'Aftronomie  qu'il  apprit  fans  maître.  Des  talens  ii 
rares  dans  un  jeune  homme  le  firent  fouhaiter  à  Syracufe  &  à  Catane,  où  il 
enfeigna  difiérentes  parties  des  Mathématiques.  L'UniverCté  de  Padoue  le  demanda 
encore  pour  profeffer  les  mêmes  Sciences  dans  fes  Ecoles,  mais  il  s'en  excufa 
fur  le  peu  de  tems  qu'il  avoit  à  vivre  ;  en  effet ,  il  n'avoit  que  29  ans  lorfqu'il 
mourut,  en  1585,  à  Sabionetta.  C'efi  ainfi  que  la  nature  produit  de  tems  en 
tems  des  hommes  à  talens,  dont  les  vaftes  connoilfances  feroient  prefque  douter 
de  la  brièveté  de  leur  vie,  fi  leurs  contemporains  ne  nous  afluroient  qu'ils  n'ont 
fait  que   fe  montrer  au  monde,. 

SCALIGER  ou  JULES-CÉSAR  DE  L'ESCALE,  favant  Critique,  Philo- 
v?7T  '•  ^'"'^^  ^  Médecin  ,  tint  un  rang  diftingué  parmi  les  Gens  de  Lettres  du 
AVI  hecle.  Il  met  lui-même  fa  nailfance  en  1484  ,  au  Château  de  Ripa  dans  le 
territoire  de  Vérone,  &  fe  dit  un  des  defcendans  des  Princes  de  i'Elcale  ,  autre- 
fois Maîtres  de  cette  ville,  ainfi  que  de  plufieurs  autres  places  d'Italie.  Cette  idée 
lur  ia  nobleffe  étoit  fon  foible  ;  il  avoit  là  deflus  tant  d'entêtement,  qu'il  n'eft  rien 
dans  le  monde  qu'il  n'ait  fait  pour  foutenir  Ion  opinion  &  pour  la  f«ire  trouver 
rejfonnable.  Plufieurs  l'ont  adoptée  fur  fa  parole  i  mais  d'autres  ont  berné  ce  Mé-- 


"S    C    A  ^g- 

.^ecin  &  l'ont  traité  de  vifionnaire.  ^ugujlin.  Niphtts  efl  le  premier  qu^  lui  ait  dir- 
puté  là  nobleffe.  Il  l'accufe  de  s'être  voulu  ériger  en  Pr.îice  Souverain,  lui  qui 
n'étoitque  le  fils  d'un  maître  d'école  de  Padoue,  apptUé  EznoU  Burden.  Ce  Benoit, 
étant  allé  demeurer  à  Venil'e  ,  prit  le  nom  de  Scall-.zr ,  à  çauie  qj'il  svoiî  Une 
échelle  pour  enleigne  ,  ou  qu'il  dcmeuroit  à  Téciielic  de  ?ainî:  Alarc.  De  Thou  , 
qui  étoit  grand  parrilan  de  Scaliger  &  ami  particulier  de  Jojéph  .  fon  TU,  prétend 
que  ce  trait  eft  une  invention  de  Nlphus ^  qui  ne  la  débita,  qi^e,  pot^r  fe  venger 
de  ce  que  JuUi-Céfar  Scaliger  n'avoit  point  parié  audi  avantageuîeme::"  d' ^••."ujUn. 
Kiphui^  Ion  aùul,  qu'il  l'eût  fouhaité.  Mam  Jérôme  Cardan,  Méoecin  de  Milan, 
a  audi  traité  la  noblefle  de  Scaliger  de  rêverie,  11  eft  vrai  que  Cardan  étoit  l'en- 
nemi irréconciliable  de  ce  Littérateur,  depuis  que  le  Livre  de  la  iubtilité  1  avoit 
mis  aux  priles  avec  lui  ,•  cette  raifon  ne  doit  cependant  point  fsire  recufer  Ton  té- 
moignage ,  puifqu'il  eft  confirmé  par  des  preuves  auxquelles  on  ne  peut  fe  retufer. 
Telles  iont  les  Lettres  de  Naturaîité  que  Scaliger  obtint  en  France  tn  i^ib;  elles 
démontrent  clairement  que  les  prétentions  à  la  haute  noblelTè  n'ont  été  imaginées 
que  parla  vanité.  Gafpir  Scioppius ,  Ecr.vain  Allemand  qu'on  s  appelle  V /Attila  des 
Auteurs,  a  aufti  levé  le  mafque  de  Principa'Jté  ,  dont  Scaliger  s'eft  (ervi  pour  ca- 
cher robfcurité  de^n  origine.  Il  a  fait  voir  qu'il  s'appelloit  Jules  Burden,  qu'il 
étoit  né  dans  une  boutique  d'enlumineur,  qu'il  fut  Frater  Ibus  un  Chirurgien  & 
eni'uite  Cordelier  ;  mais  que  l'élévation  de  Ion  efprit  lui  ayant  fait  afpirer  à 
de  plus  grande*  chofes,  il  quitta  le  froc  &  prit  le  bonnet  de  Dodteur  en  Méde- 
cine à  Padoue. 

Scaliger  ne  parle  pas  feulement  de  fa  noblefle  avec  avantage  ,  il  rapporte  fes 
Taits  d'armes  avec  des  termes  pompeux,  publie  fon  érudition  &  fon  fjvoir 
avec  la  même  emphafe.  Pour  la  icience ,  il  avoit  raifon  ;  car  on  ne  vit  guère 
de  génie  plus  vafte  &  plus  propre  pour  les  Lettres.*  mais  quand  il  ne  nous 
auroit  pas  appris  qu'il  étoit  favant ,  fes  Ouvrages  nous  l'auroient  dit  avec  plus  de 
modeftie. 

Il  étoit  déjà  avancé  en  âge  ,  quand  il  fe  mit  à  faire  la  Médecine.  Tl  l'exerça 
premièrement  dans  les  Etats  de  Venil'e,  er>fuiîe  en  Piémont.  Delà  il  paHa  à 
Bordeaux  qu'il  dut  quitter  ,  parce  qu'il  ne  voulut  pas  fe  foumettre  à  l'examen  qu'on 
exigea  de  lui.  Il  fe  rendit  alors  à  Agen,  où  il  s'attacha  à  un  Prélat  de  la  Ma;foa 
de  la  Rovere ,  qui  avoit  obtenu  l'Evêché  de  cette  ville.  Il  s'y  maria  à  la  fille 
•d'un  Apothicaire,  d'autres  difent  à  ylndiere  de  Roques  Lobejac,  fille  de  condition, 
qu'il  époufa  dans  fa  treizième  année.  Il  pratiqua  à  Agen  jufqa"à  fa  mort  arrivée 
en  155B,  à  l'âge  de  75  ans,  laiflant  Silvio ,  Médecin,  Sx  Jofephjujle,  fes  fils,  hé- 
ritiers de  fon  efprit  &  de  fa  réputation.  Le  fécond  doit  être  compté  entre  les 
grands  Hommes  de  la  France,  au  rapport  du  Cardinal  du  Perron;  il  ne  fut  ce- 
pendant point  aufli  excellent  que  fon  père  qui  avoit  plus  d'efprit  que  d'étude,  pen- 
dant que  fofeph  avoit  plus  d'étude    &  de  travail  que  d'efprit. 

On  a  de  Jules'Céfar  Scaliger  une  Poétique ,  des  Lettres  ,  des  Oraifons ,  des  Poé- 
fjes,  des  Commentaires  furies  Auteurs  anciens,  &  plufieurs  autres  Ouvrages, 
dont  quelques  uns  ont  afiez  de  rapport  avec  la  Médecine  pour  en  donner  les 
titres  &   les  éditions  : 

Commenturii  in  Bhpocraùi  Librum  de  Infanniis ,  adjeSô  uxta  Latine  ah  eodem  veni. 


ïgô  S     C    A 

Lugduni\,  is^S  ,  in-foUo,  ISiJem  t  1561  ,  in-folio  ,  zvec  fa  Poétique.  G/eJ72e  ,  ï6l0» 
n  y.  Amftdodami  ^  1659,  m-i2.  Il  y  a  long-tems  qu'on  a  dit  que  le  Livre  Dt 
Infomnlis  n'appartenoit  pas  à  Hippocrate  ,  mais  à  Herodicus  qui  ett  encore  Auteur 
du  troifieme  Livre  De  fanorum  vlclûs  ratione  ,  fauflement  attribué  au  Père  de  la 
Médecine. 

fn  Libros  duos  Ariflotdis  qui  infcrlbuntur  de  Plantis ,  Commentarii.  Luutlis  ,  1556  » 
1565  ,  1/1-4  ,  161Q,  in-folio.  Lugduni  y  1566  ,  in-fol.  Marpurgi  ,  1558,  m-8.  Jimp 
tdodami  ,    1644 ,  in-fol. 

De  fubtilitaie  Libri  XXI.  Lutetia  ,  1557  ,  w.4.  Bajîlea  ,  1560  ,  In-fol.  Hanovla  ,. 
1634  ,   in-8. 

Exercitatinnum  cxotericarum  Libri  XV  de  fubtilitate  ad  Cardanum.  Parifiis  ,:  1557  » 
iB-8.    Francofurti  ^    1592  ,  1607  ,  in-H. 

Commentarii  &  ^nimadverfu..es  in  fex  L'bros  Theophrajli  de  caujîs  plantarum.  Ge» 
nev<£ ,   1566  V  in-fol.  Lugduni  ,   1566,  15B6,     in-fol. 

Commentarii  in  ^rijlotelis  Librum  qui  dcdmus  Hifioriarum  infcrlbitur.  L^gdant , 
1581 ,    in'à. 

^nimadverjîones  in  Hijlorias  Theophrajli,  Lugduni.,  1584^  in-Z  ,  avec-  fcs  notes  de 
Robert  Conftantin.  .Amftelodami  ^  16^4. ,  in- folio ,  avec  le  Théophrfjl^  Grec  &  Latin  De 
Hijloria  plantarum  par  Jean  Bodteus  à  Stapel  ,  &  les  Commentaires  du  même 
Traduéteur, 

^rijloidis  Hijloria  de  animalibus  Scaligerô  interprète  ,  cum  CommentarUs,  Tolofa , 
1619  ,    in  folio  ,    par  les  ibins    de   Piiilippe-Jacques  Maujfac. 

Difputatio  de  partu  cujufdam  infantulis  ^gennenfls  ,  an  fît  feptimeftris  ,  an  novenk 
menfîum  ?  Colonia  Allobrogam  ,  1630  «  in-folio  ,  dans  la  iixieme  partie  des  Œuvr«6 
de  Jacques   Sylvius. 

On  a  reproché  à  Scaliger  de  n'avoir  point  eu  en  toutes  choies  des  fentimens- 
bien  orthodoxes  ;  quoique  certains  Ecrivains  aient  afluré  que  ce  qu'il  y  a  de 
repréhenlible  dans  fes  Ouvrages  ne  part  point  de  lui  ,  mais  qu^il  a  été  ajouté 
par  les  Calviniftes  ,  qui  ont  même  fupprimé  des  Poèmes  qu'il  avoit  compofés 
à  l'honneur  des  Saint?.  Quoiqu'il  en  loit ,  il  mourut  bon  Catholique,  &  fut  eir- 
terré  dans  l'Eglife  des  Auguftins  d'Agen  ,  où  l'on  voit  cette  Epitaphe  compoiêe 
par  lui  même  : 

JULII    C^SARIS    SCALIGER.1     QUOD    FUIT. 

Obiit  M.  D.  LVIII  ,   Kal.  Novembrii  ^ 
jEtatii    fuee   LXXV. 

Extullt  Ttalîa  ,  eduxit  Germania  ,  Juli 

Ultima    Scaligeri  funera    Gallus    habet. 
Hinc    Pliœbi   dotes  ,    bine  duri    robora  Martis ,. 

Reddere  non  pctuit  nohiliore  locô. 

SCALIGER.  ,  (  Joreph-Jufte  j)  fils  du   précédenr,  naquit  à    Agen   le  4  Aofit 

Ï540    Ce  fut  à  Bordeaux  qu'il  commença  fes  études  ;  mais ,  pour  n'être  pas  privé 

.   des  leçons  de  ion   père  ,  il  retourna  à  Agen  où  il  demeura   pendant  quelque' 


s    C    A  J97 

fems  ,  &  fè  rendit  enfoite  à  Paris  pour  y  apprendre  le  Grec  Ibus  udMei 
Turne.bc.  Il  n'eut  pas  bel'oin  de  maître  pour  la  Langue  Hébraïque  :  il  s'y  rendit 
habile  par  lui-même,  ainfi  que  dans  la  Chronologie  ,  les  Belles  -  Lettres  &  la 
Critique.  Les  Curateurs  de  l'tJniverfité  de  Leyde  l'appcllerent  dans  cette  viiîe 
*°  ^593  »  &  il  y  enfeigna  publiquement  pendant  feize  ans  dans  une  Chaire 
extraordinaire.  Avant  de  quitter  la  France  ,  il  fe  préfenta  au  Roi  Henri  IV» 
auquel  il  expofa  en  peu  de  mots  le  fujel  de  ion  voyage.  Tout  le  monde  s'at- 
tendoit  à  quelque  chofe  d'important  de  la  part  du  Roi  ;  mais  on  fut  bien  fur- 
pris ,  lorfqu'après  lui  avoir  dit.  Eh  bien,  M.  de  l'Efcale  ,  les  Hallandois  vous  veu- 
lent avoir  &  vous  font  une  grojje  penfion  ;  fen  fuis  bien  aife.  Ce  Prince  changeant 
tout  à  coup  de  converfation  fe  contenta  de  lui  demander  :  Lft-il  vrai  que  vo^s 
avei  été  de  Paris  à  Dijon  fans  aller  à  felle  ?  La  vanité  de  Scaligcr  a  dû  fouf- 
frir   dans   ce   moment. 

Ce  Littérateur  mourut  en  célibat  à  Leyde  Fe  ai  Janvier  1609  ,  après  avoir 
donné  des  notes  fur  Sencque  ,  fur  Farron  ,  fur  u^ufonne ,  &  après  avoir  corrigé 
plufieurs  autres  Auteurs.  Il  eft  vrai  qu'il  n'a  point  fait  une  étude  particulière 
de  la  Médecine  ,  comme  fon  père  ;  il  a  cependant  .traité  de  plufieurs  matière» 
qui  ont  du  rapport  à  cette  bcience  ,  ainfi  qu'on  peut  le  voir  dans  les  Ouvrages 
fuivans  : 

Cajligatlonum  in  ffippocratis  Libellum  de  vulneribus  caphis  explicatio.  Lutetia ,  1578, 
inS  ,  avec   le  Commentaire  de  François   f^ertunien   fur   le  même    Livre. 

u^Jîrampfychi  Oneirocritkon ,  Jîve  ,  fomniorum  interpretatio  ,  digeflum  &  cajllgatum 
Parifiis ,  ï599i  'i-B  1  en  Grec  &  en  Latin.  Ibidem,  iôq";  ,  in-4, 

^4nimadverpones  in  Melchioris  Guilandiai  Commentarium  in  tria  C.  Plinil  Caplta  de 
Papyro.  Ibidem,  i5io ,  fn-4.  Francofurti  ,  1612,  in-8.  Bayle  fait  une  réflexion  fort 
jufte  à  propos  de  l'application  de  Scaliger  à  éclaircir  les  anciens  Auteurs.  Je  ne 
fais ,  dit-il  ,  fi  on  ne  pourroit  pas  dire  que  Scaliger  avoit  trop  d'efprit  &  de 
fcience  pour  faire  un  bon  Commentaire.  Car  à  force  d'avoir  de  l'efpriî ,  il  trou- 
voit  dans  les  Auteurs,  qu'il  commentoit  ,  plus  de  fineffe  &  de  génie  qu'ils  n'en 
«voient  effe£\ivement  ;  &  fa  profonde  Littérature  étoit  «aufe  qu'il  voyoit  mille 
rapports  entre  les  pcnfées  d'un  Auteur  &  quelque  point  rare  de**  l'antiquité  , 
de  forte  qu'il  s'imaginoit  que  fon  Auteur  avoit  fait  quelque  allufion  à  ce  point 
d'antiquité  ,  &  fur  ce  pied-là  il  corrigeoit  un  palfage.  C'efl  ainfi  qu'en  voulant 
donner  du  génie  à  fes  Auteurs ,  il  a  fouvent  lailFé    échapper  leur  véritable  efprit. 

Scaliger  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  Sainte  Marie  à  Leyde.  Il  avoit  ordonné  qu'oe 
y  mît  cette  Infcription  fur  fon  Tombeau: 

JosEPHus  JusTus  Scaliger 

JuL.  Cjes.  Filiu» 

Hic  fxspecto  Resurrectionem. 

Mais  les  Curateurs  de  l'Univerfité  la  trouvèrent  trop  fimple,  &  lui  firent  éle- 
ver un  monument,  fur  lequel  on  grava  cette  Ëpitaphe  qui  eft  U  conforme  aux  idées 
de  grandeur  que  Juks-Céfar  Scaliger  avoit  fur  fa  naiflance  ;• 


198  'S    C    A. 

DEC  OPT.  MAX.  SACRUM 

Et   ;ETERN^    MEMORIiE   JOSEPHI    JUSTI  ScALlGERI  , 
JUL.     C^S.   A    BURDEN    F. 

Principum  f^'eronenjîum   Nepotis. 

F'iri  qui  inviËfà  anima , 
Unà  cum  Parente  Heroë  maximd  , 
Contra  fonunam  adfurgens  ac  jus  fuum  fibi  perfequens , 
Jmperium  Majaribus  ereptum 
fngcnlô  excelsd  , 
Labore  inJefefsô, 
Eruditlone   Inujitatâ , 
In  Litteraria  Republica  quajî  fataliter  recuperavît\ 
Sid  prtefenim  ejufdem  modejlite^ 
Quod  fibi  fieri  vetuit^ 
lidem  qui  in  Urbem  hanc    vocarunt  Curatores  yicademi<£  ac  Urb.  Cos. 
Hoc  in  loco  Monumentum  P.  E.  L.  C. 
Ipfe  fibi  tstcrnum  ia  animis  bominum  reliquit. 

Telle  honorable  que  foit  cette  Infcription  à  la  mémoire  de  Scallger  ,  elle  n'en  a 
point  impofé  à  la  poftérité  :  plufieurs  Auteurs  font  de  cet  Homme  un  portrait  qui  dé- 
pare les  louanges  qu'on  lui  a  prodiguées.  11  avoit  ,  dit-on,  hérité  de  fon  père,  la 
•vanité  la  plus  déplacée  ,  l'humeur  la  plus  cauftique  &  la  plus  inlupportable.  Ses 
Ecrits  loni  un  amas  de  choies  utiles  ,  &  d'inveétives  groflieres  contre  ceux  qui 
me  le  déclaroient  point  le  phénix  des  Auteurs,  Ebloui  par  la  fottife  de  quelques-uns 
^ui  lui  donnoient  les  litres  les  plus  faftueux  ,  il  s'imaginoit  bônnemertt  que  la  Na- 
ture s'étoit  épuilée  en  la  faveur.  C'étoit  un  tyran  dans  la  Littérature.  Il  le  glorifioit  de 
parier  treize  langues ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  n'en  favoit  aucune  à  fonds.  La  connoiflànce 
imparfaite  qu'il  avoit  de  toutes  ,  étoit  un  répertoire  dans  lequel  il  puilbit  des  termes  in- 
fultans  &  ^roffiers.  Auteurs  morts  &  vivans  ,  tous  furent  également  immolés  à  fa  cri- 
tique. Il  leur  prodigua  plus  ou  moins  les  épithetes  les  plus  humiliantes  &  les  plus 
injurieules.  Le  plu»  grand  fervice  qu'il  ait  rendu  à  la  Littérature  ,  eft  d'avoir  ima- 
gine le  premier  un  fil  dans  le  labyrinthe  de  la  Chronologie  ,  &  d'avoir  trouvé  des 
prmcipes  sûrs  pour  ranger  l'Hiftoire  dans  un  ordre  exact  &  méthodique.  Gui  Patin 
a  dit  de  lui:»  quand  je  lis  la  plupart  des  Ouvrages  de  Scaligcr ,  jene  les  entends 
V)  point  ;  je  baillé  humblement  la  tête  en  me  fouvenant  de  ce  qu'a  dit  Martial  : 
-SI  Non  omnibus  datum  eft  habere  nafiim.  „ 

SCANAliOLUS  ,  (  Antoine  )  Médecin  du  XV  fiecle  ,  étoit  de  Modene.  Il  en- 
treprit  la  défenfe  de  Nicolas  Léonicene  contre  Noël  Montefaurus ^  au  fujet  de  la  Vé- 
role. Le  dernier  prétendoit  que  cette  maladie  n'étoit  point  noiivelle  ,  mais  qu'elle 
tavoit  été  anciennement  décrite  fous  le  nom  de  Botlior  ,  à^ yifaphati ,  &c.  ;  &  c*eft 
ûctte  opinion  que   Scanarolus  réfute  dans  un  Ouvrage  intitulé  : 

Difpucatio  uiilis  de  Muvbo  GalUco ,  iS?  opiaionis  Nicolai  Leoniceni  confinnatio  coatra  ai- 


s    C    A  199 

verfarium  eandem  opinlonem    oppugnantem.  Bononia,  1498,     in-4  >  &  dans  le  premier 
Tome    de  la  Colleaion  de  Venife  De  Morbo  Gallico. 

SCARARICrUS,  fSébaftienJ)  ProfelTeur  de  la  Faculté  de  Médecine  en  l'U- 
niverlité  de  Padoue  ,  fa  patrie  ,  s'eft  acquis  la  plus  grande  confidération  dans  le 
XVII  fiecle.  Il  commença  d'enl'eigner  en  1636.  Les  fuccès  de  fa  pratique  lui  mé. 
iiterent  la  confiance  des  perfonnes  les  plus  diftinguées  du  Padouan  ;  l'enjouement 
&  la  gaieté  qu'il  mettoit  dans  les  leçons  publiques  lui  attirèrent  toujours  un  grand 
nombre  d'auditeurs,  &  les  bons  mots  ,  dont  il  animoit  la  converfation,  le  firent  re- 
chercher dans  le  s  fociétés.  Cet  Homme  favoit  quelquefois  oublier  qu'il  étoit  favant 
pour  ne  paroître  qu'agréable,  mais  comme  il  n'oublioit  jamais  ce  qu'il  devoir  à  la 
décence  de  fon  état ,  il  ne  s'en  rendit  que  plus  eftimable.  Il  mourut  le  24  Févriec 
1686,  &    laiflTa  les  pièces  fuivantes: 

De  ortu   ignis  fzbriferi  Hiftoria    Phyfica  ,  Medica.  Patavii  ^  1655,  '''-4- 

Hijloria   bovini  cerebri  in  lapidun  mutatî.   Ibidem  ,  1678  ,  ïn-11. 

De  lapidis  concretioae  in  homîne. 

SCARAMUCCI  ,  CJean-Baptifte)  Médecin  du  XVII  fiecle,  qui  exerça  à 
Macérata  &  à  Urbin  ,  deux  villes  de  l'Etat  Eccléfiaftique  ,  fut  reçu  en  1690  , 
dans  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  ,  fous  le  nom  de  Phaéton. 
Outre  les  Obfervations  qu'il  a  communiquées  à  cette  Compagnie  favante  ,  il 
a   écrit  : 

De  motu  cordis  Mechanicum  Theorema.  SznogallLs  ^  1689,  /«-4  ,  avec  un  Recueil 
qui  traite  De  motu  arteriarum  &  pulfuum  diffcrentiis  (împilcibus.  Sans  s'attacher  au 
terme  banal  de  faculté  vitale  ;  fans  s'attacher  au  fenliment  à^Harvéc  qui  fuppofe- 
que  les  ventricules  du  cœur  doivent  le  contrafter  ,  parce  qu'ils  ont  été  pré- 
cédemment dilatés  par  l'entrée  du  fang  veinai  ;  fans  faire  attention  à  l'efter- 
vefcence  imaginée  par  Borelli  ;.  il  n'admet  d'autre  Théorie  que  celle  qu'il  éta- 
blit fur  l'interruption  du  cours  du  fang  dans  la  fubftance  du  cœur.  11  remarque 
que  le  fang  paile  dans  l'artère  coronaire  pendant  la  contradlion  ,  &  point  dans 
la  veine  ,•  que  dans  la  dilatation,  il  fe  jette  dans  les  interfaces  des  fibres  Se 
la  veine  coronaire,  qu'il  ne  circule  point  dans  l'artère  de  ce  nom  .- &  c'eft  delà 
qu'il  déduit   la   folution    de  fon   Théorème. 

ThcoranattL  famiUaria  de  Phyjîco  -  Medlcis  Lucubrationibus  juxta  leges'  mechanîcas,, 
Urbini ,  1695  ,  «1-4.  L'Auteur  renferme  en  vingt  l'héoremes  tout  ce  qu'il  a  re- 
cueilli de  plus  intéreflant  ,  foit  de  fon  expérience  dans  la  Pratique ,  foit  de  celle 
des  autres. 

Lettera  fopra  un  Jdrofobo.  Macérata  ,  1702  ,  in-d.  Il  s'agit  dans  cette  Letire  ,, 
qui  eft  adrelTée  à  Antoine  Magliabechi  ,  d'une  rage  furveaue  à  de  violens  accès- 
de  colère.    On  a  plufieurs  exemples    d'Hydrophobies    fpontanées.. 

SCARBOROUGH  ,  f  Charles  )  Maître-ès-Arts  à  Cambridge  ,  fut  reçu  Doc 
teur  en  Médecine  à  Oxford  le  23  Juin  1646.  Ses  talens  le  firent  eftimer  du: 
célèbre  Harvée  qu'il  aida  de  fes  lumières  ,  lorfque  ce  Médecin  étoit  occupé  de 
la  compofition  du  Traité  de  la  génération  des  animaux.  Scarhnrougk  fut  le  prc' 
miet  <iui    s'avila   d'appliquer    à  l'Anatomie   des  railons  tirées  de  la  Géoméuie  &.' 


^00  s    C    H 

de  la  Méchanique  ;  il  en  agit  ainfi ,  lorfqu'il  démontra  la  ftruiture  des  partie» 
du  corps  humain  &  qu'il  en  expliqua  les  ufages  dans  l'Amphithéâtre  des  Chi- 
rurgiens de  Londres  ,  où  il  fie  des  Leçons  pendant  feize  ou  dix-fept  ans.  Comme 
il  palla  la  plus  grande  partie  de  fa  vie  dans  cette  Capitale ,  il  eut  l'avantage 
d'y  voir  l'on  mérite  récompenfé.  Le  Roi  Charles  II  ,  qui  l'avoit  nommé  fon 
premier  Médecin  ,  le  créa  Chevalier  le  15  Août  1669.  Il  fut  auflî  attaché  au. 
Ibrvice  du  Duc  d'Yorck  »  frère  du  Roi  ,  qui  monta  lui-même  fur  le  trône  en 
1684  ,  fous  le  nom  de  Jacques  il.  Scarborough  occupa  encore  l'emploi  important 
de  Médecin  de  la  Tour  de  Londres  ,  &  finit  par  être  Médecin  de  Guillaume 
III  ,  Roi  en  léS'd.  Il  eft  Auteur  de  quelques  Ouvrages  Anaromiques  qui  rou- 
knt  fur  la   Myologie  ;   ils  font  écrits  en    Anglois. 

SCHABOUR-BEN-SAHEL ,  Médecin  Arabe  ,  Chrétien  de  Religion  ,  mourut 
l'an  250  de  l'Hégirç  ,  qui  tombe  en  864  de  falut.  Herbelot  dit  qu'il  eft  Auteur 
d'un  Livre    intitulé  :  Acrabadin  ,   c'eft-à-dire  ,    Médicamens  tirés  des  Confections. 

SCH ALLER  (  Jérôme  )  étoit  de  Nuremberg.  Il  prit  le  bonnet  de  Dodeur 
en  Médecine  à  Wittcmberg  au  mois  de  Mai  1570,  &  ne  tarda  pas  à  remplir 
la  Chaire  de  Phylique  de  l'Univeriité  de  cette  ville.  Il  fut  nommé  Redleur 
en  15-4  ;  mais  comme  il  ne  voulut  pas  foufcrire  aux  articles  de  Torgau  ,  il 
abandonna  cette  place  la  même  année.  On  n'a  rien  de  lui  qu'une  Lettre  Latine 
à  Mdchior  fendius  lùr  la  compofition  d'une  nouvelle  Thériaque  ,  dont  il  étoit 
Auteur.  Laurent  Scholi  a  inféré  cette  Lettre  dans  le  Recueil  imprimé  à  Franc- 
fort  en    159B  ,  in.  folio  ,  &  à   Hanau    en    1610  ,  ift-4. 

iVolf^ang  SchalUr  ,  de  Freidberg  en  Mifnie  ,  reçut  les  honneurs  du  Doaorat 
dans  la  Faculté  de  VVittemberg  le  14  Juillet  1612.  Il  y  enfeigna  eniuite  la  Mé- 
decine ,  &  fut  élu  Redteur  de  l'Univerfité  en  i6ig  &  1625.  George  Matthias  ne 
dit  pas  il  ce  Médecin  appartenoit  au  précédent  ,  &  Lipenius  ne  lui  attribue 
qu'une  DUfertation  D&  ^nhritlde ,  imprimée  à  Wittemberg  en  1622 ,  in-^. 

SCHAMBERG  (  Jean-Chriftian  )  naquit  à  Leipfic  le  ai  Avril  1667.  Après 
de  bonnes  études  d'Humanités,  il  fe  rendit  à  Freidberg  ,  où  il  s'appliqua  pen- 
dant quelque  tems  à  la  Docimaflique.  Il  palla  enfuite  à  Altorf  &  delà  à  Leyde  , 
&  fit  tant  de  progrès  dans  les  Ecoles  de  l'une  &  de  l'autre  de  ces  villes  , 
qu'à  fon  retour  à  Leipiic  ,  on  lui  accorda  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine  , 
le  5  Od\obre  1689.  L'Art  des  Accouchemens  ,  le  Collège  Pratique  ,  l^Hitloire 
Naturelle  ,  furent  alors  les  principaux  objets  de  fon  application  ;  mais  dès  qu'il 
fe  vit  au  nombre  des  Aflt^OTeurs  de  la  Faculté  de  Leipfic  en  1693  ,  il  redoubla, 
ce  foin?  ,  de  zèle  &  d'étude  pour  remplir  dignement  les  Chaires  de  Chymie , 
de  Phyfique  &  d'Anatomie  ,  auxquelles  il  fut  fucceflivement  nommé.  A  peine 
eut-il  commencé  à  cnfeigner  cette  dernière  Science  ,  qu'il  fit  fentir  tout  le  be- 
foin  d'un  Théâtre  Anatomique  pour  les  difiecTions  ;  il  prefla  ,  il  follicita  ,  il  prouva 
que  c'étoit  peu  d'expliquer  de  vive  voix  la  ftruéture  du  corps  humain  aux 
Ecoliers  ,  qu'il  falloir  parler  aux  yeux  autant  qu'aux  oreilles  ;  &  il  obtint  l'é- 
reclion  de  l'Amphithéâtre  fi  nécellaire  à  l'Univerûté  de  Leipfic.  Il  étoit  Redeur  de 
«Êtte  Académie ,  lorfqu'il  mourut  le  4  Août  1706.  SCHAMSKV 


s    C    H  ao3 

'SCHAMSKY ,  (  Alexandre  )  Dofteur  en  Phildbphie  &  en  Médecine  ,  prit 
Tes  degrés  dans  l'Univerlité  de  Prague  &  fut  promu  à  l'emploi  de  Phyficien  de 
la  ville  d'Olmutz  en  Moravie.  C'eft  du  28  Septembre  1^12  qu'il  date  la  Préface 
d'un  Ouvrage   intitulé  : 

Promptuarium  parvum  MedicO'Pra&lcum ,  ex  diverjîs  ,  tum  antlquh  ,  mm  recentioribus 
Scrlptoribus ,  prias  in  ufum  prîvatum  concinnatum  ,  nunc  verà  ufui  publico  pro  rare  &  do- 
mo  confecratum.  Fiennis  ,  1714,  ''1-4.  L'Auteur  ,  qui  avoit  été  élevé  de  Jean-Fran- 
çois Low ,  a  profité  de  la  Bibliothèque  de  ce  Médecin  pour  y  faire  des  recherches 
relatives  à  fon  objet;  il  avoue  cependant  que  les  Ouvrages  d'Enmuller  &  de  Rivière 
font  ceux  ,  où  il  a  plus  abondamment  puifé  les  matières  qu'il  a  arrangées  par 
ordre  alphabétique  dans  ce  volume.  C'eit  une  efpece  de  Dictionnaire  de  maladies, 
dont  la   cure  eft  calquée  fur  la  Polypharmacie  qui  dominoit  alors  en  Allemagne. 

SCHARF  ,  (  Benjamin  )  Membre  de  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la 
Nature  ,  fous  le  nom  de  Blas  I ,  étoit  de  Nordhaufen  dans  la  Thuringe  ,  où  il  na- 
quit le  6  Juin  1651.  Il  prit  le  degré  de  Licence  en  Médecine  à  Jene  en  1671 ,  &  en 
1674,41  fut  nommé  Médecin  du  Comté  de  Schwartzbourg ,  ainli  que  de  la  ville 
de  Sondershaufen  ;  mais  il  quitta  cet  emploi,  en  1687,  pour  aller  gouverner  l'E- 
cole de  Mulhaufen.  Au  bout  de  deux  ans  ,  il  vint  reprendre  fes  premières  foniflions 
à  Sondershaufen,  dont  il  ne  tarda  point  à  être  encore  Echevin.  Il  mourut  le  jour 
de  la  Pentecôte  1702  ,  &  laifl'a  quantité  d'Obfervations  recueillies  dans  les  Mé- 
moires des  Curieux  de  la  Nature  ,  un  Avis  en  Allemand  fur  la  connoiflance  , 
la  préfervation ,  la  curation  de  la  pefie ,  &  les  deux  Ouvrages  fuivans  : 

uirkeuiologia  ^  feu  ^  Juniperi  Defcriptio  curiofa.  LipjîiS,  1672,  tn-8.  Francofuni  &  Lip- 
Jîte^  1679,  ia-é.  Le  mérite  de  ce  Traité,  fi  c'en  eft  un,  confifte  dans  un  grand 
amas  de  formules ,  dont  le  Genièvre  fait  la  bafe. 

Toxicolo^ia ,  feu ,  TraSlatus  Medico-Chymicus  de  natura  venenorum  in.  génère.  Jena^ 
167b,  ia-8. 

SCHARPE ,  (  George  )  EcofTois  dont  y^Jlruc  parle  dans  fes  Mémoires ,  étu- 
âia  la  Médecine  à  Montpellier  ,  où  il  obtint  les  honneurs  du  Dod^orat  en  1607. 
11  fuccéda  à  la  Chaire  de  Jean  f^arandé  en  1619.  Apparemment  que  fa  nomination 
traîna  en  longueur;  car  F'arandé  mourut  en  1617  ,  &  il  y  eut  la  même  année  un 
concours  pour  le  remplacer ,  ainfi  qu'il  paroît  de  l'Ecrit  publié  par  Scharpe ,  lou« 
le  titre  de  Qucefilones  Mediae  XII.  MonfpcUi ,  1617 ,  £1-4,  Ce  Médecin  fut  nommé 
Vice-  Chanc«lier  de  la  Faculté  en  1632 ,  pendant  l'abfence  de  François  Ranchin  ; 
■mais  il  quitta  Montpellier  peu  d'années  après.  Il  fut  appelle  à  Bologne  en  Italie 
pour  y  remplir  une  Chaire  de  Médecine,  à  laquelle  étoient  attachés  des  appoin- 
lemens  confidérables.  L'ofire  étoit  engageante;  il  ne  balança  point  de  l'accepter, 
&  fe  rendit  à  Bologne  en  1634.  Il  ne  jouit  pas  long-tems  des  avantages  de  fa 
nouvelle  charge ,  car  il  y  a  apparence  qu'il  mourut  en  1638.  Matthias  le  dit  for- 
mellement ;&  ce  qui  fait  croire  que  fon  opinion  eft  fondée,  c'eft  qu'il  parut  la  ma- 
rne année  à  Bologne  un  Ouvrage  ,  //i-4  ,  fous  le  titre  à'' Injîitutiones  Medicina^  que 
Claude  Scharpe  ,  fils  de  l'Auteur  ,  prit  foin  de  mettre  au  jour  &  qu'il  donna  comme 
«n  Recueil  des  cahiers  que  fon  père  avoit  didés  dans  les  Ecoles  de  Montpellier. 
T  0  ME    ir.  C  c 


202 


S    C    II 


Si  George  eût  vécu  alors  ,  il  eft  apparent  qu'il  s'en  fer  oit  fait  honneur ,  s'il  les 
avoit  jugés  dignes  du  public,  ou  qu'il  n'auroit  pas  permis  qu'ils  vi lient  le  jour» 
s'ils  n'étoient  point  afiez  travaillés-. 

Claude  Sch.vpe  quitta  Bologne  après  la  mort  de  fon  père,  &  vint  prendre  Tes 
degrés  à  Montpellier.  Comme  il  y  avoit  été  reçu  Bachelier  fix  ans  auparavant,  il 
continua  les  examens  jufqu'au  Dodorat,  dont  on  lui  accorda  les  honneurs  le  9  Sep* 
tembre  1638. 

SCHEDEL,  (  HermàfiJ  Médecin  Allemand  ,  dont  George  Matthias  fait  men- 
tion ,  naquit  en  1410,  &  mourut  en  célibat  le  4  Décembre  1485.  C'étoit  encore 
le  lic:cle  où  les  Médecins  fe  pouffoient  aux  dignités  eccléfiaftiques.  Celui-ci  ,  après 
avoir  été  attaché,  au  Marquis  de  Brandebourg  ,  devint  Phylicien  de  la  ville  de 
Nuremberg  en  1475  ,  paîla  enfuitc  à  Ausbourg  ,  dont  il  devint  Chanoine  ,  ainiî 
que  de  la  Cath  'taie  d'Aichftat. 

Hartman  Schedd  eft  u-!>  autre  Médecin  Allemand  du  même  fiecle.  Il  naquit  à 
Nuremberg  le  13  Février  1440  ,  fit  de  bonnes  études  ,  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur ,  exerça  à  Ncrdliugen  ,  à  Ambcrg  ,  &  à  Nuremberg  en  qualité  de  Phy- 
'fi-ien  ordinaire^  depuis  1484.  11  mourut  dans  cette  dernière  ville  le  28  Novembre 
1514,  Il  étoit   favant  en  Théologie   Ôi  connoillbit  bien  l'Hiftoire. 

SCHEFFE51  (  Gnillaume-Ercefte^  naquit  le  14  Mars  1590  à  Budingen  dans  la 
Wétéravic.  Après  avoir  étudié  la  Médecine  h  Gieflcn  ,  à  Helmftadt ,  à  Leyde  & 
à  Oxtord  ,  il  vint  en  recevoir  le  bonnet  à  Strasbourg  en  1624.  Il  choilît  eniuite  la 
ville  de  Francfort  fur  le  Mein  pour  y  faire  fa  profellion  ,  &  il  y  finit  fes  jours 
le  21  Mars  1665.  On  n'a  de  lui  que  des  Opufcules  ,  dont  il  n'y  a  point  d'édi- 
tions particulières. 

Sébajlien  Schejfer  ^  fon  fils ,  vint  au  monde  à  Francfort  le  2  Janvier  16'^  i.  11 
reçut  ,  fous  les  yeux  de  Ion  père  ,  une  éducation  qui  développa  les  difpolitions 
qu'il  avoit  pour  les  Sciences.  Plein  de  goût  pour  l'étude  ,  il  i"e  rendit  en  1648 
à  Strasbourg  ,  &  il  s'y  diftingua  pendant  fon  cours  de  Philofophie.  Mais  comme  il 
le  décida  bientôt  après  à  embrafler  le  parti  de  la  Médecine  ,  fon  père  ne  manqua 
pas  de  féconder  les  inclinations  ;  il  l'envoya  à  Leipfic  ,  &  delà  à  Helmfiadt, 
pour  y  cultiver  les  différentes  parties  de  cette  Science,  Les  progrès  que  fit  le  jeune 
Scheffer  dans  l'une  &:  l'autre  de  ces  Univerfités  ,  l'avoient  mis  en  état  d'afpirer 
aux  honneurs  du  Doflor'at  ,  mais  il  ne  voulut  point  les  demander  avant  d'avoir 
été  fe  pcrfeiVionrrcr  dans  les  Pays-Bas  &  en  France  ,  où  il  vilita  les  principales 
Académies.  A  fon  retour  en  Allemagne ,  en  1659  ,  il  prit  le  bonnet  de  Dofleur 
à  Heiclelberg  ,  &  ne  tarda  pas  à  rejoindre  fon  père  qui  ,  déjà  avancé  en  ûge  « 
'avoit  beloin  de  fecours  dans  les  travaux  de  la  pratique.  Il  vit  ibus  lui  &  avec 
lui  les  malades  pendant  cinq  ans,  après  Icfquels  fe  iuffifant  à  lui-môme  ,  il  acquit 
la  confiance  du  public  &  devint  enfin  Médecin  ftipendié  de  la  ville  Je  Francfort. 
11  étoit  de  l'Académie  des  Récupérât! ,  ?<  Adjoint  de  celle  des  Curieux  de  la  Na- 
ture  d'Allemagne  ,  foUs  le  nom  de  Perfie  II,  loffqu'il  mourut  le  10  Janvier  1686, 
à  l'âge  de  55  ans.  On  a  de  lui .' 

JntroJuEilo  in  Univerfam  ^irtcm  Medlcam  ,  Jlnguhifque  cjus  partes,  Helmafiadii ,  1654  ^ 
ïn-4.  C'cll  wne  Thçle  l'outenue  fous  la  prclidence  de  Cunringîus, 


s    C    H  îot 


3 


Matthîa  Moronl  D'in&orium.  Medico-Pra&lcum ,  variis  exempUs  auctum.  Francofurd , 
Ï663 ,  in.4. 

Gafparls  Ho^manni  Praxis  Medica  curlofa ,  cum  adje^îs  qulbufdam  Orat  onibus.  Ibi- 
dem. ,  1680 ,  /n-4. 

On  trouve  un  éloge  funèbre  de  ce  Médecin  dans  les  Ephémérides  d'Allemagne. 
Il  eft  d'autant  plus  remarquable  ,  qu'il  eft  l'ouvrage  de  l'amitié  ,  à  qui  les  termes 
les  plus  relevés  &  les  expreOîons  les  plus  fortes  n'ont  rien  coûté  pour  fe  fa- 
tisfaire. 

D.    M,    S 

Ehea  nos  miferos , 

Ouàm  totus  homuncio  nil  eft! 

Nafcimur  cum  fletu , 

uidolefcimus  cum  meta  , 

Senejcimus  cum   gémi  tu. 

yita  noftra  quantula  eft  aut  quanta, 

F'el  nulla  eft,  vel  breviftima! 

Alterna  lamen  tua  erit  ■^ 

Celeberrime  Sebastiane   Schefferb 
nOAA/\N    ANTAIE=.IE    AaA/IN 
Tu    non    fulùm 
n.    Aie-    m.TP/\îi  ftileniftîmus , 
Sid  &  Machaon  feliciffimus  , 
Et  alter  Francofurtenfium  ad  Mœnum  ^fculapius. 
Tu  pietate  in  Deum ,  Magiftratum  &  Parentes  , 
Tu  caritate  in  Uxorem  &  Libéras; 
Tu  fide   ia  Patronos , 
Tu  candore  ia  ^micos ,  . 
Tu  amore  in  omnes  Probos  , 
In  terris  incomparabilis ,  beatus  in  cœlis. 
Te  Natura  col'u  fidum    interpretem   arcanorum^ 
Te    Medicina  Myftam    faoram    facrorum   facrum. 
Tibi  fani  fofpitatori  corpoi  um , 
Tibi   agri  liberatori  malorum  , 
Non  unum   gallum. 
Domeftici  te  coluerunt^ 
Exteri  admirabuntur  ^ 
Pofteri  fufpicient. 
JSternum  hâve  ^nimula  ter  beata. 
anémones ,  Rofas  ,  Amaranthos  , 
Tibi  J)anathani  oculijpmo , 
Mihique  nunquam  recnnciliato  ^ 
uid  Tumbam  fpargo. 
Dum    vlvebas  ,  cordi , 
Dum  moTerîs  tuce  famx ,  familiaque  conjan&ljjîmus 
David  Georgius  Francus. 


204:  S    C    H 

Matthias  che  Charles'  Schefcr  de  Hall  en  Saxe,  Do6teur  en  Médecine  Si  P&yG-- 
cien  de  fa  ville  natale,  où    il  mourut  le  24  Janvier  1675.  On  a  de  lui  PdUîcs  Bo- 
tanica   Halenfes ,  qui  ont  paru  à  Leiplic  en   1687,  i.i-S ,  avec  l'Ouvrage    de  Càrif- 
tophe  Knaut  ,\mpT\mé  fous  le  titre  à  Enumerat'to  plantarum  clrca   Halani    Saxonain  ,  & 
îa  ejus  vicinlâ  ad  triant  ferè  miUiarium  fpatium  fpontè  provenientium. 

SCHEGKIUS  ,  (  Jacques^  laborieux  Ecrivain  Allemand,  étoit  de  SchorndorîT. 
dans  le  Duché  de  Wirtemberg  ,  où  il  naquit  en  15 11.  Il  étudia  ù  lubingue  , 
fut  reçu  Maître-ès-Arts  en  1530  ,  &  commença  d'enfeigner  la  Phiiofophie  en 
1531.  Il  s'appliqua  en  même  teras  à  la  Théologie ,  &  ce  fut  en  vue  d'y  faire  plus 
de  progrès  qu'il  apprit  les  Langues  Grecque  &  Hébraïque  ,•  mais  il  abandonna  en- 
fuite  cette  Science  pour  fe  livrer  à  la  Médecine,  dont  il  demanda  le  bonnet  de 
Doéieur  qu'il  obtint  en  1539.  Malgré  fa  promotion  au  Dod\orat  &  la  Chaire  qu'il 
remplit  pendant  treize  ans  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté,  il  ne  paroît  pas  que 
Schcgkius  fe  foit  livré  à  la  pratique  de  fon  Art.  L'Hiftoire  ,  les  Mathématiques, 
la  Mulique,  la  Phiiofophie,  eurent  plus  de  charmes  pour  lui  ;  la  dernière  fur-tout; 
l'occupa  tellement ,  qu'il  fe  fit  une  aflaire  de  groflir  le  nombre  des  défenfeurs  du 
Péripatétifme.  Non  feulement  il  ne  négligea  rien  pour  faire  valoir  fon  opinion  dans 
les  difputes  publiques,  mais  il  écrivit  encore ,  &  avec  beaucoup  de  chaleur.,  contre 
Jiamus  &  Simon  Simoniui: 

Sur  la  fin  de  fa  vie ,  Schegkias  devint  aveugle  ;  cet  accident  terrible  pour  unhom- 
■roe  de  Lettres  ne  l'empêcha  cependant  point  de  continuer  lés  occupations,  car  il' 
diiSa  quelques  Ouvrages  après  avoir  perdu  la  vue.  Il  fut  même  fi  peu  fenfible  à 
cette  perte,  qu'un  Oculiile  l'ayant  follicité  à  fe  faire  opérer,  il  refufa  le  fervice 
qu'il  vouloit  lui  rendre  ,  en  difant  que  comme  il  avoit  va  beaucoup  dechofes  qu'il  auroit . 
iié  ravi  de  ne  pas  voir  ,  il  n^étoit  pas  fâché  d'avoir perda  la  vue^,  afin  de  n'être  plus  expofé 
à  de  pareils  défagrémens  ;  que  même  en  diverfes  occajîons ,  il  fouhaiteroit  de  ne  pas  en- 
tendre. Km  1586,  il  fut  attaqué  d'apoplexie ,  dont  il  revint  alfez  pour  continuer  fes 
études  pendant  quelques  mois;  mais  il  mourut  le  9  Mai  de  l'année  fuivante  ,  gui 
éioit  la  76e.  de  fon  âge;  11  y  en  avoit.  dix  qu'il  étoit  aveugle. 

On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'Ouvrages  de  Phiiofophie  ,  de  Médecine  &  de 
Théologie ,  dont  les  A-llemands  ont  fait  grand  cas  dans  le  tems»  Voici  les  titres  de 
ceux  qui  ont  rapport  à  la  Médecine: 

De  caufa  continente,  ^lexandri  ^plirodifal  de  mîxtieae  Libellas  ,  eôdem  Interprète^ 
Tuhinga..,  1540,  J/i-8.  Bofilea  ^  ï559»  '«-8. 

Dialogus  de    anima   prlncipatu  j  an  Cordi ,   an  Cerebro  tribuendus.  Tubinga^  1542  ,, 

Wà. 

Pnelectiones  in  Galenl  Librum  de  ^rte  parvâ.  Francofufti,  1559,  1589,  Jn-8. 

Ve.plajlica  feminis  facultate  Libri  très,  ^rgentorati  ,  iz^Qo  ^  in-^  S*  in-16  ,,avecles - 
deux  Livres  fuivans. 

De    Calido  &  Humido    Liber,  unus.  De  primo  fanguificationis  inftrumentà  Liber  unus. . 
Ibidem,  1581  ,  m-8. 

TraSationum  Phyficarum  &  MedicHrum  Tomus  unus ,  feptcm  Llbros  compleifens.  Frau: 
êefuni,  1585  ,  1590  ,  M-I2. . 


3    C    H"  S'05 

SCHEIDT  (  Jean-Valentia  )  vint  au  monde  à  Strasbourg  en  1651.  Ce  fut  dans 
!es  Ecoles  de  l'Univerfité  de  cette  ville  qu'il  étudia  la  Médecine  &  qu'il  obtint 
les  honneurs  du  Dod^orat  ;  il  ne  fe  décida  qu'allez  tard  à  prendre  ce  parti  ,  car 
là  promotion  date  de  i68f.  La  maturité  de  l'âge  rendit  l'es  progrès  plus  rapi- 
des, &  lorfqu'il  Te  mit  à  voyager  après  avoir  pris  les  degrés,  il  le  fit  avec  plus 
d'avantage.  Au  retour  de  les  courfes  en  Italie,  en  France,  en  Hollande,  en  An- 
gleterre, en  Allemagne  &  en  Suifle  ,  il  remplir  la  Chaire  d'Anatomie  dans  fa  pa- 
trie ,  &  monta  enfuite  à  celle  de  Pathologie  &  de  Pratique  ,  qu'il  occupa  julqu'à 
fa  mort  arrivée  en  1731.  11  étoit  alors  Médecin  ftipendié  ,  Doyen  du  Collège, 
Chanoine  de  Saint  Thomas  &  Confeiller-Médecin  de  la  Cour  de  Deux-Ponts.  11  a 
laiffé  plulieurs  Diflertations  iméreflactes  qui  ont  été  foutenues  dans  les  Ecoles 
de  Strasbourg.  Telles  font  : 

F'ifus  vinatus^  ejufque  Demanjlratio    Mathematlco-Medlca.    ^rgentoratl  ,    1677,  in"/^ 

De  duobus  ojJkuUs  ia  cerebro  muUeris  apoplexiâ  extlnSa  reperds.  Ibidem  ^    1687,  irt-4. 

De  ufu  Lienis.  1691. 

Paradoxa  circa  generationem  homlnls.    1694. 

Splanchnologicte    do£frina  Dijfcrtado  prima,  1705.  Secunda^  ^7'^Z-  Tertia  ^  1706. 

De  quibufdam   visas   immitiuti  vitiis.    1720. 

Htfioria  Lienum  ruptorum.  ^rgentints  ,  1725  ,  in-'^. 

Jean-Godefroîd  Scheid^  Médecin  de  Strasbourg,  peut-être  fils  du  précédent,  eîl 
Auteur  d'une  Diflèrtation  intitulée  ;  Hiftoria  mulieris  cujufdam  que  inoplnatô  cafu  lo" 
quelam  amljît ,  &  ex  infperato  cafu  repente  recepit.  ^rgentorati ,  1725,    in-4.. 

SCHEINER  ,  C  Chriftophe  )  Jéfuite  Allemand  du  XVII  fiecle ,  pafla  pour  uji 
des  plus  grands  Aftronomes  de  fon  tems.  Le  12  Novembre  161 1,  en  obfervant 
le  foieil  avec  un  téleicope,  il  y  apperçut  quelques  taches  noir^res.  11  en  fut  d'au- 
tant plus  furpris,  que  tous  les  Philoiophes  fouienoient,  depuis  ^rijlote  ^  que  le  fo- 
Jeil  étoit  tout  brillant  de  lumière;  mais  des  obfervations  réitérées  ne  lui  permirent 
plus  de  douter  qu'^rijlote  fe  fût  trompé.  Il  communiqua  fa  découverte  à  fon  Pro- 
vincial, qui  ,  en  zélé  Péripatéticien  ,  fe  moqua  de  lui,  &  lui  confeilla  de  mieux 
nettoyer  les  verres.  Ce  confeil  étoit  mortifiant.  Le  Père  Scheiner  fe  retira  très-fficbé 
d'avoir  vu  des  taches  dans  le  foieil.  Cependant  F'elfely  Sénateur  d'Ausbourg,  fe 
fit  honneur  de  cette  découverte  ,  pendant  que  Scheiner  paroiffoit  décidé  à  garder  le 
filence;  mais  dès  que  ce  Sénateur  l'eut  annoncée  au  public,  le  Jéfuite,  moins 
timide  qu'auparavant,  ol'a  la  revendiquer  dans  un  Ouvrage  intitulé.-  Rofa  Urjîna, 
five ,  fol  ex  admlrando  fucularum    &  macularum  fuaruni  phtsnomenà    varius. 

Ce  Jéfuite  mourut  à  Nice  en   1650,   dans  un    âge    avancé,  &    laifia  un  autre 
Ouvrage  qui   a   bien  du  rapport  au  fujet  que  je  traite.  Il    eft  intitulé: 

Ocu/uj,  hoc  ejî ,  Fundamentum  Opticum.  Oeniponti,  1619,  in  4.  Sa  defcription  de 
l'œil  eft  allez  exafle  ;  il  l'a  tirée  de  l'Anatomie  de  P^éfale ,  mais  il  a  mieux  parlé 
que  cet  Auteur  fur  les  nerfs  optiques.  11  a  dit  que  ces  nerfs  pénètrent  obliquement 
le  globe  de  l'œil,  &  s'infèrent,  non  pas  au  milieu  du  globe  où  à  la  partie  direc» 
tement  oppofée  à  l'Uvée ,  mais  plus  proche  du  nez.  C'e(t  fur  les  aniniaux  qu»- 
Scheiner  a  fait  cette  obfervation,  • 


ao5  S    C    H 

SCHELHAMMER,  (  Chriftophe  )  vint  au  monde  à  Hambourg  le  i^  AvrU 
1620.  A  l'âge  de  17  ans,  on  l'envoya  à  Jene  où  il  étudia  la  Philofophie  ;  il  fe 
mit  enfuite  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de, Médecine  delà  même  ville,  &  il  y  fit 
de  grsnds  progrès  fous  la  diredlion  de  Gaerner  Rolfinck ,  fon  coufin  germain.  Ce 
fut  par  le  conleil  de  ce  parent  qu'il  entreprit  le  voyage  des  Pays-Bas,  d'Angle- 
terre ,  de  Ffancc  &  d'Italie  ,  dont  il  vilica  les  p!us  célèbres  Univeriltés.  A  ion 
retour  en  Allemagne  l'an  1643,  '•  P^ffa  à  Bàle,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Doc- 
torat le  13  Juillet  de  la  même  année.  Le  21  Août  fuivant,  il  obtint  une  Chaire 
de  Médecine  dans  les  Ecoles  de  Jene  ,  &  fut  encore  nommé  Diredeur  du  Jardin 
des  plantes.  Sa  Faculté  Peftima  au  point  de  le  choifir  trois  fois  Doyen  de  foa 
Corps ,  &  l'Univerfité  le  nomma  deux    fois  à  la  charge  de    Refteur. 

La  mauvaife  fanté  de  ce  R'iédécin,  empirée  encore  par  l'étude  &  les  travaux 
Académiques  qui  s'étoient  fuccédés  les  uns  avu  autres,  l'obligea  échanger  d'air. 
Il  pali'a  à  Weimar  dans  la  Thurioge  chez  Gontofe-Henri  Platner^  fon  beau-pere  ; 
niais  cet  expédient,  ainfi  que  bien  d'autres,  fut  inutile  ;  il  mourut  le  21  Juin 
1652 ,  à  l'âge  de  32  ans.  On  a  quelques  difiertations  de  fa   façon. 

SCHELHAMMER,  C  Gonthofe-Chriftophe  J  fils  unique  du  précédent,  naquit 
à  Jene  le  13  Mars  1649.  Ce  fut  dans  les  Ecoles  de  fa  viiJe  nacale  &  celles  de 
Leipfic  qu'il  palla  les  premisres  années  de  fon  cours  de  Médecine.  Les  progrès 
qu'il  y  avoir  faits  ,  étoient  auèz  conliJérables  pour  s'en  applaudir  ,  &  un  Ecolier  , 
moins  avide  de  fcience  que  lui ,  auroit  pu  afpirer  au  titre  de  Maître  ;  mais 
la  belle  paffion  qu'il  a  voit  de  tout  lavoir  lui  fit  différer  fon  Dodlorat,  pour 
voyager  en  Hollande,  en  Angleterre,  en  France  &  ea  Italie.  L'application  avec 
laquelle  il  continua  d'étudier  les  différentes  parties  de  la  Médecine,  les  Leçons 
des  Profclfeurs  les  plus  célèbres  dont  il  recueillit  les  inftruflions,  les  exercices 
publics  &  particulier»  qu'il  fréquenta  avec  autant  de  fruit  que  d'affiduité ,  enfin 
cinq  années  entières,  employcts  à  fe  perfeftionner,  lui  firent  croire  qu'il  pouvoit 
demander  le  bonnet.  Il  revint  en  A'iemagne  ,  &  il  l'obtint  à  Jene  le  4  Septem. 
bre  nôff.  Ses  talens  ne  tardèrent  pas  à  être  connus.  Schdhammer  fut  recherché 
de  toute  part;  on  le  dcaianda  à  Hclmftadt  où  il  enfeigna  pendant  dix  ans, 
c'eft-à-dire,  depuis  167g  juîqa'en  1689;  il  remplit  enfuite  une  Chaire  à  Jene, 
&  palfa ,  en  1695 ,  à  Kiell  en  qualité  de  Profeilèur  primaire.  Le  Duc  de  Holftein- 
Gottorp  l'honora  de  fa  confiance  &  le  nomma  fon  Médecin.  Pour  tout  dire  en  un 
mot ,  Schelha-imcr  s'acquitta  tellement  des  emplois  qui  lui  furent  confiés  ,  qu'il  jouit 
conftamment  d'une  réputation  G  brillante ,  qu'elle  ne  fut  pas  même  ternie  par 
les  tons  qu'il  eut  vis-à-vis  de  fes  contemporains. 

Trifte  condition  de  fhumanité  !  Toujours  de  l'homme  par-tout.  Notre  Médecin 
en  fait  la  preuve.  La  fougue  de  ion  tempérament  le  porta  fouvent  à  s'élever 
contre  le  mérite  d'autrui ,  qu'il  n'apprécia  pas  toiijours  avec  aflez  de  juftice,  pen- 
dant que  fon  amour  propre  l'enga^teoit  à  prôner  le  fien.  On  ne  peut  certai- 
nement lui  refufer  beaucoup  de  génie  &  de  fcience  ,  mais  la  modeftie  lui 
manqua  ;  comme  il  étoit  encore  n'»tuiellement  chagrin  ,  on  ne  parvenoit  point 
aifément  au  bonheur  de  lui  plaire.  11  etoit .  d'ailieurs  fi  fortement  entiché  delà 
Philofophie  à'Ariflott ,  qu'il  avoit    embraflee    à  la  perluafioa  d'IIerman  Conriagiuf.^ 


s    C    H  CG? 

fon  beau-pere  ,  qu'il  fe  fit  là  delTus  ptufieurs  afFaires  avec  les  Sa  vans  qui  trou- 
voient  que  les  ientimens  de  cet  ancien  Philcfophe  n'étoient  plus  de  irode. 
Il  y  en  a  en  effet  dans  les  Sciences  hun^aincs  ;  non  que  la  Nature  puifTe  varier 
au  gré  des  Novateurs  ,  mais  tout  uniment  ,  parce  que  la  raifon  cclaiiée  par 
l'expérience  voit  les  chofes   fous    un    autre   point  de   i'ue   que    nos  pères. 

Schelhammer  mourut  le  1  Janvier  1716  ,  &  félon  Mattnias ,  le  11  Février, 
dans  la  67e-  année.  Il  étoit  de  l'Académie  des  Rlcovrad  de  Padoue  ,  &  de  celle 
des  Curieux  de  la  Nature  ,  dans  laquelle  il  avoit  été  promu  à  la  place  d'Adjoint, 
fous  le  nom  de  Théoptirajîe.  On  lui  doit  une  édition  de  rintrodudion  à  la  Mé- 
decine par  Conringius ,  fon  beau-pere ,  avec  des  notes  ;  on  lui  doit  aulH  beau- 
coup d'Obfervations  qui  méritent  d'être  lues  ,  fur  la  Lan2;ue,fur  le  Larynx, 
fur  les  glandes  lalivaires,  fur  le  DiEphragmc ,  fur  le  Méfentere  ,  fur  le  Colon  & 
le  Cœcum  ,  fur  le  Réfervoir  du  Chyle  ,  fur  les  Reins  ,  llir  les  Doigts  &  les 
Ongles  ,  fur  la  Lymphe  &  les  Canaux  Lymphatiques.  Les  Ephémérides  d'Al- 
lemagne contiennent  encore  plufieurs  pièces  de  cet  Auteur  ,  comme  l'Anatomie 
d'une  Mole  ,  un  Mémoire  fur  le  calcul  du  cerveau  ,  &c.  :  mais  rien  ne  lui  a 
fait  plus  d'honneur  que  les  Ouvrages  qu'il  a  publiés  en  difFérens  tems  ;  on  en 
pourroit  même  faire  un  bon  recueil  qui  ecrichiroit  la  Médecine  ,  li  quelque 
éditeur  fe  donnoit  la  peine  de  les  élaguer.  Voici  les  titres  fous  lei'quels  notre 
Auteur  les  a  fait    paroître  : 

7/1  Phyfiologiam  Introducfio.  ffelmafiadli ,  168 f  ,  /n-4. 

Catalogus  plantarum   rarlorum  quas  in  hortulo  domcftlco    alult.    Ibidem  ,   168"  ,  t/2.4. 

De  auditu  L'ber  unus.  Lugdiini  Batavorum  ,  1684  ,  Ja-8.  Il  y  a  plus  de  Phyfique 
que    d'Anatomie    dans  ce  Traité. 

Catalogus  plantarum  Horti  académie!.  Hdmtefladii  ^  16S4  ,  /n-4.  Quoique  l'Auteur 
n'eût  point  fait  fon  affaire  principale  de  la  Botanique  ,  il  n'a  pas  laiffé  d'orner 
ce    Catalogue  de    plufieurs    remarques    utiles, 

Eplftola   ad  Georgiam  Tf^edelium  de  pulfu.    Ibidem  ,   1690 ,  /n-4. 

Catalogus  plantarum   clrca    HelmiEftadium  fpontè  nafcentium.   Ibidem ,  1693  ,  in-d. 

De  genuina  febres  curandi  methodô.  Jena ,  1693 ,  1727  ,  f/1-4. 

Eplftola  ad  Rayum  de  nova  plantas  in  clajfes  digcrendi  ratione.  Hamburgi  i6q-  , 
in-4.  Jcnce  ,  1695  ,  in-4.  Il  n'y  a  rien  de  remarquable. 

Orkologia  parva  ^  feu  ^  de  kumani  corporis  Tumoribus  ,  eorumque  légitima  Curandi  rw 
tione.  Jcnx  ,  1695  ,  1701  ,  in-4. 

Ndtura  Jibi  &  Medicls  v'ndicata.  Kill<e ,  ifiçj ,  /n-4. 

Naturte  vindicatis  F"indicatio ,  quà  ea  qiue  Librô  de  Natura  ol'im  fuerunt  afferta 
hlteriùs  ^onfirmantur  atque  explicantur.  Ibidem^  1702  ,  //j-4.  Cet  Ouvrage  a  été  écrit 
contre  Sturmius  &  Boyle.  L'Auteur  prétend  que  la  Nature  eft  un  être  particulier 
qui  exifte  ,  mais  dont  on  ne  peut  définir  les  opérations.  Il  fe  trompe  ,  puifque 
la  Nature  n'eft  qu'une  manière  d'être  dépendante  des  loix  du  raéchanifme,  & 
que  celles-ci  font  les  fuites  des  propriétés  que  le  Créateur  a  imprimées  à 
nos  organes. 

^cidularam  Schwalbacenfîum  S  Pyrmontanarum  per  expérimenta  exploratarum  inter 
fe  collât io.   Kilite  ,  1^04  ,  /n-4. 

^nakcla  Anaiomico-Phyftologica.  Jbldçm  ,  - 1704  ,  //1-4. 


'A^3  B    C    M 

jtinatome  Xiphits  ad  fîoitanum.  tiamburgl  ,  1707  ,  j/i«4.  Le  Xiphias  eft  un  poilToo 
icétacée  ,    qui   a  le    muleau    fait  en    forme  d'épéc.  C'eft  l'Elpadon. 

De  Nitro  ,  F'itrîolo  ,  Alumine  &  Atranienùs  Opufculuii.  Amftdodami  ,  1709  ,  i«'8. 
:I1  afibre    que    le  Nitre  ,  dont  nous   nous  fervons ,  a  été  inconnu  aux    Anciens. 

D&  humani  animi  adfeêllbus.  JCilliS,  17 10,  in-^.  H  prouve,  par  des  exemples  plus 
ou    moins  frappans  ,  les  effets  des  paflions  fur  le  corps. 

Ars  medendi  univerfa  ,  ex  veris  fuis  fundamentis  eruta  ,  &  probatijftmis  f^aeram 
■&  Recentiorum  fintentiis  curatè  expenjls  fuperjîru&a.  Opus  pojîhumum  ;  nunc  demùm 
^edidit  Ernejlus  Fridcricus  Burchard.  Lipjîte ,  1747  ,  1748  ,  1752  ,  trois  volumes 
,4n-4.  Le  premier  volume  avoir  paru  à  Weimar  en  1717  ;  c'eft  un  Traité  de 
îPhyfiologie  ,  où  l'Auteur  cenfure  tous  les  Ijftêmes  qui  avoient  coûts  de  fon 
îîems. 

Chrifîian- Etienne  Scheffel ,  Dodteur  en  Médecine,  déBgné  Profefieur  ordinaire 
rdans  l'Académie  de  Griplwald  ,  a  publié  à  Wifmar  ,  en  1727,  i/i-8  ,  le  Kecueil 
des  Lettres  que  les  Sa  vans  ont  écrites  à  Schelhanimcr  ,  &  il  y  a  joint  la  vie  très- 
détailléede  ce  Médecin  ,  avec  une  lifte  fouvent  hiftorique  de  fes  Ecrits.  Ce  Re- 
cueil eft  intitulé;  F'irorum  Clarijjimoruni  ad  Guutlierum  Clirifiophorum  Schelhammerun 
Epijt  Jte  feleSiores  f  Rem  Liaerariam^  Philofophiam  Naturakm  ac  Mediçinam  poùjjîmùm 
^Jjpet'ianteu 

SCHELLINCÎ,  C  Conrad  J  d'Heidelberg,  fut  Médecin  de  Philippe,  Eleaeur 
;Palatin  ,  qui  mourut  en  1508.  On  a  de  lui  une  Confultation  en  Allemand  fur  la 
pclte,  imprimée  à  Heidelberg  ,  tn-4  ;  on  en  a  encore  une  autre,  mais  en  Latin, 
qui  parut  dans  la  même  ville  &  fous  le  même  format,  &  qui  eft  intitulée:  Con/i- 
Vium  ad  pujîulas  m  al  as  ^  morbum  ^  quem    Malum  de  Francia    vulgus  appellat. 

SCHENCK  ,  (  Jean  )  Médecin,  mourut  à  Nuremberg  le  17  Novembre  1588, 
après  avoir  exercé  dans  cette  ville  depuis    1568. 

On  trouve,  chez  les  Bibliographes,  un  autre  Jean  Schenck ,  dit  de  GrafFenberg, 
qui  naquit  à  Fribourg  le  20  ou  ai  Juin  1531.  Il  fut  reçu  Doé^eur  en  Médecine 
à  Tubingue  en  1554,  &  bientôt  après  il  obtint  la  charge  de  Phyficien  de  fa  ville 
natale  ,  dont  il  s'acquitta  avec  honneur  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  ra  Novembre 
1598.  On  a  de  lui  un  Recueil  d'Obfervations  fur  toutes  les  maladies  du  corps 
■humain,  même  les  plus  rares ,  qui  eft  difpofé  en  bon  ordre  depuis  Hippocrate 
jufqu'à  fon  tems.  La  rareté  des  Ouvrages  dont  il  s'eft  fervi  pour  former  ce  Re- 
cueil, auroit  iailfé  dans  f oubli  plufieurs  de  ces  Obfervations,  fi  ce  Médecin  ne  fe 
fùt'pas  donné  la  peine  de  les  publier.  Mais  il  ne  s'eft  point  borné  à  ce  qu'il  a 
•trouvé  dans  les  Traités  qu'il  a  fournis  à  fes  recherches ,  il  y  a  joint  fes  propres 
obfervations  &  celles  que  fes  amis  lui  ont  communiquées.  Voici  le  titre  de  ce 
Recueil  : 

Obfervationum  MeJlcarum ,  rararum,  nnvarum,  admirabUium  &  monjîrofarum  volumen^ 
'Tomls  feptem  de  toto  homine  injlitutum.  Operâ  Joannis  GenrgH,  filii,  colle&um.  Franco- 
furti ,  1600,  deux  volumes  i/z-8 ,  1609,  in-folio.  Fiibur^i ,  1604,  /n-8.  Lugdunî, 
a644 ,  in-folio  ,  par  les  loins  de  Charles  Spon.  Francofurti ,  1665  ,  in-folio ,  par  les 
ioins  de  Laurent  Siraufs  qui  a  fait  quelques  augmentations  à  cet  Ouvrage.  L'Auteur 

»vok 


s    C    H 


409 


«voit  publié  ce  Recueil  par  volumes  féparés.  Le  premier ,  qui  traite  De  capîte  hu- 
mano,  parut  à  Bâle  en  1584;  le  fécond  i>c  Thoracc ,  à  Fribourg,  en  1594;  le 
troilieme  Ds  partibus  naturalibus,  à  Fribourg,  en  1595  &  1596;  le  q^uatrieme  Ds. 
partlbus  genitaiibus  mrlujque  fexàs,  dans  la  même  ville,  en  1596;  le  cinquième  De 
partibus  externis,  encore  à  Fribourg,^  en  1596;  le  fixieme  De  febribui ,  morbis  epi- 
demicis  &  contagiofis ^  à  Fribourg,  en  1597;  le  feptieme  De  venenis  ^  dans  le  même 
endroit,  en  1597.  Quelques-uns  de  ces    volumes  font  i/1-4,  &  d'autres  /a-8. 

SCHENCK,  C  Jean-George  J  fils  de  Jean  Schmck  de  Graffenberg  ,  étoit  de  Fri- 
bourg ,  où  il  naquit  dans  le  XVI  fiecle.  H  exerça  la  Médecine  à  Haguenau  avec 
beaucoup  de  iuccès  ;  mais  il  ne  fe  borna  point  à  la  pratique ,  car  il  fe  livra  au 
goût  qu'il  avoir  pour  le  travail  du  Cabinet,  &  non  content  de  donner  fes  foins 
à  l'édition  des  Ouvrages  d'autrui ,  il  mit  au  jour  les  fuivans  qui  fout  de  fa  façon  : 

-Pinax  ^uthorum.  de  Re  Mcdlca ,  qui  Gyntscia  feu  Mulicbria  ex  injïuuto  fcrîptis 
txcoluerunt   &  illaftrarunt.   ^rgcntorati  ,   1606  ,    i/i-S, 

Pande&arum  feu  Panitionum  Mediclnalium  Liber  quartus.  Francofurti,  i6of ,  in-ii , 
avec  quelques   Traités  qui  ne  font   point  de  lui. 

Exotericorutn  ad   varias  morbos  experimentorum  Centurie  feptem.    Ibidem  ,   1607  ,    tn-8. 

De  formandls  Medicina  ftudiis  &  Scliolà  Medicâ  conjiicaendâ  ,  Enchiridion.  ^rgento- 
ratif  1607,  in-in.   Bajikce,  1607,  iri-12. 

Hortus  Pdidvinus ,  cui  accejfere  Guilandini  conjectanea  fymnimica  plantarum.  Franco» 
furti  ,   160B  ,    m-8, 

Lithogcnejia  ,  fii-e ,  de  microcofml  membris  petrefaSlis  &  calcuUs  eidem  microcofmo  pet 
varias   mairkes  innatis.    Ibidem^   1608,1/1-4. 

Btbiia  Jatricu,  five,  Bibliotheca  Medica  ma£ia  ^  conùnuata^  confummata.  Ibidem ^ 
1609,    in  8. 

Monjlrorum   Hîjîoria  mirabilis.   Ibidem ,    1609 ,    /n-4. 

Sylva  mcdicamentorum  compojitorum.  Llpjîa ,    1617  ,  in-4. 

SCHENCK  ,  dit  de  Burgftatt  ,  (  Eufebe  )  naquit  en  Bohême  le  11  Avril 
1569.  Les  progrès  qu'il  avoit  faits  dans  la  Philofophie  lui  méritèrent  d'âtre  nommé 
à  la  Chaire  de  Phyfique  à  Gratz  en  Stirie  ,■  mai*  il  quitra  cette  Univerfité 
pour  fe  rendre  à  Jene  ,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Doflorat  en  Médecine. 
Après  fa  promotion ,  il  alla  à  Géra  en  Mifnie  ,  dont  il  devint  Médecin  ftipen. 
dlé  ,  ainli  que  du  Comte  de  ReufTen  qui  en  étcit  Seii^neur.  Cet  etrtploi  ne 
fatisfit  cependant  point  fon  ambition  ;  il  afpira  à  quelque  pofte  plus  érîatant, 
&  il  le  trouva  à  Jene  où  il  retourna  en  1618.  Il  y  enfeigna  piibliqnr m^nt  la 
Médecine  depuis   cette   année  jufqu-à   fa    mort   arrivée    le  27  Oflobre  1628. 

SCHENCK,  (  Jean-Théodore  J  fils  du  précédent,  étoit  de  Jene  en  Thi'ringe, 
où  il  vint  au  monde  le  15  Août  1619.  11  fit  les  premières  étud'^s  à  >  aumboi  rg 
&  à  Arnftadt  ,  &  paiia  en  i6.';7  à  Serveft  ,  chez  Nathan,  f^o.gc  Ion  parent  , 
Médecin  de  cette  ville  ,  qui  l'inftruifit  des  principes  de  Ion  Ait,  Au  fortir  de 
cette  Ecole,  il  fe  rendit  fuccellivement  à  Leipfic,  à  Jene  &  à  Altorf  où  il  fit 
de  grands  progrès  i  mais  la  réputation,  dont  les  Médecins  Italiens  jouiflbient, 
■r  0  M  E    I  K  D  d 


210  S    C   ïr: 

Je  tira  de  l'Allemagne  &  1  engagea  à  Te  rendre  à  Padoue.  Il  en  fuivit  les  Pro» 
felleurs  pendant  deux  ans  ;  il  l'auroit  même  fait  plus  long-tems  ,  fi  fa  mau- 
vaife  fanté  ne  l'eût  obligé  de  retourner  dans  fa  ville  natale.  Dès  qu'il  fut 
r<5tabli  ,  il  fe  mit  (ur  les  rangs  de  ceux  qui  afpiroient  au  Doftorat ,  &  il  eti 
reçut  les  honneurs  à  Jene  le  f  Décembre  1643.  La  pratique  de  la  Médecine 
fut  toute  fon  occupation  &  fon  étude  jufqu'en  1653  ,  qu'il  obtint  une  Chaire 
dans  les  Ecoles  de  fa  patrie.  Il  la  remplit  pendant  dix-huit  ans ,  c'eft-à-dire , 
jufqu'à  la  fin  de  fes  jours  qu'il  termina  le  21  Décembre  1671  ,  dans  la  s,ie.  annr'e 
de  fon  îlgc.  On  a  de  lui  beaucoup  d'Ouvrages,  dont  la  plupart  font  extraits 
de  ceux  d'autrui  qu'il  a  fou  vent  copiés,  fans  y  ajouter  la  plus  petite  réflexion 
originale.    Tels  qu'ils    foient  ,  voici    leurs  titres    &   leurs    éditions  : 

Humorum  corporis  humani  Hijhria  geaeralis.  Jea£  ,   1654,   1663  ,  m.4.  Francofanl  y, 
1684  ,  4/1-4. 

De  fera  fanguinis  ex  F'eterum  &  Recentîorum  fcriptls  Hiftoria.  Jéme^  1655  ,  1663  , 
1671  ,  i/1-4.  On  a  ajouté  à  la  dernière  édition  :  Difpataùo  de  natura  laciis.  Exer- 
c'uatio  de  materîa  turgente.  On  les  retrouve  dans  les  éditions  de  Leiplic  de  i6fo 
&    1672 ,  in-4. 

Hijîoria  plantarum  gêner  ails   in.  fynopfïm  redacla.  Jcms  ,  1656  ,  /n-4. 

Catalo^us  plantarum  Honi Medici  Jencnfîs.  Ibidem^  1659,  'i-li» 

Exercltationes  u4natomic£  ad  ufuni  Medlcum.  accoinmodatte.  Jeme ,  1662,  1664»  'i-4* 
11  y    expofe  l'Anatomie  du   bas- ventre  en  neuf  Differtations. 

Schola  partium   corporis  humani   fccundùm  method-im   dijfe&oriam.  Ibidem^  1664  ,  /n  4. 

Marathrolos,ia.  Jene  ^  1665,  m-4.  Cette  Difiertation  fur  le  Fenouil  eft  écrite  dans 
le   goût  de    l'Académie  des  Curieux  de  la    Nature,  dont   l'Auteur  étoit  Membre. 

Synopjîs  fnftitutionuni  Médianes  difputatorite  ;  Prolegomena ,  Phyjîologia  &  Pathologia.- 
Ibidem  ,  i658  ,  /n-4. 

Medicina  generalis  novo-andqua   Synopjîs.  Ibidem ,  1668 ,  1672 ,  //1-4. 

Dijfertatio  de  vexatoruni  curatione.    Ibidem,  1670,  in-^. 

Synopjîs  Inftitutionuni  Medicin<s  Difpatatori<e  ;  Pars  Semeïotica  ,  Hygiène  S  Therw 
peurica.  Ibidem,  167 1  ,    i/J-4. 

Syntagma  componendi  &  prafcribendi  medicamenta.  Jénte  6?  Llpjîte ,  1672,   inj^, 

SCHENKELIUS  C  Dominique  J)  ou  SCHENCKELS  ,  Médecin  natif  de  Boif- 
leduc  ,  exerça  fa  profeffion  dans  fa  patrie  vers  le  milieu  du  XVI  fiecle.  Soit 
par  goût  ,  foit  parce  que  la  pratique  de  fon  Art  ne  lui  procuroit  pas  de  quoi, 
faire  fubfifter  fa  famille  ,  il  joignit  à  l'état  de  Médecin ,  &  de  Médecin  Pen- 
fionnaire  de  fa  ville  natale  ,  celui  de  Régent  d'Hjmanités  fous  Jean  Nemius , . 
qui  fut  Redteur  du  Collège  de  Boilleduc  environ  l'an  1554.  Sclienkelius  avoit  une 
grande  connoifTance  des  Belles-Lettres.  11  eft  Auteur  de  quelques  Poélies  Latines 
qui  n'ont  pas  été  raflemblées,  &  de  l'Ouvrage  fuivant  qu'il  mit  au  jour  à  l'ufage 
des  Humaniftes ,  avec  la  ïradudlion  Flamande  :  Orationcs  Terendants.  Sylva-Ducis , 
1557  ,  i/i-8. 

Lambert-Thomas  Schenkelîus  ,  fon  fils  ,  né  à  Boilleduc  le  7  Mars  1547  ,  fit  du 
bruit  dans  les  Pays-Bas,  en  Allemagne  &  en  France  ,  p;,r  V^n  de  la  Mémoire 
qu'il   eoi'eigna  pendant  plus  de  40  ans,   Parmi  le  grand  nombre  d'Ouvrages  qu'il; 


s      C      li  21! 

a  laifTés  ,  on  en  trouve  quelques-uns  fur  cette  matière  ,  où  il  a  mis  beaucoup 
de  charlatan erie.  C'eft  ainfi  que  M.  Paquot  en  parle  dans  fes  Mémoires  pour 
fervir   à    l'Hiftoire   Littéraire    des    Pays-Bas. 

SCHER.BIUS  ,  (  Philippe  )  de  Bifchofs-zell  ,  ville  de  SuilTe  dans  le  Turgaw  > 
fe  fit  de  la  réputation ,  dans  le  XVI  iiecle  ,  par  Iba  favoir  en  Philolbphie  &  en 
Médecine.  II  étoit  Doileur  en  ces  deux  Sciences  ,  lorfqu'il  enfeigna  à  Mie  la 
Philofophre  Ariftotélicienne  pendant  les  années  1581  &  1582.  En  15B3  ,  il  fut  nommé 
ProfefTeur  de  Morale  dans  les  Ecoles  de  la  même  ville  ;  mais  il  abandonna  cette 
Chaire  en  15S6  pour  fe  rendre  à  Altorf ,  où  il  remplit  ,  dans  le  même  tems  , 
celles  de  Médecine  ,  de  Logique  &  de  Métaphyfique.  Il  mourut  dans  cette 
dernière  ville  le  11  Juillet  1605  ,  âgé  de  52  ans.  Médeciu  médiocre  ,  mais  Phi- 
lofophe  fubtil  ,  il  fut  un  des  plus*  ardens  défenfeurs  de  la  doflrice  d^^rijhte. 
On   a    de   lui  : 

De  partibus  fimultaads.  Altorffii  ,  1586  ,  in-^. 

Thefes  Mcdic£.  Llpjîa  ,  1614,  in-B.  C'eft  Gafpar  Hcjfmann  qui  en  a  fait  impri- 
mer le    Recueil, 

Sylva  medicamentorum  compojltorum  ,  qu£  ufus  quotidlanus  exig'u.  Ibidem^  1617  ,  in-B- 

SCHEUCHZER  ,  C  Jean- Jacques  )  favant  Médecin  Sniffe  ,  vécut  dans  le  XVIl 
fiecle.  Les  Langues  Latine  ,  Grecque  &  Hébraïque  lui  étoient  familières  ;  &  noa 
feulement  il  connoiflbit  encore  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  Théorie  &  à  la  Pra- 
tique de  la  Médecine,  mais  il  s'étoit  fait  une  étude  particulière  de  la  Botanique, 
de  l'Anatomie  &  des  Mathématiques,  Une  fcience  médiocre  eft  le  partage  de  la 
multitude.  Dès  qu'un  Médecin  en  fait  aflez  pour  fatisfaire  fes  malades  ,  il  végète 
dans  le  tourbillon  de  fes  femblables  &  n'agit  plus  que  par  routine.  Scheuchier 
penfa  bien  différemment.  La  vivacité  de  fon  efprit  ne  lui  permit  pas  de  s'arrêter 
à  la  fuperficie  des  choies  ,•  il  voulut  les  approfondir ,  &  il  y  réuffit.  Ce  fut  à 
les  talens  qu'il  dut  l'emploi  de  Phyficien  de  la  ville  de  Zurich  ;  mais  plein  de 
feu  &  d'ardeur  dans  l'exercice  de  fon  Art ,  il  s'expofa  à  tant  de  fatigues  ,  qu'il 
y  fuccomba  à  l'âge  de  42   ans, 

SCHEUCHZER  ,  (  Jean- Jacques  )  fils  du  précédent  ,  naquit  à  Zurich  le  4 
Août  1672.  Il  fut  envoyé  en  1692  à  Altorf  pour  y  étudier  la  Médecine  ;  mais 
il  quitta  les  Ecoles  de  cette  ville  pendant  le  cours  de  l'année  fuivante  ,  &  fe 
rendit  à  Utrecht ,  où  il  fut  reçu  Doéteur  en  1694.  Il  repaffa  à  Altorf,  en 
1695  ,  pour  y  voir  fes  amis  &  fes  premiers  Maîtres  ,  &  delà  il  fe  mit  en  route  pour 
Zurich.  Son  mérite  ne  tarda  pas  à  y  être  connu  ;  fils  d'un  père  qui  s'étoit  diftin- 
gué  dans  la  pratique  de  la  Médecine  ,  il  atteignit  à  fa  réputation  en  l'imitant,  mais 
il  s'en  procura  une  bien  plus  grande  &  plus  étendue  par  les  Ouvrages  qu'il  don- 
na au  public.  Ils  lui  méritèrent  l'entrée  de  piufieurs  Académies.  La  Société 
Royale  de  Londres  ,  celle  de  Berlin  ,  l'inflitut  de  Bologne,  lui  envoyèrent  des  Let« 
très  d'iiggrégaticn  ;  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  le  mit  au 
nombre  de  fes  Membres  lous  le  nom  d'Acarnan.  En  1710,  il  fut  nommé  Phyfi- 
ciea  de    la   ville  de    Zurich   &  Proteffeur  des  Mathématiques.  Le   célèbre   Leibnlti 


ftia  S    C    H 

engagea,  en  1712,  le  Czar  Pierre  le  Grand  à  appeller  Scheuch^er  en  Ruflîe,  en 
qualité  de  Médecin  de  la  perfonne  ;  mais  dans  le  ftcms  qu'il  le  préparoit  à  partir 
pour  le  rendre  à  la  Cour  de  ce  ii'rince  ,  le  Conl'eil  de  Zurich  le  retint  &  lui  af- 
iigna  un  honoraire  capable  de  le  dédommager  du  facrifice  qu'on  exigeoit  de  lui. 
Ce  Savant  ne  s'appliqua  plus  qu'à  répondre  à  l'attention  qu'on  lui  avoit  té- 
moignée; il  redoubla  de  foins  &  d'ardeur  pour  être  utile  à  la  jeuDefiTe  &au  public. 
Lu  manière  dont  il  s'acquitta  de  fes  emplois  lui  fît  beaucoup  d'honneur  ,  mais 
il  s'en  fil  davantage  par  les  Ecrits  qu'il  mit  au  jour.  La  célébrité  de  fon 
nom  étoit  pa'I'ée  dans  toute  l'Europe  ;  il  étoit  au  faîte  de  la  gloire  à  laquelle  un 
Homme  de  Lettres  peut  atteindre  ,  lorfqu'il  mourut  à  Zurich  le  23  Juin  1733. 
Il  a  laifl'é  à  l'a  famille  une  Bibliothèque  nombreuto  &  bien  choilie,  avec  un 
beau  Médaillier  ,  &  un  riche  CF.bineî  de  Curiolités  ,  fur-tout  par  rapport  à 
l'Hiitûirç    Nalurtjlle.    Voici    la    notice    des   Ouvrages  dont  ii  a  enrichi  le   public  : 

Hifiorlte  Iîelvaic£  Ni.tiralls  Proh^omena.  Tiguri  ,  1700.  11  adonné,  en  1716,  une 
Hiitoire  Naturelle  de  la  Suilfe    qui  eft  en  Allemand. 

Spécimen  Lithographies  Hdvaicts  ,  quà  Lapides  ex  figuratîs  Helveticis  fele&ijfimi ,  ari 
inciji jijtuatur.  Ibidem,  1702  ,  in-U.  Gedani  ,  1740,  fn-4  ,  par  les  foins  de  Jacques. 
Tliéoànn  Klein  ^  fous  le  titre  de  Sciagraphia  Lithologica  ,  feu ,  Lapidant  figuratorum 
Nomenclator. 

Jtincra  yîlplna  nia ,  în  guibus  incola  ,  animaUa ,  plantée ,  montium  alilcudines  Baro- 
mctricee ,  c(xli  &  fuli  temperies ,  aqua  medicatis ,  mineralia  ,  &c. ,  &  quidquid  per  Alpes  Helvc- 
ticas  &  Rheticas  rarum  fit  exponltur  S  iconibus  illuftratur.  Tiguri  ,  1702-1709  ,  /n-4  , 
en  neuf  defcriptions.  Londlnl  ^  >7oB,  in-/[.  On  n'y  trouve  que  les  trois  premières 
defcriptions  ,  lavoir  ^Ipes  Saramnfes ,  Alpes  Rhetide  ,  Lapides  Oeningenfes  ;  mais  la 
féconde  avoit  déjà  paru  à  Londres  en  1706  ,  par  les  foins  de  Jean  Thorpe  ,  Mem- 
bre de  la  Société  Royale.  Lugduni  Batavorum  ,  1723  ,  deux  volumes  i/1-4.  Cette 
édition  comprend  les  neuf  defcription?.  L'Auteur  a  fait  onze  voyages  aux  Alpes 
pour  compléter  fcs  recherches. 

Nova  Littéral ia  Helvetica  ab  anno  1701  ad  annum  1714.  Tiguri,  1703  & feq. 
in-8. 

Pifcium  querelle  &  vindiclee  expofîtte.  Ibidem,  1708,  in  8. 

Herbarium  Dduvlanum.  Ibidem,  1709  ,  in-folio.  Lugduni  Batavorum ,  1723  ,  In-folio. 
On  a  ajouté  à  la  leconde  édition  un  Catalogue  des  plantes  dont  les  emprein- 
tes fe  trouvent  fur  diHérentes  pierres  ;  il  eft  difpoié  félon  la  méthode  de 
Tournefort. 

Mufeeum  Diluvianum.  Tiguri,  i7i.6,Jn-8. 

Bibliotheca  Scriptorum  Hijlories  Naturall  omnium  terra  reglonum  infervientiam  ,  tati- 
^uam  Hijioria  Naturalis  Helvetica  Prodromus.  Ibidem,  17 16,  ii-8. 

Dijfertation  far  la  pefte  de  Provence.  Zurich,  1721 ,  //1-4,  en  Latin,  en  haut 
Allemand  &  en  François. 

Itinera  per  Heïvetia  /Ilpinas  rcgiones  annô  1703-1711.  Lugduni  Batavorum ,  1723, 
quatre  Tomes ,  deux  volumes  in-4.  C'cft  le  titre  de  l'édition  de  Leyde*,  dont  on 
•A  parlé  à  l'occalion   de  celles  publiées  à  Zurich  depuis  1702  jufqu'en  1709. 

Phyfica  facTts  fpecimen  de  Ljcujîis,    Tiguri,    1724,  f/1-4.   L'Auteur  a   donné  une 


s    C    H  -aïs 

Phyfique  facrée  ,  ou  HiRoire  Naturelle  de  la  Bible,  en  Allemand;  elle  parut  en 
1-25  ,  quatre  volumes  in-folio.  Cet  Ouvrage  lavant ,  mais  diffus  ,  fut  traduit  en 
Latin  &  publié  à  Ausbourg  ,  I732-I7,';5  ,  cinq  volumes  Ui.f,^io.  Il  y  a  encore  une 
édition  Françoife  en  huit  volumes,  môme  format,  Amfterdam,  1734  &  années 
fuivante*.  Ce  Livre  eft  recherché  des  Curieux  pour  la  beauté  des  figures  qui  font 
au  nombre  de  750.  Elles  ont  été  exécutées  fur  le  plan  &  les  dclîins  de  Jean-André 
Pfeffel ,  célèbre  graveur  d'Ausb.vjrg  ,  qui  a  fait  travailler  les  plus  habiles  ouvriers 
de  fon  teins  tous  fes  yeux.  L'édition  originale  furpalTe  les  autres  par  la  beauté 
des  planches;  &  par  la  même  raifon  ,  l'édition  Latine  eft  préférable  à  la  Françoife. 

Homo  dlluvii   tefils.  Tlgiiri ,    1726,   in-4. 

De  Hdveti£  acribus,  aquls ,  locis,  JpednKti  I.  Ibidem.,  17-8,  /n-4.  Il  a  écrit  un 
Ouvrage  particulier ,  en  Allemand ,  fur  les  Eaux  Minérales  de  la  Suifle ,  dont 
l'édition  eft  de    Zurich,  1732,    in.4. 

SCHEUCHZEli ,  (  Jean-Gafpar  J)  fils  du  précédent,  vint  au  monde  à  Zurich 
en  1702.  Il  paifa  en  Angleterre  dès  qu^l  fut  décidé  à  prendre  le  bonnet  de  Doc- 
teur ,  &  il  le  reçut  à  Cambridge  à  la  nomination  du  Roi  George  I.  Quoiqu'il  ne 
fût  âgé  que  de  27  ans,  lorfqu'il  mourut  à  Londres  le  13  Avril  172g,  il  avoir 
déjà  une  connoillance  fort  étendue  des  Antiquités ,  des  Médailles  ,  de  l'Hifioire  Na- 
turelle, ainfi  que  de  la  Médecine  qu'il  excrçoit  avec  fuccès.  On  a  de  lui  une 
Tradudion  Angloife  de  l'Hiftoire  du  Japon  d'Engclben  Koempjcr ,  qui  parut  à  Lon- 
dres en  1727  ,  deux  volumes  in-folio  ;  c'eft  la  même  Hiftoire  qu'on  a  mile  en  Fran- 
çois &  dont  l'édition  eft  de  La  Haye,  172g,  deux  'loraes  en  un  volume  In-folio. 
11  a  encore  travaillé  à  mettre  en  Anglois  la  Relation  des  voyages  faits  en  Mol- 
covie,  en  Perlé  &  aux  Indes  occidentales  par  le  même  Koempfcr  ;  mais  fa  mort 
prématurée  l'a  empêché  d'achever  fon  entreprife.  Sur  la  fin  de  i"a  vie  ,  il  publia 
à  Londres  un  Ouvrage,  In-S ,  où  il  prétend  prouver  que  toutes  choies  étant 
prifes  au  pis  ,  il  périt  à  peine  un  cinquantième  des  perfonnes  à  qui  on  inocule  la 
petite  vérole.  Les  partifans  de  cette  méthode  font  aujourd'hui  fort  éloignés  d'ad- 
mettre cette  aflèrtion;  à  peine  conviennent-ils  de  la  mort  d'un  inoculé  fur  cent. 
Voici  le  titre  du  Traité  qu'a  donné  Scheuch;;^er  fur  cette  matière: 

Account  of  the  faccefs  of  inoculating  thc  fmallpox  for  the  ycar  ^117.,    1728, 

SCHEUCHZER,  f  JeanJ  frère  du  iecoziA  Jean-Jacques  y  naquit  à  Zurich  en 
1602  II  étudia  aufli  la  Médecine,  &  fe  fit  recevoir  Docteur  en  cette  Science 
qu'il  exerça  avec  tant  de  réputation,  que  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature, 
les  Sociétés  Royales  de  Londres  &  de  Berlin  le  mirent  au  nombre  de  leurs  Af- 
ibciés.  Comme  il  étoit  encore  très-entendu  dans  les  affaires  ,  le  Confeil  de  Zurich 
le  chargea  de  l'emploi  de  Secrétaire  dans  le  Comté  de  Bade,  &  il  en  fit  les  fonc- 
tions avec  honneur  pendant  dix  ans.  Il  fut  rappelle  ,  au  mois  de  Juin  1733  '  pour 
remplir  la  Chaire  de  Phyfique  &  la  charge  de  premier  Médecin  de  la  Repu- 
blique ;  mais  il  n'en  jouit  que  peu  d'années  ,  car  il  mourut  le  b'  Mars  1738.  On 
a  de  lui  : 

De  ufu  HiJîorUe  Naturalis  in  Medicîna.  Bafika-,  t7o5,  /n-4.  C'eft  fa  Differtation 
inaugurale. 


214      '  se    H 

^;rroftographi<e  HdvBtlc<e  ProJromus ,  fîjîcns  binas  Graminum  ^4lplnorum  haà'enus  non 
defcripiorum ,   &    quoramdani    ambi^uorum    Décades.    Ti^url,    1708,  in-foUo. 

Operis  Agrofto^raphici  idea  ^  feu  ,  Graminum,  Juncorum  ,  Cyperorum  ,  Cyperoïdum  , 
iifque  affinium    Mcthodus.  Ibidem,    ^^'9  >    ''"•^• 

^^rojhgraphia  ,  feu,  Graminum  ,  Juncoram  ,  Cyperorum  ,  Cyperoidum  ,  iifque  affinium 
Hijioria.    Ibidem,    IJ'IQ  ^  ''2-4' 

Et   plufieurs  Mémoires  Latins  fur  la  Phyfique. 

SCHIFFMANN,  CJofephJ  autre  Médecin  Suifle  ,  étoit  de  Lucernc.  Il  alla 
s'établir  à  Veaite  après  le  milieu  du  XVII  iiecle  ,  &  il  y  travailla  ^  un  Ouvrage, 
dont  ie  premier  Livre   qui  traite   des  maladies  de  la  tête  ,  parut    Tous  ce  titre  : 

Corpus  Jaris  Medicinalis  in  très  Libros  divifum  ,  quô  Medicus ,  Nature  accufaatls  & 
JMorbi  accufatl  judex  ,  propojîtas  Vues  fecundùm  Neoterlcorum  fundamenta  dirimere  fciau 
.F'enctUs ,  1679 ,  in  4. 

SCHILLING,  C  André  )  d'Itenhejm  en  Alface,  fut  reçu  Do£teur  en  Philofopliie 
:&  en  lYlédecine  à  Strasbourg,  où  il  vécut  d'abord  en  fimpie  praticien;  mais 
ayant  fait  preuve  de  ies  talens  pendant  quelques  années,  il  fut  aggrégé  au  Corps 
Académique  en  qualité  de  Profeffeur  de  Philofophie  &  de  Médecine.  11  mourut 
dans  l'exercice  de  ces  emplois,  le  18  Novembre  1638,  à  l'âge  de  45  ans.  On  ne 
connoît  de  lui  d'autres  Ecrits,  que  deux  DiUertations  qu'il  foutint  pendant  le 
cours  de  fes  études;  encore  ces  fortes  de  pièces  font-elles  fouvent  l'ouvrage  du 
Préfident,   &   ne  méritent   pas  toujours  de   groffir  les    liftes   Bibliographiques. 

Si^ijmond  Schilling,  né  à  Franckenftein  en  Siléfie  ,  parvint  en  1619  à  la  place 
.de  Doyen  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Leiplic ,  &  mourut  dans  cette  ville 
le  14  Janvier  1622.  On  n'a  pareillement  de  lui  que  des  Diflertations  Aca« 
-démiques. 

Henri- Si^ifmond  Schilling,  Doreur  en  Médecine  à  Wittemberg  en  1658,  fit  fa 
profeffion  à  Drefde.  Il  a  mis  au  jour  quelques  Ouvrages: 

Traclatas  de  faniiate  tuendâ.  Drefdte,  1655 ,  1/1-4. 

ITifcurfus  Phyfiologico-Anatomicus  de  M icrocofmi  mlferîâ  &  perfeUlonis  excellentii. 
JFinebergie  ,  1658  ,  ia-4-  Cette  pièce  a  bien  l'air  d'être  la  ïhefe  de  fon  Doc- 
torat. 

Ofleologia  Microfcomlca.  Drefda^  1669,  i/t-4. 

SCHLEGEL  ("  Paul-Marquart  J  vint  au  monde  à  Hambourg  en  1605.  11  étu- 
dia la  Médecine  en  plufieurs  endroits  ,  en  particulier  à  Padoue ,  où  il  reçut  les 
honneurs  du  Dodorat  en  1627.  L'année  fuivante  ,  on  le  nomma  à  une  Chaire 
de  Médecine  en  l'Univerfité  de  Jene,  &  il  y  enléigna  avec  beaucoup  de  répu- 
tation ju<"qu'en  1642,  qu'il  fut  rappelle  dans  fa  ville  natale  ,  où  il  fe  borna  à  l'exer- 
cice de  la  profefiion.  11  fut  extrêmement  fuivi  &  mérita  de  l'être  ;  mais  fes  con- 
citoyens ne  proHterent  pas  long-tems  de  l'avantage  de  le  poîféder  ,  car  il  leur 
fut  enlevé  en  1653  ,  â  Tàge  de  48  ans.  On  a  peu  d'Ouvrages  de  la  façon  de  ce 
Médecin  ;  tout  fe  réduit  aux  fuivans  ; 

£>e  rcns,uiai<t  motu,  Commcntaûa,  in  qua  prtecipaè  in  Riolani  fentendam  inquirimr.  llam- 
,è«rgi,  1650  ,.i/i4. 


s    C    H 


!^i5 


j4dverfarîa  memorabilium  medictna'ium.  Ulmte  ,  1676  ,  j/i-4 ,  dans  le  Recueil  des  Coa- 
iuliations  de   Geoi;ge-Jér6me  yelfchius. 

SCHLEUPNER.C  Jean^  du  Comté  de  Glatz  en  Siléfie  ,  où  il  vint  au  mor- 
de en  1594  ,  étudia  à  Konigsberg  vers  l'an  1616.  Il  pafla  delà  en  Italie  ,  & 
il  y  fuivit  les  grands  Maîtres  de  l'Ecole  de  Padoue  ,  qui  lui  donnèrent  le  bon- 
net de  Docteur  en  Médecine  en  1620.  A  l'on  retour  en  Allemagne  ,  i!  s'établit 
à  Wels  dans  la  Haute  Autriche  ,  dont  il  fut  nommé  Phylicien  ;  mais  ayant  été 
obligé  d'en  Ibrtir  en  1624 ,  il  erra  pendant  quatorze  ans ,  tantôt  en  Allemagne  > 
tantôt  en  Hongrie  &  en  Suifle.  Au  bout  de  ce  terme ,  il  obtint  une  place  de 
Médecin  d'Armée  ,  &  pafla  à  Vienne  avec  les  troupes  commandées  pour  la  gar- 
nilon  de  cette  ville.  Il  en  fortit  après  trois  ans  de  féjour  ;  &  toujours  emporté 
par  la  fureur  qu'il  avoit  de  courir  le  monde  ,  il  retourna  en  Hongrie ,  d'où  il  alla 
à  Marienbourg  dans  la  Prufie  Royale  &  enfin  à  Konigsberg.  Ce  fur-!i\  qu'il  mou- 
rut au  mois  de  Juin  1647.  Ce  Médecin  a  plus  excellé  dans  la  Poéfie  que  dnns 
fa  profelîjon  ;  il  a  cependant  donné  un  Traité  De  febre  epUcrrii  vers  l'an  162". 
Apparemment  que  la  ville  de  Wels,  où  il  étoit  alors  ,  étoit  ravagée  par  quel- 
que  maladie  populaire. 

SCHMAI  ou  SCHMAUS,  C  Léonard J)  Médecin  natif  de  Saltzbourg  ,  fut  en 
eftime  au  commencement  du  XVI  fiecle.  La  Vérole  s'étoit  déjà  montrée  en  Ba- 
vière ,  mais  la  nouveauté  du  mal  n'avoit  point  encore  donné  le  tems  d'en  rccon- 
noître  la  nature  &  les  remèdes.  Dégoûté  du  peu  de  fuccès  des  fccours  qu'on  era- 
ployoit  contre  les  ravages  de  cette  maladie ,  Schmai  crut  tirer  un  meilleur  parii 
du  Bois  de  Guayac  apporté  récemment  en  Europe  ;  il  iailit  ce  médicament 
avec  une  forte  d'enthoufiatme  ,  le  mit  en  ufage  ,  Je  vanta  beaucoup ,  &  fut  le 
premier  qui  en  fit   mention  dans  un    Ouvrage  intitulé;  ' 

Lucubratiancula  de  Âîorbo  Galllco  &  cura  ejus  ncviter  repertâ  cum  L'/gno .  Indico.  yiii. 
gu/?<£ ,  1518,  i/1-4.  Il  n'y  dit  rien  de  neuf  fur  la  nature  du  mal  vénérien;  il  fe 
borne  même  à  répéter  tout  ce  que  Léoidcene  en  avoit  écrit. 

SCHMID  ,  ("Jacques^  Membre  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature, 
fous  le  nom  de  Podallre  III ,  fit  la  Médecine  à  la  Cour  d'un  Prince  d'Anhalt.  II 
rkourut  le  5  Janvier  1705  ,  &  laiffa  plufieurs  Observations  parmi  celles  recueillies 
dans  les  Ephémérides  d'Allemagne, 

Jean-Henri  Sclimid  ,  autre  Membre  de  la  même  Académie  ,  fous  le  nom  de 
Phaéton  II  ,  étoit  de  Scliweinfurt  en  Franconie.  Dès  qu'il  eut  prit  le  bonnet 
de  Dodeur  en  Médecine  ,  il  fe  livra  à  la  pratique  de  cette  Science  ,  dont  il  con- 
tinua l'exercice  julqu'à  fa  mort  arrivée  le  23  Mars  1723.  Comme  il  y  a  eu  plulicurs 
Médecins  de  ce  nom,  je  ne  fais  G  c'eft  à  celui-ci  ou  à  un  autre  qu'il  faut  attri- 
buer une  Diflertation  intitulée  ; 

De  iranfita  chyli  ex  ventrizulo  ad  fanguinem,   Lipjîa ,   1740,  (n-4. 

SCHMIDT  ("Jean-André  )  vint  au  monde  à  Worms  le  iH  Août  1552.  II  en- 
feigna  la  Philofophie  à  Jene  &  il  y  prit  le  bonnet  de  Doéteur  en  Théologie.  Tout 
occupé  qu'il  fût  de  l'étude  de  cette  dernière  Science  ,  dont  il  remplit  une  Chaire-; 


ai5  S     C    H 

à  Helmfladt  ,  il  ne  laifTa  p3s  d'écrire  des  Ouvrages  qui  ont  du  rapport  à  la 
Médecine,  Tels  font  ceux  intitulés  :  Tkeologia  Hippocratis.  De  Joannh-Saptift-e  Hd- 
moniii  errorlbus.  Son  érudition  lui  mérita  une  place  dans  l'Académie  des  Curieux 
de  la  Nature  ,  fous  le  nom  de  Scrabo.i  II  ,  &  la  protccVion  le  fit  parvenir  à 
la  dignité  d'Abbé  de  IVlarienthal  ,  Monaftere  ProteRant  dans  la  Principauté  de 
WoUenbuttel.   On  met  la    mort    au    12   Juin  1726. 

11  ne  faut  point  confondre  ce  Théologien  avec  Jean- André  Schm'iti  ,  natif  de 
Soeft  en  Weftphalie  ,  Profsfi'eur  de  Médecine  à  Harderwick  ,  qui  mourut  en 
1652.  On    a    de   lui  : 

CompandUim  Mcdicinte  praclicai.  Hardcrvlci  ^  1653  ,  in  ii.  Genève,  1659  ,  i/i-l2, 
Farijiu  ,    166G  ,  in-i2. 

SCHMIEDER  ,  f  Sigifmond^  de  Leubac  en  Mifnie,  où  il  naquit  le  24  No- 
vembre lôiJs  »  s'appliqua  de  bonne  heure  à  l'étude  des  Langues.  Il  y  avoit 
fait  de  grands  progrès  ,  lorfqu'il  fe  rendit  à  Leipfic  en  1704  ;  &  comme  il 
montra  la  même  ardeur  dans  l'étude  de  la  Philol'ophie  &  de  la  Médecine  ,  il 
donna  tant  de  preuves  de  la  capacité  à  la  fin  de  (on  cours  ,  qu'il  avoit 
interrompu  par  difierens  voyages  ,  qu'on  lui  accorda  les  honneurs  du  Doftorat 
«n  Tune  &  l'autre  de  ces  Sciences.  Ce  fut  îe  28  Mars  1714  qu'il  fut  promu 
en  Médecine.  Peu  de  tcms  après ,  il  le  maria  &  fe  rendit  à  Pirna  dans  le 
deliein  de  s'y  fixer  ;  mais  les  avantages  qu'on  lui  préfenta  à  Lommutfch  dans 
la  même  Province  ,  le  détermmerent  à  y  pafi'er  en  1715  ,  &  il  s'y  fit  la  plus 
grande   réputation    par    les    heureux  fuccès    de   la  pratique. 

Des  l'an  1713  ,  il  avoit  été  reçu  dans  l'Académie  Impériale  d'Allemagne ,  fous 
]e  nom* de  Sabmus;  on  lui  deftinoit  même  une  place  dans  la  Société  Royale  de 
Berlin,  mais  il  mourut  le  15  Octobre  1717,  avant  que  d'y  avoir  été  nommé.  Ce 
Médecin  a  communiqué  pluheurs  Obfervations  â  l'Académie  des  Curieux  de  la 
Nature  qui  en  a  grolli  le  Recueil  de  l'es  Mémoires.  Il  avoit  de  grandes  vues  fur 
la  Botanique,  &  il  les  auroit  remplies  ,  s'il  eût  vécu  plus  long-tems  ;  il  n'a  cepen- 
dant point  laiffc  de  développer  tellement  les  myfleres  les  plus  fecrets  de  l'écct- 
Bomie  animale  ,  qu'on  peut  lui  faire  honneur  de  la  conformité  de  fa  conduite  à 
la  devife  du    Corps    dont    il  étoit   Membre  :   Nunquani  otiofus. 

SCHMIEDT  ,  (  JeanJ  de  Dantzick,  vint  étudier  la  Médecine  à  Montpellier, 
où  il  prit  les  degrés  en  1650.  Au  iortir  de  l'Univerfité  de  cette  ville,  il  retourna 
dans  fa  patrie.  U  s'y  livra  à  la  pratique  ,  &  parvint  à  l'emploi  de  Proto  Phyli- 
ci'en  qu'il  remplit  avec  honneur  julqu'à  fa  mort  arrivée  en  1690,  à  l'ûge  de  66 
ans.  11  a  communiqué  à  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  un  grand  nombre 
d'Obfervations  dont  quelques-unes  lont  intérelTantes ;  il  a  mis  au  jour  Studluin 
Monfpelienfe  ,  &  il  a  rédigé  ,  avec  Jean-Ernejîe  Schefer  ,  la  Pharmacopée  de  Dantzick 
qui  a  paru  fous  le  titre  de  Difpenfatorium  Gedancnfi. 

SCHNEIDER,  (Conrad-Viftor  )  de    Bitterfeld  en  Mifnie,  fe  diftingua    parmi 
les  Médecins  Allemands  du  XVII  fiecle.  Il  enfeigna  l'Anatomie,    la  Botanique  & 
la  Pathologie  dans  l'Univ^rfité  de   Wittembcrg,  où  il  fut  enfin  nommé   à  la  pre- 
mière 


s    C    H  217 

Ij^iere  Chaire  qu'il  remplit  avec  autant  d'honneur  que  les  autres  qu'il  avoit  précé- 
demment occupées.  Schneider  mourut  l'Ancien  de  la  Faculté  le  lo  Août  t68o  ,  à 
l'âge  de  66  ans.  Il  a  écrit  un  grand  nombre  d'Ouvrages  dont  plufieurs  roulent  fur 
la  membrane  pituitaire  &  les  os  de  la  tête.  Une  erreur  ancienne  avoit  cours  de 
Ion  tems;  on  croyolt  que  l'humeur  catarreufe  diflille  du  cerveau  par  l'os  cribri- 
forme.  Il  Ht  voir  qu'aucune  liqueur,  pas  même  le  fang ,  ne  peut  palier  du  cerveau 
dans  les  narines  &  la  bouche ,  &  que  la  fource  de  l'humeur  catarreufe  eft  dans 
la  membrane  pituitaire.  Voici  le  Catalogue  des  Ouvrages  que  ce  Médecin  a 
ir.is    au  jour  ; 

Dlffcrtadones  ^naiomkce  de  partibus ,  quas  vacant ,  prlncipaîîoribus  ,  corde ,  capite ,  he- 
paie  ,  cum  obfervadonibus  ad  ^natomiam ,  necnoa  ad  ^rtem  medendi  pcninentlbus.  ff^^UtC' 
^-rg£  ,    1643  ,  inS. 

Oratlo  de  tequitate   &  jujîitiâ  Natura.    Ibidem ,   1646  ,    «-4. 

Oratio  de  bcllis  Natura.  Ibidem  ,  1646 ,  in-folio. 
.  Dij'pueadones  OJîcologic^  aliquot.  Ibidem,  1649,    '''■^• 

Dijfertatio  ^natomico-Chlrurgka  de  natura  ojjis  frontis  &  ejus  vulnerîbus  &  vhils,  Ibu 
d:m  ,  1650 ,  tn-4. 

'De  ojje  occipltls  i   ejuptem  vitiis   ac    vulnerîbus.  Ibidem.^    1653  ?    i«-8. 

Difputatlo    Mcdlca    ai^bjftbus   temporum.   Ibidem,  1653,  in-8. 

Liber  de  ojfe  cribrlformi ,  ǧ  fmfu  ac  organô  odorat ûs,  â?  morbis  ad  utrumque  fpec- 
tamibus  ,  de  coryyi  ,  hemorrhaglâ  narium  ,  polypô  ,  Jltrnutatione ,  amijjïone  odoratùSï 
Jflttebergx^  1655,  in-ii. 

De  Catarrhis  Libri  quinque.  Ibidem ,  i66o»i662  ,  //1-4.  Ce  n'eft  point  par  l'éten- 
due de  l'Ouvrage  qu'il  faut  juger  de  fon  mérite.  La  partie  Anatomique  eft  ce 
qu'il  y  a  de  mieux.  Du  refte  ,  l'Auteur  rappelle  la  mémoire  de  tant  de  vieilles  opi- 
nions qui  devraient  être  rayées  du  tableau  des  connoiflances  Médicinales  ;  il  eft  fi 
diffus;  il  multiplie  li  fort  les  citations  des  Ecrivains  Italiens  qu'il  fait  parler  à 
tout  iurtant  ;  il  dit  lui-même  fi  peu  de  chofes  neuves  ;  il  en  dit  tant  de  mauvaifes 
fur  la  doftriae  des  Catarrhes  à  travers  les  bonnes  qu'on  remarque  dans  ce  Traité, 
qu'il    l'a  rendu   tout-è-!a-fois  long ,  ennuyeux  &  obicur. 

Liber  de  Catarrhis  fpeclalljjimus.    ff^ittebergis  ,  1664 ,  £1-4.     ' 

Liber  de  morhis  capltis  ,  fia  ctephadàs  illls  ,  ut  vacant  ,  fuporofis»  Ibidem ,  1669  , 
ia.4. 

Liber  de  nova  graviffîmorvm  trlum  morborum  curatione  ;  de  ^poplexia  ,  de  Llpopfychîa 
g"  Paralyjî.  Francofurti ,   1672  ,  w-4. 

Liber  de  fpafmorum  natura  &  jubjectô.  JVlttebirg£  ,  1678  ,  ui-4.  11  y  a  beaucoup  de 
Théorie  Galénique  dans  cet  Ouvrage.  Suivant  notre  Auteur,  le  fpalme  n'efi  autre 
cliofe  que  l'eftort  de  la  faculté  confervatrice  qui  cherche  à  ledébarrafiër  de  ce  qui 
lui  nuit.  Vieux  langage  qui  ne  dit  rien  ;  mais  pour  avoir  plus  joliment  ha- 
billé certaines  Théories  modernes  ,  la  plupart  de  nos  Phyfiologiftes  en  difcnt-ils 
davantage  T 

SCHORER  ,    (  Gottlob  J  Do^ieur    en    Médecine  ,  étoit  de  Leipfic.   Il  exerça 
à  Lubeck  vers  l'an    1697;  ii   pafia  en  Livonie  en  1698  ;  il  fut  reçu    en  1705    dans 
FAcadémic  des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom  d'^^atkocles.  On  le  retrouve  à 
T  0  M  E     IV.  E  e 


«i8  S    C    H 

Leipfic  en  1707  ,  &  à  la  Cour  du  Czar  Pierre  I ,  en  1713.  Il  étoit  Médecin  cTe 
ce  Prince  qui  l'envoya  ,  en  1722  ,  au  lecours  de  les  lujets  ,  dont  le  nombre  di- 
miuuoit  tous  les  jours  par  les  ravages  d'une  maladie  qu'on  croyoit  contagieule. 
Le  territoire  de  Molcow  en  étoit  attaqué.  Schober  examina  l'état  des  choies  ,  & 
trouva  que  cette  maladie  dépen  lait  du  leigle  ergoté  &  de  la  graine  des  niel- 
les des  lîleds ,  qui  rendoient  la  farine  rnal  laine.  Les  Aftes  de  Leipfic  ont  donné 
l'Abrégé  d'une  Diflertation  publiée  à  ce  fujet  par  ce  Médecin  ;  mais  fon  goût 
pour  lobiervation  eft  allé  plus  loin,  car  il  a  enrichi  les  Mémoires  de  l'Académie 
Impériale  d'Allemagne  de  l'hilloire  des  cas  les  plus  importans  qu'il  a  rencontrés 
dans  la  pratique. 

SCHODER  (  Jean-Samuel  )  naquit  en  Allemagne  vers  l'an  1660.  Son  père  ,  qui 
étoit  Serrurier,  voulut  l'empêcher  de  s'appliquer  à  l'étude,  malgré    le    goût  &  les 
dilpolitions    qu'on    lui    retonnuifibit    pour   les   Sciences.    Le  jeune    Schoder  en  prit 
de   l'humeur  ;  &   comme  il  ne  le  lentoit  point   fait   pour    la  tbrge   &  l'enclume  ,  il 
quitta  la  mailbn    paternelle  ,   le   rendit  à  Nuremberg  ,  où  il  donna    un  libre  ellbr 
à  fon  génie.  De  celte   ville  ,  il  palla  en   1691  à  Altorf ,  fe  mit   fur   les  bancs  de  la 
Faculté  de  Médecine  ,  &  toujours  Ibutenu  par  les  libéralités  de  lés  protedeurs,  il  y 
obint  le  bonnet  de  Dodkur    en  1695.  D'abord   après  fa  prffeiotion ,  il    fit  de  pied 
le  voywge  de  Paris  ;   mais  la  difticuhé  de  fubfifter  avec   honneor  ne  lui  permit  pas- 
de  faire  un  long  féjour  dans  cette    Capitale  ;  il  s'y  rendit  une  féconde  fois  fous  les 
aufpices   d'une    meilleure  fortune  ,  &  il  acheva  de  s'y  perfedionner  dans  l'Art  qu'il 
avoit  embraflë.   En  retournant  en    Allemagne,  il  fe  maria  à  Sedan  &    conduifit  fa 
femme  à    Nuremberg,  où  il  s'établit  avec  elle,  &  le  fit  recevoir  Membre  du  Col- 
lège  de   Médecine   au  commencement  de  ce  liecle.     L'étude   &  les  malades  parta- 
gèrent tout  fon    tems  ;  heureux   s'il    en  fût  demeuré-là.   La   Bibliomanie  l'arracha 
tellement    à  fes    premiers  devoirs  ,   que  converl'ant  un  jour  avec   les  amis   qui  lui 
p;ir)oient  d'un     Ouvrage    qu'on   ne  trouvoit   nulle   part   que    dans   la    Bibliothèque 
d'Ausbourg,  il    quitta  brufquement   la    compagnie  ,   alla    de    pied    dans  cette    vil- 
le,  uniquement  pour  y   voir  le    Livre    dont   on  lui  avoit  parlé.   Il  ne  borna  point 
là   fa    fin^ularité.   Quelques  Juifs  ,  pour   l'éprouver  ,  tracèrent  fur    la    porte   de   fa 
mailbn  des  mots  écrits  en   Hébreu.  Schoder  ne    lavoit  pas  cette    Langue  ;   &  quoi- 
qu'il fût  déjà  bien   avancé  en  âge,  il   fe    mit   à  l'étudier  ,   fans  autre    objet    que 
celui    de    connoître   le    lens   des    mots    écrits  fur  fa  porte. 

Ce  Médecin  mourut  en  1740  ,  après  avoir  mis  au  jour  plufieurs  Ouvrages  fur 
l'Hillûire  &  les  Antiquités  Grecques.  On  en  fait  peu  d'eftime;  car  fon  ftyle  rebute 
par  fon  oblcurité.  Il  n'a  rien  publié  fous  fon  propre  nom;  ceux  de  Pandulphus 
Collenutius ,  de  Titius  ^nnius  Sotcr  ,  de  Cn.  Cincius  Fluminius  ,  furent  ceux  foufr 
lefqutls  il  aima  plus  à  fe  cacher:  &  pour  aftéifler  en  tout  de  la  fingularité, 
il  préféra  fou  vent  le  premier,  par  la  railbn  qu'un  Italien,  qui  portoit  ce  nom, 
avoit    été  pen.iu. 

SCHOLTZ  ,  f  Laurent  )  dit  de  Kofenaw ,  naquit  à  Breflau  le  20  Septembre 
1552.  11  prit  le  bonnet  de  Dofleur  en  Médecine  en  Italie  ;  &  à  fon  retour  en  Si- 
iélie    en  157g,  il  alla  faire  ia  prcfeffion  à  Freyftad  ,  enluite  dans  fa  ville  natale. 


s    C    H  sr^ 

où  il  mourut  le  22  Avril  1599,  avec  la  réputation  d'un  favant  Médecin  &  d'un 
habile  Botanifîe.  Ses   Ouvrages  font: 

H'jnus  Fratiflavite  fitus  «S?  rarioribus  plantis  conjïtus ,  carminé  celebratus ,  cum  Catalogo 
Sotanico.    Fratiflavite ,    15B7  ,  Jn-4.  C'eft   une  brochure  de  deux  feuilles. 

^pborifmorum  Medicinalium  ,  Theoreiicorum  &  Practicorum  ,  fe&ionca  o&o.  Ibidem , 
15B9,   in-H,    Francofurù  ^  1626  ,   in-ïi  &  in-i6. 

Catalogus  arborum  ,  fru&icum  ac  plantarum  ,  tàm  indigenarum ,  quàm  exoticarum , 
Honi   Fratijlavienjîs  ^    cum   addltionibiis.  FratiflaviiE  ^   1594»    '"''•4.^ 

Epijinlarum  P kilo fophic arum  ,  Mzdicarum  ac  Chymicarum ,  à  fummis  tetatîs  nojîra 
Philofophis  ac  Medicis  exaratarum  ^  volumea.  Francofurti ,  1598,  in-folio.  Hanovia , 
1610  f    iii'folio, 

Confiliorum  Medicinalium  ,  confcriptorum  à  prajlanùjfimis  nojlrorum  temporum  Medicis , 
Liber  (ïngularis.  Francofurti ,  1598?  in-folio.  Hanovite ,  16 10,  in-folio^  avec  l'Ou- 
vrage  précédent. 

SCHOLZ.  Voyez  SCULTETUS. 

SCHONBORN,  (  Barthélémi  J  de  Wittemberg ,  fut  reçu  DodeuT  de  la  Fa- 
culté   de  Médecine  de   fa  ville  natale   au  mois  de  Juin   1576.   On  a  de  lui  : 

Dialogus  de  pejie  ab  eo  ServeJttS  ^  grajjante  ibidem  pejîe  ,  annô  le^Mi  fchptus.  ff-lttc- 
berg£  ,  1613  ,  /n-8. 

SCHONEVELD,  (Etienne  DE  J  Médecin  natif  de  Hambourg,  fervità  la  Cour 
de  Jean- Adolphe,  Duc  de  Holliein-Gottorp ,  depuis  l'an  1600  jufqu'en  1616.  Il 
revint  alors  exercer  la  profeHion  dans  fa  ville  natale,  où  il  publia  quelques  Ou- 
vrages. Le  principal  eîl  fon  Ichthyologie ,  fur  laquelle  Linmsus  a  remarqué  qu'il 
avoir  tiré  beaucoup  de  fes  defcriptions  des  Traités  que  Rondelet  a  écrits  fur  cette 
matière.  Voici  le  titre   que    de  Schoneveld  a  donné  au  fien  : 

Jchthyologia  &  Nomenclatura  animaliam  marinorum  ,  fluviatilium  ,  lacuftrium ,  qu<e  in 
Ducatibus  Slefvici  &  Holfaiia;^  &  In  emporio  Hamburgo  occurrunt  trivialia.  Ac  plero- 
rumque  hacfenus  defideratorum  imagines,  brèves  defcriptiones  &  explicatlones.  Haniburgi., 
1624  ,  in-4. 

SCHONFELD,  (  ViifVorienJ)  de  Bautzen  dans  la  Haute  Luface ,  prit  le  bonnet 
de  Doé^eur  entKVIédecine  à  Marpurg  le  31  Mai  1555.  Les  preuves  qu'il  avoit 
données  de  fes  talcns  le  firent  fouhaiter  dans  l'Univerfité  de  cette  ville,  &  i!  y 
fut  reçu  au  nombre  des  Profelfeurs  dès  l'an  1558.  11  remplit  d'abord  la  Chaire 
des  AÎathématiques  ,  mais  il  pafia  à  celle  de  Médecine  qu'il  occupoit  encore  à 
fa  mort  arrivée  le  13  Juin  1591.  Il  a  lailTé  quelques  confultations  que  Laurent 
Schohi  a  inférées  dans  fon  Recueil ,  &  un  Livre  De  Dyfenteria  curatione  qui  fut  im- 
primé à  Fr^incfort  en  1584,  in-8,  , 

SCHC^OCKIUS  ("Martin^  eft  placé  dans  ce  Di<flionnaire ,  non  point  comme 
Médecin ,  car  il  ne  le  fut  pas ,  mais  comme  un  Savant  dont  les  connoiflanc^s  s'é- 
tendirent fur  beaucoup  d'objets ,    &  en  particulier   fur  ceux  qui  appartiennent  à  U 


420  S     C     B 

Médecine.  Il  naquit  à  Utrecht  le  premier  d'Avril  1614,  de  Gisbert  Schoock  &  àè 
Jeanne  F'an  F'oorfl.  Son  aïeul  maternel,  qui  a  pafTé  pour  un  prodige  de  mémoire  < 
lui  enleigna  les  premiers  principes  de  la  Langue  Latine  qu'il  alla  enluite  étudier 
dans  le  Collège  de  fa  ville  natale^  A  l'îlge  de  quinze  ans ,  il  paffa  à  Franequer  , 
où  il  fit  un  cours  de  Mathématique  &  commença  celui  de  Théologie  ;  mai?  per- 
fuadé  que  l'air  de  cet  endroit  étoit  contraire  à  fa  fanté ,  il  prit  le  parti  d'aller  à' 
Leyde  en  1632,  &  il  y  continua  les  études  de  Théologie,  en  même  tems  qu'il 
s'appliquoit  à  la  Philoibphie.  De  retour  dans  la  patrie ,  il  fut  témoin  de  l'éta- 
bliflemeat  de  l'Univerfité,  dans  laquelle  il  reçut  ,  le  premier,  le  bonnet  de  Maî- 
tre-es -Arts. 

En  lô^S,  il  fe  rendit  à  De  venter,  où  il  enfeigna  l'Hiftoire ,  l'Eloquence  &  la 
Géographie,  Deux  ans  après ,  il  alla  à  Groningue  en  qualité  de  Profelfeur  de  Lo- 
gique &  de  Phyfique,  &  ne  tarda-  pas  à  fe  déclarer  contre  la  nouvelle  Philofo- 
phie  de  Dcfcartcs  ;  mais  fur  les  plaintes  de  ce  Savant,  l'Univerfité  ordonna  à 
fon  adverfaire,  en  1645,  de  fe  dédire  de  tous  les  propos  outrageans  qu'il  avoit 
débités  contre  le  Philofophe  François.  Schoockius  quitta  Groningue  vers  la  fin  de 
fa  vie  qu'il  alla  terminer  à  Francfort  fur  l'Oder,  où  il  avoit  été  appelle  pour  en- 
feigner  l'Hiftoire.  Jl  y  mourut  en  1665,  à  l'âge  de  51  ans,  &  laifla  beaucoup 
d'Ouvrages,   dont    les  fuivans    appartiennent  au  fujet  que  je  traite  ; 

Dijfertatio  de  ovo    &  pullo.  UlirajeSf: ,    1643,  /71-12. 

Dijfertado  de   harcagis^    allas  halecibus  di&is.  Gronings ,    1649,  în-S. 

TraSfacus  de  Turffis ,  fia  ^ cefpUibus  bUumlnoJis  quorum  u/hs  in Hollandia.  Ibidem,  1658, 
J/1-12  ,  1668,   in-i2. 

Tra&atus   de  Butyro,  cum   Diatrlba  de  averfadone  Cafeî.  Ibidem^  1658,  1664,  m-12. 

Difqaijïdo   Phyjica  de  fignaturis  fmàs.    Ibidem^    1659,  fn-S. 

De  Cerevifia  Liber  ^  in  quo  omnia  ad  lllam  perdnenda  difcuduntur.  Cronlng<s^ 
i66r,  in  11. 

De  fermenta  &  fermcntaùone  Liber  ,  complectens  multa  Jïngularia^  fpcciatim  radonem 
coà'ionis   cibi  in  venir iculo.  Jbidem  ,   1663,  '"•12. 

De  Jierniitadone  Tra&atm.  ^mfielodami ,   1664,  //1-12.   Ibidem  ^  auciiar  ^  1666,  /n-S. 

SCHORER    CChriftophe  J)    naquit   le   2    Décembre   1618   à   Memmingen  ,   au 
Cercle    de    Suabe    dans    l'Algow.    Elle    IFaldner  ,    fon    aïeul    maternel ,  exerça  la 
Médecine.    Le  jeune    Schorer    prit   du    goût    pour    la    même    Sùpnce    qu'il    alla, 
étudier  à    Strasbourg  ,  où   il    fe    rendit    en    1639.   Il  s'y  appliqua  auffi  à  l'Aliro- 
nomie  ,   &    il   paroît-  qu'il  s'en  occupa   beaucoup  ;   car  il  compofa  un  Calendrier 
qu'il    publia    à   Strasbourg   en    1641  ,   &  qu'il  continua  de   donner  pendant  trente 
ans.  En   1643,  il    pafîa  à   Baie,  &   sprès   avoir    parcouru  la  Bourgogne   &  s'être. 
arrêté    quelque  tems    à    Montbelliard  ,    il   fe   rendit   à    Padoue  ,    où    il    fut   reçu 
Dofteur   en    Médecine   le   26    Mai    1654.    Il  ne  tarda  point  alors  à  revenir    dnns 
fa    patrie  ,    dont   il  fut  nommé   Phy'icien  ;  il  mérita  même    la    confiance  du  Duc 
de    Wirtemberg   &   de   plufieurs  autres    Seigneurs.    Ce  Médecin  mourut  le   12  Fé- 
vrier   1671  ,   &  lailia    beaucoup    d'Ouvrages   en    Allemand,   dont  les   prîncipaux 
roulent   fur   la    cure   préfervative  de    l'apoplexie  ,   fur  l'ufage    des    cautères  ,  fur- 
ies  moyens    de   perfectionner  la   pratique   de   la   Médecine    en   Allemagne  ;  &c. 


s     C     H  221 

SCHRADER  ,  fFréderic  )  fils  de  Chrijlophc  ,  Proft-nèur  d^Eloquence  à  Helm. 
ftadt  ,  naquit  dans  cette  ville  le  30  Juillet  1657.  Il  étudia  à  Wittemberg  ,  à 
Leiplic  ,  à  Heiaifladt  ,  à  Groningue  ,  à  Franequer,  à  L,eyde  ,  mais  ce  fut  dans 
les  Ecoles  de  la  dernière  Univerfité  qu'il  reçut  les  honneurs  du  Dovîlorat.  Il 
repafla  eniuite  à  Groninguc  ,  où  il  fit  la  Médecine  pendant  quelque  tems;  il  en 
fortit  en  1683,  pour  retourner  à  Helmfladt  or  profiter  des  avantages  qu'on  lui 
faiibit  ei'pérer  dans  rAcadcmiê  de  cette  ville.  Les  Chaires  de  Phyfique  &  de  Mé- 
decine ,  qu'il  y  remplit  fuccedlvement  -avec  honneur,  lui  méritèrent  beaucoup 
de  confidération  de  la  part  de  les  Collègues.  11  étoit  leur  Ancien ,  lorfqu'il 
mourut  le  22  Août  ifO-j-  La  plupart  de  fes  Ouvrages  confiflent  en  DifFertations 
Académiques. 

Dijfenatio  £piJîoUca  de  mlcrofcopîorum  ufu  in.  Naturali  Sckntîa  &  ^natomc.  Got- 
tïng£  ^    168 1 ,   /a -8. 

Dt  habitacuUs  aninandum.    Hdmfladii ,    1685,  //î'4. 

Ds  partu  dijjicUi.    Ibidem,   1683  î    <'i-4- 

uidditamenta   ad  Joannls   F'cflingii  Syntagma  .Anatomicum.    Ibidem,  i61'q'    in-/U 

Programma  de   nova  Methodô  Êotanicà.  Ibidem  ,    i6go  ,  in-^. 

De  vulnerum  cura.  Ibidem,    1695,  in-t^. 

Exercitadones  de  Jîgnis  Médias.    Ibidem,  1699,  /n.4. 

Il  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Jufie  Schrader  qui  étoit  d'Amlîer- 
dam,  où  il  publia  quelques  Ouvrages  de  Sylvius  de  Le  £oë  &c  de  Guillaume  Harvéê. 
Tels  font: 

Francifci  de  Le  Boë  Sylvii  Fraxeos  Médias  Liber  fecuadus ,  tertius  &  quartus.  ^mf- 
teîodami,   1674,  in-l2, 

Obfcrvadunes  &  hiftoria  omnes  f$  Jïngula  è  Guilielmi  Harvei  Libella  de  générations 
mimaliun  exccrpi<s ,  &  in.  accuraiijfmum  ordincm  redûd£.  Item  fP'ilhelmi  Lanelii  de 
gemratione  animalium  obfervadoncs  queedam.  ulccedunt  ovi  fœcundi  Jingulis  ab' incubations 
diebas  fa^a  in/peSiones  :  ut  &  Obfcrvationum  ^natomico-Medicarum  Décades  quatuor 
Denique  cadavcra  halfamô  condiendi  Mahodus.  Ibidem  ,  1674,  in-i2.  Son  attachement 
a  l'opinion  des  Ovariftes  l'engagea  à  bien  des  recherches.  Il  prétendit  d'avoir  ob- 
fervé  ,  lur  les  Ovaires  des  femmes,  autant  de  cicatrices  qu'elles  avoient  eu  d'en- 
fans.  La  prévention  peut  lui  avoir  fait  voir  ce  qu'il  n'eft  point  aifé  de  remarquer;, 
mais  s'il  a  mal  vu  ,  il  n'a  point  penfé  de  même  ,  au  jugement  de  ceux  qui  tien- 
nent encore  aujourd'hui  au  vieux  fyftême. 

SCHREIBER  (  Jean- Frédéric  J)  étoit  de  Konigsberg  ,  où  il  vint  au  monde  le 
26  Mai  1705,  de  Michel  Sckreiber ,  Doreur  en  Théologie.  Après  avoir  tait  iba 
cours  de  Phiioibphie  dans  fa  patrie  ,  il  fe  décida  pour  la  Médecine  ,  &  le 
rendit  ,  en  1726,  à  Francfort  lur  l'Oder  &  delà  à  Lcipfic,  où  il  fe  mit' à  étu- 
dier cette  Science.  11  ne  fit  point  un  long  féjour  dans  ces  deux  villes;  car  la 
réputation  du  célèbre  Bcerhaave  l'attira  bientôt  à  Leyde  ,  &  il  y  fit  dos.  pro, 
grès  fi  rapides  ,  qu'on  lui  accorda  le  bonnet  de  Doreur  en  1728.  Sa  1  hefè" 
inaugurale  ,  qui  eit  intitulée  De  Fletu  ,  eft  remarquable  par  une  nouvelle  Thione- 
qu'il  propofe  fur  la  caufe  de  la  douleur  &  fur  toutes  les  feciations  deia^rca' 
blés  de  rt,me.  * 


aaa  S    C    ïî 

Peu  de  tems  après  fon  Dodorat  ,  il  trouva  une  occafion  de  le  placer  en 
Rudîe.  Le  Czar  Pierre  II  avoit  befoin  de  fix  iVIédecins  pour  fes  Armées  ;  Sch. 
Tciber  foUicita  une  de  ces  places  qu'il  obtint.  Cet  emploi  lui  donna  le  moyen 
de  fc  faire  bientôt  connoître  dans  un  pays  ,  où  les  Savans  étoient  confidérés 
depuis  que  Pierre  le  Grand  y  avoit  mis  les  Sciences  en  honneur.  11  fe  fit  même 
tant  de  réputation  ,  qu'il  parvint  à  être  reçu  dans  l'Académie  de  Péiersbourg. 
Notre  Médecin  correfpondit  à  cet  honneur  par  les  Ouvrages  qu'il  mit  au  jour  ; 
il  en  auroit  publié  davantage  ,  (i  la  mort  ne  l'eût  arrêté  dans  la  brillante  carrière 
qu'il   couroit.  Ce  fut  le  ;  28  Janvier  1760  qu'elle  l'enleva  de  ce  monde. 

Outre  plufieurs  bonnes  Obiervaiions  qu'on  trouve  dans  les  A<ïles  de  Pétersbourg  , 
Schrelber  a  traduit ,  de  l'Anglois  en  Latin  ,  l'Olléologie  de  Clopton  Huvcrs  ,  &  la 
Myologie   de  Dow^las  qu'il  &  ornée  d'une  préface  de   fa  façon.  Il  a   encore  écrit: 

Corp'jris  ac  moîûs  coajiderario.  Petropoli  ^  1731  ,  /n'4. 

Blementa  Medicinte  Phyjico-Mathematica,  Lipjîts  ,  1731 ,  ia-8  ,  première  partie.  Plein 
dudefirde  procurera  la  Médecine  la  môme  certitude  qu'on  remarque  dans  les  Scien- 
ces exndtes,  il  adopte  par-tout  le  langage  des  Mathématiciens,  rejette  les  anciennes 
définitions,  &  leur  en  fubftituc  d'autres  plus  géométriques  qu'il  déduitde  la  ftruflure 
&  du  méchanilme  du  corps  humain.  11  ne  manque  au  projet  de  l'Auteur ,  que  d'être 
avoué  par  la  Nature  qui  le  couvre  quelquefois  d'un  voile  impénétrable  à  nos  yeux. 

Lpijîola  ad  ui.  Halleruin  de  mcdicamento  Joann<£  Stephens  contra  calculum  renum  & 
reficee  divulgatô  ,  &  incfficac'i  &  noxiô.  Gotiingm  ,  1744  ,  in-4.  Il  ne  blâme  pas  moins  tous 
les  Lithontriptiques  en  général  ,  que  le  remède  de   Mademoifelle  Siephens. 

ObJ'crvadoms  &  Co^kata  de  peJiUentia  quai  annis  1738  &  1739  in  Ucrania  grajfata 
ejl.  kerolini,  1744,1/1-8. 

Un  Traité  en  Allemand  fur  les  maladies  externes ,  à  la  tête  duquel  on  trouve 
des  principes  généraux  fur  la   Chirurgie.  Lcipfic ,  1756  ,  in-8. 

^Imagejtum  Medicam ,  Jntraducïio  PhyJioloj!,ia  Medica ,  pars  piima.  Lipfics  &  f^lett' 
n«?î  1757'  '""4-  11  y  traite  de  l'irritabilité  de  la  fibre  ,  prelque  de  la  même  manière 
que  M.  DeHalkr.  On  y  trouve  beaucoup  de  recherches  fur  la  nature  du  fang,  dans 
Jequel  il  admet  l'exiftence    du  fer. 

SCHREVELIUS,  (  Euvald  ^  Dofteur    en   Médecine,  étoit   de  La  Haye,  où 

il  naquit  en  1575  ^i  dans  une  famille  diRinguée.  Il  exerçoit  avec  réputation  dans  fa 
patrie  ,  lorfqu'on  l'appella  en  1625  à  Leyde  ,  pour  y  remplir  la  Chaire  vacante 
par  la  mort  d'^i^Uus-Everard  f^orjUus.  Ses  amis  travaillèrent  pour  qu'on  le  nom- 
mât en  même  tems  à  la  Chaire  de  Botanique  que  f^orjîius  avoit  occupée  avec  celle 
qu'on  dellinoit  à  Schrerellus  :  mais  les  Curateurs  de  l'Univerlité  la  donnèrent  au 
jils  de  f^orjiius ,  appelle  Adolphe  ,  qui  leur  repréienta  qu'il  feroit  honteux  pour  lui 
de  déloger  ,  avec  fa  mère  &  fon  ménage  ,  de  la  maifon  qui  efi  jointe  au  Jardin 
des  plantes  ,  où  fon  pcre  avoit  demeuré.  Curteeus  s'intérefTa  vivement  dans  cette  af- 
faire pour /^or//ius ,  qui  devint  ainfi  Profefiéur  ordinaire  en  Médecine  &  en  Bota- 
nique.  Schrevdius  fut  dédommagé  par  une  penfion  de  300  florins  ,  dont  il  fe  con- 
tenta. C'étoit  un  homme  accommodant.  Le  premier  rang  lui  étoit  dû  dans  l'Ecole 
de  Médecine  à  railbn  de  la  Chaire,-  mais  il  voulut  bien  le  céder  à  fon  allié,  Otlnm 


s    C    U  403 

ffeurnius  Profefieur  public  depuis  l'an  1602  ,  fans  néanmoins  confentir  que  celui-ci 
prît  le  titre  de  premier  Médecin  ,  ou  ,  comme  on  dit  dans  les  Univerfités  des  Pays- 
Bas  de  Profefleur  Primaire.  Cette  conduite  fit  honneur  à  Schrevelius.  1!  s'acquitta  de  - 
fes  'fonflions  pendant  environ  23  ans  ,  &  il  étoit  Refteur  de  l'Académie  de 
Leyde  en  1647  ,  lorlqu'il  mourut.  Son  corps  fut  inhumé  dans  l'Eglife  de  Saint 
Pierre     où  l'on  voit  fon  Epitaphe  conçue  en    ces  termes  : 

D.    O.    M.  - 

Et  Ewaldo  Schrivelio, 

Adriani  , 

Trîgefîmè  Hag<s  (  qu<e  Batavorum  uiula  ejl }   Confulata  gefiù 

Jnfignis  y 

Filio  : 

jin.  CI  3.  ID.  LXXf^.  ibidem  nato  : 

Smatori  &  Medico  : 

JDein  Medidna  in,   Leydenjî  ^cademia  Profeffbrî  Primarîo  , 

&  ReSoii  Magnlfico  : 
Singularl   doSfrlnây  virtute  ,  5?  prolixâ  in    omnes  comitate 

ClarlJJimo  ; 

Cui  in  vita  nihil  charius  ,   quàin  aVùs  eam  velut  dare  : 

Nihil  in  morte  jucundius ,  quàm  ad  mdlorem  &  immortakm  traafire  : 

^nnô  CID.    ID.  C.    XLVII.  denato. 

Maria  van  Swaenswyck 

(  Uxor   Marho  ) 

Et  Liberi  Parenti  duldjjïmo  ,  dejïderatijf. 

MœJiiJJlmi  H.  M.  P. 

Sic  TiBi  , 

Qui  nemini  gravis  vixifii  , 

Terra  Levis. 

M.  Paquot  ,de  qui  j'ai  tiré  cet  article  &  le  fuivanr  ,  a  fait  des  recherches  fur  les 
Ouvrages  de  ce  Médecin,  mais  il  n'a  pu  parvenir  à  en  connoître  aucun;  c'eft  ce 
qui  fait  croire  qu'il  n'a  rien  écrit. 

SCHREVELIUS,  (  Corneille  )  fils  de  Théodore  nu  Thierri  ,  alors  Principal  du 
Collège  de  Harlem  ,  naquit  dans  cette  ville  vers  l'an  1615.  Il  paffa  à  Leyde  ea 
1625  avec  l'on  père  ,  qui  en  cette  année  fut  nommé  à  la  Principalité  du  Collège  de 
la  même  ville  ,  &  il  y  fit  ion  cours  d'Humanités  fous  fa  conduite.  Il  y  étudia  en- 
fuite  la  Médecine  ,  il  y  a  même  tout  lieu  de  croire  qu'il  y  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  celte  Science  ;  mais  il  le  tit  plus  de  réputation  par  l'étude  des  Belles-Lettres 
que  par  l'exercice  de  fa  profeilion.  11  foUicita  &  obtint,  en  1642,  la  charge  de 
Redeur  ou  de  Principal  des  Ecoles  d'Humanités  de  Leyde,  que  fon  père  ve- 
noit  d'abandonner  à  raifon  de  fon  grand  âge,  &  il  la  remplit     avec  beaucoup  dm 


2^4  s    C    H 

zèle  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  ii  Septembre  1664.  On  a  de  lui  des  édiiioas  d'i%- 
were,  d'HéJîode,  de  Cicéron ,  d'Ovide  y  de  Claudien,  de  Firgile  ,  de  Martial,  de  /u- 
re/îa/,  de  /^er/è  ,  &c.  ,  à  la  plupart  defquelles  il  a  joint  des  notes  de  la  façon;  on  a 
encore  un  Lexicon  Grec  &  Latin  qui  a  été  pîufieurs  fois  imprimé  en  Hollande  ,  en 
Angleterre  ,  en  France  &  en  Allemagne.  SchreveUus  manque  de  goût  dans  les 
Ouvrages;  il  a  même  aflez  généralem^ent  paffé  pour  un  Critique  i'ans  exadtitude 
&  un  Compilateur  peu  judicieux. 

SCHllOECK  ,  (  Luc  )  fils  d'un  Médecin  de  môme  nom ,  qui  étoit  Phyficien 
d'Ausbourg  ,  naquit  dans  cette  ville  le  20  Septembre  1646.  Après  avoir  étudié  la 
Médecine  à  Jene  ,  où  il  fut  reçu  à  la  Licence  en  1669  ,  il  fit  divers  voyages  en 
Allemagne  &  en  Italie,  &  vint  enfuite  prendre  le  bonnet  de  Docteur  en  la  même 
TJnivcrfité  de  Jene  l'an  1671.  Décidé  de  fe  fixer  dans  fa  patrie ,  il  ne  tarda  pas  à 
s'y  rendre  ,  &  il  eut  l'avantage  d'y  voir  fes  talens  récompenfé»  par  les  charges  Se 
les  honneurs,  il  commença  par  être  Médecin  de  l'Hôpital  ;  place  qui  convcnoit  & 
bien  à  un  jeune  homme  plein  de  zele  ,  &  qui  fiatroit  fon  goût  pour  l'obfervation. 
En  1676,  il  fut  reçu  dans  l'Académie  Impériale  des  Curieux  delà  Nature,  fuus  le 
nom  de  Celfe  I ,  &  en  1678  ,  dans  ctlle  des  Ricovrad  de  Padoue ,  des  Phy(ïcocrl- 
dci  de  Sienne.  En  i68î  ,  on  le  nomma  Adjoint  de  l'Académie  Impériale,  Direc- 
teur des  Ephémérides  en  1685, &  Préfident  de  cette  Société  de  Savans  en  1693. 
11  fut  lept  fois  Doyen  du  Collège  des  Médecins  d'^iiisbourg.  Il  parvint ,  en  1712  , 
à  l'emploi  de  premier  Phyficien  de  cette  ville,  &  peu  de  tems  après,  à  celui  de 
Viiiteur  perpétuel  des  boutiques  d'Apothicaires.  Comme  il  remplit  toutes  ces  char- 
ges avec  diÛiniflion ,  il  mérita  pendant  fa  vie  l'eftime  de  fes  concuoyens  ,  ôj  à  fa 
roort  arrivée  le  3  Janvier  1730,  dans  la  84e-  année  de  fon  âge,  il  emporta  leurs 
regrets  dans  le  tombeau.  Comme  il  ne  laillà  point  d'enfans,Tl  légua  fa  Bibliothè- 
que, qui  étoit  nombreufe  &  de  grand  prix,  à  la  ville  d'Ausbourg  ,  &  cette  aug- 
nienîatiou  inattendue  enrichit  beaucoup  la  belle  coîleiiT:ion  de  Livres  que  cette  ville 
pofiédoit  déjà  à  l'ufage  du  public.    Les   Ouvrages  de  ce  Médecin  font  intitulés: 

Phurmacapcxla  Augujlaaa  rcfl'uuta  ,  five  ,  examen.  Animadverfîonum  in  Dlfp enfatorium 
uiagvjlanuni ,  ejufdemque  Manùjjani  Hermetlcam  Jmnnis  Zwdjftri,  ^u^ufta  Findelico- 
Tum^  1673,   1684,  1694,  in-4. 

iPharmacopœisi  Augujlaiiie  rcflituta  dcfcnjio.  Ibidem ,  1675 ,  Jn-4,  C'eft  une  réponfe 
S'JX  argumens  que  Frédcric  Hojfmana  avoit  mis  au  jour  ,  pour  défendre  la  caufe 
.de  Zu'dfer. 

M^nwria  jVelfchîana  ,  (îve  ,  F'ita  Gcorgii  Hieronimi    TFelfchiî.  Ibidem  ,  1678,  in-2. 

Hiftoria  Mofchi  ad  nonnam  Academlte  Curloforum  confcrlpta.  Ibidem ,  1682,  i/î-4., 
avec  figures.  Il  avoit  foutenu  une  Thefe  fur  le  Mufc  ,  pendant  le  cours  de  ie« 
études  à  Jene, 

Hygea  Jtuguftana ,  feu ,  Memoria  pecularls  CoUegil  Medicl  yfugujlani.  Ibidem,  1682  , 
4,1-4,  On  y  trouve  l'hiftoire  de  ce  Collège,  celle  des  plus  célèbres  Médecins  d'Auf^ 
bourg  ,  &  des  remarques  fur  le  parti  avantageux  au  public  ,  que  cette  Compagnie 
ja  tiré  des    bienfaits  qui  lui  ont  été  accordés. 

Continuailo  progrefsàs  AcademicE.    Nature    Curloforum.  NoribergiS  ,    l68g ,  m-4. 

■î'Iiarmacopma  Attgufiaiia  renovaîa.   Aagufifi  rindilicorum,  17 1 0, //i-/î///o.  L'Editeur 

JL 


s    C    H  225 

s  fait  plufieurs  corre(Sions  importantes  à  cette  nouvelle  Pharmacopée  d'Ausbourg. 
La  Médecine  ,  plus  fimple  aujourd'hui  dans  les  moyens  curatifs,  voit  avec  plaifir 
qu'on  travrille  à  bannir  des  dilpcnl'aires  ce  tas  énorme  de  formules  inutiles,  dent 
les  boutiques  des  Apothicaires  raffembloient  les  compofitions.  11  efl  un  choix  à 
faire  dans  les  Médicamens  ;  trop  d'art  dans  leur  combinaiion  ,  ne  butte  fouvent 
qu'à  en  augmenter  le  prix  &  diminuer  leurs  vertus.  Une  {implicite  plus  générale, 
mais  beaucoup  d'exaditude  ,  &  l'uniformité  la  plus  grande  chez  tous  les  Apothi- 
caires d'une  ville  y  efl:  le  vœu  des  Médecins.  II  eft  d'autant  plus  néceflkire  de  pref- 
crire  une  règle  à  ceux  qui  fe  mêlent  de  préparer  &  de  vendre  les  Médicamens  , 
que  dans  leur  profelfion  rien  ne  peut  être  arbitraire  ;  il  eft  néceflaire  encore  qu'on 
veille  à  ce  que  cette  règle  foit  bien  obfervée  &  qu'on  puniile  les  négligences  & 
les  défauts  des  Artiftes ,  parce  que  la  circonfpedion  de  leur  miniftere  doit  corref- 
pondre  à  la    confiance  du   public  qui  ne  connoît  rien  aux  drogues  qi,'on  lui  vend. 

SCHR.OEDEIt  (  Jean  J  naquit  en  Weftphalie  l'an  1600.  Il  s'appliqua  à  la 
Médecine  en  Allemagne,  en  Dannemarc,  en  France  &  en  Italie,  &  après  avoir 
pris  le  degré  de  Docteur  ,  il  remplit  pendant  quelque  tems  la  charge  de  Médecin 
dans  les  Armées  de  la  Couronne  de  Suéde.  Il  vint  enluite  s'étabhr  à  Francfort, 
dont  il  fut  nommé  Phylicien  ordinaire;  &  c'eft  dans  cette  ville  qu'il  finit  la  car- 
rière le    30  Janvier   1664.  On  a  de  lui  ; 

Pharmacopœia  Medico-Chymlca  ^  jh-e,  Thefaurus  Pharmacohgicus,  Ulma ,  1641,  1649^ 
1655,1662,  1705,  în-if,  Lugduni  ^  1649,  166^  ,  in-^^..  Franco/uni,  1669,  in-/^.  Ibidem, 
1677 ,  in-4  )  avec  des  correéïions  &  des  augmentations  par  Jean-Louis  If^it^el. 
Lugduni  Batavorum,  1672,  ia-3.  Noriniberge ,  1746,  in-folio.  En  Allemand,  Nurem- 
berg ,  1685 ,  in-4. 

Quercetanus  redivivus ,  hoc  efl  ,  ^rs  Medica  Dogmatico-Hermetica ,  tribus  Tomis  di  - 
gcfia.  Francofurd-t  1648,  1667,  1679,  in-^  On  a  augmenté  &  corrigé  la  dernière 
édition. 

La  Pharmacopée  de  Schroeder  étoit  bien  du  goût  du  célèbre  Boerhaave,  car  il 
en  parle  avec  beaucoup  d'éloge  dans  l'a  Metlwdus  ftudil  Medici,  où  il  l'annonce 
comme  uti  Ouvrage  dans  lequel  la  manière  de  préparer  les  remèdes  chymiques 
eft  traitée  avec  clarté  ,  lincérité  &  exadhude.  Mais  M.  de  Hallcr  en  parle  moins 
avamageuiement  dans  fes  notes  fur  la  Methodus  du  même  Boerhaave,  fon  Maîîre; 
il  taxe  Schroeder  de  trop  de  crédulité  &  de  penchant  pour  l'Alchymie.  Frédéric 
Hoffmann,  le  père,  a  travaillé  fur  la  partie  de  cette  Pharmacopée  qui  traite  des 
Végétaux.  Il  y  a  joint  des  notes  dans  un  Ouvrage  intitulé  :  Clavis  Pharmaceunca. 
Haie,  1675,  1681  ,  in-a^  Jean-Jacques  Manget  l'a  fait  paroître  à  Genève  en  1687, 
infolio,  fous  le  titre  de  Pharmacop<xa  Sclirodero-Hoffmanniana. 

SCHliOEER.,  (  Samuel  J  ^^  Bautzen  ,  Capitale  de  la  Haute  Luface ,  vint  au 
monde  le  14  Juin  i66g.  Il  étudia  la  Médecine  à  Leipfic ,  mais  ce  fut  à  Erford 
qu'il  reçut  les  honneurs  du  Doirtorat  en  cette  Science.  Sa  promotion  date  de  1694. 
Il  retourna  bientôt  après  à  Leiplic ,  dans  l'efpérance  d'y  obtenir  une  Chaire  dans 
ià  Faculté;  mais  fes  foUicitations  furent  inutiles,  &  il  dut  fe  borner  aux  Leçons 
privées  qu'il  fit  chez  lui.  11  palla  cependant  le  refte  de  la  vie  à  Leipfic ,  où  i} 
T  0  M  E    ir,  F  f 


525  S      C      ÎJ 

la  finit  le  ir  Mars  1716.  Ses  Ouvrages  confinent  en  des  Commentaires  Allemands 
fur  l'Alchymie.  On  a  encore  une  Difiertation  Académique  fur  la  nature  de  l'Opium, 
qui  a  paru    fous  différens  titres: 

Dijfirtatio  di  Opii  naturâ  &?  ufu  ,  ia  qua  demonftratur  Opium  ob  particulas  aciJo-vo~ 
lariles  edere  operadones.  Erfuni ,  1693 ,  i/i-4.  Libéra  in  naturam  OpU  inquijîdo,  Lipfie  , 
1696 ,    in-'Ô. 

SCEil'J.OETER,  fjeanj  de  Weimar  dans  laThuringe,  naquit  en  1513.  Son 
goût  pour  les  Belles-Lettres  &  la  Philolbphie  fe  développa  à  Naumbourg  &  à 
Wittemberg  ,  où  ilfe  diRIngua  par  les  fuccès  que  lui  mérita  une  application  tou- 
jours foutenue  par  le  delir  de  ftJre  mieux.  En  1545  ,  il  fe  rendit  à  Vienne  en 
Autriche  ,  d'abord  en  qualité  de  Régent  de  Collège ,  &  bientôt  après  comme  Eco- 
lier de  là  Faculté  de  Médecine.  Mais  il  quitta  l'Univerfité  de  cette  ville,  en 
1549,  pour  fe  rendre  à  Padoue ,  où  i!  demeura  jufqu'en  1551.  Il  revint  alors 
reprendre  le  fil  de  fes  études  à  Vienne ,  &  le  2  Janvier  de  l'année  fuivante ,  il  y 
fut  reçu  Dodeur,  Son  mérite  reconnu  lui  procura  bientôt  de  l'emploi;  il  obtint 
une  Chaire  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  &  la  charge  de  Médecin  de  Maximilien  , 
Roi  de  Bohême. 

En  1554  ,  Jean-Fréderic  il  ,  E'-e^eur  de  Saxe  ,  l'appella  à  fa  Cour  pour  le 
confultcr  fur  fa  fanté.  Mais  ce  Prince  mourut  avant  l'arrivée  de  Schroeter  ,  à 
qui  ce  voyage  ne  fut  cependant  point  inutile,  car  le  Duc  de  Saxe- Weimar  le 
nomma  Médecin  de  fa  perfonne  &  Profefleur  de  l'Univerfité  de  Jene.  Comme 
la  maladie  de  Jean-Fréderic  avoit  traîné  en  longueur ,  Schroeter  avoit  reçu  différens 
Mémoires  à  confulter  pendant  (on  iéjour  à  Vienne;  il  s'étoit  même  rendu  deux 
fois  en  Italie  par  ordre  de  cet  Eleéteur  ,  d'abord  pour  prendre  l'avis  des  Mé- 
decins de  Padoue  fur  fon  état,  &  enfuite  pour  demander  au  Doge  de 
Venil'e  les  palT^iports  nécefiaires  à  ce.  Prince  qui  comptoir  d'aller  aux  Bains 
d'Abano. 

Notre  Médecin  a  travaillé  avec  le  plus  grand  zèle  à  l'illuflration  de  l'Univerfité 
de  Jene ,  dont  il  a  été  dix  fois  Reéteur  ;  il  obtint  de  l'Empereur  Ferdinand  1  la 
confirmation  de  tous  fes  privilèges.  Mais  ce  qui  a  le  plus  contribué  à  la  réputa- 
tion de  cet  habile  Homme,  c'ell  la  juflefie  de  fon  coup  d'œil  i  on  prétend  qu'il 
lui  fuffifoit  de  voir  une  feule  fois  un  malade  pour  connoître  le  fonds  de  fon  état,. 
&  pour  faiûr  toutes  les  indications  qui  peuvent  en  réfulter.  Cette  admirable  faga- 
cité  lui  mérita  la  plus  haute  confidération  pendant  le  cours  d'une  vie  longue ,  que 
la  gangrené  au  pied  termina  le  31  Mars  1597, ,  à  \'^\ye  de  80  ans  ,  après  avoir 
enfe'gné  la  Médecine  pendant  trente  ,  dans  les  Ecoles  de  Jene.  II  laifla  trois  fils 
de  fon  fécond  mariage,  l'ainé ,  Jurifconfulte  ,  &  les  deux  autres  Médecins.  Il  Jaiffa 
suffi  quelques  Ouvrages,  dont  voici  les  titres: 

Typtis  ex  Hippocrate  ,  Gaknô  ,  aliifque  bonis  Operibas ,  per  quem ,  cognitis  ex  motu 
&  curfit  fvderum  mutationibus  anni,  uno  intuitu  de  futuris  indè  morbis  unufquifque  facile 
prtedicere  poterit.  Fienna  yiujhiis ,  1551  ,  in-2. 

Brevh  &  neceffaria  C^taginnis  &  pejlls    adambratio.  Jena,    1684,  in-^. 
Lpîjîola  ad  JujUium   Pet{oldum   de  morborum  malignorum  fui  tcmparis  curaiione.  Dans  le 
SLecueil  des  Lettres  Médicinales  publié  par  Laurent  SchoUi  à  Francfort,  1604,  in -4. 


s    C    H  227 

SCHROETFjR  ,  (  Philippe-JacquesJ  fils  du  précédent  ,  vint  au  mcnde  ^ 
Vienne  en  Autriche  le  B  Juillet  1553.  Il  étudia  la  Médecine  à  Jene  ,  où  fon 
père  enfeig^noit  alors  avec  réputation.  De  cette  Ecole  ,  il  palïa  fur  les  bancs  de 
celle  de  Padoue  ;  irais  il  reviht  à  Jene,&  il  y  reçut  !e  bonnet  de  Docteur 
le  9  Juin  1581.  Le  29  Mars  de  l'année  fuivante  ,  il  obtint  une  Chaire  dans 
rUniverfité  de  la  même  ville,  à  qui  il  fit  honneur  par  Tes  favantes  Leçons.  Son 
zèle  pour  l'infirudion  des  Ecoliers ,  fon  aifiduité  à  remplir  fes  devoirs  ,  lui  méri- 
tèrent les  regrets  de  fes  Collègue»  qui  le  perdirent  le  i  Juin  1617.  On  n'a  de  lui 
d'autre  Ecrit  que  fa  Thefe  Dù(florale,  De.  Febre    ardente. 

5CHiiOETER.,  ("  Jean-Fréderic  )  frère  cadet  d«  celui  dont  on  vient  de  parler, 
étoit  de  Jene    où  il   vit  le  jour  en  1559.  Comme  il   correipondit  parfaitement    aux 
foins  qu'on  prit  de  fon  éducation  littéraire  ,  &  qu'il  montra  toujours  la  plus  grande 
ardeur  pour  l'étude,  il  ne  tarda  pas  à  recevoir  les  m'arques  d'honneur  par  lefquelles 
on  couronne  les  travaux  Académiques.  Il   prit  le  bonnet  de  Maître-ès-Arts  à  l'âge  de 
17  ans  i  la  cérémonie  de  fa  réception  lé  fit  à  Jene  en  1577.  A  l'exemple  de  fon  père  &  de 
Ion  frère,  il  fe  décida  eniùite  pour  la  Médecine  qu'il  étudia  en  difîerentes  Univerfités. 
Les  Ecoles  de  Padoue,  de    Vienne  ,    de    Leipûc  ,   de  Jene    &  de    Bâle  ,  furent 
celles  où  il  s'arrêta  plus  long-tems  ;  mais  c'eft  dans  la  dernière  qu^il  obtint  les  hon- 
neurs du  Dodorat.  En  1583  ,  il     fut     nommé    Profefieur    de  la   Faculté  de  Jene , 
&  devint  ainli    le  Collègue  de  ton  père   &  de  fon  frère.  Cet  emploi  ne  fut  cepen- 
dant  point  capable  de  le    fixer  dans  fa  ville  natale  ;  il   lui  préféra  celui  de  Phyfi- 
cien  de  Bautzen  dans  la  Hawe  Luface  ,  &  il  alla  l'occuper   en  158B.  Tout  lui  rioit 
dans  fon  nouvel  établilltment.  Comme    il  rempliffoit  les  devoirs  de   fa  charge   à  la 
fatisfadlion  d'un    chacun,  il  jouilibit  de  l'eftime  générale,  &  avec  elle,  de  tous  les 
autres  agrémens  qu'il  pouvoit  fouhaiter  ;  mais  ces  avantages  ne  le  contentèrent  pas. 
11  fe  mit  en  tête   d'étudier    la  Jurifprudence  ,  &   à    cet  éftét,  il  fe  rendit  en    1593 
à  Jene',   d'où  il   alla    prendre    le    bonnet  de   Doftcur  à  Bâle  le  premier  de    Juin 
de  la   même    année.  Après    cette   nouvelle    promotion  ,  il  revint  à  Bautzen  ,  &  il  y 
fil  tour-à-tour  les  fonctions  de  Médecin  &  de  Jurifconfulte  ;  il  les  Ht  même  avec  affez 
de  diftinaion  ,  pour  que  diftérens  Princes  cherchaffent  à  l'engager  à  leur  fcrvice.  Sckroe- 
ter  ne  put  jamais  fe    réfoudre  à  accepter  les  partis  avantageux  qui   lui  furent  pro- 
pelés;  conmie  il  avoir  pris  ce  Vers  pour  fa  devife  .* 

Nemo  fit  alterlùs  qui  faus  ejfe  poteft  , 

il  en  fit  la  règle  de  fa  conduite  ,  &f  préféra  toujours  la  vie  privée  aux  con- 
traintes de  la  Cour.  C'eft  dans  ces  fentimcns  qu'il  paffa  une  vie  longue  ;  il  la  ter- 
mina le  II  Décembre  1625  ,  à  l'âge  de  «4  ans  ,  &  fut  enterré  avec  un  de  fei  fils. 
Viélime  de  l'amour  paternel,  il  contrada  la  maladie  de  ce  fils  chéri  à  qui  il  pro- 
digua fes  foins ,  quoiqu'il  fût  lui-même  épuifé  de  forces.  On  a  quelques  Ouvrages 
de  la  faconde  ce  Médecin: 

De  omnibus  in  univtrfum  totius  corporis  humani  humoribui  Liber.  Pâtavii  ,  1582  ? 
«7-4.  ♦ 

JDe  natura  &  origine  calidl   innatl.  Jene  ,  1583  ,  i/1-4. 


2i8  s    C    FT 

Commtntarlain  Librum  Bippocratîs  de  natura  humana.  fbidem ,  1585,  in  8,  Il  y  a- 
joint:  Dl^rejfio  de  pracipuh  illvjîrium  Fhilofophorum  ^  antè  Aiiftotdem,  clrca  prindpia 
generationîs  oplnionibas.  • 

SCHUCHMANN,  (  Chriftian  )  Membre  de  l'Académie  Impériale  des  Curieux 
de  la  Nature  ,  fous  le  nom  d'yElianus  ,  étoit  de  Salfeld  ,  petite  ville  de  Thurin- 
ge  ,  où  il  naquit  le  17  Novembre  1652.  Après  de  bonnes  études  ,  il  reçut 
les  honneurs  du  Do^orat  à  Ërfurt  en  1680,  &  delà  il  paflk  à  Ann-aberg  dans  la 
Haute  Saxe ,  où  il  remplit  les  devoirs  de  Phyficien  avec  beaucoup  de  réputation. 
Il  y  mourut  le  6  Ofkobre  1719,  &  ne  laiffa  d'autres  Ouvrages,  qu'un  Traité  en 
Allemand  qui  contient  la  delcription  des  Bains  de  Manenberg  dans  la  Mif- 
nie  ,  &  quelques  Obfervations  qu'on  trouve  dans  les  Mémoires  de  l'Académie. 
Impériale. 

SCHULTES.  Voyez  SCULTETUS. 

SCHULZE  (  André  )  étoit  d'Hambourg,  Il  prit  le  bonnet  de  Do^euf  etr 
Médecine  à  Bâle  en  1657  ,  mais  il  ne  fe  borna  point  à  cette  promotion  Aca- 
démique. Plus  emprefl'é  de  multiplier  les  grades  ,  que  d'acquérir  les  connoiflances 
qui  y  conduifent  ,  il  ie  fit  inlcrire,  en  1662,  dans  la  matricule  de  la  Faculté  de 
Droit  à  Franequer,  &  il  s'y  fit  recevoir  Dodeur.Il  étoit  déjà  Chanoine  d'Ham- 
bourg,'&  pour  cette  raifon ,  il  s'emprefla  de  revenir  dans  cette  ville,  où  l'on  im- 
prudence lui  occafionna  de  mauvaifes  alFaires  vers  l'an  1687.  Comme  il  avoit  l'ef- 
■prit  remuant ,  il  le  ligua  avec  le  parti  oppofé  aux  Magiftrats  ,  qui  le  condamnè- 
rent à  une  grofie  amende  &  l'obligèrent  de  fortir  du  territoire  de  leur  ville.  11  fe 
réfugia  à  Altena  &  il  y  finit  fes  jours  au  mois  de   Septembre   1691. 

SCHULZE  ,  fBalthafarJ  de  Greiffenberg  dans  la  Poméranie  Ultérieure ,  fufattaché 
à  Calimir,  Duc  de  cette  Province,  en  qualité  de  Médecin  ordinaire,  pendant  qu'il 
n'étoit  encore  que  Principal  du  Collège  de  Colberg.  Apparemment  qu'il  étudioit- 
la  Médecine  par  goût ,  &  qu'il  s'y  étoit  fait  de  la  réputation  avant  que  d'avoir 
pris  le  titre  de  Dodeur.  Il  alla  ù  Wittemberg  pour  le  recevoir  ,  &  il  l'obtint  le 
8  Septembre  1601.  De  retour  à  Colberg  il  fut  en  môme  tems  Principal  du  Col- 
lège &  Médecin  flipendié  de  la  ville.  Ces  deux  emplois  l'occupeietit  le  refle  de 
fa  vie,  qu'il  termina  le  27  Mars    1627,  à  l'âge  de  58  ans.  On  a  de  lui: 

Synopjîs  univerfe  Medlclius  duodeclm  Difputationibus  cxbibha.  Lipjîa  ,  ]6oi ,  H^8.  Ce; 
font  les  Thefes  qu'il  foutint  à  Wittemberg  pour  fon  Doctorat. 

Synopfis   Ulflorlis  Uaivcrfalis  de  mundo  ,  item  de  Jiomine.   ff^itteberga  ^  1606,  cn-i2, 

Confilium  Mcdicum  pro  curanda  valetudine.  Ibidem^  1606,  /n-12. 

SCHULZE,  (  George  )  Dodîeur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Leipfic,  exer- 
ça à  Caflel,  où  il  étoit  en  réputation  vers  l'an  1682.  Il  a  mis  au  jour  plufieursj 
Difi'ertations ,  ainfi  qu'un  Traité  en  Allemand  fur  les  Eaux  Minérales  de  Geifmasr 
dans  le  Landgtaviat  de  HelTe. 


s    C    H  aap= 

SCHULZE  (  Godefroid-Samuel  ^  naquir  à  Breflau  le  10  Avril  1643.  Comme 
fon  père  étoit  Profefleur  aux  Mathématiques  dans  le  Collège  de  la  Magdcleine  de  cette 
ville,  il  ne  manqua  rien  à  fon  éducation  littéraire,  parce  que  les  autres  Profefleurs, 
Collègues  de  l'on  père,  s'empreflcrent  à  cultiver  les  dilpofitions  d'un  élevé  en  qui  ils 
remarquoient  beaucoup  de  goût  pour  l'étude.  Ce  fut  fous  eux  que  le  jeune  Schul^e 
fit  les  plus  grands  progrès,  non  feulement  dans  les  Lettres  Humaines,  mais  encore 
dans  les  Langues  &  la  Philofophie.  Il  n'en  fit  pas  de  moindres  fous  fon  père  dans 
les  Mathématiques. 

C'eft  avec  ces  belles  difpofitions  à  l'étude  de  la  Médecine  qu'il  arriva  à  Leip- 
fic  au  mois  de  Mai  1666.  Après  y  avoir  féjourné  pendant  quelque  tems ,  il  paf- 
fa  à  Jene  où  il  demeura  jufques  vers  le  milieu  de  l'an  1671  ;  il  prit  alors  la  réfo- 
lution  d'aller  fe  perfedtionner  en  Italie,  &  il  s'y  rendit  par  Nuremberg,  Munich 
&  le  Tirol.  Padoue  eft  la  ville  qu'il  choifit  pour  achever  fon  cours  de  Médecine; 
&  comme  il  y  donna  des  preuves  d'un  favoir  fupérieur  dans  tous  les  exercices 
de  l'Ecole  ,  on  s'emprefl'a  à  lui  accorder  le  bonnet  de  Dofkeur  ,  qu'il  prit  le  14 
Odobre  de  la  même  année  1671.  Débarraffé  des  loins  qu'a  voit  demandé  fa 
promotion  ,  il  fe  dirpofoit  à  faire  un  tour  dans  le  refte  de  l'Italie  ,  lorfque  les  let- 
tres qui  lui  annonçoient  la  maladie  de  fon  père,  le  rappellerent  à  Brellau  ,  où  il 
arriva  heureufement  à  la    lin  de  Mai  1672. 

Le  plan  de  vie  que  Schul^e  s'y  propofa  de  fuivre,  fut  de  partager  tout  fon  tems 
entre  l'étude  &  les  malades;  mais  il  dut  bientôt  y  faire  quelque  changement,  parce 
qu'on  le  chargea  d'un  travail  auquel  il  ne  s'attendoit  point.  On  l'anbcia  à  quel- 
ques Médecins  de  Breflau  pour  recueillir  &  rédiger  les  obfervations  que  cette  ville 
fournilfoit  à  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  ;  la  manière ,  dont  il  s'acquitta 
de  cette  commiUîon ,  lui  mérita  une  place  dans  la  même  Académie  ,  où  il  fut  reçu 
au  mois  de  Juillet  1676,  fous  le  nom  d'^rcAe/ju.?.  Le  Préfident  F^olckamer  le  nomma 
Adjoint  en   1689,   ^'^^^   celui  d'Eginete. 

Les  connoiflances  que  ce  Médecin  avoit  des  Langues ,  fui  donnèrent  les  moyens 
de  travailler  à  la  traduflion  de  plufieurs  Ouvrages.  Outre  fa  Langue  maternelle 
&  la  Latine,  il  favoit  l'Hébreu,  le  Grec,  l'Italien,  le  François,  l'Anglois  &  le 
Hollandois.  A  ces  talens  ,  il  joignit  l'Hiftoire  Naturelle  &  l'Aftronomie  °  &  il  les 
pofleda  fi  bien,  que  l'Académie  Impériale  fit  le  plus  grand  cas  des  obfervations 
&  des  recherches  qu'il  lui  communiqua  lur  l'une  &  l'autre  de  ces  Sciences.  Mais 
cet  homme,  de  qui  la  Médecine  efpéroit  de  plus  grandes  chofes  pour  fon  avan- 
cement ,  n'a  rien  publié  de  Ion  propre  fonds  qui  loit  digne  de  remarque.  L'affoi- 
bliflement  de  fa  fanté  en  fut  peut-être  la  caufe.  En  eftet  ,  des  chûtes  réitérées 
lui  avoient  tellement  dérangé  la  conformation  de  la  poitrine  ,  qu'il  fe  trouva  très-- 
mal  à  l'aifc  du  côté  de  la  refpiration.  Son  état  empira  par  la  toux  vive  dont  il 
fut  attaqué  pendant  tout  l'hiver  de  1697 ,  &  cette  toux  le  conduifit  A  la  con- 
fomption  qui  l'enleva  de  ce  monde  le  14  Mai  de  Tannée  fuivante,  dans  la  56e-  de 
fon  âge. 

Quelques  Bibliographes  ont  confondu  ce  Médecin  avec  Godcfroid  Schul^e  ;  mais 
Gmge  Matthias  n'eft  point  tombé  dans  cette  erreur.  Suivant  lui,  ce  dernier  Schu\e: 
étoit  d'AItenbourg  en  Miinic.  Il  prit  le  bonnet  de  Doreur  en  Médecirc,  remplit 
la  charge  de  Phyficien  de  la  ville  de  Schmoellen  dans  le  Bailliage  d'AItenbourg^ 


2-,o  S    C    H 


•o 


&  fut  reçu,  en  1694,  dans  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom 
d'ytrclielaus.  C'eft  à  Godefrold ,  Ô?  non  point  à  Godefroid-Samuel ,  qu'appartiennent 
les  Ouvragî^s  fuivans: 

Dijfcrtatio  PhannaceudcoTherapeutica  de  naturaTincluris Bc^oardictB  Joannh  Michaëlis. 
HalliS  Suxoniae ,    1678  ,  in-8. 

Scrutlaium  Clnnabarinum.   Jindem  ,  16S0 ,  In-B. 

SCHULZE,  (  Jean-Henri  J  célèbre  Médecin  de  ce  fiecle  ,  étoit  de  Colbitz  dans 
le  Duché  de  Magdebourg  ,  où  il  naquit  le  12  Mai  16^7.  On  ne  dit  point  en  quelle 
Univeriité  il  prit  fes  degrés,  mais  on  fait  qu'il  enfeigna  dans  celle  de  Hall  avec 
beaucoup  d  honneur,  &:  qu'il  devint  Membre  de  l'Académie  des  Curieux  de  U 
Nature,  fous  le  nom  à''^Ucin£on.  C'étoit  un  vrai  Savant,  &  il  l'étoit  dans  plus 
d'un  genre.  Il  avoir  une  aflez  belle  colledion  de  Médailles ,  il  ne  manquoit  même  pas 
.de  connoilTances  à  cet  égard.  Il  lavoit  parfaitement  les  Langues  Grecque  &  Arabe. 
Jl  étoit  fort  inftruit  de  l'Anatomie ,  mais  il  ne  l'avoit  apprife  que  par  l'étude  des 
Auteurs  qui  ont  traité  de  la  ftru^flure  du  corps  humain;  faute  de  cadavres  ,  il  ne 
put  diflëquer  autant  qu'il  l'auroit  voulu.  Plein  de  goût  pour  le  travail  du  Cabinet, 
il  s'en  occupa  long-tems.  On  a  de  lui  beaucoup  de  Diflertations  intérelTantes  fur 
différens  points  de  Médecine,  &  quelques  Ouvrages  d'une  plus  grande  étendue. 
Tous  ceux  qu'il  a  écrits,  n'ont  point  paru  de  fon  vivant;  il  y  en  a  plulieurs 
qui  ne  furent  publiés  qu'après  fa  mort  arrivée  en  1745.  Voici  les  titres  des 
uns  &  des  autres  : 

Hijloria  Afedlclme  à  rerum  initio  ad  annum  Urbîs  Roit£  53g  dedu&a.  Lipp<e  , 
1728,  m-4.  Hal(e  Magdebur^icte  ,  1741  ,  in-8,  fous  le  titre  de  Compendium  Hijlor'ne 
Mcdicina  à  rerum  initio  ad  Hadrianl  excejfum.  Cet  Abrégé  content  quelques  traits 
qui  ne  fe  trouvent  pas  dans  le  premier  Ouvrage.  L'Auteur  a  prelque  toujours 
luivi  Daniel  Leclerc  ;  il  ell  vrai  qu'il  ne  s'eft  point  étendu  autant  que  lui,  mais 
Il  a  mis  un  meilleur  ordre  dans  ce  qu'il  a  donné.  A  certains  égards ,  il  a  pouffé 
fon  travail  au  delà  de  celui  de  Leclerc  ;  car  on  lui  doit  beaucoup  de  chofes  fur  la 
Médecine  des  Chinois,  des  Malabares  &  des  Egyptiens.  C'eft  dommage  qu'il 
foit  mort  avant  que  d'avoir  publié  l'Hiftoire  des  Médecins  Arabes ,  à  laquelle  il 
s'appliquoit  avec    d'autant  plus  de  fruit,  qu'il    étoit   au  fait  de  leur    Langue. 

.Excurfio  ad  fervl  Medici  apud  Grtccos  &  Knmanos  condltionem  eruendam.  Hala,  if.Sj» 
in'4.  Jamais  cOnféquence  ne  fut  plus  fauH'e  que  celle  qu'on  a  tirée  de  la  condition 
fervile  de  quelques  Médecins  de  l'ancienne  Rome:  parce  qu'il  s'eft  trouvé  des 
elclaves  qui  ont  exercé  la  Médecine  dans  cette  Capitale  du  monde  ^  on  a  conclu 
que  tous  les   Médecins  l'étoient. 

PraUStiones  de  viribus  &  ufu  medicamentorum  que  in  ojjicinis  Pharmacofolarum  parata 
proftant.  Norimbergce  ,  1736  ,  in-8. 

Dijfertatio  de  ^i/natomes  ad  praxim  chirurgicam  ntcejfnate.  Halx  ^  ïr37»'*'4 

DiJJenaciones  Medicts  &  Hiftnrica.    Ibidem^  1743)  ''**4« 

Tkerapeia  gêner alis.  Ibidem  ,  1746  ,  iu.8. 

De  Materla  Medicâ,  Ibidem  ^  1746,  in-S ,  par  les  foins  de  Strumpf^  geaàte  de 
l'Auteur. 

De  formulis  pnefcribendis.  Ibidem ,    1746  ,  ia-8. 


s    C     H  S3Î 

PhyflologlaMedka.  HaU  ^  1746,  m-8.    Il  luit  affez    les    fentimens    de   Boerhaave  , 
mais  ce  n'eft  point  fans  le  défier  de  tout  ce  qui  a  l'air  de  fyfiême. 
Patiwlugia  generalis-   Ibidem,  1747,  /ft-8. 
Piithologia  fpecialis.  Ibidem  ,  1747  ,  in- 8. 
Chirurgia  in  ufum  Auditorum  édita.     Ibidem  ,  1747  ,  trt-8. 
Fraktliunes  in  Difpenfatoriam    Brandenburgicum.  Nonmberga  <,  1752,  in-8. 

SCHULZE,  (  Jérôme^  de  Konigsberg  ,  où  il  naquit  le  19  Février  1610  , 
s'appliqua  d'abord  à  l'étude  du  Droit;  mais  un  fecret  penchant  la  lui  fit  abandon- 
ner, pour  fe  coDlacrer  tout  entier  à  la  Médecine.  Il  fut  reçu  M&ître-ès-Arts  dans 
fa  ville  natale,  le  11  Odobre  1636,  &  après  avoir  fréquenté  les  plus  célèbres 
Ecoles  d'Italie  ,  il  prit  le  bonnet  de  Dod^eur  à  Bâle  en  1638.  Malgré  le  droit 
que  lui  donnoit  fa  promotion  ,  malgré  l'étendue  de  i^s  connoiflsnces ,  il  ne  voulut 
point  encore  fe  permettre  ia  pratique  de  la  Médecine  ;  il  voyagea  en  France,  etl 
Angleterre,  en  Hollande,  pour  fe  perfectionner  dans  l'Aft  difficile  qu'il  avoit  em- 
bralfé.  A  ion  retour  à  Konigsberg  en  163g,  il  fut  reçu  au  nombre  des  Aîleflèurs 
de  la  P'aculté  ,  &  l'année  fuivante  ,  Vladiflas  ,  Roi  de  Pologne  ,  le  -uomma  fon 
Médecin  &  lui  accorda  un  appointement  confidérabie.  Schuî^e  fe  diflingua  dans 
cet  emploi.  Il  ne  fe  ht  pas  moins  d'honneur  dans  l'exercice  public  de  fa  prof.fiion, 
&  mourut  fort  regreté  le  ai  Avril  1660. 

On  trouve  plufieurs  autres  Médecins  du  même  nom.  Je  m'arrêterai  aux  fuivans. 
Joachim  Schul^e  fit  la  Médecine  à  Hambourg,  la  patrie,  vers  l'an  1618.  Simon 
Scimlic  ,  natif  de  Thorn  dans  ia  Pruffe  Royale  ,  fut  Médecin  ordinaire  de  cette 
ville;  il  y  mourut  le  sg  Juillet  1679  ,  à  57  ans.  On  a  plufieurs  Obi'ervaiions  de  ia- 
façon   dans  les  Mémoires   de  l'Académie    Impériale  des   Curieux  de   la   Nature, 

frauder  Schul^e  ,  Chirurgien  Hollandois  ,  publia  en  1673  '^  Relation  d'un  voyage 
aux  Indes  Orientales.  Mais  il  ne  s'eft  point  borné  à  cet  Ouvrage  ;  il  en  a  donné 
deux  autres  en  Hollandois  fur  des  matières  de  Chirurgie.  Le  premier  eft  un  Traité 
des  plaies  de  tête,  imprimé  à  Amflerdam  en  1694  ,  //i  8  ,  &  à  Roterdam  en  1726  , 
même  format;  il  a  aufli  paru  en  Allemand  à  Leipfic  en  i6g5,  ia-S.  Le  fécond  eft 
un  Traité  des  Tumeurs,  imprimé  après  fa  mort  arrivée  en  1704,  &  encore  en 
1727,  à  Roterdam,  deux  volumes  in-H.  L'Auteur,  animé  du  delir  de  Amplifier 
ion  Art,  biâme  le  trop  grand  ufage  des  incilions;  mais  fans  elles,  la  Chirurgie 
feroit  dun  bien  foible  iècours  dans  la  plupart   des  Tumeurs. 

SCHURIGIUS  ,.  (  Martin  )  Doreur  en  Médecine  ,  fut  nommé  à  l'emploi  de  Phy- 
ficien  de  la  ville  de  Drefde  ,  dès  le  commencement  de  ce  fiecle  ,  &  fe  fit  connoî- 
ire  dans  la  République  des  Lettres  par  les  nombreux  Ouvrages  qu'il  mit  au  jour. 
On  les  liroit  avec  plus  de  plaifir  &  de  fruit,  s'il  ne  les  avoit  pas  défi5:urés  par 
une  quantité  de  citations  &  de  longs  pafiages  d'Auteurs  qui  ont  écrit  en  Alle- 
mand ,  en  Itslien  &  en  Hollandoiî.  Comme  tout  le  monde  n'entend  pas  ces  Lan- 
gues,  le  mê'ange  qu'il  en  fait  avec  le  Latin,  rend  la  ledure  de  l'es  Ouvrages- 
extrêmement  rebutante.  L'Auteur  a  d'ailleurs  manqué  de  goût  dans  le  choix  & 
l'ordre  des  matières  qu'il  a  tirées  de  quantité  de  Livres ,  tant  anciens  que  moder- 
nes. Voici  les  titres  ibus  lefquels  les  Écrits  de  Schuri^ius  ont  paru ,-. 


232  S      C      II 

Spennatologla,  Jîve  ,  de  femlne  humanô ,  ejafque  natnrâ  &  ufa  ,  Jimulque  opai  gênera' 
dionis  peninens  ,  de   caftrationc  c?    de  Hcrinaphrodîtis,  Francofurti  ,  1720  , /H-4. 

Sialoloj^ia .,  Hiftoria  Medica^  faliva  humants  coajideratio  ^  ejus  natura  &  ufas  ,  Jîmul- 
que  morfus  brutorum  &  hominls   rabies.  Drefdis^  ''7'^?i  t  «'î-4- 

Chylologla ,  Chyll  humanl ,  five  ,  fucd  homînis  nutrh'd  confideratio  Phyjico-Medlco-Fo- 
tenjîs.  Ibidem ,  1725  ,  t/1-4. 

MuUebria  ,  hoc  eft  ,  partlum  genitalium  muUebrium  confideratio.  Drefdie  &  Lipfite  , 
Ï729,  m  4. 

Panhenologla  ,  hoc  eft  ,  vlrglnltath  confideratio  ,  quâ  ad  eam  pertinent  pubertas  & 
menftruatio  ,  necnon.  de  partium  muliebriuni  pro  virglnitatis  caftodiâ ,  &c.  Drcfd(S  &  Lip- 
fi<e  ,  1729,  2n-4. 

GyntECologia ,  hoc  eft  ,  congreftus  muîlebris ,  quâ  utriufque  fexâs  falacitas  6f  caftitai  , 
necnon  cactus  ipfe.,  ejuftjue  voluptas  ^  cuni  ohfervatlonibus,  Drefdce  &  Lipfite,   ij'^o ,  J/1-4. 

Syllepfîlogia ,  hoc  eft  ,  conçeptioals  muUebris  confideratio  Phyfico-Medico-Forenfis.  Drefdte  , 
1731  ,   m-4. 

Jimbryologia  ,  hoc  eft  ,  infantis  humant  confideratio.    Ibidem ,  17^2  ,  w-4. 

Llthologla  ,  hoc  eft  ,  calculi  humani  confideratio ,  quà  non  folàm  ipfius  gcneratlo  &c. 
fed  etiam  in  corpore  humano  affe&us  morbofi  exponuntur.  Ibidem  ,  1744  >  in-4. 

Hismathologia  ,  hoc  eft  ,  fanguiiis  confideratio.  Ibidem  ,  1744  ,  in-4.  Parmi  les  Obferva- 
tions  que  l'Auteur  a  recueillies  dans  ces  Ouvrages ,  il  y  en  a  qui  lui  font  propres  , 
&  un  plus  grand  nombre  qui  appartiennent  à  d'autres.  Il  y  a  joint  quantité  de 
queftions  alTez  frivoles ,  qu'il  décide  par  des  railons  plus  frivoles  encore  ;  en  géné- 
ral ,  cet  Ecrivain  peu  circonijpeéï  a  montré   bien  de  la   crédulité  à  certains  égards. 

SCHUYL,  C  Florent  J  Profefleur  de  Médecine  &  de  Botanique  en  l'Uni- 
verfité  de  Leyde  ,  Ce  fit  de  la  réputation  vers  le  milieu,  du  XVII  fiecle.  Il  ne 
manqua  pas  de  goût  pour  le  travail  ,  &  il  eu  laifia  des  preuves.  On  a  de  lui 
une  Traduction  Latine  du  Traité  de  l'Homme  &  de  la  formation  du  Foetus  par 
Z>efi:artes.  On  a  encore  : 

Catalogus  plantarum  Hortl  .Academicl  Lugduno-Batavi.  Lugdunî  Batavorum  ,  1652  , 
în-11.  Ibidem  ,  166S  ,  in- 11  ,  avec  V Index  plantarum  qiits  propè  Lugdunum  in  Batavis 
nafcuiitur.  Heidelbergte,   1672  ,  in-12.    En  Allemand,  Darmdadt  ,  1679  ,  /n-ia. 

Pro  veteri  Medicina  contra  D.  Le  P^aJJeur.  Lugduni  Batavorum  &  .Amftelodami  9 
1670  ,  in- 12. 

SCHWAMMERDAM.   Voyez   SWAMMERDAM. 

SCHWENCKFELT  ,  (GafparJ)  de  Greiffenberg  en  Siléfie  ,  exerça  la  Mé- 
decine  à  Gorlitz  ,  où  il  mourut  au  mois  de  Juin  1609.  Malgré  les  occupation^ 
que  lui  donnoit  l'emploi  de  Phyiicien  de  cette  ville  ,  &  une  pratique  d'ailleurs 
nombreufe  ,  il  fut  tellement  ménager  fon  tems  ,  qu'il  trouva  celui  de  compofer 
les  Ouvrages  dont  voici  les  titres  : 

Tliefaarus   Pharmaceuticus  ,"  medicamentorum  omnium  feri  facultates    &  praparatinnee 
continens ,    ex    probatijfimis   quibufque    ^utoribus    colleclus.  ^djeclus    eft  Cuil.  RondeletU  . 
TraSlutui  de  Succedaneis.  Bafilea^  1587  ,  m-8.  Francofurti.,  1680,  in-B. 

jStirpiaiu 


s    C    H  2- 

Stirplum  S?  FoJJllium  Sihjia  Catalogits.  In  quo  prater  etymon  ,  natales ,  tempus ,  natura 
S*  v/rcî  cam  varils  experimentis  ajji^nj.ntar,  L'-pjits ,  1600,  in-^. 

Thcriotropkeiun:  S',leji£.  In  quo  anima'ium,  hoc  eft ,  quadrupednm  ^  reptlUum,  arium  ^ 
p'ifcium  &  infe^orum  natura ,  vis    ac  ufus  per/^ringltur.  Lignlcii ,  1(^03  ,  /n-4. 

Defcriptio  S*  ufus  Thermarum  H'rsbergenjiant.  Cuî  acccdit  de  ^luis  Mïmralibus  c? 
Thermis  ferlnls  ihjîruclio  gcneral'is.  Gjrlicii^  '6of  >  In-S. 

SCHYN,  f  Herman  )  Hoîlandois  qui  a  écrit  l'ïliftoire  des  Menoonites ,  eft 
cité  par  M.  Puquot  dans  fe»  Mimahes.  Cet  Auteur  croit  qu'il  naquit  à  Amflerdam 
vers  le  milieu  du  XVII  (iecle  ,  &  il  ajoute  qu'il  s'appliqua  dans  fa  jeunefTe  à  la 
Médecine,  qu'il  prit  eniuite  l''  bonnet  de  Docteur  en  cette  Science,  &  qu'il  le  Ht 
coucher  fur  la  jiite  des  Médecins  Praticiens  d'Anifterdam  en  1682  Son  attache- 
ment à  la  Sec^e  des  Menoonites  lui  mérita  d'en  être  le  Prédic.nt  :  mais  il  n'aban- 
donna point  pour  cela  fa  proFenioa  de  Médecin  ,  qu'il  continua  jofqu'à  fa  mort 
arrivée  en  172S,  dans  un  âge  fort   avancé. 

SCHYRON,  rJean  )  que  o'autrcs  nomment  SCUTR.ON' ,  parce  qu'il  fignoit 
ainii  lui-même,  étoit  d'Andolc  dans  le  Diocefe  de  Nifmes.  Selon  uijîruc  ,  il  fut  reçu 
Docteur  de  la  Faculté  de  Montpellier  en  1520,  &  ne  tarda  point  à  obtenir  la  Chai- 
re vacante  par  la  mort  de  Pierre  Tremob^r.  Une  promotion  auffi  prompte  fait  cro  re- 
que  .ScAyroft  avoir  long-tcms  fréquenté  les  Ecoles  &  qu'il  étoit  déjà  avancé  en  âge  ; 
car  Strobelberger  alTure  qu'il  mourut  dans  une  extrême  vieillefle  en  1556.  II  vivoit 
encore  lorlqu'ou  mit  la  dernière  main  à  l'Amphithéâtre  que  Henri  if  fit  conflruire 
aux  Ecoles  de  Médecine  de  Montpellier  en  la  même  année  ,  puii'qu'au  bas  de 
i'Infcription  qu'on  appola  à  cet  édifice  ,  on  y  lifoit  ; 

CURANTIBUS 

JOANNE  SCHYRONIO,   AnTONIO  SaPORTA  , 

GUILLELMO   R.ONDELETIO  ET  JOANNE  BoCATIO. 

C'étoient  fes  qi-atre  Profeficurs  Royaux  de  ce  tems-là. 

Schyron  eut  de  la  réputation  &  fit  figure  entre  les  Médecins  de  fon  fiecîe.  En 
>Joverobre  1530  ,  il  préfida  au  Baccalauréat  de  Rabelais  qui  parle  de  lui  d'une 
manière  honorable  dans  fon  Pantagruel,  quoiqu'en  badinant  félon  fa  coutume  II  fut 
élu  Chancelier  de  la  Faculté  en  1539,  à  la  mort  de  Gilbert  Griffi  ,  &  i]  fut  ap- 
pelle en  1540  par  Henri  d'Albret ,  lècond  du  nom.  Roi  de  Navarre,  &  par 
TVIarguerite  d'Angoulêmc  ,  fœur  de  François  I ,  fa  femme  ,  qui  l'honorèrent  du  titre 
de  leur   Médecin. 

On  n'a  qu'un  Ouvrage  de  ce  ProfelTeur,  intitulé:  Methodi  medendi,  Jîve,  infiitutla- 
n'.s  Medicince  fdciendce  ^  und  cum  traStata  de  curctione  febrium  putrldarum  ^  Libri  quatuor 
'  C'eft  un  volume  in- 16  que  Jean  Bleiin  ,  neveu  de  l'Auteur  &  Doéîcur  de  Mont- 
pellier ,  fit  imprimer  dans  cette  ville  en  1609.  Lipenius  cite  une  édition  de  Genève 
1608,  même  format,  &  il  y  en  a  encore  une  de  1623.  Suivant  l'ulage  obfervé  du 
tems  de  Schyron ,  il  retnplit  ce  Traité  de  Recettes  ,  mais  elles  font  un  peu  moins 
chargées  de   remèdes  bizarres ,  que  celles  des  Médecins  du    Oecle  précédent.  A  la 

TOME    Jr,  G  s 


254  s    C    L         s    C    R 

fin  de  l'Ouvrage  ,  on  trouve  une  efpece  de  Matière  Médicicalc ,  fous  le  titre  de 
TraSlatus  de  medicamentis  tùm  Jîmplicibus  ,  tùm  compnjïtis ,  in  plurcs  clajfes  digeJUs.  C'é- 
toit  alors  le  rrgne  de  la  Polypharmacic.  On  n'étoit  point  encore  alTez  perfuadé 
que  la  conno.lCince  des  maladies  &  de  leurs  caules  fait  l'eflentiel  de  notre  Art  ,  & 
que  Se  Médecin  qui  eft  bien  au  fait  des  maux  qu'il  doit  traiter  ,  n'eft  jamais  em» 
barraflë  d'y  trouver  des   remèdes    convenables. 

SCLANUS.    Voyez  SALVUS  SCLANUS. 

SCRIBONIUS  LARGUS  ,  Médecin  qui  vécut  dans  le  premier  fiecle  ,  fous 
l'empire  de  Claude ,  gagna  des  fommes  confidérables  par  les  différentes  efpeces  Àjt 
niédicamens  qu'il  inventa  ou  qu'il  recueillit  de  la  pratique  des  autres  perfonnesde 
l'Art.  On  fait ,  en  particulier  ,  qu'il  le  donna  beaucoup  de  mouvemens  pour  avoir 
la  compofition  du  remède  de  Pacchlus  ^ntiochus ,  &  Ton  voit  delà  que,  du  tems 
de  Scribmius^  bien  des  Médecins  avoient  leurs  formules  qu'ils  tenoient  cachées. 
Notre  Auteur  n'en  agit  point  ainfi  ;  il  mit  au  jour  les  fiennes  entre  l'an  43  &  l'an 
48  de  falut  i  &  quoiqu'elles  fuiïènt  pour  la  plupart  vaines  ou  luperftitieufts  ,  elles 
furent  d'autant  mieux  accueillies,  qu'il  alfura,  en  les  publiant,  qu'elles  avoient  eu 
les  plus  heureux  fuccès.  11  afficha  d'ailleurs  des  fentimens  ii  honnêtes  ,  qu'il  ne 
put  manquer  d'être  cru  iur  fa  parole.  C'eft  moins  l'appas  du  gain  ,  ou  l'amour  de 
ta  gloire,  dit  il ,  qui  l'ont  engagé  à  donner  les  remèdes  au  public,  que  la  fatisfac- 
tion  d'être  verlé  dans  la  Médecine.  Il  ajoute  même  qu'il  ne  connoît  rien  de  plus 
grand,  &  qui  rapproche  davantage  l'homme  de  la  Divinité  ,  que  de  conlerver  la 
vie  à  quelqu'un,  que  d'entretenir  fa  fanté  en  vigueur,  que  de  rétablir  celle  qui 
eft  altérée.  Mais  à  travers  toutes  ces  bonnes  intentions  ,  Freind  &  plufieurs  autres 
n'ont  vu   qu'un  Empirique  dans  la   perfonne  de    Scribonius    Largas. 

Son  Recueil  de  Médicamens  eft  fouvent  cité  par  Galien.  L'Auteur  l'avoit  dé- 
dié à  Julius  CaUiJUus,  celui  de  tous  les  Affranchis  de  Claude  qui  étoit  le  plus  en 
faveur.  Ce  n'eft  pas  feulement  par  cette  dédicace  qu'on  peut  juger  du  tems  auquel 
Scribonius  a  vécu;  cet  Auteur  parle  de  Meffaline  &  de  Claude,  dans  un  endroit 
de  Ion  Recueil,  d'une  manière  qui  ne  permet  pas  de  douter  qu'il  n-'ait  écrit  fous 
leur  règne.  Après  avoir  donné  la  defcription  d'un  dentifrice  ,  il  ajoute  :  Mejfalina 
Dei  nojlri  de/uris  kôc  utitar  :  Meffaline  l'époufe  de  notre  Dieu  Célar  en  fait  ufage  : 
expreflion  qui  ne  permet  point  de  douter  que  cette  Piinceffe  vivoit  encore  ,  confé- 
quemœent  qui  prouve  que  Scribonius  écrivit  avant  l'an  48,  qui  eft  celui  que 
Meffaline  fut  mile  à  mort  ,  à  caufe  de   fa  lubricité. 

Scribonius  étudia  fous  Triphoa  &  ^puleius  Celfus  ^  in  fut  grand  partifan  du  fyftô- 
me  d'^fcUpîade-,  ce  qui  le  rapproche  un  peu  de  la  Se^e  méthodique  à  qui  les 
opinions  de  ce  dernier  ont  donné  lieu.  Le  Recutil  de  notre  Auteur  contient 
beaucoup  de  remèdes  externes  ou  Chirurgicaux  ,  mais  en  même  tems  un  plus 
grand  nombre  d'mternes  ;  &  c'eft  à  tort  qu'on  a  conclu  des  premiers  ,  que  Sert- 
èonws  étoit  Chirurgien  &  non  point  Médecin.  11  étoit  l'un  ôj  l'autre,  puifqu'il 
dit  lui-même  qu'il  a  cru  ne  pouvoir  rien  faire  de  mieux  que  de  fe  rendre  habile 
dans  toutes  les  parties  de  l'Art  ,  qu'il  cxercoit  déjà  ious  le  tegne  de  Tibère. 
L'Ouvrage  qu'il  a  écrit  a  été  imprimé  plulicuri  fois  fous  ce  titre  ; 


s   C    R  »:,5 

De  compofutone  meiîcamentorum  Liber.  Bafilea ,  içig  ,  fn-S ,  par  les  foins  de  Ruel. 
f^metiis ,  1547,  in-folio,  parmi  les  Medicte  u4riis  Principes.  Lutctice  ,  1567  ,  in-foiio. 
Patavii  ,  1655  ,  in-4 ,    avec  Jes  notes  de  fean   Rhodius. 

Quelques  Savans  ont  cru  que  ce  Traité  de  Scribonius  avoit  été  écrit  en  Grec  » 
&  que  le  Livre  que  nous  avons  en  Latin  n'eft  qu'une  traduflion  ,  qui  a  même 
été  faite  long-tems  après  la  publication  de  l'Original.  Mais  ce  fentiment  ne  s'ac- 
corde pas  avec  ce  que  l'Auteur  dit  à  Calliftius;  car,  après  l'avoir  remercié  de  la 
bonne  volonté  qu'il  a  toujours  eue  pour  lui  ,  il  le  remercie  encore  d'avoir  faifi 
l'occalion  de  le  fervir ,  en  préfcntant  à  l'Empereur  fes  Livres  de  Médecine  écrits 
en   Latin  :  Scripta  mea  Latlna  Mediclnalia. 

«•«"Ce  qui  a  donné  lieu  de  croire  que  nous  n'avons  qu'une  traduction  de  l'Ouvrage 
de  Scribonius,  c'eft  que  le  Latin  ne  répond  pas  à  la  pureté  que  cette  Langue  con- 
fervoit  encore  du  tems  de  Claude.  Mais  Rhodius  a  d'une  certaine  façon  démontré 
qu'on  s'eft  trompé  à  cet  égard,  &  que  notre  Médecin  a  tout  l'air  d'un  original, 
quoique  le  langage  ne  foit  pas  tout-àfait  audi  pur  que  celui  de  Cdfe  qui  avoit 
écrit  peu  de  tems  auparavant.  Cela  prouve  feulement,  félon  Rhodius,  que  ceux 
qui  vivent  dans  le  même  fiecle,  ne  parlent  pas  toujours  également  bien.  MarfiUo 
Cagnaii ,  favant  Médecin  de  Vérone  ,  eft  du  fentiment  de  ce  dernier  Auteur.  M, 
Goulia  a  renchéri  fur  tout  cela.  Il  remarque,  dans  fes  Mémoires,  que  Scribonius 
défigne  beaucoup  de  maladies  fous  leur  dénomination  Latine,  &  qu'il  fait  fuivre 
le  terme  Grec  ,  en  ajoutant  Gr^ci  vacant  ;  or  (i  ce  Traité  n'étoit  pas  original  ,  le 
Traducteur  auroit  fuivi  une  autre  marche  ;  il  auroit  préfenté  d'abord  le  nom  Grec 
de  la  maladie ,  &  il  auroit  ajouté  ,   les   Latins  l'appellent  ainfi. 

Quant  à  la  perfonne  de  Scribonius,  il  eft  tout  vraifemblable  qu'il  eft  né  dans  le 
fein  de  l'Empire  Romain  ;  mais  quand  on  fait  attention  à  fon  ftyle ,  on  ne  fauroit 
guère  fe  perluader  que  c'eft  un  Romain  de  race  diftinguée.  M.  Goalln  ajoute  qu'il 
eli  plus  ditiicile  encore  de  croire  qu'il  ait  été  de  la  famille  Scribonia,  quand  on  fe 
r;;ppelle  les  éloges  qu'il  donne  à  CallijHus,  les  fervices  qu'il  en  a  reçus  de  tout 
tems,  la  cour  qu'il  paroît  lui  faire,  l'afléflation  qu'il  montre,  lorfqu'il  nomme 
l'Empereur ,  d'y  joindre  les  mots  Deo  &  divinis  manibus  ;  tout  ceci  n'annonce  guère 
un  homme  de  la  famille  Scrlbonia,  alliée  à  celle  de  Pompée  &  d'Augufte,  à  moins 
que  ce  ne  foit  peut-être  par  adoption.  N'annonceroit-il  pas  plutôt  un  Affranchi  , 
ou  le  fils  d'un  Alfranchi,  qui  chercheroit  à  s'étayer  dans  le  pofte  où  il  étoit  ?  Mais 
quel  étoit  ce  pofte?  Seroit-ce  le  tromper  que  de  conjeflurer  qu'il  étoit  Médecin 
militaire,  ou  à  la  fuite  de  quelques  Légions?  Car  il  obl'erve  lui  même  qu'il  eft  tou- 
jours en  voyage  ,  en  route ,  fumus  enim  f  ut  Jcis  )  peregrè. 

Il  eft  parié    d'un  Scribonius  dans  l'Infcription  fuivante ,  &  Rhodius  croit  que  c'eft 
le   même  dont   il  s'agit  dans  cet  Article  ; 

ScRIBONI.<E     JUCUND^ 

L.  Scribonius     Asclepiades 

UxORI    STATUIT. 

Je  ne  me  lafle   point  de    témoigner  la  rcconnoiffance  que  je  dois  à  M.  Goulin  ; 
comme    il    eft    uij    guide  sûr ,  je  n'ai  mr.nqué    aucune    occafion    de  profiter    de* 


a-6  S    C    R. 


•j 


favaotcs  difcuflions  qu'on  trouve  dans  fes  Mémoires.  C'efl  pour  fcrvîr  à  l'Hiftoire 
de  la  Médecine  qu'il  les  a  publiés;  &  delà  je  luis  porté  à  croire  qu'il  ne  trouvera 
pas  mauvais  que  ceux  qui  travaillent  fur  cette  Hiftoire  ,  emichiiient  leurs  Ouvrages^ 
de  les  connoifiances. 

SCUII30NIUS,  (  Guillaume-Adolphe  )  PhiloPophe  &  Médecin  du  XVI  fiecle,. 
étoi;  de  Marpurg  Grand  partilan  de  Ramus^  il  niit  de  la  Logique  juiques  dans 
les  choies  que  l'expérience  démontre  beaucoup  mieux  que  le  raiibnnement  ;  mais 
il  abula  de  la  i'ubtilité  de  ce  raiibnnement,  lorlqu'il  l'employa  à  exciter  les  Juges 
à  lévir  contre  les  lorcicres,  &  à  faire  voir  qu'on  pou  voit  légitimement  avoir  re» 
cours  à  Iv preuve  de  l'eau,  yoi-î  lever  les  doutes  qui  refioient  à  éclaircir  fur  la 
qualité  de  ces  femmes  inuécjlles  qi.'on  accufoit  de  lortilegc.  Telle  fut  la  crédulité- 
dc  nos  pères ,  qu'ils  employèrent  l'eau  &  le  feu  pour  prouver  le  crime  &  Hn-^ 
nocence. 

Sciib:in.lus  ne  s'eft  point  borné  à  foutenir  fes  opinions  de  vive  voix ,  il  les  a 
miles  au  grand  jour  ,  par  la  voie  de  l'imprcflion  ,  dans  les  Traités  fuivans  : 
,  Jdca  Medicin.ce  fecundùm  Logccas  leges  iaformandie  &  dzfcribendcc.  Cui  ccctjjit ,  de. 
înfpe^ione  urinarum  contra  eos  qui  ex  quulibet  urina  ^  de  quolibet  morbo  judicare  volunt- 
Jtem  de  Hydrope ,  de  Podagra  &  Dyfenteria ,  Fhyjîologia  corporis,  Lemgovits.,  1584  , 
in-8.  Ba.jilc£,  15H5  ,  </i-8. 

De  Sagarum    natura  &  potejlete  ,  deque  his  reSiè  cognofcendis  &  pvniendis ,  Phyfiologîa. 
'  Ubi  dz  purgatioae  earam  per  aquam  frigidam  ,  contra  Joannem  Ewichium   in.  Republica 
Bremenjî ,   &    Henricura   Neuwaldum  in   ^cadtmia  IIelnia:Jiadienji ,   Doclores    Medicos 
&   ProfeJJbres.   Hclmftadii  ^  1584,  i«-4.  Marpurgî ,    1588,  in-8. 

Rcfponjîo  ad  examen  veritatis  de  purgatione  Sagarum  per  aquatn  frigidam.  Franco- 
fur  ti.,    1590»  ^'^'^^ 

SCRIGIAH  AL-MALATHI,  Auteur  Arabe,  a  écrit  une  Hiftoire  des  Méde» 
cins  &  de  la  Médecine. 

SCROFA  ,  (  Sébaftien  )  Médecin  de  Cambray  ,  vécut  dans  le  XVI  fiecle.  Com. 
me  il  étoit  favant  en  Philofophie  ,  aiali  que  dans  les  Langues  Grecque  &  Latine, 
&  qu'il  étoit  d'ailleurs  extrêmement  attaché  à  la  doctrine  de  Galien^  il  traduifit 
en  Latin  quelques  Traités  de  cet  Auteur ,  auxquels  il  ajouta  des  notes  de  fa  façon. 
Ses  Verfions  ont  paru  fous  ces  titres: 

G  aient  Libellus  de  bmo  &  malo  fucco.    Parifiis ,  1.Ç46  ,  m-S. 

De  bono  &  malo  facco  &  de  remedUs  parabilibus ,  cum  fcholiis.  Lugdanl ,  1547  ^ 
in-16. 

De  remediis  parabilibus  ,  mm  fckoUls.  Farijïîs^  1548  ,  in  S, 

SCROFANO  CJcan-AntoineJ  naquit  à  Ragufe  le  14  Juillet  1605.  Il  s'appliqua  de- 
bonne  heure  à  l'étude  de  la  Médecine  ,  &  les  progrès  qu'il  y  fir  ,  lui  méritèrent 
les  honneurs  du  Dociorat  qu'il  reçut  à  Meffine  le  9  Mai  1(2^.  I^es  fuccès  de  fa  pra. 
tique  correipondirem  à  ceux  de  (iîs  études,  il  fut  bientôt  connu  dans  le  Royaume 
de   Sicile  où  il  s'étoit  établi;  mais    fa   réputation   ne  perça   nulle  part  davantage 


s    C    U  23* 

que  dans  le  Comté  de  ISIodica  &  le  Val  de  Noto  ,  "qui  font  les  endroits  dont  il 
ne  s'pcarta  guère  ,  dès  qu'il  s'y  vit  recherche.  II  i"e  fixa  enfin  à  Modica",  & 
il  eo  fut  nommé  Médecin  flipcndie  en  1641;.  Le  goût  qu'il  avoir  poùr  les  Belles-Let- 
tres le  porta  à  y  établir  une  Académie  dont  les  aflemblées  ie  tenoient  dans  fa  mai- 
fon  ;  il  étoit  bien  en  état  d'y  figurer  ,  car  il  ne  rcufliUbit  pas  mal  dans  la 
Poéiie ,  &  il  avoit  beaucoup  de  coi^noitrances  des  Mathématiques  &  de  l'Af. 
tronomie. 

Scrofano  mourut  à  Modica  le  14  Novembre  16B1,  &  fut  inhumé  dans  une  cha.' 
pelle  qu'il  avoit  fait  bâtir  à  fes  dépens  dans  l'Eglife  de  Sainte  Marie  du  fecours. 
On  a  de  lui  une  Lettre  imprimée  à  Palerme  en  l(^2'^  ,  in-'à  ,  qui  traite  De  fibre 
populari  qua   vagata  eft  per  wtum  Sicilia  Regnuin  annd  1672. 

SCULTÈTUS  ou  SCHULTES,  (JeanJ  fils  d'un  Batelier  d'Llm ,  naquit  dans 
cette  ville  le  la  Octobre  1595.  II  étudia  à  Padoue  fous  Spigelius  &  prit  le  degré 
de  Doéteur  en  Philofophie  ,  en  Chirurgie  &  en  Médecine.  Sa  promotion  eft  de 
l'an  1621.  De  retour  dans  fa  patrie,  i!  s'y  fit  recevoir  dans  le  Collège  des  Mé- 
decins le  23  Mars  1625,  ^  pratiqua  enluite  pendant  vingt  ans  avec  beaucoup  de 
célébrité. 

La  qualité  de  Do(f\eDr  en  Chirurgie  ,  dont  SchuJtcs  fe  paroit  ,  n'étoît  point  un 
titre  vain  &  (iérile  ;  il  a  écrit  de  façon  à  faire  croire  qu'il  exécutoit  lui-même  les 
opérations  dépendantes  de  cet  Art.  Il  étoit  hardi  &  entreprenant  ,  car  i!  auroit 
voulu  qu'on  opérât  à  la  moindre  indication  qui  fe  préfenioit.  Sa  hardiefie  eft  blâ- 
mable à  bien  des  égards  ,  mais  elle  fut  utile  dans  les  cas  qui  exigent  de  procéder 
à  l'opération  de  l'Empyeme ,  de  la  Bronchotomip  &  du  Trépan;  il  raifonne  avec 
beaucoup  de  juftefie,  quand  il  allure  que  le  fuccès  n'eft  ordinairement  douteux 
dans  ces  circonftances  ,  que  parce  qu'on  tarde  tiop  à  employer  les  moyens  cura- 
tifs  qui  dépendent  d'une  main  habile  &  intelligente.  Une  chofe  encore  contre  laquelle 
il  fe  récrioif ,  c'eft  la  douceur  trompeuiè  des  Chirurgiens  qui  fe  font  un  mérite 
de  ménager  les  incifions  dans  les  ca<  même  où  les  petites  font  préjudiciables. 

Ce  Médecin  étoit  à  Stutgard  pour  la  maladie  d'un  Gentilhomme  ,  lorfqu'il  Fut 
attaqué  de  l'apoplexie  qui  le  mit  au  tombeau  le  premier  jour  de  Décembre  1645. 
Son  principal    Ouvrage   eft    intitulé  : 

ylrmamentarium.  Chirurgïcum ^"^  Tabulis  esri  inclfîs  ornatum,  Ulmte,  1653,  1655,  in- 
foito.  Uaga  Comkis ,  ^656,  fn-4.  u^mjlchdami  ,  1662  ,  1669,  1672  ,  /n-8.  La  der- 
nière édition  contient  une  Centurie  d'Obfervations  Médico-Chirurgicales.  F'ens.- 
tiis  ,  1665,  /n-8.  Francnfurti y  1666, //J-4,  avec  56  planches,  Lugduni  Batavorum  ^ 
1693,  /a-8 ,  par  les  foins  de.  Jean  TUing.  En  Hollandois  ,  Dordrecht ,  1657,  1670, 
in-ïi.  Leyde  ,  1748,  în-8.  En  François  par  Debcie  ,  fous  le  titre  à^^rfcnal  de  Chi- 
rurgie, Lyon  ,  1672,  m-4.  Lyon  ,  1712  ,  /n-4,  avec  des  augmentations  &  50  plan- 
ches. En  Allemand,  Francfort,  1679  ,  in-4. 

SCULTETUS  ou  SCHOLZ ,  (  Jean  )  Adjoint  de  l'Académie  Impériale  des 
Curieux  de  la  Nature  ,  fous  le  nom  de  Pcrfcas  I  ,  étoit  de  Nuremberg ,  où  il  na> 
quit  le  7  Août  1621.  Devenu  Membre  du  Collège  des  Médecins  de  cette  ville 
en  1652 ,  il  y  tint  un  rang  honorable  &  jouit  de  beaucoup  de  réputation  jufqu*à 
fa  mort,  qui  arriva  le  13  Février  1680,  11  a  écrit: 


238  s    C    U        s    E    B 

Trichiajîs    adnnranda  ,   fivc  ,    morbus  pilaris    obfavatus.   Norimbergis  ^    i6f8,:n-l2, 
Prophylaxls  clrca  pns/huem  &  futurum  fanltath  fiatum.  Ibidem,  1665,  ui-i2, 
Plantarum  cultura.  Ibidem,  1666,  ia-12.  C'cft  un  Dilcours  qu'il  prononça  pour  ra- 
nimer l'étude  de  la  Botanique. 

SCUTIUS  ,  C  Corneille  )  Médecin  &  Mathématicien  natif  de  Bruges ,  prit  fes 
degrés,  en  1541,  dans  les  Ecoles  de  Médecine  en  l'Univerlîté  de  Louvain.  U 
a  donné  au   public  ; 

DiJJcrtatio  de   Mcdicina.   ^ntverp'ne,   1546. 

DÏ/putatio  ^ftrulogica  ac  Mcdlca  contra  Dlarlum  ^  quod  ^Imanachum  vacant.  Pari 
Bruhefii.  Ibidem,  1647.  11  compola  cet  Ouvrage  en  Grec  &  en  Latin  ,  pour  faire 
parade  de  l'on  lavoir  dans  ces  deux    Langues. 

SEBEYDE.  (  Raimond   De  )  Voyez   SEBUNDE. 

SEBIZIUS  ou  SEBISCH,  CMelchior  )  fils  de  George,  DoReur  en  Droit  & 
Conieiller  du  Duc  d'Olnitz  ,  vint  au  monde,  en  1539,  à  Falkenberg  dans  le 
Duché  d'Oppelen  en  Siléfie.  Il  s'appliqua  d'abord  à  l'élude  des  Loix,  mais  il 
changea  de  deffcin  en  1563 ,  &  prit  le  parti  de  la  Médecine.  C'étoit  alors  la 
coutume  de  voyager  pour  le  perfectionner  dans  cette  Science  ;  les  Allemands  fur- 
tout  ne  s'en  perracttoicnt  guère  la  pratique  ,  avant  que  d'avoir  obiervé  la  mé- 
thode curative  des  autres  nations.  Sebifcli  fentit  toute  l'utilité  de  ces  voyages ,  &  il 
y  donna  un  tems  conlîJérable.  11  étoit  en  1566  à  Montpellier;  en  1569,  il  le  rendit 
en  Italie  avec  Matthieu  Sebifck  ,  fon  coufia  ,  qui  fut  depuis  premier  Médecin  du 
Duc  de  Lignitz  &  de  Brieg  ,  après  avoir  exercé  dans  la  HaLte  Autriche  en  qualité 
de  Phyficien  nommé  par  les  Etats.  Melchior  repafia  enfuite  .  en  France  ,  &  prit  le 
bonnet  de  Dodteur  à  Valence  en  Dauphiné ,  le  25  Août  1571.  A  l'on  retour  en 
Allemagne,  il  fut  P»1édecin  de  la  ville  d'Haguenau;  mais  étant  allé  à  Strasbourg 
<n  1574,  il  prit  la  réfolution  de  s'y  fixer.  Ses  talens  le  firent  monter  au  rang  de 
Profcficur  ;  il  y  obtint  même  un  Canonicat  de  Saint  Thomas  en  i>89.  Dès  qu'il  eut 
été  déclaré  Vétéran  en  1612 ,  il  fe  borna  à  la  pratique  de  la  Médecine  qu'il 
-continua  jufqu'à  fa  mort  arrivée  à  Strasbourg  le  19  Juin   1625  >  *   ''%e  de  86  ans- 

SEBIZIUS,  (  Melchior  )  fils  du  précédent,  étmt  de  Strasbourg,  où  il  vint  au 
inonde  le  ig  Juillet  1578.  Dès  qu'il  eut  fini  l'on  cours  de  Philofopbie ,  il  commença 
celui  de  Médecine  fous  fon  père  &  Ifraël  Spachius.  Il  étudia,  dit-on,  dans  vingt- 
feot  Univerfités,  particulièrement  dans  celle  de  Bâle  ,  où  il  reçut  le  bonnet  de 
Dodeur  le  a6  Juin  1616.  Son  mérite  lui  procura  beaucoup  de  réputation  &  lui 
ouvrit  ic  chemin  aux  honneurs  qui  en  font  les  récompenfes.  George  Matthias  rapporte 
qu'il  obtint,  le  27  Mars  161a,  la  Chaire  de  Médecine  que  fon  père  avoit  abdi- 
quée, lori'qu'il  s'étoit  retiré  des  Ecoles  de  Strasbourg.  Mais  Sebiiius,  dans  fa  lettre 
à  Charles  Sport  datée  de  la  même  ville  le  10  Janvier  1665 ,  dit  fimplement  qu'il 
fut  d'abord  Collègue  de  fon  père,  &  nommé,  après  fa  mort,  premier  Profeflcur 
<le  Médecine  &  Archiatre  ordinaire  de  Strasbourg.  Ainfi  fa  promotiots,  en  1612, 
ne  doit  s'entendre  que  d'une  Chaire  inférieure  à  la    première.  11  devint  cependant 


s    E    B  ii^Q 

Chanoine  de  Saint  Tliomas  en  1613.  Sa  réputation  qui  alloit  toujours  en  augmen- 
tant,  lui  mérita  la  bienveillance  de  l'Empereur  Ferdinand  II;  ce  Prince  le  créa 
Comte  Palarin  le  7  Octobre  1630.  En  cette  qualité,  Sebi^^ius  créa  lui-même  47 
Notaires  Impénaux,  un  Doi5\eur  en  Médecine  &  un  Doif^eur  en  Chirurgie. 
En  1657,  il  fut  encore  nommé  Doyen  de  fon  Chapitre,  &  Prévôt  en  1668. 
Mais  aucune  de  ces  dignités  ne  fut  capable  de  le  diflraire  de  la  pratique 
de  la  Médecine  ,  non  plus  que  de  fon  alliduité  à  monter  en  Chaire;  &  pen- 
dant 62  ans  qu'il  enfeigna  &  fut  AfTefleur  de  la  Faculté  de  Strasbourg ,  il  in- 
tervint à  l'examen  de  163  Candidats,  &  donna,  de  l'a  main,  le  bonnet  à  55 
Dodeurs. 

11  mourut  le  25  Janvier  1674  ,  à  l'âge  de  95  ans.  Sa  fanté  toujours  conllante 
ne  foufirit  aucune  atteinte  jufqu'à  fa  dernière  maladie;  il  ne  fe  fervit  même  jamais 
de  lunettes ,  &  n'eut  d'autre  incommodité  qu'une  furdité  afiez  légère.  Le  cours 
d'une  vie  fi  longue  ne  fut  point  inutile  au  public;  i'eôi^iui  en  profita  pour  la  com- 
pofiijjn  de  dift'érens  Traités,  &j  fur-tout  d'un  grand  nombre  de  Diflertations  Aca- 
démiques qui  roulent,  en  partie,  fur  les  Ouvrages  de  Galien.  On  trouve  plus  d'é- 
rudition que  de  découvertes  dans  les  F'crits;  c'elt  pourquoi  Huiler  a  dit  de  lui  -• 
Eruditus  f^ir ,  paràm  ufus  propriis  experimentis.  Method.  Stud,  Med.  Telles  que  foient 
les  pièces  qui  lont  forties  de  la  plume  de  Scbi;;_ius ,  je  ne  puis  me  difpcnfer  d'en 
donner  le  catalogue. 

Dljcurfus  M&dicQ- Philo fuphicus  de  cafa  adohfccntis  cujufdani  u4rgentoraunfis  annd 
1617  moriul  ^  adjacente  ipjî  ferpente.  ^rgentorad ,  1618,  1624,  1660,  i/1-4,  avec 
un    ^ppendix   de  quibufdam   Serpentum  generihus. 

Difputaiiones  de  reSta  purgaadi  ratlom.    Ibidem,   1621,  /n-4. 

Exercitaiiones  Medic.e  quinqua^inta-fex  ab  anno  1622  ad  1636  propojîtie.  Ibidem  , 
1624,  1631,  1636,^/1-4.  Ibidem^  1672,  //1-4,  avec  les  Exercitationes  de  difcrimine 
Jixuum  :  de   nous  virginitatis ,   &c. 

DiJJertationum  de  ^cidulis  feSiones  date ,  in  quarum  prinre  agitur  de  ^clduUs  in 
génère:,  in    pojleriore   verù  de    Mfadce   uicidulis  in  fpecie.   ^rgentorati ,  1627 ,  /n-4. 

Hiftorla  mirabilis  deftemina  quadam  ylrgentoratenji^  quts  ventrem  fuprà  modum  tumtduni 
ultra  decennium  gejlavh  ,  &  tuni  hydrope  uierinô ,  tutn  nwlis  carnojis  76  fait  confiiSlata, 
uirgcnturuti,   1627,  ift-4. 

Hieronimi  Tragi  Herbarium  Germanicam ^  au&um  &  locupletatum.  Ibidem^  \6jO  ,  infoL 
Mifcetlanearuni  QutEjlionum  Medicarum    FaJ'ciculi    quinquaginta  très.   Ibidem  ,    1630  , 
1638,  in-'é. 

GaUni  Liber  de  fympwmatum  caufis.  Ibidem,  1631,1/1-4. 
Problemuta  Phlebotoniica.    Ibidem,   1631,    in-4. 

FrûdromL  examinis  vuinerum  pars   prima  &  fecunda.  Ibidem ,  1632 ,  //1-4. 
Galeni  ^rs  parva  in     AXX  Difputaiiones   refiluta.    ^îrgentoraii ,  1633  ,  1638  ,  m-S. 
Collegium    Tlierapeuticum    ex    Galeni     methodo    n.edendl    depromptum,    Ibiacm  ,   1634  > 
1638  ,  J/1-4. 

Lbri  Jix  Galeni  de  morborum  dijferentiis  &  caujîs.   Ibidem  ,  1633,  ^^?y^  ■>  '''*4' 

Examen  vuinerum  partium  fimilarium.  Ibidem  ,  1635  ,  41-4. 

Examinis  vuinerum  partium  dijfimilarium  pars  prima.    Argentorati  ,    1636 ,   j/1-4.   Pan 


1 


240  s    E    B 

fecunda ,  1637.    Pars  tertîa  ,    1637.    Pars    qvarta ,    ifi'^r ,    m.4.    Ce   font    autant  de 
Difl'-rtations  Académique-;,  foutenues  fous    fa    Préfidencc. 

Examen  vuinerum  Jïn^ularlum  humani  corporis  paniiim ,  qiiatenus  vel  lethalia  fnnt  v:l 
încurabilia,  vel  ratlone  evcntûs  faluraria  &  fannbilia.  Ibidem,  1638,1639,  /n-4.  Ij'Au- 
teur  a  joint  à  la  ieconde  édition  une  uiece  intitulée;  De  fynovia  lia  melicciya  €• 
Cclfi.  JJ  J 

De  balfamatione  cadaverum.    Aroentoratl,    1649  ,  in -4. 

De  alimentorum  facnltatibus  Libri  quinque ,  ex  opûmurum  yluthorum  wonumentis  conp- 
crlpt'i.  Ibidem. ,  1650  ,  i/j-4. 

Gakni  quinque  priores  Libri  de  fimpliciam  medkamentorum  facuhatlbus  in  XVI  Dif- 
putationes  refoluti.  lUiem,    1651  ,  //i-S. 

Commentariui  in  Gakni  Libellas  de  cuvandi  ratlone  per  fanguinis  mijjïonem  ;  de  hirw 
dtaibus  ,  revulfione  ,  cucurbituiis ,  jlarificatione.  Ibidem  ,  1652  ,  j/1-4. 

Manuale  ,  feu  ^  Spéculum  Mcdicin^  pracUcum.  Ibidan^  1659  >  '"'^  ■>  i66t,  deux  vo- 
lumes, même  format. 

Problemata  Medica,  de  p^arloUs ,  de  Ophthalmia^  &c.  ^Jrgi:ntorat!,  1662,  in-^.  Je 
iîi'arrôte  ici ,  car  fi  je  voulois  donner  les  titres  de  toutes  les  pièces  qui  lont  de  la 
compolition  de  Sebiiius ,  j'augmenterois    confidérablement  cette  notice. 

SEBIZIUS,  (  Jcan-A!bert_)  fils  de  celui  dont  je  viens  de  parler,  naquit  à  Straf- 
bourg  le  22  Odlobre  16 1 5.  Il  a  voit  déjà  fait  de  grands  progrès  dans  l'étude  de  ia 
Médecine  fous  les  yeux  de  fon  père,  loriqu'il  fortit  de  ia  patrie,  pour  aller  fe 
perfectionner  dans  les  Univerfités  de  13àle,  de  Montpellier  &  de  Paris.  Il  revint 
à  Strasbourg  en  1639 ,  &  l'année  fuivante ,  il  y  reçut  le  bonnet  de  Dofleur.  Le 
mérite  de  ce  Médecin  lui  procura  afl.ez  de  confidération  dans  le  public,  mais  , 
îoii  par  défaut  de  place  vacante,  foir  par  telle  autre  raifon  que  je  ne  connois 
point,  il  ne  lui  ouvrit  l'entrée  de  la  Faculté  qu'en  1652.  Il  obtint  alors  la  Chaire 
d'Anatoniie.  En  1656 ,  il  fut  nommé  Chanoine  de  Saint  Thomas  ,  &  il  fuccéda  à 
l'on  père  ,  en  1675  ,  dans  la  charge  de  Médecin  ordinaire  de  fa  ville  natale.  Ses 
Collègues  l'eftimerem  au  point  de  l'élire  juiqu'à  vingt-une  fois  leur  Doyen  ;  auffi  em- 
porta-t-il  tous  leurs  regrets  à  fa  mort  arrivée  le  8  Février  1685,  dans  la  foixante- 
dixicmc  année  de  fon  Age.  On  a  de   lui  : 

uinatomiccs  Thefes    mlfcdlanete.  ^rj^enrorati  ,  1653  ,   £«-4. 

De  Aifculaplo  inventore  Medicints.  ylrgenwrati ,  1659 ,  i/1-4.  Ce  n'eft  qu'une  Difler- 
tatioa   Académique. 

Problemata  ^natomica  qvesdam.  Ibidem,  1662, m-4.  Ce  n'eft  encore  qu'une  Thefe; 
mais  ce  Médecin  en  a  compofé  plufieurs  autres ,  dont  on  troiive  les  tities  dans 
Lipenius, 

Exefcitatlonum  Pathologie  arum  Tomus  prlor  ,  capitis  5?  thoracis  affeSlus  compleSens. 
Ibidem  ,  1674 ,   //1-4. 

SEBIZIUS,  C  Melchior  )  fils  de  Jcan-yllbert ,    étoit   audi  de  Strasbourg,    où   il 
vit  le  jour   le   18  Janvier   1664,  Apré^    avoir   commencé    Ion    cours   de  Médecine 
dans  l'a  patrie,  il    alla  entendre  les  Maîircs  des    iîcoles  de    Paris,  &  revint    fou- 
tenir  j  en  16B4 ,  des  Thcfes  publiques  De  rifu   &  feiu   dans  celles  de  fa    ville  na- 
tale , 


s    Ë    B       S    E    D       S    E    E 


141 


raie,  où  il  en  propofa  d'autres  De  fudore^  en  168S  ,  pour  le  degré  de  Dofteur 
qu'il  obtint.  En  1701 ,  il  fut  inftallé  dans  une  Chaire  de  Médecine  ;  mais  il  ne 
la  remplit  pas  long-tems ,  car  il  mourut  le  15  Novembre  1704  ,  occupant  alors  la 
charge  de  Recleur  de  l'Univerlité.  Il  a  laiflë  une  diliertaiion  imprimée  à  Strasbourg 
en  1700 ,  in  4. ,  Ibift   ce  titre  :  De  Urinatoribus  &  arte   Urinandi. 

Cette  famille  de  Seblilus  a  été  célèbre  à  Strasbourg  par  les  Médecins  qu'elle  a 
donnes  à  la  Faculté  de  cette  ville;  ils  le  font  diflingués  dans  la  Chaire  pendanf 
134  ans  fans  aucune  interruption ,  au  moyen  de  quatre    perfonnes  feulement. 

SEBUNDE  ou  DE  SEBEVDE  ,  (  kaîmond  )  Philofophe  Efpagnol  du  XV 
f.ecle,  étoit  encore  lavant  en  Médecine  &  en  Théologie.  On  dit  qu'étant  forti 
de  Ion  pays  pour  venir  enieigner  dans  l'Univeriité  de  Paris ,  il  fut  arrêté  malgré 
lui  par   le?    Ecoliers  de  celle  de  Touloufe ,  où  il  mourut   quelque  tems  après  ,  en 

Scbunde.  n'a  rien  écrit  fur  la  Médecine;  mais  il  s'cft  fait  connoîtrepar  un  Traité 
Latin  fur  la  Théologie  Naturelle  ,  dans  lequel  on  trouve  des  fmgularités  hardies»- 
qui  plurent  aux  Philofophes  de  fon  iiecle,  &  qui  ne  déplairoient  pas  à  ceux  du 
nôtre.  C'eft  apprécier  cet  Ouvrage  ,  que  de  dire  qu'il  fut  du  goût  de  Montagne , 
parce  qu'il  y  rencontra  beaucoup  d'idées  conformes  aux  liennes  ;  il  l'eftima  tellement, 
qu'il  en  donna  une  Traduélion  Françoife.  Mais  tout  le  monde  lait  que  Michel  de 
Montagne  étoit  un  de  ces  profonds  méditatifs  qui  percent  tout  &  qiii  fe  moquent 
de  tout.  11  ne  fuivoit  dans  Jii  morale  &  dans  fa  conduite  que  la  raifon  humaine  , 
&  fermant  les  yeux  à  la  lumière  de  la  Foi  ,  il  flottoit  fans  cefle  dans  un 
doute  univerfel ,  pendant  qu'il  laiflbit  courir  fa  plume  avec  la  licence  d'un  vrai 
Cynique. 

SEDECIAS  ,  Médecin  Juif  qui  vécut  au  comthencement  du  IX  fiecle  , 
fut  attaché  à  Louis  le  Débonnaire  ,  Roi  de  France  ,  fous  lequel  les  Juifs 
eurent  beaucoup  de  crédit.  Ce  Médecin  pafia  pour  un  grand  Magicien  ,  & 
l'on  n'a  pas  craint  d'en  faire  les  contes  les  plus  extravagans.  Les  Hiftoriens  qui 
<43onnent  dans  ce  travers  ,  difent  qu'un  jour  il  mangea  ,  en  préfence  de  la  Cour  , 
une  charette  de  foin ,  avec  les  chevaux  &  le  cocher.  C'eft  un  chef-d'œuvre  d'An- 
thropophage; mais  de  transmettre  à  la  poftérité  une  anecdote  aulli  évidemment 
faulfe ,  c'en  eft  un  de  l'imbécille  crédulité  du  Iiecle  dans  lequel  ces  Hiftoriens 
ont  écrit. 

Sidecias  fut  encore  Médecin  de  Charles  le  Chauve  ,  fils  &  fucceficur  de  Louis. 
Méi^ray  dit  que  plulieurs  Seigneurs  corrompirent  ce  Médecin  &  l'engagèrent  à 
empoifonner  le  Roi  Charles,  loriqu'il  revenoit  d'Italie.  Les  peuples,  ni  les  Grands 
ne  pcnierent  point  à  venger  la  mort  dp  ce  Prince  ,  qui  arriva  dans  une  chaumière 
du  Village  de  Brio»,  en  deçà  du  Mont  Cenis,  le  5  ou  le  6  d'Oftobre  877,  la 
trente-huitième  année  de  fon  règne. 

Sl^ERUP,  (  Nicolas  )  Médecin  natif  de  Ripen  en   Dannemarc,  a  écrit  qiiel. 
îiucs  Traités  contre  de  Foldtr  ,    f'"an  Helmont    &  Frédéric   Hoffmann   le  perc,    C'eft 
Geor^i  MjrThlas  qui  a  fait   cette  remarque,  mais   il  ne  dit  pas  fur  quoi  ces  Traités 
T  0  M  £    ir.  H  h 


242  S    E    G 

roulent  ;  il  ajoute  feulement  que  Seerup  venoit  de  recevoir  Is  nouvelle  de  fa  no 
mination  à  une  Chaire  de  Philofophie  &  de  Médecine  à  Copenhague ,  lorfqu'il 
tomba  malade  &  mourut  à    Paris  au  mois  de   Novembre  1691. 

George  Seerup  ,  frère  de  Nicolas,  naquit  à  Ripen  le  13  Septembre  1660.  11  étu- 
dia la  Médecine  à  Copenhague  fous  Borrichius ,  mais  il  interrompit  le  cours  qu'il 
fuivoit  dans  les  Ecoles  de  cette  ville  ,  pour  aller  enfeigner  les  Belles-Lettres  dan» 
un  des  Collèges  de  fa  patrie.  11  en  devint  Redteur  en  1693.  Comme  il  n'avoit  pas 
dilcontinué  de  s'appliquer  à  la  Médecine,  il  l'exerça  à  Uipen  avec  affez  de  réputation 
pour  fe  faire  fouhaiter  à  la  Cour  ,  où  il  fut  appelle  en  1698  pendant  la  maladie  du 
Roi  Chriftitrn  V.  Ce  Prince  mourut,  mais  Seerup  n'en  fut  pas  moins  confidéré  ; 
car  il  obtint,  en  1699,  une  Chaire  de  Philofophie  à  Copenhague,  &  peu  de  teras 
après ,  il  fut  reçu  dans  le  Collège  des  Médecins  de  cette  Capitale.  Cela  l'engagea 
à  demander  le  bonnet  de  Dofteur  qu'on  lui  accorda  le  18  Mars  1700.  Le  Sel  de 
Saturne  &  le  Vifargent  furent  les  fujets  de  fa  Thei'e  inavgurale  ,  il  y  combatles 
Jentimins  de  Jiigerfchmld  fur  ces  deux  fubllances. 

George  Seeiup  ne  furvécut  guère  à  fa  promotion  au  Doflorat,  car  il  mourut  le 
22  Mai  1700. 

SEGARRA  ,  ("Jacques- Jean ^  Médecin  Efpagnol  dans  le  XVI  fiecle  ,  étoit 
d'Alicante.  Il  prit  le  bonnet  de  Dofteur  dans  l'Univerfité  de  Valence,  où  il  en- 
feigna  publiquement  &  fe  diftingua  par  les  connoiflances  qu'il  avoit  de  l'Art  de 
guérir,  ainfi  que  par  fon  intelligence  dans  la  plupart  des  Langues.  11  pollëdoit, 
en  particulier,  la  Grecque  ;  &  c'eft  à  fon  lavoir  en  ce  genre  que  nous  devons  les 
Ouvrages  fuivans: 

Comment arii  Phyfîologici  ^  compleclentes  ea  qua  ad  partem  Medicina  FhyJîologicaiJlpei- 
tinent ,  fcilicet ,  Commentarios  ad  Librum  Hippocraih  de  natura  homi  ùs  ,  ac  Libros  ires  de 
xemperamenth  ^  ac  fuper  totidem  Galeni  I.ibros  de  facultatibus  naiuralibus.  f-'alentia  ^  Jc,g6  ^ 
in-folio  ,    avec  un  Opufcule  De  ^rtis   Medicce  Prolegomenis.  Ibidem  ,  1C03',    in-folic.- 

Claudii  Galeni  Liber  de  morborum  &  fymptomatum  différentiis  cum  Commentariis.  Va- 
lentia,  1624,  in-4 ,  par  les  foins  àt  Jérôme- Fincent  Salvator  ,  Médecin  &  Profeffeur 
de  la  Langue  Grecque.  Ibidem  ,    164a  ,  in-4. 

SEGERUS  ,  (  George  )  de  Thorn  dans  la  Pruffe  Royale,  voyagea  beaucoup 
&  s'arrêta  dans  plufieurs  Univerlités  pour  y  étudier  la  Médecine,  en  particulier 
dans  celle  de  Copenhague  ,  où  il  fuivit  Thomas  Bartholln.  11  pafTa  enfuite  à  B:Me , 
&  ce  fut  dans  cette  ville  qu'il  reçut  le  bonnet  de  Dofteur  en  1660.  Delà  il  re- 
vint dans  fa  patrie.  On  y  conlidéra  fon  mérite  ;  car  il  fut  nommé  Médecin  Pen- 
fionnaire  en  1665,  &  prefque  dans  le  même  tcms  Profefleur  du  Collège.  II 
remplit  ces  emplois  jufqu^en  1675  qu'il  fe  rendit  à  Dantzick,  où  il  enleigca  la  Mé- 
decine &  la  Phyfique,fut  décoré  du  titre  de  Médecin  du  Roi  de  Pologne,  & 
mourut  le  19  Décembre  lôj^a  ,  à  l'âge  de  50  ans. 

AveugléraeiJt  attaohé  aux  opinions  de  Bartholln  ,  fon  IV'Iaîtrc  ,  il  ne  msnque 
jamais  d'en  faire  l'éloge  dan«  fes  Ouvrages.  Voici  les  titres  de  ceux  qu'il  a 
laiflés  : 

SynopJIs  rariorum  ia    Mujko    Olm  ^Irmii.  Hafnia ,  1653,  1658,  in-4. 


s    E    G  "îjfl 

Dljjirtaiîo  ^natomka  de  ufu  communium  corporh  humani  integumentorum.  Ibidem  , 
1654,  //2-4. 

Triumphus  cordi  ,  puji  captam  ex  totalL  hepatis  clade  vi&OTÎam  ,  ereclus.  Ibidem  , 
1654 ,  /n-4. 

Dijfèrtatin  ^latonûca  de  lymphes  BanhoUniana  quidditau  &  materlâ.  Jbidem  ,  1655  , 
1668 ,  in-4. 

DiJJertatio  udnatomlca  de  Hlppocrith  orthodoxiâ  In  doSrîna  de  nutritlone  fœtus  in 
utero.  Bdjîle<e ,  1660,  i/1-4,  avec  deux  autres  Diflërtations  ;  l'une  De  Democriti  hetcro- 
doxiâ  in  doclrina  de  nutrithne  fatùs  in  utero  ^  l'autre   De  Cotykdonibua  utcri. 

Memuria  Brunniana  ,  feu ,  Oratio  de  vita  atque  obltu  J.  Jacobi  à  Brunn.  Hafnîcs  -, 
1660 ,  in-4. 

Triumphus  &  queriuionia  cordis  repetitus.  Bajîlea  ,  1661  ,  /n-4.  Les  Médecins  qui 
n'admettoient  point  la  circulation  du  fang  démontrée  par  Harvée ,  continuoient 
toujours  de  regarder  le  Foie  comme  l'organe  de  la  fanguitication  ;  6c  leur  perfévé- 
rancc  à  foutenir  ce  fentiment  fut  la  caufe  du  grand  nombre  d'Ecrits,  dont  on 
a  eu  fi  fouvent  occalion  de  parler  dans  le  cours  de  ce  Didionnaire. 

SEGUIER  ,  (Jean-François  )  de  Nemours,  ville  de  Tille  de  France  dans  le  Gâti- 
nois,  s'eft  dillingué  ,dansce  fiecle  ,  par  (on  goût  pour  la  Botanique.  Il  avoit  étudié  la 
Jurisprudence ,  il  croyoit  même  s'en  occuper,  lorlqu'admirant  les  plantes  rares  que 
Pierre  Baux  cultivoit  dans  fon  Jardin  à  Nemours ,  il  le  ientit  tout-à-coup  emporté  vers 
l'objet  des  plailirs  de  fon  ami.  Mais  peu  content  d'admirer  la  merveilleule  (irudure 
des  plantes  en  fimple  Phylicien  ,  il  voulut  devenir  Botanifie  ,  &  après  s'être  mis 
au  fait  de  tout  ce  que  contenuit  le  Jardin  de  fon  ami,  il  pouffa  fa  curiofité  juf- 
qu'aux  plantes  qui  croifl'entdans  les  campagnes.  Il  fentit  cependant  qu'il  avoit  be- 
foin  de  maître  dans  ce  nouveau  genre  d'étude  ;  il  fuivit  Chicoyneau  à  Montpellier 
&  y^ntoine  de  Juffieu  à  Paris.  Tout  ce  que  la  Nature  &  l'Art  lui  préfentoient  d'ob« 
jets  fur  la  Botanique  ,  fut  fournis  à  l'adlivité  de  fes  recherches.  Les  Recueils  des 
plantes  enluminées  qu'il  vit  à  la  Bibliothèque  du  Roi ,  &  principalement  ceux  qui  font 
îbrtis  des  mains  de  Nicolas  Robert  &  de  Claude  ^uhriet ,  l'engagèrent  à  s'adreffer  à  M. 
Jean. Paul  .S/gn(5n ,  Bibliothécaire  du  Roi,  pour  lui  repréfenter  le  peu  d'ordre  qu'il  y 
avcit  dans  ces  Recueils.  Ce  favant  Abbé  ientit  toute  la  jufteiïe  de  fes  plain- 
tes, &  le  chargea  de  la  commillion  de  mieux  arranger  ces  précieufes  colleétions. 
Sêguier  ne  l'accepta  qu'avec  peine  i  il  fallut  que  le  Bibliothécaire,  qui  connoilToit 
fon  mérite ,  employî\t  les  foUicitations  les  plus  prelTantes  pour  l'engager  à  rfm- 
plir  la  tâche  dont  il  vouloir  le  charger.  Ce  fut  en  travallant  à  mettre  les  Re- 
cueils de  la  Bibliothèque  Royale  en  meilleur  ordre,  que  Séguier  conçut  le  def- 
fein  de  compofcr  l'Ouvrage  fuivant ,  &  qu'il  l'exécuta  à  l'aide  des  notes  qu'il  avoit 
prifes  dans  les  autres  Bibliothèques  qu'il  avoit  eu  occafion  de  voir  en  voyageant. 
Ce   premier  Ouvrage*  eft  intitulé.: 

Bibliotheca  Botanica  ,  five  ,  Catalogus  ^uSorum  &  Librorum  qui  de  Re  Bvtanica  , 
Je  medicamentis  ex  vegetabilibus  paratis,  de  Re  Ruftica  &  de  Honicultura  tractant.  Haga 
Comiiis  ,  1740,  in-4  ,  avec  la  Bibliotheca  Botanica  Joannis  ^ntonii  Bumaldl .,  Ceu  pa~ 
tiùs-,  Ovldii    Montalbani.  Il  y   a  une  autre  édition  qui  eft   de  Leyde  ,    i;6o,  i/i-4. 


244^  ♦  S    E    G- 

par  les  foins  de  Laurent-Théodore  Gronovius  qui  l'a  enrichie  de  Vy^u^'uarlum  in  Bi' 
bliothccam  Botanicam  Seguierii. 

Les  voyages  que  Séguicr  fit  en  France ,  en  Angleterre,  en  Hollande  &  en 
Allemagne  avec  le  Marquis  Scipion  Maffei,  lui  procureront  par-tout  la  connoii- 
fance  des  Gens  de  Lettres  les  plus  célèbres;  &  ccn-.ne  il  ne  perdit  jan^ais  la 
Botanique  de  vue  dans  fes  voyages  ,  il  en  fit  une  étude  particulière  lorfqu'il  fe 
rendit  enfuite  en  Italie.  Le  champ  fertile  du  Véronefe  fut  le  principal  objet  de 
fes  recherches;  il  en  examina  toutes  les  plantes,  les  recueillit  ,  &  il  en  publia  la 
defcription  dans  les  Traités  fuivans; 

Planta  P^'eronenfes  ,  feu  ftirp'mm ,  quie  in  jigro  F^eronenji  reperiuntur  ,  wethod'ica  fy- 
nopjîs.  ylccedit  Bibliotheas  Botanica  Supphmentum.  f^crone  ,  1745  ,  deux   volumes  fn-& 

Plant  arum  qucs  in  ^gro  f^eronenjî  reperiuntur  volumen  tcrtium.  Jbidein  ,  1754  » 
in-^. 

SÉGUIN  ,  (  Simon  )  natif  du  Diocefe  de  Sens  ,  fut  reçu  Uodleur  de  la  Far 
culte  de  Médecine  de  Paris  en  1556,  &  mourut  en  1583.  Il  y  a  eu  trois  autres 
Médecins  de  Paris   du  même  nom. 

Pierre  Séguin  prit  le  bonnet  en  15QO,  fut  Médecin  du  Roi  ,  enfuite  Confeiller 
d'Etat  &  premier  Médecin  de  la  Reine  Anne  d'Autriche  ,  &  mourut  l'Ancien  de 
fa  Faculté  en  1G48.  Il  avoif  été  Profefl^eur  au  Collège,  Royal,  La  première  Chaire 
qu'il  y  occupa  fut  celle  de  Chirurgie  ;  il  l'avoit  obtenue  par  Lettres  du  Roi  Henri 
IV  données  au  Camp  devant  Laon  le  26  Juin  1594.  Mais  il  abandonna  cette  Chaire 
au  bout  de  cinq  ans  ,  &  paflh  à  celle  de  Médecine,  dont  7.  Duret  s'étoit  démis 
en  fa  faveur,  11  en  obtint  l'agrément  le  10  Septembre  1599 ,  &  en  fe  déchargeant 
de  la  Chaire  de  Chirurgie  le  23  Oftobre  de  la  tnême  année  ,  il  la  remit  à  Mar- 
tin  ylkakia  fils. 

Michel  Séguin  de  Paris  ,  Dofteur  en  1616  ,  fut  Médecin  du  Roi  &  ProfelTeur 
Royal.  Sa  Faculté  le  nomma  Doyen  en  Novembre  1622  ;  mais  il  ne  finit  pas  le 
terme  de  fon  Décanat ,  car  il  mourut  le  15  Avril  de  l'année  fuivante, 

Claude  Séguin  étoit  aulli  de  Paris.  Jl  prit  le  bonnet  en  1629,  obtint  une  Chaire 
de  Profcfleur  Royal ,  &  parvint  enfuite  à  la  place  de  premier  Médecin  de  la 
Reine  Anne  d'Autriche.  Si  l'on  en  peut  croire  Gui  Patin  ^'û  quitta  le  fervice  de 
la  Cour  quelques  années  avant  la  mort  de  celte  Princelle  ,  arrivée  le  20  Janvier 
1666,  car  ce  Médecin  s'exprime  ainli  dans  fa  lettre,  datée  du  6  Mai  1664  •• 
o  Monficur  Séguin,  Médecin  de  la  Reine  Mère,  âgé,  de  68  ans,  veuf  il  y.  a 
«  long»tems  ,  Abbé  d'une  bonne  Abbaye  ,  &  enfin  Prêtre  fort  dévot  &  très-avare  , 
ti  s'en  va  quitter  le  monde  &  fe  retire  dans  Samt  Viélor  avec  les  Moines ,  pour 
w  y  pafier  le  refte  de  fes  jours.  Il  a  un  fils  Confeiller  de  la  Cour  ,  qui  lui  donns , 
«  du  mécontentement  ,  nii  eft  ex  umnl  parts  beatum.  n  Voici  comme  le  même 
Auteur  parie  encore  dans  fa  lettre  du  28  Août  1668:  «  Mt.  SégLm,  Médecin  de 
u  la  feue  Reine  Mère,  Anne  d'Autriche,  s'eft  fait  Prêtre  pour  le  falut  de  fon 
«  ame.  L'on  dit  qu'il  s'en  va  aulli  renoncer  à  la  Faculté.  Il  a  les  mains  garnies  ; 
a  il  ne  fort  pas  delà  comme  BéliCaire  les  mains  vuides.  Il  a  de  bons  bénéfices  & 
bien  de  l'argent ,  prxmium  taciturnitutii  c?  fidelitatis,  n  S'il  eft  vrai  que  Claude  Séguiti 
avoit  68  ans  en  1Ô64,  il  eft  mort  âgé  de  85,   car  il  a   lurvécu  jufqu'cn  j68i. 


s    E    I  S    E    N  045 

6EID  AL-COFTHI.  Nom  d'un  Auteur  Copthe  ou  Egyptien  qui  compofn  , 
vers  l'an  695  de  l'Hégire  ,  de  Talut  1295  ,  un  Livre  intitulé  ;  Enba  almoftaihda. 
C'eft  une  hiftoire  des  Médecins   les  plus  célèbres. 

SEID  MOHAMMED  mourut  l'an  de  l'Hégire  1049,  de  J.  C.  16^.  IJ  étoit 
Rds  al'^ttheba,  c'eft-à-dire ,  Chef  des  Médecins;  forte  d'emploi  qui  revient,  dans 
les  villes  principales  de  l'Empire  Ottoman  ,  à  celui  A^ uichimbajfi  au  grand 
Caire.  Ce  Médecin  Turc  a  écrit,  en  i"a  langue  maternelle,  un  Livre  intitulé  : 
Anmoudha^  Turki ,  qui   eft  un   Cours    de    Médecine    alTez   étendu. 

Le  célèbre  ^vlcenne  a  porté  le  titre  d'^l-Schcikh  ^l-Reis ,  qui  veut  dire  l'An- 
cien &  le  Chef  des  Médecins  ;  mais  ce  titre  ne  lui  fut  donné  que  pour  faira 
honneur  à  fes  talens. 

SEIDELIUS,  CBruno^  d'Erfurt  en  Thuringe  ,  Médecin  &  Poëte  Latin,  étoit 
en  réputation  vers  l'an  1577.  C'eft  ainli  que  Manget  parle  fur  Ton  compte  ;  mais 
d'autres  difent  qu'il  naquit  à  Quernfurt  &  qu'il  mourut  en  la  môme  année  1577. 
Il  eft  au  moins  certain  que  Seidelius  enleigna  la  Philofophie  &  pratiqua  la  Méde- 
cine à  Erfurt,  qu'il  y  eut  Rodolphe  Goclcnius  pour  difcipîe  ,  ?s:  Joachim  Camerarius , 
ainli  que  Jean  Pojîlnus  pour  amis.  On  a  des  Poéfies  de  fa  façon  en  fcpt  Livres  , 
favoir  deux  d'Elégies  ,  trois  d'Odes  ,  un  d'Epigrammes  &  un  autre  d'Idylles  Epi- 
ques; mais  on  n'eftime  guère  que  fes  Elégies  qui  ont  de  la  douceur  &  de  la  naï- 
veté. Ses  Ouvrages  de  Médecine  font  intitulés  : 

De  ujîtato  apud  Aîedicos    viinarutn  judiclà  Liber.  Erfordia ,  1562,  T571  , /n-8. 

Liber  morborum  incurabiîîum  caufas  mira  hrcvitatc ,  fummâque  Lecioris  jucunditate  ex» 
hibens.   Francofurn,  1593,  Jn-8.  Lugduni  Batavorum,  1662  ^  in  8. 

De   ebriaaie  Libri  très.  HanovI<s ,  1594  ,  1*1-8. 

SEIDELIUS,  f  Jacques  )  d'Olaw  dans  le  Duché  de  Brieg  en  Siléfie,  fut 
d'abord  Phyûcien  de  la  ville  d'Anclam  dans  la  Poméranie  Suédoife;  mais  étant 
pafTé  ,  en  la  même  qualité,  à  Griplwald,  il  y  obtint  encore  une  Chaire  dans  fes 
Ecoles,  &  il  la  remplit  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  4  Février  1615,  à  l'âge  de  68 
ans.  On  a  de  iui  : 

Mctkodic£  ^nhritUis  S  Phthijïs  curatianes,  qulbus  addita  eft  Dijputaûo  de  faliva  y 
fputô  S  mucô.   Bardi  P orner ani<e  ^  159°»  ''*-4- 

De  cùufis  y  fpeciébus ,  dijfcrenilh  ,  partibus  &  facuhatîbus  plantarum.  Gryphifwaldia  y 
1610 ,  1/1-4. 

Obfervationes  Medlae.  ffafnls ,  1665,  in  3.  Ce  Recueil  ,  qu'on  a  tiré  du  Cahinct  de 
Thomas  BarthoUn  ,  contient  encore  des  Obfervations  faites  par  J^îchcl  Lyfer  ,  Hea. 
ri  de  Moinichcn  &    Martin  Bo^danus. 

SENAC,  (  Jean  )  célèbre  Médecin  de  ce  fiecle,  naquit  dans  ?e  Diocefe  de 
Lombez  tn  Gaicogne.  Après  de  bonnes  études ,  il  fut  promu  au  Doitorat  ,  & 
ne  tarda  point  à  fe  faire  un  nom  par  les  talens.  La  Lifte  chronologique  des  pre- 
miers Médecins  de  la  Cour  de  France,  qui  eft  à  la  tête  de  VLtuc  de  la  Médecine 
en  Europe  pour  l'année  1777 ,  annonce  Senac  comme  DoiSeur  de  la  Faculté  de 
Rheims,&  la  Notice  de  Baron   le   cite  comme    Bachelier  de  celle  de  Paris ,  fous 


^46  S    E    N 

Nicolas  ^ndri  élu  Doyen  en  Novembre  1724  &  continué  en  1725.  Son  mérite  le 
fie  percer  à  la  Cour;  il  avoit  tout  ce  qu'il  faut  pour  y  plaire.  Il  obtint  une  charge 
de  Médecin-Confultant  de  Louis  XV  ,  devint  Membre  de  l'Académie  des  Fcien" 
ces  de  Paris,  ainli  que  de  la  Société  Royale  de  Nancy,  &  parvint  enfin  à  la 
première  place,  c'eft-il-dire ,  f?  celle  de  premier  Médecin  du  Roi,  dans  laquelle 
il   faccéda  à  Chicoymau  en    1752. 

M.  Sznac  a  fu  allier  la  plus  grande  modeRie  avec  la  plus  profonde  érudition  ; 
on  a  reconnu  ("a  plume  -X  travers  le  voile  de  l'anonyme,  fous  lequel  ont  paru 
quelques-unes  de  fes  prcduAions.  Les  talens  qu'il  aiitiO.t  ainfi  à  cacher  Frappèrent 
davantage,  dès  qu'on  en  eut  découvert  la  l'ource.  Les  Ouvrages  qu'il  a  donnés 
au  public  ,  ie  t'ont  remarquer  par  ia  manière  d'écrire  ,  qui  eft  claire ,  chfuiée  , 
coulante  &  harmonieufe^  il  s'exprime  partout  avec  nobleffe.  On  apperçoit  un  ef- 
prit  fupérieur  qui  n'a  aucune  envie  de  paroître  ce  qu'il  eft:  infiruire  &  entrer 
dans  de  grands  détails  ,  lans  i"e  parer  jamais  d'érudition;  voilà  quel  a  été  Ton  ca- 
raitere.  Il  l'a  foutenu  au  point  de  fe  cacher  dans  un  Ouvrage  qui  ne  pouvoit 
lui  faire  que  beaucoup  d'honneur.  Tout  jeune  qu'il  étoit ,  lorfqu'il  publia  la 
première  édition  de  Y^natomle  cTHdfter^W  le  couvrit  du  nom  de  cet  Auteur  pour 
faire  pafler  fes  réflsxions  fur  la  ftrudure  &:  les  ufages  des  parties  du  corps  hu- 
main ;  il  eut  prefque  la  modeltie  de  laifler  douter  ii  les  vues  neuves  &  intéref- 
fantes  qu'il  avoit  fur  ces  objets,  ne  partoieot  pas  de  cet  Anatomifte  Allemand, 
Mais  à  l'éclat,  aux  grâces  ,  à  la  force  qu'il  répandit  fur  fon  coup  d'elTai,  on  ne 
manqua  pas  de  reconnoître  l'illufire  Médecin  que  la  France  a  vu  enfuite  chargé 
du  foin  de  confervcr  les  jours  précieux  de  ion  Roi  11  eft  mort  cet  homme  cé- 
lèbre ,  comblé  de  gloire,  le  20  Décembre  1770,  à  l'âge  d'environ  '^■^  ans.  Louis 
XV  ne  lui  a  point  donné  de  iuocefleur ,  &  il.  n'y  a  point  eu  de  premier  Méde- 
cin depuis    cette  époque  jufqu'à   ia  mort   de  ce  Prinde  en  177.4. 

Comme  je  ne  me  trouve  point  en  état  de  taire  l'éloge  circonftancié  de  M.Senact 
je  palfe  aux   titres  des  Ouvrages  dont  il  efl:    Auteur  ou  qu'on  lui  a  attribués. 

ylnatumis  d'Hcifter ,  avec  da  ejfais  de  Phypqut  fur  Cufogc  des  parties  du  corps  humain. 
P;iris  ,  1724  ,  ly^s  ,  ift  8  ,  avec  figures,  Paris ,  1753  ,  trois  volumes  in-ia  ,  avec 
iijures.  Haller  parle    d'une   Verlion   Angloife  ,  publiée   à  Londres  en  1734,  t/i-8. 

° Réflexions  fur  les  Noyés.  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  année  1725.  Il 
réfulte  de  ces  Réflexions  que  les  Noyés ,  ou  n'avalent  point  d'eau  ,  ou  qu'ils  en 
avalent  trop  peu  pour. en  mourir  ;  que  c'eft  une  erreur  popuiaire  de  fufpendre  par 
les  pieds  ceux  qu'on  a  retirés  de  l'eau;  que  la  raort  des  Noyés  eft  prompte  & 
douce;  que  le  gjjnHement  ordinaire  qu'on  leur  remarque,  vient  uniquement  du 
défaut  de  reifort ,  ou  de  la  tenfion  naturelle  de  toutes  les  parties  abreuvées  d'eau  , 
relâchées  &   incapables  de   rellerrer  ,  comme  auparavant ,    l'air   intérieur. 

Difcours  far  la  Méthode  de  Franco  fi?  fur  celle  de  M.  Rau  touchant-  l'opération  de 
la  Taille.  Paris,  1727,  in"i2.  11  y  apprécie  les    travaux  de    dilférens    Lithofomifies. 

heures  fur  h  choix  des  faignées.  Paris,  1730,  in-12.  Elles  ont  paru  fous  le  nom 
de  Julien  Morifoa.  C'eft  Sylva  que  l'Auteur  a  en  vue;  il  en  combat  les  principes 
fur  la  révullion  &  la  dérivation  ,    qu'il  n'admet  guère  parmi  les  effets  de  la  faignéc. 

Mémoire  fur  le  Diaphragme.  Cette  pièce  contient  des  détails  également  nouveauT. 
&  cxaiSs, 


s    E    N 


24? 


Traité  des  caufes^    des  accident  &    de  la  cure  de  la  Pefie.  Paris,    1744,  'n-^. 

Traité  de  la  jïruclure  du  cœur,  de  fon  action  &  de  fes  naladies.  Paris,  I"49 , 
deux  volumes  /n-4.  M,  Tijfot  a  fait  la  réflexion  fuivante  iur  le  Traité  du  cœur, 
qui  eft  une  des  meilleures  productions  de  notre  fiecle  roJchant  l\4natomîe  de  ce 
vifcere  .•  u  cet  Ouvrage  n'auroit  rien  laifTé  à  d^firer,  fi  fon  illuftre  Auteur,  en  an- 
n  nonçant  une  féconde  édition,  ne  nous  avoit  pas  appris,  qu'il  pou  voit  le  rendre 
»  encore  plus  parfait.  Un  grand  homme  peut  fe  furnaffer  tui-m2me  ,  &  voir  un 
a  point  de  p3rt"eclion  que  les  autres  ne  deiirent  même  pas.  »  Ainfi  a  penl'é  TiJJb: , 
ce  bienfaiteur  du  genre  humain  ,  &  U  a  penfc  jufte.  M.  Portai  s'eft  mis  en  devoir 
de  réparer  la  perte  que  le  public  a  faite  par  la  mort  de  M.  Senjic ,  qui  n'a  point 
donné  !a  féconde  édition  qu'il  avoit  promife.  L'Hiftorien  de  l'Anatomie  annonçoit , 
^°  ï7?3»  qu'il  étoit  fur  le  point  de  publier  le  Traité  du  caur  avec  les  correciions 
&  additions   qui  lui  ont  paru  néceflaires;    on  l'attendoit    encore  à   la  fin    de    1776. 

Nouveau  Cours  de  Chymiz  fuivant  les  principes  de  Newton  &  de  Stahl.  Paris  ,  1722 
^  ^757  ■)  ^eux  volumes  in-i2.  C'efl  à  tort  qu'on  l'a  mis  Iur  le  compte  de  iVl.  Senac. 
Cette  produdion  eft  le  fruit  intorrae  du  zèle  intéreli'é  de  quelques  éiudians  qui 
ont  recueilli,  tant  bien  que  mal,  ce  qu'ils  ont  pu  des  leçons  de  MM.  Geoffroy  & 
Houlduc  au  Jardin  du  Roi  ;  elle  eft  abfolument  indigne  de  la  plume  favante  à  la- 
quelle on  l'attribue. 

De  recondita  febrium  iniermittentium  c?  remittentiam  naturà.  yimflelodami  ^  l759i  ''"^• 
Le  célèbre  Tiffoi  croit  que  M.  Senac  eft  réellement  Auteur  de  ce  Traité;  il  l'aî- 
lure  même  dans  fa  lettre  à  Zlmmermann.  Quoiqu'il  en  foit,  il  ne  dépareroit  pas 
les  autres  Ouvrages  du  grand  Médecin  dont  je  parle;  car  on  ne  peut  difcon- 
venir  de  l'excellence  de  ce  Livre.  A  en  juger  par  i'urdre  ,  le  ftyle,  l'élégance,  es 
ne  peut  être  que  le  fruit  de  beaucoup  de  connoilliinces  ,  de  lectures  &  d'oblerva- 
tiens   judicicules. 

SENDIGOVIUS,  (  Michel  J  Baron  Polonois,  ou,  feîon  d'autres,  Moravien , 
fut  fucceflivement  Confeiller  de  trois  Empereurs.  11  s'occupa  de  la  Chymie  pen- 
dant toute  fa  vie  qui  fut  longue,  car  i!  étoit  âgé  de  80  ans,  lorfqu'il  mourut  en 
1646.  On  a  de  lui  quelques  Ouvrages  fous  les  noms  de  Ltfchus  &  de  Cofmopolita  ; 
mais  il  paroît  que  T.Auteur  n'a  rien  tait  qui  ait  contribué  aux  progrès  de  la  vraie 
Chymie,  &  qu'il  n'a  eu  en  vue  que  la  tranlmutation  des  métaux,  cette  folie 
qui  a  ruiné  tant  de  gens  &  fait  brûler  tant  de  charbon.  Voici  les  titres  des  Ecrits 
de    Sendigovius ,    dont    les  Bibliographes  m'ont  donné  connoitiance: 

De  Lapide  Philofophico  Tra^iaim  duodccim.  fruncofurti,  lôii,  in-3.  ^rgentoraû , 
1513,  in-ii,  dan»  le  quatrième  volume  du  Théâtre  Chymique. 

Lumen  Chymicum  novum  duodecim  TraS/aiibus  divifum.  Coloràte  ^  i5lf,  //1-16.  Er» 
fordi£,  1624,  ''*"^'  Gcnevts ,  1628,  tn-i2.  Francofurti,  1678,  in-^,  dans  le  Mw 
Jkum    HiTmtiicum. 

De  vero  fuie  fecreto  Phîlofjphotum.  CaJfdUs ,  165 1  ,  /n-8. 

Lucerna  falis  Philofophorum.   u^mftelodjmi ,   1658,1/1-8. 

SENGIUS  ou  SENG,  fjérémie  J  iils  de  Pierre,  Echevin  la  ville  de  Nord- 
lingen  en  b'ouabe  ,  vint  au  monde  en  1553.  Il  étoit  îigé  de  vingt  ans,  lorfqu'il  re- 


I 


:^48  S    E /N 

çut  le  bonnet  de  Doftcur  en  Médecine  à  Tubingue  ;  mais  trop  jeune  alors  pour 
marcher  feul  dans  le  chemin  épineux  de  la  Pratique  ,  il  luivit  celle  de  quelques 
Maîtres  accrédités  ,  &  palFa  enfuite  à  Rotenbourg  fur-le^Tauber  ,  où  il  fit  preuve 
de  Tes  talens.  Comme  il  mérita  bientôt  la  confiance  des  Magiftrats  de  cette  viUe 
de  Franconie,  il  obtint  la  place  de  Phyficien  ordinaire  qu'il  remplit,  à  la  fatis- 
feftion  des  habitons  ,  pendant  le  rcfte  de  fa  vie.  Il  la  termina  en  1618  ,  à 
l'âge  de  65  ans  accomplis.  On  n'a  rien  de  lui  que  des  Lettres  Médicinales  qu'on 
trouve  dans  la  Cijla  Medlca  de  Jean  Hornung  ,  imprimée  à  Nuremberg  en 
1625  »  '«■4- 

SENGUERD  (  ArnouldJ  naquit  à  Amfterdam  en  1610.  Il  enfeigaa  la  Philo- 
fophie  à  Utrccht  depuià  l'an  1638  jufqu'en  1648 ,  qu'il  retourna  dans  ia  ville  na'.a- 
.le  pour  y  remplir  les  mêmes  fonition^.  Il  étoit  encore  Redleur  des  Ecoles  &  Biblio- 
thécaire d'Amlterdam  ,  lorfqu'il  y  mourut  le  18  Mars  1667 ,  à  l'âge  de  56  ans.  On 
a  de  lui  divers  Ouvrages  lur  toutes  les  parties  de  la  Phiîoîophie  ,  mais  je  me  borne 
à  remarquer  le  fuivant ,  comme    le  feul  qui  ait  rapport  à  mou  objet  : 

Ojicologia  corporis  humani.  Amjlelodami  ^  1662,  ('n- 12  ,  avec  un  Difcours  De  Oflento 
Doiano.  Il  s'agit ,  dans  cette  dernière  pièce,  d'un  enfant  endurci  &  trouvé  dans  le 
Jsas-ventre,  feize  ans  après  fa  conception. 

fVolferd  Scnguerd  ,  iils  A^irmuld  ,  enfeigna  la  Philolophie  à  Leyde  &  publia 
pîufieurs  Ouvrages  fur  cette  Science.  Aucun  ne  regarde  la  Médecine ,  que  celui 
îfltitulé  : 

Tracfutus  de  Taramula.  Lugduni  Batavoruin  ,  î668,  m- 12. 

SENNERT,  C  Daniel  J  célèbre  Médecin  du  XVII  fiecle,  étoit  fils  d'un  Cor- 
donnier de  Breflau  ,  où  il  naquit  le  25  Novembre  1572.  11  fit  fon  cours  d'Huma- 
nités dans  fa  patrie  &  celui  de  Philofophie  à  Wittemberg  ;  mais  comme  on  lui  remar- 
qua beaucoup  de  pénétration  dans  l'efprit  &  de  iolidité  dans  le  jugement ,  on  s'em- 
preffa  de  lui  faire  tirer  parti  de  ces  heureules  difpofitions.  On  le  fit  paflér  dans  les 
plus  célèbres  Univeriïtés  d'Allemagne  pour  y  étudier  la  Médecine,  &  après  qu'il 
eut  donné  des  preuves  éclatantes  des  progrès  qu'il  a  voit  faits,  on  le  renvoya  à  Wit- 
temberg, où  il  reçut  le  bonnet  de  Dodleur ,  avec  Knobloch^  en  Septembre  i6ou 
Le  15  du  même  mois  de  l'année  fuivante  ,  il  remplaça  Jean  JeJJenius^  Profelibur 
de  la  Faculté  de  cette  ville  ;  &  comme  il  fe  fit  bientôt  une  réputation  qui  alla 
toujours  en  augmentant  ,  George  I ,  Eledeur  de  Saxe ,  le  mit  au  nombre  de  fes 
(Médecins  <:n  1608 ,  pour  reconnoître  les  fervices  qu'il  lui  avoit  rendus  pendant 
la  maladie  dangereufe ,  dont  il  fe  tira  heureufement  par  fes  confei!*.  Ce  Prince  lui 
lailfa  cependant  la  liberté  de  demeurer  à  Witterçberg ,  afin  de  ne  pas  priver  le- 
publie  des  lumières  qu'il  y  répandoit  par  fes  leçons.  Sennert  étoit  en  é.tu  de  figu- 
rer dans  les  premiers  poftes  ;  mais  il  brilla  fur-tout  dans  îa  Chaire  ,  &  la  belle  métho- 
de d'cnfeigner  lui  attira  toujours  un  grand  nombre  d'auditeurs.  Non  content  des 
inftrudtiuns  qu'il  leur  dounoit  de  vive  voix,  il  travailla  encore  à  leur  tracer  une 
route  ailée  à  la  Pratique  dans  h  s  Ouvrages,  dont  il  a  enrichi  fes  contemporains. 
Lie  reipcdl:  qu'on  eut  pour  lui  fut  fi  grand  ,  même  chez  les  étrangers  ,  qu'on 
iienteu'loit  jamais  prononcer  iba  nom,  ians  le  découvrir  la  tête, 

La. 


S'EN  ',  2rj9 

■La  poftérité  a  jugé  moins  favorablement  de  ce  Médecin.  Il  a  été  ,  à  Tes  yeux ,  un- 
Coinpiiaceur  judicieux  &  érudit ,  plutôt  qu'un  Auteur  original.  Il  eft  vrai  que  tout 
ce  qu'il  a  écrit  ne  rel'pire  que  la  'ihcorie  Galénique  ,  &  qu'il  ne  faut  pas  y 
chercher  les  traces  de  ces  lumières  qu'on  a  acquil'es  depuis  lui.  On  doit  cependant 
convenir  que  les  principes  fondamentaux  de  la  Médecine  iont  l'olidement  établis 
dans  les  Ouvrages,  &  les  indications  pratiques  très-bien  déduites;  mais  cet  Au- 
teur a  mis  trop  de  l'ubtilité  dans  la  diftindion  des  maladies ,  &  en  parlant  de 
leurs  ditférentes  eipeces  ,  il  n'a  point  allez  remarqué  où  la  difFéreace  celTe.  La 
faute  n'eft  pas  moindre  d'établir  une  différence  entre  les  maladies  où  il  n'y  en 
a  point,  que  d'en  identiHer  d'autres  qui  n'ont  aucun  rapport  entre  elles. 

M.  de  Halkr  regarde  les  Ouvrages  de  Scumn  comme  un  Abrégé  de  ceux  dei 
Anciens  fur  la  cure  des  maladies;  &  fous  ce  point  de  vue,  ils  doivent  être  con- 
fidérés  comme  une  Bibliothèque  complette  j  dont  un  Médecin  ne  fauroit  fe  palier. 
En  effet ,  ils  contiennent  fouvent  plus  de  vraie  Médecine  que  beaucoup  de  Livres 
modernes  fort  vantés  :  pluileurs  Auteurs  de  nos  jours  n'ont  pas  même  trouvé  les 
maximes  de  Scnnen  déplacées  dans  les  Traités  qu'il»  ont  fait  imprimer.  On  n'a  ce- 
pendant point  manqué  de  décrier  les  Ouvrages  de  «et  écrivain,  parce  qu'on  n'y 
a  vu  qu'un  tiflu  d'extraits.  Le  goût  de  notre  fiecle  lé  porte  au  neuf  ou  à 
tout  ce  qui  en  a  l'air  ;  &  delà  on  a  jette  une  forte  de  ridicule  fur  tout  ce  qui 
ne  paroît  point  original.  Mais  le  travail'  d'un  Compilateur  ne  mérite-t-il  aucun 
égard*?  S'il  eft  vrai  qu'il  fe  foit  chargé  de  nous  mettre  fous  les  yeux  ce  qui  eft 
répandu  dans  une  immenlité  de  volumes,  combien  de  tems,  de  peines  &  de  lec- 
tures ne  nous  épargnc-t-il  pas'?  On  me  reprochera,  fens  doute,  de  plaider  ma 
caufe  dans  ces  réflexions.  Je  conviens  du  fait.  J'avoue  encore  que  ce  Diélion- 
naire  eft  un  affemblage  de  pièces  de  xapport  :  mon  but  a  été  de  les  rendre  utiles  ; 
puillè-je  y  avoir  atteint. 

Sennen  eft  le  premier  qui  ait  introduit  à  Wittemberg  le  goût  des  cours  de 
Chyniie.  C'eft  en  partie  l'attachement  que  ce  Médecin  a  montré  pour  cette  Science  , 
mais  plus  encore  la  fingularité  de  quelques-unes  de  les  opinions  ,  &  la  liberté  avec 
laquelle  il  a  fouvent  réfuté  les  Anciens  ,  qui  lui  ont  fufcité  ce  grand  nombre  d'en- 
nem.is  qu'il  a  combattus  ou  méprifés.  Vainqueur  de  leurs  efforts,  il  jouiiToit  de  lu 
plus  haute  eftime,  lorfqu'il  fe  dévoua  pour  la  dernière  fois  au  fervice  des  habitans 
de  Wittemberg.  Cette  ville  fut  affligée  de  plus  de  fept  épidémies  peftilentielles 
pendant  les  35  ans  que  Sennert  y  enfeigna;  il  n'avoit  cependant  jamais  penfé  à 
en  fortir.  Il  s'étoit  livré  dans  ces  occafions  au  fecours  des  malades,  avec  le 
même  zèle  &  le  môme  défintérefièment  qu'il  montroit  en  d'autre  tcms  envers 
tout  le  monde.  Mais  il  fuccomba  durant  le  règne  de  la  pefte  de  i-,'^7;  il  mourut 
de  cette  maladie  à  Wittemberg  le  21  Juillet,  à  l'âge  de  65  ans.  Ses  enfan»  ont 
kit  graver  cette  Epitaph*  lur  Ion  tombeau  : 


r  0  ME    I  V.  I ï 


aso-  S    E    N  ■         • 

D.  O.   M.  S. 

Càlcart  Jî   quU   hoc  folum   quondam  potes  ,. 

Rejifte  dam  quld  te  velit  Saxum  legas. 

Hicjhus  ejl 

Daniel  Sennertus    Vratislaviensis    Silesius  ,. 

Qui   exerando  ,    docendoque   Medicinam   XXXV  annis  publiée ,, 

Qaoddam   quajî  falutis  augwiiim  e^lt, 

Eâque  de  re  inter   Elecforales  ^rchiatros   adfcriptus , 

In  locum   priaciiem  fuâ    v'rtute  afpiravit. 

Natus  eft  die  XXV  Novemb.    A.  Crj.  ID.    LXXII. 

Obiit   die  XX\  Juin  A.  CID.  ID.   C.    XXXVII. 

Gloria   et  Nomine. 

Quod   illujlribits    aniwi ,  iageniique 

^c  indefejpe   induftrite   editis    monumcntis   per  unlverfam  Europam  ,■■ 

Et  fibl  paravît    vivus  , 

Et  huic  cîrcumfudh  uicademla  faperjles  perpétua   &   immortalh. 

Patri  incomparabili    &  de  fe  etîam    optimè   mérita 

Superflitis  Llberl  mœrentes  lugentefque 

PP. 

Je  pafle  maintenant  à  la  notice  des  principaux  Ouvrages  de  ce  Médecin  &  dé 
leurs  différentes  éditions  : 

Qu<eftlonum    Medicarum  controverfarum  Liber.    Witteberg£^  1609 ,   1610,  /n-8, 

Jnjiitutiones  Medica  &  de  origine  animarum  in  brutis.  Jbidem  .^lôii  ,  1620,  £1-4, 
1624,   in-a,    1633,    Ï644,    1667,  m-4.    Parifiis,    1631,    in-4. 

^  Epltome  Scient its  Naturalis.  Jf^itteberga,  161B,  1624,  1633,  in-8.  Franeofarti ,  1650, 
inS.  ^mftelodami .,    1651 ,  /n-12. 

De  Febribus  Libri  quatuor,  ff^ittebergtp- .,  1619,  /n-8  ,  1628,  1653,  /n-4.  Lugdunî , 
1627  ,  in-H.  Parifiis ,  1633  ,  in-^.  C'cft  ion  meilleur  Ouvrage. 

De  confenfu  &  dijfenfu  Galenicorum  &  Peripateticorum  cum  Chymlcis.  ff^ittcbergie  ^ 
1619,  m-8,  1629,  t/1-4.  Parifiis,  1633,  ''^■4-  Franeofarti  &  JFirtebergte  ,  1655,  in-4. 
Ce  Traité  a  ,  pour  ain(i  dire,  fait  éclore  une  nouvelle  Sefle  en  Allemagne,  par 
îa  réunion  de  la  l'héorie  Chymique  avec  la  Galénique  qui  avoient  été  fi  long-teras 
oppofées  l'une  à  l'autre.  Le  tempérament  que  prit  cette  Sede ,  fut  de  fe  tenir 
à  la  Théorie  de  Galien  fur  la  nature  &  les  caufes  des  maladies ,  mais  elle  y  adapta 
les  médicamens  Chymiques  pour  la  cure.  Sennert ,  en  travaillant  à  concilier  les 
deux  partis  oppofés  des  Galéniftes  &  des  Chymiftes,  n'a  guère  fuivi  ces  derniers 
dans  fa  pratique. 

De  Scorhuto  Tra&atus.  ff^itteberga .,.  1624. ,  in-8 ,  1G54,  /n-4.  Jen^ ,  i66t,  in-4, 
avec  d'autres  Ouvrages  iur  la  même  matière,  par  Baudouin  Ronfs ,  Jean  Echtius ^ 
Jean  Ji^ier,  Jean  Langius,.  Salomon   Alberti   &  Manhieu   Martini. 

Praclicte  Medicime  Liber  primus.JVittebcrgte^    1628,   1636,   in  4.   Lugduni,   1629, 


s   "EN        SEP  251 

m-8.  Libir  II.  Tf'ittebcrg^ ,  1629,  1640,  'n.4.  Liber  III.  Ibidem^  'iàr:,!  ,  1648  ,  f/ï-4^ 
Liber  IV.  Ibidem  ,  1632,  1649,  (/1-4  Ltier  V.  Ibidem,  1654,  ''*  4-  ^'^^''  VI.  Ibidem^ 
i6'î5 ,  "'*4-  ^^*  quatre  premiers  Livres  ont  été  imprimés  à  Paris  en  i6*a  &  i6r^3  » 
/n-4.  L'Auteur  a  rempli  cet  Ouvrage  de  formules  plus  Couvent  diétées  par  la 
Théorie  que  par  l'expérience.  Il  y  montre  encore  toute  l'on  averfion  pour  la  l'ai?née; 
il  s'éloigne  mcme  quelquefois  de  cette  pratique  mâ'e  qui  a  fsit  tant  d'honneur  aux 
Anciens ,  quoiqu'on  général  il  fe  l'oit  Ibuvent    modelé  lur  eux. 

TraSatus  de  ^nhntide    ff^lnebergie  ,  lô-^i  ,  1653,  in-4. 

Epitome  Inftltationum  Medicarum  difputadonibus  XVIII  comprehenfa.  Ibidem ,  1631 , 
£n-l2,  1647,  /n-8 ,  1664,  j/i-i2.  Parifiis  ^  1634,  m-12.  Lugduni^  if'45  >  ini2.  Ea 
Anglois  ,   Londres,  1656,  m-8. 

Epitome  Injlitutionum  MedidiiiS  &  Librorum  de  Febribas.  Wineberg^  ^  1634  ,  m-ia  , 
1647,    (/18,    1654,  1664,  i/i-12.    uimftelndami,  1644,  In-12. 

Tabula  InjUtuUonum.  /ynteberg^ ,   if'35  »  in-folio,    par    les   foins  de    Winkelmann. 

^u&uarium  Epitomcs  PhyfiCte.  ff^'itteberg<e  ^  1635  , /n-8. 

Hypomnemata  Phyfica.  Francofurd  ,   1635  ,  1636  ,  InS. 

Paralipomena  cum  pnemijfa  methodo  difcendi  Medicinam.  Witteberg<e  ,  1642  ,  //1-4. 
Lùgduni ,    1683  ,    i«-4. 

Tous  les  Ouvrages  de  Sennert  ont  été  recueillis  &  publiés  fous  le  titre  d^Opera 
omnia.  f^enetiis ,  1645,  1651,^/0/(0.  Parifîis,  1645  ,  i;i-/o/io.  Zugc/uni,  1650  ,  in-folio, 
trois  volumes.  Ily  a  encore  deux  éditions  de  la  dernière  ville;  1666,  cinq  Tomes 
en  trois  volumes,  in-folij ,  &   1676,  fix  Tomes  en  trois  volumes,  même  format. 

Ce  Médecin  eut  pluiieurs  fils.  André  mourut  à  Wittemberg  le  22  Décembre 
1689,  à  rage  de  84  ans,  après  y  avoir  enleigné  les  Langues  Orientales  pendant 
plus  d'un  demi  fiecle.  Il  a  écrit  un  grand  nombre  d'Ouvrages.  Daniel  étudioit 
la  Médecine  -A  Padoue  ,  lorfqu'il  y  mourut  en  1631,  dans  la  vingt-huitième  an- 
née. ;WiL;/id  prit  le  bonnet  de  Dofteur  à  Wittemberg  le  12  Novembre  i6go  II  en- 
feigna  la  Médecine  dans  l'Univerlité  de  cette  ville,  dont  il  fut  pluiieurs  fois 
Redcur  ;  il  l'étoit  encore  en  1675.  On  a  de  lui  quelques  DiflTertations  Académi- 
ques lur  l'Anatomie. 

SENTINELLI  CBarthélémiJ  naquit  à  Rome  en  1644.  Il  exerça  la  Médecine 
dans  celte  Capitale,  où  il  le  difHngua  par  Ion  érudition  &  ion  éloquence.  La 
transfulion  du  lang  d'un  animal  dans  un  autre  occupoit  alors  les  cfprits  amareurs 
de  la  nouveauté;  ce  Médecin  lentit  tout  le  préjudice  qui  pouv3lt  en  réfulttr, 
ôj   le  démontra  par  un    Ouvrage   qui  a   paru  fous  ce  titre: 

Confujïo  traa^fujlonis  fan^uims.  R.om<e  ,    1668  ,  in  8. 

SEPTALIUS  ou  SETTALA,  (  Louis  )  Médecin  qui  a  joui  de  la  plus  grande 
céléb.ité  dans  le  XVil  Cecle ,  ctoit  de  Milan  ,  où  il  naquit  le  27  Février  155a. 
Il  témoigna ,  dès  ion  e.nfance ,  une  li  forte  inclination  pour  les  Lettres  ,  qu'on  n'eut 
pa,-.  de  peine  à  prévoir  ce  qu'on  devoit  un  jour  elpûrer  de  Ion  génie.  A  feize 
an-,  il  louiiot  des  Thefcs  de  Phyliqje  avec  un  railonnement  qui  lurpalla  fon  %e, 
-de  même  que  l'attente  des  ipeitarcurs,  parmi  lelquels  ie  trouva  le  grand  Arche- 
vêque de  Milan ,  Saint  Ciiarles  Borromée. 


252 


SEP 


On  crut  après  cela  que  Settala  fuivroit  l'exemple  de  fes  aïeux  paternels  &  xmy 
ternels  qui  a  voient  acquis  beaucoup  de  réputation  dans  le  Barreau;  mais  fon  in- 
clination  le  porta  vers  la  Médecine  qu'il  alla  étudier  à  Pavie.  11  en  Ht  le  cours 
avec  tant  de  ibccès ,  qu'on  lui  accorda  le  bonnet  de  Docteur  dans  fa  vingt-unième^ 
année,  &  qu'on  l'inftalla  ProfelTeur  dans  la  vingt-troifieme.  Cette  promotion  ne 
fut  pas  prémiiturée  ;  comme  il  étoit  lavant  au  delà  de  ce  qu'on  l'eft  ordinairement 
à  fon  â^e,  il  ne  lui  fut  pas  difficile  de  juftitier  le  choix  qu'on  avoir  fait  de  lui  pouc 
remplir  une  Chaire  de  la  Faculté  de  P.ivie.  Il  donna  même  des  preuves  ii  confi- 
dérabics  de  fa  fcience,  qu'il  fut  bientôt  connu  des  hommes  les  plus  célèbres  de 
Ion  lems.  La  réputation  à  laquelle  il  étoit  fi  rapidement  parvenu,  auroit  eu  de 
quoi  le  fati.  faire  ,  li  l'envie  d'être  utile  à  fes  conciioyens  ne  l'avoit  porté  à  pré- 
férer leur  avantage  à  la  gloire  que  fes  leçons  publiques  lui  procuroient.  Ce  fut 
ce  motif  qui  l'engagea  à  abandonner  fa  Chaire  au  bout  de  quatre  ans  ,  &  qui  lui 
fit   reprendre  le  chemin  de  fa    patrie. 

Pendant  qu'il  y  travaiiloit  à  faire  de  nouveaux  progrès  dans  la  profellion  qu'il 
avoit  cmb.airée,  Philippe  III,  lloi  d'Efpagne,  le  choifit  pour  fon  Hiftoriographe. 
Senala  eîiima  cet  honneur  comme  il  le  devoir,  il  s'excufa  cependant  de  l'accepter, 
pour  n'être  poiht  détourné  de  fon  objvt  principal.  Dans  l'entretems  ,  i'Eledeur 
de  Bavière  l'avoit  demandé  pour  l'Univerlité  d'Ingolftadt,  le  Grand-Duc  pour 
Plie,  la  ville  de  Bologne  pour  lès  Ecoles;  &  le  Sénat  de  Venife,  enchériifanî 
fur  tout  ce  qu'on  lui  avoit  promis  d'honneurs  &  de  récompenfes  ,  travailla  plus 
puillammcnt  encore  à  lui  faire  accepter  une  Chaire  dans  la  Faculté  de  Padoue; 
mais  toutes  ces  oflres  ne  le  touchèrent  point.  Ce  fut  même  inutilement  qu'on 
revint}  à  la  charge  ;  l'amour  de  la  patrie  l'emporta  toujours  chez  lui  fur  les 
foUicitations.  les  plus  preflantes.  Rare  attachement!  Il  lui  mérita  l'eRime  &  fafFec- 
tion  de  fes  compatriotes ,  &  c'étcit  à  cela  que  cet  homme  favant  &  modéré  bor- 
noit  tous  les  dcfirs.  Heureux  dans  fa  ville  natale,  où  le  ciel  bénit  fon  mariage  par 
la  fécondité  de  Julie  Ripa  ,  fon  époufe  ,  qui  lui  donna  fept  fils  &  lix  filles,  il  pré- 
féra l'é.lucation  &  la  compagnie  de  fes  enfans  à  l'éclat  de  ces  demeures,  où  il 
n'auroit  pas  retrouvé  les  amis.  Il  accepta  feulement  la  charge  de  Proto-Médecin 
de  lEtat  de  Milan  ,  que  Philippe  IV  lui  donna  en  1627  ,  pour  honorer  fes  vertus 
&  rccompenfer  fei   talens. 

L'année  fuivante  ,  la  pefie  affligea  la  ville  de  Milan.  Senala  vola  au  fecours 
de  les  concitoyens,  &  en  travaillant  h  les  fouftraire  aux  traits  meurtriers  de  cette 
cruelle  maladi»,  il  en  fut  atteint.  Il  n'étoit  pas  même  encore  bien  guéri,  lorfqu'il 
tut  lurpri.î  d'une  apoplexie  qui  lui  fit  perdre  l'ufage  de  la  langue  &  de  la  moitié 
des  rnembres.  Il  s'en  releva  cependant  &  vécut  pendant  quelques  années  ,  mais  avec 
une  l'anté  bien  languifiante.  Ce  ne  fut  que  le  11  Septembre  lô-X'^,  qu'il  mourut  d'une 
fièvre  accompagnée  de  flux  de  ventre.  Son  Tombeau  eft  dans  l'Egliie  de  Saint 
Nazaire  à  Milan. 

Ce  Médrcin  avoit  l'efprit  fin  &  le  jugement  sûr.  Attaché  â  la  doftrine  d'fflppocrate 
autant  qu'on  peut  l'être,  ifen  étudia  les  Ouvrages  pendant  tout  le  cours  de  fa 
vie  &_ne  s'écarta  jamais  de  fes  maximes.  Ce  fut  fur  d'aulli  bons  principes  qu'il 
Tcgla  la  pratique  qu,'  fut  heureufe  ,  &  qu'il  appuya  la  plupart  des  Ecrits  qui  foat 
totiis  de  lit  plume.  On  a  de  lui: 


s    E    R  25.', 

în.  Lcbrum  Hlppocratis  Coi  de  acribus  ,  aquis  &  locis  Commentarii  qvinque.  Cclcnia , 
I^go,  tfi'foUo.    Francofuitl  ^  1645,  in-folio. 

In  yirijîotdis  Problematd  Comnientaria  Latina.  Tomui  I.  Francofurti  ,  1602,  in-foLo. 
Tomus  JI.  Ibidem  ,  1607  ,  in-fuiiu.  Les  deux  Tomes  enlemble  ,  Lugduni ,  163-;, 
în-folio. 

DeNavis  Liber.  Medlolani,  i6o5  ,  in-8.  Patavli ,  162S  ,  165 1,  zV-S.  ^rgentorati  , 
1629,  j'n-i2.  Il  attribue  les  taches  de  nailiar.ce  à  l'imagination  frappée  des  fem- 
mes grofles  ,  &  il  déduit  ,  de  l'inlpeciion  de  ces  taches  ,  une  iuite  de  ja- 
gemens  qui  ne  font  point  honneur  à  la  ioiidité  d'eiprit  qu'on  remarque  dans  fes 
autres  Ouvrages.  Mais  les  plus  grands  hommes  ont  leurs  défauts;  aveuglés  par 
les  préjugés,  ils  ne  s'appercoivent  pas  toujours   des  écarts    de    leur  imagination. 

^nimadverfionum  &  Cautionum  Mzdicarum  Libri  feptem.  Medlolani.^  1614,  in-M.  ^r~ 
gcntina  .,   1C25  ,  in.11.    Patavii ,   1638,  in-ia,avec    le  Livre  Z>c  Nav:s. 

^aimadverjionum  &  Cautionum  M:dicariim  Libri  duo  ^feptem  allis  addlti.  Mediolani ., 
1621.;, /n-8.  Patavii,  i6;,o  ,  in-8.  Les  neuf  Livres,  revus  par /.  Periui ,  entêté  impri- 
més enfemble    à    Dordrecht   en  1650  ,    in-S  ,  &  à  Padoue  en  165a  &  165g ,  même 
format  ,  avec  les  notes   de  Jean  Rhodius.  Ce  Recueil  eft  le  fruit   de   quarante  ans 
de  pratique.  Comme   il  contient    pluljeurs  bonnes  Obfervations   &   des    recherches 
utiles  fur   les  vertus    des  médicamens  ,  il  doit  tenir  la  première  place    parmi   ceux 
de  la  même    nature  ,  qui  ont  paru  dans  le  XVII  liecle. 
De  Margaritis  judicium.  Mediolani  ,   1618  ,  ii-8. 
De  Pefte  &  pejiiferis  affeciibus  Libri  V.  Ibidem,  162a,   /n-4. 
^nalycicarum   &  ^nimafticarum    Dijfenatlonum  Libri  II.  Ibidem ,   1626 ,  irt-8. 
De    morbis    ex    mucronata    cartilagine     evenientibus    Liber    unus.    Ibidem  ,      1632  ^ 
in-S. 

Compendio  di  Chlrurgia,  Milan,  1546  ,    în-S. 

Smateur  Settala  ,  fils  de  Louis  ,  fut  reçu  dans  le  Collège  des  Médecins  de  M;lan 
en  1616,  &  depuis  il  monta  à  la  place  d'Afieflbur  du  Tribunal  de  fanté.  On 
lui  a  obligation  d'avoir  publié  quelques  Ouvrages  de  fon  père  ,  entre  autres  ,  ce- 
lui intitulé  ,  De  ratione  inJîltuciJiS  (s'  guberminda;  familits  Libri  qiùnque,  qui  parut  à 
Milan  en  1626,  m-8.  Il  eft  lui-même  Auteur  d'un  Traité  Italien  fur  la  Thériaque 
&  lé  Mithridate, 

SERANE  ,  (  Charles  3  ProfcfTeur  de  Médecine    dans  l'Univerfité  de  Montpel 
lier,  la   patrie,  mourut  au  mois  de  Septembre   1756,  à  l'âge   de  46  ans.  On  a  dt 
lui  :  Outeftiones    Mecic£    XII ,  pro    Cathedra    rcgià    vacante.    Monfpeiii ,    1749  ,  in-4 
C'étûit  la  chaire  vacante  par  la  mort  de  Firi-Gerald.  La  difpute  qui    s'éleva  entre 
Serane    &   François   de    Lamure  ,   autre    ProfelTeur    de    Montpellier  ,   donna    lieu   à 
pluljeurs  Ecrits  que  ces   deux  Médecins  publièrent  pour   foutenir   leurs  opinions. 

SÉRAPION  d'Alexandrie  ,  Médecin  du  XXXVFII  fiecle  du  monde  ,  fut  le  pre- 
mier qui  s'avifa  de  foutenir  qu'il  ne  fett  de  rien  de  raifonner  dans  la  Médecine  &  qu'iî 
faut  S'attacher  uniquement  à  l'expérience.  Cette  levée  de  bouclier  contre  les  Maî- 
tres de  l'Ecole  Grecque  annonça  le  deflcin  de  Scrapion  pour  l'établifllment  d'uae 
nouvelle  Sefte  ;  ce  fut  VEmpirlgue ,  dont  il  devint  le  chef.  Ce  Médecin  ofa  fron- 


c 


,54  S    E    !1  ' 

der  la  doflnne  lV lilppùcrme  ;  nous  apprenons  même  de  GalUn  qu'il  maltraita  ce 
grand  Homme  dans  ies  Ecrits  ,  où  il  fit  d'ailleurs  paroître  beaucm  p  d'orgueil,  le 
louant  à   tout   propos  ,  &   ne  faifant  aucune  elVime  des   Auteurs   qui  avoient  paru 

avant  lui.  ,,,  ,.  ,  c  ■       ta 

Sérapion  paile  pour  avoir  écrit  un  Livre  des   Medicamcns  qu  on   peut  taire  alte- 
rnent. On  dit  qu'il  a  parii    à  Veniie   en   1558,   in-folio,  lous  le  titre  de    Lihtr  Jim- 
pllcium  ;  mais   il    eft  plus    probable  qu'il    appartient    à  Jean  Sérapion  ,   qu'à  celui 
dont  il  eft  ici  queftion.  Quoiqu'il  en  foit  ,  C<ella$  yJurelianiis  rapporte  quelques  échan- 
tillons de    la  pratique ,    qui    font  voir    qu'il    avoit    retenu  les    remèdes   d'Hlppocrate 
&   des   autres   Médecins  de    ce   tem&-!à  ,  quoiqu'il  rejett-lr  leurs  railbonemens,  Oa 
n'eft   pas    bien   au   fait  des   moyens  dont  Scraplon  le  lèrvoit    pour  appuyer  fes  opi- 
nions ,    parce   que  fes  Ecrits  font  perdus.    Ceux  des  autre>    F,mpiriques  ont  eu  le 
même  ibrt ,  &  ils  feroient  tous  tombés  dans  un  profond  oubli  ,  fi  leurs  adverfaires 
n'avoient    été  obligés    d'en   parler   en    les  réfutant.    Le   fyriême    de    cette    Seite  , 
îout  oppofé  qu'il   étoit  à   la  faine  doflrine,  auroit  pris  facilement  fur  la  multitude,, 
1i  l'on  fe   fût    emprcd'é   à  en   dém.ontrer  le   vuide:  alurs  ,  comme    aujourd'hui,  il 
iufiiioit  d'invoquer  l'expérience  pour  donner  cours  aux  remèdes  &  aux  procédés  cu- 
ratifs.    Mais    dès   qu'il  eft    prouvé  que  l'expérience    marche  à  tâtons  ,   qu'elle    eft 
même  aveugle  &  téméraire ,  quand  elle  n'eft  point  éclairée  par  la  railbn ,  le  maf- 
que  tombe ,  &    fous   les  apparences  d'un  Médecin  Empirique  ,  on  ne  trouve  plus 
qu'un  charlatan. 

11  y  a  eu  un  autre  Sérapion  ,  Médecin  &  Poëte.  Celui-ci  étoit  natif  d'Athènes 
-&  vivoit  lur  la  fin  du  premier  fiecle  &  le  commencement  du  fécond,  fous  l'Em- 
pire de  Nerva  &  de  Trajan.  Il  eut  beaucoup  de  part  à  l'amitié  de  Plutarque, 
ainfi  qu'il   falfure   lui-même. 

SÉliAPION  ,  C  Jean  J  Médecin  Arabe  que  René  Moreau  place  vers  l'an  742, 
,&  IFolfgang  Jujlus  vers  1066,  eft  rais  à  la  fin  du  neuvième  (iecie  par  Freind  qui 
aifure  qu'il  a  vécu  entre  Méfué  &  Rhasès.  Il  eft  de  tous  les  Arabes  celui  qui  s'eft 
îe  plus  occupé  de  la  connoilfance  des  plantes  &  des  drogues.  On  voit,  à  la  tête 
de  fes  Ecrits,  les  noms  de  foixante  dix-neuf  Auteurs  preique  tous  de  Ibn  pays, 
des  lumières  defquels  il  a  profité;  mais  le  corps  de  l'Ouvrage  eft  en  bonne  partie 
tiré  de  Diofcoiide  &  de  Guiicn  qu'il  a  mis  tellement  à  contribution,  que  fon  Re- 
.cueil  eft  chargé  d'un  tas  énorme  de  médicamens.  Il  a  paru   fous  ce  titre  : 

Pra'ciica ,  dida  Bnvijrium.  Liber  de  Jimplici  Medicina ,  diStas  circa  inftans.  l^metiis^ 
1479,  i497i  150.^»  ii-foliO,  de  la  Verfion  de  Gérard  de  Carmone.  Ibidem,  is^o, 
ijijO ,  in-folio,  par  ^ndré  ^tpagus  qui  l'a  mis  en  Latin.  Lugduni ,  1525,  in  4,  avec 
le  'Irélor  des  pauvres  de  Flateariui.  ^r^entina ,,  1531,  in-folio,  avec  les  Opufcules 
é''AveTrhuei,  de  JHia^^s  &  de  quelques  autres  Médecins,  par  les  foins  d'Othoa 
Jîiunfeh. 

On  attribue  à  Sérapion  un  Traité  J)e  medicamentis  tàm  flmpUcibus  quàm  compojlûs  , 
:guiS  antidata  vocantur.  Il  ne  par«;ît  pas  difterer  de  celui  que  Nicolas  M.itonus  a  mis  en 
î^atin ,  fous  ce  tiire  :  De  jimplicium  medicamentorum  Hijiorià  Libre  J'eptem.  Feneùis^ 
255^1,    In-folio.  Mais  Freind  ne    croit  pas  que   Sérapion  en    Ibit  l'Auteur;  car  il  jifi- 


s    E    R 


255 


garde  cet  Ouvrage  comme    la    produétion  d'un    Médecin   plus   jeune    que  l'Ecri- 
vain  Arabe. 

On  ne  peut  finir  cet  Article,  fans  faire  remarquer  que  Sérapion  ne  traire  de 
la  cure  des  maladies  qu'autant  que  le  régime  &  les  niédicamens  y  contribuent, 
&  qu'il  n'a  rien  écrit  touchant  les  opérations  Chirurgicales  ;  il  parle  cependant 
de  la  Lithotomie  &  même  de  la  Népbrotomie,  mais  c'eft  uniquement  pour  faire 
obferver  les  inconvéniens  qui  en  réfultent.  On  e(l  i'urpris  de  voir  que  ce  Médecin 
ait  copié  Alexandre  de  Tralles  dans  plufieurs  endroits  de  fon  Ouvrage.  Cela  fait 
preuve  du  foin  qu'il  prenoit  de  s'inftruire  par  la  ledure  des  bons  Auteurs  ;  car  on- 
fait  que  ce  dernier  étoit  peu    connu  parmi  les  Arabes. 

SERAPIS.  Voyez    OSIRIS, 

SERENUS  SAMMONlCUS,C  Quintus  J)  Médecin  qui  vécut  au  commencement 
du  troifieme    fiecle,  fous  l'Empire  de  Sévère  &    de  Caracalla,  Ion    fils.  Fut  afTaf- 
finé  dans  unfeftin  par  ordre  de  ce  dernier.   11  laifla  une  Bibliothèque  où  il  y  avoir 
foixante-deux  mille   volumes  ,  dont  fon  fils  fut    héritier;   mais    celui-ci  la    donna  à 
Gordien  III  à  qui  il  avoir  été  attaché   en   qualité  de  précepteur. 

Serenus  le  père  a  écrit  plufieurs  Traités-  d  Hiftoire  &  de  chofes  naturelles;  on 
a  aufli  un  Ouvrage  de  Médecine  de  fa  façon  ,  qu'il  a  corapole  en  vers  &  dont  il- 
y  a  un   grand  nombre  d'éditions  : 

Carmen,  de  Medicina.  f^enetiii,    148B,   in- 4.  Ibidem,.   1502.    Lipjia ,    15 15.    FenctiU 
apud  Aldum  ,  \s,i'à.  Parifiîs  ,  1533  ,  jn-S.  Lu^duni^  1542  ,  1554,  in.\i.  Ibidem  ,  1566,  m-S',- 
par  les  foins  de    R.  Conjîamin,  avec  les  Ouvrages  de    Celfe.   Ha^cnoa ,  1528,    m  8, 
avec  les    fchoiies  de  Cafarius.  Saligniaci ,    1538.  'Tiguri ,  1533,  1540,  in-^,  avec  les 
Commentaires  de  Gabriel  Humelberg  qui  a  pris  foin  de  la  première  édition.    Ibidem 
1581,  /ft4,   cum   addu.onibus  C.  Jiolfii.  f^enetiis ,   1547,.  in-fflio  ^    cum   Ldfi      Mari 
cellà,  Scribuniô  &  aliis.  Bafilea ,    1559,    ii-8,    avec    les    notes   de    George    Pidorius. 
Lipfi£ ,  1654,  tn-8,  cum  Sexto     Flucito,  IVJarcellô  &  Confia nnnc> ,  par  les'^ioins  à'^u- 
gujiin  Rivinus.    ^Imjtelodami^    1662,   in  8 ,   cum    emendationibus  ,  prolegomenis    &  nous 
Roberti   Keuchenii,    foug    ce    titre:    De  Medicina  pracepta  faluberrima ,    Carminé  He.- 
roicô  confcripta.    Patavii,  1722,  i«-8 ,    cum  Celfo.   Leida  ,   i?,"^! ,  '"-4,  curante  P.  Bur. 
mannô,  cum  Cafarii^   P:&orii  ^   C.  IFblfii  ^  R.  Conftamhd  &    R.  Aeuchenii  nous. 

Ce   Médecin  elt  foit  fuperltitieux   dans  les  remèdes  qu'il  propofe  ,    &    en  parti- 
culier dans    celui  qu'il  indique   pour  la  guérifon   de  la   lièvre   Hémitrltce    11  confille 
à  écrire  le  mot   Abracadabra  fur  du  papier,  &  à  répéter  cette   écriture  en  dimi- 
nuant toujours  la  dernière  lettre ,  jufqu'à  ce  qu'on  vienne  à  la  première  ,  en  forte-- 
que   cela  falfe  comme  un  cône-.. 

Infcrlbas  charte  quod   dicitvr  Abracadabra , 
SiSpius    S"  fubt<.r  répétas  ,  fid  detrahe  fitmma. 
Et  magis   atque    magis  dejint  elcntcnia    figurii 
Singula^  qu<e  fcmper  rapies  &  criera  figes, 
Donec  in  angufium  redigat'ir   Viiera    conum- 
His  linô   n^xis  coUum  redimire  mementc. 


256  s  E  11 

Abracadabra 

Abracadab  r 

Abracadab 

Abracada 

A  B  R  A  C  A  D 

A  B  R  A  C  A 

A  B  R  A  c 

A  B  R  A 

A  B  R 

A  B 

A 

11  falloit  porter   le  papier ,  où  cette  figure  étoit  tracée  «  pendu   au  cou  avec  uts 

îil  de  lin  ;  fortes  d'^mulctcs  à  qui  il  ne  manquoit  que  d'avoir  les  vertus  que  la  fu- 
perftition  leur  attribuoit.  Les  Juifs  fe  font  anciennement  f:rvi  du  mot  Abracalan,  écrit 
de  la  même  façon ,  pour  guérir  la  même  efpece  de  fièvre, 

SEKMON  (Guillaume  )  fe  qualifie  de  Dodeur  en  Médecine  &  de  Méde- 
tin  ordinaire  de  Charles  II ,  Roi  d'Angleterre  ,  dans  les  litres  de»  Ouvrages  qu'il 
a  rais  au  jour  dans  la  Langue  de  Ton  pays.  George  Marthias  lui  en  attribue  deux  , 
dont  les  titres  peuvent  ie  rendte  par  ceux-ci:  La  compagne  des  femmes  ou  l'Ac- 
voucheufe  Angloife  ;  L'Ami  du  malade.  Cet  Auteur  mourut  en  1679.  ^dntoine  ff'md, 
fon  contemporain,  de  qui  on  a  une  excellente  Hiftoire  Littéraire  de  l'Angleterre, 
écrite  en  Latin,  a  peint  Sermon  en  quatre  mots:  Procax.,  vanus  &  cerebrofus  vir . 
Cette  dénomination  peut  être  vraie,  mais  il  eft  généralenient  recoiïnu  que  Wood 
avoit  le  défaut  de  s'expliquer   un  peu  vivement. 

SER.RANO,  (  Leu  )  d'Evora  en  Portugal,  fe  diftingua  dans  le  XVI  fieclepar 
les  talens  dans  l'Art  de  guérir  &  la  Poélie.  Les  premiers  lui  méritèrent  la  con- 
liance  du  Roi  Sif  bafiien  qu'il  fcrvit  en  qualité  de  Médecin  ;  les  féconds  le  ré- 
pandirent avaniageufement  dans  le  monde  favant ,  lorl'qu'il  publia  un  Ouvrage  en 
"X'ers  Latins  ,  <\xi\  fe  fentent  po  du  grand  âge  auquel  il  étoit  parvenu  dans  le  tenjs 
qu'il  les  compola.   Manj^ct  annonce  cet  Ouvrage  fous   ce  titre: 

De  Senectute  &  ali'is  utriufquefexîis  atatlbus  &  moribus  ,  Libri  XIF".  Olyffipont ,  1579  , 
in-8 ,  avec  une  pièce  intitulée  :  Deploratio  Pnpuli  Ifra&Utici  juxta  flumina  Babylon'n, 

SERVET,  C  MicheO  de  Viila-nueva  en  Aragon  ,  naquit  en  1509  d'un  père. 
qui  étoit  Notaire  public.  Ses  parens  le  deftinerent  à  l'étude  de  la  Jurifprudence  &? 
l'envoyèrent  à  Touloufe  pour  en  faiie  le  cours  ;  mais  foit  qu'il  ne  pensât  pas  de  même, 
ou  qu'il  eût  changé  d'avis  ,  il  ie  tourna  du  côté  de  la  Théologie  à  laquelle  il  s'appli- 
qua férieulement.  llpafla  erfuitc  à  Lyon ,  &  après  un  féjour  de  quelques  anné  s  dans 
cette  ville  ,  il  fe  rendit  à  Paris  &  s'y  mit  lur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Mé» 
decine.  Ce  fut  fous  Sylvius  &  Fernd  qu'il  étudia  cette  Science  ,  mais  il  alla  en 
£3rendre  les   degrés  dans  quelque   autjre  Univerfité.  Il  revint  eufuite  à  P^is  où  il 

ne 


s    E   \1  0.5? 

Tae  tarda  point  à  enfeigner  les  Mathématiques.  AppaTcmmeût  qu'il  fe  ttiêloit  aufli 
de  la  Médecine  ;  car  Ion  humeur  contentieuie  lui  fufcita  une  querelle  ,  en  1536  ■, 
avec  les  Médecins  de  la  Capitale ,  &  lui  fit  reprendre  le  chemin  de  Lyon  ,  où  il 
demeura  quelque  tems  chez  les  Frellons ,  en  qualité  de  Corredeur  d'Imprimerie. 
Au  fortir  de  cette  ville ,  il  fit  un  voyage  à  Avignon  ;  puis  il  retourna  encore  à 
Lyon  ,  mais  il  n'y  i'éjourna  gucre.  En  1540 ,  il  alla  s'établir  à  Charlieu  fur  les  frontières 
du  JBeaujolois  &  de  la  Bourgogne  ,  &  après  y  avoir  pratiqué  la  Médecine  pendant  trois 
ans  ,  il  fe  rendit  une  quatrième  fois  à  Lyon  ,  fans  pouvoir  encore  s'y  fixer,  loujours 
inquiet  ,  toujours  ambulant ,  il  n'étoit  bien  nulle  part.  De  Lyon  ,  il  pafiâ  à  Vienne  en 
Dauphiné,  où  il  fe  mit  à  faire  la  Médecine.  Trop  heureux  sil  fe  fût  borné  à  cette 
profeffion  ;  mais  dégoûté  d'un  état  qui  ne  s'accordoit  point  avec  fon  humeur  ,  il  fe 
mêla  de  dogmaiifer.  Abufant  des  connoiflances  qu'il  avoit  puifées  dans  l'étude  de 
la  Théologie ,  il  avoit  déjà  attaqué  le  myftere  de  la  Sainte  Trinité  par  fept  Livres 
De  Trinitatis  erroribui  impiiaés.  à  Haguenau  dès  l'an  1531  ,  c'eft-à-dire ,  avant  que 
d'avoir  atteint  fa  vingt-deuxième  année.  Il  n'en  demeura  pas  là;  à  l'exemple  de  Cal- 
vin, il  voulut  encore  être  réformateur ,  &  il  publia  en  1553  ,  ùi-8  ,  à  Vienne  en 
Dauphiné,  fon  Traité  intitulé:  Chrijîianifmi  rejîaut'w.  Ce  fut  principalement  cet 
Ouvrage  qui  l'expofa  aux  pourfuites  de  Calvin.  Cet  Héréfiarque  qui  venoit  de 
jetter  les  fondemens  de  fa  prétendue  réforme,  crut  qu'il  étoit  de  fun  intérêt  &  de  Ion 
honneur  de  pourfuivre  Servet  à  toute  outrance;  à  ia  folUcitation ,  il  fut  arrêté,  en 
^553  î  ^  Vienne  en  Dauphiné ,  &  condamné  à  être  brûlé  à  caufe  de  fon  opiniâ- 
treté à  foutenir  fes  erreurs.  Il  trouva  cependant  le  moyen  de  fe  fauver  &  de  fe 
fouftraire  à  l'exécution  de  cette  léntence  par  la  fuite  ;  mais  ayant  été  arrêté  de 
nouveau  au  bout  de  quelques  femaines,  il  fut  brûlé  vif  à  Genève  le  2^  Octobre 
.1553 ,  dans  la  quarante-quatrième  année  de  fon  âge. 

Dans  le  cinquième  Livre  de  l'Ouvrage  intitulé  :  Chrijlianifml  rcftitmio ,  où  Servet 
parle  du  Saint-Efprit ,  on  lit  des  paliàges  affez  longs  qui  prouvent  qu'il  avoit  quel- 
que connoilfance  de  la  circulation  du  fang.  Ces  paflàges  ont  été  rapportés  en  en- 
tier par  Michel  de  La  Roche  ^  Tome  premier  de  la  Bibliothèque  Angloife;  par 
ff^otton  dans  un  Traité  qui  a  paru  fous  le  titre  de  Réflexions  on  antient  and  modem  leur- 
ning  ;  par  /.  Douglas  dans  fon  Bibliographie  Anatotiùc<e  Spccimen  ;  par  Manget  dans 
fa  Bibliothèque  des  Ecrivains  en  Médecine,  au  mot  Servetus^&c  par  plufieurs  au- 
tres Auteurs.  Mais  ces  paflàges  ne  démontrent  rien  ,  finon  que  Servet  connoifibit  la 
petite  circulation,  c'eft-à-dire,  celle  qui  fe  fait  par  les  poumons  ;  car  il  n'eft  point 
entré  dans  de  plus  longs  détails  ,  &  n'a  point  appuyé  la  dodrine  du  mouvement 
circulaire  du  fang  dans  toute  l'étendue  du  corps  fur  des  preuves  capables  de  la 
mettre  en  évidence.  Il  diftingue  d'abord  trois  fortes  d'Eiprits  qu'il  appelle  Na- 
turalisa uinimalis  &  Fitalis  ;  il  s'explique  enibite  ainfi  fur  leur  nature:  P^italis  eft 
Spirims  ^  qui  per  anafiomojïm  ab  arteriis  communie at ur  ^  inquibus  dicitur  Naturalis.  Pri. 
mus  ergo  eft  fanguis ,  cujus  fedcs  eft  in  hepate  &  corporis  venis,  Secundus  eft  Spiritus  Vi- 
talis^  cujus  fedes  eft  in  corde  &  corporis  arteriis.  Tertius  eft  Spiritus  ^nimalis,  cujus  fedes 
eft  in  cerebro  &  corporis  nervis.  Ce  paflage  n'annonce  point  une  idée  bien  claire  de 
la  circulation  du  fang,  puifqu'il  regarde  le  foie  comme  le  fiege  principal  de  cette 
-liqueur.  Il  eft  vrai  qu'il  dit  exprellément  que  l'Efprit  vital  tire  fon  origine  dti 
T  0  M  E    jr.  K  k 


«58  S    2    R 

ventricule  gauche  du  cœur ,  &  que  les  poumons  contribuent  à  fa  pcrfe£^ion  ;  iî 
tft  vrai  encore  qu'il  conlidere  ce  dernier  organe  comme  celui  qui,  au  moyen  de 
l'air  inl'piré ,  donne  au  i'ang  plus  d'élaboration  &  d'affinement  .•  mais  quand  il  s'a- 
git de  tracer  la  route  que  parcourt  le  fang ,  il  fe  borne  à  dire  qu'il  ed  porté 
par  la  veine  artérieufe  (  l'artère  pulmonaire  )  du  ventricule  droit  du  cœur 
dans  les  poumons  ;  que  les  rameaux  de  la  veine  artérieufe  le  verfeot  dans 
ceux  de  l'artère  velneufe  Cla  veine  pulmonaire  J  avec  lefquels  ils  communiquent; 
que  le  fang  elt  attiré  de  l'artère  veineuie  dans  le  ventricule  gauche  du  cœur 
dans  le  tems  de  la  diallole  ;  entin  que  l'Efprit  vital  ,  ou  le  fang  affiné  dans  les 
poumons,  cft  diftribué  du  ventricule  gauche  dans  les  artères  de  tout  le  corps  , 
&  que  la  portion  la  plus  tenue  pafTe  vers  les  parties  fupérieures,  où  cet  Efprit, 
de  vital  qu'il   étoit  ,  commence  à   devenir    animal. 

Tout  cela  donne  ,    à  la  vérité  ,  allez  d'idées   fur  la    circulation;  mais  elles  ne 
font   point  cxpofées   de  façon  à  pouvoir  attribuer  à  Scrva  une  connoiifance  pleine 
&  entière  du  mouvement    du  iarg    La  manière  ,  dont  il  s'eft  expliqué  ,  a  cependant 
fait  croire  à  plufieurs  Auteurs  qu'il   avoir  !à  defilis  les   notions  les  plus  claires.  On  ne 
doit  point  en  être   furpris  i  car  telle  eft  l'importance  de  cette  découverte,  que  qui- 
conque a  écrit  quelque  choie  qui  fembloit  avoir  du  rapport  avec  elle  ,    a   trouvé 
des  partions  qui  l'ont  préconiie  &  qui  lui  en  ont  fait  honneur.  Il  s'eft  môme   ren- 
contré des  Savans  qui  ont  loutenu   qn'Hippocrate  avoit  connu  la  circulation  du  fang  ; 
d'autres  ont  afluré  la   même   chofe  de  Gallen  ;  plufieurs  Médecins  anciens  ont  en- 
core été   vantés  à  cet   égard  :  grâces  au   caprice  des  hommes,  qui  aiment  mieux 
traniportcr  à  quelque  perfonnage  illuftre  une  découverte  qu'il  n'a  point  faite,  que  de 
fouffrir  que  Ion  Auteur  foit   iîiuftré  en  la  lui  laifTant.  Ce  tour  d'efprit  avilit  la  nature 
humaine  &  déshonore  la  Philofophie.  La  dignité  de  l'homme  &  la  gloire  du  Philofo- 
phe   confiftcnt  Cl    fecouer   le  joug   des   préjugés  ,  &    à  s'attacher  à  la    vérité  par- 
tout où  elle  fe  montre.  Nous  ne  prononcerons  donc    point  que    Servet  a    connu  la 
circulation  ,•  mais   nous   conviena'rons    qu'en    remarquant   que   toute    la    maflè   da 
faug  palfe  par  les  poumons ,  par  le  moyen  de   la  veine   &    de  l'artère  pulmonai- 
re    il  a  tait  le   premier  pas  vers  cette  importante  découverte.  Les  paflages  de  fon 
Ouvrage  intitulé  :    Chrijlianifmi    reftituùa   prouvent  qu'il    eut  des    notions    diftinifltvs 
fur  le  cours  du   fang    par  les    poumons  ;  mîiis   la   manière  d'expolcr  les  idées  eft 
trop  vague,  trop  indéterminée,  pour  qu'on  puifie  lui  accorder    la  découverte  plei- 
ne   &    tntiere    de   la  circulation    générale.  Cet  honneur   étoit   réfervc  au   célèbre 
Ilarvée.  qui  ,   partaiil  de  ces  premières  obfervations    ,  ainfi    que   de   celles   qu'ont 
fait    Realdui    Columbus  ,    ^ndré   Céfalpln   &   d'autres  ,   parvint    à   former   une  dé- 
jTionftration    fnr    le  mouvement    circulaire    du  fang,     qu'il   appuya  d'une  Théorie 
corforme  à  l'expérience     &  à  la  r^ifon,  utile    au  genre  humain,  &  abiblument  né* 
celi'aire   aux  progrès  de  la  vraie  Médecine. 

SERVÏLIUS  DAMOCRATES  ou  DEMOCRATES,  Médecin  qu'on  die 
avoir  vécu  dans  le  premier  fiecle  fous  l'Empire  de  Néron  ,  a  écrit  deux  Livres  , 
en  Vers  lambiques  Grecs,  touchant  la  compofition  des  médicamens.  L'un  de  ces 
Livres  étoit  intitulé  :  Philiatms ,  l'ami  des  Médecins ,  &  l'autre  CUnicus  ou  le  Mé- 
decin, On  en  trouve  quelques  fragmens  dans  Galki ,  &  l'on  y  voit ,  entre  autres  chor 


s    E    R 


259 


3es  ,  la  defcriptioa  du  Mithridate ,  tel  que  nos  Apothicaires  le  préparent  encore 
aujourd'hui.  Il  y  a  auffi  une  delcripticn  de  la  Thériaque  ,  mais  elle  eft  un  peu 
difîeréDte  de    celle  à" ^ndromaque. 

SERVITEURS  employés  dans  la  Médecine  ancienne.  La  manière  dont  la 
Médecine  le  praiiquoit  anciennement,  &  fur-tout  chez  les  Romains,  ay^nt  four- 
ni de  l'occupation  à  beaucoup  plus  de  perionnes  qu'on  n'en  emploie  aujou^-rhui 
pour  le  même  iujet ,  il  a  fallu  que  ce  fardeau  tombai  fur  de«  ferviteurs  lub  her- 
nés  qui  furent,  fans  doute,  tirés  du  rang  des  efclaves.  La  Médecine  Gymnaflique 
en  Qccupoit  el'e  feule  un  fort  grand  nombre.  Combien  ne  falloit-il  pa.*  de  gens 
pour  fervir  ceux  qui  fe  baignoient ,  ceux  qui  fe  fiifoicnt  oindre  ,  frotter  ,  &c.  ^: 
Les  bains,  en  particulier,  étoient  adminiftrés  par  les  Baigneurs  (  Bdneatorcs)  qui 
avoient  lous  eux  (  Fornacatores  )  ceux  qui  dévoient  entretenir  le  feu  fous  les  chau- 
dières &  prendre  garde  que  l'eau  du  bain  fût  comme  on  la  demandoit.  D'at'tres 
étoient  chargés  de  veiller  à  la  prwreté  du  bain  &  de  tout  ce  qui  tn  dt'pec'oit  ; 
oq  donnoit  à  ceux-ci  le  nom  -de  Mtdiaftinl.  Il  femble  c'f.bord  que  cet  otiice  éioit 
à-peu-près  le  même  que  celui  des  fouillons  ou  des  marmiton-  ;  on  trouve  cepen- 
dant des  Epitaphes  par  ielquelles  il  paroît  qu'on  ne  l'a  pas  jugé  ancicnncmtnt 
fi  abjed ,  qu'on  n'en  ait  voulu  faire  parade.  1  elle  efl  l'Infcription  fuivante  : 

Diis  Manibus  S. 

TiTio     Flavo    Oleno 

Servo  S  Procurât.  Balnei  T.  Flavi  Au§, 

VCT.    Mediajlino 

i^ix.  ann,  IX,  menf.  VII,  d.  VIII. 

Titus  Flavius  T.  L.  Polymnestus 

'  Mediafiinus 

wfi/g.  N.  Fac,    Car, 

Je  ne  fais,  dit  Le  Clerc,  (i  Procurator  Balnei  eft  un  fynonyme  de  Medlajîinust 
■ou  li  c'étoit  un  emploi  plus  relevé.  Ceux  qui  étoient  commis  à  la  direé^ion  des  bainsî 
s'appelloient  Prafe'di  Balndsi  il  y  en  eut  de  ces  derniers  qui  n'étoleut  point  de  con- 
dirion  fervile.  A  l'égard  du  mot  V^C  1  ,  on  croit  qu'il  fignitie  Un&or.  Au  refte ,  les 
deux  perlonnages,  dont  il  eft  parlé  dans  «'Epitaphe  qu'on  vient  de  lire,  étoient 
apparemment  des  Affranchis  ou  des  Eiclaves  de  Vcfpaficn,  ou  de  les  tils , 
comme  le  nom  &  le  prénom  de  Titui  Flavius  le  riontrent;  ce  qui  rendoit  leur 
office  plus  confidérabie  que  s'ils  avoient  fervi  de  limales  particuliers  en  la  même 
qualité.  11  y  avoit  aulîî  des  valets  pour  garder  les  habirsde  ceux  qui  fe  baignoient; 
on    les  appelloit  Capfarii. 

La  manière  de  vivre  &  de  s'habiller  des  Anciens  leur  rendait  Tuf^ge  des  batot 
nécefiaire  &  même  indifpeni'able.  Le  linge  l'a  rendu  moins  cnmmtn  parmi  nous. 
Dans  les  premiers  tems  ,  c'étoit  fan^-  apprêt  que  les  .-'tnciens  j  rcnoient  les  bains  ; 
comme  tout  répondoit  à  la  fimplicité  de  leur  genre  de  vie,  ils  fe  baignoient  dans 
les  fleuves  ;  mais  Humere  fait  déia  mcnt'on  des  bains  domeftiqnes.  Ce  furent  les 
<îrecs  qui  les  premiers  eurent  dans  leurs  œailbns   des    fallcs  dcUinées   uuiqueraeEt 


20b-''  S    E    a 

pour  les  bain?.  De  la  Grèce ,  cet  ufage  paflâ  chez  les  Romains  qui  Ce  tM!lio?uerent- 
en  celte  partie,  comme  en  toutes  les  autres,  par  une  magnificence  ptodigircle. 
Pline  le  jeune  ,  qui  vécut  au  commencement  du  fécond  fiecle  de  l'Ere  Chrétieune» 
fait  la  dei'cription  des  bains  de  fa  mailoa  de  Laurentum  ^  elle  fuffit  pour  donner 
une  idée  du  luxe  que  les  particuliers  y  employcient  de  fon  tems.  «  Aprfts  une 
»  chambre  avec  ion  antichambre  par  où  il  faut  palier  ,  on  entre  dans  la  fa'Ie  âes 
«  bains ,  où  eft  un  réfervoir  d'eau  froide.  Cette  falla  efl  grande  &  fpacieufe.  Des 
»  murs  opporés  fortent  en  rond  deux  baignoires  li  profondes  &  li  larges,  que  l'oa 
«  pourroit  au  befoin  y  nager  à  fon  aile.  Auprès  delà  eft  une  étuve  pour  le  par- 
n  fumer  ,  &  enfuire  le  fourneau  néceffaire  au  fervice  du  bain.  De  plein  pied  vous 
»  trouverez  encore  deuxialies,  dont  les  meubles  font  plus  galans  que  magnifi- 
»  ques  ;  5ï  un  autre  bain  tempéré.  Aflcz  près  delà  eft  un  jeu  de  paume  ôjc.  » 
AinlJ  parle  Pline.  Mais  outre  ces  bains  particuliers  qui  ne  fe  voyoient  que  dans 
les  palais  des  Princes,  des  Grands  &  les  maifons  des  perfonncs  riches,  il  y  avoit 
des  bains  publics  pour  Pûfage  du  peuple.  D^s  la  Grèce,  il  n'y  en  avoit  point 
d'autres,  qu'on  pût  regarder  comme  publics,  que  ceux  qui  faifoient  partie  des 
Gymnafcs  i  mais  à  Rome  il  y  en  avoit  dans  tous  les  quartiers  de  la  ville,  &c  la 
plupart  d'une  très-vafte  étendue.  Chaque  particulier  pouvoit  s'y  baigner  pour  la 
quatrième  partie  de  V^is  Romain,  taxe  médiocre,  dont  les  femmes  &  les  garçons - 
au  deffous  de  l'âge  de  quatorze  ans  étoient  exempts.  Dans  tous  les  Etats  Maho- 
métans ,  où  l'uliage  des  bains  eft  fort  commun,  parce  qu'il  eft  regardé  comme 
une  pratique  de  religion  ,  il  en  coûte  auffi  fort  peu  aujourd'hui  ;  moyennant  urr 
Para   qui    équivaut   à  iix  liards  de  notre  nionnoie ,  on  y  eft  bien  fcrvi. 

Le  foin  du  corps  ne  fe  bornoit  pas  anciennement  à  le  laver;,  l'application  des 
huiles,  des  onguens  &  des  parfums  liquides  dont  on  fe  fervoit,  foit  après  le  bain,, 
foit  autrement,  occupoit  autant  de  perfonnes  que  le  bain  même.  Ceux  qui  fai- 
foient profeffion  d'adminiftrer  ces  onguens  ou  ces  huiles  ,  tant  aux  malades  qu'aux 
fains ,  fe  faifoient  appeller /airaZipf*  ,  c'eft-à-dire.  Médecins  oignans.  lis  avoient: 
fous  eux  ,  ceux  qu'on  nommoit  limplement  ^Upt<e  en  Grec  ,  &  Uncfores  ou  ReunC' 
tores  en  Latin  ;  quoique  le  mot  Alîpta  fe  prît  aufli  quelquefois  pour  Jatralipta.  Ces-' 
gens-là  qui  ne  fervoient  qu'à  oindre,  doivent  être  bien  dillingués  de  ceux  qu'on 
appelloit  Unguentaril  ou  Ungeiîtarii  ,  qui  étoient  ceux  qui  vcndoient  les  huiles  & 
les  onguens;  il  ne  faut  pas  non  plus  les  confondre  avec  ceux  qui  le  nommoient 
Olearii^  qui  étoient  des  efclaves  qui  portoient  le  pot  à  l'huile  après  kurs  maîtres 
en  allant  aux   bains. 

Après  avoir  oint,  avant  même  qu'on  oignît,  on   frottoit  &  on  racloit  la  peau,, 
ce  qui  étoit  l'ofiice  des  Frotteurs ,  Fricatores.  Ils  fe  ;fcrvoient  pour    cela   d'un  inf- 
trument  appelle  Strigll ^  qui  étoit  comme  une  efpece  de  cuillère  faite  de  bois,  de  , 
corne  ,  de  fer,  ou  autre  matière.   On   peut  en  voir    la  figure   dans    Mercuriali  & 
Pignor'uts. 

liCS  Jatraliptte  avoient  encore  fous  eux  des  gens  qui  faifoient  profellîon  de  broytï' 
ou  de    manier  doucement  les  jointures   &  les   autres  parties    du    corps,    pour   les 
ramollir  ii  les  rendre  plus  fouples.  On  les  appelloit   Traclatures.    C'eft   de    ces  gens  ■ 
&  de  leurs  remèdes  que   parle    Seneque,  lorfqu'il  dit  en  s'échaufiant    contre  l'abus 
qsi  fe  eoramettoivà  cet  égard;  «  Faut-il  que  jç  donne  mes  jointures  à  amollir  ^- 


s    E    R  26r 

«  ces  effëminés  *)  Ou  faïuil  que  je  fouffre  que  quelques  femmelettes,  ou  quelque 
"  homme  changé  en  femme,  étende  mes  doigts  délicats*]  Pourquoi  n'eflimerai-je 
«  pas  plus  heureux  un  Mutius  Scevola  qui  manioit  aufli  aifément  le  feu  avec  la 
u  main,  que  s'il  l'eût  tendue  à  un  de  ceux  qui  font  profeffion  de  broyer  ou  de 
»  manier  les  jointures  "]  »  Ce  qui  mettoit  Seneque  de  mauvaife  humeur  contre  cette 
efpece  de  remède  &  contre  ceux  qui  le  pratiquoient ,  c'eft  qu'ils  le  taiCoient  la 
plupart  lans  nécellité  &  par  pure  délicateire.  On  employoit  même  quelquefois  à 
cet  office  des  femmes  qu'on  appelloit  Tra^atnccs.  C'eft  d'une  d'elles  que  parle  le 
Poëte  Martial^  en  faifant  la  defcription  de  la  débauche  d'un  riche  voluptueux: 

Percurrit  agili   corpus  arte  TraSIatrix  ,. 
Manumque  doSlam  fparglt  omnibus  membris. 

Lib.  III,  Epigramm.  82. 

Comme  les  onguens  ne  pouvoient  pas  être  commodément  employés  qu'on  n'ô- 
tftt  le  poil,  les  Anciens  le  iervoient  pour  cela,  premièrement  de  pincettes  &  de 
pierre-ponces;  mais  lorique  ces  moyens  n'étoient  pas  fuffilans  ,  ils  le  failbient  ap- 
pliquer des  emplâtres  appellées  Dropaczs ,  faites  avec  de  la  poix  &  de  la  réfine. 
On  levoit  ces  emplâtres  tout  d'un  coup  ,  en  iorte  que  le  poil  s'arrachoit  avec  elles! 
Ils  fe  faifoient  aufli  oindre  a\^ec  des  onguens  appelles  Pfdothra  ,  qui  procuroient 
la  chute  du  poil.  Les  hommes  qui  fervoient  à  cet  office ,  étoient  nommés  Dropa. 
ciftte  &  ^lipUarii;  les  femmes  ,  Ficatrices  &  Paratiltria.  Les  barbiers  appelles 
'/"on/oref  ,  fervoient  auffi  en  cette  rencontre.  Les  femmes  en  avoient  aufli  entre  elles 
qui  exerçoient  le  même  métier  &  qui  étoient  appellées  Tonftrices.  Le  Poëte  Martial 
&  d'autres  font  mention  de  ces  fortes  de  femmes  ,  &  l'on  trouve  une  vieille  Inl- 
cription  fur  ce  fujet  .* 

SEXTIiE   L.   TERTIiS- 
TONSTRICI. 

Les  Anciens  avoient  une  autre  efpece  de  Serviteurs,  dont  l'emploi  ëtoit  de  garder 
les  malades,  de  les  lervir  dans  toutes  leurs  néceffités  ,  de  leur  apprêter  à  miinser.  Çs 
de  pourvoir  i\  tout  ce  qui  concernoit  l'appareil  de  la  fépulture  &  la  fépulture'mêtne. 
C'étoit  ordinairement  des  efciaves,  ou  d'autres  perfonnes  de  la  plus  baflc  condi« 
tion,  qui  croient  chargés  de  ces  fondions.  Ceux  qui  avoient  foin  des  malades  ou 
les  Gardes-malades  ,  étoient  appelles  par  raillerie  ,  Midici  ad  maculam  ,  Medxi  cn~ 
qui.  Quelques  Auteurs  leur  ont  auffi  donné  le  nom  de  CUrùci  ^  parce  qu'ils  ne  quit- 
toient  pas  le  lit  des  malades.  Mais  c'eft  mal  interpréter  le  mot  Clinicus  ,  qui  d.-.ns 
fbn  véritable  fens  défignoit  un  Médecin  proprement  dit.  Ceux  qui  s'occupoierr  à 
laver  les  corps  mons  ,  à  les  oindre,  à  les  mettre  dans  un  drap,  iSj  à  faire  tc-jt 
ce  qui  fe  faiibit  anciennement  avant'  que  de  porter  les  corps  au  bûcher ,  ou 
avant  que  de  les  enterrer  ,  .«'appelloient  PdhnSores. 

Dès  que  les  Empereurs  Romains  eurent  etnbralTé  le  Chriffianifme  &  qvc  l'on- 
eut  établi  des  Hôpitaux  pour  les  pauvres,  la  plupart  de  ces  offices  tombèrent  avec 
le  luxe  ôi  la   jaQllelie  qui  leur  avoitnt  donné    naJifance.  On  fe  borna  à  ce  qyj- 


a62  S    E    R         S    E    S        S    E    V 

étoit  de  néceffité  ;  &  quant  aux  Hôpitaux ,  on  y  mit  des  gens  choifis  pr.r  les  Evê- 
ques  &  les  Prêtres ,  fous  le  nom  d^ï  Parabolani ,  dont  le  devoir  contifioit  à  le  tenir 
continaellement  auprès  des  malades  pour  en  avoir  loin.  Cet  office  fe  rapporte  à 
«elui  de  nos  Infirmiers. 

SEiî-VlUS  ,  (  Pierre  )  de  Spolete  ,  enfeigna  la  Médecine  Théorique  à  Rome  , 
Je  mourut  dans  cette  Capitale  en  1(^48.  Il  a  compofé  plufieurs  Ouvrage?,  mais  il 
ne  les  a  pas  toujours  publiés  fous  fon  nom  ;  il  s'eiî  quelquefois  caché  ious  celui 
<ie  Pcrjîus  Trevas  ,  qui  eft  l'anagramme  de  Fetrus  Sen'ius.  Voici  les  titres  des  Trai- 
tés qu'on   lui  doitr 

^d  Librum  de  furn  Liclls Stcphaiii  Roderici  Caflrenjls  ^Declamailones.  Rome .,i(f^Hfin-^. 

Jnfiitatlonum ,  quihus    Tyroaes  ad    Aledicinam  informantar  ,  Libri    ires.  Rom£  ,  15^8  » 
în-12,  avec    deux  diilertatioas    intitulées:    Prolujiones  dua  ad   injlruendos    ad    Citent 
Xyrnnes  accommoaat<E. 
Jiivcniles  Feiia  ques  aint'aunt  ^ntiquitatum  Romanarum  mifcellanea.  Ibidem,  1640  ,  iii-3- 

Dijjertatift  de  oaor.bus.  Ibidem ,  1^41  ■>  '••i-B. 

Differtatio  de  un^acntj  armario ,  jive  ,  do.  Nature,  .^nifque  miraculis.  Roma  ,  1642  , 
564",  tn-ii.  Nûri.nhcr^e ,  1662,  £«-4,  dans  le  Theatrum  Sympatheticum  aucium.  'En 
Allemand,  Francfort,  iôb4,  m-H. 

SESSA ,  f  Jérôme  )  Dofteur  en  Philofophie  &  en  Médecine,  étoit  de  la  ville 
de  fon  nom,  dans  le  Royaume  de  Naples.  Egalement  recommandable  par  lés 
vertus  &  fes  talens  ,  il  mérita  la  confiance  du  Pape  Paul  IV  qui  gouverna  TE- 
•ffiife  depuis  le  23  Mai  1555  jufqu'au  18  Août  155g.  Ce  Souverain  Pontife  le  nom- 
ma non  feulement  Ion  Médecin,  mais  il  voulut  encore  lui  donner  le  chapeaa 
de  Cardinal  ,  que  Jcrôme  refufa  ps.T  humilité.  On  a  de  ce  Médecin  quelques 
Ouvrages  de  Ihéologie  &  d'autres  fur  l'Art  de  guérir,  mais  les  Bibliographes  fe 
bornent  à   annoncer    les  dErniers,   lans  donner  ni    leurs    titres,  ni  leurs  éditions. 

On  trouve  Placide  Sejfa  dans  le  fiecle  luivant.  Il  naquit  à  Meffine  ,  où  il  le  dif- 
tingua  vers  fan  i6;,o  par  fon  lavoir  en  Philofophie  &  en  Médecine,  dont  il  avoit 
pris  le  bonnet.  Cortefi  parle  de  lui  avec  éloge ,  &  ^ntonia  Mongitore  lui  attribue 
un  Ouvrage   intitulé  ; 

£  revis  apalo2,ia  ad  versus  antipraxis  nuper  editts  ^uthorem,  pro  o&ava  F.piftola  Decw 
-4is  notice  Mifct^Uaneorum  Cornais  Joannis-Baptijte   Cortefii.  MeJJane ,  1635,  in-^. 

SETHI.  Voyez  SIMEON  SETHI. 

SETTALA.   Voyez   SEPTALIUS. 

SEVERINI  (  Pierre  _)  naquit  en  1540  à  Ripen  en  Dannemarc.  II  fe  fit  confi- 
dérer  par  la  précocité  de  ion  efprit  &  l'étendue  de  fes  talens  dans  les  Belles- 
Lettres;  avant  l'âge  de  ao  ans,  il  enfeigna  la  PoéCe  à  Copenhague,  où  il  s'ac- 
quit bRaucoup  de  réputation.  Mais  comme  il  a^'piroit  4  f^  ^'r^  un  éiablifieroent 
plus  conlîdérable  ,  il  prit  le  bonnet  de  Docteur  es  Arts  en  i^ô^,  ,  &  voyagea 
enf'.iite  en  France  jufqu'en  1565  qu'il  revint  dans  fa  patrie ,  où  on  le  chargea 
^•enicigner  la  doéltine  des    Météores.  Comme   la  Phylique  &  la  Médecine  furent 


s  E   V  ^r, 


j 


alors  les  premiers  objets  de  fes  études  ,  il  ne  tarda  point  à  palTer  en  Italie  pour 
fe  perfectionner  dans  Tune  &  l'autre  de  ces  Sciences  qui  ont  tant  de  rapport 
entre  elles.  Déjà  bien  au  lait  de  la  Théorie  ,  il  l'entit  tout  le  beloin  qu'il  avoit 
d'y  ajouter  les  connoiflances  qu'on  tire  de  la  Pratique.  A  cet  effet,  il  s'appliq'ja  à 
la  cure  des  maladies  en  différens  endroits,  &  principalement  à  Veniie  ;  mais  dès 
qu'il  fut  de  retour  en  Allemagne ,  il  redoubla  d'ardeur  à  cet  égard  &  i"e  mit  -X 
fuivre  les  Médecins  les  plus  célèbres.  En  1570,  il  fut  rappelle  dans  fon  pays  ;  il 
n'aima  cependant  point  d'y  retourner  ,  fans  repalier  encore  en  France  ,  où  il  prit 
le  bonnet  de  Dofteur  en  1571.  Il  arriva  à  Copenhague  dans  le  cours  de  \i  même 
année,  &  ne  tarda  point  à  être  nommé  Médecin  du  Roi  Frédéric  H.  Cbriftiern 
IV  lui  donna  aaffi  toute  fa  -confiance  &  le  continua  dans  l'emploi  de  Médecin 
de  fa  perlonne  ,  lorfqu'il  monta  fur  le  trône  de  Dannemarc  en  15B8.  Scverini 
rendit  de  grands  fervices  aux  habitans  de  Copenhague  ;  mais  il  fut  la  vidime  de 
fon  zele  durant  la  pefte  qui  défola  cette  ville  en  1602.  11  mourut  le  29  Juillet 
de  la  même  année  ,  &  lailTa  les   Ouvrages   fuivans  : 

Idea  Medicirtje  Fliilofophlcts ,  fundamcnta  continens  tot'ius  do&nn<s  Paracilfîae  ,  Hip- 
pocraticte  &  Galenica.  Bafilas^  ^571  ^  ^«-4-  Haga  Cjmlth  ,  i55o,  i6t)8,  m-4.  Erfur- 
ti  ,  1616.  /n-8.  Roterodjnd  ,  1C68  ,  jn-4.  Les  Chymilies  ont  fait  beaucoup  de  cas 
de  ce  Traité  ;  mais  il  a  déplu  aux  Galéniftes  ,  &  chaque  parti  en  a  jugé  fuivant  fes 
lumières  &  fes  préventions. 

Epijlola  pro  Theophrafio  Paracdfo ,  in  qua  ratbnis  ,  ordinîs  R  nomlnum ,  adcoque 
totius  Pkilofoph'us  cdept^  methodus  ofimditur.  Bajile<£  ,  1572,  t/2-8.  Les  titres  feu's  des 
Ecrits  de  Severiai   annoncent  allez   Ion    attachement  aux    opinions  de  Paracelfe. 

Ce  Médecin  ent  une  fille  qui  époufa  Jona%  Charljîus,  Dodteur  en  Médecine  & 
en  Droit ,  Confeiller  du  Roi  Cbrifliern  IV  5t  Chanoine  de  Rolchild.  Il  eut  aulïi 
un  fils,  nommé  Frédéric,  qui  naquit  â  Copenhague.  La  proleflion  de  IVÎédecia 
avoit  trop  réulK  à  fon  père  ,  pour  ne  pas  fuivre  les  confeils  qu'on  lui  donna  de 
prendre  le  même  parti.  Il  fe  fit  recevoir  Doreur,  &  pafla  enfuite  à  Flensbourg 
où  il  exerça  ,  avec  allez  de  réputation,  depuis  1618  jufqu'en  1621  qu'il  revint 
dans  fa  ville  natale.  Il  y  étoit  encore  en   163 1. 

SEVERINI,  (  Marc-AureleJ  ou  comme  il  s'appelloit  lui-même,  Marcus  Aurc- 
lius  Severîaus  Thurius  Crathigzna  TarfenJIs  ,  favant  Médecin  ,  étoit  de  Tarfia  dans 
la  Calabre  citérieure  ,  pu  il  naquit  en  1580.  11  avoit  d'abord  eu  du  goût  pour  la 
Jurifprudence ,  mais  il  en  abandonna  l'étude  pour  s'appliquer  à  la  Médecine  f"^"- 
Jules  JaJJoîinus ,  célèbre  Profeflëur  de  l'Univerfité  de  Naples,  où  il  f"*  f^omu  au 
Doftorat.  Ssverini  devint  lui-même  un  des  plus  grands  Maîtres  f^"  -'^"^  Ecole  ;  il  y 
enfeigna  l'Anatomie  &  la  Chirurgie  avec  tant  de  réputa^^-^  >  1"^  '^^  étrangers  pal- 
ferent  en  foule  à  Naples  pour  l'entendre.  La  1--"^^^  dont  il  a  traité  de  la  Chi, 
rurgie  dans  fes  Ecrits  ,  lui  a  mérité  les  élw*  ^^  BarthoUn.  Il  fut  un  de  ces  hom- 
mes hardis  qui  n'épargnèrent  rien  pou-  fcmettre  en  vigueur  les  méthodes  adoptées 
par  les  anciens  Grecs.  Bien  au  d"ius  *^^^  Préjugés  de  fes  contemporams ,  il  trou, 
va  leurs  façons  d'opérer  trop  molles  &  trop  lentes  ,  &  chercha  à  rappeller  l'ufage- 
trop  négligé  du  fer  &  du  f'^u.  U  a  cependant  poulie  les  choies  trop  loin,  fur-tour 
à  l'égard  "du  feu:  on  remarque  une  forte  de  cruauté  dans  fes  confeils;  il  f^roit 
même    dangereux   de  fuivre  la   plupart  des  préceptes  SLu'il  a  donnés. 


304  *  S    E    V 

Ce  Médecin  mourut  à  Naplcs  le  15  Juillet  lô^G  ,  ftgé  do  76  ans.  I!  motitre  « 
en  général,  beaucoup  de  génie  dans  les  Ouvrages  qu'il  a  laiirès,niais  on  y  trou- 
ve auili  des  preuves  de  Ion  goût  pour  les  paradoxes.  Si  l'on  juge  de  fes  Ecrits 
par  le  nombre  ,  on  voit  afiez  qu'il  aimoit  le  travail.  Voici  la  notice  de  ceux  que 
les  Bibliographes  lui  attribuent  : 

Hijioria   anatomica  ,  obfervatioque    medlca  evificrati    hominîs.  Neapoîl ,    162g,  in- 4. 

De  ncond'ua  abfccjjuuni  naturâ  Libri  octo.  Ibidem ,  1632  ,  in-8.  C'eft  la  féconde  édi- 
tion,  revue,  corrigée  &  augmentée  par  l'Auteur.  Francofuni ,  1643,  ^'*"4-  Ptuav'U , 
165 1,  1668,  iR-4.  Lugduni  Batavorum ,  1724,  «1-4,  avec  figures.  Le  ftyle  de  cet 
Ouvrage  eft  dui  &  entortillé  ,  mais  le  fonds  eft  admirable.  Scverini  appuie  l'ur 
la  nécellité  de  diftinguer  les  dépots  critiques  d'avec  ceux  qui  ne  le  font  pas  ;  il 
établit  les  fignes  qui  les  difiérencient  ,  &  fait  voir  l'importance  de  recourir  aux 
înoyens  les  plus  efficaces  pour  amener  les  premiers  à  la  luppuration.  Cette  dodirine, 
qui  eft  bien  déduite ,  lui  donne  fujct  de  s'étendre  fur  les  métaftafes. 

fripera  Pythîa,  id  e/?,  de  FJjKrts  naturâ  ,  venenù  &  medidnâ.  Patavli^  1643,1651  , 
H'^.  C'eft  un  T-raité  plein  de  queftions,  de  controverfes  &  de  difcuflions  alTez 
inutiles. 

Opufculum  de  qualUate  B  naturâ  Chocolat£.  Norlmbergce  ^  1644,  in-ii.  Il  eft  tra- 
duit  de  l'Efpagnol  A^ Antoine  Colmenero,  Médecin,  dont  l'Uuvrrge  avoit  paru  à 
Madrid  en  1631,  i/z-4. 

Zootomia  Democrltea,  id  eft  ^  yfnatoine  generalis  totius  animantiam  opificic^  Libris 
.quinque  dijUncia.  Norimbergce  ^  '645,  '«-4,  par  les  foins  de  P^olckamer.  Le  grand 
nombre  d'animaux  que  l'Auteur  a  difî'équés,  lui  a  fourni  beaucoup  d'éclairciiFemens 
fur  l'Anatomie  comparée  ;  on  trouve  même ,  dans  fa  Zootomie ,  le  germe  de 
piufieurs  découvertes  que  d'autres  Ecrivains  fe  font  appropriées  en  les  mettant 
au  jour. 

De  efficaci  Mediclna  Libri  très.  Francofurti,  1646,  in-folio.  Parijus ,  1669,  t/i-4- 
Francofurti ,  1671»  1682,  in-folio.  En  François,  Genève,  1669,  ««-4.  C'eft  dans 
ce  Traité  quil  exagère  les  avantages  du  fer  &  du  feu  dans  la  cure  des  maladies, 
tant  internes  qu'externes. 

De  Lapide  Fungifiro ,  de  Lapide  Fungimappa  ,  Epiftolts  date.  Patavii ,  1649 ,  tn-4  ^ 
avec  le  Livre  De  cœna  de  Baptifte  Fiera.  Guelpherbyti ,  1728,  i/i-4.  II  s'agit  ici  de 
la  Racine  de  champignon  ,  appelîée  improprement  Pierre  à  champignon  ;  elle  fe  trouve 
en  difiérens  endroits  du  Royaume  de  Naples  ,  particulièrement  dans  la  Pouille ,  & 
*^  """î^fporte  dans  les  pays  étrangers.  On  a  vu  de  ces  pierres  en  France  qui  ont  végété 
pendant  l^^.^^^^  années.  Quand  elles  font  couvertes  d'un  peu  de  terre  ,  &  en- 
luite  arroiées  d  eau  c^^  ^  ç„gg  produifent ,  au  bout  de  quatre  jours ,  des  cham- 
p.gnons  grands,  blanchâtre^  ^^^^^^  ,„  delTous  ,  dont  la  tête  ,  qui  eft  convexe,  eft 
îoutenue   par  un  pédicule    d'env..^  ^inq  pouces  de  haut. 

Jherapeuta  Neapohtanus  five  cura,,a,.,^^  f^^rium  &  morborum  internorum  Me- 
zhodus.heapoU,  1653,  ;n-8,,  avec  le  Traité  s,,  p^danchone  maligna  ,  &  le  Com- 
anentaire  de  Bartholm  fur  ce  dernier  Ouvrage. 

Trimembrls   Chlrurgia.  Francafurti ,   1653,   m-4.    Lugaur,i  Batavorum,  irar  ,  m.4. 

SeUo.phkbotome  cajîigata ,  Jire ,  de  rena  SalvatclU  ufa  &  abufu  cenfura.  Hanovia., 


s    E    X  i65 

1654,  in.4,   Francofartl ,  1668,  //i-4 ,  avec  les-  Opufcuks  de  diftërens  Anatomiftes. 

De  aqua  Pericardil ,  cordis  adipe  ,  poris  ckoledocis.  Hanovia ,  1654,  in-/^.  Le  même 
Ouvrage  avec  quelques  augmentations.  Hanavia^  1664,  "^'4'  Francofuni,  1668  » 
j«- 12. 

jintlperipatias  ,  Aoc  e^ ,  advenus  ^riftoteleos  de  refplratione  pifcîum  Diatr'iba.  Nea- 
poli,  1659,  ''^-folio.  jimflelodami  y  1661,  in-folio.  On  y  a  joint;  Commentarlus  in 
Theoplirajlum  de  pifcibus  in  ficco  viventibas.  Phoca  anatomicè  fpeciatus.  De  radio  Tur' 
taris  marinl.  Tout  cela  eft  du  même  Severii^l  qui  s'étoit  propolé  d  orner  ce  Re« 
cueil  de  figures,  mais  la  mort  l'a  empêché  d'y  faire  travailler;  elle  ne  loi  a  pas 
même   permis  de  publier  ces  différentes  pièces. 

Synopfeos  Chirurgien  Libri  VI.  ^inftelodami,  1664,  in»i2.  C'eft  apparemment  un 
•extrait  de  tout  ce  que  notre  Auteur  avoit  écrit   fur   la   Chirurgie. 

SEXTIUS  NIGER.,  Médecin  du  quarantième  iiecle,  aéré  difciple  d'-^fclépiade 
le  Bythinien.  Pline  remarque  qu'il  a  écrit  en  Grec,  quoique  la  Langue  Latine 
eût  été  la  fienne.  On  ne  connoît  point  fes  Ouvrages,  mais  on  fait  qu'ils  lui  ont 
mérité  les  éloges  de  Diofcoride  &  de  Galien.  Le  premier  de  ces  Auteurs  lui  donne 
même   un  rang   diftingué  entre  les  Sectateurs  à" ^fdépiade. 

On  trouve  un  Q.  Clodius  O.  L.  Ni^er ,  Médecin  Oculifte ,  dont  il  eft  fait  men- 
tion dans  un  ancien  monument. 

SEXTUS  furnommé  L'EMPIRIQUE  ,     Médecin   que    Lechrc   compte    entre 
ceux  du   XXXVIll  ou   XXXIX    i'ccle ,    e(l    mis   par    Freind   dans   le    fécond  de 
l'alut ,  fous  l'Erapn-e  d'Antonin    le  Pieux.    11  étudia,  dit  Leclcrc ,  fous    Hérodote  de 
Tarfe  ,  &  fut  Maître  de  Saturninus  Cythcnas.  C'eft  tout  ce    qu'on   fait  de    la    per- 
-fonne  de  ce  Médecin,    mais  on  connoît  mieux    fes  Ouvrages    qui   font  palTés  juf- 
qu'à  nous.   Ils  coniiftent   en  dix  Livres,  où  il  difpute  contre    toutes  les  Sciences, 
&  en  trois  autres  qui   contiennent  les  fentimens    des    Pyrrhonicns.    Celui    intitulé  : 
Sexti  Placiti,   OU  comme  d'autres    veulent,  Platonici ,  de  Medlcina  animallum.,    bef- 
tiarum  ,   pecorum   &    avlum    Liber  ,  parut   à  Nuremberg  en    1538,  i/i-8;   à   Zurich 
en  15391  '"1-4;  à  Bâle,  en   1539,  '"-45  avec  les  notes  de  Gabriel    Hamelberg.  Quel- 
ques   Auteurs  l'attribuent  à    Sextus   de   Cheronée ,    Philofophe    Platonicien ,  neveu 
de   Plutarque  &  Précepteur  de  Marc  Aurele  qui   parvint  à  l'Empire,  avec    Lucius 
Verus  ,  l'an  161  de  falut.  Mais  bien  d'autres  ne  font  pas  de  ce  feniimcnt,  car  ils  don- 
nent ce  Livre  à  Sextus  l'Empirique.   Ils  prétendent  que  c'eft  Suidas  qui  a  fait  cette 
équivoque  ,  &   qui  l'a   pouilec  au  point    de  dire  que  Sexius  de  Cheronée  avoit  eu 
un  Hérodote  pour   précepteur.  On  ne  peut  cependant  s'y  méprendre ,  quand    oc  fait 
attention  que  cet  Hérodote  étoit   de  Philadelphie  ,  &  que  le  Maître   de  Sextus  l'Em- 
pirique étoit  de  Tarfe. 

Les  Ouvrages  de  ce  dernier  Sextus  ont  paru  en  Grec  &  en  Latin  à  Genève 
en  1621,  in-folu)\  la  verfion  eft  de  Gentlanus  Harveius.  Il  y  a  encore  une  édition 
de  LeipOc  ,  1718,  in-folio,  de  la  verfion  de  Henri  Etienne  ,  avec  des  notes  C'eft 
Jean  -  Gilbert  Fabricius  qui  en  a  procuré  l'impreflion.  On  a  mis  en  François  Les 
Hypotypofes  ou  Inflitutwns  Pyrrhnnlenn.es  de  Sextus  l'Empirique  ,  avec  des  notes  :  le 
'  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  feu  M.  Falconet  cite  une  édition  de  1735  ,  in-iz-. 
TO  M  E    Jr.  L  1 


26S.  S    H    A 

SHARP,  C  Samuel)  Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres,  AfTocié 
étranger  de  l'Académie  de  Chirurgie  de  Paris,  Chirurgien  en  Chef  de  l'Hô- 
pital de  Guy  ,  avoit  déjà  été  difciple  du  célèbre  CAé/èWea ,  lorfqu'il  fé  rendit  à 
Paris  pour  profiter  des  lumières  des  iavans  Maîtres  de  cette  Capitale.  Les 
progrès  qu'il  a  faits  dans  fa  profedion ,  lui,  ont  mérité  les  dittind^ions  dont  on  a 
honoré  les  takns.  Quoique  peu  avancé  en  âge  ,  il  étoit  parvenu  à  un  tel  degré  de 
célébrité,  qu'il  pouvoit  déjà  fe  placer  parmi  les  hommes  qui  avoient  rempli  la 
carrière  la  plus  glorieufe  dans  leur  Art.  Mais  c'étoit  peu  pour  Sharp  de  briller 
dans  l'exercice  de  la  Chirurgie;  éclairé  des  lumières  de  l'obfervation  ,  il  donna  un 
libre  efibr  à  l'on  génie ,  &  mit  au  jour  les  Traités  que  nous  avons  de  lui  en  fa 
Langue  maternelle,  fous  ces  titres  : 

^  Treatife  on  the  opérations  of  furgery  a  defcrlption  and  reprtfentatlon  of  the  injlru- 
ments ,  and  an  introduction  on  the  nature  and  trcatment  of  wounds ,  abfcejjes  and  ulcères. 
Londres  ,  1739,  1740,  in-8.  On  y  trouve  plufieurs  choies  propres  à  l'Auteur,  en 
particulier  ,  la  defcription  de  quelques  nouveaux  infirumens.  Cet  Ouvrage ,  dans 
lequel  la  netteté  &  la  précifion  régnent  encore  ,  a  été  mis  en  François  par  M. 
Jault ,  Doif^eur  en  Médecine,  fous  le  titre  de  Traité  des  opérations  de  Chirurgie, 
avec  ks  figures  &  la  defcription  des  injîrumens  qu'on  y  emploie  ,  &  une  Introduciion  fur 
la  nature  &  le  traitement  des  plaies ,  des   abfcès  &  des  ulcères.  Paris ,  1741 ,  In-ii. 

A  Critical  enquiry  in  to  the  prefent  ftate  of  fargery .  Londres  ,  1750  ,  i/i-B.  Ce  Re- 
cueil cft  compoié  de  plulieurs  diflertations  intéreflantes  fur  les  maladies  &  les  opé- 
rations chirurgicales.  L'Auteur  s'attache  à  faire  voir  qu'il  elt  quantité  de  maximes 
affez  généralement  reçues  en  Chirurgie,  qui  font,  fuivant  lui  ,mal  fondées;  & 
delà  il  conclut  qu'on  n'a  point  encore  fait ,  dans  cet  Art ,  tops  les  progrès  dont 
il  eft  fufceptible.  M.  Jauk  a  aufli  traduit  cet  Ouvrage  en  François  ,  fous  le  titre 
de  Recherches  critiques  fur  Vétat  préfent  de  la  Chirurgie.  Paris  ,  175F,  ia-ia.  Il  y  a. 
encore  une  Traduaion  en  Efpagnol  publiée  à  Madrid  en  1753,  /tt-4. 

SHAW,  (  Thomas  J  favant  Médecin  Anglois  qui  demeura  plufieurs  années  en 
Afrique  ,  étoit  de  la  Société  Royale  de  Londres  ,  Profefîeur  en  Langue  Grecque 
&  Principal  du  Collège  d'Edmond  à  Oxford.  Séguier  ne  le  cite  point  comme  Mé- 
decin ;  il  le  dit  fimplement  Profcflcur  de  Théologie.  Mais  telle  profeBion  qu'il  ait 
exercée,  Shaw  ne  doit  pas  moins  être  mis  au  rang  de  ceux  qui  ont  enrichi  l'Hif- 
toire  Naturelle.  Il  mourut  à  Oxford  le  15  Août  1751,  &  laifTa  une  Relation  des 
voyages  qu'il  avoit  faits  en  divers  lieux  de  la  Barbarie  &  du  Levant.  Cet  Ou- 
vrage ,  à  qui  il   doit   principalement   fa  réputation ,  a  paru  fous  ce  titre  : 

Travels  and  Obfervations  rdating  to  fêterai  parts  of  Barbary  and  the  Levant.  Ox- 
ford ,  173B,  in-fo'i).  Il  a  donné  un  fupplément  imprimé  en  1746,  même  format. 
L'Auteur  a  rendu  ,  avec  beaucoup  de  vérité  ,  tout  ce  qui  a  rapport  aux  Eaux 
Thermales ,  aux  Animaux  &  aux  Plantes  des  pays  qu'il  a  parcourus  ;  le  célèbre 
Dillen  s'eû  chargé  de  donner  à  chaque  plante  le  nom  qui  lui  efl  propre.  Cette  Re- 
lation a  été  fi  bien  reçue  du  public  ,  qu'on  n'a  pas  tardé  à  la  publier  en  François . 
à  La  Haye ,  1740 ,  deux  volumes  /n-4. 

ïl  ne.  faut   point  confondre  cet   Ecrivain  avec  Pierre  Shaw  ^  premier    Médeci»; 


s    H    E  2C7 

da  Roi  d'Angleterre ,  qui  a  corapofé  un  Traité  ,  en  fa  Langue  maternelle ,  fur 
l'hi/îoire  &  la  cure  des  maladies.  Il   efi:  intitulé; 

New  pratice  of  Phyjïc.  J^ondres  ,  1726  &  1738 ,  deux  volumes  in-8.  On  y  cherche- 
roiten  vain  des  lyftêmes  impofans ,  ou  de  ces  explications  étudiées  par  lelquelles  les 
Auteuri  veulent  rendre  raifon  de  toutes  chofes;  Shaw  fe  borne  à  donner  l'hiftoire 
des  maladies  avec   la  plus  grande   fimplicité.  Nous  devons  encore  à  ce  Ptlédccin  : 

Enquiry  in  to  tht  virtues  of  Scarborough  fpaw  waters.  Londres,  1734,  in-8. 

Chymical  Ledures  publickly  read  in  London  173 1,  1732  ,  and  Scarborough  1733.  Lon- 
dres ,  1734,  î.7-8.  Ce  Traité  a  été  mis  en  François  ,  fous  le  titre  de  Lcçms  de 
Chymie  propres  à  perfectionner  la  Phyfique ,  le  Commerce  &  les  u4rts,  Paris,  iji^g  , 
Jfl-4.  Le  Traducteur  y  a  ajouté  des  notes  qui  font,  en  général,  fimples  ,  utiles, 
modeftes  ,  &  qui  figurent  très -bien  avec  le  texte  de  l'Ouvrage.  Skaw  a  encore 
mis  la  plus  grande  fimplicité  dans  fes  expériences  ;  mais  on  en  eft  dédommagé  par 
la  profondeur  de  fes  réflexions  ,  par  la  vafte  étendue  des  conféquences  qu'il  en  tire  , 
&  par  le  fage    emploi  qu'il  a  fait  de  fes  connoiflances. 

SHEliAllD  ,  (  Guillaume  )  Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres  & 
Doreur  en  Médecine  ,  peut  être  mis  au  rang  des  Botaniftes  de  ce  fiecle 
qui  ont  mérité  le  plus  d'éloges.  Il  commença  à  fe  former  dans  l'Ecole  appellée 
Merchant  -  Taylors  ,  après  quoi ,  il  devint  aflbcié  du  Collège  de  Saint  Jean  à 
Oxford.  Ses  bonnes  qualités  ,  ainfi  que  fes  talens ,  lui  procurèrent  l'avantage 
d'être  choifi  pour  compagnon  de  voyage  de  deux  Seigneurs  ,  avec  qui  il 
parcourut  plufieurs  contrées  de  l'Europe.  Comme  il  voyageoit  en  Philolbpbe  , 
rien  ne  lui  échappa  ;  il  obferva  fur-tout  ,  avec  la  plus  grande  attention  ,  les 
plantes  qui  étoient  propres  aux  pays  par  lefquels  il  pafibit.  A  Ion  retour  en  An- 
gleterre, il  fe  préfenta  une  nouvelle  occafion  de  fatisfaire  fon  goût  pour  la  Bota« 
nique.  Il  fut  nommé  Conful  de  Smyrne  ;  ce  qui  lui  donna  la  commodité  d'exa- 
miner ,  à  fon  aife  ,  les   plantes  de  l'Afie. 

A  fa  mort,  qui  arriva  après  l'année  172 1  ,  il  laifla  trois  mille  livres  pour  l'en- 
tretien du  Jardin  de  Médecine  à  Oxford ,  fonda  une  Leçon  de  Botanique ,  & 
gratifia  Jean-Jacques  DilLen  de  tous  fes  Manufcrits.  Quoique  Sherard  n'ait  publié 
aucun  Ouvrage  de  fa  compoGtion ,  on  ne  le  doit  pas  moins  conlidérer  pour  le 
grand  foin  qu'il  a  pris  de  faire  imprimer  ceux  des  autres  ,  comme  de  Paul  Hcr- 
man  ,  de  Jean  Ray  ,  de  Sébajîien  F  aillant ,  àe  Tournefort ,  &c.  Le  célèbre  Boerhaw 
vt  le  regardoit  comme  un  Homme  favant ,  &  ne  faifoit  pas  moins  d'eftime  defoa 
ÏTcre  Jacques  Sherard,  dont  il  parle,  en  plufieurs  endroits,  comme  d'un  Botanifte 
exad  &  curieux.  Jacques  avoit  un  jardin  rempli  de  plantes  rares ,  dont  Dilka  , 
Profeiïeur  de  Botanique  à  Oxford  ,  a  donné  la  defcription  qui  fut  imprimée  i 
Londres  en  1732  ,  in-folio. 

SHERLEY,  (Thomas  J  fils  d'un  Chevalier  de  même  nom  ,  naquit  à  Weft- 
minfter  en  1638,  11  étudia  la  Médecine  en  France,  &  après  y  avoir  pris  le  bonnet 
de  Dofteur  ,  il  revint  en  Angleterre  ,  où  il  fe  fit  tant  de  réputation  par  les  heu- 
reux fuccès  de  fa  pratique  ,  que  le  Roi  Charles  II  le  mit  au  nombre  de  fus 
Médecins,  Sherley  ne  pouflà  pas  loin  la  carrière,  car  il  mourut  le  5  Août  1678.,  i. 


a6R  S    H    I       S    H    O 

l'âge  de  40  an?.  On  a  de  lui  un  Ouvrage  en  Anglois  ,  dont  l'édition  eft 
de  Londres  ,  1671  ,  in-S.  Après  y  avoir  traité  de  la  génération  des  pierres 
en  général  ,  il  explique  la  formation  de  celles  des  reins  &  de  la  veffie ,  & 
le  répand  Ibr  la  cure  des  maux  qu'elles  occafionnent.  Ce  Traité  a  paru  ert 
Latin  à  Hambourg ,  1675  ,  m-ia ,  Ibus  le  titre  de  DlJJcnatlo  Philofophka  expîicans 
caufas  probabiles  lapidum  in  Macrocofmo.  On  a  du  même  Auteur  une  Difièrtation 
Angloife  fur  le  Cnchlearïa ,  qui  fut  imprimée  à  Londres  en  1677  »  '«-8. 

SHIRLEY  (  JeanJ  étoît  de  Londres  ,  où  il  naquit  le  7  Août  1648.  Il  ic 
donne  le  titre  de  Docteur  en  Médecine  à  la  tête  de  fes  Ouvrages ,  quoiqu'il  foit 
bi^n  aflljré  qu'il  n'en  ait  jamais  reçu  le  bonnet.  Il  prit  fimplement  des  degrés 
dans  la  Faculté  des  Arts  d'Oxford ,  le  28  Novembre  1673  •>  ^P'"^^  quoi  il  parvint 
à  être  Affocié  du  Collège  de  la  Trinité  de  la  même  ville.  Apparemment  qu'il  fe 
conduilit  mal  dans  cette  Maifon ,  car  il  en  fut  chafTé  au  bout  d'un  an.  Com- 
me il  manquoit  de  fortune,  il  paflTa  à  Londres,  où  il  devint  Corredeur  d'Im- 
primerie &  fe  mit  à  écrire  pour  gagner  fa  vie.  Il  y  mourut  le  28  Décembre 
1679.  On  lui  attribue  quelques  Ouvrages  en  Anglois  ,  comme  un  Abrégé  de  Chi- 
rurgie ,  &  une  Dilfertation  iur  la  génération  de  l'homme  &  l'Accouchement;  mais- 
George  Matthias  doute  que  ces  pièces  ibient  de  lui.  Il  femble  croire  ,  avec  bien, 
d'autres,  qu'elles  appartiennent  à  un  Auteur  différent  de  Shirley ^  dont  il  eft  quef- 
tion  dans   cet  Article. 

SHORT,  ("Thomas^  Dofteur  en  Médecine  &  favant  Naturalifte  de  ce  fiecle  , 
s'ouvrit  l'entrée  de  la  Société  Royale  de  Londres  par  fes  talens.  Il  a  employé  une 
bonne  partie  de  fa  vie  à   travailler  à  l'analyfe  des  Eaux  minérales  d'Angleterre  f 
il  en   donne  les  principes  &  les  propriétés,  &  il  parle  fort  au  long  de  leur  cfprit 
volatil,  à  qui  il  attribue,  avec  raifon  ,  beaucoup  de  vertus.  Mais  il  ne  s'eft  point 
borné  à  cette    matière.    Comme   il    a    poulfé    fes   recherches   plus  loin  ,  il    a  pu- 
blié des  Ouvrages    en  diftérens   genres  ,  ainfi  que    leurs  titres  l'annoncent. 
Menioirs  of  the  natural  Hiftory  of  médicinal  /^aters.  Londres  ,  1709 ,  in-S. 
A  Dijfenation  of  Tea.  Londres,  1731  ,  in-4. 

Natural  Hijïory  of  the  minerai  JVaters  of  Sorkshire  ,  Lincolnskire ,  Derbyshlre. 
Londres,  1733,   1743,1/1-8. 

Medicina  Britannica,  Londini  ,  1747  ,  in-8.  C'eft  un  Catalogue  des  plantes  of- 
ficinales- ,  auquel  il  a  joint  le  détail  de  leurs  propriétés  dans  la  cure  des 
maladies. 

Difcourfc  on  Tea  ,  Sugar ,  Mllke  ,  Made  ,  ff^ines ,  Spirits ,  Punch ,  Tobacco ,  witk 
advicefort  gouty  ptople.  Londres,  1750,  i/i-8.  L'Auteur  a  écrit  ce  Traité  en  faveur 
du  peuple  &  l'a  mis  à  fa  portée.  11  s'étend  fur  l'analyfe  du  Thé  ,  dont  il  vante 
beaucoup  l'ufage,  même  pour  les  perfonnes  qui  fouflrent  des  nerfs,  comme  lee^ 
Hyftériqaes  &  les  Hypochondriaques.  11  vante  aufli  l'ufage  de  l'Hydromel,  du 
Lait,  du  Sucre,  du  Vin  ,  des  Efprits  ardens  &  du  Tabac  en  mafficatoire,  Les 
conicils  de  Short  n'auront  pas  manqué  d'être  goûtés  du  peuple  Anglois  ,  mak 
î^s  Médecins  fe  feront  bien  gardés  de  les  adopter  indiftindemein. 


! 


1 


s    1    F:        s    I    G  0.6g 

SIEGFRIED ,  (  Jean  J  de  Marck-Sulila  ,  Bourg  de  la  Principauté  de  Saxe- 
Weitnar,  prit  le  bonnet  de  Doéleur  en  Médecine  &  enibigna  la  Phyfique,  après 
le  milieu  du  XVI  ficelé,  dans  les  Ecoles  de  l'Univerfité  de  Helmftadt.  On  n'a 
rien  de  la  compofition  que  des  Thelcs  Anatomiques  ;  mais  le  foin  qu'il  a  pris  de 
mettre  les  Ouvrages  d'autrui  en  meilleur  ordre,  l"a  fait  autant  eftimer,  que  s'il 
eût  été  un  Auteur  original.  Le  Traité  de  Galien  intitulé;  De  ojjibus  ;  celui  de  George, 
uigricola  qui  porte  en  titre:  De  Re  Llaallkà,  &  les  Obfervations  Anatomiqueà  de 
Fallopio,  font  les  principaux  Ecrits  fur  lefquels  il  a  porté  l'on  attention,  en  les 
donnant   au  public. 

bIGAULT ,  C  Jean-René  )  de  Dijon ,  Dofteur  de  la  Facuiic  de  Médecine  en 
l'Univerfité  de  Paris,  a  rendu  fon  nom  à  jamais  mémorable  par  une  opération  qui 
fera  époque  dans  l'Hifloire  de  l'Art  de  guérir.  Avant  l'hcureufe  expérience  par 
laquelle  il  a  prouvé  la  jufteH'e  de  fa  façon  de  peni'er,  le  moins  cruel  des  moyens 
qu'on  employoit  dans  le  travail  de  l'accouchement,  lorfque  l'enfant  ne  pouvoir 
franchir  les  voies  naturelles  de  la  mère  pour  parvenir  au  jour ,  c'étoit  l'opération 
ccfarienne.  Mais  fi  cette  opération ,  dit  M  Sîgault  dans  le  Mémoire  lu  dans  l'ai- 
femblée  de  la  Faculté,  a  été  couronnée  de  quelques  fuccès  ,  on  ne  peut  fe  difli- 
mnler  les  malheurs  dont  elle  a  été  iuivie,  &  encore  moins  les  dangers  auxquels 
cil  expolée  l'infortunée  qui  a  le  courage  de  s'y  foumettre.  Ces  dangers  feuîs  font 
capables  d'arrêter  la  main  la  plus  exercée;  il  n'eft  donc  pas  furprenant  que  fi  peu 
de  femmes  veuillent  s'y  réloudre ,  puifqu'il  le  trouve  même  peu  de  Praticiens  qui 
ofent  la  propofer.  Dans  ces  circonftances ,  les  manœuvres  uiitées ,  fécondées  même 
de  toute  l'adrefTe  imaginable,  ne  tendent  fouvent  qu'à  faire  mourir  un  enfant 
dans  le  corps  d'une  femme  vivante ,  ou  à  l'en  arracher  avec  violence  ,  &  quel- 
quefois par  morceaux,  en  livrant  la  mère  à  des  tourmens  inouis.  Touché  du  dan- 
ger que  courent  l'un  &  l'autre  dans  ces  momens  critiques ,  M.  Sigault  imagina  un 
moyen  plus  doux  &  p\a%  facile  pour  extraire  le  fœtus,  quand  le  baflîn  ie  trouve 
vicié  ou  trop  petit,  relativement  au  volume  de  l'enfant.  C'efl;  de  la  feélion  de  la 
fympbife  cartilagineufe   des  os  pubis  que  je  veux   parler. 

Notre  Médecin  fuivoit  les  cours  de  l'Ecole  de  Saint  Côme,  en  qualité  d'élevé, 
lorfqu'il  fe  déterrajoa  à  publier  fes  réflexions.  Le  premier  Décembre  1768  ,  il  com- 
muniqua à  fAcadémie  Royale  de  Chirurgie  de  Paris  un  Mémoire,  par  lequel  il 
propofa  de  fuhltituer  la  fettion  de  la  lymphife  dans  certains  cas  où  l'on  prati- 
qooit  l'opération  céfarienne.  Son  projet  parut  extraordinaire  ;  il  eut  quelques  par- 
tifans  &  beaucoup  de  contradiéleurs  ;  néanmoins  on  nomma  Commiflàire  M. 
Ru/è/,  dont  le  rapport  ne  fut  pas  favorable.  Le  Mémoire  fut  rejette  &  l'opératioii 
proicrite. 

Toujours  occupé  de  fon  objet,  M.  Sigault  ne  fut  pas  déconcerté  par  l'avis  qui 
avoit  prévalu  à  l'Académie;  une  forte  de  conviftion  l'afPuroit  que  fon  opération 
éloit  praticable;  &  après  en  avoir  pefé  les  avantages  &  les  inconvéniens,  il  en 
fit  l'effai  fur  la  femme  du  nommé  Souchot ,  foldat  de  la  garde  de  Paris,  Sgée 
d'environ  3g  ans ,  petite  &  très-difforme  dans  fa  ftature.  Elle  avoit  fait  appeller 
ce  Médecin  ,  le  premier  Oitobre  1777,  à  minuit  ,  pour  l'accoucher  de  fon  cinquie' 
me   enfant.  Les  quatre   auues   étoieot   venus    morts  au  moade ,  &    les  plus    ha*- 


û7o  S    I    G 

biles  Accoucheurs  nvoient  Unanimement  décidé  que  cette  femme  n'en  donneroit  ja- 
mais de    vivans  ,  que  par    l'opération  céfariennc, 

Affifté  de  M.  yllphonfe  le  Roi,  fon  confrère,  M.  Sigauh  a  procédé  à  la  fedion 
âe  la  fymphife  ;  l'écartcment  a  été  de  deux  pouces  &  demi  ;  l'enfant  eft  forti  bien 
■ïivant;  toute  l'opération  &  l'accouchement  n'ont  pas  daré  plus  de  quatre  ou 
cinq  minutes.  Notre  Médecin  a  voulu  partager  fa  fatisfadion  avec  î a  Faculté  , 
à  qui  il  a  fait  part  de  cet  événement,  le  jour  même  de  l'opération,  dans  raflèm- 
blée  dite  prima  menfis.'Rn  conféquence  de  cette  annonce,  la  Compagnies  nommé 
Commilfiiires  MM.-  Granddas  ^  Dcfcemu,  à  l'effet  de  fuivre  le  traitement,  d'en 
obferver  les   circonftances  ,    &   de  lui  en  faire  un  rapport    détaillé. 

La  nouvelle  de  l'accouchement  de  la  femme  Souchot ,  ne  fut  pas  plutôt  ré- 
pandue dans  le  public,  que  M.  Sigauh  fe  vit  eu  butte  à  la  jaloufie  qui  fe  prefle 
toujours  de  déclamer  contre  les  découvertes  ,  parce  que  l'animofité  ne  lui  permet 
pas  de  fe  contenir  dans  les  bornes  d'un  doute  modefte  jufqu'à  Hn  de  caufe.  On 
le  récria  d'abord  contre  l'inutilité  de  la  fcdion  dans  le  cas  de  cette  femme,  qui, 
difoit-on ,  auroit  pu  accoucher  fans  avoir  recours  à  d'autre  m.oyen  qu'au  Forceps. 
On  condamna  enfuite  l'opération  ,  dont  on  exagéra  les  fuites  fâcheufes  ;  on  ails 
même  jufqu'à  attribuer  mal-adroitement  l'idée  de  cette  opération  à  M.  Camper  ^ 
Médecin  de  Groningue.  Il  eft  vrai  que  cet  habile  Anatomifte  Hollandois  avoit 
annoncé  fes  expériences,  fur  la  feélion  de  la  fymphife  du  pubis,  dans  une  lettre 
adrclfée  à  M.  f^an  Gejfecher ,  célèbre  Chirurgien  d'Amfterdam  ,  &  imprimée  en 
Hollandois  en  1771  ,  en  Latin  en  1774.  Mais  M.  Camper  y  déclare  qu'il  avoit 
eu  connoifiance  de  cette  méthode  d'opérer  par  une  lettre  de  M.  Louis,  Secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  de  Chirurgie  de  Paris,  en  date  du  9  Mars  1769,  dans 
laquelle  il  étoJt  dit  qu'un  jeune  Chirurgien  avoit  propofé  d'éviter  l'opération  cé- 
l'arienne  dans  le  cas  où  on  la  croit  indifpenfable  ,  en  y  fuppléant  par  la  fci^ioa 
du  cartilage  des  os  pubis.  M.  Camper  fentit  dès-lors  tous  les  avantages  qui  peu- 
vent rciulter  de  cette  méthode  ;  U~cn  fit  diverfes  expériences  fur  les  cadavres  & 
iur  les  animaux  vivans  ;  il  demanda  même  au  Prince  d'Orange  de  la  pratiquer  fur 
une  femme  condamnée  à  la  mort  ;  mais  il  n'en  obtint  point  la  permiflion.  C'eft  amfi 
que  le  Médecin  Hollandois  s'explique  dans  fa  lettre  du  22  Odtçbre  1777  <»  ^°  ^^' 
ponfe  à  celle  que  M.  Sigault  lui  avoit  adre{rée,en  lui  détaillant  Topération  faite  à  la 
femme  Souchot ,    &  fon  fuccès. 

La  lettre  de  M.  Camper  fait  beaucoup  d'honneur  au  Médecin  dont  je  parle; 
îïiais  un  dernier  trait  met  le  comble  à  fa  gloire.  La  femme  Souchot  ,  accompagnée 
de  fon  mari  &z  de  fon  fils ,  s'eft  préfentée  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Pans 
le  "  du  mois  de  Décembre  1777.  Légèrement  appuyée  fur  le  bras  de  fon  man , 
elle  a  monté  environ  une  vingtaine  de  marches  pour  fe  rendre  à  la  falle  de  l'af- 
fembléei  là, abandonnée  -A  elle-même,  elle  s'eft  tenue  ferme  fur  fes  pieds  pendant 
une  ou  deux  minutes,  &  elle  a  fatisfait  -à  toutes  les  queftions  qu'une  curiolité  na- 
turelle &  éclairée  pouvoir  defirer  qu'on  lui  fît.  Enfuite  cette  femme  eft  lortie  ,  & 
]M.  Stgauh  a  lu  un  Mémoire  dans  lequel  il  a  expofé  les  motifs  qui  l'ont  déter- 
miné à  faire  la  feclion  de  la  fymphile  des  os  pubis,  la  méthode  qu'il  a  fui  vie 
dans  cette  opération ,  &  les  fuccès  qu'elle  a  eus  ,  fe  réfervant  de  s'expliquer  plus 
Au  long  dans  la  fuite. 


s    1    G  271 

Ce  Ménloire  a  été  fort  applaudi.  MM.  GranJcias  &  Defcemet  ont  fait  leur  rap- 
port, dans  lequel  ils  ont  décrit  les  parties  coupées,  les  eftets  de  la  Icdion  ,  l'état 
des  parties  voifines  ;  &  après  avoir  rendu  compte  de  tout  ce  qu'ils  avoient  fait  ou 
vu  chaque  jour ,  ils  ont  annoncé  que  la  femme  Souchot  étoit  guérie.  Le  rapport 
des  Commiflaires  a  attiré  ;\  M.  Sigauh  les  plus  grands  éloges.-  la  péroraiibn  de 
fon  difcours  avoit  déjà  prévenu  l'aflemblée  en  fa  faveur.  Les  preuves  qu'il  y  don- 
na  de  fa  modeflie  ,  de  fa  fenlibilité  ,  de  fon  défintéretTement  ;  la  prière  qu'il  fit  à 
la  Faculté  ,  &  par  elle  à  toutes  les  âmes  gcnéreufes ,  de  contribuer  au  fort  de  la 
raere  &  de  l'enfant  ;  la  proteftation  qu'il  leur  adrefia  que  cet  aifle  de  bienfaifance 
étoit  la  feule  récompcnfe  qu'il  deliroit  de  fes  travaux;  tout  cela  lui  tnérita  les  ap- 
plaudillcmens  les  plus  ûnceres  de  la  part  de  fes  collègues.  L^n  chacun  s'emprefToit 
à  l'envi  de  les  lui  prodiguer,  &  vouloit  qu'on  lui  déférât  les  honneurs  que  l'impor- 
tance de  fa  découverte  faifoit  imaginer  lui  être  dus  ;  lorfqu'un  Dod^eur  obferva 
que  la  Faculté  n'étoit  point  réunie  en  Corps,  que  l'aflemblée  n'ayant  point  été 
convoquée  à  cet  efîet,  il  falloit  l'indiqutr  à  un  autre  jour,  &:  y  appeller  toute  la 
Compagnie  pour  entendre  de  nouveau  les  rapports  du  Médecin  opérateur  &  de 
MM.  les  Commiflaires. 

Cette  aflemblée  a  eu  lieu  le  6  Décembre  1777;  elle  étoit  très-nombreufe ,  plus 
tranquille  ,  fans  être  moins  tranfportée  du  luccès  de  cette  belle  opération.  La 
Faculté  a  unanimement  arrêté  :  1°.  que  le  récit  de  ce  qui  avoit  été  fait  le  premier 
Octobre  &  le  3  Décembre  feroit  imprimé  en  Latin  &  en  François  ;  que  le  Mé- 
moire de  M.  Sigault  fur  la  fedtion  de  la  fymphife  des  os  pubis  qu'il  avoit  pratiqués 
lûr  la  femme  Souchot  ,  feroit  également  imprimé  ,  ainfî  que  le  Rapport  &  le  Ju- 
gement de  MM.  les  Commiffaires  fur  cette  fedion  ,  fes  efîists  &  fa  guérifon  .•  que  ces 
différentes  pièces  imprimées  au  plutôt  ,  au  nom  &  aux  fraix  de  la  Faculté  fe- 
roient  non-feulement  diftribuées  à  tous  fes  Dodleurs ,  aux  Médecins  regnicoles  & 
étrangers,  mais  encore  prélentées  au  Iloi,  aux  Princes,  aux  Minières  &  Ma- 
giftrats ,  afia  que  tout  le  monde  foit  inftruit  de  la  découverte  de  ce  nouveau 
moyen  de  fauver    les  mères   &  leurs  enfans. 

■2°.  Que  MM.  Sigault  &i  u^lphonfe  le  Roi  ^  qui  avoient  déjà  fi  bien  mérité  de 
la  Médecine  &  du  Public,  feroicnt  priés  de  mettre  la  dernière  main  à  leur  bon- 
ne oeuvre,  &  de  communiquer  &  focmettre  à  l'examen  de  la  Fuculté  ,  leurs.ob- 
fervations  fur  cette  opération,  leurs  vues  pour  la  pei  teflionner  ,  &  leur  jugement 
fur  les  états  de  la  merc  ou  de  l'enfant  qui  la  rendent  néceffaire  :  que  tous  les  Savans 
feroient  invités  à  faire  connoître  leurs  travaux,  leur?  eflais  relatifs  à  cette  opération. 

3°.  Qu'en  môme  tems  qu'elle  ne  peut  refufer  Ton  admiration  &  donner  aflez 
d'éloges  au  courage  &  à  la  magnanimité  de  la  femme  Souchot  ,  elle  regrcte  vive- 
ment de  n'avoir  pas  les  moyens  de  fournir  à  cette  femme  &  à  fon  enfant  ré- 
duits à  une  cruelle  indigence  ,  une  penfîon  annuelle  qui  puillè  les  aider  à  vi- 
vre ;  que  cependant  le  Doyen  fera  chargé  de  leur  délivrer  une  fomme  modi- 
dique  ,  pour  fubvenir  ,  au  moins  ,  aux  befoins  preffans  de  la  mitére  &  de  la 
faim  ;  elle  lui  promet  en  outre  fesfervices  ,  fes  bons  offices,  &  môme  de  porter 
aux  pieds  du  Roi  fes  refpçftueufes  prières  pour  elle;  v^  de  folliciter  ,  aunrès 
des  Miniftres  &  de  tous  les  ordres  des  Citoyens ,  une  récompcnlc  pour  cette  fem-^ 


2/2  S      I     G 

me  forte  qui  s'eft  dévouée  à  une  opération  nouvelle;  qui  par  ce  dévouement  a  fait 
naître  dans  le  cœur  des  mères ,  afltz  malheureules  pour  être  dans  le  même  cas  , 
Ja  douce  &  légitime  efpérance  d'échapper  à  la  mort  :  qui  a  confervé  la  vie  à  nom- 
l»re  d'enfans  que  l'on  pourra  fauver  déformais,  qui  en  un  mot  a  procuré  un  fi 
grand  avantage  à  tout  le  genre  humain. 

4"^.  Que  la  reconnoillance  due  à  M.  Sigault^  qui  a  imaginé^  foutenu  &  prati- 
qué cette  opération  ,  eft  d'autant  plus  grande,  qu'il  a  plus  avantageufement  en- 
richi l'Art  de  guérir ,  qu'il  a  rendu  des  lervices  plus  importans  en  communiquant 
-ce  fruit  de  fon  génie ,  en  le  mettant  à  exécution ,  &  par  la  générofité  avec  la- 
quelle il  a  fourni  lui-même  aux  dépenfes.  Qu'il  n'ett  point  en  fon  pouvoir  de  dé- 
cerner au  confervateur  des  Citoyens  une  récompenfe  digne  de  ce  bienfait  :  qu'elle 
veut  que  ce  Confrère  recommandable  jouifle  dans  fon  fein  d'une  diftinftion 
honorable  ,  &  q'îie  la  génération  préfente  &z;  les  futures  apprennent  combien  il 
efi:  digne  d'eftime  ,  combien  il  mérite  d'éloges  ;  en  conféquence  ,  elle  a  or- 
donné que  fur  le  revers  du  jetton  d'argent  du  Doyen  on  gravera  l'Infcription 
iuivante: 

Annô  1768 
Sectionem  Symphiseos  ossium  pubis  invenit,  proposuitt 

Annô  1777, 
Fecit  FELICITER.   M.  SIGAULT ,  D.    M.    P. 

Elle  a  ordonné  aufli  que  cent  de  ces  jettons  feroient  remis  à  M,  Sigault.  Et 
comme  ce  Médecin  a  rendu  publiquement  à  M.  Alphonfe  le  Roi,  fon  confrère. 
Je  témoignage  que  ,  par  fes  expériences ,  fes  travaux  &  les  exhortations  ,  il  avoit 
beaucoup  contribué  à  lui  faire  entreprendre  cette  opération ,  à  achever  l'accou- 
chement &  à  guérir  la  plaie,  la  Faculté  a  arrêté  que  l'Infcription  ci-deflbs  feroit 
terminée  par  ces  mots; 

JuviT  M.  ALPHONSIUS   LE  ROI,  D.  M.  P. 

Et  que  cinquante  de  ces  jettons  feroient  donnés  à  M.  h  Roi. 

Peut-on  imaginer  quelque  chofe  de  plus  g'orieux  à  M.  Sigault,  que  la  teneur 
de  ce  Décret?  Mais  la  conclulion  du  Rapport  de  MM.  Granddai  &  Defcema  ne 
lui  eft  pas  moins  honorable.  Nous  croyons,  difent  les  Coramiffàires,  que  l'opéra- 
tion de  M.  Sigault  eft  fans  danger  pour  la  vie  des  malades.  Il  ne  s'agit  que  d'ou- 
vrir les  tégumens ,  de  couper  le  ligament  qui  eft  au  devant  de  la  fymphife  &  la 
fubftance  ligamento  cartiîagineufe  qui  unit  les  os  pubis.  On  ne  rifquc  que  d'ouvrir 
un  petit  rameau  de  l'artere  honteufe  externe  qui  fournit  peu  de  fang.  Or ,  la  fé- 
paration  de  ces  parties  n'entraîne  aucun  accident ,  &  n'eft  pas  très-douloureufe  , 
au  rapport  de  la  femme  Souchot.  Celui  qui  auroit  été  le  plus  à  craindre  &  le 
feul  qui,  jufqu'à  préfent  a  fait  rejctter  cette  opération ,  étoit  l'incertitude  que  la 
fymphife  pût  fe  reflbuder,  &  que  l'opérée  eût  pu  marcher.  L'heureufe  expérience 
que  la  femme  Souchot  a  faite  du  contraire  ,  nous  confirme  dans  la  perfuafion  où  M. 
Sgauh  étoit  de  la  pollibilité  de  cette  réunion.  L'ayant   vu  marcher  feule  &  fans 

bandage^ 


s     I     Lr  flfCy 

tandagfe,  nou?  fommcs  autorlfés  à  conclure  qu'elle  eft  parfaitement  guérie,  &  que 
cette  opération  ,  qui  n'eft  ni  douloureufe  ,  ni  difficile  à  faire ,  eft  préf  rable  à  l'o- 
pération céfarienne  dans  bien  des  circonftances,  &  fur»tout  quand  l'enfant  peut 
fortir  par  les  voies  naturelles. 

C'eft  du  Récit  publié  par  ordre  de  la  Faculté  &  imprimé  à  Paris  chez  Qinllau, 
}T77  »  "^■4  •,  que  j'ai  extrait  la  plupart  des  chofes  que  je  viens  de  rapporter.  Mais 
je  ne  dois  pas  laifTer  ignorer  que  ,  depuis  la  guérifon  de  la  femme  Souchot ,  le 
nombre  des  contradicteurs  de  l'opération  pratiquée  fur  elle ,  n'cft  point  coofidéra- 
blement  diminué.  M.  Piet,  Accojcheur  chargé  par  le  Gouvernement  de  fecourir 
les  femmes  indigentes  dans  les  accouchemens  ditiicultueux ,  a  élevé  la  voix  contre 
l'utilité  de  cette  opération;  il  a  publié  fes  Réflexions  far  la  fe&ioa  de  la  fymrhifc  du. 
pubis ^  &  il  les  a  préfentées  &  dédiées  à  Monlieur  Le  Noir,  ConfciUer  d'Etat  « 
Lieutenant-Général  de  Police.  Paris,  1778,  in-8.  Cet  Ecrit  ne  fera  p-ut-étre  pas  le 
dernier  qu'on  lâchera  contre  la  nouvelle  opération  ;  il  fuffit  même  qu'elle  foit 
nouvelle  ,  pour  être  contredite  :  mais  de  ce  conflit  d'opinions  différertes  il  en  ré. 
iultera  plus  de  lumières  ,  &  le  public  éclairé  faura  à  quoi  s'en  tenir  fur  le  parti 
que  les  mères  &  les  enfans  pourront  tirer  de  la  méthode  propolée  &  exécutée  par 
M.  Sigault. 

M.  Ci2m6o/i ,  Confeiiler  premier  Chirurgien  de  feu  S.  A.  R.  Madame  la  Pria» 
cefie  de  Lorraine  ,  vient  de  donner  une  preuve  des  avantages  attaches  à  la  fec* 
tion  de  la  fymphife  du  pubis  ,  dans  le  cas  où  la  ftrufture  vicieufe  du  baffin  met 
obflacle  à  l'accouchement,  &  ne  permet  pas  même  de  le  terminer  avec  le  Foraps, 
fans  mutiler  l'enfant,  lorfqu'on  a  des  raifons  de  croire  qu'il  eft  mort  dans  le  icin  de 
fa  mère.  Il  pratiqua  cette  opération,  le  -28  Mars  i?fé ,  iur  la  femme  d'Antoine- 
Jofeph  Coûte,  ouvrier  tailleur  de  pierres  de  la  ville  de  Mons  en  Hainaut.  Au 
moment  qu'on  imprime  cette  feuille  ("les  Mai  1778^  l'accouchée  marche  &  touche 
à  une  guérilon  parfaite.  Je  ne  m'étendrai  pas  fur  les  raifons  qui  y  ont  rendu  la 
feéïion  nécelfaire,  non  plus  que  fur  les  circonftances  qui  ont  accompagné  &  fu'vi 
l'opération  ;  comme  c'eft  à  la  dextérité  &  à  la  hardiefTe  intelligente  de  M.  Cambon 
que  l'humanité  eft  redevable  d'un  nouveau  fait  qui  vient  à  l'appui,  qui  ajoute 
même  beaucoup  de  lumières  au  procédé  de  M.  Sijiault ,  je  me  borne  à  renvoyer 
le  Lefteur  au  Mémoire  que  cet  habile  Chirurgien  le  propofe  de  publier  dès  que 
la  cure  de  la  femme  Coûte  fera   entièrement  terminée. 

SILVA  (  Jean-Baptifte  )  naquit  à  Bordeaux ,  le  13  Janvier  1682 ,  d'un  père 
qui  exerça  la  Médecine  avec  diftinéVion  pendant  plus  de  60  ans,  &  qni  lui  inf- 
pira  le  goût  de  fon  état.  Le  jeune  Silva  alla  fe  mettre  fur  les  bancs  de  la  Faculté 
de  Montpellier,  &ily  prit  le  bonnet  de  Doûeur  à  l'âge  de  19  ans.  Il  s'etoit  prin- 
cipalement attaché  à  Chirac  qui  lui  accorda  ion  eftime  &  devint  dans  la  Itite  !bn 
protecteur.  Ce  fut  à  Paris  qu'il  rcflentit  les  effets  des  bons  offices  de  fon  ancien 
Prfefleur.  Silva  n'avoit  p' fut  tardé  à  paffer  dans  la  Capitale,  où  il  époufa,  en 
1710  ,  Marie- Magdelaine  Prcvofi ,  fille  d'un  riche  Procureur  au  ChâteLt,  chez  qui 
Il  demeuroit  ;  &  ce  mariage  le  décida  à  s'y  fixer.  Il  recommença  un  nouveau 
cours  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Paris ,  &  il  y  fut  reçu  au  Do^orat  en 
TOME    IV.  Mm 


2f4 


s    I    L 


1712.  Hdvetlas  le  père  contribua  à  le  faire  connoître  dans  cette  ville;  comme  il 
l'eftimoit  beaucoup  ,  il  fe  déchargea  quelquefois  iur  lui  d'une  partie  des  affaires 
dont  il  étoit  accablé.  Plufieurs  cures  importantes  achevèrent  de  le  mettre  en  ré- 
putation ,  &  il  fut  recherché  dans  les  maiibns  les  plus  diftinguée?.  En  i^cii ,  il 
intervint  à  plufieurs  confultations  au  fujet  de  la  maladie  du  Roi  ;  &  comme  fes 
confeils  avoient  réudi ,  il  n'eut  pas  de  peine  à  obtenir  l'agrément  de  ce  Prince  ,  en 
1724 ,  pour  la  place  de  Médecin  Confuitant  vacante  par  la  démiflion  de  M.  Bou- 
din. Son  nom  pafla  bientôt  dans  les  pays  étrangers.  Il  fit  le  voyage  de  Munich 
pour  l'Eledeur  l  haries  Albert  qui  fut  depuis  Empereur.  En  ij'sS,  la  Czarine  An- 
ne lui  fit  propoier  la  place  de  ion  premier  Médecin  avec  des  avantages  confidé- 
rables ,  mais  Silva  ne  voulut  pas  abandonner  le  pays  à  qui  il  devoit  fa  naiflance  , 
fa  réputation  &  fa  fortune;  on  pourroit  ajouter  des  bonneurs  ,  car  Louis  XV  lui 
accorda,  en  la  même  année  1738 ,  des  Lettres  de  Noblcife  pour  lui  &  fa  poftérité. 
Il  étoit  premier  Médecin  de  Louis-Henri  de  Bourbon,  Prince  de  Condé,  lorf» 
qu'il  mourut  à  Paris  le  19  Août  1742,  à  l'âge  de  61  ans. 

Silva  laifla  des  biens  affez  confidérables  à  fes  cnfans  &  quelques  Ecrits  au  public. 
Le  plus  recherché  de  fes    Ouvrages  eft  intitulé  : 

Traité  de  Vufage  de  dijj^érentei  Cortes  de  faigiiées  ,  principalement  de  celle  du  pied- 
Paris,  1727,  deux  volumes  ;a-i2.  Amfterdam,  1729,  deux  volumes  in-12.  Le  but 
de  k'Auteur  eft  de  faire  voir  qu'on  doit  pratiquer  la  faignée  révulfive  dans  la  partie 
éloignée  de  celle  qui  eft  afFeftée  ;  au  pied  ,  A  c'eft  la  tête  ;  au  bras ,  fi  c'eft  le  bas- 
ventre.  Il  n'admet  la  laignée  de  la  jugulaire,  qu'après  qu'on  a  diminué  la  mafié 
du  fang  par  d'autres  faignées.  Pour  la  dérivation ,  il  la  condamne  absolument.  I- 
foutient  d'ailleurs  que  les  artères  ne  font  coniques  que  tout  autant  qu'elles  font 
confidérées  chacune  en  particulier  ;  mais  qu'elles  ne  le  font  pas  dans  leur  enfemble, 
puifque  la  fomme  des  calibres  de  différentes  ramifications  d'un  tronc  artériel ,  eft 
toujours  plus  grande  que  le  calibre  de  ce  tronc.  £.eill  avoir  déjà  fait  cette  remarque. 

C'eft  dans  cet  Ouvrage  qu'il  attaque  celui  que  Philippe  Hecquet  a  publié  fous  le 
titre  A^Obfervations  fur  la  faignée  du  pied  ;  mais  quoiqu'il  ait  eu  la  gloire  d'avoir 
vidtorieufement  combattu  cet  Auteur ,  Chevalier  &  Quefnay  ont  trouvé  matière  à 
quelques  réflexions  critiques  lut  fon  propre  Traité.  Tout  ce  qu'on  en  a  dit ,  n'a 
cependant  donné  aucune  atteinte  à  la  célébrité  de  Silva  ;  il  étoit  au  defius  de  fon 
Livre  ;  c'étoit  un  de  ces  Médecins  que  AloUere  n'eût  pu  ,  ni  ofé  rendre  ridicule, 
M.  Portai  dit  qu'il  étoit  doux ,  affable  ,  autant  attaché  à  l'intérêt  public  qu'au  fien. 
Les  Médecins  eurent  en  lui  un  ami  tendre  &  généreux ,  auflî  porté  à  profiter  de 
leurs  confeils,  qu'à  leur  communiquer  Ion   avis  fur  les  cas   difficiles  de  la  pratique. 

Depuis  la  mort  de  Silva  ^  fes  Dijfcrtations  ë?  Confultations  Médicinales  ont  été  pu- 
bliées à  Paris  par  M.  Bruiner ,  Dodteur  en  Médecine.  L'édition  eft  de  1744  ,  en 
deux  volumes  in-ii. 

SILVATICUS  ,  (  Benoit  )  étoit  de  Padoue ,  où  il  naquit  dans  une  famille  il- 
luftre.  Il  fe  décida  à  érudier  la  Médecine,  malgré  les  avantages  confidérables  que 
la  nobleffe  de  fon  extraflion  lui  promettoit,  &  que  fes  parons  lui  faiibient  envifa- 
ger  dans  toute  autre  profeflion  que  celle  qu'il  étoit  réfolu  d'embraficr.  Aucune 
lailon  ne  put  le  faire  défifter    d'un  projet  didé  par  fon  goût ,  autant  que   par  fes 


s    I    L 


275 


difpofitions.  Il  Te  rait  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de  fa  ville  natale ,  &  à  la  fin  de 
fon  cours ,  il  obtint  les  honneurs  du  Doftorat.  Le  30  Odlobre  1607  '  ''  parvint  à 
]a  Chaire  extrpordinaire  de  Pratique  ;  deià  il  monta  par  degré  à  celle  de  premier 
ProfeiFeur,  qu'il  remplit  depuis  1632  jufqu'en  1650.  Ce  fut  en  cette  dernière  an- 
née que  la  diminution  de  fa  fanté  lui  fit  accorder  les  privilèges  de  la  vétcrance  ; 
quoiqu'on  lui  payât  les  appointemens  ordinaires ,  il  eut  la  permiffion  de  ne  monter 
en  Chaire  que  quand  il  le  voudroit.  Ce  Médecin  étoit  parvenu  à  l'âge  de  83  ans» 
lorfqu'il  mourut  en    1658.    On  a  de  lui  : 

De  Lithotomia  1  /tve,  de  calculi  vejîc£  fediom  Confultatio.  On  la  trouve  à  la  fuite 
des  Obiervations  de  Grégoire  HorJUus  \mpnmé es  à  Ulm  en  1628,  tn-4,  &  à  Nu» 
remberg  ,  1628 ,  in-folio.  On  l'a  encore  inférée  dans  le  Livre  De  Calcula  de  Bevero- 
riduî ,  édition  de  Leyde  ,    1638, /a-16. 

Confiliorum  &  Rcfponfionum  Mediclnallum  Centurie  IF.  Acctffit  e]ufdem.  Mahodus 
confuLtandi.   Paiavii^  1656,  in-folio.  Genève,  1662,  IJ'SÔ,  in-folio. 

SILVATICUS,  fJean.BaptifteJ  de  Milan  ,  prit  le  bonnet  de  Doreur  dans 
la  Facu'té  de  Médecine  en  l'Uaiverlité  de  Pavie.  Son  premier  objet  fut  de  fe 
fixer  dans  fa  ville  natale  ,  &  à  cet  efiet  ,  il  fe  fit  recevoir  dans  le  Collège 
le  prem.er  de  Juin  1575.  Mais  comme  il  changea  bientôt  d'avis  ,  il  retourna 
à  Pavie  ,  où  il  obtint  une  Chaire  &  parvint  enfin  à  celle  de  Profelfeur  primaire 
qu'il  rcmpliHuit  encore  à  fa  mort  arrivée  en  1621.  Ce  Médecin  a  écrit  beaucoup 
d'Ouvrages  qii  lunt  ,  pour  la  plupart  ,  d'autant  moins  intéreflans  ,  que  l'Auteur 
y  a  fait  entrer  toutes  ces  difcuilions  Icholaftiques  qui  étoient  au  goût  des  Profv.fleurs 
de  fon    tems. 

De  fecanda  in  putrid's  fcbribas  falvatellâ  ,  deque  nojlro  in  fecandîs  venis  modo  ^  cum 
and.uo  ccmparato.  Mediolani ,  15B4  ,  in-4.  C'eft  un  recueil  de  Lettres  adreflees  à 
Jofeph  Cafatus  ,  Médecin  de   Milan. 

De  fri^iJte  potu  poft  melicamenmm.   Tbidem  ^  1586^  in-4. 

Jnjtitutio  Medica  de  iii  qui  morbum  Jîmulant  deprehendendis.  Ibidem ,  1595 ,  in.4.  Fran- 
cofurii ,  1631,  1670,  in  12. 

Traclatus  duo.  L  De  materia  turgente.  II.  De  Aneuryfmate.  Ficenv<s  ,  1595,  in-^. 
Fenetiis ,  1600,  in-4.  ^  plupart  des  Chirurgiens  de  ion  tems  mettoient  l'Ane vrif- 
me  externe  au  rang  des  maladies  incurables ,  &  ne  pouvoient  pas  fe  perfuader 
qu'il  étoit  pollible  d'en  entreprendre  la  cure.  Silvaticus  cherche  à  les  déicbulér 
dans  le  iècond  Traité,  où  il  leur  propofe  la  méthode  de  Paul  d'Egine  que  les 
Arabes  avoient  adoptée. 

Traciatus  de compofitiune  &  ufu  Theriacie  Andromachî.  Heidelberga,i^g^  ^inS.  Fran- 
cofurti ,  1600  ,  in-8.   Lugduni ,  1607 ,  /n-8. 

Controverfice  Medica  numéro  centum.  Mediolanl  ,  1601  ,  i/1-4.  Francofurci ,  i6or , 
//1-4. 

Galeni  Hijlorite    Médicinales.   Hanovia  ,  1605  ,  in-folio. 

De  Unicornu,  Lapide  Be\oar ,  Smaragdô  &  Margaritis.,  eorumque  infebribus  pefîHen- 
tibus  ufu.  Bergoml  &  Fenetiis  ,  1605  ,  in-^.  C'eft  ainli  que  nos  bons  aïeux  farcilToient 
leurs  malades  de  ces  remèdes  inutiles,  que  notre  fiecle  plus  éclairé  a  heureufe* 
ment  bannis  de  la  pratique. 


2^6:  s   I    L       s   I    M^ 

Collegil  Medlolanenjîum  Medlcorum  orlgo  «  antlquitas  ,  necejjîtas  ,  &c.  Mediolani  » 
1607  ,  j/i-4. 

MeJIcus.  Mediolani^  i6il,în-8. 

De  anno  cUmaderico  Tra^tatus.  Ticîni ,  1615  •,  in-8. 

SILVATICUS  ,  C  Matthieu  )  Médecin  du  XIV  fiede,  ctoit  de  Mantoue, 
féloa  quelques  Auteurs  ,  &  de  Milan ,  fuivant  d'autres.  Il  vécut  à  la  Cour  de 
Robert ,  Roi  de  Naples  &  de  Sicile  ,  qui  fut  un  des  zélés  protefleurs  de  la 
Médecine  ,  &  il  lui  dédia,  en  1317  ,  un  Ouvrage  qui  a  été  plufieurs  fois  impri- 
mé fous  ce  titre  : 

Liber  ciballs  &  mediciaalh  PandeSarum.  Neapoli ,  1474»  in-folio  ^  par  les  foins  â^uin- 
ge  C atone  ,  Médecin  de  Bénévent.  5nxt<e  ,  1474  ,  in-folio,  f^enetiis ,  1478,  1480» 
1498,  1511,1524,  in-folio.  Il  y  a  quelques-unes  de  ces  éditions  qui  font  intitulées: 
Opus  Pandedarum  Médiane.  Lugduni ,  1478,  1535,  1541  »  In-folio,  uiugvjle  TauTtr 
norum  ,  1526,  in-folio^  avec  des  augmentations. 

Cet  Ouvrage  eft  une  efpece  de  Diftionnaire  qui  paroît  avoir  été  corapofé  pour 
faciliter  l'intelligence  des  Ecrits  que  les  Médecins  Grecs  &  Arabes  ont  laiffés  ;  mais 
il  auroit  belbin  lui-même  d'un  autre  Diftionnaire  pour  fe  faire  comprendre ,  car 
l'Auteur  a  bien  mal  rempli  fon  deflèin.  On  y  trouve  cependant  beaucoup  de 
chofes  fur  la  nature  &  les  vertus  des  plantes,  dont  Silvaticus  a  mieux  parlé  que 
perfonne  de  fon  liecle.  Ce  Médecin  a  été  furnommé  PandeSarUts.  Le  Dodleur 
Freind  met  fa  mort  vers  l'an  1540. 

SIMÉON  SETHI ,  Médecin  natif  d'Antiocbe ,  étoit  plus  jeuiie  que  Pfellus  , 
mais  il  vécut  de  fon  tems  ,  vers  l'an  1070.  Il  a  écrit  des  Commentaires  fur  les 
Ouvrages  du  même  Pfcllus.  Son  ftyle ,  qui  eft  alTez  mauvais  ,  dépare  l'Original, 
qu'il  a  encore  altéré  en  le  copiant  ;  Sethi  auroit  dû  cependant  fe  piquer  de  plus 
de  fidélité ,  puifque  le  Livre  qu'il  a  commenté  ,  étoit  alors  entre  les  mains 
de  tout  le  monde.  Une  conduite  aufiî  blâmable  lui  attira  les  reproches  de  fes 
contemporains  ;  mais  elle  n'empêcha  pas  Lilio-Gregorio  Gyraldi ,  de  Ferrare ,  &, 
Martin  Bogdan^  de  Driefen  dans  la  Nouvelle  Marche ,  de  traduire  cet  Ouvrage 
de   Grec  en  Latin  &   de  le  publier  l'un  &  l'autre ,  fous  ces  titres  ; 

Syntagma  per  litterarum  ordlnem  de  cibariorum  facultate.\^''eîi  ainfi  que  la  ver- 
fion  de  Gyraldi  eft  intitulée.  Il  en  parut  une  édition  Grecque  &  Latine  à 
Bâle,  1558,  i/i-8,  &  une  autre  en  Latin  feulement  dans  la  même  ville,  1561 , 
ï/i-8,  avec  les  correftions  de  Montefaurus. 

Folumen  de  aUmentorum  facultatibus,  juxta  ordinem  litterarum  digeftum.  C'eft  le  ti- 
tre de  la  traduflion   de  Bogdan.  Paris,  1658,  in-8,  en  Grec  &  en  Latin. 

Siméon  Sethi  a  encore  donné  d'autres  Ouvrages  ,  comme  celui  De  fapientia  Indo- 
rum  qu'il  a  mis  de  l'Arabe  en  Grec.  Ce  Traité  ,  qui  n'eft  remarquable  que  par  le 
ridicule  qui  y  règne  ,  fut  ccmpofé  par  le  Médecin  Per^oes  à  la  requifition  de 
Chofroës  II,  Roi  de  Pede ,  qui  fuccéda  à  Hormifclas  lïl  en  590.  On  attribue  en- 
core à  Sethi  un  Lexicoa  de  Botanique  écrit  d'un  ftyle  afiez  barbare  ;  il  eft  en  Grès; 
&  il  fe  trouve  en  manufcrit  dans  la  Bibliothèque  Impériale  de  Vienne. 


s    I    M  3^7 

SIIV1LER.>  (  Jofias^  Littérateur  SuifTe ,  a  fait  imprimer  à  Zurich  en  1574, 
«ft-8,  un  Ouvrage  intitulé:  Defcrlptla  yakfie.  De  ^Ipibus  Commentarius.  Il  a  reparu 
à  Leyde  en  1633  ,  in  24.  On  y  trouve  un  Catalogue  des  plantes  qui  croiffent  fur 
les  Alpes ,  que  Simler  a  rédigé  d'après  ce  que  les  Auteurs  ont  écrit  fur  les  riches 
produdions  de  ces  montagnes;  car  il  n'étoit  point  Botanifte,  il  n'a  pas  même 
voulu  s'en  donner  le  nom.  La  vie  de  Conrad  Gefner  qui  a  été  publiée  à  Zurich  ea 
1566,1/14,  avec  une  Lettre  de  ce  Médecin  De  Libris  à  fe  ed'uis^  eft  encore  de  la 
faconde   Simler  ^  zmïi  que  les  Traités  fui  vans; 

De  Hdvctiorum    Republicâ  ,  Pagis  ,  5?c.  Farifiîs  ,  1577  ,  in^. 

f^ocabula  Rel  nummarle  ,  ponderum  &  menfurarum  ,  Graca ,  Latina  ,  Hcbraïca ,  ^ra. 
bica.  Tigiiri^  15B4,  :i-8,  avec  l'Ouvrage  de  Dominique  Majfaria  qui  eft  intitulé.' 
De  ponderibus  &  menfaris  Medidaalibus, 

Rodolphe  Simler  ^è\s  àe  Jojîas ,  naquit  à  Zurich  en  1568.  Après  de  bonnes  études 
dans  fa  patrie  &  à  Herborn ,  il  fe  rendit  à  Montpellier,  où  il  reçut  le  bonnet  de 
Dodeur  en  Médecine  ,  en  1596.  II  exerça  dans  fa  ville  natale  avec  tant  de  répu- 
tation, qu'il  y  fut  extrêmement  regreté  à  fa  mort  arrivée  en  1611  ,  à  l'âge  de  43. 
ans.  Les   Lettres  numérales  de  fon  nom   indiquent  précifément  cette  année: 

roDoLphUs    sIMLerUs. 

SIMON ,  Médecin  du  XXXVIlï  fiecle  du  monde ,  vécut  du  tems  de  Seu- 
leucus  Nicanor,  Roi  de  Syrie. 

11  ne  faut  point  le  confondre  avec  Simon  l'Athénien,  dont  Dlogene  de  Laërce  fait 
mention.  Quoique  ce  dernier  Simon  ait  écrit  un  Livre  intitulé  ;  De  la  fanté^  il  étoit 
Vhilofophe  plutôt  que  Médecin;  il  n'eft  point  d'ailleurs  du  même  tems,  car  il  a 
vécu  dans  le  XXX VI  liecle.  C'étoit  un  Ouvrier  en  cuir,  &  ce  qu'il  favoit  de  la 
Philofophie  ,  il  l'avoit  appris  en  écoutant  les  difcours  de  Socrate  qui  s'arrêtoit  quel- 
quefois dans  fa   boutique. 

SIMON,  f  Léonard)  Philofophe  &  Médecin,  étoit  de  Mefline  en  Sicile,  où 
il  naquit  en  1602.  Il  pratiqua  dans  cette  ville,  &  comme  il  iie  raanquoit  pas  de 
talens ,  il  y  fut  affez  conGdéré.  On  a  de    lui    un  Ouvrage  qui  a  paru  fous   ce  titre  : 

Gelodachria.,  id  eft  ^  de  naturali  &  praternaturali  rifu  &  fietu  ,  caterifque  humani  In- 
tilledài  proprietatibus ,  cum  Pkyjîogaomia  ,   &  earum  curatione.  Mejfana ,  1656 ,  j/1-4. 

M.  Portai  parle  d'Etienne  Si.non  qui  vivoit  à    Paris  en  159Q.  Il  ne  dit  rien  de  la 
profellion  qu'il    y  exerçoit  ,•  car  il  fe  borne  à  le  donner  pour  Auteur  d'une  Lettre 
écrite  à  .^drédu  Laurens  ^  qui  contient  une  defcription  laconique ,  mais  allez  exacte  ^. 
de  l'organe  de  l'ouie. 

Les  Hiftoriens  citent  encore  Bartholde  Simon  natif  d'Hambourg,  qui  reçut  le 
bonnet  de  Docteur  en  Médecine  à  Leyde  en  1670.  Il  voyagea  enfuite  en  Angle- 
terre &  vint  mourir  à  Paris  en  1671 ,  à  l'âge  de  aB  ans.  C'étoit  un  jeune  homme 
de  grande  expedation. 

SIMON  DE  GENES,  ainQ  nommé*  parce  qu'il  étoit  de  cette  ville,  eft  encore 
connu  fous  le  nom  de  Simon  Geniaftes  à  Cordo.  Il  s'arrêta  lon^?-tems  à  Rome,  où 
il  exerça  avec  beaucoup  de  fuccès  &  devint  Médecin  du    Pape    Nicolas  IV  ea. 


278  SIM 

lab'B  f  qui  eft  l'année  de  l'cxaltarion  de  ce  Souverain  Pontife.  Simon  étoit  Clerc , 
car  on  lui  donne  le  titre  de  Chapelain  de  Nicolas  IV  ;  fi  l'on  en  croit  mcmc  quel- 
ques Auteurs  ,  il  étoit  Sous-Ducre  &  encore  Chanoine  de  Rouen.  Ce  Médecin 
a  non  feulement  traduit  quclqjes  Traités  de  PArabe  en  Latin ,  mais  il  en  a  com- 
poié  d'autres  qu'on  a  mis  différentes  fois  au  jour ,  fous  ces  titres  : 

Claris  fanatlonis.  Patavil  ^  1474»  In-folio.  F  enttiis  ^  i486,  I507  ,  1510,  151^  ,  in  folio. 
C'eft  un  recueil  alphabétiqi'e  de  quantité  de  médicamcns  limples  qu'il  avoit  tirés 
des  Ecrivains  Grecs,  Arabes  &  Latins.  Il  eft  en  raanufcrit  dans  la  Bibliothèque 
de  Florence. 

Expojitio  Glojpe  marginalis  ad  Alexandri  latri  Libres  Médicinales.  Lugduni^  I5°4» 
i/1-4.  Papi£ ,  1520,  in'3. 

Il  faut  le  diltinguer  d'un  autre  Simon  de  Gènes,  audi  Médecin,  mais  qui  vécut 
lonf-tems  après  lui.  Ce  dernier  a  f&it  des  notes  fur  l'Ouvrage  de  Matthieu  Silvaticus, 
qui  a  paru  fous  le  titre  d'Opu>  Pindccfarum  Medicine.  On  trouve  ces  notes  dans 
l'édition   de  Lyon  de    154 1  ,   in-folio. 

SIMONETA,(  Pierte-Paul  )  de  Milan,  failbit  déjà  la  Médecine  dans  les  Ar- 
mées en  1571  ;  mais  il  abandonna   cet  emploi  pour  le  retirer    à    Pavie ,    où  il  en- 
fei»na  pendant   quinze  ans   &    s'occupa    beaucoup    de   la  difiec^ion    des    animaux 
On  a  de  lui  : 

Sreve  Compendium  totius   Medicina,  Ticini ,  1592  ,  J«-8.    Francofiirti  ,    1598,  in-8. 

SIMONI ,  C  Simon  ^  Médecin  du  XVI  iiecle  ,  étoit  natif  de  Lucques  en  Italie. 
Il  pafia  tour-à-tOLir  de  l'Eglife  Romaine  dans  le  parti  des  Calviniftes,  &  enfin 
dans  celui  des  Sociniens.  Uès  qu'il  eut  embrafle  la  Religion  prétendue  réformée, 
il  abandonna  fa  patrie  pour  fe  retirer  à  Genève  ,  où  il  enfeigna  la  Phi'ofophie.  De 
Genève  il  palfa  à  Heidelberg  ,  &  enfuite  à  Leipfic,  où  il  obtint  une  Chaire  de 
Médecine  &  publia  ,  en  1576  ,  un  Mémoire  pour  la  réfurraation  de  l'Univerfité. 
Ce  fut  dans  la  dernière  ville  qu'il  prit  goîit  pour  la  Seéte  des  Sociniens;  &  pour 
en  fuivre  les  fentimens  avec  plus  de  hberté,  il  fe  mit  à  parcourir  la  Siléfie,  la 
Moravie ,  &  s'arrêta  enfin  en  Pologne.  Ses  variations  en  matière  de  religion  ne 
manquèrent  pas  de  lui  faire  des  ennemis  qui  lé  fervirent  de  ce  prétexte  pour  le 
décrier.  Le  plus  acharné  de  tous  fut  .  un  certain  Marcel  Squardalupi  ^  Socinjen 
comme  lui,  qui,  après  avoir  prouvé  qu'il  étoit  fucceflivement  paliè  de  la  Religion 
Catholique  aux  Sedes  de  Calvin,  de  Luther  &  de  Soc'n,  le  fait  retourner  à 
l'Eglife  Romaine ,  en  le  peignant  comme  un  homme  conftamment  athée.  Simoni 
eft  non  feulement  chargé  de  ces  griefs  dans  la  latyre  que  Squurcialupi  lança  con- 
tre lui,  mais  il  eft  encore  mai-mené  fur  beaucoup  d'autres  points,  Pcut-êire  avoit  il 
ému  la  bile  de  Ion  advcrlaire  par  fon  efprit  inquiet  &  turbulent,  ainfi  que  par 
les  Ecrits  qu'il  ne  celibit  de  publier  contre  les  Auteurs  de  Ion  tems.  Comme  fa 
plume  étoit  féconde  ,  les  Médecins  ne  furent  point  à  fabri  de  fa  critique  ;  on 
trouve  plufieurs  Ouvrages    mis   au  jour  contre  eux,  dans  la  notice    fuivante: 

Commentarius    in  Anjtotelis  de  fenfu    &  fcnfibili.  I566  ,  in  folio. 

ylnti,-Sciiegkidnorum  Liber  unus^in  quo  ad  objecta  Schegkii  refpondaur.  Bafilea ^  le^jo  ^ 
ia-'ô.  Il  pafle  en  revue  les  erreurs  dont,  il  accufe  ce  Médecin  au  lujet  de  la  c<tule 


s     I     I^I  û-g 

des  fièvres  putrides ,  &  il  prétend  qu'il  les  a  multipliées ,  en   foutenant  le  rentiment 
de  Galicn. 

De  partibus  anlmallum  proprîè  vocatîs  folidis ,  atque  oblter  de  prima  fœtus  conformanone. 
IJpJits ,  1574,  m-4.  C'eft  une    Thefe  Académique. 

/-^era  &  indubitata  ratio  periodorum  ,    necnon    continuationci ,  intermijfionisque  febrîum 
humoralium.  Ibidem^  j^^^^in-^. 
.    ^rtifidofa  curanda  peftis  metkodus  duobiis  Libris  comprehenfa.    Jbldem ,  1576 ,  fn-4. 

Synop^s  brevijjîma  nova  Theoria  de  humoralium  fchrium  naturâ  ,  peiiodis ,  ftgnis  & 
curatlone.  Ibidem^  1577  ,  fn-8.  Bajîlece,  1580,  in-8.  Il  y  examine  les  fentimens  de 
Bruno  SddcUus  fur  la  nature  des    fièvres  humorales. 

Mifcellanea  Medica.    Lugduni ,  1578 ,  in-4. 

Difputaiio  de  putredine.  Cracovia^  1584  ,^«-4.  Cet  Ecrit  a  encore  bien  l'air  d'une 
Thefe. 

Sîmonlus  fupplex  ad  Marcellum  Camillum  triumpJiantem.  Ibidem ,  1585 ,  in-^.  C'eft 
S.qaarcialupl  qu'il    attaque   &  qu'il    ne  ménage  point. 

Refponfum  de  obitu  Stephani ,  Polonorum  Régis.  Olmutii  ,  1580,  in-^.  11  le  défend 
contre  Nicolas  Buccdla  qui  avoit  critiqué  fon  mémoire  fur  la  mort  d'Etienne  Bato- 
ri ,  publié  fous  Je  titre  de  Stcphani  I ,  Polonorum  Régis ,  faniias ,  vita  Medica ,  <egr/- 
tudo^  mors, 

Scopte  quibus  verriiur  confutatio  quam  ^dvocati  Nicolai  Buccells  pojîremà  cmifcrunt. 
Ibidem  ,  1589  «.4. 

SIMPSON ,  (  Thomas  )  Profefleur  de  Médecine  &  d'Anatomie  dans  l'Univer- 
lité  de  Saint  André  en  Ecofib ,  s'eft  diftingué  dans  ce  liecle ,  tant  par  les  Mémoires 
qu'il  a  communiqués  à  la  Société  d'Edimbourg ,  dont  il  étoit  ISÎembre  ,  que  par 
les  Ouvrages  qu'il  a  donnés  lui-même  au  public.  On  peut  voir  fes  Mémoires  &  fcs 
Obfervations  dans  les  Efiais  d'Edimbourg  publiés  par  Demours;  il  y  en  a  dans 
prefque  tous  les  volumes.  Quant  à  fes  Traités  particuliers  ,  ils  fe  réduifent  aux 
fuivans. 

De  Re  Medica  DiJJ'crtationes  quatuor.  Edimburgi^  1726,  iV8.  11  s'étend  fur  les  dé- 
fauts qu'on  remarque  dans  la  Matière  Médicale  ,  &  fe  récrie  fur  l'abus  des  compo. 
fitions  &  des  formules  ,  où  les  remèdes  fimples  font  entafles  les  uns  fur  les  autres. 
Comme  les  anciens  Médecins  ne  jugeoient  de  la  vertu  des  médicamens  que  d'après 
l'expérience,  il  fait  des  vœux  pour  qu'on  s'y  rapporte  encore  aujourd'hui:  s'appli- 
quer à  bien  connoître  la  maladie ,  s'allurer  par  l'obfervation  des  effets  des  remèdes 
qu'on  emploie  dans  le  traitement  ,  c'eft ,  félon  lui ,  le  feul  &  vrai  moyen  de  ré- 
duire la  Matière  Médicale  à  un    petit    nombre  de  médicamens  certains. 

Syftem  of  tke  wrombe.  Edimbourg,  1729,  C'eft  un  Syftême  fur  la  menfiruation. 
L'Auteur  l'établit  fur  les  fmus  de  la  Matrice  qui  ne  reçoivent  point  de  fang  dans 
le  bas  âge. 

yjn  inquiry  how  far  the  vital  and  animal  allons  of  the  more  perfe^  animais  can  be 
accounted  for  indepeadent  of  the  brain.  Edimbourg,  1742,  //i-8.  Cet  Ouvrage  eft 
diviié  en  cinq  articles.  Le  premier  traite  du  mouvement  mufculaire  ;  &  fuivant 
l'Auteur ,  c'eft  de  l'irritabilité  du  mufcle  qu'il  faut  déduire  les  principales  caufes  de 


a8o  S    1    N       S    I    T 

fon  mouvement.  Dans  les  autres  articles ,  il  s'agit  de  la  circulation  du  fang ,  de 
l'analyfe  de  cette  liqueur ,  des  fécrétions  en  général ,  du  cerveau  &  des  organes 
des  fens. 

SINAPIUS,  fjean  )  Médecin  natif  de  Schweinfurt,  fut  en  réputation  vers  le 
milieu  du  XVI  iiecie.  Sa  profoa'.le  érudiiion  en  tous  genres  de  Littérature  le  fit 
rechercher  par  plufieurs  Princes,  en  particulier,  par  Hercule  d'Efth  ,  Duc  de  Fer- 
rare,  qui  l'ai-ipella  à  fa  Cour  &  le  donna  pour  précepteur  à  la  Princefle  Ame', 
la  iille,  en  même  tems  qu'il  le  nomma  Médecin  de  la  Duchelî'e,  Ion  époufe.  Mais 
PEvéque  de  Wurtzbourg  détermina-  Sinapius  à  quitter  l'Italie  ,  en  lui  préfentant 
d'entrer  à  fon  fervlce,  II  vint  en  eHet  fe  fixer  dans  cette  ville  Epifcopale ,  &  il  y 
finit  les  jours  en  1561.  On  ne  connoît  rien  de  lui  qu'une  ïradudion  Latine  du 
7'ra^opodagra  de  Lucien. 

Les  Bibliographes  parlent  encore  de  Michel-Louis  Sinapius ,  noble  Hongrois  , 
dont  le  nom  Allemand  étoit  Scnf.  Il  ie  fit  recevoir  Dod\eur  en  Ph;lofophie  &  en 
Médecine  -,  &  s'aflicha ,  après  le  milieu  du  XVII  fiecle  ,  par  la  hardiefie  à  débiter 
des  paradoxes.  Prelque  toujours  d'une  opinion  contraire  à  celle  des  Anciens,  il  fe 
fait  une  fête  de  les  décrier  ;  il  r'a.iopte  guère  davantage  les  fentimens  des  Mo- 
dernes, fur  tout  à  l'égard  de  l'hiitoire  des  maladies.  Ses  Ecrits,  dont  le  ftyle  eft 
vif  &  mordant ,  ont  paru  Ibus  ces  titres  : 

uibfdrda  ver  a  ,  five,  paradoxa  Mcdica  ,  occafîone  controverjîarum  qu<s  Neotericis  cum 
Galenlcis  intercédant.   F'arfovlie  ,  1693  ,  tn-8.  Genev£  ,  1697  ,  in-8. 

Tructatus  de  remédia  doloris  ,  Jïve ,  materiâ  anudynorum ,  necnon  Opii  causa  crîminali 
in  Foro  Medlco.  Amftelodami^  1699,  «-8.  Il  fait  le  procès  à  V Opium  ;  mais  après  en 
avoir  examiné  les  vertus,  l'uiage  &  les  abus,  il  lui  donne  gain  de  caufe  ,  fous 
certaines  reftridiions. 

SIN IB ALDUS  (  Jean-Benoit  )  enfeigna  la  Médecine  à  Rome,  &  mourut 
dans   cette  ville  en  1658.  On  a   quelques  Ouvrages  de  fa  façon  : 

Gencanthropeia  ,  five  ,  de  hominis  generatione  Decatheucon.  Roma,  164a,  in-folio.  Il 
s'eft  attaché  ,  dans  le  plus  grand  détail ,  à  tout  ce  qui  a  rapport  au  myftere  de 
la  génération.  L'édition  de  Francfort  de  1669 ,  in-4 ,  comprend  YHiJloria  Foaùs 
Mujjipontani. 

Hippocratis    ^ntipkonon  Libri  V.  Rome ,  T650 ,  jn-4. 

George  Matthiai  cite  encore  Jacques  Sinibaldus  qu'il  met  parmi  les  Médecins 
Italiens  qui  ont  vécu  après  le  milieu  du  XVII  fiecle.  Portai  dit  q'j'il  naquit  à 
Rome  &  profefTa  la  Médecine  dans  le  Collège  de  la  Sapience;  &  l'un  &  l'autre 
lui  attribuent  un  Ouvrage  intitulé:  ylpollo  Btfrons ,  qui  fut  imprimé  à  Rome  en 
i6qo  in-4-  ^î'eft  une  colleaion  de  Thefes  en  Latin  &  en  Italien.  Mais  la  Biblio- 
thèque Romaine  de  Profper  Mandofius  met  encore  fous  fon  nom  un  Difcours 
qui  roule  lur  l'abus  des  véficaloires  &  qui  porte   en  titre: 

Deir  abufo  di  vejjicatorii  difcorfo. 

SITONUS  (  Jean-Baptifte  )  étoit  Ecoflois  d'origine.  Il  vint  au  monde  à  Mi- 
Âan  le  7  Juin  1605  ,  &  dès  qu'il  fut  en  âge  ,   il  fe   rendit  à   Pavie  ,  où   il  étudia 

la 


s  ïi    E         SKI  aSt 

ïa  Médecine  &  prit  ]e  bonnet  de  Do£lear  en  cette  Science  le  19  Juin  i6a8. 
Après  fa  promotion  ,  il  s'emprefla  de  revenir  à  Milan  pour  y  profiter  des 
lumières  de  Louis  Smala  ,  célèbre  Praticien  de  cette  ville.  Il  y  pratiqua  en- 
fuite  lui-même  avec  beaucoup  de  léputation  ,  &  il  y  mourut  chargé  d'hon- 
.fleurs  &  de  mérites  le  8  Oftobre  1681  ,  à  l'âge  de  f6  ans.  On  a  de  lui  un 
Ouvrage   intitulé: 

Jatrofophles  Mifullanea  ,  five  ,  Sapientia  Medica.  Patav'ù  ,  1641  ,  Jn-8.  Einfîdl<£  , 
1649,  '''«•■4>  avec  beaucoup  d'augmentations,  ^rgendnts ,  i6f o  ,  in.8.  Colonise  ^4grip- 
pifKe ,  1676,  i/i'4.  On  lui  attribue  aufli  une  Oiirertation  qui  a  paru  lans  indication 
du  lieu  ni  de  l'année  de  l'imprelïïon  ,  fous  ce  titre  :  Portas  fextô  menfe  natus ,  & 
al'foluté  quicumque  ante  feptimam  menfein  nafcitur  ^  diutiùs  vivere^  tiaturalibus  functionibus 
fungi^  &  incvlpatâ  frui  valetudlne  non  valet. 

Sébafticn  Sitonus  ,  fils  du  précédent ,  fut  reçu  Dodleur  en  Médecine  à  Pavie 
*^°  ^^53  1  &  fe  fit  connoître ,  dès  l'an  1656 ,  par  une  de  ces  queftions  inutiles  qui 
occupoient  beaucoup  les  Médecins  de  Ion  teras.  11  publia  une  Difleriation  fur 
l'importance  de  faire  la  faignée  au  bras  &  direfte  à  la  fraflure  de  la  han- 
che, Sébajlien  mourut  à  l'Uge  de  30  ans  ,  &  laiffa  un  fils  ,  nommé  Nicolas , 
qui  fut  aggrégé  au  Collège  des  Médecins  de  Milan  en  1698.  On  met  fa  mort 
en    ifof. 

Je  ne  fais  fi  Jérôme  Sitonus^  dont  parle  Matthias^  eft  de  la  même  famille.  II 
pourroit  être  père  de  Jean-Baptifie  ;  rien  au  moins  n'y  eft  contraire  pour  le  tcms, 
car  il  naquit  à  Milan  le  <ii  Novembre  1561  ,  fit  la  Médecine  dans  cette  ville  ,  oè 
il  mourut'le  i  Août    1630. 

SKEKIUS.  Voyez  SCHEGKIUS. 

SKINNER  ,  (  Etienne  )  de  Londres  ou  de  la  Province  de  Midlefex  ,  dont 
cette  ville  eft  la  Capitale  ,  vit  le  jour  vers  l'an  1622  dans  une  famille  noble. 
Il  étudioit  en  1638  dans  le  Collège  de  Chrift  à  Oxford  ,  lorfque  les  guerres  ci- 
viles qui  défoloient  fa  patrie  ,  l'obligèrent  à  chercher  au  delà  de  la  mer  un  en- 
droit plus  calme  &  plus  propre,  aux  Mules ,  qui  s'effraient  toujours  au  bruit  des 
armes.  Il  continua  fes  études  dans  quelque  Univerfité  étrangère  ,  &  à  fon  re- 
tour en  Angleterre  ,  il  prit  le  degré  de  Maître-ès«Arts  à  Oxford  le  10  Novem- 
bre 1646.  La  noblefle  de  fon  extradion  ne  fut  point  chez  lui  une  raifon  de  défifter 
du  goût  qui  le  portoit  vers  l'étude  de  la  Médecine.  L'efprit  national  étoit  favora- 
ble à  fon  deflein  ;  car  telle  eft  la  façon  de  penfer  des  Anglois  ,  qu'ils  croient  que 
l'exercice  de  la  Médecine  eft  non'  feulement  une  Profeffion  compatible  avec 
la  Nobleffe  ,  mais  qu'elle  honore  même  le  Gentilhomme  qui  s'en  acquitte 
bien.  Plein  du  defir  de  fe  perfe6>ionner  ,  Skînner  entreprit  de  voyager  ;  il  s'ar- 
rêta dans  les  Univerfités  les  plus  célèbres  ,  &  vint  enfin  prendre  k  bonnet  de 
Dofteur  à  Heidelberg.  A  fon  retour  en  Angleterre  ,  il  fe  fit  incorporer  à  Oxford 
le  26  Mai  1654,  &  pafla  bientôt  après  à  Lincoln,  où  il  pratiqua  svec  beaucoup 
de  fuccès  &  mourut  le  5  Septembre  1667. 
Ce  Médecin  excella  dans  la  connoifiUnce  des  Langues  Orientales ,  &  plus  fupé^ 
T  O  M  E    JK  Nb 


iSâ  s    K    K       s    L    E 

rieurement  encore  dans  celle  de  la  l>angue  Grecque.  On  peut  même  dire  que  fon 
favoir  fut  univerfel  ,  car  les  contemporains  le  regardèrent  comme  une  Bibliothè- 
que vivante.  Il  a  laifl'é  un  Traité  étymologique  de  la  Langue  Angloife ,  qui  fut 
imprimé  à  Londres  en  i6fi,  in-folio. 

SKKETA  DE  ZAVORZTZ,  f  Henri  ^  Médecin  natif  de  Schaffoufe  ,  étoit 
Membre  de  l'Académie  Impérisle  des  Curiei^x  de  la  Nature  ,  fous  le  nom 
de  Mcandre.  11  avoit  pris  le  bonnet  à  Heidelberg  en  1670,  mais  il  n'avoit  pas 
tardé  à  retourner  dans  fa  patrie  ,  où  il  fit  la  Médecine  avec  affèz  de  ré- 
putation ,  pour  être  regreté  à  fa  mort  arrivée  le  6  Août  1689.  On  n'a  riea 
de  lui  que  des  Ouvrages  en  Allemand  fur  la  pefte ,  fur  les  fièvres  malignes  & 
peftilcntielles. 

SLEGEL  (  Paul-VT-irquard  )  vint  au  monde  à  Hambourg  en  1605.  Il  aima 
*  voyager  ,  mais  ce  fut  en  vue  de  fe  perfeftionner  dans  toutes  les  parties  de 
h.  Médecine.  A  cet  effet  ,  il  parcourut  l'Allemagne  ,  la  France  ,  la  Hollande ,  l'An- 
gleterre, l'Italie  ,  &  vint  terminer  l'es  couries  laborieules  it  Jene  ,  où  il  prit  le 
bonnet  de  Dodeur.  En  1638  ,  il  fut  nommé  ProfelTeur  de  Botanique  &  Direc- 
teur du  JarJin  de  l'Univerlité  de  cette  ville,  &  peu  de  tems  après  ,  Médecia 
de  Guillaume  III  ,  Duc  de  Saxe-Weimar.  Mais  ces  avantages  ne  purent  contre- 
balancer la  force  de  l'amour  de  la  patrie,  qui  le  rappelloit  à  Hambourg  ;  il  y 
revint  en  1642  pour  remplir  la  charge  de  premier  Phyficien  ou  Médecin  Pen» 
fionnairc.  Satisfait  d'avoir  obtenu  cet  emploi ,  il  n'eut  d'autre  ambition  que  de 
s'acquitter  des  devoirs  qu'il  lui  impofoit,-  &  comme  il  le  fit  avec  tout  le  zèle  & 
la  prudence  poflible  ,  il  mérita  l'eftime  de  fes  concitoyens  &  l'emporta  dans  le 
fombeau  le   20  Février   1653. 

Ce  Médecin  fut  un  des  plus  zélés  partifans  de  Guillaume  Harvée.  Il  pouffa  les 
j^^reuves  de  la  circulation  du  fang  jufqu'au  dernier  degré  d'évidence  ,  &  pour 
convaincre  fes  contemporains  qui  réfiftoient  à  la  vérité  de  cette  découverte ,  il  mit 
au  jour  l'Ouvrage  luivant.* 

De  fanguinls  mota  Commentatlo  ,  in  qua  pracipuè  injoannis  Riolani  fententtam  îaquîrl- 
tur.  Hamburgi,  1650,  i/1-4.  C'efl  l'opinion  de  Riolati  fur  les  ulages  de  la  veine-Por- 
te ,  qu'il  attaque  dans   cet  Ecrit. 

Jean  Slegel,  fon  fils,  fut  Médecin  de  la  ville  d'Hambourg  ,  fa  patrie  ,  où 
H  mourut  en  16^6,  La  pièce  que  Lipenius  lui  attribue  ,  n'eft  qu'une  Thefe 
Académique. 

SLEVOIGT,  C  Jean-Adrien  )  fils  de  Paul,  Profeffeur  de  Philofophie  à  Jene, 
naquit  dans  cette  ville  en  1653.  Il  étudia  en  différentes  Univerfités  ,  mais  prin- 
cipalement dans  celle  de  Jene,  où  il  fuivit  les  leçons  de  Kraufs ,  de  fVedeî  &  de 
Fafch  ,  Profeffeurs  de  la  Faculté  de  ?/Iédecine.  Les  progrès  qu'il  fit  à  leur  Ecole, 
lui  méritèrent  les  honneurs  du  Dodorat  en  1681.  Comme  Slevoigt  étoit  déjà  au  fait 
de  la  Pratique  ,  il  ne  tarda  point  à  fe  faire  une  réputation  brillante  par  fes  fuc- 
«ès  ;  elle  fut  même  telle  ,  que  les  Magiftratï  de  fa  ville  natale  ne  balancèrent 
joint  de  le  nommer  à  Temploi  de  Médecin  Provincial.  Il  en  fît  les  fondions  jut- 


s    L    O  ^33 

«^u'en  1695  ;  mais  îl  abdiqua  pendant  le  cours  de  cette  snnêe ,  parce  qu'il  venoit 
d'être  reçu  au  nombre  des  Profbneurs  de  la  Faculté  de  Jene  ,  où  il  remplit  , 
dans  le  même  tems  ,  les  Chaires  d'Anatomie ,  de  Chirurgie  &  de  Botanique.  En 
1722,  il  paira  à  celles  de  Pratique  &  de  Chymie  ,  qu'il  garda  jurqu'à  fa  mort  arri- 
vée le  26  Août  1726.  Ce  Médecin  n'a  écrit  aucun  Ouvrage  de  grande  étendue  ; 
tout  ce  qu'on  a  de  lui  fe  borne  à  quelques  Difiertations ,  en  forme  de  Thefes , 
fur  des  lujets  d'Anatomie  ,  de  Botanique  ,  de  Chirurgie  &  de  Pratique.  Elles 
font  en  grand  nombre,  &  il  y  en  a  plufieurs  qui  roulent  fur  des  matières  fort 
intére fiantes.  Mais  comme  Slevolgt  étoit  encore  Accoucheur  ,  il  n'a  pas  oublié  de 
traiter,  dans  fes  Diiiertations  Académiques,  des  cas  les  plus  importans  qu'il 
avoir  rencontrés  dans  fa  pratique  chez  les  femmes  en  travail  ou  nouvelle- 
ment délivrées. 

SLOANNE,(  Le  Chevalier  Hans  ou  Jean  J  l'un  des  plus  favans  Médecins 
&  des  plus  habiles  Phyiiciens  du  XVIII  ficelé,  étoit  de  Killileah  dans  le  Comté 
de  Down  en  Irlande ,  où  il  naquit  de  parens  Ecofïbis  le  16  Avril  1660.  Dès  l'âge 
de  feize  ans  ,  il  avoir  fait  des  progrès  confidérables  dans  i'HiOtoire  Naturelle  & 
dans  la  Phyfique.  11  étudia  enfuite  la  Chymie  à  Cambridge  ,  lous  Scaffbrd ,  favant 
élevé  du  célèbre  Scahl ,  &  il  s'acquit  l'eftiroe  de  Ray  &  de  £uiU  qui  fe  tirent 
un  vrai  plaiGr  de  lui  communiquer  leurs  connoiflances.  En  1683 ,  il  pafia  en 
France  &  s'y  perfedionna  fous  Touraefon,  Du  f^erney  &  Léimry  ;  il  tit  voir  à 
ce  dernier  quatre  efpeces  de  Phofphores ,  dont  il  avoit  parlé  dan»  fon  Livre  fans 
les  avoir  jamais  vus ,  tout  habile  Chymifte  qu'il  étoit.  Huns  ^Sluanne  profita  de 
fon  féjour  en  France  pour  fe  faire  recevoir  Dodieur  en  Médecine  ;  ce  fut  à 
Orange  qu'il  prit  le  bonnet. 

D'abord  à  fon  retour  en  Angleterre ,  il  gagna  l'eftime  du  célèbre  Sydcnham  qui 
prit  plailir  à  le  pouJTer  dans  la  Médecine.  En  1685,  '^  Société  Royale  de  Lon- 
dres faggrégea  à  fon  Corps  ,  &  deux  ans  après  ,  il  fut  reçu  dans  le  Collège  des 
Médecins  de  la  même  ville.  Mais  le  Duc  d'Albermale  ayant  été  nommé  Vice- 
Roi  de  la  Jamaïque  en  1687,  Hans  SloanneVy  fuivit  en  qualité  de  fon  Médecin. 
Ce  voyage  s'accordoit  parfaitement  avec  le  goût  qui  le  dominoit  ;  aufïî  en  profita- 
t.il  pour  mulriplier  fes  connoilfances.  11  vilita  la  plupart  des  Ides  Caraïbe»,  &  fit 
une  recherche  exade  des  plantes,  des  poiilbns ,  des  oifeaux,  des  infeétcs  &  des 
autres  objets  d'Hiiioire  Naturelle  qui  fe  trouvent  dans  ces  ifles  &  dans  celles  de 
la  Jamaïque.  Après  la  mort  du  Duc  d'Albermale,  il  revint  à  Londres  en  1C88  , 
rapportant  avec   lui  environ  800    plantes  curieufes. 

Il  avoit  déjà  communiqué  quantité  de  Mémoires  à  la  Société  Royale,  lorfqu'il 
en  devint  Secrétaire  en  1693.  La  place  importante  de  Médecin  de  l'Hôpital  de 
Chrift  vint  à  vaquer  en  1695,  &  on  la  lui  donna.  Il  la  remplit  pendant  trente- 
fix  ans  avec  un  defintéreffement  &  une  générofité  qui  ont  peu  d'exemples;  il  re- 
cevoir fes  appointemens ,  en  donnoit  quittance  ,  &  les  rendoit  fur  le  champ ,  pour 
être  employés  au  belbin  des  pauvres.  C'eft  en  leur  faveur  qu'il  établit  le  D/fpen- 
faiûire  de  Londres;  endroit  public,  où  ils  ne  paient  que  la  va!  ur  iorrinfemie  des 
drogues  qui  entrent  dans  les  remèdes  qu'ils  y  achetet:t.  Mais  ce  Médecin  ne  fe 
contenta  pas  d'être  utile  aux  pauvres,  il  voulut  l'être  aux  Savans.  Il  publia  le 
Catalogue    des  plantes  de  la  Jamaïque ,  fous  ce  titre  ; 


i84  S    L    O 

Catalogus  plantaium  qua  in  infula  Jamaicafponiè  proveniunt  veî  vulgo  colantur  ^  cum- 
earum  fynotiimis  &  locis  natalibus  ;  aJjtciis  aliis  quibufdain  qu(e  In.  infulis  Madera  î- 
Barbadoi,  Nevcs  &  S.  Chrijîophori  najcuntur ,  feu  Frodromus  Hifiorite  Naturalisjamaïctc^ 
Pars  prima.  Londini ,  1696,  /n-8. 

Son  nom  déjà  célèbre  fc  répandit  davantage    dans  les    pays   étrangers,  dès  que' 
cet  Ouvrage  y  tut  parvenu.  Dift'érentes    Académies   le  mirent  au   nombre  de  leurs^ 
Membres  j    telles   Ibnt  celles   de  Pétersbourg  ,  de  Berlin,  de   Madrid    &   de  Got- 
tingue  ;    mais  fon    aggrégation     date  des  tems  plus  ou    moins   éloignés  les  uns  de* 
autres.  Ce  fut  en  1708  que  l'Académie  des  Sciences  de  Paris  le  nomma  Ion  anbcié.. 
11    fcntit  tout  le    prix  de  cet  honneur  i    il    fut    cependant  plus  fenlible  à  celui  que 
lui  fit  la   Société    Royale  de  Londres  ,   en  le  choiiiflant   Vice-Préiident    l'an  1712, 
Sloanne  s'étoit  fait    incorporer  à  Oxford  en  1701  ,  pour  fe  conformer    à  la  pra- 
tique  d'ufage  parmi  ceux  qui  ont  pris  leurs  degrés  dans  les  Univeriités  étrangères 
?A  qui  veulent    exercer  à   Londres.  En    ifiô,  le  Roi  George  I  le  nomma  Cheva- 
lier Baronet   &  Médecin  général   de  fes  Armées.  En  1719 ,  il  fut  élu  Préfident  du- 
Collège  des  Médecins,  &  ne  quitta  cette  place  en  1735,    qu'après  avoir  fait  dey 
préfens  confidérables  à  cette  lavante    Compagnie.    Le  Corps    des  Apothicaires  de- 
la  Capitale,   qui  dès  l'an  1673  avoit    formé  un  jardin    ipacieux  à  Chelfea    fur  un 
fonds  appartenant    à  Sioanm ,  reçut  audi  des  marques  de  fa  générolité.    Il   rendit 
cet  établiiTement  plus    lolide  en  1723,  par  le  don  qu'il  fit  aux  Apothicaires  du  ter- 
rein  ,   fous  la    feule  condition  de  préfenter    annuellement  50    plantes   defféchées  à 
la  Société  Royale  qui  en  meuble  fon  Cabinet  de  curiofités. 

En  1727  ,  le  Roi  George  II  le  choifit  pour  fon  premier  Médecin,  &  la  Société 
Royale  pour  fon  Préfident,  ù  la  place  de  l'illuftre  Newton.  Il  remplit  ces  portes 
importans  jufqu'en  1740,  qu'étant  parvenu  à  r-âge  de  80  ans  ,  il  prit  le  parti  de 
fe  retirer  à  fa  Terre  de  Chelfea  ,  où  il  s'occupa  le  refte  de  fa  vie  à  répondre  à 
ceux  qui  venoient  le  confulter,  &  à  publier  ries  remèdes  utiles,  C'eft  à  lui  qu'on 
doit  la  poudre  contre  la  rage  ,  connue  fous  le  nom  de  Pulvis  ann-lyjfus ,  &  cette 
recette  très-elficace  contre  les  maladies  des  yeux  ,  qu'il  fit  connoître  dans  un  Ou- 
vrage  imprimé  fous  ce  titre  : 

v/n  account  of  a  mojl  efficacious  médecine  for  firenefs,  %feaknefs  and  other  diftempers 
ofthe  eyes.  Londres,  1745,  in-4.  Ce  remède  confille  dans  le  mélange  de  la  graiffe 
de  vipère  avec  les  fines  perles,  l'Aloë  ,  la  Tuthie  &  la  pierre  Hématite.  11  y  a 
une  Traduflion  Françoife  de  ce  Traité,  dont  l'édition  eft  de  Paris,  1746,  m-i3. 
Ce  Médecin  mourut  dans  fa  Terre  de  Chelfea  le  11  de  Janvier  1753,  à  l'âge 
de  92  ans  accomplis.  Il  étoit  grand  &  bien  fait.  Ses  manières  étoient  aifées  &  li- 
bres, fa  converfation  gaie,  familière  &  obligeante.  Rien  n'égaloit  fon  affabilité 
envers  les  étrangers;  on  le  trouvoit  toujours  prêt  à  faire  voir  fon  Cabinet,  pourvu, 
qu'on  l'eût  averti  à  tems.  Il  tenoit,  un  jour  la  femaine ,  table  ouverte  pour 
les  perfonnes  de  diftinftion ,  &  fur-tout  pour  ceux  de  fes  confrères  de  la  Société 
Royale  qui  vouloient  y  venir.  Quand  il  fe  trouvoit  quelque  Livre  double  dans 
la  Bibliothèque ,  il  Tenvoyoit  foigneufement  au  Collège  des  Médecins  fi  c'étoit 
un  Livre  de  Médecine;  ou  à  la  Bibliothèque  du  Chevalier  Bodley  à  Oxford,  s'il; 
traitoit  d'autres  matières.  Il  croyoit  par  ce  moyen  1«$  confacrer  à  l'utilité  publiq^e,. 


s    M    E  28^ 

Lorlqu'il  étoit  appelle  auprès  des  malades ,  rien  n'étoit  égal  à  l'attention  avec  la- 
quelle il  oblervoit  ji:f^u'ai}x  moindres  lymptomes  de  la  maladie.  C'étoit  ainfi  qu'il 
&  œettoit  en  état  d'en  porter  un  pronoftic  ii  sûr  ,  que  fes  décifions  étoient  des 
efpsces  d'oracles.  A  l'ouverture  des  cadavres  de  ceux  qui  mouroient  ,  on  trou- 
voit  prefque  toujours  la  caule  de  mort  qu'il  avoit  indiquée.  On  lui  doit  de  l'o- 
bligation au  lujct  du  Quinquina ,  dont  il  a  étendu  l'ufage  à  un  grand  nombre  de 
maladies ,  fur-tout  aux  afi'eClions  ncrveui'es ,  aux  gangrenés  qui^^roviennent  de 
caule  interne,  &  aux  hémorrhagie?.  11  s'en  étoit  ibuvent  iervi  lui-même  dans  les 
attaques  de  crachement  de  fang  auxquelles  il  étoit  fujet. 

La  célébrité  dont  Sloanm  a  joui  pendant  le  cours  d'une  vie  longue  ,  n'eft 
due  qu'à  la  fupériorité  de  fes  talens.  Tout  ce  qu'il  a  fait  pour  le  bien  de  l'hu- 
manité &  l'avancement  des  Sciences ,  lui  a  non  feulement  mérité  la  plus  haute 
confidération  de  la  part  de  fes  contemporains  ,  mais  encore  la  reconnoiflance 
de.  la  poftérité.  La  Relation  de  fes  voyages  aux  Ifles  de  Madère ,  aux  Bar- 
bades  ,  Saint  Cbriflophe  &  la  Jamaïque,  avec  l'Hiftoire  Naturelle  de  ces  Ifles, 
mérite  en  particulier  la  reconnoiflance  des  Anglois.  Il  s'eft  fort  étendu  Icr  les 
plantes  qu'il  a  difpofées  fuivant  lu  méthode  de  Ray  ;  mais  il  ne  s'elt  point  borné 
à  en  donner  les  propriétés  par  rapport  à  la  Médecine,  iraauffi  parlé  des  ufa- 
ges  économiques  qui  peuvent  les  rendre  précieufes  au  commerce.  Cet  Ouvrage  in- 
téreflant  a  paru  fous  ce  titre  : 

A    voyage  to  the  /flands   Madera ,  Barbados ,  Kevci  ,    S.  Chrijlophers  and  Jamaïca 
whh  the.   nataral  hifiory  of  the  herbs  and  trees ,  four  footed  beafis ,  fishes  ,   birds  ^  infects 
reptiles  Se  of  the  lajl  of  thefe  Iflaads.  Londres,  1^07  ,    deux   Tomes    In-folio  ^  avec 
figures. 

La  Bibliothèque  de  ce  Médecin  étoit  d'environ  cinquante  mille  volumes  ,  dont 
347  d'eftampes  colorées  avec  le  plus  grand  foin,  3516  Manufcrits,  &  un  nom- 
bre confidérable  de  Livres  rares  &  précieux.  Le  Catalogue  de  fon  Cabinet  de 
euriolités ,  qui  eft  en  trois  volumes  in-folio  &  en  huit  /n-4 ,  contient  69-;;2  arti> 
clés ,  avec  une  courte  def:ript!on  de  chaque  pièce  ;  c'eft  la  plus  riche  coîledion 
en  ce  genre  qu'aucun  particulier  a't  peut-être  jamais  eue.  Mais  comme  il  fouhai- 
toit  que  ce  Tréfor  deftiné  ,  félon  fes  propres  termes  ,  à  avancer  la  gloire  de  Dieu, 
6?  le  bien  des  hommes^  ne  fût  pas  didîpé  après  fa  mort  ,  &  que  cependant  il  ne 
vouloit  pas  priver  lès  enfans  d'une  partie  fi  confidérable  de  fa  fuccelEon  ,  il  le 
laHTa  par  fon  teftament  à  h  Nation  Angloife  ,  en  exigeant  qu'on  en  p^yàt 
vingt  mille  livres  flerlings  à  fa  famille  ;  ce  qui  ne  fait  qu'une  petite  partie  de 
la  valeur  de  fon  Cabinet.  Le  Parlement  a  accepté  le  legs  &  en  a  rempli  les 
conditions. 

Shanne  avoit  époufé  la  fille  de  Jean  Langloy ,  Alderman  de  Londres  ,  dont 
il  a  laiffé  deux  filles  mariées  avantageufement. 

SMELLIE  ,  (  Guillaume^  Médecin  &  célèbre  Accoucheur  de  Londres,  s'etl 
diilingué  dans  cette  ville  avant  le  milieu  de  ce  fiecle.  Il  y  avoit  déjà  long-tcms 
qu'il  pratiquoit  l'Art  des  Accouchemens  à  la  campagne ,  lorfqu'il  prit  la  rélbiu- 
tion  de  s'établir  dans  la  Capitale;  en  dbî  ans,  il  y  fit  plus  de  deux  cens  quatre- 
vingt  Cours  pour  l'inftruaioQ  des  Elevés  &  des  Sages-femmes ,  &  donna  d'ailleurs.. 


285  S    M    E 

tant  de  preuves  de  fes  talens  dans  l'exercice  de  Ton  Art ,  qu'il  ne  tarda  pas  à 
être  un  des  Praticien^  de  Londres  les  plus  recherchés.  Mais  la  réputation  ne  fut 
pas  concentrée  dans  i'a  patrie  ;  il  l'étendit  au  delà  des  mers  par  les  Ouvrages 
qu'il  publia  lous  ces  titres  : 

Midii'lfry.  Londres,  1754,  in-8.  En  François  par  M.  de  PrevUh  ,  Paris  ,  i;^54, 
même  format  ,  avec  le  fecret  de  Roonhuijcn  dans  l'Art  d'accoucher  ,  traduit  du 
Hollandois.  Ce  Traité  eft  précédé  de  l'Hiftoire  des  Accouchemens  par  ordre 
chronologique  ,  &  d'un  extrait  de  ce  que  les  Auteurs  ont  écrit  tur  cette  par- 
tie iotértHante  de  la  Chirurgie.  L'Auteur  donne  le  manuel  du  Forceps  de  foa 
invention. 

Cafzi  in  Mliwïfry.  Londres  ,  1754 ,  1764  ,  //1-8.  En  François  par  rfe  Prevîlle  ,  Paris , 
'756,  1765,  ift-8.  C'ed  uu  Recueil  d'Oblervations. 

^  fet  of  anatomical  tables  for  M'idwifry.  Londres  ,  1754  ,  in-fulio.  Nuremberg  , 
'757'  in-folio^  avec  les  difcours  en  Allemand.  Ces  Planches  font  au  nombre  de 
trente-neuf.  Les  vingt-deux  premières  ont  été  deflinées  par  M.  Rymodyke ,  les  douze 
luivantes   par   M.    Camper,  &  les  cinq  dernières  par  le  même  Rymodyke. 

On  a  publié  à  Paris  tous  les  Ouvrages  de  S-nellie  en  1771  ,  quatre  volumes 
ïn-8 ,  avec  figures  ,  fous  le  titre  de  Traité  de  la  Tliéorie  &  Pratique  des  ^Jccouchemens , 
traduit  de   l'Anglois  par  M.  de  Preville. 

SMENGA,  C  Pierre^  de  la  Province  de  Frife ,  enfeigna  la  Langue  Grecque 
à  Louvain  pendant  huit  ans.  Il  prit  le  bonnet  de  Uodleur  en  Médecine  dans  les 
Ecoles  de  cette  ville,  le  19  Odlobre  1578,  fous  la  prélidence  de  Jean  Kautur  Fï- 
rin^us ,  &  fut  nommé  Profefieur  Royal  l'année  fuivante,  à  la  place  de  Corneille 
Gemma.  Cet  homme  a  vieilli  dans  les  exercices  académiques  ;  car  on  dit  qu'il  étoit 
dans  la  foixante-douzieme  année  de  fon  Uocl:orat ,  lorfqii'il  mourut  à  Louvain  le 
^  de  Mars  1650  ,  âgé  de  plus  de  90.  Apparemment  qu'il  s'y  étoit  pris  de  bonne 
heure  ,  puifqu'il  doit  avoir  été  reçu  Dodleur  à  vingt  ans  au  plus  tard  ,  pour 
donner  un  air  de  vérité  aux  époques  qu'on  vient  de  rapporter  d'après  Foppens. 
L'Hiftoire  des  Hommes  de  Lettres  nés  dans  la  Frife ,  attribue  quelques  Ouvra- 
ges à  Sinenga  ^  comme  ^nnmationes  in  Galenum  j  Emeudationam.  ChiUadte:  mais  oa 
'  doute  qu'ils  aieot  été  imprimés . 

SMET  C  Henri  J  naquit  à  Aloft  en  Flandre  le  29  Juin  1537.  A  l'Uge  de  trois 
■ans  ,  il  perdit  fon  père  qui  étoit  Médecin  de  la  même  ville  ;  mais  ce  malheur  ne 
changea  rien  au  projet  que  fes  parens  avoient  formé  de  le  pouffer  dans  les  études. 
Dès  l'enfance  même ,  il  étoit  arrivé  à  Smet  de  iaiiler  échapper  quelques  étincelles 
de  génie  qui  annonçoient  ce  qu'il  pouvoit  devenir  un  jour;  aulîi  fa  raere  ne  man- 
qua pas  de  profiter  de  ces  heureuils  dilpolitions  ,  &  de  l'encourager  pendant  le 
cours  des  Humanités  qu'elle  lui  fit  entreprendre ,  d'abord  qu'il  fut  en  âge  de  fe 
livrer  à  l'application  que  les  Maîtres  ont  tant  de  droit  d'exiger  de  leurs  écoliers. 
Notre- jeune  homme  iurpafîh  leur  attente;  car  à  peine  étoit-il  parvenu  à  fa  quin- 
zième année,  qu'il  avoit  déjà  mis  en  Latin  la  Batrochomyachie  d'Homcre  ^  l'Hif- 
toire de  Sufiinne  ôi  les  paroles  mémorables  de  Pytha^ore.  De  pareils  elikis  firent  voir 
combien  il  etoit  propre  à  l'étude  des  Sciences  fupériturrs.  On  l'envoya  ù  Louvain, 


s    M    E        S    M    I  28? 

où  n  commença  fon  cours  de  Médecine  qu'il  alia  continuer  à  Bologne,  &  qu'il  y 
finit  par  la  prife  du  bonnet  de  Dofteur  en  1561  ,  à  l'âge  de  24  an«.  A  fon  retour 
en  Flandre,  il  époufa  Jeanne  Corput  ,  avec  laquelle  il  demeura  à  Anvers  pendant  fix 
ans;  mais  le  Calvinilme  qu'il  profellbit ,  l'ayant  obligé  de  quitter  les  Pay5-Bas,il  fe 
retira  en  Allemagne  &  s'arrêta  d'abord  à  Lemgow,  où  il  iervit  le  Comte  de  la. 
Lippe  pendant  fept  ans,  en  qualité  de  Médecin.  Delà  il  pafia  à  Heideîberg  Ôc 
fut  attaché  pendant  deux  ans,  en  la  même  qualité ,  à  Frédéric  IIl,EledK'ur  Pala- 
tin. Après  la  mort  de  ce  Prince,  arrivée  en  1576,  il  fe  rendit  à  Franckenthal ,  & 
puis  à  Neufiadt  au  Palatinat  du  Rhin  ,  où  il  eniéigna  pendant  iept  ans.  Mais  ayant 
trouvé  à  le  placer  dans  l'Univerfité  d'Heidelberg  ,  il  retourna  dans  cette  ville  ea 
1585  ,  &  ne  s'occupa  plus  que  de  la  Chaire  &  de  la  Pratique  de  la  Médecine  pen- 
dant le  refte  de  fa  vie.  Il  la  termina  le  15  Mars  1614  ,  à  l'ûge  de  77  ans.  On 
mit  cette  épitaphe  fur  Ion  tombeau  : 

AUREA    MeDIOCRITAS. 

Henricus  Smetius  a    Leda 

Natus  Alofli    XXIX  Junll  ,    annô   MDXXXVil. 

Per  annos  XLII  Palatinaïui, 

Qui  in  Aula  ,  quà    in  Academîa  , 

Mcdiclnam  faciens  ,   docens  : 

Joann/e  CoRPUTiiE  Conjugi  fuavijpm^e  , 

Et  JoANNiE  SmetijE  FHia  charijfimte 

Jano  Grutero   vix  biennium  nupue  ; 

Necnon   ElizabethjE  Corputi.»  , 

Francisci  Junii  Theologi  U^ori , 

Matronis  caftis  ,  modejlïs ,  piis  ,  bic  pojîtis , 

Jn  fpem  vitts  ccdejlis    appojîtus  qukfcit. 

DefunSus  XV   Martii ,    annô   Cbrijîi  MDCXIV. 

Henri  Smet  a  publié  quelques  Ouvrages  en  vers  Latins ,  mais  on  ne  connoît  rien 
de  lui  fur  la  Médecine ,  que  le  Traité  fuivant  : 

Mifcellunea  Medlca  in  Libros  duodecim  digefta.  Francofard ,  1611  ,  inS.  Le  douziè- 
me Livre  a  pour  objet  de  démontrer  le  ftux  de  la  plupart  des  cures  attribuées 
à  Paracelfe. 

SMEUR,  C  Jacques  J  DoéVeur  en  Médecine  né  à  Ziriczée  en  Zélande  ,  vécut 
vers  la  fin  du  dernier  fiecle.  11  a  écrit  un  Ouvrage ,  en  Flamand ,  qui  fut  imprimé 
à  Middelbourg  en  1685,  in-i2 ,  dont  le  titre  peut  fe  rendre  par  celui-ci:  Traité 
des  Fièvres ,  où  routes  les  d'fferentes  efpeces  de  ces  maladies  font  dljUnguées  &  carad'é' 
rifées  par    leurs  phénomènes. 

SMITH.  Parmi  le  grand  nombre  des  Médecins  de  ce  nom,  on  remarque  le» 
fuivans. 

Samuel  Smith  du  Comté  de  Lincoln ,  où   il  naquit   dans   une  famille   noble  ^  fut 


^83  S    N    E 

Teçu  Bachelier  en  Médecine  à  Oxford  le  17  Avril  1620.  Il  étoit  Procurateur  de 
î'Univerlité  de  cette  ville  ,  lorfqu'il  mourut  à  l'âge  de  33  ans ,  emportant  avec  lui 
Ja  réputation  d'un  grand    Philofophe. 

Richard  Smith j  Maître-ès-Arts  de  l'Univerilté  d'Oxford  ,  -fut  reçu  Dofteur  en 
JMédecine  à  Utrecht  au  n-:ois  de  Janvier  1675.  ^  '°"  retour  en  Angleterre  il  fe 
ifit  incorporer  à  Oxford  le  25  Juin  1678  ,  &  devint  enluitc  un  des  Membres  les 
plus  diftingués  du  Collège  Royal  de  Londres. 

François  Smith ,  Maître-ès-Afts ,  obtint  le  Baccalauréat  dans  la  Faculté  de  Mé- 
<lecine  d'Oxford  en  1680.  Le  ai  Mai  de  Pannée  fuivante,  on  le  nomma  à  la 
■charge  de  Principal  du  Collège  de  la  Magdclaine  de  la  môme  ville  ,  mais  il  n'en 
prit  point  poffeflîon ,  parce  que  le  Chancelier  avoit  trouvé  bon  d'y  faire  paiTer  une 
autre  perlbnne.  Le  5  Juillet  16S9 ,  il  reçut  le  bonnet  de  Dofieur  en  Médecine  à 
O:;ford,&  peu  de  tems  après  ia  promotion,  Guillaume  lîl  le  déclara  Médecin 
de  Ion  Armée  en  Ecofle.  Smith  mourut  dans  ce  Royaume  au  commencement  de 
Juin  1691. 

On  ne  connoît  aucun  Ouvrage  de  leur  façon  ;raais  les  Bibliographes  parlent  d'un 
Anglois  comme  Smith,  i\m  a  publié  ,  au  commencement  de  ce  fiecle , un  Traité  iur 
les  vertus  médicinales  de  l'eau  commune.  La  manière  ,  dont  il  a  écrit ,  fait  afîez 
appercevoir  qu'il  n'étoit  pas  Médecin;  fon  Livre  n'eft  cependant  point  à  raépri- 
l'er  ,  tant  parce  qu'il  a  recueilli,  avec  foin,  tout  ce  qu'il  a  pu  trouver  fur  cette 
matière  dans  les  Médecins  de  fa  nation  ,  que  par  la  raifon  qu'il  rapporte  pluiîeurs 
expériences  faites  fur  lui  même.  Ce  Traité  a  été  mis  en  FrançoU  par  Naguc:^^,  avec 
différentes  autres  pièces  fur  le  même  i'ujet.  L'édition  eil  de  Paris,  1730,  deux 
x'olumes   in- 12. 

SNELL  .'C  Rodolphe^  naquit  en  1547  à  Oudewater  ,  petite  ville  des  Pro. 
vJnces-Unies  dans  la  Hollande.  Il  étudia  à  Cologne  ,  à  Heidelbcrg  ,à  Marpurg, 
à  Pife  ,  à  Rome  ,  &  par- tout  il  fit  fa  principale  occupation  de  l'étude  des 
Langues  Latine  ,  Grecque  &  Hébraïque  ,  ou  de  la  Médecine.  II  n'a  cepeaiant 
laifle  aucun  Ouvrage  fur  cette  Science  ;  car  il  s'efi:  borné  à  écrire  fur  la  Phi- 
îolophie  ,  la  Rhétorique ,  l'Arithmétique  &  la  Géométrie.  Il  enfeigna  la  Langue 
Hébraïque  &  les  Mathématiques  à  Leyde  pendant  trente-quatre  ans  ,  &  il  étoit 
parvenu  à  l'âge  de  66,  lorfqu'il  mourut  le  1  Mars  1613.  On  tranfporta  fon  corps 
iians  fa  ville  natale,  où  il  fut  enterré  honorablement.  Son  tombeau  eft  chargé  de 

cette  Epitaphe  :  ,,-.„,    .^   . 

Pite  Mcmoriie  Fin    Clanjjimi 

RuDOLPHi  Snellu    a    Roven 

Patricii   Fréter aqulnatls  , 

Qui  annô  M.  D.   XLVIl ,  V  Oclobris  natus  eft. 

Juventuis  partem 

Docendis   Marpurgi  in    HaJJta  Litteris    &   u4rtlbus 

Cum   laude   exerçait  : 

JEtatem   reliquam  in   j^cademia  Leydenft  , 

Tùm  Mathefeos  ,  tùm   Hebraa  Lingua  profejjlone  , 


s    NO  29f 


Cum   cura  ,  fidc  &  bono  publico  exegU  : 

Bis  Re&orata   honorificè  fun&us  , 

Jlluftr,    duobus    Maurltiis  , 

Princlpî   ^UTiaco   &   Lantgravio  HaJfitC  , 

Ob  artium  ,    quas    amabant  ,  pr^Jîantiam   carus  , 

Tandem    Leyda  ,    annô    cetatis   face   66  ,    i    Manu  , 

Deo  (S?   Nature  concejjit. 

Hàc  patrla  locô  ,   ubi  cornus  humari  ipfe  volait , 

Monumentum    quod    Patri  decreverat 

FiLIUS    WlLLEBRORDUS, 

Paternte   virtutis   lucres    atque  decus , 
Ejufdem.   Filius  Rudolphus  ^vo  ponendum  curavit. 


Hier   Leyt  begraven 

Rudolphus   Snellius.  van  Royen 

In   lyn    leven    Profeflbr     Mathel'eos 

Inde  Univerfiteit  van  Leyden  : 
Sterft    den  2    Mart.    Anno     lôn. 


'j- 


Wilhbrod  Sntll  ,  dont  il  eft  parlé  dans  cette  Infcriptlon  funèbre ,  luccéda  à 
fon  pcre  dans  la  Chaire  des  Mathématiques  en  1613  ,  &  mourut  à  Leyde  en 
1626  ,  âgé  de  35  ans.  Il  eft  Auteur  de  plufieurs  Ouvrages  fur  la  Marine  & 
fur  les  Monnoies  qui  prouvent  beaucoup  en  faveur  de  fes  talens  ,  &  qui  font 
lentir    tout  ce    qu'il  auroit  pu  faire  ,  s'il  étoit  venu    un   demi  fiecle  plus  tard. 

SNOYUS,  ("Reinier)  Médecin,  Philofophe  &  Hiftorien  qu'Erafine  de  Roter- 
^am  a  appelle  quelque  part ,  Alterun  Litterarum  Hollandicarum  decus  ,  étoit  de 
<îoude  ou  Ter-Oow  ,  ville  de  la  Hollande  méridionale  ,  où  il  naquit  en  1477. 
Il  montra  fi  peu  de  dilpofition  à  profiter  des  inftrué^ions  de  Tes  premiers  Maî- 
tres ,  que  fon  père  affligé  le  mit  chez  un  maréchal  ferrant  ,  pour  elfayer  fi 
en  le  traitant  durement  dans  ce  métier  ,  on  ne  pourroit  pas  lui  infpirer  quel- 
que goût  pour  l'étude.  Cet  expédient  réuflit  ;  car  après  avoir  fait  fon  cours 
d'Humanités  dans  fa  patrie  avec  diftinftion  ,  il  commença  celui  de  Philofophie 
à  Louvain ,  l'acheva ,  &  pafla  enfuite  dans  les  Ecoles  de  Médecine  de  la  môme 
ville  ,  d'où  il  fe  rendit  à  Bologne  pour  y  prendre  le  bonnet  de  Dodeur.  A 
fon  retour  d'Italie  ,  il  fe  livra  tout  entier  à  la  pratique  de  fon  Art  ,  il  l'exerça 
même  avec  tant  de  fuccès  ,  qu'Adolphe  de  Bourgogne  ,  Seigneur  de  Bevres 
&  de  Ter-Veere  ,  l'honora  de  fa  confiance  &  de  fon  eftime  ,  &  lui  ménagea 
encore  les  bonnes  grâces  de  Charles-Quint.  Ce  fut  alors  que  Saoy  fe  fit  connoître 
fi  av&ntageufement  du  côté  de  fes  talens  &  fur-tout  de  fon  éloquence  ,  que  cet 
T  0  M  E    J  P^.  O  o 


2go  S     N     O' 

Empereur  le  chargea  de  certaines  commiCIions  auprès  de  Chrifiiern  II ,  Roi  de- 
Dannemarc  chailë  de  iès  Etats  ,  &  de  Jacques  IV  ,  Roi  d'Ecolfe.  A  Ion  retouf 
à  Goude  ,  il  fut  nommé  Echevin  de  cette  ville  ;  mais  tout  propre  qu'il  eût 
été  aux  afiaires  ,  elles  ne  furent  point  long-tems  de  ion  goût.  Il  leur  préféra 
l'étude  des  Belles.Lettres  ,  dont  il  s'occupa  dans  fa  patrie  ,  où  il  vécut  tran- 
quillement dans  le  fein  des  Mufes  &  mourut  le  premier  jour  d'Août  15-^7  ,  dans 
la  foixantieme  année  de  fon  âge.  L'étendue  de  fes  connoifl'ances  lui  a  mérité 
l'éloge  qu'on   a  fait  de   lui   dans    ce  diflique  .• 

Hijloricus  ,   Mcdicus  ,  vates   ;  hxc  fingula   Snoyus  , 
Unus  liomo  ,  paritcr  mu  nia  fujlinuit. 

Mais    uilard    d'Amflerdam  a   compofé  une    plus    grande   pièce   en    vers  à    fas 
louange  : 

Ecqu'id    ia  omnigenis  natarte  dotibas     ufquam  ejl  , 

Ingenii  prcefcs  ,  quidve    Minerva  paru  , 
Ouod  non  ingénia  Snoyus  ,  ftudiôquc   frequead 

Prendit  &   abfolvit  non  fine    judicio  ? 
Quidquid   habent   nitidi  divina    Poëniata  cultàs  , 

Exprimit   hoc  doctis   undique  carminibus. 
Jnftar  apis  ,  variis  ex   Libris  plurima   carpfit  ; 

Melkus    hic  blandô    manat  ab    ore   liquor. 
SciV'it    inurbanum  lepido  fcponere    diSo  , 

Plufquam   civili  pneditus    ingénia. 
Reddere  perfonte  fcit  convenientia   cuique  , 

Et  quod  jufiitits   eft  ,   reddere  cuique  fuum, 
Omnia  Rhetorici  tenait  pracepta  nltoris  , 

^firorum  motus  ,  commeminitque  fitus. 
Novit    athlantiaci  metiri  pondus   olympi  , 

Quaque  fub   ambobus  tendiiur  ora  polis. 
Quidquid  ab   expertis  Medicis  aliquando  repertum  efî  ,  ,  ^ 

In  numérota  habuit ,  fi  quis  habere  potefi. 
Nemo  F^ir  hoc  meritô  fuit  expericntinr  unô^ 

Et  plures  Medicâ  nemo  levavit  ope. 
Quidquid  in  Hifioricis  facris ,  juxtaque  profanls 

Scriptum  efi  ,  excujjit ,  calluit ,  edocuit.  . 
^bdita  Scripturts  pénétrons    myfleria  facrts , 

Obfcurum  verbis  explicat  omne  tribus. 
Ornandis  ftudiis  noms  ,  natufque  juvandli 

Pauperibus ,  fummd  quos  fuvef  obfequiô. 
Latus  mi  femper  vixit ,  fie   latus  obivit  ,  . 

Quoi  benè  confidit  rfc  bonime  Dd. . 


SOL  îQt 

Ut  clnh  &  pulvh^  terrxquc  eft  redJita  terra, 
Jti  cœlos  rediit  fplruus ,  andt  vcnlt. 

Snoy  a  donné  plufieurs  Ouvrages  en  proie  &  en  vers.  Parmi  ceux  du  dernier 
genre,  on  remarque  les  treize  Livres  De  rébus  Batavlcis  qui  font  écrits  avec  élé- 
gance, mais  d'un  fiyle  afFedté.  Quant  à  la  Médecine,  il  n'a  rien  laifle  qu'un  Ma- 
nufcrit  fur  la  Pratique,  &  un  Traité  De  uirte  ^Ichymiflica  ,  qu'on  trouve  avecfes 
Ouvrages  imprimés  à  Francfort  en  1620,  in-folio. 

SOLANO ,  CFrançois  )  Médecin  natif  de  Lucques  ,  Capitale  delà  Républi. 
'que  de  ce  nom  en  Italie,  exerçoit  au  commencement  de  ce  fiecle  à  Antequera  ,  ville 
d'Efpagne  au  Royaume  de  Grenade,  Comme  il  avoit  le  génie  obfcrvateur  ,  il  ne 
négligea  aucune  occafion  de  mettre  en  œuvre  un  talent  fi  nécellaire  à  tous  ceux 
qui  veulent  fe  diftinguer  dans  la  cure  des  maladies.  Il  étudioit  la  Médecine  à  Gre- 
nade ,  lorfqu'il  fe  mit  à  luivre  Jofepli  Pablo ,  Profefieur  &  Doyen  de  l'Univerfité 
de  cette  ville;  il  vit  régulièrement  avec  lui  les  malades  de  l'Hôpital  Royal,  de 
celui  de  Saint  Jean  de  Uieu  &  du  Refuge  ,  &  il  prêta  la  plus  grande  attention 
à  tout  ce  qui  leur  arrivoit,  ipécialement  aux  modifications  du  pouls  qui  lui  paroif» 
foient  les  plus  fingulieres.  Il  avoit  Ibuvent  obfervé  \e pouls  rebondijfant ,  ians  trop  favoir 
ce  qu'il  en  devoir  augurer  ,  &  il  lui  prit  la  curiolité  d'en  demander  la  raifon  au  Docteur 
Pablo.  Celui-ci,  qui  étoit  un  homme  d'un  tempérament  afféz  violent,  lui  répondit 
fort  cruement  de  ne  point  s'arrêter  à  de  pareilles  bagatelles  qui  ne  provenoient  que 
des  vapeurs  fuligineules  du  fang.  Sulano  lentit  toute  la  futilité  de  cette  réponie  , 
mais  il  n'en  comprit  pas  moins  que  fon  Maître  avoit  tort  de  négliger  une  choie 
qui  lui  paroiQbit  de  conféquence.  Il  fit  donc  de  lui-même  des  oblérvations  fur  le 
pouls ,  ainfi  que  fur  ce  qui  arrivoit  aux  malades  qui  avoient  eu  tel  ou  tel  pouls  ; 
&  par  l'étude  exadte  &  fuivie  qu'il  continua  pendant  31  ans,  c'eft-à-dire  ,  depuis 
1707  jufqu'en  1738  ,  il  parvint  à  prédire  les  événemens  les  plus  critiques  ,  fur  le 
feul  fondement  des  différentes  modifications  qu'il  remarquoit  dans  le  battement  des 
artères  au  lit  des  malades.  Charmé  de  fa  découverte,  il  la  crut  d'une  ailëz  grande 
conféquence  pour  en  faire  part  au  public  dans  un  Ouvrage  qui  porte  le  titre  de  Lapis 
Lydius  ^polUnis.  L'édition  ell  de  Madrid,  1731  ,  in-folio.  L'Auteur  y  parle  de  dif- 
férentes efpeces  de  pouls  qui  fe  réduifent  au  natal,  à  l'hépatique,  le  gaflri- 
que  ,  l'inttftinal  ^  le  rénal  &  le  cutané  ,  fur  leiquels  il  prétend  d'avoir  porté  un 
pronoftic    toujours   sûr. 

Cet  Ouvrage  étant  tombé  ,  en  1743 ,  entre  les  mains  de  Jacques  Nlhell ,  Méde- 
cin Irlacdois  établi  à  Cadix  ,  l'obfcunté  qu'il  y  trouva  lui  fit  prendre  le  parti  d'al- 
ler à  Antequera  ,  pour  demander  à  l'Auteur  les  éclairciffemens  dont  il  avoit  be- 
foin.  Solano  fe  prêta  obligeamment  à  la  demande ,  &  le  rendit  plufieurs  fois  témoin 
de  la  juftefle  des  prédirions  faites  fuivant  lés  principes.  Mais  comme  ,  depuis  ce 
tems-!à  ,  il  eft  Ibuvent  arrivé  à  Nihell  de  faire  d'heurenfes  applications  de  ces  rè- 
gles ,  il  en  a  rendu  compte  au  public  dans  un  Recueil  d'obfer valions  qu'il  a  dédié 
au  Dudteur  Méad ,  célèbre  Médecin  de  Londres.  Guillaume  Noonvyk  a  tradjit  ce 
Recueil  de  l'Anglois  en  Latin  ,  fous  le  titre  de  Nova  0bfirvati9n.cs  circa  variarum 
crifium  pradicîloncm  ex  pulfu  :  accédant  Monita  de  natura  crijlum.  Le  même  Ouvrage  a 


ag2  SOL 

paru  en  François,  en  1748,  de  la  traduftion  de  M.  Lavirotte,  Médecin  des  Fa- 
cultés de  Paris  &  de  Montpellier.  Mais  teu  M.  de  Burdeu  a  renchéri  fur  tout  cela  , 
car  il  a  beaucoup  travaillé  à  éclaircir  &  à  étendre  cette  matière  ,  que  Solano  &  Nihill 
avoient  traitée  avec  affez  d'obfcurité. 

SOLENANDEH,  CReinier  J  de  Burick  au  Duché  de  Cleves ,  où  il  naquit  en 
1521 ,  fit  fa  Philoibphia  &  fon  cours  de  Médecine  à  Louvain  ,  &  ne  quitta  cette 
ville  ,  qu'après  y  avoir  été  reçu  à  la  Licence.  Il  n'étoit  point  en  état  de  fournir  aux 
fraix  de  les  études  ;  mais  comme  les  belles  qualités  de  fon  efprit  lui  avoient  méri- 
té la  proteétion  de  Guillaume  ,  Duc  de  Clftves  ,  c'étoit  ce  Prince  qui  en  avoit 
fait  toute  la  dépenfe.  Ce  fut  encore  aux  libéralités  de  Guillaume  que  Soknan- 
der  dut  les  avances  qui  le  mirent  en  état  de  voyager  en  France  &  en  Italie.  Il  fé- 
iourna  pendant  fept  ans  dans  le  dernier  pays ,  en  s'appliquani  toujours  à  l'é. 
"tude  de  la  Médecine.  Après  avoir  vifité  les  principales  Ùniverfités  ,  &  s'être  en'- 
tretenu  par-tout  avec  les  perfonnes  qui  jouiffoient  de  la  plus  grande  réputation  dans 
les  Sciences,  il  revint  en  Allemagne,  où  il  exerça  fa  profeîlîon  avec  beaucoup  de 
gloire  ,  ôt  ne  tarda  point  à  être  honoré  du  titre  de  Médecin  du  Duc  Guillaume  , 
fon  bi>' nfaiteur.  Solenandcr  mourut  à  Duflèldorp  vers  l'an  1596  ,  &  lailia  les  Ouvra- 
ges fuivans  : 

^polo^ia,  quâ  Julio  ^kxandrino   refpondetur  pro  ^rgenterio.    Florent!  a ,  1556,  lad. 

De    coloris   fontiani    medlcatorum    causa    &  tempcratione  Librl  duo.    LugJuni ,    1 558  y 

iV8. 

ConfiUorum    Medlcindium  fe&iones  quinque.   Francofurti,    1596,    in-folio.    Hanovla^ 

1609  ,  ia- folio, 

SOLINGEN,  (  Corneille  VAN  )  célèbre  Chirurgien  &  Accoucheur  Hollan- 
dois,  floriflbit  à  La  Haye  vers  la  fin  du  dernier  fiecle.  On  a  de  lui  deux  Ouvrages 
écrits  en  la  Langue  maternelle  ,  qui  ce  font  intérefians  que  par  les  obfervations 
dont  il  les  a  remplis,  car  il  ne  s'eft  guère  attaché  aux  détails  théoriques.  Le  pre- 
mier parut  à  La  Haye  en  1673  ,  in-ii  ,  fous  le  titre  à'Embryulcla  &c.  C'eft  na 
Traité  d'Accouchemens ,  où  l'Auteur  expofe  les  manœuvres  les  plus  ufitées  de 
cet  Art  ,  &  même  quelques-unes  de  celles  qui  lui  étoient  propres.  Le  fécond  eft 
intitulé;  Manuale  operatien  der  Chirurgie  &c.  La  Haye  ,  1685  ,  ^  Amfterdam  ,  1698, 
iB-4.  En  Allemand,  Francfort  fur  l'Oder  ,  1693  ,  /■/î-4  ,  &  Wittemberg,  1712,  même 
format.  Solingen  y  pafle  en  revue  les  opérations  les  plus  importantes ,  &  donne 
fon  feniiment  fur  chacune   d'elles. 

SOLINIAC ,  (Louis  ^de  Bordeaux,  fut  admis  au  Dod^orat,  en  1631,  dans  la 
Facuhé  de  Médecine  de  Montpellier,  (bus  la  préfidence  de  Jean  Delon  qui  de- 
vint enluite  fon  beau-pere.  Celui-ci  étant  mort  en  1637,  &  George  Scharpe  ayant 
quitté  Montpellier  en  1^134 ,  on  établit  un  concours  en  1639 ,  à  la  fuite  duquel 
SoUniac  obtint  la  Chaire  de  Delon.  En  1665 ,  il  devint  Doyen  par  la  mort  de 
Siméun  Courtaud^    &  mourut    lui-même    dix  ans  après,  en   1675. 

Ce  Médecin  avoit  obtenu  un  Brevet  ,  en  date  du  21  Janvier  1665  >  Q"'  '"i 
permettoit  de  fe  choifir  un  furvivancier,  tant  à  caufe   de  fes  infirmités    &  de  fes- 


s    O    JL  293 

fréquens  voyages ,  que  parce  qu'il  avoit  belbin  de  tout  fon  tems  pour  finir  un 
Ouvrage  qu'il  avoit  commencé  &  qu'on  n'a  jamais  vu.  Ce  fiit  en  vertu  de 
cette  permiflion  qu'il  nomma  uimé  Durant ,  fils  de  Jacques.  L'Hiftorien  de  la  Fa- 
culté de  Montpellier,  ftu  M.  yJJtruc  ,  n'a  pas  manqué  de  le  récrier  contre  pareils 
abus  dans  fes  Mémoires  ;  il  ajoute  même  que  fi  ces  exemples  devtnoient  communs  , 
li  plus  court  firoit  de  JUpprimer  les  Uitiverfités.  Mais  celle  de  Montpellier  a  bien  plus 
à  le  plaindre  des  lourdes  manœuvres  de  les  Profeireurs ,  que  toute  autre;  on  s'y 
pouffuit  autant  par  l'intrigue ,  que  par  le  mérite  ,  dans  les  fiecles  précédens.  11 
n'en  eft  plus  de  môme  aujourd'hui;  l'émulation  y  excite  les  talens  qui  ouvrent 
la    porte  aux  récompenfes. 

SOLO  C  Gérard  DE  ^  ou  Gerardas  Bututus  de  Solo^  félon  relfchlus,  fut  Pro- 
feflèur  de  Médecine  en  la  Faculté  de  Montpellier,  &  même  Chancelier,  fuivant 
Ranchin. 

Il  eft  diflidlc  de  dire  au  jufte  quelle  a  été  la  patrie  de  ce  Médecin.  F'elfchius  le 
fait  natif  de  JSourges,  Sltarlcenfis;  mais  ailleurs  il  l'appelle  Médecin  Provençal, 
Medicus  Provlncialis ,  ce  qui  ne  peut  s'accorder.  Ainfi  parle  ^ftruc  dans  ion  Hif- 
toire  de  la  Faculté  de  Montpellier;  cependant,  pour  concilier  J'elfchlus  avec  lui- 
même,  il  n'eft  pas  éloigné  de  croire  que  Gérard  de  Solo  étoit  originaire  du  Dio- 
ceie  de  Beziers  ,  &  que  par  ignorance  ou  par  inattention,  on  a  dit  Bituricenfis  au- 
lieu  de  Bittcrenfis.  Cette  dernière  origine  s'accorderoit  avec  h\  qualité  de  Médecin 
Provençal  ;  car  le  nom  Provlncialis  convenoit  autrefois  aux  habitans  de  la  première 
&  de  la  féconde  Narbonnoife. 

/^eZ/c/iius  attribue  à  Gérard  de  Solo  un  Commentaire  fur  le  Viatique  de  Conftantin.^ 
&  c'eft  ù  l'occafion  de  ce  Commentaire  qu'il  le  cite.  Tous  les  Bibliographes  s'accor-. 
dent  aulîi  fur  le  même  point;  mais  ils  font  tombés  dans  l'erreur,  en  donnant  cet 
Ouvrage  à  quatre  pcrfonnes  en  apparence ,  fans  qu'il  leur  l'oit  venu  dans  l'efprit 
que  ce  n'eft  qu'un  feul  &  même  Auteur.  Gerardus  Bututus  de  Solo  eft  appelle  chez 
eux,  tantôt  Gerardus  Blcntius  Parthienfis^  Gerardus  Bututus  Parlfienfis,  tantôt  Ge- 
rardus Bituricenfis  de  Cremona  &  Gerardus  Cremonenfis.  U  n'eft  point  douteux  que  le 
catalogue  des  anciens  Médecins  ait  fouvent  été  ainfi  augmenté  par  la  difi'érence  des 
noms  qu'on  donnoit  à  la  même  perfonne. 

Le  Viatique  de  Confianiin  ,  fur  lequel  Gérard  de  Solo  travailla,  n'eft  autre  chofe 
que  le  Viatique  éi'Ifaac,  Médecin  Arabe  qui  vécut  vers  l'an  660,  félon  René 
Moreau.  On  l'appelloit,  du  tems  de  Gérard  de  Solo  y  le  Viatique  de  Confiantin  ,  parce 
que  ce  Médecin  Africain  l'avoit  traduit  de  l'Arabe  en  Latin  fur  la  fin  du  XI 
fiecle  ,  &  fe  l'étoit  attribué.  Cet  Ouvrage  eft  une  elpece  de  cours  de  Pratique 
fur  prefque  toutes  les  maladies,  divifé  en  fept  Livres,  oià  l'on  trouve  peu  de 
Théorie,  mais  beaucoup  de  remèdes.  L'Auteur  lui  avoit  donné  un  titre  que 
Confianiin  a  rendu  par  le  mot  Fiaticus ,  parce  qu'il  regardoit  ce  Traité  comme  un 
recueil  précieux,  dont  on  devost  être  toujours  pourvu  &  qu'on  devoir  porter  fur 
foi.  C'eft  ce  qu'on  appelloir  l^ade  mecum  dans  la  baffe  Latinité ,  &  ce  qu'on  ex- 
prime en  Grec  par  le  mot  Enchiridion.  Les  notes  de  Gérard  fur  cet  Ouvrage  ont 
été  imprimées  à  Venife  en  1505,  in  folio ^  fous  le  titre  de  Commçntuni  fu£er  yiat'mi 
6um  uxtu^ 


«94  ■  S    O    I\ï       . 

F'elfchias ,  quia  vu  cette  édition,  convient  que  ces  notes  font  mal  écrites;  on 
n^'en  peut  pas  moins  attendre  d'un  Auteur  qui  vivoit  avant  le  renouvellement  des 
Belles-Letres.  On  leroit  cependant  injufte  de  rejetter  cet  Ouvrage  par  la  railbn  qu'il 
eft  écrit  en  mauvais  Latin  ;  car  le  leul  défaut  de  ftyle  nous  porte  trop  légèrement 
à  condamner  les  Traités  compofés  par  les  anciens  Médecins.  Pour  s'en  convain- 
cre, il  ne  faut  que  confulter  Gefner  Ss'  P^ander  Liadcn  qui  aflurent  que  Girard  de 
Solo  fut  très-habile  &  très-expérimenté  dans  la  pratique  de  la  Médecine  ,  &  qui 
blâment,  comme  des  ignorans,  ceux  qui  mépritent  les  Ouvrages  de  cet  Auteur  i 
à  caufe  qu'ils  font  écrits  d'un  ftyle  groffier  &  qui  fe  reflent  de  la  barbarie  de 
fon  fiecle.  Quantité  de  Livres  anciens  ,  tombés  dans  le  mépris  par  le  défaut  de 
didion  ,  ont  paru  bons  &  nouveaux  dans  ces  derniers  tems ,  fous  le  voile  d'un  titre 
neuf  &  le  coloris   des  plirafes  mieux    arrangées. 

Jeua  de  Gaddeflen ,  Médecin  Anglois  qui  vécut  vers  l'an  1320 ,  cite  fouvent 
Gérard  de  Solo  ^  &  delà  il  paroît  que  celui-ci  avoit  écrit  quelque  tcms  auparavant, 
c'eft-à-dire ,  environ  l'an  1300.  Si  cette  remarque  à'^jlruc  eft  jufte  ,  elle  détruit 
3'opinion  de  fFolfgang  Jafius  qui  fait  vivre  Gérard  en  1470;  elle  renverfe  autîi 
l'ordre  du  Catalogue  de  Ranchia^  où  notre  Médecin  eft  placé  après  Jean  de  Tor- 
namire  qui  florifibit  en  1401  ,  &  rempliflbit  alors  les  fonctions  de  Chancelier  de  la 
Faculté  de  Montpellier. 

Les  autres  Ouvrages  de  Gérard  de  Solo  font:  Introdu&oriam  juvcnum  ,  feu,  de  re. 
glmine  corporis  humani  in  morbis ,  fcillcct ,  conjîmlli  ,  officiait  R  commuai.  Libellas  de  fe- 
bribus.  Tra&atus  de  gradibus  Medicime.  Ces  trois  Traités  ont  paru  à  Venife  en  1505 
&  en  1529,  in-folio,  avec  le  Commentaire  fur  le  Viatique.  On  a  outre  cela  du 
.snême  Auteur,  mais  on  n'a  qu'en  manufcrit:  Commentum  ,  feu  ,  Praciica  faper  nonum 
Jihafîs  ad  ytlmanfurem ,  cum  textu.  Commentum  faper  primam  Fen  priml  Cannais  ^vicen- 
jite  S  partem  fecundi.  Summa  de  conferendbus  &  nocentibus.  De  çujhdia  fanttatls.  ^g~ 
gregatioaes  de  crifi  &  cridcis.  diebus  &  prognofticationibus.  Simler ,  &  après  lui  Schenc- 
kius .,  ont  dit  que  ces  Traités  fe  trouvoient  en  manufcrit  dans  la  Bibliothèque  de 
Matthieu  Drejferus ,  Médecin  d'Erford  ;  &  le  Baron  de  Haller  a  écrit  que  le  Com- 
mentum faper  nonum  Rhafîs  avoit   été    imprimé  à  Lyon  en  1504 ,  1/1-4. 

Les  vieux  Auteurs  de  Médecine  citent  Gérard  de  Solo  fous  le  nom  de  Do^or  man- 
fuetus  &  d'ExpoJîtor.  Il  y  a  apparence  que.c'eft  à  fes  Commentaires  qu'il  a  dû  le 
dernier  titre. 

SOMEREN  (  Corneille  VAN  )  naquit  à  Dordrecht  le  28  Septembre  1593  , 
âe  Jean  Kan  Someren  &i  de  Liduine  de  Bevere,  11  fit  fes  Hum'anités  fous  le  favant 
Gcrard-Jean  f^ojjiusy  commença  ion  cours  de  Médecine  à  Leyde  fous  jElius-Eve* 
rard  Forftius ,  &  alla  l'achever  à  Caen  fous  Jacques  Cahagne^e.  Ce  fut  dans  cette 
dernière  ville  qu'il  reçut  le  bonnet  de  Dodleur,  le  16  Odobre  1615,  après  avoir 
foutenu  des  Thefes  publiques  fur  les  pronoftics  des  maladies  aiguës.  De  retour  à 
Dordrecht  en  1G17,  il  en  fut  nommé  Médecin  ordinaire.  En  1627,  il  entra  dans 
la  Msgiftrature  &  fut  en  même  tems  élu  Confeiiiler  ,  charge  qu'il  remplit  encore 
l'année  fuivante.  Comme  on  lui  remarqua  beaucoup  d'intelligence  dans  les  affaires, 
,on  ne  manqua  pas  de  lui  donner  différens  autres  emplois  ;  il  devint  l'un  des  Qua- 
rante \q  17  Septembre  1627  ,  Curateur  des  Ecoles   le  5   Janvier  1637,    Echevin  le 


s    O    M  a()5 

28  Septembre  1638  &  en  lô^^g ,  1G45  '  1646,  Tréforier  au  grand  Comptoir  en  1647 
&  1648,  enfin  Conleiller-Commis  de  la  Province  de  Hollande  vers  l'Amirauté  de 
Zélande,  le  5  Janvier  1649.  11  eut  encore  diverles  autres  charges  qu'il  remplit,  à 
la  fatisFaiftion  de  fes  concitoyens,  julqu'à  fa  mort  arrivée  le  11  Décembre  1649  , 
dans  la  spe.  année  de  fon  âge.  Corneille  Boey  lui  fit  une  Epitaphe  qui  commence 
aiaii  : 

Qui   Medicas  variis  decoravit  honoribus  yirtes 
Jus  f^alachris  tandem    diccre  jujjiis  aquis , 

SoMEK-US ,  ipfe  fuà  &  Beverorum  Jlemmatc  clarus  , 
Hôc  Ventura  rcdux   daudîiur  umbra  locô,  â?c. 

F'an  Someren  étoit  bon  Poëte,  connoilToit  parfaitement  fa  Langue  maternelle, & 
favoit  encore  la  Grecque,  la  Latine,  la  Françoife  &  l'Angloife,  yînne  Blocke ,  fa 
femme,  lui  a  donne  quatre  fils  &  fept  filles,  entre  autres  Adrien  qui  fut  après 
lui  Médecin  ordinaire  de  Djrdrecht  ,  &  qui  mourut  le   19  Mai   1663. 

Corneille  F'an  Someren  a  écrit  les    Ouvrages  fuivans: 

Epiftola  refponforia  de  vitte  termina.  On  la  trouve  dans  les  EpiJloUca  Qu^ftlones  de 
vtt£  termina  de  Jean  f'^an  Beveruyck.  Dordrecht,  1634 ,  m-8.  Leyde  ,  1636,  in-^. 

De  Unltate  Liber  fingularis  ad  S.  P.  Q.  D.  Dordrecbtl,  1639. 

Tradatus  de  f^arioHs  &  Alorbillis  ,  cui  accejfit  ejufdem  de  renum  â?  vejica  calcula  Epif- 
tola. Dordrecliti,  1641,  i/z-8.  Lugduni  Batavarum ,  1641,  in-i2  ,  avec  les  Exercitatio^ 
nés  in  Hippacratis  ^phorifmum  de  calcula  par  Jean  Van  Beverwyck.  Le  Traité  De  Va- 
riolis  <5?  Morbillis  a  été  traduit  en  Flamand  par    Martin  Huygens. 

Epiftola  refponforia  de  curât lone  itérât i  abortùs.  Extat  cum  D.  D.  Virorum  Epiflolis  , 
Refponjîs  ,  tum  Medicis ,  tum  Philofophicis.  Roterodami ,  1665,  /n-8.  Vûilà  à-peu-près 
tous  les  Ecrits  de  ce  Médecin  qui  ont  été  imprimés  ;  il  en  a  compofé  d'autres  , 
comme  Liber  fingularis  Confiliorum  de  morbis  mulierum.  Confilia  &  obfervaiiones  Médi- 
cinales. Obfervationes  Chirurgic£.  Methodui  curandarum  febrium,  Epiflnla  cum  d^ctoru'm 
Virorum  refponjh.  Mais  ils  font  refiés  en  manufcrit  dans  la  Bibliothèque  de  Ion  fils 
Jean,  Dofteur  en  Droit  &  Avocat  à  Dordrecht. 

SOMEI^S  (  Henri  )  étoit  de  Louvain ,  où  il  naqnit  le  14  Février  1645.  Henri, 
fon  père ,  Apothicaire  de  cette  ville  ,  mourut  en  1671  &  fut  enierré  le  26  Mai 
chez  les  Augufiins;  Marie  Leunckens ,  fa  mère  ,  finit  fes  jours  !e  13  Avril  i6|5  & 
fut  inhumée  dans  TEglife  des  Dominicains.  Le  jeune  Soiuers  fit  loiit  le  coors  de 
fes  études  à  Louvain  ,  oij  il  prit  le  grade  de  Licencié  en  Médecine  !e  22  M'ïrs 
1669,  &  reçut  le  bonnet  de  Docteur,  le  9  Novembre  1603,  avec  Jacques  Ferre- 
gouts  de  Malines  &  ^ildrien  Rei^nauU  de  Cahnar.  11  f.it  nommé  Profefltur  des  Inili- 
tutes  en  1677,  &  il  prit  pofTeilion  de  cet  emploi  ic  30  Avri!  He  la  r.;ême  année,- 
mais  l'une  des  premières  Chaires  de  la  Faculté  étant  venue  à  v;.  ;api  en  1688  , 
par  la  mort  du  Dodeur  ^(frfea  J^'oJfs.,  Somers  l'obtint  &  ia  rc.Bp.lc  près  de  trente 
ans,  c'eft-à-dire ,  jufqu'à  fii  mort  arrivée  le  12  Dr  membre  1717.  «^n  vot  fon  Epi- 
taphe dans  le  cimetière  de  la  ParoifTe  de  Saint  Miciiel  à  Lcuvàiu  i  elle  e(i  conçue 
en  ces  termes  : 


296  S    O    IM        S    O    N       S    O    P 

D.  O.   M. 

ClARISSIMUS    DoMlNUS     D.     HeNRICUS   SoMERS    LbVANIENSIS  , 

Mcd.  Do&or  &  Prof.  Primarîus  , 

F'ir  fiJe  ,  p'ietate  &  comitate  confpicuus , 

^cri  ingénia  &  fingulari  facundiâ  predims  , 

Mcd.    Praxi.,   aquè    ac    Theoriâ    expenijfimus  ; 

^ul  his   dotîbus    40   ampliùs  annis    ^cademiam  illujîravit , 

Hic   recondi    voLuit. 

Oblit    12  Decemb.  ^f  171?'  ,   etatïs  73, 

R.    J.    P. 

Il  avoit  eu  deux  femmes  ,  Anm-Elifabnh  van  Nyverieeh ,  fille  d'un  Secrétaire 
de  Maiines  ,  &  Jeanne  Dlcrix  qu'il  époufa  le  12  Novembre  i66g.  11  laifia  plu- 
fieurs  erUans  ,  entre  autres  ,  Jean-Bapdfie  Somers  ,  Licencié  es  Droits  ,  Chapelain 
de  Saiut  Pierre  à  Louvam  ,  &  Prélident  du  Collège  de  £reughcl  depuis  le  14 
Avril  Î712  ,  juiqu'à  fa  mort  eu  1732. 

SOMMERS  ,  C  Jeao-George  J  Dofteur  en  Médecine  ,  étoit  de  Schwartzbourg. 
Il  fut  premier  Médecin  du  Prince  de  ce  nom  ,  devint  Membre  de  l'Académie 
Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  ,  fous  le  titre  de  Machaon  II  ,  &  mourut  le 
2T  Août  1705.  On  a  de  lui  beaucoup  d'Ubfervations  dan*'  les  Mémoires  de  l'Académie 
Impériale  ,  &  quelques  Traités  écrits  en  Allemand  ,  fur  la  Pefte  ,  fur  l'Art  des 
Accouchemens  >  fur  la  meilleure  manière  d'élever  les  enfans. 

SONER  (  Ernelte  )  naquit  en  1573  à  NurCmbera;  ,  de.  Marc  Soner  qui  avoit 
été  ennobli  ,  avec  fes  frères ,  par  l'Empereur  MaximiJien  II.  Après  avoir  achevé 
fon  cours  de  Philofophie  à  Altorf  &  commencé  celui  de  Médecine  dan,-  la  même 
ville  ,  il  voyagea  en  Allemagne  ,  en  HoUande  ,  en  Angleterre  ,  en  France ,  en 
Italie  ,  &  à  fon  retour  ,-  il  s'arrêta  à  Bdle  ,  où  il  prit  le  bonnet  de  Do£>eur  en 
l6oi.  Ce  fut  dans  fa  patrie  qu'il  donna  les  premières  preuves  ce  lun  Ikvoir  dans 
l'Art  de  guérir;  mais  il  n'y  demeura  pas  long-iems.  PkîUppe  Scherbius  ^  Profef- 
feur  de  Médecine  à  Altorf  ,  qui  connoifToit  fon  mérite  ,  le  recommanda  fi  effi- 
cacement en  mourant  ,  qu'on  ie  nomma  fon  lucccfleur,  Soner  prit  pofleilion  de 
cette  Chaire  en  1605  ,  &  il  en  remplit  les  devoirs  av«c  tant  de  diffjcétion  ,  qu'il 
emporta  les  regrets  de  fes  Collègues  duns  le  tombeau  ,  où  il  defccndit  le  28  Sep- 
tembre 1612.  Ce  Médecin  a  mis  plufieurs  Ouvrages  au  jour  pour  foutenir  la  Seéte 
des  Sociûiens  ,  dans  laquelle  André  f^oidovius  l'avoit  engagé  ;  mais  comme  ces . 
Ecrits  ne  font  point  de  mon  fujet  ,  je  me  borne  aux  titres  de  ceux  qu'il  a  lailTés 
fur  la  Médecine.  Tels  font  ;  De  Ttitupbrafto  Paracclfo  ejujque  perniciuzâ  Medicinii. 
Ep'fioliS  Médias.  Or adones  dute  ,   de  in/bmniis  &   de  vita   contempladva. 

SOPHIA  C  Nicolas  DE  SANCTA  J)  étoit  iflii  d'une  famille  noble  ,  originaire 
de  Conllantinople ,  mais  dont  les  delcen.^.pns  figurèrent  parmi  la  NoblefTe  de  Ve. 
pife  ,  &  s'acquirent  beaucoup  de  réputation   ôj  de  richcfies  par  leurs  talens  dans 

U 


s    G    P  agr 

la  Médecine.  Celui ,  dont  je  parle ,  étudia  à  Padoue ,  la  patrie  ,  fous  Pierre  de 
^pono ,  &  lui  luccéda  en  qualité  de  Profefleur  dans  les  Ecoles  de  la  même  ville. 
S'il  n'égala  pas  fon  Maître  dans  la  pratique,  il  mérita  autant  d'éloges  que  lui  par 
fes  leçons  privées  &  publiques  ,  &  pafPa  généralement  pour  un  des  premiers  Profef- 
feurs  du  XIV  fiecle.  Nicolas  commença  d'enfeigner  en  131 1  &  continua  jufqu'en 
1350  ,  qui  efl  l'année  de  fa   mort.  Il  a  écrit  : 

Commentarius  in  jivicennam. 

Libri    très  de  di<eta. 

Libri  duo  de  curatione  febrium  pefiilentium   &  acutarum. 

Libellas  de  morfu  fripera    &  de  Sinapifmo. 

SOPHIA ,  C  Marfile  DE  SANCTA  )  fils  du  précédent,  enfeigna  fucceffive- 
ment  la  Logique  &  la  Médecine  à  Padoue  depuis  l'an  IJ570  jul'qu'en  1380  ou  en- 
viron. Il  jouiflbit  de  la  plus  grande  réputation  ,  lorfque  Galeace  ,  Duc  de  Milan  , 
s'empara  de  Padoue.  Ce  Prince  l'eftima  beaucoup  &  lui  fit  de  grandes  largefles  « 
ainfi  qu'à  fa  famille:  mais  François  Carrare,  aidé  des  Armées  de  Haviere  &  de 
Venife  ,  étant  venu  à  bout  de  chaflbr  Galeace  de  fa  conquête  vers  1390,  ce  Mé- 
decin devint  fufpedt  au  Vainqueur,  &  pour  cette  raifon ,  il  fe  retira  à  Bologne  , 
où  il  exerça  avec  fuccès.  Après  la  paix,  on  ne  négligea  rien  pour  l'engager  à 
revenir  à  Padoue  ;  on  lui  fit  les  plus  fortes  inftances  pour  qu'il  y  vînt  reprendre 
fa  Chaire  :  mais  comme  il  étoit  toujours  mal  dans  l'efprit  de  Carrure  ,  la  crainte 
d'êfre  en  butte  à  fes  reflentimens  le  retint  à  Bologne  jufqu'en  1402,  qu'il  pallâ 
à  Marignan  dans  l'Etat  de  Milan ,  où  Galeace  l'avoir  fait  venir  pour  le  traiter  de 
la  maladie  dont  il  mourut.  Il  furvécut  peu  de  tems  à  fon  bienfaiteur;  car  étant 
revenu  à  Bologne  en  1403 ,  il  y  finit  fa  carrière  dans  le  cours  de  la  même  an- 
née ,  &  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  faint  François.  Sa  famille  fit  graver  ces  vers 
fur  fon    tombeau  : 

yivat  ut  aternùm  vit<e  jam  munere  funcias. 

Hoc  prafiat  virtus  qua  facit  una  Dtos, 
Sic  inve£fa  polo  fuperâ    mens  régnât  in  auîa , 

Undique  ptr  terras  Inclyta  fama  vigct. 
Qua  mortalis  erat  jacet  hic  pars  condita  ,  niagni 

Exuvias  animi  coUigit  urna  brevis. 
Quumque  procul  latè  refonet  fua  gloria ,  faxum 

^ccipit  exiguis  nomina  magna  nous. 
Marjîlius  Patavus  ,  cui  dat  gens  alnia  Sophie  y 

Bononite  Medicus,  dam  docet^  occubuit. 

Ce  Médecin  eft  Auteur  des  Ouvrages   fuivans: 
Libri  Rhajïs  ad  Almanforem  de  curatione  morborum  panicularlum. 
Commentarii  fubtiles   in  ^phorifmos  Hippocratis. 

TraSatus  de  febribus  fuper  I  Fen  IV  Canonis  .AvicetutiB.  Lugduni ,  1501  ,  //1-8,  1517, 
i/i*4.  f^enedis,  1514,  in-folio. 

T  0  M  E    ir.  P  p 


298  S    O    P 

SOPHIA  ,  C  Jean  DE  SANCTA  J  frère  de  Marfde  ,  ne  dégénéra  point  de 
la  vertu  de  les  ancêtres;  comme  eux,  il  s'appliqua  à  l'étude  de  la  \1édecine  ,  & 
il  en  fit  profeUion  avec  beaucoup  de  gloire.  La  célébrité  que  fes  talens  lui  pro- 
curèrent dans  les  Ecoles  de  Padoue,  égala  celle  de  fon  perc  &  lurpallà  celle  de  foa 
frère;  ce  fut  vers  la  fin  du  quatorzième  fiecle  &  le  commencement  du  fuivant 
qu'il  enfeigna  la  Philotophie  &  la  Médecine  dans  l'Univcrfité  de  cette  ville» 
Comme  c'étoit  alors  la  coutume  de  s'en  rapporter  aux  fuffragesdes  Ecolier?  pour 
la  nomination  aux  Chaires  ,  Jean  fut  choifi  tout  d'une  voix  ,  &  n'eut  même  aucun 
concurrent.  Ses  Leçons  attirèrent  dans  les  Ecoles  un  fi  grand  nombre  d'auditeurs, 
qu'elles  fuffifoient  à  peine  à  les  contenir;  mais  ce  Profelfeur  ne  fe  borna  pas  à 
l'inftrudtion  publique  ,  il  lailfa  des  preuves  plus  durables  de  fa  fcience  dans  un  Ou- 
vrage difiribué  en  i8o  chapitres,  qui  eft  intitulé  :  Medicina  Pracfica.  Cet  Auteur 
mourut  vers  l'an  1410,  &  fut  mis  à  Padoue  dans  le  tombeau  de  fes  pères,  qu'on 
chargea  de  cet  éloge  funèbre  : 

unifia  eximius^   Medicina  rite    Mmarcha, 

yftque  falus  Paiavi  grandis  &  alta  jacet. 
Ecce  pater  fîudii  ,  languentum  cura  Joannes  , 

Onum   cui   celebris  Sandfa   Sophia  dédit. 
Firtmis  fpeculum  pra/uigcns  ,  fotuj  honejlus  , 

Norma  pudicitits ,  fidus  arnicas  erat, 
Expcrs  nequitiie  ^  fcelus    ofus,  régula  vitte 

Hic  fait,  ac    omnis  fphndida    cella  boni. 
Quidquid    ^rijloteks  ,  Hypocras   tulit   &  Galienus , 

Hanfurat:  ac  quîdquid  facra  medela  cavet. 
Praxis  verafuit,   totique  falutifer  orbi, 

Cujus  fama  nitcns  permcat  omne  /blum. 
Hâc    terram  juxta  volait  fepelirier    Urnâ  , 

Ut  mitis  natus  ,  feque  fubejje  patrl. 
Terra  fuum  cepit,  cepit  fibi  débita  Cœlum  , 

Perfruitur  totô  mens  ubi  fancta  Dcô. 

SOPHIA ,  C  Barthélémi  DE  SANCTA  )  fils  de  Jean  ,  fut  élevé  fous  les  yeux 
de  fon  père,  qui  l'eut  pour  difciple  pendant  fon  cours  de  Médecine  à  Padoue,  & 
qui  le  vit  enfuite  enfeigner  ,  avec  beaucoup  de  réputation,  dans  les  Ecoles  de 
rUniverfité  de  cette  ville.  Il  paffa  pour  un  des  premiers  Maîtres  de  ces  Ecoles, 
il  fe  répandit  même  fi  avantageufement  dans  la  pratique,  qu'il  fut  recherché  par 
les  perfonnes  de  la  plus  haute  diftindion.  Il  mourut  à  Padoue  vers  l'an  1448 ,  & 
fut  enterré  dans  le  lieu  de  la  fépulture  de  fa  famille.  On  grava  ces  vers  à  la  par- 
tie fupérieure  du  Monument  qui  a  été  élevé  pour  éternifer  la  mémoire  des  grands^ 
hommes  de    fon  nom  : 


( 


s    O    P        s    O    R  îigg 

Oueni    dédit  aima  domus    Sanciic  propago   Sophitc 
Hic  jacet  injîgnis ,  pr<£clarus  Bartholomceas  y 
Heu  quô  lapfa  ruît   Medicinne  lapfa  columna 
Tanti  morie  f^iri,  pro  quo  fleat  ^ther  &  Orbis. 

Ce  Médecin  a  fait  des  notes  fur  le  Traité  de  Pratique  de  fon  père  ;  mais  il  ne 
s'eft  point  borné-là,  car  il  a  compofé  quelques  Ouvrages  dont  le  fonds  lui  appar- 
tient. Tels  font: 

De  Sulphure  &  Nitrô ,  &  horum  compojïtînne. 

De.  Phlebotomia  ejufque  Topicis. 

De  quahtate    &  indicatione  excrementoru  m. 

SOPHIA,  (  Galeatius  DE  SA>fCTAJ  Médecin  de  la  même  famille,  étoit  de 
Padoue,   où  il  prit  le    bonnet    de    Di  éteur  vers  l'an  1490.   On  a   de  lui: 

De  fibribas.  De  omnium  modorum  fluxu  ventris.  Lugduni^  151?»  ''^-4  ^  avec  d'au- 
tres Ouvrages. 

Opus  Medicinte  pra&icte  faluberrimum  in  noiium  Tra&atum  Libri  Rhajîs  ad  Alman- 
forem.  Hagenoa ,  1533,  infollo  ,  avec  le  Libdlus  introducforius  in  ^nem  parvam  Ga- 
leni  de  Ji  iinrJtius. 

Les  Auteurs  parlent  encore  de  Guillaume  de  San&a  SupJiia  ,  qui ,  aicfi  que  le 
précédent ,  te  diftingua  à  Padoue  par  les  taiens  pour  la  Chaire  &  pour  la  Pra- 
tique. Ils  mouriirent  tous  deux  dans  cette  ville  &  furent  inhumés  auprès  de  leurs 
ancêtres,  de  même  que  BanliéUmi  le  jeune.  "Celuvci  fut  enlevé  à  la  fleur  de  Ion 
âge,  au  commencement  du  XV'I  fiecle ,  &  fit  ainfi  évanouir  les  grandes  efpé" 
rances  qu'on  a  voit  conçues  de  ("on  mérite  naiifant.  Le  dernier  de  cette  famille  > 
dont  il  eft  fait  mention  dans  l'Hiftoirc  de  la  Médecine,  c'efl:  Jérôme  de  Sancta 
Sophia^  qui,  dès  l'an  1644,  enfeigna  la  Théorie  dans  les  Ecoles  de  l'Univerfité 
de  Padoue  ,    la  patrie. 

SORACY,  ("Placide  )  de  Melîine  en  Sicile,  venoit  d'avoir  pris  le  bonnet 
de  Doftcur  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier,  lorfqu'il  revendiqua  la 
découverte  que  Chirac  fe  flattoit  d'avoir  faite  fur  la  nature  &  l'origine  des  che- 
veux. Il  y  eut  à  ce  fujet  une  contedation  très-vive  qui  échaufla  les  elprits  vers 
la  fin  du  dernier  fiecle;  elle  ne  méritoit  pas,  dit  yJftruc  ,  le  feu  qu'on  y  mit  ,  puif- 
que  tout  ce  qu'il  y  avoil  de  nouveau  &  d'eflentiel  dans  cette  prétendue  décou- 
verte ,  avoir  été  dit  &  démontré  par  Malplglil  dans  fon  Traité  De  externo  tacfùs  or- 
ganô.  Ce  fut  au  fujet  de  cette  difpute  que  Soracy  publia  les  Ecrits  fuivans: 

Réponfe  d  la  Lettre  écrite  par  M.  Chajîelain.  Montpellier,  169b',  In-ii.  Comme 
Jean  Chajîelain  y  Doyen  de  la  Faculté  de  Montpellier ,  n'aimoit  pas  Chirac ,  il  avoit 
'voulu  engager  Soracy  à  donner  au  public  fon  Traité  de  la  flrudure  des  cheveux. 
Celui-ci  n'en  fit  rien ,  &  fe  borna  à  foutenir  fes  prétentions  dans  un  petit  Ouvra- 
ge intitulé  : 

Réponfe  à  la    Lettre  de  Chirac  fur  la  ftrudure  des  cheveux.    1699,  in- 12. 

Soracy  quitta  Montpellier   bientôt  après  cette  conteftation.  Il    vint  fe  mettre  fuî 


Soo  S    O    R 

les  bancs  de  la  Faculté  de  Paris  ,  où  il  fut  reçu  Bachelier  &  foutint ,  en  1703, 
une  Thei'e  fur  un  lujet  analogue  à  la  difpute  qu'il  avoit  eue  avec  Chirac.  Quoi» 
que  M.  Portai  ait  mis  notre  Auteur  au  rang  des  Dofteurs  Régens  de  cette  der- 
nière Faculté  ,  il  eft  bien  apparent  qu'il  ne  le  fut  jamais,  puifque  M.  Buron  n'en 
parle  point  dans  la  Notitia  Medicoram  Parifienjîum, 

SORANUS,  fils  de  Mcnandre  &de  Phocbc  ,  étoit  d'Ephelc  ,  &  vivoit  dans  le 
deuxième  liccle  ,  fous  l'Empire  de  Trajan  &  d'Adrien.  Il  profefTa  d'abord  la  Mé- 
decine ù  Alexandrie,  mais  comme  les  talcns  étoient  mieux  accueillis  à  Rome,  il 
ne  tarda  point  à  s'y  rendre.  Soranus  étoit  partifan  de  la  Sed\e  Méthodique  ;  il  fut 
même  un  des  plus  habiles  Médecins  de  cette  Seéïe ,  luivant  Calius  ^urelianus  qui 
le  regarde  comme  celui  qui  a  mis  la  dernière  main  à  la  Méthode.  Egalement  efti- 
mé  aes  Médecins  de  Ton  parti  &  de  ceux  qui  n'en  étoient  pas  ,  il  a  joui  de  la 
plus  grande  confidération.  Galien  qui  ne  devoit  guère  l'eftimer  ,  par  la  raifon  qu'il 
a  quelquefois  maltraité  Hlppocrate ,  n"a  cependant  pu  fe  refufer  à  parler  de  lui  avan- 
tageufement,-  il  rapporte  la  defcription  de  quelques  médicamens  de  la  iaçon  de 
Soraiius ,  &  il  lui  rend  la  juftice  de  dire  qu'il  a  vu ,  par  expérience  ,  que  ces 
médicamens  étoient  bons. 

Ce  Médecin  a  laiflc  quelques  Ouvrages  qui  ne  font  point  parvenus  jufqu'à  nous. 
On  en  ignoreroit  parfaitement  le  contenu  ,  fi  l'on  n'avoit  ceux  de  Calius  Aurdlanus 
pour  fe  dédommager  de  cette  perte  ;  car  celui-ci  a  la  franchife  d'avouer  que  tout  ce 
qu'il  a  écrit ,  n'eft  qu'une  traduaion  des  Livres  de  Soranus.  Mais  le  Manufcrit  que 
ÎVl.  Coccki  ,  Profeifeur  d'Anatomie  à  Florence ,  a  tiré  de  la  Bibliothèque  de  cette 
ville,  où  il  avoit  été  apporté  de  celle  de  Conftantinople  par  Jean  Lafcarh  .^  n'ap- 
partiendroit  il  pas  au  Soranus  dont  nous  parlons  ?  Il  ell  au  moins  d'un  Soranus 
d'Ephefe ,  &  il  traite  des  bandages  &  des  fignes  des  fraisures.  Le  Do6tcur  Coc- 
chi  l'a  publié  à  F'Iorencc  en  1754,  in-folio  ,  avec  les  deux  Livres  à'Oribafe  qui 
font  intitulés  :  De  fraStis  &  luxatis. 

Il  ne  faut  point  confondre  Soranus  de  la  Sedle  Méthodique  avec  deux  autres 
du  même  nom.  Le  premier  de  ceux-ci,  natif  d'Ephefe  comme  le  précédent,  mais 
plus  jeune  que  lui ,  a  compofé  un  Traité  des  maladies  des  femmes  &  de  leurs  parties 
fecretes  ,  dont  Adrien  Turnebe  a  publié  un  fragment  en  Grec  ,  qui  fut  im- 
primé à  Paris  en  1554  ,  tV8  ,  avec  quelques  Ouvrages  de  Rufas  Ephéfien  . 
fous  ce  titre  :  De  Utero  &  muliebrl  pudendù  Libellas.  Ce  Fragment  a  aufli  été  publié 
en  Latin  à  Paris  en  1556.  L'Anatomie  y  eft  mieux  traitée  que  dans  les  Ecrits  de 
Galien  qui  fait  ibuvent  fes  defcription»  d'après  les  ouvertures  des  bêtes  ,  au-lieu 
que  le  Soranus ,  dont  nous  parlons ,  a  travaillé  fur  le  corps  humain.  La  manière 
de  traiter  de  fa  ftruflure  ,  telle  qu'on  la  remarque  dans  la  pièce  que  Turnebe 
nous  a  tranfmife  ,  a  toujours  fait  regrcter  la  perte  des  autres  Ouvrages  de  ce  Méde» 
cin.  L'attention  même  avec  laquelle  il  a  écrit  lur  l'Anatomie ,  le  diftingue  de  l'au- 
tre Soranus  d'Ephefe  qui  vivoit  fous  Trajan  ;  car  tout  le  monde  fait  que  les  Mé- 
thodiftes  s'occupoient  peu  de  cette  partie  de  la  Médecine. 

Le  fécond  Soranus  étoit  de  Malles  en  Cilicie ,  d'où  on  le  furnomma  ATallotes.  On 
a  cru  que  le  Traité  qui  porte  le  t\tt&  (y/fugoge  faluberrîma  in  Artem  medendi,  &que 


s    O    R  301 

nous  avons  de  l'édition  de  Bâle  chez  Cratandre ,  1528,  in.folio  ^  avec  quelques 
Ouvrages  lur  la  Matière  Médicale  ,  &  de  celle  de  Venire  chez  Aldus ,  1547  ,  in-folio  , 
avec  les  Medici  antiqui  ,  étoit  du  fécond  Soranus  ;  mais  P^ojfias  aflure  qu'il  n'en 
point  de  lui,  non  plus  que  des  deux  autres,  &  qu'il  a  été  comporé  par  un  Auteur 
Latin  plus  récent.  Ce  qui  rend  cette  opinion  vraiiemblable  ,  c'eft  que  l'Auteur  de  ce 
Livre  s'adreffè  à  Mécène,  comme  s'il  prétendoit  faire  croire  à  fes  lecteurs  qu'il  vi- 
voit  du  tems  de  ce  favori  d'Augufte  :  mais  l'impoRure  eft  trop  groflierc  ;  elle  n'a 
point  fait  de  dupes.  Au  refie,  cette  remarque  apprendra  aux  Curieux  quelle  efti- 
me  on  doit  faire  des  Lettres  fous  le  nom  de  Marc- Antoine  à  Suraniis  ^  avec  les  Ré- 
ponfes  de  ce  Médecin  au  fujet  de  Ciéopatre.  Ce  ne  peut  être  ni  l'un  ni  l'autre 
des  i^oninai  d'Ephefe  qui  ait  fait  ces  Réponfcs ,  puifquc  Ciéopatre  vivoit  dans  le 
trente-neuvième  fiecle  du  monde  &  le  commencement  du  quavanticme  :  on  ne  croit 
pas  non  plus  que  ce  foit  le  Soranus  de  Cilicie  qui  les  ait  écrites ,  ôj  elles  femblent 
plutôt  faites  à    plaifir  ,  ainfi  que  les  Lettres. 

SORBAIT  CPaul  DE^  étoit  delà  Province  d'Hainaut  aux  Pays-Bas.  Après  (es 
cours  d'Humanités  &  de  Philofophie ,  il  commença  celui  de  Médecine ,  qu'il  ache- 
va, fuivant  toute  apparence,  à  Vienne  en  Autriche  ,  où  il  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur. Son  favoir  lui  mérita  non  feulement  une  place  dans  l'Académie  des  Curieux 
de  la  Nature,  fous  le  nom  de  Machaon  II ,  mais  encore  la  première  Chaire  de  Mé- 
decine dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Vienne  ,  qu'il  obtint  en  1655  &  qu'il  remplit 
avec  beaucoup  de  célébrité  jufqu'en  1679.  Ce  fut  pendant  le  cours  de  la  dernière 
année  que  l'Impératrice  Eléonore,  Douairière  de  Ferdinand  III,  l'honora  de  l'état 
&  office  de  fon  Médecin  ,  &  ce  fut  à  l'occafion  de  cette  charge  qu'il  abandonna 
totalement  les  fonéîions  académiques. 

L'année  1679  eli  bien  remarquable  par  les  ravages  que  la  pcfte  fit  dans  Vien- 
ne;  au  rapport  de  Paul  de  Sorbait  ^  elle  emporta  76921  perfonnes.  Ce  Médecin  a 
donné  la  defcription  de  cet  horrible  fléau  dans  un  Ouvrage  intitulé  : 

ConJiUum  Medicum ,  fîve;  Dialugus  Loimicus  de  pcfte  f^iennenjl.  f-lenn^  yîuftrix , 
1679,  fn-i2.  En  Allemand,  Vienne,  1680,  même  format.  L'année  de  l'édition 
Latine  eft  exprimée  par  ce   Chronographe  qui  eft  au  bas  du  titre; 

^nnô  quô 

DeI  ManUs    ïangebat  nos, 

ET  VIennensIbUs   fer-a   strages   a  LUe   pestIfera 

ConferebatUr." 

De  Sortait  étoit  Confeiller,  Surintendant  &  Inquiliteur  de  fanté  ,  Chevalier  du 
Royaum»  de  Hongrie ,  lorfqu'il  mourut  à  Vienne  le  28  Avril  1691  ,  dans  un 
âge  avancé.  Ses  Ouvrages  ne  fe  bornent  point  à  ce  qu'il  a  écrit  fur  la  pcfte  ;  il 
en  a  laiffé  d'autres ,  fous  ces  titres  ; 

Univerfa  Medicina ,  tàm  Tkeorka  quàm  Pra&ica ,  nempè  Ifagoge  Inflimuonum  Me- 
dicarum  &  yiiiaiomicarum  :  Methodus  medendi  cùm  controverjîis  ,  annexa  Sjlvâ  Medicâ. 
Deindè  fequuntur  curaiiones  omnium  morborum  ,  J^irorum  ,  Mulierum  &  Puerorum  à 
caplte  ad  calcem  Se.  Noriberga ,  1672 ,  in-folio.  Il  y  a  une  édition  de  Vienne  en  Au- 


3oa  S    O    R 

triche  de  1680 ,  in-folio  ,  &  une  autre  de  1701  ,  même  format ,  qui  eft  intitulée  •• 
Praxeos  Mcdic£  auci£  ^  &  à  plurimis  typi  mendls  ab  ipfo  ^uclorc  caftigat£  ,  Tracîatus 
primas  in  qao  morborum  ,  à  caplce  ad  calcem  ,  curatloncs  Medicte ,  cum  controi'erjïi^  cotVis 
capiti  aniu'xis ,  traduniar.  Item  Tracîatus  II ,  de  Lue  vcnerca.  TraStatus  III ,  de  Febnbus 
cum  controverfiis.  Tracîatus  IV ,  de  morbis  Paerorum.  Tracîatus  F"^  de  Ckirurgia ,  cum 
examine  Cliirurgorum.  Traciatus  VI,  de  methodo  tnedendi,  cum  quctjUonibas  &  dofibus 
jnedicamcntorum.  l'raciatus  VII,  de  modo  benè  confultandi  &  rarioribus  obfervationibus. 
.UUiinù,  de  modo  proinovendi  DocHores  Vienne,  aliquot   difcurfibus  exornatô  &c. 

Nova  &  aacta    Injiitutionum  Medicarum    Ifagoge.  Viennes ,  1678 ,  i/1-4. 

Commentaria  &  controverjia  in  omnes  Libros  uiphorifmorum  Hippocratis.  Ibidem  ,  1680 , 
S701 ,    /n-4. 

Traité  des  Accouchemens  y  en  Allemand.  C'eft  un  volume  i/i-8. 

SORBIERE,  (  Samuel  J  de  Saint  Ambroife ,  dans  le  Diocere  d'Uzès  en  Lan- 
guedoc, naquit  le  17  Février  1610,  &  Iclon  d'autres,  1615.  On  l'envoya  à  Paris* 
en  iG'^g,  pour  y  étudier  la  Médecine;  il  fit  des  progrès  dans  cette  Science,  &  ii 
alla  les  continuer  en  Hollande  vers  164a.  Les  habitudes  qu'il  prit  dans  ce  pays 
le  décidèrent  aie  marier  à  La  Haye,  mais  bientôt  après  il  palla  à  Leyde,  où  il 
le  mit  à  exercer.  Apparemment  que  fa  profeflTion  ne  lui  réuffît  pas  dans  cstte 
ville,  car  il  revint  en  France  pendant  le  cours  de  l'annéî  1650,  &  parvint  à 
fe  placer  dans  l'Univerfité  d'Orange  ,  où  il  obtint  la  première  Chaire.  En  1653 , 
il  abandonna  le  Calvinifme  dans  lequel  il  étoit  né,  pour  embraffer  la  Religion 
Catholique,  &  à  la  fuite  de  fa  converiion ,  on  lui  donna  des  penfioas  confidéra- 
bles.  En  1663  ,  il  fe  rendit  en  Angleterre  ,  &  devint  Membre  de  la  Société  Royale 
de  Londres  le  3  Juin  de  la  même  année.  Mais  ayant  déplu  au  Roi  d'Angleterre 
par  ce  qu'il  avoit  avancé ,  dans  la  Relation  de  fon  voyage  en  ce  Koyeume  ,  fur 
le  compte  du  Chancelier  Edouard  Hyde  &  du  Comte  d'UIfeld,  Seigneur  Danois  , 
on  le  Ht  fortiv  de  la  Grande  Bretagne  ,  d'où  il  fe  retira  à  Nantes.  îl  y  mourut 
peu  d'années  après,  le  9   Avril  1670.  On  a  de  lui  dift'érens  Ouvrages.- 

Tradachon  des  fondemens  de  la  Politique  de  Thomas  Hobbes.  Amfterdam ,  1649  r 
in-o.  C'eft  le  Traité  De  cive  de  cet  Auteur. 

JJifcours  de  Sorbier e  fur  fa  converjîon.   Paris,  1654,  Jre.8. 

De  l\'lnutit,   Paris,  i66o,  in-11. 

Lettres  &  Difcours.  Paris,  1660,  i/1-4. 

Relation  d'an  voyage  en  Angleterre.  Paris  ,  1660,  in-8.  Cologne,  l66g  ,  in-ii. 
C'eft  ce  Livre  qui  le  fit  chalicr  de  la  Grande  Bretagne.  Outre  la  Réponfe  à  Sor- 
biere  fur  fon  voyage  d'Angleterre,  qui  parut  in\l,  on  a  les  Obfervaùons  de  Sprat 
fur    le  même  fujet,   imprimées  à  Paris  en  1674 , //1-12.  ^ 

On  voit,  par  cette  notice  ,  que  la  plume  de  notre  Auteur  étoit  féconde;  mais 
il  ne  s'cft  pas  borné  à  la  compofition  de  ces  Ecrits ,  il  en  a  publié^quelques  au- 
tres fur  des  matières  de  Médecine ,  tantôt  fous  fon  propre  nom ,  tantôt  fous  ceux 
de  Guthbert  Higland  ?i  de    Sébajîien  Aléthophile.  Tels  font: 

Difcours  fceptiquc  fur  le  pajfage  du  chyle  &  fur  le  mouvement  du  cœur.  Leyde  ,  1648, 
in-ii.  On  y  trouve   quelques    obfcrvations. 

Syjîi'ni  de  la   Médecine   Galàiîque  pour  le  foulagement  de  la  Mémoire. 


;  s    O    '!"        s    P     A  303 

Difcjuti  fur  la  tranifujion  du  fung  d'un  animal  dans  le   corps  de  Vhomme. 

^l'is  à  un  jeune  Médecin  fur  la  manière  dont  il  doit  fe  comporter  en  la  pratique  de 
la  Médecine,  vu  la  négligence  que  le  public  a  pour  elle,  &  les  plaintes  qu'on  fait 
d^:s  Médecins.    C'eft  Henri   Sorbiere  ,   l'on  fils,  qui  l'a  mis  au  jour, 

SOT1R.A  ,  Sage-femme  à  qui  Pliie  attribue  un  Traité  de  remèdes  pour  la 
guérilbn  des  fièvres.  Ceci  ne  doit  point  lurprcndre  ,  puiique  Le  Clerc  afilire  que 
les  Sages-femmes  de  Grèce  &  d'Italie  ne  le  bornoient  pas  à  la  pratique  des  Ac- 
couchemens,  mais  exerçoient  encore  la  Médecine,  fur-tout  pour  les  maladies  par- 
ticulières au  fexe.  Apparemment  que  Sotira  s'ét'"iit  rendue  célèbre  dans  fon  Art , 
&  que  c'elt  par  cet  endroit  qu'elle  a  mérité  que  Pline  en  fît  mention.  Il  y  a 
parmi  les  Manufcrits  de  la  Bibliothèque  de  Florence  un  Ouvrage  Grec  ,  intitulé: 
Gymecia  ,  qu'on  dit  de  la  compofition  de  cette  femme. 

SFi\CIliUS,  C  Ifracl  J)  de  Strasbourg,  où  il  naquit  en  i5i5o,  fut  reçu  Doflcur 
en  Médecine  àTubingue  le  13  Septembre  1581.  11  quitta  cette  ville  d'abord  après 
fa  promotion  &  revint  dans  fa  patrie  ,  en  vue  de  s'y  fixer  par  quelque  emploi 
académique.  En  elfe t  ,  il  obtint  une  Chaire  de  la  Faculté  de  Médecine,  &  il  la 
remplit  jufqu'en  i6io,  qui  eft  l'année  de  fa  mort.  Spachius  aimoit  le  travail,  mais 
il  s'eft  moins  occupé  à  mettre  su  jour  de  nouveaux  Ouvrages ,  qu'à  faire  des 
recherches  fur  ce  qu'on  avoit  écrit  avant  lui.  11  a  laifie  différens  Recueils  ,  où  il 
paflè  en  revue  les  Auteurs  de  Philofophie  &  de  Médecine,  &  fpécialement  ceuK 
qui,  parmi  les  derniers,  ont  traité  des  maladies  des  femmes.  Ce  qu'il  a  publié  fur 
cette  m.-itiere ,  doit  être  regardé  comme  une  nouvelle  édition  de  l'Ouvrage  de 
Gafpar  Woif,  imprimé  à  Bâle  en  1566  &  en  1586,  in-4.  Il  y  a  cependant  beau- 
coup de  choies  nouvelles  fur  les  maladies  du  fexe  dans  le  Recueil  de  Spachius, 
qui  comprend  les  Ecrits  qui  ont  paru  fous  le  nom  de  Félix  Plater,  de  Mcfchion^ 
de  Trotula ,  de  Nicolas  Rocheas ,  de  Louis  Bonaccioli ,  de  Jacques  Svlvius ,  de  Jean 
Ruef ,  de  Jérôme  Mercuriali ,  de  Jean-BaptijU  Monti ,  de  P^iclor  Trincavelli  ,  d'^iZ- 
bertin  Bottoni,  de  [ean  le  Boa,  à'^nbroife  Paré,  d'Alb'icajîs  ,  de  François  Rouffet , 
de  Gjfitar  Bauhin ,  de  Maurice  de  La  Corde  ,  de  Martin  ^kakia  &  de  Louis  Mer- 
cado.  Tous  ces  Auteurs  ont  traité,  les  uns  de  la  génération  ou  des  organes  qui 
y  fervent  chez  les  femmes  ,  les  autres  de  l'Accouchement  ou  des  maladies  qui 
ibot   propres  au  fexe.   Voici  les  titres  des  Ouvrages  de  Spachius. 

Nomenclator  Scripiorum  Grescorum  ,  jjrabum,  Latinorum  veterum  &  recentlum  Medico- 
Tum.  Francofurti,   1591 ,  t/i«B. 

Themata  Medlca  de  anim<£  facultatibus.  Argentines ,  1591  ,  i/j-4. 

Gynaciorum  ,  five ,  de  muUcrum  tum  communlbus ,  tum  gravidarum ,  parientium  &  puer.> 
perarum  affcclibus  &  morbis  :  additis  de  iifJem  al'vjrun  quoique:  extant  Libris  ;  denuà 
funt  recogniti ,  emendati ,  necejfariis  imaginibus  ornati,  &  optimorum  Scrîptorum  authorita^ 
îibus  illujïrati.  Argentin£  ^i^i^j  ,  in-folio,  avec  fon  Nomenclator  Scrîptorum   Medicorum.. 

Nomenclator  Scrîptorum   Philofophorum  &  Philologorum.  Ibidem,  -'59B,  /n-8. 

Joannis  Fragojl  Hiftoria  aromatum ,  fructuum  &  finipliclum  aliquot  medicamentorum 
ex  India  utraque  in  Europam  delatorum.  uirgentime,  1600,  in-S.  Il  a  traduit  cet  Ou- 
"vrage  de  l'Efpagnol  en   Latin  ,  ôîilya  ajouté  des  notes  marginales  Ô£  une  Table. 


304  S     P    E 

SPERLING  ,  (  JeanJ)  de  Laucha ,  &,  fuivant  d'autres  »  de  Zeuchfeld  en  Thurin- 
ge,  vint  au  monde  le  12  Juillet  1603.  Son  premier  goût  fut  pour  l'étude  de  la 
Théologie ,  &  il  s'y  appliqua  ;  mais  ayant  perdu  ia  main  gauche  à  la  luite  d'une 
blelliire  qu'il  s'y  étoit  faite,  il  pafia  aux  Ecoles  ue  Médecine  en  l'Univerfité  de 
Wittemberg ,  où  il  fuivit  les  leçons  de  Scnnert  &  prit  les  degrés.  Il  y  a  apj  srence 
qu'il  demeura  dans  cette  ville  après  fa  promotion  au  Doftorat,  car  il  iuccéda  à 
George  fi^ccker ,  ]e  12  Février  1634,  en  qualité  de  Profeflèur  de  Phyfique.  En 
1640,  il  fut  choifi  Recteur  de  l'Univerfité;  il  étoit  même  encore  revêtu  de  cette 
dignité  en  1658,  lorfqu'il  mourut.  Je  12  Août,  i.  Wittemberg.  Ce  Médecin  a  écrit 
quelques  Ouvrages  pour  défendre  les  fentimens  de  Daniel  Sennert ,  Ton  Maître  ; 
mais  il  en  a  compofé  d'autres  qui ,  comme  les  premiers  «  ne  préfentent  que  des 
fubliliiés  fcholafliques.  Voici  les  titres  fous  lefquels  les  uns  &  les  autres  ont  paru  : 

TracSatus  Phyfico-Medicus  de  morbis  totius  fubjtantiis  &  co^natis  qu<eflionibu.i ,  ^ra  Sea. 
mno  contra  Freitaglam  confcriptus.  ff^ittebcrgd ^  1633  ,  in-8. 

Trac/atus  Phyfico~Medicus  de  calido  innato  ,  pro  Danidc  Sennerto  contra  Joannem 
Freita^ium  confcriptus.  Ibidem  ,  1634  ,  z/i-8.    Lippe ,  1666 ,  în  8. 

Traciatus  Phyjîco-Medicus  de  origine  formarum  ,  pro  Sennerta  contra  Freitagium  conf- 
criptus. JFittcberga  ,  1634  ,  tn-8. 

Dtf&nfio  TraHatâs  de  origine   animarum  ,  pro    Sennerto    contra  Freitagium.    Ibidem  , 

1634,  1638,  ui-8. 
Traciatus  Phyjîcus  de  formatione  Jiomiais  in    utero.  /&,"(/em ,  1641  ,  1655,  166 1  ,  1672» 

i/i-8. 

^nthropologia  Phyfica.  JVittebergte ,  1647 ,  in-H.  C'eft  un  Traité  anatomique  où  il 
n'y  a  rien  de  neuf ,  parce  que  l'Auteur  n'a  jamais  diflëqué  ,  &  qu'il  s'en  eft  conf- 
tamment  rapporté  à  ce  que  Spigelius  5r  Du  Laurens  ont  écrit  f !  ;  la  ftruciure  du 
corps  humain.  L'Auteur  n'a  voulu  briller  que  du  côté  de  la  Théorie  ,  mai'  '  il  a 
affez  mal  réuffi  ;  car  il  a  lurchargé  fon  Ouvrage  de  quantité  de  qucftions  traitées 
dans  le  goût  des  Ecoles  de  fon  tems  ,  la  plupart    inutiles,  &  toutes  pitoyablement 

Meditationcs  in  Julii  Cafaris  Scaligeri  exotericas  exercitationes  de  fubtilitate.  îVitteber- 

gts ,  i6e;6  ,  in-8- 

Dijfeitatio  de  prlncipUs  nobifcum  natis.   Ibidem ,  1657 ,  in-S. 

Ci^rpologia  Phyfica  pojlhuma.  Ibidem ,  1668  ,  tn-12.  C'eft  George-Gafpar  Kirchmaier 
qui  en  eft  l'éditeur. 

SPERLING  (  Otton  )  naquit  à  Hambourg  vers  l'an  1602.  Deftiné  à  la  Pharma- 
cie &  à  la  Médecine ,  il  apprit  les  élémens  de  la  première  à  Amfterdam ,  &  s'ap- 
pliqua à  la  féconde  en  Dannemarc ,  fous  Thomas  Finck  61  fous  George  Fuiren  qu'il  ■ 
accompagna  en  Norwege  dans  le  deflcin  d'y  rechercher  les  plantes  médicinales  du 
pays.  Mais  Sperling  fit  de  plus  grands  progrès  en  Italie  ;  ce  fut-là  qu'il  eut  oc- 
cafion  de  pouffer  fes  connoifFancts  dans  la  Médecine  &  la  Botanique.  Il  s'arrêta 
d'abord  à  Padoue  ,  &:  palla  enfuite  à  Venife ,  où  il  demeura  environ  deux  ans. 
Au  bout  de  ce  terme,  Nicolas  Contarini,  noble  Vénitien,  l'envoya  en  Dalmatie 
&  en  Iftrie  pour  y  obferver  les  plantes  les  plus  rares.  Cette  commillion  étoit  bien 
de  fon  goût  ,  &  il  la  rempliflbit  à  la  fati!>faaion    de  fon  protefteur ,  lorfqu'il  reçut 

ordre 


s    P    E  3^5 

ordre  de  fon  père  de  revenir  à  Hambourg.  Avant  de  quitter  Mtalie ,  il  prit  le 
bonnet  de  Dorteur  en  Médecine  à  Padoue  ,  &  regagna  fa  patrie ,  en  traverlant 
la  France  &  l'Allemagne.  Mais  le  delir  de  voyager  le  tira  oieniôt  de  fa  vilie 
natale.  II  fe  rendit  à  Amfterdam  ,  &  voulant  delà  pafFer  en  Angleterre,  le  vail- 
feau  fur  lequel  il  étoit  monté  ,  fut  jette  par  la  tempête  fjr  les  rivages  de  Nor- 
Vege.  Comme  l'hiver  approchoit,  on  lui  perfuada  de  demeurer  quelque  tems  dans 
ce  pays  di  d'y  pratiquer  la  Médecine.  Il  s'établit  en  162b  à  Bergen  ,  &  i!  s'y^  dif- 
tingua  tellement  par  fes  cures,  qu'il  fut  nommé,  en  1630,  à  l'emploi  d:  Phy''ci»;n 
de  la  Province  de  Bergenhus.  Les  premiers  fuccès  de  Spenin^  lui  fireut  oublier 
fa  patrie ,  &  il  ne  tarda  point  à  adopter  celle  oii  le  hazard  l'avo't  porté.  Mais 
comme  il  fe  dégoûta  de  la  charge  qu'on  lui  avoit  donnée  à  Bergen  ,  il  pafla  en 
1632  à  Anllo ,  d'où  il  fe  rendit  à  Copenhague  en  1636.  Sou  mérite  étoit  déjà  con- 
nu dans  cette  ville  ,  il  le  fut  même  bientôt  à  la  Cour  ;  car  le  Roi  le  nomma  fon 
Médecin  en  1638.  Il  devint  encore  Médecin  de  la  maifon  des  Orphelins,  il  ob- 
tint la  diredion  du  Jardin  Botanique ,  &  à  toutes  ces  charges ,  on  ajouta  celle  de 
Phyficien  de  la  Capitale  en    1642. 

Le  célèbre  Comte  d'Uifeld  ,  Seigneur  Danois  ,  fat  celui  qui  lui  procura  tous 
ces  avantages  ;  mais  la  chute  d'Uifeld  ,  fous  le  règne  de  Frédéric  III,  entraîna 
la  difgrace  de  Spcriing.  Dina  accufa  Ulfeld  ,  en  1651  ,  d'avoir  voulu  empoifonner 
le  Roi,  &  Sperllng  d'avoir  préparé  le  poifon  dont  on  devoit  fe  fervir  ;  mais  la 
calomniatrice  ayant  manqué  de  preuves  ,  ils  furent  tous  deux  abfous,  &  elle- 
même  paya  de  fa  tête  le  crime  qu'elle  avoit  commis.  Cela  n'empêcba  point  le 
Comte  de  fortir  fecretcment  de  Dannemarc  &  de  fe  retirer  en  Suéde.  Sperllng  ne 
fut  pas  plutôt  le  parti  que  fon  protecteur  avoir  pris ,  qu'il  demanda  fon  cona;é 
&  l'obtint.  Il  fe  rendit  ,  en  1652,  à  Amfterdam-  où  il  pratiqua  la  Médecine; 
enfin  il  retourna  à  Hambourg  ,  en  1654,  &:  il  y  fit  fa  profelïion  avec  honneur. 
Ulfeld  entretint  toujours  avec  lui  un  commerce  de  lettres  ,  il  lui  confia  même 
l'éducation  du  cadet  de  fes  fils  &  la  garde  d'une  partie  de  fes  tréfors.  Mais  ce 
Comte  ayant  été  condamné,  en  1663  ,  pour  crime  de  Leze-Majefté  ,  Sperllng^ 
dont  on  avoit  intercepté  quelques  lettres  ,  fut  attiré  par  adreffe  hors  des  murs 
de  la  ville  d'Hambourg  ,  &  ayant  été  enlevé  ,  on  le  conduifit  à  Copenhague  , 
où  il  fut  retenu  en  pnfon  depuis  1664  jufqu'en  1681  ,  qu'il  mourut  ,1e  26  Décem- 
bre ,  à  l'âge  de  79  ans. 

Ce  Médecin  a  écrit  plus  d'Ouvrages  fur  les  Médailles  &  les  Antiquités  ,  que 
fur  les  matières  qui  ont  rapport  à  fa  profelHon.  On  n'a  rien  de  lui  que  les  pièces 
fuivantes  : 

Catahgai  Jlirplum  Dan'us  indlgenartsm  quas  In.  horto  alult  annô  1645.  On  trouve  ce 
Catalogue   dans  le  Recueil  de   Bartholin.  ,    qui   eft   intitulé  :    Cifta  Mcdlca. 

Hnrtas  Chrijîianeus  ,  Jîve  ,  Catalogus  plaruarum  quibus  Chrifllani  IV ,  Rtgis ,  Vi- 
rldarium  Hafnienfe   annô  1642  adornatum   erac.  HafnLs  ,  1642  ,  in-\i. 

Index  plaiitarum  indigcnarum  quas  in  itincre  fuo  obfervav'u.  Quoique  ce  Catalogue  ait 
paru  fojs  le  nom  de  George  Fulren  ,  on  ne   l'attribue  pas  moins  à  Spirling. 

SPERONI  ,  (  Bernardin  )  Médecin  natif  de  Padoue  ,  enfeigna  dans  les  Ecoles 
de  cette  ville  ,   dès  la    fin    du   XV   fiecle.    Il  n'y  remplit  d'abord  qu'une  Chaire 
T  0  M  E    ir.  Qq 


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,06  s    P    E 


extraordinaire  ,  niais  il  monta  ,  en  iso;  ,  à  celle  de  ProfelTeur  ordinaire  ,  qu'iî 
abandonna  pendant  la  guerre  que  le  Pape  ,  l'Empereur  &  le  Roi  de  France 
déclarèrent  aux  Vénitiens  ,  cnfuite  du  Traité  nommé  la  Ligue  de  Cambray.  Speronl 
alla  paflTcr  ces  tcms  de  troubles  iî  Rome  ,  où  il  fcrvir  à  la  Cour  du  Souve- 
rain Pontife  ;  on  l'en  tira  cependant  en  1518,  &  il  vint  reprendre  la  Chaire  à 
Padoue  ,  où  il  enleigna  jufqu'en  1526.  Ce  fut  en  cette  année  qu'il  abdiqua,  pour 
fe  tenir  uniquement  è  la  pratique  ;  mais  il  ne  furvécut  guère  à  fon  abdication , 
car  il    mourut  en   1528. 

M.  Poital  parle  d'un  autre  Spironl  ,  Auteur  Italien  qui  a  compofé  un  Ouvrage 
imprimé  à  Vtcife  en  1596,  fous  le  titre  de  Dialo^lil  dtl  Signar  Sperom  Speroni.  In-^. 
Dans  le  chapitre  qui  traite  Del  tempo  del  pariorire  ,  il  admet  des  groflèlfes  de  onze  , 
douze  ,  treize  &  même  de  quatorze  mois  :  on  ne  peut  rien  de  plus  favorable 
pour  appuyer  le  fyftême  des  naiilknces  tardives.  11  faut  qu'il  y  ait  eu  une  édition 
aniérieure  à  celle  qu'on  vient  de  citer,  car  on  trouve  une  traduction  Françoifc 
de  .-e  Traité  ,  par  Gru^et  ,  dans  le  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  M.  Falconet- 
tiiic  cil   anoo.icée  ,  Paris,  1551  ,  in-H. 

SFËZIOLT  ,  fRomulus^  de  Fermo  dans  la  IVlarche  d'Ancone  ,  prit  le  bonnet 
ds  Dodteur  en  Philofophle  &  en  Médecine  ,  &  s'acquit  beaucoup  de  réputation 
dans  le  territoire  de  l'a  ville  natale.  Il  y  HoriHoit  déjà  en  1660  ;  mais  étant  venu 
à  Rome  en  1675  ,  lorlque  le  Pape  Clément  X  fit  l'ouverture  du  Jubilé  de  l'Année 
Sainte  ,  il  le  détermina  à  demeurer  dans  cette  ville  ,  dans  l'eipcrance  d'y  faire 
plus  de  fortune  que  d-ans  fon  pays.  En  eflet  ,  il  y  étoit  à  peine  établi  depuis 
quelques  mois,  que  le  Cardinal  Azzolini  le  préfenta  à  Chriftine  ,  Reine  de  Suéde, 
qui  le  nomma  fon  premier  Médecin  après  la  mort  de  Céfar  Macchiati.  Cette  Prin- 
ceffe  le  conlid;ra  beaucoup  ,  &  fut  li  laîi^^faite  de  fon  attachement  &  de  fes  fer- 
vices  ,  qu'elle  lui  continua  fa  confiance  juiqu'ù  fa  mort  ,  c'eft-à-dire  ,  jufqu'au 
19  Avril  1689.  Elle  lui  donna  encore  des  marques  de  fon  eftime  dans  fon  tefta- 
ment  ;  car  elle  ordonna  de  lui  continuer  les  appointemens  ,  dont  il  avoit  été 
gratifié  tout  le  tems  qu'il   avoit  été  à  fa    Cour. 

Le  mérite  de  Spi^ioU  l'avoit  fait  connoître  des  Grands  &  même  de  pluGeurs 
Cardinaux,  pendant  qu'il  étoit  attaché  à  la  Reine  de  Suéde  ;  mais  perlonne  ne 
le  connut  mieux  que  le  Cardinal  Pierre  Ottoboni.  11  ne  fut  pas  plutôt  parvenu 
à  la  Papauté  le  6  Oétobre  168g  ,  fous  le  nom  d'Alexandre  Vllî  ,  qu'il  prit 
Speiioli  pour  fon  premier  Médecin  S:  lui  donna  de  grands  bénéfices  «Jans  PEglife 
de  Saint  Pierre.  A  la  mort  de  ce  Pape,  arrivée  le  i  Février  1691  ,  il  auroit  pu 
encore  tirer  bon  parti  de  la  réputation  qu'il  avoir  acquife  dans  fon  Art  ,  mais  il 
en  abandonna  entieremeut  la  pratique  &  fe  fit  Prêtre  ,  ne  retenant  que  fa  Chaire 
dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Rome.  11  partagea  tout  fon  tems  entre  les 
devoirs  de  fon  nouvel  état  ,  l'étude  &  fes  leçons  de  Médecine  ,  qu'il  donna 
avec  la  plus   grande  aUiduité  le  rcfte  de  fa  vie. 

J'ignore  l'année  de  fï  mort ,  &  je  ne  connois  de  lui  d'autre  Ouvrage  que  celui 
qui  elt  rapporté  par  Manget  ,  fous  ce  titre: 

^llo  fcoUre ,  che  fcrijfe  i  fogll  Indtaluti  il  Viffinganno  ,  invia  i  necejfarii  ^avertîmenil 
Romulo  Speiioli,  Padoue ,  i6b4  j  f/i-4. 


s    P    I 


o'-V 


SPIELMAN  ,  (  Jacques  Reinbold  )  favant  Médecin  de  ce  fiecle  «  naquit  à 
Strasbourg.  Après  de  bonnes  études  dans  les  Ecoles  de  cette  ville  ,  il  y  re- 
çut le  bonnet  de  Docleur  ,  &  donna  tant  de  preuves  de  la  fupériorité  de  fes 
talens  ,  qu'il  mérita  d'être  nommé  à  la  Chaire  ordinaire  de  Chymie  ,  de  Bota- 
nique  &  de  Matière  Médicale,  C'étoit  peu  pour  cet  homme  célèbre  d'être  connu 
dans  fa  patrie  ;  il  méritoit  d'avoir  part  dans  l'cftime  des  étrangers,  Aufli  s'em- 
preflerent  -  ils  à  lui  donner  des  preuves  de  leur  confidération.  11  fut  reçu  dans 
l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  ^  dans  les  Académies  de  Pé- 
tersbourg  ,  de  Berlin  ,  de  .  Mayence  ,  du  Palatinat  ,  &  l'Académie  Royale 
des  Sciences  de  Paris  le  nomma  fon  Correfpondant.  On  a  de  la  façon  de  ce 
Médecin  : 

InjUtutlones  Chyniicte  prale&ionîbiis  academicis  accommodât^,  ^rgentlna,  1736.  Ibidem, 
1766.  M.  Cadet  le  jeune  a  mis  cet  Ouvrage  en  François,  Paris ,^1770,  deux  vo- 
lumes in- 12. 

Inflltutlones  Materiis  Medic<e  prahSionibus  academicis  accommodâtes,  u^rgcntince ,  1774. 
Jean  -  Jacques  Spîelman ,  Ton  fils  ,  aufîi  Médecin  de  Strasbourg  ,  a  traduit  ce  Traité 
en  Allemsnd  &  l'a  publii   en    1775. 

SPIERINCK  ,  (  Jean  )  Médecin  de  Philippe  III  ,  Duc  de  Bourgogne  & 
<]e  Brabant,  étoit  Dodteur  de  la  Faculté  de  Louvain  &  Chanoine  de  fEglilè  de 
Saint  Pierre  de  la  même  ville.  11  fut  deux  fois  Refleur  de  l'Univerfité  ,  &  il 
obtint  une  Chaire  de  Médecine  en  1485.  Les  fuccès  de  fa  pratique  lui  firent  beau- 
coup d'honneur  ;  mais  prévenu  contre  les  médicamens  étrangers  ,  il  ne  voulut  jamais 
s'en  lervir  ,  parce  qu'il  étoit  dans  l'idée  que  les  peuples  qui  les  recueillent ,  altèrent 
ces  drogues  pour  nuire  aux  Chrétiens.  Tout  finguHer  qu'eût  été  fon  fentiment 
à  cet  égard  ,  il  l'engagea  à  faire  beaucoup  de  recherches  fur  les  fimples  qui  croif- 
fent  dans  nos  contrées  ,  &  il  en  préféra  toujours  l'ufage  à  celui  des  plantes 
étrangères. 

On  met  la  mort  de  Spierinck  au  7  Oflobre  1499.  11  fut  enterré  à  l'entrée  du 
chœur  de  l'Eglife  de  Saint  Pierre  à  Louvain,  &  l'on  grava  cette  Epitaphe  fur  !a 
pierre  qui  couvre  Ion  tombeau  .• 

JoANNEs  Spierinck 
Hujus  Ecclejîts  Canonicus  , 
Philippi  Ducis    Burgundits    &  Brabantie  PhyJIcus., 
Subflamiam  fuam  facris  adibus ,  egcr.ls  &  fid!^  famulis  reliquit: 
Mortaus  annù  Cl  3.  CCCC.  XCIX ,  die  VII  OSlobris. 

Ce  Médecin  avoit  ordonné  ,  par  fon  teflament ,  qu'on  partageât  fa  fucceffion 
en  trois  portions  égales;  une  aux  Eglifes  Collégiales  de  Bruxelles,  de  LQUVpin,de 
Malines  &  de  Liere,une  autre  aux  pauvres,  &  la  troilicme  à  les  dcuy  domefti- 
ques.  La  maifon  où  il  a  demeuré  à  Louvain ,  eft  aujourd'hui  convertie  en  Col- 
lège qui  porte  le  nom  de  Druitius  ,  à  caufe  de  Michel  Druitius ,  Dofteur  en  Droit 
&i  Doyen  de  Saint  Pierre ,  ion  fondateur  en  1559. 


3o3  S'  p  r 

SPIES  C  Jean-Chrifloplie  )   naquit  en    1665    à   Mogeldorf  près  de   Nuremberg. 
Le   goût   qu'il    eut    pour    la  Médecine  ,   le  lit  fucccfiivemcnt    paficr    à  Altorf ,   ai 
Jene  &   à    Bille  ,  pour    y   étudier    cette    Science  ;    &   après  avoir   reçu    les    hon- 
neurs du   Doctorat  dans  l'Univerfité  de  la  dernière  vil'e  ,  il  retourna    dans  la  pre- 
mière ,  dans    relpcrance    qu'il   ne   lui  leroit  pas  diffi-ile    de  parvenir  à  l'une    ou 
l'autre    des   Chaires  de    la  Faculté,   Pendant  qu'il    s'occupoit    de  la     pratique  ,    il 
ne  perdit  pas  de  vue  fon  deflein  ;  mais    il   foUicita  vainement  les  places  vacantes  ; 
&   fur  les  oppolitions  qu'on  lui  fit,  il  prit   le  parti    d'aller  à   Nuremberg,  où  il  fut 
^SSJ^S^    ^^   Collège  des  Médecins    en   1695.    La   conduite  de  Spies  déplut  bientôt 
à  les   confrères  ;    ion  infociabilité  les  indifpoia   même  tellement  contre  lui ,  qu'ils  le 
rayèrent  du   tableau   de  leur  Collège.  Après  un  ahroc>t   de  cette  nature,  notre  Mé- 
decin ne  manqua  pas  de  quitter  Nuremberg;  il  fe  rendit  en   T697  i^  Ratisbonne,  où 
il  débuta  plus  avantageuiement.  Peu  de  tems  après  l»>n    sirrivée   dans  cette    ville  ^ 
il  s'y    étoit   glillé    une   maladie    épidémique  ;  mais  Sj.ies  lui   oppofa   des  fccours  fi 
efficaces,  qu'il  réuflit  à  en    arrêter  le    cours.    Cette   heureufe   circonftance  auroit 
dû  ,  fembloit-il ,  le  fixer  à    Ratisbonne  ;  il  en  i'ortit  cependant    pour   pafièr  à  Leut- 
kirck  en  Souabe ,  où  il  ne  put  demeurer  à  caufe  des  mauvailis  aff'aire»  que  fon  et 
prit  brouillon  &  tracaffier  lui  lufcita.  11  vint  enfin  s'établir  à  Culembach   en  Fran- 
conie,  &  il  étoit  Phyficien  du    Margraviat  de  ce   nom,  lorlqu'il   mourut  au  mois 
de  Mars   1745  ,  à  l'âge  de  80  ans. 

Il  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Jean-Charhs  Spks,  Médecin  lui- 
même,  qui  fut  attaché,  en  cette  qualité,  au  Duc  de  Brunfwic,  vers  le  commen- 
cement de  ce  fiecJe  ,  &  qui  a  donné  les  Ouvrages  fuivans  : 

MelanchoUa  Hypochondriaca  falivatione  cita  ,  tutà  &  radichùs  extirpata.  Hdmftad'd  ». 
1704  ,  /n-8. 

Rorifmarini  coronariî    Hiftoria  medlca.   Ibidem,   1718,  in-4. 
De  jiliquis  Convolvuli  ^mericani ,  vulgà  f^ainigUis.   Htlmjladil.,  1721,  m-4. 
Examen  aquarum  mincralium    Furjienavienjium   &  f^ichtddcnpum.    Ibidem  ,    1724  f 
in  4. 

SPIGELIUSou  VANDEN  SPIEGH  EL  (  Adrien  )  étoit  de  Bruxelles,  où  il  na- 
quit   en    1578.  11  étudia  la  Pbilofophie  &  la  Médecine   à    Louvain  ;  mais  à  pei- 
ne avoit-il  fait  quelques    progrès   dans   la  dernière  Science  ,   qu'il  fe    rendit  à  Pa' 
doue,  pour  y   profiter    des  leçons   de  Jérôme    d"" uiquapendentc  &    àe  Jules   Cajferiua 
qui  lui  donnèrent  le  bonnet  de  Dodeur.  Il  le  méritoit  par  l'étendue    de  fes  con- 
noiflances  dans   toutes  les  parties  de  l'Art,  &  fur-tout  dans    l'Anatomie   &  la  Chi- 
rurgie ,  dont  il  s'étoit  occupé  avec  plus  de  chaleur  &  de  goût.  Peu  de  tems  après 
fa  promotion  ,  il  retourna  dans  fa   patrie  ;  mais  l'envie    de  voyager  l'en  fit  fortir 
-pour    paffer  en  Allemagne,  &  il  alla  s'établir  en  Moravie,  en  qualité  de  Médecin 
des  Etats  de  cette  Province.  Il  y  jouillbit  de  la  plus  grande  réputation ,  lorfque  le 
.    Sénat  de  Venife  le  rappella  à  Padoue  le  22  Décembre   1616,  fur  la  recomman- 
dation d' ^quapendente.  L'invitation  étoit   trop    honorable  pour  s'y  refufer.  Il  s'em- 
prefla  de   venir   occuper  la    principale  Chaire  d'Anatomie  &  de  Chirurgie ,  qu'^- 
quapcndente  avoit  remplie  lui-même  pendant  plufieurs  années,  &  qui    vaquoit  alors 
par  la  mort  de  CaJJerius.  Le  17  Janvier  1617 ,  Spigelius   entra  en  exercice  de  fon 


s    P    I  309 

emploi ,  dont  les  appointemens  étoient  de  500  Horins  ;  mais  comme  il  s'en  acquitta 
avec  tat]t  de  fuccès  ,  qu'il  contribua  à  rendre  les  Ecoles  de  Padoue  plus  floriflantcs 
encore  qu'elles  n'avoient  été  jufqu'alors ,  le  Sénat  deVenife  l'honora  du  titre  de 
Chevalier  de  Saint  Marc ,  le  25  Janvier  1623  ,  &  lui  fit  remettre  un  collier  d'or  , 
en  récompenfe  de  fes  Ter  vices. 

11  avoit  eu,  en  161Q,  quelques  démêlés  afiez  vifs  avec  Jean  Prcvofl^  l'un  de 
fes  collègues;  mais  l'aftaire  fut  terminée  en  faveur  de  Spigelius ,  par  les  foins  de 
}a  Nation  Allemande  qui  lui  étoit  fort  attachée.  Deux  cours  d'Anatomie,  qu'il 
fit  en  Janvier  1620  &  1623 ,  contribuèrent  beaucoup  à  augmenter  la  réputation  de 
ce  Médecin.  Son  Age  ,  la  vivacité  de  fon  efprit ,  les  forces  de  fon  corps  ,  tout  lui 
promettoit  une  vie  affez  longue  pour  avoir  le  tems  de  fe  procurer  une  célébrité 
plus  grande  encore  ;  mais  il  mourut  à  Padoue  le  7  Avril  1625  ,  âgé  feulement  de-- 
46  ans  &  quelques  mois.  On  dit  qu'il  avança  fes  jours  par  un  rtiorceau  de  verre 
qu'il  s'enfonça  par  malheur  dans  le  doigt ,  au  repas  qu'il  donna  à  fes  amis  pour 
les  noces  de  fa  fille  unique.  Mercklein  ajoute  qu'il  lui  furvint  une  inflammation 
au  bras,  &  que  la  fuppuration  delà  tumeur  formée  fousl'aifielle  lui  porta  le  coup 
de  la  mort.  Jacques-Philippe  Tomafinl  rapporte  la  chofe  autrement  dans  fon  Gymna- 
fium  Paiavlnum.  Il  dit  que  Sptgelius ,  exténué  par  des  travaux  continuels ,  tomba 
dans  une  fièvre  lente  qui  fut  fuivie  d'un  abfcès  au  foie  ,  dont  il  périt  au  bout 
de  dix  femaines.   On  grava  cette  Epitaphe  fur  fon  tombeau  : 

Adrianus  Spigelius  Bruxellensis  , 

Eques  D.   Marci  , 

Medkus  y  Anatomicus  ^  Chirurgus  injîgnis. 

Qui 

Cum  poft  varias  peregrinationes  in  Gymnajîo  Patavlno  IX  annls 

u4natomîam  &  Chirurgiam  , 

In  primo  loco  ,  indefejja  induftriâ  adminijlrajjet , 

Summamque  do^rinam  variis  editis  Scriptis  Orbi  teftatam  fecijjet , 

Requiem  hic  reperit ,  quant  vivus  non  invenit. 

P.    MŒSTA     CONJUX    PrUDENTIA. 

Obiit  VII  Jdus^prilis,  etatls  47,  annù  M.  D.  C.  XXV. 


Prodidit  ,  adjuvit ,  fecuit  cum  laude  perennî  y. 

^bdita  ,  languentes  ,  corpora  ,  Spigelius. 

Cingitur   hôc  faxô  corpus  ,  fed  fpiritus  ajïris, 

Hac  funt  virtutum  prtemia.    Lecfor  abi. 

La  tnort  prématurée  de  ce  Médecin  ne  lui  a  pas  lailTé  le  tems  de  publier 
la  totalité  de  fes  Ouvrages.  Nous  les  avons  de  différentes  mains  ,  fous  ces 
titres  ; 

Jfagogcs  in  Rem  Herbariam  Libri  duo,  PatavU,  i6o6,  1608,  //j-4,  Lugduni  Batavo^. 


rut]!,  1633,  Î1-I2,  avec  le 'Catalogue  des  plantes  du  Jardin  de  Leyde  &  des  en- 
virons de  cette  ville,  Ibldaii  ,  1673  ,  iri'ib.  Hdwjludil  ,  16C7 ,  irt-4.  Il  y  traite 
de  ia  vertu  des  plantes  ,  &  donne  plufieurs  moyens  de  fe  former  des 
herbiers  fecs. 

De  L'imbrico  lato  Liber  ,  cum  notis  &  ejiiJ'Jem  Lumbrici  icône.  PatavH,  i6iB,in-4, 
avec   une  lettre  De  incan)  tempore  partûs. 

De  Snui-teniana  Librl  quaiuur.   Francofurii ,  1624  »  ''ï~4' 

Cataftrnphe  ^tiatomite  pubUc<s  in  cekberrimo  Lyciso  Patavlno  féliciter  abfoluta.  Pa- 
tavii ,  1624 ,  inw\. 

De  humani  corporls  fabrlcà  Librl  A"",  cum  Tabulis  g8  <eri  incijîs.  Op'js  pnjîhumum.  Ve- 
netiis ,  1625,  in-folio,  par  les  foins  de  Lîberalis  Crema  qui  a  pub'ii  le  manulcrit 
de  l'Auteur,  tel  qu'il  l'a  trouvé.  F'enetiis  ,  1627,  in-folio  regali.  On  doit  cette  édi- 
tion à  Daniel  Bucretius  àe  Breilau,  qui  l'a  donnée  cnfuite  des  ordres  de  Spl^elius , 
mai«  qui  a  gâté  Toriginal ,  en  voulant  y  ajouter  fes  propres  opinions.  Sa  conduite, 
à  cet  égard  ,  lui.  a  mérité  les  reproches  de  Riolan.  Francofani,  1632  ,  in-4  ,  avec 
d'autres  Ouvrages,  f^enetiis ,   i6^i^  ,  in-folio. 

De  formata  fœtu  Liber  Cuigularis  ,  £nds  fi^uris  ornatus.  Epiftolte  duts  Anatomlca.  Trac- 
tatus  de  ^nhriûdi.  Opéra  pujthuma.  Patavii ,  1626,  in-folio  regali  ,  par  les  foins  de 
Liberalis  Crema.  Francofuiti,  1631  ,  £«-4,  avec    fibules. 

Opéra  qiits  extant  omnia.,  ex  recenjïnne  Joli,  .^ntonldx  F'ander  Liaden,  cum  ejufdem 
Prafatione.  Amjhlodami .,  1645  >  in-folio,  trois    volumes. 

De  tous  les  Ouvrages  de  Spigelius ,  le  plus  remarquable  eft  celui  qui  traite  de 
la  Hruclure  du  corps  humain.  Il  contient  des  defcriptions  exa6^es,  aflez  amplement 
détaillées  ,  expoi'ées  même  avec  beaucoup  de  méthode  ,  de  clarté  &  de  prcciiion. 
L'Auteur  y  a  joint  pluiieurs  oblervations  pratiques,  beaucoup  de  queftions  phylio- 
logiques,  &  il  a  fait  remarquer  les  difl'érences  des  parties  relativement  aux  Sges  , 
aux  climats  &  fouvent  aux  tempéram.ens.  On  doit  préférer  l'édition  procurée  par 
Crema  à  celle  de  Bucredus  qui  a  déHguré  l'Anatomie  de  notre  Médecin  par  les  er- 
reurs qu'il  y  a  fait  pafler.  Si  Riolan  &  F'ejlmgius  avoient  confronté  ces  deux  édi- 
tions ,  iis  auroieni  jette  fur  le  feul  Bucralus  le  blâme  qu'ils  lui  ont  fait  partager 
avec  l'Auteur. 

SPINA,  (  Pierre  J)  Médecin  d'Aix-La-Chapelie  ,  floriffoit  vers  le  milieu  du 
XVI  liecle.  Ses  talens  dans  la  pratique  l'avoient  ii  bien  mis  dans  l'efprit  des  Ma- 
giftrats  d'Aix,  qu'ils  l'exemptèrent  delà  profcription  fulminée  contre  les  Proteftans 
qui  fe  trouvoient  dans  cette  ville  en   1558.  Spina  y  mourut  en  156g 

Pierre,  fon  fils  ,  naquit  à  Aix-La-Chapelle  le  26  Mars  1563.  Après  de  bonnes 
études,  il  fe  féntit  du  goiàt  pour  )a  profcffion  que  fon  père  avoit  exercée;  ii  le 
fuivit ,  &  pafia  lucceflivemcnt  en  difl'érentes  UniverCtés.  Il  fréquenta  d'abord  les 
Ecoles  les  plus  célèbres  de  l'Alkrnagne ,  fe  rendit  eniiiite  en  France  &  s'arrêta  à 
Paris  pendant  quatre  ans;  au  fortir  de  cette  ville,  il  prit  la  route  d'Italie  &  s'at- 
tacha principalement  aux  Profefieurs  de  Padoue ,  qu'il  ne  quitta  que  pour  aller 
entendre  ceux  de  Bâle,  qui  lui  accordert.  t  le  bonnet  de  Doileur  en  1586.  Il  ne 
tarda  point  à  revenir  dans  fa  ville  natale, où  les  heureux  fuccès  de  fa  pratique  lui 
méritèrent  aflèz  de   conlidération  pour    être  nommé  à   la    Magiftrature  ;  mais   les 


s    P    I        SPC  -  31Î 

troubles  furvenus  en  159^,  au  fujet  de  la  Ligue  conclue  à  Freidberg,  près  de 
Francfort ,  entre  les  Proieflau:,  ;  &  ceux  qui  fuivircnt  la  fcntence  qui  mit  la  ville 
d'Aix  au  ban  de  l'Empire,  l'engaaierent  d  le  retirer  à  Hcidelber.'î,  où  l'Eiefccur 
Frédéric  IV  le  prit  à  fon  lervice  en  qua!;té  de  premier  Médecin.  11  fut  aîtacbé 
à  la  Cour  Palatme  julqu'en  16171  qu'il  demarjda  &  obtint  la  piemicré  Chaire  dans 
les  Ecoles  de  la  Faculté  de  la  même  ville  d'Heidelbcrg;  il  en  remplit  le»  fonc- 
tions avec  honneur  ju!'qu"à  ia  mort  arrivée  le  7  Oéiobre  1622,  dans  la  foixantieme 
année  de  fon  âge.  On  a  de  lui  une  édition  des  cinq  Livres  de  Pratique  de  Jérôme 
Mercuriali,  qui  etoit  en  train  à  Francfort  lorfqu'il  mourut,  mais  elle  ne  fut  ache- 
vée qu'en  1623. 

Pierre  Spina  ,  fils  de  celui  dont  je  viens  de  parler  ,  prit  le  bonnet  de  Dofleur 
dans  la  F'aculté  de  Médecine  d'Heidelberg  ,  où  il  enfeigna  dans  la  fuite  avec  dif- 
tinclion.  En  1624  »  il  ^^o't  I^efieur  de  l'Univerfité  de  cette  ville.  Il  fut  encore 
premier  Médecin  de  Frédéric  V  ,  Electeur  Palatin  ,  &  d'Anfelme-Caiîmir  d'Ulm- 
ftatt ,   Archevêque  &   Electeur  de  Mayence. 

Il  a  paru  ,  au  commencement  de  ce  fiecle ,  un  Ouvrage  iotitJlé  .•  ilfa/'^a?e  ,  j7ve, 
Lexicon  Fkarmaccuiico-Chymicum  injiar  compmJu,  Mcdicis  praciicis  &  Pharmacopœls  ma- 
xime commodum.  Editio  fecunda.  Francofurti  ad  Mœnum  ,  1715  ,  in-'d.  Il  efl  de  la  com- 
pofition  de  David  de  Spina,  Docteur  &  Profefieur  extraordinaire  de  la  Faculté  de 
Médecine  en  rUniverfité  d'Heidelberg ,  qui  paroît   être  de  la  famille  des  précédens. 

SPITTALUS.  Voyez    PITTALUS. 

SPON  C Charles _)  étoit  de  Lyon,  où  il  vint  au  monde  le  15  Décembre  i6og. 
Son  aïeul  ,  natif  d'Ulm  en  Souabe ,  étoit  venu  établir  à  Lyon  un  commerce  que 
fon  père  y  continuoit  avec  avantage.  A  l'âge  de  douze  ans ,  Charles  fat  envoyé 
à  Uim  pour  étudier  les  Belles-Lettres  j  il  y  fit  tant  de  progrès  ,  qu'à  peine  a  voit- 
il  atteint  fa  quinzième  année  ,  qu'il  excelloit  déjà  dans  la  compofition  de  toutes 
fortes  de  vers  Latins.  En  1625  ,  il  quitta  Ulm  pour  le  rendre  à  Paris,  où  il  s'ap- 
pliqua à  la  Philoibphic ,  aux  Mathématiques,  à  l'Aflronomie  &  à  la  Médecine  fous 
les  plus  habiles  Maîtres;  mais  étant  paffé  en  1652  à  Montpellier,  il  y  fut  reçu 
Doiteur  dans  le  cours  de  la  même  année.  Il  alla  enfuite  faire  fes  premiers  efîais 
de  pratique  au  Pont-de- Vielle  ,  petite  ville  de  France  dans  la  Breiïe  ,  &  revint 
au  bout  de  deux  ans  à  Lyon ,  où  il  fut  aggrégé  au  Collège  des  Médecins  le  7 
Août  1635.  La  réputation  qu'il  acquit  dans  cette  ville  fe  répandit  fi  avantageufe- 
ment ,  que  Cjujînot ,  premier  Médecin  de  Louis  XIV,  lui  envoya,  en  1645,  des 
Lettres  de  Médecin  du  Roi  par  quartier,  comme  une  récompcnfe  due  à  fon  mé- 
rite. Spnn  fit  voir  qu'il  en  étoit  digne;  car  la  célébrité,  dont  il  jouiiibit ,  ne  fit  que 
s'accroître  jufqu'à  fa  mort  qui  arriva  à  Lyon  le  21    Février  1684. 

Comme  ce  Médecin  polTédoit  parfaitement  la  Langue  Grecque ,  &  que  d'ailleurs 
il  aimoit  la  Poéfie  Latine  ,  il  fe  mit  ,  en  1636  ,  à  compofcr  des  vers  qui  rendent 
les  maximes  que  l'on  trouve  dans  les  Aphorifmes  6^ Hlpvocrate.  Mais  ayant  ap- 
pris que  d'autres  s'étoient  occupés  du  même  travail,  il  ne  pub'ia  pas  le  fien ,  & 
fe  coûtcnta  de  mettre  en  vers  Héroïques  les  Pronoftiques  du  même  Auteur,  qu'il 
fit  imprimer  fous  ce  titre  ; 


3iâ  S    P    O 

Sybilla  MeJka.  LugJunl ,  1661,  In-^.  Cet  Ouvrage  eft  dédié  à  Gui  Patin  ^  foQ 
ami  intime. 

Sport  a  aufli  compoié  une  Myologie  en  vers ,  qu'il  s'étoit  propofé  de  dédier  à 
£elée ,  Médecin  de  la  Princefle  de  Dombcs ,  mais  elle  eft  demeurée  en  raanufcrit 
parmi  l'es  papiers.  Majigct  a  inféré  cet  Ouvrage  dans  fa  Bibliothèque  Anatomique , 
avec  un  autre  Traité  qui  efl  intitulé  :  Mufculorum  Micrucofmi  origo  &  infenig.  Voici 
un  échantillon  de  la    Poéfie  de  Spon  au  fujet  des  rauicles  occipitaux  ; 

Biais  occipitalibus 
Anjîs,  quce  rapiunt  auriculas  retrà^ 

Onum  commodat  occiput , 
Ojjis  qua  médium   confpicitur  latus: 

Fines  auilculiS   accubant., 
Imo  ad  frontis  eunt  ufque  lacertulos. 

On  a  encore  de  la  façon  de  Charles  Spon  :  appendice  Chymique  à  la  pratique  de  Pe- 
reda.  Pharmacopée  de  Lyon.  Il  eft  aulli  éditeur  de  plufieursbons  Ouvrages.  Tels  font: 
Joannis  Schenckii  Ohjcryationes    Medicts.  Lugduni,    1644,  in-folio, 
Hieronimi  Cardani  Opéra.  Ibidem^    1663 ,  dix  volumes   in-folio. 

SPON,  (  Jacques  )  fils  du  précédent,  naquit  à  Lyon  en  1647,  ^  f"*  élevé 
dans  la  Religion  prétendue  réformée.  Il  fe  Ht  recevoir  Dofteur  en  Médecine  à 
Montpellier  en  1667,  &  fut  aggrégé  au  Collège  des  Médecins  de  Lyon  en  1669. 
Peu  de  tems  après,  il  alla  en  Italie  avec  Piaillant,  Antiquaire  du  Roi;  mais  le 
goCit  qu'il  avoit  pris  pour  l'étude  favorite  de  ce  Savant ,  l'engagea  à  de  plus  longs 
voyages.  II  pafla  encore  en  Dalmatie,  en  Grèce  &  dans  le  Levant,  pour  en  ob- 
lerver  les  Antiquités.  Il  revint  en  France  donner  des  preuves  des  progrès  qu'il 
avoit  faits  dans  cette  partie  ;  il  quitta  cependant  ce  Royaume  au  mois  de  Septem- 
bre 1685,  un  peu  avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  pour  aller  s'établir  à 
Zurich,  où  fon  père  avoit  obtenu  le  droit  de  Bourgeoifie.  Il  n'y  parvint  pas,  car 
il  tomba  malade  à  Vevay,  ville  du  Canton  de  Berne,  &  il  y  mourut  le  25  Dé- 
cembre de  la  même  année. 

Les  Académies   de  Padoue  &   de    Nimes  avoient  reçu  Jacques  Spon    dans  leur 
Corps;  l'étendue  de  Ion  érudition  &  le  grand  nombre  d'Ouvrages  qu'il  a  publiés, 
lui  ont  méiité  cet  honneur.    L'Antiquité,  l'Hiftoire,  la    Médecine,    font  les  fujets  • 
fur  îefquels  il  a  écrit. 

Recherches  des   antiquités  &  curiojîtés  de  la  ville  de  Lyon.  Lyon  ,  1673  t  ''^'S* 

Di/cours  fur  une  picce  curiccfe  du  Cabinet  de  Jacob  Spoa.  Lyon  i6f4,/n-8. 

Jgnotorum  atque  obfcurorum  quorumdam  Deorum  arts.  Lugduni ,  1 676  ,  inS ,  avec 
des   notes. 

Mijcellanea  erudita  ^ntiquiiatis.  Ibidem ,  1676 ,  1685  »  in  folio ,  avec  figures.  Bon 
Ouvrage    pour  la  connuifTance  des  lofcriptions  &  des  Médailles. 

Lciire  au  Perc  de  L\i  Chaife  fur  Vantiqulré  de  la  Religion.  In-11. 

yoya^es  d'Italie,  de  Dalmatie ^  de  Grèce  &  du  Levant ,  faits   en  1675  &  1676.  Lyon, 

1677  , 


s    P    R        s    T    A  313 

1677,  trois  volufties  în-iz.  La  Haye ,  1680,  1689,  deux  volumes  m- 12.  Ce  re- 
cueil cft  curieux  ,  favant  &  utile  pour  la  connoiflance  des  Antiqui'tés ,  du  com- 
merce &  des  maladies  de  ces  diftérens  pays.  George  7^'Aeê/er,  compagnon  de  voyage 
de   Spon ,    a  contribué  à  la  perfection  de  cet  Ouvrage. 

Jiéponfe  à  la  critique  publiée  par  Guillet  contre  feu  voyages.  Lyon ,  1679 ,    in-12, 

Hijioire  delà  ville  de  Genève,  Lyon,  1682,  deux  volumes  tn-ia.  Utrecht  ,  1685. 
Genève,  1700,  deux  volumes  in-4 ,  ou  quatre  volumes  i/i-ia  ,  avec  des  figures 
&  les  notes   de  M.  Gautier,  Secrétaire    d'Etat. 

Obfervations  fur  les  fièvres  &  fur  les  fébrifuges  ,  à  l'occafiou  du  remède  du  Che- 
valier Talbot.  Lyon,  168  r ,  1684,   jn-i2.  En  Anglois,  Londres,  1682,  in^^^. 

Recherches  curieufes  d'Antiquités.  Lyon,  1683,  J/1-4,  avec  figures.  On  y  trouve 
une  Dillertation  qui  prouve  qu'i7  n'eji  pas  vrai  que  ce  fujfent  feulcmcnr  les  ejclaves  qui 
exerçajfent  la  Médecine  à  Rome,  ou    que    les  Médecins  en  aient  jimais  été  bannis. 

Aph'irifmi  novl  e.v  Hippocratis  operibus  pajfim  colle&i.  Lugduni  ,  1684,  m.i2,  en  Grec 
&"  en  Latin,    avec  des  notes. 

Spon  a  encore  mis  en  Latin  !e  Traité  fur  l'ufage  du  Thé,  du  Cattë  &  du  Cho- 
colat ,  qui  avoit  paru  à  Lyon  fous  le  nom  de  Philippe- Silveflre  Du  Four ,  quoique 
lui-même  en  fût  1  Auteur.  Sa  Traduction  a  été  imprimée  à  Paris,  1585  ,  «-12 , 
à  Genève,  1699,  /n-i2,  fous  le  titre  de  Tracfatus  de  potu  Caphé.,  de  Chinenjîum  Thé 
S"  de  Chocolata ,  cum  notis.  La  partie  de  cet  Ouvrage  qui  concerne  le  CaHé  ,  a 
été  publiée  avec  des  notes  par  Jacques  Manget,  fous  ce  titre:  Bevanda  ^fiatica  ^ 
id  ejl .,  Phyfiologia  putûs  Cajfé.  Lipfi£j   1705,  in-^, 

SPRACKLING  ,  (  Robert  )  de  ITianet,  petite  Me  d'Angleterre  dan«Ia  Province 
de  Kent ,  fut  reçu  Maîtrc-ès-Arts  à  Cambridge.  Il  s'étoit  fait  incorporera  Oxford  le 
13  Juillet  1658,  Icrfqu'il  prit  goût  pour  la  Médecine,  à  laquelle  il  s'appliqua  dans 
les  Ecoles  de  cette  ville;  il  pafla  enfuite  en  France  &  s''arrêta  à  Angers,  où  ^l 
obtint  le  bonnet  de  Docteur.  A  fon  retour  en  Angleterre  ,  il  entra  dans  le  Collège 
Royal  de  Londres  ;  mais  comme  il  embrafla  bientôt  après  la  Religion  Catholique, 
il  fe  retira  à  Preflon  dans  la  Province  de  Lancaftre  ,  où  il  fit  la  Médecine  avec 
aflez  de  réputation.  Il  retourna  à  la  Religion  Anglicane  peu  d'année>  avant  fa 
mort  arrivée  vers  1670.  On  connoît  de  lui  un  Ouvrage  en  Anglois  ;  il  l'a  écrit 
contre  Marchamont  Nedham ,  pour  venger  la  dodrine  d'Hippocrate  &  de  Galien  at- 
taquée  par  ce  ridicule    Auteur. 

STAHL  C  George-Ernefle  J  naquit  à  Anfpach  en  Franconie  le  21  Octobre 
i66o.  Il  étudia  la  Médecine  à  Jene  ,  &  après  y  avoir  reçu  le  bonnet  de  Dodteur 
en  1684  1  iî  °e  tarda  pas  à  jetter  les  premiers  fucdemens  de  fa  réputation  ,  par  les 
leçons  privées  qu'il  donna  aux  Ecoliers  de  l'Univerfité  de  cette  ville.  Mais  Stahl 
avoit  des  talens  fur  qui  il  pouvoir  fonder  les  efpérarces  d'une  réputation  plus 
étendue,  S?  ce  fut  aux  fuccèi;  de  fa  pratique,  qu'il  dut  la  place  de  i^éiecin  or- 
dinRire  du  Duc  de  Saxe-Weimar  en  1687.  Frédéric  Hoffmann  lui  rendit  juflice  en 
X694,  par  l'empreflement  avec  lequel  il  fol'icifa  la  Cluire  qu'il  obtint  pour  le  Sa- 
vant qu'il  eftimoit.  11  en  donna  part  à  Stahl  qui  ne  tarda  point  à  venir  prendre 
place  parmi  les  ProfelTeur»  de  la  nouvelle  Univerfité  de  Hall  en  Saxe;  mais  à 
TOME    IV.  R  r 


:,ij[.  s   T   A 

peine  y  fut-j!  au  rang  des  Collègues  de  fon  bienfaiteur  ,  qu'il  devint  quelque  chote 
de  plus  que  fon  émule.  HoJ}mann ,  qui  avoit  le  cœur  bon,  Je  fit  toujours  un  devoir 
de  relever  le  mérite  d'autrui  ;  Stahl  n'effima  jamais  aflez  celui  de  les  contempo- 
rains. Quoiqu'il  en  ibit  ,  les  leçons,  les  Ouvrages  &  la  pratique  de  ce  Médecin 
répandirent  bientôt  fon  nom  par  toute  l'Allemagne.  L'Académie  des  Curieux  de  la 
Nature  le  mit  au  nombre  de  fes  Membres  en  1700,  fous  le  nom  d'Olympiodore  ; 
&  la  réputation  faifant  de  jour  en  jour  de  nouveaux  progrès,  il  étoit  parvenu  au 
comble  de  la  célébrité ,  lorique  Frédéric-Guillaume  ,  Roi  de  Pruffe ,  l'appella  à 
Berlin  en  1716.  Les  occafions  ne  lui  manquèrent  pas  de  fe  répandre  avantageu- 
fement  dans  cette  ville;  il  s'y  étoit  encore  rendu  en  1734,  iorfqu'il  fut  attaqué  de 
la  maladie  qui  le  mit  au  tombeau  le  14  Mai  de  la  même  année,  dans  la  74s-  de 
fon  âge. 

Stalil  s'eft  fait  un  parti  dans  la  Médecine ,  &  il  a  été  regardé  comme  le  Doc- 
teur d'une  Ecole  toute  contraire  aux  partifans  du  Méchanifme.  Comme  il  donnoit 
quelquefois  dans  les  profondeurs  de  la  Métaphyijque,  cette  étude  le  conduifit  au 
lyftôme  qui  établit  l'Autocratie  de  l'ame  en  fanté  &  en  maladies.  Il  foutint  que 
toutes  les  opérations  du  corps  étoient  tellement  dirigées  par  l'ame ,  qu'il  en  réful- 
toit  ordinairement  un  bien.  C'eft  pourquoi  il  vouloit  que  le  Médecin  obéît  aux 
mouvemens  de  la  Nature  ,  tout  dérangés  &  extraordinaires  qu'ils  paruflent  à  fes 
yeux.  Cette  dodrine  lui  fit  prefque  négliger  l'Anatomie  ;  il  regardoit  les  organes 
du  corps  humain  comme  des  inftrumens  qui  n'agiffent  que  paffivemetit.  La  fin- 
gularité  de  cette  opinion  auroit  dû,  femblci^-il ,  décrédirer  Ion  fyftênie  ;  il  ne 
manqua  cependant  point  de  partifans ,  parce  que  Iss  idées  même  les  plus  ablurdes 
n'en  ont  jamais  manqué.  Stalil  fut  fi  intimement  perfuadé  que  rien  n'étoit  mieux 
conçu,  ni  plus  vrai  que  fon  empire  de  l'ame  fur  le  corps,  qu'il  le  jetta  dans  de 
profondes  méditations  pour  le  Ibutenir  contre  fes  adveriàires.  Mais  l'ame  qui  ^ 
fuivant  fon  hypothefe,  agit  toujours  pour  un  bit;n,  s'oublia  à  fon  égard;  car  elle 
fit  de  telles  imprelfions  fur  le  corps  de  ce  Médecin  ,  i  la  fuite  du  redoublement  de 
fes  études,  qu'il  en  devint    mélancholiquc. 

Siahl   a  mieux    réulli  du  côté  de  la  Chymie  qu'il   commença  à  étudier  dès  l'âge 
de  quinze  ans;  les    idées  nouvelles  qu'il    s'efl:  formées   fur   cette  Science,  ont  con- 
tribué  aux   progrès  qu'elle  a  faits  depuis    lui.  C'eft   audj  par  ce  qu'il  a  écrit  en  ce 
genre   qu'il  s'eft  procuré  une   réputation    qui    dure    encore  ;    mais  il    auroit  rendu 
fon  nom  plus  célèbre  ,  s'il  n'eût  pas  gâté  fes  Ouvrages  par  1  obfcurité  de  fon  ftyle. 
En  méditant  fur  le  Collège  Chymique  de    Barmr  ,  il  parvint  à  découvrir  un  alcali 
fixe  dans  le  Nitre.  Avec  les  fecours  qu'il  tira  des  Livres  de  Kunkd  &  de  la    Phy- 
fique  fouterraine  de  Bêcher ,  en    pelant   avec    exactitude  ,  comparant  &  répétant 
leurs  expériences,  il  atteignit   au  plus  haut    point  de  perfeif^ion    dans    l'Art.     Les 
chofcs  nouvelles  qu'il  trouva,  font  :  1°.  la  génération  du  fouftre  artificiel  :  2".  l'ana- 
lyfe  du  vitriol ,   la   volatililation  de    l'acide  vitriolique  &    fa   reftitution    dans    fon 
premier   état  de  fixité:  3".  la  prél'ence   &  l'influence  du  phlogiflique   en    différens 
corps  :  4°.  la  réfolution  du  foutlre  en    un  acide  fubtil  :  5°.  la    différente    fixité   des 
fels  acides  minéraux:  6°.  la  deftrudion  fubite  du  nitre  par  déflagration:  7°.  le  fon- 
dement réel  de  la  fermentation  vineuie  &i    acéteufe  ;  8°.  la  converiion  de   l'efprit 


s    T    A  S15 

<3e  vîn  &  fon  iogrès  artificiel  dans  le  vinaigre:  g®,  la  transformation  du  fuc  de 
citron  en  vin:  iq".  le  paiiàge  de  tous  les  corps  fermentables  en  une  terre  infipide: 
11°.  la  folution  de  l'or  par  le  fouffre;  12°..  la  iolution  du  fer  par  un  alcali. 

Sans  s'arrêter  aux  difiërtations  Académiques  de  Stahl ,  on  a  de  lui  un  nombre 
d'Ouvrages  alTez  confidérable ,  mais  il  ne  les  a  point  tous  mis  au  jour  lui-môme. 
Ses  difciples  en  ont  fait  imprimer  plufieurs  qui  font, ou  des  extraits  de  fes  Ecrits, 
ou  les  cahiers  qu'il  leur  avoit  diftés  dans  les  Ecoles.  Voici  les  titres  &  les  éditions 
de  ce  qu'il  y  a  de  mieux  parmi  les    uns  &  les  autres  : 

Prodromus  de  indagaùone  Cliymico'PhyJîologicâ.  Jents ,  1683,  in-n, 

Zymotcchnia  fundamaitalis.   1697. 

DiJJertationcs  de    Maallurgia  &  Doclmaftle  fandamenûs.  1697. 

Expérimenta  &  obfcrvadones  300  Chemic<s  &  Pliyjîos.  Francofuni  &  Lipjïa^  1697  , 
in-S.  Berolini  ^  1731  »  'n-8.  C'ert  principalement  ici  qu'il  établit  l'exiftcnce  de  fon 
phiogiftique  comme    principe. 

^nimadverjlones  in  Sinem    Tin&oriam  fundamentahm  &  expérimentaient. 

Dljfcnatlones  Medîccs.  Hal<s ^  1707,1712,  deux  volumes  /tt-4.  C'eft  un  recueil  de 
Theles  qui  a  été  publié  par  Michel    ^Iberti. 

Diagramma  de  vera  Proefeukrlfeos  Medica  dignitate  &  fundamentô  verù.  Ibidem  t 
1707  ,  ia.4. 

Theoria  Mcdica  vera  ,  Phyflologiam  &  Pathologiam  fiflens.  Ibidem^  1708  ,  fn-4, ,  1737? 
i/i-4 ,   avec  la  Préface  de  Juncker. 

Chirurgia  Medica.    Ibidem^  ^7^o*  '"~4- 

Opufculum  Ckymico-Phyjîco-Medicum.  Hala ,    1715,  1740,    in-4. 

Traité  fur  le  fouffre  tant  inflammable  que  fixe.  Hall,  1718 ,  1723,  in- 8  ,  en  haut 
Allemand.  En  François,  par  le  Baron  à'Olbach^    Paris,  1766,  in-ii. 

Obfervationes  clinicts.  Lipjïte  ,  1719 ,  1735 ,  /n-8.  C'eft  GodefroiJ-Henri  Ulau  qui  a 
publié  cet  Abrégé  de  Pratique ,  qu'il  a  extrait  des  Leçons  privées  de   Stahl. 

Negotium  otiofum.  Halte  ,  1720 ,  in-JL.  Il  y  d4fend  fa  doiTirine  de  l'ame  ,  comme 
principe  des  fondions  tant  en  i'anté  qu'en  maladies,  &  répond  aux  objeilions  de 
Leibnit^  qui  étoit  partifan  du  Méchanllme. 

Fundamenta  Chymla  dogmatica&  experlmentalis.  Norimberg<£^  i^^S  »  I?j2 ,  Jn-4. /W. 
dem.^  1746,  1747  ,  trois  volumes  in-t^.  En  François,  par  de  Machy  ,  Paris ,  1757  ,  fix 
volumes  in-i2.Dans  tous  fes  procédés,  l'Auteur  s'attache  à  la  recherche  des  prin- 
cipes de  chaque  corps  qu'il  foumet  à  fes  opération?. 

Traité  fur  les  f eh.  Hall  ,  1723,  Jn-8 ,  en  haut  Allemand,  II  a  paru  en  François, 
de  la   tradudlion  du  Baron  d'Ôlbach,  Paris,  1771,  iV.-i2. 

Commentarium  in  Metallurgiam  Becheri.   1723. 

Obfervationes  Medico-PraSilcce.  Korimbergte  ,  1726  ,  w-4.  Cefl:  des  Ecrits  de  Stahl 
que  Chrijîophe  Goet^  a  recueilli  ces  Obfervations ,  qui  le  réduifent  à  de  courtes  deG- 
criptions  de  maladies,  avec  la  cure. 

Collegium  Praciicum.  Lipfi<e .,  1728,  1732,  1745,  '1-4.  Jean  Storch  a  formé  cet  Ou- 
vrage fur  les  cahiers  écrits  à  la  difiée  de  notre  Auteur. 

7raité  de  la  Matière  Médicale.  Drefde  ,  1728,  in-8,  en  Allemand. 

yJrs  fanandi  cum  cxpc&ationc^  oppofua  yirti  curandi  nudâ  cxpe&atione.  Offenbaci ,  l^^o^ 
in-d.  Il   cft  bien    des  cas  où  la  Médecine  doit  être  plus  expeiflante  qu'agiflante  j 


316  S    T    A 

la  fineffe  de  l'Art  confifle  même  fouvent  à  ne  rien  faire  ,  puifque  c'eft  quelque- 
fois un  excellent  remède  que  de  n'en  pratiquer  aucun.  Mais  dans  le  fens  de  StahL 
qui  aitribuoit  tant  de  pouvoir  à  l'ame  ,  il  étoit  bien  plus  important  encore  de  de- 
meurer dans  l'inadion,  en  attendant  le  bien,  auquel  il  fuppofoit  qu'elle  buttoit 
prefque  toujours. 

Jntroducllon  à  la  Chymie.  Hall ,  1730  ,  Iri'S  ,  en  haut  Allemand. 

Collegium  cafuale  minus  ,  in  quo  comphcfuntur  cafus  102  diverjî  argumcnd ,  numerum. 
pkrorumque  morborum  abfolvmtes.  Swidnitil,  1734 1  ^"■'^'  ^'pfî'f  »  1741 9  /a-4javec  une 
Préface  de  la  façon  de  J.  G.   Bud^us. 

STALPART  VANDER.  WIEL  ,(  Corneille  )  célèbre  Accoucheur,  Chirurgien 
&  Médecin  de  La  Haye ,  fa  patrie  ,  naquit  en  1620  &  mourut  après  l'an  1667. 
Comme  il  fut  bon  Anatomifte  ,  il  trouva  le  fecret  de  deffécher  &  de  conlerver* 
les  cadavres  qu'il  dillequoit  pour  en  examiner  la  ftrufture.  Jean  ,  fon  frère  ,  fe 
fit  aulîi  beaucoup  de  réputation  à  La  Haye  ,  où  il  enfeigna  l'Anatomie  &  la 
Chirurgie. 

Corneille  a  laifle  un  Recueil  d'Obfervations ,  tanr  de  celles  qu'il  avoit  faites  lui- 
même,  que  d'autres  qu'on  lui  avoit  communiquées.  Cet  Ouvrage,  qui  parut  en 
Hollandois  en  1686,  fut  traduit  en  Latyi ,  Tous  ce  titre: 

Obfervationei  rariores  Mediccs  ,  Jnatomlcce  &  Chirurgicts.  jiccadlt  de  Unlcornu  DiJfcT' 
tatio.  Lugduni  Batavorum  ,  16H7,  In-'à  ,  deux  volumes  avec  figures.  Ibidem  ^  1727, 
même  format.  Planque,  Dofteur  en  Médecine,  a  mis  ce  Recueil  en  François.  Pa- 
ris, 1758,  deux   volumes  i/i-ia. 

Pierre  ,  fils  de  Corneille^  naquit  à  La  Haye.  Il  fit  le  cours  de  fes  études  de 
Médecine  à  Leyde ,  où  il  reçut  le  bornet  de  Doifteur  en  1686 ,  &  retourna  en- 
fuite  dans  fa  ville  natale  pour  s'y  livrer  aux  travaux  de  la  pratique.  A  l'exemple 
de  fon  père  ,  il  fe  piqua  d'être  obfervateur  ,  mais  il  fe  prefia  trop  à  publier  fes 
découvertes.  Il  mit  au  jour  à  Leyde  en  1687,  in-ii  ,  une  Difîertation  Latine 
avec  figures  ,  dans  laquelle  il  fouîient  que  le  fœtus  fe  nourrit  par  la  bouche  & 
que  la  nourriture  ne  lui  parvient  en  aucune  manière  par  le  cordon  ombilical. 
Quoique  ce  ientiment  ait  été  plufieurs  fois  réfuté  par  de  bonnes  raifons  ,  Planque 
n'a  pas  lailîe  de  mettre  en  François  la  Diflertation  qui  l'avance,  &  de  la  joindre 
!k  la  Traduction  de  l'Ouvrage  de  Fander  Wid  le  père. 

STAPEL.  (  JeanJ)   Voyez  BODJSUS. 

STAPHORST,  (  Nicolas  )  Chymifte  du  XVTI  fiecle ,  étoit  d'Hambourg,  où: 
il  fit  imprimer   en   i68r ,  i/i-12,  un  Ouvrage  intitulé  : 

Officina  Chymica  Londinenfis  ,  Jîve  ,  exacîa  notitia  medicamentoram  fpagyricorum  qua  apud 
Valant  Societatis  Pharmaceuticie  Londinenfis  pneparantur  &  venalia  profiant.  Apparem- 
ment qu'il  avoit  déjà  travaillé  à  Londres  avant  la  publication  de  cette  efpece 
de  Difpenfaire;  on  le  retrouve  au  moins  dans  cette  ville  vers  16E6.  Il  étoit  alors 
Direfleur  du  Laboratoire  du  Collège  des  Médecins;  il  remplifibit  même  encore 
eette  charge  en  1699. 


s    T    A  S    T    E 


3rr 


STARCIvE  f  Jean-Henri  )  vint  au  monde  ,  le  20  Juin  1651  ,  à  Lemgow  au 
Comté  delà  Lippe  en  Weftphalie.  Après  avoir  étudié  la  Médecine  à  Konigjberg, 
il  pafTa  à  Leyde  où  il  donna  de  nouvelles  preuves  de  ion  application  ,  &  reçut  I3 
bonnet  de  Dodeur  le  15  Juin  1676.  Mais  comme  il  avoit  été  déiigné  Profefleurà 
Konigsberg,  avant  même  qu'il  eût  obtenu  les  honneurs  du  Dodorat ,  il  chercha  à 
le  perfe-i^ionner  jufqu'en  1681  qu'il  fc  rendit  dans  cette  ville.  11  y  remplit  avec 
aflez  de  réputation  la  Chaire  qu'on  lui  avoit  confiée  ,  &  après  avoir  encore  occu- 
pé diliérentes  charges  académiques  ,  il  y  mourut  le  8  Février  1707.  On  n'a  rien  de 
ce  Médeciu  que  des  Obiervations  communiquées  à  l'Académie  des  Curieux  de  la 
Nature  ,  dans  laquelle  il  étoit  entré  en  1698  ,  ibus  le  nom  de   Soranus. 

STATHMIO  ,  CChriftopheJ  que  Matthias  croit  être  le  mi2rae  que  Chrifiopbe 
Pfundjleîn  ,  Profcfleur  de  Médecine  à  Wittemberg  au  commencement  du  XVI  fie- 
cle  ,  étoit  de  Cobourg  en  Franconie.  Les  Gens  de  Lettres  avoient  alors  la  manie 
de  changer  leur  nom  ,  à  qui  ils  ne  donnoient  une  tournure  Grecque  ou  Latine  , 
que  pour  fe  mettre  au  deilus  du  commun  des  hommes  ;  car  la  Icience  étoit  bien 
ambitieufe  dans  ces  tems-là.  Elle  auroit  cependant  dû  l'être  d'autant  moins ,  qu'elle 
le  refientoit  encore  de  la  barbarie  des  fiecles  précédens  ;  mais  la  vanité  cft  pref- 
que  toujours  à  côté  de  l'ignorance.  Stathmio  laillà  des  preuves  de  l'une  &  de  l'au- 
tre dans   un  Ouvrage  intitulé  : 

De  tertiana  febre  ^Jîrologica  Experientla,  &  contra  ManarJum  definjïo  cotijïderaiionis 
aftrologlc<e  in  medicatione.  Jf^itteberga ,  1556,   in  S. 

STATIUS  ANN^US,  Médecin  du  premier  fiecle ,  s'eft  diftingué  fous  l'Em- 
pire de  Néron.  Peribnne  n'ignore  que  Senegue  ayant  été  condamné  à  mort  par  ce 
Prince  cruel,  lé  fit  ouvrir  toutes  les  veines  &  fe  mit  dsns  un  bain -chaud;  mais 
comme  ce  genre  de  iupplice  ne  le  faifoii  pas  mourir  aflez  tôt  à  fon  gré  ,  Statius 
uinn£us,  ion  ami,  lui  rendit  le  trifte  office  de  lui  prcienter  dans  une  coupe  le 
mêm«  poifon  que  les  Athéniens  avoient  donné  à  Socrate ,  c'eft-àdire,  du  lue  de 
ciguë.  Tacite,  qui  fait  cette  remarque,  dit  que  le  corps  de  Scnequc  étoit  déjà  fi  re» 
froidi  par  l'écoulement  de  ion  fang ,  que  ce  poilbn  n'eut  point  d'effet  lenfible. 
Aujourd'hui,  on  prend  fans  crainte  le  liic  de  ciguë  réduit  en  extrait.  Cette  prépa- 
ration en  diminue-t-elle  la  virulence'}  Ou  notre  ciguë  eft-elle  différente  de  celle 
des  Anciens.?  H  eft  bien  apparent  que  le  breuvage  qu'on  fit  avaler  à  Socrate  ,  n'é- 
toit  pas  fimplement  le  lue  de  ciguë  ,  ou  qu'on  lui  en  fit  prendre  une  quantité  con- 
fidérablej  car  il  elt  à  remarquer  que  dans  le  même  tems  qu'on  failbit  mourir  ce 
Philolbphe  à  Athènes  avec  ce  poifon,  Hlppocrate  traitoit  en  l'hefiaiie  les  .maladies 
de  la  matrice  avec   la  même   plante ,   mais  prile  en  petite    quantité. 

STEEGou  VERSTEEG,  TGodefroid)  Médecin  du  XVI  fiecle,  étoit  d'Amerf- 
fort  dans  la  Seigneurie  d'Utrecht.  Il  étudia  à  Louvain  fous  Nicolas  £ie/ius,  à" 
Montpellier  fous  Laurent  Joubert,  à  Pile  fous  Fidus  Fidlus ,  &  fit  enluite  fa  profef- 
lion  à  Nimegue,  dont  il  fut  Médecin  ordinaire.  On  le  retrouve  en  1579  à  Amerf. 
fort  durant  le  fiege  de  cette  ville.  Ses  compatriotes  le  députèrent  vers  le  Prince 
d'Orange,  de  q^ui  il  obtint    le    iJ  Mars   des   promefTes  q^ue    l'événement  démentit 


5i5  .  S    T    E 

le  même  jour.  En  rgog ,  il  dtoit  Médecin  de  Jules  Echter  de  Mefpelbrunn  , 
£vêque  de  Wirtzbourg  ;  ii  le  fut  depuis  de  l'Empereur  Rodolphe  II,  qui  l'ho- 
nora du  titre  de  Comte  Palatin.  On  dit  que  Steeg ,  outre  la  Science  dont  il  faiibit 
l'a  principale  occupation ,  entendoit  bien  la  Poélie  Lstioe,  Je  ne  lais  s'il  en  a 
donné  des  preuves  par  quelques  Ouvrages;  il  a  au  moins  fait  voir  qu'il  avoit 
de  grandes  connoifiances  en  Médecine,  en  publiant  les  Traités  dont  voici  les 
titres  : 

D^fcrlptio  Fonds  medlcatl  KiJJingenfis.  Wir^sburgi  ^  I595  »  '«-12.  La  fontaine,  dont 
îl  parle ,  eft  à  60  pas  de  ia  petite  ville  de  Kiflingen ,  qui  eft  à  fept  lieues  de 
"Wirtzbourg  &  qui  appartient  à  l'Evéque  de  cette  dernière  ville.  C'eft  à  Poc- 
cafion  de  cette  fontaine ,  qu'il  s'étend  fur  les  eaux  minérales  en  général  &  l'ufage 
qu'on  peut  en  faire. 

TraSiatus  dz  Pcjle ,  in  quo  ver  a  prcefcrvandi  &  curandl  ratio  recenfctur.  Wir^eburgi  , 
Ï597,   i/i-ia. 

yJrs  Medica ,  tota  confcripta  metluyiô  dlvi(îvà  à  Gahno  divcrjls  lacis  propofuâ  ,  com- 
mendata  &  exemplis  illujirata ,  à  recendoribus  quibufdam  clarijjlmis  inchoata ,  fcd  à 
nemine  hac/cnus  abfuluta.  Francofurd  ^  1606,  in-fulio.  11  y  a  neuf  Livres  qui  traitent 
de    la  Médecine  i'péculative ,    &  quinze  de  la  pratique. 

STEIN,  (  Paul  VON  J  de  Konigsberg ,  où  il  fut  reçu  Maître-ès-Arts  en  1556, 
remplit  la  charge  de  Reéîeur  de  l'Ecole  Cathédrale  depuis  155J7  jufqu'en  1560 , 
qu'il  abandonna  cet  emploi  pour  donner  tout  fon  tems  à  l'étude  de  la  Médecine. 
Aprèi  avoir  reçu  les  honneurs  du  Dodorat  dans  fa  patrie  ,  il  y  obtint  la  Chaire 
de  Médecine  &  de  Phyfique  en  isfg,  mais  il  ne  l'occupa  que  peu  d'années;  car 
il  mourut  le  31  Décembre  1584,  étant  alors  Refteur  de  l'Univerfité  de  Konigf- 
berg  pour  la  iixieme  fois. 

Un  trouve  quelques  autres  Médecins  du  nom  de  Srdn.  Gafpar  naquit  à  Konigf- 
berg  le  g  Juillet  1592.  Il  fut  reçu  à  la  Licence  à  Jene  en  j6i8,  &  d'abord  après 
ia  promotion,  il  voyagea  en  Italie,  en  France  &  en  Angleterre  jufqu'en  1621, 
A  ion  retour  dans  fa  patrie,  il  fe  dévoua  au  fervice  des  malades  qu'il  traita  avec 
beaucoup  de  fuccès;  fa  réputation  fe  répandit  même  ii  avantageufement,  que  la  Fa- 
culté de  Médecine  de  Jene  lui  préfenta  une  Chaire  dans  l'es  Ecoles  en  1633.  Mais 
comme  il  préféra  la  vie  aftive  d'un  Praticien  à  l'état  plus  fédentaire  de  "Profcl"- 
feur,  il  n'accepta  point  cette  Chaire,  &  continua  avoir  les  malades  julqu'en  1652, 
qui  eft  l'année  de  fa  mort. 

Luc  Stda,  Doi^eur  en  Médecine,  fit  fa  profeffion  à  Lubeck ,  fa  patrie,  où  il 
mourut  le  15  Janvier  1699 ,  îlgé  feulement  de  35  ans. 

Godefrold  Stdn  ,  Conlciller  &  Médecin  ordinaire  de  l'EIetSeur  de  Brandebourg , 
a  écrit  un  Traité  intitulé  ; 

Lidiographia  curiofa.  Baruthi,  1703  ,  in-S.  Cet  Auteur  '  étoit  encore  partifan  des 
qualités  occultes  qui  ont  fervi  ii  loag-tems  de  voile  à  l'ignorance;  il  t?iche  d'expli- 
quer  la  tbrraation   du  calcul ,  mais  il  en  renvoie  la  caufe  à  un  ciprit  lapiditique. 

STEINHAUS ,  C  Thomas  )  Dofteur  de  l'Univerfité  de  Cologne  ,  enfeigna  FA- 
natomie  &  la  Médecine  pratique  dans  les  Ecoles   de  cette    ville,  où  il  fur  encore 


s    T    E  319 

Profcflèur  extraordinaire  de  Chirurgie.    On  ne  fait  rien  de    plus  fur   fon  compte, 

finon  qu'il  étoit   Doyen  de  fa  Faculté  en  1714,  &    qu'il  a   écrit  une    Diflertation 

Ibus  ce  titre  :    Sckntia  quoi  nullum  animal  nijî  ex  ovo.  Elle  a  bien  l'air  d'une  Thefc 
Académique. 

STENGEL  ,  (  Luc  )  d'Ausbourg,  où  il  vint  au  monde  en  1523  ,  prit  le  bonnet 
de  Codeur  en  Médecine  à  Padoue  l'an  1549.  Il  fe  fixa  dans  fa  ville  natale,  dont 
il  fut  Médecin  ordinaire;  mais  il  ne  fe  borna  pas  à  lui  être  utile  par  les  foins  qu'il 
donnoit  aux  malades ,  il  foUicita  encore  fes  confrères  à  travailler  de  concert  avec 
lui  à  la  pcrfeéiion  de  leur  Art.  Perfuadé  que  rien  ne  contribue  davantage  aux 
progrès  des  Sciences,  que  de  réunir  en  Corps  le^  perfonnes  qui  s'y  appliquent, 
il  engagea  les  iVîédecins  d'Ausbourg  à  s'aflemblcr  régulièrement ,  pour  s'entrecom- 
rauniquer  les  découvertes  &  les  obfervations  qu'ils  auroient  faites  dans  le  cours 
de  leur  pratique.  C'eft  à  ce  titre  qu'on  doit  le  regarder  comme  un  des  premiers 
auteurs  de  rétabliflement  du  Collège  de  cette  ville ,  dont  il  fut  aulli  le  premier 
Doyen.  On  met  la  mort  de  Stengel  vers  la  fin  de  l'an  15B7  ,  &  on  lui  attribue  les 
Ouvrages  fuivans  : 

uâpologia  advenus  Stib'ù  fpongiam ,  non  ità  dudùm  à  Michaëla  Toxita  in  lucem  éditant. 
./iugujîiE  f^inddicorum ,  1565,  1569, /n-4. 

Ouaftionci  très  Médias.  An  Antimanium  tsgrotantibus  citra  noxam  exhîberi  pojjît  *? 
//.  An  ratio  curandis  Peftis  à  mijjfione  fanguinis  au/picaruia  fît  ?  ///.  An  Pejîem  necef- 
fario  fubfequatur  febris  ?  Ibidem,  1566,  Jn-4. 

Thefcs  de   natura,  eau  fis  &  curatione  morbi  epidemici.  Ibidem  ,  1580  ,  in.4. 

Charles  Stengel  ,  autre  Médecin  d'Ausbourg  &  probablement  de  la  famille  du 
précédent,  a  publié  les  Ouvrages  dont  voici  les  titres: 

F'ita    SanSli  Simponi  Epifcopi  Augufiani.   Auguftts  Findelicorum ,  1615  ,  in-\<3.. 

Hiftoria  Peftis  j  in  qua  ejus  cavfs ,  dir<e  grajfadones  &  remédia  divinitàs  c^jllnra  ,  fusé 
enarrantur.  Ibidem,  1614,  i/i-8.  L'penius  &  Manget  citent  une  édition  de  Dillingeo 
de  la  même  année. 

Hortenfius  &  Dea  Flora.  Avgufta  f^lndelicorum  ,  i6.\y  ,  i/1-12.  Ibidem,  i6c,o ,  //:-i2, 
fous  le  titre  d'Honorum  ,  Florum  &  Arborum  Hiftoria. 

STENON,  C Nicolas _)  célèbre  Médecin,  depuis  Evêque  de  Titiopolis  &  Vi- 
caire Apoftolique  dans  les  Pays  Septentrionaux  ,  étoit  de  Copenhague  ,  où  il  ra" 
quit  le  10  Janvier  1638  d'un  père  Luthérien  qui  étoit  orfèvre  de  Chriftiern  IV, 
Roi  de  Dannemarc.  H^étudia  la  Médecine  fous  le  favaat  i?arr/:c/;,T ,  &  s'y  rendit 
habile,  aufli  bien  que  dans  la  Phylique  &  l'Anatomie.  Cène  fut  qu'après  avoir  fait 
de  grands  progrès  dans  toutes  ces  ;  Sciences  ,  qu'il  voyagea  en  Hollande ,  en  France  , 
en  Allemagne  &  en  Italie.  11  étoit  à  Amftcrdam  en  1660 ,  &  il  paffa  les  trois  an- 
nées fuivantes  à  Leyde  ,  où  il  ne  négligea  rien  pour  fc  periedionner.  Il  arriva  à 
Paris  en  1664,  &  au  bout  de  deux  ans  il  fe  rendit  à  Vienne,  traverfa  une  partie 
de  la  Hongrie,  &  entra  en  Italie  par  le  Tirol.  Il  vifita  les  principales  villes  de 
cette  belle  partie  de  l'Europe,  &  après  avoir  féjourné  à  Rome  pendant  quelque- 
tems  ,  il  alla  à  Florence,  où  fa  réputation  parvint    jufqu'à  la  Cour  de  Ferdinand 


52® 


<3   T    K 


II,  Grand  Duc  de  Tofcane  ,  qui  le  nomma  fon  Médecin  vers  l'ao  iG6f,  &  lui 
accorda  une  penlion  proportionaée  à  l'on  mérite.  Corne  111  honora  Sî-cnon  de  fon 
ettime  &  même  de  la  conriance  ,  puilqu'il  le  choiiit  pour  précepteur  de  fon  (ils.  Ce 
fut  alors  que  ce  Médecin,  qui  avoit  été  ébranlé  à  Paris  par  l'éloquence  vidlorieufe 
du  grand  Bofiuet  ,  i"e  mit  à  lire  les  Livres  Catholiques  ;  !a  vérité  éclaira  l'on  ef- 
prit ,  leva  le  refte  de  fes  doutes  pour  faire  place  à  la  conviction,  &  le  porta  k 
abjurer    publiquement  l'Hérélie    Luthérienne  en  1669. 

Frédéric  111 ,  Roi  de  Dannemarc ,  rappella  Stenon  dans  fes  Etats  fur  la  fin  de 
fon  segne  ;  mais  comme  ce  Prince  ne  voulut  po;ct  lui  accorder  la  liberté  de 
jcoaicience ,  il  ne  fe  rendit  point  à  fes  ordres.  Chriftiern  V,  Ion  (uccelleur,  ne  fut 
|)oint  fi  difficile.  Notre  Médecin  retourna  â  Copenhag-ue  peu  de  terne  après  l'an- 
jiée  1670  ,  &  il  y  fut  nommé  à  la  Chaire  d'Anatomie  ,  avec  la  liberté  de  faire  les 
exercices  de  la  Religion  Catholique.  Il  n'eut  cependant  point  en  Dannemarc  tous 
2es  agrémens  auxquels  il  s'étoit  attendu,  &  pour  cette  raiion  ,  il  revint  à  Floren- 
ce, où  il  continua  l'éducation  du  jeune  Prince  ,  Jils  de  Côme  III.  Ce  fut  quelque 
xevns  «près  Ion  retour  en  Tofcane  qu'il  prit  du  goût  pour  l'état  ecciéiiaftique  ;  il 
l'embraffa  en  1677  ,  &  Innocent  Xi  ne  tarda  point  à  le  iacrer  Evêque  de  Ti- 
tiopolis  en  Ifaurie.  Jean-Fréderic  ,  Duc  de  Hannovre  &  Prince  de  Brunlwick,  qui 
avoit  abjuré  le  Luthéranifme ,  appella  bientôt  après  Stenon  à  fa  Cour;  le  nouvel 
Evêque  s'y  rendit  ea  qualité  de  Vicaire  Apoftolique  dans  tout  le  Nord.  Ce  la. 
-vant  Médecin  devint  ainli  un  zélé  Milïîona  re  ;  le  Pays  de  Hannovre  fut  le 
théâtre  de  fes  courtes  &  de  fes  fuccès.  Mais  Jean-Fréderic  étant  mort  en  167g, 
fon  luccefleur,  qui  étoit  Luthérien,  l'obligea  de  fortir  de  fes  Etats.  Il  fe  retira 
à  Munfter ,  &  après  y  avoir  prêché  l'Evangile  avec  tout  le  zèle  que  lui  infpiroit 
fon  rainiftere  ,  il  le  trouva  encore  arrêté  dans  fes  courfes  apoftoliques.  L'Elefleur 
de  Cologne  avoit  fuccédé  à  Ferdinand  de  Furftemberg  fur  le  fiege  Epiicopal  de 
Munfter  ;  Stenon  improuva  la  nomination  de  l'Eledeur  qui  polFédoit  déjà  trois 
Evêchés,  &  fa  conduite  ayant  été  mal  interprétée ,  il  paflk  à  Hambourg  &  con- 
tinua de  faire  des  millions  en  différentes  contrées  de  l'Allemagne.  Il  vint  mourir  à 
iîchwerin,  dans  le  Duché  de  Mecklenbourg  ,  le  25  Novembre  1680,  dans  la  4g 
année  de  fon  âge.  Son  corps  fut  traniporté  à  Florence  &  inhumé  dans  le  tombeau 
des  Grands  Ducs. 

Stenon  a  enrichi  l'Anatomie  de  plufieurs  découverte»  importantes.  Il  e([  le  pre- 
mier qui  ait  apperçu  les  canaux  qui  portent  à  l'œil  l'humidité  néceflhire  à  la  faci- 
lité de  fes  mouvemens.  11  donna,  en  1662,  la  defcription  d'ug  vailTeau  falivaire  qui 
part  des  glandes  placées  aux  environs  des  oreilles  ,  dont  peilbnnc  n'avoit  encore  fait 
mention.  Il  remarqua  que  les  fibres  mufculaires  du  pharins  font  rangées  dans  un 
ordre  double  de  fpirales  ,  l'un  qui  delcend  &  l'autre  qui  monte  ,  fuivant  des  routes 
oppolées  ôî  en  fe  croifant  à  chaque  circonvolution.  Il  a  aufli  fait  des  obfervations 
fur  les  canaux  lymphatiqv.es  ,  &  il  a  éclairci  plufieurs  autres  points  relativement  à 
la  ilrufture  du  corps  dt  l'homme  &  des  animaux  ,  comme  on  peut  le  voir  dans 
les  Mémoires  qu'il  a  copimuniqués  à  l'Académie  de  Copenhague,  &  dans  les  Ou- 
yr'iges  qui   ont  p&ru    fous  ces  titres  : 

Objïrvatîoms  de.  oris^  oculorum  &  narium  vajïs.  Lugdanî  Butavorum  ,  1662,  In  12 


s    T    E  -ot 

De  mufculis  &  gîanJuîls  obfervatîonum  /pecîmen.  HafnuSf  1664  ,  i/1-4.  Amfielodaml  ^ 
1664,    in-'ii.  C'elï  le  même  Traité,  mais  avec  des  augmentations. 

EUmentorum  Myologlie  Spécimen  ,  feu ,  mufcuU  defcriptio  gcometrîca.  Floreniits,  1667, 
i/j.4.  u4wJlelodami ,  1669,  1689,  in  8.  Ce  Médecin  étoit  fort  entendu  dans  la  Myo- 
logie.  On  voyoit  dans  !e  Cabinet  de  Ruyfch  deux  cœurs  qu'il  avoit  préparés  pour 
faire  appercevoir  la  diredtion  de  leurs  fibres,  &  dont  il  avoit  fait  prcfent  à  ce 
célèbre   Anatomifte. 

De  fulido  intrà  folldum  natnraliter  contenta  Dijfertationis  Prodromus.  Floreniits  ,  i66g  ? 
11-4.  Lugdunl  Batavorum,    1679,  in-12.  En  Anglois  ,    Londres,  167 1 ,  fn-8. 

Difcours  fur  VAnatomie  du  cerveau.  Paris,  1669,  in-11.  Le  même  en  Latin,  fous 
le  titre  de  Differtatio  de  cerebri  uinatomc.  Lugdani  Batavorum ,  ift^i  ,  /n-12.  On  y 
trouve  plus  de  détail  fur  les  précautions  qu'il  faut  prendre  pour  réuffir  dans  la 
diflèflion  du  cerveau,  que  fur  la  ftrud^ure  de  cet  organe. 

Obfervationes  Anatomice ,  quibus  varia  oris ,  oculorum  &  narlum  vafa  dcfcribuntur  , 
hovlque  falivx^  lacrymarum  &  muci  fontes  deteguntur  ,  â?  novum  Biljîi  de  lymphe  motu 
&  ufu  Commentum  examinatur  &  rejicitur.  Lugduni  Batavorum^  1680,  in-ia.  Cet  Ou- 
vrage eft,  à  peu  de  chofes   près,  le    môme  que  le  premier  de   cette  notice. 

Epijîolce  dua  adverfaria.  Lugduni  Batavorum.,  1680,    in-12. 

Le  célèbre  IFinflow ,  petit  neveu  de  Aeno/i ,  a  glorieufement  foutenu  la  réputa- 
tion que  ce  favant  Homme  s'étoit  acquife  dans  l'Anatomie.  Le  difcours  de  foa 
oncle,  fur  la  difleftion  du  cerveau,  le  trouve  dans  YExpofitioa  Anatomique  qu'il 
a    publiée. 

STEPHANUS,  Médecin  natif  d'Athènes,  a  demeuré  long-tems  à  Alexandrie; 
ce  qui  a  porté  plulieurs   Auteurs   à  le  furnommer   Alexandrin.  On  a  de  lui  : 

Explanationes  In  Galcni  priorem  Librum  Tlierapeuticuni  ad  Glauconem.  Ce  Commen- 
taire a  paru  en  Grec  à  Venife  en  1536,  z/i-S.  En  Latin  dans  la  même  ville, 
1554,  iV8,  de  la  traduftion  à'AuguJlin  Gadaldini.  Lyon  1555,  Jn-8.  Bâle ,  1581, 
in-S ,   avec  les  Œuvres  d'Aretée. 

Oculare  collyrium.  Mathias-lliéodore  Maland  l'a  mis  en  Latin  &  l'a  joint  à  les 
Collec/anca  de  melancholia  qui  ont  paru  à  Anvers  en  1540 ,  in-4. 

De  dïvina  &  facra  Ane  Chryfopoex  Libri  novem.  ^  Jean  Elichmann  ,  Médecin  de 
Leyde  ,    en  avoit  un  Manuicrit  Grec  dans  fa  Bibliothèque. 

Le  Livre  de  Galien  ,  dont  il  eft  ici  queftion ,  eft  écrit  avec  tant  de  clarté  ,  qu'il 
auroit  pu  le  pafler  de  Commentaire.  Mais  comme  on  fe  faifoit  anciennement  un 
mérite  d'expliquer  les  Ouvrages  du  Médecin  de  Pergame  ,  Stephanus  a  fuivi  !e 
goût  de  Ion  fiecle  &  n'a  voulu  rien  devoir  à  les  contemporains  de  ce  côté-là.  Abi 
Osbeia ,  Ecrivain  Arabe ,  parle  de  fept  Médecins  d'Alexandrie  ,  parmi  klquels 
il  place  Stephanus ,  qui  s'étoient  fait  un  nombreux  auditoire  par  la  préciiion  &  la 
juftefl'e  avec  laquelle  ils  expliquoient  tour-à-tour  les  Traités  de  Galien  qui  leur 
étoient  tombés  en  partage;  car  ils  les  avoient  divifés  entre  eux,  pour  ne  point 
fe  répéter. 

Le  Clerc  n'eft  point  d'accord  avec  le  Dodleur  Freind  fur  le  tems  auquel  Ste- 
phanus a  vécu.  Le  premier  en  parle ,   dans  fon  Hiftoire  de  la    Médecine ,   comirte 

T  0   M  E    ir,  S  s 


"22  S    T    E. 

S'il  étoît  du  troifiemc  fiecle;  mais  fuivant  le  fécond,  il  a  fleuri  beaucoup  plus  tard, 
puifque  parlant  des  Commentaires  faits  fur  les  Ouvrages  de  Galien^  il  infinue  que 
les  Auteurs  qui  en  avoient  écrit  avant  lui ,  étoient  bien  antérieurs  à  fon  tems.  C'eft 
ce  qui  paroît  renvoyer  Stephanus  à  un  (iecle  plus  rapproché ,  mais  fans  pouvoir 
le  déterminer.  Si  ce  Médecin  étoit  le  même  que  Stephanus  le  Chymifte ,  il  ne  feroit 
pas  difficile  de  fixer  le  tems  auquel  il  a  vécu.  Le  dernier  a  écrit  dans  le  feptieme 
fiecle  l'Ouvrage  intitulé  ;  CAry/o/^oea  ,  que  f^ander  Linden  &  Manget  ,  que  nous  avons 
fuivis,  ont  mis  fur  le  compte  de  Stephanus  Alexandrin  ou  Athénien  ,  ce  qui  revient 
au  même.  Ce  Traité  eft  dédié  à  l'Empereur  Heraclius  qui  fuccéda  à  Phocas  en 
6io  ,  &  occupa  le  trône  d'Orient   pendant  trente  ans. 

Les  Auteurs  parlent  d'un  Stephanus  d'Alexandrie  qui  vécut  fous  Heraclius,  mais 
on  ne  fait  point  s'il  étoit  Médecin.  Tout  ce  qu'on  l'ait ,  c'eft  qu'il  fe  fit  beaucoup 
de  réputation  par  fes  prédirions  aflrologiqucs  &  qu'il  avança,  entre  autres  choies, 
que  les  Sarrafins  ne  tarderoient  pas  à  parvenir  au  plus  haut  point  de  gloire  &  de 
puiflance.  Il  n'étoit  point  néceflaire  de  confulter  les  aftres  pour  réudir  dans  cette 
prédiftion  ;  il  ne  faliuit  que  jetter  un  coup  d'œil  fur  l'Fjmpire  des  Grecs  qui  s'af- 
foîbliflbit  de  jour  en  jour. 

STEPHENS,  CPhilippeJ  de  Devifes  dans  le  Wilfthire  en  Angleterre  ,  étoit 
Maître-èï-Arts  ,  lorfqu'il  fut  nommé  Procureur  de  l'Univerfité  d'Oxford  le  14  Avril 
1650.  Il  prit  enfuite  du  goût  pour  la  Médecine,  &  il  en  reçut  le  bonnet  de  Doc- 
teur dans  la  même  Univerfué  ,  le  16  Février  1656.  On  lui  doit  le  Catalogue  des 
plantes  du  Jardin  d'Oxford  qu'il  publia  en  1658  ,  in-8 ,  conjointement  avec 
Guillaume  Browne.  Les  Auteurs  ne  marquent  point  au  jufte  l'année  de  fa  mort;  ils 
fe  bornent    à  dire   qu'il  furvécut  au    rappel  da  Roi  Charles  II  en  1660. 

Jeanne  Stephens  ,  Demoilelle  Angloife,  a  fait  beaucoup  de  bruit,  vers  l'an  1730  , 
par  fon  remède  lithontriptique  que  le  Parlement  a  eflimé  au  point  d'en  acheter  le 
fecret  cinq  mille  livres  fterhngs.  Plulieurs  Médecins  ,  comme  Hartley  ,  Kirkpatrik  , 
Lobb  ,  ont  écrit  en  faveur  de  ce  remède  ;  mais  le  nombre  de  ceux  qui  l'ont  con- 
damné ,  ou  qui  en  ont  beaucoup  diminué  les  vertus,  eft  plus  conlidérable.  Parmi 
les  Ouvrages  qui  ont  paru  à  ce  fujet  ,  on  remarque: 

Remèdes  de  Mlle,  Stephens  is'  dijfertation  de  M.  Le   Cat.  Rouen  ,  1739 ,  in-8. 

Recueil  d'expériences  &  d'obfervations  fur  la  Pierre  S  fur  les  remèdes  de  Mlle,  Ste- 
phens, Paris,  1740-1743,  deux  volumes    in-12. 

Davidis  Hartley ,  de  Lithontriptico  à  Jo.  Stephens  nuper  inventa  ,  DiJJertatio.  Lugdu- 
ni  Batavorum ,  1741  ,  in-8. 

Expériences  fur  les  remèdes  de  Stephens,  traduites  de  VAnglois  par  Cantwel.  Paris  ^ 
1742,  /n-i2,  à  la  fuite  de  l'Etat  de  la  Médecine  ancienne  &  moderne   par  Cllfton. 

Le  réfultat  des  difcuflions  auxquelles  on  a  fournis  ce  nouveau  remède  ,  fe  réduit  à 
regarder  les  pilules  de  Stephens  comme  utiles  dan»  les  perfonnes  chez  qui  on  n'a 
rien  à  craindre  de  la  part  des  fels  lixiviels  qui  en  font  la  bafe  ;  encore  faut-il  que 
la  Pierre  foit  mollafie  ,  pour  en  efpérer  la  diflblution  qu'on  n'obtient  paF  toujours. 
Mais  dans  les  fujets  Icorbutiques  ,  dans  ceux  même  chez  qui  on  peut  foupçonner 
quelque  vice  acrimonieux  ,  ou  qui  portent  des  Pierres  d'une  confiflencc  bien  dure  , 
ce  remède  re  produit  aucun  effet  &  fouvcnt  il  eft  préjudiciable,  Ceft  le  jugenient 
^u'en  a  porté  le  célèbre  De  Halkr^ 


s    T    E       s    T    I       s    T    O  523 

STER.RE,  fDenis  VAN  DEll  )  Dofteur  en  Médecine,  fut  reçu  dans  l'A- 
odémie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom  de  yderlus  Maximus  , 
&  paflâ  au  fervice  de  la  Compagnie  HoUandoile  des  Indes  orientales ,  en  qualité 
de  premier  Médecin.  Il  mourut  en  1691 ,  &  outre  quelques  Ouvrages  écrits  en 
fa  langue  maternelle  ,  il  laifla    celui  intitulé  : 

Tra&atus  novas  de  generatione  ex  ovo ,  necnon  de  monftrorum  produ&ione  ,  duabus  Epif- 
tolls  comprehenfus.  ^mjteludami ,  1687,  ''n-ïi-  Une  de  ces  lettres  eft  adrellëe  à  Théo- 
Jore  Craanen  ,  &  l'autre  à  Etienne    Blancard. 

STILLINGFLEET  ,  (  Edouard  )  fils  d'un  Eveque  de  Worchefter  qui  a  écrit 
beaucoup  d'Ouvrages  &  dont  on  eftime  les  Origines  Brhannlcte ,  naquit  en  1660.  Il 
n'étoit  que  Maître-ès-Arts  de  TUniverfité  de, Cambridge,  lorlqu'il  fut  reçu  dans  la 
Société  Royale  de  Londres  le  30  Novembre  1688.  Le  21  Juin  de  l'année  iu  vante, 
il. obtint  une  C'iaire  de  Médecine  au  Collège  de  Gresham  dans  la  même  ville  de 
Londres ,  &  le  5  Juillet  1692 ,  il  prit  le  bonnet  de  Do^iteur  à  Cambridge.  Comme 
il  ne  tarda  point  à  fe  marier,  il  perdit  la  place  qu'il  avoit  au  Collège  de  Saint 
Jean  ,  ainG  que  l'a  Chaire  dans  celui  de  Gresham  ;  ce  qui  l'engagea  à  aller 
pratiquer  t  Lyn  Régis  dans  le  Duché  de  Norfoick,  &  dans  d'autres  endroits  de  la 
même  Province,  où  il  mourut  en  1708.  Il  ne  paroît  point  avoir  été  aufli  laborieux 
.^ue  fon  père,  car  on  ae  connoît  de  lui  aucun  Ouvrage. 

STISSElt ,  (  Jean.André  )  de  Lucbau  dans  la  Principauté  de  Zell  an  Duché  de 
Lunebourg,  vint  au  monde  le  19  Janvier  1657.  ^1  étudia  d'abord  la  Médecine  à 
Helmftadt ,  &  pafla  enluite  à  Leyde ,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Dodtorat.  Ham- 
bourg &  Brunlwick  profitèrent  tour-à-tour  de  les  lumières  &  admirèrent  les  fuccès 
dans  la  pratique  ;  mais  le  goût  de  la  vie  Académique  leur  enleva  ce  Médecin  qui 
retourna  à  Helmftadt ,  où  il  obtint  la  Chaire  de  Profeflëur  extraordinaire  en  1687  t 
celle  de  Chymie  en  1688,  enfin  celle  d'Anatomie  en  1691.  SdJJ'er  mourut  dans  cette 
ville  le  ai   Avril  1700,  &  laidà  les  Ouvrages  luivans  : 

De  machinis  fumiduStoriis  <uriojîs ,  five  ^fumum  impellendi  intrà  corpus  Infirumentls  ,  eo- 
Tumque  in  praxi  Mcdica  adhibendi  ratione  &  u/îi.  Hamburgl ,   i685  ,  in-4. 

uiquarum  Hornhufanarum    Examen.  Helmjîadii,  1689,  /n-4. 

^c!a  Laboratorii  Chymici  în  ^cademia  Jalià  édita  ,  tribus  fpecimlnibus  comprehenfa. 
Ibidem^  1690,  1693,  1698,  1*1-4.  Il  y  a  encore  une  édition  de  Helmftadt,  170 1  , 
in-4.  Cet  Auteur  ne  ceffa  de  faire  valoir  l'importance  de  la  Chymie  dans  la  Mé- 
decine ;  il  écrivit  une  Lettre  à  ce  fujet ,  adreflee  à  Leibnit^ ,  qui  traite  De  variii 
erroribus  Chemics  ignorantiâ  in  Medicina  commijjïs. 

Solamen  jirthriticorum. ,  feu ,  de  Podagra  &  fele&ioribus  adversàs  eam    remediis.  Helm- 
Jîadii ,  1690  ,  /n-4. 

Bntanica  curiofa.  En  Allemand  à  Helmftadt,  1697  ,  in  4. 

Horii  Helmfiadienjis  catalogus  plantas  omnes  enumerans  quarum  culturam ,  ab  ann» 
1692  ufqae  ad  annum  1699,  in  horto  fuo  inftituit.  Helmfladii^  1699,  fn-8. 

STOCKELPOT  (  JeanJ)  étoit  de  Louvain.  Il  fut  nommé  Profeircur  es  Arts 
dès  le  commencement  de  l'LJniverfité  de  cette  ville  i  mais  il  pafla  aux   Ecoles    de 


5M'  S    T    O- 

Médecine  en  142^,  fut  reçu  à  la  Licence  en  1432  &  au  Do6lorat  ea  1433.  11  eii 
le  premier  de  fa  Faculté  qui  ait  poffédé  un  Canonicat  de  la  féconde  fondation  dans 
l'Eglife  de  Saint  Pierre  à  Louvain.  C'eft  à  ce  titre  qu'il  devint  Profcffeur  ordi- 
naire; mais  il  obtint  une  autre  Chaire  en  1445,  &  fut  trois  fois  Re£\eur  de  rUni' 
verfité.  11  y  a  apparence  qu^il  abandonna  les  places  qu'il  rempliflbit  dans  les 
Ecoles ,  car  il  fut  Curé  de  la  Paroilfe  de  Saint  Jacques  à  Louvain  en  I456 ,  & 
il  mourut  dans  l'exercice  de  cette  charge  au    mois  de  Juin  1465, 

STOCKHAMEIl  ,  C  François  )  Oofteur  en  Médecine  &  Membre  de  l'Académie 
des  Curieux  de  la  Nature ,  fous  le  nom  de  Marcus  ^'rtorius ,  étoit  de  Saltzbourg. 
Ses  talens  le  firent  connoître  à  la  Cour  de  Vienne  vers  la  fin  du  XVU  fiecle  , 
&  il  y  parvint  à  l'emploi  de  Médecin  de  l'Empereur.  On  a  de  lui  .- 

Microcofmographia ,  five  ,  panium  humani  corporis  omnium  ,  earumque  aiïionum  & 
ufuum  brevls  quidem  ,  accurata  tamen  defcriptio ,  novh  hujus  ftsculi  inventis  exornata.  F'iea' 
nte  Aujlri£f  i6ba,  i/i-12.  Lelda^  1686,  in-12  ,  fous  le  titre  de  Cofmopolitts  Hiftoria 
Naturalii ,  compreheadens  humani  corporii  Anatomiam,  . 

STOIUS  (  Matthias  )  naquit  à  Konigsbcrg  le  26  Avril  1526.  îl  prit  le'  bonnet 
de  Dodeur  en  Philoibphie  &  en  Médecine  dans  l'Univerfité  de  fa  ville  natale, 
où  il  obtint,  en  15G0,  la  Chaire  de  Profelfeur  ordinaire  dans  la  féconde  Faculté, 
Les  talens  qu'il  y  montra  ne  furent  pas  fans  récompenfe  ;  car  il  pafla,  en  I5'6, 
à  l'emploi  de  premier  Profelfeur  ,  auquel  on  ajouta  la  leçon  de  Mathématique  en 
1579.  Dès  l'an  1562  il  fut  choifi  Redleur  de  l'Univerfité  de  Konigsberg ,  &  il 
avoit  déjà  rempli,  cinq  fois  les  devoirs  de  cette  Magilirature  Académique ,  lorf- 
qu'il  mourut  le  15  Janvier  1583.  On  a  de  lui  des  Conlultations  qui  le  trou. 
vent  dans  le  Recueil  que  Laurent  Scholi  a  publié  à  Francfort  en  1598  , 
în-folio. 

STOKHUSIUS  (  Samuel  )  prit  le  bonnet  de  Dcfteur  en  Médecine  en  1644 ,  8é 
paffa  enluite  à  Wolft'enbuîel  dans  le  deflein  de  s'y  fixer.  Mais  la  place  de  Phy- 
ficien  de  Goflar  étant  devenue  vacante ,  il  l'obtint  &  fut  par-là  obligé  de  chan» 
ger  de  domicile.  Peu  de  tcms  après  ,  il  obtint  encore  la  charge  de  Médecin  du 
Duc  de  Brunfwick  dans  la  Forêt  noire.  Les  Bibliographes  le  difent  Auteur  d'un 
Traité  intitulé  : 

Libellas  de  Lithargyrû  fumd  noxiô ,  cum  appendice  de  affccfu.  afthiiiatlcà  montano. 
Goflari£,  1656,  m-12.  Sa  charge  de  Médecin  dans  la  Forêt  noire  confiftoit  à  veil- 
ler à  la  fanté  des  Mineurs;  &  ce  fut  à  cette  occafion  qu'il  remarqua  fi  bien  les 
funeltes  effets  que  les  vapeurs  &  les  fumées  métalliques  font  éprouver  aux  ou- 
vriers ,  foit  dans  les  mines,  foit  dans  les  fcnderies.  M.  Gurdane^  Dodcur-Régent 
de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  a  jugé  fi  avsntageufement  de  cet  Ouvrage 
de  Stokhufen  ^  qu'il  l'a  traduit  en  François  &  l'a  mis  au  jour  fous  ce  titre:  Traité 
des  mauvais  effets  de  la  fumée  de  la  Litharge.   Paris,  177^  y  in-12. 

STOLTER.FOHT  ,  C  Jean- Jacques  )  naquit  le  19  Odobre  1665  à  Slefwick 
en  Dannemarc  ^  de  Jacques  ,  Apothicaire  de  cette  ville  &  enluite  de  celle  de 
Lubeck  dans  le  Cercle  de  la  Bafle  Saxe.  Jean-JacquéS  s'appliqua  d'abord  à  l'étude 


s    T    O  325 

de  là  Théologie  ,  mais  il  changea  de  defiein  en  1692  ;  il  fit  Ton  unique  occu- 
pation  de  la  Mélecine  &  reçut  le  bonnet  de  Dofteur  en  1697,  Il  exerça  fi  heu- 
reulement  ia  profeliion  à  Lubeck  ,  qu'après  avoir  été  nommé  iecond  Médecin  fti- 
pendié  en  170b  ,  on  le  fit  monter  à  la  première  place  en  1712.  On  met  la  mort 
au  premier  Avril  1718  ,  &  on  lui  attribue  dift'érens  Opufcules.  Matthias  don- 
ne les  titres  de  quelques-uns  qui  ne  préfentent  rien  d'intérefiJmt ,  &  Séguier  an- 
nonce diftérentes  Obfervations  qui  ont  été  inférées  dans  les  papiers  publics  d'Al- 
lemagne. 

STORCK,  f  Antoine  )  Docteur  de  la  Faculté  de  Médecine  en  l'Univerfité 
de  Vienne  ,  Confeiller  premier  Médecin  de  Sa  Majefté  Impériale  &  Royale 
Apoftolique  ,  Marie  -  Thérele  glorieufement  régnante  ,  Préfident  &  Directeur 
de  la  Faculté  de  Vienne ,  s'eft  fait  beaucoup  de  réputation  dans  toute  l'Europe , 
après  le  milieu  de  ce  fiecle.  Déjà  répandu  dans  la  Capitale  de  l'Autriche  par 
les  talens  &  fes  fuccès  dans  la  pratique  ,  il  avoit  mérité  l'eflime  du  célèbre 
P'an  Swiatcn  à  qui  il  a  fuccédé,  lorfqu'il  le  fit  connoître  dans  le  monde  Méde- 
cin par  fes  Ouvrages.  Ils  roulent  principalement  iur  les  remèdes  tirés  des  plantes 
vénimeufes,  qu'il  propofe  pour  la  care  des  maladies  les  plus  rebelles  à  la  méthode 
ordinaire. 

La  Ciguë  ,    la    Pomme  épîneufe  ,  la  Jufquiame  ,  l'Aconit ,  le  Colchique  d'au- 
tomne font  les    plantes    qu'il  a  foumifes  à  l'examen  le    plus  fcrupuleux  pour   en 
reconnoître    les    propriétés.    Il  a    propofé   les    expériences  au  public  avec  la  mo- 
deftie  d'un   vrai  Savant  ,  ainC    qu'avec  toute    l'attention  d'un   Médecin  obferva- 
teur ;  mais  elles  n'ont  pas  été  également  bien  reçues  de  toute  part.  Les  uns,  em- 
portés par  le  préjugé  ,    ont    d'abord  condamné   ces  remèdes   fans  vouloir  exami- 
ner les    expériences   qui  dépofoient   en   leur   faveur  ;  les  autres  ,  trop  fervilement 
attachés    aux   opinions   de    l'Auteur  ,  ont  prôné  ces    médicamens    avec   une  forte 
d'enthouiiafme  quj  ne  permet  pas  toujours    d'apprécier  les   chofes  avec  juftefie  •  la 
plupart   fe  loni  anfi  éloignés    du   but   falutaire    auquel  viloient  les  efî'orts  du  labo- 
rieux  Storck.   Ce   Médecin   ne    demandoit  que    des  expériences    faites    avec  ordre 
&  méthode,  &  qui  fulfent  capables  de  conftater  ou  d'infirmer  les   tiennes;  mais  la 
manière  ,  dont  fes  remèdes   avoient  été  reçus  par   certaines  perlbnnes  &  adminif- 
très  par  d'autres,  ne  manqua  pas  de  les  jetter  dans  une  forte  de  oifcrédit.  Ce  fut 
alors  qu'il  fe  chargea  lui-même  du  foin  de  mulriplier  les  fairs ,  &  il  en  communiqua 
bientôt  le  réfultat  au  public  dans  les  nouveaux  l'raités  qu'il    mit    au  jour.    Parmi 
les  expériences ,  dont  il  fuit  le  fil,  il   y  en  a  de  décifivesj  répétées  aiil.urs,  elles 
n'ont  pas    été  également   heureufes.    La    Ciguë ,  fur-tout ,  n'a    point  eu  de  fucccs 
briUans  d&ns  nos   Provinces  ,  malgré  !a  précaution  de  ne  fe  fervir  que  de  l'extrait 
préparé  à  Vienne.   L'Oxymel   Colchique  a   mieux  réuffi.    Mais  tels  qu'euiïent  été 
les  effets  des  dift'érens  remèdes   que    ce   Médecief  a  publiés  ,   on  doit  toujours    lui 
favoir  gré  de  tout  ce  qu'il  a  fait  pour  enrichir  la  Matière  Médicale,  &  fournir  des 
armes  contre  les  maladies   les  plus  rebelles.  C'eft  ce  qu'il  a  eu  en  vue ,  en  publiant 
les  Ouvrages  fuivans: 
Aanui  Medicus ,  quô  fijîuntur  obferyationes  drcàmorbos  acutos  &  chronkos,  F"indobon<e  . 


:S26  S    T    O 

175Q,  m-8.  II  y  rend  un  compte  exadt  des  maladies  qu'il  avoit  eu  à  traiter  dans 
l'Hôpital  confié  à  fes  Ibins.  M.  Colin  a  continué  ce  travail  utile. 

Libellas^  quô  demonjlratur  Cicutam  aoti  folàm  ufu  Interna  tutlffimè  aJhiberi ,  fed  & 
ejfc  fimul  remedium  in  muUis  morbls.  Jbidcnif  1760,  in-8.  En  François  ,  Paris  ,  1761  » 
iu'i2.  Vienne,  1751  ,  in-ia,  par  M.  Colin  ^  Médecin  de  cette  ville.  En  Allemand, 
Vienne,  1761  ,  In-S.  Dreide  ,  1762,  in-8. 

uixnm  Medlcus  fecundus ,  quô  pftuntur  obfcrvationes  circa  morbos  acutos  ç§  chronicos. 
F^indoboms  f  1761  ,  in  8.  Ce  qui  a  paru  enfuite  fur  cette  matière,  eft  dû  à  M. 
Colia  qui  a  fuivi  les  malades  de  l'Hôpital  auquel  M.  Storck  étoit  p*épofé  avant  lui. 

Libellas  fecundus  de  Clcuta.  Ibidem  ,  1761  ,   in-S. 

Supplementum  neccjfarium  de  Cicuta.  Ibidem  ,  1761  ,  in-B.  Ces  deux  Ouvfages  ont 
aufli  été  mis  en  François.  Paris  ,  1762  ,  /«-12. 

Expérimenta  &  obfervatioaes  circa  ufam  internum  Stramonii ,  Hyofclami  &  ^coniti. 
Vindoboae^  176a,  inS.  En  François ,  Paris  ,  1763  , /n-12 ,  avec  figures,  par  M.  Le 
Bègue  de  Prefle. 

Libellai  quô  dcmonftratur  Colchici  autumnalis  radicem  ,  non  folàm  tutà  pojfe  exhiberi 
hominibus  ,  fed  &  ejus  ufu  interna  curari  quandoque  morbos  dijjîcillimos.  F'indobona  , 
1763 ,  in-H.  En  Allemand  ,  Zurich  ,  1763  ,  /n-8.  En  François  par  M.  Le  Bègue 
de  Prefle.  Paris ,  1764 ,   tn-i2 ,  avec  des  additions  tirées  de  Locher  &  de  De  Hacn, 

Libellas  quô  continuantur  expérimenta  &  obfervationes  circa  fua  nova  medicamenta.  f^ia- 
dobona  ,  1765  ,  m«8. 

De  ufu  medlcô  Pulfatilla  nigricantis.  Ibidem ,  1771  ,  m-8.  En  Allemand  ,  Nurera- 
berg  ,  1771 ,  '1-8. 

Injiituta  Facultatis  Medica  F^lndobonenjîs.  f^ienna^   ^775»  '"'S. 

STORMS.  CJean  )  Voyez  STURMIUS. 

STOUGARD  (  Chriftian^  naquit  le  14  Mars  de  l'an  1600  dans  la  Sélande  , 
Ifle  de  la  Mer  Baltique  ;  fa  mère  étoit  fille  de  Jean  Paludanus  ,  premier  Méde- 
cin de  Frédéric  II ,  Roi  de  Dannemarc.  Il  fit  fon  cours  d'Humanités  à  Copen» 
hague  ,  d'où  il  pafla  à  Roftoch  &  à  Wittemberg  pour  étudier  les  Sciences  fupé- 
rieures  ;  mais  la  mort  de  fon  père  le  rappella  chez  lui  en  1630.  Ce  contrer 
tems  alloit  mettre  obftacle  à  la  continuation  de  fes  études ,  lorfqu'il  trouva  l'oc- 
cafion  ,  en  1621  ,  de  s^engager  au  fervice  d'un  Ganalhorame  ,  en  qualité  de  pré- 
cepteur de  fon  fils.  Il  s'acquitta  de  cette  commilfion  d'une  manière  qui  furpaflk 
les  efpérances  <iu'on  avoit  fondées  fur  fes  talens  plus  que  fur  fon  %e  ,  &  le 
père  de  fon  élevé  fut  fi  content  de  fes  foins  ,  qu'il  lui  fournit  généreufement 
l'argent  néceflaire  pour  aller  étudier  pendant  trois  ans  dans  les  Univerfités  étrangères. 

Stougard  fe  rendit  d'abord  à  Leyde  ,  où  il  s'appliqua  à  la  Médecine ,  ainfi  qu'aux 
autres  Sciences  qui  pouvoient  lui  être  utiles  ;  de  Leyde  il  pafla  en  Angleterre , 
&  delà  à  Paris.  Il  y  arriva  en  1624  &  fuivit  les  meilleurs  Profefieurs  ,  tels  que 
Riolan,  Charles  &  Duval  ,  juf qu'en  1626  ,  qu'il  retourna  en  Dannemarc  ,  où  il 
obtint  une  place  de  Médecin  du  Roi.  Mais  comme  il  n'étoit  pas  gradué  ,  il  fe 
fit  recevoir  Do£^eur  es  Arts  en  1627  ,  dans  l'intention  de  prendre  aufli  le  môme 
titre  en   Médecine  ;   il  en  fut  cependant   détourné  par   l'occafion  qui   fe  préfema 


s    T    R  3  '-? 

d'entreprendre  un  nouveau  voyage.  On  lui  propofa  d'accompagner  un  jeune  hom- 
me ,  nommé  Simon  fVibe ,  &  il  partit  avec  lui  pendant  le  cours  de  la  même  année 
1627.  Us  parcoururent  l'Angleterre,  la  France  &  la  Lorraine  ,  &  vinrent  terminer 
leurs  courfes  à  Strasbourg,  où  ils  s'arrêtèrent  pendant  quatre  ans.  Ce  fut  au  bout 
de  ce  terme  que  Stougard  reçut  ordre  de  venir  enfeigner  les  Mathématiques  à 
Copenhague  ;  mais  comme  il  ambitionnoit  de  remplir  cette  Chaire  avec  honneur  , 
il  paflà  à  Bâle  pour  y  perfectionner  fes  connoiffances ,  &  ne  revint  dans  fa  patrie 
qu'en  1632.  Il  y  étoit  à  peine  arrivé ,  qu'on  lui  propofa  de  voyager  avec  un  jeune 
Gentilhomme  ,  appelle  Owen  Lunge;  &  comme  ce  parti  étoit  plus  de  fon  goût  que 
celui  d'enfeigner  les  Mathématiques  ,  il  l'accepta  volontiers  &  s'embarqua  pour  la 
France  avec  ion  élevé.  Après  avoir  demeuré  pendant  deux  ans ,  tant  à  Paris 
qu'à  Saumur  5«  Angers  ,  il  le  rendit  en  1635  en  Italie  ;  mais  !a  mort  de  Lunge  ar- 
rivée à  Padoue  le  21  Février  1637,  l'obligea  de  revenir  à  Copenhague,  où  il  prit 
poiieliion  de  la  Chaire  d'Eloquence  le  if  Juillet  1639.  Enfin,  comme  Tes  études 
avoient  toujours  eu  la  Médecine  pour  objet ,  il  en  reçut  le  bonnet  de  Dodleur  le 
B  Décembre  1640.  Las  d'errer  par  le  monde  ,  il  forma  alors  le  defiein  de  vivre 
tranquillement  dans  fa  patrie  ;  mais  le  Comte  de  Woldeinar  l'en  arracha  encore 
pour  l'emmener  avec  lui  en  Ruflie.  Il  partit  de  Copenhague  en  1641  ,  pour  n'y 
plus  revenir,  car  il  mourut  à  la  fuite  de  ce  Comte  en  Janvier  1645.  Telle  a  été 
la  vie  de  Stougard.  Il  étoit  profond  dans  plus  d'une  Science  ;  mais  continuelle- 
ment diliipé  par  les  voyages,  il  n'a  laiîTeàla  poftérité  aucune  preuve  de  fon  fa  voir 

STR  ATEN  ,  (  Guillaume  V  ANDER  )  Seigneur  de  Williskoop  &  de  Kortheefwyk , 
étoit  d'Utrecht ,  où  il  naquit  en  1593  de  Jean  ,  Echevin  de  cette  ville.  La  fortune, 
que  les  biens  de  fon  père  lui  afiuroient,  ne  diminua  rien  de  fon  goût  pour  l'é- 
tude ;  il  fentit  de  bonne  heure  qu'un  riche  ignorant  eft  un  être  incommode  &  mé- 
prifable  dans  la  ibciété  où  il  ne  fait  que  végéter.  F'andcr  Straten  s'appliqua  à  dif- 
iérentes  Sciences  ,  &  fit ,  en  particulier,  tant  de  progrès  dans  la  Médecine  ,  qu'il 
obtint  la  place  de  premier  Médecin  de  fa  ville  natale  ,  &  qu'il  fut  autoî-ifé  ,  en 
1621  ,  à  enfeigner  l'Anatomie  en  Hollandois,  Mais  comme  on  fonda  une  Univer- 
fité  à  Utrecht  en  1636  ,  on  ne  manqua  pas  de  jetter  les  yeux  fur  lui  pour  rem- 
plir la  Chaire  de  Pratique  &  d'Anatomie  dans  les  nouvelles  Ecoles.  Il  s'acquitta 
de  cet  emploi  avec  tant  d'honneur ,  qu'on  le  fit  monter  ,  en  1641  ,  à  la  première 
Chaire ,  dont  il  retint  même  le  titre  &  les  émolumens  pendant  tout  le  te.ms  qu'il 
fut  attaché  au  Prince  d'Orange ,  dont  il  étoit  Médecin. 

Les  Curateurs  de  l'Univerfité  de  Leyde  l'invitèrent,  en  1648,  à  venir  occuper 
la  Chaire  de  Scrlvelius  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  cette  ville;  mais  il  pré- 
féra fa  patrie  aux  avantages  plus  confidérables  qu'on  lui  ofFroit  ailleurs.  La  Ré- 
gence d'Utrecht  fentit  toute  la  généroCté  de  fon  procédé,  &  récompcnfa  fon  at- 
tachement par  la  charge  de  Confeiller  en  1674,  &  celle  de  Député  aux  Etats 
Généraux  en  1677.  f^ander  Siraten  furvécut  à  cette  époque  jufqu'au  6  Novembre 
î68i  ,    qu'il  mourut  à  l'âge   de  88  ans.  Il  a  écrit: 

Caufs  ,  fîgna  &  medda  febrlum  ,  comprehenfa  &  propojîta  feptcm  Difputat'wnibus  in 
ylcadcmia    Traje&ina.  Traje&i  ^  1640,  m- 4. 

De  fallaci  urinarum  judiciô.  Ibidem ,  1670,  in-S,    avec  d'autres    pièces  fur    cette 
maiieie. 


J 


i8  S    T    R 


STRATON ,  Médecin  du  XXXVIII  iiecle  du  momie ,  fut  difciple  A'Erapflrate. 
11  eft  différent  d'un  autre  perfonnage  du  même  nom  ,  qui ,  au  rapport  A'Ariftote  \ 
exerça  auffi  la  Médecine. 

On  trouve  auffi  un  Straton,  Philofophe  Péripatéticicn  du  XXXVllI  fiecle ,  qui 
étoii  de  Lamplaque,  II  eut  Théophrajîc  pour  Maître  &  il  lui  fuccéda  dans  ion 
Ecole  ,•  il  fut  même  précepteur  de  Ptolomée  Philadelphe  qui  le  combla  de  bien- 
faits. Ce  Philofophe  a  écrit  quelques  Livres  concernant  la  Médecine  &  l'Hiftoire 
Naturelle,  comme  on  l'apprend  de  Diogene  de  Laërce  qui  ajoute  qu'on  diftinguoit 
ce  Stratoa  par  le  titre  de  PhyJIcien.  On  l'appelloit  ainlî,  parce  qu'il  s'étoit  entiè- 
rement attaché  à  la  recherche  des  fecrets  de  la  Nature ,  &  qu'il  avoit  en  quel- 
que forte  négligé  la  Morale  &  les  autres  parties  de  la  Philofophie.  C'eft  avec  raifon 
qu'on  lui  a  reproché  de  n'avoir  pas  reconnu  l'Auteur  de  cette  Nature  qu'il  étu- 
dioit,   &  d'avoir  fait  un  Dieu  lans  ame. 

STRATONICUS ,  Médecin  du  deuxième  Tiecle ,  étudia  fous  Sabinus ,  ancien 
Commentateur  à' Hippocrate.  Le  goût  qu'il  avoit  pris ,  à  cette  Ecole ,  pour  la  doc- 
trine du  père  de  la  Médecine,  palla  à  Galien  fon  difciple,  qui  le  fuivit  pendant 
quelque  teras  à  Pergame ,  mais  qui  ne  l'eftima  guère  du  côté   de  i'Anatomie. 

STRAUSS,  (  Laurent  )  premier  Médecin  de  la  Cour  de  Hefle-Darmftadt ,  &c 
Profefieur  de  Médecine  &  de  PhyCque  à  GiefTen  ,  étoit  natif  d'Ulm.  Il  mourut 
le  6  Avril  i68f,  âgé  de  54  ans,  &  laiflk  un  fils,  Jeait-Danid ,  qui  fe  diftingua 
itJans  la  profeflion  que  fon  père  avoit  exercée  avec  tant  de  réputation.  Les  Ouvrages 
ibivans  Ibnt  de  la  faconde  Laurent  Straufs  : 

Epiftola  de  pulvere  jympathctlco  ad  Comltcm   Dîgbteum.  Durmjîadii  ^   165I  ,  i/i-8. 

l'heatrum  J'ympathcticum.  Noriberga ,  1660,  /n-12 ,  1662,  in-4.  Il  eft  l'éditeur  & 
«n  partie  le  traducteur  de  ce  Recueil  ;  car  il  a  mis  en  Latin  bien  des  chofes  qu'il 
a  tirées  des  Auteurs  François. 

liefolutlo  obfervationis  fingularis  MuJJlpontan/e ,  fœtus  extra  uterum  in  abdomine  retenti , 
■tandemqua  lapidefcentis.  Darmftadiî  ,  i6(5i ,  1663 ,  i/1-4.  Francofurtl^  1^169 ,  in.-^.  II 
s'agiflbit  d'expliquer  le  fait  que  voici  :  une  femme  âgée  d'environ  foixante  ans , 
veuve  depuis  trente  ,  fe  piaignoit  d'un  poids  confidérable  dans  la  région  ombilicale. 
Elle  en  foufl'roit  depuis  long-tems,  loriqu'un  jour,  en  fe  levant  du  lit  ,  elle  fit  une 
chute  &  mourut.  On  l'ouvrit ,  6z  l'on  trouva  dans  l'intérieur  du  ba?-ventre  ,  au 
deffbus  de  l'ombilic,  une  maflè  charnue  &  adhérente  aux  parties  vpifmes  par  cinq 
îigamens  ;  elle  renfermoit  un  fœtus  entièrement  développé  ,   mais  pétrifié. 

Curfus  medicus  per  univerfam  Medlcinam.  Glejps ,    1663 ,  i/1-4.   C'eft  un  Recueil  de 
vingt   Difl'ertations  foutenues  fous  fa  prélidence. 
*  Conatus  jtiiiatomlcus  aliquot  Difputationibus  exhibltus.  Francofurti ,  1665,  i/1-4.  Giejfa,  • 

1666,  in-4. 

De  ovo  Gain.  Gie//^ ,  1669  ,  i/J-4.  Ce  n'eft  qu'une  Thefe  Académique. 

Exerchationes  Medlca  ad  Grcgoril  HorjUl  Compendium  Inftltutionum  Medicarum  accom- 
.wodatte.  Ibidem ,    1670,    1/1-4. 

Microcofmographia  marica  ,  Jîve  ^  humanl   corporîs  hijloria  elegiacd   carminé    exhibita. 

Xoiâem,  1679,   i/i-8.  " 

Jfasngi 


s   T   R  325 

jyjgoge  Phyjî'-^i.   Ulais ,  1684,  în-S. 

PaUjtra  MedLo  traSica.  Gicjjk,    1686,  fn-8. 

On  connoît  un  autre  Médecin  du  même  nom.  C'efl:  Jean'Chrlflophe  Straufs  qui 
naquit  à  Wittemberg  le  5  Octobre  1645.  Il  étudia  dans  la  patrie  &  àLeipfic,  prit 
le  bonnet  de  Docteur  en  Médecine  à  Utrecht  l'an  1671  ,  devint  Phyficien  de  la 
vîllé  de  Fiiedberg  en  Mifnie,  enluite  premier  Médecin  de  la  Cour  de  Saxe-Merl^ 
bourg  ,  &  mourut  le  13  Novembre  1718.  Il  a  écrit  un  Traité  imprimé  à  Leipfic 
en  1695 ,  J/i-8 ,  Tous  le  titre  de  Tliarmoi  CarolitKs ,  &  qui  a  reparu  dans  la  même 
ville  en  Allemand,  en  i6;y7  ,  in-8  ;  mais  on  n^y  trouve  rien  tur  ranalyle  de  ces 
eaux  thermales.  Tout  ce  qu'il  eo  a  dit,  le  réduit  aux  précautions  néceflaires  pour 
j'en  fervir  avec  fruit. 

STROBELBERGER ,  (  Jean-Etienne  )  de  Gratz  en  Stîrie,  vint  en  France 
«n  1613  &  pafia  à  Montpellier,  où  il  reçut  le  bonnet  de  Dofteur  en  Médecine 
Tan  1615.  De  retour  en  Allemagne,  il  s'y  Ht  connoître  fi  avantageufement ,  qu'il 
obtint  la  place  de  Médecin  Im;jérial  aux  Bains  de  Carlsbad ,  dans  le  Cercle  d'El- 
lenl)ogen  en  Eoheme.  Grand  Praticien  &  laborieux  Ecrivain,  il  partagea  Ion  tems 
entre  les  malades  &  le  cabinet,  &  fe  fit  eftimer  par  les  Ouvrages.  Voici  leurs 
titres  &  leurs  éditions: 

Gallite  Politica  Mzd'ica  Defcrlpth  ^  in  qua  de  qaalltatlhus  cjus ,  ^cadcmîls  celcbrio- 
rlbus  ,  urblbus  pnecïpuis ,  fluviîs  dis^nioribus  ,  aquîs  medicaîis  ,  fonùbus  mirab'libus  ,  plantis 
&  herbis  rarloribus  ,  aliifque  notam  dignijjîmîs  rébus  à  nemine  adhuc  pubiiciter  emijjîs , 
ingénue  dijferitur.  Jena  ,  1620 ,  t/i-12  ,  avec  le  Clypeui  fpirîtuaUs  de  Luc  Guarinl  , 
&  Y Tnfiru&io  pro  iter  agzntibus  de  Bernard  Gordon.  Le  fouds  de  cet  Ouvrage  ne 
fépond  pas  aux  promefTes  faftueufes  de  fon  titre.  II  n=y  a  que  trois  Sedions  qui 
aient  rapport  à  l'Hiftcire  Naturelle.  Dans  la  première,  on  lit  une  énumération 
fort  fuccinte  des  productions  les  plus  communes  aux  environs  de  Paris,  &  dan» 
prelque  tout  ie  P.oyaume  de  France.  La  troiiierae  renferme  une  courte  indication 
des  Fleuves  &  Rivières  ,  avec  le  lieu  de  leur  fource  ,  &  le  nom  des  principales 
villes  qiTils  baignent ,  les  Fontaines  &  Eaux  minérales  du  Roy-aume ,  leur  diflance 
de  la  ville  la  plus  voiiiae,  leurs  qualités,  &  les  maladies  contre  lefquelles  elles 
font  ou  peuvent  être  employées.  La  cinquième  eft  un  Catalogue  fort  imparfait 
des  plantes  de  la  France ,  indiquées  le  plus  Ibuvent  par  le  nom  générique  feul  , 
quelquefois  avec  le  lieu  où  elles  viennent  naturellement.  Les  defcriptions  que 
Sirobelberger  donne  de  ces  plantes,  ne  peuvent  pas  le  faire  regarder  comme  ua 
Botanifte  bien  habile.  Souvent  il  compte  au  rang  des  plantes  rares,  de»  efpeces 
fort  corhmunes;  &  il  n'en  a  pas  trouvé  de  nouvelles  dans  des  pays  où  on  en 
a  tant  reconnu  après  lui  ,  &  même  de  fon  tems.  11  paroît  avoir  pris  dans  les  Ou- 
vrages de  Mattlùas  Lobd ,  ce  qu'il  dit  des  plantes  des  Provinces  Méridionales  de 
la   France. 

Tra&atus  novus,  in  quo  de  Cocco  Baphico  6?  que  îndè  paratar  Confe&ionis  ^Ichermes 
recld  ufa  dîjferctur.  Ibidem  ,  i6ao  ,  f/1-4 ,  avec  Laurentii  Catelani  Confcclionis  appaian- 
d<&   mnhodus. 

Hljloria    Moarpelienjîs  ^  in  qua  tum  urbii  Monfpdlacat  tum  Schole  ejufdem  cdeberrl' 
TOME    jr,  T  t 


.^-,0  s    T    R 


m<e  brevis  dcfcrlptlo  ac  vitee  illvftrlum  ejnfhm  ProfeJJorum ,  guln  &  accîptèndé  îMdent 
Do&arte  ritus  &  privilégia  rcccnfentui:.  Nnrimf^ergce  ,  1625,  in-ii.  L'Auteur  pprle  très- 
honorablement  de  rUniverfité  de  Montpellier;  il  le  devoit  autant  par  jufiice  que 
par  reconnoiflknce.  Mais  on  a  fait  de  même  de  lui  dans  leDilcours  intitulé:  ^poU 
Unis  Monfpelienfîs  BiUiutheca  ,  qui  fut  prononcé  le  2  Novembre  1^65  pour  le 
Doélorat  de  M.  PeUijjlcr. 

Prceh&lonum  Monfpdimfîum  in  Monte-Pdio  publicè  habitarum  brevh  recapitulaiio.  No* 
TÎmbcrga,  1625  >  in-ii..  Ces  Leçons  roulent  en  partie  fur  le  premier  Livre  de  Ga^ 
Ika  qui  traite  De  locis  affecîis. 
■    Dijfirtationes  facdncls  de  Pefie.  Ibidem ,  1625  ,  fn-8. 

Epijlolaris  Concertatio  fuper  varlis  tant  Theurlcis  quàm  Practlcls  Quajlionibus ,  fcbrim 
malignani  feu  petediîaUm  concernentihus.  Lipjia ,  1626 ,  /n-8.  L'Auteur  &  Joaclilm  Sur- 
fer étoient    d'avis  différent  fur  la  nature   &  la  cure  de  ces  maladies. 

Publica  innmatio  de  fais  tàm  propriis ,  quàm  clients  novis  ,  cùm  Oberndorjjîams ,  tàm 
Jenlclilanis  Operibus  Medicîs  eJendis  publicandlfqie.  Norlmbergœ  ,  1626  ,  i/î-4.  Si 
l'on  en  croit  M,  de  Haller ,  les  Ouvrages  annoncés  dans  ce  Programme  n'ont 
point  paru. 

Jicmediorum  Jîngtilarlum  pro  curandis  febribus    Jntrodu&io.    Ibidem,  1626,  in-S. 

Laareanonum  Medicarum  apud  exteros  pro'^tritaru.m  ,  adversùs  obirecratores  ,  brè- 
ves  vîndida   ,  in    honovem    Sdiolce    Medicee    Monfpdienjîs    propojïtce.  Ibidem  ,    1628  ,, 

in- 8. 

Syftematica  urùverfe  Medicints    adumbrado.  Lipjïa ,   1628,  în-B. 

Maflichologla  ^  feu,  de  unlvcrfi  Maftiches  naturâ  Dijjertatio  Medica.  Ibidem,  1628, 
?n-8.  11  s'eft  plus  attaché  à  rénumération  des  formules  dans  lefquelles  on  a  fait  en- 
trer  le  Maftic  ,  qu'à  l'analyfe  de  cette  Gomme-Réfme  &  à  la  .defcription  du  Len- 
îifque  d'où  elle  découle. 

£revijfima  manuducilu  ad  curandos  puériles   affè&us.  Lipjia ,  \62g  ,  in-8. 

De  dentium  podagrâ  feu  poùùs  odontagrâ  ,  doloreve  deaiiuin  Tra&atus  ahfoluiîjfmus. 
Ibidem^  1630,  1657,  in-'o. 

STR.OM  C  Chriftian  )    enféigna  la    Médecine    dans    les    Ecoles   de    l'Univer- 
fité    d'IIarderwick   au   commencement  de  ce  liec/e.    Grand   partifan  du  Méchanif- 
me  ,  il   le   foulint    contre    ceux   qui    condamnoient   la   doctrine  de  Pitcairn  &  de 
Jioerhaave.  1!  n'eft  rien   qu'il  ne  fafie  pour  faire  valoir  le  fyftdme  qui  dominoit   de 
fon    tems  dans  les   Académies  Holiandoifes  ;  il   remonte  jufqu'à  Hippocrate,  &  pré- 
tend que   ce  Perc  de  la  Médecine  n'a  tant   recommandé  l'étude  de  la  Géométrie 
à  Thcjfalus,  foo  fils,  que  par  la  raifon   qu'il  avoit  fenti  toute  l'importance  des  prin- 
cipes  méchaniques   dans  la    cure  des   maladies.   Cependant    Hïppnciate  n'a  jamais 
plus    brillé    que   par   l'obfervalion  de  la    Nature  ,  &   fes  Ecrits  font  preuve  qu'ir 
s'eft  prefque  toujours  borné  à  l'étudier.  Plus    hardis    que    lui  du   côté    du   raifon- 
nement  ,  différcns  Profefleurs  de  ce  ficelé  fe  font  mis  au  defilis    de  la   Nature  ;  il$- 
luii  ont    tracé  la    marche    qu'elle     devoir-  iuivrc.   Mais   Sirom    n'a    point   donné 
dan«  ces  écarts.  Pcrluadc  delà  nécellité  de  Toblcrvation  ,  il  s'y  efl  appliqué,-  tout 
ce  qu'il    a  fait  de   plus  ,,  c'eft  de   chercher,  à  rendre  raifon  des  faits,  &  il  paroîtr 
y  avoir  réuiii  dans  les   Ouvrages  fuivans: 


s    T    R.  ^^  S3I 

Radociniorum  mechaaiccrum  ia  Medklna  ufus  vîndicatus.  Lus,duni  Batavorum ,  ij^of , 
ln-8. 

Kaya  Theoria  moiuuin  reciprocorum  machine  anlmaîis  ,  ex  partium  organicaruoi 
JlruEiarà    &  proprietatibus  ,  juxia    aternas    motuum  legcs  dcduSa,  ^mfldodami ,  1707, 

iA-8. 

STROMER,  fHenri^  natif  d'Aurbach  en  Mifnie,  fut  reçu  Doreur  en  Mé- 
decine à  Leiplic  au  commencement  du  XVI  Gecle.  Ses  fuccès  dans  la  pratique 
lui  méritèrent  l'eRime  de  George,  Duc  de  Saxe,  qui  le  combla  de  bienfaits  ; 
&  la  variété  de  fes  connoifTances  le  mit  ii  bien  dans  i'efprit  d'Erafms  ,  que  ce  Sa- 
vant lui  accorda  l'on  amitié    &  lia  un  commerce  de  lettres  avec  lui. 

Stroner  vouloit  de  la  gaieté  dans  fes  malades  &  ne  négligeoit  rien  pour  la  leur 
ÎDfpirer.  Il  difoit  fouveni  que  depuis  quarante  ans  qu'il  faifoit  la  Médecine  ,  il  avoit 
obleryé  que  la  trifîeffe  avoit  emporté  plus  de  gens  ,  que  toutes  les  efpeces  de 
morts  violentes  enlemble.  Convaincu  de  la  vérité  des  principes  qu'il  infinuoit 
aux  autres  ,  il  vécut  gaiement  ,  &  mourut  de  même  vers  l'an  1542.  On  a 
de  lui  : 

Salubcrrima  advenus  Peftilentiam  Obfcrvat'wnes,  Mogum'ue  ,  15 17  5  ii^à.  Lipjia  « 
15 19,  in  .4. 

Décréta    Medica  de  ebrlaate.   Lip(Σ  ^  1531  ,  in-^. 

Décréta  M^dica  de  fenectute.   Noriberga  ,  1537  ,  i/1.4. 

STRUTHIUS  ,  (  Jofeph  )  de  Pofnanie ,  ville  de  la  Grande  Pologne  ,  naquit  en 
1510.  11  étudia  la  Médecine  dans  les  Ecoles  de  Padoue  ,  &  après  y  avoir  recules 
honneurs  du  Doctorat,  il  fut  nommé  à  une  des  Chaires  delà  Faculté,  qu'il  rem- 
plit avec  diffinétion  jufqu'p.u  tems  qu'il  retourna  en  Pologne  ,  où  il  fut  élevé  à  la 
charge  de  premier  Âlédecin  du  Roi  Sigifmond  II.  Il  mourut  au  fervice  de  ce  Prin- 
ce en  156B,  à  fàge  de  58  ?.ns.  A  l'exemple  de  tant  d'Hommes  de  Lettres  de  foo 
liecle-,  il  a  changé  fon  nom  Polonois  en  celui  de  Struthius  qui  eft  tiré  du  mot  Grec, 
qui  fignifie  tout  ce    qui   a  rapport  au   moiaeau. 

On  a  de  lui  une  Traduiflion  Latine  des  Pronoftics  de  Gaiun  qui  parut  à  Lyon 
en  1550  ,  iVi-B ,  &  quelques  autres  Traités  d'anciens  Médecins  Grecs  qu'il  a  égale- 
ment mis  en  Latin  ;  mais  fon  principal  Ouvrage  eft  fur  le  pouls.  Il  lui  mérita  les 
plus  grands  applaudiflèmcns  delà  part  des  Profifleurs  de  l'UniverOté  de  Padoue, 
lorfqu'il  le  publia  dans  cette  ville  en  1540.  Ceux  qu'il  reçut  du  public  ne  furent 
pas  moindres ,  car  i'empreflemjnt  à  fe  procurer  ce  Traité  alla  à  un  tel  point  , 
qu'on  en  vendit  Bca  exemplaires  en  un  feul  jour.  Voici  le  titre  fous  lequel  cet 
OuvTage  fut  imprimé  à  Bàle  : 

^rs  fphygmica^  feu,  Pulfuum  do^rina  fupra  1200  annos  perdita  &  dejidcrata  ,  omni- 
bus taimn  Medicinam  cum  nominls  ceUbrUùu ,  maxiii.âque  utilitate  faccre  volent'bus  fu-n- 
mè  neccJJ'aria,  Libris  quinque  confcripta.  BujiiciS  ^  ^540,  //1-12,  Ibidem^  1602,  /n-8  , 
avec  le  Traité  De  Pdfibas  âe  Jérôme  Capivaccio ,  ii  celui  de  Gafpar  Baukin,  qui 
efl  iatitulé  :  Iniroducfb  puljauin  fynopjîm  coatincas. 


-^-1  s    T    U 

STUBBE  ou  STRUBBE  (  Henri  )  vint  au  inonde    le  a8  Février    1631   (Jans 
un    village  nommé  Partney ,  dans  le    Comté    de  Lincoln   en    Angleterre.   Il   étoif 
IWaî  re  ès-Arrs  depuis  le  i-^  Décembre   1^56,  lorlqu'il  fut  promu  ,  l'année  luivante, 
à  la  chîirge  de  fyus-Bibliothécaire  de  Bodley  à  Oxford  ;    mais  il    en   fut   privé    au 
bout  de  trois  ans  d'exercice;  on  le  déclara  môme  déchu  de  fa  qualité   de  IVIembre 
du  Collège  de  Chrift  dans  l'Univerfité   de  cette    ville.    Se  voyant   fan?  emploi  ,  il 
palTa  à  Staford  ,  où  il  fe  mit  à  pratiquer  la  Médecine.  Il  ne  s'y    arrêt**  guère  ;  car. 
peu  de  tcm^  après  le   rappel  du   Roi    Charles  II  en  1660 ,  il  s'embarqua  pour    la 
Jamaïque,  fit  la  Médecine  dans  celte  Ifle  avec  affez  de  fuccès,  &  ne  fnngea  à  re- 
venir en  Angleterre  qu'en  1665.    Dès  qu'il  y  fut  arrivé  ,    il  alla   s'établir  à  War- 
wick  ,  où  il  continua  d'exercer  fa   profeffion.  Il   avoit    tout    ce  qu'il  falloit  pour   y 
réulîir.  Il  pofl'édoit  les  Langues  Latine  &  Grecque  ,•  il  étoit  favant  en  Botanique  , 
en  Anatomie  &    en  Chymie  ;  ôz  comme  il  avoit  la    mémoire   heureufe ,    il  favoit 
profiter  des  obfervations  que  lui  ou  d'autres  avoieat  faites,  en    le  les  rappellant  à 
propos  dans  le  cours  de  fa  pratique.  Mais  tout  eftimable  qu'il  fût  du    côté    de   ces 
talens  ,  il  fe  fit  mépr.fer  d'ailleurs ,  parce  qu'il   manqua  de  la  qualité  la  plus  eflen^ 
tielle  à  un   homme  public.    Sans    prudence   &   fans  réHexion  ,    il   donna   dans   tant 
d'éciirts,  que  là  conduite  dans    le  monde    ne  fut  qu'un   tiflu   de    Ibttifes.    Il    périt 
«iférabkment  le   12  Juillet  1676.  Comme  il  alloit  à  cheval  voir  un  malade  pendant 
la  nuit  ,  il  fe  noya  dans  une  rivière  qu'il    voulut    traverfer. 

Ce  Médecin  a  beaucoup  écrit,  mais  toujours  en  Anglois.  Ses  Ouvrages  conlif- 
tent  en  pluiieurs  pièces  contre  la  Société  Royale  de  Londres,  en  Traités  lur  la 
faignée  ,  fur  la  Cofmétique ,  fur  le  Chocolat ,  fur  l'état  politique  &  eccléCaftique 
de  l'Angleterre,. 

STULL,  CJean  )  dé  Grandmont  en  Flandre,  étudia  la  Médecine  à  Louvain, 
où  il  prit  fes  degrés  vers  le  commencement  du  XVII  fiecle.  Il  exerça  à  Courtray, 
&  ne  tarda  pas    a  rendre  compte    au    public    de    la   méthode    curative    qu'il     avoit: 
adoptée;  c'eit  dans  le  Traité  iuivant   qu'on  la  trouve; 

Medndi  pra^tica  gcncralis  in  très  fiifclculos  contracia.  Antvcrpîce ^  1606,  In-I1.  UrfeU 
Zii,,i6o6,  in-ib  ,  fous  le  titre  de  Metliodus   Praxeos   Medica.. 

STUPPAN  f  Jean  Nicolas  )  étoit  de  Pontrafm  au  Pays  des  Grifons ,  où  il  na- 
quit le  II  Décembre  1542.  Il  fut  envoyé  à  Bfile  à  l'âge  de  quinze  ans,  &  il  y 
fit  tant  de  progrès  dans  fes  études,  qu'ayant  entrepris  celle  de  la  Médecine,  il 
mérita  le  bonnet  de  Dodieur  qu'il  reçut  des  mains  de  Théodore  Zwîn^er  en  1569. 
Ses  talens  le  firent  fouhaiter  dans  l'Univerfité  de  Bâle  ,  on  l'y  retint  Ibus  la  pro- 
melfe  de  le  placer  à  la  première  occaiion  ,  &  l'on  ne  manqua  pas  de  lui  tenir 
parole.  Il  fuccéda,  en  1575,  it  Jean  Hofplnlcn  dans  la  Chaire  de  Loeiqoe  ,  &  en 
ij^gg  à  Zwin^er  lui-même  dans  celle  de  '^-'^édecine.  La  manière,  dont  il  les  rem- 
plit, lui  fit  honneur;  il  étoit  encore  tifilaire  de  la  dernière,  lorlqu'il  mourut  à 
Bâle.  le  II,  Août  1621  ,  à  l'aie  de  7c)  ans.  On  a  de  lui  une  tradudion  Latine  de 
THiftoire  de  Naples  que  Pandulphe  Colleaucie  avdt  publiée  en  Italien  ,  &  pluli&urs- 
autres  fur  diflérens  fujets.  Quant  à  la    Médecine,,''  a  écrit.- 

F.aites  curporis  humani  cQm£çadiQiè   enurrata,  jBajik<s  tiùoi-,  J/i-4, 


s    T    U 


00-1 


Prolegomena  Mcdica  de  Midklne  prajîantîâ ,  cert'uudine ,  Medlcorum  fe&ts  &c.    Ibb- 
dtin  ,  1608,  i'J-4. 

Medicina  Thoirica  ex    Hippocratis  &  Galeni  Phyjîologicis ,  Pathologicis  &  Sitmïoticli 
L'ibris  coRtracia.    Ibidem  ,  1614  ,  m-8. 

Praloguiuin  pro  Hippocratka   Medicina.  Ibidem ,  1620  ,  fn-4. 

£'pijtd£  Afedicis.  On  les  trouve  dans  la  Cijia  Medica    de  Hornung  y  qui  fut  impri- 
mée à   Nuremberg  en    1625  ,  /n-4. 

Emmanuel  Siuppan  ,  fon  hls ,  naquit  à  Bâle  en  1587.  Il  étudia  d'abord  la  Philo» 
Ibphie  dans  la  maifon  paternelle  ,  mais  pour  profiter  des  avantages  de  l'enfei- 
gnement  public,  lupérieurs  à  tous  égards  à  ceux  qu'on  retire  des  Leçons  privées,, 
il  se  tarda  point  à  fe  rendre  à  Genève ,  où  il  fit  ion  cours  fous  Colladon.  &  Gaf 
par  Laurent.  L'exemple  de  Ion  père  le  décida  enfuite  pour  la  Médecine  ,  6e 
après  avoir  fuivi  les  Protiefieurs  des  plus  célèbres  Univerfités  d'Allemagne  &  d'I- 
talie ,  il  revint  à  Bâle,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Doctorat  en  i6£3.  Comme 
les  infirmités  de  ion  père  ne  lui  pcrmettoient  prefaue  plus  de  monter  en  Chai- 
re ,  il  fut  chargé  d'en  remplir  les  devoirs  peu  de  tems  après  la  promotion  ,  &  il 
mérita  de  lui  luccéder  en  1621.  La  Faculté  de  Bâle  le  poiïeda  pendant  un  long 
cours  d'années  ,  car  il  étoit  dans  la  436.  de  fon  Profefibrar,  lorlqu'il  mourut  le  "O 
Janvier  1664.  l\  a  publié  le  Lexicon  Miàfcum  de  Cajhllus  avec  des  augmenta- 
tions,  le  Syjlema  uiriis  Mediclnalis  de  Rwlan  avec  quelques  correcTions,  &  les 
Jnjiicutioncs  Mcdica  de  Léonard  Fuch  avec  des  augmentaiions  &  des  corre6^ions. 
On  a  ,  de  fa  façon  ,  une  Oraifon  Latine  fur  la  mort  de  Gafpar  Bauhin ,  &  un 
Traité   intitulé  : 

yerè    aureorum    ^phorifmorum    Hippocratis      enarrationes    cf  commentaria.    Bafîka  ,, 
161 5 ,  :/i-8. 

Il  y   a   apparence    qu'-r^itto/ne   Stuppan  ,   Médecin    natif   du   Pays   dés    Grifons  , 
étoit   de  la  même  famille.   11  mourut   de  la  pefie   à  Bâle  en   Hî^i-   Le    Difpenfaire 
de   Nicolas    Myrepjas  publié  à   Lyon  en  154'^  ,  Zn-4 ,   eft    enrichi  de  quelques  addi- 
tions  de    la  main  de  Stuppan.   Suivant   Lipenius  ,  cet   Ouvrage  reparut  à  Bâle  en^ 
1614  -  //1-8. 

STURIE,  C Renaud  )  Médecit»  du  XV  fiecle  ,  étoit  de  SoifFons.  Il  mérita 
Veftime  de  les  contemporains  par  icstalens,  il  lailfa  même  à  la  poftérité  des  Ouvra- 
ges qui  prouvent  qu'ils  ne  la  lui  avoiem  point  accordée  fans  railon.  On  remarque 
principalement  fon  Traité  contre  les  athées,  &  il  eft  bien  du  reffort  de  la  Médecine 
de  combattre  leur  incrédulité  ;  car  il  eft  impolTible  d'étudier  la  Nature,  fans  être 
frappé  de  toutes  les  merveilles  qui  annoncent  un  Dieu  créateur.  On  remarque  en- 
core  les  Paraphrafes  Poétiques  que  Sturk  a  publiées  lur  les  Aphorifmes  d'Hippo- 
cratt ,  fous  ce  titre  .• 

Jn  feptem  Libros  ^'tphorifmorum  Hippocratis  Paraphrajîs  Poëtica.,  ad  illorum  memonani- 
fummè  uilUs.  Lu^duni ,  1583 ,  in  8.  Ibidem  ,  1619 ,  in-16. 

STURM,  f  Jean  Chriftophe  J)  favant  Mathématicien,  étoit  d'IIippolftcin  ,  où 
il  viat  au  monde  le  3'  Novembre  1635.  U  fit  pendant  cinq:  ans  le»   fdndions- 


S34  S    T    U 

de  Minière ,  &  devint  enruite  Profcfleur  de  Phyfique  -&  de  Mathématique  à  Al- 
torf  ,  où  il  mourut  le  a6  Décembre  ij?o3  ,  3gé  de  68  ans.  11  a  compolé  plufieurs 
Difi'ertations  Académiques  (ur  des  fajets  qui  ont  beaucoup  de  rapport  à  la  Mé- 
decine; comme,  fur  rinluffilànce  des  principes  chymiques  pour  expliquer  les  phé- 
nomenes  de  la  Nature  ,  fur  la  transfuiion  du  lang  ,  lur  la  refpiration  ,  5*c.  Ses 
autres  Ouvrages  regardent  ,  à  la  vérité  ,  moins  directement  la  Médecine  ;  on 
peut  cependant  les  mettre  au  rang  de  ceux  qui  ont  contriDué  aux  progrès  ce  celte 
Science.  Voici  leurs  titres: 

Colkgium  expérimentale  curiofum ,  in  quo  primaria  hujus  ftecull  inventa  &  expérimenta 
Pbyjîco'Mathemalica  recenjlntur.  Nnrimbergss  ,  1676 ,  16B5  ,  1701  ,  £«-4.  Il  y  parle  de 
la  Chambre  obfcure,  delà  Machine  pneumatique,  des  Baromètres,  Thermomètres, 
Télelcopes  ,  Microlcopcs  ,  &c  ;  &  à  l'occalion  de  ces  derniers ,  ii  donne  une 
Théorie  de  la  vlfion,  qui  cfl:  affez    bonne. 

Upiftola  de  veritate  propojitionum  in  Juannis  ^Jphonjï  BoreUi  Librum  primum  de  motu 
animalium.  Ibidem  ^  16B4  ,  i/2-4  ,  dans  V  Appendix  à  la  léconde  année  des  Mémoires  de 
TAcadcmie  des  Curieux  de  la   Nature. 

Phyfica  elecilca  five  kypothetica.  uihorffii  ,  1686  ,  i6g8 ,   ij^'^o  ,    deux    volumes  m-4. 
Norimbergic ,  1697 ,  i«-4  ,  avec  une  Préface  de  la    façon  de  Chrétien  Wolf.  L'Auteur 
de    cet    Ouvrage    paiTe    non  feulement  en  revue  toutes  les   opinions   anciennes  âe 
modernes  ,  mais  il  donne  fou  jugement  fur  ce    qu'elles    valent. 
Phyficts  concUiatricis   commina.  Norimbcrga ,  1687,  in-ii. 

Pralectlones  cuntra  ^ftrolo^ics  divinatricis  vanitatem.  Lippe  ,  1722  ,  £«-4 ,  deux  vo» 
lûmes.  C'eft   aux  foins  de   David  ^Igoiver  qu'on  doit  cette   édition. 

Mathciîs  favenllis^  en  deux  gros  volumes  m-S.  Son  deiiein,  dans  ce  dernier  Ou- 
vrage ,  fut  d'introduire  l'étude  des  Mathématiques  dans  les  Collèges. 

Maurice- Ejchairc  Sturnt  ^  fon  fils,  naquit  à  Altorf  le  28  Mai  1676.  I!  étudia  la 
Médecine  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  cette  ville,  où  il  reçut  le  bonnet  de 
Doéleur  en  ifco,  &  s'attacha  eniuite  au  Comte  Louis-Ferdinand  Mariigli  qu"*il 
accompagna  en  Hongrie  ,  en  qualité  de  Botanifte,  A  fon  retour  en  Allemagne  , 
il  fut  nommé  Phyticien  ordinaire  de  la  viile  de  Bibcrach  en  Souabe ,  &  il  y  fit  la 
Médecine  avec  diftinftion.  On  a  de  lui  ; 

Oratio  de  Lingua  Gr^eca  in  Jîudio  mcJico  utilitate  &  necejjhate  ^horffii ,  1695,  i/i-4, 
en  Grec  &  en  Latin. 

STUÎ^M  ,  (  Louise  de  Weimar  dans  la  Thuringe  ,  prit  le  bonnet  dr.ns  la  Fa- 
culté de  Médecine  de  Padoue  ,  &  vint  emeigoer  cette  vScieace  dans  celle  de  Jcne,  où 
il  monta  en  Chaire  le  24  Mai  1567.  I!  diipnrut  brufqucment  peu  de  tems  après ,  & 
il  alla  mourir  à  Meisbourg  dan?  la    Miiiiie. 

Les  Bibliographes  citent  plufieurs  autres  Médecins  de  ce  nom  ,  comme  Roland 
Sturm  ou  Sto'rms  natif  de  Louvain.  Un  Ouvrage  de  fa  façon  imprimé  à  Bologne, 
en  1636  ,  in-'o ,  fou.s  le  titre  A' Hippocr atico  -  Hermeticnlogia  ,  JIvc  ,  Dialogus  inter  Hip- 
pocraticam  &  Hcrmeticum ,  porte  à  croire  qu'il  étoit  alors  en  Italie.  Mais  on  le  re- 
trouve eniuite  dans  ks  Pays-Bas,  &  ce  fut-ià  qu'il  compofa  une  Apologie  du  Quin- 
quina contre  Chl^iet  in  P Icmpius  ,  poor  foutenif  l'opinion  à'Ihnoré  Fabri  fur  les  ver- 
tus   admirables  de   cette  écorce.    L'édition  d'Anvers,  I6^9 ,  i/1-12,  a    paru   lous 


u 


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le  titre  dé  PHnâlcle  pulvtrh  fcbrlfugî  7':ruvlanî  compleSfentes  ejus  hl/lorlam  ,- vires  ac 
proprîctaiesy  &  celle  de  La  Haye,  1681,  rr.cme  Ibrmat,  Ibus  celui  de  Dejcripth 
Conlcis  China  CU'uke, 

STtJRM,  C  Samuel  )  de  Luccan ,  v'ile  capitale  de  laHa/Te  Lufsce,  abandonna 
l'étude  de  la  'l'hcologie  pour  s'aopliqucr  à  ia  Médecine  ,  dont  il  prit  le  degré  de 
Licence  à  Jetle  en  1654.  Sa  ville  natale  fut  ccMe  qu'il  choifit  pour  y  Faire  fa 
profelîion.  11  l'exerça  ci'  'ne  manière  fi  diftinguée  ,  qu'il  fjt  nommé  Phyficien  de 
la  Hîîfle  Luface,  &  qu'il  devint  encore  le  Médecin  de  toute  la  Nobieffe  de  cette 
Province.  Il  mourut  en  168B.  Ses  Ouvrages  confiftcnt  en  pîufieurs  pièces  d'Elo» 
queace,  de  Poéiie,  d'Hiftoire,  de  Politique  ,  &  les  fuivantes  de  iVlédecinc: 

Difcurfds  \fedicus  de  Mcdicis  non  Midlcis ,  in  faluteni  pericUtamis  proximi  fcriplus.  TP^U* 
tcbcrgis  ,  1663  ,  in-4 ,  avec  une  Lettre  de  Jean  Danid  Mopr ,  qui  eft  intitulée  :  Dt  ora- 
culis  Medidncs  ergà  qiusiitis ,  ff  votivis  convaUfcenilum  Tabdlh.  Le  Dilcours  de  Sturm 
a  pour  objet  les  maiheurs  qui  réfultent  de  la  cotifiance  aveugle  du  public  aux 
charlatans. 

Mifcdlanea  McdicO'Chirurgîca ,  pra£lica  &  forenjla.  Opus  pojUiumum  à  Gotd.  Buda$ 
editiim. 

STURM  ,  C  Jean  )  favant  Phiîofophe  &  Médecin  du  XVÎ  ficoîc ,  étoit  de 
Slcida  dans  rEjfel  pics  de  Cologne,  où  il  naquit  Je  premier  jour  du  mois  d'Oélobre 
1507.  Après  avoir  fait  fes  premières  études  dans  fon  pays  av^ec  le  fils  du  Comte 
de  Manderlchcid ,  dont  ion  père  étoit  Receveur,  il  palFa  à  Licge  6«  delà  à  Lou- 
vaia  en  1524.  Son  iéjour  dans  cette  dernière  viHe  fut  de  cinq  ans.  Comme  il  en- 
tendoit  fort  bien  le  Grec,  Budger  yie/duî  ,  Pr<ifeiTeur  de  cette  Langue,  l'aJfocia 
à  rétabliflement  de  rimprimcrie ,  d'où  font  fortis  les  Ouvrages  de  plufieurs  Au- 
teurs qui  ont  écrit  dans  ia  même  Langue.  De  Louvain,  Siurm  fe  rendit  à  Paris 
ca  1529.  Sa  réputation  l'avoit  précédé  dans  cette  Capitale,  &  il  n'y  fut  pas 
plutôt  arrivé,  qu'on  l'engagea  à  ihire  des  leçons  publiques  fur  les  meilleurs  Ecri- 
vains Grecs  &  Latins,  ainii  que,  .fur  la  Logique.  11  accepta  cette  commifîion  & 
S'en  «cquitta  avec  tant  de  méthode  &  de  prufondeur ,  que  les  plus  grands  Hom- 
mes de  ce  tems-là  ne  purent  lui  refufer  leur  eftime.  Mais  comme  il  avoit  depuis 
long-rems  du  goût  pour  la  Médecine,  il  profita  de  fon  fôjour  à  Paris  pour  s'en 
iuftruire,  &  il  alla  enfuite  demander  le  bonnet  de  Docteur  en  cette  Science  dans 
quelque  autre  Univerfiré.  De  rerour  à  Paris,  il  fe  déclara  fi  ouvertement  pour  les 
nouvelles  héréfie.';,  qu'après  avoir  couru  de  grands  dangers,  il  prit  le  parti  de  fe 
retirer  à  Strasbourg ,  pour  y  remplir  la  Chaire  que  la  Régence  de  cette  ville  lui 
avoit  fait  préfenter.  U  y  ouvrit  une  Ecole  qui  devint  fi  célèbre  ,  qu'il  obtint  d« 
l'Empereur    MajJip.iJien  II  qu'elle  pr?t  le  titre  d'Académie    en   15615. 

Starm  entendoit  bien  ks  Humanités ,  écrivoit  purement  en  Latin  &  enfeignoit 
avec  beaccoup  de  n:éthode.  Ce  fut  principalemect  par  ces  talens  qu'il  fe  difiin- 
gua;  car  on  ne  voit  pas  qu'il  ait  bri'lé  daos  la  Médecine.  On  le  nomma  Redleur 
du  Collège  de  Strasbourg  qu'il  rendit  le  plus  flcriffant  de  l'Allemagne;  on  le 
chargea  de  plv.ficurs  députations  im'ionantes  ,  dont  il  s'acquitta  avec  honneur;  mais 
les  Miûiarcs  Luthériens  furent  bientôt  jaloux  de   la  gloire;  ils  l'accuferent  d'avoif 


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abandonné  le  Luthéranifme  pour  embrafll-r  Je  Calvinifme ,  &  réulîîrent  enfin  à  lui 
faire  ôtcr  fa  charge.  Stann  lupporta  cette  difgrace  avec  beaucoup  de  courage  ; 
&  lorlqu'il  perdit  encore  la  vue,  il  ne  montra  pas  moins  de  force,  quoique  cette 
privation  dût  être  bien  affligeante  pour  un  Homme  de  Lettres.  Il  mourut  à  Straf- 
bourg  le  3  Mars  1589,  âgé  de  82  ans,  &  ne  laifia  aucun  enfant  de  l'une  ni  de 
l'autre  de  les  femmes.  Il  s'étoit  marié  en  premières  noces  à  Paris  avec  Jeanne 
Pondère  y  en  fécondes  à  Strasbourg  avec  Murguirite  JVigand  ^  &  en  trniOemes  dan» 
la  même  ville  avec  EUfabeth  d'Holienburg  qui  lui  iurvécut.  Ce  Médecin  Littéra- 
teur a  écrit  plufieurs  (3uvrages  fur  la  Dialectique ,  fur  la  Langue  Latine ,  fur 
l'Eloquence,  des  Commentaires  fur  Efchine  ,  fur  Démcithece,  fur  Cicéron,  fur 
Horace ,  &  U  a  procuré  une  édition  complette  des  Œuvres  de  Galien. ,  qui  parut 
à  Uâle  en  153 1,  in- folio. 

STURM lus  autrement  STORMS  (  Jean  J  naquit  à  Malines  le  ag  Août  1559. 
Après  fon  cours  d'Humanités,  il  pafla  au  Collège  du  Lis  àLouvain,  où  il  é.'-udia 
la  Philolophie;  il  s'appliqua  enfuite  à  la  Médecine  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté 
de  la  même  ville,  &  il  y  prit  le  degré  de  Licence.  A  ce  titre  ,  il  fut  admis  au 
Confeil  de  i'Univerfué  le  f  Février  1591  ;  il  étoit  alors,  ou  il  devint  très-peu  de 
tems  après  ,  Profeiieur  de  Philofophie  au  Lis ,  &  vers  l'an  1593  ,  il  joignit  à  cette 
charge  celle  de  Régent  ou  Principal  du  même  Collège.  Comme  Sturmius  n'avoit 
point  perdu  la  Médecine  de  vue ,  il  le  préienta  au  Doctorat  pendant  le  cours  de 
l'année  1593,  &  il  obtint  le  bonnet  le  9  de  Novembre.  Bientôt  après,  il  fut  nommé 
à  la  Chaire  Royale  des  Mathématiques  qui  vaquoit  par  la  démiiîion  d'Adrien  Romain. 
Vers  1606,  il  abandonna  la  Régence  du  Lis,  à  caufe  de  fon  mariage  avec  Fran- 
çoifi  van  Thiencn ^  dont  il  n'eut  qu'une  fille,  nommét;  Catherine.  Mais  ayant  perdu 
la  femme  en  1619,  il  erabraiic  l'état  eccléfiaftique ,  &  au  mois  de  Mars  1612,  il 
fut  pourvu  d'un  Canonicat  dans  la  Métropole  de  Cambray ,  qu'il  réfigna  fous  pen- 
fjon  à  Jacques  de  la  Rille.  Ea  1634,  il  obliat  une  Chaire  ordinaire  de  Médecine, 
à  laqjelle  ell  attachée  une  prébende  cîu  fécond  rang  dans  la  Collégiale  de  Saint 
Pierre,  &  il  confcrva  cette  place  jufqu'à  l'a  mort  arrivée  le  9  Mars  1650,  dans 
la  91  *•  année  de  Ion  âge. 

Starmias  étoit  un  homme  d'un  erprit  extrêmement  vif.  Il  fut  tel  jufqu'à  la  fin 
de  fa  vie,  mais  d'ailleurs  ail'abie  ,  modeite  ,  d'une  franchile  honncte  &  d'une  droi. 
rure  à  toute  épreuve.  Je  ne  lais ,  dit  M.  Paquet  dans  fes  Mémoires ,  s'il  s'appliqua 
beaucoup  à  la  Médecine.  Il  çft.sûr  qu'il  s'imufa  long-tems  à  faire  des  V^ers  Latins 
fur  tous  les  lujcts  qui  fe  préîentoieat  à  fou  efprit ,  &  qu'il  s'en  fit  une  habitude 
li  forte,  qu'il  répondoit  fouvent  en  Vers  â  ceux  qui  lui  parloicnt;  mais  s'il  fe  dif- 
tingua,  dit  le  même  Ecrivain  ,  par  la  qualité  de  Verlificuteur ,  il  n'atteignit  jamais 
à  celle  "de  Poëte. 

On  ne  connoît  que  deux  Ouvrages  de  la  façon  de  Sturmius  qui  aient  quelque 
rapport  à  la  Médecine.  Tels  font  : 

De  Kofa  Hievichumina  Liber  unus ,  in  quo  de  ejus  natura  ,  proprUtatibus ,  monbm  & 
caulîs  dljjeritur.  Luvwiii  ,  1607  ,  i«-i2.  La  prétendue  Rofe  de  Jcrico  cft  une  Ibrte 
de  Thlafpi  qui  croît  dans  l'Arabie  déferte  ,  aux  Ueux  fabloaneux,  aux  rivages  de  la 
Mer  rouge ,  d'où  elle  nous  cft  apportée  Icche.  Quoiqu'on  l'ait  appcliée  Rofc  de  Jé- 

rlco  > 


s    T    U         s    U    E  r,',? 

TTico ,  elle  n^efl    point  une   Rore  ,  &  l'on  n'en  trouve  point  autour  de  Jérico.  Pen- 
dant  que  cette  plante  eft  encore  en  vigueur  fur  la   terre,   elle    paroît  en  bjuquet; 
mais  à  mefure  qu'elle  fe  feche ,  les  rameaux  s'entrelacent  les  uns   dans  les  autres,  & 
les  extrémités  le  courbant  en  dedans  ,  fe   réuniflënt  à  un  centre  commun  &  com- 
poiènt  une   efpece  de  petit  globe  ,  que  les  Charlatans  font   accroire  au    public  ne 
devoir  s'ouvrir  que  le   jour   de  Noël.  Ils  la   vendent   aufli  aux   femmes  enceintes  , 
en  leur  prédii'ant  que  fi  elles  mettent   cette  Rofe  tremper  quelque  tems  dans  l'eau  , 
pendant  les  douleurs  de  l'accouchement  ,  elles  verront  alors  fes  rameaux  s'écarter 
peu-à-peu,   s'épanouir,  &  les  fleurs  paroître  ,  ce  qui  les  foulagera  beaucoup  dan^ 
leur  travail.  Mais  en  quelque  tems  que  l'on  humede  cette  plante  ,  foit  homme  ,  foit 
femme ,  foit  fille ,  la  Rofe  de  Jérico  produira  le  même  phénomène  ,•  &  dès  qu'on  la  retire- 
ra de  l'eau  ,  elle  fe  féchera&  fe  retèrmera  comme  auparavant.  Cette   plante  vaut 
mieux  pour  marquer  les  variations  de  l'air  ,  que  pour   annoncer   la  fin  du  travail  de 
l'accouchement.   C'eft   un  vrai    Hygromètre.    Quand  le  tems  eft  lec ,   la  prétendue 
Rofe  fe  reJTerre  ;  &  à  l'approche  du  tems  pluvieux,  elle  fe  gonfle   &  fe  développe. 
Theoremata    Phyjîces  jivc    Philofophi<e    JS'aturalis ,  verfu  heroïcô   dcfcripta  &  brcvibus 
fcholi.s   illuftrata.   Lovanii ,  i6l0,//i-l2. 

STUR.TIADES,  (  George  J  Médecin  qui  étoit  en  réputation  vers  l'an  1520  , 
cnfeigna  à  Erfort  dans  la  ^Ihuringe  ,  &  mérita  l'eftime  d^Eobanus  HeJJas  &  de  Jea» 
Cimerarius  par  fes  talens.  On   a  de  lui  ;  i 

De.  febrium  divifione   Tabula.  Erphordiee^  1624,  tn-8. 

SUE ,  C  Jean-Jofeph  )  du  Diocefe  de  Vence ,  fut  reçu  Maître  en  Chirurgie  à 
Paris  le  7  Août  175 1.  Ses  Ouvrages  méritent  un  Article  dans  ce  Dictionnaire  ;  il 
le  mérite  lui-même  par  les  talens  qui  l'ont  promu  aux  places  qu'il  occupe  &  qu'il 
remplit  avec  beaucoup  de  célébriié.  11  eft  Profefleur  d'Anatomie  aux  Ecoles  de 
Chirurgie  &à  l'Ac^-démie  de  Peinture  &  de  Sculpture  de  Paris,  Cenfeur  Royal, 
Confeiller  du  Comité  de  l'Académie  de  Chirurgie  ,  Chirurgien  en  Chef  de  l'Hôpital 
de  la  Charité,  de  la  Société  Royale  de  Londres  &  de  celle  d'Edimbourg. .Ces  places 
lui  font  honneur,  &  les  Ouvrages  qu'il  a  mis  au  jour,  prouvent  qu'il  en  eft  digne. 

Traité   des  bandages  &  des  appareils.    Paris   ,  1746,   1761  ,  j/i-io. 

abrégé  d'Anatomie.  Paris,  1748,  deux  volumes  in-12.  Paris,  1754»  deux  volu» 
mes, même  format. 

U Aathropotomie  ou  V Art  dfinje&er,  de  dijjequer  &  d'embaumer.  Paris,  1749,  1765, 
in-8. 

Elémens  de  Chirurgie.  Paris,  T755  ,  in-12. 

Traité  d'Oftéologie  traduit  de  l'Anglois  de  M.  Monro.^  auquel  l'on  a  ajouté  des 
Planches  en  taille-douce,  qui  repréfentent  au  naturel  tous  les  os  de  l'adulte  &  du 
fœtus  ,  avec  leurs  explications.  Paris  ,  1759,  deux  volumes  in /0//0.  Le  célèbre 
Monro  a  publié  trois  éditions  de  fan  Oftéologie,  la  dernière  en  1741.  Cet  excel- 
lent Ouvrage  manque  de  figures  ,  parce  que  l'Auteur  les  regardoit  comme  fu. 
perflues  après  celles  de  M.  Chéfclden  ,  qui  ont  paru  en  1733  ,  &  qui  dévoient  bien- 
tôt être  fuivies  de  celles  de  M  iVl.  Trew  iiDouglas.  M  Sue.,  adoptant  l'Oftéologie  de 
Mmro  comme  iupérieure  à  toutes  celles  qui  av oient  paru  juiqu'alors ,  a  cru  aucoE. 
2  0  M  E     IF.  V  V 


335  S    U    L         S    U    R 

traire  qu'il  y  mnnquoit  des  figure?.  Il  a  fait  traduire  par  un  de  fes  Elevés  infé- 
conde édition  de  1732  ,  &  a  fait  la  dépenfe  de  trente  &  une  planches  à  la  façon 
des  tables  à'Eujtachi  par  Lanciji ,  &  de  celles  d'ALhinus;  c'eft-à-dire  ,  que  le  njême 
fujet  occupe  deux  planches  ,  dont  l'une  repréfente  la  figure  avec  toutes  fes  otn- 
bres  ,  teintes  &  demi  -  teintes  i  l'autre  n'eft  exprimée  que  par  le  fimple  trait  ou 
l'efqnifTe,  pour  laifler  d'un  côté  la  gravure  plus  nette,  &  de  l'autre  ,  la  place  né- 
ceffàire  pour  recevoir  les  lettres  indicatives  toutes  feules.  M.  Sue  a  enrichi  la  'J'ra-  • 
dudlion  par  des  notes  intéreflantes  qui  font  de  lui.  Cet  Ouvrage  eft  un  chef-d'œu- 
vre de  Typographie  à  la  magnificence  duquel  tout  concourt:  papier  ,  caraderes  , 
burin,  frontifpice  élégant,  vignettes  ,  culs-de-lampe,  &c. 

Pierre  Sue  le  jeune,  de  Paris,  fut  reçu  dans  le  Collège  de  Chirurgie  de  cette 
ville  le  17  Septembre  1763.  Il  fait  honneur  à  fon  Corps,  dont  il  eft  ancien  Pré- 
vôt ,  ancien  Profeffeur  en  Anatomie  &  en  Chirurgie  à  l'Ecole  pratique  ,  Confeiller 
du  Comité  perpétuel.  Ses  talens  lui  ont  encore  mérité  la  charge  de  Chirurgien  or- 
dinaire de  l'Hôtel-de  ville  de  Paris  ,  &  la  qualité  de  Membre  des  Académies 
de  Montpellier,  Rouen  &  Dijon.  On  a  de  lui.- 

Traduâion  des  Tomes  VI  &  VII  des  Aphorifmes  de  Chirurgie  commentés  par 
f^an  Swieuen ,  en  fociété  avec  M.  Ferrand  ,  Chirurgien  du  Collège  de  Paris.  Pa- 
ris,  1768  ,    (7112. 

TraduSHon  de  la   Pathologie  de  Gautius.  Paris  ,  1769 ,  /n-12. 

Dicilonnaire  portatif  de  Chirurgie^  ou  Tome  Ille-  da  Diflionnaire  de  fan(é  ,  con- 
tenant toutes  les  connoifTanccs,  tant  Théoriques  que  Pratiques  de  la  Chirurgie,  ie 
détail  &  les  ufages  des  meilleurs  inftrumens ,  avec  la  figure  des  plus  ufités.  Paris , 
1771 ,  /«-8. 

Eloge  hijhrique  de   Devaux,  Chirurgien  de    Paris.  1772,  in-8. 

Elémens  de  Chirurgie  en   Latin  &  ea  Françoi?.  Paris,  1774,  fn-ia. 

Difcours  prononcé    aux  Ecoles  de  Chirurgie  le  3  Odobre  1774,  in-8. 

Eloge  de  Louis  XV.    1774 ,  In  b'. 

SULZBERGER,  C  Jean-Rupert  J  de  Gratz  en  Stirie,  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  Médecine  le  30  Août  1621.  Il  enfeigna  dans  les  Ecoles  de  l'Univerfité  de 
Leipfic  ,  où  il  avoit  reçu  les  honneurs  de  la  Licence  &  du  Doétorat ,  &  il  finit 
par  être  médecin  de  la  Cour  de    Drefde. 

Son  fils ,  Sigipnond- Rupen ,  étoit  de  cette  dernière  ville.  Il  étudia  la  Médecine  à 
Leipfic,  &  après  y  avoir  été  admis  à  la  Licence  le  15  Avril  1656,  il  obtint  le 
bonnet  de  Doifïeur ,  &  i>e  tarda  pas  à  être  nommé  à  la  Chaire  d'Anatomie  &  de 
Chirurgie  ,  d'oii  il  monta  à  celle  de  Pathologie  qu'il  remplit  le  refte  de  fes  jours. 
Il  étoit  l'Ancien  de  fa  Faculté  ,  lorfqu'il  mourut  le  15  Avril  1675 ,  âgé  feulement 
de  47  ans.  Lipenius  lui  attribue  quelques  Thefes,  &  Matthias  l'Hiftoire  d'une  ma, 
ladie  qui,  du  tems  de  l'Auteur,  étoit  nouvelle  en  Allemagne  &  qu'on  y  appelloit 
Friefel.  C'eft  le  Pourpre  des  femmes  accouchées. 

SURSIN,  fjean  )  Dofteur  en  Médecine  au  XVII  fiecle,  étoit  de  Nogent  îe- 
Rotrou  dans  le  Perche.  11  fut  d'abord  Régent  de  Rhétorique  dans  le  Collège  de 
la  Fromagerie  à  Angers,  mais  il  en  devint   Principal    en  1596.  Ce  fut  pendant  le 


s    U    s        s    W    A  '  559 

cour?  de  cette  année  qu'il  fit  imprimer  une  Grammaire  Grecque ,  avec  un  Lexicon. 
des  Racines,  en  un  petit  volume  in-fnlio.  Quelque  tems  après,  il  reçut  le  bonnet 
de  Docteur  en  Médecine  à  Angers;  &  comme  en  cette  qualité  il  entra  dans  le 
Corps  de  TUniverfité  de  cette  ville  ,  il  en  fut  choifi  Redteur  en  1611.  Pendant 
Ion  Reflorat  ,  il  fit  tous  les  efforts  poflibles  pour  engager  fes  Collègues  à  établir 
une  Ecole  de  l^angue  Hébraïque ,  qu'il  croyoit  auffi  nécefiaire  que  celle  de  la 
Langue  Grecque. 

SUSIUS,(  Jean-Baptifte^  Médecin  de  Mantoue  ,  étoit  de  la  Mirandole  ,  ville 
capitale  du  Duché  de  ce  nom.  11  éîudia  fous  Matthieu  Curtius  qui  l'engagea  à  écri- 
re pour  foutenir  les  avantages  de  la  faignée  contre  les  partifans  de  la  doéirine  des 
Arabes.  Sufius  n'avoit  que  vingt  ans  à  la  mort  de  Curtius  en  1544  ,  &  malgré  le 
peu  de  connoiflànces  qu'il  devoir  avoir  à  cet  âge,  il  avoit  déjà  compofé  trois  Li- 
vres De  venis  è  direSio  fccandis.  Mais  comme  il  fcntit  tout  le  befoin  d'amener  cet 
Ouvrage  à  une  plus  grande  perfection  par  l'étude  &  l'expérience,  ce  ne  fut  qu'en 
155g  qu'il  le  publia  à  Crémone  en  un  volume  m  4.  Il  n'avoit  cepenJanl  pas  tardé 
jufques-là  à  foutenir  les  bons  effets  de  la  faignée  contre  les  craintes  que  la  doctri- 
ne des  Arabes  infpiroit  aux  Médecins;  il  avoit  mis  au  jour  un  Traité  De  mijjîone 
/anguinis ,  in  quo  ojimditur  guàd  in  quibufdam  hodie  Midici  cnntra  Hippocratis  &  Gahmi 
rcntentiam  peccent  circa  Phlebototniam.  Il  y  a  des  éditions  de  Bâle,  1558,  157 1,  ^i-B  , 
de  Rome  ,  1628  ,  in-12  ,  avoc  la  Préface  de  Jojiph  Truller,  On  a  encore  de  la 
façon  de   Sufius  un  Ouvrage  intitulé  :  Liber  de  Pejle.  Mantua ,  1576,    fn-8. 

SWALWE  (  Bernard^  naquit  vers  l'an  1625  à  Embden  ,  Capitale  de  l'Ooft-Frife. 
Il  paroît  que  ce  fut  à  Leyde  qu'il  étudia  la  Médecine  &  qu'il  prit  le  bonnet  de 
Doéleur  ,  mais  il  aila  s'établir  à  Harlingue ,  où  il  parvint  à  la  charge  de  Méde- 
cin ordinaire  &  fut  reçu  dans  le  Conieil  de  l'Amirauté,  On  fait  qu'il  exerçoit  en- 
core ces  emplois  en  1677,  mais   on  ignore  s'il  furvécut  à  cette  année. 

Sn>alu>e  étoit  zélé  partifan  de  la  do<ftrine  Cartéfienne,  ainlj  que  des  fyfîêmes 
â'Othnn  Tachenius  &  de  François  de  le  JSoë ,  qui  ne  valoient  pas  mieux  que  ceux 
du  Philolo^he  Defcartes.  La  Médecine  étoit  alors  fou?  l'empire  des  hypothefes. 
Le  libre  effor  que  chacun  donnoit  à  fon  imagination  en  produilbit  de  nouvelles 
tous  les  jours  ,  &  elles  fe  foutenoient  plus  ou  moins ,  fuivant  le  nombre  &  la  qua- 
lité des  partifans  que  leur  attiroit  la  réputation  des  Auteurs,  Les  Médecins  n'é- 
toient  pas  ceux  qui  tardoient  davantage  à  les  adopter  ;  ils  fe  faifoient  non  feule- 
ment un  mérite  de  les  Ibutenir  de  vive  voix,  ils  publioient  encore  des  Ouvrages 
qui  marquoient  tout  leur  attachement  aux  opinions  de  leurs  Maîtres.  Jamais  on  ne 
vit  paroître  plus  d'Ecrits  en  Médecine  ,  que  lorlqu'on  fe  mit  en  tâte  de  foutenir 
des  fyftêmes  défavoués  de  la  Nature  ;  la  bonne  cauie  le  fait  jour  à  peu  de  fraix  , 
parce  qu'elle  eft  marquée  au  coin  de  la  vérité  ;  la  mauvaife  ne  peut  éblouir  que 
par  un  grand  étalage  de  raifonnemens.  Les  Ouvrages  de  Swalwe  doivent  être 
rangés  dans  la  claflë  de  ceux  qui  font  faits  fur  ce    dernier  plan.  Voici  leurs  titres  : 

Difquifitio  Therapeutlca  generalis ,  fîve ,  Methodus  medmJi  ad  recemioram  dogmata 
adornata  &  ff^aleana  methoda  conformata.  Amftelodami  ,  1657  ,  în-lî.  Jen£  ,  1677  ,  in-ïi. 

f^entricuU  querelte  &opprobria.  Amjldodamiy  1664,  ia-ii.  Ibidem ,  i66g ,  1675  ,  /n-ii  , 


%^o,  s    W    A 

ft)us  le  titre  de  Querdte  &  opprobria  ventricull  renovata.  Ce  n'eft  pâS  l'Auteur  qv  c 
parle  dans  cet  opufcule  ,  c'eft  l'eflo'Tiac  Lo  pauvre  lire  ,  dit  M.  Paqnot  dans- 
fcs  Mémoires,  y  gronde  de  l'on  mieux  contre  l'humeur  bourrue  des  iVledecins  ^ 
qui  règlent  Icrupuleufement  l'ordre  de  fa  nourriture  ,  qui  s'avifent  d'y  mêler  des. 
purgatifs  déplacés  en  tout  tems ,  qui  le  mettent  en  tâte  que  les  alimens  peuvent 
changer  le  tempérament  du  corps  ,  &  vont  Ibr  ce  beau  fondement  lui  interdire, 
ceux  dont  il  a  la  meilleure  envie.  Je  fuis  éloigné  de  penfer  comme  l'Auteur  de. 
cette  note,  qui,  tout  en  badinant  fur  les  fentimens  de  Swdwc  ^  fait  allez  voir 
qu'il  ne  contredit  pas  fon  avis.  Mais  M.  Paquot  fait  &  a  écrit  tant  de  bonnes  cho- 
fes  ,  qu'on  doit  lui  palier  les  fautes  qu'il  a  faites,  quand  il  a  voulu  parler  Médecine^ 

Pancréas  pancrene  (  plein  de  trous  )  five ,  Pancreatis  &  fucci  ex  eo  prufluentis  com- 
mentum  fuccinclum.  Ibidem  ,  1667,  in-12.  Jen<e  ^  1678,  ia-12.  Le  ftyle  de  cet  Ou- 
vrage eft  badin. 

Natures  &  yîrtis  inflrumenta  publica ,  alcali  &  acldum  ,  per  Neochmam  &  Palaphatum 
hinc  indè  ventdata  &  praxi  Medica  fuperjîructa  pramijja.  Amjldodami ,  1667,  i6fo  ». 
t/i- 12.    Francofurû  ^  ^^77  ■>  in-i^- 

SWAMMER.DAM  ou  SCHWAMMERDAM  ,  (  Jean  )  célèbre  Anatomifle  , 
étoit  d'Amfterdam  ,  où  il  naquit  en  1637.  11  commença  fon  cours  de  Médecine 
à  Leyde  ,  &  avant  de  l'avoir  achevé  ,  il  pafla  en  France  pour  fe  perfeftionner 
dans  l'Art  des  dine61:ions.  Il  étoit  en  1664  à  Paris  avec  Stcnon  qui  avoit  en  vue 
le  même  objet  que  lui.  Content  des  progrès  qu'il  avoit  faits  dans  cette  partie  , 
îl  revint  à  Leyde  ,  &  il  y  prit  le  bonnet  de  Dofteur  en  1667.  Bientôt  après  ,  il 
retourna  à  Arafterdam  &  fit  fa  principale  étude  de  la  ftrudure  du  corps  de  l'hom- 
me &  des  infedes.  On  lui  doit  l'idée  d'injefter  dans  les  vailfeaux  une  matière 
liquéfiée  par  la  chaleur  ,  pour  qu'étant  devenue  folide  par  le  froid  ,  elle  rendît 
ces  vaifleaux  plus  fenfibles  &  plus  ailes  à  diflëquer.  On  lui  doit  encore  l'invention 
d'un  Thermomètre  pour  apprécier  le  degré  de  chaleur  des  malades  &  des  ani- 
maux :  Boerbaave  a  perfedionné  cet  inftrumcnt  en  vue  de  le  rendre  utile  â  la 
pratique  de  la  Médecine. 

Swammcrdam  avoit  déjà  poufle  bien  loin  fes  recherches  Anatomiques ,  lorfqu'une 
fièvre  quarte  vint  interrompre  fes  travaux.  Il  changea  de  goût  après  fa  convalel^ 
cence  ,  &  il  abandonna  totalement  l'étude  du  corps  de  l'homme  en  1674  ,  pour 
ne  s'adonner  qu'à  celle  des  infeétes  ,  dans  laquelle  il  fit  de  fi  grands  progrès.  Il 
s'en  étoit  occupé  depuis  long-tems  .•  car  il  avoit  diflequé  plufieurs  fois  à  Paris 
fous  les  yeux  de  Thevcnot ,  qui  ne  manqua  pas  de  l'encourager  &  de  l'aider  dans 
les  obfervations  fur  la  nature  &  la  ftruciure  des  infcdes  des  environs  de  cette 
Capitale.  A  fon  retour  en  Hollande  ,  il  continua  les  mêmes  recherches  ,  &  il  parvint 
à  fe  faire  un  très-riche  Cabinet  d'Hifloire  Naturelle  ,  qu'il  mit  en  vente  l'année  de 
fa  mort  ,  mais   qui  ne  fut   exécutée    que  par  les  héritiers. 

La  Médecine  pratique  n'eft  pas  le  rô.é  brillant  de  Swammerdam  ;  il  ne  l'aîmoit 
pas,  &  il  la  cultiva  d'autant  moins  qu'il  étoit  tout  ablbrbé  dans  l'es  autres  études. 
Mais  la  contention  d'efprii  avec  laquelle  il  avoit  poulTé  fes  travaux  ,  ne  manqua 
pas  de  le  jetter  dans  l'Hypocondrie,  Cet  habile  obfervateur  de  la  Nature  devint 
îi  fingulier ,  qu'à  peine  daignoit-il  répondre  à  ceux  qui  lui  parloient  ;  il  regardoit 


s    W    A  ■  S4r 

&  dcmeuroit  immobile.  11  étoit  dans  cet  état  ,  lorfque  les  feotimens  d'Antoinette 
Bo'jrignon  ,  dévote  fanaiique  de  Liile  en  Fiandre  ,  firent  une  telle  imprcllion  fur 
fon  elprit ,  qu'il  adopta  l'on  nouveau  fyflême  de  piété  mal  entendue  &  abandonna 
tes  opérations  anatomiques  ,  par  l'idée  qu'il  s'étoit  faite  que  Dieu  en  étoit  ofFenfé. 
Admirateur  de  cette  fille  illuminée  qui  croyoit  avoir  reçu  du  Ciel  la  commiflion 
de  réformer  le  Chriftianifme  ,  il  jetta  le  fcalpel  par  fcrupule  ,  &  courut  par  en- 
thouiiafme  joindre  cette  fanatique  dans^le  Holftein.  11  revint  cependant  à  Amfter- 
dam  ,  où  il  vécut  dans  la  retraite  jufqu'à  fa  inort  arrivée  en  1680  ^  la  même 
année  que  la  Bourignon  mourut  à  Franequer.  Maigre  &  décharné  comme  un  fque- 
lette  ,  il  avoit  à  peine  la  figure  humaine  fur  la  fin  de  fa  vie  ;  &  peu  de  tems 
avant  fa  mort  ,  il  fut  faifi  d'une  fureur  mélancholique  fi  violente  ,  que  dans  un 
de    fes  accès  il  brûla  tous  fes  Ecrits.   Voici  la  notice  de  ceux  qui   nous  reftent  : 

Traciatus  Phyfico~^natomico-M:dicus  de  Refpiratîom,  ufuque  Pulmonum.  Lugduni  Ba» 
tavorum  ,  i66f  ,  1677  ,  iC^g ,  m-8  ,  1738  ,  m-4.  La  dernière  édition  comprend  la  Diffcr» 
tation  Anatomique  du  célèbre  de  Hallcr ,  qui  eft  intitulée  :  De /hu/cu/ïî  diaphragmatis. 
De  Graaff  avoit  étudié  l'Anatomie  fous  F'an.  Home  dans  le  même  tems  que  Swam- 
merdam^  mais  il  n'avoit  pas  confervé  pour  fon  Maître  un  attachement  aulii  refpec- 
teux  que  fon  compsgnon  d'école.  Lorfque  De  G  raaff  mit  l'es  découvertes  au  jour, 
Sifammerdam  crut  avoir  quelques  raifons  de  lui  en  faire  des  reproches  ;  il  l'accufa 
même  d'avoir  profité  des  recherches  de  leur  commun  Pvlaître  ,  &  d'avoir  eu  le  front 
de  fe  les  approprier  comme  un  vrai  plagiaire.  De  Graaff ,  piqué  d'une  accufation 
auOi  grave,  écrivit  contre  fon  adverfaire  qui  ne  manqua  pas  de  lui  répliquer;  &; 
cette  difpute  a  donné  occafion  à  plufieurs  Ouvrages  de  part  &  d'autre.  Mais  De 
Graaff  eft  forti  viéïorieux  de  ce  combat  littéraire. 

H'ijlolre  générale  des  Jnfe&es.  Utrecht ,  1669 ,  Jn-4 ,  en  Hollandois.  Dans  la  rnSme 
ville  ,  1685  ,  in-4  ,  en  François.  Leyde  ,  1685  ,  /n-4 ,  en  Latin  ,  avec  de  magnifi- 
ques figures. 

Miracu'um  Natur£  ^  feu,,  uteri  muUebrls  fabrica.  y4dje&a  efl  nova  methodvs  cavitates 
eorporis  ità  praparandi  ^  ut  fuam  femper  genulnam  faciem  fervent.  Lugduni  Batavorum  , 
167a,  1679,  *.7'7  »  ï?'29,i/i-4,  avec  figures.  C'eft  le  Prodromus  Obfervatîoniim  pu- 
blié par  Jean  F'an  Horne  ,  qui  a  poufle  Swammerdam  à  donner  cet  Ouvrage  &  à  s'y 
déclarer  l'auteur  des  expériences  qu'on  vouloir  lui  enlever. 

JJijîoria  InfeSiorum  generalis  ;  adjicitur  iilucldatio ,  quâ  fpecialia  cujufvis  ordinis  exem- 
fia  figuris  accuratijfimè  ,  tàm  natural'i  magnitudrne  ,  guàm  ope  microfcupii  auSla ,  illuflran- 
tur.  Lugduni  Batavorum  ,  1733  ,  1/1-4.  C'ert  à  Henri-Chrétien  Hcnninius  qu'on  doit  cette 
traduéVion  de  l'Hiftoire  des  Infeétes  de  l'original  Hollandois  en  Latin.  Jérôme- Da- 
vid Gaubius  l'a  aufli  traduit  en  Latin  ,  mais  l'édition  qu'il  en  a  procurée,  ccm* 
prei:d  aufli  le  texte  Hollandois ,  &  Boerhaave  y  a  joint  une  Préface  dans  laquelle 
il  s'étend  fur  la  vie  de  l'Auteur.  Ce  précieux  Ouvrage  a  paru  à  Leyde  en  1737». 
deux  volumes  in-folio ,  grand  papier  ,  (bus  ce  titre  ;  Biblia  Natarts  ,  Jîve  ,  Hiforitt 
Infe&oruni  in  claffes  certas  redac/a,  necnon  exemplis  &  anatomicà  variorim  anim  dcvlorum 
examine,  <encifque  tabulis  dluflrata  ,  infertls  numerojîs  rarinrum  Nutura:  ob'^irvaiîonibus. 
Le  Livre  de  Sn-ammcrdani  eft  divilë  en  quatre  parties,  fuivact  les  r,oa're  ordres 
de  changement  qu'il  avoit  obfcrvés  par  rapport  aux  Infedtes.  Daas  chact^ne  de 
«es  parties ,  il  commence  par  expliquer  l'ordre  de  changement  qui  ia   carattérife  j; 


«4â  S    W    I  . 

li  fait  enfuite  réaumératioa  ,  &  fouvent  rhiUoire  des  Infe£\es  qu'il  y  rapporte. 
Il  s'attache  encore  à  réfuter  les  erreurs  des  Naturalifies ,  &  fur-tout  celles  des 
Anciens  fur  la  génération  de  ces  animaux  ;  &c  comme  il  a  trouvé  des  Infedes 
dans  les  Infedes  ,  il  a  donné  l'hiftoire  entière  de  quelques-uns  de  ces  der- 
niers. L'Anatomie  fait  le  grand  mérite  de  ce  bel  Ouvrage  ;  Swammerdam 
s'y  eft  tellement  diftingué ,  qu'il  a  furpaffé  tous  ceux  qui  font  entrés  dans  la 
même  carrière.  Il  a  traité  cette  partie  a^c  une  induftrie  li  admirable  ,  que  les 
vifceres  même  des  abeilles  font  gravés  dans  fes  planches  avec  la  plus  grande 
exaditude.  Rcaumur  ,  qui  a.  écrit  fur  UQ  pareil  fujet  ,  n'a  pu  parvenir  à  ce 
point  de  perfe£\ion,  &  défefpérant  d'y  atteindre  ,  il  n'a  pas  balancé  de  pren- 
dre les  Hgures  anatomiques  de  notre  Auteur  pour  orner  fes  Ouvrages.  L'Ab- 
bé Pluclie  a  aufli  tiré  grand  parti  de  Su-ammcrdam  dans  les  endroits  de  fon  Spe&a- 
clc  de  la  Nature  ,  où  il  traite  des   Infetles. 

SWIEITEN ,  C  Gérard  VAN  J  Commandeur  de  l'Ordre  Royal  de  Saint 
Etienne  ,  Confeilier  ,  premier  Médecin  ,  Bibliothécaire  de  leurs  JVîajeftés  Impériales 
&  Royales  Apoftoiiques,  PréGdent  de  la  Cenfure  des  Livres,  Vice-Préfident  de 
la  Commiilion  Impériale  &  Royale  des  études ,  Diredeur  perpétuel  de  la  Fa- 
culté de  Médecine  de  Vienne  ôz  de  toutes  celles  des  Pays  Héréditaires  Autrichiens  ; 
de  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  &  de  Pôtersbourg,  de  l'Aca- 
démie Royale  des  Sciences  de  Paris  &  de  celle  de  Chirurgie  de  la  même  ville  , 
de  la  Société  Royale  de  Médecine  d'EdÙTiboarg,  de  celle  des.  Sciences  de  Harlem, 
de  la  Société  Potanique  de  Florence  ,  de  la  Société  Allemande  de  Jene ,  de  celle 
degli  urJgiaii  de  Rovérédo ,  de  l'inftitut  de  Bologne ,  &c. ,  étoir  ae  Leyde  ,  où  il 
naquit,  le  7  Mai  1700,  de  Thomas  Fan  Swienea  &  a'EUfaàah  Loo.  Sa  famille,  déjà 
illulire  depuis  plus  de  400  ans,  eft  alliée  avec  les  principales  des  Pays  Bas  ;  elle 
a  donné  des  Tréforiers  à  fEtat  ,  des  Receveurs  généraux  à  la  Hollande  &  à  U 
Zélande ,  des  Procureurs  généraux  à  la  Cour  de  Hollande ,  des  Guerriers  aux 
Armées ,  &  elle  a  pofledé  des  terres  &  des  richelTes  allez  confidérables  pour  fonder 
d'opulens  Monafteres. 

ÎSé  avec  un  goût  infini  pour  les  Sciences,  Fan  Swietten  montra  dans  le  cours 
de  fes  études  un  defir  infatiable  de  le  diftinguer  dans  la  carrière  des  Lettres. 
Beaucoup  d'intelligence,  de  pénétration,  lui  en  ouvrirent  le  chemin;  beaucoup 
de  lagacité,  de  netteté  daiis  le  jugement,  une  mémoire  prodigieufe  ,  une  appli- 
cation  iuivie  ,  lui  méritèrent  les  progrès  iurpreoans  qui    couronneront    fes  travaux. 

La  mort  lui  enleva  les  parens  dans  le  tems  où  iis  eufléat  été  Je  plus  nécelfaires 
à  fon  éducation.  On  lui  donna  des  Tuteurs  qui ,  peu  foigneux  de  fes  biens ,  le 
furent  moins  encore  de  la  culture  de  ion  cfprit  ;  il  le  vit  réduit  à  former  &  à 
façonner  lui  môme  fes  takns.  Lès  qu'il  eut  achevé  fes  Humanités  à  Leyde,  il 
fut  envoyé  à  Louvain,  à  l'âge  de  feize  ans,  pour  y  étudier  la  Philoibphie  ,*  & 
après  un  cours  de  deux  ans  ,  il  obtint  place  dans  la  première  Ligne.  On  chercha 
à  le  retenir  dans  cette  Univerfité,  mais  Ion  goût  pour  la  Médecme,  vers  laquelle 
ion  inchnation  le  portoit  tout  entier,  le  rappella  à  Leyde,  où  il  fe  mit  au  rang 
des  difciples  du  grand  Boerhaave.  S'il  s'efiima  heureux  «le  fe  voir  ibus  un  tel 
îblaîire,   Boerhaave  fe  félicita  de  l'acquifitioa  d'un  difciple  li  propre  à  étendre  la 


s     W    I  343 

Science  qu'il  profefTuit.  Après  fept  ans  d'étude  ,  yan  Stpkttcn  reçut  les  honneur» 
du  Dodorat  en  1725  ,  &  dès  lors  Bucrhaavc ,  malgré  l'autorité  que  lui  donnoit  fon 
^je  ,  malgré  la  céU;brité,  malgré  la  haute  confidcration ,  dont  il  jouiUbit,  Ht  de 
l'on  jeune  Elevé  l'on  ami,  vit  en  lui  fon  lucceffeurj  ion  émule,  un  homme  dont  1p. 
gloire  égaleroit  la  fienne.  Mais  comme  il  le  voyoit  ians  jaloufie ,  il  l'inftruifoit  fars 
celle  &  lui  communiquoit  tous  les  l'ecrets  de  l'Art.  F'an  Smetten  de  l'on  côté ,  malgré 
les  connoiflances  qu'il  avoit  acquifes,  malgré  la  dignité  de  Profellèur,  dont  il  ne 
tarda  pas  à  être  revêtu,  continua  toujours  de  travailler  d'après  les  idées  de  Ion 
cher  Maître  ,  &  lui  voua  une  reconnoiflance  qui  a  dui-é  autant  que  l'a   vie. 

Il  n'eft  point  étonnant  que  f^un  Swietten  ait  fait  tant  de  progrès  dans  la  Science 
de  guérir;  la  manière  dont  il  a  rempli  la  carrière  de  l'es  études,  lui  a  procuré 
les  plus  grands  avantages.  Rechercher  les  principes  fondamentaux  des  Sciences 
dans  leur  première  origine,  c'eft-?.-dire ,  dans  les  Ecrits  des  Auteurs,  de  l'Anti- 
quité la  plus  reculée  ;  les  i'uivre  pas  à  pas  jufqu'à  notre  tems  par  une  route 
longue  <k  pénible ,  mais  la  plus  utile;  approfondir  toutes  les  règles ,  tous  les  pré- 
ceptes ,  jutqu'à  ceux-mêmes  qui  paroilfent  les  moins  dignes  d'attention  ;  ne  pas  fe 
'Dorner  à  connoître  la  l'ubflance  des  chofes,  mais  s'attacher  à  tout  ce  qui  peut  fa- 
ciliter ou  éclaircir  l'objet  principal  ;  tirer ,  par  la  combinail'on  ,  des  principes  déJA 
connus  des  vérités  nouvelles  &  les  conftater  par  d'exafles  expériences;  renoncer, 
pour  y  travailler  foiidement,  à  toute  fociété,  s'enfermer  dans  la  folitude,  n'en  point 
î'ortir  même  aux  heures  du  repas  ,  ne  prendre  de  réfeflion  ,  que  lorique  le  befoia 
y  force,  prendre  au  contraire  beaucoup  fur  fon  fommeil  ;  continuer  ainlî  jufqu'à 
ce  que  l'ame  accablée  tombe  dans  une  fombre  &  trifie  mélancholie  ,  jufqu'à  ce 
que  le  corps  épuifé  fuccombe  fous  ie  poids,  que  les  forces  s'anéantillènt ,  que  le 
lommeil  s'évanouilfe ,  que  les  alimens  ,  que  les  araufemens  même  n'infpirent  plus 
que  le  dégoût  :  voilà  quelle  fut  pendant  plufieurs  années  l'immenlité  des  travaux 
de  F'an  Swleuen  qui  ne  croyoit  pas  pouvoir  acheter  la  fcience  à  trop  haut  prix. 
Cette  ardeur  étoit  cependant  un  excès ,  &  la  prudence  de  Boerhaave  y  mit  des 
bornes  qui  empêchèrent  fon  Elevé  d'être  la  vidime  de  ia  paffion  pour  l'étude: 
mais  la  route  que  tiennent  les  efprits  lupérieurs  eft  toujours  une  route  extraor- 
dinaire. Par  celle  que  Fan  Swicnen  fuivit ,  il  fut  honoré  du  nom  de  Savant  à  l'âge 
de  25  ans. 

Après  l'on  Dod^orat,  il  continua  à  travailler  fous  Boerhaave,  &  à  profiter  pen» 
dant  vingt  ans  de  fes  Leçons;  mais  il  n'ouvrit  pas  moins  les  trcfors  qu'il  avoit  accu- 
mulés pour  les  partager  au  monde  ,  &  en  cela  ,  il  fuivit  l'amour  de  l'humanité  qui  le 
guidoit,  &  le  noble  defir  qu'il  avoit  d'être  utile  à  la  fôciété.  Dès  qu'il  fut  nommé 
Prot'efleur,  on  accourut  en  foule  à  fes  Leçons;  l'Allemagne,  la  France,  l'Angle- 
terre lui  fournirent  chaque  année  un  nombre  G  confidérable  de  difciples,  qu'il  fe 
vit  en  butte  à  l'envie,  cette  paillon  balTe  qui  eft  toujours  ennemie  du  vrai  mérite. 
F^an  Swiettcn  étoit  Catholique,  &  les  ennemis  fe  couvrirent  du  mafque  de  la  Re- 
ligion pour  l'attaquer;  ils  réclamèrent  les  lois  de  l'Etat  contre  lui,  &  parvinrent 
à  le  faire  defcendre  de  la  Chaire  qu'il  rerapliiibit  fi  dignement  dans  l'Univerlité 
de    Leyde. 

C'eft    en  1729    qu'il    longea   à    fe    marier.    Il    époufa  ,    pendant    le     cours    de 
cette    année  ,    Mara  -  Lambertine  -  Tbérefe    Beek   van   CoesfdJ  ,     d'une    ancienne 


i 


344  S    W    I  '* 

Camille    patricienne    ,    origitiatre  de    Caflcl  dans   la    lîefie.  Il  etl  açU  deux  fils  & 
<ieux  filles. 

L,e  caradere  de  f^an  Sipimen  le  mit  au  defTus  des  tracafleries  qu'on  lui  avoit  fufci- 
tées  pour  lui  ôter  la  place  qu'il  occupoit  dans  la  Faculté  de  Leyde.  Couvert  de  la  gloire 
que  fes  dotées  travaux  lui  avoient  acquife&  qu'on  ne  put  lui  enlever,  il  mérita  une  nou- 
velle gioire  parla  magnanimité  avec  laquelle  il  s'efibrça  d'arrêter  la  vengeance  éclatante 
qu'une  jcunelTe  irritée  vouloit  prendre  de  fes  ennemis.  Rendu  à  lui-même  ,  il  employa 
Ibn  loilir  à  travaillera  lés  admirables  Commentaires  fur  les  Aphorifmes  de  B'>erliaave. 
JLe  premier  volume  avoit  déjà  paru  &  le  fécond  touchoit  à  ih  fin  ,  lorfque  l'Augufte 
Marie-Thérbse  l'invita  à  venir  fe  fixer  à  fa  Cour,  Vainement  il  s'excufa  de 
pafler  à  Vienne  à  la  propofition  qui  lui  en  fut  faite  ;  vainement  il  voulut  facri- 
fier  un  emploi  aulfi  coufidérable  qu'honorable  à  la  vie  fimple  ,  tranquille  &  pai- 
iible  qu'il  chérilfoit  ;  il  fallut  obéir  aux  décrets  du  ciel  &  céder  aux  bontés  de  Ma- 
rie-Thérèse qui  lui  ofFroit  à  Vienne  une  nouvelle  patrie,  où  il  oublia  bientôt 
ia  Hollande.  Il  arriva  dans  la  Capitale  de  l'Autriche  le  7  Juin  1745. 

Attaché  en  qualité  de  premier  Médecin  à  la  Cour  principale  de  l'Europe  ,  hono- 
ré de  la  confiance  de  nos  Auguftes  Souverains  ,  iîxé   à  leur  fervice  par   des  émo- 
lumens   confidérables ,  élevé  enluite  à  la  dignité  de    Baron  ,  ces  honneurs    &i    ces 
avantages  ranimèrent  en  lui  l'ardeur   qu'il  avoit  toujours  confervée  pour  les  Scien- 
ces. A   peine    fut-il  inftruit  des  vues    bienfaifantes   de  l'Impératrice  pour  en  hâter 
îes  progrès  ,  qu'il  les  féconda  par  des  travaux  immenfes.  Il  crut  que    le  moyen  le 
plus   sûr  pour    remplir  ces   vues  ,  étoit  de    faire   d'abord   connoître  qu'il  étoit  une 
méthode  mieux  fondée  &  plus  certaine  d'enfeigner  que  celle  dont  on  s'étoit  fervijuf- 
<qaes-là  dans  les  Ecoles  de  Vienne;  &  qu'il  falloit  commencer  à  inipirer  du   goût 
pour  cette  méthode ,    avant  que    de  jetter    les  fondemens  de  l'étabhOement    qu'il 
projettoit.    Sur   ce   principe  ,    il    fe   chargea   de    l'em.ploi    de  Profefleur ,  &  on   le 
vit  ,   pendant  plufieurs   années ,  en  exercer  lui-même  les  pénibles   fonclions.  Quels 
foins  ,   quelles  attentions  ,   n'apporta  - 1  -  il   pas   à  réformer  les  abus  1  Quelles   ob- 
fervations  ne  fit  -  il    pas    pour   l'avenir  ?  Quel    zèle    ne  montra-t-il  pas  dans   tou- 
tes les    parties  de  la  charge    qu'il  s'étoit  impofée  ,   mais  fur  -  tout  à  reconnoître  & 
à  encourager  les   talens  ?  Quels   avantages   ne  leur  procura  - 1  -  il    pas  ?   C'eft  aux 
Médecins  ,   dignes    Membres    de    la   Faculté    de  Vienne ,  à  publier  les    louanges 
que   mérite  f^an  Swietten  par  cet  endroit  ;  pleins  des  fentimens  d'une  jufte   recon- 
noiflànce  ,  ils  publieront  leur  gloire  en  publiant  celle  de  leur  illuftre  Maître,  Si  l'on 
a  vu  à  Vienne  autant   de  talens  le  développer,  fi  le  defir  de  s'inftruire  ,  fi  le  zèle 
de   fecourir   l'humanité    fouffrante    fe  font    enflammés  ,   fi   l'efprit  d'émulation    a 
cté  excité,  files  Etats  héréditaires  de  l'Impératrice-Reine   ont  été  peuplés  de  tant 
de    Médecins  favans ,  fi  dans  une  heureufe  perfpedtive  on  voit  les    foins    que  de 
dignes    Elevés  prendront  de  la  fanté   des   fujets   de    l'Augufte  Marie-Thérese 
&    de   leurs    derniers    neveux  ,    c'eft  l'ouvrage    de    l'infatigable    f^an    Swktten.   Il 
a  tiré   les  Sciences  de  l'état   de  médiocrité    où    elles    languifibient   &  il  les  a  fait 
monter   au  point  où  il    fouhaitoit  qu'elles  fufient  ;    il  a    rendu   à   l'Univerfité    de 
Vienne  fon   ardeur    primitive ,  elle    qui  dès  long-tems  raffafiée    de    ion    ancienne 
gloire  iembloit  fe  repofer  tranquillement  fur  fes  antiques  lauriers,  fans  fongcr  à  en 
«neillir  de  nouveaux,  Quel 


s    W    I  .-i^S 

Quel  hcmmc  étoit  plus  capable  de  cette  hcureufe  révolution  que  le  célèbre 
J^an  Sukttcn  ?  Non  feulement  il  pollèdoit  toutes  les  connoifiâuccs  relatives  à 
la  Médecine  ,  à  la  botanique  ,  à  l'Anatomie  ,  à  la  Chiiurgie  ,  à  l'Art  im- 
portant des  Accouchemcns  ,  à  la  Chymie  ,  mais  il  favoit  la  plupart  des  Lan- 
gues de  l'Europe.  11  étoit  déjà  confommé  dans  Ion  Art  &  charq;é  d'une  multitu- 
de d'afFaires ,  lori'qu'il  apprit  l'Arabe  &  le  Hongrois.  Il  pc  iTédoit  à  fo^d^  le  Grec 
&  le  Latin  ,  &  il  s'exprimoit  dans  cette  dernière  Langue  avec  ure  énergie  , 
une  élégance  &  une  clarté  peu  communes.  Il  étoit  non  ieulement  très  -  inftruit  de 
la  Litt(?rature  Grecque  &  Romaine  ,  mais  il  avoit  encore  le  talent  d'en  répan- 
dre les  fleurs  lur  les  Ecrits  les  plus  férieux  &  les  Difcours  les  plus  graves.  D;ins 
le  même  tcms  qu'il  feinWoit  s'adonner  tout  entier  à  la  Médecine  ,  il  étudia  feul 
&  fans  l'aide  de  perfonne  les  Elémens  d'EucUde  ,  &  delà  il  paCTa  à  diverfes  bran- 
ches des  Mathématiques,  qu'il  connoifl'  t  aflez  pour  en  faire  le  plus  g'-anJ  cas.  Il 
écoit  fondamentalement  verfé  dans  THiftoire  Naturelle  &  les  principes  de  la  Phy- 
sique.;  il  avoit  d'ailleurs  d'utiles  notion»  de  Théologie,  du  Droit,  oe  la  Politique 
&  de  l'Hiftoire ,  quoique  ces  objets  fuflènt  étrangers  à  la  Médecine.  Savant  du 
premier  ordre,  homme  d'un  jugement  exquis,  d'un  efprit  vafte  ,  d'un  efprit  qui 
embrafibit  tous  les  genres  de  Sciences ,  d'une  leflure  immenfe  ,  &  par  deffus  tout , 
appréciateur  &  appui  des  talens,  promoteur  &  fouticn  des  Lettres;  homme  en- 
lin  ,  dont  le  nom  vivra  auffi  long-tt-ms  qu'on  élèvera  des  temple.-  &  des  autels  aux 
Sciences.  Faut-il  s'étonner  aprè-^  cela  fi  l'iiugufte  Marj e-Thérese,  dont  la  pé- 
nétration difcerna  d'abord  la  lupériorité  du  génie  de  f'an.  Swlenen  ,  l'a  honoré  de 
toute  fa  confiance  ?  Faut->1  s'étonner  après  cela  qu'elle  lui  ait  demandé  ion  avis  dans 
joute  ce  qui  concernoit  les  Sciences  ,  qu'elle  l'ait  confuké  ,  &  que  ^  convaincue  de 
fes  lumières  &  de  fa  droiture,  les  confcils  de  ce  Médecin  aient  toujours  déter- 
miné les  réiolutions  de  cette  grande  Princefle  T  Quand  le  Baron  Van  Swltt- 
ttn  n'auroit  pas  fait  pour  l'avantage  des  Sciences  tout  ce  qu'il  a  fait  par  lui- 
même  ,  fon  crédit  li  heureufemeni  employé  en  leur  laveur  fuftiroit  pour  immor- 
îalifer  fon   nom. 

Ce  fut  d'après  fes  repréfentations  que  fa  Majefté  l'Impératrice  Reine  Apoftoli- 
que  ,  glorieulement  régnante,  fit  rebîitir  l'Hôtel  de  l'Univerfité  de  Vienne  avec  la 
plus  grande  magnificence.  Les  plus  célèbres  Architeéles  &  les  plus  habiles  Peintres 
y  ont  épuifé  leur  Art.  On  admire  fur-tout  la  façade  de  cet  Hôtel ,  fes  portiques 
&  la  grande  falle  deftinée  aux  exercices  publics  ;  on  admire  également  le  laboratoire 
de  Chymie  &  un  cabinet  qui  fert  pour  l'Aftronomie.  L'Ecole  de  Chirurgie  &  d'Ana- 
lomie  a  aufli  été  l'objet  des  bontés  de  cette  AuguHe  Princefle  ;  c'eft  par  fes  or- 
dres qu'on  n'a  rien  négligé  de  tout  ce  qui  peut  contribuer  aux  progrès  de  cei 
^sciences  utiles.  On  a  encore  augmenté  le  Jardin  des  plantes,  dont  on  a  donné  la 
diredion  à  M.  Laugier  ;  on  p  établi  le  Collège  pratiqi^e  dans  un  des  premiers  Hô- 
pitaux  ,  où  feu  M.  De  Hasn  faifoit  obferver  à  fes  difciplcs  le  cours  des  maladies  , 
les  variations  de  kurs.fymptômes&  les  effets  des  remèdes  indiqués  pour  la  gué- 
rifoD.  Quelles  obligations  n'ont  pas  au  célèbre  Van  Siyienen  ceux  qui  s'appliquent 
à  la  Médecine  dans  l'Univerfité  de  Vienne  ,  lui  qui  a  perfuadé  l'Impératrice  Reine 
de  la  néceflité  de  pareils  établilTcmens  ?  Les  confeils  des  grands  hommes  font  tou- 
jours la  règle  des  déciûons  des  grands  Prmces  ;  il  femble  -que  le  ciel  n'a  fait  naître 
TOME    ir.  X  X 


S4G  S    W    ï 

les  premiers  que  pour  illuftrer  le  règne  des  féconds,  en  leur  fuggérant  des  projets 
utiles  à  l'humanité.  C'eft  pour  honorer  le  mérite  de  l^an  Smetten  &  récompenfer 
fon  zèle,  que  leurs  Majeftés  Impériales  ont  ordonné,  en  1763,  de  placer  le  por- 
trait de  cet  homme  célèbre  dans  les  Ecoles  de  Médecine  de  l'Univerfité  de  Vien- 
ne ,    avec  cette  inl'cription  : 

Franciscus  I  &  Maria  Theresia  Augg. 

Hanc  EJfigieni 

Gerardi  L.    B.  Van  Swietten  , 

Ob  ftudium  Medlcum  ab  Ipfo  féliciter  emendatum  , 

J/i  ^uditorio  hujus  Facuhatis  publicè    appendi  jujjerunr. 

Die   XXX  Decembris  M.    DCC.  LXIII. 

Ce  fut  en  1746  que  F'an  Swietten  conçut  le  projet  de  réformer  l'étude  de  la  Mé- 
decine dans  l'Univerfité  de  Vienne;  &  pour  l'exécuter  avec  plus  de  promptitude 
&  de  fuccès,  il  commença  ,  dès  la  même  année,  à  enfcigner  la  méthode  d'étudier 
cette  Science  dans  le  veftibuie  de  la  Bibliothèque  Impériale.  Il  expliqua  enfiiite  les 
Inllitutes  de Boerhoave,  &  il  en  fit  quatre  cours,  chacun  de  deux  ans.  Mais  les  oc- 
cupations de  la  charge  de  premier  Médecin  s'étant  beaucoup  multipliées,  il  fut 
obligé  de  fe  faire  remplacer  par  des  Profelfeurs  qu'il  crut  capables  de  féconder  la 
grandeur  de  fes  vues.  Tel  fut  d'abord  Jean,Mdchior  Storck  ,  aujourd'hui  premier 
Médecin  de  la  Cour  Impériale  ,  &  enfuite  Henri  Crant^ ,  qui  ont  fait  l'un  &  l'au- 
tre honneur  à  fon   choix.    . 

Pendant  que  Van  Swietten  fembloit  tout  occupé  du  rétabliffement  des  études 
dans  l'Univerfité  de  Vienne  ,  il  porta  un  coup  d'oeil  attentif  fur  la  Bibliothèque 
Impériale ,  dont  la  diretlion  lui  étoit  confiée.  La  falle  fuperbe  qui  la  contient  , 
paroiffoit  plutôt  faite  pour  fatisfaire  la  vue  des  curieux  ,  que  pour  l'ufage  auquel 
elle  eft  deftinée  ;  on  s'y  étoit  fait  une  loi  bizarre  &  digne  des  fiecles  barbares  ^ 
d'y  refulcr  la  liberté  de  noter  ou  d'extraire.  Aujourd'hui,  ce  Temple  des  Mufes  eft 
ouvert  toute  Tannée,  &  chaque  jour  durant  plufieurs  heures,  à  quiconque  s'y 
préfente.  On  y  a  pourvu  aux  rigueurs  de  l'hiver  pour  ceux  qui  la  fréquentent 
pendant  cette  faifoa  ;  &  loin  d'empêcher  maintenant  de  faire  des  notes  &  des  ex- 
traits à  ceux  qui  en  ont  la  volonté,  ils  trouvent  tout  ce  qui  leur  eft  néceffaire 
pour  cela. 

Ami  des  Lettres,  il  fuffîibit  d'avoir  bien  mérité  d'elles,  pour  afpirer  à  la  bien- 
veillance de  Fan  Sinctten  ;  tout  Savant  pouvoif  compter  fur  la  bonne  volonté  & 
fur  fa  proteftion.  Comme  il  étoit  perfuadé  que  les  Sciences  languiffent  dans  le  chemin  de 
k  perfcftion  ,  tandis  que  ceux  qui  les  eofcignent  ne  font  point  dans  une  certaine 
aifance  ,  il  employa  tout  ion  crédit  pour  la  leur  procurer;  &  la  main  libérale  de 
l'Augufte  Marie  I'héresb  répandit  fur  les  Profelfeurs  les  fruits  d'une  munifi- 
cence vraiement  royale.  Ce  ne  fut  point  encore  afiez  pour  lui ,  il  voulut  que  ceux 
qui  parcourent  la  carrière  des  études  participaffent  auffi  à  cette  protedlion  ;  il 
jetta  même  fes  regards  fur  les  jeunes  gens  en  qui  il  remarquoit  du  génie,  &  ne 
manqua  jamais  de  leur  procurer  les  moyens  de  pourfuivre  utilement  des  études  , 


s     W    I  34? 

que  le  défaut  de  fortune  leur  auroit  empêché  d'achever.  Ea  général ,  Pheureux 
■emploi  qu'il  a  fait  de  Ion  crédit,  n'a  eu  fa  fource  que  dans  la  bonté  de  fon  cœur; 
paffionné  qu'il  étoit  pour  la  gloire  des  Sciences  ,  il  a  ennobli  tous  fes  travaux 
par  autant  de  vertus.  La  Religion  ,  la  probité  ,  la  droiture  »  l'attachement  invaria' 
ble  à  les  devoirs  &  à  les  Auguftes  Maîtres  ,  joints  au  plus  grand  délintéreflement 
&  à  la  modeftie  la  plus  rare  ,  ont  été  conftamtnent  le  mobile  &  le  guide  de  tou- 
tes fes  actions.  Il  eft  vrai  qu'il  étoit  d'un  tempérament  ardent  &  impétueux.  Né 
févere  &  ferme,  un  penchant  naturel  l'attachoit  à  l'ordre  ,  &  il  l'obfervoit  avec  une 
pondualité  fcrupuleuie.  Tout  ce  qu'il  faifoit  ,  il  le  faifoit  d'après  une  mûre  délibé- 
ration &  même  d'après  conviction  ;  &  c'eft  pour  cette  railon  qu'il  ne  revenoit 
guère  de  la  réfolution  qu'il  avoit  une  fois  prife.  On  lui  a  reproché  de  s'emporter 
avec  feu  contre  les  négligences,  contre  les  oppofitions  ,  contre  les  fautes  qui  con- 
cernent l'ordre ,  &  contre  ce  qui  blefibit  les  loix  au  maintien  defquelies  il  étoit  char- 
gé de  veiller  .•  mais  dans  ces  circonftances  ,  il  n'avoit  que  le  dehors  de  la  colère , 
&  lorfqu'il  cmployoit  les  reproches  les  plus  vifs  &  les  menaces  les  plus  fortes ,  la 
tranquillité  de  fon  ame  n'étoit  point  altérée.  Comme  il  n'agiflbit  aitfi  que  pour 
maintenir  l'ordre  &  les  loix,  de  la  févérité  des  réprimandes  il  paflbit  bientôt  à  la 
douceur  des  confeiis  ;  il  avoit  même  la  nobîe  franohife  de  convenir  des  excès  de 
Ion  emportement   &  il  les  rcparoit  par  des    fervices  réels. 

Accoutumé  par  les  Sciences  à  l'unique  recherche  du  vrai  ,  ce  mobile  le  gui- 
doit  en  tout  ,  &  principalement  en  ce  qui  avoit  rapport  aux  mœurs.  Il  avoit  pour 
le  menlbnge  une  horreur  invincible  ;  il  le  regardoit  comme  le  partage  de  l'ame  la 
plus  méprifable  &  la  plus  balTe.  11  n'étoit  point  pour  lui  de  loi  plus  facrée  que  celle 
de  rendre  à  la  vérité  un  hommnge  confiant  ;  mais  il  exigeoit  que  les  autres  fuf- 
fent  comme  lui  foumis  à  cette  loi.  La  vérité  pouvoir  tout  iiir  lui  ;  &  ce  cœor  , 
qu'on  traitoit  de  dur,  d'inflexible,  fe  brifoit  ,  s'attendriffbit  ,  étoit  porté  à  l'indul- 
gence au  moment  où  on  avouoit  ingénument  la  fnute  qu'on  avoit  commife ,  fans 
chercher  à  la  pallier,  à  l'exculer  par  des  fubterfuges.  Mais  vouloir  lui  en  impofer 
en  la  moindre  chofe  ,  c 'étoit  s'expofer  à  lui  faire  rompre  fur  le  champ  &  fans  re- 
tour les  nœuds  de  l'aminé,  même  la  plus  intime. 

Par  cet  empreffement  à  remplir  fes  devoir?  ,  &  par  fon  zèle  pour  le  fervice 
de  la  Souveraine,  F'an  Swletten  s'eil:  acquis  la  réputation  d'un  homme  également 
droit  &  tincere.  Né  dans,  le  fein  d'une  République,  où  l'on  ne  cortradle  pas 
peut-être  pour  les  Souverains  cet  amour  que  nous  fuçons  avec  le  lait  ,  il  n'en  fut 
pas  moins  véritablement,  moins  tendrement  attaché  à  Marie-Thérèse  depuis  le 
moment  qu'il  parut  à  fa  Cour.  Il  ne  fut  découragé  ni  par  la  multitude  ,  ni  par 
l'embarras  des  affaires  dont  cette  Princeflé  jugea  à  propos  de  le  charger  ;  fon  âge 
même  &  le  dépériliement  de  fes  forces  ne  lui  firent  point  fufpendre  fes  travaux; 
&  comme  dans  fa  jeunefle  il  avcit  travaillé  avec  toute  la  maturité  de  la  vieilleCTe, 
il  travailla   dans  la  vieilltffe   avec  to.te  l'activité   de  la  jeunefle. 

Accablé  de  fatigues  ,  il  ne  pouvoit  pas  manquer  de  fuccomber  fous  le  poids  de  l'ira- 
menii  é  des  travaux  qu'il  avoit  entrepris  par  zèle;  &  en  ettet,  il  reflèntit  bientôt  les 
attemtcs  du  mal  dangereux  qui  dcvoit  un  jour  terminer  fa  vie.  Sa  fanté  qui  avoit 
été  allez  bonne  jufqu'en  1769,  fe  dérangea  confidérabltment;  il  la  foutint  cepen- 
dant ,  par  beaucoup  de  foins  ,  julques  vers  la  fia  du  mois  de  Mars  i^f  2,  Il  parut  a» 


34^  S    W    I 

doigt  d'un  de  fes  pieds  une  petite  tumeur  blanchâtre  qui  laifl'a  fuinter  de  la  féroi 
lîté,  l'os  le  découvrit  &  la  gangrené  s'empara  de  cette  extrémité.  Environné  dcs- 
lors  des  ombres  de  la  mort,  il  attendit  courageufement  qu'elle  vînt  fe  montrer, 
iuivons-le  jufqu'au  ternie  de  fa  carrière,  &  voyons-le  orné  de  cette  vertu  qui  cou- 
ronne toutes  les  autres ,  &  lans  laquelle  il  n'en  eft  point  qui  foit  d'éternelle  durée.  J'en- 
tends la  Religion  ,  à  qui  il  a  donné  tant  de  preuves  de  fon  zèle  &  de  fon  attachement. 
Non  feulement  il  la  profefla  en  homme  de  bien  &  craignant  Dieu  ,  mais  il  fortit 
vidorieux  de  toutes  les  attaques  qu'il  foutint  pour  elle.  Il  fut  tenté  par  les  bril- 
lantes alliances  qu'il  auroit  pu  contraif^er  en  Hollande ,  s'il  tût  voulu  fe  déterminer 
à  l'indifférence  en  fait  de  Religion.  Il  préféra  la  perte  des  honneurs,  de  la  dignité, 
*les  émolumens  de  l'emploi  de  Protefleur  public  ,  plutôt  que  d'adopter  la  fauffe 
do(fïrine  de  fa  patrie.  11  refufa  l'offre  féduifante  qui  lui  fut  faite  de  paffer  en  An- 
gleterre ,  où  on  vouloit  placer  pour  lui  &  pour  l'es  defcendans  à  perpétuité  ,  dans 
les  fonds  publics  ,  un  capital  qui  lui  affureroit  le  revenu  de  mille  livres  fterlings  ; 
&  il  refufa  cet  avantage,  parce  qu'il  vouloit  exercer  publiquement  la  Religion  de 
fes  pères, 

C'eft  à  la  pratique  réunie  de  toutes  les  vertus  qu'il  avoit  montrées  féparément  pendant 
îc  cours  de  fa  vie ,  qu'il  dut  la  belle  mort  qui  la  termina.  Il  la  reçut  comme  le  coup  qui 
alloit  accomplir  Ion  facrifice  ;  il  s'abandonna  tout  entier  à  la  volonté  de  PEtre  fuprême  , 
fe  jetta  dans  les  bras  de  fa  miféricorde,  ranima  fon  efpérance  &  fon  amour  par 
les  leifiures  réitérées  des  promelies  d'un  Dieu  ,  vivifia  ces  fentimens  par  la  piété 
]a  plus  ardente  ,  fe  dépouilla  fans  réferve  de  ce  qui  étoit  mondain  ,  pour  fe  livrer 
tout  entier  à  fon  Créateur ,  &  mourut  à  Schonbrunn  le  i8  Juin  ij?f 2  ,.  dans  la  73e, 
année  de  fon  âge ,  avec  une  rélignation  tranquille  &  l'efpérance  la  plus  vive  dans 
les  miféricordes  du  Seigneur.  Les  l'entimens  de  P'an  Sipiemn  expirant  ont  fait  l'ad- 
miration de  tous  ceux  qui  ont  été  préfens  à  fa  mort.  L'Augufite  Marie-Thérese, 
qui  a  été  le  voir  fouvent  pendant  fa  maladie  ,  &  huit  jours  encore  avant  fa  mort ,  n'a 
pu  affez  l'admirer  ,  ni  s'empêcher  de  mêler  les  larmes  de  fa  douleur  à  celles  d'ad- 
miration &  d'édification.  C'eft  ainii  que  mourut  ce  grand  Homme ,  cet  ornement ,  cet 
appui  des  Sciences  ,  cette  iburce  des  connoiliances  les  plus  riches ,  ce  bienfaiteur  des 
Savans  ,  ce  reftaurateur  de  la  Médecine  dans  l'Univerlité  de  Vienne ,  cet  homme  da 
bon  confeil .  cet  ami  vrai,  ce  citoyen  vertueux,  ce  bon  mari ,  ce  père  tendre ,  cet 
homme  Lienfaifant  ,  modefte  ,  cet  homme  fi  fîdele  ,  fi  éclairé  ,  fi  zélé  ,  fi  plein  de  ref- 
peél  pour  la  Religion;  cet  homme  enfin  admiré  de  tous,  pleuré  par  Marie-Thérese, 
&dont  le  nom  paflèra  à  la  poftérité  la  plus  éloignée.  L'Impératrice  Reine  l'a  immorta- 
lifé  par  une  ftatue  qu'elle  lui  a  fait  ériger  dans  une  des  falles  du  Palais  de  l'Uni, 
verfité  ;  mais  elle  l'a  immortalifc  d'une  manière  bien  plus  digne  d'envie  ,  par  fes  larmes 
précieuies.  Cette  grande  Princeflé  a  voulu  que  le  corps  de  F'an  Sn^lettcn  fût  tranf- 
porté  à  Vienne ,  pour  y  être  enterré  aux  Auguftins  dans  une  chapelle  où  repofent 
les  cendres  des  Héros  ,  &  d'autres  hommes  illuftres  qui  ont  fait  honneur  à 
leur  fiecle. 

J'ai  extrait  la  plus  grande  partie  de  cet  Article  d'un  petit  Ouvrage  imprimé  à 
Vienne  chez  Jofeph  Kurboeck  ,  1773 ,  in-i'i.  C'eft  la  Traduflion  Françoife  de 
l'Eloge  funèbre  de  Gérard  F'an  Snictten,  prononcé  en  Allemand  dans  la  grande  falle 
à^  l'Univerfité  ;i  le  2  de  Septembre  1772,  par  le  R.  P.  Ignace  ff^uri  de  la  Corn»-- 


s    Y    D  S4g 

pagnie  de  Jefus  ,  Doreur  en  Théologie ,  ProfefTeur  d'Eloquence  en  la  même  Uni- 
veriité. 

11  me  refte  à  parler  des  Ouvrages  de  Fan.  Swittun.  On  lui  doit  d'excellens 
Commentaires  fur  les  Aphorifmes  de  Bocrhaavc:  l'efprit  du  Maître  eft  pafle  tout 
entier  dans  ces  Commentaires  ,  que  le  Dilciple  a  enrichis  de  tout  ce  qu'une  éru- 
dition fage  &  confo.nmée  pouvoit  fournir  d'utile  &  d'intérelfant.  Peu  de  jours  avant 
fa  mort ,  f^an  Su-ictten  eut  la  fatisfaftion  d'apprendre  que  le  cinquième  &  dernier 
Tome  étoit  achevé  d'imprimer  ;  il  fembloit  n'attendre  que  ce  moment  pour  ter- 
miner une  carrière  laborieufe ,  &  auffi  glorieufe  pour  lui  qu'elle  a  été  utile  au 
monde.   Voici  le  titre    fous  lequel  ces  Commentaires  ont  paru: 

Gerardi  L.  B.  Fan.  Swietten  Commentaria  in  Hermanni  Boerkaave  ^phorlfmos  dt 
cognofccndh  c?  curandis  morbis.  Lugdunl  Batavoram  ^  ^743  ?  deux  volumes  in-4  ;  pre- 
mier &  iecond  Tomes.  Ibidem,  1745,  1749,  1753  >  ^764,  quatre  volumes  i/1-4; 
premier,  fécond,  troilieme  &  quatrième  Tomes.  Ibidem,  ^77- ■>  w-4»  cinquième 
Tome.  Par  ifiis ,  1746-  1754,  trois  volumes //ï-4.  C'eft  la  première  édition  de  Paris; 
la  féconde  eft  de  1755  &  années  fuivantes  ,  cinq  volumes  i/i-4.  11  y  a  aufli  une 
édition  de  lurin  fous  le  même  format,  1745  &  années  l'uivantes.  Venife  ,  1746 
&  années  fuivantes ,  JC-4,  Francfort,  1762  &  années  fuivantes  ,i«-4.  Cet  Ouvra-^'ea 
paru  en    Allemand  à  Leipfic ,  &  en  Anglois  à  Londres. 

Nous  avons  encore  de  la  façon  de  ce  Médecin  une  Defcription  abrégée  des  ma- 
ladies qui  régnent  communément  dans  la  armées .,  avec  la  méthode  de  les  traiter.  Vienne 
1759,  in-8.  Paris,  1760,  in-11.  On  a  trouvé,  parmi  fes  papiers,  un  Traité  Ds 
Corde  qui  appartient  à  Boerhaavc^  mais  que  Fan  Swletten  a  enrichi  de  l'es  notes. 
Les  Aphorifmes  de  Boerhaave ,  depuis  le  144e.  jufqu'au  55^6.,  &  les  Commen- 
taires de  notre  Auteur  fur  ces  Aphorifmes,  ont  été  traduits  en  François  pour  la 
commodité  des  Chirurgiens.  Ils  ont  paru  fous  le  titre  ' d'' aphorifmes  de  Chirurgie  d'Her^ 
mon  Boerhaave.,  commentés  par  M.  Fan  Sirtetten ,  traduits  du  Latin  en  François.  Paris., 
1753,  cinq  volumes  i/2-12.  Mais  il  vaut  mieux  lire  l'original  que  la  traduction 
qui  n'a  pas  toujours  rendu  le  vrai  fens  du  Latin.  Cette  partie  des  Commentaires 
de  l'illuftre  Fan  Smetten  attache  fur-tout  par  une  multitude  de  faits  hifîoriques 
rapportés  avec  la  plus  grande  fidélité. 

SVDENHAM  C  Thomas  J  naquit  vers  l'an  1624  à  Winford  Eagle  dans  le 
Comté  de  Dorfet  en  Angleterre.  Sydenham  étoit  né  A^éJecin.  Il  avoit  déjà  palTé 
quelque  tems  dans  l'Uni  verlité  d'Oxford  ,  lorfqu'il  fe  retira  ailleurs  pour  éviter  les 
ttoubles  des  gtierres  civiles.  Ce  fut  alors  qu'il  rencontra  un  célèbre  Médecin  chez 
fon  frère  qui  étoit  malade.  Ce  Médecin  l'engagea  à  fe  livrer  à  la  Médecine;  il  le 
lit,  &  il  devint  l'émule  d" Hippocrate. 

Sydenham  prit  le  degré  de  Bachelier  à  Oxford  le  14-  Avril  1648,  mai^  ce  fut 
à  Cambridge  qu'il  reçut  les  honneurs  du  Dodlorat.  Il  fe  rendit  enluite  à  Weftminfter, 
oià  il  fit  fa  profeffion  avec  tant  de  luccès,  que  dès  l'an  1660  il  joui.Toit  déjà  de 
la  plus  grande  réputation  Se  palfoit  pour  un  des  premiers  praticiens  de  l'Angleterre. 
♦Son  mérite  avoit  percé  à  Londres  avant  qu'il  allât  s'y  fixer;  ce  ne  Fut  que  vers 
la  fin  de  fa  vie  qu'il  y  vint  à  titre  de  Licencié  du  Collège  Royal,  i?i  il  y  mourut 
k  OQ  Décembre  1689,   après  avoir  été  long-tems  tourmenté   de   la  goutte,  àon%. 


.50  S    Y    D 

il  a  écrit  un  Traité  ,  auquel  il  ne  travailloit  que  pendant  Ses  attaques  de  cette 
pénible  m-diadie.  Ses  Ouvrages  font  intitulé-^: 

Mcthodus  curanJi  febrcs  propriis  obfervanonibus  fuper(lru?t(i.  Lond'ml ,  1666 ,  /n-8.  jimf- 
tdcdaini,  1666,  i/i-y.  Le  même,  i'ous  le  titre  à'Obfcrvationes  ciica  morborum  acuto- 
runi  hiftoriam  &  curationem.  Londini,  1668,  1677,  tn-8.  Genève^  1683  ,  in-ia ,  avec 
les  BpijîoliS  Rcfponfurlts.  C'eli  à  l'es  fuccès  -que  Sydinkam  a  dû  le  nom  de  guérii- 
ieur  des  tievres.  Il  s'étoit  d'abord  montré  partilan  des  remèdes  chauds  ,  en  par- 
ticulier des  iudorifiques  ;  mai?  conduit  par  la  nature  des  fièvres  ,  il  abandonna  ce» 
remèdes ,  contre  lel'quels  LangLus  s'étoit  tant  récrié  dans  le  XVI  fi^:cle  ,  &  il  adopta 
la  fage  méthode  de   ce  Médecin  dans  l'utage  qu'il  fit  des  rafraîchilTans. 

Epljlola  Refponforia prima  ad  R.  Brady.  Epijïola  R^fponfjriu  fccanda  ad  H.  Pâmait 
de  morbh  epldcmkis   é?  Lue  venereâ.   Londini^    1680»  in  S. 

Dijfertatio  Epljlolaris  ad  G.  Cde  de  yariulis  ,  malo  Hyjhricd  S$  Hypochondr'iacô.  Ibi- 
dem ,  1682  ,   in-8. 

De  fcbre  putrida  ia  varioUs  confluentibus ,  de  miSu  cruentô  in  Calcula  ,  de  afftciiotie 
Hyjlericâ.  Ibidem ,   i68a ,   inH. 

Tra&atus  de    Podagra  &  Hydrope.  Londiai,  1683,    inS.   Amftehdami  ^  1685  ,    //1-8. 

Schedula   monltoria  de  nov<s  febris  ingrejju.   Londini  ,  i685  ,  1/1-8. 

ProceJJas  integri  in  varils  morbis.  Opus  pojlmmam.  Londini,  1693,  jn-12 ,  I7I2, 
în-8,  1742,  i/i-ia.   ylmftelodami,    1694.,  m-8. 

Le  Recueil  de  ces  diftérens  Traités  a  paru  fous  le  titre  à'Opera  omnia.  ^mfie- 
lodami ,  1683,  1734,  m-8.  Loniini  ^  1685,  1705,  1734»  ia-B.  On  fent  aflcz  que  la 
première  édition  a'Amftcrdam  &  de  Londres  n'eft  pas  complette.  Lipfîa  ,  1695  ^ 
171 1,  in-8.  GeneviC,  i6g6 ,  i/i-8,  1716,  1723,  1736,  1749»  1757.  in-4 ,  avec  plu- 
fieurs  Ouvrages  qui  ne  font  pas  de  notre  Auteur.  Lugduni  Batavorum  ,  1726,  1741, 
1754,  in  8.  En  Anglois,  Londres,  1729,  1742,  //1-8.  En  François,  par  M.  Jault , 
Paris,  deux   volumes  in-8, 

Sydenham  s'étoit  convaincu  que  la  connoiflance  des  voies  de  la  Nature  conduifoit 
feule  à  l'Art  de  guérir ,  &  que  c'efl:  uniquement  par-là  qu'on  peut  éviter  l'erreur. 
Auflî  fut-il  l'homme  le  plus  expérimenté  de  fon  tems,  &  comme  il  fut  encore  le 
plus  diligent  Obiervatcur  des  démarches  de  la  Nature,  il  peut,  à  jufle  titre,  en 
Être  appelle  l'Hiftorien.  Il  en  a  ,  pour  ainfi  dire ,  fuivi  toutes  les  allures  pas  à  pas , 
&  il  nous  les  a  tracées  avec  la  dernière  précifion.C'cft  lui  ,  c'ell  cet  homme  fage, 
ce  lègiflateur  moderne  ,  qui ,  à  force  d'oblerver,  nous  a  laifië  les  règles  les  plus 
sûres  pour  guérir  heureufement  les  maiadie?.  Peu  flatté  de  mettre  au  jour  une 
Théorie  brillante  ,  il  ne  voulut  que  des  faits  qui  indiquaîTent  les  marches  de  la 
Nature  :  en  Architede  judicieux  ,  il  a  bâti ,  fur  les  plus  folides  fbndemens  ,  un 
édifice  plus  durable  que  le  bronze  &  l'airain  ,  oti  la  critique  &  l'envie  font  plus 
d'une  fois  venues  fe  briier.  Cet  édifice  fera  toujours  l'admiration  des  plus  grands 
connoifl'eurs  ,  fervira  de  guide  aux  jeunes  Praticiens,  d'afyle  afluré  aux  malades 
&  de  modèle  aux  meilleurs  Maîtres.  Le  témoignage  de  Boerliaave  fuffit  pour  con. 
iirmer  la  vérité  de  ce  qu'on  vient  de  dire.  Ce  Médecin  HoUandois  ne  louoit  qu'a- 
vec difcrétion  ;  mais  dans  fon  diicours  De  cominendando  ftpdio  Hippocratico ,  qu'il  pro- 
nonça en  If 01,  lorfqu'il  prit  polfeilion  de  la    Chaire  des  inftitutes,  il  ne    crut  pas 


s    Y    E        S    Y    L        S    Y    M        S    Y    N  551 

en  pouvoir  dire  aflez  pour  louer  Sydenham  félon  fes  mérites.  Voici  comme  s'expri- 
me le  célèbre  Eocrhaave:  Unum  exlmlum  habeo  Thomam  S\d^r.ham  ,  j-Jn^lite  lumens 
^ri'ts  Phœbum  ;  cujus  ego  nomen  fine  liomnifica  prafatione  memorare  erabefcerem:  quem 
quoties  comtemplatur  ^  occurrit  animo  vera  Hippocratici  f^irijpecics ,  de  cujus  ergà  Rempii- 
bllcam  Medicam  mer'uis  nunquam  ira  mai^nificê  dicam  ,  quin  ejus  id  fit  fuperatura  dignî- 
tas.  Peut-on  louer  quelqu'un  plus  honorablement  '\  Mais  ce  qui  relevé  le  mérite  de 
cet  éloge,  c^eft  qu'il  part  du  cœur:  on  remarque  dans  plulieur*  endroits  des  Ou- 
vrages du  grand  Boerhaave,  qu'il  ne  prononce  jamais  le  nom  de  Sydenham  qu'avec 
une  forte  de  vénération. 

SYEN  (  Arnoud  J  enfeigna  la  Médecine  &  la  Botanique  à  Leyde  après  le  mi- 
lieu du  XVII  fiecle.  Comme  il  étoit  également  favant  &  laborieux  ,  il  fit  des  notes 
intérellantes  fur  la  première  partie  du  grand  Ouvrage  qui  parut  à  Amfterdam  , 
1678  &  années  fuivantes,  douze  volumes  in-folio  ,  fous  le  titre  d^Hortus  Malabaricus 
coniiner^s  regni  Malabarlci  ,  apud  Jndos  celeberrimi ,  omnis   generis  plantas  rarlores  &c. 

SYENNESIS,  Médecin  du  XXXVI  liecle  ,  étoit  de  Cyre.  Il  eft  cité  par  ^rif- 
tote  qui  rapporte  quelques  petits  fragmens  de  fes  Ecrits. 

SYLVIUS.  r  Jacques  J  Voyez   DUBOIS. 

SYLVIUS.  CJeanJ  Voyez   DUBOIS. 

SYLVIUS  DE  LE  BOÊ.  Voyei   DUBOIS  DE  LE  BOË. 

SYMMACHUS  ,  Médecin  de  Rome  ,  vécut  dans  le  premier  fiecle  du  tems 
de  Martial.  Comme  il  avoir  coutume  de  fe  faire  accompagner  de  tous  fes  audi- 
teurs ,  quand  il  rendoit  ^lite  aux  malades  ,  le  Poëte  parle  ainfi  de  lui ,  Livre  V  ? 
Epigramme  IX  : 

Languebam  :  féi  tu    comitatus  protlnàs  ad  me 

Fenijïi  centum ,    Symmache  ,    difcîpulls, 
Centum  me  tetigere  manus  aquilnne  gelatte; 

Non  habuî  febrem  ,  Symmache ,  nunc  habeo. 

Martial  parle  encore  de  ce  Médecin  dans  la  XVIIe-  Epigramme  du  feptienae 
Livre  : 

Pedere  te  mallem  :  namque  hoc    nec  inutile  dlcU 
Symmachus ,   &  rifum    res  movet  ifta  fimul. 

SYNALUS,  Médecin  d'Annibal,  vécut  dans  le  XXXVIII  fiecle  du  monde. 
Silius  Italicus,  Poëte  du  premier  liecle  de  l'Ere  Chrétienne,  de  qui  il  nous  refte 
l'Hiftoire  de  la  féconde  guerre  Punique  en  Vers,  contenant  les  expéditions  d'Aiv. 
nibal  en  XVII  Livres,  rapporte  que  Synalus  s'entendoit  fort  bien  à  faire  fortir  le 
fer  d'une  plaie  par    des  enchantemens  ou  par  des  paroles ,  &  qu'il  favoit  aflbupir 


355 


'S    Y    N 


les  ferpens.  Il  ajoute  que  ce  Médecin  étoit  defcendu  d'un  ancien  Synalus  qui  avait 
4e  même  talent  qu'il  tenoit  de  Hammon,  fon  père.  On  voit  par  cet  exemple  que 
la  charlatanerie  a  été  le  vice  de  tous  les  tems.  Anciennement,  ceux  qui  le  mê- 
loient  de  la  Médf'cine  ,  cachoient  leurs  procédés  fous  le  voile  myftérieux  des  en- 
chantemens  &  des  incantations  ;  aujourd'hui ,  les  détours  obliques ,  les  menées  baf- 
fes ,  la  fouplelfe  adroite ,  font  les  talens  qui  réufiifient  à  faire  des  dupes. 


T. 


T    A    B       TAC  353 


T. 

^  ABARY  (  Jean  J  natif  de  Limoges  ,  fut  Médecin  de  Charles  VI  ,  Roi  de 
France  ,  &  lui  dédia  un  Ouvrage  intitulé  :  De  Re  Medicâ  Librl  /ex.  La  Médecine 
étoit  alors  entre  les  mains  des  Clercs,  qui  protitoient  volontiers  de  la  faveur  des 
Princes  pour  s'avancer  dans  l'état  eccléfiaflique.  Tabary  iè  poufla  avantageufement 
dans  cet  état  ;  car  après  avoir  été  Chanoine  de  Cambray ,  d'Arras  ,  de  Tournay 
&  de  Lille ,  il  monta  fur  le  fiege  Epifcopal  de  Térouane  en  1383.  Il  vint  mourir 
à   Paris  en  1403. 

TABERNA-MONTANUS  C Jacques  THEODORE  dit  }  du  Heu  de  fa  naif- 
fance  ,  Berg  Zabern  en  Alface,  fut  d'aboid  Apothicaire;  mais  après  avoir  étudié 
Ibus  Jérôme.  J'ragus  qui  lui  infpira  fon  goût  pour  la  Botanique ,  il  pafla  en  France, 
où  il  le  fit  recevoir  Dodeur  en  Médecine.  Théodore  s'avança  tellement  dans  cette 
protbifion,  qu'il  devint  premier  Médecin  de  l'Eiedlieur  Palatin,  de  l'Evêque  de 
Spire  &  de  plufieurs  Seigneurs  de  la  plus  grande  naifi'ance.  Il  fut  encore  Phyficlen 
de  la  ville  de  Worms  ;  mais  il  abandonna  cette  place  pour  fe  rendre  à  Heidel» 
berg,  où  il  mourut    en   1590. 

Comme  ce  Médecin  étoit  perfuadé  que  Dieu  avoit  mis  dans  les  plantes  de 
chaque  pays  les  vertus  convenables  aux  maladies  des  habitans  ,  il  fe  fervoit  de 
peu  de  remèdes  étrangers  ou  compofés  ,  &  parmi  ceux-ci ,  il  préféroit  la  Thériaque 
&  le  Mithridate  à  tous  les  autres.  Lors  même  qu'il  exerça  ,  en  1552 ,  l'emploi  de 
Médecin  d'armée  pendant  le  fiege  de  Metz,  il  n'employa  que  la  poudre  d'Armoife 
pour  la  guérilon  des  officiers  &  foldats  ;  mais  c'eft  trop  étendre  l'ufage  qu'il  en 
iit ,  que  de  le  repréfenter  fe  fervant  de  cette  poudre  dans  la  cure  des  plaies  d'ar« 
mes  à  feu.  La  confiance  qu'il  avoit  dans  les  végétaux,  Pengagea  à  travailler  pen- 
dant trente -ûx  ans  au  Recueil  de  trois  mille  plantes  qu'il  publia  en  Allemand.  Le 
premier  volume  parut  à  Francfort  en  1588,  in-folio  ,  &  le  leccnd  dans  la  même 
ville  en  1550  ,  in-folio ,  par  les  foins  de  Nicolas  Braun  qui  fe  chargea  de  l'édition , 
à  caufe  de  la  mort  de  l'Auteur.  Cet  Ouvrage  a  été  plufieurs  fois  imprimé  depuis 
ce  tems-là:à  Francfort,  1613,  1625,  in-folio:  à  Bâle ,  1613  ,  1664,  1687,  1731  , 
in-folio.  On  y  trouve  2255  figures  ,  la  plupart  tirées  de  Matthiole  ,  de  L'Efclufe  & 
de  UObel  ;  mais  on  y  trouve  auflii  des  plantes  gravées  d'après  nature  par  les  foins 
de  l'Auteur.  Ce  Médecin  a  encore  écrit  un  Traité  Allemand  fur  les  bains  &  les 
eaux  minérales ,  dont  on  a  des  éditions  de  Francfort  ,   1584,   160B,  in-8. 

Parmi  les  dix-huit  enfans  de  Théodore ,  on  en  trouve  deux  qui  fe  fout  diftingués 
dans  la  pratique  de  la  Médecine.  Jean-Jacques  étoit  prépolé  au  foin  des  malades 
de  l'Hôpital  d'Heidelberg  ,  lorfqu'il  mourut  d'une  chute.  Philippe  Jacques  fut  pre- 
mier Médecin  d'Everard,   Evêque  de  Spire. 

TACCONI,  (Cajetan^  Doaeur  en  Médecine  &  Lefteur   public   dans  l'Uni ver- 
fité  de  Bologne ,  enfeigna  la  Chirurgie  dans  l'Hôpital  de  Sainte  Marie  de  la  Mort 
de  la  môme  ville.  Il  s'eft  fait  honneur  par  les  obfervations  qu'il  a  communiquées 
T  O  M  E    JK  Y  y 


354^ 


TAC 


à  l'Académie  de  Bologne  ,&  par  les  Ouvrages  qu'il  a  mis  au  jour  vers  le  milieu! 
de  ce  fiecle.  On  remarque  les  fuivans  : 

De  raris  quïbufdam  hepatls  aVwrumque  vlfcerum  affeciibus  obfervationes.  Bonnniie ,  174O, 
jrt  4.  L'Auteur,  qui  s'eft  principalement  attaché  à  jetter  de  nouvelle?  lumières  fur 
les  maladies  du  foie,  parle  favamraent  des  abfcès  de  ce  vifcere,  dé  la  jauniffe  & 
des  calculs   biliaires. 

De  nonnulUs  cranii  ojjiumque  fra^uris.  Bononlte  ^  ijfsi  ,  avec  un  Opufcule  de  Ba- 
lani  qui  eft  intitulé  :  Hlftoria  monftri. 

TACHENIUS  ou  TAKEN,  (OthonJ  d'Herford  enWeftphalie  ,  s'appliquoit  à  la 
Pharmacie  ,lorfqu'il  prit  du  goût  pour  la  Médecine  &  l'étudia  Ibus  Timpkr  ,  Praticien 
de  fa  ville  natale.  11  correfpondit  mal  aux  bontés  de  fon  Maître  qu'il  eut  la  baf- 
fefle  de  voler.  11  fut  chafle  de  fa  mailon  ;  &  pour  fe  fouflraire  aux  reproches  que 
méritoit  fa  conduite ,  il  alla  cacher  fa  honte  dans  les  pays  étrangers.  Kiell  fut  la  première 
ville  oùilfe  retira;  il  s'y  mit  en  fervice  en  qualité  de  Garçon  Apothicaire;  mais  au 
bout  de  quelque  tems ,  il  palTa  à  Dantzick.&  delà  à  Konigsberg.  Vers  1644  il  alla  en 
Italie ,  &  prit  le  bonnet  de  Dofteur  en  Médecine  à  Padoue.  11  fe  rendit  à  Venife 
après  fa  promotion,  &  plein  du  fyfiême  qu'il  avoit  en  tête  fur  la  doiflrine  de  l'a- 
cide &  de  l'alcali,  il  prépara  dès-lors  la  forte  de  révolution  qu'il  ne  tarda  pas  à 
faire  dans  la  pratique  de  la  Médecine.  Les  Ouvrages  qu'il  a  compofés  ne  refpirent 
que  ce  lyftêrae  qui  malheureufement  n'a  eu  que  trop  de  partifans.  Voici  les  titres 
fous  lefqucls  fes  Ecrits  ont  paru  ; 

Epîftola  de  famofo  liquore  alkahejî.  Hamburgi ,  1655  ,  £«-4  ,  avec  les  F'indicla  à''Hd' 
vlch  Dieterich.  Cette  Lettre  avoit  été  imprimée  précédemment  à  Venife  &  l'Au- 
teur l'avoit  dédiée  au  Doge. 

Echo  ad  vindicias  Chyrofophi  de  liquore  alkahejî.  F'enetiis .,  1656,  £1-4.  Pour  toute  ré- 
ponfe  à  l'Ecrit  de  Dieterich  ,  il  cherche  à  l'accabler  fous  le  poids  d'une  fatyre  in- 
décente ;  mais  les  traits  qu'il  y  a  lancés ,  lui  ont  fait  plus  de  tort  qu'à  fon  ad- 
verfaire. 

Hippocrates  Chymicus ,  qui  novijfimi  viperini  falis  antiquijjîma  fundamenta  oftendit,  P'c- 
netiis,  1666,  in-12,  Brunfvigce  ,  1668  ,  in«i2.  Lutetia  ,  1669,  j/i-8  ,  1673  ,  '"-12.  Lug- 
duni  Batavorum  ,  lôj'i ,  in-11.  BruxelUs ,   i6go  ,  j/i- 12. 

Clavis  Midicin£  Hippocratica.  Francofurti  ,  1669,  1673  ,  in-12.  Lugduni  Batavo- 
rum, 167 1 ,   m-8. 

Tracfatus  de  morborum  principe  ,  in  quo  plerorumque  gravliim  ce  fonticorum  prater  na- 
zuram  affe&uum  hermenca  vera  &  folida  curatio  proponîtur.  Ofnabrugl  ^  *6f8,  /n-12.  II 
avoit  déjà  paru  avec  {'Hippocrates  Chymicus  ,  à  Brunfwick  ,  i658  ,  fB»i2 ,  à  Leyde  3 
1671  ,  in-12. 

Tachenius  vécut  en  même  tems  que  De  Le  Boë,  &  foutint  comme  lui  l'impor- 
tance de  la  Chymie  dans  l'explication  des  principaux  phénomènes  de  l'économie 
animale.  Il  fe  chargea  de  la  défenfe  de  la  doftrine  chymique  contre  tout  ce  qu'il 
rencontra  d'adverlaires  ,  &  les  Ouvrages  ,  qu'il  publia  ,  frappèrent  tellement 
les  efprits  par  le  nombre  d'expériences  &  de  raifonnemens  qui  femblent  venir 
à  l'appui  de  fes  opinions,  que  l'amour  de  la  nouveauté  ne  tarda  pointa  les 
faire   adopter.    Ceu«  fatale   révolution   arrêta ,  pour  ainfi  dire  ,  les  progrès  de 


TAC  35? 

%  Médecine.  Od  abandonna  les  faits  pour  courir  après  les  hypothefes  ;  on  jctta 
dans  le  plus  grand  dilcrédit  les  Auteurs  Grecs  ,  ces  fidèles  obfervateurs  des  mar. 
ches  de  la  Nature  ;  tout  le  monde  fe  tint  pour  convaincu  que  cette  Nature 
r/opere  qu'en  Chymifte  ,  que  la  vie  de  l'homme  eft  Ton  ouvrage  ,  que  les  parties 
du  corps  font  fes  inftrumens  ;  en  un  mot,  que  la  variété  des  opérations  animales 
s'exécute  par  des  moyens  purement  Chymiques.  On  pouflà  plus  loin  cette  dodrine; 
non  feulement  on  l'appliqua  au  corps  humain  ,  mais  encore  à  l'Univers  entier;  on 
s'imagina  que  fans  la  Chymie  rien  ne  pouvoir  être  mu  ,  dirigé ,  accru  ,  diminué  & 
détruit.  Les  Ecoles  des  Univerfités  ne  retentirent  bientôt  que  de  ces  propolitions , 
&  les  Ecrits  des  Médecins  en  furent  remplis. 

Par  la  raifon  que  certaines  liqueurs  corrodent  les  métaux  par  leur  acidité,  on 
conclut  que  c'eft  un  acide  qui  difîbut  les  alimens  dans  l'eftomac.  Et  parce  que  les 
acides  extraits  par  le  feu  produifent  une  ettervefcence  violente  ,  lorlqu'on  le*  mêle 
avec  les  huiles  des  aromates ,  on  en  conclut  encore  que  l'acidité  du  chyle  devoit 
produire  la  chaleur  en  fe  mêlant  avec  le  baume  du  fang,  &  que  loifqu'il  arrive 
que  le  chyle  &  le  fang  font  l'un  &  l'autre  fort  acres  ,  il  devoit  s'y  allumer  une 
fièvre  ardente.  Le  Nitre  ,  le  Sel  Marin  &  particulièrement  le  Sel  Ammoniac  refroi- 
diflbnt  l'eau  ,•  &  fur  ces  connoilTances  ,  on  alfura  que  c'étoit  à  ces  matières  qu'il 
falloit  attribuer  le  frilfon  de  !a  fièvre.  Les  exhalaifons  du  vin  en  ébullition  fe  por- 
tent naturellement  dans  un  vailfeau  placé  au  deflus  d'elles  ;  &  l'on  crut  trouver 
dans  cette  opération  ,  la  vive  image  de  la  génération  des  efprits  dans  le  cer- 
veau. 

Telles  étoient ,  entre  plufieurs  autres ,  les  idées  théoriques  &  patTiologiques  que 
préfentoit  la  Nature  devenue  Chymilie.  Qui  pourra  croire  que  ce  fyftême  ait  percé 
jufqu'à  notre  fiecle  1  J'ai  fuivi  des  ProfefTeurs  qui  foutenoient  férieufement  cette 
hypothefe  romanefque  ,  &  qui  étoient  fi  pcrluadés  que  c'efl:  ainfi  que  les  aérions 
naturelles  s'exécutent  ,  que  plus  d'une  fois  ils  ont  jette  le  trouble  &  la  confufion 
dans  les  Ecoles  par  la  violence  de  l'animofité  ,  avec  laquelle  ils  foutenoient 
leurs  opinions.  Si  la  Médecine,  étoit  ce  que  la  Sefte  Chymique  a  voulu  qu'elle 
fût,  elle  ne  feroit  plus  cet  ^rt  long  pour  lequel  Hlppocrate  a  déclaré  que  la  vie 
étoit  trop  courte.  Auffitôt  qu'on  poffédoit  bien  le  détail  de  ce  fyftême  ridicule, 
on  étoit  cenfé  un  grand  Médecin;  &  c'étoit  l'ouvrage  d'un  jour  que  de  s'en  inf- 
truire.  11  falloit  commencer  par  prendre  des  notions  claires  d'acide  &  d'alcali;  par 
connoître  les  fignes  qui  les  diflérencient,  &  par  conféquent ,  le  cas  où  l'un  ou 
l'autre  prédomine  ;  ce  qui  reftoit  à  faire  enfuite ,  c'étoit  de  venir  au  fecours  du 
plus  foiWe  &  de  rétablir  entre  eux  la  balance.  Voilà  en  fubftance  ,  un  échantil- 
lon de  la  doftrine  que  débita  fort  au  long  Tachenius ,  grand  feéîateur  de  5y/M~.s 
de  Le  Boc.  Il  fe  fit  écouter  comme  ce  dernier  ;  on  le  comprit  peu  ,  on  l'admira 
beaucoup ,  &  tout  le  monde  luivit  fes  fentimens.  On  auroit  pardonné  à  ces  Chy- 
niiftes  toutes  ces  imaginations,  &  ils  n'auroient  été  que  ridicules,  s'ils  n'en 
avoient  pas  fait  le  fondement  de  plufieurs  pratiques  fatales  au  genre  humain.  Com- 
bien de  tems  s'eft-t-il  perdu  pendant  que  ces  opinions  dominoient  dans  la  Méde- 
cine ']  Non  feulement  on  n'a  rien  fait  pour  en  avancer  les  progrès  ;  mais  es 
abandonnant  la  route  tracée  par  les  Maîtres  de  l'Ecole  Grecque,  on  s'eft  jette 
dans  de  vaines  difcudions,  dont  le  réfuUat  ne  fut  qu'un  tiflu  d'eireurs  plus 
dangereules  les   unes  que  les  autres. 


356  T    A    C        T    A    D       T    A    G 

TACKIUS,  (Jean  )  de  Wetzlar  dans  la  Wétéravie  ,  enfeigna  l'EIoquehce  & 
la  Médecine  dan»  les  Ecoles  de  l'Univerfité  de  Gieflcn  ,  &  fut  premier  Médecin 
du  Landgrave  de  MelTe-Darmfiadt.  11  mourut  le  30  Août  1675  ,  à  l'âge  de  58 
ans,  &  laifla  quelques  Ouvrages  qui  ne  refpirent  que  la  dodrine  chymique,  ft 
dominante    alors  en  Allemagne,  Ils  font  intitulés  : 

Chryfogonia  anîmalis   S  miner  ails.    Darmjladil  ^  1664  ,    1670,    «-4. 
Triplex  Phafls  Sophicus  folis  orbz  expcditus ,  humanaque  frag'ditati  &  fpel  refurre&iunis 
nrum  confecratus.  Francofurti ,    1673,   //i-4,  avec  le  l'raité  précédent. 

Louis- Chriftlan ,  Ion  tils  ,  prit  le  bonnet  de  Douleur  en  Médecine  à  GieQ'en  en 
1675.  Sa  Diilertation  inaugurale  roule  fur  la  goutte  d'Afa,  Roi  de  Juda,  &  à 
cette  occafîon,    elle   s'étend  fur  le    caradere  &  la    cure   de  cette   maladie. 

Jean.  Tack.^  Médecin  de  Leyde  ,  a  publié  dans  cette  ville  en  1755  ,  in-if  ,  un 
Ecrit  fous  le  titre  de  Spécimen  ohjhtricium ,  de  partu  capite  infands  pneviô.  Il  y  décrit 
les  diverfes  efpeces  d'enclavement  du  fœtus,  parie  de  dittérens  forceps  &  leviers^ 
&  donne  les  moyens  de  s'en  fervir. 

TADIiVlJS,  (  Alexandre^    fils  do  Jean-Jacques  &   d'Elifabeih    Monti^  étoit   de 
Milan  ,  où  il  fut  reçu  dans  le  Collège    des  Médecins  le   16  Juillet  1603.  Il  parloit 
bien  ,  avoit    l'efprit   fubtil   &  pénétrait  ,  &  poffédoit  mieux  que    perfonne  la  Phi- 
lofophie  ,    l'Aftronomie    &    la  Médecine.   Les  fervices   qu'il  rendit  à  fa  patrie  pen- 
dant le  règne   de    la  peRe   qui  la  défola  en    1630 ,    lui    méritèrent  des  emplois  qu» 
font  autant  d'honneur  à  ies  talens  qu'à  la  reconnoiflance  de  fes  compatriotes.  11  tut 
nommé  Préfet  des  archives  du   Collège,    Membre  du    Confeil    de  fanté   &   Proio- 
Médecin  tenant  la  place   de  Louis  Seuala.  Il  iurvécut  à  celui-ci ,  car  il  ne  mourut 
que  le    16  Novembre  1661.  On  a  plufieurs  Ouvrages,   en  italien,  de  la  façon  de 
Tadinus  ,  comme  des  RéHexions  fur  la  compofition    des  médicamens  ,   un    Abrégé 
de  la  cure  de  toutes  les  tumeurs  externes,   une  Hiftoire  de  Ja  grande   pefte  d'Ita- 
lie   en  1629  ,   1630  &   1631.    Les  deux  premiers  font  tirés  prelque    entièrement  dea 
Ecrits  de  Seitala,  mais  le  fuivant  appanient  à  notre    Auteur; 

Compendium  de  venerandi  Collcgii  Phyjîcorum  Mediolanenjîum  andquitatc^  priviîegiis , 
ftatutii  ,ordinationib:is.    Mediolani,   1645,  in-4. 

George  Matthias  fait  mention  de  deux  autres  Médecins,  du  nom  de  Tadinus f. 
qui  florilToient  à  Milan  vers  le  milieu  du  XV  fiecle.  Alexandre  étoit  bon  Philo- 
fophe  &  Agronome.  Jean-Barthélémi ,  qui  le  fuivit  de  près ,  étoit  aggrégé  au  Col- 
lège de  Milan. 

TAG4.ULT  fjean  )  palTe  pour  être  né  à  Amiens,  mais  la  Notice  de  M. 
B^-on  le  dit  lîmplemeat  du  Vimeu  en  Picardie.  Il  étudia  la  Médecine  dans  les 
Ecoles  de  la  Facultf;  de  Paris  ,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Do£ïorat  fous  le  Dé- 
canat  de  René  Drouyn  qui  fut  à  la  tête  de  fa  Compagnie  en  152a  &  1523.  Tugault 
remplit  lui  même  cotte  charge  pendant  les  années  1534,  '535  »  1536  &  1537.  On 
dit  que  la  pratique  de  ce  Médecin  le  fit  moins  confidérer  à  Paris  que  fes  talens 
littéraires  ;  il  y  jouiiïbit  cependant  d'une  grande  réputation  ,  lorfqu'il  mourut  au 
mois  d'Avril  1545.  Il  eft  un  des  premiers  qui  aient  écrit  en  Laiin  fur  la  Chirur- 
gie ,  mais  fes  Ouvrages  ne  le  bornent  point  à  cette  feule  partie  de  l'Art;  il  eff 
a  compolé  d'autres,  dont  voici  les  titres: 


T    A    G      T    A    I  :,sr 

Comment  ariorum  de  pur gannbus  medicamentls  Jîmplicibus  Lîbrl  JuOi  Parijlis  ,  1537,  («-4. 
ÎMgduni,  1549,  (n-i6,  1553  ,  in.11.  Parlfiis  ,  1571 ,  Jn-S,  par  les  ioins  de  Nicolas 
Hovd.  Notre  Auteur  a  publié  ua  autre  Ouvrage  lur  les  médicamens,  dont  l'édi- 
tion eft  de  Paris  ,  //i-b  ,  lans  indication  d'aunée  ,  chez  Hiérôme  Marnef.  Le  titre 
porte  :  Canon  univerfd  de  Jean  Méfué  des  fimples  medlcamens  ,  avec  les  Commentaires  de 
Tagault  ,    traduit  en.  François. 

De  CIlirurgica  Inji.tutione  Libri  quinque.  Parlfiis  ,  1543  ,  in-folio.  F'eneiils  ,  1544  ,  154Q  , 
in-B.  Lugduni ,  1547  ,  i/i-8.  On  a  ajouté  le  fixieme  Livre  De  materia  Chirurglcâ  de 
Jacques  HoulUer  à  l'édition  de  Lyon,  'tiguri ,  1555  ,  In-folio  ,  avec  d'autres  l'raités 
de  Chirurgie.  Liigduni ,  1560  ,  1567,  in-B.  Fr-ancofurti .,  1574,  in-folio.  En  Italien  y 
Venife  ,  1550.  En  François,  Lyon,  1580,  /n-8  ,  fous  le  titre  de  Chirurgie  de  M'' 
Jean  Tagault  ,  Docteur  en  Médecine,  avec  plufieurs  figaies  des  injlrumens  nécelfaires pour 
l'opération  manuelle.  Encore  en  François  ,  Paris  ,  1618,  i.1-8.  Rouen,  1645,  in-12. 
En  Hollandois  ,  Dordrecht,  i6ai  ,  in-folio.  Il  n'eft  point  étonnant  qu'on  ait  ainfl 
multiplié  les  éditions  de  cet  Ouvrage  ;  c'étoit  encore  le  tcms  où  la  Chirurgie  ne 
recevoir  prelque  aucune  lumière  que  de  la  part  des  Médecins. 

Metaphrajis   in    Guidonem  de    Cauliaco.   Parlfiis,  1545,    inS,   C'eft  la  Chirurgie   de 
Gui  de  Cauiiac  réformée  ,  corrigée  &  augmentée. 

TAGLIACOZZO  ou  TAGLIACOZZL  Voyez  TALlACOTiUS. 

TAISNIEti  ,  (  Jean  )  d'Ath ,  ville  de  la  Province  d'Hainaut ,  fe  rendit  célè- 
bre dans  le  XVI  fiecle  par  les  cocnoiffsnccs  dans  le  Droit,  la  Philofophie  ,  la 
Médecine  ,  les  Mathématiques ,  la  Poéiie  ,  &  la  Mufique.  Il  avoit  non  feulement 
la  Théorie  de  ces  Arts  &  Sciences  ,  mais  il  excelloit  encore  dans  ia  Pratique  de 
pluiieurs.  Il  voyagea  dans  preique  toute  l'Europe,  &  parcourut  encore  une  grande 
partie  de  l'Afrique,  où  i!  étoit  pafl'é  à  la  fuite  de  l'Empereur  Charles  V,  au  tems 
de  l'expédition  deTunis  en  1535.  Les  mots  Quô  Fata  tiiahunt  étoient  la  devife 
de  Taifhier  ;   ils  rendent  raifon  de  fon  goût  pour   les  voyages. 

Cet  habile  homme  enfeigna  les  Mathématiques  à  Rome,  à  Ferrare  ,  &  dans  plu* 
fieurs  Univerûtés  des  pays  qu'il  parcourut.  11  fut  Maître  de  Mufique  à  Ja  Cour  de 
Jean-Gerard  ,  Archevêque  de  Cologne  ;  mais  s'étant  lafl'é  de  voyager,  il  ne  s'arrêta 
que  pour  écrire  différens  Ouvrages  de  Mathématique,  qui  ont  été  publiés  en  1^59^ 
1560  &  1562.  On  remarque  fon  Traité  De  natura  6?  eficcfibus  Magmtis.  Cohmite  , 
1563,  t/1-4.  Opui  Mcthematicum  octo  l.ibris  comprelicnfam.  Ibidem  ^  ^5^3*  in-filio.  L'Au- 
teur étoit  grand    partifan    de  l'AHrologie  judiciaire  &  de  la  Chiromancie. 

On  ne  connoîf  rien  de  lui  fur  la  Médecine  ;  peut-être  que  les  notions  qu'il  ea 
avoit,  étoient  bornées  à  celles  que  les  voyageurs  cuiieux  ne  manquent  pas  de  re- 
cueillir dans  les  pays  qu'ils  parcourent.  Il  mourut  avec  la  réputation  d'un  homms; 
favant,  &  l'on  Ht  ces  quatre  vers  pour  lui  fervir  d'épitaphe; 

Taisnerius  jacet  h'ic  ,  parvâ  refupiniis  in  urna. 

Qui  vaga,  dum  vixit,  fidera  tranfillit. 
Quo  non  dexteritas  ,  quô  non  prtenobile  magnl 

Pertigit  ingen'uini ,  cura  ,    laborque  F'irl  T 


558  T    A    K       T    A    t 

TAKEN.  Voyez  TACHENIUS. 

TALBOT  ,  (  Robert  )  Chevalier  Anglois  ,  eft  cet  homme  célèbre  qui  le  pre- 
mier apprit  aux  François  à  tirer  du  Q^ulnquina  tous  les  avantages  que  ce  médica- 
ment promet ,  quand  on  s'en  fert  avec  méthode. 

Il  eft  fait  mention  de  Talbot  dans  le  Dictionnaire  Univerfel  de  Médecine  ,  oii 
l'on  trouve  ce  qui  fuit  à  l'Article  Quinquina  :  n  En  1679  un  nommé  Tabor  ,  qui 
3>  fe  faifoit  appelier  Talbot  pour  fe  rendre  plus  recommandable,  jugea  à  propos  de 
»  fe  tranfporter  en  France,  où  ayant  guéri  le  Dauphin  d'une  lièvre  quarte  très- 
»  opiniâtre  par  le  moyen  de  ce  remède  ,  il  acquit  une  li  grande  réputation,  que 
»  le  Roi  trouva  à  propos  d'acheter  fon  fccret ,  &  de  le  rendre  .public.  Ce  reme- 
»  de,  qu'on  nommoit  alors  le  Remède  anglais  ^  confiftoit  en  une  infufion  de  Quin- 
T,  quina  dans  du  vin.  Il  parut  vers  ce  tems-Ià  un  petit  Traité  intitulé  :  Remède  An~ 
»  g/oji-  pour  les  fièvres.  i->  Je  ne  fais  fi  Talbot  étoit  Médecin  ,  mais  il  a  écrit  un  Ou- 
vrage fur  la  fièvre  ,  qui  a  paru  en  Anglois  à  Londres  ,  1672  ,  in-B  ,  fous  le 
ùtre  de  Pyretologia  or  a  rational  account^  of  the  caufz  and  cure  of  agues  ,  wiih 
their  Jigns. 

TALIACOTIUS  (  Gafpar  )  ou  TAGLIACOZZO,  Profefieurde  Médecine  Théo- 
îique  &  d'Anatomie  dans  l'Univerfité  de  Bologne  ,  étoit  de  cette  ville ,  où  il 
naquit  en  154(5.  I!  fit  beaucoup  de  bruit  par  un  Ouvrage  qui  enfeigne  la  manière 
d'ajufter  un  nouveau  nez,  des  oreilles  &  des  lèvres,  qu'on  taille  dans  les  chairs, 
auxquelles  on  a  réuni  par  l'art  de  la  Chirurgie  ce  qui  refte  de  la  partie  da 
corps  qu'on  veut  réparer.  Cette  méthode  avoit  été  exécutée  avant  Taliacot  -, 
car  on  trouve  dans  les  annales  de  Pierre  Ran:^ano  ,  Evêque  de  Lucera ,  ville 
de  la  Capitatiate  au  Royaume  de  Naples  ,  que  Branca  ,  Chirurgien  Sicilieo  , 
fe  mêloit  de  cette  opération  :  Ran^ano  en  parle  fous  l'année  1442,  Ce  Chirur- 
gien eut  un  fils,  nommé  -^nrot/ii.' ,  qui  fe  diftingua  par  le  même  art;  mais  après 
P-un  &  l'autre  parurent  les  trois  Fianeus  ,  Floneus  ou  Fojanus  ^  c'efl-à  dire  ,  Fia- 
cent^  Bernardin,  l'on  neveu,  &  Pierre  fils  de  Bernardin  ,  qui  demeurèrent  à  Tro- 
pea  dans  le  Royaume  de  Naples.  Cortejî ,  qui  palFa  par  cette  ville  vers  l'an  i.^^gg  » 
dit  qu'il  n'y  trouva  plus  perfonne  de  la  famille  de  Boiani  ou  Fojani  qui  exerçât 
l'art  de  réparer  les  parties  du  corps.  Il  avoit  dit  précédemment  que  l'habileté  des 
Boiani  dans  cet  art  leur  étoit  aufii  familière,  que  les  connoiflances  anatomiques  l'a- 
voient  été  anciennemem  aux  ylfdépiades  \  &  que  de  même  que  ceux-ci  le  met- 
toient  au  fait  de  la  ftrufture  du  corps  humain  par  une  tradition  non  interrompue 
qui  fe  perpétuoit  de  père  en  fils ,  ceux-là  inflruifoient  leurs  defcendans  &  les  exer- 
çoient  dans  l'art  de  réparer  les  défauts  des  parties  mutilées.  Mais  comme  Pierre 
Boiani^  fils  de  Bernardin  ,  vivoit  encore  en  1571  ,  il  eft  vraifemblable  qu'il  cefla  de 
fair-e  un  fecret  de  la  méthode  qu'il  tenoit  de  les  ancêtres,  &  qu'il  la  communiqua 
à  TagUaco^io  qui  étoit  bien  en  âge  d'en  tirer  parti ,  puifqu'à  cette  époque  il  avoit 
vingt-cinq  ans. 

Notre  Médecin  trouve  une  forte  d'analogie  entre  la  méthode  des  Boiani  &  celle 
de  greffer  les  arbres.  Si  Ton  confidere ,  dit-il,  avec  attention  ces  deux  efpcces  de 
4jreffes,  on  verra  certainement  que  les  premiers  fondateurs  de  l'art  fur  lequel  nous 


T    A    L  -559. 

écrivons,  ont  été,  ainli  que  nous,  conduits  par  une  cocjeflure  non  douteufe  ,  à 
faire  cette  opération  artificielle  ;  en  forte  qu'ils  n'ont  pas  hélité  à  croire  que  l'on 
pouvoit  par  ce  moyen  rétablir  &  réparer  les  parties  de  notre  corps  qui  avoient  été 
tronquées.  Car  comme  ils  voyoient  des  arbres  d'une  nature  abfolument  difierente  , 
placés  à  une  diftance  confidérable  l'un  de  l'autre  ,  fe  coller  par  le  moyen  d'une 
longue  branche  de  l'un  attachée  à  la  louche  de  l'autre ,  au  point  de  prendre  le 
même  caraftere  ;  comme  d'ailleurs  ils  les  voyoient  s'unir  fortement ,  ils  ont  jugé  , 
par  une  conléquence  néceflaire ,  que  des  membres  coupés  pourroient  fe  joindre  bien 
plus  aifément ,  &  en  beaucoup  moins  de  tems ,  avec  d'autres  membres ,  d'ailleurs 
fains  &  d'une  nature  analogue. 

Beaucoup  d'Auteurs  ont  parlé  de  la  méthode  de  Taliacot  ,  mais  la  plupart  fe 
bornent  à  en  faire  mention,  fans  trop  l'approuver.  Si  ce  Médecin  ne  difoit  pas 
lui-même  qu'il  a  pratiqué  cette  opération ,  on  feroit  tenté  de  croire  que  fon  fyftê- 
me ,  quelque  ingénieux  qu'il  foit ,  n'a  jamais  pu  être  vrai  que  dans  la  Théorie.  Au 
moins  ne  voit-on  pas  qu'il  ait  convaincu  i'es  contemporains  des  avantages  de  fa 
méthode  ;  car  fi  cela  eût  été ,  les  expériences  faites  Tous  leurs  yeux  auroient  tranf- 
mis  cette  manière  d'opérer  au  fiecle  fuivant ,  &  par  fuccefiion  jufqu'au  nôtre  ,  qui 
ne  manque  pas  d'occafions  de  mettre  en  ufage  la  méthode  de  Taliacot.  Que  de 
difTorrnités  ne  guériroit-on  pas  par  cette  pratique  fi  curieufe  en  PhyGque  ,  mais 
prelque  trop  cruelle  en  Chirurgie  1  Quoiqu'il  en  foit ,  voici  les  titres  des  Ouvrages 
que  notre  Auteur  a  donnés  fur  cette  matière  : 

Epijlola  ad  Hkronlmum  Mcrcurlahm  de  narlbus ,  multo  antè  abfcijjis  ,  refidendls.  Fran- 
cofunl ,  1587 ,  /n-8  ,  avec  le  Traité  De  decoratione  recueilli  des  leçons  de  Mercuria- 
}i  &  publié  par  Jules  Mancini.  Taliacot  rend  compte  de  fa  méthode  &  promet  de 
faire  imprimer  bientôt  un  Ouvrage  fur   cet   objet. 

De  curtorum  Chirurgiâ  per  injîtionem  Librl  duo  ,  additis  cutis  traducis ,  inftrumentorum 
omnium ,  atque  delîgationum  iconibus  &  tabulis.  Femtiis .,  1597,  in-filio.  Franco/uni, 
1598,  in-B,  fous  le  titre  de  Chirurgiâ  nova  de  narium  ,  aurium  ^  labiorumque  defe&u , 
per  injhionem  cutis  ex  humer 0 ,  arte  hacienus  omnibus  ignotâ ,  farciendô. 

Ce  Médecin  mourut  à  Bologne  le  7  Novembre  1599,  '^  ^''^n^  «^e  S,  ans.  Son 
corps  fut  inhuiȎ  dans  l'Eglile  des  Religieufes  de  Saint  Jean-Baptifte.  Les  Magif- 
trats  de  cette  ville  honorèrent  fa  mémoire  par  une  ftatue  qu'ils  firent  placer  dans 
l'Auditoire  de  Médecine  ;  elle  lui  eft  refTemblante  ,  &  pour  faire  connoître  à  la 
poftérité  la  méthode  qu'il  avoit  propofée  dans  fa  nouvelle  Chirurgie  ,  on  lui  a  mis 
un  nez  dans  la  main.  La  Faculté  de  Bologne  voulut  aufli  lui  élever  un  monument 
qui  fût  capable  de  prouver  toute  l'étendue  de  fa  reconnoifïànce  envers  un  Profef- 
feur  qui  avoit  tant  contribué  à  la  célébrité  de  les  Ecoles  ;  elle  fit  graver  l'infcrip- 
tion  fuivante  fur  une  table  de   marbre  placée  dans  le  même  Auditoire; 

D.    O.    M. 
Gaspari  Tagliacozzo  civi   Bononiensi  , 

Philofopho  ac  Medico  atatis  fua  celeberrinw , 

Cum    univerfam    humani  corporis  ^inatomen 
la  doêlljjimorum  rirorum  frequentljfimô  conventu^ 


m  oi*<f> 


if^  T    A    L 

Publicè  admlnîftratam\ 

Fdcundlâ ,  mtthodù  ac    doclrinâ    admirabïH  expUcârit  ; 

JJjuJqae   incompenas    adhuc    partes    in    lucem  prodiderU  ; 

ylnimi  grad    &  perpétua  memori£  ergo  , 

Le&.  Medicique    PP. 

Ordinarite    yfnatomes   nh  illo    adminijïrata  Monumentum. 

GhiUnl  rapporte  encore  une  infcription  en  l'honneur  de  Taliacot  :  la  date  fait  voir 
qu'elle  fut  placée  du  vivant    de   ce   Médecin: 

EiDEM   Clarissimo  atque  Excellenïissiivïo  Viro 
a    GASPARI    TALIACOTIO. 

Ingenium   morefque   tuos  celebramus    &  artem  , 

Gafpare  ,  tum  dociâ    corpora  fecia  manu. 
^t    magis   invljis   quoi  nos  cumulaveris  auSlor 

Manerlbus  ,    tumulos   qu£  latuere    v'irûm. 

Ergd  pro   meritis   tsternàtii  hôc  marmore  vives  , 

Clare   vlr  ingenîô  ,   morlbus  ,   arte  ,   manu. 

^nnô  M.  D.  LXXXII.    XVI.  calend.  Januar. 

TALPA,  (  Pierre  )  Dodeur  en  Médecine,  naquit  dans  la  Frife,  &  pratiqua 
en  différentes  villes  de  cette  Province,  mais  principalement  à  Sneevk  &  à  Léwarde. 
Il  vivoit  encore  en  1590.  Ce  iavant  homme  s'étoit  fait  une  affaire  capitale  de 
bannir  de  la  lociété  civile  cette  foule  d'empiriques  qui  courent  le  monde  ;  il  n'y  a 
rien  qu'il  ne  fit  pour  détromper  le  public  fur  le  compte  de.  ces  faux  Médecins,  ôz' 
le  convaincre  de  l'aveuglepient  avec  lequel  il  leur  donne  fi  aiféraent  fa  confiance. 
C'eft   pour  remplir  cet  objet  qu'il  a  écrit  les  Ouvrages  fuivans: 

Exilium  Empiricorum  hrevi  elegiâ  .,  fatyricô  fale  cindïiâ^'  dcfcrîptum.  Leovardia,  1579, 
in-y,  avec  un  autre  intitulé:  Empiricus ,  five,  indoclas  Medicu,s  ^  Dialogus.  Celui-ci  a 
paru  feul   à  Franeker  en  1595,   in-8. 

Talpa  s'attache  à  prouver  que  l'expérience  ne  f'ufïlt  point  pouf  favoir  donner 
à  propos  les  médicamens  capables  d'opérer  la  guérilbn  des  maladies,  &  que  le 
luccès  dépend  très-fouvent  d'une  fuite  de  raifonneraens  qui  en  déterminent  la  jufîe 
application.  En  effet,  fans  les  réflexions  judicieufes  que  fait  le  Médecin  fur  les 
difi"érentcs  circonflances  des  maladies  &  de  leurs  caufes ,  l'expérience  le  conduivoit 
dans  un  abyme  d'erreurs,  parce  que  l'expérience  qui  n'eft  pas  raifonnée  ne  s'ap- 
perçoit  guère  des  bévues  qu'elle  peut  faire.  Mais  tout  ce  que  Talpa  a  dit,  &  tant 
d'autres  après  lui,  n'a  point  corrigé  le  monde  ;  la  crédulité  du  peuple  eft  un  mal 
incurable.  Phèdre  avoir  déjà  déclamé  contre  les  charlatans  fous  l'empire  d'Augufle , 
&  la  belle  fable  du  Cordonnier  Médecin  n'a  pas  fait  plus  d'imprefiion  fur  fes  con- 
îemporains,  que  fur  la  pofiérité,  Un  peut  aujourd'hui,  avec  autant  de  raifon  que 
dans  le  premier  fiecle  ,  faire  ce  reproche  à  la  plus  grande  partie  des  hommes  ; 

Quanta. 


T    A    M       TAN  -,Gï 


o*- 


^uantiS  putath  vos  e£e  dementla. 

Qui  capita  vejîra    non   dubitatis   credere, 

Cui  calceandos  nemo  commljh  pedes  ? 

TAMIMI  AL-MOCDESST.  Nom  d'un  excellent  Médecin  qui  vécut  fous 
Adhadaldoulat  ,  Sultan  de  la  Dynaftie  des  Buide^,  en  370  de  l'Ere  Mahométane  » 
de  falut  q8o.  11  a  écrit  un  Ouvrage  inritulé  ;  Morfclied  ela  gianuaher  alagdlah  ,  dans 
lequel  il  traite  particulièrement  des  chofes  comeflibles  qui  fervent  ou  qui  nuifent 
à  la  faaté.  Ce  Livre  eft    dans  la  Bibliothèque  du    Roi  de  France,  N",  942. 

TANDLER  CTobieJ  pafle  pour  être  de  Torgau,  parce  qu'il  y  fut  élevé, 
mais  il  naquit  à  Drefde  le  24  Juillet  1571  de  Chrijiophe  Tandhr  ,  un  des  plus  fa- 
meux Architectes  de  fon  teras.  Il  prit  le  bonnet  de  Maître -es -Arts  à  Wittem- 
berg  en  1599,  &  celui  de  Doi^eur  en  IVÎédecioe  le  14  Odlobre  de  l'année  fui- 
vante.  Le  jour  même  de  fa  promotion  ,  il  époufa  la  veuve  de  Jérôme  Nymann^ 
ProfefTeur  en  Médecine,  lin  1605  ,  on  le  nomma  à  la  Chaire  des  Mathématiques  ; 
mais  comme  il  ne  tarda  pas  à  entrer  dans  le  Collège  de  la  Faculté  de  Wittem. 
berg,  on  le  fit  monter  à  celle  de  Botanique  &  d'Anatomie,  le  4  Mars  1608.  Il 
mourut  dans  cet  emploi  le  3  Août  1617,  âgé  de  46  ans.  On  a  de  lui  plulieurs 
Diflertations  fur  les  fpedlres  ,  fur  les  enchantemens  &  les  fafcinations ,  fur  les  ac- 
tions fingulieres  &  les  divinations  des  mélancholiques,  fur  les  noctambules.  C'ed 
de  ce  Recueil  dont  il  s'agit  dans  le  fécond  des  Ouvrages  qui  ont  paru  fous  ces 
titres  ; 

De  hîrudinum  ufu  ,  fcarîficatione  feliciùs  adhibendâ ,  Pblelotome  puerorvm  &  pragnan- 
tîum^   de  hyjlerocdc  ^  hvfierotomiâ ,  &c    Witteberg<e^    i6io  ,  fn-4. 

Dljfertadones  PhyficoMedicee  de  fpecin's ,  de  fafcino  ,  de  melancholite  &  melancholico' 
rum  vaticiniis ,  de  noStifurgio ,  Se  Quibus  accejferunt  Nymanni  de  imaginaiione  Oratio , 
&  Biermanni  de  magicis  acHonibus  ex&afis.  Ibidem^  1613»  ti"8.  Quantité  de  Médecins 
Allemands  ont  écrit  fur  les  apparences  merveilleufes  que  le  peuple  croit  entre- 
voir dans  certaines  aftions  des  hommes  ;  quelques-uns  de  ces  Ecrivains  ont 
même  été  les  dupes  de  leur  crédulité  :  mais  depuis  que  les  lumières  d'une  Philo- 
fophie  plus  laine  ont  éclairé  le  monde,  on  fait  à  quoi  s'en  tenir  au  fujet  de  ces 
adtioas  apparemment  extraordinaires;  elles  ne  font  que  les  effets,  ou  d'une  imagi. 
nation  qui  travaille  &  s'égare,  ou  de  Hmpofture  qui  emploie  des  moyens  artifi- 
cieux pour   parvenir  à  fon  but. 

TANKE,  C  JoachimJ  de  Perleberg  dans  la  Marche  de  Priegnitz,  fut  reçu 
Dofteur  en  Médecine  à  Leipfic  en  1599.  Son  mérite  le  fit  bientôt  monter  au  rang 
de  Profefleur  de  cette  Univerfité  ,  où  il  remplit  la  Chaire  d'Anatomie  &  de 
Chirurgie  jufqu'à  fa  mort.  11  n'avoit  que  52  ans ,  lorfqu'il  fut  enlevé  de  ce  monde 
le   17  Novembre  1609.  On  a  de    lui: 

SuccinSla  ^rils  Cbemica  înftructio.    Lipfits^  1601; ,  î/i-8. 

De  phlegmone  ex  fcntentia  Galène.  Ibidem^  1608,  in'^. 

Promptuarium  Akhymîe.  Ibidem,  1610 ,  1614,  i/i-8.  Ibidem^  1619,  w-8 ,  avec  une    ' 
uippendix. 

TOME    ir,  2,8 


«6i  T    A    P        T    A    R 

Di  obfervatlmlhus  quibufdam  ^natomicis  Ep'iflola.  Ulmes,  1628,  //1-4 ,  avec  les  ob« 
fervations  de  George    HorjUus. 

On  doit  encore  à  Tankc  l'édition  du  Traité  de  Henri  Waren'ms  qui  eft  intitulé: 
u4ffecfuuin  humanornm  curatio  Hennenca  &  Galenlca^  il  l'a  fait  paroîcre  à  Leipfic  en 
1605  ,    /n-4  ,  avec  une    Préface  de  la  façon. 

TAPPIUS  C  Jacques  )  vint  au  monde  en  160'^  à  Hildesheim  dans  la  PjfTe 
Saxe.  11  fit  de  bonnes  études  de  Médecine  &  reçut  les  honneurs  du  Doi^o)i»t  , 
en  1631 ,  dans  les  Ecoles  de  l'Univerfité  de  Helmftadt.  L'année  fuivante  ,  il  ob- 
tint une  Chaire  dans  les  mêmes  Ecoles,  &  il  y  enfeigna  avec  t'aot  de  réputa- 
tion, que  le  Duc  de  Brunfwick  le  décora  du  titre  de  fon  premier  Médecitj, 
Tapplus  éfoit  l'Ancien  de  l'Univerfité  de  Hehnftadt ,  lorfq.i'il  tomba  malade  de  la. 
fièvre  quarte,  &  mourut  le  10  Oiflobre  1680,  ^gé  de  77  ans.  On  a  de  lu;  une 
DiiTertation  fur  les  rits  facrés  &  profanes  qui  étoient  en  ufage  chez  les  Anciens 
à  la  naifTance  de  leurs  enfans.  Il  a  encore   écrit: 

Oratlo  de  Tabaco  ^  y'^fi^e  hodiernd  abufu.  Hdmtsftadli^  1653,  j66o  ,  1673  ?  1689, 
irt-4. 

Dijfertat'wnes  de  prlnclpum ,  Jive  fenfuum  internorum ,  fanùionum  l<£Jîonibas ,  carumque 
caufis  S  curadonibus.    Ibidem  ,   1676  ,    in -4. 

TARDIN  ,  (  Jean  )  Médecin  du  XVII  fiecie,  fit  fa  profelfion  à  Iburnon  dans 
le  Vivarais.  Il  a  publié  dans  cette  ville  en  1618,  in  11  ,\'HiJluue  naturelle  de  la  Fon.- 
taiac  qui  brûle  près  de  Grenoble  ^  avec  la  recherche  de  fei  caufes  &  .principes,  &  ample 
traité  de  fes  feux  fouterrains.  Cet  Ouvrage  eft  comme  tous  ceux  de  ce  tems-là , 
rempli  de  digrellions  un  peu  étrangères  au  fujet,  &  d'enthoufiafme  pour  une  mer* 
veille  qui  n'en  efi:  plus  une.  Tardin  étoit  d'ailleurs  un  Médecin  habile.  On  a  de 
lui    plufieurs  Diflertations ,  dont  voici  les  titres  : 

.  Difquijîtio  Phyjiologica  de  Pilis,   Turnoni  ,  1619  ,  i/i-8. 
Difquifitio   de   ca  qu<e   undecimô   menfe  peperit.    Ibidem  ,  1640,    inS.    Paris,  1765  »- 
in-8  ,  à  la   fuite  d'une  confultation  que  M.  Bouvard  a  donnée    pendant   qu'on  agi- 
toit  la  fameufe  queftion   fur  les  nailîances   tardives. 

TARDY ,  C  Claude  )  du  Diocere  de  Langres ,  reçut  le  bonnet  de  Do6leur  dans 
la  Facnlté  de  Médecine  de  Paris  en  1645.  ^'  niarcha  fur  les  traces  de  Richard 
Lower  &  de  Jean  Denis ,  il  renchérit  mcme  fur  les  opérations  de  ces  Médecins ,  au 
fujet  de  la  transfulion  du  fang  d'un  animal  dans  un  autre.  Plus  hardi  qu'eux  ,  il 
exécuta  la  transfufion  d'un  homme  dans  un  autre  homme,  ainfi  qu'il  l'affure 
dans  un  Ouvrage  publié  à  Paris  en  1667 ,  tn-4  ,  fous  le  titre  de  Traité  de  VécoU" 
lement  du  fang  d'un  homme  dans  les  veines  d^un  autre  ,  &  de  fes  utilités.  On  a  encore 
de  lui  une  Lettre  à  M.  le  Breton,  Docteur  Régent  de  la  Faculté,  touchant  la  tranf. 
fujion.  Paris,  1668,  '1.4.  Bien  des  gens  s'emprefibient  à  partager  l'honneur  de 
cette  découverte;  mais  les  mauvais  fuccès  de  l'opération  mirent  bientôt  les  con- 
currens  d'accord. 

Tardy  s'occupa  de  quelque  chofe  de  mieux  ;  U  travailla  fur  Hippocrate.  On  re° 
inarqi>e  fon  Ouvrage  intitulé  : 

In  Librum  Hippocratis  de   virginu:ii  morbis.  Parijus,  1648,   i/1-4.    Mais  fuivant  M.. 


T    A    R 


o^J 


TJa^nn  ,  dans  fes  notes  fur  l'Eloge  Hiftorique  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  , 
qu'il  prononça  en  Latin  le  i6  Odtobre  1^70  ,  &  qui  fut  imprimé  en  François  en 
177^,  Claude  Tardy  publia  aufli,  en  1657,  fa  Traduiftion  Françoife  des  Livres  de 
GulUn  fur  la  formation  du  fœtus  &  l'accouchement  au  feptieme  mois.  La  Faculté 
ne  donna  cependant  pas  fon  approbation  à  ce  Livre;  elle  ne  vouloit  point  que  la 
Trailuclion  des  Œuvres  des  Princes  de  la  Médecine  parût  en  langue  vulgaire.  Il 
y  a  long-tems  qu'on  ^jenle  différemment.  Mais  comme  la  Faculté  de  Paris  avoit 
alors  fort  à  cœur  que  fes  Membres  fe  conformaflênt  à  fes  intentions  ,  elle  accorda 
une  penlion  de  300  livres  à  'J ardy  qui  étoit  pauvre,  à  condition  qu'il  ne  mcttroit 
au  jour  aucun  Ouvrage  fans  l'attache  de  fa  Compagnie.  Il  paroît  que  ce  P*léde- 
cin  ne  s'embarraffa  guère  de  la  façon  de  penfer  de  fes  confrères ,  car  il  fit  impri- 
mer à  Paris  en  1662,  i«-4  ,  un  Cours  de  Médecine^  dans  lequel  il  n'a  fait  que  cnm- 
menter  les  Livres  d'Hippocrate  ,  d"où  il  a  tiré  ce  qui  fe  trouve  de  plus  intérelfant 
dans  le  fien. 

TARIN  C  Pierre  J)  naquit  à  Courtenay  dans  le  Gâtinois.  11  étudia  la  Médecine 
dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Paris,  mais  il  n'y  prit  d'autre  degré  que  celui 
de  Bachelier.  Il  mourut  en  i76i,&  laifla  Leaucoup  d'Ouvrages,  dont  la  plupart  con- 
cern-ent  l'Anatomie  C'eft  à  lui  qu'on  doit  tout  ce  qui  fe  trouve  fur  cette  Science 
dans  l'Encyclopédie  ;  il  y  a  même  inféré  un  Dilcours  fur  l'origine  &  les  progrès 
de  cette  pàriie  de  la    Médecine. 

Les  Ouvrages  de  Tarin  fe  font  fuccédés  alTez  rapidement  ,  pour  croire  que  ce 
Médecin  s'occupa  davantage  du  travail  du  cabinet  que  de  la  pratique  de  fun  Art» 
On  remarque  ; 

Probhmata  ^natomica  ,  utrum  inter  artcrias  meferaicas ,  venafque  la&eas ,  imtncdiatum. 
daiur  commerciutn?  Purijîis ,   174B ,  in-B.  L'Auteur  y  foutient  l'affirmative. 

u-Inthropotoniie  ^  ou  Van  de  difféquer.  Paris,  1750,  deux  volumes  in-is.  Ce  Traité 
cft  rempli  de  préceptes  intérellkn»,*  il  contient  même  diverfes  remarques  fur  la 
ftrudure  des   parties.  M.    Portai    en   parle  avec  éloge. 

uidvcrfaria  ^natomica.  Parifiis  ,  1750  ,  /71-4  ,  avec  figures.  Il  n'y  eft  queftion  que 
de  la  defcription  du  cerveau  &  du  cervelet. 

Démof^rapbie  ,  ou  defcription  des  ligamens  du  .corps  humain.  Paris,  1752,  in-8.  C'efl 
une  Tradué^ion  du  Latin  de  JFeitbrecht ,  Profefleur  de  Phyfiologie  à  Pétersbourg 
&  Membre  de  l'Académie  Impériale  de  cette  ville. 

Eiémens  de  Phyfiologie.  traduits  du  Latin  de  Haller.  Paris  ,  1752 ,  iV8.  On  lui  doit 
encore  les  Eiémens  de  Chymie  traduits  de  Boerhaave  par  AUamand  ,  qu'il  a  publiés 
avec  des  augmentations  en    fix  volumes  in  12. 

Diciionnaire  ^natomiqae ,  fuivi  d'une  Bibliothèque  Anatomique  &  Phyfiologique, 
Paris,  1753,  m-4.  La  partie  Bibliographique  n'eft  qu'un  extrait  de  l'Ouvrage  in« 
tilulé  :  Methodus  Jludii  Medicî  par  Haller. 

OjUo^raphie  ^  ou  defcription  des  os  de  r  adulte ,  du  fœtus  &c.  Paris,  T753»  '"•4  » 
avec  un  grand  nombre  de  figures,  la  plupart  copiées  à' ^Jlblnus  &  des  Ouvrages 
de  difïérens  Auteurs  modernes.  Il  en  eft  de  même  du  fonds  de  ce  Traité  i  l'Au. 
teur  y  a  raffemblé  les  morceaux  épars   dans  les    Ecrits  des  Anatomiftes. 

Myographie.,  ou  defcription  des  mufclis.  Paris,  1753,  in-^  U  a  profité  des  planchée 


3(1-4  TAS        TA    U 

dti  célèbre  ^Ib'inus  pour  faire  graver    les  fiennes  ,  mais   l'Artifte  les  a  mal  rendue»; 
Obfervatlons  de   Médecine  &  de  Chirurgie.  Paris,  1758,    trois  volumes  ia-iz.   Elles 
font  extraites  de  plufieurs  Auteurs. 

TASSIN  ,  (  Léonard  )  natif  de  Vandœuvre ,  petite  ville  de  France  en  Cham- 
pagne ,  s'appliqua  à  la  Chirurgie  à  Paris,  &  alla  exercer  fa  profeffion  h  Ma'^rpcht, 
ou  il  parvint  à  la  charge  de  Chirurgien-Major  de  l'Hôpital.  IK  mourut  le  13  Avril 
1687,  &  laifla   les  Ouvrages  fuivans  : 

Chirurgie  Militaire.  Ntmegue ,  167,';,  in-M.  Paris,   r688,  tn-12. 

.Adminiftradons  ^natomiques  &  Myologie.  Paris,  167b,  1688,  1723,  in- ta.  Lyon  ,- 
l6g6,  in-i2.  En  Allemand  ,  Nuremberg,  1676 ,  in-8.  Cette  Traduftion  eft  une 
preuve  qu'il  y  a  une  édition  antérieure  à  la  première  de  Paris.  En  Hollandois  , 
1730  j  in-8.  L'un  &  l'autre  de  ces  Traités  annoncent  alTez  que  l'Auteur  a  écrit  d'à. 
près  fes  obfervatlons  &  les  recherches  ,  plutôt  que  d'après  les  Icdures.  Il  a  même- 
fait  taire  ion  imagination,  pour  n'écouter  que  la  voix  de  la  Nature  qui  parle  fou-- 
jours  à  ceux  qui  l'interrogent  dans  les   malades  &  les  cadavres. 

TAURELLUS ,  C  Nicolas  J  de  Montbelliard  ,  où  il  vint  au  monde  le  16' 
Novembre  1547  ,  fut  reçu  Maître.èS'Arts  à  Tubingue  en  1565  ,  &  Docfleur  en 
Médecine  dans  la  même  Univerfité,  en  1570.  On  lui  connoillbit  des  talens  pour 
la  Chaire  ;  mais  faute  d'occafion  ,  on  ne  put  le  placer  convenablement  à  Tubin- 
gue. C'eft  pour  cette  raifon  que  Taurellus  fe  rendit  à  ISâle  ,  où  il  obtint ,  eu 
1577  ,  une  place  de  Profefibur  qu'il  remplit  avec  affez  de  réputation.  Dès  que 
la  K.égence  de  Nuremberg  eut  obtenu  de  l'Empereur  Rodolphe  II  un  Diplôme' 
pour  l'établiflement  d'une  Univerfité  à  Altorf  ,  notre  Médecin  quitta  Bàle  & 
palia  dans  la  nouvelle  Académie  ,  où  il  commença  d'enfeigner  en  1581.  Il  y  exer- 
ça fa  profeffion  en  habile  homme  ;  il  n'y  fut  cependant  point  à  l'abri  de  la  ca- 
lomnie. Comme  il  j'écartoit  quelquefois  du  chemin  battu  par  fes  collègues  Sx  qu'il 
fe  plaifoît  à  fronder  leur  façon  de  penfer  en  Phyfique  &  en  Médecine ,  il  ne 
manqua  pas  de  fe  faire  des  ennemis  ;  l'animofité  contre  lui  fut  même  pouffée  fi 
loin  ,  que  les  Théologiens  d'Heidelberg  le  diffamèrent  comme  un  athée  ;  mais  il 
le  difculpa  viftorieufement  de  cette  accufation.  Content  d'avoir  repoulië  les  traits 
de  l'envie,  il  s'enveloppa,  comme  Horace,  de  fa  propre  vertu,  &  n'eut  d'autre 
ambition  que  de  bien  remplir  les  devoirs  de  fon  état.  Il  en  étoit  tout  occupé  , 
loriqu'il  mourut  à  Altorf  le  28  Septembre  1606,  dans  un  tems  de  contagion. 
Nous  avons  de  lui  pluiieurs  Ouvrages  ,  parmi  lefquels  on  remarque  une  Criti- 
tique  févere  des  fentimens  qu'u'Jndré  Céjalpin  avoit  mis  au  jour  dans  fes  Queftiona 
Péripatétiques. 

Medicte  pradi&ionis  methodus ,  hoc  eft  ,  reSta  brevifque  ratio ,  coram  agris ,  praterlta  , 
vrtefentia.)  futur aque  pradicendi ,  morbos  fcHicct ,  morborumque  caufas .,  mortem  ^  fanitatem  ^ 
recidivam.,  aliaque  fymptomata.    Francofurti ,  1581,  in^. 

De  partibus  corporis  humant.  ^Icorfil^  1583,1^-4. 

Difputatio   de  cordis  naturâ  &  vitibus.   Norimbergcs,  1585,  in-4, 

i)s  ventriculi  namrâ  &  viribus.    .Jltorfii ,  1587,  i/1-4. 


TAU  3% 

jtifts  c<e/2e,  hoc  eft  ,  Andrée  Cefalpîni,  hali  ^  monftrofa  &  fuperba  dogmata'_  difcujja 
B  excuffii.  Francofurti ,  1597  ,  m-8. 

TAURER  ,  C  Maurice  J  de  Graefenthal  dans  la  Thuriogc ,  prit  le  bonnet  de 
Do(fleur  en  Médecine  à  Jene  en  1561  ,  &  pafiâ  au  nombre  des  AflefTeurs  de  la 
Faculté  en  1562.  On  ne  dit  point  corrbien  de  tems  il  remplit  la  Chaire  qu'il 
avoit  obtenue  ,  mais  on  lait  qu'il  la  quitta  pour  fe  rendre  à  la  Cour  de  Cafièl  , 
où  il  s'acquitta  avec  honneur  de  l'emploi  de  premier  Médecin  de  Philippe ,  Land- 
grave de  Heffe.  Taurer  n'a  laifle  aucun  Ouvrage.  11  n'eft  parlé  de  lui  chez  les  Bi- 
bliographes ,  qu'au  iujet  de  fes  Confultations  ,  dont  Jeaa  IVittich  a  grolîi  le  recueil 
qu'il  a  publié  à  LeipOc  en  1604 ,  in-4. 

TAUVRY  C  Daniel  )  naquit  en  1669  à  Laval  au  Bas  Maine  ,  d'^mbroifc 
Tauvry ,  Médecin  de  cette  ville.  Son  père  fut  Ion  maître  pour  le  Latin  &  pouc 
la  Philofophie  ;  il  lui  enfeigna  aufli  la  Médecine ,  &  le  mit  au  fait  de  la  pratiquer 
de  cette  Science  par  les  leçons  qu'il  lui  donna  dans  l'Hôpital  de  Laval.  Charmé 
des  progrès  du  jeune  élevé ,  dans  un  âge  où  les  autres  font  encore  fur  les  banca 
des  claffes  d'Humanités ,  ce  père  crut  ne  devoir  rien  négliger  pour  procurer  à  fon 
fils  les  moyens  de  perfedionner  fes  connoilTances.  Il  l'envoya  à  Paris  à  l'âge  de 
treize  ans.  Daniel  s'y  appliqua  à  tout  ce  qui  a  rapporta  la  Médecine,  &  il  le  fit 
avec  tant  de  fuccès  ,  qu'au  bout  de  deux  ans ,  il  fe  préfenta  à  la  Faculté  d'An- 
gers qui  le  jugea  digne  d'être  reçu  au  nombre  de  fes  Doé^eurs.  C'efl  une  efpece 
de  phénomène  littéraire  que  de  voir  un  jeune  homme  revêtu  de  la  pourpre  aca- 
démique dans  fa  quinzième  année  ;  mais  cet  honneur  paffa  moins  dans  le  public 
comme  une  preuve  de  la  fcience  de  Tauvry ,  que  comme  un  aiguillon  propre  à  re- 
doubler de  foins  pour  l'acquérir.  En  effet ,  il  retourna  à  Paris  d'abord  après  la 
prife  de  bonnet,  &  il  y  continua  fes  études  avec  plus  d'ardeur  qu'auparavant.  L'A- 
natomie  en  fut  le  principal  objet  pendant  les  trois  années  fuivantes.  Au  bout  de 
ce  terme  ,  c'eft-à-dire  ,  à  l'âge  de  dix-huit  ans  ,  âge  où  les  meilleurs  efprits  fe  font 
encore  un  devoir  d'apprendre  ,  il  ofa  s'afKcher  comme  un  Maître  en  état  d'infîruire 
les  autres.  Non  content  d'avoir  ouvert  une  école  ,  la  vivacité  de  ion  génie 
le  rendit  Auteur;  à  vingt-un  ans,  il  publia  foa  ^inatomie  raîjbnnée^  dont  il  y  a  plu- 
fieurs  édirion?.  Paris,  1690,  1693,  1698,  //i-ia  ,  avec  figures,  1721  , //î-8.  Ulm  , 
1694 ,  in-'è ,  en  Latin.  On  fait  peu  de  cas  de  cet  Ouvrage  ;  il  fe  fent  de  l'âge  de 
fon  Auteur  ;  &  s'il  mérite  quelque  attention  ,  ce  n'eft  que  par  des  hypothefes 
extravagantes  &  une  théorie  la  plus  lingulierement  imaginée. 

De  l'étude  de  l'Anatomie  Tauvry  paffa  à  celle  des  remèdes.  Le  jugcmert  qu'on 
avoit  porté  fur  fon  premier  Ouvrage  ,  ne  l'empccha  pas  d'en  faire  imprimer  un 
autre  ,  fous  le  titre  de  Traité  des  mcdi:amens  &  la  manière  de  s'en  fc.vir  pour  la  gué- 
rifoa  des  maladies.  Paris  ,  1690  ,  deux  volumes  in-ia,,  1699 ,  i«-8,  1711  ,  deux  vo- 
lumes /n-i2. 

Comme  la  hardieffe  contribue  quelquefois  à  relever  le  mérite  ,  Tauvry  parvint 
à  fe  faire  connoître  de  M.  rfe  ZonteneZ/e,  qui  s'emprelTa  d'autant  plus  à  lui  témoi-- 
gner  l'ef^ime  qu'il  faifoit  de  les  taiens  ,  qu'ils  refiembloient  aux  fiens  ;  lui  dont  l'efprit  » 
plutôt  que  le  génie,  a  fi.  fouvent  donné  naiffance  aux  fruits   de  fon  imagination^ 


o 


m  'T    A    Y 


M.  de  Fonteneîle  le  choifit  pour  Ton  élevé  à  l'Académie  des  Sciences  ,  & 
dès -lors  Tauvry  fe  décida  à  Te  fixer  à  Paris.  Mais  les  défenies  que  le 
Roi  fit  aux  Médecins  étrangers  de  pratiquer  dans  cette  ville  ,  l'obligèrent  à 
fe  mettre  lur  les  bancs  de  la  Faculté  &  à  demander  le  bonnet  de  Dod^eur  qu'il 
obtint  le  12  Mars  1697.  Revêtu  de  ce  titre  ,  il  redoubla  d'ardeur  pour  l'étude 
d'une  profeflion  qu'il  avoit  embralTée  prelque  dès  le  berceau.  Comme  il  avoit 
l'elprit  fertile  en  réflexions ,  &  que  Tes  leftures  &  fon  expérience  lui  en  four- 
niflbient  continuellement  de  nouveaux  fujets ,  il  compofa  la  Nouvelle  pratique  des 
maladies  aiguës  cf  de  toutes  celles  qui.  dépendent  de  la  fermentation  des  liqueurs.  Cet 
Ouvrage  fut  imprimé  à  Paris  en  1698,  deux  volumes  i/j-8,  &  depuis  dans  la  mê- 
me ville,  1706,  1720,  deux  volumes  //1-12. 

En  1699,  lorfque  Louis  XIV  lit  un  nouveau  règlement  pour  l'Académie  des 
Sciences,  Tauvry  pafi'a  de  la  place  dEleve  à  celle  d'Alfocié  ,  &  bientôt  après,  il 
s'en^-agea  contre  Mery  dans  la  fameufe  difpute  de  la  circulation  du  fang  dans  le 
fœtus.  A  cette  occaiion  ,  il  fit  fon  Traité  de  la  génération  &  de  la  nourriiuve  du  fœtus  , 
qui  fut  publié  à  Paris  en  1700,  in-ii.  Cette  difpute  fjt  très-vive  ,  &  contribua 
peut-être  à  la  maladie  dont  il  eft  mort.  Comme  il  avoit  en  tête  un  grand  adverfaire 
dans  la  perfonne  de  Mery  ,  il  fit  de  grands  efforts  de  travail  pour  tficher  de  lui 
faire  face  ;  mais  la  difpoiition  naturelle  qu'il  avoit  à  l'alThme  ayant  augmenté  vers 
le  commencement  de  l'année  1700,  il  mourut  phthifique  au  mois  de  Février  1701, 
à  r^^e  de  trente-un  'ans  &  demi.  On  ne  peut  refufer  à  ce  Médecin  beaucoup  d'ef- 
prit  *&  de  pénétration ,  mais  on  doit  avouer  qu'il  l'employa  fort  mal  &  qu'il  pafla 
toute  fa  vie  à  enfanter  des    fyftêmes. 

TAYLOR.,  CJ^an  )  Médecin  Oculifte  du  Roi  d'Angieter,re ,  a  exercé  fon  Art 
dans  les  différentes  parties  de  l'Europe,  qu'il  a  parcourues  vers  1730  &  les  an- 
nées fuivantes.  Cet  Oculifle  avoit  d'affez  bonnes  notions  de  l'organe  de  la  vue 
&  de  fes  maladies.  Il  a  inventé  plufieurs  nouveaux  inftrumens,  dont  il  fe  fervoit 
avec  beaucoup  d'adreffe;  &  comme  il  raettoit  la  fcarification  du  blanc  de  l'œil 
au  rang  des  moyens  curatifs ,  il  recouroit  fouvent  à  cette  opération  ,  qu'il  exé- 
cutoit  avec   un  petit   pinceau  fait  de  barbes   d'épi  de  bled. 

Tayhr  avoit  du  mérite  ,  mais  il  l'aflichoit  trop  ;  il  fe  plailbit  même  à  répandre 
dans  le  public  ces  papiers  d'annonce  qui  ne  iiéent  qu'aux  charlatans  qui  fe  prt- 
conifent.  Il  m'elt  tombé  dans  les  mains  un  de  ces  papiers ,  fous  le  titre  de  Seconde 
lettre  à  Mcffieurs  de  V académie  Royale  de  Chirurgie  de  Paris ,  où  l'Auteur  parle 
ainli  de  lui  :  Le  Chevalier  Taylor ,  Oculijîe  Pontifical ,  Impérial  &  Royal ,  aujfi 
bien  que  du  feu  Roi  de  Pologne  ,  Staniflas  I,  du  feu  Roi  de  Pologne  ^  Augufte  III  ,  , 
du  Roi  d'Angleterre  ,  du  Roi  de  Dannemarc,  du  Roi  de  Suéde,  6fc. ,  du  feu  Prince 
Dom  Philippe  ,  Infant  d'Efpagne,  de  tous  Zes  Eleckurs  du  Saint  Empire  &  de  plufieurs 
autres  Têtes  Couronnées  &  Princes  Souverains  ;  Membre  de  plufieurs  Illuftres  Sociétés 
de  Savons ,  C?  Valeur  d'un  très-grand  nombre  d'Ouvrages  fur  VŒU  R  l'ylrt  de  guérir 
fes  maladies,  icrits  en  différentes  Langues,  qui  font  le  fruit  d^une  pratique  des  plus  éteU" 
dues  pendant  plus  de  trente  années ,  que  perfonne  n'a  égalé  dans  le  fiecle  où  nous  femmes,  i 

Cette    Lettre  eft  terminée  par    le  Catalogue  exact  des   Ouvrages   que    le  Chevalier    de  M 

Taylor  a  icrics  en  différentes  Langues  S  publiés  en  divers  Pays.  Je  paffe  fur  les  ./inec-  M 


T    E    I  56r 

àvres  de  fa  vie,  î/1-4,  les  extraits  de  l'HiJloire  de  fes  voyages,  trois  volumes  in  8,  & 
l'abrégé  de  fa  vie,  i/i-8,  pour  dire  que  cet  Oculifte  annonce  les  Ouvrages  fuivans; 

Defcripùon  exacte  de  deux  cens  quarante-trois  différentes  maladies  auxquelles  VŒU  , 
fes  enveloppes  &  fes  parties  contiguës  font  cxpofées.  Il  y  a  des  éditions  en  Latin,  en 
François  &  en   Anglois. 

Le' méchanifsne  de  VŒU,  avec  l'ufage  de  fes  différentes  parties  ou  de  cdles  qui  lui 
font  contiguès.  En  Efpagnol  ,  i^'.'^S.  En  François,  Paris,  173B  ,  inv8,  avec  figures. 
En  Allemand  ,  1750 ,  in-'6.  Encore  en  Danois  &  en  Suédois.  La  première  édition 
eft  en   Anglois ,   1727. 

Traite  fur  les  maladies  de  Vorgane  immédiat  de  la  vue.  En  François  ,  Paris ,  1735  , 
in-11.  ^mfterdam ,  i2?^5  1  '«-12.  En  Atglois  ,  en  Allemand ,  en  Italien. 

Traité  Çat  les  maladies  de  l'humeur  cryftalline.  En  Anglois,  Londres,  1756,  in-S. 

Tous  les  maux  des  yeux  exad\ement  écrits  dans  l'ordre  de  fes  Leçons  &  pour  le 
fervice  de  les  Elevés.  En  Anglois,  en  Allemand  &  en  Italien.  Son  cours  étoit 
de    trente  Leçons. 

£ffai  fur   la  vifion.    En  Anglois  &  en   Italien. 

JDe  vera  caufa   Strabifni.  Parifiis,  1738,  in-8.    Encore   en  Italien, 

Differtation.  fur  l'Art   de  conferver    la   vue.   En  Italien. 

Differtation  fur  les  diiî'érentes  efpeces  de  foiblefie  de  la  vue  &  la  manière  de  les 
guérir.  Dans  la  même  Langue. 

Traité  univerfel  de  la  nature  S  guérîfan.  des  maux  des  yeux  ,  avec  une  defcription. 
ixacfe  de  plus  de  50  différentes  opérations ^  la  plus  grande  partie  de  fon  invention,  & 
que  perlbnne  ne  pratique  que  lui  feul  &  fes  Elevés ,  avec  243  figures  en  taille- 
douce  ,  repréfentant  tous  les  diitérens  maux  qui  affligent  les  yeux  &  leurs  contigus  ; 
le  tout  deffiné  avec  la  dernière  exactitude.  In-folio. 

TEICHMEYER,  CHerman-l'rédericJ  Profefleur  de  Médecine  dans  l'Univer- 
iité  de  Jene ,  a  publié  un  grand  nombre  de  Dillertations  intéreflàntes ,  qui  ont 
été  foutenues  Ibus  fa  préfidence  dès  le  commencement  de  ce  fiecle.  Huiler  y  fon 
gendre  ,  en  a  inléré  plufieurs  dans  fes  colletlions.  On  doit  encore  a'auires  Ou- 
vrages à  Teichmcyer.  Tels  font  ; 

Elementa  Philofophits  Naturalis  experimentalis ,  in  quibus  omnium  rerum  naturalium. 
àffeSiiones  recenfentur ,  earumdemque  caufx,  quantum  fieri  poteft,  deteguntur,  &  per  ex- 
périmenta tàm  ex  Maihejî ,  tàm  ex  Chymia  imprimls  dejumpta,  declurar/ur.  Jence ,  1717, 
1724 ,  i/1-4. 

Elementa  anthropologie ,  Jîve ,  Theoria  corporis  humani,  in  qua  omnium  partium 
aSiones ,  ex  recentiffmiis  inveatis  ^natomicis  ,  &  ratiombus  tîim  Phyjlcis ,  tàm  Ch\ miels  ^ 
tàm  denique  Mechanicis,  dtclarantur.  Ibidem,  1719,  in-4  ,  avec  rigure.-.  Il  y  pafie  en 
revue  les  principaux  points  de  la  Pbyliologie  ,  &  donne  une  deicription  fuccinte  des 
parties  deftinées  aux  fonctions. 

Injlitutiones  Medicina  Legalis  &  Forenfis ,  in  quibus  pracipuis  materia  civiles ,  crim'f 
nales  S  conjijloriales ,  fecundàm  principia  Medlcorum  decUend<e ,  ex  rccentiffimis  -atque 
optimis  eorum  hypotkefibus  eruta  ,  traduntur.  Jenx ,  1723,  in -4.  Les  Facultés  de  Jene 
&  de  LeipGc  le  font  toujours  diftinguées  par  la  Jurilprudence  Méuicioale.  L'Au- 
teur de  cet  Ouvrage  a  foutenu  l'honneur  acquis    à   fon  Corps   par  la  juftefle  ds- 


-6»  T    E    L       T    E    N 


j 


fes  décifions  en  ce  qui  concerne  la  virginité  ,  la  grofiefTe,  l'accouchement  naturel, 
ravortement,  la  luperfétation ,  la  mole,  les  hermaphrodites,  rimpuifilmce ,  les  poi- 
fons  ,  les  plaies  mortelles  ,  l'infanticide  ,  la  torture ,  &c. 

f^iudicite  querumdam  inventorum  jinatomicorum.  Jtne  y  \'^l'^yin-^,  &  dans  la  Col' 
leflion  des  Differtalions  Anatomiques  recueillies  par  le  célèbre  Haller.  Notre  Mé- 
decin y  décrit  le  trou  de  Rivinus ,  dans  la  membrane  du  tympan ,  &  prétend  qu'il 
elt  pourvu  d'une  valvule.  ïl  y  parle  encore  de  quelques  ofiblets  qu'il  dit  avoir 
découverts    dans  l'oreilie  interne. 

TÉLAMON  eft  mis,  avec  fon  fils  Teucer ,  au  nombre  des  difci pies  du  Centaure 
Chiroa,  par  qui  ils  tarent  inftruits  de  la  Médecine.  Pliiloftrate.  l'allure  du  premier, 
&  le  Tiucrium  ,  plante  connue  qui  porte  le  nom  du  fécond  ,  eft  une  marque  qu'il 
l'a  découverte  ,  iî  l'on  en  croit  la  tradition.  Mais  comme  ces  témoignages  ne  but- 
tant à  rien  d'intéreflant  pour  l'Hifloire  de  la  Médecine,  ]c  me  conteste  d'en 
avoir  fait  la  remarque.  Il  en  eft  de  ra<5ra2  du  perfonnage  qui  fait  le  fujet  de  l'ar- 
ticle luivant. 

TÉLESPHORE  ou  ÉVÉMÉRION  pafle  pour  Médecin.  Egalement  célèbre 
par  fon  Art  &  par  celui  de  deviner  ,  qui  faifoit  anciennement  partie  du  premier  , 
il  mérita  les  hommages  de  la  Grèce  &  fut  mis  au  nombre  de  fes  Divinités  tutélaires- 

TENNETAR,  fMichel  DU  )  Doreur  en  Médecine,  Membre  de  la  Société 
Littéraire  de  Metz,  remplit  aujourd'hui  la  Chaire  de  Chymie  dans  les  Ecoles  de 
î'Univeriité   de  Nancy,  On  a  de  lui  les  Ouvrages  fuivanst 

Effah  far  les  moyens  d'améliorer  les  études.  Nancy,  1769,  m-i2. 

JJi&ionnaire- d^s  proncfiics.   Paris,  1770,  ia-iz. 

Visionnaire  du  diagnojtic^  Ibus  le  nom  de  M.   Hélian.  Paris,  1771  ,  m-12. 

TENON,  C  Jacques-René  J  de  Sepaux ,  près  de  Joigny,  Diocefe  de  Sens,  oii 
il  naquit  le  aa  Février  1724 ,  fut  reçu  dans  le  Collège  de  Chirurgie  de  Paris  le 
14  Janvier  1757.  Ses  talens  lui  ont  ouvert  l'entrée  de  l'Académie  des  Sciences  , 
de  la  Société  d'Agriculture  de  Paris ,  &  lui  ont  mérité  la  Chaire  de  Profefleur 
Royal  aux  Ecoles  de  Chirurgie.  11  foutint  une  Thelè  De  cataracia  pour  obtenir  la 
Maîtrile  ;  cette  Uillertation  ,  qui  préfente  des  détails  intéreflans ,  eft  la  fuite  d'un 
Mémoire  fur  cette  maladie  de  l'œil ,  inféré  dans  ceux  de  Mathématiques  &  de 
Phylique.  On  doit  à  M.  Tenon  plulieurs  autres  Mémoires  également  importans  , 
qu'on  trouve  dans  le  Recueil  de  l'Académie  des  Sciences.  On  remarque ,  en  parti- 
culier ,  ceux  qui  roulent  fur  l'exfoliatioa  des  os    &  la  nature  des  pierres  ou  calculs. 

TENQUES ,  ou  comme  d'autres  écrivent  TENCKE  ,  C  Jérôme  )  natif  de  Mar- 
ti^ues  en  Provence  ,  étoit  Doreur  d'Aix  ,  lorfqu'il  vint  fe  préfenter  à  la  Faculté 
de  Médecine  de  Montpellier  ,  où  il  prit  de  nouveaux  degrés  en  1662.  Il  fe  mit 
fur  les  rangs  pour  concourir  après  la  mort  de  Pierre  Benoit^  &  parmi  les  quatre 
fujets  que  la  Faculté  propofa  au  Roi  ,  il  fut  celui  qui  obtint  la  Chaire  vacante  , 
par  provifions  du  3  Août  1668.  Ce    Médecin  mourut  en  1687  ,  &    laifîa    un   Ou- 

■SMage  intitulé.- 

**  fnjtrumeiua 


T    E    N  S6i> 

Inftrumcnta  curatîonls  morborum  dcprompta  ex  Pharmacia  Galenlcà  &  Chymlcâ  ,  Chi- 
rurgiâ  &  DUetâ.  Lugdunl ,  1683,  1687,  171;,,  1755,  "'12.  Biterris  ,  1686,  in-ï2. 
En  François ,  lous  le  titre  de  Formules  de  Médecine  tirées  de  la  Galéaîque  &  de  la 
Chymie.  Lyon,  1682,  1690,  in-12. 

TEN  RHYNE,  f  Guillaume  )  Doreur  en  Médecine  dans  le  XVII  iîede  , 
étoit  de  Deventer  dans  la  Province  d'Overiflel.  Il  étudia  fous  de  h  Bot ,  &  fut 
pendant  pluiieurs  années  Médecin  delà  Compagnie  des  Indes  Orientales  à  Batavia. 
A  fon  retour  tn  Europe,  il  publia  une  defcription  du  Cap  de  Bonne  Efpérance, 
avec  une  Hiftoire  des  Hottentots  ,  dont  le  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  FaU 
conet  annonce  une  édition  Latine  de  Bîlle,  1710,  :n-8.  Mais  on  a  de  Ten  Rhyne 
des  Ouvrages  plus  utiles  aux  Médecins.  Tels   font  : 

Meditatioms  In  magni  Hippocratls  Textum  vigejmuni»quartum  de  vcteri  Mediclnâ. 
Lugduni  Batavorum  ,  1672,    in-12. 

Excerpta  ex  Objervati'mibus  Japponîcîs  de  frucîlce  Thée  ,  cum  fafdcuh  rarîorum  plan- 
tarum  ah  ipfo  in  Promontorio  Borne  Spei  &  Sardanha  fînu.  annô  16^^^  colleciarum  ,  at- 
que  demùm  ex  India  annô  1677  in  Europam  ad  Jacobum  Breynlum  tranfm'ijfarum.  Geda- 
ni,  if^^^ ,  in-folio.  C^eR  Jacques  Breynius  lui-même  qui  a  publié  ces  pièces  dans 
la  première  Centurie  de  les  Exotica  ,  aliaque   minus  cognita:  planta. 

DiJJenatio  de  Anhritide.  Manrijfa  fchematlca  de  acupun&ura.  Orannnes  tra.  T.  De 
Ckymite  &  Botanicte  antîquitate  &  dignitate.  11.  De  Phyjîognomia.  III.  De  Monftris. 
Singula  ipfius  ^utnris  notis  illufirata.  ' Londinl  ,  1683  ,  /n-8.  Il  a  écrit  le?  deux  premiè- 
res parties  de  ce  Recueil  en  1676,  lorfqu'il  étoit  auK  Indes.  Dans  la  dilTertation 
De  ^nhritide  ,  ce  Médecin  s'étend  fort  au  long  fur  l'efficacité  d'un  remède  Chi- 
nois dans  cette  maladie.  C'eft  le  Moxa  ,  qui  eft  aulTi  appelle  Jomongi  &  Nophouts 
par  les  Naturels  du  Pays,  Ce  Cotonier  eft  une  efpece  d'Armoife  très-velue ,  dont 
on  fépare  le  duvet  en  coton  (  qui  eft  une  efpece  de  bourre  )  en  écrafant  les  feuil- 
les. Les  Chinois,  les  Japonois  &  plufieurs  nations  Européennes  en  forment  des 
mèches  groflès  comme  un  tuyau  de  plume  ,  defquelles  ils  fe  fervent  pour  guérir  la 
goutte  ;  ils  mettent  le  feu  à  une  de  ces  mèches ,  ^Jls  en  brûlent  la  partie  affli- 
gée d'une  manière  à  produire  peu  de  douleur.  Ten^^hyne  a  eu  plufieurs  fois  l'oc- 
cafion  d'obferver  les  bons  effets  de  ce  remcde  ,  ainfi  que  de  l'aiguille,  pendant 
fou  léjour  aux  Indes  Orientales.  Par  l'aiguille,  on  entend  la  ponftion  faite  en  dif- 
férentes parties  du  corps.  Cette  aiguille  eft  prefque  toujours  d'or ,  rarement  d'argent , 
jamais  d'autre  métal  ;  on  l'introduit  par  une  fimple  piquure  ,  ou  en  la  tournant 
entre  le  pouce  &  le  doigt  indicateur ,  ou  en  l'enfonçant  légèrement  avec  un  mail- 
let ,  félon  la  nature  de  la  maladie  &  la  ftruflure  de  la  partie  fur  laquelle  on  opère. 

TENTZEL,  C  André  J  Médecin  Allemand  du  XVII  fiecle  ,  eft  Auteur  d'un 
Traité  curieux  ,  dans  lequel  il  décrit  fort  au  long  les  Mumies ,  leurs  vertu?  & 
leurs  propriétés,  ainfi  que  la  manière  de  les  compofer  ît  de  s'en  fervir  'it-ns  les 
maladies.  Plufieurs  Ecrivains  ont  parlé  des  cadavres  embaumés  par  les  Egyptiens  , 
que  nous  connoiflbns  fous  le  nom  de  Momie  ou  Mumie  ;  &  M.  Rouelle^  entre 
autres,  a  donné  là  delfus  un  mémoire  intércfiant  qui  le  trouve  parmi  ceux  publiés 
par  l'Académie  des  Sciences  de  Paris.  Il  ne  faut  pas  crpire  que  les  Momies  de 
TOME    If\  Aaa 


57°  TER 

commerce  foient  véritablement  tirées  des  tombeaux  des- anciens  Fys;yptiens;  celles- 
ci  l'ont  trop  rares  ,  on  ne  les  garde  guère  que  par  curiofité.  Ceilc.''  que  les  Uro» 
guiftes  tirent  du  Levant ,  viennent  des  cadavres  de  diverfes  pcrionnes  que  les 
Juif»-  ou  les  Chrétiens  embaument  ,  après  les  avoir  vuidés  ,  avec  des  aromates  ré- 
fmeux  &  le  bitume  de  Judée  ;  ils  mettent  lèchtr  au  four  ces  corpb  ainii  embau» 
mes,  jufqu'à  ce  qu'ils  foient  privés  de  toute  humidité.  On  employoit  autrefois  ces 
Momies ,  qui  ne  font  point  d'une  odeur  déCagréable  ,  pour  détcrger  ,  réfoudre  » 
réfiiler  à  la  gangrené  ;  mais  on  ne  s'en  fert  plus  aujourd'hui  dans  la  pratique  de 
la  Médecine.  Leur  principal  ufage  fe  réduit  à  prendre  du  poiflon  que  la  Momie 
attire  comme  appas, 

Lipenius  attribue  à  Tentiel  un  Traité  de  la  pefte  en  Allemand  ,  imprimé  à  Er» 
fort  en  1627  >  '"-4  i  f^andcr  Llnden  &  Manget  le  difent  Auteur  des  pièces 
iuivantes  : 

Exegefis  Chymiatrlca.  Erfurtî,  1628,  1630,  Jn-8,  avec  le  Ternarium  Bc^oardicorunt 
d'y/nge  Sala. 

Mediciaa  Dlaftatica  in  traclatum  tertium  de  tempore  ,  feu  ,  Philofophia  D.  Theophrajîl 
Paracdjî.  /e/i<c,  1629^,  in-12.  Erfunl^  1666,  in-11. 

TERENZONI  ,  (  Jean-Antoine  )  Do«fl:eur  en  Médecine  ,  enfeigna  cette 
Science  dans  l'Univerfité  de  Pife  dès  la  Hn  du  XVII  fiecle.  Manget  dit  qu'en 
1726  il  y  avoit  déjà  trente-deux  ans  qu'il  tnontoit  en  Chaire.  On  a  de  la  façon  de 
Teren^oni .: 

Exercitationcs  PhyJîcO'Medica.  Luccts ,  1^08  ,  1V8.  Elles  traitent  des  chofes  appel- 
lées  non-naturelles. 

De  morbis  uterl.  Ibidem  ,  i^ï^ ,  m-8.  Tout  ce  qu'il  avance ,  pour  démontrer  la 
cauie  du  flux  menftruel  ,  n'eft  qu'un  tiflu  de  raifonncmens  pleins  d'inconlé- 
quences. 

TERILLUS  ,  (  Dominique  )  Médecin  de  Venife,  floriflbit  au  commencement 
du  X.VII  fiecle.  Les  Ouvtagei'.qui  font  fortis  de  fa  plume  méritent  d'être  lus  pour 
les  bonnes  chofes  qu'on  y  trouve  ;  ils  ont    paru  fous  ces  titres  : 

De  F'eficantium  reclô  ufu  ac  utilitatibus ,  mîrificifque  in  praxi  eorum  frucîibus.  l'^ene- 
t/ji,  1607,1/1-4.  L'Auteur  qui  employoit  fréquemment  les  Vélicatoires  dans  fa  pra- 
tique, fait  voir  combien  l'ufage  en  efl:  avantageux  dans  piufieurs  maladies,  & 
fur-tout  dans  celles  où  l'humeur   morbifique  s'eft  déplacée  par  métaftale. 

De  caujîs  mords  repentincs  diftinciijjîma  Traclatio.  Ibidem  ^  1615  ,  wi-4  La  defcription 
de  la  vie  humaine  eft  rendue  avec  toutes  les  expreflions  qui  la  caraclérifent.  L'hif- 
toire  de  la  mort  eft  tracée  d'après  l'obfervation  ,  &  c'eft  d'elle  que  les  cau- 
fes  de  la  mort  fubite  font  déduites  ;  l'anévrilme  en  eft  une  aifez  fréquente  ,  fui- 
vant  ce  Médecin. 

11  ne  faut  point  le  confondre  avec  Dominique  Terelius  de  Lucques  ,  qui  a  écrit 
deux  Livres  De  generatione  &  partu   hominis  ,   imprimés  à  Lyon    en    1578,  in  8. 

TERRANEUS,  f  Laurent  )  Doreur  en  Philofophie  &  en  Médecine  ,  étoit 
de  Turin.  Les   connoillknces   qu'il  avoit  acquifes  dans  la  Phyfique  ,   l'Anatomig 


T    E    R. 


57Î 


&  la  Botanique,  le  faifoient  regarder  comme  un  homme  bien  capable  d'enrichir 
ces  Sciences  par  fes  Ouvrages  ,  mais  le  public  en  a  été  privé  par  ia  mort  préma- 
turée qui  arriva  le  4  Juin  1714,  à  I'à?e  de  ;,6  ans.  Ce  qu'il  a  laifië  le  borne  à  un 
volume  d'Oraifons  choifies  ,  &  au  Traité  dont  voici  le  titre  : 

De  ^landulh  univerfim  &  fpeciatim  ad  uretbram  virilem  novis.  Taurlnî ,  1709  ,  in  8. 
Lugdunl  Batavorum  ,  1721  ,  1729  ,  in-'S.  C'eft  dans  cet  Ouvrage  qu'il  a  fait  la 
delcription  des  glandes,  dont  Coti^per  a  voulu  s'attribuer  la  découverte.  Blanchi  qui 
en  fait  honneur  à  'ferraneus ,  afllire  que  cet  Anatomifte  en  avoit  fait  la  démonftra- 
tion  en  169B  &  1699  ;  mais  Mery  en  a  parlé  dans  le  Journal  des  Savans ,  av^ée 
1684  ,  &  fuivaot  M.  Portai  ,  Columbus  en  a  déjà  fait  mention  vers  le  milieu 
du  XVI  liecle.  L'Auteur  ,  dont  je  parle  ,  a  joint  à  fon  Traité  deux  figu- 
res ,  où  Morga^ni  a  remarqué  quelques  imperfections  ;  il  parvît  cependant  à 
IVÎ  Portai  que  les  canaux  excréteurs  des  glandes  de  l'urètre  y  font  bien  re- 
prcleniés. 

TERRER  MORENO ,(  Pierre  ;  Médecin  &  Chirurgien  du  XVII  fiecle  , 
étoit  de  Calataiudf  ville  d'Ei'pagne  dans  le  Royaume  d'Aratron.  Nicolas  /intonio  , 
qui  en  fait  mention  dans  fa  Bibliothèque  ,  lui  attr'bue  un  Ouvrage  l'ur  les  diilo- 
cations  &  les  fra^ures.  11  a  paru  à    Madrid  en  Efpagnol ,  1640 ,  tn-8. 

TERTRE  ,  (  Marguerite  DU  )  Veuve  du  Sieur  de  La  Marche ,  MaîtrefTe 
jurée  Sage  -  temme  de  la  ville  &  de  l'Hôtel  -  Dieu  de  Paris ,  fe  fit  de  la  réputa- 
tion ûans  fon  Art  après  le  milieu  du  XVII  fitcle.  Les  Adminiftrateurs  de  cet 
Hôtel  la  chargèrent  de  taire  des  cours  publics  d'accoochemens ,  &  pour  les  rendre 
plus  utiles  ,  elle  mil  au  jour  un  Traité  par  demandes  &  par  réponfes ,  Ibus 
ce  titre  : 

Jnjiruclion  touchant  les  chofes  qu'une  Sage-femme  doit  favoir  pour  Vexercice  de  fon  uin. 
Paris,  1677,  in-vi.  Louife  Bourjier  ea  a    donné   une  nouvelle  éoition  qu'elle  a  aug- 
mentée de  les  remarques.   Paris,  1710,  m- 12.  La  Dame  Du  Tertre  s'étend  davan- 
tage fur  l'accouchement  naturel  que  fur  ceux  contre  nature;  car  elle  parle  allez fuc- 
^  cintement  des  derniers. 

•     TERZAGO,  (  Paul-Marie  )  Doreur    de   la   Faculté  de   Médecine  de  Pavie, 
étoit  de  Milan.  Le  14  Mars  1654,  il  fut  reçu   dans  le  Collège  des    Médecins  de 
fa  ville  natale,  &  comme   il    lui    fit  honneur  par  fes  talens,  on  rendit  juftice    à 
fon  mérite  en  le  nommant  à    la  charge  de  Doyen,  Une  longue    &  heureufe  pra- 
tique   le    fit    aulli    confioérer   par   les  habitans   de  Milan ,  qui  le  regreterent  à  fa 
murt  arrivée  le  4  Février  1695.  Ce  Médecin   a  publié  en  1681 ,  in-folio  ,  un  Mémoi- 
re intérellant  fur  la  dilt&nce  qu'on  doit  mettre  entre  les  terres  propres  à  la  culture 
du  ris  &î  les  murs  de  Novare  ,  pour  alfurer  la  faiubrité  de  l'air  de  cette  ville.  Tout 
le  monde  lait  que  le  ris  ne  donneroit  point  de  graines  ,  s'il  n'étoit  fréquemment  arrofé 
au  moyen  des  canaux  &  des  rigoles  quicharient  au  beibin  l'eau  des  rivières  voilines  , 
quand  le   fonds  numide  &    marécageux  ,   qui   eft    celui  qui  convient  le   plus  à    la 
culture  de  cette  plante  ,  eft  mi.m;cé  de  quelque  dcfiechement     Mais  la   chaleur  du 
climat  produit  des  exhalailons  dangcreules  qui  ne  permettent  pas  d'établir  des  planta» 


372  TES 

lions  de  ris  à  la  "portée  des  villes  ;  c'eft  fjr  les  précautions  qu'on  doit  prendre  à 
cet  égard  ,  que  roule  le  Mémoire  de  Ter^ago. 

Ce  Médecin  a  encore  écrit  un  Ouvrage  imprimé  à  Tortone  en  1664,  in-4 ,  fous 
le  titre  de  Mufcsum  Septalianum^  mm  centnnibus  de  natura  cryfldll  ^  corallii  ,  tejîa^ 
ceorum  ,  &c.  Il  a  été  mis    en   Italien  par  le   Dofteur  Pierre-François   ScarabdLi. 

Notre  Auteur  a  laifle  un  fils,  nommé  yeVÔTje  ,  qui  fc  fit  au di  aggréger  au  Collège 
des  Médecins  de  Milan.  Il  mourut  dans  cette  ville  avant    l'an  1715. 

TESCHENMACHEli  (  EnglebertJ  étoit  d'Elverfeidt ,  village  du  Duché  de 
Bergues,  où  il  naquit  le  4  Août  1608.  Il  apprit  les  premiers  élémens  des  Belles- 
Lettres  dans  la  mailbn  de  fon  père,  qui,  après  avoir  été  Médecin  de  ce  village, 
paira  à  Devenier  dans  la  Province  d'OverilTel.  Il  continua  enlbite  fes  études  à 
Herborn  &  à  Cologne  ,  &  il  alla  les  achever  à  Leyde,  où  il  le  fit  recevoir  Doc- 
teur en  Médecine  le  3t  Novembre  1656.  La  réputation  que  fon  père  avoir  ac- 
quife  à  Deventer  ,  l'engagea  à  fe  fixer  dans  cette  ville.  Il  y  mérita  ,  comme  lui  , 
l'eftime  des  habitans  ;  il  y  fut  môme  nommé  Profefleur  extraordinaire  de  la  Faculté 
de  Médecine  au  mois  d'Août  i6-;b.  On  l'alTocia  depuis  à  fon  père,  en  qualité  de 
Médecin  de  la  ville,  &  en  Novembre  1644,  il  obtint  encore  l'emploi  de  Ma- 
thématicien. Enfin  on  lui  donna  la  Chaire  ordinaire  de  Phyfique  dans  le  courant 
de  Septembre  1646,  mais  fans  lui  ôtcr  fes  autres  places,  qu'il  remplit  toutes  juf- 
qu'à   fa    mort  arrivée    le  3  Juin  164Q,  à  l'âge  de  41  ans. 

On  a  de  lui  un  Difcours  D&  dlgnitate  &  utlUtate  jinatomia^  imprimé  à  Deventer 
en  163b,  i/2-4.  C'efi-  apparemment  le  Difcours  inaugural  qu'il  prononça  lorfqu'il 
prit  poifeiljon  de  la  Chaire  extraordinaire  de  Médecine.  En  qualité  de  Mathé- 
maticien, il  3  publié  en  Hollandois  les  Almanachs  de  la  ville  de  Deventer,  depuis 
1644  jufqu'en  1649  inclufivement. 

TESTA  f  Léonard  )  vint  au  monde  à  Meflîne  le  16  Décembre  1493.  JJ  s'ap- 
pliqua à  l'étude  avec  tant  de  fruit ,  qu'il  devint  un  des  plus  célèbres  Médecins  de 
fon  tems.  Mais  comme  l'aclivité  de  fon  efprit  ne  lui  permettoit  pas  d'être  jamais 
à  rien  faire,  il  cultiva  les  Belles-Lettres  par  araufement,  &  il  fe  rendit,  en  parti- 
culier ,  fi  habile  dans  la  Poéfie  ,  que  ce  talent  ne  lui  laifla  encore  rien  â  dcfirer  ^a« 
côté  de  la  réputation  à  laquelle  il  afpiroit  dans  la  carrière  des  Sciences.  Il  avoit* 
lieu  d'être  fatisfait  de  celle  dont  il  jouiflbit ,  loriqu'une  maladie  rebelle  à  tous  les 
remèdes  lu»  annonça  fa  fin.  11  mourut  dans  fa  ville  natale  le  8  Juillet  1556  &  fut 
enterré  dans  l'Eglife  de  Saint  Auguftin ,  où  l'on  éleva  à  la  mémoire  un  maufolé& 
de  marbre  fur  lequel    on  grava  cette  inlcriptioni 

Leonhardo  Testée  Messenio 

Medico  &  Poëta  cehberrimo  y 

Patri  béni    merentijfimo 

Filù  plentijjîmi  pofuere. 

rixît  annos  LXIl,  menfes  VI,   dies  XXIIL 

Obiit  VIII  Idus  Juin   1556.  - 


TES       T    E    U       T    E    X        T    H    A  373 

TESÏI  ,  C"  Louis)  Médecin  natif  de  Modene,  exerça  fa  profeflTion  à  Venife  vers 
la  fin  du  dernier  fitcle,  &  fe  fit  un  nom  par  la  d-coiu'crte  du  iucre  de_^U;it,  Sac- 
charum  ladis ,  dont  il  publia  les  propriété^  iS:  les,  utages  dans  va.  'ir.-ité ^imprimé 
à  Venife  en  i6q8  ,  in-folio,  &  en  j^oo  ,  in  8.  il  avoir  déjà  publié  un  Mémoire  lur 
la  lalubrité  de  l'air  de  Venife ,  &  il  ne  manque  point  de  raiibns  qu'il  appuie  fur 
la  Phylique  ,  l'autorité  &  l'expérience  ,  pour  fane  valoir  km  opinion.  Cet  Ouvrage 
a  paru  en  Italien  à  Venife  ,  fous  le  nom  de  Cologne  ,  1694. ,  i/1-4  ,  &  ea  Latin  à 
Leyde,  1705,  in- 8. 

TEUCER  eft  mis  au  nombre  des  élevés  du  Centaure  Chiron.  Pline  ■\m  attribue 
la  découverte  de  la  plante  appellse  Tcucrium ,  mais  rien  n'eft  fi  frivole  que  tout 
ce  qu'il  en  dit  au  Livre  XXV  de  Ion  Hirtoire  Naturelle.  C'eft  au  hazard  qu'il 
rapporte  la  connoilfance  des  propriétés  de  cette  plante.  On  avoit  jette  fur  elle 
les  entrailles  d'un  animal,  &  l'on  remarqua,  dit-il,  qu'elle  s'attacha  à  h  rate 
dont  elle  détruiiit  bientôt  la  fubllance.  C'eft  delà  ,  ajoute  t-il  ,  qu'eft  venue  l'opi! 
nion  où  l'on  eil  que  les  cochons ,  qui  ont  mangé  de  la  racine  de  cette  plante  , 
n'ont  point  de  rate. 

TEXTOR,  (  Benoit  )  Médecin  natif  du  Pont-de-Vaux,  petite  ville  de  France 
dans  la   Brefle ,  vécut  dans  le    XVI  Uecle.   On  a  de  lui  : 

Stirpium  diffcrcndce  ex  Diofcoride  fccundàm  locos  communes.  Luutits  ^  ^534  >  in-ll, 
Fenedis,  1537,  in-i2.  ^rgentorati,  1552,  m-4,  avec  le  Livre  des  plantes  de  Jé- 
rôme Tragus. 

De  cancro  ^  ejus  naiurâ  &  curatione  Liber.  Lugduni ,  1550,  in~8.  Ce  Traité  eft 
écrit  avec  allez  d'ordre ,  mais  il  eft  d'une  fi  petite  étendue ,  que  l'Auteur  n'a  fait 
qu'effleurer  16n  fujet. 

De  la  manière  de  préferver  de  la  pejîllence    &  d'en  guérir,   Lyon,  155 1,  ln-8. 

Je  ne  lais  fi  F'incent  Textor  étoit  Médecin.  Les  Auteurs  n'en  parlent  que  pour 
donner  le  titre  d'un  Ouvrage  de  fa  façon,  qui  a  para  à  Genève  en  1604,  tn-B, 
fous  le  titre  de  Traité  de  la  nature  du  vin  ^  &  de  Vabui  ^  tant  d'icelul,  que  des  autrç^ 
breuvages  ,  par   le  vice  d'ivrognerie. 

THABET  BEN  CORRAH,  BEN  HAROUN,  AL-SABI  AL-HARRANI, 

Médecin,  Mathématicien  &  Pbilofophe  que  les  Européens  appellent  Thabit ,  na- 
quit à  Harran,  ville  de  Mélopotaraie,  en  221  de  l'Hégire,  de  l'Ere  Chrétienne, 
^35  »  &  il  y  mourut  en  288  des  Mahométans ,  de  falut  900.  Le  Calife  Motadhed 
ht  tant  d'eftime  de  ce  Médecin  ,  qu'il  le  mit  au  nombre  de  fes  Aftrologues  & 
qu'il  fe  plut  à  s'entretenir  familièrement  avec  lui.  Thabet  a  traduit  les  Elémens 
à'Euclide  en  fa  Langue  maternelle. 

Thabet  Ben  Senan  Ben  Thabet,  petit-fils  du  précédent,  ne  céda  rien  à  fon  grand - 
père  du  côté  des  Sciences.  Il  fut  Médecin  de  l'Hôpital  de  la  ville  de  fiagdet,  & 
il  écrivit  une  Hiftoire  de  fon  teras  ,  qui  s'étend  depuis  environ  l'an  390  de  l'Hé» 
gire,  de  lalut  902,  jufqu'en  360  de  l'Ere  Mahomctane,  de  J.  C.  970.  11  mourat; 
pendant  le  cours  de  cette  dernière  année. 


§74  T    H    A 

THADEE  naquit  à  Florence  dans  le  XIII  fiecle.  Ses  parens,  qui  étoient  d'une 
condition  oblcure ,  ne  lui  donnèrent  aucune  éducation  ;  il  vécut  dans  la  pareile 
jufqu'à  rage  de  30  ans  &  ne  s'occupa  que  de  l'exercice  des  plus  vils  métiers.  Ce- 
pendant fon  ame  engourdie  l'embla  quelquefois  vouloir  lortir  de  l'afîbupillèraent 
où  elle  étoiî  plongée;  la  voix  du  génie  i'e  faifoit  entendre  &  lui  reproclioit  l'état 
cTabjeélion  auquel  il  étoit  attaché  par  indolence.  11  en  ibrtit  enfin ,  prit  du  goût 
pour  l'étude ,  s'y  livra ,  &  dès  qu'il  eut  fait  quelques  progrès  dans  les  Lettres  , 
il  s'appliqua  fucccflivement  à  la  Philofophie  &  à  la  Médecine  dans  l'Univerlité  de 
Bologne,  où  il  enfeigaa  enlUite  avec  tant  de  gloire,  qu'il  fut  fjrnommé  le  Gahen. 
de  fon  ttms. 

Certains  Auteurs  ont  couvert  de  mépris  la  mémoire  de  Thadéc ,  en  lui  repro- 
chant d'avoir  été  plus  attaché  à  l'argent  qu'à  l'étude  de  fa  profcifion.  Ce  qui  a 
donné  occaiion  à  lui  faire  cet  odieux  reproche ,  n'eft  point  une  preuve  de  fon  ava- 
rice. Ce  Médecin  é:oit  parvenu  â  un  ii  haut  degré  J'eflime ,  que  les  malades 
des  villes  d'Italie  ,  chez  qui  il  ierendou,  ne  croyoieot  pas  trop  le  récompenfer 
de  fes  lervices ,  en  lui  payant  un  honoraire  de  cinquante  florins  d'or  par  jour.  Lors 
même  qu'il  fut  demandé  à  Rome  pour  la  maladie  du  Pape  Honoré  IV,  on  lui 
compta  deux  cens  florins  par  chaque  jour  ,  outre  une  gratification  de  dix  mille  flo- 
rins en  récompeni'e  des  foins  qu'il  avoit  pris  pour  rendre  la  faute  à  ce  Souverain 
Pontife.  Mais  tout  cela  ne  fe  reffent  point  de  l'avarice  du  Médecin  qui  extorque 
l'argent  de  fes  malades;  on  n'y  voit  que  des  preuves   de  leur  reconnoiflance. 

Jean  Onelll ,  Auteur  de  PHiftoire  des  Manufcrits  de  la  Bibliothèque  de  Flo~ 
rence  ,  met  la  mort  de  Tkadée  au  8  de  l'an  1303 ,  &  les  Ecrivains  qui  ont  re- 
cueilli les  Catalogues  des  Ouvrages  publiés  fur  la  Médecine,  lui  attribuent  les 
Commentaires  dont  voici  les   titres  : 

Jti  Claudii  Galeni  Ancin  parvam  Commentaria.  Neapoll  ,  1522 ,  in-folio. 

Expojîtionei  in  arduum  ^phorlfmorum  Hippocrads  F'ulumen  ;  in  divïnum  Prognq/lico' 
rum  Hippocrads  Librum  ;  in  prceciarum  regiminls  acutorum  Hîppocraris  Opus  ;  in  fubtlUf. 
Cimum  joannitu  Jfagogavum  Libdlum.  Fenetds  ,  1527,  in  folio ,  par  les  foins  de  Jean- 
Baptijie.  NicoUini. 

THALES,  Philofophe  originaire  de  Phénicie  ,  étoit  delà  plus  illuftre  naifl'ance, 
car  il  defcendoit  de  Cadmus  &  d'Agénor;  il  fut  lurnommé  Milélien,  foit  parce 
qu'il  naquit  à  Milet,foit  parce  qu'il  s'y  établit.  La  Sede  Ionique  l'a  reconnu  com- 
me fon  fondateur,  &  il  a  paflé  pour  le  premier  qui  ait  écrit  fur  la  Phyiique.  C'eft 
delà  qu'on  infère  qu'il  avoit  des  connoiflances  qui  ont  contribué  aux  progrès  que 
Ja  Médecine  a  faits  de  Ion  tems;  mais  on  n'en  peut  pas  douter  après  ce  que  dit 
Dioge/ie  de  Laërce  fur  le  léjour  de  ce  Philofophe  en  Egypte,  où  il  avoit  étudié 
les  Sciences  que  cultivoient  les  Prêtres  de  Memphis  ,  dont  la  plupart  étoient  Mé. 
decins.  Tkales  mourut  en  548  avant  J.  C,  à  l'îlge  de  95  ans  ,  fuivant  l'opinion  de 
Jiiccioli  dam  fa  Chronologie  réformée;  mais  Ihomas  Stanley  ne  lui  en  donne  que 
9i,  penJant  que  Lucien  &  Sjrncelle  le  font    vivre  au  delà  de  cent 

Vlogene  de  Laërre  croit  que  ce  Philofophe  n'a  lailfé  aucun  Ouvrage;  d'autres 
afllrent  cependant  qu'il  a  compofé  quelques  Traités  en  vers  fur  les  météores, 
iur   l'équinoxe  &c.,  mais  ils  ne  font  point  parvenus  jufqu'à  nous. 


THE  S7S 

On  rapporte  que  Thala  tomba  un  jour  dans  un  fofle,  pendant  qu'il  étoit  occupé 
cfe  la  cortemplation  des  aftrcs.  Une  vieille  iervante  qui  s'apperçut  de  fa  chute ,  le 
railla  en  des  termes  qu'on  pourroit  encore  oppoler  aujourd'hui  à  la  vanité  trop  eu. 
rieule  de  certains  Phiiofophes,  qui  prétendent  fouiller  dans  ce  qui  eft  au  delà  de 
la  fphere  de  l'efprit  humain  ,  pendant  qu'ils  ignorent  parfaitement  les  raifons  des 
chofes  qu'ils  touchent  de  leurs  mains  &  voient  de  leurs  yeux.  On  pourroit  leuc 
dire,  comme  la  fervante  à  Thaïes:  Fous  entreprenez  de  parcourir  ks  deux ^  &  vous 
ne  voye^  pas  ce  qui  eft  à  vos  pieds. 

THEBESIUS  ,  (  Adam-Chrétien  )  Médecin  de  ce  fiecle ,  étoit  d'Hirfchberg  en 
Silélie,  Il  fe  fit  beaucoup  eftimer  par  un  Ouvrage  qu'il  publia  fur  la  circulation 
du  iang  dans  la  fubftance  du  cœur.  La  defcription  des  routes  que  le  fang  parcourt 
dans  ce  vifcere  eft  rendue  avec  exaflitude  ;  il  y  eft  fait  mention  des  vaiiïeaux  qui 
dépofent  immédiatement  dans  les  ventricules  le  liquide  qu'ils  reçoivent  par  les 
artères  coronaires  ;  il  y  eft  encore  parlé,  de  ceux  qui  s'ouvrent  dans  les  oreillettes. 
Thébejïus  annonça  ia  découverte  en  1708.  C'eft  le  fujet  de  la  DifTertation  inaugu- 
rale qu'il  publia  à  Leyde  le  15  Mai  de  cette  année ,  lorfqu'il  y  prit  le  bonnet  de 
Doiîïeur.  11  y  a  encore  une  édition  de  Leyde,  1716,  in-B  ,  &  une  autre  de  Leip- 
^'•^  '  1739  »  '«-4  •)  fous  le   titre  de   Dijfercado  Medica    de  circula  fanguinis  in  corde. 

Jean  Ehren  Frled  Thebefius  ,  fon  fils  ,  naquit  à  Hirfchberg  le  5  Décembre  1717. 
Après  de  bonnes  études  dans  fa  patrie,  il  fe  rendit  à  Leipfic  pour  y  commencer 
fon  cours  de  Médecine  ,  qu'il  lit  fous  les  Profefleurs  JValther .,  Platner ,  Hebcnflrelt  ^ 
Quelmali  &  Ludmg.  Il  y  reçut  le  bonnet  de  Doftecr  en  1759  ;  mais  comme  il 
étoit  perfuadé  que  rien  ne  perfeftionne  plus  promptement  un  Médecin  que  les 
voyages,  il  vifita  les  principales  L^niverfités  de  l'Allemagne,  d'où  il  palTa  à  Straf- 
bourg ,  à  Paris  ,  à  Leyde  »  &  s'attacha  par-tout  aux  plus  grands  Maîtres  de  l'Art. 
C'eft  à  ces  courfes  utiles  qu'il  employa  l'année  qui  iuivit  fa  promotion  ;  il  revint 
enfuite  dans  fa  patrie  &  s'y  fit  aggréger  au  Collège  des  Médecins.  Ses  talens  lui 
méritèrent  bientôt  l'eftime  de  fes  confrères  ;  &  comme  il  ne  manqua  pas  de  com- 
muniquer différens  Mémoires  à  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  le  Préfident 
de  cette  Compagnie  s'emprefla  à  lui  envoyer  des  Lettres   d'alTociation. 

Ce  Médecin  mourut  en  1758,  &  laifia  un  Traité  des  accouchemens  qu'il  a  écrit 
en  fa  Langue  maternelle.  Il  parut  à  Hirfchberg  en  1756,  in-8. 

THÉMISON  ,  Médecin  qui  eft  fouvent  cité  par  Pline  &  par  CeZ/è,  étoit  de 
Laodicée  en  Syrie.  Il  naquit  dans  le  quarantième  fiecle  du  monde  &  vécut  jufques 
vers  l'an  25  de  l'Ere  Chrétienne.  Quelques  Auteurs  l'ont  mis  au  nombre  des  au- 
diteurs à'' u-lfclépiade  ,  mais  M.  Goulia  a  prouvé  le  contraire  dans  fes  Mémoires. 
n  S'il  avoit  entendu  yîfclcpiade ,  dit-il ,  on  voit  qu'il  auroit  vécu  109  ans.  Mais 
»  quand  on  fuppoferoit  que  Tliémifon  aurcit  atteint  l'Age  de  80  ans  ,  ii  eft  évident 
»  qu'il  ne  feroit  né  que  vers  l'année  5949,  loxïqa' ^fclépiaJe  n'exiftoit  déjà  plus, 
n  Donc  il  ne  fut  pas  fon  diiciple.  ^  Il  eft  vrai  que  Thémijm  avoit  d'abord  em- 
braflë  les  fentimens  A''  j^lfcUpiade ,  mais  il  eft  vrai  encore  qu'il  les  abandonna  dans 
la  fuite,  &  qu'il  en  adopta  d'autres  fur  lefquels  il  établit  la  Seéte  Méthodique , 
dont  il  eft  auteur.  DiofcoridQ  rapporte  que  ce  Médecin  ayant    été   mordu  par  un 


376  THE 

chien  enragé ,  ou ,  comme  veulent  d'autres ,  ayant  fervi  avec  affiduité  un  de  Tes 
amis  qui  étoit  tombé  dans  la  rage ,  fut  attaqué  de  la  même  maladie.  Ccelius  ^ure- 
lianus  ajoute  que  la  cure  traîna  en  longueur,  &  que  pendant  le  tems  qu'elle  dura, 
Thmifoii  fut  tenté  plufieurs  t'ois  d'écrire  fur  la  nature  &  les  fymptômes  de  fon 
mal ,  mais  qu'autant  de  fois  il  lui  en  reprit  de  nouveaux  accès.  Il  parvint  cepen- 
dant à  fe  guérir  radicalement ,  après  avoir  été  beaucoup  tourmenté  de  cette  mala- 
die. Suivant  Ctelius ,  ce  Médecin  a  compofé  plulieurs  Ouvrages  ,  dont  il  rapporte 
înêrae  les  titres,  mais  aucun  n'tft  parvenu  jiiqu'à  nous.  Galiea  parle  auffi  de  Thé. 
mifon  &  nous  apprend  que  c'eil  à  lui  qu'on  doit  la  defcription  du  DiacoJe ,  remède 
compofé  du  fuc  &  de  la  décoction  de  têtes  de  pavots  &  de  miel.  Il  nous  dit 
encore  qu'il  avoit  écrit  fur  les  propriétés  du  plantain  fimple  ,  &  qu'il  s'en  attribuoit 
la  découverte.  Le  même  Médecin  eft  aufli  auteur  d'une  compolîtion  purgative  , 
appellée  Hiera  ,&  l'on  croit  qu'il  eft  le  premier  qui  ait  employé  les  langfues  ;  on 
ne  trouve  au  moins  perfonue  qui  s'en  foit  fervi  avant  lui ,  comme  d'un  moyen 
curati£ 

Thémifon  vécut  aflez  vieux  ,  car  on  fait  qu'il  étoit  avancé  en  âge  ,  lorfqu'il 
jetta  les  premiers  fondemens  de  fa  Seéîe.  M.  Goulin  croit  qu'il  pouvoit 
avoir  55  ans  ,  lorlqu'il  abandonna  la  doctrine  à'^fclêpiade  pour  établir  la  fienne. 
Les  Vers  qu'on  lit  dans  la  dixième  Satyre  de  Juvenal  ,  ont  porté  quelques 
Auteurs  à  croire  qu'il  avoit  pouffé  fa  carrière  jufqu'à  l'Empire  de  Domitien  qui 
commença  à  régner  l'an  81  de  falur,  mais  les  Critiques  avouent  que  le  Poëte 
parle  ici  de  Thémifun, ,  pour  défigner  tel  Médecin  de  fa  Sefte  qu'on  voudra.  Voici 
ces  Vers  : 

Quorum  fî  nomma  quisras^ 

Fromptiùs  expediam^  quot  amavcrit  Oppia  mœckos  ; 
Quoi  Thémifon  tegros  autumnô  occiderît    unô. 

Le  Juvenal  François  ,  Bolleau ,  a  fuivi  l'idée  du  Poëte  Lafm ,  quand  il  a  mis 
k  nom  de  Gucnauld  dans  la  tradué^ion  de  ces  Vers  ;  il  a  voulu  parler  indiftinfie- 
raent  de  tous  les  Médecins  partifans  de  l'Antimoine  : 

J'aurois  plutôt  compté  combien  dans  un  printems 
Guenauld  &  l'Antimoine  ont  fait  mourir  de  gens  , 
Et  combien  &c. 

Ce  minéral  étoit  vanté  comme  un  remède  excellent  par  les  uns  ,  tandis  que 
d'autres  publioienr  le  martyrologe  de  ceux  qu'ils  regardoient  comme  les  vifli- 
înes  de  ce  médicament.  Gii  Patin  étoit  à  la  tête  des  derniers  :  la  plupart  de  fes 
lettres  font  remplies  de  reproches  adreffés  aux  Médecins  donneurs  d'Antimoine  , 
&  en  partirulkr  à  Gucnauld.  Ww  l' Antimoine  a  triomphé  des  clab.uderies  de 
Gui  '.^atin  ,  &  les  Médecins  ont  fu  tirer  parti  de  ce  minéral  qui  leur  a  fourni  plu- 
iîeurs  remèdes  efficaces.  A  propos  de  remèdes  ,  on  remarque  dans  l'Hiftoire  de 
la  Médecine  qu'on  étoit  anciennement  fort  attaché  aux   vieux  ulages  ;    ceux    qui 

exerçoien£ 


THE  ;;t 

exerçoient  cette  Science  refletnbloient  à  Jufli  Lipfc  ,  &  comme  lui ,  difoient  faos  ceffe 
Moribus  antiguis.  Aujourd'hui  leschofes  ont  changé  de  face  ;  nos  Médecins  moder- 
nes font  généralement  plus  portés  à  adopter  les  médicamens  que  le  toQ  du  fie- 
cle  ou  la  cupidité  des  vendeurs  ne  ceffe  d'inventer  ,  que  les  Anciens  n'é- 
îoient  oppolés  à  l'introduftion  de  ceux  qui  leur  déplaifoiert  fi  fort.  Les  ficelés 
précédens  avoient  trop  de  ténacité  aux  vieux  ufages  ;  le  nôtre  eft  le  jouet  de 
ion  aveugle  crédulité  ,  par  la  manière  avec  laquelle  il  iailit  tous  les  remèdes  qu'on 
lui  vante. 

THEODAMAS,  fils  de  Mélampz^  hérita  des  connoifTanccs  que  fes  ancêtres 
avoient  acquiles  dans  la  Médecine.  L'Hiftoire  nous  apprenti  que  Polyidus  ,  petit- 
fils  de  Mélamps  ,  avoit  luccédé  à  Tliéodamas  dans  les  fonftions  de  Médecm  ;  mais 
elle  ne  nous  dit  rien  de  ia  pratique. 

THÉODORE.  C  Jacques  )    Voyez  TABEIÎ.NA  -  MONTANUS. 

THÉODORIC  ,  Religieux  de  l'Ordre  des  Frères  Prêcheurs,  fut  fucceffive- 
ment  Chapelain  de  l'Evêque  de  Valence  ,  Pénitencier  du  Pape  &  Evêque  de 
Cervie  ou  Cervia  dans  la  Romagne .  Il  publia,  fous  fon  nom,  une  Coïledlioa 
de  Chirurgie  qui  eft  tirée  prefque  mot  à  mot  de  Brunus  ^  avec  quelque?  addi* 
tions  prifes  dans  les  Ecrits  de  Hugua  de  Luca  ,  fon  Maître.  Le  Père  Echard, 
dans  (on  Ouvrage  De  Scriptoribus  Ordinis  Pnedicatorum  ,  infinue  que  ce  Théo- 
doric  étoit  Efpagnol  &  différent  de  celui  qui  fut  Evêque  de  Cervie.  Ce  fenti- 
ment  eft  allez  probable  ;  cependant  on  trouve  ces  mots  ,  TheodorLi  Ccrvlenfis 
JSpifcopi  &c. ,  dans  les  plus  anciennes  éditions  de  la  CoUeflion  dont  on  a  parlé. 
Quant  au  tems  auquel  Tliéudoric  a  vécu,  on  s'en  rapporte  au  Dofteur  Frùnd qn\ 
le  dit  contemporain  de  Guillaume  de  Salicet ,  dont  on  met  la  mort  en  1280,  Voici 
ie  titre  de  l'Ouvrage  de   Théndorlc: 

Chirurgla  fecundùm  medlcaùonem  Hugonis  de  Luca.  fetietiis  ,  1490,  in-folio.  Ibidem, 
1519,  in-foHo  ^  avec  la  Chirurgie  de  Cauliac  ,  de  Brunus,,  de  Roland  &  d'autres. 
Jbidetn  ,  1546 ,  in  folio ,  cum  ^rte  Chirurglcâ.  Cet  Auteur  fait  confifter  la  plus  grande 
partie  de  la  Chirurgie  dans  l'application  des  médicamens;  ce  qu'il  dit  de  plus  re- 
marquable ,  conlifte  à  avancer  qu'il  faut  caflcr  l'os  quand  la  fracture  eft  mal  réduite , 
&  que  pour  y  parvenir ,  les  fomentations  &  les  emplâtres  futHfent  dans  le  calus  ré- 
cent ,  mais  quand  il  eft  ancien ,  qu'il  faut  fe  fervir  du  fcalpel.  Théodorlc  fe  glorifie 
de  ne  rien  propofer  qui  ne  loit  confirmé  par  l'expérience  ,  cependant  il  fe  vante 
d'avoir  guéri  une  frafture  du  crâne  par  l'application  d'une  poudre  &  le  récit  rayf- 
térieux  de  quelques  Vers.  Il  parle  auffi  d'une  tum.eur  à  l'épaule  ,  à  l'extirpation 
de  laquelle  il  s'eft  fortement  oppofé,  dans  l'idée  qu'on  pouvoit  la  difibudre  par  l'u- 
fiige  des  remèdes.  Cela  ne  fait  pas  l'éloge  de  fon  favoir  en  Chirurgie.  Il  raifon- 
noit  mieux  fur  d'autres  points ,  car  il  n'approuvoit  pas  la  méthode  de  panfer 
durement  avec  les  tentes  ,  &  il  en  fait  le  reproche  à  ceux  qui  s'en  lervoient.  Dans 
les  plaies  des  parties  nerveules ,  la  Térébcnthiae  étoit  fon   remède  favori. 

On  trouve  beaucoup  de  Clercs  qui  fe  font  mêlés  de  la  Médecine  dans  les  fiecles 
antérieurs    à    celui  de    la   renaiflaDce    des   Lettres ,  mais  on    n'en  voit  guère   qui 
T  0  ME    IV.  B  b  b 


373  THE 

euflènt  exercé  la  Chirurgie  ,  parce  que  cette  profefTioti  étoit  incompatible  avec 
leur  étal.  Cependant  le  Théoduric  ^  dont  il  eft  ici  qucltic>n  ,  par'e  d't  ne  manii  re  à 
ne  laifTer  aucun  doute  fur  l'exercice  qu'il  a  Fait  de  la  Chirurgie,  puilqu'il  en  ap- 
pelle à  fa  propre  expérience;  mais  comment  concilier  la  pratique  de  cet  Art  avec 
les  places  &  les  dignités  qu'il  a  occupées  ?  Je  fuis  tenté  de  croire  ou  que  le  f  hé'.doric  ^ 
qui  a  écrit  l'Ouvrage  dont  on  vient  de  donner  le  titre,  eft  différent  de  IFvêque  de 
Cervie  ,  ou  que  cet  Evêque  s'étoit  appliqué  à  la  Chirurgie  dans  fa  jeureH'e  ,  &  que  par- 
venu à  un  âo;c  mûr-,  il  n'avoit  pas  cru  déroger  à  fon  érat  de  Clerc  en  compilant  ce  qui 
fe  trouvoit  de  mieux  ,  à  Ion  goût ,  dans  les  Ecrits  de  diffèrcns  Chirurgien.*.  C'eft  la  pen- 
fée  de  Frelad  dans  fon  Hiftoire  de  la  Médecine.  La  coutume  des  Auteurs  de  ce  fiecle  , 
dit-il  ,  étoit  de  fe  piller  mutuellement.  Brimas  avoit  copié  les  Arabes  ;  à  peine 
avoit  -  il  fermé  les  yeux  ,  que  Thdodoric  ,  d'abord  Moine  &  enluite  Evêque  de 
Cervie,  marchant  fur  ces  traces  ,  le  copia  lui-même,  &  joignit  à  fon  recueil  les 
fables  qu'il  avoit  tirées  de  Hugues  de  Luca  ,  fon  IVlaître.  Comme  il  étoit  Moi- 
ne ,  ajoute  Freind  ,  il  crut  que  cette  qualité  lui  afluroit  un  droit  fur  les  bien* 
des   laïques. 

THEODORUS  PRISCIANUS,  difciple  de  rindicianvs ,  vécut  dans  le  quatriè- 
me fiecle,  fous  l'Empire  de  Gratien  &  de  Valcntinien  II  ,  &  fuivit,  comme  fon 
Maître  ,  le  parti  des  Médecins  Méthodiques.  ^Jiruc  ,  page  i6i  du  quatrième  vo- 
lume de  fon  Traité  des  maladies  des  femmes,  ne  le  croit  point  auffi  ancien;  il 
penfe  qu'on  doit  le  rapporter  au  huitième  ou  neuvième  fiecle:  mais  fuivant  le 
Docleur  Freind ,  le  Médecin  du  nom.  de  Theodoras  ou  Theodocus  qui  vécut  vers  la 
fin  du  fepticme  fiecle ,  étoit  un  célèbre  Profefisur  ,  probablement  d'Alexandrie  , 
différent  de  celui  dont  nous    parlons. 

Théodore  Prifckn  étoit  à  Confiantinople  lorfqu'il  écrivit  fe?  Ouvrages  en  Grec  , 
à  la  perfuaiion  d'Olympiiis  l'on  Collègue;  mais  étant  venu  à  Rome,  il  traduilit  en 
Latin  les  quatre  livres  que  nous  avons  de    lui.    Le  premier  efl  intitulé: 

Loglcus  de  curadonibus  omnium  morb^nim  corporls  Immani.  Il  ne  contient  rien  moins 
que  des  raifonnemens  philofophiques  ;  tout  au  contraire ,  l'Auteur  fe  déchaîne ,  dans 
fa  Préface,  contre  les  Médecins-P'nilofopfies  ou  raifonnsurs.  Si  la  Médecine,  dir-il, 
étoit  exercés  par  des  gens  fans  étude  ,  qui  n'cufient  eu  d'autre  Maître  que  la  Na- 
ture ,  qui  ne  connuflent  point  la  Philolbphie  ,  on  feroit  expoié  à  des  maladies  plus 
légères,  &  on  uferoit  de  remèdes  beaucoup  plus  fimples.  Mais,  pourlbit-il  ,  on  a 
négligé  la  manière  la  plus  naturelle  de  tra'îer  la  Médecine.  Cet  Art  eft  en  la  dii- 
po  fit  ion  de  certaines  geus,  qui  font  confifter  toute  leur  gloire  à  écrire  avec  poli- 
telle  ,  &  à  contredire ,  avec  efprit ,  tous  ceux  qui  ne  font  pas  de  leur  lentiment. 
Le  refte  de  cette  pièce  eft  un  tiffu  d'imprécations  contre  l'abus  qu'il  vient  de  cen- 
furer  ,  &  i!  fe  déclare  fi.  ouvertemsnt  pour  l'Empirifme  ,  qu'on  le  piendroit  pour- 
un  des  partiians  de  cette  Ssfte  ,  fi  l'on  ne  favoit  combien  il  étoit  attaché  à  la 
Méthodique.  Mais  on  doit  le  rappeller  que  les  Médecns  M<^'ho.fiques  eux-mêmes 
font  ailés  beaucoup  plus  loin  que  les  Empiriques  ,  dans  l'entrcprite  qu'ils  ont  faite 
d'abréger  &  de  faciliter  l'étude  delà  Mcdccine  Au  refte, on  ne  voir  pas  d'où  vient 
à  cet  Ouvrage  le  titre  de  Logicus  qu'on  a  fubftitué  dan;;  l'édiiion  d  Aldus  à  celui 
d'^upA'Tij^ort,  ou  des  remèdes  faciles  à  trouver  &  à  préparer,  qu'il  porte  dans 
î'éduion  de  Bâle  de    15.32,  i/i-4». 


I 


THÉ 


0/y 


^Prîfclen  a  dédié  cet  Ouvrage  à  fon  frère  Tirpothée.  C'eft  eocore  à  lui  qu'il  a 
adrcfTé  le  fécond  ,  où  il  traite  des  maladies  aiguës  &  chroniques.  Ce  Livre  elt  in- 
titulé Logicus  dans  l'édition  de  Bùle  ,  ^  ce  titre  paroît  lui  convenir,  parce  qu'il 
eft  plein  de  raifonnemens.    Dans  l'édition    d'Aldus  le  même   Livre  eft  intitulé; 

Oxyoris,  feu  de  acuds  &  chronicis  pajjtonibus. 

Le    troifieme  porte  ce  titre  : 

GyiKscla ,  feu  de   mulieruni  accidentlbus  &  curis    eorumdem.  Il  eft   dédié  à  une  fem- 
rtne  qui  a  diflcrens  noms   dans  les  différentes    éditions.    Elle    eft   appellée    l^i&oria 
dans  celles  d'Aldus   &  de  Strasbourg,  &   Salvina   dans  celle    de  Bàle. 

Le  quatrième   eft  intitulé  ; 

De  Phyfica  Scientiâ  experimentorum.  Il  éft  adrefle  à  un  des  fils  de  l'Auteur  qui 
s'appeiloit  Eufebe.  Le  commencement  de  cet  Ouvrage  n'a  poirt  de  rapport  avec 
le  titre.  11  n'y  eft  point  queftion  de  Phyfique;  c'eft  une  compilation  de  médica- 
méns  ou  de  fpécifi^ues  empiriques  ,  dont  quelques-uns  font  rnême  fuperftitieux. 
Prifcien.  revient  fur  la  fin  à  la  Phyfique,  dont  i!  agite  quelques  queftions,  telle 
que  la  nature  de  la  femence  ,  celle  de  quelques  parties  du  corps,  &  quelques- 
unes  des  fondiions  animales  ;  le  tout  d'une  manière    barbare. 

Le  ftyle  de  ce  Médecin  a  beaucoup  de  rapport  avec  celui  de  Ctelius  ^ardianus  ;  ce 
qui  adonné  lieu  de  conjeifturcr  qu'il  étoit  /vfricain,  ainfi  que  ce  dernier.  La  prem-ere 
édition  de  les  Ouvrages  s'cfi  faite  à  Strasbourg  en  1532 ,  infulio  ;  il  y  eft  nommé 
Quinms  Horatianus  &  il  y  porte  le  ^itre  û'Archiater  :  mais  cette  édition  eft  pleine  de 
fautes  ,  comme  l'a  remarqué  Reinejîus  qui  a  expliqué  plufieurs  endroits  de  cet  Au- 
teur dans  fes  Leçons.  La  féconde  édition  fe  fit  la  même  année  à  Bftie ,  fous  le 
nom  de  Theodorus  Prifciunus ,  mais  le  quatrième  Livre  ne  s'y  trouve  pas.  En  1544, 
on  publia  à  Strasbourg  une  troifieme  édition  in-folio.  Etifin ,  Aldus  &  les  fils  en 
donnèrent  une  quatrième  en  1547 ,  dans  laquelle  ils  réunirent  les  Œuvres  de  Prif- 
cien à  celJes  de  tous  Jes  anciens  Médecins  qui  ont  écrit  en  Latin.  Il  ne  porte 
point  le  titre  d'^rchiater  dans  cette  édition.  Le  Livre  qui  traite  des  maladies  des 
femmes  a  été  inféré  dans  le  Recueil   que  Spachlus  a  publié  fur  cette  matière. 

Les  Bibliographes  citent  un  Ouvrage  intitulé  ;  Z)i<eta ,  çuièus  vel  falubriter  uiendum 
vel  cautiùs  abfllnendum  fit.  Il  a  paru  à  Strasbourg  en   1544 ,  In  folio ,  à  Hall  en   Saxe 
en  1632,  in-8,  avec  les  notes  de  Sckreiner.   On  l'a  attribué  à  un   ancien  Médecin, 
nommé  Tnéodore  ,  que  Reinefius  croit  être  le   même   que  Théodore  Prifcien, 

THEODOSIUS,  CJean-Baptifte  J)  Médecin  qui  floriflbit  au  commencement  du 
XVI  liecle  ,  étoit  de    Parme  ,  &  non  pas  de   Bologne  ,  comme    F'ander    LinJen  & 
Afjnger  l'ont  dit.  Il  enieigna  avec  aflbz  de  célébrité  dans  les  Ecoles  de  la  dernière 
ville;  ce  fut  même  là  qu'il  finit  fes  jours  &  fut  enterré  dans   l'Egliie  de  fAnaon 
ciation.  On  y  voit  fon  épitaphe    conçue  en  ces  termes  : 

Parma  parens ,  primas  Mirandula  cejfu  honores 

Déclarât  civem  me  Jmola  grata  fuum. 
Ad  fe  do&a  vocat  me   tandem   Felfîna  ;    défient 

Artes  me  Medic<e  ,  do^a  cohorfque  F'irum. 
Défient  maft£  Urbes   Ipfce  ,   Civemque  repofcunt 
Jmola  i  Mirandiat  JTiljtna  ,  Parma  .£arçns. 


3r>5  T   11    E 

JoANNi- Baptiste  Theodosio 

Medico 

FF.  pientiffinti   PP. 

P^ixît  annoi  LXIII. 

Obilt  1538,  menfe  Scptembrl. 

Ce  Médecia  a  publié  à  Bologne  ea  152a,  Jn«8,  les  Commentaires  de  Nicolas^ 
Nicole  de  Florence  fir  les  Aphorifines  d' Hlppociate.  Il  a  auHi  laifie  le  fonds  d'ua 
Ouvrage  qu'on  a  inis  au  jour  lous  ce  titre  : 

Médicinales  Epiftola  LXf^III .,  in  quitus  complures  ,  vatiaque  res  ad  Medicinam.,  Phy- 
ficemqae  fpe&antes  difenijfimè  traduntur.  Bajîlea ,  1553,  m-8.  Lugduni  ^  ^557»  in-folio,- 
Les  premières  Lettres  traitent  de  la  vertu  des  plantes. 

THEOMBROTUS.  Voyez  CLEOMBROTUS. 

THEON  ,  Médecia  d'Alexandrie ,  vécut  dans  le  premier  fiecle  fous  l'Empire 
de  Néron,  &  compoia  un  Traité  De  exercitationibus ^  qui  cft  cité  par  Galien.  Ce 
Médecin  eft  appelle  Archiatre  dan»  le  titre  d'un  autre  de  fes  Livres ,  dont  Phoùus- 
a  parlé  i  il  y  traite  des  maladies  de  toutes  les  parties  du  corps  &  des  remèdes 
propres  à  les  guérir.  Ce  Livre  eft  intitulé  :  V Homme  par  Théon  ,  archiatre  d'uikxan- 
drie.  Galien  cite  encore  d'autres  Ouvrages  que  le  même  Théon  avoit  écrits  touchant 
la  Gymnaftique  ,    mais  il  ne  lui  donne  pas    le  titre  d' Archiatre. 

Etienne   de  Byzance  parle   d'un    7'héon  ,    Médecin  qui   avoit  commenté  le  Livre 
de  Nicandre  intitulé  :  Theriaca.  Mander  Linden  &  Manget  citent  un  fragment  de  l'Ou- 
vrage d'un  r^eon ,  qui  fe  trouve  dans  les  Ecrits  d'^éiÎHS ,  fous  cette  dénomination." 
f^lni  pur^antis  bilem  praparatio. 

THÉOPHILE  PROTOSPATH ARIUS.  Voyez  PROTOSPATARIUS. 

THÉOPHRASTE,  Philofophe  natif  d'Erefe ,  ville  de  l'Ifle  de  Lesbos  dans 
l'Archipel,  Horiffoit  vers  l'an  du  monde  3680.  11  étoit  fils  d'un  Foulon  ;  mais  le 
goût  qu'il  fentit  pour  les  Sciences  lui  fit  quitter  l'attelier  de  Ion  père ,  pour  fe 
mettre  fous  la  conduite  d'un  certain  Leucippe  qui  étoit  de  la  même  ville  que  lui. 
De  cette  Ecole,  il  paffa  à  celle  de  Platon  &  enfuite  à  celle  d'^riftote,  où  il  fe 
diftingua  parmi  fes  condifciples.  Ce  dernier  Maître  fut  fi  charmé  de  la  beauté  de 
fon  efprit  &  de  la  douceur  de  Ion  éloquence  ,  qu'il  lui  changea  fon  nom,  qui 
étoit  Tyname  ,  en  celui  d'Euphrafle  qui  fignifie  celui  qui  parle  bien.  Mats  ce  nom 
ne  répondant  point  encore  alTez  à  la  haute  eftime  <\n'^r'iftote  faiibit  de  fon  génie 
&  de  la  façon  de  parler ,  i!  l'appella  Théophrajle ,  ceft-à-dire  ,  un  homme  dont 
le  langage  eft  divin. 

u^riftoie .)  i'e  voyant  oblige  de  fortir  d'Athènes,  où  il  craignoit  le  fort  de  Sncrate , 
abandonna  fon  Ecole  &  Thdopbrafte ,  dont  le  nom  devint  alors  fi  célèbre  par  toute 
la  Grèce,  qu'il  compta  dans  le  Lycée  julqu'à  deux  mille  dilciplcs,  &  mérita, 
par  fes  bonnes  qualités ,  l'eftirae  du  peuple  &  la  bienveillance  des  Rois,  Théophrajle. 
mourut  chargé  d'années;  il  cefla  tout-û-la-fois  de  travailler  &  de  vivre.  Toute  h- 
Grèce  le  pleura,  &  le   peuple   d'Athènes  aflifta  à   fes  funérailles. 


T    H    E  -,8r 


j*- 


Saint  Jérôme  ,  dans  une  lettre  à  Népotien  ,  met  la  mort  de  Théophrajle  à  la 
cent-ieptienie  année  de  Ion  âge;  mais  le  lentiment  le  plus  commun  eft  qu'il  ne 
vécut  pas  au  delà  de  la  quatre-vingt-cinquième,  C'eft  alTez  loin  poufTer  la  carrière; 
cependant  Cicdrnn  rapporte  que  ce  Philoiophe  le  plaignit  de  la  Nature  en  mourant, 
de  ce  qu'elle  avoit  accordé  aux  cerfs  &  aux  corneilles  une  vie  fi  longue  &  li 
inutile ,  pendant  qu'elle  avoit  tellement  raccourci  celle  des  hommes ,  qu'ils  ne 
pouvoient  point  atteindre  à  la  perfedion  dans  les  Sciences  &  dans  les  Arts.  Mais 
cette  plainte  eft  fondée  fur  une  vieille  erreur.  Les  Naturalifles  modernes  affurent 
que  les  animaux  ne  vivent  point  auHi  long-tems  qu'on  le  croit  encore  aujourd'hui, 
&  M.  P'ulmont  de  Bomarc  fait  là  dcfîus  cette  remarque,  article  Cerf  de  l'on  Dic- 
tionnaire d'Hiftoire  Naturelle  :  comme  la  durée  de  la  vie  dans  les  animaux  efl 
proportionnelle  au  tems  de  leur  accroiflement,"  le  cerf  qui  eft  cinq  à  iix  ans  il 
croître,  vit  aufll  fept  fois  cinq  ou  fix  ans,  c'eft-à-dire  ,  trente-cinq  à  quarante 
ans ,  malgré  ce  que  l'on  a  débité  de  fabuleux  fur  la  durée  de  là  vie.  Ainfi  parle 
M.  Falmont.  Mais  toute  jufte  que  puiile  être  fa  réflexion  à  l'égard  des  animaux  , 
elle  ne  ftra  pas  celfer  les  plaintes  de  l'homme  qui  reprochera  à  la  Nature  de 
n'avoir  pas  mis  la  même  proportion  entre  le  terme  de  fon  accroiflement  &  la 
durée  de  fa  vie. 

JDiogeae  de  Laërce  fait  mention  de  plus  de  deux  cens  Traités  que  Théophra/Ic  a 
compofés  fur  toutes  fortes  de  fujets.  La  plus  grande  partie  eft  perdue  par  les 
malheurs  des  tems  ,  &  l'autre  fe  réduit  à  une  vingtaine  de  pièces  qui  ont  été  re- 
cueillies dans  le  volume  de  fes  Œuvres,  dont  on  a  les  éditions  fuivantes  : 

De  hîjîoria  plantarum  Libri  X.  De  caujîs  plantarum  Libri  VJ.  ^ccejfere  ArlftoteUs 
&  A!exandri  ^phrodifienfis  Opufcula  qu<edam,  F enetiis  ^  in-folio ,  en  Grec,  fans  indi- 
cation d'année.  Empédoclc  eft  le  premier  qui  ait  reconnu  dans  les  plantes  la  diffé- 
rence des  fexes.  ^irijlotc  ^  qui  floriflbit  ij6  ans  après  lui,  c'eft-à-dire,  l'an  -^44 
avant  l'Ere  Chrétienne ,  nous  a  confervé  le  fentiment  de  ce  Philofophe-Médecin  , 
qui  étoit  aufij  le  lien.  Ce  fut  encore  celui  de  Théophrajle^  fon  difciple  ;  Pline  môme, 
qui  écrivoit  plus  de  trois  cens  ans  après  ce  dernier ,  attefte  que  les  Naturaliftes  ad- 
mettent la  différence  des  fexes  ,  non  léulement  dans  les  arbres ,  ntais  encore  dans 
toutes  les  plantes.  Il  femble  que  ces  obfervations  auroient  dû  faciliter  les  progrès 
de  la  Botanique,  mais  elles  furent  négligées  durant  une  longue  fuite  de  iiecles.. 
En  1^96,  Camcrarlds  rappella  des  idées  trop  long-tems  méconnues;  7'aillant  ^  cq 
France,  obferva  le  méchanifme  &  la  fécondation  des  plantes;  Charles  von  Linné  y 
en  Suéde,  renchérit  fur  tout  ce  qui  avoit  été  dit  avant  lui,  &  comme  il  établit, 
mieux  que  perlbnne,  le  fyftême  lexuel,  il  en  a  tiré  autant  de  gloire  que  s'il  en 
eût  été    l'inventeur. 

Tarviju,  1487,,  info'llo^  en  Latin,  de  la  verfion  de  Théodore  Ga^a.  Ce  Savant 
avoit  beaucoup  de  connoiffances  des  Langues ,  mais  comme  il  étoit  auffî  fort 
hardi  dans  fes  traduftions,  &  qu'il  ne  faifoit  point  de  difticultc  de  créer,  pour 
ainfi  dire,  de  nouveaux  mots  Latins,  on  ne  le  comprend  pas  toujours  aifément. 
Mais  ce  n'eft  pas  la  feule  plainte  qu'on  ait  faite  fur  les  anciennes  éditions  des 
Ouvrages  de  Théophrafle  ;  il  y  â  long-tems  qu'on  a  remarqué  qu'elles  font  toutes. 
plu$  ou  motos  déie^uevifes. 


382  THÉ 

Opéra  omnla.   f^enetils ,  1495  ,  în-follo  ,  en  Grec. 

Ibidem,  1498,  in-folio  ,  en  Grec. 

Ibidem ,  1504  ,  in-folio,  ex  intcrpretauone  G«j^<e ,  cum   jJriJlotelis  Libro  de  animalibus 

Ibidem,  1513,  in-folio. 

Pjrijîis  ,  1529,    in-3. 

Bafilca,  1534»  in- folio. 

Ibidem,  1541  ,  in-folio.  ^ 

Ibidem ,  1 550  ,  in-folio. 

P^enetiis  ,  155a  ,  in-ii ,  en  Grec. 

Hanovia  ,  1605  ,  in  folio  ,  interpredbus  Daniele  Farlanô  Cretenjî  &  uidriaaù 
Turncbà. 

Lugduni  Batavorum  ,  1613  »  ia-folio  ,  ex  interpretatione  Theodori  Ga^e  ,  &  caf- 
t'igatione  Danielis  Beinfi.  Liber  de  lapidibus  ex  interpretatiune  Furlani,  Caractères 
ab  Jj'aaco  Cafaabono.    Reliqua    Opufcula   ab  Adriano    Turnebo.    En  Grec  &  en  Latin. 

De  hijtoria  &  caufîs  plantarum  libri,  cum  iwils  &  commentariis  Bodai  à  Stapel ,  Ju- 
m  Cefaris  ScaLgeri  in  eofdcm  animadver(lonibus ,  &  Roberd  Conjîantini  Cadomenfîs  anno- 
tationibus.  ylwfteludami  ,  1644  ,  in-folio. 

IJe  fuffruchcibus,  herbifque  ac  frugibus  ^  fivc  Theophrajli  de  hifloria  plantarum  Libri 
quatuor  ,  (  àf^I  ad  IX ^  Theodorô  Ga^â  interprète,  uirgemorati,  in-12  ,  fans  indication 
d'année. 

De  caufis  plantarum  Liber  primas.  ParlJJls  ,  1 550  ,  ïn-4 ,  en  Grec. 

Z)e    caujis  plantarum   Liber  fextus.    Ibidem ,  I588  ,    in-B,    En   Grec    &   en  Latin. 

Gli  cre  primi  Libri  delV  Iftoria  délie  plante  di  Tkcopkrajîo ,  tradotti  in  Italiano  da 
Mxkde-Aiigdo  Biondo  ,  Medico.  YenKe  ,  1549,  in-4. 

Ce  Fhilolbphe  a  parlé  ,  dans  fes  Ouvrages  ,  de  la  nature ,  des  différences  & 
des  vertus  de  plolieurs  plante*!,  ainfi  que  des  phénomènes  qui  regardent  leur 
végétation  &  leur  culture.  On  a  fait  tant  d'eftime  de  ce  qu'il  a  écrit  fur  cette 
matière ,  que  de  favans  Auteurs  fe  font  occupés  à  l'éclaircir  par  leurs  commen- 
taires   Tels  l'ont  : 

Juin  Ccefaris  Scaligcri  Commentaria  in,  fex  Libros,  Theophrafii  de  caufis  plantarum. 
Luteiia  ,  1556  ,  in-folio.  Genève,  1566,  in-folio, 

Obfervationes  in  Libros  de  Hifloria  âf  caufis  plaPAarum  Theophrafii  per  Dominicum 
J^ignam  faclte ,  Jludià  Andréa  Ckeccacii.  Pifîs ,  1625  ,  in*4. 

Ildephonji  Sorcllts  Epitome  Medica  de  differentiis  herbarum  ex  Hifloria  plantarum 
Theophrafii,   f^'alentior  »  1642  ,  in-8. 

Mais  les  Ecrits  de  Théophrafte ,  qui  ont  rapport  à  la  Médecine ,  ne  fe  bornent 
point  à  ceux  qu'il  a  donnés  fur  les  plantes  ;  il  y  en  a  d'autres  fur  différentes  ma- 
tières ,  comme  : 

De  Lapidibus  ,  Daniele  Furlanô  interprète.  Hill  en  a  publié  une  belle  édition  à 
Londres  ,  1746,  in-folio ,  en  Grec  &  en  Anglois ,  avec  de  favantcs  notes. 

De  Igné.  f:'an,iis  ,  1552  ,  /a-4,  en  Grec,  Hardervici  ,  i6i6 ,  ea-12,  de  la  verlion 
û^Adrun  Turnebe. 

De  Odoribus.  Hardervici  ,1616  ,  in-12.  En  François  ,  Ï556 ,  in-8,  par  VEftrade. 

De  Sudoribus,  Daniele  FurLnô  interprète,  he  même,  avec  un  Livre  De  F'ertigine. 
M'arifiis,  iz^b  ,  /««.'J  ,  en  Grec  &  en  Latine 


THÉ  383 

Bt  LaJJltudin'bus. 

De  Pifcibus  in.  Jicco   degentlbus.  Il    y  a  une  édition  en   Grec   de  Paris  ,   1578, 
in  4. 
JJe  nervorum  refolutione. 
De  aninii  defcSionc. 
De  Mdle. 
De  innato  fpirîtu.  Ce    Livré  eft  attribué  à  u4rlftote  par  quelques  Auteurs. 

THESEE ,  ancien  Héros  de  la  Grèce  ,  eft  mis  au  nombre  de  ceux  qui  furent  inf- 
truits  de  la  Médecine  à  l'Ecole  du  Centaure  Chiron.  Théophrajîe  parle  d'une  plante 
qui  porte  le  nom  de  Théfcc,  &  il  infère  delà  qu'il  en  avoir  découvert  les  qualités, 
qui  conliftent  principalement  à  lâcher  le  ventre. 

THESSALUS ,  fils  aine  d^Hïppocraie  &  frère  de  Dracon,  participa  à  la  gloire 
de  fon  père  ,  &  montra  les  mêmes  fentimens  que  lui  dans  l'exercice  noble  &  dé- 
fintérelTé  qu'il  fit  de  la  Médecine.  Ceux  qui  ont  foutenu  le  contraire  ,  ont  pris 
TheJJaîus ,  de  même  que  Dracon,  pour  les  fils  d'un  autre  Hippocrate  qui  étoù  d'A- 
thènes, En  effet  ces  derniers  éf oient  fi  ignorans  ,  que  pour  parler  d'un  mal-habile 
homme ,  on  difoit  en  proverbe  :  //  ejl  aujji  ignorant  que  les  fils  d' Hippocrate. 

TheJJalus  vécut  dans  le  XXXVI  isecle,  &  paffa  la  plus  grande  partie  de  fa  vie 
à  la  Cour  d'Archeîaus,  R.oi  de  Macédoine.  On  lui  attribue  ,  auffi  bien  qu'à  (on  fi-ere 
&  même  à  leurs  enfans  ,  quelques-uns  des  Livres  qui  fe  trouvent  dans  le  recueil 
des  Œuvres  à' Hippocrate  ,   &  l'on  étoit  déjà  dans  cette  opinion   avant  GaVen. 

Les  enfans  de  Thejpilas  fe  font  beaucoup  diftingués  dans  la  Médecire.  L'airé  por- 
toit  le  nom  d'Hippocratc  &  les  autres  s'appelioienî ,  l'un  Gorgias  &  l'autre  Drarun. 

THESSALUS»  Médecin  qui  naquit  à  Tralles,  ville  de  Lydie,  fut  en  réputa- 
tion dans  le  premier  fiecle ,  fous  l'Empire  de  Néron  ;  il  ei't  beaucoup  de  part  aux 
bonnes  grâces  de  ce  Prince,  Comme  T^ejfalus  fut  le  premi<ir  qui  étendu  l»  iyf- 
tême  des  Méthodiques  ,  il  paffa  pour  l'avoir  porté  à  la  perfection;  &  fi  l'on  en 
croît  ce  qu'il  dit  dans  plufieurs  endroits  de  fes  Ouvrages  ,  il  doit  même  être  re- 
gardé comme  le  fondateur  de  cette  fefte. 

Au  rapport  de  Galien  ,  ce  Médecin  étoit  fils  d'un  cardeur  de  laine  ;  mais  la 
bafftflè  de  fon  extradion  &  le  peu  de  foin  qu'on  avoit  eu  de  fon  é^ucaion, 
n'empêchèrent  pas  qu'il  ne  fît  une  fortune  étonnante.  Il  trouva  Is  moyen  d«.-  -'n- 
troduire  chez  les  Grands ,  il  fut  adroitement  profiter  du  goût  qu'H  I<^  ur  connut  pour 
la  Hatterie  ,  il  obtint  leur  confiance  &  leurs  faveurs  pur  les  lâches  ccmplaMan  es 
auxquelles  il  ne  rougit  point  de  s'abaiffèr ,  enfin  il  joua  à  la  t'o  r  un  perlb-^nage 
ind'gne  d'un  (Vîidecin.  Ces  moyens,  dit  M.  Goiilin  dan.;  fes  Mf^moires,  oct  tou- 
jours conduit  à  la  fortune  ,  chez,  les  nations  où  la  confiiération  ei\  accorHée  eux 
richefl'es.  Tel  étoit  l'état  où  Tueffalus  trouva  liome,  loriqu'il  s  y  nmr.tra  ;  tel  il 
étoit  encore  dans  le  tcms  où  Galien  y  vivoit.  Le  pf-raier  ,  comme  beaucoup  ri'i.u- 
tres ,    pr(  fit!!  de  ces  circonf*aoces  ;    le  fécond    crut    indigne  de    lui    de   les    m- ttve 


en 


1  ufage  ;  les  firin.ipcs  de  la  faine   Philoiophie  ,  qu'ii   avoit  lucés  de  bonne  fleure, 
.  dont  il  fe  nourrit  toute  fa  vie,   l'affranchirent   du  joug  de  l'intérêt;  il  préféra i 


384  THE 

h  médiocrité  de  l.'honnête  homme  ,  à  l'or  qu'il  falloit  acheter  au  prix  de    la  liberté, 
&  par  des  baflcfies  &  des  intrigues.  A  l'entendre  parler ,  on  ic  periuaderoit  à  peine 
que   c  eft  un  homme  ieparé  de  nous  par  un  intervalle  de  feize  ficelés.  Voici  comme 
le  même   M.  Goulin  rend    le    texte   de    Galicn.   u  A  Rome,   perionne  ne  s'occupe 
„  à  la  recherche  de  la  vérité;    on  ne  délire  que   l'argent,  les    charges  publiques, 
•n  les  plaifirs  ;  on   ne  travaille ,  on   ne  s'agite   que  pour  le   les  procurer.   Celui    qui 
»  fe  livre  à  l'étude  de  la  Philoiophie ,   eft  regardé  comme  un  inlenl'é.  Parmi  ceux 
»  qui  paroiflent  s'intérelTer  à  moi,  quelques-uns  me  reprochent  Couvent  d'être  trop 
■B  attaché  à  la  vérité;  il.',  prétendent  que  je  n'en  retirerai  jamais  aucun   avantage, 
»  ni   pour   eux  ,   ni    pour    moi  ,    tant   que    je    ne    renoncerai   point    à    cet     atta- 
3>  chemcnt  ,    tant   que    je    ne    ierai    pjint  exaft    à   faire    ma    cour  le   matin  ,    & 
a  que   je    n'irai    point    fouper    chez   les    Grands.    C'eft   par   ces  afliduités  en    effet 
«  qu'on    fe    procure    des     connoiflances  ,    qu'on    s'attire     des   protedteurs    ,   qu'on 
»  obtient   d'être    appelle  ;    c'eQ:     p^sr    ces    aiHiuités    que    les     artiftes  inCpirent  de 
*)  la  confiance  ,    &£    non    par    des    talens    réels    dans   leur   profelTion.  Eh  !  qui  fe. 
»  roit   capable  d'en  juger  ']    Seroient-ce  de-,   hommes  ,    dont    tous   les  inftans  de 
»  la  journée  font  remplis  ?    Le    mnio  eft    employé  en  vilit.'s     réciproques  ;  après 
j»  quoi  on    fe  quitte  ,    on  fe  fépare  ;   beaucoup   fe  rendent  au    barreau   pour  y  (ui- 
>»  vre  leurs  procès  ;   un    plus  grand  nombre  courent    voir    les  danfeurs  &  la   courfe 
»  des  chevaux;  la  plupart  fe  mettent  autour  d'une  table  de  jeu,  ou   volent    à   un 
T)  rendez-vous  de  galanterie,  ou  vont  aux  bains,  ou  s'enivrer   dans    une    taverne» 
»  ou  faire  quelque  partie  de    débauche  ,  ou  contenter  quelque  goût  ,  quelque  fan- 
»  taifie.  Mais    le  loir  ,  chacun  fe    ralfemble  &    fe  réunit   pour   fouper    ;  &  ,  après 
V)  avoir  bu  beaucoup  de  vin  ,  on  ne  fuit  plus  la    coutume  des  Anciens  dans  leurs 
j)  repas  agréables,  où  l'on  donnoit  à  ta  ronde  aux  convives,  une  lyre,  une  harpe, 
T)  ou    quelqu'autre  inllrument  de  mufique  ;  (  il   étoit  alors  du  bon  ton    d'en   lavoir 
»  toucher,  &  honteux  de   ne  pas  le  favoir  )  ;  on  n'y  agite  plus  de    ces  queftions 
»  qui  araufoient  en  même  tems  qu'elles   inftruifoient  ;  en   un    mot ,  il  ne    s'y  paflè 
11  rien  d'honnête.   Mais  on  s'y  préfente    des  défis    le    verre  à  la  main  ;  c'eft  à   qui 
5)  vuidera    le  plus  grand;  &  l'on  décerne   la  palme,  non  pas  à  celui  qui  fait  tou- 
»  cher    le  plus  d'inftrumens,    ou  difierter  le   mieux  fur   des   objets  philofophiques , 
■n   mais  à  celui   qui  met  à  fec  le  plus  de  coupes,  &  les  plus  amples.  Aufti,  le  ma- 
5)  tin ,  1?.  plupart  de  ceux  que  je  rencontre ,  font  encore  ivres  ,•  ils   exhalent  l'odeur 
>j  du   vin  ,  comme  s'ils    venoient  de  le    boire.  Lors  donc  que  tous  ces  gens  vien- 
5)  nent  à  tomber  malades,  ils  n'appellent  point  les  plus  habiles    Médecins,   qu'ils 
11  ont  négligé  de    connoître,  étant  en  lanté  ,    mais  ceux   qui  lont  de  leurs   parties, 
5)  qui  les  flattent;  qui  leur  accorderont  de  l'eau  froide,  s'ils  en  demandent,  le  bnin  , 
5)  s'ils  le   délirent ,   de  la  glace  ou  du  vin  ,  en  nn   mot    tout    ce  qu'ils  s'aviferont  - 
»  de  fouhaiter.  Ce  n'eft  pas  là  la  conduite  que  tenoient  ces  anciens  Médecins ,  illuf- 
Ti  très  defcendans   d'Efcidape ,    qui  vouloient    être  obéis  des   malades,   comme   les 
Ti  Généraux  d'armées   de  leurs  foldats,  &  les  Rois  de  leurs   lujets.    Le  Médecin 
»  le  plus   exercé  dans  fon   Art,  n'eft  pas   celui  auquel  ils    donnent  leur   confiance 
»  &  qu'ils  confultent,   ils  la  réfervent  pour  celui  qui  a  le    pii:s  afljduraent  fait  fa 
}3  cour  :    c'eft  pour  lui  que  les  chemins  font  applsnis  ft?    faciles ,  c'eft  pour  lui  que 
jj  toutes  les  portes  s'ouvrent;  en  peu  de  tems  il  devient  riche  &  puifiânt,   &  il  a 

sî  pour 


THE  385 

»  pour  difcipîes  des  valets  de  chambre,  qui  ne  font  plus  eti  âge  de  fervir.  T'nef. 
»  falus ,  profitant  adroitement  des  circonftances  &  de  la  dirpofuicn  des  efprits,  ne 
9  i'e  contenta  point  de  flatter  les  riches  de  Rome  ,  mais  il  fe  vanta  de  montrer 
n  toute  la  Médecine  eu  fix  mois:  par  cette  forfanterie,  il  s'attira  beaucoup  de 
r>  difcipîes,  n  A  ces  réflexions  ,  Galien  ajoute  que  Thejfalus  n'avoit  qu'un  trop  grand 
nombre  d'imitateurs  ;  d'où  nous  pouvons  conclure  qu'on  diftinguoit  alors  ,  aufli  bien 
qu'aujourd'hui,  la  fin  de  l'Art  &   la  fin  de  l'Ouvrier. 

lia  hauteur  que  Galien  loue  fi  fort  dans  les  del'cendans  d'Efciilape^  cft  un  fenti- 
ment  que  lui  a  d\é.\é  ion  attachement  à  cette  ancienne  famille  :  Hippocrate  ea 
étoit,  &  perfonne  ne  fut  plus  humain  &  ea  même  tems  plus  décent  que  lui.  Les 
baffefles  que  Galim  reproche  à  TlieJJalus ,  auroient  cependant  été  blâmées  par 
Hippocrate  lui-même  ;  ce  grand  homme  vouloit  qu'un  Médecin  fût  bien  ea  toutes 
chofes,  &  fon  Livre  De  decenii  ornatu  nous  préfente  des  maximes  qui  font  honneur 
à,  fa  façon  de  penfer.  Elles  ne  font  pas  moins  recommandables  pour  être  an- 
ciennes; mais  le  mépris  qu'on  en  fait,  ainfi  que  de  tant  d'autres  confeils  répandus 
dans  les  Ecrits  de  ce  favant  Maître  ,  nous  font  encore  rencontrer  des  Ihejfalus 
dans  les  maifons  des  malades.  Malheureufement  pour  l'honneur  de  la  Médecine 
&  le  bien  du   genre  humain ,  la  race   ne  s'en  éteindra  jamais. 

Aux  qualités,  dont  nous  avons  paT\é ,  TheJJalus  ajoutoit  une  impudence    exceflive» 
Autant  qu'il  étoit  humble  &  fournis    avec    ceux  dont  il  vouloit   acquérir    &  con- 
Terver   la  proteé^ion    &  la  confiance  ,  autant    il    étoit  infolent   &  fier   vis-à-vis   de 
ceux  qui  exerçoient   la  même  profelOon   que  lui.  On   pourroit    croire    que    Galien  , 
qui  en  parle  de  la  forte,  le  faifoit  par  paflion  ;  d'autant    plus  qu'il  maltraite  ex- 
traordinairement  ce  Médecin  en  toute  occafion,  &  qu'il  n'épargne  pas  plus  fes  dis- 
ciples, qu'il  appelle  les  u^nes  de  Theffalus.  Mais  une  preuve  que    Galiei  avoit  quel- 
que raifon  de  le   traiter  d'impudent ,  c'eft  qu'encore  qu'il  fût  tout  vifible  que  Tlief- 
falus    avoit  bâti  fur  les  fondemens  jettes  par  Thémifon  &  en  partie   par  ^fclépiadc  , 
il  ne  laiflbit  pas    de  fe  vanter   que  tout  étoit   de    fon    invention.  Il  débutoit    par 
ces   termes    dans   une   Epitre    adrelTée  à  Néron;  j'ai    fondé  une    nouvelle   feifte, 
qui  eft  la  feule  véritable ,  y  ayant    été  obligé ,    parce  qu'aucun  des  Médecins  qui 
m'ont   précédé,  n'a  rien   trouvé  d'utile,  ni   pour    la  confervation  de  la  fanté,  ni 
pour    chafler  les  maladies,   &   qn'Hippocrate    lui-même  a    débité    fur  ce   fujet   plu- 
ïîeurs   maximes   nuilibies.  Non  content  d'avoir  dit  qu'il  Vy    avoit  perfonne  à  qui 
il   n'enfeignât  aifément  l'Art  de   la   Médecine  en  fix  mois,  il    ajoutoit  qu'il  n'avoit 
eu   d'autre  maître    que  lui-même  ,  &  qu'il  avoit    compofé  tant  d'Ecrits ,   qu'il   ne 
pourroit  jamais   avoir  le  tems  de    les  lire. 

Cette  promeflè  de  TheJJalus  d'enfeigner  la  Médecine  en  aufTi  peu  de  tems  , 
lui  attira  une  grande  foule  de  difcipîes.  En  eftet  ,  fi  cet  Art  n'eût  confifté 
qu'en  ce  que  les  Méthodiques  vouloient  que  l'on  sût  ,  il  eft  certain  qu'il  ne 
falloitpas  un  long  terme  pour  l'apprendre.  D'un  côté  ,  ils  retranchoient  aux  Mé- 
decins Dogmatiques  l'examen  des  caufes  des  maladies  ;  d'un  autre  ,  ils  fubftituoient 
aux  pénibles  oblervations  ,  fur  lefquelles  les  Empiriques  fe  fondoient  uniquement , 
les  indications  tirées  de  deux  genres  des  maladies  qui  étoient  la  bafe  de  leur  fyf- 
tême  ,  &  en  môme  tems  la  chofe  la  plus  aifée.  De  cette  manière ,  le  feul  travail 
qui  reftoit  aux  Méthodiques  ,  ne  confiftoit  prefque  qu'en  la  connoifiance  &  I5 
T  0  M  E    Jr.  Ccc 


286  T    H    E  •    . 

choiK  des  remèdes  ;  ce  qui  n'étoit  pas  non  plus  fort  difficile ,  puifquHls  n'en  che?- 
choient  principalement  que  de  deux  fortes.  Cette  Médecine  reflembloit  -  elle  à 
cet  Art  qxi'Hippocratc  avoit  déclaré  long,  &  pour  lequel  il  regardoit  la  vie  trop 
courte  ? 

Comme  Tiiejfalus  fe  .vantoit  d'avoir  feul  trouvé  le  véritable  fecret  de  la  Méde- 
cine ,  cet  entêtement  le  porta  à  traiter  d'ignorans  &  de  ridicules  tous  les  Méde» 
cins  qui  l'avoient  devancé,  fans  en  excepter  aucun.  Can&a  majorum  placita  &  rabie 
quâdain  in  omnis  isvl  Medicos  perorantem:  ce  font  les  propres  termes  de  Pline  qui  em- 
ploie les  couleurs  les  plus  fortes  pour  le  peindre.  Thejfalus  écrivit  contre  les  Apho- 
rifmes  àlHippocrate  un  Ouvrage  qui  eft  cité  par  Galien  &  par  la  plupart  des  An- 
ciens. Il  tft  cependant  sûr  ,  qu'à  l'exception  de  quelques  changemens  qu'il  intro- 
duifit  dans  la  méthode  de  traiter  les  maladies,  il  n'avoit  rien  invepté  de  nou- 
veau dans  la  Médecine:  tout  ce  qu'il  fit,  confifta  à  renchérir  fur  les  principes 
de  T:iémifon  ,  chef  des  Méthodiques  ,  qui  vécut  environ  cinquante  ans  avant 
lui.  Ses  autres  Ouvrages  font  intitulés ,  l'un  D&  Communitatibus  ,  l'autre  De  Syn- 
crit  ca. 

Ce  Médecin  mourut  à  Rome  vers  l'an  65  de  falut.  On  voyoît  anciennement 
fon  tombeau  en  la  Voie  Appienne.  Il  avoit  ordonné  d'y  graver  cette  courte  ,, 
mais  autant   infultante  que  faitueuie  infcription  :  F'ainqueur  des  Médecins. 

THESSALUS ,  Médecin  que  Juftln  joint  à  ceux  d'Alexandre  le  Grand ,  fut  ac- 
cufé  d'avoir  eu  part  à  Vempoifonnement  de  ce  Prince.  Quelques  Savans  ont  cru 
qu'il  y  a  une  faute  dans  le  texte  de  cet  Auteur  ,  &  qu'au  lieu  de  Medicus  Thef- 
falus  ,  il  faut  lire  Médius  Thejfalus ,  c'eft-à-dire  ,  Médius  Thefialien.  En  eftet ,  Plutar. 
que ,  Arrien  &  Diodore  parlent  d'un  Médius ,  courtifan  &  l'un  des  flatteurs  d'Alexan- 
dre ,  chez  qui  ce  conquérant  avoit  paffé  la  nuit  à  jouer  &  à  boire  ,  lorfqu'il  tom- 
ba malade,  C'eft  delà  qu'on  a  dit  qu'il  avoit  été  empoifonné  ;  mais  ce  poifon  eft 
une  fable  ,  fous  laquelle  on  a  caché  la  débauche  en  vin  qui  lui  a  donné  la 
mort. 

THEVART  (  Jacques  ^  naquit  à  Paris ,  dans   une  famille  noble  ,   le  22  0<ao- 
bre  de  l'an  1600,   Il  s'appliqua  de  bonne  heure  à  l'étude  de  la  Médecine  ,  &  après 
avoir  voyagé  en  Italie  pour  s'y  perfe(ftionner,il  revint  dans  fa  ville  natale  ,  où  il  prit 
le  bonnet  de    Uoiteur   dans   les  Ecoles    de   la    Faculté  en   1627 ,  fous  le  Décanat 
de  Nieolds  Piètre.  Les  talens  de  Thcvart  lui  méritèrent  les  premiers  emplois  ;  il  fut 
Médecin  de  la  Reine  Marie  de  Médicis  ,  &i  enfuite  d'Anne  d'Autriche  &  de  Louis 
XI.V  ••  beaucoup  de  piété,  de  politelTe  ,  &  de  fcience  ,  étoient  les  qualités  qui  formoient 
fon  caradcre.  Il  s'amufa  de  la  Poélie  Latine  &  Françoife  ,&  compofa  quelques  Ou- 
vrages   pour  la    défenfe  de   "émctique.    On  varie  fur  la   date    de  fa,  mort.  George 
Matthias  la  met  au  8   Septembre   1670,  à  l'ftge  de  72  ans,  &  dans    ce  cas,  il  faut 
renvoyer   fa  naifiance  à  l'année  159!).   Le  UidHonnaire   de  Moréri  dit  qu'il  mourut 
le  14   Décembre    1674;  ce  qui  ne  s'accorde  point  avec  le  fentiment  de    Matthias, 
u^tim   PLnforif  première  femme  de  Thevart ,  lui  a  donné  dix-fept  enfans  ;   Françoife 
de  Poix.,  fa  féconde,  ne  lui  en  a  donné  que  trois. 

Guillaume  Baillou  ,.  grand  p- onde   du   Médecin  dont  je  parle  ,  lui  a  laiffé   par 


THE  38? 

teftament  iioe  partie  de  fes  Ouvrages  manufcrits ,  que  ce  digne  neveu  mit  pour 
la  plupart  au  jour ,  avec  de  favantes  remarques  de  fa  façon.  L'édition  qu'il  pu- 
blia à  Paris  en  lô-^s  ,  quatre  Tomes  ,  en  deux  volumes  f/1-4,  contient  un  Traité 
De  F'Lrginum  &  Mulkrum  morbîs  ;  Conjîllorum  Mzdiclnalium  Libri  très  ;  Epidemiorum 
&  Ephemeridum  Lihri  duo  ;  Definitionum  Medicarum  Liber  ,  &  un  Commentaire  fur 
Théophrajîe.  Suivant  Lipenius ,  Thivart  a  encore  procuré  les  éditions  fuivantes  des 
Ouvrages  de  Baïllou  : 

Libellas  de  convuljïonibus.  Parijîis ,   1640  ,    tn-4. 

De  arthritide  ^  de  calcula^  de  urinarum  hypoftajî.  Ibidem,  164*,  m-4. 

A  ce  compte  Thevart  a  mis  au  jour  tous  les  Ecrits  de  fon  oncle  ,  à  l'exception  de 
î'Opufcule  De  Rheumatifmo  6?  Plmrinde  dorfali  ;  mais  M.Tronchin  a  publié  une  édi- 
tion complette  qu'il  a  ornée    d'une   Préface  de  fa  façon.  Elle  a  paru  fous  ce  titre  : 

Guillelmi  Ballonii  Opéra  omnia  in  quatuor  Tomos  divifa  ,  jludiô  ,  &  operâ  M,  Ja- 
cobi  Thevart^  Medici  Parifienfis  digefta ,  denuo  in  lucem  édita.  Genevue  ,  1^62  ,  quatre 
volumes  //2-4, 

THEVENIN  ,  (  François  J  Chirurgien  natif  de  Paris  ,  grand  Oculifte  pour 
fon  tems  &  Opérateur  ordinaire  du  Roi ,  mourut  le  25  Novembre  1656.  C'eft  au 
moins  ainfi  qu'il  eft  dit  dans  le  Di(flionnaire  de  MorAri  ,  contre  le  fentiment  de 
Devaux  qui  met  la  mort  de  ce  Chirurgien  au  même  jour  de  l'année  1658.  11 
paroît  qu'on  ne  devroit  point  douter  de  la  juftefle  de  cette  dernière  date  ,  puif- 
qu'elle  eft  prife  d'après  les  tables  nécrologiques  du  Collège  de  Saint  Corne;  M. 
Portai  la  trouve  cependant  fautive,  puii'que  dans  deux  approbations  des  Œuvre» 
de  Thevenin  ,  l'une  du  4  Février,  l'autre  du  26  du  même  mois  de  l'année  1657 ,  on 
lit  feu  M.  Thevenin  ;  d'où  il  conclut  qu'il  faut  mettre  (à  mort  en  1656. 

Ce  Chirurgien  a  laiffé,  en  manufcrit,  un  Traité  des  opérations  ,  un  autre  des 
tumeurs  contre  nature  ,  &  un  Diftionnaire  étymologique  des  mots  Grecs  fcrvans  à 
la  Médecine  &  à  la  Chirurgie.  GuiZ/aume  Parthon,  fon  neveu  &  Chirurgien  Ocullfle 
du  Roi  ,  rafiembla  ces  différentes   pièces  &  les  fit  imprimer    fous  ce  titre  : 

Œuvres  contenant  un  Traité  des  opérations  de  Chirurgie,  un  Traité  des  tumeurs,  & 
an  Diclionnaire  des  mots  Grecs  fervans  à  la  Médecine.  Paris,  1658,  1669,  JB-4.  Cet 
Ouvrage  eft  dédié  à  la  très-lllujlre ,  très-ancienne  &  très-Célebre  Faculté  de  Médecine 
de  Paris.  On  voit  encore  dans  l'Epitre  dédicatoire  des  traits  de  la  bonhommie 
reconnoilFante ,  dont  fe  piquoicnt  autrefois  les  Chirurgiens  de  Paris  envers  la  Fa- 
culté de  cette  ville.  Guillaume  Parthon  s'exprime  ainli  :  En  effet ,  Messieurs  , 
le  témoignage  que  toute  fa  vie  il  a  rendu  ,  â?  l'aveu  fîncere  qu'il  a  fait ,  que  les  meil- 
hures  connoijfances  qu'il  cujl  acquifes  il  les  tmolt  de  vous ,  font  des  preuves  certaines ,  qu'en 
le  publiant,,  il  n'aurait  point  cherché  d'autre  prote&lon  que  la  voftre  ,  non  feulement  afin 
de  faire  éclater  Vcftime  particulière  ,  &  cette  vénération  qu'il  a  toujours  eue  pour  voftre 
ïlluftre  Corps,  mais  encore  pour  vous  laijfer  des  marques  de  fa  rcconnoijfance.  Et  vérita- 
blemeiit  quelque  advantage  qu'il  euft  reçeu  de  la  nature ,  qui  fans  doute  luy  fut  ajfe^ 
libérale ,  &  quelque  foin  qu'il  euft  pris  d'ailleurs  pour  fe  rendre  confidérabh  dans  fa  pro~ 
fejfiun  ,  on  peut  ajfeurer  que  fans  le  bonheur  qu'il  a  eu  d'approcher  de  vous ,  &  de  pui" 
fer  fi  long-tems  dans  cette  fource  pure  de  la  Médecine ,  dont_  vous  eftes  les  maiftres  S  les 
feuls  poJ]'i:Jfeurs ,  jamais  il  ne  ferait  venu  à  cette  réputation  dans  laquelle  il  a   yefcu ,   & 


588  T    H    I 

qui  a  fait  à  tout  Paris  regretter  fa  perte Toute  la  grâce  quej'ay  à  vous  demander  pour 

mioy ,  c'eji  que  vous  me  conjldériei  aujfi  refpecfueux  à  voftre  égard ,  &  aujp  fournis  que  feu 
mon  Oncle  l'a  tousjours  ejîé.  Quant  au  fonds  de  l'Ouvrage  de  Thevenin  ,  on  peut 
dire  qu'il  n'y  a  prefque  rien  qui  ne  foit  extrait  de  ceux  des  Auteurs  qui  l'ont 
précédé.  Le  principal  mérite  de  ce  recueil  confide  dans  la  précifion  avec  laquelle 
ce  Chirurgien  a  détaillé  ,  dans  un  leul  volume  ,  ce  que  d'autres  n'avoient  dit  que 
dans  de  plus  gros  &  même  plus    nombreux  Ecrits. 

THIBAULT,  (Antoine  )  natif  de  Couillet,  village  du  Comté  de  Namur ,  Te  fit 
beaucoup  eftimer  dans  l'emploi  de  Chirurgien-Major  de  l'Hôtel  Dieu  de  Paris.  Il 
avoit  quitté  de  bonne  heure  fa  patrie  pour  fe  rendre  dans  cette  ville  oii  il  fe  mit 
en  fervice  ,  parce  qu'il  manquoit  de  fortune.  Son  maître  fut  li  fatisfait  de  fa  fiiéli- 
té  &  de  fon  attachement,  qu'il  fe  priva  volontiers  de  lui  pendant  quelques  heures 
de  la  journée  ,  dès  qu'il  eut  remarqué  qu'il  avoit  du  goût  pour  la  Chirurgie.  Thi- 
bault fréquenta  IHôtel-Dieu  en  qualité  de  Garçon-Chirurgien  externe,  &  après  fix 
ans  d'afiiduité  dans  cet  Hôpital,  on  le  mit  au  nombre  des  internes  qui  ont  table 
&  logement  dans  l'Hôtel.  Débarrafl'é  du  foin  de  fe  procurer  les  chofes  néceflaires 
â  fa  fubfiftance  ,  il  ne  s'occupa  plus  que  de  l'éiude  &  de  la  pratique  de  la  Chirur» 
gie;  il  le  fit  même  avec  tant  de  fuccès,  qu'il  parvint  à  la  Maîtrife  dans  cet  Art. 
Ï5on  adrelfe  à  tailler  les  perfonnes  affligées  de  la  pierre  auroit  pu  lui  faire  un  fort 
avantageux,  s'il  eût  voulu  quitter  l'Hôtel-Dieu  pour  fe  hvrer  aux  malades  qui  le 
Techerchoient  dans  la  ville  &  ailleurs  ;  mais  toujours  également  attaché  au  fervice 
de  cette  Maifon,  il  y  montra  tant  de  zèle  &  de  talens,  qu'il  mérita  d'être  reçu 
Chirurgien-Major  en  furvivance  à  Mery ,  que  fon  grand  ftge  empêchoit  fouvent 
d'exécuter  les  opérations  dont  il  étoit  chargé  par  état.  Thibault  le  remplaça  avec 
tant  de  diftinfïion  ,  qu'il  fuccéda  à  la  célébrité  de  ce  Chirurgien  ;  les  malades  de 
la  ville  l'arrachèrent,  pour  ainli  dire,  à  ceux  de  l'Hôtel,  auxquels  il  étoit  attaché 
par  préférence  autant  que  par  devoir.  Mais  comme  il  n'étoit  pas  toujours  le  maî- 
tre  de  fe  refufer  à  ceux  qui  follicitoient  fon  fecours  ,  il  fe  vit  obligé  de  fe  parta- 
ger entre  les  fondions  de  fa  charge  &  les  occupations  du  dehors.  Ce  redouble, 
ment  de  fatigues,  qui  alloit  au  delà  de  les  forces,  ne  tarda  pas  à  le  jetter  dans 
une  maladie  chronique  ,  dont  il  mourut  le  17  Mars  1725,  à  l'âge  de  58  ans. 

THIBAUT,  f  Jean  )  Médecin  empirique  du  XVI  fiecle,  entreprit  d'exercer  à 
Paris  contre  la  difpofition  des  réglemens ,  &  donna  bien  de  la  peine  à  la  Faculté 
par  l'artifice  de  fes  intrigues.  Crérier  en  parle  fort  au  long  dans  i'Hiftoire  de  fU- 
niverfité  de  Paris.  Thibaut  avoit  été  attaché  à  Marguerite  d'Autriche,  tante  pater- 
nelle de  l'Empereur  Charles  V  &  Gouvernante  Générale  des  Pays-Bas.  Après  la 
mort  de  cette  PrinceflTe  ,  arrivée  en  I5.",0,  il  fe  rendit  à  Paris,  où  il  diloit  qoe 
François  I  Tavoit  appelle  pour  y  exercer  fes  talées.  Il  n'eut  pas  plutôt  commencé 
à  y  voir  des  malades,  qu'aufîitôt  procès  fut  intenté  contre  lui  par  les  Médecins 
de  la  Faculté,  qui  demandèrent  qu'il  lui  fût  enjoint  de  fe  préfenter  pour  fubir  l'exa- 
men. Alfigné  au  Châtelet  &  même  emprifonné  ,  Thibaut  ïè  pourvut  au  Parlement 
&  il  obtint  d'être  élargi.  Mais  fur  la  requête  des  Médecins  de  Paris  le  Parlement 
rendit  un  arrêt  provifoirs ,  qui  enjoignit  au    Médecin  épanger  de  fe  faire  examiner 


T    H    I  3^9 

par  quatre  Doreurs  en  préfence  de  deux  Conleillers  en  la  Cour,  &  jufqucs-là  dé 
s'abfteoir  de  tout  exercice  de  la   Médecine. 

Cet  Empirique  fe  défioit  apparemment  de  fon  favoir  ;  au  lieu  de  fe  préfenter  à 
l'examen,  il  trouva  moyen  d'obtenir  des  Lettres  de  Médecin  du  Roi.  La  Faculté 
ne  quitta  point  prife  pour  cela.  Elle  découvrit  que  ces  Lettres  n'étoient  qu'une  il- 
lulion  &  un  titre  fans  réalité.  Le  prétendu  Médecin  du  Roi  ne  luivoit  point  la 
Cour  ,  ne  fortoit  point  de  la  ville  ;  &  François  I  lui-même  voulut  bien  s'expliquer 
fur  ce  fait  &  déclarer  qu'il  ne  le  tenoit  point  pour  Ion  Médecin.  Ainlî  ,  à  la  pour- 
fuite  de  la  Faculté  &  fur  les  conclulions  des  Gens  du  Roi,  intervint  le  i  Mars 
1536  un  fécond  arrêt  confirmatif  du  premier  ,&  qui  enjoignoit  à  Thibaut  de  fe  faire 
examiner  dans  huit  jours  pour  tout  délai.  Le  même  arrêt  défend  à  quiconque  n'au- 
ra pas  été  reçu  &  approuvé  par  la  Faculté  de  Médecine  d'en  pratiquer  l'Art 
dans  Paris ,  fous  peine  d'une  amende  de  cent  marcs  d'argent  pour  la  première  con. 
rravention,&  de  prilbn  &   autre  amende  arbitraire   en    cas  de  récidive. 

'J'kibaut  éio'it  ea  même  tems  Aftrologue  :  cette  profeflion  &  celle  d'Empirique 
vont  bien  enfemble.  Il  avoit  compolé  &  fait  imprimer  un  Livre  mêlé  de  Méde- 
cine &  d'Aftrologie;  il  en  défavouoit  un  autre  qui  lui  étoit  attribué,  &  qui  con- 
finoit  en  pronoftications  &  almanachs.  Le  Parlement  ordonna  que  trois  Docleurs 
nommés  par  la  Faculté  exarriincroient  ces  Livres  en  préfence  de  deux  Commiflàires 
de  la  Cour  qui  en  feroient  leur  rapport:  &  en  général,  il  défendit  à  tous  les  fujets 
du  Roi  ,  dans  l'étendue  du  reflbrt  ,  de  compofer  ni  faire  imprimer ,  &  à  tous 
Imprimeurs  &  Libraires,  d'imprimer  ou  mettre  en  vente  aucun  Livre  de  Méde. 
cine,   qui  ne  fût  muni  de  l'approbation  de   trois   Dofteurs  en   la   Faculté  de  Paris. 

Il  paroît,  par  les  regiftres  de  cette  Faculté,  que  l'arrêt  fut  exécuté  en  ce  qui 
regarde  la  cenfure  des  Livres  compofés  par  Thibaut  ou  à  lui  attribués  ,■  mais  pour 
ce  qui  concerne  fa  perfonne,  il  n'en  eft  plus  guère  parlé.  On  voit  pourtant  qu'il 
étoit  encore  à  Paris  en  1558,  &  qu'il  tâchoit  toujours  de  tirer  parti  de  l'admirable 
talent  de  guérir  les  maladies  par  la  connoiflance  des  adres.  C'cft  fur  ce  frê!e  fon- 
dement qu'il  a  écrit  un  Ouvrage ,  dont  on  a  une  édition  de  Paris  de  is,^^  ,  fous 
ce  titre; 

Tréjor  des  remcdes  préfervatifs  &  curatifs  de  la  pejïe  &  des  fièvres  peftlkntes;  des 
caufes  de  la  goutte,    des  remèdes  de   l'épilepfle,  apoplexie  &  ilzuréjîe. 

Je  ne  fuis  entré  dans  le  détail  de  cette  affaire ,  en  fuivant  M.  Crevzer,  que  pour 
faire  voir,  d'une  part,  la  fage  févérité  de  la  Faculté  de  Rîédccine  de  Paris  envers 
les  aventuriers  qui,  fous  le  titre  ufurpé  de  Médec'n,  portent  des  coups  mortels 
à  la  vie  des  hommes;  &  pour  fiiire  remarquer,  d'une  autre  part,  combien  il  eft 
néceflaire  que  les  Magiftrats  féviiïent  contre  les  Empiriques,  en  vue  de  mettre 
les  citoyens  à  l'abri  des  maux  que  leur  procure  une  confiance  aveugle.  Ce  qui 
s'efl  paffé  dans  le  feizieme  fiecle  au  fujet  de  l'ignorance  &  des  détours  de  Thibaut^ 
le  reproduit  tous  les  jours  fous  nos  yeux:  les  hommes  ne  font  que  fe  répéter  dans 
le  bien  comme  dans  le  mal.  Mais  dans  la  plupart  des  villes  ,  les  Médecins  ne  font 
point  écoutés  fur  le  compte  des  charlatans  qui  courent  le  monde  ;  on  leur  fuppofe 
des  vues  d'intérêt,  quelquefois  même  de  Ja  jaloufi:,  &  delà  on  conclut  que  leurs 
repréfeotations  portent  toutes  fur  leur  bien«être  perionnel.  Miférable  Logique?  Si 
les  Miniitrcs  de  la  famé  avoieot   l'ame  ailèz  badé  pour   n'écouter  que  la  voix  de 


SfP  T    II    I  . 

«e  prétendu  bien-être ,  ils  ouvriroient  eux-mêmes  la  porte  au  charlatanifme  ,  &  par 
elie  cntreroit  cette  foule  de  maux  qui  ne  manqueroit  pas  de  multiplier  les  occa. 
lions  d'implorer  leurs  fecours.  C'eft  uniquement  l'avantage  du  peuple  qui  ouvre  la 
bouche  des  Médecins;  ils  pleurent  fur  Tnidulgence  des  Magiftrats  à  l'égard  de 
ces  audacieux  aventuriers  qui  fe  font  un  trafic  de  la  vie  des  hommes.  L'exemple 
du  Roi  de  Pruife  régnant  mériteroit  bien  d'être  fuivi  :  ceux  qui  fe  prélcntent, 
ians  titre,  pour  faire  la  Médecine  dans  fes  Etats  ,  en  font  toujours  chaffés  comme 
•vagabonas  &  quelquefois    punis  comme  tels. 

THIER.M AYR ,  C  François-Ignace  J)  Docleur  en  Médecine ,  fils  de  Thomas ,  Mé- 
decin lui-même  ,  commença  par  enieigner  dans  les  Ecoles  de  l'Univerlité  d'Ingolf- 
îadt ,  &  finit  par  être  Confeiller  premier  Médecin  de  l'Electeur  de  Bavière.  Il  pu- 
blia à  Munich,  en  1673  ,  un  Ouvrage  in-folio  ,  fous  le  titre  de  SchoUorum  &  confiUorum. 
Medicorum  Libri  duo.  L'eftime  qu'il  failoit  des  Manufcrits  lailfés  par  Thomas  Mer- 
mann  qui  avoit  fervi  avant  lui  à  la  Cour  Electorale,  l'engagea  à  les  chercher  de 
îoute  part;  &  comme  ils  étoiunt  les  uns  en  Allemand  &  les  autres  en  Italien  ,  il 
les  traduifit  en  Liitin ,  les  enrichit  de  fes  notes  ,  &  les  donna  au  public.  Ils  font 
intitulés  : 

Thomas  Mermanni  Confuhamnes   ac  Refponfîones  Medica.  Ingolftadii ,  1675  ,  iii'folio. 

THIEULLIER  ,  (  Louis- Jean  Le  )  natif  de  Laon ,  prit  le  bonnet  de  Dofteur 
dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  en  1724.  La  manière  dont  il  fe  conduifit 
dans  fa  profcŒon ,  lui  fit  honneur;  il  jouiflbit  de  la  réputation  d'un  bon  Praticien  , 
lorlqu'il  mourut  en  1751.  Les  Ouvrages  que  nous  avons  de  lui,  font  des  preuves 
fubfiftantes  de^fon  attention  à  recueillir  l'hifloire  des  faits  les  plus  propres  à  ré- 
pandre  du  jour  fur  la  cure  des  maladies,   l'els  font  : 

Lettre  à  l'yiutcur   des  Obfcrvations  far  la  patte  vérole.  Paris  ,  1725  ,  111-12. 

Obfervatlones  Medico-PraSicte.  Parljîis,    ^TS?  ,    1739  ?  i/i-12. 

ConfuUationes  Medics.  Ibidem^  173- >  deux  volumes  /n-8.  En  François,  Paris, 
Ï745,    quatre  volumes  m.12. 

Obfervatiims  de  Médecine  fur  un  remède  Jympathique  contre  le  Rhumatifme  fîmple  & 
goutteux.  Paris,  1746,  în-'ô. 

Louis  Pierre-FéliX'Iiené  y  fils  du  précédent,  naquit  à  Paris,  où  il  fut  reçu  au 
Doctorat  en  1752.  Comme  il  marche  fur  les  traces  de  fon  père,  il  a  obtenu  la 
charge  de  Confeillcr-Médecin  du  Roi  en  fon  Grand-Conl'eil,  &  la  Faculté  l'a 
nommé  à  celle  de  Doyen  en  Novembre  1768  &  1769.  On  ne  connoît  rien  de  lui 
ijue  la  Traduftion  Françoife  du  Dil'cours  Latin  que  fon  père  prononça  aux  Ecoles 
le  aB  Août  1744  ;  mais  s'il  a  trouvé  bon  de  ne  point  coirmuniquer  au  monde 
Médecin  les  lumières  dont  il  pourroit  l'éclairer,  il  s'eft  rendu  recommandable  par 
tant  d'autres  endroits,  qu'en  reconr.oi{iance  de  fes  grands  fcrvices ,  la  Faculté  l'a 
élu  de  nouveau  pour  fon  Doyen  en  Novembre'  1772.  Voici  ce  qu'on  a  dit  de  ce 
Médecin  dans  la  note  de  la  page  76  de  l'Eloge  Hiftorique  de  la  Faculté  de  Paris , 
par  M.  Ha^on.  n  Sa  vigilance  ,  fon  aftivité  ,  l'on  intelligence  dans  les  affaires  ,  l'el- 
»  time  qu'il  s'acquit ,dans  l'efprit  des  Miniftres ,  des  Magifirats  &  de  tous  ceux  qu'il 
u  approcha,  le  mirent  à  portée  de  rendre  des  fcrvices  trcs-importans  à  la  Faculté, 


T    H    O  39ï 

j,  pendant  le  cours  de  fon  Décanat  double.  Tl  éclaira  fur-tout  la  conduite  de 
»  ceux  qui,  avec  des  titres  pompeux,  prétendoient  exercer  publiquement  la  Mé- 
n  decine  à  Paris,  mais  ne  l'exerçoient  pas  légalement.  Si  pendant  le  tems  de  fon 
»  Décanat ,  il  fe  montra  habile  dans  les  affaires ,  l'a  réputation  dans  la  pratique 
n  de  la  Médecine  n'étoit  pas  moins  bien  établie,  r, 

THOGNET,  (  Nicolas  )  de  Paris,  fut  reçu  Maître  de  la  Communauté  de 
Saint  Côme  &  fe  diftingua  parmi  les  Chirurgiens  de  Ibn  tems.  Devaux ,  qu\  met 
la  mort  de  Thognet,  au  29  Décembre  1642,  bjoute  qu'il  fut  enterré  dans  l'Eglife 
de  Saint  Etienne  du  Mont ,  &  ne  croit  pas  pouvoir  en  faire  un  plus  grand  éloge , 
que  de    rapporter  les  Vers  qu'on  a  gravés  fur  fon  tombeau: 

Pajfdnt ,  qui  que  tu  fois  ,  arrête  (^  conjidere , 

Oui  gt/  fuus  ce  tombeau  : 
Tu  fçauras   que  Thognet ,  par  un  fecret  myjiere. 
Ce  monde  abandonna  pour  en  prendre   un  plus   beau. 
Son  An  &  fon  fçavoir  garantiffoient  les  hommes 

Bien  fouvent   de  mourir. 
Mortels ,  penfe:^  à  vous ,  dans  le  Jlecle  où  nous  f)mmes. 
Puifque    Thognet  n'cjl  plus  ,  qui  pourra  nous  guéiir. 

THOGRAI  ne  fut  pas  feulement  Médecin,  mais  encore  Poëte,  Philofophe  , 
Rhéteur ,  Alchymifte  &  Hiftorien.  Il  naquit  à  Ifpahan ,  ville  capitale  de  la  Perfe. 
Ses  lalens  relevèrent  à  l'emploi  de  premier  Miniftre  du  Prince  Mafchud  ,  frère 
du  Soudan  d'Aiie  ,  &  il  amaflà  dans  ce  poRe  des  richeffes  immenfes.  Mais  Ion 
maître  s'étant  révolté  cortre  ibn  frère  &  ayant  été  pris  &  empriibnné  ,  ThoTai 
fut  dépouillé  de  tout  ce  qu'il  pofTédoit ,  attaché  à  un  arbre  &  percé  de  coups  de 
flèches,  l'an  de  l'Hégire  515  &  de  J.  C.  1121.  Outre  fes  Ouvrages  hiftoriques  & 
poétiques,  il  a  laiffé  un  l'raité  fur  l'Alchymie  ,  dont  le  titre  peut  fe  rendre  par' 
celui-ci:  Le  rapt  de  la    Nature. 

THOM^US  ,  C  Nicolas  Léonic  DE  TOMAIS  o\x)  né  dans  l'Epire  ,  obtint 
le  droit  de  bourgeoifie  à  Venife  ,  &r  fut  le  premier  Profclfeur  de  Philofophie  à 
Padoue  ,  qui  prit  pour  texte  les  Ecrits  Grecs  d'Arifiote  &  de  Platon.  Son 
intelligence  dans  les  Langues  le  fit  sppeller  à  Venile  en  1504,  pour  y  enfeigoer 
la  Grecque  fi  la  Latine.  Il  mourut  dans  cette  ville  le  28  Mars  1531  ,  &  laiflà 
pluticurs  Ouvrages  ,  en  particulier  ,  la  verfion  de  quelques  Traités  de  Galien  & 
&Ari}lote.  Ce  qu'il  a  fait  fur  ce  dernier  Auteur  a  été  imprimé  à  Paris  em 
1542 ,  /n-8  ,    fous  le    titre    d'Explanatio    Libri    ^rljlotells   de   partibus    animalium. 

THOMPSON,  (  Alexandre  J)  Médecin  Ecoffois  que  le  célèbre  Haller  foup- 
çonne  d'avoir  été  difciple  de  Bicrhaave  ,  étudia  bien  aliurcment  fous  Du  Ver- 
ney.  Il  eft  non  feulement  eftimable  par  le  fonds  de  fes  Ouvrages  qui  roulent 
fur  des  objets  intérelTans  ,  mais  encore  par  le  tour  aifé  de  fon  ftyle  ,  &  par  la: 
incériié  qu'on  reoiarque  dans  les  obfcrvaiions  qui  viennent  à  l'appui   de  fes  fec» 


«92 


T    H    O 


timens.  On  a  de  lui  lîji  Diflbrtations  imprimées  à  Mont-Rofs  en  1704 ,  à  Londres 
en  1705,  in-8,  &  à  Leyde  en  1705,  même  format.  Dans  la  Préface,  il  s'étend  fur 
tous  les  fynâmcs  qui  étoient  alors  en  vogue  dans  !a  Médecine,  &  il  paroît  ne 
s'attacher  à  aucun.  Dans  le  corps  de  l'Ouvrage  ,  il  traite  de  l'adion  du  fer  fur 
le  corps  humain  ,  de  celle  du  mercure  &  de  l'Opium  ,  ainli  que  des  paffions  de 
l'ame.  Il  fait  conlifter  les  vertus  du  fer  dans  l'augmentation  qu'il  procure  au  réf. 
fort  des  fibres  ;  il  déduit  celles  du  vif-argent  de  la  figure  fphérique  de  tes  particules  , 
d'où  dépend  la  divifiun  de  la  mafle  trop  épaifie  des  liquides;  il  attribue  à  l'O- 
pium la  propriété  de  mettre  le  fang  dans  un  état  de  raréfaé\ion.  Tous  ces  prin- 
cipes font  expofés  avec  tant  de  netteté  dans  les  Ecrits  de  Thompfon,  qu'on  n'a  pas 
manqué  de  les  accueillir. 

Il  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Samuel  ni  avec  George  Thompfon  ^ 
tous  deux  plus  anciens  que  lui.  Le  premier  reçut  le  bonnet  de  Dodeur  à  Ox- 
ford le  14  Avril  1648;  mais  il  ne  paroît  pas  qu'il  fe  foit  occupé  à  écrire  fur  la 
Médecine  ,  car  les  Bibliographes  fe  bornent  à  lui  attribuer  des  réflexions  en  An» 
glois  fur  quelques  paOages  de  l'Ecriture  Sainte.  Le  fécond  ne  fe  contenta  pas  de 
faire  fa  proftflion  en  Angleterre,  fa  patrie,  il  travailla  encore  à  corapofer  les 
Ouvrages  foivans  : 

Ep'dogîpni  Chymici  Obfervatlones ,  necnon  remédia  hermetlca ,  longâ  in  ^rte  latricâ 
exercitatione  ,    eonfiabilita.  Lugduni  Batavorum  ,  1673,  t/i-i2. 

Expérimenta  aJmirandacum  obfervationibus  infolitis  Medico'Chymicis  ,  in  quitus  Materia 
][Iedica  ,   ejufque  manufaciara    Phihfophica   ampliùs    examinatur.  Londini  ,  l68o,  in-d. 

Chymiatrorum  uicas  Mûgnetlca ,  five ,  recla  Chymicê  curandi  methodus.  Francofurti  , 
ï686  ,  m- 12.  Ce  Traité  a  été  traduit  de  l'Anglois  par  Henniken.  Les  titres  leuls 
des  Ouvrages  de  George  Thompfon  prouvent  combien  il  étoit  attaché  à  la  Polyphar- 
macie  Chyraique. 

THONER,  (  Auguftin  )  Médecin  du  XVII  fiecle ,  naquit  A  Ubîi.Il  étoit  l'An, 
cien  &  le  Diredeur  du  Collège  de  cette  ville ,  lorfqu'ii  mourut  à  l'âge  de  plus  de 
82  ans.  On  a  de  lui  : 

Obfervationum  Medicinalium  haud  vulgarium  Libri  quatuor.  Hlfce  tuijanSi  faut  Con- 
fultadonum  cum  diverfarum  regionum  Medicis  habitarum  ,  6?  Epijiolarum  de  variis  ré- 
bus Medlco-Philofophicis  dijferentium ,  Libre  duo.  Ulm<e,   1649,   165 1  ,  i/1-4. 

Epijiolarum  Midicinalium  ^ppendlx.  l'ubingte  ,  1653  ,  m*4.  Comme  il  publia  ces 
Ouvrages  fur  la  fin  de  fa  vie  ,  lorfque  l'âge  lui  avoit  déjà  affoibli  l'cfprit  ,  il  y 
prend  le  ton  ordinaire  à  la  plupart  des  vieillards  qui  ont  aflez  la  coutume  de  van- 
ter tout  ce  qu'ils  font,  Partifan  des  préjugés  dont  l'Allemagne  étoit  fort  entichée  , 
cet  Auteur  en  a  rempli  fon  Recueil,  On  y  remarque  des  hiftoires  fort  abrégées  de" 
maladies  ,  de  longs  détails  fjr  les  remèdes  ,  beaucoup  de  penchant  à  en  multi- 
plier  &  varier  l'ufage  ,  &  la  plus  grande   avcrfion  pour  la  faignée, 

THORER  (  Aubin  J  étoit  de  Winterthour  au  Canton  de  Zurich  ;  il  y  naquit 
vers  l'an  1489.  Sa  première  profellion  fut  celle  de  Maître  d'école  ;  mais  trop 
borné  dans  cette  fphere  ,  il  s'élança  plus  haut,  étudia  la  Médecine,  &  devint 
yn  des  plus  habiles  ProfefTeurs  de  la  Faculté  de  B;\]e,  à  qui  il  fit  honneur  par  les 

verfions 


T    H    O  395 


A'erfions  &  les  éâltions    des  anciens    Médecins  Grecs   &   Latins  qu'il    prit  foin  de 
-publier.  On  met  fa  mort    au  23  Février  1550. 

THORIUS,  (  François  J  Médecin  &  Poëte  natif  de  Bailleul  en  Flandre  ,  fut 
en  réputation  vers  l'an  1562.  11  s'étoit  déjà  fait  admirer  à  Londres ,  lorfqu'ii  fe 
rendit  à  Paris  ,  où  il  publia  un  Poëme  fur  la  paix ,  des  Epigrammes  &  des  Sa- 
tyres. L'eftime  qu'il  failbit  de  Jean  Strafdius ,  qu'il  regardoit  comme  fon  compa- 
triote, parce  qu'i)  é  toit  né  à  Strazeele  ,  à  deux  lieues  de  Bailleul,  l'engagea  à  faire 
imprimer  un  Ouvrage  de  ce  Savant,  fous  ce  titre: 

Joannii  Strafeui ,  Belgis  ,  ProfcJJbris  Graci ,  Commentarlolus  in.  aurea  carmina  Pytha- 
gorte  1  cum  ejufdem  Strafdli  Epitaphiis.  Parijiis ,  1562,  /n-8.  Strafdius  avoit|  enfeigné 
Je  Grec  à  Paris  depuis  vingt-fix  ans,  lorfqu'ii  y  mourut  en   1556. 

THORIUS  ,  C  Raphaël  J  Médecin  &  Poëte  Latin  ,  fut  eftimé  en  Angle- 
terre fous  le  règne  de  Jacques  I.  Quoiqu'il  n'eût  pris  aucun  degré  à  Oxford  , 
où  il  avoit  étudié  la  Médecine  ,  il  ne  lailià  pas  de  l'aller  exercer  à  Londres  ;  il 
s'y  fit  même  une  réputation  brillante  qu'il  foutint  par  fes  fuccès  jufqu'à  fa  mort 
arrivée  en  1629. 

Ce  Médecin  aimoit  pafllonnément  le  vrn ,  &  portoit  à  fes  amis  les  affauts  les  plus 
terribles  avec  d'amples  rafades  de  cette  liqueur.  On  conte  à  ce  fujet  que  M.  de 
Peirefc ,  Confeiller  au  Parlement  de  Provence  &  l'un  des  plus  beaux  génies  du 
XVII  fiecle ,  dinant  à  Londres  avec  pluiieurs  gens  de  Lettres ,  parmi  lefquels  étoit 
Thnrius  ,  ne  put  jamais  obtenir  difpenfe  â  l'égard  d'une  famé  que  ce  Médecin  lui 
porta.  Le  verre  étoit  d'une  grandeur  démefurée  ,  Peirefc  s'excufa  îong-tems  & 
allégua  mille  raifons  pour  obtenir  grâce  ;  mais  il  fallut  qu'il  le  vuidât.  Avant  que 
de  le  faire  ,  il  ftipula  cependant  que  Thorius  boiroit  la  fanté  qu'il  lui  porteroit  à  fon 
tour.  Dès  qu'il  eut  bu  ce  vin,  il  fit  remplir  d'eau  le  même  verre  &  l'avala,  après 
avoir  porté  cette  fanté  au  Dodleur.  Celui-ci  frappé  comme  de  la  foudre  ,  penfa 
tomber  de  ion  haut ,  &  voyant  qu'il  n'y  avoit  point  de  moyen  de  s'en  dédire , 
il  jetta  de  profonds  foupirs  ,  il  porta  mille  fois  la  bouche  fur  les  bords  du  verre 
&  l'en  retira  autant  de  fois.  Il  appella  à  fon  fe  cours  tousses  bons  mots  des  Poètes 
Grecs  &  Latins,  &  il  fut  prefque  toute  la  journée  à  vuider  ce  verre  d'eau  à  plu- 
Jieurs  reprifes, 

Thorius  a  écrit  deux  lettres  De  caufa  morbi  &  mords  ffaacl  Cafauboni.  On  a  encore 
de  %i  :  Hymnus  Tabad ,  Ouvragé^  Poétique  dont  il  y  a  des  éditions  de  Leyde  * 
1622,  1623,    1628,  i/i-4,  d'Utrecht,  1644,    Jn-12. 

Jean  Thorius,  fon  fils.  Bachelier  es  Arts  du  Collège  de  la  Magdeleine  à  Oxford, 
&  Dod^eur  en  Médecine  de  Dublin  ^  fe  fit  incorporer  dans  la  Faculté  de  la  pre- 
mière ville,  le  II  Juillet  1627. 

THORMAN.  (  George  )  Voyez    PILANDER. 

THOT.  Voyez  ATHOTIS. 

THOT.  Voyez  HERMES. 

T  O  ME    ir.  Ddâ 


394  T     H    R       ï    H    U 

THRASIAS ,  Médecin  natif  de  Mantinée ,  vécut  dans  le  XXXVI  fiecle.  Il  Te 
vantoit  d'avoir  trouvé  une  drogue  qui  avoit  la  propriété  de  faire  mourir  fans  au- 
cune douleur  :  belle  découverte  pour  un  homme  ,  dont  l'efprit  ne  devoit  s'occuper 
que  de  la  recherche  des  chofes  qui  peuvent  conierver  la  vie.  On  ne  connoît  plus 
cette  drogue  aujourd'hui.  La  perte  n'eft  pas  grande  ;  il  n'y  a  qu'un  mélancholique 
partifan  du  fuicide  qui  puifle  la  regreter. 

Thrafias  diloit  que  l'adlion  des  purgatifs  n'eft  point  abfolue ,  mais  relative  aux 
difFérens  tempéramens,  parce  qu'une  choie  purge  l'un  &  ne  purge  pas  l'autre.  H 
prouvoit  fon  fentiment  par  l'exemple  d'un  berger  qui  mangeoit  une  poignée  d'el- 
lébore ,  fans  que  cela  lui  fît  rien.  Il  ajoutoit  même  à  ce  berger  un  de  les  propre* 
difciples  ,  nommé  Alexias ^  qui  fut  un  célèbre  Médecin;  un  nommé  Eudeme  ,  ven- 
deur de  médicamens  ,  &  un  autre  Eudeme  de  Chic ,  qui  tous  trois  n'étoient  point 
purgés  par  l'ellébore. 

THR.IVERIUS.  Voyez    DRIVERE. 

THRUSTON  ,  (  Malachie  )  Doreur  de  la  Faculté  de  Médecine  en  l'Uni- 
verlîtéi  de  Cambridge,  compofa  en  1664  un  Traité  fur  la  rcfpiration,  dans  lequel 
il  parcourt  la  plupart  des  maladies  du  poumon.  Comme  c'eft  à  la  pléthore  qu'il  at- 
tribue un  grand  nombre  des  maux  qui  attaquent  cet  organe  ,  il  met  la  faignée  aa 
rang  des  premiers  remèdes.  Ce  Traité  tarda  quelque  tems  à  voir  le  jour.  Il  parut 
à  Londres  en  1670,  fous  le  titre  de  Diatrlba  de  rejpirationis  ufu  primariô  y  &  de- 
puis à  Leyde,  1671  ,  1679,  in  8.  Quelques  Bibliographes  citent  un  autre  Ouvrage 
de  ce  Médecin  ,  qui  eft  intitulé  :  Nuvts  hypothefeos  de  pulmonunt  motu  &  refpirationîs 
ufu  fpecimcn.  Londini  ,  1671  ,  in-8. 

THUILLIER  C  Charles  )  naquit  à  Orléan?.  Il  fit  d'abord  la  Médecine  à 
Rouen;  mais  s'étant  rendu  à  Paris,  il  s'y  mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté  &  prit 
le  bonnet  de  Dodleur  en  1698.  Avide  de  réputation  &  d'argent,  il  s'annonça  au 
public  comme  un  homme  qui  avoit  une  méthode  particulière  pour  la  guérifon  des 
maux  vénériens.  Le  Traité  qu'il  fit  imprimer  à  Rouen  en  1684 ,  in-S  ,  n'a  point 
d'autre  objet  ;  il  a  paru  fous  ce  titre  :  Obfervatîons  fur  les  maladies  vénériennes  &  fur 
un  remède  qui  les  guérit  feurement  &  facilement.  L'Auteur  ne  manque  ni  d'efprit,  ni 
de  favoir;  mais  il  s'eft  déshonoré  par  fa  conduite.  11  fe  vante  de  poflTéder  un  fpé- 
cifique  contre  la  vérole,  &  il  en  cache  lacompi^fition  ,  en  vue  d'en  faire  fonrfjro- 
fit.  Je  doute  que  la  réception  dans  la  Faculté  de  Paris  lui  ait  infpiré  des  (enti- 
raens  plus  patriotiques  ,  poifqu'^y/rac  n'a  pas  connu  ce  remède,  &  qu'en  1736  il 
en  étoit  encore  au  foupçon  que  l'Antimoine  &  le  Mercure  en  faifoient  la  bafe» 
Malgré  le  décridans  lequel  Ihuillier  a  voulu  jetter  la  falivation  qu'il  regarde  comme 
une  méthode  incertaine ,  difficile  &  périlleufe  ,  fon  Ouvrage  n'a  pas  iaiffé  que  d'être 
plûfieurs  fois  réimprimé.  11  y  a  trois  éditions  de  Paris,  1693  ,  1707,  1716,  in-ii^ 
avec  quelques  augmentations. 

THURINUS  ou  TURIN  I  (  André  J  exerça  à  Florence  avec  tant  de  répura» 
îion,  qu'il  fut  honoré  du  titre  de  Médecin  des  Papes  Clément  VIT  &  Paul  III  ^ 
ainli  que  des  Rois  de  Fiance  Louis  X,II  &  François  premier.  Turini  eut  de  viveS' 


T    H    U       T    ï    A  '39s 

^fputes  avec  les  plus  favans  hommes  de  Ton  temi  fur  pluGeurs  points  de  pratique. 
Dè^  l'an  i^ib  il  écrivit  contre  Curtiûs  fur  la  préférence  de  la  faignée  du  bras  op. 
pofé  au  côté  attaqué  dans  la  pleurélie.  Sa  méthode  étoit  d'y  faire  d'amples  faignées 
les  premiers  jours  de  la  maladie ,  &  de  les  répéter  du  côté  afieé^é  dans  le  fort  du 
mal.  Mais  ayant  été  lui-même  atteint  d'une  plearéfie  très-vive,  il  abandonna  fa 
Théorie  fur  la  laignée,  &  voulut  être  traité  iuivant  la  coutume  des  Grecs ,  qui  ont 
toujours  commencé  par  faire  tirer  le  fang  du  côté  direft  à  la  douleur.  Malheureu- 
fement  pour  la  Médecine,  on  a  plus  fouvent  raifonns  qu'obfervé.  C'eft  à  de  pareil- 
les dilculljons  que  s'appliquoient  la  plupart  des  Praticiens  qui  vivoitnt  du  tem>  de 
Turiid  ;  &  comme  lui-même  eft  entré  en  lice  avec  eux,  il  n'a  pas  manqué  de  faire 
valoir  les  opinions  par  les  Ecrits  qu'il  a  mis  au  jour,  dont  le  recueil  a  paru  à 
Rome  en  1545  ,  ire -/ù/io.  Voici  les  titres  des  éditions  qui  ont  été  publiées   féparément  : 

Alcdtca  diJcLptatiuncula  advenus  opiaioneni  Mauhai  Curtu  de  cocna  &  prandià,  Paiijilst 
l5-,5  ,  in-H  ,  &  avec  l'Ouvrage  Iuivant  :  - 

Dd  curatione  phuiitidii  per    vcme  fecHonem.  Lugduni ,  15"^»  '"-4. 

De  embrocha  nova  ,  /'eu  deuciâ  artificîali ,  quâ  utuntur  Florentmi  ad  varias  morbos. 
Lugduni,  1537 /in-4. 

Refponfionti  contra  Matihaum  Curtium  de  vena  in  pleuritlde  fecandâ.  Parijîis,  153^» 
1/1-4.    Bononie,   J54,'>  '  'i"4- 

Ep'Jiolu  contra  Mattlneam  Curtium  de  vena  in  phuritide  fecanda.  Parijîis,  ^538  , 
in-4  Bononits  ,  1543  , 4/1-4.  Cette  pièce  61  la  précédente  l'ont  comprifes  dans  le  même 
volume. 

De  bonitate  aquarum  ,fintante  &  ciflern<e.  Bononits  ,  1541  ,  //i  4. 

Hipp'tcratis  &  Galeni  defcnfio  de  caufis  dierum  criticorum  contra  Hieronîmum  Fracafto' 
rium.  Bononi<e  ,  1543  ,  //î-4. 

Defenfio  contra  Marcum  j^ntonium  Mon'ijîanum  ,  quod  non  ia  omni  febre  putriJâ  con- 
veniut  fanguinis  mijjio.  Rama,  1549)  in-folio. 

THUI'INEISSER.  ,  f  Léonard^  "fameux  Alchymifle  &  Aflrolo^ue  ,  étoit 
de  Bâle.  11  mourut  à  Cologne  en  1^0  à  fon  retour  de  Berlin  ,  oii  il  avoir  fi- 
guré pendant  quelque  tems  ,  comme  Médecin  &  Chymifte  de  l'Elefleur  de  Bran- 
debourg. Les  Ouvrages  qu'on  a  de  lui  font  les  uns  en  Allemand  ,  les  autres  en 
Latin.  Parmi  ceux  écrits  dans  la  première  de  ces  langues  ,  on  remarque  un  Abr '» 
gé  d'Anatomie  avec  des  planches  qui  ("ont  en  partie  de  lui,  en  partie  de  F'éjale. 
L'édition  eft  de  Berlin  ,  1576,  in-folio.  Il  eft  encore  auteur  d'une  grande  Alchy- 
roie  qui  parut  en  Allemand  dans  ia  même  ville  en  1583  ,  in  folio  ;  il  y  foutient 
fortement  les  opinions  de  Paracelfe  ,  dont  il  .  étoit  un  des  plus  ardens  fecla-" 
tejrs.  Les  Ouvrages  Latins  de  ThurneiJJer  font  intitulés  : 

Onomaliicon  polyglojjbn^  multa  pro  Chymicîs  &  Medicis  continens.  BeroVmi  ,  1574  , //i-S. 

Bijloria  feu  defcriptio  plantarum  omnium  ,  tàm  domefticarum  quâm  exoticarum ,  eariini' 
dem  vinutes  infiuentiales  ,  elementares  &  naturales^  nccncn  icônes  etiam  veras  ad  vivum 
exprejjas  proponens.  BeroUni^  iSf^  »  in-folio.   Colonie,  15^7»  in-folio. 

T1AR.A  ,  ("Pierre^  de  Worcum  dans  la  Fril'e  ,  où  il  naquit  le  15  Juillet 
1514,  favou  les  Langues,  les  belles- Lettres ,    la   i'hiiofophic  &  la    Médecine.  I? 


.96  T    I    A 

employa  une  partie  de  fa  jcunefiTe  â  voyager  en  Italie  ,  en  Allemagne  &  en  France  y 
à  foa  retour  ,  il  donna  à  Louvain  des  leçons  privées  fur  la  Langue  Grecque, 
qu'il  enfeigna  enluite  publiquement  dans  les  Univerlités  de  Douay  &  de  Leyde 
qu'on  venoit  de  fonder  tout  récemment.  Il  eft  apparest  qu'il  proHta  du  léjour 
qu'il  fit  dans  l'une  &  dans  l'autre  de  ces  villes  ,  pour  fe  perfectionner  dans 
la  Médecine  qu'il  avoit  déjà  étudiée  ailleurs  ,  car  on  le  trouve  à  Delfr  , 
où  il  fe  livra  aux  travaux  de  la  pratique  &  fut  même  retenu  par  une  pen. 
fion.  La  célébrité  que  lui  méritèrent  fes  talens  ,  les  récompenfes  que  les  îWa- 
giRrats  lui  accordèrent  ,  rien  de  tout  cela  ne  fut  capable  de  le  fixer  à  Delft.  II 
paflà  à  Franeker  ,  &  au  moment  de  la  fondation  de  l'Univerfité  de  cette  ville  en 
TcBc  ,  il  obtint  une  Chaire ,  mais  il  ne  la  remplit  pas  long-tems ,  car  il  mourut 
le  Q  Février  de  l'année  fuivante.  Tiara  avoit  l'efprit  propre  à  la  culture  des  Scien- 
ces beaucoup  de  génie  &  de  jugement.  Sa  taille  étoit  plus  haute  que  médio- 
cre ,  la  tcte  grofie  &  la  barbe  fort  longue. 

Tout  ce  qu'on  connoît  de  lui  touchant  la  Médecine  ,  fe  réduit  â  quelques  Ou- 
vrages iur  les  Aphorifmes  &  les  Pronoftics  à'Hlppocrate  ,  encore  lont-ils  demeurés 
en  raanufcrit.  On  en  a  d'autres  de  fa  façon ,  qui   ont  été  imprimés  ,  mais  ils  n'onf 

point  de  rapport  à  mon  objet. 
Le  Tombeau  qu'on  a  élevé  à  la   mémoire  de  Tiara  dans   le  Temple   principal 

de   Franeker  ,  eft  chargé  d'un  éloge  eu  vers  qui  lui  tient   lieu  d'épitaphe  : 

JJms  !  quicumquc   terli  hac  facri  limina  templl  , 

Sufpice  pauîifper  ,  verbaque  pauca    lege. 
Sonem.  difce  tuam  ,  &  qu£   te   quoque  fata  manebunt  ^ 

Ociùs  aut  fera  ,  corde  reconde  tuô. 
Hôc  faxô  tegitur  Petreius  ilh   Tiara  , 

Ingens   Doctorum ,  Pieridumque  decus. 
SValdrichcm  ei  patria   eft ,  Frijïorum   Uttore   clara ,.- 

Qucsque   rudimenth    nobilhata  Vlri   eft. 
jirtibus  Harlcmum  pofi  pluribus  imbuit  ,  atqut 

Linguis  ornavit  vint  facilem  îngenii. 
Inde  Machaoniam  naturâ  du&us  ad  ^rtetn  ,       ": 

Lovanium  vixdum,  facias  ephebus   adlt. 
Tandem  Pergameô  ,  Coôque  ,    aUifque  Magîftrls  , 

^rûi  honos  cejftt  fummus   in  ftalia. 
Hanc  deinceps  totô    coluit  féliciter   tevô  , 

Mufam  ,    Graiamque  ,   ylufoniamqae  fimul. 
ScUicet  injJgnis   Medicus  ,  fammufqae  Poëta 

Aadïit  ,  ô?  linguâ  Philofophus   geminâ. 
Lovanium  expertum  eft    Doctorem  ,    ipfumque  Duacum  , 

Lugdmm  in  Baiavis ,  Frankera  parva  fuum. 


T    I    D        T    I    G  59?- 

iiat  poflquam  clvem  ,  querii  multos  foverat   annos  , 

Gratè  compkxa  ejî  ,  &    Schola  docla  fenem  , 
CrandcEvum  &  vita  faturum   mors   abrupit  atrox  , 

^ggregat  &  civem  civibus    indè  fuis. 
Difcite  trigeminas  non  ulli  parcere  Parcas , 

Nec    quid  in  hoc  magno  fiare  perenne  folô. 

Nam  pariter  dodos  rapit  ,    îndocfofque ,  bonumqut 

Unâ  falce  virant  mors   nietit  atquc  malam. 

Natus   If^aldricheml 

uinnd  Domini  M.  D.    XIIll ,  JuUi   XV  ; 

Mortuus  annô  uldmi  temporis 

M.  D.   LXXXVI  ,    Februarii    IX. 

riùt  annos  LXXII  ,  menfes  VI  ,  dies  XXV. 

DOMINICUS    TiARA  , 

Fratcr    Fratri   charljjmo  , 
JOANNES     ThEODORETUS    ArCERIUS   , 

.^micus  ^mico, 
■In  memoriam    ultime    rcfurrecîionis  pofuerunt.  . 

TIDICiEUS  ,  (  François  J  de  Dantzick  ,  prit  le  bonnet  de  Doé^eur  en  Mé- 
decine à  Bâle  le  5  Décembre  1583  ,  &  devint  enfuite  Phyficien  ordinaire  de  la 
ville  de  Thorn  dans  la  Prufle  Royale  au  Palatinat  dé  Culm  ,  où  il  mourut  en 
1617.  Les   Bibliographes  le  difent    auteur  des   Ouvrages  iuivans  : 

Jn  latromajiigas  de  recto  &  falutari  ufu  ,  de  abufu  item  multiplici  atque  nefariô  , 
nobilijpma  ac  falutiferts  ./inis  Medice  ,  Libdlus.  Turoni  Borujforum  ^  15Ç2  ,  1598,  '"8'. 

Microcofinus_  f.hoc  efl  ,  defcriptio  homlnia  &  mundi.  Lipfi<e  ,  1615  ,   1638  ,  j/i-4. 

TIGEON  ,  fThomasJ  Médecin  d'Angers ,  a  publié  un  Ouvrage ,  dans  lequel 
il  a  entalië  fable  fur  fable  au  fujet  des  hermaphrodites  &  des  lignes  de  la  virgi- 
nité.  Voici  le  titre  fous   lequel  il  a  paru  : 

AntimtËologiCum  qud  demonjlratur  objlecricibus  non'ejje  tàntùm  fidendum  de  virginitate 
mit  defioratione   mulieris  aiulta   tefiimonium  fcrentibus,  Lugduni  ,  1574  ,  i/i.8. 

TIGNOSIUS  C  Nicolas  _)  efl;  encore  nommé  Nicolas  de  Foligni  ,  parce  qu'il 
étoit  de  cette  ville  dans  l'Ombrie ,  où  il  naquit  en  1402.  Comme  il  le  dirtingua 
de  bonne  heure  par  fon  l'avoir  en  Philofophie  &  qu'il  publia  dans  la  faite  det^  Com- 
mentaires fur  les  Ouvrages  à^^rijlote ,  il  palfa  une  partie  de  fa  vie  à  ecfeigner  la  duclri- 
ne  de  cet  ancien  Maître.  Dès  l'an  1426  il  fut  appelle  à  Bologne  ;  on  le  trouve  à 
Florence  en  1451  &  ;à  Pife  en  1473.  Il  ne  faut  cependant  pas  croire  qu'il  ait  de- 
meuré conftamment  dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  villes  ,  car  on  fait  qu'il  fit  la 
Médecine  à  Arezzo  en  Tofcane  i  mais  ce  fut  à  Fife  qu'il  mourut  le  14  Septembre 
1474  ,  ftgé  de  72  ans.  Son  corps  fut  honorablement  enterré  dans  l'Egi.'le  ae  Saicte 
Croix  hors  de  la  porte  de  la  ville  ,  &  fon  tombeau  fut  couvert  d'une  pierre 
chargée  de  cette  épitaphe  ; 


g#  T    I    I. 

NiCOLAO    TiGNOSIO  FULGINATI  , 

Me d ICO  înjîgni  , 

Onnlum  fui    temporis   PhUofjphorum   Inter    rarljjlmos  numerando^ 

uic  multorum   Ariflotdis  Librorum  Commeatutori  acuiijfimo. 

CuRius  Marius 

F  il:  us   Patri  Optimo 

Et  fuis   mîris  vircutibus   Civitate  jiretiaâ  donato^ 

Pofuù. 

yixlt  annos    LXXll ,  menfes  V  ,  dies  XV. 

/jecejjit  cum    Pljis  legeret, 
XVill  Kdaid.   Oàobris   Mllil.  LXXIV. 

TÏLING,  ("Matthias  )  de  Jévern  en  Weftphalie,  prit  le  bontîet  de  Dof^eur 
en  Médecioe  à  Riniien  en  1625.  L'Univeriité  de  cette  ville  éiuit  ettccre  au  ber- 
ceau ,  car  la  fondation  ne  date  que  de  1621.  Elle  avoit  conlëquemment  bcfoin  de 
ProRileurs  qui  lui  donnaflent  Oe  ia  célébrité  ,  iSi  Tiling  fut  un  de  ceux  qji  y  con- 
tribuèrent par  leurs  leçon;.  11  remplit  la  première  Chaire  en  1669  &  parvint 
bientôt  après  à  la  charge  de  Médecin  de  la  (Jour  de  Helfe.  En  1674  ,  il  fut  reçu 
dans  rAcadémie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  ,  fous  le  nom  de  Z^pliyrm 
\\;  il  mentoit  cet  honneur  par  le  loia  qu'il  avoit  pris  de  communiquer  fcs  oblcr- 
vations  â  cette  Compagnie  de  bavans.  Ce  Médecin  mourut  en  1685,  après  av  ir 
donné  beaucoup  d'Ouvrages  au  public ,  dont  quelques-uns  roulent  lur  l'Anaioraie, 
IVlais  entraîné  par  l'exemple  de  tant  d'autres  Ecrivains  ,  il  s'eli  moins  occupé  à 
faire  des  recherches  fur  la  Ikudture  du  corps  humain,  qu'à  repeter  ce  qui  avoit 
été  dit  avant  lui.  Tels  que  toient  les  Ouvrages ,  je  ne  puis  me  diipe^fer  a  ea 
donner  les  titres  &  les  éditions  .• 

De  tuba  uttTL ,  dtqut  Fœiu  nuper  in  GaUia  ,  exira  uieri  cavitaum  ,  in  tuba  conceptd, 
Exercitaiio  anatomica.   Rinthelii ,  1670,  in- 12. 

^icliora  Jalutis  facra  ,  feu  de  Lauduno  opLuo    Francofurti ,  1671  ,  in-8. 

JJe  placenta  uceri   Difquifuio  anatomica.   Riithelii ,   1672  ,  in-12. 
■    J)e  adndranda  renum  flrudturâ  ^  eurumque  ufu.  Fruncufurii ,  1672,  in  12. 

^natomia  licnis  ad  circulatioacm  fanj^uiais ,  aliaque  Receaiioruin  inventa  accommodata. 
RinthelU  ,  167-;,  1676,  in-i2. 

Difquijitb)  Pnyjici/.  Medica  de  fermentatiuae ,  Jïve  ,  de  motu  intejîino  panicularum  in 
quovis   corpore.  Brem£,  l^^7^->  in-\2. 

Prodronius   Praxeos    Chymiutricts     Rlnthdil ,  '674,  i/i-8. 

Ve  Fcbribus  Petechialibui  Truc/atus     Francufurn ,  1676 ,  tn-8. 

Digrejjh  Phyfico-  ^Inatnmica  curiofa  de  vafe  brcvi  lienis ,  ejufque  ufu  in  corporis  humani 
ixcononuâ.   Mindie  ^  1676,  in  12. 

Rhabarbarologia  ,  feu  ,  curiofu  Rhabarbari  Difquifuio.  fraacofurti ,  167g,  t/1-4. 

De  recidiVii    TraSaïus   aureus.  Minda:  ^  i6?9  •>  '"'î- 

Cirinabaris^mineralis  ^  feu  ,  M.nii  naiurahs   Scrutif.ium.  Francofarù„  1681,  in  8^ 

lidiuia  curiofuin  ,  feu  ,  accurata  LiUi  albi  defcripUo.  Ibidem ,  1683  ,  in-8. 


T    1    L       T    1    M  5Q<^ 

Oplologla  nova  ,  mcdcrnls  ^nis  Mcdlca  prlncipiis  fvperJîruSia.  Ibidem  ,  1697  » 
{«-4. 

TILING  (  Jean  )  naquit  le  10  Oaobre  1668  à  Brème  dans  le  Cercle  de  la 
Baflè  Saxe.  Après  de  bonnes  études  à  Amfierdam  &  à  Leyde  ,  il  reçut  les  hou- 
ncurs  du  Dodorat  en  1692  ,  &  ne  tarda  point  à  être  employé  dans  fa  ville 
natale  ,  en  qualité  de  Profefieur  ,  quoiqu'il  n'y  eût  point  d'Univerlité.  Il  fat  char- 
gé d'enfeigner  la  Médecine  en  1694  ,  &  en  1696  &  1697,  la  Logique  ,  la  Phy- 
fique  &  la  Métaphyfique.  La  manière  dont  il  s'acquitta  de  ces  coramillions  ,  lui 
mérita  la  place  de  Médecin  itipendié  de  Brème ,  &  il  la  rcmpliflbit  encore  l'an- 
née de  fa  mort  qui  arriva  le  13  Septembre  1715.  On  ne  connoît  aucun  Ouvrage 
de  fa  façon ,  mais  il  a  publié  les  Opérations  Chirurgicales  de  Kuck  &  l'Arfenal 
de  Scuhet ,  avec  des  notes. 

Les  liibliographes  parlent  de  Jean-Chrijlîan  Tllin^  qui  a  fait  imprimer  à  Leipfic 
deux  pièces  de  fa  compofition  ,  l'une  De  calcula  ad  veficuni  adhérente,  if  37  i  «i-4  » 
l'autre  fous  le  titre  d'Obfervaùones  circa    ufam  Thermarum    Carolinarum  ,  1751,  in-d- 

TILLI,  (  Michel-Ange^  Dofteur  &  ProfelTeur  de  Médecine  en  l'Univerfité 
de  Pife  ,  naquit  à  Caftro  Caltaldo  dans  la  Tofcane  l'an  1653,  &  mourut  après 
l'an  1716.  Il  voyagea  eo  Afrique,  où  il  s'appliqua  à  la  recherche  de  tout  ce  qui 
a  rapport  à  l'Hiftoire  Naturelle ,  dont  il  le  fit  un  objet  d'étude  jufqu'à  la  fin 
de  fa  vie.  La  Botanique  fut  cependant  fon  objet  de  préférence  ;  &  comme  il  la 
cultiva  toujours  en  Philofophe  ,  il  examina  les  plantes  avec  cet  eiprit  de  ré» 
flexion  qui  fait  remonter  les  efièts  aux  caufes.  Il  le  plut  fur -tout  à  y  faire  voir 
la  main  tout-puiflaote  du  Créateur ,  dont  les  delTeins  ne  font  pas  moins  admirables 
dans  la  Moufle  qui  couvre  la  terre,  que  dans  le  Chêne  qui  s'élance  vers  les  nues, 
Ti7/t  s'attacha  auHî  à  la  recherche  des  minéraux  &  des  fubftances  concrètes  qui  fe 
trouvent  dans  le  corps  des  animaux  ;  &  ce  fut  à  l'étendue  de  fcs  connoifTances  en 
ces  diftérens  genres  qu'il  dut  l'entrée  de  la  Société  Royale  de  Londres  ,  à  qui  il 
fit  part  de  ies  découvertes.  Il  y  avoit  quarante  ans  qu'il  enfeignoit  â  Pile,  lorf- 
qu'il  publia  le  catalogue  des  plantes  du  Jardin  que  Ferdinand  de  Médicis  , 
Grand -Duc  de  Tofcane  ,  avoit  établi  dans  cette  ville  en  1595.  Cet  Ouvrage  , 
dans  lequel  on  trouve  une  ample  collettion  de  plantes  indigènes  à  l'Italie  ,  fut 
imprimé  à  Florence  en  1723,  in-folio,  avec  figures,  fous  Je  titre  de  Catalogui  plan- 
larum  Hord  Pifani. 

TIMÊE  de  GULDENKLÉE,  (  Balthafar  J  Seigneur  de  Neugane,  de  Rufe» 
now  &  de  Rofenberg,  ctoit  de  Frauftadt  en  Siléfie ,  où  il  naquit  en  1600.  Après 
avoir  étudié  la  Médecine  à  Wittembcrg  fous  Danid  Sennert ,  il  voyagea  en  Italie , 
&  revint  delà  en  AHemagne  pour  y  prendre  le  bonnet  de  Docteur.  Décidé  qu'il 
étoit  à  fe  livrer  aux  travaux  de  la  pratique,  il  fe  rendit  à  Colberg  en  Poméranie  , 
&  s'y  diftingua  tellement  par  les  qualités  qui  entrée  t  dans  le  caradere  du  vrai 
Médecin  &  du  citoyen  qui  a  époufé  les  intérêts  de  la  pairie  qu'il  s'cfl  choifie^ 
que  la  Régence  le  nomma  fuccellivement  aux  emplois  de  Phyficien,  de  Confeil- 
1er,  de  Directeur  des  Ecoles  &  de  Conlul.    11  finit  par  être  premier  Médecin  d? 


40O  '  T    I    M 

>'rédeTic-Guillaume,  Eiedeur  de  Brandebourg,  &  mourut 'au  fervice  de  ce  Prince 
le  7  Mai  1667. 

En  1630 ,  il  avoit  publié  à  Dantzick  un  Avis  en  Allemand  fur  la  pefte.  Son 
frère,  ChrijUan  Tlmée ^  Dodleur  en  Médecine  &  Echevin  de  la  ville  de  Treptow 
en  Poméranic  ,  l'a  traduit  en  Latin  &  l'a  donné  au  public  en  1653.  Les  autres 
Ouvrages  de  Baltliafar^  font; 

Cafus  médicinales   praxi  tHginta-fcx  annorum  obfervati.  Lippe ^    1662,   1667,  in-4. 

JEpiJioU  &  Confilia.   Ibidem  ,   1665  ,  1677 ,  /n-4. 

Refponfa  medica  &  Dixtencon.  Opus  pofthumum.  Ibidem  ,  1668 ,  in-^.  Tous  les  Ecrits 
de  ce  Médecin  ont  été  recueillis  en  un  volume  qui  parut  à  Leipfic  en  1677,  in-4, 
fous  le  titre  d'Opéra  Medico-Pra^ica.  11  y  a  encore  des  éditions  de  la  même  ville 
de   i6gi  &  de  1715 ,  ia-4. 

TIMÉE  de  Locres,  Philofophe  Pythagoricien,  a  été  mis  au  nombre  des  Mé- 
decins, parce  qu'il  a  écrit  un  petit  Traité  de  la  Nature  &  de  l'Ame  du  monde  , 
/jui  eu  en  dialecte  dorique.  On  a  imprimé ,  fous  ion  nom ,  une  Lettre  De  vacuo» 
Rome  ,  1648,  ;«-i2. 

Pline  cite  un  autfe  Tîméc  qui  eft  Auteur  d'un  Ouvrage  fur  la  Médecine  métal- 
lique. 

TIMON  Phlialien,  Philofophe  de  la  Sefte  de  Pjrr/;oa,  vécut  dans  le  XXXVIH 
fiecle  ,  fous  le  règne  de  Ptolomée  Philadelphe.  Il  étoit  encore  Médecin  &  Poëte, 
'&i  il  eut  un  fils    nommé  Xanthus^  à  qui  il  enfeigna   la  Médecine. 

TIMONE,  (  Emmanuel  J  <^e  Conftantinople ,  Dodleur  en  Philofopbie  &  en 
JVlédecine  des  Univerfités  d'Oxford  &  de  Padoue,  étoit  Membre  de  la  Société 
Royale  de  Londres.  11  a  adreffé  un  Mémoire  à  cette  Société  fur  l'Inoculation 
de  la  petite  vérole ,  lequel  fut  inféré  dans  les  Tranfaftions  Philotbphiques  de  l'an 
1714.  Le  Journal  de  Leipfic  de  la  même  année  annonce  que  le  Mémoire  du  Doc- 
teur   Timone  avoit  été  imprimé  à  Conftantinople   en  1713  ,    mais  cela  n'eft  guère 

apparent. 

Ce  Médecin,  qu'on  peut  regarder  comme  l'introduifteur  de  l'Inoculation  en 
Europe  ,  fit  inoculer  fa  propre  fille  à  l'âge  de  fix  mois  ;  mais  fuivant  le  rapport 
d'Antoine  Timone,  Dofteur  en  Médecine,  fils  ai" Emmanuel,  elle  n'en  mourut  pas 
moins  de  la  petite  vérole  naturelle  à  l'-Age  de  il  ans. 

On  allure  que  la  pratique  de  l'infertion  étoit  ancienne  en  Circafiie  &  en  Mingrélie, 
lorlqu'elle  palïa  à  Conftantinople.  Ce  ne  fut  point  tant  le  defir  de  fe  conferver  la 
vie,  que  celui  de  défendre  la  beauté  des  jeunes  Circaffiennes  &  Mingréliennes 
xontre  les  infultes  de  la  petite  vérole ,  qui  donna  l'idée  de  cette  opération.  Des 
filles  deftinées  àfatisfaire  la  palfion  des  Mufulmans,  fetrouvoient  privées  du  barbare 
honneur  d'être  eniévelies  dans  le  ferrail  du  Prince  ou  des  Grands,  par  les  traces 
que  la  petite  vérole  naturelle  avoit  laifTées  fur  leur  viiage;&  lespavens  qui  avoient 
fait  de  la  dépenie  pour  leur  donner  des  grâces  par  l'éducation ,  fe  trouvoient  en 
^ême  tems  privés  des  avantages  qu'ils  efpéroient  tirer  de  la  proftitution  de  ces 
^.éatures.  C'eft  pourquoi  on  s'avifa  de  leur  donner  artificiellement  la  peti.te  vérole, 

quasii 


T    I    M  Ao 

qnand  elles  étoient  encore  en  bas  âge ,  afin  de  ne  fe  mettre  en  Fraix  pour  leurédu- 
catioa  ,  qu'après  qu'elles  auroient  couru  les  rifques  de  cette  maladie  ,  &  qu'elles 
en  feroient  forties  fans  aucune  diminution  de  leurs  charmes.  Mais  la  confiance  dans 
rrnocuJation  gagna  infcolîblement.  Les  fuccès  qu'avoient  obtenu  les  pères  &  mères 
qui  failbient  le  barbare  commerce  de  livrer  leurs  filles  à  la  proflitution  ,  firent 
étendre  cette  pratique  à  la  généralité  des  enfans  ;  on  les  foumit  tous  à  cette  opé- 
ration, en  vue  de  les  mettre  à  l'abri  des  dangers  qui  accompagnent  ordinairement 
la"  petite  vérole  naturelle. 

C'eft  au  Médecin,  dont  nous  parlons,   &  au  Do6\eur  Jacques  Pylarlno  ,  qui  touj 
deux   ont  exercé  leur  profefiion    à  Conftantinople  ,  que  nous  devons   les  premières 
connoiffànces    fur    l'Inoculation.    Il   parut  à   Leyde  un   Ouvrage  ,    fous    leur  nom 
qui   eft  intitulé;    Traclatas    de   nova    variolas   per    tranfplantationem  excitandi    met/wdd, 
172 1 ,  in-S. 

Les  témoignages  de  ces  deux  Médecins  furent  foutenus  de  l'exemple  de  Miledy 
Worthiey  Montaigu  ,  Ambafiàdrice  d'Angleterre  à  la  Porte,  qui  avoir  fait  inoculer 
fon  fils  unique  à  Conflantinople  en  1718,  &  qui  à  Ion  retour  à  Londres  foumit 
i"a  fiUe  à  la  même  opération  en  17:0.  Ces  premiers  fuccès  enhardirent  les^Méie- 
cins,  les  Chirurgiens  &  les  Apothicaires  Anglois  à  pratiquer  l'Infertion;  la  nouvelle 
méthode  piéfentée  fous  les  apparences  les  plus^  Hatteufes  engagea  d'autant  mieux 
tout  le  monde  à  s'en  mêler,  qu'on  favoit  que  les  femmes  du  peuple  inoculoient  à 
Cooftantinople  fans  d'autres  principes  que  ceux  fondés  fur  la  routine.  Cette  pra- 
tique  eut  bientôt  des  partifans  dans  toutes  les  conditions;  elle  gagna  toujours  du 
terreih  ,  malgré  l'oppofition  conftante  des  Dofteurs  fFagftafe ,  Blackmore  ,  G,  Dou' 
glas  &  Freind ,  habiles  Médecins  de  Londres  qui  la  condamnoient  hautement.  Il 
eft  certain  qu'elle  devint  sffez  commune  en  Angleterre  jufqu'en  1728,  mais  on 
convient,  fans  en  dire  la  caufe,  qu'elle  y  fut  fufpendue  &  comme  oubliée  depuis 
cette  année  jufqu'en  1743.  On  ajoute  cependant  qu'elle  s'y  eft  relevée  depuis , 
pour  n'y  plus  efluyer  aucun  revers  femblable,  C'eft  ainfi  que  parle  l'Auteur  du 
Recueil  des  pièces  concernant  l'Inoculation  de  la  petite  vérole ,  qui  fut  imprmé 
à  Paris  en  1756 ,  /n-12  ;  mais    c'eft  au  tems  à  vérifier  la  jufteflë  de  fa  prédiction. 

On  a  ti\ché  d'étendre  l'Infertion  dans  tous  les  Etats  de  l'Europe  ,  &  l'on  a  eu 
foin  d'informer  le  public  du  fuccès  des  épreuves  qu'on  a  faites  dans  quelques-uns. 
En  particulier ,  on  n'a  rien  négligé  pour  la  faire  adopter  en  France.  Mais  malgré 
tout  le  zcle  qu'on  y  a  mis,  &  toute  l'attention  qu'on  a  eue  d'en  prôner  les  avan- 
tages ,  elle  n'y  a  pas  fait  d'abord  tous  les  progrès  dont  on  s'étoit  flatté.  11  eft  vrai 
que  le  ton  de  la  nouveauté  a  féduit  beaucoup  de  perfonnes;  la  multitude  n'y  a 
cependant  point  donné  dans  les  premiers  tems  :  quelques  exemples  ont  frappé  les 
efprits  &  les  ont  portés  à  réfléchir   fur  les  conféquences. 

Ainfi  parloir  le  célèbre  ^Jîruc  en  1761.  Le  môme  Auteur  ajoute  qu'il  a  vu  une 
conjonfture  très  .favorable  à  l'Inoculation  ,  où  il  y  avoir  à  parier  qu'elle  alloit 
prendre  hautement  le  deflus.  Ses  partifans  fentirent  les  avantages  de  ce  moment  , 
&  ils  ne  négligèrent  rien  pour  aider  aux  circonftances.  Mais  leurs  efpérances  s'éva- 
nouirent bientôt  ,  &  ce  mauvais  fuccès  pourroit  bien  être  funefte  pour  l'Inoca- 
latioo;  car  dès  que  la  nouveauté  n'a  pas  entraîné  les  fuffrages ,  dès  qu'on  donne 
T  0  M  E    IK  E  e  c 


4o2  T    1    M 

à  la  raifoo  le  tems  d'examiner ,  de  pefer  &  de  juger ,  l'établiflemetit  de  cette  pra- 
tique paroît  en  danger.  Elle  a  cependant  fait  bien  du  chemin  vcr>  la  meilleure 
fortune  depuis  le  tems  qu'^firuc  a  tiré  fon  horofcope  :  fes  prédiitions  ne  le  font 
point  réalilëes,  &  l'exemple  des  Anglois  conftarament  attaches  à  l'inoculacion  ,  a  re« 
levé  Je  courage  des  François ,  leurs  émules,  q^ue  de  malheurcules  avetaures  avoient 
femblé  ralentir. 

Mais  quel  jugement  peut-on  enfin  porter  fur  l'Inoculation?  Les  plus  grands  Maî- 
tres ont  condamné  &  condamnent  encore  cette  pratique  ,  pendant  qu'elle  eft  préco* 
nifée  par  d'autres  qui  ne  leur  cèdent  ni  en  fcience ,  ni  en  célébrité.  Le  ton  far 
lequel  elle  eft  en  Angleterre;  les  EcritS  que  les/un/i,  les  Kirkpatrik  ,  les  ^rbw 
îhnot ,  les  Some ,  les  Ramhy ,  les  Barges ,  les  Backer ,  les  Schulti ,  les  Dlmfdah  ,  les 
Bromfdld  ont  publiés  ;  la  fondation  des  Hôpitaux  deftinés  à  y  recevoir  ceux  qui 
veulent  fe  faire  inoculer  ;  les  fuffrages  des  Médecins  du  Collège  de  Londres  ; 
tout  cela  a  donné  de  la  vogue  à  l'Infertion  dans  la  plupart  dés  pays  de  l'Europe. 
L'Allemagne  a  adopté  cette  pratique;  les  Royaumes  du  Nord  l'ont  accueillie;  on 
l'a  même  reçue  en  Suéde  avec  une  forte  d'enthoufiafme.  On  a  frappé  une  médaille 
à  Stockholm ,  dont  le  Type  eft  un  autel  d'Efculape  entouré  d'un  ferpeni ,  avec  ce» 
mots  p&ur  légende.: 

SUBLATÔ     JURE     NOCENDI. 

Au  revers,  oo  voit  une  couronne  civique,  en  dedans  de   laquelle  on  lit: 
Ob  infantes  civium  felici  ausu  servatos. 

Et  fur  le  lien  de  la  couronne ,  le  nom  de  la  Coroteflè  de  Geers ,  la  première 
Dame   Suédoil'e  qui  l'a  méritée  en  faifant  inoculer  fes  enfans. 

Toutes  ces  circonftances  font  bien  favorables  à  la  pratique  de  l'Infertion  ;  elles 
en  font  le  triomphe  &  femblent  annoncer  qu'elle  va  être  univerfeilement  adoptée. 
Mais  comme  c'eft  du  recueil  des  faits,  plutôt  que  du  raifonnement,  qu'il  faut  atten- 
dre la  décilîoa  en  matière  de  Médecine,  il  y  a  encore  bien  des  gens  que  le  nombre 
d'expériences ,  quelque  grand  qu'il  fbit ,  n'a  point  entièrement  raffurés  fur  les  fuites 
que  l'Inoculation  peut  laiffer  après  elle.  Le  célèbre  f^an  Swicttai  s'eft  fort  étendu 
iur  les  avantages  &  les  défavantages  de  cette  méthode  dans  le  cinquième  Tome 
de  fes  Commentaires  ;  &  quoiqu'il  eût  été  témoin  des  opérations  faites  à  Vienne 
jufques  dans  la  Famille  Impériale,  il  n'en  finit  pas  moins  ic  chapitre,  où  il  traite 
de  la  petite  vérole  ,  par  ces  mots  bien  remarquables  :  Sic  breviter  recenfui  rationcs  9 
qua  me  permoverunt ,  ut  ha&cnus    ncminl    F^ariolarum    injîiionem  j'uaferim. 

Mais  il  en  fera  peut-être  de  la  petite  vérole  artificielle  ,  comme  de  la  circulation 
qui  a  diviié  fi  long-tems  les  Médecins  de  l'Europe  ;  comme  des  remèdes  antimo- 
niaux  qui  ont  partagé  les  fentimens  de  la  Faculté  de  Paris;  comme  de  la  plupart  deg 
grandes  découvertes  en  Médecine  :  une  expérience  fuivie  &  bien  réfléchie  a  mis 
le  fceau  de  l'approbation  aux  chofcs  dont  je  viens  de  parler.  Une  pareille  expé» 
rience  eft  feule  capable  de  décider  des  avantages  de  la  petite  vérole  prife  par 
l'Inoculation  ,  fur  la  petite   vérole  naturel'e. 

Ce  fut  pour  éclairer  les  doutes  qui  reftoient  fur   cette    expcrience  ,  que  le  Parle- 


T    I    M  403 

ment  de  Paris,  raifant  droit  furie  requifitoire  du  Procureur  Général,  rendit  le  8 
Juin  1763  un  Arrêt  par  lequel  il  ejl  ordonne  aux  Facultés  de  Théologie  &  de  Méde- 
cine des'affembler  f  de  donner  leur  avis  précis  fur  le  fait  de  P Inoculation  &c.   ,  s'il  convient 

la  permettre ,   la  défendre  ou  la    tolérer &   cependant  par    provijhn  ,  il    eft  fait 

défenfe  de  pratiquer  cette  opération  dans  les  villes    &  fauxbourgs  du  rcjjort  de  la  Cour  cTc 

La  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  pour  répondre  aux  vues  du  Parlement  , 
nomma  douze  Commiflaires ,  favoir  MM.  De  L'Epine ,  yijlruc ,  Cocha  ,  Bouvart  » 
£aron\e  jeune  ,  F'erdelhan  ,  Petit,  Geoffroy,  Lorry,  Thicrri ,  Maloet ,  Macquarf» 
qui  travaillèrent,  avec  M.  Belletete  ,  Doyen,  à  examiner  &  à  difcuter  les  avanta' 
ges  ou  les  inconvéniens  de  l'Inoculation ,  afin  de  le  mettre  en  état  de  porter  un 
jugement  afluré  fur  les  qucftions  propofées  par  le  Parlement.  Pour  obtenir  encore 
de  plus  grands  éclairciflemens ,  la  Faculté  prit  la  fage  précaution  de  confulter  les 
plus  célèbres  Univerfités  de  l'Europe  ,  &  principalement  celles  d'Angleterre. 

Les  Commiflaires  fe  font  trouvés  partagés  de  fentiment.  M.  De  L'Epine  ,  ancien 
Doyen,  lut  le  9  Août  1764  un  long  Mémoire  contre  l'Inoculation,  ôe  conclut 
qu'elle  devoit  être  décidément  rejettée ,  comme  nuifible  &  dangereufe  au  genre  hu- 
main. Ce  Mémoire  étoit  ligné  ^ftruc ,  Bouvart ,  Théodore  Baron ,  F'erdelhan  des 
Moles  &  Macquart.  Le  5  Septembre  de  la  même  année,  M.  Antoine  Petit  fit  la 
leéture  d'un  premier  rapport  en  faveur  de  l'Inoculation  ,  dans  une  aîTemblée  de 
quatre-vingt-dix    Docteurs ,  &  conclut  à  ce  que  cette  pratique  fût  au  moins  tolérée. 

Le  procès  inftruit  de  part  &  d'autre,  il  reftoit  à  délibérer  fur  le  fonds  de  la 
queftion  ;  on  le  fit  dans  la  même  alfemblée.  La  Faculté  rendit  un  Décret ,  à  la 
pluralité  de  52  voix  contre  a6,  pour  la  tolérance  de  l'Inoculation;  elle  prit  ce 
parti,  parce  qu'elle  ne  voulut  pas  d'abord  être  trop  favorable  à  la  nouvelle  mé- 
thode ,  dans  la  crainte  que  l'expérience  ne  la  démentît  à  Paris ,  où  elle  s'introdui- 
foit  depuis  peu. 

Mais  comme  il  efld'ufage,  dans  cette  Faculté,  qu'un  Décret  foit  confirmé  dans 
trois  aflemblées  pour  avoir  force  de  loi,  la  féconde  fut  indiquée  pour  le  il  Septem- 
bre. Celle-ci  fut  orageufe.  Le  chef  des  fix  Commiflaires  oppofés  à  l'Inoculation 
voulut  faire  annuller  la  délibération  précédente  ,  &  prétendit  qu'on  ne  pouvoir 
aller  plus  avant ,  fans  écouter  la  letlure  des  notes  qu'il  avoit  faites  fur  fon  Mé- 
moire. La  délibération  ne  fut  point  annuUée  ;  mais  on  convint  qu'on  entendroit  la 
ledture  des  notes,  &  qu'il  feroit  permis  à  M.  Petit  de  difcuter  les  faits  allégués 
par  M.  De  L'Epine.  Le  recueil  des  notes  de  celui-ci  fut  lu  dans  les  aflemblées  du 
•20,  aï  &  24  Oétobre.  M.  Petit,  de  fon  côté,  prépara  une  réponfe  au  Mémoire 
de  fon  adverfaire  &  en  fit  la  ledlure  ,  au  commencement  de  l'année  1766 ,  dan» 
les  aflemblées  de  la  Faculté  qui  en  ordonna  la    publication. 

Les  rapports  contradiftoires  des  douze  Commiflaires ,  partifans  &  ennemis  de  l'In- 
fertion  ,  furent  imprimés  &  diftribués  aux  Membres  de  la  Compagnie  ,  afin 
que  chacun  d'eux  pût  en  faire  une  ledure  réfléchie  ,  &  comparer  à  loiGr  les 
raiibns  alléguées  de  part  &  d'autre.  Cette  précaution  étoit  néceflaire  pour  les  met- 
tre en  état  déporter  leur  jugement  ,  avec  connoiflance  de  caufe  ,  dans  une  der- 
nière aflemblée  qui  devoit  enfin  décider  le  fort  de  l'Inoculation  en  France.  Ce  fut 
le  15  Janvier  1768  que  la  Faculté  tint  cette  aflemblée  j  dans  laquelle  la  méthode 


404  T    I    M 

de  procurer  artificiellement  la  petite  vérole  fut  enfin  jugée  admifîïble  à  la  plura- 
lité de  trente  deux  voix  contre  vingt-trois  qui  la  rejetterent. 

Cette  délibération  releva  les  efpérances  des  Inoculateurs;  ils  s'attendirent  bieti 
de  voir  accroître  leur  nombre  par  les  nouveaux  fuflTrages  des  Docteurs  qui  n'a. 
voient  point  alors  voulu  le  décider.  En  eflet  ,  le  parti  des  fauteurs  de  l'infer» 
lion  a  prévalu  en  France  ;  cette  pratique  cft  devenue  aflez  générale:  mais  les 
mécrêans  n'ont  pas  moins  les  yeux  ouverts  fur  \ef  fuites  qui  peuvent  en  réful- 
ter,  &  ils  attendent  que  le tems  les  ait  éclairés,  pour  fe  tirer  de  l'indécifion  oii  ils 
font  encore, 

IVIais  tout  ce  qu'on  a  dit  ou  écrit  contre  l'Inoculation,  ne  l'a  point  empêché 
de  s'étendre  dans  prelque  tous  les  Etats  de  l'Europe.  On  y  a  permis  de  la  pra. 
tiquer  hors  de  Tenceinte  des  villes  ;  on  y  a  même  defliné  des  Hôpitaux  pour 
ralFcmbler  les  inoculés.  L'Impératrice  Reine  Apoftolique  n'a  pas  craint  de  foU' 
mettre  â  ceite  opération  l'Archiduc  Maximilien  &  l'Archiduchefiè  fa  petite  fille; 
la  Noblcfle  de  Bruxelles  a  faivi  cet  exemple  à  l'égard  de  fes  enfan?  ;  &  les  Pays- 
Bas  ont  été  au  moment  de  préparer  de  nouveaux  triomphes  à  la  petite  vérole 
ariificielle  ,  p^r  l'imprelfion  que  les  premiers  fuccès  ont  faite  fur  les  efprits.  La  fim- 
plicite  de  la  méthode  Sutionicnne ,  l'inutilité  reconnue  des  anciennes  précautions  , 
le  décri  de  ces  attentions  mcfurécs  fur  lefquelles  on  avoit  établi  la  réuflite  de 
l'opération  ;  tout  cela  Itmbloit  devoir  en  étendre  la  pratique  dans  nos  Provin- 
ces. Mais  le  peuple,  li  aifé  d'ailleurs  à  donner  dans  les  nouveautés,  n'a  point 
encore  adopté  cette  manière  de  prendre  la  petite  vérole,  parce  que  cette  mala- 
die n'eft  point  ordinairement  meurtrière  dans  les  Pays-Bas  ,  &  qu'elle  y  règne  à 
des  intervalles  afTcz  éloignés  ,  pendant  qu'elle  ne  cefle  jamais  dans  les  villes  où 
l'Inoculation  a  pris  ftiveur. 

La  pefanteur  d'efprit  que  des  nations  plus  vives  reprochent  aux  Belges ,  n'eft  chez 
eux  que  réflexion.  Accoutumés  à  pefer  le  pour  &  le  contre  des  chofes  ,  avant 
que  de  fe  décider ,  il  leur  refte  un  doute  qui  les  éloigne  de  la  pratique  de  Mn- 
fertion.  ils  ont  appris,  par  l'expérience,  que  la  contagion  qui  a  infefté  le  fang 
dans  la  petite  vérole ,  doit  produire  à  la  peau  un  nombre  de  puftules  néceffaires 
à  la  dépuration  ;  mais  fans  donner  dans  les  erreurs  du  régime  chaud  qui  multiplie 
ces  puftules  &  rend  la  maladie  plus  fâcheufe  ,  ils  ne  peuvent  fe  mettre  en  tête 
qu'un  Inoculateur  foit  le  maître  de  borner  l'éruption  des  puftules  par  Pair 
froid  ,  dans  le  )uel  il  tient  les  perfonnes  qu'il  foumet  à  l'opération.  Le  peuple  fe 
révolte,  quand  on  lui  dit  qu'il  faut  bien,  pour  l'honneur  de  l'Inoculation,  af- 
fujcttir  les  malades  à  ne  refpirer  qu'un  tel  air  ,  parce  que  fans  cela  ils  auroient 
autant  de  puftules  que  dans  la  petite  vérole  naturelle.  Telle  raifon  qu'on  lui 
apporte  pour  démontrf  r  la  néccflîté  de  ce  procédé ,  il  ne  cède  point  encore  aux" 
remontrances  qu^on  lui  fait  fur  l'entêtement  qu'il  montre  à  fe  refufer  à  une  pra- 
tique ,  dont  tant  de  nations  font  l'éloge.  Il  voudro.t  qu'on  lui  donnât  des  afiu- 
ranccs  que  l'Infertion  ne  fait  périr  perfonne  ,*  qu'au  moins  elle  ne  défigure  ja- 
mais ceux  qui  s'y  foumettent  ,  &  qu'elle  les  garantit  à  toujours  de  l'invafioa 
de  la  petite  vérole  naturelle.  Le  peuple  demande  trop  ;  on  lui  alFure  la  rareté 
des  rechûtes  ,  des  difformités   fit    des  vidimes  ,   &  il  n'eft   pas  fatiffait.  Il  craint 


I 


TIN        TIR  405 

d'être  compris  dans  ce  nombre  rare  ;  il  poufTe  itîême  fon  opiniâtreté  à  réfifter  à 
l'Inoculation  ,  jufqu'à  vouloir  cbicrver  J-  cette  pratiqi  e  ne  portera  à  la  longue 
aucune  atteinte  à  la  fanté  de  ceux  qui  .«'y  f)nr  livrés.  Tels  font  les  hom- 
mes dans  nos  Provinces  ;  plus  riirpotés  que  bien  d'autres  à  adopter  le  ton 
les  modes  &  tout  ce  qui  tient  à  la  Frivolité  de»  nations  voifines  ,  ils  n'aiment 
pas  de  quitter  les  vieux  ufages  en  ce  qui  touche  leur  conftitution  phyfique  & 
civile. 

TINCTORIUS  C  Chriftophe  )  naquit  en  Prufle  le  7  Novembre  1604.  Il 
étudia  la  Philofophie  à  Konigsberg ,  &  après  y  avoir  été  reçu  Maître-ès  -  Arts 
le  15  Avril  1632,  il  voyai^ea  en  Hollande  ,  en  Angleterre  &  en  France,  &  vint 
prendre  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine  à  Baie  en  1635.  L'année  fuivante 
on  lui  donna  la  féconde  Chaire  de  la  Faculté  de  Konigsberg,  d'où  il  pafla  à  la  pre- 
mière en  1655.  Il  éToit  Médecin  du  Roi  de  Pologne  &  de  l'Eleéieur  de  Brande- 
bourg, lorfqu'il  mourut  le  !•;  Avril  i6b2.  On  n'a  de  lui  que  des  Diflertations  Aca- 
démiques  ,  dans  une  defqueiles  i!  s'étend  iur  la  maladie  qui  attaqua  tous  les 
écoliers  d'une  même  maifon  en   1649. 

TIRAQUE4U  ,  (  André  )  de  Fontenay  le-Comte  ,  ville  de  France  en  Bas- 
Poitou  ,  fut  d'abord  Lieutenant  Civil  dans  fa  patrie  ,  &  enfuite  Confeiller  au 
Parlement  de  Bordeaux  ,  d'où  il  pafTa  à  celui  de  Paris.  Il  mourut  dans  un 
âge  très-  avancé  en  1558,  &  fat  père  à  vingt  enfans ,  engendrés  d'un  légitime  ma- 
riage. Il  ne  buvoit  cependant  que  de  l'eau.  Cet  exemple  détruit  bien  le  préjueé 
qui  fait  croire  à  tant  de  perfonnes  que  cette  boiffon  ,  que  la  nature  a  préparée 
pour  notre  ufage  ,  affoiblit  les  forces  de  Tefprit  &  du  corps;  car  Tiragueau  rem- 
plit encore  Iès  devoirs  du  Barreau  &  s'occupa  conOamment  du  travail  du  Cabinet 
d'où  lont  fortis  plulieurs  favans  Ouvrages.  On  a  dit  de  lui  qu'il  donnoit  tous  les  ans 
un  enfant  &  un  Livre  à  l'Etat  ;  penlée  qu'on  a  rendue  par  l'épitaphe  fui- 
vante : 

Hic   jacet 

Q^ui  aquam  bibendo  , 

f^igintt  Uberos  fufceptt.^   vi^inti   libroi    edidlt  ; 

Si  merum   bibijfet , 

Totum  orbem    implejfet. 

F'ander  Lindm  &  Manget  placent  Tiraqueau  dans  le  Catalogue  des  Ecrivains  en 
Médecine,  parce  qu'il  a  parié  de  cette  Science  dans  le  Chapitre  XXXI  de  fon 
Traité  De  Kobilitate.  Il  y  difcute  les  points  fuivans  :  ^n  ^rs  Mediclna  KobUhatl 
deroget  ?  San&i  qui  Medxi  aut  MeJ/cinâ  ulî  fmt.  j4ngdi  MedicL  Imperatores  Medici. 
Ke%es  Medici.  Summi  Pundfices  MeJici.  Pnètte  Medici.  Philofophi  Mddici.  Medicameti' 
torum  ^  fecundùm  omnes  quai  t  nés .,  vires  alphabeti  ordine.  Medicoram  par  alphabetum  no- 
menclatara.  Veterlnaril  Medici.  Ftemina  Medica.  Qu£  contra  Medlcos  dlci  foknt  & 
poffuni.  Rcfponfio  cd  objeSta.  Ce  Traité  fut  imprimé  à'Sâle  en  1561 ,  in-folio  i  à  Lyon 
€D  1602,  même  format. 


406  1'    I    S 

TISSOT,  es.  A.  D.)  Doaeur  &  Profeflbur  en  Médecioe  dans  le  Collège  de 
Lauranne ,  ville  de  Sui/Te  au  Canton  de  Berne  ,  naquit  en  1728.  Il  étudia  à 
Montpellier  depuis  1746  jurqu'en  1749,  &  après  y  avoir  pris  le  bonnet,  il  retourna 
dans  fonpays,  où  il  le  diftingue  aujourd'hui  par  les  heureux  iuccès  de  la  pratique» 
ainfi  que  par  les  beaux  Ouvrages  qu'il  donne  de  tems  en  tems  au  public.  Ses  talens 
lui  ont  ouvert  l'entrée  de  la  Société  Royale  de  Londres,  de  l'Académie  Phyfico- 
Médicinale  de  Ijâle  &  de  la  Société  Economique  de  Berne;  mais  ce  qui  achevé 
fon  éloge,  c'eft  qu'i!  a  mérité  l'eftime  du  célèbre  Di  Huiler,  ce  bon  juge  des 
hommes  précieux  à  l'humanité  par  leurs  connoiffances   dans  l'Art    de  guérir. 

M.  Tijjot  ne  s'eft  point  borné  à  Ja  tradudion  des  Ouvrages  d'autrui ,  il  en  a 
^onné  un  plus  grand  nombre  de  fa  façon.  Voici  le  catalogue  des  uns  &  des  autres  : 

L'Inoculation  jufilfiée  ,  Dijfenation  pratique  &  apologétique  fur  cette  méthode  ,  avec  un 
EJJai  far  la  mue  de  la  voix.  Laufanne  ,  1754  ,  fn-12. 

Dijfertatlon  fur  les  parties  irritables  &  fenfibles  des  animaux.  Laufanne,  1757,  ùuia. 
Elle  eft  traduite  du  Latin  de  M.  De  Haller. 

Mémoires  fur  le  mouvement  du  fang  &  fur  la  effets  de  la  faignée.  Laufanne  ,  i^Sf  , 
in-ia.  D'après  le   même  Auteur. 

Differtatio  de  febribus  biliojîs ,  feu,  Hiftoria  Epidémie  billofui  Laufanaenjts  anni  1755- 
Laufannte^  1758,  in-8,  avec  le  Tentamen.  de  morbis  ex  manujlupratione.  Lovanii^  1760» 
in-b.  La  féconde  pièce  a  été  mife  en  François,  fous  ce  litre:  VOnanifme^  ou 
Differtation  Physique  fur  les  maladies  produites  par  la  mafiurbation.  Laufanne,  1760, 
1764,  in.i2.  Paris,    1769,  /«-12. 

Lettre  à  M.  De  Haen  en  réponfe  à  fes  quejîions  fur  V Inoculation.  Vienne ,  1759  ,  i/i-8. 
Laufanne ,   1765  ,    in-12. 

J.  G.  Zimmermanno  ^  de  morbo  nigro ,  fchirris  vîfcerum  ,  cephakâ  ,  inoculatiom,  irri- 
tabilitate^  cum  cadaverum  fe&ionibus.  Laufanna^  1760  ,  1765  ,  m-i2.  Lovanii,  1764  ,  tn-i2. 

./ilb.  Hallero ,  de  variolis,  apoplexiâ  &  hydrops.  LaufanniS,  1761  ,  1765,  in-12.  io- 
vanii,,  i?64>  '«-12.  On  a  recueilli  à  Laufanne  les  Opulcules  Latins  de  M.  Tiffot^ 
Î770  ,   in-12.  Il  y  a  aulli  des   éditions   de  Paris  de   ces  Opufcules. 

uivis  au  peuple  fur  fa  fanté.  Laufanne  ,  1761  ,  t/1-12.  Paris,  1763  ,  ini-2,  avec  des 
augmentations  par  M.  Le  Bègue  de  Prejle.  Paris,  1764,  i/i-12  ,  fuivant  l'édition 
augmentée  par  l'Auteur.  Encore  Paris,  1767,  /n-ia,  avec  deux  nouveaux  cha- 
pitres ,  l^un  fur  l'Inoculation  ,  &  l'autre  fur  la  fanté  des  perfonnes  valétudinaires. 
Mais  ce  ne  fut  point  feulement  à  Laufanne  &  à  Paris  qu'on  imprima  i'^vis  au 
peuple i  il  parut  en  Allemand  à  Zurich,  de  la  tradudlion  de  M.  Hir^el,  premier 
Médecin  de  ce  Canton.  On  a  encore  deux  autres  traduirions  en  Allemand.  M. 
Blkker  ,  célèbre  Médecin  de  Roterdam,a  mis  le  même  Ouvrage  en  Hollandois.  Il 
a  auffi  paru  en  Italien.  En  un  mot ,  en  moins  de  fjx  ans ,  il  s'eft  fait  dix  éditions 
Françoifes  de  ce  Traité ,  &  fept  verfions  en  différentes  Langues  de  l'Europe. 
Comme  il  étoit  fufceptible  de  ^jeaucoup  d'augmentations ,  il  a  été  imprimé  en 
François  à  Laufanne,  1770,  deux  volumes  in-11. 

Differtation  fur  Vinutilité  de  V  amputation  des  membres.  Paris,  17(54,  tn-12.  M.  Tiffot 
2  traduit  cette  pièce  ,  du  Latin   de  BUguer^  avec  des  notes  de  fa  façon. 

Latre  à  M.  Hir^el  fur  quelques  critiques  de  M.  De  Haen,  Laufanne,    1765,  Ô1-12, 


T    I    T  40? 

Lettre  à    ^immermann  fur  V Epidémie   courante.  Lsufanne ,  1^5,  ia-l2. 
De  valaudine    Litteratorum.   Laufanna ,  1766,  i/i- 8.    En    François,   Tous    le  titre 
6'uins  aux  gens  de  Lettres  fur  leur  famé.  Paris,  1768,  in-li.  Laufanne,  1770,  ira-b'. 
C'ell   lé  Dilcours    inaugurai    qu'il    prononça  le   9  Avril  1766,  en  prenant  pofief» 
fion  d'une  nouvelle  Chaire  de  Médecine  dans  le  Collège  de    Laufanne. 

Ouvrages  divers   en  Latin  fif  en  François.  Paris  ,    1769  ,  &  fuiv. ,  huit  volumes  in-l2. 
On   a    réuni   ia  plupart  des  Ouvraa;es  de  M.   Tijfit  dans    cette  coUeftion. 

EpijMts   MediCû-PraciiciS ,  aucfte  &  emendatts.  Laufanna,   1770,  in- 12.    C'eft  encore 
un  recueil  des  Ecrits   de  ce  Médecin. 

Traiié  de  rEpilepfie ,    fàifant  le  Tome    troifieme  du   Traité  des  nerfs    &  de  leurs 

maladies.  Paris,  1770,  in-11.  Des  railbns  particulières  ont  engagé   M.  Tif[bt  à  faire 

paroître   cette    partie   de    l'Ouvrage   avant    celles   qui    dévoient    naturellement    la 

<■     précéder.  Le  Traité  des  nerfs  &  de  leurs   maladies  doit  être  en  fix  volumes  in-iz. 

EJjai  fur  les  maladies  des  gens  du  monde.  Laufanne  ,   chez  François  Gradet,    Paris, 

1771  ,  in-i2.  Cette  édition  eft  la  troifieme. 

L'^4vls  au  peuple  &  les  traductions  qu'on  en  a  publiées,  font  preuve  des  fenti- 
mens  d'humanité  dont  le^  Médecins  fe  piquent.  Cet  Ouvrage  les  juHifie  encore 
du  reproche  qu'on  leur  fait  li  fouvent,  de  jetter  un  voile  myftérieux  fur  la  pra- 
tique de  leur  Art,  pour  la  cacher  au  public.  ,11  n'y  a  aujourd'hui  que  trop  de 
Livres  de  Médecine  en  Langue  vulgaire.  Celui  de  M.  Tijjot  mérite  d'autant  plus 
qu'on  l'excepte  de  la  condamnation  qu'on  pourroit  porter  fur  plulieurs  autres , 
que  cet  Auteur  y  développe  les  principes  de  l'Art  avec  la  fimplicité  qu'il  conve- 
noit  d'y  mettre  pour  qu'on  puiffe  aifément  les  faifir.  C'eft  aux  hommes,  à  qui 
cet  Ouvrage  eft  adreffé ,  à  en'  tirer  un  parti  qui  foit  conforme  au  but  de  ce 
Médecin. 

Dans  le  tems  que  les  premières  éditions  de  V Avis  au  peuple  fe  répandoient  dans 
le  public,  la  Gazette  de  Hollande  rapporta  une  anecdote  qui  fait  trop  d'hon- 
neur à  M.  Tijfot ,  pour  la  paifer  fous  iilence.  Il  y  eft  dit  que  ce  Traité  infpira 
de  fi  grands  fentimens  de  reconnoiflance  aux  habitans  de  la  campagne  dans 
l'Etat  de  Genève  ,  qu'ils  folliciterent  la  Régence  de  cette  Répub'ique  d'accorder 
une  peniion  à  fon  Auteur ,  en  récompenfe  des  loins  qu'il  avoir  pris  pour  la  con- 
fervation  des  hommes  qui  ne  font  point  à  la  portée  des  Médecins.  Leur  requâte 
fut  appointée  ;  les  Magiftrats  ne  voulurent  point  céder  en  générofité  à  tout  un 
peuple  qui  n'avoit  que  des  vœux  &  des  fentimens  à  préfenrer  au  bienfaifsnt  Tijfor. 
Ce  trait  eft  bien  flatteur  pour  lui  ;  il  reçut  cette  marque  d'efiime ,  fans  y  avoir 
penfé.  Mais  il  en  reçut  une  autre  de  la  part  de  la  Chambre  de  fanté  du  Canton 
de  Berne.  Elle  lui  lit  remettre  une  médaille  peu  de  tems  après  la  publication  de 
fon  .Avis  au  peuple  ,  avec  une  lettre  par  laquelle  elle  l'aflure  de  la  fatisfaflion  que 
ce  Livre  lui  a  cauiée.  C'eft  l'Auteur  lui-môme  qui  rapporte  cette  deuxième  anec- 
dote dans  la  préface    de    l'édition  de  Laufanne  de   1762. 

TITIUS  ,  (  Simon  )  Doreur  en  Philofophie  &  en  Médecine  ,  étoit  de  Wei- 
mar  dans  la  Thuringe,  Il    enfeigna    dans    l'Univerfité  de    Konigsberg   depuis   1553  • 

jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  1579  ,  à  l'âge  de  55  ans.  Tinus  a  encore  rempli  la 
charge  de  Médecin  du   Duc    de  Saxe-  Weimar  ,  &  celle  de  diredeur  des   études- 

d' Albert-Frédéric  ,  Prince  héréditaire. 


Ao3  TOCTOITOL 

11  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Michel  Titlus  qui  naquit  le  28 
Septembre  1614  près  de  la  ville  de  Brandebourg  dans  la  moyenne  Marche.  Com- 
me il  partagea  fon  tems  entre  la  Théologie  &  la  Botanique  ,  &  fit ,  en  particu- 
lier ,  de  grands  progrès  dans  l'étude  de  la  dernière  ,  l'Eledeur  ,  Ion  Souverain  , 
le  chargea  de  travailler  au  recueil  des  plantes  qui  croifîènt  dans  la  Prufle.  Il  s'ac- 
quitta fi  bien  de  cette  commiflion  ,  que  la  Faculté  de  Médecine  de  Konigsberg 
l'invita  à  enfeigner  publiquement  la  Botanique  dans  fes  Ecoles,  quoiqu'il  n'y  eût 
pris  aucun  grade.  Titiys  mourut  le  17  Février  1658  ,  &  laiflà  un  Catalogue  des 
plantes  du  Jardin  Eleftoral  de  Konigsberg ,  qui  fut  imprimé  dans  cette  ville 
en  1651. 

TOCKLElt ,  f  Conrad  )  de  Nuremberg  ,  reçut  le  bonnet  de  Doifïeur  en 
Médecine  à  Leipfic  en  15 n.  L'année  fuivante  ,  il  fut  revêtu  de  la  dignité  de 
Redteur  de  l'Univerlité  de  Cette  ville  ;  on  croit  même  qu'il  y  fut  nommé 
Profelfeur.  11  '  mourut  en  célibat  le  10  Novembre  1530,  &  comme  il  fe  trouva 
fans  héritiers  qui  lui  appartinllènt  de  bien  près,  il  légua  tout  ce  qu'il  poffédoit 
à  l'Académie  de  Leipik ,  à  charge  d'y  fonder  une  Leçon  de  Phyfiologie ,  qui 
fubfifle  encore  fous  le  nom  de  Tockkria  ou  Norlca.  Le  Profelfeur  qui  remplit 
cette  Chaire,  eft  prépofé  à  la  cure  des  véroles  qu'on  reçoit  dans  l'Hôpital  de  la 
même  ville. 

TOIGNARD,(  Antoine  &  Jean  )  frères  ,  tous  deux  natifs  de  Clerroont  en- 
Argonne  ,  petite  ville  de  France  dans  le  Verdunois  ,  étoient  Médecins.  Le  pre- 
mier a  compofé  un  petit  Livre  fur  les  Eaux  de  Pjombieres  ,  qui  eft  rare.  11  fut 
imprimé  à  Paris  en  158 1  ,  in- 16,  fous  le  titre  d'Lntlir  difcours  de  la  vertu  &  pro- 
priété des  Eaux  de  Plombières. 

L'un  &  l'autre  étoient  fort  unis  avec  les  frères  Antoine  &  Nicolas  Le  Pois  ;  & 
Jean.  Toignard  ,  pour  témoigner  à  celui-ci  combien  il  approuvoit  le  Livre  qu'il 
vouloir  publier  ,  lui  adrelTa  des  Vers  Grecs  &  Latins  qui  fe  trouvent  à  la  tête 
de  l'Ouvrage..  Les  deux  Toignard  étoient  fi  attachés  à  leur  patrie,  qu'ils  en  pre- 
noient  toujours  le  nom  ;  ils  ajout  oient  Medicus  Clanmontanus  à  leur  lignature.  An- 
toine a  cependant  pallé  une  partie  de  fa  vie  au  fervice  de  Charles  III,  Duc  de 
Lorraine ,  dont  il  étoit  Médecin  ordinaire.  Ce  Prince  lui  témoigna  l'eftime  qu'il 
faiibit  de   fes  talens  par   des  Lettres  d'ennobhfferaent  du  12  Mars  1562. 

TOLET ,  (  François  )  Chirurgien  de  la  ville  de  Paris  ,  fa  patrie  ,  gagna  la 
maîlrife  dans  l'Hôpital  de  la  Charité.  Il  fe  fit  beaucoup  de  réputation  par  fes  ta. 
lens,  &  fur-tout  par  fon  adrelfe  à  tailler  ceux  qui  étoient  attaqués  de  la  pierre. 
On  a  de  lui  un  Ouvrage  fur  cette  opération  ,  qui  eft  intitulé; 

Traité  de  Lithotomie  ou  de  Vextracîion  de  la  pierre  hors  de  la  vejjle.  Paris  ,  1681  , 
1682,  1689,  1708,  1718,  1722,  m-12.  En  Ai:glois,  Londres,  16B3  ,  /n-8,  En  Fran- 
çois ,  La  Haye  ,  i686  ,  in-iz.  En  Hollandois  j  Utrecht  ,  1695  ,  f/i-8  En  Al- 
lemand ,  Hannovre  ,  1695  ,  m-8.  Wéfel ,  1700  ,  in-8  ,  en  la  même  langue.  La 
rapidité  avec  laquelle  ces  éditions  fe  font  multipliées  ,  eft  une  preuve  de  l'accueil 
que  le  public  a  lait  à  ce  Traité.   L'Auteur  y  a  mis  autant  d'ordre  &  de  précifion 

<jue 


T    O    L  4c9 

que  de  clarté.  Il  parle  des  trois  mcthodes  connues  de  fon  tems,  c'eft-à-dire  du 
haut,  du  petit  &  du  grand  appareil  ;  mais  comme  le  premier  n'étoit  guère  goûté  des 
Chirurgiens ,  il  étoit  aufli  bien  moins  pratiqué  que  les  deux  autres.  ToUt  mourut  à 
Paris  le  9  Août  1724  ,  à  l'âge  de  -7   an?. 

Pierre  Tolet ,  IVîédecin  du  gri.nd  Hôpital  de  Lyon,  fut  en  eftime  vers  l'an  1534. 
Il  eft  auteur  des  Ecrits   luivans  : 

appendices  ad  opufculum  Pauli  Bagellardi  de  mcrbls  pucrorum.  Lugduni  ,  1538  > 
jV8.  ,  . 

Paradoxe  de  la  faculté  du  vinaigre.  Lyon  ,   154g  ,  i/i-S. 

^âfiO  judicialis  ad  Seaatum  Lu^dunenfem  in  Un^ueniarios  pejîilentes  &  no&urnos  fares, 
Lu^duni  ,  1577  ,  jra-8. 

F'erta  de  la  racine  de  ITnde  de  Méchioacaa,  proprement  nommée   Rhaindice.  in-8. 

TOLETANUS,  CGerard  )  Pbilofophe  &  Médecin  ,  étoit  de  Crémone.  II  fe  d!f- 
tingua  dans  le  XVI  fiecle  par  fon  érudition  ;  &  comme  il  travailla  ,  ainfi  que 
réfale  &  Torinus ,  à  mettre  les  Ouvrages  de  Rhaiès  en  Latin  ,  il  contribua  à  la 
tradudion  des  meilleurs  morceaux  de  ce  Médecin  Arabe  ,  qui  partt  à  Bâle  eo 
1544  >  in-folio. 

TOLL,  C  Adrien  J  Doreur  &  Profeffeur  de  Médecine  en  l'UniverGté  de 
Leyde  ,  la  patrie,  mourut  de  la  pefle  en  163^.  11  s'eft  plus  occupé  à  écîaircir  les 
Ouvrages  d'autrui  par  fes  notes  &  fes  oblervations ,  qu'à  travailler  à  ceux  qu'il 
auroit  pu  compofer  lui- môme.  Tout  ce  que  nous  avons  de  lui,  fe  réduit  aux  édi- 
tions  fuivantes: 

Galeni  in  Hippocratis  ^phorifmos  Commentaria ,  ex  interpretaûone  Foëjii  &  Plantii. 
Lugduf.i  Batavorum  ,    1633,    "i-'2,   avec  des  notes. 

Obfervationes   in  praxim    auream  Joannii  Scockeri.   Ibidem^  '^34»    '657,    in-il. 

Commentarium  in  Hijîoriam  gemnarum  &  lapilum  Anfelmi  de  Boidt.  Tbidzm^  1636  ,/n-8. 
Jbldem,  1647,  m-S,  avec  un  Traité  de  Jean  de  Laet  fur  le  même  fujer.  Il  y  a  audi 
une  édition  Françoil'e  qui  parut  à  Lyon  en  1644,  in-8  ,  fous  le  titre  de  Parfait 
Joaillier  ,  ou  Hifioire  des  pierreries  par  ^nfelme  Bcëce  de  Boodt  ,  avec  les  annotations 
d'Adrien  Toll. 

TOLL ,    (  Jacques  J)  habile   Ecrivain  du  XVII    fieole  ,  étoit  d'un  village  de  la 
Seigneurie  d'Utrecht.  11  étudia  dans  l'Univeriité  de    cette   ville,    &  lar  la  recom- 
mandation  de   Gronovius  f  de  Grav.us  &  de  quelques   autres    Sav^ins ,  il    entra   au 
fervice  de  Nicolas  Hdnfîus ,  en  qualité  de  Secrétaire  ,  &  Kt  plulieurs  voyages  avec 
lui.  Son   maître    lui  remarqua  du  génie   &  ne   manqua    pas  de    cultiver  les  dilpo- 
fitions   qu'il  avoit  à  l'étude    des  Belles-Lettres  i  mais  il  eut  bien  Ai  lieu  d'être  mé- 
content   de    fa    conduite  ;   comme    il    s'apperçut    qu'il    continuoit    à   lui    voler  fes 
papiers,  il  le  congédia.  TAl  reprit  le  chemin  de  la  Hollande  &  fe  rendit  \  Utrecht, 
cù  il  fit  fon  cours  de  Médecine  qu'il  finit  par  la   prife  du  bonnet  de  D>é\eur    Peu 
de  tems  après ,  il  fut  nommé  Redeur  de  l'Ecole    de    Goude  ;  mais  l'infok nce  de 
les  d  fcours   lui  fit  ôter  cet  emploi.  Ce  traitement  bien  mérité   le  piqua  au  vif;  il 
fortit  de  cette  ville  &  alla   cacher  fa  honte  à  Norwich  dans  la  Province  de  Nor- 
T  0  ME    IV.  F  f  f 


L 


4IO  ,  T    O    M 

fûick  en  Angleterre ,  où    il   enfeigna  la  jeunefie  &  fe  mêla  de  la    pratique    de  la 
Médecine.   La  peine  qu'il  eut  à  fubfifter  dans  cette  ville,  lui  Ht  taire  bien  des  ré- 
flexions fur  la  conduite  qu'il  avoit  tenue  en   Hollande;  il  fone;ea  lérieulVmtnt  à    fe 
corriger;  il  donna    même    tant  de  preuves  de    Ion    amendement,   lorlqu'il   Fut  de 
retour  à  Leyde  ,  qu'on  lui  accorda  la  charge  de  direfi:eur  de  l'Ecole  d'HumanitPs, 
&  que  dans  la    fuite  on  rendit  de  lui  un  témoignage  fi  avantageux,   qu'il  obtint  la 
Chaire  d'Hiftoire ,  d'Eloquence  &  de  Langue  Grecque  à  Duisbourg  dans  le  Duché 
de  Cleves.    Il  ne   la  remplit  que  peu  d'années  ;  car  l'envie    de    voyager    lui   étant 
venue  en  tête,  il  pafla  en  Allemagne  &  en  Hongrie  dont  il  vifita  les  mines  &  les 
Bibliothèques ,  fe  rendit  enfuite   en  Italie,  où  il  embraflk  la  Religion  Catholique.  De 
retour  à  Utrecht ,  il    fe  mit  à    donner  des   leçons  privées;    mais    l'Univcrfité   lui 
défendit  de  les  continuer.  Dénué   de  tout   focours   &  manquant  de  refiburce  pour 
fa  fubfiftance  ,  il  traîna  une  vie  miférable    &  mourut  dans  la  plus  grande   pauvreté 
en   1696.   On    a  de  lui  un  Recueil  ibus    le    titre    û'LpJio'ts  /ùnerarite^.  une  édition 
è'Aufune^   une  de   L'ingin,  !n  quelques  autres  Ouvrages  curieux.  Ceux  qu'il   a  écrits-- 
fur   la    Médecine    fe    reffentent  de    Ion  goût    pour    la   Chymie  ,  &  de  fa  crédulité 
aux  fables    q^u'on   a  débitées  fur  l'origine  de   cette    Science.   Voici   les  titres  qu'ils- 
portent  : 

Fonuita  in  quitus^  prêter  cutica  nonnuUa ,  tota  fabularis  Hijîoria  Graca ,  Phanicîa, 
^gyptia  ad  Chaniam  penin&re  adfuritur.  uimftdodami ,  1687  ,  i/i-8.  Ce  Livre  contient 
beaucoup  de  corredlions  d'anciens  Auteurs,  des  réflexiotis  &  des  notes  fur  les 
mêmes  ,  &  en  particulier  ,   lur  ce    qui  a  rapport   à   la  Chymie. 

ManuduSil)  ad  Cœluni   Chemlcum    Ibidem,  1688,  m-8.  Le  même  en  François,  in-11, 
Sapientia   infaniens ,  feu ,    Promijfa    Chcmica  ad   Confuks    civitatis    uimftdeedamenfiS' 
Ibidem ,    i68g ,    in- 8. 

TOMITANUS  (  Bernardin  J)  ou  TOMITANO  ,  Médecin  &  Philofophe  origi- 
naire de  Feltri  dans  la  Marche  Trévifane  ,  naquit  à  Padoue.  11  fit  fon  cours  de 
Médecine  dans  cette  ville,  &  il  y  prit  le  bonnet  de  Dofleur  en  1531  ,  à  l'âge 
de  25  ans,  Tomitano  ne  manquoit  pas  de  l'avoir  ;  il  en  avoit  même  donné  des  mar- 
ques de  bonne  heure  par  quelques  pièces,  tant  en  profe  qu'en  vers  ,  qui  fervirent 
beaucoup  à  établir  fa  réputation.  Il  enfeigna  aflez  long-tems  la  Logique  dans  l'U- 
nivcrfité de  Padoue  ,  &  ce  fut  à  fon  école  que  plufieurs  grands  hommes  vinrent 
apprendre  l'art  de  raifonner,  entre  autres  le  Cardinal  Commendon  &?  Jacques 
Zabarella.  Ennuyé  de  répéter  fi  ibuvent  la  même  chofe  ,  il  fe  dégouta  de  fa  Chaire 
&  fe  préfenta  pour  en  remplir  une  autre  qui  vaquoit  dans  la  Faculté  de  Méde- 
cine; mais  on  ne  voulut  point  lui  accorder  fa  demande,  parce  qu'il  n'étoit  guère 
pollible  de  trouver  un  Profcffeur  de  Logique  qui  fît  autant  d'honneur  à  fon  emploi. 
Ce  refus  le  mit  de  mauvaife  humeur;  il  quitta  abibluraent  l'Univcrfité  en  isG;^  , 
&  telles  inflances  qu'on  lui  eût  faites  pour  y  reprendre  fes  exercices,  on  ne  put 
jamais  venir  à  bout  de  l'engager  à  défifttr  du  parti  qu'il  avoit  pris.  Il  perfifta  dans 
la  rélolution  de  ne  plus  s'occuper  que  de  la  pratique  de  la  Médecine  ,  &  palTa 
le  refte  de  fes  jours  dans  cette  tranquillité  que  procure  l'amour  des  Lettres.  Sans 
defir  ,  comme  fans  ambition,  content  de  fon  état,  il  mit  toute  fa  gloire  à  fe  rendre 
sgréable  à  fes  amis  &  officieux  envers  ceux  qui  avoient   recours  à  lui. 


T    O    N         T    O    R  4M 

Tomltano  mourut  de  la  pefte  en  isj'ô ,  à  l'âge  de  j'O  aos.  Il  la'ffa  à'EUfabetk 
.ZempcJ'cki ,  fon  époufe  ,  un  fils  unique  ,  nommé  Donat ,  qui  eft  mort  l'ans  poltérité. 
Quant  à  fes  Ouvrages,  la  Médecine  n'en  a  pas  tiré  grand  parti;  à  peine  mérirent- 
ils  qu'on  en  fafTe  mention,  car  l'ennuyéuie  fécondité  du  Dialecticien  qui  entafle 
argumens  fur  argumens ,  en  rend  la  kfture  inlbutenable.  Parmi  ces  Ouvrages,  on 
remarque  ceux  intitulés  : 

argumenta  quatuor  In.  novem    qutejîta    y^verro'is   demonflratlva. 

Jn    u^verroë   &  ^rlftoteh   contradicllonum  foIution.es. 

De  Morba  Gallico   Libri  duo.    Ils  font  remplis  de  qutftipns   frivoles  &   inutiles. 

TONSTALL  (  George  )  naquit  vers  l'an  1616  dans  la  Province  d'Yorck  en 
Angleterre.  Il  fut  reçu  Bachelier  en  Médecine  à  Oxford  le  2  Avril  1647.  Appa- 
remmem  qu'il  continua  le  cours  de  fes  études  &  qu'il  obtint  les  grades  ultérieurs, 
or  il  prend  le  titre  de  Douleur  dans  un  Ouvrage  iur  les  eaux  de  Scarbouroug  ; 
ijui  parut  en  Anglois  l'an  1672. 

TOliELLA  C  Gafpar  )  naquît  â  Valence  en  Efpagne  d'un  père  qui  exerçoit  la 
Médecine  avec  diftinci^ion.  Lui-même  fe  lit  recevoir  Docteur  en  cette  Science  » 
ainfi  que  les  deux  frères  aines,  &  il  montra  tant  d'habileté  dans  fa  profeflion  , 
qu'il  parvint  à  la  plus  haute  eftime.  Il  eut  beaucoup  de  part  à  l'amitié  du  Cardi- 
nal Roderic  de  Borgia,  qui  fut  nommé  en  1455  à  l'Archevêché  de  Valence  par 
Calixte  m,  fon  oncle,  &  qui  fuccéda  en  1492  au  Pape  Innocent  VIII,  fous  le 
nom  d'Alexandre  VI.  Torella  obtint  de  lui  la  charge  de  Médecin  ordinaire  peu  de 
tems  après  fon  exaltation,  &  Jules  II,  qui  fuccéda  à  Pie  III  le  premier  Novem- 
bre  1503  ,  le  nomma  auflî  au  même    emploi. 

Comme  Torella  étoit  Clerc,  il  tira  bon  parti  de  la  proteflion  de  la  "Cour  de 
Rome  ,  pour  s'avancer  dans  l'état  eccléfiaftique.  Il  dit  lui-même  ,  dans  la  préface 
de  fon  Traité  de  la  vérole  imprimé  en  1497 ,  qu'il  y  avoir  déjà  dix  ans  qu'fl 
étoit  attaché  à  cet  état;  mais  on  ne  fait  point  au  jufte  en  quelle  année  il  fut  facré 
Evoque  de  Sainte  Juftine  par  Alexandre  VI;  on  affure  cependant  que  ce  fut 
^vant  1497.  Cet  Evôohé  eft  en  Sardaigne  fous  la  Métropole  d'Oriftagni  ;  &  quoi» 
qu'il  eût  été  fuppriraé  en  1504,  pour  être  joint  à  l'Archevêché  de  cette  dernière 
Tille  ,  Torella  en  retint  toujours  le  titre.  Il  le  prit  encore  au  Concile  de  Larrao 
auquel  il  aflifta  en  1512,  fous  Jules  11.  Je  pafle  maintenant  aux  titres  des  Ouvra- 
ges de    ce  Médecin  : 

Judicium  générale  de  ponentîs ,  prodigils  &  ojlentls.  Roma ,  ou  félon  d'autres ,  Ter- 
gemfie ,  1477,   m.4. 

Tracfatui  cum  confilils  contra  Padendagram ,  Jîve  ,  Mirbam  Galllcum.  i?om<e,i497, 
in-4. 

Didlogus  de  dolore  ,  cum  Traclatn  de  ulcerlbus   in   pudendagra   evenire  folitls.  Ibidem  , 

1499.  lordla  eft  un  des  premiers  Ecrivains  qui  aient  donné  des  hiftoires  fuivies  fur 

le  traitcmi'nt  des  perfonnes  attaquées  de  la  Vérole,  &  li  l'on  en  peut  croire  yijlruc  ^ 

\\  employoit  le  mercure  dans   Ci    traitement. 

De  tsgritujine  ovilld   ConJIlium.    Roma  ,  i  ^05. 

De  regimine  feu  prafervatione  fanitatis ,  de   efcukntis  &  poiukntii   Dlalogus.  JHomis  , 


414  T    O    R 

1506  t  £«-4.  On  lit  ces  mots  à  la  fin  de  l'Ouvrage  .•  Finit  Dlalogus  pro  re^lmtne  fani 
tatis  valdè  utilis  ,  editus  à  Magijîro  Cafpare  Tordla ,  natione  P'alintinà  ,  Epifcopd  Sunc- 
ta  Juft£ ,  ac  S.  S.  D.  N.  Jul'u  II   Medicô  ac  Pralatô  Domejllcô ,  cum  quo  modum  cog~ 
nofcendi  coniflexiones ,  tàm    ejcukntorum  ,   quàm  potalentorum ,  docet.    ^anô    à   nativitatt 
Dom'ini  1506  inprejfus  per  Mugilirum  Joannem  Bejîcken, 

TORINUS,  (  Albanus  )  de  Winterthour ,  ville  du  Canton  de  Zurich,  prit  le 
bonnet  de  Doé^eur  en  MéJccine  à  Montpellier  ,  &  pratiqua  à  Bâie  vers  le  com- 
mencement du  XVI  liecle.  A  l'exemple  de  tant  d'autres  qui  s'occupoient  alors  de 
la  tradudtion  des  Auteurs  Grecs  &  Arabes  ,  il  publia  des  notes  fort  amples  fur 
Alexandre  Trallien  &  J^an  DamafcenCy  mit  en  Latin  les  Œuvres  de  Rhasés  ,  les  dix 
]jivres  De  re  culinarïa  de  délias  ^p'aius ,  le  Livre  de  finitate  tuendâ  de  Diodes  de 
Caryfte  ,  &  compofa  des  Commentaires  fur  les  Opulcules  de  Pulybe  ^  de  Tiiéophile 
&  de  PlUlarete.  On  a  auflj  de  lui  une  tradu6lion  des  Ouvrages  de  Paul  d'Egine, 
qu'il  fit  paroître  à  Bâle  peu  de  tems  avant  que  Gonthier  d'Andernach  publiât  1* 
iienne  à  Paris  en  1531 ,  in-folio.  Comme  celui-ci  critiqua  afiez  fcverement  la  ver- 
fion  de  Tjfinus ,  ce  Médecin  Suiffe  en  prit  de  l'humeur  &  mit  au  jour  une  Let- 
tre ,  lous  ce   titre  ; 

^d  clarijjinium  Dominum  Cuînterium  Joannem  ^ndernacum ,  Epi/îola  ^pchsettca  Al- 
bani  Tor,ni ,  quâ  calamnias  illius  impudentijjimas  refellit  ^  &  verjîonem  ejufdeni  Pauli 
Eg:ne[£  mendofam  ^  &  malâ  fide  natam  ojtendit,  Bafde£  ,  1539,  in  8.  Cette  Lettre  cft 
chargée  a'mvediives  grolîieres  ,  elle  eft  écrite  d'un  flyle  emphatique  &  remplie 
d'all^fions  puériles  aux  paliages  des  Anciens  ,  dont  Tarlnus  affede  de  fe  fervir 
fans  cefle.  Gontti'nr  ne  fit  aucune  réponfe ,  du  moins  direfle  ;  mais  cette  Lettre 
leule  juR\fie  tes  reproches  ,  auxquels  fon  adverfaire  ne  répond  que  par  des  récrirai* 
naiions ,  ou  en  convenant  qu'il  étoit  peu  verfé  dans  le  Grec ,  dans  le  Latin  &  dans 
la  Médecine,  quand  on  l'a  engagé  à  donner  fa  tradudtion  ,  qui  a  été  imprimée  i 
mefure  qu'il  la  compoloit.  Cet  aveu  ne  prévient  pas  en  faveur  des  autres  Ouvra* 
ges  de  Torinus  \  aulli  n'ont-ils  pas  obtenu  les    iuftrages  du  lavant  Haller. 

TORNAMIRA  ,  C  Jean  DE)  Médecin  François,  a  été  ainfi  appelle  du  liea 
de  fa  naiflance  ,  qu'^jîruc  loupçonne  être  Tornemire  dans  le  Kouerge.  On  convient 
que  c'étoit  un  des  plu»  favans  &  des  plus  habiles  IVJédecins  de  fon  tems.  Il  fut  Doyen 
de  la  Faculté  de  Montpellier,  dont  il  devint  Chancelier  dans  la  Ibite  ;  on  voit  même 
qu'il  occupoit  cette  dernière  charçje  en  1401.  Cette  date  ce  s'accorde  pas  avec  le 
fentimcctde  René  Moreau  qui  dit  <^\ie  Jean  de  Jirnamira  floriflbit  en  1450-,  il  étoit 
mort  alors ,  ou  il  vécut  fort  vieux.  Mais  /foif^ang  J'jJIus  fé  trompe  bien  davan- 
tage  ,  îorfqu'il  avance  que  ce  Médecin  vivait   en   1.^04- 

Le  principal  Ouvrage  de  Tomamira  cft  intitulé  ;  Clarif.cat'^rîum  fuper  nono  ad  -<fZ- 
man'orem^  cum  textu  ipfîus  Rhajîs.  C'eft  une  traduflion  de  l'Arabe  en  alTez  mauvais 
Latin,  avec  un  commentaire  fur  le  neuvième  Livre  de  Rhafîsii  Aimanfor.  Turaa- 
irdra  avoit  déjà  enl'eigné  pendant  dix» leuf  ans  dans  les  Ecoles  de  Montpellier  , 
lorlqu'il  y  di<Ra  ce  Traité  qui  renferme  une  pratique  générale  de  toutes  les  ma- 
ladies en  g'î  chapitres.  Il  y  en  a  différcnt-^s  éditions.  Une  de  Lyon  en  1490  ; 
une  autre  de  la  môme  ville  en  1501,  in-4 ,  à  la  fin  de  laquelle  on  trouve  un  Livre 
De  febribus  du  même  Auteur,  Degx  autres  de  Venife  en  1507  &  1521 ,  in  folio. 


T    O    R  413 

A  la  fin  de  la  Pratique  de  falefcus  de  Tarama  ,  connue  fous  le  n^m  de  Philo- 
nium,  on  rencontre  ordinairement  un  (ouvrage,  ions  le  titre  é'' IntrodnSforium  ai 
Prncticam  Medrine  ,  qui  eft  du  même  Jean  de  7'ornaniird.  On  lui  attribue  tncore 
Celui  intitulé  :  Commcntum  fuper  Galenum  de  interloribus. 

TORRjEUS,  (  George J  de  Li'Ie  en  Flandre,  prt  le  bonnet  de  DoiS^eur  en 
Médecine  à    Montpellier   en   1626.  Sa  Thefe  inaug;urale  eft  intitulée: 

Dj  PoJagra  Tkeorico-Pra^icis  Paihiones  ,  Medlcis ,  Medicinajue  Candidatis ,  pro  LaU' 
rea  ^^olllneâ  confeqaendâ  ,  amicte  ventilutlani  expojîtte.  Monfpelil ,  1626  ,  in-^.  L'an- 
née précédente  ,  il  avoir  paru  à  Francfort  une  pièce  du  même  Médecin  ,  fous 
le  titre  A'EpiUptica  conjîdsrado  ^  id  eft  ^  Morbi  Comuialis  quà  theorctica  ,  quà  praSUca 
medicina.  Jn  /^. 

TORRE.  (  Jérôme  DELL  A  ^  Voye^  TURRÏaNI. 

TORRINI,  CBarthélémi  )  premier  Médecin  de  Viaor-Amédée  II,  Duc  de 
Savoie  ,  étoit  au  icrvice  de  ce  Prrnce  vers  l'an  1675.  Comme  il  ne  manquoit  pas 
d'efprit ,  qu'il  avoit  une  grande  connoiffance  des  Belles-Lettres  ,  &  qu'il  brilloit 
par  l'éloquence  ptriuafiv'e  de  fes  difcour»  ,  il  ne  lui  lut  pas  difficile  de  fe  faire  efti- 
mer^  mais  la  profondeur  de  Pa  fcieace  dans  l'Art  de  guérir  le  lit  bien  autant  conli- 
derer  que  fes.  autres  talens.  Plus  attaché  à  la  doàrine  des  Anciens  qu'à  celle 
des  Modernes  ,  il  avoit  eu  quelque  dâlfein  d'écrire  des  commentaires  iur  les 
OuvragCi  des  premiers.  Il  ne  paroît  cependant  point  qu'il  ait  rempli  cette  tâche  ; 
car  à  peine  avoit-il  comaiencé  à  fentir  les  infirmités  de  l'âge  ,  qu'il  l'uccomba  à 
une  attaque  d'apoplexie.  Tout  ce  qu'on  a  de  lui  ,  fe  réduit  aux  Traités  fui- 
vans  : 

Parnajfus  triceps  ,  feu  ,  Mufarum  affiatus  Phyllairo-Mathematlcl  de  wyfteriis  Natura 
&  ^niy    ^■^ujta  I  aurlnorum  ,  1657,  in-fullo. 

uid  Francjium  l'elinum  yinacrîjis  in  eju/aem  paradoxum  de  fe&lonc  faph^n£  in  fup- 
prejjlone  meiiftruorum.  Ibidem  ,  1661 ,  m-b. 

TORTI,  (  François^  de  Modene  ,  enfeigna  la  Médecine  dans  les  Ecoles 
de  fa  ville  natale  ,  &  mérita  la  confiance  de  Renaud  ,  fon  Souverain  ,  qui  le 
nomma  premier  Médecin  de  fa  perionne.  Tortl  fi":  honneur  à  cet  emploi ,  &  jouit 
d'ailleurs  d'une  réputation  fi  fjlidement  établie ,  qu'elle  ne  reçut  aucune  atteinte 
jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  174t.  C'eft  à  ion  favoir  qu'il  a  dû  la  célébrité  ,  dont 
Je  fouvenir  eft  encore  cher  à  fa  patrie  quil  a  illufirée  par  la  variété  de  les  ta- 
lens. Il  a\  o-;t  iur-tout  celui  de  l'oblervation  ,  &  il  en  fit  un  fi  bon  ufage  pour  avan- 
cer le?  progrès  de  la  Médecine ,  que  fes  Ecrits  ont  été  univerlellement  accueillis 
par  les  Maîtres  de  l'Art.  Ses  premiers  efFais  parjrent  en  1709:  mais  comme  il  ne 
tarda  pas  à  voir  qu'ils  étoiect  futceptibles  de  beaucoup  d'augmentations  intéref- 
iantes,  il  y  mit  la  dernière    main  &  les    publia  fous  ce  titre; 

Therapeutice  /peciaîis  ad  febrei  quafdam  pernlcio/às  inopinaro  ac  repente  hthales.  Ma- 
tlnx  ^  171a,  ï7:,o  ,  //2-4.  /^e/it'fià,  173a  ,  1743  ,  «-4.  Li>/?<e ,  1756 ,  i/1-4.  L'édi- 
tion de  1709  a  paru  à  Modene,  sn-8. 


414  T    O    S       T    O    U 

Rama^[ini  &  Manget  s'efforcèrent  d'enlever  à  Tord  l'honneur  que  cet  Ouvrage 
lui  avoit  procuré  ;  ils  condamnèrent  hautement  fa  méthode  d'adminïHrer  !e  Quin- 
quina. Mais  le  premier  fut  vidorieufement  combattu  par  les  Képonfes  Jatro  apo- 
logétiques de  notre  Auteur,  qui  les  publia  à  Modene  en  1715  ,  tfl-4.  On  les  trou- 
ve jointes  à  toutes  les  éditions  de  fa  Thérapeutique  qui  font  poftérieures  à  cette 
année.  Quant  à  M'jnget  ,  il  fentit  li  bien  toute  la  force  des  railbns  de  2'orti ,  qu'il 
lui  adreflà  des  lettres  d'excufe  en  1720. 

TOSORTHIiOS  étoit  fils  de  Menés ,  ce  Roi  d'Egypte  qu'on  a  dit  être  le  mê. 
me  que  Mefraïm  ,  Kls  de  Chum.  Comme  le  royaume  de  Menés  fut  partagé  entre 
les  enians  ,  Memphis  échu  à  Tofunhros  qui  étoit  le  troifieme  ,  &  il  y  régna 
vers  l'an  du  monde  1816.  11  s'appliqua  à  la  Médecine  ,  ainfi  que  faifoient  alors 
les  pères  de  famille  ,  &  même  les  chefs  des  peuples.  Suivant  M.  Dujardin  ,  dans 
ion  riilloire  de  la  Ch'-ruvgie ,  il  étudia  les  propriétés  des  plantes  ,  &  les  progrès 
qu'il  fit  duns  l'Anatomie  &  la  Chirurgie,  le  rendirent  recommandable  à  fa  Na. 
tion.  Le  même  Auteur  ajoute  que  pour  perpétuer  fon  nom  &  fes  bienfaits  ,  il 
eut  foin  de  faire  graver  fur  des  pyramides  fes  découvertes  médicinales  ,  &  fur- 
tout  celles  qui  regardo'ient  !a  ftrudture  du  corps  humaim  On  a  prétendu  qu'il  eft 
le  mCimc  que  VL/'culape  Egyptien,  mais  allez  mal-àpropos.  Peut-être  n'efl-on  pas 
«lieux  fondé  à  lui  attribuer  les  connoiflances  dont  on  lui  fait  un  mérite,'  car  dans 
ces  tcms  ,  couverts  pour  nous  de  ténèbres  ,  il  eft  impoflible  d'aller  trouver  la 
vérité  à  travers  la  confulion  qui  règne  dans  l'Hiftoire  de  la  Médecine  :  la  critique 
la  plus  éclairée  fait  toujours  de  vains  eflbrts  pour  percer  les  nuages  épailEs  par  une 
auili  longue  fucceffion  de  iiecles. 

TOVAR.  ,CSimon  DEJ)  Bofteur  en  Médecine  dans  le  XVI.fiecle  ,  étoit  de  Séville. 
JS^icolas  Antonio  qui  en  parle  dans  fa  Bibliothèque  d'Efpagne  ,  dit  qu'il  entendoit 
alfez  bien  les  Mathématiques,  qu'il  étoit  favant  dans  fon  Art,  &  qu'il  avoit  fait 
une  étude  particulière  de  la  préparation  &  compofition  des  médicaiîiens.  C'eft 
fur  cette   matière    que    roulent  les   Ouvrages    qu'il    a   laifles  au    public  ,    fous  ces 

titres  .* 

De   compojïtorum  medicamcnwrum  examine  nova  Metkodus.  ^ntverp'ne ,  1586,  1/1-4. 

Hlfpalicnfium  Pharmacopollorum  rccognitio  ,  uhi  de  ponderum  ab  antlquis  ATcdicis  ufîta- 
torum  repumlone  ,  item  de  medicamentorum  expvrgaatium  tritura  ,  ac  muWpUci  in  ea  Phar- 
macopolarum  errore.  Hifpali,  1587  ,  /n-4 ,  avec  le  Traité  précédent.  Hag<e  Comitis  ^ 
1640  ,  i/i-i2,  avec  Mcthodus  mifcendi  &  conficiendi  medicamenta  par  Jean  du  Boys. 

TOUCHE  ,  (  Gervais  DE  LA  )  Gentilhomme  Poitevin  ,  vécut  datis  le  XVI . 
fiecle.  M.  Portai  en  fait  mention  dans  le  premier  fupplément  à  f  )n  Hiftoire  de  l'A- 
n-itomie  &  de  la  Chirurgie,  au  fujet  d'un  Ouvrage  également  remarquable  pat 
la  tournure  du  ftyle  ,  la  naïveté  des  expreffions  &  la  bonté  des  préceptes.  C'eft 
un  Traité  qui  regarde  l'Art  des  accouchcmens ,  &  que  /)e  La  Touche  a  dédié  à 
toutes  Royncs  6?  Princeffes ,  à  toutes  Dames  S*  Damoifelles  d'honneur  ,  d  toutes  Femmes 
débonnaires ,  de  vertu  &  de  patience.  Voici  le  titre  qu'il  porte  ; 

La  très-haute   &    très-fouveraine    Science    de   fart  &  induftrie   naturelle  d'enfanter  p 


T    O    U  4TS 

eontn  la  mauJicle  &  perverfe  împéricie    dis   Femmes   que   Von    e^pelle   S a'iges- femmes    ou. 
Bdks-Mcres ,  kfqueUes  par  leur  ignorance  font  journellement  périr    une    Infinité  de  Fem- 
mes  (Sf  d'Enfans  à  Venfantement  :  ad  ce    que   déformais   toutes  Femmes  enfantent    heureu- 
fcment ,  &  fans  aucun  péril    n'y  defiourbier ,  tant    d'elles    que    de   leurs   Enfans  ,    ejlant 
toutes  faites    &  pérîtes  en  icelle  Science.    Paris  1587 ,  in-ï2.  H  paroîc  à    l'Auteur    que 
rien  n'eft  plus  avantageux  pour  rhumanité  ,  que  de    confier   aux  hommes  la  prati- 
que des  accouchemens  ,  parce  que  ^  dit-il,  pourveu^   de  la  ralfon  ,   ils  font   fafceptibles 
de  raifmnement.   Cette  manière  de  penfer  n'eft  pas  bien  polie.  Mais  voyons  comme 
W  railonne  lui-môme  dans  ion  Ouvrage;  voici    le    lambeau  que    donne  M.  Portai  : 
■n  Et  quoy 'î  >Je  voyons-nous  pas  ordinairement,    que  le    Laboureur,   avec  toute 
n  patience,  attend  neuf  ou  dix  mois,  que  par  nature  le   bled  qu'il  a  ftmé  foit  par- 
n  venu  à  pleine  &  entière  maturité?  N'attendonsHious  pas,   avec   toute   patience  , 
y>  que  les  fruits  de  la  terre  foient  bons  &   meurs,  par  nature,  pour  nous   en  fervir 
»  à.noftre  néceliité.  Quoy 'î   Penferions-nous    bien,  par  noftre  impatience,  eftre  ft 
•n  faiges  que  de  donner  confeil  à  Dieu  &  à  Nature,    pour  avancer  ou  retarder  le» 
»  choies  par  lui  déterminées"}  Nature  ne  veut-elle  pas  ,  avec  toute  patience ,  avoir 
a  fon  cours  audi   bien  comme    toutes  les    chofes    terreftres  "    Que    nous   fervira  t-il 
w  donc  ,  de  penfer  leulement ,  par    nofire  impatience  ,  pouvoir    forcer  &  violenter 
a  nature  ,  en  abbrégeant   ou  allongeant  l'exécution    de    fes    effets?    Ah!  poftérité  , 
»  poftérité ,  donnez-vous  bien   garde    déformais,   de    penfer    feulement    que    cefte 
»  Grande-mere  ,  Nature,  Gouvernante  de  toutes  chofes  par   l'ordonnance  de  Dieu, 
T.  ait  aucunnement  affaire  de  voftre  aide  ,  es  chofes   qui  deppendent  de  fa  charge,  «c 
Cet  échantillon  fait   voir    combien    TAuteur   connoiffoit    l'importance   de    ne  venir 
qu'à  propos  au  fecours  de  la  Nature  qui  fe  fuiKt  à  elle-même  ,  lorfqu'il  n'y  a  pomt 
d'ûbftacle  à  l'Accouchement,  opération   qui  dépend    du  méchanifme  &  qui  par  -  là 
eft   naturelle. 

TOURNEFORT  CJofeph  PITTON  DEJ  naquit  à  Aix    en    Provence,  le  5 
Juin  1656,  de  Pltton ,  Ecuyer,  Seigneur    de    Tournefort ,  &r  d'^imare    de    Fagoue- 
d'une  fi^mille  noble  de  Paris.  On  le    mit  au  Collège  des  Jéfuites  de  fa  ville  natale; 
mais  quoiqu'on  l'appliquât  uniquement ,  comme  tous  les  autres    écoliers,    à  l'étude 
du  Latin  ,    dès   qu'il    vit    des   plantes  ,    il    le    fentit    Botanifte.    Il   voulait   lavoir 
leurs  noms,  il  remarquoit    foigneufement  leurs   différences,   &    quelquefois  il  rr.r.n- 
quoit  à  {"a  claflè  pour  aller  herborifer  à  la  campagne ,  &    pour   étudier  la   Nature  ,, 
au-lieu  de   la  Langue  des  anciens  Romains.  La  plupart    de    ceux  qui    ont    excr!!é 
en  quelque  genre  ,  n'y    ont  point    eu    de    maîtres  ;    Tournefort  n'en   eut  d'nutre  que- 
la  Nature  ,  il  étudia  de  lui-même  fes  produétions ,  ?c  il    apprit,  en   peu  de  tems  , 
à  connoître  les   plantes  des  environs  de   la   ville  d'Aix. 

Quand  il  fut  en  Philofophie  ,  il  prit  peu  de  goiàt  pour  celle  qu'on  ^ui  enfe'gnoit. 
Il  n'y  trouvoit  pas  cette  Nature  qu'il  fe  plaifoit  tant  à  obferver  ,  mais  des  'dées 
vagues  &  abftraites  qui  fe  jettent ,  pour  ainfi  dire  ,  à  côté  des  choie-  &  n'y  tou- 
chent pas.  Il  découvrit  dans  le  Cabinet  de  fon  père  la  Philolbphie  ('e  Defcartes  , 
peu  fameufe  alors  en  Provence  ,  &  la  reconnut  pour  celle  qu'il  therchoir.  C'é'oit 
en  effet  ce  qu'il  y  avoit  de  mieux  alors.  îl  ne  pouvoir  cependant  jouir  de  cette 
lecture  que  par  furgrife  &<  à  la  dérobée ,  mais  c'étoit  avec  d'autant   plus  d'ardeurj, 


4i6  T    O    U 

fon  père,   qui  s'opp&foit  à  cette  étude,  lui  en  augmentoît  le    goût,  &  ccntrlbuoit 
ainfi  ,  fans  y  penfer  ,  à  fa  meilleure   éducation. 

Comme  on  deflinoit  Tournefon  à  l'Eglife  ,  on  le  m't  dans  un  féminaire  pour  y 
étudier  la  Ihéologie;  mais  la  dcftiDation  naturelle  prévalut  iur  les  vues  de  fon 
père.  Il  faîloit  qu'il  vît  des  plantes  ;  il  al'oit  faire  fes  études  chines  dans  un  jar- 
din afiez  curieux  d'un  Apothicaire  d'Aix  ,  ou  dans  les  campagnes  voilines  de  cette 
ville  ,  ou  £ur  la  cime  des  rochers.  Il  pénétroit  môme  par  adrefle  ou  par  préfent 
dans  tous  les  lieux  fermés  ,  où  il  pouvoit  croire  qu'il  y  avoit  des  plantes  qui  n'é- 
toient  point  ailleurs.  Si  ces  fortes  de  moyens  ne  lui  réulTîîfoieDt  pas  ,  il  fe  réfolvoit 
plutôt  à  y  entrer  furtivement  ;  &  un  jour ,  il  penfa  être  accablé  de  pierres  par  des 
payians  qui  le  prirent    pour  un   vo'eur. 

Il  n'avûit  guère  moins  de  pafiion  pour  l'Anatomie  &  pour  la  Chymie  ,  que 
pour  la  Botanique.  Enlin,  la  Phylique  &  la  Médecine  le  revendiquèrent  avec  tant 
de  force  fur  la  Théologie  qui  s'en  étoit  mile  injuflement  en  pofleffion  ,  qu'il  fallut 
qu'elle  leur  abandonnât.  Il  ctoit  encouragé  par  l'exemple  d'un  oncle  paterne!  , 
Médecin  fort  habile  &  Fort  eflimé  ,•  &  la  mort  de  Ion  père,  arrivée  en  i6j'7  ,  le 
laifla  entièrement  maître  de  fuivre  fon  inclination.  11  profita  auflTitôt  de  fa  liberté, 
&  parcourut  en  1678  les  montagnes  du  Dauphiné  6î  de  la  Savoie,  d'où  il  rap- 
porta quantité  de   belles  plantes  feches  qui   commencèrent  fon   Herbier. 

La  Botanique   n'eft  pas  une  Science  lédentaire  &  parcfleufe  qui  fe  puiffe  acqué- 
rir dans  le  repos   &  dans  l'ombre  du  Cabinet,  comme  la  Géométrie  &  l'HiRoire, 
ou  qui  tout  au  plus  comme  l'Anatomie,   la  Chymie  &  TAfironomie  ,  ne  demande 
que  'des  opérations  d'alfez  peu  de  mouvement.  Elle  veut  que   l'on  courre  les  moa- 
ta,gnes  &  les  forâts ,  que  l'on   gravilfe   contre  les   rochers  efcarpés  ,  que  l'on    s'ex- 
pole  aux  bords  des   précipices.   Les  feuls  Livres  qui  puiflent.  nous  inOrcrre  à  fonds 
iur   cette  matière  ,  ont  éié  jettes  au  hazard  fur  toute  la  furtace    de  la    terre ,  &■  il 
faut  fe  rétbudre  à  la  fatigue  &  au  péril   de  les    chercher  &   de  les    ramaflër.  Delà 
vient  auiïï  qu'il  eft  [\  rare  d'exceller  dans  cette  Science  :    le  degré   de   padlon   qui 
fufiit  pour  faire  un  Savant    dans  une  autre    cfpece  ,    ne    fuffit    pas    pour    faire   un 
grand  Botanifte  ,  &  avec  cette  pallion  même ,  il  faut  encore  une  fanté    qui  poille 
la  fuivre,  une  force    de     corps    qui    en   fupporte   toutes    les    fatigues.    Tournefon 
étoit   d'un  tempérament  vif,  laborieux,   robuOe  ;  un  grand  fond»  de  gaieté  natu- 
relle le  foutcDoit  dans  le  travaiJ,    &  foa  corps  ,  aulli   bien    que    fon  efprit,  avoit 
été  fait  pour  la,  Botanique. 

En  1679,  il  partit  d'Aix  pour  Montpellier,  où  il  fe  pcrfcclionna  beaucoup  dans 
l'Anatomie  &  dans  la  Médecine.  Le  jardin  des  plantes  établi  en  cette  ville  par. 
Henri  IV,  ne  pouvoir  pas,  quelque  riche  qu'il  fût,  iati.'faire  la  curiofité  ;  il  courut  . 
tous  les  environ»  de  Montpellier  ù  plus  de  dix  lieues,  &  il  en  rapporta  des  plantes 
inconnues  aux  gens  môme  du  pays  Mais  ce»  courfes  étoient  encore  trop  bornées; 
il  partit  de  Montpellier  pour  Barcelone  au  mois  d'Avril  1681;  il  pafla  jufqu'à  la 
Saint  Jean  dans  les  montagnes  de  Catalogne  ,  où  il  étoit  fuivi  par  les  Médecins 
du  pays  &  par  les  jeunes  Etudiar.s  en  Médecine ,  à  qui  il  démontroit  les  plantes. 
On  eut  prelque  dit  qu'il  iinitoit  les  anciens  Gymnofophiftes,  qui  mcnoient  leurs 
difciples  dans  les  déferts  où  ils  tenoieot  leur  Ecole. 

Les 


T    O    U  .4^? 

Les  hautes  montagnes  des  Pyrénées  étoient  trop  proches  pour  n'être  pas  tenté 
3'y  monter.  Il  favoit  cependant  qu'il  ne  trouveroit  dans  ces  vaftes  iblitudcs  qu'une 
fubliflance  pareille  à  celle  des  plus  aufteres  Anachorètes  ,  &  que  ks  malheureux 
habitans  qui  la  lui  pouvoient  fournir,  n'éroient  pas  en  plus  grand  nombre  que 
ks  voleurs  qu'il  avoir  à  craindre.  Audi  tut-il  plulieurs  fois  dépouillé  par  les  Mi- 
quelets  Efpagnols,  11  avoit  imaginé  un  flratagême  pour  leur  cacher  un  peu  d'ar- 
gent dans  ces  fortes  d'occaiions.  U  enfermoit  des  R.éaux  dans  le  pain  qu'il  portoit 
fur  lui,  &  qui  étoit  fi  noir  &  li  dur,  que  quoiqu'ils  le  volaflent  fort  exactement 
&  ne  fuirent  pas  gens  à  rien  dédaigner,  ils  le  laiflbient  avec  mépris.  Son  inclination 
dominante  lui  faifoit  tout  furmonter  ;  ces  rochers  affreux  &  prefque  inaccefilbles  qui 
l'environnoient  de  toutes  parts,  s'étoient  changés  pour  lui  en  une  magciiique  bi- 
bliothèque, où  il  avoir  le  plaifir  de  trouver  tout  ce  que  fa.curiofité  demandoit.  Se 
où  il  paflbit  des  journées  délioieufes.  Un  jour,  une  méchante  cabane  où  il  cou- 
choit ,  tomba  tout-à-coup  ;  il  fut  deux  heures  enfeveli  fous  les  ruines  &  il  y  auroit 
péri ,    fi  l'on  eût  tardé  encore  quelque  tems  à  le  retirer. 

Il  revint  à  Montpellier  vers  la  fin  de  1681  ,  &  delà  il  alla  chez  lui  à  Aix,  où 
îl  rangea  dans  fon  Herbier  toutes  les  plantes  qu'il  avoit  amaffées  en  Provence, 
en  Languedoc,  en  Dauphiné  ,  en  Catalogne,  furies  Alpes  &  les  Pyrénées.  11  n'ap- 
partient pas  atout  le  monde  de  comprendre  que  le  plaiiir  de  les  voir  en  grand 
nombre,  bien  entières,  bien  confervées,  difpofées  félon  un  bel  ordre  dans  de 
grands  Livres  de  papier  blanc,  le  payoit  fuffifamtnent  de  tout  ce  qu'elles  lui 
avoient  coûté. 

Il  jouiffbit  de  ce  tréfor  plus  précieux  pour  lui  que  l'or  même ,  lorfgu'il  fut  ap- 
pelle pour  figurer  fur  un  théâtre  fupérieur  à  celui  de  la  ville  d'Aix.  Heureufement 
pour  les  plantes,  Fagon^  alors  premier  Médecin  de  la  Reine  Marie-Thérefe  d'Au- 
triche ,  s'y  étoit  fort  attaché  ,  comme  à  une  partie  des  plus  curieufe»  de  la  Phy- 
fique  &  des  plus  eilentielles  à  la  Médecine.  U  favorifoit  la  Botanique  de  tout  le 
pouvoir  que  lui  donnoit  fa  place  &  fon  mérite  ;  mais  il  lui  manquoit  un  homme 
qui  fût  en  état  de  poufler  cette  Science  à  une  plus  grande  perfeftion.  Tournefurt 
étoit  cet  homme.  Son  nom  parvint  à  Fagon.  de  tant  d'endroits  différens,  ôe  tou- 
jours avec  tant  d'uniformité ,  que  ce  Médecin  fongea  férieufement  aux  moyens 
de  l'attirer  à  Paris ,  rendez-vous  général  de  preique  toug  les  talens  répandus 
dans  les  Provinces.  11  s'adrellà  pour  cela  à  Madame  de  Venelle,  Sous- Gouver- 
nante des  Enfans  de  France,  qui  connoilToit  la  fatnille  de  Tournefon  ,  &  qui 
réuffit  à  le  perfuader  de  venir  dans  la  Capitale.  Il  y  arriva  en  168" ,  &  cette 
Dame  le  préfenta  à  Fagon  ,  qui ,  dès  la  même  année  ,  lui  procura  la  place  de  Pro. 
feflëur  de  Botanique  au  Jardin  Royal  des  plantes,  que  Louis  XllI  a  établi  à 
Paris   pour  Tindruiftion  des  Etudians  en    Médecine. 

Cet  emploi  ne  l'empêcha  pas  de  faire  ditterens  voyages.  Il  retourna  en  Elpagne 
&  pafla  jufqu'en  Portugal;  il  y  vit  des  plantes,  mais  prefque  fans  aucun  Bota- 
nifte.  En  Andaloulie,  qui  eft  un  pays  fécond  en  palmiers,  il  voulut  vérifier  ce 
qu'on  difoit  depuis  long-tems  des  amours  du  mâle  &  de  la  femelle  de  cette  efpece  ■ 
il  comme  il  n'en  put  rien  apprendre  de  certain,  ces  amours  fi  anciennes  furent 
pour  lui  un  myftere  qu'il  ne  fut  parvenir  ù  développer.  Il  alla  aulli  en  Hollande 
&  en  Angleterre,  où  il  vit  &  des  plantes  &  plufieurs  grands  Botanifte« ,  dont  v 
r  0  M  E    ir.  ■  Ggg 


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gagna  l'amitié  &  l'enitne.  Il  n'en  faut  point  d'autre  preuve  que  l'envie  qu'eut 
Herman,  Profefleur  de  Botanique  à  Leyde  ,  de  lui  réfigner  fa  place,  parce  qu'il 
avançoit  en  âge.  1!  lui  en  écrivit  avec  beaucoup  d'inftance;  &  le  zèle  qu'il  avoit 
pour  la  Science  qu'il  profeffoit,  lui  faifoit  choifir  un  fuccefleur  ,  non  f-ulcment 
étranger,  mais  d'une  nation  qui  étoit  alors  en  guerre  avec  la  Holhnde.  Il  promet-» 
toit  à  Tourncfon  une  penfion  de  4000  livres  de  la  part  des  Etats  Généraux,  &  lui 
fàiloit  efpérer  une  augmentation  quand  il  feroit  encore  mieux  connu.  La  penfion 
attachée  à  la  place  du  Jardin  Royal  étoit  fort  modique  ;  cependant  l'amour  de 
la  patrie  lui  fit  réfuter  ces  offres  avantageuies.  Une  autre  raifon  encore  qu'il  di- 
foit  à  fes  amis,  c'eft  qu'il  trouvoit  que  les  Sciences  étoient  pour  le  moins  â  un 
aufii  haut  degré  de  perfedîion  en   France,  qu'en    aucun  autre   pays. 

L'Académie  des  Sciences  ayant  été  mife  en  1(91  fous  Tinfpedion  de  l'Abbé 
Bignon  ,  un  des  premiers  ufages  qu'il  fit  de  fon  autorité,  deux  mois  après  qu'il 
en  avoit  été  revêtu,  fut  de  faire  entrer  Tuurnefort  &  Homberg  dans  cette  Compagnie, 
il  ne  les  connoilfoit  que  par  les  noms  qu'ils  s' étoient  fdit.  Après  qu'ils  eurent  été 
agréés  par  le  Roi  ,  fur  ion  témoignage  ,  il  les  préfenta  tous  deux  enlemble  à 
l'Académie;  deux  prem'crs  nés,  pour  ainfi  dire  ,  dignes  de  l'être  d'un  tel  père  ,  & 
d'annoncer  toute  la  famille    fpirituelle  qui  les  a  fuivis» 

Le  laborieux  Tourncfon  ne  fut  pas  long-teras    à  rfonner  au  public  les  première» 
preuves  de  fes  fuccès  dans  le  genre  d'étude    qu'il  avoit    embralfé.   U   mit   au  jour 
à    Paris   un  Ouvrage   intitulé  :  EUniens  de   Botanique  oit   Méthode  pour   connoître  les 
plantes  ,    qui   fortit  en  1694  de  l'Imprimerie   du    Louvre  ,  en   trois    volumes    in-8. 
Il  eft  fait  pour  mettre  de  l'ordre  dans   ce   nombre   prodigieux  de   plantes    femées 
fi  cocfufément  fur   la  terre  &  même  fous  les  eaux  de  la  mer ,  &  pour    les   diftri- 
buer  en  genres  &  en  efpeces  qui  en  facilitent  la  connoiflance  ,  &   empêchent  que 
la   mémoire  des  liotaniftes  ne  foit  accablée  fous  le  poids    d'une    infinité   de  noms 
différens.  Cet  ordre  îi  nécdîàire  n'a  point  été    établi  par  la  Nature  ,  qui   a    pré- 
féré une  confufion    magnifique   à  la  commodité  des  Phyficiens  ;  c'eft  à  eux  à  met- 
tre ,.  prefque   malgré   elle  ,  de   l'arrangement  &  un  fyftême  dans  les    plantes.   Puif- 
que  ce  fyilême  eft  l'ouvrage  de   leur  efprir ,  il  n'eft  point  étonnant  qu'ils  fe  foient 
partagés ,  &  que    chacun  ait  donné  la    préférence  à  fa    méthode.  Celle  que  Tour- 
nefort  a  adoptée  ,  après  une  longue  &  favante   difcuilion  ,  confifte  à  régler  les  gen- 
res des   plantes  par  les  fleurs  &  par  les  fruits  pris  enfemble,  c'eft- à-dire,  que  tou- 
tes les  plantes  femb^aldcs  par  ces  deux  parties   doivent  être  rangées  dans  le   même 
genre  ;  après  quoi  les   variétés    qui   s'obfervent  dans     la   tige  ,  dans  la   racine  ,  ou 
dans  les  feuilles,   défignent   les   différentes  efpeces.  Tourncfon    a  été  plus  loin;  au 
deflus  des  genres  ,  il  a  mis  des  clalfes  qui  ne  fe  règlent  que  par  les  fleurs  ;  &  il  eft 
le  premier  qui  ait  eu  cette  penfée  ,  beaucoup  plus  utile  à  la  Botanique  qu'on  ne  l'a 
cru  d'abord  ,  puifqu'il  n'a  trouvé  que  quatorze  figures  différentes  de  fleurs  qu'il    faille 
s'imt>rimcr   dans    la   mémoire.   Ainfi    quand    on  a   entre  les   mains   une   plante  en 
ileur,  dont  on  ignore  le  nom,  on  voit  auffitôt  à  quelle  claffe   elle  appartient  dans 
le    Livre  des   Llcmens  de  Botanique  ;  quelques  jours    après  la   fleur ,  paroît  le  fruit 
qui  détermine  le  g^  nre  dans  le  même  Livre  ;  &  les  autres  parties  donnent  l'efpece, 
Ûe  cet'c  Ibrte  ,  on  trouve   en    un  tmm.-rt ,  &  le  nom    que    Tourncfon  lui    donne 
par  rapport  à  foo  fyftâtne ,  &  ceu;&  que  d'autres  Botaniftes  lui  ont  donnés ,  ou^ 


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par   rapport   à   lewr    fyflême  particulier  ,    ou   fans  aucun    rynême.    Par-là  on    rft 

en  état  d'eruJier  ce  te  plan'e  dans  les   Auteurs  qui  en  ont  parie,  fans  craindre  de 

lui  attribuer  ce  qu'ils  auront  dit  d'une    autre  ,  ou  d'at  rib  er  à  une  autre   ce  qu'ils 

auront    dit    de    celle-là.   C'eft    un   prodigieux   foulagcment    pour  'a  m  m  'i-c  ,  que 

tout  le  réduile   à    retenir  quatorze    figures    de  Heurs,  par  le  in.  yen    -It  !qui  1!  =    on 

delcend   à  fix    cens   Ibixante-ireize    genres,  qui    cottipren  en:    fous    cix   h' it  trille 

huit    cens  quarante-fix   eCpece»  de   plantes  ,  l'oit   de    terr.-  ,  loit    de    rr^r.  conni-cs 

juiiju'au    tctns   de    ce    Livre.    Que  ieroit  •  ce    s'il     falUrt    corn'î're   in  n:t  d'a'i  n  cnt 

ces  6846    elpeces  ,  &    cela  fous  tous   les  noms    dift'érens  qu'il  a  p'u  i^ux    Botaciiies 

de    lejr  impoier  ? 

Ce  fy^ôme  fut  approuvé  de  la  plupart  des  Phyficiens  ;  un  Botanifte  An^^'oi,':  , 
JR.ay ,  l'attaqua  cependant  fur  quel^jucs  po'nts  ;  mais  Tournefort  lui  répo-idu  en 
169'  par  une  Diflenatioa  (^ntiae  qji  el:  airelT^e  à  Surard  ,  autre  Anglois  habile 
d?.n>  la    mSme    6(ience.  Cet  Ecrit  eft  intitulé: 

Z)j    optima    mciliodù  injVtueadâ  in  Re  Hcibunâ   Fp^fiula  ^   in  qua  refpondetur  Raîo  de 
varis  plantarum   matlwds.  Purijiis  ,  1697,  in-S.   La  dilpLtc   fbt    (ans  ai.ereur    iV    mî- 
me  aflèz  polie    de  pt;rt   &  d'iurre.  ()n  dira  peut-être   que    le   lujct   ne  valoir  guère 
la    peine    qu'on    s'échaufi'ât.    Car    de    quoi  i'agifloit-il   ?    De    lavoir   C    les  fleurs 
&  les  fruits  fuffifent  pour  établir   les  getircs,  fi  une  certaine  plante  eft  d'un  genre 
ou  d'un  autre.    Mais   on  doit  tenir  compte    aux  hammes  ,  &    plus  particulier  ment 
aux   bavans ,  de    ne  s'échauffer    pas  beaucoup     fur   dés  fujets   légers.   Tournefon  , 
dans  un    Ouvrage    pofiérieur   à    la    dilpute  ,   a  donné   de  grands    éloges   à  Ray  , 
&    même  lur    ion   l'yftême  des  plante.».   Sur  quoi  il  eft   à   propos  de  remarquer  que 
dift'érens  Botaniites   ont    eu    le  leur  ;    comme  ils    ont  envif^gé   les  plantes   fous  di. 
ver»  alpeéts ,  ils  ont  établi  leur  iyftême ,  les  uns  parles  Heurs  &  par  les  étamines, 
les  autre<  par  les  corolles  ou  péta  es ,  ou  par  les     femcnces  ou  autres  parties  de  la 
fructitication  ;  d'autres  par  leur  laveur  ,    leur  odeur  ,  leurs    propriétés  médicinales 
ou  tecnniques. 

Tiurncfoit  le  fit  recevoir  Dodeur  de  la   Faculté  de  Médecine  de  Paris  en   1696» 
&  Tannée  faivante  ^  il  dédia    fa    première    Th.  fe   de   PréfiJence   à  M.   Fa^on.  Il  y 
fouti.-t  affirmativement   la  queftion  :  ^n  morborum  curjtlo  ad  mcchanicis  liges  referen- 
da  ?  Cette   Thefe    fur    célébrée    d'une   manière  digne    de    celui    à   qui  elle    éroit 
dé  liée.    Les  Ecoles  étoient  fuperbement  décorées  ;    la  Thcfe   magnifiquemc^it  en- 
ca  irée  ,   ornée   de  fculpture  &  de  dorures  ,  étoit  couverte  d'un    verre    de  Bohê- 
me.  Au  frontilpice  de  la  Ihefe  paroilToit  le  portrait  de    l'illuHre  premier  Médecin. 
L'ag^regaiion  de    Tournefnrt  à    la    Faculté    de    Paris    fut    pour  lui    un    nouvel 
aiguillon    qui   l'excita  à   continuer    fes  uavaux   litiles.   Il    publia    un   Ouvrage  fou* 
ce  titre.' 

H  Jtoie  des  plantes  qui  naifTent  aux  environs  de  Paris  ,  avec  leur  uf âge  dam  la  A.édicme. 
Pafi*.  ifx)»,  in  io..  Il  a  encore  été  imprimé  dans  la  même  ville  en  1725,  deux 
volumes  w-12,  avec  des  augmentations  par  M.  Bernard  de  f'iffieu.  Je  ne  cite  pas 
l'édition  de  T741  ,  parce  qu'elle  eft  la  même,  avec  un  frontifpice  nouveau.  En  An^ 
glois  ^.ar  '\1unyn  .  Londres,  i^-i  ,  ij-f»  .  deux  volumes  m  8  ,  avec  des  additions. 
11    eft  hors  de  doute  que  celui  qui  avoit  été    chercher  des  plantes  fur   le  fomoîef 


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des  Alpes  &  des  Pyrénées  ,  n'avoir  pas  négligé  d'herborifer  dans  tous  les  environsdè 
Paris ,  depuis  qu'il  y  faifoit  ion  réjour.  Mais  la  Botanique  ne  feroit  qu'une  Science 
de  pure  curiofité  ,  li  elle  ne  fe  rapportoit  pas  à  la  Médecine  ;  &  quand  on  veut 
-qu'elle  loit  utile,  c'eft  la  botanique  de  ion  pays  qu'on  doit  le  plus  étudier.  Non  que 
la  Nature  ait  été  aulFi  ib-goeufe  qu'on  le  dit  quelquefois ,  de  mettre  dans  chaque 
pays  les  plantes  qui  doivtnt  convenir  aux  maladies  des  habitans  ;  cette  opinion 
détruit  les  liens  qui  unifrent  la  grande  famille  des  hommes  qui  font  faits  pour  s'en» 
tr'aider  les  uns  les  autre».  Le  principal  avantage  de  la  Botanique  indigène,  c'eft 
qu'il  eft  moins  difpendieux  &  plus  commode  d'employer  ce  qu'on  a  fous  la  main  , 
qu'il   eft  plus  sûr  ,  &   que   ibuvent    ce  qui  vient    de    loin  ,  n'en    vaut    pas  mieux. 

Dans  cette  Hiiloire  des  plantes  des  environs  de  Paris  ,  notre  Auteur  raHem- 
ble  non  feulement  leurs  différens  noms  &  leurs  defcriptions ,  mais  encore  les  analyfcs 
Chymiques  que  l'x^cadémie  en  avoit  faites  ,  &  leurs  vertus  les  mieux  prouvées. 
Ce  Livre  feul  répondroit  fuffifamment  aux  reproches  qu'on  fait  quelquefois  aux 
Médecins  de  n'aimer  pas  les  remèdes  tirés  des  plantes  communes  ,  parce  qu'ils 
ibnt  à  portée  de  tout  le  monde  &  d'un  effet  trop  prompt.  Certainement  Tourne' 
fort  en  produit  ici  un  grand  nombre  ;  cependant  ils  ibnt  la  plupart  adez  négligés  , 
&  il  femble  qu'une  certaine  fatalité  ordonne  qu'on  les  defirera  beaucoup  &  qu'on 
s'en  iervira  peu. 

C'eft  à  ce  Médecin  qu'on  doit  attribuer  un  Livre  ,  ou  du  moins  la  partie  d'un 
Livre  qui  a  paru  fous  ce  nom  ,  quoiqu'il  ne  l'ait  point  fait  imprimer.  On  prétend 
que  Guillaume  Sherard  l'a  mis  en  état  de  voir  le  jour ,  mais  qu'un  Anglois  nom- 
mé Simon  ïVhanon  ,  qui  avoit  étudié  la  Botanique  tous  Tournefort  pendant  trois 
ans  au   Jardin  du  Roi,  eft  celui   qui  l'a  publié  ibus  ce  titre; 

Schola  Botanica  ^  fîve ,  Catalogus  plantarum  quas  ab  allquot  annls  In  Horto  Reg,co 
Parificnfi  Jludlujîs  indlgitavit  F'ir  darijjtmus  Jofephus  Plnon  de  Tournefort ,  DoShr  Me- 
dicus  ,  ut  &  Pauli  Hcrmannl ,  Paradlfi  Batavi  Prndromus.  ^mftdodami ,  1689  ,  in-12. 

Comme  les  Elémens  de  Botanique  avoient  eu  tout  le  fuccès  que  l'Auteur  pou- 
voiî  délirer  ,  il  en  donna,  en  1700,  une  tradudion  Latine  en  faveur  des  étrangers. 
Llle  parut  en  trois  volumes  /ft-4,  fous  le  titre  d' /nfiitutlmes  Rei  Herbarla.  Cette 
édition  eft  de  Paris.  Je  ne  connois  point  la  date  de  !a  féconde  ,  dont  parlent  cer- 
tains Auteurs;  mais  la  troiiieroe  iut  publiée  dans  la  même  vilie  en  1719,  trois 
volumes  /n-4.,  avec  figures ,  par  les  foins  de  M.  Antoine  de  Juffieu  qui  fa  enrichie 
de  quelques  augmentations.  11  y  a  encore  une  édition  de  Lyon,  1719,  trois  volu- 
mes i/i-4  ,  &  deux  en  Anglois,  Londres  ,  17 19,  1730,  deux  volumes  de  même  format. 

Le  premier  volume  de  l'impreftion  de  Paris  ccntient  les  noms  des  plantes  dif- 
îribuées  félon  le  fyftême  de  l'Auteur,  &  les  deux  autres,  leurs  figures  bien  gra« 
vées.  A  la  tête  de  cette  tradu(ftion  eft  une  grande  Préface  ou  introduifiion  à  la 
Botanique  ,  qui  contient  non  feulement  les  principes  du  lyftême  de  Tournefort  in- 
génieulément  &  folidement  établis,  mais  encore  une  Hil^oire  de  la  Botanique  6e 
des  Botaniftes  ,  recueillie  avec  beaucoup  de  foins  &  agréablement  écrite.  On  n'au- 
ra pas  de  peine  à  s'imaginer  qu'il  orna  cette  Préface  de  tous  les  agrémens  dont 
elle  étoit  iufceptible  ,•  car  il  s'occupoit  toujours  avec  plaifir  de  tout  ce  qui  avoit 
rapport  à  l'objet  de  Ibo  amour.  Cet  amour  n'étoit  cependant  point  fi  fidèle  aux. 
jglaates,  qu'il  ne  fe  portât  prefque  avec  la  même  ardeur  à  toutes  les  curiofités  da. 


» 


T  o  l;  411 

Ta  Pbyfique.  Pierres  h^urces,  marcaflites  rares,  pétrific-ation»  &  cryfîallifations  ex- 
traordinaires ,  coquillages  de  difterentes  efpeces  ;  tout  cela  méritoît  fa  plus  grande 
attention  ik  Tatiachoit  vivement.  Il  eft  vrai  que  du  nombre  de  ces  fortes  d'infidé- 
lités ,  on  en  pourroit  excepter  foo  goijt  pour  les  pierres;  car  il  croyoit  que  c'é- 
toient  des  plantes  qui  végétoient  &  qui  avoient  des  graines:  il  étoit  même  aflez 
difpolé  à  étendre  ce  lyfiâme  jufqu'aux  métaux  ,  &  il  femblc  qu'autant  qu'il  pou- 
voit  ,  il  tran.sformoit  tout  ea  ce  qu'il  aimait  le  mieux.  Il  ramaffint  aufli  des  habil- 
lemens  ,  des  armes  ,  des  inftrumens  des  nations  éloignées  ;  autre  forte  de  curiofi.' 
tés  qui,  quoiqu'elles  ne  foient  pas  immédiatement  fonies  des  mains  de  la  Nature, 
ne  laiflcnt  pas  de  devenir  philoiophiques  pour  qui  fait  philoiopher.  De  tout  cela 
enfemble  ,  il  s'étoit  fait  un  Cabinet  îuperbe  pour  un  particulier  ;  il  étoit  fameux 
dans  Paris,  &  les  Curieux  l'efiimoient  à  quarante-cinq  ou  cinquante  mille  livres.  Ce 
feroit  une  tache  dans  la  vie  d'un  Philofophe  ,  qu'une  fi  grande  dépenfe  ,  li  elle 
avoit  eu  tout  autre  objet  que  de  répandre  des  lumières  fur  les  mœurs  &  les  ufa- 
ges  des  peuples  ;  mais  cette  dépenfe  n'eût  elle  butté  qu'à  fatisfaire  une  curiofité 
d'oftentatton ,  encore  prouveroit-elle  que  Tournefort ,  dans 'une  fortune  aufîi  bornée 
que  la  fienne ,  n'avoit  pu  guère  donner  à.  des  glaifirs  plus  frivoles  &  cependant 
beaucoup  plus  recherchés. 

Avec  toutes  les  qualités  qu'il  avoit ,  on  peut  juger  aifémem  combien  il  étoit  pro- 
pre à  faire  un  excellent  voyageur;  car  on  entend  par  ce  terme  ,  non  ceux  qui 
voyagent  fimplemtm,  mais  ceux  en  qui  fe  trouvent,  &  une  curiolité  fort  étendue 
qui  eft  affez  rare  ,  &  un  certain  don  de  bien  voir  ,  plus  rare  encore.  Les  Phiio- 
fophes  ne  courent  guère  le  monde,  &  ceux  qui  le  courent  ne  font  ordinairement 
guère  phiiofophes  ;  &  par-là  un  voyage  de  Philofophe  eft  extrêmement  précieux. 
AuQi  l'on  regarde  comme  un  bonheur  pour  les  Sciences ,  l'ordre  que  Tournefort 
reçut  de  Louis  XIV,  en  1700,  d'aller  en  Grèce  ,  en  Afie  &  en  Afriqtje,  non  feu. 
iement  pour  y  reconnoître  les  plantes  des  Anciens  &  peut  être  auffi  celles  qui  leur 
étoieni  échappées,  mais  encore  pour  y  faire  des  obfervations  fur  toute  l'Hiftoire 
naturelle  ,  fijr  la  Géographie  ancienne  &  moderne,  &  même  fur  les  mœurs  ,  la  re- 
ligion &  le  commerce  des  peuple?.  Il  eut  ordre  d'écrire  ,  le  p'us  iouvent  qu'il  pour- 
roit ,  à  M.  le  Comte  de  Pont-Chartrain  qui  lui  procuroit  tous  les  agrémens  podibles 
dans  fon  voyage  ,&  de  l'informer  en  détail  de  fes  découvertes  &  de  l'es  aventures. 

Tourncfurt,  accompagné  de  GunJe/s.'ieimer,  excellent  Médecin  Allemand,  &  d'^a. 
briet ,  habile  Peintre,  alla  jufqu'à  la  frontière  de  Perfe  ,  toujours  herborifant  &  obfer. 
vanc  Les  autres  voyageurs  vont  par  mer  le  plus  qu'ils  peuvent,  parce  que  la  mer 
eft  pius  commode,  &  fur  la  terre,  ils  prennent  les  chemins  les  plus  battus.  Ceux- 
ci  n'al.'oiunt  par  mer  que  le  moins  qu'il  étoit  poffible;  ils  étoient  toujours  hors  des 
chemins ,  &  s'en  faifoient  de  nouveaux  dans  des  lieux  impraticables  aux  autres, 
On  lit  ,  avec  un  plaifir  mêlé  d'horreur,  le  récit  de  leur  defcente  dans  la  grotte 
d'Antiparos,  c'eft-à-dire  ,  dans  trois  ou  quatre  abîmes  aHreux  qui  le  fuccedent.  Tour- 
nefort eut  la  joie  d'y  voir  une  nouvelle  efpece  de  jardin,  dont  toutes  les  plantes 
étoient  différentes  pièces  de  marbre ,  encore  naiflantes  ou  jeunes ,  &  qui  ,  félon 
toutes  les  circonftances  dont  leur  formation  étoit  accompagnée  ,  n'avoient  pu  que 
végétsr.  En  vain  la  Nature  s'étoit  cachée  dans  des  lieux  fi  profonds  &  fi  inaccefii- 
bles  pour  travailler  à  la  végétation  des  pierres,"  elle  fut,  pour  ainfi  dircjprile  liiSï 
le  fait  par  des  curieux  G  hardis.. 


42Î  T    O    tJ 

L'Afrique  étoit  compriie  dans  le  deflein  du  voyage  de  Tournefjrt^  mais  la  pefte, 
qui  étoit  en  Egypte  ,  le  fit  revenir  de  bmyrne  en  France  l'an  ij-oa  Ce  fut-là  le 
premier  obftacle  qui  l'eût  arrêté.  11  arriva,  comme  l'a  dit  un  grand  Poëtc  ,  pour 
une  occalion  plus  brillante  &  moins  utile  ,  cliar^^é  des  dénnuilhs  de  fOricnt.  11  eQ 
rapporta ,  outre  une  infinité  d'obfervations ,  1356  nouvcl'es  clpeces  de  p'anies  , 
dont  une  grande  partie  venoit  Ce  ranger  delle-môme  lous  quelqu'un  des  673 
genres  qu'il  avovt  établis.  11  ne  fut  obiii^é  de  créer  pour  le  relie  que  vingt-cinq 
nouveaux  genres,  fans  aucune  augmentation  de  clafles^  ce  qui  prouve  la  commo- 
dité d'un  fyflême ,  où  tant  de  plantes  étrangères  que  l'on  n'attendoit  point,  en- 
troitnt  fi  Facilement.  11  en  fir  un  lupplérncnt  à  l'édition  Latine  de  l'es  Eitmens  de 
Botanique  ,    qui  parut  fous  ce  titre  : 

Curollarium  Jnjîuudonu'ii  Kei  fJerburi^  ,  in  quo  plantce  1355  muni'îcentiâ  Ludovicl 
tnagrù  in  0,ientalibus  regionibus  obfcrvatcs  ncznfcntur  &  aJ  fuu  gcncra  revocantur.  Pa- 
rijus,    1703  ,   irt-4. 

Dès  qu'il  tut  revenu  dans  la  Capitale,  il  fmgea  à  repreniire  la  pratique  de  1* 
Médecine  qu'il  avoir  facrifiée  à  ion  voyage  du  Levant ,  dans  le  tems  qu'elle  com- 
mençoit  à  lui  réuHir  beaucoup.  L'expérience  fait  voir  qu'en  tout  ce  qui  dépend 
d'un  ctitjin  goût  du  public,  &  fur-tout  en  ce  genre,  les  interruptions  font  dan- 
gereufes.  L'approbation  des  hommes  cft  quelque  choie  de  f^rcé  &  qui  ne  de- 
mande qu'à  finir.  J'ournefurt  eut  donc  quelque  peine  à  renouer  le  fil  de  ce  qu'il 
avoir  abandonné.  D'ailleurs,  il  falloit  qu'il  s'acquittât  des  anciens  exercices  du 
Jardin  Koyal.  On  y  ajouta  encore  ceux  du  Collège  Royal ,  où  il  eut  une  place 
de  Proftfieur  en  Médecine  ;  les  fondions  de  l'Académie  lui  demandoient  aufli  du 
tems.  Enfin,  il  voulut  travailler  à  la  relation  de  fbn  grand  voyage,  dont  il  n'a- 
voit  rapporté  que  de  fimples  mémoires,  informes  &  intelligibles  pour  lui  feul.  Les 
courfes  &  les  travaux  du  jour  lui  rendoient  le  repos  de  la  nuit  plus  nécelfaire, 
mais  d'autres  travaux  l'obligeoicnt  à  paflér  les  nuits  &  à  prendre  fur  fon  fommeil 
pour  en  hâter  l'éxecution.  iVIa!heur;ulement  il  étoit  o'une  conftitution  alTez  forte 
pour  rei^oub  er  de  foins  &  de  fjtigue  pendant  long-tems  ,  fans  être  fenfibiemcnt 
incommodé;  ma'is  à  la  iin  fa  fanté  fe  dérangea,  &  il  ne  la  ménagea  pas  davan- 
tage. Lcrfqu'il  étoit  dan>  cette  mauvaife  d'f(.>ofirion ,  il  reçut,  par  hazard ,  un  coup 
fort  violent  à  la  poitrine,  dont  il  ji'gea  bientôt  qu'il  mourroit.  Il  ne  fit  p'us  que 
languir  pendant  quelques  mois ,  &  il  mourut  le  2B  Décembre  1708.  Il  avoit  fait  fon 
teftameni  ,  y'«T  lequel  il  a  lailTé  fon  Cabinet  de  curioiitls  au  Roi  pour  l'ufage  des 
Savans,  &  ffs  Livres  de  Botanique  à  l'Abbé  Bignon.  Ce  fécond  article  ne  mar- 
que pas  moins  que  le  premier.  Ion  amour  pour  les  Sciences;  c'eft  leur  faire  un 
prélént ,    que   d'en  faire  à  ceux    qui  veillent  à  leur  accroiHem:!nt. 

De  deux  volumes  (n-4  que  devoit  avoir  la  Relation  du  voyage  du  Levant,  le 
premier  étoit  déjà  imprimé  au  Louvre  quand  Tournefon  mourut,  &  on  acheva 
le  fécond  fur  le  manulcrit  qu'on  trouva  dans  fon  cabinet  Les  éditions  (e  (ont  mul- 
tipliées depuis  ce  tems-là.  11  y  en  a  une  de  Paris,  1717,  deux  volumes  m-4;d'Aml- 
terdam  .  1718,  deux  volumes  ,  même  format  ;  de  Lyon,  1727  »  trois  volumes  jn-8; 
en  Anglois,   171B,  in-A,  &  1741  ,  in-S.  Cet  Ouvrage  eft  intitulé; 

^dation  d'un  voyage  du  Livant  ^  fait  par  ordre,  du  Roi  y  contenant  l'H^uire  ancienne 


T    O    X  433 

ê?  moderne  dî  plufieun  fjles  de  V Archipel ,  de  Confiantinople ,  des  Côtes  de  la  Mer 
aoire  ,  de  l'Arménie ,  de  la  Géorgie ,  des  frontières  de  Perfe  &  de  Vuijie  mineure. 
Enrichie  de  defcriptions  &  de  figures  d'un  grand  nombre  de  plantes  rares  ^  de  divers 
animaux;  &  plujicurs  obfcrvations  touchant  VHiftoire  naturelle.  Ce  précieux  Recueil 
a  confervé  ia  première  forme  de  Lettres  adreffées  à  M.  de  Pont.Cbartrain;  on  y 
trouve  deux  cens  planches  très-bien  gravées  ,  qui  repréientent  les  plantes  ,  les  an- 
tiquités ,  les  plans  des  villes   &c. 

Tourncfon  a  laifTé  en  Manulcrit  un  Traité  de  Matière  Médicale  ,  qui  contient  la 
defcriprion  des  plantes,  leurs  vertus,  &  l'énumération  des  formules  dans  lefquelles 
elles  entrent.  Cet  Ouvrage  pofthume  a  été  mis  en  ordre  par  Henri  Befnkr ,  Doc- 
teur de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  &  publié  dans  cette  ville  en  1717,  deux 
volumes    in- 12. 

Je  tinis  cet  article  par  dire  que  la  plupart  des  chofes  qu'on  a  lues  dans  l'abrégé 
de  la  vie  de  Tournefort ,  l'ont  extraites  de  l'Hiftoire  de  l'Académie  des  Sciences 
de  Paris  ,  année  ifo8. 

TOXARIS  vécut  dans  le  XXXIV  lîecle  du  monde.  Les  Athéniens  l'appelloient 
te  Médecin  étranger  &  lui  failbient  tous  les  ans  des  facrifices ,  en  reconnoifiance 
de  ce  que  leur  viile  avoit  été  délivrée  de  la  pefte  par  ion  moyen,  ou  plutôt  par 
le  moyen  d'une  femme  qui  avoit  fongé  que  Toxarls ,  qui  demeuroit  à  Athènes  , 
lui  difoit  que  cette  pefte  cefleroit ,  fi  l'on  arrofoit  toutes  les  rues  avec  du  vin.  Ce 
coni'eil  fut  fuivi  ,  &  la  pefte  ceffa. 

On  n'a  pas  été  jufqu'ici  fans  voir  combien  la  fahuleule  Antiquité  a  employé  de 
myftere  ,  pour  donner  un  air  merveilleux  aux  événemens  les  plus  communs. 

TOXITES ,  C  Michel  )  Médecin  de  la  ville  d'Haguenau  en  Allemagne ,  étoit 
du  Pays  des  Grilons.  Ses  talens  dans  la  Poélie  lui  méritèrent,  en  1529,  d'être 
nommé  Comte  Palatin  par  l'Empereur  Charles-Quint,  à  la  Diète  de  Spire.  Il  fut  en» 
fuite  reçu  Maître-ès-ArtP  à  Tubjngue  ,  &  peu  de  tems  après,  il  y  obtint  la  Chaire 
d'Lloquence  ;  mais  comme  il  favoit  ménager  ton  tems,  les  devoirs  de  ProfcfTeur 
ne  l'empêchèrent  point  d'étudier  encore  la  Médecine  &  d'en  prendre  le  bnnrjcr  ' 
il  fe  fit  même  tant  de  réputation  par  les  connoiflances  qu'il  avoit  acquiies  dans 
cette  Science,  que  la  Faculté  de  Tubingue  le  nomma  fon  Doyen  en  i^zq.  On 
ne  fait  pas  combien  de  tems  il  occupa  cette  place.  Les  HiPoriens  fe  bornent  à 
dire  qu'il  l'abandonna,  ainii  que  l'Univerûté,  pour  fe  retirer  à  Hat^uenau  où 
il  vivoit  encore  en  1573. 

Ce  Médecin  fut  aiiez  attaché  à  la  doftrine  de  Paracelfe;  il  ne  donna  cependant 
point  dans  tous  les  travers  de  cet  enthoufiafte  ;  car  bien  loin  de  rcjetrer  les  fen- 
timens  &  la  méthode  de  Galien ,  il  tâcha  de  concilier  les  opinions  de  ces  deux 
Auteurs.   On  a   de  la  façon    de  Toxites: 

Spongia  ftibii  advenus  Luca  Stengelii ,  Mcd.  Docf.  &  Pkyjîcl  Augujîanl ,  afverglnes, 
jirgentoratl^   '567,    in-4. 

Onomaftica  duo.  I.  Philo fophlcum  Medicum  fynnnlmum  ,  ex  va'-ils  vulgaribu'gue Llnguis. 
IL  Theophraftl  Paraceljî,  hoc  f)? ,  earum  rocum,  quorum  in  fcriptls  ejus  fulet  ufus 
ijfe .,  explicaiio.  Ibidem^    ^574»    '""S- 

iitri  iiuatuordecim  para^raphorum  Phillppl  TheophrajU  Paracelfi.   Ibidem. ,  1575 ,  j/i-S, 


4^4- 


T    O    Z 


TOZZI  C  Luc  )  naquit  vers  l'an  1640  à  Averl'a ,  petite  ville  du  Royauitie  de 
Naples  dans  la  l'crre  de  Labour.  Il  fit  Ton  cours  d'Humanités  dans  la  Capitale , 
&  paflU  enfuite  aux  Ecoles  de  Médecine  ,  où  ii  luivit  Onuphrc  Riccio ,  célèbre  Pro- 
feilcur  de  ce  tems-là,  &  prit  le  bonnet  "de  Doûeur  en  1661.  Dans  la  luite  ,  il 
fut  reçu  lui-même  au  nombre  des  Proteffeurs.  Il  commença  par  enfeigner,  les  prin- 
cipes de  la  Phyiiologie,  mais  lans  appointemens  ;  il  fuppiéa  encore  pendant  plu- 
iieurs  années  pour  Thomas  .Curndio  de  Coience ,  que  Ion  grand  âge  empêchoit 
de  remplir  les  devoirs  de  les  Chaires  de  Médecine  &  de  Mathématique.  Il  fut 
auin  chargé  de  remplacer  André  Lamei,  autre  Profeflëur  que  le  Vice-Roi  em- 
ployoil  ailleurs  ,  de  forte  qu'il  donnoit  bien  iouvent  juiqu'à  quatre  leçons  par 
jour.  Tant  de  fatigues  &  d'afliduité  ne  pouvoient  pas  demeurer  fans  récompenfe; 
il  obtint  enfin  la  première  Chaire  de  Théorie,  qu'il  avoir  remplie  fi  long-tenis 
pour  Cornelio.  Le  zc!e  qu'il  avoit  mis  dans  l'es  fonéitons  ,  avant  que  de  parvenir 
à  la  place  de  Profelfeur  en  titre  ,  n'étoit  pas  fufceptible  d'augmentation  ,  parce  qu'il 
avoit  toujours  été  autant  adHf  qu'officieux.  Il  continua  d'enleigner  avec  la  même 
ardeur  ,  mais  il  le  fit  avec  plus  de  célébrité  ;  &  fa  réputation  étant  paflee  jufqu'à 
Padoue,  l'Univerfité  de  cette  ville  t^.cha  de  l'attirer  dans  fes  écoles  vers  l'an  1679. 
înébi-anlable  au  milieu  des  ibllicitations  les  plus  prefian^es,  Toni  réfifta  à  toutes  les 
tentatives    qu'on  lit  pour  l'engager  à  quitter  Naples;   l'appas  même   des    offres  les 

&   il   refufa    conllammeut    d'accepter    une 
à  lés  premiers  devoirs  lui 
&  enfuite  celui  de  Proto- 
Médecin  du  Royaume  de  Naples. 

Mais  la  mort  de   Maicel  Maipighi ,    arrivée  le  ig  Novembre  1694,  fit   changer 
de  rélolution  à  To^ii   Le   Pape   Innocent   XII  le  nomma ,  au    commencement  de 
l'année  fuivante ,  pour   remplacer    Malpighi    dans    la    charge  de  premier    Médecin 
de  la   perionne ,  &  il  ne   put   fe    refufer    aux    invitations   de    fa    Sainteté  ,   qui  le 
nomma   encore   .à   la    première    Chaire    dans    le    Collège   de   la    Sapience.    Après 
la    mort    d'Innocent  ,   arrivée   le   27    Septembre    1700,   To:iii  tut   choifi    Médecin 
du    conclave  ;    mais  il  ne    put   fe  rendre   aux  vœux    dss   Cardinaux ,  parce  qu'il 
fut  alors  appelle  en  Efpagne  de  la    part  du   Roi   Charles    II ,  dont  la  fanté  étolt 
bien  chancelante.  Il  étoit   en  chemin  pour  fe  rendre  à    Madrid ,  lorlqu'il  apprit  à 
Milan  que  ce  Prince    avoit  fuccombé   à   la  grandeur  de  fes  maux.  Cette  nouvelle 
l'engagea   à  retourner   à   Rome  pour    rendre    iés  relpedts  au    nouveau    Pape  Clé- 
ment XI  ,  dont   il  étoit   connu   &  même    eftimé.    Ce   Pontife    lui    offrit   les  con- 
ditions les    plus    avantageufes   pour   qu'il    prît    le    parti    de    demeurer    à  Rome  j 
mais  Toitii  avoit  pris    celui  de   retourner    dons  fa  patrie,  d'où    le   Duc  de   Médi- 
na Celi ,  Viceroi  ,   ne    lui   permit    plus  de  lortir.  Il  mourut  à    Naples  le    n    Mars 
1717  ,    à   l'âge    d'environ    Y7    a°s.    On    a    de    lui    quantité    d'Ouvrages    qui    ont 
été   recueillis    fous    le    titre    d'Opéra    cmnia  Mcdlca  ,   &    qui  ont    été  imprimés    à 
Venil'e    en    1711    &    en    1728  ,    cinq    volumes    in.'^.    Les    éditions   particulières 
font  : 

Rccondlta  Natures  opéra  jam  detecïa  ,  ubl  drca  quatuor  caufas  objervat'i  cotmta  ae 
.m^nfc  Dccanbris  tranfaSli  anni  1664 ,  ^ftrcnomko  •  Fhyjicè  edijjeritur.  Neapoli  ,  1665  , 
4Û-12.  ATedlclna: 


T   R    A  4^5 

Medlcîna  pan  prîor ,  curîofa,  tumex  Phyjîologicîi  ^  tum  Paihohgkh  deprompta^  J^c- 
>terum  Jlecentiorumgue  medendi  methodum  compleSiens,  Lugduni  ,    i68l  «  Jn-B. 

Medlcinis  pars  altéra  ,  qu<e  ha&ems  advzrsàs  morbos  adinvcata  funt  ,  lucuknter  &  bnvif' 
Jîmé    explicans.  ./ivenione  ,  1687  <,  î/i-8 ,  deux  volumes. 

/«  Hippocrath  AphoTifmos  Commentaria  t'ubî  univerfs  Mediclna  ,  cùm  Theorlca ,  tàm 
Pra&icx  ceUbrlores  quafiiones  perpcnduntur  ,  aique  nedam  Recentiorum  inventa  ,  fcd 
&  gcnuina  ejufdem  Hippocrath  menti  congruenies  quàm  dilucidè  explicantur.  Neapoll , 
1693  ,  in  4. 

Ce  Médecin  avoit  des  opinions  fingulieres.  Il  rejettoit  les  véficatoires  ,  la 
feignée  ,  &  n'admettoit  aucune  pléthore.  Partifan  de  /^an  Hdniont  &  de  Sylvius 
de  Le  Boë ,  il  établiflbit  l'acide  pour  caule  de  la  plupart  des  maladies ,  employoit 
les  abiorbans  dans  la  cure,  &  Te  fervoit  généralement  de  beaucoup  de  remèdes. 
boa  fpécitique  dans  les  fièvres  continues  ,  c'eft  le  Mercure  précipité  quil  adou- 
cit en  y  faifant  brûler  de  l'efprit  de  vin  ;  dans  la  confomption ,  c'eft  l'eau  diftillée 
de  ferpens. 

TRABONA,  (  Hyacinthe  )  de  Politio,  ville  de  Sicile  dans  la  Vallée  de  Dé- 
mona,  naquit  le  20  Août  1595.  Son  premier  dellein  fut  d'cmbrafler  la  vie  cléri- 
cale ;  il  avoit  même  reçu  les  ordres  mineurs  dès  l'année  1613  ;  mais  il  ne  perfévéra 
pas  dans  cette  vocation ,  &  il  l'abandonna  pour  le  jetter  dans  la  Médecine ,  dont 
il  prit  le  bonnet  de  Dofteur.  Après  fa  promotion  ,  il  fe  rendit  à  Céfaledi 
dans  la  même  Vallée  de  Démona  ,  où  il  fit  fa  profedion  avec  tant  de  fuc- 
cès ,  qu'il  mérita  les  regrets  des  habitans  ,  lorfqu'il  y  mourut  le  i6  Février  1664. 
Il  a  publié  une  Diflertation  De  medicamento  purgante  quartâ  die.  Elle  fut  imprimée 
à  Palerme  en   1636 ,  tn-4. 

TR.ABUCCUS,  ("Mario  )  Dofteur  en  Philofophie  &  en  Médecine ,  étoit  de 
Calata.girone ,  ville  de  bicile  dans  la  Vallée  de  Noto.  Son  maître  dans  la  prati- 
que  fut  Jean-Léonard  Bofcartlli ,  célèbre  Médecin  de  cette  ville.  Il  le  luivit  avec  tant 
d'attention,  &  fit  fous  lui  tant  de  belles  obferv&tions  fur  la  nature  ,  la  marche  & 
la  cure  des  maladies  ,  que,  livré  à  lui-même,  il  ne  tarda  pas  à  mériter  la  con- 
fiance de  toute  la  Sicile.  Ce  Royaume  fut  attaqué  d'une  maladie  épidémique  en 
1622,  &  Trabuccus  devint  le  libérateur  de  fa  patrie  par  les  foins  qu'il  fe  donna 
pour  en  arrêter  les  progrès,  Plulieurs  Auteurs  parlent  de  lui  avec  éloge,  entre  au- 
tres,  yeûn-5û/)/i/Ze  Cnrteji  &  Pierre-Paul  Morretta.  Ce  Médeci-'  n'a  publié  aucun 
Ouvrage,  mais  ^nvmin  Mongitore  fait  mention  de  ceux  qu'il  a  laifles  en  manuf- 
crit.  Tels  font  :  PraEtica  Medidne.  De  morbls  muUcrum  &  puerorum.  De  febribus  & 
pracipuè  de  febre  malignâ.  Confulta  varia  Medica  pro  Siciliee  Dynaftis  ac  PntfuUbus. 
De  morbo  epidemico  Jirangulatorio  anni  1622. 

TRAGUS  ou  BOCK.  ("  Jérôme  )  vint  au  monde  en  1498  a  Heidefpach ,  villa- 
ge près  de  Breiten  en  Souabe.  Après  avoir  été  Moine,  il  fe  mu  à  tenir  école 
à  Deux-Ponts  ,  &  cet  emploi  l'occupa  pendant  neuf  ans  ;  mais  comme  il  avoit 
du  goût  pour  la  Botanique  ,  il  le  chargea  encore  de  la  dircilion  du  Jar- 
din du  Prince  Louis ,  qu'il  embellit  d'un  grand  nombre  de  plantes  rares.  A  Is 
TOME     IF.  """ 


4^6.  T    R     A 

niort  de  ce  Prince  en  155'^,  il  pafla  à  Hornbach ,  où  il  fut  en  même  tems  Vrêt^ 
dicateur  &  Médecin.  H  Hnit  fes  jours  dans  cette  ville;  une  conf>mption,  d^nt 
il  étoit  attaqué  depuis  feize  ans,  l'emporta  le  ai  Février  1554.  Le  goût  qu'il 
avoit  pris  pour  la  Botanique  a  procuré  aux  Médecins  Allemands  un  'ouvrage 
écrit  en  leur  Langue  ,  dont  il  y  a  grand  nombre  léditio  is  ,  toutes  in-foUii ,  à 
Strasbourg,  1539,  1546,  1551  ,  1572,  15^0,  1586,  1595  &  1630.  David  Kyber  Vz 
mis  en  Latin  ,  lous  ce  titre  ; 

7?e  Sùrp'um  ,  max'mè  earam  que  înGermania  nafcuntur  ^ufîtatis  nnmenclatiirh^provrUf' 
cjue  d'fferentiis ,  necnnn  tcmperaturis  &  facultatibus^  Cnni:nentariorum  Lihri  tre\  HU  acctf' 
feruni  Prafationes  due ,  alttra  Conradl  Gefneri  rei  herbaria  Scriprorum  qui  in  hune  ufque 
dicm.  fcripferunt  Caialouum  compUêfens  ;  aliera  Ipjîus  ^ucforis  herharie  coj^nitionii  laudes 
contiaens,  Praterea  ,  Corollarii  vice  ad  calcem  adjc&us  eft  Benedili  Texroris ,  Segufiani ,  de 
Stirpiun  dlffer^nnîs  Libellas.  Ar^entorati  ,  1552,  in-^.  Tragu  j  n'a  voit  pas  manqué  de 
conlulter  les  Ouvrages  des  anciens  Botaniftes  ;  mais  peu  iatisf.iit  de  ce  qu'il  y 
avoit  trouvé ,  il  voulut  encore  confulter  la  Nature  dans  les  montagnes  des  Vof- 
ges   &  dans    prelque  toute   la   Suide  ,    &    il   y   fit  une  ample   moiflbn  de   plantes. 

Le  recueil  des  figures  qui  ont  rapport  à  l'Ouvrage  que  je  viens  de  citer,  eft 
intitulé: 

ycre  atqre  ad  vivum  exprejje  imagines  omnium  herbarum  ,  fruSticum  &  arborum , 
quarum  nomenclaturam  &  defcriptinnes  Hienmymus  Bockius  in  fuo  tum  Germanicô ,  tant 
Liùnitate  dunatô  ac  recens  editô  Herbariô  comprehendit ,  no/ic  primùm  minorl  forma  ex- 
cufe.   ^r^enùne,  1553  &  1554,  in'4  ,  avec  5O7  figures. 

THALLES .  f  Jean-Chriftian  J)  de  Strelen  en  Siléfie  ,  exerça  la  IVédecine  à 
Breflau  &  fut  Membre  de  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature,  fous 
le  nom  à^^venioar,  Augufie ,  Roi  de  Fologne ,  le  nomma  fon  Médecin  en  1697  ♦ 
mais  il  ne  jouit  guère  de  cet  honneur  ,  car  il  mourut  l'année  luivante  ,  au  retour 
de  la  CampHgne  où  il  avoit  fuivi  ce  Prince  qui  étoit  allé  pacifier  les  troubles  fur- 
venus  dans  fes  nouveaux  Etats  ,  à  la  fuite  de  l'éleétion  du  Prince  de  Conti  , 
fon  concurrent  à  la  couronne.  On  ne  connoît  rien  de  Jton-ChrijUan  Tralles  qu'un 
Ouvrage  imprimé  en  1680,  In  8  ,  fous  ce  titre:  De  inju^ckntia  exfpuitîonis  fuhva 
pro  obtinenda  gluriâ  prefervatlonis  univerfalis  naturalis  peftis. 

Balthafar-Lo'Ai  Tralles  ,  célèbre  Médecin  de  Brellau  ,  où  il  naquit  le  premier 
de  Mars  1708,  étoit  de  la  famille  du  précédent.  Après  avo'r  étudié  à  Hall  en 
Saxe  fous  Frédcric  Hoffmann  ,  il  ne  tarda  pas  à  fe  diftinguer  dans  fa  patrie,  dont  il 
mérita  la  confiance  &  l'eftime.  Déjà  répandu  dans  le  monde  favant  par  des  Ouvra- 
ges qui  font  tous  marqués  au  bon  coin  ,  il  fut  reçu  dans  l'Académie  Impériale  d'Alle- 
magne ,  dont  il  devint  Adjoint  fous  le  ncm  à'^Jven^nar  II.  La  Société  Royale  de 
Berlin  le  mit  audi  au  nombre  de  lés  Membres.  Mais  comme  on  ne  peut  mieux 
juger  de  Tralles  que  par  fes  Ecrits  ,  je  paflè  à  la  notice  que  les  Biolio^raphes  en 
ont  donnée: 

Extrcitatii)  Phyfîco-Medica  de  virtute  Camphore  réfrigérante ,  cum  prefatlone  Frldericl 
Hoffmami.   f^ratiflavie  &  Llpjtai  ,   1734,  in-S.   Lipjîe .,  1738,  '"18. 

De  vena  ju^ulari  frequentiùs  fecandâ  ,  Commentano.  Lipjite  ^  1735  ,  in-8.  Il  y  parle 
de  la  (aignée  à  la  Jugulaire,  comme  du  plus  puiliànt  de  tous  les  lecours  contre  la 
plupart  des  maladies  de  Ja  tête>- 


T    R    A  427 

Traité   fur  le  régime  des  femmes  grofTes.  Preflau,  1736,  m-8 ,  en  Allemand. 

Traité  coctre  les  préjugés  des  Allemands.  Breilau  ,  1736  ,  in  -8 ,  dans  la  même 
Langue. 

yirium  ,  qu£  terrds  remedlls  fia£fenus  groth  cdfcr'pie  funt ,  examen  rigorojîus.  F'ra' 
tifldv:a  &  Lipliie  ,  1740,  in-4.  C'eft  aux  iyl^êmcs  que  difiérens  Médecins  ont  ima- 
gmes  fur  les  caufes  des  maladies,  qu'on  doit  en  partie  attribuer  la  Polypharma- 
cie  qui  a  rendu  la  cure  de  pos  maux  fi  rebutante.  Les  Anciens  r'ort  point  connu 
tout  ce  fatras  de  médicamens  terreux ,  dont  les  Moiernes  farcha'^ent  C  icutile- 
inent  lefîomac  des  pauvres  malades.  L'idée  d'ablorber  ,  de  corriger,  de  chan- 
ger  la  qualité'dominante  de  nos  humeurs,  a  fait  croire  que  ces  méiiLamens  étoient 
propres  à  cet  effet,-  c%!  parce  qu'on  a  remarqué  que  les  abforbans  tempèrent  les 
aigreurs  qui  réiultent  d'une  digeiiion  foible  &  lente  ,  on  a  étendu  l'aélion  de  ces 
remèdes  jijfques  lur  le  fang ,  où  ils  ne  paflent  jamais, 

■  Exa.v.en  rigorojius  ,  quô  Jîmul  multarum  traduhnum  praclicarum  Mytholagla  &  vanltai 
dîlucidè  declaratur.  Lipjia ,  1740,  in -4. 

De  machina  &  anima  humanâ  prorfus  à  fe  invîcem  dlfiln&îs ,  Commentatîo.  Z i/^i/^e,  1749  , 
în-8.  Cet  Ouvrage  combat  vidiorieufement  les  aflertions  impies  que  le  Médecin  La 
Mittrie  a  efirontément  publiées  dans  Ion    Triité  intitulé  :   VHomme  machine. 

Hifioria  Choiera  acroCijJlme  quam  fuftlnuit  ipfe  &  perfanavit  tegerrlmè.    F'ratiflav'a  « 

Ufus  Opii  falubris  &  noxius  in  mortorum  medelâ  ,  folidis  &  certis  principiis  fuper- 
flrucfus.  Ibidem  ,1757,  17(^0,  1762,  quatre  ferions  en  deux  voltmes  i/1.4.  Suivant 
lui,  VOpium  augmente  le  mouvement  du  cœur  &  des  artères,  conféquemment  la 
vitefie  de  la  circulation  &  la  chaleur  naturelle  du  corps  ;  il  raréfie  ,  il  atténue  le  lang  ,  à 
qui  il  procure  une  turgefcence  qui  équivaut  à  l'augmentation  delà  maffe  ;  il  rend  la 
relpiratioQ  plus  accélérée  &  plus  difficile ,  détermine  plus  abondamment  le  fang  vers 
la  tête  :  c'cft  delà  que  l'Auteur  céduit  tous  les  effets  qu'on  remarque  dans  les 
perlbnnes  qui  ont  fait  uiage  de  ce  fuc  épaiffi  de  pavot,  qu'on  nous  envoie  fous  le 
nom  de  Meconiam.  Mais  Tralles  ne  fe  borne  point  à  détailler  les  avantpges  &  les 
inconvéniens  de  VOpium  coniiJéré  par  lui-même  ;  il  examine  ce  médicament  Ibus 
un  autre  point  de  vue,  &  en  déterminant  les  cas  qui  rendent  fon  aéfion  utile  ou 
dangereufe  ,  il  faifit  l'occafioo  de  s'étendre  fur  la  naturelles  caufes,  la  marche  &  le 
traitement  de  prcique    toutes  les  maladies. 

De  mcihûdo  mcdaidi  varlilis  hacten-js  cogn'ttâ  pepe  in/ufficiente  ,  magnô  pro  inoculatione 
argumeniô ,  Dijfertatio.  Fraùflavi^ ,  1761  ,  in-8. 

De  methodo  medendi  in  curatione  variolarum  pejjimtt  Indnlis.  Ibidem  ,  1 764  ,  in-8.  C'eft 
une  Lettre  apologétique  adreflée  à  Antoine  De  Baen  ,  Médecin  de  Vienne,  qui  avoit 
cenfuré  la  méthode   curative. 

f^exàt'ijjimum  nojlrâ  tctate  de  infîtione  variolarum  vel  admîttendâ  vel  repudîandà  argumen- 
tum  f  curatiùs  evolucum  c§  expcnfum.  uilditur  brefis  difquijîtio  de  ufu  mijfionis  Janguinis  & 
Opii  in  fecunda  varilarum  ftbre.  Ibidem^  ^l^^S")  "'■^• 

f^era  vatrem  patrits  fanam  &  longavum  pnsjlandi  methodus.  Ibidem  ,1767  ,  in-4  Cet  Ou- 
vrage eff  dédié  à  Staniflas-Augufle  ,  Roi  de  Pologne,  qui  avcit  invité  Tralles  à  fe 
rendre  à  Varfovie  .pour  y  remplir  la  charge  de  fon  premier  Médecin.  Plufieurs  rai- 
fons  le  détournèrent    daccepter  ce  parti    honorable.    Son   attachement  à    la  Rc)j- 


4aS  T    R    A       T    R    E 

gion  Evangélique  qu'il  auroit  dû  abandonner  ;  l'ftge  de  60  ans  qu'il  avoit  alors  ;  le 
irain  d'une  vie  unie  &  toute  littéraire,  asiquel  il  ctoit  habitué  ,  ^  que  le  tumuUe 
de  la  Cour  ne  lui  auroit  pas  toujours  ptrmis  de  fui- re  à  fon  gré:  c-'a  l'engagea 
à  prier  le  Roi  de  le  dirpenfer  de  quitter  Jireflau.  Mais  potir  ne  point  être  inu- 
tile à  ce  Prince ,  il  lui  adrcfla  les  conleils  diététiques  qui  font  la  matière  du  Traité 
dont  on  a  vu  le  titre. 

TRALLIANUS.  Voyez  ALEXANDRE  TRALLIEN.  ' 

TRAPHAM  ,  CThomas  )  de  Maidltone  dans  la  Province  de  Kent  en  Angle- 
terre ,  le  fit  examiner  à  Oxford ,  où  il  obtint  la  permi'^'oa  de  pratiquer  la  Chirur- 
gie, Sa  réception  eft  du  3  Mars  1633.  Comme  il  donna  des  preuves  de  fes  taleus 
dans  cet  Art ,  Olivier  Cromwel  le  clioilit  pour  ion  Chirurgien  en  1648  ;  mai»  il  re* 
tourna  à  Oxford  l'année  luivante,  le  mit  lur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Méde- 
cine ,&  prit  le  titre  de  Bachelier  le  19  Mai.  U  paroît  qu'il  en  demeura-là  ;  car  on  ne 
voit  pas  qu'il  fe  Ibit  préfenté  pour  obtenir  d'autres  grades  ,  quoiqu'il  ait  lurvéca 
jufqu'à  la  fin  de  Décembre  1683.  U  mourut  à  Abingdon  ,  ville  d'Angleterre  dans 
le  Comté  de  Barck. 

Thomas  Trapham^  Ion  fils,  fut  reçu  Mattrc-ès-Arts  à  Oxford  en  1658.  II  voyagea 
beaucoup  &  prit  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine  dans  une  Univerfité  étran- 
gère. Cette  promotion  lui  fuftit  pour  entrer  dans  le  Collège  Royal  de  Londres  » 
mais  il  ne  profita  pas  long-tems  des  avantages  que  fa  réception  pouvoir  lui  procu. 
rer  en  Angleterre;  car  il  pafla  bientôt  après  dans  la  Jamaïque,  où  il  vivoit  encore 
en  1692.  La  DilTertation  qu'il  a  écrite  fur  les  maladies  des  habitans  de  cette  lile  « 
a  paru  en   Anglois  en   1679, 

TRAPOLINUS,  ("Pierre  )  Médecin  natif  de  Padoue ,  vécut  vers  la  fin  du 
XV  fiecle.  11  enieigna  la  Théorie  dans  les  Ecoles  de  cette  ville ,  &  ne  manqua 
pas ,  comme  tant  d'autres  ,  de  raifonner  fur  la  Vérole ,  maladie  alors  nouvelle  en 
Italie.  Tout  ce  qu'il  en  a  dit,  le  réduit  à  des  queftions  fcholaftiques  qui  ne  jettent 
aucune  lumière  fur  la  méthode  curative;on  en  a  cependant  formé  un  Traité  qu'on 
trouve  dans  le  deuxième  Tome  de  la  CoUedtion  de  Venile  De  Morbo  Gullico' 
Mais  comme  ce  Iraité  eft  imparfait  &  plein  de  lacunes  ,  ^ftruc  faupçonne  que 
quelque  Ecolier  l'a  fait  imprimer  fur  les  cahiers  qu'il  avoit  écrits  à  la  diflée  de 
Trapolinus. 

François ,  fils  de  ce  Médecin  &  Médecin  lui-même  ,  enfeigna  la  Logique  à  Padoue 
en  1501  &  la  Philofophie  en  1504  ;  mais  il  abandonna    l'Univerfifé  de  cette  ville  ,. 
pour  aller  remplir  une  Chaire  dans  celle  de    Florence,  qu'il  quitta   à   fon    tour,, 
pour  le  rendre  à    Rom&  où   il  mourut. 

TREVISIUS  (  André  )  naquit  dans  le  Novarefe  au  Duché  de  Milan.  Déjà 
connu  dans  cette  partie  de  l'Italie  par  les  heureux  fuccès  de  là  pratique  ,  il  y  faû 
foit  la  Médecine  avec  toute  la  réputation  qu'un  homme  de  Lettres  peut  ambition- 
ner,  lorlqu'il  lé  préfenta  une  nouvelle,  mais  trifte  occafion  de  rendre  lervice  à  fa 
patrie.  Une  %vre  épidémique  déiola  l'Eut  de  Milaa  eo  i^H^  Su  isbB;  il  vola  pas^ 


T    R.    E  425 

four,  &  il  employa  des  moyens  fi  bien  concertés  contre  les  ravages  que  cette 
Hialadie  faifoit ,  qu'il  vint  à  bout  d'en  arrêter  le  cours.  Sa  conduite  le  répandit 
avantageulement  dans  toute  l'Italie  ;  fon  nom  pafla  même  jufqu'en  Efpagne.  11  fut 
nommé  Médecin  de  l'Infante  Ifabelle-Claire-Eugénie ,  Epoufe  de  l'Archiduc  Al- 
bert, &  palTa  avec  cette  Princefle  dans  les  Pays-Bas,  où  il  demeura  julqu'en  1622, 
qu'il  revint  dans  l'a  patrie  ;  il  y  vivoit  encore  en  1627.  Témoin  de  la  mort  de 
l'Archiduc  Albert,  il  coniacra  à  la  mémoire  de  ce  Prince  un  Ouvrage  intitulé  ; 
Pkœnix  Principum,  Jîve  ^  ^Ibtrii  Fii  morientis  f^ita.  Il  avoir  publié  précédemment: 
Traciatiis  de  caujis ,  naturâ ,  moribus  ac  curatione  pejlilentium  febrium  valgo  diSarunt 
cum  Jïgnis  five  petechiis.  Midiolani ^  15^8,  1595  jin-^. 

TREW  ,  (  Abdias  )  Profeffeur  de  Phyfique  &  de  Mathématique  dans  l'Uni- 
verfité  d'Altorf  ,  étoit  d'Anipach  en  Franconie ,  où  il  naquit  le  29  Juillet  1597. 
11. remplit  avec  beaucoup  de  célébrité  la  Chaire  qu'on  lui  avoit  donnée  ,&  il  l'oc- 
cupoit  encore  loriqu'il  mourut  le  12  Mars  1669.  Tretf  ne  fut  point  Médecin.  Oa 
ne  fait  ici  mention  de  lui  ,  que  parce  qu'il  a  publié  un  Ouvrage  ,  feu*  ce  titre  : 

uijlrologia  Medica  quatuor  difputationibus  comprehenfa.  ^hdurfii,  1664  ,  /n-4.  En 
condamnant  les  extravagances  de  l'Aflrologie  ,  il  fe  croitjui-même  exempt  d'erreur 
dans  les  principes  qu'il  déduit  de  l'influence  des  aftres  fur  les  corps  fublunaires.  Il 
les  étend  cependant  B  avant  ces  principes,  qu'il  les  applique  à  la  Médecine,  & 
ibutient  que  les  maladies  &  les  affeftions  de  l'efprit  de  l'homme  dépendent  de  l'ac- 
tion des  globes  lumineux  qui  ornent  le  ciei. 

Chrijlophe,  fils  (i'^bdias,  naquit  à  Altorf  le  20  Septembre  1641.  Il  s'attac^ia  à  la 
Pharmacie  qu'il  exerça  à  Lauffen  en  Franconie  ;  mais  il  fe  raêloit  auffi  de  la  Mé- 
decine ,  &  comme  il  ne  manquoit  pas  de  talens  dans  cette  Science,  on  lui  conlia 
le  foin  de  veiller  à  la  fanté  de  la  garnifon  de  Rothenbourg-fur-le-Tauber.  11  mourut 
le  a8  Juillet  1717,  &  laifla  un  Ouvrage  en  Allemand  fur  la  bierre  de  LauU'en 

Chrijiophc-Jacques  Trew  ,  fils  du  précédent,  naquit  en  1695  dans  la  ville  de  Laufl. 
feo.  Il  fit  la  Médecine  à  Nuremberg  avec  tant  de  diftindion  ,  qu'il  parvint  A  la 
place  de  Directeur  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  dont  il  s'acquitta  à 
l'avantage  de  cette  Compagnie  &  du  public.  Aidé  de  quelques-uns  de  fes  confrè- 
res ,  il  travailla  à  un  Ouvrage  périodique  qui  commença  à  paroîrre  à  Nuremberg 
CD  1731»  fous  le  titre  de  Commercium  Littcrarium  ad  Rei  Mcdic<e  &  Scieatle  nuiura- 
Jii  incrementum  infiUutum  ;  il  y  a  inféré  diverfes  obfervations  de  fa  façon ,  &  il  y  a  eu 
part  jufqu'au  quinzième  volume  qui  fut  imprimé  en  1745.  Mais  Trew  ne  s'eft  point 
borné  à  la  rédadion  de  ce  Recueil;  laborieux  comme  il  étoit,  il  a  mis  les  Ou» 
vrages  fuivans  ea  état  de  voir  le  jour  ; 

De  vafii  lingute  fJlvalibus ,  Epljlola  ad  A.  UaJhr.   Nuribergte,  ^T,4»   ''«•4- 
Dijfenatio  de  diJJerentUs  quibufdam  iarer  bominem  natum    &  nofctnduni  inurcedentibus. 
Jbidim  .,   1736,  in  4.  On  y    trouve  beaucoup  de  détails    anatomiques. 

Jcoms  pojthuma:  Gefneriana.  Ibidem  ,  i^^ii^  in-falio.  Ces  planches  de  Gejner  ,  dont  il' 
avoit  fdit  l'acquifition  ,  contiennent  216  figures  de  plantes  gravées  en  bois. 
Sele&arum  plantarum   Décades.  Augujits  A^indelicorum.,  i^^o  ,  in  folio. 
Librorum  Botanicorum  Libre  duo  ,  quorum  prior    recentiora    quojdam ,  poflerior  pleroCn 
2in  anii^uos  ad  annum  1550  uf^ue  sxcufm  recenjlt,  Norimber^a  y  ^752 ,  infulio. 


430  TRI 

Planta  fchcîa  quorum  imagines  ad  exempîarla  naturalla  Londlnî  in  hortis  cur'wforum 
nutrita  ,  manu,  artificiosâ  pinxit  Georgius  Dionyflus  Ehret  Germanus  ,  ccUegit ,  nominibus 
notifjue  lllujlravit  C.  J.  Trew.  /bcden ,  1754  >  in-folio  regali. 

CeJrorum  Libanl  hijtoria^  eorumque  chara&nr  Botanicus ,  cum  illo  Larlcis  ^  ^bieds, 
Pinique  comparatus.  ^ccedit  d'ifqnVitio  ,  an  hmc  arhor  Jh  illa  Ipfa  in  facro  codiez  prte 
omnibus  cdebrata.  NorlmbergtE  ,  1757  ,    in-4 ,  avec   figures. 

TklBOULLEAU,  ("Michel  )  Maître  Chirurçien  delà  ville  de  Paris ,  fa  patrie , 
fe  lit  une  étude  particulière  delà  Phylique  &  de  l'Anatomie  ,  dont  il  tira  beaucoup 
de  lumières  qui  contriliurrcnt  à  l'avancement  de  fon  Art.  Il  Fut  choifi  en  l'^yo 
pour  remplir  la  chargée  de  Chirurgien-Major  du  Régiment  des  Gardes ,  &  en  cette 
qualité,  il  iervit  dans  les  Armées  jufqu'à  la  paix  de  liylwick  en  1697.  Comme  les 
l'uccès  de  la  pratique  lui  av oient  mérité  l'eftime  &  la  contiance  du  Corps  auquel 
il  étoit  attaché ,  fa  réputation  ne  s'établit  que  plus  folidement  dans  la  Capitale  ; 
elle  fe  répandit  même  fi  avantagcufement  pour  lui,  qu'elle  ne  tarda  pas  à  jctter 
les  fondemens  de  cette  fortune  brillante  à  laquelle  il  eft  parvenu.  Les  pauvres  de 
fa  Paroiffe  qu'il  affeé^ionnoit  beaucoup,  fe  reffentirent  de  l'état  d'opulence  où  fa 
proFelïion  l'avoit  mis;  il'fe  dévoua  fpécialement  à  leur  fervice,  &  les  aida  de  fa 
bourfe  autant  que  de  fa  main.  Lorfque  les  infirmités  de  l'âge  ne  lui  permirent  plus 
de  leur  être  utile  du  côté  de  fon  Art,  il  continua  de  les  aider  par  les  aumô- 
nes ,  dont  il  alla  recevoir  la  récompenle  le  2  Juillet  1714  ,  dans  fa  ^^me.  an- 
née. C'eft  à  fon  école  que  le  célèbre  Jean  Louis  Petit  s'eft  formé  dans  la  pratique. 
11  y  a  fucé  de  bons  principes;  car  Tribouileaa ,  également  prudent  &  hardi  dans 
fes  opérations ,  a  non  feulement  redrelfé  difl'érens  abus  qu'une  aveugle  routine 
avoit  introduits  dans  la  Chirurgie  ,  mais  il  a  encore  ofé  autorifer,  par  fon  exemple, 
des  procédés  curatifs  qu'on  redoutoit  de  mettre  en  ufage ,  malgré  la  néceflité  ré- 
fultante  des   indications. 

TRIBUNUS ,  Médecin  célèbre  dans  le  VI  fiecle ,  du  tems  de  Chofroës  I , 
étoit  de  la  Paleftine.  Il  avoit  tellement  gagné  les  bonnes  grâces  de  ce  Prince, 
qu'ayant  été  fait  prifonnier  par  les  troupes  de  l'Empereur  Jullinien,  Chofroës  ne 
voulut  accorder  aucune  trêve  à  fes  ennemis,  avant  que  ce  Médecin  lu:  fût  rendu. 
Elle  fut  conclue  à  cette  condition  ,  &  Tribunus  revint  à  la  Cour  de  Perfe  ,  où , 
plus  cocfidéré  que  jamais,  il  fembloit  devoir  s'y  fixer  pour  toujours.  Mais  le  rang 
diftingué  qu'il  y  tint,  l'eftime,  l'amitié  même  de  Chofroës,  rien  de  tout  cela  ne 
put  le  déterminer  à  demeurer  en  Perfe  au  de'à  d'un  an  après  fa  délivrance.  Le 
Roi  mit  en  œuvre  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  l'engager  à  abandonner  le 
delfcin  qu'il  avoit  formé  de  fe  retirer.  II  le  tenta  par  les  endroits  qui  pouvoient 
le  tlitter  davantage.  Voyant  enfin  que  Tribunus  étoit  bien  réfolu  de  fuivre  le  parti 
qu'il  avoit  pris,  il  fe  borna  à  ce  que  lui  diéloit  la  reconnoidance  ,  &  fit  préparer 
les  prélens  les  plus  magi^ifiques  pour  le  récompenfer  de  fes  fervices.  Mais  par  une 
fupértorité  d'ame  digne  de  fon  grand  cœur,  ce  Médecin  ne  voulut  point  les 
accepter;  &  fuivant  le  témoignage  de  Procope .,  Ecrivain  contemporain,  il  de- 
manda, pour  toute  grâce,  la  délivrance  des  Romains  détenus  en  captivité.  Le  gé- 
néreux Chofroës   lui  accorda  fa  demande ,  &  donna  ordre  de  renvoyer  les  foldat» 


T    R    I  43Ï 

de  Juftioien,  de  quelque  nation  qu'ils  funent,  jufqu'au  nombre  de    3000,  Cette  ac- 
îioa  de  Tribunus  rendit  ion  nom  célèbre  par  tout  l'Empire. 

TRILLE R.,(  Daniel-Guillaume^  Dofteur  en  Philofophie  &  en  Médecine  ,  étoit 
d'Erfort  dans  la  haute  Thuringe.  Il  enCeigna  dans  les  Ecoles  de  Wittemberg,  où 
it  vivoit  encore  en  1770.  La  première  Thefe  à  laquelle  il  préfida  ,  eft  de  1716;  il 
venoit  de  prendre  le  bonnet,  car  on  trouve  une  autre  Diflertation  Académique  qu'il 
ioutiut    comme  réponoant   en  1715. 

Abraham  Gronovlus  A  profité  des  notes  de  ce  Médecin  fur  l'Hiftoire  des  animaux  de 
Claude  Eiien  ,  <<<  il  en  a  enrichi  l'édition  Grecque  &  Latine  qui  a  paru  à  Londres 
en  1744,  'n-4.  Trille-  &i  Jean- Etienne  Bernard  ont  aufli  £iit  des  remarques  fur  l'Ou- 
vrage d'Hypaïus  qui  eft  intitulé  :  De  partibus  corporii  ,  &  qui  a  été  imprimé ,  en 
Grec  &  en  Latin,  à  Leyde  ,  1744,  in-B.  Notre  Médecin  a  pris  part  à  la  difpute 
fur  l'ancienneté  de  la  petite  vérole  entre  ïFerlhof  &  Hahn ,  &  il  a  adreflë  deux  Let- 
tres au  dernier  ,  fous  le  titre  é^Epijîola  de  anthracibus  c?  varlolis  f^aerum.  In-^,  Ses 
autres  Ouvrages   font: 

De  nova  Hippocratis  editione  adornandâ.  La^duni  Batavoram  ,  1728,  în-4..  L'édition 
6'Hlppocrate,  dit  M.  GouUa  dans  la  feuille  N".  28,  année  iY7f>  >  a  été  le  point 
mélancholique  qui  a  occupé  la  tête  de  Triller  pendant  toute  fa  vie.  En  1720,  il 
écrit  a  M.  Freind  &  lui  demande  fon  avis  fur  l'édition  d'Hippucrate  qu'il  préparoit 
&  qui  devoir  être  bientôt  prête  à  ê'.re  mile  fous  la  prefle.  En  1728,  il  le  propofe 
de  corriger  les  fautes  que  Fuës  avoit  îaillées  en  plusieurs  endroits  de  ia  verfion  , 
ainli  que  ReineJIus  l'avoit  très  bien  prouvé.  11  donne  en  même  tems  un  effai  des 
notes  qu'il  fe  propofe  de  joindre  au  texte  ,  qu'il  écrafe  de  commentaires,  après 
avoir  accufé  Fuës  d'être  diffus  en  cette  partie.  Ce  n'eft  pas  que  fa  vafte  érudition 
y  loil  déplacée  &  qu'il  ne  foit  à  louhaiter  que  tout  Hippncrate  foit  éclairci  de  la 
forte,  aicfi  que  l'a  trè>-bien  déliré  M.  De  Haller  ;  mais  Trilkr  veut  borner  fon 
Hippocrate  à  deux  volumes  //i-4,  tandis  que  fes  commentaires  iont  au  texte  &  à  la 
tradudion  au  moins  comme  ieize  Ibnt  à  un.  Il  obferve ,  pourfuit  M.  Goulin  ,  qu'il 
a  trop  avancé  fa  parole  pour  n'être  pas  Lien  décidé  à  la  tenir  ,  &  qu'il  travaille 
depuis  douze  ans  dans  ce.-,  vues.  Sur  quoi  il  faut  remarquer  qu'en  écrivant  en  17ÎO 
à  M.  Frctnd  qui  a  publié  lès  Epidémies  o' H p^acrais  en  1716,  ils'ex:ufe  beaucoup 
de  ce  qu'il  n'a  pu  le  faire  plutôt  ;  on  en  fent  la  raifon.  L'Ouvrage  de  Freind  lui 
avoit  porté  le  coup  d'émulation,  &  il  falloit  bien  au  moins  quatre  ans  de  prépa- 
ration pour  ne  pas  parler  a  vuide  à  un  par«:il  homme.  Mas  pendant  quarante  ans, 
il  remplit  quatre  vol j mes  in  8  de  Poëmcs  Latins  fur  la  Mé^^ecine  ,  il  publie  des 
diflertation^,  des  opuicules,  un  Iraiié  médiocre  fur  la  pleuréfie,  défigure  l'excel- 
lente Phiimicopée  de  Witiemberg  en  la  furchargeant  de  citatons  &  dénotes,  où 
il  cite  fouvent  les  Poéfics  Latines,  &  fait  voir,  à  travers  beaucoup  de  jeux  de 
mjts  très  puériles»,  qu'il  n'cft  ni  Pharmacien,  ni  Médecin;  &  cependant  il  écrit 
encore  à  FranLf>rt  en  i^fn  qu'il  donnera  fon  //f/;/7ocrdfe  qu'il  n'a  pas  donné  ,  quoi- 
qu'il vécut  encore  en  1770.  Le  l'raitc  de  la  pleurétie  &  la  Pharmacopée,  dont 
parle  M    Goulin,  ont    paru  fous   ces  titres: 

Succinclii  commentait)  de  pleuritide  ejufjue  curatione.  Francofurti  ^  174°  »  '1-8.  Il  y 
établit  la  piéfereoce  de  ia  iaignée  directe. 


««  TRI 

Dtfpenfatoriam  Pharmaceutîcum  unlverfaîe ,  five  ,  Thefaurus  tneJ'camentnrum  tàm  fimi 
plîcium  quàm  compofitnrum  îocupktijfimus  ;  ex  omnibus  difpenfatoriis  &  Ubris  de  materia 
medicâ  ,  ac  remeJiorum  &  celeberrimorum  Mcdlcorum  operibus  congejtus ,  digefius ,  &  variis 
obfervutionibus  praSicis  fele&ioribus  inftruSus.  Francofurti  ,  1764  ,  deux  volumes  /n-4. 
Peut-on  mieux  Faire  preuve  de  Ion  goût  pour  la  Polypharmacie  ? 

Le  Journal  de  Médecine  ,  Février  1777,  annonce  un  autre  Ouvrage  de  la  fa- 
^on  de  Trilleri 

Ciinotechnia  Medica  andquarîa ,  five  de  diverjîs  agrotorum  le&is ,  fecundùm  îpfa  varia 
morborum  gênera  convenlenter  injiruendis  ,  Commentarius  Medico-crlticus.  Francofurti  ai 
Mœn^m^  I774-  Ce  morceau  de  Recherches  fur  les  lits  eft  d'un  Médecin  odiogé- 
naire.  U  a  divifc  fon  Traité  en  trois  parties  :  la  première  eft  employée  à  parler 
des  lits  des  Anciens  en  général  :  la  léconde  renferme  les  particularités  qu'on 
peut  y  oblerver  :  dans  la  troifieme  font  expofées  les  diverfes  formes  que  les  An- 
ciens donnoient  aux  lits ,  félon  la  différence  des  maladies.  Si  cet  Ouvrage  n'eft 
poiuî  pofthume ,  il  fait  voir  que  Triilcr  a  vécu  au  delà  de  1^70. 

TRIMARCHI,  C  André  J  DotSeur  en  Philofophie  &  en  Médecine,  étoit 
de  Meliine  en  Sicile ,  où  il  naquit  dans  une  famille  noble.  Il  fe  diftingua  telle» 
ment  par  fes  connoilianccs  médicinales  &  fur-tout  par  celles  qu'il  avoit  dans 
l'Anatomie  ,  que  le  Collège  de  fa  ville  natale  le  choifit  pour  fon  Prieur.  Mais 
les  talens  de  Trimarchi  ne  fe  bornèrent  point  à  ceex  qui  ont  rapport  à  là  pro- 
'felfion  ;  il  eut  encore  un  goût  décidé  pour  les  Belles-Lettres ,  &  fpécialement 
pour  la  Poélie ,  dans  laquelle  il  ne  réulljt  pas  mal.  Il  mourut  vers  l'an  1660  1 
âgé  de  80  ans  ,  &r  laiffa  au  public  uc  Ouvrage  Italien  qui  avoit  paru  à  MeRine 
«n  1644  t  in  4 ,  fous  le  titre  de  Difcorfo  capriccio  ^natomico. 

TRINCAVELLI  C  Vidor  J  vint  au  monde  à  Venife  en  1496.  Il  commença 
-fon  cours  de  Médecine  à  Padoue ,  &  delà  il  palTa  à  Bologne  ,  où  il  fe  diftingua 
tellement  entre  fes  condifciples  par  fon  intelligence  dans  la  Langue  Grecque  , 
&  fa  jutieiTe  à  iaiûr  le  fens  des  Auteurs  qui  ont  écrit  en  cette  Langue,  que  les 
Profelleurs  Is  coniultoient  l'ur  l'explication  des  textes  les  plus  obfcurs.  Ce  talent 
lui  mérita  le  nom  d'Ecolier  Grec. 

Après  fept  ans  de  iéjour  à  Bologne  ,  Trlncavelli  revint  à  Padoue  pour  y  rece- 
voir les  honneurs  du  Doftorat.  De  cette  ville,  il  pafla  à  Vcnile  ,  &  comme  il 
ne  tarda  pas  à  être  connu  du  côté  des  Sciences  ,  on  le  nomma  à  la  Chaire 
de  Philofophie  que  Sébaftlen  Fufcareni  venoit  d'abdiquer.  Il  partagea  fon  tems  en- 
tre les  leçons  publiques ,  l'étude  &  la  pratique.  Celle-ci  lui  avoit  déjà  «procuré 
beaucoup  de  réputation,  lorfque  le  bien  de  l'Etat  le  fit  fortir  de  Venile ,  pour 
voler  au  fecours  des  habitans  de  l'Ille  de  Murano  qui  en  eft  voiline.  Il  s'y  dé- 
voua avec  tant  de  zèle  &  de  fuccès  au  fervice  des  malades,  qui  l'attendoient 
comme  leur  libérateur ,  que  fon  Iéjour  dans  cette  Ifle  fut  affez  court ,  parce  qu'il 
y  ramena  bientôt  la  famé  &  la  joie.  Venife  le  vit  rentrer  dans  les  murs  avec 
toute  la  fatisfatftion  qu'on  a  de  polTéder  un  .homme  qu'on  eftimc  &  qui  mérite 
d'être  confidéré.  Il  fe  Ht  alors  aggréger  au  Collège  des  Médecins  de  cette  ville  ; 
&  comme  la  réputation  alloit  toujours  en    augmentant,  il  fut  tellement   recherché 

par 


TRI  433 

par  toute  l'Italie  ,  qu'oQ  nfiure  que  fa  pratique  lui  valoit  annuellement  au  delà  de 
•trois  mille  écus  d'or.  Ce  gain  ,  tout  contidérable  qu'il  étoit ,  ne  l'empêcha  pas  d'o- 
béir aux  ordres  du  Sénat  de  Venife  qui  le  chargea  ,  en  1551  ,  de  remplir  la 
Chaire  que  la  mort  de  Jean-Bapnjle  Mmtl  laiflbit  vacante  dans  la  Faculté  de  Pa- 
doue.  A  ne  confidérer  que  fon  avantage  ,  cette  place  n'avoit  pas  de  quoi  flatter 
TrincavcIU;  mais  les  devoirs  de  citoyen  l'emportèrent  chez  lui  fur  les  vues  d'in- 
térêt, qui  demandoient  qu'il  fût  le  maître  de  fuivre  fon  train  de  vie  ordinaire. 
Il  fe  rendit  donc  à  Padoue ,  &  fe  contenta  d'un  honoraire  de  950  écus  aux  cou- 
ronnes, que  la  munificence  du  Sénat  fit  enluite  monter  jufqu'à  i6co. 

Ce  Médecin  fe  diftingua  à  Padoue  par  fon  inteHigecce  dans  la  Langue  Grec- 
que ;  il  eft  le  premier  ProfeKeur  de  cette  ville  qui  ait  expliqué  Hlppocrate  fur 
l'original  même.  Il  enleigna  depuis  1551  jufqu'en  1568  qu-*!!  pafTa  en  Carnioie  ,  par 
ordre  de  la  Seigneurie  de  Venife  ,  pour  y  traiter  André  Pegel ,  perfonnage  attaché  au 
feryice  de  la  Cour  de  Vienne.  Il  guérit  heureufement  fon  msbde  ;  mais  comme  il 
étoit  déjà  épuilé  par  l'étude  &  par  l'âge  ,  il  s'apperçut  d'une  telle  diminution 
de  forces  à  la  fuite  de  ce  voyage,  qu'il  demanda  la  permiflion  de  retourner  dans 
fa  patrie  .  où  il  mourut  de  la  fièvre  pendant  le  cours  de  la  même  année  1568  , 
à  l'âge  de  '^2  ans.  On  a  de  lui  plulieurs  Ouvrages  qu'on  a  recueillis  après  f» 
mort    en  deux  volumes  In-folio  ,  Tous  ce   titre  : 

Opéra  omnia ,  panim  ex  diverfis  editionibus  in  unum  collecta ,  partim  nunc  primùm  in 
lucem  emijfa.  Lugduni  ,  1586  ,  1592.   l^enenis ,  159g. 

Les  éditions  féparées  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans  Lipenias  &  Manget,  font 
les  fuivantes  : 

Ouajliones  très  de  rea^ione  juxta  deStrlnam  Arlftotelis  &  Averrhoïi.  Patavii ,  1556  » 
W'8. 

Qu<efîio  de  vena  fecandâ  in  Plcurïtlde  &  aliis  vifierum  internoram  Inftammationîbus.  Jbl- 
dem  ,  1563,  /n-8. 

Aa  in  morbi  initia  ante  concociionem  purgare  tune  folùm  liceaz ,  càm  materia  turget. 
Ibidem  ,  1567  ,  «1-8. 

De  ufu  &  compojîtione  medlcamentorum  Librl  quatuor.  Fenetus  ,  1571,  i/:-4.  Bafîlea^ 
157 1 ,  t/i-8. 

Explaaationes  in  Galenl  Libros  de  diffèrentils  febrium.  In  prîorem  Llbrum  de  arte  eu- 
randi  ad  Glauconeni.  Tra&atus  de  febre  ptftilintl.  f^enetiis  ^  1575  ,  in'folio. 

PraleSliones  de  ratione  curandi  umnes  corporis  humani  affe&us,  in  duodecim  Libres 
diftinclte.  Ibidem,  1575,  In-folio  ^  par  les  foins  de  Bélifaire  Gadaldini ,  Médecin  de 
Venife. 

ConfiUa  Medica,poJl  editionem  Fenetam  &  Lugdunenfem ,  accejjïone  128  conpllirum 
locupletata  &  per  locos  communes  digejîa,  Bajîlets  ,  1587  ,  in  folio ,  avec  quelques-uns  des 
Ouvrages  précédens. 

Controverfiarum  Mcdicinalium  praclicarum  Librl    quinque.   Francofurti ,  1617,  1/1-4. 

De  cognofcendis  curandifque  morbls  tàm  externis  quàni  internis ,  Opus  claboratifjimum, 
Bajîkie ,  1607  ,  162g  ,  /n-8. 

Commentarii  in  Galcnum  de  compojîtione  medlcamentorum  &  in  Prognofiica  Hippocratîi, 
Ulma,  i676,m-4,  avec  les  Obfervatioas  de  George-Jérôme  relfchius. 
TOME    ir.  I  i  î 


/ 


4.-4  TRI 

TRISSINUS  ,  (  Louis  ^  Médecin  natif  de  Vicen7e  ,  enfeigna  la  Philofiphie 
à  Ferrare  dès  l'âge  de  20  ans.  Il  mourut  vers  1543  ,  ayant  à  peine  atteint  fa  vingt* 
fixieme  année.  Si  le  Ciel  lui  avoit  accordé  de  plus  longs  jours  ,  il  les  auroit  employés 
à  l'avancement  des  Sciences  ;  car  l'amour  qu'il  avoit  pour  elles  ,  la  pénétratioa 
de  fon  efprit  ,  la  iolidité  de  fon  jugement  ,  le  goût  de  l'étude  &  du  travail  , 
tout  annonçoit  qu'il  auroit  vérifié  l'augure  que  le  public  avoit  tiré  de  ces  heureti- 
fes  difpolitions.  Il  en  a  même  laiffé  la  preuve   dans  un  Ouvrage  intitulé  : 

Problematutn  Medldnalium  Libri  fex  ,  ex  Galeni  fentendâ.  Bafik<e ,  1547,  in-8.  Patavii^ 
1629  ,  fn-8. 

TRIVISANUS  ou  DE  TRIVISO  ÇBernardin  )  étoit  de  Padoue  ,  où  il  naquit 
en  1506  de  Marc,  Médecin  de  réputation.  Il  fit  tant  de  progrès  dans  les  études, 
qu'à  l'âge  de  18  ans ,  on  le  jugea  capable  d'enfcigner  la  Philofophie  à  Salerne 
dans  le  Royaume  de  Naples.  On  vient  de  voir  dans  l'Article  précédent  que  c'étoit 
moins  à  l'âge  qu'aux  talens  que  les  villes  d'Italie  ^'arrêtoient  ,  pour  confier  l'en- 
feignement  public  ,"  apparemment  que  Trïv'fanus  ctoit  encore  un  de  ces  Savans 
précoces  ,  dont  la  nature  avoit  formé  le  génie  plus  que  l'éducation.  De  retour  dan» 
fa  patrie  ,  le  jeune  Profefieur  s'appliqua  A  la  Médecine  &  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  cette  Science.  Mais  l'Univerfité  de  Padoue  ne  fe  preffa  pas  à  le  faire 
monter  en  Chaire  ;  car  malgré  les  preuves  de  capacité  qu'il  avoit  données  à  Sa- 
lerne ,  elle  tarda  jufqu'en  1549  à  le  nommer  à  celle  de  Logique.  Trivifanus  paffa 
à  la  Chaire  des  Inftitutes  de  Médecine  en  1566  ,  &  il  la  rempliflbit  encore,  lorfqu"il 
fut  atteint  de  la  maladie  dont  il  mourut  le  19  Mars  1583.  Ses  Ouvrages  ont  la 
Pierre  Philofophale  pour  objet.  Comme  il  eut  beaucoup  de  goût  pour  la  Chymie , 
il  fe  laifTa  éblouir  par  les  vaines  promefies  des  partifans  du  grand  Œuvre  ;  &  H 
l'on  raanquoit  de  raifons  pour  croire  qu'il  en  fut  la  dupe  ,  on  en  trouveroit  dans 
les  Ecrits  qu'il  a  laifles  fous    ces  titres  : 

De  Chymico  miraculo  quod  Lapidem  FhilofopMcum  appellant.  Bajîlee ,  1583  ,  1600  ,  in-S^ 
Opus  hijîoricun  Sf  dogmatkum  ex  Gallico  in  Latinum  verfum.  UrfellU  ,  1598  ,  in-8. 
Francnfurd ,  1625  ,  in-8,  avec  trois  Livres  De  ^uro  ,  qui  font  de  la  façon  de  Jeaw- 
François  Pic.  L'Ouvrage  François  ,  dont  il  eft  ici  parlé  ,  avoit  paru  fous  le  titre 
à''Opufcuîe  de  la  vraie  Philofophie  naturelle  des  métaux  ,  par  Denis  Zahaire  &  Bernard 
Trevifand. 

TRIUMPHETTI  ,  ou  TRlONFETTt  (  Jean-BaptilTe  )  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  Phiofophie  &  en  Médecine  dans  l'Univerfité  de  Bologne,  fa  patrie  ,  mais 
il  abandonna  cette  ville  pour  fe  rendre  à  Rome  ,  où  il  remplit  ,  dès  la  fin  du 
XVII  fiecle  ,  les  chaçges  de  Profeffcur  de  Botanique  &  de  Direfleur  du  Jardin 
des  plantes.  Il  prit  tant  de  foins  pour  l'embellifllment  de  ce  Jardin  ,  qu'au  rap-- 
port  de  Baglivi  ,  il  contenoit  au  delà  de  6000  plantes.  Lalio  7'rînnfail,  fon  frère, 
î'av oit  beaucoup  aidé  dans  fes  recherches,-  car  malgré  fa  qualité  de  Chanoine  de 
Sainte  Marie  Majeure  de  Bologne  ,  il  cultivoit  la  Botanique  par  goût.  Comme 
il  étoit  favant  en  plus  d'un  genre,  l'Inftitut  de  la  même  viile  de  Bologne  le  nom. 
ma  fon   Préfixent  en  1713,  &  il  occupa  cette  place  jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  1722. 

feaa-BaptlJîe  finit  fes  jours  à  Rome  en  1707  ,  &  laifla  quelques  Ecrits  au  public 
Tels  font  : 


T    R    O  435 

Syllabus  plantarum  Horto  Romano  addharum.    Rnma  ,  1681  ,   tn-^. 

Obfarvationes  de  oriu  ac  vcgetaiinne  pLiuurum  ,  cum  novaiuw  filrp'ium  hîflorlà  iconi- 
bus  illnjhatâ.  Romte  ,  1685,  ''"■4'  1'  arraque  Maipis,hi  qui  s'éioit  fort  étendu  ,  dans 
fes  Ouvrages  ,  iur  la  véi^étatioa  ,  la  ftru3ure  &  la  reprodnf^ion  des  plantes. 
Quant  à  lui  ,  il  prétend  démontrer  que  les  plantes  fe  repr^duilnt  lans  graine  •> 
en  fe  pournlTant,  6î  que  la  graine  peut  germer  lans  air  ;  mais  fes  démocflrations 
n'ont  convaincu  perlbnne  ,  parce  qu'elles  ont  été  reçues  comme   des  paradoxes. 

ProIuJJo  ad  publicas  herbarum  oJJcnlwnes  habita  in.  Horto  publico  SapUntiiS  Rr:man<s. 
Ibidem ,  1700 ,  in-^.  11  fort  de  fa  thcfe  dans  ce  Difcours  ;  car  après  y  avoir  lancé 
quelques  traits  défavorables  à  la  mémoire  de  Malpl^bi ,  il  s'étudie  à  rabattre  de  l'uiJ. 
lité  de  l'Anatomie  dans  la  pratique  de  la  Médecine,  au  moins  de  cette  Ana'oraie 
fine  &  minurieule  qui  étend  fes  recherches  julqu'aux  parties  les  plus  déliées  du 
corps  humain. 

f^indicliz  verîtatis  à  cafîi^ationibus  quarumdam  propofitionum  qu£  habentur  in  Opufculo 
de  ortu  plantarum.  Pan  prior ,  in  qua  expérimenta  ac  novtB  obfervationes  de  ortu  &  vc- 
getatione  plantarum  cominentar.  Rama,  1703,  ia-^.  Il  a  toujours  en  vue  A^atpi^hi 
qui  avoit  critiqué  fes  oblérvations  fur  l'origine  &  la  végétation  des  plantes  ;  mms 
comme  les  Bibliographes  n'annoncent  point  d'édition  antérieure  à  celle  ci ,  il  eft  ap- 
parent qu'il  a  gardé  le  fiience  iur  les  objeélions  de  Malpighi  mort  <a  1694  ?  tandis 
que  Ton  fyftême  n'a  pas  été  attaqué  par  de  nouveaux  adverfaires- 

TRONCHIN,  CThéodore  J  de  Genève,  prit  le  bonnet  de  Docleur  en  Méde. 
cîne  à  Leyde,  &  ne  tarda  pas  à  fe  faire  un  nom  dans  la  pratique  de  cette  Scien- 
ce. Il  eft  enlin  parvenu  à  l'emploi  de  premier  Médecin  de  S.  A.  S.  M.  le  Duc 
d'Orléans  ,  &  en  cette  qualité  ,  il  s'eft  établi  à  Paris ,  où  il  eft  logé  au  Palais 
Royal.  La  Chaire  de  Médecine  &  de  Chirurgie  qu'il  a  remplie  avec  honneur  dans 
l'Académie  de  fa  ville  natale  ,  lui  a  frayé  le  chemin  aux  titres  &  aux  places 
dont  H  a  été  revêtu.  Succeflivemeat  preinier  Médecin  de  feu  S.  A.  R,  l'Infant 
Dom  Philippe  &  de  l'iufant  d'Kfpagne  Dom  Ferdinand  ,  Duc  de  Parme,  il  fut  af- 
Ibcié  aux  Académies  de  Stockholm  ,  d'Edimbourg  ,  à  celle  de  Chirurgie  de  Paris  , 
ainli  qu'aux  Académies  Royales  de  Londres  &  de  Berlin.  Tout  cela  fait  preuve 
de  fon  mérite;  mais  rien  ne  le  fit  éclater  davantage,  que  le  fuccès  de  l'Inoculation 
de  la  petite  vérole  ,  pratiquée  en  1756  à  Paris  Iur  la  perlbnne  du  Duc  de  Chartres. 
Cette  opération  étoit  encore  une  nouveauté  dans  la  Capitale;  elle  étoit  connue  de 
Tronchin  depuis  long-tems,  car  dès  l'an  1748  il  en  avolt  fait  reffai  fur  fon  fils  à 
Amflerdam  ,  oii  il  rempliflbit  alors  la  charge  d  Infpecfleur  du  Collège  des  Médecins. 

Lorfqu'il  vint  à  Paris  pour  inoculer  le  Duc  de  Chartres,  il  fe  répandit  dans  cette 
ville  comme  Médecin ,  &  fut  habilement  profiter  du  foible  de  certains  malades 
que  la  longueur  de  leur^  maux  défoie,  ou  qui  dans  les  maladies  aiguës,  croient 
trouver  plus  de  refiburce  dans  la  pratique  d'un  nouveau  venu.  Il  fit  des  cures  qui 
contribuèrent  à  le  tenter  par  difTérens  moyens  de  lé  fixer  à  Paris  ;  mais  il  les  éluda 
adroitement,  &  fe  rabattit  toujours  fur  les  raifons  qui  l'attachoient  à  fa  patrie.  Une 
de  ces  raifons  fut ,  dit-on  ,  la  conduite  des  Doéteurs  de  la  Faculté ,  qui  blâmoient 
hautement  la  manière  fingulicre  qu'il  afiettoit  dans  le  traitement  des  maladies.  L'Au- 
teur d'ua  Ouvrage  intitulé  :  EJfai   hijlorique  fur   la  Médecine   en  France ,   ("feu  M- 


436  T    R    O 

Chumd)  a  renchéri  fur  la  cenfure  de  fes  Confrères  ;  car  il  s'exprime  ,  à  la  noîe 
de  la  page  25  ,  d'une  façon  à  faire  croire  qu'il  n'a  eu  perfonne  en  vue  que  M- 
Tronckln.  Voici  les  termes  de  la  note.  ■»  Ce  que  les  Hiftoriens  nous  difent  des 
»  d;f}érens  c  raderes  des  Médecins  les  plus  accrédités  de  Rome  auroit  lieu  de 
»  nous  étonner,  li  nous  ne  voyions  pas  reparoître , comme  par  intervalle  ,  des  hom- 
»  mes  aufli  fmguliers.  La  poftérité  aura  peine  â  croire  qu'on  ait  vu  à  Pari»  un 
»  Médecin  étranger,  fort  à  ia  mode  &  fort  couru,  qui  cependant  rejettoit  de  fa 
«  méthode  ,  faignées  ,  purgations  ,  lavemens ,  Quinquina  ,  Opium  »  Emétique  , 
»  Lait ,  Bains  ,  Eaux  minérales  ,  Véficatoires ,  &c.  Toute  fa  pratique  fe  bornoit  à 
»  confciller  des  frictions ,  du  mouvement  ,  de  l'exercice  ,  de  longues  promena- 
»  des  à  pied,  l'ufage  du  vin,  de  la  viande  froide.  D'une  thele  particulière,  vraie, 
»  il  en  faifoit  une  trop  générale  ,  &  croyoit  que  toute  fièvre  étoit  nécelfaire  à  la 
n  guérifan  des  maladies  ,•  il  excitoit  cette  tievre  ,  l'allumoit,  l'entretenoit  par  des  re- 
»  medcs  chauds  &  adifs ,  peu  ou  point  de  remèdes  chymiques  ,  beaucoup  de 
y>  cordiaux  ,  des  gommes  précieufcs  ,  de  la  Myrrhe,  de  l'Aloos,  de  la  Gomme 
»  ammoniaque  ,  du  Sagapenura  ,  des  baumes,  des  poudres,  &  autres  fatras  de 
»  l'ancienne  Médecine  Arabefque.  b'on  tempérament  froid  infiuoit  fans  doute 
»  fur  la  conduite.  Jl  ne  croyoit  jamais  pouvoir  affez  augmenter  le  cours  du  fang 
»  &  des  humeurs ,  pour  faciliter  des  criles  ,  dont  il  attendoit  panemment  la  gué» 
»  r  fi»n  du  malade;  méthode  perfide  dans  les  maladies  aiguës,  capable  feulement 
»  d'amuler  ceux  qui  s'imaginent  être  malades.  Aulïi  ne  lui  a-t-on  vu  traiter  ou 
»  guérir  que  des  femmes ,  des  vaporeux  &  des  mélancholiques.  t>  Cette  fortie  efk 
bien  vive. 

M.  Tronchln.  en  efluya  une  autre  au  fujet  de  fon  Traité  De  Collca  Picîonum  ^ 
qu'il  publia  à  Genève  en  i^S?  ■>  "î*^-  ^^  imprima  un  Examen  de  ce  Livre  ^ 
qui  en  eft  une  critique  délicate  &  judicieufe.  f^andermonde  en  a  parlé  ainfi  dans  le 
Journal  de  Médecine  du  mois  d'Avril  1758.  ■«  Les  opinions  de  M.  Tronchin 
"  y  lont  acalyfées  ,  combattues  &  réfutées  avec  une  fagacité  &  une  érudition 
»  ungulieres.  On  y  rend  ,  fans  partialité  ,  aux  différens  Auteurs  tout  ce  que 
"  2>o/ic/!in  avoit   fu  s'apprx)prier  fans  leur  aveu.  On    l'attaque  dans  fes  propres 

»  penlées  ,  &  on  lui  prouve  qu'elles  font  toutes  ou  faufles  ou  dangereufes  ,  de 
■"  îaçon  que  l'on  retire  beaucoup  plus  de  profit  &  d'agrément  de  la  ledl:ure  de  cette 
■"  criiique,   que  de  l'Ouvrage   même.  L'Auteur  s'efl  donné  le  titre  de  Médecin  de 

Faris.  Le  Traité  de  M.  Tronchin.  méritoit-il  un  pareil  adverlaire  1  Quoiqu'il  en 
»  loit,  quand  on  obiérve  les  traits  de  force  &  de  lumière  qui  brillent  de  toutes 
■"  parts  dans  cette  critique  ,  on  y  reconnoît  aifément  la  main  d'un  très -habile 
■n  homme  ,  qui  ,  s'il  n'eft  pas  Médecin  de  Paris  ,  eft  très  -  digne  de  l'être,  n  Le 
Journalifle  connoiffoit  parfaitement  l'Auteur  de  cette  critique  ,  &  favoit  que 
c'étoit  M.  Bouvan  ^  fon  Confrère.  Ceci  prouve  encore  que  M.  Tronchin  à  Paris 
auroit  été  dans  un  pays  ennemi  ,  s'il  s'y  fût  fixé  dans  ces  premiers  momens  qui 
donnent  du  ton  à  un  étranger.  Le  mérite  eft  alors  en  butte  à  la  jaloufie  ,  ibuvent 
même  il  s'éclipfe  par  la  poflèffion  ,  parce  qu'un  nouveau  venu  y  perd  à  être  va 
de  trop  près  ou  trop  long  tems.  On  ne  peut  cependant  difconvenirdes  talens  de 
«£  Médecin  ,&  l'on  doit  avouer  que  c'eft  à  lui  que  le  parti  des  Inocuiatcurs  de  Is. 


r    R    O  432. 

Capitale  eft  redevable  des  eflais  qui  les  ont  enhardis  à  pratiquer  l'Inferiion.  Peut- 
être  auroient-ils  encore  tardé  à  adopter  cerre  méthode, fi  l'heureux  îuccès  de  l'o- 
pération faite  au  Duc  de  Chartres  par  Trunciiin.  ,  ne  les  avoit  autoriiës  à  la  répéter 
l'ur  d'autres  perfonues. 

M.  Tronclùn  a  procuré  une  belle  édition  des  Œuvres  de  Guillaume  Baillou , 
Genève,  1762,  quatre  volumes  in-4,  avec  une  préface  de  la  façon  ,  où  l'on  trouve 
«n  précis  l'uccint  de  l'Hiftoire  de  la  Médecine. 

TRONUS,  (  Pierre-Martyr  )  Profelfeur  de  Chh'urgie  à  Pavie  ,  étoit  du  No- 
varefe  dans  le  Duché  de  Milan.  11  mourut  après  le  milieu  du  XVI  fiecle  ,  &  laifTa 
un  Traité  Italien  fur  la  méthode  de  fe  préferver  de  la  perte.  Il  en  laifla  un 
autre  ,  que  Frédéric  Gbijleri ,  Médecin  &  fon  gendre  ,  fit  imprimer   fous   ce  titre  : 

Z>e  ulcerlbus    &   vulneribui  capitis  Libri  quatuor.    Ticini^  15^4»  '«-4' 

TROSCHENREUT ,  (  Godefroid  ÏHOMASIUS  DE  J)  célèbre  Médecin  ,. 
Adjoint  de  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature  fous  le  nom  de  F'in.' 
dicianus ,  étoit  de  Leiplic  ,  où  il  naquit  le  24  Mars  1660  de  Jacques  ,  Profelfeur 
de  Philofophie.  11  fut  reçu  Maftre-ès-Arts  à  l'âge  de  iB  ans  ,  &  ne  tarda  point  à 
paflèr  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Médecine  de  fa  ville  natale ,  d'où  il  lortit 
après  quatre  ans  d'application ,  pour  aller  continuer  les  études  dans  les  principa- 
les Univerfités  de  la  Hollande  &  de  l'Angleterre.  A  fon  retour  en  Allemagne 
il  s'arrêta  à  Francfort  fur  le  Mein  ,  à  Hall,  à  Drefde ,  &  la  Phyfique,  la  Méde' 
cine  ,  ainfi  que  l'Hiftoire  Littéraire ,  y  fareat  tour-à-tour  les  objets  de  fes  médita- 
tions les  plus  profondes, 

II  reçut  le  bonnet  de  Dodîeur  à  'Wittemberg  en  1689,  &  fe  rendit  bientôt 
après  à  Nuremberg  où  il  avoit  defiein  de  fe  fixer.  Il  y  époufa  la  fille  de  Jeari'- 
George  Fblckamer  le  12  Août  1691  ,  &  la  même  année ,  il  fe  fit  aggréger  au  Col- 
lège des  Médecins ,  dont  il  eut  fept  fois  l'honneur  d'être  choifi  Doyen.  C'efl  à  la 
juftice  que  fes  Confrères  rendirent  à  Ion  mérite,  qu'il  dut  cett«  nomination  fi  fou- 
vent  réitérée  ;  mais  le  haut  degré  de  réputation  auquel  il  parvint  dans  la  fuite 
Tauroit  fait  monter  à  des  emplois  plus  honorables  encore  ,'  s'il  ne  les  eût  refufés 
pour  n'être  point  diflrait  de  fes  chères  études.  Il  fut  nommé  deux  fois  Diredeur 
de  l'Académie  Impériale  &  une  fois  Préûdent  ,  fans  vouloir  accepter  ces  charges 
importantes.  11  refufa  pareillement  la  place  de  Bibliothécaire  de  la  Cour  de 
Vienne  &  celle  de  Médecin  de  TEledeur  de  Saxe  ;  il  accepta  cependant  le  titre- 
de  Confeiller  -  Médecin  de  l'Elefleur  de  Mayence  ,  du  Marquis  de  Cuimbach 
&  de  l'Evêque  d'Aichftat ,  mais  fous  la  condition  de  ne  point  quitter  Nuremberg 
où  il  étoit  réfolu  de  pafler  le  refte  de  fes  jours,  par  anachement  à  la  AîailonTeul- 
tonique  qu'il  fervoit.  Ce  n'eft  pas  qu'il  ne  fe  Ibit  quelquefois  abienté  de  cette  vil- 
le ,  foit  pour  aller  voir  des  malades  de  diftinifkion,  foit  pour  fe  rendre  à  la  Cour 
des  Princes  qui  airaoiect  à  le  confulter  fur  la  formation  ou  l'arrangement  de  leurs 
Bibliothèques  ,  fur  l'ordre  à  mettre  dans  leurs  Cabinets  de  Médailles  ôTfur  l'explicat  oir. 
des  légendes  qu'elles  portoient  ;  pour  d'aoïres  railons  ,  ce  n'étoit  qu'avec  la  plus 
grande  peine  qu'on  l'arrachoit  de  Nuremberg.  Sa  maifon  étoir  pour  lui  un  endroit 
de  délices,  où  l'amour  des  Lettres  lui  faifoit  trouver  les  plailirs  les  plus  ravilliny,-. 


4s8  T    îl    O 

11  ne  faut  cependant  pas  croire  que  cet  amour  ait  préjudicié  à  ce  qu'il  devoit  à 
fa  profenion;  il  étoit  habile  Médecin,  mais  il  étoit  (avant  au  delà  de  fon  Art,  car 
il  pollédoit  les  Langues  Hébraïque,  Grecque ,  Efpagoole ,  Italienne,  Françoife  & 
Angloile  ;  il  faifoit  de  beaux  Vers  en  Allemand ,  en  Grec  ,  en  Latin  &  en  Fran- 
çois ;  il  avoir  une  grande  intelligence  dans  la  icience  des  Médailles  ;  il  connoif- 
foit  l'Hiftoire  Littéraire  de  différentes  nations  ,  &  il  paflbit  pour  un  excellent  Phy- 
ficien. 

Le  grand  âge  de  Trofchenreut  augmenta  la  vénération  que  cet  aflemblage  de 
talens  lui  avoit  fi  jutleroent  méritée.  Quoiqu'il  eût  atteint  fa  86«-  année  ,  lorsqu'il 
mourut  le  lo  Mai  i^'+ô,  les  Savans  le  pleurèrent  comme  un  homme  dont  la  Répu- 
blique des  Lettres  pouvoit  encore  tirer  grand  parti.  On  a  cependant  peu  d'Ouvra- 
ges de  fa  façon;  ils  confiftent  principalement  en  Vers,  en  quelques  pièces  fur  la 
MuGque  &  la  Gymnaftique.  Mais  comme  il  n'étoit  point  avare  de  fes  coonoif- 
fances ,  il  fe  faifoit  un  plaifir  de  les  communiquer  à  fes  amis ,  qui  en  ont  proKté 
pour  enrichir  leurs  propres  Ecrits.  Ce  Médecin  lailfa  la  Bibliothèque  la  plus  belle 
&  le  Cabinet  de  Médailles  le  plus  complet   de  l'Allemagne  pour    un   particulier. 

TROSSELIER,  ("Jean  )  Médecin  du  XV  fiecîe  ,  étoit  orig-inaire  du  Gévau- 
dan.  Il  y  a  apparence  qu'il  fut  élevé  au  Collège  de  Mende  qui  avoit  alors  beau- 
coup de  réputation,  &  que  le  Pape  Urbain  V  avoit  fondé  à  Montpellier  en  faveur 
des  Etudians  en  Médecine  du  Gévaudan.  TroJJelkr  fe  fit  eftimer  dans  l'Univerfité 
de  cette  ville  ;  il  y  parvint  même  à  la  dignité  de  Chancelier  de  la  Faculté ,  à  la- 
quelle il  fut  nommé  en  1484,  à  la  place  de  Deodé  BaJJblly.  Il  parvint  encore  à 
ia  charge  de  premier  Médecin  de  Charles  VIII  qu'il  fuivit  dans  l'expédition  de  Na- 
pTes.  Il  revenoit  en  France ,  lorfqu'il  mourut  à  Sienne  en  1495  >  ^  '^  rnême  an- 
née ,  on  fit  mettre  une  Infcription  à  fon  honneur  fur  ia  façade  des  Ecoles  de  Mont- 
pellier. Elle  eft  conçue  en  ces  termes  ; 

JOANNES   TrOSSBLLER-I,   GaBALITANU», 

DoSor  &  Cancdlarius  Univerfîtatis , 

Suâ  tempejlaie  illujîrh  &  cdcbris  , 

Tult  quidem  magnis   extolUndus   laadibus. 

Qui  cuni  CaroU  FJIJ ,  Francorum   Régis  ,  primas  Medicui  atque  Conjîliarius 

Extltlt  , 

Dum  Neapoli  uni  cum  Rege  remearet<, 

Boni    Mtdici  ojfkiô  funSas  , 

Senh  dlem  claufit  extremum. 

M.  CCCC.  LXXXXV. 

TROTULA  eft  le  nom  fous  lequel  on  a  un  Traité  qui  a  rapport  aux  maladies 
des  femmes ,  &  qui  a  été  inféré  dans  la  CoUeétion  intitulée  : 

Gyntccloram  Liber  ,  curandarum  agritudinum  in  ,  antè  &  poft  partum.  jirgentina  ,  1544  , 

1597,  infollff.   Parifiis,   1550.  ^        .    ^ ,.      ,  -r  n-  a 

M.RanJlni  qui    a  publié  à  Florence  en    I7?6  ,    tn-fohoy  le  troifieme  lome  du 


T    R    O       T    R    U       T    R    Y  439 

Catalogue  des  Manufcrits  Latins  de  la  Bibliothèque    de  Médicis  ,  cite  un  Ouvrage 
de   Trotula ,  fous  ce  titre  :  In.   udlitatem  mulkrum ,  â?  pro   dccorationc  earum  ,  fcilicet 

de  fade  &  de  vulva  earum.  ,  .„^.     .     j 

Les  Ecrits  de  Trotula  ,  quoique  très-peu  importans,  n'ont  pas  laifie  de  donner 
lieu  à  quelques  difputes.  Les  uns  les  ont  regardés  comme  venant  d'une  Sage- 
Femme  de  Salerne,  appelJée  Trotula^  qu'on  croit  avoir  vécu  au  XIII  fiecle  ; 
les  autres  les  ont  attribués  à  un  certain  Erns  ,  Mé<lecin  &  AfFranchi  de  Jolie , 
fille  d'Aogufte,  Si  ce  n'eft  pas  de  celui-ci  que  parle  une  des  Infcriptions  que  Gruter 
a  recueillie? ,  c'eft  au  moins  d'un  perfonnage  du  même  noin  ,  qui  étoit  auffi  Mé. 
decin  d'une  Princefle  de  famille  Impériale ,  ainfi  qu'il    paroît  par  ces  mots  : 

Eros   Auguste  Medicus 
Sposianus. 

Mais  ce  qui  prouve  que  le  Traité  inféré  dans  les  Gynacia  n'eft  point  de  la  fa- 
çon d'£rof,  Médecin  de  Livie ,  c'eft  que  le  ftyle  n'eft  point  du  tems  d'Augufle: 
il  ne  peut  même  pafler  pour  une  verûon  de  l'original  ,  qu'on  pourroit  fuppofer 
avoir  été  écrit  en  Grec  par  l'Auteur ,  puifque  Galicn  y  eft  cité ,  auili  bien  qu'un 
certain  Cophon  qui  eft  un  Ecrivain  du  commencement  de  l'onzième  liecle.  Haller 
attribue  cet  Ouvrage  à  un  Eros ,  Médecin  de  Salerne ,  qui  vécut  tout  au  plutôt 
dans  le  treizième  ,  puifqu'il  parle  d'un  nommé  Gérard  qui  fc  fervoit  de  lunettes  ) 
dont  on  ne  fit  la  découverte  qu'au  coinmencemcnt  du  môme  fiecle. 

TROUILLARD,  ("Jacques  )  du  Mans,  eft  mis  au  nombre  des  Dodeurs  de 
Montpeliitr  par  La  Croix  du  Maine.  Cet  Ecrivain  dit  qu'il  étoit  un  homme  ducic  i$ 
Langues .,  grand  Philofophe  naturel^  &  bien  verfé  en  la  Médecine.  11  ajoute  que  Trouil- 
lard  a  traduit  en  Fraaçois  un  Dialogue  de  Théophrafle  Paracelfe,  contenant  la  défenfe 
de  la  Chryfopée  ,  ou  manière  de  faire  de  Vor ,  &  au.  contraire  Vaccufation  de  l'Mchy. 
mie  fuphijtique.  Mais  ce   Livre  n'a  point    été  imprimé. 

Troudlard  fut  Médecin  d'Antoine  de  Bourbon,  Duc  de  Vendôme,  qui  devint 
Roi  de  Navarre,  en  1555,  par  la  mort  de  Henri  II,  fon  beau.pere.  Après  la 
mort  d'Antoine  en    156a,  il  fe  retira  en  Anjou,  où  il  vivoit  encore  en  1584. 

TRUMPH,  C  Jean.George  ^  de  Goflar  au  pays  de  Brunfwick  ,  prit  îe  bonnet 
de  Dodïeur  en  Médecine,  &  fut  reçu,  en  1676,  dans  l'Académie  Impériale  des 
Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom  de  Rufus.  George  Matthias^  qui  dit  qu'il  exerça 
dans  fa  ville  natale  en  qualité  de  Phyficien,  ajoute  qu'il  publia  un  Ecrit  intitulé: 
ScrutinLum  Chemicum  fitrioU  ;  mais  fuivant  Lipenius ,  ce  n'eft  qu'une  Theie  Aca- 
-démique  que  l'Auteur  foutint  fous  la  préfidence  de  Roifincky  5?  qui  parjt  à  Jene 
en  1666,  Jn-4  Manget  cite  aufli  cette  Diflertation  ,  ainfi  que  les  titres  des  obfer- 
vations  que  Trumph  a  communiquées  à  l'Académie  d'Allemagne. 

TRUSIANUS.  Voyez  CRUSCIAN US. 

TRYPHON  eft  mis    par  Celfe  au  nombre    des  Médecins  qui  ont  exerce  'a  Chi- 
rurgie.  Mais  lorfque  Celfi  écrivoit  vers  Tan  50  de  falut ,  Tryphon  n'exiftoit  déjà 


.4-P 


T    S    C 


j)lus  ;  ii  y  avoit  cînq  ou  fix  ans  qu'il  étoit  mort.  Scribonîus  Largm  parle  de  la  com- 
poiition  de  plufieurs  emplâtres  fous  le  nom  de  Trjplion  y  fon  Maître;  il  en  décrit 
îiiéme   une  qu'il  dit  tenir  de  lui:   Acccpimm  à  Tiyphone  ^  praceptore  noftrd. 

TSCMTRNHAUSEN,  (  Erfroi-Wautier  DE  )  Sei^eur  de  Kifiingfwald  &  de 
Stolzeabtrg ,  étoit  du  premier  de  ces  endroits ,  litué  dans  la  Luface  ,  où  i!  naquit 
le  10  Avril  1651.  Il  fut  élevé  avec  beaucoup  de  foius ,  &  comme  il  montra  un 
goût  particulier  pour  les  Mathématiques  &  pour  l'Hiftoire  Naturelle  ,  on  lui  donna 
Jes  Maîtres  les  plui  propres  à  l'inftruire  &  à  le  perfeétionner  dans  l'une  &  l'autre 
ide  ce*  Science*.  En  1672  ,  il  fervit  dans  les  troupes  de  Hollande  en  qualité  de 
volontaire,'  mai»  ce  ne  fut  point  pour  long-tems ,  car  il  le  mit  à  voyager.  Il 
avoit  parcouru  l'Allemagne,  l'Angleterre,  la  France  &  i'Itaiie,  lorfqu'étani  venu 
à  Paris  pour  la  troificme  fois,  en  1682,  il  propola  à  l'Académie  des  Sciences  la 
.découverte  de  ces  fameules  CaujUqucs ,  li  connues  ibus  le  nom  de  Caujîiques  de 
M.  TfchirnhaufeR  y  &  fut  reçu  dans  cette  Acatiémie.  Tout  le  monde  lait  que  les 
■Caujîiques  lont  le»  courbes  formées  par  le  concours  des  rayons  de  lumière ,  qu'une 
autre  courbe  quelconque  a  réHéchis  ou  rompus.  Elles  ont  une  propriété  remarqua- 
ble ,  c'ett  qu'elles  font  égales  à  des  lignes  droites  connues  ,  quand  les  courbes  qui 
les  produifent  font  géométriques. 

De  retour  en  x'illemagne,  Tfchirnhaufm  voulut  travailler  à  la  perfeftion  de  l'Op- 
ttique.  A  cet  effet ,  il  établit  trois  verreries ,  d'où  l'on  vit  fortir  des  nouveautés 
jnerveilleufes  de  Uioptrique  &  de  Phyfique ,  &  entre  autres ,  le  miroir  ardent  qu'il 
prélenta  au  Duc  d'Orléans.  C'eft  encore  à  ce  Pbyficien  que  la  Saxe  eft  redevable 
de  fa  porcelaine  ;  au  moins  ce  fut  lui  qui  mit  fur  les  voies  qui  ont  conduit  cette 
manufacture  à  la  perfedion  que  l'on  admire  aujourd'hui.  Un  homme  qui  réunif- 
Ibit  tant  de  talens,  méntoit  bien  les  honneurs  auxquels  on  voulut  l'élever ,  mais 
il  les  refuia  tous.  Comme  les  Sciences  &  le  plaifir  de  les  pofféder  étoient  les  feuls 
objet»  de  fon  ambition,  il  fe  borna  aies  cultiver  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  11 
Odlobre  i^ûS.  Le  Roi  Augufte  fit  les  fraix  de  fes  funérailles. 

Quand  Tfchirnhaufai  n'auroit  pas  contribué  aux  progrès  de  la  Médecine  par  fes 
découvertes  dans  la  Phyûque  &  l'Hiftoire  naturelle,  il  mériteroit  place  dans  ce 
Diilionnaire  par  un  Livre  qu'il  a  donné  en  Allemand,  en  deux  parties.  La  pre- 
mière traite  de  la  Médecine  de  l'efprit  &  la  féconde  de  celle  du  corps.  Cet  Ou- 
vrage a    aulfi  paru  en  Latin  ,  fous    ce  titre  : 

Medidna  meiitu  ,  feu,  Tintamen  gcnuina  Logîca  ....  Cui  annexa  efl  Medlcina  cor- 
ponSyfcu,  Cogitaiioms  admoJùia  probabdes  de  confervanda  fanltate.  Avjhlodami,  1686, 
£n-4,  Lipiite ^  1^95»  "•"4»  ^i^nn£ ,  1727,  in  8.  L'Auteur  ne  peut  être  accufé  d'avoir 
traité  une  matière  étrauq-ere  au  plan  de  fes  études ,  puiiqu'il  s'étoit  appliqué  A  la 
Médecine  à  Leyde  fous  Sylvlcii  &  Drelincourt ,  qu'il  y  avoit  mâme  affidument  fré- 
quenté les  Collèges  Théorique  &  Pratique,  &  qu'il  s'étoit  encore  lié  à  Drefde 
avec  un  Médecin  qui  lui  avoit  donné  un  libre  accès  dans  fa  Bibliothèque  ,  pour 
y  puifer  les  lumières  nécefîV.ires  à  la  compofition  de  l'Ouvrage  qu'il  fe  propolbit 
de  mettre  au  jour.  Tfchirnhaufm  a  mis  la  plus  grande  fimplicité  dans  fa  .Méde- 
cine du  corps;  mais  jl  eft  tombé  dans  Terreur,  pour  n'avoir  pas  diflingué  les  cas 

O'i 


TSCTUDTUI  441 

où  le  Médecin  doit  agir ,  d'avec  ceux  où  il  peut  demeurer  dans  l'exreflatioo.  11 
prétend  que  le  moyen  le  plus  sûr  de  conicrvcr  la  fanté ,  conlifte  dans  la  juRe 
proportion  des  alimens  de  diH'ércns  genres,  &  dans  l'attention  de  modérer  (on  ap- 
pétit à  propos.  Quant  aux  maladies,  il  veut  qu'on  y  apporte  remède  de  bonne 
heure;  mais  ce  remcde,  fuivant  lui,  doit  fe  borcer  au  repos,  à  l'abftmence  ,  à 
Ja  iiieur  Ipontanée,  ians  qu'il  ioit  nécelliiire  d'appeUer  le  Médecin  au  lecours,  & 
encore  moins  de  fe  fervir  de  médicamens,  qu'il  croit  trop  ac\ifs  pour  )a  ftruclurc 
fragile  du  corps  humain.  Pour  les  plaies,  il  ne  veut  d'autres  remèdes  que  le  repos, 
l'application  continuelle  de  quelque  fubftance  hujleuie,  &  la  privation  du  coctaét 
àe  l'air.  Tels  ont  toujours  tté  les  Philofophes.  Quand  ils  fe  font  mêlés  de  parler 
de  Médecine ,    ils  ont  rarement  évité  les  extrêmes. 

TSCHUD,  C  Gilles  )  Médecin  &  Géographe  du  XVI  Cecle  ,  étoit  Suiflè  de 
Dîition.  I!   mourut  en   1572  &  lailfa  pluGeurs  Ouvrages,  entre  autres  : 

De  prifca  ac  vcra  Alpina  Rhatla,  cum  c£tero  ^tpiaarum  gendum  traduy  dcfcrîptlo' 
BafiUa  ,  1538,  in  8, 

TUDECCI,  C Simon-Louis  J  Doreur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Prague, 
i'e  fit  de  la  réputation,  vers  la  fin  du  XVII  fiecle,  par  fes  talens  dans  la  prati- 
que, qui  lui  méritèrent  la  place  de  PbyQcien  du  Royaume  de  Bohême.  Je  ne  lais 
-  il  les  obfervations  qu'il  communiqua  à  l'Académie  Impériale  d'Allemagne,  lui  ou- 
vrirent l'entrée  de  cette  Compagnie;  George  Matthias  ne  le  cite  point  dans  la 
lifte  qu'il  poulie  jufqu'à  l'année  1700.  On  a  quelques  Ouvrages  d'une  plus  grande 
étendue  de    la  façon  de  Tadzcci ,  àc  ils  oat  paru   fous  ces  titres  : 

Nucleus  Pharmacei^tlcus  Medico-PracHcQ  non.  minus  utilis  quàm  necejfarius.  Norimberge  9 
iÇgS,   m-ia. 

^mujjls  antllolmica  ad  mentem  quorumdam  Ctar.  ^rchiatrorum ,  tùm  veterum  tùm  re- 
centiorum  f  in  une  peritorum  cncinnata ,  &  praSicè  adhibita.  Ibidem  .>  i^5  »  '1-12.  Il 
fait  tiwntion  de  la  comète  qui  parut  en  cette  année ,  &  fcmble  mettre  fes  influences 
fur  les  corps  fublucaires,  au  rang  des  caufes  qui  ont  produit  les  tievres  malignes 
&  pétéchiales,  dont  il  parle. 

TUILLIER,  ou  comme  d'autres  écrivent  THUILLIER. ,  (  Eufebe- Adrien  ) 
naquit  à  Paris  le   10  Janvier   1674.    Il    fut  d'abord  defliné  au   Barreau,    il  s'y  dif- 
tingua  même  dès  l'âge  de  22  ans  ;   mais  une  inclination  naturelle  pour  la  Phyfique 
lui  lit  quitter  cette  profeflion  ;  il  embrafla  celle  de   Médecin ,  5r  il  fut    reçu   Doc- 
teur de   la  Faculté  de  Paris  le  21  Octobre  1700.  Au  renouvellement  de  l'Académie 
des  Sciences  en  1699  •>  •'  (^'O.ir^  dans  cette   Compagnie  en  qualité  d'Elevé  de  Eour- 
ielln^  fi  lorfque  Lémtry    fuccéda  à  celui-ci,  à    titre   d'Académicien   penOonnaire  , 
M  lui  fut  également  attaché  comme  Elevé.  Tuilller  pafi'a  à  Keyferiwert ,  en  1702, 
pour    y  prendre  foin  de  l'Hùpital  militaire;  mais  comme  le   fiege  de   cette  place 
flitlong  par  la  vigoureufe  défenfe  du  Marquis  de  Blainville ,  ce  Médecin  eut  la-^t 
de  malades    &   de  bleffés  à  voir ,  qu'il  fuccomba  à  la  fatigue  ic  mourut  le  2  Juin 
<ie  la   même  année. 

T  O  M  E    IK  Kkk 


442  ï    U     L 

TULP,  (  Nicolas)  fils  de  Pierre  Dirx ,  riche  négociant  d'Amfterdam  ,  naquit 
dans  cette  ville  le  ii  06\obrc  1593.  11  n'eft  guère  connu  lous  le  nom  de  fon  père  , 
parce  qu'il  le  changea  pour  prendre  celui  de  la  maitbn  où  il  dcmeuroit  fur  le  canal 
de  l'Empereur  ;  cette  maifon  s'appelloit  de  Tulp  ,  la  Tulipe ,  par  la  raiibn  peut- 
être  qu'elle  en  portoit   l'enfeigne. 

Il  fut  d'abord  Garçon-Chirurgien;  mais  la  connoifTance  parfaite  qu'il  avoit  de  iR 
Langue  Latine ,  &  fon  génie  propre  aux  Sciences  les  plus  profondes ,  le  portèrent 
à  embrafier  la  Médecine,  qu'il  étudia  à  Leyde  fous  Adolphe  Forjïius^  Heurnius  & 
les  autres  Profclfeurs  de  l'Univerfiré  de  cette  ville.  Après  y  avoir  pris  le  bonnet  de 
Dof^cur,  il  retourna  à  Amfterdam ,  où  il  pratiqua  pendant  cinquante-deux  ans 
avec  beaucoup  de  réputation.  Son  attention  à  tenir  une  note  exadïe  des  cas  les 
plus  rares  ,  nous  a  valu  un  Recueil  d'obfervations  qu'il  a  fait  imprimer  &  qu'il  a 
dédié  à  Pierre  Tulp ,  Doifleur  en  Médecine,  qu'il  avait  eu  de  fon  premier  mariage 
avec  Eve  Egberts  vander  f^uegh.   Ce  Recueil  a  paru  fous    ce  titre: 

Obfervationum  Medlcarum  Libri  très,  ^mflelodaml  ^  1641,  1652,  in-12  ,  avec  figures- 
Les  éditions  fuivantes  font  augmentées  d'un  quatrième  Livre.  Amftdodami ,  1672, 
1685,  iVi2.  Lugdunl  Batavurum  y  1716,  in-ii.  Ces  obfervations  roulent  principale- 
ment fur  la  Pratique;  on  y  trouve  cependant  quelques  remarques  Anatomiques ,. 
&  au  rapport  de  M.  De  Haller ,  Tulp  eft  le  premier  ou  un  des  premiers  qui  aient 
obfervé  les  veines  laftéss.  Ce  Médecin  doit-être  mis  au  nombre  des  bons  Obfer- 
vateurs  ;  mais  outre  le  rare  talent  de  bien  voir  ,  il  avoit  celui  de  préfenter  les 
objets  avec  autant  d'ordre  que  d'élégance.  Son  ftyle  eft  pur  fans  affeélation  & 
concis  fans  obfcurité. 

Tulp  fe  diftingua  pendant  l'expédition  de  Louis  XIV  contre  la  Hollande,  Amf- 
terdam  fe  trouvoit  en  1672  dans  la  fituation  la  plus  critique.  Cette  ville  étoit  prefl'ée 
de  fe  rendre  aux  armes  viilorieufes  du  Roi  ;  mais  notre  Médecin  plaida  avec 
tant  de  force  pour  les  intérêts  de  la  patrie  ,  qu'il  décida  le  Confeil  affemblé  à 
faire  les  derniers  efforts  pour  s'oppofer  à  l'ennemi  ;  &  en  conféquence  de  cette  dé- 
libération ,  on  prit  des  mefures  fi  efficaces  ,  qu'Amfierdam  fut  fauve.  On  ne  s'étoit 
point  attendu  à  trouver  tant  de  fermeté  dans  un  homme  de  fon  âge  ;  on  fut  même 
furpris  de  voir  combien  le  courage  de  ce  fier  Républicain  s'étoit  enflammé  à  la 
vue  du  danger  qui  menacoit  fa  patrie.  Mais  il  paflbit  depuis  long-tems  pour  un 
des  plus  zélés  citoyens  ;  &  cette  qualité  lui  avoit  acquis  une  eftime  fi  générale  , 
que  dès  l'an  1622,  il  fut  élu  Confeiller  de  fa  ville  natale,  &  nommé  enfuite  juf- 
qu'à  fix  fois  à  la  place  d'Echevin.  En  1652,  il  parvint  à  la  charge  importante  de 
Bourguemeftre ,  qu'il  remplit  encore  en  1656,  1660  &  167^  Tulp  mourut  en  1674  , 
âgé  de  80  ans.  Il  avoit  pris  un  emblème  allégorique  à  fes  travaux i^  tant  ceux 
qu'il  avoit  confacrés  au  bien  de  l'Etat,,  que  ceux  dont  l'avancement  des  Science» 
étoit  l'objet;  on  y  voyoit  une  lampe  allumée,  avec  cette  devife ,  ^liis  infervUndo 
confumor. 

On  frappa  une  Médaille  d'argent  pour  apprendre  à  la  poPtérité  que  Tulp  avoit 
rempli,  durant  cinquante  ans,  l'emploi  de  Confeiller  de  la  ville  d'Amfterdan>. 
Van  Loon  en  donne  l'empreinte  dans  fon  Hiftoir^;  métallique  des  Pays-Bas.  Tulp 
y  paroît  en  bufte  ,  revêtu  de  la  robe  de  Bourgucmeftre ,  avec  cette  légende  ,  dont 
îes  lettres  numérales  expriment   l'année    1672  : 


T    IJ    R  443 

-N.  tTJLp.    aMsterD.  Cos.  IIII.  senator  annIs   qUInqUagTnta, 

Au  revers  un  Plane  fort  haut,  perçant  les  nues  de  fon  fommet ,  &  autour  ces 
mots  de  Virgile,  tirés  du    114  vers  du  fixieme   Livre  de  l'Enéide: 

Vires  itltra  sortemque  senect/E. 

Jean  Six  ^  Seigneur  de  Vromade  &  Echevin  d'Amfterdam  ,  qui  avoit  époufé 
Marguerite,  fille  de  Tulp  Sx.  àc  Marguerite  Flaming  d'Oudshoorn  ^  fa  féconde  femme , 
compofa  les  Vers  fuivans  à  l'occafion  de  cette  Médaille: 

Amftelidum  Confal ,  Medica  lux  Tulpîus  Artis , 

Ter  duodenorum  gîorîa  prima  Patrum  : 
jilba  llcet  fuperet  criais  candore  ligufira , 

Ore  nives  ;  anima  candldiore  vtget. 
FtUci  effigie  dum  vultus  peSIora   monfirat, 

Quid  Jït  exteriùs ,  quid  fit  &  intùs  habet. 

Le  portrait  de  Tulp ,  fort  bien  gravé  par  L.  F'ijfcher ,  fe  voit  à  la  tête  de  fes 
Obfervations  ,  environné  de  ces  mots  : 

Nicolaus  Talpius  atat.  LXXXI.  A*.   M.  DC.  LXXIV. 

On   lit  au  bas: 

Hic  ille  utrinque  fofpltator  Tulpius  ^ 
Inferviendo  fanitati  &  Patria. 

■    En  1716  ,    on    voyoit   chez  Jean  Six^  dont  j'ai    parlé    plus  haut  ,  une  ftatue 
de  marbre  de   Nicolas  Tulp  ,  taillée  par  le  fameux  Quellyn  d'Amtterdam. 

TURINI.  Voyez  THURINUS. 

TURNEBE,  (  Adrien  )  l'un  des  plus  favans  Critiques  du  XVI  fiecle  ,  étoit 
d'Andely,  près,  de  Rouen.  11  fe  rendit  habile  dans  les  Belles-Lettres,  dans  le 
Grec  &  dans  le  Droit  ,  &  enfeigna  les  Humanités,  avec  une  réputation  extraor- 
dinaire ,  à  Touloufe  &  à  Paris,  Il  devint  enfuite  Profefieur  Royal  de  la  Langue 
Grecque ,  &  mourut  à  Paris  en  1565  ,  à  l'âge  de  53  ans ,  emportant  avec  lui ,  dans 
le  tombeau  ,  les  regrets  de  tous  les  Savans  de  l'Europe.  La  plupart  de  ies  Ou- 
vrages ont  été  recueillis  &  imprimés  à  Strasbourg  en  1606  ,  in-folio.  Ce  qui  mté- 
reUe  la  Médecine,  c'eft  queTurnebe  a  mis  en  Latin  plufieurs  Traités  de  Tkàiphraftc 
d'Erefe ,  en  particulier  ceux  De  igné  &  De  odoribus  ,  qui  ont  paru  féparément  à 
Harderwick  en  1656  ,  in-ii.  On  a  d'ailleurs  de  la  façon  de  l'Auteur  dont  je 
parle  : 

Libdli  de  vjno,  calore  &  méthode,  cam  ylriftotelii  Libro  de  hU  qu<s  auJitu percîpiantur. 
Parifùi,  1600  ï  in- 8.  Heimfiadii ,  1603,  1619,  in-^.  Cet  Ouvrage  a  été.  joint  au 
Commentaire  de  Jean-Henri  Mcibomius ,  qui  eft  intitulé  :  De  cereviJUs ,  gotibufgue  Ci 
tbriaminihus  extra  viniim  aliis. 


444 


T    U    R 


TUK.NER.,  C Guillaume^  de  Morpeth  dans  le  Northumberland ,  prit  le  boîï- 
net  de  Doéieur  en  Médecine  en  Italie  ,  où  il  s'étoit  rendu  après  avoir  été  chafli 
de  Ta  patrie.  Il  y  revint  vers  1547,  fous  le  règne  d'Edouard  VI,  &  gagna  teller 
ment  refUme  &  la  confiance  de  ce  Prince,  qu'il  eo  obtint  une  prébende  à  Yorck, 
enfuite  une  autre  à  VVindfor  ,  &  enfin  la  place  de  Doyen  du  Chapitre  de  Wells. 
Ces  dignités  eccléfiaftiques  n'empêchèrent  point  Turner  àc  continuer  l'étude  de  la 
Médecine  ;  il  fe  fit  triênie  aggréger  à  l'Univerfné  d'Oxford  :  mais  fous  le  règne 
de  Marie  ,  il  fut  une  féconde  lois  exilé  de  fon  p!;ys  ,  où  il  ne  rentra  que  fous 
celui  d'Elizabeih.  Il  mourut  le  7  Juillet  1568. 

Turner  employa  utilement  le  tems  de  fes  deux  exils.  11  parcourut  l'Allemagne  , 
la  Suifle  &  l'Italie,  &  il  y  fit  une  ample  colleiïion  de  plantes,  qu'il  confronta  avec 
ce  que  les  Ecrivains  Grecs  en  avoient  dit.  A  fon  retour  ,  il  y  joignit  celles  qu'il 
obferva  en  Angleterre ,  &  après  les  avoir  arrangées  dans  un  bel  ordre  ,  il  en  fit  la 
matière  d'un  Traité  qu  il  publia  en  Anglois ,  fous  ce  titre  : 

^  new  herball  ,  trherdn  arc  contayned  the  names  of  herbes  în  Grecke  ,  Latin  ,  ^n- 
gJysh ,  Duch  ^  Frenche  ^  and  in  the  Potecaries  and  herbaries  Latin  ,  with  the  properties  ^ 
degrees,  and  natural  places  of  the  famé  gathered.  Londres,  I551,  In-folio,  avec  figures, 
dont  la  plupart  font  tirées  de  l'Hiftoire  des  plantes  de  Fach.  La  féconde  partie  de 
cet  Ouvrage  a  para  dans  la  même  ville  &  dans  la  même  Largue  ,  156a  ,  la 
troiiieme  en  1568,  suffi  in-folio.  Les  deux  premières  ont  été  imprimées  du  vivant 
de   Gefner   qui  en   fit  tant  d'eflime ,  qu'il  accorda  fon   amitié  à  leur   Auteur. 

On  a  encore,  de  la  faconde  Turner^  un  Traité  fur  les  eaux  thermales ,  quelques 
autres  fur  la  nature  des  eaux  &  des  vins,  &  une  Hifloire  Latine  des  oifeauxdont 
Pline  &  ^riftott  ont  fait  mention.  Il  ne  fe  borna  point  à  rapporter  ce  que  l'un 
&  l'autre  de  ces  Auteurs  ont  écrit  fur  cette  matière  .  il  pouffa  fes  recherches  plus 
loin  Sa  les  publia  fous  ce  titre  : 

^vium  pr<ecipuarutn ,  quarum  apud  ^riftotelem  &  Plinium  mentio  eft ,  trevis  &  fuc 
cincla  Hijîoria.  Cûloniee  ,  1544  ,  m-8. 

On  trouve  un  autre  X^uillaume  Turner  ,  favant  Médecin  de  la  ville  de  Londres  ,  fa 
patrie.  H  fut  reçu  Maître-ès-Arts  à  Cambridge  &  incorporé  ,  en  cette  qualité  ,  à 
Oxford  l'an  1602.  11  alla  enfuite  étudier  la  Médecine  dans  les  pays  étrangers .  d'où 
il  revint  encore  à  Oxford  pour  y  prendre  le  bonnet  de  DoÂeur  ,  qu'il  obtint  le 
I  Juin  1608.  Delà  il  pafTa  à  Londres  &  fe  fit  aggréger  au  Collège  des  Médecins» 
dont  il  fut  un  des  Membres  les  plus  dtftinguéâ. 

TURMER ,  C  Robert  )  Médecin  EcolTois ,  fe  rendit  célèbre  par  les  Ecrits 
qu'il  publia  vers  l'an  1590.  11  n'y  eft  point  queflion  de  Médecine  ,•  ce  font  de» 
Oraifons ,  des  Lettres  &  d'autres  Ouvrages  de  Littérature  ,  dont  le  recueil  a  paru 
à  Ingolftadt  en  1602,  J/i-8. 

Il  y  a  plufieurs  autres  Médecins  du  nom  de  Turner.  Pierre  fut  reçu  Dod^eur  à 
Heidelberg  en  1571  ;  mais  étant  repsffé  en  Angleterre,  fa  patrie,  il  le  fit  incor- 
porer à  Cambridge  &  à  Oxford,  &  alla  pratiquer  à  Londres,  où  il  mourut  le  27 
Mai  161 4,  âgé  de  72  ans.    Deux  de  fes  fi's   prirent   aufii  le  parti  de  la  Médecine. 

L'ainé  ,  Samuel  Turner,  obtint  le  grade  de  Maître-ès-Arts  à  Oxford  le  22  Oc- 
toï>re  1604,  &  après  quelques  années  de  voyage  dans  les  pays  étrangers,  où  il  re^' 


T    U    R  445 

çbt  les  honneurs  du  Do^orat,  U  vint  pratiquer  la  Médecine  en  Angleterre  &  il  y 
mourut  en  1647.  Il  avoit  été  plufieurs  fois  Député  au  Parlement  de  la  part  de  la 
ville  de   Shaftsbury  dans   le  Dorfetshire. 

Le  cadet  ,  Pierre  Turner ,  fe  fit  beaucoup  de  réputation  par  l'étendue  de  fes 
coDDoiliànces  dans  les  Langues  Latine  ,  Grecque  ,  Hébraïque  &  Arabe.  Comme  il 
étoit  aulli  Tort  favant  dans  les  Mathématiques ,  il  fut  chargé  d'enfeigner  la  Géo- 
métrie dans  le  Collège  de  Gresham  à  Londres  ;  mais  il  pafia  ,  en  1630  ,  à  Oxford 
pour  y  remplir  une  pareille  Chaire  dans  celui  de  Savill ,  &  il  profita  de  fon  fé- 
jour  dans  cette  Univerfité  pour  y  étudier  la  Médecine  ,  dont  il  prit  le  bonnet  en 
1636.  La  guerre  s'étant  enfuite  élevée  entre  le  Roi  61  le  Parlement ,  Turner  aban- 
donna la  profeffion  des  Lettres.  Le  bruit  des  armes  réveilla  fon  humeur  martiale; 
il  courut  à  la  défenfe  de  fon  Prince,  qu'il  fervit  avec  autant  de  valeur  que  de 
fidélité.  Les  Parlementaires  ,  pour  fe  venger  de  l'attachement  qu'il  avoit  montré 
pour  la  caufe  de  fon  Souverain,  le  privèrent  de  tous  fes  emplois.  Il  mourut  ea 
Janvier  1652 ,  âgé  d'environ  66  ans. 

Daniel  Turner,  Chirurgien  Anglois  qui  prit  le  bonnet  de  Dof^eur  en  Médecine, 
fut  reçu  en  cette  dernière  qualité  dans  le  Collège  Royal  de  Londres.  Il  fe  mit  à 
écrire  dès  le  commencement  de  ce  fiecle  ,  mais  il  n'a  rien  publié  qu'en  fa  Langue 
maternelle.  Voici  le  catalogue  de  fes  Ouvrages  : 

Cufe  in  Surgery  being  an  account  of  an  uncommon  fraclare  and  deprejjion  of  the  Skull 
in  a  child  about  jîx  years  accompany^d  with  a  vajl  apofiume  of  the  brain.  Londres  , 
1709,  i'rt-S.  Il  y  rapporte  plufieurs  Obfervations  fur  les  fractures  &  les  déprellions 
du  crâne,  s'étend  iùr  les  fuites,  en  particulier,  fur  les  abfcès  du  cerveau. 

'freaiife  of  Jifeafes  incident  to  tht  skln.  Londres,  171 4,  1726,  ii-8.  En  François, 
fous  ce  titre  :  Traité  des  maladies  de  ia  peau  en  général ,  avec  un  court  ytppendix  fur 
^efficacité  des  remèdes  topiques  dans  les  maladies  internes  ,  &  leur  manière  d'agir  far  le 
corps  humain.  Paris,   1743,  deux  volumes  in-12. 

Siphylis,  Londres,  1717,  in-B.  C'eft  la  première  partie;  la  féconde  a  paru  en 
1727  dan«  la  même  ville.  Les  deux  cnfemble  :  Siphylis.  u4  prctical  Differtation  on  the 
venercal  difeafe.  Londres  ,  1732  ,  1739  ,  in-8.  En  François ,  fous  ce  titre  ;  Dijfertation 
far  les  maladies  vénériennes.  Paris ,  1767 ,  deux  volumes  in-T2.  L'Auteur  s'étend  aC- 
fez  fur  la  nature  des  maux  vénériens  ,  mai»  il  ne  met  poinr ,  dans  fon  Ouvrage  , 
cet  ordre  &£  cette  méthode  dont  la  matière  efl  fufceptibie.  11  n'eft  sûrement  point 
de  maladie  fur  laquelle  on  ait  autant  écrie  que  fur  la  vérole  ,  &  il  n'en  eft  point 
dont  le  traitement  ait  tardé  audî   long-tems  à   être   pouffé  à  fa  pcrfeiflion. 

The  ^tt  of  Surgery.  Londres,  1722,  1725,  1736,  t<>8.  Ceft   un  abrégé  de  Chi- 
rurgie pratique,  avec  quelques  bonnes  obiervations. 
Difcourfe   concerning  gleats.  Londres,   1719 , //1-8. 
Difcûurfc  concerning  fevers.  Londres ,  1732,  i/i-B. 

The  antient  phyjician's  legacy  impartlaV.y  furvyd.  Londres ,  1734 ,  in-B.  H  fe  rdcrie 
contre  les  abus  qui  fe  font  gUfTés  dans  l'uJagc  de  la    liaignée    Sz  du  '^îcrcirc. 

^phrcdijidcus.  Londres ,  1736 ,  in-S.  C'efl  r.n  recueil  fuccict  des  Auteurs  dont  il 
eu  parlé  dans  l'Ouvrage  de  Louis  Luifinus  qui  parut  k  Venife  eu  1529 ,  deux  vtK 
lûmes  in-folio. 


445  T    U    II 

La  Kibîiotheque  Phyfique  de  la  France  annonce  un  petit  Traité  des  Eaux  de 
Spa  ,  de  la  compoUtion  de  George  Turner;'û  a  été  imprimé  en  Anglois  ;\  Londres» 
1733 , /rt-8,  C'ell  apparemment  le  môme  Ouvrage,  dont  on  a  une  édition  Françoife 
de  1734,  in-i2,  fous  le  titre  de  Relation  des  Eaux  de  Pyrmont  fi?  de  Spa^  par  M- 
Tarncr  ^  Dofteur  en   Médecine. 

TURODIN  ,  (  Joieph  )  natif  d'Aleth  ,  fut  Chirurgien  Major  dans  les  Armées 
du  Roi  Louis  XIV^.  Ce  Prince  l'honora  de  fon  eftime ,  &  les  Généraux,  ainfi  que 
les  Otiiciers ,  eurent  en  lui  la  plus  grande  confiance.  Tarod'm  avoit  mérité  l'une  & 
l'autre  par  la  lupériorité  de  fes  talens;  mais  les  fuccès ,  dont  les  cures  les  plus  dii- 
iiciles  furent  couronnées ,  parlèrent  bien  autrement  en  la  faveur.  C'eft  un  avanta- 
ge d'être  reconnu  favant.  Le  public  veut  cependant  quelque  choie  de  plus  dans 
l'Art  de  guérir;  car  telle  brillante  que  foit  la  réputation  d'un  homme  qui  s'applique 
à  cet  Art  ,  le  public  ne  l'apprécie  que  par  les  faits  d'une  pratique  heureufc.  Notre 
Chirurgien  jouifibit  de  toute  la  confidération  que  la  reconnoiffance  des  malades  ne 
arefufe  jamais  au  favoir  qui  rend  des  fervices  utiles ,  lorfqu*il  fut  attaqué  d'une 
iîevre  maligne  &  opini-Atre  en  1709.  Il  s'en  releva,  &  quoique  foibie  encore,  il  fe 
tit  tranlporter  au  fiege  de  Béthune  ,  où  fon  devoir  l'appelloit.  Mai»  la  fatigue  qu'il 
ellliya  dans  la  route  acheva  de  l'épuifer  ;  il  ne  put  palier  Chaulny-fur-Oife  ,  ville  de 
rille  de  France.  M.  de  Fenélon  ,  Archevêque  de  C.ambray  ,  qui  avoit  toujours  eu 
pour  lui  l'eftime  la  plus  diliinguée  &  même  l'amitié  la  plus  tendre  ,  n'eut  pas  plu- 
jtôt  appris  fa  fituation  ,  qu'il  le  fit  conduire  dans  Ion  palais  épifcopal,  où  il  lui  pro- 
digua  tous  les  foins  qui  pouvoient  contribuer  à  fa  guérilon.  Mais  ils  furent  inutiles; 
Turodin  mourut  le  0  Juillet  1710  ,  &  le  digne  &  charitable  Prélat  le  fit  honorable- 
ment enterrer  dans  fon  Egliie  Métropolitaine.  Si  la  conduite  du  vertueux  Arche- 
vêque grolîit  le  nombre  des  preuves  qu'il  a  tant  de  fois  données  de  la  bonté  de 
Ion  cœur  ,  elle  ne  fait  pas  moins  l'éloge  du  Chirurgien  dont  je  parle  ;  i'eflime  , 
i'amiiié  ,  les  foins  officieux  de  ce  grand  Prélat ,  luppofent  uii  mérite  folide  dans 
celui  qui  en  a  été  l'objet. 

TURQUET  DE  MAYERNE.  Voyez    MAYERNE. 

TURRE  (  George.  DE  )  vint  au  monde  à  Padoue  en  1607.  Ce  fut  dans  fa 
ville  natale  qu'il  puifa  ces  rares  connoifTances  qui  répandirent  ion  nom  par  toute 
l'Italie.  A  l'âge  de  30  ans,  il  palToit  déjà  pour  un  Médecin  habile  &  pour  le  plus 
grand  Botanifte  de  fon  pays  ;  mais  comme  il  fe  pcrfeclionna  encore  par  fon 
afliduité  à  l'étude,  on  ne  balança  pas  à  le  nommer,  en  1649,  à  la  Chaire  à\x  cé- 
lèbre f^eflingius.  La  réputation  de  celui  auquel  il  fuccédoit ,  fut  pour  lui  un  puif- 
fant  aiguillon  qui  l'engagea  à  foutenir  dignement  la  liennc.  Il  remplit  les  devoirs 
de  la  place  avec  beaucoup  de  fuccès,  &  partagea  le  refte  de  fon  tcms  entre  l'é- 
tude de  fa  profeflion,  celle  des  Belles-Lettres,  des  Mathématiques,  &  de  l'Hif- 
toire  par  la  connoillance  des  Médailles.  Il  avoit  une  Ibrte  de  paflion  pour  ce 
dernier  genre  d'application. 

En  i665,  il  remplaça /lirômc  Fri^itncUca ,  !x.  Jérôme  f^ergeri  en  1680;  mais  il  con- 
tinua d'êire  charge  de  la  diredion  du  Jardin  des  plantes,  dans  lacueiie  on  lui  joi- 


T    U.R 


44? 


gnit  Félix  F'iali.  En  lôB'^  ,  il  obtint  les  droits  &  les  honneurs  attachés  à  la  première 
Chaire  ;  il  n'y  monta  cependant  qu'en  16S7.  La  réputation  qu'il  s'étoit  acquife 
dans  les  autres  places,  ne  fit  qu'augmenter  dans  celle-ci;  déjà  vénérable  par  fon 
âge  ,  il  le  devint  encore  plus  par  les  talens  qu'une  longue  expérience  avoit  mûris. 
Mais  cet  homme  célèbre  fut  bientôt  enlevé  à  la  Faculté  de  Padoue  ;  il  mourut 
en  1688.  On  a  de  lui  un  Catalogue  Latin  des  plantes  du  Jardin  de  cette  ville  , 
qui  parut   en   1660  ,  in-8  ,  &  en  1662 ,  avec  des  augmentations.  On    a    encore  : 

Junonis  &   Neftis  vires  in  humanee  fdlutis  obfcquium  traJu5\e.    Patavii^  1668,  /n-4. 

Dryadum,  ^madryadum ,  Chloridifque  triumphus  ,  ubi  plantarum  natura  fpecîatur  ^  af- 
feSiones  cxpenJuntur ,  facilitâtes  explicantur.  Ibidem ,  1685  ,  in-filio. 

TURRIANI,  C  Jérôme  )  Gentilhomme  natif  de  Vérone  ,  étoit  encore  Ecolier 
à  Padoue  ,  lorfqu'il  fe  fit  admirer  par  l'étendue  de  fes  eonnoifiances  dans  les  Bel- 
les-Lettres. Dès  qu'il  fjt  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Médecine  ,  il  ne  donna 
pas  de  moindres  preuves  de  fes  progrès;  il  en  donna  même  de  fi  grandes,  lorf- 
qu'il fut  plus  avancé  dans  le  cours  de  fes  études,  que  le  Sénat  de  Vende  le  nom- 
ma à  une  Chaire  de  Pratique  avant  qu'il  eût  reçu  les  honneurs  du  Dodîorat,  En 
i486  ,  la  ville  de  Ferrare  envia  cet  habile  Profeflbur  à  l'Univcrfité  de  Padoue, 
Elle  employa  tant  de  moyens  pour  l'attirer  dans  fes  Ecoles ,  qu'elle  eut  enfin  la  fa- 
tisfadion  de  l'y  voir  enfeigner  la  Médecine  avec  la  plus  haute  célébrité.  Mais  le 
Doge  Barbarigo  rappella  Turriani  à  Padoue  en  1488 ,  &  le  fit  monter  à  la  pre- 
mière Chaire  qu'il  remplit  pendant  pluGeurs  années.  Plein  de  zèle  pour  le  bien  du 
public  &  la  gloire  de  fa  Faculté,  ce  Médecin  auroit  continué  d'y  former  de  fa- 
vans  difciplcs  julqu'à  la  fin  de  fa  vie  ,  fi  les  infirmités  de  l'âge  ne  feufient  obligé  à 
prendre  quelque  repos.  Ce  n'eft  pas  qu'il  ait  cherché  à  fe'  fouflraire  entiereinent 
au  travail  ,•  la  molle  oifiveté  étoit  pour  lui  le  plus  pefant  des  fardeaux.  Il  s'occu- 
pa, dans  la  retraite,  à  revoir  les  Ecrits  de  fa  compofition  qu'il  fe  propofoit  de  faire 
imprimer;  mais  une  fièvre  ardente  l'empêcha  d'y  mettre  la  dernière  main.  Il  eirt 
cependant  une  forte  de  convalefccnce  qui  lui  fit  efpcrer  qu'il  pourroit  fe  faire 
tranfporter  à  Vérone.  La  mort  rompit  fes  projets  ,  car  elle  l'enleva  à  Padoue  le 
II  Février  1506.  AIwc- Antoine  ^  fon  fils,  fe  chargea  du  foin  de  faire  conduire  fon 
corps  dans  fa  ville  natale  ,  où  il  fut  honorablement  enterré  dans  la  Chapelle  de 
fa  famille. 

Les  Ouvrages  que  Jérôme  Turriani  fe  difpofoit  à  mettre  au  jour  ,  lorfqu'il  fut 
furpris  par  la  mort ,  font  intitulés  : 

Contmemarîa  continua  in  Galenum. 

Confîliorum  Libri  très. 

De  variolis  Liber  unus. 

De  plantis  &  fioribus  Libri  dwo. 

TURRIANI,  (  Marc-Antoine  J  fils  du  précédent,  étoit  de  Vérone,  Il  fit  de- 
grands  progrès  à  l'école  de  fon  pcre  ,  fous  qui  il  étudia  les  Mathématiques  &  la 
Médecine,  Les  talens  qu'il  y  avoit  acquis  furent  bientôt  connus,  &  par  eux,  ainfi 
«iue  par  les  belles  qualités  du  cœur  &  la  figure  la  plus  intérelfante  ,  il  mérita  l'e^- 


448  T    U    R       T    W    Y 

time  de  tout  le  monde.  Son  attachement  à  la  dodkrae  des  Médecins  Grecs  fut  Q 
grand,  qu'il  n'épargna  rien  pour  la  venger  de  l'injune  mépris  dan»  lequel  elle 
éioit  tombée  de  l'un  tems.  Comme  la  plupart  des  Académies  le  gîorifioient  encore 
d'être  Arabefques ,  il  éleva  la  voix,  contre  les  ProfelFcurs  de  fon  fiecle,  avec  toute 
la  force  que  la  bonté  de  fa  caufe  lui  infpiroit,  &  il  leur  prouva  que  c'étoir  chez 
les  M'iîtres  de  l'Ecole  Grecque  qu'il  falloit  chercher  la  véritable  Médecine.  II  leur 
démontra  encore  que  tout  importantes  que  fuflbut  les  connoiOances  qu'on  pou- 
voit  tirer  des  Ecrits  de  ces  anciens  Maîtres  ,  on  devoir  aller  plus  loio-  qu'eux  , 
&  qu'il  manquoit  à  l'Art  de  guérir  quelque  chofe  du  côté  de  la  Botanique  &  de 
l'Anatomie,  qu'il  étoit  nécellaire  d'enrichir  par  des  recherches  plus  profondes.  Ce 
fut  pour  prêcher  d'exemple  ,  qu'i!  publia  un  volume  d'Oblérvations  Anatomiques_, 
OÙ   il  renchérit    fur  les  découvertes  de   Galien  qu'il  avoit  pris  pour  guide. 

La  ville  de  Padoue  fut  le  premier  théâtre  où  Turriani  déploya  l'es  talens  ;  il  y 
remplit  la  Chau-e  de  Théorie;  mais  il  paffa  enfuite  à  Pavic»  où  il  enleigna  avec 
la  même  célébrité.  Ce  fut  de  fes  mains  que  Paul  Jove  reçut  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  Médecine. 

Marc^ntoinc  Turriani  fut  enlevé  trop  tôt  à  la  République  des  Lettres  ;  il  n'a- 
voit  que  33  ans,  lorlqu'il  mourut  de  la  fièvre  en  1512,  dans  les  environs  du 
Lac,  dit  Lago  di  Garda,  dans  le  territoire  de  Vérone.  Son  corps  fut  inhumé  dans 
fa  ville  natale  ,  près  de  celui  de  fon  père.  Il  emporta  dans  le  tombeau  les  regrets 
de  tous  ceux  qui   l'avoient  connu.   Le  Comte  Nicolas  d'Arco  a  dit  de  lui: 

uitite  annos  fcivîjfc   nocet;    nam  maxima  virtus 
Fcrfuafit  morti ,  ut  crederet  ejfc  fenem. 

TURRISANUS.  Voyez  CRUSCIANUS. 

TWYNE,  (  Thomas  _)  de  Cantorbery  dans  le  Comté  de  Kent  en  Angleterre, 
exerça  la  Médecine  à  Dorchefter  avec  aflcz  de  réputation,  avant  que  d'avoir  pris 
;;ucun  degré  dans  cette  Science.    Ce  ne   fut  que  le  10  Juillet   1593  qu'il    fut  reçu 
Bachelier  à  Oxford,  &  il  pratiquoit  depuis  l'an  1564.  Il  paffa   enluite  à  Cambridge 
où  il  prit   le  bonnet  de  Dodîcur.  Le  principal  mérite  de  ce  Médecin  confifta  dans 
les  talens  qu'il  avoit  pour  la  Poéfie,  l'Aftronomie  &  la  compoiition  des  Almanachs. 
Ce  feroit  peu  de  choie  aujourd'hui  pour  un  homme  de   fon  état  ;  mais  l'Afirono- 
mie  avoit  de    li  grandes  influences  fur  l'Art  de  guérir  dans  le  XVI  Cecle ,  qu'elle 
reievoit  beaucoup  l'idée  qu'on  fe  formoit  de    la    capacité    d'un   Médecin.  Tel  fut 
pendant  long-tems  l'empire  du  préjugé  ;  la  crédulité    du  public ,  à  cet  égard ,  obli- 
gea, pour  ainfi  dire,  les  miniftres  de  la  famé  à  afficher  un  charlatanifme   déshono. 
rant    pour  une  Science,  qui  a  de  quoi  faîisfaire   par  la  folide    vérité    de  les  prin-  • 
cipes.  Mais  dans  le  fiecle  éclairé  où  nous  vivons,  pourquoi  trouve-t-on  encore  des 
gens   qui  fe   conduiiént  fur  le  faux   &  honteux  principe ,  que  pour  parohre  bon  Mé- 
decin ,    il  faut  être   un  peu  charlatan  ?  La  raifon  eft  toute  claire  ;  cette    maxime  dé- 
îeftable  fraie  le   chemin  à  la    réputation  &  à  la  fortune,  parce  que  la  plupart  des 
hommes  ne  j':gent  les   autres  que  fur  les  apparences.  Jul'qu'à  quand  nos  Médecins 
ô  la  mode    craindront-ils  de  parler   le  langage  de  la   vérité'?   Quand  auront-îls  la 

forc€ 


T    V/    Y  *    T    Y    s  449 

fores  d'cfre  complaifans  faos  bafT^fTe  ,  polis  fans  afieflation,  fiocercs  fans  détour» 
officieux  fies  foibleiil- ,  vrais  fans  déguilVmcnt  ?  Il  eti  certain  que  les  malades  ai- 
ment à  être  Hattéç;  mais  il  ne  faut  que  les  confoler ,  calmer  leurs  inquiétudes, 
guérir  leurs  maux.  Dans  cotre  Art,  il  efl  bien  important  d'éviter  les  extrémités  ; 
on  doit  autant  rcjettcr  la  dure  févérité  de  Cdlianax ,  que  la  baffe  complaifance 
d  ^Jdcpiade.  JLe  caraflere  du  premier  n'étoit  propre  qu'à  lui  faire  perdre  la  cor- 
nance  des  malades;  celui  du  fécond  le  portait  à  en  abufcr.  Imitons  la  conduite 
d'Hippocrjte  ;  perfonne  n'a  mis  dans  l'exercice  de  la  Médecine  plus  de  nobleffe  , 
plus  de  fentimcns,  plus  de  décence,  plus  de  délintcreiTemeut,  plus  de  zelc,  plus 
de  droiture,  plus  de  fiacérité  ,  en  m.cme  tems  perfonne  n'a  plus  illuftré  fa  pro- 
feffiou  &  n'a  nmdu  plus  de  fervices  à  l'humanité. 

Je  reviens  à  Twyni^  dont  la  conduite  a  donné  lieu  à  cette  digreffion.  Ce  Mé- 
decin mourut  le  4  Septembre  1613,  âgé  de  70  ans,  fans  avoir  rien  fait  pour  l'a- 
vancemcnt  de  l'Art  qu'il   a  exercé  près  d'un  demi  Ceclc. 

TWY.SDEIV,  (  Jean  )  du  Comté  de  Kent  en  Angleterre,  prit  le  bonnet  de 
Docteur  à  Angers  en  1646.  11  défendit  h  Médecine  des  Anciens  contre  les  atta- 
ques indécentes  de  Marchamont  Ncdham ,  &  fit  voir  encore,  par  d'autres  Ouvrages, 
qu'il  n'y  avoir  point  de  changement  à  introduire  dans  la  Pratique,  qu'il  ne Va- 
giffoit  que  de  la  pcrfcaicnner.  Le  Collège  de  Londres,  dont  il  étoit  membre,  fit 
de  fes  Ecrits  toute  l'cftime  qu'ils  méritoient.  Ce  Médecin  fe  diRingua  auffi  par  ceux 
qu'il  publia  fur  les  Mathématiques  &  les  Livres  Sybillins.  Les  uns  &  les  autres 
font  en  Anglois. 

TYSON  C  Edouard  )  naquit  en  1651  dans  le  Duché  de  Sommerfet  en  Angle- 
terre. Il  étudia  la  Médecine  à  Oxford  où  il  fur  reçu  Bachelier  en  \(:"o;  mais  ce 
fut  à  Cambridge  qu'il  prit  le  bonnet  vers  l'an  1680.  Il  paffa  delà  à  Londres  en- 
tra dans  le  Collège  Royal  en  1683,  &  peu  de  tems  après,  fut  nommé  à  l'em-^loi 
de  Médecin  des  Hôpitaux  de  Bethléem  &  de  Bridewcll.  Sa  réception  dans  la  So- 
ciété Royale  ,  &  fa  nomination  à  la  Chaire  d'Anatoraie  dans  le  Collège  des  Chi- 
rurgiens de  la  Capitale,  lui  firent  beaucoup  d'honneur,-  mais  il  en  fir  davantage 
lui-même  aux  places  qu'il  occupoit,  fur-tout  à  celle  qu'il  avoit  obtenue  dans  la 
Société  Royale.  Il  a  lu  un  giand  nombre  de  Differtations  lur  l'Anatomie  de 
l'homme  ,  des  bêles  &  des  irfefles  dan?  les  affemblées  de  cette  Compagnie  ,  qui 
les  a  fait  inférer  dans  les  Traniaétiocs  Philorophiques,  avec  les  obfervn'ions  de 
pratique  qu'il  lui  avoit  commuriquées.  On  a  imprimé  féparément  fon  P'iocœna  ou 
Anatomic  du  Porc  marin  qui  fut  démontrée  au  Collège  de  Grcsham.  Cet  Ouvrage 
parut  à  Londres  en  1681 ,  avec  un  Dilcours  préliminaire  fur  l'Anatomie  en  gé- 
néral &  l'Hiftoire  naturelle  des  animaux. 


T  O  ME    IK  LU 


440  V    A    C        V    A    D 


V. 


Y 


ACHER  ,  CNO  Maître  en  Chirurgie  de  Paris,  Chirurgien  Confultant  des 
Armées  du  Roi ,  exerça  à  Bel'ançon  avec  beaucoup  de  célébrité  ,  &  mourut  dans 
cette  ville  en  1760.  On  trouve  quelques  Obfervations  de  fa  façon  dans  les  Mé- 
moires des  Académies  Royales  des  Sciences  &  de  Chirurgie  ;  mais,  il  a  publié  lui- 
même  diflerens  Ouvrages  fous  ces  titres  : 

Obfervation  de  Chirurgie  fur  une  ejpece  d^empyeme  au  bas-ventre.  Paris,  1737»  mil. 
L'opôration  fut  faite  à  la  fuite  d'un  épanchement  de  fang  dans  cette  capacité,  & 
elle  eut  un  heureux  fuccès. 

Dijfertation  far  le  cancer  des  mammelUs.  Befarçon  ,  1740,   In-ii.  L'Auteur  s'appuie 
fur  l'obrr-rvation  &  l'expéritnce  ,    pour   décider  que  l'opération  eft   le    feul  moyen 
curatif  du   cancer;  mais  il  décide  en  homme  indruit,  &  s'attache  à  fnire   voir   que  ■ 
ropôratioo    n'cft   poii:t    admiflible   dans   tous  les    cas  ,    qu'il   y    a   des    fignes   qui' 
l'icdiquent  &  d'autres   qui  doivent  la  fjire  profcrirc. 

Bifioire  de  Frère   Jacques  ,   Liihotom'Jle.   Belai:çon  ,  1756,  in-is, 

M.  Tliomas  Levacher  de  la  leuir'.e.,  l)o<flcur  de  la  b'aculté  de  Médecine  de  Pa- 
ris, naquit  dans  le  Diocefe  d'E^reux,  On  a  de  lui  un  Traité  du  Rak't.s  ^  ou  V^rt 
de  redrejfer  Us  enfms  cor.tr e faits.  Farir ,  1772,  </î-8  ,  avec  hgures.  11  s'étend  fort  au 
long  lur  la  natuie  ,  le  liège,  le  diagnotnc,  les  cauits  ,  le  prcncflic  ,  le  traitement 
de  cette  maladie  ,  par  les  remèdes  internes ,  &  finit  par  l'espc  fition  des  raoyeiis 
méchaciques  que  lai-même  &  difi'ércns  Auteurs  ont  propofés.  Ce  Médecin  avoit 
pris  le  bonnet  dans  la  Faculté  de  Caen,  avant  que  de  venir  le  mettre  tur  les 
bancs  de  celle  de  Paris.  Il-  eft  le  premier  qui  ait  prc  fité  du  Legs  de  M.  , 
Jean  de  I^ieft  ,  Doftcur-Régert  de  la  Kacuhé.  de  Médecine  de  Paris,  qui  a  fon- 
dé un  concours ,  dont  le  prix  eft  l'obtention  gratuite  des  degrés  depuis  le  Bacca- 
lauréat jufqu'à  la  Régence  inclulîvement.  M.  Levacher  a  remporté  ce  prix  en 
1766,  &  pour  donner  un  témoignage  pubiic  de  fa  rcconnoifiance ,  il  a  dcd  é  l'Ou^ 
vrage  ,  dont  je   viens  de  parler  ,   à  la  Mémoire   immortelle    de  fja  bienfaiteur. 

VADIANUS ,  C  Joachim  )  autrement  dit  JVjtte  ,  favant  Ecrivain  du  XVI 
Cecle  ,  étoit  de.  Saint  Gai  en  SuilTc ,  où  il  naquit  le  29  de  Novembre  14S4.  Après 
avoir  achevé  le  cours  de  fes  premières  études ,  il  fe  mit  à  enfcigner  les  enfans  à 
Villach  dans  la  Carinthie  ;  mais  comme  dans  l'eotretems  de  les  occupations  il 
s'anpliqua  férieufement  à  la  Poéfie  ,  il  y  Ht  tant  de  progrès  ,  qu'il  remporta 
la  couronne  de  laurier  que  les  Empereurs  donnoieni  alors  à  ceux  qui  excelloicnt  à 
faire  des  Vers.  Ce  fut  à  Lintz  qu'il  reçjt  cette  couronne,  en  1514,  des  mains 
de  Maximi'iien  I. 

F'adianus  pafla  enfuite  à  Vienne  en  Autriche  ,  où  il  fat  nommé  Profeffeur 
d'Humanités,  &  même  au  Redtorat  de  l'Univerfité.  li  étoit  digne  de  cet  honneur 
par  l'étendue  &  la  variété  de  fes  connoiflances  ;  car  il  étoit  habile  dans  les  Belles- 
î^ettres,  la    Philofophie,  la  Géographie  ^  les  Matliétnatiques ,  ôf  fur-tout   dans   la 


V    A    1  4:51 

Médecine  ,  f^ont  il  avoît  pris  le  bonnet  de  Dodkur ,  eo  lgï8  ,  dans  latnême  Univer- 
sité. Ce  Médecin  voyagea  beaucoup.  A  l'on  départ  de  Vienne,  il  parcourut  la 
Pologne  ,  la  Hongrie ,  l'Allemagne  ,  l'Italie  ,  &  fe  retira  enluite  dans  la  ville  na- 
tale ,  où  l'a  candeur,  l'a  probité  &  fon  favoir  lui  méritèrent  l'eftime  de  fes  con- 
citoyens. Ce  fut  à  ces  qualités  qu'il  dut  Phonceur  d'être  élevé  au  rang  de  Séna- 
teur de  Saint  Gai  en  1526  ;  mais  il  s'acquitta  des  fondions  de  cette  charge  avec 
tant  de  prudence  &  d'intégrité,  qu'on  le  nomma  encore  huit  fois  à  la  dignité  de 
Confeiller. 

Nous  avons  plufieurs  Ouvrages  de  la  façon  de  F'adianus  ,  dont  un  feul  regar- 
de la  Médecine;  c'elt  celui  qui  pan.t  à  Bâ!e  en  1522  ,  in.folio^  fous  le  titre  de 
Cùnjîltum  contra  peftem.  Le  plus  confidérable  eft  un  Commentaire  Latin  fur  Pom- 
ponlus  Mda ,  De  fîtu  Orbis.  Il  eft  encore  Auteur  de  quelques  Traités  Théoîogi- 
ques  ,  qui  ont  pour  objet  de  ïbutenir  le  parti  des  Evangéliques  qu'il  avoit  embraffé 
en  1519  ,  après  avoir  abandonné  les  feniimens  de  l'Eglife  Romaine.  Il  mourut 
dans    fes    erreurs  en  1551 ,  ^gé  de  66  ans. 

VAILLANT  C  Jean  -  François  FOYJ  étoit  fils  de  Jean<,  habile  Antiquaire  que 
le  goiit  des  Médailles  arracha  à  la  Médecine,  Suivant  l'Abbé  Ladvocat ,  dans  fon 
Dictionnaire  Hiftorique,  Jean-François  naquit  à  Rome  le  if  Février  1665,  pendant 
que  fon  père  s'y  attachoit  à  la  recherche  des  monumens  antiques  ;  mais  fuivant 
le  relevé  que  M.  B^ron.  a  fait  des  Aftes  foutenus  dans  les  Ecoles  3e  la  Faculté 
de  Médecine  de  Paris ,  il  étoit  de  Beauvais  :  apparemment  que  f^aillant  le  difoit 
ainli  ,  parce  qu'il  étoit  originaire  de  cette  ville  ,  où  fon  père  vint  au  monde 
en  lôfjS. 

A  peine  eut-il  commencé  de  fe  livrer  à  l'étude  à  fon  arrivée  à  Paris,  qu'il 
paBa  en  Angleterre.  Il  y  prit  beaucoup  de  goût  pour  la  Science  numifmatique  , 
mais  fans  perdre  celui  qu'il  avoit  de  fe  faire  Médecin,  De  retour  à  Paris,  il  y 
fit  fon  cours  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  ,  &  pendant  qu'il  étoit  fur  les 
bancs  ,  il  compola  un  Traité  de  la  nature  &  de  Vufage  du  Café.  En  1691  ,  il  fut 
reçu  Docleur;  en  1702  ,  il  prit  place  dans  l'Académie  Royale  des  Infcriptions. 
Dès  le  moment  de  fon  entrée  dans  cette  Compagnie  ,  il  donna  des  preuves  pu- 
bliques du  progrès  qu'il  avoit  fait  dans  l'étude  des  médailles.  On  a  de  lui  plu- 
fieurs Diflertations  curieufes  fur  cette  matière  ,  ainfi  qu'un  Difcours  fur  les  Dieux 
Cabires-  /^aillant  n'eut  pas  le  tems  de  communiquer  à  l'Académie  toutes  les  ad- 
■mirab'es  connoiflances  qui  étoient  les  fruits  de  fes  recherches;  il  mena  une  vie 
-afiez  languillànte  ,  &  mourut  le  ij'  Novembre  1708 ,  à  l'âge  de   44  ans. 

Son  père  fut  envoyé  en  Afie  &  en  plufieurs  autres  contrées  par  M.  Colbert  , 
pour  y  chercher  des  Médailles  &  des  Manufcrits;  il  en  rapporta  quantité  de  pie- 
•ces  rares  &  fiagulieres  qui  n'ont  pas  peu  fervi  à  enrichir  le  Cabinet  &  la  Biblio- 
thèque d«  Roi.  raillant  le  père  mourut  à  Paris  le  23  Oftobre  1706,  &  fut  en- 
terré dans  l'Esl'fe  de  Saint  Benoit  ,  où  Mark-Loulfe  ^  fa  fille,  fit  graver  cette  mf- 
cription  fur   Ion  tombeau  : 


451  "V    A    I 

D.    O.    M. 

JoANNi  Foy-Vaillant  bellovaco  , 

DvSlori  Medîco  , 

Ludovici  Mâgni  Antlquarîo  , 

Cenomanenfium   Duels  Cimetiarco  , 

Regiie  Infcriptionum  S  Numfmatum  ^cademl£  foclo y. 

Firo  famâ  nomlnis  toiâ  Europâ   celeberrimo  , 

Summis    Prindpibas  probctijpmo  y 

Qui  fub  hoc  Lapide  , 

Unà   cuin   carijjima   Conjure 

LUDOVICA  AruiEN, 

Contumulari  vuluit. 

Obiit  XXIIl   Ocl.  M.  D.  ce.  VI.   atath  LXXV» 

Ht 
JoANNi  Francisco  Foy-Vaillant  , 

Joannis  Filio  ,  ' 

Do&ori  McdiCQ  Farijïenjï  , 
Paternorum  ftudiorum  temulo  , 
De  B.e.  Andquarla  benè  merito  : 
A  quo  fperanda  fuerant  non  pauca  , 
SI  diuturnior  d  vita  contigijfet. 
Obiit  XVII  Novcmbr.  M.  D.   CC.  VIII.  atatis  XLIV. 
Maria  Ludovica  Fov-V aillant    . 
AmantiJJîmis    Pareadbus ,   Fratriqat  dulcijjrma  y 
Ex  hujus  Tejîatnento , 
Hoc  Moaumentum   poni  curavit. 
Rcquiefcant  In  pace. 

VAILLANT,  ÇSébaftien  J  très-habile  Botanifte  ,  naquit  le  26  Mai  1669  à  Vi- 
gny près  de  Pontoil'e.  Dès  la  plus  tendre  jeuneflb ,  il  fit  paroître  une  paflion  ex- 
trême pour  la  connoifiance  des  plantes;  à  peine  avoit-il  cinq  ans,  que  ibuvent  on 
le  trouvolt  occupé  à  cueillir  celles  qui  lui  plaifoient  davantage  ,  qu'il  alloit  enfuite 
planter  dans  le  jardin  de  (on  père.  Celui-ci  dut  borner  l'inclination  naiffànte  de 
cet  enfant,  qui,  par  la  multitude  des  plantes  champêtres  qu'il  mettoit  dans  ce 
jardin  ,  en  auroit  banni  celles  qui  fervent  aux  bcfoins  de  la  vie  &  à  l'agrément  ; 
il  lui  céda  une  portion  de  terrein,  dont  il  le  rendit  maître,  avec  délenfe  de  tou- 
cher  au   refte. 

Ce  goût  pour  les  plantes  s'accrut  tellement  avec  l'âge  ,  que  /^aillant  ayant  été 
mis  à  Poctoife,  fous  la  conduite  d'un  Prâtrc  ,  pour  apprendre  à  lire  ,  à  écrire,  &: 
les  premiers  rudimens  du  Latin,  il  ne  profitoit  de  la  promenade  où  ce  Maître  le 
aonduifoit  avec  les  compagnons  d'école ,  que  pour  aller    cueillir   des   herbes  qu'il 


V    A     I 


45J 


rnpportoit  au  logis,  îr  qu'il  y  examinoit  avec  tout  le  foin  que  fon  inclination  lui 
ialpiroit.  Il  ne  négligea  cependant  point  fes  études  principales;  il  y  ht  même  tant 
de  progrès  ,  que  ion  père  lui  fit  encore  apprendre  la  Mulique.  Il  touchoit  l'orgue 
avec  tant  de  délicateliè,  que  les  Bénédidins  de  Pontoile  le  choilirent  pour  leur 
Organifle  à  l'âge  d'onze  ans  ;  mais  il  les  quitta  pour  paffer  chez  les  Religieuies 
Holpitalieres  de  la  même  ville,  qui  lui  avoient  préfeaté  de  meilleures  conditions 
que  ces  Pères. 

Ce  fut  alors  que  fe  Tentant  du  goût  pour  la  Médecine  ,  il  profita  de  fes  heures 
de  loiiir  pour  obferver  le  cours  des  maladies  ;  &  pour  être  plus  à  portée  de  con- 
tinuer cet  exercice,  il  entra  à  l'Hôtel-Dieu  de  Pontoile  en  qualité  de  Garçon- 
Chirurgien.  Mais  cène  fut  point  affez  pour  lui  de  voir  des  malades;  il  voulut  pui- 
fer  dans  les  Ecrits  des  plus  célèbres  Maîtres  en  Chirurgie  &  en  Anatomie  la  coa- 
noiflaace  des  moyens  qui  pouvoient  le  mettre  en  état  de  leur  être  utile.  Il  pafia 
dans  l'étude  tout  le  tem»  qui  lui  reftoit  après  fes  fonftions  à  l'Hôpital ,  &  fouvent 
ir  employa  la  plus  grande  partie  des  nuits  à  difféquer  les  membres  qu'il  emportoit 
furtivement  dans  fa  chambre. 

En  i6b8 , /^ûi7/anz  s'attacha  à  un  Chirurgien  d'Evreux,  mais  il  le  quitta,  en 
1690,  pour  fuivrc  en  Flandre  le  Marquis  de  Goville ,  Capitaine  dans  les  troupes 
de  Jirance  ,  qui  fut  tué  le  premier  Juillet  de  la  même  année  à  la  Bataille  de  Fleu- 
rus.  Cela  fut  caufe  qu'il  revint  à  Evreux,  d'où  il  pafla  à  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  en 
1691  ,  &  S'y  appliqua  à  la  Chirurgie  en  qualité  de  Garçon  externe.  Peut-être  auroit- 
il  toujours  continué  l'étude  de  cet  Art  ,  fi  les  démonftrations  du  célebie  Toumefon  , 
au  Jardin  des  plantes  ,  n'euflènt  réveillé  fon  ancienne  inclination.  11  n'y  put 
réûfier.  Son  affiduité  à  fuivre  les  hctborii'ations ,  Ion  application  particulière  à  la  Bo- 
tanique, fes  recherches  ,  la  lefîure  des  meilleurs  Auteurs;  tout  cela  lui  fit  faire  des 
progrès  ii  rapides  ,  que  Tournefon  en  fut  furpris.  Mais  7'^aîllam  manquoit  de  for- 
tune, &  il  lui  eût  été  difficile  de  fe  foutenir  dans  le  cours  d'une  étude  qui  deman- 
de beaucoup  de  peines  &  de  dépenfes  ;  c'eft  pouquoi  ii  ne  laifla  pas  échapper  l'oc- 
cafion  qu'il  trouva  de  fe  placer  ,  en  qualité  de  Secrétaire  ,  chez  le  Père  de  Valois  , 
Jéfuite  &  Confcfleur  du  Duc  de  Bourgogne.  Ce  fut-là  qu'il  eut  l'avantage  d'être 
connu  de  M.  Fagon  ^  premier  Médecin  de  Louis  XIV,  qui  le  prit  à  fon  fervice 
en  la  même  qualité  de  Secrétaire.  Cette  place  convenoit  mieux  aux  talens  de 
F'aillant  \  auffi  l'habile  homme,  à  qui  il  étoit  attaché,  n'eût  pas  plutôt  connu  cei.x 
qu'il  avoit  pour  la  Botanique,  qu'il  lui  donna  entrée  dans  tous  les  Jardins  du 
Roi ,  &  lui  fit  avoir  la  direction  de  celui  de  Paris  ,  dont  les  richeJles  fe  multiplie 
rent  par  fes  foins,  /''aillant  devint  enluite  Profefièur  &  Sous-Dtmonfirateur  de  ce 
Jardin  ,  Garde  des  drogues  du  Cabinet  du  Roi ,  &  s'ouvrit  enfin  i'entrée  de  l'A- 
cadémie  des  Sciences,   à  qui  il   a   communiqué   difiërens  Mémoires. 

Ce  Savant  Botanille  mourut  de  l'afthme  le  at  Mai  lyaa.  11  a  InifTé  d'excellens^ 
Ouvrages  ,  &  en  particulier  un  Livre  des  plantes  qui  oaifTcnt  ai)X  environs  de 
Paris.  Boerhaave  en  publia  un  eliai  Latin  à  Lcyde  en  I/S3,  /n-S;  mais  il  fut  de- 
puis   magnifiquement  imprimé,  fous  ce  titre: 

Botanicon  Parijîcnfe,  ou  dénombrement  ,  par  ordre  nlphaliétiquc  ,  des  plantes  oui: 
fe  trouvent  aux  environs  de  Paris.  Leydc  &  Amilerdam  ,  ip-îl,   in-folio,  en  très- 


^ 


45-4  V    A    ï. 

grand  papier,  avec  plus  de  500  figures  deffinées  par  Claude  Aubriet ,  Peintre  du 
Cabinet  du  Roi.  Il  y  a  encore  une  édition  de  Leyde  (  Paris  J  1743»  in-8.  Voiq 
ia  note  des  autres   Ecrits  de  Piaillant  : 

Nuvum  plantarum  genus  ,  ylralîqjlri  nominc  ,  cujas  fpe:ies  ejî  celebratijpmum  illud 
Niniln ,  fivc  Ginfeng  Sinenjîum.  Hannovcra ,  ifib,  in-4.  On  trouve  une  oblerva- 
tion  de  fa  façon  fur  le  Ginieng ,  d^ns  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences , 
année    1718. 

Difcours  fur  la  ftni£lure  des  fieurs ,  leurs  différences  e?  Vufage  de  leurs  parties.  Leyde  , 
1718,  /rt-4.  Le  même  en  Latin.  Leyde,  J728 ,  /n-4.  Il  fut  prononcé  en  François 
au  Jardin   Royal  de  Paris  le  10  Juin  1717, 

EtablilTement  de  trois  nouveaux  caractères  de  trois  familles  ou  claflès  des  plantes 
à  fleurs  compofées^  favoir  des  Gynarocéphales ,  des  Corymbiferes  &  des  Chico- 
racées.  Mémoires  de  l'Académie  des    Sciences,  années    171^,    I7'9i   1720,    1721. 

Carafteres  de  quatorze  genres  de  plantes ,  le  dénombrement  de  leurs  efpece»  , 
les  defcriptions  de  quelques-unes  &  les    figures  de   pluiicurs.  Ibidem  ^  année  171^. 

Suite  des  Corymbiferes ,  ou  la  féconde  clalïé  dei  plantes  à  fleurs  compofées.  An- 
nées 1720,    1721, 

Suite  de  l'établiflèment  de  nouveaux  caradteres  de  plantes.  Clafle  des  Dipfacées. 
Année    172a. 

Remarques  fur  la  méthode  de  Tourne/on.  Mémoires  de  l'Académie,  année  1722. 

VAL,  CDU  )  Voyez  DUVAL. 

VALCASSAR,  (  François  J  Dofteur  en  Médecine ,  étoit  de  Trapani  en  Sicile. 
Son  intelligence  dans  fon  Art ,  fon  éloquence  &  Ion  érudition  lui  méritèrent  les 
regrets  de  fes  concitoyens,  à  la  mort  arrivée  en  î6gi  dans  fa  ville  natale,  ^n. 
tonin  Mongitore  parie  de  lui  dans  fa  B:bUotheque  Sicilienne  ,  mais  il  ne  lui  attri- 
bue d'autre  Ouvrage  que  l'Oraii'on  funèbre  d'Antoine  Crifpus  ,  qui  fut  imprimée  à 
Trapani  en  i68g,  in-^,  ibus  ce  litre: 

Ld  fama  impeguata  per  gli  Enconiii  délia  F'irtu.  Oratlone  funèbre  in,  morte  del  famofîf- 
fiino  Medico    D.  ^atonio  Crifpo, 

VALDAGNO  ,  C  Jofeph  )  Médecin  de  Vérone  ,  a  vécu  dans  le  XVI  fiecle. 
Il  a  traduit  de  Grec  en  Latin  &  il  a  enrichi  de  notes  l'Ouvrage  de  Proclus  fur 
le  mouvement  Cette  Tradudtion  a  été  im^^rimée  à  Bâle  en  1563,  m.8.  On  a  de 
la  façon  de  y-ildaguo  plufieurs  queftions  de  iVlédeciie  ,  &  deox  Livres  qui  parurent 
en  X570  &  '571»  tous  ce  titre:  De  Theriacjs  u(à  iafcbrlbus  pejiilentibus.  Il  a  aufli  pu- 
blié-l'apologie  de  fa  dodeline  &  l'examen  de  cel!e  ûe  Jérôme  Doniellini^  Médecin 
de  Vérone,  dans  un  Ouvrage  intitule;  Eudoxi  Philakthis  ^pologia.  Cet  Ecrit  fut 
mis  au  jour  en  1573  ,  au  lujet  d'un  autre  que  Don^elUni  lui  avoit  adreflë  fur  la 
nature  de  la  fièvre    pcUilentielle. 

VALDAJ(JL.  (  Homme»  du  )  On  appelle  airfi  une  fat^ille  du  Valdajol,  contrée 
de  la  LorraiLe  à  trois  lieues  au  dellbs  de  Romiremont,  compofée  de  plufieur» 
.villages  6i  han^îaux.  Cette  famille ,  qui  demeure  dans  le  v  illage  de  La  îiroche  , 
i"e  diftingue  depuis   long-:ems ,  de  pcre  eu  fils,  par  fou  aureflc  à  traiter  les  frac- 


V    A     L  4S5 

•  btes  &  les  luxations.  Il  tti  vrai  que  ces  Hommes  ne  font  point  une  étude  rsi. 
fbnnée  de  certc  part'e  de  la  Chirurgie  ,  &  que  pour  cette  railon  ,  on  pourro  t 
dire  que  c'cft  mai  à- propos  que  je  le.*  ai  placés  parmi  les  Maîtres  de  l'Art.  iVJais 
comme  l'hum.mité  n»,  tire  pas  n  oins  d'avantages  de  la  routine  de  ces  bonnes  gens, 
que  de-  la  méthode  fondée  lut  les  raifonnemens  de  la  Théorie  &  les  règles  de  la 
Pathologie  Chirurgicale,  j'ai  cru  que  c'étoit  rendre  juftice  à  leurs  talens  ,  que  de 
témoigner  quelque  rcconuoiflance  à  des  Hommes  qui-ie  diftinguent  par  leurs  ioins 
otHcicux  ,  &  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  ces  aventuriers  qui  courent  le  mon- 
de ,  fous  le  n.m  de  cette  famille.  Nous  en  avons  vu  un  dans  nos  provinces  ,  il  y 
a  quelques  années  4  il  n'a  fait  que  des  cures  momentanées  ,  dont  les  malades  ont 
été  les  dupes. 

Le  premi  r,  dont  on  fe  fouvienne  ,  qui  fe  foit  fait  connaître  par  le  talent  de 
réduire  les  luxations  &  les  fradures  ,  s'appelloit  Nicolas  Demenge.  Il  n'eut  qu'une 
fille,  qu'il  maria  à  N'olas  Fleurot.  Celui-ci  reçut  les  infirudlions  de  Ton  beau-pcre  , 
&  dtvint  bientôt  aulli  habile  que  lui  ;  il  communiqua  le  fecret  de  fon  art  à  foa 
fîls  qui  fut  nommé  Demenge  -  Fleurot,  Jean  ,  petit  fils  de  ce  dernier  ,  étoit,  il 
y  a  quarante  fans  ,  le  plus  ccnnu  de  tous  pour  fon  adreflè  dans  l&s  opérations  que 
les  pères  avoient  pratiquées. 

Le  grand  nombre  de  cures  qu'ils  ont  faites  ,  &  que  ceux  qui  travaillent  au- 
jourd'hui coniinuent  de  faire  ,  les  auroit  mis  dans  une  fituation  brillante  ,  s'ils 
euflent  eu  de  l'ambition;  maiscontens  de  leur  fore  de  villageois,  ils  préfèrent  une 
vie  dure  &  tranquille  it  une  élévation  bien  au  deffus  de  leur  état.  Leur  défintéref- 
fement  ne  leur  fjit  pas  moins  d'honneur  ;  ils  refuient  conftjmment  des  fommes  con> 
fidérables  que  leur  méritent  les  guériibns  qu'ils  opèrent.  La  moindre  reconnoifTance 
leur  futKt.  Le  Duc  Léopold  ,  de  gloricufe  mémoire ,  leur  Kt  offrir  l'exemption 
de  la  taille  par  un  de  fes  Officiers  ,  en  récompenfe  des  lervices  qu'ils  reudoient 
au  public.  Ils  furtntfenfibles ,  autant  qu'on  peut  l'être  ,  à  cette  marque  de  diftindlion 
&  ils  fentirent  tout  le  prix  des  bontés  de  ieur  Souverain  ;  mais  ils  remercièrent 
cet  Officier  ,  en  difant  qu'ils  ne  vouloient  point  être  à  charge  à  leurs  compatriotes. 

Leurs  exercices  pour  s*inftruire  font  auflî  fimples  que  leur  manière  d'opérer.  Ils 
apprennent ,  dès  leur  plus  tendre  jeuneflTe  ,  l'Oftéologie  &  la-  Méchanique  du  Sque- 
lette ;  ils  en  font  enfuite  la  comparaifon  lut  un  homme  fain  &  vivant.  Bien  im-i 
bus  de  ces  connoitranccs  ,  ils  s'mftruifent  aux  opérations  par  les  leçons  de  prati- 
que que  les  Anciens  leur  donnent  fur  les  malades  ,  en  leur  failiant  remarquer  ce 
que  chaque  cas  a  de  lingulier  &  de  relatif  avec  c^ox  qu'ils  ont  vus  ,  ou  qu'ils 
pourroient  voir.  On  diroit  que  leur  méthode  d'enléigner  eft  calquée  lur  celle 
des  premiers  ^,fclép:ades  ,  qui  ne  le  fcrvoient  que  de  la  tradition  orale  dans  les 
leçons  familières  qu'ils  fa'foient  à  leurs  enf.»ns.  Tout  cela  conduit  les  Elevés  du 
Valdajol  à  une  méthode  prompte  &  certaine.  Ils  n'emploient  que  la  mam  dans 
leurs  opérations,  jamais  d'inltrumens  ,  &  prefquc  pas  d'appareil.  Ceci  paroîtra  peut- 
être  moins  lijr(.renant  ,  quand  on  laura  qu'Us  ne  fe  mêlent  précii'ément  que  dé 
fractures  ,  de  luxations,  &  des  maladies  qui  ont  quelque  rapport  avec  elles.  Ils  fe 
font  glore  d'ignorer  le  rtfe  de  l'Art ,  fatisfaits  de  réulfir  dan*  la  parcie  dont  lesr; 
babitans  des  montagnes  ,  où  ils  demeurent ,  ont  fi  ibuvent  befoin. 


456  VAL-  ■ 

VALENS.  \'oyez    VECTIUS  VALENS. 
VALENTIN.  Voyez  BASILE  VALENTIN. 

VALENTIN,  C  Louis- Antoine  _)  de  Saint  Jean  d'Angeîy  en  Saintonge  ,  fut 
reca  Maître  Chirurgien  de  Paris  le  16  Février  1763  ,  ^:  enluite  Adjoint  au  comité 
perpétuel  de  l'Académie.  Dès  l'an  1759,11  avoit  publié  V  Eloge  dî  M.  le  Cat  ^  bro- 
chure,/r.U,  de  59  pages.  En  1761,1!  fit  imprimer  une  autre  brochure , /n.ia,  Ibus 
le  titre  de  Outjîlun  Chlrurr'Jco- Légale ,  rdoùve  à  Fûjfaire  de  la  demo'fdlt  F amln  ^  fem- 
me du  peur  Lancra  ,  acciféi  de  juppreffwn  de  pan.  Il  y  ftUlgne  les  iymptômes  cora- 
rnuns  &  particuliers  aux  vrp.ies  groirefies  &  aux  fauiies ,  &  il  y  ct&blit  des  princi- 
pes pour  diftingucr  sûrement  fi  une  fer^me  cft  accouchée  ou  fi  elle  a  eu  une  hy- 
dropili-  de  matrice.  Cette  pièce  a  reparu  à  Paris  en  1768.  Mais  rien  n'a  fait  plus 
d'honneur  à  iVL  l-'ali'.nibi ,  que  fon  Ouvrage   intitulé  : 

Recherches  criiiq'.ei  fur  la  Chirurgie  moderne.  Paris,  1772,  in- Ta.  C'eft  un  petit  vo- 
lume qui  contient  de?  remarques  importantes  fjr  plufieurs  opérations.  IJ  cil  terminé 
par  nruf  lettres  adreflees  à  M-.  Louis.,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  Royale 
de  Chirurgie  ,  dans  lefquclles  l'Auteur  ne  flatte  guère  fon  Collègue. 

VALENTINI  C  Michei-BernaKd  )  étoit  de  Gieiien  dans  la  Haute  Hcfle,  où  il 
naquit  le  0.6  Novembre  1657.  Il  étudia  la  Médecine  dans  l'Univerliré  de  cette 
ville,  &  bientôt  après  y  avoir  été  reçu  à' la  Licence  en  1680,  il  fut  nommé  à  la 
place  de  Médecin  de  la  garnifon  de  Ihilisbourg.  Mais  il  abandonna  cet  emploi  en 
it'62  pour  retourner  à  Gieflen ,  où  il  reprit  le  fil  de  fes  études.  La  nouvelle  de 
l'on  îidmiflîon  dans  l'Académie  Impériale  des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom 
de  Theffalus ,  fut  le  premier  aiguiLon  qui  l'excita  à  redoubler  d'ardeur  au  travail.  Il 
prit  la  réfolution  de  voyager  pour  s'enrichir  des  tot.noilîànces  de  l'étranger,  & 
•après  avoir  féjourné  à  Heidelberg  &  à  Francfort  lur  le  Mein  pendant  quelques 
mois  de  l'année  if'05  &  de  la  fuivante ,  il  fe  mit  en  route  pour  la  Hollande  , 
l'Angleterre  &  la  France  qu'il  parcourut.  Mais  comme  il  avoit  été  nommé  Docteur 
ea  Médecine  durant  fon  abfence  ,  il  revint  à  Giefîen  en  1687  pour  la  cérémonie 
de  fa  prife  de  bcncct  ,  &  il  fe  mit   cnfuite  à  enfeigncr  publiquement  !a   Pbylique. 

Le  mérite  de /"'^ik-nft/it  lui  procura  la  place  d'Adjoint  dans  l'Académie  Impériale; 
il  y  fut  nommé  en  16^9,  &  bientôt  après,  à  celle  de  Direéleur.  I!  entra  audi  dans 
l'Académie  des  Recuperad  de  Padoue.  En  1696,  il  obtint  la  Chaire  extraordinaire 
de  Médecine  dans  ia  Fac'uUé  de  Gieiien  ;  mais  il  ne  la  remplit  pas  long  tcms  ,  car 
il  pallk  à  celle  de  Profefl'eur  ordinaire  en  1697.  Les  talens  qu'il  déploya  dsn?  cette 
charge,  &  les  Ouvrages  dont  il  enrichit  la  Republique  des  Lettres,  ne  tardèrent, 
point  à  faire  palier  fon  nom  chez  les  étrangers  qui  lui  donnèrent  des  témoignages 
bien  flatteurs  de  leur  efîime.  La  Société  Royale  de  Berlin  le  reçut  dans  fon  corps 
en  1705  ,  &  celle  de   Londres  en  1717. 

F'aleatini  étoit  l'Ancien  de  l'Univerfité  de  GiefTen  depuis  1700,  lorfqu'il  mourut 
dans  cette  ville  le  13  Mars  1729,  î^gé  de  71  ans.  Voici  la  notice  des  Ouvrages 
<iu'il  a  donnés  au  public  ; 

Hljlorla  Moxte^  cum  adjun&ls  medUationibas  de  podagra.  Lugduni  Batavorum,  i685  , 
jfl-ia.  Difcurfui 


VAL-  457 

Dîj'curjhs  [/icaitm'icus  de  China  China.    Gkjfe  y  1697,  Jrt-4. 

-De  Ipecacoanha^  nova  Gallurum  antiJyJfentericô.  Ibidem.,  1698,  m-4.  On  a  vu  cU 
devant  ]e  détail  des  circonftances  qui  ont  facilité  à  Helvîtius  la  découverte  des 
vertus  de  l'Ipécacuante  dan>  la  dyiîcnterie.  Voyez  l'article  de  ce  Médecin. 

Medicina  Ivoy-^nùqaa  ,  tradcns  unlverfum  Medldna  curfum  è  fcriptis  Hippocratlcis  ad 
mentcm  Modei-norum  erutum'.  Francofuni  ad  Matnunt ,  169S,  1715»  'n-4«  C'eft  un 
abrégé  de  Médecine  écrt  dans  l'ordre  adopté  dans  les  Ecoles  pour  la  diviûon  de 
difFérentes  parties  de   cette   Science. 

\Pulychrcfln  exoùcd  in  curandis  affeSibus  coatumaciffmts  probatijjima.  Ut  &  nova  Hen 
niarum    cura.    Jb'.dzm  .,  1700 1   'n-^. 

■Pande3<£  Medico- Légales,  yZve,  Refponfa  Medico-Forenfia  ex  archhis  yicademiariun 
8  celebriorum  Medicorum  defumpta.  Ibidem,  1701,  trois  volumes  in.4,  1722,  in-folio. 
L'Auteur  nefe  borne  point  aux  lomicrcs  qu'il  répand  fur  la  Jurifprudence  Médici- 
nale; il  déclame  contre  les  abus  qui  «é  rencontrent  dans  l'exercice  de  différentes  bran- 
ches de  l'Art.  Mais  les  déclamations  font  d'autant  plus  inutiles  ,  qu'il  ne  fait  qu'indi- 
quer le  mal ,  fans  fuggértr  Jes  moyens  d'y  remédier.  Son  Ouvrage  eft  un  iiHu  de 
reproches  contre  les  Chirurgiens  de  ion  tems  qui  fe  mêloient  de  traiter  les  mala- 
dies vénériennes,  dont  ils  ne  connoiifoient  point  aflex  la  nature  ni  la  cure.  11  y 
mené  aulli  fort  durement  les  Herniaires  &  les  Sages-Femmes,  &  donne  quantité 
de  preuves  de  leur  impéritie.  En  tout  cela,  il  n'avoit  pas  tort;  car  la  Chirurgie 
&  les  profeflions  qui  y  tiennent,  ont  été  en  Allemagne,  bien  plus  long-iems 
qu'ailleurs,  à  fecouer  le  joug  de  l'ignorance  ,  &  à  franchir  les  bornes  de  cette  rou- 
îine  aveugle  qui    s'oppoîe  aux  progrès  des  Sciences  &  des  Arts. 

Dijfertatio  de  Lapide  filtrô.   Giejfce .,    1702,  1/14. 

Mufaum  Mufeorum.  En  Allemand,  Francfort,  Tome  I,  ^704,  in-folio.  Tomes 
il  &  lll  ,  1714  ,  in-flio.  C'ett  un  Ouvrage  de  la  plus  grande  étendue  far  la  Ma- 
tière Médicale.  Jean-Conrad  Becker  l'a  mis  en  Latin  ,  fous  le  titre  d'HiJioria  jim- 
plicium  refjrmata.  ^ccedit  Jndia  Liuerata  quant  Latinitate  donavit  Au3otIs  filins.  Fi  an- 
cofarti^  1716,  in  folio.  Giejfts  &  Francofuni,  1723,  ia-foUo.  Offenbaci  ad  Mxnuwy 
1733 ,  in-folio ,  avec  figures.  On  a  joint  aux  éditions  Latines  un  abrégé  de  la  vie 
de  yaleniini,  qu'il  avoit  lui-même   compofé  en  Vers. 

De   Magnejîa  alba.    Giejfte,   I707  ,  in-i,. 

Prodromui    Hijlorie  naturalis  Hajfue.  Ibidem ,    1707  ,  ia-^ 

uirmamentarium  Natura  fyjlematicum.  Ibidem ,  1709,  i/i-4#  avec  l'Hiftoire  Litté< 
raire  de  rAcadémie    des  Curieux  de  la  Nature. 

Cynofura  Muterie  Medic<e,  Argentiiia ,  1710,  ia-^.  Ibidem,  1726,  trois  volume» 
10-4,  avec  les  augmentations  de  Boeder  ^  qui  conliftent  dans  l'hiftoire  des  iimpleg 
&  rénumération  de  toutes  les  chofes  ,  jufqu'à  la  plus  petite  plante  ,  qui  peuvent 
entrer  dans  les  formules  des  médicaniens.  f^akntini  avoit  didé  fon  Ouvrage  à  fes 
diioiplcs. 

Nivelle  Midico- Légales,  feu. ,  Refponfa  Medico-Forenfîa.  Francofurti  ,  1711,  ^n-4. 

Praxis  Medicina  infalliblUs ,  cum  Nufocomio  Academico.  Ibidem  ^  171 1,  171 5  ,  deux 
volumes  i/z-4.  Ibidem  ,  1721  ,  m- 4.  Il  y  décrit  les  maladies  de  diftërens  âges  ,  & 
traite  aifez  fuccintement  de  celles  qui  font  du  reflbrt  de    la   Chirurgie. 

Phyfiologite  BibLca  capita  fekita.   Gie^a ,  1711 ,  w-4. 

T  O  M  E    ir.  Moiffl 


458  VAL 

uimph'aheatrum  Zootomicuirif  tabulis  anels  quamplurimis  exhibens  Hlftoriam  anlmaVium 
jiaatomlcam.  Francofani ,  1720  &  17^0,  in-folio.  Les  figures,  dont  on  a  orn;^  cet 
Ouvrage,  font  aflez  mal  rendues. 

f^iriJjrium  reformatum.  Ibidem  ,  1720 ,  in-folio.  On  y  a  joint  beaucoup  de  planchai 
infiniment   fupérieures   à  celles  du  Traité  précédent. 

Corpus  Juris  Mcdico-Legalé,  ottjlcns  è  P andtctis  ^  Novdlis  S  ^uthcnticis  Jatrco-Fo- 
renjîbus.  Ibidem^  1722  ,  in-folio.  C'eft  un  Recueil  des  Ouvrages  de  l'Auteur  fur  la 
Juril'prudence  Médicinale.  Les  Médecins  Allemands  fe  font  beaucoup  occupés  de 
cette  matière  ;  on  doit  même  avouer  qu'ils  en  ont  mieux  traité  que  les  Ecrivain* 
des   autres  nations. 

Chrijîophe-Bernard  Fakntinl ,  fils  du  précédent,  fut  reçu  Dodleur  en  Médecine 
dans  l'Univerlité  de  Gieflen ,  où  il  enfeigna  publiquement ,  &  prit  place  dans  l'A- 
cadémie Impériale  des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom  de  Thejfalas  IL  Oa 
a  de  lui  : 

Labyrinthas  Medici  ftudii  féliciter  faperandus.  Giejfa ,  171 1. 

Tournefonius  contraclus  ,  fub  forma  tabularum  jîjlens  Injliturlones  Rei  Herbaria.  j4c^ 
ctdit  Materia  Medica  à  Paulo  Hermanno  in.  cenas  clajfes  charaSeriJticas  rtdacla.  Fran.' 
cofurti  arf  ikfœnum  ,  17J5  ,   in-folio ,  nvec   figures. 

VALESCUS  DE  TAllANTA  étoit  Portugais  ,  fuivant  Ranchin.  Il  fe  donne 
lui-même  le  nom  François  de  Bahfcon  de  Tliarare  ,  dans  la  préface  qui  eft  à  la 
tête  de  fon  grand  Recueil  de  Pratique  qu'il  commença  en  1418.  11  exerçoit  la 
Médecine  à  Montpellier  depuis  1382,-  d^'où  il  paroît  qu'il  ne  fe  mit  à  écrire  qu'a- 
près  s'être  perfectionné  par  une  expérience  de  trentc-fix  ans.  Il  le  dit  ainfi  lui- 
même  :  Inceptus  eft  auiem  liber  ifte ,  r.um  aiixilio  magni  &  teterni  Dei^  poft  praci'cam 
ufualem  annorum  36  per  me  F'alefcum^  anno  Domini  1418,  in  vigilia  SanSi  Bamabts 
ûîpoiloli.  Son  Ouvrage  traite  de  toutes  les  maladies,  en  neuf  Livres  qui  compren- 
nent 27a  chapitres,  où  il  explique  en  détail  les  caufes,  les  fignes  diagnofiics  & 
pronoftics,  la  curation  de  chaque  maladie  particulière.  -/^O'^rac ,  qui  regarde  cet 
Ouvrage  comme  un  très»bon  Cours  de  Médecine,  ajoute  qu'il  eft  long  &  écriî 
d'un  ftyle  barbare,  ainfi  que  tous  ceux  de  ce  tems-là  ;.mais  qu'il  eft  clair  &  mé- 
thodique. On  y  trouve  même  des  obfer valions  excellentes  fur  la  pratique  de  la 
Médecine  &  de  la  Chirurgie  ;  &  l'Auteur  appuie  ordinairement  ,  ou  éclaircit  ce 
qu'il  avance,  par  des  faits  dont  il  a  été  le  témoin,  C'cft  ce  qu'il  appelle  Decla- 
rationes.  Comme  la  Médecine  eft  mieux  traitée  dans  ce  Recueil  qu'elle  ne  Ta  été 
par  les  Arabes,  on  en  a  fait  aufli  plus  d'eftime;  &  c'eft  la  raifon  pour  laquelle 
les  éditions  fe  l'ont  tant  multipliées.  Voici  la  note  de  celles  dont  parlent  les  Bi- 
bliographes ,    en  annonçant   l'Ouvrage  fous  ce  titre  : 

Philonium  Pkarmaceuticum  &  Cheirurgicum  de  medendis  omnibus ,  càui  internii  ^  tùrn 
externii  humani.  corporis  affeSUbus.  ^eaeri/s ,  1490  ,  l£02  ,  152 1 ,  1532,  in-folio.  Lug- 
duni  ,  1500  ,  ia-4  ,  1521  ,  in-folio  ,  1535,  1-4  minori.  Le  Catalogue  de  la  Bi- 
bliothèque de  Fakonet  cite  encore  une  édition  de  Lyon  de  1526  ,  m4  ,  à 
laquelle  on  a  joint  fntroduSio  ad  Praciicam  Medicims  de  Jean  de  Tornamîra,  Lug- 
duai  ,  1560  ,  in-d.  11  faut  remarquer  que  cette  édition  n'eft  qu'un  Abrégé  de 
i'Oavrage  de  FaUfcus ,  ii  qu'il  eft  de  la  façon  de  Gui  Z?W(êr,. Médecin  du  Mo» 


T    A    I.  459 

■eaftere  âe  Saint  Antoine  de  Vienne.  Prancq/uni ,  1599 ,  jn-4  ^  par  les  foins  de 
Jean  Hartmann.  Beycr.  C'eft  encore  un  Abrégé ,  mais  plus  tronqué  que  le  précé- 
dent ;  le  rédaftcur  eft  même  d'autant  plus  cond?mnaWe,  qu'il  n'a  pss  fait  de^'^if- 
ficulté  d'y  inlcrer  beaucoup  de  maximes  de  Paracdfz.  Francofurii  &  Lifj1.e  , 
1680 i  w  4.  /,;■'//«,  1714,  /n-4.  _  .      «/,'j     •     j 

Cajhlldn  &  randcr  Linden  donnent  à  ^defcus  le  t.tre  de  premier  Medccm  de 
Charles  VI,  Roi  de  France.  ^Jhuc  ignore  fur  quel  fondement;  mais  fur  leur 
autorité  ,  il  a  cru  devoir  le  lui  donner  aufli  :  cependant  on  ne  trouve  point  le 
nom  de  fatefcus  dans  les  meilleures  liftes  des  premiers  Médecins.  Celles  qui  font 
à  la  tête  de  V£Jfai  Hljlcrique  fur  la  Médecine  en  France  par  Chôme! ,  &  de  VLtat  de 
la  Médecine  en  Europe ,  année  1^-77  ,  n'en  difent  pas  le  mot. 

"^^ALESIO  ,  (  François  )  autrement  VALLES  de  Covarrubias ,  fut  probablement 
ainfi  aj  pelié  du  lieu  de  la  naiffance  dans  la  vieille  Caftille.  11  fe  fit  beaucoup  ef- 
timer  dans  le  XVI  fiecle  ,  tpccialement  à  Alcala  de  Henarez ,  où  il  enfeigna  la  Mé- 
decine avec  tant  de  réputation  ,  qu'il  mérita  d'être  furnoramé  V^me  de  Galicn.  Philip- 
pe II ,  Roi  d'Efpagne  ,  l'appella  i  fa  Cour  pendant  un  de  fes  accès  de  goutte.  P^w 
lejîo  lui  confeilla  de  fe  baigner  les  pieds  dans  l'eau  tiède  pour  en  mitiger  les  dou- 
leurs; Use  comme  le  remède  réulîit  au  gré  du  malade,  ce  Médecin  parvint  à  la 
plus  grande  faveur  &  fut   magnifiquement  récompenfé. 

Les  Ouvrages  que  F^alefio  a  donnés  au  public  ,  font  également  preuve  de  fon 
amour  pour  le  travail  &  de  fon  attachement  à  la  dod^rine  de  l'Ecole  Grecque. 
Voici  leurs  titres  ^  leurs  éditions  : 

In  quatuor  Libres  Meieorologicorum  .^rijîotelis  Commentaria,  Complut!^  1558 ,  in.8. 
Taurini,  1588,  in-8.  Patavil  ^  1591,  in-4. 

Commentaria  in  Gahnl  de  locis  patientibus  L'bros  fex.  Lugduni  ,  1559,  'n-8,  &  ail- 
leurs avec  les.  autres  Commentaires  de  rAuteur  fur  Calien. 

Tradiatus    AledLUales.  Jbliim ,  1559,  i/i-8. 

In  ^phorlfmos  Hippocraiis  ,  jimul  S  in  Libellum  ejufdem  de  allmento  Commentaria. 
CompluU  ,  1561,  in  M.  Colonie  ,  1589  ,  Infuiio.  Cette  dernière  édition  contient  le 
Recueil   des    Commentaire^  de  l^alejîo  iur  Hippozrate  &  Galien. 

O&o  L'bri  Arijlottlii    de   phyfica  du&rina.  Compluti  ,  156a  ,  in-folio, 

Controverfiarum  Mcdîcarum  &  Philofophicarum  Llbri  decem.  j4cccjfit  Libellas  de  hcls 
maniffjlè  pugnantibus  upud  Galenum.  Compluti.^  1564  ,  1585  ,  in-fuUo.  Francnfarti ,  1582  ♦ 
1590,  159,,  in-folio.  Bafilea^  1590,  in-4.  f^enaiis ,  1591,  in- 4.  HanovU,  1606  ,  in- 
fuiio. Liigduni ,  1625  ,  /■n-4.  L'Auteur  y  foutient  la  dodlrine  de  Galicn  contre  les  re- 
proches dont  les  Médecins  Arabes  Tavoicnt  chargée  dans  leurs  Ecrits;  &  comme 
le  nombre  de  leurs  feflateurs  étoit  encore  grand  en  Eipagne  dans  le  XVI  fiecle  , 
il  cherche  à  leur  ouvrir  les  yeux  &  à  leur  faire  voir  la  préférence  que  mérite  l'E- 
cole Grecque  fur  celle  des   Arabes. 

Commentaria  in  Galeni  ./irtem  M&iicinalem.  Compluti  ^  1567,  '«-S.  F'enetlls,  1591  , 
in-8. 

Deurlnis,  pulfibus  &  febribus  Libelli.  Compluti  ^  i^6g ,  J/i-8.  Tdunnt ,  1588 ,  in.8.  Pa- 
tavli,  T591 ,  tn  8. 

La  Libros  Pranclmum ,  in  Libros  de  raitone  vlSûs  in  morbli  acutis  Commentarlc 
Compluti  f  ï5^9>  '"  ^-  Taurini,  1590,  irmS, 


46o  VAL 

Jn  Hippoerath  Libros  Epidemlon  Commentaria.  Matritl^  I5jf7  ,  in-foli).  Cohnl<e ,  1589-^ 
infoiio ,  avec  les  autres  Commentaires  de  l'Auteur  iur  Hippocrate  &  Galun.  Nea- 
poli,  1621,  in-f)Uo.  yiurdie  f  1654,  in-folio,  Ibus  le  titre  de  Commentaria  in  Hippa- 
craiis  de  mot  bis  populuribus  &  prognojlica.  Parijih,  1663,  infulio. 

De  Sacra  J^hilofophia  ,  five  ,  de  iis  qute  fcripta  funt  Phyjicè  in  Libris  Sacris.  LiigJU' 
ni,  15BB  ,  Î592,  I59t  ,  1622,  i/i-8.  Taurini  ,  1587  ,  <n-4.  Franco/uni ,  1590,  1608, 
îaS.  La  plupart  de  ces  éditions  comprennent  le  Traité  Z>e  Plantis  Sacris  de  Liévla 
Lemnius ,  &  celui    De  Gemmis  de    François  de  La  Rue. 

Methodus  medendi  in  quatuor  Libros  divifa.  F'enetiis,  1589,  JnB.  Matriti ,  1614  «(n-8. 
Lovanii ,  1647,  '""8'  ■Pai'ijiis,  1651  ,  inia. 

Commentaria  illujîria  in  Galcai   Pergameni  Libros.    Colonla  ,  1592  *  in-folio, 

Tratado  de  las  aquas  dejîiladas ,  pefos  y  medidas  ^  de  que  los  Boticarios  deben  ufar,  Ma- 
drid, 1592,  in~8, 

VALLA  ,  ("George  y  Médecin  natif  de  Plaifance ,  mourut  avant  Tan  1497.  VL 
pofféda  parfaitement  les  Langues  lavantes ,  &  pafla  pour  un  des  meilleurs  Philofo» 
phes  de  Ton  tems.  Mais  comme  ion  empreffement  à  contribuer  aux  progrès  des 
Sciences  fut  égal  au  goût  qu'il  eut  pour  elles  ,  il  publia  ou  traduifit  les  Ouvrages  des 
Anciens  qui  étoient  les  plus  rares  &  les  moins  connus.  C'eft  ainli  qu'il  a  facilité 
les  études  dans  un  tems  où  les  Lettres  géminbient  encore  (bus  l'empire  de  la  bar- 
barie ;  fes  Ouvrages  les  ont  aidées  à  en  fortir.  Tels  l'ont  : 

Univerfe  Medicin<e ,  ex  Gracis  potijfimùm  contra&<e  ^  Libri  feptem.  yenctiis.,  Ï501  ^ 
in-folio. 

Inxerpretatiu  Latina  ^hxandn  ^phrodifei  de  febrlum  caufis  &  differentiis.  Lugdunî.y 
1506,  m-8,  avec  le  Livre  De  Medicina  claris  Scriptoribus  qui  eft  de  la  façun  de 
Sjmphoriea  Champier. 

Cicero  de  fato ,  cum  explanationibus,  Parijîis  ,    1509,  /n-4. 

De  humani  corporis  partibus  Opufculum.  Bajllea  ,  1527,  in-8,  avec  d'autres  Ouvra- 
ges Anatomiqucs.  f^eaetiis,   1538,   inS  ,    1555,  in- 12. 

Rkai^is  de  pejMentia  Liber  Gracè  inrerpretatus.  Bajîlex ,  1529,  /n  8 ,  avec  les  deUR 
Livres  de  Pfeilus  qu'il  a  mis  en  Latin  ,  fous  ce  titre  .-  De  viMs  ratione. 

De  Simplicium  naturâ   Liber  unus.  ^Irgcntinte ,  1528,  t/2-8. 

De  inventa  Medicina,  &  ia  qaot  parus  diftributa  fit  ^rs  parva  Jokannitii  Afedici  illuf- 
Trîs.  Ibidem  ,   1529 ,  £/i-8. 

De  aniverfî  corporis  purgatione.  Ibidem.,  ^529,  //i-8  ,  avec  un  Traité  De  naturaocu^ 
lorum. 

De  tuenda  fanitate  per  viSum  ,  (^  qua  fecundùm  cujufque  naturam  ia  viS'u  fequendg 
eut  fugienda  funt  Ibidem  ,  1529 ,  ia-8  ,  avec  l'Ouvrage  intitulé  :  De  ciborum  facultaiibus , 
qui  eft  de  Paul  dPEgine. 

De  corporis  humani  commndis  &  tncommodis  Libri  très.  Quorum  primas ,  de  anima  ; 
ficundas,  de  corpore;  tenius,  de  urinis  ex  Hippocrate  6?  jEgineiâ  ,  dcque  Gal&ni  quef- 
tionibus  ia  Hippicratem  agit,  ytrgentorati ,   1529,   1531,  'n-8. 

■^phrodifei  problematum  quinque  fe&ioaum  expofitio.  yenetiis  ,  1529,  in-folio^  eum  eX" 
jmjîtionibus  Pétri  de  ./Ipono  in  ulrijlotelis  problcmata. 

^'eniefii  de  natura  homiais  Liber  è  Crceco  Laiimu  faSus.  Lugduni ,  1538 ,  in-B. 


VAL  46t 

De  differentiis  pulfuum.  Probîemata  ^riftotelis  Je  Re  MeJica.  Dlahgus  Panhenii  de 
fedione  humani  corporis.  ^rgmiin<s ,  1599  ,  ir.-^. 

VALLE  ,  C"  Jean-François^  de  La  Clrfc,  petite  ville  de  Savoie,  fut  renommé 
vers  la  fin  du  XVII  licclè ,  pour  la  lubtilité  de  l'on  elprit  &  la  fidélité  de  ia  mé- 
moire. Une  maladie  l'avoit  privé  de  la  vue  dans  l'on  enfance.  Il  ientit  toute  la 
peine  de  cette  perte,  lorfque  le  goût  des  Sciences  fe  développa  en  lui;  mais  fe 
trouvant  dans  l'impolTibilité  de  s'en  inftrjire  par  lui-même,  ii  te  fit  donner  des 
leçons  par  d'habiles  Maîtres  &  il  en  profita  fi  bien  ,  qu'il  parvint  à  la  réputation 
d'un  favant  Phi'ofophe  &  d'un  Médecin  qui  connoifioit  les  différentes  parties  de  ioa 
Art.  Quoiqu'il  n'eût  d'autre  relfource  que  dans  la  mémoire  ,  il  A\c\9.  un  Ouvrage  , 
partie  en  Profe  ,  partie  en  Vers ,  qui  parut  être  le  fruit  de  la  leAure  des  meilleur» 
Auteurs.  Cet  Ouvrage,  qu'il  fit  imprimer  à  Mont-Réal  en  Languedoc,  traite  deï 
fignes  diftinaifs  des  maladies  qui  ont  le    plus  de  rapport  entre  elles. 

VALLEMRERT,  f  Simon  DE^  né  dans  le  XVI  fiecle  à  Avallon  en  Bour- 
gogne, cultiva  également  la  Littérature  &  la  Médecine.  Selon  La  Croix  du  Maine, 
il  étoit  ,  en  1558 ,  Médecin  de  Marguerite  de  France  ,  Duchefle  de  Savoie  &  de 
Berri  ;  &  avànt  1565  ,  il  avo.t  obtenu  le  même  emploi  chez  le  Duc  d'Orléans. 
Vallembert  eft  Auteur  de  plufieurs  Ouvrages  ,  parmi  lelquels  on  remarque  les  lui- 
vans  qui  ont  rapport  à  la  Médecine  : 

Traité  de  la  conduite  des  Chirurgiens.  Paris  ,  1558 ,  in-8. 

Medicamcntorum  fimplicium  cognofcendorum    methodiis.  Turonlhus  ^    1561  ,  m-4. 

Cinq  Livret  de  la  manière  de  nourrir  &  gouverner  les  enfant  dèi  leur  naijfance. 
Poitiers*,  1565  ,  in-^. 

VALLER.IOLA  CFrançois^  s'appelloit  VARIOLA  ,  mais  comme  il  étoit  d'une 
fort  petite  ftature,  on  lui  donna  le  premier  nom  qui  ett  le  diminutif  du  lien.  Affez 
fouvent  ces  petites  figures ,  à  qui  la  Nature  a  refu(ë  toute  la  matière  qu'il  faut 
pour  former  un  corps  d'une  étendue  proportionnée  à  leur  âge  ,  ont  l'eiprit  vif  & 
pénétrant  ;  J^alleriola  étoit  doué  de  cet  avantage.  II  fe  diftingua  à  Valence  en  Dau- 
phiné ,  où  il  enfeigna  la  Médecine  dans  le  XVI  fiecle.  De  cette  ville ,  il  paffa  à 
Turin,  &  il  y  remplit  une  des  premières  Chaires  de  la  Faculté  avec  tant  de  ré- 
putation ,  qu'on  chercha  à  le  fixer  dans  cette  Capitale  par  des  appointeraens  con- 
fidérables.  Il  s'y  arrêta  ,  &  fit  honneur  à  Ion  Univerfiié  par  le  nombreux  concours 
d'Ecoliers  qui  fe  rendoient  à  (e«  leçons.  Les  Ouvrages  qu'il  a  mis  au  jour ,  lui 
ont  fait  à  lui-même  un  honneur  infini.  Ses  contemporains  en  firent  beaucoup  de 
casi  on  les  eliimoit  encore  long-tems  après  fa  mort  arrivée  vers  l'an  1580.  Voici 
leurs  titres: 

■  Commeaiaria  in  fex  Libroi  Gaknî  de  morbis  &  fymptomaùbui.  Lugduni  ^  154°,   in  8, 
Venaiis ,  1 548  ,  i/i-8. 

De  Re  Medicâ ,  Oratio.  F'enetiis,  1548,  in-B. 

Enurrationum   Medidnaliun    Libri  fex.    Refpanjïonum  Liber    unus,    Lugduniy    I554, 

in-fulio^    liS^9»  ''^-^'  f^enetiis,    i555  »  '''-^' 

Lod  Midicina:  communes  tribus  Libris   d:gefti.    Lugduni ,    1562,   //I-I2,    15S9,  deux 
volumes  in-^  f^caeius^  1563,  /n-8.  Gemvg ,  1604,  in-B. 


40%  -VAL 

Obfavailonum  Midlcinalium  Llbrl  fex.  Lugduni,  ig^S  ♦  în-foUo  ^  1588,  1605  ,  fc-8. 
lya  levure  des  Ouvrages  des  Anciens  lui  avoit  donné  tant  de  goût  pour  l'obler- 
vation,  qu'il  s'appliqua  lui-même  à  ce  genre  d'écrire.  Le  Recueil  qu'il  a  publié, 
contient  piufieurs  hilloires  de  maladies  graves  qui  fe  font  heureufement  terminées; 
on  y  trouve  encore  les  remarques  qu'il  a  faites  far  les  cadavres,  dont  il  a  fou- 
vent  Ole  entreprendre  l'ouverture ,  en  bravant  le  préjugé  de  foa  fiecle  qui  s'y 
cppofoit.  Ce  préjugé  eft  palfé  jufqu'à  nojs.  On  cro;t  quo  c'efl  ialulter  aux 
morts,  *que  de  fjuiller  dans  leurs  entrailles,  pour  y  chercher  les  caufes  des  ma- 
ladies &  oblerver  les  ravages  qui  en  font  les  effets.  Ces  ouvertures  font  cependant 
néceflaires  dans  une  infinité  de  ca?.  Mais  ce  qui  devroit  guérir  le  public  de  fon 
opiniâtre  icliltance  à  cet  f  gard  ,  c'eft  l'exemple  des  Souverains  &  des  perfonnes 
de  la  plus  grande  diftiné^ion  ,  dont  les  corps  font  toujours  ouverts  après  leur  mort, 
Eft-cc  manquer  au  reipeft  qu'on  leur  a  porté  pendant  la  vie  &  à  celui  qu'on 
doit  à  leur  mémoire,  que  de  foumettre  au  fcalpel  les  triftes  rcftes  de  leur  hu- 
roanité  ? 

Comment arli  in  Librum  G  aient  de  conJlUutîone  y^rtis  Medxie.  ^jgujî<e  Taurlnorum 
S  Gencvts  ,  ;i5f  7  ,  In-'à.  I^aoduni ,  1626  ,  m-8  ,  fous  le  titre  d'Anis  Medica  funda- 
mina  fecundàm  Galenum. 

Aaimadvcrfwnes  ,  five  ,  Annotata  in  omnia  Laurcntu  Juubern  Paradoxa.  Francofunl , 
1599  »   ï'545  '  '''•/^'"'  *  '^^^^  '^  fécond  Tome  des  Œuvres  de  Jouben. 

VALLES  de  Covarrubias.    Voyez  VALESIO. 

VALLISNIERI  ("  AntoineJ  naquit  le  5  Mai  1661  àTrafilico  ,  Château» du  petit 
pays  de  Carfagnana  dans  le  Modenois,  de  Laurent  f^allipiieri  qui  en  étoit  Gouver- 
neur pour  le  Duc  de  Modcne,  &  de  MaricLucrece  Davlni ,  d'une  ancienne  fa- 
mille de  Reggio.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il  acheva  le  cours  de  fes  première» 
études,  qu'il  avoit  commencé  à  Scandiano  &  continué  à  Modene  ;  ce  fut  aufli  à 
Rc^gio  qu'il  s'appliqua  à  la  Philofophie  &  foutint  des  l'heles  fur  cette  Science  , 
Qu'il  dédia  au  Prince  Louis  d'Efth.  En  1683^  il  pafla  à  Bologne  où  il  fuivit  les  le- 
çons des  plus  célèbres  Profefleurs  de  la  Faculté  de  Médecine ,  mais  il  s'attacha 
par  préférence  à  Saiani  &  à  Malpighi.  Les  progrès  qu'il  fit  fous  ces  habiles  Maî- 
tres ,  lui  méritèrent  le  bonnet  de  Do(fteur  qu'il  obtint  en  1^185  ;  &  comme  il 
voulut  ie  perfedionner  dans  la  profeflion  qu'il  avoit  embrafiee ,  il  ^'arrêta  à  Bo- 
logne jufqu'en  1687,  uniquement  occupé  de  la  pratique  de  la  Médecine,  de  l'é- 
tude àe.  l'Anatomie,  de  la  Botanique  &  de  l'Hiftoire  Naturelle.  Enfin,  po^r  ne 
rien  négliger  de  tout  ce  qui  pouvoit  augmenter  fon  favoir  dans  l'Art  important 
qu'il  ambitionnoit  d'exercer  avec  diftiniiion  ,  il  palla  à  Venife ,  où  il  s'appliqua 
à  la  cure  des  maladies  fous  le  Médecin  Florio  &  à  la  Chirurgie  fous  Jacques  Grandi. 
La  réputation  de  Jacques- Pompée  Sacco  qui  enfeignoit  à  Parme,  l'engagea  encore 
à  aller   prendre  fes  leçons. 

Suffifamment  inllruit,  il  retourna  à  Scandiano  en  1689  .  &  fe  m't  ^  Y  faire  la 
Médecine;  mais  il  ne  s'appliqua  pas  moins  à  l'Hiftoire  Naturelle,  pour  laquelle 
il  avoit  toujours  eu  la  plus  forte  inclination.  L'étude  des  Inleftes  qu'il  culriva  à 
i'exèmple  de  Goedan ,  de  Sifammerdam ^  de  Malpi^hi^  de  Redi  &  d'autres  Savans, 


VAL  453: 

^  conduifit  aux  b'elles  découvertes  que  l'on  trouve  dans  fes  Ouvrages.  Sa  répu- 
tation perçoit  inrenfiblement  ;  on  ne  tarda  même  pas  à  lui  procurer  l'occafion  de' 
mettre  les  talens  au  grand  jour.  En  1700 ,  il  obtint  la  Chaire  extraordinaire  de  Pra- 
tique dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Padoue  ,  où  il  remplaça  Sacco  ,  ion  ancien 
Maître,  qui  étoit  monté  à  la  Chaire  ordinaire  de  Théorie;  &  il  conferva  ce  pofte 
jul'qu'en  1709,  que  les  Réformateurs  de  l'Univerfité  de  Padoue  lui  donnèrent  la 
lèconde  Chaire  de  Théorie,   vacante   par  la  mort  d'Alexandre  Borromée. 

Les  leçons  publiques  &  les  malades  prirent  beaucoup  fur  le  tems  que  F'aUïfnierî 
deiHnoit  à  la  compofition  de  fes  Ouvrages;  mais  plus  il  fe  voyoit  de  devoirs  à 
remplir  ,  plus  il  redoubloit  d'ardeur  &  d'induftrie  pour  faire  Face  à  toutes  fes  oc- 
cupations. Sa  promotion  à  la  première  Chaire  de  Théorie  en  171 1  ,  dans  laquelle 
il  fuccéda  à  Dominique  Guglidmini ,  ne  dérangea  même  pas  le  train  de  vie  qu'il 
avoir  embrafle  depuis  Jong-tems.  Tout  au  contraire,  il  s'impofa  de  nouvelles  obli- 
gations; &  comme  il  préféroit  Hippocrate  à  tous  les  anciens  Médecins,  il  fe  chargea 
encore   d'expliquer  les  Aphorifmes  de  cet  Auteur  dans  fes  leçons   ordinaires. 

L'eftirae  du  public  &  les  honneurs  font  les  récorapenfes  les  plus  Hatteufes  qu'on 
puiffe  accorder  aux  grands  Hommes,  &  elles  furent  celles  que  Faliifnieri  mérita. 
Il  avoit  été  aggrégé,  dès  l'an  1707,  à  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature, 
fous  le  nom  de  Philagrlus.  Peu  de  tems  après,  il  fut  reçu  dans  la  Société  Royale 
de  Londres:  quant  aux  Académies  d'Italie,  il  n'en  eft  prefque  aucune  qui  ne 
l'ait  mis  au  nombre  de  fes  Membres.  On  lui  offrit,  en  1720,  la  place  de  Médecin 
du  Pape  Clément  XI ,  que  la  mort  de  Lancifi  avoit  iaillëe  vacante  ;  mais  fon  at- 
tachement à  rUniverfité  de  Padoue  l'empêcha  de  l'accepter.  Il  rcfufa  même  îa  pre- 
mière Chaire  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Turin,  qu'on  lui  préfenta  encore  en 
ifao,  avec  des  appointemens  capables  de  tenter  une  ame  moins  déJintérclfée  que 
la  tienne.  En  1728,  le  Duc  de  Modene  le  créa  Chevalier,  de  fon  propre  mouve-- 
ment,  par  lettres  patentes  du  50  Janvier  ,  qui  accordoient  la  même  qualité  à  tous 
fes  defcendans  aines.  C'eft  ainli  que  f^allifnieri  eut  l'avantage  flatteur  de  voir  Ton 
mérite  généralement  reconnu,  fans  qu'il  celsât  pour  cela  de  travailler  à  augmenter 
fa  réputation  par  l'acquifition  de  nouveaux  talens.  Mais  cet  homme  ,  à  qui  rien  n'a. 
voit  pu  faire  filpendre  fes  travaux,  fe  vit  arrêté  ,  dans  la  courfe  ta  plus  brillante, 
par  la  plcuréiîe  qui  le  furprit  à  Padoue  dans  la  foixante-ceuvieme  année  de  fon 
âge,  &  qui  le  mit  au  tombeau  le  îb  Janvier  1730. 

Ce  Médecin  étoit  d'une  conftitution  robufte  ,  d'une  taille  avantageufe  &  bien 
prife ,  d'une  phyfionomie  revenante  &  d'une  converfation  agréable.  Il  s'étoit  ac- 
quis l'eftime  &  l'amitié  d'un  grand  nombre  de  peribnnes  dif;;cpbées,  &  il  avoit 
un  commerce  littéraire  très-étendu  avec  les  hommes  les  plus  favans  d'Italie  , 
d  Angleterre,  d'Allemagne,  de  la  Hollande  &  de  la  Suifie.  Il  a  laiflc  de  fa  fem- 
me ,  Laurc  Mattacodi^  qui  étoit  d'une  ancienne  famille  de  Reggio,  un  fils  âgé  de 
25  A  26  ans,  Dodeur   en  Droit  à  Padoue. 

Sa  Bibliothèque  étoit  riche  ,  6l  fon  Cabinet  plus  riche  encore  ;  il  y  avoit  amafTé 
toutes  fortes  de  raretés  de  la  Nature  &  de  l'Art  ,  qui  formoient  la  colledlion 
la  plus  nombreufe  &  la  mieux  choifie  de  l'Italie.  Ce  Savant  n'a  rien  4crit  qu'en 
fa  Langue  maternelle,  ii  l'on   excepte  les   Obfervations  qu'il  a   communiquées  iV 


464  VAL 

l'Académie  des  Coricvx  de  îa  Nature.  Outre  plufiears  pièces  de  Ta  façon  ,  qu'on 
trouve  t^ans  les  papiers  publics  de  fon  Pays,  il  a  fait  imprimer  beaucoup  d'Ou- 
vraocs  qui  traitent  de  la  Médecine,  de  l'Hiftoire  Naturelle ,  des  Infedtes  i  &c. 
Voici  leurs  titre-  : 

Dialogi  fra  Malpi^hî  è  Plinio  intorno  la  curhfa  origine  di  mohl  infetti.  Veoife  « 
1700,  it-iï. 

Confid^rni'one  intorno  alcreduto  cervello  di  bue  impîetrito.  Padoue,  ifOf,  l?lo,  m-4.  Il 
y  examine  la  delcriptioD  d'un  cerveau  pétrifié ,  donnée  par  Duverney  à  l'Académie 
des  Sciences  de  Paris  en  îfo^  ,  &  il  prétend  qu'on  a  pris  une  exoflofe  du  crâne 
pour   une   pétrification  du  cerveau. 

Frima  Raccolta  di  OJfervaiiuni  ei'   Efperienie.  Venife ,  1710 ,  grand  in-8. 

Conjîderaiioni  ed'  Efperienie  intorno  la  genera^ione  de"  Fermi  del  corpo  umano.  Pa- 
doue, 17 10,  in-4. 

Nuove  Ojferva^ionî  t^  Efferier^e  intorno  alP  Ovala  fcoperta  ne'  P^ermi  tondi  delî* 
huomo^  è  de"  vitelli  ^  con  varie  Letiere  fpettanii  alV  Jjlnria  Medica  è  Natûr ah.  V&àovit  , 
Ï713  ,  in.4.  L'Auteur  prétend  que  les  vers  qui  font  dans  les  premières  voies  , 
pondent  des  œufs  qui ,  venant  à  éclorre  ,  produifent   de  nouveaux  vers. 

Efperienie  ed*   Offerva^loni  fpettanti  aW   Jjloria  Medica  è  Namrale.  Padoue  ,   1713 , 

£a-4. 

Jjloria  del  Cameïeonte  ^fricano  è  divari  ylnlmall  dVtalia.  Venife  ,  ijnt;  ,  J/i-4.  Cette 
description  du  Caméléon  eft  plus  compktte  que  celles  que  Dominique  Panaroli,  Per- 
rault &  Daverney  ont  données.  A  cette  occalion,  l'Auteur  attrilue  les  différentes 
couleurs  des  animaux  à  une  liqueur  colorée  qui  s'épanche  dans  les  interftices  de 
la   peau. 

Jjloria  délia  generaxione  delVhuomo ,  è  degU  animali ,  fe  Jîa  dà  vermiceUi  fpermatici 
Se.  Veniie  ,  1721  ,  in'^.  11  y  adopte  l'opinion  des  Ovariftes,&  il  y  réfute  plutieurs 
points  de  doftrine  adoptés  par  ^ndry ,  Médecin  de  la  Faculté  de  Paris  ,  qui  a 
donné  un  Traité  de  la  génération  des  vers.  Il  déclare  d'ailleurs  que  les  animalcu- 
les rpermatiques ,  luppoiant  la  réalité  de  leur  exiftencc ,  n'ont  aucun  rapport  à  la 
propagation  de  l'efpece. 

De'  corpi  marinl ,  chefa  montifi  trovano  ,  délia  loro  origine  ,  è  dello  ftato  del  mnndo  avantl 
il  Diluvio ,  ne/  Diluvio .  è  doppo  il  Dduvio  ,  Lettere  criiiche  &c. ,  aile  quali  s'aggiungono 
tre  altre  Lettere  critiche  contra  le  Opère  del  Sign.  ^ndry  Francefe  ,  è  fuoi  Giornali 
&c.  Veniie,  1751,  /n-4, 

Giunta  di  Lettere  MeJîco-Fifiche  Jîâ  del  F'allifrùerl  a'  Letterati  fcritte  ,  fia  da^  La- 
terati  à  lui.  Padoue  ,  1726  ,  in-4. 

£)ell'  ufo  è  dell'  abufo  délie  Bagnaiure  .,  è  bevande  calJe  à  fredde.  Modene  ,  1726, 
In'H,.  Il  paffe  en  revue  les  avantages  &  les  ioconvéniens  dts  bains  &  des  boilPons 
chaudes  ou  froides,  &î  il  paroît  donner  la  prcf^rence  aux  boiHbns  chaudes,  qroi- 
quil  ibit  d'avis  que  Teau  fioide,  tact  en  bain  qu'en  boillbn ,  puiflb  ôtre  utile  i 
bien  des  égards. 

Lcifone  ^cademir.a  intorno  l'origine  délie  Tontana  &c,  Venife,  1726, jn-4.  C'cfl  la 
icconde  édition  que  l'Auteur  a  earic^-ie  de  plufieurs  pièces  nouvelles  ,  pour  ap- 
puyer   fon   fyftême   fur  l'origine  des  FontHÏres. 

Le  fils  de  f^alUfnieri  a  fait  imprimer  le  Recueil  des  Ouvrages  de  ce  Médecin, 
fous  ce   titre  :  Opère 


VAL  4^5 

Opère  Fljîcc-Medlcke  conitnetuî  un  graa  numéro  di  Tratiatl ,  OJfervaxlonl  ^  Ragîona- 
menti  è  Dijferta^îonl  ftpra  la  Fiflca  ,  la  Med'.ciaa  è  la  Storia  Naturale.  Veoife  ,  17315  , 
deux  volumes  in-folio  ,  avec  figures.  II  n'eft  prefque  point  de  partie  de  l'Hiftoire 
Naturelle  que  l'Auteur  n'ait  perfedionnée  par  fes  études  &  fes  recherches,  11  ins- 
pira fon  goût  aux  Italiens ,  à  qui  il  a  fait  fouvent  le  reproche  de  préféreT  la  dic- 
tion brillante  &  les  faillies  de  l'eiprit  à  robfervation  des  merveilles  de  la 
Nature,    C'eft   à    cet  objet  intéreflant  qu'il  a  voulu  les  ramener  par  fon   exemple. 

VALLOT  C  Antoine  )  prit  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine  à  Rheims, 
fuivant  Gui  Patin  ;  mais  félon  Chomel ,  ce  fut  à  Montpellier.  ^Jlruc  n'a  cependant 
point  trouvé  fon  nom  dans  les  Regiftres  de  la  Faculté  de  la  dernière  ville.  Il  eft 
vrai  que  cet  Auteur  en  parle  dans  fes  Mémoires  pour  fervir  à  THiftoire  de  la 
Faculté  de  Montpellier  ;  mais  il  dit  que  c'eft  moins  pour  apprendre  les  bienfaits 
qu'elle  a  reçus  de  yullot ,  que  pour  qu'on  n'oublie  pas  le  tort  qu'il  lui  a  caufé , 
en  remplifiant ,  à  prix  d'argect ,  les  Régences  qui  y  vaquèrent  pendant  qu'il  fut 
^n  place, 

y^allot  fut  premier  Médecin  de  la  Reine  Anne  d'Autriche ,  mère  de  Louis  XIV, 
dans  le  tems  que  F'autier  étoit  premier  Médecin  de  ce  Roi  ;  il  lui  fuccéda  dans 
cette  place  en  165a.  Gui  Patin  afTure  qu'il  lui  en  coûta  300CO  livres  qu'il  fallut  don- 
ner au  Cardinal  Maiarin  ;  &  il  ajoute  que  Guenaud  V avait  refufée  à  ce  prix-là.  Mais 
on  fait  le  fondement  qu'il  faut  faire  fur  le  témoignage  de    Gui  Patin. 

C'eft  d'après  le  même  Patin  qu'on  apprend  que  ballot  étoit  attaché  I  M.  Fou. 
quet.  Surintendant  des  finances,  &  qu'il  étoit  fon  Médecin  dans  le  tems  qu'il  fut 
arrêté  prilonnier  le  8  Septembre  1661.  Cette  liaifon  devoit  être  grande,  s'il  eft 
vrai ,  comme  Gui  Patin  le  dit ,  que  le  Roi  ait  reproché  à  F'allot  d'être  efpion  pen- 
fionnaire  de  Fouquet.  Patin  prétend  même  que  ce  Médecin  en  reflentit  un  chagrin 
fi  vif,  qu'il  tomba  malade  &  fut  attaqué  d'une  fièvre  continue,  accompagnée  de 
rhumatirme   &   d'érélipele. 

l^allot  étoit  fur  la  Médecine  dans  les  mêmes  principes  que  Vautîer  &  Guenaud  « 
c'eft-à-dire,  qu'il  fuivoit  dès  lors  la  pratique  qui  a  enfin  prévalu,  &  qu'il  ordon- 
noit  rEmétique,le  Quinquina  &  le  Laudanum^  remèdes  profcrits  dans  ce  tems  là 
par  une  partie  de  la  Faculté  de  Paris  &  particulièrement  déteftés  par  Gui  Patin. 
Delà  vient  le  ton  fatyrtque  ,  dont  ce  dernier  parle  de  yalloi ,  en  écrivant  à  Fd- 
conet.  Le  Cornes  Archiatron  d'aujourd'hui ,  dit-il ,  qui  nihil  aliud  eft  quàm  ignarus  & 
ineptus   ncbulo ,  magnus  agyrta ,  qui  fait  l'entendu    par  l'autorité  que    lui    donne  fa 

charge nous  favons  bien  ,  quàm  fit  illî  curta  fupellex  ,  prtetcr  garrulitatcm  nativam^ 

&  artes  aulicas  ,  quarum  copia  é  ro6are  po//er.  Cependant  ce  PTallot  ^  pourfuit  u4ftruc, 
fi  méprifable  lelon  Gui  Patin ,  fe  foutint  avec  honneur  dans  fon  emploi  ,  &  fa  mé- 
thode eut  un  heureux  fuccès  dans  la  grande  maladie  que  Louis  XIV  fit  à  Calais 
en  1658.  Ce  fut  à  l'émétique  donné  à  propos  que  le  Roi  dut  principalement  fa 
guérifon  ,  quoiqu'en  ait  dit  Gui  Patin  dans  le  récit  qu'il  a  fait  de  cette  maladie  » 
lettres   118  &  120  du  Toma  premier. 

Notre  Médecin  ne  fut  pas  auflî  heureux  dans  le  traitement  de  la  maladie  de 
Henriette,  Reine  d'Angleterre.  Patin,  qui  ne  laiie  échapper  aucune  occafion  de 
maltraiter  /-'aZ/of ,  rapporte  le»  Vers  qui  furent  faits  au  fujet  de  la  rooit  de  ccrtç 
T  0  ME    IV.  Naa 


465  VAL 

Priocefie  ;  elle  étoit  alors  en  France ,  où  elle  avoit  dû  Te  réfugier  pour  Te  Çoadnltt 
aux  fureurs  de  la  guerre  allumée  contre  Charles  I ,  fon  mari.  Les  voici  ces  Vers  ♦ 
tels  qu'on  les  trouve  dans  le  Recueil   des  lettres  de  Patia  :. 

Le  croiriez  vous,  race  future» 
Que  la  fille  du  grand  Henri 
Eut  en  mourant   même  aventure 
Que  Ion  père  &  fon  mari  ; 
Tous  trois  font  morts  par  alTanin  , 
Ravaillac ,  Cromwel ,  Médecin. 
Henri  d'un  coup  de  bayonnette  , 
Charles  finit  fur  le   billot , 
Et  maintenant  meurt  Henriette 
Par  l'ignorance  de   Vallot. 

Mais  encore  une  fois ,  on  fait  ce  que  vaut  le  témoignage  de  Patin.  On  n'ignorr 
point  d'ailleurs,  que  la  Médecine  &  les  Médecins  font  toujours  en  butte  aux 
traits  fatyriques  des  Poètes  &  aux  reproches  du  public,  dan>  les  premiers  jours 
qui  fuivent  la  mort  des  Grands.  11  eft  rare  qu'on  ne  charge  point  les  Médecins 
d'avoir  employé  des  moyens  qui  ne  convenoient  pas  à  la  cure  de  la  maladie  ,  & 
d'en  avoir  négligé  d'autres  qu'ils  auroient  dû  pratiquer  :  c'eft  ordinairement  fur  ces 
chefs  que  le  public  établit  fes  jugemens  ,•  mais  comme  ils  font  prononcés  fans  con« 
noiflance  de  caufe ,  ils  ne  peuvent  manquer    d'être  faux. 

f^allot  étoit  d'une  aflcz  mauvaife  conftitution  ,  fujet  à  un  afthme  opiniâtre ,  dont 
il  avoit  de  fréquens  accès,  accompagnés  de  fièvre  &  de  crachement  de  iang,  11  ne 
laifia  cependant  point  de  poufler  aflez  loin  fa  carrière  ;  car  il  étoit  âgé  de  75  ans  , 
lorfqu'il  mourut,  le  9  Août  1671  ,  au  Jardin  Royal,  où  il  avoit  pris  le  parti  de  fe 
retirer. 

On  a  publié,  fous  fon  nom,  un  Ouvrage  intitulé  :  i/ortas  Reglus.  Parifils,  1665  j^ 
in  folio.  C'eft  la  féconde  partie  ;  la  première  fut  imprimée  dans  la  même  ville  en 
1663,  tn-/b/Jo,  avec  ;itîe  préface.  Fagon ,  Mauvillain.  &i  Joncquet  font  les  Auteurs 
de  cet  Ouvrage,  Fallut  s'acquitta  fort  bien  de  la  direftion  du  Jardin  des  plantes, 
dont  il  étoit  chargé.  Ceux  qui  avoient  été  prépofés  à  Ion  entretien  avant  lui,  s'é- 
toient  conduits  afléz  négligemment  à  cet  égard  ;  mais  tout  mal  arrangé  qu'il  eût 
trouvé  ce  Jardin,  les  foins  qu'il  prit  de  fon  rétablillèment  lui  réulfirent  d'autant 
mieux,  qu'il  fut  profiter  de  la  bonne  volonté  &  du  travail  des  trois  Médecins 
dont  je  viens  de   parler. 

A  juger  Fallût  Ibr  le  caraf^ere  que  Gui  Patia  lui  donne,  on  devroit  le  regarder 
comme  un  homme  qui  vendoit  tout  ce  qui!  pou  voit  pour  faire  de  l'argent  ;  la 
manière  dont  il  dilpofoit  des  Régences  de  Montpellier  ,  ne  le  préfente  même 
point  fous  un  afpedt  plus  favorable.  Cependant  Gui  Patin  nous  apprend  que  Fal. 
lot  procura  gratuitement  à  Daquin ,  qui  fut  enluite  fon  fuccelleur  ,  la  charge  de 
premier  Médecin  de  la  Reine  Marie-Thérefe  d'Autriche,  vacante  par  la  mort  de 
Guenaud  arrivée  en  1667.  Apparemment  que  fon  alliance  avec  Daquin,  qui  avoitr 
égoufé  la  oiece  de  ia  femme ,  lui  avoit  mérité  cetu  faVeur, 


V    Â    î.  467 

VALMONT  DE  BOMARE,  CJ.  Ch.  )  Maître  en  Pharmacie  de  Paris,  s'eft 
beaucoup  attaché  à  THinoire  Naturelle  ,  dont  il  eft  démonftrateur.  Ses  talens  dans 
cette  partie  .  &  dans  les  autres  qui  concernent  fa  profedion  ,  lui  ont  mérité  le  titre 
de  Membre  honoraire  de  la  Société  Economique  de  Berne,  d'AflTocié  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences,  Bel 'es-Lettres  &  Arts  de  Rouen,  de  Corrcfpondant  de  la  So- 
ciété Royale  de  Montpellier  ,  d'Aflbcié  de  l'Académie  Royale  des  Belles.Lettres 
de  Caen,  &c  celui  de  Membre  de  la  Société  Littéraire  de  Clermont  Fenrand.  On 
a  de  lui  : 

Catalogue  de  fon  Cabinet   (PHiJîoire  Naturelle.  Paris,  1758,  In-ia,, 

Minéralogie.   Paris,    1761   &  1762,   inS. 

Extrait  nomenclateur  du  fyjtême  complet  de    lH'néralogie. 

Traité  particulier  &  fynuptlque  de  Minéralogie.  Paris ,  1774. 

DicSionnaire  raifonné  unlverfd  d'HiJloirc  Naturelle.  Paris  ,  1764,  cinq  volumes  m-l2  , 
avec  un  fupplement  qui  a  paru  en  176B  ,  même  format.  Paris,  1775,  fix  volu- 
mes Jn-4  ,  neuf  volumes  in-d.  Cet  Ouvrage  a  aufli  été  imprimé  à  Liège  ,  fix  vo- 
lumes, in-S-,  â  Lyon,  neuF  volumes,  petit  in  8.  L'édition  de  Paris  de  1775  eft 
confidérablenient  augmentée  ;  outre  plulieurs  articles  nouveaux ,  on  y  trouve  des 
additions  nomoreufes  fur   les  matières  dont  l'Auteur  avoit  déjà  traité. 

VALSALVA   ,   C  Antoine  -  Marie  J    célèbre    Médecin    &    Anatomifte   ,    étoit 
d'Imola  dans  la  Romagne  ,  où  il  naquit  en  1666  dans  une  famille  noble.  Son  goût 
pour  la  difleftion  fe   développa  de  bonne  heure;  il  s'amufa  ,  dès  l'enfance,  à  exa- 
miner la  ftruéture  du  corps    des    oifeaux  ,  &  à  jetter  un  œil  curieux  fur  leurs  or- 
ganes. Après  de  bonnes  études  d'Humanités  ,de   Philofophie  &  de  Mathématiques, 
il   commença    fon    cours   de   Médecine  ,  &   s'attacha  particulièrement  à  Malpi^hi  , 
dont  il   fut  le  difcipîe  chéri.   Il  reçut  le  bonnet  de   Docteur    à  Bologne    en    1687  , 
&  fe  livra  enluite  ,  avec  plus  d'ardeur  que  jamais  ,  à  fon  goût  pour  l'A natom.ie.  Peu 
content  de  la    méthode   qu'il  avoit  fuivie   jufques  là  &   qui  étoit  alors  celle   de  la 
plupart  des  Ecoliers,  il  ne  le  borna  point   à  lire  les  Ouvrages  des    Anatomiftes;  il 
voulut  mettre    la   main  à   l'œuvre,  &  fa    principale  occupation  fut  de   dilTéquer, 
pour  voir  de  les  propres  yeux  tout  ce  qu'il   y  a  de  plus    caché  dans  le  corps  hu- 
main. Ses  progrès   dans    cette  partie    lui    méritèrent   la  Chaire  d'Anatomie  à    Bo- 
logne en  1697,   &    il    la    remplit  avec   tant  d'éclat,  qu'il    contribua    infiniment  i 
la  réputation    des  Ecoles   de  cette  ville.    11  s'en  fit   beaucoup  à  lui-même,  dans  le 
public  ,  par  les  talens   qu'il  montra  dans  la  pratique  de  la  Médecine  &   de  la  Chi- 
rurgie ;  il   excella    tellement    dans   la  dernière  ,  qu'on  le  nomma  à  l'emploi  de  Chi- 
rurgien de   l'Hôpital   des  incurables  de   Bologne.   Avant    qu'il    fût    monté   à    cette 
place  ,  on  appliquoit  des  boutons  de   feu    pour  arrêter  le  fang  à    la   fuite  de  l'am» 
putation  des    membres  ;  il  banmt  cet  ufage  de   l'Hôpital  confié   à    fes    loins  ,    &   il 
le  remplaça  par  la  ligature.  La  furdité   paflToit ,   dans  la    même  Maifon  ,    pour  un 
mal  au  delfus  de  tout  remède  ;  il  prouva  le  contraire  &  le  démontra  par  d'heureux 
fuccès.  Il  donna  une  nouvelle  forme  à  plufieuft  inftrumens  de  Chirurgie  trop  com- 
pofes  ,  &   les  réduilit  à  une  fimplicité  plus   sûre  &  plus  commode. 

Mais  fa   réputation  ne  fut  pas  renfermée  dans   les  murs  de  Bologne  ;  elle  paiïb  k 
l'étranger.   La  Socéité,  Royale  de  Londres  honora   du  même -titre   lé  Maître    & 


é^U  VAL 

le  difcipîe,  en  recevant  Malpigkl  Si  Falfalva  su  nombre  de  fes  Membres.  Parmi 
les  lervices  que  le  dernier  a  rendus  au  public ,  on  doit  compter  cette  foule  d'A- 
natomiftes  &  de  Médecins  habiles  qui  font  fortis  de  fon  école  &  qui  Ce  Ibnt  dif- 
tingués    en  marchant  fur  fes  traces. 

L'Académie  de  Bologne  le  nomma,  avec  Jean  Stancari,  pour  examiner  la  pre- 
mière partie  des  jidverfarîa  jinatumica  de  Morgagni.  Pour  bien  remplir  cette  com- 
miffion,  il  voulut  vérifier  ,  fur  les  cadavres  &  dans  les  Livres,  les  faits  que  Morga- 
gnl  avançoit  ;  mais  comme  ces  recherches  exigeoient  un  trop  long  travail ,  il  refufa 
nettement  l'approbation  qu'on  lui  demandoit ,  &  fe  contenta  de  dire  qu'il  ne  coa- 
poifTiit  rien  de  faux  dans  les  Ecrits  de  l'Auteur  ,  ni  d'étranger  &  de  contraire 
aux  vues  de  l'Académie.  La  conduite  de  f^alfalva  parut  finguliere;  on  lui  en  fit 
des  reproches  qu'il  repoufTa  en  difant  qu'il  aimoit  Morgagni ,  comme  difcipîe  & 
comme  ami  ,  mais  encore  plus  la  vérité, 

F'alfalva  mourut  à  Bologne  le  2  Février  172';  ,  à  l'âge  de  57  ans ,  &  laifla  un 
Traité  de  l'oreille  qui  contient  plufieurs  chofes  nouvelles  &  intéreffantes.  11  eft  di- 
vifé  eo  deux  parties.  Dans  la  première  ,  l'Auteur  donne  une  defcription  de  l'o- 
reille ;  dans  la  féconde  ,  il  indique  les  ufages  des  organes  dont  elle  eft  compo* 
fée  ,  &  il  y  parle  fommairement  des  principales  maladies  qui  l'attaquent.  Ce 
Traité  a  paru  pour  la  première  fois  à  Bologne  en  1704  ,  'n-4  ,  &  depuis  à 
Utrecht  en  1707  ,  même  format ,  avec  la  defcription  &  de  nouvelles  figures  de  la 
Luette  &  du  Pharynx.  Morgagni ,  qui  a  publié  les  Ouvrages  de  notre  Auteur  ,  les 
a  commentés  &  cenfurés  avec  une  éloquence  mâle ,  Texaélitude  la  plus  rigoureufe 
&  l'érudition  la  plus  profonde.  Il  en  a  rehaulTé  les  beautés  avec  la  même  impar- 
tialité qu'il  en  a  blâmé  &  corrigé  les  défauts.  La  quatrième  édition  de  ce  Recueil 
fut    publiée  à   Venife  en  1740,  deux  volumes    tn-4  ,   avec    figures,  fous  ce  titrer 

uintonii  Maria  Falfalva  Opéra  ,  hoc  eft  ,  de  uiure  humanà  &  Dijfenationes  u^nato- 
micts ,  cum  additlonibas  J.  B.  Morgagni.  L'Editeur  remarque  que  le  feul  Traité  de 
l'oreille  avoitcoûtéà  A^a//à/va  plus  de  feize  anslde  travail  ,  &  qu'il  avoit  diflëquéplus 
de  mille  têtes  pour  découvrir  la  véritable  ftruélure  de  cet  organe.  Les  Diflerta- 
tions  Anatomiques  font  au  nombre  de  trois  ;  l'Auteur  les  avoit  communiquées  à 
l'Académie  de  Bologne  ,  dont  il  étoit  Membre.  Dans  la  première ,  il  décrit  les  troii 
ligamens  du  Colon ,  les  finus  de  l'artère  Aorte ,  &  fait  quelques  remarques  fur  les 
nerfs  acceflbires  de  la  huitième  paire ,  ainfi  que  fur  les  muides  des  yeux.  Ce  qu'il 
a  dit  fur  ces  mufcles  eft  contraire  à  l'obfervation  ;  différens  Anatomiftes  l'ont  prou- 
vé ,  en  démontrant  combien  l'opinion  de  Falfalva ,  fur  leur  adhérence  à  la  dure 
mère,  étx>it  éloignée  de  la  vérité.  La  féconde  Diflertation  eft  prelque  un  com- 
mentaire de  la  précédente;  l'Auteur  y  ajoute  cependant  que  la  catarafte  dépend 
de  l'opacité  du  cryftallin  ,'  &  que  cette  partie  du  globe  de  l'œil  eft  jaune  dans 
le  glaucome.  Il  foutient  ,  dans  la  troiCeme  Diflertation ,  que  les  reins  fuccenturiauK 
ont  un  canal  excréteur  ,  lequel  aboutit  aux  tefticules  dans  les  mâles  &  aux  ovaires  dans 
les  femelles.  11  rapporte  enfuite  quelques  expériences  ,  &  d'après  elles  il  croit  pouvoir 
conclure  que  les  reins  fuccenturiaux  fervent  à  la  génération.  L'ignorance  du  vrai 
ulàge  de  ces»  organes  a  enfanté  bien  des  opinions  fur  les  fonctions  auxquelles  la  Nau 
iure  les  a  deftinés. 


V     A    L        V    A    N  4&9 

VALVER.DA  ,  (  Jean  )  Médecin  du  XVI  liecte ,  naquit  en  Elpagne  dans  le 
Royaume  de  Léon  ,  &u  Uiocefe  de  Palencia.  Il  étudia  à  Padoue  fous  M.<ialdus  Co" 
lumbus,  &  paffa  enluitt  à  Rome,  où  il  fut  Médecin  du  Cardinal  Jean  Tolet ,  de 
l'Ordre  des  Frères  Prêcheurs ,  qui  devint  Archevêque  de  CompolitUe. 

En  s'appliquant  à  l'étude  dc$  Ouvrages  Anatomiques  de  f^éjale  ,  il  y  remarqua 
tant  d'obfcurité  fur  plufieurs  choies  ,  qu'il  furma  le  deflcin  de  retoucher  les  Traité* 
de  ce  grand  Homme  :  c'étoit  beaucoup  entreprendre  ,  car  on  ne  voit  pas  qu'il  fe 
foit  difiingué  par  de  fréquentes  dilfedions.  Quoiqu'il  en  foit ,  il  écrivit  un  Ouvrage 
enElpagnol,  fous  ce  titre; 

Hijîoria  de  la  com^ojicion  dd  cuerpo  humano.  Rome ,  1556 ,  in-folio.  11  le  mit  eO' 
fuite  en  Italien ,  à  l'aide  d'un  de  fes  amis ,  &z  le  publia  dans  la  même  ville  ea 
1560,  in-fol.o^  Ibus  le  titre  6' ^aatomia  dd  corpo  umano.  Il  y  a  auffi  une  Traducfen 
Latine  de  la  façon  de  Michd  Columbus ,  6t  les  éditions  font  de  Venife  ,  15^ ,  ^^7» 
in-folio. 

f^alverda  a  encore  écrit  un  Traité  intitulé  : 

De  animi  &  corporis  funitaie  tu&adâ.   Lutetite^  155^?  '"-S*    f^eaetiis ,  '553  1    '"8. 

C'eft  à  ce  Médecin  que  TEfpagne  doit  l'émulation  qu'on  y  vit  depuis  lui  dans 
l'étude  de  l'Anatomie.  Quand  il  publia  les  planches  de  J^éfale  qu'il  avoit  fait  gra- 
ver en  cuivre  à  Rome  par  Galpar  Bezerra,  l'ouvrier  le  plus  habile  de  l'on  tems  , 
il  fit  quelques  additions  aux  delcriptions  de  cet  Auteur  ,  &  il  ajouta  à  fes  planches 
quatre  tigures  nouvelles.  La  première  marque  la  direftion  &  le  cours  des  fibres 
qui  compofent  les  mufcles  de  l'extérieur  du  corps;  la  féconde  repréfente  une  femme 
greffe,-  la  troiiieme  &  la  quatrième  indiquent  toutes  les  veines  qui  fe  trouvent  à 
la  lurface  externe  du  corps  humain.  Ces  planches  font  inférieures  à  celles  que 
yifaie  avoit  données  fur  la  Myologie  ;  les  autres  qu'il  a  tirées  de  fOuvrage 
même  de  cet  Anatomifte ,  font  à  la  vérité  plus  belles  à  la  vue ,  parce*  qu'il  les  a 
fait  graver  fur  cuivre  ,  mais  elles  n'ont  pas  plus  de  jufteflb.  Tout  ce  qu'on  peut 
dire  à  l'avantage  de  falverda ,  c'eft  que  fes  travaux  font  louables  dans  le  fonds  ; 
ils  ne  futËfent  cependant  pas  pour  lui  affigner  une.  place  parmi  les  Anatomiftes 
du  premier  rang.  Le  plus  grand  éloge  qu'on  puiffe  faire  de  lui ,  c'eft  de  dire 
qu'il  a  montré  plus  d'ardeur  à  encourager  les  compatriotes  à  l'étude  de  l'Anatomie, 
que  de  capacité  pjiir  les  éclairer    fur  les  différentes  parties  de  cette   bcience. 

VANDALE.  Voyez  DALEN.  (  Antoine  DE  ) 

VAN  DER  LINDEN,  f  Antoine  Hendricx  ou  Henrici  ^  fils  aine  de  Henri 
jiathonis  F'an  der  Linden,  fucceflivement  Miniftre  à  Enckhuyfen  &  à  Franequer, 
naquit  vers  l'an  1570  dans  quelque  endroit  de  l'Ooft-Frife ,  où  l'on  père  s'étoit 
retiré  en  1568,  lorfqu'il  fut  banni  de  la  Hollande  pour  caufe  de  Religion.  Le  17 
Avril  1587,  jintoine  fe  fit  infcrire  au  nombre  des  étudians  en  Théologie  à  Frane- 
quer;  mais  au  bout  de  quelque  teors  il  changea  le  plan  de  fes  études ,  &  paffa  dans 
les  Ecoles  de  Médecine  de  l'Univerûté  de  la  même  ville  ,  où  il  reçut  le  bonnet 
de  Docteur  en  1608.  Bientôt  après ,  il  fut  nommé  Recteur  du  Collège  d'Enckhuy- 
fen;  &  comme  cet  emploi  ne  l'empêchoit  point  de  faire  la  Médecine,  il  parvint 
à  un  tel  degré  de  réputation  par  fes  fuccès,  qu'on  l'engagea  à   paffer  à  Amfter^ 


470  VAN 

dam  en  1625.  Il  mourut  dans  cette  ville  en  lô^'; ,  âgé  de  62  ans.  Oq  dit  que  ce 
Médecin  avoir  l'clprit  fort  vif,  qu'il  étoit  profondément  vcrle  dans  les  Belles-Let- 
tres ,  &  qu'il  n'eniendoit  pas  mal  !a  Théologie  de  l'on  pays.  Il  a  beaucoup  écrit 
fur  la  Médecine  ,  mais  rien  n'a  été  imprimé  fous  fon  nom.  Ses  Manufcrits  font 
paffés  en  mains  de  fon  fils,  qui  en  aura  lâns  doute  tiré  parti  pour  la  compolition 
des  Ouvrages   qu'il  a  publiés.    M.    Paquot  donne  ainli   la  lifte   de    ces  Manufcrits  : 

Phyjîologia  explicans  res  naturales  ocîo  Libris ,  quorum  primas  de  Elementis  ;  fecundus 
de  Temper  dinentU  ;  tertius  de  Humoribus  j  quart  us  de  famine  &  fanguîne  menftruùi 
guint'-is  de  Panibus  ;  fextus  de  Calidn  innatô  &  Spiritibus  ;  feptimus  de  yinima  ejufque 
facultaiibus  ;  oJuvus  de  ylâionibus.  Quibus  prxmijfa  funt  prtecognita  generalia  in  univer- 
fam    Medicinam. 

Pathob giu  explicans  res  pr^ternarurahs  tribus  Libris^  quorum  primas  Nnfologica,  feu 
de  miirbis  ;  fccundus  JEùologlca  ,  feu  de  caujîs  morborum;  tertius  Symbologica ,  feu  de 
fympt'unatis  S  ji^nis    morborum. 

Meiiodi  gêner alii    cognofcendl  ^  pradicendi ,  carandiquc  morbos ^    Litri  très. 

De  fcbribus   Liber. 

De   capitis  ajjeciuam   ctiratione  Liber. 

De  oculorum  uff^^uum  curatione   Liber. 

De  aurium  ajjcc/uum   curatione  Liber. 

De    narium  affc&uum  curatione    Liber. 

De  oris  affèSuum   curatione   Liber. 

Obfervationum  Medicinalium  Décades   allquot. 

Loci  communes  medicamentorum  empiricorum,  pngulis  ferè  humant  corporis^  à  capitc 
ad  pedes  ufquè ,  partibus  -appUcatorum  ,  ex  probatiffimis  tàm  f^eterum ,  tàm  Recentiorum 
fcriptis  coUeclorum. 

Synopfis  Medicina  pra3ic£ ,  continens  :  1°.  Pharmacopœam.  2?.  Medicamentorum  com, 
pofuLonem.  3°.  Medicamenta   Jïngularum  partium.  4".  Medicamenta   Jingulorum  affe&uum. 

Pharmacapœa  continens  :  1°.  Medicamenta  fimplicia  quorum  ufus  Medico  neceffàrius. 
^°.  Medicamentorum  compojîtorum  titulns^  ^Jthorumque  nomina  qui  ea  defcribunt.  î% 
Medicamenta  que  paruta  in  Pnurmacopolio   fervari  debcnt. 

Herbaiius  continens  fimplicia   ad   MeJicinam  utilia. 

De   Tlieriacce  ylndromachi  compolîtione  Libellas. 

.dphnrifmi  Hippocratis  nova  methodd   difpofiti ,  ac  Commentariô  illuftrati. 

uid  Praxim   Medicime  theoricam  &  cmpiricam    Gualihcri  Bruelis  Annotatiuncula. 

Univerfa  Medicina  nova  ac  façlli  methodô  tradita.  Cet  Ouvrage  eft  demeuré  im- 
parfait. 

VAN  DEt^  LINDEN  ,  (  Jean  -  Antonides  )  fils  du  précédent,  naquit  à 
Enckhuyfen  le  13  Janvier  i6og.  11  fut  élevé  avec  beaucoup  de  loins  ,  &  après 
avoir  tait  à  Leyde  fon  cour?  de  Phil<  fophie  qu'il  avoir  commencé  en  1625  ,  il  fe 
décida  pour  l'étude  de  la  Médecine.  Ce  fut  dans  l'Uaiverfi'é  de  la  même  ville 
qu'il  s'y  appliqua  pendant  quatre  ans  fous  les  Profedeurs  Othon  Heurmus ,  F.valde 
Schr-.velius ,  Adrien  Falcoburgias  &  Adolphe  F'orjUus.  Au  bout  de  ce  terme  ,  il  pafTa 
à  Franequer,  où  il  fe  logea  chez  Menelas  JVinfemius;  mai»--  il  ne  profita  pas  lon^- 
ten^s  des  iaftrud^ions  de  ce  nouveaa  Maître ,  car  il  reçut  de  lui  le  bonnet  de  Doc- 


VAN  47t 

teur  le  18  Oflobre  1630.  Un  demi-an  après ,  il  fe  rendit  à  Amfterdam  anprès  de 
fon  père  &  il  s'exerça  à  la  pratique  fous  les  yeux;  il  s'y  diftingua  même  telle- 
ment après  fa  mort ,' qu'on  l'appella  à  Franequer  en  ifii^g ,  pour  remplir  la  Chaire 
que  JFinfcmias  avoit  lailTée  vacante.  Il  en  prit  pofTeflion  le  25  Novembre  de  la 
môme  année;  mais  comme  il  étoit  le  feul  Profeffeur  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  cette  ville,  ainfi  que  l'avoit  été  fon  PréJéceiTjur  ,  il  fut  obligé  d'enfeigner  toutes 
les  parties  de  cette  Science.  Cette  furcharge  ne  l'empêcha  cependant  point  de  pren- 
dre fon  des  malades  qui  avoient  recours  à  lui  ;  &  toute  nombreufe  que  fiit  la 
pratique  ,  on  l'engagea  encore  ,  en  1648  ,  à  accepter  l'emploi  de  Bibliothécaire.  W 
s'en  acquitta  avec  tant  d'attention ,  qu'il  fit  rentrer  dans  la  Bibliothèque  quantité 
de  Livres  qu'on  en  avoit  enlevés ,  &  qu'il  engagea  plufieurs  perfonnes  opulentes 
à  l'enrichir  de  leurs  libéralités.  Ce  fut  encore  par  les  ibllicitations,  autant  que  par 
fes  foins  ,  que  les  richefles  du  Jardin  des  plantes  furent  augmentée.»,  fie  qu'on  y 
bâtit  un  édifice  riant  &  commode  pour  iè  mettre  à  l'abri  des  injures  de  l'air  pea* 
dant  les  démonftrations. 

Les  exercices  Académiques  &  les  malades,  tout  en  grand  nombre  qu'ils  étaient, 
ne  pouvoient  point  abforber  un  homme  aulfi  ménager  de  fon  tems  que  l'a  été  P^an 
der  Linden;  il  donnoit  encore  des  Ouvrages  au  public.  L'eftime  qu'on  en  fit,  le 
répandit  bientôt  hors  de  Ja  Frife,  &  donna  l'envie  à  d'autres  Univerfités  d'en  at- 
tirer l'Auteur  dans  leurs  Ecole.*;.  En  1649,  ceux  d'Utrecht  le  foîliciterent  de  venir 
enfeigner  chez  eux,  mais  il  n'accepta  pas  leurs  offres.  Les  Curateurs  de  l'Académie 
de  Leyde  agirent  plus  efficacement  en  165 1  ;  ils  lui  préfenterent ,  au  moisde  Février, 
une  Chaire  de  Médecine  qu'il  accepta  ,  &  dans  laquelle  il  fut  inftallé  le  7  Juin  fuivanr. 
Il  l'occupa  jufqu'en  1664  qu'une  maladie  de  peu  de  jours  ,  cauiée  par  le  froid  , 
l'tmporta  le  5  Mars,  à  l'âge  de  55  ans.  Jean  Cucceïus  ,  Profilieur  en  Théologie, 
prononça  fon  Oraiibn  funèbre  le  11  du  même  mois, 

F'an  der  Unden  laidk  fa  femme,  Hélène  GronJt ,  qu'il  avovt  épouféeen  1634,  char- 
gée de  deux  fils  &  de  cinq  filles.  L'ainé  ,  H&nri  ^  étudioit  la  Médecine  à  Paris  lous 
la  conduite  de   Gui   Patin. 

Plufieurs  Auteurs  ont  peint  f^an  der  Linden  dans  leurs  Ecrits.  Le  Baron  de- 
Haller  a  dit  de  lui:  yir  Grèce  do3us  d?  Latine^  in  praxi  ad  Chemicam  Sechm  încli- 
Bans  &  parum  Clinicus,  ex  judicio  GaiJonis  Patini  ,  amici  Lindeniani^  acuti  catcrùm 
ingenii  Scriptor.  Ceci  ne  peut  manquer  d'exciter  la  curiofité  fur  ce  que  Patin  dit  de 
f^an  der  Linden,  11  en  parle  en  plufieurs  endroits  de  lés  lettres,  mais  nulle  part 
plus  au  long  que  dans  la  312e.  &  la  29?^-  Voici  ce  qu'il  en  écrit  dans  la  première: 
»  Cet  Auteur  eft  mort  à  Leyde  âgé  de  53  f  55  )  ans ,  d'une  fièvre  avec  flaxioiï 
«  fur  la  poitrine  ,  après  avoir  pris  de  l'Antimoine  &  fans  s'être  fait  faigner.  Quelle 
»  pitié!  Faire  tant  de  Livres ,  içavoir  tant  de  Grec  &  de  Latin,  &  fe  lailfer  mourir 
»  de  la  fièvre  &  d'un  catarre   fufioquant  fans  le   faire  faigner.  J'aime    mieux    être 

»  ignorant  &  me  faire  faigner  quelquefois  Voilà  corr.me  meurent  'es  fous  &  les 

n  Chymiftes.  »  Il  s'exprime  ainfi  dans  la  féconde  lettre:  1-  ^an  der  Linden  étoit  un 
n  bon  homme  &  riche,  mais  qui  étoit  féru  de  la  Chymie  &  de  la  Pierre  Philofo- 
a  phale.  N'eft-ce  pas  là  pour  faire  un  bon  Médecin  '■  Aulfi  haïfllnt-il  notre  bon- 
3  Galien.  \\  louoit  Hippocrate ,  Paracelfe,  &  f^an  Helmunt ,  en  quoi  il  imitoit  cet  Em- 
■»  pereur  qui  avoit  dans  fon  Cabinet,  les  portraits  de  Jefus«Chrift,  de  Véaus,  da 


472  VAN 

"  Pnape  &  âe  Flore.  N'étoient-ce  pas  là  des  tableaux  bien  aiTonis?  Il  voyoit 
»  peu  de  malades  &  ne  fairjit  jamais  laigncr.  1/  failblt  profeflîon  d'un  métier  qu'il 
»  c'cntcndoii  guère  ...  Il  eft  mort  deux  jours  avant  que  Ion  Livre  eût  paru  ,  & 
»  fans  rAntimoine,  fon  Hippocrate  auroit  été  beaucoup  meilleur.  J'en  fuis  potfr- 
•»»  tant  fâché,  le  reconnoilTant  plus  honnête  homme  qu'U  n'étoit  éclairé.  11  y  a  de 
•n  ces  Hollandois  qui  font  rudes  &  qui  ne  le  poliflbnt  qu'en  voyageant.  P'an  dcr 
»  Lindzn  auroit  bien  fait  de  prendre  un  peu  à  Paris  de  notre  bonne  méthode  qui 
1»  l'auroit  tiré  de  beaucoup  d'erreurs.  t>  Il  y  a  du  vrai  dans  ce  jugement;  mais 
l'averfion  de  Patin  contre  ceux  qui  aimoient  la  Chymie  &  rAntimoine ,  a  gâté  la 
plupart  des  portraits  qu'il  a  faits  des  Médecins  de  fon  leras. 

Je  pafle  maintenant  aux  Ouvrages  de  f^an  der  Linden  ;  voici  leurs  titres  &  leurs 
éditions  .* 

Ual\&rf/s  MidiclHit  Compendlum  decem  Dlfputatîonibus  propolituin.  Franekerte,  1630, 
ifl-4.  C'eft  le  Recueil  des  Thefes  qu'il  a  foutenues  avant  fon  Dodorat. 

Manaduèilo  ad  Medicinam,  yimjhlndami ,  1637  ,  i/i-S.  Ce  Traité  dédié  à  Purrt 
Tulp ,  fut  d'abord  imprimé  à  la  tête  de  celui  qui  fuit ,  &  à  part  fous  le  titre 
é'Editlo  altéra,  interpalata  à  F'opifca  Fortunato  Pkmplo^in.  ^cademia  Lovaii'icnfl  Antt' 
£eJfore ;  cum  hajus  Epiftulà  ai  Studiofos  fuos.  Lovan'ù,  1639,  in-12.  Halte,  1726,  //i-ia. 

De    Scripiîs  Medicis  Llbri   duo.  y/mjlelodami ,   1637,  1651,1662,   inS.   L'Auteur 
«   augmenté  cet    Ouvrage   à  chaque  édition.  Après  fa    mort  ,  il  en  a    paru  une 
beaucoup  plus  ample ,  fous  le  titre  fuivant  :  Lindenius  renovatus ,  Jîve ,  Joannis  An- 
tpnida  fan  dcr  Linden  de  Scriptis  Medicis  Libri  duo  &c. ,  à  Georgio  ^brakamo  Mercm 
klino.   Norimbergis  ,  1686,  £«-4.  Les   augmentations  de   cette  édition    font  la  moitié 
«Ju  volume  qui  eft  de   togjr  pages  ,  fans  en  compter  160  pour  la  Cyao/hra  Midica  , 
fivt  rerum  &  materiarum    Index.    Cependant  Merckhln  a   ignoré  plus  de  la   moitié 
des  Ouvrages  &   des  Auteurs.  On   peut  juger   delà    combien    l'Ouvrage  de    f^an 
der   Linden   eft  imparfait,  fans  parler  des  fautes  qu'on  lui  a  reprochées.  11  eft  vrai 
que  l'Editeur  en  a  corrigé  la  plus  grande  partie  ;  mais  il  en  a  encore  lailfè  beau- 
coup, &  il  en  eft  palfé  un  bon  nombre  dans  la   Biblîotheca   Scriptorum  Medicvrum 
veterum  &  rccentiorum  de   Jean-Jacques  Manget ,  où  l'on  a   fait  entrer  tout  le  L'tndc- 
nius  renovatus.  Les  Ouvrages  de  P^an  der  Linden  &  de  Merckhln  ont  trop  de  rap- 
port  avec   ce  Dictionnaire  ,  pour  ne  point  joindre  ici  la   Note  que  donne  le   cé- 
lèbre Haller  dans  l'édition  qu'il   a  publiée  à  Amrterdam  ,  en  1751  ,  du  Traité  inti- 
tulé :  Hermanni  Botrhaave  Methodus ftud'd  Medici.  Il  s'exprime  ainG  ,  page  972.  F'ir  Grâ- 
ce  c?   Latine    eruditîjjlmus  ,  primus    pleniorem   Bibliothecam    omnium    Medicorum ,    qui 
Latine  fcripferuni ,  meditatus  ejî,  &  cent   non    mediocrem    laborem    Impendît,  ut  etiam 
reconditos  indè  Libros  gentis  fucs  hic  hauferit  Nicolaus  Antonius.  Ordo  Is  eft  ,  ut  brevem 
vitam  Scriptorum  tltuli  &  editiones  fequanrur  ,  ahfque  judiclls.    /idjutnrcs  habuit  Joannera 
Van    Home  ,  Carolum  Oflredum  ,  Guidonem  Patinum  ,  Robertum  de  Farvaques  , 
Petrum  Neurat  (  hune  Madrid  )  Nico'aum   de  Witte  ,  aliofqiie.    Hoc  Opus  auxît  S* 
continuavlt  Georgius   Abrabamus  Wlercyi\iu\3i  Noribergenjîs ,  &  fub  titulo  Lindeniire- 
novaii   edidlt  Noriberg^y  1686,  jn-4  ,  pnft  qnem  nemo  fimlle  quid  pr^ftltit.  HunGi  enint 
Sioane  deftinatus   Llbrorun  fuorum  cenfui  nunquam  prodiit.  u^it  Mcrcklinus  ,   treccntos, 
ft  legijfe  Catalogos ,  uiuH'ires  addidijfe  742  ,  vitas  novas  222  ,  au&as  22  ,    adjutum  vero 
.'.Ki  à  VVelfchio ,  Lucâ  Schroeckiô,  M.  Hoffmannô  ,  P.  Hcrmannô  ,  alilfque.  Hoc  Opus 
'^  equidem 


V    A~N  473 

K^'iiidem  non  àhfque  navo  ejî  ,  neque  facile  ejje  potejî  in  tatnfu/b  labore.  Muhi  Scripto- 
r es  bis  cenft  funt  ;  Nicolaus  Severus  &  Nicolaus  Stenonis  filius '^  Aloyiius  Cornarus 
&  Ludovicus  CorDelius  ;  Hieronymus  Seni'«  &  Hieronymus  ab  Aquapendecte  j 
Jacobus  Bercngarius  ë?  Carpus;  Michaël  Villanovanus  (  Servetus  )  ;  Sardianu?  & 
Oribafius  ;  Theodorus  Turquet  &  Theodorus  Mayerne.  Neque  rdliil  omljfum  fuijfe 
quifquam  aut  credidit  aut  defideravit.  Magnas  tamen  &  utilis  labor  eJî ,  quô  plurimùm  & 
ufus  eJî  I.  Douglaffius,  &  ego  utor.  On  pourroit  ajouter  que  ceux  qui  ont  écrit  fur 
cette  matière  après  Haller  ,  en  ont  fait  de  même: 

Medulla  AJedicina  partibus  quatuor  comprehenfa.  Franekera  ,  1642  ,  in-d. 

uidriani  Spigelii  Opéra  qute   extant  omnia.  uimftelodami  ^  1645,  trois  volumes  In-foUo- 

Hieronymi  Cardani  dt  utilltate  ex  adverfis  capiendà  Libri  quatuor  feriù  emendati.  Fra- 
nekera ,   1648,  /n«i2. 

Medicina  Phyjlologica  ,  nova  curatâque  metkodô  ex  optimis  quibufque  ^uSoribus  cowé 
•tra^a  ,  &  propriis  obfervationibus  locupletata.  ^mftelodami  ,  1653  ,  «-4.  C'eft  proprement 
vn  Ouvrage  Anatomique  qui  eft  diftribué  fuivam  les  trois  grandes  capacités  du 
corps  humain.  J'ai  trouvé ,  dit  Gui  Paria  ,  que  tout  ce  Livre  n'étoit  que  de  la  crème 
fouettée;  que  cet  homme  étoit  un  homme  dod^e  ,  mais  que  c'étoit  écrire  Z)e  ^na- 
îomicis  non  ^natomicus.  Le  travail  de  f^an  der  Linden  mérite  cependant  quelque 
conlidération.  Cet  Auteur  a  puile  dans  d'afièz  bonnes  fources.  F'éfale  lui  fert  commu- 
nément de  guide  ,  quoiqu'il  le  blâme  dans  plufieurs  endroits  ;  il  a  auffi  eu  recours  à 
Gallen  ,  dont  il  a  iouvent  confulté  les  Ecrits  dans  leur  Langue  originale,  il  a  admis 
les  découvertes  d' Haryée  iîuT  la  génération,  mais  il  ne  lui  accorde  point  celle  de  la 
circulation  qu'il  a  fait  remonter  jufqu'à  Hippocrate.  Il  attribue  à  Salomon  Albert  la 
découverte  de  la  valvule  du  Colon;  il  croit  la  fubftance  du  cerveau  infenfible  ; 
il  n'eft  point  du  l'entiracnt  de  Pojîhius  qui  donne  iix  mufcles  à  l'Urètre  ,  &  il  n'en 
admet  que  quatre  avec  Spigelius;  il  penlè  ,  avec  uirantius  ^  que  l'Ouraque  eft  un 
ligament  dans  l'état  naturel  ;  il  fait  une  defcription  très-détaillée  de  l'oreille  ;  ce 
qu'il  dit  des  mufcles  eft  aflèz  étendu;  il  communique  les  recherches  qu'il  a  faites  fur 
Torgane  de  la  vue,  &  en  parlant  des  mufcles,  il  fait  mention  du  petit  compkxus 
de  ff^inflow. 

DlJJenatio  de  LaSfe.  Groninga  ,  1655 ,  tn-i6  ,  avec  deux  DiiTertations  d'Antoine 
Deufingius  ,  l'une  De  motu  cordis  ,  l'autre  De  LaSe. 

Sele&a  Medlca  &  ad  ea  Exercitationes  Batava.  Lugduni  Batavorum  ,  1656 ,  in-/^.  Ce 
Recueil  contient  feize  pièces ,  dont  plufieurs   font  curieufes. 

Cornelii  Celfî  de  Medicina  Libri  o3q  ,  recogniti.  Lugduni  Batavorum  ^  1657,  l66g  , 
ia-11.  Gui  Patin  a  beaucoup  contribué  à  cette  édition,  en  communiquant  à  f^an 
der  Linden  des  exemplaires  corrigés  de  la  main  de  Fernel  ^  de  Scaliger  &  d'autres 
Savans:  mais  Thomas  Bartholin  prétend  que  notre  Editeur  a  été  trop  hardi  dans 
fes  correftions  lur  Celfe  ,  aufli  bien  que    dans  celles  qu'il   a    faites    fur   Hippocrate. 

De  Hemicrania  menfiruâ    Hijîoria  &   Confilium.  Ibidem^    1660,  1668,  in-4. 

Meletemata  Medicina  Hippocratic£.  Ibidem^  i66o ,  i/i«4.  On  y  trouve  beaucoup  de 
détails  phyfiologiques  ,  extraits  des  Anciens,  notamment  des  Auteurs  Grecs  qu| 
ne  brilioient  pas  dans  cette  partie.  Jean-Jacques  Dobelius  a  publié  l'Abrégé  de 
cet  Ouvrage  à  Francfort  en  1672 ,  i/1-4, 

T  0  ME    ir.  O  0  e 


tPA 


VAN 


Hippocrates  de  circuim  fanguinis.  Lugduni  Batavorum^  l66i  ,  ia.4.  Il  entreprend 
de  prouver  <\\i' Hippocr au  a  connu  la  circulation  du  fang  ;  mais  une  chofe  merveil- 
leule  ,  c'eft  qu'avant  que  le  célèbre  Harvée  eût  démontré  l'exiftence  du  mouvement 
circulaire  de  cette  liqueur,  aucun  des  Modernes  n'avoit  pas  même  Ibupçonné 
le    Médecin    Grec  d'en  avoir  parlé. 

Oratio  funebrii  in  Firi  Clarijjïmi  Adolphîî  P^orftii ,  Medicina  &  Botanices  Profejforis 
primarii ,  excejjam.    Lugduni  Batavorum  ^  1664,  in-4. 

Hippocrath  On  Opéra  omnia  Grttcè  &  Latine ,  dunbus  volumînibus  comprehenfa  &  ai 
omnes  alias  editioms  accommodata.  Ibidem ,  1665 ,  inS.  Il  s'étoit  propofé  de  faire  des 
remarques  fur  Hippocratc,  mais  la  mort  le  furprit  avant  d'avoir  commencé  à  y  tra« 
vailler. 

VANDERMONDE,  C  CharleS'Auguflin  )  Doaeor-Régent  de  !a  Faculté  de 
Médecine  en  l'Univerfité  de  Paris,  ancien  Profeffeur  de  Chirurgie  Françoife,  Cen- 
feur  Royal  ,  Membre  de  i'inftitut  de  Bologne ,  étoit  de  Macao,  viile  de  la  Chine 
dans  la  Province  de  Quanton  ,où  il  naquit  le  18  Juin  1727  de  Jacques-François  F'aa- 
dcrmonde  de  Landrecies  dans  le  Hainaut,  &  de  Uona  Efpérancc  Caçilla.  Son  père 
fut  reçu  Do(Steur  en  Médecine  à  Rheims,  &  peu  de  tems  après,  c'eft-à-dire  en 
1720  ,  il  partit  avec  M.  Didier,  Ingénieur  du  Roi  &  fon  ami  particulier,  que  le 
Duc  d'Orléans  ,  pour  lors  Régent  du  Royaume  de  France  ,  avoit  chargé  de  vifj- 
tef  rille  de  Pulocondor  fur  les  côtes  de  Cambaye,  où  l'on  avoit  deifein  de  for- 
mer un  établiflement.  Dans  le  tems  que  le  vaifleau  de  M.  Didier  étoit  à  la  rade 
de  cette  Ille  ,  le  hazard  fit  qu'un  vaifleau  Elpagnol  vint  faire  de  l'eau  dans  la  mê- 
me plage,  f^andermonde  fe  lia  d'amitié  avec  le  Capitaine  qui  l'engagea  à  paflèr 
avec  lui  à  Macao;  il  fuivit  ce  confeil  &  fe  rendit  dans  cette  ville,  où  il  exerça 
fa  profeflion  avec  tant  de  fuccès  ,  qu'il  obtint  des  Lettres  de  naturaiité  du  Roi  de 
Portugal ,  avec  le  titre  de  Médecin  de  la  garniion  &  de  la  colonie  Portugaife. 
C'eft  dans  ces  circonftances  qu'il  époufa  Dona  Caçilla  ,  fille  d'un  noble  Portugais  , 
qui  ne  lui  apporta  pour  toute  dot    que  fa    beauté  &  ià  naiflance. 

Charles-^ igujlia  F'andermonde  fut  le  fruit  de  ce  mariage.  Mais  fa  mère  étant  ve- 
nue à  mourir  ,  fon  père  fe  détermina  à  repaller  en  Europe  ,  emmenant  avec  lui  ce 
fils  qui  n'avoit  alors  que  quatre  ans.  Arrivé  à  Paris  ,  il  réiblut  d'y  fixer  fon  féjour; 
il  y  prit  inâme  le  bonnet  de  Dofteur  en  Médecine  le  23  Décembre  1734.  Son  fils 
étoit  le  principal  objet  de  fes  foins;  auilî  ne  négligea-t-iï  rien  pour  lui  donner  une 
excellente  éducation ,  &  telle  qu'elle  convenou  à  l'état  de  Médecin  ,  auquel  il  le 
deftinoit.  Il  le  confia  ,  à  cet  effet,  à  l'Abbé  Batteux  qui  voulut  bien  fe  charger  de 
lui  répéter  un  cours  de  Belles-Lettres  ;  mais  ce  père  tendre  n'eut  pas  la  confola- 
tion  de  jouir  du  fruit  de  fes  travaux  ;  il  mourut  dans  le  tems  que  fon  fils  commen- 
çoît  à  profiter  de  fes  leçons. 

Livré  à  lui-môme  dans  un  âge  où  la  plupart  des  hommes  ne  font  lenlibles  qu'à 
l'attrait  du  plaifir ,  le  jeune  f^andermonde  chercha  à  réparer,  par  fon  affiduité  à  l'é- 
tude ,  la  perte  qu'il  venoit  de  faire.  Il  eft  vrai  qu'il  trouva,  dans  MM.  de  Jujpeu  ^ 
des  amis  qui  voulurent  bien  lui  fervir  de  père;  auffi  s'abandonna-t-il  fans  rélerve  sii 
leurs  confcils.  Le  tems  de  fes  premières  études  fini,  il  fe  mit  fur  les  bancs  de  la 
Faculté  pour  faire  fon  cours  de  Licence.    C'eft-là   qu'il    commença  à   recueillir  !& 


VAN 


47S 


fruit  de  fon  application.  Le  fécond  rang  qu'il  obtint,  moins  par  indulgence  dont 
la  Faculté  ufe  quelquefois  envers  les  fils  de  l'es  Membres,  que  par  fes  talens,  fut 
pour  lui  une  diltindiion  d'autant  plus  tiatteufe  ,  que  la  Licence  étoit  nointretle  & 
bien  compofée. 

Il  eft  d'ui'age  ,  lorfque  la  Licence  eft  finie  ,  que  l'un  des  Récipiendaires  prononce 
un  difcours ,  après  lequel  il  trace  le  portrait  de  chacun  de  ceux  que  la  Faculté 
vient  d'adopter.  Cet  acte  qu'on  nomme  Paranymphes ,  fe  fait  ordinairement  avec 
beaucoup  de  cërén:uDie  ,■  il  cft  même  d'ufage  d'y  inviter  les  Cours  Souverai» 
nés.  Il  étoit  arrivé  plufieurs  fois  que  l'Orateur  s'étoit  permis  les  plaifanteries  le? 
plus  fortes  fur  fes  confrères ,  qui  lui  répondoient  ordinairement  fur  le  même  ton. 
La  Faculté  crut  devoir  réprimer  on  abus  qui  dégradoit  la  majefté  de  fes  Ecoles 
La  gêne  qu'elle  impc  fa  au  Paranyraphant ,  ne  fervit  qu'à  faire  éclater  le  talent 
que  f^andermoiidi  avoit  pour  la  parole.  Chargé  des  Paranympbes  de  fa  Licence  , 
il  réunit  tous  les  fuflrages,-  il  ne  mit  dans  fes  portraits  que  ces  légères  pl^lanteries , 
qui  font  rire  ceux  môme  qui    en  font  Jes  objets. 

Ayant  enfin  reçu  le  bonnet  de  Doftcur  le  lo  Septembre  1750 ,  il  ne  fongea  plus 
qu'à  i"e  former  à  la  pratique  de  la  Médecine.  Pour  cet  effet ,  il  fe  renierma  dans 
fon  cabinet  &  ne  vit  que  quelques  hommes  de  Lettres,  dont  il  crut  que  le  com- 
merce lui  ieroit  utile.  De  ce  nombre  étoit  l'Abbé  A'olkt ,  avec  lequel  il  faifoit  fou- 
vent  des  expériences  de  Phyfique.  Les  liaifons  qu'il  avoit  avec  ce  Savant  ,  lui 
firent  tomber  entre  les  mains  la  dclcription  que  Car^io ,  Médecin  de  Naples,  vcnoit 
de  publier  d'une  maladie  finguliere  de  la  peau  qu'il  avoit  guérie  avec  le  Mercure. 
Il  en  entreprit  la  'l'radui^ion  &   la  fit  imprimer    fous  ce  titre: 

Dlffcitation  Anatamiqui.  &  pratique  fur  une  maladie  de  la  peau  d'une  efpece  fort  rar^ 
&  fort  Jïn^uliere,  traduite  de  l'Italien  de    Cur^io.   Paris,  1755,  in-12. 

C'eft  le  premier  Ouvrage  qui  foit  forti  de  fa  plume.  Quelques  remarques  qu'il 
y  avoit  ajoutées ,  firent  connoître  qu'il  étoit  capable  de  donner  quelque  chvjfe  de 
mieux  que  des  Trsdu(?tions.  Ce  premier  eliai  fut  bientôt  fuivi  d'un  Ouvrage  plus 
importante  On  vit  paroître    le  Traité  intitulé  : 

EJfai  fur  la  manicrc  de  perfciSionner  l'efpece  humaine,  Paris,  1756,  deux  volumes 
in-12.  11  y  donne  des  règles  pour  préferver  le  fœtus  des  accidens  auxquels  il  eft 
expofé  dans  le  fein  de  fa  mère,  &  qui  en  corrompant  fa  forme,  nuifent  pour  tou- 
jours à  fon  exiftcnce.  Jl  y  développe  ,  d'une  façon  très-lumineufe ,  une  idée  bril- 
lante qu'un  Phyficien  n'avoit  préfentée  qu'en  palfantjje  veux  parler  du  croifcment 
des  races  pour  la  perfeftion  de  l'efpece  humaine,  comme  pour  celle  des  animaux. 
11  étoit  d'autant  plus  en  état  de  donner  du  poids  à  cette  opinion  ,  qu'il  étoit  lui- 
même  le  produit  d'un  pareil  croifement ,  &  bel  homme.  Mais  ce  qui  rend  cet 
Ouvrage  encore  plus  précieux,  ce  font  les  excellens  préceptes  qu'il  y  donne  pour 
l'éducation  corporelle  des    enfans. 

yandirmondi  eft  encore  Auteur  du  DiStionnaire  de  fanté  ^  dont  il  y  a  eu  plufieurs 
éditions.  La  féconde  fut  publiée  à  Paris  en  1760  ,  deux  volumes  i/i-i2.  Il  ne  crut 
jamais  devoir  s'en  reconnoître  l'auteur  ;  il  n'y  avoit  que  fes  plus  intimes  amis  à 
qui  il  avoit  ofé  en  faire  l'aveu.  M.  Sue  le  jeune  a  fait  imprimer  à  Paris  en  1771  « 
in-8  ,  le  DiSHonnalre  portatif  de  Chirurgie ,  qu'on  peut  regarder  comme  le  troifiemf 
Tome  du  Didionoaire  de  fanté. 


476.  VAN 

De?  que  F'incent ,  Imprimeur.Libraire  de  Paris ,  eut  acquis  le  privilège  du  Joumai 
d'Oblcrvations  de  Médecine  ,  il  ne  crut  pas  pouvoir  mettre  ce  Recueil  périodique 
en  de  meilleures  mains  qu'en  celles  de  f^andtrmonde.  En  efFet ,  ce  Recueil,  donï 
Je  projet  avoit  été  imaginé  par  un  homme  de  Lettres  qui  n'é toit  pas  Mtdecin, 
&  qui  par  cela  môme  n'étoit  pas  en  état  d'infpirer  au  public  la  confiance  qui 
pou  voit  en  alTurer  le  luccès,  prit  fous  fa  plume  une  nouvelle  forme  &  une  nou» 
velle  coniirtence  qu'il  a  loutenue  jufques  vers  la  fin  de  1^76,  Ibus  la  diredVion  de 
M.  Roux^  Médecin  de  la  Faculté  de  Paris,  qui  a  remplacé /^an^ermonie  ,  &  qu'il 
foutient  encore  Ibus  celle  de  MM.  Dumangin  &  Bâcher ,  Dodeurs  de  la  même 
Faculté  ,  qui  travaillent  au  Journal  depuis  la  mort  de  M.  Roux.  C'eft  à  celui-ci 
que  je  dois  l'Article  de  F^andermonde  ^  je  l'ai  extrait  de  l'éloge  qu'il  a  fait  de  ce 
Médecin    à  la  tête  du  XVlIei  volume  de  l'Ouvrage  périodique  dont  je    parle. 

La  réputation  que  notre  Médecin  s'étoit  acquife  par  fes  Ecrits ,  ne  demeura  pai 
renfermée  dans  les  bornes  de  la  France;  l'Inllitut  de  Bologne  fe  hâta  de  l'adopter 
au  nombre  de  les  Membres.  M.  Becari  ,  Préfident  de  cette  Compagnie  ,  lui  écrivoit 
à  ce  fujet  ;  Vacquîjîtion  d'un  Membre  y  tel  que  vous  ,  ne  peut  que  faire  honneur  à  tout  le 
Corps:  il  devrait  vous  remercier  d'avoir  permis  que  votre  nom  fe  trouvât  parmi  les  nôtres  i 
mais  Vufage  ne  permet  point  aux  académies  de  s'exprimer  en  ces  termes  avec  leurs  yijjo' 
dés  :  fouff'rei  donc  que  je  le  fajfe   en  fon  nom. 

Jufques  ici,  nous  n'avons  repréfeoté  Vandermonde  que  comme  Auteur;  il  ne  mé- 
rite pas  moins  nos  éloges  comme  Médecin.  Sa  pratique  étoit  fage  &  prefque  tou* 
jours  heureufe  ;  aufli  la  confiance  du  public  augmentoit-elle  de  jour  en  jour  ;  & 
ce  qui  étoit  plus  flatteur  pour  lui ,  il  devenoit  l'ami  de  tous  ceux  dont  il  étoit 
Médecin.  L'humanité  faifoit  le  fonds  de  Ion  caraflere  ;  il  n'étoit  pas  moins  alîidu 
auprès  de  ceux  de  fes  malades  dont  il  n'attendoit  aucune  récompenfe ,  qu'auprès 
des  riches  qui  pouvoient  le  payer  &  même  le  récompenfer  :  les  regrets  des  mal- 
heureux à  qui  il  prodiguoit  fes  foins ,  ont  feuls  fait  connoître  tout  le  bien  qu'ils 
avoient  reçu  de  lui.  Bon  ami ,  perfonne  ne  rempliifoit  plus  exactement  les  de- 
voirs qu'impofe  ce  titre;  mais  aufli  exigeoit-il  un  peu  trop  de  rigueur  dans  l'exac. 
titude  avec  laquelle  il  vouloiî  que  ceux,  qui  étoient  liés  avec  lui,  en  remplirent 
les  devoirs  à  leur  tour.  Il  leur  pardonnoit  difticilement  les  torts  qu'ils  pouvoient 
avoir ,  &  il  faiiiflbit  toutes  les  occalions  de  leur  en  témoigner  fon  reflentimenr. 
Cette  foiblefle  ,  fur  laquelle  il  n'a  jamais  pu  fe  vaincre,  lui  avoit  fait  quelques  en- 
nemis ,  fuppofé  qu'on  doive  toujours  donner  ce  titre  à  des  gens  avec  qui  on  rompt 
tout  commerce.  Un  peu  plus  d'indulgence  pour  les  défauts  d'autrui  auroit  rendu 
fa  lociété  moins  contentieufe  ;  mais  la  véracité  de  fon  caradere  ne  fouflroit  ni  dé- 
tours ,  ni  finefle  ,  ni  l'ombre  de  l'artifice  ,•  comme  il  avoit  le  cœur  fur  la  main  \ 
il  vouloit  voir  celui  des  autres  à  découvert,  &  au  moindre  doute,  il  finiflbit  par 
être    foupçonneux. 

A  la  veille  de  contrafter  un  mariage  qui  faifoit  l'objet  de  tous  fes  defirs,  &  pour- 
lequel  il  avoit  déjà  pris   des  arrangemens,  il   fut  attaqué    d'une    fièvre   qui    le  dé» 
termina  à  fe  faire  quelques  remèdes,  quoiqu'il  la  crût  d'affez  peu  de  coniéquenceï 
pour  faire   avertir   aucun   de  fes  confrères.  Il    le    regardoit  convalefccnt,.  lorf(^u'ii  : 
mourut  fubitement  le  vendredi  28  Mai  1762. 


V    A    N       V    A    R  4?? 

Outre  les  matériauK  qu'il  avoit  raflemblés  pour  le  Journal  de  Médecine,  on  a 
■trouvé  dans  fes  papiers  quelques  Manufcrits ,  parmi  lefquels  il  y  en  a  un  fur  la 
Médecine  &  fur  les  Médecins  de  la  Chine  ,  compofé  en  partie  des  obfervations 
de  fon  père,  M.  Maloain ,  Docteur  de  la  Faculté  de  Paris  &  Médecin  ordinaire  de 
la  Reine,  a  ainfi  parlé  de  cet  Ouvrage  ,  page  8  du  premier  volume  de  fa  Chy- 
mie  Médicinale^  édition  de  1755.  »  J'ai  fait  ulage  du  Manufcrit  Chinois,  intitulé: 
»  Pen  Sau  Kan  Mou ,  dont  l'Auteur  fe  nomme  Li  Tchi  Sin  ;  c'ert  M.  de  Jujjlea 
»  qui  a  eu  la  bonté  de  me  le  prêter  pour  cet  ufage.  11  paroît  que  l'Auteur  de 
»  ce  Manuicrit  Chinois  y  a  fait  un  précis  de  toute  la  Médecine,  comme  quelques 
»  Savans  critiques  aflurent  qa'Hippocrate  a  fait  dans  lès  Ouvrages  le  précis  de 
»  toute  la  Médecine  des  Grecs,  Ce  Manufcrit  a  été  traduit  à  la  Chine  par  M. 
a  f^andermonde ,  Médecin  delà  Faculté  de  Paris,  n  C'eft  as  rand&rmonde  ^\s  perc,, 
dont  M.  Malouin  veut  parler. 

VAN  HELMONT.   Voyez   HELMONT, 

VAN  HOORNE,  Voyez  HOORNE. 

VARANDAL,  VARANDÉ  ou  VARAND^EUS  (  Jean  )  étoit  de  Nifmes , 
ville  du  Languedoc.  Après  avoir  étudié  la  Médecine  le  tems  convenable,  il  fut 
reçu  Bachelier  dans  la  Faculté  de  Montpellier  le  5  Juin  15B5  ,  fous  la  préfidence 
de  Jean  Saporta  ,  &  Dofteur ,  fous  le  même,  le  11  Avril  1587.  Il  fréquenta  en. 
fuite  les  exercices  des  Ecoles  en  qualité  de  Dofteur  ordinaire,  &  mérita,  par 
fon  adiduité  ,  d'être  nommé  en  1597  à  la  Chaire  que  Nicolas  Dortoman  laifla  vacante 
par  la  mort.  Après  celle  de  Jean  Saporta^  qui  ,  fous  le  titre  de  V^ice-Chancelier  , 
avoit  rempli  les  fondrions  d'André  du  Laurens  que  fa  charge  de  premier  Médecin 
du  Roi  retenoit  à  la  Cour,  F'arandi  fut  nommé  pour  lui  fuccéder  ;  en  1600,  il 
devint  Doyen  de  la  Faculté  par  la  mort  de  Jean  Blejln ,  &  il  mourut  lui-même 
le  dernier  jour  du  mois  d'Août  1617. 

f^arandéîux.  un  de  ces  favans  Profeflèurs  qui  firent  honneur  aux  Ecoles  de  Mont- 
pellier. Il  compofa  plufieurs  Traités  mieux  écrits  que  ceux  qui  avoient  paru  avant 
lui ,  &  débarraffés  de  ce  tas  de  recettes  frivoles ,  ainfi  que  de  cette  quantité  de 
remèdes  inutiles ,  dont  les  Ouvrages  des  Sénateurs  des  Arabes  avoient  été  fur* 
chargés  jufqu'alors.  Il  n'en  publia  cependant  aucun;  comme  il  n'avoit  point  d'a- 
mour propre  ,  &  qu'il  étoit  d'ailleurs  li  timide  qu»il  ne  craignoit  rien  tant  que  la 
cenfure  du  public,  il  n'ofa  jamais  produire  fes  Ecrits  au  grand  jour.  Mais  oà 
s'emprelTa  de  les  faire  imprimer  après  fa  mort,  &  c'eft  à  fes  Ecoliers  qu'on  en 
doit  les  éditions  :  il  fembloit  qu'ils  s'étoient  donné  le  mot  pour  publier  ,  chacun 
de  fon  côté,  les  cahiers  qu'il  leur  avoit  di^és.  Voici  les  litres  fous  lefquels  ils 
ont   paru  : 

Formula  remedlorum  internorum  &  externorum.  ffanovi<s  ,  1617,  in-8  ,  avec  le  fuivanr. 
par  les  foins  de  Pkrre  Janichius  de  Dantzick,  Monfpelii  ,    1620  ,  in-^ ,  avec  les  au- 
tres Ouvrages    de  F'arandé. 

Traclam  de  afeSibus  renum  S  vejlcee.   Hanovle  ,    1617  ,  in-8.  MonfpeUi  ,   i6ao-; 


473  V    A    R 

Phyfîoh^'ia  &  Pathohg'ia ,  qulhus  accejferunt  Tra&atas  Prognofllcus  c?  Tractatus  de  indi. 
'tatiOiubus  curacif's.    rldnaifix  ,  1619,  in-8.    Alonfpelii,   i6ao ,  m-8. 

De  murbis  &  ajfyJibus  Mullcram  Libri  très.  Lugduni  ^  1619  ,  i/i-8,  par  les  foins  de 
pierre  Mytzau.  Hanoria ,  1619  ,  in-8.  Monfpelii^  1620,  in-8,  parles  foins  de  Ro- 
main, de  la  Cfjie. 

Trj&atus  Tkerepeuticus  ptimus  de  morbis  ventrîcuU.  Monfpeli'i  ^  l6ao,  in-d.  Lugdu- 
ni  ,  i6ao  ,  in-d^  par  Claude  de  Bofls .,  Médecin  du  Forés. 

TraSatus  de  EUptuintiafi  feu  Leprâ.  Jtem  de  Lue  Fenereâ  &  Hepatitlde.  Geneva , 
i6ao ,  in-8. 

Comme  ces  difî'érens  Traités  étoient  devenus  tares  ,  Henii  Gras,  Médecin 
<îe  Lyon  ,  prit  le  parti  de  les  ralfembler  &  de  les  faire  imprimer  fous  ce 
«itre  : 

Opéra  omnia  ad  fideni  Codicum  ipjîus  ^tithoris  manufcriptorum  recognita  &  emendata, 
jpojlremâ  hàc  éditions  maliis  TraSatibus  nunquam  anteà  editis  audinra.  Lu^duni ,  1658  ^ 
in-folio.  Malgré  toute  la  diligence  de  l'Editeur  ,  les  Traités  Dt  Ekphamiafi ,  De 
Lue  f^enereâ  ,  De  Hepatitlde  manquent  dans  celte  colieéiion  I!  y  a  inféré  celui 
De  morbli  gcaicalium  ia  viris^  que  f^arandé  difioit  en  1617  &  qui  eft  demeuré  im- 
parfait i  &  un  autre  qui  doit  être  regardé  comme  l'interprétation  du  Livre  à'Hip- 
vocrate.  De  aatura  hominis,  lequel  fut  donné  à  riotre  Auteur  pour  la  matière  de 
fes  cours,  c'eft-à-dire,  des  leçons  qu'il  faut  faire  après  le  Baccalauréat  dans  la  Fa- 
culté de  Montpellier. 

l^aran.dé  eft  un  des  Ecrivains  que  Gui  Patin  fait  profeffion  d'eflimer  ,  lui  qui 
n'en  eftimoit  guère.  Il  dit  dans  la  lettre  datée  du  i6  Août  1647  ->  "  Je  \o\i%  puis 
»  affurer  ,  que  tant  que  mes  leçons  ont  duré ,  j'ai  pris  plaifir  de  dire  du  bien  des 
«  Médecins  de  Montpellier  ,\  ex  quibus  potijjimàm  colo  Joubertum   &  f^arandteum.  » 

VARENIUS,  C^^i'n^'^'^  )  ha^'ils  Médecin  Hollandois ,  vécut  fur  la  fin  du 
dernier  liecle.  On  a  de  lui  une  defcription  curieufe  du  Japon  &  du  Royaume  de 
Siam ,  qui  parut  en  Latin  à  Cambridge  en  167;^ ,  ift-8.  H  a  aulfi  écrit  une  Géo- 
graphie qui  porte  le  titre  de  Geographia  Univerfulis,  in  qua  affectiones  générales  TcU 
luris  explicantur.  C'eft  un  Livre  excellent  ,  dont  il  y  a  plufieurs  éditions,  ffaac 
J^ewion  l'a  eftimé  au  point  de  le  mettre  'en  Anglois ,  d'y  jomdre  des  notes ,  & 
de  le  publier  à  Cambridge  en  168 1 ,  in-8.  Cet  Ouvrage  a  été  traduit  de  l'Anglois 
en  François  :  Géographie  générale  de  rarenlus  ,  revue  par  Netn.n  ,  augmentée  par 
Jurin  ,  i^^SS  »  quatre  volumes    trt-12  ,  avec    figures. 

Matthias  cite  Henri  P^urenius  ,  mais  il  n'en  dit  rien  ,  finon  que  Joachîm  Tanke 
publia  en  1605  le  Recueil  des  Thefes  qu'il  avoit  Ibutenues  dans  les  Ecoles 
de  Médecine  de  Roftock  ,  Ibus  le  titre  fuivant  ;  Nofologia  ,  feu  ,  affeShtum  humanorum 
curatio  Hermeiica  &  Galenica.  f^arenius  étoit  mort ,  quand  Tanke  fit  imprimer  ce 
Recueil. 

VARENT  ,  C  Jacques  VANDER  J  d'Audenarde  en  Flandre,  paflTa  de  laFa- 
culte  des  Arts  dans  le  Confeil  de  l'Univerfité  de  Louvain  ,  le  premier  d'Oftobre 
Î549.  Comme  il  étoit  Licencié  en  Médecine  ,  il  obt  nt,  en  1556,  la  Chaire  de  Pro- 
filûeur  ordinuire  ,  à  laquelle  eft  attachée  une  prébende  de  la  nouvelle  fondation  dans 


V    A     R  4jr5 

îa  Collégiale  de  Saint  Pierre.  F'ander  r'arent  reçut  les  honneurs  du  Dod^orat  ea 
1561,  &  tut  trois  fois  Ilecteur  de  l'Univerlité  ,  la  première  en  156a.  Les  Hifto. 
liens  mettent  la  mort  au  25  Avril  1577,  &  dilent  que  Ion  corps  fut  inhumé  aU' 
près  de  l'autel  de  Saint  Luc  dans  l'Ej;i.fe  de  Saint  Pierre  à  Louvain  ;  mais  com- 
me ce  Médecin  n'a  donné  aucua  Ouvrage  au  public,  les  Bibliographes  n'ont  eu 
aucune  raifoa  de  parler  de  lui. 

VARIGNANA,  CBarthélémi^  Médecin  de  Bologne  ,  publia  en  1501  une 
Pratique  qui  roule  fur  le  traitement  des  maladies  qui  font  du  reflbrt  de  la  Mé- 
decine &  de  la  Chirurgie.  L'une  &  l'autre  de  ces  partie's  de  l'Art  furent  non  feu- 
lement les  objets  de  Tes  études ,  mais  il  les  exerça  encore  autant  bien  qu'il  étoit 
poffible  dans  ces  premiers  tems  du  renouvellement  des  Lettres  en  Italie.  11  pa- 
roît  que  la  famille  de  f^arignana  avoit  toujours  eu  affez  de  goût  pour  la  Médeci- 
ne., car  on  a    dit  d'elle  : 

F'arignana  Domus  Mîdicorum  fcmper  alumna. 

Guillaume ,  fils  de  Barthélémi ,  a  embrafl^  la  même  Profeffion.  Il  avoit  enfeigné 
la  Médecine  pendant  plufieurs  années  dans  les  Ecoles  de  Bologne ,  fa  patrie ,  lorl"" 
qu'il  fut  appelle  à  Gènes  ,  où  il  écrivit  les  Traités  fuivans: 

Sécréta  Medicin<s  ad  varias  curandoi  morboi.  Papia  ,  1519,  in-8.  feneùis ,  1520,  in-8. 
Lugduni ,  1526,  m  4  ,  1539,  in-8.  Bajîlea  ,  1597  , /n-8  ,  avec  les  notes  de  Gafpar 
Bduhin.  Bon  Ouvrage  pour  les  Médecins  polypharmaques;  car  on  y  trouve  un 
nombre  prodigieux  de  formules. 

Opéra  Medlca  de  curandis  morbis  univerfalibus  &  panîcularWus.  Bafilea ,  1545,  w-4, 
1595  ,  in.'fi.  Lugduni ,  1560  ,  in-8. 

VARIOLA.  Voyez  VALLERIOLA. 

VARNIER  ,  (  Louis  Jl  Doreur  en  Médecine  &  Membre  de  la  Société  Royale  de 
Châlons-lur-Marne  ,  naquit  à  Vitri-te-Fraoçois  en  Champagne,  vers  le  commence- 
ment de  ce  Gecle.  Attentif  aux  inconvéniens  qui  réfultent  de  la  faignée  du  pied  en 
certains  cas,  il  ofa  combattre  une  pratique  établie  fur  un  faux  fyftême  &  foutenue 
du  préjugé  du  public.  Il  publia  un  Mémoire  imprimé  en  174a  ,  in- 12  ,  fur  la  faignée 
du  bras  pratiquée  ,  enfuite  des  couches  ,  dans  le  cas  oii  elle  doit  être  préférée  à 
celle  du  pied.  Mais  ce  Médecin  ne  s'eft  point  borné  à  ce  qui  regarde  dired^ement 
la  cure  des  maladies  ,  il  a  étendu  fes  recherches  jufques  fur  l'Hiftoire  naturelle  de 
fon  pays,&  il  a  communiqué  à  l'Académie  de  Châlons  différens  Mémoires  qu'elle 
conferve  dans  fes  Regiftres.  Tel»  font  : 

Mémoire  far  la  marne  qui  fe  trouve  aux  environs  de    F'itri  le- François. 

Mémoire  fur  les  pétrifications  du  lieu  de  Soulains,,  EleEfion  de  Bar-fur-^ube. 

Obfervaiions  au  fajct  de  différentes  plantes  qu'il  a  trouvées  dans  la  Province  de  Cham^ 
pagne.  L'Auteur  lésa  lues,  en  1760,  à  la  féance  publique  de  la  Société  de  ChâloBS- 
fur-Marne. 

Mémoire  fur  quelques  plantes  rares ,  trouvées  dans  Us  environs  de  FUri-h-FrançoU^ 


ijSo  V    A    R 

VAROLI ,  (  Gonflant  )  Dotteur  en  Philofophie  &  en  Médecine ,  étoit  de  lîo. 
-îogne ,  où  il  naquit  en  1542  de  Sébafiien  F'aroU,  Il  enl'eignoit  la  Chirurgie  dans  les 
Ecoles  de  fa  ville  natale,  lorfque  le  Pape  Grégoire  XIII,  qui  fut  élu  le  13  Mai 
I572,rappella  à  Rome  peu  de  tems  après  fon  exaltation,  &  le  nomma  ion  premier 
JVlêdecin.  L'Anatomie  qu'il  démontra  publiquement  dans  la  capitale  du  monde 
chrétien  &  qu'il  enrichit  de'  plufieurs  découvertes  ;  l'opération  de  la  Taille  qu'il  y 
fit  avec  beaucoup  de  fuccèsj  les  grandes  connoiflances  qu'il  avoit  d'ailleurs  dans 
l'Art  de  guérir  ;  tout  cela  lui  mérita  une  réputation  fort  étendue.  On  le  regardoit 
comme  un  homme  qui  s'occupoit  férieuiement  de  tout  ce  qui  pouvoit  contribuer 
•aux  progrès  de  la  Médecine  ,  &  qui  étoit  fait  pour  en  accélérer  la  marche  ;  mais 
-une  mort  prématurée  l'enleva  à  la  République  des  Lettres  en  1575 ,  à  l'âge  de  3a 
ans.  Son  corps  fut  inhumé  auprès  de  celui  de  fon  père  dans  l'Eglife  de  Saint 
Marcel ,  où  l'on  mit  cette  épitaphe  fur  fon  tombeau  ; 

DEO    OPT.    MAX. 

Sebastiano  Varolio    Patri 
Et 

CONSTANTIO    FiLIO 

yix  trium  &  viginti  dierum  fpatià   d  fuperftiti , 

Qui  Medicinam.  &  Chirurgiam  percallens  , 

Eruendi  calcuU  peritljfimus , 

Cum  m  Gymnafio  Romano  Anatomlcam.  LeSfionem , 

Se&ionemque  projtteretur  , 

Gregorio  XIII   Pont.  Max. 

jidmodLtm.  gratus. 

jinnô  tetatis  futs  XXXII  , 

/gnotô   morbô  opprejjus  deceJJJt. 

Francisca  de  Angelis 

Marito  &  Fillo , 

PORTIA   DE    VIOLIS 

Socero  &  Marito  Bonon. 

De  fe  opt,  merk. 

MœsTiss.    PP. 

Obiit  ann.  Sd.  Hum.  M.  D.  LXXV, 

On  attribue  à  rWi  la  découverte  de  la  valvule  du  Colon  ,  ^celle  du  Prouffus 
trànfverfal  du  Cerveau,  ou  des  appendices vermiformes  qui, de  fon  nom,lont  ap. 
pellées  le  Pont  de  VaroU.  Il  eft  le  premier  qui  ait  apperçu  des  glandes  dans  le 
PZex.5  CWie,&  qui  ait  divifé  le  Cerveau  en  tro.s  parues  en  ^]°"^«,''^ '.«"'' ^^^"^ 
parties  de  l'ancienne  divifion,  le  commencement  de  la  ^oe'^^f  °"^"„*^J^,^\" 
qui  eft  contenu  fous  le  crâne.  Il  avança  même  que  c'eft  delà  que  partent  les 
nerfs,  dont  on  rapportoit  auparavant  l'origine  au  Cerveau.  Selon  lu. ,  le  ne  F  op- 
tique Daît  de  la  païïe  poftéricure  de  la  Moelle  allongée,  &  non   de   la  baie  d 


r 


T-    A    R        V    A    S  4Se 

''Cerveau  dans  fa  partie  antérieure ,  aînfi  que  Galien  &  d'autres  l'ont  préteodu.  C'eft 
dans  les  Ouvrages  fuivans  qu'on  trouve  ces  nouveautés  Anatomiques ,  mêlées  avec 
beaucoup  d'autres  recherches  que  l'Auteur  a  faites  fur  la  flrufture  du  corps  humain. 

De  nervis  opticis  Epljlola.  Patavii ,  1575  ,  îaS, 

uinatomLs  ,  five ,  di  refolutloae  corporis  .humani  LVjtI  quatuor.  Patavii,  1573,  i/i-8  , 
avec  des  planches  allez  défeé^ueufes,  Francofunl ,  1591  ,  i/î'8  ,  avec  la  Lettre  fur 
les  nerfs    optiques. 

VARUS  (  Antoine  )  étoît  de  Weiœar  dans  la  Thuringe ,  où  il  naquit  le  12  Dé- 
cetjibre  i^'?-  ^on  goût  le  porta  vers  la  Médecine  ,  &  il  s'y  appliqua  en  dif- 
férentes Univerfités  d'Allemagne  &  de  France  ,  mais  fur-tout  à  Paris  où  il  de- 
meura troi.«  ans.  A  ion  retour  ,  il  prit  le  bonnet  de  Dofleur  à  Bâie  le  19  Août 
1586,  &  pafTa  enfuite  à  Jene,  où  il  fut  d'abord  Profeflcur  extraordinaire  de  Logi- 
que ,  &:  quelque  tcms  après,  Profeffeur  ordinaire  de  Médecine.  Il  vécut  long- 
tems  dans  l'Univerfité  de  cette  ville  ,  car  il  en  étoit  l'Ancien  lorfqu'il  mourut  le 
ao  Août  1637  •)  ^  i'âgs  ds  ^o  ^°^>  ^^^  ^'3  rien  de  lui  que  des  Diflertations  Aca- 
démiques ,  comme  De  calcule  renum  &  vejîcx  :  Ds  vfa  Lienis  :  De  morbo  anicu- 
îari  feu  AnhrivJe. 

VASSES  ou  VASS^US  (  Jean^  étoit  de  Meaux  en  Brie.  Il  fut  un  des 
habiles  Médecins  de  la  Faculté  de  Paris,  il  en  fut  même  Doyen  en  15^2  fie 
continué  en  1533.  Comme  il  étudia  beaucoup  Hippocrate  &  Galien  ,  il  prit 
tant  de  goût  pour  les  Ouvrages  de  ces  anciens  Maîtres  ,  qu'il  en  traduiGt 
quelques-uns  en  Latin  &  les  publia  avec  des  remarques  de  fa  façon.  Il  a 
aufli  donné  des  pièces  qui  lui  appartiennent ,  &  qu'on  trouvera  dans  ia  lifle 
fuivante  : 

HippocratU  Liber  de  Ptifana  ,  cum  Galeni  Commentarils.  Parijîls^  ï543  > '«  8  »  Grec 
&  Latin. 

Epijlola  quâ  Ptifana  ufam  dzfendit  contra  Manardum.  ibidem,  IS43  »  *s-8,  avec 
le  Livre  précédent. 

De  judiciis  Urinarum  Tra&atai.  Ibidem,  1545,  «n-8.  LugJuni  ,  x^:\g ,  1553  ,  in^ji. 
Tigurl ,  1555  ,   £n-S ,  par    les  foins  de   Conrad  Gefner. 

Bippocratis  Libri  Epidemiorum  primas ,  lenius  &  fextus  ,  cum  Galeni  Commenrariis. 
Lugdunit  1550,  m-12.  Lipenius  cite  une  édition  de  Paris,  1546,  in-folio.  Chomden 
fait  de  même ,  en  parlant  de  ce  Médecin  dans  la  lifie  des  Doyens  de  la  Faculté 
de  Paris,  qui  eft  à  la  fuite  de  Ion  EJfai  Hijlorlqae  fur  la  Médecine  en,  France.  II  dit 
que  la  Traduftion  Latine  du  Commentaire  de  Galien  fur  les  Epidémies  d'Hippn~ 
crate  avoit  déjà  paru  ea  1546  ,  in-folio  ,  de  l'édition  de  Paris  qui  contient  816 
pages,  une  Table  &  une  Epitre  dédicatoire  à  Odon  de  Châtillon ,  Cardinal,  da. 
tée  du  11  Septembre  1545.  C'eft    la  bonne  édition. 

Galeni  Commentarii  très  In  primum  Prorhttid  Librum  Hippocratî  attributum.  hem  Com^ 
mentarii  quatuor  ia  Librum  Hippocratii  de  viciùs  ratloaein  morbis  acutis.  Lugduni,  1563, 

Î/2-I2. 

Il  y  a  quelques  difficultés  fur  l'Auteur  d'une  Anatoraie  du  corps  humain  réduite 
«n  Tables  ,  que  les  Bibliographes  annoncent  fous  ce  titre  : 

T  0  ME    SK  P  PP 


4§a  V    A    S        V    A    T 

Ludovici  F'affxi  Catalauaenjîs  in  ^natoimn  orporis  humanl  Tabula  quatuor.  Luîeîle\ 
1540,  1553,  in.folio.  Pcaetiis  ,  1544,  in-d,  Lugduni ,  155a,  1560,  //1-8.  En  Fran- 
çois par  /.  Canapé ,  Lyon  ,   1542.  Paris  ,  1555  »  "'"^• 

Plufieurs  Ecrivains  attribuent  cet  Ouvrage  à  un  certain  Louis  F'affé  ou  Le 
P^ajfeur  qui  naquit  en  Catalo3;ne  &  fut  dilciple  de  Jacques  Sylvius  d'Amiens.  Ils 
djfent  que  f^affé  ayant  fait  attention  à  la  peine  qu'on  avoit  de  recueillir  ton  ce 
que  Galien  &  les  autres  Anatomîlles  ont  écrit  fur  la  ftrut^ure  du  corps  humc^in  , 
travailla  à  remédier  à  cet  inconvénient,  en  drefTant  des  Tables  qui  fraient  le  che- 
min au  Traité  de  Galizn  qui  eft  intitulé  :  De  ufu  panium.  Ces  Ecrivain?  ajoutent 
même  que  l'Auteur  a  tellement  réuffi  daas  l'exécution  de  fon  deffein  ,  qu*ii  n'y  a 
pas  ^de  partie  du  corps,  fi  petite  qu'elle  foit,  dont  on  ne  trouve  la  dcfcription 
dans  Tes  Tables.  Tel  a  été  le  jugement  àe  Douglas  ;  il  y  a  cependant  plutieurs  par- 
ties que  ^ajfé  a  oubliées  ,  &  il  en  efi:  un  plus  grand  nombre  à  qui  il  manque  la  vérité' 
de  l'expreliion.  Le.  titre  de  l'Ouvrage  ne  s'accorde  pas  d'ailleurs  avec  l'opinion 
des  Bibliographes  fur  la  patrie  de  ce  Médecin.  S'il  fût  né  en  Catalogne,  il  au- 
roit  défigné  fa  patrie  par  le  mot  Catalanus  ;  &  CatalaunenJIs  veut  dire  né  à  Chft- 
lons-fur-Marne. 

La  variété  de  fentimens  au  fujet  du  pays  où  l'Auteur  de  ces  Tables  Anato- 
miques  a  pris  naiflance  ,  a  porté  certains  Ecrivains  à  les  attribuer  à  Jean 
Vajfaus^  dont  il  eft  queftion  dans  cet  Article.  Ils  fe  fondent  fur  ce  que  ce  Mé- 
decin fit  une  étude  particulière  de  la  ftrudture  du  corps  humain  ,  &  parvint  à  ija 
tel  degré  de  réputation  ,  qu'il  mérita  d'avoir  F2Jak  pour  difciple.  Le  changement 
de  nom  n'infirme  point  leurs  conjeftures  ;  ils  difent  que  l'Auteur,  à  l'exemple  de 
plufieurs  autres ,  s'eft  caché  fous  le  voile  de  ce  changement  par  des  raifons  qui 
n'ont  point  eu  lieu  ,  lorfqu'il  a  fait  paroître  les  Traités  que  tout  le  monde  recon- 
noît  pour  être  de  lui. 
On  met  la  mort  de  Jean  f^ajjaus  en  Novembre  1550. 

VASSEUR.,  (  Loui»  LE  )  de  Paris  ,  prit  fes  degrés  à  Montpellier  en  1658, 
11  a  lailfé  quelques  Ouvrages,  où  il  combat  les  opinions  de  Sylvius  de  h  Bot  fur 
l'acidité  du  fuc  Pancréatique.  Tels  font  : 

Di  Sylvlano  humcirt  trlumpbali  EpiJluJtS  ad  Petrum  .^iigvjîam  Rumphîum.  Ldd<e ,  lôf)'^  , 
in-12,  Parijiis^  1668,  /n-ia.  C'eft  ^flruc  qui  attribue  ces  Lettres  à  Le  Vajfeur  , 
mais^  d'autres  ,les  donnent  à  Drelincourt. 

Sylvius  coufutatus  ,  feu  ,  in  Pfeudo-Schuylli  veteris  falso  dic!<e  ab  eo  Midicine  dcfenfio- 
nem    ylnimadverfiones.  Ibidem,  1673,  ''^-12. 

11  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Claude  Le  Fajfeur ,  auflî  natif  de 
Paris.  Celui-ci  fut  reçu  Do(fteur  de  la  Faculté  de  fa  ville  natale  le  12  Od^obre 
1639. 

VATËIi,  CChriftian)de  Jutterboch  dans  la  Tburicge  ,  naquit  en  1651.  Il  étudia 
à  Witccmbero- ,  (Sz  après  avoir  reçu  les   honneurs  du  Dockrat  dans  les  Ecoles  de 
la  Faculté  de   Médecine  de  "cette  ville  en  1681,  il  prit  le  parti   de   s'y  fixer ,  dans 
l'efpcrancc  d'obtenir  quelque  emploi.  On  le   nomma  Médecin  Provincial  en  16^65. 
en  1690 ,  il  parvint  à  une  Chaire  extraordinaire ,  d'où  il  patTa ,  en  1692  ,   dans  1* 


V    A    T  455 

clafîe  des  Profefieurs  ordinaire».  Dès  l'an  1690,  fon  mérite  &  les  Ôbrervations  in. 
îéreflaotes  qu'il  avoit  communiquées  à  l'Académie  Impériale  d'Allemagne  ,  lui  avoient 
ouvert  l'entrée  dé  cette  Compagnie,  Tous  le  nom  de  Nicomachus.  Dans  la  fuite, 
il  fut  Médecin  de  la  Princeffe  Douairière  d'Anhalt  &  du  Prince  Régent  ,  &  conti- 
nua À  ie  diftinguer  par  l'enfeignement  &  la  Pratique  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  6 
Odlobre  1732,  à  l'âge   de  81  ans.  On  a  de  lui  un  Ouvrage  intitulé: 

Phyfiologia  experimentalis.  IFittiberj^£ ,  1701  ,  1712,  t/1-4.  Le  même,  fous  le  titre 
d'/njUtutiones  Medice  fuccln&h  aphorifmis  comprehenfs.  IbiJein  ,  1721,  in-4.  11  a  per- 
fedionné  cette  Phylioiogie  à  chaque  édition  ;  la  dernière  préfente  même  des  vues 
neuves  qui  ne  dcpareroient  pas  les  Traités  de  nos  Ecrivains  les  plus  récens.  Je 
pafTe  iur  les  Diilèrtations  Académiques  qu'il  a  fait  paroître  depuis  16S7  jufqu'ea 
1720  ;  elles  font  bien  faite* ,  &  à  ce  titre ,  elles  ont  mérité  l'approbation  des 
connoifièurs. 

VATER  ,  f  Abraham  j)  fils  du  précédent,  vint  an  monde  à  Wittemberg  ea 
1684.  Après  avoir  étudié  dans  plufieurs  UnivcrGtés  d'Allemagne,  fpécialement  dacî 
celle  de  fa  ville  natale  ,  où  il  reçut  le  bonnet  de  Do£teur  en  Médecine  l'an  1710, 
il  voyagea  en  Angleterre  &  en  Hollande  ,  &  s'y  fit  eftimer  des  Savans  II  profita 
fijtr-tout  de  fon  iéjour  à  Amfterdam  pour  lier  commerce  avec  le  célèbre  Rnyfch 
qui  lui  donna  des  inftruftions  particulières  fur  l'Anatomie,  &  lui  apprit  tout  lart 
de  ces  belles  injeftions  ,  qui  étoit  ion  grand  talent,  f^ater  fit  de  tels  progrès  à  l'é- 
cole de  Ruyfch ,  qu'il  parvint  à  l'adrefle  de  fon  Maître ,  &  qu'après  avoir  été  fon 
difciple ,  il  fut  fon    émule. 

Augufte,  Roi  de  Pologne,  employa  ce  Médecin  à  plufieurs  opérations  fecretes 
de  Chymie  ,  qu'il  exécuta  *  la  fatisfaftion  de  ce  Prince.  Il  paroît  delà  que  f^attr 
excelloit  dans  diëérentes  parties  de  fon  Art  ;  mais  comme  il  avoit  encore  d'admi- 
rables talens  pour  la  Chaire  ,  il  remplit  fucceffivement  les  devoirs  de  Profefleur 
d'Anaromie  ,  de  Botanique  &  de  Médecine  daOs  les  Ecoles  de  Wittemberg.  La 
réputation  qu'il  y  acquit  ,  foutenue  qu'elle  étoit  par  fes  découvertes  &  fes  Ouvra- 
ges ,  lui  mérita  une  place  dans  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  ainfi  que 
dans  les  Sociétés  Royales  de  Londres  &  de  Berlin.  Il  mourut  à  Wittemberg  en 
1752,  à  l'âge  de  68  ans,  &  laifTa  des  préparations  Anatomiques  qui  ne  cèdent  en 
rien  à  celles  de  Ruyfch.  Elles  compofoient  un  cabinet  magnifique  ,  dont  il  a  fait  'ui- 
même  la  defcription  qui  a  été  publiée  à  Helmftadt  en  1750  ,  in-4  ,  avec  une  Pré- 
face de  Laurent  fJeiJler  ,  lous  le  titre  de  J^ateri  Mufeum  ^natomicum  proprium.  Ses 
autres  Ouvrages  confident  en  Diifertations  Académiques  qu'il  a  données  depuis  1710 
jufqu'en  1750,  &  en  quelques  Traités  parriculiers.  Je  ne  grofîirai  point  ce  Di:lion- 
naire  du  titre  de  toutes  ces  Diilertatiotis  ;  je  ne  m'arrêterai  qu'à  celles  dont  les 
Auteurs  ont  fait  une  forte   danalyfe, 

Epiftnla  ad  Fridericum  Ruyfchlum.  1708.  j^mftdodamî ,  1714.  L'Aute^r  croit  que 
rair  s'infinue  des  vaifTeaux  aériens  dans  les  vaifleaux  fanguins  du  poumon,  &  il 
décrit  les  voies  de  communication  entre  ces  deux  efpecej  de  canaux.  M.  Pond 
ajoute  que  F'ater  s'étend  fur  la  ftrué\ure  des  organes  fécrétoires  &  fur  l'origine  des 
nerfs  du  cerveau.  Tout  ce  qu'il  en  dit,  n'eft  pas  toujours  conforme  aux  fentimcns 
de  Ruyjch  ;  mais  comme  il  ne  s'eft  point  borné  à  avancer  fes  opinions ,  &  qu'il  a 


43f  V    A    T 

ofé  attaquer  celles  du  Médecin  Hollandois ,  celui-ci   lui  a  fait    une   réponfe  pour 
défendre  fa  dodtrine. 

Novum  diveniculum  bllis.  Wiitehe.rgiS  ^  1710.  Il  y  parle  d'une  produftion  du  canal 
cholédoque  qui  fe  joignoit  avec  une  des  branches  du  canal  pancréatique  ,  &  fe 
perdoit  dans  le  rein. 

Programma  de  modo  quô  foramen  ovale  claudltur.  fbidem ,  I719  ,  în-4.  La  defcriptioQ 
qu'il  donne  du  Trou  ovale ,  eft  aflèz  bonne  ;  mais  on  fait  peu  de  cas  des  raifons 
qu'il  propofe  pour  expliquer  l'oblitération  de  ce  trou  dans  les  enfans  nouveaux  nés* 

Dt  meikodo  tranjplantandi  f^arlolas  pcr  infitlonem.  Ibidem  ^  1^10  ,  /n-4  L'Inoculation, 
déjà  connue  en  Allemagne  en  1720,  puifqu'on  étoit  en  état  de  differter  fur  fei 
avantages  &  fes  inconvéniens ,  a  tardé  encore  bien  du  tems  à  faire  fortune  dans 
ce  pays. 

De  vulaerum  inteftinorum  leihalltate.  ÏFittebergts^  1720.  Il  rapporte  quelques  cures 
fingulieres  de  plaies  confidérables  aux  inteftins,  mais  comme  il  les  met  au  rang, 
des  guérirons  extraordinaires,  il  ne  déclare  pas  moins  ces  fortes  de  plaies  mortelles. 
Les  connoifîances  &  la  dextérité  de  nos  meilleurs  Chirurgiens  ont  cependant  bien 
fouvent  mis  la  vie  des  malades  en  sûreté  ,  dans  les   grandes   plaies    du  bas-ventre^ 

Obfervatio  de  novo  dudu  falivaU  glardulie  Ungualis.  Ibidem,  1720  ,  1721  ,  1723  ^  i/1-4. 
Inftruit  des  recherches  de  Morgagni  &  àWeiJier  fur  le  trou  c<tcum  de  la  langue,  & 
fur  le  canal  excréteur  qu'ils  avoient  cru  y  aboutir,  Vater  entreprit,  dit  M.  Portai^. 
de  lever  le  doute.  Il  inje£\a  diverfes  liqueurs  dans  le  trou  de  la  langue,  &  par* 
vint  enfin  ,  après  plulieurs  tentatives  infruètueufcs  ,  à  découvrir  un  canal  qui  abou- 
tillbit  à  une  grolfe  glaaJe,  placée  à  la  baie  de  la  langue,  &  qui,  fuivant  lui,  com- 
munique avec  la  Thyroïde  par  quelques  canaux,  f^ater  en  donne  une  ample  def- 
cription  ,  ainfi  que  de  ion  canal  excrétecr;  mais  les  détails  qu'il  en  fait,  ne  iont 
pas  tous  également  juftes.  Des  Anatomiftes  plus  modernes  ont  dit  que  le  trou 
ctzcum  n'eft  autre  choie  que  la  rencontre  des  conduits  excréteurs  des  glandes  fi« 
tuées  dans  l'épaifleur  de  la  langue ,  6?  qui  fourniffent  une  f^Iive  épaifiTe. 

Jnannls  Curvi  Stmmedi  pugdlus  rerum  Indicarum  ,  quô  comprthenditur  hijloria  variorun 
S-mplicium  ex  fidia  orientait,  America,  aliifque  terra  panibus  allatarum.  fViiteberg<e  , 
1^22 ,  £1-4.  Il  a  traduit  cet  Ouvrage  du    Portugais. 

Catalogus  plantarum  exoncarum  Hord  Academici  ff^Utembergenfis.  Ibidem ,  1722  ,  în/L. 
Supplementum.  Ibidem^  1724,  ii>^.  Il  y  a  encore  une  édition  de  Wittemberg,  17-^8 , 
itt'é  ,  fous  le  titre  de  Syllabut  plantarum  potijpmùm  exoticaruin  qua  m  Horto  Medico 
^cademits    IVittembergenfïs   aluntur. 

Programma  de  Anatomes  utilitate  r's  morbls.  Ibidem  y  1723,  Il  parle  de  plufieur» 
maladie*,  &  prouve,  par  fes  propres  obfervations,  qu'il  e(l  indifpenfable  d'avoir 
de  grandes  connoiffances  en  Anatomie,  pour  bien  diriger  leur  traitement. 

Programma  de  laboribus  Anatomicis  &  Bntanicis.  1733.  "  ^^^^  compte  de  tout  C9 
qu'il  a   fait  pour  l'avancement  de  l'Anatomie  &  de  la    Botanique. 

De  vclore  &  fufficieatiâ  jîgnorum  Infantem  recens  natum  ,  vlvum  aut  mortuum  editum 
arguf.niiiim ,  ad  dijiidicandum  ii  infanticidlo.  17;^.  Il  y  a  plufieurs  chofes  curieufea 
■dans  cette  Differtation  ;  elle  répand  un  grand  jour  iur  les  fignes  qu'on  apporte ,  poo? 
fiiftinguer  fi  l'enfant  eft  né  mort  ou  vivant.   Dans  le  foupçoa   d'homicide,  il  n'efir 


V     A    T        V    A    V       V    A    U  4^5 

J.â^  îtioins  important  d'avoir  des  fi^nes  certains,  à  la  faveur  defquels  on  puilTe- 
décider  fi  la  pcrlbnne  noyée  jouiflbit  i^e  la  vie  juand  elle  a  été  jettée  à  l'eau  ,  ou 
fi  ell,e  étoit  morte.  Il  importe  également  de  favoir  ditiinsçuer  l'homicide  du  iuicide 
dans  les  pendus.  Ces  deux  dernières  matières  ont  occupé  ,  depuis  quelque  tems, 
des  Auteurs    déjà  célèbres  par  d'ai-tres  C>uvrages. 

Catahi^us  pr<eparata  Ruyfclilana  &  aliorum  cetebcrrimorum  virnrum  exhibens.  Î735. 
L'Auteur  y  'bit  Ruyfch  dans  les  travaux  ,  Sr  parle  des  principaux  Cabinets  d'A- 
oatomJe  &  d'Hiftoire    Naturelle  de  l'Allemagne. 

De  calculis  In  locis  inufitatis  natis  &  per  vias  infbl'tas  exdujîs.  1741.  f^ater  prouve 
qu'il  n'y  a  pas  d'endroit  dans  le  corps  humain ,  où  il  ne  puifTe  le  formtr  des  cou» 
erétions   pierreufes  ,  &  il   appuie  ce  qu'il  avance  par  diverfes  obfervations. 

Ce  Médecin  a  communiqué  pluiieurs  Mémo'res  intéreflans  aux  Académies  ,  dont 
ft  étoit  Membre  ;  oti  en  trouve  quelques-uns   dans  les  Tranfaiflions  Philolophiques. 

VATTIER  ,  C  Pierre  J  Médecin  de  Gafton  ,  Duc  d'Orléans  ,  étoit  d'un  en- 
droit voiiia  de  Lifieux  en  Normandie  ,  &  fleuriffî^it  vers  le  milieu  du  XVil  liecle. 
Comme  il  avoir  beaucoup  de  goût  pour  les  études  en  général  ,  &  qu'en  particu- 
lier il  étoit  extrêmement  verlé  dans  les  Langues  Grecque  ,  Latine  &  Arabe  ,  il 
s'appliqua  à  lire  les  Nataraiiltes  &  les  Médecins  anciens  ,  dont  il  fit  des  extrait;;.  On 
lui  doit  quel:iaes  verûons   d'Ouvrages  Arabes  qu'il  a  fait  imprimer  fous  ces  titici  : 

Hijtoire  Mahométanc.   Paris  ,  1657  ,  m-4. 

dibu^alii  C  Avlcenna  )  de  morhis  mentis  TraSatus,    Parlais  ,  165g  ,   jn.8. 

Elégie  de  Tho^rai.  Paris  ,  1660  ,  in.  8. 

L  Egypte  de   Murtadi  :  des   Pyramides  ,  da    débordement   du  M/  &c,    Paris  ,  1666 
fn-i2    Les  Savans  trouvent  les  traductions  de  f^attier  fautives  en  bien  des  endroits. 
Cet  Auteur  avoit  promis  de  mettre  tous  les    Ouvrages  à'Avicenne  en  Latin,  &  il 
a  efFedtivement  achevé  cette   entreprife  qui  loi  a  coûté  un  travail  immenfe  j  mais- 
y   s'eft  borné  à  publier  la  pièce  que  je    viens  d'annoncer. 

VAVASSEUR,  (  Guillaams  J  de  Paris,  fut  nommé,  en   1544,   premier  Chi- 
rurgien  de  François  I ,  Roi  de  France.  Il  traita  ce   Prince   d'une  incommodité  fe- 
crette    avec  tant  de  fuccès  ,  qu'il  mérita   toute  fa  confiance  depuis  cette  cure  ,  & 
qu'il  eut  même   auprès  de  lui  le  plus  grand  crédit.  Mais  il  n'en    profita    que    pour 
le  bien  public ,  en  particulier  pour  celui    de  fa    profeflicn   qui  avoit  befoin  d'ému- 
lation dans   le  XVI  fiecie.   Comme    il  étoit  un  de    ces    génies   rares,   piuti  t  faits- 
pour  donner  la  loi  que  pour  la  recevoir  ,    il  fe  fit  reconnoître  pour  Chef  du  Corps- 
des  Chirurgiens  de  Paris ,  .V   voulut  jouir   de  toutes   les  prérogatives   attachées    à 
ce  titre,  afin   de   pouvoir  diriger  par   ton   autorité  &  animer    par  Ion   e.semple  le 
zèle  de  fes   confrères  pour  ravarcemcot  de  leur  Art.  Il  y  contribua  efficacement  ^ 
en  obtenant  des   Démonftrateurs   pour   les  élevés  ds    l'Ecole  de  Saint    Côme,  qui 
dès  lors  ne  furent  plus. obligés  d'adifler  aux  leçons  des  Médecins, 

VAUGHAN  ,  (  Thomas  J  Auteur  de  Chymie  5î  de  Médecine  qui  s'cft  qneJ^. 
quefois  caché  fous  le  rom  à'FM^inlus  Philahtkes  ^  étoit  de  Newton  dans  la  Pr.C 
■vince  de  Hrecnock  au  Paya  de  Galles,  oii  il  naquit  en  i52i.  Apr^s  avoV  étudié 
la.  Philolophie,  il   fe  roit  dans  le  Clergé  de  fa  nation;  mais  les  troullci  &r,cn!^£- 


m  V  A  t7  ' 

en  Angleterre  lui  firent  abanàonner  cet  étaf,  pour  étudier  la  Médecine.  Il  s'y 
appliqua  à  Oxford,  &  paKà  enibite  à  Londres,  où  iî  s'occupa  de  JaChymie,  fous 
la  protection  de  Robert  Murray  ,  noble  Ecolîbis  qui  fut  le  premier  Prcfident  de 
la  Société  Royale  &  mourut  le  4  Juillet  1673.  faagban  étoit  grand  r.dmirateur 
des  Ouvrages  d'^grippa  ^  il  reconnoiflbit  même  lui  devoir  tout  ce  qu'il  favoit.  Plus 
attaché  encore  à  la  Société  des^  Frère?  de  la  Role-Croix  ,  il  adopta  tellement  leurs 
rêveries  ,  qu'il  eft  douteux  li  le  fanatrfme  qu'on  remarque  dans  fes  Ouvrages ,  ne 
l'emporte  pas  du  côté  de  fon  enthoufiafme  pour  cette  Société,  fur  fon  aveugle 
confiance  aux  Chymiftes  les  plus  paQîonnés  pour  la  recherche  de  la  Pierre  Philo- 
fophale.  Ce  Médecin  favoit  plufjeurs  Langues  Orientales  &  faifoit  aflez  paOablement 
des  Vers  en  Latin  &  en  Anglois.  Tous  les  Ouvrages  qu'il  a  compofés ,  font  écrits 
en  cette  dernière    Langue  ;    mais  trop   peu  intéreflans   pour  en  parler, 

F'aughan  mourut  fubiteraent  le  2^  Février  1666,  en  travaillant  à  une  prépara- 
tion de   Mercure. 

VAUTÎER,  (  François  )  n a uP  d'Arles  en  Provence,  alla  étudier  la  Médecine 
à  Montpellier,  où  il  prit  le»  degrés  en  i6ia.  Il  fut  delà  à  Pans,  &  réuflit  telle- 
ment à  s'introduire  à  la  Cour,  qu'il  parvint,  en  1624,  à  la  charge  de  premier 
Médecin  de  la  Reine  Marie  de  Médicis,  mère  de  Louis  XIIT.  L'afcendant  qu'il 
prit  fur  l'eiprit  de  cette  Princeffe,  fut  fi  grand,  qu'on  crut  qu'il  la  gouvernoit  ;  ce 
qui  engagea  le  Roi  à  profiter  du  mécontentement  que  les  démarches  de  la  Reine 
lui  donnoient ,  pour  lui  ôrer   ce  Médecin. 

La  cabale  formée  contre  le  Cardinal  de  Richelieu  s'étoit  extrêmement  fortifiée , 
beaucoup  de  gens  de  la  Cour  y  étoient  entrés  ,  &  l'on  crut  ce  Miniftre 
perdu;  rasis  ayant  eu  le  bonheur  d'entretenir  le  Roi  &  de  lui  faire  voir  les  in- 
teutions  de  ceux  qui  le  fervoient  fi  mal  auprès  de  fa  perfonne  ,  il  renverfa  le 
projet  de  tous  les  ennemis ,  &  excita  contre  eux  la  colère  du  Roi  qui  les  punit 
îéverement  :  c'eft  i  cette  occaiion  que  f^autier  {ut  arrêté  &  mis,  en  1631  ,  dans 
les  pril'ons  de  Senlis. 

Le  Roi  fouhaitoit  que  la  Rciî?e ,  fa  raere  ,  qu'il  avoir  laifTée  à  Compiegne  ,  fe 
Tendît  à  Moulins  pour  y  refter  :  &  dans  ce  cas ,  il  étoit  réiolu  de  lui  renvoyer 
yaiiùcr  qu'elle  demandoit  avec  empreffement.  Mais  quand  il  s'appcrçut  qu'elle 
s'obftinoit  à  demeurer  à  Compiegne  &  qu'elle  fembloit  même  décidée  à  y  prolon- 
ger fon  féjour ,  il  donna  ordre  de  transférer  f^aaûer  à  la  Barhlle  ,  pour  couper 
plus  sûrement  tout  ce  qu'on  fuppofoit  de  communication  entre  ce  Médecin  &  la 
Reine.  Celle-ci  fortit  enfuite  du  Royaume  5?  fe  retira  en  Flandre,  où  elle  demanda 
fouvent  qu'on  lui  renvoyât  F'<rjtier ,  mais  avec  plus  d'inftance  en  1633 ,  pendant  le 
cours  d'une  fièvre  continue  qui  dura  quarante  jours  &  qui  la  mit  en  danger.  Le  Roi 
qui  en  fut  informé  ,  dit  le  Père  Grifiet  dans  fon  Hiftoire  de  Louis  XÎIl  ,  »  fit  partir 
•n  les  fleurs  Piztrc  &  Riolan  ,  fameux  Médecins  de  Paris  ,  pour  l'alîifter  dans  cette 
w  maladie  ;  mais  elle  fit  mander  qu'elle  avoit  befoin  des  confeils  rie  f^am'ur  qui 
3>  étoit  toujours  à  la  Baflille.  On  lui  permit  de  le  confulter  par  écrit ,  &  on  refufa 
s>  de  le   lui    envoyer.  » 

T>  yant'ur  fut  ainfi  confulté  ;  mais  il  ne  voulut  pas  donner  fon  avis ,  difant  qu'il 
-Cl  îhlloit  abfolument  qu'il  vît  la  Reine-Mere  pour  pouvoir  juger  de  fon  mal  &  de* 


V    A    U  4Sf 

;,  remèdes  capables  de  la  foulager.  Peut-être  efpéroît-il  qu'on  feroît  obligé  à  la  fia 
.  de  le  tirer  de  la  Baftille  ;  mais  on  aima  mieux  que  la  Reine  le  palsât  de  ies  avis, 
»  par  rapport  à  la  fanté,  que  de  la  meure  à  portée  de  fuivre  aveuglément  les  con- 
«  leils    pernicieux    qu'il   auroit   pu    lui  donner    pour   fa  conouite.  « 

Le  procède  de  la  Cour  fait  voir  ce  qu'on  y  penfoit  lur  le  compte  de  ramier , 
&  combien  on  fe  méfioit  de  fon  caraé^ere  intriguant  ;  car  malgré  que  la  Reine 
eût  réitéré  plufieurs  fois  les  mêmes  demandes  ,  elles  ne  furent  pas  mieux  écoutées  , 
&  fon  Médecin  reita  à  la  Baftille  près  de  douze  ans  ,  c'eft-à-dire ,  julqu'à  la  mort 
du  Cardinal  de  Richelieu  en  1642.  11  reparut  alors  à  la  Cour,  &  il  y  reparut 
avec  une  conlidération  qui  lui  procura  ,  au  bout  de  peu  d'années,  la  place  de 
premier   Médecin  de  Louis  XIV. 

Après  la  mort  à'Héroard  arrivée  en  1627,  Charles  Bouvard^  Dofteur  de  la  Fa- 
culte  de  Paris ,  fut  nommé  premier  Médecin  de  Louis  XIII  ;  il  remplit  cette  char- 
cre  jafqu'à  la  mort  de  ce  Prince.  A  l'avènement  de  Louis  XIV  à  la  Couronne  , 
£ouvard  eut  le  crédit  de  faire  choifir  pour  premier  Médecin  Jacques  Coujînot ,  le  fils , 
Dodteur  de  la  Faculté  de  Paris  &  ion  gendre.  Celui-ci  étant  mort  en  1646,  Gau- 
tier fut  nommé  à  cette  charge  importante  ,  dans  laquelle  il  fe  foutint  avee 
honneur  jufqu'à  la  fin  de  fes  jours  qu'il  termina    en   1652 ,  à  l'âge  de  63  ans. 

On  voit  par  ce  que  nous  venons  de  rapporter  d'après  le  célèbre  ^ftruc , 
qu'il  y  eut  bien  du  haut  &  du  bas  dans  la  vie  de  Pautkr.  11  étoit  homme  d'elprit , 
habile  dans  la  profeliion ,  plein  de  fentimens.  Si  Gui  Patin,  en  a  dit  du  mal ,  c'eft 
qu'il  employoit  dans  fa  pratique  les  émétiques  antimonlaux ,  le  Laudanum  &  le 
Quinquina  ,  remèdes  abhorrés  par  ce  Médecin  Satyrique  qui ,  dans  la  lettre  LXX 
du  premier  Tome  ,  écrit  A  Spoa  que  ce  premkr  Médecin  du  Roi  étoit  le  dernier  du 
Royaume.  Mais  la  Cour  penlbit  mieux  fur  fon  compte ,  comme  il  paroît  de  la  Ga- 
zette de  France  du  24  Avril  1649,  où  il  eft  dit  :  Leurs  Majeflés  reconnoijfant  les  foins 
continuels  du  Sieur  Vautier,  premier  Médecin  du  Roi^  &  pour  marque  particulière  de 
leur  fouvenir  de  la  cure  par  lui  faite  en  la  perfonne  de  Monjïcur ,  Frère  unique  de  Sa 
Majejîé  ,  Font  gratifié  de  l'abbaye  de  Saint  Taurin  d'Evreux ,  vacante  par  le  décès  du 
Sieur  Du  Perron  ,  Evêque  de  ladliie  ville.  Ceci  prouve  que  Gautier  n'étoit  pas 
marié, 

VAUX,  f  Pierre  DES  J  connu  fous  le  nom  de  Petrus  de  P^allibus ,  étoit  de 
Bourges.  11  prit  le  bonnet  de  Doftenr  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  ,, 
dont  il  fut  élu  Doyen  en  Novembre  13C.5.  Si  je  parle  ici  de  lui  ,  c'eft  uniquement 
pour  avoir  occafion  de  dire  un  mot  de  la  rareté  des  livres ,  avant  l'invention  de 
l'Imprimerie,  qu'on  date  communément  de  J440,  Dix  ou  douze  volumes  compo- 
foient,dans  les  premiers  teras,  toute  la  Bibliotheqne  de  la  Facul.é  ;  on  en  trouve 
l'énoncé  dans  le  plus  ancien  des  Rcgifires  de  cette  Compagnie,  fous  IcDécanat 
de   Pierre  des  Vaux  : 

La  Concorde  de /ean  de  Saint- ^tnand ,  Chanoine  de  Tournay  &  MCdecin  de  Pa» 
ris ,  en  i2co. 

La  Concordance  de  Pierre  de  Snint-Flour ,  ou  San-Flnranus ,  aufiï  Médecin  de  la 
Faculté  ,  en  1325.  Le  Livre  de  Galien  ,  De  uju  partluin  ,  en  un  feul  volume.  Le 
Traité  de  Méfué ,  des  Médicameus ,  avec  la  pratique  du  même. 


I 


4^5  U    C    A        V    E    C 

L'Ouvrage  de  Rkatès  nommé  ordioaircment  :  Totum  Cominens  Rhap  ,  en  deux 
Tomes. 

Le  'l'raité  de  la  Thériaque. 

L'Antidotaire  A""  Alhukajh. 

L'Antidotaire  clbrifié  ,    ou  de  Nicolas  Myrepfe ,  de  l'an  1300, 

Un  Manufcrit  d^  Aviccnne  avec  les  Commentaires  de  Jacques  Defpan  ,  donné  par 
Jean  VL'iôque,  Doyen  en  i4;o  ,  51   &  52. 

Les  Livres  d'^vicenne  &  les  Commentaires  étendus ,  compoiés  par  le  même 
Jacques  Defpars^  que  cet  Auteur  légua  à  la  Faculté  par  ion  teftament. 

Avant  l'Art  de  riraprimerie  &  même  depuis  ,  c'eft  à-dire  ,  avant  que  les  Prefles 
fuflcDt  communes,  on  prenoit  les  précautions  les  plus  iLrupuleules  ,  lorsqu'on  prê- 
toit  un  Manufcrit.  Le  Roi  Louis  Xï  envoya  à  la  Faculté  de  Paris  un  député  ho- 
norable ,  ponr  lui  demander  qu'elle  lui  communiquât  deux  petits  Tomes  de  Rha- 
ses ,  à  deffein  d'en  tirer  copie  &  de  l'inférer  dans  la  Bibliothèque.  Gages  énormes , 
caution  ,  Notaire,  tout  fut  employé  pour  s'afiùrer  la  refHtution  du  Cominens  Rha- 
jïs.  Ce  qui  feroit  malhonnête  &  impraticable  aujourd'hui ,  ne  l'étoit  pas  apparem- 
ment il  y  a  trois  cens  ans.  Lfcs  Manulcrits  étoient  (î  précieux  alors,  qu'au  befoin, 
la  Faculté  de  Paris  les  engageoit  pour  des  fommes  allez  fjrtes.  Les  occafions  les 
plus  urgentes  étoienî  iorfqunl  falloir  envoyer  des  députés  aux  Cours  des  Princes, 
aux  Etats  Généraux,  aux  aflemblées  de  l'Egliie  Gallicane,  aux  Conciles  Œcumé- 
niques. Si  l'engagement  des  Msnulcrits  n'étoit  pas  la  feule  reffource  de  la  Faculté 
dans  ces  circonrtances ,  elle  y    eatroit  pour   beaucoup. 

L'invention  de  l'Imprimerie  ne  diminua  rien  de  l'eftime  qu'on  faifoit  des  Manuf- 
crits.  Leur  prix  excitoir  la  tentation  de  les  voler.  Ce  fut  pour  cette  raifon  qu'un 
Dofteur  de  la  Faculté  de  Paris  donna  ,  en  1509,  deux  écus  d'or  pour  enchaînet 
les  Livres,  river  les  chaînes  &  les  fixer  au  Bureau.  Comme  leur  couverture,  gar- 
nie de  peau  de  veau  ou  de  parchemin ,  éîoit  de  bois ,  elle  permettoit  de  les  tenir 
ainli  attachés. 

UCA Y ,  (  Gervais  )  Dofteur  en  Médecine  natif  de  Touloufe  ,  vécut  dans  le 
XVII  fiecle.  On  a  de  lui  une  Lettre  qui  a  étl  inff'rée  dans  les  Tranfaftions  Phi- 
lofophiques  ,  dans  laquelle  il  fait  la  defcription  d'un  Hermaphrodite;  vieille  erreur, 
dont  nos  pères  ont  eu  tant  de  peine  à  fe  déiabufer.  Mais  ce  Médecin  eft  plus 
connu  par  un  Traité  fur  les  maux  vénériens  qui  parut  d'abord  à  Touloufe,  &  qui 
fut  depuis  réimprimé  fous  ce   titre  : 

Traité  de  la  maladie  vénérienne ,  où  l'on  donne  les  moyens  de  la  connaître  dans  tousfes 
degrés,  avec  une  méthode  de  la  traiier  plus  sûre  &  plus  facile  que  la  commune ,  &  la  ré' 
folution  d'un  grand  nombre  de  Problèmes  trcs-curicux  fur  ces  matières,  Amllerdam  , 
1699,  '"-i^.  Paris  ,  if02.  If iB,i/i-i2,  L'Auteur  y  reconnoît  l'efficacité  du  Mercure 
mais  il  condamne  fon  ufage  en  frif\ion« ,  tant  à  raifon  de  l'incommodité  qu'il  trou,, 
ve  dans  le  traitement,  que  du  danger  qu'il  croit  pouvoir  en  réfulter.  C'eft  pour, 
quoi  il  préfère  les  préparations  mercuriellcs  ,  prifes  intérieurement. 

VECTIUS  VALENS,  Médecin  du  premier  fiecle,  qui  a   été   difciple    à'^pu^ 
Mus  CelfuSy  eft  vraifemblablement  le  même  que  C<elius  ^urellanus   appelle  f^alensU 

Phvficie^.. 


V    E    G       V    E    I  4S9 

Phyricieo.  PUne  parle  d'un  Ferlas  F'alens  qu'il  loue  beaucoup  pour  Ton  éloquence 
-&  qu'il  met  au  nombre  des  complices  des  débauches  de  MefTaline ,  femme  de  l'Em- 
pereur Claude.  Comme  cet  Hiftorien  ajoute  qu'il  fut  Auteur  d'une  nouvelle  fede , 
Leduc  a  pris  ce  P'aleas  pour  un  Médecin  ,  dont  la  doctrine  ne  différoit  de  celle 
de  Thémifon  que  par  quelques  changemens.  A  l'exemple  des  autres  Méthodiques  & 
dans  le  même  deffein,  il  chercha  à  fe  donner  de  la  réputation  dans  fon  Art,  en 
s'érigeaot  en  fonaateur  de  quelque  fe6te    qui  eût  l'air  de   nouveauté. 

Mais  les  anciens  Auteurs  qui  ont  parlé  de  Fe&lus  F'akns  cité  par  Plim  ,  ne  lui  attri- 
buent pas  la  qualité  de  Médecin  ,  &  delà  on  a  de  fortes  railbns  de  croire  que  Lederc 
a  confondu  l'aduirere  de  Meiïàline  avec  un  autre  perfonnage  du  même  nom ,  qui  fut 
difciple  é^ ^JpuLdus  Ceîfus.  Tache,  ne  donne  aucune  qualité  à  Veclius  F'ahns  qui  étoit 
de  la  Cour  licencieufe  de  MefTaline;  Senegue^  dans  la  plaifanterie  amere  qu'il  com» 
pofa  fur  la  mort  de  Claude  ,  ne  qualifie  point  ce  f^alcns  de  Médecin  ,  mais  il  in- 
Cnue  qu'il  étoit  Chevalier  Romain.  Tout  cela  a  fait  croire  à  M.  Goulin  qu'il  y  eut  > 
dans  le  même  tems ,  deux  f^ecîius  F'alens  ,  l'un  Médecin,  &  l'autre  Chevalier  Ro- 
main qui  fit  puni  de  mort  l'an  48  de  falut,  avec  les  autres  compb'ces  des  dé- 
bauches de    Hnfâme   MefTaline. 

VEGA,  fChrifiophe  DE  )  Dofteur  &  ProfefTeur  de  Médecine  ep  l'Univerfité 
d'Alcala  de  Henarez ,  fa  patrie,  ie  Ht  beaucoup  de  réputation  dans  le  XVI  tiecle. 
11  fut  Médecin  de  l'infortuné  Charles,  fils  de  Philippe  II,  Roi  d'Efpagne ,  qui 
mourut  le  25  Juillet  ijôb.ioit  de  maladie,  foit  de  mort  violente  ;  toute  l'Europe  a 
été  du  dernier  fentiment.  De  P'ega  l'urvécut  à  ce  malheureux  Prince  jufqu'en  1573  , 
&  lailTa  plufieurs  Ouvrages  qui  font  preuve  de  la  préférence  qu'il  a  donnée  à  la 
Médecine  Grecque  fur  celle  des  Arabes,  Voici  leurs  titres  &  leurs  éditions  : 

Commentaria  in  Hippocratis  Prognojika ,  adJitis  ^Innotadonibus  in  Galeni  Commenicrios. 
Salmantic£  ,  1551  ,  in-folio.  Complud ,  1553 ,  avec  les  Commentaires  du  Médecin 
dont  je  parle,  ibr  les  Aphorifmes  d' Hippocrate.  Lugduni  ^  1568,  1570, /n-8.  Taurini , 
1569,  i/i-B.  P^cnetils,  1571 ,  in-Q.  l'outes  ce»  éditions  comprennent  également  les 
Commeniaires  fur  les  mêmes  Aphorilmes. 

De  curatlone  carunculurum.  SalmanùctE ^  155^^»  In'folio,  Complud^  ï553î  avec  les 
Ouvrages  précédens. 

Commentaria  in   Libros  Galeni  de  differentiis  febnam.    Complud ,  1553. 

De  puljibus  &  urinis.   Complud  ,  1554  ,  i/i«b. 

De  methodo  medendi  Libri  très.  Lugduni ,  1565,  in'folio.  Compluti .,  1580»  In-folio^ 
Tous  ces  Ouvrages  ont  paru  en  un  volume  ,  même  format,  avec  les  notes  d 3 
Louis  Serranus ,  Lugduni  ^  1576,1587,  1626. 

VEGIUS,  (  Scipion  J  de  Milan  ,  fut  Proto-Médecin  du  Duché  de  ce  nom  ,  & 
mérita  le  titre  à'Efculape  de  fa  patrie.  Son  intelligence  dans  les  affaires  engagea 
François  Sforce  11  à  l'élever  ,  en  1529  ,  au  rang  de  Sénateur  ,  &  à  lui  donner 
différentes  commillions ,  pour  aller  traiter  avec  les  Princes  d'Italie.  Ce  Médecin  a 
écrit  l'HiRoire  de  Ion  tems. 

VEIGA  fThomas-Roderique  DE  J  étoit  d'Evora ,  ville  du  Portugal  dans  PA- 
kntejo.   Il  pafTa    pour   un  des  premiers  Médecins  de  fôn  pays.  Ses  contemporains 
T  0  M  E     ir.  Qqq 


49©  V    E    L' 

poulTerent  fi  loin  l'admiration ,  qu'ils  ne  furent  ce  qu'ils  dévoient  plus  cOimer  eit 
lui,  ou  la  i'ubtilité  du  génie,  ou  la  nobleiTe  de  Ion  élnqucnce  ,  ou  la  pr;ri>nleur 
de  fon  lavoir.  Ces  qualités  le  firent  aimer  de  Jean  111 ,  ion  Souverain,  &î  au  re- 
nouvellement des  études  dans  l'CJaiverfité  de  Coimbre  en  11^48  ,  ce  Princ.e  le 
nomma  à  une  Chaire  de  Médecine  qu'il  remplit  jufques  dans  un  âge  fort  avancé. 
Feiga  avoir  eu  dcfiein  de  faire  des  remarques  &  des  Commentaires  fur  tous  les 
Ouvrages  de  Gal'un ,  mais  il  s'eft  borné   aux  Ecrits  fuivans  : 

Commentariorum  in  Galenum  Toinus  prîmus ,  in  quo  complexus   ejî  interpretadonem  ^C- 
lis  Mcdicts  &  Librorum  fex   de  loch  affk&b.  ^ntvzrpitz  ,  1564  ,  in-folio. 

Commentarii    in   Libros   duos  Galeni   de  fcbrlum   differentiii.    Conimbrica;  ^   "5771  î'»-4» 

Commentaria  in  Libros  Hlppocraiis  de  vicias  ratiane. 

Praclica  Medica.   jiiccedit  Tractatus  de  funtanellis  &  cauteriis.  UlyJJlpone  ,  1678 ,  in-^, 

La  plupart  çjes  Ouvrages  de  ce  Médecin  ont  été  recueillis  &  imprimés  à  Genè- 
ve en  1586,  in-folio,  &  à  Lyon  en  1594,  même  format. 

VELIUS  ("Théodore  )  naquit  en  1572  à  Hoorne  ,  ville  de  la  Hollande.  Il  étoi't 
encore  bien  jeune ,  lorfqu'il  déclara  fon  goût  pour  la  Médecine.  Ce  fut  à  Leyde 
qu'il  en  commença  le  cours  ;  &  après  y  avoir  fait  quelques  progrès ,  il  fe  rendit 
à  Padoue  ,  où  il  fe  perfeftionna  &  prit  le  bonnet  de  Dodleur  le  10  Oflobre  1594. 
Peu  de  tems  après  fon  retour  à  Hoorne  ,  il  en  fut  nommé  Médecin  ordinaire  ;  il 
entra  même  dans  la  Magiflrature  au  bout  de  quelques  années  d'exercice  de  cette 
première  charge. 

yelius  pofl'édoit  les  Langues  Grecque  ,  Latine ,  Françoife  &  Italienne  ;  il  étoit 
habile  dans  fa  profelfion  ;  il  excelloit  dans  la  Poéfie  Latine  :  mais  comme  il  joi- 
gnoit,  à  tous  ces  talens  ,  le  plus  charmant  caractère  &  la  probité  la  plus  exaif^e  , 
il  fut  tellement  aimé  &  confidéré  de  tout  le  monde ,  qu'on  le  pleura  à  fa  mort 
arrivée  le  23  Avril  1630  ,  à  Page  de  58  ^ns.  Son  corps  fut  inhumé  dans  le  Tem- 
ple principal  de  la  ville  de  Hoorne ,  où  l'on  grava  fur  fon  tombeau  cette  épitapbe 
qu'il  s'étoit  faite  : 

Velius  hic   recubat ,  forfan  cul  fata  dedijjent 

Nonnullum  à  Jiudiis  nomen  habere  fuis  : 

PéEonis  ^rs  vernit ,  dam  multis    milUbus  illum 

jEgrorum  Medicà  cogît  adejfz  manu. 

Jpfc  fibi  P. 

Obilt  die  XXIII  ^prilis  ,  uinnô  Domini  M.  D.  C.  XXX. 

Ce  Médecin  a  compofé  un  Ouvrage  en  Vers  Héroïques ,  qui  fut  publié  à  Hoor*- 
ne  en  1617,  fous  le  titre  de  Weflfrifia.  Il  a  encore  mis  au  jour  les  Chroniques- 
de  fa  ville  natale,  qui  ont  paru  en  Hollandoi?  l'an  1604;  mais  elles  furent  aug- 
mentées, après  fa  mort,  dans  les  éditions  de  1645  ^  ^^  1648, /n-4. 

VELSCHlUSou"  WELSCH  (  GodefroidJ  étoit  de  Leipfic,  où  il  vit  le  jout 
le  12  Novembre  i6i8.  Ce  fut  dans  l'Univerfité  de  cette  ville  qu'il  commença  fes 
itudes  de  Médecine  ;  &  après  en  avoir  liiivi  les  Profefleurs  pendant  (quelques  ac«- 


V    E    L 


491 


nées ,  il  alla  fe  perfe<fiionncr  en  Italie ,  en  France  ,  en  Angleterre  &  en  Hollande. 
Li'occaGon  qui  ié  préfenta  de  s'exercer  à  la  pratque  ,  lui  Ht  accepter  la  place  de 
Médecin  dans  l'Armée  de  Torftenfon  ,  Générai  de  Chriftine,  i^eine  de  .Suéde; 
mai»  comme  il  n'avoir  pas  perdu  de  vue  l'établillement  plus  lo'ide  qu'il  ambition» 
noir  d'obtenir  à  Leiplic  ,  ii  y  retourna  &  demanda  le  bonnet  de  Dodleur  ,  qu'il 
reçut  le  4  Avril  1644.  Peu  de  tems  aprè»  la  promotion  ,  on  le  nomma  à  la  Chaire 
d'Anatomie  dans  les  Ecoles  de  la  même  vi;le  ,  d'où  il  pafla  à  celle  deThéraj^eu- 
tique,  dans  laquelle  il  continua  de  fe  diUinguer  jufqu'â  la  mort  arrivée  le  5  de 
Septembre  1690.  Il  étoit  alors  l'Ancien  de  la  Facu'té.  Ce  Médecin  a  mis  au  jour 
des   Ouvrages  qui  lui  ont    tait  honneur;  on  remarque  le*;  fuivans; 

Hiftoria  Mtdica  novum  puerperarum  mot  hum  continens ,  qui  ipjh  der  Friefel  dicitur, 
Lipjîa  ^  1655  ,  //1-4.  Il  eft  le  premier  Médecin  Allemand  qui  ait  écrit  fur  cette  ma» 
ladie.  C'eft  une  fièvre  miliaire  ,  plus  commune  en  Allemagne  que  par-tout  ailleurs, 
parce  que  les  Accouchées  y  font  ordinairement  mal  conduites.  11  y  a  long  tems 
qu'on  a  reconnu  que  cette  fièvre  eft  produite  par  la  chaleur  étotfiante  dans  la- 
quelle on  tient  les  femmes  durant  leurs  couches.  On  les  lurcharge  de  couvertures 
dans  leur  lit,  on  les  tient  dans  des  chambres  chaudes,  dont  l'air  n'e^  que  peu  oa 
point  renouvelle.  Plulîeurs  Médecins  fe  font  récriés  contre  cette  pernicieuïè  mé- 
thode ;  mais  comme  elle  eft  établie  fur  d'anciens  préjugés ,  ils  ne  font  point  en- 
core parvenus  à  convaincre  le  public  du  danger  ,  dans  lequel  l'excès  oe  chaleur 
&  le  défaut  du  renouvellement  de  l'air  précipitent  tant  de  femmes  accouchées, 
&  généralement  tous   les   malades. 

Rationale  vulnerum  lethaLlum  judicium.  Lipjïte  ,  1660,  1674,  1684,  in  8.  En  Alle- 
mand ,  Nuremberg  ,  1719,  in-8.  L'Auteur  examine  la  nature  des  plaie^  les  plus 
graves,  fuivant  l'ordre  méthodique  qu'il  prend  pour  la  divilion  du  corps  humain, 
&  il  en  détermine  le  danger,  tant  fur  les  décifions  de  la  Faculté  de  Leipfic  ,  que 
fur  le  fentiment  des  Ecrivains  qui  !e  l'ont  attachés  à  cette  partie  de  1»  Jurifpru- 
dence  Médicinale.  Il  pouflè  cependant  trop  loin  la  févérité  de  l'es  jugemens  ; 
car  il  déclare  mortelles  bien  des  plaies  qui  ne  deviennent  telles  que  par  ac- 
cident. 

De    MeJicis    6f  medicamenns  Germanorum.  Lipjle ,  1688,  m-4. 

■VELSCHIUS,  (  Chriftian-Iyouis j)  fils  du  précédent,  vint  au  monde  à  Leipfic 
le  72  Février  1669.  A  l'exemple  de  fon  père ,  il  voyagea  en  Italie  pour  profiter 
des  leçons  des  grands  Maîtres  qui  faifoient  alors  tant  d'honneur  aux  UniverCtés 
de  Padoue ,  de  Bologne  &  de  que,lques  autres  villes.  Dès  qu'il  fut  de  retour  en 
Allemagne,  il -fongea  à  prendre  fes  grades  :  en  1690,  il  reçut  le  bonnet  de  Maî- 
tre-ès-Arts  à  Leipfic,  &  en  1693,  celui  de  Dodleur  en  Médecine  à  Wittemberp, 
Cette  promotion  n'empêcha  pas  la  Faculté  de  Leipfic  de  l'aggréger  à  fon  Corps  en 
1700,  parce  qu'elle  ne  voulut  point  être  privée  d'un  homme  qui  pouvoir  lui  faire 
honneur.  11  remplit  en  cHét  l'attente  qu'on  avoit  conçue  de  lui,  &  fe  fit  tellement 
cftimer  de  fes  Collègues ,  qu'il  emporta  leurs  regrets  dans  le  tombeau  le  premier 
Jour    rie  Janvier  i7i9.-On  a  de  lui: 

Compen  '■  i )fii   Jlatàs    hominis  naturalls  hiftoria.  Bafilea ,  1692,    tn-4. 

£ajïs  JSotanica  ,  /è«,  brevis  ad  Rem  Hcrbarlam  manuducilo ,  omnes  plantarum  panes  g 


49»  V    E    L 

unà  cum  earumdem  vinutibus ,  fecundàm  novijfinia  Botantcorum  fandamenta  ^enerali  qaà^ 
dam  meihodô  demonjlrans  ;  cum  Onomaftico  plantarum  in  climat  e  Lipjîenjî  crefcentîum. 
LipJΣy    if^97->  in  12.  Le  favant  Haller   ne  fait  aucun  cas  de  ce    Traité. 

Tabula  ^natomicts  LXI  univerfam  humani  corporis  fabricam  perfplcuè  ac  fuccindè 
exhibent  es.  J bide  m  ^  1697,  1712,  in-folio,  hes  premières  planches  repréfentent  les  inf- 
trumens  néceflaires  aux  dillèctioas  ;  la  cinquième  jufqu'à  la  vingt-deuxième  appar» 
tiennent  à  l'Oftéologie;  la  vingt-troiGeme  peint  la  ftru(fture  de  quelques  mufcles;. 
les  fuivantes  fe  rapportent  aux  autres  parties  du  corps  humain ,  fpécialement  aux 
vifceres ,   dont  les  figures  font  nombreufes. 

VELSCHIUS,  C George- Je rôme  )  né  à  Ausbourgle  28  Oftobre  1624  de  Gafpar, 
Apothicaire  de  cette  ville  ,  fe  fit  beaucoup  confidérer  par  la  diverfité  de  fes  talenSi 
11  apprit  les  Belles-Lettres,  la  Philolophie ,  les  Langues  Grecque»  Hébraïque  & 
Arabe,  la  Muiique  fi  la  plupart  des  Art*,  libéraux;  aufli  parut-il  comme  un  pro- 
dige dans  les  principales  Univerfités  d'Allemagne  ,  entre  autres  dans  celles  de  Tu- 
bingue  &  de  Strasbourg,  où  il  s'étoit  rendu  pour  fe  perfectionner  dans  la  Philofo- 
phie.  Uèi-  qu'il  y  eut  tait  ces  admirables  progrès  qui  lui  méritèrent  l'cftime  de  fcs 
Maîtres,  il  apprit  encore  le  Syriaque  &  même  un  peu  de  Théologie.  La  Médecine 
fut  enfuite  le  principal  objet  de  iés  études  ;  il  s'avança  tellement  dans  cette 
ijcience,  qu'il  obtint  le  bonnet  de  Dofteur  à  Bâle  en  1645  Bientôt  aprè^ ,  il  voya- 
gea en  Italie  ,  s'arrêta  à  Padoue  ,  &  fut  reçu  par  tout  avec  honneur  &  diflindion- 
11  revint  dans  fa  patrie  vers  la  fin  de  1649  ^  °^  tarda  point  à  fe  livrer  à  la  pra- 
tique," il  acquit  môme  tant  de  réputation  par  les  fuccè?  de  fes  cures,  que  le  Col- 
lège de»  Médecins  d'Ausbourg  fe  glorifia  de  l'avoir  pour  Membre,  &  que  l'Aca- 
démie des  Curieux  de  la  Nature  s'empredà  à  le  mettre  au  nombre  de^  liens ,  fous 
le  nom  de  Nejlor  \.  Il  correfpondit  parfaitement  â  cet  honneur  ,  car  il  communi- 
qua  quantité  d'obfervations   intéreflantes  à  cette  Conipi:gnie  de  Savans, 

F'eijckius  étoit  un  peu  entêté  de  rAftrolo3;ie,  qui  de  fon  tems  avoit  beaucoup 
d'influence  fur  la  Médecine.  I!  aimoit  li  paffiannémcnt  la  lecture ,  qu'on  peut  dire 
qu'il  dévoroit  les  fivresi  il  aimoit  également  à  écrire,  car  à  fa  mort  arriviie  l'on- 
zième jour  de  Novembre  1677  ,  on  trouva  dans  fon  Cabinet  pl-fieurs  Ouvrages 
imparfaits,  mais  prêts  à  recevoir  la  dernière  main.  Parmi  ces  Ouvrages,  il  y  eu 
avoir  de  ceux  d'autrui  ,  qu'il  s'étoit  propofé  de  publier  avec  des  augmentations  , 
ides  notes  &  des  corrections.  Il  eft  étonnant  combien  de  Livres  ce  Médecin  avois 
entrepris  de  compofer  ou  de  perfedionner  i  parmi  ce  grand  nombre  on  ne  con- 
itoît  que  les  ILiivans  qui  aient  vu  le  jour. 

Dijjcnatio  de  jE^agroptîls  ,  fivc  calcuUs  in  Rupicapraram  ventriculis  reperiri  folitls, 
Ajgujte    f^inddi£orum ,    1660 ,    1668 ,    in-/^. 

Sylloge  curjtionum  CJ*  obfervationum.  Medicimlium  ,  Centurie  VJ.  Ulmte^  1668,  J1-4. 
liCS  obfe-rvations  de  Marcel  Cum  anus  ^  de  Jérémie  Manias,  d'^Jiille  Gajferus ,  à'if- 
ddlrlc  Rumler  de  Jérôme  Reufner  ,  de  Prevot  &  de  5Zcgc/ ,  lui  ont  fourni  le  fonds 
de  ce   Recueil. 

Exercitatio  de  yena  Medinenjl  ad  mentem  Ebn  Sine ,  flve ,  de  Dracunculïs  Feterum^ 
fpecimen  exhibcas  aive  verfionis  ex  ^Jrabico ,  cum  Commentariis.  ^ugujle  P^indelicorum  3 
j6f4,  i«-4,  avec  un  Traité  intitulé  ;  Di  f^ermicuUs  ca^Ularihi  infaniium. 


V    E    L  4^3 

llecatofihea  dute  ohfervatînnum  Phyjïco-Medicarum.  Ibidem^  1675,  1/1-4.  On  y  trouve 
l'hiftoire  de  quHqu^s  maladies  rares, 

Somnium  F'indidani ^  f^ve ,  Dejiderata  Medicin£,  Ibidem^  1676,  i/i-4-  Cet  Ouvrag» 
eft  écrit  dans  le  goût   des  contes  fabuleux. 

Curatinnum  exoticarum  Chiliades  duts  &  confîliorum  Mcdiclnalium  Centurla  quatuor^ 
cum  adriotationibu:  JbUem ,  i6q8,  /n-4.  Les  quatre  Centuries  de  GODlultations  avoient 
paru  plus  de  vingt  ans  ai.pfravant,  &  comme  l'Auteur  les  avoit  dédiées  au  Sénat 
de  Venile  ,  il  reçut  une  lettre  pleine  d'éloges,  que  le  Doge  Louis  Comarini  lui 
écrivit  le  2  Jdnvier   if^jG ,    au  nom  de  la  Seigneurie. 

Curaiionum  propiiuruiii  6?  confilinrum  Mcdioram  Décades  X.  Ibidem^  1698,  (n-4.  Il 
fuivit  la  méthode  de  Ion  teras  dans  le  traitement  des  maladies;  les  remèdes  chauds» 
&  ces  Bézoardiques  fi  vantés  &  fi  inutiles  ou  nuiljbles ,  teooient  le  premier  rang 
dan>  la  tievre.  La  manière  dont  il  trace  la  plupart  de  fes  obfervations  eft  d'autant 
plus  défedueufe ,  qu'il  s'attache  moins  à  carai^érifer  les  maladies,  qu'à  donner  les 
foritiules   qu'il  croit  propres  à  les  guérir. 

F'e.fch.ui  travailla  long  tems  à  IHifloire  de  la  Médecine  qu'il  fe  propofoit  de 
metcie  au  jour,  mais  il  mourut  lans  ('avoir  achevée.  Il  s'occupa  beaucoup  du 
Iraitê  De  fcriftis  Medicis  publié  par  Fander  linden;  outre  les  additions  &  les  cor- 
rechons  qu'il  cbtrchoit  à  y  faire,  il  vouloir  y  joindre  les  jugcmensque  les  Savan» 
ont  portés  fur  les  Ouvrages  repris  dans  le  lîecueil  de  ce  Bibliographe.  Il  s'oc- 
cupa encore  de  la  Chronologie  des  Médecins  &  de  l'Hilîoire  de  ceux  qui  fe 
font  diftingués  cLez  les  Orientaux.  On  a  trouvé  là  deflus  des  Mémoires  dans  fa 
Bibliothèque. 

VELSIUS  ou  WELSENS,  f  Jean- Guillaume  )  Médecin  &  Mathématicien 
natif  de  Léwsrde  cr.  Frife  ,  a  écrit  des  obfervations  aftronomiques  &  géométriques  , 
ainfi  que  des  Centuries  de  ceux  qui  fe  font  fait  mourir,  ou  qui  ont  péris  par  les 
mains  de  la  juftice.  Pitoyable  matière  pour  en  tirer  le  fujet  d'un  Livre!  1)  doit 
faire  gémir  l'humanité,  puifqie  d'une  part,  on  n'y  trouve  que  des  traits  de  folie 
ou  de  deielpoir  ,  &  de  l'autre  ,  tous  les  crimes  qui  ont  été  punis  du  dernier,  fup- 
plice.  Fofpeas u  parlé  de  ce  Médecin,  mais  il  n'a  rien  dit  du  tems  auquel  il  a  vécu. 

VELSIUS  ou  WELSENS  (  Jofië  J  vint  au  monde  à  La  Haye  au  commence- 
ment du  XVI  fiecle.  Après  avoir  achevé  fon  cours  de  Ihiloibphie  à  Louvain,  U 
ne  fut  trop  quel  parti  prendre;  la  Médecine,  la  Théologie.  les  Belles-Lettres, 
furent  tour  à-tour  les  objets  de  fes  études,  La  Médecine  par*  ît  cependant  l'avoir 
fixé  davantage  ,  puifqu'il  en  prit  le  bonnet  de  Doékur  dans  les  Ecoles  de  la  Fa- 
culté de  Louvain  en  1541.  Mais  quatre  on  cinq  ans  après ,  il  abandonna  cette 
ville  par  la  crainte  de  i'inquilition  ,  &  fe  retira  à  Strasbourg  ,  où  les  Protelians 
vivoient  en  sûreté;  il  évita  néanmoins  de  fe  déclarer  ouvertement  de  leur  parti. 
En  V551  ,  il  fe  rendit  à  Ma'-purg  où  il  enleigna  publiquement  pendant  quelques 
mois.  Apparemment  qu'il  s'y  fit  de  la  réputation,  puH'que  Pierre  Ni^idius ,  Redeur 
du  Collège  des  Humanités  de  cette  ville,  a  ainfi  parle  de  lui  dans  ces  Vers  rap- 
portés par  Freher: 


494  V    E    L 

Felfîus  hue  venîens ,  paucos   tantummodà  menfes 

In.  nojîra   cœpit  rite  dncere  fcholâ. 
Cur  verà  rurfus  fuhito  difcejjerit  idem  , 

Akfcio  ;  nec  quonùm  vene.ru  ipfe  fcio. 
Eximius  fané  vir  hic   exjiuit  ;  atque  Galenif 

Slcut  &  Hippncraiis ,   noverat  ille  libros, 
JjCgit  AriftoteLim  ,  monument aque  dia    Platonis . 

Excdlens    McdiCUi ,    vir  polyhijlor  eraK 
Quin   etiam  jujjk  Grtsch  conjcripia  libellis 

Jlomand  pariter   more  Latina  l  .qui. 
Jn   Tabnlam  fcripfit  Thebani  muUa  Cebetis , 

Magnificâ  ptenos  utditaie  libros  : 
Z)ignus ,  ob  e^regias  igiiur  ,   quas  noverat^  artes  ^ 

Matnufalamteos   aquiparare   dics. 

On  voit  ,  par  ces  Vers  ,  que  Nigldius  n'a  pas  fu  que  Fdfius^  après  avoir  quitté  bruf- 
«quement  Marpurg ,  étoit  paffé  à  Cologne,  Les  Magiftrats  de  cette  dernière  ville  lui 
accordèrent  d'autant  plus  volontiers  une  Chaire  de  l'hilolophle ,  qu'ils  s'imaginèrent 
que  ce  Médecin  n'avoit  quitté  Strasbourg  que  pour  caule  de  religion.  Mais  fes 
mauvais  ientimens,  par  rapport  à  l'Eglile  Catholique,  ayant  bientôt  trantpiré, 
rUniverlité  de  Cologne  condamna  un  de  fes  Ouvrages  &  le  qualifia  de  hbelle 
diffamatoire  ,  féditieux  &  hérétique  ;  lui-môme  fut  emprilbnné  &  enfin  chaflé  du 
territoire    de  cette   ville. 

Après  cette  démarche,  ce  Médecin  ne  fit  plus  qu'errer  d'un  endroit  à  un  autre- 
Vers  la  fin  de  fes  jours ,  il  repaifa  en  Hollande ,  où  il  le  mit  à  dogmatiier  &  pré- 
tendit prouver  la  million  parues  miracles;  mais  la  Régence  de  Leyde  le  bannit 
de  fa  Jurifdiclion.  Il  écrivit  alors  contre  ces  Magiftrats  pour  fe  venger  de  l'atiront 
qu'il  en  avoit  reçu ,  &  il  alla  finir  ailleurs  une  vie  qu'il  avoir  rendue  miferable  par 
ies  rêveries ,  Ion   obftination  &  fes  erreurs. 

On  a  dit  que  F'djius  a  excellé  dans  lu  'Botanique  &  la  Médecine  ,  mais  il  ne 
refte  aucune  preuve  de  fon  habileté  dans  ces  Sciences  ,  à  l'exception  du  vo- 
lume fuivant   qui    traite  de  différentes  matières  qui  ont  rapport  à    la  ieconde. 

Oratio ,  utrum  in  Medico  variarum  Ariium  ac  Scienciarum  cognitio  dejlderetur.  Hip- 
jjocratis  de  injbmniis  Liber ,'  &  Galeni  de  ea ,  qa<e  ex  infomniis  habetur ,  affe&uum 
d.gnodone  Tractatui  à  fe  converjî.  f^aria  infuper  leciio  ^phnrifmi  quinti  Hippocraiis  ,  & 
GaUni    ad  eumdem   Commentariui.    Bafilets^   1540  î    ï543>  '''-4-  -^ntverpite,  1541 ,  i«  8* 

VELTHUISEN  ,  C Lambert  j)  favant  Ecrivain  du  XVII  fiecle  ,  était  d'Utrecht 
où  il  naquit  en  i6aa.  Apre*  de  bonnes  études  d'Humanités  &  de  Phiofophie ,  il 
ie  fit  recevoir  Dodteur  en  Médecine,  mais  il  n'exerça  jamais  cette  prnfelîion.  Em- 
porté par  Ibn  goût,  il  s'appliqua  davantage  à  la  'l'héologie  &  à  la  PhiUjîopV.ie;  & 
comme  il  étoit  zélé  partifan  de  Defcanes  ^  il  en  défendit  les  opinions  contre /^od-t/w, 
avec  toute  la  chaleur  que  les  gens  de  Lettres  ne  manquent  guère  de  mettre  dan« 
ifis  démêlés    foutenus  par  l'efprit  de  parti. 


V    E    N  495 

Vdihulfcn  entra  dans  la  Magiftrature  d'Utrecht,  &  il  en  remplit  les  fon<ftions 
pentliiit  pluficurs  années;  mais  ies  ennemis  ayant  trouvé  moyen  de  le  dépofleder 
de  cette  charge ,  il  vécut  dans  la  retraite  jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  16B5  ,  à  l'âge 
de  63  ans.  Ses  Ouvrages  ont  paru  en  1680  à  Roterdam  ,  deux  volumes  ir.'^  ;  le  fé- 
cond renferme  pluficurs  Traités  de  Philofophie  ,  d'Aftronomie  ,  de  Phyfique  &  de 
Médecine.  Parmi  ceux-ci,  on  remarque: 

Tra&jtus  Phyjico-Mcdlci  duo  ,  unus  de  L'.ene ,  alter  de  generatione.  Ils  avoient  déjà. 
été  imprimés  à  Utrecht  en  1657  &  en  1675,  in-12. 

VENEL ,  C  Gabriel-François  )  de  Pézenas,  petite  ville  du  Languedoc,  enfei- 
gna  ia  Médecine  dans  les  Ecoles  de  l'Univerfité  de  Montpellier  &  fut  nommé  Inf- 
pefteur  général  des  Eaux  minérales  de  France.  Né  dans  une  famille  toute  occu- 
pée de  l'Art  de  guérir  ,  il  fentit  le  môme  goût,  le  même  penchant  ,  &  ne  douta 
prefque  pas  qu'il  lui  étoit  poffible  de  fe  faire  un  jour  plus  de  réputation  que  fes 
pères.  Jeja-françois  I^encl ,  fon  aïeul,  s'ctoit  diRingué  par  une  étude  fuivie,  par 
des  connoiliances  profondes  &  par  une  pratique  longue  &  heureufe.  Comme  il 
aimoit  les  voyages  ,  il  proHta  de  l'occafion  qu'il  eut  de  fe  fàtisfaire.  Médecin , 
compagnon  &  ami  de  M.  d*Andrezel,  Ambafiadeur  à  la  Porte  ,  il  parcourut, 
avec  lui  ou  fous  fes  aufpiccs  ,  tout  l'Empire  Ottoman  ,  &  s'occupa  de  la  colleflioQ 
des  plantes  utiles  aux  Arts  &  à  la  Médecine.  C'eft  à  fa  patrie  qu'il  vint  enfuite 
confacrer  le  fruit  de  fes  couries  &  de  fes  travaux;  il  lui  donna  fes  foins  juf- 
qu'à l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans;  &  avant  de  terminer  cette  longue  carrière, 
il  vit  fes  leçons  &  Ion  exemple  fruflifier  dans  fa  famille  ,  il  fat  même  le  témoin  des 
prémices  qui   annonçoient  la  gloire  de   la  féconde  génération. 

Etienne  f^enel  ^  père  de  Gabriel  &  à'^ndré^joj^ph ,  eut  la  confolation  de  les  voir 
l'un  &  l'autre  honorer  leur  protellion  &  fervir  leur  pays.  Son  ame  forte  dans  un 
corps  fain  réiiftoit  encore  aux  efforts  du  tems  en  1777.  Déjà  plus  qu'oéiogénaire  , 
il  n'avoit  point  interrompu  le  cours   d'une  pratique  utile  &  nombreufe. 

Celui,  dont  je  parle  ,  ne  tarda  pas  à  faire  connoître  fes  difpofitions  pour  les 
Sciences  &  fon  penchant  pour  la  Médecine.  11  fut  envoyé  à  Montpellier  ,  oîi. 
il  fe  voua  à  l'étude  avec  une  application  toujours  foutenue,  &  obtint  le  grade  de 
Bachelier  en  Avril  1741.  Sa  Thcfe  eft  intitulée:  Dijfcrtado  de  humorum  r.rajfnudi- 
ne ,  ubi  de  incidentibus  &  attenuantibus  ^  cum  theoria  &  curatione  objlrucîlonum  in  gé- 
nère. Quoiqu'il  fut  à  peine  âgé  de  dix-huit  ans  ,  il  y  ofa  lutter  contre  l'enfeigne- 
ment  de  fes  Maîtres  ;  il  puifa  ,  dans  les  recueils  les  plus  facrés ,  dans  les  Ecrits  des 
plus  fages  praticiens,  dans  les  Mémoires  des  Académies  ,  des  principes  lumineux. 
&  des  faits  intérefl'ans  ;  il  exerça  une  critique  fage  fur  l'abus  des  purgatifs-  ;  il  ré- 
duilit  à  leur  jufte  valeur  les  vertus  trop  préconilées  de  certains  médicamens  ;  iL 
diltmgua ,  avec  Baglivi ,  la  nature  du  climat  dans  lequel  il  écrivoit  ,  pour  préve- 
nir les  inconvéniens  des  préceptes  trop  fouvent  géneralifés.  Au  travers  de  la  mar- 
che compaifée  de  l'écolier  foumis,  on  remarqua  l'eflor  que  prenoit  fon  gér/ie  aclif 
&  indépendant  ;  il  étonna  fes  Maîtres  par  fes  progrès ,  fes  écarts  &  fa  péné» 
tration. 

Après    avoir   fubi  ,  avec  la    même    diflini^ion  ,  les   autres    examens  ,  il  reçut  le- 
■bonnet  de  Dod^eur,  quitta  les  Ecoles,  &  alla  s'inllruirc  au  lit    des  malades,  Soa 


4<)5  V    E    N 

imagination  inquiète  &  fouvent  trompée  cherchoit  un  livre  conforme  à  la  Nature , 
où  elle  fût  peinte  avec,  des  couleurs  vraies  &  fous  une  forme  qui  la  fît  coonoître./f'i'- 
pocrate  s'oftrit  à  les  délits  ,  &  lui  donna  l'occafion  d'admirer  l'inconféquence  des 
hommes  ,  &  le  contrafte  toujours  rcnaiffant  entre  la  Théorie  &  la  Pratique,  entre  les 
paroles  &  les  faits.  La  leflure  des  Ouvrages  da  Pore  de  la  Médecine  lui  fitfeo- 
tir  l'abfurdité  &  l^nutilité  de  toutes  ces  claffifications  méthodiques  de  maladies;  le 
vice  &  le  peu  de  fondement  de  tous  les  fyftêmes  que  la  Phyfique  corpufculaire  » 
la  Méchanique ,  la  Chymie  avoient  introduits  dans  cette  Science.  Il  fe  convainquit 
qu'il  n'y  avoit  qu'une  voie  &  une  voie  néceflaire  pour  fe  former  des  principes  sûrs 
en  Médecine;  il  eut  recours  à  l'obfervatioa  de  la  Nature,  elle  qui  ouvre  un  champ 
li  vafte  aux  travaux  des  Médecins.  Mais  trop  fervilement  attaché  à  l'obfcrvation  , 
ycacl  n'eftima  point  affez  la  raifon  qui  en  éclaire  les  réfultats;  à  fes  yeux,  la  Bo- 
tanique &  l'Hiftolre  naturelle  parurent  de*  Sciences  de  mots  ,  dont  la  principale  par- 
tie conlifie  en  nomenclatures  plus  propres  à  enrichir  la  mémoire  qu'à  étayer  l'ob- 
fervation.  11  jugea  prefque  auffi  féverement  l'Anatomie,  &  n'en  crut  véritablement 
utiles  que  les  détails  qui  roulent  fur  la  difpofition  des  organes  elfentiels  ,  des  prin- 
cipaux troncs  vafculeux  &  nerveux,  il  apprécia  mieux  les  Théories  de  foa  tems  ; 
il  condamnoit  hautement  tous  les  fyftêmes  qui  ne  peignoient  pas  l'homme  tel  qu'il 
eft  dans  l'état  de  vie  &  de  liante. 

Son  efprit  avide  de  connoifTances  avoit  en  horreur  le  vuide  affreux  dans  lequel 
iine  forte  de  pyrrhonilme  le  faifoit  languir;  il  fentit  tout  le  befoin  de  chercher  ail- 
leurs les  lumières  qui  Iqi  manquoient  ,  &  il  crut  ne  les  rencontrer  que  dans  la 
Capitale  du  Royaume.  Il  fe  rendit  donc  à  Paris  ,  &  s'attacha  fur  tout  à  l'Hôpi- 
tal de  la  Charité ,  où  il  fuivit  &  conftata  la  marche  de  la  Nature  dans  le  cours 
des  maladies.  Mais,  foit  goût  naturel,  foit  difpofition  d'un  efprit  qui  n'eft  fatisfait 
que  par  les  Sciences  démontrées,  foit  preffentiment  des  avantages  de  la  Chymie 
&  de  Ion  influence  fur  la  Médecine ,  f^^enel  fe  livra  à  cette  étude  avec  ce  pen- 
chant qui  en  allure  le  fuccès  ,  quand  il  eft  fécondé  par  le  génie.  Il  fut  le  difci- 
pie  du  célèbre  Roudh  ^  bientôt  fon  ami,  &  devint  enfin  !e  rival  fans  ccfler  d'être 
l'admirateur  reconnoiffant  de  fon  Maître-  Comme  il  marthoit  à  grands  pas  dans  la 
carrière  brillante  où  il  étoit  entré  ,  fon  mérite  connu  lui  prépara  une  place  auflli  glo- 
rieuie  à  fes  talées  que  favorable  à  leur  exercice.  M.  le  Duc  d'Orléans  l'alla  cher- 
cher dans  l'obfcurité  de  fon  cabinet ,  pour  le  placer  à  la  tête  de  ("on  Laboratoire 
&  lui  en  confier  le  loin  &  la  diredion  :  à  la  mort  de  ce  Prince ,  fon  fils  fe  l'atta- 
cha par  le  don  qu'il  lui  fit  d'une  place  de  Ion  Médecin;  &  bientôt  après ,  le  Chan- 
celier de  France  le  chartjea  de  la  cenfure  des  Livres  de  Chymie.  Les  lumières  & 
la  façon  de  penfer  de  yuid\u\  procurèrent  enfuite  la  connnidiince  des  Savans  qui. 
formèrent  le  projet  de  l'Encyclopédie;  il  ne  tarda  pas  à  êire  adbcié  à  leur  travail; 
il  fut  même  chargé  de  toute  la  paitie  chymique  de  ce  Dictionnaire. 

Le  defir  public  &  le  jugement  des  Savans  qui  appelloient  notre  Médecin  à  l'a. 
nalyfe  générale  des  Eaux  minérales  du  Royaume,  fut  enfin  cor  firme  par  le  Gou- 
vernement en  i^SPv  II  fe  voua  tout  entier  à  ce  travail  pénible  &  fatisfaifant , 
dont  il  s'acquitta  en  Médecin  oblervafur  &  en  Chymifle  éclairé:  M.  J?(ïj'en  ,  Artifte 
célèbre,  fut  chargé  du  manuel  des  opérations.  Fenel  continua,  ians  interruption 
)es  courfei  qu'exigeoit  le  grand  ouvrage  fur   les    Eaux   minérales,  jufqu'en    1756  | 

alof$ 


^^    E    N  49? 

alors  &  pendant  quelques  années ,  les  fonds  deftinés  â  cette  dépenre  furent  détour- 
nés par  la  guerre  qui  ravsgeoit  l'Europe  ;  mais  pour  n'être  point  inutile  dans  les 
momcns  de  loifir  que  lui  laiflbit  le  repos ,  il  s'emprefla  de  communiquer  fes  lumiè- 
res à  la  Société  Royale  des  Sciences  de  Montpellier  qui  ne  tarda  point  à  fe  l'af- 
focier.  Le  23  Novembre  1758,  il  lui  préfenta  un  Mémoire  fur  la  manière  de  fépa- 
rer  l'acide  nitreux  de  fa  bafe ,  par  le  moyen  du  foufFre,  &  de  rendre  le  fouffre 
mou  &  flexible  comme  du  cuir;  &  il  fut  aggrégé  à  cette  Compagnie  favante  le  50 
Novembre  fuivant.  En  1762 ,  il  tâcha  de  faire  fentir  l'utilité  des  Sciences ,  relative- 
ment aux  Arts  ,  &  fur«tout  les  avantages  qu'on  doit  fe  promettre  de  l'applica- 
tion de  la  Chymie  à  l'agriculture.  Quelques  années  après ,  il  lut  une  DiBertstion 
fur  ]|i  couleur  verte  des  plantes,  dont  il  trouve  les  principes  dans  le  fer.  Son  der- 
nier Ouvrage  académique  a  pour  objet  les  effets  de  la  fumée  du  tabac. 

Rendu  à  lui-même ,  il  alla  puifer  les  douceurs  de  la  vie  domeftique  dans  le  fein 
d'une  famille  chérie,  auprès  d'un  perc  chargé  de  mérite  &  d'années,  d'une  fœur 
tendre,  d'un  frère  digne  d'être  fon  ami.  Après  avoir  pafle  la  belle  faifon  à  vifiter 
Jes  fontaines  minérales ,  il  tcrminoit  fes  courfes  dans  la  maifon  paternelle  ;  &  là  , 
dans  un  laboratoire  qu'il  y  avoit  établi ,  il  examinoit  à  loiGr  les  réfidus  des  expé- 
riences qu'il  avoit  faites  fur  les  lieux.  Oracle  de  tout  ce  canton ,  il  ne  profita  ja- 
mais de  fa  réputation  que  pour  être  plus  utile  aux  malheureux  ;  il  fut  toujours  leur 
reflburce  ,  leur  refuge  &  leur  confeil  ,•  il  fe  plaifoit  à  exercer  fur  eux  cette  Méde- 
cine émule  de  la  Nature ,  économe  de  remèdes ,  qui  fait  les  plus  grands  effets  avec 
le  moins  de  moyens.  La  fatisfadion  d'avoir  fait  du  bien  étoit  la  feule  récompenfe 
qu'il  defiroit  ;  fouvent  même  il  joignoit  à  fes  foins  des  fecours  fans  lefquels  ils  eut- 
fent  été  inutiles.  C'étoit  comme  moyen  d'obliger  ,  ou  comme  échange  des  plaiGrs  , 
qne  l'argent  lui  paroUfoit  précieux  &  defirable,"  il  étoit  auffi  éloigné  de  penfer  à 
î'accumuler ,  que  de  l'employer  à  un  luxe  perfonnel.  Il  pouffoit  la  négligence  dans 
les  habillemens  jufqu'à  l'excès  ;  mais ,  bien  plus  fimple  encore  dans  fes  mœurs, 
dans  fes  manières  ,  dans  fes  prétentions  ,  il  faifoit  les  délices  en  même  tems  que 
l'ornement  de   la  fociété. 

Dès  l'an  1758,  on  lui  propofa  une  Chaire  qui  vaquoit  dans  les  Ecoles  de  la 
Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  ;  mais  on  exigea  de  lui  qu'il  fubît  les  forma- 
lités d'une  difpute.  Ceux  qui  oferent  entrer  en  lice  avec  lui  n'ignoroient ,  ni  le  mé- 
rite de  leur  adverfaire  ,  ni  fa  nomination  anticipée  ;  mais  ils  fjrent  décidés  par 
l'honneur  d'un  tel  com-bat  &  par  l'efpoir  de  quelques  circonftances  favorables  que 
l'événement  réalifa.  La  Cour  defira  que  la  Chymie  fût  le  principal  objet  des  quef- 
tions  qui  dévoient  être  agitées ,  moins  parce  que  cette  matière  ,  plus  familière  à 
notre  Médecin,  étoit  plus  propre  à  faire  briller  fes  talens,  que  par  la  railon  que 
cette  partie  de  l'Art  étoit  trop  peu  connue  à  Montpellier  ,  malgré  rétablidèment 
très-ancien  d'une  Chaire  particulière  &  des  leçons  annuellement  faites  avec  beau- 
coup de  régularité,  f^end  l'emporta  fur  fes  concurrens ,  &  ne  tarda  point  à  fe 
livrer  à  l'initru£ïion ,  avec  tout  le  zèle  &  l'aé^ivité  que  demandoit  la  place  qu'oa 
lui  avoit  confiée. 

Partifan  déclaré    à'Hip^ocrate ,  &  attaché    à    Stahl  qu'il  avoit  adopté  pour    foc 
maître  en  Chymie  comme  en  Pratique  ,  il  en  répandoit  avec  ardeur    les  principes 
&  la  méthode ,  loriqu'il  fut  invité  à  continuer  fon  travail  fur  les  Eaux  minérale*^ 
T  0  M  E    JK  Rrr 


498  V    E    N 

Il  fe  remit  en  route  en  1773.  L'acnée  fuiv  ante  le  rappella  au  même  ouvrage  ;  ii 
étoit  prôt  à  le  terminer  par  IVxamen  des  lources  de  l'Allace,  de  !a  Franche  Com- 
té; il  le  propolbit  encore  de  pafler  jufqu'à  Aix-la-Chapelle:  mais  un  ulcère  à  la 
jambe  le  retint  quelque  tems  dans  l'inaaion.  Las  de  ce  repos  forcé,  il  le  brave,* 
il  gagne  le  Pont-Saint-Efprît  où  fa  voiture  fe  Irie;  il  arrive  à  MontelimHr  p'eia 
du  defir  d'examiner  les  Eaux  minérales  de  cette  contrée  du  Dauphiné  :  il  ne  jetta 
cependant  fur  elles  qu'un  coup  d'oeil  rapide  ,  parce  que  fa  mauvaife  fanté  &  quel- 
ques circonflances  défagréables  accélérèrent  Ton  retour  à  Montpellier.  Les  devoirs 
de  fa  charge  de  Profelièur  le  privèrent  du  repos  dont  il  avoit  un  beloin  réel  ; 
les  Etats  de  la  Province  de  Languedoc  le  furchargerent  même  par  un  nouveau 
travail  fur  la  nature ,  les  qualités  ,  les  propriétés  &  les  ufages  de  la  houille  ou 
charbon  de  terre. 

Après  avoir  terminé  cet  Ouvrage  important  &  avoir  fourni  fa  carrière  profciïb- 
rale,  i!  alla  fe  délaffer  à  la  cam.pagne  ,  ou  plutôt  s'occuper  du  foin  de  fkiir  fon 
Traité  des  Eaux  minérales.  Ce  travail  étoit  pour  lui  une  vraie  fatisfaétion  ;  il  y 
mettoit  la  dernière  main  ,  lorfqu'il  s'apperçut  du  développement  de  la  maladie  dont 
l'iflùe  devoit  être  fi  funefte.  Il  en  fentit  les  atteintes  au  mois  de  Juin  !776,  &  fe 
détermina,  au  mois  de  Septembre  fui  vant,  à  fe  faire  transporter  à  Montpellier  ;  mais 
les  foins  officieux  de  fes  confrères  ne  purent  réuflir  à  arrêter  le  cours  d'un  mal  ;  u- 
tant  rebutant  qu'il  fut  long.  Les  ulcères  des  extrémités  inférieures  entretenus  pc  ^a 
dégénération  fcorbutique  des  humeurs,  emportèrent  F'enel  en  I777  ,  à  l'âge  de  54 
ans.  Sa  mort  excita  à  Montpellier  un  deuil  univerfel  ;  elle  répandit  la  douleur  & 
3a  confternaiion  dans  tous  les  cœurs. 

Je  dois  les  meilleures  chofes,  que  j'ai  fait  entrer  dans  cet  Article  ,  à  l'Auteur  de 
VEloge  Hijîorique  de.  M.  Fmd  ,  imprimé  à  Grenoble  en  1777  ,  in-S.  En  attendant 
que  le  même  Auteur  publie  le  précis  des  Ouvrages  de  ce  Médecin, qu'il  a  promis, 
je  joins  ici  la  notice  de  ceux  qui  font    venus  à    ma  connoiflance  : 

Examen  des  nouvelles  Eaux  minérales  de  Pajfy ,  conjointement  avec  M.  Baycn. 
Paris ,  1755  ,    in-8. 

uinalyfe  chymique  des  Eaux  de  Pajfy  ^  avec  M.    Bayen,    Paris  ,  1757  ,  fn-ia. 

Quajîiones  Chymios  Xli  pro  cathedra  raconte  per  obitum  D.  Serane.  Mon/pslii , 
1759,  /n-4. 

Hygiènes  pro/peffum  &  prolegomena  Jifiens  DîJJertatiuncuîa.  Ibidem  ,  1762  ,  in-4. 

Jnjlruc/ioas  fur  Fufage  de  la  Houille ,  plus  connue  fous  le  nom  impropre  de  Charbon  de 
terre  ,  pour  faire  du  feu  ;  fur  la  manière  de  l'adapter  à  toute  forte  de  feux  ,  &  fur  les 
avantages  ^  tant  publics  que  privés  ^  qui  réfulterom  de  cet  ufage.  Publiées  par  ordre  dm 
Etats  de  la  Province  de  Languedoc.  Avec  figures.  Avignon  ,  1775  ,  in  8 ,  de  543 
pages  ,  compris  la  Table,  &  de  12  pour  le  Difcours  préliminaire.  L'Auteur  détruit 
les  préjugés  établis  au  fujet  de  la  houille  ,  &  prouve  qu'elle  peut,  en  tout  &  par. 
tout,  dans  les  maifons  &  dans  les  atteliers ,  dans  tous  les  ufages  économiques ,  & 
domefiiques,  fuppléer  au  bois,  fans  qu'il  en  réfulte  aucun  inconvénient  pour  la  {an- 
té  ,  aucune  altération  pour  le  produit  des  arts. 

Mémoire  fur  Vanalyfe   des  Eaux  de    Selter   ou   de    Selti.  On    le   trouve    parmi    les 
Mémoires  de  Mathématique  &  de   Phyfique  préfentés  à  l'Acadcmie  des  Sciences^^ 
Xome  II  j  page  53  &  80. 


V    E    N        V    E    R  499 

^quarutn  GuU'us  mtneraUum  ^nalyfls.  Manufcrit  de  fa  Bibliothèque  en  deux  vo- 
lumes in-^.    Cet  Ouvrage  eft  le  fruit  de  fes  recherches  &    de  fes  longues   courfes. 

ylnalyfe  de  deux  fontaines  minérales  de  Gabian  ,  «fans  le  Diocefe  de  Béliers.  Autre 
Manufcrit  de  fa   Bibliothèque. 

VENETTE,  Ç  Nicolas  )  Doaeur  en  Médecine  &  ProfelTeur  Royal  d'Anaîo- 
mie  &  de  Chirurgie  à  la  Rochelle,  fe  fit  affez  de  réputation  vers  la  fin  du  XVII 
fiecle.  Les  Ouvrages  qu'il  a  mis  au  jour,  ont  beaucoup  contribué  à  le  faire  con- 
noître.  Celui  qui  fit  le  plus  de  bruit ,  parut  foos  le  titre  de  Tableau  de  V amour  con- 
jugal ;  c'eft  un  vrai  Roman  qui  eft  rempli  d'hiftoires  indécentes  ,  plus  propres 
à  corrompre  la  jeunefle  qu'à  l'inftruire.  Il  fut  cependant  imprimé  pluQeurs  fois  ,  d'a- 
bord fous  le  nom  de  Salonici ,  Vénitien  ,  Amfterdam  ,  1688 ,  ia-ii ,  &  enfin  fous 
le  propre  nom  de  l'Auteur.  Une  des  dernières  éditions  eft  celle  de  Londres 
C  Paris  )  1751,  deux  volumes  in-ii.  Les  antres  Ouvrages  de  iTenette  lui  ont  fait 
plus    d'honneur.    Tels  font: 

Traité  du  Scorbut.  La    Rochelle  ,  1671 ,  *a-l2. 

Obfervations  fur  les  eaux  minérales  de  la  Rouillafle  en  Salntonge  ,  avec  une  Dlffer- 
taîion  fur  l'eau  commune.  La  Rochelle  ,  1682  ,  in-8. 

Traité  des  pierres  qui  s'engendrera  dans  les  terres  &  dans  les  animaux ,  où  Von  parle 
dci  caufes  qui  les  forment  dans  les  hommes  ,  de  la  méthode  de  les  prévenir  &  des  abus  qu'on 
commet  pour  s\n  garantir  &  les  chajfer  hors  du  corps.  Amfterdam,  170 1  ,  fa- 12  ,  avec 
figures.  On  y  trouve  d'aflez  bonnes  obfervations,  mais  la  théorie  de  l'Auteur,  fur  la 
formation  des   pierres,  eft  bien  ridicule. 

VENNER  CTobieJ  naquit  vers  l'an  1577  à  Pétherton,  près  de  Bridgewater 
dans  le  Duché  de  Sommerfet  en  Angleterre.  Il  étudia  la  Philofophie  &  la  Mé- 
decine à  Oxford  ,  &  après  y  avoir  reçu  les  honneurs  du  Dodorat  en  cette  der- 
nière Science ,  il  s'y  arrêta  encore  pour  fe  former  à  la  pratique.  Mais  il  quitta 
cette  ville  en  1624  ,  &  il  alla  exercer  faprofeffion,  d'abord  à  Bridgewater,  &  en- 
fuite  à  Bath.  Sa  probité,  fa  politefle ,  les  fuccès  de  fes  cures,  lui  méritèrent  une 
eftime  générale  dans  l'un  &  l'autre  de  ces  endroits ,  &  il  en  jouit  jufqu'à  fa  mort 
arrivée  le  29  Mars  1660.  Ce  Médecin  n'a  rien  écrit  qu'en  Anglois.  Ses  principaux 
Ouvrages  font  un  Traité  fur  les  moyens  de  vivre  long-tems  &  une  Differtatioa 
Philofophique  fur  le  régime  le  plus  convenable  à  l'entretien  de  la  fanté. 

VENUSTI ,  (  Antoine-Marie  J  noble  Milanois  ,  prit  le  bonnet  de  Dodieur  en 
Médecine  à  Bologne  après  le  milieu  du  XVI  fiecle,  &  fit  fa  profeffion  à  Triefte  , 
où  il  étoit  en  réputation   vers  l'an  1570.  On  a  de  lui: 

Dlfcorfo  générale  intorno  alla  generatione  ,  al  nafcimento  degu  huomlnî.  Venife , 
1562,  m-8. 

Confilia  Medlca  ,  in  quihus  vera  quidam  confultandl  methodus  proponitur ,  multi  morbi 
cum  fuis  caujîs  &Jïgnis  conjîderantur  ,  multa  arduts  quafliones  Médias  pertra&aruur.  Ve- 
nstiis  f  1571,  /n-4.  Francofuni ,  1605,  1/1-4. 

VERCELLONI ,(  Jacques:,)  Médecin  Piémontois ,  étoit  de  Biella  ,  petite  ville, 
capitale  du  Beilefe  ,  où  il  vint  au  monde  le  25  Mars  1676.  Il  fit  fon  cours  de  Phi- 


Soe  VER 

lofophie  â  Turin ,  &  fe  rendit  enfiaite  à  Pavie  pour  y  étudier  les  Mathématiques.  Les 
ibccès  que  lui  méritèrent  les  premiers  pas  qu'il  fit  dans  la  carrière  des  Sciences ,  ne 
laiiferent  aucun  doute  iur  ceux  qu'il  pouvoit  obtenir  encore  ,  en  continuant  de  s'ap* 
pliquer  ;   mais   comme  fa  fanté  étoit  foible  &  chancelante  ,  on  ne  favoit  trop  fi  le 
parti  des  Lettres  étoit   celui  qui   lui  convenoit  mieux,  f^ercdloni ,  qui  le   préféroit 
à  tout  autre,  détermina  Ton  oncle  à  appuyer  fes  fentimens  de  toute  l'autorité   que 
lui  donnoit  la  confiance  de  fa  famille  ;  on  confentit  enfin  à  lui  faire  étudier  la  Méde- 
cine ,  dans  l'elperance  que  travaillant  à  conferver  la  fanté  des  autres  ,  il  trouveroit 
le  moyen  d'affermir    la  Cenne.    11  paflk  donc  à    Montpellier,  oii  il  cultiva  tour-à« 
tour  les  différentes  parties  de  l'Art;  il  n'y  arriva  cependant  point   comme   un  éco. 
lier  tout  neuf,  à  qui  les  inftruftions  de  fes  Maîtres  paroiflènt   fi   admirables,  qu'il 
o'a  rien  de  plus  preffant  que  d'en  adopter  aveuglément  toutes  les  maximes.  Fercd- 
loai  avoit  déjà  fait  tant  de  progrès  &  il  étoit  fi  bien  initié  dans  la  doftrine  â'Hip- 
pncrdte  &  de  Galkn  ,  qu'il  ne  put  goûter  les  leçons  théoriques  de  Pierre  Chirac  qui 
fuivoit  en  tout  les  fyftômies  de  Defcaries  &  de  Sy,lvius,  Mais  pour  plaire  à  ce  Profefieur  , 
il  dut  faire  la  grimace  d'oublier  les  bons  principes  de  l'Ecole  Grecque  &  d'adopter 
fes  fentimens  ,  quoiqu'ils  lui   paruflent  imaginés  par  un  elprit  plus  brillant  que  fo- 
lide.   S'étant  rendu  à  Rome  en   1699,  il  y  eut  l'avantage  de  profiter  des  entretiens 
de  Bagiivi  fa  de  Lanciji ,  qui  lui  firent    fentir ,  plus  que  jamais  ,  le  faux  du  fyftê* 
me  de  Chirac.  Il  fit  à  Rome  quantité    d'obfervations  fur   les  caufes  ,  les   fignes  & 
le  traitement  des  maladies  ,  &  ce  fut  à  la  place  de  Médecin   afiiftant  de  l'Hôpital 
des  Incurables  qu'il  dut  l'aifance  &  l'occafion  de  les  multiplier  à  fon  gré.  11  revint 
enfuite  dans  fon  pays ,  où  il  exerça  à  Afti  avec  tant  de  réputation ,  qu'il  fut  nonamé 
premier    Médecin  de  cette  ville  le  ao  Janvier  1724. 

P^ercelloni  a  publié  quelques  Ouvrages ,  dans  lefquels  il  n'a  point  fuivi  les  prin- 
cipes qu'il  avoit  reçus  des^  célèbres  Praticiens  de  Rome  ,  Bagiivi  &  Lanciji.  Dès 
qu'il  le  mit  à  écrire,  il  donna  un  libre  efibr  à  fon  imagination,  &  fuivit  l'exem- 
ple de  fes  contemporains ,  qui  n'ont  que  trop  Ibuvent  préféré  le  bri'lant  des  lyftô- 
mes  à  la  Qmplicité  fous  laquelle  la  vérité  aime  i  fe  montrer.  C'eft  dans  ce  goûl 
que  notre  Médecin  a  ccmpofé  les  Traités  fuivans  : 

De  glaadulis  œfophagi  conglomeratis  ,  humore  verô  dlgefîlvô  &  vermibus  ,  Dijjirtatlo 
jinaxomico-Midica.  ^fia ,  ifii  ,  î/1-4.  Il  n'avoit  que  25  ans,  lorfqu'il  écrivit  cette 
Diflertation  qu'il  fe  difpofoit  t  mettre  au  jour  ;  mais  docile  aux  confeils  de  Barthé' 
Umi  Torini  &  de  Jean  FanwrJ  ,  il  prit  du  tems  pour  réîléchir  Jfur  les  matières  qu'il 
y  avoit  difcutées.  Il  n'a  rien  changé  au  fujet  des  vers,  car  il  fe  fait  illufion  juf- 
qu'à  ne  voir  que  ces  animaux  dans  les  glandes  de  l'œfopbage  &  de  la  trachée. 
De  pudendorum  morbis  &  Lue  venereâ  Tarabiblioiu  Ibidem,  1716,  in-4.  Lugdunl  ffa» 
tavoTum  ,  If 22,  itt-8.  Comme  il  y  a  plus  de  mauvais  que  de  bon  dans  cet  Ouvra- 
ge ,  il  n«  méritoit  guère  la  peine  que  Devaux  s'eft  donnée  de  le  mettre  en  Fraa- 
çois.  La  traduftion  de  ce  Chirurgien  fut  publiée  à  Paris  en  1730,  ia-ia. 

VERDIER  fCéfar  )  naquit  à  Morieres  près  d'Avignon  le  24  Juin  1685.  Aprèt 
avoir  fait  de  bonnes  Humanités  dans  cette  ville,  il  fut  deftiné  à  la  Chirurgie, 
&  les  Ecoles  de  Montpellier  ,  qui  étoient  à  fa  portée  ,  jouiCTant  alors  de  la  plu» 
gracde  répuutioo  *  il  ne  balança  pas  à   s'y  rendre  pour  faire^  les   cours.  NiJ[QU ,, 


VER  30Ï 

Chirurgien  qui  occupoit  la  place  de  Démonftrateur  Royal  d'Anatotnie  dans  les  Eco- 
les lie  la  Faculté,  tut  le  Maître  à  qui  il  s'attacha  davantage;  il  en  devint  même 
Ve  penfionnaire ,  afin  de  pouvoir  en  fuivre  plus  exadement  les  leçons  tant  pu- 
bliques que  particulières,  il  y  joignit  celles  de  M.  de  La  Peyronic  qui  ,  dès  l'an 
1703,  commençoit  à  être  connu,  &  donnoit  déjà  des  elpérances  de  ce  qu'il  de- 
voit  être  un  jour. 

Le  goût  décidé  que  f^erdier  avoit  pour  l'Anatomie  &  les  progrès  qu'il  y  avoit 
faits,  le  portèrent  à  croire  qu'il  pourroit  déployer  avantageuTement  fes  talens  dans 
la  capitale  du  Royaume.  Il  vint  à  Paris,  où  le  Jardin  Royal  attira  toute  Ion  at- 
tention. Dans  ce  tems  là,  c'étoit  eft'edtivement  l'Ecole  la  plus  brillante.  Deux 
hommes  uniques,  l'un  Profeffeur,  l'autre  Démonftrateur  pour  l'Anatomie  &  la  ChL 
lurgie,  fembloient  Te  diiputer  une  lupériorité  que  les  connoifleurs  n'ont  pu  fans 
injuftice  accorder  plutôt  à  l'un  qu'à  l'autre,  car  chacun  montroit  des  talens  émi' 
nens  dans  ion  genre. 

Du  Vcrney  joignoit  la  facilité  du  langage  à  fes  profondes  connoifFances  en 
Anatomie,  fur  lelquelles  il  n'avoit  rencontré  de  rival  redoutable  que  Mery,  &  il 
féduifolt  autant  fes  auditeur»  par  la  vivacité  du  débit,  que  par  fes  préparations  re- 
cherchées ;  mais  )ur  la  Chirurgie,  il  n'avoit  que  la  Théorie  pour  lui.  Arnaud^  ajoute 
M.  Muraad  que  je  fuis  dans  la  première  partie  de  fes  Opufcales  ,  ne  fe  prélemoit 
point  avec  l'appareil  pompeux  du  ProtetFeur;  mais ,  Démonftrateur  exaft  en  Ana« 
tomie  ,  il  donnoit  le  ton  far  les  matières  de  Chirurgie  ,  &  parloir  en  Maître  égale- 
ment éclairé  par  la  plus   faine  judiciaire  &  la  plus  grande  pratique. 

C'eft  à-peu-près    dans  le  même  tems  que  f*erà,  connu    par  fa   fcience    en   Ana- 
tomie ,   en  tenoit  école  chez  lui  ;  il  y  attira   F'crdUr    pour  partager  fes   travaux  & 
lui   confia  le  foin  de    Ion    Amphiihéatre.    L-a  vie   ailée   que  cet    habile    Chirurgien 
fe   fit  un  plaiOr  de  lui  procurer,  fi  le  produit   de  fes    leçons,    le    mirent  en  état 
de  le   pré'énter  à  la  Communauté  de  Saint  Côœe,  où  il  fut  reçu  Maître    en  1724- 
L'année  fuivante  ,   il  fut  nommé  parle  Roi,  fur  la  préfentation   de  M.  Marefchal 
fon  premier  Chirurgien  ,    Démonftrp.teiir  Royal  pour  l'Anatomie  aux   Ecoles  de  fa 
Communauté.   C'e('-là  où  il  montra  la  plus  grande  fagacité  pour  enfeigner  tout  ce 
qui  concerne  la  ftrudïure    du  corps  humain.  Une  expofition  claire   de  fes  parties  ^ 
de  leur  ûiuation   rsaturelle,  de  leur   rapport,  de  leurs   fondions,  étoit  fuivie  d'une 
démonftration  prélentée  de  toutes  fortes  de  manières.   Préparations  fraîches  &  feches, 
injections,  pièces  confervées  dans  l'efprit  de  •win  ,  morceaux  d'Anatomie  comparée, 
coupes  finguiieres  ,  dellins,    planches   colorées,    il  n'y  avoit  pas   de    moyens   que 
T^erdier  n'employât    pour  inculquer  fes  propre?  connoilfances.   On  le  voyoit  arriver 
à   l'Amphithéâtre  avec  une   efpece  de  magnificence,    &    une    profulion    de    pièces 
d'autant  plus  utiles  aux  Etudians  ,  que  ce  qui  échappoit  à   leur  intelligence   fous 
une  forme  ,  étoit  faifi  fous  une  autre  ;  &  fi  la  nature  lui  donna  une  volubilité  dans 
la  parole  qui  l'empêcha  quelquefois  d'être  fuivi.   Ion   cœur  favcit  y  fuppléer  par 
une    patience   à  toute    épreuve  vis-à-vis  des  élevés   même    indifcrets.    II  en   étoit 
le  père    autant  que   le  Maître  ;   &  fi    ceux  qu'il   a    fecourus  dans   leur    indigence 
publioient   leurs    noms ,  la  lifte   auffi  nombreule  qu'édifi.mte    auroit   de  quoi  éton- 
ner:  mais    Ferdier  aimoii  à  obliger  pour  fatisfaire  fon  inciioatioa ,  ûi  il  y  mettoife 
îa  coQditioQ  de  foublL 


5oa  VER 

Indépendamment  Je  fes  leçons  publiques ,  un  prodigieux  nombre  d'écoliers  Te 
rendoit  chez  lui  où  il  donnoit  des  leçons  privées,  &  c'eft  pour  eux  qu'il  publia 
un  Abrégé-  d'u^natomle  qui  eft  plein  de  notions  claires  ,  exades  ,  précifes ,  de 
toutes  les  parties  de  cette  Science  indifpenfabiement  nécefTaires  au  Chirurgien,  C'eft 
fur  cet  Ouvrage  que  s'eft  formée  une  multitude  de  jeunes  élevés  qui  fe  font  ré- 
pandus dans  les  Provinces ,  après  avoir  fuivi  les  leçons  de  ce  grand  Maître.  Il  y 
a  eu  jufqu'à  neuf  éditions  Françoifes  de  Vjibrégé  tT^naiomU.- Paris,  if'^S  ,  in.^12  , 
1729,  173g,  Î754,  if59,  1761,  deux  volumes  in-ii.  Bruxelles,  1752,  in  8, 
1^65,  deux  volumes  in-U.  Paris,  1768,  deux  volumes  ÎB-ia ,  avec  les  corrections 
&  augmentations  de  M.  Sabatkr ,  Chirurgien  dont  tout  le  monde  connoît  le  mé- 
rite &  le  favoir.  Il  y  a  encore  une  édition  en  Allemand,  Hambourg,  1744,  //1-8, 
&  une  en  Angloi.5  par  Ingram^  Londres,  1750,  même  format.  Cet  Abrégé  eft  un 
bon  extrait  de  l'expofition  Anatomique  de  M.  ff^inflow,  auquel  F'zrdler  a  ajouté 
quelques  réflexions  Chirurgicales,   dans  le  goût  de  l'Ouvrage  de  Pzlfin, 

En  1731,  le  Roi  ayant  permis  î'établifièmeiit  d'une  Société  Académique  ,  deve- 
nue depuis  l'Académie  Royale  de  Chirurgie ,  Merdier  fut  admis  dans  îa  première 
clalTe  des  Membres  dont  elle  fut  compofée,  &  il  fe  faifoit  un  devoir  efTentiel  d'en 
luivre  les  aCTemblées.  Le  fécond  &  le  troifieme  Tomes  des  Mémoires  de  cette  Aca- 
démie renferment  trois  pièces  de  fa  façon;  des  recherches  fur  les  hernies  de  la 
veffie ,  qui  pafTeront  toujours  pour  un  chef-d'œuvre  ,  ainfi  que  la  planche  qu'il  y 
a  jointe;  des  obfervations  lur  une  plaie  au  bas-ventre  &  fur  une  autre  à  la  gorge. 

Après  la  mort  de  M.  Petite  fon  ancien  Maître  ,  l'Académie  Royale  des  Sciences 
defira  de  le  voir  remplacé  par  f^erdier  ^  &  M.  Morand  fut  chargé  de  lui  en  par- 
ler ;  mais  il  fe  refufa  conflaromerit  à  fes  folHcitatfons  par  un  motif  de  modeftie  fi 
rarement  compagne  des  talens  fupérieurs.  D'ailleurs,  il  étoit  d'un  âge  avancé  & 
méditoit  férieufement  fa  retraite.  EfFedivement ,  après  avoir  çnfeigné  l'Anatomie 
dans  les  Ecoles  de  Saint  Côraa  pendant  vingt-cinq  ans,  &  en  particulier,  pen- 
dant cinquante ,  il  abdiqua  fa  place  ^e  Démonftrateur  &  Profeflèur  Royal  en  fa- 
veur de  M.  Sue ,  fon  élevé ,  homme  fi  digne  de  lui  fuccéder  en  tons  points. 
FcrdicT  forma  alors  le  projet  de  partager  fon  tems  entre  fes  devoirs  de  reli- 
gion,  la  ledîure  &  un  commerce  focial  foutenu  par  d'anciennes  liaifons.  Jufte  ap- 
préciateur du  mérite  ,  il  favoit  mettre  chacun  à  fa  place.  Plein  de  probité  &  de 
politede  ,  il  cherchoit  par  fes  égards  à  ne  déplaire  à  perfonne.  11  proconçoit  vo- 
lontiers ce  mot ,  qui  étoit  comme  fa  devife  ,  ^"hni  de  tout  le  monde  ;  mais  on  doit 
avouer  que  cette  amitié  générale  l'empêchoit  quelquefois  de  prendre  le  parti  de 
les  amis  particuliers.  Du  refte,  comme  il  faifoit  plus  de  cas  des  qualités  du  cœur 
que  des  talens  de  l'elprit,  il  ne  pouvoit  fouffrir  les  traits  de  l'envie,  &  encore 
moins  ceux  de  la  fatyre. 

Cet  homme  vertueux,  s'étant  fait  un  état  heureux '&  tranquille  par  la  Hniplicité . 
de  fa  conduite,  jouiffoit  paifiblement ,  dans  le  célibat,  de  la  moifibn  qu'il  s'étoit 
préparée  dans  fon  jeune  ftge  par  des  tfvivaux  Port  durs ,  lorfqu'il  fut  attaqué  d'un 
catarrhe  fuRoquant  qui  le  mit  au  tombeau  en  peu  de  jours ,  le  ig  Mars  1759 , 
âgé  de  foixante-quatorze  ans.  Il  emporta  les  regrets  des  Maîtres  qui  jouiBbient 
avec  lui  de  la  fociété  la  plus  douce ,  des  élevés  qui  avoiant  en  lui  l'homme  le  plus 
2élé  ûj  le  plus  ardent  pour  leur  inflruftion,   enfinl  de  tous  les  gens  de   bien   qui 


VER  503 

favoient  d'autant  plus  admiré ,  qu'il  leur  étoit  une  preuve  que  la  Science  n'eft 
point  incompatible  avec  les  mœurs  aufleres  &  la  pieté  la  plus  éminente  ;  qaa'iîés 
dout  les  Philolbphes  de  notre  tems  font  peu  de  cas  ,  parce  qu'ils  les  croiroient  vo- 
lontiers propres  à  nuire  à  leur  réputation. 

Outre  V Abrégé  iT  Anatomle  ^  on  attribue  à  Ferdier  un  Traité  de  Phlébotomie  ^  In- 12^ 
que  Martin  a  revu  &  corrigé.  On  dit  encore  qu'il  a  fait  des  notes  fur  V Abrégé  di  V  An 
ia  Accouchirmns  corapofé  psr  Madame  Buurjîcr  du  Coudray  ou  Loulfe  Bourgeois ,  Sage- 
fèmme  de  Marie  de  Médicis,  Reine  de  France.  Cet  Ouvrage  qui  £.voit  été  imprimé 
à  Paris  en  1609,  in-ii-,  a  reparu  avec  ces  notes  en  if59 ,  fous  le  même  formct. 

VERDIER,  rJean  )  Confeiller  Médecin  ordinaire  du  feu  Uoi  de  Pologne  , 
Avocat  en  Parlement,  naquit  le  25  Avril  1735  à  la  Fertc. Bernard  au  Maine.  îl 
fit  imprimer  à  Paris  en  1763,  fn-ia,  un  EJfai  far  la  Jur  if  prudence  de  la  Médecine  en. 
France.  Sa  double  qualité  d'Avocat  &  de  Médecin  fit  bien  augurer  de  l'Ouvrage, 
dont  cet  Eflai  préfeotoit  le  Profpcêlus.  Eo  efi'et,  M.  F'erdler  donna  d'abord  ]a  Jurif- 
prudence  particulière  delà  Médecine,  qui  fut  publiée  à  Paris  en  la  m*me  année  1763, 
deux  vol.  i«-i2;elle  fut  fuivie  de  ]?i  Jurifprudence particulière  delà  Chirurgie  en  France  , 
Paris  ,  1764,  deux  vol.  i/i-12  :  mais  on  n'a  rien  vu  paroître  de  ce  que  l'Auteur  avoit 
promis  fur  la  Jurifprudence  particulière  de  la  Médecine  &  de  la  Pharmacie.  1!  s'ulî  ap- 
pliqué à  un  tout  autre  genre  d'étude  ;  &:  après  avoir  lorg-tems  réfiécbi  lur  la  manière 
de  penle?  des  Anciens,  qui  regardoient  l'éducation  pb yfique  ,  comme  la  bafe  de  fes  autres 
parties,  il  eft  parvenu  à  prouver  que  cous  n'auroBs  jamais  d'éducation,  à  moins  que 
le  Médecin  ne  devienne  mftituteur  ,  ou  que  Finftituteur  ne  devienne  Pbyfiologifte. 
Cette  propofition  paliera  pour  ud  paradoxe  chez  bien  des  gens.  ;  mais  elle  ceiîëra  de 
l'être  ,  fi  l'on  fe  donne  la  peine  de  fuivre  l'Auteur  dans  le  développement  pra- 
tique qu'il  en  donne  dans  POuvrage    qu'il  vient  de  mettre  au  jour,  fous  ce  titre  ; 

Cours  d'éducation  à  Vufage  des  élevés  defiinés  aux  premières  prcfejpons  &  aux  grands 
emplois  de  V  Etat .,  coiuenant  les  plans  d'éducation  littéraire.,  phylique^  morale  &  religieufe 
de  l'enfance  ,  de  Vadolefcmce  &  de  la  première  jsunejje  ;  le  plan  encyclopédique  des  études  , 
ô?  des  ré^lemens  généraux  d''édacaxlon.  Paris,  if^?,  J«-ia,  avec  cette  épigraphe ,  jV/c/ii 
fana  in  corpore  fano.  C'ert  à  l'Hôtel  de  Magni,  à  côté  du  Jardin  du  Roi,  Rue  de 
Seine  Saint  Vidlor  ,  à  Paris,  que  M,  F'erdier  a  ouvert  fon  nouveau  cours  d'é.iu- 
cation.  11  a  réuni,  dans  une  maifon  fpacieuie  &  bien  fituée  ,  une  bibliothèque  i'uf- 
fifante  pour  les  vues,  un  cabinst  de  machines  de  mathématique  &  de  phvfique 
de  fubftances  d'hiftoire  naturelle,  de  productions  des  arts;  un  fallon  orné  des  por- 
traits  des  grands  hommes,  de  médailles  ,  de  tables  d'tîiftoire ,  de  cartes  géographi- 
ques ;  un  jardin  botanique  ,  un  gymnaie ,  des  Maîtres  pour  toutes  les  parties  des 
études  fcholaftiques ,  des  gouverneurs  pour  les  différentes  parties  de  l'éducution. 
Voilà  les  inftrumeas  de  toutes  les  opérations,  dont  le  zèle,  la  fcience  &  Texpé- 
rience  de  M.  F'erdîer   femblent  afibrer  les  fuccès. 

VER  DUC,  C  Laurent  J   de  Touloufe  ,  fe   fit  recevoir    Maître    en    Thiri  rgîe  à 
Paris  ,  où  fon  Art  ne  lui   procura  pas  moins  de   célébrité,  que    le   erand    nombre 
d'élevés  qui  fortirent  de  fon  école.  II  mourut  dans  la  Capitale  le  18  Juillet   1695  , 
&  il  emporta  ,  dans  le  tombeau  ,  la  réputation  d'un  homme  plein  de  car. leur  ôi  de- 
charité.  Ce  fut  en  faveur  de  fes  élevés  qu'il  mit  au  jour  l'Ouvrage  intitulé: 


.^*       ■  VER. 

La  manière  de  guérir  ki  fraUures  6?  les  luxations  &c. ,  par  h  moyen  des  bandages^ 
Paris,  1685, /n-i2,  1689,  in-xi ,  avec  figures  &  un  Traité  des  plaies  d'arquehufade. 
Paris,  1711,  î/i-ia.  Amfterdam  ,  1691  ,218,  en  Hollandois.  L'Auteur  a  profité  de 
ce  qu'il  avoit  trouvé  dans  les  Œuvres  d'Hippocrate  fur  les  fraétures  &  les  luxations, 
mais  comme  cette  matière  a  ifté  enrichie  par  les  Modernes ,  il  y  a  joint  les  décou- 
vertes poftéricures  au  Père  de  la  Médecine,  6î  en  particulier  les  bandages  les  plus 
en  ufage  chez  les  Chirurgiens  de  l'on  fems. 

JeanBaptiJie  P^erduc  ,  fils  du  précédent ,  fut  reçu  Maître  en  Chirurgie  à  Paris  ; 
mais  comme  il  prit  quelque  part  lebonnet  de  Dofteur  en  Médecine  ,&  qu'il  mou- 
rut à  la  fleur  de  (on  âge,  il  n'eut  guère  le  teras  de  s'appliquer  à  la  pratique  des 
Opérations.  Il  trouva  cependant  celui  d'écrire  des  Ouvrages  que  plus  de  réflexions 
&  d'expérience  auroient  rendus  meilleurs.  Tels  qu'ils  foient ,  voici  leurs  titres  : 

Nouvelle  OJléologie  ,  avez  le  fqucUue  du  foetus.  Paris  ,  i68g ,  1693 ,  ifl-8.  C'eft  le 
moins  mauvais  des  Traités  qui  iont  fort's  de  (a  plume. 

Les  Opérations  de  la  Chirurgie  ^  avec  ur^t  Pathologie.  Paris,  169.3,1701,  I703,"troi« 
volumes  jn-8.  Amlierciam  ,  1739,  trois  volumes  w-8.  En  Allemand,  Leipfic,i7i2, 
in-4.  La  Pathologie  a  paru  feule  à  Paris  ,  if  10  -  deux  volumes  in-ia  ,  avec  des 
augmentations,*  à  Amflerdam  ,  1714,  deux  volumes  in-ia,  &  1717,  deux  volu- 
mes i/i«8.  Le  Traité  des  opérations  eft  très-luccict  ;  encore  l'Auteur  ne  parle-t-il 
que  d'après  autrui:  {"a  Pathologie  eft  remplie  de  fierions  &   d'hypothcfes. 

Traité  de  Vufage  des  parties.  Paris,  1696,  1711,  deux  volumes  in  8.  En  Anglois  » 
1704 ,  in-8.  Cet  Ouvrage ,  qui  fut  mis  au  jour  par  Laurent ,  fon  frère ,  eft  chargé 
d'explications  futiles  &    bazardée». 

Suite  de  la  nouvelle  OJléologie ,  contenant  un  Traité  de  Myologle  raifonnée.  Paris  , 
1698,  1711  ,  inni.  La  Myologie  ,  qui  n'eft  qu'un  fimple  Abrégé,  a  paru  en  Latb 
fous  le  titre  de  Syllabus  mufculorum  corparis    humani.  Londini ,  1698 ,  in  8. 

Laurent  Perdue,  frère  de  Jean-Baptljte,  embrafTa  la  profcflîon  de  ion  père,  dans 
laquelle  il  donna  de  fi  grandes  preuves  des  progrès  qu'il  avott  faits  ,  qu'il  obtint 
gratis  Je  titre  de  Maître  en  Chirurgie  de  la  Communauté  de  Saint  Côme.  Il  s'ap- 
pliqua  beaucoup  aux  Démonfirations  Anatoœiques  &  fut  affez  fuivi  dans  l'es 
cours;  mais  il  ne  put  pouITer  bien  loin  fes  recherches,  puifqu'il  mourut  dans  un 
âge  peu  avancé  ,  le  6  Février  1703.  Nous  avons  de  lui  un  Ouvrage  qu'il  fit  d'a- 
bord paroître  fous  le  nom  de  fon  père ,  &  qui  eft  intitulé  : 

Le  Maître  en  Chirurgie  ^  ou ,  .abrégé  dé  la  Chirurgie  de  Gui  de  Chauliac.  Paris  , 
1691  ,  1699,  1704,  iVia.  Il  eft  fait  par  demandes  &  par  réponfes.  Le  fonds  de 
cet  Abrégé  ne  répond  guère  au  titre ,  car  l'Auteur  a  peu  fuivi  Gui  de  Chauliac  , 
ron  modèle. 

VERDUIN,  (  Pierre- Adrien  J  Maître  Chirurgien  à  Amfterdam,  fe  fit  un  nom 
dans  fon  Art  vers  la  fin  du  XVII  Gecle ,  par  la  méthode  de  faire  l'amputation 
des  membres  qu'il  propofa  comme  nouvelle ,  &  qui  fut  appcllée  amputation  à  lam- 
beau. Le  Doéîeur  Maffuet  ne  regarde  pas  F'erduin  comme  le  véritable  auteur  de 
cette  méthode  ;  fur  le  témoignage  de  Tonge ,  Chirurgien  Anglois  ,  il  l'attribue  à  un 
certain  Lowdham  qui  avoit  imaginé  de  confcrver  un  lambeau  plus  de  dis  huit  ans 
avant  f^erduin.  Quoiqu'il  en  foit ,  celui-ci  publia  un  Ouvrage  pour  annoncer  là  dé- 
couverte, &  il  l'intitula.-  ViJerKUlu 


VER  5CS 

TyiJJertatïo  eplfldlarU  de  nova  artuum  decurtandorum  ratlone.  jimflélodaml ,  1696  ,  in-S. 
L'année  fuivante,  cette  DifTirtation  parut  en  Hollandois  à  Amiterdam  ,  i/i-b.  Il  y 
1»  aulH  une  édition  Françoile  par  Majfuet ,  Paris  ,("  Amiterdam  )  1756,  /n-8,  avec 
notes  &  figures.  Mais  il  y  en  avoir  eu  précédemment  une  autre ,  en  la  même 
Langue,  par  Jufcph.  Fer^nol ^  Chirurgien  Françoii  retugié,  fur  lequel  yerduln  avoit 
opéré  i'uivant  la  nouvelle  méthode. 

f^trduin  conCervoit  un  lambeau  de  chair  dans  l'amputation  ,  &  il  en  recouvroit 
le  moignon,  lans  faire  aucune  ligature  aux  vaifTeaux;  mais  comme  il  ne  croyoit 
pas  le  malade  à  l'abri  de  l'héraorrhsgie  ,  il  avoit  la  urécaution  d'employer  un 
bandage  particulier  pour  ferrer  le  membre  plus  ou  moins  ,  lelon  les  circonftances. 
La  méthode  de  notre  Auteur  a  été  reçue  aflez  favorablement  par  de  célèbres  Anato- 
miftes  &  de  favans  Chirurgiens.  Goeltcke  ,  Perdue ,  Man^et  l'ont  préconifée  ;  Sabou- 
rin  ,  Chirurgien  de  Genève,  la  propol'a  à  l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  & 
Du  yerney  &  Mery  n'en  parurent  pas  éloignés,  f^ermuk  ,  Ravaton  s'en  font  fer  vis  avec 
avantage,  en  y  faifant  quelques  corredions.  Garengeot  l'a  adoptée  pour  le  fonds; 
La  Fayt  a  cru  ^u'on  pouvoit  en  tirer  parti ,  &  M.  Louis  a  tâché  d'en  corriger 
]es  inconvéniens. 

VEREYCKEN  (  Godefroid  )  naquit  à  Anvers  en  1558.  Il  s'étoit  rendu  habile 
dans  les  Langues  Latine  &  Grecque,  ainli  que  dans  la  Philolbphie  de  l'on  tems , 
lorsqu'il  palTa  en  France  où  il  fe  fit  connoître  fi  avantageufement ,  qu'il  fut  rete- 
nu à  Paris  pour  enféigner  dans  le  Collège  de  Boncour.  Tandis  qu'il  y  rempliflbit 
les  fondtions  de  Profcllèur  de  Philolbphie  ,  il  employa  les  heures  libres  à  l'étude  de 
la  Médecine;  &  après  y  avoir  fait  des  progrès  fuffilans  pour  afpirer  aux  honneurs 
du  Dodtorat ,  il  alla  à  Touloufe  demander  le  bonnet  qu'il  obtint  le  i-;  Juin  "1586. 
Il  ne  paroît  point  qu'il  lé  foit  empreffé  à  retourner  dans  fa  patrie  après  fa  promo- 
tion; car  il  ne  fut  admis  au  nombre  des  Médecins  d'Anvers  qu'en  1591.  11  y  exerça 
fa  profeflion  pendant  plus  de  quarante  ans,  &  il  eut  bonne  part  à  l'éreé^ion  du 
Collège  des  Médecins  de  cette  ville ,  qui  fut  arrêtée  le  28  Avril  1620.  Vers  la  fin  de 
fa  vie,  il  fe  retira  à  Malines  chez  Ion  fils  ,  Avocat  au  grand  Confeil ,  &  il  y  mou- 
rut au  bout  de  trois  ans  ,  le  2  Décembre  1635  ,  dans  la  ^b'e.  année  de  Ion  âge.  Son 
corps  fut  inhumé  dans  l'Eglile  Paroiffiale  de  Saint  Jean.  On  a  de  lui  un  Traité 
dédié  au  Magillrat  d'Anvers,  fous  ce  titre: 

De  cognidonc  &  confervatione  fui.  Mcchlinlte,  1625,  163';,  i/i-I2.  11  y  parle  d'un 
ufage  également  ridicule  &  fuperftitieux  ,  qui  de  fon  tems  étoit  obfervé  par  le  peu- 
ple ,  en  vue  de  mettre  les  enfans  à  l'abri  des  maladies  qui  avoient  conduit  leurs 
parens  au  tombeau.  S'ils  étoient  morts  de  phthilie,  on  eulevoit  le  poumon  ;  fi  c'é- 
toit  d'hydropifie  ,  on  tiroit  le  foie,  &  l'on  mettoit  l'un  &  l'autre  de  ces  vifceres 
fous  les  pieds  du  cadavre  que  l'on  enterroit  ainli. 

VERGERlCJérôme)  naquit  en  1622  à  Capo  d'Iftria  ,  capitale  de  la  prefqu'ine 
de  ce  nom  en  Italie.  Il  étudia  la  Médecine  à  Padoue  où  il  reçut  les  honneurs  du 
Doctorat,  &  dès  l'âge  de  33  ans,  il  enfeigna  à  Pife  avec  tant  de  réputation,  que 
le  .Sénat  de  Venife  l'arracha  ,  pour  ainfi  dire  ,  de  la  Chaire  qu'il  y  occupoir ,  pour 
le  faire  pafler  à  celle  de  premier  Profefleur  de  Théorie  en  l'Univerfité  de  Padoue, 
TOME     IV.  Ss$ 


So<5  VER. 

Ce  fut  en  1665 qu'il  y  monta,  ranis  on  le  nomma  à  la  féconde  de  Pratique  eni626; 
Le  chagrin  de  n'avoir  point  d'enfant  fit  fur  lui  une  telle  impreffion,  qu'il  en  mourut 
en  16^8, •  Matthias  dit  en  1680.  Fergcri  a  écrit  plufieurs  Ouvrages  dont  les  Biblio- 
graphes ne  citent  point  les  éditions.  Tels  font  : 

PrxkStioncs  in  primam  Fin  primi  Canonis  jivlantue  ,  &  in  ejufdim  Libruta  dt 
febribus. 

PrtekSîlones  in  Artvn  Medîcinalem  Gahaî. 

Tractatus  de  Urinis. 

Syntaxis  medicamentorum  omnium  ,  tutn  intirnorum^  tum  externorum  ,  Jïmpllcium  âP 
compojïturum. 

Duo  Medicina  fontes ,  Chirurgia  &  Pharmacia. 

Tracfatus  de  formulis  medicamentorum  ufitatloribus. 

VEI-IGILE.  fMarcelJ  Les  diflërentes  parties  delà  Médecine  ont  quelquefois  tanî 
charmé  des  hommes,  dont  la  profeffion  n'étoit  pas  celle  de  guérir ,  qu'ils  en  ont  fait  l'ob- 
jet de  leur.^  études.  Tel  fut  celui  qui  eft  le  fujet  de  cet  Article.  Il  vécut  dans  le  XVI  fiecle  » 
&  luccéda  à  Léonard  Poggio  &  Barihélémi  Scala  dans  la  place  de  Secrétaire  de  la  ville 
de  Florence.  Comme  il  étoit  habile  dans  les  Langues  favantes  &  qu'il  avoit  fait  afiez  de 
progrès  dans  la  Botanique  a  il  s'attacha  adonner  plus  d'ordre  aux  Œuvres  de /^io/co. 
ride  qu'il  traduifit  de  Grec  en  Latin.  Sa  verlion  a   paru  fous  ce  titre  : 

Pedacii  Diojcorid<s  ^na^arbai  de  Medtca  Materia  Libri  V^.  De  lethalibus  venenis^ 
eorumque  pracautîone  &  curatione.  De  cane  rabidô ,  deque  notis ,  gn<e  morfus  ,  ISlufvt 
anlmalium  venenum  relinquentium  fequuntur  ,  deque  eorum  curatione.  Interprète  Marcello 
ycr^ilià ,  ejujdem  in  hofce  Diofcoridls  Libros  Commentarii  doSiJJlmi.  Flurentia  ,  1518  j 
1523»  in-foUo.  Colonie  ^   ^5^9»  in-folio, 

VERHEYEN  ,    C Philippe^   célèbre   Doreur  de  la  Faculté  de  Médecine  en 
l'Univerfité  de  Louvain  ,  étoit  de   Verbrouck ,  village   du    Pays   de  Waes ,  où    il 
naquit  'e  23   Avril   1648.  Thomas  ferlieyen  &   Jeanne  Coemans ,  fes  père  &   mère  ^ 
l'excitèrent ,  par  leur  exemple ,  à   la    pratique  des  devoirs  de  Chrétien  &  d'hon» 
nête  homme  ;  &    il  les   remplit  toute  fa  vie  avec  la  plus  grande  exaditude.  Ces 
principes  d'éducation  ,  les  feuls  néceifaires  ,  furent  ceux  auxquels  fes  parens  fe  bor- 
nèrent à  fon  égard.  Comme  ils  étoient  fort  médiocrement  avantagés  de  la  fortune  , 
ils  n'eurent  d'autres  defleins  fur  lui ,  que  de  i'affocier  à  leur  travail  &  à  la  culture 
de    quelques    petites    portions    de   terre    qui    faifoient    tout  leur  bien.   Mais   Jean 
Jafpars ,  Curé   de  Verbrouck  ,  ayant  remarqué  dans  ce   jeune    homme  un  eïprit 
propre  à  de  plus  grandes  chofes  ,  il  fe  donna  la   peine  de   lui  enfeigner  les    rudi. 
mens    de   la  Langue   Latine  pendant  l'hiver  ;&  voyant  que   maltjré   les   occupa- 
tions de  l'été ,  fon  élevé  continuoit  à  y  faire  des  progrès  conOdérables ,  il  l'envoya 
à  Louvain    en    167a  ,    pour    y   commencer  fon  cours  d'Humanités.  Ferheyen  étoit 
alors  dans  fa  vingt-quatrième    année  :    nn  écolier  de  cet  %e  ne  croupit  pas  ordi- 
nairement fur  les  bancs.  Il  acheva  fon  cours  en  trois  ans,  &  pafla  enfuite  au  CoL 
lege  du  Lis  de  la  même  ville  ,  où  il  commença  celui  de  Philofophie.  Ce  fut  prin- 
cipaleraent  dans  ce  genre  d'étude  qu'il  fit  preuve    de  la  pénétration  de  fon  efprit. 
Les   matières   qu'on    expliquoit   alors    à  Louvain    dans  les   Ecoles  de  Philofophie , 
'Itoieat  des  plus  aWlraites  j  mais  Faheyen  en  approfondit  tellement  les  difficultés,, 


VER  _  507 

■^û^il  remporta,  en  1677  >  les  lauriers  de  la  première  place  dans  !e  célèbre  concours 
des  quatre   Collèges. 

Les  avantages  attachés  à  cette  place  lui  procurèrent  les  moyens  de  pourfuivre 
fes  études  avec  aifance.  Il  prit  l'habit  clérical ,  entra  dans  le  grand  Collège  du 
Saint  Efprit  &  fe  mil  lut  les  bancs  de  la  Faculté  de  Théologie  dans  les  Ecoles 
<de  Louvain.  Mais  la  Providence  qui  l'avoit  deftiné  à  l'étude  de  la  Médecine  , 
l'arrêta  dans  Ion  premier  projet.  Il  lui  vint  une  inflammation  fi  conlidérable  à  la 
jambe,  que  le  mal  étant  empiré  jufqu'à  y  produire  la  gangrené,  on  fut  obligé  de 
la  lui  couper.  Cet  accident  le  rendoit  moins  propre  aux  fondions  eccléfiaftiques  •* 
ce  fut  pour  cette  raifon  qu'il  tourna  fes  vues  du  côté  de  la  Médecine ,  &  qu'a- 
près le  cours  ordinaire,  il  prit  le  degré  de  Licence  en  cette  Faculté  le  premier  de 
Février  1681. 

D'abord  après  fa  promotion,  il  fe  rendit  à  Leyde,  oià  il  fit    d'heureux    progrès 
fir  fe  perfeétionna  dans  toutes  les  parties  de   la    Médecine.   Mais  l'affection   qu'il 
«voit  confervée  pour  l'Univerfité  de  Louvain  le  rappella  bientôt  dans  fes  Ecoles  ; 
&  comme  il  avoit  deffein  de  s'y  fixer ,  il  époufa  ,  en  1683  ,    Marie-^nne   f-^anden 
Zyppe ,  fœur  de  François  Zjpaus ,  alors  ProfeDTeur  d'Anatomie.  En  cette  même  an- 
née ,  il  fut  admis  au  degré  de  Dofteur;  il  différa  cependant  de  prendre  le  bonnet 
jufqu'en  1695.  Ce  n'eft  pas   qu'il  eût  été  jufqu'alors  fans  avancement  ;  car  il  avoit 
été  nommé  à  la  Chaire   Royale  d'Anatomie  en  1689,  &  l'on  y  avoit  ajouté  celle 
de  Chirurgie   en  1693.   Il  y  fit  preuve  de    l'étendue  de    fes   connoiflances ,   &  il 
eut  bientôt  la  gloire  de  voir  que  fa  réputation  augmentoit  de  jour  en  jour  le  nom- 
bre de  les  diiciples ,  &  que  fon  nom  pafibit  dans  les  pays  étrangers  au  moyen  de» 
Ouvrages  qu'il  donnoit  au  public.  Parmi  ceux  que  nous  avons  de  lui ,  il  n'en  eft 
point  qui  lui  ait  procuré  plus  de  célébrité   que  fon   Anatomie ,   dans    laquelle    on 
trouve  plufieurs  détails  mieux  tracés  que  dans  les  Ecrits  des  Anatomiftes   qui  l'ont 
précédé,  f^crheyen  étoit  un   homme  infatigable,  &  fi  fes  recherches   ne  l'ont  pas 
toujours  éclairé  dans   Texpofition  de  la  ftrufture  du  corps    humain,   c'eft   qu'il  n'a 
pu  diflëquer  aiTez  de  cadavres  pour  multiplier  fes  obfervations  &    reflifier  fes  er- 
reurs.  Comme  fon  Traité  d'Anatomie  s'eft  prodigieufement  répandu  dans  les  pre- 
miers tems  de  fa  publication,  lesSavans  ont   été  extrêmement  divifés  dans  les  jii. 
gemens  qu'ils  en  ont  portés.  Les  uns  en  ont  fait  les  plus  grands  éloges,  les  autres, 
peu  fatisfaits  de  contredire  les  faits  contenus  dans  l'Ouvrage  ,  en  ont   critiqué  juf- 
qu'à  la  didion.  Morgagni  a  été  un  des  plus  rigides  cenfeurs  de  F'erheyen ,  &  Heljîer 
o'a  pas  toujours  rendu  un  témoignage   avantageux  des    travaux  de    ce  Médecin. 
Hallcr  lui  attribue  plufieurs    deicriptions  exades ,    &  en  effet   on  ne  peut   difcon- 
Tenir   que  l' Anatomie  de   notre  Auteur  ne    contienne  de  bonnes  chofes;    aufli  fe 
décide-t-on  allez  à  dire  aujourd'hui  que  la    vérité    y  brille  d'une  part ,  mais   que 
l'erreur  fe  fait  vifiblement  reconnoître  de  l'autre.  On  trouvera  ,  dans  la  notice  fui- 
vante  ,  les  diflérens  titres  fous  lefquels  cet  Ouvrage   de   yerheyen  a    paru,*  je    lei 
rapporte    avec  ceux  de  fes  autres  Ecrits  : 

Compendii  Theoria   PraSîca    in   quatuor   partis   dljlribiuî    Pan     I  &    II,  LovanU  ^ 
1683  ,  i/i-8. 

J)c  Fcbribus.    Ibidem ,  1692  ,  î«-i2. 


5oa  VER 

^natom'ia  corporii  humani.  Lovanii,  iGg^^  m«4.  Lippue  t  iGgg,  1716,  1*718.  En  AL 
îemand  ,  Konigsberg,  ij'ôQ,  in  S.  L'Auteur  avoit  perfei^ionné  ce  Traité,  lorfqu'il 
parut  ibus  ce  titre  :  Corporis  humani  ^natnmia  Lihcr  prinui,  Editio  fecunda  ab  Au- 
thore  recognita  ,  novis  obfervationibus  &  invcntis ,  pluribufque  figuris  auSid.  Bruxellis, 
I710  ,  ia-^.  Supplementiim  yinatomicum  ^  fivc  ^  yJnatomite  corporis  humani  Liber  fecunduS'^ 
Bruxdlis,  1710,  4/1-4.  ^°  trouve  beaucoup  de  planches  dans  ces  deux  volumes, 
mais  on  n'en  eftime  ni  le  burin  «  ni  l'exprefljon.  Bruxdlis ,  17^6  ,  deux  volumes 
£n-4.  NeapoU,  1717»  deux  volumes  in-4.  Lipjîte ,  1731,  deux  volumes  I/1-8.  uimp- 
teloJaml ,  173 1,  deux    volumes    /n-8. 

Lettre  à  un.  Maître   Chirurgien.  Paris,    1698,  in-12. 

Seconde  Lettre  â  un  .Anatomifte  de  Gand.  Paris,  1698,  m-12.  L'une  &  l'autre 
iônt  adrefiëes  à   Palfin. 

F'era  hiftoria  de  horrendo  fanguinit  fluxu  ex  oculis,  nartbus ,  aurlbus  &  are  R,  P, 
Joannis-Baptijîa  Onraet  Sacietatis  Jefu ,  c?  miraculosâ  ejufdem  fanatione  per  iiuercejfio.' 
neni    SanSi  Francifci  Xaverii    Lovanii ,    1708 ,  /n-8. 

Verheyen  méditoit  ie  plan  d'un  Ouvrage  conGdérable  ,  qui  étoit  un  Traité  de 
pratique  ibndé  fur  l'Anatomie ,  mais  la  mort  l'a  empêché  d'exécuter  fon  deffein. 
Elle  le  furprit  à  Louvain  le  28  Janvier  1710  dans  la  Ibixante-deuxieme  année  de 
fon  âge,  au  grand  regret  de  l'Univerlité.  Il  fut  enterré  dans  le  cimetière  de  l'E- 
gliie  de  Saint  Michel  ,  fa  paroifle.  Comme  ce  grand  Homme  avoir  fait  beaucoup 
de  dépenfes  pour  l'avancement  de  l'Anatomie ,  comme  il  avoit  même  employé 
en  fraix  d'étude  la  meilleure  partie  de  fes  revenus ,  il  ne  laifla  d'autre  bien  à  fes 
enfans  que  fa  réputation ,  &  d'autre  teflament  que  cette  Epitaphe  qu'il  avoit 
compofée  lui-même.* 

PHILIPPUS  VERHEYEN, 

Medicin^e  Doctor  et  Professor., 

Partetn  fui  materialem  hic  in  Cimaterio  condi  valait , 

Ne  Templum  dchonejîaret  aut  nocivii  halitibui  mficereu 

R.  j.  P. 

L'année  de  fa  mort  eft  exprimée  par  ce  Chronographe  ; 

JaCet  VerheYen,  honor  MeDICIn^.' 

VERLA,  (  Jean-Baptifle  J  Médecin  Italien,  vécut  dans  le  XVII  fiecle.  Il  a» 
écrit  en  fa  Langue  maternelle  un  Traité  fur  la  ttrui^ure  de  l'œil ,  qui  fut  imprimé 
à  Florence  eu  1677,  zn-12  ,  fous  le  titre  A^  Anatomia.  artlfi^iale  ddV  ucchio  umano , 
&  en  Latin  à  Amfterdam  ,  1680,  même  format ,  fous  celui  éi'Anatomia  anlficialis 
Qculi  humani.  On  trouve  encore  cette  Verfion  parmi  les  Mémoires  de  l'Académie 
des  Curieux  de  la  Nature,  &  dans  la  Bibliothèque  Anatomique  de  Manget.  L'œil 
que  Jean-Baptijîe  F'erla ,  père  du  Médecin  dont  je  parle  ,  avoit  fait  en  ivoire- 
l'an  1674  ,  a  donné  occafion  à  la   publication  de  ce  Traité. 

M.  Portai  dit  que  F'erla,  le  père,  étoit  Tourneur  de  CômellI,  Grand  Duc  de 
Tofcane.  Comme  il  favoit  rAnaioraiç  >  il  s'étoU  propofé  de   repréfenter  en  ivoira 


VER  509 

toutes  les  parties  du  corps  humain  dans  leur  proportion  naturelle,  &  avec  toute  la 
Tymmétrie  dont  elles  Ibnt  fufoeptibles.  Son  objet  étoit  de  faciliter  l'étude  de  l'A- 
natomie  aux  Curieux  &  aux  Dames.  11  commença  par  l'œil  ,  liîais  il  ne  poufla 
pas  plus  loin   fes  travaux.  • 

VERMALE,  (  Raimond  DE^  premier  Chirurgien  de  l'Elefteur  Palatin,  Af- 
focié  Correipondant  de  l'Académie  Royale  de  Chirurgie  de  Paris ,  lé  déclara  pour 
l'amputation  à  lambeaux,  que  F'erduin  avoit  mile  en  ufage  dès  la  fin  du  dernier 
fiecle.  Ravaton,  Chirurgien-Major  de  Landau,  rettifia  cette  méthode  &  la  prati- 
qua avant  De  F'ermah  ;  mais  celui-ci  y  fit  encore  des  changemens ,  parce  qu'il 
crut  que  Ravaton  avoit  rendu  l'opération  plus  laborieufe  ,  ians  en  augmenter  les 
avantages.  Celle  du  Chirurgien  dont  je  parle,  confifte  à  former  deux  lambeaux,  à 
Icier  enfuite  Tos,  à  faire  la  ligature  des  vailTeaux,  à  appliquer  les  lambeaux  pour 
en  procurer  la  prompte  réunion,  &  pour  éviter  l'exfoliation  de  l'os,  ainli  que  la 
grande  fuppuration.  Ravaton  formoit  les  lambeaux  par  des  inciljons  longitudinales, 
&  De  F'ermale  dirige  les  fiennes  fur  des  plans  obliques  ,  en  donnant  aux  bords  des 
lambeaux  une  figure  iémi-lunaire.  Notre  Chirurgien  a  mieux  détaillé  fa  manoeuvre 
dans  un  Ouvrage  publié  fous  le  titre  d'Obfervadons  &  remarques  de  Chirurgie  prati~ 
que,  dont  il  a  donné  une  féconde  édition  à  Manheim  en  1767*  In-ii.  On  a  encore 
de  fa  façon  une  Lettre  fur  l'extra&lon  du  cryftallîn  hors  du  globe  de  l'œil,  nouvelle 
opération  imaginée  par  le  célèbre  M.  Dayieî.  1751  ,  zVia.  Il  paroît  que  De  P'ermale 
s'occupoit  auffi  des  maladies  des  yeux,  car  il  a  publié  plufieurs  pièces  fur  cette 
matière  par  la  voie  du  Journal  de  Médecine. 

VERMEULEN.  ("Jean  )  Voyez  MOL  ANUS. 

VERNA,  fJean-Baptifte^  Chevalier  du  Saint  Empire,  étoit  de  Laociano 
ville  d'Italie,  au  Royaume  de  Naples,dans  l'Abruzze  citérieure.  Il  étudia  la  Mé~ 
decine  à  Naples ,  &  après  avoir  reçu  le  bonnet ,  il  fe  forma  à  la  pratique  fous  le 
Profefleur  Cajetan  de  ytlteriis  ,  &  il  alla  enfuite  l'exercer  à  Meifi  dans  la  Bahlicate  , 
d'où  il  pafla  dans  la  Pouille.  11  n'étoit  âgé  que  de  37  ans ,  lorfqu'il  publia  un 
Traité  imprimé  à  Veniié  en  1713,  ^-4,  fous  le  titre  de  Princeps  acutorum  morborunt 
Pleuritis  ;  il  y  combat  les  fentimens  dErafîftrate  &  de  F'an  Helmont ,  &  prouve  com- 
bien il  eft  important  de  recourir  à  la  faignée  dans  le  traitement  de  cette  maladie. 
Mais  comme  il  étendoit  l'ufage  de  ce  remède  à  une  infinité  de  circonftances , 
il  mit  au  jour  un  autre  Ouvrage  intitulé  ;  Princeps  medicaminum  omnium.  Phkboinmia  ; 
l'édition  eft  de  Padoue  ,  Ï716,  in-4. 

P'erna  fe  fit  connoîtrc  fi  avantageufement  par  le  premier  de  ces  Traités, que  dès 
l'an  1714,  on  jetta  les  yeux  fur  lui  pour  remplir  la  Chaire  de  Médecine  pratique 
que  Bernardin  Ramanini  avoit  occupée  dans  l'Univerfité  de  Padoue.  La  manière 
dont  il  s'acquitta  de  cet  emploi,  répandit  tellement  fa  réputation,  que  le  Roi  de 
Sardaigne  lui  fit  faire  les  offres  les  plus  gracieufes  pour  l'engager  à  accepter  la^ 
première  Chaire  de  pratique  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Turin  j 
mais  difterentes  raifons  l'empêchèrent  de  fe  rendre  dans  cette  ville.  Il  étoit  trop- 
tonûdéré  à  Padoue  pour  abandonner  la  place  qu'il  y  occupoit.  Man^et  dit  qpa  c&- 


=^îo  VER 


3 


Profefreur  étoit ,  vers  1730,  au  moment  de  publier  un  Ouvrage  en  fa  Langue  ma- 
ternelle fur  l'état  de  la  Médecine  en  Italie  ,  les  devoirs  ,  les  fondlions  &  les  pré- 
:rogalives  des  Médecins ,  &  qu'il  le  propoloit  d'y  joindre  l'hiftoîte  de  ceux  qui 
f'eiuicnt  diilingués  ,loit  par  Knleignement ,  Ibit  par  leurs  Ecrits.  Cet  Ouvrage  étoit 
intitulé  :  H  Mcdico  nobile  Italiano.  Je  ne   iais  s'il  a  paru. 

VE  RN  AGE,  C  Michel-Louis  J  Dofteur-Régent  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris,  Conteur  Royal,  naquit  dans  cette  ville  le  5  Mai  1697,  de  François  Vev 
njge.  Médecin  de  la  même  Compagnie  ,  &  de  MarU-Anne.  Ha:{pn.  11  fit  les  études 
au  Collège  Mazarin ,  avec  fuccès.  Comme  fon  père  dcfiroit  de  lui  voir  embraffet 
la  prot'eUion,  il  s'ouvrit  à  Ton  fils;  mais  ne  le  croyant  pas  en  droit  de  le  décider, 
il  lui  laiiia  le  tems  néceiiaire  pour  s'examiner  lui  même.  Les  fouba'ts  du  père  ne 
furent  point  trompés.  La  Médecine  n'avoit  pu  s'offrir  aux  yeux  du  jeune  f^emage, 
lans  l'animer  du  defir  d'être  un  jour  du  nombre  de  ceux  qui  la  profelFent  &: 
qu'elle  illuitre.  On  croit  aifément  qu'à  tous  les  motifs  qui  le  déterminoient ,  fe 
joignit  audi  i'el'pérance  d'être  formé  dans  fon  Art  pcr  un  père  flatté  de  le  voir 
marcher  fur  fes  traces,  &  plus  capable  que  perfoone  de  lui  procurer  une  excel- 
lente  inftruftion. 

Le  mérite  de  M .  ^ernsge ,  père  ,  étoit  bien  connu  de  tous  ceux  qui  pou  voient  le 
plus  sûrement  l'apprécier;  il  l'étoit  fur-tout  de  M.  Fugi^n  qui  ,  cbargé  de  choifir  un 
premier  Médecin  au  Duc  d'Anjou ,  nouvellement  Roi  d'Efpagne ,  jetta  les  yeux 
fur  iTirnage.  Celui-ci ,  au  grand  étonnement  de  Fagon  ,  refufa  une  place  i  laquelle 
font  attachées  plus  de  prérogatives  que  n'en  a  en  France  le  premier  Médecin  du 
Roi.  Cette  place,  en  faifant  fa  fortune,  devoit  aîfurer  celle  d'une  famille  nom- 
breufe;  mais  convaincu  que  le  bonheur  ne  fe  calcule  point,  &  ne  peut  s'évaluer 
que  parle  fenîiraent,  il  jugea  que  rien  ne  le  dédommageroit  de  la  douceur  qu'il 
trouvoit  à  partager  fon  tems  entre  fes  malades,  fon  Cabinet  &  fes  amis.  Quelque 
tems  après,  (  en  Novembre  1702^  par  une  iuite  de  la  confidération  d^nt  il  jouif- 
foit  parmi  fes  Confrères ,  la  Faculté  de  Médecine  le  nomma  fon  Doyen.  Il  ne  crut 
pas  devoir  le  refufer  au  vœu  de  fa  Compagnie  ;  mai?  il  le  montra  tel  qu'il  étoit  « 
en  ne  s'appropriant  de  cette  place  que  le  travail  pénible  qu'elle  exige ,  en  fe  déta- 
chant de  ce  qu'elle  a  de  purement  honorifique.  C'eft  un  ulage  ancien  que  les 
Doyens  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  f^ fient  graver  leurs  portraits  fur  les 
jettons  qui  s'y  diftribuent.  M.  f^ernage  fe  priva  de  fon  droit,  pour  faire -tourner 
fa  modeltie  au  profit  de  fa  reconnoillànce.  Ne  mettant  aucune  différence  entre  un 
fervice  offert  &  un  bienfait  accepté ,  il  faifit  l'occalion  de  conlacrer  ,  d'une  maniè- 
re publique  &  durable,  le  fouvenir  de  ce  qu'il  devoit  â  M.  Fagon  ,  &  voulut  que 
les  jettons  fulTent  frappés  à  fon  coin  Sacrifice  bien  délicat ,  &  à  la  généroUté  du-. 
quel  la  malice  ne  put  donner  atteinte,  puilque  l'intérêt  en  étant  banni,  il  fe  faifoit 
aux  dépens  du  feu!  amour  propre.  ,,     ^ 

Avec  de  tels  ientimens ,  un  père  devoit  être  un  excellent  mftituteur.  M.  Fer- 
na-re  fe  fit  un  peint  de  religion  de  former  fon  fils  ,  dont  il  fe  regardoit  comme 
la''  caution  envers  le  public  ;  &  il  s'établit  l'infpeaeur  de  fon  travail.  On  ne 
teut  mieux  rendre  l'exaditude  avec  laquelle  il  s'aciuitta  de  ce  devoir,  que 
par    le  laa<^age     qu'il   tint  à  fon  fils  qui  ,    s'étant   livré  aux  amuferaeas  plufieur* 


VER  5ti 

^ors  de  fuite,  prenoit  beaucoup  fur  les  nuits  pour  remplir  fa  tâche  jourDaliere.  Il 
lui  dit  qu'il  ne  pouvoit  pas  conll-rver  longtems  fa  fanté  ,  en  continuant  de  fe  li- 
vrer le  jour  à  la  dilfioation  &  la  nuit  à  l'étude;  que  cette  conduite  lui  déplailoit, 
parce  qu'invariable  dans  la  façon  de  pcrfer,  il  ne  le  relàchoit  point  de  ce  qu'il 
exigeoit  de  lui  :  il  ajouta  même  ces  paroles  remarquables ,  ^ous  né  me  verrex_  de^ 
jirer  la  confcrvadon  de  votre  vie  ,  qu'autant  que  vous  travaillerei  pour  la  faire  devenir 
utile  à  vos  concitoyens^  &  honorable  à  V'Usmùne.  Un  pareil  difcours  porte-t-il  l'em- 
preinte d'une  févérité  outrée,  ou  n'eft-il  pas  plutôt  l'exprcffion  la  plus  vraie  da 
l'amour  paternel  bien  fenti  ^J  Cette  queftion  n'efl:  point  problématique;  mais  fi  de 
nos  jours  elle  la  devenoit,  elle  feroit  en  même  tems  la  cenfure  de  l'indulgence 
des  pères. 

F'ernage  juftifia  bientôt ,  par  fon  application  &  fes  progrès ,    l'excellence    de  l'é- 
ducation qu'il  avoit  reçue.   Un  des  premiers  fruits    qu'il  en  recueillit,  fut  d'obtenir 
le  bonnet  de   Docteur  dans  les  Ecoles    de  la  Faculté  de   Médecine  de    Paris    en 
1718;  il  n'avoit  alors  que  vingt-un  ans.  Ce  fut  à-peu-près  dans  le  môme  tems  qu'il 
perdit  fon  père.  Aine  de  quatre    enfans,   il    fe  chargea  du  foin  des  trois    autres, 
&  il  oia  efpérer  qu'il  pourroit  être  bientôt  leur  foutien.   Sa  probité  ,   le    fonds  de 
favoir  qu'il    avoit  acquis ,  Ton    application  fouteaue  ;   telle    étoit    la   baie  folide    de 
fês  efpérances.   Mais  l'expérience,  fi   nécefiaire  à  un   Médecin,  pafie   pour    incom- 
patible  avec  la  jeuneffe  ;    &  cet  âge,  qui  donne  de  l'éclat  à  tant  d'autres  talens» 
eft  un  défaut,   prelque  un  ridicule,  que  certaines  gens  ont  peine  à  pardonner  aux 
jeunes    Médecins.    Heureufement    pour   P^ernage ,    M.  Helvetius ,   père   du   premier 
Médecin  de    la  feue  Reine  de  France,    fe  fouvecoit  encore  des  attentions    parti- 
culières que    le  père  de  notre  nouveau    Dofteur  avoit  eues  pour  fon   fils  lors  de 
fa   Licence.  Fernage  le   cultiva  ,  &  cet  ancien  ami  fut  flatté   de  pouvoir  acquitter 
fa  dette.  Hdvaius  jouillbit  d'une  telle  réputation  à  Paris   que  ,  furchargé  de  la  con- 
fiance d'une  grande   partie  du  public   do  cette'    ville  immenfe ,   plufieurs    malades 
le    coniultoient  Ibuvent  fur  le  choix  d'un    Médecin.  Le  fils  de  fon  ami  fut  un  de 
ceux  qu'il  produifît  avec  le   plus  de  confiance  ,  &  dont  il  eut  le  plus  à  fe  glorifier» 
Avec   ce  fecours  ,  de»   occafions  brillantes    ne  tardèrent  pas  à  fe   préfenter.  f^er- 
nage   avoit  à   peine  vingt-cinq   ans  ,   lorfqu'il  fut  envoyé  auprès  de  M.  le  Cardinal 
de  Maiily,  Archevêque  de  Rhciras,    attaqué  d'une  violente    apoplexie.    II   arriva 
affez  à  tems  pour  donner    un  confeil  utile,    puifqu'il    en   réi'ulta  le   retour  de  con- 
noiffance  nécefiaire  pour  faire  recevoir   au  malade  les  Sacremens  de  l'Eglife.  C'é- 
toit    tout  ce  qu'on    pouvoit  faire  dans    une    maladie  ,  dont    le   genre  &  Je    degré 
ne  laiflbient  aucun    efpoir    de  gucrifon.    Comme  il   ne  ceflà  point   de    donner  des 
preuves  de   fon   habileté  ,  il  fut  compté  de  bonne  heure  au  nombre  de>   Médecins 
accrédités  de  la    Capitale.   Une  réputation  fi    prématurée  lui  fut  très-utile  pour  fe 
perfeftionner  dans   Ion  Art.  Il  fe    irouvoit  fouvent  avec  fes  Confrères  les  plus  ex» 
périmentcs;    il  étoit  firéquemment    dans  le   cas  de   les  faire   appeller    en   confulta- 
tion  ;   fouvent  il  y  étoit  lui-même  invité  avec  eux;  &  l'ardeur  dont  il  étoit  animé 
ne  lui  laiflbit  rien  perdre  de  ces   conférences ,  dont  on  lui  a  fouvent  ouï  dire  Qu*i| 
svoit  tiré  le   plus  grand  profit. 
Des  fuccès  répétés  décidèrent  la  réputation  de  Verna^e.  Bientôt  connu   à  la  villa 


jta  VER 

&  à  ]a  Cour  ,  il  parvint  rapidement  à  la  plus  grande  célébrité.  11  fut  toujours  ap- 
pelle lorlque  les  têtes  les  plus  chères  à  la  nation  coururent  quelque  danger. 
Peu  de  Médecins  furent  aufli  conitamment  &  aulii  prodigieufement  répandus  ; 
auffi  eut  .  il  befoin  de  toute  la  vigueur  de  ion  tempérament  pour  fourenir  le 
poids  dp  fes  travaux.  Quoique  fes  journées  fe  paflaflent  tout  entières  à  l'exercice 
pénible  de  fa  profelîion,  on  avoit  peine  à  comprendre  comment  il  y  pouvoit 
î'utiire.  Il  n'en  venoit  à  bout  que  par  un  ordre  exadt,  une  économie  p&rfa'ite  de 
loD  tcms ,  &  une  aftivité  incroyable.  Chargé  d'une  multitude  de  malades  , 
obligé  de  parcourir  plufieurs  fois  le  jour  les  quartiers  les  plus  éloignés ,  il  avoit 
îe  talent  de  le  reproduire  avec  une  étonnante  facilité  ;  &  dans  le  tems  où  il  étoit 
le  plus  accablé  d'afiaires  importantes,  &  de  confultations  par  écrit  qui  lui  étoient 
fréquemment  demandées  ,  il  n'eft  jamais  arrivé  qu'aucun  de  ies  malades ,  quelque 
peu  inquiétant  que  fût  fon  état ,  eût  eu  à  le  plaindre  de  fon  défaut  d'alîiduité , 
ni  qu'aucun  de  les  Confrères  eût  eu  à  lui  reprocher  le  moindre  retard  aux  heures 
indiquées. 

Une  confiance  fi  générale ,  dont  le  public  honora  M.  P^ernage ,  s'eft  conftam- 
znent  loutenue-  11  avoit  efteftivement  tout  ce  qui  eft  néceflàire  pour  l'obtenir  & 
la  conierver.  Né  avec  une  grande  juftcITe  d'elprit  &  une  fagacité  peu  commune, 
jl  ne  cefla  d'en  faire  ui'age  dès  la  plus  grande  jeunefle.  La  pratique  de  la  Méde- 
cine,  à  laquelle  il  fe  vit  livré  de  bonne  heure,  ne  fut  point  pour  lui  une  école 
ïumultueufe,  où  il  fe  contentât  de  puil'er  en  courant  quelques  principes  vagues  & 
généraux ,  pour  en  faire  au  hazard  des  applications  guidées  par  une  routine  aveu- 
gle. 11  s'étoit  fait  une  habitude  de  méditer  fans  ceffe  fur  des  objets  de  fa  profef- 
iion.  Ses  malades  l'occupoient  continuellement.  Les  réflexions  que  lui  fuggéroit  leur 
état ,  interrompoient  fouvent  le  repos  de  les  nuits.  Il  avoit  fous  les  yeux  la  mar- 
che d'une  maladie  ,  tout  ie  tems  de  fa  durée.  Ses  Confrères  reconnoilToient  en  luî 
une  faoihté  fingulierc  à  faire  fes  expofés  avec  autant  de  clarté  que  de  précifion. 
Ces  fortes  de  tableaux  fe  gravoient  même  G  profondément  dans  fon  efprit,  que 
lorfqu'il  vbyoit  un  malade  à  qui  il  avoit  donné  fes  Ibins  dans  une  autre  occafion, 
il  ie  rappelloit  la  maladie  précédente  ,  quelqu'ancienne  qu'elle  fût ,  &  en  faifoit  fur 
le  champ  le  journal  le   plus  circonftancié. 

On  remarque  plufieurs  époques  glorieufes  dans  le  cours  de  la  pratique  de  M. 
yerna^e.  Il  étoit  encore  fort  jeune  Médecin  ,  quand  il  fut  envoyé ,  par  ordre  de 
Louis  XV,  auprès  du  Roi  de  Pologne,  Staniflas  ,  qui  étoit  malade  à  Chambord  j 
&  il  eut  le  bonheur  de  conferver  des  jours  qui  ont  été  marqués  eniuite  par 
tant  de  traits  de  bienfaiiance.  En  1752  ,  il  fut  l'un  des  quatre  Médecins  de 
Paris  appelles  à  Verfailles  pour  fe  joindre  aux  Médecins  de  la  Cour,  &  pour 
traiter  de  la  petite  Vérole  feu  M.  le  Dauphin  ,  alors  l'objet  des  allarmes  de  la 
France,  comme  il  a  été  depuis  celui  de  fes  juftes  regrets.  Après  la  guérifon  de  ce 
Prince,  freinage  eut,  ainfi  que  fes  Confrères,  des  Lettres  de  Noblefiè;  &  le  pu- 
blic applaudit  à  la  légitimité  du  titre.  A  la  mort  de  Herment ,  Médecin  de  Ja  Fa- 
culté de  Paris,  chargé  du  foin  des  malades  de  la  Baftiile  &  de  Vmcennes,  M. 
Jîerryer  ,  pour  lors  Lieutenant-Général  de  Police,  vint  à  bout,  par  toutes  les  inf- 
îances  de  l'aixàtié  ,  de  déterminer  M.    f^crna^e   à  confentir  qu'il  le  propofât  au 

Miniftere 


1 


VER  5,3 

iVlmiftere   pour  remplir   ce  pofte  de  confiance.  Le    choix   fut  auffitôt   approuvé 
Comme  la  pratique  ablorboit  tout   le    tems   de  ce  Médecin,  il  n'eft  point  éton- 
nant qu'on  n'ait  de  lui  aucun  Ouvrage  de  longue  étendue.  Le  feul  qu'il  a  publié  , 
encore  a  t-il  gardé  l'anonyme  ,  a  paru  en  1773  ,  J/i-12,  fous  le  titre  modefte  d'OZ/er- 
votions  fur  la  petite  Firole  naturelle  &  artificielle.  Dans  cet  Ecrit,  il  a  donné  quelques 
avis  lur  l'Inoculation.  On  fait  qu'il  a  été  favorable  à  cette  méthode  dès  le  moment  de 
Ion  introdudiion  à  Paris  ;  mais  accoutumé  à  traiter  ,  avec  toute  l'attention  dont  il  étoit 
capable,  la  petite  Vérole  naturelle ,  il  fupportoii  avec  peine  qu'on  commençât  à  met- 
tre trop  de  légèreté  dans  le  traitement  de  l'artificielle  ,quoiqu'infiniment  plus  douce  & 
plus  bénigne.  11  a  donc  cru  pouvoir  s'armer  de  fon  expérience  pour  réclamer  con- 
tre cet  abus;  prévoyant  d'ailleurs  que  d'autres  dangers  pourroient   naître  des  varia- 
tions  de  quelques  Inoculateurs  &  de  leurs  divifions ,  il  a  ofé  lever  le  voile  dont  on 
couvroit  la  forte  de  charlatanerie  qu'on  mettoit  alors  dans  la  pratique  de  l'Infertion. 
Un  Médecin  étranger,  qui  réiidoit  depuis  quelques  années  à  Paris  &  quichercboit  à 
s'y   accréditer  par  cette  méthode  ,    fe  croyant  défigné  dans  l'Ecrit  dont  on  parle  , 
fil  dont  il  ne  pouvoit  ignorer  l'Auteur,  y  répondit  d'un  ton   mêlé  d'aigreur,  f^er- 
nage  s'abftint  de    répliquer.  Il    avoit   rendu  compte  au  public  de  fa  façon  de  pen- 
fer  :  il  fe   crut  quitte  envers  lui,  &  ea  même  tems  difpenfé  ,  par  toutes  fortes  de 
railons,  de  fe  livrer  au  genre   polémique  pour  lequel  il  avoil  d'ailleurs  beaucoup 
d'éloignement. 

Après  avoir  confidéré  ce  Médecin  dans  l'exercice  de  fa  profeflîon ,  il  refte  à 
l'examiner  lous  un  autre  point  de  vue.  Né  fcnfible  &  bienfaifant ,  c'eft  en  fuivant  le 
goût  qu'il  avoit  reçu  de  la  Nature  &  que  l'édgcaiion  avoit  fortifié  ,  qu'il  a  eu 
rineftimable  bonheur  de  rendre  à  différentes  perlbnnes  des  fervices  de  plus  d'un 
genre.  Sa  plus  douce  fatiffadion  étoit  d'obliger  les  jeunes  Confrères  qu'il  aimoit 
îincerement.  Dans  une  forte  d'opulence ,  qu'il  devoir  uniquement  à  fa  profeffion  1 
il  ne  s'eft  jamais  permis  d'oublier  les  foins  pénibles  du  commencement  de  fa  car- 
rière; &  jamais  il  n'«toit  plus  flatté,  que  lorfque  des  circonflances  heureufes  le 
mettuient  à  portée  de  faciliter  les  premiers  pas  aux  jeunes  Médecins. 

Le  fort  des  gens  de  Lettres  l'intérelfoit  auffi  beaucoup  ;  comme  il  n'ufoit  point 
de  fon  crédit  pour  lui-même  ,  il  a  lu  l'employer  au  profit  de  quelques-uns  d'entre 
eux ,  en  leur  procurant  des  occafions  qui  font  devenues  depuis  très>utiles  pour  leur 
fortune. 

La  multitude  de  liaifons  que  fa  profeffion  l'avoit  mis  à  même  de  former  ,  lui 
avoit  donné  le  moyen  de  connoître  à  fonds  les  différens  carafteres  ;  &  fes  amis 
particuliers  ont  vu  plus  d'une  fois  combien  il  avoit  le  taéï  exercé  dans  le  difcerne- 
ment  des  hommes.  L'habitude  qu'Us  ont  de  fe  fréquenter  continuellement  donne 
naiflance  à  ce  qu'on  appelle  Ufage  du  monde.  On  y  a  mis  un  grand  prix  dans  la  fo- 
ciété  ;  mais  ou  a  toujours  obfervé  que  les  âmes  ne  fe  poliffent  guère  dans  ce  com- 
merce, ians  une  altération  de  leur  caradere  propre,  fans  quelque  déchet  de  leur 
valeur  intrinfeque  :  elles  ont  le  fort  des  pièces  de  monnoie  ,  qui  en  circulant  n'ac- 
quièrent une  furtace  plus  unie ,  qu'aux  dépens  de  leur  poids  &  de  leur  empreinte. 
L'ame  de  remake  ,  franche  &  vraie  ,  ne  perdit  par  ce  frottement  aucun  de  fes 
traits,  qui  demeurèrent  fortement  prononcés.  U  refta  toujours  lui-même.  Naturel. 
T  0  ME   ir,  ^^* 


514  VER 

lement  eDnemi  de  l'art  de    feindre,  jamais  il  ne  tenta  de  copier  qui  que  ce  €m  .' 
vanité  puérile,  qui  devient  l'ouvent  le  noviciat  de  la  diflimulation. 

Touché  de  la  reconnoiflance  qu'on  lui  témoignoit ,  il  donnoit  à  les  fentimens  aP- 
fedtueux  tout  l'edor  de  fa  vivacité  naturelle.  Une  fois  nés  en  lui ,  on  étoit  sûr  de 
ne  les  voir  jamais  fe  démentir.  Un  tel  caradtere  étoit  bien  propre  à  lui  faire  des 
amis.  11  a  joui  du  bonheur  d'en  avoir  toute  fa  vie;  c'eft  ce  qu'attefte  encore  la 
multitude  de  ceux  qui  le  regretent. 

Depuis  la  mort  de  fon  père  ,  f^ernagz  a  été  le  foutien  de  fa  famille  qui  étoit 
née  lans  biens.  Un  frère  &  deux  Ibeurs  ,  qui  tous  trois  font  reflés  dans  le  célibat, 
la  compofoient  originairement.  Le  frère ,  après  avoir  paffé  trente  années  de  fa  vie 
dans  la  Terre  de  fon  aine ,  qui  lui  avoit  procuré  cette  retraite  honnête  &  dans  fou 
goût,  lui  a  furvécu  un  peu  plus  de  deux  ans.  De  ces  deux  fœurs ,  il  perdit  Tainée 
encore  jeuae  Ôj  la  pleura  long-tems.  Il  lui  en  reftoit  une ,  dont  fes  amis  particuliers  ne 
fe  rappellent  point  le  fouvenir  fans  attendriffement.  Elle  réunilToit  toutes  les  qualités 
de  fon  frère ,  avec  la  douceur  de  fon  fexe.  f^ernage  avoit  fu  l'apprécier  ;  fa  fociété 
étoit  pour  lui  pleine  d'agrémens  &  de  délices.  Il  la  perdit  en  1756,  &  il  en  fut 
long  tems   inconfolable. 

Le  dérangement  de  fa  fanté  lui  avoit  rendu  le  féjour  de  la  Campagne  nécef- 
faire  ;  il  y  alloit  paffer  les  étés.  Ce  fut-là  qu'il  eut  occafion  de  connoître  une  jeune  pcT- 
fonne  de  condition ,  Mademoifelle  De  Quinemont.  Les  agrémens  de  fa  figure  &  le» 
grâces  de  tout  fon  extérieur  ne  l'empêchèrent  pas  de  découvrir  en  elle  le  mérite  le 
plus  folide,  II  l'époufi  en  1761.  La  vertu  de  Madame  Fernage  ,  fes  foins  pour  ion 
mari,  infpirés  par  l'attachement  le  plus  tendre,  la  conlidération  perlbnnelle  qu'elle 
s'eft  acquife  dans  le  monde ,  ont  été  pour  lui  une  fource  de  bonheur  pendant  les 
dernières  années  de   fa  vie. 

11  y  avoit  déjà  quelque  tems  que  M,  F'ernage  dépériffoit  fenfibleraent;  lui  feul  ne 
s'en  appercevoit  pas.  Son  adivité  toujours  foutenue ,  ainfi  que  fon  goût  conf» 
tant  pour  fa  profeQîon  ,  lui  en  impofoient  fans  doute.  Enfin  excédé  de  fatigues  qui. 
furpaflbient  fes  forces  ,  il  a  fini  par  y  fuccomber.  Sa  maladie,  du  genre  des  infîam-' 
matoires  ,  n'a  pas  duré  cinq  jours  :  il  s'eft  fervi  de  la  connoiflance  qu'il  avoit 
de  fon  état ,  pour  recourir  aux  Sacremens  qu'il  a  reçus  avec  une  piété  vraiment 
chrétienne.  Il  eft  mort ,  fans  avoir  eu  d'enfant,  le  11  Avril  1773,  ^^ns  fa  foisante- 
feizieme  année  ;  il  étoit  l'Ancien  de  fa   Compagnie  depuis  1770. 

M.  Mdoet ,  Dofteur.Régent  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris ,  premier  Médecin 
de  Madame  Viftoire  &  de  Madame  Sophie  ,  Tantes  de  Louis  XVI ,  fe  glorifioit  trop 


qui  .  .  .    .  _ 

vrage  que  j'ai  extrait  l'Article  de  l'Homme  célèbre  que  je  viens  de  peindre.  Com- 
me la  bonté  de  fon  cœur  égaloit  la  force  de  fon  efprit ,  &  comme  il  n'étoit  pas 
moins  eiliraable  par  la  fupériorité  de  fes  connoiflances  que  par  les  qualités  de  fon  ca- 
raftere  ,  il  fera  toujours  le  modèle  des  plus  grands  Médecins.  On  ne  lui  a  fait  qu'un 
reproche ,  qui  eft  celui  d'avoir  été  trop  amateur  de  la  faignée.  Ecoutons  ce  que 
dit  li-delfas  M.  Malo&t ,  fon  apologifte  :  «  On  ne  peut  difçonvenir  qu'il  n'ait  exifté. 


VER  Sî5 

8  un  tems  où  plufleurs  Médecins ,  fur-tout  en  France  ,  ont  donné  dans  l'excès  des 
B  faignées.  Mais  il  eft  également  vrai,  que  d'autres  font  tombés  viGhlement  dans 
n  l'excès  oppofé  en  épargnant  quelquefois  ,  avec  une  funefte  économie  ,  un  fang 
»  qu'on  eût  verfé  avec  beaucoup  de  profit.  Pourquoi  donc  ,  en  général  ,les  clameurs 
»  contre  l'excès  de  la  faignée  ont-elles  laiflë  une  impreffion  plus  durable ,  que  celles 
■"  qu'on  eft  en  droit  dejetter  également  contre  l'Hoemophobie ,  c'eft-à-dire ,  la  peur 
»  de  verfer  le  iang  ?  Setoit-ce  parce  que  les  pilaintes  contre  la  multiplicité  des  faignées 
•  viennent  de  gens ,  qui  guéris  par  ce  fecours ,  regretent  le  fang  qu'ils  ont  perdu  ; 
■n  tandis  que  les  plaintes  contraires  ne  peuvent  plus  être  formées  par  ceux  qui  ont 
»  été  les  vidimes  de  l'épargne  outrée  de  leur  fang?  S'il  enétoitainfi,  la  queftion 
»  feroit  décidée  pour  la  multiplicité  des  faignées.  Au  refte  ,  notre  objet  n'eft  point 
•"  de  la  juftiHer  ici  4  mais  en  faveur  d'une  caufe  qui  n'eft  pas  la  nôtre,  nous 
»  propofbns  feulement  un  doute,  au  nom  de  ceux  qui  pourroient  tenir  encore  à 
»  cet  ancien  fyftême;  &  nous  le  faifons  uniquement  pour  tendre  de  plus  en  plus 
»  à  la  découverte  de  la  vérité. 

D  Quoiqu'il  en  (oit,  il  eft  certain  qu'au  tems  où  M.  ycrnage  commença  l'exercice 
»  de  ià  profeffion,  la  faignée  étoit  dans  la  plus  grande  faveur.  La  fermentation  ex- 
ji  citée  parmi  les  Médecins  à  la  fuite  de  la  découverte  de  la  circulation  du  fang  , 
«  &  qui  a  fubfifté  long-tems  ,  n'étoit  pas  appaifée.  Les  principes  de  la  Médecine 
t)  méchanique  dominoient.  <.)d  croyoit  avoir  des  idées  plus  nettes  de  l'inflammation: 
11  on  en  avoit  formé  depuis  peu  une  Théorie  ingénieule.  On  rappelloit  à  ce  genre 
r>  de  maladie  non  feulement  toutes  les  maladies  aiguës,  mais  encore  un  grand  ncm- 
»  bre  d'autres  ,  &  aflez  généralement  toute  efpece  de  fièvres.  M.  Fernage  fut  élevé 
»  au  milieu  de  ces  principes.  Mais  on  s'eft  apperçu  que  par  la  fuite  il  y  avoit 
»  apporté  de  l'adouciiiément  ;  &  que  dans  fa  pratique  il  S'étoit  abfolument  rappro- 
»  ché  de  celle  qui  réutit  aujoura'hui  tous  les  bons  Médecins  ,  &  qui  conlifte  à 
»  éviter  également  les  deux  excès.  Tout  ce  qu'il  avoit  confervé  de  l'ancienne  fa- 
n  çon  de  penfer  ,  c'étoit  de  craindre  que  la  modération  apportée  par  le  tems  & 
«  l'expérience  à  l'emploi  de  la  faignée,  ne  dégénérât  en  cette  timidité,  qui,  fous 
»  prétexte  d'épargner  le  fang  des  malades,  rend  les  maladies  aiguës  meurtrières, 
»  ou  les  métamorphofe  en  des  maladies  chroniques  incurables.  »  Ces  réflexions 
de  M.  Maloet  font  on  ne  peut  plus  fenfées. 

VERNEY.  Voyez  DU  VERNEY. 

VERTUNIEN.   (  François   DE   SAINT  )  Voyez  SAINT   VERTUNIEN. 

VERZASCHA  (BernardJ  naquit  à  Bâle  ,  en  Décembre  1629  ,  d'un  père  qui  étoit 
Dofteur  en  Médecine.  Il  étudia  lui-même  celte  Science  dans  fa  patrie  ;  il  voyagea 
enfuite  en  Allemagne ,  en  Hollande  ,  en  Angleterre ,  &  pafFa  en  France  où  il  prit 
le  bonnet  à  Montpellier  en  1650.  A  peine  fut-i!  de  retour  à  Bâle,  que  les  mala- 
des le  recherchèrent  de  toutes  parts  ;  mais  quelque  grandes  qu'aient  été  les  occu- 
pations de  fbn  état ,  elles  ne  l'empêchèrent  point  de  s'acquitter  encore  des  devoirs 
de  citoyen  ;  car  il  remplit  les  charges  civiles  de  fa  patrie  pendant  plufieurs  années. 
Il  mourut  en  i6b'o,&  laifTa  au  public  un  Ouvrage  de  Botanique  en  Allemand,  qui  fut 
impritné  à  Bâle  en  1678,  in-folio^  avec  figures.  On  a  encore: 


Si6  V    E    S- 

La^art  Riverii  Medldna  PraSica  îa  fuccinêtam  compendlum  reda&a.  Bafîlete ,  1663', 
*i8. 

Centuria  prima  Obfervationum  Medicarum  ,  cui  accejferunt  celeberrimorum  y.rorum  con^ 
filia  &  epijlola.  Bajïke  &  ^mftdodami ,  1677  ,  in-8. 

VÉSALE,  (Pierre)  Médecin,  fut  le  triiaïeul  S /tudri^  cet  Anatoniifte  célèbre 
dont  nous  parlerons  à  l'Article  fuivant.  Fitrre,  a  écrit  des  Commentaires  fur  Av'i. 
tenue.  \  André  en  parle   dans  fa  Lettre  Dt  radice  Chinte. 

Jean  f^éfah  ,  fils  de  Pierre^  naquit  à  Bruxelles.  Il  fut  long-tems  Médecin  de  Ma- 
rie de  Bourgogne  ,  fille  de  Jean  furnommé  Sans  peur  ,  qui  épotfa  en  1406  Adol- 
phe ,  Duc  de  Cleves  &  Comte  de  la  Marck.  Dans  fa  vieilleffe ,  il  quitta  la 
Cour  &  procura  à  fon  fils  Everard  l'agrément  de  fa  place.  Celui-ci  n'étoii  point 
encore  gradué  en  Médecine  ;  il  ne  le  fut  à  Louvain  qu'en  1433  '■  '"^'^  ''  ?^  P^^' 
fita  pas  long-tems  des  avantages  attachés  à  fa  promotion,  car  il  étoit  à  peine  âgé 
de  36  ans  ,  lorfqu'il    mourut. 

Ce  fut  en  i4aQ  que  Jean  f^éfale  quitta  la  Cour  de  Marie  de  Bourgogne.  Il  fe 
retira  à  Louvain  où  il  paffa  le  refte  de  fa  vie  à  eufeigner  la  Médecine:  on  trouve 
même  fon  nom  dans  la  lifte  des  Refteurs  de  i'Univerfité  de  cette  ville ,  fous  les 
années  1430,  143a  &  i435- 

VÉSALE  (  Andréa  étoit  de  Bruxelles,  où  il  naquit  le  30  Avril  15 13,  feloQ 
Foppens  dans  fa  Bibliothèque  Belgique,  &  le  31  Décembre  1514  ,  fuivant  plu- 
fieurs  autres.  Son  père,  André ^  Apothicaire  de  l'Archiduc  Charles,  depui*  Em- 
pereur  cinquième  du  nom ,  tiroit  fon  origine  de  Wéfel  dans  le  Duché  de  Cleves 
&  defcendoit  de  la  famille    dont  je   viens  de   parler. 

11  étudia  à  Louvain,  &  après  y  avoir  achevé  fon  cours  de  Philofophie  au  Col- 
lège du  Château  ,  il  donna  toute  fon  application  à  la  Langue  Grecque  qu'il  pofi'éda 
parfaitement  ,  ainfi  que  la  Latine.  11  palTa  enfuite  à  Cotogce ,  delà  en  France , 
où  il  s'arrêta  à  Montpellier,  à  Paris,  &  fit  de  grands  progrès  dacs  la  Médecine, 
principalement  fous  Jacques  Sylvius ,  Profefleur  au  Collège  Royal  de  la  dernière 
ville.  La  guerre  qui  avoit  commencé  dès  l'an  1521  entre  François  I  &  Charles" 
Quint,  fe  continuoit  avec  plus  de  fureur  que  jamais,  &  cette  raifon  obligea  Pl£- 
fale  à  quitter  Paris  &  Sylvius  ^  fon  Maître,  plutôt  qu'il  n'avoit  compté  de  le  faire.. 
11  revint  dans  les  Pays-Bas  &  fervit  dans  les  Troupes  Impéria'es,  en  qualité  de 
Médecin  &  de  Chirurgien ,  depuis  1535  jufqu'en  1537.  Ce  fut  pendant  le  cours 
de  la  dernière  année  qu'il  pafl'a  en  Italie,  où  il  enfeigna  publiquement  l'Anatomie 
dans  les  Ecoles  de  Padoue  à  l'âge  de  24  ans.  11  y  demeura  jufqu'en  1543  qu'il 
fe  rendit  à  Bologne  &  enfuite  à  Pife,  pour  enfeigner  encore  dans  les  Ecoles  de 
ces  Univerfités:  l'emprefTement  qu'on  eût  de  l'entendre  fut  G  grand,  qu'il  dut  fe 
partager  pendant    le  même  hiver  &  pafler  fucceffivement    de  l'une   de  ces   villes 

à  l'autre. 

En  1546 ,  il  fit  un  voyage  à  Bâle  pour  y  prendre  des  arrangemens  au  fujet 
d'une  nouvelle  édition  de  fes  Ouvrages;  mais  comme  il  fut  obligé  d'y  faire  un 
plus  long  féjour  qu'il  n'avoit  penfé,  il  employa  une  partie  de  fon  tems  à  démon- 
«ter  l'Anatomie,  &  prépara  un  fquelette  humain,  dont  il  fit  préfent  à  la  Faculté  • 


V    E    s  51? 

de  Médecine.  Ce  fquelette  fe  voyoit  encore  à  Bâle  au  commencement  de  ce  fie- 
cle ,  avec  l'Infcription  qu'on  avoit  fait  mettre  par  reconnoiOance  dans  l'endroit 
où  il  étoit  placé.  On   lifoit   ces  mots; 

Andreas   Vesalius  Bruxell. 

Caroli   V  AuG.  Archiatrus 

LaudatlJJ'.   ^natomicarum  ^dminiftr.    Comm. 

In.  hac  Urbe   Regiâ  publicaturus , 

F'irile  quod  cerais  Sceleton  , 

^riis  &  înduftrits  fuie  fpecimea, 

^nnù  Chrifiianô  M.  D,  XLVI 

Exhibu'u  erexhque. 

C'étoit  à  la  fin  de  1543  ou  au  commencement  de  1544  que  P'é/ale  avoit  été 
appelle  à  la  Cour  de  Charles-Quint  pour  y  remplir  la  charge  de  premier  Méde- 
cin; &  lorfque  ce  Prince  abdiqua  le  gouvernement  de  les  vaftes  Etats  en  1555  > 
il  fut  continué  dans  le  môme  emploi  fous  Philippe  II.  Depuis  ce  tems,  il  ne 
quitta  plus  la  Cour  jufqu'au  moment  où  il  eut  occafion  de  voir  à  combien  de 
travers  font  fujettes  les  fortunes  les  plus  brillantes  &  les  plus  folidement  établies. 
Un  Gentilhomme  Efpagnol  mourut  en  1564,  f^éfale  qui  n'avoit  pu  venir  à  bout  de 
connoîtie  la  caufe  de  ia  maladie  ,  demanda  aux  parens  la  permiilion  d'ouvrir  le 
cadavre.  On  la  lui  accorda.  Il  diffeque  ;  mais  les  aflidans  s'étant  apperçus  que  le 
cœur  palpitoit  encore,  coururent  en  donner  part  à  la  famille  du  Gentilhomme, 
qui ,  indignée  de  cette  méprife  ,  intenta  un  procès  criminel  au  malheureux  Médecin 
&  le  déféra  à  l'Inquifition.  L'accufation  parut  grave  à  ce  Tribunal  alors  fi  févere  j- 
&  l'infortuné  f^éfale  auroit  été  pourfuivi  avec  la  plus  grande  rigueur,  fi  le  Roi  ne 
l*eût  mis  à  l'abri  de  la  fentence  infamante  qu'on  s'apptêtoit  à  lancer  contre  lui. 
On  fe  borna  à  le  condamner  à  faire  un  pèlerinage  dans  la  Terre  fainte,  en  expia» - 
tion  de  l'on  imprudence  plutôt  que  de  fon  crime.  En  conféquence,  il  pafla  en 
Chypre  avec  Jacques  Malatefta  ,  Général  des  Vénitiens,  &  deîà  à  Jérufalera.  Il 
y  étoit  encore,  lorfque  le  Sénat  de  Venife  voulut  l'engager  à  venir  remplir  la 
Chaire  d'Anatomie  que  Fallopio  avoit  laiffée  vacante  à  Padoue  par  fa  mort.  Soit 
qu'il  eut  accepté  ce  parti,  foit  que  d'autres  raifons,  &  en  particulier  celle  de  l'ac- 
complilTement  de  ion  pèlerinage  ,  l'euflènt  engagé  à  revenir  en  Europe  ,  il  eft  cer- 
tain qu'il  ne  tarda  point  à  s'embarquer.  Mais  fon  vaifTeau  ayant  fait  naufrage  il 
fut  jette  dans  l'Iile  de  Zante ,  où  il  mourut  dans  un  village  le  15  0(ftobre  i;;64. 
Un  Orfèvre  qui  aborda  par  hazard  en  cet  endroit ,  lui  procura  une  lépukureho- 
norable  dans  l'Eglife  de  la  Sainte  Vierge  de  la  même  Ifle ,  ôe  fit  mettre  cette  In& 
cription  fur  fon  tombeau  : 

TUMUI-US 

ANDREA  VESALII  BRUXELLENSIS 

Qui  obîit  fdibus  Ociobris  ,  ^nnô  M.  D.  LXIV , 

JEtat's   verà  fute  L  , 

Quum  Hierofolymis  rediijfet. 


-HB  V    É    S 

Avec  un  génie  fupérieur  ,  aidé  d'un  travail  infini  &  d'une  induftrie  finguliere  , 
f^éfale  acquit  une  connoiflance  ii  profonde  de  la  ftruéïure  du  corps  humain  ,  qu'il 
fut  l'ornement  du  ieizieme  iiecle  &  l'admiration  des  fuivans.  C'eft  le  deftin  des 
Sciences  de  tomber  entre  les  mains  de  gens  lervilemeni  attachés  aux  opinions  de 
quelque  Auteur  du  premier  ordre  qui  les  a  devancés,-  elles  languiflent  &  ne  font 
aucun  progrès,  tandis  qu'on  n'ofe  lecouer  le  joug  de  la  fervitude.  Mais  dès  qu'il 
paroît  un  homme  plus  hardi  qui  cherche  à  penfer  par  lui-même  ,  qui  confidere  la 
vérité  de  fes  propres  yeux  &  lui  immole  toute  autorité ,  alors  on  voit  les  Sciences 
faire  les  progrès  les  plus  rapides.  Lorlque  Féfale  commença  la  carrière  ,  les  Anato- 
miftes  fléchiffoifcnt  le  genou  devant  Galien  ;  ils  auroient  cru  fe  rendre  coupables 
d'une  efpece  de  facrilege ,  s'ils  avoient  ofé  le  contredire,  yéfah  n'eut  aucun  égard 
pour  la  façon  d'agir  de  fes  contemporains ,  &  fans  trop  s'embarrafler  de  l'attache- 
ment des  liecles  précédens  aux  opinions  de  cet  Auteur,  il  entreprit  de  dévoiler 
fe»  erreurs ,  de  ies  expofer  &  de  les  corriger ,  tant  en  Médecine  qu'en  Anatomie  , 
&  particulièrement  dans  cette  dernière  Science.  Mais  comme  la  jaloulie  eft  une 
des  foiblefles  prefque  inféparables  de  l'émulation  dont  fe  piquent  les  gens  de  Let- 
tres ,  leur  amour-propre  s'irrite  à  la  vue  d'un  homme  d'un  mérite  extraordinaire  ; 
ceux  qui  délelperent  d'être  fes  rivaux  ,  deviennent  bientôt  fes  cenfeurs  &  même 
quelquefois  les  ennemis.  Tel  fut  le  fort  de  Féfak.  Quelques  Auteurs  défendirent 
leur  célébrité  chancelante,  en  acculant  ce  Médecin  d'ignorance,  de  manque  de  po- 
iiteffe,de  vanité  &  de  plagiat.  Cependant  toutes  les  cenfures  qu'on  a  lancées  contre 
lui,  quoique  fort  vives  &  très-aigres ,  n'ont  fait  aucune  impreflion  fur  Jes  perfon- 
nes  impartiales;  fa  réputation  n'a  point  été  ébranlée;  fes  Ouvrages  ne  fe  font  non 
plus  reflentis  des  efforts  des  Critiques ,  que  les  rochers  fe  reflentent  de  l'impétuo- 
iité  des  vents.  Ils  jouiront  de  l'eftime  qu'on  en  a  faite,  tant  que  la  Médecine  & 
l'Anatoraie  feront  regardées  comme  des  Sciences  utiles  au  genre  humain.  Ce  n'eft 
pas  que  les  Ecrivains  qui  ont  fuivi  f^éfak  n'eulfent  renchéri  fur  fes  travaux  en  les 
perfedionnant ,  ou  en  relevant  les  erreurs  qui  lui  font  échappées;  ils  ont  fait  l'un 
&  l'autre;  cependant  ceux  qui  étoi'ent  de  bonne  fol, ont  avoué  fans  peine  que  cet 
homme  célèbre  a  toujours  été  leur  guide  &  leur  modèle. 

Nous  n'avons  pas  tous  les  Ouvrages  de  Féfalc.  Les  tracafleries  qu'on  lui  a  fuf. 
citées  nous  ont  privés  de  fes  Ecrits  fur  Galien-^  G  l'on  en  croit  M.  De  Haïler,  il 
jetta  au  feu  les  Livres  de  cet  ancien  Médecin  qu'il  avoit  corrigés.  Mais  nous  avons 
de  quoi  nous  conibler  par  ce  qui  nous  refte  fur   d'autres  matières. 

Paraphraps  ia  nonum  Librum  Ràaia  ad  ^Imanforem ,  de  afe^uum  fingularîum  cor. 
poris  panium  curatione.    BafiUa ,    1537,    //1-8.    LHgrfun:  ,  1551  ,    w-12.    fTitteberea 

1587,    i/i-8.  "     '. 

Epiftola  docens  venant  axillarem  cubiti  in  dolore  laterali  fecandam  ,    ǧ  mdanchrUcum 
faccum  ex  ven<e  ponarum  ramU  ad  fedcm  pertinentibus  purgari.  Bafilee^  ij^^Q,  in-A. 
Suorum  de  corporis  humani  fahricâ  Librorum  Epitome.  Bajîlea ,  1542,  in-folio:  bonne 

édition  pour  les  planches.  Parifiis  ,  1560,  /n  8.  fFineberga ,  1582  ,  in  8  ,  fans  "figures. 

Colonie  ^gnppin<e^  \toOt  in-folio.   Luji,iuni  Batavorum^  ibi6^    i/1-4 ,    avec    les   notei 

&  les  commentaires  de    Pi;rre    Paa»\   u^mjlelodami ,   i6if,  in-folio.   Ibidem,  163-;  , 


V    E    s  S»9 

î/1-4  ,  avec  les  notes  de  Paaw.  Ibidem^  1642,  in-folio,  avec  les  annotations  de  Ni- 
colas Fontanus.  On  recherche  cette  dernière  édition  ,  tant  pour  les  figures  qu'on  y 
a  ajoutées,  que  pour  les  obfervations  intéreH'antes  qu'on  y  trouve  fur  l'Anatomie 
pratique.  Londini ,  1642,  in-folio.  En  Allemand,  par  ^Ibanus  Torinus^  13âle,  154^9 
in-folio  maxiwo. 

De  humani  corporis  fabricâ  Libri  feptem.  Bajilea  .,  1543,  in-folio  regali^  avec  de 
belles  figures  gravées  en  bois.  Si  les  dePJns  ne  font  pas  du  Titien ,  comme  quel- 
ques Auteurs  l'ont  afiiiré ,  ils  font  au  moins  de  la  main  des  plus  habiles  Maîtres 
de  ce  tems-là.  Tiguri,  155 1,  1573  »  in-folio.  Bafileo: ,  1555  ,  1563  ,  in -/o/(8.  Boerhaavc 
donne  la  préférence  à  l'édition  de  Bâle  de  1543  pour  les  planches  ,  &  à  celle  de 
I555  pour  le  texte  que  f^éfale  a  corrigé  lui-même.  Lugduni ,  ISS^»  'n-8  ,  deux  volu- 
mes fans  figures.  Parijiis,  1^,6^^  in-folio.  F'enetUs ,  1568  ,  in-folio,  avec  de  petites 
figures,  ^ntverpia,  1572,  in.folio.  C'eR  Chrijîophe  Plantin  ,  célèbre  Imprimeur  d'An, 
vers,  qui  a  fait  graver  les  planches  dont  cette  édition  eft  ornée  ;  on  y  a  mis  le 
plus  grand  foin  &  la  plus  grande  exaditude  pour  les  bien  rendre:  mais  le  rnon- 
tant  de  la  dépenfe  furpaffoit  la  fortune  de  Plantin  qui  auroit  été  arrêté  au  milieu 
de  l'Ouvrage,  fi  le  Magiftrat  de  la  même  ville  d'Anvers  ne  lui  eût  donné  des  fe- 
cours  en  argent  pour  l'achever.  Flnedîs ,  1604,  in-folio  ,  avec  des  fragmcns  de  Ru» 
fus  &  de  Soranus.  Francofurti,  1604,  1632  ,  :n-4.  ^mjlelodami ,  1617  ,  1640,  in-folio. 
En  Allemand,  Nuremberg,  155 1.  En    François,    Paris,  1509,   in-folio. 

De  radice  Chine  Epijlola.  De  modo  ac  ratione  propinandi  radicis  Chinée  decoêfi.  ^e* 
netiis ,  1542,  1546,  Jn-8.  Bajîlets,  1543,  in-8  ,  i ^^6  ^  in-folio.  Lugduni ,  1547»  in-.i2> 
On  trouve  ces  deux  pièces  dans  le  premier  Tome  du  Recueil  De  morbo  GallicO' 
L'Auteur  a  gliflë  plufieurs  remarques  Anatomiques  dans  fon  Ouvrage ,  &  en  par- 
ticulier ,  il  y  réfute   les  erreurs  de  Galien  fur  J'Oftéologie. 

.Anatomicarum  Gabrielis  Fallopii  Obfervationum  Examen.  Matriti ,  1561.  i^enetiis  * 
1564,  in-4.  Hanovia,  1609,  fn-8.  Ce  fut  en  la  même  année  1561  que  Gabriel  Fal- 
lopio ^  autrefois  difciple  de  P^éfale,  tout  grand  admirateur  qu'il  étoit  encore  de  fors 
Maître  ,  prit  le  parti  de  Galien  contre  lui.  Plus  modéré  que  Sylvius  qui  avoit  lâché 
contre  F'éfale  les  injures  les  plus  flétrifTantes,  il  ne  s'écarta  pas  du  relpeft  que  lui 
diftoient  l'eftime  &  la  reconnoîflance.  Il  parla  en  Anatomifte  inftruit ,  &  non  en 
homme  emporté ,  jaloux  &  vindicatif;  mais  s'il  fe  maintint  dans  les  règles  de  la 
bienféance  envers  Ion  Maître,  celui-ci  oblerva  envers  fon  difciple  les  procédés  les 
plus  doux  &  les  plus  honnêtes.  A  peine  les  remarques  de  Fallopio  furent-elles  par. 
venues  en  Elpagne,  que  réfale  lui  répondit  comme  un    pcre  auroit  fait  à  fon  fils* 

Confiliam  pro  illujtrijfimi  Terr<s-Nov£  Ducis  fiftulâ.  f^enetiis^  1568  ,  i/1-4 ,  avec  d'au- 
tres Ecrits  de  la  même  nature. 

Chirurgia  magna  in  feptem  Libros  digefta.  Fenetils ,  1569 ,  in-H  ,  par  les  foins  de 
Profper  Borgarucci ,  difciple  de  l'Auteur.  La  Chirurgie  de  F'éfale  eft  bien  moins 
intéreflaote  que  fon  Anatomie  ;  plufieurs  Ecrivains  ne  l'ont  même  regardée  que 
comme  une  compilation,  &  fouvent  une  traduétion  de  ce  qui  avoit  été  dit  par  le» 
Anciens. 

Opéra  omnia  ylnatomica  &  Chirurgica.  Lugduni  Batavorum ,  1725  ,  deux  volumes 
in-folio.,  avec  de  belles  figures,  par  les  foins  de  Boe/haave  &  de  Bernard- SifroM 
uilbiaus. 


.520  ■  V    E    s 

L'induftrieux  &  infatigable  F'éfale  a  enrichi  l'Anatomie  par  un  grand  nombre 
de  découvertes.  11  a  prétendu  que  le  Penh  étoit  attaché ,  dans  l'endroit  de  la 
réunion  des  os  Pubis  ^  par  un  certain  petit  ligament  que  Cowper  a  décrit  fous  le 
nom  de  Ligamentum  pénis  fufpenforium.  Il  eft  le  premier  qui  ait  donné  la  figure  des 
ofTelets  de  l'organe  de  l'ouie.  Il  a  découvert  que  le  nerf  optique  ne  s'inféroit  pas  droit 
au  centre  de  l'œil ,  mais  qu'il  entroit  un  peu  de  côté.  II  a  dit  que  le  ligament  du  fémur 
n'étoit  point  implanté  au  milieu  de  la  tête  de  cet  os,  mais  aulîi  un  peu  de  côté.  Il 
a  preffenti  l'exiftence  de  la  circulation ,  puifqu'il  n'a  point  ignoré  que  le  cœur  pouflbit 
.  le  fang  dans  les  artères ,  &  que  celles-ci  ne  fe  dilatoientque  par  la  force  de  l'impulfion 
de  ce  liquide.  Je  pafle  fur  bien  d'autres  chofes  dont  on  eft  redevable  au  célèbre  Fi- 
fale;  ceux  qui  veulent  en  être  inftruits  ,  peuvent  recourir  à  l'analyfe  que  M.  Portai 
a  donnée  des  travaux  Anatomiques  de  ce  Médecin  ,  page  401  &  fuîvantes  du 
premier  volume   de  fon  Hifioire  de  f^natomie  R  de  la  Chirurgie. 

f^éfale  eut  un  frère  ciidet ,  nommé  François ,  qui  mourut  long-tems  avant  lui.  Il  aima 
l'étude  de  la  Médecine  avec  tant  de  paflion,  que  malgré  les  ordres  de  fes  parens 
qui  vouloient  qu'il  s'appliquât  au  Droit ,  il  courut  les  rifques  de  leur  déplaire  en 
fuivant  fon  goût.  Il  employa  une  partie  de  fa  vie  à  voyager;  &  comme  il  excel» 
loit  dans  l'Anatomie,  il  fut  arrêté  à  Ferrare  pour  y  démontrer  la  ftrudlure  des 
parties  fur  les  cadavres  qu'il  diliëqua.  Las  enfin  de  voltiger  d'un  endroit  à  l'autre  , 
il  alla  rejoindre  fon  frère  en  Efpagne  ,  où  la  mort  le  furprit  environ  l'an  1555 ,  lorf- 
qu'il  étoit  tout  occupé  de  la  défenfe  des  Ecrits  de  ce  grand  Anatomifte  ,  à  qui  les  oc- 
cupations delà  Cour  ne  permettoient  guère  alors  de  fe  livrer  au  travail  du  Cabinet. 

VESLINGIUS  (  JeanJ  naquit  en  1598  à  Minden  en  Weftphalie.  Son  père, 
qui  vouloit  le  pouffer  dans  les  études,  le  conduifit  à  Vienne  en  Autriche;  il  y 
acheva  heureufement  fon  cours  d'Humanités  ,  &  fit  enfuite  de  grands  progrès  dans 
la  Philofophie  &  la  Médecine.  Il  y  avoit  déjà  pluCeurs  années  qu'il  s'appliquoit 
à  cette  dernière  Science  ,  lorfqu'il  forma  le  deiFein  de  voyager  dans  le  Levant , 
pour  étudier  l'Hiftoire  Naturelle  de  ce  pays  fur  les  lieux  mêmes.  L'Egypte  l'arrêta 
plus  long-tems  que  toutes  les  autres  contrées  de  l'Afrique  ;  il  finit  fes  courfes  par 
aller  à  Jérufalem  ,  où  il  fut  reçu  Chevalier  du  Saint  Sépulcre.  II  aborda  enluite  à 
Venife  ,  &  il  y  donna  ,  en  1628  ,  des  leçons  privées  d'Ànatomie  &  de  Botanique  avec 
tant  de  réputation  ,  que  les  Ecoles  de  cette  ville  furent  bientôt  défertes.  La  Ré- 
publique attentive  à  faire  l'acquifition  d'un  homme  de  cette  importance ,  le  nomma 
en  1632  à  la  première  Chaire  d'Anatomie  ,  vacante  à  Padoue.  La  connoifTance 
qu'on  avoit  de  fes  talens  prévalut  fur  celle  de  fes  défauts  naturels,  qui  fembloient 
le  rendre  moins  propre  à  eni'eigner  publiquement.  Fefllngius  étoit  un  peu  fourd  , 
&  l'embarras  qu'il  avoit  à  la  langue  ,  l'empêchoit  de  parler  avec  cette  aifance  qui 
rend  la  voix  du  Maître  intelligible  à  fes  auditeurs.  On  pafia  au  deflus  de  ces  défauts: 
on  le  chargea  même  encore  delà  Leçon  de  Chirurgie,  &  bientôt  après,  de  celle  de 
Botanique.  Mais  il  ne  tarda  pas  à  fentir  le  poids  de  cette  furcharge  ;  c'eft  pour- 
quoi il  demanda,  en  1638,  d'être  difpenfé  d'enleigner  la  Chirurgie  ,  pour  fe  tenir  à  la 
Chaire  d'Anatomie  &  de  Botanique  ,  avec  la  dire<aion  du  Jardin.  Vcilingius  fut 
alors  dans  fon  centre.  L'étude  des  plantes  étoit  fon  goût  dominant  ,  &  pour  le  fa- 
Vibfaire,  il  entreprit  de  rendre  le  Jardin  de  Padoue  un  des  mieux  fournis  de  l'Eo. 

rope. 


V    E^  s  5*ï 

TOpe.  A  cet  effet,  il  foUicita  la  permidlon  d'aller  faire  une  ample  moifTon  de  nou- 
veaux fim pies  dans  Mlle  de  Candie  &  quelques  autres  contrées  du  l,rvant,  ^  il  ob- 
tint ,  en  1648,  ce  qu'il  demandoit  avec  tant  d'innance.  L'objet  de  ion  voyage  fut 
parfaitement  rempli;  mais  il  s'étoit  fi  peu  épargné  dans  fes  recherches,  qu'il  revînt 
à  Padoueépuifé  de  fatigues,  &  qu'il  y  fuccomba  le  ;^o  Août  1649.  Nous  avons  de  lui  : 
Obfervatioms  &  notée  ad  Profperl  yilpinl  Lihrutn  de  plancis  ^ligyptii  ,  cum  add'ita- 
mento  aliarum  plantarum  ejufdem  regionis.  Patavii^  1638,  ««-4.  Ray  a  profité  du 
travail  de  P^eflingius. 

Syntagma  ^natomicum  ,  publlcis  dîjfe&lonibus  In  audîtorum  ufum  aptatum.  Patavii,  1641  , 
in  8^  fans  figures.  Ibidem,  1647,  tn-4,  avec  figures.  Les  meilleures  lont  celles  qui 
repréfentent  les  parties  qui  compofent  l'organe  de  l'ouie,  &  le  fœtus;  les  autreg 
ne  valent  pas  grand'chofe.  Francofurti,  1641,  in  12.  ^vjlelodami ,  1649  ,  in  12.  Pa- 
tavii,  1651,  in-B,  1677,  fn-4.  ^mftelodami ,  1659,  l'^iôô  ,  in-4,  avec  un  iupplé- 
ment  &  les  obfervations  de  Gérard  Blajîus.  Trajecii  ad  Rhenum  ,  1696,  in-4.  Cette 
édition  plus  correéïe  que  les  deux  précédentes ,  contient  auili  les  additions  de 
Blajius.  En  Hollandois,  Leyde ,  1652,  in-4.  En  Anglois,  Londres,  1653,  in-folio, 
par  Culpepcr     En   Allemand,  Nuremberg,  1676,  i6d8,   in-8. 

Catalogus  plantarum  Horti  Patavini.  Patavii^  1642»  <ra-I2.  Ibidem,  1644^  tn-I2» 
avec  des   augmentations. 

Opobalpimi  P^eteribus  cogniti  F'indicla.  ^cceffit  Pansnefis  ad  Rem  Herbariam.  Jbi'' 
dcm,    1644  ,   in-8. 

De  puilitione  ^gyptiorum  ,  &  alite  Obfervatioms  ^naiomic£ ,  6?  Epiflolte  Medlca 
pojlhumte.  //a/ni(S,  1664  ,  in  8,  avec  la  Difiertation  de  Thomas  Bartholin  qui  eft  inti- 
tulée :  De  infoUtis  panas  humani  viis.  Hagce  Comitis  ,  1740,  in-8.  Tout  le  monde  fait 
que  les  Egyptiens  fe  font  refervé  long  tems  le  fecret  de  faire  éclore  des  poulets  fanj 
le  moyen  des  poules.  Ils  conftruifent  de  longs  &  fpacieux  fours  d'une  forme  par' 
ticuliere,  dans  lefquels  ils  mettent  une  grande  quantité  d'œufs  :  par  le  moyen  d'un 
feu  doux  &  bien  ménagé,  ils  leur  procurent  une  chaleur  égale  à  celle  que  les  pou- 
les donnent  aux  œufs  qu'elles  couvent ,  &  au  bout  d'un  certain  nombre  de  jours  , 
on  voit  éclore  un  fi  grand  nombre  de  poulets,  qu'on  peut  les  mefurer  &  les  ven- 
dre au  boiffeau.  La  chaleur  du  climat  fuffit  pour  amener  les  poufiins  à  leur  perfec- 
tion. M.  De  Réaumur  a  fait  tant  d'expériences  fur  cet  objet ,  qu'il  eft  enfin  par. 
venu  à  enlever  aux  Egyptiens  leur  fecret. 

VESTI  CJufteJ  étoit  d'Hildesheira  dans  la  Bafle  Saxe,  où  il  naquit  le  13  Mai 
1651.  L'Univerfité  d'Erford  fut  celle  qu'il  choifit  pour  y  faire  fon  cours  de  Mé- 
decine ,  &  il  l'acheva  par  la  prife  de  bonnet  le  25  Oftobre  167.:;.  En  1677,  u 
revint  dans  fa  patrie  ,  où  il  exerça  fa  profeilion  pendant  quatre  ans  avec  beaucoup  de 
fuccès  ;  mais  ayant  obtenu  la  Chaire  de  Botanique  à  Erford  ,  il  quitta  Hildesheim  pour 
aller  la  remplir.  Ce  fut  à  ce  titre  que  la  Faculté  le  reçut  au  nombre  de  fes  Membres  ; 
il  s'y  avança  ,  car  il  devint  Profedeur  d'Anatomie  ^^  de  Chirurgie  en  1682  ,  &  il  pafia  à 
la  Chaire  de  Pathologie  en  1690.  II  l'occupoit  encore,  lorfqu'il  mourut  le  27  Mars 
1715.  On  a  plufieurs  Diflcrtations  Académiques  de  la  taçon  de  ce  Médecin  ,  telles 
que  celles  qui  portent  en  titre  :  De  Struma  :  Do&rina  de  purgaiione  :  De  pulvere  fympa- 
thctico  :  De  fymbnln  Pythagore ,  Fabis  abftineto.  De  fru^aum  honcnfium  &  efculeniorum 
T  0  ME    IV.  V  V  V 


52Î  V    E    T         V    E    Y       U    F    F 

abufa  :  De  pants'  ufu  alimentosô  &  medicamenwsô  :  De  prteftantia  medicamentnrum  jîmpUclum 
&  GaUnicorum  ,  pr<£  Cliymich.  Mais  il   a  publié  des  Ouvrages  plus  conlidérables  : 

Collegium  Chymicum  Crameri ,  cum  Obfervatiunum  Medicarum  Décade  prima.  Franco- 
furti  &   LipJΣ  .,   1688,  /n-4. 

Œconomia  corporis  humant.  Erfordits ,  1688.  Lipjîa  ,  1731  ,  fous  le  titre  de  Competi' 
dium    JnftUut'wnuin  Medicin£. 

Gafpar-Henri  f^ejîi ,  fils  de  Jufie ,  fut  reçu  Dofteur  en  Médecine  à  E  rford  en 
1703  ,  &  mourut  en  1713. 

VETR.ANI  ,  (  André  _)  de  Palerme  ,  étoit  Doiïeur  en  Philofophie  &  en  Méde- 
cine. Il  pratiquoit  dans  fa  ville  natale  avec  le  litre  de  Confulteur  du  Gouverneur 
&  de  Proto-iVlédecin  ,  lorfqu'ii  devint  veuf.  Bientôt  après  ,  il  embralTa  l'état  ec- 
cléliadique  ,  &  s'appliqua  à  l'étude  de  la  Jurifprudence  &  de  la  Théologie.  U  s'a« 
vança  dans  fon  nouvel  état,  car  il  devint  Curé  de  Saint  Nicolas  ,  Protonotaire 
Apoftolique ,  Confulteur  du  tribunal  de  l'Inquifition ,  Juge  Synodal  ,  Examinateur 
du  Dioceie  de  Palerme  &  Député  des  Monalteres.  11  mourut  dans  fa  patrie  le 
24   Mars  1689 ,  à  lâge  d'environ  64  ans  ,  &  lailfa  les  Ouvrages  fuivans  : 

Trutina  apologenca  ConfiUi  Medici  à  Paulo  Stredes  nuper  editi  pro  ^kxandro  La 
Barbera   &    Rejiivo ,  contra  RR.    PP.  &   Moniales  Carmelitas  dijcalceatos.  Panorml  , 

165 1  ,  in-4. 

Oratio  gratulaiorîa  de  recepta  Cataîaunia  vidloriâ.  Ibidem  ,  1653  ,  In-^, 

uimujjii  Medicamentarïa  ad  ufum  Pharmacopolarum  Urbis  Panorml.  Ibidem  ,  1655  ^ 
in -4. 

Medicum  difcrlmen  de  Lepra  Gallicâ.  Ibidem  ,  1657  ,  '«-4. 

Oratio  funebrls  Marcl  Antonli  Alaimi  ,  Anium  &  Med.  Do&.  Ibidem ,  1662 ,  /n-4. 

VEYRAS  ,  C  Jacques  )  Médecin  du  XVI  fiecle  ,  prit  fes  dégrés  à  Montpellier  , 
où  il  fut  dilciple  de  Laurent  Joubert.  Divers  abus  regnoient  alors  parmi  les  Chirur- 
giens ,  qui ,  en  particulier  ,  ne  pouvoient  le  réfoudre  à  abandonner  le  tamponnement 
des  plaies  ,  &  â  le  dépouiller  de  leurs  fentimens  fur  la  brûlure  dans  celles  pro- 
duites par  les  armes  à  feu.  F'eyras  attaqua  ces  abus  dans  un  Ouvrage  qui 
parut    fous  ce  titre   : 

TraiM  de  Chirurgie  contenant  la  vraye  méthode  de  guérir  playes  d'arquebufade  ,  avec 
la  réfatjtlon  de  ce  Trai&é  par  Tannequin  Guillaumet,  &  Vadvls  &  jugement  de  M. 
Laurent  Joubert.  Lyon ,  1581  ,  in-ii.  Gm7/aumet ,  Chirurgien  de  Nifmes  ,  prétendoit 
qu'on  devoit  s'attacher  à  la  brûlure ,  &  non  point  à  la  contufion  dans  le  ttaitement 
des  plaies  d'armes  à  feu  ,  &  il  avoit  foutenu  fon  opinion  dans  un  Ouvrage  publié 
contre  F^yras^  à  qui  il  répliqua  encore  en  1590. 

UFFENBACH  C  Pierre  )  étoit  pafle  de  la  place  de  Phyficien  ordinaire  de  Franc- 
fort fur  le  Me'm  à  celle  de  premier  Médecin,  lorfqu'ii  mourut  dans  cette  ville  ett 
1635.  Il  employa  une  partie  de  fa  vie  à  publier  ou  à  traduire  les  Ouvrages  d'autrui  ; 
on  lui  doit,  en  particulier,  une  édition  de  ceux  de  Earthtlémi  Montagnana  ,  qu'il  a 
enrichis  de  fes  réflexions  ,  &  une  autre  du  Pantheum  Midicinte  felccïum  ù'Hercule 
Saxonia.  Il  a  encore  mis  au  jour  : 


VIA  sa^ 


o 


^natomla  ç§  Medldna  (quorum  CaroJi  Ruini.  Francofurtl ,  1603.  Ceft  une  Traduc 
vion  de  l'Italien  de  cet  Auteur.  Il  a  audî  traduit  de  cette  Langue  en  Allemand 
VHerbario  nuovo  de  Cajîor  Durantes,  &  il  en  a  donné  deux  éditions  à  Francfort, 
1609  '  '"-4  &  l^V,  t  inS. 

Thefaurus  Chirurgicus,  Francofani  ,  i6to,  in-folio.  C'eft  une  colled^ion  des  principaux 
Traités  à' ^mbroife.  Paré.,  de  Jean  Tagault  ^  àc  Jacques  HoulUer .,  de  Marianus  Sanc- 
tus  ,  d'^ige  Bolognini ,  de  Michel- Ange  Blondus  ,  d'Alphonfe  Ferrius ,  de  Jacques 
Dondus  &  de  Fabrice  Hildaa.  11  y  a  joint  une  defcription  Anatomique  du  corps 
humain ,  qui  qft  bien  incomplette. 

F>:fpenfatorium  Galena-Chymicum  ,  cont'inens  Joannis  Renodtei  Tnftitutionum  Pharma- 
ceuticarum.  Libros  V ^  iz  Materia  Medicâ  Libros  III ,  &  Antidotarium  variiim  &  ab- 
JbltitiJJimum  ;  item  Jofephi  Qaercetani  Pharmacopœam  Dogmaticorum  refiitutam.  Franco- 
fani ,    163 1,  i/1-4.  "^ 

VIALI ,  ("FélixJ  de  Padoue  ,  commença  par  enfeigner  la  Botanique  à  Pife  ; 
mais  il  vint  enluite  remplir  les  mêmes  fondions  dans  fa  ville  natale  ,  où  il  devint 
Diredteur  du  Jardin  des.  plantes  en  1687,  obtint  la  vétérance  en  1719,  &  mourut 
le  11  Janvier   1722.  On  a   de  lui  : 

Planta,  fûtes  in  fiminario  Hurti  Patavinl  annô  1686.   Patavii ,  in-ii. 

VIANEUS,  (  Vincent  )  qu'on  nomme  encore  f^ioneus  ou  f^ojanus  ,  Médecin 
&  Chirurgien  né  en  Calabre,  eft  cité  par  Gabriel  Barri  dans  un  Ouvrage  imprimé 
à  Rome  en  1571  ,  in-8 ,  fous  ce  titre  :  Pe  aniiquitate  &  fitu  Calabrite.  Ctt  Hiftorien 
en  parle  comme  de  Pinventeur  de  la  méthode  de  réparer  les  défauts  des  lèvres  & 
du  nez;  Primus  labia  &  nafos  mutilas  injiaurandi  artem  excogitavit.  Cette  citation 
pourroit  induire  en  erreur  fi  on  la  prenoit  au  pied  de  la  lettre.  Ce  n'eit  point  à 
f^incent  yiuneus  qu'on  doit  cette  méthode  ;  ^ranca  l'avoit  pratiquée  avant  lui,  ainfi 
que  le  dit  Pierre  Ran^uno ,  Evoque  de  Lucéra  dans  le  Royaume  de  Naples,  qui 
en  parle  Ibus  l'année  1442  dans  le  huitième  tome  de  fes  Annales  du  monde,  pré- 
cieux Manulcrit  de  la  bibliothèque  des   Dominicains   de  Palerme. 

Bernardin  Fianeus  ,  neveu  de  f^incent,  &  Pierre  ,  fils  de  Bernardin^  ont  été  fort 
attachés  à  la  praiique  de  la  même  méthode.  Il  eft  aflez  vraifemblable  que  ce  fut 
Pierre  qui  en  iniiruifit  TagUaco^^o  dit  Taliacot. 

VIARDEL,  C'Côme)  Chirurgien  privilégié  ,  exerça  l'Art  des  accouchemens  à 
Paris  après  le  milieu  du  XVII  fiecle.  11  a  fouvent  critiqué  Mauriceau ,  dont  il  étoit 
l'émule  ,  mais  il  ne  le  valoit  pas  ;  Mauriceau  à  fon  tour  a  relevé  l'es  erreurs  , 
peut-être  avec  trop  de  véhémence  ,  animé  qu'il  étoit  par  la  fingularité  des  opinions 
de  fon  adverfaire.  En  effet  ,  f^iardel  a  donné  tête  baiil'ée  dans  la  plupart  des 
pratiques  fuperftiiieules  des  bonnes  femmes  ,  &  U  a  conl'eillé  afiez  mal  à-propos 
i'ulage  des  médicamens ,  même  dans  les  cas  où  l'Accoucheur  n'a  beloin  que  de 
la  main.  La  lienne  n'étoit  pas  heureufe  ;  car  il  a  quelquefois  renverfé  la  matrice 
en  travaillant  à  l'extraclion  du  placenta  ,  &  il  en  fait  Thiftoire  ,  fans  rougir  de 
ian  impéritie  ,  dans  l'Ouvrage  qu'il   a  écrit  ,  fous  ce  titre  : 

Obfervations  fur  la  prat'que  des  Accouchemens  naturels  ,  contre  nature   6?  mon/îrueux. 


524  Vie 

Paris,  1671  ,tn-S.  Ibidem,  1^48,  in-S  ,  avec  quelques   nouvelles   obfervations   ie- 
peu  d'importance.  Il  y  a  aufli  une  édition  eu   Allemand,  Francfort,  167B,  'iB. 

VICARIUS,  (  Jean -Jacques  J  ou  VICARY  ,  prit  le  bonnet  de  Dodeur  eo 
Philolophie  &  en  Médecine  dans  rUnivcrfué  de  Fribourg  en  Brifgaw  ,  où  il  obtint 
la  première  Chaire.  L'Académie  Impénale  des  Curieux  de  la  Nature  fit  tant 
d'eltime  de  les  talens  »  qu'elle  le  mit  au  nombre  de  lès  Membres  ,  en  i6()7 ,  fous 
le  nom  d'^naximander.  Il  méritoit  cet  honneur  par  les  obiervations  qu'il  a  voit 
communiquées  aux  Directeurs  de  cette  Société  ;  mais  les  Ouvrages  qu'il  publia  dana 
la  fuite  ,  l'en  rendirent  encore  plus  digne,  'l'els  font  : 

Hydrophylacium  ,  feu  ,  Dijcurfus  de  ^qu'is  falubrlbus  mineralibus.  Ulmte  Suevorum  , 
1699 ,  in-8. 

Bafis  unlverfe  Mcdîcina  in  quinque  Libros  Inftitutinnuni  pro  veteri  more  divifa  ,  acjuxta 
Ncotericos  in  principiis  Mathematicis  ,  Meclianicii  &  Anatomicis  fundata.  Ibidem^  17°0 , 
in-8.   argent orati  ,  1710  ,   /«•8. 

Traclatus  de  intemperato  Hippocratico  ,  feu  cacochymiis  Gakni ,  în  très  Libros  divifuf. 
Arge^itorati  ^  1712,   in.4. 

VICARY  ,  (  Thomas  )  Chirurgien  du  XVI  fiecle ,  étoit  de  Londres  où  il  fit 
fa  proftllion.  La  circonftance  la  plus  remarquable  de  fa  vie  par  rapport  à  l'Hif- 
toire  de  la  Médecine ,  c'eft  qu'il  eft  le  premier  qni  ait  écrit  ea  Anglois  fur  l'Ana» 
tomie.  Son  Ouvrage  eft  intitulé  : 

The  EngUihman's  treafure  or  the  nue  ^natomy  of  man's  body ,  c'eft-à-djre  ,  le  Tréfot' 
d'un  Anglois  fur  la  véritable  Anatomie  du  corps  humain.  Londres  ,  1548  ,  1577  , 
in-8,  1587,  1633  ,  in./^. 

VICQ  d'AZYR  ,  (  Félix 3  de  Valogne  en  Baffe  Normandie,  prit  le  bonnet  de 
Do£leur  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris.  Ses  talens  lui  ont  mérité  l'entrée 
de  l'Académie  Royale  des  Sciences  ,  la  place  de  Médecin  ordinaire  de  M.  le 
Comte  d'Artois ,  &  celle  de  Commiflàire  général  &  premier  Correfpondant  de  la 
Commiflion  des  Médecins  établie  à  Pans  pour  les  maladies  épidémiques  &  épi- 
zootiques.  La  Société  &  Correfpondance  Royale  de  Médecine  eft  un  de  ces  éta- 
bhflèmens  qui  illuftreront  le  règne  de  Louis  XV [  ,  &  qui  mettront  ce  Prince  au 
rang  des  bienfaiteurs  de  l'humanité.  Cette  Société  ,  vraiment  utile  ,  a  été  établie 
par  un  Arrêt  du  Confeil  du  29  Avril  1776,  où  il  eft  dit  que  »  Le  Roi  s'étantfait 
■n  rendre  compte  des  précautions  anciennement  prîtes  ,  &  des  moyens  qui  ont  été 
»  employés  pour  porter  des  fecours  à  fes  fujets  &  veiller  à  leur  confervation  ,  lorf» 
„  que   des  maladies  épidémiques  ont  affligé  quelques  provinces ,  ou  lé  font  répan-  X 

„  dues  dans  les  campagnes;  Sa  Majefté  a  reconnu  qu'il   étoit  digne  de  fa  bienfai-  i 

„  fance  de  pourvoir  à  cet  objet  important  ,  par  des  inflitutions  publiques  fx.  capa-  j| 

>  „  blés  de  remplir  plus  sûrement  leur  objet  :  qu'une  longue  expérience  prouve  que  les  * 

„  épidémies,  dans  leur  commencement ,  font  toujours  funeftes  &  deftruétives  ,  parce 
„  que  le  caraftere  de  la  maladie  étant  peu  connu  ,  laifle  les  Médecins  dans  l'in- 
»,  certitude  fur  le  choix  des  traitemens  qu'il  convient  d'y  appliquer  .•  que  cette 
n  incertitude  naît  du  peu  de  foin  qu'on  a  eu  d'étudier  &  de  décrire  les  fymptô^ 


vie  525 

„  mes    des  différentes  épidémies ,  &  les  méthodes  curatives  qui  ont  eu  le  plus  de 
„  fuccès  :  que  ii  quelques  Médecins  habiles  ont  écrit  &:  confervé  leurs   obicrvations 
,,  iur  les  épidémies  qu'ils  ont  vu   régner,  ces  Ouvrages  ifolés  Ibnt  demeurés  ians 
„  utilité,  faute  d'ôtre   raflemblés,  &  de  concourir  ,  parleur  réunion  &  leur  compa- 
,,  raifon  ,  ii  la  formation  d'un  corps  complet  de  dodirine:  que  cependant  la  vérita- 
„  ble  &  la  plus    sûre  étude  de  la  Médecine,  confiftant  dans  l'oblervation    &  dans 
„  l'expérience  ,  le    véritable  code    des  Médecins  feroit  dans  le  recueil  de  tous  les 
„  faits  que  les  hommes  les  plus  inftruits   de  l'Art  ont  obfervés,  &  des  traitemens 
„  dont  ils  ont  éprouvé  ,  dans  les  épidémies  ,  les  bons  ou  les  mauvais  fuccès  :  que  pour 
„  encourager   les   Médecins  habiles  à  conCerver  leurs  obfervationl ,  &  pour  parve» 
„  nir  à  les  réunir  &  les  comparer  enfemble ,  rien  ne  feroit   plus  utile  que  l'établif- 
„  fement  d'une  CommiffioQ  corapofée  de  Médecins  choifis  par  Sa  Majefté  ,  &  qui 
„  leroient  par  elle  fpécialement  chargés  de  s'occuper  de  l'étude  &  de  l'hiftoiredes 
»  épidémies  connues  ;  de  fe  ménager  des  correfpondances  avec  les  meilleurs  Méde- 
T.  cins  des  provinces  &  même  des  pays  étrangers;  de  recueillir  &  de   comparer  leurs 
v>  obfervations ,  de  les  raflembler  en  un  feul  corps  ;  enfin   de  fe  tranfporter ,  toutes 
X»  les  fois  qu'jl  leur  feroit    ordonné  ,    dans  toutes  les  parties  du  Royaume,  où  des 
»  maladies    épidémiqucs    requerroient  les   fecours  de  leur  Art  :  l'objet    efientiel  de 
n  ceux  qui  l'exercent ,  étant  fur-tout  de  ne  négliger  aucuns  rrioyens  de  fe  rendre  utiles 
«  à  l'humanité;  Sa  Majefté  a  droit  d'attendre  du  zèle  de  ceux  qu'elle  aura  choilis, 
»  qu'à  l'exemple  des  plus  grands  Médecins  de  l'Antiquité  ,  ils  ne  dédaigneront  pas 
»  d'étudier  pareillement  les  maladies  des  animaux  &  les  remèdes  qui  leur  convien- 
r>  nent.  »  Ces  confidérations   ont  engagé  le  Roi  à  ordonner  qu'il  fe  tiendra  à  Paris 
une  afl'embiée  des  Membres  de  la  Commidion  au  moin*  une  fois  par  femaine ,  &  il 
a  nommé  M.  De  Lajfone ,  foo  premier  Médecin  en  furvivance  ,  pour  prélider  à   cet 
établillement  ,    dont  M.  /^icq  d^yj^yr  a  été  déclaré  Commiffaire  général  (g  premier 
Correfpondant  avec  les  Médecins  des  provinces.  Celui-ci  eft  tenu  de  faire  un  cours 
d'Anatomie  humaine  &  comparée.  Il  entre  encore  dans  le  plan  de  la  nouvelle  int- 
litution  ,  d'y  aggrégfr  fix  Dodeurs  en    Médecine  nommés  par  M.  De  LaJJhnc ,  qui 
doivent ,  au  beloin  ,  f-*  tranfporter  dans  les  provinces  où  ils  feront  jugés  nécelfaires 
pour  le  fouiagement  des  hommes  &  des  befiiaux.  Et  pour  étendre  le  plus  qu'il  fera 
poflîble  l'utilité  que  le  public  doit  retirer  de  cet  établiflement ,  M.  De  Laffbne ,  fur 
le  rapport  de  M.  f^icq  d'^iyr,  admet  aux  aflemblées  des  Dofïeurs  ou  étudians  en 
Médecine  ,  faifant   leur  cours  à  Paris  ,  même  des  Chirurgiens  ,  ou  des  élevés  ea 
Chirurgie ,  à  qui  Sa  Majefté  accordera  des  encouragemcns  proportionnés  aux  preu- 
ves qu'ils  auront  données  de   leur  application    &  de  leur  amour  pour  le    travail. 

M.  f^icq  d' /4iyr  ne  peut  manquer  de  faire  Heurir  cet  établiflement,  puifqu'il  eft 
au  fait  des  matières  qu'on  a  données  pour  objet  aux  délibérations  des  Membres  de 
la  Correfpondance  Royale.  Non  léulement  il  s'en  eft  occupé  depuis  long-tems  , 
mais  il  a  encore  publié  diftërens  Ecrits  au  fujet  des  épizooties  qui  ont  régné  en 
France  pendant  les  années  dernières.  Tels  font  .• 

Obfervations  fur  les  moyens  que  l'on- peut  emplyer  pour  préfcrver  les  animaux  fains  de 
la  contagion,  &  pour  en  arrêter  les  progrès.  Avec  une  addition  intitulée:  Précautions 
pour  la  purification  des  étables.  Bordeaux,  1774,  In-ii.  Ce  Médecin,  étoit  alors  oC' 
cu^é ,  de  la  part  du  Gouvernement ,  à  faire  des  recherches  Pbyiiques  6i  Médicinales» 


52  J  Vie 

fjr  la  maladie  épidémique  qui  attaquoit  les  befliaux  dans  les  Généralités  de  Bor- 
deaux, Auch  ,  Rayonne  &  Montauban, 

Jnjlru&ions  relative  à  l'épi^ootU.  JnjlruQlon  pour  les  Syndics.  Rouen ,  1775 ,  J/1-4  , 
de  lîx  pages. 

Jnjlruciions  relatives  à  Vépii{notie  ,  pour  les  foldats  de  détachement  defiinés  à  former  une 
chaîne  pour  circonfcrirela  maladie.  Kouen,   1775  »  ^'""41   ^^  *''°'^  pages. 

Recueil  d'obfervaiions  fur  les  différentes  ,néthodes  propofées  pour  guérir  la  maladie  épi^oo- 
tiqite  qui  attaque  les  bêtes  à  cornes  ,  fur  les  moyens  de  la  reconnoître  par -tout  où  elle 
pourra  fe  manifejier ,  &  far  la  manière  de  déJînfeSler  les  étables.  Paris  ,  1775,  iu  4,  de 

JnjLructloa  fur  la  manière  de  défmfecfer  les  cuirs  des  beftiaux  morts  de  l'épixpotie  ,  & 
de  les  rendre  propres  a  être  travailles  dans  les  tanneries  fans  y  porter  la  contagion.  1775 , 
in-4,  de  6    pages. 

Confultation  fur  le  traitement  qui  convient  aux  befliaux  attaqués  de  Vépiiootie.  Bordeaux, 

1775  '  ''"■'^  •>  ^'^  ^^  P^i^^- 

Second  Mémoire  injlruciif  far  Vexécution  du  plan  adopté  par  le  Roi  pour  parvenir  à  dé- 
truire entièrement  la  maladie  qui  s'ejî  répandue  fur  les  beftiaux  dans  les  Provinces  méri- 
dimales   de  la  France.   Paris,  1775,  '1  4  ,  de    2^  pages. 

Jnftruciioa  fur  la  manière  de  déjinfecier  les  établa  où  il  y  a  eu  anciennement  des  bef- 
liaux attaqués  de  Vépiiooiie.  Paris  ,  1776 ,  f/z-4  ,  de  trois  pages.  Ce  Mémoire  n'cft 
pas  le  même  que  celui  qui  a  paru  en  1775. 

Expofé  des  moyens  curatifs  &  préfervatifs  qui  peuvent  être  employés  contre  les  maladies 
'  pcftilentielles  dzs  bêtes  à   cornes.   Paris,  1776,    in  8,    de   728    pages. 

VICTORIIS  (  Léonelle  DEJ  étoit  de  Faenza  ou  Fayence  ,  ville  d'Italie  dans 
la  Romagne.  Dès  l'an  1475  ''  eoleigna  la  Médecine  dans  les  Ecoles  de  Bologne  , 
&  il  poulïa  l'a  carrière  jufques  vers  1530;  mais  il  avoit  abandonné  fa  Chaire  bien 
du  tems  auparavant,  pour  fc  borner  à  la  pratique  qu'il  exerça  dans  quelques  au- 
tres endroits.  Les  Ouvrages  des  Grecs  étoient  déjà  bien  connus  en  Italie  du  vi- 
vant de  ce  Médecin  ;  on  ne  voit  cependant  point  qu'il  en  ait  profité  ,  car  on  oc 
trouve  que  la  pure  doclrine  des  Arabes  dans  les  Ecrits  qu'il  a  laiflës  &  qui  ont 
été  imprimés  fous  ces   titres: 

De  agritudinihas  infantum  Tra&atus.    fngolftadii.,   1544,  in  8.  Lugduni ,  1546,  in-8  , 

15541  1574»  '''-i^-  ^'^«"''"s  »  ^557»   ^"■^■ 

Praciica  medicinalls .,  fi^'^  >  de  medendis  morbis  membrorum  omnium  totius  corporis  huma, 
ni  Liber,  cum  fcholiis  Joanais  Kufneri.  Ingolftadii ,  1545,  m-4.  Lugduni ,  1546,  t/i  8  , 
Î574,  1593»  '1-12»  avec  le  Traité  des  maladies  des  enfans. 

VICTORIIS  ,  (  Benoit  DE  J  neveu  du  précédent ,  étoit  auffi  de  Faenza  ,  où 
il  naquit  vers  I4tji.  11  pafla  pour  un  des  meilleurs  Phiîolopbes  de  l'on  tems,  & 
fut  très-iuivi  dans  la  pratique  de  la  Médecine ,  dont  Laurent  Gryll  allure  qu'il  rem- 
plit les  devoirs  pendant  foixante  ans.  Rertoit  ne  fut  pas  moins  en  réputation  par 
les  leçons  qu'il  donna  à  Jiologne,  où  il  raontoit  en  Chaire  vers  l'an  1540.  Les 
Ouvrages  qu'il  a  compolés  ont  aufli  contribué  à  fa  célébrité  ;  on  voit  cependant  , 
dans  la  plupart  de  fcs  Ecrits  ,  combien  il  étoit  attaché  aux  principes   de    l'Empirif- 


vie  527 

me,  car  on  n'y  trouve  prcfque  que  les  noms  des  maladies,  mais  une  foule  de 
remèdes.  Voici  la  notice  que  les  Bibliographes  donnent  des  Ouvrages  de  ce  Mé- 
decin: 

Liber  Théories  ladtudimm  Midicime.  f^enetih ,  1516,  in  folio.  Florentia  ^  155^» 
in-fulio ,    avec  les  Commentaires  de  l'Auteur  fur  les  Pronoftics   à' Hippocrate. 

De  morbo  Gallico  Liber.  Bafilea:,  1536,  (n.4 ,  avec  d'autres  Traités  fur  la  cure  des 
maux  vénériens.  Florenii£  ^  1551  ,  in-8.  11  eft  bien  apparent  qu'il  n'a  eu  aucune  part 
à  l'édition  de  Bâle ,  &  que  ce  font  fes  difciples  qui  y  ont  fait  iniérer  ce  qu'il 
leur  avoit  dit  ou  à\£ié.  La  preuve  eft  claire;  il  réclame  contre  ce  qu'on  lui  prête 
dans  cette  édition ,  &  s'en  plaint  au  chapitre  X  de  celle  de  Florence  ,  à  la  Hn 
de  laquelle  il  ajoute  qu'il  avoit  foixante-dix  ans,  lorfqu'il  écrivit  ce  Traité:  mais 
comme  il    étoit   né  vers  1481  ,  il  ne  pouvoit  avoir  cet  âge    en   1556. 

Liber  de  curatione  Pleurnidis   per  Jan^uinis    mijjionem.   f^enetHs^  I53^i  '"-4-  Floren- 

tla  ,  .1551  j  in-^- 

Compcndium  de  dofibus  Medicinarum  ,  avec  les  Opufcula  lllujïrium  Medicorum  de  do- 
fibas.   Pdtdvii  ,    1550  ,   ia-8  ,    1579  ,    /tt-4.    F^enetiis ,  1562  ,  in-U.  Lugduni  ,  1584  ,  m-8* 

Medicinalia    conjilia  ad  varia  morborum^cncra.  fuietils .,  155 1,  '«•4,    ^557^    '"-8. 

In.  Hippocraùs  Prognojlica  Commentarii.  Floreniia.,  155 ï  >  in  folio,  avec  le  Liber 
Theoricee   latitudinum  Medicina. 

Empirica  Mcdicina  Àe  curandls  morbis  totius  corporis  &  febribus.  f^enedis ,  1555  »  "^"^' 
Lugduni ,  1558,  1572,  ia-12.  Francofurd ,  1598,  1626,  Jn-8  ,  avec  le  Dlfpenfaiurlum. 
Chymicum. 

Commentaria  in    Hippocraùs^  ^phoripnos.    Fcnedis ,  155S  ,   in-i.. 

Pra&ic;s  magn<e  de  morbis  car  an  dis  ad  Tyrones.^  Toml  duo.  Ibidem,  1^62,  in-foUc. 
Francofurd  ,  1628,  fn-8.  11  a  fuivi  les  Auteurs.  Grecs  dans  cet  Ouvrage,  il  y  a 
même  inféré    quantité  de  chofes  tirées .  de  leurs  Ecrits. 

VICTORIUS,  (  François  )  Médecin  natif  de  Bergame  dans  l'Etat  de  Venife  , 
fur  comparé  à  Thémiftocle  ,  à  Céfar,  à  Séneque ,  à  Mithridate ,  à  Ariftophane  , 
à  caufe  de  l'excellence  &  de  la  sijreté  de  fa  mémoire  ;  il  fut  même  furnommé 
La  Mémoire,   pour  déiigner  la    fupériorité  de  cette  faculté  de  fon  ame. 

Après  avoir  appris  la  Grammaire  &  les  Belles  -  Lettres  à  l'école  de  fon  père, 
il  alla  étudier  la  Philofophie  &  la  Médecine  à  Padoue.  Les  progrès  qu'il  fit  dans 
ces  deux  Sciences  furert  fi  grands,  qu'il  ne  tarda  point  à  être  appelle  dans  les  prin- 
cipales Univerfités  d'iialie,  qui  fe  font  long-tems  glorifiées  de  l'avoir  eu  pour 
Profeliëur.  Mais  il  s'arrêta  davantage  à  Padoue  ,  où  il  remplit  tour-à-tour  les  Chaires 
de  Théorie  &  de  Pratique  dans  les  Écoles  de  la  Faculté  de  Médecine.  Ce  fut 
dans  cette  ville  qu'il  mourut  le  jour  de  Saint  Martin  1523  ,  fuivant  l'Hiftorien  de 
rUniverlité  de  Padoue,  qui  ne  s'accorde  point  avec  l'omafmi ;  car  celui-ci-met 
la  mort  de-  F'iciurius  après  l'an  1528.  On  allure  que  ce  Médecin  a  écrit  plufieurs- 
Ouvrages,  mais  qu'ils  furent  conl'umcs  dans  un  incendie,  fans  qu'il  en  eût  rien 
été  publié. 

Les  Bibliographes  parlent  d'^ige  Fi&orius ,  autre  Médecin  Italien  qui  fit  im- 
primer en  1613  un  Traité  intitulé  :  Hijloria  palpitadunis  curdis,  rupiarumque  cojîarum- 
Philippi  Neri.  Ce  Saint  Fondateur  fut  attaqué  d'une  tumeur  à  la  poitrine  qu'il  porta 


S28  V    I    D        V    I    E 

julqu'à  fa   mort  arrivée  en  1595,  à   h'îge   de  80  ans.   On  lui   trouva   deux  côtes 
caflees  par  la   violence  des    palpitations  de  cœur  qy'il  avoit  reflenties. 

f^icitorius  a  encore  laiflë  des  confultations  qui  ont  été  imprimées  après  fa  mort, 
par  les  foins    de   f^inceat  Manutius.  L'édition  eft  de  Rome ,  1640  ,  in-fulio. 

VIDUS  VIDIUS,  Médecin  natif  de  Florence,  eft  plus  conau  fous  ce  nom, 
que  fous  celui  de  f^ital  F"iduro ,  qui  eft  le  véritable.  11  exerçoit  fa  profeffion  avec 
beaucoup  de  célébrité  dans  la  patrie ,  lorfque  François  1  l'appelia  à  Paris  vers  l'an 
1542,  &  lui  donna  le  titre  de  l'on  Médecin,  ainfl  que  la  Chaire  de  Chirurgie 
dans  le  Collège  qu'il  avoit  fondé  dafas  cette  ville  en  1530.  f^idlus  n'y  enfeigna  pas 
long  -  tems  ,'  car  après  la  mort  de  François  I  ,  arrivée  en  1547 , .  Côme  I  , 
33uc  de  Tolcane  ,  le  rappella  en  Italie  &  le  nomma  à  une  Chaire  de  Médecine 
dans  les  Ecoles  de  l'Univerfité  de  Pile.  Il  la  remplit  jufqu'à  la  fin  de  fa  vie, 
c'cli-â-dire  ,  an  del>.  de  vingt  ans,  puifqu'on  ne  met  fa  mort  qu'au  !î<5  de  Mai 
1569.  Ce  Médecin  pafle  pour  avoir  parfaitement  entendu  Hippocrate  &  s'être  nourri 
de  fa  doftrine;  on  ne  peut  même  en  douter  à  la  vue  de  tes  Ouvrages  qui  dépo- 
fent   en  faveur  de  cette  opinion.  Voici  leurs  titres  : 

De  Chirurgia  Lihri  V  è  Graco  in  Latlnuvi  converfi ,  cum  Commentarïls  propriis  & 
Galeni.  Lutetitt ,  1544,  in  folio ,  avec  figures.  Cette  tradudion  de  la  Chirurgie  d'Hip- 
pocrate   eft    dédiée  à   François  I. 

De  febribus  Libri  Fil ,  quibus  accédant  fnfiltudonum  Meâicinalium  Llbri  ///.  Flu- 
rcntiie,  15B5  ,  Jn-4.  Patavii ,  1591  ,  1595,  '«-4»  avec  le  Livre  De  febre  malignâ  in 
qua  punSicuH  apparent,  qui  eft  de  la  façon  de   Mercatus. 

yirs  Mcdicinalis  in  qua  cunSa  que  ad  humant  corporis  valetudinem  prafentem  tuen- 
dam  &  abfentem  revocandam  pertinent ,  methodô  exaSfiJfimâ  explicantur.  Florentin,  1594, 
in-folio.  Cet  Ouvrage  devoir  être  divile  en  quarante-cinq  Livres,  mais  il  ne  s'en 
trouve  que  trente-quatre  dans  cette  édition  ,  &  ce  font  ceux  que  l'Auteur  a  revus. 
Son  neveu  a  mis  la  dernière  main  aux  onze  reftans  que  f^idius  avoit  laîll'és  ébau» 
chés  à  fa  mort  ;  ils  ont  paru  à  Francfort  en  1596  ,  In-folio.  Les  éditions  fuivantes 
font  cotîipleites.  P^cnetiis  161 1  ,  in-folio,  trois  volumes,  Francofurti y  1626,  1645, 
1667 ,    in-  folio  ,    fous  le  titre  d'Opéra  omnia  Medica ,   Chirurglca  &  ^natomica. 

De  Anutomc  Libri  Vil.  Venetln ,  1611 ,  in-folio.  Comme  Fallopio  n'avoit  point 
donné  de  figures,  Vidus  Vidius  s'efî  chargé  du  foin  d'en  faire  graver  en  cuivre,  & 
on  les  a  jointes  à  cet  Ouvrage  en  78  planches  ,  qui  font  allez  groflieremeot  e^iécu- 
tées  &  ne  font  point  toujours  conformes  à  l'exprelîion  de  la  nature.  Le  fquelette  eft 
reprélenté  fous  plufieurs  formes  ,  &  il  eft  accompagné  d'une  defcription  particuliè- 
re de  chaque  os ,  dans  laquelle  l'Auteur  expoie  leur  figure ,  leur  pofition ,  leur 
connexion  &c.  Quoiq'je  cet  Ouvrage  foit  enrichi  de  quantité  de  remarques  tirées 
de  fèfaley  il  n'eft  point  totalement  d'emprunt,  car  on  y  trouve  beaucoup  de  dé. 
tails  Anatooaiquei  qui  appartiennent  à  Vidius. 

VIEUSSENS  C  Raimond^  naquit  en  1641  dans  un  village  du  Rouergue  ,d'^- 
hxandre-Henry-Louis.Gaf'par  de  Vicajfens,  Lieutenant  Colonel  du  Régiment  de  Kle- 
irÀs  ,qui  laiffa  fon  fils  fans  fortune,  ayant  dépenfé  au  fervice  la  plus  grande  par- 
tie de  fes  biens.  Livré  à  lui-même  ,  Raimond  fuivit  le  goût  quil  avoit  pour  l'étude  , 


f 


VIE  529 

3f  fa  Philofophie  à  Rhodcz,  alla  enfuite  fe  mettre  l'at  les  bancs  de  la  Faculté  de 
Médecine  de  Montpellier,  où  il  acheva  Ion  cours,  prit  fes  degrés  &  s'éiablit. 
En  1671  ,  il  obtint  la  place  de  Médecin  de  l'Hôpital  de  Saint  Eloy  ,  &  il  en  pro- 
fita pour  fe  perfedïionner  dans  la  pratique,  &  pour  étudier  l'Anatomie  fur  les  ca- 
davres qu'il  diffequa  aufli  Ibuvent  qu'il  le  put.  Il  paroît  cependant  qu'il  s'attacha 
plus  particulièrement  à  la  Névrologie,  qui  ,  malgré  ce  que  WilUs  avoit  publié  » 
étoit  alors  la  partie  la  moins  connue  &  la  plus  négligée.  Ce  fut  après  une  appli- 
cation confiante  de  près  de  dix  ans, qu'il  le  vit  en  état  de  mettre  au  jour  celui  de 
les   Ouvrages    qui  lui    a  fait  le  plus  d'honneur.  Il   eft  intitulé  : 

Nevrologia  univerfalis ,  hoc  eft  ,  omnium  humani  corpnris  nervorum  ,  Jîmul  ac  cerebri  » 
■jnedullxque  fplnalis  -defcnçtio  u4natomica.  Lu^duni  ^  1685,  in-folio.  Francufurti ,  1690  ^ 
j/i-8.  LugJunl ,  1^61 ,  in-folio.  Tolofa  ,  1775  ,  /n-4.  La  partie  Anatomique  de  ce  TraL 
té  eft  excellente  ;  mais  la  Phyfiologie , qui  comprend  la  moitié  du  volume,  ne  con- 
tient que  des  chofes  triviales,  dont  la  plupart  font  faufles  ,  ou  dont  on  tait  peu  de 
cas.  Dans  tous  les  Ecrits  de  fieujjens  on  ne  manque  jamais  d'y  reconcoître  oa 
homme  inftruit  de  la  ftrudîure  du  corps  humain,  &  on  l'admire  ;  il  ne  fait  pas  la 
même  fenlation  lorfqu'il  ie  mêle  de  raifonner  &  c'eft  alors  que  le  Phylicien  nuit 
à  l'Anatoroitie. 

Peu  d'années  après ,  ce  Médecin  fit  imprimer  un  autre  Ouvrage  qui  eft  pure- 
ment Phyfiologique  &  qui  porte  ce  titre  .* 

Tra£!utui  duo.  Primus  de  remotis  &  proximU  mixti  principils^  in  ordine  ad  corpus  hUm 
itianum  fpectatis.  Secundus .,  de  natura^  di_^erentiis ,  condidoaibus  6P  caujis  fermentationis  , 
in  quo  prgcrpua  ,  qute  la  ipfa  fermentatione  obfervantur  pluenomena ,  explicantur.  Lugdunî^ 
1688,  1715  ,  i/1-4.  On  pallèroit  à  l'Auteur  d'avoir  été  un  zélé  partifan  de  la  fer- 
mentation ,  s'il  n  avoit  point  fondé  fa  pratique  fur  de  tels  principes  ;  il  paroît  ce- 
pendant qu'il  s'eft  corrigé  dans  la  fuite  ,  car  on  a  de  lui  un  Ouvrage  pofthume 
fur  la  cure  des  maladies ,  où  il  s'attache  davantage  aux  faits  qu'aux  raifonnemens. 
Les  principes  de  la  Phyfique  CartéGenne  font  inceflamment  amenés  dans  ces  deux 
Traités;  aufli  furent-ils  aflez  mal  accueillis  quand  ils  parurent,  &  ils  font  depuis 
tombés  dans  l'oubli,  parce  qu'ils  ont  été  effacés  par  de  meilleurs  Ecrits,  "* 

Soit  que  les  produirions  littéraires  de  ce  Médecin  euflent  porté  fa  réputation 
julqu'à  la  Cour  ,  foit  qu'il  y  eût  trouvé  quelque  protecteur  ,  il  y  fut  appelle ,  vers 
1690,  à  la  mort  de  Du  Bellay.  Mademoifelle  de  Montpenfier  le  demanda  pour  en 
remplir  la  place  auprès  d'elle  ,*  il  l'accepta  avec  joie  ,  &  s'y  maintint  jufqu'à  la 
mort  de  cette  Princefle.  Il  prit  alors  le  parti  de  retourner  à  Montpellier,  où  il  ren- 
tra dans  fa  charge  de  Médecin  de  l'Hôpital  de  Saint  Eloy.  Il  reprit  en  même-tems 
les  études  ordinaires,  mais  il  s'appliqua  plus  particulièrement  aux  recherches  Chy» 
miques.  Celle  qui  l'occupa  d'abord  ,  fut  de  travailler  à  extraire  du  fang  un  fel  aci- 
de qu'on  n'y  a  pas  encore  trouvé.  Il  crut  y  être  parvenu  en  diftillant  par  la  fe- 
torte  le  tel  fixe  qu'on  retire  du  Caput  monuum  du  fang,  en  le  mêlant  avec  du  bol, 
comme  on  en  joint  au  le!  marin  pour  extraire  fon  acide  par  la  diftillation.  Il  étoit 
fort  douteux  ii  l'acide  qu'on  tiroit  du  Caput  monuum  étoit  celui  du  fang;  du  moins 
éloit.il  certain  que  la  portion  qu'on  obtenoit  par  la  diftillation  étoit  fi  petite, 
qu'elle  ne  devoit  rien  changer  dans  l'économie  des  fondions.  N'importe,  yieuffens 
enchanté  de  cette  découverte ,  la  répandit  avec  oftentation  dans  toute  l'Europe , 
T  0  ME    ir.  Xxx 


S3® 


V    I    E 


par  des  lettres  drcnîaîres  envoyées ,  en  1698,  aux  Facultés  de  Médecine.  Celle  ât 
Lsipfîc   publia  la  lettre  qu'elle  avoit  reçue  ,  fous  ce  titre  ; 

Epiftola  de  fanguinïs  humant  cùm  falc  fixa  ,  tùm  volatili^  In  certa  proportione  fangui- 
nis  phlegma ,  fpii'uum  fubrufum  ,  ac  oleum  fcctidam  ingrcdiente.  Lipjî<e,  1698,  /n-4  , 
avec  la  réponfe   des  Médecins  de  Leipric. 

Mais  f^ieujjens  ne  fe  borna  pas  à  ces  lettres,  il  publia  encore  fa  découverte  par 
un  Ecrit  intitulé: 

Deux  Dcjfertatlons  ,  la  première  far  le  fd  acide  du  fang  ,  &  la  féconde  fur  la  quantité 
proportionnelle  des  principes  de  cette  liqueur.    Montpellier,  1698,  in-8. 

Il  étoit  fi  prévenu  en  faveur  de  cette  découverte  ,  qu'il  pria  enfuite  la  Faculté 
de  permettre  qu'il  en  fît  la  démonflration  en  fa  préfence  dans  l'Amphithéâtre  des 
Ecoles,  On  y  confentit  fans  peine;  l'afiemblée  fut  nombreufe:  niais  dans  le  tems 
qu'il  s'applaudiflbit  du  fuccès  de  ion  opération,  Chirac^  un  des  ProfeHeurs,  fe  leva 
&  réclama  cette  découverte  comme  une  chofe  qui  lui  appartenoit ,  pour  l'avoir 
communiquée  à  deux  Etudians  en  Médecine,  de  qui  il  prétendrt  que  F'îeuffens  l'a- 
voit  apprife.  On  peut  juger  de  l'effet  que  dut  avoir  une  pareille  fortie.  L'afiemblée 
fe  fépara  ,  &  comme  on  ne  fongea  plus  de  part  &  d'autre  qu'à  préparer  fes  atta- 
ques &  fes  défenfes ,  les  Ecrits  polémiques  ne  tardèrent  pas  à  voler  des  deux  cô- 
tés. Ils  eurent  le  fort  de  tous  ceux  de  cette  efpece  ;  autant  pleins  d'aigreur  qu'ib 
étoient  inutiles  pour  les  progrès  de  la  Médecine ,  ils  ne  fervirent  qu'à  faire  torï 
aux  deux  contendans.  Après  beaucoup  de  débats,  f^ieujfens  &  Chirac  prirent  .^ftruc 
pour  arbitre;  mais  fon  jugement  ne  fut  favorable  ni  à  l'un  ni  à  l'autre:  en  effets 
il  leur  démontra  que  la  découverte  n'étoit  rien  moins  que  réelle  ,  &  qu'il  étoit 
ridicule  de  fe  difputer  pour  un  être  imaginaire  ,  puifque  tout  l'acide  de  la  diftilla- 
îjon  du  Caput  mortuum  du  fang  dépend  oit  du  bol  qu'on  y  joignoit. 

Las  de  cette  conteftation ,  f^leujfens  revint  à  fon  étude  favorite ,  je  veux  dire 
à  l'Anatomie.  Il  fit  imprimer  un  Traité  ,  fous  ce  titre  : 

Novum  vafvrun  carporis  humani  fyftema.  uimftelodaml ,  1705,  £h-T2.  Cet  Ouvrage 
lui  a  mérité  les  éloges  de  fes  contemporains.  Il  y  parle  du  palfage  du  faog  dans 
'  les  vaifieaux  lymphatiques,  &  il  en  déduit  la  théorie  de  l'inflammation.  Mdpighi 
&  Bellini  avoient  déjà  tiré  delà  des  conje<ftures  qui  parurent  fi  railbnnablcs  & 
Boerhaave,  qu'il  les  propofa  dans  les  Ecrits,  yieajjens  ,  embarrafl'é  de  donner  la 
xaifon  de  la  rapidité  avec  laquelle  les  eaux  minérales  palfent  par  les  urines  ,  ima- 
<rina  une  nouvelle  clafle  de  vaifieaux  deftinés  à  porter  immédiatement  de  l'cftomac 
dans  la    velfie    les  boiflbns  ,   dont  nous  faifons  un  ulage  abondant. 

Notre    Médecin   avançoit  en  âge  ,  mais  cette  r.ifon  ne   l'empêcha  pas  de  con- 
tinuer fes  recherches  &  d'écrire.  Il  compofa  ,  en  François  ,  trois   Traités  qui    fu- 
ient imprimés  à  Toulouie  ,    1715  ,  en  deux  petits  volumes  i/j-4.  L'un,  De  la  frac- 
ture  &  des  caufes   du  mouvement  naturel  du  cœur  ,  eft  orné  de  treize    planches   alfez 
cxa6\es  ,  mais  qui  vaudroient  mieux  fi  elles  n'exprimoient  point  aufli  grofliercmeBt 
les  objets.   L'autre  ,  De  la  f maure  de  Vorcîllii  contient    fix    planches  fi  mal  faites, 
qu'il   n'eft  guère    poflible  d'y  reconnoître  la    nature.   Le  troficmt  ,    l^es    LAq'icurs ^ 
c''eft-à-dire^  des  humeurs  du  corps  humain,  roule    en    partie   fur  l'analyle  de   ces  hu- 
meurs  que  l'Auteur  fait  aflez    imparfaitement;  il  en  déduit  toujours    l'exiftcnce  ds 
l'acide  du   fang,  qu'il  s'opiaiâtre  à  regarder  comme  chofe  démontrée. 


VIE  ^^i 

Dès  l'an  1706,   on  avoit  imprimé  à  Paris  un   Ecrit  de   f^ieujjens,  intitulé  ;  Nou- 
velles découvertes  fur  le  cœur  ^  in-i2.  Le  célèbre  /"re/nrf  en  parle  &  donne  à  ce  Livre 
l'épithete  de    Tadii  plenijjimus  ac   frugis    omninà    expers.    M.    Senac   en  a    porté    un 
jugement   plus   étendu  &  plus  févere    encore    dans    Ion    Traité     du    cœiT.    Voici 
comme    il  s'exprime;  «  L'elprit  d'hypothele  a   fur-tout  régné  en  France;  il  lemble 
»  que  nous  ayon^  porté  dans  la  Phyfique  la  même  legtreté  qu'on  nous  reproche  dans 
»  nos  adion>.    Les  travaux    de   l'Académie   des   hciences   ont    pu  à    peine   corriger 
»  notre  goiit  dépravé,  f^ieujfens  parut  à   Montpellier  comme    un  homme  qui  avoit 
»  plus  de  zeie  que   de  génie.  Son  Ouvrage  l'ur  les  nerfs  lui  mérita   cependant  l'ef- 
a  time  de    tous   les   Médecins  ,  excepté   de  les    Confrères  :  leur  jaloufie    attribua  à 
n  des    Ecoliers   un    travail    qui    pouvoit    honorer    les  plus    grands     Maîtres,"  mais 
r.  l'équité  du  public   l'a  enfin  vengé  de    cette    injuftice.    Le   nom    de    cet     Anato- 
55  mifte  auroit   paCTé  fans    tache   à  la  poftérité,   s'il    s'étoit   borné  à    cet  Ouvrage; 
»  mais  il  a  voulu  philofopher  fur  ce   qu'il  ignoroît.   Il   attribue   le    mouvement   du 
n  cœur  à  une  force  éiaftique,   qu'il  fuppol'e  dans  le  tilfu  des    fiores  du   cœur,  & 
»  au  concours  des  eiprits  animaux.  Tout  eft  hypothefe  dans  ion  opinion.  Comment 
»  ces  deux  caufes    produilent-elles   la    contrad;ion    &    la  dilatation    alternative    du 
n  cœur  *?    C'eft  ce  qu'il  ne  fauroit    expliquer.    11  n'a  d'autre   mérite   dans    fes   con- 
«  jeétures    hazardées,   que  d'avoir  épargné  à  fes  leéieurs  l'ennui  de  la  longueur.  >» 
La  réputation   de    f^uujjens  a  eu   du    haut  &   du   basj  elle  alloit  en    proportioD 
de   l'accueil    qu'on    faifoit   à  fes  Ouvrages.  C'eft  dans   les  momens  les  plus  favora- 
ble»  que  la  Société   Royale   de  Londres  le  reçut    dans   fon  Corps;    mais  fa  gloire 
étoit  bien  éclipfée  dans  les    dernières   années   de  fa    vie,    qu'il    termina  en    1716. 
Voici    le  portrait   que   M.  AJlruc  a   tracé  de  ce    Médecindans  fon    Hiftoire  de  la 
Faculté    de    Montpellier,  d'où  j'ai   tiré  la  plupart    des   chofes   que  j'ai    rapportées 
dans  cet  Article.  «  rieujjens  étoit  avide   de  gloire  &   très-laborieux  ;   il  auroit    été 
s  loin,  s'il  avoit    eu  de  l'elprit,  &   lur-tout  un  jugement  critique  pour  difcerner  le 
n  bon,    le  vrai  &  le  folide,  d'avec    le   mauvais,  le  faux  &  le  médiocre.  Son  ftyle 
»  étoit  long  &   prolixe ,    &  fon  Latin  plein  de   gallicifmes,-  mais  il  étoit  clair  &  on 
»  le  lit  fans   peine.  Malgré  ces  défauts,  qui   le  déprécient,  je  ne    crois  pas   qu'on 
»  puifle  le  difpenfer,  fans   injuftice,  de  mettre  Fieuffem  au  nombre   des  Médecin» 
9  illuftres  que  la  Faculté  de  Montpellier   a   fournis.  » 

Mais  les  Ouvrages  dont  j'ai  parlé,  ne  font  pas  les  feuls  qu'on  doit  à  f^ieujjens; 
on  lui  attribue  encore   les  fuivans  : 
Confultadons.   Aix,   1691  ,  in- 11. 

Réponfe  à  trois  lettres   Je  M.  Chirac.  Montpellier ,  1698 ,  în-d.  Elles  ont  rapport 
à  la  conteftation  fur  l'acide  du  fang. 

Expériences  &  réfiexions  fur  la  Jîrucfure  &  l'ufage  des  vifcerts.  Paris  ,    1755 ,    in-iz, 
C'eft  le  réfultat   des  injedions  que  l'Auteur  a  faites  avec  le  mercure. 

Epiflola  de  fabrïca  uteri  ad  Man;^etum.  On   la  trouve    dans  l'édition  de  l'Anatomie 
de  yerheyen    publiée  à  Genève. 

uinalyfe  des  eaux  minérales  de  Balaruc  en  Languedoc ,  avec  leurs  propriétés  &  ufage. 
Mémoires    de  l'révoux.   Août    1709, 

Hiftoire  des  maladies  internes.  Paris  &  Touloufe  ,  1774-1776,  quatre  volumes  /0.4  ^ 
avec  un  grand  nombre  de  figures  en  taille  douce.  Cet  Ouvrage  pofthume ,  auquel 


532  V"    I    G 

on  a  ajouté  la  Névrographîe  &  le  Traité  des  vaiffeaux,  préfente  un  recueil  com- 
plet des  maladies  qui  affligent  l'humanité  :  on  y  reconnoît  l'obfervateur ,  qui  ctoU 
enfin  parvenu  à  fe  dépouiller  de  l'elprit  de  lyftême ,  dont  une  longue  pratique 
l'avoit  apparemment  guéri. 

VICIER,  CJean  )  Médecin  de  la  Faculté  de  Montpellier,  rélidoit  à  Caftre» 
en  Albigeois;  c'eft  au  moins  le  l'entiment  de  M.  Portai.  Il  s'appliqua  à  la  Chi- 
rurgie, &  il  l'étudia  ,  avec  aflez  de  fruit,  dans  les  Auteurs  Grecs,  Arabes  &  La- 
tins j  peut-être  fe  mêla-t-il  aulH  de  la  pratiquer.  Ce  Médecin  vécut  au  commen- 
cement du  XVlI  fiecle  ,  &  fe  mit  à  écrire  dès  fan  1629 ,  ainli  qu'il  paroît  de. 
la  notice  que   les   Bibliographes    donnent   de    fes    Ouvrages,   l'els  font: 

Les  ^phorlpnes  (THtppocrate  traduits  en  François ,  enrichis  de  très-belles  &  riches  notei 
&  commentaires  fur  chaque  fentence.  Range^  &  difpofe^  par  lieux  communs  ,  &  félon,  la 
difpofîtion  des  parties  du  corps  humain.   Lyon,  1620,  in- 12. 

Tra&atui  de  Catarrhe  ,  Rheamatifmo  ,  &c.  Genevts ,  1624  ,  t/i-8. 

La  grande  Chirurgie  des  Ulcères.  Lyon,  1656,  in-8.  C'eft    la  féconde  édition. 

La  grande  Chirurgie  des   Tumeurs.  Lyon,  1657,  tn-8. 

Œuvres  Chirurgicales,  trolfîeme  partie  ,  contenant  un  Manuel  ^ n atomique  où  fe  trouve 
une  exaile  defcription  de  toute  la  Jlrucfure  du  corps  humain  &  Vhiftuire  du  foetus.  Lyon  ,, 
1658 .  i/j-8. 

Les  Traités  Chirurgicaux  de  cet  Auteur  ont  paru  en  Latin  ,  fous  ce  titre  : 

Opéra  Medico-Chirurgica ,  in  quibus  nihil  dejîderarl  potejl ,  quod  ad  perfe&am  atque  Irt- 
tegram  de  dignofcendis ,  pnenofcendis  &  curandis  externis  humani  corporis  morbis  methodum 
pertineat.  Hagts  Comitis  ,  1659  ,  in-4, 

VIGIUS  ,  fCorneille  )  Médecin  natif  de  Hoorne  en  Hollande  ,  exerça  fa  pro- 
feflion  à  Dole  en  Franche-Comté  avec  tant  de  réputation ,  qu'à  ion  départ  de 
cette  ville  ,  il  fut  créé  Chevalier  ,  en  récompenfe  des  fervices  importans  qu'il  avoit 
rendus  au  public.  A  fon  retour  en  Hollande,  il  fut  Médecin  du  Comte  de  Frife  5 
mais  l'amour  de  la  patrie  le  rappella  à  Hoorne ,  où  il  continua  de  pratiquer  foa 
Art  jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  1602. 

VIGNE  (  Michel  DE  LA  )  étoit  de  Verqon  en  Normandie  ,  o^  il  naquit 
le  5  Juillet  i5!^/8.  Chaffé  de  cette  petite  ville  par  les  tailles  &  les  fubfides,  il  fe 
réfugia  à  Parus ,  &  fe  mit  à  enfeigner  la  Rhétorique  dans  le  Collège  du  Cardinal 
Le  Moine;  mais  ayant  repris  peu-â-peu  l'exercice  de  la  Médecine,  il  chercha  à 
s'y  faire  autoriler  par  fa  promotion  dans  la  Faculté  de  cette  capitale.  Il  y  prit  le 
bonnet  de  Dodeur  le  premier  jour  d'Ortobre  1614  ;  &  comme  il  parvint  dans  la 
fuite  à  fe  faire  confidérer  de  les  Confrères  ,  il  fut  élu  Doyen  en  Novembre  1642 
&  continué  en  1643.  On  a  de  lui  deux  Difcours  qu'il  prononça  contre  Thé:phrajte 
Renaudot  pendant  Ion  Décanat ,  au  fujet  des  prétentions  de  ce  Médecin  de  Mont* 
pellier.  Lipenius    en  cite  une  édition  de  Paris,  1644,  m  4. 

La  connoiliànce  que  De  La  feigne  avoit  des  hevres  &  de  leurs  remèdes ,  lui  pro- 
cura tant  de  célébrité  ,  qu'il  en  acquit  une  augmentation  de  fortune  &  qu'il  ob- 
iiot  le  titre  de  Médecin  de  Louis  XHl.  Sa  méthode  de  traiter  les  fièvres  fut  coc- 


V    î    G  533 

Srmée  par  tant  de  cures  heureufes  ,  que  plufieurs  pcrfonncs  diftinguées  par  leur 
rang  &  leur  favoir  tâchèrent  de  l'engager  à  écrire  lur  cette  matière  ;  mais  il  n'en 
fit  rien,  car  il  n'a  laiiié  qu'un  fort  petit  Traité  qui  fut  imprimé  à  Paris  en  1671  » 
/n-i2  ,  fous  le   titre  de  Diata  fanorum  ,  ïïve  ,  ylrs  fanitads. 

Ce  Médecin  mourut  le  14  Juillet  1640,  &  laifla  une  fille,  l'illuflre  Mademoifelle 
De  La  Fignc^  l'une  des  plus  favantes  &  plus  fpirituelles  perlbnnes  de  Ion  fexe 
qu'il  y  ait  eu  de  fon  teras.  Elle  furvécut  à  fon  père  jufqu'en  1684.  11  eut 
auffi  un  fils,  Michel ,  qui  naquit  à  Paris  &  fut  reçu  Bachelier  de  la  Faculté  de  Mé- 
decine de  cette  ville  en  1648  ou  1649  •>  f°"*  ^^  JJécanat  de  Jean  Piètre,  Sa  promo- 
tion au  Dodlorat  eft  du  23  Novembre  1650. 

VIGNIER  C  Nicolas  )  naquit  en  1530  à  Bar-fur-Seine  ,  fuivant  le  Prélident  de 
Thdu ,  &  à  Troyes  en  Champagne  ,  félon  l'Abbé  Ladvocat.  Gui,  ion  père,  & 
Edmunde  de  Hors,  fa  mère,  étoient  tous  deux  de  bonne  famille.  Nicolas,  ayant  per- 
du fon  bien  durant  les  guerres  civiles ,  fut  obligé  de  chercher  fortune  ailleurs  ; 
mais  d'autres  alfurent  qu'il  n'abandonna  fon  pays  ,  que  pour  fjivre  plus  librement  la 
Religion  proteftante ,  qui  étoit  la  ficnne.  Au  moins  eft-il  vrai  qu'il  le  rendit  en  Alle- 
magne ,  où  il  exerça  la  Médecine  à  la  Cour  de  plufieurs  Princes.  Les  talens  de 
^/gnier  n'étoient  point  bornés  aufeul  Art  de  guérir  ;  comme  il  avoit  beaucoup  étudié 
î'Hiftoire  ,  il  y  avoit  acquis  tant  de  connoiflar.ces  ,  qu'il  vint  à  bout  d'en  éclaircir  les 
points  les  plus  difficiles.  A  fon  retour  en  France,  il  embrafla  la  communion  de  l'E- 
glife  Romaine,  Su  fut  honoré  de  la  charge  de  Médecin  du  Roi  Henri  lll,ainiique 
de  celle  d'Hiftoriographe,  On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'Ouvrages  en  Latin  & 
en  P'rançois  ,  qu'on  ne  lit  plus  ,  mais  que  les  Savans  confultent  avec  fruit ,  pour 
en  tirer  des  lumières  fur  l'Hiftoire.  Tels  font  : 

Sjmmaire  de  VHiJlo'.re  des  François.  Paris  ,  157g  ,  in-folio. 

Traité  de  Vétat  &  de  l'origine  des  anciens  Françns.  Troyes ,  ijBi ,  ii-4.  Le  laborieux 
compilateur  André  du.  Chefne  a  traduit  ce  Livi%  en  Latin  ,  pour  le  metae  à  la  tête 
de  fa  colleflion  des  anciens  Hiftoriens  François. 

Bibliocbeque  Hljloriale.  Paris  ,  1598  ,  quatre  volumes  in-folio.  Et  plufieurs  autres 
fur  difFérens  points  de  l'Hiftoire. 

_  J^i^nier  mourut  à  Paris  le  13  Mars  1596,  à2:é  de  66  ans.  Jean  &  Nicolas ,  fes  fils, 
le  chargèrent  du  loin  de  faire  imprimer  ton  Hijloire  EcctéjïajUque ,  à  laquelle  il 
n'avoit  pu  mettre  la  dernière  main. 

VIGO,  C  Jean  DEJ  Dofleur  en  Médecine  natif  de  Gènes  &  originaire  de  Ra- 
pallo,  étoit  en  eftime  vers  le  commencement  du  XVI  fiecle.  Il  pafià  une  bonne 
partie  de  fa  vie  à  la  Cour  de  Rome  ,  où  il  fut  appelle  en  1503  ,  pour  y  r'^mplir  la 
charge  de  premier  <Sbirurgien  de  Jules  II,  qui  le  combla  d'hoiincurs  &  de  prêtées  De 
yigo  étoit  au  deflus  du  préjugé  à  qui  le  partage  de  la  Médecine  a  donné  leu. 
Bien  loin  de  croire  qu'il  dérogeoit  au  titre  de  Dofleur,  dont  il  etoir  rovâtu  ,  en. 
pratiquant  les  opérations  Chirurgicales  ,  comme  le  trépan  *r  l'autrcs  cgalenii-nt  im- 
portantes ,  il  le  fit  honneur  des  talens  qui  le  rendoient  doublement  unie  à  l'huma- 
nité. C'elt  par  cet  em^roit  qu'il  mérita  l'eftime  de  Sixte  Gara  de  Ruvcre,  ncweu: 
de   Jules  II  &  Cardinal  du  titre  de  Saint  Pierre  aux  Liens  i  il  en  recevoit  tous  kg» 


■^3-4  '  \'    I    G 

ans  une  penfion  de  trois  cens  écus  d'or ,  en  récompenfe  des  fervices  dont  le  pu- 
blic lui  étoit   redevable. 

Dt  f^i^o  commença  à  travailler  à  fa  Pratique  de  Chirurgie  en  1505  ,  8z  il  l'acheva 
en  1513-  11  la  dédia  à  Badioelli  de  Sauli^,  Cardinal  de  Sainte  Sabine  ,  &  la  fit 
imprimer  à  Rome,  Tous  ce  titre; 

FiacTica  in.  ^rte  Cnirurglcâ  copiofa^  conttnens  novem  Lihros.  Le  grand  nombre  d'é- 
ditions qu'on  a  publiées,  tant  en  Latin  qu'en  d'autres  Langues,  eft  une  preuve  de 
l'aoci-eil  qu'on  a  fait  à  cet  Ouvrage.  11  a  paru  :  iîo/n<c  ,  15 14  ,  ùi /0//0. /.ug^uni,  15 16, 
J/i-4,  151B  ,  1530  ,  1534^  «53^  ■)  1542,  1561,  158a,  in-8.  f^enetùs  ^  1520,  1599, 
in-foUo  ,  1561  ,  tn-8.  hloreniU^  1525  ,  ia-'à.  loutes  ces  éditions  font  en  Latin,  mais 
, celle»  de  Lyon  font  fi  rapprochées  les  unes  des  autres,  qu'on  eft  tenté  de  croire 
qu'on  en  a  grolfi  le  nombre  par  le  changement  d'années  dans  de  nouveaux  titres» 
En  î/rançois  ,  Paris ,  1530  ,  in-folio.  Cette  édition  eft  intitulée  :  Pratique  de.  Chi- 
rurgie de.  très  excellent  Dotïeur  en  Médecine^  Maître  Jean  de  J^igo ,  nouvellement  tranf- 
îaiéc  en  Françtns.  Liy on  ,  1537,  1610  ,  in-S.  En  Eipagnol,  Valence,  15^7  ,  in-folio, 
Saragollè  ,  1581  ,  in-folio.  En  Italien,  Veniie  ,  1540  ,  1560  ,  1568,  1581  ,  1598 ,  i6io, 
în.~±  En  Angiois,  Londres,  1543,  in-folio,  1580,  in-4.  En  Allemand ,  Nuremberg, 
1677  ,  i"--^  En  Portugais  ,  Lisbonne  ,  1713  ,  in-folio.  11  y  a  un  Abrégé  de  cet 
Ouvrage,  qui  parut  en  Latin  à  Venife  en  1570,  in-folio.,  fous  le  titre  de  Pracllca 
compendiofa.  La  divifion  de  la  Chirurgie  de  Jean  de  f^igo  eft  affez  méthodique. 
Dans  le  premier  Livre  ,  l'Auteur  traite  de  l'Anatomie  ,  mais  ce  n'eft  pas  en  quoi 
U  brille.  Dans  le  fécond  ,  il  traite  des  tumeurs  ,  &  fa  pratique  eft  àuffi  fage ,  que 
fa  théorie  eft  lumineule.  Ce  qu'il  dit  des  plaies  dans  le  troilieme  Livre  ,  eft  ap- 
puyé fur  plufieurs  obfervations  intéreflantcs  ^  il  y  parle  même  de  l'ufage  de  lier  ies 
veines  &  les  artères  dans  le  cas  d'hémorrhagie  ,  &  par -là  il.  enlevé  à  Ambroife  Pa- 
ri la  gloire  de  cette  invention.  Le  quatrième  Livre  roule  fur  les  ulcères  ;  ce  qu'il 
y  avance  eft  curieux  &  utile  ,  à  l'aKception  des  fiftules  dont  il  n'avoit  que  des 
connoilïances  imparfaites.  Dans  le  cinquième  ,  il  s'étend  fur  la  Vérole  &  les  mala- 
dies des  articulations;  dans  le  fixieme  ,  fur  les  maladies  des  os,  comme  fradtures  , 
luxations  &tc  ;  dans  lefeptieme,  lur  la  nature  des  (impies;  dans  le  huitième  ,  fur  les 
drogues  qu'il  eft  néceflaire  à  un  Chirurgien  d'avoir  :  en  général ,  fa  Matière  Chi- 
rurgicale eft  fort  étendue;  on  peut  même  lui  reprocher  d'avoir  été  Polypharma- 
que.  Le  neuvième  Livre  comprend  un  fupplément  à  l'Ouvrage. 

Jean,  de  F'igo  n^ett.  point  le  premier  ,  ainfi  que  plufieurs  Ecrivains  le  difent ,  ^ji  ait 
trouvé  dans  les  firidlions  mercurielles  le  véritable  fpécifique  contre  les  maladies  véné- 
riennes. Il  avoue  lui-même  que  tout  ce  qu'il  a  propofé  de  plus  efficace  contre  ces 
maladies,  eft  tiré  des  Œuvres  de  Théodoric  &  A'uirnauld  de  F'illeneuve.  D'ailleurs,, 
îong-ttms  avant  qu'il  fût  queftion  de  la  Vérole  en  Europe,  cm  s'étoit  fervi  d'on- 
gucn»  mercuriels  dans  la  j^ale,  dans  les  dartres,  &  dans  toutes  les  maladies  de  la 
peau  qui  ont  quelque  rapport  avec  elles  &  qui  étoient  connues  fous  les  noms  de 
Malum  mortuum  &  à'^fafati.  Mais  comme  on  remarqua  que  la  Vérole  fe  déclaroit 
priccipa'ement  par  des  puftuies,ou  ne  balança  point  d'employer  le  même  remède  , 
qui  réudit  dans  cette  maladie,  ainfi  qu'il  avoit  fait  dans  les  précédentes.  Tout  le 
myftere  conlifta  à  proportionner  le  mercure  à  la  grandeur  du  mal ,  à  le  dofer  con* 
x'p-nablement,  &  à  ménager  fes  eflets. 


VIL  535 

Tout  inftruît  qu'ëtoît  ]tm  it  Vigo  de  la  matière  qu'il  av'oit  traitée  dans  fon  Ou» 
vrage ,  il  eut  la  modeftie  de  ne  le  point  publier,  fans  l'avoir  loumis  à  la  cenfure 
de  quelque  Savant.  11  le  Ht  corriger  par  un  Médecin  de  les  amis,  nommé /ea.i 
^nthracini ,  qui  avoit  long-tems  enieigné  à  Padoue  &  à  Rome  ,  &  qui  devint  dans  la 
Ibite  premier  Médecin  du  Pape  Adrien  VL  Cette  défiance  fait  honneur  à  notre  Auteur  ; 
&  ceux  qui  penfeût  comme  lui,  font  heureux,  lorfqu'ils  peuvent  trouver  un  ami 
aflèz  lincere  pour  les  avertir  de  leurs  fautes  &  alFez  éclairé  pour  les  corriger. 

VILLACORTA  ,  C  François  HENRIQUEZ  DE  J  Médecin  du  XVII  fiecle , 
enfeigna  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  d'Alcala  de  Henarez,  en  qualité  de  pre- 
mier Profeffeur.  Philippe  IV  ,  Roi  d'Efpagne  ,  le  mit  au  nombre  de  les  Médecins  , 
&  Charles  II,  fon  fuccefleur,  l'honora  de  la  même  confiance.  On  a  de  i^iliacorta 
un  Recueil  de  DilTertations  Académiques ,  fous  ce  titre  : 

Laurcte  Doctoralis  Medica  Complutenfis  Tumi    duo.  Lugduni ,  1670 ,  in- folio. 

VILLALOBOS  ,  (  Fratsçois  DE^  Dcfleur  en  Médecine  dans  le  XVI  fiecle» 
étoit  de  1  olede.  Il  fervit  à  la  Cour  de  l'Empereur  Charles  V  &  de  Philippe  ,  fon 
fils ,  en  qualité  de  Médecin  ordmaire.  Déjà  connu  dans  le  monde  par  un  Traité 
de  la  maladie  vénérienne  qu'il  publia  à  Salamanque  en  1498  j  in-folio ,  fous  !e  titre 
de  Tratado  de  la  enfermedad  de  las  Babas ,  il  n'eut  pas  de  peine  à  mériter  la  con- 
fiance de  ces  deux  Princes,  Mais  comme  il  étoit  laborieux,  il  chercha  à  foutenir, 
à  augmenter  même  fa  réputation  par  d'autres  Ouvrages.  Tels  font  ; 

Glojfa  in  Plinii  Hifloile  Katuralis  primum  &  fccundunt  Libros.  Compluû  ,  1524  , 
lH'folio. 

Probhma  con  otros  dialogos  de  Medicina  y  familîaTes.  Zamora ,  1543  ,  în-folio  ,  & 
ailleurs  ,    in-4. 

VILLARS  (  Elle  COL  DE  )  étoit  de  La  Roche-Foucauld ,  ville  de  France 
dans  l'Angoumois  ,  où  il  naquit  en  1675.  Comme  il  eut  l'occafion  de  fe  rendre  à 
Paris  pour  y  élever  un  jeune  homme  de  famille  ,  il  profita  du  féjour  de  cette  ville 
pour  s'avancer  dans  la  Médecine;  il  fe  mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté,  acheva 
heureufement  Ton  cours  ,  &  reçut  le  bonnet  de  Doé^eur  en  1713-  Au  bout  de  quel- 
ques années  ,  il  obtint  la  charge  de  Médecin  du  Roi  au  Châtelet,  &  il  la  remplit 
pendant  dix  huit  ans;  il  fut  encore  Médecin  de  l'Hôtel-Dieu  pendant  douze  ans,  & 
de  l'Hôpital  des  Incurables  pendant  un  moindre  efpace  de  tems.  La  Faculté  le 
nomma  deux  fois  Profefieur  de  Chirurgie  en  Langue  Françoife ,  &  il  s'acquitta  des 
fondions  de  cette  Chaire  avec  éclat  11  obtint  le  Décanat  de  fa  Compagnie  en 
1740  ,  fut  continué  en  1741  ,  &  paffa  à  un  nouveau  terme  de  deux  ans  en 
174a.  Ce  fut  fous  ce  l'ecood  Décarat  que  la  Faculté  fit  rebâtir  l'Amphithéâtre 
de  fes  Ecoles.  Col  de  yUlars  mourut  le  26  Juin  1747  ,  &  lailla  les  Ouvrages 
fui  vans  : 

Cours  de  Chirurgie  dldé  aux  Ecoles  de  Médiane.  Tome  premier  &  fécond ,  Paris  , 
1738,  in  12.  Tome  troilieme  ,  1746.  Tome  quatrième,  1747,  in-ii.  I,a  mort  de 
l'Auteur  auroit  prive  les  éievts  de  ce  qui  f  fioit  à  publier  pour  cotnplcter  ce  Trai- 
té ciafljque,  fi  heureufement  M.  Pierre  Poijfonicr ,  Dotleur-Régeut  de   h   Faculté 


536  VIL 

de  Médecine  de  Paris ,  de  l'Académie  des  Sciences  de  la  même  ville ,  &  Membre 
de  celles  de  Pctersbourg  ,  de  Stockholm ,  &c. ,  ne  fe  fût  chargé  de  continuer  l'Ou- 
vrage. L'édition  à  laquelle  il  a  préiidé  eft  en  cinq  volumes  tn- ia,&  le  dernier  a 
paru  en  1749.  Mai''  'e  Cours  de  Chirurgie  s'eft  perfeftionné  entre  fes  mains  ,  non 
jeulcment  par  les  additions  qu'il  y  a  faites  ,  mais  encore  par  des  correftions  d'au- 
tant plus  neccflaires,  que  l'Auteur  avoit  laifle  glifler  quantité  d'erreurs  &i  de  iupei" 
Huilés  dans  l'original.  11  y  a  une  autre  édition  de  Paris,  1764,  fix  volumes  tn-12. 
Dictionnaire  Irançoh  &  Latin  des  termes  de  Médecine  &  de  Chirurgie.  Paris ,  1741 
&  1760,  m-i2.  On  y  trouve  les  définitions  les  plus  exadles. 

VILLEERS ,  f  Gérard  DE  )  Seigneur  de  Vileer-Perwin ,  étoit  de  Louvain,  où 
i\  fut  reçu  Uodleur  en  Médecine ,  avec  Thomas  Fienus  ,  le  9  de  Novembre  1593. 
L'année  même  de  la  promotion,  il  obtint  la  Chaire  de  Profefieur  Royal,  &  il 
parvint  dans  la  fuite  à  l'emploi  de  Médecin  ordinaire  des  Archiducs  Albert  & 
Ifabelle.  De  f^illeers  mourut  le  la  Mai   1634,  âgé  de  68  ans. 

VILLERS,  fServais-Auguflin  DE  )  Dofteur  &  Profefieur  primaire  de  la  Fa- 
culté de  Médecine  en  l'Univerlité  de  Louvain,  étoit  de  Hui  dans  l'Etat  de  Liè- 
ge, il  y  naquit  le  28  Août  1701  de  Servais  de  /^t//e/-5.  Major  de  Cavalerie,  depuis 
trois  Fois  Bourguemeftre  de  cette  petite  ville  ,  &  de  Marie-Jeanne  De  Sarta  native 
■de  Liège.  Les  grandes  dilpofitions  qu'il  montra  pour  l'étude  ,  furent  toujours  fou- 
tênues  par  les  foins  qu'on  prit  de  les  cultiver.  Il  fit  Ion  cours  de  Phiiofophie  au 
Collège  du  Porc  à  Louvain,  &  il  remporta  la  huitième  place  dans  la  promotion 
générale  de  l'an  172a.  Mais  comme  fon  application  à  la  Phylique  avoit  augmenté 
le  goût  qu'il  avoit  pour  la  Médecine  ,  il  ne  tarda  pas  à  fe  mettre  fur  les  bancs  de 
cette  Faculté  ;  &  après  avoir  rempli ,  avec  diltinClion  ,  les  charges  de  Fifc  &  de 
Doyen  des  Bacheliers,  il  fut  reçu  à  la  Licence  le  14  Odobre  1725.  Il  en  fit  l'Adte 
fous  les  heureux  aufpices  de  la  Séréniflime  Archiduchefle  Marie-Elizabeth  qui  paf- 
Ibit  à  Louvain  pour  fe  rendre  à  Bruxelles ,  où  elle  alloit  prendre  pofiéffîon  du 
Gouvernement  général  des  Pays-Bas  Autrichiens,  auquel  Charles  VI ,  fon  augufte 
Frcre,  i'avoit  nommée.  Cette  PrincelTe  permit  que  De  Fillers  lui  dédiât  fa  'l'hefe 
de  Licence,  &  après  la  cérémonie  ,  elle  lui  fit  prêtent  d'une  chaîne  d'or,  d'où 
pendoit   le   portrait  de  l'Empereur,  repréfenté   fur  une  médaille  de  même  métal. 

Après  deux  ans  de  pratique  à  Liège  ,  ce  Médecin  fut  rappelle  à  Louvain  pour 
y  rempUr  la  Chaire  de  ProfcfTeur  Royal  aux  Infiitutes ,  dans  laquelle  il  fut  inRallé 
le  7  de  Juillet  1727.  Il  fe  difhngua  beaucoup  dans  cette  Chaire ,  tant  par  le  fonds 
des  matières  dont  il  traitoit ,  que  par  l'éloquence  léduilante  du  dilcours.  La  Fa- 
culté vit  avec  plaifir  arriver  le  moment  qu'elle  alloit  s'aflbcier  plus  étroitement  un 
fujet  qui  lui  faiibit  tant  d'honneur:  De  F'illers  demanda  le  bonnet  de  Doéteur  ,  & 
il  Je  reçut  le  14  Avril  1733. 

Comme  ce  Médecin  avoit  l'art  de  faire  briller  les  talens  de  fon  état  par  ceux  qu'il 
avoit  acquis  par  l'étude  des  Belles-Lettres  ,*  comme  il  connoiiib't  d'ailleurs ,  plus 
que  perfonne  de  Louvain,  les  règles  &  les  beautés  de  la  Langue  Françoife,  le  ^ 
Juillet  1740 ,  ii  obtint  la  Chaire  de  cette  Langue ,  qui  vaquoii  depuis  plus  de  fix 
ans  pur  la  iport  à! Antoine- François  de  Pratel.  Le  2  Juin  174?,  OB   le    nomma  à  la 

nouveli® 


VIL  53? 

nouvelle  Chaire  des  Eaux  Minérales,  à  l'occafioa  de  raoalyle  de  celles  de  Mari- 
mont,  qj'ilavoit  faite  avec  Rega,  l'on  Collègue,  &  Sajfenus ,  Profefleui  de  Chymie. 
Z)e  f^Ulers  a  publié  deux  Ouvrages  lur  la  nature  &  les  propriétés  des  Eaux  de 
Marimont. 

u4nulyfe  des  Eaux  Minérales  qui  fe  trouvent  au  Château.  Royal  de  Marlmont  en  Hal- 
naut  ,  où  Con  examine  la.  nature  &  les  preuves  des  principaux  principes  qui  caraclérifent 
les  Eaux  Minérales  en  général  ,  &  celles  de  Marimoni  en  particulier  :  on  y  joint  une  ex- 
pofîtion  fuccinte  S  raifonnéé  des  cas  auxquels  les  Eaux  M  nérales  font  convenables  ou  né- 
cejjaires  ,  avec  la  manière  de  les  boire  ,  &  le  régime  qu'il  faut  obferver  pour  lors-  Lou- 
vain  ,  1741 ,    in-ii. 

Supplé lient  aux  Traités  des  Eaux  de  Marlmont^  où  Von  confirme  leurs  quali'és  miné- 
Taies  S  vertus  falutaires .,  tant  par  de  nouvelles  preuves  faites  d  Louvain  ^  que  par  plu- 
fieurs  cures  communiquées  par  le  fieur  Delval ,  Médecin  &  Dire&eur  de  ces  E  lUx.  On  y 
a  joint  Vanalyfe  de  deux  autres  fontaines  du  même  endroit .,  dont  Vune  ejî  appelles  La 
Roi.lemnrt  &  l'autre  La  Montaigu,  avec  le  détail  des  maladies  auxquelles  elles  font 
convenables.  Louvain,  1742,   in-12  ,  conjointement  avec  M.  Rega. 

Peu  d'années  aj.rès  mourut  le  Dodeur  Nare^  ,  natif  de  Binch  à  trois  lieues  de 
JWons  ;  ce  célèbre  Praticien,  qui  toute  la  vie  s'occupa  de  l'Art  de  guérir  &  ignora 
toujours  l'art  du  Médecin  ,  étoit  Profelleur  Primaire.  C'eft  ainlî  qu'on  appelle  à 
Louvain  ceux  qui  rempHlfent  les  deux  premières  Chaires  ,  qui  font  à  la  collation 
du  Magiflrat  &  des  Doyens  des  Arts  &f  Métiers.  De  f^dlers  fuccéda  à  Nare^  le 
12  Décembre  1744  ,  &  il  fe  fit  dans  cette  place  la  même  réputation  qu'il  avoit 
eue  dans  les  autres.  Ce  Médecin  mourut  à  Louvain  le  ';  Décembre  1759,  à  la 
fuite  d'une  chute  de  cheval  II  lailTa  huit  enfans  ,  quatre  fils  &  quarre  fi!les,  qu'il 
avoit  eus  de  fon  mariage  avec  Marie- Elifabeth  de  Rorive ,  Demoilelle  de  qualité 
native  d'Ama,  Hourgar'e  prè-  de  Hui.  Son  corps  repo'é  dans  le  petit  cimetière 
de  PRojlUe  Collégiale  de  Saint    Pierre,    où  fes    héritiers  lui  ont  fait   drefler    cette 

Ëpicaphe  : 

D.  O.  M. 

Hic  fepultus  eft    NobîUJf.    ^mpUjf.  ac  Clarljf.   Dominus 

Ser-Vat.    August.    De   Villers    Huensis  , 

Med    D'&.    &  Prof    Prlm. 

Necnon    Lingue  Gall     &    Jquar.   Minerai.  Prof.   Reg. 

Ex    antiq.  nobditat.  jam  d  trib.   quatuorve  fecul.   familià  Puiria  Leod. 

Nutus  , 

Plurib.   Illuflrib.  ejufd.  Patrie  Leod.  famll.  jundlâ., 

A  Serenijf.  ac  Celjijf.  Princ.    .^Jrch.  Mar,  EUfab.    Belg.    ^uf  Gub. 

<.  Catenâ  aureâ , 

Unàque  effigie  ^ueujtijf.    Imp.    Caroli   VI , 

^nnô  1725    condecoratus , 

f^tr  fumml  ingenii  &  judicii  ^ 

Rare  &  miranda  eloquentite , 

Anls  MedictF  rerà  peiltijfmus  , 
20  ME    ir.  Yyy 


53S  VIL 

Schoïte  MeJlca  6?  Univerjîtatis  perpet.  Jecas   S*  ornamentum , 

Jn  pauperes   lîberalijf.^   omnibus    obfequens   &fincerus^ 

Longô    tevô   fané  dlgnijjimus. 

uit  bîennio  languore  fatali  prejfus 

E  vira  universè   plan&us  ereptus  ejî. 

In  memorlain   tanti  excell.  F'iri 

NoB.  DîJA  Maria  Elisab.  De  Rorive, 

Uxor  ejus , 

Et  Liberi  eorum  mœftiJJ',    hoc  Monum.  cl  &  Jibi  pofuerunt. 

Obiit  ille  3   Xbris ,  1759»   *'«'•   5^> 

-■  Jlla  verà ,  , 

R.   J.   P. 

Voici  les  titres   des  autres  Ouvrages  de   M.  De  F'ilkrs  : 

Jnjlitutionum  Medicarum  Libri  duo  ,  compleclentes  Phyjîolo^iam  &  Ryglelmn.  Lovanlî^ 
1736,  jn-4.  Ce  fut  à  l'occafion  de  ces  Inltitutes  qu'il  s'éleva  une  difpute  littéraire 
entre  l'Auteur  &  Favelet,  fon  Collègue.  Plulieurs  Ecrits  polémiques  parurent  de  part 
&  d'autre;  mais  la  vivacité  &  l'aigreur  que  fon  adverfaire  mit  dans  ceux  qu'il 
publia  ,  ne  purent  faire  oublier  à  notre  Médecin  ce  qu'il  devoit  à  ion  Confrère  , 
autrefois  fon  proteéleur.  La  reconnoilTance  lui  rappella ,  au  milieu  de  la  difpute, 
le  fouvenir  des  bienfaits  dont  Favelet  l'avoit  comblé  avant  la  promotion  au  Doc- 
torat ,  &  il  en  fit  publiquement  l'aveu  avec  autant  de  candeur,  que  de  franchife  , 
dans    un  Ecrit  intitulé  : 

f^entiîabri ,  per  CL  ac  vimplijf.  D.  Favelet ,  Med.  DoSi.  &  Prof.  Prlm.  prima  hujus 
annî  pro  Strena  &  Antldoto  exhîbitl^  inchoata  P'entilatlo  ,  cum  adjecià  Epijtolâ  per  mo» 
dum  Jlrence  reciproc£   ad  eumdem    Cl.  D.    Favelet.  Lovanii^   1736,    in-ia. 

DiJJenatîo  Medica  de    Hamorrholdibus.  Lovanii ,    1748 ,   in-12. 

VILLIERS,  (  Jacques-François  DE  )  de  Saint-Maixent  en  Poitou,  ancien 
Médecin  des  Armées  du  Roi  &  Médecin  de  l'Ecole  Royale  Vétérinaire  ,  prit  le 
bonnet  dans  la  Faculté  de  Pont-à-MouHbn  en  1757,  &  depuis  dans  celle  de  Paris. 
Comme  il  a  une  connoiflance  fort  étendue  des  différentes  parties  de  fon  Art  ^ 
&  qu'il  a  d'ailleurs  beaucoup  de  goût  pour  le  travail,  il  n'a  pas  manqué  de  faifir 
les  occafions  de  contribuer  à  la  perfeélion  des  Ouvrages  que  d'autres  Ecrivains 
s'apprêtoient  à  publier.  Il  a  fourni  un  grand  nombre  d'articles  de  Chymie  pour 
les  volumes  V,  VI  &  VU  de  l'Encyclopédie,-  il  aauHi  donné  la  colleflion  de» 
fourneaux,  vaiffeaux  &  inRruraens.  Il  a  eu  part  i  la  traduétion  des  AphoriTmoi 
de  Chirurgie  de  Boerhaave ,  commentés  par  le  Baron  F'an  Swietten.  Cette  traduc- 
tion a  été  publiée  en  1753.  Il  a  revu  la  tradufkion  des  Inflituts  de  Chymie  de 
Splelman,  par  M.  Cadet,  le  jeune,  &  outre  les  notes  qu'il  y  a  ajoutées,  il  a 
augmenté  confidérablement  le  Catalogue  des  Auteurs  qui  fe  trouve  à  la  fin  de 
ce  Traité.  C'eft  encore  à  M.  De  yUliers  qu'on  doit  le  Catalogue  des  pièces  fur 
les  conteftations  des  Médecins  &  des  Chirurgiens  de  Paris,  qui  eft  inféré  dans  le 
Tome  VI  de  l'Hiftoire  de  l'Anatomie  de  M.  Portai  ;  on  lui  doit  pareillement  uns 


V    I    L       V    I    N  •     V    I    O  5S9 

l^ettre  fur  l'édition  Grecque  &  Latine  des  Œuvres  d' Hlppocrate  k  de  GalUn  pu- 
bliées en  163g,  164g,  167g,  &  que  nous  devons  à  René  Chanter.  Cette  Lettre  eft 
inférée  dans"  les  ^iémoire>  Littéraires  de  M.  Goulin.  Mais  M.  De  nUien  ne  s'eft 
point  borné  à  contribuer  aux  (ouvrages  d'autrui ,  il  en  a  mis  au  jour  quelques-uns 
qui  lui  appartiennent.  Tels  l'ont: 

L'An  des  ejfais  de  Cramer,  traduit  du  Latin.  Paris,  T755  ,  quatre    volumes  in-i2. 

Supp'cmenc  au  Mémoire  fur  le  fei^le  ergoié.  Paris,  I770,  m-4.  C'ett  une  fuite  de 
•celui  de   M.  yetillan. 

Mé'hode  pour  rappeller  les  noyés  à  ta  vie.  Brochure  Jn-4,  de  55    page». 

Manuel  fecret  &  analyfe  des  remèdes  de  Sutton  pour  Vlnoculation  de  la  petite  vérole. 
Paris,  1774 >  i'n-B. 

VILVAINE,  C  Robert)  d'Excefier  dans  le  Devonshire  en  Angleterre,  reçut 
les  honneurs  du  Dod^orat  en  Médecine  à  Oxford  le  20  Juin  1611.  Sa  ville  natale 
fut  celle  qu'il  cboifii  pour  y  faire  fa  profeliion.  Econome  de  fon  tems  ,  il  le  par- 
tagea entre  la  vifite  des  malades  &  l'étude  du  Cabinet;  mais  comme  la  Médecine 
ne  fut  pas  le  feul  objet  qui  l'occupa,  il  parvint  à  exceller  dans  la  compofition 
des  Epigrammes,  il  publia  même  quelques  Ouvrages  de  Théologie  &  de  Chrono- 
logie, qui  furent  eftiraés  dans  fon  pays.  J^ilvaine  mourut  le  ai  de  Février  1663, 
à  l'âge  de  87  ans. 

VINARIO.  Voyez  RAIMOND  DE  VINARIO. 

VINDICL\NUS  ,  Médecin  Grec  ,  étoit  de  la  Sefte  Méthodique.  Il  eft  appelle 
le  grand  Médecin  de  fon  fiecle  par  Saint  Auguftin ,  &  il  prend  lui-même  le  titre 
de  Comte  des  Archiatres  de  l'Empereur  Valentinien  L  Je  ne  fais  s'il  occupa  le 
même  office  fous  Valentinien  II ,  qui  fut  proclamé  Empereur  peu  de  jours  après  la 
mort  de  fon  père  ,  en  Novembre  375  ,  à  l'âge  de  quatre  à  cinq  ans  ;  il  ei\  au 
moins  certain  qu'il  ne  perdit  rien  de  fa  réputation  fous  le  règne  de  ce  jeune 
Prince.  Théodore  Prifden  étudia  fous  f^indicianus  ^  &  ne  manqua  pas  d'adopter  les 
principes  de  la  Sede  à  laquelle  fon  Maître  étoit  attaché.  Si  l'on  en  croit  le  Doc- 
teur Freind  ,  ces  deux  Médecins  étoient  prefque  leg  feuls  qui  tinlfent  encore  pour 
le  parti  des  Mcthodilies;  car  toutes  les  Sectes  avoient  tellement  perdu  leur  crédit 
depuii  la  mort  de  Gallen  ,  qu'il  n'en  étoit  même  plus  queftion  dans  l'Ecole  d'A- 
lexandtie,  fi  célèbre  dans  les  fiecles  fuivans.  Galien  avoit  établi  la  Sefte  Dogma- 
tique fur  des  principes  fi  évidens  ,  qu'elle  domina  furies  autres  &  les  éteignit  peu-à- 
peu  îquoiqj'à  dire  vrai  ,  le  Dogmatifme  ne  fût  pas  proprement  une  Sefte  qui  eût  fes 
opinions  particulière» ,  mais  le  recueil  des  maxime»  les  plus  certaines  que  les  chefs 
des  autres  Seftes  avoient  propol'ées  à  leurs  partifans. 

On  n'a  rien  de  f'^indicianus  que  des  fragmens  d'un  Ouvrage  qu'il  a  écrit  en  Vers 
touchant  la  Médecine  ,  &  une  Lettre  fur  cette  Science ,  qui  fe  trouve  dans  les 
Medicï  antiquif  page  86  de  l'édition  de  Vcnife  en  1547,  in-folio. 

VIOLET  ,  (Jean  3  Dofteur  en  Médecine  dans  le  XVII  fiecle,  n^eft  guère 
connu  que  par  un  Ouvrage,  où  il  a  mêlé  fes  opinions  avec  les  obiervations  qu'il 
a  f«ites  fur  les  cadavres.  Cet  Ouvrage  eft   intitulé  .• 


S4C  V    I    R  • 

La  parfaite  ^  entière  conno'jjance  de  toutes  la  maladies  du  corps  humain  caufees  pat 
objîru&ton.  i^aris  ,   1635  ^  ln-8. 

VIR.IDET  C  Jean  J  étoit  de  P&ray  en  Charollois  ,  ou  il  naquit  dans  une 
honnête  famille  en  1655.  Aprè.<  avoir  achevé  fon  cours  de  Philolopliie  à  Die 
en  Dauphiné  ,  il  alla  étudier  la  Médecine  à  Montpellier  ,  mais  ce  Fut  à  Valence 
qu'il  prit  le  bonnet  de  Do6\eur.  Plein  du  defir  de  fe  perfectionner  dans  la  pro- 
fellion  qu'il  avoit  embrsllee,  il  le  rendit  à  Paris ,  où  il  s'appliqua  à  1  obicrva- 
tion  dans  les  Hôpitaux.  JL'Edit  de  Nantes,  qui  fut  révoqué  le  22  Oelobre  1685, 
obligea  F"iridet  à  quitter  la  France,  parce  qu'il  étoit  Proteftant  ;  il  le  retira  à  Ge- 
nève ,  &  pafia  enluite  à  Rolles  dans  le  pays  de  Vaud  ,  où  il  vivoit  encore  en 
^735'  Il  y  a   appjifence  que  ce  fut  à  Morges  qu'il  finit  les  jours. 

Comine  ce  Médecin  n'avoit  puifé  que  des  idées  confuies  fur  la  di2;e(Vion  dans 
les  Ecoles  qu'il  avoit  fréquentées,  il  fe  fit  une  affaire  de  la  recherche  des  caufes 
&  du  méchanifme  de  cette  fondlion.  11  ne  fut  pas  plutôt  forti  de  France,  qu'il  lut 
avec  beaucoup  d'attention  tout  ce  qu'on  avoit  écrit  iur  cette  matière  :  mais  ne  trou- 
vant pas  que  les  fentimens  des  Anciens  &  Modernes  fufient  établis  fur  des  raifons 
affez  folides  pour  les  adopter  ,  il  s'occupa  de  la  réfutation  de  tout  ce  qui  avoit  été 
dit  avant  lui,  &  finit  par  mettre  le  premier  agent  de  la  digeftion  dans  undilTolvant 
contenu  dans  lafaiive  &  principalement  dans  le  fuc  ftomachal.  Sa  jeuneffe  le  porta 
à  fe  défier  de  Ion  fyftême  ,  &  pour  cette  raifon ,  il  confuita  de  favans  Philofophes 
&  Médecins ,  fur-tout  ceux  de  PAcadémic  des  Sciences  par  le  miniflere  de  Gai* 
lois ,  Secrétaire  de  cette  Compagnie.  Sur  leurs  avis ,  il  donna  fon  premier  Ouvrage 
au   public  ,  fous  ce  titre  : 

Tra&dtus  de  prima  co&ione,  Geneva^  1691  ,  /n«i2.  Mais  il  augmenta  bientôt  le  mê- 
me Traité,  qu'il  Ht  imprimer  fous  cet  autre  titre  :  Tru&atus  novus  Mtdico-Phy ficus  de 
prima  cocllone  ^  practpuêque  de  ventriculi  fermenta.  Geneva  ^  1693,  t/i-8. 

Tout  le  monde  ne  fut  pas  de  fon  avis.  Il  s'éleva  un  grand  nombre  d'opinions 
contraires  à  fon  fyftême  4  &  pour  les  combattre ,  il  donna  un  nouvel  Ouvrage  , 
qu'il   intitula  : 

Les  caufes  de  la  produUion  du  bon  chyle  &  du  mauvais  ,  avec  les  remèdes.  Je  n'en 
connois  point  la  première  édition.  Tl  y  en  a  une  de  Paris,  i;^35  ,  deux  volumes  jn-8. 
Mai»  comme  il  avoit  remarqué  que  le  chapitre  des  Vapeurs  de  l'eflomac  étoit d^u« 
ne  étendue  beaucoup  plus  longue  que  les  autres  ,  il  le  réduifit  en  Diflertation 
particulière  ,  qui  fut    imprimée  lous  ce  titre  : 

Dijfcrtation  fur  les  Fapeurs  qui  nous  arrivent.  Yverdun  ,  1726  ,    ind. 

\UUNGUS  ou  VAN  VIElilNGEN  f  Jean-Wautier  )  étoit  de  Louvain  ,  où 
il  naquit  ver?  l'an  1539.  Il  apprit  le  Latin  &  le  Grec  dans  cette  ville  ,  (S?  il  y  termina  foa 
cours  d'étude  parle  grade  de  Licencié  en  Médecine,  qu'il  obtint  en  1561.  Bientôt 
après, il  pafFa  à  Terveere  enZélande,  dont  il  fut  Médecin  Penfionnaire  ;  mais  étant 
revenu  dans  fa  patrie  en  1571  ,  il  y  prit  le  bonnet  de  Dodleur  &  ne  tarda  point  à  mon- 
ter dans  Iq  première  Chaire  ,  qui  vaquoit  dans  les  Ecoles  de  la  Fa.-ulté  par  la  démiflion 
de    Guillaume  Bernaerts.   Il  la  remplit  l'efpace  de  vingt-deux  ans. 

Vers  l'an  1578,  il  perdit   fa  femme  qui  fut  emportée  parla  contagion.  Il  embrafla 


VI    R  54, 

alors  l'état  Eccléfiaftique  ,  mais  il  tarda  jufqu'en  1593  *  recevoir  l'ordre  de  Prêtrife. 
Il  paroît  qu'il  s'avança  dans  fon  nouvel  état,  car  il  devint  Chanoine  de  la  Cathé- 
drale d'Arras,  où  il  alla  réfider,  &  depuis,  il  fut  l'un  des  Chapelains  des  Archiducs 
Albert  &  HabeJle.  Firingus  étoit  un  homme  d'une  conduite  trèf-édifiante  ;  auffiinf- 
pira  t-il  le  goût  de  la  piété  à  tes  enfans.  Ses  bonnes  qualités  le  firent  autant  confi- 
dérer  que  ion  favoir  ;  elles  lui  méritèrent  même  d'être  élevé  trois  fois  à  la  dignité 
de  liecleur  de  l'Univerlite  de  Louvain,  en  15^9,  en  1582  &   en   15B7. 

Ce  Médecin  a  donné,  en  Flamand,  un  Abrégé  du  Théâtre  Anatomique  de 
Fifale^  qui  fut  imprimé  à  Bruges  en  I569,  in- 4.  11  a  publié  en  Latin: 

Tabula  Jfas^oglca  ojjium  corporis  humani  connexionem  ac  numtrum  complcStens  ollm 
Lovanii  édita  ,  nunc  recognita  &  au&a.  Duaci ,  1597  ,  folio  patente. 

De  jejunio  &  abjlincntiâ  Medico  -  Ecclejîafiici  Libri  qulnque.  Rigiaci  ^trebatum  izay 
4/14,  avec  cette  double  épigraphe.  Qui  ahjUnens  eft  adjiciet  vitam.  Ecclef  "j,  A'on. 
fatiaii  cibis  faluberrlmum.  Hippocr.  in  Epidem^  Cet  Ouvrage  eft  dédié  au  Prince  Al- 
bert ,  "Archiduc  d'Autriche  ,  Cardinal  &  Gouverneur  des  Pays-Bas  ,  qui  fut  inftallé  en 
cette  dernière  qualité  le  16  Février  1596.  Mais  comme  ce  Prince  époufa  en  icq8 
l'Infante  H'abelle. Claire-Eugénie  ,  à  qui  Philippe  II  ,  Ion  père,  avoir  accordé  la  Sou. 
veraineté  des  Pays-Bas,  il  y  fut  depuis  connu  Tous  le  feul  nom  d'Archiduc  Albert 

Suivant  la  coutume  de  ce  tems-là ,  le  commencement  du  Livre  eft  rempli  d  * 
quantité  de  pièces  de  Poélie  Latine  adrefiees  à  l'Auteur.  On  y  remarque  en  car- 
tjculier  cette  Anagramme  qui  fait  allulion  à  la  matière  qui  eft  le  l'ujet  de  l'Ouvrage  • 

JoANNES  Waltierius  Viriivgu?. 
En  vigor  unus  salutaris   jejuni. 

On  y  remarque  encore  une  Infcription  que  la  Faculté  de  Médecine  de  Louvain 
confacra  à  l'honneur    de  F'iringus ,  Su  qui  eft   conçue  en  ces  termes- 

MEMORI-'E    SACRUM. 

Reverendo  Clarissimoque    Viro 

D.   JOHANNI    VjRINGO  , 

Quondam   aima  nojlrte  Univerfitads  ^rchlatro  ^ 

EcclejU  Catharalis  B.  Mérite  ^trtbutcnfis  Canonico , 

Pro  fuis  in  Facultatcm  &  Scholam  mentis , 

Pro  ornamento  &  décore , 

Publicâ   XX/^I  (  22  )  annorum  Prufeffione  , 

In  eam  coilutis , 

Sua  gratitujinis  &   obfcrvantia  publiée   tefianda  ergo , 

^d  lias  elucubratlones  , 

Medica  Avmje.  Universitatis  Lovaniensis  FaccltIs 

Hoc   Maemofynon  P. 

VIRSUNGUS  ou  WIRSUNGUS  rChriftopheJ)  naquit  à  Ausbour-,  en  1500, 
dans  une  famille  patricienne.  11  prit  le  parti  de  la  Médecine  qu'il  étudia  avec  lue- 


.^42  V    I    R  V    I    s 

ce?  ,  &  qu'il  exerça  avec  dlflind^ion,  dans  fa  ville  ratale ,  jufqu'à  fa  mort  arrivée 
en  1571.  On  a  de  lui  un  Commentaire  fur  l'Ouvrage  qui  parut  ious  le  faux  nom 
de  Fulingenius ,  &  qui  eft  inntulé  :  Zodiacus  vlt£  humante.  On  a  encore  une  Pratique 
de  Médecine  en  Allemand,  dont  il  y  a  plulîeurs  éditions  :  Heidellierg ,  156B  , 
ia-folio  :  Francfort,  1577,  in-folio:  Neufiadt,  158B  &  is,g;^  ,  in  folio:  en  Hoilandois, 
Dordrecht,  1601,  nîême    format. 

Chrijiophe  Virfungus ,  autre  Médecin  d'Ausbourg ,  fut  en  réputation  vers  l'an 
1590.  11  eft  fans  doute  de  la  famille  du  précédent,  peut-être  fon    fils. 

VlkSUNGUS  ou  W1R.SUNGUS  r  Jean-Geprge  J  étoit  Bavarois.  11  fe  rendit 
à  Padoue  en  1629,  &  il  y  étudia  la  Médecine  fous  Fefiingius.  La  découverte  du 
conduit  pancréatique  qu'il  démontra  en  1642,  le  rendit  célèbre,  non  feulement  à 
Padoue  où  il  s'occupoit  des  recherches  Anatomiques,  mais  encore  par  toute  l'Eu- 
rope. C'eft  de  lui-même  qu'on  apprend  qu'il  envoya  la  figure  de  ce  conduit  à 
Riolan  le  7  Juillet  1643.  t)ifférens  Auteurs  remarquent  qu'il  n'eft  pojni  le  pre- 
mier Anatomifte  qui  ait  obfervé  cette  partie  ,•  pluiieurs  l'avoient  vue  avant  lui  & 
l'avoient  prifc  pour  une  artère  :  on  ajoute  que  Maurice  Hoffmann  l'a  rencontrée  dans 
un  coq  d'Inde  en  1641  ,  &  qu'il  l'a  reconnue  pour  ce  qu'elle  eft.  Cependant,  com- 
me f^iifungus  eft  le  premier  qui  ait  démontré  le  canal  pancréatique  dans  l'homme, 
cet  organe  eft  généralement  connu  fous  fon  nom  ,  &  on  s'accorde  alfez  à  lui  lait 
fer  l'honneur  de  la   découverte. 

Le  mérite  de  ce  Médecin  lui  fufcita  des  ennemis;  on  fait  même  là  deflus  une 
hiftoire  pour  prouver  que  le  compagnon  de  fa  découverte  le  fit  affafliner  ,  parce  qu'il 
s'en  étoit  attribué  toute  la  gloire ,  malgré  la  convention  qu'ils  avoient  faite  de  la 
partager  entre  eux.  Un  Italien,  dit-on,  gagné  par  argent,  le  tua  d'un  coup  de  pif- 
tolet,  avant  qu'il  piàt  faire  imprimet  l'Ouvrage  qu'il  fe  propofoit  de  donner  au  pu- 
blic. Mais  le  Bsron  de  Haller  rej>arde  cette  hiftoire  comme  une  fable;  il  dit  tout 
fimplement  que  F'irfangu.s  fat  alTaHiné  par  un  Médecin  Dalmate  ,  qui,  piqué  d'a- 
voir été  réduit  au  filenoe  dans  une  dilpute  publique ,  fe  vengea  de  cet  affront  par 
la  mort  de  fon  vainqueur. 

Le  célèbre  Morgagni  parle  ainfi  de  la  mort  de  f^irfangus  dans  fa  première  Let- 
tre Anatomique  :  22  uiu^ujïi  illuxlt  fatalis  dies  Noh.  Lxcdl.  &  Clarljf,  D.  Joh,  Geur^ 
§io  H^irfang,  Phllofophite  ac  Mcdicime  Docfori^  incljtts  natlonis  nojtrte  affèjfori  honoran' 
du,  qui  circa  24  noS.s  horam  ,  ex  folito ,  fub  propria  domàs  januâ  ,  familiariter  cum  ail- 
quibiis  Doainis  concivibiis  eùdein  contuberniô  utentibus ,conver/atus,à  D.  Jacobo  Cambier ^ 
ob  nefcio  qmd  odlum  privatum  ,  fchpetô  majori  ,  quod  Carabine  vu/gô  dlcunt ,  petitus  , 
^lobùque  tranijcl:ius ,  cum  fanguinls  copia  Jîmul  S  animam  fudit^  hac  verba  idenddem  repe- 
teni ,  fon  morto  io ,    o  Cambier ,  o  Cambier. 

VISCHER  C  Jean  )  vint  au  monde  à  Wemdingen  en  Bavière  le  16  Décembre 
1524.  Après  avoir  fait  de  grands  progrès  dans  la  Philofophic,  dans  la  Théologie, 
ainli  que  dans  l'étude  des  Langues  Grecque  &  Hébraïque  ,  il  fe  fit  recevoir  Maî- 
tre-ès-Arts  à  Wiitemberg  le  19  Février  1549,  Il  palfa  enfuite  aux  Eco  es  de  Mé. 
decine  de  la  même  ville,  d'où  il  alla  entendre  les  Profcfleurs  de  Tubinge  ;  & 
après  avoir  profité  des  inftruélions  de  Pitrre-jindri  Matthiok  à  Gorice ,  il  fe  readit 


! 


VIS       VIT  si^. 

en  Italie  ,  s'arrêta  dans  les  Univerfités  de  Padoue  &  de  Bologne ,  &  reçut  le- 
honneurs  du  Dov^orat  clans  la  dernière  le  10  Juillet  1553.  L'année  fuivante ,  il 
enleigna  publiquement  la  Médecine  à  Ingolftadt  ;  en  1555,  il  fut  appelle  à  Nord- 
lingue,  pour  y  remplir  les  fonctions  de  Phylicien;  en  1562,  le  Margrave  Georgc- 
Fréderic  d'Onoltzbach  le  nomma  Médecin  de  fa  Cour.  Mais  F'ifchcr  n'étoit  pas 
à  fa  place;  il  avoit  de  grands  talens  pour  la  Chaire  ,  &  il  auroit  été  préjudiciable 
aux  progrès  de  la  Médecine  de  les  négliger  plus  long-tems.  Pour  cette  raifon , 
on  l'attira  à  Tubinge  en.  1568  ,  &  on  le  chargea  d'une  Leçon  publique  qu'il  donna 
jufqu'à  ia  mort  arrivée  le  22  Avril  1587 ,  à  l'âge  de  63  ans.  On  a  de  lui  une  ef- 
pece  de  Commentaire  fur  les  Aphorilmes  d'Hippocrate  fie  une  Lettre  à  Maithiok  i 
le   refle  de  Tes   Ecrits  confifle  en  Thefes  foutenue.*  fous  fa  préfidence. 

De.  ufa  atque  officia  fphnis  in.   homîne,  Tubinge ,  1577  ,  in-^. 

De  affecilbus  uterl  humani.   Ibidem ,  158 1  ,    i/1-4. 

De  lacîls  ejufque  partium  naturâ    S  viribus.  Ibidem  ,  1586 ,  j/1-4. 

De  ratione   cxplorandi  &  judicanJi  Leprojos.   Ibidem,  1586,   in-4, 

Enarratio  brevis  Aphonfmorum  Hippocratis  ,  monjîrans  quàm  concinnd  ac  bond  ordine 
fenuntiis  ijîte  aphorijhcis  dijpofîta  jint  ,  atque  invicem  conaexa.  Ibidem,  1691  ,  //i-4, 
par  les  foins  de  fon  fils. 

Epijlolu  ad  Petrum  ^ndraam  Matthiolum ,  in  qua  tra&aïur  de  venigine ,  occipiiii 
dolore ,  flupore ,  pilorum  defluviô  &  glandibus  in  inguinibus  exortis.  Dans  le  cinquième 
Livre    des    Epitres  de  Matihiole. 

VISCHER. ,  (  Jérôme  )  fils  du  précédent ,  naquit  à  VVemdingen  le  9  de  Février 
1556.  Il  étudia  la  Médecine  à  Tubinge  Ibus  Ion  père ,  &  il  prit  le  bonnet  de 
Dofïeur  le  10  Janvier  T582.  Pendant  le  cours  de  la  même  année  ,  il  pafla  â 
Nuremberg,  où  il  fe  fit  recevoir  dans  le  Collège,  &  ne  tarda  pas  à  être  nommé 
à  la  charge  de  Phylicien  ordinaire  ,  qu'il  remplit  avec  beaucoup  de  réputation. 
On  attendoit  de  lui  de  grandes  chofes,  dont  il  avoit  conçu  le  projet;  mais  il 
n'eut  pas  le  tems  de  l'exécuter  ,  car  il  n'étoit  que  dans  la  quarante-unième  année 
de  fon  âge,  lorfqu'il  mourut  le  18  Août  1596.  On  n'a  rien  de  lui  que  deux 
Lettres  Médicinales,  qu'on  trouve  dans  le  Recueil  de  Jean  Hornung,  imprimé  à 
Nuremberg  en    1625,  in-4,   fous  le  titre  de  Cijia   Medica. 

Jérôme  Fifcher  laiffa  un  fils ,  du  même  nom  que  lui ,  né  à  Nuremberg  en  1593. 
Il  devint  Membre  du  Collège  des  Médecins  de  cette  ville  en  1619,  &  mourut 
en  1631. 

ViTALlS,  C  Louis  )  Dofteur  en  Philofophie  &  en  Médecine  ,  enfeigna  l'Af- 
tronomie  à  Bologne  pendant  quarante  ans.  Il  ne  le  borna  pas  à  la  connoilTance 
des  aftres  &  de  leurs  révolutions  dans  ces  efpaces  immenfes  qu'ils  embelliflent  ; 
il  pafTa  à  l'Aftrologie  ,  cette  Science  auiïî  ancienne  que  faufil,  &  il  en  déduifit 
des  préceptes  qu'il  appliqua  à  la  Médecine  dans  un  Ouvrage  qu'il  mit  au  jour 
en   Italien.  Ce    Profefleur  mourut    à    Bologne  le  8  Mars  1554. 

VlTALIS,  C-SarîiWius  J)  de  Palerme,  floriffoit  vers  l'an  1570.  I!  pafla  pour 
un  des  plus  lavans  Médecins  de  Ion  tems ,  &  fe  diHingua  encore  par  la  pro- 
fondeur de   fes  connoiflances  dans   ia  Littérature,  aicfi  ^ue  par  la  pureté  de  fe5 


544  V    1    Z       V    L    E        V    L    1       U    L    M 

mœurs.  L'Académie  des  ylccenjî  de  Palerme ,  qu'il  honora  par  tant  de  mérite  , 
perdit  en  lui  un  de  les  principaux  Membres.  Ce  Médecin  a  laifle  un  Ouvrage  , 
fous  ce    titre  : 

J)e  Midicamento  folvcnu  fextd  die  non  exhibendd,    Opufculum,   Panormi  ^    15"°  ?  'i^- 

ViZ<ANI  (  Enée  J  enfeigna  luccefifivement  la  Logique,  la  Philolbphie  &  la 
Médecine  dans  les  Lcoies  de  l'Uni verlité  de  Hoiogne,  où  il  eut  un  fi  grand  nom- 
bre de  dilci pies,  que  ta  réputation  le  répandit  non  léulement  avec  eux  dans  toute 
l'Italie,  mais  encore  au  aeià  des  Monts.  Il  mourut  le  4  Odobre  1602,  à  l'îlge  de 
53  ans,  61  fut  en'erré  avec  beaucoup  de  pompe  dans  TEglife  de  Saint  Domini- 
que à  rfologne.  Orlaadi  parle  de  ce  Médecin,  &  Manget  lui  attribue  un  Ouvrage 
intitulé  ; 

Cimjîlla  Medica,    Francofurn ,  1605, 

VLEESCHOUWER.  (  Jean  )  Voyez  CARNARIUS. 

VLIERDEN,  (-Daniel  VAN  ^  Médecin  du  XVI  iiecle,  étoit  de  Bruxelles, 
ovk  il  naquit  dans  une  famille  patricienne  qui  étoit  originaire  d'Oirfchot  &  qui 
polTédoit  anciennement  la  Seigneurie  de  Vlierden  dans  la  Mairie  de  Boiileduc- 
C  eft  ainfi  que  le  rapporte  M.  Faqi'ot  dans  fes  Mémoires  ;  il  ajoute  que  Daniel 
fut  le  premier  fils  de  Balihafar  Van  P^iierden  &  de  Catherine.  Fan  Tàienen,  fa  fé- 
conde femme.  Après  avoir  achevé  Ibn  cours  de  Philolophie  à  Louvaio  ,  il  y  fré- 
quenta les  Ecoles  de  Théologie  pendant  quatre  ans  &  parut  tout  décidé  pour  l'é' 
tat  Eccléliaftique  ;  mais  il  abandonna  ce  genre  d'étude,  fe  rendit  en  Italie,  lé  mit 
fur  les  bancs  de  ia  Faculté  de  Médecine  de  Bologne,  foutint  des  Thefes  en  J543, 
fx  fut  reçu  Dodeur.  A  Ion  retour  à  Bruxelles  ,  il  fe  diftingua  tellement  dans  fa 
profetiion,  qu'il  obtint  la  charge  de  Médecin  de  Marie  d'Autriche  ,  foeur  de 
Charles-Quint  &  Douairière  de  Louis ,  Roi  de  Hongrie ,  qui  fut  nommée  au  Gou- 
vernement général  des  Pays  Bas  après  la  mort  de  Ion  mari.  On  ne  lait  rien  de 
plus  fur  le    compte  de    F'an  FUcrden^  linon  qu'il  eft   Auteur  d'un  Ecrit    intitulé: 

Epijtola^  non  minus  Tlieulogica  quàni  Medica  ^  ojîendens  Mediaim  non  corpori  folùni  ^ 
verùm  etian    aninits  fuppetias  dare.    Bajïkes ,    J544>  '1-8. 

ULMUS.  (-François^  Voyez  OLMO. 

ULMUS  (  Marc-Antoine  )  étoit  de  Padoue  ,  félon  Manget  qui  lui  attribue  les 
Ouvrages  fuivans  : 

Utérus  muliebris  ,  hoc  eft  ,  de  indlciis  cognofcendi  temperamenta  uteri ,  vel  partium  ge- 
nhdlium  ipjîus  nmUeris  ,  Liber  unus.  B"nnni<e,   1601  ,    («-4, 

Phyjîologia  barbts  humante,  ^cccjjit  uii^pendix  hiftorica  &  fymbolica,  barba  humana. 
Sunonia ,  1603  ,  in-folio.  Fencna  ,  ifi04  ,  in-folio. 

Hippocrates  Medicus.  Liber  Meiicis  rationalibus  ,  atque  iifdem  politioribus  admodum 
neceffarius.  In  qun  ,  prcctcr  multa  fcitu  dignijfinia  ,  declaratur  ipfîus  &  gcnealogia  & 
ingenuitas.    Bononia  ,   1603  ,  in-^. 

Nous  n'aurions  rien  à  ajouter  à  cet  Article  ,  fi  M.  Goulin  n'avertilTiit  ,  dans 
ia  jLatre  à  M,  fiéron.,  que   Marc- Antoine  Ulmus  nous  apprend  ,   dans  le   premier 

Ouvrage^ 


U    L    s         U    N    T  545 

Ouvrage  ,  qu'il  avoit  long-tcms  pratiqué  la  Médecine  à  Montechiaro  ,  ville  du 
Breflàn  ;  qu'il  dit  même  ,  dans  le  lecood  ,  que  dans  Ta  jeuneH'e  il  avoit  écrit  Inr 
i'art  de  réparer  les  nez  ,  lur  lequel  il  promet  de  donner  par  la  fuite  un  Traité 
plus  complet  ,  A:  accompagné  des  tigures  néceffaires.  M.  Goulin  ajoute  que  ce 
Médecin  donna  l'a  fœar  en  mariage  -a.  Jacques  Zcnaro  ^  habile  Chirurgien  de  la 
même  ville  de  Montechiaro  ,  i'a  patrie  ,  qui  femble  avoir  pratiqué  l'art  de  répa- 
rer les  nez  ,   ou  peut-être  fimplemeût  écrit  fur  cette  méthode. 

ULSENIUSou  ULSTENIUS,  CThcodoric  )  Médecin  &  Poëie ,  Frifon  de 
naiflance ,  tieurifloit  vers  la  fin  du  XV  fiecle.  TrUhtme  en  parle  comme  d'un 
homme  de  grande  érudition  ;  &  George.  Matthias  croit  qu'il  remplit  la  charge  de 
Phylicien  de  la  ville  de  Nuremberg  dès  l'an  1486  ,  qu'il  la  rempHîlb^t  même  encore  en 
1514.  On  ne  lait  point  précilément  l'année  de  fa  mort,  mais  on  apprend  de  Foppens 
qu'il  finit  fes  jours  à  Boifleduc ,  où  il  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  Saint  Jean.  Ce 
Médecin  a  lailfé  un  Livre  d'élégies  &  d'épigrammes  ,  &  deux  auti-es  fous  ce 
titre  : 

De  Pfiarmacandi  comprobatâ  ratione  Libri  duo.  Norimbergts  ,  1496,  i/i-S.  Bafilcx , 
1571 ,  inJ6  ,  avec  les  commentaires  de  George  Pictorius, 

ULSTAD  C  Philippe  _)  étoit  de  Nuremberg  ,  où  il  vint  au  monde  vers  la  fin  du 
XV  fiecle.  U  exerça  la  Médecine  avec  affez  de  fuccès ,  &  fe  fit  confidérer  à  Fri- 
bourg,  où  il  enfeignoit  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  en  1525.  Ses  Ouvrages  con- 
îribuerent  à  fa  réputation,  fur-tout  le  fécond  de  ceux  que  je  vais  citer;  car  cet  Au- 
teur vivoit  dans  un  fiecle  ^  où  on  fe  repaiflbit  des  vaines  promefl'es  de  l'Al- 
chymie. 

De   Epidemia  Tractaïus.  B  a  filets  ,  1526  ,  iti'^. 

Cœlum  Pkllitfophorum  ,  feu  ,  de  fecreiis  Natura  Liber  ,  ex  variis  Auihoribus  accuratè 
fehcius^  varbfque  figuris  illuflratus.  ^rgentorati ,  1528,  in-folio.  Lugdunl ,  1553,  "  '2^ 
avec  Joannis  ^ntonii  Campejîi  Direcloriujn  fummx  fummarum  Medicina ,  Jive  ,  dg 
tr.bus  minerls  principalibus  e.x  quihus  fit  Lapis  Philofophorum.  Lugduni ,  155^  ,  in  12. 
Fianffunl^  1600,  m  la.  ^rgentina.  1630,  in-8.  Il  y  a  dans  le  Catalogue  de  Fal- 
conu  une  édition  de  Paris,  1544,  m-8,  fous  ce  titre  ;  Jouanis  de  Kupefciffa^  Raymun- 
dii  Lullii ,  Arnoldi  de  f^illanova  ,  Alberti  magal  Cœlum  Philofophicum  ,  feu  fecraa  NatU- 
ra^fiudiù  Philippi  Ulfiadii. 

UNTZER  fMaihias")  naquît  en  T581  à  Hall  en  Saxe.  Il  ne  négligea  rien  pour 
s'avancer  dans  l'étude  de  la  Médecine;  &  pour  s'y  perfeflionDer  d'autant  mieux, 
il  fréquenta  les  Ecoles  de  Leipfic  ,  de  Tubinge  ,  de  Padoue ,  &  en  dernier  lieu 
celles  de  Bâle  ,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Dotïorat.  Après  fa  priCe  de  bonnet  , 
il  ne  tarda  pas  à  retourner  dans  la  ville  natale,  pour  y  faire  part  de  fes  lumières 
à  fes  concitoyens.  Ceux-ci  le  revirent  avec  plaifir  ,  mais  avec  plus  d'avantage  encore; 
car  il  leur  rendit  de  grands  fervice»  julqu'en  1(^24,  qui  eft  l'année  de  fa  mort, arri- 
vée le  7  Août,  à  l'âge  de  43  ans.  On  a  piufieurs  Ouvrages  de  la  façon  de  ce 
Médecin  : 

De  Nephrhide ,  feu  renum  calculù  ,  Florilegium  Medico.Ckymicum  in  duos  Librns  d'.ftriba- 
TOME     jy.  Zzz 


5^6  V    O    C         V    O    E 

tum.  Halte  Saxonum  ^i6l^  ^  în-4.  Mas.dehur^î  ^  162^,  ,  in-^.V  cm]?lo!e'F  f-"or>r?  J  îvr« 
tout  entier  à  faire  l'énumération  des  médicamens  qu'il  croit  propres  ^  ^irévenir  ou  à 
guérir  la  gravelie  ,   &  il  les  tire  de  l'un  &  de  l'auirc   des   irois   Reçnes. 

J)e  Lie  peflifcrâ  Llbrl    très.   Bt.lte  Saxonum,  1615,  /n-4. 

Bieronofologia  Chemlatrica  ^  hoc  e/î,  EpUepjïx  ,  feu  ,  Morbi  facri  accuratijjima  defcrlp-- 
ûo.Jbidern,    i6t6,  /n  4. 

£>e  Sulphure  Tracfatus  Medlco-Chymlcus.  Tbidem ,  1620,  /n-4. 

uiaatomia  Mercurii  fpagyrica ,  feu  de  Flydrargiri  naturâ  ,  prnprietate  ,  vîribui  atque 
ufu  ,  Libri  duo.   Ibidem  ,    1620  ,  in-4. 

ulntldiitarium  pejîi'entiale  in  duns  Libros  diflrlbutum.  Ibidem,,  ifiii  ,  /tt-4. 

Phyjiohgia  Salis ,  Jîve  de  Salis  naturâ  ejufque  prima  origine^  différent: is ,  proprietate 
atque  ufu  Commentatio  PhiloJophico^Mzdica.  lildem  ^  'f'24î  'n*4. 

Tracïaïus  Medico-Chymici  feptem  ,  ut  de  Sale  ,  Sul,  huie  ,  Mercurlô ,  Nephrit'de  Jiu 
■=■  num  calcula ,  dupUces  de  Pejle  &  Epilepfià  ,  mulvs  in  locis  ab  ipfi  aurore  auSii.  'ht- 
dent  ^  1634,4/1-4.  C'eftun  recueil  de  tous  \c.s  Ouvrages  à'Unfyer.  Ce  Médecin  a  rais 
difFérens  Auteurs  à  contribution  ;  c'eft  d'eux  qu'il  a  extrait  le  fonds  des  matières 
dont  il  traite.  Laborieux  comme  il  étoit,  il  auroit  pu  rendre  fes  Ecrits  plus  utiles,. 
S'il  le  fût  conduit  avec  plus  de  jugement. 

VOCHS,  (  Jean  J  Médecin  natif  de  Cologne  ,  a  fait  paflèr  à  la  poftérité  l'hifloire 
de  la  pelle  qui  a  délblé  la  patrie  au  commencement  du  XVI  iiecle.  Son  Ouvrage 
eft  intitulé  ; 

De  Pejlilentia  anni  1507  &    ejus  cura.    Cum    qulbuflam   dublls  6?  digreffinnibus ,,  fine: 
quitus  cura  non  perficitur.  Magdeburgl ,  1508 ,  in-4.  li  y  a  une  édition   poftérieure  ,  revue 
^av  Jean  Driander ,   fous  ce  t'nre  :  Opufculum  praclarum  de  omni  pejtiientiâ  y  fîve  fit   ab 
aère  corruptô  ,  five  ab  aquis  putridis  ciu  cadaveribus  :  &  de  diuturna  pefte  Morbi  Gallici  , . 
qute  non  cejfabit .,  donec  putredo  ejufdem    murbi  funditùs  eradicetur.  ColonitS ,  1537,  in  8. 

VOET,  (  Daniel  )  fils  de  Gisbert,  fameux  Théologien  Hollandois,  naquit  le  31 
Décembre  1629  à  Heufden  ,  ville  des  Provinces  Unies  à  trois  lieues  de  Boifleduc, 
Son  père  l'emmena  avec  lui  à  Utrecht  en  1634,  &  dès  qu'il  fut  en  à^e  d'appren- 
dre les  Langues  lavantes  ,  il  le  mit  fous  les  plus  habiles  Maîtres  de  l'Univerlité  qui 
venoit  d'y  être  établie.  Daniel  fit  enfuite  ion  cours  de  Philoi^phie  &  de  Médecine, 
&  prit  le  bonnet  de  Doéîeur  dans  l'une  &  l'autre  de  ces  Sciences.  Il  n'étoit  âgé  que 
de  23  ans,  lorfqu'il  fut  nommé  Profefîeur  extraordinaire  de  Philofcphie  le  20  Dé- 
cembre 1652.  On  lui  donna  Jean  de  Bruyn  pour  Collègue  ,  &  l'on  partagea  l'en- 
feignement  ertre  eux;  celui-ci  fut  chargé  de  remplir  la  Chaire  de  Phylique  ISt  des 
Mathématiques,  &  Voet  celle  de  Logique  6e  de  MétaphyfitjUe.  Mais  notre  Mé-  , 
decin  pafia  au  rang  de  Profefleur  ordinaire  le  5  Avril  1656  ,  &  il  ne  s'y  difiingua 
pas  moins  que  dans  le  premier  qu'il  avoit  occupé.  C'eft  doramige  qu'il  foit  mort 
fi  jeune.  Il  n'étoit  que  dans  fa  trente  unième  année,  lorfqu'il  fut  arrêté  au  milieu 
de  fa  brillante  carrière  le  29  Juillet  1660.  Daniel  Vitt  n'a  rien  écrit  que  fur  la 
Philoibphie  ,  mais  il  a  beaucoup  écrit,  eu  égard  au  tems  qu'il  a  vécu.  Ses  Ou^- 
vrages  (ont  : 

Comp:ndium  Phyfiae. 


V    O    G  ,,^ 

^Mehtemata  Philofophica. 

■Compcndium  Meiaphyfic<e.  Trajecll ,  i6fio  ,  în-ii. 
CoiiipenJium   Pncumaticte.    Ibidem,    i6f)i  ,  /n-i2. 
^'tyJiologla  ,  jive    de    rerum    naturâ  Libri  (ix.  Amfldodami,  i66l ,  in-i2.   Trajecll  , 
lObb ,  la-b ,  avec  les  notes  de  Gérard  de  furies. 


VOGELS,  (  EvaldeJ  Alchymifte  du  XVI  fiecle  ,  que  Konlg  afiure  être  le  raê- 
me  que  Tliibaut  de  Ho^helandc ,  pafl'c  aufli  pour  la  même  pcrlonne  dans  le  Tome 
Vlll  Qes  Mémoires  de  M.  Paquot.  Ce  dernier  yiuteur  a  cependant  fait  un  Article 
iépaté  pour  chacun  de  ces  Alchymiftes  ,  qu'il  dit  avoir  été  contempora  n?  ;  mais 
comme  il  attribue  les  mêmes  Ouvrages  à  l'un  &  à  l'auire  ,  iJ  étoit  néceria'rc  qu^ii  fjt 
quelque  etiort  d'imagination  pour  établir  l'iJentité  de  ces  Ecrivaiii?.  Evalde  IScThéobal- 
de  ou  Thibaut^  dit  il ,  peuvent  pafier  pour  le  même  nom  un  peu  varie,  ^'o^e/i  aura 
été  le  furnom  de  Théobalde  ^  qui,  conformément  à  l'ufage  de  fon  tems ,  le  fera  dit 
de  Middelbourg,  quoique  né  au  village  de  Hoghdande^  qui  n'eft  qu'à  une  demi- 
lieoe  de  cette  ville. 

A  l'exemple  de  M.  Paquot, ]Wi  mis  l'Article  Hoghelande  dans  ce  Diiiionnaire  , 
&  je  l'ai  fait  avec  d'autant  plus  de  railon  ,  que  ce  lavant  Littérateur  dit  qvie  f^ogels 
naquit  en  Brabant ,  &  Thibaut  de  Hoghelande  à  Middelbourg  ou  près  de  Middelbourg  , 
capitale  de  la  'Zélande.  Cette  variation  ne  laiilèroit  aucun  doute  fur  la  différence 
de  ces  deux  perfonnages  ,  li  les  Bibliographes  ne  s'accordoient  à  leur  attribuer  les 
mêmes  Ouvrages  ;  cependant  Liyenius  n'en  met  d'autre  fur  le  compte  de  f^ogels, 
que  le  Livre  intitulé: 

De  Lapiais  Philofiph'cî  condltlonihus ,  quô  abditijjimorum  ^inhorum  ,  Gcbri  &  Lul- 
lii,  methodica  continetur  explicatio ,  èf  Chymiflarum  omnium  Opéra  ^  tanqua.n  ad  nnrmam 
examlnantur  ^  utrum  in  perfeclwnis  vlà  confîjlant ,  necnè.  CuiiniiS  ^  '5951  in- 12.  ^rgento- 
rati ,  16159  ,  i(i-B,  dans  le  Theairum  Chent-.cum. 

Que  i^o^ch  &  Hoj^helande  foient  deux  perfonnes  différentes  ou  non  ,  il  importe 
peu  à  i'Hiltoire  de  la  Chymie  ,  qui  ne  s'arrête  à  faire  mention  des  partifans  du 
Grand-Œuvre  ,  que  pour  montrer  à  quel  excès  dé  délire  l'tfprit  de  l'homme 
peut  être  porté.  M.  Paquot  en  donne  la  preuve  dans  l'analyfe  qu'il  fait  du  Traité 
que  je  viens  de  citer.  Suivons-le  :  »  On  voit  d'abord  ici  une  Préface  ,  in  qua  dl- 
»  verfi  ac  varii  Anificum  labores  recenfentur  ,  &  Jtu&.tris  imtntio  dcclaratur.  f^ogels  y 
»  dit  que  fon  but  eft  d'expliquer  les  fzpt  propriétés  de  la  Médecine,  ou  de  la  Pierre 
»  Phyjîque  ,  enfeignées  par  Ge'jer ,  &  de  rendre  intelligible  ce  que  les  Anciens  en 
»  ont  dit ,  en  enveloppant  leurs  inftrudions  ious  des  termes  fi  obfcurs  ,  que  l'efprit 
»  humain  n'y  peut  guère  atteindre  fans  une  lumière  célefîe.  Après  ce!a ,  il  ofc  aflurer 
»  que  Paracc'fc  n'a  pas  connu  la  Pierre  Philofophale  ,&  n'a  vu  goutte  dans  les  Ecrits 
y,  de  Raimond  Lulle  &  des  autres  Do^curS  de  cet  Art  (  malheur  qui  eft  arrivé  à 
»  bien  d'autres.  )  Enfuite  il  dit  que  tous  ceux  qui  auront  trouvé  dans  leurs  opé- 
»  rations  les  fept  conditions  de  l'EUxir  qu'il  va  décrire,  auront  tout  à  fe  promet- 
»  tre  pourvu  toutefois  qu'ils  connoifTent  bien  !e  feu  philoiophiquc  ,  le  fourneau  , 
^  la  retorte  ,  &  la  proportion  qu'il  faut  y  garder.  La  Préface  eft  fuivie  de  deux 
«  chapitres  de    Ceber  ,  où  il  s'agit  de  ce  merveilleux  Elixir.  Après  vient  le  Livre 


54^*  V    O    G  ^ 

*)  de  notre  Auteur,  divifé  en  fept  chapitres,  où  il  traite,  i°.  de  la  fufion  fubite  & 
j>  convenable  .  qui  fe  perfeéhonne  au  moyea  de  l'Oléaginlté  minérale.  ■2".  De  la 
»  fubtilité  fpirituelle  Cou  ipiritueufe  )  de  la  matière.  3°.  De  l'affinité  qui  fe  trou* 
»  ve  entre  l'Elixir  &  la  matière  tranfmuab'e.  4".  De  l'humide  radical  des  métaux, 
»  &  de  la  manière  dont  il  congelé  &  confolide  les  parties  retenues  ,  &c.  5°.  Dc 
»  la  clarté  mondificaiive  de  la  pureté  ,  qui  jette  un  éclat  extraordinaire  ,  qui  garantit 
»  Je  la  brûlure  &  qui  ne  brùie  pas.  t)°.  De  la  terre  propre  à  fixer ,  tempérée  ,  mince  , 
n  fixe  ,  mcombuft;ble  ,  &c.  7".  De  la  teinture  qui  forme  une  couleur  éclatante  ,  &  un 
»  blanc  parfait  ,  ou  un  orangé  vif,  &  qui  produit  enfin  la  Lunification  ou  la  Solificqùon 
»  des  êtres  tranfmuables.  L'Auteur  aime  tant  la  clarté,  qu'il  prie  fes  Ledeurs  de 
»  n'attribuer  qu'à  l'uiage  des  Alchymiftes  &  à  la  fuh'imité  de  leur  Art  ce  qui  refte 
»  d'oblcurité  dans  fon  Livre.  11  craint  môme  ,  je  ne  fais  pourquoi ,  qu'on  ne  l'accufe  un 
»  jour  d'un  grand  crime ,  comme  ayant  révélé  des  myfteres ,  que  fes  prédécefleurs 
»  avoient  cachés  li  foigneufement  dans  la  crainte  de  les  expot'er  au  mépris  des 
»  profanes.  «  Aioli  parle  M.  Paq^u:  ,  &  fuivant  lui  ,  on  eft  bien  en  droit  de 
bouder  contre  des  Philofophes  qui  font  de  magnifiques  promelTes  dans  leurs  Traités 
d'Alchymie  ,  fans  rien  effectuer.  Audi  voit-on  que  les  hommes  crédules  ,  qui  fe  font 
attachés  à  eux  dans  l'elpérance  d'être  initiés  dans  leurs  myfteres,  ont  fini  par  fe 
récrier  contre  l'impofture  de  leurs  Maîires,  dont  ils  ont  été  les  dupes;  &  fi  d'au- 
tres ont  fait  grâce  aux  Ouvrages  des  partifans  du  Grand-(}iuvre  ,  ce  n'a  été  qu'en 
confidération  de  quelques  heureufes  découvertes ,  dans  lefquelles  ces  enthoufiaftes 
font  tombés  comme  par  hazard  ,  en  courant  après  la  tranfmutation  des  métaux  qu'ils 
n'ont  jamais  trouvée. 

VOGLER.  ,  CGodefroid  )  de  Francfort  fur  l'Oder,  entreprit  le  voyage  d'Italie, 
en  vue  de  profiter  des  inftruétions  des  favans  Maîtres  qui  donnoient  tant  de  célé- 
brité aux  villes  de  Padoue  ,  de  Bologne  &  de  Pife.  11  fuivit  les  ProfclTeurs  de 
l'une  &  de  l'autre  de  ces  Univerfités,&  fit  ibus  eux  tant  de  progrès  dans  la  Mé- 
decine, que  pafiant  par  Bâle,à  fon  retour  d'Italie,  il  obtmt  les  honneurs  du  Doc- 
torat. Il  vint  eniuite  exercer  fa  profeffion  à  Verden  en  vVeftphalie  ,  ?c  il  s'y  pro- 
cura tant  de  réputation,  qu'on  l'attira  à  HtlmRadt  en  1620.  Ses  talens  furent  ac- 
cueillis dans  cette  Univerfité  i  il  en  étoit  Redeur ,  lorfqu'il  mourut  le  13  Février 
J624  ,  à  lâi^e  lealeraeitt  de  38    ans. 

U  laifia  un  fils,  Falentin  Henri ,  né  à  Heîmftadt  le  17  Septembre  Î6212.  Jaloux 
^e  participer  à  la  gloire  que  fon  père  s'étoit  acqu'le  ,  il  fe  rendit  habile  dans  les 
Belles-Lettres,  la  Philolbphie,  la  Médecine  &  l'irlidoirc.  Ce  fut  dans  les  Ecoles 
de  là  ville  natale  &  celles  d'AItort  qu'il  étudia  la  Médecine;  &  après  avoir  ob- 
tenu le  degré  de  Licence  dans  les  premières ,  il  alla  pratiquer  à  Francfort  fur  le 
Mcin  &  à  Oppenheim.  Mais  ayant  été  nommé  en  1652  à  une  Chaire  de  Méde- 
cine à  HcImftadt ,  il  y  prit  le  bonnet  dc  Dodeur  l'année  iuivante  ,  &  fit  dans  la 
fuite  tant  d'honneur  à  cette  Univerfit^,  qu'il  fut  généralement  regrtté  à  fa  mort 
arrivée  le  13  Mai  1677.  Ses  Ouvrages  ont  foutenu  la  réputation  qu'il  s'étoit  acquife 
dans  la  Chaire.  Le  plus  connu  &  le  plus  eftime ,  en  fait  de  Littérature  ,  eft  inti- 
tulé :  Ufiiverfaiis  Introia&io  in  notidam  cnjafque.  generis  bonorum  Scnptorum  ;  mais  1« 
tncilieure  édition  eft  celle  que  Henri  Meibomius  a  donnée  à  Heîmftadt  en  1691 ,  in-^  , 


V    O    G  549 

avec  des  remarques  fi  des  additions.  Voici  les  titres  des  Traités  de  Médecitse  qui 
font  de  la  façon   de  fn^hr  le    H-s  ; 

Injikmionum  Phy  iolugicarum  Liber.  Quô  natura  ekmentorum ,  mixtionh  ac  tempera' 
menti  dilucidatur.  Helmafludii  ^  1661,  /n  4. 

Diateticnruin  Comment ariua ,  cum  Dtfputatione  de  vi  ima^lnationis  in  pejîilent'ia  proda- 
cendâ.  Jbidcm  ,    1667  ,  in. 4. 

De  naturiill  ia  bonarum  doSrinarum  Jludia  propenjîone ,  deleciu  îngenlorum  ,  fludiarutn 
hodiernorum  corruptells ,  earumque  caujîs  ,   DiJJcnationes    quinque.  Jbdem  ,  167a, /rt-4, 

Pbyjïologi  i  Hijlori£  Pajionis  Jcfu  Chrifti  ^  nempè  de  angore  .,  J'udore,  fyin.tà  coronâ  , 
vinô  myrrhâ  condud  S  actô  feileô .,  itcmque  de  foiis  obfcurutone  ,  Jui  ^  hyjfopô  ,  acctô  , 
clamore ,  repentinâ  morte  ,  terra  motu  ,  kamoribus  ex  latere  ftuentitun  &  condiiurâ  corpom 
ris.  Ibident  y   1673,   m  4. 

De  f^aletudine  hominii  cognofcendâ  Liber.  Helmteftadîi  ,  1674 ,  /n-4. 

De  rebas  naturalibus  S  Medicis ,  quarum  in  Scripiuris  fucris  fit  mentio ,  Cummentarius. 
accejjit   PhyCidogla  Hftorlis  pajjionis  Jefu-ChrijU.   Ibidem  ,   1682  ,  /n-4. 

VOGLI,  (  Jean-Hyacinthe  J  célèbre  Médecin  de  ce  fieclc ,  naquit  le  vingt  Avril 
1697  dans  le  Bolooez.  Il  fit  toutes  les  études  dans  la  Capitale  de  cette  Province  , 
&  il  y  reçut  les  honneurs  du  Doétorat  en  Médecine  à  1  âge  de  dix-fept  ans.  Mais 
comme  il  l'entit  que  la  fLiecce  qu'on  acquiert  dans  les  Ecoles  ne  lui  iuffilbit  point» 
qu'elle  devoit  être  perfectionnée  par  l'obiervanon  qui  eft  l'ouvrage  du  tems,  & 
qu'à  Ion  âge  on  n'étoit  point  allez  au  fait  du  cours  des  maladies  pour  en  entre- 
prendre le  traitement,  il  prit  la  fage  réfolution  de  fe  rendre  à  Florence,  où  il 
s'appliqua  à  la  pratique  dans  l'Hôpital  de  Sainte  Marie  la  Neuve.  Après  plulieurs 
années  qu'il  paila  à  voir,  à  obferver  &  à  réfléchir  ,  il  revint  à  Bologne  ,  &  ij  y 
Ibutint  des  1  hefcs  publiques  (ur  toute  la  Philolophie  &  la  Médecine  ,  ainfi  qu'il  eft 
d'ufage  ,  lorfqu'on  ai'pire  au  rang  de  Profeflëur  dans  l'Univerfité  de  cette  ville.  Ces 
Thefes  lui  ont  fourni  ia  matière  des  deux  Traités  qui- ont  paru  fous  les  titres  fuivans: 

De  AnthropOi^onia ,  Dijjenatio  Anaiomico  Phyfica  ,  in  qua  &  de  viviparorum  pcnep  • 
&  pars  prima  qua  refellit  ova  vivipara  ;  &  pars  altéra  qute  propugnat  novum  fpcclmenper 
uterina  fjhjlantite  elongationcm  atque  ordinazam  texturam  ex  feminibus  plafmamibus.  Bo- 
nonie ,  1718,  //1-4.  Après  avoir  rejette  tous  les  fyftêmes  des  Modernes  fur  la  gêné» 
ration,  il  a  recours  aax  facultés  plaftiques  des  Anciens,  à  qui  il  donne  une  tournure 
neuve  ,  en  fuppolànt  que  la  matrice  n'eft  pas  plutôt  (ortie  de  l'état  d'irritation  que 
la  lemence  lui  a  procuré,  qu'elle  permet  â  les  fibres  amollies  de  s'étendre,  de  s'al- 
longer, de  fe  contourner  en  dittérentes  manières  ;  d'où  réfulte  l'arrangement  des 
particules  organiques  en  un  corps   qui   eft  celui  de    l'embryon. 

Fluiii  nervei  H.jraria.  Bononi£ .,  1720  ,  /n-8.  Il  y  donne  un  court  expofé  du  mé- 
chanifme  des  fécrétions  ,  poir  en  venir  à  celle  du  flL.ide  nerveux;  félon  lui,  la 
fubftance  corticale  ■'*<:  les  au'res  parties  du  cerveau  ne  concourent  point  à  la  lécrétion 
de  ce  fluide  ,  c'cft  dans  les  méninges  qu'elle  fc  fait  ;  c'eft  même  dans  ces  membranes 
qu'il  établit  l'orieine  des    rrrf-;.  , 

Comme  les  nouvelles  Ihcories  ne  manquent  jamais  de  partifaas,  l\li  s'en  fit 
aflez  p3ur  efpcrer  qu'il  trouvcroit  des  proteaeurs  dans  fes  prétentions  â  la  premiè- 
re Chaire  qui  vieodroit  à  vaquer  à  Bologne.  En  l'attendant  ,  il  alla  s'exercer  à  la 


550  VOL 

pratique  en  différentes  villes  de  la  Marche  d'Ancone  &  de  TOmbrie  ;  mai?  il  n'étoit 
point  dans  Ion  centre;  il  le  fentoit  fait  pour  la  vie  fédentaire  du  Cabinet,  plutôt 
que  pour  les  courles  que  le  loin  des  malades  exige.  Il  revint  donc  à  Kologne ,  où 
il  fut  reçu  au  nombre  des  Profefiburs  d'Anatomie ,  ^  titre  d'aggrégé.  Pour  tirer 
parti  de  l'cb  talens ,  on  le  chargea  de  compoier  en  Italien  des  Tablettes  chronolo- 
giqucî  de  l'hiftoire  des  hommes  illuftres  qui  avoient  fait  honneur  à  rUniverfué  , 
loit  par  leur  icicnce  ,  loit  par  leurs  emplois.  Cet  Ouvrage  comprend  tout  le  dix» 
feptieme  fiecle  &  une  partie  du  dix'huitieme  ,julqu'au  tems  où  il  parut  à  Bologne 
en  1726,  //j-4  L'Auteur  en  fut  récompcnfé  par  la  Chaire  qu'il  obi'nt,  &  par  la 
réccpiion  dans  l'inftitut  de  Bologne,  l'oujours  actif  &  laborieux,  f^ogli  a  travaillé 
à  un  Cours  entier  de  Médecine  qui  devoit  paroître  en  trois  volumes  «-4  ;  il  a  aufli 
commencé  un  Traité  lur  la  génération  de  l'homme  &  des  animaux  vivipares  ; 
mais  je  ne  lais  li  ces  Ouvrages  ont  été  donnéi  au  public  ,  ou  en  quelle  année  ils 
ont  paru. 

VOLCKAMER.  f  Jcati-George  )  étoit  de  Nuremberg,  oii  il  naquit  le  9  de 
Juin  i6i6  de  Jean,  riche  Commerçant  qui  s'appliqua  par  goût  à  la  Chymie  &  à 
la  Botanique,  qui  cultiva  même  cette  dernière  Science  avec  tant  d'ardeur,  que 
c'eft  à  lui  qu'on  doit  l'établiflement  du  Jardin  des  plantes  qui  porte  encore  fon 
nom.  Jean  F'akkamer  mourut  en  1661 ,  à   l'âge  de  85   ans. 

Jean- George  prit  le  parti  delà  Médecine.  Elevé  fous  les  yeux  d'un  père  qui 
jrouvoit  un  plailir  à  s'occuper  de  deux  parties  efientielles  de  cotre  Science  ,  cet 
exemple  ne  put  manquer  de  lui  donner  un  goût  plus  étendu.  Ce  fut  pour  le  fa- 
îisfaire,  qu'après  avoir  étudié  à  Jene  &  à  Altorf,  il  fe  rendit  en  1638  à  Padoue, 
où  la  Nation  Allemande  le  nomma  fon  Confeiller  &  Bibliothécaire.  En  163g ,  il 
revint  à  Altorf  pour  s'y  difpolér  à  la  réception  des  degrés  Académiques  ;  &  dès 
qu'il  eut  foutenu  fes  Thefes  de  j^icence  ,  il  repafl'a  en  Italie  au  mois  de  Septembre 
de  la  même  année  ,  &  reprit  le  fil  de  fes  études  fous  les  Profefleurs  de  la  Faculté 
de  Padoue.  Trop  inftruit  pour  ne  pas  favoir  que  l'Art  de  guérir  fe  perfediionne 
tous  les  jours  par  Tobtervation  &  les  découvertes,  il  voulut  encore  s'enrichir  des 
connoiflances  des  plus  grands  Maîtres  des  Univerfités  de  France  ;  à  cet  effet ,  en 
quittant  Padoue ,  il  dirigea  fa  route  par  ce  Royaume  ,  &  delà  il  la  continua  vers 
l'Allemagne.  Peu  de  tems  après  fon  arrivée  à  Nuremberg  ,  il  -etourna  à  Altorf 
pour  fon  Doflorat.  On  lui  en  accorda  les  honneurs  le  30  Avril  1643  ,  &  le  7  de 
Juin  fuivant,  il  fut  aggrégé  au  Collège  des  Médecins  de  l'a  ville  natale,  dont  il 
devint  Doyen  pour  la  première  fois  en  1664.  L'Académie  des  Curieux  de  la  Na- 
ture le  reçut  dans  fon  Corps,  en  1676,  fous  le  nom  d'Helianihus  I;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  en  être  Directeur,  il  en  fut  même  Prefident  en  1686.  11  eft  le  troi- 
fieme   qui  ait  occupé  cette    place   honorable. 

yolckamer  mourut  le  17  Mai  1693  ,  à  î'âge  de  77  ans.  Outre  le  grand  nombre 
.(d'Obfcrvations  qu'il  communiqua  à  l'Académie  d'Allemagne,  il  lailTa  les  Ouvrages 
qui  ont  paru  fous   ces  titres  : 

Opobulfami  Orientalis  in  TneTiaces  confectlonem  Rnma  revncaù  examen.  Norîberf.ce^ 
>î644,  in'ii ,  avec  le  Livre  à' Jntoine  Colmenem  ^  qui  eft  intitulé:  De  Chocolaut- 
Jndte  aualltatibus  8  naturâ ,  6?  plufieurs  autres  pièces. 


VOL  551 

Collegium  Anatomlcum  conctnnatum  ex  CUriJJlmis  Triamvlris  Jajjolinô,  Scverind  & 
CubroUô.   Hanovlte ,  1654,  m-4.    Fran:qfani ,   i658,   in-4. 

Oratio  in.    laudcm   Gafparis   Hoffmanni.  Francnfanl  ,   1668,   1680,  In-/^, 

Epijtola  de  calcula  frangendo.  Ibidem,    1669,  in-4,  ^°  Latin    &  en   Allemand. 

Epijlola  de  Scomacho.  ylltorfii ,  1682 ,   in-^. 

Jean-George ,  fils  du  Médecin  dont  je  viens  de  parler  ,  étoit  auffi  de  Nurem- 
berg; ,  &  il  y  vint  au  monde  le  7  Mai  1662.  A  l'exemple  de  Ion  père,  il  prit  le 
parti  de  la  Médecine ,  dont  il  fat  reçu  Docteur ,  &  mérita  ,  comme  lui ,  d'entrer 
dans  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  Ibus  le  nom  d'Heliauthus  II.  Son  ad- 
mifiion  dans  le  Collège  des  Médecins  de  fa  ville  natale  date  de  1685  ;  il  lui  fit 
long-tems  honneur,  car  il  étoit  l'Ancien  de  cette  Compagnie,  loifqu'il  mourut  le 
8  de  Juin  1744.  On  a  de  lui  plufieurs  Oblervations  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie Impériale   d'Allemagne  ,   &  un   Traité  qu'on  eftime  ,  fous  ce  titre  : 

Flora  Aoribergenjîs  ,  jivi  ,  catalogui  plantarum   in   Agro  Norlbergenfi  tùm  fponiè  naf'- 
centium  ,  quàm  exoticarum.  Noribergce  ,    1700,    1718,  in'4  ,  avec  figures.  11  a  ciré  boa 
parti  des    travaux  de   Morifon  ,    d'Hcrmann ,    de  Ray  &    de    Rivlnus 

Jean-Chrijlophe  f^olckanier ,  natif  de  Nuremberg  comme  les  précédens ,  &  pro- 
bablement de  leur  famille,  fut  un  des  plus  favans  liotaniftes  de  fcn  pays.  Ce  fut 
à  ce  titre  qu'il  entra  dans  l'Académie  des  Curieux  de  la  Natir^,  fous  le  nom  de 
Florentius.  Il  s'appliqua  à  la  culture  des  Orangers  ,  des  Citronniers  &  des  Limo- 
niers, dont  il  avoit  acquis  une  connoifTance  parfaite,  lorfqu'il  demeuroit  pour  les 
affaires  de  fon  commerce  à  Rovoreit ,  ville  du  Tirol  fur  les  contins  de  l'Etat  de 
Venife.  Le  jardin  qu'il  forma  dans  le  fauxbourg  de  Nuremberg  étoit  uniquement 
defliné  à  fatisfaire  fa  belle  paflion  pour  la  Botanique;  il  s'en  occupa  jufqu  à  fa 
mort  arrivée  le  premier  jour  de  Septembre  1720.  On  a  de  lui  une  Oblervation 
De  Gelfemino  uirabico  ^  fracium  Café  fereme ,  arbore  ;  elle  fe  trouve  dans  le»  Mé- 
moires de  l'Académie  d'Allemagne.  On  a  auffi  un  Traité  de  fa  façon  ,  qui  parut 
en  Allemand  à  Nuremberg  en  1708,  in-folio^  &  qui  fut  traduit  en  Latin,  fous 
ce  titre  : 

Hejperidum  Korimbergenjïum ,  Jïve  ,  de  Maîorum  Cltrcorum  ,  Limonizm  ,  ^urantiorumM 
que  culturâ  S  ufu  Libri  quatuor.  De  fioribus  rarioribus  in  ^-Igro  Kurico  caliis.  Kurim. 
bcrgx,  1713,  1714,  deux  volumes  in-folio.  Il  y  ell  parlé  de  plulieurs  plantes  des 
Indes. 

VOLDER,  (  Burcher  DE  )  habile  Mathématicien  &  l'iin  des  plus  célèbres 
Philoibphes  de  Ion  tems ,  naquit  à  Amfter»iam  le  26  Juillet  164'^  ,  de  Jufle  ou 
Jn[fe  de  f^^iUcr  &  de  Marie  ^an  Licfdd,  Quoiqu'il  eût  été  extrêmement  "foible  & 
délicat  dans  fon  enfance,  la  grande  inclination  qu'il  témoigna  pour  Tétude  ,  en- 
gagea fon  père  à  l'envoj'er  au  Collège  &  à  lui  fournir  aufant  de  i"ecoLir<;  qje  la 
médiocrité  de  fa  fortune  lui  permettoit.  Le  jeune  De  Voler  fit  beai'coiir»  de  pro»  ■ 
gtès  dans  les  Langues  Latine  &  Grecque  ;  puis  ayant  achevé  l'on  cours  de  Philo- 
foi-hie  fous  ^mould  Sengucrd^  &  pris  des  leçons  <\''ylhxandre  de  Pic  fi;r  'a  Mé. 
decine  ,  il  fortit  d'Amfterdam  pour  fe  rendre  à  l'trccKt ,  où  il  fu^  refo  Maîfre-ès. 
Arts  le  18  Oclobre  1660.  Comme  la  Philcfophie  Péripatéticienne  étoit  celJe  qu; 
tJominoit  de    fon  tems  dans  les   Ecoles,  il   s'y  attacha,    aicfi  que  tant  d'autres:; 


r5^  VOL 

mais  il  s'en  dégoûta ,  dès  qu'il  eut  commencé  à  fuivre  François  Duhoh  àe  Le  BoS 
qui  profeflbit  la  Médecine  a  Leyde  avec  réi^uiation.  11  fou  tint  dans  c  tte  ville» 
ie  ^^  Juillet  1664,  des  Thefes  fur  la  Nature  fort  oppol'ées  aux  opinions  courantes  , 
&  ù  prit,  le  même  jour,  le  bonnet  de  Do(iteur  en  Médecine.  11  alla  erfoite 
exercer  là  profefljoo  à  Amfterdam  ,  où  il  fut  Médecin  des  pauvres  de  ia  Com- 
munauté des  KcWKntrans  ;  mai*  les  occupations  ne  lui  firent  pomt  négliger  l'é- 
tude des  IVÎatiiJiustiques,  ni  celle  de  la  Phiiofophie  qui  étoit  li  fort  ce  fon  gpùt. 
La  réputation  à  laquelle  il  parvint  du  côté  de  la  dernière  Science,  pona  tes  Cura- 
teurs de  i'Univeriité  de  Leyde  à  lui  en  offrir  la  Chaire  qui  vaquoit  dans  les 
Ecoles.  Il  l'pccepta  &  il  en  prit  pofiélfion  le  18  Octubre  1670.  D-jpjis  ce  mo- 
ment ,  De  yjdcr  ne  ie  diftingua  plus  que  comme  Philolophc  ;  il  paroît  même  que 
tout  abforbé  dans  ce  genre  d'étude  ,  &  dans  les  Mathématiques  dont  il  obtint  la 
Chaire  en  i6bi  ,  il  en  négligea  enuerement  la  Médecine.  Ce  lavant  homme  mourut 
le  afl  Mars  1709,  âgé  de  65  ans  &l  quelques  iiiois,  fans  diipoier  de  ion  bien  & 
fans  avoif  été  marié.  Régulier  dans  fa  conduite,  il  étoit,  dit  M  Paijuot ,  doux  « 
généreux,  modeftc  ,  zélé  p^ur  la  liberté  de  la  patrie,  bon  ami,  toujours  dirpol'é 
à  rendre  juftice  au  mérite  ,  &  à  fuivre  le  parti  de  la  venté  auiant  qu'il  lui  étoit 
connu ,  mais  fans  emportement  contre  ceux  qui  éîoient  dans  d'autres  principes. 
11  avoit  en  particulier  beaucoup  d'affabilité  envers  les  dilciples  ,  &  il  les  inftrui- 
foit  d'une  manière  li  claire  &  li  méthodique  ,  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  que  tant 
d'habiles  gens  foieot  fortis  de  ion  écolt. 

J)c  F'older  n'a  lailfé  aucun  Ouvrage  bien  important  ;  ce  qu'il  a  écrit  fe  rédoit 
aux  pièces  fuivantes  : 

0 ratio  habita  in  future  Sibertl  Coeman.  J.  U.  D.&  Profejforis,  Lugduni  Batayorum  , 
1675,  in-4. 

Oratio  de  conjungendo  cum  Philofophia  Mathefeos  ftud'.d.  Ibidem^  i68i>  &i  4.  C'eft 
îe  Difcours  qu'il  prononça  le  15  Juiû  16S1 ,  en  prenant  pofleflion  de  la  Chaire 
<des  Mathématiques. 

Dijfertatinnus  Ph'dofuphica  de  rerum  naturalium.  princîpîîs^  ut  &  de  aèris  gravUate, 
Ibidem  ,  1681,  in-B. 

Oratio  habita    in.  fuaere    CL.  V.    Lucx   Schacht  Med.   D,   6f   ProfeJJbrîs.    Ibidem^ 

1689,   in-nt. 

Oratio  de  ratîonis  virlbus  &  ufu  in  SckntVu.  Lugduni  Batuvorum  ^  rôgS,  in-8. 
C'eft   le  Difcours   qu'il  nronocça  en  fortant  du  Reftorat. 

Oratio  quâ  ,  confentientibus  lUuft.  ^cad~  Curatoribus ,  Urbifque  Leidenjîs  Cojf. ,  fefe 
laboribus  Mcademicii  abdicavit.  Habita  A.  D.  XIX  Oêfobris  anni  1705.  Ibidem^  1705, 
ifl-4. 

Le  3  Juillet  ifi<?9 ,  De  Solder  préfida  à  un  aé>e  public  qu'aucun  Profefreur  ne 
fe  fouvenoit  d'avoir  vu  à  Leyde.  il  reçut  Maître-ès- Arts,  avec  les  cérémonies 
anciennes,  M.  Gah  .  depuis  Médecin  de  Londres,  &  il  lit  à  cette  occafion ,  une 
harangue  fort  ingénie ufe  fur  les  Anciens  &  Ici  Modernes,  que  le  célèbre  Boer- 
haave  a  pris  loin  de   publier. 

VOLGNADIUS,  C  Henri  j  ou    VOLT-GNAD,    de  BreOau  ,  naquit  de  parens 

nobles  le  6   Mai  1634.  ^1  étudia  les  Lettres  Humaine»   daos  fa  patrie  avec  tant 

de 


VOL       V^O    R.  553 

de  Tuccès,  qu'on  prévit  dès-îors  tout  ce:  qu'on  étoit  en  droit  d'efpérer  de  lui  dans 
les  Sciences  fupérieures.  Parmi  celles-ci,  il  choifit  la  Médecine  ,  dont  il  commença 
îe  cours  à  Leipfic  en  Mai  1655  ;  &  après  cinq  ans  d'application  autant  heureufe 
qu'elle  avoit  été  connante  ,  il  fe  rendit  à  Altenboarg  dans  le  Cercle  de  la  Haute 
Saxe,  en  vue  de  joindre  la  Pratique  à  la  Théorie.  Pour  remplir  cet  objet  im- 
portant, il  fuivit  Chrifiophe  ^usfeld ,  favant  Médecin  de  cette  ville,  qui  ne  né- 
gligea rien  pour  le  mettre  au  fait  de  la  cure  des  maladies.  Vollgnad  demeura  chez 
lui  jul'qu'en  1662  ,  à  la  réferve  d'une  courte  abfence  qu'il  fit  en  1660,  à  l'occafion 
de  la  mort  de  fon  père.  Mais  il  étoit  tems  de  penfer  aux  honneurs  du  Do<Rorat , 
&  ce  fut  pour  les  demander  qu'il  fe  rendit  à  Wittemberg  vers  le  mois  de  No- 
vembre i66a.  Sa  promotion  ne  le  décida  point  encore  à  fe  livrer  au  public  ;  il 
voulut  fe  perfeftionner  dans  l'Art  important  &  difficile  qu'il  avoit  enibrallë  ,  avant 
que  d'entreprendre  de  l'exercer.  A  cet  effet,  il  parcourut  l'Allemagne,  l'Italie, 
la  Suifle,  les  Pays-Bas,  l'Angleterre,  la  Hollande,  &  i!  y  recueillit  les  confeils 
^  les  inftruétions  des  plus  habiles  Maîtres.  Chargé  des  connoiflances  dont  il  s'étoit 
enrichi  pendant  ce  voyage,  il  ne  revint  à  Breflau,  en  1664,  que  pour  fe  confa- 
■crer  au  fervice  de  fes  concitoyens.  Comme  ceux-ci  s'emprefTerent  à  profiter  de 
fes  lumières  ,  il  ne  fut  bientôt  parlé  que  de  lui ,  &  les  heureux  fuccès  de  fes  en- 
treprifes  lui  aflurerent  enfin  la  confiance  de  toute  la  ville.  Son  nom  étoit  déjà  ré- 
pandu en  différentes  contrées  de  l'Allemagne  ,  quand  il  fut  reçu  dans  l'Académie 
des  Curieux  de  la  Nature  ,  en  1669,  fous  le  nom  de  Sirius  ;  mais  fa  réputation 
s'accrut  tellement  dans  la  fuite ,  qu'elle  parvint  à  ce  point  flatteur  que  les  Gens  de 
Lettres  qui  fe  piquent  de  fentimens  ,  regardent  comme  la  principale  récompcnfe  de 
leurs  travaux.  F'ollgnad  étoit  au  comble  de  fes  délits  il  cet  égard  ,  lorfqu'il  mourut  le  3 
Janvier  1682  ,  dans  la  quarante-huitième  année  de  fon  âge.  On  n'a  de  lui  que  des  Mé- 
moires adreflës  à  l'Académie  Impériale.  Comme  l'illuttration  de  ce  Corps  ne  celfa 
point  de  l'occuper  depuis  la  réception ,  il  y  contribua  G  avantageufement  du  côté 
de  la  Médecine  &  de  l'Hiftoire  Naturelle ,  qu'on  a  dit  de  lui ,  qu'il  avoit  exafie» 
ment  rempli  la  devife  de  l'Académie  :  Nunquam  otiofus. 

VOLPINI.  Voyez  VULPIN  US. 

VORSTIUS ,  f  ^lius  Everardus  _)  célèbre  Médecin,  étoiJ  de  Ruremondc,  où 
il  vit  le  jour  le  25  Juillet  1565.  Il  fit  fes  humanités  ,  partie  à  Dordrecht  ,  partie 
à  Leyde  ,  &  il  s'appliqua  à  la  Philofophie  &  à  la  Médecine  à  Heidelberg  ,  ainfi 
qu'à  Cologne.  Mais  la  réputation  dont  jouiffoient  les  Profeffeurs  des  Univerfités 
d'Italie  ,  fengagea  i  quitter  l'Allemagne  pour  aller  les  entendre  ;  il  s'arrêta  dans 
prefque  toutes  les  Ecoles,  fpécialement  dans  celles  de  Bologne  &  de  Padoue  ,  & 
jze  fut  dans  la  dernière  ville  qu'il  reçut  le  bonnet  de  Dodteur.  Il  revint  dans  les 
Pays-Bas  en  15Ç6.  A  peine  eut-il  pratiqué  pendant  deux  ans  à  Deift  ,  qu'il  obtint 
une  Chaire  de  Médecine  à  Leyde  ;  il  la  remplit  avec  honneur  jufqu'à  fa  mort 
arrivée  le  22  Oftobre  1624.  Pierre  Cunaus ,  Dodieur  en  Droit  &  Reé^eur  de  l'U- 
■îiiverlité  de  cette  ville,  prononça  fon  Oraifon  funèbre. 

Quoique  F'orftius  eût  été  un  homme  qui  airaoit  le  travail  du  Cabinet  ,  nous 
T  O  MB    IV,  Aaaa 


554  V    O^        U    R    A 

n'avons  de  lui  qu'un  petit  Commentaire  De  annuloram  origine,  (x  les  deux  Difcours 
fuivans  : 

Oratio  in  funere  Carol'i  Clufîl.    Lugduni  Satavorum  ^  1605,   in.  S. 
Or  ado  honori  &  mcmori^   Petrl  Paawi  diSa.  Ibidem,   1617,   ''■"■'^• 
Ce  n'eft  pas  qu'il  n'eût  travaillé  à  d'autres  Ouvrages ,  mais  ils  n'ont  point  vu  le 
jour,  parce  que  la  mort  l'a  empêché  d'y  mettre  la  dernière  main.  Tels  font,i\^of<s 
ad  Cornelium  Celfum  de  Re  Mcdica:  Objervationes  rerum  memorabllium  per  magnam  GrX' 
cîam  ,  Japygiam ,  Lucaniani ,  Brutios^  adjacentefque  regiones  :  De  Batavia  pifcibus, 

VORSTIUS,  (  Adolphe  J  fils  du  précédent,  naquit  à  Delft  le  23  Novembre 
1597.  11  avoit  fait  de  bonne»  études,  lorfque  l'exemple  de  fon  père  l'engagea  à 
embraflér  la  même  profeffion.  A  cet  effet ,  il  fe  mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté 
de  Médecine  de  Leyde  ,  &  ne  les  quitta  qu'à  l'âge  de  22  ans,  pour  voyager  en 
Angleterre ,  en  France  &z  en  Italie ,  atin  de  profiter  encore  des  intlrudions  de  ceux 
qui  enl'eignoient  dans  les  plus  floriffantes  Univerfitéi  de  ces  diftérens  pays.  Comme»« 
il  avoit  formé  le  deffcin  de  prendre  le  bonnet  à  Padoue ,  il  s'attacha  particulière- 
ment aux  Profeffcurs  de  cette  ville ,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Doftorat  le  ao 
Août  1622.  A  fon  retour  à  Leyde,  il  y  fut  confidéré,  non  feulement  du  côté  de  feS 
connoifTances  Médicinales  ,  mais  encore  pour  celles  qu'il  avoit  des  Langues  Hébraï- 
que,  Grecque  &  Arabe.  On  l'affocia ,  en  1624,  au  Corps  des  Profeffeur».  11  fut 
chargé  d'enfeigner  les  Inftitutes ,  &  devint  ainfi  le  Collègue  de  fon  père  ;  mais  à  la 
mort  de  celui-ci,  on  le  nomma  à  la  Chaire  de  Botanique,  dont  il  prit  ^offeflion  en 
1625.  Comme  il  en  remplit  les  devoirs  avec  beaucoup  de  zèle  &  d'honneur,  il  di- 
minua la  douleur  que  la  Faculté  de  Leyde  relTentoit  encore  de  la  mort  de  fon 
père  ;  il  parvint  même  à  faire  oublier  la  perte  qu'elle  avoit  faite  ,  tant  il  donna  de 
célébrité  à  fes  Ecoles.  Mais  les  regrets  n'en  furent  que  plus  grands ,  lorfque  cette 
Faculté  le  perdit  lui-même  en  1663  ,  à  l'âge  de  66  ans. 

Adolphe  Furftius  a  écrit  un  favant  Commentaire  fur  le  Traité  des  plantes  de 
l'ancien  Philofophe  Théophrajîc  d'Erefe  ;  c'eft  dommage  qu'il  n'ait  pas  été  rendu  pu- 
blic. On  û'A  que  les  pièces  fuivantes  de  la  façon  de  ce   Médecin  ; 

Recognitio  verjionis  Johannis  Opfopoii  Aphorifmorum  Hippucratis.  Lugduni  Batavorum  , 
1628,  i/i-24.  Il  y  a  une  autre  édition,  auffi  de  Leyde,  à  laquelle  on  a  ajouté  un 
parallèle  des  penfées  d^Hippocrate  &  de  Celfe^  avec  un  Index  fort  étendu. 

Catalogui  plantarum  Hord  Academici  Lugduno-Batavi.  Ibidem,  1636,  in-^. 

Orado  funebris  recitata  in  exequiis  Pétri  Cunai  ,  Juris  ProfeJJbris  primaTii,  Ibidem  ^ 
1638  ,  fn-4. 

Catalo^us  plantarum  Horti  Academici  Lvgduno-Batavi  ,  quibus  is  inftruclus  erat  annà 
1642.  Accedlt  Index  plantarum  indigenarum ,  que  propè  Lugdunum  in  Batavis  nafcun-, 
tur.  Ibidem,  1643,  1/1-24,  1649,  ^^r>^ *  '«-ï6.  Ce  Jardin  étoit  bien  éloigné  alors  de 
ia  beauté  &  de  la  richeffe  qu'on  y  remarque  aujourd'hui. 

Oratio  in  exceffum  Cl.  Salmajïi.  Ibidem,  1654,  tn-8. 

URANIUS,  homme  d'un  génie  fmgulier,  étoit  Syrien  de  nation.  Il  exerça  la 
Médecine  à  ConREntinople  vers  l'an  560  ,  Sf  quoiqu'il  ne  connût  aucun  des  prin- 
cipes  fondamentaux  de  cette  Science ,  il  vantoit  impudemment  la  fupériorité  de  (et, 


U    R.    s         •  S5' 

talens ,  dans  le  tems  même  qu'il  donnoit  des  preuves  de  l'ignorance  la  plus  crafie. 
Il  attroupoit  dans  les  places  publiques  ceux  du  petit  peuple  qui  avoient  la  patience 
de  l'écouter  ,  &  il  leur  expliquoit ,  à  fa  mode ,  les  quêtions  qu'il  fe  formoit  fur  des 
êtres  de  raifon  ou  fur  des  choies  impénétrables  à  l'efpnt  humain.  L'obCcurité  de 
les  difcours  lui  attira  des  admirateurs  parmi  les  gens  qui  mefurent  leur  eftime  fur 
les  grands  mots  qu'ils  ne  comprennent  pas.  Sottement  flatté  de  voir  grollir  tous  les 
jours  le  nombre  de  ceux  qui  venoient  l'entendre  ,  Uranius  s'enhardit  jufqu  à  ofer  fe 
préfeuter  à  la  porte  des  Grands.  La  curiofité  le  fit  recevoir  dans  leurs  palais.  U  y 
débita  des  contes  plus  ridicules  les  uns  que  les  autres  ,  fervit  de  jouet  par  les  ex- 
travagances que  la  boifTon  lui  fit  faire  ;  mais  comme  il  étoit  afiez  libre  4  dire  les  pen- 
fées,  il  n'en  fortit  louvent,  qu'après  avoir  elfuyé  les  mauvais  traitemens  que  Ion 
indilcrétion  lui  avoit    mérités. 

Sa  conduite  le  rendit  enfin  fi  méprifable  à  îoute  la  ville  de  Confîantinople  ,  qu'il 
n'eut  d'autre  parti  à  prendre  que  d'aller  chercher  fortune  ailleurs.  11  le  mit  à  la  fuite 
d'un  certain  ^rebindus  qui  pafibit  en  Perle  pour  une  ambalTade  folemnelle.  Il  s'ha- 
bHla  à  la  manière  des  Philofophes ,  &  s'étudia  fi  bien  à  compofer  (on  extérieur  ,  à 
cacher  même  fes  défauts  ,  qu'il  en  impofa  à  Chofroës  I ,  dit  le  grand.  Ce  Prince 
l'honora  de  fon  eflime  pendant  fon  féjour  en  Perfe,  &  comme  û  la  lui  continua 
après  fon  retour  à  Conftantinople  ,  il  lui  écrivit  plufseurs  lettres,  dans  leiquelies  il 
l'appelle  fon  précepteur  &  fon  maître.  Chofroës  pouvoit  avoir  les  qualités  nécel- 
faires  au  gouvernement  de  fes  Etats,  mais  quant  à  la  fcience  dont  il  aimoit  à 
faire  parade ,  il  faut  qu'elle  ait  été  bien  mince  ,  pour  s'avouer  le  difciple  d'un  hom- 
me du  caraé^ere  dUranius.  Les  entretiens  que  celui-ci  avoit  eus  avec  les  Sages  de 
la  Peife  ,  n'ont  pas  peu  contribué  à  le  faire  confidérer  du  Roi  ;  cependant  l'avan- 
Kage  qu'il  rempc  'a  de  ces  entretiens  ne  méritoit  guère  l'accueil  qu'on  lui  fit.  II 
eut  beau  jeu  de  donner  cours  à  fon  babil  dans  un  pays  où  les  connoifTances  étoienr 
fi  bornées,  que  tout  ignorant  qu'il  fût,  il  eut  encore  à  difputer  avec  des  gens  plus 
ignorans  que  lui.  C'eft  de  l'Hiftorien  ^gathias  que  le  Doreur  Freind  a  tiré  ce  - 
qu'il  a  dit  de  l'aventurier  dont  je  viens  de  parler. 

UR.SICIN  ,  Médecin  de  Ravenne ,  remporta  la  couronne    du  Martyre  dans  le 
premier  f»ecle  de  lalut  ,  fous  J'empire  de  Néron. 

Saint  Ambroife  parle  de  ce  Médecin,  &  c'eft  d'après  lui  qu'on  rapporte  ce  qui 
fuit.  Les  Gentils  avoient  pris  à  Ravenne  un  Chrétien,  Médecin  de  profeflion,  nom- 
mé OVy/cm,  lequel  après  avoir  foufiert  plufieurs  tourmens  avec  beaucoup  de  conf- 
tance  pour  la  foi  de  Jcfus-Chrift,  fut  condamné  à  avoir  la  tête  tranchée.  Mais  fe 
voyant  au  moment  de  recevoir  le  coup  de  la  mort  ,  il  commença  i  trembler  &  à 
témoigner  du  découragement ,  dans  la  crainte  de  perdre  la  vie.  Alors  f^'iial,  père  des 
Saints  Martyrs  Gervais  &  Protais  &  depuis  Martyr  lui-même,  qui  alîiftoit  à  ce  fpec- 
tacle  ,  lui  cria  de  toutes  fes  forces  :  »  Qu'eft-ce  cela ,  Urficin  *!  Que  doutes.tu  ?  Que 
»  crains-tu'?  Toi,  qui  en  qualité  de  Médecin  a  donné  la  fanté  aux  malades,  tu  te 
»  vas  laifler  bleffer  fans  pouvoir  jamais  te  guérir? Tu  as  déjà  triomphé  de  tant  de 
•n  tourmens,  veux-tu  perdre  en  un  moment  la  gloire  de  tes  trophées,  &  rendre 
•n  mutile  tout  ce  que  tu  as  amafie  avec  tant  de  peine  *?  Souviens-toi  que  par  cette 
■il  mort  qui  paffera-  comme  le  vent ,  tu  t'acquerra    une  vie  immortelle  dans  l'éter- 


556  U    R    S 

»  nité.  j»  Ces  paroles  furent  i\  efficaces,  qu'elles  touchèrent  ce  Martyr  oui  chancél-- 
Joit  déjà,   &  l'encouragèrent  fi  bien,  qu'il  mourut    généreufement  pour  if;  noir  âà 
Jekis-Chnft  le  19  de  Juin,  f^ital  ^  non    content  d'avoir    donné    la    vie    .\    l'am  •  à 
Urficin,  enterra  Ion  corps,  après  l'avoir  enfeveii  avec    beaucoup  de    chanté  Sr  de 
dévotion. 

Molanus  fait  auffl  mention  de  ce  Médecin  dans  fon  Ouvrage  intitulé:  Diarium 
Ecclejîajîicurn    SanSlorum    Medicorum., 

URSINUS  ,  CJean  )  de  Léopol ,  ville  de  Pologne  dans  la  Kulïje  rouge,  étudia 
la  Philolbphie  à  Cracovie  &  la  Médecine  à  Padoue.  Après  cinq  ans  d  applicHiioQ 
dans  l'Univerfité  de  cette  dernière  ville ,  il  y  prit  le  bonnet  de  Dodteur  &  retour- 
na enfuite  en  Pologne,  où  il  le  mit  à  enicigner  la  Médecine  à  Zamoski.  Ce  ne 
fut  pas  pour  bien  du  tems  ;  car  il  abandonna  fa  Chaire  pour  entrer  dans  les  Or- 
dres (acres;  il  étoit  même  Chanoine,  lorfqu'il  mourut  en  16x3,  à  l'âge  de  plus  de 
50  ans. 

Ce  Médecin  étoit  bon  Aftronome  &  poffédoit  parfaitement  la  Langue  Grecque. 
Ou  a  de  lui  trois  Traités  d'Oftéoiogie. 

11  ne  faut  point  le  confondre  avec    un    autre  Jean  Urjînus  que  Lîpenlus  dit  Fran- 
çois de  nation  ,  &  que  Manget    ,  d'après    JVolfgang  Jujius ,  croit   avoir    vécu   ve  s . 
l'an  1540.  Ce  fécond  Urfinus  étoit    Médecin;  il  a  même    laiffé   des    Ouvrages   que 
les  Bibliographes   annoncent  fous  ces  titres  : 

Profopopœia  animalium  atiquot ,  cum  Scholiis  Jacobi  OUvarii ,  ^ven'wnenjîs.  VUnna 
Gallorum  ,  1541  ,   in-4. 

ElegU  de  Pefte ,  eâque  Medlcin<e   parte  qua  In  vlSfûs    rations   confifllt.  jiUxandria  , , 
1549,  jn-4. 

Sé^uier  parle  d'un  troifieme  Jean.  Urfinus  qui  naquit  à  Spire  ea  1608  &  mourut  en 
1666.    Il  étoit  Prévôt  de  l'Egliie    de  iiatisbonne.  On  a  de  lui: 

^rboretum  Biblicum  ,  in  quo  arbores  &  fruStus  pajpm  in  facris  Litteris  occurrentes  Tiotis 
Philologicis  ,  P^'dofophicis ,  Theologicls  exponuntur  &  illujlrantur.  Noriberga^  1663, 
1665,  m  8,  1685,  deux   volumes  /n-12. 

On  trouve  encore  des  Médecins  du  même  nom.  Léonard  UrJïnus^  dit  Seer  en 
Allemand,  vint  au  monde  à  Nuremberg  le  21  Janvier  i6»8.  Après  de  bonnes  étu« 
des,  il  devint  Profefleur  de  Botanique  à  Leipfic  en  1652,  &  de  Phyfiologie  en 
i6,:i6.  L'Acadértiie  Impériale  d'Allemagne  fe  l'aflbcia  fous  le  nom  de  Zephyrus  ,  & 
il  lui  fit  honneur  par  fes  Ouvrage?,  On  remarque  ion  riridarium  Lipfienfe ,  &  celui, 
intitulé:  rulipa  de  Alepo^  qui  fut  imprimé  à  Leipfic  en  1661  ,  in- 4. 

Léonard  Urfinus  mourut  le  1  de    Février:  1664, 

Chrifiophe  Urfinus  naquit  en  Poméranie  l'an  1607.  L'Univerfité  de  Francfort  fur 
rO Jet  fut  celle  où  il  prit  le  bonnet  de  Dofteur  en  Médecine  ;  fa  promotion  date 
de  1639..  L'année  fuivaote ,  il  y  fut  nommé  Profefleur,  &  en  1643,  il  en  fut  Rec» 
leur.  Les  ioins  qu'i'  le  donna  pendant  Ion  Rei^orat  pour  les  progrès  des  Sciences 
&  pour  faire  oblerver  les  !oix  Académi<^ues,  lui  méritèrent  d'être  encore  plufieurs 
fois  revêtu  de  cette  Magiflrature.  11  mourut  à  Francfort  fur  l'Oder  le  i  Juillet 
1676. 

Joachim  Urfinus^  de  Stolpen    dans  la  '^oméranie   ultérieure  ,   obtint   l'emploi  d€ 
Médscin  de  la  ville  de  Lubeck  vers  l'an  i6i6, . 


V    U    L 


ssr 


FUI.PINUSou  VOLPINI,  (  Jean-Baptifle  )  Philofophe  &  Médecin  natif 
d'Afti  dans  le  Montferrat,  floriffoit  au  commencement  de  ce  liecle.  Il  a  donné 
pluficurs  Ouvrages  au  public;  le  principal  fut  imprimé  en  1710 ,  fous  le  titre  de 
Spafmologla.  U  s'y  fait  une  fête  de  contredire  la  doé^rine  de  Galien  ,  fur-tout  au  fujet 
des  purgatifs;  fi  le  fameux  Hecquet  n'a  point  copié  cet  Auteur,  il  a  penfé  comme 
lui ,  tani  lur  cet  objet ,  que  fur  plufieurs  autres.  F'olpini  mourut  dans  fa  patrie  âgé 
de  plus  de  70  ans,  après  en  avoir  paffé   cinquante  à  pratiquer  la  Médecine. 

Jofeph  f^olpLni  ,  autre  Médecin  Italien ,  a  écrit  différens  Ouvrages  ,  dont  le  Recueil 
a  été  publié  i  Parme  en  1726  ,  m-4 ,  fous  le  titre  à''Opere  Medico-Pratiche  è  Filofb- 
fiche.  On  y  trouve  fix  Traités.  Il  eft  queftion  ,  dans  le  premier ,  de»  vers  qui  fe 
rencontrent  ordinairement  dans  le  corps  de  l'homme ,  &  dans  le  fécond  ,  des  moyens 
propres  à  s'en  prélérver.  Il  examine  ,  dans  le  troificme ,  l'opinion  de  ceux  qui  ont 
recours  aux  vers  fpermatiques  pour  expliquer  le  myftere  de  la  génération ,  &  dans 
le  quatrième  ,  il  répond  aux  objeétions  du  Dofteur  Dominique  Marie  Tarava^^o  con- 
tre le  lyftême  des  Ovariftes.  Le  cinquième  Traité  contient  les  obfervations  prati- 
ques de  l'Auteur  ,  &  une  expofition  des  remèdes  qu'il  croit  les  plus  sûrs  dans  le 
traitement  des  maladies.  Enfin,  le  fixieme  roule  fur  l'ufage  &  l'abus  des  Véfica- 
toires  &  des  Epifpaftiques  en  général  ;  c'eft  de  la  nature  de  la  maladie  ,  de  la  conf- 
titution  du  fujet  &  de  la  qualité  dominante  des  humeurs,  que  Folpini  déduit  les 
railons  qui  le  portent  à  condamner  ou  à  conleiller  l'application  de  cette  efpece  de- 
médicament  topique.. 


553  W    A    C        W    A    G 


W. 

Vv  ACHENDORFF,  (  Everard-Jacquoe  VAN  )  Doreur  en  Médecine  ,  Profef- 
feur  de  Chymie  &  de  Botanique  dans  l'Univedité  d'Utrecht  ,  mourut  dans  cette 
ville  vers  le  milieu  de  ce  liecle  ,  à  l'âge  de  56  ans.  On  a  de  lui  quelques  Difierta- 
tions  Académiques  ^  mais  je  ne  m'arrête  qu'aux  deux  pièces  dont  voici  les 
titres  : 

Oratio  Botanico.Medica  de  plands ,  immenfitatis  inuUeclùi  Divini  tejîibui  locupîedjjlmis  y 
publiée  habita ,  quum  ordinariam  Medicince ,  liuianicts  &  Chzmics  Frofejfionem  fujcipera. 
Trajccii  ad  Rhenum,  1743  ,  jn-4. 

Hord  Ultrajeclini  Index.  Ibidem^  1747 >  ^"■'^- 

WAGNER  ("Jean- Jacques  J  naquit  en  Suiflè  le  30  Avril  1641.  De  bonnes 
études  lui  méritèrent  le  bonnet  de  Dodteur  en  iViédecioe,  &  la  connoiflance  qu'il 
avoit  des  Livres  ,  lui  procura  la  charge  de  Bibliothécairt  de  la  ville  de  Zurich. 
Son  goût  pour  l'oblervation  le  mit  à  même  de  communiquer  quantité  de  Mémoi- 
res à  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  ,  dont  il  étoit  Membre  fous  le  nom 
de  Paon  II.  Il  mourut  le  14  Décembre  1695  »  ^  \a\ffit  au  public  un  Ouvrage  in. 
titulé  : 

Hifloria  Naturalis  Helvedts  curiofa  ,  in  feptem  Sedtlones  digefla.  Tigurî ,  1680,  /n-i2. 
La  quatrième  Sedion  traite  des  plantes  de  la  Suifle  ;  Ray  en  a  profité  dans  quel- 
ques-uns de  fes  Ecrits,  notamment  dans  celui  qui  porte  le  titre  de  Sdrpium  Eu- 
rop^arum  extra  Britannias  nafcentium  fylloge.  On  y  trouve  un  Catalogue  des  plantes 
Helvétiques  tiré  de  notre  Auteur. 

WAGliET,  (  J.  P.  )  Médecin  de  ce  fiecle  ,  exerça  fa  profefOon  dans  les  Hô- 
pitaux  François  des  Pays-Bas ,  en  particulier  dans  ceux  de  Valenciennes  &  de 
Douay.  Il  ne  négligea  rien  pour  avancer  fa  fortune  &  fe  faire  un  nom  ;  &  ce  fut 
dans  cette  vue  qu'il  écrivit  quelques  Ouvrages,  dont  le  flyle  bourfoufflé  gâte  les 
bonnes  chofes  qui  s'y  trouvent.  Tels  Ibnt  : 

Obfervations   de   Médecine    &  de    Chirurgie  faites  dans  les  Hôpitaux  de  Valenciennes- 

Paris  »  1717  ,  tn-B. 

Nouveau  Traité  de  la  petite  vérole.  Douay,  1718,  i/i-8.  Il  y  propofe  la  méthode 
de  réduire  cette  maladie  à  la  fièvre  varioleufe  ,  fan*  qu'il  s'enfuive  aucune  érup- 
tion. C'eft  la  penfée  que  Boerhaave-  a  adoptée  danb  fes  Aphorifmes  ,  lorfqu'il  a  dit;. 

M'jrbas  variolofus  Japè  fine  variolii  fit. 

WAGSTAFF  CThomasJ  naquit  en  Angleterre  l'an  1645.  Il  étudia  la  Médecine 
à  Oxford  &  il  y  prit  le  bonnet  de  Dofteur  en  celte  Science  ;  mais  ce  fur  moins 
par  elle  qu'il  le  diftingua  ,  que  par  les  emplois  qu'il  obtint  dans  l'état  Ecclcfiafti- 
que  de  ion  pays.  Il  éioii  Chancelier  de  rEglifc  Cathédrale  de  Litchfield  dans  la 
Province  de  Staford  ,  lorfqu'il  parvint  à  la  charge  de  SuHragant  d'iplwich.  Il  mou* 
rut  eti  1712  &£  laifla  pluficurs  Ouvrages  cftjmés  des  Aijglois  ,  dans  lefquels  on 
remarque  qu'il  aételtoit  rhorrible  traitement  fait  au  Roi  Charles  1. 


W    A    L  559 

Guillaume  JFagstaff,  Médecin  Anglois  de  ce  fiecle ,  *'eft  fortement  oppofé  à  Vin- 
trodutlion  de  l'Inoculation  dans  fa  patrie.  On  a  de  lui  un  Ecrit  à  ce  fujet ,  fous  le 
tirre  de  Lettre  à  Freind  ,  montrant  le  danger  tS?  Vincen'uude  d'inférer  la  petite  vérole- 
Londres,  1722,  in-'è.  Tout  ce  que  les  vieux  Médecins  de  Londres  ont  fait  &  écrit 
pour  détourner  leurs  compatriotes  d'adopter  l'Inoculation ,  lorfque  Miledy  Worth- 
ley  voulut  l'introduire  à  fon  retour  de  Confiantinople  en  1720  ,  n'a  point  em- 
pêché cette  méthode  de  s'établir  &  de  parvenir  à  la  vogue  qu'elle  a  aujourd'hui. 
Une  des  craintes  de  Jf^agstajf,  c'étcMt  la  contagion  qui  fe  communique  du  fujet  ino- 
culé aux  perfonnes    laines  ;  &  cette  crainte  n'eft  encore  que  trop  réelle. 

WALiEUS  ou  DE  WALE  ,  C  Jean  }  fils  d'Antoine  qui  étoit  de  Gand,  vint 
au  monde  à  Koudekerke ,  bourg  de  la  Zélande  près  de  Middelbourg ,  le  27  Dé- 
cembre 1604,  C'eft  par  la  raifon  que  le  lieu  de  i'a  naiflance  ell  voiiin  de  Middel- 
bourg ,  que    F'alere  yindré  le  dit  natif  de   cette  ville. 

Après  avoir  étudié  les  Mathématiques  &  les  Belles-Lettres  pendant  plufieurs  an- 
nées ,  Wal<Em  s'appliqua  tout    entier  à  la  Médecine ,  dont  il  prit  le  bonnet  à  Ley- 
de  en   1631.  La  même   année  ,  les   Curateurs   de  l'Univerfité    de    cette   ville   l'en- 
voyèrent   en  France  pour  engager  Saumaife  à  fe  rendre  en  Hollande ,  &  il  fe  con- 
duifit  dans  cette  commiflîon  avec  tant  d'adreffe  ,  qu'il  décida  ce  Savant  à  venir  fe 
fixer  à  Leyde.  En  1632,  notre  Médecin  y  fut  nommé  ProfefTcur  extraordinaire,  & 
il  remplit  les  devoirs  de  cette  place  jufqu'au  8  Février  1648  qu'il  obtint  une  Chaire 
ordinaire.  11  exerça  fa  profeflion  avec  beaucoup  de  fuccès  ;  &  quoique  les  malades 
&  les  fondions  Académiques  prifient  une  bonne  partie  de  ion  tems  ,  il  ne  put  Ja- 
mais fe  réfoudre  à  abandonner  la  diffedion  des  animaux  qu'il  avoit  entreprife ,  en 
vue  dé  reconnoître  plus  particulièrement  tout  ce  qui  concerne  la  digettion  ,  la   dif« 
tribution    du  chyle,  le  mouvement  du  cœur  &  du  iang.  Comme    il  travailla   fou- 
vent  fur  les  animaux  vivans  ,  fes  recherches  le  conduifirent  à  plufieurs  découvertes 
qui  le  perfuaderent  fi  fortement  ce  la  vérité  de  la  circulation  ,  qu'il  fut  un  des  pre- 
miers  qui  l'enfeignerent  en  Chaire.  H  ne  fe  borna  pas  là ,  car  il  la  foutint  de  toutes 
fes  forces  contre  ceux  qui  la  rejettoient.  Jaloux  de  la  gloire  de  Guillaume  Harvée  , 
il  prétend   que  la  circulation  n'a   point  été  inconnue  aux    Anciens  ,  &  qu'on    en 
trouve  des  preuves  dans  les  Ecrits  d' Hippocrate  ^  de  Diogene    ^poUoniate,  de  Platon. 
&  d'^rijîote.  Il  avoue  cependant  que  les  Grecs  qui  vinrent  après  ces  Auteurs  ,  ne  tirè- 
rent aucun  parti  des  premières  lumières  qu'on  avoit  répandues  fur  cet  objet  impor- 
tant ;  que  bien  loin  d'en  profiter  ,   ils  en  obfcurcirent  l'éclat    par  de  fauffes  inter- 
prétations. Gdlien  lui-même    ne   s'occupa  guère  de  vérifier  ce  que  fes  prédéceffeurs 
avoientjdit de  la  circulation,  &  ceux  d'après  lui,  marchant  fur  fes  traces,  fe  con- 
tentèrent de  fuivre  fa   doi^rine  ,  fans    y  rien  changer. 

C'eft  rfelà  qu'il  eft  arrivé ,  dit  JValitas  ,  que  la  circulation  eft  demeurée  inconnue 
jufqu'au  tems  de  Paul  Sarpi  ,  Religieux  Serviîe  à  Venife,  qui  a  ouvert  les  yeux 
à  Fabrice  d'Aquapendente  ,  &  enfin  au  célèbre  Harvée  ,  dont  les  recherches  ont  mis 
le  fceau  de  la  certitude  à  la  découverte  qu'il  s'eft  appropriée.  Telle  eft  1  hiftoire 
que  notre  Médecin  a  faite  pour  enlever  à  Guillaume  Harvée  la  gloire  que  lés  tra- 
vaux lui  ont  méritée  chez  toutes  les  nations  favantes.  Je  me  borne  à  ce  récit ,  afin  de 
ne  point  répéter  ce  que  j'ai  déjà  dit  dans  ce  Diftionnaire ,  lorfqu'il  s'eft  agi  de  dit- 


■560  W    A    1. 

cuter  les  différens  fentimens  des  Auteurs  fur  la  date  à  laquelle  il  faut  renvoyer  la 
découverte  de  la  circulation  du  fang. 

IFaUus  mourut  à  Leyde  en  1649  ,  à  l'âge  de  45  ans ,  &  laifla  au  public  les  Ob" 
vrages  qui  ont  paru  fous  ces  titres: 

Eplflola  du£  de  motu  chyli  &  fanguinis  ad  Thomam  Bartholïnum  ^  Gajparîs  fiîium. 
Lu«duni  Batavorum^  1641,  1645,  1651  ,  1669  ,  1673,  /n-8,  avec  les  Infiitutions 
Anatomiques  de  Gafpar  Banholin.  Hag<£  Comicis  ,  165^  ,  1663,  i/i-8.  A  part,  Patavii  ^ 
in.-ll.  ^.njlilodami ,  1645,  in-folio,  avec  les  Œuvres  de  Splgdius.  Lugduni  Batavo' 
rum  ,  1647  >  "^'4  »  ^^^^  '^^  Recentiorum  difceptationes  de  motu  cordis,  fangulaii  &  chyU 
in  aninialibus. 

Jnjiiiutioncs  compendiofe  Medlc'me.  En  trois  Livres. 

Methodus  medmdi  brevljpma  ,  ad  circulaiiontm  fanguinis  adornata ,  ac  in  uicadcmla , 
nu<e  Lugduni  Bituvorum  eft  ^  Jludlofa  juvenruti  privatim  prtslecfa.  Ulrme ,  1660,  in- 12. 
^Jugufie  Finàdicorum.  ,  1679  ,  m-i2,avec  les  remarques  de  George-Jérôme  Vdf- 
chius. 

Opéra  Medlca  omnia,  qute  haSienus  inveniri potuere  ,  ad  chyli  &  fanguinis  drculationem 
déganter  condnnata.  Londini ,  1660  ,  (n-8,  par  les  foins  de  C.Jervin,  Chirurgien  d'E- 
dimbourg ,  qui  a  formé  ce  Recueil  d'après  les  Leçons  de  Walteus.  L'Editeur 
a  fait  tort  à  la  réputation  de  ce  Médecin  ;  car  ce  Traité  ne  vaut  aucun  de 
ceux  qui  font  fortis  de  fa  plume, 

WALDSCHMIDT,C  Jean- Jacques)  Membre  de  l'Académie  Impériale  des  Cu- 
TÏeux  de  la  Nature  ,  fous  le  nom  de  Priante  ,  étoit  de  Rofdelheim  dans  la  Wétéravie  , 
où  il  naquitlei3  Janvier  1644.  Il  étudia  la  Médecine  pendant  dix  ans,  d'abord  àGief- 
ien  ,  puis  à  Vienne  ,  à  Prague ,  ainfi  que  dans  plufieurs  autres  Univerfités  d'Allemagne  , 
Ôï  vint  enfin  recevoir  les  honneurs  du  Do6\orat,  en  1667  ,  dans  les  Ecoles  de  la  pre^ 
iniere  ville.  fFaldfchmidt  s'eft  appliqué  de  bonne  heure  à  la  Médecine  ;  car  fi  ce  qu'on 
vient  de  dire  eft  vrai,  il  doit  en  avoir  commencé  le  cours  à  l'âge  de  treize  ans. 
■Quoiqu'il  en  foit ,  il  eft  au  moins  certain  qu'il  fe  mit  fi  bien  au  fait  de  la  Prati- 
que tous  les  différens  Maîtres  qu'il  fuivit,  qu'il  fut  en  état  de  l'aller  exercer  à  Ha. 
-nau  d'abord  après  fa  promotion.  La  réputation  qu'il  acquit  dans  cet  endroit  par 
Ves  fuccès,  lui  mérita  l'attention  de  la  Faculté  de  Marpurg,  qui  l'invita,  en  1674  ,à 
venir  remplir  une  des  premières  Chaires  dans  fes  Ecoles.  A  cette  place  ,  elle  ajouta 
bientôt  après  celle  de  Profefleur  de  Phyfique  ,  &  la  Cour  de  Heife-Caffel  y  joignit  en- 
core la  charge  de  fon  Médecin.  Waldfchmidt  s'acquitta  des  devoirs  de  tous  ces  em- 
plois avec  beaucoup  de  diftindlion  ;  il  étoit  même  parvenu  au  plus  haut  degré 
d'eftime  dans  l'Univerfité  de  Marpurg ,  iorfqu'il  y  mourut  de  la  dyflenterie  le 
12    Août    1689. 

Ce  Médecin  ,  femblable  à  tant  d'autres  qui  ont  voulu  fe  faire  un  nom  par  des 
opinions  particulières,  afficha  les  fiennes  &  les  foutint  de  toute  l'autorité  d'un  Maî- 
tre qui  s'eft  acquis  de  la  célébrité  par  des  talens  utiles.  11  fe  fit  une  affaire  d'in- 
troduire les  principes  de  Defcartes  dans  la  Médecine,  Infatué  des  favantes  rêveries 
de  la  Phiiofophie  corpufculaire  ,  il  voulut  en  faire  le  fondement  de  l'Art  de  gué- 
^\x  ,  qui  ne  peut  être  folidement  établi  que  fur  les  faits.  Il  condamna  hautement  l'u- 


W    A    L  5*51 

^age  des  eaux  minérales,  ainfi  que  celui  des  pnrgatifs  qu'il  tâcha  d'exclure  de  la 
pratique.  La  lienae  confiftoit  principalement  dans  les  remèdes  chauds ,  les  abforbans  , 
&  dans  un  grand  éloignement  pour  la  l'aignée.  Mais  pour  donner  plus  de  poids  à 
fa  façon  de  penfer  ,  il  ne  le  borna  point  à  la  faire  valoir  dans  la  Chaire,  il  la  fit 
«ncore  pafler  dans  les  Ouvrages  qu'il  a  laifl'és  fous  ces  titres: 

Fundamenta   Medlcints.   Lugdiini  Batavoram  ,  1685  ,  in-8. 

Chirurgus  Cartejïanus  detegens  aliquot  in  Chirurgîa  errores.  Marpurgi^  1687,  //1-4. 

Commercium  epijlolare  cum  Joanae  Dolteo.  Lugduni  Batavorum  ,  1688  ,  in-12.  Fran.' 
<ofurti ,  1689,  in-4. 

Inftitutiones  Mediclme  rationalis.  Merpurgl ,  16B8 ,  În-I2.  Ldda ,  1691  ,  i/i-8.  Fraïf 
eofuni,  1696,  1717,  w-8. 

Decas  Epiftolarum  de  rébus  Phihfophicis  &  MeJicis.  Francofurd,  1689,  '"•4* 

^iichora  falutis  pro  variolofis.  Ibidem^  1689,  fn-4.  En  Allemand,  1690,  in'/[.  Il  y 
prornet  un  fpécifique  contre  la  petite  vérole.  Halter  foupçonne  que  tout  fon  fecret 
confiftoi't  dans  la  teinture  des  rofes  rendue  aigrelette 

Praxis  Medidnce  rationalis  fuccirM a  ,  per  cafus  tradita.  Franco/uni,  1690,  in-S.  Pari- 
fiis  ^  i6gi ,  in-\i. 

Nota  ad  Praxim  Chirurglcam  Pauli  Barbette.  Francofurtl ,  1695,  i/1-4  ,  1707,  /«  8, 
dans  le  Recueil  de  les  Œuvres. 

Opéra  Medico.Pradica.  Ibidem  ,  1695  ,  fn-4 ,  1707  ,  deux  volumes  /a-8.  NeapoU  , 
1717  ,  deux  volumes  /n-4.  Lugduni ,  1736 ,  deux  volumes  in-^. 

Munita  Medïca  circa  Opii  &  oplatorum  naturam.  Marpurgi,  1697  ,  fn-4.  C'eft  une 
nouvelle  édition  d'une  Thel'e  qui  avoiî  été  foutenue  fous  fa  préijdence  dès  l'an 
1676. 

WALUSCHMIDT ,  f Guillaume-  Hulderic  )  fils  du  précédent,  vint  au  monde 
à  Hanau  en  1669.  Il  étudia  à  Marpurg  ,  à  Gieiïen,  à  Heidelberg,  à  Tubinge  ,  à 
Zurich ,  &  parcourut  enfuite  la  Hollande  &  l'Angleterre  ,  d'où  il  revint  en  Alle- 
magne occuper  l'emploi  de  Médecin  des  troupes  de  Hefle.  Mais  comme  cette 
charge  l'obligeoit  à  mener  une  vie  ambulante ,  &  par.là  ne  s'accommodoit  pas  avec 
le  goût  qu'il  avoit  pour  l'étude  du  Cabinet,  il  s'emprefia  de  la  quitter  pour  aller 
jpouir  de  lui-même  dans  quelque  Univerfité  ,  où  il  efpéroit  de  trouver  à  s'établir. 
En  1691  ,  il  obtint  les  Chaires  d'Anatomie  &  de  Botanique  dans  les  Ecoles  de 
Kiell,  &  en  1693,  ^'^^^^  ^^  Phyfique  expérimentale.  Tout  furchargé  qu'il  fût  par 
la  multiplicité  des  devoirs  que  ces  différentes  places  lui  impofoient ,  il  ne  manqua 
à  aucune ,  &  les  remplit  toutes  avec  honneur.  L'Académie  Impériale  d'Allemagne 
le  reçut  dans  fon  Corps,  en  1698,  fous  le  nom  de  Diodes,  &  la  Faculté  de  Kiell 
Je  fit' monter  à  la  première  Chaire  de  fes  Ecoles  en  1719.  Il  étoit  Reéieur  de  VU- 
niverfité  de  la  même  ville  ,  lorfqu'il    mourut  le  12  Janvier   173 1. 

Outre  plufieurs  Diflertations  Académiques  que  ce  Médecin  a  laifTées  ,  on  a  de 
lui  un  petit  Traité  Latin  fur  la  fuperfétation ,  un  autre  en  Allemand  fur  l'Aloc 
qui  fleurit  à  Gottorp  en   1705  ,   &  les  deux  pièces  fuivantes: 

De  ufa  &  abuju  Thée  in  génère,  pracipuè  vero  in  hydrope.  Kiloniî  ^  1692  ,  /n-8. 

Ep'flola  de  rébus  Medicis  &  Philofophicis.    Ibidem ,  lôp'j  ,  m-4.  Ce  fut   pour  foutenir 
les  feniimens  de  fon   père  contre  Tillng ,  qu'il  mit  cette  lettre  au  jour. 
T  0  M  E    IK  B  b  b  b 


562  W    A    L 

WALDUN6,que  d'autres  nomment  BALDUNG ,  ("  WolFgang ^  naquit  ^  Nu- 
remberg en  1554.  Dès  Tan  1582,1!  fe  mit  à  enleigner  la  jeuneffe;  mais  il  paffa  en 
1585  à  Altorf,  où  il  régenta  la  féconde  clafle  du  Collège  Académique.  En  1592, 
on  le  nomma  Profeflèur  de  Phyfiquc  dans  la  même  ville  ;&  quoiqu'il  n'eût  pris 
aucun  degré  en  Médecine ,  il  ne  laifi'a  pas  de  ie  mêler  de  la  pratique  de  cette 
Science  ,  pour  laquelle  il  avoit  beaucoup  de  goût,  ffaldung  mourut  le  18  Oé^obre 
1621  ,  &  laifla  plufieurs  Diflertations  &  Difcours  touchant  la  Médecine  ,  ainfi  qu'un 
Ouvrage  intitulé  : 

Lagographia  ,  feu  ,  de  natura  Leporum ,  qu<e  prlfci  Autorts  &  recentlores  prodiJere  , 
gu'uive  utilitatis  in  Re  MeJica  ab  ifto  quadruj/cde percipiatur  ,  Liber  Jlngularis,  uimberge  ^ 
1619  ,   irt-4. 

WALTHER,  C  Auguftin-Fréderic^  Médecin  Allemand,  fut  nommé,  en  1723, 
à  la  Chaire  d'Anatomie  &  de  Chirurgie  dans  l'Univerfité  de  Leiplic.  Il  eut  extrô^» 
mement  à  cœur  l'honneur  de  fa  Faculté,  &  il  y  contribua  par  l'étendue  de  fes 
connoiflknces  dans  l'Anatomie  &  les  Mathématiques.  Les  autres  parties  de  la  Mé- 
decine ne  lui  étoient  pas  moins  familières  que  celle  qui  s'occupe  de  la  ftrudture 
du  corps  humain; mais  c'eft  dans  cette  dernière  qu'il  excella.  Il  enfeigna  cependant 
la  Pathologie  avec  beaucoup  de  diibn£tion ,  &  en  général  ,  il  mit  la  plus  grande 
exactitude  dans  les  Diflertations  Académiques  qu'il  publia  fur  des  fujets  toujours 
intérelfans.  Ses  autres  Ouvrages  ne  valent  pas  moins  pour  le  fonds  ;  tout  ce  qu'il 
y  manque  ,  c'eft  une  didion  plus  nette  &.plus  claire.  Voici  leurs  titres: 

Thcfaurus  Obfcrvationnm.  Lipjiee,    1715  ,  in-B. 

Oratio  de  ufu  &  pneftantiâ  foUdloris  in  An.atomicis  fcimtiee.  Ibidem ,  i^'i^,  ■>  ii-^.C'eû 
le  Difcours  qu'il  prononça  ,  lorfqu'il   prit   pofielLon  de  la  Chaire  d'Anatomie. 

De  iingua  humana  ,  novis  invends  080  fublingualibus  faliva  rivis ,  nunc  ex  fuis  fontibus 
glandulis  fublingualibus  edu&is  ,  irrigua,  Jbidcm  ,  J724  ,  in-4.  Harlemi  ^  1745»  in-^, 
L'Auteur  donne  une  defcription  fort  ample  &  fort  exatfte  des  glandes  falivaires  ; 
il  parle  de  quelques  canaux  excréteurs  qui  partent  d'autant  de  glandes  voifines  des 
parotides  ,  &  qui  aboutiflent  dans  le  canal  de  Sunon.  Les  Ades  de  Leipfic  parlent 
avantageufement  de  cet  excellent  Ouvrage,  &  ne  donnent  pas  moins  d'éloges  à 
Walther ,  au  fujet  des  autres  pièces  ,  dont  on  trouve  les  extraits  fous  les  années 
fuivantes.  1725.  Sarcoceles ,  feu  ,  todus  membrl  genitalis  tumoris  vufti  rarifimiqrre  in  ca- 
davere  exemplum.  1727.  Additamenta  ad  Obfervaùones  de  glandulis  fdivalibus  fublingua" 
Jium  glandularum.  1730.  /ineria  Cœllaca  Tabula  ^  ejufque  defcriptîo. 

De  arnculis ,  Ugamentis  B  mufculis  hominis  incejfu  Jlatuque  dirigendis  ^  Obfervationes, 
Lipjùe ,  1728 ,  Jn-4.  On  fat  cas  de  cet  Ouvrage. 

Hiftoria  fufocationis  &  Obfervationes  uinatomicis.  Lîpjia ,  1729 ,  i/1-4. 

DeJîy,natio  plantarum  quas  Bonus  Augujlini  Frederici  JF^dihcri  compleciitur .  uiccedunt 
nova  plant  arum  icônes  XXI f^.    Ibidem^  '735  1  ^'^•8. 

Les  Bibliographes  citent  plufieurs  Auteurs  de  ee  nom.  On  remarque ,  en  parti- 
culier,  Conrad-Louis  IF'nhher  ,  Chirurgien  de  Hall  en  Saxe,  de  qui  on  a  un  Recueil 
d'obfervations  imprimé  à  Leipfic  en  1715,  i/i-8  ,  fous  le  titre  de  Thcfaurus  Me 
dico.Chirurgicanm  Obfervatlonum  curiofarum.  Le  judicieux  Haller  en  fait   peu  d'eflime. 

Jean-George  JFahher  ^    Médecin  du   XVII  fiecle  ,  exerça   fa  profeflion   à    Lignitz 
C{H,  Silélie  ,   fa  patrie,  &  compofa  un  Ouvrage  intitulé:. 


W    A    s        W    E    C  563 

ISylva  Medlca  opulentljjima ,  tallier  ha&enus  non  vîfa.  Budijfe ,  1679 ,  in-4.  C'cft 
"Une  Nofologie  alphabétique  des  maladies  obfervées  par  les  Anciens  &  les  Mo- 
dernes ;  mais  l'Auteur  ne  s'étend  guère  i'ur  les  fymptômes  qui  caradtérifent  ces 
maladies  ;  il  s'attache  davantage  à  indiquer  les  endroits  où  les  Médecins  qu'il  cite 
en  ont  parlé. 

WASSENAER  ,  (  Nicolas  DE  J)  de  Heufden  dans  la  Province  de  Hollande  ,  fit 
la  Médecine  à  Amflerdam  au  commencement  du  XVII  fiecle.  Ses  Ouvrages  font: 

^n    Medica    ampllata.,  uimjlelodami ,  1624. 

Hiftoire  des  chofes  mémorables  paffées  en  Hongrie  entre  les  Turcs  &  les  Princes 
Chrétiens.  C'eft  ainfi  qu'on  peut  rendre  le  titre  d'un  Livre  écrit  en  HoUandois 
&  imprimé  à   Amfterdam  en  162g,  In-folin. 

Le  fiege  de  la  ville  de  Harlem.  En  Vers  Grecs.  Il  ne  falloit  pas  que  l'Auteur 
eût  recours  à  cet  étalage  d'érudition,  pour  annoncer  fon  favoir  dans  cette  Langue; 
il   éfoit  iuffilamment  connu  de  ce    cd;é-là. 

WECKER,  (  Jean- Jacques  )  Dodteur  en  Médecine,  étoit  de  Bâle  ,  oij  il  na- 
quit en  1528.  Il  pratiqua  à  Colmar  dans  la  Haute  Alface  avec  tant  de  réputa- 
tion, que  la  charge  de  Médecin  penlionné  de  cette  ville  étant  venue  à  vaquer 
en  1566,  il  n'eut  pas  de  peine  à  l'obtenir.  On  ne  dit  point  s'il  pafia  le  refte  de  fes 
jours  à  Colmar  ;  tout  ce  qu'on  lait  ,  c'eft  qu'il  mourut  en  1586.  Les  malades  & 
le  Cabinet  partagèrent  utilement  le  tems  de  M''ecker -^  il  ne  rentroit  chez  lui,  après 
les  courl'es  de  la  pratique  ,  que  pour  fe  rappeller  les  obfervations  qu'il  avoir  faites 
&  les  configner  dans  fes  Mémoires.  C'eft  delà  qu'il  a  tiré  les  meilleures  chofes 
qu'on  trouve    dans  fes  Ouvrages.  Voici  leurs  titres  : 

De  fccrctis  Uhrl  XFIl.  Bajile^  ,  1560,  1508,  1603,1629,  1642,1662,  1701 , 
in-8.  En  François ,  par  Jean  du  Fal  qui  a  intitulé  ce  Recueil  :  Thréfor  difpenfatoire 
&  ^ntidotaire.  Genève,  1616,  in-4.  Voilà  bien  des  éditions  pour  une  rapfodie 
copiée  de  diftérens  Auteurs ,  &  en  particulier  d'Alexis  Piemontois ,  dont  le  Traité 
Italien  ,  traduit  par  JVecker  ,  eft  pallë  tout  entier  dans  celui  de  ce  Médecin.  Ces 
fortes  d'Ouvrages  ,  enfans  de  la  crédulité  &  de  la  fuperftition  ,  font  heureufement 
tombés   dans   l'oubli  qu'ils  méritent. 

uinûdotarlum  fpcciale.  BafiUts  ,   1561 ,  in-4. 

Syntdxis  Mcdicints  utriufque  ex  Greecorun  ,  Latinorun  &  uirabum  Tlufauris  colk&a. 
Ibidem^  1562,  1576,    1581,  1601,    in-folio. 

uintidotarium  générale.  Ibidem^  1580,  '"1-4.  Ces  deux  Antidotaires  ont  paru  en- 
femble ,  fous  le  titre  à'Aniidotarium  geminum.  Bafilae  ,  1585,  in-folio ,  1601 ,  1617, 
1642,    «-4. 

Pra&ica  Medlclne  ^mer dis.  Ibidem  ^  I585»  1597»  1602,  :Vl2.  Lugdunl,  1606, 
ja-i2.   Fenetiis ,  1644,  in- 12, 

^natomia  Mercurii  fpagyrica.  Halte  Saxonum,  1620 ,  inr-^.  11  y  a  une  édition  de 
Bâle  de  1-50,  //1-8,  dans  laquelle  on  a  fait  entrer  ce  qu'il  y  a  de  mieux  dan» 
les  Ecrits  de  Wecker, 


564  W    E     D 

WÉDEL,  C  Georgc-Wolfgang^  favant  &  laborieux  Médecio ,  étoit  de  Goîtzen 
dans  la  Lnfact ,  où  il  naquit  le  12  Novembre  1645  de  Jean-George  U'idd  ,  Miniftre 
de  cette  ville.  Il  prit  la  première  teinture  des  Lettres  dans  fa  patrie,  &  au  bout 
de  (ix  ans  d'application  Ibus  les  Régens  du  Collège  de  la  Porte,  il  palFa  à  Jene, 
où  il  commença  fon  cours  de  Philofophi»  en  i65r.  A  peine  eut -il  été  rem 
Maître  -  es  •  Arts ,  qu'il  fe  mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Médecine  èa 
la  même  Univerfité ,  &  il  en  fuivit  les  ProfefTeurs  jufqu'à  fa  prife  de  bonnet.  Il 
fe  rendit  enluite  à  Gotha  ,  où  il  pratiqua  pendant  cinq  ans  ;  mais  il  retourna  à 
Jene  en  1673,  pour  y  remplir  la  Chaire  à  laquelle  oji  l'^voit  nommé.  L'année 
précédente ,  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  fe  létoit  alTocié  fous  le  nom. 
é^^ Hercule  l.  Bientôi  les  honneurs  le  fuccéderent  les  uns  aux  autres;  &  comme  fon 
mérite  fut  reconnu  par  toute  l'Allemagne,  on  ne  manqua  pas  de  l'illuftrer  par  de 
nouveaux  titres.  Eu  1679,,  le  Duc  de  Weimar  lui  donna  celui  de  fon  premier 
Mcciecio  ;  en  1685,  les  Ducs  de  Saxe  lui  accordèrent  la  même  faveur;  *en  1694, 
l'Empereur  Léopold  le  créa  Comte  Palatin  ;  en  ij-oô,  la  Société  Royale  de  Berlin 
le  reçut  au  nombre  de  fes  Membres;  en  if  16,  l'Empereur  Charles  VI  le  nomma 
fon  Conleiiler  ;  en  1718,  les  Princes  de  Saxe  le  déclarèrent  Affefleur  de  leur 
Cocfeil;  enfin  ,  un  mois  avant  fa  mort  arrivée  le  6  de  Septembre  1721  ,  Lothaire- 
François  de  Schoeoborn  ,  Eledeur  de  Mayence,  le  choilit  pour  fon  premier: 
Medccia. 

On  ne  doit  pas  s'étonner  de  rêmprefleœent  des  Princes  d'Allemagne  à  illuftrer 
TiédeL  II  avoir  mérité  leurs  bontés,  non  feulement  par  un  grand  fowds  de  modef- 
tie  ,  de  probité  ,  &  par  un  dévouement  eatier  au  lérvice  des  pauvres  ,  mais  en- 
core par  l'étendue  de  fes  talens  dans  la  Médecine,  la  Phyfi4ue,  les  Mathéma- 
tiques 6r  la  Poéiîe.  On  ne  peut  afsùrement  lui  relufer  une  place  diftinguée  parmi 
les  Savans  de  fon  fiecle  ;  cependant,  les  occupations  d'une  pratique  nombreufe, 
la  quantité  d'Ecrits  qui  Ibnt  fortis  de  fa  plume,  les  devoirs  de  la  Chaire  qu'il 
a  remplie  à  Jene  un  peu  moins  de  cinquante  ans  ,  ne  lui  ont  pas  permis  d'ex- 
celler autant  dans  fon  Art  qu'il  auroit  fait,  s'il  eût  pu  jouir  plus  fouvent  de  lui- 
même  dans  le  filence  du  Cabinet.  Voici  le  catalc)gue  de  fes  Ouvrages,  auquel  je 
n'ai  joint  qu'un  petit  nombre  de  fes  DilTertations  Académiques,  parce  qu'il  leroit 
trop  long  de  les  annoncer  toutes. 

Non.  Enda  Chymica  ,  five  ,  Catalogus  eorum  Operum  ,  Operationumque  Chymlcarum  , 
quis  cum  noa  fint  in  rerum  naturâ  ,  nec  efjc  pojfint  ,  mas,nû  tamen  cum  ftrepita  à  vulga 
Chyinicorum  pajjim  circumferantur  â?  orhi  obtrud:zntur.    Francofurd  ,  1670,  /n-12. 

Specïintn  experimenti  chymici  novi  de  fuie  volatUi  plamarum^  quô  demonftratur  pojje  ex 
plantii^  modo  particulari ,  parari  fal  volatile  vetiim  &  ^enumuni.  IbiJeni  ,  1672,  /n-ia. 
Sous  le  titre  d'Experimehturu  chymicum  novum  dî  fait  volatili  plantarum.  Jente^  1675  , 
1682,  in-\l. 

Opiologia   ad   meatem    Académie    Natar^  Curioforum    elaborata.  Jene,  1674,1682, 

in  4. 

Exercltatlones    paihologlco  -  Therapetinca.  Ibidem  ,  1675  ,  ifiç? ,  :n.-^. 
Pharmacia  in  arcis  furmam  redaSta.  Ibidem ,   1677  ,  i685 ,  1693  ,  /r!'-4. 
Theoremata  Medica  ,  fta^  Introduciio   ad    Medicinum.  Ibidem,   1677,  '-^92,  in-JT. 
De  medicamentoramfaculiatibtis  cognofccndis   &  appUcaodis    Libri  duo.    Ibidem,  1678» 
iôgô,  ifl-4.  En  Angtois,  Londres,  1685  ,  m-8,. 


W    E    D  565 

Tabula  fynoptka  de  medîcanuntorum  compojîtlone  extemporamâ.  Jena ,  1675  «  în-folio , 
169-5  •>  '"-4- 

Phyjïologia  Medica.  Ibidem  ,  167g,    1682,  i-^o^  ,An-/{. 

Progrejfus  Aeadtmix  Nature  Curloforum.  Ibidem ,  1680  ,  /n-4. 

De  murbis  à  fafcino.  Jb'dem  ,  1682  ,  in  4. 

uimanitates   Materits  Medica.  Ibidem,  1684,  1700,  1704,  in-4. 

Exercitationum  Mediço  Philologicarum  Décades  du£.  Jents  •>  1686,  in-^.  Decas  III.  Ibl" 
iemy  1687,  i/1-4.  /3cc3î  /^,  16.89.  I><^ca:>  V.,  1691.  Decas  Vl  &  VIL  Ibidem,  1692 
6?  1694  ,  //1-4.  Z)ec<îi  VIII  y  1696.  Decdi  /^X,  1699.  Decas  X.  Ibidem  ,  1701,  in-4, 
C'eft  un  Recueil  des  Thei'es  Ibutenues  fous  là   prélidence. 

Tabula  Pathologico-Thcrapeuiica  omnium  morborum.  Jerne  ,   1C86 ,   1/1*4. 

Phyjïologia  reformata.  Ibidem ,  if-SH ,  Jn-4. 

De  Sinapi  Scriptune  Propempticon.  Ibidem ,  1690  ,  in-^. 

Pathùlogia  Medica  Dogmatica.   Ibidem ,  1692  ,  /n-4. 

Dijjertatio  de  fpeclris.   Ibidem,   1697,,  in-4 

uiphorifmi  Hippocrans   in  pnrijmata  refoluti.  Jente  ,  1695,  /fl-l2. 

Diata  Lirteraturum.  Ibhiem,  1^195,  in-11. 

Dijjertatio  de  fœtore  praternaturali.   Ibidem ,  1696  ,  /rt-4. 

De  Rejîna  ^gyptiâ  Plaati.  Ibidem,  1697  >  ''''4* 

De   Camphora.    Ibidem  ,  1697  »  '"  4- 

De  vino  modicô   Propempticon.  Ib.dem  ,  1698 ,  1/1-4. 

Exercitationes  SemeioticO'Paihohigica.  Jen<e ,   17CO,  «-4. 

Dijjertatio  de  ^ro.  Ibidem  ,  1701,  i/i  4. 

Tlieoria  faporum  Medica.  Ibidem  ,   1703  ,   in-4. 

Centuria  jfecunda  Exercitationum  Aedico-Philologicarum  Decas  prima.  Jena ,  1704 , 
w-4,  Decas  II.  Ibidem  .^  1708.  Decas  III,  1711.  Decas  IV,  i2i^.\  Decas  F.  Ibi-^ 
iem  ,  1720 ,  /n-4.  ' 

IntroduSio  in  yllchymiam.  Jen^  ,  1705»  '"'4* 

De  Ipecacuanha  uimericanâ  &  Girmanicâ.Jena ,  1705  ,  /n-4. 

Compendlum  praxeos    clinica  exemplaris.  Ibidem  ,  1706  ,  in-j^. 

Epitome  praxeos  clinicts,  SeUio  pti.nj.  de  morbis  capitis.  Ibidem,  1710 ,  in-4.  Les 
remèdes  qui  plailbient  davantage  à  If'édel ,  c'étoient  les  abforbans  ,  les  Bézoardiques 
&  la  plupart  des  drogues  incendiaires.  Il  c'eft  pas  le  feu!  à  qui  ce  reproche  s'a-^ 
drefle  ;  car  ces  ferres  de  médicamens  étoieot  tellement  au  goût  des  Médecine  Al- 
lemands de  Ion  tems ,  que  leurs  Ouvrag;es  en  lont  furchargés. 

De  Serpcatar'ia  Virginianâ.  Ibidem,   1710,1/1-4. 

Schedi>ifma de  fale  volaiili  oleosô.  Jena,  171 1  ,  «1-4. 

De  Moly  Homericô.  Ibidem  ,  1713 ,  /n-4. 

CompcndluiT'  Chymia  theoretica   &  pra&ica.  Ibidem  ,   1715  ,  /a-4. 

Liber  de  morbis  infantum.  Ibidem  ,  1717  ,  //1-4.  C'eft  un  de  fes  meilleurs  Ou- 
vrages. 

ï'xperimentum   curiofum   de    Colchico    venend  &  alexipharmacô  Jîmplici   &  compojiiô. 
Ibidem,! Y i9  ,  in-J^. 
.    Tentatnen  Botunicutn ,  fioris  planiarutn  in  chjjes  dividendo  ,  cognitioni  nominis y  generi^ 


W    E    D       W    E    I 

înfimo  ad  quod  planta  pminet  cowpeteads  ,    infcrvkns.   Jene  ,    1^49,  in-4.  C'eft  la  fé- 
conde édition. 

WÉDEL,  CErnefte-Henri  )  fils  du'  précédent ,  naquit  à  Gotha  dans  la  Thurin- 
ge  le  I  Août  1671.  Après  de  bonnes  études  d'Humanités  ,  il  commença  fon  cours 
de  Philolophie  à  Jene  en  i6go  ,  &  enluite  celui  de  Médecine,  qu'il  fit  fous  la  di- 
redion  de  fon  père.  Les  progrès  de  l'élevé  correfpondirent  aux  foins  du  Maî- 
îre,  &  il  en  donna  des  preuves,  lorfqu'il  fut  reçu  Dodeur  en  1695.  S"  talens  lui. 
^méritèrent  une  Chaire  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  Jene;  mais  comme  il  mou- 
rut dans  cette  ville  le  13  Avril  1709,  avant  d'avoir  atteint  la  fin  de  fa  trente-hui- 
îieme  année  ,  on  n'a  de  lui  aucun  Ouvrage  que  des  Thefes  Académiques. 

Jean-u^dolphe,  fon  frère,  étoit  de  Jene  ,  où  il  vint  au  monde  le  17  Août  1675. 
L'exemple  d'un  père  célèbre  dans  la  Médecine  le  détermina  à  fe  livrer  à  l'étude 
de  cette  Science  ,  &  il  en  commença  le  cours ,  en  1692  ,  dans  les  Ecoles  de  fa  ville 
îiatale.  Conduit  par  une  main  habile ,  c'eft-à-dire ,  par  celle  de  fon  père  ,  à  qui  il 
ambitionnoit  de  reflcmbler  un  jour,  quels  fruits  ne  remportât  il  pas  de  fon  afllduité 
au  travail?  Mais  ceux  qu'il  avoit  recueillis  à  Jene  ne  contentèrent  pas  l'infatiabilité  de 
fon  goût  pour  la  fcience  ;  ce  ne  fut  qu'après  avoir  encore  profité  des  inftrué^ions  des 
plus  lavans  Maîtres  de  Leipfic  ,  qu'il  revint  dans  fa  patrie  pour  y  demander  le  bonnet 
de  Dofteur  ,  qu'on  lui  accorda  le  4  Août  1697.  Il  demeura  fans  emploi  public  jufqu'à 
la  mort  de  fon  frère  en  1709  ;  il  le  remplaça  ,  tant  dans  la  Chaire  extraordinaire  qu'il 
avoit  occupée  à  Jene  ,  que  dans  la  place  de'  Médecin  Provincial.  On  ne  dit  point 
l'année  de  fa  mort  ;  on  ne  lui  attribue  même  d'autres  Ouvrages  que  des  Difler- 
tations  en  forme  de  Thefes. 


av< 

étoit  .^ — .— . D 

vembre  1645  ,  à  i'îlge   de  67  ans.  On  a  de  lui: 

Thcfaurus  Pharmaceuticus  Galeno-Chymicus ,  five ,  Traciatus  praclicus^  ex  optlmorum 
^uthorum ,  tàm  f-^aerum  ,  quàm  Neotericorum  ,  plaçais  conjcriptus ,  atque  in  fex  Libros 
digi^jlui.  Francofurtl ,    1626 ,  in-folio ,  1670 ,  J/î-4.  Jean  Schroder  a    revu  la    féconde 

édiiioD. 

De  varlls  &  periculojîs  morbli  Praclica  univerfulls  Gahno-Chymlca ,  in  fex  Libros  dl- 
•vifa.  Ibidem ,  1643 ,  in-folio.  George  Matthias  foupçonne  que  cet  Ouvrage  eft  le 
même  que  le  précédent,  fans  autre  changement  que  celui  du  titre;  mais  Lipenius 
l'annonce   comme  tel  dans  fa  Bibliutheca  realis  Medica. 

WEIDNEIl,  (  Paul  )  Médecin  Juif,  vécut  dans  le  XVI  fiecle.  Il  étoit 
établi  à  Udine,  ville  d'Italie  dans  le  Frioul ,  lorfqu'il  fut  appelle  en  Carin- 
thie  pour  y  exercer  fa  profeffion.  La  penfion  qu'on  lui  avoit  faite ,  le  retint 
pendant  fix  ans  dans  cette  province;  &  durant  cet  efpace  de  tems  ,  il  conçut 
des  doutes  fur  fa  religion  ,  qui  l'engagèrent  à  comparer  le  vieux  avec  le  nouveau 
Teflament.  Comme  il  comprit,  par  cette  ledlure,  que  Jefus-Chrift  eft  le  vrai 
Mellie,   il  xéfolut  d'embralTer  ouvertement  le    Chriftianifme  ;  mais  les  préjugés  de 


W    E    I  56f 

l'éducation  le  firent  encore  chanceler  un  an  entier.  Enfin,  il  quitta  la  Carinthie 
&  le  rendit  à  Vienne ,  où  il  fat  folemnellement  baptifé ,  avec  l'a  femme  &  fes 
quatre  enfans,  le  ai  Août  1558.  Ses  talens  le  firent  confidérer  dans  cette  villes 
&   il  y  fut  nommé  à  la  Chaire  de  la  Langue  Hébraïque.  * 

Lipenius  cite  Jean  fFeidner  qui  a  écrit  un  Ouvrage  imprimé  à  Bautzen  en  1610 , 
in-4 ,  fous  ce  titre  :  De  Ant   Chymicà   ejufque   cukoribus. 

George  Matthias  cite  aufli  un  Médecin  du  même  nom.  C'efl  Godefrold  ïVeidner , 
qui,  après  avoir  pris  le  bonnet  de  Doileur  en  Droit  à  Orléans  en  1610,  reçut 
les  honneurs  du  Doi5\orat  en  Médecine  i  Valence  en  Dauphiné  l'an  1613.  Il  en 
feigna  cette  dernière  Science  à  Francfort  fur  l'Oder  dès  l'an  i6i6 ,  &  il  y  mourut 
le  4  Avril  1639,  après  avoir  été  plufieurs  fois  Refleur  de  l'Univerfité  de  cette 
ville.  On  n'a   de  lui  que  des  Diflèrtations  en  forme  de  Thefes. 

WEINHART,  C"  Ferdinand-Charles  J  ProfefTeur  en  l'Univerfiré  d'Infpruck  & 
Médecin  ordinaire  de  l'Empereur  Charles  VI,  fut  en  eftime  dès  la  fin  du  dernier 
fiecle.  11  a  donné  plufieurs  Ouvrages  au  public ,  mais  il  avoue  franchement  que 
tout  ce  qu'il  y  a  de  mieux,  eft  tiré  des  favantes  remarques  qu'il  avoit  héritées  de 
fes  ancêtres,  qui  ont  été  de  célèbres  Praticiens.  Voici  les  titres  que  Jf'einhan  a 
donnés  à    fes  Ouvrages  : 

Nucleus  unlverfe  Aledicina  în  très  partes  difiributus  ,  in  quaruni  prima  unlverfe  Medi- 
clnts  Théories,  in  fccunda  &  tertiâ  PraSiicte  fundamtntorum  fumma  cuntinetur.  Fatavii 
i7'5»  ^7^1  in-B,    en  trois    Tomes.. 

Medxus  ojjictofus^  feu  ^  de  officlo  Medici.  N'orimberga ,  1715  »  1716,  ia-8.  Ibidem, 
1^23,    'ft-4 ,  avec  le   Commentaire  de  /.  Lœuw. 

De   Medici  prudentiâ.   Œniponti ,    1726,  in-B. 

WEINLEIN  C  Jofaphst  )  naquit  à  Hall  en  Suabe  le  30  Décembre  i6or. 
Comme  ibo  père,  qui  étoit  un  habile  Apothicaire,  le  deftinoit  à  l'étude  de  la 
Médecine,  il  lui  enfeigna  la  Pharmacie  Galénique  &  Chymique,  &  le  mit  ainfi  au 
fait  de  la  Matière  Médicale  ,  dont  les  jeunes  gens  ne  prennent  point  toujours  des 
connoifiances  aflez  étendues  dans  les  Univerfités.  Weinlein  fit  fon  cours  à  Tu- 
binge,  &  il  y  obtint  les  honneur»  du  Dodiorat  au  mois  de  Mai  162a.  L'année  iui- 
vante,  il  fut  nommé  Médecin  de  la  ville  de  Creilsheim  en  Franconie  ;  mais  en 
1627  ,  il  P'ff"  à  Rotenbourg-fur-le-Tauber ,  uont  il  devint  le  premier  Phyficien  en 
1631.  L»  réputation  qu'il  fe  fit  dans  cet  emploi ,  lui  mérita  un  rang  honorable  v>ar- 
mi  les  praticiens:  elle  lui  mérita  encore  les  regrets  du  public,  à  fa  mort  arrivée 
le  25  Février  1662. 

Jean-Chrijlophe ,  fon  fils ,  fut  aufli  Dofteur  en  Médecine. 

WEINRICH,  ("Martin  )  Profefleur  de  Phyfique  &  d'Eloquence  à  Rrcflau  ,  fa 
patrie  ,  fut  un  habile  Médecin  de  cette  vibe.  Il  y  mourut  le  25  Décembre  1609  , 
à  l'âge  de  61  ani ,  &  laiffa  plufieurs  Oovrages ,  dont  les  Bibliographes  font  mention 
fous  ces  titres  :  1 

Problemata  Phyjico-Medica  ex  Johanne  Baptîjla    Montana .  ff^itttberga  ^    1590,   în-8^. 
Dès  l'an  1587,  il  ivoit  publié  à  Francfort,  in-fulio,  un    Recueil   ii3Ùiu]é  :  Johannil 


568  W    E    I         W    E    L 

JSapt'iftte  Montant  Unlverfa  Mcdicina  ,  ex  Leifionibus  ejus  ceterlfque  OpufcuUs  fcrlptis  ^ 
inipreffîs  colkSfa. 

Commentarlus  de  monftrîs.  In  quo  ejfentîa ,  differentits  ,  caufa  &  affeclionu  mirabilium 
anîmaliam  explicantur .  F'ratiJlavliS ^  ^SQS'»  "»-8. 

Il  a  traduit  de  l'Allemand  en  Latin  Je  Traité  de  Jean  Craton  de  Crafftheim ,  qui 
xoale  fur  la  méthode  de  le  préierver  de  la  fièvre  peftilentielle  &  de  la  guérir. 

WEITBR.ECHT,  CJoiias  )  célèbre  Médecin  de  ce  fiecle  &  Profefleur  de  Phy- 
liologie  à  Pétersbourg ,  eft  Auteur  de  plufieurs  Mémoires  intérefTans  qu'on  trouve 
tlans  les  Ades  de  l'Académie  de  cette  ville  ,  dont  il  eft  Membre.  11  a  encore  écrit 
tn  Ouvrage  généralement  eftimé  ,  fous  ce  titre: 

Syndefmulugia,  five ,  hiftoria  ll^amentorum  corporis  humani.  Petropoli  f  1742 ^  ''*'4  > 
avec  trente  îix  planche»  lupérieurement  exécutées.  En  François,  par  Tarin^  Paris» 
1752,   in-S. 

M.  Portai  parle  ainfi  du  Traité  des  ligamens  de  JF.hhrecht.  «  L'Hiftoire  des  liga- 
»  mens  étoit  à  peine  ébauchée.  Les  Anciens  avoient  très-peu  écrit  fur  cette  matie- 
•n  re.  Charles  Etienne  ,  Rtulan  ,  &  en  dernier  lieu  M.  ff^:nJlow ,  ibm  ceux  qui  y  ont 
T,  travaillé  avec  le  plus  de  loin  :  mais  bien  loin  d'avoir  épuiié  les  objets  qui  ap- 
T>  partiennent  à  la  Syndefmologie ,  ils  en  avoient  omis  un  grand  nombre ,  que  M. 
»  JVekbrecht  a  recueillis  avec  beaucoup  d'avantage. 

»  M.  fyékbrecht  avoit  commencé  fon  Ouvrage  long-tems  avant  que  parût  l'Ex- 
r,  pofition  Anatomique  de  M.  Winjlaw ,  &  il  dit  dans  la  Préface ,  qu'il  trouva 
D  dans  l'Ouvrage  de  cet  excellent  Anatomifte  ,  la  defcription  de  plufieurs  ligamens 
j>  qu'il  le  flattoit  avoir  découverts  ;  c'eft  ainli  que  deux  hommes  doués  d'un  efprit 
»  jufte  &  clairvoyant  ,  &  perfuadcs  de  la  néceflité  de  leurs  travaux,  ont  couru 
■n  vers  le  même  objet,  &  l'ont  rencontré.  M.  Wdtbrecht  trouva  donc  dans  l'Ou- 
•n  vrage  de  M.  ff^^nflow y  un  nouveau  degré  de  certitude  fur  plufieurs  defcriptions 
^  qu'il  le  propoioit  de  donner  i  mais  M.  ff^injlow  avoit  oublié  un  grand  nombre 
i)  de  ligamens  que  M.  WcUbreclit  décrit  dans  cet  Ouvrage.  Il  eft  divile  en  fix  fec- 
»  tions.  Dans  la  première  ,  l'Auteur  traite  des  ligamens  en  général  ;  dans  la  fecon- 
„  de,  il  décrit  les  ligamens  des  extrémités  lupérieures  ;  dans  la  troifieme ,  ceux  de 
»  la  tête  ;  dans  la  quatrième  ,  ceux  du  tronc  ;  dans  la  cinquième  ,  ceux  des 
»  extrémités  inférieures;  &  dans  la  iixieme  ,  les  ligamens  qui  fixent  d'autres  par- 
n  ties  que  des  os.  Ces  i'eftions  font  remplies  de  découvertes  &  de  nouvelles  def- 
j)  crlptions  des  ligamens  connus  des  autres  Anatomiftes.  M.-  fFîitbrecht  a  donné  plu- 
■n  fîcurs  nouveaux  noms,  &  il  a  fait  dépeindre  tous  le»  ligamens  qu'il  a  décrits  dans 
»  trente-iix  planches  fupérieurement  exécutées.  » 

WELLS,  C  ^'^"j^'"'''  )  ^^  Depfort  ,  Bourgade  d'Angleterre  fur  la  Tamife  près 
de  Londres,  vint  au  monde  en  1616.  Après  avoir  été  reçu  Maîtreè;-Arts  à  Ox- 
ford, il  fit  tant  de  progrès  dans  l'étude  de  la  Médecine,  qu'au  retour  d'un  voya- 
ge dans  les  Ifles  Angluifes  de  l'Amérique  ,  il  obtint  la  Licence  dans  l'Univerfité 
de  la  même  ville,  le  10  Décembre  1650.  Il  a''a  enfuite  fe  fixera  Greenwich  dans 
i-a  Province  de  Kent,  à  deux  lieues  de  Londres;  mais  comme  il  étoit  devenu 
/juinteux  &  raélaucholique  ,  ies  malades  u'eurcDî  guère  de  coafiaace  en  lui ,  &  il 

fut 


W    E    L       W    E    P  559 

fut  peu  cccupé.  Ce  A  ô  fon  Wfir  qu'on  doit  un  Onvra?e  en  AflpWs  Tar  îa  goutte 
&  le  rhumnTirme  ,  ainfi  one  la  traHuftioti  rl'un  Trai'é  de  Brlce  Saudcron  fur  la  cu- 
re des  maladies  aiguës.   fl^//j  mourut  le  12  Avril  1678. 

WELSCH1U5  ou  WELSCH.  Voyez.  VELSCHIUS. 

WELSENS.  Voyez  VELSiUS. 

W.^^PFER. ,  (  JeaD-Jacque»  ^  célèbre  Médecin  ,  Membre  de  l'Académie  Impé- 
riale d'Allemagne,  i  .u»  le  nom  de  Machaon  IJi,  étoit  de  Scliaftlioufe ,  où  il  oa- 
quit  le  2;^  Décembre  1620  I<  étudia  a  Strasbourg  ^Sj  à  I3;Ve  pendant  buit  ans;  & 
après  en  avoir  employé  deux  autres  à  luivre  les  plus  lavads  ProftlTeurs  des  Uni- 
vtffités  d'Italie,  il  revint  à  Bâle  où  il  pnr  le  bonnet  de  Dofleur  le  21  Juillet  1617. 
Ses  lalens  le  mirent  bientôt  en  réputation;  il  fut  très-recherché,  non  leuiement  dan^  l'a 
viilc  natale  &  '-«ar  toute  la  Suifle,  mais  encore  dans  les  Cours  des  Princes.  d'Aileniagne, 
Le  Duc  ae  "Wutemberg  !e  nomma  fon  .Médecin  en  1675,  ^  P^'J  de  tems  adirés, 
il  obtint  le  mctne  titre  du  Marquis  de  Dourlach  &  de  l'Ëieif^eur  Falatin.  Les  ibins 
qu'il  le  donna ,  en  1691,  pour  la  guéni^ndu  Duc  de  Wrtemberg  ,  ainfi  que  pour 
celle  des  loldats  ce  l'Armée  impériale  que  ce  Prince  commandoit  ,  altérèrent 
conli  léfab'ement  la  lanté.  Agé  qu'il  fut  alori  de  70  ans  ,  il  «'épargna  fi  peu  ,  qu'on 
peut  dire  qu'ii  expoia  cunftamment  fa  vie  aux  plus  grands  dangers  pour  le  fervjce 
de  l'Ar.nét  de  l'Empereur  L^opold,  que  les  ravages  d'une  fièvre  épijémique  di- 
minuoieai  de  jour  en  jour  11  fut  la  victime  de  fon  zèle.  Il  contraé^a  un  aftbme  qui 
le  plongea  dan»  l'I.ydrof.  iiie ,  dont  il  mourut  le  28  Janvier  1695. 

Ce  Médecin  a  loupçonné  que  tout  le  chyle  ne  palibit  pas  par  le  Canal  thora- 
chique,  &  il  elt  le  premier  qui  ait  avancé  que  la  fubftance  du  Foie  eft  glandu- 
leule.  Du  refte  ,  il  n'étoit  point  du  nombre  de  ces  Anatomiftes  qui  n'ont  que  des 
y^-ux;  il  lavoit  approfondir  les  caufes  &  tirer  la  vérité  de  l'obiervation  des  phé- 
nomènes. On  lui  doit  plufieurs  Traités  ,  dont  on  a  multiplié  les  éditions ,  tant  on 
les  a  trouvé  curieux  ,  intéreflans ,  &  propres  à  jetter  de  nouvelles  lumières  fur  la 
pratique  de  la  Médecine.    Voici   leurs  titres  : 

Oraiio  de  Thcrmarum.  potu  in   Barheyurio.   Bajîlett ,  1646  ,  în  8. 

Obfcrvat'oncs  ^/iutomic<e  ex  cadaveribus  eorum  quos  fuftulh  apopUx'a  ,  cum  exercîta- 
tîone  de  ejus  loco  offeSto.  Schùfhufii  ,  1658,  1675,  in-S.  Amfielodauù  ,  1681  ,  //7  8. 
Sous  cet  autre  titre  :  Hfioria  Apopledxarum  ,  cum  obfervjtiunibus  cekbrium  M.dxorum, 
^mftelodami ,  1710,  172+ ,  in-S.  :, 

De  dubiis  anaiomicis  Lpiftola  qtue  continu  objidiionts  nonnuUa%  contra  Billîl  doâfnnam. 
TJorimberga ,  1664,  in  4.  ^rgentorati  ,^  1665  ,  (n-8  ,  avec  l'Ouvrage  de  Jacques  Henri 
Pauli   qui  eft    intitulé  :  ylnatomia  BUJian<e  ^naiome. 

Hfioria  aiaton-ica  de  puella  fine  cerebro  nota.  Schiijfhufil ,  t66ç  ,  h-B. 

Cicuta  aquat  c*    hifioria  &  noxa.   Bafilee ,  rô^g ,  in-^    Ibidem^   1716  ,    in-4,  avec 
deux  DilTeriations  d'un    Aut'.-ur  anonyme  ,  l'une  De    h'rha   1  kie ,  l'autre  De  herba 
Cvmbalaria.    Lugduni  Batavorum  ,   173^  ,  in-S ,    par  les  foins  de   Zwinger.  yenetUs 
jt/jq  ,  in-S   Bon   Ouvr:.gc  qui  dit  plus  que  le  titre  ne   promet. 

Obfervationes  Medico-tracUca    de   ajfeciibui   capitis  internis   &  externis.    Schaffiiufil  , 
TOME     JK  Cccc 


5?o 


W    E    P        W    E    R 


1727,  m-4,  par  les  foins  de  Bernardin.  &  de  George-Michel  ff^epfer ,  petit'ff.s  de. 
l'Auteur.  Ti^uri  ,  1745  ,  in'^.  hes  héritiers  conlervent  encore  plulieurs  autres 
Ecrits  qui  n'ont  pas  vu  le  jour  :  Hallcr  ,  qui   les  a  lus  ,  en  parle  avec  éloge. 

WEPFER  ,  C  Jean  )  i'rere  de  celui  dont  on  vient  de  parler  ,  naquit  à  Scbaff- 
houie  le  ig  Juin  1635.  Après  de  bonnes  études  à  Bâle ,  à  Stra>bourg  &  à  Paris  , 
il  revint  dans  la  première  ville  ,  où  il  prit  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine  en 
1659,  &  ne  tarda  pas  à  être  nomme  AiTefleur  de  la  Faculté.  iVlais  il  quitta  Bâle 
pour  aller  exercer  fa  profeflion  à  .SchaU'houle  ,  qui  le  perdit  le  10  Janvier  i6~o , 
dans  la  trente-cinquième  année  de  ion  âge. 

WEPFER,  (  Jean-Conrad  J  R]»  de  Jean  Jacques ,  vint  au  monde  dans  la  même 
ville  de  Schaffhoufe  le  7  Juillet  1657.  ^'^°  P^'^  ^"^  '°°  premier  maître  ,  &  de  fon 
école,  il  paflà  à  Uâle  &  à  Leyde  où  il  fe  perfeéïionna.  La  Faculté  de  Leyde  lui 
accorda  les  honneurs  du  Dodorat  en  167g  II  vint  er.fuite  fe  fixer  dans  fa  patrie, 
&  il  y  exerça  la  Médecine  avec  tant  de  fuccès,  qu'il  fit  toute  la  joie  de  fon  père, 
&  qu'il  mérita  une  place,  en  i6g4,  dans  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  ,,, 
fou»  le  nom  de  Mélampe.  11  furvécut  julqu'au  mois  de  Juin  11711.  Trois  de  les  fils 
prirent  ic  bonnet  de  Doflear  en  Médecine.  L'ainé  mourut  en  170g,  âgé  feulement 
de  ag  ans.  Bernardin  fut  premier  Médecin  du  Prince  d'Orange,  &  Geor-^e-Michel^  le 
troilieme ,  fit  i'a  profeflion  k  Schafihoufe. 

WEREMBER.G ,  f  Jacques  J  de  Hambourg  ou  des  environs  de  cette  ville  ,, 
fut  reçu  Dofteur  en  Médecine  à  Wittemberg.  On  a  de  lui  un  Recueil  de  Dillèr- 
tatioDS  Académiques  qui  fut  imprimé,  in-S  ,  fous  ce  titre:  De  corpnris  humani  fabri- 
câ  Difputaiiones  decem.  L'édition  efl  de  Wittemberg ,  où  il  eft  bien  apparent  que 
l'Auteur  enfeigna  ,  puifque  ces  Thefe»  ont  été  défendues  fouf .  fa  prélidencc  par  dix 
candidats,  en  1608  &  en  1609,  ^^^*  's*  Ecoici  de  l'Univerlité  de  cette  capitale 
du  Duché  de   Saxe. 

WERLHOF,  CPaul-Gottlieb^  petit-neveu  du  célèbre  Henri  M^ibomius^  fut  un 
des  plus  heureux  Praticiens  de  ce  fiecle.  Il  y  avoit  onze  ans  qu'il  étoit  forti  de 
Hehnftadt,  fa  patrie,  &  cinq  qu'il  étoit  établi  à  Hanoovre ,  loriqu'il  fut  rappelle  , 
en  172g,  dan»  l'Univerlité  de  fa  ville  natale  ,pour  y  remp'ir  la  Chaire  vacante  par 
la  mort  du  ProfèfTéur  Spies.  Cet  emploi  etoit  allez  de  fon  goût;  il  fe  dilpoi'oit  même 
à  lie  rendre  à  Helmfisdt  ;  mai»  George  II  ,  Roi  d'Angleterre,  le  nomma  à  la  char- 
ge de  fon  premier  Médecin  dans  les  Etats  d'Allemagne,  >Si  par-!à  le  retint  à  Han- 
novre.  fFirlbof  y  mourut  en  1767  dans  un  âge  avancé,  &  laifla  plufieurs  bons  Ou»- 
vrages,   1  els  font  : 

De   Medlctna  methodkce  ftda  ,  ejufque  ufu  &  abufu.   Helmftadii ,  1723  ,  /n-4. 

Obfervationei  de  febribus  priecipuè  intermittent. bus.  Hannuvcra  ,  I7.'52  ,  174;;  ,  /n-4.  Fe- 
neuij ,  1757,  in-H.  Il  y  traite  des  grands  eflets  du  Q-^inquina  dans  les  fièvres  tier-» 
ces  foporeufes. 

Cautiunum  Midicarum  Tra&atus  duo.  Hannovera ,  T734  ,  in-S.  F'enctiis .,  1759,  î'n-S, 
Il  relevé,  avec  efprit  ,  lei  écarts  de  Siahl   ôi  de  fe»  Sedlaieurs    fur    ce  qu'ils  oat- 


W   ï:    s         W    E    Y       W    H    A  5jri 

appelle  Conatus  Katur<e  ;  il  fait  voir  que  tous  les  mouvemens  de  la  Nature  ne  font 
poini  i"alutaire>  ,  conféquemment  qu'ils  ne  doivent  point  être  aidés  par  le  Médeciii^ 

Difqutjitio  Med'ca  &  Philolos,ica  de  variolis  &  anthracibus  ^  ubi  de  utriufque  affeciùs 
antiqultatibus  ^  fîgnii  ^  d>Jferentih  ,  wedelis  dijjer'uur.  Hannuvera  ,  i^^.c^  ^  in-/^,  f^enetiis  , 
1759,  in-8.  Cet  Ouvrage  n'eft  proprement  qu'une  réfutation  de  celui  de  Jean-Gode- 
froid  Hahn,  qui  eft  intitulé:  De  variolarum    amiquîtatibus. 

Specimina  d.io  de  mea'-amento  altérante  ex  Mercurio  &  de  ^urig'tne.  Eplftola  de  Ca» 
merariano  ^uriginls  ren  .dio  ;  ubi  fimul  Difputationi  de  laude  febris  pcfiremum  Corollarlum 
addhur.  Hannnverte  ,  ijf-^s  ,  Jn-4.  Fenaîh  ,  1759,  in-B.  Les  deux  Efiais,  l'un  fur  ua 
remède  altérant  qui  eft  compofé  de  Mercure  doux  ,  fublimé  lix  tois ,  &  de  fouft're 
doré  d'antimoine ,  l'autre  fur  la  JaaaiiTe  ,  font  traduits  de  l'Anglois  &  tiré*  des 
Adtes  des  Mc.lecins  d'Edimbourg.  La  Lettre  adrefTée  ii  Jean- Samuel  Berger  roule  fur 
le  Quinquina,  qui  étoit  le  i'ecret  de  Camerarius  dans  la  jaunifle.  Wirllwfea  fait  l'a- 
pologie ,  mais  il  infifte  beaucoup  fur  les  précautions  que  ce  remède  demande  ,  pour 
en  obtenir  de  bons    effets. 

AVESENFELD  ,  (  Conrad  )  Anatomifte  du  XVII  fiecle  ,  cnfiigna  la  Médecine 
à  Francfort  fur  l'Oder.  Au  rapport  de  Jean-Pierre  ^Ibrecht ,  Médecin  de  I  Evèque 
d'Hildesheim  ,  ïF^J'enfeld  dilfequa  le  cadavre  a'un  homme  qui  avoit  été  fapplicié  , 
&  il  crut  y  remarquer  des  conduits  de  communication  entre  l'inteftin  rc!:ium  &  la 
veffie:  mais  perfonne,  depuis  lui ,  n'a  eu  aucune  railon  de  foupçonner  leur  esiftence. 

WESTHUYSE  ,  (  Matthias  VAN  j)  Doreur  en  Médecine  natif  de  Middel- 
bourg  ,  mourut  le  29  Mai  1679.  Il  s'eft  amufé  de  la  Poéfie  Flamande,  &  parmi  les 
pièces  qu'il  a  di  nnées  en  ce  genre  ,  on  remarque  la  Paraphrafe  de  cent  Pfeaumes 
en  vers  d'une  même  mtfure.  Cet  Ouvrage  a  été  mis  en  mufique  par  Rémi  Schry. 
ver  &  Pierre  Buftyn  ,  fucceffivement   Organiftes  i   Middelbourg. 

WESTPHAL,  (  Jean-G  fpar  )  Doaeur  en  Médecine  &  Membre  de  l'Acadé- 
mie des  Curieux  de  la  Nature,  fous  le  nom  d'^lhucafîs ,  étoit  de  Rugenwalde 
dans  la  Pomcranie  ultérieure.  11  fit  fa  profellion  à  Delitsch  en  Mifnie  ,  en  qualité 
de  Phyficien  de  cette  ville,  &  il  y  mourut  le  24    Mars    1722.    On  a  de  lui  ; 

Paihtlogia  Dxmunlaca  ,  Id  eft  ^  Obfervjtinnes  circa  Damonomanias  &  morbns  convulfl- 
vos.  Lipftts  ,  1707 ,  /n-4.  Il  eut  plufieur»  attaques  à  foutenir  au  lujet  de  cet  Ouvra- 
ge. Tout  crédule  qu'il  foit  à  certains  égards,  il  ne  le  fut  point  aflez  au  goût  des 
perfonnes  qui  alors,  comme  aujourd'hui,  regardoient  les  gefticulatîons  convuTives» 
&  rimmobi:ité  des  malades  attaqués  de  Cataleplie  ,  comme  des  cfFets  furnaturcls 
dont  le  démon   eft   l'auteur. 

WEYER.  Voyez    WIER. 

WHARTON  (  Thomas  )  naquit  en  1610  dans  le  Duché  d'Yorch.  Il  fut  reçu 
Dccteur  en  Médecine  à  Oxford  à  la  recommandation  du  Général  Fairfax  ;  fa  pro- 
motion date  du  8  Mai  1647.  H  étoit  alors  Membre  du  Collège  de  la  Trinité;  mais 
les  troubles  qui  furvinrcnt  dans  l'Univerfité  d'Oxford  ,  l'obligèrent  à  lortir  de  cette 
^ilie.  Il   fe   retira  à  Londres  ,  où  il  s'appliqua  à  la  pratique  ibus.  le  Dodteut./^oA 


sn  w  H  r 

Bathurft^  &  parvint,  eu  1650  ,  à  fe  faire  aggréger  au  Collège  des  Médecins,  dont  il 
fut  Cenieur  pendant  cinq  ou  (ix  ans.  Les  talcns  de  JVhanon  lui  méritèrent  encore 
la  place  de  Led>eur  d'Anatomie  au  Collège  de  Gresham.  Il  en  remplit  les  devoirs 
avec  honneur,  il  le  fit  même  de  la  réputation  par  l'on  Adénographie ,  ou  Traité 
des  içlaaJes  ,  qu'il  publia  en  1656.  On  ne  connoît  point  d'autre  Ouvrage  de  la 
façon  de  ce  Médecin  ;  ioir  que  les  malades  aient  abiorbé  tout  fon  tenis  , 
foit  que  l'âge  ait  ralenti  Ion  goût  pour  l'Anatomie  ,  il  en  cft  demeuré  à  ion 
hiftoire  des  glandes,  quoiqu'il  ait  poufl'é  fa  carrière  jufqu'au  mois  d'Oi\obre  ou  de 
Novembre  1673.   Voici  le  titre  fous  lequel  il  a    publié   cette  hiftoire  : 

^denographia,  five,  ^landularum  totius  corporis  dej'criptio.  Londini ,  1656,  in-S.  Cette 
édition  eft  préférable  aux  autres:  pour  les  figures  qui ,  en  général  ,  ne  font  pas  bien 
excellente*.  ^mjlelodami\,  16^.9,  in-ii.  Koviomagi^  '665,  in'ii.  f^ejalia.,  1671,  ln.-i2. 
L'Auteur  avoue  iogénumenr  qu'il  a  profité  des  travaux  d'autrui  ;  mais  comme 
il  n'a  pas  négligé  les  diflcdioBs  ,  il  donne  auffî  le  rél'ultat  de  fes  recherches. 
C'eft  avec  toute  la  bonne  foi  polfible  qu'il  rapporte  les  chofes  qu'il  a  vues  ;■ 
il  ne  .^'amufe  même  guère  â  raifonncr  ^  finon  qu'il  hazarde  quelques  conjeftu- 
res  fur  les  liqjiles  qui  s'échappent  des  nerfs,  ûuerbaave  a  regardé  JVliarton 
comme  un  obfervateur  exa:l  ^  judicieux  ;  mais  Halkr  n'en  a  point  porté  uQ' 
jug-  ment  auflî  favorable ,  car  il  ne  balance  point  de  dire  qu'on  ne  trouve  pas 
la  même  certitude  dans  toutes  fes  ob'.ervations.  Les  meilleures  defcriptioos  qu'il 
ait  données,  lont  celles  des  giardet  ialivaires.  il  rapporte  là  deflus  des  choies  ouf 
n'etuient  pas  bien  connues  de  Ion  tems  ;  en  particulier ,  il  décrit  le  canal  qui  part 
des  glandes  conglomérées  qui  lont  lîtuées  au  côté  le  plus  éloigné  de  la  mâchoire 
inférieure  ,  &  qui  fournit  la  falivc  qu'il  décharge  dans  la  bouche  vers  le  milieu 
du  mj.nton. 

Les  Bibliographes  parlent  d'un  autre  WJiarton.  C  George  J  né  le  4  Avril  \6\f 
à  Kirby-Kendal  dans  le  Comté  de  Weft-morland  en  Angleterre.  Il  «xerça  la  Mé- 
decine dans  ce  Royaume  ,  mais  il  s'y  diflingua  moins  par  cette  îscience  utile ,  que 
par  les  Calendriers,  les  Ouvrages  de  Poifie  ,  de  Politique  &  d'Aftrologie.  Il  a 
paffé  pour  le  premier  Allrologue  de  fon  tems  ,  &  dans  les  F'criis  qu'il  a  donnés 
en  crtte  qualité  ,  il  t'eft  quelquefois  caché  aux  yeux  du  public  lous  le  nom  de 
George-Nitwunh  ,  qui  eft  l'anagramme  du  fien.  ToljS  fes  Ouvrages  lont  Anglois. 
(joa  de  lui  dans  la  même  Langue  un  Traité  des  crifes  dans  Ils  maladies,  &  ua 
a'  tre  fur  la  Chiromancie  ,  qui  elt  la  tradtéHon  de  celui  que  le  Wedecin  Jean 
R  ihamnn  av/)it  fait  imprimer  en  Latin  à  Erford  en  1595.  On  ne  lait  rien  de  plus 
de  tVharvtn  ,  lijon  qu'il  avoir  pris  les  armes  dans  fa  jeunelfe ,  en  qualité'  de  Capitaine 
de  Cavaltfie  ,  pour  la  dëfenie  des  droits  de  Charles  I ,  &  qu'il  mourut  le  la 
Août  i68ï. 

WHISTLER,  r  Daniel  J)  étoit  de  W-,!thamflow  dans  le  Comté  d'ElTex  en 
Angleterre  ,  où  il  naquit  ver^  l'an  i6ig.  Il  fit  fes  cours  de  Philolbphie  &  de  Mé« 
decine  à  Oxford,  mais  il  alla  terminer  le  fécond  4  Leyde  par  la  récption  ■-'tr 
bonnet  de  Dodte(]r  ,  qu'on  lui  accor-ia  en  1645.  Le  20  M:u  1647,  il  fut  incorporé 
à  1  Uciverfité  d'Oxford,  cù  ïl  enfeiena  trluite  d^vs  le  Col'fge  de  Memin ,  en 
.fu%ii(é  de  premUi:  Profetiiïur  dç  la  fondatioa  de  Linucre,  £a  1653 ,  il  fuivit  es 


W    H    I       W    H    V  575 

Suéde  rAmbaffH!^''ur  que  la  Cour  de  Londres  envoyoit  dans  ce  Royaume.  A  foa 
letour  en  Angleterre,  il  le  fixa  dan^  ta  Ca^JÏtale  ,  où  ton  mérite  lui  procura  l'entrée  de 
la  Société  Royale-  peu  de  tems  aprè-.  que  Charles  II  y  eut  réuni  fes  Membres  ea 
1660;  &  en  16)3,  il  fut  nommé  Prdi.îent  du  Collège  des  Médecins  ,  à  la  plpce 
de  Thhinai  Cox  qu'on  venoit  de  depi.ier  ,  parce  qu'il  étoit  ouvertement  attaché 
au  parti  de  Whists.  Whljîler  ne  remplir  point  long-tems  cette  chare;e;  car  il  mou- 
rut le  II  Mai  1684,  au  graod  regret  de  fes  Colle!J:ues  qui  faifoient  beaucoup  d'eOi- 
me  de  fes  taltns.  On  a  de  lut  une  DiHirtation  iur  la  maladie  des  erfans  que  les 
Anglois  appellent  tht  Rickits ,  les  François  la  Chartre  ,  &  qu'on  nomme  en  Latin 
Rachitis.  C'efl  la  1  hefe  qu'il  foutini  en  1(^45  à  Leyde  pour  (on  Doiflurat,  &  qui 
reparut  à  Londres  en  la  même   année ,  &   encore  en   1685  >  rj-4. 

WHITAKEU  ,  (  Goillaume^  félon  Georj^e  Matthias  ,  eft  nommé  Toble  par  Li- 
penius^  Ai  an  ^et  fi  Sé^u.er,  il  prit  le  bonnet  de  Docteur  en  Mé  Jecine  à  Franek.r; 
mais  ayant  été  aggregé  à  l'Univerliié  d'Oxford  ,  il  devint  Membre  du  CoJie^e 
Royal  de  Londres  ,  6j  tit  (a  profc!ii.)ii  daas  cstte  ville  junu'à  fa  mort  arrivée 
à  la  fil  dd  mois  de  Décembre  1670.  Il  a  écrit  ua  Ouvrage  en  Anglois  Iur  Je 
vin  ;  la  veriioa  L&tiae  a  paru   lous   ce    titre  : 

2rdciiitus  ae  uvte  jungu.ne,  naturâ    &  ufu  ^   Ditstakè   &  Phirmaceuticè.   Francofurti 
1^55  1  '"-^-  ^«S«  Comitis ,  1655  ,  w-8  ,   avec  le    Catalo^us  Rcgum  &   Sanciorum  pto- 

WHYTT  ,  (  Robert  J  Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres  &  du 
Colltge  des  Médecins  de  cette  Capitale ,  enfeigna  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté 
d'Ldimbourg  vers  le  milieu  de  ce  lit  cie.  Déjà  connu  par  les  Mémoires  de  fa 
façon  ,  qu'on  trouve  dans  les  Eflais  d'Edin:bv)urg  ,  il  fut  encore  plus  accueilli 
du  public ,  lorfqaTl  mit  au  jour  les   Ouvrages  qui  furent  imprimés  lous  ces  titres - 

v/a    EJfay  on  thc  vital  and  other  involuntary    mutton.  if  animais.  Edimbourg,    17c i 
i"ft  8.  Purtifan  zélé  de  la  doé-îrioe  de  Stuhl  ^  il   attribue  à  l'ame  les  principales  fonc* 
tions  i  on  voit  cependant  à  travers  fon    attachement  au  parti  des    ^nin.ijîes ^    qu'il 
lent  ia  nécrdiié  de  recourir  aux  principes  des  Méchaoïcicns ,  car  il  s'efforce  de  tems 
en  ttras  de  combiner  les  idées  de    Sfahl  avec  ce  îles  de  Boerhaavc. 

jfn.  Ejjay  on  the  virtuei  of  liais  water  ,  in  tht  cure  of  the  Sione.  Edimbourg  ,  î^ee 
in  il.  C'eft  la  féconde  édition  ,  augmentée  &  corrigée  par  l'Auteur.   M   Roux,  Doc- 
teur de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  a  traduit  cet  Ouvrage  en  François, fous 
le  titre  à*£Jj'ai  fur  la  vertui  de  l'eau    de  chaux   pour    la  guérifnn   de   la  pierrt.   Paris 
j'FS?  '  '""'^  •  avec  la  Méthode  de  dîjjoudn  la  pierre  par  la  voie  de^  injeSlions.,  par  ffutUr 

Pliyjîolog'cal  Effays  contuinin^   an  inquiry  ;nto  the  caufcs   wich  promote  the  ciiculation. 
of  the  fluid   il  the  very  fmall  vejjcls  of  animal.^  :,  O'^fervations   on  the  fenflbility  anJ  irri- 
tah'l'ty  of  the  parts  of  tnan    and    other  animale.  Londres,   I755,   in  12.    Edimbourg 
1757  '  T^lî  •  '"  ^'^-  "  *'<^'Eve  contre  Iç'   principes  que  M.  de  Haller  a  déduits  de  fes- 
expériences  fur  la  ienûhilité  &  l'irritabilité  des  parties. 

M.  Le  Bcgue  de  Prefle  ,  Doc'^eur  Régent  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  . 
a  traduit  de  l'Anglois  un  Traité  de  ff^hytt ,  qu'il  a  fait  paroître  fous  ce  titre:  Les 
Vapiun  iS  maladia  tumufit ,  hy£ochondriaiuei  fi?  hy^tùtqua ,  reconnues  ^  traiiéis  daass 


5?4. 


W    I    E 


les  deux  fexes.  Paris,  1^67 ,  deux  volumes  in-i<i.  Les  fymptômes  ,  qui  réfultent  des 
dcibrdres  du  fyftême  nerveux ,  font  fi  nombreux  &  lî  difierens  quelquefois  d'eux- 
siiêmes,  qu'on  a  railon  Ac  regarder  ces  maladies  corrme  de  véritables  Prothées. 
Kien  n'eii  plus  difficile  que  d'en  donner  une  deicripiion  exade;  aufli  M.  Jf^tytt 
s'eft  contenté  d'en  tracer  l'elquifle,  quoiqu'il  ait  été  attaqué  lui-même  d'une  mala- 
die de  celte  elpece.  Les  remèdes  qu'il  propole  pour  la  cure  ,  i"e  réduilent  principa- 
IcmiEnt  aux  atîiers,au  Quinquina,  au  Mars,  aux  bains  froids,  à  l'exercice,  &  aux 
amufemens  qui  égaient  &  dillraifent  les  malades ,  en  éloignant  la  crainte  ,  le  cha- 
grin &  l'inquiétude ,  dont  ils  font  fi  cruellement    tourmentés, 

WIEL.  (  Corneille  VANDER  )  Voyez  STALPART. 

WIER.  ou  WEYEii  ,  CJean  )  dit  en  Latin  Wlerus  &  quelquefois  Pifclaarius^ 
habile  Médecin,  étoit  de  Grave  fur  Meufe ,  où  il  naquit  en  1515  dans  une  famille 
noble.  On  s'appcrçut  de  bonne  heure  de  la  diipofition  qu'il  avoit  pour  les  Scien- 
ces ,  &  pour  ne  point  la  négliger,  on  lui  fit  faire  fon  cours  d'Humanités,  &  on  le 
mit  enluite  lous  la  direéiion  du  célèbre  Henri-Corneille  agrippa  ,  qui  lui  apprit  la 
Phiiolbphie,  Il  conferva  toute  la  vie  une  fi  grande  reconnoiflance  envers  fon  Maî- 
tre, qu'il  publia  ie  Livre  de  la  vanité  de  la  Magie  fous  le  nom  à.'' yJgrippa ,  quoi- 
qu'il en  fut  lui-même  l'Auteur. 

Apre»  fa  Philoiophie  ,  il  vint  continuer  fes  études  à  Paris  &  à  Orléans.  Il  s'y 
appliqua  à  la  Médecine  ,  mais  il  alla  prendre  ailleurs  le  bonnet  de  Doileur  i  ce 
fut  vers  l'an  1534  qu'il  l'obtint.  Il  voyagea  enfuite  en  Afrique,  d'oui!  paffa  dans 
l'iile  de  Candie  ,  &  peu  de  mois  après  en  Allemagne,  Le  Duc  de  Cleves  ,  à  la 
Cour  duquel  il  s'arrêta  ,  mit  en  lui  fa  confiance  &t  le  nomma  Médecin  de  fa  per- 
fonne.  ff'ier  remplit  cette  charge  avec  beaucoup  d'honneur  &  de  fuccès  pendant 
trente  ans;  il  fut  môme  fouvent  confulté  par  les  Empereurs  Charles  V  , Ferdinand I  , 
Maximilien  II  ,&  liodolphe  II, 

On  ne  peut  certainement  refufer  un  grand  fonds  de  fcience  à  ce  Médecin,  mais 
tout  le  monde  ne  s'accorde  pas  fur  l'ufage  qu'il  a  fait  de  fes  talens.  Les  uns  lu, 
ont  reproché  d'avoir  plaidé  la  caule  des  Sorciers,  pour  les  mettre  à  l'abri  des 
pourluites  criminelles  que  les  juges  intentoient  contre  eux  ;  les  autres  l'ont  accufé  de 
tenir  une  école  de  Magie,  où  il  enfeignoit  la  méthode  de  faire  les  invocations,  de 
le  iervir  de  cercles,  de  figures,  &  de  tout  ce  qui  compolé  l'attirail  de  la  monar- 
chie diabolique,  dont  on  loi  attribue  l'inventaire.  Dilciple  à'^grippa,  il  dev'oit 
.être  expofé  aux  mêmes  reproches  que  fon  iMaître;  mais  il  a  trouvé,  comme  lui 
des  apologiftes  qui  n'ont  rien  oublié  pour  le  décharger  des  imputations  flétriHantes  ' 
dont  on  a  noirci  fa  mémoire.  Ces  Auteurs  prétendent  que  tout  le  crime  de  Wier  à 
conlifté  dans  le  ridicule  qu'il  a  voulu  jetter  fur  les  préjugés  de  (on  fiecle.  Il  chercha 
d'abord  à  en  guérir  les  juges  ,  en  leur  prouvant  que  la  plupart  de  ceux  qu'on  ac- 
cufoit  de  forcellerie,  étoiect  des  gensi  qui  la  mélancholie  avoit  troublé  le  cerveau 
&  qui  s"iraaginoient,  fans  railon  &  contre  la  vérité,  avoir  commerce  avec  le  àh- 
ble ,  durant  les  accès  de  l'humeur  noire  qui  les  plongeoit  dans  de  fombre»  &  ef. 
irayantcs  rêveries.  Notre  Médecin  difoit  hautement  que    ces  gens    étoient  plus  ^S' 


W    I    E  -  575 

joïs  de  compaffion  que  de  châtiment,  II  convient  cependant  que  la  malice  des 
hommes  a  quelquefois  employé  les  moyens  les  plus  luperftitieux  &  les  plus  crimi- 
nels  pour  parvenir  à  fes  fins,  mais  il  doute  que  le  fortiiege  ait  été  aufli  fouvent 
réalile  qu'on   Vi  cru  dans    le   tems  où  il  paflbit  pour    être  commun. 

La  folie  de  certaines  perlbnnes ,  d'une  part,  l'ignorance  des  caufes  &  des  effets 
phyfiques  ,  d'une  autre  ,  ont  donné  cours  aux  foupçons  de  Magie  dans  les  iiecles 
qui  ont  précédé  la  renaiflacce  ào  Lettres;  malgré  les  lumières  qui  venoient  d'éclai- 
rer le  monde  ,  ces  foupçons  fubfjfloient  même  encore  dans  le  feizieme.  Quelques-uns 
le  croyoient  Sorciers,  parce  qu'une  imagination  dérangée  leur  faifoit  illufion  ,  au 
point  de  le  perfuader  qu'ils  l'étoient.  Comme  ils  fe  virent  d'ailleurs  pourfuivis  com- 
me tels, ils  ne  doutèrent  plus  qu'ils  éîoient  véritablement  initiés  dans  tous  les  myf- 
teres  de  la  Magie.  Ceux  qui  fembioient  faits  pour  éclairer  les  autres,  n'avoient 
point  encore  les  yeux  Tuffifamment  deffillés;  tout  ce  qui  étoit  merveilleux  leur  pa- 
roifloit  extraordinaire  :  à  les  en  croire  ,  la  plupart  des  phénomènes  de  la  Phyfique 
expérimentale  pouvoient  pafier  pour  des  effets  qui  étoient  contre  l'ordre  de  la  na^ 
turc.  Préoccupés  de  ce»  principes  didés  par  l'ignorflnce ,  ii  n'eft  point  étonnant 
qu'il»  aient  réclamé  l'autorité  de  la  juftice,  &  qu'ils  l'aient  engagée  à  fe  fervir  de 
ion  glaive  pour  punir  des  hommes  qui  ne  fe  diloient  Sorciers,  que  parce  qu'ils  pen- 
foient  l'être.  Prefque  auflî  imbécilles  que  ceux-ci  ,  ils  les  accufoient  d'une  chofe  , 
dont  les  uns  ni  les  autres  n'avoient  point  d'idée  bien  nette. 

Jf-^ier  fut  d'un  tempérament  fi  fort  &  fi  robufie  ,  qu'on  affure  qu'il  paffbit  fou- 
vent  quatre  jours  fans  boire  ni  manger,  &  qu'il  n'étoit  nullement  incommodé  d'un 
jeûne  fi  extraordinaire.  Ainfi  l'a-t-il  fait  croire  à  fes  contemporain?  ;  mais  les  iu- 
percheries  de  cet  gens  qui  aiment  à  jouer  un  rôle  fingulier  dans  le  monde ,  font 
trop  connues  aujourd'hui,  pour  ajouter  foi  à  dépareilles  hiiîoires  ;  elles  ne  font 
garanties  que  par  le  témoignage  de  ceux  qui  en  ont  été  Ks  dupes.  Notre  Mé- 
decin mourut  fubitement  à  Tecklenbourg  ,  ville  d'Allemagne  au  Cercle  de 
Weftphalie  ,  le  24  Février  158S,  à  l'entrée  de  fa  foixante-treizieme  année.  Son 
corps  fut  enterré  dans  le  Temple  principal ,  &  (es  fils  chargèrent  foo  Tombeau 
de   cette  Inlcription  ; 

S.   Christo   s. 

JOANNES  WIEliUS, 

Nobili    Zdandhe  Inundatte   Familiâ    ortus 

Pietate   in  D^um ,   probitaie   trga    quofvis , 

Eruditione  exîmiâ , 

Médian*,  Rerumgue  PoUticarum   fcientiâ  ,    u/u,  felidtate. 

Publiai  ingenii  dorumendSy 

Jmperatorum 

Caroli   V  minijlerid,    Fcrdtnandi,    Maximiliani  &  Rodolphi  Jîngulari  gratiâ  ^^ 

Magnorurr.que  per    Germanium    exterafque    narones    f^irorum 

^midtiâ  S   tejîimoniis     ClanJJimu^  : 

lUuJlrijJlmi    aivl£  &  Jriia    Duds  Guilidmi  ^rdilaur; 

Den  ,  Priaçlpi   &  Putna , 
FidCy   confiliô  &  operâ,  ad  vita  fu<e    finem  devotijfimus.  ■ 


I?6  W    I    E       W    I    G       W    I    L 

Quum   niuftrem   Dominum  Arno^dum  , 

Comîtem  m  Benihem  &  in  TeckHenborgh  , 

Summô  gratificandi  Jiudlô  inviferet  » 

Hujus  faculi  fatur  , 

InviU  in  Chriftum   fiduriâ  , 

Plaridè    aaimam  Deo   rcddidit  ^ 

Corpus    hic  ad   diem   univcriaLs  refurreâlionis  ifepr>fh!t ^ 

Et  ii,i£jtijjimum  fui  dejiderium  fuperfiitibus  film 

Theocer-Ico  ,  Henrïco,  Galeno  et  Joanni  Wxeris 

ILdiquit , 

^nnù  natl    Chnjii  M.  D.  LXXXVIÎl  , 

Maif.  Fsbr.   die  24  ,  annù  ataus  Jute  LÀXII. 

Vive  et  vivas. 

A  travers  les  expreflions  faftueufes,  floDt  cette  épitaphe  eft  furcbargée  ,  on  ec 
f  emarque  d'autres  qui  caradtérilènt  le  m-  rite  réel  de  ff^'ur  i  mai^  l  .-  fai»  He  ce  Mé- 
decin auroient-ils  ofé  parler  aicfi  de  leur  père  dans  un  monument  public,  fi  l'cis 
eût  eu  i  lui  reprocher  cit  attacbtn.tnt  à  la  Magie,  dont  on  a  noirci  fa  mémoire. 
C'eft  le  Traité  intitulé  :  Ue  damonum  prajli^iis  S  incantud  nbus  qui  l*aura  ta't  pafl'er 
pour  un  h»,  mme  qui  erf^gnoit  «Nî  prati^uuit  ctt  art  illicite;  mais  on  ne  peut 
guère  juger  un  Auteur  lur  le  titre  de  fon  Ouvrage,  ff^ur  en  a  écrit  plufiturs 
autres  : 

Miàicamm  Obfcrvat'ionum  rarîorum  Liber  unus.  De  Scorbuto,  de  quart  ma  ^  de  pefii- 
leniiJti  aiij>inâ  ,  de  pleur  liJe  &  peripneuntan.â  ,  de  hyiropi'  curaiione  ,  de  curatione  mea. 
tuum    nataraUuni   claujbrum   <Sf   quib-Jdum  alus    ^i.jieloddmi  ,    1557  »   in- 12.    Bajïlea  « 

1567,    in  4. 

De  Laniiis.  De  ira  morbd.  De  prtejigHs  demoium,  Amlldjdami ,  1660,  /n-4.  Le 
Traité  De  ira  a  oaru  leul  ,  io\i>  le  tiire  le  Lihdlus  de  ir£  morbô  &  ejus  curatione 
P;iib{ophicâ ,  Médita  d?  Theulogicâ    Bajî.'ex,   1577,  in-H. 

De   dtsmonum  pne'M^  i,  &  .ncuutarioninui  LU  ri  f^l.  Bajîlea; ,   1664,    in-B. 

2'raBams  dt  cninmeniiiii>  jcjunùs.  Ibidem,   ifHj,  i/j-4.  i^'abOinence  de  quatre  jours, 
dont   on  a  parlé  ,    peut   être  mile  aj   rang  de  ces  jeûnes  finiulés. 
'De  tujfi  epidemiâ    aani  1580,  cum  Tratluiu  de  morbis    incogaitis,    Francofarti,    1583, 

în.8. 

De  varm'is,  jnorbà  endemiô  fP:Jiohal>rum  permnttflo.  C'eft  le  titre  que  Henri  Wler  a 
donné  à  la  Traduétion   Latine    ie   r()uvr;nje  que/eai,   ion  père,  a  écrir  en  Aile-, 
mand  iur  cette  maladie,  qui    cft   une  enflure    ou  diftenfion  péri(;diq';e    du    coros, 
avec  douleur    Henn   Sma  a  mléré  cette  'fraducUon  dans  les  Mtjcellanea  qui  ont 
paru*  Francfort    en    i6ti,  ii-b 

WIGANUUS.  Voyez    WILLI'JS. 

WILDE  C  Simon  J)  fut  reçu  Doacur  en  Médecine  à  Jene  le  29  Mars  1558; 
il  eft  le  premier  qui  ait  été   promu  dans  la  Faculté  de  cette  ville.  George  Manhias 

ajout    ^ 


:&icnte  qu'il  fervît  Jean-Frcderic  III,  Duc  de  Saxe,  eu  qualité  de  premier  Mé. 
•de:in,  &  qu'il  mourut  à  Weimar  en  Août  i5')o.  Jeun  H^.tUch  a  loi-.ré  le»  coa- 
ibltations  de  fVUde   dans  le    Recueil   publié  à  Lcipfic  en   1604,  i/1-4. 

AVILLÏCH  ,  C  JoflTe  J  natif  de  Refiel ,  ville  du  Palatinat  de  Warmie  d:rs 
la  Poloiïoe,  étoir  Maître-ès-Arts  &  Doif>eur  en  Médecine.  Dès  Tâge  de  ^^.irze 
ans,  il  ie  mit  à  enleigner  la  jeunefle  à  Francfort  fur  l'Olr,  où  il  eryUqua  en- 
iuite  les  Bucoliques  de  F'irgilei  mais  comme  on  lui  reconmit  des  ta''  n«  propres 
à  de  plus  grandes  choies  ,  on  ne  tarda  point  à  lui  donner  l'emploi  de  ProfefTtur  aux 
L-pttres  Grecques,  &  enfin  une  Chaire  de  Méd^-cine  en  '-542.  H  avoit  reçu  le 
bonnet  de  Docteur  en  cette  Science  en  1540.  Willich  mourut  d'apoplexie  le  12 
Novembre  1552,  ?^é  de  51  ans,  au  Châttau  de  Libiie,  où  il  s'étoit  rétiré  pour 
ie   garactir  de  la  pefte    qui  défoioit  les  habitans  de    Francfort   fur  l'Oder. 

Ce  Médecin  le  diftingua  par  fon  attachement  à  la  dodkine  à'' Hippocrate  II  ne 
s'occupa  ,  dans  la  Chaire  ,  que  de  l'explication  des  Ouvrages  de  ce  grand  Maî- 
tre ,  &  il  tâcha  d'infpirer  le  mtme  goût  à  les  Collègues.  L'habileté  qu'il  mon'ra  i  laUir 
le  vrai  lens  des  oracles  du  Père  ue  la  Médecine,  contribua  beaucoup  à  étendre  la 
réputation  que  ffs  autres  talées  lui  avoient  acquife  ,  &  que  fes  Ecrits  ont  foute- 
nue.  Je  me  borne  à  ceux  qui  regardent  l'Art  de  guérira 

Obfervûtiones  Mtdica  in  Libsllu:n  Luciênnl  Firmiani ,  qui  de  opificio  Dei  infcribltur. 
^ccedit  H'ppocruii<  Lbcllus  de  genitura.  Francofurii  ad  Oderum  ^  '54^1  "ï'^- 

Prjblematd  de  tbriorum  affeâtonibus  &  moribus.   Ibidem  ^  I543i  '"  ^• 

Commeitarius  ^natomLus  ,  feu  ,  diiigens  omn''um  partlum  corporis  humanl  enumeratio. 
Dialogui  de  Locujlis.  yirgentorad  ,  1544  ,  in-b'.  C'eit  un  abrégé  de  l'Anatoraie  de 
Galien. 

Régime  en  tems  de  pejle.    Francfort  fur  l'Oder,  1554,  in-4  .  en   Allemand. 

^rs  magirica  ,  Iwc  e/2 ,  coquinaria  ^  de  cibariis ,  firculis^  obfoniis  ,  alimends  &  potibus 
diverfîs  paranuis ,  eorumque  fucuUatibus.   T'guri  ,  15^3  ,  i.i-8. 

Urinarum  probationes  illufiraia  ScholiU  Axedlcis  Hitronymi  ReufnerL  Bafilea  ,  T582  , 
j'n  8.  yimjldodami  ^  1688,  /1-8. 

Jojje  ffillich^  fils  de  celui  dont  je  viens  de  parler,  étudia  'a  Médecine  en  Italie 
&  reçut  le  bonnet  de  Uodeur  à  l^âle.  Il  mourut  le  5  Juillet  1590  à  Fraccfort  fur 
roder  ,  où  il  enfeignoit  la  Phyfique  depuis  l'an  l>7=. 

Il  y  t  d'autres  Médecins  du  nom  de  ff^ilUcb.  Chrijlophe- Frédéric  ,  mtiï'  de  Ham. 
bourg,  avot  déjà  acquis  de  la  réputation  dans  cette  ville,  lorfque  la  mort  vint 
l'arrêter  dans  le  commencment  de  fa  carrière,  le  11  Janvier  1646,  à  l'âge  de  36 
ans.  Martin  fVllch  ^  fii=  d'un  Mm'ltre  de  la  même  ville  de  Hambourg,  fur  nom- 
mé ,  vers  l'an  1685  ,  à  l'emploi  rit  Médecin  de  la  Cour  de  Frédéric-Guillaume  , 
Electeur  de  brandebourg  dit  le  grand. 

WIl.LIS  ,  r  Thomas,  )  célèbre  Médecin  Anglois,  é^oit  de  Great-Bedwin  dans 
le  Comté  de  W.lt  ,  où  il  naqint  le  6  Février  1622.  Il  étudioit  dans  la  Maifoa 
de  Chnft  à  (îxford  ,  le  fqu'il  perdit  fon  père  à  l'âge  de  vingt  ans,-  c'eft  ce  qui 
robligea  à  retourner  chez  loi  pour  mettre  orare  a  fes  affaires.  De- qu'il  eut  pris 
les  arrangcmens  qui  convenoient  à  fes  vues,  il  s'empreilk  de  retourner  à  Oxlor^î 
TOME     IV.  D  d  d  d 


578  W    I    L  " 

pour  y  continuer  fes  études;  mais  il  les  interrompit  encore  pour  fuivre  fon  zèle  & 
prendre  Jes  armes,  avec  pluiieurs  autres  écoliers,  en  faveur  de  fon  Roi.  Ce  mo- 
ment d'humeur  guerrière  ne  ralentit  point  fon  ardeur  pour  les  Sciences;  il  revint 
enlVite  à  Oxford  &  fe  mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Médecine.  En  1660  , 
année  du  rétabliflèment  de  Charles  II  fur  le  trône ,  }f^ilHs  fut  nommé  i  1«  Chaire 
de  Phi'ofophie  naturelle  que  Guillaume  Sedley  avoit  fondée  ,  &  le  30  Oftobre  de 
la  même  année  ,  il  reçut  le  bonnet  de  Dofteur.  Les  Membres  épars  de  la  Société 
Royale  venoient  d'être  réunis  à  Londres  en  un  feul  Corps  par  Charles  II ,  lorf- 
que  notre  Médecin  apprit  que  ce  Prince  Favoit  aggrégé  à  cette  Compagnie  de 
Savans.  Cette  railbn  &  piufieurs  autres  l'engagèrent  à  quitter  Oxford  en  1666  pour 
fe  rendre  dans  la  Capitale  ,  où  il  exerça  fa  profedion  avec  plus  de  célébrité 
qu'il  n'en  méritoit  pf.r  la  théorie  ,  qui  n'eft  pas  toujours  bien  fenfée.  En  effet  ,  ce 
Médecin  peu  philofophe  regardoit  les  eiprits  animaux  comme  une  matière  quiétoit 
dans  une  agitation  coniiruelle,  qui  reHuoit  avec  violence  vers  le  cerveau,  qui  pro- 
duifoit  des  effets  femblables  à  ceux  de  la  poudre  à  canon.  C'efi;  fiir  ces  belles 
imaginations  qu'il  a  fondé  la  Théorie  de  la  Médecine  ,  &  c'eft  de  cette  Théorie 
qu'il  a  déduit  les  règles  de  fa  pratique.  On  peut  juger  par-là  de  fes  fuccès.  Le 
célèbre  Auteur  de  l'Anatomie  à'Hcijler,  avec  des  Eflais  de  Phyfique  (  feu  M.  Sé- 
nat )aHlire  que  le  Roi  Charles  II  difoit  fouvent  ,  en  riant,  que  IFillis  lui  enlevoit 
plus  de  fujets  que  n'auroit  fait  une  armée  ennemie. 

Meilleur  Anatomifte  que  Médecin  ,  Willis  connoiflbit  la  ftrudure  du  cerveau  , 
des  nerfs,  de  l'eftomac  &  des  icaftins  ;  il  a  très-bien  écrit  fur  toutes  ces  parties. 
C'eft  dommage  qu'il  ait  eu  tant  de  goijt  pour  les  fyftêmes;  mais  c'étoit  la  fureur 
de  fon  fiecie.  Tout  le  monde  s'empreffoit  alors  à  mettre  au  jour  les  fruits  de  fon 
imagination  ;  il  auroit  même  été  honteux  à  un  Auteur  de  publier  un  Ouvrage  qui 
ne  contenoit  rien  de  nouveau  à  cet  égard.  La  façon  de  penfer  eft  différente  au. 
jourd'hui:  on  veut  plus  de  faits  que  de  fyftêmes,  &  lorfque  ceux-ci  ne  font  point 
appuyés  fur  ceux-là,  on  les  regarde  ,  avec  raifon  ,  comme  les  produdlions  d'un  ef- 
prit  plus  vif  que  folide, 

La  réputation  que  ff^ilUs  s'étoit  attirée  par  fes  Ecrits  ,  &  le  mérite  qu'il  avoit 
d'ailleurs,  lui  fufcittrent  des  envieux  qui  le  traitèrent  en  ennemi,  lis  lui  firent  mille 
tracalTeries ,  auxquelles  il  fur  fi  fenfsble  qu'il  en  prit  du  chagrin  ,  dont  l'amertume 
ne  contribua  pas  peu  à  abrégtr  les  jours.  Il  n'étoit  que  dans  la  54e.  année  de  fon 
fige  ,  quand  il  mourut  à  Londres  le  11  de  Novembre  1675.  On  a  de  lui  un  'J'raité 
en  Anglois,  imprimé  pour  la  dernière  fois  en  1690,  qui  roule  fur  un  moyen  affuré 
&  facile^  pour  fe  préferver  &  peur  guérir  de  la  pefte  &  de  toute  maladie  contagieu-» 
fe.  Ses  .Ouvrages  Latins  font: 

De  fermcntatione.  De  febribus.  De  urinis.  Hage  Comltli  ,  1659,  In-S ,  1662  ,  in.  12, 
Londinl  ,  1660  ,  1662  ,  1677  ,  ln-8.  uimjldodaml  ,  1663,  1665,  1C69,  '«-12.  Lug- 
diini  BatavoTum  ,  1680  ,  inS.  Edmond  de  Meara  ^  Médecin  Irlandois ,  a  écrit  contre 
le  Traité  des  fièvres  ;  mais  Richard  Luwer  s'eft  fait  une  affaire  de  foutenir  les  fen- 
timens  de  ff^JUs. 

Cerebri  Anatome  •,  &  nervorum  defcripdo  &  vfus.  I.ondîni ,  1664,  1670,  //2-12.  u4nip' 
tehdami,  1664,  1667,  1674,  1676,  £/i-i2,  1682,  in-4  ,  avec  fes  autres  Ouvrages. 
On  met  celui-ci  au  rang  des  meilleures  produdlions  de  l'Auteur ,  &  ToQ  fait  cas 
de  fes  defdJptioas  du  cerveau  &  des  perfs. 


PathologliB  cerebri  &  mrvojî  fienerh  Spécimen  ,  in  qm  agîtur  de  rnorbh  convuljîvis  S* 
fcorbutô.  Oxonii,    ifiôj'.Jn-ia,  ^mjlelodaml ,  i568  ,  1670  , /«-l a.  Londni^    1678,  in- 12. 

Z>e  accenfione  fan^uinis  S  motu  mufcular'u  Londini ,   1670.  Leida  ,  1671,  /nia. 

yiffe&hnum  qua  dicuntur  hy/ierica  &  hypochondrlacdt  Pathologla.  Londini,  1670 , 
i'n-8,  1676,  /n-4.  Lugduni  Batavorum ,  1671  ,  in-12. 

2)e  a/z/OTa  brutonim-  Londini,  1672,  in  8.  ^mflelodaml  ^  T674,  in-8. 

Pharmaccut'ice  rationalls.  Oxonii^  1674,  in-4 ,  1678,  in-8,  //jg<e  Comitls ,  167;;,  in-l2. 
Tous  ces  Ouvrages  ont  été  recueillis  &  imprimés  à  Genève  en  1676  &  en  16H0  > 
'1-4  ;  à  Lyon,  1681 ,  in-4;  à  Amfterdam,  1682,  deux  volumes  in-4 ,  avec  figures, 
par  les  foins  de  Gérard  Blafius  ;  à  Venife  ,  1720 ,  même  format. 

*VILLIUS ,  C  Jean-Valentin  )  Médecin  qui  s'eft  quelquefois  caché  fous  le  nom 
<ie  Joachim-F'ite  fVi^and ,  étoit  de  Coiraar  dans  la  Haute  Alface.  Il  prit  le  bonnet 
de  Doéteur  à  Strasbourg  en  1671  ,  fe  mit  eniuite  à  voyager,  &  finit  par  exercer  fa 
profeffion  dans  les  troupes  de  la  Couronne  de  DanneiEarc,  On  a  de  lui: 

Tradlatus  Medicus  de  morbls  caftrenfibui  internis.  Hafniie ,    1676,  in-4. 

Be^oar  Septentrionalis  ^  Jîve ,  de  Salis  cornu  cervi  ufu  &  abufu ,  Puèma  Medlcum.  Ibi- 
dem, 1676,  /n-4. 

De  Philiatrorum  Germanoram  itlnirlbus  DiJJ'ertationes  très,  Frlburgi^  1678,  in-12.  Cet 
Auteur  a  fait  inférer  plulicurs  Obfervations  dans  les  Aftes  de  Copenhague. 

WILLOUGHBY  ,  f  François  _)  Chevalier  Baronet ,  fut  reçu  dans  la  Société 
Royale  de  Londres  le  i  Odtobre  166a.  I!  écrivit  un  Ouvrage  en  Latin  fur  l'hil- 
roire  des  Oifeaux ,  &  il  travailloit  à  un  autre  fur  l'hifloire  des  Poifibns  ,  lorfqu'il 
fut  furpris  par  la  mort  le  3  Juillet  1672 ,  à  l'âge  de  37  ans.  Ces  deux  Traités  ont 
été  revus  &  corrigés  par  Jean  Ray ,  qui  les  a  publiés  lous   ces  titres  : 

Ornithologie  Libri  très.  Londini ,  1676  ,  1686  ,  in  folio.  La  plupart  des  planches  ont 
été  recueillies  par  l'Auteur  pendant  fes  voyages  dans  les  principales  partie»  de 
l'Europe.  Il  y  a  une  vcrfion  Angloife   de.  cet  Ouvrage  i  l'édition  cft  de  1678. 

De  Hijloria  Pifcium  Libri  quatuor.  Oxonii,  1686,  1743,  in-folio.  Les  planches  qui 
ornent  ce  volume  ,  font  plus  grandes  que  celles  de  l'hiftoire  des  Oifeaux.  W  llougk- 
by  a  fait  ufage  des  obfervations  de  Baldner  dans  l*un  &  dans  l'autre  de  ces  Traités. 
Baldner  ^  homme  intelligent,  étoit  un  pécheur  de  Strasbourg,  qui  a  fait  ,  dans  le 
cours  de  vingt  ans,  un  Recueil  des  animaux  des  environs  de  cette  ville.  Son  Ou- 
vrage, achevé  en  1666  &  écrit  de  fa  propre  main  ,eft  aujourd'hui  dans  la  Biblio- 
thèque de  M.  Spielman.,  Profelfeur  en  Médecine  à  Strasbourg. 

Il  ne  faut  point  confondre  le  Naturalise  dont  je  viens  de  parler,  avec  Charles 
JVillnughby  ,  Membre  du  Collège  de  Merton  Jt  Oxford,  qui  fe  fit  incorporer  à  la 
Faculté  de  Médecine  de  cette  ville  le  31  Mars  1664,  après  avoir  été  jeçu  Dodleur 
à    Padoue. 

WILSON  »  (  Edmond  J  Doreur  en  Médecine  de  la  Faculté    de  Cambridge  , 

fut  incorporé  à  Oxford  le  12  Juillet  1614,   &  ne  tarda  pas  à  le  faire  recevoir  dans 

le  Collège  Royal  de  Londres   Le  18  Décembre  1616 ,  on   lui  donna  une  prébende 

-à  Windfor;  mais  comme  il  ne  paroiflbit  guère  emprelfé   d'embraffer  l'état  eccléiiaf 


S86.  .       W    I    N- 

tique  de  fon  pays  ,  on  le  priva  de  ce  bénéfice.  Cela  l'enea^ea  â  reprendre  la  pra* 
tique  de  la  Médecine,  qu'il  exerça  à  W  adlor  pendant  pluiieurs  années  avec  aH'ea 
de  luccès  11  vint  mourir  à  Londres  au  commencement  d'Odk/bi^e  1633  »  ^  il  'é- 
gua  fa  lîibliotheque  au  Collège   He   Lincoln  à  Oxfjrd. 

On  trouve  un  autre  Edmutid  Wîlftn  ,  natif  d'Oxford  ,  qui  fut  reçu  Bacbel'er  en 
IVlédecine  à  Cambridge  le  9  Avril  if>;^8 ,  &  Doéteur  à  Padoue  en  Ja'ivier  1642. 
A  ion  retour  en  Angleterre ,  il  fut  aggrégé  à  la  Faculté  de  fa  ville  natale.  On  a  de 
lui  un  Traité  en  Anglois  fur  une  ancienne  fontaine  minérale  de  la  ville  de  Durham  , 
«apitale  de  la  Province  de  ce  nom  ,  &  un  autre  ,  dans  la  même  Langue  ,  fur  l'ef- 
prit  de  fel. 

Mû/iget  parle  d'un  troifieme  H^Ufon  f  George^  Chymifte  Anglois,  quia  écrit  en 
fa  Largue  maternelle  un  Cours  de  Chyraie  contenant  300  opérations.  Cet  Ouvra- 
ge parut  à  Londres  en  1699,  ii-^*  fous  ce  titre:  ^  compleat  Courfc  of  Chymijiry , 
avec  figures. 

WINCKELE  (  Jean  DE  ^  iiaquit  â  Louvain,oii  il  remporta  la  première  pîàce 
à  l'âge  de  leize  ans,  au  concours  de  Philofophie  de  l'an  1506.  Il  continua  d'étu- 
dier dans  fa  patrie  ,  &  il  fit  tant  de  progrès  dans  la  Médecine,  qu'il  reçut  les  hon- 
neurs du  Doé\orat  en  1515.  Il  époufa  enfuite  Mar^uerue  .fiogaerr ,  fille  de  Jacques  , 
qu'il  perdit  le  3  Odobre  1545.  Son  état  de  viduité  le  rendit  habile  à  la  charge  de 
Kedeur  ,  &  il  y  fut  nommé  en  1552  ;  mais  il  firvécot  peu  à  cette  éleftion,  car  il 
mourut  dans  fa  ville  natale  le  27  Mars  1554  ,  à  l'âge  de  64  ans.  Ce  Médecin  fut  beau, 
coup  regreté  par  fes  Collègues,  dont  il  avoit  mérité  l'effime  par  fa  fcience  comme 
par  fes  qualités  perfonnelles  :  fa  mémoire  eft  encore  chère  à  rUnivcriité  de  Lou- 
vain,  qui  l'a  mis  au  nombre  de  fes  bienfaiteurs,  pour  avoir  londé  le  Collège  qui 
porte  fon  nom.  On  voit  l'épitaphe  de  fTinckelc  dans  l'Eglife  de  Saint  Pierre,  oij  il; 
eft  enterré,-  elle  «ft  conçue  en  ces  termes: 

Hic  jacet  Spcdabilis  Flr 

D.  JOANNBS   à   WlNCKELE», 

Civis  Lovanienjis  , 

jirtium  &  Mcdicina   DoSor  injîgnls , 

Fer£  pietatis  &  publicte  utilitatis  cultor  ptrpetuus. 

Oblit  ana.   XVc.    LIV ,   die   XX  VII  Marnl. 

WINCKLER  r  Daniel  J  étoit  de  Niraptfch ,  petite  ville  de  Silëfie  dans  la 
Principauté  de  Brieg.  Il  fit  de  bonnes  études  de  Médecine  &  les  acheva  à  Wit- 
temberg  par  la  prife  de  bonnet  le  15  Janvier  1624.  Les  Habitans  de  Breflau  ,  où 
il  exerça,  lui  accordèrent  leur  eftime  &  leur  confiance  i  &  les  Savans  virent,  avec 
plaifir,  les  Ouvrages  qu'il  publia  foug    ces  titres; 

^nimadverfiones  in  Tracfaium  qui  infcrib'mr  ,  Dtjfertatio  de  vita  fœtus  in  utero.  Jen<s  e 
1630 ,   tn-4. 

De  Opio  TraSiam ,  in  quo  fimul  Liber  de  O^lo  Joannis  Freita^ii  examinatur,  Lipfusi,. 
1635,  in-d. 


D  ne  faut  point  confondre  ce  Médecin  avec  Daniel  fP'inckler ,  fon  fils.  Celui-ci  acom. 
itiuniqué  beaucoup  d'obfervation»  à  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature,  qui 
vetiûit    d'être  établie  en   1652  ,    par  Jean-Laurent  BauÇch. 

Les  Bibliographes  font  mention  de  quelques  autres  Médecins  du  môme  nom. 
Godefroid-Chràlen  JVinckler ,  de  Brieg  en  Siléfie,  Membre  de  l'Académie  Impériale 
d'Allemagne  depuis  1673  ,  fit  la  Médecine  dans  la  ville  natale ,  où  il  mourut  le 
4  Juillet  1684.  On .  n'a  rien  de  lui  que  des  oblervations  qui  fe  trouvent  dans 
les  Mémoires  de  la  même   Académie. 

Nicolas  ff^inckler ,  natif  de  Forcheim  en  Franconie ,  reçut  le  bonnet  de  Dodeur 
en  Médecine  à  Tubingue,  avec  George  fon  frère,  le  31  0<flobre  1564.  11  alla 
exercer  fa  profellion  à  Hall  en  Saxe,  &  comme  il  avoit  pris  beaucoup  de  gOût 
pour  la  Botanique  fous  Léonard  Fuch  ,  il  le  porta  dans  cette  ville,  où  il  écrivit 
un  Ouvrage  qui  fot  imprimé  fous  ce  titre  : 

Chronica  herbarum,  florum ,  feminum  ,  fruSuum^  radicum,  fuccorum ,  anlmaliuniy 
atque  eorundem  partium^  quù  nlmiram  tempore  Jîngula  eorum  colligenda ,  atque  in  ufum 
fint  offerenda  Medicum.  Auguftie  f^indelicurum ,  1571 ,  in-4.  En  Allemand,  à  Auf- 
bourg ,  1577»  in-H.  C'eft  un  Livre  de  peu  d'importance.  Il  n'eft  utile  qu'aux 
Apothicaires,  à  qui  il  peut  fèrvjr  de  directoire  pour  la  cueillette  des  plantes  in- 
digènes &  de    leurs  différentes  parties,. 

WINSEMIUS  ou  VAN  WINSEM  (  Pierre  )  vint  au  monde  à  Leuvarde  vers 
l'an  15B5.  Après  avoir  achevé  le  cours  d'Humanités  dans  fa  patrie  ,  il  le  fit  inl- 
crire  dans  la  matricule  de  l'Académie  de  Franequer  le  13  Avril  if^ot  ,  &  prit  les 
leçons  de  Jean  Arccrius  Theodoretus  fur  la  Langue  Grecque  ,  de  Lollius  ab  .^dama 
fur  la  Logique  ,  &  de  Henri  de  yeno  fur  la  Phylique.  Au  fortir  de  l'Ecole  de  ces 
l'avans  Maîtres,  il  fe  mir  fur  les  bancs  de  la  Faculté  de  Médecine  dans  la  même 
Univerfité  &  ILivit  fort  afliduraent  les  Frofefleurs  Alari  Aulaiu%  &  Raphaël  Clin^hyl, 
dont  il  le  concilia  l'eltime.  Cependant  s'étant  laiflë  emporter  à  quelques  excè^  dé- 
fendus par  les  Loix  Académiques  ,  la  proteition  de  fes  Maître^  ne  put  le  mettre 
à  l'abri  de  la  peine  décernée  par  les  mêmes  Loix;  il  fut  chalfé  de  l' Univerfité  de 
Franequer  en  1607.  f^nemoet  croît  que  fa  faute  a  conlifté  dans  la  violation  d>,  l'Or» 
donnance  du  mois  d'Août  1606  ,  par  laquelle  les  Curateurs  avoient  profcrit  une 
ancienne  &    burlefque  cérémonie  ,  appellée  la  Dépofition  du  Bec  jaune. 

On  appelloit  Bejauncx  ou  Bec-jjuaes  l:s  étudians  d'Humanités  qui  entroient  ea 
Philofophie;  on  les  fa-f  Vit  palFer  par  certains  ufages  aflez  fâcheux  ,  pour  les  déniaifer 
ou  leur  ôter  le  Bec  jaune.  Cette  cérémonie  ,  anciennement  pratiquée  à  Athènes  par 
les  diCciples  des  Phiiofophes  à  l'égard  de  leurs  nouveaux  coratiagrons,  s'étnit  in- 
troduite, pour  le  fonds,  dans  diverles  Aca.^émies  de  France  &  d'Aiiemagie,  & 
en  particulier  dans  celle  de  Cologne,  d'où  elle  avoit  été  communiquée  ù  plu.leurs 
autres,  avec  des  ufages  relatifs  au  goût  du  liecle  &  au  penchant  j  las  ou  moins 
brouillon   des  écoliers    vétérans. 

Suivant  C  évier ,  Hiftoire  de  l'Univerfité  de  Paris,  Tome  IT,  les  R.égens  de 
la  Faculté  t^es  Arts  n'étoient  pas  même  exempts  d'une  partie  de  cène  cérémonie. 
Cet  Auteur  par'e  d'un  ftatut  de  la  Narion  de  France  c^e  l'an  13-6  ,  qui  f^it 
meaùoQ  du  Jiijuuae,  ou  diroit  de  biço-venue,  que  payoient  tous  ctux  qui  comi 


îiiençoienî  à  régenter.  Mais  comme  cet  ufagc  conduifoit  à  de  grands  excès  à 
l'égard  des  écoliers  nouveaux  venus,  le  21  Mars  1342,  l'Univerfiic  de  Paris  ré- 
prima, par  un  décret  féverc ,  les  abus  qui  fe  commcttoient  à  roccaiion  du  droit 
prétendu  de  Béjaune,  que  l'on  faifoit  payer  auK  étudians  récemment  arrivés.  Une 
jeuneirc  pétulante  exigeoit  de  les  camarades  des  Ibmmes  quelquefois  conlidérables , 
&  qui  pouvoient  incommoder  de  pauvres  écoliers:  &  ces  femmes  étoient  employées 
■^  boire,  à  manger  &  à  fe  divertir.  Souvent  on  leur  jou oit  des  tours,  on  les  in- 
jurioit ,  on  les  frappoit.  L'Univerfité  ,  convoquée  par  le  Red^eur  pour  remédier  à 
ces  excès,  abolit  totalement  le  Béjaune,  fi  ce  n'eft  dans  le  cas  où  un  écolier  ar- 
rivant otfriroit  volontairement  de  le  payer  à  fes  compagnons  d'habitation.  Il  falloit 
que  les  violences  pour  l'exailion  du  Bcjaune  euflent  été  portées  bien  loin ,  puifque 
l'UniverRté  ordonna  que  ceux  qui  s'en  ièroient  rendus  coupables,  fuflent  dénoncés 
^  l'Official ,  s'ils  étoient  Clercs  non  jurés ,  c'efl-à-dire ,  smIs  n'avoient  pas  prêté  fer- 
ment à  rUniverlité ;  s'ils  étoient  laïcs,  au  Prévôt  de  Paris,  pour  être  punis  fui- 
vani  leurs  mérites,  â  condition  néanmoins  que  la  peine  n'allAt  pas  jufqu'à  l'eflufiOQ 
du  fang.  Aicfi  parle  Crévler.  M.  Paquot  que  je  fuis  au  fujet  de  If^infemim ^  rap- 
■porte  que  dès  l'an  14^,3,  c'eft-à'dire,  fept  ans  après  la  fondation  de  l'Académie 
de  Louvain,  la  Faculté  des  Arts  avoit  déjà  publié  un  décret  pour  réprimer  les  in- 
folences  des  écoliers  vétérans  à  l'égard  des  nouveaux  venus.  Mais  telle  qu'ait  été 
la  vigilance  de  cette  Faculté  pour  s'oppofer  à  la  continuation  de  pareils  abus , 
ils  n'ont  pas   moins  fubfifté  jufques  bien  avant    dans  ce    iîecle. 

La  dJigrace  arrivée  à  Winfemius  dans  l'Univerfité  de  Franequer  ,  obligea  fon  père 
de  l'envoyer  continuer  les  études  à  Leyde.  Il  y  entendit  Daniel  H<.infius  H  Paul 
Mcrula  fur  les  Belles-Lettres  ,  Pierre  Paaw ,  Evcrard  f^orftius  &  Otton  Heurnius  fur 
la  Médecine.  Son  cours  fini,  il  fe  mit  à  voyager  &  continua  pendant  dix  ans. 
Toujours  occupé  de  l'étude ,  il  changea  d'objet  en  courant  le  monde  ,•  il  aban- 
donna même  entièrement  l'Art  de  guérir,  pour  embrafler  la  Jurifprudence ,  dont 
il  prit  le  boanet  de  Do<fleur  à  Caen  le  2t  Avril  1611.  A  fon  retour  en  Frife  ,  il 
exerça  les  fondions  d'Avocat  à  Leuvarde  ;  mais  dégoûté  du  Barreau ,  il  fe  retira 
à  la  campagne  pour  y  cultiver  les  Lettres  avec  plus  de  tranquillité.  Il  finit  par 
être  Hiftoriographe  des  Etats  de  Frife,  &  enfuite  Profefleur  d'Hiftoire  &  d'Eloquence 
à  Franequer ,  où  il  mourut  le  2  Novembre  1644.  ff^infemius  a  laifTé  beaucoup  d'Ou- 
vrages, mais  ils  n'ont  aucun  rapport  avec  la  Médecine. 

■\VIÎ\SEM1US,  (  MénélasJ  frère  puiné  du  précédent ,  naquit  à  Leuvarde  vers 
I5gî.  Il  fit  les  Humanités  dans  fa  patrie  ,  &  fe  rendit  enfuite  à  Leyde ,  où  il 
étudia  la  Médecine,  mais  il  n'y  prit  point  fes  degrés:  ce  fut  ailleurs  qu'il  alla  de- 
mander le  bonnet.  Après  avoir  exercé  fa  profeffion  à  Embden  pendant  quelque 
îcms ,  il  pafla  à  Franequer  en  1616,  pour  y  remplacer  uiugujlin  jidama  qui  avoit 
été  deftitué  de  fa  Chaire  vers  la  fin  de  l'année  précédente.  Il  fut  inftallé  le  21 
Mars,  &  il  s'acquitta  des  fonftions  de  cette  charge  pendant  25  ans ,  c'eft  à-dire  , 
jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  15  Mai  1639.  Son  corps  fut  inhumé  à  Franequer  dans  l'Eglife 
de  Saint  Martin,  où  fon  frère  lui  fit  élever  un  maufolée  qu'il  chargea  de  cette  inf- 
cription  &  de  ces  vers  ; 


WIN  .5^ 

VlTA  CIRCENSE    CURRICULUM. 

D.    S. 

Et   aterne  Memoria 
CL.  VIRI    MENELAl  WINSEMII 

Med.  ,  Anat. ,  Botan,  per  annos  XXUI  Profcjf.  cdeb. , 
Fratris  unicl  &  dtfiderau 
Majl.  P.  C. 
Ja&et   ^poUineos  fubûlis  Grtecia  Myftai, 

ExtoUat    Coos  ,  Pergameofque  Senes. 
Roma  fuum  Graiis  componat  libéra  Celfum , 

Et  jibi  bis  natum  vendicet  Hippocratem. 
Hic  tibi  Pergameum  donavit ,  Frijîa  ,  Civcm  : 

Hic  dédit  &  Coiis  te  quoque  pojfe  loqui. 
Hic  tibi   Romani   detcxit   dogmata  CdJI , 
Nomen  ut  è  Graiis  duccret  &  Latiô. 
PIERIUS   WINSEMIUS 
Illujl.  Ord.  HiJlorLogr.,  Elaq.  S  Hiftor.  Prof. 

"\^INSLOW,(' Jacques-Bénigne)  petit-neveu  du  célèbre  Sienon ,  éloit  d'Oden- 
fée,  ville  de  Dannemarc  dans  l'Ide  de  Funen  oa  Fionie.  Il  y  naquit  ,  le  g  Avril 
1669,  de  P:ene}f^infiow  ,  Curé  d'Odenfée,  &  de  Marthe  Brun.  Sa  famille  qui  étoit 
originaire  de  Suéde ,  avoit  eu  depuis  long-rems  du  iervice  dans  le  miniftere  ecclé 


bout  de  ce  terme  ,  il  obtint  une  penfion  du  Roi  de  Dannemarc,  à  la  charge  d'al- 
ler s'inftruire  dans  les  principales  Univerfités  de  l'Europe.  Il  panit  de  Copenhague 
le  7  Février  1697,  avec  Bacweld  qui  fut  dans  la  luite  Profefieur  dans  les  Ecoles 
de  cette  Capitale  &  Médecin  de  fon  Souverain.  Ils  le  rendirent  en  Hollande ,  où 
ils  féjournerent  un  an.  En  iG^è  .,  Jf^'inflow  arriva  à  Paris.  11  étudia  fous  Duvemey  ^ 
Maître  habile  qui  trouva  dans  ce  jeune  homme  un  diiciple  digne  de  lui,  &  le  goût 
te  plus  décidé  pour  i'Anat(  m.e.  Sérieuftnient  occupé  de  cet  objet,  il  ne  quittoit 
l'étude,  que  pour  difcuter  quelque  point  de  fa  religion  avec  le  fils  d'un  Préfident 
Danois ,  qui  étoit  alors  à  Paris.  Comme  il  avoir  été  arrêté  que  fVinfloiv  feroit  l'ag- 
greflêur  dans  les  conférences  qu'ils  faifoient  entre  eux  fur  les  poicts  principaux  de 
controverie  ,  il  importoit  à  notre  Médecin  de  fe  munir  d'armes  pour  livrer  & 
foutenir  le  combat.  Un  jour  qu'il  étoit  allé  acheter  la  PhvGque  de  Rohault  chez 
Delprez,  Libraire,  il  trouva  dans  le  même  endroit  l'Expuiition  de  la  doclrioe  de 
l'Eglife  par  l'iiluftre  Bofuet ,  &  il  crut  que  cet  Ouvrage  lui  fourniroit  d'abondans 
moyens  pour  intriguer  fon  adverfaire.  11  le  lut  avec  tant  d'attention,  qu'il  fut  frap- 
pé de  la  folidité  des  principes  de  notre  Religion ,  &  que  l'éloquence  perfuaiive  du 
favant  Evêque  de  Meaux  l'ébranla  dans  fa  croyance.  Mais  colnme  avec  ce  Livre 
il  réduifit  fon  antagonifte  au  lilence,  les  doutes  le  multiplièrent  tellement   dans  ibs 


çg4  ^^    î    ^ 

•«rprit,  qu'il  implora  le  fecours  de  Dieu  &  le  pria  de  l'éclairer  dans  une  Occafion 
il  prefiantc  11  lui  vint  alor:?  l'idée  de  conlulter  l'Evêque  de  Meaux  ;  il  le  rençJit  à 
ia  msiibn  de  campagne  dcGermigni,  lui  propof ,  fes  doutes,  &  i •oracle  de  TEglife 
Gallicane  les  diiFipa  apr^is  plulieurs  conférenceJ.  tVinflow  fit  foa  abjuration  ectre 
les  mains  de  ce  Prélat,  qui  lui  adminiftra  le  Sacrement  de  la  Confirmation  &  lui 
donna  ion  nom. 

Ce  changement  de  religion  attira  à  TVlnflow  la  dîrgrace  de  fes  paréos  qui  lulre- 
fuferent  tout  lecours.  M.  Bojjuet  lui  fcrvit  de  père.  Cependant  il  falloit  prendre  ud 
état;  \u  Théologie  auroit  pu  lui  convenir  ,  mais  il  fe  détermina  à  continuer  fes  étu- 
des de  Médecine.  Il  fe  préfeota  à  la  Faculté  de  Paris  en  1702,  &  en  170'^  il  fou- 
tint  une  Thel'e  qu'il  dédia  à  M.  l'Evoque  de  Meaux  ;  ce  reipeflable  Prélat  fe  fit 
îranfporter  dans  les  Ecoles  ,  quoiqu'il  fùc  accablé  d'infirmités,  /Vinjlow  étoit  encore 
<}anii  le  cours  de  laLi'.cnce  ,  lorlqu'il  perdit  fon  bienfaiteur  le  J2  Avril  1704.  Ce  coHr 
tretems  l'obligea  de  s'adrelfer  à  la  Faculté  pour  être  admis  à  l'examen  de  pratique, 
&  cette  iavbnte  Compagnie  lui  accor^^a  non  feulement  fa  demande  ,  mais  elle  le 
difpenla  de  tous  les  fraix  pour  le  rcfte  de  fes  grades.  Elle  le  reçut  au    Doctorat 

en  1-05. 

Tous  les  getîs  de  bien  s'emprefïereot  à  rendre  ferviceà  M.  7^'inflow.  Duverney , 
qui  connoifloit  fes  talcns,  le  preftnta  en  1707  à  l'Académie  Royale  des  Sciences  , 
qui  le  nomma  ,  le  12  Mai  de  la  même  année  ,  à  la  place  d'élevé  de  ce  grand  Ana- 
tomifte.  Duvtruey  le  chargea  pendant  loog-^'-ms  de  faire  pour  lui  les  leçons  d'A- 
«atomie  &  de  Chirurgie  au  Jardin  du  Roi:  Wmflow  ne  lui  fuccéda  cependant  point  ; 
ce  ne  fut  qu'après  la  mort  de  M.  Hunauld  qu'il  obtint  cette  place  le  5  Jan- 
vier 1743. 

■L'Académie  des  Sciences  de  Paris  avoit  fait  monter  notre  Médecin  de  la  clafie 
d'élevé  à  celle  d'aflbcié  ,  lorfque  la  Société  Royale  de  Berlin  le  reçut  au  nombre 
de  fes  Membres.  Dès  lors  fa  réputation  fe  répandit  dans  toute  l'Europe  ;  's- 
comme  il  ne  la  dut  qu'à  fes  travaux  ,  qu'à  fon  génie  ,  qu'au  vrai  goîjt  de 
l'Anatoraic  dont  il  étoit  fupérieurement  doué  ,  il  n'eft  point  douteux  qu'elle 
fubfiftera  loug-tems  après  lui.  tVinflow  parvint  à  une  extrême  vieillefle,  malgré  la 
délicateffè  de  fon  tempérament.  Rien  ne  put  altérer  fa  fanté  ;  il  fut  feulement  atta- 
qué de  furdité  quelques  années  avant  fa  mort,  qui  l'enleva  au  milieu  de  fes  tra- 
vaux le  3  Avril  1760,  à  l'âge  de  91  ans.  Il  avoit  époufé  ,  en  1711,  Demoifelle  Ca- 
therine. Gilles  ,  dont  il  eut  un  fils  &  une  fille.  Il  fut  enten'é  dans  l'Eglife  de  Saint 
Benoit,  oii  on  lit  cette  épitaphe  fur  fon  tombeau: 

D.    O.    M. 

Hic  jacet 

In  fpem  beatte  immortaîitatis 

Jacobus  -  Benigni^^s  WinsloW^ 

Pdtrlâ    Danus^  commoratiune   Gallus^ 

Onu  &  gencre   nob'ilU  ,   nobiUor  vlrtute  &  doSlfînâ. 

Parentibas  Lutheranis  natus  , 

ifLereJïm  ,  guam   infans   imbiberai ,  vir  ejuravît , 

Et 


WIN  555 

Et  aânïtente  flluftrijjîmd  Epi/copd  MelJenJî 
Jacobo-Beniono  Bossuetio  , 
Cujus  nomen  Benigni  in  Confirmatiome  fafcepit^ 
uid  Ecclejîam  Cathr.lkam  evocatus  , 
StciU  in.  ejus  fide ,  vixit  fub  ejui   l^c  , 
Obiit   in  cjus  fînu  , 
P^ir  ttquè  verax  &  pias  , 
Jn  pauperei  fummè  miferlcors  « 
NuUâque  erroris  aut  vîtii  pravitate  afflatus. 
Regius    Linguarum  Teutunicarum    fntapres^ 
Salubcrrlmce    Facultatis  Parlfîmfîs  Do9or-  Regens  , 
Illum  Medicte  yirtis  ,    &  preflrdm  ^natomica  , 
Do£Iorem  ac  Profejforem  perîtljfimum , 
Hegia   Erudltorum    Societas    Serohni^ 
Hegia  Sciendarum  ^cademia  Lutcùa^ 
Sucium.  commuai  fuff'ragîô  elegcre  ; 
Et  utrâqut  dignijjtmam 
Ejus  fcientiâ  illujiratus  Orbls 
Publicô  judicid  comprobavlt. 
y-ità  exceJJJt  II f  Non.  Apr.  ^nn.  Sal.  MDCCLX^  atadsgj. 
Pio    Conjugi  &    Parenti 
Uxor  &  Liber l  hoc  Monumentum 
Mœrentet  pofuere. 

W^nflnw  s'eft  diftingué  davantage  du  côté  de  PAnatoœie  que  de  la  pratique  de 
Is  Medrcine  11  ne  maaquoit  '■ùrement  pas  de  lumières  lur  les  relTorts  &  le  jeu  de 
la  machine  humaine  ;  il  en  avoit  peut-être  de  plus  grandes  que  la  plupart  de  fes 
contemporains;  mai>  fon  arae  n'étant  pas  imbue  de  certaines  vérités,  dont  on  peut 
tirer  beaucoup  de  conléquences  immédiate.»  ,  il  doutoit  &  craignoit  de  le  tromper 
dans  l'application  des  moyens  de  guérir  C'eft  ainfi  qu'en  a  parlé  feu  M.  Le  Camus  y 
Docteur- liegent  de  la  Faculté  de  Paris  ,  daa-  fa  Méitciit  Pratique  publiée  en 
1769  11  ajoute  que  ce  lavant  Anatomifte  trerr.bloit  ,  lorfqu'il  prefcrivoit  une  faignée  , 
&  qu'il  le  mettoit  en  prière  avant  d'ordonner  deux  onces  de  Manne.  M.  Le  Camus 
bacimoit  volontiet'i. 

iVinfl-ow  a  écrit  plufieurs  IVlémoires  qu'on  trouve  parmi  ceux  publiés  par  l'Aca- 
démie des  Sciences.  On  a  de  lui  une  Lettre  fur  le  Traité  des  maladies  des  os  du 
célèbre  Petit  ;  une  autre  qui  eft  jointe  au  Traité  de  !a  Taille  au  haut  appareil 
publié  à  Paris  en  1728,  in-ïi;  une  Dijfertation  fur  l'incertitude  des  lignes  de  la 
TTiort  ,  que  Bruhier  a  étendue  au  point  d'en  faire  un  Ouvrage  imprimé  à  Paris 
en  1742  ,  ii-Ii;  des  Remarques  lùr  le  Mémoire  de  M.  Ferrein  touchar.t  le  mouve- 
ment de  la  mâchoire  inférieure.  Paris,  1755,  m-12.  Mais  le  Traité  le  plus  impor- 
tant que  nous  ayons  de  la  façon  de  M.  fnnflou>„sii  intitulé: 

T  0  M  E    ir.  '  Eeee 


586.  WIN 

Expajîtîon  ^natom'quc  de  la  firaSure  du.  corps  humain.  Paris,  1^31,  trt-4  ,  &  cinq' 
volumes  ira- 12.  Amftcrdam  ,  1743  ,  quatre  vol.  .n-'2,  1754  ,  1762  ,  quatre  volumes 
/«-y,  avec  cinq  planches  6j  les  explications  à' /ilblnus.  Bâle ,  1752,  quatre  vol.  in -8. 
En  Allemand,  tierlin  ,  1735  ,  in-4  &  1V8.  En  Anglois  ,  LoD<ires  ,  1734,  i/1-4  ,  par 
le  Docteur  George  Douglas.  En  Italien  ,  Naplcs,  1746,  i'n-4.  En  latin  ,  FrancFiirt, 
1753  ,  quatre  vol.  m-B.  Encore  en  FranijO'',  Waris  ,  1765  ,  1767,  quatre  vol.  m-i2.  Cette 
édition,  qui  a  été  publiée  d'après  l'exemplaire  trouvé  dans  le  Cabinet  de  l'Auteur, 
eft  enrichie  d'une  figure  néceirairc.  Ce  Traité  pafle  pour  un  des  meilleurs  lyftê- 
mes  Anatomiqucs.  L'Oftéologie  eit  excelleare ,  Ipécialemcnt  au  fujet  des  os  frais  , 
des  ligameos  &  des  cartilages;  la  IMyologie  efi  admirable.  L'Auteur  décrit  les  ar- 
tères &i  les  veines  avec  la  plus  grande  exactitude  ,&  ce  qu'il  dit  l'ur  les  nerfs  n'eft 
pas  moins  prcus.  On  remarque  en  général  beaucoup  de  clarté  &  d'ordre  dans  cet 
Ouvrage;  on  y  trouve  par-tout  la  Nature,  que  M.  ff^injlow  a  plus  contultêe, 
que  les  Ecrits  des  Anatomiftcs.  D'ailleurs,  les  termes  nouveaux  qu'il  a  introduits, 
fervent  intiniment  à  éclaircir  la  matière  &  à  rendre  les  connoilfanccs  plus  nettes  & 
plus  vives. 

Il  eit  à  propos  de  remarquer  ,  au  fujet  de  la  Diflertatron  de  M.  Tf^injlow  &  du 
Traité  de  Bruhier  fur  l'incertitude  des  fignes  de  la  injrt,  qu'il  y  a  beaucoup  à  ra- 
battre de  la  crainte  d'être  enterré  vivant.  Il  eft  vrai  que  cette  crainte  eft  appuyée 
fur  des  exemples  qu'on  ne  peut  révoquer  en  doute  ,  mais  ces  exemples  font  rares  ;  il 
arrive  bien  plus  fouvent  que  le  malade  qu'on  a  jugé  mort,  meurt  en  effet,  parce 
qu'on  Ta  abandonné  ou  qu'on  ne  l'a  fecouru  que  foiblement.  En  général  ,  on  eft  cou- 
pable de  négligence  à  l'égard  de  ceux  qui  meurent  de  mort  fubite  ;  on  s'éloigne  d'eux  , 
ians  avoir  employé  les  moyens  qui  pourroient  ics  rappeller  à  la  vie  s'ils  ne  font 
qu'afphydtiques  ou  dans  un  état  de  mort  apparente.  On  doit  douter  de  la  réalité 
de  la  mort,  toutes  les  fois  qu'elle  n'a  pas  été  précédée  psr  des  lymptômes  capa» 
blesdela  procurer,  c'eft-à-dire  ,  dans  tous  les  cas  qu'on  appelle  morts  lubites.  Il 
eft  vrai  que  telle  eft  la  façon  de  penfer  de  la  plupart  des  hommes ,  qu'ils  ont  at- 
taché une  efpece  de  ridicule  aux  fecours  qu'on  donne  &  un  cadavre;  mus  les 
aracs  fenfibles  doivent  méprifer  les  propos  auxquels  elles  t'expolénr  par  rinutiHté 
de  leurs  foins  ,  pour  ne  pas  encourir  la  honte  qu'il  y  auroit  d'avoir  abandonné 
un  malade,  en  qui  il  exifte  un  refte  de  vie  fous  les  apparences  de  la  mort.  Du 
moins  les  hommes  devroient-ils  s'accorder  à  ne  pas  éloigner  trop  tôt  de  leur  pré- 
fencc  ceux  de  leurs  lemblables  qui  peuvent  ,ab(b!ument  parlant,  devenir  les  vifti- 
mes  de  cette  précipitation.  On  dira  qu'il  eft  incommode  de  foutenir  le  voifinage 
d'un  cadavre  ;  on  ajoutera  même  que  c'eft  le  vrai  moment  de  l'écarter  d'auprès 
de  nous  ;  mais  la  fcnfation  défagréable  qu'éprouve  la  dt'icateffe  de  nos  fens  ,  n'eft 
rien  en  comparaifon  du  doute  cruel  qui  pourra  nous  refter  ;  car  la  précipitation 
cxpofe  ,  dans  bien  des  cas,  à  livrer  aux  horreurs  du  tombeau  un  homme  qui  vit 
encore  Ces  cas  font  moins  rares  qu'on  ne  le  penfe.  Les  perfonnes  noyées,  celles 
qui  font  fuffoquécs  par  des  effets  méphitiques  ,  por  la  vapeur  du  charbon  ;  les  en- 
fans  qui  paroiU'ent  morts  ou  mourans  en  venant  au  monde  .  6ic. ,  en  fourciffeot 
des  exemples  fréquens  ,  puifqu'il  eft  poftib  ede  rappe'lcr  les  uns  &  les  autres  à  la  vie 
par  des  moyens  analogues  à  ceux  qu'on  emploie  en  faveur  des  noyés.  Vcy^z  là  drflus 
Vj^i'i''  au  peufile  fur  les  afphyxics  ou  mort^  apparentes  ^  fubites  ,  par  M.  Garia-> 
ne ,  Dudieur- Régent  de  la  Faculté  de  Médccuic  de  Paris. 


W    I     N  58J 

VriNSTON  C*  Thomas  ^naquit  en  1575.  Il  a  voit  Mt  de  grands  progrès  i  Cam- 
■'bridge  dans  l'étude  de  la  Philolo^^liie  ,  lorfqu'il  pafTa  en  haî^e  où  il  s'appliqua  à  la 
Médecine,  dont  il  prit  le  bonnet  à  Padoue.  A  ion  retour  en  Angleterre  en  1607, 
il  le  Ht  aggréger  à  la  Faculté  de  Cambridge  ;  &  quoiqu'il  n'eût  pas  tardé  à  fe  rtn- 
<dre  à  Londres ,  qu'il  y  eût  même  pratiqué  avec  afiez  de  réputation ,  il  ne  fut 
reçu  dans  le  Collège  des  Médecins  de  cette  ville  qu'en  1614.  11  s'embarqua  pour 
la  France  en  1642  &  ne  revint  dans  i"a  patrie  qu'en  165a.  Tout  vieux  qu'il  étoit 
alors  ,  il  reprit  cependant  Je  fil  de  la  pratique;  mais  ce  ne  fut  pas  pour  long-ttms, 
car  il  mourut  à  Londres  le  24  Odîo'ore  1655  ,  à  l'âge  de  80  ans.  Il  laifl'a  des  Le- 
çons Anatomiques,  écrites  en  Anglois,  qui  ont  été  imprimées  api  es  fa  mort  fous  le 
titre  d'^nacomy  Lectures  of  Gresham  Collège.  Londres ,  1659 ,  ia-iî.  Ce  Médecin  avoit 
enfeigné  dans  ce  Collège  dès  l'an  1615. 

Ce  fut  du  tems  de  Jf^mjîon  ,  ou  peu  après,  que  les  Anglois  qui  étoient  pî-fi^en 
Italie  en  vue  de  s'y  appliquer  à  PAnatomie  ,  ranimèrent  le  gcût  de  cette  î>rience 
dans  leur  pays.  Cutler  fit  bâtir  un  Théâtre  Anatomi^ue  ;  on  s'emprefTa  à  faire  im- 
primer les  Ouvrages  de  Harvey ,  de  GliJJbn  ,  de  Whanon  ;  &  Winjlon  lui-même  fit 
valoir  les  connoiffances  qu'il  avoit  priles  à  l'école  de  Fabricio  &  û''^ilpini ,  fcs 
Maîtres. 

WINTER.,  (  Frédéric^  né  dans  le  Duché  de  Cleves ,  reçut  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  Médecine  à  Francfort  fur  l'Oder  en  if^o.  Il  revint  enfuite  dans  fa  patrie, 
ck  en  1740,  il  fut  nommé  Profeffeur  de  la  Faculté  de  Médecine  en  l'UniverGté 
d'Herborn.  Quatre  ans  après ,  il  alla  à  Franequer  pour  y  remplir  la  Chaire  de  Mé- 
decine  &  de  Chymie  ,"  mais  il  ne  tarda  pas  à  être  appelle  à  Leyde  ,  où  il  s'ac- 
quitta des  mêmes  fondions.  Winter  mourut  dans  cette  ville  au  commencement  du 
mois  de  Novembre  1760  ,  à  l'âge  de  48  ans.  On  a  de  lui  quelques  Dilièrration» 
Académiques,  &  deux  Dilcours  De  certitudlne  in  AleJicina  ^  imprimés  à  Leuvarde 
en  1740  &  1747,  infulio. 

WINTHER.  Voyez  GUINTHER. 

WINTRINGHAM,  (  Cliftoa  J  Médecin  Anglois  &  Membre  de  la  Société 
Royale  de  Londres,  s'eft  fait  de  la  réputation,  dans  ce  fiecle ,  par  les  Ouvrages 
qu'il   a  donnés  au  public.  On  remarque  les  fuivans  : 

Traclatus  de  pndagra,  in  quo  de  ultimis  vajh  &  liquidis  ff  f'uccô  nutritiô  tra&atur. 
Eboiaci,  1714,4/1-8.  Il  croit  la  guénlon  de  la  goutte  d'autant  plus  difficile,  que  la 
caufe  prochaine  de  cette  maladie  élude  prefque  toujours  l'adion  des  remèdes  les 
mieux  indiqués.  Suivant  lui,  cette  caufe  réfide  dans  la  vifcofité  acrimonieule  du  li- 
quide nerveux,  la  rigidité  des  fibres  &  retrécillèmcnt  du  diamètre  des  vaifTeaux 
qui  avoilinent  les  articulations. 

yf  Treatife  of  endémie  dijeafes.  Yorck ,  1718,  zV8.  C'eft  aux  difl'érentes  tempéra- 
tures de  l'air,  aux  vents  qui  régnent,  à  la  nature  du  fol  ,  à  celle  de  l'eau  &  des 
aiimcns  ,  que  l'Auteur  attribue  les  maladies  particulières  à  certains  pays. 

Commentarium  nofologicum  morbos  epidemicos  c?  ueris  varlationes  in  urbe  Lboracenfi  , 
locifque  viciais  f  ab  anno  1715  ad  aini  1725  ^nem  grajfantes  compk&ens.  Londini ,  i^zj  ^ 


58&  '  W    1    R        W    I    S 

in-8.  Ibidem^  ï?",!»  '"-8.  Le  récit  des  faits  eft  accompagné  d'une  théorie  bien  eni 
tendue  &  propoiee  avec  modeflie. 

^a  expérimental  inquiry  on  fome  parts  uf  the  animal  ftruSure.  tx>ndres,  1740, ïn  8. 
Les  expériences  de  ce  Médecin  rouient  fur  la  deniité>  répaUFeur  &  la  force  des 
tuniqufj  des  gronTes  artères  &  des  grofles  veine«,  &  fur  le»  propriété»  des  parties 
de  l'oeil.  Ses  rétultats  font  curieux ,  pluiieurs  même  influent   fur  la  pratique. 

^i  inquiry  into  the  eyility  of  the  vtffds  uf  a  human  budy.  Londres,  174;^*  in-8.  Il 
y  confidere  toutes  les  fibres  du  corps ,  fans  s'arrêter  particulièrement  à  celles  des 
vailfeaux;  &  il  y  combat  l'opinion  de  K'eili  fur  la  nutrition,  qu'il  rapporte  à  d'au- 
tre caufe  qu'au  fimple  développement  des  parties. 

Wll^DlG  (  Sébaftien  )  naquit  à  Torgaw  en  1613,  Dès  qu'il  eut  fini  fon  cours 
de  Philof  iphie  à  VVittemberg ,  il  pafTa  à  ivonigsberg ,  où  il  fit  celui  de  Médecine 
qu'il  te.m.na,  le  i  de  Septtmbre  1644,  par  la  prile  du  bonnet  de  DoiSteur.  Peu 
de  t;  aii  après  là  promotion.,  ;1  le  mit  à  enfeigner  la  Phyfique  &  la  Médecine  à 
Derpi  en  Livonie;  mnis  le»  troubles  de  la  guerre  l'ayant  obligé  de  quitter  cette 
ville,  il  le  rttira  i  Rolto^k  en  1655  ,&  il  y  remplit  une  Chaire  de  Médecine  juf- 
qu'à  fa  m'>rt  arrivée  en  lôbf.  Il  n'cii  point  de  paradoxes  que  fFisdlg  n'ait  foute- 
nus  :  l'Alirologic  judiciaire ,  la  Métemplycofe,  les  Amuletes ,  tout  etoit  de  fon  goût. 
C'eft  dans  l'Ouvrage  lùivant  qu'il  a  conligoé    le»  délires  de   Ion  imagination: 

A'jva  Medkina  fpirituum.  Han.bar^i  ^  i^7?-,t  1688,  in-Xi.  Les  Univtrfités  de  Rof- 
to  k  Si  di  W.ticmbcrg  le  récrièrent  hauttment  contre  les  fentimens  de  ce  Méde- 
cin. Il  poulik  la  fingularité  de  fon  fy^ênae  fur  les  efprits,  jufqu'à  établir  1»  forma»- 
tion  des  corps  fur    leur  coagulation. 

WIRSUNGUS.  Voyez  VIU.SUNGUS. 

WIRTH  ,  (  George  )  de  Lauban  dans  la  Haute  Lufece,  où  il  vint  au  monde  ew 
1524,  fut  reçu  Doiteur  en  Médecine  à  Bologne  le  9  Avril  1552,  Il  luivit  la  Cour 
de  l'Empereur  Charles  V,en  qualité  de  Médecin  ,  &  fut  également  attaché  à  Phi- 
lippe 11,  ton  fils;  mais  ceiui-ci  ayant  quitié  Bruxelles  pour  fe  rendre  en  Elpagne  , 
iTlrth  palia  à  Vienne  en  Autrichej, 'où  il  fut  Médecin  de  Henri,  Burggrave  de 
JVlilnie  ,  jufqu'en  1563  qu'il  alla  fe  fixer  à  Leipfic.  Il  continua  d'exercer  la  profel^ 
iiciii  dans  cette  ville  ,  6z  il  la  fit  avec  le  même  luccès  q^j'il  avoit  eu  ailleurs.  11  y 
fin,t  fcs  jours  le  9  de  Septembre  1613,  *  i'^ge  de  89  ans,  &  laiffa  un  Traité  des 
remèdes  les  plus  aiTarés    contre  la  peue. 

WISEMAN,:(  Richard  J  Chirurgien  de  Londres  dans  le  XVIT  fiecle ,  fervità 
la  Cour  du  Roi  J^L■qaes  11.  Il  a  écrit  pluGeurs  Traités  en  fa  L,angue  ma'eroelle  .  , 
qu'il  a  fiit  rtvoir  ôi  ccrriger  j.ar  fcn  «mi  Necdhatt.  Ce»  Traités  rouient  lur  les  tu- 
meurs, les  ulcères,  le.*'  maladies  de  l'anus,  les  écrouelles  ,  les  plaies,  les  plaies 
d'ara.es  à  feu,  les  fradlures,  les  luxations  &  la  vérole.  On  en  a  publié  le  recueil 
ibus  le  titre  de  Sévirai  Chirurgical  Treatifes.  Londre? ,  1676,  1686,  1^05  ,  in-folio^ 
&  17  9,  deux  volumes  in-8. 

Li' Auteur  avou  beaucoup  d'expérience,  &  quoiqu'il  air  été  languiflant  &  maladif 
i^codant  vin^t  aas,  il  ne  pccdit  rka  di)  «été  de  l'eiprit,  6:  continua  de  donner  d«£ 


W    ï    T       W    O    L  58C> 

preuves  de  la  folidné  de  fon  jugement.  LoBg  tems  avant  Bel-fle  t  H  rsppella  la  mé« 
thode  de  Céfar  vlagarui  dans  la  pratique  île  la  Chirurgie.  11  eft  autant  fincere  que 
modefte  dans  ies  Ecrits  ;  fes  bons  &  fes  mauvais  luccès  y  font  rendus  avec  la. 
même  fir'éi'té;  &  comme  il  ne  cherche  point  à  faire  illufion  par  une  théorie  briî- 
lante  ,  il  a  encore  pris   loin  de  bannir  tout  raifonnement  fuperflu  de  fes  Ouvragei. 

WITTE  ou  WITTEN  (  Hcnning  )  naquit  le  26  Février  1634  à  Riga  en  Li- 
vonie.  Il  eafeigna  l'Eloq.ience  &  l'Hiftoire  dans  le  Collège  de  cette  v  lie  ,  où  il 
mourut  le  22  Janvier  i6y6.  On  ne  fait  ici  mention  de  lui,  que  parce  qu'il  a  écrit 
fur  l'Hiftoire   des  Médecia»   de  fon  liecle.  Ses  Ouvrages  font  intitulés; 

M-morite  Mcdicorum  nojîri  feculi  claTiJjmort/m  renovata.  Decas  prima.  Francofurtî , 
1676,  'n-B.  Dccas  Jecunda.   Ibidem^    eddcm  annô  &  forma. 

il  ne  faut  point  confondre  ce  Littérateur  avec  Nxolas  ff^itte  de  LUienan  qui  étoit 
auili  de  Riga  Celui-ci  rempliflbit  la  charge  de  premier  Médecin  de  fa  ville  natale, 
loriqu'il  y  mourut  les  Janvier  1688,  à  1  âge  de  ^o  ans.  Il  a  laiflë  quelques  Ecrits 
concernant  fa   proftflion ,    &  des  Poëmes  Latins ,   Grecs  &  Ailtmands. 

WITTIE,  C  Robert  J  Doaeur  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Cambridge,  fit 
fa  profeliion  pendant  dix-huit  ans ,  avec  Jacques  Prlmerofe ,  à  K.infton-Upon-Hul 
dans  le  Uuché  d^Vor-^k  en  Angleterre,  il  pafla  à  Londres  dans  la  vieillefl'e  ,  «Si 
il  y  mourut  en  Novembre  1684.  On  a  de  lui  pluS.urs  Ouvrages  en  Anglois,  parmi 
letquels  on  remarque  la  trjidudion  du  Traire  de  Frimerofe,  qui  eft  intitulé  :  Z?e 
vulgi  eiroribus  in  Mcdidna  ;  un  Traité  fur  l'origine  &  l'ufage  des  Eaux  Minérales , 
&  pricci^alemcnt  de  celles  de  Scarbouroug  ,  qu'il  mit  enfuite  en  Latin  ;  un  Traité 
fur  l'accord  de  la  Médecine  Galéni»jue  &  Chymique,  ik  quelques  Ecrits  d'Afiro- 
nomie  &  de  Poéfie, 

WOLF,  CGaipar  )  de  Zurich,  étudia  la  Médedne  à  Montpellier,  où  il  fut 
reçu  Docteur  en  1558-  11  enfeignoii  la  Phylique  dans  fa  vilJe  natale ,  lorlque 
Conrad  Gejhcr  lui  communiqua  le  iiecueil  qu'il  avoir  Commencé  iur  ies  Auteurs 
qui  ont  traité  des  maladies  des  femme»,  &  qu'il  l'engagea  à  le  continuer.  fVotf  ïq 
chargea  volontiers  de  cette  commiflion  qui  auioit  été  pénible  pour  un  homme  moins 
intelligent  &  moins  laborieux  que  lui;  mais  comme  il  avoit  beaucoup  de  goût  pour 
le  travail,  il  publia  ua  volume  in-4  lut  cette  matière  ,  &  même  plufieurs  autres 
Ouvrages  ,  dont  voici  les    titres  .• 

J^iiUicuin  novum  de  omaium  ferè  particularlum  morborum  curaiione.  Tigurl,  ^S^Sî 
in- 12,  157b,  ia-8. 

F'nlumea  G\n£cioram^  de  mulierum  gravidarum .,  panuriendum  &  aUarum  naturâ 
morbii.  Bafiice^  1566,  1586,  m-4  Arj^enturati ,  1597,  in-folio.,  avec  les  additions 
à'ifrd&l  Spuchius  ,  qui  conliftent  en  uo  Traité  de  Martin  uikikia  qui  n'avoit  point 
encore  vu  le  jour,   6c  celui  de  Louis  Mercado.,  publié  à  M^irid  en   1594. 

^tphubetuni  empiricum ,  jîve  ,  DiofcorlUs  &  Stephani  ^thenicnjis  de  remcdiis  expcnls 
Liber.  Tiguri,   '581,    in-^. 

De  fiirpium.  coUe&ione  Tabula,  tant  générales,  lum  per  duodecin  menfes.  Ibidem  j 
1587 ,  in-8.. 


5 


:^90  ^^^     ^     '^ 

Tdbula  generalls  dlverporum  ponderum.  f^irorum  illuftrium  alphahetica  enumeratio ,  qui 
.de  pundcrum  &  menfururum  doSrinâ  jcripfcrunt.  On  trouve  ces  deux  pièces  dans  le 
Traité   De  ponderibits ,  qui  c!>  de  la  façon    de  Dominique  Majfaria. 

i^bif  diî  ,  dans  la  Préface  de  l'Ouvrage  intitulé;  F'iaticum  novum,  que  parcourant 
les  plus  célèbres  Univerficés  de  France  &  d'Italie,  où  il  s'étoit  rendu,  vers  1553  , 
en  vue  de  fe  perFedionncr  dans  la  Médecine,  il  avoit  trouvé  ,  dans  une  ancienne 
liibliotheque ,  le  Manufcrit  qu'il  donnoit  au  public.  11  ajoute  qu'après  avoir  héfité 
^pendant  quelque  tems  à  le  faire  imprimer  ,  il  s'étoit  enfin  déterminé  à  le  mettre  au 
jour,  pour  ne  point  laifler  perdre  un  Traité  qui  lui  paroiflbjt  mériter  d'être  connu 
de  tout  le  monde.  Ce  Traité  eft  diftribué  en  68  chapitres,  où  il  eft  parlé  de 
prelque  toutes  les  maladies  félon  la  doftrine  des  Arabes;  mais  comme  il  n'eft  dans 
Je  fonds  qu'un  recueil  d'afiez  mauvaifes  recettes,  la  Médecine  n'auroit  rien  perdu, 
ii  If'cif  eût  pris  le  parti  de  le  fupprimer.  Cet  Auteur  s'eft  occupé  plus  utilement, 
en  publiant  quelques  Ouvrages  de  Gepitr ,  qui  ont  paru  enfemble  à  Zurich  en 
1577  ,  i/i-4.  Tels  font  :  Epifiolarum  Medidnalium  Librl  très.  De  Acaiûto  Liber.  Aj[e' 
verailo  &  de  Oxymdiis   Hdkboratl  utriufque  defcrlptlone  &  ufa, 

WOLF,(  Henri  J  d'Œttingen  dans  la  Haute  Bavière ,  fut  reçu  Maître-ès-Arts 
à  l'ubinge  le  2  Janvier  1542,  &  prit  enluite  le  parti  de  la  Médecine,  dont  il 
obtint  le  bonnet  dans  l'Univerlité  de  la  môme  ville.  Décidé  qu'il  étoit  de  fe  fixer 
à  Nuremberg,  il  s'y  fit  aggréger  au  Colkge  des  Médecins  en  I553  ,  &  fe  livra, 
bientôt  après,  aux  travaux  de  la  pratique,  qu'il  continua  julqu'à  la  mort  arrivée 
Je  11  Décembre    1581. 

WOLF  ,  (  Jacques  )  Doéleur  en  Philofophie  &  en  Médecine ,  Adjoint  de  VA- 
cadémie  Impériale  des  Curieux  de  la.Nature  ,    fous  le  nom  de  Socrate  I ,  étoit  de 
Xviaumbourg   en    Mifnie  ,    où  il  naquit  le  30  Décembre  1642  de  Jacques  ,  lavant 
Apothicaire   de  cette  ville.  La  raaifon  paternelle    fut    fa  première  école  ,•  il  y  prit 
tant    de  goût    pour  la    l^édecine  ,  &   fur-tout  pour   la   Botanique ,  qu'après  avoir 
achevé  ion  cours  d'Humanités,  il  paQa  à  Leiplic  en    1665,  pour  y  luivre  les  plus 
célèbres  Profeffeurs  de  Philolophie,  &  fe  préparer  par-là  à  l'étude  de  la  Médecine 
qui  étoit  fon  objet  principal.    Le  26  Mars    1669,  il  reçut    le  bonnet  de  Maître-ès» 
Arts ,  &  ne  fongea  plus  qu'à  mériter  celui  de  Dodleur  en  Médecine ,   qu'il  obtint 
le   24  Novembre    lôbi.  On  voit   par  toutes   ces  dates  que  fTulf  ne  faiioit  pas   le 
cours  de  fes  études  avec  cette  rapidité  ,  qui  ne  permet  guère  d'approfondir  les  ma- 
tières auxquelles  on  s'applique.  La  maturité  de  l'âge   ne  le  rendoit  que  plus  capable 
d'accélérer  la  marche  de  fes  progrès;  mais  les  grandes  dépenfes  qu'il  faut  faire  à 
JLciplic  pour  obtenir  le   titre  de  Dofteur  ,  l'engagèrent  à  retarder  fon  A  de  julqu'à 
ce  qu'il  eût  trouvé  des  compagnons  d'Ecole  ,  pour  en  partager  les  l'raix  avec  lui. 
Une  demeura  cependant  point  oifif   durant  le  tems  qui  fe  palTa  entre  l'examen  & 
Ja    cérémonie  ;  il  fe  mit  à  pratiquer  &  il  le  fit  avec  tant  de  fuccès  ,  que  fa  promo- 
•îion  n'ajouta  prelque  rien  à  la  confidération  que  des  talens  fans  titre  lui  avoient  déjà 
Méritée,  Ce  fut  à  fes  foins  que  la  ville  d'Altenbourg  en  Mifnie  dut  la  confervaiion 
Kle  fes  principaux  citoyens;  les  cures  qu'il  y  avoit  faites  ,  pendant  fon  féjour  ,  étoient 
îii  brillantes ,  qu'il  fe  vit  généralement  regreté  ,  lorfqu'il  paila  à  Jene  en  1682.  Ou 


W    O     L  591 

iuî  avoir  promis  la  place  de  Profeflcur  extraordinaire  dans  les  Ecoles  de  cette  Univer- 
fité  ,  fi  après  l'avoir  obtenue  en  1690,  il  n'en  fut  pas  moins  empreflë  de  voler  au 
fecours  des  habitans  ;  il  trouva  la  mort  dans  les  foins  charitables  qu'il  leur  donna 
pendant  le  rogne  d'une  fiuvre  épidémique.  Il  en  fut  atteint  &  il  y  fuccomba  le  25 
Juillet  1694.  On  a  de  lui  plufieurs  Obfervations  dans  les  Mémoires  de  l'Académie 
Impériale  ,  un  Ouvrage  en  Allemand  qu'il  fit  paroître  fous  le  titre  de  Tréfor  de 
la  Nature  &  fous  le  nom  <ie  Jacques   Luplus  ^  &  les  Traités  fuivans  : 

Exercitationes  de  Litteratorum  poiu  ,  ejufque  ufu&  abufu,  Jen<e  ,  1684  ,  In-^.  I]  ne 
manqua  pas  d'y  parler  de  la  bierre  de  Naumbourg. 

S  rutiniunt  amuletorum  Medicum  ,  in  quo  de  natura  S*  attributîs  illorum  ^  ut  &  pîurimls 
altis  ,  qutt  pajjim  in  ufum  ,  tàm  in  Thcoria  quàm  Praxi ,  vocari  fueverunt.  Lipjîte  &  Je- 
me,  1690,  i/1-4.  Francofurti,  1692,  /n-4 ,  avec  l'Ouvrage- de  Jules  RcicheU  qui  efî: 
intitulé  :  Exercitationes  de   amuletis. 

WOLF  (  JeanJ  vint  au  monde  le  10  Août  T537  à  Berg-Zabern  dans  le  Duché 
de  Deux-Ponts.  Après  de  bonnes  études  de  Médecine  &  une  pratique  couronnée  par 
les  plus  grands  fuccès ,  il  obtint,  le  16  Février  1578 ,  l'emploi  de  Profefleur  dans  l'Uni- 
verfité  de  Marpurg,  &  au  bout  de  quelques  années  de  régence,  celui  de  premier 
Médecin  du  Prince  de  HefTe.  Il  remplillôit  encore  ces  charges  ,  lorfqu'il  mourut 
le  premier  de  Juin  1616. 

ff^ilf  prétendoit  avoir  un  fecret  pour  la  guérifon  des  bémorrhoïHes  externes.  Il  le 
communiqua  au  Landgrave  qui  lui  Kt  la  rente  viagère  d'un  bœuf  gras  par  chaque 
année,  pour  le  récompenfer  de  la  découverte  de  ce  remède.  Ce  fut  par  ailufioa 
à  cette  rente,  que  ce  Médecin  étant  un  jour  interrogé  fur  la  difi'érence  qu'il  y  a 
entre  la  plante  nonunée  £fula  &  celle  qui  s'appelle  Linaria ,  répondit  par  ces  deux 
tuauvai  vers: 

Efula    lacfe/citijîne  la&e  Linaria  crefch , 
Eiula  nil  mihl  dat,  Jed  dat  Linaria   bovem. 

1!  paroît  de  fa,réponfe  que  la  Linaire  entroit  dans  la  compofition  de  fon  fecret 5 
peut  êire  n'étoit-il  autre  chofe  que  l'Onguent  de  Linaria  ,  dont  on  le  f?rt  encore 
avec  fuccès  pour  adoucir  l'irritation  des  hémorrhoïdes.  Nous  avons  peu  d'ouvrages 
de  la  façon  de  ce  Médecin.  Ils  confiftent  dans  celui  intitulé  :  Dialogi  décent  de  na- 
turx  humants  fjbricâ.  C'elt  une  Traduiflion  de  l'Italien  de  Jean-Baptifte  de  Gdlo  ^ 
dont  l'édition  eft  d'Amberg,  i6og,  irt-12.  La  Lettre  De  aqua  vitte  Juniperinâ  a  pa. 
ru  à  Ulm  en  1628,1/1-4,  parmi  les  Oblervations  Médicinales  de  Grégoire  Hoijîius. 
Ce    que  f^olf  a  luiflë  de  mieux  ,  efl  fcn  Traité  intitulé  : 

De  Aciddli  fVddangeaJîbas ^  earumq.ue  mineris  ,  naturà^  viribut  ac  usas  ratione  brevis 
txplicatio.  Murpurgl,  1580,  m-4. 

HermanJVolf^  fon  frcre ,  reçut  les  honneurs  du  Doiflorat  dans  la  Faculté  f'e  Mé^ 
decine  de  Marpurg  le  u  Mar-  158$.  Il  fut  eniuite  ProftlTeur  de  Phyfiqac  dans 
les  Ecoles  de  la  même  Univçrfité  ;  mais  il  pafTa  .  en  '591,  à  la  Chairr  oe  Méde- 
cine qu'il  remplit  jufqu'à  fa  mort  arrivée  en  1620.  Herman  reun'Hoit  les  ra'ens  de 
Perrault;  Architede  &  Médecin,  il  enrra  ,  dès  l'an  159^,  au  ftrvice  du  Landgrave. 
de  Helfe  en  l'une  &  l'autre  de  ces  qualités. 


59^ 


W    O    L 


WOLF  ,  fjean  )  Doreur  de  la  Faculté  de  Médecine  en  l'Unîvcrfité  de  Helœ- 
ftad,  étoit  d'Oldendort  au  Duché  de  Lunebourg  ,  où  il  naquit  eo  1580.  11  fe  fit 
beaucoup  d'honneur  à  BruniVii-k  par  les  fuccès  de  i'a  pratique  ;  mais  il  s'en  fit  da» 
•vantage  à  HelmUad,  où  il  fut  appelle  en  1612  pour  y  remplir  une  Chaire  de  Mé- 
decine. En  1631 ,  il  parvint  à  )a  charge  de  Médecin  de  la  Cour  de  lyunebcr^  ; 
\&;  comme  elle  ne  rairojettifloit  |>as  aune  réfidence  fixe,  il  n'en  continua  pas  moms 
les  devoirs  Académiques  julqu'è  la  roorr  arrivée  à  tiannovre  le  2H  Août  1645.  Oa 
B*  rien  de  lui  qtje  des  Iheies  qui  furent  imprimées  à  He'mftadt  en  i^ao,  m-4  ^ 
fous  le  titre  d'ExercUduiones  Semeiotxte  ad  Claudu  Gakni  Libros    de  locis  ujjicds. 

WOLF,  (  Ives  )  Chirurgien  aflez  expert,  mais  Anatomifte  très-médiocre,  étoit 
-du  Comté  d'OI<l€mbourg  en  Weftphahe,  où  il  vit  Je  jour  le  2  Avril  1615.  Ce 
fut  à  brème  qu'il  s'appliqua  à  la  Chirurgie ,  &  après  y  avoir  fait  tous  les  pro- 
grès qu'il  pouvoir  attendre  des  lumières  de  fon  Maître,  il  fentit  combien  il  avoit 
beloin  d'aller  fe  perfectionner  ailleurs.  A  cet  efiet ,  il  voyagea  en  Dannemarc  , 
en  Pologne,  en  RuUie  ,  en  Hollande,  en  Angleterre,  en  France,  en  Eipagne, 
&  il  s'attacha  par-tout  aux  Chiruigiens  les  plus  célèbres.  Il  en  revint  bon  Prati- 
cien; mai;-  comme  il  manquo!t  de  théorie,  cette  partie  elilntielle  de  l'Art  qui 
éclaire  l'opérateur  dans  les  cas  ditfactles  &  compliqués ,  ii  le  conrtu'fit  uniquement 
par  l'expérience  qu'il  avoit  rapportée  de  te?  voyages.  Prudent  &  adrou  ,  il  ne  laiffa 
pas  de  faire  des  cures  brillantes;  il  parvint  même  à  une  telle  réputation,  qu'il  fat 
honoré  de  la  contiance  de  plulieurs  Princes  d'Allemagne,  &  qu'il  la  conferva  juf- 
qu'à  fa  mort  arrivée  en    1694. 

h&n-Chxiftlan^  Ion  fils,  vint  au  monde  le  28  Décembre  1673.  Il  quitta  la  maifon 
de  fon  père  qui  lui  avoit  appris  les  ^iremiers  élémens  de  la  Chirurgie  ,  pour  pafier 
à  Francfort  fur  l'Oder  ,  où  il  commença  fon  cours  de  Médecine.  Delà  il  fe  rendit 
à  Wittemberg,  &  après  y  avoir  été  reçu  à  la  Licence  en  i6y6,  il  voyagea  en 
Daonemarc  ,  dans  les  Pays-Bas  &  en  Angleterre,  &  reviut  enfuite  .^an^.  la  même 
ville  pour  demander  le  bonnet  de  Dodteur,  qu'il  obtint  en  1700.  Ce  fut  â  Quedlin- 
bourg  dans  le  Cercle  de  la  Haute  Saxe  qu'il  alla  fe  fix^^r.  Il  y  fit  fa  proftflioa 
avec  afiez  dé  célébrité,  &:  il  y  mourut  le  11  Octobre  1723.  On  a  de  lui  deux 
l^ivres  d'Obfervations ,  qu'il  a  mis  en  Latin  d'après  l'ongioal  Allemand  de  fon 
père,    &  qu'il  a  enrichis  de   not^s  lavantes.   Cet  Ouvrage  eit    intitulé  : 

Obfefvatlonum  Ckirurgico.Medicarum  Lihri  duo  ,  cum  SctiuUU  S  varLis  interjperjîs  Hlf~ 
loriis  Midicis.  Quedlimburgi  ,   1704  ,  in-8. 

WOLF  (  Simon  )  naquit  dans  le  Comté  de  la  Lippe  le  f  Août  1620.  Il  étudia 
à  Brème,  à  Riotlen,  à  Padoue,&  enfin  à  Leyde  où  il  prt  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  Médecine  le  16  juillet  1649.  Peu  de  ttrtis  iprès,  la  ville  d'Oldembourg 
ie  nomma  fon  Médecin ,  &  le  Comte  de  Jcvern  ,  airfi  que  le  Prince  d'Oollfrife  , 
l'honorèrent  de  leur  confiance.  A  la  mort  de  celui  ci  ,  ff^nlf  prit  le  parti  d'aller 
fe  fixer  à  Brème;  il  y  arriva  le  premier  jour  de  l'r  n  1671,  &  il  y  jouit  de  l'cftime 
uu  public  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  28  Février  1681.  On  ne  connoît  point  d'Où- 
•v,rage   de  ia  façon  de   ce  Médecin. 

Les  Auteurs  parlciit  cn;ore   ds  Pancrace   ^'//  qui  reçut  les  honneurs  du   Doc, 

torxt 


tcir^i  à  AîtorFea  1(^74.  Î1  fit  la  Médecine  dans  plufieurs  villes  d'AlK^maene,  «n 
particulier  ,  à  Hall  en  Saxe  où  il  remplit  une  Chaire  dan!-  les  Ecoles  de  la  Facul- 
té Ce  Profefîeur  eut  quelques  démêlés  avec  Stahl  au  fujet  de  l'or  fu'minart  ,  & 
d'autres  avec  Michd  Albeni  fur  diHërentes  matières  Comme  il  étoit  parifan  du 
Méchanilme  ,  il  publia  un  Ouvrage  pour  ibutenir  les  opinions  &  lui  donna  le  titre 
fuivant  ; 

Phyfica  Hlppocratica  ,  quâ  exponitur  human<e  nanir<£  muhanlfmus  Geometrico'Chymicus. 
Lipfi<e  ,  171-;,  m-8.  Fort  éloigné  de  recourir  à  l'ame  pour  expliquer  la  plupart  des 
Opérations  du  corps  huma'n  ,  airfi  qu'on  faifoit  dans  l'Ecole  de  Stahl ,  c'eft  de  la 
grandeur,  de  la  figure,  de  la  lituation  &  du  m^uveme;lt  qu'il  -déduit  les  condi- 
tions phyfiques  qui  amènent  après  elles  les  différentes  propriétés  de  nos  organes.  H 
y  joint  l'aétion  des  principes  chymiques,&  trouve  dans  les  fels ,  dans  le  T^uffre  Se 
dan«  le  mercure  ,  des  agens  capables  de  prc>djire  k»  mêmes  eUets  dans  l'économie 
animale,  que  les  Artiftes  oUrrvent  dans  leuT  bboratcire  à  la  fuite  du  m^'an^e  de 
ces  diverfes  lubftan ces.  ^^0// auroit  mieux  railbmé  ,  s  il  n'eût  écrii  qu'en  Phyfirjen; 
mais  il  s'elt  égaré  avec  les  pariilans  de  la  Sedle  Cbymique,  dont  il  a  adopté  les 
délires. 

WOLFART,  (  Pierre  )  p-eœter  Médecin  du  Prince  de  Hefi'e-Caflel ,  étoit 
d'Hanau  ,  où  il  naquit  en  1675  ,  dans  une  famille  a-tachée  depui*  lono;.tcms  à  l'é- 
tx^y'.e  de  la  Médecine,  ^on  aï.:ul  avoir  été  Médecin  de  la  Cour  du  Prince  d'Oran- 
ge, &  fon  père  de  celle  du  Comte  d'Hanau, 

Après  avoir  beureurement  achevé  fon  cours  d'Humanités  &  de  Philofophie  dans 
■fi  ville  natale,  i-yiiifan  phfla  è  Gieflisn  prur  y  commencer  celui  de  Médecine,  &  il 
le  poufla  juiqu'au  Doctorat  ,  dont  il  obtint  les  honneurs  en  i6g6.  11  revint  alors 
dans  la  patrie  ,  mai»  il  en  lortit  en  169B  &  prit  le  chemin  de  la  Hollande  ,  d'où  il 
fe  rendit  en  Angleterre  &  entiiite  en  France.  Comme  ce  Médecin  avoit  l'art  de 
voyager  ,  il  profita  de  toutes  les  occalions  qui  pouvoient  augmenter  la  mi^ffe  de  les 
connoiflances  ;  &  il  y  réullit  ti  bien ,  qu'il  ne  fut  pas  plutôt  de  retour  à  Hanau  , 
que  le»  concitoyens  ne  balancèrent  point  à  lui  accorder  leur  confiance.  Il  y  corref^ 
pondit  par  les  iuctès  dans  la  pratique.  Mais  on  ne  tarda  point  à  s'apvicrcevoir  que 
fes  talens  s'étendoient  au  delà  de  ceux  qui  font  abfolument  necefïaires  à  un  homme 
de  fon  état;  on  lui  trouva  un  fonds  de  fcience  fi  rare,  qu'on  chercha  bientôt  à  le 
me'tre  en  place  de  communiquer  les  lumières  aux  autre?.  Il  fut  nommé,  en  170_'5, 
à  la  Cl  aire  de  Phyfique  &  d'Anatomie  dans  l'Ecole  d'Hanau.  La  manière  dont  il 
s'acquitta  des  devoirs  de  cette  charge  ,  le  répandit  fi  avantageufement  dans  le  pu- 
blic, que  le  Prince  de  Hefle  le  cboifit  pour  fon  Médecin  ,  &  que  l'Académie  Im- 
périale des  Curieux  de  la  Nature  fe  l'afibcia  en  1708,  Ibus  le  nom  de  Polytenus» 
Dans  les  années  fuivantes ,  on  rendit  juftice  à  ion  mérite  par  d'autres  récompenfes 
également  honorables  ;&  comme  tout  lui  rioit  prefque  au  delà  de  fes  defirs ,  il  éroit 
au  comble  de  cette  gloire  qui  fert  d'aliment  à  l'émulation  des  Gens  de  Lettres  , 
Jorfqu'il  mourut  eti  1726. 

C^n  a  de  lui   plufieurs  Diflerratîons  fur  la  Phyfique  &   la  Médecine;  elles  furent 
imprimées  à  Gielfen  ,  à  Hanau  <V  à  Caflèl ,  depuis  i6gç  infqu'en   i-rig.  On  a  encore 
quelquei  Traités   Allemands  &  Latins  de  ia  façon.    Voici  leurs  titres: 
"^     2   O  M  £    jr.  F  f  f  f 


S94  W    O    L       W    O    O 

Clavis  Phihfophite  experlmental's.    Hanovia  ^    ï?04. 

uiwxnkates   Hajft<e  inferioris   fubterraaea.    Cajfdh  ^   I711. 

Phyjîca  ciir^nfa  exper'imentalîs.  Ibidem,  i^ia  ,    t«-4,   avec  figures. 

De    Thermh  Embfenjibus.  Ibidem,  '''?»   in-J^. 

mftoyia  Namralis  Hajjie  inférions.  Pars  prima.  Ibidem^  1719*  in-folio,  en  Latiti 
&  en    Allemand. 

F'om  Srabacher  faver-br'innen.  Herborn  ,    1720  ,  //1-8. 

BeJeken   von  dem  bey  hof  Geifnar  Vtgenden  gefaund  brunnen.    Caffcl,  1725,  in-8. 

ChriJiophe-Joack!m,  fils  de  Pierre  fFolfan^  a  iuccédé  à  la  réputation  de  l'on  père, 
par  les  taleos  dans  la  Médecine. 

WOLKAMER.  Voyez   VOLCKAMËR.. 

WOODWARD  C  Jean  J  naquit  le  i  de  Mai  1665  dans  une  famille  noble  du 
Comté  .de  Derbi  en  Angleterre.  Malgré  les  avantages  qu'il  pouvoir  tirer  de  fa 
naiflance  ,  foit  du  côté  des  Sciences ,  foit  du  côté  de  l'état  militaire ,  on  le  mit 
à  l'â^e  de  ieize  ans  chez  un  Tifferand  de  Londres  ,  qui  fut  chargé  de  lui  apprendre 
fon  métier.  Mais  Pierre  Barwick ,  Médecin  de  cette  ville ,  l'arracha  bientôt  de 
fon  atteiier ,  le  fit  étudier ,  &  le  retint  chez  lui  pendant  huit  ans.  Atîimé  par  le& 
bienfaits  de  Ion  proteéleur,  JVoodward  faifit  le  goûl  que  Barwick  lui  iirfpira  pojr 
l'étude ,  &  fit  de  grands  progrès  dans  les  Lettres  Latines  &  Grecques.  11  fit 
même  enluite  fes  cours  de  Philolophie  &  de  Médecine  avec  tant  de  fuccès , 
qu'avant  la  prife  de  bonnet  en  cette  dernière  Science,  il  fut  jugé  capable  de  l'en- 
feigner  publiquement  dans  le  Collège  de  Gresham.  Ce  fut  en  i6g2  qu'il  y  rem- 
plaça le  Dodleur  SdlUngfleet.  En  i^^xjt,  ,  il  entra  dans  !a  Société  Royale  de  Lon- 
dres, &  après  avoir  reçu  les  honneurs  du  Doiiorat  à  Cambridge  ea  1696,  il  de- 
vint Membre  du  Collège  de  Pembrock  de  la  même  ville  ;  mais  il  fe  fit  incorporer , 
«0   1702,  à  celai  de»  Médecins  de  la   Capitale. 

JVoodward  eut  toute  la  vie  un  goût  décidé  pour  l'Hiftoire  Naturelle,  &  ce  fut 
priacipaiement  par  fes  conuoiiTances  en  ce  genre  qu'ii  mérita  la  confidération  dont 
il  a  joui.  Suivant  les  Jourualiiies  de  Trévoux,  il  mourut  dans  le  fcin  de  la  Reli- 
gion Romaine  le  25  Avril  1728  ;  &  félon  les  papiers  Anglois ,  i!  fonda  i  Cam- 
bridge une  Chaire  de  Pbyfîque  ,  avec  charge  au  Proftrteur  d'expliquer  ion  Hiftoire 
Naturelle  de  la  Terre  &  de  diflerter  fur  l'état  &  les  progrès  de  la  Médecine.  On 
ajoute  qu'il  légua  à  rCJoiverlité  de  cette  ville  deux  riches  Cabinets  qui  contenoieut 
tous   les  foffiles   d'Angleterre. 

L'Hirtoirc  Naturelle  de  la  Terre  parut  en  Angloi*  en  1695,  tn-8;  mais  cet  Ou- 
vrage a  été  jugé  fi  important ,  qu'on  en  a  publié  des  éditions  en  d'autres  Langues. 
Telles  font    les  fuivantes: 

Spécimen  de  Terra  v$  corporibus  urreftribus ,  fpeciatim  de  mlneralibus.  Tigurî ,  1704 , 
in-^.    La  Traduftioa   eft  de  la  main    de  Jeaa.Jacques    Scheuch\er. 

Naturalis  Hijîoria  Telluris  illujtrata  &  auaa ,  unà  cum  ejufdem  Jcfenjïone.  u^ccedit 
methodica  &  ad  ipfam  Nature  normam  inflituta  foffûium  in  claffes  d'ftributîo,  Londinl 
&   Roterodami,  1714,  inS. 

Géographie  PhyjJque,ou  EJfai  fur  V Hiftoire  Naiurelk  deja  Terre,  Pms,  1735,  in-f», 
pat  Noguii. 


W    O    O  595 

E:r,jamin  mUon-^v  a  donné  une  édition  Aogloife  de  cet  Ouvrage,  avec  que', 
ques  aouveaux  Traités.  Londres,  1726,  i/i-8.  Il  y  a  auffi  une  édition  Allemande. 
JErfurt  ,   1745»    in-S. 

C'eft  en  la  Langue  maternelle  que  rVoodward  a  publié  l'Etat  de  la  Médecine 
&  des  maladies,  avec  des  recherches  fur  les  caufes  de  raccroiffement  de  celles. ci, 
en  particulier  de  la  petite  vérole  ,  &  des  remarques  fur  la  nouvelle  méthode  de 
purger  dans  le  traitement  de  la  dernière.  11  fit  imprimer  cet  Ouvrage  à  Londres 
en  1718  ,  /n-y.  C'eft  une  vraie  fatyre  contre  la  Pratique  &  les  Médecins  de  Ibn 
tems,  lur-tout  contre  le  Dodtcur  Freind^  qui  donna  une  réponle  à  cet  Ecrit,  fou» 
Je  nom  du  Doreur  Byfield.  Méad  fut  auffi  compliqué  dan»  cette  difpute  littéraire, 
qui  fut  poulFéc  avec  affez  de  vivacité  &  d'aigreur  de  part  &  d'autre.  On  a  une 
Tradudion  Latine  de  l'Etat  de  la  Médecine,  fous  ce  titre: 

Medlcin<£  &  morborum  ftatus.  ^ccedit  JEi'wlogia  lacremtati    eorum  In  hifie  tmporibus  , 
fpeciatim   de   f^ariolis.  Tlguri  ^  if  20  ,    ln-8. 

Mais  les  Ouvrages  de  ce  Médecin  ne  fe  bornent  point  à  ceux  qu'on  vient  de 
citer.  11  y  a  encore  deux  Traités  en  Anglois  de  fa  façon,  qui  parurent  après 
fa  mort.  Celui  fur  les  fofliles  &  la  méthode  de  les  ranger  fut  publié  à  Londres 
eiT  1728,  i/i-8  ;  le  Catalogue  des  folfiles  d'Angleterre  fut  imprimé  dans  la  même 
ville  en  1729,  deux  volumes  in-'à.  Apparemment  qu'on  a  fouftrait  l'un  &  Tautrc 
de  la  cadette  où  Woodward  avoir  renfermé  fes  Manufcrits  ,•  car  il  avcit  ordonné 
aux  exécuteurs   de   fon  teftament  de  les  brûler  d'abord  après    fon  enterrement. 

WOOLHOUSE  ,  C  Jean -Thomas  )  Oculifte  de  Guillaume  Hl ,  Roi  de  la 
Grande  Bretagne,  étoit  de  Londres,  où  il  naquit  dam  une  famille  noble.  Paris 
fut  le  théâtre  qu'il  choifit  pour  y  déployer  fes  lalens.  11  dit  lui-même  qu'il  y  avott 
vingtfept  ans  qu'il  travailloit  dans  cette  ville,  lorfqu'il  y  publia,  en  1711,  un  Ecrit 
contenant  fes  Expériences  de  différentes  opérations  manuelles  &  des  guérifons  qu'il  a 
pratiquées  aux  yeux.  Cet  Ouvrage  fut  mi»  en  Latin  fous  le  titre  de  Quadraginta 
drciter  operationes  Chirurgien,  quas  ocuUs  laborantibus  adminijîrat^  docetque  in  CoUeglo 
vulgà  dtctô  de  /'Ave  Maria ,  juxtà  Ecclejîam  Parochiakm  Sancîi  Stephanl  de  Monte , 
in  Univerfitace   Parifîenfi.  Franco/uni^    17*9^  î"-^- 

H^'oolhoufe  eut  de  vives  difputes  fur  la  cataraéte  avec  Laurent  Heifttr  ,  &  il  publia 
à  ce  lujet  quelques  Differtatiom  far  la  cataracle  &  le  glaucome  de  quelques  Modernes 
&  principalement  de  MM.  Brijfeau ,  jtntoine  &  Heifter.  Ce  Recueil  ,  qui  parut  à  Of- 
fenbach  en  1717  ,  jn-S ,  fut  mis  en  Latin  par  Chnftophe  Le  Cerf.  L'édition  eft  de 
Francfort,  1719,  même  format,  fous  ce  titre:  Dijjertitiones  de  cataracfa  &  %lauco- 
mate  contra  fyjiema  Brijjei,  ^ntonll,  Heifter  &  allorum.  H  n'eft  poirt  de  moyens  que 
l'Auteur  n''erapioie  pour  érayer  fon  opinion  lur  la  cataraéïe  membraneufe  ,  mais  u 
ne  s'eft  point  fait  beaucoup  de  partifans.  Ses  autres  Ouvrages  (ont  : 

Catalogue  d''inftrumens  pour  les  opératiom  des  yeux.  Paris ,  i6ij6  ,  tn-S. 

Obfervations  critiques  fur  un  Livre  imprimé  en  yJngleterre.  Londres  ,  17131  '''"^-  ^* 
quelques  Mémoires  dans  le  Journal  de  Trévoux  ,  dans  celui  des  Savans ,  &  dans 
le  Mercure  de  France.  Ce  font  tout  autant  d'Ecrits  polémiques  contre  Sr'Jfeau  , 
Heifter  ,  Coward .,  fFinflow  ,  Saint  '/ves  &  Morand  ;  car  Woolhoufe  n'avoit  point  l'avan- 
tage de  penfer,  fur  bien  des  points ,  de  la  même  façon  que  ces  habiles  Maîtres, 


S96  W    O    R 

Treaiife  of  tht  CataraU  and  Glaucoma.  Londres ,  1745 ,  in-B.  C'eft  l'Ouvrage  d'utp 
de  les  élevés. 

WOR M IUS,('01aus> célèbre  Médecin  Danois, étoit  d'Arhufen  dans  le  Nord- 
Judand ,  où  il  naquit  le  13  Mai  158B.  Après  de  booaes  études  des  Langues  La- 
tine &  Grecque  ,  il  s'appliqua  à  la  Philolophie  &  à  l'Hiftoire  df.ns  les  L^niverlités 
de  GiefTen  &  de  Marpurg.,-  mais  s'étant  décidé  pour  ia  rviédecine  en  1607  ,  il  alla 
en  commencer  le  cours  à  Strasbourg,  d'où  il  pafla  à  Bâle ,  &  fur  la  fin  de  l'an- 
née 1608  à  Padoue.  En  1609,1!  fe  rendit  à  Montpellier  ,*  il  y  prit  même  fes  degrés 
félon  ^ftruc  qui  l'aflure  lans  fondement ,  car  Mercklem  &  Matthias  les  lui  font  pren- 
dre à  Bâle ,  d'après  ce  qui  eft  dit  dans  l'Oraifon  funèbre  que  Thomas  Bartholiit. 
prononça  â  Copenhague  à  la  mort  de  notre   Médecin. 

En  16 10,  fVurmius  étoit  à  Paris,  &  ce  fut-ià  qu'il  prit  la  réfoîution  de  parcourir 
la  Hollande  &  l'Angleterre  avant  que  de  retourner  dans  fon  pays.  Comme  il  fa- 
voit  voyager,  il  le  conduifit  par-tout,  non  feulement  en  homme  cu'ieux  qui  paffe 
d  une  ville  à  une  autre  pour  y  voir  les  chofes  les  plus  remarquables  ,  mais  en 
amateur  des  Sciences»  dont  l'objet  principal  eft  de  recueillir  les  fecrets  de  la  Na- 
ture &  de  s'enrichir  des  découvertes  des  Savans.  En  161 1  ,  il  arriva  à  Marpurg 
dans  le  deflein  d'y  faire  un  cours  de  Chymie.  La  pefte  lui  fit  abandonner  les 
Ecoles  de  cette  Univerfité  ;  il  le  rendit  à  Calfel  où  il  travailla  dans  le  laboratoire 
du  Prince.  Vers  la  fin  de  la  même  année  ,  il  retourna  à  Bâle  pour  y  recevoir  les 
honneurs  du  Doétorat  ;  peu  de  tems  après ,  il  fit  un  fécond  voyage  en  Angleter- 
re,  &  ne  revint  dans  fa  patrie  qu'au  mois  de  Juillet  1613. 

En  arrivant  à  Copenhague  ,  on  lui  prélénta  la  Chaire  de  la  Langue  Grecque  & 
enfuite  celle  de  Phylique^  mais  c'étoit  peu  pour  un  homme  qui  paflbit  déjà  pour 
'  un  Savant  du  premier  ordre.  Comme  il  ne  put  être  placé  aulfi  avantageufement 
qu'il  le  méritoit,  on  attendit  une  occafion  plus  favorable;  elle  le  préi'enta  en  1629» 
La  mort  de  Gafpar  Barthoiin  le  fit  monter  alors  A  une  Chaire  de  Médecine ,  dans  ' 
laquelle  il  ne  le  diftingua  pas  moins  que  fon  prédécefleur.  Peu  de  tems  après  , 
Wormius  devint  Chanoine  de  Lunden  &  Médecin  du  Roi  Chriftiern  IV.  Mais  ce 
ne  fut  point  uniquement  à  fa  patrie  qu'il  dut  les  récompenfes  dont  on  le  gratifia  ; 
ic  Cardinal  Mazarin  lui  fit  paffér  de  magnifiques  préiens  au  nom  du  Roi  ,  fon  Maî- 
tre, qui  pendant  un  long  règne  n'encouragea  pas  moins  les  takns  de  fei  fujets  par 
les  faveurs,  qu'il  n'excita  l'émulation  des  étrangers  par  fes    libéralités. 

Notre  Médecin  mourut  le  31  Août  1654.,  occupant  alors  !a  charge  de  Ref^eur 
de  rUniverfité  de  Copenhague.  Il  laifia  un  grand  nombre  d'enfans  qui  fe  diftin- 
guerent  en  Dannemar».k  &  parvinrent  aux  premières  places.  L'Hiftoire  de  fon  pays 
&  la  Médecine  font  les  fujets  des  Ouvrages  qu'il  a  compofés.  Voici  les  titres  des^ 
plu»    intérefians  : 

SeUSa  Controvirfiarum  Medîcarum  Centurla.  Bafilea^  1611  ,  iV4> 

Quajlionum  mlCcdlanearum  Decas,    Hjfni^e^   162a,  in- 4. 

Liber  de  muado  ,  Comment arius  in  ^rijîotelem.  Rojlochii ,  1625  ,  in-8i 

Fajli  Dunici.  Ibidem  ,  1626,  1651  ,  in-folio. 

Danica  Literatura  antiquljfima ,  vu/gô  Gotkica  d'i&a,  ^cudil  Pîjfertatîo  de  prlfca 
Banorum  Pvc/i,  Ha/nins,  1636,  /(1-4,  1651 ,  in-folio. 


w   o  n 


5^' 


JaftUutionum  Medicarum  epUome.  Ibidem  ,  1640  >  /n-4. 

Monumentorum  Danicorum  Libri  fex.   Rojlocbu  ,  1643  ,  in-Jblio: 

Duplex  ferles  antiqua  Rcgum  Dania,  &  Um'uum  inter  Daniam  6?  Sutciam.  defcriptlo, 
Hafnite ,  1643,  in-foUo. 

Lexicon  Runicum  &  appendix  ad  monumenta  Danica.   Roftochil ,  1650  ,  in  folio. 

Hiftoria  anlmalis  quod  in  Norvcgia  quandoque  è  nublbus  decidit  &  jata  &  gramina 
depafcitur.  Hafnia ,  1653,  01-4.  Linmeus  a  éclairci  cette  hjftoire  dans  les  Ades  de 
Stockholm  &   les  Tranladions  Philofophiques. 

Dijfenatlo  de  renum  officia  in  re  Medicâ  &  Fenereâ.  Ibidem  ,  i6fO  ,  //1-8  ,  avec  la 
Diflèrtation  de  I^homas  Barthol'ui  qui  eft  intitulée  :  De  ufu  flagrorum  in  re  Medicà  & 
Venereâ. 

Epljlola.  Hafni£y  1751,  deux  volumes   t'n  8. 

JFormiui  laiffa  un  Manufcrit  fort  curieux,  qui  contient  l'Hiftoire  des  chofes  natu- 
relles &  artificielles,  dont  il  avoit  rempli  fon  Cabinet ,  un  des  plus  riches  du  Nord. 
Guillaume^  fon  iils,  le  fit  imprimera  Leyde  chez  EIzévir,  1655,  in-folio,  fous  ce 
titre  : 

Mufaum  îformîanum ,  feu  ^  Blfloria  rerum  rarlorum  tàm  naturdium  quàm  artificialium  , 
tàm  domejlicarum  quàm  exoticarum  ,  qua  Hafnite  Danorum  in  esdibus  ^uthuris  fervantur  ,  va- 
riis  &  accuratis  iconibus  illujirata.  C  et  Ouvrage  ne  préfente  point  un  fimple  catalogue  des 
raretés  que  fiK,rmius  avoit  recueillies  ;  il  contient  une  defcription  exaite  des  pierres  , 
des  terres,  des  plantes  exotiques,  des  animaux  du  Kord ,  avec  les  figures  du  cé- 
lèbre graveur  De  Laet,  qui  ne  font  point  un  des  moindres  ornemens  de  ce  Livre. 
George  Seger  avoit  déjà  donné  un  abrégé  de  cette  précieule  coUeftion.  L'édition 
eft  de  Copenhague,  1653  ,  «2-4. 

WORMIUS,  (  Guillaume  )  fils  aine  du  précédent,  naquit  à  Copenhague  le  n 
Septembre  1633.  Après  le  cours  ordinaire  des  premières  études,  il  s'appliqua  à  la 
rMédecine  fous  la  direétion  de  fon  père  &  de  Thomas  BarthoUn,  En  1^52,  il  fit  le 
voyage  d'Angleterre  à  la  fuite  des  Ambafi'adeurs  de  Dannemarck.  Delà  il  paffa  dans 
les  Pay?-Bas  qu'il  parcourut  ,  ainfique  l'Allemagne  ,  la  France  &  l'Italie  ,  &  l'e  lia  par- 
tout avec  les  Savaos  qu'il  eut  occafion  de  confulter  11  s'attacha  plus  particulière- 
ment à  ceux  de  l'Univerfité  de  Padoue  ,  &  ce  fut  dans  les  Ecoks  de  la  Faculté 
de  Médecme  de  cette  vilie  qu'il  prit  le  bonnet  de  Docteur  en  1657.  Pour  s'initier 
même  dans  la  pratique  de  fon  Art,  il  fuivit  ,  pendant  deux  ans  ,  le  célèbre  Pierre  de 
Cdjtro;  &  lorfque  celui-ci  fut  appelle  à  \1antoue ,  en  qualité  de  premier  Médecin, 
il  l'y  luivit  ,  &  profita  encore  de  fes  lumières  durant  fix  mois,  i^  u  bout  de  cp  ter- 
me ,  il  retourna  en  France  ,  ôe  dans  le  tem?  qu'il  méditoit  de  palTer  en  Elpaj;ne  , 
le  Roi  de  Uannemarck  lui  fi'  connoîne  le  dcfir  qu'il  avoit  de  le  revoir  dans  fes 
Etats.  ff''<rmius  y  fut  accuei!;!  ;  &•  comme  il  y  exerça  la  Médecine  avec  braucoup 
de  réputation,  les  talens  lui  m^M'crent  bienrôt  pli  fteurs  charges  autan"^  bonr<rables 
^ue  lucratives.  11  devint  Profelftur  de  Phylique  expérimentale,  Hil*oro?raphe 
&  Bibliuihecaire  Royal,  Préûdent  du  Tribunal  fuprêmc  de  Juftice  ,  &  Conleiller 
d'Etat  &  de  Conf'rences. 

On  vient  de  voir  qje  c'eft  à  ce  Médecin  qu'on  doit  rédit'on  du  Cabinet  de  CQ» 
riofité?  de  fon  père;  mais  on  lui  doit  encore  deux  Lettres  De  vajîs  lymphaticis  & re^ 


.i;no  W     O    T 

ceptaculô  ia  Iiomînc ,  qu^W  &  écrites  de  Leyde  à  Thomas  Bartholin  en  \6i;^  &  i5î;4, 
&  qu'on  trouve  dans  la  ieconde  centurie  des  Lettres  Médicinales  de  cet  Au- 
teur. 

Wormiui  mourut  en  1704,  à  l'âge  de  71  ans.  Deux  de  fes  fils  fe  font  beaucoup 
diftingués  en  Dannecr.arc.  Oluus  ,  qui  étoit  l'ainé  ,  fut  Profefièur  d'Eloquence  , 
d'Hiftoire  &  de  Médecine  dans  l'Univerfité  de  la  Capitale.  Il  mourut  le  a8  Avril 
1708  ,  dan,-,  la  quarante-unième  année  de  fon  âge  ,  &  laifla  deux  Diflertations  ,  l'une 
De  CloJJoparis ,  l'autre  I>e  vuihus  medicamentorum  fpecificis  ^  &  quelques  autres  .Ou- 
vrages de  Phjfiquc  &i  de  Littérature.  Chrijliern^  le  cadet,  fut  Dodleur  &  Profef- 
ièur en  Théologie ,  &  parvint  à  i'Evêché  de  Sélande  ,  d'où  il  pafla  à  celui  de 
Copenhague. 

WOTTON  ,  (  Edouard  ^  Médecin  natif  d'Oxford,  pafla  vers  Tan  1520  en  Ita- 
lie ,  où  il  reçut  les  honneurs  du  Doélorat  dans  les  Ecoles  de  Padoue.  Peu  de 
tems  après  fon  retour  dans  fa  viiie  natale ,  on  le  nomma  à  la  Chaire  de  la  Lan- 
gue Grecque,  &  en  ^525,  on  l'aggrégea  à  la  Faculté  de  Mtdecine.  Son  rricrite 
l'éleva  enluite  à  l'emploi  de  Médecin  ordinaire  du  Roi  Henri  VIll,  &  bientôt  après 
fa  nominat'on  à  ceife  charge  ,  le  Collège  de  Londres  'e  mit  au  nombre  de  fes 
Membres.  Wotvia  mourut  dans  la  Capitale  le  5  0(itùbre  1555  ,  à  l'âge  de  63  ans  , 
&  fut  enterré  à  Saint  Aubin, 

Son  Ouvrage  intitulé .-  De  différentus  anîmalium  Libri  decem  ,  fut  imprimé  à  Paris 
en  1552  ,  in-folio.  Comme  il  eft  rempli  d'audition  ,  il  lui  acquit  l'eftime  des  Savans 
delonfiecle.  Pojfevln  dit  que  cet  Auteur  a  fi  bien  réufli  à  recueillir  tout  ce  que  les 
Anciens  ont  écrit  fur  cette  matière  ,  &  qu'il  les  a  concilié*  les  uns  avec  les  autres 
avec  tant  de  jufteflè  ,  qu'il  femble  que  tout  ce  qui  ett  rnpportc  dans  fon  Livre  foit 
l'ouvrage  d'un  ieul  homme,  Wottnn  ne  s'eft  point  borné  à  traiter  fervilement  fon  fu- 
jet  i  il  a  fait  diverfes  correclions  judicieules  &  d'excellentes  remarques  fur  ce  qui 
avoir  été  publié  avant  lui. 

Henri  Wutton ,  fon  hls  ,  Procureur  de  l'Univerfité  d'Oxford  en  1556,  enfuite  Lec- 
teur de  la  Langue  Grecque  ,  fut  reçu  Bachelier  en  Médeciae  aans  les  Ecoles  de 
la  même  ville  en  1562 ,  &  Doéteur  le  ta  Juillet  1567  11  le  Ht  prelv^ue  autant  de 
réputation   dans  la  pratique  ,  que  fon  père  s'en  étoit  faite  par  les   Ecrits. 

11  ne  faut  pas  confondre  ce  dernier  avec  un  autre  Hearl  l-Fouon  qui  étoit  de 
Bockton-Hall  dans  le  Comté  de  Kent,  où  il  naquit  en  1568.  Celui-ci  montra  de 
bonne  heure  un  goût  décidé  pour  rAnutùmie  ,  &  il  alla  s'y  perfcdionner  en 
France,  en  Italie  &  en  Allemagne.  Revenu  en  Angleterre  après  neuf  ans  d'ab- 
fence  ,  il  auroii  pu  s'y  diftinguer  par  les  connoiliances  qu'il  avoit  recueillies  dan.>-fes 
voyages  ;  mais  il  ne  paroît  pas  qu'il  fe  (bit  fait  une  affaire  de  fe  pouflér  dans  la  Mé- 
decine. Il  devint  Secrétaire  de  Robert,  Comte  d'Efléx  ,  qui  fut  déclaré  coupable 
de  haute  trahiion.  La  crainte  d'être  impliqué  dans  cette  procédure  ,  l'obligea  à  quit- 
ter la  patrie;  il  fe  réfugia  à  Florence,  où  il  lé  fit  tellement  eftimer  du  Grand  Duc 
que  ce  Prince  ]*envoya  fecretement  en  EcoUb  vers  Jacques  VI ,  avec  des  lettres 
qui  contenoient  le  détail  de  la  confpiration  que  les  ennemis  de  ce  Roi  tramoient 
contre  fa   vie.  Jacques  fentit   toute  l'importance  de  ce  fervice ,  &  s'en  reifouvint 


W    U    R  599 

îorfqu'il  fut  parvenu  à  la  Couronne  d'Ao^'eterre  en  1605.  ï]  créa  Tf^nton  Chevalier, 
&  mit  en  lui  tant  de  confiance  ,  qu'il  le  chargea  d'affaires  importantes  en  différentes 
Cours.  Ce  Prince  le  nomma  encore  Frévôt  d'Katon  en  1623.  C'eft  un  bourg  fur  la 
Tamife  dans  la  Province  de  Buckmgham  ,  qui  elt  fameux  par  fon  Collège  où  l'on 
élevé  gratis  70  écoliers  qu'on  envoie  delà  à  Cambridge.  IVottoii  mourut  dans  ce  bourg 
en  163g  ,  &  laiffa  plufieurs  Ouvrages  qu'on  n'eliime  guère  ,  fi  l'on  excepte  celui 
qui  traite  de  l'état  de  la  Chrétienté. 

AV  Ul^FFB AIN  ,  (.  Jean-Paul  J)  Dire^eur  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature , 
fous  le  nom  d'Hermès  11,  éroit  de  Nuremberg  ,  où  il  vint  au  monde  le  13  Décem- 
bre 1655.  Ce  fut  à  Altorf  qu'il  étudia  la  IVjédecine ,  &  après  y  avoir  été  admis  à 
la  Licence  en  i6f  b  ,  il  voyagea  en  Hollande ,  dans  les  Pays-Bas  &  en  Angleterre. 
Les  Cabinets  des  rarttés  de  la  Nature  &  de  l'Art,  les  Ecoles  les  plus  célèbres,  les 
Amphithéâtres,  les  Jardins  publics,  les  perfonnes  qui  étoient  en  réputation  de 
fcience,  furent  tour-à-tour  les  objets  qui  l'arréterem  davantage;  &  il  en  tira  une 
infinité  de  connoiifances  utiles.  A  Ion  retour  en  Allemagne ,  il  prit  le  bonnet  de 
Docteur  à  Altorf,  palfa  entuite  à  Nuremberg,  &  s'y  fit  recevoir  dans  le  Collège 
des  Médecins  en  1679.  Il  mourut  dans  cette  ville  le  17  Janvier  171 1.  On  a  de 
lui  un  Traité  en  Allemand,  qu'il  publia  en  1686,  in-^ ,  avec  figures  ;  il  contient 
toute»  les  fingularités  que  Jean-Sijiifmond ^  ion  père,  avoir  obiervées  aux  Indes 
Orientales  pendant  un  féjour  de  quatorze  ans..  On  a  encore  de  lui  les  pièces 
fuivantes  : 

E^ijtola  ad  Amicum  ,  quà  nonnulla  in  D.  Joannls  H'iskie  Cardilucii  Germanicô  Idio- 
mate  nUper  demàm  eJUd  Tra3.atu  de  pejle  contenta ,  ad   examen   revocantur.  1679. 

Salam:nd'iiiJia  ,  hoc  efl  ,  Defcriptio  Hiflorico  Phllologico-Philoftphico-MedlcaSalaman- 
dra.  Kurlmbergte  ,  16^4  ,  «■4,   avec  figures. 

WUR.TZ,  C  Félix  )  de  Bâ!e,  exerça  la  Chirurgie  à  Zurich  dans  le  XVI  ficelé, 
&  fut  un  des  amis  particuliers  de  Conrad  Gefner  qui  fit  beaucoup  de  cas  de  lés 
talens.  Cet  habile  Médecin  ,  fenfible  aux  maux  que  U-'urt^  louftroit ,  lui  confeii'a 
de  fe  faire  pratiquer  l'Artériotomie  ,  opération  qu'où  avoit  abandonnée  depuis 
long-ttms ,  &  il  eut  le  plaifir  d'en  voir  le  fuccès.  Les  Hiftoriens  ne  donnent  point 
la  date  de  la  mort  de  ce  Chirurgien  ,  mais  les  Bibliographes  conviennent  unani- 
mement qu'il  laiiia  un  Manufcrit  qui  fut  plufieurs  fois  imprimé,  fous  le  titre  de 
pra^-ca  der  Wundaryiey.  Quoique  Fabrice  de  Hildan  eût  cenfuré  cet  Ouvrage  , 
Boerhaàve  n'tn  a  pas  fait  moins  d'eflime  ;  il  a  rendu  à  Ion  Auteur  toute  la  juf- 
tice  que  méritent  les  talens  d'un  homme  expérimenté.  Le  Traité  de  ff^urtc^  con- 
tient trois  Livres  fur  les  plaies  ,  un  fur  les  médicamens ,  &  un  autre  fur  les  ma- 
ladies des  enfans.  Notre  Chirurgien  fc  récrie  hautement  contre  leslutures,  le  tam- 
poonement  &  l'abus  des  tentes;  il  condamne  encore  la  pratique  des  Maîtres  de 
fon  tems  ,  qui ,  trop  curieux  de  l'avoir  ce  qui  (é  pafle  dans  le  fond  des  plaies  , 
y  portoient  fréquemment  la  fonde. 

C'ell  Rodolphe  ,  frère  de  Félix  ^  qui  s'eft  chargé  de  l'édition  de  cet  Ouvrage  ; 
la  première  a  paru  à  Bâlc  en  1576  ,  in-S.  Le  grand  nombre  qu'on  en  a  donné- 
depuis  cette   année  ,  prouve  afiéz  le   cas  qu'on  a   fait   de  ce    Livre  de  pratique-.. 


^00 


W    Y    B 


J\  fut  imprimé  à  Bàle  en  1596»  en  i6ia  ,  en  1616 ,  /««S.  Dans  la  même  ville 
en  167^,  in  8,  avec  un  Traité  des  accojchemens  orné  de  figures,  par  H.  Schaeu, 
Encore  à  Haie  en  1687,  '>- 8.  Breflau ,  165 1  ,  in-8-  Wolfenbuttel  ,  1624,  in-8. 
Stettin  ,  1649,  165g,  même  format.  François  Sauvin.  a  mis  cet  Ouvrage  en  Fran« 
çois   &    l'a   publié    à    Paris   en    167a,    in- 11. 

/i'urti  eft  auteur  d'un  onguent  connu  dans  les  Pharmacopées  fous  le  nom 
.^''U'igumtam  fufcum  ;  il  s'en  fervoit  ,  avec  fuccès  ,  dans  le  îraicement  des  ulcères 
anciens  Ûi  baveux. 

WYBERD  C  Jean  ^naquit  vers  Tan  1614  dans  une  famille  noble  du  Comté 
d'F.iicX.  11  étudia  la  Médecine  i  Oxford  ,  &  ne  quitta  cette  ville  que  pour  fe 
rendre  dans  les  pays  étrangers ,  où  il  f^journa  pendant  deux  ans.  Comme  il  éroit 
Télblu  de  fe  faire  recevoir  Uodeur  ,  il  s'arrêta  a  Franequer ,  &  il  y  orit  le  bon- 
net en  1644.  Peu  de  tems  après  ,  il  revint  dans  fa  patrie  ,  mais  il  tarda  jufqu'en 
i6(;4ife  faire  aggréger  à  la  Faculté  d'Oxford;  ce  ne  fut  même  encore  qu'au  bout 
de  plufieurs  années  ,  qu'il  devint  Mtmbre  du  CoHetre  kcyul  de  Londres.  Il 
-fit  la  Médecine  dans  cette  ville  avec  aflez  de  réputaiion  ,  &  il  y  publia  queî- 
-ques  Ouvrage»  en  fa  Langue  maternelle. 


X 


X   Ê   N  «îi» 


X. 

ÉNOCIIATE,  Médecin  du  premier  fiecle ,  vécut  fous  l'Empire  de  Néron. 

Mous  apprenons  de  Galîen  qu'il  étoit  d'Aphrodifias  en  Cilicie  ,  &  qu'ayant  écrit 
fur  la  Matière  Médicale  ,  il  n'avoit  rempli  fes  Ouvrages  que  de  remèdes,  la  plu- 
part impraticables.  Il  s'étoit  encore  attaché  à  publier  des  recettes ,  dont  les  unes 
paflbient  pour  être  nuifibles  ,  &  les  autres  font  fuperftitieufes.  Parmi  les  dernières  , 
il  vantoit  beaucoup  les  philtres  de  fa  compolition  ,  c'eft-à-dire  ,  les  médicamens  à 
qui  il  attribuoit  la  propriété  de  donner  de  l'amour,  de  la  haine,  des  fonges ,  &c. 
Ce  n'eft  pas  qu'il  n'ait  mêlé  quelques  bons  remèdes  parmi  tant  de  mauvais;  on  y 
trouve  la  defcription  d'une  ïhériaque  de  fa  façon  &  plufieurs  autres  compofmons 
utiles. 

Il  eft  palTé  jufqu'à  nous  un  Livre  qui  porte  le  nom  de  Xénacrate  '&  ^qui  traite 
de  la  nourriture  tirée  des  animaux  aquatiques,  C'eft  mal  à- propos  qu'on  l'a  attribué 
à  Xéaocrate  de  Chalcédoine  ,  qui  fut  auditeur  de  Platon  ;  car  on  ne  concoît  aujour- 
d'hui aucun  des  Ecrits  de  ce  dernier.  On  loupçonne  que  le  Livre ,  dont  il  eft 
queftion  ,  pourroit  bien  être  d'un  Xéiiocrate  Ephéfien  ,  fils  de  Zenon  .  qui  vécut  pro- 
bablement dans  le  premier  fiecle.  Cet  Ouvrage  fut  d'abord  imprimé  en  Grec  ,  mais 
il  a  paru  en  Latin  à  Zurich  en  1559,  in-8  ,  de  la  traduaion  de  Jean-Baptlfte  Ra. 
fario  ,  avec  les  notes  de  Conrad  Gejner  ,  &  le  Traité  de  Jean  Dubraw  qui  eft  inti- 
tulé :  De  pifcinis  &  pifcium  naiuris  Libri  qulnque.  Il  y  a  un  Manufcrit  beaucoup  plus 
ample  de  l'Ouvrage  de  Xénocrate  dans  les  Bibliothèques  du  Louvre  &  du  Vatican, 
*ù  il  eft  joint  à  un  autre  Ecrit  du  même  Auteur  fur  les   pierreries  ou  les  pierres. 

XÉNOPHON  ,  Médecin  de  l'Empereur  Claude,  étoit  de  Mlle  de  Cos  &  fe 
difoit  de  la  race  des  .^fctepiaJes.  Il  fut  tellement  en  faveur  à  la  Cour  de  ce  Prin- 
ce  ,  qu'après  un  Dilcours  prononcé  en  plein  Sénat  par  l'Empereur  en  1  honneur 
i'Efculape  &  de  fes  delcendans  les  plus  célèbres  ,  il  y  fut  dit  que  le  lavoir  &  la 
naiflance  de  Xénophoa  mcritoient  que  les  babitans  de  Cos  fulTent  déclarés  exempts 
de  tous  impôts  en  fa  cunlidération  ;  &  cette  grâce  leur  fut  accordée.  Ce  Médecin 
oublia  ce  bienfait ,  6?  par  la  plus  noire  des  ingratitudes  ,  i!  fe  laifîa  gagner  par 
Agrippine  ,  femme  de  Claude  ,  &  hâta  la  mort  de  cet  Empereur,  en  lui  n^ettant 
dans  legolier  une  plume  enduite  d'un  poifoa  très- prompt ,  fous  prétexte  de  le  taire 
vomir.  C'eft  ainfi  que  l'impudique  Agrippine,  après  avoir  fait  commettre  des  meur- 
tres fans  nombre  à  Ion  imbecille  &  ridicule  mari  ,  mit  le  comble  à  fes  cruautés,  en 
le  frifant  mourir  lui-même  par  les  mains  de  Xeno;;/m  ,  pour  donner  la  couronne  im- 
périale  à   Néron  ,  fon    ti.s    du    premier   lit ,  qu'elle    avoit    eu  de  Cn.    Domitius 

iEnobardus.  •  t      jt 

11  ne  faut  pas  confondre  ce  Médecin  avec  un  autre  du  môme  nom,  qui  tut  dit- 
ciple  d'EraJîfirate.  Le  dernier  vécut  dans  le  trente -huitième  iiecle  du  inonde,  & 
le  premier  vers  l'an  60  de  l'cre  chrétienne. 

TOME  if^'  Gués 


6w  X    I    M       X    Y    N 

XIMENES  DECAliMONA,  CFrançois^  Médecin  du  XVII  fiecle  ,  étoit  de 
Cordoue.  il  reçut  les  honneurs  du  Dodtorat  à  Salamanque ,  &  il  y  enleigna  l'A- 
natomie  avec  alltz  de  réputation.  Il  pafla  entuite  à  Mexico  dans  la  Nouvelle  Ef- 
pagne  ,  &  à  l'on  retour  en  Europe  ,  il  alla  fe  fixer  à  Sèville  ,  où  il  fit  fa  profeflioa 
juiqu'à  la  fin  de  ta  vie.  On  a  de  lui  des  remarques  fur  le  mot  de  Pline:  Per  fw 
picniiam  mori ,  &  les  Traités  fuivans  : 

Quairo  L.bros  de  la  naturak^^a  de  las  plantas  y  animales  que  ejîan  recebidos  en  d  ufb 
de  la  Medtcina  en  la  nueva  Efpana.  Mexico  ,  1615.  Le  Chevalier  Stoanne  en  parle 
dans  fon  Hiftoire  de  la  Jamaïque  &c. ,  imprimée  en  Anglois  à  Londres  en  1707, 
in-folio. 

Tratado  de  la  grande  excelencia  de  la  Aqua  y  de  fus  maravillas ,  vlnudes  y  calidades ^. 
y  eleccion  f  y  del  buen  ufo  de  enfricar  con  nieve.  Séville  ,   1616,  in-^. 

XIMENES  SAVAR.IEGO  (  Jean^  fleuriflbitaucommencement  du  XVII  fiecle, 
li  fut  prtmier  Médecin  des  Galères  Efpagnoles ,  ainli  que  de  l'Amiral  Dom  Mar- 
tin PaliUa.  On  a  quelques  Ouvrages  de  fa  façon,  qui  Ibnt  écrits  en  fa  Langue 
mafernelle ,  comme  un  Traité  des  maladies  des  enfans ,  un  autre  de  la  petite  vé- 
role ,  &  un  troifieme  de  la  pefte.  Celui-ci  fut  imprimé  à  Antequtra  en  1602,  in-4j, 
ious  ce  titre  :  Tratado  ae  pejle  ,  fus  caufas  ,  prefervacion  y  cura. 

XIMENES  C  Jérôme  )  étoit  d'Epila  ,  dans  le  Comté  d'Aranda  au  Royau- 
me  d'Aragon,  où  il  naquit  dans  le  XVI  fiecle.  Il  fit  la  Médecine  à  Saragofle  &  don-^ 
na  quelques  Ouvrages  au  public.  Tels  font  : 

Qjjecjliones  Mcdicte.  Epila  ,  in-folio. 

Inftitutlunun  Mcdicarum  Libri  quatuor.  Ibidem  ,  1578,  1596,  m-4.  Toletl ,  1583  j 
in-folio. 

XIMENES,  f  Pierre  )  Doéteur  en  Médecine  dans  le  XVT  fiecle,  a  voit  étudié 
à  Paris,  ik  eufuite  à  Louvain  fous  Jérôme  Drivere,  avant  que  de  prendre  le  bonnet 
à  Valence  en  Efpagne  ,  où  il  enleigna  avec  beaucoup  de  ré  pi  taf  ion.  Comme  il  avoit 
encore  fuivi  André  f^éfale  à  Pavie,  il  le  mit  fi  bien  au  f;it  de  l'Anatomie  fous  cet 
hal.ile  ProfelFcur ,  qu'il  fe  trouva  en  état  de  publier  quelques  Dialogues  en  Efpagûol 
feir   cette  Science. 

XYN-NUM.  Voyez  CININGO. 


V    V    É  Go-î 

V7 


Y< 


Y. 


VES  (  Charles  SAINT  )  naquit  le  lo  Novembre  1667  à  La  Viotte ,  près  de 
Rocroy.  Sa  famille  étoit  attachée  à  quelques  parties  du  domaine  de  Mademoifelle 
de  Guile  dans  ce  quartier  ,  &  cette  Princefiè ,  qui  a  voit  des  bontés  pour  elle, 
voulut  ben  fe  charger  de  Charles  &  de  fon  frère  aine.  Ils  paflèrent  tous  deux  à 
Paris  ,  où  Mademoifelle  de  Guife  eut  foin  de  leur  éducation  ;  elle  les  prit  même 
dans  la   fuite  comme  pages. 

A  l'â^^e  de  iSou  ig  ans.  Saint  fves  voulut  fe  retirer  du  monde  ,  &  il  choifit  la  MaL 
fon  de  Saint  Lazare.  Il  y  fut  reflU  le  9  Oftobre  i6b6,  &  après  avoit  fait  fon  no- 
viciat ,  on  l'admit  à  la  prot'eflion.  Au  bout  de  quelque  tems  ,  on  jetta  les  yeux 
fur  lui  pour  être  employé  à  l'Apothicairerie  ;  mais  comme  il  avoit  eu  auparavant 
du  goût  &  des  ditpofitions  pour  la  Médecine  &  la  Chirurgie ,  il  s'y  appliqua  en 
môme  tcms  qu'il  travailioit  à  la  préparation  des  drogues.  En  peu  d'années,  il  fit 
de  grands  progrès  dans  ces  trois  parties;  en  forte  que  non  feulement  il  gouvernoit 
tous  les  malades  de  la  Maifon  de  Saint  Lazare,  mais  qu'il  étoit  encore  confulté 
par  les  perionnes  du  dehors.  C'eft  ainfi  que  pendant  douze  ou  quinze  ans  de  pra- 
tique ,  il  eut  occalion   de   voir  &   de  traiter    beaucoup  de   maladies   des  yeux. 

Comme  ces  maladies  font  la  plupart  du  refiibrt  de  la  Chirurgie  &  qu'elles  en 
font  une  branche  eflentielle  ,  il  s'y  livra  d'autant  plus  particulièrement  ,  qu'il  fentit 
tout  le  befoin  d'avoir  en  France  des  hommes  qui  en  fiffent  leur  unique  occupation. 
En  effet ,  cette  partie  de  l'Art  étoit  alors  aflèz  négligée.  I!  fe  fit  donc  une  affaire  de 
l'éclairer  par  fes  recherches,  &  il  y  réuflit  fi  bien,  que  les  guérifons  furprenantes 
qu'il  procura  ,  lui  attirèrent  une  affluence  confidérable  de  malades  de  la  ville  & 
de  toutes  les  Provinces  du  Royaume.  Son  nom  &  fa  réputation  palTerent  même  dans 
les  pays  étrangers.  Aux  lumière»  de  l'^fprit ,  à  l'adreflè  de  la  main ,  Saint  9ves 
joignit  les  qualités  du  cœur  qui  ennobliflent  les  talens  utiles  à  l'humanité  fouF- 
frante.  Bon  &  charitable  ,  il  quittoit  tout,  même  fes  repas,  quand  on  lui  difoit 
que  c'étoit  des  gens  de  la  campagne  qui  venoient  le  confulter  &  qui  dévoient 
retourner  le  même  jour.  Il  leur  fourniUbit,  ainli  qu'aux  pauvres  de  la  ville,  les 
ordonnances  &  fes  remèdes  gratis  ;  &  fi  leurs  maladies  exigeoient  des  opérations , 
il  les  failbit  demeurer  à  Paris ,  follicitoit  des  aumônes  pour  leur  iubfiRance  ,  & 
le  plus  fouvent  il  y  fourniffoit  de  fa  bourfe. 

En  171 1,  il  alla  s'établir,  avec  fon  frère,  à  la  Ville-neuve,  faux- bourg  de 
Paris;  &  comme  il  étoit  forti  de  Saint  Lazare  fans  avoir  rien  épars^né  de  fon  tra- 
vail ,  il  fut  obligé  d'acheter  à  crédit  les  meubles  qui  lui  étoient  néceffaires.  Il  con- 
tinua depuis  à  confacrer  fes  talens  à  l'avantage  du  public,  mais  avec  la  même 
charité  &  le  même  défintérelTement  :  tout  Pans  lui  a  rendu  juft^ice  à  cet  égard.  Il 
étoit  furchargé  d'occupations,  lorlqu'en  1715  il  choifit  un  jeune  Garçon-Chirurgien, 
nommé  Léoffroy ,  qu'il  mit  en  état  de  remplir  avec  lui  les  vues  de  charité  ,  dont 
tl  étoit  animé.    Saint  2ves  n'avoit  qu'uo   neveu,  Nicolas-Jean  Palmier,  qui  avoit 


604,  Y  V"  r 

travaillé  fous  lui  ï  Saint  Lazare  au  traitement  des  maladies  des  yeux;  maïs  ce- 
neveu  ayant  eu  le  malheur  de  déplaire  à  une  fille  nommée  Mann,  qe  fou 
oncle  avoit  prife  chez  lui  d'abord  en  qualité  de  cuifiniere  &  enluite  en  celle  d'é- 
conome de  l'on  ménage  ,  il  ne  tarda  pas  à  perdre  les  bonnes  grâces  de  l'oncle 
même.  L'empire  de  cette  fille  fjr  l'ei'prit  de  Sdint  Ti>cs  tenoit  de  l'enchantement» 
elle  étoit  une  de  ces  fervantes  maîtrefles  &  officieules,  qui  le  font  un  art  de 
faire  valoir  aux  y«ux  des  vieux  garçons  l'importance  de  leurs  fervices.  Mais 
Manon  ne  fe  borna  pas  à  fubjuguer  TeCprit  de  l'oncle,  elle  voulut  gagner  le  cœur 
de  Palmier.  La  qualité  d'héritier  préfomptif  fit  que  celui-ci  lui  plut  ,  &  pour  ne 
point  manquer  la  fucceffion  de  l'oncle  ,  elle  voulut  devenir  la  femme  du  neveu. 
Comme  Palmier  ne  goûta  pas  la  propofition ,  il  fut  chalTé  de  la  maifon.  Léoffroy 
prit  la  place,  ôz  réuflit  fi  bien  à  gagner  les  bonnes  grâces  de  Manon  ^  qu'il  par*^ 
vint  à  1  époufer.  * 

La  qualité  de  mari  de  cette  fille  fit  valoir  aux  yeux  de  Saint  Tves  les  heureufes 
difpofitions  de  foo  élevé  ;  le  Maître  redoubla  de  foins  &  d'attentions  pour  l'inf- 
truire  &  le  rendre  capable  de  figurer  un  jour  avantageufement  dans  l'Art  qu'il 
exerçoit.  II  fit  plus ,  il  l'adopta  &  lui  donna  fon  nom ,  fous  les  motifs  ex- 
pofés  au  Roi  de  l'utilité  que  le  public  en  retireroit.  Un  tel  objet  a  déterminé 
Sa  Majellé  à  lui  accorder  des  Lettres  patentes  qui  furent  enrégiftrées  au  Parle- 
ment ,   pour  avoir  leur   effet   après  la  mort  de  Saint  Tves. 

Dans  le  même  tems  qu'il  procuroit  à  Léoffroy  les  Lettres  ,  dont  on  vient  d« 
parler ,  il  publia  un  Traité  des  maladies  des  yeux  &  de  leurs  remèdes.  Les  éditions 
lont  de  Paris,  1722,  in-12,  d'Arafterdam,  1736,  m-8,  de  Paris,  fous  le  nom 
d'Amfterdam ,  1767,  jn-12,  avec  quelques  augmentarions  par  M.  Cantwel,  Cet 
Ouvrage  a  paru  en  Anglois  par  Stokton,  Londres,  1741 ,  j/i-8  ,  &  en  Allemand 
à  Berlin  ,  i;'44 ,  même  format.  On  a  aufîî  une  Réponfe  de  Saint  Tves  à  la  critique 
de  fon  Traité;    elle    eft    adrelfée  à  Mauchard    &    elle    fut    imprimée    à   Paris  en 

1723  ,    J/I-12. 

Notre  Oculifté  continua  de  travailler  jufqu'en  1732,  mais  comme  de  fréquens 
accès  de  goutte  &  de  colique  néphrétique  l'empêchoient  fouvent  de  vaquer  à  fes 
occupations ,  il  fe  faifoit  aider  par  ion  élevé.  Ce  fut  en  cette  année  1732 ,  qu'à  la 
fuite  d'une  violente  attaque  de  goutte ,  il  fe  fit  un  transport  d'humeur  arthritique 
lur  les  reins,  qui  lui  caufa  une  fuppreffion  d'urine,  dont  il  ne  fut  foulage  qu'au 
quinzième  jour,  après  avoir  été  à  toute  extrémité.  11  s'étoit  alftz  bien  rétabli  de 
cette  maladie;  mais  l'année  luivante  il  en  fut  tourmenté  avec  plus  de  violence, 
&  malgré  les  remèdes  les  mieux  indiqués  qui  l'avoient  guéri  la  première  fois  ,  il 
mourut  le  dix-feptieme  jour  de  cette  féconde  attaque,  le  3  Octobre  1733.  Il  avoit 
fait  fon  telîameot,  &  avoit  demandé  d^être  enterré  à  Saint  Lazare  ;  car  il  continua 
d'aimer  cette  iVlailon  jufqu'à  la  fin.  Son  neveu,  l^icolas'Jean  Palmier  ,  fut  déshé- 
Tité.  Etienne  Léojfroy  &  fa  femme  furent  mllitués  les  légataires  univerlels,  &'jou^ 
lent  aiuli  de  tout  Ion  bien. 

YVES  (  Elieiane  Saint  _)  le  jeune ,  nommé  Léoffroy  avant  fon  changement  de 
nom,  naquit  à  Pagny-fur-Meule,  à  deux  lieue?  ue  Toui ,  &?  il  y  fut  baptifé  1« 
i^  A VI il  1693.  A  l'âge  de  15  o^  16  ans,  il  aiiu  à  Vmi^  dans  le  deflèin  d'y  ap». 


Y    V    E 


605^ 


prendre  la  Chirurgie.  Saint  9^ves  en  jugea  en  habile  phyfionomifte ,  &  fut  tellement 
charmé  de  fes  belles  difpofitions  ,  qu'il  le  prit  à  fon  fervice  &  s'appliqua  à  lui 
montrer  les  fecrets  de  Ion  Art.  11  lui  fit  enfuite  époufer  fa  gouvernante  lui  ob- 
tint du  Roi  des  Lettres  patentes  pour  porter  ion  nom  après  fa  mort  ,  &  le  dé- 
clara lui  &  fa  femme  héritier  de  tout  fon  bien,  qui  montoit  à  plus  de  500000 
livres. 

Le  procès  que  Saint  9^'es  le  jeune  foutint  au  fujet  de  fon  adoption ,  fe  trouve 
dans  le  cinquième  Tome  des  Caufes  célèbres.  L'aft'aire  fut  pJaidée  au  Parlement 
où  le  légataire  gagna  fon  procès  par  Arrêt  du  7  Mai  1736.  Fier  de  ce  triomphe  * 
il  intenta  lui-même  un  procès  à  Palmier  ,  fur  ce  que  celui-ci  prenoit  la  qualité  de 
neveu  &  d'élevé  de  Charles  Saint  ives,  fon  oncle.  11  fut  moins  heureux  dans  cette 
féconde  affaire  ,  que  dans  celle  qui  lui  affura  la  riche  fucceffion  dont  Pa/m/er  avoit 
été  fruflré.  Maître  de  Gennes  ,  célèbre  Avocat  au  Parlement  de  Paris  a  iolide- 
ment  réfuté  une  prétention  auJIî  ridicule  que  mal  fondée ,  dans  un  Mémoire  qui  a 
été    donné    au  public  dans  les  Caufes    amujantes  &  connues. 

La  réputation  de  Saint  2\>es  le  jeune  a  égalé,  fi  point  furpafig  celle  de  fon  Maî- 
tre. Comme  il  avoir  fait  un  grand  nombre  de  cures  importantes  dans  Paris  &  dans 
les  Provinces,  il  paffa  bientôt  pour  le  plus  habile   OculiPe  du  Royaume-  la  célé- 
brité de  ion  nom  ne  tarda  même  point  à  fe  répandre  dans  les  principales  Cours  dé- 
î'Europe.  ^ 


^6  Z    A    B        Z    A    C 


Z. 


ABAllELLA  (" Jacques  J  étoit  de  Padoue.  George  Matthias  qui  l'appelle  le 
jeune,  dit  qu'il  obtint,  en  i6if,  la  place  de  troifieme  profeffëur  extraordinaire  de 
Médecine  pratique  dans  les  Ecoles  de  ia  ville  natale ,  &  en  i6iB,le  même  rang 
dans  la  Chaire  de  Théorie.  Manget  &  L'penius  lui  attribuent  les  Ouvrages  fuivans  : 

De  rébus  naturalibus  Tracfatus.  Colonite ,   '595»  '"A- 

De.  docirinie  ordine  Apologia.  Patav'ù^  lf)o6,  in-fulio. 
:  Les  Hifloriens  parlent  i1e  quelques  autres  ZabarcUa  plus  anciens  que  celui  que 
je  viens  de  citer.  Tels  l'ont  le  Cardinal  François  Zabarelia  &  Barthélémi  ,  fon 
neveu,  qui  proteflà  le  Droit  Canon  à  Padoue,  fut  enluite  Archevêque  de  Floren- 
ce  &  référendaire  de  l'Eglife  fous  le  Pape  Eugène  IV.  Mats  ils  n'appartiennent 
point  au  fujet  que  je  traite.  Aiatihlas  a  fans  doute  eu  en  vue  Jacques  Zabarelia  qui 
raquit  à  Padoue  en  1533  &  mourut  dans  la  même  ville  en  15^9,  après  avoir  paffé 
une  partie  de  fa  vie  à  y  enfeigner  la  Phiiofophie  ;  c'eft  à  ce  dernier  qu'il  compare 
ÏAutTS  Jacques  Zabarelia ,  lorfqu'il  l'appelle  le  jeune.  Il  ne  refte  plus  maintenant 
qu'un  doute;  c'eft  de  favoir  auquel  des  àcnii  Jacques  Zabarelia  il  faut  attribuer  les 
Ouvrages  dont  j'ai  donné  les  titres.  Ils  femblent  être  de  la  façon  de  l'ancien,  qui 
<5ft  encore  Auteur  d'un  Commentaire  fur   ^rijlote. 

ZACCHIAS ,  C  Paul  )  Proto-Médecin  de  l'Etat  de  rEglifc  ,  &  Médecin  du 
Pape  Innocent  X,  étoit  de  Rome,  où  il  fe  rendit  célèbre  dans  fa  profeflîon.  La 
vivacité  de  fon  efprit  &  fon  goût  pour  le  travail  ne  lui  permirent  pas  de  s'arrêter 
à  un  feul  objet;  il  embrufla  prefque  toutes  les  isciences  &  les  Vîcaux  Arts,  &  fe 
diftingua  en  particulier  dans  la  Littérature ,  la  Poéfie ,  la  Peinture  &  la  Mufique. 
11  mourut  dans  fa  patrie  en  1659 ,  à  lâge  de  75  ans ,  &  fut  enterré  dan»  TEglife 
de  Sainte  Marie  in  F'aUicella.  Ce  Médecin  a  beaucoup  écrit,  mais  tous  fes  Ou- 
vrages n'ont  point  vu  le  jour  ;  car  la  plupart  font  demeurés  en  mains  de  fes 
héritiers,  tels  qu'ils  les  avoient  trouvés  à  l'ouverture  de  fa  fuccellion.  Parmi  le 
nombre  de  ceux  qui  ont  été  rendus  publics,  foit  du  vivant  de  l'Auteur  , foit  après 
fa  mort,  on  remarque  un  Traité  Italien  fur  ia  vie  Quadragéiimale  ,  qui  parut  à 
Rome  en  1637,  in-8;  trois  Livres,  dans  la  même  Langue,  iur  les  maladies  hypo- 
chondriaques ,  imprimés  à  Rome  en  1639,  1641  ,  1651 ,  in-4,  à  Venife  en  1665  ,  /n-^. 
La  traduction  Latine  de  ce  dernier  Ouvrage  a  été  publiée  à  Ausbourg  en  1671  , 
s/i-8.  On  a  encore  de  la  façon  de  Zaccliias  un  Traité  De  quiète  jervandâ  in  curandis 
morbis^  un  autre  De  fubitls  &  infperatis  moriis  eventibus.  Mais  celui  qui  a  fait  le 
plus  de  bruit,  eft  divilé  en  fept  Livres  qui  ont  paru  fuccefiivement  à  Rome,in-4, 
le  premier  en  1621  &  le  dcrn'er  en    1635,  Ibus  ce  titre: 

Quajîiones  Msdico  -  Légales  ,  in  quibus  omnes  ets  materie  Medica  ,  que  ad  Légales  Fa* 
cultates  videntur  pertinere ,  proponuniur  ^  pertraclantur ,  refolvuntur.  On  a  différentes 
autres  éditions  de  cet  Ouvrage.  Lipfîte ,  1630  ,  j/i-8.  Les  iept  Livres  enlemble  : 
^mjlelodami ,  1651  j  in-folio,  ^venions,  pan  prima  ,  1660,  in-foll')}  pars  pofterior  ^  Lug' 


Z    A    C  60? 

iatiî ,  ifi6i  ,  In-follo.  Francofurtï ,  1666 ,  in-folio ,  en  neuf  Livres  par  les  Toins  de 
Jean. Daniel  Horftius.  Lu^duni ,  1674,  1701  ,1726,  in-folio.  Francofuni .,  16H8  ,  in-folio, 
avec  la  Préface  de  George  Francus.  Korimberg^ ,  1726,  in-folio.  Fenctiis  ^  1737  , 
in-folio.  Les  éditions  de  Francfort  font  les  moins  eftimées.  Celle  de  Nuremberg  fe- 
roit  plus  recherchée  ,  fi  l'on  n'étoit  point  adbjetti  à  partager  fon  attention  entre  le 
texte  de  Zacchias  &  les  additions  qu'on  a  voulu  diftinguer  de  ce  texte,  en  les  ré- 
parant par  des  crochets.  L'Ouvrage  de  notre  Auteur  n'en  vaudroit  que  mieux,  s'il 
n'étoit  pas  fi  diflus.  On  y  trouve  beaucoup  d'érudition,  de  jugement,  de  lolidité  , 
&  il  eft  autant  nécellaire  aux  Théologiens  qui  s'appliquent  à  l'étude  des  cas  de 
confcience,  qu'aux  Médecins  pour  leurs  rapports  en  juflice.  Le  troifieme  Tome  ren- 
ferme plufieurs  confulrations  &  réponfes  touchant  la  Jurifprudence  JVlédicinale ,  & 
LXXX.V  Uéci  lions  de  la  K.ote  ,  que  Lan  franc  Zaccliias^  neveu  de  Paul,  a  pris 
foin  de  recueillir. 

ZACHARIAS  ou  ZACHALIAS,  Babylonien  ,  vécut  dans  le  XXXIX  fiecle 
du  monde,  du  tems  de  IVlithridate  VI  à  qui  il  dédia  un  Ouvrage  de  fa  compo- 
fition.  C'ett  un  Livre  qui  traite  des  pierres  précieufes  &  de  quelques  autres  plus 
communes;  comme  de  ia  pierre  Hématite  ,  dont  l'Auteur  vante  les  propriétés,  fur- 
tout  pour  les  maladies  des  yeux,  il  y  a  apparence  que  Zacharlas  étoit  de  la  Re- 
ligion Judaïque. 

ZACHARIE  le  Taiphurien  ,  Médecin  Arabe,  fut  confidéré  dans  le  IX  fiecle 
de  falut  ,  lous  le  règne  des  Califes  Almamon  &  Almotaleme.  Il  s'attacha  à  Aphf- 
chin  Chaidar,  Gouverneur  de  quelques  provinces  de  l'Arabie,  &  il  l'accompagna  , 
en  835 ,  dans  la  guerre  contre  le  rebelle  Babcck.  On  rapporte  un  trait  qui  prouve 
bien  i'ancienn'îîé  des  Quid  pro  quo  chez  les  Apothicaires.  La  converlation  entre  Zu" 
charte  &  le  Gouverneur  étant  un  jour  tombée  fur  ceux  de  cette  proléflion ,  le  Mé- 
decin avança  qu'on  ne  leur  demande  jamais  rien,  qu'ils  ne  difcnt  aulTitôt  l'avoir 
dans  leur  boutique,  quoique  Ibuvent  cela  fe  trouve  fiux.  Là  deiius  Aphfchin  or- 
donna qu'on  lui  apportât  la  lifle  des  habitans  d'Ofchrulchna  ;  ce  qui  ayant  été  fait 
il  choifit  une  vingtaine  de  ces  noms ,  les  écrivit  fur  un  billet ,  &  envoya  chez  tous 
les  Apothicaires  demander  les  médicamens  quM  y  avait  fpécifiés.  Quelques-uns 
avouèrent  franchement  qu'ils  ne  connoiflbient  point  ces  drogues  ;  m^i*  il  y  en  eut 
d'autres  qui  prirent  l'argent  &  envoyèrent  au  hazard  quelques  remèdes  de  leur 
boutique.  Aphlchin  fut  tellement  indigné  de  la  conduite  des  derniers,  qu'il  les  fit 
chafler  de  ion  armée  &  n'y  garda  que  les  premiers.  Au  refte  ,  Zacharie  jouilToit 
non  feulement  de  l'eftime  de  ce  Gouverneur  ,  mais  i'  étoit  encore  en  liailon  avec 
tous  ceux  de  fon  tems ,  qui  faifoicnt  le  plus  de  figure  dans  la  Médecine. 

ZACUTO  ou  ZACUTUS  dit  LUSITANUS,  parce  qu'il  étoit  natif  de  Lif- 
bonne ,  vint  au  mond'e  en  1575  dans  une  famille  noble  &  ancienne  ,  &  fut 
élevé  dans  la  Religion  Chrétienne.  On  lui  remarqua  ,  dès  l'enfance  ,  beaucoup  de 
pénétration  &  de  génie;  c'eftce  qui  engagea  les  pprens  à  le  mettre  ibus  la  conduite 
d'un  précepteur  qui  cultiva  les  heureules  dilpofitions  de  fon  élevé  &  lui  enfeigna 
la  Langue  Latine  &  les  Belles-Lettres.  Se*  premiers  progrès  furent  rapides;  &  de 
l'école  de  ion  Maître ,  il  pafl*  fuccellivetnwnt  uaas  celles  des  Univerlités  de  Salai» 


tuS  2    A    C 

manque  &  de  Coîmbre ,  où  il  étudia  la  Philofophie  &  la  Médecine.  Il  s'appliquoît 
à  cette  dernière  Science  ,  iorfqu'il  perdit  fes  parens  &  le  vit  prefque  réduit  à  l'in- 
digence. Ce  contre-tcms  ne  l'arrêta  pas  dans  la  carrière  qu'il  couroit.  Comme  il 
fentit  toute  la  néceflité  de  faire  valoir  les  talens  pour  rétablir  fa  fortune  ,  il  pour- 
fuivit  fes  études  avec  tant  d'ardeur,  qu'il  n'avoit  pas  encore  atteint  fa  vingtième 
année  ,  Iorfqu'il  fut  reçu  Dodeur  à  Siguenza  dans  la  nouvelle  Caftjlle.  Empreffé 
de  profiter  des  avantages  attachés  à  ce  titre  ,  il  retourna  à  Lisbonne  &  il  s'y  dif» 
tingua  dans  la  pratique  de  la  Médecine  pendant  l'efpace  de  trente  ans.  Il  aban- 
donna cette  ville  au  bout  de  ce  terme  ,  au  fujet  de  Tédit  que  Philippe  IV  fit  pu- 
blier en  1625.  Comme  il  y  étoit  défendu  aux  Juifs  &  à  leurs  enfans  de  demeurer 
davantage  dans  le  Portugal,  &  comme  il  étoit  lui-même  né  de  parens  Juifs,  l'exer. 
eice  de  la  Religion  Catholique  qu'il  avoit  profeflee  dès  la  jeunefle  la  plus  ten* 
dre ,  ne  fut  pas  capable  de  le  raflurer  contre  les  frayeurs  de  l'Inquifition.  Dans  cet 
embarras  ,  il  quitta  Lisbonne  &  prit  le  parti  de  le  retirer  en  Hollande  ,  où  il  fe 
1k  circoncire  la  même  année  de  fon  émigration,  &  vécut  toujours  depuis  dans  la 
Religion   Judaïque. 

Son  habileté  dans  la  pratique  de  la  Médecine  ne  lui  fit  pas  moins  d'honneur 
en  Hollande  qu'en  Portugal  ;  il  y  fut  même  autant  confidéré  par  les  qualités 
du  cœur  que  par  celles  de  l'efprit.  Sa  tendrefle  envers  les  pauvres ,  qu'il 
aiiioit  de  les  libéralités  &  à  qui  il  ne  refuloit  jamais  les  fecours  de  fon  Art  ; 
fes  manières  douces  &  obligeantes  ;  la  régularité  de  fa  conduite  ;  tout  contri'- 
bua  i  lui  mériter  une  ertime  générale.  Son  nom  pafia  même  chez  les  étrangers , 
&  la  haute  opinion  que  plufieurs  Médecins  de  Portugal  ,  d'Efpagne  ,  d'Allema- 
gne ,  &c.  ,  eurent  de  la  capacité  ,  lui  ménagea  une  exaéle  correfpondance  avec 
eux  ,  ainfi  qu'on  le  voit  par  les  lettres  qui  font  à  la  tête  des  Ecrits  que  nous 
avons  de  lui. 

Zucuto  mourut  à  Amflerdam  le  21  Janvier  164a  ,  dans  la  67e.  année  de  fon  âge. 
Les  Ouvrages  qu'il  a  lailfés  font  en  alTez  grand  nombre  ,  &  le  Recueil  en  a  paru 
à  Lyon  ,  i64'2  ,  1649  ,  1657 ,  1667 ,  1694  ,  deux  volumes  in-folio  ,  fous  le  titre  d'O- 
pera  omnla.  Le  premier  volume  contient  lix  Livres  De  Mzdicnrumprincipum  hijloriâ., 
qui  avoient  été  imprimés  à  Amfierdam  avant  l'édition  de  Lyon.  Le  premier  de 
ces  Livres  fut  publié  en  1629  &  en  1637,  f/i-b  ,  le  fécond  en  1636,  le  troifieme 
en  i6';7 ,  le  quatrième ,  le  cinquième  &  le  fixieme  en  1638 ,  tous  du  même  format. 
Ce  volume  eîl  plein  d'obfervations  furies  maladies,  avec  des  remarques  qu^-  l'Au- 
teur a  tirées  de  la  plupart  des  Médecins  qui  Pont  devancé.  Le  fécond  Tome  ren- 
ferme les  pièces  fuiv«ntes:  Praxis  hiftoriarum  Librl  quinque.  Introïtus  Mcdici  ad  Praxim. 
Pliarmacopœa  clegantijjîiua.  Praxis  Mîdica  admiranda.  Les  cinq  Livres  intitulés  Praxis 
hiftoriarum  ont  été  imprimés  féparcment  à  Amfterdam  ,  le  premier  en  1641  avec 
VJntro'itus  &  la  Pharmacopée,  le  fécond  en  la  même  année  ,  &  les  trois  autres  en 
1642,  tous  in-8.  C'eft  un  Abrégé  des  curations  qui  conviennent  à  chacune  des  ma- 
ladies, dont   Zdcuto  a  parlé  dans  le  premier  volume. 

•On  a  encore  ,de  la  façon  de  ce  Médecin  ,  une  Lettre  De  Calcula  adreffée  à  Be- 
vtrwyck,  &  qui  le  trouve  dans  le  Traité  de  celui-ci  fur  la  même  matière,  édiiioa 
dit  Lcy.de,  1638,  in-12.  Mais  Zacuto  avoit  encore  travaillé    à   d'autres    Ouvrages 

qu'on 


1;  A   M  609 

■  .qu'on  ne  coonoît  que  par  leurs  titres,  parée  qu'ils  n'ont  point  été  imprimés.  Tels 
lont: 

De  ChirurgoTum  principum    Hlftorlà. 

De  regimine  Principum, 

De  juniurum   Medicorum  erroribus. 

De    Medlcà    doSrinâ  fdeSa. 

Bippocratis  &  Galeni  ep'uome. 

On  trouve  un  grand  nombre  -de  remarques  fmguiieres  &  curieufes  dans  les  Ou- 
vrages de  Zacuto  ,  &  elles  roulent  autant  fur  les  maladies  que  fur  leurs  remèdes. 
ÎJ  y  a  auffi  beaucoup  de  favoir  &  d'érudition  dans  les  commentaires;  mais  on  ne 
croit  pas  tout  ce  que  cet  Auteur  rapporte  &  Ton  ne  voudroit  pas  s'en  renùre  le 
garant.  On  le  Ibopçonne  d'avoir  louvent  préféré  l'ornement  à  la  vérité,  dans  la 
vue  d'exciter  l'admiration  de  fes  Lefteurs  &  de  le  procurer  plus  de  réputation. 
Encore  même  qu'on  ferolt  aflez  indulgent  pour  décharger  cet  Ecrivain  du  reproche 
■quVjn  lui  a  fait  à  ce  lujet ,  encore  qu'on  lui  luppbferoit  les  intervins  les  plus  droi« 
tes,  il's'eft  toujours  expofé  à  être  dupe,  parce  qu'il  Veft  trop  aveuglément  coufié 
au  récit  d'autroi,  ians  ie  vérifier  par  ("es  propres  obfervatiocs.  Au  relte  ,  comme 
ii  étoit  fort  attadiéli  la  pratique  des  Anciens  qu'il  avoit  pris  pour  modèles  ,  il  fou- 
tint  vivement  la  coétrine  de  Gaiien  contre  les  partifans  de  l'Eco'e  Arabe  ;  mais 
«uffi  crédule  que  ceux  ci,  il  eut  le  même  goût  pour  les  Temedes  iecrets,  dont  il 
eima  tant  à  faire   parade. 

ZAMBECCARI,  CJofeph  )  favant  Médecin  de  Florence  qui  fut  en  grande 
•Réputation  après  le  milieu  du  XVII  liecle ,  employa  une  partie  de  fa  vie  à  faire 
des  expériences  fur  les  animaux.  Ses  talens  le  firent  fouhaiter  à  Pife  ;  il  y  pafl* 
vers  l'an  1680  &  il  y  enfeigna  l'Anatomie  ,  qu'il  a  enrichie  par  fes  recherches» 
Manget  dit  que  ce  Médecin  vivoit  encore  en  1^26.  On  a  de  lui  une  Lettre  adref- 
fée  à  François  Redij  dans  laqueUe  il  rend  compte  de  les  expériences  fur  les  vifceres 
qu'il  avoit  enlevés  du  corps  des  animaux  vivans.  Manger  &  Leckrc  n'ont  pas  man* 
îjué  d'iniérer  cette  pièce  dans  la  Bibliothèque  Anatomique  qu'ils  ont  fait  paroître  à 
Genève  en  16^5  &  en  169g  ,  in-folio.   On  a  encore  de  la  façon  de  Zambeccari: 

£rcve  Trattato  de''  Bagni  di  Fifa  e  dl  Lucca.  Padoue  ,    1712,  i/î-4. 

ZAMOLXIS,  perfonnage  que  les  Gctcs  adorèrent  comme  leur  Dieu,  fut,felo« 
les  uns  ,1e  Maître,  félon  les  autres ,  le  diiciple  de  Pytha^ore.  A  ce  compte,  il  doit 
avoir  vécu  dans  le  XXXV  fiecle  du  monde; il  paU'e  cependant  pour  plus  ancien, 
&  au  fentiment  d'Hérodote,  il  tàut  le  renvoyer  à  des  tcms  antérieurs  à  Pytha^ore. 

On  a  attribué  de  grandes  connoiflbnces,  Médicinales  à  Zamolxis  ;  m'Ai  les  ténè- 
bres qui  couvrent  l'hilloire  de  l'Art  de  guérir  ue  permettent  pas  de  vérifier  toi.'t  ce 
qu'on  a  dit  de  lui.  Il  avoit  rour  principe  qu'on  ne  pouvoir  guérir  les  yt^x  Tans 
guérir  la  tête  ,  ni  guérir  la  tête  fans  guérir  tout  le  refte  du  corps  ;  i!  ajoutoit  même 
qu'on  ne  pouvoir  loulager  le  corps  fans  s'occuper  de  l'ame  ,  &i  il  prétendoit  que 
les  Mé.îev;'ns  Grec»  ,  faute  d'avoir  connu  cette  gradation ,  avoient  fouveot  travail- 
lé fans  fuccès  à  la  gucritbn  des  maladies. 

Les  enchantcmensétoicnt  les  moyens  que  Zamolxis  eniployoit  pour  c^uérir  l'amco 

TO  ME    ir.  Utîhh 


'ro 


Z    A    M       Z    A    N 


mais,  s'il  en  faut  croire  Platon,  ils  ne  reffembloient  point  à  ceux  à^Efculape^  caP 
ils  ne  coniiitoient  qu'en  dilcours  ou  entretiens  honnêtes,  autant  propres  à  infpirer 
la  fagtfle,  qu'à  rappcller  le  calme  &  la  fécurité  dans  l'elprit. 

ZAMORA,(  Antoine  J  de  Salamanque ,  fut  reçu  Maître-ès-Arts  &  Dbfteur  ea 
Mé  lecme  dans  l'Univerlité  de  cette  ville.  Comme  il  ne  manquoit  point  de  talens 
pour  ia  Chaire ,  on  laifit  la  première  occafion  de  l'y  faire  monter.  Il  enfeigna  non 
feulement  la  Médecine  dans  les  Ecoles  de  Salamanque  ,  mais  encore  les  Mathé- 
matique* ;  &  il  rempht  ce  double  emploi  avec  beaucoup  de  réputation  pendant  utt- 
grand  nombre  d'années  ,  car  U  parvint  à  un  âge  très-avancé,  fan»  avoir  rien  perdu 
de  l'intégrité  des  facultés  de  l'ame.  Il  poufia  fa  carrière  aflez  avant  dans  le  XVIF 
fiecle  ,  &  laifia  plufieurs  Ouvrages  au  public ,  parmi  lefquels  on  remarque  celui 
intitulé  : 

Repetiriones  dua  fupsr  caput  primum  &  tertium  Galenl  dt  dîjferendh  fymptomatunu 
Salmamica  y  1621  ,  in-^. 

Ses  deux  fils ,  Jofeph  &  François,  ont  enfeigné  le  Droit  ft  Salamanque. 

ZANARDO  CMichel  )  naquit  en  1570  à  Bergame  dans  l'Etat  de  Venife,  & 
mourut  en  1642.  Il  a  publié  des  Diflertations  en  forme  de  Ihefes,  Les  unes  ont 
été  imprimées  à  Venife  en  1619 ,  /n-4,  fous  le  titre  de  Difputaciones  de  univerfo  de- 
meniari  in  très  partes  divLa;  les  ai' très  fous  celui  de  Difputat'mms  de  univerfo  parvo  » 
mixtô  homine  ^  ufque  in  fenium  conftrvaadd  ^  ont  aufli  paru  à  Venife,  1619,  i/1-4.  Cet 
Auteur  y  traite  fa  matière  en  Philofophe  Ôi  en  Médecin;  il  parle  même  en  Natu- 
ralifte  ,  car  il  s'étend  fur  les  eaux  ,  les  poilfons  ,  les  métaux  ,  les  pierres  j  les  plan- 
tes, les  ferpens  ,  les  quadrupèdes,  &c. 

ZANGMAISTER.  f  Jean- Paul  )  prit  la  qnalité  de  Patrlclus  v^uguyZanw ,  Pa- 
tricien d'Ausbourg,  lorfqu'il  s'infcrivit,  en  1573,  dans  les  regiftres  de  la  Faculté 
de  Médecine  de  Montpellier,  li  obtint  le  Baccalauréat  fous  Jouben  en  1575,  &  le 
I)o(ftorat   l'année  fuivante. 

yijiruc  dit  que  Zm^mii'lierkTo'\t  à  peine  connis ,  G  Jouben  n'eût  publié  quelques-uns 
de  fes Ouvrages  Tous  le  nom  de  ce  Médecin.  C'étoit  aflez  la  coutume  de  ce  Profcfièur, 
qui  aimoit  à  eflayer   le  goût  du    public  fous  le    voile   d'un   nom    étranger. 

ZANNICHELLT,  (  Jean- Jérôme  J  né  à  Modene  en  Avril  1662  ,  fit  fes  prefc- 
roieres  études  dans  ia  patrie ,  &  paCa  à  Venife ,  dès  l'âge  de  douze  ans ,  pour 
s'appliquer  à  la  Pharmacie.  Les  cont^oifiànces  qu'il  acquit  dans  cet  Art ,  le  firent 
recevoir,  en  1684,  d^ns  le  Collège  des  Apothicaires  ;  «Si  comme  il  étoir  autant  la' 
borieux  qu'intelligent,  il  établit  à  Venife  un  Laboratoire,  cù  il  s'occupa  de  I9 
préparation  des  remèdes  Chymiques  les  plus  accrédités.  Ses  procédés  lui  donnèrent 
matière  à  la  réflexion.  II  fit  de  nouveaux  effis,  dont  il  recueillit  les  rélultats  en 
Philofophe  obfervateur;  ^  pour  ne  point  laiffer  périr  les  fruits  de  fon  travail  g 
il   les   communiqua   au    public  dans  un    Livre  intitulé  : 

Promptuarium  remedlorum   Chymicorum.  Fcnetns ,   I701  ,  m-8. 

Mais  les  talens  de  Zannichelll  r/étoîent  point  bornés  à  la  Pharmacie  &  à  la 
Chymie.  11  fut  un  de  ces  Apothicaires    otncieux  qui,  par  l'habitude  de  voir.W 


Z    A    N  -61Ï 

■fjfdoBnances  âei  gens  de  l'Art  &  le  foin  d'en  obferver  les  effets,  prêtent  volon- 
tiers leur  miniftere  aix  malades  qui  ont  recours  à  eux,  avant  que  de  s'adreffer 
au  Médecin  ou  au  Chirurgien.  Apparemment  qu'il  remplit  les  fondrions  de  l'un 
6t  de  l'autre  avec  fuccès ,  puifqu'il  s'y  fit  de  la  réputation  ,  &  que  François  Far- 
neie  ,  Duc  de  Pdrme  ,  lui  envoya  des  Lettres  patentes  ,  en  ij'02,  par  lefquelles 
il  le  nommoit  Dofteur  -en  Médecine  ,  en  Chymie  &  en  Chirurgie  dans  toute  re- 
tendue de  Tes  Etats. 

ZannichelU  ne  fut  cependant  point  ébloui  de  ce  vaîn  titre  ;  il  fut  fe  rendre  juf- 
tice ,  &  il  fentit  combien  il  lui  étoit  important  de  ne  point  abandonner  fes  pre- 
miers devoirs.  En  1710 ,  il  commença  à  Trxaminer  les  Foffiles,  &  l'on  peut  dire 
qu'il  ponfli»  fort  loin  fes  recherches  en  ce  genre.  Sa  paflion  pour  tout  ce  qui  a 
rapport  à  l'Hiftoire  Naturelle  lui  fit  entreprendre  plulieurs  voyage?  Hepuis  cette 
année  jufqu'en  1726,  &  il  en  recueillit  les  plus  grands  fruits.  Dès  l'an  171 1  & 
17x2,  il  avoit  déjà  amalTé  un  tel  nombre  de  coqui'lages,  de  plantes,  de  poilTons 
pétrifiés,  de  dents  d'animaux,  de  fragmens  de  métaux  &  de  mit:éraux,  qu'il 
îufiit  pour  orner  le  frontilpice  de  fa  maiibn  le  jour  de  la  proceflion  de  la  Fête- 
X)ieu.  Il  en  publia    le    Recueil    fous   ce  titre  : 

Catalogus  plantarum  ttrreftrium  S  marinarum  &c,,  qulbu:  domus  ejus  ornate  erant 
■  in  ftfto    Corporis  Chriftl.  F'eattîis,    1711,   1712. 

Comme  il  fut  confiant  dans  le  goût  qu'il  avoit  pris  pour  tout  ce  qui  a  rapport 
à  la  Matière  Médicale  &à  l'Hiftoire  Maturelle,  il  mit  bientôt  au  jour  une  Difi'er- 
tation  curieufe    qui  eft  intitulée: 

De  Ferro  ejufque  nivis  prxparadone.  f^enetiis ,  ifij  »  in-8 ,  1719,  in-j^.  Il  écrivit 
cet  Ouvrage  ,  enfuite  des  recherches  qu'il  avoit  faites  pour  découvrir  la  pré- 
paration de  la  Neige  de  Mars,  remède  dont  un  certain  Saint  Hilaire  vantoit  Té- 
Dergie  ,  mais  qu'il  avoit  décrit  fort  obfcurément  dans  un  Livre  François  de  fa 
compofitioo. 

En   17141  il  adrefla    une  Lettre  favante  à  Chrijlino    Manlndli^   fous  ce  titre: 

De  Myriophillo  pelagico,  aliâque  plantulâ  marina  anonymâ,  F'cnttiis  ^  ln-8.  Et  comme 
il  continuoit  de  s'occnper  de  la  recherche  des  productions  que  la  Nature  a  répan- 
dues fur  la  furface  &  dans  les  entrailles  de  la  terre,  il  fit  imprimer,  en  1721  , 
là  Lithographia  duorum    montium    'f-^eroncnjîam ,  vulgà  Monte  di  Borîcolo  6f  di  Zopp'ica. 

Ce  fut  pour  fatisfaire  fa  curiofité  toujours  inipariente,  qu'il  entreprit,  en  1722,  le 
voyage  d'Iftne  avec  Pierre  StefanelU  ^  &  qu'il  en  fit  deux  autre»  en  1724,  le 
premier  dans  les  environs  de  Feltri  dans  la  Marche  Trévifane  &  le  fécond  dans 
le  territoire  de  Vicence.  En  1725  ,  les  Seigneurs  de  la  chambre  de  ianté  le  dé- 
clarèrent Médecin-Phyficien  de  tout  le  pays  de  la  domination  de  la  République 
de  Venife;  &  pour  rcmp'ir  les  devoirs  attachés  à  ce  titre,  Zannichel'i  fit  en 
la  même  année,  un  fécond  voyage  en  Iftrie  avec  Pierre  Antoine  Michel!,  &  en 
1726 ,  il  retourna  dans  la  Marche  Trévifane  avec  Stefanelli.  Le  principal  objet 
de  ces  voyages  étoit  l'Hiftoire  Naturelle ,   mais  plus  particulièrement  la  Botanique. 

En  1727,  il  publia  à  Venife  un  Traité  i/j-8,  intitulé:  De  Rufco  ejufque  prap ara', 
tione  ^  &  bientôt  après,  une  Lettre  fur  un  infefte  de  mer  ,  qui  fut  comme  l'avant- 
coureur  d'un  grand  Ouvrage  qu'il  méditoit  depuis  long-tems  fur  l'hiftoire  des 
Plantes,  dss  Zoophytes  &  des  loie(îïes  de  la  Mer  Adriatique.  Mais  il  moorut  avant 


que  de  l'avoif  achevé,  le  Tt  Janvier  1729,  à  la  fuite  des  accideus  occaConné^ 
par  une  chute  faite  fur  le  Mont   Cavallo  dans  fon  voyage  de  1726. 

Jean-Jacques^  fon  fils,  qui  fut  en  même  tems  l'héritier  de  fa  fcience  &  de  fes 
biens  ,  trouva  de  riches  matériaux  dans  le  Cabinet  dont  il  étoit  devenu  le  maître 
par  la  mort  de.  fon  père. .  Comme  il  a  voit  le  même  goût  pour  l'Hiftoire  Natu- 
relle, il  mit  en  ordre  les  Manufcrits  qu'il  jugea  dignes  de  voir  le  jour  &  les 
donna   au  public ,   fous  ces  titres  : 

Opu feula  Botanica  pofthuma,.  coatinencta  varia  itincra  Botanlca  per  fjlriam  ,  Monte$ 
Caballum^  F'ettarum ^  . Summanum  &  Eugeneos.    f^enenis  ,  i^r>^o ,  tn-4. 

IJloria  délie  plante  chc  nafcono  ne"  Lidi  intorno  a  ^ene;5;/a..Venife,  175 1 ,  in-folio.  L'é- 
diteur y  a  joint  311  figures,  dont  les  delîîns  re  font  pas  bien  exa6ïs,  &  il  y  a 
fait  les  additions  qu'il  a  cru  nécelfaires  à  la  perfedion  de  cette  Hiftoire.  Mais  tous 
•es  foins  qu'il  s'eft  donnés  ,  n'ont  point  contenté  les  amateurs  qui  croyoient  y  trouver 
ce  grand  nombre  de  plantes ,,  dont   la  Nature  a  enrichi  cet  heureux  pays. 

Jean-Jacques  ZannichelU  ne  s'eft  point  borné  à  publier  les  Ouvrages  de  fon  père  , 
il  a  donné  les  luivans  qui  font  de  fa  façon.; 

Lettera  Intorno  alla  facolta  ddV  Ippocaftano.  VenWe;  1733',  ««'-4.  11  prétend  que  les 
propriétés  de  la  première  écorce  du  Marronier  d'Inde  valent  celles  du  Quinqui» 
na  pour  la  guérifon  des  fièvres  intermittentes.  M.  Sabarot  de  La^Verniere,  Dofteut 
3gg'"^g*^  au  Collège  des  Médecins  de  Nimes  ,  a  vérifié  cette  obfcrvation  par  les  ex- 
périences qu'il  a  communiquées  par  la  voie  du  Journal  de  Médecine  ,  Avril   1777. 

Enumeratio  rerunt  naturalium  qua  in  Muftsu  Zanniclielllano  ajfervantur.  F'cnetiis  y 
3736  ,  ;n-4.  , 

ZANONI,  C  Jacques  J)  de  Montecchio  ,  ville  d'Italie  au  Duché  de  Reggio,' 
s'appliqua  à  la  Pharmacie  jufqu'à  Page  de  27  ans  ,•  mais  comme  il  paflbit  pour 
m  des  plus  habiles  Botaniftes  de  fon  pays,  il  fut  tiré  de  fon  laboratoire  pour  oc- 
cuper l'emploi  de  Diredeur  du  Jardin  de  l'Univerfité  de  Bologne.  Son  premier 
ioin  fut  de  reconnoître  les  plantes  qui  croiffent  dans  le  territoire  de  cette  ville  ; 
il  fit  différens  voyages  lur  les  montagnes  du  Bolonez ,  fpécialement  en  1652 ,  &  ne 
manqua  pas  d'annoncer  fes  découvertes  par  une  feuille  qui  parut  fous  le  titre 
•à'' Indice  délie  plante  ponate  nelV  anno  1652  nel  viaggio  dl  Caftlglione  ed  altri  Mond 
di  Bologna. 

Il  ne  fe  borna  pas  à  étudier  la  Nature  ,  il  confulta  encore  les  Auteurs,  tant  an- 
«iens  que  modernes;  il  les  compara  enfemble ,  les  accorda  fur  plufieurs  points,  & 
s'apperçut  bien  clairement  que  quantité  de  plantes  décrites  fous  des  noms  différens 
par  divers  Botaniftes  ,  font  exadteraent  les  mêmes.  Convaincu  qu'il  étoit  de  la 
néceffité  de  diftiper  la  confufion  qui  regnoit  dans  cette  partie  de  l'Hiftoire  Nato- 
relle,  il  en  fit  fa  principale  occupation  dès  le  moment  qu'il  fut  choili  Direfteur  du 
Jardin  de  Bologne ,  &  il  s'y  livra  fans  relâche  jufqu'à  la  fin  de  fa  vie ,  qu'il  ter- 
mina dans  la  même  ville  de  Bologne  en  1682  ,  à  l'âge  de  67  'ans.  Il  laiflà  un  Ou- 
vrage qui  parut  en  1675  •>  in-folio ,  fous  le  titre  d'/ftoria  nella.  quale  fi  defcrivono  aL 
cune  plante  de  gli  anticki  ,  da  moderni  con  altre  nominl  propofte  ,  &c.  Cajetan  Monti  ' 
îe  traduifit  de  l'Italien  en  Latin  &  le  donna  au  public  avec  beaucoup  d'aogtaentS- - 
^toQî.  Sa  ïradu^ion  eft  intitulée  :  . 


ZANZAPZASZAU  Çr^ 

Rar'iorum  ftlrpium  Hiflorla  ex  pane  olim  édita ,  nunc  centum  plus  tabuUs  ex  comment 
tariis  Autoris  ampliata.  Bononite ,  1742,  in-folio,  avec  figures.  Romts^  1745  ,  in-folio  ^ 
avec  figures. 

ZANTEN  f  Jacob  VANJ  étudia  la  Théologie  ,  &  parvint,  au  plus  tard 
en  1707  ,  à  la  charge  <fe  Mjniftre  des  Mennonites  à  Harlem.  Comme  il  avoic 
aufli  étudié  la  Médecine  &  qu'il  s'étoit  fait  aggréger  au  Collège  de  la  même 
ville  ,  il  en  fut  plufieurs  fois  Doyen  avant  fa  nomination  au  Miniftere  ;  mais 
à  cette  époque  ,  il  cefTa  de  s'occuper  des  affaires  du  Collège  ,  &  fe  borna 
à  la  pratique  de  la  Médecine  &  à  l'exercice  de  les  fontlions  chez  les  Men». 
Bonites  :  il  s'acquittoit  encore  de  ce  double  emploi  en  1729.  JLes  Ouvrages  de 
yan  Zanten  font  en  HoUandois.  Aucun  n'a  rapport  à  l'Art  qu'il  profelfoit  ,• 
finon  un  Traité  traduit  du  Latin  de  Jean.  Dolaus  ,  fur  les  moyens  de  guérir 
&  de  fe  préferver  de  la  goutte  ,  en  buvant  du  lait.  L'édition  eft  de  Harlem., 
1709,  m- 12. 

ZANTVLIET,  fjean  DE  )  Médecin,  étoit  de  la  Province  de  Brabant  &vi- 
voit  au  commencement  du  XVI  fiecle.  Ceux  qui  ont  parlé  de  lui  ,  n'en  difent  que 
deux  mots  ;  Foppens ,  qui  naquit  dans  la  même  Province  ,  fe  borne  môme  à  nous*  lé 
donner  comme  Auteur  d'un  Traité  De  dicetis  totius  anni ,  dont  on  a  une  édition  de 
Lyon,  1515,  «-4,  avec  l'Ouvrage  de  Afag/i/nw ,  qui  eft  intitulé  :  Regimen  fanitatis. 

ZAPATA,  (  Jean-Baptifte^  Médecin  de  Rome,  fe  fit  de  la  réputation  ,  vers  Ta 
fin  du  XVI  fiecle ,  par  un  Recueil  de  fecrets,  qu'il  publia  fous  le  titre  de  Secreti  va- 
Ti  di  Medidna  e  di  Chirurgia.  Rome ,  1586 ,  in-S.  Venife ,  1595  ,  i/i-8.  Cet  Ouvrage 
eft  pafie  de  la  Bibliothèque  de  M.  Falconet  dans  celle  du  Roi  de  France.  David 
Spkjfius ,  Dofleur  en  Médecine  natif  de  Schaffhoufe ,  l'a  traduit  en  Latin  &  l'a  intitulé: 

Mirabilia  Jive  Sécréta  Medico-Chirurgica  denuà  inventa  ,  ad  fanandos  omnes  humani 
corporîs  affeclus.  Ulmx  ,  1696,  m-8.  M.  Falconet  avoit  aulli  cette  édition  dans  fa 
Bibliothèque. 

ZAS,  C Nicolas  )  Médecin  du  XVIÎ  fiecle,  fit  fa  proféftion  à  Roterdam  &  fe 
diftingua  parmi  les  feflateurs  de  Louis  de  Bils.  Ce  fut  pour  loutenir  les  opinions 
théoriques  de  cet  Anatomifte  ,  qu'il  publia  en  1660,  z/i-ia,  un  Traité  écrit  en  Hol- 
landois  fur  la  rol'ée  des  animaux.-  l'édition  eft  de  Roterdam.  Suivant  M.  De  Haller 
Zas  prétend  que  le  chyle  eft  repompé  par  les  veines,  la  vapeur  par  les  vaifleaux 
roriferes  ,  &  que  plufieurs  vaiffeaux  lymphatiques  aboutiflent  au  cœur.  Diemerbroeck  a 
aufli  parlé  de  cet  Auteur,  en  particulier  ,  au  fujet  du  tiflu  cellulaire  , que  cet  homme 
à  paradoxes  regardoit  comme  le  centre  qui  attiroit  à  lui  toutes  les  humeurs  féreules. 

ZAUCARIUS  ou  DE  ZACHARIIS,  C  Albert  )  Médecin  de  Bologne,  eft  cité 
avec  éloge  par  divers  Auteurs.  Il  fut  en  réputation  vers  l'an  i-^aô  &  laiflh 
quelques  Traités  qu'on  trouve  en  manufcrit  dans  les  Bibliothèques  des  Curieux.  Lp 
p^us  connu  eft  celui  intitulé:  GloJJa  fuper  Traitatum  Avicenn<s  de  cura  Upr^s, 


«14  Z    E    C       Z    E    F 

ZECCHIUS  C  3ein  )  naquit  à  Bologne  en  1533.  Tl  enreigna  la  Médecine  dam 
les  Ecoles  de  cette  ville  vers  l'an  15B0,  mais  comme  il  ne  tarda  point  à  le  rendre 
à  kome  ,  il  fut  nommé  premier  Médecin  de  Sixte  V  qui  parvint  au  Souverain 
pontificat  en  1585.  L^es  iuccès  de  les  cures  dans  les  maladies  les  plus  opiniîltre» 
lui  méritèrent  une  fi  grande  réputation ,  qu'il  palfa  pour  le  plus  habile  praticien  de 
fon  tems ,  &  que  îsixte  V  le  regarda  toujours  comme  tel.  Je  ne  lais  li  ies  Papes 
Urbain  VU,  Grégoire  XIV  &  Innocect  IX  le  prirent  à  leur  lérvice  ;  la  courte 
durée  de  leur  règne  eft  peut-être  Ja  caule  que  les  Hiftoriens  n'en  oarlent  pas  .-mais 
Clément  VIII ,  ce  jufte  eftimateur  des  Sciences  &  ce  grand  protedteur  des  Savans, 
le  prit   pour  Ion  premier  Médecin  en  1592,  qui  eft  Tannée  de  Ion  exaltation. 

L'opinion  avactageufe  que  ce  Pape  avoit  conçue  de  l'habiicié  de  Zecchius ,  l'en- 
gagea à  prendre  l'on  avis  fur  la  difpute  qui  s'étoit  élevée  entre  le*  Médecins  de 
îsaples  &  de  Rome,  au  lujet  de  la  méthode  curative  de»  Hevres,  Il  dilcuta  la 
quelbon  en  prérence  de  Clément,  &  le  fit  avec  tant  de  force,  de  folidité  &  d'é- 
loquence, qu'il  vit  tout  le  monde  embraffer  ion  parti  &  décider,  comme  lui,  que 
la  pratique  des  Médecins  de  Rome  méritoit  la  préférence.  Zecchius  mourut  dans 
cette  Capitale  le  2  du  mois  de  Décembre  1601 ,  à  l'âge  de  68  ans.  On  a  pluficurs 
Ouvrages  de  la  façon: 

De  Aqaarum  Porrc&anaram  ufu  atque  j>ra:Jîantiâ.   Bonoila  ^  IÇ76  ,  tn-4. 

In  priinam  Hippocratis  ylphorifmorum  fzSlionan  dilucidijjîma  USiones.  Ibidem,  1586  ^ 
1629  ,  in-4.  Il  y  a  joint  diff'érens  '1  raités ,  tant  fur  les  jours  critiques  &  la  vérole  , 
que  lur  la  laignée  &  la    purgation. 

De  ratlone  purgandi ,  prafertim  febre^  ex  putrido  ortas  hamore  ,  à  Medlch  haS/cnus  in 
TJibe  fervatâ.  Rom^,  1596,  i«  4.  Ce  fut  au  fujct  de  la  dilpute  entre  les  Médecins 
de  Naples  &  de  Rome  ,  qu'il  mit  cet   Ouvrage    au  jour. 

Confultatioms  Mcdicinalcs  ,  in  quibus  unlverfa  Praxis  Medica  exaStè  penra&amr.  Ro- 
m£  ^  1S09-I  1601,  fn-4.  f^enetiis  ,  16:7,  m-4.    Francofuni ,    1650,   i6;'9,  i/i-8. 

De  urinls  brevis  &  pu/cherrinia  mahodui,  Bononi£ ,  1613,  Jn-4  ,  avec  une  Diflerta- 
tion  De  laterali  dulore  cumfcbre  putridâ.  C'eft  Hercule  Zecchius  ,  DotUur  en  Phiio- 
fophie  &  en  Médecine,  neveu  de  l'Auteur,  qui  a  publié  cet  Ouvrage.  Il  en  a 
donué  lui  même  quelques-uns  de  fa  façon,  mais  ils  confillent  principalement  en 
différentes  pièces  de  Poéfie  Italienne. 

ZEFFIRI,  CSilvio  )  Médecin  du  XVI  fiecîe,  étoil  de  Rome,  oii  il  naquit 
dans  une  famille  honorable.  Après  d'excellentes  éiudes  qui  lui  frayèrent  le  chemin 
à  la  célébrité  dont  il  a  joui  dans  la  pratique,  il  enfeigna  datis  les  Ecoles  de  fa 
ville  natale.  Le  Pape  Paul  III,  qui  fut  élu  le  13  Oétobre  1534,  le  nomma  fon 
premier  Médecin  &  ne  -manqua  aucune  oci,afion  de  rendre  juftice  ft  fon  mérite. 
C'eft  à  ce  Ibuverain  Poatife  que  Zeffiri  dédia  le  Traité  qu'il  mit  au  jour  contre 
ies  aflèrtions  de  quelques  Médecins  de   Padoue ,  fous  ce    titre.* 

De  putredine,  Jive ,  de  protrahenda    vitA  Libellas.    Romte,  I536,  i/J-4. 

Cet  Auteur  eut  un  frère  aine  que  le  même  Pape  éleva  à  la  place  de  Châtelai» 
4e  la  citadelle  d'Ancone. 


Z    E    L  6t5 

2ELLER.,(  Jean-Godefroid)  Médecin  Allemand,  naquit  le  5  Janvier  1656.  Il 
Itudia  d'abord  la  Thfologie,  mais  étant  paflë,  en  168 1 ,  dans  /es  Ecoles  de  la  Fa. 
culte  de  MédeciiJt'  de  Tobingp,  il  y  fut  reçu  à  la  Licence,  &  ie  mit  enfuite  à 
voyager  en  France  ,  en  Hollande  &  en  ditlërentes  parties  de  l'Allemagne.  Ses  cour- 
fes  finies,  il  revint  dans  l'Uûiverlicé  de  la  même  ville  pour  y  demander  le  bonnet 
de  Dodeur ,  &  il  l'obiint  en  1684.  Le  Prince  d'Œttingen  le  prit  à  fa  fuite  en 
1686  ,  en  qoalite  de  Méiittin,  &  i!  accompagna  ce  Seigneur  dans  fon  voyage  de 
Hollande  &  de  France.  Comme  ZclUr  n'avoit  pas  perdu  de  vue  rétabliflement 
qu'il  eipéroit  d'obtenir  à  Tubinge,  il  vint  s'y  Hxer  au  retour  de  ce  voyage,  &  il 
ne  tarda  point  à  être  lucceflivtment  nommé  Protëflèur  extraordinaire  &  ordinaire 
de  la  Faculté,  Il  le  diHlDguî»  dans  i'une  &  l'autre  de  ces  Chaires.  La  pratique  lui 
fit  auflî  beaucoup  d'honneur  ,  &  lui  mérita  la  contiance  des  Cours  de  Wirtemberg, 
de  Brunfwick  &  d'Œrtingen  ,  dont  il  fut  déclaré  Conleiller-Médecin.  Sa  réputa- 
tion paflk  même  jufqu'à  Vienne.  En  1716,  il  fut  appelle  dans  cette  Capitale  de 
l'Autriche ,  pour  veiller  à  ia  fanté  de  l'Impératrice  Elilàbeth-Chrilîine  de  Brunl- 
wick-Bianckenbourg ,  qui  étoit  enceinte.  Il  affilia  à  fes  couches ,  &  dans  toutes  les 
occalions,  il  donna  tant  de  preuves  de  fa  prudence  &  de  Ion  favoir  ,  qu'on  le 
combla  de  préfens  à  fcfi  départ  de  Vienne.  Revenu  à  Tubinge,  il  reprit  fes  exer- 
cices Académiques,  &  les  continua  jufqu'à  fa  mort  arrivée  le  f  Avril  1734. 

Ce  Médecin  a  travaillé  à  donner  le  meilleur  ordre  podible  à  l'Amphithéâtre  Ana» 
tomique  &  au  Laboratoire  de  Tubinge  f  il  a  auffi  introduit  une  réforme  néceffaire 
dans  les  Pharmacies  tant  publique»  que  particulières  du  Wirtemberg ,  &  il  n'a 
rien  négligé  pour  foutenir  la  vogue  àcs  Eaux  Minérales  de  ce  Duché.  Les  princi- 
paux Ouvrages  qu'on  a  de  lui  font  en  Allemand  ,  &  ils  ont  la  Chymie  pour  objet. 
Ceux  qu'il  a  é  .rits  en  Latin  fe  réduifent  à  des  Dilferrations  en  forme  de  Thefes  , 
la  plupart  fur  des  matières  curieufes  &  intéreflantes.  On  remarque  parmi  elles  : 

Difputatlo  MedlcO'Forenfii ,  quod  pulmonis  in  aqua  fubfidtnna  infant'uidai  non  abfolvat. 
Tubing£,  i6gi,in-^.  Hala  ,  1746,  in-ïi.  Il  y  prouve  que  deux  ou  trois  refpira- 
tions  ne  futtilent  pas  pour  dilater  les  véficuies  pulmonaires  &  faire  furnager  le  pou- 
mon. D<;li  il  conclut  que  !a  précipitation  de  ce  vifcere  au  fond  de  l'eau  n'eft  point 
un  ligne  certain   que   l'cufant  n'a  pas  vécu. 

f^iia  huTiana  ex  funt  ptndcns.Tubins,<s ,  i6g2 ,  In^.  Il  y  confidere  le  foetus  na- 
geant dans  les  eaux  &  attaché  au  placenta  par  le  cordon  ombilical;  mais  comme 
il  n'ira-ginoit  pts  que  la  fource  de  ces  eaux  étoit  dans  les  mammelons  qui  unif- 
fcnt  les  membranes  à  la  lurface  interne  de  l'Utérus,  il  a  fuppolé  des  glandes  dan& 
l'Amnios. 

De  morbis  ex flruSura  glandularum  pnettrnaturaU-  Ibidem ,  1694  ,£1-4.  11  a  donné, 
en  1695  ,  une  féconde  Diflertation  fur  le  même  fujet. 

Docimujiica  fuper  caufam  R  noxas  vint  liihargyriô  niangonîfati.  ^horfiî ,  1707.  Tout 
le  monde  connoît  la  manœuvre  des  marchands  qui  adouciflcnt  l'âpreté  du  via 
avec  la  litharge;  il  rcfulte  de  ce  mêlarge  un  vrai  poifon  ,  dont  le  moindre  effet 
eft  de  caufer  la  colique  de  Poitou.  L'Auteur  fe  récrie  contre  cette  pratique  dé- 
teftable  ,  il  remarque  même  que  la  juftice  a  quelquefois  févi  contre  cet  abus, 
au  point  de  condamner  à  la  mort  les  pcrfonnes  qui  s'en  étoient  rendues  coupables. 

On  trouve  dans  les  Traités   de  Bibliographie  un  Jean-François   Zdler  qui  a  conjy- 


tbib  ZEN       Z    E    R 

^ofé  une  DifTertation  imprimée  à  Prague  en  1741 ,  1/1-4,  ^o^s  ce  titre:  De  bih  & 
■»ju%  uju  medicamentosô.  Comme  il  exagère  les  ufages  de  la  bile ,  il  met  la  caufe  de 
prelque   toutes  les  maladies  dans  les  difl'érens  vices  de  cette  liqueur. 

ZENAliO,  (  Jacques  j)  de  'Montechiaro,  ville  du  Brcfian ,  étoit  un  très-habile 
■Chirurgien  du  XVI  iîede.,  au  rapport  de  François  Olnto  ou  Ulmus .,  dont  il  avoit 
lépoufé  la  lœuT.  Si  Zenaro  n^a  point  écrit  fur  la  méthode  de  Taliacot^  il  s'en 
eft  déclaré  grand  partilan  ;  il  a  même  prouvé  ,  par  fon  expérience  ,  qu'il  étoit  poC- 
ifible  de  réparer  ks  mutilations  de  différentes  parties  du    vilàge. 

ZENON  de  Chypre ,  célèbre  Médecin  du  quatriem^e  fiecle,  enfeigna  à  Sardes, 
où  il  eut  Oribafe  pour  diiciple.  11  palTa  delà  à  Alexandrie  ,  &  il  continua  de  fe 
faire  de  la  réputation  par  le  grand  nombre  d'auditeurs  qu'il  eut  dans  fa  nou- 
"velle  £cole. 

11  y  avoit  eu  auparavunt  d'autres  Médecins  du  même  nom,  comme  Zenon, 
Seétateur  d'Hcrophile  dan»  le  premier  fiecle  ,  qui  a  écrit  fur  les  médicamens.  Galien 
cite  un  Zenon  de  Laodicée  &  un  autre  qui  étoit  d'Athènes:  on  croit  que  le  pre- 
mier eft  le  même  que  l'Herophilien.  GalUn  ajoute  que  celui-là  a  compote  un  petit 
Ouvrage  fur  les  fjgnes  des  maladies  ,  mais  qu'il  a  été  réfuté  par  ^rijîoxene^  Mé^ 
«âecin  de  la  fede   d'Hérophdc. 

ZENON,  C Antoine  )  Médecin  natif  de  Venife,  fe  fit  beaucoup  de  réputation 
dans    fa  patrie  vers  la  fin    du  XV  fiecle.  On  a  de  lui  un  Traité  intitulé  : 
Dt  natura  humana  &  embrjone.  Fenetiis ,  1491,  in-^. 

ZERBIS  C  Gabriel  DE  )  étoit  de  Vérone.  11  enfeigna  la  Philofophie  à  Fa- 
<3oue  avant  l'an  1482,  &  pafià  enfuite  à  Rome,  oà  fes  talens  lui  méritèrent  un 
accueil  diftingué.  On  voulut  l'engager,  en  1492 •»  à  accepter  la  Chaire  de  Méde- 
cine  pratique  qu'il  étoit  bien  capable  de  remplir  avec  honneur,  mais  il  la  refuf» 
pour  fe  livrer  au  goût  qu'il  avoit  pour  les  voyages.  11  fut  tué  par  les  Turcs  en 
1505  ,  parce  qu'il  n'étoit  point  venu  à  bout  de  guérir  un  Bâcha  hydropique  qu'on 
îui  avoit  mis  en  mains.  C'eft  tout  ce  qu'on  fait  de  ce  malheureux  Médecin ,  iinoQ 
qu'il   a  laiUë    plufieurs  Ouvrages ,  dont   voici  les  titres  .• 

^natomite  corporb  humani  (S?  fingulorum  illius  membrorum  Liber.  Vmeùis ,  1502 , 
1533,  ia-folio.  11  eft  difficile  de  trouver  une  plus  mauvaife  édition  pour  les  ca- 
raderes,  que  celle  de  1502.  Le  fonds  de  ce  Traité  ne  vaut  pas  mieux  ,  car  il 
tit  furchargé  de  raifonnemens  vuides  de  chofes  ;  &  ce  qui  achevé  encore  de  gîiter 
les  connoilFances  Anatomiques  qui  méritent  qu'on  s'y  arrête,  c'eft  que  le  ftyle 
de   l'Auteur  eft    des  plus  barbares. 

De  cautelis  Medicorum  Liber,  f^enetiis  ,  1503,  in-folio.  Lugduni,  1525,  m-4.  Pa- 
fia,    159B. 

^aaiomia  itifantîs  e?  forci  ex  traduione  Cophonls.  Marpurgi ,  1537 ,  in.'^.  Ibidem , 
ï5i^5  ,  (/1-4  ,  avec  l'Anatomie  de  Mundlnus.  Si  l'on  en  croit  Jacques  Carpi  dans 
fe»  Commentaires  fur  Mundinus ,  Gabriel  de  Zerbis  fut  banni  de  ia  patrie  pour 
vol;  il  ajoute  même  que  les  fils,  qui  avoient  apparemment  une  femblable  inclina- 
ÙQQm  ont  termiaé  honteufement  leur  vie  parla  corde. 

ZEUXÎS 


Z   E    u      z   r  M 


5ljr 


ZEUXÏS  de  Tarente,  Médecin    de  h  Se^is  d'Hérophlk^   a  commenté  les  Ou- 

,  vrages  à'Hlppocrate.    Sirabon.  parle  d'une  Ecole  d'Hérophiliens ,  qui  floriiroit  encore 

de  Ion  tems  dans  la  Phrygie ,    c'eft-à-dire ,  fous  le  règne  d'Augufte   &  de  Tibère. 

Zeuxis  avoir  enfeigné  dans  cette  Ecole,  &  il  fut  remplacé  ^ai  uilexandre  furnommé 

Pkilahthe,  ou  l'ami  de  la   vérité. 

ZIMMER.MANN,  (  Jean-George  J)  célèbre  Médecin  de  ce  ficelé,  étudia  fous 
\&    xv  ^"^^^^  ^  Gottingue  ,  prit  fes  grades  dans  TUniverfité  de  cette  ville,  &  vint 
«établir  à   Brugg,  Canton  de  Berne,  où  il  fait  fa   profellion.  'Ses  talens  lui    ont 
ouvert   l'entrée    de   plufieurs   Académies  ;  il  eft   Membre  de  celles  de  Berlin ,  de 
Munich,  de  Palerme  ,  de  Péfaro,  &  des  Sociétés  de  Zurich  ,  de  Baie,  de  Berne, 
&c.  M.  Ze/eévTd , qui  a  traduit  en  François  le  Traité  de  l'expérience,  peint  ainfi  no- 
tre   Auteur    dans    l'Introduaion  qu'on    trouve  à  la   tête    de   cet    Ouvrage  :  n  M. 
».  Zimmermann  eft  un  de  ces  hommes  nés  pour  le  bien  de   l'humanité,  &    qui  a  ef- 
»  fuyé  ,  comme  tant  d'habiles  gens,  les  traits  malins  des    erreurs  populaires:  audi 
«  démafque-t-ii  bien  ces  erreurs.  Produit  par   la  candeur  &  la  vérité,  fon  mérite, 
»  reconnu    de  plufieurs   Académies,  s'eft   fait  avouer;  &  fcs  ennemis  fe  font  tus. 
»  Habitant  d'un  pays  heureux ,  où  l'elprit  de  liberté  qui  anime  toutes  les  Sciences  \ 
»  donne  toujours  un  libre  effor  aux  facultés  de  l'amej  intime  ami  &  imitateur  zélé 
»  d'un    des  premiers  hommes  de  notre  fiecle;  CM.  le    Baron  de  HalUr  J  doué  de 
»  toutes  les  qualités  qui  font  l'aimable  homme  ,  il  s'eft  fait  connoître  par  les  titres 
n  les   plus    avantageux.   Philofophe    prudent  ,  Médecin     éclairé    ,    citoyen    zélé 
»  ennemi  de  l'erreur  ;  telles  font  les    qualités   qui   l'ont  rendu  intércli'ant   à   la  fo- 
»  ciété.  r,  Ses   Ouvrages  lui  ont  mérité  l'eftime  du  public,  &  tout  ce  qui  eft  forti 
de    fa    plume  ,   figure    très-bien   à  côté  des  lavantes  produirions   que  nous  devons 
aux  célèbres   De  Hallcr  &  Tljjbt.,  fes  compatriotes.  On  remarque  d'abord  la  The- 
fe   qu'il    foutint  à  Gottingue    pour  fon   Doilorat   ,    &  qui  parut  dans  cette  ville, 
en  175 1  ,  Jn-4,  fous   ce    titre:  Dijfertatio  de  irrhabilltate.    Mais  on  lui  doit  encore: 
Traité  de  VexpérUnce   en  général,  &  en  particulier  dans  VArt  de  guérir.  Traduit  de 
l'Allemand  par  M.  Lefebvre.  Paris,  1774,  trois  volumes  i/i-ia.  Cet  Ouvrage  a  reçu 
en  France  le  môme  accueil  qu'il  a  éprouvé  en  Allemagne  ;  il  n'a  rien  perdu  dans  les 
mains  du  Traduéïeur.  Les  gens  du  monde  y  trouveront  un  excellent  préfervatif  contre 
l'empirifme  &  le  charlatanifme  ;  ils  y  apprendront  à  diflinguer  le  vrai  Médecin  ,  l'hom- 
me de  génie ,  de  ces  routiniers  aveugles  qui  font  de  la  Médecine  un  vil  métier.  Les 
Médecins  apprendront   à  mieux  connoître  les  fources  où  ils  doivent  puifer  les  connoif- 
fances  qui  leur  font  néceffaires ,  &  les    moyens  d'acquérir  la  véritable  expérience  , 
celle  qui  peut  les  mettre  en  état  d'être  véritablement  utiles  à  leurs  concitoyens.  C'eft 
ainfi  que  feu  M.  Roux  a  parlé  de  ce  Traité  dans  le  Journal  du  mois  de  Juin  1774. 
Traité  de  la  dyjfenterie  ,  traduit  de  l'Allemand   par  le  miSme.  Paris,  1775,  /n-ia. 
L'Auteur  ,  dit  M.    Lefebvre  dans  la   Préface,   qui  exerce  la  Médecine  dans  un  pays 
où  cette  maladie  fait  prefque  tous  les  ans  les  plus  cruels  ravages,  s'eft  rendu    plus 
intéretfant    que    ceux   qui   l'avoient    précédé.    Moins    attentif  à    la    méthode    des 
Ecoles  &   à  tous    les  fyfiêmes  ,  qu'à    bien  établir  la  vraie   méthode    curative  ,    il 
çxpofe  d'abord  les  Faits  dont  il  a  été    témoin  ,   enfuite  il  en    examine   la  nature, 
TOME     IK  iiii 


6i3  Z    I    N       Z    I    T       2    O    B 

après  quoi  il  détaille  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  cure.  C'eft  à-peu-près  ce  qu'ont  fait 
ceux  qui  ont  écrit  avant  lui  fur  cette  maladie  ,•  mais  notre  Auteur  les  furpaflè  ,  en  dé", 
montrant  que  les  épidémies  d'une  année,  ou  môme  d'une  faifon  ,  n'ont  pas  toujours  le 
même  taradere.  Il  propofe  les  moyens  de  reconnoître  ces  variétés,  ISi  en  généraliiant 
les  préceptes  du  traitement ,  il  s'attache  à  faire  voir  les  nuances  qu'on  doit  mettre  dans 
l'appHcation  de  ces  préceptes  dans  les  difléretites  épidémies.  M.  Roux  n'a  point  parlé 
moins  avantageul'ement  du  Traité  de  la  dytienteric  que  de  celui  de  l'expérience.  Il  ter- 
mine ainli  l'extrait  qu'il  a  tait  du  premier  ,  Journal  de  Février  1776  :  pour  ne  rien  laiflèr 
à  defirer  fur  la  m<ttitre  qu'il  avoit  entrepris  de  traiter  ,  notre  Auteur  a  confacré  deux 
chapitres  à  l'examen  de  quelques  nouveaux  médicamens  &  de  certains  fpécifiques 
qu'on  a  vantés  contre  cette  cruelle  maladie,"  il  fe  montre  à  cet  égard  ,  comme  fur 
toit  le  relie  ,  excellent  obiervateur  &  praticien  confommé.  Son  Ouvrage  eft  cer- 
tainement le  meilleur  Traité  que  nous   ayons  fur  cette  matière  importante. 

ZINN  ,  (  Jean-Godefroid_)  célèbre  Profeffeur  de  Médecine  à  Gottingue  ,  mou-- 
rut  dans  cette  ville  le  6  Avril  1758 ,  à  l'âge  de  32  ans.  Comme  il  avoit  marché 
à  pas  de  géant  dans  la  carrière  des  Sciences,  fa  jeuneffe  ne  l'empêcha  point  de 
figurer  avantageufement  à  côté  des  grands  Hommes  de  l'Académie  de  Gottingue  , 
de  l'inftitut  de  Bologne  &  de  la  Société  Royale  de  Berlin  ,  qui  le  virent  avec 
plaifir  au  nombre  de  leurs  Collègues,  Profitant  de  l'afcendant  que  lui  donnoit  fon 
génie,  il  foutint  les  opinions  de  M.  De  Haller ,  fon  Maître,  &  publia  de  nouvel- 
le>i  expériences  fur  l'infenfibilité  du  péricrâne  &  de  la  dure-mere  ,  fur  les  bleflures 
du  cervelet  &  de  la  moelle  épiniere.  Plus  occupé  cependant  de  les  recherches  fur 
la  ftrudure  de  l'œil,  il  ne  s'eft  point  borné  aux  Dilfertations  qui  ont  été  foutenues 
dans  les  Ecoles  de  Gottingue  fur  cet  organe,  il  a  encore  communiqué  à  l'Acadé- 
mie de  la  môme  ville  quelqiïes  Ménwires  intéreffans ,  &  il  a  fini  par  publier  l'Ou- 
vrage le  plus  complet  &  le  meilleur  que  nous  ayons  fur  cette  matière.  Le  titre  porte." 

Defcriptio  Anatomica  oculi  humanl  Iconibus  illuflrata.  Gottingx^  ^755  »  ''^-4' 

Mais  Zinn  n'étoit  pas  feulement  Anatomifte  ;  il  avoit  encore  fait  de  fi  grandi- 
progrès  dans  la  Botmique,  qu'il  fe  trouva  en  état  de  mettre  au  jour  un  Catalo- 
gue raifonné  des  plantes  du  Jardin  &  des  environs  de  Gottingue.  Il  eft  intitulé: 

Catalogus  plantarum  Horti  Academici  &  Agri  Cottingenfis.  Gottinga ,  1757 ,  jn-8  » 
avec  figures. 

ZITTMANN  ,  (  Frédéric  )  de  Toeplitz  en  Bohême,  fit  la  Médecine  dans  les 
troupes  de  la  Couronne  de  Pologne.  II  y  avoit  iervi  depuis  long-tems  ,  lorfqu'il  prit 
le  parti  de  retourner, dans  le  lieu  de  fa  naifiànce,  où  il  mourut  le  15  Mai  1757, 
Il  s'appliqua  à  recueillir  les  décifions  de  la  Faculté  de  Leipfic  fur  les  cas  les  pluj 
rares  qui  avoient  été  fournis  à  fon  jugement  ,  &  il  en  forma  un  volume  qui  com- 
prend les  réponfes  données  depuis  1650  jufqu'en  1700.  Ce  recueil  parut  à  Franc- 
fort en   1706,  in-4,  avec  figures;  il  eft  écrit   en   Allemand, 

ZOBEL  (  Frédéric  )  naquit  dans  le  Holftein.  Il  fut  nommé  en  1636  à  l'emploi 
de  premier  Médecin  du  Duc  de  Holftein-Gottorp ,  &  comme  ce  Prince  aimoit  la 
Chymie ,  il  lui  confia  encore  la  direflion  de  ion  Laboratoire.  Zobel  mourut  vers 
J'an  1647 ,.  &i  environ  trente  ans  après  fa  mort ,  Giorgc-fVolf^ang  Widd  publia  ua 


ZOLZOPZOR  619 

Ouvrage  qu'il  avoit  écrit  fur  les  préparations  du  Tartre ,  auxquelles  on  avoit   tra- 
vaillé de  fon   tems  dans  le  Laboratoire  de  Gottorp.  Cet  Ouvrage  eft  intitulé  : 

Tartarologia  fpagyrica^  feu^  medicamentorum  ex  tartaro  in  Laboratorio  Gottorpimfi  pa- 
ratorum  fiddis  defcrlptio.  Jerns  ,  1676,  1684,  in- 12. 

ZOLLICOÏ'FER,  CHedor  J  de  Saint-Gai ,  ville  alliée  des  Suiflès ,  prit  le  bon- 
net  de  Dodeur  dans  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier  en  1620.  Les  Biblio- 
graphes ne  parlent  de  lui  qu'au  fujet  d'une  Diflertation  De  Phlltris,  que  Jean-Jacques 
Genathius  inféra  dans  le  recueil  publié  à  Bâlc  en  1622 ,  in-^. 

ZOPYRUS  ,  Médecin  du  XXXIX  fiecle,  communiqua  à  Mitîiridate  VI,  dit 
Eupator,  Roi  de  Pont,  la  recette  d'un  antidote  contre  toutes  fortes  de  poilbns. 
Ce  Prince  en  fit  faire  diverfes  expériences  fur  des  criminels  condamnés  â  la  mort , 
tx  la  plupart  réufljrent. 

Celfe  parle  d'un  antidote  appelle  ^mbrojîa  ,  qui  fut  compofé  par  un  Médecin  du 
même  nom  pour  un  Roi  Ptolomée;  on  en  trouve  la  defcription  au  Livre  V,  Cha- 
pitre XXIII,  De  antidotis  S  quibus  mails  opituUntur.  Mais  cet  antidote  cft  différent 
du  premier  ;  il  pourroit  cependant  être  de  la  compolition  du  même  Médecin , 
qui  l'auroit  préfenté  à  l'un  des  Ptolomées  ,  contemporain  de    Mithridate  VI. 

Il  fe  trouve  un  autre  Zopyrus  ,  Médecin  qui  vécut  dans  le  deuxième  Jiecle ,  du 
tems  de  Plutarque. 

ZOROASTRE  apalfé  ,  chez  quelques  Auteurs ,  pour  avoir  inventé  l'Aftrologie. 
On  l'a  confondu  avec  Noé,  avec  Mefraïm,  avec  Abraham;  &  d'autres  l'ont  fait 
difciple  d'Elie  ,  d'Elifée ,  des  Réchabites.  Pierre-Daniel  Huet ,  Evêque  d'Avranches  , 
prétend  que  Zoroafire  n'eft  point  différent  de  Moïfe.  Grégoire  de  Tours  le  fait  pafTer 
pour  Cham,  fils  de  Noé  ,  &à  cette  occafion  ,  il  obferve  que  le  nom  de  Zoroafire 
Cgnifie  Etoile  vivante,  L'Abbé  Banier  croit  qu'il  eft  le  même  que  Mefraïm ,  fils  de 
Cham  j  iijufîin,  au  commencement  de  fon  Abrégé  de  Trogue  Pompée  ,  rapporte 
que  Zoroafire  a  été  Roi  de  la  Baiftriane  &  qu'il  fut  tué  dans  une  bataille  contre 
ÎJinus  ,  Roi  des  AfTyriens. 

La  différence  des  opinions  fur  le  tems  auquel  ce  perfonnage  a  vécu ,  eft  une 
fuite  de  celles  qu'on  a  eues  fur  ce  qu'il  étoit  lui'-même.  Selon  Xanthus  le  Lydien  , 
il  vécut  600  ans  avant  l'expédition  de  Xerxes  en  Grèce  ;  fuivant  Plutarque  &  Suidas , 
6000  ans  avant  Platon  ,  c'eft-à-dire ,  plus  de  2000  avant  Adam  /  mais  cette  erreur  de 
Chronologie  tire  fa  iburce  des  fables  des  Egyptiens  qui  faifoiffnt  le  monde  plu» 
ancien  qu'il  n'eft. 

Il  eft  afl'ez  vraifemblable  que  la  divtrfî'té  de  fentimens  fur  le  compte  de  Zoroafire^ 
a  pour  fondement  l'exiftence  de  plufieurs  hommes  de  ce  nom.  Un  de  ceux-là  a  palTé 
pour  Médecin,  &  parmi  les  Livres  qu'on  lui  a  attribués,  on  en  trouve  quelques-uns 
cités  par  Pline  ^  qui  traitent  De  la  nature  des  pierres  précieufes.  On  le  fait  d'ailleurs 
inventeur  de  la  Magie  ;  mais  cet  Art ,  fondé  fur  l'impofiure  ,  avoit  tant  de  part 
dans  la  Médecine  ancienne ,  que  lui  feul  peut  avoir  donné  occafion  de  ranger  Zo- 
Toaftre  entre  les  Médecins.  Lipenius  parle  d'un  Manufcrit  qu'on  a  tiré  de  la  Bi- 
bliotheque  de  lianioyius  &  qu'on  a  publié  en  Latin  à  Hambourg,  1593,  in-8 ,  fous 
le.  litre  de  Magia  Philofophicaj  hocefi^  Zoroajl^  ^  ejus  CÇÇXX  Oracula  Chaldffùa, 


Cio  *Z  ^O    S       ^Z    U    M 

Il  y  a  auflî  une  édition  de  Francfort,  1673,  tn-ia,  dans  le  Tnnuin  Maglcum  de 
Céfjr  Longlnus. 

Encore  que  Zoroafîre  n^auroit  été  que  le  chef  des  Ma^es ,  c'ert-à-dirc  ,  de  ces  Phi- 
iorophes  qui  joignoient  l'étude  de  la  Métaphyfique ,  de  la  Phyfique  &  de  la  Science 
Naturelle  à  l'étude  de  la  Religion  ,  ces  coniioiflances  dévoient  encore  le  faire  pla- 
cer au  nombre  des  Médecins  ,  parce  qu'anciennement  ceux  qui  fe  difoient  tels, 
s'appliquoient  à  tout  ce  qui  peut  éclairer  l'eiprit.  On  dit  que  ce  chef  des  Mages 
vécut  dans  la  iblitude  des  mortagnes,  &  qu'il  apprit  aux  Perfes  à  adorer  la  Di. 
viuité  ,  Ibus  le  'ymbole  du  feu.  Il  eft  encore  en  vénération  parmi  ceux  de  cette 
nation  "qui  ne  (uivent  pa?  la  religion  de  Mahomet  ,  mais  l'ancienne  croyance  du 
pays.  On  nomaie  Guebres  ,  c'eft-à-dire  ,  infidèles ,  les  i'edïateurs  de  Zoroajlre  qui  lub- 
fiftent  en  Perle. 

Les  Bibliographes  parlent  d'an  Zoroajlre  qui  a  écrit  de  la  Vétérinaire  ou  de  1» 
Médecine  des  bâtes. 

ZOSIME  fut  furnoramé  Panopolitain,  parce  qu'il  étoit  de  Panopolis,  ville  d'E- 
gypte. Le  Pcre  Dtlrlo  &  Naudé.  dilect  qu'il  eft  le  plus  ancien  Auteur  qui  ait  écrit 
en  Grec  fur  la  Chymie,  &  ils  le  placent  fous  l'Empire  de  Dioclétien  ,  vers  la 
fin  du  troifieme  (jecle»  Boerhaave ,  qui  parie  de  Zojime  au  chapitre  Z>e  Hijloria 
u'Inis  qui  eft  à  la  tête  de  Tes  Elémens  de  Chymie,  dit  que  George  ^gricola  z  vu, 
en  1550,  les  Manufcrits  de  cet  Auteur,  &  que  Jofeph  Scaliger  &  Olaus  Borrich'ius 
les  ont  trouvés  dans  la  Bibliothèque  du  Roi  de  France.  Ils  font  en  Grec  ;  mais 
pour  ne  point  laiffer  ignorer  leurs  titres  à  ceux  qui  ne  connoifient  point  cette 
Langue ,    on   les  a  rendus  ainfi  en  François  : 

Ouvrage  de  Zofime  fur  la   compojuion  des  eaux. 

Livre  du   divin  Zofime  fur  la  vertu  &  V interprétation. 

Ouvrage  de    Zofime  fur  V^rt  facré  &  divin. 

Ouvrage  de    Zofime  fur  les  infirumens    &  les  fourneaux. 

Lies  Hiitoriens  font  mention  d'un  autre  Zofime  .^  Philofophe  qui  étoit  d'Alexandrie 
&  qui  vécut  fous  le  règne  de  l'Empereur  Théodofe  le  jeune  ,  vers  Tan  410.  Ses 
Ouvrages  ,  dont  Cellarius  a  donné  une  édition  Grecque  en  1696,  font  entremêlés 
de  divers  dilcours  qu'on  ne  peut  lui  attribuer  avec  juftice  ,  parce  qu'il  y  eft  quef- 
tion  de  plufieurs  chofes  qui  étoient  parfaitement  inconnues  aux  anciens  Médecins 
de  la  Grèce,  &  qui  n^ont  été  nommées  &  mifes  en  ufage  que  par  les  Perfes  & 
les  Arabes.  Dans  fon  'Jraité  adrelië  à  Théoiebfen,  il  rapporte  les  fpéculations- 
des  Platoniciens  &  les  fables  des  anciens  Egyptiens  à  la  Chymie  ;  il  applique 
.même  la  vifion  prophétique  d'Ezéchiel ,  au  liijet  de  la  réfurret^ion,  aux  procédés 
de  cet  Art. 

ZUMBACH  DEKOESFELD,  C  Lothaire  ^  de  Trêves,  où  il  naquit  le  27 
Aoîit  i66i  ,  remplit,  pendant  trois  ans,  les  places  de  Maihématicien  &  de  Mufi. 
cien  à  la  Cour  de  Maximilien-Henri  de  Bavière  ,  Electeur  de  Cologne.  A  la  mort 
de  ce  Prince  en  1688  ,  il  fe  rendit  à  Leyde ,  fe  mit  fur  les  bancs  de  la  Faculté 
ée  Médecine,  &  mérita  les  honneurs  du  Doi^orat  en  1692.  Les  connoifiances 
qu'il  avoit  de  l'Aftionomie  engagèrent  les   Curateurs  de   l'UnivcrGté   de  Leyde  as 


Z    U    s        Z    W    E  6ai 

le  retenir  dans  leurs  Ecoles  pour  y  enfeigner  cette  Science  ;  màfs  il  fe  dégoûta 
bientôt  de  cet  empla'  qu'il  quitta  pour  aller  fe  fixer  à  Caflel  ,  où  il  avoir  été 
rommé  à  la  Chi.ire  des  Mathématiques,  quoiqu'on  sijt  bien  qu'il  profeflbit  la  Re- 
ligion Catholique  Romaine.  Zumbach  mourut  dans  cette  ville  le  ag  Juillet  1729, 
&  iaifla  un  Ouvrage  imprimé  à  Leyde  en  i6go  ,  in.B ,  fous  ce  titre  :  Flore  Lu^duno. 
Bdtdvts    flores  ,  /îve,    Sdrpes   annô   1689  demonjhatis  à   Paulo    Hermanno. 

Conrad  Zumbach^  fon  fils,  embrafia  auffi  le  parti  de  la  Médecine,  fur  laquelle 
il  a  écrit  : 

De  vero   in  Mcdlcina  invenlendô.    Lugdunl  Batavorum  ,  1724  ,    w-4. 

De  puljlbus  6?  urlnis.   Ibidem,  1741,    in-li. 

ZUSNER  ,  C  Urbain  )  reçut  le  bonnet  de  Docteur  en  Médecine  à  Wittem- 
berg  le  13  Juillet  1571,  &  paffa  enfuite  dans  la  Carinthie  ,  où  il  mourut  en  1645, 
à    l'âge  de  96  ans,   après    56  de  pratique. 

^dam.^  fqn  fils  ,  de  Clagenfurt  en  Carinthie  ,  naquit  le  16  Septembre  1602.  Il 
n'avoit  que  douze  ans,  lorfqu'on  l'envoya  étudier  à  Strasbourg,  où  il  acheva  fon 
cours  d'Humanités  &  fit  celui  de  Philolophie.  Mais  comme  on  le  defiinoit  à  la 
Médecine,  il  employa  une  partie  des  fix  années  qu'il  demeura  dans  cette  ville  ,  à 
s'appliquer  à  la  Chymie  fous  Jean.  JCufer.  Au  bout  de  ce  terme,  il  paffa  fucccilive* 
ment  à  Tubingue  &  à  Padoue,  &  après  un  féjour  de  deux  ans  dans  chacune  de 
ces  Univeriités  ,  il  quitta  la  dernière  pour  fe  rendre  dans  fa  patrie  par  la  France. 
Il  retourna  à  Padoue  en  1628,  &  en  1630,  il  y  reçut  le  bonnet  de  Dofleur  en 
Philofophie  &  en  Médecine  des  mains  de  Céfar  Crenuaini.  Revôtu  de  ce  titre,  & 
fupérieurement  au  fait  de  toutes  les  connoilfances  nécelTaires  à  l'exercice  des  fonc- 
tions qui  y  font  attachées  ,  il  ne  parut  pas  plutôt  dans  fon  pays,  qu'on  s'empreffà 
à  le  nommer  Médecin  ordinaire  de  la  Province.  Il  fut  cependant  obligé  d'aban- 
donner cet  emploi  pour  caufe  de  religion;  il  fe  retira  en  1637  à  Nuremberg,  où 
il  mourut   le  premier  de  Mars  1661. 

ZWELFER  C  Jean  )  naquit  dans  le  Palatinat  du  Rhin  en  i5i8.  Son  premier 
goût  fut  pour  la  Pharmacie  &  il  s'y  appliqua  pendant  leize  ans;  mais  voulant  fe 
pouffer  à  quelque  chofe  de  plus  que  cette  partie  miniOrante  de  l'Art  de  guérir, 
il  le  mit  à  étudier  1"  fonds  même  de  cet  Art ,  &  fe  rendit  enfuite  à  Padoue ,  où 
la  Faculté  de  Médecine  lui  accorda  le  bonnet  de  Dofteur,  D'abord  après  fa  pro- 
motion,  il  pafia  à  Vienne  en  Autriche  &  s'y  fit  eftimeti  on  affure  même  qu'il 
enfeigna  publiquement  la  Chymie  dans  cette  ville  &  qu'il  fut  Médecin  de  la  Cour 
Impériale;  il  ne  s"en  donne  cependant  point  le  titre  à  la  tête  des  Traités  Phar- 
maceutiques qui  furent  imprimés  différentes  fois  avant  fa  mort  arrivée  en  1668,  à 
l'âge  de  50  ans.   On  a  de  lui  : 

^nimadverjîcmes  in  Pharmacopœïam  yiuguftanam  &  annexam  ejus  mantljfam.  F'iennts 
^uftria  ,  16^1 ,  in-folio.  Goudte ,  1653  ,  ira-8.  Roterodami ,  1653,  "^'S-  J^orlmbergce  ^ 
1657,  1667,  in-folio.  Dordrechii,  1672,  deux  volumes  i/1-4.  Norimbcrgis ,  1675, 
in-folio^  1693,  ''*"4*  ^"  Y  a  J'jint  quelques  autres  Ouvrages  du  même  Auteur. 
uippendix  ad  an'madverjlones  in  Phannacnpϕam  ^uguftanam.  Pharmacopoiia  Regia^ 
feu  y  D'fpenfatorium  abfolutijpmuin.  JDifcurfas  aplogeticui  tidrcnàs  Hippocratem  Chjmicunx 


&i^  Z    W    l 

Ottonls  Tackenll,  &  T^lndida  contra  Francl/cum  rerny,  Pharmacopaam  MotifpelUnftm. 
Wdfchîus  a  foutcnu  la  Pharmacopée  d'Ausbourg  contre  les  remarques  de  Zwelfer 
qui  a  manqué  ion  but,  pour  avoir  voulu  poulfer  fa  cenfure  trop  loin,  &  princi- 
palement pour  n'avoir  pas  été  afle^  inftruit  de  la  Chymie.  Comme  notre  Auteur 
s''eft  d'autant  plus  livré  au  goût  de  fon  fiecle  &  de  fon  pays  pour  la  Polyphar- 
macie  ,  qu'il  en  avait  pris  les  principes  durant  le  cours  de  fes  premières  études , 
il  aimoit  à  entafier  les  rerpedes  les  uns  fut  les  autres  :  les  Arabes  n'auroient  pas 
donné  dans  un  tel  excès. 

ZWINGEIi,  C Théodore  )  de  Bifchofs-Zell ,  ville  de  Suiflè  dans  le  Turgaw, 
îiaquU  le  a  Août  1533.  Ceft  le  fentiment  de  Matthias  qui  n'eft  pas  d'accord  avec 
Manget  fur  le  lieu  de  la  naiflance  de  ce  Médecin.  Selon  le  dernier ,  Théodore  vint 
au  monde  il  Bâle  de  Léonard  Zwïnger ,  bourgeois  de  cette  ville ,  mais  natif  de 
3ifchofs.Zell ,  &  de  Chrétienne  Oporin^  fœur  de  /ean,  fameux  Imprimeur.  Cette 
difi'érence  d'opinions  ne  mérite  pas  qu'on  s'y  arrête  ;  il  fuffit  de  l'avoir  fait  re- 
jnarquer. 

Théodore  abandonna  la  maifon  de  fon  père  qui  vouloit  l'obliger  à  travailler  dans 
fa  boutique  de  corroyeur.  Comme  il  ne  fe  fentoit  pas  fait  pour  ce  métier ,  il 
pafla  à  Lyon,  où  il  demeura  trois  ans  chez  un  Imprimeur,  &  donna  à  l'étude 
tout  le  tems  dont  il  étoit  le  maître.  Delà  il  vint  à  Paris ,  &  après  y  avoir  fuivi 
les  leçons  de  Philofophie  de  Ramus ,  il  fe  rendit  en  Italie  &  s'appliqua  à  la  Mé- 
decine pendant  fix  ans  dans  les  Ecoles  de  Padoue.  Il  y  prit  le  bonnet  de  Doc- 
teur en  1559,  &  retourna  enfuite  à  Bâle ,  oti  il  enfeigna  la  Langue  Grecque, 
&  fucceffivement  la  Morale  ,  la  Politique  &  la  Médecine.  Zwinger  fe  fit  eftimer 
dans  cette  ville  par  la  diverlité  de  fes  talens;  il  y  fut  même  fort  regreté  à  fa 
mort  arrivée  le  10  Mars  15B8  ,  à  l'âge  de  54  ans ,  fept  mois ,  huit  jours.  On  chargea 
fon  tombeau  de  cette  épitaphe: 

Triuni    Sacrîjivi. 
THEODORUS  ZWINGER.US  BASILIENSIS, 

■Cam  ex  Philofophia  tenebras. 

Ex  Artz   MeiicçL   humanas  miferlas   deprehendijjht , 

Summi  boni  cognofcendi ,  potiundique   defîderià  accenfus , 

Chriftiano  Pkilofopho  dignam  mentis   commendationem  inftltuit 

yivenfque  mortuus    efi ,    ut   mortuus  viveret. 

B.  annos    54 ,    menf.  7 ,    dies   8  ob. 

uinnô  Chrijîi  1588,  VI  Jdm  Martii. 

Aima  fides  abiit ,  fpes  indubhata  ncefft. 
Perfruor,    iatueor ,  Jhlus  ainor  remanet. 

C3O 


z  w  1  fci 

Le  principal  Ouvrage  de  ce  Médecin  eft  le  Théâtre  de  la  vie  humaine  qui  avoit 
été  commencé  par  Conrad  Lycofthene,  fon  beau-pere;  mais  comme  celui-ci  n'avoit 
pu  y  mettre  la  dernière  main  ,  il  pria  Zwinger ,  en  mourant ,  d'y  donner  fes 
foins  &  de  l'achever.  Notre  Auteur  y  travailla  &  le  fit  paroître  en  Latin  à  Bâle 
en  1565,    in-folio.  Nous  avons  encore  de  fa  façon: 

Jn    yinem  Medlcinalem    Galeni  Tabula    &  Commentarii.   Bafilea  ,  1561  ,    ia- folio. 

In  Galeni  Librum  de  conftituûont  ^nis  Mcdica  Tabula  &  Commentarii.  Ibidem  , 
1561  ,  in-folio,  avec  l'Ouvrage   précédent. 

Meihodus  ruftlca  Catonis  atque  F'arronis ,  prxceptis  aphorifiicis ,  per  locos  commuais 
digejlis  ,  typlcè  ddlneata   &  illufirata.    Ibidem  ,   1576 ,  in  H. 

Methodus  apodemica ,  feu .,  de  itlnerihus.  Bajîlea  .,  1578,  //i*4. 

Hippocratis  Coi  v'.^inti-duo  Commentarii  Tabulis  illufiraii.  Ibidem.,  1579»  in-folio, 

Conjilia  &  Epljîolte  quadam  Medice.  Francofarti,  ^59^»  in-folio,  dans  le  Recueil 
de  L.  Schol^ius. 

Phyjîologia  Medica  eleganti  carminé  confcripta ,  rebufque  fcitu  dignijfimis ,  Theophrafti 
item  Paracelfi  y  totius  ferè  Medicine  dogmatibas  illufirata.  Bafika: .,  1610,  i/i-8.  Cet 
Ouvrage  n'cft  point  écrit  dans  le  goût  de  notre  Auteur  ,  &  par.là  on  cft  autorifé 
à  le  mettre  au  nombre  des  pièces  qu'on  a  fait  paroître  fous  fon  nom.  Zwinger  fut 
un  des  plus  ardens  feiîïateurs  à'Hippocrate,  &  conféquemment  contraire  à  la  Seiïe 
Chymique,  mais  fur-tout  à  la  doétrioe  de  Paracdfe,  Matthias  attribue  cette  Phyfio- 
logie  au  Médecin  dont  je  vais  parler, 

2WINGER,  ("Jacques^  fils  du  précédent,  vint  au  monde  à  Bâle  Je  rc  Août 
1569.  11  étudia  les  Beiles-Lettres  dans  fa  patrie, mais  il  fe  rendit  en  1585  à  Padoue 
pour  fon  cours  de  Médecine.  Avant  que  de  revenir  chez  lui ,  il  parcourut  toute 
l'Italie  &  fit  d'excellentes  remarques  fur  les  monumens  qu'il  vit^dans  cette  partie  de 
l'Europe,  qui  mérite  toute  l'attention  d'un  voyageur  curieux.  Il  retourna  à  Bâle  en 
1593,  &  l'année  fuivanie,  il  prit  le  bonnet  de  Dodeur  en  Médecine.  Peu  de  tems 
après  fa  promotion  ,  il  fut  nommé  à  la  Chaire  de  la  Langue  Grecque  ;  il  ne  tarda 
même  pas  à  obtenir  l'emploi  de  Médecin  de  l'Hôpital  de  Bâle ,  qu'il  eut  la  gêné, 
rofité  de  remplir  gratuitement  pendant  plufieurs  années.  Son  délintérelfement  lui  mé- 
rita  l'eftime  de  Guillaume  ^rragojîus  de  Touloufe,  qui  avoit  été  Médecin  de  trois 
Rois  de  France  &  de  l'Empereur  Maximilien  II.  11  fit  fon  tcftament  en  faveur  de 
Zwinger  &  le  nomma  fon  héritier  univerfel;  mais  celui-ci  ne  jouit  pas  long-tems  de 
ce  bienfait,  ^rragofius  finit  fa  carrière  le  13  Mai  1610,  &  notre  Médecin  mourut 
de  la  pefle  le  11  Septembre  de  la  même  année,  à    l'âge  feulement  de  41  ans. 

Jacques  Zwinger  a  corrigé  &  augmenté  le  Théâtre  de  la  vie  humaine  publié  par 
fon  père,  &  comme  il  avoit  beaucoup  de  goût  pour  le  travail,  il  fe  difpofoit  à 
donner  des  Ouvrages  de  la  façon,  lorCque  la  mort  arrêta  fa  plume  &  Ibn  zèle. 
La  Médecine  loi  doit  un  Traité  intitulé; 

Principiorum  Chymicorum  examen  ad  gêneraient  Hippocratis ,  Galeni  ,  aeterorumque 
Gracorum  &  jirabum  confenfum  inftitutam.  Bajîlea ,  1606  ,in-S.  On  n'a  pas  manqué  de 
recueillir  les  oblervations  &  les  Lettres  Médicinales  de  cet  Auteur  ;  on  les  trouve 
parmi  les  Oblervations  Chirurgicales  de  Guillaume  Fabrice  Hddan ,  6j  dans  Ja  Cifla 
Jdidica  de  Jean  Hornuag. 


624  Z    \V    I 

ZWINGER-,  C Théodore^  fils  de  Jacques ,  naquit  en  isgjr.  Il  eut  d'abord  du 
goût  pour  la  Médecine  ,  mais  il  changea  de  deflein  au  retour  d'une  grande  mala- 
die,  &  le  détermina  à  étudier  la  Théologie.  En  1627 ,  il  fut  nommé  Pafieur  de 
Saint  Théodore  ;  &  comme  il  ne  laifloit  pas  d'être  palFablement  au  fait  de  la  Mé- 
decine ,  pour  le  peu  de  tems  qu'il  s'éioit  appliqué  à  cette  Science  ,  il  eut  occ'afion 
d'ailier  les  fondions  du  Miniftere  avec  celles  de  Médecin,  durant  la  pefte  qui 
ftffligea  la  ville  de  Bâie  en  1629. 

yejB,  fon  fils,  enfeigna  le  Grec  à  Bâle  &  fut  Bibliothécaire  de  l'Univerfité  de 
cette  ville ,  où  il  mourut  en  1696.  On  a  de  lui  : 

De  monjhis  ^  eorumque  caufis  ac  dlfferentiis.  Bajilea  ,  1660,  in-^ 

ZWINGEll,  C  Théodore  )  fils  de  fcan,  vint  au  monde  à  Bâle  te  26  Août 
1658.  11  étudia  la  Médecine  dans  les  Ecoles  de  fa  ville  natale,  &  il  y  reçut  les 
honneurs  du  Dod^orat  en  1680.  Les  progrès  qu'il  avoit  faits  dans  fa  patrie  ne  le 
contentèrent  pas  ;  il  voulut  fe  perfectionner  chez  les  étrangers.  A  cet  effet ,  il  pafTa 
en  Allemagne  &  en  France  ,  &  il  y  léjourna  pendant  deux  ans.  Au  bout  de  ce 
terme ,  il  revint  dans  la  patrie  qu'il  enrichit  de  les  connoifiances.  Il  en  avoit  fait 
une  récolte  fi  abondante  chez  les  Savans  auxquels  il  s'étoit  attaché  ,  qu'on  ne  tar- 
da point  à  le  mettre  en  place  de  communiquer  aux  autres  le  grand  fonds  de  fcience 
qu'il  avoit  acquis  en  différens  genres.  Depuis  1684  jufqu'en  if  11  ,  il  fut  fuc- 
cellivement  Profefieur  d'Eloquence ,  de  Phyiique  ,  d'Anatoraie ,  de  Botanique  ,  de 
Théorie  &  de  Pratique.  A  tant  de  charges  publiques ,  les  Cours  de  Wirtemberg  , 
de  Helfe-Caffel  &  de  Bade  ajoutèrent  encore  celles  de  leur  Médecin  ,  &  l'Aca- 
démie des  Curieux  de  la  Nature  l'aggrégea  à  fon  Corps  fous  le  nom  d'Ariflatz  I  , 
pendatit  que  la  Société  Royale  de  Berlin  le  raettoit  au  nombre  de  fes  Membres. 
Zwinger  mourut  le  22  Avril  1724  &  fut  beaucoup  regreté  de  l'Univerlité  de  Bâle» 
à  qui  il  avoit  fait  autant  d'honneur  par  la  Chaire  que  par  fes  Ouvrages.  Voici  les 
titres  fous  leiquels  ils  ont  été  publiés: 

Thcatram  Botanicum.  Bâle,  i6go,  in-folio  ,  en  Allemand.  Bernard  F'eriafcha  avoit 
donné  «  en  1678,  les  planches  de  Camerarius ,  &  Zifln^er ,  pour  faire  quelque  chofe 
de  mieux  ,  augmenta  ce  Recueil  de  toutes  les  eipeces  de  plantes  qu'il  trouva  dans 
les  Ecrits  de    Gafpar  Bauhin. 

Scrutiniam  magnens  Phyfico-Medicum.  Bafdeee ,    1697,  '"•^• 

Spécimen  Phyjlcis  Eckciico-Experimentdis.  Ibidem^   m-12. 

LJichaëlis  Ettmullcri  Opéra  omnia  in  compcndium  redacia.  Londtnl ,  1701.  Cet  Abrégé 
des  Œuvres  A'Ettmuller  a  reparu  à  Lyon,  1705,  jn-8;  à  Bâle,  1724,  1738  , 
deux   volumes  i/i-8. 

Diffenatio  de  acquirenda   vitiC  lon^âivitate,  Bafikte,  1703,  m-4  ,    1711  ,  i/i-8. 

Theatrum   Praxeos  Medic<s.  Jb!dem  ,  1710  ,  1740,    //1-4. 

Fafcicalus  Dijfenadonum   Msdicarum.  Jbldem  ,    1710  ,  m-4. 

De  methodo  mathemaùcâ  docendi  Mcdicinam.   Ibidem^  1714  ,  fn-4. 

Trl^a  Dijfenadonum  de  plantis  najlurcinis  ,  de  epilepfia  &  de  morbis  prteUaatlam. 
Ibidem  ,   1716,    in-4. 

Pœdujatreia   Medica  ,  fcii ,  curatio   morborum    puerîlium    :   acceffn   fpecimen   Materia 

Medica  ,  cam  lemedlorum  formuUs.  Bafilsfi,  1722  ,   deux    volumes  //i-8.  Il  y  parle 

aile% 


Z    W    I  Z    Y    P  6os 

aflez  bien  des  maladies  des  enfans ,  pour   lefquelles  il  confcille   l'ufage  des  abfor- 

bans.  Harris  a   fuivi  la  même  méthode. 

■  Dijfirtationcs  ds  morbts  à  fafcino   &  fafclnô  contra   morbos.    Ibidem  ,    1723  ,   in-/^. 

ZWINGEIi,  (  Jean- Jacques  )  fils  aine  du  précédent,  étoit  de  Kâle ,  où  il 
naquit  le  n  AoCit  1685.  U  étudia  la  Médecine  avec  tar,t  de  luccè? ,  fes  pro. 
grès  furent  même  fi  grands  &  fi  rapides ,  qu'il  obtint  les  honneurs  du  Doaorat 
au  bout  de  l'année  qu'il  s'étoit  mis  fur  les  bancs.  Né  dans  une  famille  de  Mé- 
decins ,  l'exemple  de  fes  pères  avoit  réveillé  le  goiàt  qu'il  avoit  hérité  d'eux 
pour  la  Médecine  ,  &  les  inftruflions  domefiiques  l'avoient  initié  dans  la  Science 
qu'il  fe  propofoit  de  cultiver  dans  les  Ecoles  de  fa  patrie.  Tel  accueil  qu'on 
eût  fait  à  fes  talens  ,  il  jugea  moins  favorablement  de  lui-même  ;  il  voulut 
voyager  pour  chercher  l'occaiion  de  multiplier  fes  connoiflances  ,  &  fur-tout 
celles  qu'il  vouloit  acquérir  dans  la  Botanique  qu'il  aimoit.  Il  commença  l'es  voya- 
ges par  Genève j  mais  la  mort  l'arrêta  dans  cette  ville,  où  il  termina  fes  courfes 
&  fa  vie  le  9  Odobre  1708  ,  à  l'âge  de  23  ans.  On  le  regreta  ,  moins  pour 
ce  qu'il  valoir  ,  que  pour  ce  qu'il  auroit  été  en  état  de  valoir  ,  fi  la  Provi- 
dence lui  eût  accordé  de  plus  longs  jours.  Sa  Dificrtation  inaugurale,  qu'on  efii» 
me  ,    traite   De    valetudine  plantaram   fecundâ    &"  adversâ. 

Jean  ■  Rodolphe  ^  fon   frère  ,  aufiii   Dofleur   en  Médecine  de  la  Faculté  de  Bâie, 

fa   patrie  ,    enfeigna   la    Logique,   pendant    dix   ans  ,    dans    les   Ecoles    de   cette 

ville.   En    1721  ,  il  fuccéda    à  Jean  -Henri    Stahel  dans   la  Chaire   d'Anatomie    & 

('e    Botanique ,    &   depuis   il   remplaça   fon    père   dans    celle   de  Pratique.    On   a 

îe  lui   un   Ouvrage    Grec    &    Latin,    qui    cft   intitulé   ; 

Magni  Hippocratis   Opafcula  ^phorijiica   Semeiodco-Tliernpeutlca  oclo.  Bajihie ,   1748  , 

1-8.  Il  contiem   les  Aphorifmes  ,    les     Prénotions  ,    les  Prorrhétiques  »   les    Livres 

les  humeurs  ,   des  crifes     &   des   jours    critiques  ,    auxquels   il   a   joint   Spéculant 

llppocraticum  ,    qui  eft  une   Table    exaifle   des    fentences  &  des  prédidlions  A'Hip- 

pocrate  ,     fuivant    l'ordre    des   maladies    &  des    chofes    qui    fe   rapportent   à  la 

Médecine. 

Frédéric  Zipinger  ,  le  plus  jeune  des  fils  de  Théodore  ,  dont  on  a  parlé  à 
l'article  précédent ,  étudioit  le  Droit  lorfque  fon  père  mourut  en  1724.  Il  pafla 
alors  dans  les  Ecoles  de  la  Faculté  de  MéJccine  ,  &  il  y  fit  tant  tie  progrès, 
qu'on  prévit  bientôt  qu'il  atteindroit  un  jour  à  la  fcience  &  à  la  réputadon 
de  i'cs  ancêtres.  Il  enfeigna  l'Anatomic  &  la  Botanique  à  Bâle  avec  tant  de 
difiinilion  ,  que  le  Marquis  de  Bade-Dourlach  Je  nomma  fon  Médecin.  Quant 
à  fes  Ouvrages,  ils  conliftent  en  Thefes  Anatomico-Botaniques,  dont  le  recueil 
fut  imprimé  à  Bâle  en  1731  ,  i/1-4.  En  1745  >  il  publia  le  Théâtre  Botanique  de 
fon  père  ,  avec  des  augmentations  ;  mais  comme  celui-ci  y  avoit  mis  psu  de 
figures  de    plantes',  il    en   ajouta    plufieurs   aflez    bien  gravées  en    bois. 

ZYPE  ,   Ç  François  VANDEN  )   dit    Zyp^us  ,  ProfelTeur  d'Anatomie  en  l'U- 

niverfité  de  Louvain ,    fa    patrie  ,  flonifoit    vers  la  fin    du     XVII    fiecle.   Avant 

que  d'enleigner   à  Louvain  ,   il  avoit  été  Ledeur    d'Anatomie  &  de    Chirurgie  à 

Bruxelles;  &   comme  il  s'étoit    acquitté  de    cet   emploi    avec   une  eftime   séné- 

TOME    ir.  Kkkk     ^ 


626  Z    Y    P 

raie ,    qu'il    av*ît    même    méri'é    celle    du    Prince    de    Parme  ,    Gouverneur    des 
Pays-Bas  ,^^41   ne  lui  fut   pa-    difficile    de    monter    au    rang  de   Prof.fTeur  dans  les 
Ecoles    de'fa  ville  natale.    F'^nden    'Zype    prend   le    titre   de   dépcfiraire    royal    de 
la   méthode  de    Bih  pour  rembaumement  des    cadavres,  &  il  s'en   pare  i^latête- 
du    Traité   iuivant    :  ' 

Fandamenta  MzUcin£  Pliyfico-yfnatnmica.  5ruxe/?/j ,  16R3  ,  17:^1,  in-11.  Lugdunl, 
l6gî  ,  inii.  Cet  Ouvrage  a  été  long-tems  au  nombre  des  Livres  cladlques  de 
la  Faculté  de  Médecine  de  Louvain  ;  mais  les  InRitures  du  Uofleur  De  Filkn 
l'ont  fait  tomber  ,  &  eux-mêmes  ont  cédé  la  place  à  la  grande  Phyfiologie  du 
favant  Di  Huiler. 


F    1    N. 


^Mi^=^-j==^ ^^'- 


PERMISSION. 

Ks  Onvragesquî  ont  l'utilité  publique  pour  objet,  méritent  d'être  s  ccueillis.  Celui 
intitulé  :  DiS.nnnairt  hijtorique  de  la  AîiJecine  ancurine  &  moderne  ,  e(t  de  ce  nombre  ; 
il  eft  autant  propre  à  inlhuire  les  Médecins  fur  tout  ce  qui  a  rapport  à  THiltoire 
de  leur  Art  ,  qu'à  bannir  de  la  Médecine  les  lyltêmes  &  les  maximes  dangereules 
ou  inutiles,  qui  en  dé>honorent  la  Pratique.  L.es  perinnnes  même  qui  ne  font  pas 
profi-flion  ce  cet  Art  ,  trouveront  dans  ce  Dictionnaire  des  pr'ccptes  &  des  ré- 
flexions dont  elles  pourront  profiter.  Nous    en    permettoas  rimprtliion. 

Mons  ,  ce  6  de  Juillet  177?. 

A    PEPIN. 


ERRATA. 


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