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s^
UNIVERSITYOF
TORONTO LIBRARY
The
Jason A.Hannah
Collection
in the History
of Médical
and Related
Sciences
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University of Ottawa
http://www.archive.org/details/dictionnairehist04eloy
"X-
dictionnair:
p
HISTORIQUE
DE LA MÉDECIN
.AJsrCXJBLWJSrM MT 3£OJDJj^MN'JE:,
Q- Z.
■à
DICTIONNAIRE
IIISTORI<^UE
DE LA MÉDECINE
ou
^
MEMOIRES DISPOSES EN ORDRE ALPHABÉTIQUE
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE CETTE SCIENCE,
Et A CELLE DES MEDECINS, AnATOMISTES , BOTANISTES , CHIRURGIENS
ET ChYMISTES de TOUTES NATIONS.
Par N. F. J. ELOY,
Confeiller - Médecin ordinaire de SON ALTESSE ROYALE MONSEI-
GNEUR le DUC CHARLES DE LORRAINE & DE BAR &c. &c. &c-
& Médecin Penfionnaire de la "^''ille de Mons.
// importe beaucoup de connaître VHiftoire de la Science à laquelle, on s'attache.
Éloge critique de BOERHAAVE.
TOME QUATRIEME,
A I\l O N S ,
Chez H. HOYOIS , Imprimeur - Libraire , Rue de la Clef.
M. DCC. L.XXVIU.
v?'^
^
D ICTIONNJ IRE
HISTORIQUE
DE LA MÉDECINE
S>^ :
Q.
UACKELBEEN ( Guillaume ^ naquit à Courtray en Flandre. II s'attacha,
en qualité de Médecin, à Auger Giflen Busbec , Ecrivain illuftre par la
naiflance , par ion mérite , par fes ambalTades , & le iuivit dans celle de ConT-
tantinople vers l'an 70 ou 80 du XVI liecle. Il raoarut dans cette Capitale ds
l'Empire Ottoman , d'où il avoit envoyé plufieurs plantes rares à Matthlok , ainii
qu'on peut le voir dans la Lettre qu'il lui adrefla , & qui le trouve dans le troi-
lieme Livre de celles écrites à ce célèbre Botanifte. Siguier s'eft trompé , en fai-
Tant naître Qaackelbeen en Hongrie.^
QUARRÉ , C Guillaume J Chirurgien de Paris du dernier fiecle , a écrit un
Traité de Myologie en vers , fous ce titre :
Myographia heroicô verfU explicata. ParlfiU , 1638 , iB-4. Cet Ouvrage , qui efi;
dédié à Bouvard , premier Médecin du Roi , ne contient que quarante pages.
La Bibliothèque Phyfique de la France cite Pkrre Quani , Charollois , qui
eft Auteur d'un Livre intitulé ;
X 0 ME /^. A^
€ QUE
r.c r,<;-v^Vkux effets de la Nymphe de Santhenay , au Duché de Bour^ognt ,
.^l^P^SlZSoMde^'ok^e , ,ro,He.^ ^ .^ge. Dijon , 1633 , ..^4.
QUECCIUS, (Grégoire; fils de Georg. , Profeffeur ^e Jf o^ophte à A^
torf , naquit dans cette ville en 1.96. U Y «vou pr,s le degré de M.u^e js
Arts , lorfqu'il le rendit à Btîle , où il reçut le bonnet de Do^^J^^ /^J' ^ger
3nc le q Août 1620. Le 2 Décembre de la môme année , il ^^^^ ^^f^^f '
^u CoUeVdes Médecins de Nuremberg, & pendant ^f. '^°""";J^i^^,?,;.
Si. obtint la charge de Phyficien de l'Hôpital du ^^^Vv ^l'^6 ans On a
<3uitta julqu'à la mort arrivée le 26 Septembre 163a, à l'âge de S^^n^' ^" ^
1 lui un affez mauvais Ouvrage qui dégoûte par l'eruduion qu .1 y a répandue.
Ceft une Anatomie Philologique , ious ce titre = ^r^daK-
AuatomU PhilAo^ic^ Pars prima , condnens Dlfcurfus de noUhme ^ F'^i^^^
iià .hominis , contra in!quos coRdidonis human<e aftimatores. Normbcrgx , 10^2 , wi-4.
Lipfi^, Ï654, in 4.
OUELMALTZ ( Samuel- Théodore ) naquit à Freidberg en Mifnie , le 21
JNlai 1696 , de Samuel- André Ouelmahi , Sénateur de cette ville H étudia les
Jklles-Lettrcs dans la patrie , & palla eniuite à Leipfic où il ht les cours de
Philolbphie & de Médecine , & reçut le bonnet de Doreur en cette dermere
Science i'an 1723. Comme il avoir autant de goût que de dilpoiition pour len-
ieignement , il ie fixa à Leipfic dans l'ePpérance d'y être employé. Il réuliit dan.
Ion deffein ; car il fut nommé ProfelFeur extraordinaire d'Anatomie & de cm-
jurgie en 172C , Profefleur ordinaire de Phyfiologie en 1737, & de Pathologie en
1747. Peu de tems avant la mort arrivée à Leiplic en 1758, il avoit obtenu
la Chaire de Thérapeutique. U paroît que ce Médecin n'a publié d'autres Ouvrages
que des Dllfertations Académiques.
QUERCETANUS. Voyez CHESNE. ( Jofeph DUj)
QUERCETANUS. Voyez CHESNE AU. C Nicolas J
QUESNAY ( François ; étoit de Merey , près de Montfort-Lamaury , petite
ville de l'iile de France ; il y naquit en 1694. La Nature fit les premiers
l'raix de Ion éducation , & s'il conlerva toujours une raifon ferme & un juge-
ment fain & vigoureux , il le dut lani doute à l'avantage d'avoir formé Ion
entendement avec lenteur. Il prodigua fa jeunefle aux détails les plus com-
muns de l'économie ruftique fous les yeux de fes parens , qui étoient bien
loin d'imaginer que ce jeune homme , qui à leize ans ne favoit pas lire , feroit
un jour diùingué parmi les Membres les plus célèbres de l'Académie des Scien.
ces de Paris. Las de vivre dans l'ignorance , il lentit naître en lui l'aiguillon
de la curioiité. Déjà aidé d'un Chirurgien du village d'Ecqueviily & du pe-
tit nombre de livres qu'il pouvoit le procurer , il apprit prefque tout feul le
Latin it le Grec , & fouilla ce cahos oblcur^ d'opinions antiques & modernes
.^ue nous nommons la Philofophie.
Ses parens auroient voulu concentrer fes defirs & fes vues dans le cercle
QUE 2^
ëtroft de leur fortune & de leurs habitudes. Quefnay s'en défendit ; fon ame
étoit faite avant fon état , & le préjugé lui permettoit de luivre une profel-
fion qu'il devoit un jour rendre fi noble. Un goût vif l'y portoit : il avoit en-
trevu les rapports de la Chirurgie avec toutes les branches de la Phyfique. Il'
triompha donc de l'oppolition de fa famille ; mais bientôt le Chirurgien d'Ecquevilly
ne fe trouva plus en état de luivre fon Elevé. Celui-ci avoit compofé quelques
cahiers fur fes ledures ; fon Maître qui étoit venu folliciter d'être admis au
Collège de Saint Côme , ofa les préfenter comme de lui, & fut reçu avec ap-
plaudiffement. A ce fignal d'encouragement , Quepiay fe rendit enfin juftice ; il
vint à Paris achever les études profondes auxquelles il s'étoit dévoué , & recevoir
la Maîtril'e. Logé , à fon arrivée à Paris , chez le père du célèbre Coclnn , Gra-
veur , il apprit le dedin & la gravure : cette occupation le délaflbit fouvent
de fes études ; il a gravé tous les os du corps humain , un grand nombre de
fujets , & M. Hévln , fon gendre , a entre les mains pluCeurs de ces morceaux
efiimés des connoiflèurs.
Quelques années s'étoient écoulées pour lui dans la pratique de fon Art ,
& dans le travail rare , pénible & peu apprécié de digérer fes idées & fes
oblervations pour en former des Théories , lorfqu'un concours de circonftances
heureufes vint l'arracher de Mantes, ville afiez confidérable de l'Ule de France ,
où il fembloit avoir fixé fon dtabliffement. La Feyronie , plein de l'amour de
fon Art , méditoit un projet utile au public ; c'étoit l'établiffement de l'Acadé-
mie de Chirurgie. Il lui falloit des coopérateurs & il en cherchoit par-tout. Ga-
rengeot , Chirurgien eftimé & plein , comme lui , de l'enthoufialme de fa profelîion ,
,1e fervoit dans cette recherche avec toute la bonne foi d'un homme qui n'auroit
pas couru la même carrière .' il découvrit Quefnay , & ce fut à ce concours de
hazards que celui-ci dut une célébrité que fa modefîie & fon averfion pour toute
intrigue lui auroicnt fans doute refufCe, ou qu'au moins elles lui auroient fait
long-tems attendre.
Sollicité par Garcngeot d'écrire fur l'Art , il faifit l'occafion qui fe préfenta. SUvm
venoit de donner un Traité de la faignée ; Quefnay l'attaqua par une critiqué
qui étoit elle-même un Traité complet. Sa Théorie oppofée abfolument à celle de
Silva , fit naître des difputes , dont l'effet fut de répandre fa réputation & da
fervir à fa fortune. La Pcyronle convaincu , apperçui en lui l'homme néceffaire
à l'établifièment de fon Académie. Il s'agifToit de'raffembler les Chirurgiens en un
Corps qui fiit le dépôt des connoiiiances & le foyer des lumières. Mais cette idée dut
en fon tems paroître bizarre & peut-être extravagante : comment tirer la Chirurgi<i
de l'aviliflement où elle fe trouvoit? Confondus dans une elaffc d'Artifans, comment
fe flatter d'élever à l'état d'Académiciens des gens dont quelques uns ne lavoient:
pas lire^î Voilà ce que La Peyronle avoit ofé concevoir & ce qu'il exécuta. Mnis
pour l'aider dans une entreprife fi hardie, il lui fliUoit un homme dont les vues fui-
lent profondes, le coumge infatigable , le zèle du bien public ardent , & à l'é,
preuve de tout dégoût , & qui familiarifé avec l'idiome propre à chacune dcs-
Sciences qu'on ailoit cultiver, fût l'interprète de toutes, & le liédadeur commun
de tous les Mémoires: en un mot, un Secrétaire de l'Académie,- & cet homm&-
iit Quefnay.
5à QUE
■ Mais ies travaux que dcmandoit cet emploi , m-iioicr.t fourdemcnt one ianté
.-déadclicate: la goutte , dont il a voit de fréquens .ccès lu, fit craindre que fa
main ne fe rdu.ât ei=fia à l'exercice de la Chirurgie ,• iHc détermina donc à pren-
dre l'état de Médecin. Ce n'étoit pas changer de protcflion; il avoit allié dans
Charge de Médecin Coniultant du Roi , vacante par la mort de M. Terray.
C'eli de l'Eloge de François Quefnay , publié à Paris en l^^rs , in-S , que
i'ai extrait ce que je viens de dire de cet Homme célèbre. Je puiferai dans la
même lource tout ce que j'en dirai encore , après avoir donné la note de fes
Ouvrages, dont voici les titres; _ ^ , ^ .. ,
Obfcrr allons fur les effets de la falinée.^ avec des Remarques critiques fur le Jraue de
Silva. Paris , 1730 & 1750 , in-\i. Dans la première édition , il rapporte les ex-
périences , dont il croit que le réiultat prouve la dérivation, & que la révulfion
n'eft autre choie que !a dérivation elle-même. La féconde édition eft beaucoup
plus étendue ; il y réduit les effets de la faignéc à l'évacuation, la fpoliation & la
dimotion. Ce qu'il dit fur la Ipoliation , mérite l'attention des Praticiens: rien ne
prouve mieux la néceflité , comme les abus de la faignée.
L'^rt de guirlr par la faignée. Paris , 1736 , m-i2. Il vante la faignée dans prcf-
que toutes les maladies ; & il en agit ainfi , parce qu'il ne fentoit point alors
toute la force des coniéquences qui rélultent des principes qu'il a ét.ablis dans la
l'econde édition de l'Ouvrage précédent.
Etfal Pbyfiquî far Vézonomie animale. Paris , i^jS , deux volumes in-11 , &
T7A7 troi? volumes i/i-12. On retrouve Boerhaave dans plufieurs endroits de cet
l'jiiai , qui , au jugement du Baron de Haller , fait une Phyiiologie fort in-
complette, L'Auteur a fouvent été fourd à la voix de l'expérience & de l'ob-
Icrvation , pour n'écouter que ce que la vivacité de ion imagination lui difloit.
Préface des Mémoires de P académie de Chirurgie. Paris , 1743 , ia-^. C'eft un
morceau recherché ; il y prouve que la connoiflance des Lettres eft très-utile aux
Chirurgiens. Son principe eft vrai ; mais ainfi que toutes les bonnes chofes , il peut
être nuifible par l'abus. On s'apperçoit même qu'il l'eft déjà; car] plufieurs Chirur-
giens , enttés par cette connoiilance des Lettres, icrablent préférer le faux brillant
des fyftêmes que leur imagination enfante , à la folidité de l'obfervation. Pour le
peu que cet abus fade de progrès, on verra dans la Chirurgie plus de fubtils
'I héoricicns ,' que d'habiles & de vrais Praticiens. Comme l'exemple d'autrui eft
une bonne leçon ; que les Chirurgiens voient ce qu'a été la Médecine , lorf-
que la fureur des fyftêmes a prévalu fur l'étude de la Nature au lit des mala-
des. Les Mémoires de l'Académie de Chirurgie contiennent plufieurs Oblervations
intéreffantes de la façon de Ouefnay.
Recherches critiques i£ hiftorlques far V origine , far les divers états & far les progrès
de la Chiruri,ie en France. Paris , 1744 & 1749, in-4. Paris, 1744 , deux volu-
>-mes i/i-ia On y a joint ["Index funereusde Devaux. L'Ouvrage des Recherches n'a
.pas été fans réplique ; il en méritoit davantage, car tous les faits ne font point ren-
, dus avec la vérité qu'exige la fidélité de l'^iftoire,
QUE 9
Tefiament de M. di La Pdyronie du i3 Avril 1747. //ï-4.
Examen impanial des contejï allons des Médecins & des Chirurgiens de Paris. 1748,
tVl2.
Mémoire préfenté au. Roi par fon premier Chirurgien , où Von examine la fagejjc de
Vancieane légifladon far l'état de la Chirurgie en France. Paris, 174g, in-^.
Traité de la fuppuration. Paris, 1749 > ia-i2. Cet Ouvrage eft bien rempli.
Traité de la gangrené. Paris, 1749, in-i2. L'Auteur connoiflbit bien la matière. Il
eft entré dans des détails intéreffans dont on a fait le plus grand cas , & que les
meilleurs Maîtres ont pris pour règle de leur conduite dans le traitement de
la gangrené.
"Traité des Fièvres continues. Paris , 1753 , deux volumes /n-i2.
Je paffe maintenant au récit des anecdotes qui caraftériient li bien Quefnay du
côté du cœur & de l'efprit. Dans le tems où les bontés de Madame de Pompadour
lui donnoient un crédit qu'il n'employa jamais pour lui , un homme vint le prier
de lui faire obtenir d'elle une recommandation pour une affaire qui l'intérefToit
fort. Quefnay l'obtint. L'affaire décidée en faveur de fon protégé , il apprit que
la partie adverfe étoit fort gênée pour payer mille écus qui étoient le fonds de
la conteftation ; fa délicatefle s'allarma de la limple polîibilité d'être la caufe fort
occafionnelle de fon mal-aife , il lui fit remettre les mille écus.
M. le Dauphin , père de Louis XVI , qui l'honoroit d'une bonté & d'une con-
fidération particulière , lui difant un jour comme il entroit dans fon Cabinet ,
r, M. Quefnay , c'eft chafler fur vos terres , nous parlons économie , nous nous
» promenons dans les champs. » Monjîeur , répondit l'ingénieux Phiiofophe , vous
vous promené^ dans votre jardin , c'efl-là que croijfent les fieurs-de-lys.
Le même Prince difant un jour devant lui , « que la charge de Roi étoit
bien di&icile à remplir. " Monjîeur , je ne trouve pas cela, dit Quefnay. — Eh que
» feriez-vous donc li vous étiez Roi '^ » — Monjîeur , je ne ferols rien.'"- Et
qui gouverneroit *? — • Les Loix.
Dans un tems d'agitations caufées par le choc de la puiflance Civile & de la
puilTanc^ Eccléhaftique , il fe trouvoit chez Madame de Pompadour un homme
en place qui , voyant combien ces difputcs fatiguoient la Cour , propofoit des
moyens violens, & difoit: Cejî la Hallebarde qui mené au Royaume. M. Quefnay,
furpris de cette afiertion, ofa lui dire: Monjîeur , & qui ejl-ce qui mené la Halle-
harde? On attendoit, il développa fa penfée; CeJl l'opinion, c'ejl donc fur Vopi-
nion qu'il faut travailler. Cet avis modéré fit impredion & peut-être épargna-t-il
bien des maux.
Après une confultation fort importante fur une tôte précieule , un Médecin fa-
meux , dont l'avis avoit prévalu quoiqu'avec beaucoup d'oppofition , le vint voir;
La goutte le retenoit chez lui ; le Médecin qui vouloit s'autoriler de fon opinion ,
la lui demanda; mais lui, faififlant l'elprit de cette déférence, & n'approuvant
pas l'avis qui avoit pafTé , en quoi il fut jurtifié par l'événement, fe contenta
de répondre : ». Monfieur , j'ai rais aulfi à la Lotterie quelquefois , mais jamais
T) quand elle étoit tirée, n
Après la petite vérole de M. le Dauphin, le feu Roi qui aimoit M.' Quefnay
T 0 M E ir. B ^
10 QUE'
& qui l'eniiTioit beaucoup , lui donna des lettres de nobleffe que le Philofophe
n'avoit pas demandées. Quefnay pria le Roi ingénuement de lui choifir aulTi les
armoiries , & ce Prince qui avoit de la grâce dans l'efprit , & qui avoit coutu-
me de le nommer le Pcnfeur , lui donna trois fleurs de penfées en champ d'argent,
à la face d'azur, avec cette Icgccde au cimier: Propter cogitanoneni mentis. Ce fut^
preique la feule grâce qu'il reçut de la Cour, car on ne peut pas regarder comme'
tels les emploi? qu'il eut, ov'û fut utile à tout le monde, excepté à lui-même;
audi quoique vieux & après une longue faveur, il eft mort fans fortune, n'ayant
qu'un léger argent comptant qui circuloit toujours entre ïcs amis qui pouvoient en
avoir befoic. Il ctoit premier Médecin ordinaire du Roi , Membre de l'Aca-
démie des Sciences de Paris , ainlx que des Sociétés Royales de Londres & de
Lyon, lorfqu'il mourut à Vcrfailles le i6 Décembre I7f4, ^gé de £o ans. L'A-
cadémie de Chiruigie lui a accordé feul , ?.vec M. Petite l'honneur de voir fon
portrait placé de fon vivant dans la falle du Confeil.
S'il y eut jamais un homme dont on pût dire que la chiîne de fes penfées
forme l'hiRoire de fa vie; ce fut Quifit'iy. Chez la plupart des hommes la foi-
blefie du caracicre ou le défaut d'étendue dans l'efprit, placent en oppofition les
fentimeus du cœur, le jugement de l'efprit , & les délicatefles de l'amour propre i
leur carartere eft une rnofaïque ; mais cette ame privilégiée avoit été formée par
la nature , comme d'un feul jet. La méthodz fut le caractère propre de fon cf-
prit , l'amour de Vordre fut la paflion dominante de fon cœur. Voilà l'origine de
fes découvertes ; voilà la fource de fes vertus. Dur à lui-même , mais fenlible à
l'excès pour l'humanité foufFrante , une afkion généreufe lui arrachoit des larmes.
Jamais homme ne fut plvs contredit, fes nombreufes découvertes lui fufciterent
une foule d'adverfaires; & jamais homme ne porta moins d'aigreur dans la con-
trovcrfe : il difcutoit toujours pour l'intérêt de la vérité , mais jamais il ne dif-
putoit pour l'intérêt de fon amour propre. Le calme de fon ame s'annonçoit par
la iérénité de fon vifage & la gaieté de fon efprit que les douleurs les plus vives
n'altérèrent jamais ; il l'ouftroit tranquillemeut les infirmités de fa vieilIeflTe , S? n'y
voyait, dilbit-il , que V opération lente de la nature qui démolijjbit des ruines. L'obferva-
tion de la nature lui étoit devenue une habitude. Ne fe preliant jamais de parler,
écoutant tranquillement , il rapprochoit par une opération intérieure très-vive
tout ce qu'il venoit d'entendre, & ces fragmens s'éclairant mutuellement, il fup^
pléoit les lacunes a/ec une fagacité merveilleufe , & eonnoiflbit à fonds l'homme
qui croyoit l'avoir entretenu légèrement d'un fujet indiiTérent. Lui parliez-vous
(l'une Science, d'un Art, dont fouvent il n'avoit qu'une légère teinture ? L'ordre
qu'il mettoit dans vos idées, vous les éclaircilïoit à vous-même; il en réfultoit fou-
vent de nouveaux apperçus , & ii n'y avoit perfonne qui ne crût en le quit-
tant, avoir été enrichi par lui de connoiiiances que fouvent lui-même n'avoit pas:
eR'et précieux & fingulier de l'efprit de métbode. 11 pioufToit jufques dans la
Logique ce principe de laifler opérer la nature , & ne fe hâtant pas d'établir dog-
matiquement ion opinion, il vous amenoit par une fuite de queftions bien mé-
nagées à pofcr vous-même, comme conlcquence , ce qu'il vous auroit donné pour
principe ; c'é«oit la marche des dialogues de Platon. Oppofé comme Socrate à la
QUI II
foule des Sophifies, il avoit fon Ironie, & fembloit, comme le fils de Sophro-
nifque, avoir fait fon étude particulière de l'art d'accoucher les efpr'us. 11 cft éton-
nant combien la nature avoit mis de rapport entre ces deux hommes , dont l'hif-
toire eft celle de la morale. On trouvoit à Montefquieu la figure de Cicéron , tel
que les marbres nous le repréfentent ; Quefnay avoit exadïement la figure de
Socrate tel que nous l'ont coni'ervé les pierres antiques; comme fi la nature fidèle
à un plan d'analogie , attachoit confiamment certaines qualités de l'ame à certains
traits de phyfionomie. La candeur de fon ame lui donnoit une forte de fimpli-
cité qui n'étoit pas comme dans La Fontaine la bêtife du génie; fes naïvetés étoient
des vérités profondes, cachées fous l'apparence d'un tour ordinaire & commun-
Tel fut le caradtere de ce grand Homme : fa vie ne fut qu'une adion con«
tinuelle. Dans fes dernières années , il avoit entrepris de poafier jufques dans
les abftradlions de la Géométrie & indépendamment de tout calcul , l'évidence
qu'il avoit établie dans la Métaphyfique & la Morale. Il donna l'application de
plufieurs problèmes qui élevèrent des difputes que le monde favant jugera. Une
obfervation qu'on ne doit pas négliger , c'eft que le Philofophe Hobbes avoit
eu les mêmes idées que lui ; ainfi l'autorité de ces deux hommes de génie peut
au moins balancer quelque terns cette décifion importante. Ce fut le dernier
eflbrt de cet efprit infatigable ; accablé d'infirmités , & ne confervant prefque
plus que fa tête , il fortit de la vie fuivant le mot d'un ancien Poëte , comme
d'un f^ftin , fans dégoût , mais fans regret.
QUICKELBERG ( Samuel^ étoit d'Anvers. Il pafla en Bavière & s'établit
à Ingolfladt , où il fit la Médecine avec réputation vers l'an 1553- On a de
lui : Tabulte Mediclms. yïpophthcgmata Bibllca. Admonitlo 3 Confillum de Unlverfi-
C'eft dans ce dernier Ouvrage , publié à Munich en 1565 , qu'il a donné le
programme d'un autre qu'il méditoit fur la nature de tout ce qui exifte dars
l'Univers. A en juger par la diftributioQ & les titres des Chapitres qu'il a fait
imprimer dans le Profp^cîus ^ ce devoit être un Ouvrage imraenfe ; mais ce Mé-
decin en eft dem.euré au projet.
QUIGNONES ( Jean DE ) naquit en Efpagne vers l'an 1600. Une forte
inclination pour l'Hiftoire Naturelle qu'il étudia I9 plus grande partie de fa vie ,
le jctta dans la Médecine , dont il té fit une occupation férieufe. Il y acqi'lt
tant de connoiffances qu'il fe trouva en état de la pratiquer ; mais il ne voulut
point en faire profellion publiquement, IVIédecin par goût , il réferva fes foins
pour fes amis qui éprouvèrent plus d'une fois de quoi il étoit capvible. Il a
écrit un Traité en Efpagnol fur les langouftes ou fauterelles , dont on a ure
édition de Madrid de 1620 , m-4. Sa jeuneffe peut fervir d'cxcufe à fa cré-
dulité. Il a glifié dans ce Traité les prières myftérieufes & les pratique's fu-
perftitieufes , à qui l'on attribuoit alors en Efpagne le pouvoir de chaflèr ces
infedes Jean de Ouignones eft encore Auteur d'un Ouvrage curieux & recherché
qui parut à Madrid en 1632 , m-4 , fous ce titre : El Monte P'cfuvlo. Mais comme
il avoit embralfé plus d'une fcience , & qu'il s'occupoit auHi de l'Antiquité ,
il ellàya d'écrire fur les monnoies des Romains un Livre qui eft fort rare au-
12 Q V I
jourd'hui , & qui fut imprimé à Madrid fous le titre à'Explîcadon de unai Mo:,
nedas de oro de Emperadores Rom. 1620 , i/1-4.
QUILLET , C Claude ) Poëte du XVII fiecle , étoit de Chinon en Tou-
raine , où il pratiqua la Médecine pendant quelques années avec aifez de ré-
putation ; mais s'étant déclaré contre les poflëdées de Loudun par un Traité
manuibrit , dont l'original fe trouve dans la Bibliothèque de Sorbonne , il fut
obligé de fuir pour éviter lé reffentiment de Laubardemont , qui étoit fur le
point de le décréter de prife de corps. Il fe retira à Rome & il y prit l'habit
eccléfiaftique , comme le plus favorable pour fe procurer un état ; il devint
Secrétaire du Maréchal d'Eftrées , Ambafladeur de France en cette Cour. Ce
Scio-ncur étoit adverfaire déclaré du Cardinal de Richelieu , qui avoir employé
Laubardemont pour prendre connoiflance de la comédie qu'il faifoit jouer il
Loudun contre Urbain Grandier,
Ce fut à Rome que Quillet compofa fa Callipédie , Po'éme en quatre chants
imprimé à Leyde en 1655, Ù1-4, fous le titre de Calvidii L^tl Callipadla , five^
de pulclins prolis kabenda ratione. 11 le publia enfuite à Paris en 1656 , fn-8 ,
fous cet autre titre : Claud'ù Ouilleti Callip^dia, & le dédia au Cardinal Mazarir.
On l'a audi de Londres, ifoB, in-12. L'édition fous le nom de Paris & d'Amf-
terdam , 1749 » in-8 , eft accompagnée de la Tradudiion Françoife en profe par
M. de Monthenault d'Egly , & l'on a joint une Tradudion libre en vers Fran-
çois à celle de Paris de 1774 , in-12. Ce Poëme eft extrêmement intérefiant par
fa jufte diftribution des parties , par l'ingénieux emploi de la fable , par la
variété des épifodes ; mais fa verlification ne fe Ibutient pas , la diflion n'eft
pas toujours correfte , & la bonne Latinité y eft blefl'ée en quelques endroit?.
Dans plulieurs morceaux , l'harmonie , la douceur , l'élévation , le nombre &
la cadence caradériient fa Mufe , & la féchereffe des préceptes difparqît fous
le coloris poétique. C'eft dommage que la matière n'y foit pas toujours traitée
avec folidité ; on y trouve quelques erreurs populaires qui la déparent.
Suivant ^Indry , page XLIX de la Préface de fon Orthopédie , on a été long-
tcms fans l'avoir les caufes des variations du Poëte dans le titre de fon Ouvrage ;
mais enfin l'on a appris d'une perfonne bien inftruite de la fortune de ce Livre ,
que Quillet l'avoit d'abord fait imprimer en pays étranger fous fon nom contourné
en cette efpece d'anagramme , Calvidii Leti au-lieu de Claudii Quillctl:, & cela pat-
ce que dans un endroit de cette belle Poéfie , où il marque les précautions qu'il
faut prendre pour unir les époux afin qu'ils aient une belle poftérité , & où il in-
vedVive tortement contre les mariages môme des Puifiances , lorsqu'ils ne font pas
faits félon les règles qu'il donne , il s'étoit abandonné imprudemment à une di-
^redfon contre le penchant qu'il sttribuoit à la France de fe livrer à des étrangers^
& pour les alliances & pour le gouvernement. Quillet difjit , en parlant des Ita-
liens : » ils ont un efprit fin & diflimulé , une fourde politique , dont les reiïbrts
» abufent l'Univers imbccille. Flatteurs adroits , bas couriiians , s'élevant à force
y, de ramper, fourbes, avides de gain, ils prennent toutes lortes de formes. Or-
>» donnez à un Italien affamé d'aller jufqu'aux enfers , il y pénétrera , & ne fe
» réfutera à aucun crime, w A ce trait qui attaque la nation en général , il ajour
r
QUI 15
îoît le fuivant qui eft plus direft : » les premiers Miniftres , par de coupables vues,
r, entretiennent les Rois dans l'ignorance & la mollefib. Pour prolonger leur règne ,
y> ils perdent tous les royaumes. Mais je me flatte que la gloire de notre fiecle ,
•n l'ornement delà France, ce Roi digne prélent des Dieux, Louis , l'objet de toug
» leurs foins , dillipera les nuages qui nous cachent fon éclat , & brillera un
» jour de la propre lumière. » Quilht ne fe contentoit pas de faire foupçon-
ner que c'étoit du Cardinal Mazarin qu'il vouloit parler , il le dit ouvertein'ent.
» Parlerai-je des careffes que la Cour de France fait aujourd'hui à un étranger ,
T) & qui plus eft , à un' homme amené de l'Ifle de Sicile '1 La France a des boa-
» tés excedives pour ceux qui ne font pas nés dans fon fein. Que dis.je 1 Elle
» fe jette le plus louvcnt dans leurs bras pour en être gouvernée, & les fait dépolî-
» taires de fa gloire & de fes forces, n Voilà juftement îa defcription du Cardinal
né à Rome , mais Sicilien d'origine : Trinacris devectus ab oris adveaa. C'eft dans
l'édition de Leyde de 1655 qu'on lit ces traits que l'Auteur a retranchés dan»
celle de Paris de 1650 pour parler ainfi du Cardinal :
Sic qui hodie noftrb pralucet JuUus orls,
^ufonlts rutilans jiibar â? Romana propago.
Il s'exprime ainfi dans un autre endroit de fon Poërae ;
Sic qui nunc placldd feSit moderamine Gallos
Romanus Latiô Princeps fpt^abilis ojlrâ ,
Quàni dulci exceptas gremiô ! Sed quanta rependit
Muncra f dum firmis Gallorum cervicibus orbem
Suftentat novus Alcides , clavâque. tremendus
f^iSi.nci , Hlfpani Gerlonis ora retundit.
Voici ce qui donna occaHon à Q^uilht de faire tous ces changemen?. Les émif-
faires du JVliniftre lui découvrirent le véritable nom de l'Auteur de la Callipé-
die , peu de tems après qu'elle? eut été publiée ; mais le Poëte , qui fe croyoit
sûr de Ion fecret fous le mafque quil avoiî pris , ne fe méfia de rien , & fe pré-
fenta au Cardinal, dans le tems que cette Eminence difiribuoit des pendons aux
Savans. Quiikt n'eut pas été plutôt introduit , que le Cardinal afFeftant un air
doux , lui dit d'un ton plaintivement flatteur : Quel fujet vous al-je donné M.
VAbbé Quillet , pour me traiter comme vous avei fait dans votre admirable CaUipédie ?
Malgré votre procédé , j'ai toujours fenti du côté du cœur quelque choje qui me portait
à vous demander votre amitié , & â vous donner des marques de la mienne. Ces
paroles prononcées , le Cardinal , fans lailTer au Poëte le loifir de répondre , ap-
pella Ondedei , Evêque de Frejus , fon confident. Ondzdd , lui dit-il , n'y a-t-il
point quelque petite ylbbaye vacante qui putjje accommoder ce grand Poète ? L'Evêque ,
qui âvoit concerté cette fcene avec le Cardinal , répondit : oui , Monfdgneur , Il
y en a une jolie de quatre cens pljhles , revenu bien venant. Je vous la donne , M.
Outllet , dit le Cardinal ; adieu., apprenez à ménager davantage vos amis. Le Poëte,
confus d'une telle géaérofué & d'un bienfait li furprcnant , fortit daas la réfolu-
I
14 QUI
lion de chanter haut les louanges de l'Eminence. I! réforma pour cela foo Ou-
rrage & le lui dédia après Savoir corrigé,
La Callipédie tut donc imprimée à Paris. L'Auteur commence par célébrer les
louanges du Cardinal dans fon Epitre Dédicatoire; puis il vient au corps de l'Ou-
vrage qui eft aicfi divil'é en quatre Livres.
Dans le premier, il invoque d'abord en Po'éte le ficours des Grâces & de
la Mère des Grâces ; après quoi il expofe les diflérens goûts des amans fur la
beauté de leurs maîtrefles j il pafie delà aux conditions requifes dans ceux qui fe
deflinent au mariage & qui veulent avoir une belle poftérité.
Dans le fécond , Ouillct donne divers préceptes aux gens mariés fur ce qu'il
eft à propos qu'ils obfervent au moment qu'ils veulent devenir pères & mères ;
il marque au.Tà ce qu'il croit qu'il leur convient de pratiquer pour avoir des garçons
plutôt que des Hlles.
La manière dont fe doivent conduire les femmes grofles & les nouvelle» accou-
chées , fait le fujet du troVOeme Livre.
Le quatrième commence par une vive delcription de la mifere de l'homme
pendant les premières années ; viennent enluite diverfes règles pour former l'efprit
des enfans, lorfqu'ils font parvenus à un certain âge.
On trouve dans ce Poëme difiérens préceptes qui regardent les ioins qu'on doit
prendre pour la nourriture & la beauté du corps des enfans ; mais je me bornerai
à ce que dit QuiUet fur l'ufage des maillots qu'il condamne avec tant de raifon, &
que les matrones ont tant de peine à quitter aujourd'hui;
Ncc futls eft egrejfu agiil emzrfîjjh veauftam
/nfantcm , nî legitimi nova pignora hcii ,
u^ppojîtîjvi tener cunis fùveatur alumnus.
Pracipuè caveas m darô fafcla gyro
Mollia immbra prcmat , mve Ipfo à llniine v'ua
Jnducat tortam nutrix împrovida formait.
Nonm incompajud qua fépè volumlm clngunt
J^incula ftricia latus pueri , coftafque tenellas ,
Gibbofum faciunt deformi tubere dorfum ,
Elatafqut kumeris alas furgauibus addunt? i
Quïlkt mourut à Paris en 1661 , âgé de 59 ans , après avoir donné à Ménage
tous fes Ecrits ;& 500 écus pour les faire imprimer ; mais cet Abbé prit l'argent
& les papiers, & ne publia aucun Ouvrage de fon ami.
QUINCY, ( JcanJ Dodieur en Médecine, étoit Anglois. Il fit fa profeflion à
Londres dès le commencement de ce fiecle , ôî il y publia ditîérens Ouvrages qui
ont été bien reçus du public. Tels font :
La Médecine Statique de San&orius. Londres, 1718, Jn-8 , en Anglois. Il y a en-
core une édition de 1728 , qui e(l la quatrième.
Or a nsw Fliyjîcal Vi&ionary, Londres, 1719, in-8.
QUI îS
The Dljpenfatory of the Royal CoUcJge of Phyjïclans in Londofi. Londres , i^ai , in-B.
"En François, par Cl an fier , fous le titre de Pharmacopée univevfclh raifonnée , où Von
trouve la critique des principales préparations qui font dans les boutiques des apothicaires.
Paris, if45 , i/1-4.
Or a Courfe of Lectures in Pharmacy Chymical and Galenical. Londres , 1723 ,
/n-4.
QUINTUS, Médecin qui vécut vers la fin du preinier fiecle & le commence-
ment du fécond, fut regardé par Galien comme un des plus habiles de fon tems.
11 avoir étudié fous Marinas; & au fortir de ion Ecole , il exerça fa profeflion
à Rome , d'où il fut chafl'é fous le faux prétexte qu'il tuoit tous fes malades.
Mais Galien avoit de lui une opinion bien dift'érente ; car il regarde fon bannifie-
ment comme l'effet de l'envie & de la calomnie des autres Médecins. Quintus
les avoit indifpofés contre lui ; il fe raiiloit d'eux en difant que le chaud & le
froid , le fec & l'humide , font des qualités dont la connoiflance appartient plutôt
aux Baigneurs qu'aux Médecins , & qu'il faut lailfer fexamen de l'urine aux
Peintres .& aux leinturiers.
QUINTUS STERTINIUS fe fit beaucoup de réputation à Rome dans le
premier fiecle fous le règne de Tibère & de Caligula. Au rapport de Pline,
I; il faifoit beaucoup valoir aux Princes la facilité qu'il avoit à fe contenter de
cinq cens mille Sefterces , au -lieu qu'il en pouvoit gagner fix cens mille, à
compter ce que les mailbns de la ville de Rome lui valoient l'une après l'au-
■ tre. L'Empereur Claude , pourfuit PUac , donna le même appointcment au frère
de Stert'inius ; & quoique ces deux frères euffent beaucoup dépenfé pour les or.
nemens publics qu'ils avoicnt fait faire à Naples, ils laiflerent encore trente mil-
lions de Sefierces à leurs héritiers.
Il s'agit ici de petits Sefterces , qui étoient une monnoie Romaine faifant la
; quatrième partie du denier & qui valoir deux j{s & demi ; ce qui revient à
un fol fix deniers & deaû de France , évaluation faite fur le prix adluel d»
marc d'argent.
\
I
,6 R A B
R.
ABBI MOÏSES MALMONIDES. VoyezMAIMONIDE. ( MoïfeJ
RABELAIS , C François ) Ecrivain du XVI fiecfc , étoit de Chinon en
Tourainc , où il naquit d'un père qui tenoit cabaret. 11 fut mis fous la difci-
pline des Moines de TAbbaye de Sévillé près de fa ville natale,- mais il y fit
li peu de progrès , que fon père l'envoya continuer les Humanités au Cou-
vent de la Baimette , à un demi-quart de lieue au-deflbus d'Angers. Dès qu'il
fut en âge de prendre un état , il choilit celui de Cordelier , dont il reçut l'habit
dans la Mailbn de Fontenay-le-Comte au Ba:-Poitou. Après avoir été élevé aux
Ordres Sacrés , il le dévoua à la Chaire & il y réuRit , parce que ceux qui
vont au fcrmon pour s'inftruire , s'attachent quelquefois davantage aux talen»
du Prédicateur qu'à fa Morale. Rabelais avoit ce qu'il falloit pour plaire ; il
étoit né avec une imagination vive & une mémoire heureufe. Il fentit cepen-
dant que ces talens naturels ne lui iufHfoient pas & qu'il avoit befoin d'en ac-
quérir d'autres ; mais ion Couvent étoit dépourvu de livres. Pour remédier à
ce défaut , il employa les honoraires de fes fermons à lé faire une petite Bi-
bliothèque , dont il fe fervit pour étudier les Belles-Lettres & fe rendre habile
dans les Langues , fur-tout dans le Grec. Sa réputation s'établiflbit de plus en
plus , lorfqu'une aventure fcandaleufe le fit renfermer dans la prilbn monafli-
que ,■ d'où il trouva le moyen de s'échapper. Répandu dans le monde , loti
efprit enioué & facétieux lui procura de puifians protcdeurs qui fécondèrent Je
penchant qui le portoit à jetter le froc , & lui obtinrent du Pape Clément VII
la permiffion de paflèr dans l'Ordre de Saint Benoit , au Monafiere de Mail-
iefais en Poitou. Mais rien ne put arrêter l'humeur libertine de Rabelais j en-
nemi de toute forte de joug , il fe dégoûta bientôt de l'Ordre dans lequel il
avoit éié traniféré , & s'étant fauve de l'Abbaye , il rcfla quelque tems vaga-
bond fans prendre aucun parti.
Enfin , il arriva à Montpellier en 1530, & le 16 Septembre il fut infcrit dans
le Rcgiftre des Matricules de la Faculté de Médecine de cette ville.. Son inf-
cription efi: couchée en ces termes ;
Ego Francljcus Rabdtsfus , Chinontnfis , Diœccjîs Turoncnfis , hue adpuli ftudiorum
Medicims gratià , ddegique mihi in patrem egreglum Dominum Joannein Scurromm ,
Doclorem Rcs,eiitcmquc in hac aima Univerfitate. Polliceor autem mz omnia obfcrvatunim
qua in pradicla Mcdiclms Facultatz ftatuuntur & obfervari falcnt ab îis qui nomen honâ
fide dedere , juramentô , ut moris ej} , pnsjlitô ; adfcripjîque nomen meum manu propriâ.
Die i5 menfis Szptembris annô Domîni i5f;o. Rabel.,t:sus.
Comme Rabelais avoit au moins quarante ans lorfqu'il fe préfenta pour étu-
dier la Médecine à Montpellier , on crut pouvoir lui faire la grâce de l'ad-
mettre bientôt au Baccalauréat, dans la réfolutioa de différer ion Do61:orat pen-
dant
n A B
I?
dant un tems convenable. Il fjt donc reçu Bachelier le pfemler Nox'embre de
la même année , fous la prélidence de J<ian. Scurron qu'il avoir choifi. Voici
ce que les Regiftres portent :
E^o Franclfcas Rabclafus , Diœcejïs Turomnjïs , promotus fui ad gradum Bacca-
laureatùi , die menjîs N'ovem'^rls , annô Dom'ml 1530 ^ fub revcrindo y/rdum &iMe-
dicime Prqfejfore Magijîro Jnanm Scurrono. RabeljEsus.
Rabelais luivit les exercices des Ecoles pendant 1.^31 , & à la fin de cette
année ou au commencement de 1532 , il partit de Montpellier pour aller à Lyon ,
oii il fit imprimer un Livre , iaiô, qui coctient les Aphorifmes à'TIippocrate ^
le premier Livre des Pronoftics , le Traité De natura hominis , le premier Livre
J>e vicias ratione in acutis , &i VArs medlcinalis de Gallen. Ce Recueil Latin, dont
la première & dernière pièces avaient fait la matière de fe.^ Leçons après le
Baccalauréat, parut en 1532, & encore dans la m:.Tie ville en 1545, In-ii. Il a
fuivi pour chacun de ces Ouvrages les Traductions publiées de fon tems , &
i'eû contenté d'ajouter à la marge quelques corrections peu importantes.
Le léjour de Lyon plut à Rabelais ; il s'occupa dans cette ville de l'édition
& de la compoiition de diftérens Ouvrages. En 1532, il fit imprimer un petit
Traité , qui eft intitulé :
Tejlamentum LucV. Cupldil; item ^ contrains vendldonls antiquis Romaaorum tempo-
rlbus initus , cùm Pr^faùoae Francifci Rabelajîl. Le Catalogue de la Bibliothèque de
Fakonet ajoute : jlitirt Pompanlô L<stô. L'P^diteur croyoit que ces deux pièces
n'avoient jamais paru & qu^elles étoient anciennes; mais il fe trompoit fur l'un
& l'autre article. Ce teftament & ce Contrat de vente avoient été imprimés,
& c'étoient deux pièces nouvelles, fabriquées par quelqu'un qui avoit pris plaifir
de tendre un paneau à la crédulité des Antiquaires.
En 1534, il publia une partie de fon Hiftoire de Pantagruel, fous ce titre:
Tr ailé des horribles & épouvantables prouejfes de Pantagruel, Roi des Dypfudes ,
compofé par M. ^Icofribas , abjlraaeur de quintejfence. Volume //1-12, en caradere
gothique.
L'année fuivante, Rabelais fit paroître à Lyon un autre Livre de Pantagruel,
intitulé: , . ,. r'
La vie ineflimable du grand Gargantua , père de Pantagruel , jadis compofee par
l'abftracîeur de quintejfence , avec la prognoftication.
Enfin, il fit imprimer dans la même ville en 1535 , tn-ia, en caradere gothiq-je :
Pantagruéline Prognoftication certaine <5? infaUibU pour Van perpétuel ...., par Maure
jilcofribas y ^rchitriclin dudit Pantagruel.
On attribue encore à Rabelais une Epltre envers d'un Limofin , grand cxconateur
de la Lanoue Latiale. Deux Epitres aufii en vers à deux riellks de différentes mœ-crs ;
la Chrême Philofoohale des queftions Encyclopédiques de Pantagruel: mais on ignore
en quel tems & en quel lieu ces Pièces ont été imprimées, luppole quelles lui
appartiennent. n- • i a n •
Vers la fin de 153:; ou le commencement de 1536, il pafla de I-yon a 1 ans ,
où il fe préfenta à l'Èvêque de cette ville , Jean du Bellay , que Paul lll veno.t
de nommer Cardinal à la recommandation de François L II etoit connu de ce
T 0 M E 1 r. ^
ï8 R A H
Prélat, depuis qu'ils avoient demeuré eniemhle au Couvent delà Bafmette. H
en fut très-bien reçu, & le Cardinal, ayant goûté l'on efprit & fon caraf^ere , le:
prit dans fa Maifon en qualité de Médecin, de Ledeur, d'Econome & de Biblio-
thécaire; il le conduiiit même avec lui à Rome, lorfqu'il fut nommé à l'AmbafTade
de cette Cour en 1536. Rabelais profita de cette occalion pour obtenir du Pape
une pleine & entière abiolution des ceniures qu'il avoit encourues par fes apoU
tafies monacales.
Il quitta Rome en 1537, & fut promu au Doftorat à Montpellier le 22 Mai de
cette année, fous la préliJence à\^ntolm Gnphy, comme il l'attefle lui-même
par la note écrite de fa propre main dans les Regiflres :
Hgo Francifcus Rabdisfus , Dicxcejîs Turonmjh •, fufcepl graduai Do&oratâs fub R-
^ntonîo Griphyo in praclara Medlcims Facultate. DU 22 menjîs Mau', annô Domini
1537,
RAEELiESUS,
Comme c'étoit l'ufage alors que les Dofleurs qui vouloient s'attacher ^ la Fa-
culté en qualité de Docieun ordinaires , dévoient y faire des Leçons publiques &
choifir la matière qui leur coavenoit , Rabelais choifit, en 1537, le Traité de*
Prouortiqucs û'Hippocrate , qu'il interpréta en Grec. On trouve même qu'il pafla
dans la Faculté une partie de l'année 1530; mais comme il abandonna alors le
projet de s'établir à. Montpellier, il en partit pour fe rendre à Paris auprès du
Cardinal du Bellay. Il en fut encore bien reçu ; il effuya cependant les reproches
de ce Prélat qui voyoit avec peine qu'il fembloit avoir oublié Ion état ecclé-
fiaftique. Le Cardinal ne négligea rien pour le déterminer à s'y fixer , & pour
l'engager davantage à vivre félon les règles prefcrites par les Canons , il le
pourvut, dit on, d'une prébende dans le Chapitre de Saint Maur, qu'on avoit
établi fur les fonds de l'Abbaye fécularifée. Mais ce Prélat n'en demeura pas là
à l'égard de Rabelais ; quelque tems après , il lui conféra la Curé de Saint Fleury
de Meudon , à deux lieues de Paris. On met cette nomination en 1545. Rabelais ,
qui fut à la fois le Pafteur & le Médecin de fa Pareille, y vécut tranquillement
julqu'à fa mort arrivée à Paris, en 1553, dans une maifon de la rue des jardins;
il fut enterré dans Iç cimetière de l'Egliie de Saint Paul. Suivant Gui Patin , il
poufla fa carrière jufqu'à l'âge de 63 ans , & félon MM. de Sainte Marthe , juf-
qu'à celui de 70. Sa naiiïance tomberoit donc en 1490, fuivaat le premier, 65
en 14B3 , félon les féconds.
Le Livre qui a le plus fait connoître Rabelais dans le monde , eft l'Hiftoire
de Pantagruel & de Gargantua; fatyre dans laquelle les Moines font couverts
de ridicule. Ils en furent fi choqués, qu'ils vinrent à bout de la faire cenfurer
par la Sorbonne & condamner par le Parlement. Le troifieme Livre qui parut
au plutard en 1548, les engagea à cette pcurfuire. L'Arrêt du Parlement eft du
premier de Mars 1551: mais Rabelais ne laiffa pas de publier le quatrième Livre
en 155a ; les anathômes de la Sorbonne , les défcnfes du Parlement , ne firenr
même qu'accréditer fes Ouvrages, & ceux à qui ils paroiflôient auparavant fades
& inlipides, les trouvèrent alors vifs & piquans. L'Auteur fut recherché comme
le bel efprit le ^lus ingénieux, ôi comme le boufibn le plus agréable. Tout le
R A B
19
monde lifoit fes Ecrit», tout le monde les apprenoit par cœur, & il ne failoit
pas prétendre au titre d'homme d'efprit, fi l'an n'en lavoit pas les plus beaux
endroits. Cette prévention a duré long-tems ; mais on eft bien éloigné de penfer
ainfi aujourd'hui. Dans Ion extravagant & inintelligible Livre, Rabelait a répandu
à la vérité une extrême gaieté, mais une plus grande impertinence. Il a prodigué
l'érudition , les ordures & l'ennui. Un bon conte de deux pages ert acheté
par un volume de Ibttiies : il n'y a que quelques pcrfonnes d'un goût bizarre
qui puiflent le piquer d'entendre & d'-.-ftlmer tout cet Ouvrage. Les gens qui
jugent bien des choies, rient de certaines piaifanteries de ce Polichinel Médecin,
& méprirent le Livre & l'Auteur. On eft cependant fâché qu'un homme qui avo't
tant d'efprit , en ait fait un fi milerable ufage ; c'eft un Philoibphe qui n'a écrit
que dans le tems de fon ivreflè.
Rabelais étoit meilleur à voir qu'à lire. Un port noble & majeftueux, un vifage
régulièrement beau . une phyfionomie fpirituelle , des yeux pleins de feu & de
•douceur, un fon de voix gracieux, une exprellion vive & facile, une imagina-
tion inépuifable dans les fujets piaifans ; tout cela en failoit un homme d'une
fociété délicieufe. Il étoit d'ailleurs efHmable par la réunion des qualités qui for-
ment l'homme d'efprit & le Savant. Langues anciennes , Langues modernes ,
Grammaire , Poéfie , Philofophie , Aftronomie , Jurifprudence , Médecine ; il avoit
orné fa mémoire de toutes les richelTes de fon tems; il ne lui a manqué que
d'en faire un bon ufage.
On a un grand nombre d'éditions des Œuvres de Rabelais ; il y en a de Lyon
de 1558, 15^4, 1600, in-11; d'Amfterdam, 1663, deux volumes //1-12. Les plus
complcttes font celles d'Amfterdam, l'une de 171 1 en lix Tomes, trois volumes
ja-8, avec les notes de le Duchat , l'autre de 1741, trois volumes în^ , avec les
figures de Bernard Picart. Celle-ci eft encore en cinq volumes ia-ia. Mais comme
les Ecrits de cet homme fiagulier font remplis de propos licencieux fur les chofes
facrées & fur les Religieux, que cette conduite l'a fort décrié pour les mœurs,
& qu'il a même été accufé d'impiété & d'irréligion , l'Abbé Perau a donné une
édition de fes Ouvrages , dans laquelle il a retranché les obfcénités & les impiétés
les plus révoltantes. Cette édition a paru fous ce titre:
Rabelais moderne , ou , fes Œuvres avec des Edaircijfemens. Paris , fous le nom
d'Amfterdam , 1752, fix Tomes en trois volumes in-12. Jean Bercier avoit déjà
publié : Jugement & Obfervations fur les Œuvres de Rabelais , ou , le véritable Rabelais
réformé. Paris, 1697, tVl2.
Les Poètes ont compofé différentes pièces qu'ils ont confacrées à la mémoire
de Rabelais. On trouve cette Epitaphe dans le Livre des Tombeaux d'Etien-
ne Pafquier :
Sive fit tibt Lucinianus alter ^
Sive fit Cynicus , quid Hofpes ad te ?
Hic unus Rabelafius facetus ^
Nugarum pater , artifcxque mirus ,
Quldquid is fuerit , recumbit in urna.
^ R A B
Pafquier rapporte encore ce Quatrain dans fon Recueil des Portraits r
Ille ego Gallorum Gallas Democritus , illô
Gratlus aut fi quïd Gallla progenuit.
Sic homines ,fic & cœlefiia numina lufi ,
Vix homines , vix ut numina lafa putes.
Voici le fens d'une Epitaphe compofée par Jean-Aùtoine du Baif , Poëte Fran-
çois du XVI fiecle ;
Pluton, Prince du noir Empire^
Où les tiens ne rient jamais.
Reçois aujourd'hui Rabelais ^
Et vous aurez tous de quoi rire.
Un Curé de Meudon a fait imprimer tout ce qui fe trouve à la looang»
de Rabelais. r ^
J-.e célèbre j^ftruc , qui parle fort au long de ce Médecin dans fon Hifioire
de la Faculté de Montpellier , m'a fourni plufieurs traits que j'ai copiés dan»
cet Article ; je vais en rapporter d'autres au fujet de ce qu'il dit fur les plaifan-
tenes qu'on attribue communément à Rabelais. Comme cet homme fingulicr étoit
lacétieux & qu'il aimoit à rire , on crut pouvoir mettre fur fon compte pluJ
Iieurs bouffonneries indécentes & groffieres , dont il convient de le diiculpcr. Je
veux bien , dit ^Jîrac ,. qu'il ait été bouffon, mais je ne faurois me perfuader
qu'il ait été fou.
1 . On prétend- que le Chancelier du Prat , ayant cafTé les privilèges de
la Faculté de Médecine de Montpellier par quelque mauvaife volonté qu'il
ayoït , dit-on , contre cette ville , Rabelais fut député pour en aller demander le
retabliffement. On dit que pour parvenir à parler au Chancelier , il fit une
malcarade ridicule & tint des propos extravagans. Cependant il réuffit par ce
moyen à fe faire introduire, & il parla fi bien au Chancelier , qu'il obtint tout
ce qu'il demandoit.
Les privilèges de la Faculté n'ont jamais reçu aucune f atteinte. Si M. du Prat
avoit fait calfer ces privilèges dans un tems où la Faculté pût lui députer Rabe-
lais , c'eût été depuis 1530 , que Rabelais entra dans la Faculté , jufqu'au 9
Juillet 1535 qye ce Chancelier mourut. Mais la Faculté auroit-elle député ,
pour une affaire auîîi grave , un fimple Bachelier , qui dans le fonds étoit un
Moine défroqué , tandis qu'elle avoit tant de gens de mérite à y envoyer *?
L'Editeur du Rabelais moderne prétend que ce fut les privilèges du Collège de
Gironne , que Rabelais fit rétablir.
2^. On prétend que Rabelais , voulant aller de Lyon à Paris en 1536 &
n'ayant point d'argent, s'aviia de faire pluiieurs paquets cachetés , pleins de cen-
dre , & qu'il envoya quérir un jeune garçon , à qui. il fit mettre fur chacun
des infcriptions difl'érenics , Poifon pour le Roi , Polfon pour M. h Dauphin , lui
recommandant bien de garder le lecret. 11 le fut très-mal , Ôz Rabelais s'y aï-
K A B al
îtndoft bien. Le Prévôt des ^larchands , qui en fut informé , l'envoya prendre &
le fit conduire à Paris , bien gardé , mais bien traité. Quand on fut arrivé Si
Paris, on interrogea iîaie/û/^ , on examina la poudre renfermée dans les paquets^
& tout ccnfidéré , le fait parut afiez plaifant pour ne faire qu'en rire.
Suivant ^ftruc , il n'y a pas de conte plus mal imaginé. C'eil un crime de
badiner fur la vie des Souverains , & Rabelais auroit eu fujet de fe repentir
de l'avoir fait , fur-tout dans un tcms , où l'on venoit de perdre le Dauphin Fran-
çois , fils aine de François I, qui avoit été, difoit-on , empôifonné par Montecu-
culli, Ceft en 1536 que le Dauphin mourut
3". On ne conçoit pas comment on a pu imaginer que Rabelais ait tenu au-
Pape Paul III les diicours qu'on lui prête en deux occafions. Cependant cette
anecdote indécente a été adoptée par Scévole de Sainte Marthe. Mais eft-il
croyable que Rabelais , figé alors au moins de 46 ans & connoiflant la va'
leur des termes , ait tenu à un Pape toujours refpeilable par lui-môme , & fur-
tout à un Pape qu'il avoit befoin de ménager pour en obtenir un Bref d'ab-
folution , des propos auffi grofliers , aulli indécens , difons mieui , aufli ia-
folens 1
4°. On doit porter le même jugement des fautres bouffonneries qu'on lui attribue ^
comme d'avoir dit à un Page que le Cardinal du Bellay lui envoyoit : Tire le
rideau , la farce ejl jouée ; d'avoir dit à un autre qui lui parloit de fonger à fou-
falut : Beau qui moriuniur in Domino , ce qu'il entendoit d'une efpece de chape,,
appellée Domino , qu'il avoit autour de la tête ; d'avoir répondu ù une pcrfonne-
qui lui demandoit ce qu'il laiflbit aux pauvres : Je n'ai rien , je dois beaucoup , je:
donne le rcfic aux pauvres. Tous ces quolibets font plus anciens que Rabelais Sc'
on a tort de les lui attribuer , fùr-tout à l'article de la mort.
L'enthoufiafrac où l'on a été pour ce Médecin , s'efi étendu jufqu'à la Faculté
de Montpellier qui l'a reçu au nombre de fes Docteurs , & l'on a regardé comme
gens de mérite , ceux qui avoicnt porté la même robe que lui, La préventiotï
a même été julqu'à lui attribuer l'établiflcment de quelques ufages finguliers , qui"
ibnt particuliers à cette Faculté.
Le Candidat fouîieni rA(f\e du Baccalauréat avec une robe noire ordinaire '.
mais quand il eft admis à ce grade , le Bedeau lui met une robe rouge qu'il-
doit porter pendant tous les Ades probatoires , jufqu'à ce qu'il ait fait le Point'
ou TAéle rigoureux , & qu'il ait été admis. Cette robe n'a rien de fingulier ,
c'eft une Tunique qui va julqu'aux talons , avec des m&nches allez larges pour
pouvoir la mettre fur fes habits , & une eipece de large Collier ou Rochet ; elle
eft de drap rouge. Je crois , pourfuit ^jlruc , que c'étoit la robe commune à tous
les Clercs , quand la Faculté fur établie ; on ia failoit porter à tous les Candi-
dats dès qu'ils étoient fur les bancs, parce qu'ils devcnoicnt Clercs; mais pour ft:
dlftinguer des Clercs ordinaires , on la fit de couleur rouge , parce que c'efi la cou-<
leur des Faculté» de Médecine.
Rabelais a porté cette robe comme ceux qui l'avoicnt précédé & ceux qui
font venus depuis , mais il ne fa pas établie & n'avo:t r.ucun droit dei'éiablir; ôt.
le nom de Rsjbe di Rabelais , que les Eiudiaos lui oct donné , ne fignilie l'&u.
»a
Il A B
On doit feulement être étonne de rentôtement de ces Etudians , quî coupent
furtivement quelques lambeaux de cette robe pour les emporter chez euK , ce qui
oblige à en faire une nouvelle de tems en tems , à quoi on ne gagne rien ; car les
Etudians confervent pour la robe qu'on vient de faire , la même prévention qu'ils
avoient pour l'autre. u4/îruc dit que François Ranchin en fit faire une nouvelle en
1612, & qu'on fut o'oîigé d'en fubdituer une autre en 1720.
L'auire uiage établi dans la Faculté de Montpellier ell plus fingulier encore.
L'Acte du Baccalauréat fini , tous les Profcûeurs paffcnt dans le Conclave qui
eft à côté de la falle des Aftes. Le Chancelier, ou en fon abfence , le Doyen ,
fi,it approcher le Caadidat , lui annonce qu'il a été admis au Baccalauréat , &
aioutc Iniae. purpuram ( c'eft-à dire , la robe rouge ) cmfcende cathedram & grâces
ane quibus dcbcs. Cela fait , le Bachelier defcend & s'arrête au bas de la chaire ,
où les Docteurs s'aflèmblent & reçoivent les renaercimens du Profefleur qui a pré-
fiJé à rA£le pour la réceprion du Candidat, après quoi le nouveau Bachelier part
Dour entrer dans le Coaclave. Ceft dans cet ei'pace qu'il eft expofé aux coups de
e
pour entrer uaus ic ».^LJviav>., v,i.il v.»uo »,^i wj.<.v,v- ^>^.. w^^ ^^^.^.%. «^^ y.^.^^..^ --
poin^ de tous fes condifciples ; fes amis font même les plus empreffés à fe
bien" placer , pour d'autant mieux appliquer les coups qu'ils cherchent à lui
(Jn prétend que Rabelais a établi cet ufage , comme une marque de réjouiffance
& de félicitation. C'étoit la mode de fon tems , dit-on, de fe donner des coups
de poing aux fiançailles , après en avoir donné aux fiancés; & on allègue,
pour le" prouver , la defcription qu'il fait des noces de Bafclié dans fon
Pantagruel. Mais yJJïruc croit que cet ufage a une origine plus ancienne & plus
noble. L'Ordre de Chevalerie étoit dans fon plus grand luRre, quand on a établi
les plus anciennes Facultés. Il y avoir deux Ordres dans la Chevalerie; celui des
Bacheliers , oii l'on initioit ceux qui étoient d'une naifiance & d'un mérite à af-
pirer à l'honneur ^'êtie Chevalier; & celui de Chevalier, qui étoit alors un état
très-diftingué & qui faifoit aller de pair avec les Princes.
Quand les Facultés l'urcnt autorifécs à donner des Licences aux gens de Lettrés ,
elks fe rapprochèrent , autant qu'elles purent , de ce qu'on pratiquoit dans l'Or-
dre de Chevalerie. 11 eft certain du moins , que les cérémonies qui font en ufage
quand on fait un Maître ou Dodeur, font copiées fur celles qu'on failoit en ar-
mant un Chevalier, mutatis mutandis ^ c'eft-à-dire, avec les différences que l'objet
îiuquel on fe deftinc a dû y mettre. On a donc dû de même , dans les Facultés
fort anciennes , imiter , en donnant le Baccalauréat , ce qu'on failoit quand on
recevoit Bachelier une perfonne qui afpiroit à devenir Chevalier. Or il eft cer-
tain qu'on donnoit à ce Bachelier , qui étoit à genoux , deux coups de plat
d'épée fur f épaule , comme pour lui apprendre qu'il dcvenoit un nouvel hom-
me & que c'étoit la dernière infulte qu'il eût à fouffrir. Sur ces exemples , la
Faculté de Montpellier laifla donner des coups de poing aux Bacheliers , pour
les avertir que c'étoit la dernière marque de mépris qu'ils daffeot efUiyer. Cette
conj'eaure peut être confirmée par l'attention que les Profeffeurs de la Faculté
de Montpellier ont toujours eue de 'participer, autant qu'ils ont pu , aux honneurs
de la Chevalerie , & de fe faire enterrer avec l'épée & les éperons fur la bière. Sur
ce pied -là, la Faculté a intérêt de conferver cette coutume , toute finguliere
qu'elle foit , comme une preuve de fon ancienneté.
R A D R A ï 23
o
On ne peut difconvenir qu'il y ait ici un peu d'cnthoudafme de la part à'^flruc
pour la Faculté de IMontpellier , dont il étoit Ucfteur avant de prendre le bonnet dans
celle de -Paris : nous tenons tous à nos premiers engagemens , & nous aimons
à relever ce qui fait honneur à notre patrie. Le La-guedoc eft trop voifm de
l'Erpagne , pour que l'eiprit de Chevalerie n'y ait point pafle dans le bon vieux
tems , lorfque les rodomontades Elpagnoles faifoient tant de bruit. Je pafle vo-
lontiers aux Profelllurs de Montpellier de porter après leur mort ces marques de
Chevalerie qui les auroient déparés pendant la vie; mais dans l'ufage ridicule de
donticrdes coups de poing aux Bacheliers , je vois moins une repréfentaticn du
Récipiendaire à la Chevalerie , que la folie répétition de ce qui fe paffijit aux noces
de i3al"ché dans le Pantagruel. La vénération des Ecoliers pour la prétendue robe
de Rabelais , a pu s'étendre jufqu'à adopter certaines plaifanttries de fon Roman,
RADCLIFF , ( Jean J Médecin Anglois de nation , reçut le bonnet de Doc-
teur à Oxford le 5 Juillet 1682 , & fe fit enfuite aggréger au Collège Royal de
Londres. Il pratiqua dans cette dernière ville avec un fuccès qui lui valut de
fi grandes récompenfes dans fa profellion , qu'étant mort en célibat le premier de
Novembre 1714, on lui trouva des fonds fufnians pour accomplir les legs qu'il
avoir faits à l'Univerfité d'Oxford. 11 donna par fon leftament une fomme de
quarante mille livres fterlings pour la Bibliothèque publique, & fix cens livres an-
nuellement, applicables pendant le terme de dix ans, au proht de deux Etudians
en Médecine qui doivent voyager. On ne connoît d'autre Ouvrage de la façon
de Raddijj'f qu'une Pharmacopée , dont MatthUs a dit un mot dans fon Confpchus.
Le Catalogue des Médecins Anglois fait mention de deux autres Radcliff plus
anciens que celui dont on vient de parler. L'un, Richard, fut reçu Docteur à
Oxford le 8 Juillet 1585, & mourut dans cette ville le 18 Janvier 159g. L'autre,
Edouard f Douleur de l'Univerlité de Cambridge, fut incorporé dans celle d'Oxford
le II Juillet de l'an i6co.
RALMOND DE VINARIO ou Rabmnd Challn de yinario. Médecin du XIV
fiecle , avoit pris les grades à Montpellier. Comme il naquit dans un endroit
appelle en Latin f^inarium , ylftruc conjecture que ce fut à Vinas , petit village
du Diocefe de Bezicrs; à moins, dit-il , qu'on n'aime mieux fuppofer qu'il faut
lire de yivario au-lieu de yinario , auquel cas ce Médecin ieroit originaire de
Viviers.
Jacques JDalechamps, & gpiès lui Jean-George Schenck, difent que Rain:ond fut
Médecin de trois Papes qui liegerent à Avignon. Il efl connu par un petit 'l'iaité
de la pelle. Comme il vivoit à Avignon en même tems que Gui de CauUac \\
décrit les mêmes pertes que lui, & les décrit alTez esadement; il parle même
de deux dernières pcftes du quatorzième ûecle, dont Gui de CauUac ne parle
pas & que probablement il n'a pas vues. Dahchamps, à qui un Chirurgien de
Montpellier, appelle Guillaume Lot hier , avoit prêté un exemplaire manufcrit du
Traité de RaimonJ pour avoir fon fentiment , avoue qu'il fut frappé de la beauté
de cet Ouvrage , malgré la barbarie du ftyle ; c'eft ce qui le détermina à le pu-
blier à Lyon en 1552, in-i6y chez Guillaume Rouillé , .^p^ès l'avoir mis en mcil-
I
«4 Tl A I R. A M
leur Lstin. L'Auteur paroît f^rt prévenu en faveur de TAflrologie judiciaire^
«nais c'eft un défaut dans lequel il étoit difficile de ne pas tomber dans le iiecle
où il vivoit.
RAÎ"NSANT, C Pierre ^ Médecin, Antiquaire & Garde du Cabinet de Mé-
jdailles du Roi Louis XIV , étoit de Rheims où il avoir pris le boDn;t. Il vint
à Paris dans le deflein d'y exercer la Médecine,- mais ayant été fait Garde du
Cabinet, il ne s'occupa guère que de l'étude des Médailles, & il appella auprès de
lui Oudinct le His , fon parect, qui avoit le raîme goût. Raiafant eut le malheur
<le fe noyer dans la pièce d'eau du Parc de Verfailles. On a de lui quelques ob-
fervations dans le Journal des Savans , année 1678, comme l'Hiftoire d'un eofant
de Sens , qui demeura vingt-huit ans dans le corps de ia mère & n'en fut tiré
qu'après la mort de celle-ci; des Remarques fur l'opération célarienne & la pa-
Tacenthelé. Mais il a publié un Ouvrage plus confidérable ; c'ell une Dijiniihati
fur douie Mida'dks dzs }iiix ficulaircs de V Empereur Domitlm. Verlailles , 1684 , in 4.
RAMAZZINI ( Bernardin ) naquit à Carpi » le 5 Novembre 1633 , de
JBarthélàni ia de Catherine Feder^oni, honnêtes Bourgeois de cette ville qui eft à
dix milles de Modene. Il fit fon cours d'Humanités chez les Jéfuites , & fe rendit
é, Parme à l'âge d'environ 19 ans, pour y commencer celui de Philolophie qu'il
liait au bout de trois ans , par des Thelés qu'il ibutint publiquement fur toutes
les parties de cette Science. Incertain alors fur la profeffion qu'il embtaiferoit ,
il balança quelque tems entre l'étude du Droit & de la Médecine ; mais enfin
il fe décida pour la dernière , dans laquelle il fit tant de progrès, qu'il obtint le
l^onnet de Dofleur dans la Facuhé de Parme le 21 Février 1659. De cette ville,
il pafik à Rome & fe mit à fuivre ^ntoiae-Marie Rubei^ célèbre Praticien, fils
^e Jérôme Rubei^ Médecin du Pape Clément VIII.
Eclaué par les lumières de cet habile Maître qui le jugea en état de marcher
feul dans les routes épineuftis de la Pratique , il alla l'exercer dans le Duché de
-Caftro, contrée du Patrimoine de Saint Pierre ; mais le mauvais état de fa fanté
î'obligea de retourner à Carpr au bout de quelques années , & s'y étant enfin ré-
tabli, il y époufa Françnife Rîchi qui lui donna un fils & deux filles. Il fit la Mé-
decine avec honneur dans fa patrie jufqu'en 1671 , qu'il vint s'établir à Modene.
iSon mérite y fut bientôt connu , & Ton auroit voulu trouver l'occafion de lui
donner des preuves de l'efiime qu'on en faifoit; mais les circonfiances ne furent
pas favorables à fa promotion. Ce ne fut qu'en 1682 qu'il fut nommé à la Chaire
de Théorie dans les Ecoles que François II, Duc d'Eft , avoir rétablies à Modene
en 167B. Ramaiilni y enfeigna jufqu'en 1700 , qu'il ambitionna d'avoir part à la
réputation dont les Profefl'eurs de l'Univerfiré de Padoue jou.illbienr. Il ibliicita
de l'emploi dans cette Académie, & il y obtint la Chaire de Médecine pratique,
dans laquelle il monta le 12 du mois de Décembre de la même année. Quoiqu'il
fût déjà avancé en âge , il n'eut pai moins d'ardeur à remplir les fondions
de fa nouvelle charge, que les ProfelTcurs qui n'avoient point vieilli dans cet
exercice. Pendant l'hiver de 1 an 1703, il fut attaqué d'une fluxion fur /es yeux
g^ui lui fit craindre de perdre la vue ; il la perdit en effet au bout de quelques
années.
TL A M 5^
liîsnée?. Privé du plaifir de la Icflure , qui étoit tout ce qu'il regrctoit , il y fuppléa
par le fecours de les pctit?-fi!s qui lui lervirent de Lefteurs & de Scribes.
En 1708 , le Sénat de Venife le nomma Prélident du Collège des Méde-
cins, de cette Capitale de la République, & l'année ibivante , il le fit monter
de la féconde Chaire de Pratique à la première. ilamj^^J/ii fe préparoit à donner
fa Leçon , lorfqu'il fut attaqué de l'apoplexie qui l'enleva de ce monde le 5
Novembre 1714 , à J'Age de 81 ans. Son mérite lui avoit procuré l'entrée de
quatre Académies. II fut d'abord aflbcié à celle des DiJJhnantl de Modene , &
çnfuite à celle des Curieux de la Nature , qui le reçut fous le nom d^Blppo-
crate III. En 1706 , la Société Royale de Berlin le mit au nombre de fes Mem-
bres , & l'Académie des Arcades de Rome en 1709, On a de lui :
Exercitado latro-apologetica , fiu , Refponjum ad fcripturam quandam Annîballs Cer-
vii , Docioris Medici. Mutine , 167g , in-fvl. Il juftifte fa conduite , au fujet des
confeils qu'il avoit donnés à Ufi malade que Cervius traitoit.
Rda^ioiii fîjpra il parto e la morte délia Marchefe Martellni. Modens, 168 1 , in-fol,
La mort de la Marquife fut fuivie d'une difpute très-vive entre Ramaninl &
le Dodeur Jean-^ndré, Monlglia. Il s'agifibit de favoir s'il auroit fallu procéder
à l'extradïion de l'arriere-faix , immédiatement après l'accouchement de cette
Dame. Cette conteftation amena plufieurs Ecrits pendant le terme de trois ans
qu'elle dura.
Oratio in folemni Mutlnenjîs AcademliS inftauratione. Matlna , 1683 » ''''"4-
De conjlltutiam anni i6go , ac de Epidemia quts Mutlnenjîs u4gri colonos affllxîù
Ibidem , 169 1 , in-4.
De Fontium Matlmnjîum admirandâ fcaturlglne. Ibidem , i6gi , in-i.
De conjlitiitione anni 1691 apud Mutlnenfes. Ibidem , 1692 , i/2-4.
De morbls ^rtlficum Diatr'iba. Mutina , 1700 , in-8. Ultrajccll , 1703 , //1-8. Pa-
tayii ^ 1713? f«-8. Fenetils , 1743, i/î-8. En Allemand, Leipfic, 1718, in-8. Il eft
la premier qui fe loit avifé de traiter des maladies qui font propres à chaque
profellion.
Oratlones latrlci argument!. Patavii , 1708 , in-^. C'eft le Recueil des Difcours
qu'il prononça , tant à l'ouverture des études qu'à d'autres occafions.
Ephemerldes Barohetrica Mutine ollm édite. Ibidem , 1710 , in- 12.
De Principum valetudlne tuendà Commentatlo. Patavii, 1710 , In-^. Lipjïe ., 171 r,
in-8', par les foins de Michel-Ernejîe Ettmulkr qui a joint la vie de l'Auteur
à cet Ouvrage.
De contaglofa epidemia que In Patavîno ^4gro in baves irrepjit. Patavii, 17I-* '«-8.
Lipfia , 1713 , 11-4. En Allemand , Lunebourg , 1746 , in-8.
De abufu Chine Difertatio Epijlolarls. Patavii, 1714, in-S.
Et plulieurs autres pièces qu'on trouve dans le Recueil de fes Ouvrages,
fur -tout dans celui imprimé à Padoue , en 1718 , quatre volumes in-8.
On a encore d'autres éditions du Recueil de fes Œuvres , comme celle de
Genève, 1716 , i/i-4 , de Londres , 1717 , in-4 , de Naples , 1739, deux Tomes
en un volume i/1.4 , avec figures.
T 0 M E I K D
9.6 R A Rî
RAMELIN ou REMMELIN , (Jean) d'Ulm en Souabe , vivoit au con»-
mencement du XVII fiecle. 11 a donné au public un Ouvrage d'Anatomïe qui
»'ell remarquable que par la difpoiition des figures , dont la plupart font tirées
de f^éfale , mais allez mal rendues. Les planches font rangées de façon qu'on a
d'un côté les parties antérieures , & de l'autre les parties poilérieures. Eq
levant la planche qu'on vient d'examiner , on voit toujours le côté oppolé ;
& en continuant ainQ , on rencontre , dans leur ordre naturel , les parties fi-
tuées plus profondément. La gravure eft de la main de Michel Spachier fous
le nom duquel l'Ouvrage parut en Hollanùois dans les années 1614 & ^615 ,
fans faire mention de Remmdin.- Le titre qu'il porte , peut fe rendre en Fran-
çois par celui-ci : Defcrîption ou F'u.z Mlcrofcome , ou VAnatomlc du corps de l'homme
& de la femme. Les éditions Latines font d'Ausbourg , 1619 , grand ia-fuUo ,
d'Ulm , 1639 , in-folio , de Francfort , i56o , in-folio , à'Amfterdam , 1667 , in-folio ,
fous le titre de Caioptrcn Microfcomicum fuis are incijîs vifionibus fplendens , cum
hifiorla & plnace de nova prodlens. Cet Ouvrage a encore paru en Allemand à
Ausbourg , 1632 & 1661 , in-folio ^ en Anglois par Clopton Havers , Londres »
Ï702 , in-folio..
RAMPULLA , C Ange-Mnrie ) Doreur en Philofophie & en Médecine ,. «na-
quit à Palerme & paflà pour un des plus favans Médecins de fon tems. lî
le diftingua encore par l'étuue des Belles-Lettres , fpécialement de la Poéfie ;
on a de lui des Vers en Langue Latine , Tofcane & Sicilienne-^ La célébrité
dont il jouit par toi^te la Cici'e , le fit rechercher pour remplir les premiers
portes. Il fut M'jdecin des Troupes Efpagnoles , de l'Hôpital de Saint Jacques
à Palerme , ainfi que des Vice-Pvois de Sicile , Ferdinand Comte d'Ayala &
Claude Lcmoral Prince de Ligne.
Rampulla mourut dans fa ville natals le 16 Novembre 1673, ^ ^^^ enterré dans
l'Eglife des Frères du Tiers -Ordre de Saint François. Il a publié à Palerme en
1672 , in-4 , l'Hiiloire de la maladie du Prince de Ligne , & il a lailTé phifieurs
IVlanufcrits en Italien touchant la Médecine.
RAMUS Ct'ieïve ) ou La RAMÉE, Savant du XVI fiedlle ., contribua nca
feulement au rétatliliernsnt des Sciences en France , mais encore à la réforme
de la Philofophie , qu'un attachement aveugle a voit retenue jufqu 'alors fou»
le joug é' ^Irîftots. C''.;R: à ce double titre que Ramus mérite une place dans
ce Dictionnaire.
11 naquit en 1515 à Cuthe , village du Vermandois , d'un Gentilhomme Lié-
geois fans fortune. Son goût pour l'étude le détermina à venir à Paris , où il
eut tant de peine à iùblifter ; qu'il fut contraint de fc mettre Domeftique au.
Collège de Navarre. Employé d'abord à de bas othces , il déroba plutôt la fcience-
qu'il ne fut enfeigné ; mais par fon étude & la pénétration de fon efprit , il par-
vint enfuite à un il haut degré de doiflrine , qu'il fe fit un nom dans l'Univeriité.
Comme il étoit d'un caradere intrépide , il ne fut point effrayé du projet qu'il avoit
conçu d'avancer des opinions philofophiques , oppoiées îi celles de l'antiquité qui
Ploient généralement adoptées. Pans les Thei'es qu'il Ibutint ) en 1543 > ^o\ii ^xsa.
îl A M s/
Tèçu Maître-ès-Arts , il prit le contrepied à'^rîjîote dans tout Ce qu'on lui propofa.
Une telle audace dans un Ecolier qui ne devoit pas avoir d'autres fentimens que
ceux de fes Maîtres , fouleva prefque toute l'Univerlité. Les Thcfes furent jugées
fcandaleules , & le Ibutenant déclaré novateur & perturbateur du repos de la
République littéraire. Ranius voulut prouver qu'il n'étoit ni l'un ni l'autre, &
qu'il avoit eu raifoa de difiiper tant de ténèbres Ariftotéliciennes. Pour cet effet , il
publia Tes Inftitutions dialeiliques & fes Remarqueo critiquesfur-^ri/?oîe,qui animèrent
encore plus les efprits & armèrent tout le monde contre lui. L'affaire lit tant de
bruit , qu'elle fut portée rapidement à diiFérens Tribunaux , & enfin au Coni'eil du
Roi , pour qu'elle fût jugée plus prompîement. François I , qui aimoit les Sciences &
les Savans, étoit prévenu contre Ramus ; il voulut d'abord févir contre lui^
mais un fentiment plus équitable , dïffté par le Cardinal de Lorraine , protefleur
du nouveau Phiiofophe , porta le Roi à ordonner uns difpute réglée & publique en
Sorbonne, avec des arbitres nommés pour en taire leur rapport.
Antoine Govéa , Portugais , l'un des plus grands Philofophes de fon tems , fut le pre-
mier champion qui defcendit dans l'arène; iî attaqua vivement l'Anti-Péripatéticien ,
qui fe défendit avec une préfence d'efprit & uue force de raifon admirable. Cepen-
dant , dans la crainte que fa jeuneffe ne fuccombât fous le poids & le nombre de
fes adverfaires , Ramus eut permillion de fe choilir deux défenfeurs. 11 n'eut garde
de les choifir dans la Faculté des Arts , qui étoit fa partie , ni dans la Faculté de
Théologie, imbue des mêmes principes; li les trouva dans les Facultés de Droit &
de Médecine , qui peut-être plus Philofophes alors , commençoient à entrevoir le
vuide de l'ancienne Philofophie. Ces Athlètes d'une nouvelle do6trine Ibutinrent
long-tems. avec avantage le choc de la difpute. Jean Qulntin , Dofteur en Décrets ,
& Jean de Bornant , Dodleur de la Faculté de Médecine de Paris , défenfeurs de
Ramus , étoient des hommes profond» en favoir : mais l'autorité des Arbitres, ou
prévenus ou gagnés, prévalut. Ramus eut défenfe d'enleigner la Philofophie, fes Li-
vres furent profcrits , & lui-même taxé d'ignorance.
Ce nouveau Phiiofophe avoit un terrible rival dans la perfonne de Jacques Char-
pentier , Médecin de la Faculté , contre qui il avoit olé dilputer une Chaire de
Mathématique au Collège Royal. Charpentier, promu au Redlorat en 1550, plaida
contre fon antagonilte en 155 1 , & obtint un Arrêt qui ordonnoit que le difciple
obferveroit , quant à la dodtrine , les Statuts de l'Univerfité. Ramus eut diflëren-
te? autres tracafferies à effuyer ; toujours fufpedt de fuivre les opinions des Pro-
teftans , toujours en butte à la jaloufie & à la haine de fes ennemis , il prit le
parti de voyager. Revenu en France en 1571 , il eut le malheur d'être enveloppé
dans le Maffacre de la Saint Barthélémi en 1572. 11 s'étoit caché dans une cave
du Collège de Prelle, où il demeuroit pour lors ; Charpentier Vy découvrit , & après
avoir eu la baffeife de tirer de l'argent de fon prifonnier , il le livra aux couteaux
des affaliins qu'il avoit à fes gages. Le corps nud de Ramus égorgé fut jette par
les fenêtres dans la cour de fon Collège , & les Ecoliers , animés par leurs Ré-
gens encore plus enragés qu'eux , frappèrent de verges le corps mort , pour
infulter à fa profellion , & enfuite le traînèrent par les rues & le mirent eiî
pièces.
c8 R A N
Telle fat la fin de ce grand Philofophe ; fa difpute littéraire influa fur fon mal-
heur,- tant il eft dangereux d'off'enfer les opinions reçues , même en Phyfiqus. Ra-
mus mcritoit un meilleur fort par les talens. Son ardeur infatigable au travail, fon
zèle pour les progrès des Beaux Arts & des Sciences , lui ont fait acquérir les
rares connoilTances qu'il communiquoit volontiers aux autres. Il avoir d'ailleurs de
grandes vertus morales. Généreux & libéral , il diftribuoit fes revenus à ceux de
ies Ecoliers qui en avoient befoin ; fobre dans fes repas, dur à lui-même , il ne
but du vin que dans l'âge avancé , encore n'en but-il que par ordre des Méde-
'cins, & il n'eut jamais d'autre lit que la paille. Sa conduite réglée & irrépréhen-
fible eût été à l'abri de tout reproche , fi Ion attachement opiniâtre au Proteftan-
tifme , & fa fureur de vouloir tout innover , jufques dans l'Orthographe Françoife ,
ne l'eût rendu inexcufable,
RANCHIN, C François ) de Montpellier, où il naquit vers 1560, commença
fon cours de Médecine dans les Ecoles de cette ville en 15^7, & obtint le bon-
net de Dofteur en 1592. Ayant fait preuve des talens qu'il avoit pour la Chaire,
par les Leçons de Chirurgie qu'il donna publiquement au nom & à rabfence d'^i/i-
dré du Lciurens^ il obtint, en 1605, celle qui étoit vacante par la mort de Sa-
porta. En 1612, il parvint à réunir les lufFrages de fes Collègues en fa faveur, pour la
place de Chancelier qui vaquoit depuis 1609, année de la mort à'^^drédu. Laurens^
dernier pofleffeur. 11 promit de donner un tapis pour la grande table du Conclave,
& de faire faire une robe de Rabelais neuve, à la place de celle dont on fe fer-
voit; ce qu'il exécuta. Il fit mettre en broderie fur cette robe les trois lettres
F. R. C. qui lignifioient, à ce qu'il difoit , Franclfcus RabeUfus Chinomnfis ^ mais
qui vouloient dire, à ce qu'on prétendoit , Franclfcus Ranchinus Cancdlarius. Ces
lettres n'ont pas peu contribué à appuyer l'idée qu'on a fur la robe de Rabelais,
dont les Etudians croient qu'on revêt les Bacheliers de la Faculté de Médecine
de Montpellier.
Ranchin mourut en 1641, & laifla les Ouvrages qui ont paru fous ces titres:
Quefllons Françoifes fur la Chirurgie de Gui de Cauliac. Paris , 1604 , Rouen
1628 , in-8. '
Opufcula Medica^ utili jucundâgue rerum varietaie referta. Lugdunî, 1627, in-4. On
y trouve les pièces fuivantes : ^poUinare Sacrum. In Hippocratis jusjurandum Com-
mentarius. Pathologîa univerfalis cum controverfiis in mramque panem. De morbis Pue-
rorum. De morbis rirginum. De Senum confervatione & fenîliam morborum curatlone.
De morbis fubitands. De curatlone morborum «Sf fymptomatum qua vitiofani purgationent
eut comitantur, aut confequuntur. De confultandi ratione.
Œuvres Pharmaceutiques. Lyon, 1628, in-8.
Traités divers & curieux en Médecine. Lyon , 1640 , in 8. Ils roulent fur la Peîîe -
fur la Lèpre, fur la Vérole, furies accidens qui arrivent à ceux qui vont en
pone, lur la Torture, iur la cruentation des cadavres en préfence de l'alTaffin ,
lur la nature & les propriétés du Cerf, fur la Térébenthine
De viorbis^ ante panum , in parm & pofl partum , & de purificatione rerum infedlarum
pofi pejltkntcam. Lugdunl , 1645, 1653, inS. 1\ étoit premier ConfuI de Mont-
I
R A N ncj
pellicr en 1629, loi'fque. la pefte ravagcoit cette ville. Il donna tous fes ioins
pour arrêter les progrès de la maladie, & à cette occalion, il compola Ion l'raité
de la pefie , dans lequel il donne l'Hiftoire de celle dont il avoit été témoin. C'eft
d'après cet Ouvrage qu'on publia à Liège en 1721 , in.-ii, au fujet de la peRe
de Marfeille de 1720, un Traité Politique c? Médical delà Pefte, avec l'Hiftoire de
la pefte de Montpellier de 1629 & de 1630, & le remède contre cette maladie du
teu Curé de Colonge.
Ranchin aima la Faculté de Montpellier , & ne négligea rien pour rembellilTe-
ment de les Ecoles. L'ancien Amphithéâtre, bâti du tems de Rondelet^ tomboit
en ruine, il en fit conftruire un nouveau, & il y plaça plulieurs morceaux de'
marbre , qu'il fe procura des édifices élevés à Nilmes par les Romains. 11 orna
la grande Salle des Adles d'une fuite de portraits des Profefi'eurs qui avoient
enleigné avant lui ; & depuis on continua d'y mettre ceux de tous les Profeiïeurs
qui ont illuftré rfltole de Montpellier jufqu'aujourd'hui. Il ajouta aux Inicriptions
de la façade du bâtiment qui appartient à la Faculté , deux Infcriptions en l'hon-
neur de Jean Hacher & d'André du Laurens. 11 répara le Collège de Mende fondé
pour douze Etudians en Médecine du Diocefe de ce nom,- fans lui, ce Collège
qui menaçoit de tomber en ruine, n'auroit pas fubfifté long-tems. Ce qu'il y a de
plus louable, c'eft qu'il fit ces établilfimens & ces réparations à fes dépens; mais
il pouvoir y fournir fans peine 5 car il étoit riche , & il avoit été pourvu dans fa
jeunefle de trois bénéfices, dont il jouit toute fa vie, malgré fon mariage avec
Marguerite Carlencas qui ne lui laiffa point d'enfans. Ces bénéfices étoient les
Prieurés de Saint Martin de Florac , de Saint Etienne de Montant & de Saint
Pierre de Vébron , qu'il retint par un abus qui étoit afPez commun dans ce tems-là,
La 'Conftrudion du nouvel Amphithéâtre de Montpellier & les réparations faites
au Collège de Mende de la même ville, font honneur à la mémoire de Ranchin ;
mais il gâta la beauté de fon action, en cherchant à fe payer lui-même de toutes
ces dépenfes. Sa vanité le porta à faire mettre des Infcriptions fur ces deux bâ-
timens , pour apprendre à la poftérité que c'étoit à lui qu'on en avoit l'oblio-ation.
Voici llnlcription qu'on lit fur l'Amphithéâtre :
Q. F. F. S.
Theatrum hoccc ^natomicum olim à Majorlbus conftrucium ,
Injuria temporum coUapfum^
Franc iscus Ranchinus,
Canccllarius & Judex Univerjîtatis ,
In gratlam Patria & Pofteritatis gloriam ,
Omamentumque jicademùe , perpetuamque memoriamy
Proprîîs famptibus reftatiravit & magnifiée exornavlt.
^nnà M. D.C.Xt.
Celle qui eft fur le Collège de Mende, cft à-peu-près dans le même goût?
I
riG RANR.APR.AS
COLLEGIUM HOCCE DUODECIM MeDICORUSC
Ab Urbano V^Pontifice Muxlmoy Fandatum ,
P^'etujîate corruptum & ruinam minitans ,
Reparavit & ad indioiem facUm , formamque reduxit
i\ Ranchlnus ,
Cancdlarius Uaivufuatls Medicina; Monfpelknjîs.
Annô M. D. C. XX.
Urbain V , quifiégea depuis le 28 Oftobre 136a jufqu'au 19 Décembre 1570, étoit
£ls de Guillaume de Griraoard , Gentiihoni»ne du Diocele de Mende dans le Gévaudan.
RANGONUS. Voyez PhlLOLOGUS.
w
RAPAER.T ou RAPARDUS , ( François ) Philofophe & Dofleur en Mé-
decine , étoit natif de Bruges & vivoit vers le milieu du XVI fiecle. L'Or-
donnance du RiagiiTrat de la ville natale , au fujet du Grand & perpétuel Al-
Tianach publié par lîruheiius en 1550 , le mit tellement de mauvaii'e humeur,
qu'il ofa fronder l'éloge qu'on y iaiibit de ce ridicule Ouvrage , & qu'il ne
négligea rica pour guérir le public de fbn aveugle crédulité à cet égard. C'eft
pour remplir ces deux objets qu'il mit au jour le Traité fuivant :
Magnum & perpétuant Alnianach , à confuetls nugis liberum , adeoque verè- Medlcum ,
à& Phlcbotomia , de Balnzis , de Purgatlonibus Se. , certiora pnecepta continens ; ut
mérita dici pojjît vulgarium Prognofticon Medicorum , Empiricorum & Medlcafirorum fla-
gellum. Antverpiis 4 1551 j, în-12. L'Auteur avoit la raiibn de fon côté , mais
on ne l'écouta pas , tant on étoit alors prévenu en faveur de l'Aftrologie ju-
diciaire & de fou influence fur la Médecine. Pierre Hafchardus prit hautement
la défenfe de l'Ouvrage que Rapardas avoit ii judicieufement critiqué.
RASARiO , C Jean"Baptille J Médecin Italien , ilTu de famille noble , étoit
d'une petite ville dans les vallées de la Séfia , où il naquit en 15 17. Il fit
ion cours d'Humanités à Milan , celui de Logique à Pavie , & ceujc de Phy-
lique & de Médecine à Padoue. De retour à Milan , il s'acquit une telle ré-
putation par l'étendue de fes connoiliances , qu'il fe fit admirer de Philippe II »
îorfque du vivant de Charles-Quint , fon père , il pafla par l'Italie pour fe
rendre d'Allemagne en Efpagne, Rafario fut enfuite appelle à Venife , & il
y enfeigna la Rhétorique & la Langue Grecque pendant vingt-deux ans : c'eft
clans cette ville qu'il donna de plus grandes preuves encore de la vafte érudi-
tion qui lui procura l'amitié de Slgonio , de Paul Manuce , de Murec & d'OSavlen
Ferrari , & qui lui valut une place dans l'Académie de gli AJJidati de Padoue ,
fous le nom d'Euthlmo. La République de Venife lui témoigna l'eftime qu'elle
faiioit de fes talens , & récompenfa largement le zèle qu'il avoit montré en
prononçant une belle Oraifon , pour célébrer la viftoire mémorable que les Troupes
Vénitiennes avoient remportée fur les Turcs aux Ifles de Curzolari.
Mais Philippe II , Roi d'Efpagne , envia aux Vénitiens ce bel ornement
Pv. A s R A U S*
de leur ville. Il fit proporer à Rafarlo les conditions les plus honorables & les
plus avantageufes pour l'engager à palier dans l'Univerfité de Conimbre^, ea
la Province de Beira en Portugal. Ce favant Homme ï'excufa fur fon âge 5
il ne put cependant fe refufer toujours à un Prince qui avoit des droits iur
lui , à titre de fes bienfaits , & il accepta le parti qu'il lui fit propofer de le
rendre à Pavie , où il enfeigna la Rhétorique pendant quatre ans , avec autant
de réputation qu^à Venife. Ce fut à Pavie que Rafarlo mourut ;^ il y fut at-
taqué d'une fièvre maligne qui termina fes jours en 15^8, â l'âge d'un pea
plus de 60 ans. Tous les Ordres de la ville accompagnèrent fa pompe funèbre
juiqu'à l'Eglife des Auguflins , où il fut enterré.
Rajario avoit le coeur fi bon , qu'il ierabloit né pour faire du bien à tout
le monde ; mais il avoit fur-tout une extrême charité pour les pauvre?. H
traitoit les malades avec tant de générofité , qu'il n'acceptoit même aucun ho-
noraire de la parc des riches ; quant aux néceffiteux , il fournilfoit à leurs be«
fjins , comme s'il eût été leur père. A ces preuves de la bonté de Ion cœur ,
ce Médecin en joignit d'autres qui attellent combien il avoit de goût pour le
travail & quels furent les progrès qu'il avoit faits dans les Sciences. Il a tra-
duit , de Grec en Latin , Parchimere , ylmmoaius & Xénocratz ; fa Veruon Latine
des Commentaires de Galien fur quelques Livres &Hlppocratc a para à Sarra-
gofiê en 1567 , in-4. ; celle d'Oribafe a été publiée à Baie en 1557 , ia-8 , mais
Guillaume Dundafs en a procuré une nouvelle édition à Leyde en 1735 , ira-4.
RASIS. Voyez RHASES.
RAU C Jean- Jacques ) naquit en 1668 dans une petite ville du Cercle de
Souabe , nommée Bade ou Baden , & qui eft la Capitale du JVIarquifHt de
ce nom. Son père , Jean. Rau , & fa mère , Marguerite Maller , failnient ua.
commerce de vin fi médiocre , que leur petite fortune ne perm-t p^s qu'ils
pullènt donner beaucoup d'éducation à leur fils. Celui-ci n'avoit que quatorze
ans , lorfque fon père le mit dans la boutique d'un Chirurgien de vStrp^bourg ;
mais il en fut retiré au bout de trois ans, parce qus fes parées crurent qu'il
avoit fait allez de progrès dans la Chirurgie pour ie iuffire à lui même & pour-
voir à fes befoins par fon indutlrie. Le jeur.e Rau. ne put obtenir la permiHion
de revenir chez lui .• on fe borna à lui envoyer quelque ?rg«nt pour voyager,
& on l'abandonna ainfi à fa propre conduite.
Dénué de tout fecours & de tout confeil , il chercha inutilement fortune
en Allemagne ; mais étant paffé à Hambourg , il trouva par haz^rc! un vail*
feau fur lequel il aborda en Norvège au fond du Golfe de Jelta , où ell fituée
la ville de Bergen, II fe mit-là au i'ervice d'un' Ch'ruigien nommé Fraven , chez
qui il ne put tenir long-tems , à caufc de la rigueur du climat ; la oeine qu'il
avoit d'en fupporter le froid , lui fit chercher foccafion de psfTer ailleurs , ?i il
trouva celle d'un vailTeau qui le porta à Arafterdam. Dan.-; cette ville , il réufîit
à ie faire accepter pour Chirurgien d'un vaifieau de guerre commandé par le
Comte de Benthem , fur lequel il parcourut les cô:es (<'E\"psgîîe & beaucoup
d'autres ports, 11 revint de ce voyage en Hollande , jufteraeni lorfque le Princ*
52 R A U
Guillaume d'Orange droit prêt à pafler l'ur Ta flotte en Angleterre ; il y fut reçu
Chirurgien du vailleau que montoit Milord Schey en qualité de Vice-Amiral ,
de manière qu'il fut prclent à toute cette expédition.
Juiqu'alors Ruu avoit mené une vie errante en la compagnie de gens fort gref-
fiers ,' mai» heureufement il s'étoit rcfervé , par fes épargnes , tout ce qu'il avoit pu
«mafTer dans ces emplois également durs & périlleux. D'abord après fon retour en
Hollande , il paUa à Leyde , & s'y confa;ra à l'étude de la Médecine avec une
«rdeur furprenante. Lorfqu'il crut avoir fait des progrès fuffii'ans , il fe rendit à
Paris , afin de s'y exercer à PAnatomie & à la pratique de la Chirurgie fous
les excellens Maîtres qu'il fuivit & dont il recueillit les inflruétions. En 1694 , il
revint à Leyde , où il fe fit de nouveau inl'crire à la Matricule de l'Univerfité
le 13 Mars de la même année , & le 11 Mai fuivant, il loutint publiquement
pour fon Dodlorat une DilTertation , en forme de Ihefe , qui eft intitulée : De
origine & gencratloae dcntiam. Après la diijpute . il reçut le bonnet des mains du
célèbre Drelincourt.
Las d'errer d'un endroit à l'autre , ainfi qu'il avoit fait pendant tant d'an-
nées , il fixa fa demeure à Amfterdam , où il fe fit fi bien conuoîtrc par
la délicatelfe de fes difleclions , que les Magifirats de cette ville lui permirent ,
en 1696 , de les faire publiquement dans leur Amphithéâtre. Vers ce tems-là y
tne elpece d'Hermite , nommé Frcrc Jacques de BcauUeu , vint à Amfterdam
pour y pratiquer fa nouvelle méthode de tirer la pierre de la veffie , ainfi
qu'il avoit fait en France. Il ne tarda point à obrenir la permiflion des Ma-
gifirats ; & comme il ne lui manqua pas d'occafions de travailler, Rau aflifta
prel'que toujours à fes opérations , mais il les condamna & lesdéfapprouva haute-
ment , fur-tout à caufe du défaut d'inftrumens convenables. Son obftination à
Blâmer la méthode du nouvel Artifi:e ayant été mal interprétée des Magifirats ,
Hau fut obligé de fe taire pendant quelque tems ; on lui rendit pourtant juftice
dans la fuite ; car la vérité de ce qu'il avoit avancé s'étant manifeftée par des
événemens bien triftes , il fut chargé lui-même de l'emploi de Lithotomifte ,
& le Frère Jacques fe vit réduit à quitter la ville où il avoit d'abord été pu-
bliquement accueilli. Ce Médecin qui , avant l'arrivée du Frère en Hollande ,
n'avoit taillé qu'au grand appareil , fut tellement profiter des obfervations qu'il
avoit faites fur la méthode d'opérer de cet Hermite , qu'il vint à bout de
la reétifier & qu'il fe fit à lui-même une manière de tailler qui eut les plus
grands fuccès. Suivant ^Iblnus & Hallcr , Rau n'a enfeigné fa méthode à per-
fonne ; tous les Chirurgiens de fon tems fe font appliqués à la faifir en imi-
tant ce qu'ils lui avoient vu fiîire , mais on ne fait point au juflte fi quelqu'un
d'eux y eft parvenu. On fait maintenant que fon projet dans l'opération étoit
d'entamer la vcfiie près de fon col , par le côté , un peu vers fa partie in-
férieure & poftéricure ; mais au rapport de feu M. Morand , féconde Fiirtie
de fes Opuicules , Raa faifoit tout Amplement l'opération de Celfe , c'eft à.
dire , il coupoit le col de la vefiie & non pas fon corps. Toutes les épreuves
faites ont ramené fuccedivement les Lithotomiftes à fuivre la méthode de Celfe
de préférence à toute autre ; Morand n'y trouve de difi'érence que dans les inf-
trumens. Voici comme il s'explique à ce fujet , page m delà féconde Partie
de
R A U
ie Tes Opùrcules de Chirurgie. « En France MM. Perchez, le Cat ^ Frcrz Côme ^
» & moi nous l'avons pratiquée les premiers ; elle s'eft peu-à-pcu répandue dans
» les grandes villes où j'avois fiiit des Elevés ; infenliblement le nombre des
« pierreux qui venoient à Paris pour le faire tailler a conlidérablement diminué ,
» & les Provinces pofTedent à préfent d'exceilcas Lithotomiftes. Comme cette
•n Taille eft pratiquée uniformément pour la fection intérieure , & qu'elle ne
T. peut différer que par quelques inllrumens que chaque Lithotomifte emploie
» de préférence , toutes les efpeces de Taille au bas appareil n'ont plus beibin
T) d'être diffinguécs que par les infîrumens employés par chacun d'eux , tels que
» la l'onde de Rau , le petit couteau de Chéfelden , les inffrumens de M. le Cat
» à mon ^ré trop multipliés , le gorgeret tranchant de Haiykins , le lithotome
•n caché de Fr. Cômc , &c , aulli ne les nommerai-je plus autrement quand il
» en fera queftion. »
Mais reprenons l'Hifîoire de Rau. On l'appella , en ifi'^ , à la Chaire d'Ana-
■tomîe & de Chirurgie vacante dans les Ecoles de Leyde par la mort de
Bidloo. Il ne quitta Amfterdam qu'avec peine ; mais il étoit trop fouhaité pou^r
réfifter à l'emprefTement avec lequel en le demaiidoit à Leyde. Il s'y diQingua
par les dilTedions , & il orna l'Amphithéâtre de cette ville par les prépara-
tions Anatomiques de là façon qui font en fi grand nombre , qn'Albinus a cru
en devoir donner le Catalogue en 1725 , Tous le titre d'Index fuppdkcîilii
uinatomicte Raviana.
En 1718, il pa^int au fuprême degré d'honneur dans l'Académie de Leyde;'
on le nomma à la charge de Redeur. Sa fanté étoit alors bien altérée. Il l'avoit
parfaite lorfqu'il vint remplir fa Chaire, & tant qu'il fut dans cet état, il s'acquitta
de fes devoirs avec beaucoup d'afiîduité ; mais quatre ans avant i"a mort, il fit une
chute qui le blefla au pied. Les douleurs que lui caufa cette blefTure , le retinrent
au lit pendant quelques femaines , & quand elles furent calmées, ion pied devint
œdémateux. Ce nouvel accident qui l'obligea de garder long-tems le repos , lui
donna de vives inquiétudes fur fon mal , & le conduifit infeniiblement à la maladie
hypochondriaque. Il en fentit les plus vives atteintes deux ans avant fa mort, &
dès lors il mena une vie trille & languiflante. Enfin fon mal augmenta de jour
en jour , & vers le mois de Juillet 1719 , il fut travaillé d'un délire mélancholi-
que qui parvint à un tel degré , malgré tous les fecours de fes Confrères & de fes
amis , qu'il mourut le 18 Septembre de la même année. 11 fut inhumé dans la
principale Eglile de Leyde , où Bernard uilbinus prononça fon Oraifon funèbre.
Rau. avoit acquis, par fon travail, un bien raifonnable , une haute réputation,
& il fe trouvoit plus comblé d'honneur qu'il n'auroit ofé l'efpérer. II étoit d'une
ftature au delà du médiocre, fort & robufte, d'une forme toute virile, d'un vi~
iage févere & d'un regard un peu farouche. Il avoit l'efprit prompt & d'une vi-
vacité extraordinaire, ayant, en général, trop d'ardeur & de mouvement. Au
lefte, ingénieux, propre au travail, penfant jufte & fort avide de gloire; mais
il vouloit l'acquérir ouvertement par fon mérite & jamais par fineffe. Il a vécu
dans le célibat frugalement & fobrement, mais libre & gai avec fes amis. Il
étoit peu propre à flatter les gens , & il lui étoit impoffible de cacher long-tems
TQME IF. JE
34 R A U
fes penfées. Ce Médecin ne s'appliqua point ù écrire ; on n'a rien de lui que deux
pièces de peu d'étendue :
Epljiolie duce Ji fcpto fcrotl ad Ruyfchium. ^mjldodami , 1699 , in-4.
De methodo difcendi ^înatomen. Lcidte , 1713, in-^. C'elt le Uifcours qu'il prononça
lorfqu'il prit poflelfion de la Chaire d'Anatomie.
RAULIN, f Joreph ) Dofteur en Médecine, Confeiller-Médecin ordinaire du
Roi , Cenieur Royd , de la Société Royale de Londres , des Académies des
Belles-Lettres, Sciences & Arts de Bordeaux, de Rouen, de Châlons-fur-Marne,
de celle des Arcades de Rome , Aggrégé honoraire au Collège Royal des Méde-
cins de Nancy , naquit à Aiguetinte dans ie Dioceie d'Auch. Il pratiqua d'abord
la Médecine à Nérac en Gafcogne, oii il déploya des talens fupérieurs qui lui
méritèrent une réputation fort étendue. Mais trop refTcrré dans cette ville , il cher-
cha un théâtre plus vaiie , où il pourroit profiter des lumières d'autrui & commu-
niquer les Tiennes, • il le rendit à Paris vers le milieu de ce iîecle. Phyficien écljùré ,
lavant , Médecin , bon citoyen , il ne tarda pas à s'y faire connoître par les Ou-
vrages, que des vues qui poitent toutes au bien de l'humanité lui ont fait mettre
au jour , ibus ces titres ;
Traité d^s maladies occajîonnées par les promptes & fréquentes variations de l'air.
Paris, irsi , £«-12, avec figures.
Dljfertatlon en forme de Lettre fur h Ver foUtaire. Paris , ij'52 , i/i-ia.
Raifons pour & contre V Inoculation. Paris, 1752, in-12.
Obfcrvations de Médecine fur le préjugé de l'ufage du lait dans la Pulmonk, avec
une Dijfertation fur les ingrédlensderair. Paris, 1754, in-12.
Suite d'Obfervations fur l'alliage au Camphre & du Mercure. Paris, 1755, Jn-I2,'
Traité des maladies occajîonnées pur les excès de chaleur, de froid , d'humidité & aU'
tre% intempéries de 2'air. Paris , 1756, in-i^.
Réponfc à la critique du Journal des Savans fur le Livre de l'intempérie de l'air.
1757, in-4.
Traité des affecHons vaporeufes du fcxe. Paris, 1758, ira- 12.
Traité des fleurs blanches^ avec la méthode de les guérir. Fans , 1766, deux volu-
mes in-12.
De la confcrvation des enfans., ou, les moyens de les fortifier, de les préferver &
guérir des maladies depuis l'înftant de leur naijfance jufqu'â la puberté. Paris, 1768,
in-o, premier volume en deux parties; 1769, in-S , deuxième volume. L'Ou-
vra'^e complet doit aller à huit volumes j ceft par ordre de Louis XV que Raulîa
l'a entrepris,
Obfervations fur Tufage des Eaux Minérales de Fougues. Paris , 1769 , in-i2.
Pnjlruclions fuccintes fur les ^ccouchemens , en faveur des Sages-Femmes de Province,
faites par ordre du Minifiere. Paris, 1770, £Vi2.
Traité des maladies des femmes en couche , avec la méthode de les guérir , fait par
ordre du Miniftcre. Paris, 1771, in.i<2.
Traité analytique des Eaux Minérales en général , de leurs propriétés & de leur ufage
dans ks maladies ^ fait par ordre du Gouvernement. Paris, 1772, in-12, deux volumes.
R A U S5
Traité des Eaux Minérales de Ferdufan , connues fins le nom d'Eaux Minérales du
Cajtera- rivent, avec leur analyfe , leurs propriétés & leurs ufages dans les maladies , fUit
par ordre du Goia-ernement. Paris , 1772 , ia-ii.
Examen de la Houille conjîdérée comme engrais des terres. Paris, 1775 , in-l2. L'Au-
teur , après avoir fuccintement confidéré la Houille en Nsturalifte , examine
chymiquenient les principes dont elle etl compoféc. 11 pafie enluite à l'ulage
qu'on en fait pour fertilifer les prairies. Dans le pays que j'habite , la cendre de
Houille ou Charbon de terre eft un engrais dont les Laboureurs font ufage , mais
ce qu'ils appellent cendre de mer, vaut beaucoup mieux encore pour la fertilifa-
tion des terres. On entend par ce nom , la cendre qui nous vient de la Hollan-
de, où le peuple a coutume de fe chauffer avec la Tourbe qu'il levé en mor-
ceaux pendant l'été Ôz: fait fécher au Ibleil , en la rangeant par petits monts La
France tire auffi un parti avantageux de fes Tourbières , tant pour le chauttage
que pour l'engrais.
M. Raulin le fils , Doéleur en Médecine , Médecin du Roi par quartier , Méde-
cin des Hôpitaux Militaires , Infpeaeur des Eaux Minérales de la Flandre & du
Hainaut, Intcndaut de celles de Saint Amand,a publié en 1774, '«-4 ■> des Ob-
fervations fur la maladie épiiootique de la Flandre & du Hainaut.
R AU WOLF, (Léonard J Médecin natif d'Ausbourg , fe rendit célèbre dans
le XVI liecle. II pratiqua dans la ville natale avec tant de fuccès , qu'il mé-
rita d'être gratifié d'une penlion par les Magiftrats, mais fous la claule de ne
point s'abfenter ians leur permidion. C'eft pourquoi il s'adrelTa à eux en 1573, &
leur demanda de quitter Ausbourg pendant quelques années , pour les confa-
crer à la belle paffion qu'il avoit pour la Botanique. Dès qu'il fut le maître de
fuivre ion goût , il partit & le rendit en Syrie , delà en Judée , en Arabie ,
en Babylonie , en AfTyrie , en Arménie , & par-tout , il fit non feulement beau-
coup d'Oblervations fur les mœurs , les coutumes & la Religion des peuples
de ces contrées , mais il amaffa encore des plantes , des curioGtés naturelles .,
& quantité de chofes qui lui parurent avoir rapport à la Botanique & à la Mé-
decine. En 1576 , il revint à Ausbourg où il reprit la place qu'il avoit occupée
avant ton départ ; mais il abandonna cette ville en 1588, piqué qu'il étoit de fe
voir dépoffédé de fa penfion , parce qu'il profeffoit la Religion prétendue réfor-
mée. Il pafTa à Lintz avec le titre de Médecin des Archiducs d'Autriche, & il
y mourut en 1606. , » ,- r
La Relation de fbn voyage au Levant parut en Allemand à Francfort en 150
in-4 , en trois Livres , & à Lawing>en en 1583 , même format , en quatre Livr
On remarque, dans cet Ouvrage, une grande fidélité dans le récit, & beaucoup
d'induffrie pour la coUeaion des plantes & la recherche des raretés. Nicolas Sta-
vhrojla mis cette Relation en Anglois, & l'a publiée à Londres en 1693, w-8,
avec les voyages de Ray. Le Catalogue des plantes que Rauwolf a obfervées au
Levant , a paru en Latin , fous ce titre : . . „ .
Flora Oricntalis , five, Recenfîo plantarum quas annis 1573- ^575 objlrvavit in.Syria
^c. Studio Joannis Friierid Gronovii. Lugduni Batavorum , 1755 > '«'S- On voit cor
2,
ivre?.
SS R. A Y
core , dans la Bibliothèque de Leyde, les plantes fechïs que Raùwoîfs. rappor»
tées en Europe.
RAY, ( Jean_) célèbre Botanifte & Phyficien Anglois , naquit en i6a8 <
Black-Notley , village obfcur du Comté d'Eflex. Quoique fon père ne fût qu'un
forgeron , il ne négligea point l'éducation de fon Hls qui paroiflbit avoir de gran»
des difpofitions à l'étude ; il l'envoya à Cambridge , & Ray ne négligea rien
lui-même pour s'avancer dans les Sciences. Après avoir pris les degrés académi-
ques , il s'appliqua à la Théologie & fe fît ordonner Prêtre par l'Evêque de Lin-
coln ; mais n'ayant point voulu fe conformer entièrement aux fentimens des Epif-
copaux , il ne put obtenir aucun bénéfice, & pour cette raifon , il fe détermina à
étudier l'Hifloire Naturelle pour laquelle il fe fentoit de l'inclination. I/envie de
connoîtrc les plantes des environs de Cambridge, lui en fit parcourir les campa-
gnes ; il chercha toutes celles qui y croilTent , & fon ardeur qui alloit de pair
avec fon goût , l'emporta bientôt jufqu'aux extrémités de cette contrée , où rien
n'échappa à fa curioiité. Comme fa colleétion de plantes ne tarda point à prendre
une forme capable de foutenir la vue du public, il la fit imprimer, & les con-
no fleurs en tirèrent un augure favorable pour les grands progrès qu'il feroit un
jour dans la Botanique. Cette CoUeélion eft intitulée:
Catalogus plantarum clrca Cantabrlgiam nafccntlum , in quo exklbentur quotquot hacitnus
inventa funt , vd qme fpontc proveniunt , vel in agris ftruntur , unà cum fynonymis fi-
hciioribus^ locis nàtalibus^ & obfirvationlbus quibufdam oppidà raris. ^djiciuntar : Index
^ngllco-Latinus , Index locorum , etymologla nnminum , & explanado quorumdam termi'
noruni. Cantabrigics , 1660 , inJQ. ^vpendix ad hune Catalogum , conûnens addenda &
emendanda. Ibidem^ Ï663 , in-i3. ^ppenaix altéra. Ibidem , 1685, in-ii.
Depuis 1658 Ray ne s'occupoit d'autre chofe que de voyager dans les
difi'érentes parties de l'Angleterre , de l'EcoHë & de l'Irlande , & le but de
tous ces voyages étoit de slnftruire dans l'Hifloire Naturelle de ion pays. Sa car
pacité , qui croifToit à mefure qu'il étendoit l'es recherches, lui mérita une place
dans la Société Royale de Londres ; il y fut reçu le 7 Novembre 1667. Mais com-
me le théâtre de l'Angleterre lui paroifToit trop borné pour l'immenfité de fes
vues, il voulut embrafiêr plus d'eipace; & s'étant lié avec JVilloughbi., homme de
naiffance, animé du même goût & livré aux mêmes recherches que lui, il en fut
le compagnon de voyage depuis 1668 jufqu'en 1672, & parcourut avec lui l'Alle-
magne, la Hollande, l'Iralie & la France.
En 167'; , il époufa une fille de M. Oakky qui demeuroit à Launton dans la-
Province d'Oxtbrd. Sa fortune ne paroît pas avoir été bien augmentée par ce mariage ,
car après avoir paffé quatre ans dans le Comté de Wr,r\vich , il fe retira dans l'en-
droit de fa naifiance , où content de peu ("une modique penfion viagère que lui'
avoit laiffé JVdloughbi ^ faifoit la plus grande partie de i^a revenus ) il s^appliqua à
enrichir la Botanique de fes obfervations. Jîn les comparant toujours avec celles de /ea«
Bauhia & de Clujîus , il fe fit une Méthode qu'il fuivir dans une Hiftoire générale des
plantes, écrite d'un fty'e autant élégant que modefie. Sa Méthode fut fon premier
Ouvrage , VH/floire générale des plantes fut le fécond. Dans celui-là , il divife les plan-
tes en vingt-huit genres, dont les divifions & Ibus-divilions portent fur les différeis*'
RAY Sf '
attributs qnî cara£^érifent les genres fubalternes ; dans celui-ci , il met un ordre plus-
naturel que celui qu'on avoit fuivi juiqu'alors dans la matière qui en fait le fujet. II-
fc préparoit aufli à donner une Méthode pour la connoifiance des infeftes ; mais la ca-
ducité de l'âge & les ulcères qui lui rongeoient les jambes, fufpendirent fes travaux
& l'emportèrent enfin l'an 1705. C'étoit un homme modefte » affable , communicatif ,
frugal &j très-ftudieux. Il a été appelle le Tournefore anglais \ aufli s'eft-il attiré les-
éloges les plus flatteurs de la part des Savans, qui ont rendu juftice à la lagacité
avec laquelle il a fu faire un choix judicieux de tout ce qu'il a trouvé de bon-
dans les Écrits des Maîtres qui Pont précédé. Voici les titres des autres Ouvrages-
qui ont paru fous Ion nom:
Catalo^us plantarum ^ngU<e & Jnfularum adjacentium. Londini , 1670 m-8
Editio altéra planth clrcUer XLFI & obfervationibus allquammuhls auâior. Ibidem '
1677, £/i-8. * '
Ornltholoolts Llbri très , fïve , defcrlptio omnium ^vîum. Londini , 16^6 • in-foUo
Quoiqu'il ait mis ce Traité fous le nom de ïf^illoughbi & qu'il ne fe foit 'annoncé-
que comme Editeur, on ne peut difconvenir qu'il n'ait beaucoup contribué à la
compilation de l'Ornithologie.
Mcthodus plantarum nova , brcvitatis 5? perfplcuitatis causa in tabulis exhibita cuni
notis generum tàm fummorum , tùm fubahernorum , charaSeridfque obfervationibus
nonnulUs de Jeminibus plantarum , c? indice coplosd. Londini , 1682 , in-8. Eadem
emendata & aucîa. uiccejfit Mithodus juncorum ^ graminum & cyperorum' fpecialls
Londini , 1703 , ia-8. ^mfièlodami , 1710 , inS. Tublngx , fous le nom de Londres *
Bifioria plantarum , fpecles ha&enus éditas , aliafque infuper muhas novitcr inventas f?
defcriptas compkctens. Tomus I. Londini , 1686 , in-folio. Tomus JL Ibidem 1688
in-folio. Tomus III. Ibidem , 1704 , in-folio. Les trois tomes enfemble , Londini '
1716, in-fjlio. Comme cet Ouvrage manquoit de figures ., Jacques Petiver publ'-'
à Londres en 17 13 , in-folio , un Catalogue Anglois & Latin , orné de fo rlan^
ches qui reprélentem l'Herbier Britannique de Ray ; il donna même depuis pJu"
fleurs autres planches qui peuvent fervir à l'Hiftoire des plantes de notre /ut
Fafciculus ftirpium Britannicarum pojî cditum Catalogum plantarum ^nglia^obrervara
TUm, Londini , 1688 , in-B.
Syn pfis methodica ftirpium Britannicarum , in qua tùm nota generam chara&eritlica'
traduntur y tùm fpecies ftngults brevitcr defcrlbuntur. CCL plus nova fpzcies partlm Cws
hcis Inferuntur , partim in appendice feorfîm exhlbentur , cum indice & vlrlum e-itome
Londini.^ 1690, 1V8. Ibidem^ 1696, in-8, avec une Lettre de Rlyinus s R'ay fur-
la méthode des plantes , & la Réponfe de celui-ci. Ibidem , i^2i{ , in-8. On
omis , dans cette édition , la Lettre de Rivinus & la Réponfe de Ray mai-
on l'a enrichie de 450 plantes nouvellement découvertes , & de XXIV planches
avec d'autres additions. '
Synt.pfîs methodica anlmadum qaadrupedum & ferpentini generis. Londini , i6q'>
in-8. Ibidem , 1729 , ia 8 , avec des augmentations , par les foins de sZ
mueljibb.
Stirpiim. Europxarum extra Brltanniam nafcentlum Sylloge. Londini^ 1694 j /a-S C -.
38 RAY
y trouve : I , Catahgns gêner dis fllrpium à Jo. Ralo ta exterts reglonthui obfervatarum ^
adjccHone allatum plantarutn duplo auEtior. Il , Planta ab eodem colkctts in varils fuis
itincrlbus , prafatim in Itallâ , Slciliâ^ Melitâ , Hdvaiâ , Gallo-Provinciâ &c. III ,
planta ab aliis in diverjîs locis collecta. IV , Catalogus plantaram Siciûarum. P. Boccoai.
V , Helvaicarum Joann. Jacobi ^agneri. VI , ^gri Romani Jacobi Rogeri. VII , ^e«
netarum Ant. Donati. Vlll,, Parlfîenjîam Jac. Cornuti. IX, Montls Raidi Joan. Pona.
X , Hifpanicarum. Cl.ijïl , aliorumque. XI » Pyrenaicarum & Alplnarum Tournefortii.
XII, Lujîtanlcarum Grijltei. XIIÏ , Suppkmentam ad Catalogum fecundum plantarun D.
Sherardl in percgrinationibus fais in GaUiam & Italiam obfervatarum. XIV, Grcscarum
é? Orientalium Catalogl ex varils auSioribus. XV , Creticarum Bellonli , Honorati
Belle , Alplnlquc.
De varlis plantaram. methodls Dijfenatlo brevls , in qua agitur : 1, de methodi origine
& progreffu. II , de notis generum charackrïfticis. III , de Rail methodô in fpecie . IV ,
de notis quas rcprobat & rejickndas cenfct Tourne fortius. V , de methodo Tournefonianâ'
Londinij 1696, in-B.
Hijloria infe^orum , cum Appendice Martini Lifteri de Scarabisis Brliannlcls. Lon-
dini, 17 10, i«-4.
Synopjis mcthodica Avium , Plfclum. Ibidem, ï-^i^ -, in-B. Ces deux derniers Ou-
vrages font pofthumes.
Ray a écrit quelques Traités en fa Langue maternelle , parmi lefquels on
remarque :
Obfcrvatlons topographical , moral & phy[iologlcal , made in a journey trough part of
ihe low-countria: Germany , fraly , and France, &c. Londres, 1673, in-B , & encore
en 1746 , Jra-8. U y rend , avec beaucoup de limplicité & de vérité , l'Hiftoire
î<Iaturelle de la Suilîe , de l'Allemagne, de l'Italie, delà France méridionale, & il
y joint fes réflexions fur le? mœurs des habitans de ces di{férens pays.
The ii'lfdom of god manïfefted in the u'orks of thz création. Londres, 1691 , tn-8.
L'édition de 1722 eft la huitième. En François, fous ce titre: Vexijlence & la fa-
geffe de Dieu manlfcflée dans les œuvres de la création. Utrecht , 1714, iVia. On
y trouve beaucoup de folidité , de jugement & d'érudition.
Three Phyfico-Theological difcourfes. Londres , 1692 , in-8 , & I7i3,avec des
augmentations. Il y traite de la création du monde , du déluge , des montagnes ,
des trembleiTiens de terre , &c.
A collection of travels and voyages in ttm tomes. Londres , 169.'? & i7:,8 , deux
volumes in-8. C'eft un Recueil des Traités de voyages publiés p^r Rauifolf , Selon,
ycrnon, Spnn, Smith ^ Huntinodon , Greavcs , /^eflingius , Thevenot. On y trouve
difFérens Catalogues de plantes orientales.
Derham a fait imprimer tout ce qu'il a pu recueillir de Lettres Philofophiques
<Je Ray ; elles font en Anglois , fous ce titre ;
Philofovhical Ictters bettuee.n the M. Ray and feveral of his ingénions correfpondenis
natives and foreigners , ta îMch are addcd thofe of Francis milughby. Londres ,
1718 , m-8.
RAYGER C Charles ^ étoit de Presbourg , où il naquit le 11 Septembre
f54X, de GuiUaume, Doreur ea Médecine & Phyficiea de l'Autriche inférieure.
RAY
'S9
& d'Anne Marie Knoghr. Il commença fon cours de Philofophie à AUorf en
1659, & l'ayant achevé en 1661 , il alla étudier la Théologie à Wittemberg ;
mais la mort de ion frère aiué lui Kt abandonner ce parti pour prendre celui de
la Médecine qu'il étudia à Strasbourg , où il demeura depuis 1662 jufqu'au
mois d'Avril 1665. Il le rendit alors en Hollande, & après en avoir vu les villes
principales, il s'arrêta à Leyde pour y fuivre les plus habiles Piofeffeurs. Il pafla
enfuite à Paris & delà à Montpellier, où il ahifla avec la plus grande afiiduité
aux exercices publics & particuliers qu'on fait annuellement fur toutes les parties
de la Médecine. Inltruit par les favans Maîtres des deux plus célèbres Univer-
fités de la France , il fe mit en route au mois de Février 1667 , traverfa la
Bourgogne & la SuilTe , arriva à Strasbourg , où il demanda le bonnet de Doc-
teur qu'on lui donna au mois de Mai fuivant. Mais comme il ambitionnoit de
perfedionner les connoifllmces qu'il avoit acquifes , il n'eut pas pjutôt reçu le
bonnet qu'il pafla en Italie , dont il vilita les principales Univer fîtes, avant que
de; fe mettre en chemin pour retourner dans fon pays.
Arrivé à Presbourg , il ne tarda pas à y être employé ; il fe fît même fou-
haiter chez les malades , dont l'empreffemcnt annonçoit bien la confiance qu'il
avoit méritée par fes fuccès. Son attention aux démarches de la nature lui pro-
cura d'importantes Obfervations qu'il communiqua au Direileur de l'Académie
Impériale d'Allemagne; elles lui méritèrent, en 1694, une place dans cette So-
ciété, fous le nom de Philon IL II a encore recueilli d'autres Obfervations qu'il
a jointes à celles de Paul Sprindkr , & qu'il a fait imprimer à Francfort en i6qi
m-4 , avec des notes de fa façon.
Rayger , mourut de la goutte à Presbourg le 14 Janvier 1707, & fut enterré;,
avec beaucoup de pompe , dans le cimetière des Evangcliques. On trouve dans
la Bibliothèque de Manger, une Infcripiion à l'honneur de ce Médecin, en fornje
d'Epitaphe :
SiSTE GRADUM VlATOR !
Hic jacet
F'ir magni mminh ,
Carolus Raygerus D. Phypcus Pofoaknjïs
yJcaJemits Cafareo-Lcnpoldincs Colla^j
je."'
Omnia quhtl momenta funlpiens ,
Pltam flud'ùs propemodum omncm fecenic vcTigalem
Philtrb quàdam Palladis dditiarum delibutus,
Fieminas Plndo Sacras depericm ,
JUlfque fc totum mancipam ;
Uiilijfimum vhx fociaUs & Pairia cvafu membrun}^
Multos ollni juvandos aniîdotïs javans .
Fati mcejjitate nondum occupatos ,
Se Vira eâdcm praventum
Juvare
4« R A Y R E B
f^oluit , debuit , kaud potult î
Ortus , mortuus , oriturus.
Fata eheu Fata t
Siimmus fatorum arbîter Deus ,
Qui eum tôt peragranten régna & provinclas ,
Totquc fatorum. difcr'minibus expofitum juvU ,
Sternum juvabit.
Intérim
Monumentum are perennius pofait duraturus
Jn marmore
^mor
JOHANNIS AdAMI GeN^SELII ,
Collège vitam grata pofterorum ,
Quâ potuit pietatis Jignificatioae ,
Memori<s infculpere voluit.
^bi Fiator!
Cogita t pondéra tenue momentuni inter emnîa & n'ihil!
raie.
RAYNAUD , ( Théophile ) Jéfuite du XVII fiecle , étoît de Sorpello au
Comté de Nice , où il naquit en 1584. II demeura prefque toujours en France;
& la fingularité de fes opinions, jointe à fon efprit cauftique & naturellement
porté à la fatyre , lui attira beaucoup de traverles dans la Société. Cependant il
ne voulut jamais en fortir, & mourlJt à Lyon le 31 Odtobre 1663, à 79 ans.
Parmi fes Œuvres, qui font en vingt volumes in-folio, on trouve les deux pièces
fuivantes, dont on a des éditions féparées fous ces titres:
De ortu infantlum contra naturam , per feSllonem Ctsfaream , Tractatio. Lugduni ,
1637, i/i-B.
De incorruptione cadaverum. ^venlone, 1665, in 8.
REBECQUE, C Jacques-Conftant DE ) Bofteur de la Faculté de Médecine
de Montpellier , fit fa profeflion à Laufanne dans le XVII fiecle. On a quelques
Ouvrages de fa façon;
Medicina Helvetiorum Prodromus , Pharmacopoecs Helvetlorum fpecimen. Geneva,
1677, in-12.
Nicolal Letnery Cur/us Ckymlcus. Geneva^ i58r, m-12. C'eft à lui qu'oq doit
cette verfion Latine.
Le Chirurgien François charitable. Genève, 1683, i/i-8. Lyon, 1731» in-8. Ce
précis de Chirurgie ne contient rien d'intérefi'ant.
uitrium Medicina Helvetiorum , feu , eorumdem Pharmacopœa Promptuarium ; obfer-
vationefque Medicts rariffimis ac fele&ljjima. Gencva^ 1690, i/i-l2. En François, avec
des augmentations. Berne, 1709 , i/ï-12. RECALCUS
R E C RED
41
"RECALCUS , f Jules J Médecin de Ferrare , naquit dans cette ville en is,^^.
Comme il avoit fait beaucoup de progrès dans l'étude de la profeflion qu'il
aimoit, il partagea prefque tout fon tcms entre les malades & la Chaire, S: con-
tinua ces exercices jufques dans un âge très avancé; il étoit dans fa gfe. année,
lorfqu'il mourut en 1645. On dit que ce Méiecin a beaucoup écrit, mais on ne
connoît de lui que peu d'Ouvrages qui aient été imprimes. Outre les Apologies
de fa doctrine, que la jaloufie & les reproches de fes collègues l'ont obligé de
mettre au jour, il a publié:
Confuhatio dz Lue Sarmaticà. Ferrart<s, 1600, In-folîo.
De Jîmilariim corporum naturâ. Ibidem, 1621, tn-4.
De Febre Typhode Traciatus. Ibidem, 1638 , f/z-8.
RECORD ( Robert^ enfeigna les Mathématiques à OxFord & à Cambridge,'
mais comme il étudioit en même tems la Médecine , il en prit le bonnet de
Dodeur, en 1545, dans les Ecoles de la féconde ville. Il a écrit quelques Ou-
vrages concernant l'Arithmétique , la Géométrie , la Théologie & la Politique •
matières qui n'ont point de rapport à l'objet de ce Dictionnaire. Ce qui nous
intérefl'e, c'eft qu'il a compofé un Traité fur la ftructure des voies urinaires &
furie jugement des maladies par l'urine,- il fut publié à Londres en Anglois,
1582 & 1665 , m-o.
Record mourut en 1558 dans les prifons de Londres, oià il avoit été enfermé
pour dettes.
REDI, ("François ) d'une famille noljle d'Arezzo en Tofcane , naquit dans
cette ville le 18 Février 1626. Il fit fes premières études à Florence, & le rendit
•enluite à Pile pour fes cours de Philofophie & de Médecine, qu'il finit l'un &
Pautre par la réception du bonnet de Dodeur. Son habileté le mit bientôt en
réputation à Florence , où il étoit venu s'établir ,• fes fuccès dans la cure des
maladies les plus graves le firent même connoître à la Cour avec tant d'avantage ,
que le Grand-Duc Ferdinand II le nomma ion premier Médecin , & que Cofme
m eut depuis la même confiance en lui. Les foins que Redi donna à la fanté de
ces Princes , fes aflîduités à la Cour , les malades qu'il avoit en viJie , rien de
tout cela ne l'empêcha de cultiver les Belles-Lettres, mais fans négliger ce qu'il
devoit à fa Profellion. Pafllonné pour les progrès de l'Art qu'il exerçoit avec tant
d'honneur, il encouragea fes contemporains à bannir de la pratique ces vieilles
«rreurs qui retardent la guérilbn des maladies. Simple & uni dans fa méthode ,
peu de remèdes lui fuffilbient pour parvenir aux fins qu'il fe propofoit ; il ne
haïHbit rien tant que cette multitude de médicamens dont on accablolt les malades.
Il rappella encore aux Praticiens le fouvenir de différentes maximes; entre autres
il leur fit fentir la nécellité des boifibns aqueufes , qu'on ménageoit alors dans
Pardeur des maux même les plus aigu?. Mais tout favant que Redi ait été dans
fa Profeflion , on ne peut s'empêcher de convenir que la partie la plus brillante
de fes travaux a été du côté des Belles-Lettres, qui fan? doute font la caufe
que la Médecine lui eft moins redevable. Plufieurs Académies d'Italie ont rendu
juftice à fes talens ; celles dd Cimento & de la Crufca de Florence , celle des
T 0 M E if: F
42 RED
Gdati de Bologne , celle des arcades de Rome , fe font fait un honneur de Te
recevoir dans leur Corps. L'étude de la Langue Italienne abforba une grande
partie de les momcns de 'nl'ir , & il contribua autant que perionne à la perfeaioa
du Diftionnaire rie l'Académie de la Crufca.
On ne doit cependant point croire que l'amour des Belles-Lettres ait jamais
détourné Redi de fuivre un plan plus général d'applicntion. Savant dan# plu-
lieurs genres , il aimoit ceux qui l'étoient comme lui , & donnoit avec plaifir tous
fes foins à ceux qui vouloient le devenir. Eloigné de toute préfomption , de
toute injultice , incapable d'abufer des avantages que lui procuroit la fupério-
rité de les talons , il mit tant de mo:|eflie dans fa con.-iuite , qu'il fut loué de
tout le monde & ne fit ombrage à perionne. Comme il connoillbit tout le prix
de l'obfervation , il s'y livra par goiàt & il prit toutes les mefures _ propres
à y réulfir. Ce qui le caraftérife de ce côté-là , dit un illufire Ecrivain , c'eft
une fage incrédulité à l'égard du merveilleux, une grande attention à détruire
les erreurs établies , une fagaciré finguliere à obierver la marche de la Nature
dans la formation de fes plus petits Ouvrages , & une bonne foi fcrupuleufe
à f.ire l'i.iftoire de ce qu'il avoit obîervé.
Mail» cet Homme fi appliqué , fut enfin obligé de modérer l'ardeur qu'il avoit
pour l'étude ; fa vie fut miférablcment traverfée par de fréquens accès d'épi-
iepfie , & ce fut probablement ce mal qui l'enleva de ce monde. On le trouva
mort dans fon lit le premier de Mars 1697 , dans la ji^- année de fon âge ,
qu'il avoit commencée depuis dix jours. Ses héritiers firent tranfporter fon corps
de Florence à Arezzo , où il fut inhumé dans l'Egîife de Saint François ; on
y mit cette infcription bien fimple fur fon tombeau ;
Francisco Redi Patritio Aretino
Gregorius Fratris Filius.
Redi a donné des Poéfies Italiennes fort eftimées , & d'excellens Ouvrages de
Philofophie & d'HiRoire naturelle. Le Recueil de la plupart de ces Ouvrages a
paru à Venife en 1712 , trois volumes ln-8 ; mais comme on n'a rien négligé pour
le compléter, il a été pouffé jufqu'au fixicme volume, imprimé dans la mérne
ville en 1726. Il y a une édition de Naples de 1741 , in-^ , & une autre de
Venife de 1742, aufîi in-^ , ou^de fëpt volumes in-S. Les Traités Phyfiques de
cet Auteur ont été publiés féparément , fous ces titres , à mefare qu'ils for-
toient de fa plume :
Efpeiknie Intorno alla generaxlone degll infettl. Florence , 1668 , fn-4. Le même
en Latin : Expérimenta clrca generatlonem infe&orum , cum figurls aneis. ^îmflelodami ,
1670 S' 1688 , trois volumes m-12. Il y combat le fyRême de la génération
des infeftes par la pourriture.
OJfcrvaiioai dd medcfimo imorno aile F^ipere, Florence , 1664 , in-i. En Latin ,
Amfterdam , 1678 , în-12 , fous le titre d'Obftrvadones de ripcris. 11 foutient
que le iuc falivaire de la vipère morte eft capable de produire des effets mor-
tels , lorfqu'il eft immédiatement mêlé avec le iang. Ckaras , qui ne peafoit pas
R E G 43
àe même , a combattu le fentiment de Redl dans un Ouvraq-e puWié en '-Mk> ;
c'eft ce qui engagea celui-ci à appuyer fes affertiDns par un Ecrit intfl|^':
Lzttcra fopra alcum oppojl^ione futic aile fae OJfcrfai'ioae. Florence , 1670 , in-j^.
Efpcrimii intorno aile diverfe cofc naturali deW Jnd'.e. Florence , 1671 , in-^. En
Uatin , Amflerdam , 1675 & 1685, "- 12, fous ce titre .• Expcrlntita circa diverCas
Tes naturahs , fpeclatim illas qu£ ex IndV.s aJferuntur. Il y démontre l'iniuilicé de plu-
fieurs médicamens étrangers, & fait voir toute fon averfibn pour la polypharmacie.
£fperienie intorno a quel acqua che fi d:ce de Jîagna fibito t. ni fiujfi di fangue,
Florence , 1673. Il condamne les eaux (typtiqueà , dont on le fervoit de fon
tems pour la guérifon des plaies , & prétend que celles qu'on n'auroit lavées
qu'avec l'eau pure , guériroient aulfi prompîement que d'autres pour lefquelies
on auroit employé ces liqueurs.
Lettera fipra VinvenTjone de gli occhiali. Florence, 1678, in-^. Il entre dans beau-
coup de dérails fur l'invention & rufaa;e des lunettes.
OJfcrvailoni intorno a gli animale vivinti , che fi trovano negli animali viventi. Flo-
rence , 16B4 , //z-4. Ce font les vers qu'il a en vue ; il en décrit les diSe-
rentes ef.ieces, les raaux qu'ils eau lent , & propofe le Mercure corrime le meil-
leur vermifuge. Cet Ouvrage a paru en Latin à Amflerdanî en 1708, m-ia,
avec figures , de la tradudlion de Pierre Cojîe. Les remèdes contre les vers
le font beaucoup multipliés depuis Redi , mais ils ne font pas tous également
efficaces. Il en manquoit un qui fût sûr contre le Ténia ou ver folitaire , &
Louis XVI , Koi de France , vient de faire préf^nt à l'humanité de celui
qu'il a acheté de Madame Nouffer , qui l'empioyoit avec fuccès à Morat en
éuiflè. On l'a communiqué au public par un Mémoire , //1-4 , forti de l'Irapri"
merie Royale de Paris en 1775 , avec figures. Ce fpcc'fiqne cnnfifte dans la
poudre de la racine de Fougère mâle , dont l'ufage doit être fuivi de la prife
d'un purgatif animé.
REGA , fHenri-Jofeph ) Dodteur & Profcffeur Primaire de la Faculté de Mé-
decine en rUniverfité de Louvain , étoit de cette villa , où il naquit le 26
Avril 1690 , de Pizrre Rega & de Chrifiine F'an Herrebergen. Ses parens re-
levèrent avec beaucoup de foin , & dès qu'il fut en âge de commencer i'es étu-
des, ils l'envoyèrent au Collège de la Sainte Trinité. Cette Ecole d'Humanités,
fi célèbre à Louvain par les grands Hommes qu'elle a donnés aux Sciences fu-
périeures, fut celle où le jeune Rega remporta toujours les premières places. Il
palTa enfuite au Collège du Porc en la même ville , & par l'étude de la Philofo-
phie , mais fur-tout de la Phyfique, il s'y difpoia à celle de la Médecine, pour
laquelle il ne tarda point à montrer le goût le plus décidé. Il fe mit donc fur
lés bancs de la Faculté , & fon cours fini , il fut reçu à la Licence le 7 Avril
171a. La mort de M, de Lucq ne tsrda point à le faire monter ?u rang de
Profeffeur," car le Magiftrat de Louvain le nomma le 24 de cem>is à la place va-
cante. Cette promotion ne fit qu'augmenter l'a'rdeur qu'il avoit pour l'étude ; mais
comme fa Chaire ne l'occupoit que pendant fix femaincs, il n'en eut pas plutôt
rempli les devoirs, qu'il alla à Paris fe perfectionner dans l'Anatomie , la Cbi-
44 R E G
rurgi^& la Chymie , dont il fît plufieurs cours fous les Maîtres les plus habiles. A
fon lïtour à Louvain , il commença à travailler à fon Traité D& Sympathia ; &c
ce coup d'elTai , dont les hommes les plus confommés fe leroient fait honneur, lui
\'alut une approbation univerfelle, ioriqu'il le publia en 1721.
En 1716, il remplaça de Racdemaeker dans la Chaire de Chymie. Leaa'Février
1718, il reçut le bonnet de Dodeur avec Favcht & Nare^ ; peu de tems après,
il palfa à la Chaire d'Anatomie , qu'il abandonna le 11 Septembre de la même
année, pour occuper celle de Profelieur Primaire que la mort du Docteur Pee-
ters avoit laiffée vacante. En 1719 , il fut élu Recteur de l'Univerfité ; on lui
accorda encore le même honneur en 1722 ; & pendant fes deux Redorats ,
il s'occupa vivement de tout ce qui pouvoit contribuer à l'avantage du Corps
Académique.
Le mérite de Rega , qui jufqu'à cette époque n'a voit guère été connu que
dans le iein de la ville de Louvain, fe répandit alors au dehors. Sa réputation perça
dans les provinces voifmes , & bientôt on vit les malades des pays même les plus
éloignés , ou venir le trouver pour prendre fes confeils , ou les lui demander par
lettres. Comme il avoit de grands fentimens , il fit ia profeflion avec tant d'hon-
neur & de générofitê , que non content de réfuter , en certaines occafions , les
honoraires qui lui étoient préfentés de la part des riches, il avoit encore la bourfe
ouverte pour les pauvres qui l'appelloient à leur fecours. Prêt à fervir tout le
inonde , lorfque des occupations indifpenfables , ou quelque maladie , ne lui
permirent pas de remplir les devoirs qu'il s'étoit impofés envers les indigens ,
il en chargea toujours d'autres Médecins , par qui il fe failoit rendre compte de
leur état. Ses foins charitables allèrent encore plus loin. S'il oblervoit en vifitant
fes malades , qu'ils fuflent menacés de quelque revers de fortune , il en écartoit
les coups par les fecours qu'il leur donnoit en argent , fous la feule condition
de garder le filence le plus profond & d'oublier lés bienfaits.. Plulieurs familles
lui ont eu l'obligation d'avoir été préfervées d'une chute prochaine.
Comme Rega pofledoit le grand art de favoir ménager fon tems, le nombre de
fes malades ne le , détourna jamais des foniftions académiques , non plus que de
l'étude de la Médecine & des Belles-Lettres. Sa Bibliothèque amplement fournie
de ce qu'il y avoit de meilleurs livres en tout genre , étoit l'endroit où il paflbit
utilement les heures qu'il pouvoit ménager iur fes occupations publiques. iMais cet
Homme , toujours avide de fcience , s'épuifa par la continuité d'un travail trop
ïiffidu ; fa fanté diminua fenfiblement , fans qu'il fongeât pour cela à la mé-
nager davantage. Plus attentif à guérir les maux des autres que les liens ,
il parut en quelque forte fe négliger lui-même ; il devint li férieufement ma-
lade , qu'il mourut le 22 Juillet 1754 , âgé de 64 ans. Il a pafié la vie en
célibat.
Ce Médecin eft Auteur des Ouvrages fuivans :
De fympathia ^ feu , deco.ifeafa partiam corporls huniani. Harleml , 1721 , în-i2: Lip-
fia , 1762, in-ii.
"De Uriais Tra&atus duo. Lovanii ^ ^75'^ ■> in-il. Francofuni ., I761 , in-B.
^ccurata methodus medeadi pcr ^phorlfuios propojîta. Lovanil , 1737 , in-J{. Coionia.
^^rippinte , 1767 , Jn-4..
K E G 43
DiffcTtatio Medica de aquis mlnerallbus Fontis Marimonunjis In. Com'uatii Hannon îte
Lovanli , 1740 , in-il. En François , par Servals-^uguflin DevUkrs , Dodeur de la
Faculté de Médecine de Louvain , fous le titre d^^nalyfe des eaux minérales de Mi~
nmonr. Louvain , 1741 , jn-12. Ces deux Médecins, qui avoient travaillé à cette
analyfe , conjointement avec le Profefleiir de Chymie , Sajfeaus , ont encore
donné celle des Fontaines appellées h Roideniont , le Montaigu , qu'ils ont jointe
au Supplément aux Traités des Eaux de Mariniont , publié fous Je nom de Delval ,.
directeur des Eaux , & imprimé à Louvain en 1742 , in-i2.
Dijfertatio JVIedicô-Chymlca quâ demonjlratur fanguinem humanum nullô acldô vltiarî.
Lovanii , 1744 , in-3.
La Scréniffime Archiduchefie , Marie-EKfabeth , Gouvernante des Pays-Bas
pour l'Empereur Charles VI, fon augufte Frère, décora Rega ^ en 1740, du titre
de Confeiller Médecin de fa perfonne, & lui donna fon portrait enrichi de dia^
mans , en récompenfe des foins qu'il avoit pris pour rAnalyfe des Eaux de
Mariraont. S. A. R. Mcnfeigneur le Duc Charles de Lorraine & de Bar , actuel-
lement Gouverneur général des Pays-Bas, lui a aufli fait préfent de fon portrait
magnifiquement enrichi, de même que le Prince de Lichteinftein à qui il avoit eu
occafion de donner quelques confeils fur fa fanté.
Rega étoit en correfpondance avec les Médecins les plus célèbres de l'Europe,
& ce commerce littéraire l'avoit fait avantageufement connoître en diK'érens pays.
Sa réputation fe répandit même tellement les dernières années de fa vie , que
fans l'attachement qu'il conierva toujours pour l'Univerlité de Louvain & fa
patrie , il auroit pu faire une fortune brillante dans les Cours des Princes qui
lui ont propofé de pafler à leur fervice. Cet Homme uni dans fa conduite, con-
tent de fon état qu'il aimoit , aufli modefte que favant , fentit tout le prix de
ces avances; mais le plaiiir qu'il trou voit dans la bienfaifance , lui fit préférer
l'avantage d'être utile à la multitude. 11 ne celfa de l'être pendant fa vie, tant
qu'il le put; en mourant même, il le fut par les difpofitions de fon tefiament;
car il légua une fomme de dix mille florins de change pour la fondation de deux
bourfes deftinées principalement aux Etudians en Médecine, &uneautrede deux
mille Horins pour la Bibliothèque de l'Univerlité.
REGIMORTER. , ( Affuerus ) Doreur en Médecine de la Faculté de Leyde,-
fe fit incorporer à celle d'Oxford le 26 Mai 1636 , & vint enfuite exercer fa
profeffion à Londres , fa patrie. On a de lui des obfervations fur le Rakitis , qui
ont été jointes au Traité de GliJJon fur cette maladie,. & qui ont paru avec lui
à La Haye en 1682 , in-12.
REGIO ou RHEGIXUS, f Nicolas DE j) Médecin du XIV fiecle , naquit
en Calabre. Comme il étoit favant dans les Langues, Robert, Roi de Sicile,
l'engagea à traduire de Grec en Latin quelques Ouvrages de Galien , & fa ver-
fion fut eftimée dans le tems. Il a encore donné une Traduction de Mjrepfas,,
dont on a une édition d'Ingolftadt, 1541, w-4,
45 R E G R E I
REGIS ( Pierre ) naquit à Montpellier en 1656. Il étudia la Médecine dans
les Ecoles de l'a patrie, où il obtint le bonnet de Doitleur en 1678. Picrrc-SUvain
ILegls ttoit alors à MontptUicr , & comme il y thiibit des conférences , notre jeune
Médecin tâcha d'y être admis, le Ha d'amitié avec ce Philoflphe , le l'uivit comme
ibîi maître , & le prit pour le diredeur de les études. 11 l'accompagna même à
Paris, où il ^'acquit l'cttimc de Duverney, de Lemery, de Pelijjun , de Dejpreaux.^
de Perrault, de Mea.^ge & de plulisurs autres bavans , avec îclquels il contrad^a
vine union intime. De retour à Montpellier , il y pratiqua la Médecine avec hon-
neur julqu'en i6d5, que la révocation de l'édit de Nantes l'obligea de le retirer
avec la famiilc à Amilerdam , parce qu'il éroit Calvinifte. Il y mourut d'un abfcès
dans l'eftomac le 30 Septembre 1726 , à 70 ans.
Ses Ouvrages lont , une Lettre à M. Chauvin fur la proportion félon laquelle
l'air le condenlé. Des Obfcr nations touchant deux petits chiens d'une ventrée,
qui font nés ayant le cœur hors de la cavité de la poiîrine. Une édition des
CEuvres p.'ithumes de Mjlpis,hi. Des Observations fur la pefîe de Provence en
I721. Lcrlque Bafnagc dd B^aiival fit imprimer le Diflionnaire de Furetiere , ce
fut lui qui revit & augmenta tout ce qui regarde la Médecine & fes différentes
parties.
Pierre- Silvain Re^h ^ dont il efî parlé dans cet Article, naquit en 1632 à la
Salvetat de Blanqucfort dans le Comté d'Agenois. Ce fut un de ces Philofophes
qui lirent valoir la dodrine de Defcartes ^ & la Ibutinrent contre les adverlaires
que la nouveauté lui fuicita. L'Académie des Sciences de Paris le reçut en
i6gQ , en qualité de Géoinctre ; mais il paroît qu'il ne s'occupa point toujours de
Philolbphie & de Mathématique, car on a de lui un Examen des Eaux de £a-
larac dans les Mémoires de cette Académie. Régis mourut à Paris !e 7 Jan-
vier 1707.
REGIUS. Voyez DU ROY.
REGNIER C Jacques ) étoit de Beaune, où il vint au monde le 6 Janvier
158LJ. Après fes premières études, il fut charge de l'éducation de quelques jeunes
gens de qualité , & fe mit eniuite dans une Imprimerie à titre de Corredeur.
Mais dégoûté de ces occupations, il étudia la Médecine, fut reçu Dofteur à
Cahors le 3 Décembre 1624» ^ P^^^ bientôt après à l'exercice de fa profcffion.
Elle ne lui réuflit guère ; il fc diftingua davantage par fes Fables & fes Poéfies
Latines qui ne le mirent pas fort à l'aile, car il mourut le 16 Juin 1653 , accablé
de mifere & de maladies.
-REIN A , f Placide ) Dod\eur en Philofophic & en Médecine dans le XVIÏ
Tiecle , étoit de McRine en Sicile. La profondeur de fon favoir lui procura des
titres & des crnplûis honorables. Il fut créé Comte Palatin ; il obtint la Chaire
de Philolbphie dans l'Ecole de Menine,la place de Médecin de cette ville &
de fon territoire , & plufieurs fois celle de Prieur du Collège. Mais le favoir de
Reina s'étcndoit au delà de fa profelfion ; bon Hiftorien & Poëte , il a compofé
plulieurs Ouvrages Italiens en ces deux genres , & les a donnés au public fous
des noms empruntés. Ce Médecin mourut fort vieux le a8 Oaobre 1671.
R E I 4^
REINESIUS ( Thomas ) naquit à Gotha le 13 Décembre 1587. Il fe rendit
très habile dans la Médecine, qu'il étudia à Wittemberg , à Jene,à Francfort fur
l'Oder , à Psdoue & à Kûle ; ce fut dans les Ecoles de cette dernière ville qu'il reçut le
bonnet de Docteur. Après les premiers effais de pratique , il fe mit au fervice
des Comtes de Reuflèn dans le Voigt-land, pafla enCuite à Géra dans la Mifnie , oii
il fut Profeflbur & Infpefteur du Collège , & delà à Altembourg , ville de la
même Province , dont il devint BourguemeRrc , avec le titre de Conleiller de
l'Electeur de Saxe. Comme le train des affaires politiques dérangeoit celui des
études de Rdnefius , on dit qu'il prit ce prétexte pouï ie retirer à Leipfic , oi
il continua de faire la Médecine jufqu'à fa mort arrivée le 14 du mois de Février
1667. Mais Haller , qui met la mort de Rcinefius en 1661 , dit qu'il fut extrê-
mement libre à parler fur le crmpte des perConnes qu'il auroit dû ménager , &
que fa conduite , à cet égard , lui ayant fait des ennemis , il prit le parti de quitter
Altembourg , où il s'appercevoit d'ailleurs qu'il n'étoit plus confidéré. Il méritoit
cependant de l'être du côté de fes talens ; car il excelloit non l'eulement dans fa
profefiion , mais encore dans la connoiflance des Langues , de l'Hiftoire & des
Antiquités : ce fut à ces différens titres qu'il eut part aux libéralités de Louis XIV
qui fe plaifoit à récompenfer les gens de mérite , en quelque pays qu'ils vécufTent.
ReineJIus avoit eu deflcin de travailler à l'Hilloire de la Médecine ; il en étoit
capable autant que perfonne , mais il en ell demeuré au projet qu'il avoit formé.
On a de lui un grand nombre d'Ouvrages en Latin , comme un bon fupplément
au grand Recueil de Gruter , fous le titre de Syntagma infcriptionum antiquarum ,
en deux volumes in-fullo. Je ne m'arrêterai point à faire l'énumération de tous
fes Ecrits ; je me bornerai à ceux qui concernent la Médecine ou les matières
qui ont rapport à cette Science. 'J'els font :
De vajïs umbilicalibus eorumque rupturà Obfcrvatlo fingularls. LipJΣ , 1624 » '""-4.
Chymiatria , hoc eji , Medicina nabili & necejjarlâ fui pane , Chymià , injîruc/a &
exornata. Gcra Rathcalcx , 1624, in-j^. Jcme ^ 167b', in 4.
f^ariarum leciionum Libri très. ^-Jhenb'jrgi , 1640 , /n-4. Cet Ouvrage y qui eft mar-
qué au coin de la plus profonde érudition , contient beaucoup de chofes rela-
tivement à la Médecine. On y trouve , en particulier , l'interprétation de plufieurs
paflages obfcurs & diiHciles de Sylvaticus , de Gariopontus ^ & de quelques autres
Médecins anciens.
Dcfeajîo variarum Leaionum. Rojhcku , 165 J , in-d.
Epijlolarum. ad Ncftcros , patrcm & filium , Farrago , in. qiia varia Medlca & PhU
Ufophica leclu digna continentur. Llpjlcs , i66o , în-^. Hamburgl , 1670 , /n-4.
Schola Jnre-co^fitltGrum Medica , Rdationuin alijitnt Libris comprchcnfa , quihits prlrf
c'ipîa Medic'miS in. jus traafampta ex profejpj examiaantur. Lîpfue , 1676 , //!-8. C'eft
à tort qu'on attribue cet Ouvrsge à Relnejîus ; il n'y a rien de lui que fon nom.
11 appartient à Fortunatus Fidclii , Médecin Sicilien qui mourut en t6",o , & qui
l'avoit donné au public fou» ce titre : De Rclationlbus Afcdlcorum Libri quatuor.
Ceci cft une petite fourberie d'imprimeur. Ces Mcfîieurs ont le talent de rajeu^:ir
les Livres, en changeant la date de l'édition ; ils en annoncent même d'aitres
comme nouveaux , en y mettant un autre titre j avec !e nom d'un Auteur plua
moderne qui a ea de la réputation,
REINNECCER , ( Fidejudus ) Apothicaire de Salfeld en Thuritigc , Arécut
dans le XVI fiecle. Comme il s'étoit mis en état de voir des malades , il en
traita beaucoup , & fes fuccès lui méritèrent la confiance de les concitoyens
qui furent lenlibles à fa perte arrivée dans un âge peu avancé. 11 lailla un
Ouvrage écrit en Allemand , que Jean Baccer ût paroître en Latin plufieurs
.années après la mort de l'Auteur, fous ce titre:
Tàtfaurus Ckymlcus experlmentorum certljjimoram collcàiorum , ufiique probatorum à
Fidejujio Reinncccero , Pharmacopolâ olim SalfelJcnJîum . Cum prafatione Joachimi Tahc-
kii , JJ. de Medlcina. Lipjl^ ^ 1609, In-'d. Franco/ uni ^ i6îo , in-12. Ce Recueil n'efi:
point une compilation de remèdes extraits de difFérens Auteurs ; il eft dû en-
tièrement à Rànnccccr , & tout y ell de fon invention : mais tel qu'il eft »
on en fait peu d'eîlime aujourd'hui , parce que l'utilité qu'on en peut tirer eft
prefque réduite à rien , en comparaifon des avantages que prélente la Chymie
des Modernes. Manget s'eft borné à donner le titre de cet Ouvrage , qu'on
trouve audi dans le Catalogue de Falconu fous le N". 800B ; mais M. Goiilin
en parle plus au long dans la Réponfe à M. Carrerc , qui a paru dans les
Journaux de Médecine fous le nom de M. Bâcher. C'eft delà que j'ai tiré cet
article , que je finis par remarquer , avec l'Auteur de la Rcponfe , que Baccer
étoit audi Apothicaire , qu'il paroît même avoir pris la boutique de Relnneccer ,
auquel il a fuccédé à Salfeld.
REISELIUS , ( Salomon J) Confeiller Médecin du Duc de Wirtemberg &
TVIembre de l'Académie Impériale d'Allemagne , fous le nom d'^mph'wn , étoit
dHirlchberg en Siléfie , où il naquit le 24 Oflobre 1625. Ses parens l'en-
voyèrent à Breflau , en 1637 , chez Balthafar Croner , fon coufm germain du
côté maternel & célèbre Médecin de cette ville ; il y fit fon cours d'Huma-
xité? , au bout duquel il fe décida pour l'étude de la Médecine , dont l'exemple
de fon coufni lui avoit infpiré le goiàt. Mais le peu de fortune de fon père
ne lui permit pas de fuivre alors ce defiein , & en attendant que des circonf-
tances plus favorables le miHbnt en état de faire face à la dépenfe que la
continuation de; fcs études demandoit , il s'engagea au fervice d'un riche Négo-
ciant, dont il infiruifit les fils des principes de la Langue Latine. Dans l'entrc-
tems , il perdit fon père en 1644 , & Pannée fuivante il pafla à Strasbourg ,
où il s'appliqua à la Médecine fous Mclchior & Jean-Albert Sebiiius , père &
fils , & fous Rodolphe Sali^mann. Sa mère , plus indulgente que n'avoit été fon
père , lui fournit tout ce qu'elle put d'argent , au point qu'en 164S il foutint
une Thefe De Fucultatibus mcdicamentonim ; mais privé de fecours ultérieurs par
la mort de cette mère li tendre , il fut obligé d'abandonner fes études & de
chercher , dans l'inftruflion des jeunes gens , un remède à la mifere dont il
étoit menacé. Une fage économie lui fournit les moyens de fc rendre à Bâle
en 1652 , & le 21 Avril 1657, il y obtint le bonnet de Dodteur en Médecine.
Depuis cette année jufqu'en 167g qu'il fut appelle à la Cour du Duc de Wir-
temberg , il fit fa profeUion avec honneur en divers endroits de l'Allemagne.
Sa réputation s'accrut beaucoup dans cette Cour , & il étoit parvenu
au plus haut point de célébrité auquel un Médecin puilTe alpirer , lorfqu'il
fut
«Ut attaqué de l'jipopkïiie 'qui le mit au tombeau le ai Juin ijrol , â ]'!\ge de
^"7 ans. Les Mémoires de l'Académie des Curieux de la Nature Ibnt .remplis
d'obfervations de fa façon ; du refie , il ne paroît point s'être occupé de
la compofition d'aucun Ouvrage , fi Ton excepte un Traité , en Allemand , fur
les Bains de Nieder-bron , que George Matthias lui attribue.
REISKE C Jean-Jacques _) ell: un de ces hommes dont le caradlere fut auffi
fmgulier que la fcience étoit profonde. 11 naquit le 25 Décembre 1716 à Zorlis ,
petite ville de Mifnie , d'un père qui faifoit le métier de Tanneur. Les progrès
rapides de fes premières études donnèrent de lui les plus hautes cfpérances aux
Profefièurs de la Maifon des Orphelins de Hall , où il étoit entré dès l'ûge
de douze ans; mais l'élevé , moins fatisfait que fes Maîtres , leur a fouvent repro-
ché de ne lui avoir donné aucune coonoiflànce des Anciens , fur lefquels il au-
roit pu fe former un ftyle plus clair & plus élégant. C'eft à cette négligence
qu'il attribua la peine qu'il eut fi loDg-tems de s'exprimer nettement en Latin ;
ce ne fut même que vers les dernières années de fa vie , qu'il parvint à parler
la langue de Cicéron avec cette grâce & cette énergie qu'on ne peut puifer
que dans les bons modèles.
JR.dske étoit fort mal préparé aux études académiques , quand il fe rendit à
Leipfic ert 1733. Là, jeune encore, vif, ardent & abandonné à lui-même , il
choilit mal fes occupations ; méprife d'antant plus funefte pour lui , que dans
ia fuite elle devint la caufe de fes infortunes. Deftiné à l'état Eccléfiaftique par des
parens qui n'avoient confulté ni fes penchans, ni fes goûts , il ne s'occupa , pen-
dant les cinq années de ion féjour à Leipfic , que de Rabbinifme & de l'étude
de la Langue Arabe ; mais il renonça au premier , pour s'attacher tout entier
à la ledlure des Livres Arabes qu'il parvint à expliquer lans Maître. Sa pafiîon
pour ces Livres fut telle , que pour le ménager les moyens de ie les procurer ,
î! fut obligé de borner la dépeufe au pur néceîfaire ; car fon état approchoit fort
de l'indigence. Le favant Jfolf , Théologien de Hambourg , lui avoir communi-
qué le Hariri en 1736; Rdske le copia fort rapidement, &: l'année fuivanre , il
en fit imprimer la vingt-fixieme Narration, avec des Scholies Arabes & une ver-
fion Latine. Le luccês de cet efîai lui fit prendre la rélblution d'aller en Hollan-
de , dans l'efpérance d'y trouver des fecours pour PintelJigcnce de la Langue
Arabe. Ses amis s'eflbrcerent vainement de le détourner du projet de pafier dans
lin pays où il n'avoir aucune forte de rcnburce ; il n'écouta perfonne, & quoi-
qu'il n'aimât pas la Langue pour laquelle il faifoit le facrifice ds tous les avan-
tages dont il jouiflbit en Allemagne , il fe rendit à Amlierdam. /P'olf lui donna
une lettre de recommandation pour Dorville qui lui oflrit de le prendre chez
lui , avec 600 florins d'appointemens ; mais comme notre Savant mettoit de
l'humeur dans la plupart de fes aéiions , il rejetta. cette offre , fous prétexte
qu'il n'avoit d'autre but, en venant en Hollande , que d'examiner des Manufl
crits Arabes, & d'obtenir la permiflion de touiller dans la fameufe l^ibliotheque
de Leyde. 11 réafiit à voir à fon aife les richefies de ce fanfiuaire des Sciences,
& s'attacha fur-tout aux Poètes Arabes.
Comme ces occupations ne l'enrichilfoient pas > i! fe fit Corrcfteur d'Imprimerie ,
J 0 ME IF. G
go R E 1
& dans ce pofie , il îndifpofa contre lui la plupart de ceux dont il foignoit îeî
éditions. Sa manie étoit d'ajouter & de changer aux Manufcrits des Auteurs. Obli-
gé enfin de quitter la Hollande , où il étoit ians amis & pauvre par la f;;ute ,
i\ rapporta dans i"a patrie quelques Ouvrages Arabes , & avec eux , une fanté
chancelante. Sa maladie habituelle étoit une hypocondrie noire qui le tracaf-
Ibit pendant le jour & lui caufoit des rêves très- inquiétans pendant la nuit.
Cette défagréable maladie ne fit que s'accroître avec le tems , & elle ne le
quitta plus.
Pendant ion féjour en Hollande , Reiske avoit étudié la Médecine & l'Anato-
mie ibus les meilleurs Maîtres; il s'étoit même fait connoître avantageufcment du
côté de ces Sciences. A fon retour à Leipfic , les Profeffeurs lui donnèrent gra-
tuitement le bonnet de Dod^eur^ mais ce grade ne le rendit pas plus riche. Il
avoit , il eft vrai , obtenu une penfion ; & parce qu'elle ne fut point payée
pendant la guerre, il ne tarda pas à retomber dans la plus grande indigence. Pour
s'aider à vivre, il fe mit à corriger des épreuves , à faire des tables , à traduire
du François en Allemand , de l'Allemand en François , à compofer des Mémoi-
res, à travailler pour ditterens Libraires , dont il fut mal payé, & il végéta ainfi
dans une mifere plus iupportable. Tout inftruit qu'il étoit de la Médecine, il n'en
tira aucun parti. Sa conduite auroit cefTé d'être iinguliere , s'il fe fût fait un plan
de vie plus honorable & plus avantageux. Son état lui donna enfin de la mau.
vaife humeur ; la caufticité devint même fi infupportable , qu'il s'attira beaucoup
d'ennemis par fa critique , où il mêloit fouvent le menlonge avec la vérité.
Reiske eut cependant des intentions droites , mais il les gâta par le défaut de
juftefie dans le difcernement & celui de prudence dans fes moyens. Comme il
n'avoit d'autre but que de concourir aux progrès des Sciences & des Belles-Let-
tres, lorfqu'il croyoit pouvoir être utile, il ne connoifibit ni protefleurs, ni amis;
peu lui importoit que le public le condamnât ou lui tînt compte de fes travaux,
il alloit toujours fon train. Ce fut dans cette vue qu'il publia deux volumes in-
folio , pour fervir de fupplément à VHifioire Byiandne: ce font les deux Livres
de Conjtandn. Porphyrogeneu fur les cérémonies de la Cour de Byzance. Quelque
tems après , il fit paroître V^ntologie de Conjlandn Kephalos , avec de favantes ob-
fervations critiques , & une notice des Poètes Antologiques. Il donna enfuite les
Annales à'yJbulfiJa , mais il n'en fit imprimer que la moitié. En 1767 , il mit au
jour la première partie de fes remarques fur les Auteurs Grecs ; & comme il n'a-
voit trouvé aucun Libraire qui voulût fe charger des avances, il fut obligé de faire
cette édition à fes dépens.
Quoique Reiske eut employé treize années à l'étude de la Langue Arabe, il
ne fit pas grand ufage des Manufcrits qu'il avoit copiés , ni des morceaux qu'il
avoit écrits fur la moonoie des Arabes , fur l'Hiftoire du Sacerdoce chez cette
nation, &c. Littérateur malheureux, il étoit preique réduit à la plus extrême in-
digence, lorfqu'on le nomma au Redorât du. Collège de Saint Nicolas à Leipfic,.
11 en fut pénétré de joie & de reconnoiflance , & il fe coniacra tout entier aux
foins que cet emploi dcmandoir. Plus à fon aife du côté de la fortune, il con-
tinua de traduire en Allemand les roeilleurs Orateurs, Hiftoriens ôi Poètes Grecs,
. R E M R E N 51
Ses travaux Furent heureux, & il eut la gloire de former des élevés qui l'hono-,
rerent lui & le Collège de Saint Nicolas.
Il étoit îlo;é de 48 ans, lorfqu'il époufa , en 1764, Ernefllne Maller , originaire
de Kemberg, qui n'en avoit que 25. Inftruite par un tel Maître, cette femme
apprit, en peu de tems, le Grec, le Latin & quelques Langjes vivantes; elle
fut mêm; d'un grand fecours à fon mari dans les diverfes éditions qu'il entreprit,
fur-tout , dans celle des Orateurs Grecs. La mort rompit ce lien. Reiskc , dont
les travaux avoient épuifé les forces, languit pendant quelque tems; il fut enfin
faifi d'un rhume violent qui, malgré tous les fecours de l'Art, termina fes jours
le 14 Août 1774, dans la s^'e. année de fon âge. Ce Savant eft un exemple
de la mifere à laquelle la palfion mal entendue pour les Sciences espofe les
hommes.
REMMELIN. Voyez RAMELIN.
RENAUDOT C Théophrafte _) naquit à Loudun en 1584. Il étoit à Paris en
l6c6 , où il s'appliquoit à la Chirurgie ; mais comme il avoit déjà étudié la
Médecine en l'Univerfité de Montpellier , il retourna dans cette ville & il s'y
fit recevoir au Doclorat dans le cours de la même année. Il dit , dans un de
fes FaSum , qu'il en employa enfuite plufieurs autres à voyager ; & fuivant
George Matthias , il lé mit à enieiguer dans fa patrie en qualité de Maître
d'Ecole. L'une & l'autre de ces aflcrtions n'ont rien qui implique ; car il n'efi:
plus guère parlé de Renaudot jufqu'en i6ia qu'il revint à Paris , où il obtint
le titre de Médecin du Roi Louis XIIÎ. Si on l'en croit , ce Prince l'avoir
fait venir dans la Capitale pour veiller au foulagement des pauvres , & en con-
fcquence , il lui avoit donné une charge de Médecin de fa perfonne ; mais
cette prétendue charge n'étoit qu'un fimple titre ; & quoiqu'il afiure d'avoir prêté
ferment entre les mains à'Héroard , premier Médecin , d'avoir même été gra-
tifié de huit cens livres de gages , il efl: bien apparent qu'il ne jouit jamais de
cet appointement. Quoiqu'il en foit , il fit beaucoup de bruit à Paris par
fes remèdes chymiques , fur-tout par ceux nrés de l'Antimoine , & il fut le
premier qui commença à faire imprimer ces Nouvelles publiques , fi connues
fous le nom de Galettes. Le Cardinal de Richelieu , qui honoroit Renaudot de
fa protedion & de fa confiince , lui en fit obtenir le privilège de Louis XIII
en 1631 ; Louis XIV le lui confirma , tant pour lui que pour fes héritiers.
Ce mot de Galette vient du nom Italien Ga^etta , petite monnoie en ufage à
Venife , avec laquelle on payoit la lefture des Nouvelles publiques qui fe dif-
trlbuoient en manulcrit. Renaudot crut devoir conferver ce nom qu'il donna à
fes feuilles.
Il y avoit long-tems qu'il exerçoit la Médecine à Paris fans qu'on l'iaquiétât,
lorlque pour fe donner plus de réputation , i! s'aviia d'établir chez lui un Bu-
reau public de confultations gratuites pour les pauvres. 11 obtint des Lettres
qui rctabiilToient Commiffaire général des pauvres valides cs invalides d.ins tout le
Royaume , MuUn S Intendant général des Sureaux d'adrejje , où l'on enrégiitrfut
R E N
lout ce que les uns vôuloient vendre , & tout ce que les autres cfiercholcot
heter ; on prétend même qu'il étendit fa commiffion beaucoup pius loin ■»
le fous pr'itexte de foulager la miiere , il prôta fur gages à l'inftar des
iVi.in; de- Pieté d'Italie. On ne manqua pas de fe récrier contre ce trafic, qui
?Jt jugé ufuraire & ruineux ; mais la Faculté de Médecine de Paris fe récria
davantage , loifque Renaudot fe crut autorifé , par le titre de Commijfalre général
des pauvres , à lé fervir de fa Gazette pour publier dans tout le Royaume &
chez l'étranger , qu'il tiendroit dans fa maifon des Confultations gratuites en fa-
veur des pauvres. En exécution de ce deflcin , il s'affocia quelques Dofteurs de
Montpellier & d'autres Univerfités Provinciales , & s'acquit bientôt une célébrité
qui fit ombrage aux Médecins de Paris, La Faculté ne crut pas pouvoir fe taire
fur le tort que cette entreprife faifoit à fes privilèges ; elle ne vit dans les pieux
offices de Renaudot qu'une démonftration feinte qui couvroit d'autres delfeins.
C'eft pourquoi elle attaqua, en 1640, ce Médecin étranger en juftice , pour lui
faire détendre de tenir de pareilles alfemblées & de faire dans Paris aucune fonc-
tion de fon Art. Le procès dura long-tems ,• car l'aRaire fut portée fucceffive-
ment devant le Prévôt de Paris , les Maîtres des Requêtes de PHôtel & au
Parlement. Renaudot eut d'ailleurs la malice de faire traîner ce procès , en in*
troduifant un Avocat pour la Faculté de Montpellier intervenante , quoique fuî-
vant ^jlruc , elle ne s'en foit jamais mêlée. Mais ces détours ne lui réuffi-
rent point. Far Arrêt du 9 Décembre 1643 > ^ <=^'"' ^^ i '^''^''^ ^^44 » il
fut défendu tant à lui , qu'aux DoiSteurs unis d'intérêt avec lui , de tenir de
pareilles aflèmblées ou confultations , & de faire aucun adte de Médecin pra-
tiquant , en vertu des grades obtenus dans des Facultés autres que celle de
Paris. Renaudot continua cependant de le faire en cachette, en même teras qu'il
travailloit à fa Gazette , qui étoit fa meilleure reffource : ce privilège devoir lui
rapporter beaucoup , quoiqu'en eût dit Gui Patin qui alTure qu'il mourut peu
riche _le 25 Octobre 1653 , à l'âge de 70 ans. Il n'a rien écrit fur la Médecine ,
mais il a publié quelques petits Ouvrages Hiftoriques fur la vie de Henri de
Kourbon , Prince de Condé , fur celle du Maréchal de Gallion , & de Michel
IWazarin , Cardinal de Sainte Cécile , frcre du Cardinal premier Miniftre. On
a encore de lui une Réponfe à l'avis du Gazeticr de Cologne , imprimée à
Paris en 1648 , in-^.
Ce Médecin eut deux iils, Jfaac & Eufcbe, qui , après la perte du procès de
leur père, fe préfenterent à la Faculté de Paris dans Jes Licences de 1645. Us
obtinrent le bonnet , parce que la Faculté ne favoit qu'être jufte & que tous
fes Membres n'avoient pas l'aigreur de Gui Patin. C'eft ainfi que parle ^Jîrue
dans fes Mémoires; mais on s'exprime différemment dans les Remarques qui éclair-
ciflent le texte du Difcours prononcé par M. Haion aux Ecoles de Médecine"
de Paris, le 16 Oflobre 1770. 11 y eft dit: k MM. liaac & Eufebe Renaudot,
T, fils de Théophrafte , voulurent entrer dans la Faculté ; mais ils éprouvèrent de
» la réfiftance; ils coururent cependant la Licence, foutinrent le? Thefes & fu-
w birent les examens, après lefqucls le Parlement ordonna qu'ils feroient admis
r, au Doaorat ; ce no fut pas faos dilhculté. M. le premier Préfident fMolé )
R E N 53
* s'employa en leur faveur ; & ce fut à cette occafion que ce premier Magiftrat
" dit agréablement à notre Doyen ; Eft-il jufte que les arrêts de la Cour cèdent aux
n Décrets de la Faculté? lis furent reçus Dodteurs ; mais ils furent obligés de déia-
n vouer la conduite de leur père , de renoncer au Bureau d'adreflè , & de fe
» conduire en Médecins de la Faculté. » /faac prit le bonnet fur la fin de
Î647 , & mourut en 1680. Eufebe , Docteur au commencement de l'année 1648,
eut de la réputation & fut beaucoup employé dans la pratique. Il devint premier
Médecin de Madame Marie-Anne-Chriltine-Vicloire de Bavière , femme du Dau«
pliin Louis, fils de Louis XIV, & mourut en 1679, après avoir publié :
Spiclle^ium , jive, Hljîoria Midica mirabilis fplca graminece extra&es è latere tegri
pleuritici , qui eam antè menfes duos iacaUiè voraverat. Purljlis , 1647, in-8.
Pièces fur le procès entre la Faculté di Paris & Théophrafte Renaudot. Trois vo-
lumes w-4.
L'Antimoine juflifié S l'yîntimolne triomphant, Paris, 1653, In-^.
. 11 ne faut point confondre ce Médecin avec fon fils Eufebe. Celui-ci , connu
fous le nom de l'Abbé Renaudot,, fut Membre de l'Académie Francoife, de celle
des Infcriptions, de celle de la Crufca ,, & l'un des plus habiles hommes de fon
ijecle dans l'Hiftoire & les Langues Orientales. Ses Ouvrages lui ont acquis de
la réputation , & il en jouiflbit encore à fa mort arrivée à Paris le i Septembre
1720, à l'âge de 74 ans.
RENEAULME, (Vml ) Médecin de Blois dans le XVII fiecle , a donné
pluifeurs Ouvrages au public. Tels font :
Ex curatlonibus Obfervationes, qui videre ejl morbos tuto, cita & jucundè pojji dz-
bellarî , Jî pracipuè Cahnlcis prtsceptis Chymica remédia ventant fubfidld. ParlfliSy
l6o5, in-8.
Spécimen. Hijîorite plantarum , cum figurls antls. Ibidem , 161 1 , /n-4.
La vertu de la Fontaine de Médicis ., près de Satnt'Denys-lcs-Blols. Blois, 1618, //i-8.'
Lorfque le premier Ouvrage parut, les remèdes chymiques caufoient beaucoup
de fermentation entre les Médecins. Ceux de Paris trouvèrent mauvais que
Reneauln.e sh oie prouver, par 201 Obfervations , que ces remèdes font quelque-
fois d'un grand fecour»; ils lui firent un procès, & finirent par l'obliger de ve-
nir déclarer, par devant eux, qu'il n'employeroit plus à l'avenir les médicamens
qui lui avoient réufii dans fa pratique. La proteftation du IMcdecin de Blois efl:
conçue en ces termes : Ego Paulus Reneaulme profiteor apud Decanum è? Doares
Parifienfis Scholte , nunquani ufurum remediis feriptis in Libro Obfrvaiionum mearunt
typis edltà , fed fa&urum Medlcînam fecundàm Hippocratis & Galeni décréta fi? formulas
à Scholee Parijîenjîs Medicisprobatas & ufurpatas. Datum L'Jtetits., die 23 Februjrii 1607.
Michel-Louis Reneaulme de la Garanne étoit de Blois & probablement de la fa-
mille du précédent. 11 entra, en 1699, dans l'Académie des Sciences de Paris,
en qualité de Botanifte , & fut reçu Docteur de la Faculté de Médecine de la
même ville en ifco. Comme il fut chargé d'enfeigner la Chirurgie en Langue
Latine & Françoile dans les Ecoles de la Faculté, il y prononça un Difcours,
le 8 Janvier 1720, dont on a une édition de Paris, 1726, //i- 12, qui eft intitulée:
R E N R E S
jDifcoun pour Vouvmurc de l'Ecole de Chirurgie, avec une Thefe -paraphrafie^ fotA
ce litre ^ Effal d'un Traité des Hernies. La Thele qui a donné occafion à cet eflai ,
ftit foutenue, en 1721, par Antoine Cafamajor , Bachelier de la Faculté, fous la
Prélidence de Reneaulme. On y pofoit en queftion: An alvi laxitas in hcrniojîs
ikum pr£cavct ? Affirmative. Ce Médecin eft Auteur de plufieurs Mémoires fur la
Botanique, qu'on trouve parmi ceux que l'Académie a publiés depuis 1699
jufqu'en 1720.
RENOU , ( Jean DE ) dit Renod^us , étoit de Coutance en Normandie. Il
étudia la Médecine dans les Ecoles de la Faculté de Paris , où il prit le bonnet de
Dod^eur; mais M. Baron, qui met fa Paftillaire au 10 Novembre 1598, ne dit
rien du jour de fon Doftorat. De Renou s'appliqua beaucoup à la Matière Mé-
dicale , il y excella même , li l'on en croit Louis de Serres qui le met , à cet
é»ard , au deflus de Fernel & de Sylvius , dans la Tradudion Françoife qu'il a
donnée de fes Œuvres & qui a paru à Lyon en 1626 & en 1637 » in-fdlo. On
a cependant acculé notre Auteur de plagiat, & on a dit qu'il avoit copié en
partie l'Antidotaire de Bauderon. Quoiqu'il en foit de ce reproche qu'il n'a pas man-
qué de repoulTer, on doit avouer que fon plus grand mérite confifte à avoir
entafië remèdes fur remèdes dans fa Coîieétion. Cela pouvoir pafTer dans un
fiecle tout polypharmaque ; mais ce mérite n'en eft plus un aujourd'hui , que les
Praiiciens ont réulli à débarrafler la Matière Médicale d'une foule de médicamens
inutiles. On ne peut qu'applaudir à la réforme qu'ils ont entreprife; elle feroit
plus complette , fi on la poufibit jufqu'à profcrire tant de compolitions également
difpendieules & bizarres , pour réduire les drogues au petit nombre nécelTaire de
celles dont l'expérience a prouvé l'efficacité. Revenons maintenant aux éditions
Latine's du Difpenfaire de Jean de Rcnou:
Difpcnfdtorlain Gahmco-Chymicum , continens InjVuutionum Pharmaceuticarum Libros
y tie Materia Medlcâ Libros III , & Antidotarium varium & abfolutljjîmum. Pa-
rifiis , 1608, 1623, w-4. Francofurti, 1609, /n-8 , 1615, 4/1-4. Hanovi<s , 163 1 ,
i/i-4. GmvcS , 1645, in-4- Ea Anglois, 1657, in-folio.
RESTAURAND, CRaymond J natif du Pont-Saint-Efprit en Languedoc,
prit le bonnet de Doreur %n Médecine à Montpellier, & fe Ht connoître,
après le milieu du XVII Uecle , par difFérens Ouvrages de fa façon , qui font
intitulés :
Monarchia Microcofmi. 1657, in-^.
Figdus , Exercitatia Medica de principih fœtus. Araufione , 1657 , inS.
Hippocrates de natara laclis ejuCque ufi In curationibus morborum. Ibidem , 1667 , m 8.
Ce Médecin, grand partifan d' Uippocrate , voyoit cet Auteur par- tout , même
dans les chofcs qui ont été inconnues aux Grecs; telle eft, par exemple, la cir-
culation du hr.g. r. ■ j 1 r ■ 1
Hippocrate de Vufa^z du boire à U glace pour la confervatto,i de la Junte. Lyon ,
Hippocratë de l'ufage du Kinklna pour la guérifnn des ficvrcs. Lyon , 1681 , //i-Iî.
Ea Italien , de la Traduaion de Charles Richani. Parme , 1695 , J/i-8.
R E s R E U R E Y 53
ITtppocraus de înuftlonibus Jïve fonticuUs. Opus Hiftorîh Medlch refertum. Lugdani,
ï58i, «'12, Il y démontre l'utilité des cautères, & ne néglige rien pour en rap-
peller l'ufage prefque oublié de Ton tem?.
Magnus Hippocrates Cous redivlvas. Ibidem^ 1681 , in-11. C'eft le premier Tome
d'un Ouvrage qu'il méditoit ; mais il en eft demeuré-là. Ce volume comprend
la PhyGologie , qui eft la partie de la Médecine, dont Hippocrate s'occupa le moins.
RESTIFA, C Paul ) Dofleur en Médecine, naquit en vSicile , & fit fa pro-
feflion dans une petite ville de ce Royaume vers l'an 1583. Coinme il étoit
ftudieux , & qu'il aimoit à approfondir les difficultés que la variété de fentimens
répand toujours fur la pratique pendant le règne des maladies populaires , il
écrivit deux Lettres fous ce titre :
Eplftol£ Medicts ad Francifcum BlJJum , Regni Sicilie Proto-Medlcum , & Paulum
Crinoum ^ de. Eryjipelate in Slc'dia vigente. Mejfana , 1589 ^ «1-4. On y a joint la
Réponfe de Bijjus ^ la Cenfure de Crinous, & la défenfe de Gérard Columba fur
le traitement de cette maladie.
REUSNER f Elie ) naquit en 155g à Lemberg en Siléfîs. Il étudia la Mé-
decine à Jene , où il fut promu au degré de Licence. Mais il ne paroît pas
qu'il ait cherché à le pouller dans cette Science ; car il s'occupa beaucoup de
la Poéfie & de l'Hiftoire , il les enfeigna même publiquement dans les Ecoles de
Jene jui'qu'à fa mort arrivée le 3 Septembre i6ia. Les Ouvrages de Reufner
roulent prefque tous fur l'Hiftoire. Tels font: Jfagoge Hijhrlca. Ephemeris, feu ^
Diarium Hijioricum. Hortulus Hifiorico-PoUiicus. Geaealogia Imperatorum , Ducum ,
Regum , &c.
11 y a plufieurs Médecins , du même nom , qui font nés en Siléfie , ou qui
ont fait leur profeflion dans cette Province. Barthélcmi Reufner, natif de Lem-
berg, fut Médecin à Zittaw dans la haute Lu face , où il mourut en 1592. On a de
lui une réfutation des blafphêmes & menfonges de Faracelfe , imprimée en 1550 ,
à Gorlitz : elle eft en Allemand. Liber primus de Febribus. P^ratiflavits , 1561 , inS.
Jérôme Reufner a donné au public : Jodoci Tf^illichii urinarumprobation.es, Bafllets,
1582, m-8. .Amflelodami , 1688, in-8. Ces deux éditions font enrichies de notes
de fa façon. Diexodicarum Exercitadonum Liber de Scorbuto. Francofurti , 1600 ,
1610 , /rt-8. Les Obfervations & expériences médicinales de cet Auteur ont été
inférées dans les Ouvrages de George-Jérôme T^dfchlus fur pareilles matières.
ChrijUan Gottlieb Reufner, Médecin du Comte de Schafgotfch & de la ville de
Javer , a communiqué à l'Académie Impériale d'Allemagne un gr<iDd nombre
d'Obfervations intérelTantes , dont elle a chargé fes Mémoires.
REY , f Guillaume J Médecin, Membre de l'Académie de Lyon , étoit de
cette ville , où il naquit en 1687, Sa Diflertation De caufis dellril , imprimée à
Montpellier en 1714, in-11, paroît être celle qu'il foutint , loriqu'il y fut promue
au Doctorat. Il mourut le 10 Février 1756 , & laiflk au public :
Dijjertaiion fur un Nègre blunc. Lyoïi , 17.^4., wî--3.
«6 R E Y R H A
REYES , ( Gnrpar DEJ> d'Evora en Portugal, prit le bottflet de Docleuf
ea Médecine à Salamanque , & lit la profedjon à Carmone dans l'Andaloufia
vers le milieu du XVII ficcIe. On a de lui un Ouvrage intitulé :
^Elyjius jucundarum quiejîionam campus , Phllofophicarum , Tkeologicarunt , Philologi'
carum , 6? maxime Medlcarum. BruxeUis , 1661 , ia-fol, Francofurti , i6j^0 , £«-4.
L'Auteur y traite de l'origine de la Médecine ; il fait voir tout ce qw'Iiippo-
crate a fait pour le bien de l'humanité ; il prouve que c'ed caloronieufe-
ment qu'on a dit que les Médecins avoient été chaiiës de l'ancienne Rome ;
il s'étend fur les ulages reçus dans la pratique & fur les devoirs de ceux qui
l'exercent. Dans tous les fiecles , on a cherché à dégrnder l'Art de guérir par
les traits qu'on a lancés contre lui ;Ar dans tous les (iecles , on a vu des hommea
fi fortement attachés à cet Art , qu'Us fe font fait un devoir de ne rien né-
gliger pour en foutenir l'honneur. De Reyes eut les meilleures intendons à cet
égard , mais il les a déparées par la crédulité avec laquelle il a adopté les
opinions les plus finguljeres. Selon lui , la plupart des maladies font produites
par le démon , & la première intention qu'un Médecin doit avoir , c'eft de
chafier ctt efprit infernal par de longues prières. La piété folide s'adrefie à
Dieu , Auteur de tout bien , 54 demande foîi fecours dans les maladies , même
par l'interceflion des Saints ; mais accufer le démon comme caufe de la plupart
de nos maux , c'eft ouvrir la porte au fanatilme & à la fuperftition ; c'eft cher-
cher du furnaturel dans les choies qui dépendent du méchanifme de nos corps»
& de l'action des agens phyfiques qui font capables de le troubler.
Il ne faut point confondre le Médecin , dont je viens de parler , avec Em-
manuel dos Reyes Tavares , Portugais , qui enfeigna d'abord la Théologie à Lif-
bonne , & cnfuite la Médecine. Il publia vers le milieu du XVII fiecle , de*
Controverfes Philofophiques & Médicinales fur la doélrine des Fièvres, pour dé-
fendre les fentimcns de Thomas- Roderlque ds Feig,a comre. Benoit f^afquei Mato-
tnoros , Profeffeur d'Alcala de Hénarez , qui avoit fait paroître un Ouvrage fur
les Fièvres , environ l'an 1632.
RHASÈS ou RASIS, qu'on a encore appelle uilbuhecar Mahamed , ou comme
d'autres écrivent par corruption , Abubeter , Albubeter & jibubater , étoit fils de
Zacharias , fils d'Aralù ou A^Etrafîs. Léon l'Africain , qui le nomme- uibubachar
& Rafi , nous apprend que fon père étoit un marchand de la ville de Ray
en Perfe ; il ajoute que le fils étudia la Philolbphie & la Médecine à liagdad •
que delà il paffa au Caire & du Caire à Cordoue , où il avoit été attiré par
les folHcitations d'Almanfor , homme puifiant , riche & favanf.
La ville de Ray avoit une Académie déjà célèbre avant la naiflànce de Rhasês,
qu'on fixe environ l'an 246 de l'Uégire , c'elt-à dire , *o6o de falut. On en- ,
leignoit la Philolbphie, la Médecine & les Beaux-Arts dans cette Ecole; mais
il ne paroît pas que Rhasès ait d'abord prit du goût pour les Sciences , car
il fe livra prcfque entièrement à la Mufique, dont les charmes eurent toujours
beaucoup d'afcendant fur l'efprit des Perfe?. Il touchoit à fa vingtième année ,
lorfqu'il fe mit à étudier la Philolbphie & la Médecine , & qu'il en prit la
^itemiere teinture Tous un cenaiil Tabri , qui vivoit à Ray vers l'ao 880 de
l'ère
5?
l'Ere Chrétienne , & il avoit au moins trente ans , lorfqu'il fe rendit h Bagdad
pour fe perfedionner dans l'une •& dans l'autre. I! y fit de fi grands progrès ,
qu'il parvint bientôt à fe faire coniidérer des perfonnes les plus diRinguées de
cette ville; il fat même pn51eré à tout ce qu'il y avoit alors de Médecins »
pour la direftion de fon grand Hôpital. Il eut enfuite le même emploi à Jon-
difabur , & fut encore long-tcms à la fête de l'Hôpital de Ray , fa patrie. Au
moyen de ces .places , il ne manqua pas d'occafions d'étudier les démarches de
la Nature ,• il connoifToit trop l'iraportnnce de l'obfervation pour ne point s'y
attacher , & fon goût pour cette partie elî'entielle de l'Art lui mérita le fur-
nom à'Uxperlmentatnr. Infatigable à l'étude, il ne cefibit ou de lire ou d'écrire;
& comme il fit l'un & l'autre avec plus de fruit que les contemporains , parce
qu'il s'attacha aux Ouvrages à' Hippocrate , de Galien , d^Oribafe , A'AUtius & de
Paul , il fut encore appelle le Galien des Arabes. Mais ce ne fut point feu-
lement par fes nombreux Ecrits qu'il refiembla au Médecin de Pergame , il
Pimita auffi par les longs & pénibles voyages qu'il entreprit à fon exemple.
^bi Osbaia compte aa6 Livres écrits par Rhaiès. Ce qui nous refle de lui
confifle en un Ouvrage qu'il intitula Elhavi , ou iuivant d'autres , Hclchavi ,
Elcliavi , Elkavi , en Latin Libri continentes; en dix Livres dédiés à Almanibr ;
en lix Livres d'Aphorifmes , & en quelques autres Traités qui ont paru fé-
parément , ou qui ont été inférés dans les différentes éditions qu'on a don-
nées. Le favoir de ce Médecin s'étendoit au delà de la pratique de Ion Art.
Il avoit une grande connoiffance de l'Allronomie & de l'Alchyraie ; on pré-
tend même qu'il eft le premier qui ait fait mention des procédés chymiques.
L'Huile de briques & le Sublimé corrofif, dont il parle dans fes Ouvrages ,
lui auront lans doute mérité afiez de réputation , pour le faire regarder comme
inventeur ; mais Icng-tems avant lui on i'avoit traiter les médicamens par le feu ,
puifque du tems de Diofcoride , qui vécut dans le premier Oecle de falut, on
tiroit le Mercure ou le vif argent du Cinnabre par lublimation. Cette remar-
que ne doit point empêcher de confidérer Rhasès par tout ce qu'il vaut d'ail-
leurs ; car il eft avoué de tout le monde que c'eft à jufte titre qu'il pafle
pour le chef des Médecins Arabes , & que c'eft d'après lui , fans en ei;-
cepter uivicenne , que les Ecrivains de cette nation ont coinpofé leurs Ou-
vrages.
Rhasès parvint à un grand fige. Il avoit atteint celui de 80 ans lorfqu'il
perdit la vue , mais il mourut peu de tcms après. S'il efi: vrai qu'il foit
né en 860 , il vécut au delà de l'an 940 ; conféquemment il pouffa la vie
pl-us loin qu'en 932 , qui eft le terme fixé par le Dcifteur Frdnd. Je ne m'ar-
rêterai point à ce que difent René Mireau & JFolfgans: Juftus ; l'un & l'au-
tre fe trompent. Car , quelle apparence que Rhasès déjà vieux lorfqu'il de-
vint Médecin de Moktader Billah , & qui étoit encore à fon fervice , lorf-
que ce Calife fut tué l'an 523 de l'Hégire , c'eft -à -dire , de falut 934 , ne
foit mort qu'en 966 , comme le dit Moreati , ou en 1070 , peut-être en 10S5 , comme
le veut [ujlus?
Comme notre Auteur a écrit tous fes Ouvrages en Arabe , nous n'en avonî
7' 0 M E J y. Il
5» R H A
que des verfions qui font de plufieurs mains. Voici la notice des éditions qu*eR
donnent les liibliographes:
Continens Rhafîs ordinatus & corre&us per Clarljfimum ^rtium & MedicintE Do^iO'
rem , Magijlrum Hieronjmum Surianum , nunc in Camaldulenfi Ordine Deo diaitum,.
BrixitE , i486, deux volumes in-folio. Fenetils , 1509, deux volumes in-folio. Ce
Traité comprend non leulement ce qui concerne la pratique de la Médecine ,
mais encore ce qui a rapport à celle de la Chirurgie.
Liber de fecretis ^ qui ^phorifmorum appellatur. Bononite , 1489, m-4. Bafilea ,
1560 , i/i-8.
Opéra parva , quibus additus efl Conftantini Monachi F^iaticus. Lugduni, 1510,
În-S.
.^d .^Imanfurem Llbri decem. yenetils , 1510 , in-folio. Les deux premiers Li-
vres traitent de la Phyfiologie , le leptieme de la Chirurgie , & les autres de la
pratique de la Médecine ; mais dans le neuvième, l'Auteur fait l'énumération
de toutes les maladies.
De ratione ciirandi peftilentlam ex verjione GeorgU f^allip. Parijîls , 1528 , Jn-4. Geor-
ge f^alla. Médecin de Plaifance , a publié fa Tradu^ion en 1498 , fous ce ti-
tre : Rhaia , cognomentô Experimentatoris , de Feftilentia Liber. Le même Ou-
vrage , avec les deux Livres De vicias ratione de Pfellus , elï intitulé: De peftlkntia
Libellas ex Grceco in Latinum verfus. Bafilets, 1529, Jn-8. -i4rgeniina , 1549, in-8 ,
ex f^erfione Guntherii uindernaci , à la fuite des Ouvrages d'Alexandre de Tralles.
F^enetiis, 1555 , 1586 , w-8, ex Ferjione Nicolai MacchelU Mutinenfis. En François,
par Sébaftien Clin. Poitiers , 1556, Robert Etienne a donné une édition fous ce
titre: De pijîilenda Libellas ex Syrorum Linguâ in Gracam tranjlatus., cum Jacobi Gou-
pyli in eundem cajîigationibas. Lutedts, 1548, m-/o//o, avec les douze Livres d'Alexan-
dre de Tralles. Comme l'édition du célèbre Imprimeur Etienne ne préfente qu'une
Traduction Grecque , faite d'après une autre de l'Arabe en Syriaque , le Doéteiir
Aléad trouve que le Traité de Rhasès y a d'autant plus perdu de fon mérite ,
que l'Editeur a retranché bien des choies de fon chef, & qu'il en a ajouté plu-
fieurs qui ne fe trouvent point dans l'Original.
De viribus ciborum & medicinarum flmpUcium. Argentoratî , I531 , in-folio. C'eft le
troifieme des Livres adrelTés à Aimanfor.
Opéra exqaijhlora quibus nihîl utilius ad aclus praSUcos extat. Bajllee , 1544 , in-fullo.
C'eft une Verfion compilée d'après celles que Gérard Toletanus , André F'éfale &
Albanus Torinus ont données de différens morceaux réunis dans ce Recueil.
Parmi les l'raduftions du Traité De Pejtilentia , c'eft-à-dire , de la petite vérole,
celle du Dodleur Méad n'e{\ point une des moindres , quoiqu'elle ne foit pas
aufli réuflle que ce Médecin l'auroit voulu. Il écrivit, en 1745, à Bocrhaave., pour
lui demander fi dans la Bibliothèque de Leyde, riche en Manufcrits Arabes, il
n'y auroit pas dans cette Langue quelque Traité particulier de Rhasès fur la
petite vérole , qu'on pût traduire. Bocrhaave lui envoya ce qu'il demandoit. Mal-
heureufement le Manufcrit étoit rempli de fautes , & il y manquoit bien des
mots. C'eft pourquoi Méad fe fit aider dans cette Traduction par Salomon Negri ^
Syrien , natif de Damas , qui connoilfoit les Langues Orientales ; par /. Gagnier ,
R H A 55
Profeneur de Langue Arabe ùOxforJ, & par Thomas Hant qui enfeignoit la même
Langue, ainii que l'Hébraïque, dans les Ecoles de l'Univerfité de cette ville-
C'eft avec ces fccours & ceux de fes lumières qui luppléerent aux vices du
Manufcrit, que Miad parvint à publier, en 1747, un Traité de la petite vé-
role de Rhasês en Latin , qu'on trouve dans le Recueil des Ouvrages du Mé-
decin Anglois,à la fuite de celui qu'il a écrit fur cette maladie. Jufqu'alors c'étoit
la Traduction la moins infidèle, & Méad avoue qu'il en auroit donné une meil-
leure, s'il eijc été mieux fervi. Les regrets d'un homme qui ju2:e fon Ouvrage
avec tant de modeflie, ne Hrent qu'augmenter ceux des autres Médecins, On Ht
de nouveaux eftbrts pour déterrer un Manuicrit plus correft , & enfin un Savant
de Londres, Jean Channing , fous les aufpices de Charles 2orkc qui lui en a pro-
curé un de la Bibliothèque de Leyde , a publié, en 1766, une fuperbe édition
de ce Traité fi defiré, en Arabe & en Latin. L'Editeur a fuivi une copie iidele
d'un Manuicrit que H. Schuhens^ Profcfleur de TUniverfité de Leyde, avoit fait
faire fous fes yeux. Cette copie rétablit l'honneur du Médecin Arabe ; c'cft Rhasès
pur & vengé des injures du tems , & du tort que lui avoient fait les Tradufleurf.
Ainfi parle M. Poulet, Médecin des Facultés de Montpellier & de Paris, dans
le fécond Tome de fon Hiftoire de 3a petite vérole , qu'il finit par un Abrégé
de la vie de Rhasês, & la Tradudion FrançoiCe du Traité que Channing a fait
imprimer à Londres en 176G.
Le Continens de Rhasès eft principalement tiré à'^tius & de Paul ; TAuteur
le donne comme un Corps entier de Médecine, aufli complet que celui (ïHippo-
crate qu'il a encore fuivi, mais il y manque de l'ordre. Rhasès avoit cependant
beaucoup d'intelligence , & par rapport à ion fiecle il étoit Savant , ainh qu il
paroît de fou Traité de la petite vérole, maladie qui fe montra-en Egypte en
634. On eftime encore le Livre de ce Médecin fur les maladies des enfims, &
c'ell: peut-être le premier Ouvrage qui traite expreffément de cette matière. On
fait aufli cas de fes remarques fur les bons Médecins & les Charlatans : mais en
louant cet Ecrivain, on ne peut s'empêcher de remarquer un défaut qui lui elt
commun avec tous les Arabes; c'eft qu'il eft fort court dans les def:nplions des
maladies , & d'une prolixité étonnante dans l'énumération des remèdes.
Aucun des Ouvrages de Rhasès n'eut plus de vogue que le neuvième des Livre»
dédiés à Almanfor ; ce Livre fut même long-tems celui fur lequel rouloient les
Leçons dans les Univerfités. On voit par la viiite de celle de Louvain , publiée
le ç Septembre 1617, par ordre des Archiducs Albert & li^^eUe . q"f/^. ^'^J^
étoit expreffément recommandé aux Profeflèurs de la Faculté de Médecme oe
cette Académie. Il eft dit, article CXVI de cette vifite : Ténia ( LtcHo ) f^'' f.^^^
tica, & docebit morbos à capite ad pedes , fecundàm ordinem queniRhafes habet Z.t^_^
mnù ai Halmanforem , preterea de febribus & morbis cont agio fis. Tout ce qui e
d'ailleurs dans ce Règlement fur la matière des Leçons publiques , °'^°°°f" ,?° ^
que les Médecins Grecs aient été en grande eftime à Louvain au tems de
nation du Décret des Archiducs; car à l'exception des Aphonimes d Hippocra
& de l'^rs parva de Galien , on ne parle point de ces Livres admirables qu
nous devons aux Maîtres de l'Ecole Grecque, fi préférables en tout aux Auteurs
Arabes , qui n'ont été que leurs copifte».
6c R n A
Mais cet enfeijîncment étoit celui de prefque toutes les Univerfitési il y regHoft
un goût dominant pour les Arabes, & en particulier pour Rhasés. Les plus cé'-
lebres Profenburs de l'Europe, ne fe contentèrent même point d'expliquer les
Ouvrages de ce Médecin dans les Ecoles, ils travaillèrent encore à les éclaircir
par d'amples Commentaires. Tout occupés de ce genre d'étude , ils négligèrent
pendant long-tems les Auteurs Grecs , fans s'appercevoir que Rliasès les avoit cc^
pies. Hippocrate , Galien , Paul^ JEtiiis, Oribafi étoient peu connus ou iuivis dans
les Ecoies qui s'étoient fervilement foumifes à l'empire des Arabes; l'enthoufiafme,
dont on fut épris pour les produilions de ceux-ci, dura même fi long-tems, que
ce n'efl qu'à la renailihnce des Lettres, qui ramena l'étude de la Langue Grecque,
qu'on doit rapporter l'époque de la première levée de bouclier contre ces Méde-^
cins. Les Arabes ne furent cependant point abandonnés de toute part & dans le
même tems; ils tinrent encore le haut bout dans quelques Univerfités , pendant
que les Grecs dominoient dans le plus grand nombre des Ecoles.
Ce n'eit pas que les Arabes ne valufi'ent beaucoup pour la pratique de la Mé-
decine, & qu'ils ne méritalfent des éloges à plulieurs égards; il y auroit de l'in-
juftice à condamner généralement les Ouvrages <Sc les opinions qu'ils nous ont
laifTés. ^riiauld de Villeneuve penibit bien avantageufement fur le compte de
Rhaiès. Il avoit, félon lui, des notions claires, il jugeoit avec circonfpeflion , il
opéroit avec fermeté, il étoit d'un mérite éprouvé. Comme il faifoit grand cas
des fêtons, il a prefque paffé pour en être l'inventeur. Il fe fervoit de ventoufc»-
dans l'Apoplexie, d'eau froide dans les tievres continues!, & il en faifoit boire
abondamment à lès malades. Il faignoit hardiment dans la pente Vérole & la
Rougeole , il purgeoit beaucoup dans la Lèpre , il eraployoit les acides & la
dicte végétale, comme des moyens préfervatifs de la pefte, il condamnoit tous
les remèdes chauds dans la Pleurélie. Cçs maximes parlent d'autant plus en la,
faveur , qu'il étoit prudent & circonfpeit. Mais voici un trait qui lui fait beaucoup
d'honneur. Léon. l'Africain dit que Rliasès^ palfant un jour dans les rues de Cor-
douc , vit le peuple afiemblé , demanda la raifon de ce concours , & apprit
qu'un citoyen qui fe promenoit, étoit tombé mort. Il s'approcha, & après avoir
examiné cet homme , il fe fit promptement apporter des baguettes qu'il diftribua
à ceux qui l'environnoient , en garda une pour lui & exhorta les alTidans à l'imiter.
Alors il fe mit à frapper le corps immobile du citoyen fur toutes les parties
& fpécialement fur la plante des pieds ; les autres en firent autant. Le refte de
l'affemblée les regardoit comme des fous ; mais au bout d'un quart d'heure, l'homme
que l'on croyoit mort, commença à le remuer; il revint enfuite parfaitement à
lui, au milieu des acclamations du peuple qui crioit au miracle. Almanlbr n'eut
pas plutôt appris cet événement , qu'il fit venir Rhasès & lui dit en le compli.
mentant .• « je vous connoiffbis pour un excellent Médecin , mais je ne vous croyois
T pas homme à relfufciter les morts. J'avoue que j'entends la Médecine , répondit
3> Rhasès , mais je ne fais pas rendre la vie aux morts ; c'eft l'ouvrage de Dieu.
» Quant à ce que je pratiquai dernièrement avec tant de fuccès , je ne l'ai
» trouvé dans aucun livre de Médecine, ni ne le tiens d'aucun Maître; mais il
» m'arriva de faire en compagnie le voyage de Bagdad en Egypte. En entrani
» dans les délerts , quelques Arabes , gens de qualité , le joignirent à nous.
21 H E 61
♦• En chemin faifant , un d'entre eux fe laiiïa tomber de fon cheval , comme s'il eût
■o été mort. Un vieillard de notre troupe mit pied à terre fur le champ , & cou-
» pant une poignée de verges , il nous en diftribua à tous , & nous commençâmes
T> à nous exercer lur le prétendu mort, comme nous fimes il y a quelques jours
« fur le citoyen de cette ville , & avec le même iuccès. Tout le mérite de ma
« cure fe réduit donc à avoir remarqué que le cas du citoyen étoit le même que
» celui de l'Arabe : quant à l'événement , c'eft un pur hazard. » Ce récit plut
à Almanibr qui dit avec admiration à Rhasés ^ que le pays qu'il habitoit, pouvoit
fe vanter de pofféder en lui un Galicn: à quoi Rhasès répliqua modefiement, l'cx-
përkncc vaut mieux que le Médecin. Ce trait fait voir combien grande étoit l'eftime
qu'Almanfor faiibit de notre Auteur ; rnais fi l'on en croit ce qui efl: rapporté dans
les ylnalecta d'Hottingcr, d'après un certain Jbn Chalicam , Rhasès fut enl'uite
difgracié. On dit que ce fut à l'occafion d'un Livre de Chymie qu'il dédia.
à Almanfor , & dont la dédicace lui valut une récompenie de cent deniers;
comme il ne put exécuter ce qu'il avoit promis dans ion Ouvrage , il fut puni
& banni.
- RHEAD , C Alexandre _) EcofTois , fut reçu Do61;eur en Médecine à Oxford
le 29 Mai 1620 , par ordre du Roi Jacques I. Le Collège Royal de Londres
l'admit enfuite au nombre de fes Membres , mais il ne tarda pas à voir que
Rliead n'avoir point iaifi l'efprit de cette Compagnie , en y entrant ; car il fe
fit recevoir dans la Société des Barbiers-Chirurgiens , & s'occupa davantage de
leurs fondions , que de celles de Dofteur en Médecine, Matthias , qui met la
mort de Rhead en 1650 , ajoute qu'il légua deux cens livres fterlings & toute
la Bibliothèque à l'un des Collèges d'Aberden , & qu'il laifla plulieurs Ouvrages
en Anglois. Tels font :
Chirurgical le&ures of tumours and ulcers. Londres, 1635, /n-4.
Chirurgical kcfares concerning the wourds. Londres , 163^ , fn-4. Il y détaille afiez^
amplement tout ce qui regarde les moyens qui conduifent les plaies à la réunioiï
& forment une bonne & folide cicatrice.
Manual of dijfcction. Londres , 1652 , in-12.
Vefcription of the body of man. Londres , 1654 , in-4 , avec figures.
RHEEDE ,( Henri VANJ) Gouverneur Hollandois au Malabar, vécut dans te
XVil (iecle. Il dépenfa de grolfes ibmme* d'argent pour faire deffiner & peindre
les plantes , dont on voit les figures dans un Ouvrage imprimé à Amflerdam
en douze volumes in-folio , fous le titre d'Hortus Malabaricus. La première partie
parut en lojB , la féconde en .1679 , la troifieme en 1682 , la quatrième ea
1683 , la cinquième en 1685 , la uxicme en 1686 , la icptieme en 1688 , la
huitième en la même année , la neuvième en 1689 , les dixième & onzième
en i6qo , & la douzicme en 1703. C'eft un recueil incomparable , foit pour le
nombre des planches qui fe monte à. f 00 , foit pour celui des plantes nouvelles
& la jiifttlfe avec laquelle elles font repréfentées. Le Père Jean-Matthieu de
Saint Jofeph , Carme Napolitain &c Milïionaire à Cochin fur la côte de Ma-
labar 5 fut le premier que f-'ùii Rhadi employa à peindre les Heures des plantes i
62 R H E n. n I R H o
Jean Cafearius corrigea les defiins & les dcicriptions ; les Médecins du pays y
mirent les noms de chaque plaate ; Arnould Sym , ProfclLur de Médecine &
de Botanique à Leyde , Guillaume Tew Rhynz , Théodore Wlmelovcen , Jean Com-
jndin. , Jean Munnicici , FrofcUeur de Botanique & d'Anatomie à Utrecht , Abrw
kam Foot , Frciltric Ruyfch , & d'autres y ajoutèrent les fynonymes reçus par les
Botaniftes , d,es notes intérellantes , ou corrigèrent ht didVion. Gafpar Commelin
iit la Table de tout l'Ouvrage , ibus le titre de Flora Malabarîca. L'exécution
d'un dell'ein audi grand qu'il eft avantageux à l'Hiftoire Naturelle , met la mu-
niticence de f^an Rheede prelque à l'égal de la libéralité des Rois.
RHEGINOD ou RHEGINUS, (Guillaume) Médecin de Lyon qui fleuriiïbit
vers le milieu du XVI liecle , a compofé un Ouvrage , dont le titre annonce
combien l'Auteur étoit laborieux , & combien il avoit fait de recherches en vue
de perfedionner fon Art. Ce Livre eft intitulé :
Medicints exercitamenta ex fckcUs lingu<£ utriufque Authoribus illuftrata. Lugduni ,
1564 , In-folio.
RHIEM , C Jean-Luc J Membre de l'Académie Impériale des Curieux de la
Nature , fous le nom de Myrcpfus , étoit de Cobourg en Franconie , où il naquit
le 27 Juillet 1656. Il commença Ion cours de Médecine à Leipfic , & le finit à
Altorf par la prife de bonnet de Dofleur en 16^2. Albert, Duc de Cobourg,
le choiiit pour Ion Médecin en 1689 , & le nomma peu de tems après à la Chaire
de Phyfique dans le célèbre Collège de la ville de ce nom. En 1704 , Rhlem ob-
tint l'eaiploi de Médecin Provincial, & parvint enfin à celui de Conieiller du Duc
de Saxe. 11 mourut le 27 Octobre 1720. C'eft tout ce qu'en dit George Matthias
qui ne lui attribue aucun Ouvrage.
RHODION. Voyez EUCHARIUS RHODION.
RHODIUS ( Ambroilé ) vint au monde, le 18 Août 1577 , à Kemberg ,
petite ville du Cercle Eledoral de Saxe, à deux lieues de Wittcmberg. Il fit
d'excellentes études dans ce dernier endroit, où il lut reçu Maître-ès-Arts, &
fe rendit enfuite à Prague pour apprendre l'Aftronomie fous Tycho-Brahé ^ & pro-
fiter des inftruéUons de Jean Kepler qui étoit pafTé en Boh-:me , l'an 1600 , à la
foUicitation du môme Tycho-Brahé. Rkodius fit de fi grands progrès fous ces ha-
biles Maîtres, qu'il le trouva en état d'enfeigner les Mathématiques à Wittemberg;
mais comme il y étudioit en même tems la Médecine, il fe fit recevoir Dodeur
en cette Science le 7 Oiflobre 1610. Bientôt après , il voyagea en Dannemarc
& en Norwege , & s'étant fixé à An(lo dans ce dernier Royaume , il y exerça
non feulement la Médecine, mais il y remplit encore les Chaires de Phyfique'
& de Mathématique pendant long-tems. Malheureufement pour lui, il fortit de
fa fpherc ; fon caraî^ere remuant le porta à fe mêler des aflaires publiques.
Vid\ime de fon imprudence, il fat jette en prifon où l'on croit qu'il mourut le
25 Aoijt 1633. Manget parle différemment de fa fin; il dit qu'il périt d'Apoplexie
à Wittemberg.
Od a difiérens Ouvrages de la façon de Rhodius , comme Dialo^us de tranfmi.
RHO 6*
gratîone anîmarum Pythagorleà. Un Traité d'Optique , avec un autre des Crépufcules»
Difputationes de Scorbuto. Hafnlte , 1635 3 Jn-4.
Difputadoncs faper ideain Midicina Fliilofophias Pétri Ssverinî. Hafnits , 1643, in-^,
RHODIUS , CJean ) habile Médecin & Antiquaire, étoit de Copenhague, où
il naquit vers 1587. Les études qu'il fit dans l'a patrie lui réuflirenr, mais l'envie
de fe perfectionner le porta à fe rendre en Italie pour y luivre les plus grands
Maîtres. Il étoit à Padoue , en 1614, fans autre delilin que de s'y arrêter pen-
dant quelques mois, avant de pafier ailleurs; l'agrémcnî qu'il trouva dans cette
ville , lui fit cependant changer de réfolution ; car il prit le parti de s'y fixer.
Comme il aimoit fa liberté, il ne voulut prendre aucun engagement; ni le mariage
avantageux qu'on lui propofa , ni la Chaire de Botanique & la direéVion du Jardia
des plantes qu'on lui préfenta en 1631 , rien de tout cela ne put le faire changer
d'avis. Il penfa de même lorfqu'il retourna à Copenhague en 1^640; il refufa la
Chaire de Phyfique qu'on lui offrit dans cette ville , & ne longea plus qu'à revenir
à Padoue , où il mourut le 14 Février 1659, à l'âge de 72 ans.
Ce Médecin a écrit beaucoup plus d'Ouvrages qu'il n'en a paru fous fon nom,
car on alFure qu'il travailla pour bien des gens qui fe firent honneur de fes pro-
dué^ions. 11 laiffa même, en mourant , plufieurs Traités qui étoient prefque achevés,
& dont Bartholin enrichit fa Bibliothèque, mais qu'un incendie coniuma avec elle.
Voici les titres des pièces qui nous relient fous le nom de Rhodlus :
Libellas de natura Alediclms. Patavlî , 1625 , t'!-4.
De Acla , DiJJertatio ad Cornelii Celjl mentent , quâ unlverfa fibule ratio explkatur,
Pataviif 1639, jfi-4. Hafnie , 1672, /n-4, par les foins de Thomas Bartholin. Cette
DifTcrtation parut encore â Lunden en Suéde fous ce titre: ^ntiquitatcs à Celfo
5? Rhodlô de ^cia , ab Interita vindicatce. 1694, in-4. Jacques Chlfflet & ^llphonfc
Nunne^ ont voulu prouver que V^cia de Celfe étoit un fil rnétallique; mais Rhodlus
a démontré que c'étoit un fil de lin tors , avec lequel les Anciens failoicnt les
futures, ou comme ils les appelloient. Fibule. Pour mieux apprécier le fentiment
de Rhodlus , il n'eil point hors de place de rapporter ici les paroles de Celfe :
Utraque Ç futur a vel fibula _) optima eft ex acia molli ^ non nimis torta, quô nihiùs cor-
porl infideat. Un fil de métal pouvoit-il ne pas blefièr les chairs, parce qu'on avoit
pris la précaution de ne le tordre que légèrement'?
^nalecîa & Not£ In Septalii ^Inimadverfiones & Cautlv.nes M:dlcas. Pataviif 1652,
i5;9, in-B. On y trouve'plufieurs remarques fur la Chirurgie & les Médicamens
Nota & Lexlcon In Szrlbonlum Largum de compojîtlone medicamentorum. Ibidem ,
1655 , //I-4-
Obfervatlonum AnatomlcoMedicarum Centuria très. Patavii , 1657 •> '""■B- ^''^«'^o-
furn , 1676 , m-8 , avec les Hifioires & Oblervations Médico-Phyfiques de
Pierre Borelli. Comme Rhodlus vécut afTez long-tems avec Dominique de Mur.
chettls ^^Mollnetti & plufieurs autres Profeffeurs de Padoue , il profita des cho-
fes qu'if en avoit appriies , pour grofiir le nombre de fes Oblervations.
Mantijfa ^natomica. Hafnue, 1661 , m-8, avec les Ve- & VJe. Centuries d'Hiftoi-
res Anatomiques de Thomas Bartholin, Ce qui appartient à Rhodlus ne contient
Si R H U
que trente-deux page? , & c'cR un Journal dans lequel il rapporte les faits 1«
plus rares qu'il avoit oblervés dans fcs diUeilions particulières , ou en fuivant
les leçons de fes Maîtres.
RHUMELIUS ( Jean-Conrad ) naquit le 13 Février T574 à Nordlingen
dans la Souabe. II n'eut pas plutôt reçu le bonnet de Dodeur en Médeci-
ne , qu'il alla s'établir à Neumarck dans le Haut Palatinat ; mais il fut obligé
d'en fortir en 1628 , p?rce qu'il ne profeflbit pas la Religion Catholique Rc-
maine. 11 fe retira alors dans les environs de Nuremberg , & il y mourut le
23 Janvier 1630.
L'ainé de les fils , Jean-Conrad ^ vint au monde à Neumarck en 1597. H s'ap-
pliqua à la Théologie , mais il la quitta bientôt pour prendre le parti de la
Médecine qu'il alla étudier à Heidelberg & à Strasbourg/Après quelques îinnées
de féjour dans ces deux villes , il voyagea en France , en Angleterre , en
Ecofié & en Hollande ; & à fon retour en Allemagne , il fer vit en qualité de
Médecin dans l'Armée du Comte de Mansfeld , qui s'étant jette par mécontentement
dans le parti des Princes Proteftans , devint l'un des plus dangereux ennemis de la
Maifon d'Autriche. On ne fait où palTa Rhumdius après la défaite de ce Général
en 1626 ; mais on n'ignore pas que la mort de fon père le rappella dans fa fa-
rnille , où il ne s'arrêta pas long-tems. Comme il vouloir fc faire recevoir Doc-
teur en Médecine , il pafia à Altorf & il y prit le bonnet le 29 Juin
1630. Le 29 Janvier de l'année fuivante , il fe fit aggréger au Collège de
Nuremberg, & ne tarda pas à gagner la confiance du public. Ses fuccès furent
tels , qu'ils lui procurèrent une réputation qui fe répandit dans prefquc toute la
Franconie. Sa mort fut honorée des regrets de fes concitoyens qui le perdirent
Je premier jour du inois de Septembre 1661,
Gtorgz Matthias ^ Manget ne ïont pas d'accord fur les Ouvrages qui appartiennent
è Rhumelius père & fils. Suivant le premier , la plupart de ceux , dont je vais
donner les titres , font de la façon du père ; & fuivant le fécond , ils font tous
de la compofition du fils. Comme l'une & l'autre de ces afiertions peuvent être
vraies , je ne m'arrêterai point à les dilcuter ; il efl cependant plus probable que
le fentiment de Matthias doit prévaloir fur celui de Mangzt, Voici les titres que
ces Ouvrages portant :
^rthrlth en ans. Norimbcrgie , in-^.
JProvhylaxis Medko-Pradlca Luis Ep'idzml^. Tbldem , 1624, in-2.
Panus humanus , five Dljfertatlo de humani partùs naturâ , temporlbus & caufis. IbU
dm , 1624 , ii-8.
Hiftoria morbi qui ex caftrh ad raflra , à rajîrls ad roftra , ab hls ad aras & fucos
în Palatlnatu fuperloris BavarU penetravlt annô 1621 , & permanfit annls it522, 1623.
Norlmberg<e , 1625 , In-S.
Loimographia. Ibidem , 1626 , ia-8.
Theologia vegetabUls carminlcè fcrlpta. Ibidem , 1626 , in-8. •
Philofophla anlmalh , P^lvariô , uiviarlô , Natatorlô recenjlta & carminlcè fcrlpta.
Ibidem , 1630 , in-S. .
Jean-Pharamond Rhumelius , fils cadet du premier dont nous avons parle , a
4onné au public : Compendium
R I C 65
Compendlam ffertnsdcum Je macrocofmo & mlcrocofmo. Francofart'i ^ 1635, '«-la^avec
un Difpcnfaire Chymique.
Opufcula Chymico-Magica Mcdica de curatlone herniarum. i6S)2,-> '«-12.
Medicîna fpargyricè tripartlta. Francofunl , 1662, in.11.
RICCHI , C Auguftin^ Médecin de Jules III qui gouverna l'Eglife depuis le
5 Février 1550 jufqu'au .23 Mars 1555 , fut un de ces iavans perfonnages que les
grands Hommes du XVI liecle honorèrent de lear eftime & de leur correfpon-
dance. Il mit en Latin plufieurs Ouvrages de Galien , qui parurent à Venife , in-'Q ,
«vec des notes de fa façon.
RICCI ou RICIUS , ( PaulJ) Juif Allemand , s'appliqua à l'étude de la Mé-
decine , après avoir embraffé la Religion Catholique. Comme il étoit bien au fait
de la Philofophie de fon tems , il fut chargé d'enfeigner cette Science à Pavie ,
6 il le fit avec tant de réputation dès le commencement du XVi fiecle , que
l'Empereur Maximilien I le rappelîa en Allemagne & le mit au nombre de
fes Médecins. Ce ne fut point du côté de l'Art de guérir que Ricci fe diftingua
le plus ; il brilla davantage par fes autres connoiflances. On lui doit cependant
une édition à'^lbucafii , qui parut à Ausbourg en 1519, in-folio: M. Portai l'at-
tribue mal-adroitement à un certain Pae Ricclus , fans faire attention que la lettre
capitale P , qu'on trouve dans l'Hiftoire de Freind , eft la première du nom de
Paul qui eft celui de l'Editeur. Ricci fait un grand éloge à" yllbucafis ; il a même
beaucoup contribué à faire connoîtrc ce Médecin Arabe , dont les Ouvrages n'a-
voient point encore vu le jour en Latin , avant l'édition que Jean-Matthieu de
Cradibus fit paroître en cette Langue dans le XV fiecle.
Quoiqu'on ait beaucoup loué Ricci pour fa politefle & fa modération , quoi-
qii'Erafme même ait parlé avantageulement de lui dans la dernière lettre de
ion premier Livre , il fe fit plufieurs ennemis , entre autres , Jean Ecldus , favant
Dodteur & Profeffeur de Théologie à Ingolftadt. Il eut une vive difpute avec
lui , qui rouloit fur la queftion , fi les cieux font animés 1 Ricci qui tenoit
pour l'aifirmative , avança là deffus des fentimens qui le firent pafTer pour un
cfprit ûngulier , & qui lui attirèrent le jufte mépris de fes contemporains. Il
penfa mieux fur d'autres fujets ; car il écrivit plufieurs Ouvrages pour amener
les Juifs à la vérité & les convaincre d'une manière à difiiper leur aveugle-
ment : mais fon zèle pour la converfion de fes frères a quelquefois paffé les
bornes de la modération , puifqu'il s'emporta jufqu'à publier une Harangue pour
animer les Allemands à leur faire la guerre,
RICHA (Charles) naquit en 1628 dans le Marquifat de Saluées en Piémont,
& mourut à Turin le 23 Odîobre 1717. Son favoir & fa grande expérience
le firent connoître à la Cour , où il occupa l'emploi de premier Médecin de fon
Souverain. Il fe diftingua aufti dans la Chaire , & les meilleurs Praticiens du
Piémont le font fiiit honneur d'avoir été fes difciples, Richa a laiil'i plufi:uri
Ouvrages , comme trois Centuries de Confultations avec les Réponfes , un Livre
TOME IV, 1
6(5 R I C
fur les maladies des femmes ; mais tout cela efl demeuré en mains de fon
tils qii n'a pas jugé à propos de les mettre au jour.
Le dépolitairc de ces Ecrits fut Pierre- Paul Richa qui vint au monde à
Turin le 25 Janvier XG65. II étudia la Médecine avec tant d'ardeur & de
fuccès , que ion père prévit dès-lors tout ce qu'il feroit un jour. 11 étoit encore
bien jeune quand il fut reçu au nombre des Médecins de la Cour , mais il
s'y comporta avec tant de prudence & de fagefle , qu'il fut honoré de la bien»
veillance du Prince & mérita l'eftime des Courtifans. Ses talens le tirent monter
à la place de Médecin -Confeiller , fes cures lui procurèrent d'abondantes ri-
chefi'es , & fes fuccès la plus haute réputation. 11 fe maria très-honorablement
& fut père à cinq fils & quatre filles.
L'ainé de les fils naquit à Turin le 24 Septembre 1690 , & reçut le nom
de Charles au Kaptême. L'exemple de fon père & de fon aïeul lui infpira du
goût pour la Médecine, & ce goût ne fit qu'augmenter à la vue des progrès
furprenans qu'il fit dans l'étude de cette Science , & de plus grands encore ,
dont il fe lentit capable. 11 n'eut pas plutôt reçu le bonnet de Dofteur dans
fa patrie , qu'il fe mit à voyager. Ses premiers pas fe tournèrent vers l'An-
gleterre , où il favoit que la prcfcfiion étoit en honneur & méritoit de l'être.
La juftice qu'on y rend aux talens des grands Maîtres, y entretient la noble
émulation qui en multiplie le nombre. Il demeura près de trois ans dans ce
Royaume , &c delà étant pall'é en Hollande , il s'arrêta à Leyde pour y profiter
des leçons de Bocrhaave qu'il fuivit pendant toute une année.
A peine étoit-il de retour dans fa patrie, que le Comte de Mafley fut nommé
à la Vice-Royauté de Sicile. Ce Seigneur l'engagea à l'accompagner dans cette
llle , & il y demeura pendant deux ans. Mais il étoit tems que la ville de
Turin profitât de l'avantage de voir Richa fixé dans l'enceinte de fes muiH ;.
il y revint , & comme il éioit tout dévoué au fervicede fes compatriotes, il fit
parmi eux la Médecine avec le plus grand fuccès , pendant quii l'enfeignoit
dans fa roaifon avec beaucoup de réputation. Le miférable état des Ecoles de
Turin fut la raifon -qui l'engagea à fe borner à l'enfeignement privé ; il aima
mieux de former quelques Elevés choifis par des inftrudions domeftiques , que de
le mêler parmi les Profefl'eurs publics qui s'acquittoient mal ds leurs devoirs.
Le koi fut enfin informé du mauvais ordre qui regnoit dans la Faculté de
Médecine de fa Capitale , & pour en rétablir le luttre & rendre fes Ecoles
tloriffantes , il ordonna à Richa d'y faire des Cours d'Anaromie. Ce Médecin
remplit cette commifiion avec une dextérité & une intelligence qui correfpon-
dirent aux vues du Prince : chacun de les Cours fut ouvert par un Dilcours
éloquent qu'on eut foin de faire imprimer. Ces pièces Académiques procurèrent
le double avantage de faire renaître l'émulation entre les Doéteurs , & de ré-
veiller l'amour de l'étude parmi les dilciples. Mais Richa ne fe borna point
à être utile aux uns & aux autres ; il étendit fes vues plus loin , & voulut
travailler encore à l'avancement de la pratique médicinale. Comme il connoifibit
toute l'importance de l'obfervation , il commença , en 1721 y à publier l'Hif-
toire des maladies régnâmes dans la ville de Turin & fes euvirons. bon pre-
BUfir Recueil parut fous ce litre >
R 1 C 67
Morlorum vu7gartum TTiflorla , fm , Conftitutio Epidemlca Taurînenjîs annî ij'îo;
'^ugujt<e Taurinorum , 1721, «'«-4. Ce volume fut fuivi de ces deux autres;
Conjtituiiu Epidemica altéra. Ibidem , 172a , in-4.
Conjtitutio Epidcmica ténia. Ibidim , 1723 , «71-4.
RICHAI^D , Médecin cité par ^Jîruc dans fon Hifloire de la Faculté de
Montpellier , vécut du tems de Gilles de Corbeil qui en parle ainû dans ion.
Ouvrage De compojîtorum medicamentorum virtutlbus :
Q_ub PeJJulanus nijî Mous auEîore niteret ,
Juin dudum Phyjicts laus eccUpfata fuijjht ;
Qui vctulô canos profert de pectore fcnfus «
Klchardus fmior plus quàm tseatc fenilL
. Une défignation aufîî vague , pourfuit uiftruc , ne pertnet guère de décider de
quel Médecin Gilles de Corbeil entend parler. Cet Hiftoricn avoit foupçonné pen-
dant quelque tems que ce pourroit bien être de Rigord du Bas-Languedoc «
d'autant que les noms de Richardus & de Rit^ordus lui paroiffuient être les même=.
Mais ayant réfléchi combien fes Ibupçons étoient ma! fondés , il fcntit que fi
Gilles avoit eu Rigcrd en vue , il auroit déligné ce Médecin par quelque en-
droit plus marqué , que du moins il ne l'auroit pas rendu mécoonoin'able en
défigurant fon nom , puifque la mefure du vers permettoit de l'employer auHi
facilement que celui de Richardus. M. Lorry , Editeur à'y^ftruc, ne i/i'ic aucun
doute fur la diveriité de perlonne entre Richard fa Rigord ; celui ci , dit-il dans
fa note , étoit à l'Abbaye de Saint Denis ou à la Cour antérieurement à celui-là ,
qui étoit déjà vieux lorfqu'il enleignoit à Montpellier
On trouve à-peu-près dans le môme tems deux Médecins qui portoient le nom
de Richardus. L'un , qui étoit de Paris , a écrit , félon Schenckius , un Traité De
Febribus imprimé à Venife en 1514, in-folio, à l^yon en I517, ''1-4, à Kâle en
1535 , in-fuUo, avec quelques Ouvrages fur la même matière. L'autre , qui étoit
d'Oxford, dont le ncm étoit /f endmere , s'acquit beaucoup de réputation dans
fa profeilion, & fut premier Médecin du Pape Grégoire IX , élu le ao Mars
1227 & mort le 22 Août 1241. yijîruc , que je fuis, doute de l'cxiftence de i?.-
chard de Paris. Il lui ferable qu'on le confond avec Richard d'Angleterre, Auteur
de Chymie qui cite Arnauld de Villeneuve, & qui par conféquent n'a pu vivre
que dans le XIV fiecle. On a de Richard d'Angleterre un Ouvrage intitulé : Cor-
rediorium , qui le trouve dans le Recueil de Gratarole im.primé à Bâle en 1561 ,
in-folio, & dans le fécond Tome du Théâtre Chymique qui parut à Strasbourg
en 1613 , in 8.
Si Richard d'Angleterre eft le même que Richard de Paris , comme yffiruc le
croit, à cauie que Sdieaclcius leur attribue les mêmes Ouvrages, le paflàge de
Gilles de Corbeil ne fauroit les regarder, puifque le Richard, dont cet auteur fait
l'éloge , a dû vivre au commencement du XlIIe- fiecle. Mais cela convient alTez
bien à Richard de IFendinere, autrement Richard d'Oxford, Chanoine de Londres,
qui paroît avoir enicigné à Paris, qui a vécu, fuivant Ducange , en 1230, -& qui
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eft inort en 1152 , fclotl Matthieu Paris. Le tem; quadrera même encore mieuîf^
pourl'uit ^flruc , fi l'on fuppofe que Gllks de Corbeil n'a compiié l'Ouvrage-,
où il en eft parlé, que fur la ftn de fa vie, par conlequent environ l'an 1230,
ou môme plus tard , puifiqu'il eft certain qu'il iurvécut à Philippes-Augufte mort
en 1223, & peut-être à Louis VIII qui finit fes jours en 1226.
Telles font les eonjeéliures d'^f/?ruc fur l'ancien Richard, dont parle Gilles; les
difcuHions, dans lelquelles il eft entré, ont donné de l'étendue à cet Article de
fes Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de la Faculté de Médecine de Montpellier.
En revanche, il eft fort fuccint dans ce qu'il dit fur Sébajlien Richard, Docteur
de la même Faculté , qui a publié à Lyon, en lûig, _'n-8, un Traité des Bains
de Digne en Provence.
Je dirai maintenant un mot d'un Médecin de nos jours & du même nom. C'eft
M. Richard de Hauterjierk, Ecuyer, Médecin Confultant du Roi & Chevalier de
fon Ordre, ancien premier Médecin des Camps & Armées de France, de l'Aca-
démie de Gottingue & de liezier?. Il a publié .•
Formulte medlcamentorum Nofocomiis militaribus adaptât^. Parljîis, 1761 , m-4.
Recueil d'Obfervations de Médecine des Hôpitaux militaires. Paris, 1766, 1772,
deux volumes jn-4. Il ne fe peut rien de mieux que ce Recueil pour établir une
règle de pratique relativement aux différentes conftitutions des villes, où les fol-
dats font en garnilbn. Cet Ouvrage deviendra, fous la direction de M. Richard y.
un Code précieux de Médecine Militaire, dans lequel on trouve déjà des Mé-
moires fur la nature de l'air , des eaux , du fol , & des autres circonftances deg
lieux, où font fitués les hôpitaux, qui peuvent influer fur la l'anté des fol-
dats. On y trouve encore des Obiervations fur les maladies régnantes, fur les
épidémies, fur les cas particuliers & nouveaux qui fe font préfentés dans la
pratique de la Médecine & de la Chirurgie ; on a même pris le loin de marque*
le rapport que toutes ces maladies peuvent,- avoir avec l'état de l'athmoiphere.
RICHARDOT , ( Camille ) Médecin de S. A. R. Léopold , Duc de Lorraine
& de Har , fit imprimer à Nancy en 1722 , in-ii , un Nouveau fyjUme des Eaux
chaudes de Plombières , de l'Eau froide dite Savonneufe & de celle de Sainte Ca.
therine , aufli de Plombières, L'Auteur, après avoir beaucoup raifonné d'une
manière vague & peu inftrué^ive fur la caufe de la chaleur des Eaux de Plom-
bières , penfe que ces Eaux font naturellement chaudes , comme d'autres font na-*
turellement froides, d'autres naturellement falées. Ceci revient à-peu-près au grand
mot de qualité occulte , par lequel on tranchoit anciennement un bon nombre de
ditiicultés. Mais Richardot avoit annoncé quelque chote de mieux ; il n'a cepen-
dant rien dit de pofitif fur la raifon pour laquelle les Eaux de Plombières font
aaturellement chaude?» '
RICHER DE BELLEVAL. Voyez BELLEVAL.
RICHTHAUSEN , Gentilhomme Allemand, a fait beaucoup de bruit dans
le XVII fiecle. Les Auteurs de Chymie qui croient la tranfmutation des métaux
polîible, lui ont attribué une opération bien furprenante. Ils difent que l'an 1648.
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51 convertit trois livres de mercure en or, avec un feul grain de poudre, en pré-
l'ence de l'Empereur Ferdinand 111 ; ils ajoutent même que ce Prince le créa
Baron, fous le tiire de Caos, & qu'il fit frapper une médaille de cet or chymi-
que. On chargea d'infcriptions les deux faces de cette médaille. Sur l'une, on
voyoit la figure d'un jeune homme nud qui avoit le foleil pour tête , tenoit de
la main droite la Lyre d'Apollon , & portoit de la gauche le.Caducée de Mercure?
la devile étoit :
Divlaa metamorphojls exhiblta Praga
XV Jan. 1648
Jn pr£f. S. C<sf. Ma}. Fcrdin. III
Sur le revers on lilbit:
Raris hec ut hominibus nota efi jiTS ,
Ità rarà in luccm prodit :
Laudctur Dcus in sternum ,
Oui partent infinita fu<e fcientiis
^bjcclijjinils fuis crcaturis communicat^
Cette médaille , qu'on' trouva dans l'écritoire de l'Empereur , fut donnée à
Zweljjer par Léopold I, fucceffeur de Ferdinand 111. Zwdffèr lui même raconte
le fait dans le premier Chapitre de la première Partie de fa Maniljfi Spargyrica ,
où l'on voit l'empreinte de la médaille, telle qu'on la trouve encore dans l'Œdipe
Chymique de Bêcher. Si je prends la peine de rapporter les propres mots de
Zwclffir, ce n'eft point pour qu'ils foient des motifs de crédibilité ;\ ceux qui les
liront , mais uniquement pour faire voir combien les préjugés s'étaient de tout ce
qui paroît leur être favorable. Hoc, quod coram intueris , Numifma , dit ce Médecin,
conjlat ex aura , quod è vulgari Mercurio tin&um fuit ; cujus libres très intégras ipfe
Ferdinandus III Imperator , gloriofe mémorise , manu prcpriâ , in libras ducs â?
dimidiam auri puri, bénéficia unius grani Tinciurts Phllofophorum , tranfmutavit. Faljfknt
qu'idem integr<e très Ubr<e Mercuriî'tranfmutatce , nifi tingenda Mercurii majfa femillbrà illâ
priportionem Tinciurte fuperajfct. Neque hic locum habent infidcs forfan multorum retorjîones ,
fuijje magnum hune Monarcham ab impnjîore quopiam illicio quôdam incfcatum , fappojîtitid
quodam aura , ad majora aucupanda. Exulent procul indigna ejufmodi ncenits vira probrape :
caderc hoc in Pr'incipem tàm circumfpecfum , ^ avi nofiri Salomonem y nonpotuit ; urjote qui
tecbnas , ac mille gyros & anfracfus ejufmodi tenebrionum & pfeudo-^lchymicorvm ex ajfc
perfpecfos habuit, quibus obviaret , ut veritatem & natura abdit^ erueret . . Undè Fcrdinan-^
dus JII hoc Numifma in tantum redamavit , ut illud confueto ^ulee magnifico Thefauro adjungi
pajfus non fuerit , fed fecretijfimo , S§ conclavis fui fcriniulo inch:f:rit , nullo., aut paucis arbitris.
Undè accidit ,quod,cum recentijfimè ego , apad Sacratiffimam Majsfiatem , Lecpoldam ^ per^ qf-
dinatum &aulicum TheCaurarium Nob. Dn.Joannem Ladner , hujus rarlffimi Nunufmaiis , ac
vcTè l'hcfduri, mcntionem fecijfem ; neque Sacrat'iffimus Cafar , neque ihefaurarlus , hujus noti-
îiam ac copUm habcre perhibuerint ; ufque duniy me humiUter injlante , ClemciuiJJ'imus IrO"
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jterator , in fecretljfima arcuca reperît , mihlque , ai 14 fcrè dierum fpatlum , ut âomi
meis terl incUendum cajtndirem , clanzndjjmè concejjh. Exhibait auum hoc granum
Tin&ara Fcrdinando III vit quidam Nobdis , cognomentd Richthaulen , guem deindè
ad Buronis, fdjiigium evex'u , mata propnô , Sacra Mojejlas^ & Vomiai de Chant tituld
infi^nint. Ain(i parle Zwelffcr qui , pour appuyer le l'yllême de la trani'mutation
des métaux , dont il ctoit grand partifan , rapporte d'autres liifloires , aux-
quelles la laine Philolbphie n'KJoutc pas plus de foi , qu'à celle arrivée à l'Em-
pereur Ferdinand III. Feu importe qu'on produife ce Monarque comme témoin :
la cliarlataneric des Alchymilies en a plus d'une fois impofé aux Princes , fur-
tout en Allemagne , où les recherches fur le Grand-Œuvre occupoient beaucoup
de monde dans le XVll fiecle.
On pourroit rapporter quantité d'autres Hiftoires que les Alchymifies ont in-
ventées , & que la crédulité de leurs feiliateurs a adoptées ; mais en quelque
grand nombre qu'elles foient , elles ne pourront jamais convaincre ie Philo-
sophe de la pollibilité de la tranfmutation , parce que ie bon fens & la raifon
féclameront toujours contre elle. Je ne puis cependant palier fous filence un
dernier trait qui regarde Richthaufeii. C'eft Monconys qui le rapporte. Ce fameux
Voyageur , fils du Lieutenant -Criminel de Lyon , nous apprend comment la
poudre ou la teinture en queftion étoit tombée dans les mains de ce Gentil-
homme & de qui il la teno't ; il appuie même Ion récit du témoignage de
l'Eledieur de Mayence , qui lui conta le fait à la Diète de Uatisbonne en
1664. Voici ce que dit Monconys. Un nommé La Bufaidkrc demeuroit à Prague
dans la maifon d'un homme de qualité , qu'on croit être le Comte de Schlick,
Ce La Bufardiere étant tombé malade & fe trouvant fur le point de mourir ,
écrivit ou fit écrire à de Chaos , fon ami , de venir à Prague le plus promp-
tement qu'il lui feroit podible ; mais celui-ci ne put faire allez de diligence ,
en forte que le malade étoit mort depuis quelques heures , lorfqu'il arriva. La
première chofe que fit de Chaos , ce fut de s'informer fi fon ami n'avoir rien
laifle qui dût lui être remis. Le Maître de la maifon lui montra une certaine
poudre que La Bufardiere lui avoit donnée en dépôt , mais dont il ne con-
DoiRbit pas l'ui'age. De Chaos fe fervit de la poudre , l'emporta & fit avec elle
plufieurs projcdtions. Elle fut éprouvée pour la première fois eu préfence du
dernier Empereur , qui fit frapper , de l'or produit , une Médaille qui porte
fur une de fes faces la figure & les attributs de Mercure ; & fur le revers.
le jour & l'année auxquels la Médaille a été frappée. Il auroit dû dire le jour &
l'année auxquels la prétendue transmutation a été faite. Mais je palTe fur le conte
rapporté par Monconys ; il y a long-tems qu'on a accordé le privilège de mentir à
■ ceux qui courent le monde , & ce privilège eft double , lorfqu'on efi: encore fouffleur, '
RICOME ,( Laurent J de Montpellier, naquit le 24 OfVobre 1654, Quoique
fon éducation n'eiàt rien que d'ordinaire , la beauté de fon génie perça & fit
voir de bonne heure combien il étoit propre aux Sciences. Après fon cours d'Hu-
manités au Collège des Jéfuitcs, il fe livra aux Jîelles-Leitres & à l'étude de la
Philofophic. Il prit du goût pour la Phyfiquc & l'Hiftoire Naturelle , & ce goût
R 1 D 7î
ïe dérermina à prendre le parti de la Médecine , qu'il étudia dans fa ville n^îtale ,
où il reçut le bonnet de Dodeur à làge de 22 ans. Peu de tcms après Ta pro-
motion,'il fut nommé Médecin ordinaire de l'Hôtel-Dieu. Les ftrvices qu'il
rendit à cet Hôpital , le zèle avec lequel il fecourut les pauvres , la fagelTe qui
accompagna toutes fes démarches , lui attirèrent l'eftime & la confiance de M.
Pradel, Evêque de Montpellier, & ce Prélat le prit pour un de les Médecins»
fur-tout durant fa dernière maladie. 11 aimoit à le confulter & à s'entretenir avec
lui ; & ce fut entre fes bras qu'il mourut.
Rlcome fe livra davantage à l'étude de la Botanique qu'à la pratique de la Mé-
decine; & pour réuflir dans fon occupation favorite , il n'épargna ni veilles , ni
voyages. Son tempérament en fut confidérablement altéré ; mais il s'en appcrçuf
trop tard. Lori'que Magnol ^ célèbre Botanifte & Dod^eur en Médecine de la Fa>
culte de Montpellier, fut appelle en, 1708, pour remplir la place de Tournefort
à l'Académie des Sciences de Paris, il ne le trouva pas de meilleur fujet que
Ricome, pour remplir celle que Magnol laiffoit vacante dans la Société de Mont-
pellier. 11 eut tous les fuffrages de cette Compagnie, à qui il fit part d'une ex-
cellente Diifertation fur les plantes. Cet Académicien mourut le 24 Août I711.
RIDEUX, CGuillaume ) Do£l:eur de Montpellier, dont ^ftruc fait mention
dans fon Hiftoire de la Faculté de Médecine de cette ville, fut pourvu de la
Régence vacante par le décès de Gafpar Fefqaet. Ses provifions furent expédiées
à Saint Germain en Laye le ai Avril 1673; "^"'^ '' paroît par les provifions
même, que cette Régence avoit été mile au concours, que h Faculté avoit
propofé au Roi trois fujets & que le Roi avoit choifi Ric'eux. Ce Médecin
avoit du favoir & du génie, & il auroit réufli dans les fondions de fa Chaire,
ainli que dans l'exercice de la Médecine, s'il eiit voulu s'appliquer; mais il n'si-
moit pas le travail, & il fe contenta d'être attaché au Cardinal de Bonzi, dont
le fervice lui laiffoit un grand loifir. En 1698 , il obtint des provifions à la
Chaire , dont il s'étoit démis en faveur de fon fils , &-mourut peu de tems après.
Pierre Rideiix , ce fils de Guillaume^ avoit beaucoup d'efprit , & beaucoup plus
de favoir en Médecine, qu'on ne le penloit. 11 ne fe foucioit pas qu'on lui crût
des talens , parce que la nonchalance, ou li l'on veut la parefle de fon amc ,
lui fiifoit haïr toute forte d'application & de contrainte.. De ce cuté-li\, il rcf-
fcmbloit parfaitement à fon père. Il avoit quelque choie de fi doux , de fi ailé
& de fi liant dans le caradere, qu'il s'accoromodoit à celui des autres, ne con-
teftoit jamais , ou conteftoit avec une politeffequi le faifoit aimer de tous ceux qui le
connoilfoient. 11 mourut en 1707, & laifla un fils, Pierre Ridmx , qui avoit obtena
la furvivance de fa Chaire. On a de ce dernier:
Dijjertatio Pliyjico-^Jnatcmica de motu, mufculari. Monfpelil , 1710 , in-12.
Çonfpe&us in liumorum fecretio.ies m génère. Ibidem^ 1731 > ^"8.
RIDLEY , ("Henri ) Membre du Collège des Médecins de Londres, publia
à la fin du dernier fiecle un Traité du cerveau, avec plufieurs remarques fur
la Théorie du mouvement mufculaire. On y trouve quelques oblcrvations qui
ent échappé à ff^illis & à FieuJJens ^ & que les Anatomifles modcriies ont adop-
técs y. mais on en trouve aulli que ces mêincs Anatoraiftes ont rectifiées ou rc«
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jettées, L'Ouvrage de^Ridley a paru à Londres en 1695 , /n.8, fous Ce titre:
The ylnatomy of the braia, containing hs mcchanlfni and Phljlology. On a imprimé ,
en i;?05, une l'raduiflion Latine de la main de Michel EttmuUr ; & il y a encore
une édition en cette Langue , qui eft intitulée : ylnawmla cerebri comphckns ejus
mcchanifmum & Phyjîohgiam. Luodual Batavorum ^ ^725, /n-8.
Ridky a aufià écrit des obfervations pratiques & phyiiologiques, dont le Re-
cueil porte ce titre : ^
Obfervatlones quadain Medico-Pra&lciS & Phyjîologicte , inter quas patilo fujîàs Je
■uiflhmate , Hydrophoblâ & cordis in Embryons flrudiurâ , &c agitur. Londini , 1^03»
îjiS. Lugduni Batayoriim , 1738, in-B.
Il ne faut point confondre ce Médecin, avec un autre du même nom, mais
plus ancien. C'eft Marc Ridky qui, après avoir pris le bonnet de Do(fieur à
Cambridge , pafla en Ruflie , où il fut Médecin des Marchands Anglois & en-
luite du Czar. Il revint à Londres au commencement du XVil fiecle , fe fit rece-
voir dans le Collège de cette ville, & parvint à la charge d'Eledcur de fa Com-
pagnie. On a de lui des Remarques en Anglois fur un Ouvrage de Guillaume Bar-
low, qui eft intitulé: Magnctical yidvertifimmt.
RIDO,( Nicolas ) né à Padoue dans une famille patricienne, fit la Médecine
dans cette ville avec tant de réputation, qu'il fut furnommé VHippocrate de fon fie-
cle. Laurent Fi^norius , fon compatriote qui mourut en 1631 & laifla plufieurs Ou-
vrages furies Antiquités, dit que Rido a écrit diiférens Traités de Médecine, mais
qu'ils font perdus. On lui attribue, en particulier, un Recueil de Pronoftics en
vers, dont Jacques de Forli fait mention. Ce Poëte-Médecin mourut environ l'an 1360.
RIEDLIN f Vite J) naquit à Ulm, le 28. Juin 1628 , dans une famille dont
les chefs s'ctoicnt fait depuis iong-tems une affaire de fe diftinguer dans l'exer-
cice de la Chirurgie. George , fon père , mort en 1648 , après avoir publié un
Recueil dObfervations , fon aïeul , fon bifaïeul , fon trifaïeul même , ont tous
ioui d'une réputation qu'ils ne durent qu'à leurs talens. Celui , dont je parle ,
apprit les élém^ns de la Chirurgie à l'école de fon père , & fe rendit à Straf-
bourg , en 1647 , pour y commencer fon cours de Médecine , qu'il finit le
13 Janvier 1653 P^'" ^^ réception du bonnet de Dodîeur. En 1655 , il fe fit
aggréger au Collège des Médecins de fa ville natale , & il en occupa les places
les plus honorables ,• mais il ne profita pas Iong-tems des avantages que fon
application à l'étude lui avoit mérités , car il n'avoit que 40 ans , lorfqu'il
lîiourut dans fa patrie le 16 du mois de Novembre 166B. Il a recueilli trois
Centuries d'Obfervations que fon fils a fait imprimer à Ausbourg en 1691 , //i-ia,
RIEULIN , C Vite ) fils du précédent , vint au monde à Ulm le 19 Mars
la
à
Tubingue , en 1674 , pour y commencer fon cours, & il y fit de fi grands progrès
Ibui les Profefieurs de la Faculté de cette ville , qu'étant paflé en Italie l'an
1676,
RIE ^3
1676 , il reçut les honneurs du Doi^orat à Padoue le a^ Septpmbre de la
même année. 11 auroir bien f)uhnué de prolonger fon l'éjour dans cette Uni-
verfité ; mais la médiocrité des fecours qu'il recevo.t de ion pays ne lui per-
mettant pas d'y fubfifter avec honneur , il retourna l'année fuivante dan? fa
patrie. Le 14 Mai 1679 , il fe fit ao;gréger au Collège des INIédecins d'Auf-
bourEj , & bientôt après il fut reçu dans l'Académie Impériale d'AJ.'emagne
qui le nomma Adjoint fous le nom de Craterus.
Le mérite de R'iedlin ne tarda pas à percer. Répandu dans Ausbourg par
une nombreufe pratique , recherché même par les malades de la première cun-
fidération , il fe trouva lî bien dans cette ville , que fon intention étoit d'y
pafler le refte de fa vie ; mais les inftances qu'on lui fit pour retourner à Ulm ,
l'engagèrent à changer de deffein. Il lé rendit aux vœux de fes compatriotes
& rentra dans fa ville natale le 19 Septembre 1704. Ses fuccè.s lui procurèrent
autant de réputation qu'à Ausbourg , & il fe loutint dans la même lélcbrité
.jufqu'à fa mort arrivée le 29 Février 1724. Les Obierva:ions , dont il a t^nrichi
les Mémoires des Curieux de la Nature , lui ont tait honneur ; mais fes au.
très Ouvrages ne lui ea ont point fait un aufli durable , puifqu'on lui a re-
proché de les avoir groffis par de longs détails fur les choies les plus médio-
cres , & par quantité d'Hifioires où il fait preuve de fon aveugle crédulité»
Tels que foient fes Ouvrages , voici leurs titres :
Liriez Médite continentes Objervationcs , Hijiorias , Expérimenta , Cautelas S'c. , à
menfe Januario 1695 ad meafem Junium 1700. ^ugafla F'indelicorum , dix volumej
in-8. Et fous le titre d^Obfcrvaîionum PhyjîcQ- Medicarum SyUogc. Llpfits ^ 1746
in 4. C'eft le Journal dans lequel il écrivoit fes propres Obfervations & celles
d'autrui ; mais il ne paroît pas que lui-même , ou ceux qu'il a copiés ,
aient toujours eu le talent de bien voir.
Jter Medicum fa-ù'atis recuperand£ causa injlitutum. ^agufia F'indelicorum ^ 1702 j
M-8 , avec les Obfervations Chirurgicales de George Riedlin , fon grand-pere.
Meihodus curandi filtres. Ulmts , 1705 , inS.
Manudu&io brevis ad Jludium Mcdicitue. ^uguJΣ F'indelicorum , 1706 , in-8. Il
n'eft que l'Editeur de ce Traité qui appartient à fon père-
Medulla Phar.-nacnpoeicE Aug"jlan£. Ibidem^ ^7^7 •> i'^-^-
Curarum Medicarum MiUcnarius. Ulniee , 1709 , in-^. L'Auteur s'eft plijs attaché
au nombre quau choix des Obfervations ; encore manque-t-il de guût dans la
manière dont il les a rendues.
De Embroc'Us. Ibidem, 1710, 1/1-4.
RIETMAEKEli.S , f Hubert - Arnoud J Médecin du XVII fiecle , étoit de
Bréda. Il étudia à Louvaiu , (,ù il fit de grand» progrès Anas Thomas Jienns^
& palfa eiîfjite à Tirlemont à quelques lieues de cette ville. Il s'y fit aimer
par les qualités de fon cœur , qui étoit bon , franc & généreux ; mais celles
de Ion elprit lui méritèrent une eftimc plus générale. Prudent d^ins la conduite des
affaires , judicieux dans le choix des moyens propres à le* faire rcuHir , il étoit
aulli bon politique que favant Médecin; il étoit même G perfuadé de l'importance de
T 0 M E ir. K
j^ R I GT
l'étude des Belïes-Lettres , qu'il aimoit , que c'cto't à fts yeux une faute capitale
de la négliger, parce que cette étude orne non feulement l'efprit du Médecin,
mais polit encore , éclaire & ennoblit fon Art.
Rictmaekers fe préparoit à donner au public trois Livres De cura fanUath ,
iorfque la mort vint l'arrêter dans fon delfein. Nous n'avons de lui que l'Ou-
vrage iuivant ;
Tracîatus de nephritico dolore , in. quo ejftnda ^ differentia , cau/k , Jïgna & curatio
calcuU & arcnularuni explanantur. Lovanii , 1622 , 1639 , in-4. f^enctiU , .1655 ,
1664 , in-12.
RIGORD , RIGOLDE ou RIGOT , Moine de Saint Denis , étoit Goth ,
c'eft-à-dire , du Bas-Languedoc qui dans ce tems étoit appelle Gothie. C'eft le nom
que lui avoient donné les Goths , quand ils occupoient ce pays. Rigord mourut
!e 17 Novembre au commencement du XIII fiecle , mais on ne fait en quelle
année ; tout ce qu'on lait bien , c'eft qu'il dit lui-même qu'il étoit déjà vieux
en 1205..
Rioord fè borne à prendre le titre de Beatl Dionyfti uireopagîta Clericorum
mlnimus ; on allure cependant qu'il exerça la Médecine ; quelques Ecrivains mo-
dernes lui donnent même la qualité de Médecin de Philippe-Augufte , Phyjîcus
Régis. 11 eft appelle Magijîer dans l'ancien Nécrologe de Saint Denis en France ,
Magijhr Rigonus M. B. D. , c'eft-à dire , Monachus Beati Dionyjîi ; mais on n'a
jamais donné le titre de Magifter aux Moines , à moins qu'ils n'enfeignalTent
dans quelque Ecole approuvée. C'eft la remarque que fait M. Lorry dans fa
Note fur les Mémoires à^^flruc ,- Article Rigord ; & il s'enfuit delà qu'il eft
bien apparent que ce Moine a profeflé publiquement la Médecine..
11 nous refle de lui une Hiftoire Latine du règne de Philippe-Augufte , dont
le ftyle eft allez clair & la diction paflable. Elle eft curieuie & fort exadte ; mais
c'eft dommage qu'elle foit remplie de contes faits pour le peuple , de vifions,
de fonges & de fuperftitions. Elle commence en 1179 & finit en 1209 , fous
le titre de Gefta Philippi-^ugufti Francorwn Régis. Si l'on en croit yfftruc , 1 •Hif-
toire de Rigord ne va pas fi loin ; il eft du fentiment qu'il ne la poufla que
iufqu'à l'an 1205 ou 1206, & que le refte de l'Ouvrage vient d'une autre main.
LaiUbns pour un moment cette diicuilion , & bornons-nous à dire qu'il eft parlé
de l'UniverBté de Paris dans cette Hiftoire , fous l'année 1209 , & que ce
qui en eft rapporté eft trop remarquable, pour le palier dans ce Didionnaire ,
où de pareils traits doivent trouver place. In diebus illis jludium litterarum jlorebat
Parifils , nec legimus tanram aliquando fuijj'e Scholarium frequendam: ^thenis vel
avpypu vel qualibcî in parte mundi , quanta locum preedi&um ftudmdi grat'â. incolebat,
Ouod non folum fiebat propter locl iUius amœnitatem , fi? bonorum omnium fiipercbua"
daritiain afflaentiam ., fed etiam propter libertatem & fpecialem prarogativam dcfcnjîonis ^.
quant Pbilippus Rex , & pater ejus ante ipfum , ipfis Scholaribm impendebat. Cum
ieitur in eadem nobilijpma civitate non modo de Trivio & Quadrivio fi? de quajlio-
nibus juris Canoiiici fi? Civilis ., & de ea Facuhate , qu£ de fanandif corporibus fi? fa.
nitatibus confervandis fcrlpta eft , plena & perfc&a inveniretur [criptura , ferventiori
lamen fiudiù Sacram Paginant & Tluologicos docebaat,.
R I G^
?5
';^ruc ,' toujours prévenu en faveur <^c la Faculté de Montpellier, ne trouve
!pas que ce pailige puiiTb convenir ft l'-îtst do l'Univerfité de Paris en laog.
il le rc:!;ar.i3 comme un pafTage banal & comme une interpolation que quelque
main plus récente a faite dans les Auteurs qui ont écrit après Rlgord. Mais
doit-on trouver extraordinaire de voir des Ecrivains rapporter ce qui a été dit
avant eux °? Encore qu'on n'auroit pas plufieurs autres pafihges d'Auteurs prefque
contemporains , qui confirrnent l'antiquité de l'enfeignement confiant de la Mé-
decine dans rUniverfité de Paris , ce que Rigord en dit , ne devroit pas pafl'cr
pour un texte fuppofé. L'afliuence d'Ecoliers dont il parle , eft confirmée par
Jacques de Vitry , Cardinal & Légat du Saint Siège , qui vécut en 1228 ,
c'eft-à-dire , dix-neuf ans feulement après l'époque de Rigord. Ce Cardinal n'a
pu s'énoncer ainfi dans fon- Hiftoire Occidentale , Chapitre VII : Ex omnibus
penè Europe regionibus innumeri difcendi causa confluxerunt , l'ans qu'il y eût alors
à Paris un enfeignement , dont la forme & la confidence avoient procuré beau-
coup de réputation à cette ville. L'état que Rigord donne à cet enfeignement
eft il éloigné de celui auquel l'Univerfité de Paris monta dans la fuite , que
bien loin qu'il y ait de l'exagération dans le narré de cet Hiftorien , on n'y
trouve au contraire que des traits qui annoncent la perfeftion prochaine du Corps
Académique. Sous le mot de Trivlum , on comprenoit alors la Grammaire , U
Rhétorique & la Dialedique , & lous celui de Quadrivium , l'Aftrologie , la Géo-
métrie , l'Arithmétique & la Mufique. C'étoit le partage de la Faculté des
Arts. Celle de Théologie étoit dans un état plus folide & plus brillant : l'en-
feignement de la Médecine avoit déjà pris une telle confiftence , que fi le
Corps des Maîtres ne portoit point encore le nom de Faculté , il en avoit
prefque la forme : le Droit Canonique tenoit de trop près à la Théologie , pour
que l'étude qu'on en faifoii , ne participât point à l'état de vigueur de celle-ci
Quant au Droit Civil , c'étoit comme furtivement qu'on en traitoit quelques
queftions ; la découverte des Fandeilies de Juftinien en 113'^ avoit tourné les
efprits de ce côté-là ; mais les Souverains Pontifes & les Èvêques s'en allar-
merent , par la crainte que la Théologie & le Droit Canon ne manquafient de"
Maîtres & d'Ecoliers. Tel étoit l'état de l'Univerfité de Paris au tems que
Rigord écrivoit ; & certes il n'y a là rien qui oifufque celle de Montpellier
pour l'honneur de laquelle ^ftruc s'épuife en réflexions. '
Il étcit alors permis aux Moines de pratiquer la Médecine , bien emendu à
ceux qui n'étoient que fimples Clercs , ainfi que Rigord. Il eft vrai que le
fixieme Canon du Concile de Rheims , tenu en 1131, défendit esprefl'ément aux
Moines & aux Religieux l'étude de la Médecine ; mais comme il les traite de
téméraires , parce qu'au mépris de leurs engagemens , ils abandonnoient le foin
des âmes pour ne s'occuper que du traitement des corps , il paroît que cette
défenfe regardoit plus particulièrement ceux qui étoient Prêtres. Le Concile de
Latran en 1139 , celui de Montpellier en 1162 , répétèrent tout ce qui avoit
été ftatué à cet égard. Les Pères du Concile de Tours , tenu en 116", s'ex-
priment ainfi .• Proinde fiatuimus ut nullus omnino , pojl votum Rcligionis , poft fac/am
ProfeJJlnmm , ad Phyjîcam Legefve mundanas hgendas pcrmhtatur exire : fecùt excom-
rmunlcatus ab omnibus vîtetur. Cette défenfe , quoique bien précife , n'opéra pas tout
76 R I I R T O
l'effet qu'on en attendon ; elle ne fît que modérer les abus, La ciiricfiré , les
honneurs , les récompenfes , & tant d'autres attrait? qu'oiïre l'Art de guérir ,
avoient porté dans les Cloîtres un fi grand empreffemcnt , que les Religieux ,
au - lieu d'étudier la fcience de leur état , s'attachoient aux Livres d'Hippocrate
& d* ^ibucajis. L'émulation étoit même li vive à cet égard , qu'elle avoit caufé
une elpece de dél'ertion dans les Monafleres : il fallut que le Concile employât
l'excommunication pour rappeller 'A leurs exercices ces fedlatcurs li finguliers
à^Hipppcrî't: , lelquels , félon la remarque du Dofleur Frelnd , ne pouvoient être
bien habiles , ni dans leur protellion , ni dans la nôtre. Honoré ÏIl , qui fiégea
depuis le ai Juillet 1216 juiqu'au 18 Mars 1227, renouvella les mêmes défenleS
contre les Religieux ; il défendit encore aux Archidiacres , Prévôts , Curés »
fimples Prêtres , de faire la Médecine. Ainfj , ajoute Chomd dans fon Eflai Hit"
torique fur la Médecine en France , les Chanoines , les Diacres , Sous-Diacres •>
Clercs , étoient les maîtres de prendre la profellion de Médecin , ou du moins
n'en étoient pas formellement exclus. Quant aux Moines qui n'étoient que Clercs»
il paroît qu'on avoit eu antérieurement la même indulgence à leur égard , fur-
tout ) lorfqu'il plaifoit aux Rois de les appeller à leur fervice.
RIIF, f Vautier- Herman J Médecin natif de Strasbourg , avoit occi^pé l'em-
ploi de Phyficien ordinaire de la ville de Nuremberg , lorfqu'il fe retira à
Mayence , où il fut en grande réputation vers l'an 1540.^ H a publié plulîeurs
Traités en Allemand fur la Chirurgie , fur les Aecouchcmens & fur l'Anatomie »
mais le Baron de Halkr & George Matthias ne les regardent que comme des
compilations, Sa del'cription du corps humain, imprimée en Allemand à Strasbourg
en 1541 1 in-foLo , fut mile en François & donnée au public à Paris en 1545,
même format. L'édition de Diofooride de la Vcrfion de Jean Ruel , qui parut à
Francfort en 1543 > in-folio y eft ornée de notes favantes de fa façon. Ses autres-
Ouvrages font :
De memoria artificialï , quant memoratîvam artem vacant , Opufculum rariim & injîgne.
' ^rgentime , 1541 , in-'à.
Meilcince Theoriae & PraSlca brève quidem , fed doSiJfwtum pariter ac opulentum
Enchyridion, Ibidem^ 154'^» in-ii,
Jatromathematicte , hoc ejî , medicatïonls accommodatte ad aflrologicam ratlonem Encby^
ridion, de crifi ^ dcque invefligatione dierum criticorum. Ibidem, 1542, in-12.
Les Hiftoriens parient de Pierre Ri'rf, Docteur en Médecine & Profefleur de
Mathématique à Bâle , fa patrie. Il y vint au monde le 8 Mai 1555, & mourut
le 19 du même mois 1629.
RIOLAN ( Jean ) étoit d'Amiens. H fit de grands progrès dans les Sciences
& dans la Littérature ; car outre les Langues favantes qu'il écrivoit & parloir
avec une facilité admirable , il n'y avoit pas d'Auteur ancien qu'il ne connût
parfaitement & dont il ne fût en état de fiiire l'analyfe.
Riulan régenta la Phyfique au Collège de Boncour à Paris, prit le bonnet de
Dofleur dans la Faculté de Médecine de cette ville vers l'an 1574 , fut choiG
Doyen en 1586, continué en 1587, & mourut le 18 du mois d'Od^obre 1606.
11 a été uD des plus illuftres orneraens de la Faculté de Paris > ôj l'un des plus^
RIO ^^
grands partifans de la dof^rine d'Hlppocrate , qu'il a défendue avec beaucoup de
zèle contre les Chymifies. Ses Ouvrages , qui feront un monument éternel de fa
capacité, furent recueillis en un volume, in-folio, dans lequel on a inféré plu-
Ceurs Traites poflhiimes : l'édition eft de Paris, i6io , fous le titre d'Opcra oui'
nia , tàm haUtenns édita q ait pofthuma. On a publié féparément :
De primis princîpiis reruni naturalium Libri ires. Parifùi ,, i^7i , in-^. Montebelgardi ^
- 1588 , in S.
u4d impudentlam qaorumdain Chirurgorum qui Medlcis aquari , (S? Chirurglam publlcè
profiteri volunt , pro yeieri dîgnitatz Medicime u^pologia Philofophica, Parifils , i5j!'7 ,
/n-12. Cet Ouvrage eft une eïpece de déclaration de guerre contre les Chirurgiens.
Riolaii s'élève contre ceux qui vouloient de Ion tems enfeigner la Chirurgie , fans
avoir aucune connoifTance des Belles-Lettres; & de nos jours , on a réclamé contre
les Chirurgiens qui fe paroient du titre de Maître-ès-Arts. C'cft ainfi que la paf>
lion aveugle les hommes & leur fait adopter des fyflêmes contraires , que l'ef-
prit. dominant du Corps , auquel ils font attachés , s'eftbrce toujours de tourner
à fon avantage. Cet Ecrit de Rlolan fut fuivi de différentes pièces que l'un &c
l'autre des partis publièrent pendant le cours de la même année 1577-
Comment arii in Jcx pofieriores Phyfîoingi£ Ferndii Libros. Parijîii ^ 1577? '«-S. Mon-
tebelgardi , 158g , jn-8. ^niverplte ^ 1601, m-8.
^rs bene medcndl. Lugduni ^ 15S9, in- 8, avec siphon fi Benocii Methodus medcndi. Pari"
fis , 1601 , in-d.
Ad Libros Fernelii de abditis reruin caufis Commentarii. Parifiis , 1598 , (n-12 ,
i6oa , zn-8.
Univerfe Medicime Compendium, Ibidem , iggS , inS. Safdete , 160 1 , /n-i2. Il y
a encore une édition de Bftle de 162g , i/i-8, par les foins à^Emmanuel Stupan ,
fous le titre à''Artis Mediclnalis Tkeoriae & Pra&icte fyjîema,
Ad Libavii maniam Rej'ponfio , çro cenfura Schol£ Parifîenjïs contra Alchymiam latâ.
Parifiis^ 1600 , in 8.
ChiruTgia. Liofiis , 1601 , /n-8. Parifiis , i6i8 , /n-8. En François, Paris , 1669,
in- 12.
Pnele&iones in Libros Phyfiologicos & de abditis rerum caufis. Accejferunt Opufcula quœ-
éam Philofophica. Parifiis , i6oa , m-8.
DcFcbribus. Ibidem, 1640, in-8,
RIOLAN , ( Jean ) fils du précédent , naquit à Paris en 1577. Son pcre
oe manqua pas de féconder les heureufes difpofitions qu'il montra pour l'étude,
il l'engagea même à le livrera celle de la Médecine. Tout y portoit le jeune Rio-
lan. Son goût , l'exemple d'un père célèbre dans fa profefllon , les inftruétions do-
mcftiques qui lui applaniffoient les difficultés qui arrêtent les commençans , le fi.-
rent marcher à grands pas dans la carrière laborieufe où il étoit entré. Ses progrès
furent fi rapides , que peu d'années après avoir reçu le bonnet de Docteur dans
les Ecoles de la Faculté de fa ville natale , c'eft-à-dirc , après le premier ce Juil-
let 1604 , il s'annonça par des Ouvrages qui poferent les fondemens de fa répu-
'tation. pjn 1613 , il fut nommé ProfeReur Royal d'Anatomie & de Botanique
par Louis XllI , & en cette dernière qualité , il lu: prélenta une Requête
Il 1 o
:jiprès la mort de cette Frincefle , arrivée à Cologne le 3 Juillet 1642 , il re-
vint ea France , où il reprit l'exercice de fon état. Riolan mourut à Paris le
If) Février 1657 , «gé de 80 ans. Il avoit fouffert deux fois l'opération de la
Taille.
L'Anatomie fut la paffion de ce Médecin. 11 lut prefque tous les Ouvrages
des Auteurs qui ont écrit fur cette partie ; mais prévenu en faveur de
l'Antiquité , il s'aveugla quelquefois au point de ne voir , dans fes dilTedions ,
oue ce que les plus anciens Anatomifles avoient remarqué, il a cependant fait
lîlufieurs découvertes utiles , parmi Icfquelles on peut compter les appendices
graiflTcules du Colon. Il donna des noms aux canaux hépatiques & cyftiques ; il
obferva que le canal commun ou cholédocque n'avoit point de valvule , mais à
la place de cette membrane , une cfpece de plis qui en fait les fonctions. Il pu-
blia de nouvelles obfervations iur le vagin & l'orifice de la matrice , fur l'os hyoï-
de fur la langue , & fur le ligament qui s'étend depuis l'apophyfe ftyloïde juf-
qu'à l'angle de la mâchoire inférieure. En un mot , Riolan fut un habile Anato-
mifte pour fon tcms. Ses Ouvrages font remplis d'érudition , écrits avec beaucoup
d'éloquence, cependant un peu diffus. Comme il pofTédoit les Auteurs Grecs & La-
tins , principalement les Poëtes dont il avoit fait une étude des plus fuivies , il
a rapporté dans fes Ouvrages dift'érens lambeaux de ces Auteurs , & les a ap-
pliqués au fujet de la manière la plus convenable. On doit cependant lui repro-
cher d'avoir été l'ennemi juré des Anatomiltes qui s'étoient fait une réputation
brillante; depuis £uy?ac/u jufqu'à Dulaurens , aucun n'a échappé à fes traits fatyri-
ques. 11 avoit le malheur de penfer trop avantageuiement fur fon compte, & point
allez' fur celui des autres. Plus de modeflie de la part n'auroit rien diminué *de
Ion mérite ; c'étoit allez d'être reconnu lavant , fans vouloir afficher une fupério-
jité injuricufe à les émules , & s'attribuer une forte de didarure dans fa profef-
fion. D3 pareilles prétentions irritent les elprits. Comme il étoit d'un cara<flere bouil-
lant décidé , tranchant , opiniâtre , & d'autant plus attaché à fes fentimens ,
qu'on lui en démontroit la foibleffe ou la caducité , fa conduite lui fufcita de
puifians adverfaires ; il anima contre lui les Médecins de fon tems , qui le cen-
furerent à leur tour.
On ne trouve aucune figure dans les Ouvrages Anatoraïques que Riolan a laif-
fés ■ il infinue toujours que c'ett la Nature elle-même qu'il faut confulter , & pour
cette raifon, il ne recourut point à la gravure. Mais ce Médecin ne s'eft pas borné
à écrire fur l'Analomie ; il a travaillé fur d'autres matières , ainfi qu'on peut le
voir dans la notice fuivante :
Brevis excurfus in Battologiam Qucrcctani , qub yllchyml<e prlncipia funditùs diruun-
tur , & ^rtis Veritas Jemonftratur. yîccejjlt Cenfura Schola Parifiicnfis. Parifiis ,
1604, in-î2.
Comparatio veteris Medicina cum nf)va , Hippocratic£ cum Hermetica , Dogmaticte cum
' Spargyrica. Adjanclum ejï examen ^nimadverflonum Baacyneti & Harveti. /iiiem, 1605 ,
an \i. On peut fe rappeller combien la Chymie fut mal accueillie parla Faculté <J*
Paris qui étoit alors toute Hippocratique,
RIO 75»
3ifputatio d& monflro Lutetla 1605 natô. Parifiis, 1605 , £n-ia.
Incurj'ioaum Quercctani dipuljio. Ibidem, 1605 , //j-I2.
Cenfura demoiijlrationis Harveti pro vcriiate ^lchynH<e. Ibidem, i€o6,/n-i3.
Schola ^naiomica novls & raris obfcrvationibus illujhata. udJjuncfa ejî accurata Fœtû»
hamani Hiftoria. Parifils , 1607, /n-8. Genevts , 1624, /n-B. En François, par Pierre
Confiant, Paris, if)2y, in-4. Les augmentations, dont l'Auteur enrichit ce premier
eflài anatomique , le pouffèrent à un voJume in-folio , qui fut imprimé à Paris ea
1610 , Tous le titre d'^natome corporis humani. On a cru trouver la découverte des
muicles intéroffeux dans cet Ouvrage , mais Riolan l'attribue lui-même à Gclkn ,
dont il étoit trop grand partifan pour ne point lui en céder tout l'honneur.
In Libram Claudii Galeni de ojjlbus ad Tyrones explanationes apologeticie pro Galena
adversùs novidoi & novatorcs ^natomicos. ParijUs , 1613, fn-8 , avec le livre de Galien
commenté par Jacques Sylvius.
Gigantomachie. 1613, in-'è. Elle fut écrite contre Habicoi , an fujet de la décou-
verte des os du Géant Teutobochus. Au commencement de l'année , on y répondit
par ]a Hfjnomackleou Refponce d'un compagnon Chirurgien nouvellement anlvé de Moni"
pellier , aix calomnieufes invecilves de la Gigantomachic de Riolan ,. Docteur en la Facul-
té d'ignorance , contre Vhonneur du Collège des Chirurg'uns de Paris. Jn'à, Il n'en fallut
pas davantage pour piquer Riolan qui n'étoit point mcnFgé dans cette pièce. Il
entra en lice , & publia L'impojlure découverte des os humains fuppofés & faujfement at-
tribués au Roi Teutobochus. Paris, 1614, in 8. Suivant M. GouUn. dans fa L'ttre â
Fréron , il parut enfuite une eflampe repréfentant Hablcut à cheval; fur le feuillet
fuivant on lit; Extrait des Œuvres non encore imprimées de N. Hablcot , &c. C'eft la
préface de la première édition de la Semaine anatomique ( 1610 ) à laquelle on a-
ajouté des apoftilies marginales pour déprifer Hablcot & fon Ouvrage. Cet Ecrit de
douze pages fut fuivi d'une turlupinade , Ibus le titre de Jugement des ombres d'Hé'-
raclite & Dé,nocritc, fans date, (7j-8. de trente-une pages. Ces deux pièces furenr
attribuée» à iîio/ara qui donna , en 161B, /n-8, f^ Gigantologie: difcours fur la grandeur
des Géants &c., de cent vingt-huit pages, par où cette longue querelle finie de la-
part de ce Médecin.
Ojicologia ex veterum & recentiorum pneceptis defcripta. Parifils , 1614 , in-S.
Difcours fur les Hermaphrodits , où il eft démontré, contre l'opinion commune , qu'il n''y
» point de vrais Hermaphrodits. Paris, 1614, ^1-8.
^natomica , feu , jinthropographia. Pariftis, 1618, //1-8, 1626, in-i\ , 1649, in-'folio,.
A la fin de la dernière édition , qui comprend tout ce que l'Auteur avoit écrit
jufqu'alors fur l'Anatomie , on trouve une table de la façon de Gui Patin.
Ençh'i-idium ^natomlcum & P athologicum. Parifùs, i6^\i , in-i2. Lugduni Batavorum^
1649, in-8, avec les planches de Fifflingius , que l'Editeur a irouvé à propos d'y
joindre. Parijh , 1658, in-8. : c'eft la meilleure édition, Jena & Lipfia , 1675 , IrS , avec
les planches de F'efimgius. Lugduni Batavorum , 1675^ in H. Francofurti , 1677, //1-8».
En François, par Sauvin , Paris, 1653, 1661 ,,/n-i2. Lyon, 1682, i/i-8.
Opufcula. ^'înatomica nova. Londini , 1649, /n-4. On y trouve des remarques fur le»
Traités Aoatomiques des plus célèbres Médecins, & la difpute De monfim nata'
latciia. L'Auteur, qui a été un des plus grands antagoniftes d'//arv^e, ne manque;
So R I O R I P
pas de combattre l'opinion du Médecin Anglois & de fes partifans fur la circula'
tion du iang.
Opufcula ^Inatomlca aetcra , recognlta & au&iora : unà cum OpufcuHs yinatomicis novîs-
Lutetiie Parlliorum , \Ç>^o , in-folio.
Curieufes Recherches fur les efcholes en Médecine de Paris & de Montpellier. Paris ,
1651 , t/2-8- Il compoia cet Ouvrage à l'occafion du diicours que Slméon Courtaud
prononça, en 1644, à l'ouverture des Ecoles de Montpellier, après la perte du
procès où la P'aculté de Médecine de cette ville étoit intervenue contre celle de
Paris. On s'attend bien que Riolan n'y a pas épargné les Médecins de Montpel'
lier, & que ceux-ci n'ont pas mis plus de décence & de modération dans leurs
répliques,
Opufcula yinatomica varia & nova. Parijîis , 1652, in-11. Ces Opufcules roulent
principalement fur la circulation du fang , que l'Auteur n'admettoit vjoint.
Opufcula ^natomica nova judicium novam de venis lacteis , tant mefntericis quant
ihoracicîs, adversùs Thomam BarthoUnum. Parijîis ^ 16^^^ ^ i.'i-S.
jinimadverfiones fecunda ad anatomicam reforniacionem Thomee Banholini. Parijîis >
1653, in S.
Àefponjîo prima , édita annô 1652 , ad expérimenta nova anatomica Joannis Pecqueti
adversùs hamatofim in corde , ut chylus hepati rejlituatur , & nova Riolani de circulatione
fanguinis docHrina farta te&a amfervetur. Purifiis , 1655, in S.
Refponjîo altcra. Ibidem^ 1655* '«B. Il commente ici les plaintes qu'il a faites
précédemment contre les jeunes Anatomiftes qui penfent faire tous les jours de
nouvelles découvertes: il ne veut point admettre l'exiftence des vaillèaux laftés ,
ni du réfervoir du chyle.
Enchelrîdiuni Medicum Hippocratico-Fernelianum. Lugduni , 1685 , inS. C'eft It
nouvelle édition d'un Ouvrage que Manget attribue à Riolan.
RIOLET , f Jean-Thomas ) Doifteur en Médecine à Saintes, Capitale de la
.S'aintonge, eft Auteur d'un livre curieux touchant la Thériaque & l'Orviétan , quj
fut imj^rimé à Bordeaux en 1665 •> '"■ ^ ' ^""* '^ ^'^^^ '^^ Remarques far la Thériaque^
avec un traité de VOrviétan. Il eft parlé de ce Médecin & de fon Ouvrage dans
la 433e. Lettre de Gui Patin , datée de Paris le 3 Décembre 1666. » L'on m'a
11 aujourd'hui apporté un livre nouveau, imprimé à Bordeaux, touchant la Thé-
» riaque & l'Orviétan; il eft curieux, mais je ne fais s'il eft fort bon. Son Auteur
M eft Ihomai Riolet , Dodeur en Médecine à Xaintes. Dans quelques jours je vous
» ferai part de ce que j'y aurai appris. »
RIPA, CGuillaume) que Manget , dans fa Bibliothèque des Ecrivains en Mé-
decine , & MatthidS , dans ion Coup d'œil chronologique de l'Hiftoire des Méde-
cins , citent ibus le nom de Jean-Guillaume Riva , étoii d'Afti en Piémont. 11 prit
le bonnet de Dodeur en Médecine , mais il fe diftingua davantage par la qua-
lité de Chirurgien , fous luquelic il le fit connoître à Rome pendant plufieurs an-
nées , & en particulier à h Cour de Clément IX.
Ripa, mourut en 1676 d'une tievre maligne qu'il avoit contradée en s'endormant
fous
il I P 5i
fous un arbre dans la Campagne de Rome. On a de lui deux Obrervations Chi-
rurgicales qui parurent dans cette ville en 1663 & 1664 , & quelques autres dans
les Mémoires de l'Académie Impériale d'Allemagne. Il y a dans la Hibliotheque
de Gottingue une collection de Planches , dont le Baron De Hallcr fait mention
dans les Notes fur la MethoJus JiudU Meaici de Bocrhaave. A la tête de cette col-
Iciflion , on voit le portrait de Ripa , à qui il n'efi: point douteux que les trente-
deux premières Planches appartiennent , & peut-être un plus grand nombre. On
y remarque diSërentes figures grotefques, & parmi elles, d'autres fur l'Anatomie ,
la Chirurgie & môme fur les maladies. Le favant Halkr ajoute qu'on conferve
dans cette Bibliothèque vingt-fept Planches reliées en un volume , qui furent publiées
à Rome en 1741 , in-folio , avec les explications de Cajttan Petrioli. Quelques-
unes de ces dernières font tirées des Ouvrages de f^éfale & de CaJJerius ; elles re-
préfentent les os & différentes parties du corps humain. Les autres paroiffent origi-
nales , fur-tout celles qui appartiennent à la Névrologie, & elles font plus ancien-
nes que ne porte la date de leur édition. Ce qui le fait croire , c'eft qu'on y
voit le nom de Pierrz Bzrruini^ célèbre deflinateur ; d'où Halltr conclut que ces
dernières Planches font faites d'après les dilfeftions de f^cflingîas. L'âge de Bzrrc-
tlni eft favorable à ce femiment. Comme il avoit 40 ans , lorfque F'eflingius mou-
rut en 1649 » ^^ a pu travailler pour cet Anatomifte ; & comme il n'eft mort
qu'en 1669, il a pu encore travailler pour Ripa , à qui il aura fait pafler des
deflins qui n'étoient que des copies de ceux qu'il avoit préparés pour F'ejlingius
plus de vingt ans auparavant.
RIPLEY, ( George ) Anglois qui étoit Chanoine de Bridlington , vécut fous
le règne d'Edouard IV^ à qui il dédia, en 14^'^, l'on Ouvrage intitulé: Twelvt gâ-
tes , les douze portes. Il voyagea en Allemagne & en Italie pour s'inftruire des fe-
crets de l'Alchymie , dont il étoit grand amateur, & il en recueillit un affez grand
nombre qu'il configna dans les Traités qu'il mit au jour. Tous fes Livres font
bons , chacun dans leur genre ; mais ils font écrits d'une manière plus allégorique
que celle adoptée par Bacon. , ion modèle. Comme Ripley n'étoit point Médecin ,
il n'a donné aucune préparation utile à J'Art de guérir ; fon principal objet eft la
cure des métaux , c'eft-à-dire , leur purification & leur maturation. 11 a fuivi fort
fcrupuleufement le? principes de Geber & de Bacon. 11 a foutenu, par exemple ,
que le Mercure eft la matière univetlèlle de tous les métaux, & qu'étant expoié
au feu avec du fouflre très-pur , il le converdt en or; mais que ii l'un des deux
devient malade ou lépreux , c'eft-à-dire, fouillé de quelque impureté , il fe forme
quelque adtre métal plus bas , au-lieu d'or. Séduifante théorie pour les partifans
du Grand- Œuvre ! Ce ne fut qu'à force de fouffler le charbon qu'ils en l'entirent
le vuide ; heureux encore , quand ils s'en apperçurent avant d'être réduits à la
mendicité. Riphy ajoute que le Mercure & le ibuftre fuffilent pour la formation de
tous les métaux, &: qu'on peut ea tirer un remède ou métal univcrf.l pour toutes
iurtcs de maladies.
On dit que ce Chanoine envoya , plufieurs années de fuite , cent mille livres
aux Chevaliers de Saint Jeau de" Jérufalem établis à Rhodes , pour aider à les
T 0 M E I K ' ' -L
jj R I s R I V
niettre en érat de fe défendre contre les Turcs. Ou ce Chanoine étoît riche ;
& il tira cette femme du produit de fes revenus ; ou il croit libôrul , parce
qu'il avoir le fccret de la tranfmutation des métaux , & Toa or ne fut sûre-
ment point au bon titre ; mais comme il n'eft point de conte que le> AI-
chymiftes n'aient déb'.té pour relever leur Art , o i eft bien en droit de met-
tre le trait de générofité de Ripky au nombre des hiftoircs qu'ils ont in-
ventées.
Parmi les Manufcrits de la Bibliothèque de Leyde , les fuivans font attnbués âi
l'Auteur dont je parle. Une Alchymie en vers Anglois. De Mercurio Philnfopho-
Tum. Hermefii Philofophi Commentartum. On voyoit dans la Bibliothèque de Jioile un
Manufcrit qu'il tenoit d'Elie ylshmoh ^ fous le titre de Pupilla ojulii un autre De
reglmine igniuni Pliilofophorum & quibufdam probatljjîmis t.xp:rimen.ns ; tous deux ious le
nom de Ripky. Les curieux de ces fortes d'Ouvrages ont de quoi fe fatiîfaire »
puifqu'il y a différentes éditions Latines des Ecrits de cet Alchymifte.
Llbcp daodeclm portarum. De Mercurio & Lapide Pkilofopkorum Liber. Lagdani Ba-
tavorum , 1599, i/i-8 , avec la Ouadriga aurifcra mife au jour par Aicolas Barnaud,
^rgentorad, 161';, m-8 , dflns le fécond volume du Théâtre Chymique.
Meduila Philofhphia Chemka. Francofuni, 1614 , i/i-8, avec quelques Opufcule»
de Chymie.
Opéra omnia Chymlca , quotquot hacîems vifa fant , quorum aliqua jam primàm in. lucem
prodierunt, aliqua MJf. exemplarium coUatlone à mendlt repurgata arque integritaii reflitutct
funt, Cajfdiis, 1649 , in-».
RISICA , C Vincent ) Dofteur en Philofophie & en Médecine , étoit de Mef-
fine en Sicile, Son goût pour les Belles-Lettres le fît briller parmi les Académiciens
de cette ville; mais comme- il avoit l'efprit propre à toutes les Sciences, Tuniver-
fiilité de fes talens le fit admirer de fes autres concitoyens qui le regreterent beau-
coup, lorfqu'ils le perdirent en 1647. On a de lui:
Difcorfo fpirituale delta Grandena è Providetiia di Iddlo Sig. noflro, è délia fu a gran
Pleta nella création deW Huomo ^ è délie miferle di quefto , coa alcuni auvertimenti politici
è moral!. Melline, 1630, m-4.
Brevis hijtoria de maligna febre D. Joannis Spatafort<e. MeJJanis , i6^.,Q , ia-4.
Brieve Raguaglio delli pia illuftri Puejî délie quatro parti dell Mondo , cojî per mare ,.
corne per terra. Mefline , 1640, /V.-4. C'eft une courte defcription en vers des prin-
cipaux pays du monde.
De febre pejîiknte Panormltanam Urbetn objîdente Oratix), Mejfants , 1647 > 11-4.
RIVARD , Chirurgien natif de Neuf Château en Lorraine , vint au monde vers
l'an 1675. Il ne fe fut pas plutôt mis au fait des principes de fon Art qu'il apprit
dans fon pays , qu'il alla à Paris aHn d'y étendre fes connoiflances. Comme il de-
meura près de vingt ans à l'Hôtel-Dieu , il profita fi bien de l'expérience qui nait
d'une pratique journalière, & s'appropria tellement les traits de lumière qu'elle
répand , qu'il jouit bientôt de l'a plus haute réputation, fur-tout pour l'opération
de la Taille qu'il exécuta à Paris avec tout le îuccès poflible. Mais M, Mahuet^
«jui eft mort premier Prélident du Parlement de Nancy, conaoiflbit trop particii-
R I V 8
j
fièrement le mérite de Rlvard, pour ne point infpirer au Duc LéopolJ le defTcin
de rappeller cet habile Chirurgien dans fcs Etat*. Ce grand Prince, qui ne négligea
aucune occalion de montrer à fes iujets qu'il étoit autant leur père que leur Sou-
verain, fit revenir Rlvard en Lorraine & l'établit Demoritrateur d'Anatom'e dans
la Faculté de Médecine de Pont-à-MoulTon. Il y anroir fo.mé de jeunes gens à la
pratique de la Chirurgie, s'il eût eu d'autres Elevés que tics Candidats en IM^de*
cine , & s'il eût pu avoir les cadavres néceliaires pour les dé inonfi rations. Mais faute
d'en trouver , il pafla des années entières lans diliequer ; c'eft ce qui lui faifoit
dire en plaifantant : je ne ferai que des Igncrans , fî la grands chemins font sù^s. Il
parloir ainlî, parce que les Ordonnances que le Duc Lcopold avoit t'a.t publier
pour la sûreté des chemins, s voient purgé la Lorraine de ces brigand; qui, au com.
inencement de fon règne , attaquoient la vie & la fortune de les fujets.
Rivard venoit régulièrement deux fois l'année à Luneville pour exercer gratui-
tement fes taiens fur les perlbnnes travaillées de la pierre ou de la fiflule. Ji y
réuffiflbit tellement , quM y avoit fort peu de malades qu'il ne guérît ; aufli fe
raettoit-on entre fes mains avec une confiance entière. Son caraftere étoit la bonté
& la charité envers les pauvres , beaucoup de piété , de religion & de délicatelfe
de confcience.
RIVIERE, C Etienne ) Chirurgien de Paris, fa patrie, mourut le 5 Juillet
1569. Il eut quelques démêlés avec Charles Etienne, Médecin de cette ville, au
fujet des Planches & des explications qui fe trouvent jointes à l'Ouvrage de
celui-ci, qui parut en 1545, in-folio, fous le titre de Libri très de d'Jfe&ione partiura
corporis humani. Ce Chirurgien revendiqua les Planches & les explications, & donna
de fi bonnes preuves du droit quM avoit d'y prétendre , qu'elles lui furent adjugées.
RIVIERE, ( Lazare ) Médecin du XVII fiecle , étoit de Montpellier, où il
naquit en 15^9, fuivant yljlruc que je fuivrai dans fes Mémoires. Il étudia dans
l'Univerfité de fa ville natale , mais les progrès furent fi lents , qu'ayant été ad-
mis au point rigoureux le 6 Décembre i6îo , & n'ayant pas été trouvé aflez
inftruit, il eut une qneue honoraire jufqu'à Pâques de l'année fuivante , c'ell à-dire ,
que les a-ftes qui conduifent au Docîorat furent renvoyés après Pâques rôii.
Humilié de cette dilgrace. Rivière redoubla fes efforts pour s'avancer dans la Mé-
decine, & donna enfin de U bonnes preuves de capacité dans les examens ulté-
rieurs, qu'il fut reçu Docteur, fous F'arandé , le 9 Mai 1611. Sa promotion ne di-
jninua rien de fon attachement à l'étude; il s'y appliqua même avec tant de fruit,
qu'il obtint la Chaire de Laurent Coud'm en T622 , & qu'il la remplit avec honneur
julqu'à l'snnée 1655 , qui eft celle de fa mort.
Ce Profellcur a cotnpofé en Latin des Inftitutes de Médecine en cinq Livres,
dont il y a différentes éditions;, entre autres, de Leipfic, 1655, /a 8, de Paris,
1655 , ira- 4, de La Haye, 1662, ri-b, de Lyon, 1672, in-â.. C'étoit un fort bon
Traité en fon tems. Mais fon principal Ouvrage & celui qui lui a fa if le plus d'hon-
reur, etl un Cour« de Mé.lecine intitulé: Praxis Medlca. Ce n'étoit d'abord qu'une
iiraple Pratique, dénuée de toute '1 héorie , qu'il avoit didée cens les Ecoles &
dfont on fit plufieurs éditions eii France & en Hollande, Voyant le fuccès de cet
8* i^ r r
Ouvrage , il y joignit une Théorie fuivant les principes qui âvoient cours alors
dans la Faculté de Montpellier, & cet enlemble fut imprimé à Paris, 1640, 1647,
in-a, à Goudc, 1649, '«-S , à Lyon, 1,652, 1654, 1660, même format, à Lyon,
1657, in folio, à La Haye, 1651, 1658, 1664, 1670, Z«-8, en François, à Lyon,
1623, Jn-i2, en Anglois , à Londres, 1672, in-folio, & 1706, in-8. Toutes les
maladies du corps humain font traitées dans cet Ouvrage en XVll Livres. Le
ftyle en eft clair, les maladies y iont bien décrites, & la curation qu'on y
propofe pour chacune , eft lenfée & judicieule. 11 ne faut pourtant pas diffimuler
que Rivière fuit ordinairement Scnnert pas à pas fur l'article de la Théorie , & que
fouvent il en tranicrit des pages entières lans le citer ou fans en prévenir , ce
qui reflemble aflez au plagiat.
On a encore des obfervations de la façon de ce Médecin , qui ont paru fous !è
titre à'Obferpationes Mcdicts & curât iones injîgnes. Farifîis^ 1646, m-4. Londini , 1646,
in-'o. Delphis ^ 165 1 , //1-8, Hagie Comitls , 1656, in-8. Lugdani, 1659, tn-4- ^^
Recueil lui fit d'autant plus d'honneur, qu'il annonce combien il étoit fage,
cxaél & prudent. Il laifla d'autres obfervations qui furent publiées, après fa mort,
à La Haye , 1659, i/i-8,à Genève en quatre Centuries, 1679, in-filio , en Fran-
çois, à Lyon, 1724, in-12. Le Riverius reformatas, ou Praxis Medica reformata parut
à Genève, 1696, j/i-8 , à Lyon, 1690 & 1704, deux volumes i/i-8, à Veniie ,
1733, i/1-4. C'eft François de la Calmette qui a réduit la Pratique de Rivière à
cet abrégé.
Un certain Bernardin Chrijîln^ de rifie de Corfc , qui avoit e'tudié à Mont-
pellier fous notre Auteur & qui fe mêloit de la Médecine, quoiqu'il fût Cordelier,
s'avifa de compiler quelques fccrets de Chymie & les publia fous le nom de Rii'iere^
pour donner plus de poids & d'autorité à Ion Recueil. Il eft bien décidé que ce
Médecin n'en fut jamais l'Auteur; il peut y avoir eu quelque part, car on fait
qu'il aimoit beaucoup à multiplier lei médicamens, mais ce qui lui appartient fc
réduit à peu de chofe. On imprima cependant la compilation de Chrijiln fous le
titre d''uircana Riverii , à Venife , 1676, i/1-4, à Utrecht, 1680, in-12.. Elle a même
toujours été publiée à la fuite des Œuvres de ce Profcfl'eur, qui ont été réunie*
fous le titre d'Opéra omnia Medica. Lugdani , 1663, 1679, 1698, in-folio. F'enetiis ,
1664, 1680, 1700, 1713, in-folio. Francofurti, 1669, 1674 , in-folio. Genevte , 1728^
1737 , ia-folio. Lugduni , 1738 , in-foUo.
RIVIERE, C Guillaume ) fils d'un Marchand Droguifte de Montpellier, naquit
dans cette ville le 15 Août 1655. Apre.; avoir reçu une excellente éducation & fait
de très-bonnes études au Collège des Jéfuites , il s'attacha à la Médecine. Pendant
Ton Cours , il contraé^a l'hcureufe habitude de ne chercher que la vérité, & de
ne fe rendre qu'à l'évidence dans les choies qui font du reifort de l'expérience 5e
de la raiioa. Avec de pareilles dil'pofitions , il ne pouvoir pas s'accommoder des qua-
lités occultes qui regnoient alors dans la Phyfique & fur-tout dans la Médecine?
c'étoit l'ancien langage de l'Ecole. Mais Rivière fut fi bien l'ajufter avec le mo»
derne qu'il avoit adopté , que fjns dépouiller entièrement l'ancien de cet air myf-
îérieux que l'on s'imaginoit devoir le rendre refpcclable, il faifoit goûter la mp.
R. I V 85
d'erne à ceux-mêmes qui étoient îe plus en garde contre les nouvelles opinions.
Ceft par-!à qu'il le diOingun dans les difterens examens qu'il fut obligé de fubir
pour parvenir au Doctorat. 11 en agit de même dans la pratique. Dégoûté de la
Piiarmacie, qui avec les fiiflueufes compofiiions n'avoit que des expériences trop
équivoque?, il recourut aux analyfes chymiques qui lui mettoicnt à découvert les
principes dos mixtes. Senlible aux malheurs de fes femblables , il ne ie refufoit
jamais à ceux qui avoieni beloin de ion iecours, iur-tout aux pauvres, pour
qui il a toujoars eu beaucoup d'attention. Loriqu'il pairoit à Verune , où il avoit
un domaine conlidérable, les délices étoient d'exercer la charité envers Jes habitans
de la campagne, qui manquent ibuvent des chofes les plus nécefiaires.
En 1696, il difputa la Chaire de Chymie vacante par la mort de Fonfvrbc. ïl
fe diftingua dans la compofition de fes Thelés Médico-Chymiques , & par les la-
vantes réponfes qu'il fit à toutes les difficultés qui lui furent propol'ces , il mérita
Tapprobation de Tes juges. 11 n'obtint cependant point cette Chaire. En 1706,
époque delà fondation de l'Académie- de Montpellier, il fut nommé pour y remplir
une place de Chymilie ; & en cette qualité, il Te chargea d'examiner les Eaux
Minérales du Languedoc, fans autre motif que celui de l'utilité publique, qu'il a
toujours eu feule en vue dans toutes fes occupations. Non feulement, il donna,
en oifférens tems , des Analyfes railbnnées de ces Eaux, mais encore plulieur's
Dillertations fur d'autres lujets, entre autres lur l'Opium, iur la Ciguë, fur l'I-
vraie, &c , qu'on trouve dans les extraits des Mémoires de la Société de Mont*
pellier. Ce Médecin mourut à Verune le 14 Juillet i7.';4, à la fin de la fc;e. année
de fon âge. On peut voir fon éloge plus au long dans les Mémoires , pour 1736, de
la Société dont je viens de parler.
RIVINUS, ( André ) favant Médecin & Critique du XVII fiecle , portoit le
nom de Bachmann. qu'il changea en celui de Rivlnus ^ félon la coutume qu'avoicnt
les Hommes de Lettres de Ion tems de grécifer où de latinifer leur nom de famille.
Il naquit à Hall en Saxe le 7 lOdobre iCoo. A l'âge de ai ans, il fe rcnJit à Jena
où il s'appliqua ù l'étude de la Philolbphie & de la Alédecine avec beaucoup de
fuccès ; mais comme il ambitionnoit de fe di.'iinguer un jour dans le monde , il
quitta Jene au bout de quelques années, pour aller fe perfeétionner en J'rance ,
dans les Pays-Bas & en Angleterre. A fon retour en Allemagne , il tarda jufqu'en
163B à fe faire recevoir à la Licence, & ne prit même le tonnet de Dodteur à
Leipfic qu'en 1644; il étoit cependant depuis long-tems en état d'être Maître, &
il ne manquoit à fa fcience que le titre qui la décore. En 1655 , il fut nommé
à la chaire de Pliyiiologie dans les Ecoles de Leipfic, mais il ne l'occupa gucre;.
car il mourut le 4 Avril de l'année fuivante.
Rivinus a donné au public des Diiïèrtations fur différentes matières de Littérature
& fur l'origine de l'Imprimerie; on les a recueillies à Leiplic en 1656, //1-4 , ibus
le titre de Philo- Phyjiologica. On lui doit encore des éditions de quelques Auteurs^
anciens qu'il a enrichies de notes de fa façon ; mais Ion commentaire fur le Per.
vigiliuin f^eneiLs ne fait pas l'éloge de les mœurs. La Médecine lui doit les Cui-
vrages l'uivans :
P'airum bonorum Scriptorum de Mcdicina ColhJtance. Lipjie y 16^^ ^ ia ii,.
86 R I V
De PolUn&ura feu Balfamatîone. Ibidem, 1655, /n-4.
Myfteria P'.iyfico-Medica. Francofarti^iôBi , in-i2 Le même avoit déjà paru fous
le titre de Klrani Kirar.ides & ad eas Rhyakini (" Rivini ) Koronides de Gemmis ,
Uerb'is , ^vibus , &c. i/i-8.
RIVINUS, ( Augufte-Quirio J fils du précédent, vint au monde à LeJpfic
le Q Décembre 1652. Il prit le bonnet de Docteur en Médecine à Helmfladt au
Duché de Brunfwic , en 1676 , qui étoit l'année jubilaire de la fondation de l'Uni-
verlité de cette ville , & retourna enfuite à Leipfic , où il obtint la Chaire de Phy-
Tioloi^ie & de Botanique en 1691. Laborieux comme il étoit , il fit honneur à fa
Faculté par le goût qu'il mit dans fes recherches & par les découvertes qui en
réfultercnt. On lui doit celle d'un nouveau conduit falivaire , ainfi que l'invention
d'une nouvelle méthode Botanique. Quoique celle-ci n'ait point été généralement
adoptée , elle ne laifTa pas de le faire connoître fi avantageufement , que la So-
ciété Royale de Londres crut devoir lui accorder place parmi fes Membres.
Rivinus mourut le 30 Décembre 1723 , ôi laifla au public les Ouvrages dont
voici les titres &î les éditions ••
Diffcrtaiio de Liplienfî Pefte anni 160O. LipjΣ ^ 1682, 1714, «n-8.
JntroduSio generaUs in. Rem Herbariam. Ibidem , 1690 , deux volumes in-folio ,
avec figures.
Ordo Plantarum qua funt flore irregulari jmnopetald. Ibidem , i6go , in-folio ,
avec figures.
Ordi) Plantarum quce funt flore irregulari tetrapetalà. Ibidem , 1691 , in-folio , avec
figures.
£pijlola Bntanica ad Joannem Ralum. Ibidem^ I094, itt-4. Londini , 1696, in S ,
avec la Réponfe de Ray.
Ordo Plantarum qu^ funt flore irregulari pentapetald. Lipfîte , 1699 » ii-foUo ,
avec un bon nombre de planches. Le goût que Rinnus avoit pour la Botanique
l'engagea à faire de grandes dépenfes pour l'avancement de cette belle Science. Il
retint à fes gages plufieurs Peintres & Graveurs , & fe procura les dclîins & lee
planches qui ont fi fidèlement rendu la figure des plantes , dont il a orné fes Ou-
vrages. C'eft dommage qu'il fe foit borné au fommet de chaque plante , au-lieu d«
la faire graver en entier.
Ceiifara medicairientorum ojficinalium. Lipfî^ , 1701 , jn.4. Le grand nombre de
médicameDs dont les boutiques des Apothicaires font furchargées , a toujours été
regardé comme un empêchement qui retarde les progrès de la Médecine Prati-
que , jette une lorte d'incertitude dans la cure des maladies , & multiplie les dé-
penfes du malade , ians remplir les vœux qu'il fait pour fa guérifon. On convient
aifez des dt-fauts de la Polypharmacie , mais on ne les corrige guère. La plupart
des Diipenlaires font pleins de formules entaffées les unes Jur les autres , dans lef-
quellcs un fait entrer une infinité de drogues fouvent inutiles , pour ne rien dire
de plus. Rivlnus fait ici des eflbrts dignes de lui, pour bannir de la Matière Médi-
cale Ici prétendus remèdes qu'il range fous les fept clallës lui vantes, ytUena, c'efl-
à-dire , les puilbns , tout ce qui fert aux brutes , à la Peinture , à la Colméti-
K. O B 87
qne & à l'Art du Confifeur. Sordida & naufeofa , c'eft-à-dire , les difTérentes partie»
qu'oa tire de l'homme , des animaux & rcême des icfeftes. Par ignobillora & indigna ,
cet Auteur entend parler de plufieurs plantes lèches , des chcies qui s'altèrent ai-
icment & de celles dans lefquelles on ne remarque aucune propriété notable. Sous
la claiïe dubia , il range tous les remèdes iujets à être fophilliqués , & môme ceus
qui n'ont d'autre mérite que d'avoir été vantés par les Anciens , à qui on eft en droit
de refufer une confiance entière à bien des égards. Ce qu'il appelle Superflitiofa ^
ce font les mixtes lans vertus, à qui l'imagination en attribue de réelles & Ibuvent
de fpécifiques, ibit parce qu'ils font rares & précieux, loit parce qu'on les cueille
ou prépare en certain tems , foit enfin parce qu'ils ont quelque refîemblance de fi-
gure ou de nom avec la partie malade. Viennent enfuite malè prteparata ; & les
médicamens Tont tel» par les différentes bagatelles qu'on tait entrer dans leur com-
poGtion , par le défaut de préparation , & plus encore par la mauvaife foi de
i'Artifte dans le choix des ingrédiens. La l'cptieme & dernière claflc comprend ia'
congrue mîxta. Les remèdes que Rlvinus appelle ainli , demandent bien de la réforme ,
parce qu'il entre dans leur mélange quantité de choies inutiles , reflèmblantes l'une
à l'autre, périflables , contraires en vertu, ou d'une qualité nuifible. Si l'on fui-
voit le plan propofé par notre Médecin , que deviendroient la plupart des remé-
dies qui meublent nos Pharonacies ? Ils deviendroient meilleurs, plus sûrs, & les
Miniflres de fanté , ainfi <jue les malades , ne feroient pas fi fouvent les dupes
du commun des Apothicaires.
Dijfcnatiunei Medlc<e. Lipjis , 1710, /n-4. C'eft un Recueil de Thefes foutenues
dans les Ecoles de Leipfic.
Manudu&io ad Cbemiam Pharmaceuticam. Norimberga , i^iS^ in 8 , avec la Mcdulîn
Chy;ni£ de Jean-François l^iganus.
Séries Decanoram Lipfienjîum. Lipji<s ^l^ig , ia-4.
Jnnodud/io la Rem Htrbariim, Ibidem, ij'io, J/î-i2,avec la Réponfe de l'Auteur
aux obje(flions de Jean- Jacques Dillen.
Notitia morborum. Lipjîa & fFUtemberga , 1745 , //1-12.
ROBERDEAU,( Louis J> Chirurgien ordinaire de Gallon de France, Duc
d'Orléans , étoit du village de Champigny en Touraine. 11 fe fit beaucoup de
réputation à Paris par les connoiflances qu'il avoit dans fon Art , & fur-tout
par fes fuccès dans le traitement de la Vérole. Cette maladie étoit déjà dévolue
à la Chirurgie avan» Roberdcaa , mais elle femble l'être plus décidément aujour-
d'hui ; de fimples Elevés s'ingèrent même d'en entreprendre la cure. Enfant du
vice & de la débauche , la Vérole cherche l'oblcurité & craint de multiplier les
témoins qui devroient diriger l'adminifiration des remèdes. Les Maux Vénériens
font inconeftableraent du refTort de la Médecine ; la feule application des fe-
cours extérieurs appartient à h Chirurgie, en fa qualité de partie miniftrame de
J'Art de guérir. 'J'el tft le planque ïun '^'\ . Gardane dans le traitement populaire éta-
bli ci Paris, & qu'à fon exemple , on a établi dans les Provinces, Je ne chicanerai point.
Je paife volontiers aux grands Maîtres en Chirurgie, qui joigi,ent des coni:oiflànce9
fujîérieures à la dextérité de )a main, de fe mêler de-la cure entière de la Vérole j
utie expérience éclairée les dirige & conduit les malades au port defiré. Mais daas
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les villes , où la Chirurgie n'a encore fait que de foibles progrè? , la mal-adreffe
avide des ArtlHes fait gémir l'humanité. La jcunelTe débauchée donne toute fa con-
fiance à CCS IViiniflres ignoraas, & au-lieu d'une guérifon radicale qu'elle attend,
elle n'obtient tout au plus que la paliiation de fes maux. Railurée cepcndfini fur
les fuites, cette jeuneilé s'engage dans les liens du mariage; le feu mal éteint fe
rallume , une époufe chérie en refient les impretïions , & fi d'innocentes vi6\imcs
ue reçoivent pas la vie & la mort de la même main , elles traînent des jours mi.
férabies qui coulent fans avantage pour l'Etat. Le moindre mal qui réfulte de la
<]évolution du traitement de la Vérole à la feule Chirurgie , c'eit la duperie à la-
<3uellc un vil intérêt expofe les jeunes gens qui craignent fur la fuite des écarts ,
dans Icfquels l'oubli de leurs devoirs les a fait tomber. Au moindre figne d'indifpo-
fition , ils s'adreflent à quelque Chirurgien pour être ralfurcs iur leur état ; celui-ci
débute fouvent , dans fon avis , par les menaces les plus effrayantes , ainfi que
par la néceCQté d'un traitement en forme. Le jeune homme intimidé le livre aveu-
«flément aux ioins du donneur de conleiis ; il fe porte bien , il eft fain ; n'importe ,
l'avide & miCérable Thaumaturge le traitera des maux qu'il n'a pas , altérera fon
tempérament par des manœuvres inutiles , & finira par lui extorquer fon argent-
Je pourrois dire quelque choie de plus iur le danger qu'il y a de permettre que
certains Chirurgiens s'emparent feuls de la cure de la Vérole, qu'ils rcgardeat com-
me une des branches principales de la profeflion qu'ils exercent. J'ai connu un
de ces Chirurgiens traiteurs de Vérole dans ma Province : le fripon , il ofa décla.
rer d'avoir curé de cette maladie de très-honnêtes maris qui n'en «voient jamais
été atteints , & il pouffa l'effronterie julqu'à exiger de leurs veuves le paie-
ment des ibins qu'il n'avoit point rendus. Peut-on voler plus méchamment ? Je
demande grâce pour cette digrelfion ,- je la devois à mon amour pour le bon or-
dre & l'humanité.
Je reviens à Roberdeau. Le titre de Commenfal de la Maifon Royale lui don.
noit le privilège de pratiquer à Paris , quoiqu'il ne fût point admis à Spint
Côme ," mais il ambitionnoit de devenir Membre de cette célèbre Communauté ,
{k il s'y fit recevoir. Il eft le premier des Chirurgiens Comracnfaux qui s'y foit
fait aggréger. Cela donna occalîon à la réunion de ces Chirurgiens à la Société
de Paris. Roberdeau eft un de fes bienfaiteurs. Il fonda deux places de DémonC
trateurs , l'un pour enfeigner l'Oftéologie & l'autre la cure des maladies des os.
Celte fondation fi utile au public rendit fon nom rcfpecl:able à les Confrères ,
& lui mérita leurs regrets à fa mort arrivée à Paris le 30 Novembre 1712 , à
l'ilge de 81 ans. Le lendemain , fon corps fut honorablement enterré dans l'Eglife
de Saint Séverin , fa paroiffe.
ROBERT de Douay , Chanoine de Senlis & Médecin ou Phyficien de Mar-
guérite de Provence, femme du Roi Saint Louis, vécut vers l'an 1250. Il con-
tribua beaucoup à la fondation du Collège des Théo'iOJ;iens faite par Robert de
Sorbonnc , en donnant le priw d'une maifon qu'il avoir dans le Quartier du Palais
des Thermes ; & ce fut principalement à fa recommandation que Saint Louis
augmenta cet établifîément.
On croit que Robin de Douay étoit encore Chanoine de Saint Quentin , parce
qu'il
R O B gg
qii"'il laifTa cent livres à cette Eglile pour la fondation d'an Gèù, & pour l'achat
de huit muids de froment qui dévoient êire difiribucs chaque année le 20 Mai,
jour de fon anniverfaire.
ROBERT ou ROGER de Provins , Chanoine de Paris , Chanoine & Chan.
celier du Chapitre de Saint Quentin , fat Médecin & Chapelain du Roi Saint
Louis qu'il paroît avoir fuivi dans fes pénibles campagnes d'Outremer. Il IsifTa «
amfi que le précédent , 100 livres tournois au Chapitre de Saint Quef.tin pour
la fondation d'un anniverfaire ; mais il lui donna encore deux calices d'argent doré
du poids de quatre marcs , une once , des Reliques de la Couronne d'épines de
Notre-Seigneur , des Reliques de Saint Jean-Baptilie & de Sainte Marie -Mag-
deleiae dans un vafe doré , le tout muni de pièces authentiques.
L'état de Clerc qui a été long-tems celui des Médecins , les a rendus capables
de pofféder les meilleurs bénéfices. La Faculté de Paris a eu pluîieurs de les
Membres qui étoient Chanoines. Albert le Riche ou Dives , qui vécut en 1395,
fut Archidiacre d'Arras & Médecin du Duc d'Orléans : Henri Thibouft fut Pc-
ritencier & Chanoine de rEgfife de Paris en 1410 : Michel de Colonia , Chanoine
& Chantre de la même Eglife , fut élu Doyen de la Faculté en 1490 & continué
en 1491 : Michel Amy , Chanoine de Paris , entra en Licence fous le Décanat
de Nicolas Lajplé en 15 18, &i Jean Froideval , Chanoine de la même Eglife &
Curé de Saint André , fous celui de Jean Des Jardins en 1524 : Claude Fauvelet
de Sens , Chanoine & Chantre de l'Eglife de fa ville natale , fut reçu à la Li-
cence fous Claude Roujfelet , Doyen en 1576 & 1577. Mais les Médecins , pourvus
de bénéfices, ne continuoient pas tous l'exercice de leur profeflion ; plufieurs s'em-
preflbicnt de l'abandonner , pour aller profiter de la retraite honorable qu'ilj
s'étoient ménagée dans les Chapitres.
ROBERT , ( Marin-Jacques-Clair ) de Caen , Doreur en Médecine , fit fa
Paftillaire dans les Ecoles de la Faculté de Paris le 17 Janvier 1759, & mérita
la place de Confeiller intime , premier Médecin de Son Altcffe le Duc de Deux-
Ponts. On a de lui des Ouvrages imprimés fous ces titres ;
Recherches fur la nature & l'inoculation de la petite vérole. 1763 , ùi-ia.
Traité des principaux objets de la Médecine , avec un Traité fommaire des Thcfes fbw
tenues depuis 1752 jufqu'en 1764. Paris , 1766 , deux volumes , in-12.
Lettre à M. GuÛbert de Preval. 177a , in-8 , de 15 pages.
De la J^iellleJJe. Paris , 1777 , în-i2. Ce volume comprend quarante-deux lettres ;
•c'eft le genre d'écrire que l'Auteur a fuivi.
ROBERTI,( Jean ^ favant Jéfuite, dont M. Paqunt parle dans fes Mémoires^
naquit le 4 Août 1569 , dans une bonne famille de Saint Hubert , célèbre Bour-
gade des Ardennes. 11 fit Ion Cours d'Humanités chez les Pères Jéfuites nou-
vellement établis à Liège , & celui de Philofophie chez les Pères de la même
Compagnie au Collège des Trois-Couronnes à Cologne , où il remporta la première
place à la promotion des Maîtres-ès-Arts faite le la Février 1592. La même
année , il entra au Noviciat des Jéfuites de la Province du Rhin. Depuis il en-
T Q ME Xr. M
ga R O B
feigna avec réputarton la Théologie & l'Ecriture Sainte dans les Univerfités d*
Uouay , de Trêves, de Wirtzbourg , & enfuite dans celle de Mayence , où il
fe fit recevoir Doftear en Théologie. Ce Jéfuite fit aufij un allez long iejcut
â Liège , mais il alla terminer fa carrière à Namur , où il mourut , d'une ma-
nière fort édifiante, le 14 Février 165 1 , âgé de 81 ans, fix mois & dix jours.
11 a écrit plufieurs Ouvrages de Théologie , de Controverfe & d'Hiftoire , qui
ne ibnt point de mon reffort ; c'efl: pourquoi je ne m'arrêterai qu'à ceux qu'il
a nus au jour contre Rodolphe Gochnius le fils , Dofteur en Médecine & Pro-
feireur à Marpurg , Auteur du Traité De ma^netica curatione vulnerls. La difpute
qui s'alluma à ce fujet , fut très-vive ; ces deux adverlaires publièrent différens
Ecrits. Voici les titres de ceux qui parurent de la part de Robertl.
Traclitus novi de magnetlca vulaerum curatione , authore D. Rodolphe Gockntô , Med.
D, & ProfcJJhre Marpurg. ordinariô , brevls Anatome. Trcvlris , 1615, i/i-ia. Lovanii ^
1616, m- 18. Norimherga , i&ôî , i«-4 , dans le Theatrum fympatheticum aucîum.
Goclenius Heautontimorumenos ^ ïd eft , Curatîonis magmticts &Ungaenti armarii rulna^
Luxemburgi , 1618 , /n-i2. Norimbcrga , 1662, m-4, dans le Theatrum fympathiticum'
Mitamorphofis Magnetlca Calvino-Goclenlana. Leodli .^ i6i8 , m-i6.
Goclenius Magus jTerio délirais , Epiftnla. Duaci ^ 1619 , in-i'Z.
Curationis magneticts & Unguenti armarii maglca impojîura clarè demonjlrata. Luxem^
burgi , 1621 , J/i-12. Colonie .y i6a2 , in.-il,.
ROBIN, ( JeanJ Garde du Jardin Royal des plantes à Paris, fut nommé à
cet emploi par Henri IV, vers l'an 1590. Tourne/on le met au nombre des plus
curieux Botaniftes de l'on tems ; & comme il paflbit généralement pour tel, fes amis-
firent graver Ion portrait, qu'ils placèrent à la tête du Recueil des fleurs & de*s
plantes qu'il avoit cultivées, avec ce Diffique au bas;
Omnes Herbas novi.
Quot tulit Hefperiduia .y mundi quot fenilis Hortui^
Herbarum fpecies ^novit Me unus cas..
Jamais homme n'a été plus entêté de fleurs que Robin. De quelque chofe qu'on
lui parlât, il en revenoit toujours à fa gripe : ce qui faifoit dire à Gui Patin qu'il
fcroit changer le proverbe, & qu'on ne diroit plus: il rejfouvient à Robin de fes
fiàtts, mais il rejjbavient à Robin de fts fleurs. Le même Patin l'appelloit Eunuchus
Uefpcridum ; il étoit en effet un furveillant fi jaloux de fes fleurs , qu'il aimoit mieux
en écraler les cayeux, que d'en fah-e part à les amis. Un Médecin , piqué de cette
dureté , lui adrefla une l'atyre Latine très-cruelle, qui portoit ces mots en tête;
Toannl Robino totius propaglnls inimico nato.
Les Ouvrages fuivans appartiennent à Robia:
Catalogus Jlirpium ^ tàm îndigenarutn quant exoticarum , çua Latetite coluntur. Parijiùf^
160 1 , m-lî, 1607, 1624, in-8.
Le jardin du RjI Henri IF ., ou Recueil des fleurs gravées par Pierre Fallet^
Brodeur du Roi , & décrites par Jean Robin , avec une Préface & un Catalogue
^a quelques plantes étrangères qu'il avoit apportées, en 1603 , de Guinée & d'Ef-r
R O B R O D R O E <>t
^gne. Paris , 1608 , In-folio , avec 65 planches. Le même , fous le titre de Jardin,
du Roi Louis Xlll. Paris, 1638, in-folio.
yefpajhn Rnbin., autre amateur de Botatîique, a publié un Traité intitulé:
Enchiridion Jfagogicum ad factlem notitiam ft^rplum , tàm indig,tnarum qiiàm exoticarum^
qu£ coluntur in horto. Jo. & l^ifp- Robin. Parijiis , 1623, 1624 , inll.
ROBIN, évincent J de Dijon, Médecin du Roi, vivoit en 1633. Son goût
pour la Poéiie lui Ht prendre ce genre d'ctude en façon d'atnufement , & il mit
au jour quelques Ouvra^^es en vers; mais comme la vcrfificaiion ne fut jamais
capabiC de lui taire oublier ce qu'il devoit à fa profeûion, il s'en occupa lerieu-
iement dans les Ecrit* qu'il fit imprimer fous ces titres :
Mvii fur la pejtc reconnue ea quelques endroits de lu Bourgogne , avec choix des re-
mèdes propres pour la pré!en>ûtiin S ^uArifon de cette maladie. Dijon , i6î8, in 12.
Synopjis ratuinuii ii ai & udvcrfariurum , de tertia die Futûs anlmatione, ex qiiibus
doré conjt^bit ceUbratan unriquLate opinioneia de l'ot'-às fjr.naùone defereadam , Fieni
vcrù novant complcciendam. Divine, 1632, j«-4.
RODEvVALD, ( P'rançois ) Dodeur en Médecine, étoit de Brun'wick , où
il fut Redeur de l'Ecole oe Saint Gilles. Il pafla enfuite à Lunebourg en qualité
de Phyficien , &r cnHn en 155 1 , à Hambourg, qui fut, à ce qu'il paroît, J'undroit
où il tioit fes jours. On ne connoîc r;en de lui qu'une Orailbn De caufîs puir(.<-
fitdiionis qu'il prononça à ia prife de bonnet, & qu'on trouve dans le quatrième
Tome des déclamations choilies de Philippe Mélanchtun. , imprimé â Strasbourg en
155B, in 8.
RODIUS, ( Adrien J de Grand-mont en Flandre, enfeigna la Médecine dans
les Ecoles de la Faculté de Eouvain vers le milieu du XVI fiecle. Comme il fut
appelle à Douay pour remplir la Chaire de Profelleur Primaire dans l'Univerfiré
qu'on y avoir fondée en 1552 ,il prit le bonnet de Codeur avant de quitter Lou-
vain, &i la cérémonie b'en fit le premier de Septembre 1562.
ROEDERER, ( Jean George ) ProfefTeur en Médecine à Gottiogue, de l'A-
cadémiede Pétersbourg Jj de celle de Chirurgie de Paris , des Sociétés Rcyales d'Up-
fal &r de Gottingue, étoic de Strasbourg, cù il naquit en 1726. 11 étudia la Médecine
dans là patrie & il y prit le bonnet en 1750; mais comme il chtrcho.t à fe t-rer de
la foule en perfedtionnant & multipliant Tes connoiiiances, il ne crut pas mieux
faire que de le renare à Paris pour remplir Ion objet, & de pafT.r enfuite
en Angleterre & en Hollande, Il acheva htureufement les voyage? . & s'occupa
pn -tout de l'Art des Accouchemens avec tant de fuccès, qu'à Ion retour à straf-
bourg , il l'exerça avec la plus grande réputation. M. de HalLr , qu\ fcntoit le be-
foin qu'il avoit d'un tel homme po^or enfeigner à Gottmgue ce qui a rapport à cet
Art intérettant, appella Roeicrer en 1754, & Finfialla dans la Chaire qu'il lui
avoit defiinée. Les leçons du nouveau Profefleur répandirent bientôt tant de lu-
mières fur la Théorie & la Pratique des Accouchemens, que les Mé-i-cos quifor-
tirent de fon Ecole , furent autant de Maîtres qui allèrent infiruirc les Sageb-Ftmme*
^1 R O E R O G
trop lon*-'ems ignorantes dans cette partie. MmsRoederer ne jouit guère de la ri:-
putalion^qu'il s-étoit faite. Le dérangement de fa ianté l'obligea de quitter foexer.
Gices Académiques; il retourna à Strasbourg, où il mourut en 1763. Ce Médecin
a publié un grand nombre de Programmes , plufieurs Differtations & quelques Ou-
vrages fur la matière des Accouchcmens ;
Oratlo de ylrtîs Ob[ïancl<e pr^flantiâ. Gottinga , 1752. ^
Ekmenta ^rth Objletricia in ufum Pr^ehmonam ^cadcmicamm. Gottifiga, 1755,
1759, i/i-8. Colonies, 176-, m-8. En François, Paris, 1765, InS. Ce Livre 61er
mentaire eft généralement eftimé , mais il ne vaut pas celui de Lcvret.
Icônes Utcri humani. Goning^, 1759, 1764, in-f<iUo. On y trouve plufieurs remar-
ques intérelfantes fur l'état de la matrice en diftérens ftges , fur celui de ce vjlcers
chez la femme enceinte , fur fes vaiflèaux & fes lacunes.
Opujcula MeJica, fparjîm prias édita , mine danàm culle&a , aucia & recufa. Ootr
tîng^, 1764, in-^. C'eft le Recueil des Programmes & des Diflertations qu'il a pu-
bliés fur différentes matières , mais fpécialement fur ce qui a rapport aux temmes
grolfes, aux femmes accouchées, & au fœtus..
ROËLS, ( Paul ) natif de Tenrcmonde ou Dendermonde en Flandre, f^*^^ ^^^^'
à la Licence dans la Faculté de Médecine de Louvain. Il étoit Régent , c'eft-à.-
dire , Principal du Collège du Porc en la môme ville , quand il fut nommé Rec-
teur de rUniverfité le premier O^obre 153a. Pendant le cours de cette année ,
il obtint la Chaire de Profefleur ordinaire dans les Ecoles de la Faculté , & comme
il afpiroit à quelque choie de plus , il prit le bonnet de Doaeur le 6 Mai 1537.
Il ne faut point confondre ce Médecin avec Tobie Rocls natif de Middelbourg
en Zélande & Médecin lui-même. Celui-ci a écrit une Lettre De cenis quibufdain
plains , qu'on trouve dans l'Ouvrage de Charles Clufius imprimé à Anvers en 1601 ^
in-folio, fous le titre d'HiJloria rariorum plantarum..
ROESLIN. Voyez EUCHARIUS RHODION.
ROETENBECK C Michel ) vint au monde à Nuremberg le 19 Avril 1568.
Après de bonnes études à Altorf, il paila à Bâle, où il reçut les honneurs du
Doctorat en Médecine l'an 1595. A fon retour à Nuremberg , il le fit aggréger eu
Collège des Médecins, dont il remplit, enfuite les premières places avec tant de
diftinéMon , qu'il fut beaucoup regreté à fa mort arrivée le 27 Mars 1623. On a
de lui le Recueil des Epitaphes qui fe trouvoient de Ion tems dans fa ville natale.
]ean^ l'on fils, obtint le bonnet de Doéleur en Médecine à Altorf le 23 Juin
1630 , & fe fit aggréger au Collège de Nuremberg. Mais à peine commençoit-il
à percer dans cette ville , qu'il y mourut de la peiîe le 2 Oétobre 1634 , âgé feu-
lement de 28 ans. Il a écrit un Ouvrage intitulé : Spéculum Scorbudcum.
ROGER étoit de Parme ou de Salerne. Les Auteurs font non feulement par-
tagés fur le lieu de fa naiffance , mais encore fur le rems auquel il a vécu; tout
ce qu'on fait de mieux de fon âge, ce qu'il a écrit avant Roland de Parme qui^
fieion i=rein</, floriflbit. au plutôt dans le XIII iiecle.
R O G Q3
D'abord à l'arrivée des Ouvrages d'^lbucajis en Italie , Roger tira de cet Au-
teur les cotinoiflances qui firent tant eftimer les écrits qu'il compofa lui-môme ; mais-
il, ne s'eft pas piqué de lui rendre juftice, car il s'eft attribué, en bien des choies,
l'honneur de l'mvention qui certainement n'eft dû qu'à Albucajiî. On a fous le nom
ide Roger :
Liber breviter perjlrîngens quidqaid de omnium venarunt phlebotomiâ fctre bonum Mc'
i'uum opnnet , avec l'Ouvrage d'AlbucaJîs , qui eft intitulé ; Methodus medendi;
PraSlica Mcdiclns. F'en.etiii , 1490 , 1519 , in-folio. Ibidem , 1546 , In-folio ,
avec la Chirurgie de Gui de Cauliac , de Brunus , de Lanfranc & d'autres. Roger
traite lui-même de la Chirurgie , mais principalement de celle qui eft toute mé-
dicamenteufe. Le vin , le miel & quelques herbes émollientes , ibnt prelque
les ieuls moyens curatifs qu'il conieille dans le traitement des plaies ; il ne
condamne cependant point l'ufage des inftrumens , lorfque les circonftances
l'exigent.
ROGER de Provins. Voyez ROBERT.
ROGER , ( Jean-Nicolas _) Médecin natif de Venife , fut en réputation vers la-
fin du douzième fiecle. On lui attribue les Ouvrages fuivans :
Queejhum difficillimum accuratè expUcatum de fedc anima i^ membrorum principatu.
ex Galeno , Hippocradfque placîds , advenus Plnlvfophos. Neapoli ^ '574 » ii-A.
De re&a curandl rations per fanguinîs niijfionem Liber unus. f^enaiis , i-or
/n-4.
ROGER ( Jofeph-Louis ^ étoit de Strasbourg. Il prit Je bonnet de Dodteur ea
Médecine à Montpellier , où il fe dirtingua pendant Ton cours. Il donna au public
deux Did'ertations , dont les titres annoncent quelque chofe d'intéreflant. L'uae
parut en 1758, /n-B , ibus celui de Tentamen de vi foni & Mu fie es in corpus burnanum ;
l'autre en 1760, :/i-i6, eft intitulée: Spécimen Phyfiologicum de perpétua fibrarum mufcu-
larium palpitatione , novum phanomenon in corpore humano experimentis detec/um & demonfl
tratum. Ce Médecin ne furvécut guère à la publication de ces deux pièces car
on met là mort en ijôu
ROGERIUS ou ROGGIERI, félon Matthias, (f Jean -Jacques J naquit à Ro-
me en 162b', & pouffa le terme de fa vie jufqu'en 168a, peut-être au delà. Se-
guier le dit Auteur d'un Ouvrage intitulé :
Catalogus plantaram in yJgro Romano nafcentium. Ronnsy i()2'7 ■> in-f'Uo, avec le
Théâtre Pharmaceutique de Donielli , en Italien. F'eaetUs , 1681 , 1704 , /ft-4. Loa-
dini , 1684, in-ii , avec Jo. Raii fiirpium fyllqge..
ROGERS C George ) vint au monde à Londres vers l'an 1618.. Après avoir
étudié la Médecine à Oxford, où il fut admis au Baccalauréat en 1642, il fc ren-
dit à Padoue , & il y reçut les honneurs du Doctorat ie 'jo Avr I 16^6. A ion
retour en Angleterre , il fe fit incorporer à l'Univerfité dOxford , & p.iffa en-
Ëjite à Londres pour y faire la Médecine. Il acquit beaucoup de réputation dans-
cette ville i il fut même tant eftiraé de fcs Collègues , qu^ils le nommèrent
-^
ROI
leur Préfident en 1689. L'Orailbn qu'il prononça le 18 Octobre iSHt , en I'h<5nn«ut
à''Harvée &c des autres bienfaiteurs du Collège des Médecins de Londres , fut im-
primée dans cette Capitale en 1682, tn-4.
Matthias fait cncor.; mention de Jean Rogers , autre Médecin Angloi- , qui
prit le bonnet de Dodtcur à Utrecht & fut aggrégé à la Faculté d'Oxford le 13
Juin 1664. Il pail'a en'. aite dans 'a Province de Surrey , où il exerça avec de grands
luccès. On connoît de lui ua t-iecueil intitulé :
yjnalccfa Inanguralia fjii'e , Difceptat'oms Midicis, necnonDïutribce dlfcufforla dt quin-
çue corporis liumani conco&ionibus , potijjimumquc de ra(iuma:oji ac Spcrmatojî. Lon-
dlni , 1664 , i/i-8.
ROI ( Alphonfe-Vincent-Louis- Antoine LE_) natif de Rouen , prît le bonnet
de Dodtcur dans la Faculté de Médecine eo l'Univeriité' de Paris, & publia quel-
ques Ouvrages, fous ces titres:
Jiechercli£s fur les habUkniens des femmts & des enfaai » ou Examen de la manière
dont il faut vêtir Vua & Pâture fexe. Pans , 1772, m- 12.
La pratique de V^rt des accouckemens , première partie , contenant VHiftolre critique
de la (lod'rine & de la pratique des principaux accoucheurs qui ont paru depuis Hip-
pocrate jurqu''à nos jours ^ pour fervlr d'introduâion à Vétude S à la pratique des accou-
chemcns. Pans, ïJ'^G , in-B. Le Rédadteur du Journal de Médecine ( Avril 1776)
«'exprime ainfi dans l'Extrait qu'il donne de ce Traité : » mais avant d'en tracer
« le plan , il a cru dtvotr analyfer les Ouvrages de M. Levret , accoucheur Fran-
u çois; il les difcute avec une rigueur & une févérité ^ui ne peut être jui*ifiée
o que par une dod^rine affez lumineufe pour enlever tous les ibfTijrgcf. L'âge de
o M. Le Roi , le peu ce tems qu'il a pu donner à la pratique d'un art fi impor-
1» tant & fi difficile , auroient dû l'engager à mettre un peu plus de modération
» dans fes jugement ; les objed^ions piréfentées avec plus de modefiie , & d'un
n ton moins tranchant , n'auroicnt rien perdu de leur fcrce ; o'i manque fouvent
» ion but en allant au-deh\. n D'après ce qu'on vient de dire , on ne doit pas
s'étonner que M. Le Roi ait elTuyé une critique anonyme un peu amerc, fous
2e litre de Lettre de M. étudiant en Chirurgie. 1776, i/i-8 i mais il y a répondu
îjvec union de modération & de vérité qui fait fon éloge.
ROIS qui ont exercé la Médecine. Quoiqu'il foit en apparence au defibu* de
la fuprême dignité des Maîtres de la terre de fe mêler de la pratique de cette
Science , eux qui ne font faits que pour commander à leurs fujets, les protéger &
leur difiribuer la juRice ; cependant l'humanité a quelquefois trouvé des fecours à
les maux jufques fur le trône , & l'Hiitoire fait mention de plulieurs Princes
qui , fentant toute la nobleffc que la Médecine tire de ion objet , n'ont pas
dédaigné d'être les Pcres 6i les Médecins de leurs peuples. Sans parler des Rois
d'Egypte qui s'app'iqucr-nt l'crieufcmett à l'Art d--: guérir, les Anm.les delà Mé-
decine nous fourniflént beaucoup d'exemples d'autres Princes qui ont cultivé quel-
que partie de cet Art. Tt's lont, le Roi Sapor , qui a laiiï'é entre nos médica-
m rs un fyrop ious fori nom, parce qu'il en a été l'inventeur ; .V^i/rf, Roi d'A-
rabie; MithriJate f Roi de Pont; AUfaé , iiis des Rois de Damas; Aviccnne y Roi
ROI R O L
55
de Cordoue ; Achille , Prince fameux chez les Grecs. Denis , Roi de Sicile , exer»
cuit la Méclecine , il pratiquoit même les opérations c'-^ Chirurgie. Homire dit
qu'/t/omenee , koi de Creie , étoit un grand MéJccin. Conjlatxiin IV, lurtiommé Po-
gonat. Empereur de Confliintinople , après avoir défait les Sarrjlins & les Arabes,
s'adonna à l'étude de la Médecine le rcRe de fes jours , perfuadé qu'il étoit
que cette occupation n'étoit point indigne de i'a grand ur. ^kxandrc môme, ce
Êimeux conquérant, s'appliqua non leulement à la Théorie Médicinale , au rap-
port de Plutarque , mais il fe mêla encore de la Pratique & compol'a quelques
médicamens. Voyez » fur cet Article , le Traité De uobiUtatc du Jurifconfultc
Tiraqucau.
Dans le premier âge de la Médecine , on ne voyoit guère que des Princes,
des Sacrificateurs , des Prêtres & des perlonnes de Race Royale fe mêler de
l'Art de guérir les maladies. Leur état les faifoit refpedter comme les ombres
de la Divinité fur la terre ; & pour s'approcher davantage de la nature des
Dieux , ils cherchoient à les imiter en confervant la vie des hommes , & la
mettant à couvert des maux qui menacent d'en abréger le cours. Mais fan»
remonter à des tems aulîi anciens , on a admiré , au commencement de ce fiecle ,
la bonté d'un grand Roi , qui daignoit diflribuer des médicamens préparés de
fes mains , & qui ne cruyoit rien au deffous de lui , lorfqu'i! s'agiflbit de la
vie & de la fanté de fes fujets. Louis XIV fut ce Prince ; les merveilles de
foa règne lui ont mirité le Qom de grand , & ce trait le rend plus grand
encore aux yeux de l'humanité.
Nous naiflbns tous Cultivateurs , & le fentiment nous rend Médecins. La nature
développe à peine les premiers goûts chez les enfàns , qu'on les voit amonceler
la terre , la ranger en jardin , la bêcher , & y planter ou femer ce qu'ils trou-
vent Ibus la main. Dans l'âge mûr , & encore plus dans l'âge avancé , loit qirç
nous craignions les maux inféparabies de la condition humaine , Ibit que nous
les tentions déjà , nous nous prenons de compaffion pour les perlonnes fouf-
frantes , nous volons à» leur fecours , nous leur préfentons les remèdes donr
nous fommes les dépolitaires , & que nous tenons de nos pères , comme des
fecrets qu'ils nous ont tranfmis. Nous allons plus loin ; nous donnons des con»
ieils. Le Gentilhomme dans fa campagne cft toujours le Médecin de fes val-
faux i les Dames fur - tout fe piquent d'exercer cette charité intelligente , dont
elles fe font fait une forte d'étude , & vont dans la cabane du pauvre à qur
elles diftribuent des remèdes diététiques , médicinaux , & quelquefois chirurgicaux.
L'exemple des Rois bienfailans , qui ordonnent de dittribuer chaque année des
caifles de médicamens à leurs fujets , & qui leur communiquent la préparation
de ceux dont ils font l'acquifition , remue l'efprit de la Noblefle , & l'excite à
faire en petit ce que les Maîtres de la terre font en grand.
ROLAND de Parme , que Freiad place au plutôt dans le XIÎI lîecle - a fuivi
Roger de bien près , ainfi qu'il le dit lui-même dans le Traité de Chirurgie
que nous avons de lui. Il a groiH ion Livre de formules , mais fans négliger
les opérations. U y confeille l'extirpation du polype des narines ; il traite àet
hixatious ii des fia^ures d'après Oribafi ; il jparle de l'applicatioa & des efie^ft
ç6 R O L
du féton. Sa manière d'écrire refiemble fi fort à celle de Roger , qu'on eft tenté
<ie croire qu'il n'a eu d'autre vue que de le copier dans la plupart des choies;
il va même jufqu'à tranfcrire des phrafes entières , fans prefque aucun chan-
gement.
La relfemblance qu'il y a entre l'Ouvrage de Chirurgie de Roland de Parme
& celui de Roland CapeUudus , a porté quelques Bibliographes ^ croire que ces
<leux Auteurs ne font qu'une môme & feule perfonne. Suivant leur conjedture ,
Roland Capdludus feroit plus ancien que certains Ecrivains l'ont dit , quand ils
le font vivre vers l'an 1468.
ROLAND, CJoachimJ ou ROELANTS , Médecin du XVI fiecle , étoit
xiatif de Malines. f^éfale , foa ami , lui écrivit , en 1542 , une Lettre fort ample
Jur la nature & les propriétés de la racine d'Elquine, & non point du Kinkina ,
xomme M. Paquot le dit dans fes Mémoires. Cet Hiftorien, malgré l'étendue de
Tes connoiflances , n'a pas réfléchi que la racine du Quinquina n'eft d'aucun ufage
en Médecine , mais bien fon écorce ; ainfi la Lettre de yéfak , qui traite De
Jtadice Chints , n'a en vue que la racine d'Efquine. D'ailleurs , P'éfale. n'a pu
connoître le Quinquina ni fon écorce , puifque les Efpagnols ne l'ont apporté en
Europe qu'en 1640. Mais ce nouveau remède n'eut pas grande vogue qu'en 1649 ,
après que le Provincial des Jéfuites de l'Araérique eut invité tout fon Ordre
afiTemblé à Rome à lui donner de la réputation.
Roland a publié un Ouvrage De novo niorbo fudoris , quem ^.nglicum vacant, annâ
lijag grajfantis ; & à cette occalion , Jean Second, Poëte Latin natif de La Haye ,
lui a donné une preuve publique de fon amitié, dans l'éloge qu'il a fait de cet
.Ouvrage, en ces termes;
Qui cupîs IgnotiB naturam difcere pefils ^
Et , forniidata do&us opus faria ,
Splcula fccuras vapida contemnere mords, ^
uiccipi quâ vîtes callidui artc malum.
Scilicct hac multô tlbi datfudata labore^
Gloria Maclinîce laufque vel una fu<e ,
'^rimus ApoUîncâ Joachimus in u^rte medendl:
Qu(S nuper mifcros dum latuerc homlnes ,
Jeu quoi la ardenii famarunt corpora leSo ,
Mords & ignotas exdmuere vlas /
tfèu quot ublque animas exfudavere tepentels ,
Tranfmijfi ftyglU in nova régna vadis !
ROLFINCK CGuerner J naquit à Hambourg le 14 Novembre 1599. Il perdit
trop tôt fon père , qui enfeignoit avec diftinftion dans les Ecoles de cette ville ,
pour être conduit de fa main dans la carrière des Sciences; mais il avoit heureu-
ièmsnt toutes les difpofuions propres à y réuffir. On en profita , en le faifant
paûêr en i6i6 à Wittemberg , où U eut l'avantage d'avoir Sennert pour Profef-
R O L ^
fdOT de Médecine. En l6i8 , il fe rendit à Leyde, & au bout de deux ans de fé-
jour dans cette ville, on lui permit de voyager en Angleterre, en France & en
Italie. La beauté de ce dernier pays le tenta de s'y arrêter, mais il fe borna à
le parcourir tout entier; il revint enfuite à Padoue , & après avoir fuivi les Pro-
i'efieurs de l'Univerfité pendant cinq ans, il demanda le bonnet de Dod^eur qu'il
obtint le 7 Avril 1625. La l'upériorité de fes talens lui mérita l'eflime des Italiens.
Ce fut une chofe bien glorieufe pour lui, de fe voir invité à faire un Cours d'A-
natoraie dans l'Amphithéâtre de Venife, mais c'en fut une plus glorieufe encore ,
de l'avoir fait avec un applaudifleraent général.
Après fa promotion au Dodïorat , il revint en Allemagne & palTa à Wittemberg,
où il avoit pris les premières notions d'une Science qu'il polfédoit alors li parfais
tement.La Faculté de Padoue, qui ne Pavoit point perdu de vue, voulut l'en-
gager , en 1628, à venir enieigner & démontrer l'Anatomie dans fes Ecoles. L'of-
fre étoit autant avantageufe qu'honorable ; mais pendant que Rolfinck délibéroit
fur le parti qu'il devoit prendre , on lui propofa de fe fixer à Jene en qualité de
Profeffeur d'Anatomie, de Chirurgie & de Botanique. Ce fut le 4 Février 1629
qu'on lui fit cette propofition qu'il ne tarda pas d'accepter , parce qu'il aima mieux
d'être utile à l'Allemagne , que d'aller éclairer de fes connoifianccs une région
étrangère. L'Univerfité de Jene le reçut avec joie ; & non feulement il lui fit hon-
neur par la pratique de la Médecine , mais encore par celle de l'Art des accou.
chemens & des autres parties de la Chirurgie. 11 contribua auffi à la réputation
de cette Univerfité par l'établiffement d'un Jardin Botanique & d'un Amphithéâtre
d'Anatomie & de Chymie.
En fa qualité de Diredeur du Jardin des plantes , il y mit un tel ordre , de-
puis 1630 jufqu'en 1638 qu'il occupa cette place , qu'aucun des Jardins de l'Alle-
magne ne lui fut comparable , foit pour le nombre , foit pour la beauté des
plantes , tant indigènes qu'étrangères. Le ai Février 1641 , on le chargea d'enfeigner
in Chymie; il accepta cet emploi, & il fut le premier Profelfcur en cette Science,
non feulement en Allemagne , mais dans toute l'Europe. Il fut en même tems
le dernier des Profefieurs Allemands qui eût expliqué publiquement les Ouvrages
des Auteurs Arabes i il les abandonna pour s'attacher à la do^rine des Grecs^
«omme plus faine & plus judicieufe. Ce tut en bonne partie aux foins de Rolfinck
que l'Univerfité de Jene dut la haute réputation, dont elle commença de jouir dès
le milieu du dernier fiecle. Ce fut à fes travaux littéraires que Rolfinck dut la fienne.
La célébrité de Ion nom étoit répandue dans toute l'Allemagne, lorfqu'il mourut
le 6 Mai 1673. Ses Ouvrages , qui font en grand nombre, n'ont pas peu contribué
à le faire eftimer de fes contemporains ; & quoiqu'on n'en fafle plus le même cas
aujourd'hui , je ne puis me difpenfcr d'en donner le Catalogue :
Zacharia Brendelii Chymla in ylrùs formant reda&a. Jents , 1641 , m-8 , avec une
Préface de fa façon. Jbidem , 1661 , 1679 , J/1-4 , avec des notes. Lugduni Batavo.
rum, i6fi, ta-i2. Genev<£, 167 1 , in-^,
Dijfertatio de Hcpaie ad circulationem accommodata. Jene , «653 , in-4. H admet la
circulation & il en attribue la découverte à Harvéc.
Methodus cognofcendi â? curandi affe^us capiiis particulares.Jeme^ 1653, în\. Jbidem^
T 0 M. E ir. N
98
ROM
1C71 , in-4, avec le Traité du même Auteur, qui eft intitulé: De aucloribus pra&lch^
Dlifertatio de Corde ex Veterum & Recentiorum , proprilfquc obfervationlbus conclnnata '
& ad circuladonem accommodata. Jcna , 1654 , in-4.
Methodus cognoCcendi & curandi partiailares corpnris affectas , fecundàm ordinem ^bU'
betrl Rhai<s &c.Jen<B^ 1655, in-\. Ibidem, 1675, i/1-4 , par les foins de George»
JVblfgang iVedelius.
Dijfenationes j^natomica , f^eterum cf Recentiorum obfervationlbus illuftra:ée , ad clrcU'^
lationem accommodata. Jena^ 1656, m 4. Quoique Rolfinck eût pafTé pour le copifte
de Riolan. , fes Differtations Anatomiques ne méritent pas moins d'être lues. Elles
contiennent, dit M. Portai ^ des détails fort utiles &fort érudits. Après un long &
favant prélude fur l'ancienneté, les progrès & l'importance de l'Anatomie, cet
Auteur donne une defcription générale des parties du corps , & pafie cnfuite à
l'examen de chacune. Avant de propofer fon fentiment, il rappelle fuccintement
celui des plus anciens Pères de l'Art , & comme il poflédoit l'hiftorique de l'Ana-
tomie il a excellé dans ce genre de récits. A l'aide de fes ledlures , il a été â
portée de parler de plufieurs objets inconnus à fes contemporains ; c'eft ce qui
prouve comWen l'érudition eft utile dans tous les états. Rolfinck a mis un ordre
admirable dans fes defcriptions , & cet ordre eft prefque par-tout uniforme. Il eft
un des premiers qui , en décrivant l'Oftéologie , aient parlé de l'infertion des rauf"
clés aux os.
Ordo & methodus cognofcendi & curandi febres. Jene , 1658 , Jn-4.
DtJJertationes Chymlcts fex , de Tartaro , Sulphure , Margarltls , perfectls metallls duo*
bus Aurô & Argentô , uintlmoniè ^ imper feSlis metallis duris duobus , Feriô ijf Cuprô.
Ibidem , 1660, 1679, Jn-4.
Ordo & methodus generationi dicatarum partium per Anatomen cognofcendi fabricam..
Ibidem, 1664, in-/^. Cet Ouvrage parut encore fous ce titre: Sacra Eleujmia pate-
facia , five , Tradiatas Anatomicus de organorum generationi dlcatorum Jlruciurâ. Franco^
furti^ 16B4, m-4-
De partu diffidli. Jen£ , 1664, /n-4. C'eft une des Differtations Académiques foute»
nues fous fa prélidence. Il eft Auteur de beaucoup d'autres.
Ordo & methodus Mediclnts fpecialis Commentatori<e. Jcna & Vrancofurtl\ 1665 , m-4.
De purgantibus vegetabilibus Liber. Jene 1667 , 1684 , t/1-4.
De curatione Hydropis ylfcitis. Ibidem , 1668 , in-4.
Ordo & methodus Medicinte fpecialis Confultatoria. Ibidem , 1669 , /n-4, Francofurti ai
Moinum , 1676 , in-^
De vegetabilibus , pi antis ., fuffru&icibus , frucîicibus in génère ^ Libri duo. Jene ., 1670,
fn-4. Il y a joint THiftoire de l'établiflement des Jardins Botaniques d'Allemagne »,
d'Italie & des Pays-Bas , avec la lifte des Direéleurs.
Non-Ens Chymicum^ Mercurius metallorum & miner alium. Jena ., 1670, tn-4.
Syntagma univerfa Medicin^ Pracfica. Francofurti , 1688 , in-4. C'eft le Recueil de
fes principaux Ouvrages de Pratique.
ROMAIN , f Adrien ) Médecin & Mathématicien, étoit de Louvain , où il
naquit le 29 Septembre 1501. Il fit l'on cours de Philofophie chez les Pères Je-
ROM 99
fuites I Cologne, & après avoir encore étudié la Médecine dans la même ville
pendant quelque tems, il vint à Louvain où il continua de s'y appliquer, & paflTa
eofuite dans les plus célèbres UniverGtés d'Italie. 11 fit par-tout de grands progrès ;
mais comme il avoit l'efprit extrêmement pénétrant & le jugement profond , il fe
diftingua tellement par ceux qu'il fit dans les Mathématiques , qu'il paiïh bientôt
pour le premier homme de fon fiecîe dans cette partie. 11 jouiflbit déjà de beau-
coup de réputation à cet égard, lorfque l'Evêque de Wirtzbourg l'attira chez lui
en 1593, P°"' enfeigner la Médecine & les Mathématiques dans la nouvelle Aca-
démie de fa réfidence. Romain remplit ces deux Chaires à la fatisfaéïion de tout
le monde ; mais après la mort d'Anne Steegh , fa femme , il fe dégoûta de ce traio
de vie , erabrafla l'Etat Eccléfiaftique , & obtint du Prince « Evêque un Cano.
ntcat de TEglife de Saint Jean. H parcourut enfuite l'Allemagne & Ja Pologne ,
& s'arrêta pendant deux ans chez Jean Zarooski , Chancelier du dernier
Royaume , qui l'engagea à pafler en la ville de fon nom dans la Ruflie rouce ,
où il enfeigna publiquement les Mathématiques en 1610. On ne lait pas le tems
qu'il demeura en ce pays ; mais on fait qu'après avoir traverfé la Pologne , la
Pruffe , la Bohcme & l'Allemagne , il prit la route des Pays-Bas dans Je defTein
d'aller à Spa pour y prendre les Eaux , & qu'il mourut à Mayence le ^ Mai 1615.
Il a compoié quantité d'Ouvrages de Mathématique , & aucun de Médecine ,
finon des Theles foutenues à Wirtzbourg fous fa préfidence. Voici les titres de»
uns & des autres :
Ouranographia ^ de cœlorum numéro & ordine. Lovanil , 1591 , m-4.
Jdea Machematlca Pars prîor , flve , Methodus Polygonorum. Ibidem. 1593 , in-4.
Theatrum Urbium. Francofurti , 1595 , ^-4.
Supputatio Ecclejîajîica juxta novarn veteremque Calendarii rationem , cum Theoria
Calendariorum. Wirceburgl , 159?; , ire-4.
Problema ^poUoniacum. UcrbipoU , 1596 , in-4.
Theoria venwrum. Wircthurgi^ 1^96, Ji-4-
Exerdtationes Cydicce contra Scaligerum^ Orontium Flnaum & Raymarum Urfîaum ^
in decem Dialogos tribut<e. Ibidem , 1597 , in-folio , avec Expojïtlo & ^nclyfis in Ar-
chimedii cîrculi dimenjîonem. Apologia pro Archimede.
Pythologia , five , Thefes de plantis , quatenus Medicîs materiam fubminiftrant remcdio-
rum. Jf^irceburgi , 1598, ii'^.
De fîmpUcium medicamentorum facuhatlbus. Ibidem , 1601 , i/1-4.
De falubri olerum ufa. Ibidem, i6o2 , 1/14. Ces trois dernières pièces ne font que
des Dilfertations Académiques.
Idea Mathefeos univerfe. HcrbipoU , 1602 , i/i-8. Francofurti , 1605 , j/i-8 , fous le
titre de Mathejîs Polemica , avec des augmentations,
Arithmeticte quatuor inftrumenta. HerbipoU , 1603 , in-folio patente.
Spéculum Mathematicum , five , organum forma mappa exprejfum , de motibus In primo
cœlo ac mobill fpe&ari folitis. Lovanil , 1606 , tV4.
Methodus exprimendi numéros quantumvls maximds. Ibidem , 1607 , In-folio patente,
Mathematica uinalyfeos Triumphus. Ibidem , 1607 , in-folio expanfo.
Canoa Triangulorum Spharicorum. MoguntU ^ 1609, m«4.
too ROM
Pyrotechnla^ jîve, de ignlbus feftivis^ jocojîs, artificlalibus f Llbrl duo. Francofàrtt^
i6ii, m-4. i)
De formatlone corporls humant in. utero. Parijîls, 1615, in-4. f^enetils ^ 1623, in-4,.
Suivant Manget , c'eft Gilles Romain qui eft Auteur de cette pièce ; mais l'hirtori-
que qu'il donne de ce Médecin , eft exad^ement le même que celui de Foppens
dans la Bibliothèque Belgique , fous le nom d'^Jdrlen Romain. J'ai fuivi le texte
de Foppens.
Jacques Romain , fils à' Adrien , accompagna fon père dans fes longs voyages. Il
fut reçu à la Licence dans la Faculté de Médecine en l'Univerfité de Louvain ,
& il y remplit enluite la Chaire d'Anatomie & de Chirurgie, Il mourut le 13 No-
vembre 163s , & légua fes Livres à la Bibliothèque Académique,
ROMAINS. C Etat de la Médecine chez les ) Ce fut environ l'an du inonde
Srso» quand les Romains fe prévalurent de la foiblefTe des autres nations & tirent
les premiers pas vers la Monarchie univeri'elle , que les Arts & les Sciences corn»
mencerent à pafler de l'Egypte & de la Grèce en Italie. Archagatus vint à Rome
l'an 535 de la fondation de cette ville, c'eft-à-dire, 3788 du monde, & fut le
premier étranger qui apprit aus Romains qu'il étoil un Art de guérir lupérieur
à tout ce qu'ils en avoient de connoifiances. La Médecine y étoit connue avant fon
arrivée, & il ne fit que la préfenter fous un nouveau jour; c'eft donc fans fon-
dement qu'on a prétendu que Rome fut avant lui fans Médecins. Mais comme
cette affertion ne manquera pas de trouver encore aujourd'hui des incrédules , il
eft d'autant plus important de la mettre daiii tout fon jour , qu'elle eft un point
înté/eflant de l'Hiftoire dont je traite.
S'il en faut croire Pline , non feulementla Médecine ne fut pas connue à Rome
dans les premiers fiecles de la République , mais elie n'y fut même reçue qu'au-
près tous les Arts libéraux & toutes les Sciences, « Le peuple Romain, dit cet
» Auteur, a été plus de 600 ans fans Médecins, quoique d'ailleurs il n'ait pas été
j5 pareiTeux à recevoir les Arts, & qu'il ait même été fort avide de la Médecine,,
n jufqu'à ce que l'ayant connue par expérience, il l'a condamnée. » Quoi les Ro>
mains (e font paffés fi long-tems de Médecins ? Si le fait étoit vrai , il y auroit
de quoi furprendre. Mais li on oppofe l'autorité de Denis d'Halicarhaflè à celle
de Pline , fi on oppofe même les paflages de Pline les uns aux autres , on ne
peut s'empêcher de voir combien font peu fondés les Hiftoriens qui s'appuient fur
ce dernier Auteur , pour dire que la Médecine a été long-tems inconnue aux Romains.
Suivant Denis d'Halicarnafle , « la pefte étant venue à Rome l'an 301 de fa
» fondation, & s'étant rendue plus furieufe qu'aucune autre pefte, qui eût été de
T. mémoire d'homme , elle emporta prefque tous les efclaves & la moitié des ci-
» toyens, les Médecins ne fuffifant pas pour le nombre des malades, n II y avoit
donc alors des Médecins à Rome, c'eft-à-dire, plus de deux cens ans avant le
tems marqué par Pline , comme il y en a eu de tout tems chez tous les peuples.
Mais pour concilier ces deux Auteurs, il faut entendre des Médecins étrangers
& particulièrement des Grecs , ce que dit Pline. 11 s'explique lui-même en ces
termes: « pour être convaincu de l'éloignement que les Romains de ce temslà
9 avoient pour la Médecine, il ce faut qu'entendre là-delTus les fentimens de Marcu
ROM loc
» Caton y quia vécu foixante-dix ans après ^rchagatus , & qui étoit un homme dii.
a quel on peut dire que l'honneur du triomphe , qui lui a été décerné , & la charge
n de Cenfeur qu'il a exercée, font ce qui le relevé le moins, tant il y a eu d'au-
» très choies confidcrables en fa perfonne. Voici fes propres termes tirés d'une let-
y> tre qu'il écrivoit à fon fils : je vous dirai quand il fera tems , mon cher
n Marcus, ce que je penfe de ces Grecs, & ce que j'eftime le plus de tout
• ce qui eft à Athènes. 11 eft bon d'étudier, comme en paflànt, leurs I^ettres &
» leurs Sciences; mais il ne Faut pas les apprendre à fonds. Je viendrai à bout
B de cette race méchante & fiere; mais foyez afluré, comme C un devin vous
» l'avoit dit, qu'aulîitôt que cette nation nous aura communiqué fes Lettres j,
» elle gâtera ou corrompra tout; & cela fe fera d'autant plus aifément , fi elle nous
n envoie encore fes Médecins, lis ont juré entre eux de tuer tous les Barbares
D par le moyen de la Médecine ; & encore exigent-ils un falaire pour cela de ceux
B qu'ils traitent, afin qu'ils fe fient mieux à eux & qu'ils puifient les perdre plus faci-
r lement. Ils font affez infolens pour nous appeller Barbares auffi bien que les
n autres; ils nous traitent même plus infolemraent, en nous appellant Opiques , . , . . ,
- En un mot , fouvenez-vous , mon fils, que je vous ai défendu les Médecins. »
Ainfi penfoit Caton , ce fier Romain qui , à travers un extérieur réfervé &
prefque mortifié , ne montroit qu'une vertu d'ortentation. Cenfeur rigide , il crai-
gnoit l'introduction des Arts qui auroient adouci les mœurs de fon tems. Tout
commerce avec les Grecs lui fembloit propre à introduire dans la République
un air d'urbanité , qu'il croyoit contraire à la fierté dont il vouloit animer l'efpric
de fes concitoyens. 11 craignoit jufqu'aux Sciences de la Grèce , & comme par
la manière , dont il s'exprime , il eft tout viCble qu'il n'avoit en vue que la
Médecine étrangère, il eft aifé de conclure que c'étoit celle des Grecs qu'il haiiïbit
davantage , parce qu'elle ne s'accordoit pas avec la vieille Empirique qu'il avoit
adoptée. Pline en convient , lorfqu'il fe fait cette objection : " Croironî-nous ,
" dit-il , que Caton ait condamné une chofe auffi utile que la Médecine "] Non
1 aflurément , parce que lui même a bien daigné nous apprendre par quelle Mé-
» decine lui & fa femme étoient parvenus à un âge fort avancé , & qu'il avoif
» un Livre où il marquoit de ^elle manière il traitoit fon fils & fes efclaves ,
n & même fes bœufs , quand ils étoient malades.
Les Romains n'ont donc pas été abfolument fans Médecine ; comme chaqce
peuple eut la fienne , ces Républicains eurent la leur. La fin de cet Art nécef-
faire fut , chez tous les hommes , la confervation de la vie & le rétabliiïeroent de
la fanté ; s'ils différèrent entre eux , ce fut uniquement par le moyen de par-
venir à ce but général. H paroît que les Romains ne fe font fervi> , jufqu'à
la venue d'^rchagatus , que de la Médecine naturelle ou de la fimple Empirique,/
telle qu'elle avoit été en ufage parmi eux dès les premiers fiecles de la Répu-
blique i c'eft cette Médecine qui fut tant du goût de Caton, & de laquelle lîl
eft le premier Romain qui ait écrit.
A l'égard de la Médecine Grecque , il n'eft pas furprenant qu'on n'en eut point de
connoiffance à Rome avant l'arrivée d'^^/rchagatus , puiPque l'es habitans ont d'ail-
leurs beaucoup tardé à [recevoir les Sciences & les Beaux Arts. Une ville où
l'on n'étoit occupé que d'élections & de brigues i un Etat qui ne vouloit de»
102 ROM
ruiner que par les armes , s'aveugloit aiféraent fur l'importance & la dignité dei
•Sciences. Les Romains devenus favans fe feroient amollis, c'eft-à-dire , que les
mœurs fe leroient adoucies : ils auroient perdu cette férocité qui leur failbit ea-
vilager le bien d'autrui comme le feul bien qui méritât d'exciter leurs defirs : oa
ce les eût point vu rechercher avidement d'affreux lauriers , teints du fang des
peuples & arrofés des larmes de l'humanité. C'eft pourquoi, li Pline a dit, dans
le paffage qu'on a cité , que le Peuple Romain n'avoit point été parefleux à
recevoir les Arts, cela doit feulement s'entendre des méchaniques qui font abfolu.
ment nécefiaires à la vie. Ciccroa nous apprend ( Tufculan. Libr. I. J que la Poéfie ne
s'étoit introduite chez les Romains que Fort tard , & qu'ils avoient beaucoup mé-
prifé la Philolbphie jufqu'à Ion tems , c'eft-à-dire , jufques vers le milieu du qua-
rantième fiecle. Suétone ajoute ( de illuflrib. Grammatic. ) que la Grammaire n'avoit
point été en ulage chez les premiers Romains, bien loin d'y avoir été eftimée ; parce
que ce peuple étoit encore fort grolfier en ces tems-1^ , & H uniquement attaché aux
affaires de la guerre , que peribnne ne fongeoit à cultiver les Arts libéraux. Mais il ue
faut point d'autre preuve que les Belles-Lettre^ font venues fort tard à Rome ,
que la crainte qu'avoir Caton qu'elles ne s'y introduififfent de fon tems, c'ei^-
l-dire , après le milieu du fixieme liecie de la fondation de cette vUle.
En voilà affez pour juger de l'état des Sciences chez les Romains , & pour
fe convaincre que fi ce peuple n'a point toujours eu des Médecins en ûrrs ,
il n'a jamais été fans en avoir qui en fiffent les fondions proportionnémenï au
goût de la nation & à l'étendue de leurs connoiffances. Mais il y a une autre
queftion qu'il faut éclaircir , c'eft de favoir s'il eft vrai , comme agrippa &
Montagne l'ont prétendu , que les Médecins aient été bannis de Rome du tems
de Caton le Cenfeur. On vient de voir que ce fier Républicain ne craignoit rien
tant que l'introduf^ion de la Médecine Grecque dans cette ville ; mais il ne
jraroît point qu'il lui en ait empêché l'entrée , & encore moins que fon parti
ait prévalu à l'en faire bannir. Il eft plus que probable que Thiftoire qu'on
débite fur l'expuUion des Médecins , a été forgée fur l'aventure d^ ^rchagatus ,
quoiqu'il ne loit pas dit que ce Médecin ait été chaffé de Rome , mais fim-
pleraent que fa profeŒon y fut décriée , lorfiju'il voulut fe mêler de la Chi-
rurgie. Au refte , Caton n'a pu avoir aucune part à cette affaire , puifqu'il
avoit au plus dix-huit ans lors de la venue é'Archagmus à Rome , qui ne paroît
pas y avoir fait un long féjour. On eft d'accord fur l'averfion que Caton avoit
pour les Médecins & particulièrement pour les Médecins Grecs ; on convient
qu'il fe détioit d'eux , foit qu'il trouvât leur manière de faire la Médecine trop
affedîée , foit qu'étant accoutumé à la vieille Empirique , il traitât cette nou-
velle Médecine de Charlatanerié. Pline ne laiffe aucun doute là deffus , puif-
qu'il dit que Caton condamnoit , non la Médecine en elle-même , mais la manière dont
on l'exerçoit : d'où il s'enfuit bien que Caton & les Romains de fon tems eurent
de l'éloignement pour les Médecins , & non point , qu'ils euffent jamais donné ua
arrêt de banniffement contre eux. On ne fait point d'ailleurs qu'aucun Auteur an-
cien ait fait mention de cet arrêt ; mais quand l'expulfion des Médecins feroit autant
vraie qu'elle paroît fauffe , que pourroit-on inférer delà au défavantage de la Me-
ROM io5
Jecine? Eft-ce que le goût des Romains du tems de Caton , ou celui de Caton
lui-môme qui condamnoit ce qu'il ne connoifToit pas, doit décider du prix de cet
Art? Chaque peuple a enviCagé la chofe félon fa portée & comme il lui a plu ;
d'où vient que les uns font allés à un excès & les autres à un excès tout oppoie.
Les Grecs , par exemple, avoient une opinion bien différente de celle qui prévaloit
chez les Romains dans les premiers fiecles de la République; ils penfoicnt tout
autrement lur la Médecine. Il étoit défendu , par une ancienne loi des Athéniens >
aux femmes & aux eiclaves de fe mêler de cet Art ,jufques-là qu'ils ne fouffroient
point de Sages-Femme?. Ceux de Locres allèrent encore plus loin. L'eftime & le
refpedl qu'ils avoient pour la Médecine , porta leur Roi Zelcucus à faire une loi
qui ordonnoit que, JI quelqu'un étant malade avoh bu du vin contre les ordres du Médecin ,
quoiqu^d guérît nonohjîant cela , on le punit de mort pour avoir défobéi. Mais que per-
foit la Grèce au fujet d'Hippocrate , plus d'un liecle avant Catcn ^ l'oi t fut
employé, honneurs, ftatues , couronnes, privilèges, pour faire marcher la rccon-
noiffance de pair avec l'eRime. On voit par ces différens exemples qu'il ne faut pas
toujours juger du prix des chofes par l'opinion qu'en a un peuple , mais par ce
que dide la droite raifon. La trop grande vénération des Locricns étoit nar
exemple , aulïï peu juRe . que le mépris des Romains étoit peu conforme au bon fe^ns.
Mais les chofes changèrent de face dans la fuite, ^fclépiade ,qm floridbit à Rome
vers l'an 658 de fa fondation , fit regarder la Médecine d'un autre oeil que n'avoit
fait ^rchagatus. Un fiecle avoit changé l'efprit des Romains. Ils s'étoient civilifés
par les liaifons qu'ils avoient eues avec des peuples plus policés qu'eux , & leurs
mœurs adoucies prenoient déjà l'empreinte de la mollefl'e. u4fclépiade fut profiter de
ces difpofitions. Plus occupé de plaire que d'être utile, il bannit de fa pratique la
faignée , les purgations , les vomitifs; il habilla la Médecine à la Romaine, en la
réduifant à un certain régime de vivre, à peu d'alimens, aux boifTons glacée?
aux bains , aux frictions , à la promenade. C'eft en avertillànt que fa méthode ne
reffembloit point à celle des Grecs, que ce Médecin parvint à faire eftimcr fa
profeffion à Rome; mais l'eftime qu'on avoit conçue pour elle, alla tellement "n
augmentant , qu'au rapport de Suétone , Jules-Céfar donna le droit de Bour ^eoifie
à tous ceux qui l'cxerçoient , ainfi qu'à ceux qui enfeignoient les Arts libéraux
afin qu'ils demeurafient dans la Capitale & que d'autres vinlfent s'y établir. Oti
voit par-là que Jules-Céfar , en jettant les premiers fondemens de l'Empire Romain
ne fe contenta pas d'en étendre les limites par les armes, mais voulut encore HU
luftrer par les Sciences; fa conduite prouve même qu'il étoit d'un goût bien dif-
férent de celui de Caton , qui craignoit tant la venue des Médecins Grecs & des
autres Gens de Lettres. Horace parle ainfi dans la première Epitre du fécond Livre ;
Gracia capta ferum vidorem cepit , (Sf artes
Intulit agrejli Latlo.
Céfar Augufte, à qui le Poëte adreffa ces vers, ne fe borna point à imiter
fon oncle & fon prédéceffeur, il renchérit fur lui. Non iculement il fit de grandes
largeffes à Antoine Mufu , fon Médecin , mais il lui accorda encore le droit de
porter l'anneau , & il ordonna de lui élever une flatue près du Temple d'Efculape.
Il fit plus ; il exempta tous les Médecins des charges publiques : Dederat unîvcrfo
Mcdicorum ordini immunitatem munerum, Cad. Ji'Jlin. Ces privilèges furent confirmes
104 U O M
par les Empereurs VefpaGen , Adrien & Antonin: on fut cependant . obligé dans
la fuite de borner le nombre des Médecins dans chaque ville , afin que l'exemption
ne devînt point onéreuie à l'Etat & que la Médecine ne fervît pas de prétexte
pour éviter les charges publiques. On jugea encore qu'il ne falloit pas accorder
Mmmunité à ceux-mèmes qui étoient du nombre prefcrit par la loi, fans le con-
fentcment du public: invita ordine. Ce qui prouve, ajoute Godcfroy , célèbre com.
mentateur des Inftitutes de Juflinicn , que l'immunité accordée aux Médecins ne
fétoit que par décret des Décurions ; Quoi argumento ejî ex décréta Decurionum
immunltatein Medicis trlbutam.
Soùs l'Empereur Commode , Gaîien obtint les plus grands honneurs ; on lui
drefia môme une ftatue. Sévère récompenfa les Médecins aux dépens du Tréfor
public: jVkdicis annonas ex publica addidit. Dioclétien & Maximien accordèrent auffi
des immunités à ceux qui profeflbient la Médecine. Conftantin fur-tout , & après
lui Ihéodofe & Honorius confirmèrent ces privilèges , quelque grands qu'ils pa-
Tufient aux yeux économes des Tréforiers de l'Empire. Julien, protefleur des Let-
tres, Lettré lui-même, fit exempter les Médecins des charges publiques, lorfqu'il
trouva qu'on avoir voulu les y aifujettir contre le vœu de la Loi.
Ces dilpofitions des Empereurs font des preuves fubfiftantes de l'état honorable
dont la Médecine jouiflbic dans l'ancienne Rome; mais on a voulu oliufqucr la
gloire qui pouvoit lui en revenir, en foutenant que les Médecins qui exerçoient à
Rome fous le règne des premiers Empereurs , étoient tous Efclaves. C'eft la con-
dition fervile d'^itoiae Mufa & de quelques autres qui a fans doute donné lieu à
ce reproche avilifllmt. La diipute a été vive fur cette queftion ; non feulement elle
a partagé les efprits dans les Gecles antérieurs à celui où nous vivons, mais elle
3 encore été remife fur le tapis dans ces derniers teras , au fujet de l'Ouvrage
<]ue Conyers Middleton a publié à Cambridge en 1726, i«-4 , fous ce titre: De Me-
dlcorum apud veteres Romanos degentium conditione , qua contra J. Sponïum & R.
Miadium fcrvilem atque ignobllem fiùjfe oftenditur. Cet Auteur s'appuie d'abord de
J'autorité de Piitic^ & foutient avec lui que Rome a été plufieurs fiecles fans
3Vlédecins. Il ajoute enfuite qu'aucun homme libre ne s'étoit mêlé de la Médecine
avant les Céiars, que s'il s'en eft trouvé quelques-uns à Rome, c'étoient des
;<jrecs de bafle condition, & que généralement tous les Médecins de cette ville
étoient des Afii-anfhis ou des Efclaves. Middleton dit encore que les Médecins
de Rome exerçoient en même tems leur Art & la Chirurgie, parce que ces deux
profefiions n'étoienl point alors partagées en diftërentes mains ; que ceux d'entre
eux qui portoient le nom des familles Romaines, n'étoient point dé condition libre.
Les Médailles connues des familles Rubria & ^cilia n'appartiennent point , con-
tinuc»t-i!, aux Médecins qui en portent le nom, mais à ces familles mêmes qui
les ont fait frapper à l'occaUon de quelques cérémonies ou événemens particuliers. ,
On ne manqua pas de réclamer contre les raifons de Middleton qui , tout favatit
qu'il étoit , paflbit généralement pour un homme à paradoxes. Un Anonyme mit
au iour : Ad C. Middleton de Medicorum apud veteres Romanos conditione, quant
fervUem & isnobilem fuilfe contendit, Refponjio. Cette Réplique fut imprimée à Lon-
dres en 1727, in-S. On y prouve qu'il étoit fi néceflaire d'être de condition libre
pour exercer la Médecine à Rome , que les Efclaves ne pouvoient s'en mêler , •■
finoa
'U O M kS
'iinon qu'après avoir obtenu l'afFranchincment. En général , les Médecins avoient
le pas llir les Profedl-urs des Arts Libcraux. Glycon , Médecin de Panfa qui fut
ConibI ibii's Jules-Céiar , étoit marié & conféquemment l'br;; Scneque parle des
Médecins comme des gens qui jouiflbient de tous les avantages de la liberté ;
yiUus Rufus mérita une Infcription en récompenfe de fes fervices & il n'y eft point
dit qu'il fut efclave; C/iû/ic/es étoit li avant dans les bonnes grâces de libcre, qu'il
mangcoit à fa table où l'on n'admettoit que des perfonnes de condition libre. Après
toutes ces preuves , l'Anonyme palTe à celles qui démontrent que la diviGon de
la Médecine en plufieurs mains eft un arrangement qui date de bien plus haut que
les premiers Empereurs , puifqu'il remonte au tems d'Hérophile & d'EraJIfirate dans
îe XXXVIIJe. fiecle. Il prétend que ce fut par abus qu'on appella Médecin? pro-
prement dits , ceux qui étoient employés à des offices fubalterncs. II remarque
que Celfe a diftingué tellement les Médecins des Chirurgiens , qu'il a donné une
jifte féparée de ceux-ci dans plufieurs endroits de fes Ouvrages, notamment dans
la. Préface du feptieme Livre ; il remarque encore que CraJJàs ne confondoit
point ces deux ordres de Miniftres de fanté, ainli qu'on peut le voir dans Cicéroiu
Un autre Anonyme , que l'on croit être Ferrot Jf^illiams , publia à Londres ,
en 1726 , un petit Traité tn-8 , fous le titre de Notte brèves in LiJJertationem nu-
per eJitam de Mcdicorum apud vacns Rimanos degentiam condidone. Il convient ,
avec Mîddleton , qu'il s'eft trouvé quelques Médecins dans la clafle des ef-
claves, mais il prouve que la plus grande partie étoit libre , & que les Mé-
decins Cliniques avoient un état abfolument diftinél de celui des Chirurgiens.
En 1727 , parut un autre Ouvrage anonyme , intitulé : /a Dijfertationem nu-
per editam de Medicorum apud vcteres Romanos degentium condidone , uilnimadverfio
brevis. Londini , in-S. On y répète les mêmes choies. On cite d'ailleurs quelques
paflages de Platon fur la différence des Médecins d'avec leurs efclaves; on rap-
porte les textes de Plutarque & de Cicéron fur la dignité de la Médecine; on fait
voir que le partage de Pline peut être expliqué tout naturellement , en difant que
les Romains n'ont rien ajouté à l'Art de la Médecine que les Grecs leur avoient
tranfmisi enfin, on s'appuie encore du témoignage de CraJJus pour la diftindVion
des Médecins proprement dits, d'avec ceux qui guéridoient par l'opération de la
main & l'application des remèdes externes.
Tant de raifons ne purent faire changer d'avis à Mîddleton ; il s'opiniâtra an
point de publier à Cambridge en 1727 , in-4, un nouvel Ouvrage , fous le titre de
DiJJenationis de Medicnrum Romte degendam condidone ignobili ac ferv'di ^ contra ^nonymos
çuofdam Notarum brevium , Refponjionis atque ^nimadverfiouis ^u&ores , defenjïo. Il per-
fide à loutenir que du tems de Ccife les fondrions des Médecins n'ctoient point
didinétes de celles des Chirurgiens, Il ne faut qu'ouvrir Celfe pour être convaincu
da contraire. Il emploie en différens fens les mots de Médecin & de Chirurgien
dans le cours de fes Ouvrages ; & dans la Préface du feptieme Livre , il dit en pro-
pres termes: Poteft autem requiri , quld huic parti (la Chirurgie^ propriê vindicandum.
fit : quia vulneruni quoque ulcerumque multorum curatioi.es , quas alibi exfecutus fum , Chirurgi
Jîbi vendicant. Ego eundem qu'idem hominem pojfe omnîa ifta prsjlare conci/io : atque , ubl fz
divîferunt , eum laudo , qui qaamplunmùm pcrcipit, Ipfe autem huic parti ea rellqui , in quibus
fulnus fucit Medicus , non accipit ; & in quibus vulaeribus ulceribufve plus perfici manu ,
T 0 M E Jr. O
io5 ROM?
quant mcdkamentb , crtdo : mm , qvlcquli ad ojja pzrdnet. Ce teste nV.nnonce-t-îl pas une
forte de divifion & de partage "] Ne rcglc-fil pas les foniiions différentes du Médecia
& du Chirurgien ? Comme Middle-tcn avcit r.ficz mal prouvé ce qu'il avance ; com-
me il n'avoit pu Faire fdCe au témoignage de C/MJ/ùs dans les Ouvrages de Ckàon , &c
à celui de Cicéron lai.mîm^ q:ii m^t la MiJ^cin^ au rang des Arts Libéraux, i\
ti-ouva à propos de garder le filence. Mais il fat encore obligé de fe taire , à la vue
des raifons concluantes que Jean TVard lui oppofa , en 1728 , dans l'Examen de fa
Diflertation.
Charles La Motte ^ Théologien Anglois , a voulu fe rendre l'arbitre de cette difputelit-
téraire. Il avoue que les Grecs ont fait grand cas de la Médecine, mais il ne coûvient
pas que les Romains l'aient autant efVimée; & il en trouve la raifon dans le mépris
que ceux-ci faifoient des Grecs , qui éto'ent alors les feuls qui cnfeignaflent cette
Science. Ceci efi: aflèz conforme à la façon de penfer de Marc Caton : mais
les Médecins Allemands , qui ont auflî pris part à cette difpute , ont réduit les
fentimens de Middlcton & de Tes partifans à tout ce qu'ils valent, Polycarpe-
François Schacher a folidement parlé de l'état honorable des Médecins de l'Antiquité s
Jeaii'Henri Schul^^c a clairement expliqué ce qu'on doit entendre par les foni£\ior.s-
des efclaves qui fe mêloient de la Médecine chez les Grecs & les Romains ;
Jules- Charles Schlaeger a donné tOJte l'hiiloire des difcuflions que cette queftion
-avoit occafionnées , & il a conclu par aîl'urer aux Médecins proprement dits le rang
que la naifiai.ce, le mérite & les talens avoient forcé les Romains à leur accorder»
On convient qu'il y eut à Rome des ei'ciaves qui exercèrent la Médecine •,
qui la firent même avec confidérstion. Seneque Su Suétone parlent du Médecin de Do-
raitius , & Cicéron , dans la Harangue pour le Roi Dejotarus , fait mention d'un
Phidippus , qui étoient tous deux efclaves. On peut ajouter le témoignage d'Orofe
q»i dit que la quatrième année de l'Empire de Céfar-Augufle il y eut une fi
grande famine à Rome , que ce Prince ordonna de faire fortir de la ville tous
les étrangers & un très-grand nombre d'efclaves , du nom.bre defquels on excepta
les- Médecins & les Précepteurs. Un paflage de Suétone & des Vers de Claudien.
confirment l'opinion touchant les Médecins qui n'étoient point de condition
libre. On cite cccore pour cela des autorités tirées des Jurifconfultes , fans parler
d'un endroit de Diogene Laërce , où il femble dire qu'il y avoit des Médecins
efclaves, môme parmi les Grecs, long-tems avant le commencement de la Mo-
narchie Romaine. Mais ce long étalage de citations n'cft point une preuve qu'il
n'y eut point alors des Médecins de' condition libre. 11 n'y a qu'à réfléchir à
ceux qui ont introduit la Médecine Grecque à Rome, pour être convaincu que
ce ne fut point à des efclaves que cette ville eut cette obligation , mais à des gens
qui jouiifoient d'un état indépendant, tels qu''u4rchagaius & jifdépiade.
Ces Médecins ne fourniroient qu'un témoignage d'exception , fi l'Edit de Jules—
Ccfar né prouvoit qu'il y en avoit à Rome un plus grand nombre qui n'étoient
pas efclaves. Comme cet Edit donnoit la Bourgcoifie de cette ville à tous les
Médecins qui s'y étoient venus établir , même à ceux qui viendroient s'y fixer
dans la fuite , cette laveur en attira beaucoup , & particulièrement de la Grèce ,
où l'Art de guérir étoit entre les mains des perfonnes libres. Les Grecs furent
\«s premiers étrangers qui portèrent la Médecine à Roîne avec les autres Sciences ^,
T. O Tvî * 157
'Sfiis furent prefque les feuls qui firent cette Profeffion avec éc'at pendant un tcms
^flèz conlidérable. Mais les Lettres s'étant enfaite plus généralement répandues en
Italie , on ne larda pas à voir des Médecins Romains de très-bonne famille & qui
furent en réputation. Pline femble cependant aliurer le contraire , Icrfq-u'il dit que
id Alédccine cji le feul des ^Irts de la Grèce que la gravité romain: n'avait point encore
exercé , nonobjtant le grand profit qu'on, y fa'foit. Mais il s'explique immédiatement
après , & il ajoute qu'iZ y a eu, très peu de Romains qui fe foieni nièlés de la Mé-
decine , c'eft-ù-dire , qu'il y a eu peu de Romains en comparaiion des autres •
foit que les Grecs fuilent plus propres à cela qu'eux , loit que les Romains
fiers de leur grande puilfance, & qui avoient la plupart l'elprit tourné du côté
des arm.es & des afiaires politiques , ne penfafient guère à s'attacher à ■ un Art
fi rebutant & quelquefois li ingrat que la Médecine. Cette dernière raiibn étoit
elle feule aflèz forte , quand il n'y en auroit point eu d'autres , pour les obliger
à renvoyer ce fardeau fur des étrangers. Il (e trouva pourtant quelques Romains
qui voulurent bien le fupporter ; mais outre qu'ils furent en petit nombre , ils
ne commencèrent à paroître que fur la lia du rogne d'Augufte & fous celui de
Tibère. Tels furent ious Augufte , JuUus BaJJus , Scxtius Niger , Cnjfius , Caïus
. f^algius, ^milius Macer ; fur la fin du règne d'Augufte & fous Tibère & Caiigula ,
yirruntius , CalpetfMts y Aubrius ^ Albutius ^ Stertinius , &c. Enfin, il fulHra de citer
un pali'age de Ciceron ^ .pour prouver qu'il y avoit d'autres perfonnes que des
efclaves , qui lé mêloient de ia Médecine chez les Romains. « Les Arts , dit
• cet Auteur, qui demandent une grande connoHlance ou qui ne font pas d'une
•» médiocre utilité , comme la Médecine ^ comme l'Architedlure , comme tous les
« autres Arts qui enfeignent des chofes honnêtes , ne déshonorent point ceux qui
» les exercent, lorfqu'ils font d'une condition à laquelle ces Profeflïcns convien-
nent. » Ce qui ne veut dire autre choie , finon eue la Médecine étoit regardée à
Rome , du tems de Cicéron , comme un Art que les perlbnnes libres pouvoient
exercer , fans s'abailfer. Or Cicéron parloit ainfi avant les Empereurs , puifqu'il
périt l'an 43 avant J. C. , ^oS de Rome. .|tv
Les perlbimes les plus difficiles à i"e rendre aux raifons que nous venons de
donner , interpréteront peut-être le paîTage de rOratcur Romain , comnic s'il
eût voulu dire que la Médecine ne déshonoroit point hs efclaves, parce qL'eile
convenoit à leur condition. Si Cicéron n'avcit vo')lu dire que cela, il .auroit fini
fa période par un lens qui ne s'accorde pas avec ce qu'il annonce dans le com-
mencement; cet Ecrivain ne s'accorderuit point encore .avec lui-rnâme , lui qui,
dans une Lettre à Atticus , répand des larmes fur la moit à\-Jle.\:on , fon Mé-
decin , s'épuife en regrets , & fuit un éloge qui m permet pas de douter de l'at-
tachement, de la confiance & de l'amitié qu'il avoiï pour un homme rcfpeétable à
tous égards, flexion auroit-il été eiclave 1 Tout porte h croire qu'il ne létoit pas.
Mais on a déjà dit , & il ei^ vrai qu'il y eut chez les Romains & chez les autre? rations
de» efclaves qui pratiquoient la Médecine , foit qu'ils eufient appris cet Art étant ef-
claves, foit qu'étant nés libres , il» fuflcnt tombés dans l'efclavagf par quelque mal-
heur. Les Livres des Anciens font mention de quelques Médecins de cette efpcce ;
on en trouve même , dont on a lait palTer le nom à la pofîcrité par des Ins-
criptions i pxcu Y e certaine que tout efclaves qu'ils étoient, en ne les rcgardok
îo8> r: O M
pas à Rome d'un auflî mauvais œil qu'on a voulu le faire croire. Voici ce
que porte rinlcription où il eft parlé d'un efclave de l'Empereur ïibere :
Ti. Lyrius Ti. C^saris
AuG. Ser. Celadianus
Medicus Ocularius I;
Plus Parentium Suorum &g.
Dans cette autre , la lettre L , avec un point à côté , marque que ces
Médecins étoient des Affranchis , Libertl , conféquemment qu'ils avoient été
efclav€s :.
C. N. Helvius C. N. L. Ioi,a. Medicus Ocularius
Q. Clodius Q. L. Niger Medicus Ocularius
SiBI &c.
Ils fe difoient fimplement Médecins Oculiftes, c'eft-à-dire, ils n'embrafibient pas
toute la Médecine ; conféquemment ils n'étoient point de l'ordre des Médecins
proprement dits. On peui afTurer , à cet égard , que le plus gll^nd nombre d'ef-
claves qui ont pafie pour Médecins , n'étoient le plus Ibuvent que des Chirur.
giens ou de ceux qui exerçoient la Pharmaceutique, c'eft- à-dire , du nombre de
ceux qui ne remplifibient d'autres fondrions que celles de la Médecine Miniftrante.
Dès que l'Art fut réduit en préceptes , chaque Médecin eut fes valets qu'il faifoit
travailler fous les yeux; après le partage même de la Médecine en trois clafl'es ,
il y eut encore des Médecins qui tirent préparer les médicamens dans leurs mai-
fons , & qui employèrent leurs ferviteurs à cet office, audi bien qu'aux opéra-
tions chirurgicales. 11 arriva delà que ces ferviteurs qui étoient pour la plupart les
efclaves de leurs maîtres , & qui îouvent étoient mis en liberté pour les avoir bien
lervis , pratiquèrent enfuite de leur chef les parties de la Médecine qu'ils avoient
apprifes. Cajjius eut un valet , nommé ^timetus , qui lui préparoit les médica-
mens dont il avoit befoin. Ce valet étoit encore Chirurgien Oculifte , au fenil-
ment de Rhodius , qui croit que c'eft du même dont il eft parlé dans l'infcrip.
tion fuivante.'
P. Attius Atimetus
AuG. Medicus ab ocul.
H. S. E.
ROMANIS, fjean DE ) Maître de Marlanus de Barlette, exerça la Mé^
decine à Crémone dans le XVI fiecle , & n'en pratiqua pas moins la
Chirurgie. Freind fe borne à dire qu'il étoit de Crémone , & qu'il fe diftingua
à Rome par fes talens en Chirurgie , fur. tout par la Taille à qui on a donné
le nom de grand appareil. Les Anciens n'ont rien dit de cette méthode de Tail-
ler, parce qu'ils ne la connoiffoient pas, & que ce ne fut qu'en 1525 , qu'elle
fijt inventée par Jean di Romanis qui la pratiqua aulli bien que la nouveauté J».-
ROM
rog
pouvoît permettre. Toute imparfaite qu'étoit cette méthode , elle lui acquit de la
réputation; mais il n'en prcfita pas !ong-tems , à caufe de fon âge avancé. 11 ré-
folut donc d'en faire part à Marianus , ion meilleur ami; & c'eft à celui-ci qu'on
en doit la première delcription.
ROME, f Temple du Dieu de la Médecine à ) Il 'y avoit dans Tlfle du Ti-
bre, près de cette ville, un Temple dédié à Efculape , qui fut élevé l'an 462 de
la fondation de cette Capitale , 3715 du monde. Les Romains affligés de pefte
avoient confulté l'Oracle, qui leur avoit conleillé d'envoyer à Epidaure dix dé-
putés , dont Q. Ogulnius , Tribun du peuple en 45^5 , fut le principal. lis
partirent , & comme ils admiroient , à leur arrivée , la flatue à'Efculape , on vit à
i'inftanr fortir de fon gîte un ferpent qui alla fe jetter dans la chambre d'Ogul-
nius. Les députés ravis d'emporter le Dieu avec eux, fe rendirent heureufement
à u^ntium où ils firent quelque féjour , parce que Pagitation de la mer les empêcha
de pourfuivre leur navigation. Le ferpent , qui durant cet intervalle s'étoit glif-
fé dans un Temple voifin dédié à Efculape , revint au vaiffeau quelques jours •
après , & continua fa route avec lui en remontant le Tibre , jufqu'à ce qu'étant
arrivé devant Mlle que forme ce fleuve, il fauta à terre. On lui bâtit un Tem-
ple dans cet endroit, & la pefte ceifa.
Ce fameux ferpent , dit l'Auteur des Annales Romaines , n'étoit autre chofe
qu'une grolfe couleuvre que les Prêtres du Temple A'Efculape à Epidaurc dans le
Péloponnefe avoient eu foin d-'apprivoifer , & qu'ils avoient accoutumée à fe ni-
cher dans le piedeftal de la ftatue de ce Dieu de la fanté. On racontoit de ce
ferpent des chofes merveilleufes que le peuple crut fans peine ; il fe pcrlbada
même qu'il lui étoît redevable de la ceflation de la pefte. Au reOe, ajoute le Pcre
Catrou dans fon Hiftoire, ce n'étoit pas la première fois qu'on eût tiré une de ces
couleuvres du Temple d'Epidaure ; déjà les Syconiens en avoient tranfporté
une dans leur ville fur un char, & je ne fais quelle femme, nommée Nica^ore ^ .
en avoit été la conduîîrice. C'eft ainfi que la fourberie Grecque fouroifTort
des Efculapes aux peuples qui vouloient bien fe laifîer tromper , & c'eft ainfi que
Rome en fut la dupe,
C'étoit la coutume dans ce Temple, comme dans tous les autres, de tracer fur
des coîomnes & fur des tableaux la delcription des remèdes que le Dieu avoit
indiqués aux malades pour leur guérilbn. On a trouvé une de ces tab'es à Rome '
dans rUle du Tibre , où le Temple A'Efculape étoit anciennement ; & cette table ,
qui eft de marbre, fe voit encore aujourd'hui dans le Palais MafTée. II y eft fait
mention de quatre malades, dont les cures font rapportées en Grec; une d'entre
elles a été airfi rendue en Frsnçois ; « Lucius ayant mal au côté & étant déicf-
jj péré de tout le monde, le Dieu lui a rendu cet Oracle.- qu'il vînt prendre de
« la cendre fur fon autel, & que l'ayant mêlée avec du vin, il l'appliquât fur
» fon côté. Ce qu'ayant fait, il a été guéri & il a rendu grâces au Dieu , & le -
» peuple l'a félicité fur ft convalefcence. r,
Les malades , qui venoient invoquer le fecours A'Efculape , avoient coutume de
coucher dans le Temple pour attendre les confeils que le Dieu leur donncroit :
pendant le forameil; & pour que Viacubation fût plus efficace, on les enveloppoiç;
i-io ROM
ordinairement dans des peaux de btMicrs, à qui on attribuoit la propriété de
procurer des fonges divins. J'ai parlé ailleurs de .'artifice & de l'impofture des
Prêtres à cet égard ; ces Minirtrcs du Dieu de la lanté ne laifibient cependant point
d'ordonner bien louvent des remèdes qui agilibient naturellement , car la plupart
étoient en même tcms Médecins.
ROME. ( Lieux publics deftinés aux Médecins dans la ville de ) Suivant Je-
irôme Mercuriali , il y eut à Rome trois ibrtes d'endroits où les Savans s'afTeni-
bloient ; les lieux d'exercice , appelles Gymnafia , le 'l'emple de la Paix & !es Au-
ditoires particuliers. Il y eut encore une Ecole de Médecine dans le quartier ap-
pelle EfquilUa^ cinquième région qui tiroit ion nom du Mont Ëi'quilin; & cette
Ecole étoit ornée de plutieurs belles ftatues de marbre , comme Li^orius Ta conjec-
turé l'ur les ruines qui en font reftées.
Le Temple de la Paix fervoiî aux Médecins pour leurs confultations. On vou-
loir que cette Dcelie préiidât à leurs délibérations, pour qu'elles fuirent plus tran-
'quilles, plus pacifiques, & qu'elles n'euliënt d'autre but que le rétabliflèment du
malade. Galien remarque qu'il y avoit de fort belles Bibliothèques dans ce Temple;
ce qui fait voir qu'il n'étoit point uniquement confacré au culte public de la Di-
vinité, mais encore aux progrès des Lettres & des Arts, qui ne fleuriflent jamais
davantage que pendant la paix. Ce Temple , commencé l'an 71 de J. C , fut
achevé en 75 fous le règne de Vefpnfien ; mais il fut réduit en cendres l'an 191
fous Commode, & les Livres qu'on y avoit amaCTés , furent également la vidime
des Hammes. Galien. ajoute que les Médecins continuèrent de s'allèmbler autour
des débris du Temple de la Paix.
L'Empereur Adrien, qui aimoit les Sciences & les Arts , fonda en 1^5 un Col-
lège à Rome , où il mit des Profclfeurs Grecs. On lui donna le nom d'^theneum. II
y a apparence que les Médecins y avoient un appartement, ainfi que le? autres Gens
de Lettres ; il eil: au moins certain qu'on leur ailigna des Auditoires particuliers du
tems d'Alexandre Sévère qui commença à régner l'an 223 de l'Ere Chrétienne.
Dès que le Collège des Archiatres fut établi, l'Ecole de Médecine devint, fans
doute, plus confidcrable & mieux réglée. On y créa divers Offices, & il y eut,
entre autres , des Secrétaires, Tabularii , qui tenoient les Regiftres. Tel fut M,
Ziivius Celfus , dont il eft parlé dans i'ini'cription fuivante :
M. Livio Celso tabulario ScHoiviE Medicorum
M. Junus EuTiCHius Arciiiatros oll. D. II.
In Fr. ped. IIIL
Il y eut même fous le règne de Claude, vers le milieu du premier fiecle, des
Médecins qui faifoient fonrtion de Bibliothécaires, ou qui avoient la direaion des Bi-
abliotheques publiques. Tel eft celui, dont il ell fait mention dans cette Inicription :
Tx. Claudius Aug.'
L. Hymeneus
Medïcus a Bieliothecis.
R O N îii
RON'CALLI^ (François) Médecin de ce liecle , s'cft fait bsaucoup de répu-
tation à Brixen dans le Tirol, où il exercoit fon Art, mais il s'en eft fait davan-
tage par toute l'Europe, en publiant les Ouvrages dont voici les titres:
Exercitatio agens novani methodu.-n cxtirpandi carunculas & curanJi fijiulus UrahrA
Brixite , 1720 , jn-8.
Epijlola ad F'alifnlcrum. Ibidem, 1724.
De Aquis Brlxiaais Examen Chymico- Medicum. Brixîa , 1724, 1735, tn-4.
De uiquls Caldoril In Med'.olanen(i Ducatu, Ibidem , 1724 , in-^.
Dijfertationes quatuor. Ibidem , 1740 , Jn-4. La féconde DifTertation qui traite De
hominibus invulnerabilibus & de acubus ferreis fub cute Monialis reperds , fut traduite eiî
Italien par yînge Zanardelli , & publiée à Brixen en 1746, in-8.
Hîjîorite morborum ohfervationibus aucfts & ClariJJimorum F'iroram obfervadonibus
îUufirat^. Brixite, 1741 , in-folio.
Etiropte Medicïna à Sapientibus illuftrata. Ibidem , 1747 , in-folio. L'zluteur avoit
écrit aux Médecins les plus célèbres pour s'inforn:ier des particularités & de
l'état de la pratique dans leur pays ; il n'a point été alfcz heureux pour avoir ré-
ponfe de tous , mais la plupart des Italiens l'ont honoré de la leur.
RONDELET f Guillaume J) naquit à Montpellier le 27 Septembre 11507, de
Jean „ Marchand Droguifte de cette ville , & de Jeanne-Renaude Monceaux. Il
fut fi valétudinaire dans fa jeuneffe , que le cours de les études en fut retardé,.
11 étoit âgé de i^ ans , lorfqu'il vint à Paris pour s'y perfeétiotiner dans les
Humanités ; mais comme il y fit des progrès rapides , ainfi que dans la Phi.
lofophie , il retourna au bout de quatre ans à Montpellier , où il fe fit im-
matriculer le 2 Juin 1529. Dès qu'il eut été reçu Bachelier en Médecine ^ il fe
rendit en Provence pour y exercer fa profelîion , & s'arrêta à Pertuis , petite
ville qui lui rendit fi peu par la pratique, qu'il fut réduit à enfeigner la Gram-
maire aux cntans pour fe procurer une lubfiflance honnête. Les fecours que fon
frère lui fournit , le mirent cependant en état de retourner à Paris où il apprit
le Grec ; mais apparemment que ces fecours étoient bien foibJes , puilqu'il le
vit obligé d'entrer chez le Vicomte de Turcnne , en qualité de précepteur de
foa fils. C'ed dans ce fécond voyage qu'il fit la connoiiTânce de Gonihier d'yhi-
dernach ; ils fièrent une étroite amitié & cultivèrent enfcmbie l'Anatomie.
En revenant de Paris, Rondelet s'arrêta quelque tems à Meringue en Auvergne-
où il fit la Médecine avec fuccès ; mais étant enfin retourné à Montpellier, il
y fut reçu Dodeur en 1537. Jean Sehyron , Médecin de la Faculté, le recom-
manda alors au Cardinal de Tournon qui , peu de tems après, le choifit poiijr
fon Médecin & le prit avec lui dans les différens voyages quil tit en qualité
d'Ambafl'adeur du Roi, Rondelet eut non feulement l'occafion de voir l'Italie à
la fuite de cette Eminence , mais plufieurs autres pays , & par-tout il s'attacha
à recueillir les connoiifances qui lui fervirent à compofer fon Hiftoire des poif-
fons. En 1545 , il fut nommé à la Chaire vacante par la mort de Pierre Laurent;
il en prit podelfion , fans trop longer à en remplir les devoirs , car il luivit
encore long-tems le Cardinal de Tournon.
Ca Médecin eut beaucoup de part à la conliruv^ion de l'ancien Ataphithéatre..
ai2 R O N
que le Roi Henri II fit bîltir , en 1556 , à l'ufage de la Faculté de Montpellier :
on y mit cette Infcription fur la porte :
curantibus
joanne schrynic,
Antonio Saporta ,
■GuiLLELMO RONDELETIO
Et
j. bocatio.
Comme Rondelet ëtoit celui des quatre qui avoit fait le plus de propres dans
i'Anatomic & qui en connoifToÏT mieux l'utilité , ce fut auffi lui qui foliicita plus
fortement cette grâce auprès du Roi , qui veilla avec le plus de foin à la conf-
.trudion de cet édifice , & qui fut jugé le plus capable d'y faire les démonftra-
tions. Godlcke lui attribue la découverte des vélicules féminales dans l'homme 1
.&. HalUr celle de la valvule du colon ; mais Morgagnl revendique la première ,
pour la donner à Hippocrate. Quoiqu'il en foit , on ne peut refufer à Rondelet
ïl'avoir dilféqué beaucoup de cadavres ; cependant , malgré toute la palïion qu'il
•eut pour l'Anatomie & le grand defir de la pouffer plus avant qu'elle n'étoir de
ion tems , on eft obligé d'avouer qu'il en eft demeuré à ces découvertes , fi l'on
^n excepte ce que Rlolan lui fait dire fur la poulie de l'œil , dont il a parlé
.avant que Fallope ait rien publié à cet égard. On dit que la paflion de Rondele,
^our l'Anatomie fut telle , qu'il fit porter le corps d'un de les enfans dans l'Ani.
phithéatre des Ecoles pour en faire l'ouverture : aftion qui le fit paffer pour un
yere barbare & dénaturé. Si l'on en croit Pojlhlus , fon difciple , il paroît que
ce Médecm ne mettoit pas grande façon à fe procurer des cadavres , puifqu'il
pria inflamment un certain Fontanas , fou Collègue , dangereufemenî malade , de
ie laifler dilTéquer après la mort.
Jean Schyroa , Chancelier de la Faculté de Montpellier , étant mort en 1556,
.Kondelct fut choifi pour remplir cette place, & il s'en acquitta avec beaucoup
^l'attention jufqu'à ià mort qui arriva le 30 Juillet Ï566. Il étoit allé à Touloufe
-le 22 du mois de Mai de cette année , à la prière de fes beaux-freres qui
avoient un procès au Parlement , où ils étoient bien aifes d'être appuyés de
ion crédit. La peine que cette affaire lui donna , la fatigue à laquelle il fe livra
.à voir des malades , mais fur-tout la quantité de fruits qu'il mangea , lui cau-
Jerent un dévoiement qui tourna bientôt en dyffenterie. Il fe déterminoit à re-
tourner chez lui , lorfque M. Coras , Confeiller au Parlement , le pria d'aller
■voir fa femme qui étoit malade à Réalmont , petite ville du Diocefe d'Alby.
îls partirent le ao Juillet & n'arrivèrent que le 21. La fatigue du voyage &
la chaleur de la faifon augmentèrent le mal de Rondelet, il empira tous les jours
.malgré les foins qu'on y apporta ; çntin il mourut au grand regret de fes Col-
lègues qui ont éternifé fa mémoire , en faifant graver cette Infcription fur le fron-
{ilpice des Ecoles de Médecine :
Guu.,
a O N u/î
^GUILLEL. RONDELETIUS MoNTISPESS.
Ingenii fiecunditate & duclrina ubertate
Totô Orbe Clariffimus ,
Univerjîtatis Medicinie XXIannis Profejfor Reglus ,
X annis Cancellarius dignijjîmus ,
Pojl diuturnam in docendo & fcribendo navatam fedulo operam
Et édita rare eruditionii non pauca monumenta ,
Pluribui ex codicillo ad recognofccndum creditis fidei
Laurent. Jouberti ,
Jn Régla Profejf. fuccejjbris fui,
Tolosâ rediens.,
Obiit in RegaU Monte an. D. 1^66 ^ die 30 menfn JulU.
F'ixit annos 58 , menfes 10, dies 4.
Laurentius Joubertus Cancellar.
Pr<scept. charljf.
D. S. M. H. P. C.
On lit dans l'Hiftoire Eccléfiaftique de Montpellier, que ce fut Rondelet qui
mit en réputation les Eaux de Balaruc , fi peu connues avant lui & fi re-
commandées aujourd'hui. Le Chapitre de Maguelonne , à qui elles appartenoient ,
les vendit à des particuliers pour une forame trè*-modique.
On n'a point de Recueil complet des Ouvrages de ce Médecin; ils font de-
meurés teû qu'ils ont paru en différens endroits , fous ces titres :
De pifcibus marinls Libre XVIII ^ in quibus verapifcium effigies exprejfe funt. Lugduni ,
"Ï554 > In-folio.
Univerfe aquatlllum HlflorliSpars altéra^ cum verls ipforum imaglnlbus. Ibidem , 1555»
in-folio. En François , avec figures , de la traduftion de Laurent foubert , fous ce
litre : Hijloire entière des Poijfons , divifée en deux parties , avec les figures au naturel
gravées en bols. Lyon, 155B, In folio.
De ponderibus , ftu , juflâ quantîtate & proportlone medicamentorum Liber. Patavli ,
1555 , m-b. Ibidem , 1579, iV4 , avec d'autres Ouvrages fur les dofes des médica-
msns. Lugduni , 1558 , 15Ô3 , 1584,1/1-8. ^ntverpits ^ 1561 , in-B. Venetiis , 1562 , //1-8.
Methodus de matcria medicinali & compojïtlone medicamentorum. Patavli , 1556 ,
Methodus curandorum omnium morborum Corporls Humani in très Libros dlflln&a. De
dîgnofcendls morbls. De Febrlbus. De Morbo Galllco. De medicamentls Intcrnls & ex-
ternis. De Pharmacopolarum Officina. De Fuels. Parlfils , 1574 , m-8. Lugduni , 15^3*
1585 , lin S. Francofurtl, 1592, in-8. Monfpejfull .,1601 , inS. Genève , 1608 , 1623,
1C28 , i/i-S. C'eft à Jean Croqua us , Médecin Polonois qui avoit étudié à Montpel-
lier, qu'on doit la dernière édition, à laquelle il a ajouté ; Intiodu&io ad Praxlm.
De Urlnls. Confîlia Medlca ; Ouvrages qui n'avoient point encore vu le. jour. Celui
De morbo Galllco a paru en François à Bordeaux en 1576 , in-B , de latradudlion
-d'Etienne Manuel.
TOME IF. P
ir4'
R O N
Formdie aliquot remcdioram Librd de internis remeJUs omijjîs. ^ntvcrpïa , 1576 »
In-folio, avec d'autres Ouvrages,
TraSiatus de Urinis. Francofurti , 1610 , t/i-8 & in-12.
On trouve dans le Catalogue de la i3ibliotheque de Falconet , N^. 4144 : Mat'
thi<£ de Lobd Hljîoria Plantai uni feu Jîirpium , cum ^Inimadvtrfionibus Cuil. Rondekni.
Londini , 1605 , in folio,
La plupart de ces Ouvrages n'ont point répondu à la réputation que leur
Auteur s'ég)it faite par fon Hiftoire des Poiflbns. Il n'en faut pas être furpris.
Rondelet corapofoit avec beaucoup de précipitation , fans avoir réfléchi lur ce qu'il
vouloit dire & fans avoir penfé à mettre en ordre la matière. De pareilles com-
pofitions avoient grand befoin d'une revifion exadte , & Rondelet n'avoit pas le
tems de lire ce qu'il faifoit ; ce qui eft pis encore, il ne pouvoit pas même fe dé-
terminer à en prendre la peine. Scrlpta relegendi nec dabatur otiuin , nec voluptas erat ,
dit Joubtn dans la vie de ce Médecin.
Rondelet , quoique né fans fortune , étoit libéral jufqu'à l'excès. 11 méprifoit li
fort l'argent & le dépenfoit avec tant de profufion , que malgré les appointemens con-
fidérabîes qu'il avoit, & les grands profits qu'il faifoit dans l'exercice de la Médecine ,
il étoit toujours fans épargne ; il n^ lailTa même prefque aucun bien à fes héritiers»
Rabelais fe moque quelquefois de lui , & le joue fous le norn de Rondibilis ,
tant par rapport à fon nom , que parce qu'il étoi^t fort gros , fans être ventru.
Le Préfidenr de Thou , qui fait mention de ce Médecin fous l'année 1566 , dit qu'il
étoit favant, quoique J'ranfojj Rabelais en ait parlé avec mépris. 11 efl vrai , ajoute-
t-il , que les écrits de Rondelet ne répondent pas à ce qu'on en attendoit & à la
réputation qu'il s'étoit acquife d'ailleurs; que même fon Hiftoire des Poifibns cft
plutôt le fruit du travail & del'indul^irie d'autrui, que de la fienne. Il a tiré cette
Hiftoire des Commentaires de Guillaume Pelicier, Evêque de Montpellier , per-
fonnage de grande érudition : c'étoit partie des favantes annotations que ce Pré»
lat avoit faites fur Pline , & qui ont été perdues ou lupprimées au défavantage
des Belles-Lettres. Ainfi penfoit de Thoa au fujet du principal Ouvrage de Ron-
delet ; mais on fait le contraire aujourd'hui. 11 efi connu que ce Médecin avoii fait
divers voyages à Anvers , à Bayonne , à Bordeaux & ailleurs , pour s'mftruire
furl'Hiftoire des Poiffons à laquelle il travailloit ,• il eft connu encore qu'il étoit favant
dans l'Hiftoire Naturelle; & d'après la note de M. Lorry ^ éditeur des Mémoires
pofthumes èa célèbre ^iflruc fur la Faculté de Médecine de Montpellier, on re-
marque quÈ Rondelet a dédié fon Traité des Poifibns au môme Guillaume Pelicier ,
qui peut avoir concouru à cette Hiftoire, mais aucun de les contemporains ne lui
a reproché le plagiat, dont le Préfident de Thoa l'accufe. Tout au contraire , Laurent
Gryll, qui a vécu avec notre Auteur, affure qu'il a été témoin de fes recherches
fur la nature des Poiffons.
RONSS ouRONSS^US, ( Baudouin) Médecin du XVI fiede , étoit de
Gand. Dés qu'il eut achevé fes premières études , il embralfa celle de la Médeci-
ne & fit fon cours à Louvain fous Jérémie Drivere. Il pafl'a enfuitc en Allemagne,
où le Duc Henri , de la Maifon de Brunlwic - Lunebourg , l'attira à fa Cour &
kchoiût pour li>n Médecin. Depuis , il revint en Flandre & pratiqua fon Art à
R O N II-
Furnes ; enfin il fut appelle à Goude en Hollande , dont il fut nommé Mé-
decin Penfionnaire. Il paroît qu'il mourut dans cette ville vers la ïm du XVI
liecle.
Ronfs fe fit beaucoup de réputation dans fon Art ; il fe diftingua même par
la connoiiFance qu'il avoit des Belles-Lettres , en particulier , de la Poélie & de
Ja Langue Grecque. Son attachement à la Chiromancie & fa confiance aux pra-
tiques luperftitieulès ne font cependant point honneur à fon jugement ; mais les
bons Ouvrages qu'il a donnés fur d'autres matières , méritent qu'on lui paflc ces
défauts qui avoient tant de cours de fon tems. Voici les titres & les éditions de
fes Ecrits. •
F'cnatlo Medîca ^ continens remédia ad omnes à capîte ad calcem ufque morbos-
Lugdani Batavorum f 1589, i>.-8 , en Vers Hexamètres. M. Paquot croit que cet
Ouvrage a paru avant l'an 1576 , puilqu'il eft adrelTé à Adrien Junius mort en
1575. On trouve dans ce Poiime tout ce qu'on peut imaginer d'opinions ridi-
cules , ainfi qu'on ne manquera pas de le voir dans cet échantillon où il parle
des propriétés du Loup :
Nec rùjîrum virtute caret ; nam , munere quodam
Nature arcanù , depellit fafcina dira, ,
Si prias exuccum fuerit. Mos hinc fuit olim
uintiquis ville partis prafigerc rojîrum.
Quid , quod dura cutis , ri^idâ cervice révulsa ,
Triflia dicatur depellere faj'cina pojjï?
Reftat adeps plnguis , celebrem. Saturnîa Juno
Quem fecit , populis dum vlncla Jugalia curât ,
£t Unit obduâos vittis hoc unguine pofies ,
uiniè venit fponfui quàm optatœ ad limina fponfts.
Je laifle Je rete des Vers qu'on trouve dans les Mémoires de M. Paquot , pour
•paffer aux autres Ouvrages de Ronfs.
De Hominis primurdiis , hyftericlfque affeclibus fi? infantilibus aliquot morbis , Centones.
Lovanii 1 1559 , i«-8. Lu^duni Batavorum ^ ^594» *«-8-
Jn Chdromuiitiam brevis Jja^oge. Norimbergte , 1560 -> (n-4 , avec Tricajfi Ccrajarien-
JIs , Mantuani , enarratio principiurum Chyromantice,
De magnii Hippocratls litnibus , PUniique jlomacace ac fcchtyrbe , fea , vulgo di^o
fcorbuto Libellas, yintvtrpla ^ 1564 , /n-8, ff^ittebergte ^ ^624, ind, avec le Traité du
Scorbut par Sennert.
Mifcellanea , feu , Epiftola Médicinales. Lugduni Batavorum , 1590 , 1619 , inS. Amjle-
lodami, i66i , /n-8 , avec les Opufcules de l'Auteur. Ces Epitres contiennent
encore bien des preuves de fon aveugle crédulité. Par exemple , dans la XXII ,
il recherche pourquoi la corne du pied de l'âne fauvage , & celle de l'âne do-
meitique qui n'a pomt de taches noires , font un fpécifique contre le malé-
fice , nommé Ligature ; & il en donne pour caufe le naturel lalcif de ces
animaux. Comment un homme fcnfé peut-il s'amufer à débiter de pareille»
miferes !
i,i6- R' O O R O Q
Enarratîones in feptem pofteriores. Lîbros ^urelil Cormlit Celjl de Rc Medtcâ'. Lug-
duni Batavorum , 1592 , Jn-4 , avec le Commentaire de JcrénJe Drivera fur le.
premicr Livre.
Opufcula Mcdlca. I , Ep'ifiola Médicinales. II , De morbis mullebrihus. III , Ds T^e-
natione Mdicâ. IV, De Scorbuto. Lugduni Batavorum, 1618, 1654, in-8. C'eft
Ouon Ileurnius qui a procuré la première édition de ce Recueil.
ROONHUYZEN , ( Henri VAN J célèbre Accoucheur & Chirurgfien d'Amfter-
dam vers le milieu du XVII fiecle , étoit penfionné de cette viile. D^ventcr , qui
en parle dans l'a lettre à F'ink, lui donne le titre de Do(fleur en IVlédecine. C'eft
à un inftrument , connu fous le nom de Levier de Roonhuy^tn , mais^dont il a fait
long-tcms un myflere , que ce Chirurgien a dû la réputation que le? ii'ccès lui
ont méritée dans l'Art des accouchemens. Il a laifie fon fecret à Roger , ion fils.
Médecin , Chirurgien & Accoucheur à Amftcrdam , qui le partagea avec le cé-
lèbre Ruyfch & le Chirurgien Boekelman. C'eft d'eux que Jean de Bruin & Pierre
Plaatman eurent la connoiflance de cet inftrument , enfuite de convention. Ces
derniers la communiquèrent à d'autres, fous la même réferve ; & le Levier fut
toujours ainli un myftere pour le public , jufqu'à ce que MM. de yifcher & J^an
de Pool le lui découvrirent, après l'avoir acheté du Gendre de de Bruin. On ne
peut trop louer la générofité de ces Médecins d'Amfterdam ; cependant le préfent
dont ils ont gratifié le genre humain , a fait d'autant moins de fenfjrtion fur les Ac-
coucheurs , que le Forceps courbe , avec la perfed^ion qu'on lui a donnée , rend des
fervices fupérieurs à ceux qu'on pourroit attendre du Levier.
Jean-Pierre Rathlaw , Accoucheur d'Amfterdam, fit imprimer dans cette ville,
en 1747 , une DifTertation en HoUandois , dont le titre peut fe rendre ainfi : Le
fameux fecret d'accoucher du Sieur Roger Roonhuy^en ., découvert B publié par un ordre
fouverain. II s'agit dans cet Ouvrage d'un inftrument en forme de Forceps , dont
la figure ne reflemble point à celle du Levier, Celui-ci étoit sûrement le fecret de
Roonhuyien ; mais on n'a pas la même certitude fur celui-là , qui 0roît avoir été
imaginé par gens curieux de percer le voile qui cachoit à leurs yeux le fecret ,
dont les afibciés , que j'ai nommés plus haut, faifoient encore un myftere.
Henri van Roonhuy^en a publié en HoUandois un Traité fur les Accouchemens ,
qui fut imprimé à Amfterdam en 1663 & 1672, in-8. Il a été traduit en Anglois ,
Londres, 1676, in-8. On a encore des Obfervations en HoUandois qui parurent
à Amfterdam en 1672, & en Allemand à Nuremberg en 1674, j/i-8.
ROQUETAILLADE C Jean DE LA ) ou de Rupefcijfa , Francifcain , mourut
en prilon vers l'an 1375. C'eft ai'nfi que le rapporte Boerhaave ; mais d'autres af-
furent qu'il trouva le moyen de s'échapper , & qu'il fut fi fenliblement touché de
l'injuftice du traitement auquel il avoit été expofé, eni'uite des accufations de
Magie intentées contre lui, qu'il mena une vie languifTante & mourut enfin de chagrin-
Ce Moine a compofé plufieurs Ouvrages fur l'Alchymie ; & quoique Paracdfe loi
eût reproché d'avoir avancé des choies faufles & ridicules, il n'a pas iaifl'é d'être
regardé par les Chymiftes comme leur Patriarche , & d'avoir beaucoup d'autorité
parmi eux. C'eft le goût décidé que ce Fraaciicain eut pour la Chyrnie , qui le .
R! O s 1:7
porta à faire tant de recherches fur les réfuhats qu'on croyoit alors pouvo'r ob-'
Tenir au moyen de cette Science. La tranfmutation des métaux fut long-tems le
leu! objet qui anima les Chymiftes au travail; mais en courant après ce phantome
qu'ils ne faifireot jamais, ils tombèrent quelquefois fur des chofes utiles, dont les
autres ont fu profiter. Jean de la Roquetaillade a écrit pluiieurs Ouvrages; il en-
auroit même donné davantage, fi les accufaiions de Magie qui le firent jetter dans
la prilbn , n'eufient retenu fa plume & arrêté fes travaux. Sa mort nous a privés
d'un grand nombre de découvertes i il les tenoit de la Nature qu'il avoit beau-
coup étudiée. On a de lui:
Liber Magifierii de confe&ione veri Lapîdis Philofophorum. Il a été publié avec d'au-
tres Ouvrages d'Alchymie recueillis par Gratarnle. Bâle , 1561, deux volumes
in-folio; on le trouve à la page 126 du fécond Tome. Cet Ouvrage eft encore re-
pris dans le troilieme Tome du Théâtre Chymique, page i8g , & dans le troifieme
de la Bibliothèque Chymique de Ma/iger, page 80.
Liber Luc! s fut imprimé à Cologne ea is^g, 'n-4i avec les Sécréta ^Ichymies
magnolia attribués à Saint Thomas d'Aquin. Leyde , 159B, in folio. \l fe trouve aufli
page 284 du troifieme Tome du Théâtre Chymique , & à la page 84 du fécond vo-
lume de la Bibliothèque Chymique -de Manget.
Rofarium Philofophorum ^ dans la même Bibliothèque, pages 87 & 119 du fécond
Tome.
De conjîderatione Ouinta Ej]entl<e rerum omnium. Bafilea, I59f , t/i-8.
ROSA , C André ) Dodleur en Médecine dans le XVI fiecle , fervit , en cette
qualité, Otton-Henri dit le Magnanime, & Frédéric III, Comtes Palatins.
Jean, fon fils , naquit le 12 Janvier 1579a Amberg dans le Haut Palatinat de
Bavière. Il prit le bonnet de Dofleur en Médecine à Bâle en 160^ , & retourna
enfuite dans la patrie, où il fe mit à exercer fa profelîion. Comme il étoit delà
Religion Proteftante , il fut obligé d'en fortir en 1627; ce fur alors qu'il fe
rendit à Ratisbonne , où il finit fes jours le 12 Janvier 1643.
ROSALES , ( Jacques ) Juif Portugais , étoit Dofteur en Médecine. Ses ta-
lens lui méritèrent le titre de Comte Palatin. Après avoir exercé à Hambourg de- -
puis environ 1637 jufqu'en 1645, on le retrouve à Amfterdam vers fan 1655; mais,
il n'y léjourna pas long-tems , car il pafla bientôt à Livourne , où il mourut en
1668, à l'âge de 75 ans.
ROSE-CROIX. C Frères de la J) Voyez CROIX.
ROSSI ou RUBEl , C Jérôme J célèbre Hiftorien , natif de Ravenne , fut
premier Médecin du Pape Clément VIII. 11 mourut de la dyffenterie le 8 Sep-
tembre 1607 , à l'âge de 68 ans , & laiffa un fils unique , ^Intolne- Marie \ qui-
fe fit beaucoup de réputation à Rome , où il enfcigna la Médecine,
Jérôme Rojfi étoit, un homme d'une profonde érudition , comme il paroît par
fon Ouvrage imprimé à Vcnife en 1590 , in-folio , fous le titre à' Hijloriarum Ra-
vtnnatum Libri XL 11 fe diftingua encore par fon intelligence dans les affaires j ,
îi8 ROT
& par cette éloquence mâle qui a le double avantage de periuader & de
charmer. Les Ouvrages qu'il a écrits iur la Médecine , furent autant bien reçus
pour les grâces de Ion ftyle , que pour les matières intéreliàntes qu'il y traite :
i>e Jejîlllac'wne f fivc , de juibtitiorum Ihjuorum , qui ad Medicinam faciunt ^ mahodô
4ttqui viiiùus Liber. BajiUa, 1585 , in-8. l^eaaiis , 1604 , ia-/^.
jDi Mdonibus. f^cnedis , 1607 , i/1-4.
uinnotationes in. Libros oolo Corndii Celfi de Re Medicâ, Ibidem , 1616 , t«-4.
Jean-J-^i&or RoJJi , autre Médecin de Rome , n'ell connu que par un Traité
intitulé :
Ve diuturna agrotadone tolerandâ. Romts , 1605 » '"■4-
Pierre- Mattkieu Rojjî exerça dans les Pays-Bas , où il fut attaoéié au fervicc
■des 'Iroupes Elpagnoles en qualité de Médecin (x de Chirurgien. Ses Conjultatloaet
.& Obferyationes feleStiC , imprimées à Francfort en 160B , i/i-8 , ont également pQur
•objet les maladies du reflbrt de la Médecine & de la Chirurgie.
On trouve encore, dans les Hiblioçraphes , /ean-zV/une RoJJî , natif de Padoue ,
■qui obtint une Chaire de Médecme en rUnivertité de cette ville , le 7 Mai
3716. 11 a écrit :
'.De interpretandis Jîmplicium medicami:ntorum facultatibus. Patavii ^ 1723 , /n-4.
ROTA , C Jean-François J Dodteur en Médecine , eniéigna publiquement la Chi-
Turgie dans les Ecoles de la ville de Bologne , la patrie. 11 mourut le 7 Mai
1550 , & laifla ces deux Ouvrages .•
JJe. lairoducendis Gr£coruin meJicamiiiibus Liber. Bononi^ ^ 1553 1 in fol.
De tûrniintariorum vulnerum naturà & curatiuae Liber. Boiwni<s , 1555 , //1-4. Fraa-
C'ifuni , 1575 1 in-4. ^niverpia , 15^3 , //7-4 , lous ce titre ; De fclopaorum vulnerlbus.
Un a joint à cette édition tout ce <\vi Alplimfe Ferrius $£ Léonard Botal ont écrit
fur la même matière. L'Auteur regardoit les plaies d'armes, à feu comme enve-
nimées ou comme des brûlures : ce iyilême fut long-iems celui des Chirurgiens.
Il ne faut pas confondre ce Médccio avec Miclul- jiage Rota qui étoit origi-
naire de Bcrgame , mais qui naquit à Venife en 1589. 11 reçut les honneurs du
Doctorat à Padoue, & retourna enfuite dans fa vihe niitale , où il fe diftingua telle-
iv.cnt par fes luccès , qu'il furpalTa bientôt en réputation ceux de lés Collègues
qui étoicnt le plus fuivis. C'eft à l'eftime générale dont il jouifToit , qu'il dut Thon*
aieur d'être choifi pour accompagner , en qualité de Médecin , l'Ambafladeur
que la Seigneurie envoyoit à la Cour de France. Il acquit dans ce Royaume
la même réputation qu'à Venife ; & l'accueil qu'on y avoit fait à fes talens ,
iut une nouvelle railon de le conlidérer encore davantage à fon retour dans fa
patrie, où il mourut en 1662 , âgé de 75 ans, & fans avoir été marié. Les grandes
îiumônes qu'il faifoit journellement , lui ont mérité le titre glorieux de Père
des pUuvres , & les Ouvrages qu'il a laiflcs au public , celui d'habile & de favant
Médecin. Les Bibliographes lui donnent les Traités fuivans :
De pejle yeneta aiini 1630. f^eiietiis , 1634 , i/1-4.
Conjilioram Medicorum Ceiuuria très. *
De curaiione morborum internorum.
Commentarius fuper Ilippocratern de démentis.
Comment ariu s fuper Librum tenium de morbis epidem'cis.
R O T R O V 119
ROTARUS , (Sébaftien ) Médecin natif de Vérone, a beaucoup éciit en Ita-
''cn contre l'ufa^e de la laignée , en même tems qu'il a cherché A introdtirc
celui du Mercure dans le traitement de plulieurs maladies , contre lefquelles il
n'eft point ordinairement employé. C'eil principalement à ces deux objets que
buttent tous les Ouvrages ; il commença à les publier dès la fin du dernier
Cecle , & continua fort avant dans celui-ci. Voici les titres qu'ils portent :
Rûgionamento contra Vufo del falajjb e Jelle ventofe, Vérone , 169g , m-4. Venils ,
1701 , i/1-4. 11 prétend prouver par la pratique des Anciens , & fur-tout par
celle à' Hippocrate , que la faignée eft non leulement inutile , mais nuilible. Il re-
jette la pléthore , par la raifon que tel excès qu'il y ait dans le volume du
l'ang , les parois des vaifieaux font toujours difpolëes à fe prêter en proportion de
la maffe qui augmente. Mais il a du quelquefois appercevoir que fa Théorie étoit
démentie par la Pratique ; car il confeille les Bains dans le cas , que nous appel-
ions pléthore , pour donner plus d'exienfibilité aux fibi-es.
^//ega^ione Medico-Fifîche nella viflone d'un, cadavero. Vérone , 171 r.
Parère intorno alla morte di due uominî , Vérone , -1718 , în-4. Il y parle des per-
nicieux effets de la vapeur du vin.
// Medico padre. Vérone , 1719 & 1720 , in-^. La PleuréJie fait le fujet de cet
Ouvrage. Il y foutient Ga^ula contre les attaques de Pllarino , & condamne la
laignée à fon ordinaire.
Rimedio di non ifpregiane ml mal caduco. "S^'érone, ij'22. Il .s'efTorce de prouver
l'utilité des fripions mercurielles dans ta cure de l'Epilepfie.
Injegnamento del Medico padre a fuoi figlioli. Vérone, 1714, in-^. C'eft le traite»
ment de l'Hydropifie par les mêmes frid\ions.
Rimedio délie paralijia à apnplejjla. A'érone, 1734, /n-4, féconde édition. Il rejette
abfolument la faignée & les purgatifs dans la cure de l'Apoplexie & de ila
l'aralyGe , pour s'en tenir encore au Mercure ; remède qu'il a auflî propofé
pour la Goutte.
Je pafle fur les titres de plufieurs autres Ouvrages de ce Médecin , pour
avertir que tout ce qui eH Icrti de fa plume a été recueilli deux ans après fa mort ^
c'eft-à-dire , en ij'44 , & publié fous un même volume in-folio.
ROVERELLA, C Laurent ) Médecin du XV fiecle, étoit de Ferrare, où il;
naquit dans une famille noble. Il enfeigna d'abord dans les Ecoics de fa pntrie,
enfuite à Padoue , & revint encore remplir les mêmes fonfiionsà Ferrare, C'cii dehV
qu'il pafla à Rome en qualité de premier Médecin & de Camérier du Pape ;
mais il n'occupa ce pofte que pendant deux ans. Au rapport de George Alatthias y
dans fon ConfpeSus Hijloria Medicorum Chronolugicus , il lé rendit à Paris , enfeigna
la Philolbphie dans cette ville, & prit le bonnet de Docteur en '^ihéologie. Ije re-
tour à Ferrare, le Duc fon Souverain l'envoya en négociation à la Cour de dif-
férens Princes ; & s'étHnt fiiit connoître avantageufement à celle de Rome , Ni.
colas V le nomma à la Nonciature de France & de Hongrie. Le Pape Pie II lui
donna l'Evêché de Ferrare. Il fut enfuite Légat du Saint Siège à l'Armée de l'E-
glife , apparemment à celle que Pie dcftinoit contre les Turcs , lori'qu'il mourut
à Ancone en 1464. Roverella furvécut à ce Pape, & finit par être Nonce à la.
Diète de l'Empire, & Dataire de plufieurs Souverains Pontifes,.
jao K O V
ROVERELLI , C Jean-Antoine ) Dofleur es Arts & en Médecine dans le
XVI liecle, étoit de Bologne. Il compofa un Traité de la vérole qu'il fit imprimer
(bus ce titre:
Tract atus de Morbo Patufa^ affeda qui vulgo Gallkus appellatur. Cypris , 1537, in-8.
Ptolomée parle de deux places d'Italie nommées CypriS , l'une maritime qu'on croit
>être le £ourg de Grotte , l'autre fur une montagne & qui s'appelle aujourd'hui
.Loretta. C'eft ^ftruc qui a fait cette remarque , mais il ne décide point en quel des
deux endroits le Traité de Roverelli fut imprimé. Peut-être ne le fut-il ni dans l'un ,
ni dans l'autre. On aura caché l'endroit où l'édition s'eft faite, fous ces mots Cy-
pris imprejfus ., par allégorie au vice dominant des habitans de cette Ille de la Mé-
.diterranée. La débauche y regnoit au point , que les filles fe proftituoient pour ho-
norer Venus , à qui on avoit élevé un Temple , dans leur lile.
ROUHAULT, C Pierre-Simon ) Chirurgien Juré de Paris & bon Anatomifte ,
fut reçu en 1716 à l'Académie des Sciences de la même ville. Son mérite l'éleva à
l'emploi de premier Chirurgien du Roi de Sardaigne Vidor-Amédée , qui le nom*
ma Profeffeur de Chirurgie en l'Univerfité de Turin. Rouhault mourut en 1740 -,
& laifla quelques Diflertations Anatomiques qu'on trouve dans les Mémoires de
l'Académie des Sciences de l'an 1714. Elles roulent fur lesdifférens changemeos
qui arrivent à la circulation du fang dans le fœtus , fur la defcription du Placenta
avec de nouvelles Oblcrvations , fur le cordon ombilical. La Difiertation qu'il pré-
l'enta à l'Académie en 1716 , a pour objet la queftion , fi le Placenta eft une
partie du Chorioa épaifli , ou une partie diftini^e ; une autre de 1717 traite du
Placenta & des membranes du fœtus ; dans deux autres qui font de 1718, l'Au-
teur donne fes recherches fur la force qui poulfe le fang dans le fœtus, & fur les
injections anatomiques.
M iVin^ott'., Doéleur Régent de la Faculté de Alédecine de Paris, a critiqué le
Mémoire fur la circulation du fang dans le fœtus humain; & Rouhault, qui fe crut
honoré d'avoir mérité les réflexions d'un adverlaire de cette importance , lui
répondit poliment par un Ecrit imprimé à Turin en 1728, Jn-4 , fous le titre
de Réponfe à la Critique de Jon Mémoire de la circulation dans le fœtus humain. On a
-encore de ce Chirurgien:
Traité des plaies de tête. Turin , 1720, rn-4.
OJJervaiioni jinatomico- Fi fiche. Turin, 1724, i«-4- Dans ces obfervations , qui font
au nombre de fix, il détaille plus au long ce qu'il avoit dit dans les Mémoires
préfentés à l'Académie Royale des Sciences de Paris. Il donne un nouveau fyf-
ïâme fur l'Accouchement dans la fixieme.
ROVIDA, C Céfar^ Médecin natif«*le Milan, étoit favant en Poéfie & pofR-
doit parfaitement les Langues Grecque & Latine. 11 fut reçu dans le Collège des
Médecins de fa ville natale le 14 Juillet 1575 i mais les concitoyens ne le polfé-
derent pas long-tems. L'éTendue de fes connoiflances le fit regarder comme un
homme propre à remplir une Chaire dans les Univerfités, & celle de Pavie s'em.
prefia à l'attirer dans fes Ecoles en qualité de ProfelTeur de Philofophie. Rovida s'y
«jEndit, & s'acquitta des devoirs de fa charge avec beaucoup d'honneur jufqu'en
J594
«
1^ o u
^594, qui efl: l'année de fa mort. Quelques Auteurs ne lui donnent que 55 ans de
-vie, mais George Matthias croit qu'ils le trompent; en effet, itov/rfj n'auroit eu que
leize ans à la réception dans le Collège de Milan. De tous les Ouvrages que ce
Médecin s écrit, il n'en efl aucun qui ait été publié.
ROUSSET, ( François^ Dodeur de la Faculté de Médecine de Montpellier
& Médecin du Roi, fit imprimer à Paris en 1581 , i/i-8, un Ouvrage de fa com*
pofition, qui eft intitulé :
Traité nouveau de VHyjUrotomotokîe ou enfantement Céfarien , qui eft extra&ion de l'en-
fant par incifton latérale du ventre & de la matrice de la femme grojje ^ ne pouvant aU'
tremcnt accoucher:, & ce fans préjudicier à la vie de Vun & de P autre , ni empêihcr la
fécondité naturelle par après. L'Auteur fut d'autant plus porté à traiter de cette ma-
tière , que , fur la fin de 1561 ou au commencement de 1562 , il avoit vu , avec
Denis Jirmenault dans l'Hôpital de Chàtillon, une femme qui leur dit avoir fouf-
fert l'opération céfarienne, ôe qui leur ajouta que l'enfant tiré par cette voie, étoit
âgé de fept ans, dans le tems qu'elle leur faifoit ce récit. C'eft dans le même
Ouvrage que Roujfet recommande la Taille au Haut Appareil ; opération qu'il
4i'avoit jamais vu pratiquer fur le vivant, mais qu'il croyoit poffible & sûre , parce
qu'il favoit que la veflie eft hors du lac du péritoine & de la capacité du bas»
ventre , & qu'il n'y a que fa face poftérieure qui foit couverte par la vraie lame
de cette membrane. Dans la perfuaiion oii il étoit d'ailleurs que l'incifion faite à
la matrice pour l'accouchement céfarien n'eft point mortelle , il en tiroit la con*
iéquence que la bleflure de la vefîie dans fon fond ne l'étoit pas plus.
Cet Ouvrage , dans lequel les principes de la Chirurgie font folidement traités ,
& l'Anatomie expofée avec beaucoup de vérité relativement à la matière , n'eut
pas plutôt été rendu public, qu'il fît du bruit. Il méritoit d'en faire par l'impor-
tance de fon lujet, & par les lumières que Roujjet avoit répandues fur l'opération
céfarienne, dont il fut regardé comme l'Auteur, du moins dans les femmes vi-
vantes. Sa méthode eut cependant bien des adverfaires; mais après avoir eli'uyé
tout ce qu'on lui a oppofé de contradictions , elle eft aujourd'hui admile dans les
cas où elle eft abfolument néceffaire. M. Levret s'eft fort étendu fur les circonf-
tances qui autorifent à pratiquer cette opération , ainfi que fur celles qui portent
à la rejetter dans les femmes en vie. Voyez l'Article SIGAULT.
Dès que le Traité de RouJJei fut parvenu à la conooiffance de Gafpar Bauhin,ce
Médecin s'emprelfa de le traduire en Latin , & le fit imprimer avec de nouvelles
obfervations qui viennent à l'appui du fentiment de l'Auteur. 11 a paru fous ce titre .
Exfe^lo Fœtus vivi è triùire vlvâ , JInc ahcrutrius viice periculd , & ahfque facunda^
tîonis ablatione , à l'ranclfco Roujfeto Gillicè tranfcripta , & à Cafpare Bauhino Latin^
reddita, & vcrlis Hiftoriis aacla. Bafile<s , 158a, in-S. Le même Ouvrage, fous cet
autre titre: De Partu Cafareo Liber , in quo agitur de vplficio chirurgie) humani onàs ^
aliter fauftè faccedcrc nequeuntis quam per ventris materni folertem incifiomm , fbfplte ,
cumfuofxtu, matre ipsâ. Balïka, 15^8, 1591, i«-8. Fr ancof uni , 1601 , in-8. Toutes
ces éditions font enrichies de nouvelles pièces. Il y en a encore une de Paris de
1590 , in-H , en l^atin ; elle eft due aux foins de RouJJet qui a traduit fon propre Ou-
vrage en cette Langue.
T 0 ME I K Q
R O U
C'eft à l'occafion du Traité de l'enfantement céfarien que ce Médecin a compoie
les deux Ecrits fui vans :
Brevls j^pnlogia pro Partu C<efareo , in dldacis cujufdam ex pulverc padagogico Chl-
rurguli thcatraUm inve&ivam. Paris, 1598 , m-8. Le judicieux ^a//er paroît faire grand
cas de cette Apologie. C'eft Jacques Marchant que Roujfet a en vue ; . mais ce Chi-
rurgien de Paris n'en cria que plus haut. Il publia un Ouvrage intitulé: Déclama-
duRcs in yipolooiam Francifci RoJJeti. Pari'Jïis , 1598, dans lequel il s'oppofe non feu-
lement à l'opération céfarienne, mais charge encore iîoti^er d'injures, en repréfailles
des traits que ce Médecin avoit lâchés contre le Corps de Saint Côme.
Exercltado Medica ajjertionis novis veri usùs anajhmcfeos cardiacarum fœtus ex utero
materno trans ipfas trahentis aërem internum in fuos puîmones , motàs refpiratorii tune
non expertes , & illum cordi eum appetentl , fuique etlam tune micantis motùs compoti pr<£'
paraturos. Parijus^ 1603, t/i-8. Cette pièce ne correfpond point aux autres. Son
Auteur tout occupé de Théorie, ne lui a pas même donné un air de vraifemblance»
ROUVROY, CN. ^ Médecin de Plombières, fa patrie, n'a rien négligé pour
faire valoir les Eaux de cette ville. Il fit imprimer , dans le XVII fiecle , un Ou-
vrage qui n'eft qu'un Abrégé de celui de Birthem'm , auquel il a fait beaucoup de
retranchemens &: quelques additions peu importantes. II a paru ibus ce titre :
Petit Traité enfeignant lu vraie & ajjitrée méthode pour prendre les bains , la douche^
Véiuve & les Eaux chaudes & froides minérales de Plombières. Efpinal , 1685, 1698 ,
tiî-8, 1737, /n-ia.
ROUX, ( Auguftin ^ de Bordeaux, Dodleur de la Faculté de Médecine de
Paris depuis 1762 , ancien Profefleur de Pharmacie de la même Faculté , Membre
de l'Académie Royale des Belles-Lettres, Sciences & Arts de Bordeaux, delà
Société Royale d'Agriculture de la généraUté de Paris, 4î de l'Académie Royale de
Médecine de Madrid, a pourfuivi le Journal de Médecine.^ Chirurgie, Pharmacie &c,
commencé par Fandermonde qui mourut à la Hn de Mai 1762. M. Roux donna fon
premier cahier en Juillet de Ja même année.
Il i"e diftingua , dès le milieu de ce liecle , par fon goût pour la Littérature 8e
tout ce qui peut contribuer à l'avancement des Sciences & des Arts. M. Aîorin &
lui ont publié , en 1758, les annales Typographiques, 2n-8; mais les années fui-
vantes font du feul M. Roux. Il a travaillé à la Colle&iôn Académique ; il a fait
l'examen des Eaux ameres de Seydchuz en Bohême , par ordre de la Faculté de
Médecine de Paris, avec MM. Bertrand & d'Arcet ., Dodeurs Régens de ladite
Faculté; il a fait rapport à la même Faculté, conjoiniement avec MM. Bellot^
Le Camus & d'Arcet , au fujet des efprits inflammables du Poiré & du Cidre , fur
lefquels les Juges Municipaux des Duchés de Lorraine & de Bar avoient demandé
d'être éclairés; il a traduit V Abrégé de l'Embryologie facrée , en lociété avec l'Abbé
Dinouarfy mais c'eft à lui feul que nous devons les Ouvrages dont voici les titres;
Traité de la culture & de la plantation des arbres à ouvrer. Paris, 1750, in-12.
Recherches hijhriques & critiques fur différens moyens qu'on a employés pour refroidir
les liqueurs, Paris, J758, fn-i2.
J'en étois à cctts note fur M. Roux, lorlque je reçus le Journal de Médecine,,
R O U * 123
t Janvier l'ffj à la tâte duquel je trouvai fon éloge, dont je vais donner
l'Abrégé.
Auguflln Roux naquit au mois de Janvier 1726 , à Bordeaux. Ses père &
mère étoient originaires du Périgord. Ils fortoiem de familles recommandables
dans la bourgeoise , mais très-peu favorifées de la fortune. M. Roux étoit Painé
de quatre garçons; fes parens, en conféquence , le deflinerent à la Prêtrife. Cet
état faim , auquel des vues temporelles devroient fi peu conduire , cfî ordinai-
rement regardé comme une fource de richefTe & d'illuRration pour les puînés
des Mail'ons nobles & puifiantes. En Guienne , des motifs analogues déterminent
communément les perfonnes peu riches à vouer à l'état éccléfiaftique leurs pre-
miers nés , qui deviennent alors de féconds pères , l'appui & le foutien de
toute la famille. M. Roux fut donc envoyé au Collège , & fit fes études aux
Jéfuites.
Bientôt il fe dégoûta de la Philofophie Scbolaftique. Son efprit le portoit à
cultiver les Sciences exa6\es : il cherchoit des connoifTances folides , & à acquérir
une faine érudition. Il employoit tous les momens , dont il pouvoit difpofer , à
la leélure de Malhbranch2 , de Lackc & à l'étude des Mathématiques , dans lef-
quelles il fit des progrès rapides.
Après fa Philofophie , il annonça le deffein où il étoit d'embrafler la Mé-
decine , & trouva tous fes parens oppofés à cette réfolution. Il éprouva , de
!:i part de fon père , la plus grande réfiilance , & il ne lui fallut rien moins
que tout fon courage , pour le foutcnir dans cette occafion. 11 fut abandonné
à fes propres reffburces , & n'obtiot de fa famille , dont il trompoit les efpé-
r-.mces , que les fecours abfolument néceflaires aux befoins de la vie : mais l'amour
d'une Science qui embrafie la nature entière , où chaque nouvelle connoifTance »
cil fatisfaifant i'cfprit , promet au cœur tous les plaifirs de la bienfaifance , lui
tint lieu de tout le refte. M. Roux commença fes études en Mcx^ccine à Bor-
deaux , où il prit le bonnet de Dofteur au commencement de l'année 17SO.
Le célèbre Préfidenl Barbot à qui il avoit eu le bonheur de plaire & d'être
utile , le mit en état de fournir à la dépenfe de fes grades.
Comme le nouveau Doéîeur fentit bientôt que ce titre eft un avantaççe ftérile •,
& qu'il ne peut devenir utile que par les connoiflances , les lumière? & l'expé-
.rience que le jeune Médecin doit travailler à.fe procurer, il forma le projet de
venir à Paris continuer à étudier , & forcer , par fon travail , la fortune à lui
être moins défavorable. Il s'étoit bien attendu que cette réfolution ne feroit pas
mieux accueillie de fes parens que ne l'avoir été celle de fe faire Médecin , &
partit de Bordeaux fans autre rclfource que quelques fecours qu'il obtint de fes
amis , & la fermeté de fon ame. Il fut reçu , à fon arrivée à Paris , par plu-
fieurs de fes anciens condifciples. Quelques Gens de Lettres , à qui il avoit été
recommandé , l'aidèrent de leurs confeils , & lui donnèrent , en particulier , celui
d'apprendre l'Anglois , en lui faiiant envifager difîérens avantages dans l'étude
de cette Langue. Roux s'y livra fans relâche , & participa fi)^ mois après à la
Tradudion des Tranfaciions PhUofophlques. Il entreprit enfuite celle de l'Ouvrage
du Dod\eur Robzrt ff^liyu , intitulée : Ejfai fur. les vertus de Veau de chaux pour la
guîrij'cn de la pierre. A la tête de cet Ouvrage « on trouve des Recherches
ia4i R O U'
chymiques fur l'eau de chaux : ce morceau cft tout entier de M. Houx. Ce début
fut bientôt luivi de les Recherches hijloriques & critiques far hs dljcrens moyen'!
employés pour refroidir les liqueurs. Ce petit Ouvrage eft précieux, & peut-être le plus
travaillé qui Ibit forti de la plume de cet Auteur.
En 1^60 , M. Roux ic préienta pour obtenir des grades dans la Faculté de
Paris. Il commença le cours de fa Licence , la fit d'une manière diftinguée ,
& la finit par la générofité de M. Dumarel qui le força d'accepter les 6000
livres nécefiaires pour cette dépenfe. A peine avoit-il reçu îc bonnet de l^ofleur,
que la mort prématurée de M. /^andermonde fit pafler le Journd de Médecine
entre fes mains.
M. Roux avoit entrepris une Encyclopédie portative. Ouvrage confidérable , dont
les deux premières parties parurent en 1766. Malgré l'accueil que fit le public à
cette production , l'Auteur a toujours eu la modeftie de ne fe point nommer , &
beaucoup de pcrfonnes ignorent encore aujourd'hui qu'elle eft de lui. Il avoit
raflèmblé tous les matériaux de la troificme partie qui manque , & qui alloit
paroître. Cet Ouvrage , qui fuppofe un travail immenle , eft le fruit des éludes
particulières auxquelles il fe livra pour l'éducation du jeune M, d'Héricourt , au-
jourd'hui Confeillcr au Parlement. Cette éducation lui avoit été confiée peu de
mois après Ion .arrivée à Paris , fut la recommandation du Préfident de Mon-
tefquieu.
Peu de tems après fa réception à la Faculté de Paris , M. Roux fut préfenté
par M. Le Baron d'Olback , à l'adminifiration de la Manufacture des Glaces de
Saint-Gobin , & il rendit les plus grands fervices à cet établiflement , en rec-
tifiant plulieurs des procédés ufités, & en fe rendant à Londres, pour y puifer
de nouvelles lumières , dont il fit part à l'adminiftration. Ses engagemens avec
elle portèrent M . Roux à renoncer totalement à la Médecine clinique , pour fe
donner entièrement à la Phyfique & à la Chymie. Mais les tracafferies qu'on lui
fufcita pendant fon voyage d'Angleterre , le rapprochèrent de la Faculté. Cette
Compagnie avoit toujours regreté de ne pouvoir joindre des leçons de Chymie
à l'enfeignement général & public de la Médecine. Elle jetta l'es yeux fur M.
Roux ^ qui commença le premier cours complet en ce genre le Jeudi, 14 Fé-
vrier 1771 , & qui le continua pendant fix années avec un applsudilibment uni-
verfel. La Faculté récompenfa fon" zele par plufieurs décrets honorables , & par
un jeton qu'elle fit frapper à fon honneur , avec cette devifc : Chemia curf.
inflitut. 1770 inauguravlt M. Aug. Roux 1771. Ce Médecin venoit de finir le fixiemc
cours de Chymie , loriqu'il mourut le 28 Juin 1776, dans la cinquante-unième
année de fon âge.
M. Roux étoit naturellement grave & réfiéchi , il avoit une ame ferme &
courageufe ; mais l'auftérité de Ion caradere s'adouciffoit facilement avec fes
amis , & même il portoit de la gaieté dans la bonne compagnie où il aimoit
à le trouver , où il paroifToit toujours avec avantage. Dans la converfation ,
jl étoit vif & aflmé ; il y prenoit toujours un parti , 4i le foutenoit avec cha-
leur. Il avoir ce défaut , fi c'en eft un , qu'on ne peut reprocher qu'aux belles
âmes , de défendre avec feu toute opinion qui avoit un rapport immédiat ou
éjoigné avec la confervation & le bonheur des hommes , & de montrer qu'il.,
R O U ROY 125
m^priloit fouverainement les intriguans , autant qu'il déteftoit l'intrigue. Ennemi
des abus , il s'élevoit contre eux avec une forte d'intrépidité , & jamais alors
aucun refpedt humain , aucun motif de crainte , ne l'ont forcé à la diilimulation
ni au filence. Capable , en même tems , autant qu'aucun homme , de tous les
fentimens tendres , il s'eft montré fi's excellent , ami confiant & fidèle.
Quoiqu'il eût été extrêmement ienfible à l'abandon où les parens l'avoient
laiflë , il n'oublia jamais des devoirs , dont il trouvoit la récompenfe dans le fond
de fon cœur. U appella près de lui deux de les frères. Le premier, pour lequel
il avoit une tendreflë particulière , mourut jeune. Il s'étoit adonné à la Géo-
métrie : l'excès du travail lui occafionna une maladie convullive , à laquelle
il a fuccombé. L'autre embrafia la Chirurgie , & pafia enfuite aux liies ,
où il a exercé cet Art en homme inftruit; mais ces terres nouvelles, où tant
d'Européens vont chercher la fortune & ne trouvent fouvent que leur tombeau ,
détruilirent la lanté : il cft mort depuis deux ans. Enfin , M. Roux trouva
dans le bon ordre & l'arrangement qu'il avoit mis dans les affaires , le moyen
de procurer à fon père , qui vit encore , & qui eft plus Qu'o*!togénaire &i in-
firme , des recours qu'il a toujours augmentés à proportion de fes facultés. A fa
mort , la penfion qu'il lui faitbit étoit de huit cens livres. La même économie avoit
mis M. Roux en état de former un Laboratoire très-bien fourni , & une Bibliothèque
qui étoit déjà très-nombreufe , bien cboiiie en tout genre de Sciences , de Littéra-
ture , &i particulièrement de Médecine,
M. Roux étoit d'une taille ordinaire. Il avoit le teint bafané , le vifage
plein & fort en chair ; fa fanté étoit ferme , jamais il n'a efluyé ce qu'on
peut appeller une maladie ; mais depuis quelque tems , il étoit dévenu fujet
à des fluxions & des douleurs de rhumatilme. Il étoit dur au travail & fup-
portoit aifément la fatigue. L'étude étoit la patïion dominante. Il s'y étoit même
livré avec excès plufieurs années de fa vie ; comme fa fanté & fon eilomac fur-
tout en fouttrojent, il y avoit apporté beaucoup de modération; & depuis long-
tems, il donnoit tous les jours quelques heures à la fociété & à la difiipation. M.
Roux ne s'eft point marié.
On a trouvé parmi fes papiers un Ouvrage confidérable , dont il y a déjà bon
nombre de feuilles imprimées; l'ordre & la méthode le caradtérifent. C'eft une
tradudion Françoife, & en même tems une rédaflion des Leçons de Chymie Midi-
clnak & Pharmaceutique Je Lewis , faites d'après celles de Newmann. M. Roux^ y
a beaucoup ajouté. La partie du règne minéral, qui eft imprimée , fuliit pour fiiire
fentir le mérite qu'auroit eu l'Ouvrage entier. Le Traducteur en avoit écnrté foi»
gneufement toute cfpece de fyflême & de vaine théorie ; il favoit que cette dé-
mangeaifon de faire part au Public de fes opinions particulières, & de l'entraîner
de force dans les écarts de fon imagination , eft un des plus grands obfiacks au
progrès de toutes les Sciences Phyfiques , & qu'elle eft fur-tout très-dangcreufej
en Médecine.
ROY ou REGIUS. ( Henri DU ) Voyez DU ROY/.
îi6 ROY
ROY, ( Charles LE ) Profefleur de Médecine au Ludovicée de IVlontpellier ,
Blcir.bre de la i^ociété Royale de la même ville & de celle de Londres , des
Académies de Touloiife , de Niraes , &c. , naquit i Paris d'un homme célèbre
dans ion Art. Déterminé à fe fixer dr.ns cette Capitale, où fa réputation Ta-
voit devancé , il eut la iatiffadion de voir que la Faculté de Médecine avoit
accédé unanimement à la requête qu'il lui a prélentée pour être coopté parmi
les Membres , d'après la déclaration de 1696, Ce lavant Médecin a fait irapri-
iner en 1766 , /n-8 , des Mémoires & Obfervations , première partie , conte-
nant deux Mémoires fur les fièvres aiguës. Ces pièces ont été publiées avec
d'autres , fous ce titre :
Aldanges de Pliyjïque & de Médecine. Paris, 1771 , //1-8.
On lui doit encore :
Du FroaojHc dans les maladies aiguës. Paris, I7"6, in-8.
ROY ( Jacques- Agathange LE J naquit à Maubeuge.en Hainaut , le 4 Mai
1734, de Charles Le Roy & de Catherine Barbier , fille d'un Chirurgien de la
înême ville. Après de bonnes études , ii fe livra à fon goût pour la Pharmacie
qu'il apprit fous différens Maîtres. Les proç;rès qu'il fit dans cette partie de l'Art ,
furent d'autant plus rapides , que fon efprit vif , éclairé , pénétrant , fran-
chit bientôt les bornes de la fphere étroite où végètent la plupart des élevés. La
préparation des raéd'icamens Galéniques & Chymiques , que tant de jeunes gens
tipprennent par routine, fut toujours pour Le Roy un objet de réflexions ; il ne
manqua jamais d'examiner la nature des corps , le réfultat des combinaXons , les
produits de l'anal yfe & les motifs des opérations. Un plan d'étude établi iur ces
principes eft le vrai chemin qui conduit au but. Celui du Médecin dont je parle ,
iut de fe tirer de la foule par fes talens , & il y a réufli. Les dernières guerres
des François en Allemagne contribuèrent à le faire connoître ; il parvint à être
chargé, en chef, des Pharmacies des Hôpitaux ambulans & fédentaires de l'Ar-
mée. Comme cet emploi lui avoit fourni mille occafions d'étudier la nature au
lit des malades , & qu'il s'étoit fait d'ailleurs une application lérieufe de la
Tviédecine dans fes moraens de loifir , il profita de fon féjour en Allemagne
pour fe faire recevoir Doaeur à Giefien dans la Heife , où il prit le bonnet
]e 24 Mai 1759. Revenu en France, il entreprit le voyage d'Amérique, pour
y comparer les maladies de cet hémifphere avec celles du nôt^e , & pour y re-
cueillir encore d'utiles obfervation? Iur l'Hiftoire naturelle de ces vaftes contrées.
Mais, au bout de dix mois , il fut obligé d'interrompre le fil de fes travaux; fa fanté
fe trouva C altérée par fon féjour dans ce climat étranger, qu'il dut longer à
le quitter.
Convaincu de l'avantage qui réfulteroit pour les Colonies , fi les Miniftres de
lanté ,qui pafTent en Amérique , étoient bien au fait des maladies du pays, il ne fut
pas p'utôt de retour en France, qu'il entretint M. Puifonnier de l'utilité de l'éta-
bhfieraent d'une Ecole de Médecine pratique dans les ports de mer. ConnoilTant
d'ailleurs tout l'intérêt que cet illuftre Médecin prend à tout ce qui peut contribuer
à i avancement de l'Art qu'il exerce avec tant de célébrité , il lui communiqua
ROY I2f
i'Hiftoire de la fîevre maligne gangréneufe qui régna à RocheTort en 1766. Ce
morceau intéreflant méritcroit de voir le jour , mais l'Auteur a négligé jufqu'ici
de le faire imprimer , quoiqu'il ait été encouragé par ceux qui ont lu Ion
Alanufcrit. *
JLes talens de M. Le Roy & fon zele pour le bien de l'humanité ne tardèrent
point à être connus. 11 obtint , en 1771 , la place d'un des Médecins ordi-
naires de Monfieur , frère du Roi ; ce qui lui donne le privilège d'exercer fa
profeflEon à Paris. En 1773 , il fjt reçu daus l'Académie des Scieaces de la Heffe
& dans celle de Mayence ; en 1774 , il devint Membre de l'Académie Impériale
des Curieux de la Nature , Aggrégé honoraire au Collège Royal des Médecins de
Nancy , & prit encore place dans l'Académie de Befançon.
M. Le Roy a compofé un EjTai fur l'ufage & les effets de Ncorce de Garnu , ou
Traité des exutoires , dont on a des éditions de Paris , 1767, 1774, //j-12. lia joint,
à la dernière , une Dijfcrtation Médicale fur l'huile fétide de Tertre, ^'on Eflai
fur le Garou a été traduit en Allemand par M. Juncker , & imprimé à Strasbourg
en 1772. On doit encore à notre Auteur une Tradud\ion Françod'e du Traité des
maladies aiguës de M. Eller , premier Médecin du Roi de Prufîl' , à laquelle il a
ajouté une Préface & des notes de la façon. Cette Traduiftion fut publiée à Paris ,
1774, ta-ia.
ROYEN , ("Adrien VAN ) célèbre Profeflèur de Médecine & de Botanique en IT.
niverfité de Leyde, s'eft diftingué dans ce tiecle par fes connoinknces & fes Ou-
vrages qui roulent tous fur l'Hifioire des plantes , à laquelle il a quelquefois con-
i'iicré fes talens pour la Poélie. On a de lui :
Diffenatio B tanico-Medica de anatome & œconomiâ plantarum. Lugduni B^tavorum y
1728, /n-4. II paroît que cette pièce n'eft autre chofe que la Diffcrtation inaugu-
rale qu'il fouîint lorfqu'i! prit les degrés.
Oratio , quà jucunda , utlUs & necejfaria Mediclna cultoribus commendatur docfrina Bo-
tanica. Ibidem, 1729, m-4. C'cft le Difcours qu'il prononça le 9 Mai 1729, en
prenant polTclfion de la Chaire de Botanique. Ce difcours eft en vers.
De amorihus S" conaubiis plaruarum , Carmen Elegiacum. Ibidem , 1752 , iii.±.
Prodromus Flor<e Leidenfis. Ibidem^ 174° 1 ir^'^. Cet excellent Ouvrage donne
en détail toutes les richeffes du Jardin de Leyde. On y trouve beaucoup de
plantes très rares, dont on eft redevable aux loins de l'Auteur; il eft le premier
qui les tit connoître ou qui les rangea dans la clafTe qui leur eft propre. Son i'yf-
tême eft celui de Linnteus^ qu'il a fuivi dans les genres & les noms i mnis il a pris
un ordre plus naturel dans la diftribution des clafies, pour lefquelles il a iraaqiné
de nouveaux noms.
David van Roy en , de la famille du précédent, prit Je bonnet de Doéieur à-.
Leyde, où il foutint, en 1752, une Thelé De intejllnis crajjîs multorum maîorum
causa & fede. Ce Médecin enl'eigne maintenant la Botanique dans l'Univcrlité de
cette ville. On a de lui un Difcours intitulé ;
Oratio de Honis publicis prarjlantijjlmis Scientiie Botanicts adminicuils. Lugduni Bats^
vorufn,i754, <n-4. Apparemment qu'il a remplacé Adrien r,m Royen , (on parent,-
^ui eft actuellement Profen'eur émérite , avec continuation d'appointemens,.
lig U U B R U D
RUBEIS , ("Alexandre DE J) de l'Ide de Zante dans la Mer de Grèce , naquit
dans une famille noble. Son goût pour la Médecine l'engagea à fe rendre à Pa-
doue , où il demeura chez Jean Cicala , Profefleur public en cette Science. Il y fit
tant de progrès , qu'il mérita bientôt les honneurs du Doaorat , & qu'à fon retour
dans la patrie, il ne tarda point à être recherche par fcs concitoyens, dont il eut
touie la confiance. Ses Ouvrages confiftent en des Commentaires iur la première
& la féconde Icaion des Aphorifmes d'Hippocrate. C'eft tout ce que Manget en
dit, linon qu'il met fa mort dans l'Ifle de Zante en 1680.
RUBEUS. C Jérôme J Voyez ROSSI.
RUDBECK, ( OlausJ lavant Médecin & Littérateur Suédois, étoit d'Arofen
dans la Weftmanie , où il naquit le 20 Juin 1630 dans une famille noble ôz an-
cienne. Il étudia la Médecine dans fa patrie & il y fit tant de progrès, fur-tout
dans l'Anatomie , que la Reine Chriftine le gratifia d'une penfion , pour lui donner
plus d'ailance à faire face aux dépenfes qu'entraînent les voyages en pays étran-
gers. Le jeune Rudbuk fe rendit dans les villes du Nord les plus célèbres parleurs
Uni'veîfités, & pall'a enfuite à Leyde , où il fit de nouveaux progrès dans l'Ana-
tomie & même dans la Botanique. De retour en Suéde, il fe fixa à Upfal , & u
y ouvrit, en 1657, un Jardin ôz une Ecole Botanique à les dépens, pour fervir
à l'inftruaion des jeunes Médecins à qui il faifoit des cours particuliers. Tout
jeune qu'il étoit lui - mêitie , il fe diftingua tellement dans ces exercices, que
jbientôt après il fut nommé Profefleur d'Anatomie & de Botanique à la place de
Jcaa Franckcn mort en 1661.
Rudbeck eut une querelle fort vive avec Thomas Banholin, au fujet de la dé-
couverte des vaiffeaux lymphatiques à laquelle ils prétendoient tous deux. Celle de
Rudbeck date de 1650 "à Leyde; il fit même la démonftration de ces vaiffeaux au
lîiois d'Avril 1652 en préfence de la Reine Chriftine; & en Mai de cette année,
JJanhoUa n'en dit encore rien dans fon Traité De Lacfeis Thoraclcis qu'il publia alors.
Ce ne fut qu'en 1654 qu'il en parla dans un Ouvrage fait exprès pour donner la
delcription de ces vaiffeaux; il les avoit cependant découverts en Décembre 1651,
& par conféquent poftérieurement à Rudbeck. Mais Banholin n'en alla pas moins
fon train ; il perfifia à revendiquer cette découverte que les perfonnes impartiales
::;'ont point balancé de lui refufer. A peu près dans le même tems , ou même un
peu plutôt, le Dodeur /oZt^e apper eut les vaiffeaux lymphatiques en Angleterre.
Voilà donc un troifieme Anatomifte qui pourroit s'attribuer l'honneur que les deux
premiers fe difputoient ; mais comme il efi: vraifemblable qu'aucun de ces con-
tcndans n'a aidé les autres, rien n'empêche de leur partager la gloire d'avoir tous
trois contribué à cette importante découverte, qu'ils ont fi bien conftatée par des
recherches ultérieures.
Rudbeck étoit Curateur perpétuel de l'Uni verfité d'Upfaî, lorfqu'il mourut dans
cette ville le 14 Septembre 170a, îigé de 72 ans & près de trois mois. Il a joui
d'une réputation confiante jufqu'à la fin de fcs jours, & comme il l'avoit méritée
par l'étendue de fes connoiffances dans la Médecine , l'Anatom'e , la Mufique , la
Teinture , les Mécha.niques & les Belles-Lettres , elle s'eft foutenue encore après
ik
R U D 129
fa mort chez les nations favantes de l'Europe. Ses Ouvrages ont beaucoup con-
tribué à y répandre fon nom; ils font en aficz grand nombre, & la plupart roulent
fur des matières intéreflantes. Voici leurs titres ;
Nova Excrcitatio ^natomica exhibens duSfus hepaticos aquofos & vafa gïandularum
ftrofa. profite, 1653, /n-4. Lugduni Batavorum, 1654, //i-i2, avec quelques autres
Oblérvations du même Auteur.
In(îdi£ ftru&e Olai Rudbeckii , Sueci , du&ibus hepatlcis aquojh & vajîs gïandularum
fcrofis^ y^rnfia editis. Lugduni Batavorum , 1654 , in 8 fi? i/i-l2. Cet Ecrit fut publié
en réponfe à celui qui parut de la part de Bartholin ou de Martin Bogdan., fon
Tcclateur.
Pro duSibus hepatic'is contra Thomam Bartholinum. Ibidem y 1654, tn'8.
Hpiftola ad Thomam Bartholinum de vajîs ferojis. UpfaliiS , 1657, "".^2.
Catalogus plantaru.n Horti Upfaliinfis. Ibidem 1 1658, J/i-I2.
Dcllcite F'allis Jacobex. Ibidem , 1664, in-il,
Horti Upfalienjb aucluarlum. Ibidem , i665 , in-n. La troifieme édition a paru à
Upfal en 1685 •> '"«-12 , fous le titre ù'Hortus Botanicus variis exotlcis , indigenlfquc
plantis inftrucfus,
Campi Elyjii Liber fecundus , nomîna , figuras bulbof arum plantarum continens. Upfal ia ,
1701, in-folio. L'Auteur avoit une Imprimerie chez lui, qu'il perdit par l'inctndie
de fa raailbn en 1702. Ce qui lui reftoit d'exemplaires du premier Livre , dont je
vais donner le titre, fut confumé par les flammes; il n'en put échapper que deux,
& c'eft pour cette raifon que ce volume eft fort rare.
Campl Elyjïi Liber primas , Graminum , /uncorum , Cyperorum , Frumentorum , &c.
figuras continens. Upfalix ^ 1702, in-folio. La perte qu'il fit à Pincendie de fa mai-
fon , le mit hors d'état de continuer cet Ouvrage qu'il avoit deflein de poulier
jufqu'à douze volumes , & qui devoit contetiir onze mille fi.^ures.
Laponia illuflrata & Iter per Uplandiam , Gzflrlciani , Ildjingian , &c. Upfalls ,
1701 , i/î-4 , avec un Gloffarlam Laponicum. Il n'a pas rempli fon titre dans ce
volume qui devoit apparemment être fuivi de quelques autres ; car il n'y donne
■que la defcription de la Uplande. Il s'efi: même rélcrvé les figures des plantes»
des animaux , des infeé\es & des qtiadrupedes , qui iervoient à l'ornement de
cet Ouvrage , & il s'eft borné à celles de quelques oifeaux.
Iclityologite Biblice pars prima , de ^ve Salav. UyfiU^ , 170!^ , 'n-4.
On a encore de la façon de ce Médecin : ^lUantlca , five , Manhe'm vera fa-
phiti pofterorum fedes & patria. Upfal, 1675 , 1689, ifîgB , ifigo , quatre volumes
in-folio , & un in-4 pour les figures. Cet OuvraiJe , qji eft en -Latn & en Sué-
dois , cft rempli d'érudition , mais d'une érudition acc-;blantc ; il fuppofe une
■îei\ure prodigieufe dans fon Autenr qui avance & fourient les pnrad >xes les
plus étonnans. Il prétend que la Suéde , la patrie , a été la demeure des an-
ciennes Divinités du Paganii'me & de no- premiers pères ; q-j*elle eft la véri-
table ylihtant de de Platon , & que c'eft de la Suéde que les Aikmaud» , les
François , les Anglois , les Danois , les Grecs , les Romains & tous les autres
peuples lont forfis.
OUus , fon fils , s'appliqua de bonne heure à l'étude de la Médecine ; il
étoit même encore jeune , lorfqu'il mit au jour à Upfal , en 1680 , ifi-8 , une
T 0 ME IF, R.
iga R U D
Diflertation Académique De propagaticne plantarum Botanko-Phyjîcâ. En 1690 ,il reçut
le bonnet de Uodieur à Utrecht. Sa Thefe Inaugurale , qui traite De funda-
mentali plantarum notitiâ , coUatis MethoJis Hermonnianâ , Raynnâ , Rivinianâ , fut
encore imprimée à Auibourg en 1691 , ia-il. Mais ce Médecin ne s'eft point
borné à ces premières produdions ; il a donné des Ouvrages plps confidérables ,
fous ces titres :
Nova Samolaad f Jîve , Laponia illujlrata , tradeas aniaiallum , herbarum & miner ce
lîum divQvfitatem. Upfalits , 1701 , /n-4. On lui attribue alFez communément ce
Traité , mais il reflèmble li fort à celui que fon pcre publia la même année j
qu'il eft bien probable que celui-ci en eft l'Auteur.
Dljfertatïo de Hedcra. Jbidcm y 1716.
Index plantarum pracipuarum quas in Jtinere Lapponico y annô 1695 , obftrvavit-
Dans les Aftes de l'Académie de Suéde de l'an 1720.
De Borhh Fullonum^ qnod non herbam aliquan ^ multù minus fmegma vel faponem
fuljfe t.fed purparam. Upfalia , 1722» 'n-4-
Refponfum ad Chrijîianl BenediStl Michaëlls , Llnguarum Orlentallum Profejforis aputt
Halam^ objc£tiones , quod Borlth Fullonum non faponem vel fmegma , utipfe contendlt^
vel facum fuijfe , pluribus probatur argamentls. Ibidem , 1733 » "*-4'
Dudaim Rubenis , quos neuiiquam Mandragora fruSus fuijfe^ aut flores amabiles ^.
Tdia , violas , &c. , fed fraga vel mora Rubi Idal fpifiojl. Ibidem , 1733 , {«-4.
RUDEL, C Sigifmond J de Gorlitz en Luface , où il naquit l'an 1582 , fut
reçu Dodteur en Médecine à Bâle en 1609. Il exerça d'abord la profellion dan»
le Haut- Palatinat , & fe rendit en i6a8 à Nuremberg en qualité de fimple pra-
ticien ; mais ayant été admis dans le Collège de cette ville en 1634 , il fut nommé
pour veiller aux maladies contagieufes , enfuite prépofé à l'Hôpital pendar.t huit
ans , & il paflà le refte de ia vie , c'efi-à-dire , jufqu'en 1658 , à remplir les-
devoirs de Phyficien ordinaire. On ne connoît rien de lui qu'une DiUèrtation
De Carcinomate que Jean-Jacques Genathius a inférée dans le Recueil imprimé à
lîâle en 1620 , in-^. 11 eft bien apparent que cette pièce n'eft autre chofe que
la Thefe Inaugurale de Rudel.
RUDIUS, CEuftacheJ)de Belluno , petite ville d'Italie dans l'Etat de l'Eglife,.
fuccéda , en 1599, à Alexandre Maffaria dans la Chaire de Médecine Pratique en
rUniverûté de Padoue , & la remplit jufqu'en 161 1, qui eft l'année de fa mort,
Jjçs nombreux Ouvrages qui nous reftent de la façon de Rudius , font preuve
de la beauté de fon efprit , de fon application à l'étude & de fon goût pour
le travail. Voici le Catalogue que les Bibliographes en donnent :
De vinutlbus & vltils cordis. Fcnetlis , 1587, in-4. Ibidem ., 1600, «4 , fous ce
titre : De naturali & morbofa cordis conjîitmione.
De, ufu totius corporis humani Liber, yenetiis , 1588 , Jn-4,
uirs Medica , feu , de omnibus humani corporis affectibuz medendis I.ihri quatuor,
f^enetiis, 1590» ^59'^ 1 in-folio , trois Tomes. Ibidem , 1596, j6o8 , in-folio , auHi
trois Tomes de l'édition de Jean-Antoine & de Jacques de Francifcis. Les mêmes
ont publié un quatrième Tome qui efl intitulé : De affe&ibus excernarum corporL^
humani partiuia Liiffi fepiint, . f^enetiis , i6c56 , in-folio^
Tl U E 131
De Tumoiibus prater naturam Llbri très. F'enetus , 1600 , irt-4.
De (Jicerlbus Libri très. Pataviî , 1602 , in-i,.
De Paljlbus Libri duo. Pati^vd , 1602, t/i-4. Franco/uni , 1602, 1642 , jn-8.
De Morbo Galllco Libri qiiinque. I-^enetiis , 1604 , /R-4.
De morbis occultis & venenatis Libri quinqae. Ibidem , 1610 , in-folio.
Liber de anima. Patavii , 161 1 , in-4. f^enenis , 1616 , /a-4.
RUE ou RUEUS , CFrançois DE LA ) Doaeur en Médecine , étoit de Lille.
11 mourut en 1585 dans un âge aflez avancé, après avoir longtems exercé
dans fa patrie. 11 eut un fils nommé .Alard qui étoit prefque encore enfant , lorf-
qu'il fit d'afiez bons vers Latins à la louange de fon père & d'un Ouvrage qu'il fe
préparoit à mettre au jour. Il a paru Tous ce titre :
De Geinmis aliqmt , lis prtefenim quarum Divus Joannes ^poflolus in faa ^pocalyp-
fi memlnit : de aliis quoque , quarum ufus hoc £vd apud omnes percrebuit , Libri duo. Paru
■^".•' ^.54?» '"'i-^- 1"W^<--> 15651 in-ii. Lugduni ., 1588, 1595,1652, in-12 , avec la
Philofophie l'acrée de François F'allefius.Francofurti , 1596 , tn-i2 , avec divers Opuf»
cules fur toutes les efpeces de Fodiles. /iii/em , i6o8, 1626, :/n2, avec Levini Lemnil
Jîmilitudines Sparaholie. Ce Traité prouve que fon Auteiir avoit fait une étude par-
ticulière de tout ce qui concerne les pierres précieufes , qu'il avoit cultivé les Bel.
les-Lettres & qu'il entendoit l'Hébreu. Leà vers de fon fils fe trouvent à la fin
de l'Ouvrage.
RUEF floriflbit à Zurich vers le milieu du XVI fiecle. Les Auteurs ne
font point d'accord fur fa profelîion ; Douglas le fait Médecin & Chirurgien ; Gce-
Ucke le dit limpleraent Chirurgien ; Matthias le nomme Lithotomifte & Accoucheur ;
Garengeot & Lafaye fe font prefque fâchés de ce qu'on avoit voulu faire pafler Ruef
pour Médecin. 11 étoit fimplement Chirurgien , & c'eft à ce titre que les deux
derniers l'ont revendiqué. Comme ils lui ont attribué l'honneur de la découverte
de la circulation du fang , ils n'ont pas manqué d'en grolîir les Faftes de leur
Art , &î de lui affurer par-là une forte de prééminence fur la Médecine. Cette
Science fe glorifioit de fon Harvée qui a démontré la circulation avec tant d'é-
vidence ; & les deux Chirurgiens de Paris , bien aifes d'avoir trouvé l'occafion
de lui enlever cette gloire , ont érigé Ruef en inventeur de cette importante
découverte , qu'ils lui auroient peut-être difputée s'il eût été Médecin. En effet ,
cet Auteur avoit une connoiflancc fi mince de la circulation , qu'il n'a pas mô-
me i'oupçonné que le fang padbit des artères dans les veines « puifqu'il le fait
retourner au cœur par la même voie. Ce qu'il dit d'ailleurs fur le foie & fur
le cœur, comme organes de la circulation, ne butte qu'à leur faire produire un
efprit fubtil & prefque aérien qu'ils envoient dans toutes les parties du corps.
Reconnoît-on bien là les preuves établies par Harvée ? Cependant Garengeot a trouvé
celles de Ruef ïi folides , qu'il dit dans fa Splanchnologie , Tome fécond : « veut-on
» encore fuvoir ce que c'eft que la circulation & fa véritable époque ? D faut con-
u fuher jRue/, célèbre Chirurgien, qui a fait imprimer plus de cent ans avant Har-
* vée , les mouvemens du cœur & des artères* & la marche que tient le fang da-
T-^a RUE
n cœur aux di'fl'éreDtes parties du corps , & de celles-ci au cœur; ce qui n'effan-
n tre choie que ce que nous appelions la circulation. » Gaien^eot lavoit broder ,
mais point toujours d'après nature.' on en trouve encore des exemples dans fon;
Traité des Opérations. Mais lailibns fes cendres en paix, & finiffons par dire que,
comme Rucf tû un des plus mauvais Ecrivains de ion fiecle, on l'abandonne vo-
iontiers à qui voudra le revendiquer. Voici les titres de fes Ouvrages :
De cnnceptu & gencraticne hominis ^ & Vis que circa h<£c potljfimùm confîderantur , Li-
bri fcx. fnjertce quoque fuat pi&ura varia fatûs , primant ia utero Jîri, diindè in partu ,
mox etiam matricis S injlrumentorum ad partum promovendum & cxtrahendum pertinen-
tlum , mcnon poj'hemô varlorum monftroforiim ùifuper. Tiguri , 1554, i/i*4. Francofurti ,
1580, /n-4, 1587, m.8. Il a fait revivre , dans ce Traité, ia plupart des contes
que les bonnes f.mmes debitoient , dans l'on liecle, fur les accouchemens & fur
les monn.cs. On lui doit cependant le premier plan du Spéculum Matricis. Quant
à raficrtion de Garengeot , au fujet de la découverte de la circulation par Ruef ,
elle eil manifeflcment faulTe p'^r rapport au tems. Hicn loin que ce Chirurgien Suilfe
ait parlé du mouvement circulaire du fang plus de cent ans avant Harvée , celui-ci,
qui le connoiflbit dès fan 1619, l'a démontré par un écrit publié en 1628 ; ainfi
voilà 35 ou 36 ans à rabattre fur le liecle d'ancienneté que Garengeot donne à.
Ruef iur Harvée. Mais paiibns fur cette erreur de calcul , pour dire que le célèbre
Haller n'a pu s'empêcher de jetter fur le fond même de l'alfertian du Chirurgien
François tout le ridicule qu'il méritoil; moins emprelTé que lui à relever la décou-
verte imîiginaire de fon compatriote, il fait lî peu de cas de fon Ouvrage, qu'il
déclare que tout ce qu'il contient de mieux , efl extrait d'Eucharius RhoJion.
Libellas de Tumoribus quibufdam phlegmaticis non naturalibus. Tiguri, 1556 > in- 4.
uimftdodami ^ 1662, in-8. Ce Traité vaut beaucoup mieux que celui que Ruef a
publié fur les accouchemens.
RUEL ( Jean ) naquit à Soiflbns en 1474. H apprit de lui-même les Langues
Grecque & Latine , & comme il parvint à les poffcder autant bien que peifonne ,
il s'en fervit utilement pour la traduéiion des Œuvres de Diofcoride & à^^&uarius.
Le célèbre Guillaume Budée , ce bon juge en ces fortes de matières, fit tant d'ef-
time du travail de Ruel , qu'il lui donna le titre d'aigle des Interprètes. On doit
encore à ce Médecin de belles éditions des Ouvrages d'Hippocrate , de Galien , d'Ea-
clide^de Celfe .^ de Pline; elles font d'autant plus correétes , qu'il a voit fait de
grandes dépenfes & s'étoit donné beaucoup de foins pour ie procurer les meil-
leurs Manufcrits.
La Faculté de Médecine de Paris , dont il étoit Membre , le nomma fon
Doyen en 1508 , & le continua dans cette charge en 1509. François I le mit
au nombre de fes Médecins ; mais Rucl n'y fit pas fortune , car il négligea
de fuivre ia Cour , pour ne rien perdre du tems qu'il confacroit à l'étudp ,
qui étoit fa pafîîon dominante. Elle ne l'avoit cependant point empêché de fe
marier , comme tant d'autres Gens de Lettres qui ont craint d'être diftraits de
leurs études par les embarras du ménage & les foins que demande l'éducation
des enfans. Ruel en eut plufieurs qu'il éleva avec toute l'attention d'un per«
qui connoît combien les impreffions du premier âge ont d'influence fur l^
R U F • r^3
refle de la vie ; mais l'a femme étant morte , il entra dans les Ordres fa_
crés , & mourut Chanoine de l'Eglife de Paris le 24 Septembre 1537, empor-
tant avec lui , dans le tombeau , la réputation d'un homme habile & favanr.
Voici les titres de fes Ouvrages & de l'es Traduirions ;
Interprztatlo Latina Scripv.rum Gracoram de Medicina F'eterinaria. Parifiis ,
'53° •> in-folio.
laterpretatio Latina ^natolUi de Mulo-Medicina, Bafihte y 1530, In fol.
Dénatura Stirpium Libri très. Parifiis, 1536 , in-folio. Bap.le<e , l53f » ^543 1
1573 , in folio, y^netiis , 153B , deux volumes in-îi. C'eft un Recueil de ce que les
Anciens ont dit fur cette matière. L'Auteur ne paroît point y avoir mis du fien ;
car il s'eft plus attaché à examiner ce que les Botaniftes avoient écrit avant
lui , qu'à confulter la Nature qui eft le meilleur Livre pour acquérir la con-
noiilance des plantes,
fnterpretatio Aciuarii de medicamcntorum compojuione. Parifùs , 1539 , In-il. Baji'
lae 4 1540 , 1546 , in-B.
Pedacius Diofcorides de Materia Medlca. Lugdani., 1546, in-12. Parijiis , 154g, t«-8»
en Grec & en Latin , avec des correéïions par /. Goupil. Francofurti , 1549 ,
in folio^ avec les notes de ITahrius Cordus. Je me borne à ces édiiions ; car
fi je voulois rapporter toutes celles qu'on a faites de la Traduction de Ruel ,
j'en trouverois au moins une douzaine. Voyez l'Arncle DIOSCORIDE.
RUFFIN , C Antoine J Ct:irurgien de Paris, exerça fa profeffion , en qualité
de Chirurgien en chef , dans l'Hôpital de la Charité de cette ville , & s'y
diftingua par l'opération de la Taille. Il mourut le 27 Juillet 1667 , & laifla
un fils , nommé Pierre , qui fuccéda à fa réputation dans le Collège de Saint
Côme , & le fit eflimer par fes iuccès dans la Lithotomie, Une probité à toute
épreuve & une charité fans bornes envers les pauvres le firent confidérer de fes
Confrères ; ils l'honorèrent même de leurs regrets à fa mort arrivée à Paris le
25 Août 1678. Les deux Rujfîn avoient coutume de tenir eux mêmes la fonde
en opérant , comme font encore aujourd'hui plufieurs Chirurgiens ; mais François
Tolet , qui décrit leur méthode de Tailler dans fon Traité de l'extraflion de la
»pierre hors de la veliie , blâme cet ufage 4i lui préfère celui de fiiire tenir la
fonde par un Aide.
RUFUS d'Ephefe vécut fous l'Empire de Trajan , vers Tan ria de falut.
Galien , qui le met au rang des plus habiles Médecins , nous apprend qu'il
avoit écrit en Vers Hexamètres un Ouvrage fur la Matière Médicale ,• il étoic
en quatre Livres , mais il eft perdu , & il ne nous en refts que des fras;mens
qu'on trouve dans le Diofcoride Grec publié par Aldus. Rufas a aufli compol'é
un Traité De atra bile & quelques autres qui font cités par Suidas. Nous n'avon*
plus rien de tout cela ; les Ecrits de ce Médecin qui font paflés à la pofté'
rite , confiftent en un petit Traité des noms Grecs de diverfcs parties du corps
humain , &r en un autre des maladies des reins & de la vedie , avec un frag-
ment où il eft parlé des médicamens purgatifs. Le but de Rufus dans le pre-
mier de ces Ouvrages , fut de donner une idée générale de l'Anatomie , àt
•ï34 ■ , R- ■ IJ 'F'
particulièrement d'empêcher ceux qui de Ion tems étudioieût la Médecine , de
le tromper en lifant les Auteurs qui ont nommé certaines parties du corps «
les uns d'une manière & les autres d'une autre. On trouve dans le même Ou-
vrage une delcription de la matrice , où il parle des tuyaux qui s'ouvrent dans
la capacité de ce vifcere , & qui font connus aujourd'hui fous le nom de Trompes
de Fallopi, Pour le refte , on recueille de ce que Rufas dit dans ce Livre , que
toutes les démondrations Anatomiques ie failbient en ce teras-là fur les bêtes.
ChoiniTez, dit-il, un animal ie plus iemblable à l'homme qui fe puiffe ; vous n'y
trouverez pas toutes les parties femblables en tout à celles de l'homme ; mais elles
auront Ju moins quelque rapport les unes avec les autres. Anciennement , ajoute-
>t-il , on montroit TAnatomie fur des corps humains. On recueille encore de ce
Livre , que les nerfs qu'on a appelles dans la fuite recurrens , étoient alors nou-
vellement découverts. Le petit Ouvrage qui traite des maladies des reins & de
la velfie , ne contient rien de particulier. Cet Auteur avoit auQi fait quelques
Commentaires fur Hippocrate.
Les trois Livres de Rafus fur tes noms Grecs des parties du corps humain
furent publiés à Paris en 1554, /rt-8, chez Turnebe , par les foins de Goupii L'é-
dition efi; Grecque. 11 en avoit déjà paru une en Latin avec yJraée , de la
traduction de Junius Paulus Crajfus , Venife , 155^1, '"-4. Goupil revit cette tra-
duction & la fit imprimer à Paris en 1554 , î/i-8. Ces Livres ont enfuite été
publiés parmi les Mcdici Principes de Henri Etienne , 1567 , in-folio. Ils le furent
une féconde fois par Crajfus , toujours fous le titre d'^ppellatlones parclum cor-
^urii humani , Venife , 1555 , m-4. Il y a aufïi une édition de Bâle de 1581 , m-4.
Le Livre de Rufus fur les maladies des reins & de la veffie , avec fon frag-
«mem des médicamens purgatifs , parut en Grec avec les trois Livres , dont on
vient de faire mention, & ceux de Soranus qui font intitulés: De utero & mulie*
bri pudendo. C'eft Goupil qui en eft l'Editeur & Turnebe l'Impruncur, Paris,
1554 , in-8. La même année , on les publia en Latin en plus petit format ,
& depuis avec les Medlc£ uinis Principes de Henri Etienne, 156^», in-folio. Il y a
vne édition récente de tous les Ouvrages de Rufus , qui a paru à Londres en
1735 , ia.4 , en Grec & en Latin , par les foins de Guillaume Rinch.
Le Père Labbe , Jéfuite & l'un des plus laborieux Ecrivains du XVII fiecle ^
fait mention de Rufus dans fa Bibliotheca nova Manufcripiorum , & lui attribue deux
Ouvrages, l'un £>e venereis & l'autre De ojfibus. Les Livres De fanitate , qu'on
trouve parmi les Ecrits de Gallen, lui font encore attribués par Rhasès. Mais les
Ouvrages de notre Médecin, qui font perdus, montent à un plus grand nombre. Ils
.confifteut en cinq Livres de la Dicte; Suidas en parle & Oribife fait mention do
fécond. En citant les quatre Livres fur les plantes, Gulien paroît en défigner quel-
qu'autre ; & dans le même endroit , il parle encore d'un Ouvrage de Rufus qui •
étoit intitulé : Livres de Thérapeutique. C'eft delà que la plupart des fragmens qu'on
trouve dans Actlus^ paroiflent avoir été pris. Galien cite aulTi un Traité fur
la MélanchoHe ou V^tra-bile. On en trouve cinq autres loués par Suidas. Un
îfur la dicte des pcrfonnes corpulemes ; un autre fur les remèdes vulnéraires ,
:-un troifjeme fur les tumeurs ou excroillances â qui l'on donne le nom de
jè'icsi un guatrieme fur la Médecine ancienne, & le dernier fur le lait, le vin &
R U L 135
2b miel.' Cette diftribution de Livres porte à croire que cet Ouvrage eft
différent de celui qui traite de la diète , & dont on a dit plus haut que Suidas
a voit parlé.
Les Auteurs citent un autre Rufus , connu fous le nom de Menius Rufus.
RULAND , ( Martin ^ natif de FreBngue dans la Haute Jiaviere , enfei-
gna la Médecine à Lavingen en Souabe , & fut Médecin de Philippe-Louis ,
Comte Palatin , aicfi que de PEmpereur Rodolphe IL II mourut à Prague le
3 Février 1602 , à l'âge de 70 ans. Roland commença à écrire de bonne heure
& continua jufques vers la fin de fa vie. Les Ouvrages qu'il a compolés fur la
Médecine font calqués fur les fyflêmes dominans dans les Ecoles de fon fiecle ,
& en particulier fur les principes de la Chymie. Les Bibliographes lui attribuent
les Traités fuivans :
Medicina PraSfica recens & nova ^ contînens omnestotius humant corporis morbos per
alphabeticum ordinem colklios. ^r^cntina ^ l ^6^ , {«8, I567 , in-12. Hanovlte ^ l6io ,
in-ia. Francofurti , 1625, j/i-i3.
De Phlebotomia , fcarificatione ac ventofatlone , morbifque per cas curandis , Libellas^
jirgentin£ , 1567 , ift-l2.
uippendix de dojîbus , feu , jafiâ quantitate & proporcîone meJicamentorum compofitorum'
omnium. Ibidem, 1567, Jn-12.
Hydriatice, jîve , ûiquarum Medicarum feciiones quatuor. DilingiS , 1568, in-o.
Curationum empiricarum & hljîoricarum Ccnturits decem. Bafilecs, 1578, 1580, 1593»^
1596 , in-16. Le débit de ce Recueil doit avoir été bien prompt , puifque les édi-
tions fe font fuccédées fx rapidement. Lugduni^ i6i8,i/x-8, Bafilea, 16B0, in-8.
Balnearium rejîitutum. Bafilets , 1579, 1625, inS.
Thefaurus Rulandinus. Bafilets , 1591 , îa-i6 , 1628 , «-8. Rothomagl , 1650 , in-8.
BudiJJle , 1679, Jn-8. C'eft une ColIed\ion de quelques-uns de fes Ouvrages, commet
Curmiones empiriez y qute anîeà in decem Centurias dijfellee prodierunt , nuncvcrà in com-
pendiofum ordinem fecundùm partium corpofis feriem reda&a, lucem afpiclunt. l'raciatm
très, de Phlebotomia , de fcarificatione , de ventofatione. Oratio de ortu anima. Les Trai-
tés De Plilebotomia , fcarificatione & venicfationc ont été traduits en Allemand & im-
primés à Bâie en cette Langue , 1613 , in-8.
Progymnafmata Alchemus , cum Lapldis Philofophici verâ conficiendi ratione. Franco^
furci , 1607 , in-8.
Lexicon Alchemia , five , DiSionarium u4lchemijlicam , càm ohfcurlorum verborum &
rtrum hermaicarum , tùm Theophrajl-Paracelficarum phrafium , planam expUcationem
cominens. Ibidem ,1612 ,1661 , in.4. Noriber^a , 1671, i/1-4.
Sécréta fpargyrîca , feu, phrorumque mcdicamcntorum Rulandinorum genuints dcfcrlptic^ ■
nés ,cumfchoUis Ehrenfridi Hagendurnii. Jen<e^ 1676, j/i-i2. C'eft le Recueil des mé-
dicamen» les plus accrédités de l'Auteur.
RULAND , C Martin ) fils du précédent, naquit à Lavingen le 11 Novembre"
1569. A l'âge de 18 ans , il reçut le bonnet de Dofteur à Bâte , & à celui de '
25 , on lui donna l'emploi de Médecin ordinaire de la ville de Ratisbonne. L'Em-
pereur Rodolphe II le mit au nombre de fes Médecins le 16 Mars 1607. Ruland'
j-6 U U M
' j
■ étoit alors à Prague, où il y a apparence qu'il fe fixa , car il mourut dans cette
ville le 23 Avril 161 1, dans fa 42e- année. Nous avons de lui:
Nova & oinni menioriâ omnino iaaudita H'ijloria de aureo dente, qui nuper in Silejîa
puero cuidam feptenni JuccreviJJe animadverfus efl. Francafard , 1595 , in-8. Cette Hif-
toire prouve à quel point la crédulité des hommes peut monter, & combien Ruland
fut dupe de la tienne.
Demonjîratio judicii de aureo dente pueri Silejîi. fbldem , 1597 , in-S. Comme tout
le monde ne fut point de l'avis de l'Auteur au fujet de la dent d'or de l'enfant
Silélien , on attaqua fon Ouvrage en niant le fait , dont il prétend de faire ici
là démonfiration; mais il n'a rien démontré, finon qu'on s'expote toujours à mal
juger des choies , lorfqu'on fe laifle prévenir par les bruits populaires , & qu'on
prend les apparences pour la réalité.
De pernic:ofie Luis Hungarica tecmarfi & curatione. Francofurti, 1600, in-B. Lipfiaj
l5io, i-6i6, in-S. Lugduni, 1628, ln.-8. Stetini , 1651, in-8.
Propugnaculum Ckymiatrite. Lipfice, iCioB, ii-4.
J^robleiituum Medicorum Phyjîcurum Pars prima & fecunda. Francofurti , 1608, M-8.
^lexicacus Chymiatricus , parts putis meaiadis atque calumniis atrociffimis Jnannii
Oberndorferl oppofitus. Ibidem^ 1611, {«-4. C'eft encore un de ces Ouvrages qui,
jiar le peu de politefie qui y règne , font honte à la Littérature du XVII fiecle.
<.)n n'avoir point alors le talent de fe dire joliment des injures , comme on
fait Je faire aujourd'hui. Mais quand cette fureur cédera t-elle *? Jamais. C'eft une
maladie innée qui ravage le pays des Lettres , & qui tout ainfi que la petite
vérole ne peut s'adoucir que par l'inoculation. Si l'on pouvoit préparer les têtes à
i'inlertion du bon lens par une cure préliminaire qui retiendroit l'amour propre
dans de juftes bornes, la critique plus faine rempliroit fon objet, qui n'eft autre
que le progrès des Sciences.
Martin Ruland eut quatre frères qui embraflcrent la même profefïion que lui.
yîidré fut Médecin ordinaire de la ville de Rati -bonne ; Jean fut Médecin Pen-
lionné ou Phyficien de Presbourg ; P'^ahntin enfeigna à Lavingen à la place de fon
père,' OttonHenri étudia à Tubingue.
RUMRAUM, fChriftopheJ Ecrivain du XVI fiecle, dont Goelicke fait men-
tion dans fon Hiftorre de l'Anatomie, étoit de Breilau , fuivant quelques-uns, &
fuivant d'autres , de Javer en Siléfie. On a de lui un Ouvrage qui pourroit-en im-
•pofer par le titre; ce n'eft point une expofition de la ftruéture du corps humain,
mais fimplement une fuite de remarques Phyfiologiques , Pathologiques & Théra-
^leutiques fur chacune de fes parties. Cet Ouvrage ett intitulé:
Exercitationes qutedam de corporis humani partibus , quitus generatio , fubjlantia , ufus ,^
fanitas , morbus & curatio illarum, exponiuir. Bajîleic , 1586, in-S.
RUMPH , ( George-Everard _) natif de Hanau dans la Wétéravje, fu-t reçu dans
]' Académie Impériale des Curieux de la Nature, fous le nom de PUnius fndicus.
Les affaires de Ion commerce l'ayant attiré à Amboinc , ville de l'Iile de ce nom
<en Afie, fon intelligence, fa droiture & fon adlivité l'élevcrent à la charge de
Corifeiller de la Compagnie HoUandoire des Indes Orientales. Mais comme les ta-
lons
RUS 13?
fciîs n'étoîent point bornés au commerce, il profita de fon féjour à Amboine pour
étudier i'Hiiîoire Naturelle de cette Ille. 11 eft mort fort regreté vers l'an 1706,
à l'âge de 69 ans. On a de lui plufieurs Obfervations dans les Mévîioires de l'A-
cadémie Impériale. 11 a encore laifië un Herbier de l'KIe d'Amboine, & un Ca-
binet des raretés naturelles du même pays, qui comprend la delcription de diffé-
rens Poiflbns, Minéraux, Pierres, &c. L'Auteur avoit écrit ces Ouvrages en Hol-
landois , & le fécond a paru en cette Langue à AmRerdam en 1705, in-folio; mais
l'un & l'autre ont été imprimés en Latiu , fous ces titres :
Thefaiirus imaginum Pifcium , Tejlaceorum. , Coctiharum , Concharum , Conchyliorum &
Mlneralium. L'igduni Batavorum, 1711, in-folio. Il y a une féconde édition qui ne
vaut pas la première pour les planches; elle eft iotitulce.-
Thefaurus ima^inum Pifcium., Tefiaceorum , quala fint Cancri ^ Echini ., Echinometra ,
StdltG Marina , Ssc, ^ ut S Cochlearum varil gmeris , quibtis accedunt Conchylia & Con-
cha univalvLt & blvalvie , denîque Mineralla &c., quorum omnium maxlmam partem
Georgius Everhardus Ilumphius , dictus Pltnius Jndicus , collegit;jom verà Nature amator
& curiofus quidam in hune ordinem dige£it & nltidijfimé jsrt incudi caravit. Hag<e Co'
mitum, 1739, in-folio.
Herbarium ^Inihoincnfe plurimas complecieas yirborcs., Frudtlccs , fferbas , Plantas ter-
rejlrei & aquaticas , qux in ^mboina & adjaantibus reperiuntur inl'uUs , accuratijjimè def-
' criptas juxta earum formas , cum diverlh dmunci ationlbus , cuhurâ , ufu & virtutibuS'
Quod S" infuper exhiba varia Jnfccbrum , ylnlmaliumque gênera , plurîma cum natura-
libus earum figuris plà'a ., cum ohferv ationlbus Joannis Burmannl; cul acadit Aucluarium.
rdiquas compleckns arbores qux in ylmbiina & adj ncentibui deniàm rcperta funt fnfulis
cura & ftudià ejufdem Joannis Burmanni edltum. ^mflelodami ^ ï74o*i755 1 fept vo-
lumes in-folio.
Il ne faut point confondre ce Négociant avec Chriftian-Cunflantin Rumph , Mé-
decin de Frédéric V, Electeur Palatin. Il fut incorporé à Oxford le 3 Avril 1613,
comme il l'avoit déjà été à Heidelberg, enluite de ià réception au Dodorat à
Râle. Il a revu & enrichi de plufieurs fupplémens l'Ouvrage de Jcin-^ndré Snit^y
intitulé; Medicln<s PracJica Compendium, 11 fut imprimé, avec ces augmentations,
Paris, 1666, /n-i2 , Utrecht , 1682, même format.
RUSSE ("Pierre ) vint au monde à Middelbonrg dans le XVII fiecle. Dè« qu'il
eut pris le bonnet de Doéteur en Médecine , il vint exercer la profeflion dan? fa
ville natale; mais il en fortit pour aller s'établir à Hulft , petite ville de la Flan-
dre Hollandoiie , dont il fut nommé Ecbevin, Il a écrit , en fa Langue matcrnerie ,
un Ouvrage fur les slimens & les boilfons , dont le titre peut fe rendre aioli ; Le
Tréfor de la longue i7e , ou defcriptlon curieufe de tout ce qui peut être utile S', dmge-
rcux en fait d' aliment B de boîjfon. Avec des Obfervations fur l'abus du Thé, du Ctiffe\
£fc. Middelbourg , in-11. L'Auteur a copié dans la première Partie le Tréfjr de
fanté de Beverwyck., imprimé en 1642; dans la féconde, il at'aque l'opinion de
Jiontekoe {mt l'ufage du Thé & du CafFc , & vante beaucoup le Chocohit.
Il eft étonnant à quel point l'abus du Thé , & fur-to'.it celui du CafFé , eft
monté aujourd'hui dans nos Provinces. Le CaHé fait la boiflba du peuple ; les
T 0 M. E ir. S
jfiS RUS R U Y
■o
perfoones de tout état en prennent fnns aucun égard à leur tetnpérnnient , aurif-
que de palier du tremblement aux fecoufTes ncrveufes les pl.-s fortes. Qu'avons
nous befoin de cette fève exotique qui n'eft bonne qu'à enrichir nos voifios qui
nous la vendent ? La fuppreilion de cette branche de commerce feroit autant
utile à l'Etat qu'à la tauté des fujets. L'immenfitc d'argent qui s'exporte chez
l'étranger , refouleroit fur le débit des boifibns fabriquées dans le pays ; Timpi't
fur la bierre rapporteroit davantage par la plus grande confommation ; les artifans
feroient plus forts & plus robuftes par l'ufage de la bierre qui eft leur boilTon na-
turelle ; leurs femmes ne trouveroient pas , dans l'abus du Caff'é , la caufe des
fleurs blanches & des vapeurs qui les énervent , & qui les rapprochent fi fort de
la délicatefie des Dames que l'inaftion , la moliefle , la peinture & les parfums
font, vieillhr avant l'âge.
RUSTIQUE ELPIDE ou RUSTICUS ELPIDIUS , d'une famille noble ,
étoit Diacre de l'Eglife de Lyon. Il eut beaucoup de crédit auprès ce Théodo>
rie , Roi d'Italie , dont il fut premier Médecin ,• & cotrme il n'étoit parvenu à
cette place que par les talens qui relevoient fes qualités perfornelles , il mérita
tellement la confiance de ce Prince, qu'au rapport de Procope , dans fon Hiftoire
de la guerre des Goths, il fut le dépofitaire de fes derniers ientimens. Théodoric
avoit terni fa gloire par la mort injurte de Boëce & de Symmaque , les deux
plus grands hommes qui fuflent alors en Italie; il en eut du regret en mourant ,
& il le témoigna à Rujlique Elpidc qui ne l'abandonna , qu'après lui avoir fermé les
yeux le 30 Août 526.
Ce Médecin demeura quelque tems à Arles, pendant que la Provence étoit fous
la domination de Théodoric ; il pafla enfuite à Spolete en Italie & fit de grandes
dépenfes pour l'embelliffement de cette ville. 11 eut beaucoup de goût pour la
Poétie ; fa verfification eft même eftimée. On lui attribue des Epigrammes Latines,
ainfi qu'un Poëme Héroïque fur les bienfaits de Jefus-Chrifl:. 11 a encore mis en
vers la ConfolaUon. de la douleur que nous avons perdue, mais dont il fait mention en
ces termes:
Hînc etlam noftro nugata ejl fchefma dolori ;
Garrula mendojîs fingens fatyromata mujïs ,
Falleret ut trepidos cantatrlx pagina qucftus,
RUYSCH , CFréderic ) l'un des plus favans Anatoraiftes, Médecins & Natu--
raliftes qui aient paru en Hollande , naquit à La Haye le 23 Mars 1638, 11 étoit
fils de Henri Ruyfcli , Secrétaire des Etats Généraux , & d'^f/ine Fan Bcrghzm. Sa
famille étoit originaire d'/-mfterdam , où tes ancêtres avoient occupé les places les
plus honervibles depuis 1365 julqu'en 1576 que la guerre, qui s'éleva entre rEfpagne
& la Ho lande, occai!onna une grande révolution dans les biens , la condition & la
famille de Ruyfch. Mais quelque loit l'éclat & l'ancienneté de fa faraiile , il s'efl
moins fait connoître par cet endroit, que par fon mérite , en qualité de Médecin
& d'Anatomifte.
Il étudia à Leyde & à Franequer , où il luivit le goût qui dès fa première-
R. V Y 1-39
'jeunefTe l'avoit porté à l'étude de la Médecine. Les propriétés des plantes , la
ftructure des animaux , les qualités des minéraux , les opérations chymiquea &
les difleétions anatomiques , furent les premiers objets qui frappèrent fon atien-
tion , qui excitèrent l'a curiofité, & à la connoiflànce deiquels il fe livra. Il ne
fut point un de ces obfervateurs iuperficiels qui , ibit par préjugé , foit par indo-
lence , effleurent les choies & gliiiènt légèrement fur la vériie , dont la première
vue les fat'isfait. Il commença par détacher fon efprit de toutes ces préventions in-
dignes de la railba & de la Philofophie ; & le travail lui donna dans la f.ite un four
fi lingulier , que les recherches les plus pénibles étoient devenues pour lui un exer-
cice agréable & une vraie recréation.
Dans ce tems , le fameux Bilfius , qui avoit lait beaucoup de bruit à Louvain
par fa méthode de préparer les cadavres , vint à Leyde. Cet homme le pre-
noit iur un ton extrâmement Her. Sylvlus de Le Bc'é & yan, Hoorne entreprirent
-de rabattre la vanité de; ce nouveau venu, & pour y mieux réuHir, ils entraînèrent
•dans leur defi'cin le jeune Kuyfch^ plus verl'é qu'eux dans les difiéflion.- délicar^s &
rriinutieul'es. 11 combattit quelque tems en fecret contre jiilfins : mais fan Hoorne
& Sylvius qu'il avoit li généreulement fecourus contre leur adverfaire , étoient trop
braves pour dillimuler les obligations qu'ils lui avoient & s'approprier ce qui n'é«
toit que le réluhat de l'indultrie d'autrui. Ils le décélèrent donc , & dès lors la
querelle devint pcrfonnelle de Bilfius à Ruyfch. Celui-ci publia en 1665 un petit
volume , dans lequel il donna le détail de cette conteftation ; c'eil le premier qui
foit forti de là plume.
Ruyfch reçut , ea 1664, le bonnet de Dofteur en Médecine à Leyde. Il eut
bientôt aprc» une grande, mais trirte occalion , de montrer su monde combien
il étoit digne de l'honneur qu'on venoit te lui faire. La pefte fe répandit avec
fureur dans toute la Hollande , & le nouveau Dotteur fut chargé de fecourir tous
ceux qui en furent attaqués dans La Haye. Quelque gloire qui dût rejaillir de cet
emploi , il faut convenir que par lui-même il étoit peu propre à fe faire fouhaiter.
Mais une choie allez commune, c'eft de voir la Icience & le mérite expoler les
perfonnes, qui en font douées, à des dangers, dont l'ignorance ou moins de cé-
lébrité , met les autres à l'abri. Ruyfch étoit favanî , & on le défigna pour être la
viftime du bien public, en s'expolant à tous les périls qui font inféparables des
foins qu'une telle commiflîon exige.
La principale occupation, celle qui confumoit la plus grande partie du tems
de ce Médecin , c'étoit la diflsdion. Gomme il s'y appliqua conftamment depuis
i'an 1665, julqti'cn 1731 , il pouifa l'Anatomie à un point de perfection auquel
«Uen'avoit point encore atteint. Les Anatomiftes s'en étoient tenus pendant long-tems
aux inftrumens qu'ils jugeoient néceflaires pour la féparation des parties folides ,
dont ils. fe propcifoient de connoître la ftrudure particulière & les rapports mu-
tuels. Rdnier de Graaf^ intime ami de Ruyfch , fut le premier qui , pour décou-
vrir le mouvement du fang dans les vaiffeaux , & les routes différente? qu'il prend
pendant la vie de l'animal, inventa une feringue d'une efpece noivelle, à l'aide
de laqu<i\le il remplit les vaiflbaiix d'une lubftance colorée qui failbit diftinguer les
routes qu'elle avoit luivies . & celles, par coolequent, que le fang fuivoit à fa
place , lorfque ranimai étoit vivant. On reçut d'abord cette découverte avec ap-
I40 R U Y
plaudifTemcnt ; mais cette invention ne tarda pas à tomber, parce que la liqueur,
dont les vaiiî'eaiix étoient remplis, venant à s'évaporer, le i'ujct préparé ne fer»
voit plus He rien.
Jcm Swammerdam s'appliqua à corriger ce défaut , & conclut fort judicieufement
qu'il étoit abrolument nécciraire de le fervir de quelque fabftance chaude, qui le re-
froidiiÎJDt peu-à peu à mefiire qu'elle couleroir dans les vsiflêaux, perdît, en arri-
vant à leur exitêmité, la nature de fluide, & pût en conféqueuce féjourner dans
leur cavité : mais ceci jettoit beaucoup de difficulté dans l'opération , en multi-
pliiînt les chufes auxquelles il falloit avoir une grande attention pour y réuffir. On
devoit avoir égard à Ja qualité particulière de la matière à injefter, au jufle degré
de la chaleur qu'il falloit lui donner, & à la fjrce avec laquelle il convenoit de
la pouffer. C'cft ainfi que Swammerdam parvint à rendre fenlibles les artères capil-
laires & les veines du vifage ; mais il abandonna bientôt l'ufage & la culture de
cet srr na'ffant. Il (e précipita dans une dévotion mal entendue , abandonna l'Anato-
mie ùi regRriia toutes ces opérations comme illicites. Swammerdam ne put cependant
réfifter à la tentation de communiquer fon fecret à RuyÇch , fon ami , qui en fut
émerveillé & qui ofa le pratiquer dans la fuite , fans croire que Dieu en fût ofFenfé.
Le iuccès répondit à fes premiers effais , & il débuta vraifemblablement par
quelque chofe de beaucoup plus parfait que tout ce que Sfpammerdam avoir ob-
tenu de fes procédés. L'injeftion des vaiffeaux étoit telle, que les parties les p'us
éloignées de leurs ramifications, celles qui étoieot aulfi déliées que les fils des
toiles daraignées, devinrent feufibles à la vue; & ce qu'il y a de fmgulier , c'eff
qu'elles ne l'étoicnt quelquefois qu'à l'aide du microfcope avant qu'elles fuffent io-
je£iées. On découvrit par ce moyen des ramifications qu'on n'avoit point encore
appcrçues , foit en confidérant des corps vivans, foit en difféquant des corps
d'hommes morts depuis peu de tems.
Des cadavres entiers d'enfans furent injeilés: quant aux adultes, l'opération paffa
pour difficile , linon pour impollible fur eux. Cependant il entreprit , en 1666 ,
par ordre des Etats Généraux, d'injefler le corps de l'Amiral Anglois Bercîey,
qui fut tué le 11 Juin dans une aftion entre les Hottes Angloifes & Hollandoiles.
Ce corps, qnoiqu'en fort mauvais état, lorfqu'on le remit entre les mains de
Ruyfch^ fut renvoyé en Angleterre aufS habilement préparé, que fi c'eût été le
cadavre frais d'un enfant. Les Etats Généraux le récompenferent, comme il con-
venoit à leur grandeur & à Tbabileté de l'Artifte.
Chique partie injectée confervoit fa confiffence , fa molleffe , fa flexibilité , &ac-
quéroit même à la longue quelque degré de beauté. Les cadavres , avec tous
leurs vifceres , bien loin de rendre une odeur défagréable , en prcnoient une fort
douce, encore qu'ils euifent été mis entre les mains deRuyfch, lorfqu'i!» tendoient
déjà à la pourriture. .Son fecret empêotioit les parties de fe corrompre. Il eut !e
plaiGr de voir dans le cours de fa vie, qui fat extrêmement longue, que fes
préparations avoient réfiflé à l'injure des ans , & qu'il lui étoit même impofGble
de fixer le tems qu'elles avoient encore à durer.
Tous les cadavres qu'il a iijei^és avoient le luflre, l'éclat & la fraîcheur de la
jeuncffe : on les aurolt pris pour des perfonnes vivantes profondément endormies ,
& à coDfidérer les membres articulés, on les auroit cru prêts à marcher. Enfin oÔT
R U Y 141
pourroit prelqoe dire que Rnyfch avoit découvert le fecret de refRifciter les morts.
Ses Momies et ;ient un fpedacle de vie , au-lieu que celles des Egyptiens n'ofl
frôlent que l'image de la mort. L'homme fembloit continuer de vivre dans les
unes & continuer de mourir dans les autres.
En conljdérant les avantages du fecret que Ruyfck poli'édoit , &■ la curiofité
dont il étoit dévoré , on n'eft plus étonné qu'il ait découvert une infinité de
chofes qui avoient échappé à la connoiiïance de ceux qui s'étoiem appliqués
à ce travail avant lui. Telle et\ l'^rttre Bronchiale qui fournit la nourriture
aux poumons , & que les Anatomiftes les plus éclairés n'avoicnt point appei eue ;
tel eft le périofte des petits os de l'oreille interne qu'on avoit regardés jufqu alors
comme nuds ; tels font les ligamens placés aux articulations de ces mêmes os.
11 découvrit encore que la fubftance corticale du cerveau n'eft point glacduleufe,
comme on la croyoit , mais qu'elle eft compofée d'une infinité de ramificatîons
de vailïèaux ; & quant aux autres parties , qu'on regardoit comme des corps
glanduleux , que ce ne font que des amas de fimples vaifleaux qui ne diiTerent
entre eux que par leurs longueurs , leurs diamètres , les détours qu'ils forment
dans leurs cours , & la diftance de leurs extrémités au cceur ; circonftances ,
dont les diflérentes fécrétions & filtrations font entièrement dépendantes.
Outre la pratique de la Médecine & fa Chaire d'Anatomie qu'il rempliflbit
à Amfterdam depuis 1665 , Ruyfch étoit encore chargé de l'infpedtion de ceux
qui étoient bleffés ou tués dans les querelles particulière?. Pour Je bien général
de l'FJtat , on l'avoit auRi conftitué M&ître des Sages-Ftmmes qui , généralement
parlant , entendoient alTez mal leur profeilion. Elles avoient fur-tout le défaut
de le hâter trop à faire l'extraftioa da Placenta lorfquil ne venoit pas de
lui-môme ; elles employoient la violence & poulfoient même l'imprudence jufqu'à
déchirer cette partie ; ce qui caufiit fouvent la mort aux femmes. Ruvfch les
détermina , mais ce ne fut pas fans peine , à attendre patiemment qu'il fût
cxpuifé , ou à aider doucetueut à fan expulficn , par la raifon que la Nature a
placé à cet effet un muicle orbiculaire au fond de la Matrice. II croyoit avoir dé-
couvert ce œul'cle, & il prétendoit que fa fonftion étoit de challèr le Placenta
& qu'il avoit prefque toujours la force de Je cbaffer en entier. Il a donné
là defTus une Lettre en Hollandois , qui parut à Amfterdam en 1^35. , //i-S. Elle
fut traduite en Latin par /. C. Bohl qui la fit impfimer dans la même ville en
1726 , i/1-4. Plufieurs Médecins & Accoucheurs ont combatra l'cxiftence & les
ufages de ce muCcle avec d'autant plus de raifon , qu'on m doute plus au-
jourd'hui , que la matrice étant elle même un mufcle creux, la contrat51ion de
fes fibres fuJfit à l'cxpulfion du Placenta , fans fuppofer au fond de ce vifcere
un mufcle orbiculaire qu'on n'a jamais bien démontré. Comme la portion de la
Matrice , où le Placenta eft implanté , eft toujours plus épaiffe que les autres
cette circonftance aura pu en impofer , & faire croire que l'excédent de fon
épaifleur provient du mufcle particulier que la Nature a mis dans le fond de
cet organe , qui eft l'endroit le plus ordinaire de Hnfertion du Placenta.
Ruyfch fut enfin nommé ProlclTeur de Botanique , & il donna dans cette
Science le même eflbr à fon génie , qu'il lui avoit donné dans l'Anatomie. Le
commerce étendu des Hollandois lui fournit un grand nombre de plantes étran-
144 R U Y
gères qu'il diffijqua & qu'il conferva avec un art admirable. 11 fépara adrm-
tement leur? vailFeaux de leur parenchyme , & par ce moyen , il rendit évi-
dente la manière dont il fubiittoit. Les plantes furent ainfi embaumées comme
îes animaux , & la main de Ruyfch les éternita comme eux.
Son Cabinet , qui contenoit ces raretés 6: beaucoup d'autres , étoit li riche ,
qu'on l'auroit pris pour le Cabinet d'un Roi , plutôt que pour la Colleétion
d'un particulier. Outre la multitude & la vaiiété qui y regnoient , il étoit em-
belli par un ordre & des orneraens qui en relevoient infiniment la vue. Des
plantes difpofées en bouquets , des coquillages arrangés eu dcllln, étoient mêlés
avec des fquelettes & des membres anatomilés ;& afin qu'on n'eût plus rien à dé-
lirer , il avoit animé le tout par des Infcriptions placées fur chaque chofe Se
îirécs des meilleurs Poëtes Latins. Ce Cabinet étoit Tadmiration de tous les étran-
gers. Les Généraux d'armées , les AmbafTadeurs , les Eledleurs , les Princes,
les Rois même , ne dédaignèrent point de le vifiter. Le "Czar Pierre , paiTant
par la Hollande en 1698 , vit le Csbinet de Ruyfck, Il fut tellement frappé de
la beauté d'un petit enfant , en qui briiloient toutes les grâces d'un enfant vi-
vant de fcn âge & qui fembîoit lui fourire , qu'il ne put s'empêcheri de le
bailbr. Ce Prince fut également enchanté par toutes les autres raretés de ce
Cabinet ; il se pouvolt ea fortir , ni fe lafl'er d'y recevoir <les inflruifiions :
il dmoit même à la table frugale de fon Maître , pour pafler les journées en-
tières p.vec lui. A fon retour ea Hollande en 1717» Pierre le Grand acheta cette
CoUeftion & la fit pafièr à Pétersbourg ; mais l'induftrie & l'expérience de Ruyfck
«n eurent bientôt formé une autre.
En ij'27 , cet Homme célèbre fut reçu dans l'Académie des Sciences de Paris
& nommé AlTocié honoraire de celle de Pétersbourg. Il étoit déjà Membre de
la Société Royale de Lpndres , aiali que de l'Académie des Curieux de la
Nature où il étoit entré , en 1705 , fous le nom de Philotimus. En 1728 , il
eut le malheur de fe calTer l'os de la cuifiè par une chute , & il ne pouvoit
plus guère marcher fans être foutenu par quelqu'un ; mais du refte , il n'en fut
pas moins fain de corps & d'efprit jufqu'en 173 1 , qu'il mourut d'une lièvre, le
S2 Février , dans fa quatre-vingt-treizième année preique accomplie. Il eut cet
avantage particulier fur tous les grands Hommes qui l'ont précédé , d'avoir vécu
afltz long-tems pour voir, ^^nt fa mort, fon mérite reconnu , & la malice, aiufî
que l'envie , réduites au filence. Ceft principalement de l'éloge que M. Focte-
nelle a fait de ce Médecin , que j'ai extrait ce que je viens d'en dire.
Ruyfch a donné un grand nombre d'Ouvrages diiFérens & en difFérens tems ,
qui font écrits avec beaucoup de fimplicité , cependant avec un peu de myftere ; car
:5l a lailTé aux autres le foia de tirer les conléquences qui partoient de les décou.
vertes. Mais il fut d'une candeur à toute épreuve, jufques-Ià qu'il prit fur lui-même
& qu'il fe iic un devoir de révéler fes fautes. Comme les Ouvrages font encore
aujoardHiui l'ornement des Bibliothèques , je vais pafTer à la notice qu'en ont donné
les Hilloriens de l'Anatomie , parmi lefquels je fuivrai M. Portai qui en a parlé
fort au long.
Diludiatio valvularum in F'afis Lymphatlcis & Lactd% , cum fifturh cends. y^ccejfe-
jTuiu quedam Obfirvationcs Auaiomlcce Taiiom. Ha^e Comiiis , 1665 , ia-iJ. Lugduid Ma-
R U Y 143
tavorum^ 1687, ln.-ii. En Hollandois , par Bldloo. On a déjà dit que Ruyfih four-
Diflbit des armes à Sylvlus & à /'an Hoorne contre Biljîus^ & c'eft dans le fort de
cetre querelle littéraire que cet Ouvrage parut. L'Auteur a donné les moyens de
découvrir les valvules dans les vaillèaux lactés & lymphatiques; il s'étend fur leur
poûtion qu'il allure être très-irréguliere. Cependant il ne le pare pas de la décou-
verte des valvules des vaifleaux lymphatiques ; il convient que d'autres Anatomifte»
les avoient vues avant lui , mais il dit qu'il eft le premier qui les ait démontrées ,
& qui ait enteigné les moyens de les découvrir.
Obfervationum ^naiomico-ChiTWgîcarum dniuria. ^ccedlt Catalogus rarlorum in Mu-
fceo Ruyfchiano. Amjldodami ^ 1691 , /n-4. Ce Recueil qui eft rempli de faits éga-
lement curieux & utiles , n'eft pas moins eftimable par l'exaftitude des figures ,
dont il elt orné.
Refponfîo ad Godefrldi Bidloo Libellum , cui nomen yCndiciarum înfcripfît. yîmjîdo-
dami , 1694 , /n-4. La réputation que Ruyfch s'étoit faite par fa nouvelle méthode
d'injefter & par les découvertes qui en avoient été les fuites, fit trop d'ombrage
à Bldloo pour qu'il ne cherchât point à l'obfcurcir. Il attaqua notre Auteur fur
diflerens points de dod^rine qu'il avoit établis ; mais les pièces que celui-ci confer-
voit dans fon Cabinet , en faifoient la preuve démonftrativc. L'un & l'autre de ces
Anatomiftes auroient dû fe borner à la recherche de la vérité , & ne point s'oublier
jufqu'à fe dire des inve(5^ives grollieres.
Joanais Gaubii EpifioU Probkmatlc<s très ad Ruyfchlum , cum hujus totîdem Refpon-
fionibus. ^mjîdodami , 1696, //i'4. Dans ces réponfes & les fuivantes, Ruyfch expo-
le lafiru<aj|re de différentes parties du corps humain, & fait valoir fes opinions qu'il
met dansWn plus grand jour , pour difliper les doutes & repouffer les attaques
de fes adverfaires.
Epijiola uinatomic(S Probkmatîca IP' , V ^ VI ad eundem, unà cum hujus totidem
Rcfponjîonibas, ^m/lelodaml , 1696 , jn-4.
EpijloU ^naiondca Probkmatkx ^V/, FIIJ & IX ad eundem , cum hujus totidem
Refponjïonibus. Ibidem , 1696 , 1697 , /n-4.
Epijiola Probkmaticte Z , XI ^ XII , ad eundem , cum Refponjïonibus. Ibidem »
1697 , 1698 , i699 , jfi-4,
Epijhila yinatumica Frobkmatica XIII ^ Authore Chrijiîanà Weddiô , ad Ruyfchium ,
cum hujus Refponjïone de oculorum tunicis. Ibidem^ ifoo, i/1-4.
Epijiola ^natomkd Probkmatica XIF^ Autbore Mauritiô ran Reverhoji, ad Ruyfchîumj
eum hijus Refponjïone de nova artuum decurtandorum mahodô. Ibidem , 1701 , //j-4. La
quinzième Lettre a para en 1704 & la feizieme en 1713. Son animofité envers
Bidloo paioît dans toutes fes Réponfes ; il relevé les fautes de cet Anato»-
mille avec une aigreur qu'il tâche de faire pafler dans l'efprit de fes diiciples.
Thefaurus ^natomlcus primas. AmjJdvdami , ifoi» 'n-4. Les volumes fuivans de
cet Ouvrage qui eft écrit en Latin & en Hollandois , furent imprin^és daua la
même ville, in-4: II, 1702; III, 1703; IV, 1704; V & VI , 1705; VII, 1707 a.
Viil , 1709; IX, 1714. Je reprens le fil des volumes.
Thefaurus Jlnatomicus primas, ylmjîehdami , 1701 , in-4. Il y traite
d«s vaifleaux fanguins de difi'érentes parties du corps de l'homme. Xhefaurui-
144 R U Y
fecunJus. Ibidem, 1702, /n-4. Le cervenu , les yeux, quelques antres orga'^'^s de
la tête , le pounion, le fœtus, la gnùflë , <ont les principaux objets auxq;:t.ls. U
s'attache dans ce volume. Thefuarus ténias. Ibidem, ifc; , //1-4. On y trouve des
détails intérelFans fur l'épiderme , les vertèbres & leurs cariiia^es , la ftruflure d. s lè-
vres , celle des parties de la génération de l'homme & de la femme , l'intefîin co-
lon , les nerfs & les reins, Tnefmrus quartus. Ibidem , 1 1704, 41-4. L'Auteur infi'îe fur
l'ordre que les nerfs obiervent en ibrtant du crâne ; il décrit les tuniques des in-
teftins , les vaifleaux du cœur , & dit enluite quelque chofe (iir ceux du foie » du
pancréas & de la rate, l^hefauri qulntus & fextus. Ibidem , 1705 , //j-4. Notre Ana-
tomifte fait différentes remarques fur le plexus choroïde, fur la peau , fur les
sppendices vermiformcs du cervelet , fur la cavité cotiloïde , fur les liga-
msns du foie , lur la membrane villeufe qui tapiffe l'utérus de la femme
ëncuinte , fur l'ouraque , fur le chorion , lur les ligamens larges de la matrice , fur
les corps pyramidaux & oHv aires de la moelle allongée, & fur quelques autres
parties. Tout cela le trouve dans le cinquième Tréfor. Il s'agit , dans le fixie-
me , des finus des narines , de la fubftance corticale du cerveau , de la ftru£\nre du
clitoris, des glandes muqueufer, du nez, de la tunique celluleule '^es inteftins , 5e
des ovaires. Thefaurus ftpiimus. Ibidem, 1707, in-&.. Il roule principalement fur la
irrufture de la rate , fur la ftrué^ure interne de l'épiploon , & fur la communica-
tion de la veine porte avec les canaux biliaires. Thefaurus oSavus. Ibidem , ^7^t "»"4-
Après avoir parlé de l'aîtération , dont difiérentes parties font fufceptibles , ^ nié
l'exiftence des hermaphrodites , il décrit , plus particulièrement qu'il n'a fait ail-
leurs , les fjEUS du cerveau &r ceux de la face. Thefaurus nomis. Ihi^m , 1714,
in-4. On y trouve des détails inftrudlifs fur la ftrutture de l'Utérus or fur celle
de fes ligamens pendant l'état de groireiTe, Ruyfch parle auffi delà marche irréguliere
des vaifleaux intercoftaux.
Thefaurus animalium. ^mjlelndamt , 1710 , tn-4, avec figures.
Thefaurus magnus & rsglus , qui. ejî dccîmus TheCaurorum /inatnmicorum. Ibidem ,
1715, /n-4. Après avoir rendu compte de fes recherches fur les vaifl'eaux des
dents , fur les papilles de la langue, fur les reins fuccenturiaux , l'Auteur rap-
porte différentes Obfervations relatives à la Chirurgie. Les préparât ons Anato-
miques de Ruyfch étoient rangées dans trois falles d'une allez vafte étendue ;
c'étoit-ià qu'il faifoit fes démonftrations publiques , moyennant un prix réglé.
jidverfarla ^natomico-Chirurgico-Medica. La première Décade parut à Amfterdam
en 1717 ï 1^ féconde en 1720 , & la troilleaje en 1723 , t/i»4. 'Son feulement
ce Médecin entre dans les détail^ les plus inifruétifs fur la ftrufture de diffé-
rentes parties , mais il rapporte encore plufieurs Obfervations Chirurgicales , &
{"ait quantité de remarques fur l'Art des Accouchemens.
De fabrica glandularum ad Boerbaavium. y^m/iilodami , 1722 , /n-4. Le ProfefTeur
de Leyde avoit attnqué l'orirnon de Ruyfch fur les glandes, pour défendre celle
de Malpighi. Ruyfch nie formellement qu'il y ait des glandes dans le corps humain,
telles que Midpiyihi les a décrites ; il ptrlifte à foutenir qu'elles ne font qu'un
compofé de vaifleaux, fans follicule.
Cure pofteriores , feu , Thefaurus ytnatomicus , omnium prtecedentium maximus. yîmftclo.
dami
R Y E X4S
iamî , 1724 ij în-J[. On y fCii^arque , entre autres chofeS , une defcription exaae
de la veine Porte & de fes rameaux.
Cura rennvatte , feu , Tliefaurus Anatomicus novus. Amftdodami , ijrciS , fa-4. Il y
traite principalement de l'Anatomie des Végétaux.
En if2i, on donna un Recueil des Ouvrages de Ruyfch , fous le titre d'Opéra
omnia Anatomico- Medico- Chirurgie a , avec figures. L'édition eft d'Amfîerdam , ^-4/
mais on doit lui préférer celle publiée dans la même ville en 1^37 , cinq vo-
lumes i/i-4 , avec figures.
Ce Médecin époula Marie Poft le 4 Décembre 1661. Il en eut pluGcurs filles ,
& un fils , nommé Henri ^ qui prit le bonnet de Doiteur & fe diftingua par les taiens
dans PHifloire Naturelle , l'Anatomie & la Boranique. 11 mourut en 1727, Son
père lui avoit confié le fecret de fes injcjflions , nais il n'en découvrit rien au pu-
blie. Ruyfch , feul dépofitaire de ce fecret , après la mort de fon fils , ne s'ou-
vrit pas davantage là-defllis ; & on lui reprochera toujours d'avoir laifle périr
avec lui une invention auUi importante. Plufieurs grands Hommes fe font occu-
pés à la rechercher , mais leurs travaux ont été infrudiueux,
Henri Ruyfch a donné au public ;
Theatrum uaiverfale omnium Animalium , PIfclum , Avîum , Quadrupedum , Exan-
guium , uiquancorum , Infecfnrum & Anguiam , 240 Tabulis ornatum , ex Scriptorilms
làm antiquis quàm recendoribus coUeâ'um, ac plufquam trecmtis pifcibus nuperrimè ex
Jndiis Or:entaUbus allatis iocupletatum , < uni enumeratione morborum quibus medicamina ex
his animalibus petuntur , ac notitià animalium ex quibus viciffim remédia poffunt capi.
Amftelodami , 1718, deux volumes iàfol Cet Ouvrage pafle pour une nouvelle
édition de celui de Jonfton , qui eft intitulé : Hijînria Naturalis de Quadrupcdibus ,
yivibus, &c. ; il lui eft cependant fupérieur par bien ties endroits ^^ en parti-
culier par les augmentations dont il eft enrichù
RYE ( Thomas UE^ naquit à Mafmes vers l'an 151^0. Il étudia la Méde-
cine , & s-y rendit afiez habile pour mériter de fuccéder , en 1604 . à Philippe
Ghering , en qualité de premier Médecin dErneft de Bavière, Evêque & Prince
j de Liège ; mais il paroît qu'il, n'a occupé cet emploi que peu de tems
} Ce Médecin avoit époufé la veuve de Ghering^ & il en eut une fille avec qui
Henri f^an Heer fe maria. On a de Thomai de Rye une Traduaion intitulée •
Philippi Garingi fomium acidorum P igi Spa , & ferrati TungrenUs accurata def.
criptio , é Gallicâ Latina facla à Thoma Ryetio ; cujus et'am accejferunt in defcripuo-
\ nm , & fuper natura & ufu eorumdem foatium , Ol^fervationes. Leodii , 1592 m-12.
20 ME IK
140 S A B S A G
-— *
^ ARATIEli, fRaph. BienvO de Paris, fut reçu Maître Chirurgien de cette
ville , le 30 Mai 1752. Il s'y diftingue aujourd'hui par les places qu'il occufe
& qu'il ne doit qu'à fon favoir, fes talens & les luccès. 11 eft Cenfcur Royal 9.
de l'Académie des Sciences , Profelleur & Déraonftrateur aux Ecoles de Chi-
rurgie , Commiflàire pour les correrpondances , Chirurgien -Major de l'Hôtel
Royal des Invalides. On a de lui :
abrégé d'^natomic £ar F'erdier , avec des augmentations. Paris, 1768, deux vo-
lûmes in- 12.
Traité complet de Chirurgie par La Motti^ troiiieme édition augmentée , avec des-
notes. Paris , 1771 , deux volumes in-8.
Traité d'uinatomie, Paris , 1775 , deux volumes ta-8. L'Auteur avoit agi par re-
connoifiance ,- en publiant un Abrégé d'Anatomie, fous le nom de P^erdier ; mais
peu content de cet Ouvrage , qu'il avoit exécuté avec beaucoup de promptitude^^
il céda aux confeils de fes amis , en donnant un Traité plus complet , fous fon
propre nom. M. Sabatitr rend juiîice aux Anaîomiftes qui l'ont précédé ; il avoue
même avec toute la candeur de fon caradïere , qu'ii en eft peu qu'il n'ait mis
à contribution.
S ABIN US , Médecin qui vécut vers la fin du premier liecle de falut , fut
Maître de Métrodore , ainlî que de Stratonicus , fous qui Galien étudia. Il a
écrit fur Hippocrate ; & les Anciens en parlent comme d'un favant Commenta-
teur de ce chef de l'Ecole Grecque; mais fes Ouvrages ne font point venus juf-
qu'à nous.
SABIO ("Nicolas DE^ étoit de la Famille des Imprimeurs de ce nom à Venife ,,
peut-être Imprimeur lui-même , tout au moins Graveur; car il a donné deux-
planches repréfentant l'homme & la femme ,, qui ont paru si Venife en 1539,.
in-folio , ibus le titre de Vifceruni viva dclineatlo. C'elî le même qu'on a voulu
ériger en Auteur, d'un Traité d'Anatomie , mais que George Matthias avoit déjà
déligné par la dénomination d'/co/iam. Anatomicarum artifex. Suivant M. Haller ^,
fes planches font aflèz, mal gravées.
SABUCO , ( Oliva ) femme favante , dont Niùolas Antonio fait mention dans-
fa Bibliothèque d'Efpagne, naquit à Alcaraz, petite ville de la Manche, contrée
de la nouvelle CalViUe. On a un Recueil de fes Ouvrages imprimé en Eipagnoi
à Madrid en 1588 , dans lequel il y a plufieurs morceaux fur la Médecine.
SACCO ( Jofeph-Pompée ) étoiti fils de Flavius Sacco ,. Médecin très-expert dans
Va Chirurgie , & qui enfeigna pendant plufieurs année» dans les Ecoles de l'Uni-
verlité de Farme. Jofeph-Pompée naquit dans cette ville le 14 Mai 1634 , & fut
Kçu Doaeur ea Philofophie Sa en Médecine le jg Août- 1652.. Toot jeune qu'il.
s A C
147
^tôit, il mit fi bien à profit le goût pour l'étude qu'il tenoit de la nature & de
fon père, que les fuccès ne tardèrent point à le faire connoître dans fa patrie. Le
Duc de Panne le nomma à la Chaire de Théorie le 3 Novembre 1661. Sacca
en remplit les devoirs avec taat de réputation , que la Faculté de Médecine fit
mettre lés armes, avec une inlcription honorable, dans la falle où il enfiiçnoit. Ce
monument de la reconnoiflànce de fes Collègues ne manqua pas de répandre fon
nom au dehors de l'Etat de Parme ; la République de Venife l'attira dans TU-
niverfité de Padoue en 1694, & lui confia fucceflivement les Chaires de Pratique
& de 'Ihéorie. Mais le Duc François, qui fentit la perte qu'il avoit faite, le rap-
pella en ijoi dans fa Capitale , & l'y retint par l'emploi de premier Prcfeiîëur>
^ue ce Médecin occupa jufqu'à fa mort arrivée le 2i Février 1718, dans la 84e.
année de fon âge. Sacco avoit perdu la vue depuis quelque tems , mais il n'en fui-
voit pas moins les exercices Académiques. On a de lui :
Iris fcbrilh , fœdus iater Antiquorutn & Rccentioram opinLones de febribus promittens.
Ceneva , 1684, in.8. P^enetiis, 1702, i/i-S.
Nova methodus febres curandi , fundamentis acidiS alcali fuperfiruSa. Geneva ^ 1684^
in-8. f^enaiis , 1695 , 1703 , in- 8.
Mcdlcina Thcorico-PracHca ad faniorzm fecuH mentent , centenis & ultra confuhatlo-
nlbus di^ejla. j^arma, 1687, 1696, 1707, in folio. Trois éditions faites en li peu
d'années , annoncent aflez que cet Ouvrage fut bien reçu du public.
Novum fyjlema Medlcum ex unitate doarine j^nùquoram S Reuntium. Ibidem^
1693 , irt.4.
Mcdiclna rctionalis pracîica Hippocratls. Ibidem , I707 , ia-fuUoé
Opira omnia Mcdica. f^eneiiis , 1730, in. folio. Ce Médecin, ardent défenfeur de
la dodtrine de l'acide & de l'alcali , avoit établi les fondemens de fa pratique fur
ces deux principes qui étoient de mode ce l'on tems. Mais devroit-il y avoir des
modes dans la Médecine ? Pas plus que dans la Nature , dont la marche conf»
tante, uniforme, invariable, n'eft point foumife aux loix que dirent le caprice &
l'imagination. C'cft à la fureur pour les fyftûmes que doit être renvoyé le reproche
d'inconftance qu'on fait fi fouvent à la Médecine. Otez les fyftémes de l'Hifloire
de cette Science , & ne confultez quelles Obfervateurs , vous y trouverez un fil
fuivi de connoiflances qui n'ont jamais varié. Les maladies décrites par Hippocraie
ie préfentent encore aujourd'hui fous la même face ; elles font les efi'ets réguliers
des caufes qu'on ne peut reconnoître que par l'étude de la Nature.
SACHS, ( Philippe Jacques J Dodleur en Médecine & Membre de l'Académie
Impériale des Curieux de la Nature , fous le nom de Phofphorus , étoit de Brellau.
Il y naquit le 26 Août 1627, de Tobie Sachs , Tréforier de cette ville , & d'Urfule
Rindfidfchoa Bucret^ fille de Sam'uel , Médecin de l'Evêque & Phyficien de la
même ville. Après avoir fait de bonnes études dans fa patrie, fon père l'envoya
en 1646 à Leiplic, où il fut reçu Maître-ès-Arts en 1648, à la fin de fon cours
de Philofophie. Décidé à embrafier le parti de la Médecine, il voulut s'appliquer
à cette Science en voyageant & vilitant tour-àtour les plus célèbres Univerfités.
Il le mit eu toute <m 1649. La Hollande & les Pays-Bas furent les premières coat
148 SAC
ïrécs où il fit quelque féjour ; il alla enfuite pafier l'hiver à Strasbourg , & au prm"
tems de l'année 1650 , il fe rendit en France & ne manqua pas de fuivre les Pro-
fefleurs de Paris & de IVIontpelliér. Il s'embarqua ealuite & fit heureufemeot le
trajet de Marfeille en Italie. Il s'arrêta à Padoue , & après y avoir reçu les hon-
neurs du Doctorat le 27 Mars 1651 , il reprit le chemin de la patrie, & rentra
à Brcllau le 6 Mai de la même année. Comme il ne tarda pas à s'y diftinguer dans
la pratique , il mérita bientôt l'eflime de les concitoyens; & les preuves qu'il en
reçut , l'engagèrent à fe fixer parmi eux par le mariage qu'il contradïa , e
1653, avec yinne - Magdelaine Benck qui lui donna deux fils & une fille. On
auroit bien voulu récompenfer les talens de Sachs par quelque emploi , mais il ne
s'en préfenta point alors qui pût lui convenir. Ce ne fut qu'en 1670 qu'on le
nomma à la charge de Phyficien de la ville de Breflan. II n'en jouit que peu de
mois, car il mourut le 7 Janvier de l'année faivante , dans la 44e- année. Les
Ouvrages de ce Médecin affichent une érudition plus curieufe qu'utile, telle qu'on
la remarque dans quantité de Mémoires de l'Académie Impériale d'Allemagne. La
réception de notre Auteur dans cette Société littéraire date de 1658,- mais en
1666 il fut nommé Adjoint & chargé du Recueil des éphémérides. Il a écrit:
^^npdographia , five, vitis viniferte ^ y^f^^^^ panium. confideiado. Lipfue , i66i ^
in- 8.
Refponforia D'ijfertatlo de mlranda lapidum naturâ, Jena , 1664, inS, avec la Dif-
fertation de Jean-Daniel Major , qui traite De canaris & ferpendbus petrefaSlis.
Oceanus macro microfcomicus , feu , Dïjfenano epijwîica de analogo motu aquaruttt
*x & ad Oceanum,fanguinis ex S ad cor. f^ratiflavie ., 1664, //i-8.
Gammarologia , fiv4 , Gammarorum , vulgà Cancrorum, conjideratio. Llpfiis & Franco--
fartl , 1665 , ia-8.
SACK (ErafmeJ) naquit le 23 Août 1631 à GiefTen dans la Haute HefTe. Ce fut
à Konigsberg & à Marpurg qu'il commença fes études de Médecine; mais il les-
interrompit , à l'âge de 23 ans, pour le livrer au goût qu'il avoir de voyager. Pen-
dant ion féjour à Copenhague , il s'attacha à M. Durell , Ambaffadeur de Suéde dans
cette Capitale , qui le chargea d'accompagner Ion fils aux Eaux de Spa. La mort
de ce jeune homme , arrivée à Bruxelles , l'engagea à reprendre le chemin de Co-
penhague où il pourfuivit fes études ; mais ilpaffa enfuite à Leyde , & après avoir
fuivi les Profeffeurs de l'Univerfité de cette ville pendant trois ans , il y reçut
les honneurs du Doctorat. M. Durell attendoit que fa promotion lui permît de re-
venir à Copenhague ; il le vit arriver avec plaifir, & ne tarda pas à le charger du
loin & de l'éducation d'un autre de fes fils , avec qui il lui donna ordre de par-
courir l'Allemagne, l'Italie, la Suiffe & la France. A Ion retour en Suéde avec
fon élevé , Sac/c obtint la Chaire d'Anatomie & de Botanique dans l'Uaiverlité
de Lunden , & il en prit polfeffion le 14 Mars 1668. Livré aux exercices de fon
emploi, il goûtoit les charmes de la vie itudicufc qu'il aimoit , lorlque la guerre
déclarée , en 167s , aux Suédois par Chri^ian V , Roi de Dannemarc , vint
troubler la tranquillité dont il jouiiroit. Il fut fait prifonnier & emmené hors du
pays qu'il regardoit comme fa patrie ,- il n'en fut cependant point abfent pendant
iûRg-tems, car le Roi de ijuede le rançonna & le mit au nombre de fes Médecins»-
s A E S A G 14c
A la paix conclue entre les Suédois & les Dsnois , le 2 Septembre 167Q, Sach
retourna à Lunden pour y remplir fei fonfkions académiques ; il fut même trois
fois Redteur de l'Univerfité de cette ville, où il mourut le premier du mois de
Septembre 1697, âgé de 66 ans. On ne connoTt aucun Ouvrage de la f.îçon de
ce Médecin , & Matthias, , qui en fait THiftoire que je viens de donp-er , ne dit
pas Je mot de fes Ecrits,
SAED BEN HEBAT-ALLAH AL-ADHIRI , fils à'Hcbat ^llah , Médecia
qui vécut fous le règne de MoiSaH vers l'an 550 de l'Hégire, 1155 de falut,
fut lui-même un favant Médecin, & fervtt, en cette qualité, le Calife Naîiér
l'Abbaflide. Il a écrit un Livre de la fanté , fous le titre à^Al-Safouah , & un au-
tre de la circoncifion , ibus celui de Ketab Al-Khatan.
Le Calife NaiTer eut encore à fon fervice un Médecin Chrétien , nommé Saei
Ben. Tourna. Celui-ci entra fi avant dans les bonnes grâces & la confidence de foa
Maître, qu'il devint le dépofitaire de fon srgent; mais il n'en fut que plus expofé
à la jaloufie des envieux de fon mérite. Une femme & un eunuque complotèrent
de fe défaire de lui, & ils exécutèrent leur criminel deffèin l'an de l'Hégire 62»,
de J. C. 1223*
SAGES-FEMMES. Comme cet Article efi fufceptible de plufieurs beautés éga-
lement curieufes & intéreflantes , j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de rapporter
ce que feu M. Dujardin a dit à ce fujet dans (on Hiftoire de la Chirurgie , & d'y
joindre des traits empruntés de l'Hiftoire fommaire de l'Art d'accoucher par M.
uijiruc , dans la vue d'en former un enfemble qui rendît tout ce qui regarde les
difïérens états de cet Art julqu'à nos jours. Les préceptes de pratique n'entrent
point dans mon plan j je me borne à la partie hiRorique d'après ces deux Auteur? ^
& je commence par ce que dit le premier fur l'accouchement en général, lama»
niere dont il étoit exercé chez les Grecs, & les ufages qui l'accompagnoient ou ve-
noient à fa fuite, fous le règne du Polythéifme.
n L'Accouchement ell une des premières opérations que la Nature elle-même
» fembloit ofl'rir à la Chirurgie. Cette opération qui, dans l'état naturel, confifte
» à aider la femme à fe déb£rra(Iér de l'enfant qu'elle a porté pendant neuf mois,
» & à le dégager de les liens, a dû s'attirer l'attention des deux fexes; il eft évi-
n dent que les femmes ont commencé à s'accoucher elles-mêmes. Clément d'A-
» lexandrie raconte que les femmes des environs de l'Ibérie , quoiqu'encein-
« tes , le livroient aux mêmes travaux que les hommes , & fouvent accou-
n choient au milieu de leurs occupations ordinaires ; alors l'accouchée prenoit fot»
» enfant & l'emportoit chez elle. Les femmes des Sauvages & desAbyiîins, lorf-
« qu'elles font en travail, ne font que s'agenouiller , & dépofent leur fardeau, fan*
» attendre qu'une main étrangère leur facilite cette douloureui'e éruption. Latonc
» n'eut d'autres fecours en mettant au monde Apollon, que le tronc d'un palmitr
n contre lequel elle s'adoiïa. Quoique cette prérogative foit annexée ipécialement aux.
» pays chauds , tous les accoucheraens n'étant pas naturels , ni toujours heureux , il
n le trouva dès les premiers tems , des circonftances où Ton Rjt obligé d'aider cellea-
» qu'un travail long & pénible , ou contre nature , jettoit dans l'épuifement &
-ï'jo s A (S
» mettoit en danger de périr avec leur fruit. Les femmes qui fc viGtent avec
OD tant d'enipreflement dans ces momens critiques , ont fans doute été les
» premières à fecourir leurs femblables. Celles qui montroient plus de courage ,
« de Iwgacité ou d'adreffe, auront été plus recherchées que les autres; c'efi: ainG
» qu'inlenfiblement le font formées les Sages-Femmes, Les Hébreux appelloient une
m Sage-Femme Hameiah Deth , qui fait accoucher,
r> La première femme qui dans l'hiftoire facrée Toit défignéc fous ce titre , eft
■n celle qui aflida au fécond accouchement de Rachel , femme de Jacob , qu'elle
.T) eut le déplaiiir de voir expirer en mettant un fils au monde. L femble même
») que dès lors on fe fervoit d'une efpece de fiege propre à cette opération ;
1■^ c'cft au moins ce qu'on peut conjedturer du mot liaabenlm qae Moïfe emploie»
u & que les Interprètes ont rendu par ie mot Sellas. Danr- le quinzième & vers
3) le commencement du feizieme iîecle , les Sages-femmes en France avoicnt en.
3î core des fieges , qu'elles faifoient tranfpcrtcr dans les maifons où elles étoient
5-) appcUées , & cet ufage fe pratique encore en Allemagne.
» L'art d'accoucher , pratiqué par des femmes exclufivement , étoit deftiné à
Il refter dans une perpétuelle enrance. Les obfervations , fi quelques-unes étoient
to capables d'en faire , étoient déiigurécs psr les traditions , ou demeuroient dans
m l'oubli : & quand elles auroient été publiées, que pouvoit-on attendre des per-
» ionnes dépourvues de tout principe , de toute connoiilance effentielle , ou même
M accelToire à l'Art qu'elles exerçoient ? Hippocrate qui nous a tranfmis ce qu'on
n favoit de fon tems fur les accouchemens , ne nous offre que des vues fauiïès ,
») une théorie idéale , hazardée , fouvent dangereufe : tandis que dans les autres
» branches de l'Art dont il s'occupoit habituellement , la raiion & l'expérience
w dirent prefque toujours ce qu'il écrit.
n L'art d'accoucher , dit ^iftruc , efi: prefque aulïî ancien que le monde. Lorf-
» qu'Eve , chafl'ée du Paradis terreftre , accoucha de fes énfans , elle eut befoia
•n d'être feccurue , & elle ne put l'être que par Adam. Mais dès que leur pof-
•n térité fe fut multipliée , les femmes fe rendirent en cela des fecours mutuels,
» jufqu'à ce que quelques-unes d'entre elles , ayant eu plus de goût ou plus de
yi talens pour ces fonéïions , s'y appliquèrent plus particulièrement , & devinrent
jî de véritables Sages-femmes , telles qu'elles pouvoient l'être dans ce tems-là.
» La première Sage-femme dont il foit parlé fous ce nom , efl: celle qui af-
« fifta au fécond accouchement de Rachel ,■ femme de Jacob. Cette Sage-femme
sj pour l'encourager , eut beau lui annoncer qu'elle accoucheroit d'un garçon ;
» Rachel expira en le faifant. 11 eft parlé dans la Genefe d'une autre Sa(;e-
VI femme à l'occalion des couches de Ihamar , qui accoucha de deux jumeaux,"
jj mais la mention la plus honorable pour les Sages-femmes , ell ceHe qu'on
w trouve dans l'Exode , où le Pharaon qui regnoit en Egypte & qui vouloit
T) faire périr les Hébreux , commanda aux Sages-femmes que l'Ecriture nomme
n Siphra & Phuha , de faire périr tous les enfans mâles des femmes des Hébreux,
» à quoi elles n'eurent garde d'obéir , & ce qui mérita que Dieu les en récom'
w pensât. Ce font des femmes de même qui affifterent la femme de Phinée , fils
« d'HéU , grand Prêtre des Hébreux, dans le malheureux accouchement qu'elle
» fit à la nouvelle de la priie de l'Arche , & de la mort de fon mari & de
s A G 15»
» fbn beau-pere. Dans tous ces endroits , les Sages-femmes portent le nom fé-
» minin de Mejalledeth,
» Chez les Grecs , continue ^ftruc , c'étoient des femmes de même , qui fer-'
» voient dans les accouchcmens. Phénarete , mère de Socrate , étoit une Sage-
n femme ; Platon parle au long des Sages - femmes ; il en explique les fonc-
n tions , il en rcgîe les devoirs , il marque qu'elles avoient à Athènes le droit
y) de propofer ou d'alTortir les mariage?.
■n La pratique de lier le cordon ombilical & de le couper au defïus de la
w h'gature , eft eflentielle à l'Art d'accoucher , & je crois qu'elle remonte jufqu'à
« Eve; On la regarde comme abfolument néceflaire pour la confervation de l'en-
» fant, ce qui pourroit bien n'être pas exempt d'un peu de préjugé , comme-
Ti ^firuc le fait voir dans une Diflertation particulière. Mais il eft certain que
» c'ert une pratique généralement reçue chez toutes les nations , d'où vient que
» les Sages-femme» portoient chez les Grecs , le nom d'umbilifecis , c'eft-à-dire ,
» coupeufcs de nombril ou cordon ombilical. Cependant le Prophète Ezéchiel eft:
» lé plus ancien Auteur qui en ait fait mention. Il eft- vrai qu'Ezéchiel a vécu
j* vers l'an du monde 3360, environ 600 ans avant Jcfus-Chrift , & qu'il eft par
» conféquent beaucoup plus ancien qu'Hippocrate. » Dujardln ajoute qu'on lavoir
les nouveaux nés avec de l'eau falée , & qu'on les cnveloppoit de lano-es.
Les Iix)raains n'avoient chez eux que dis Sages-femmes ; on voit dans les
Comédies de Plante & de Térence que ce font toujours elles qu'on appelle pour
fecourir des femmes qui accouchent. Le même ufage fe fourint dans la déca-
dence de l'Empire ; car ^mmien. Marcdlin allure qu'Eufébie , femme de l'Em-
pereur Confiance , fils de Conftantin le Grand , jaloufe de la fécondité d'Hélène
fœur de fon mari , & femme de Julien connu fous le nom d'Apollat , ga<^na
la Sage-femme qui devoit l'accoucher dans les Gaules , où fon mari comman-
doit, & l'engagea à faire mourir Penfant dont elle accoucheroit , en coupant trop
court le nombril , c'eft-à-dire , le cordon ombilical. Ainfi parle ^jîruc , que je
quitte un moment , pour revenir à Dujardin & rapporter d'après lui les ufages
des Anciens , ainfi que les noms de différentes Divinités qu'ils invoquoient pour
les femmes enceintes , accouchées , & leurs enfans.
„ La crainte (i naturelle aux femmes dans la fon<flion pénible & douloureufe
„ de la maternité; le defir jufte & prelfant d'un fecours euicacc & prompt; les
„ amuletes ou les recettes fuperftitieuies , propres tout au plus à amufer la dou-
„ leur ; enfin l'ignorance & la perplexité des Sages-femmes dont on atîcndoit un
„ foulagement réel: tout cela fournit à des Prêtres importeurb des moyens fîcileg.
„ de reculer les lunites de leur domaine. Infeniiblement , il y eut un peuple de-
^ Divinités pour toutes les petites circonftances ,, ;x)ur tou? les accidens qui accom-
n pagnent ou fuivent la groflefle & l'accouchement. Dès qu'une femme éroit dé-
„ clarée groife, la Religion lui prefcrivoit de venir dépofer fokmnoikitient fa
„ ceinture dans le temple de Diane, & d'y prendre des vêtemens convenables à;
„ fa iituatibn. Les femmes diipofées , dans tous les tems, à préférer leur.î a^ré-
„ mens & leurs parures à leur fanté , fe rendoient par ruperftirion à ce qu'dics
„ n'auroient peut-être pas fait par raifon , ni par îrs fages con-cif- -^£3 îVît'decinSi
^.Toutes les fuperftitions n'avoient pas un motif aufli excufable. Diejpuer am
'Ï52
s A G
„ Jupiter conduîfoit les enfans à un heureux terme. Mena , qui ne diffère guère
„ de la Lune ou de Lucine , étoit chargée de protéger les femmes enceintes, &
». de les préferver des pertes de lang pendant la grofleffe & l'accouchement. Au
moment de l'accouchement , c'étoit Eug-erie & Fluonia qu'on invoquoit. La femme
quittoit fon manteau, on lui environnoit la tête de bandelettes, & elle s'afféioit
*' pour i'e mettre en travail. H falloit que peribnne de la mailon n'eût les jambes,
ni les doigts croilés; une ancienne luperiUtion failbit voir dans cette pofture un
„ obftacie invincible à laccouchement.
n Si le fœtus fe préfentoit mal , ( & de toutes les fituations , on îi'en conooiffoit
» point déplus fàcheufes que celle où il fe prélentoit par les pieds ) on faifoit des
facrificci à Pojlverfa & à Profa , que d'autres appelloient Purrima & ^.itevorta ,
î> DiielTes ainli nommées des fituations de l'enfant dans l'accouchement Les fem-
mes qui vouloient avorter , facriHoient auffi à ces Déeffes; fi ces faciifices n'opé-
roicnt pas ce qu'on en attendoit , c'étoit au moins un moyen d'amufer l'efpoir ,
& de faire retarder un crime qu'on eut cherché à confommer par des voies
„ plus dangereufes.
„ Quand l'accouchement étoit laborieux , ou qu'on foupçonnoit deux jumeaux,
on invoquoit les Dieux Kixii , ainli nommés de la fonflion qu'on leur attribiioir.
„ Cette invocation fe faifoit la tête découverte & après s'être lavé les main?„
J Mais l'ufage le plus ordinaire étoit d'implorer la proteftion de Lucine , mère
de la lumière & la pairone des femmes en couche. C'étoit l'illithie des Grecs ,
„ & la Jtmon , l'Opigena des Latins. La formule de l'invocation étoit d'appel 1er trois
,, fois la Déeffe à haute voix ; dans certains cas, on alloit juiqu'à fept. Si dans
„ ces entrefaites la Nature terminoit fon Ouvrage , on rapportoit ce bienfait à la
„ Divinité. En même tems on lui faiibit un Ihcrifice de deux agneaux jumeaux »
„ auquel on ajoutoit des gâteaux & de l'argent , de manière qu'on mcttoit à plus
„ haut prix l'art de tromper la douleur , qu'on n'eût mis celui d'adminiftrer des
j, fecours utiles & efficaces.
,, Toute l'Antiquité ^a reconnu le neuvième mois pour le terme le plus ordinaire
„ du part. A Sparte, on admettoit encore le dixième; mais les enfans qui naif-
„ foient au delû , étoient cenfés*illégitimes. Cette loi fit dans la fuite partie de celle
„ des douze Tables chez les Romains. Homère en parlant de la femme de Stenelus ,
^, nous apprend aufïi qne le feptieme mois étoit déjà un terme obfervé ^ reçu
„ de fon tems. A quelque terme que le premier enfant vînt à naître , on avoit
,, pour lui une forte de vénération. Une Décfle particulière préficloit à fa naif-
„ fance .' les Romains l'appelloient Fonuna natalis primûgenia.
„ Auilitôt que l'enfant étoit né , s'il étoit vivant , on le lavoit , pour enlever
„ les faletés dont fa peau étoit couverte. Cette lotion fe faifoit d'abord avec de
„ l'eau , à laquelle on ajoutoit enfuite de l'huile. Les I^acédémoniens fe fervoient
,5 de vin ; les Cymbres de neige , & d'autres peuples de roiée. Les femmes de
,, Lacédémone , pour montrer qu'elles dévouoient leurs enfans dès le berceau à
„ la défenfe de la patrie, les faifoient laver fur un bouclier, avec une lance à
„ côté d'eux. Tous les peuples n'avoient pas dans cette lotion des vues auffi rai-
J5 ioaaables. Les Xîermains ne trempoient leurs enfans dans les eaux du Rhin,
• . ' . » que
■5»
s A G
Ï53
u que pour s'aflurer de leur légitimité. C'eft pour la même raifon que les Pfylles
„ préfentoient les leurs aux lerpens , & les Ethiopiens , aux oifeaux. Ces épreuves
j, fuperftitieufes & iliulbires , dont l'inftitution n'avoit vraifemblablement eu d'autre
1, objet que de retenir les femmes dans les bornes du devoir, pouvoient être auffi
,, la fource d'une infinité d'abus & de querelles.
„ A cette lotion, fuccédolt une cérémonie à laquelle préfidoit la Déefie Statint.
j, Elle confifloit à mettre l'enfant fur la terre. Par-!à on fe propofoit trois chofes :
« I. d'exciter les cris de Tenfant parlecontaét de la terre , de laquelle on croyoit
n qu'il empruntoit la voix, & à ce premier cri, on invoquoit le Dieu ragitanus
„ ou ^aticanus ; 2. de voir s'il étoit droit ou agréable aux Dieux conjugaux, &
„ pour cet effet la Sage-femme le mettoit debout j 3. de lui faire falucr Ops ou la
y, terre , cette merc commune des Dieux & des hommes, dont il alloit avoir befoin.
» Le père ou ion repréfentant recueilloit les fignes de vie que donnoit
» l'enfant pendant cette cérémonie. Enfuite on le relevoit de terre fous la pro-
„ tedion de la Déefle Lcvana. Sa légitimité n'étoit reconnue , que lorfqu'il
„ étoit relevé par le père , ou fous les ordres par fa mère , par fa foeur, par la
„ Sage-femme ou par quelqu'autre perfonne de la maifon. Jamais le père ne re-
,, levoit lui-même une tille , <laDS la crainte de quelques mauvais préfages. Les en-
., fans que le père ne relevoit pas ou ne faiioit pas relever , étoient réputés illé-
„ gitimes, & comme tels, expofés dans un lieu public, & quelquefois dans des
„ endroits défcrts ou écartés. C'eft delà peut être qu'on voit dans l'Hiftoire an-
,, cienne des exemples d'enfans nourris par des chèvres ou d'autres animaux.
„ IVÎais pour quelques enfans qui étoient trouvés & nourris , combien il périf-
„ foit de ces innocentes vidimes ! Aufîi les Grecs fe fervoient-ils du même
„ m'it pour exprimer le meurtre & rexpofitioo. Les Thébains profcrivirent , fous
„ peine de mort, cet ufage abufif & barbare. Si le père étoit trop pauvre
„ pour nourrir fon enfant , la loi lui ordonnoit de l'apporter dans l'es langes
i, au Magiflrat , qui le confioit , pour un prix modique, aux foins de quelque
„ particulier.
„ Les Anciens avoient deux raiibns pour envelopper de langes & de bandes
„ leurs enfaos ; la première , d'empêcher leurs membres tendres de fe contourner ;
„ la féconde, de fée her l'eau & le fel dont on les lavoit. C'eft donc un abus fort
,, ancien de gêner les enfans , de le« enfermer dans des bandes , & cet abus
„ n'eft pas encore univerfellement profcric ^ il faut fouvent une révolution de plu-
s, ficurs fiecles , pour déraciner un préjugé trop accrédité.
„ Dans les maladies des enfans, c'étoit la mère ou la Sage-femme qui appli-
,, quoit les remèdes; ils confiHoient ^n quelques atnulettes , ou en quelques re-
„ cettes traditionnelles qui alloient à toutes les maladies & à tous les cas. Quand
„ on avoit efiavé ces fuperftitions , on avoit recours à celles des Prêtres. On faifoit
„ des vœux i^" Junon-Lucinc^ à Cajlor & à Pollux. L'enfant guériflbit-il , on con-
„ facroit des Infcriprions , on faifoit des facrifices & des préfens. S'il ne gué-.
„ riffoit pas , on continuoit les confécrations & les vœux ; on faifoit des fon-
;, dations proportionnées à fa fortune. Le» Prêtres avides élevoient jufqu'aux af-
T 0 ME IF. V
3«it!. s A G
>, 1res le bonheur dès enfans , & la piété des paréos imbécille? , dont ils tiroîent
„ un li bon parti.
Les femmes, toujours chargées d'aider leurs femblables dans le travail de l'ac-
couchement , fe firent enfin un art d'une occupation qu'elles n'avoient fi long-
teras remplie que par routine ; à force de voir <Sî d'oblerver , elles parvinrent à
fe faire un fonds de connoifiances. Flufieurs Médecins avoient déjà écrit fur l'Art
d'accoucher , lorfque Trotula , Sage femme de Salerne en Italie , qu'on croit avoir
vécu au Xllle. fiecle , donna un Livre où elle traite de cet Art avec quelque
détail. D'autres femmes fuivirent fon exemple & mirent au jour tout ce qu'elles
favoient. Lcuife Bourgeois, dite Bourtïer , Sage-femme de Marie de Médicis , Reine
de France, publia en 1609 des Obfirvatlons Jiverfes fur la Jlérilité^ perte de fruit ,
fécondité , accouchemens , & maladies des femmes & enfans nouveaux nés. Elle y étale
toutes fes connoifTances , & il paroît ,. dit .,4jlruc ., qu'elle favoit ce qu'on favoit de
fon tems. Si l'on en croit le même Médecin , l'époque de l'emploi des Chirurgiens
en France , en qualité d'Accoucheurs , ne remonte pas plus haut que les premiè-
res couches de Madame de la Valliere en 1663. Ce n'eft pas qu'il n'y eût dans
ce tems-là , & même avant , des Chirurgiens qui s'appliquoient à l'Art d'accoucher-
& qui en faifoient une étude particulière ; mais on ne les appelloit que dans les
cas difficiles , où les Sages-femmes fentoient leur inluffifance. Alors le Chirurgien'
tâchoit par fon adrefle de délivrer la femme , ou il avoit recours aux inflrumens
connus. Comme ces cas étoient aflez rares , les Sages-femmes relièrent en poflef-
fton de faire les accouchemens qui ne demandoient point des fecours particuliers ;
leur pofieffion , fur cet article , fut même fi confiante chez les nations de l'Europe ,
que les noms qu'on y a donnés aux perfonnes qui aifilient les femmes en couches,
iont tous noms féminins : preuve certaine qu'on n'a employé que des femmes à ces
fondiions, ou tout au moins, qu'elles y étoient employées de préférence aux hom-
mes. Les Accoucheules s'appellent en Efpagne Comadré ou Fartera ; en Italie , Comaré-
ou Levatrici ; en France , Matrones ou Sages-femmes ; en Angleterre , Mldwifes ; en Al-
lemagne , Hebammen ; en Bafle Bretagne , où l'ancienne Langue Celtique fubfiftc
encore , on leur donne le nom de Mamdiegues , c'eft-à-dire , à ce qu'on prétend ,
Mamma ménagères.
Dès que les Dames Françoifes eurent pris le goût de fe fervir de Chirurgiens
dans leurs accouchemens, cet ufage fe mit bientôt à la mode , & l'on inventa le
nom à,'' accoucheurs , pour fignifier cette clafie de Chirurgiens. On ne tarda pas à
adopter le même ufage dans les autres pays , & en l'adoptant , on donna auffi
aux hommes le nom d' accoucheurs , quoiqu'il ne fût pas dans le g<^nie de la lan-
gue de ces diftérens pays. Les Anglois font peut-être les feuls qui n'ont point reçu
ce. nom,- ils appellent les Accoucheurs Mans Midwifes , c'eft-à-dire, hommes Sages-
femmes.
Depuis que la mode eft venue d'avoir des Accoucheurs, les Chirurgiens qui fe
Iont attaches à la partie qui regarde les accouchemens , ont renonce pour la plu-
part au refte de la Chirurgie, au moins dans les grande? villes , où ils lavent d'être
beaucoup employés. Ils ont ainfi érigé l'Art d'accoucher en un art particulier ;
& cette irruption qu'ils ont faite dans le domaine des Sages-femmes , a d'aufart
plus tourné à l'avamage du public , que l'émulatioa s'efl mile de la partie. Depuis
t
s A G s A I 155
fprès d'un lîccfe , les Chirurgiens , !es Médecins même , fe Tont tellement appli-
qués i. répandre de nouvelles lumières iur la pratique der^ Ticccuchemens , qu'il
S'en faut de peu que l'Art n'ait atteint la perfection , & que les opérations qu'il
faut faire , ne foient portées prefque à la certitude géométrique. Les Ouvrages
des plus célèbres Accoucheurs de nos jours ont au moins donné à la Théorie
des accouchemens une certitude fondée iur le méchanilme déinoutré des parties,
dont l'aétion ou la ftrudure concourent à cette opération. Les principes qui ré-
fultent de cette Théorie , font autant lumineux que vrai? ; & fans les obflacles
qui partent de la mère, de l'enfant, du placenta , du cordon, des membranes,
des eaux &c. , ces principes feroicnt encore invariables dans leurs conféquf nces Mais
ce qui en fait le grand mérite , c'eft qu'ils dirigent la main de l'opérateur dans les
cas difficiles, & qu'ils la mettent à même de. furmonter les dangers auxquels les
écarts de la Nature expofeni les mères & les enfans.
SAGUYER , ( François ) d'Amiens, étoit Doaeur' en Médecine. Il avoit ap-
pris les premiers principes de cette Science fous Fernel & Jacques Sylrius , c'eft-
à-dirc , qu'il étoit à Paris vers l'an 1547 & 1548; car Fernd , trop - ccupé par
la pratique , fut obligé de difcontinuer fes leçons vers 1549 : mais Sjguycr a pu
profiter plus long-tems de celles de Sylvius qui les continua jufqu'à fa mort arrivée
en 1555. De Paris , il pafla à Montpellier pour s'y perfectionner fous Rondelet
qui enfeignoit dans cette ville depuis l'an 1545 ; &r félon toute apparence , il y
prit le bonnet de Dofteur. 11 femble que notre Médecin a demeuré à Tonnerre
en Champagne, avant de pafleren Bourgogne, oii il fut beaucoup recherché ; on
le voit , tantôt à Sauheu , tantôt dans les environs d'Autun .tantôt à Noyers & à
Grancey. Comme il n'étoit point Polypharmaque , il a écrit une Apologie pour les
Médecins Hippocratiques contre les Paracelfites. Il a encore fait des notes fur la Phar-
macie de Fernel ; elles ont paru avec celles de Plancy fur le même Ouvrage , dans
l'édition de Hanau , 1605 , in-12. Gafpar Bauhin , à qui on doit cette édition , parle de
Saguyer comme d'un homme qui étoit vieux en 1604 , & M. Goulin , dont les
Mémoires m'ont fourni cet Article, croit qu'il pouvoir avoir alors environ 77 ans.
SAINT-AUBIN, CJean DEJ) dit SANTALBÏNUS par les Auteurs Latins,
fit la Médecine à Metz dans le XVI fiecle , & s'y diftingua par la connoilTance des
Langues favantes. Focs , fon ami , pria les Magitoats de Metz de lui donner Saint-
udubm pour Collègue dans la charge de Médecin de -cette ville , parce que fes
travaux fur Hippocraie ne lui pcrmettoient pas de s'acquitter de fes fonélions avec
autant de foin que cet emploi le demandoit. On ne pouvoit rien refufer à un
homme qui ié piquoit de tant de i'entimcns ; il obtint la demande ; & Saint-
^ub'in qui fut apprécier tout ce que ^-aloit le procédé de fon ami , vécut tou-
jours en parfaite uuion avec lui. Lors même que Foës ^ accablé par fimmenfité de
fon entreprife , fe trouva preilé dans l'édition d'Hippocrate potr la traduction
des Scholies de Falladius fur les Livres des fractures, il pria Saint-ytubin de lui
rendre ce Icrvice. Celui-ci s'en chargea volontiers ; il réufllit même tellement dans ce
travail, que des envieux, qui ne manquent jamais aux gens de mérite, publièrent,
après la mort , que Foës lui avoit enlevé fes Manufcrits , où il avoit trouvé une
156 s A ï
partie de ces excellentes chofes que nous admirons daHS Tes Ouvrages. Wa'is
cette calomnie tombe d'elle-même , quand on fait attention que Foès rcconnoît
de bonne foi que fon ami avoit fait la traduction , dont nous venons de par-
ler , & qu'on remarque d'ailleurs que Saint-^ubln. vivoit encore , lorfque cet
Ouvrage parut à Francfort en 1595. S'il refloit là defTus quelque doute , il n'y
auroit qu'à confulter les autres Traités que Focs a fait imprimer long-tcras aupa^
ravant ; on y reconnoîtroit par-tout le même goût , la même érudition & le
même ftyle qui brillent dans VHIppocrate de cet Auteur,
Saint-Aubin avoit commencé un Traité fur la Pefte , mais fa mort , arrivée en
1597, l'a empêché de le finir. On donna fon Manufcrit à Bucelot , fon Confrère,
qui le lit imprimer l'année fuivactc , fous ce titre:
Nouveau confeil & avis pour la préfervatlon & guérifon de la Pefte , par han de S»
Aubin , Médecin ordinaire de la ville de Mct^. 1598 , i/i-8,
SAlNT-HILLIEli , f Jean-Simon DE J) Médecin natif de Verdun , fe fit beau-
coup de réputation dans cette ville au commencement du XVU liecle. On a de lui
un Ouvrage intitulé :
L'Ofmologie contenant les caufes , Jignes , prognoftiques ^remèdes contre la Pefte. Pont-
à-Mouflbn , 1623, ia-12. La pefte n'affligeoit point encore la ville de Verdua
quand il mit ce Traité au jour, mais elle étoit à (es portes. On prétend qu'elle,
dut fon origine à un grand nombre de beftiaux que conduifoit les Mansfeldiens,
& qui étant morts en route , ne furent pas enterrés.
SAINT-VEliTUNIEN,( François DE ) dit LAVAU, fils d'un Médecin qui
étoit en correfpondance avec Michel Servet, vint au monde à Poitiers. Il étudia
la Médecine à Montpellier ,^ & il y prit fes degrés en 1567 & 1568. George Mat-'
thias met fa mort en i6o8, & lui attribue, avec tous les Bibliographes, un Ou-
vrage dans la traduflion duquel il fut beaucoup aidé par Jofeph Scaliger , fon ami.
II a paru fous ce titre .•
Hippocratis Coi de vulneribus capltis Liber Latlnitate donatus & Commentarlis Hl'jf-
tratus ; additô Gracô textu à Jofepho Scaligero caftigatô , cum ipftus Scaligerl cafti-
gailonum fuarum explicatlone. Liuet!<e , 1578 , m-8.
SAINTE-FOI, (Jérôme DE J Juif Efpagnol , lequel ayant reconnu par la
fefture des Livres Hébreux que Jefus - Chrift eft le vrai Meffie prédit par
les Prophètes , embraffa le Cbriftianifnîe & reçut au Baptême le nom de
Jérôme de Sainte- Foi , au- lieu de celui de Jehnfchuad Hallos/d ou Jofué Lurki ,
qu'il portoit auparavant. Comme il avoit fait de bonnes études de Médecine ,
il parvint à l'emploi de Médecin de Pierre de Lune qui prenoit le nom de
Benoit XIII. Cet Antipape étant en 1412 dans le Royaume d'Aragon , alors
le fcul de fon obédience , Jérôme lui inipira le deflein de fignaler fon zèle en
attaquant les Juifs qui étoient en grand nombre en Efpagne , & l'aflura que
s'il vouloit faire tenir une conférence publique , il convaincroit tous les Rabbins ,
par des paffages du Thalmud , que Jefus-Chrift eft le vrai Melîie & quil n'y
*n a point d'autre à attendre. Cette conférence fut publiée & indiquée à Tortofe
s A I 15^
ea Caulogne ; elle commença le jr Février 1413 & finit le 10 Mai fuivant. Le»
Juifs y furent mal menés. -Cette conférence & le Traité que Sainte -Foi publia
contre eux , firent même tant d'imprefiion fur cette Nation , qu'il s'en convertit
au Chriftianilme environ cinq milie.} Le Livre de ce Médecin a été inféré dans
la Bibliothèque des Pères par Marguerin de La Bigne , Docteur de la Maiioa
& Société de Sorbonne , qui le premier donna un Recueil de leur* Ouvrages
ca 15^5. Le Traité de Sainte-Foi a paru féparément à Francfort en 1612.
SAINTE-MARTHE, (Gaucher DE^ habile Préfident & Tréforier de France
dans la Généralité de Poitiers , plus connu fous le nom de Scévole de Salnu-
Marche , naquit à Loudun le 2 .Février J536 , d'une famille noble & ancienne
qui étoit féconde en perlbnnes de mérite. 11 cultiva les Lettres & les Sciences,
& donna au public un grand nombre de Poéfies Latines , parmi Icfquelles on
trouve un Ouvrage intitulé : Padoirophia , feu , de puerorum nutritions Libri très. Le
Recueil de fes Poéfies fut imprimé à Paris en 1587 , Ù2-8 , & fa Pœdotrophic
en particulier , un grand nombre de fois avant & après fa mort. Les maladies
auxquelles un de fes fils fut lujet , dans le teras qu'il étoit encore en nourrice ,
lui donnèrent occafion de compofer ce dernier Poëme. Les plus habHes Méde-
cins , appelles pour fecourjr cet enfant , ayant défefpéré de fa guérifon , ce
père tendre & allarmé étudia lui-même les allures de la Nature qui s'égaroit
rechercha les moyens les plus propres à redreflèr i'es écarts , les trouva , &
s'en fervit ave; iuccès pour arracher fon fils d'entre les bras de la mort.. Enluite
de cette cure , il fut prié par fes amis de communiquer fa méthode au pu-
blic ; il y confentit & mit au jour l'Ouvrage dont on a parlé , qu'il dédia au
Roi Henri III , en 1584.
Gaucher de Sainte-Marthe pafla fa vie dans les peines des emplois publics &
dans les troubles des guerres civiles , mais il jouit de quelque tranquillité fur
la fin de fa vie , qu'il alla terminer à Loudun , fa patrie, le 29 Mars 1629,
âgé de 87 ans , un mois & quelques jours. Abd-Louis de Sainte-Marthe , Général
des Pères de l'Oratoire & petit-fils de Scévole,^ traduifit en François le Poëme
intitulé Padotrophia , & fa verfion fut imprimée à Paris en 1698 , ia-'à , fous le
titre de Manière de nourrir les enfans à la mammelle.
SAINTE- MARTHE, f Jacques ) de la famille du précédent, naquit en Pci.
tou le 29 Septembre 1517. Devenu Médecin de la Faculté de Paris en 1546 ,
il obtint , en 1551 , le titre de Médecin du Roi Henri H ; c'eft au rcoins
tinfi que le difent quelques Mémoires particuliers , qui ajoutent qu'il eut Je
même hoimeur fous François II & Henri IIL II mourut fous le règne du der-
nier , le 10 Septembre 1587.
On trouve un autre Gaucher de Sainte-Marthe ^ que plufieurs Auteurs difent père
de Jacques. Il fut reçu Dofteur de la Faculté de Médecine de Paris & nommé
Médecin-Conleiiler du Roi François I. Son favoir l'a fcit regarder comme uq
oracle dans fa profeffion , non feulement parmi les François , mais encore chez
les étrangers. Il vécut au moins allez long-tems pour acquérir une grande expé-
îieace , car il étoit ùgé de 80 ans, lorfqu'il mourut le 14 Janvier 155 1.
i5t> S A 1
C'eft George-Matthias qui le dit Doiflieur de Paris i mais je n'ai point trouvé
fon nom dans la Notice des Médecins de la Faculté de cette ville par M, Baron.
SAINTS MÉDECINS. Parmi les reproches qu'on a faits à la Médecine , le
plus outrageant eft celui d'accufer cette Science de conduire à l'Athéifme & à
rirréligioo. Mais quand l'étude du méchanifme animal ne feroit pas celle des
merveilles du Créateur , dont on reconnoît le doigt & la toute-puifi'ance dans
la {Irudture de la plus petite fibre ; quand cette étude ne porteroit pas au culte
d'un Dieu, dont le Médecin a tous les jours l'occaGon d'admirer les Ouvrages,
il lulliroit de tuire l'énumération des perTonnages qui fe font fanclifiés dans l'exer-
cice de la Médecine , pour laver cette Science des reproches injurieux qu'on
lui fait encore aujourd'hui. Jufques dans le fcin de l'Eglile Catholique , il y
a eu des Médecins impies , ily a eu des Athées ; mais c'eit à la perverlité de leur
cœur, à l'aveuglement de leur efprit, Û£ noa point à l'Art, qu'ils profeffoient ,
qu'on doit attribuer leurs écarts.
Les efpnts iorts de DOS jours me mettront fans doute au rang de ces bonnes gens,
que leur Philolophie regarde comme des dupes, parce qu'ils croient ce que leurs
ptres ont cru. A cette condition, je conCens d'être rais dans la même clalîe; &,
pour mériter davantage le mépris dont ils m'honoreront , je vais mettre fous leurs
yçux les noms des Saints Médecins que l'Eglife Romaine révère. Elle leur a dé-
cerné un culte public , foit pour svoir généreufement foutenu les intérêts de la Foi
qu'ils ont fceliée de tout leur fang , foit pour avoir illuftré leur profeffion par la
pratique des vertus les plus fublimes.
L'Evangelille Saint Lac mérite, à tous égards, d'être placé à la tête du Catalogue
de ces faints peribnnages. On en a parlé ailleurs.
Le 31 Janvier, l'Eglife honore les Saints Martyrs & Médecins Cjrus & Jean
qui failoient gratuiteraeut leur profeflion. Us eurent la tête tranchée à Alexandrie;
& la mailbn de Cjrui fut depuis changée en un Temple , où les Fidèles réclament
l'interceilion de ces Médecins pour la guérilbn des maladies.
Le 3 Février , fe célèbre la fête de Saint Blaije , Médecin & enfuite Evêque
de Sebaftc. Voyez Blaxse.
Le 6 du même mois , Saint Julien. Martyr. Il avoir exercé la Médecine dans
la jeun elfe.
Le 25, Saint Céfaire^ frère de Saint Grégoire de Nazianze , a été Médecin de
Julien l'Apoftat.
Le 10 Mars, Saint Codratus, Martyr & Médecin. Il eut la tête tranchés à
Corinthe, fous le Préiident Jalon, dans la perlëcution de Dece.
Le 3 Mai, Saint /uvenaZ Médecin & depuis Evêque de Narnie.
Le 20 , Saint Bernardin qui fit la Médecine à Sienne , pendant tout le tems
que la pelie ravagea cette ville en 1400, & fe confacra enfuite à Dieu dans l'Ordre
•des Frères Mineurs.
Le 2 Juin, Saint Alexandre Phrygien de nation, qui pratiqua la Médecine
!.en France & fouH'rit le Martyre à Lyon.
lue 14., Saint Bafde le grand qui étudia la Médecine à Athènes.
s A L
159
Le iQ, Saint O/Zc/t, Médecin qui fut martyrifé à R aven ne , fous le Juge
Paulin , di-ns ia perlecution de Néron. *
Le 29 , Saint Samfun qui exerça premièrement la Médecine à Rome, fut eniuite
conlacré Prêtre , & fe dévoua tout entier au fervice des pauvres dans l'Hop'tai
de Coaftantinople. Il vécut au commencement du VI fiecle, fous l'Empire de
Judinien I.
Le 15 Juillet, Saint ^ntiachus à qui !e Préfident Adrien fit couper la tête à Se-
bafte pour la confellion du nom de Jefus-Chriil.
Le 23, les Saints Martyrs Ravennus & Rajîphus , frères.
Le 27, Saint PantaUon , Profeffeur en Médecine , qui fut mis à mort fous l'Em-
pereur Maximin.
Le 27 Septembre , Saints Cônn & Damien , Arabes de nation , qui exerçoient la
Médecine tous l'Empire de Dioclétiea & de Maximin. Ils perdirent la vie pour
la fui dans la perfécution de ces Empereurs.
Le 29 Octobre , Saint Zdnobe , Médecin & Prêtre, fut martyrifé à Sidon en Phé-
nicie, fous Dioclétien.
Le 2 Novembre , Saint Théodote qui , après avoir exercé quelque tems la Mé-
decine , fut élevé fur le liège Epifcopal de Laodicée.
Le 9 , Saint ylrcjles , Médecin de Thyane en Cappadoce, qui remporta la palme
du martyre fous l'Empire de Dioclétien.
Le 5 Décembre , Saint Emilien , Africain de nation & Médecin, fouffrit îe
martyre fous Hunneric, Roi Arien. Et plufieurs autres, dont on peut voir les
noms dans l'Ouvrage compofé par Jean Mol anus ^ Dofteur & Profefleur de Théo,
logie en l'Univerfité de Louvain, fous le titre de Diarium £ccleJîajHcum Medico-
rum. Lovanii , I595 , jn-8.
SALA, C Ange ) de Vicenze dans l'Etat de Venife, fut un des premiers qui
fe foient férieufement appliqués à la Chymie. Vers l'an 1609, il fe mêla de faire
la Médecine à Winterthour enSuiffè; depuis 1613 jufqu'eo 1617, i/ fe fit con-
noître à La Haye par fes travaux & fes Ecrits; entre ido & 1625, il étoit à
Hambourg; environ l'an 1532, il fut nommé Médecin du Duc de Meckelbourg
à Guftrow , où il vivoit encore en 1639. Au fentiment de Conringius, il eft le pre-
mier Chymifle qui ait banni de fes Ouvrages les inepties qui déparent ceux des
Auteurs qui ont couru la m'îme carrière avant lui. Boerhaave en parle comme
d'un Ecrivain très exad dans le choix, la préparation & la defcription des mé-
dicamens; il le loue beaucoup, pour avoir enfeigné, avec toute la clarté pof-
fible, à traiter les Végétaux, les Animaux & les Minéraux, dans la vue d'en
tirer des remèdes utiles à la guérifon des maladies. On fait que cet objet a été
long-tcras le feul qui ait occupé la Chymie , & que delà e(l venue cette foule de
médicamens, dont la plupart font aujourd'hui tombés dans l'oubli qu'ils méritent.
Les Ouvrages d'^inge Sala ont été recueillis & publiés fous le titre A'Opera
MedicO'Chymica qu<e extant omnia. Francofarti » 1647, 1680, Ifi2, in-4. Roihvmogi ^^
1650 , //1-4. Les éditions particulières ont paru fous ces titres :
TraHutus duo de variis , tum Chymicorum , tum Gaknljîarum crrorlbus In praparatioai
l(?o s A 1/
midiclnaU commljfis. Franeofurtl ^ 1602, 1649, 1/1-4. L'Auteur a écrit cet Ouvra»e
ca Italien , & c'eft à fa prière qu'il fut traduit en Latin,
^natomla F"urioli in duos Tradatus divifa , in quibus vera ratio f^itrîoli in diverfai
fubfiantias refolvendl accuratijjimè tradltur. Aarelte. Allobrogum , 1609 , 1613, inli.
Lug,duni Batavorum^ i6if , in-8. C'eft une Tradui5\ion de l'Original Italien.
Septem planetarum terrejhium fpagyrica recenfîo. Ainftelodamî ^ i6i4,/a-i2.
uinatomia AntimonU , id eft « dijje&io tàm dogmatica , quàm hermetica , uinùmonû
vfam ^ propriaatem & vires ejus dedarans. Lugduni Batavorum^ 1617 , in-S.
Defcripdo brevis Afiùdoti prêtions. Marpurgl , 1620, in-S. Francofiirti , ï649î 'i-S-
Apborifmorit-m Chymiatricorum Synopfis , univerfa Chymlairits intima fim dam enta. ^ fines,
ac fcopns brcyitcr daabus fciSioalbus continens, Brema , 1620 , in-B.
Chrvfulogia , feu , Examen Auri Chymicum. Hamburgi , 1622 , /n-8.
Tcrnarius Bt^oardicorum , & Emetologia.,fcu , Triumplius F'omitoriorum. Erfuni , 1628,
inS. L'Emétologie avoit déjà paru à Delphes en 1613 , in 8.
Ttrnarius Ternarlorum Hermeticorum , Bti^oardicorum , Laudanorxun. Erfuni , 1630 ♦
171-8. Ce fut André Tentiel qui mit cet Ouvrage en Latin ; il avoit déjà paru
en François à Leyde en i6i6, in-4. Celui qui traite de VOpium fut imprimé eo
François à La Haye en 1614 , in-'à , & en Anglois , en i6i8, même format.
Frôccjfus de aura potabili novô , paucifque adhuc cogn'uô. Argentorati , 1630 , in-8,
Tanarologla. En Allemand , Roftock , 1632 , 1636, in-8 ; en Latin, dans le
Recueil des Ouvrages <ls l'Auteur.
Saccharologia. En Allemand & en Latin , Roftock , 1637 , in-B.
De pc/k Tractatus. Marpurgi ^ 1641 , i/1-4 , de la traduftion de Grégoire tiorfiius.
jî y a une édition Françoife de Leyde , 1617 , in-B.
SALA ( Jear-Dominique ) Médecin du XVII fiede , étoit de Padoue , où il
enfe-ana la Médecine avec beaucoup de réputation depuis l'an 1607 juiqu'à celui
d- fa mort qui arriva le premier de Mars 1644 , dans la 65e. année de fon âge. Il fot
enterré auprès de fes ancêtres dans l'Eglife de Saint Antoine , oii l'on voit
iit ftatue en marbre , avec cette Infcription ;
JOANNI DOMÎNICO SaLA
Medicorum Princlpi ,
Qui antiqua Anis miracala renovans ,
Eugientes animas non femd repreJJJt ,
Membrifque fuis htsrere compulit ;
Pir fex & triginta annos fulutis arcana florentijjîmo Gymnajlo evulgavit j.
Et id plures docait , quod penè folus poterat.
Jacobus et Franciscus Fh.ii
Parenti Optimo P. P.
f^ixlt ann. LXV.
Decejft ann. M. D. C XLIV.
Ce Médecin a publié les Ouvrages dont voici les titres
rffrî
s A L 161
^rs Medlca , in qua methodus g* pracepta omnia Medicînte curatricls & eonfervc
trlcis expUcantur. Patavii, 1614 , 1641 , 1659, "'•4' f^enctiis , 1620, 2/1-4. Les troi»
<Jernieres éditions ont été lucceflivement augmentées.
De natura Mcdidn<s Libellas. Patavii^ 1628 , /n-4.
De ^limentis & eorum re&â admlniftratione Liber. Ibidem , 1628 , in-4. Le flyle de
ce Livre eft aflèz mauvais : c'eft dommage que l'Auteur ait écrit auffi négli-
gemment , en difant de bonnes choies.
George Matthias parle d'un autre ProfefTeur de Padoue , nommé Jules Sala •,
qui fut contemporain du précédent. 11 obtint la Chaire extraordinaire de Mé-
decine pratique en 1620 , la féconde extraordinaire de Théorie en 1624 , &
la première en 1634. A cet emploi , on ajouta , en 1637 > "^^ Leçon qui fe
donnoit au pied du lit des malades , dans l'Hôpital , fur les lignes qu'on peut
tirer du pouls & des urines, C'eft tout es qu'on fait de ce Médecin , finon
qu'il mourut en 1643.
SALANDUS , C Jofeph^ de Bergarae dans l'Etat de Venife , n'enfeigna la
Médecine dans les Ecoles de Padoue que pendant l'année 1540 ; car il fe mit
enfuite à voyager. Il parcourut d'abord la plus grande partie de l'Italie , & s'ar-
rêta dans diveries bourgades & villes , où il fe fit un nom par fes cures. Mais
comme il aimoit à changer fouvent d'endroit , il pafla en Stirie , & continua
d'y traiter les malades avec autant de fuccès que de réputation. Cela fut caufe
que l'Empereur Ferdinand I l'appella à fa Cour , & qu'il l'y retint durant le
relie de fa vie. Maximilien II , qui lui fuccéda , le nomma fon Médecin , &
lui continua la confiance pendant tout fon règne. Mais ce Prince étant mort en
1576 , & Salandus voyant qu'il n'étoit plus payé d'un emploi , dont on lui
avoit cependant confervé le titre fous Rodolphe II, il quitta Vienne fans rien
dire à perlbnne & fe retira à Milan , où il fit fa profeiîion avec la même cé-
lébrité que dans les autres villes. Las d'errer fans demeure fixe , il alla s'éta-
blir à Salo dans le Brefian , & il y mourut en 1630 , Agé de plus de cent
ans. Ce Médecin a donné un volume de Réponfes Médicinales , qui fut imprimé
à Milan , & un autre de la Panacée ou Elixir de Vie , qui fat publié à Venife.
Ferdinand, iba fils, né à Salo , mourut en la même année 1630. Il fit la Mé-
decine avec aflez de réputation , mais il n'atteignit point à celle de fon père. On
a de lui un Ouvrage intitulé :
Traclatas de purgadone, Acceffit Conjîlium de MelanchoUa Hypochondriaca , Catav
tIio falsd, diminutâ purgadone menfium ^ vomitu, aliifquc affeSibus pr<eter naturam.
J'eronts , 1607 , in-4.
SALATUS, CErafme^ Doreur en Philofophie & en Médecine dans le XVII
fiecle, étoit de Trapani, ville de Sicile dans la Vallée de Mazara. Il exerça pre-
mièrement dans fa ville natale & puis à Venife; mais ayant atteint la maturité
de l'âge, il prit le parti d ;tller à Palerme , où Ion favoir & fes fuccès lui méri-
tèrent un applaudi.fTemcnt univerfel. Le Cardinal Doria , Archevêque de cette
ville , ne manqua aucune occafion d'honorer les talens de fon approbation, & la
Dcrfonne de toute fon ciTime. Salaïus fit voir qu'il en étoit digne, & particulie-
r 0 M E ir. X
i62 s A L-
rement, lorfqu'il fut nommé , en 1624 , avec les principaux Médecins dePaîerme,
pour examiner le corps de la Bienheureufe Rolalie , native de cette vWle.Jordain
Cafcini fait mention de cet examen dans la vie de cette fainte fille.
On met la mort de Salatus vers l'an 1640, & on le dit Auteur de plufieurs
Commentaires fur différens Livres de Galien^ que Simon ^campo publia à Naples
en 1642 & en 1647^, fous fon propre nom; mais Jofeph Galeanus , qui avoit été
difciple de Salatus , a convaincu yJcampo de plagiat dans foo Traité D& Febrc
Epidemica, imprimé à Palcrme en 1648, in-4.
SALER NE C l'Ecole dej fut établie par Charlemagne en 802 ; elle eft la pre-
mière LJnuveriité Chrétienne où l'on ait enfeigné la Médecine. Cette Ecole , dit M.
Lorry dans la Préface qu'il a mife à la tête des Mémoires pour fervir à THiftoire
de la Faculté de Montpellier par ^jlruc , s'ert produite de l'aflemblage de plufieurs
Chrétiens, la plupart Moines, qui ayant étudié fous les Arabes , étoient revenus
fe fixer dans l'Italie, leur patrie; elle s'eft toujours plus reirentie du goût & de la
DialecVique des Arabes , que de la méthode des Grecs. Jugeons en par les Vers
fameux qu'un Médecin de cette Ecole a compofés au nom de toute cette Com-
pagnie. Aufli n'étant appuyée , ni fur des principes certains , ni fur le goût flat-
teur des principes de la Nature, elle n'a pas tardé à dégénérer. Nous le voyons
par le reproche que fait Gilles de Corbeil à cette Faculté, de recevoir dans fon fein
& au no.Tibre de fes Dofteurs , des enfans qui auroient eu beibin de Maîtres fages
& la vans. En effet, à l'exception d'un feul , Conjlantin , Moine du Mont Caffin ,
qui n'étoit qu'un compilateur, cette Ecole n'a fourni aucun Ecrivain digne de re-
marque, & a bientôt elle-même entièrement diiparu de deflus la terre. Ainfi parle
M. Lorry.
Si la mémoire de cet établifiemcnt s'eff confervée jufqu'aujourd'hui , c'efl: uni-
quement au Livre qui parut , en iioo, fous le titre à'Lcole de Salerne , qu'on
doit l'attribuer. Mais on n'eft: point d'accord fur l'Auteur de cet Ouvrage, .^ndry
a foutenu, dans le Journal des Savans, qu'il a été compote par Tufa & Rebecca
Guerna , Dames célèbres qui fe font Ggnalées par plufieurs Ecrits. Quelques Bi-
bliographes l'ont donné à .Arnauld dz /^Uleneuve ; on penfe cependant différem-
ment aujourd'hui, &i Ton croit allez généralement que Jean Milanais en eft l'Au-
teur, & qu'il le compofa au nom du Collège de Salerne. Cet Ouvrage fut dédié
à Robert, Duc de Normandie, fils de Guillaume le Conquérant & frère de SuiJ-
laume II dit le Roux, l'un & l'autre fucceffivement Rots d'Angleterre. Robert
revenoit de la guerre que les Croifés avoient portée dans la Terre Sainte, lorf«
qu'il s'arrêta dans le Royaume de Naples pour confulter les Médecins de Salerne ,
& fe faire guérir d'une plaie qu'il avoit reçue au bras. En iioi, ce Prince pafTa.
d'Italie en France, & ne manqua pas d'y apporter l'Ouvrage qu'on hii avoit dédié-
Le Livre intitulé YEcole de Salerne contient différens préceptes pour la confer-
T^ation de la fanté. On s'eft fervi de vers Léonins , peut-être parce que cette ma-
nière d'écrire éroit plus au goiît de Robert ; elledivement , cette forte de verfifi-
cation étoit alors fort à la mode en Normandie. C'eft par égard pour le même
FritKe qu'il eft parlé de la cure de La fiftule dans cet Ouvrage. On rapporte que
o
^ A L iC
T'a blefiure qu'il avoit reçue étoit dégénérée en cette efpece d^ilcere , & qve les
Médecins de Salerne lui avoient cônfeillé la Saccicn , comme l'unique moyen d'en
guérir. JVlais comme h plaie avoit été faite par une flcche empoironn^e* , Robert
ne voulut pas permettre qu'on tentât fur lui cette méthode, de crainte que la per-
fonne qui lui rendroit le fervice de fucer le venin qui empêchoit la guérifon ,'
ne s'exposât en même tems à la mort. Sybille, fille de Roger, Duc de la Fouille,
qu'il avoit époulée en Sicile au retour de Jéruialem , prit fur elle d'en courir tous
les dangers. Elle fuça pendant la nuit la plaie de fîjn mari , & continua à fon
infu julqu'à la guérifon ,• mais cette héroïne de l'amour conjugal périt peu de
tems après. C'eft ainfi que ce trait d'hiftoire eft rapporté dans la plupart des
Auteurs qui parlent de l'Ecole de Salerne. 11 pèche cependant du côté de la vrai-
femblance; car le poifon , dont la plaie de Robert avoit été infeflée , devoit être
diflipé par le tems qui s'étoit écoulé entre le moment de la blefiure & celui de la
fuccion par Sybille,' ou ce poifon s'étoit communiqué à toute la mafle des liquides,
& la fuccion feule ne pouvoit pas l'en débarralltr. 11 cft d'ailleurs tant de caufes
qui font capables de faire dégénérer une plaie en ulcère fifluleux , qu'il eft inutile
de recourir au poifon : c'cft bien alfez de fuppofor de l'impéritie & de la négli-
gence dans le traitement^ & du tems de Robert, les Chirurgiens n'étoient pas
plus adroits dans l'Armée des Croifés , qu'à Salerne.
Roger, premier Roi des deux Siciles en 1130, & les deux Guiilaumes , pre-
mier & fécond , qui lui fuccéderent , eurent beaucoup d'égard pour l'Ecole
de Salerne. F'ital , Hiftorien qui mourut en 1141, rapporte que de fon tems le
Collège des Médecins de cette ville étoit renommé par tout le monde. Benja-
min de Tudela , Juif qui avoit^eaucoup voyagé , confirme la même chofe , & dit
■que, vers l'an 1161, cette Ecole étoit la plus célèbre & la meilleure qui fût par-
mi, les enf'ans d'E"!om , c'oft-à-dire , les Chrétiens. Si l'on fait cependant attention
à l'Ouvrage qui nous refte fous le nom de cette Ecole , on peut juger des progrès
que fes Membres avoient faits dans l'Art de guérir ; ils font bien foibles après trois
iiecles d'étude, c'eft-à-dire, depuis l'an 802, époque de l'étab!iflemcnt , jufqu'en
1100 que cet Ouvrage fut compofé.
l'el qu'étoit le Collège de Salerne , on ne manqi'a pas de lui donner des fta-
tuts pour en alTurer l'exiflence & faire profpérer fon enfcignement; ces Oatut? font
même les plus anciens qu'on connoifle avoir It^. donnés à une Ecole publi-
que. J'en rapporte le précis. Saint Matthieu étoit le puron du Co'kge. Le fccau
portoit ces mots pour devife : Ciritas Hippocraris. Le nombre dis Do,.'>eurs éioit
borne à celui de dix ; ils dévoient fuccéder l'un à l'autre , ibivant l'ordre de leur
ancienneté. Les Candidats dévoient être examinés fur la Thérapectique de Galieiiy
le Livre d'wvifenne qui eft intitulé Canon AlcdiciriiS , & fur les ApLcvirm - fans
égard pour perfonne & avec beaucoup de févérité Ctlui qui \ oulvir être promu
au Dodorat, devoit avoir atteint fa vingt-unicme année, Ç Frzind croit qu'il faut
lire vingt-cinquième ou vingt. feptieme ) & devoit produire des tdmoignygcs d'une
étude fuivie pendant fept ans. Four être admis Chirurgien, il falloit l'ep^^lict-tion
d'un an à l'Anatomie. On failbit jurer à l'Afpiiant au Doclorat de ne rien f;.ire
contre l'honneur & l'intérêt du Collège, de fervir les pauvres gratis^ de ne point
«54 S A L
entrer en monopole avec les Apothicaires , en partagfcant avec eux le profit qu'ils pour-
Toient tirer de leurs médicamens au préjudice des malades. Après cela , on met-
toit un livre entre les mains du Candidat, on lui palToit un anneau au doigt,
on lui mettoit la couronne fur la tête , & on le congédioit après lui avoir donné
le baifer de paix. Il y a encore dans les ftatuts de l'Ecole de Salerne d'autres
articles . mais ils concernent la pratique. 11 yen a un , en particulier , qui enjoint
aux Apothicaires de ne vendre leurs drogues qu'au prix réglé , Sa de les préparer
i'uivant l'intention & l'ordonnance des Médecins.
L'obfervance de ces fiatuts fit fleurir l'Ecole de Salerne ; elle mérita la protec-
tion de l'Empereur Frédéric II qui lui accorda pluileurs privilèges vers l'an 1225 ,
entre autres , celui d'être la feule Ecole , avec celle de Naples , où l'on pût
prendre le degré de Licence. C'eft aux ordres de ce Prince & à ion amour
pour les Sciences , que nous devons les Vcrfions Latines de plufieurs Mé-
decins Arabes. Le Collège de Salerne profita peu de ces avantages ; il dégénéra
inienfiblement par le relâchement qui s'introduifit dans la difciplme , & les Uni-
verfités qu'on établit ailleurs , ne tardèrent point à efliicer le mérite, de fes
Doéteurs.
L'Ouvrage intitulé VEcole de Salerne eft un mélange de maximes vraies »
noyées dans quantité de faufles ; & à confidérer la dureté des Vers qui les
expriment , on reconnoît fans peine le génie du fiecle qui les a produits. Mais toute
mince que foit cette production , on ne s'elt pas moins empreffé à la lire; on
en a même multiplié les éditions , comme on n'a peut-être jamais fait d'aucun,
autre Ouvrage. En voici quelques-unes :
SclioIiS SakrnUarue Opufculum de confervanda valetadlne , cutn u^rnnldi Novîcomen-'
fis enarrationîbus , rccognitam per Jo. Curionem & Jac. Crellium. Parifih , 1545, inis,
L'Efchok de Salerne en Quatrains François , par l'Abbé ^ncelia. Paris, 1628 y,
£/i-8. Ibidem^ 1669, par Jacques Du Four.
Nova ^ntlqua Schola Salerna. Mechlinas ^ 1633, Jn-8.
Echoie de. Salerne en vers burlcfqucs. Paris, 165 1 , tn-12. Grenoble , 1657 , in-12^
UEfchole des Médecins de Salerne., enrichie de plufieurs beaux & do&esdifcours. Lyon.,.
1660, :/i-i2, par Martin. C'eft fans fondement qu'on attribue cette Verfion à
Gui Patin. Sous le même titre, avec des augmentations, Rouen, 1660, /7i-i2jpar.
Michel Le Long , Dodeur en Médecine à Provins.
Joannis de Medlolano Schola Salcrnltana , Jîve , de confervanda valetudine pracepta .
metrica., ex recenfione Zacharîa Sylvii. Roterodami, 1667, in-12.
Schola Salernicana de valetudine tuenda , cum animadverjîonibus Renaxl Moreau. Pa-
rifiis , 1672 , /n-8.
La Scuola Sdernltana dilucîdata. Venife , 1733, ;/ï-8, par Fulvio Gherlî.
VArt de confervzr fa famé compnfi par V Ecole de Salerne. TraduéVion nouvelle en-.
François par B. L. M. La Haye, 1743, '"-8. Paris, 1749, 1753 , w 12. On voit-
que jufques dans notre fiecle ce petii Ouvrage a eu cours *; c'eft l'ordinaire:
de tous ces Livrets qui promettent aux hommes l'acquilition ou la conferva-
tion de la fanté à peu de fraix. Mais le nombre des éditions de \E:olede Salerne.
ne fe borne point à celui qu'on vient de donner ; on remarque encore les-,
iuivantes:
s A L 165
Fn Ladp. Pife , i484,/«-i. Paris, 149;,, in-3. Leipfic , 1508, in-4. Francfort ,-
r^45, 1551» Ï553. '5.S7, 1559. 1582, IS99, '■"•« ". 1594^ 1612,1625, Jn-i2. An-
vers , issr ? ii-i'i- Co'oa;ne , 1606, in folio. Tubingue , lôj-a , in-8, Rotcrda.n ,
1649, ï^.T^ •> '"n-iî- La Haye, 1683, {/1-12.
En François. Lyon , 1501 , in-8.
En Ano;lois. Londres, 1579, 1607.
En Italien, Veniie , 1666, in-li.
Sx\LER.NE , fFrançois ) Médecin d'Orléans , mourut en 1760. Il aimoit pu°
tant le travail qu'il avoir de connoifTances pour y réuffir ; mais c'eft principalement
à l'Hifloire Naturelle qu'il s'eft attaché. Il a travaillé , avec ^rnault de NobkvlUc,
à la continuation du Traité de Matière Médicale que Geoffroy avoir laifle impar-
fait. Ces deux Médecins ont donné le Règne Animal , qui eft renfermé dans les
fix derniers volumes de l'édition Françoife du Traité de la Madère Médicale publié
à Paris en 1743 & années iuivantes , feize volumes j/1-12. L'HiJloire Naturelle des
animaux eft de 17^6. Elle s'étend fur les Infectes , les Poiflbns , les Amphibies ,
les Oiftaux , leS Quadrupèdes & l'Homme; mais la defcription Anatomique tient
la plus grande place dans chaque article de cet Ouvrage,
Le' goût de Sahrne pour THiftoire Naturelle lui avoit fait entreprendre la tra-
dudion du Synopjîs ^vium de Ray ; il en laifla en mourant le Manul'crit qui fut
imprimé à Paris en 1766 , deux volumes i'2-i2,rous ce titre:
EJJai fur PHiJtaire Naturelle des Oifeaux , ou Traducilon t/u Synopfis Avium i/e Ray ;
augmenté de Recherches critiques & d'Obfer rations curieufcs far les Oifeaux de nos c/i~
mars. Debure , qui en eft l'Imprimeur , donna en 1767 une édition îra-4 , avec figu-
res , lous cet autre titre ; VHiftoire Naturelle., éclaircie dans une di fes parties princi-
pales , VOrnithologie , qui traite des Oifeaux de terre , de mer fif de rivi^rz , tant
de nos climats que des pays étrangers: Ouvrage traduit du Latin du Synoplis Avium de
Ray , augmenté d'un grand nombre de Defcriptions & de Remarques hiftorîques fur le ca-
ractère des Oifeaux , leur indujïrie ., leurs rufes.
On doit encore à Salerne un Mémoire préfenté A l'Académie Royale des Sciences
de Paris fur les maladies que caufe le feigle ergoté. Les Obfervations de l'Auteur ,
qui étoit Correfpondant de cette Académie , regardent principalement la Pologne ,
petit pays de l'Orltanois, où cette maladie du grain fait le plus grand ravage.
Notre Médecin a laiflë un Manufcrit , in-folio , qui eft pafl'é dans les mains c'^r-
nault de Noblevllle , & qui contient VHijloire des Plantes qui cro'.ffent aux environs
d'Orléans ; par M. Lambert de Cambrai., ancien Maître des Eaux & Forêts; con-
tinuée depuis par M Duhamel & par M. Salerne. Ce Manufcr't a été employé
dans les Obfervations fur les Plantes , p&T M. Guettard , de l'Académie des Sciences,
Paris , 1747 , deux volumes in-12,
SALICET , ("Guillaume DE J Médecin natif dé Plaifance , exerça fa pro-
feftion à Vérone vers le milieu du XIII liecle. Il eft le premier Praticien qui ait
prefcrit à fes malades des remèdes tirés de la Chymie ; mjais comme il ne fe
borna pas au traitement des maux internes, & qu'il fe diftingua par lé? connoif.
fances chirurgicales, on n'a pas balancé d'enlever cet Ecrivain à la Médecine. v
iG6 S A L
pour le donner à la Chirurgie, (nns faire attention qu'un feul & même homrn*
remplifToit alors ordinairement les devoirs de l'une & de l'autre de ces deux par-
ties de l'Art de guérir. Salicet parle d'une façon particulière de tirer la pierre de
la veilie & du traitement des plaies. Sa méthode en général vaut mieux que
celle des Auteurs qui ont écrit avant lui ; il ne la borne point à la feule sp-
plication des méoicamens ; il propofe des opérarions , & il paroît les avoir pra«
tiquées lui-même. Parmi les cures qu'il a faites , on voit qu'il a guéri une pkie du
Bas-Ventre par la future, & la luxation d'une vertèbre par la rédud^ion. Il le
fervoit cependant de beaucoup d'onguens & d'emplâtres, & même trop fréquem-
ment : Gui de Cauliac le cenfure à cet égard , mais il lui donne d'ailleurs le titre
de f^akns homo, & celui d'homme entendu en Médecine & «n Chirurgie. Il eut
certainement une longue expcrience, dit Frclnd, & il iemble avoir mieux connu
fa profcflion que ceux du même tems. Quoiqu'il ait écrit comme eux d'un ftyle
barbare , & qu'il ait fouvent copié ^Ibucajh & d'autres , il a cependant plus l'air
d'un Auteur original. Il femble avoir été le premier qui ait confeillé les eaux
jnercurielles pour le vilage, & il s'étend davantage que les contemporains fur la
cure du Sarcoceile. Il die que les nerfs qui prennent leur origine du cerveau &c
de la nuque, fervent aux mouvemens volontaires, & que ceux qui partent d'ail-
leurs , font deftinés aux mouvemens naturels & vitaux.
Ce Médecin mourut en 1280. Il laiffa une Pratique qui fut long-tems en vogue
fous le nom de Guillelmia &c qui parut fous ce titre:
Summa confcrvuùonU & curatlonis. f^cnetils , 1489, in-folio. LlpJΣ , ^495 1 in-folio.
11 a audi écrit Xne Chirurgie qu'on a publiée en Latin à Venife en 1502 &
1546, in-folio; en François par Nicolas Prevot , Médecin , Lyon, 1492, :n-4 , Pa-
ris, 1505, 1596, même format, fous ce titre •• La Cyrurgie de M. Guillaume de
Salicet , dà de Placentia.
SALINS , CHugues DE ^ Do£leur en Médecine de la Faculté d'Angers, étoit
de Beaune en Bourgogne. Le 5 Janvier 1688 , il fe lit aggréger au Collège
des Médecins de Dijon , & fut eniuite pourvu d'une charge de Secrétaire du
Roi en la Chambre des Comptes de Dole. Il eft mort à Meuifault, village
près de Beaune , le 28 Septembre 1710 , âgé d'environ 7^ ans.
Ses Ouvrages ne confiftcnt qu'en Vers & en différentes pièces de Littérature,
comme une Lettre contre Moreau de Mautour far la ville de Bibradle. Dijon ,
1708 , ift-S. Mais il a procuré une nouvelle édition de l'Ecrit de Jean-Bapilftt
de Salins , fon frère , qui eR intitulé ; Défenfe du vin de Bourgogne contre le vin
de Champagne , pour la réfutation de ce qui a été avancé, par P Auteur de la Thefe
Jcutenue aux Ecoles de Médecine de Rheims , /e 5 Mai 1700. Dijon , fous le nom de
Luxembourg, 1704, ira-4. La première édition eft de 1701. Cet Ouvrage qu'on
peut regarder , pour fon objet , comme une Oraifon de Cicéron Pro domo fi:â ,
fut traduit en Latin , fous ce titre ; Defenpo vini Burgundîonis advenus vinum
Campanum , & parut à Beaune en 1705 , à Dijon en 1705. On croit que le
Tradudlcur ef^ le même Hugues de Salins. Il laifla un fils , Claude , né en 1664 ,
cjui prit le bonnet de Dodteur en Médecine & fut Maître des Comptes à Dijan
s A L r6?
Jean-Baptijîc de Salins , frère de Hugues , fut au(îi Doifleur en Médecine. Il
étoit de Beaune , où il mourut le i8 Février 1710 , âgé de 80 ans.
SALLUSTE de Mopfuete , Médecin du premier fiecle , vécut fous Tibère,
Suidus en fait mention , & Pline cite un SallujHus Dionyfius qui paroît être dif-
férent du premier.
SALMUTH , ( George ) Doéleur de la Faculté de Médecine de Montpel-
lier , étoit de Leipfic. Non content des progrès qu'il avoit faits en France ,
il pafla en Italie & s'arrêta à Padoue , dans le delfiin de s'y peifedtionn er ^
mais on le rappella bientôt dans fa patrie , pour lui donner la Chaire d'Ana-
tomie & de Chirurgie. Son mérite le fit monter à la charge de Médecin de
la Cour Eledorale de Saxe ; il fit honneur à cet emploi , ainfi qu'à celui de
Profelfeur qu'il remplit jufqu'à fa mort arrivée en 1604 , à l'âge de 50 ans. On
ne connoît rien de lui qu'un Ouvrage imprimé en 1585, //i-4 , fous le titre de
Quajïta quidam Chirurgica ; mais il n'ett peut-être qu'une Diflertation Académique,
en forme de Thefe, forte d'Ecrit que certains Bibliographes nous donnent fré-
quemment comme des Traités d'une grande étendue.
Philippe Salmuih , autre Médecin Allemand du môme fiecle , fervit le Prince
d'Anhalt. Il a lailfé au public :
Obf'crvationum Mcdicarum CenturLs très pofthuma. Brunfvlg(e , 1648 , m-4, L'Au-
teur ie plait à y rapporter des chofes extraordinaires ; mais dupe de fon amour
pour le merveilleux , il n'a que trop fouvent donné des fables pour des vérités.
SALOMON , Roi de Judée , commença à régner l'an du monde 2991. Flave
Jufeph dit que Dieu avoit rempli ce Prince d'un favoir & d'une intelligence fi
extraordinaire, que nul autre dans toute l'antiquité ne lui avoit été comparable
& qu'il furpafToit même de beaucoup les hommes les plus infiruits de l'Egypte
Les Livres Saints nous apprennent que fon favoir étoit fi étendu , qu'il con-
Boiflbit depuis le Cèdre du Liban jufqu'à rHyffope qui fort de la muraille
& qu'Vl avoit éc-it roa^haat lis lieptiles , les PoilFons , les Oifeaux & tous les
autres animaux. Salomon lui - même , entre les autres connoifiances qu'il s'at-
tribue au Livre de la SagefTe , Chapitre V , alFure qu'il n'ignoroit rien de
tout ce qui a rapport à la différence des plantes & les propriétés des racines
Ue tout ceci , il paroît que ce n'etl pas fans raiibn qu'on compte ce Roi parmi
ks hommes dont on admire l'intelligence dans la partie de la Médecine à qui
on a donné le nom de Botanique ," mais c'efl: pouffer trop loin la choie , que
de dire , avec certains Hiftoriens , qu'il a cultivé l'Anatomie & la Chirurgie
-& de lui attribuer , avec les Alchymiftes , le Livre De Lapide Minerai! , guen
P hilofopkorum appdlant , que Jean Rhenanus a mis dans le Recueil imprimé à
Francfort en 1625 , fn-8.
Flave Jofeph dit encore que la Reine d'Ethiopie , celle que les Livres Saints
nomment la Reine d'Orient , & qui vint à Jérulalem vérifier par elle - même
ce qu'elle avoit entendu de la fageflè de Salomon , fit préfent à ce Prince de
la plante qui produit le Baume , & que la culture multiplia cet arbre précieux
dans ks Jardins de Jciicha..
i65 • ' S A î.
Suidas remarque qu'on avoit gravé dans le veftibule du Temple de Jérufalem
tout ce que contenoit un Livre de Salcmon , qui étoit intitulé : Remèdes pour
traiter les maladies ; mais qu'Ezéchias avoit fait eflacer tout cela , parce que le
peuple qui en tiroit des moyens de guérifon , négligeoit de s'adrefier à Dieu
pour lui demander la fanté. Suidas parle fans doute 'd'après les Rabbins , qui
le ibnf imaginés qu'on avoit pratiqué la même choie dans le Temple du vrai
Dieu que dans celui â'Efculape , où les Païens alloient confulter les Tableaux
des guérifons attribuées au Dieu de la Médecine. Rien de pareil) ne le trou-
voit i l'entrée du Temple de Jérufalem ; c'étoit le Livre même de Salomon
que le peuple alloit confulter dana l'endroit public où il étoit confervé. Euf&be ^
qui cite yJaûJîaft: de Nice , s'explique afléz clairement à ce fujct , iorlqu'il dit :
Libros Salonioàls , qui fcripti erant de Proverbiis & Odis , in quitus tradabatur de na-
ture plantarum & omnt génère anlmalium , & de curatione morborum , de medio fuftulit
E^ccklus , proptireà quod morborum medclas indè populas accipjiret , e? nïhili faceret
à Deo petere curatioaem.
Flavi Jofeph a remarqué qu'il y avoit, du tems de Salomon, plulieurs Juifs fort
favans en Mé^iecine ; il en cite quatre, comme les plus habiles, Ethan , Heihan,
Chalcol & Darda, tous fils de Mahol. Leurs noms fe trouvent aulli dans le troi-
fieme Livre des Rois , où il eit dit en parlant de Salomon : Et pnecedebat fap'ientia
Salomonls fapientiam omnium Orientaliam & ^gyptlorum , & erat faplentlor candis ho-
minibus: faplmtlor Ethan E^rahitay & Heman , & Chalcol, & Dorda^ filiis Mahol.
SALOMON BEN VIRGA , Rabbin Efpagnol & favant Médecin au commen-
cernent du XVI fiecle , a ^crit une Hiftoire de ce qui eft arrivé aux Juifs depuis
}a deftruéVion du Temple de Jérufalem jufqu'à fon tems. Cet Ouvrage intitulé:
Schebet Juda, c'eflà-dire, Inhus Judée ou plutôt F'IrgaJudcS, a été traduit en
Latin par George Gentius. Il a paru à Amfterdam en 1651, in-4. , par les foins
de Pierre Noël. Les Juifs efliment beaucoup ce Livre qu'ils ont fait paroître en
diverfes Langues, comme en Allemand, en Portugais, &c. Bafnageen a fait ufage
dans fon Hiftoire des Juifs.
SALPÉ, Sage-femme étoit de l'Ille de Lesbos, aujourd'hui Métclin dans l'Ar-
chinel. uithinée le Grammairien parle d'elle dans fes Diphnofophiftcs ; il fait dire
î\ Nymphodore que cette femme a écrit fept Livres des remèdes propres aux ma-
ladies de fon fexe.
SALTZMANN, C Jean Rodolphe ) Médecin natif de Strasbourg, enfeigna
publiquement dans cette ville , en qualité de premier Profïfleur de la Faculté,
ïl étoit Doyen du Chapitre de Saint Thomas à Strasbourg , & Médecin ordinaire
de la même ville, lorfqu'il y mourut le 11 Décembre 1656, à làge de 83 ans.
On a de lui;
Confultatio Medica de curando Melancholico. Argentorati , 1611,.. m-8, dans le pre-
mier Tome des Oraifons de Strasbourg.
i)e dlata fraciorum ojfium. Oppenheimii, 161 1 ,iV8, avec les obfervations A'Hildanus.
Z>c Anaiomicis quibufdam Obfervatlonibu Epiftola.Ulma , 1628, :/i-4 , avec les Ob-
i&rvationi
s A L • - 169
Tervations de Grégoire Horfllus. Les obfervations Anatoniiqucs de Sah^mann (ont
en plus grand nombre, & quoiqu'elles aient été recueillies entre les années 1610
âî i6if , elles n'ont paru que bien tard, par les Ibins de Théodore Wynandfi qui
les fit imprimer à Amfterdara en 1669, :n-i2, fous le titre de F'aria ob/ervata
^aatomica.
SALTZMANN , C Jean ) de Strasbourg , fit fes premières études dans cette
ville, où il s'appliqua enfuite à la Médecine avec tant de luccès, qu'il y mérita
les honneurs du Doctorat. L'envie de le perfeftionner lui fit entreprendre de
longs voyages. De retour dans fa patrie , il donna tant de preuves des progrès
qu'il avoit faits, fur tout dans l'Anatomie & la Chirurgie, qu'il fut nommé à la
Chaire de cette première Science en 1708. C'eft à lui qu'on doit rapporter l'éta-
blilFement de la Leçon de Chirurgie à Strasbourg; il y enfeigna cette partie de
l'Art dont perlbnne ne s'étoit occupé jufqu'à lui, mais qui depuis a toujours été
traitée par le Profefleur d'Anatomie. Sdt:^mann remplit ces deux Chaires avec
réputation, & fit tant d'honneur à l'Univerfité de Strasbourg, qu'il en mérita les
regrets les plus finceres à fa mort arrivée en I7.'^4, dans la 31e- année de fon Doc-
torat. Ce Médecin a iaifle plufieurs bonnes Diflèrtations Académiques qvi roulent
principalement fur l'Anatomie & la Chirurgie, dans lefquelles il excelloit, & qui
font voir combien il avoit de goût pour l'obfervation.
SALVIANI ( Hippolyte J naquit dans une famille noble à Citta-diCaftello dans
rOmbrie, & profelia la Médecine à Rome, où la profondeur de fon favoir & la
confiance de fon aOiduité à obferver le cours des maladies lui méritèrent les fuc-
cès qui couronnèrent fa pratique. Ils lui méritèrent encore Teftime & la confiance
du Pape Jules III qui le mit au nombre de fes Médecins. Après la mort de Jules
en 1555, 5(2/^^71; continua d'être beaucoup répandu dans le public , & de s'y
xJiflinguer par fes taleos , la fageffe de fes confeils & la prudence de fa conduite.
11 mourut à Rome en 1572, ù l;â3:e de 58 ans, & laifla plufieurs Poèmes & Co-
médies Italiennes, dotit la compofition le dillrayoit de fes éludes férieufes. C'efl:
à celles-ci que nous devons;
De P'ifdbui Tomi duo , cum eorumdem figuris are incijîs. Rcma^'x^^^ ^ 159" ? in-fo-
lio. Ouvrage magnifique qui fut imprimé en grand papier , aux fraix de l'Auteur
mais dans lequel on trouve plus de détails propres à amufer les Curieux , qu'à éclai-
rer les Phyficiens fur la nature des poilibns.
De crijîbus ad Gaknl ccnfuram Liber. Roime ^ I55^» '^^•
De aquatilium. anbnalium carandurum formis. f^cmnis , i6o3 , l6o2 , in»foUo, C'eft
le premier Ouvrage fous un titre nouveau. L'édition de Rome- eft fupérieure à
celle«ci.
Ce Médecin eut deux fils qui fe diftinguerect dans la République des Let-
tre?. GiCpar , excellent Poëte , fit honneur à l'Académie des Humorîftes , dont il
étoit Membre. Sulufte , Dof\eur en Philofopbic & en Médecine ,' & Profefièur
de Théorie à Rome , fa patrie , a joui d'une grande réputation qu'il a foutenuc
par les Ouvrages. Tels font ;
De. cahre naturali^ acquijhd & febrili Llbri duo. Roma^ 1586, J/i-8.
T û M E t l^. Y
j;o. S A L S A M
De. Urinarum diferentus , caufîs & judicn-i Libri duo. Jbîd&m ^ ^5^7 > '"''-^■
yariarum Le&ionum de Re Mcdicà Libri très. Ibidem , 1588 , m-8.
De crifibus Liber. Ibidem, 1589, in-S. C'efl: l'Ouvrage de Ion père qu'il fit réimprf-
mer. 11 a encore paru à Lyon en 1605 , lia~B.
SALVUS SCLANUS, ProfelFeur d'Anatomie dans l'Ecole de Naples, fa pa-
trie , fut en réputation après le milieu de XVI fiecle. Les Ouvrages qu'il publia--
iur Hippocrate & lur Galien lui firent honneur; mais comme ils ont été remplacés
par des Corr.ratntaires qui valent mieux, ils font peu luivis aujourd'hui. Tels
qu'ils Ibient , voici les titres fous lelquels ils ont paru :
Commentaria in. ^phorifmos Hippocrans, f^enetiis , 1579, isS.-? , /n-4.
Comment jria in très Libros yinis Mediclnalis Odeni. Ibidem, 1597, m-4.
Jean ^Itimarus , Médecin de Naples, ne manqua pas de foutenir fes fentimens
contre les attaques de Salvus Sclanus qui les avoit cenfurés dan? fes Commen-
taires fur Hippocrate:, mais celui-ci lui ripolta par une Apologie publiée à Venife
en 1584, /n-4.
SAMBUC, ( Jean ) Médecin natif de Tirnau en Hongrie , vint au monde
au mois d'Août 1531. 11 fréquenta les plus célèbres L^niverfités d'Allemagne , d'I-
talie & de France , & s'y rendit très-habile dans la Médecine , les Belles Lettres ,
la Poéfie , THiitoire & les Antiquités-. L'opinion où il étoit qu'on perdoit à être
privés des Ecrits des Auteurs anciens les plus célèbres, l'engagea non feulement
à en faire la recherche avec beaucoup de peine & de diligence , mais encore à
dépenfer des fommes confidérables pour kur imprefiion. Sa libéralité î\ cet égard ,
ainfi qu'au fujet des médailles qu'il fe procura à grands fraix , peut être comparée
à celle des Princes les mieux intentionnés pour les Lettres. Comme la fcience de
Sambuc alloit de pair avec le zèle qu'il avoit de la communiquer aux autres,
fon mérite perça à la Cour des Empereurs Maximilien II & Rodolphe II, dont il
fut fucceffivement Confeiller & Hiftoriographe. Il ne fervit le dernier que pendant
fept ans & quelques mois , car il mourut d'apoplexie à Vienne en Autriche le 13
Juin 1584 , dans la 53e. année de fon âge. On a de lui une Hiftoire de Hongrie
depuis Matthias jufqu'à Maximilien H; elle eft affez exade , mais on ne la trouve
point également impartiale. On a encore les vies des Empereurs Romains, des
Traductions Latines d'Héfîode , de Thénphylate , & d'une partie des Œuvres de
Platon , de Xénophon & de Thucydide; des Commentaires fur l'Art Poétique à'Horacc
il des Notes fur plufieurs Auteurs Grecs & Latins. Celui de fes Ouvrages
qui a le plus de rapport à la Médecine , eft un Recueil contenant 67 por-
traits, la plupart des Médecins du XVI ficcle , avec un abrégé de leur vie. li
eft intitulé :
Icônes , feu^ viv<e imagines Medlcorum & Philnfopborum veterum & recentium. ^iit-
yerpite^ I574 > in-folio. Lugduni Batavorum , 1603, in-folio.
Nicolas Rcufner a confacré cette Infcription à la mémoire de Jean. Sambuc i
•)
s A M - s A N , ^^^
JoANNES SaMBUCUS
Tlrnavia, Pannonite Oppidô, natus ig^T.
Qui phrtfque in ^cademlis Italits ^ Germanits , Gallits , cuin laude verfatus ;
Qui prater cateros unus cum Litteris humanîtatem ,
Graca cum Latinis^
^adqua Philojbphla fcientiam cum elegantia do&rinte conjunxlt:
Medicus elegans ,
Poëta Scitui,
^ntiquarius folers :
Divo Maximiliano et RodolphoU Avg.Cjes.
A ConfiUis & Hiftorîis :
Maximum gloriam ,
Càm propriis Scriptis elucubrandis ,
Tùm Authoribus vzteribus recolUgendis ^
Et quafi à monuis excltandis ,
Adeptus in Orbe ChrlJUano univcrfo.
Obiit Viennes Auftria^
Idibus Junii , AnnÔ Salutis M. D. LXXXIV.
jStatis LUI.
SAMMICHELLUS , ("Nicolas) Médecin, mourut à Venife , fa patrie , en
1:578. M. Portai lui attribue la découverte de la Veine Bronchique , mais il ajoute
que la defcription qu'il en donne , eft peu exafle.
SAMSO>f, f Saint J Médecin du VI fiecle , fe fît Prêtre, & en cette qualité,
fut prépoié au gouvernement de l'Hôpital que l'Empereur Juftinien le grand avoit
t'ait bâtir à Conftantinople. Il mourut vers l'an 530.
SANCASSANl C Denis. André ) naquit le 7 Avril 1659 , dans une petite ville
du Modenois , où François , fon père , pratiquoit la Médecine. Après avoir tait
de bonnes études d'Humanités, partie à BreCello dans le Modenois, partie à Ko-
zolo dans le Mantouan , toujours à la fuite de fon père qui chaageoit ainli de do-
micile, il apprit fous lui les premiers principes de la Médecine. Mais il perdit mal-
heureufement cette reffource au commencement de fa quatorzième année; la mort
le priva, en 1672, d'un père qui fe propolbit de lui applanir les d'tticukés qui
rebutent les jeunes gens dans la carrière de la Médecine. Marguerite Avlgnia ,
qui regardoit Dcnis-Andié , l'ainé de fes er.fans , comme le foutien futur d'une
famille qui n'étoit rien moins qu'opulente , l'envoya à Bologne bientôt après la
mort de fon mari , pour y faire fes cours de Philofophie & de Médecine. Il réuilit
dans l'une & l'autre de ces Sciences , & prit le bonnet de Dofteur en la féconde !e
4 Mai 1677. Se livrer à l'étude profonde de l'Obltrvation à l'â,?e de diX-huit ans,
c'eft un phénomène dan.« un jeune homme, dont le goût . devroit, i'emble-til , fe
porier tout naturellement vers les plaifirs &e les amufemens ; tilais Sancajfani pec-
i?x " SA N.
fuit plus mûrement. Il fe [rendit à Florence , & s'y appliqua à la Pratique
dans le célèbre Hôpital de cette ville , connu fous le nom de Sainte Merie la.
Neuve. Au bout de deux ans , il alla retrouver fa mère à Reggio dans le
Modenois , & comme il étoit déjà au fait de la cure des malaaies , il cia , à..
l'âge de vingt ans, fe charger du traitement de celles qui paflent pour être les
plus rebelles aux remèdes. Les fuccès répondirent à fes foin- ; mais il quitta cette
ville où le mérite n'étoit pas récompenfé , pour efiaye: fi fa proièllion ne lui;
feroit pas plus avantageufe ailleur:?. Après avoir parcouru diffcrens endroits de l'Ita-
lie, & s'être arrêté en particulier à Comachia, où il fe maria, mais qu'il abandon-
na, en If 08, à caufe des troubles de la guerre, il vint enfin fe fixer à Spolete. Il
y jouifibit encore d'une fanté ferme en 1727, à l'acte, de 6B ans ; cependant ,,
comme le dernier Tome de fes EcLinc'iJfemens fut donné pour un Ouvrage pof-
thume en 1738 , on peut conclure qu'il mourut peu de tems après avoir publié
le troifieme en 1737. Le premier a paru en 1731 , & le fécond en 1733. Le.
titre porte :
Dîlucidaiioni FiJîco-McJiche. Rome, quatre volumes in-folio. Cet Auteur eft d'une.-
prolixité rebutante.
Les autres Ouvrages de SancaJJani font intitulés :
Polyandrion , feu , Dijfenationum Eplftolarium Enneas. Ferrarîa, 1701 , w-4.
// Chirone in campo^ 0 flaji c fîcuro modo di medicar IL ferite neW armate. La pre-
mière édition eft de 1708, /n-8 , la féconde de Venife 1729, môme format, deux
volumes. Celle-ci eft un Recueil des Traités publiés par Bdlofte , que Sancajfani.
a mis en Italien , avec un parallèle des maladies des os & de celles des par-
ties molles.
Jtphorifmi generaii dtUa cura deîîe ferite col modi di Magati. Venife ,. 1713 , in-8.
Cinque dijînganni Chirurgici per la cura délie ferite. Venife, 1713 , ûi.B, fous le
nom à'uintoine ^occûc/ni. Chirurgien de Comachio , avec quelques Lettres pour
détromper encore plus etticacemeiu le public fur l'abus des tentes dans le pan-
fement des plaies.
Cinque dijînganni per la cura délie vlcere. Venife, 1714, in 8. Il veut qu'on
traite les ulcères comme les plaies.
Cinque dijînganni de'i feni. Venife, 1715 , j/j-8. Il combat encore l'ufage des
tentes , même celui des , injeél^ions , & prétend que l'un & l'autre donne lieu
aux finuolités dont les plaies font fi Ibuvem compliquées. Ce Médecin a déployé
toute la vivacité de fon zèle pour rappeller aux Chirurgiens les fages confeils
que Céfar Magatus leur avoit donnés long-tcms avant lui ; & pour faire voir
combien il eftimoit fa méthode , il ajoutoit ordinairement le nom de Magatus
au.fien. Le Recueil des Ouvrages de Sancajfani a paru à Rome en 1741 , quatre
volumes in-folio.
Notre Médecin fe diftingua non feulement par la connoifîance qu'il avoit de diP-
férentes parties de fon Art, mais encore par celle des helles-Lettres , & en parti-
culier , de la Poéfie Latine & Italienne.. C'ell à la variété de. ces talens qu'il a
dû l'entrée dans la plupart des Académies de ITtalie: telles font celle des Intrcm.
p;ii . de Ferrare , celle de Philopponi de Faenza , celle des OJfufcati de Céfene ,
'4ss Rinvigoriti de FoUgni , des arcades de Rome & de VJnJîitut de Bolog.ne.
s A N 173'
SANCHE , ( Pierre J Médecin , dont ^jîruc tait mention dans fes Mémoires y
étoit de Montpellier. En 1616, il fut promu au Dodorat dans les Ecoles de la ville
natale, où il remplit long-teras une place d'Aggrégé ; mais il obtint enlin la Chaircr
vacante par la mort de François Ranchin. Ses Provilions , qui font du 10 Mai
1641 , portent qu'il a été nommé Protelleur fans aucune difpute pour ju2;ep
du mérite des concurrens; elles n'excluent cependant point ceux qui pourroienr
fe prélenter , & en particulier les Médecins qui avoient dilpuié , avec Sandii
Itij même , pour les deux dernières Régences conférées à Durant & à SuUniac.
Pierre Sanche mourut en 1667 , & laiffa un fils du même nom , qu'il avoir vu
prendre lès degrés à Montpellier en 1650, & fuccéder le 9 Odobre 1659 kLaïaie
Rivière. Cette nomination tut luivie de quelques débats. George Scharpe & Pierre
Benoit fe pourvurent contre elle , ainfi que contre celle de Michel Chicoyneau.
à la Chaire de Jacques Durant ; mais ils furent déboutés par un Arrêt du
Confeil. Sanche iurvécut peu de tems à Ion père ; car il mourut en 1668. La
Faculté y gagna du côté de la tranquillité : ils furent l'un & l'autre , dit ^ftruc ,
des efprits chauds & turbulens , & ils excitèrent plufieurs conteftations délagrca-
bles à leurs Collègues..
SA NCHEZ ,( François J> Médecin qui vécut vers la fin du XVï fie de ,
étoit d'Oropefa , ville d'Efpagne dans la Caftille nouvelle. Il fit les cours dans
rUniverfité de Salamanque , & pafla delà à Séville , où il exerça avec beau-
coup de réputation. Sa vie fut une étude perpétuelle ; il en employa la plus
grande partie à méditer les Ouvrages des Auteurs Grecs qu'il avoit choifis pour
guides dans Je traitement des maladies. On a de lui quelques Difcours & Con.
lultations en Efpagnol , qui ont paru à Séville depuis 1593 juCqu'en 1599.
SANCHEZ , C François J Profefleur à Touloule dans le XVII fiecle , étoit de
Brague en Portugal. Il fut tranfporté à Bordeaux dans fon enfance par fon
père , habile Médecin , que des raifons de convenance engagèrent à quitter la
patrie. Dès qu'il fut dans un âge à le fufiire à lui-même , il voyagea en Italie
& s'arrêta quelque tems à Rome ; mais il repafla de'à en France & fe rendit
à Montpellier , où il s'inlcrivit dans les Regiftres des Matricules , non pas en
^575» comme dit yîftruc dans les Mémoires, puilque Sanche^ n'avoit alors qu'onze
ans , mais beaucoup plus tard. Après avoir pris fes degrés dans l'Univeriité
de cette ville , il parut avoir quelque envie de s'y fixer. Ce tljrent les guerres
de Religion qui le détournèrent de ce dellein &i lui firent prendre le parti
d'aller à l'ouioufe , où il enfeigna la Philoibphie pendant vingt-cinq ans & ia
Médecine pendant onze. 11 mourut en 1632., dans la Ibixante-dlxieme année de
fon âge,
Sunchei a corapofé beaucoup d'Ouvrages de Philoibphie & de Médecine ,.
qu'on a recueillis après fa mort co ua volume i/1-4 , imprimé à Touiojie en
1656 , fous ce titre :
Opéra MeJica. His junSti funt Tra^atus quidam. Philofophici non infubtlles. On ne
lit guère les 'l'raités de Médecine , mais on liloit encore ks Traites Piilofo-
Rhiques au commencement de ce fiecle. Cet Auteur y a porté bien loin les^
174
SAN
idées fur le fcepticume , particulièrement dans l'Onvrage intitulé : Qu'iJ nîhiî
fcitur , Liber, Ce dernier fut publié léparément à Francfort en 1618 , i/i-8 , &
à Roterdam en 1649 , i/i-12, avec quelques autres fur la longueur & la briè-
veté de la vie , fur le Phypoenomicon à'^r'ijlou , & fur la divination par le fom-
meil. Ulric fFLddius a mis au jour à Leipfic , en 1661 , une réfutation du
Icepticifme de Sanchei.
SANCTUS , Médecin , remporta la couronne du martyre dans le deuxième
iiecle , à peu près du tems de Galiea.
SANDEN , C Henri VAN J fils de Bernard, ProfefTeur de Théologie, vint au
monde à Konigsberg le a8 Juillet 1672. Son goût pour la Médecine l'arracha
à fa patrie , où il s'étoit mis au fait des premiers principes de cette Science ;
il paflà en Hollande , iuivit les plus célèbres Profefleurs des UniverGtés de ce
pays , & ne revint à Konigsberg qu'après avoir acquis les rares connoifiances
qui lui méritèrent le bonnet de Dodeur dans la Faculté de fa ville natale -,
le 10 Juillet 1696. L'année fuivante , il commença d'y enfeigner la Médecine
en qualité de Profellëur extraordinaire , & continua de remplir cette Chaire juf-
qu'en 1704 , qu'il fut encore chargé de celle de Phylique. En 1713 , il fut
reçu dans l'Académie Royale de Berlin ; en 1714 , il entra, comme Adjoint,
^ans la Faculté de Konigsberg ; en i^ao , il fut choiti Refteur de l'Univerlité
de cette ville , & reprit cette Klagiftrature Académique en 1728. Il ne finit pas
fon fécond Redorât ; car il mourut le 10 Août de cette année.
On a de lui plufieurs Obfexvations dans les Mémoires de l'Académie Impé-
riale des Curieux de la Nature , & une autre De prolapfu uteri laverfi ab txcrtf,
centia carnco'fangoià in fundo ejus interna , ex potu infujî Crépitas Lupi enatà. Lipjîte ,
1722 , in-4. L'Auteuc y a joint plufieurs remarques Anatomiques & Chirurgi-
cales ; il les poufie même jufqu'à prétendre qu'on peut extirper la matrice par
defius les os pubis , & par l'endroit du bas-ventre où l'on pratique l'opération
céfarienne. Mais il ne paroît pas que ce moyen curatif ait été adopté; les confé-
quences dangereulés qui en réfulteroient , ont difparu aux yeux du feul F'an Sanden.
SANDERS ou SANDERUS , CJeanJ de Gand , célèbre Médecin du XVI
fiecle, fut père de Liévin ^ dont le fils , Antoine , Chanoine d'Ipres & Théologal
de Térouane , a donné au public un grand nombre d'Ouvrages en vers &
«n profe.
Jean Sanden s'appliqua de bonne heure à la Médecine , & il y fit de fi grands
progrès , que l'Empereur Charles-Quint l'honora du titre & office de fon Médecin-
Conlultant. Son fa voir & fa probité le firent encore eftimer & chérir de fes concitoyens ;
ces qualités lui donnèrent mcme tant de crédit dans la ville de Gand, qu'il remplit à
diveries reprifcs la charge d'Echevin ou quelque autre iemblable , que M. Pa~
quoi, que je copie, ne déligne pas. Sandcrs étoit alors marié avec une Dame de
qualité', nommée Livine Seelandt ; mais l'ayant perdue , il embralTa l'état eccléfiaf-
lique & fut pourvu d'un Canonicat de Saint Bavon. Ce doit avoir été après
i/an 1556. Il a écrit plufieurs Ouvrages, dont on ne connoît que celui intitulé;
SAN iM
Methodus curandarum agrltudinum , qui étoit en Manufcrit dans la Bibliothèque d'-^j-
toine , ion petit-fils.
SaNDRI, ( Jacques J Noble Bolonois , reçut les honneurs du Doctorat dans
la Faculté de Médecine en l'Univerfité de fa ville natale , où il enlcigna publi-
quement l'Anatomie & la Chirurgie. 11 y mourut le 23 Avril 1718 , & laiiia va
Ouvrage dans lequel on trouve pluiieurs remarques originales fur le mouvement
du lang. Le titre porte :
De aaturali & pneternaturali fanguinîs ftatu Specimina Mcdica. Bononîa ^ i6q6 ,
1/14. Francofunl ^ 1712 , i/i-8 , avec un Traité De f^entrîculo iS Emciicis.
SANGUIN ACCIUS, ( Joannin^ Médecin de Padoue , prétendoit juger ds
l'état d'une maladie cachée & de toute autre , fans s'attacher à aucun ligne ,
qu'à ceux que lui fourniflbit l'infpeftion du vifage de la perlonnc incommodée.
La fagacité , dont il fe paroit, pafla pour extraordinaire ; on la crur même iurna-
lurelle ,• & du foupron de Magie, on en vint jufqu'à l'accufation. Le fourbe San^ui.
nacclus fut Ibmmé de paroître devant le tribunal des Juges qu'on lui avoit nommés
à Rome ; comme }\ s'y défendit mal, on le relégua dans l'Ule de Maithe qu'on
lui afligna pour prifon. La fentence portée contre ce Médecin fait preuve de
l'ignorance de fes Juges : le charbtanifme étoit tout l'on crime.
Les Auteurs qui rapportent ce trait d'hifloire , ne difent rien du tems auquel
Sanguinaccius a vécu.
SANTES DE ARDOYNIS naquit à Pefaro , grande & belle ville du Duché
d'Urbin. 11 fit la Médecine à Venife vers le milieu du XV fiecle, & s'y diningua
par ion lavoir. Nous avons de lui un Traité des Poifons, dans lequel il a in-
féré tout ce que les Grecs & les Arabes ont écrit fur cette matière. Il a paru
fous ce titre ;
Opus de f'^enenls. F'enetiis ^ MQ^i '1-4* avec les Commentaires de Ferdinand Pon-
zetti, Cardinal du titre de Saint Pancrace. Bajîlets y 1562, 1592, i.i-foUo , avec les
corrections de Théodore Zwlnger^
SANTORELLI, ( Antoine J de Noie , enfeigna publiquement la Médecine à
Naples , où il mourut le i Odobre 1653 , à l'âge de 72 ans. Il a écrit les
Ouvrages fuivans :
Antepraxis Medica in. Libres XXI dijfributa , In quibus ca omnia qu<s Praxim Mcd:^-
cam ag^rejjuris pranofcere eft necejjarium ^ fummâ brevitate exaiiinaïuur. Neapoli , 1622,
1633 , Jn-4 , 1651 , in-folio.
Poftpraxis Medica., feu, de medicaado defuncfo Liber unus. Ibidem, 1629, //1-4.
De fanitdds natura Libri XXIF'. A^ea/?o/i , 1643 , In-fAio. Vingt -un de ces Livre*
traitent de la Phyliologie. Le (îyle en eft rebutant par les lyllcgii'mes & enthy.
mêmes que l'Auteur a entaflës les uns lur les autres, pour fe conformer au lan-
gage de l'Ecole.
SANTORINI, (Jean-Dominique^ Profeffeur de Médecine & Démonftrateur
d'Anatomie dans l'Ecole de Venife , s'eft difîingué au commencement de ce iiede
^75 5 A N
par plufieurs découvertes. Huiler, qui en parle comme d'un homme également in*
iatigable & ingénieux, feroit tenté de fe plaindre de l'induftrie trop clairvoyante
<le ce Médecin , fi l'excès d'adrefïè étoit un défaut en Anatomie. Il a pouffé fes
recherches fur les mufcles à un point , auquel les .plus habiles diffedeurs moder-
nes n'ont pu atteindre i il eft même entré dans des détails li circonilanciés , que
plufieurs Anatomiftes les ont regardés comme minutieux. Santoriai ne s'eft point
t)orné à la Myologie. Curieux d'apprécier les travaux d'autrui & de les confronter
avec les fieos , il a fait tout-à-la-tbis ufage de la profondeur de ion érudition &
du rare talent de bien obferver , dans l'expofition Anatomique du cerveau, des
vierfs , des glandes lacrymales , du nez , du larynx , des vifceres contenus dans
la poitrine &c le bas-ventre , des organes de la génération dans les deux fexes.
Ceft dans les Obfervations qu'on trouve tous ces détails intéreflans , qu'il a enri-
chis de trois planches extrêmement bien faites ; Haîler les appelle minutas^ doSfas
C? dh-ites. Voici les titres des Ouvrages de Santorini.
Opufc'ila Medica de Jlracfara & motu fibra, de nutritione animali, de h^morrhoidibus ,
de catamenili. F'enetiis , IJ05 , 1740, /n-8. Roterodamij 1719 , in-d. On les trouve
encore à la tin de prefque tous les Recueils des Ouvrages de BaglivU Difciple de
M-tlpi^bi , de Bellini & de Delphini , notre Auteur compofa fes Opufcules avant
l'âge de 25 ans, & donna par-là une preuve publique des progrès qu'il avoit faits
Ibus ces habiles Maîtres. 1
Obfervationes ^natomica. F'enetih^ ^7^^» 'S-4' Lugduni Batavoram^ 1739» '"'4« I^
y a encore plufieurs éditions Italiennes.
Ijîoria d'un feto efiratto délie parti deretane. Venifcj 1727 , ia-^. 11 s'agit de l'ex-
4raciion d'un foetus par l'anus.
SANTORlUSCSanaoriusJ) naquit en 1561 à Capo d'îftria , ville d'Italie fur
le Golfe de Trieftc. Il étudia la Médecine à Padoue , & après y avoir reçu lei
"homieurs du Dodorat , il palfa à Venife où il fil fa profedion avec beaucoup de
iliccès. A la mort d'Horace ^ugenius , on le rappella à Padoue pour y enfeigner
la Théorie; il y commença fes leçons en i6n , & les continua pendant treize ans
avec un grand concours d'auditeurs. Comme on le demandoii fort Ibuvent à Ve-
oife pour y traiter des malades de la première diflinftion, & que fa fanté fe dé-
rangeoit par la longueur de ces courfes de go lieues, il abdiqua fa Chaire pour
s'attacher uniquement à la Pratique. On reçut fa démiffion , mais on lui continua
fes honoraires; & ce fut avec cette marque de l'eftime publique qu'il alla fe
fixer pour toujours à Venife. Santorius étoit alors âgé de 63 ans. Il en avoit 75 ,
à fa mort arrivée en 1636. Son corps fut enterré dans le cloître des Servîtes de
Venife, & on lui éleva une ftatue de marbre dans l'Eglife de ces Religieux. Il
légua, par fon teftament , une fomme annuelle au Collège des Médecins de la
iTiême ville, qui, en reconnoiffance de ce bienfait, charge tous les aî?s un de
fes Membres de prononcer un difcours à fa louange , ainfi qu'il eft de coutume à
JLondres pour honorer la mémoire du célèbre Harvie & des autres bienfaiteurs
du Collège,
Santorius étoit fi perfuadé que la fanté & les maladies dépendent de la manière
dont fe fait la îraufpiration inicnfible par les pores du corps , qu'il fit un grand
nombre
SAN 777
Tiom'bre d'expériences pour confirmer fon opinion. Il fe mit dans une balance faite
«xprès, & en pefant tous les alimens qu'il prenoit, ainii que tout ce qui fortoit
lecfiblement de l'on corps , il parvint , au moyen de cette balance , à déterminer
le poids & la quantité de la tranfpiration infenfible , & Ion rapport avec les ali-
mens qui l'augmentent ou qui la diminuent. Il trouva , par exemple , que fi l'on
mange & fi l'on boit en un jour la quantité de huit livres, il en fort environ
cinq par la tranfpiration. Comme fes expériences ont été pourfuivies pendant plu-
(ieurs années, il s'eft tellement appliqué à la recherche des faits & des raifons qui
pouvoient convaincre les efprits de la vérité de fon fydême , qu'il a cru n'avoir
rien laiffé à defirer à cet égard. Ce fyftême n'eft cependant point auffi général
qu'il a voulu le faire croire, parce que la diverfité de climats & de tempéramens
différencie beaucoup les conféquences qu'il en a tirées. Mais il n'en eft pas moins
eftimable pour le fonds ; il lui a même fait tant d'honneur chez fes contemporains ,
qu'il a excité la jaloufie de fes ennemis , dont les hommes de mérite ne manquent
jamais. On a accule Sanzorius d'avoir copié ce que le Cardinal de Cufa avoit re-
cueilli fur cette matière dans le XV fiecle, & Hippolite Obiclus l'a calomnieufe-
ment chargé d'avoir tranfcrit Jérôme Thebaldus.
Les réflexions de ce Médecin fur la tranfpiration & l'infîuence qu'elle a fur la
fanté, font rédigées en aphorifmes dans l'Ouvrage qu'il a donné au public en fept
feclions. Au moment que cet Ouvrage parut, on traça fur la muraille des Ecole»
de Padoue une efpece d'emblème à fhonneur de fon Auteur ; on y voyoit le
oom de Santorius, par deffous une balance pour fymbole , & ces mots pourdevife:
Hac stat salus.
Mais une main ennemie a effacé ce foible témoignage de la reconnoifTance publi-
que. Les nombreufes éditions qu'on a données du Traité dont il eft qaeftion ,
iont des monumens plus durables , que le tems ne détruira jamais ; il eft peu d'Où*
vrages qui aient été autant de fois rais au jour & en tant de Langues , comme on
peut en juger par la notice fuivante:
uirs de Statica Medîcina. Fenetus , 1614 , m-12. Ibidem, 1634, i/i-iô, avec la ré-
ponle de l'Auteur à une critique intitulée: Statkomajiix , feu , ylnis ftatic<s denioliiioy
par Hippolite Oblcius. Lugduni Batavorum -, 164a, in-ii. Ibidem, 1711 , in-ii. avec
le Commentaire de Martin Lijier. Ibidem , 1713 , «n-i2 , avec le Statlcomaftix. Ibi-
dem, 1728, m-i2. Hdgts Comitis, 1650, 1657, in-i2. Lipji£, 1670 , ;7i-i2. Londlni ,
1701, ta-8, avec les Camraentaires de L'jhr. Fatavii , 1713, ùi-12 , avec les
Commentaires de Lifter & de BagUvi. Parijiis , 1725, deux volumes i«.i2, avec
des augmentations par Noguei , fous ce titre : De ftatica Medicina aphorlfmnrum expla-
natlo Phyjico-Medica, oui Statica Medicina, tiim Gallica Clar. Dodan, tàm Britan-
nica Clar. Kàll, notîs auSa accedit. Duisburgi , 1753, in-ii. Parifiis, 1770, m-12,
avec les notes & les Commentaires de M. Lorry. Les Traductions font : en lta>
lien, Rome, 1704, in-ii , par Bagllvi qui y a joint fes Canones de Medicina folr^
dorum. Padoue, 1727, £«-4, par Charles- François Cogreffi , fous le titre de Medi.
cina haliana ndlc quali U inveniloni del Santorio. Venife , 1743 , par Ckiarl. E«
Anglois, Londres, 1718, i«-8, par />;a/i Quincy ; dani la même ville, 1723, in-3,
TOME ly. Z
178 SAP
En François, par Z-e Breton, Paris, 1722 > in-12 , foas ce titre: La Médecine
Statique uê Saatorias , ou V^-in de conjtrvcr lu J'anté par la tranjpiration. En Allemand >
par Jean 'J'immius , Brème, 1736, i/i-8.
Sanwrhis ne s'eft pas borné à ia Statique , il a donné plifieurs autres Ou-
vrages , dont le Recueil a paru à Venilè en 1660 , quatre voluraeà ia-:\. Les
éditions particulières font :
Metbodi vitandjrum errorum omnium qui in Mediclna contingunt , Llbri HV. Vt-
netiis , 1602 , 1603, In-fulio , 1603, //i-B , 1630, /n-4. GeneviS , 1631 , t"-4 > avec
un Opulcule du même Auteur , qui eft intitulé : De inveiuione remeiiorum.
Commentarîa in primant Fen priml Libri Canonis yîvicenme. F'enetiis^ 1625 , in-'folio ,
1646 , ;n-4 On y trouve quelques remarques anatomiques.
Commentariu in primam fc&îoneni yJphorîfmorum Hippocratis. P^enetiis , 1629 , /n-4 »
avec le l'raité intitulé : De inventione rtmediorum. La doftrine d" Hippocrase eft
bien rendue 'dans ces Commentaires. L'Auteur obferve que fi les Aphorii'mes
de ce Père de la Médecine paroiiTent quelquefois contraires les uns aux autres»
cela vient de ce qu'on ne les lit point dans l'ordre que Galicn y a mis.
Commentaria in ^rtem Mediclnahm Galeni. Fenetiis , 1613 , in-folio , 1630 , fB-4*
Lugduni ^ 1632, /n-4.
Santorius inventa un Pulfûoge pour diflinguer la difFérence des battemens du
pouls chez les malades, 11 fut le premier qui ie fervit du Thermomètre , pour dé-
terminer le degré de chaleur du corps dans les différens tems de la maladie , ainfi
que dans les diflérens fujets qui font attaqués du mâme mal. On lui doit encore
plufieurs nouveaux inllrumens de Chirurgie, Dans fa ftiçoa de faire la Méde-
cine , il s'afficha toujours comme ennemi juré des Empiriques & de ces remèdes
inutiles qu'ils vantent avec tant de fafle , comme les pierres précieufes , les
perles , l'or , la corne de Rhinocéros &c. ; il donne ceperdact lui-même dans
certains raffinemens qui ne font propres qu'à araufer les malades. Tels font fes
liis & fes bains fufpendus ; invention qu'il avoit copiée à'^fclépiade.
SA PORTA ( Louis J proFefla la Médecine pendant neuf ans à Lérida en
Catalogne , fa patrie. On ignore les raiibns qui l'engagèrent à en fortir; mais
il eft certain qu'étant paflTé en France , il s'établit d'abord à Arles , & qu'il
fe rendit enfuite à Avignon. Décidé qu'il étoit d'exercer la Médecine dans
cette dernière ville , il rencontra des oppofitions qui l'obligèrent à faire tous
les Aetts. néceffaires pour être reçu Dodleur dans fon Univerfité ; il fe con-
forma à l'ulage , prit de nouveaux degrés & pratiqua avec diflinaion.
L'accueil qu'on lui fit à Avignon , 'ne fut pas capable de l'y fixer. La ré-
putation de la Faculté de Montpellier l'attira dans fes Ecoles ; il y prit des
degrés pour la troiCeme fois , & il y enfeigna pendant quelque tems. Mais le
goût qu'il avoit pour les voyages , ou plutôt l'empreffement de la vilie de Mar-
feiîle qui le dcmandoit , l'engagea à aller s'y établir, Il y exerça fa profeffion
pendant long-iems , & même d'une manière très- honorable & très-avartageufe.
11 eut l'honneur d'être connu du Roi Charles VI il qui Je mit au nombre dé
fes Médecins ordicaires , & qui lui témoigna beaucoup de confiance. On 9n
SAP ,79
î^fdé long-tems dans la famille de Louis Saporta de la vaifTelIe de vermeil aux
armes de France , que ce Prince lui avoir donnée.
Ce Médecin vécut jufqu'à l'âge de cent lis ans. On ne marque point l'an,
née de la mort , mais ce fut fur la fin du XV fiecle ou le commencement
du fuivant. Sa longue vie feroit honneur à l'Art qu'il exerçoit , f» elle étoit
due à fon habileté. Il y a apparence qu'il faut l'attribuer à la bonté de fa
conftitution naturelle , puiiqu'il eut un frère qui vécut encore plus que lui &
qui alla jufqu'à cent vingt ans. Ce frère, appelle Gulllaume-Ralmond Saporta,
S'établit à Rome , où il fut Avocat Confiftorial & acquit de grands biens. Il
mourut dans le tems que le Connétable de Bourbon Te rendit maîrre de cette
ville, c'eft-à-dire , en 1527. ^Jïrac n'a pas fait attention que le Connétable n'entra
pas dans Rome , puifqu'il fut tué le 6 Mai à l'ailaut qu'il donna à cette Capi-
tale , que fon armée faccagea.
Cette remarque fuiHroit pour faire voir que c'eft des Mémoires de feu M.
uiflruc fur la Faculté de Médecine de Montpellier que j'ai tiré cet Article •
mais j'en fais l'aveu , & je préviens que les trois fuivans font pris du même
Ouvrage.
SAPORTA , ( Louis ) fils de celui dont on vient de parler , étudia la
Médecine dans l'Ecole de Montpellier fur la fin du XV (iecle. Quoiqu'il n'eût
point de rang entre les Dofteurs ftipendies , il fut très-adidu aux exercices de
la Faculté ; uinunne. , fon fils , le choilit pour parrein quand il s'inlcrivit en
1526 , & ce fut de fes mains qu'il reçut le bonnet en is.'^i.
Louis Saporta quitta peu de tems après Montpellier pour aller s'établir à Tou-
louié , où il acquit de la réputation , & mourut vers le milieu du XVI fiecle ,
ô»é de 90 ans. Il avoir époufé une Efpagnole de très'bonne maifon , appellée
Bardicla , & il en eut au moins deux fils. Antoiae , dont je vais parler , fut
i'ainé ; le cadet, /ean, s'établit à Touloufe & s'appliqua à la Jurifprudence.
SAPORTA , ( Antoine ) fils du précédent , naquit à Montpellier. Il s'infcrivit
dans le Regiflre des Matricules le 12 Octobre 1526 , & fut reçu Dodteur en
ic"!. Réiblu de fe fixer dans fa ville natale , il fuivit les exercices des Ecoles
en vue de s'y placer , en qualité de ProfelTcur , à la première occafion favo-
rable ; elle le préfenta en 1540, & il fut nommé pour remplir la Chaire va-
cante par la mort de Gilbert Grlffi. Il fut Doyen en 155 1 , Chancelitr en
it66 après Rondelet, & mourut en 1573. Il eut foin de la conftruaion de l'an-
cien Amphithéâtre Auatomique , conjoiniement avec lés Collègues /. Schyron ,
Q Rondelet &/. B 0 c au d ^ ^.mii qu'il étoit dit dans l'Infciption qu'on y a lue long-
lems, & dont il a été parlé à l'Article de RONDELET.
Saporta lailTa un Traité des Tumeurs que Henri Gras , Médecin de Lyon ,
tira de la Bibliothèque de François Ranchin après la mort de rAiiteur,& fii pg-
roître fous ce titre :
De Tumoribus pr<eter naturam Librl V. Lugduni , 1624 , m-i2. Il y a encore
une édition de 1641. Cet Ouvrage eft écrit avec beaucoup d'ordre, de clarté
tSd SAP SA K
& de précilion. Fre'ind \e cite dans fon Hift ^ire de la Médecine , ftu fujet dé*
rAnévrifme , dont Saporta parle aflez au long. Comme notre Auteur étoit par-
tifan des fri6\ions mercurielles , il le récrie contre ceux qui en négligent l'ulage
dans le traitement de la vérole ; mais il allie allez mal le mercure , car ili
joint l'euphorbe , des réiines & des- gommes à l'onguent qu'il en compole avee
le fain-doux.
SAPORiTA , CJean ) fils d'Antoine , étoit de Montpellier. Il reçut les boni
neurs du Dodorat dans les Ecoles de la Faculté de Médecine de cette ville;
l'an 1572, & ce fut Laurent Joubert qui lui donna le bonnet. La mémoire de.
fon père encore récente « jointe à fon mérite perfonnel , lui fut avantageufe à
la mort de François Feynes , dont il obtint la Chaire en 157^ ; mais il n'en de-
meura pas là. Comme oindre du Laurens , élu Chancelier en 1603 , la même;
année qu'il fut Médecin de Marie de Médicis , étoit retenu à la Cour par fon-
emploi , il nomma Saporta pour faire les fondrions de cette place , fous le nom'
de Vice-Chancelier. Cette noraination trouva quelques oppofitions dans la Faculté v
mais elle fut confirmée par les arbitres qu'on avoit choifis pour en décider.
Jean Saporta mourut en 1605 , & laifla un petit Traité De Lue venerea^ quf<
fut imprimé à Lyon , en 1624 , avec l'Ouvrage de fon père. 11 y parle de
l'adminifiration du mercure ibus diiférentes formes , en fridions , en fumigationt
& en pilules.
SAR PI , C Pierre-Paul ^ plus connu fous le nom de Fra Paolo ou de Paul
de yenife , vint au monde dans cette ville le 14 Août 155a. Un Religieux Ser*
vite , charmé de la pénétration de fon efprit & de fa facilité à faifir les choies ,
fe fit un plaifir de cultiver fes talens , & de le faire entrer dans fon Ordre
d'abord qu'il fut en âge d'y être reçu. 11 parut alors redoubler d'ardeur pour
les Sciences , & comme il s'y appliqua avec le plus grand fuccès , fa réputation
fe répandit bientôt par toute l'Italie. Les Papes, les Cardinaux , les Princes
l'honorèrent de leur eftime & lui en donnèrent des marques éclatantes. On étoit^
furpris qu'un jeune homme foible & délicat pût l'avoir tant de chofes dans un'
ftge il peu avancé. Outre qu'il polTédoit les Langues , les Mathématiques, la
Philolbphie & la Théologie, il avoit encore étudié la Médecine & l'Anatomie;
il paflà même pour avoir fait des découvertes dans la dernière Science , à
laquelle il s'étoit appliqué fous Fabrice d' ^quapendente. La plus importante de
toutes les découvertes qu'on lui attribue , c'eft la circulation du fang. Ulmus ,.
Walteus , P^eflingius & d'autres lui en font honneur , mais ils n'en donnent que
des preuves fufpedes. A qui n"a-t-on pas attribué cette découverte '^ On en a
fait fur-tout un mérite à Michel Servet , à Realdus Columbus , à Jérôme Fabrice-
d'Aquapendentc , à André Céfalpin , k Guillaume Hurvée. Voyez ce qu'on a dit
là deffus à l'Article du dernier.
Le mérite de Sarpi le fit élever aux charges principales dé fon Ordre , comme
à celle de Provincial qu'on lui confia en 1579 , quoiqu'il n'eût que 27 an»»
Les querelles de la République de Venile avec le Pape Paul V , au fu^-
ist de quelques décrets de la Seig^aeurie qui offenfoient la' Cour de Rome „
»
' ■ s A r:. i8i-
Jbi fuféiterent des affaires extrêmement fâcheure?. Il fut excommunié en lôof),
à caufe de certains Ouvrages où il le laifia emporter trop loin , fous prétexte
de la défenfe des droits de fa patrie. Mais comme cette difcufïion n'eft pas
de mon- lujet , je me borne à dire que l'Hiftoire de la Faculté de Médecine
de Padoue parle de ce Religieux & lui attribue l'éreftion de fon Amphithéâtre"
Anatomique , qu'on bâtit p£r fes confeils en T594. Le Père Sarfi fut attaqué
par cinq aflaflins qui lui portèrent trois coups , dont il guérit ; il furvécut juf-
qu'au 14 Janvier 1623 , qu'il termina fa carrière à l'âge de j'i ans.
SAR-IiASIN , ("Jean- Antoine J natif de Lyon , s'infcrivit dans le Regidre
des Matricules de la Faculté de Montpellier en 1565 , mais il ne fut proma
au Baccalauréat qu'en 1572 , & au Dodorat en 1573. Il a publié, dit jiflruc ^
un Ouvrage fur la pefte , qu'on ne lit plus , & il a procuré une édition des
Œuvres de Diofcoride , qui lui fit beaucoup d'honneur , & en fait encore à fa
mémoire. Ces Ouvrages font intitulés :
De Pcjle Commentarius. Gzncva , 1571 , inS. Lugduni , 1572, 1589, '1-8. Les da-
tes des éditions font voir que l'Auteur fe mêla de parler en Maître , avant que
d'en avoir obtenu le titre i & le jugement (T^firuc porte à croire qu'il n'en avoiî
point la fci'ence.
Fedaclui ViofcorUes de Materia Medica , Gr<eci S Latine. Franco/uni , 1598 »
ia-folio.
^Jîruc p&T]e encore de Philibert Sarr afin de Genève , qui fut promu au Doftorat
en 1595, dans la Faculté de Médecine de Montpellier. On lit trois Obfervations ds
fa Façon parmi celles recueillies par Guillaume Fabrice de Hilden, Si l'on en pou-
vojt croire Lipenius , Philibert feroit le fils de Jean' Antoine,
SARRASIN, TMichel ) dont il eft parlé dans la Bibliothèque des Auteurs de
Bourgogne par M. Papillon, naquit dans la petite ville de Nuys le 5 Septembre
1659. Il exerça d'abord la Chirurgie avec honneur. Sa piété lui ayant enfuite inf-
piré d'entrer dans le Séminaii-e des Mifîions étrangères , le Supérieur, qui avoit
bien examiné fes difpofitions , lui confeilla de s'attacher à la Médecine. Sarrajîn fuivii
ce confeil, étudia avec foin , devint habile, & fut envoyé à Québec où il a fait
fa profeilion avec beaucoup de fuccès , & s'eft appliqué à l'Obfervation. 11 eft
mort à Québec vers 1736. On a de lui une Hiftoire du Caftor imprimée en 1704-
dans le Recueil de l'Académie des Sciences de Paris. L'Hiftoire d'un animal qu'on
peut appeller Rat d'Amérique , aflez femblable à celui que -£ay a décrit fous le
nom de Mus Alpinm ; on la trouve dans le Journal des Savans 1718. Des Remar-
ques fur une efpece d'Erable dé l'Amérique Septentrionale, dont la fève , qu'on'
tire par incifion au mois d'Avril, eft fucrée ; elles font dans l'Hiftoire de l'Aca»-
démie des Sciences 1730. Enfin , une Lettre au fujet des Eaux du Cap de
la Magdelaine , dont on voit l'extrait dans les Mémoires de Trévoux, Ma»;
1736.
SARTORIUS, C Jéan-George ) Membre de l'Académie Impériale dès Curieirs^
de. la Nature y, étoit de Bamberg. Il prit le bonnet de- Dodieur en Médecine à Ai-
lo2
SAS
torf en iGBo, & mourut le i8 Avril 1696. Outre les Obfervations qu'il a commu-
niquées à l'Académie Impériale , il a donné au public:
u-ld'inranda nar'ium hcemorrhagia nuper ohfervata & percurata. Cui adjun&a faut
alla jîjpmda^ ex dtverjîs ^iUilwr.bus coUeSd , fanguînls ex narlbus profiuvia. ^Itdorffi^
ï6H2 , /n 4-
U'ijarufum lVIodii;ier Avagy Betegfeus , hoc cft , de Morbo Militari feu CafîrcnJI ,
Unu,u;icô , coiumuni. nomine dicta , Sy,.opjh Hijlorico-Phypco-Botanico-Chyniico-TherapeU'
tica. Bambcga , 1684 , in-folio.
SASCERIDES ou SASKERIDES ( Gellius ) naquit à Copenhague , le 13
Mari 1562, de Jean Safgers ^ àk Saskerides , à qui Chriftiern lil , Roi de Dan-
nem&rc , fit c/orner en 1557 une Chaire de Langue Hébraïque dans l'Acadé-
jnie de fa Capitale. Jean Safgers étoit de Warmenhuylen , village de la Nort-
Hoîlande prc'^ d'Aicmar. Il fut ordonné Prêtre & devint Curé de Haringkarfpel ,
paroilTe peu éloignée du liei; de ia naiflance ; mais ayant embraffé la dodtrine des
Proteftans, il fe retira d'abord en Angleterre, delà en Saxe & enfin en Danne-
marc , où il mourut en 1594.
Gdiius Safccridei iuivit ion premier goût qui le portoit à l'étude de l'Aflronomie.
11 entreprit , en 1588 , le voyage d'Allemagne & d'Italie qu'il parcourut en homme
curieux ,'5î ce fut pendant ce voyage qu'il s'appliqua à la Médecine , dont il alla pren-
dre le bonnet de Dodteur à Bâle en 1593. A ion retour à Copenhague , il <olli-
cita une Chaire qu'il obtint & qu'il remplit juiqu'à fa mort arrivée en 1612. On ne
connoît rien de lui que quelques Diflcrtations Académiques foutenues dans les Eco^
les de Médecine de l'Uiiiverfité de Copenhague.
SASSENUS, C François ) de Louvain , prit le bonnet de Doifleur en Mé.
decine à Padoue. Il fut reçu au nombre des Profefleurs de l'Univerfité de fa
ville natale en 1618, mais il jouit peu de cette promotion, car il mourut le 10
Août i6ao. SaJJcn.us eft le premier qui ait enfeigné les Inflitutes de Médecine dans
les Ecoles de fa patrie.
^ndré-Dominique Sajfenus , auffi natif de Louvain , étoit de la famille du pré-
cédent. 11 fut en même tems Médecin & Apothicaire dans fa ville natale , &
il y enfeigna la Chymie dans les Ecoles de la Faculté. 11 remplifibit encore
cette Chaire lorlqu'il mourut , mais il c'é;oit que Bachelier , quand il publia ,
en 1704 , des Remarques fur la Pharmacopée de Bruxelles imprimée en 1702, Ces
Remarques font intitulées:
Brèves ^nimudverjîones ia Pharmacopœam Bruxellenfem éditant annd 1702. Lnvanti ,
1704, m-i2. On ne peut refufer à l'Auteur des vues droites pour la perfection
du Code Médicamentaire de Bruxelles, mais il a fi fouvent manqué fon objet,
qu'on ne peut aulfi s'empêcher de lui reprocher d'avoir expofé pluficurs remèdes
aune prompte altération, par le raffinement qu'il a voulu mettre dans fes procédés.
Du tems de ce Profeflcur , les Leçons de Chymie n'étoient pas bien brillantes
dans les Ecoles de Louvain ; elles le font devenues par les foins que s'efl: dopné
M. Founck^ fon fucceflcur , qui a enrichi l'Amphithéâtre d'une nombreufe collec-
iioa de Matière Médicale, & qui a travaillé à meubler le Laboratoire du Jardjo
SATSAVSAU 183
Botanique de toutes les préparations chymiques pcffibles. Depuis la promotion de
M. P^junck à la Chaire d'Anatomie & au Doftof at , M. F'ati Bouckhout , qui l'a
rcmpKicé, ne met pas moins de zele , d'ardeur & d'intelligence dans tout ce qu'il
fait pour l'avancement des progrès de la Chymie , & l'inftrud^ion des Ecoliers qui
l'uivent fes cours.
SATIRUS, difciple de Qulntus , vécut dans le deuxième fiecle; Galizn. étudia
loUÉ lui, avant que de paflcr à l'Ecole de Pélops. Le Médecin, dont je parle, a
été placé au nombre des bons Anatomiftes de ion tems ; il le Ht même une ré-
putation, par les connoiflances tur la ftru<flure du corps, qui le mit à l'égal de
Fhecianus & d'Heraclianus , autres Maîtres de GaUen. ^
SAVIAliD, ( Barthélémi ) de Marole.lur-Seine , où il naquit le 18 Oflobre
1^56, fjt reçu Maître à Saint Côme. Il pratiqua la Chirurgie à l'Hôteî-Dieu de
Paris pendant dix-lept ans, & c'eft-là qu'il s'appliqua à la Lithotomie avec tant
de luccès, qu'il a joui toute fa vie de la plus grande réputation pour cette opé-
ration. Né avec un génie obfervateur, il recueillit les faits les plus rares & les plus
intérelfans à l'Art qu'il exerçait; mais comme fes occupations journalières le mi-
rent hors d'état de rédiger lui-même fes obfervations , il mourut fans avoir encore
fongéà les mettre en état d'être données au public. C'eft à Egligny-lur-Seine , chez
M. Etienne Saviard ^ ion frère, qui enétoitCuré, qu'il termina fa carrière le 15
Août 1702 , à l'âge de 46 ans.
Les obfervations de Saviard font d'autant plus précieufes , qu'il évite les longs
détails de Théorie, & qu'il expole les faits avec la plus grande exactitude. Mais
c'etoit un tréfor en danger de fe perdre , parce que ces obfervations étoient la plu-
part fur des feuilles volantes , toujours fujettes à s'égarer. Devaux fe wiargea du
foin de les ralfembler & de les mettre en ordre; ce qu'il exécuta en 1-02, peu
de tems avant la mort de leur Auteur. Il ne choifit néanmoins que les plus iaf-
trudtives & les plus dignes d'attention, auxquelles il joignit le recueil de quelques
remèdes particuliers , dont Saviard s'étoit fervi dans le traitement des maladies qui
font le fujet de ces obfervations. L'Ouvrage, ainfi rédigé par Devaux , fut publié
fous ce titre.'
Nouveaa Recueil d'Obfèrvations Chirurgicales. Paris , 1702 , inJ8. On a encore ,
de la façon de Saviard, une Réponfe qui roule fur les accouchemcns; il la fit pa-
roître au fujet de ce qui avoit été dit dans le Journal des Savans du 26 Novem-
bre 1696.
SAUMAISE ou SALMASIUS, ( Oaude ^ fils de Bénigne Saumaîfe & dT/t-
fabeth Firot, naquit à Sémur en Auxois, petite ville de Bourgogne, le 15 Avril
1588. Il étudia U Philofophie à Paris, mais il s'appliqua davantage à cultiver les
Belles- Lettres & à former des liaifons avec les Savans qui fe trouvoient alors dans
cette Capitale. Cufaubon conçut de lui une li grande idée, qu'il lui donna uns kttre
de recommandation à foo départ {X)ur Heidelberg en 1606. Saumaife fe rendit
dans cette ville fous prétexte d'étudier la Jurifprudence , à laquelle (on père le
deftinoit, & ne s'attacha pas moins à la Littérature Grecque & Romaine qui étoiî
i-S^ s A TJ
fi fort de Ton gotit. Dî retour à Dijon , où fon père remplinblt une charge
de Confeiller, il fe fit recevoir Avocat au Parlement en 1610, mais il ne fré-
■quenta jamais le Barreau. Elevé dans les principes de la Religion Proteftante par
la mère , affermi dans les erreurs de cette Religion pendant fon féjour à HeideL»
berg , il le maria, en 1622, avec ^inne Mercier, fille de Jojîas Mercier, Protef«
tant fort accrédité en France. Son attachement au Proteftantilme lui fit manquer
la charge de Conlciller au Parlement de Dijon que fon père vouloit lui réfigner.
Déchu de fes efpérances à cet égard, il fe hvra avec plus d'ardeur aux Belles-
Lettres & à la Critique; fa réputation perça même fi loin, que les Univerfités
-de Padoue & de Bologne cherchèrent à l'attirer dans leurs Ecoles. Ce fut en
•vain ; fon ambition ne s'accommodoit pas du titre de Profelïèur ; & lorfqu'il fe rendit
à Leyde, en 163a, les Curateurs de l'Univerfité de cette ville n'avoient pas
jnême employé le mot de Profejfeur honoraire dans la lettre qu^ils lui écrivirent en
163 1 , pour Hnvtter à venir les enrichir de fes connoiflances. Saumaife pafla les
années fuivantes , tantôt en France , tantôt en Hollande , jufqu'èn 1650 qu'il fe
détermina à aller à Stockholm, où Chriftine , Reine de Suéde, le demandoit. Il
fit un fécond voyage à la Cour de cette Princefle; mais il ne s'arrêta guère en
Hollande à fon retour en 1655 ; car il fuivit fa femme i Spa , où il mourut le
3 Septembre de la même année. Son corps fut enterré fans cérémonie & fans épi.
taphe dans l'Eglife de Saint Jean à Maftricht.
Si je parle ici de ce Savant, ce n'eft point parce qu'il a été Médecin, comme
î'a dit M. Portai dans le fécond volume de fon Hiftoire de l'Anatomie & de la
Chirurgie ; mais heureufement il s'eft rétrafiré à la note de la pa^^e 19a du fixieme.
Je ne cite Saumaife qu'en ia qualité de Littérateur , & comme un Ecrivain qui , par»-
lîii les nombreux Ouvrages qu'il a lailfés , a quelquefois traité de certaines matières
JVlédicinales. On a de lui :
Epijloia ad Joannem Beverovicium. Dans le Liber fingularis Joannis Beverovlcîi de
ealùulo renum & vejîca. Lugdunl Batavorum , 1638 , fn-iô. 11 s'agit du mot ramex
«ui , fe:lon Saumaife , lignifie une efpece de hernie.
Jnterpraatio Hippocrat<.i Aphorifml 79 Seclionis //^, de Calcula, ^ddita funt Epif-
zolic daa Joanaii Beverovicil , M. Z>., ^aibus refpondetur. Lugduai Batavorum ^ 1640,
In-ia.
Epiftola de vitts termina. Dans le Traité de Beverwyck fur la même matière , édi-
tion de 1641.
Epiftole aliquot , car fternutamentum F'eterlbas habltum pro Deo. De voce ramex.
Refertur exemplum calculorum è renibuSy &c. Dans Joannis Beverovicli QuteJUones Epif-
toliC(S I cum Dociorum Refponjîs. Roterodami , 1644, i/i-ia. Item dans Doc/arum F'iro'
Tum Eplftol<e & Refponfa. Ibidem , 1665 , in-S.
De Jtanis ClimaSlerlcLS & antiquâ ^jlrologià , Diatribe. Lugdunl Batavorum, 1648,
£n-i2. Cette Difiertation eft curleufe.
De Saccharo & Manna Commentarlns. Parijîls , 1664, /n-i2, avec une Préface de
Philibert de la Mare qui en ell l'éditeur.
Prtefatio in Exercitationes de Homonymis Hyles latrica. Ejnfdem de PUnîo judicium,
Vîyioae , 166B , petit In-fuUo , par les foins de Philibert de la Mare ôc de Jean.Bap.
tijie
s A V i85
tljïe Zrt/ir/rt , Confeillers au Parlement de Dijon. Saumalfe obfefve dans cet Ouvrage
avant-coureur , que Pline a rempli ion Hifioire Naturelle de fautes i^ro^àeres , pour
avoir ignoré que les mêmes mots fignifioient Ibuvent des choies fort différentes.
Cela prouve la ncccffité de la recherche du fens des Homonymes ^ ou des termes
équivoques , qui le font glifies dans la Matière IVIédicale. Plufieurs l'avoient entre-
pris , mais, au dire de notre Auteur , ils ont reculé par un lâche refpedl pour
les Anciens. Pour lui , il ne tombe pas dans ce défaut ; il fronde hautement ceux
qui regardent comme des oracles, Tliéophrafle , Dlofcoride & Pline .^ feuls Ecrivains
de l'Antiquité fur la Science des herbes, qui foient paffés jufqu'à nous. La Mé.
decine , fuivant Saumaifc ^ ne confiftoit autrefois que dans la connoifïUnce des plan-
tes & dans l'obiervation de leurs vertus. Il fe trompe ; car Hippocrate s'attachoit
bien plus à obferver la Nature dans les maladies. Le titre qu'on a donné n'eft que
celui de la Préface d'an graaJ Ouvrage intitulé : CLvidli Sdhmifli Excrcitationes de
Homonymis Hyhs Jatricie , nunquam amehac edit£ ; ut & de Manna & Saccharo. Tra-
jecli ad Rhenum , 16B9 , in-/o/i-\ M. Pjjuot ^ que j'ai fuivi dans cet Article extrait
de fes Mémoires , ajoute que l'édition cft très-belle & qu'elle eft dédiée aux Etats
de Hollande; que l'Ouvrage efi: favant, mais fort fec , fort pédantefque , & trop
hcrifle de Grec pour être entendu du commun des Lecteurs.
Judiclum de faaguim vetito. Dans Thom<s Banholinl Difquifitio MeJica de fanguine vetito.
Francofurti , 1675 , iri-16. BanhoUn croyoit que la défenfe de manger le fang des
animaux obligeoit encore. Il faiibit confcience de goûter du boudin , pendant qu'il n'au-
TDit dû le condamner que comme un aliment indigefte.
Saumaife a laifle des Notes fur Apicii Ctslii , de obfoaih & condimentis , pve , de
Ane Coquinaria , Librl decem ^ & un Exemplaire de Diofcoride avec des Commentaires
fur chaque chapitre. Gui Patin en parle dans fa Lettre 23e. à Charles Spon : il y
aura ^ dit-il, beaucoup d'Hébreu & d'Arabe, à ce que m'a dit M. Faumaife lui-même.
.Il fera Grec-Latin ^ grand in-folio. Le DiofcoriJes Latinus imprimé à Paris en 1549,
•f/i-8,- les Libri duodccim Akxandri Tralliani publiés dans la même ville en 1545 , in-
folio \\e Rhasés Grec fur la peftilence , in-folio; les Nicandri Alcxipkarmaca , Grâce
& Latine. Parifns., 1557, m-4 , croient tous Ouvrages de la Bibliothèque de M.
de la Mare à Dijon , notés de la main de Saumaife. Ils font maintenant dans la
Bibliothèque du Roi Très-Chrétien , avec quantité. d'autres notes de la même main,
mais qui ne font point de mon fujet.
SAVONA, C Philippe ) Docteur en Philofopliie & en Médecine, étoit de Pa-
lerm.e. Il le fit beaucoup de réputation dans toute la .Sicile; il s'en fit même à
Naples, où il contribua au rétabliflement du Comte d'Olivares, qu'une maladie
dangereufe retint dans cette ville en 15Ç2 , lorfqu'il alloit prendre polTefiion de la
Vice-Royauté de Sicile. Savona mourut à Palerme en 1636, après avoir publié la
première partie d'un Ouvrage qui devoit en avoir cinq. Cette première partie eft
intitulée;
Decifionum Mediclnalium morboram , fymptomatum , evacuationum , abfcejfuam maîcj
tioforum S fallacium , quoad diagnofim & prognofim , nova fciibendi modo prlmàm Inventù.
Panormi , 1624 , in-folio,
TOME jr. ^*
386 S A V
On n'avoit rmprimé que quelques feuilles de la féconde partie , lorfaue' l'Au-
teur vint à mourir ; cet cvénenieot fut la caule qu'où en demcura-là.
SAVONAROLA , ( Jean-Michel^ de Padoue, tù il naquit dans une famille
autant illuitre par la vertu que par la nobUlfe , fut r^çu dans l'Ordre de Saint
Jean de Jérufaiem. Le goût de l'étude lui fit abandonner cet état , dans lequel
il auroit pu fe diftinguer; il préféra le parti des Lettres à celui cxs Arm s, fe
mit fur les bancs de la Faculté de Médecine de fa ville natale, & reçut le bonnet
de Dodeur en cette Science. Sur le déclin de l'Age , il fut appelle h Ferrare , où
il mérita, par fes fervices , l'eftime des Prince» d'Eft & les n:arques le= plus écla-
tantes delà eonfidération des habitans. Flatté de cet accueil, il fe fixa à Ferrare,
& fuivanr quelques Hilioriens, il y mourut en 1431. Mais cette date ne s'ac
corde pas avec les liegiftres de la Faculté de Padoue ; il y efi: dit qu'il expliqua
^vlcenne dans les Ecoles de cette ville en 1436; & comme ce fut après cette
année qu'il enfeigna publiquement à Ferrare , il y a apparence qu'il poufla fa car-
rière au delà de 1440. Si l'on en croit Frdnd, il alla même jufqu'en 1460, puif-
que cet Hiftorien remarque qu'il fit en cette année q.ueiq,ues additions à fon Traité
des Bains d'Italie.
Savunarola a employé le cours de fa vie , qiii fut longue , à voyager & à confirmer,,
par des expériences fuivies , le fonds de fcience qu'il avoir acquis par l'étude.
Comme il aimoit encore le travail du Cabinet, il s'y occupa de la compofition des
Ouvrages que nous avons fous ces titres:
PraStica du agritudinibus à capire ufque ad pedes. Pip'ne , i486, in-folio, FenetUs ,
1498, in-folio. Ibidem f 1560, in-folio^ ious le titre do Pra&ica major.
Pradica canonica de febribus ^ de pulfibus , de urinls, de egejtionibas, de Balneis om-
nibus JtalitE- ., de vcnnibus. Faiedis , 1498, ^503» ^SS^-, 1563, in-folio. Lugduni,
1560, in-^.
De arte conjiciendi aquam vita Jîmplicem & compofitam Libdlus. Hagcnote , 1532 ,
in-S. BafUeie., 1597, in-S , avec le Traité de Jean de la Roquetaillade ^ qui eft in-
titulé.' Conjîderatio quinta ejfentï<e rerum omnium.
In Medicinam pradicam introdu&ia, five^ de compojïdone MeJicinarum Liber. Item
Catalogua continens tdm fîmplicium , quàm compojîtorum medicamentorum nomcnclaturas ,
ufum & fummam. uirgtntinte ., 1533, /n-4 & in-i^.
Libro délia natura e virtu délie cofe che nutrifcono ^ overo trattati de igranl, délit
erbe, radici , agrumi , fruttl , degll animali , pefci, del vino , &c , accrefciuto da Bar.
lolomeo Boldo.. Veniié, I576, in-4.
De Balneis omnibus Itali<s , ficque tonus Orbis , proprietat'bufque eorum, F'enetus^
icga , /n-4, & dans la Colleifiion de Venile Z)^ Balneis. Ce Traité de Savonarola
fut écrit entre les années 1440 & 1450 , ainfi que Frelnd prétend le prouver par
l'Epitre Dédicatoire.
SAVOT , ( Louis ) Médecin & Antiquaire , étoit de Saulieu au Diocefe d'Autun,
où il naquit vers l'an 1579» Après le cours ordinaire de fes études, il le deflina
à la Chirurgie & vint à Paris à l'Age de 22 ans , dans le deffein de s'y perfec-
tionner. Mais il changea de réfolution dans la fuite;, il fe tourna du côté de Isi
s A U . îS?
Médecine, fréquenta les Ecoles de la Faculté de Paris, oii il fe borna à prendre
le degré de Licencié en 1610. 11 mourut Médecin de Louis XIV vers l'an 1640,
ou plutôt de Louis, Dauphin de France, car ce Prince, encore enfant, ne par-
vint à la Couronne que le 14 Mai 1643.
Les principaux Ouvrages de Savot font le Livre de Galien de l'art de guérir
par la faignée, avec un Difcours préliminaire pour la faignée.
Nova , feu veriàs , Novo-antiqua de caujîs colirum fentenda. Parijîis , 1609, î/i-8.
De Tetr agoni Hippocradci Jîgnificadone contra Chymicos , obfirvatio. Ibidem , 1609 ,
Difcours far les Médailles antiques, Paris , 1627 , in-4.
architecture des bâdmens particuliers. Les meilleures éditions font celles de Paris,
l6f3 & 1685 , J/i-8 , avec les notes de François Blondsl.
SAUVAGES, ( François BOISSIER. DE ) Profefieur Royal de Médecine & de
Botatjique en la Faculté de Montpellier, Membre des Sociétés Royales de Londres,
de Stockholm, d'Upfal , de Berlin, de Montpellier, ainfi que de l'Académie des
Curieux de la Nature ious le nom de Stratoa il , de l'Académie Phyfico-Botanique
de Florence, & de l'Jnftitut de Bologne, étoit d'Alais dans le Bas Languedoc,
où i: naquit le 12 Mai 1706, de François Boiffier , Seigneur de Sauvages, ancien
Capitaine du Régiment de Flandre, & de Gillette Rlanchier , dont il fut le
fixieme fils.
L'éducation qu'il reçut à Alais fut affez défeftueufe ,• on n'y avoit pas encore
établi de Collège public , & il n'eut pojr guides dans les Humanités & la Philo-
fopbie que des Maîtres d'un mérite obfcur. Il fut réparer ce défavantage par des
taiens qui lui applanirent les diBicultés qu'on rencontre dans la route des Sciences ;
les fuccès furent même fi heureux , qu'il fe vit en état d'entrer dans un chemia
plus difficile encore , & d'entreprendre un cours de Médecine. Il pafla en 1722
à .Montpellier, où il tuivit les Leçons de Chicoyneau ^ de Deidier ^ d'^ftruc &
à'Haguenot & fut reçu Doéteur en 1726. Sa 'l'hefe de Licence fit du bruit ; il agita
cette queftion : Si V amour peut être guéri par les remèdes tirés des plantes ? Elle lui
Valut pour quelque tems le furnom de Médecin, de Vamour.
La réputation des Médecins de Paris l'attira dans cette ville en 1730. Il y
fit fous eux de nouveaux progrès , & après avoir en quelque Ibrte rempli les
vues qui l'avoient amené dans la Capitale , il retourna à Montpellier , où il
obtint , en 1734 , la furvivance de la Chaire de Marcot , dont il ne tarda point
à devenir titulaire. Son application à l'étude ne le détourna jamais des devoirs
académiques qu'il remplit avec un zèle étonnant ; quelque attaché qu'il fût même
à fon Cabinet , à les Livres , à fes expériences , il quittoit tout pour les ma-
lades qui rèclamnieut Ton lecours. Ils furent d'abord en petit nombre. Ce n'efl
pas qu'il n'eut du talent pojr la pratique ; mais il ignoroit entièrement l'art
de fe faire valoir , & il falloit du tems pour réduire au lilence ceux qui préten-
doient borner fon mérite à la fimple fpéculation. Malheureufement il avoit pris
trop de goût pour les inventions modernes. L'application des Mathématiques
à la Théorie de la Médecine , qu'il foumet quelquefois aux calculs d'Algèbre
les plus rigoureux & aux dcmonftrations de la plus fublime Géométrie; le fyltéme
m s A \y
de Stahl louchant le pouvoir de l'ame fur le corps , l'état de foufFrance de cet-fg
partie Ipirirueile de nous-môme qui cherche & emploie tous les moyens pofli-
bles d'écarter le danger dans les maladies : tout cela a fait tirer à Sauvages
des conféquences qui ne s'accordent pas toujours avec les opéraiioas de la
Nature. C'eft lur-tout au iyfîême de Stahl que Zimmermann attribue la plupart
des erreurs que notre IMédecin a adoptées avec tant de feu. .
« Ne peut-on pas entendre tout iîmplement par la Nature , dit l'Auteur q'ûtf
» je cite f la force vitale aitazlle du corps organijfé vivant , force dont l'union de
Ti l'ame avec le corps eft le principe éloigne , mais dont le fluide nerveux eft
•n la cauie immédiate ? Ce fentiment eft clair , lumineux , quelle que foit la
» natcrc de ce fluide , fût-ce même celui de Le Cat. On conviendra que le
»> corps eft fubordouné à l'empire de l'ame dans tous les mouvemens que
» nous appel'ons communément volontaires ; mais l'ame paroît , îiu contraire^
» lui être lubordonnée dans ceux où elle eft dans un état de pafTibilité ; c'efl:
» ce que l'expérience journalière peut prouver à un homme qui ne prend pas
» les mots pour les chofes. « Si Sauvages ne fe fût pas laifTé emporter par la
vivacité de fon génie , il auroit du moins fufpenda ion jugement fur des opé-
rations , qu'on peut rappeller à la feule organifation du corps humain.
En 1740 , notre Médecin fut chargé de la démonftration des plantes du Jardin
Royal de Montpellier , à la place de Chicoyneau , le fils , qui venoit de mourir.
Il s'en acquitta alternativement avec Fiti-Gerald , qui, étant mort lui-môme en
174b, le lailTa pour plufieurs années chargé de tout ce travail. En 1751, il obtint
le brevet de Profefîeur de Botanique , & il s'acquitta de cette charge avec
une célébrité qui ne diminua rien de celle qu'il avoit méritée par fes
autres emplois. Mais une maladie qui dura près de deux ans , & qui deux
mois avant fa mort l'obligea à garder la chambre , vint mettre fin à fes tra-
vaux ; elle l'enleva de ce monde le 19 Février 1767 , à l'âge de foixante ans
& neuf mois. Il étoit fimple dans fes moeurs comme dans fon caraftcre. Il fut
aimé de fes dilciples & mérita de l'être , parce qu'il leur conimuniquoit aulïï
volontiers ce qu'il favoit , qu'il recevoir des autres ce qu'ils étoient en état
de lui apprendre. Ses connoilfances paflbient fans fafte dans fes converfations ;
nulle envie d'étaler. Il portoit quelquefois dans le monde cet air que l'on prend
dans le Cabinet , & qui s'oppofe il fouvent , malgré nous , à l'enjouement
& aux grâces ; mais il réparoit ce défaut par les traits de lumières qui W
cchappoient , & les gens raifonnables préféroient le maintien lérieux & abftrait
de ce Savant , à l'air badin de ces hommes qui parlent beaucoup pour ne
dire que de jolis riens. Sauvages avoit époufé , en 1748 , Jeannc-9Zlande Foucard
i'Olimpies , fille de Nicolas Foucard d'Olimpies , Capitaine au Régiment Dauphin >
Dragons. Il en a laifle deux fils & quatre filles.
Ce Médecin eut l'avantage d'être loué & eftimé dans fa jeunefie par Boer'
haave , & il prouva , dans la fuite , qu'il avoit droit à fes éloges. Infatigable
dans les travaux utiles , plein de fagacité dans fes expériences , favant en Mathé-
matiques , exait dans fes Obl'ervations , il ne lui manqua que d'avoir moin»
de penchant pour les lyftâmes & de cotifuher la Nature ians prévention. Malheii-
jeufement il ne fut point toujours tel , comme on peut s'en ailurer par la levure
s A U 189
des DifTerlations d'ailleurs intérclTantes , & des Ouvrages dont voici la notice:
DiJJlnatioa far hs animaux venimeux. Elle a remporte le prix de l'Académie
de Rouen. Le Recueil des Mémoires de cet Auteur qui ont été couronnés par
différentes Sociétés lavantes, fut publié à Lyon eu 1770,, deux volumes taxa,
iojs le titre de Chcfd'ccuvres de M. de Sauvages.
Nouvelles clajfes des maladies dans un ordre j'emblabh à celui des BotanIJîes , com-
prenant les genres & les efpeces. Avignon, 1732 , in-ii. C'eft le canevas de la
Nolblogie.
Mémoire far les Eaux Minérales d^^lais , pour fcrvir à VHlfloire Naturelle de la
Province. Il fut lu à l'Aflemblée publique de la Société Royale des Sciences
de Montpellier le 19 Avril 1736 , t/1-4.
Theorid Febris. Monfpelii , 1738, in-12. En François, Genève, 1744, in-^. 11 y
fait voir combien il eft partiian du fyftême de Stahl , en établillànt la cauiè
de la fièvre dans les efforts que fait l'ame pour lever les obftacles qui s'op*
polent à la liberté des mouveraens du cœur.
J^uthologia Methodica ., feu , de co^nofcendis morbis. Monfpelii , 1739, //J-12. Amflt-
hdaml , 1752 , 1759 , in.11.
La manière d'élever les f^^ers à foie. 1740.
Nova fomni Theorïa. Monfpelii y 1740, in-^.
De moiuum vitalium causa. Ibidem , 1741 , /n-4,
Jnflammationis Theorla. Ibidem., I743,i/i-i2.
La Statique des animaux traduite de l'Anglois de Haies , avec les Diflèrtation»
fur Ja Théorie de la Fièvre & de l'InHammation. Genève , 1744 , //j.^. Dans
fa Théorie de la Fièvre , il s'étend fur la caufe qui excite le cœur à i'e con-
tracter , mais avec plus d'efprit que de vérité. 11 compare ce vifcere creux à un
ibufflet qui ne pouffe la liqueur qu'il contient , par le tuyau qu'on lui a adapté,
que parce qu'on le comprime. A cette occafion , il pafle en revue ce que BoreUi
Ketll & Ji^rin ont dit fur la contradion du cœur.
Mémoire fur les maladies des Bœufs du f^varais. Montpellier, 1746, in-d. Il y
parle du Grofeiller noir comme d'un ipécifique.
Dijfertaiio de vaforum capillarium corporis humanl fuS/a. Monfpelii , 1747 ^ /n.12.
De Nodambulatione. Ibidem , 1748, in-S.
De Hemiplcgia per EUSricitatem fanaiâ. Ibidem , 1749 , /n-8.
Dijfertathn fur la nature & la caufe de la Rage , qui a remporté le prix de l'A-
cadémie de Touloufe en 1748. Touloufe , 1749 , 1/14.
Confpeclus Phyfologicus. 1751, '«-4.
Methodus foUorum , feu .^ planta Flora Monfpelienjis juxta foliorum ordinem ad juv an-
dam fpecierum cognitîonem digcjîa. Hagte Comitis y 1751, in-S. On y trouve le Ca.
talogue d'environ 500 plantes qui manquent dans le Botanicon Mjnfpelienfe que
Magnol publia en 1676 , inS , & en 1686 , même format , avec un Appendix.
Differtatîoi dans laquelle on recherche s'il y a des médicamens qui afeîtent certaines
parties du corps pliuôt que d'autres. Bordeaux, 1752 , {«.4.
Nova puhâs & arculationis Theorla. 1752 , /n-4.
Embryologie , feu , Dijfenatlo de Foetu. 1753 s //1-4.
193 s A X
Synnpfis mnrboTum oculh inJîJcntîam , gênera & fpecies expomns. 1753 , m-4.
'Tlicoria Tuniorum. 1753, i/2-4.
Dijjïrtdtion. far la manière, dont Vair agit fur le corps humain. Elle a été couron-
oée par l'Académie de Bordeaux & publiée en 1754 , /rt-4.
Fkyfiologits Mechanicte Elemznta. ^mjhlodami , 1755 , in-il.
Recherches fur les loix du mouvement du fang dans les vaijfeaux. Mémoire de l'Aca-
demie de Berlin , année 1755.
Theoria doloris. 1757, in-4.
D'iffenatio de refpiratlom difficili. 1757 , irt-4.
Diffenatio de ajlrorum influxu in hominem. 1757 , i/1-4.
Dijjenatlo de F'Lfione. 175B, m-4.
Medicinœ Slnenjîs Confpe&us. 1759, in-4.
Theoria Convulfîonis. 175g , in»^.
Dijfertatio de ^niblyopia. 1760, in~^.
DiJJ'crtatio de Svffujione. 1760, m-4.
Diffenatio Medicâ oppojua ar^umentis celeberrimi Eberhardi de anime împerîô in cor.
^venione , 1760, in-4.
De anima redivvâ Diffenatio. 1761 , m-4.
Dijfertdtio de Caihartids. 1762 , m-4.
De prognujî Medicâ ex Necrologis eruendâ. 1762 , fn-4.
JSfofoUma Methodicj jljtens morborum clajfes , gênera & fpecies , juxta Sydenhami men.
tem & Botantcorum nrdinem. ^mftelodami ., 1763, cinq volumes In-^. Le Ijxieme or-
dre des maladies de la première clafle , concernant les déplacemens, appartient à
M. pierre Cuffon , Docteur de la Faculté de Médecine de Montpellier , de la So-
ciété Royale de cette ville & de celle de Londres. Cet Ouvrage a pour baie le
plan que l'Auteur s'étoit fait depuis bien des années ; comme il déhnidbit les maux
jqui aiiligent l'humanité par les iyraptômes plutôt que par les caui'es , il a étoncam-
ment multiplié le nombre des maladies, lout excellente que foit fa IMofologie à
certains égards, on s'attendoit qu'il y mettroit la dernière main en la retouchant;
il n'a pu le faire; mais on a profité d'un très-grand nombre de nouvelles deîcriptions
de maladies <iu'il avoit recueilli dans les trois dernières années de fa vie , dans
le deil'ein de le faire entrer dans la féconde édition de fon Ouvrage. M. Jean-^Jn'
toine Cramer ., Doéïeur en Médecine, a exécuté ce projet. Il a inféré les nouvelles
defcriptions dans la Nofologie Méthodique , imprimée à Amfterdam en 1768 , deux
volumes in-4. ^- Gourion , Médecin , a traduit cet CJuvrage en François & l'a
publié à Lyon en 1771 , dix volumes m-12. Il y a une autre Tradudion Françoife
par M. Nicolas , Chirurgien gradué, Paris, quatre volumes in 'à; mais il s'en faut
de beaucoup qu'elle vaille celle de M. Gouvion.
M. Ratte., Secrétaire perpétuel de la Société Royale des Sciences de Montrel-
îier a prononcé l'Eloge de Sauvages dans une Aflemblée publique de cette Com-
pagnie. J'en ai tiré parti , pour rédiger l'Article que je viens de mettre fous les
yeux du Lefteur.
SAXONIA fHercule ) ctoit de Padoue, oià il naquit en 1551, dans une famille
que l'étude de la Médecine avoit rendue également célèbre & relpeéhible. FiCior ,
5 A X
19 r
fbn pcre, Jérôme &i François^ Tes oncle» paternels, fe diftinguerent dans la pratique
de cette Science , foit à Veniie , foit à Padoue. A leur exemple , Hercuk embrafla
le parti de la Médecine , &ii y réuflit lî bien , qu'on lui accorda les honneurs du.
Doflorat dans les Ecoles de i'a ville natale. Avant l'an 1574 il fut chargé d'en-
leigner la Logique ; mais il le rendit vers 1579 à Veniie , où il exerça avec tant
de fuccès , qu'il parvint en peu d'années au plus haut degré de réputation. Les
malades le recherchoient avec un emprefiement fi extraordinaire, qu'il auroit fallu
qu'il le multipliât pour le rendre à leurs defirs. Après dix ans de fatigue & de courfes
laborieufes dans cette ville , on le nomma à la Chaire vacante par la mort de
féiôme Caplvaccio. La Faculté de Padoue le revit avec plaifir dans Tes Ecoles , &
il s'y acquitta de fes fonflions avec beaucoup d'applaudillement depuis 1590 jufqu'en
i6of , qui eft l'année de la mort. Il fut enterré dans l'Eglife de Saint Pierre à Pa-
doue , où l'on mit ces Vers fur fou tombeau :
Herculis ojfa jacent , qui nomcn ab arte mcdzndi
u4ntz omncs clarum fparjît In orbe C^um.
Et quis erit qui non doleat ^ morfque improba ^ dicatf
Duriorheufaxô, Saxonium abripuiu
Quelques Auteurs rapportent que Saxonia fut demandé à Vienne en 1573, avec
Mercuriali, pour la maladie de l'Empereur Maximilien II; mais ils n o,it pas ré-
fléchi qu'un jeune homme de 22 ans ne pouvoit point avoir affez de réputation ,
pour fe faire fouhaiter à la Cour de ce Prince. D'autres dii'ent qu il accom-
pagna fimplement Mercuriali dans le voyage de Vienne ; & cette opinion cil
plus vraifemblable.
Fitrre UJfenbach , Dofleur en Médecine qui avoit étudié fous Saxonla , fit im-
primer le Recueil de tout ce qu'il connoiffoit d'Ouvrages de fon Maître , fous
le titre de Panthéon Medicina fdeSum , fea , Medicinte Templam in Libros XI difiinc-
tum. Francofuni , 1603 , in-folio. On a publié féparément .•
Dlfputatio de pbœni^mis , vulgù vejîcannbus, & Theriaca ufu in Febribns P eftilentiali-
bus. Patavii , 1591 , in.4. L'Epidémie qui défola la Seigneurie de Pcfaro en 1591 ,
fufcita une querelle littéraire entre les Médecins de Padoue. Le Duc d'Urbin avoir
demandé leu/ avis fur la conduite qu'il falloir tenir dans le traitement de cette
maladie. Saxonia propofa l'application des Véiicatoires & l'ulage interne de la Thé-
riaque 4 Alexandre Majj'aria rejetta l'un & l'autre de ces remèdes r on ne décida
rien; & pendant que chacun des deux partis s'efForçoit de f«ire valoir (on opinion
par les Ecrits qu'il donnoit au public, l'Epidémie alla ion train, les ma'ades mou-
rurent, & il fut prouvé encore une fois que les conteflations des Médecins font
ibuvent les fymptômcs les plus mauvais d'une maladie.
De Phœnii^mii Libri très. In quibus agiiur de univerfa rubificanti'um natvrâ, deque
differeniiis omnibus atqueufu ; Fjïlothris, Smegmatibus , Drnpacibus , Sinapipnis fimpUcibus ac
compojîtis , l'ul^o Feficantibus ; de quorum ufu in Febribui Pejiilemibus multa dlfputantur,
Patavii , 1593 , /ft-4. Cet Ouvrage fut corapofé dans la chaleur de la querelle dons
ou viet2t de parler.
iDî S B A
,Trac!dtus perfeSIIjJtmus de Morbo Gallico ^ feu ^ de Lut J^emna. Ibidem , 1593, 1597,
1602 , /71-4 Francafuni , 1600 , in-[u
TraSfaïustnplex ^ de Febrium putridarum Jîgnls c? fymptomatlbus ^ de Pulfibus , de Url-
nls. Francofurti f 1600, i/i-8.
De Plica quam Poloni Guvozdziec, Roxulani Koxtunum vacant. PatavU , i6co,
1602 , //î-4.
De Pulfibus Tra&atus abjolutijjîmus. Ibidem , 1603 » '""4'
Pieelecfionum pra^icarum Libre duo. Francofurti , i6io , In. folio.
Opéra pra&lca. PatavU, 163g, 1658, in-folio. Les éditions furent poufTées jufqu'à
la neuvième qui ibrtit des preffes de Padoue en 1681 , in-fûin.
On trouve dans F^ander Linden ., Lipenias & Manget , un Médecin nommé Henri
de Scxonia, qui a écrit un Livre De fecretls Mulieram imprimé à Ausbourg en 1489,
//!-4, & à Francfort en 1615 , i/i-8. Cet Ouvrage a été mal-à propos attribué à
u4lbert le grand.
SBARAGLIA f Jean-Jérôme J naquit à Bologne le î8 Odobre 1641. Il fit fes
études dans fa ville natale, où il reçut le bonnet de Docteur en Médecine le 27
Février 1663 ; & le 6 Mars fuivant, il y devint Membre du Collège , en qualité
de Profefleur de Philofophie. Dès le mois d'Octobre 1664 il en ouvrit le Cours ;
inais il ne remplit pas long-iems cette chaire , car il tnonta enfuite à celles
d'Anatomie & de Médecine, En 1688, on le demanda pour enfeigner à Padoue;
il refuia fous prétexte de la foiblefle de fa fanté , & dans le fonds, par amour
pour fa patrie. Sbaraglia fut déclaré ProfeiTeur émérite , après avoir rempli les Chaires
de Bologne pendant quarante ans ; il ne furvécut que peu d'années , car il mou-
rut fubitement le 8 Juin 1710, à l'âge de 69 ans.
Ce Médecin a écrit pluiieurs Ouvrages:
Exercitationes PhyficO' ^natomicte de recentlorum Medlcorum fludid , en deux Difler-
tations. La première , fous le nom d'^rijUde., fut imprimée à Gottingue ( Bologne J
en if)87; à Parme en 1690; à Naples ("Vienne en Autriche J en 1693 ; à Bolo-
gne 1701 , J/i-8, 1704, in-4. Les éditions de Naples & de Bologne comprennent la
féconde Dillertation , dans laquelle Sbaraglia , fous le voile de Libanius , s'efforce
de prouver qu'on n'a encore rien trouvé, par les difiééVions du corps humain, qui
foit fort utile pour la pratique ; que les expofitions Anatomiques qui mettent fous
les yeux le détail minutieux des parties qui entrent dans la firufture délicate des
organes , font plus d'honneur à l'Artifte qu'elles ne procurent d'avantage à
la Médecine ; qu'il eft plus important de s'attacher à la connoiflance des fluides ,
puifque c'eft d'eux que viennent la plupart des maladies.
De vivipara generatione Scepfis I S II. F'indobonts , i6g6 , par les foins de Nicolas
Garelli.
Oculoruni & mentis vigiUts ad diftln^uendum Jludlum jlnatomlcum & ad praxim /l/e-
dkam dirigendam. Bononia ., 1701 , in-8 , fous le nom de Sbara'^lia. Ibidem, 1704,
in-A. L'Auteur levé ici le mafque fous lequel il s'étoit caché dans fes premiers
Ouvrages; il attaque ouvertement les Ecrits pofthumes de Malpiglii , fon confrère
& autrefois fon ami , dont il s'efforce de rabattre le mérite. Cette pièce eft remplie
4ç chicanes & de railleries. SbaragUa ne garde plus de mefure. Il s'épuife en dé-
clamations
s C A 195
«lamations injurieufes à l'Art qu'il exerçoit ; il dit tout nettement que la bonne Mé-
decine a toujours été empirique , qu'elle l'efl encore & ne cefiera de l'être. Mais
on n'a pas manqué de relever l'es erreurs dans les Ecrits qu'on a publiés pour
la défenle de Malpighi. 11 y a, entre autres, un Ouvrage imprimé à Rome en
1705, £«-4, ibus le titre d'Horatii de Florianis Epî/iola , dans lequel on fait un
portrait bien déiavantagcux de Sbara°lla. On y met au jour l'es contradidions ,
fes inconféquences , l'es faux allégués, fes vols littéraires; on l'accufe de vanité-
on lui reproche l'aveuglement & la , '4foraptiôn qui l'ont porté à méprifer des
hommes célèbres ; on fait voir qu'il efl: fort éloigné d'être auffi favant qu'il croit
l'être , qu'il eft obfcur dans fes oblervations , & qu'il rend les choies fans goût,
fans ftyle & fans éloquence. En un mot , cette Epitre eft un tiffli d'invedivcs
d'autant plus déplacées , que les armes de la vérité font fuffifantes , lorfqu'on a
une bonne caufe à défendre.
Entclechia , feu , anima fenjîtiva brutorum demonjlraia contra Cartejîum, Cet Ouvrage
ne parut qu'après la mort de SbaragUa.
SCALA, ( Dominique LA ) de Meffine en Sicile , où il vint au monde en
1632, fut élevé avec tant de foins & iit tant de progrès dans l'étude de la Mé-
decine, qu'il reçut les honneurs du Doftorat à l'âge de 22 ans. Sa promotion ne
Ht qu'animer fon ardeur pour le travail ^ il redoubla fes veilles & porta Ion attention
lùr tout ce qui pouvoit étendre la fphere de fes connoiflances. Mais il puifa
xnalheureulemem dans de mauvaifes fources, c'ell-à-dire , dans les Ouvrages de
Démocrlte , de Paracdfe , de f^an Hclmont , dont il adopta les fentimens avec tant
de chaleur , qu'il fe prit de paflion pour leur doctrine. Il en fit retentir la Chaire
qu'il rempliilbit dans fa patrie, ôe ne tarda pas à le montrer comme chef d'une
nouvelle fecte, dont les partilàns prirent le nom de Scalijies. Parmi les remèdes
que ce Médecin condamnoit , on remarque fur-tout la faignée & les véficatoires
contre lelquels il fe déclaroit hautement; félon lui, il n'étoit point de maladies
où ils duflent être employés. Cette opinion, toute linguliere qu'elle fût, ne diminua
rien de la réputation qu'il avoit méritée par d'autres endroits^ car on le demanda
en 1686, poui enfeigner la «Médecine dans l'Univerfité de Padoue , & il s'excufa
d'accepter cette Ch'aire, pour continuer à remplir celle qu'il avoit à Mefline &
qu'il garda jufqu'à la tin de fa vie. En 1665 , il avoit été appelle en Efpagne
pour la maladie de Philippe IV, mais ce Prince mourut avant que l'ordre de
partir lui eût été intimé. Après l'exaltation d'Innocent XII en 1691 , il fut encore
propofé à ce Pape pour remplir la charge de fon premier Médecin ; George Mjtthias
dit même qu'il y fut nommé. Il ne l'accepta cependant point, Ibit que fon aita.
chement à fa patrie, foit que le grand nombre d'Ecoliers qui fui voient fes Leçon»,
l'eût empêché de fe rendre à une invitation fi glorieufe pour lui. Content d'ailleurs
de la médiocrité de fon état , il fe borna à fes premiers devoirs ; monter en
Chaire, vifiter les malades, répondre aux confultations , c'eft à quoi il employa
tout fôn tems. Après la mort de fa femme, il prit l'habit clérical & reçut les
Ordres facrés ; mais il n'en fit pas moins la Médecine , fur-tout à l'égard des pau-
vres , pour qui il eut toujours des entrailles de père. Il mourut le 7 du mois de
T 0 M E ir. B b
t94i S C A
Septembre 1^97, à l'âge de 65 ans, & laifla un Ouvrage contre la faignl^e, fous-
'e titre de
Phlehotomia damnata ^ (Ive , ^vidii , Chryjîppi Cnidii , ^fclepiadis , Erafiflrari & ^rlf-
togenîs contra fanguinis mljjionem do&rina è vetufiatls tenebris in lucem fibi dchitam revo'
caca & luculeitiàs enuckata jaxta leges motûs kumorum in orbem. Putavli, i6q6 , tn-4-
Un Médecin, nommé Matthieu George^ s'eft élevé contre la doftrine de cet Ou-
vrage par un Ecrit intitulé: Phlebowmia liberata , feu, yJpologia pro fanguinis mif'
Jlone. Genue, 1697 , /n-4. Mais comme toutes les opinions, même les plus abfurdes,
ne manquent jamais d'avoir quelques partifans , Jean-Baptijh Fulpini a voulu fou-
tenir celles de La Scala dans une Lettre qu'il publia contre George. Cette diCpute ,.
au fujet de la faignée , avoit déjà été agitée plidieurs fois , & l'on remarque que
la pa (lion, l'entêtement, le préjugé y ont toujours eu beaucoup de part. On a
donné dans les extrêmes. Ceux qui n'étoient pas du goût de la faignée, l'ont
entièrement profcrite de la pratique de la Médecine ; ceux qui la regardoient
comme un remède puiJTant, ont répandu le fang humain à grands flots, fans trop
s'attacher aux différences des tempéramens, non plus qu'à la variété des caufes,
des circonftances & des complications des maladies.
SCALA, fjofeph^ de Noto , Capitale du Val de ce nom en Sicile , naquît
le aB Août 1530. Comme il étoit doué de l'efprit le plus pénétrant , & que l'étude
étoit l'a paflion dominante, il fe fuffit à lui-même pour apprendre les Langues
favantes, la Philofophie , les Mathématiques & la Médecine. L'Univerlité de
Padoue couronna fon mérite ,. en lui donnant le bonnet de Doéteur en cette der-
nière Science, l'an 1556. Mais à peitte furvécut-ii à cet honneur, car il mourut
le 7 Juillet de la même année , dans la 26». de fon âge.
Jofeph Scala, fils pofthume du précédent, étoit aufli de Noto. Il fe diftingua
P"' *°" /avoir en Philofophie & en Médecine mais il furpafla fon père dans la
Géométrie , l'Arithmétique & l'Aftronomie qu'il apprit fans maître. Des talens ii
rares dans un jeune homme le firent fouhaiter à Syracufe & à Catane, où il
enfeigna difiérentes parties des Mathématiques. L'UniverCté de Padoue le demanda
encore pour profeffer les mêmes Sciences dans fes Ecoles, mais il s'en excufa
fur le peu de tems qu'il avoit à vivre ; en effet , il n'avoit que 29 ans lorfqu'il
mourut, en 1585, à Sabionetta. C'efi ainfi que la nature produit de tems en
tems des hommes à talens, dont les vaftes connoilfances feroient prefque douter
de la brièveté de leur vie, fi leurs contemporains ne nous afluroient qu'ils n'ont
fait que fe montrer au monde,.
SCALIGER ou JULES-CÉSAR DE L'ESCALE, favant Critique, Philo-
v?7T '• ^'"'^^ ^ Médecin , tint un rang diftingué parmi les Gens de Lettres du
AVI hecle. Il met lui-même fa nailfance en 1484 , au Château de Ripa dans le
territoire de Vérone, & fe dit un des defcendans des Princes de i'Elcale , autre-
fois Maîtres de cette ville, ainfi que de plufieurs autres places d'Italie. Cette idée
lur ia nobleffe étoit fon foible ; il avoit là deflus tant d'entêtement, qu'il n'eft rien
dans le monde qu'il n'ait fait pour foutenir Ion opinion & pour la f«ire trouver
rejfonnable. Plufieurs l'ont adoptée fur fa parole i mais d'autres ont berné ce Mé--
"S C A ^g-
.^ecin & l'ont traité de vifionnaire. ^ugujlin. Niphtts efl le premier qu^ lui ait dir-
puté là nobleffe. Il l'accufe de s'être voulu ériger en Pr.îice Souverain, lui qui
n'étoitque le fils d'un maître d'école de Padoue, apptUé EznoU Burden. Ce Benoit,
étant allé demeurer à Venil'e , prit le nom de Scall-.zr , à çauie qj'il svoiî Une
échelle pour enleigne , ou qu'il dcmeuroit à Téciielic de ?ainî: Alarc. De Thou ,
qui étoit grand parrilan de Scaliger & ami particulier de Jojéph . fon TU, prétend
que ce trait eft une invention de Nlphus ^ qui ne la débita, qi^e, pot^r fe venger
de ce que JuUi-Céfar Scaliger n'avoit point parié audi avantageuîeme::" d' ^••."ujUn.
Kiphui^ Ion aùul, qu'il l'eût fouhaité. Mam Jérôme Cardan, Méoecin de Milan,
a audi traité la noblefle de Scaliger de rêverie, 11 eft vrai que Cardan étoit l'en-
nemi irréconciliable de ce Littérateur, depuis que le Livre de la iubtilité 1 avoit
mis aux priles avec lui ,• cette raifon ne doit cependant point fsire recufer Ton té-
moignage , puifqu'il eft confirmé par des preuves auxquelles on ne peut fe retufer.
Telles iont les Lettres de Naturaîité que Scaliger obtint en France tn i^ib; elles
démontrent clairement que les prétentions à la haute noblelTè n'ont été imaginées
que parla vanité. Gafpir Scioppius , Ecr.vain Allemand qu'on s appelle V /Attila des
Auteurs, a aufti levé le mafque de Principa'Jté , dont Scaliger s'eft (ervi pour ca-
cher robfcurité de^n origine. Il a fait voir qu'il s'appelloit Jules Burden, qu'il
étoit né dans une boutique d'enlumineur, qu'il fut Frater Ibus un Chirurgien &
eni'uite Cordelier ; mais que l'élévation de Ion efprit lui ayant fait afpirer à
de plus grande* chofes, il quitta le froc & prit le bonnet de Dodteur en Méde-
cine à Padoue.
Scaliger ne parle pas feulement de fa noblefle avec avantage , il rapporte fes
Taits d'armes avec des termes pompeux, publie fon érudition & fon fjvoir
avec la même emphafe. Pour la icience , il avoit raifon ; car on ne vit guère
de génie plus vafte & plus propre pour les Lettres.* mais quand il ne nous
auroit pas appris qu'il étoit favant , fes Ouvrages nous l'auroient dit avec plus de
modeftie.
Il étoit déjà avancé en âge , quand il fe mit à faire la Médecine. Tl l'exerça
premièrement dans les Etats de Venil'e, er>fuiîe en Piémont. Delà il paHa à
Bordeaux qu'il dut quitter , parce qu'il ne voulut pas fe foumettre à l'examen qu'on
exigea de lui. Il fe rendit alors à Agen, où il s'attacha à un Prélat de la Ma;foa
de la Rovere , qui avoit obtenu l'Evêché de cette ville. Il s'y maria à la fille
•d'un Apothicaire, d'autres difent à ylndiere de Roques Lobejac, fille de condition,
qu'il époufa dans fa treizième année. Il pratiqua à Agen jufqa"à fa mort arrivée
en 155B, à l'âge de 75 ans, laiflant Silvio , Médecin, Sx Jofephjujle, fes fils, hé-
ritiers de fon efprit & de fa réputation. Le fécond doit être compté entre les
grands Hommes de la France, au rapport du Cardinal du Perron; il ne fut ce-
pendant point aufli excellent que fon père qui avoit plus d'efprit que d'étude, pen-
dant que fofeph avoit plus d'étude & de travail que d'efprit.
On a de Jules'Céfar Scaliger une Poétique , des Lettres , des Oraifons , des Poé-
fjes, des Commentaires furies Auteurs anciens, & plufieurs autres Ouvrages,
dont quelques uns ont afiez de rapport avec la Médecine pour en donner les
titres & les éditions :
Commenturii in Bhpocraùi Librum de Infanniis , adjeSô uxta Latine ah eodem veni.
ïgô S C A
Lugduni\, is^S , in-foUo, ISiJem t 1561 , in-folio , zvec fa Poétique. G/eJ72e , ï6l0»
n y. Amftdodami ^ 1659, m-i2. Il y a long-tems qu'on a dit que le Livre Dt
Infomnlis n'appartenoit pas à Hippocrate , mais à Herodicus qui ett encore Auteur
du troifieme Livre De fanorum vlclûs ratione , fauflement attribué au Père de la
Médecine.
fn Libros duos Ariflotdis qui infcrlbuntur de Plantis , Commentarii. Luutlis , 1556 »
1565 , 1/1-4 , 161Q, in-folio. Lugduni y 1566 , in-fol. Marpurgi , 1558, m-8. Jimp
tdodami , 1644 , in-fol.
De fubtilitaie Libri XXI. Lutetia , 1557 , w.4. Bajîlea , 1560 , In-fol. Hanovla ,.
1634 , in-8.
Exercitatinnum cxotericarum Libri XV de fubtilitate ad Cardanum. Parifiis ,: 1557 »
iB-8. Francofurti ^ 1592 , 1607 , in-H.
Commentarii & ^nimadverfu..es in fex L'bros Theophrajli de caujîs plantarum. Ge»
nev<£ , 1566 V in-fol. Lugduni , 1566, 15B6, in-fol.
Commentarii in ^rijlotelis Librum qui dcdmus Hifioriarum infcrlbitur. L^gdant ,
1581 , in'à.
^nimadverjîones in Hijlorias Theophrajli, Lugduni., 1584^ in-Z , avec- fcs notes de
Robert Conftantin. .Amftelodami ^ 16^4. , in- folio , avec le Théophrfjl^ Grec & Latin De
Hijloria plantarum par Jean Bodteus à Stapel , & les Commentaires du même
Traduéteur,
^rijloidis Hijloria de animalibus Scaligerô interprète , cum CommentarUs, Tolofa ,
1619 , in folio , par les ibins de Piiilippe-Jacques Maujfac.
Difputatio de partu cujufdam infantulis ^gennenfls , an fît feptimeftris , an novenk
menfîum ? Colonia Allobrogam , 1630 « in-folio , dans la iixieme partie des Œuvr«6
de Jacques Sylvius.
On a reproché à Scaliger de n'avoir point eu en toutes choies des fentimens-
bien orthodoxes ; quoique certains Ecrivains aient afluré que ce qu'il y a de
repréhenlible dans fes Ouvrages ne part point de lui , mais qu^il a été ajouté
par les Calviniftes , qui ont même fupprimé des Poèmes qu'il avoit compofés
à l'honneur des Saint?. Quoiqu'il en loit , il mourut bon Catholique, & fut eir-
terré dans l'Eglife des Auguftins d'Agen , où l'on voit cette Epitaphe compoiêe
par lui même :
JULII C^SARIS SCALIGER.1 QUOD FUIT.
Obiit M. D. LVIII , Kal. Novembrii ^
jEtatii fuee LXXV.
Extullt Ttalîa , eduxit Germania , Juli
Ultima Scaligeri funera Gallus habet.
Hinc Pliœbi dotes , bine duri robora Martis ,.
Reddere non pctuit nohiliore locô.
SCALIGER. , ( Joreph-Jufte j) fils du précédenr, naquit à Agen le 4 Aofit
Ï540 Ce fut à Bordeaux qu'il commença fes études ; mais , pour n'être pas privé
. des leçons de ion père , il retourna à Agen où il demeura pendant quelque'
s C A J97
fems , & fè rendit enfoite à Paris pour y apprendre le Grec Ibus udMei
Turne.bc. Il n'eut pas bel'oin de maître pour la Langue Hébraïque : il s'y rendit
habile par lui-même, ainfi que dans la Chronologie , les Belles - Lettres & la
Critique. Les Curateurs de l'tJniverfité de Leyde l'appcllerent dans cette viiîe
*° ^593 » & il y enfeigna publiquement pendant feize ans dans une Chaire
extraordinaire. Avant de quitter la France , il fe préfenta au Roi Henri IV»
auquel il expofa en peu de mots le fujel de ion voyage. Tout le monde s'at-
tendoit à quelque chofe d'important de la part du Roi ; mais on fut bien fur-
pris , lorfqu'après lui avoir dit. Eh bien, M. de l'Efcale , les Hallandois vous veu-
lent avoir & vous font une grojje penfion ; fen fuis bien aife. Ce Prince changeant
tout à coup de converfation fe contenta de lui demander : Lft-il vrai que vo^s
avei été de Paris à Dijon fans aller à felle ? La vanité de Scaligcr a dû fouf-
frir dans ce moment.
Ce Littérateur mourut en célibat à Leyde Fe ai Janvier 1609 , après avoir
donné des notes fur Sencque , fur Farron , fur u^ufonne , & après avoir corrigé
plufieurs autres Auteurs. Il eft vrai qu'il n'a point fait une étude particulière
de la Médecine , comme fon père ; il a cependant .traité de plufieurs matière»
qui ont du rapport à cette bcience , ainfi qu'on peut le voir dans les Ouvrages
fuivans :
Cajligatlonum in ffippocratis Libellum de vulneribus caphis explicatio. Lutetia , 1578,
inS , avec le Commentaire de François f^ertunien fur le même Livre.
u^Jîrampfychi Oneirocritkon , Jîve , fomniorum interpretatio , digeflum & cajllgatum
Parifiis , ï599i 'i-B 1 en Grec & en Latin. Ibidem, iôq"; , in-4,
^4nimadverpones in Melchioris Guilandiai Commentarium in tria C. Plinil Caplta de
Papyro. Ibidem, i5io , fn-4. Francofurti , 1612, in-8. Bayle fait une réflexion fort
jufte à propos de l'application de Scaliger à éclaircir les anciens Auteurs. Je ne
fais , dit-il , fi on ne pourroit pas dire que Scaliger avoit trop d'efprit & de
fcience pour faire un bon Commentaire. Car à force d'avoir de l'efpriî , il trou-
voit dans les Auteurs, qu'il commentoit , plus de fineffe & de génie qu'ils n'en
«voient effe£\ivement ; & fa profonde Littérature étoit «aufe qu'il voyoit mille
rapports entre les pcnfées d'un Auteur & quelque point rare de** l'antiquité ,
de forte qu'il s'imaginoit que fon Auteur avoit fait quelque allufion à ce point
d'antiquité , & fur ce pied-là il corrigeoit un palfage. C'efl ainfi qu'en voulant
donner du génie à fes Auteurs , il a fouvent lailFé échapper leur véritable efprit.
Scaliger fut enterré dans l'Eglife de Sainte Marie à Leyde. Il avoit ordonné qu'oe
y mît cette Infcription fur fon Tombeau:
JosEPHus JusTus Scaliger
JuL. Cjes. Filiu»
Hic fxspecto Resurrectionem.
Mais les Curateurs de l'Univerfité la trouvèrent trop fimple, & lui firent éle-
ver un monument, fur lequel on grava cette Ëpitaphe qui eft U conforme aux idées
de grandeur que Juks-Céfar Scaliger avoit fur fa naiflance ;•
198 'S C A.
DEC OPT. MAX. SACRUM
Et ;ETERN^ MEMORIiE JOSEPHI JUSTI ScALlGERI ,
JUL. C^S. A BURDEN F.
Principum f^'eronenjîum Nepotis.
F'iri qui inviËfà anima ,
Unà cum Parente Heroë maximd ,
Contra fonunam adfurgens ac jus fuum fibi perfequens ,
Jmperium Majaribus ereptum
fngcnlô excelsd ,
Labore inJefefsô,
Eruditlone Inujitatâ ,
In Litteraria Republica quajî fataliter recuperavît\
Sid prtefenim ejufdem modejlite^
Quod fibi fieri vetuit^
lidem qui in Urbem hanc vocarunt Curatores yicademi<£ ac Urb. Cos.
Hoc in loco Monumentum P. E. L. C.
Ipfe fibi tstcrnum ia animis bominum reliquit.
Telle honorable que foit cette Infcription à la mémoire de Scallger , elle n'en a
point impofé à la poftérité : plufieurs Auteurs font de cet Homme un portrait qui dé-
pare les louanges qu'on lui a prodiguées. 11 avoit , dit-on, hérité de fon père, la
•vanité la plus déplacée , l'humeur la plus cauftique & la plus inlupportable. Ses
Ecrits loni un amas de choies utiles , & d'inveétives groflieres contre ceux qui
me le déclaroient point le phénix des Auteurs, Ebloui par la fottife de quelques-uns
^ui lui donnoient les litres les plus faftueux , il s'imaginoit bônnemertt que la Na-
ture s'étoit épuilée en la faveur. C'étoit un tyran dans la Littérature. Il le glorifioit de
parier treize langues , c'eft-à-dire , qu'il n'en favoit aucune à fonds. La connoiflànce
imparfaite qu'il avoit de toutes , étoit un répertoire dans lequel il puilbit des termes in-
fultans & ^roffiers. Auteurs morts & vivans , tous furent également immolés à fa cri-
tique. Il leur prodigua plus ou moins les épithetes les plus humiliantes & les plus
injurieules. Le plu» grand fervice qu'il ait rendu à la Littérature , eft d'avoir ima-
gine le premier un fil dans le labyrinthe de la Chronologie , & d'avoir trouvé des
prmcipes sûrs pour ranger l'Hiftoire dans un ordre exact & méthodique. Gui Patin
a dit de lui:» quand je lis la plupart des Ouvrages de Scaligcr , jene les entends
V) point ; je baillé humblement la tête en me fouvenant de ce qu'a dit Martial :
-SI Non omnibus datum eft habere nafiim. „
SCANAliOLUS , ( Antoine ) Médecin du XV fiecle , étoit de Modene. Il en-
treprit la défenfe de Nicolas Léonicene contre Noël Montefaurus ^ au fujet de la Vé-
role. Le dernier prétendoit que cette maladie n'étoit point noiivelle , mais qu'elle
tavoit été anciennement décrite fous le nom de Botlior , à^ yifaphati , &c. ; & c*eft
ûctte opinion que Scanarolus réfute dans un Ouvrage intitulé :
Difpucatio uiilis de Muvbo GalUco , iS? opiaionis Nicolai Leoniceni confinnatio coatra ai-
s C A 199
verfarium eandem opinlonem oppugnantem. Bononia, 1498, in-4 > & dans le premier
Tome de la Colleaion de Venife De Morbo Gallico.
SCARARICrUS, fSébaftienJ) ProfelTeur de la Faculté de Médecine en l'U-
niverlité de Padoue , fa patrie , s'eft acquis la plus grande confidération dans le
XVII fiecle. Il commença d'enl'eigner en 1636. Les fuccès de fa pratique lui mé.
iiterent la confiance des perfonnes les plus diftinguées du Padouan ; l'enjouement
& la gaieté qu'il mettoit dans les leçons publiques lui attirèrent toujours un grand
nombre d'auditeurs, & les bons mots , dont il animoit la converfation, le firent re-
chercher dans le s fociétés. Cet Homme favoit quelquefois oublier qu'il étoit favant
pour ne paroître qu'agréable, mais comme il n'oublioit jamais ce qu'il devoir à la
décence de fon état , il ne s'en rendit que plus eftimable. Il mourut le 24 Févriec
1686, & laiflTa les pièces fuivantes:
De ortu ignis fzbriferi Hiftoria Phyfica , Medica. Patavii ^ 1655, '''-4-
Hijloria bovini cerebri in lapidun mutatî. Ibidem , 1678 , ïn-11.
De lapidis concretioae in homîne.
SCARAMUCCI , CJean-Baptifte) Médecin du XVII fiecle, qui exerça à
Macérata & à Urbin , deux villes de l'Etat Eccléfiaftique , fut reçu en 1690 ,
dans l'Académie Impériale des Curieux de la Nature , fous le nom de Phaéton.
Outre les Obfervations qu'il a communiquées à cette Compagnie favante , il
a écrit :
De motu cordis Mechanicum Theorema. SznogallLs ^ 1689, /«-4 , avec un Recueil
qui traite De motu arteriarum & pulfuum diffcrentiis (împilcibus. Sans s'attacher au
terme banal de faculté vitale ; fans s'attacher au fenliment à^Harvéc qui fuppofe-
que les ventricules du cœur doivent le contrafter , parce qu'ils ont été pré-
cédemment dilatés par l'entrée du fang veinai ; fans faire attention à l'efter-
vefcence imaginée par Borelli ;. il n'admet d'autre Théorie que celle qu'il éta-
blit fur l'interruption du cours du fang dans la fubftance du cœur. 11 remarque
que le fang paile dans l'artère coronaire pendant la contradlion , & point dans
la veine ,• que dans la dilatation, il fe jette dans les interfaces des fibres Se
la veine coronaire, qu'il ne circule point dans l'artère de ce nom .- & c'eft delà
qu'il déduit la folution de fon Théorème.
ThcoranattL famiUaria de Phyjîco - Medlcis Lucubrationibus juxta leges' mechanîcas,,
Urbini , 1695 , «1-4. L'Auteur renferme en vingt l'héoremes tout ce qu'il a re-
cueilli de plus intéreflant , foit de fon expérience dans la Pratique , foit de celle
des autres.
Lettera fopra un Jdrofobo. Macérata , 1702 , in-d. Il s'agit dans cette Letire ,,
qui eft adrelTée à Antoine Magliabechi , d'une rage furveaue à de violens accès-
de colère. On a plufieurs exemples d'Hydrophobies fpontanées..
SCARBOROUGH , f Charles ) Maître-ès-Arts à Cambridge , fut reçu Doc
teur en Médecine à Oxford le 23 Juin 1646. Ses talens le firent eftimer du:
célèbre Harvée qu'il aida de fes lumières , lorfque ce Médecin étoit occupé de
la compofition du Traité de la génération des animaux. Scarhnrougk fut le prc'
miet <iui s'avila d'appliquer à l'Anatomie des railons tirées de la Géoméuie &.'
^00 s C H
de la Méchanique ; il en agit ainfi , lorfqu'il démontra la ftruiture des partie»
du corps humain & qu'il en expliqua les ufages dans l'Amphithéâtre des Chi-
rurgiens de Londres , où il fie des Leçons pendant feize ou dix-fept ans. Comme
il palla la plus grande partie de fa vie dans cette Capitale , il eut l'avantage
d'y voir l'on mérite récompenfé. Le Roi Charles II , qui l'avoit nommé fon
premier Médecin , le créa Chevalier le 15 Août 1669. Il fut auflî attaché au.
Ibrvice du Duc d'Yorck » frère du Roi , qui monta lui-même fur le trône en
1684 , fous le nom de Jacques il. Scarborough occupa encore l'emploi important
de Médecin de la Tour de Londres , & finit par être Médecin de Guillaume
III , Roi en léS'd. Il eft Auteur de quelques Ouvrages Anaromiques qui rou-
knt fur la Myologie ; ils font écrits en Anglois.
SCHABOUR-BEN-SAHEL , Médecin Arabe , Chrétien de Religion , mourut
l'an 250 de l'Hégirç , qui tombe en 864 de falut. Herbelot dit qu'il eft Auteur
d'un Livre intitulé : Acrabadin , c'eft-à-dire , Médicamens tirés des Confections.
SCH ALLER ( Jérôme ) étoit de Nuremberg. Il prit le bonnet de Dodeur
en Médecine à Wittcmberg au mois de Mai 1570, & ne tarda pas à remplir
la Chaire de Phylique de l'Univeriité de cette ville. Il fut nommé Redleur
en 15-4 ; mais comme il ne voulut pas foufcrire aux articles de Torgau , il
abandonna cette place la même année. On n'a rien de lui qu'une Lettre Latine
à Mdchior fendius lùr la compofition d'une nouvelle Thériaque , dont il étoit
Auteur. Laurent Scholi a inféré cette Lettre dans le Recueil imprimé à Franc-
fort en 159B , in. folio , & à Hanau en 1610 , ift-4.
iVolf^ang SchalUr , de Freidberg en Mifnie , reçut les honneurs du Doaorat
dans la Faculté de VVittemberg le 14 Juillet 1612. Il y enfeigna eniuite la Mé-
decine , & fut élu Redteur de l'Univerfité en i6ig & 1625. George Matthias ne
dit pas il ce Médecin appartenoit au précédent , & Lipenius ne lui attribue
qu'une DUfertation D& ^nhritlde , imprimée à Wittemberg en 1622 , in-^.
SCHAMBERG ( Jean-Chriftian ) naquit à Leipfic le ai Avril 1667. Après
de bonnes études d'Humanités, il fe rendit à Freidberg , où il s'appliqua pen-
dant quelque tems à la Docimaflique. Il palla enfuite à Altorf & delà à Leyde ,
& fit tant de progrès dans les Ecoles de l'une & de l'autre de ces villes ,
qu'à fon retour à Leipiic , on lui accorda le bonnet de Dodeur en Médecine ,
le 5 Od\obre 1689. L'Art des Accouchemens , le Collège Pratique , l^Hitloire
Naturelle , furent alors les principaux objets de fon application ; mais dès qu'il
fe vit au nombre des Aflt^OTeurs de la Faculté de Leipfic en 1693 , il redoubla,
ce foin? , de zèle & d'étude pour remplir dignement les Chaires de Chymie ,
de Phyfique & d'Anatomie , auxquelles il fut fucceflivement nommé. A peine
eut-il commencé à cnfeigner cette dernière Science , qu'il fit fentir tout le be-
foin d'un Théâtre Anatomique pour les difiecTions ; il prefla , il follicita , il prouva
que c'étoit peu d'expliquer de vive voix la ftruéture du corps humain aux
Ecoliers , qu'il falloir parler aux yeux autant qu'aux oreilles ; & il obtint l'é-
reclion de l'Amphithéâtre fi nécellaire à l'Univerûté de Leipfic. Il étoit Redeur de
«Êtte Académie , lorfqu'il mourut le 4 Août 1706. SCHAMSKV
s C H ao3
'SCHAMSKY , ( Alexandre ) Dofteur en Phildbphie & en Médecine , prit
Tes degrés dans l'Univerlité de Prague & fut promu à l'emploi de Phyficien de
la ville d'Olmutz en Moravie. C'eft du 28 Septembre 1^12 qu'il date la Préface
d'un Ouvrage intitulé :
Promptuarium parvum MedicO'Pra&lcum , ex diverjîs , tum antlquh , mm recentioribus
Scrlptoribus , prias in ufum prîvatum concinnatum , nunc verà ufui publico pro rare & do-
mo confecratum. Fiennis , 1714, ''1-4. L'Auteur , qui avoit été élevé de Jean-Fran-
çois Low , a profité de la Bibliothèque de ce Médecin pour y faire des recherches
relatives à fon objet; il avoue cependant que les Ouvrages d'Enmuller & de Rivière
font ceux , où il a plus abondamment puifé les matières qu'il a arrangées par
ordre alphabétique dans ce volume. C'eit une efpece de Dictionnaire de maladies,
dont la cure eft calquée fur la Polypharmacie qui dominoit alors en Allemagne.
SCHARF , ( Benjamin ) Membre de l'Académie Impériale des Curieux de la
Nature , fous le nom de Blas I , étoit de Nordhaufen dans la Thuringe , où il na-
quit le 6 Juin 1651. Il prit le degré de Licence en Médecine à Jene en 1671 , & en
1674,41 fut nommé Médecin du Comté de Schwartzbourg , ainli que de la ville
de Sondershaufen ; mais il quitta cet emploi, en 1687, pour aller gouverner l'E-
cole de Mulhaufen. Au bout de deux ans , il vint reprendre fes premières foniflions
à Sondershaufen, dont il ne tarda point à être encore Echevin. Il mourut le jour
de la Pentecôte 1702 , & laifl'a quantité d'Obfervations recueillies dans les Mé-
moires des Curieux de la Nature , un Avis en Allemand fur la connoiflance ,
la préfervation , la curation de la pefie , & les deux Ouvrages fuivans :
uirkeuiologia ^ feu ^ Juniperi Defcriptio curiofa. LipjîiS, 1672, tn-8. Francofuni & Lip-
Jîte^ 1679, ia-é. Le mérite de ce Traité, fi c'en eft un, confifte dans un grand
amas de formules , dont le Genièvre fait la bafe.
Toxicolo^ia , feu , TraSlatus Medico-Chymicus de natura venenorum in. génère. Jena^
167b, ia-8.
SCHARPE , ( George ) EcofTois dont y^Jlruc parle dans fes Mémoires , étu-
âia la Médecine à Montpellier , où il obtint les honneurs du Dod^orat en 1607.
11 fuccéda à la Chaire de Jean f^arandé en 1619. Apparemment que fa nomination
traîna en longueur; car F'arandé mourut en 1617 , & il y eut la même année un
concours pour le remplacer , ainfi qu'il paroît de l'Ecrit publié par Scharpe , lou«
le titre de Qucefilones Mediae XII. MonfpcUi , 1617 , £1-4, Ce Médecin fut nommé
Vice- Chanc«lier de la Faculté en 1632 , pendant l'abfence de François Ranchin ;
■mais il quitta Montpellier peu d'années après. Il fut appelle à Bologne en Italie
pour y remplir une Chaire de Médecine, à laquelle étoient attachés des appoin-
lemens confidérables. L'ofire étoit engageante; il ne balança point de l'accepter,
& fe rendit à Bologne en 1634. Il ne jouit pas long-tems des avantages de fa
nouvelle charge , car il y a apparence qu'il mourut en 1638. Matthias le dit for-
mellement ;& ce qui fait croire que fon opinion eft fondée, c'eft qu'il parut la ma-
rne année à Bologne un Ouvrage , //i-4 , fous le titre à'' Injîitutiones Medicina^ que
Claude Scharpe , fils de l'Auteur , prit foin de mettre au jour & qu'il donna comme
«n Recueil des cahiers que fon père avoit didés dans les Ecoles de Montpellier.
T 0 ME ir. C c
202
S C II
Si George eût vécu alors , il eft apparent qu'il s'en fer oit fait honneur , s'il les
avoit jugés dignes du public, ou qu'il n'auroit pas permis qu'ils vi lient le jour»
s'ils n'étoient point afiez travaillés-.
Claude Sch.vpe quitta Bologne après la mort de fon père, & vint prendre Tes
degrés à Montpellier. Comme il y avoit été reçu Bachelier fix ans auparavant, il
continua les examens jufqu'au Dodorat, dont on lui accorda les honneurs le 9 Sep*
tembre 1638.
SCHEDEL, ( HermàfiJ Médecin Allemand , dont George Matthias fait men-
tion , naquit en 1410, & mourut en célibat le 4 Décembre 1485. C'étoit encore
le lic:cle où les Médecins fe pouffoient aux dignités eccléfiaftiques. Celui-ci , après
avoir été attaché, au Marquis de Brandebourg , devint Phylicien de la ville de
Nuremberg en 1475 , paîla enfuitc à Ausbourg , dont il devint Chanoine , ainiî
que de la Cath 'taie d'Aichftat.
Hartman Schedd eft u-!> autre Médecin Allemand du même fiecle. Il naquit à
Nuremberg le 13 Février 1440 , fit de bonnes études , prit le bonnet de Doc-
teur , exerça à Ncrdliugen , à Ambcrg , & à Nuremberg en qualité de Phy-
'fi-ien ordinaire^ depuis 1484. 11 mourut dans cette dernière ville le 28 Novembre
1514, Il étoit favant en Théologie Ôi connoillbit bien l'Hiftoire.
SCHEFFE51 ( Gnillaume-Ercefte^ naquit le 14 Mars 1590 à Budingen dans la
Wétéravic. Après avoir étudié la Médecine h Gieflcn , à Helmftadt , à Leyde &
à Oxtord , il vint en recevoir le bonnet à Strasbourg en 1624. Il choilît eniuite la
ville de Francfort fur le Mein pour y faire fa profellion , & il y finit fes jours
le 21 Mars 1665. On n'a de lui que des Opufcules , dont il n'y a point d'édi-
tions particulières.
Sébajlien Schejfer ^ fon fils , vint au monde à Francfort le 2 Janvier 16'^ i. 11
reçut , fous les yeux de Ion père , une éducation qui développa les difpolitions
qu'il avoit pour les Sciences. Plein de goût pour l'étude , il i"e rendit en 1648
à Strasbourg , & il s'y diftingua pendant fon cours de Philofophie. Mais comme il
le décida bientôt après à embrafler le parti de la Médecine , fon père ne manqua
pas de féconder les inclinations ; il l'envoya à Leipfic , & delà à Helmfiadt,
pour y cultiver les différentes parties de cette Science, Les progrès que fit le jeune
Scheffer dans l'une &: l'autre de ces Univerfités , l'avoient mis en état d'afpirer
aux honneurs du Doflor'at , mais il ne voulut point les demander avant d'avoir
été fe pcrfeiVionrrcr dans les Pays-Bas & en France , où il vilita les principales
Académies. A fon retour en Allemagne , en 1659 , il prit le bonnet de Dofleur
à Heiclelberg , & ne tarda pas à rejoindre fon père qui , déjà avancé en ûge «
'avoit beloin de fecours dans les travaux de la pratique. Il vit ibus lui & avec
lui les malades pendant cinq ans, après Icfquels fe iuffifant à lui-môme , il acquit
la confiance du public & devint enfin Médecin ftipendié de la ville Je Francfort.
11 étoit de l'Académie des Récupérât! , ?< Adjoint de celle des Curieux de la Na-
ture d'Allemagne , foUs le nom de Perfie II, loffqu'il mourut le 10 Janvier 1686,
à l'âge de 55 ans. On a de lui .'
JntroJuEilo in Univerfam ^irtcm Medlcam , Jlnguhifque cjus partes, Helmafiadii , 1654 ^
ïn-4. C'cll wne Thçle l'outenue fous la prclidence de Cunringîus,
s C H îot
3
Matthîa Moronl D'in&orium. Medico-Pra&lcum , variis exempUs auctum. Francofurd ,
Ï663 , in.4.
Gafparls Ho^manni Praxis Medica curlofa , cum adje^îs qulbufdam Orat onibus. Ibi-
dem. , 1680 , /n-4.
On trouve un éloge funèbre de ce Médecin dans les Ephémérides d'Allemagne.
Il eft d'autant plus remarquable , qu'il eft l'ouvrage de l'amitié , à qui les termes
les plus relevés & les expreOîons les plus fortes n'ont rien coûté pour fe fa-
tisfaire.
D. M, S
Ehea nos miferos ,
Ouàm totus homuncio nil eft!
Nafcimur cum fletu ,
uidolefcimus cum meta ,
Senejcimus cum gémi tu.
yita noftra quantula eft aut quanta,
F'el nulla eft, vel breviftima!
Alterna lamen tua erit ■^
Celeberrime Sebastiane Schefferb
nOAA/\N ANTAIE=.IE AaA/IN
Tu non fulùm
n. Aie- m.TP/\îi ftileniftîmus ,
Sid & Machaon feliciffimus ,
Et alter Francofurtenfium ad Mœnum ^fculapius.
Tu pietate in Deum , Magiftratum & Parentes ,
Tu caritate in Uxorem & Libéras;
Tu fide ia Patronos ,
Tu candore ia ^micos , .
Tu amore in omnes Probos ,
In terris incomparabilis , beatus in cœlis.
Te Natura col'u fidum interpretem arcanorum^
Te Medicina Myftam faoram facrorum facrum.
Tibi fani fofpitatori corpoi um ,
Tibi agri liberatori malorum ,
Non unum gallum.
Domeftici te coluerunt^
Exteri admirabuntur ^
Pofteri fufpicient.
JSternum hâve ^nimula ter beata.
anémones , Rofas , Amaranthos ,
Tibi J)anathani oculijpmo ,
Mihique nunquam recnnciliato ^
uid Tumbam fpargo.
Dum vlvebas , cordi ,
Dum moTerîs tuce famx , familiaque conjan&ljjîmus
David Georgius Francus.
204: S C H
Matthias che Charles' Schefcr de Hall en Saxe, Do6teur en Médecine Si P&yG--
cien de fa ville natale, où il mourut le 24 Janvier 1675. On a de lui PdUîcs Bo-
tanica Halenfes , qui ont paru à Leiplic en 1687, i.i-S , avec l'Ouvrage de Càrif-
tophe Knaut ,\mpT\mé fous le titre à Enumerat'to plantarum clrca Halani Saxonain , &
îa ejus vicinlâ ad triant ferè miUiarium fpatium fpontè provenientium.
SCHEGKIUS , ( Jacques^ laborieux Ecrivain Allemand, étoit de SchorndorîT.
dans le Duché de Wirtemberg , où il naquit en 15 11. Il étudia ù lubingue ,
fut reçu Maître-ès-Arts en 1530 , & commença d'enfeigner la Phiiofophie en
1531. Il s'appliqua en même teras à la Théologie , & ce fut en vue d'y faire plus
de progrès qu'il apprit les Langues Grecque & Hébraïque ,• mais il abandonna en-
fuite cette Science pour fe livrer à la Médecine, dont il demanda le bonnet de
Doéieur qu'il obtint en 1539. Malgré fa promotion au Dod\orat & la Chaire qu'il
remplit pendant treize ans dans les Ecoles de la Faculté, il ne paroît pas que
Schcgkius fe foit livré à la pratique de fon Art. L'Hiftoire , les Mathématiques,
la Mulique, la Phiiofophie, eurent plus de charmes pour lui ; la dernière fur-tout;
l'occupa tellement , qu'il fe fit une aflaire de groflir le nombre des défenfeurs du
Péripatétifme. Non feulement il ne négligea rien pour faire valoir fon opinion dans
les difputes publiques, mais il écrivit encore , & avec beaucoup de chaleur., contre
Jiamus & Simon Simoniui:
Sur la fin de fa vie , Schegkias devint aveugle ; cet accident terrible pour unhom-
■roe de Lettres ne l'empêcha cependant point de continuer lés occupations, car il'
diiSa quelques Ouvrages après avoir perdu la vue. Il fut même fi peu fenfible à
cette perte, qu'un Oculiile l'ayant follicité à fe faire opérer, il refufa le fervice
qu'il vouloit lui rendre , en difant que comme il avoit va beaucoup dechofes qu'il auroit .
iié ravi de ne pas voir , il n^étoit pas fâché d'avoir perda la vue^, afin de n'être plus expofé
à de pareils défagrémens ; que même en diverfes occajîons , il fouhaiteroit de ne pas en-
tendre. Km 1586, il fut attaqué d'apoplexie , dont il revint alfez pour continuer fes
études pendant quelques mois; mais il mourut le 9 Mai de l'année fuivante , gui
éioit la 76e. de fon âge; 11 y en avoit. dix qu'il étoit aveugle.
On a de lui un grand nombre d'Ouvrages de Phiiofophie , de Médecine & de
Théologie , dont les A-llemands ont fait grand cas dans le tems» Voici les titres de
ceux qui ont rapport à la Médecine:
De caufa continente, ^lexandri ^plirodifal de mîxtieae Libellas , eôdem Interprète^
Tuhinga.., 1540, J/i-8. Bofilea ^ ï559» '«-8.
Dialogus de anima prlncipatu j an Cordi , an Cerebro tribuendus. Tubinga^ 1542 ,,
Wà.
Pnelectiones in Galenl Librum de ^rte parvâ. Francofufti, 1559, 1589, Jn-8.
Ve.plajlica feminis facultate Libri très, ^rgentorati , iz^Qo ^ in-^ S* in-16 ,,avecles -
deux Livres fuivans.
De Calido & Humido Liber, unus. De primo fanguificationis inftrumentà Liber unus. .
Ibidem, 1581 , m-8.
TraSationum Phyficarum & MedicHrum Tomus unus , feptcm Llbros compleifens. Frau:
êefuni, 1585 , 1590 , M-I2. .
3 C H" S'05
SCHEIDT ( Jean-Valentia ) vint au monde à Strasbourg en 1651. Ce fut dans
!es Ecoles de l'Univerfité de cette ville qu'il étudia la Médecine & qu'il obtint
les honneurs du Dod^orat ; il ne fe décida qu'allez tard à prendre ce parti , car
là promotion date de i68f. La maturité de l'âge rendit l'es progrès plus rapi-
des, & lorfqu'il Te mit à voyager après avoir pris les degrés, il le fit avec plus
d'avantage. Au retour de les courfes en Italie, en France, en Hollande, en An-
gleterre, en Allemagne & en Suifle , il remplir la Chaire d'Anatomie dans fa pa-
trie , & monta enfuite à celle de Pathologie & de Pratique , qu'il occupa julqu'à
fa mort arrivée en 1731. 11 étoit alors Médecin ftipendié , Doyen du Collège,
Chanoine de Saint Thomas & Confeiller-Médecin de la Cour de Deux-Ponts. 11 a
laiffé plulieurs Diflertations iméreflactes qui ont été foutenues dans les Ecoles
de Strasbourg. Telles font :
F'ifus vinatus^ ejufque Demanjlratio Mathematlco-Medlca. ^rgentoratl , 1677, in"/^
De duobus ojJkuUs ia cerebro muUeris apoplexiâ extlnSa reperds. Ibidem ^ 1687, irt-4.
De ufu Lienis. 1691.
Paradoxa circa generationem homlnls. 1694.
Splanchnologicte do£frina Dijfcrtado prima, 1705. Secunda^ ^7'^Z- Tertia ^ 1706.
De quibufdam visas immitiuti vitiis. 1720.
Htfioria Lienum ruptorum. ^rgentints , 1725 , in-'^.
Jean-Godefroîd Scheid^ Médecin de Strasbourg, peut-être fils du précédent, eîl
Auteur d'une Diflèrtation intitulée ; Hiftoria mulieris cujufdam que inoplnatô cafu lo"
quelam amljît , & ex infperato cafu repente recepit. ^rgentorati , 1725, in-4..
SCHEINER , C Chriftophe ) Jéfuite Allemand du XVII fiecle , pafla pour uji
des plus grands Aftronomes de fon tems. Le 12 Novembre 161 1, en obfervant
le foieil avec un téleicope, il y apperçut quelques taches noir^res. 11 en fut d'au-
tant plus furpris, que tous les Philoiophes fouienoient, depuis ^rijlote ^ que le fo-
Jeil étoit tout brillant de lumière; mais des obfervations réitérées ne lui permirent
plus de douter qu'^rijlote fe fût trompé. Il communiqua fa découverte à fon Pro-
vincial, qui , en zélé Péripatéticien , fe moqua de lui, & lui confeilla de mieux
nettoyer les verres. Ce confeil étoit mortifiant. Le Père Scheiner fe retira très-fficbé
d'avoir vu des taches dans le foieil. Cependant F'elfely Sénateur d'Ausbourg, fe
fit honneur de cette découverte , pendant que Scheiner paroiffoit décidé à garder le
filence; mais dès que ce Sénateur l'eut annoncée au public, le Jéfuite, moins
timide qu'auparavant, ol'a la revendiquer dans un Ouvrage intitulé.- Rofa Urjîna,
five , fol ex admlrando fucularum & macularum fuaruni phtsnomenà varius.
Ce Jéfuite mourut à Nice en 1650, dans un âge avancé, & laifia un autre
Ouvrage qui a bien du rapport au fujet que je traite. Il eft intitulé:
Ocu/uj, hoc ejî , Fundamentum Opticum. Oeniponti, 1619, in 4. Sa defcription de
l'œil eft allez exafle ; il l'a tirée de l'Anatomie de P^éfale , mais il a mieux parlé
que cet Auteur fur les nerfs optiques. 11 a dit que ces nerfs pénètrent obliquement
le globe de l'œil, & s'infèrent, non pas au milieu du globe où à la partie direc»
tement oppofée à l'Uvée , mais plus proche du nez. C'e(t fur les aniniaux qu»-
Scheiner a fait cette obfervation, •
ao5 S C H
SCHELHAMMER, ( Chriftophe ) vint au monde à Hambourg le i^ AvrU
1620. A l'âge de 17 ans, on l'envoya à Jene où il étudia la Philofophie ; il fe
mit enfuite fur les bancs de la Faculté de, Médecine delà même ville, & il y fit
de grsnds progrès fous la diredlion de Gaerner Rolfinck , fon coufin germain. Ce
fut par le conleil de ce parent qu'il entreprit le voyage des Pays-Bas, d'Angle-
terre , de Ffancc & d'Italie , dont il vilica les p!us célèbres Univeriltés. A ion
retour en Allemagne l'an 1643, '• P^ffa à Bàle, où il reçut les honneurs du Doc-
torat le 13 Juillet de la même année. Le 21 Août fuivant, il obtint une Chaire
de Médecine dans les Ecoles de Jene , & fut encore nommé Diredeur du Jardin
des plantes. Sa Faculté Peftima au point de le choifir trois fois Doyen de foa
Corps , & l'Univerfité le nomma deux fois à la charge de Refteur.
La mauvaife fanté de ce R'iédécin, empirée encore par l'étude & les travaux
Académiques qui s'étoient fuccédés les uns avu autres, l'obligea échanger d'air.
Il pali'a à Weimar dans la Thurioge chez Gontofe-Henri Platner^ fon beau-pere ;
niais cet expédient, ainfi que bien d'autres, fut inutile ; il mourut le 21 Juin
1652 , à l'âge de 32 ans. On a quelques difiertations de fa façon.
SCHELHAMMER, C Gonthofe-Chriftophe J fils unique du précédent, naquit
à Jene le 13 Mars 1649. Ce fut dans les Ecoles de fa viiJe nacale & celles de
Leipfic qu'il palla les premisres années de fon cours de Médecine. Les progrès
qu'il y avoir faits , étoient auèz conliJérables pour s'en applaudir , & un Ecolier ,
moins avide de fcience que lui , auroit pu afpirer au titre de Maître ; mais
la belle paffion qu'il a voit de tout lavoir lui fit différer fon Dodlorat, pour
voyager en Hollande, en Angleterre, en France & ea Italie. L'application avec
laquelle il continua d'étudier les différentes parties de la Médecine, les Leçons
des Profclfeurs les plus célèbres dont il recueillit les inftruflions, les exercices
publics & particulier» qu'il fréquenta avec autant de fruit que d'affiduité , enfin
cinq années entières, employcts à fe perfeftionner, lui firent croire qu'il pouvoit
demander le bonnet. Il revint en A'iemagne , & il l'obtint à Jene le 4 Septem.
bre nôff. Ses talens ne tardèrent pas à être connus. Schdhammer fut recherché
de toute part; on le dcaianda à Hclmftadt où il enfeigna pendant dix ans,
c'eft-à-dire, depuis 167g juîqa'en 1689; il remplit enfuite une Chaire à Jene,
& palfa , en 1695 , à Kiell en qualité de Profeilèur primaire. Le Duc de Holftein-
Gottorp l'honora de fa confiance & le nomma fon Médecin. Pour tout dire en un
mot , Schelha-imcr s'acquitta tellement des emplois qui lui furent confiés , qu'il jouit
conftamment d'une réputation G brillante , qu'elle ne fut pas même ternie par
les tons qu'il eut vis-à-vis de fes contemporains.
Trifte condition de fhumanité ! Toujours de l'homme par-tout. Notre Médecin
en fait la preuve. La fougue de ion tempérament le porta fouvent à s'élever
contre le mérite d'autrui , qu'il n'apprécia pas toiijours avec aflez de juftice, pen-
dant que fon amour propre l'enga^teoit à prôner le fien. On ne peut certai-
nement lui refufer beaucoup de génie & de fcience , mais la modeftie lui
manqua ; comme il étoit encore n'»tuiellement chagrin , on ne parvenoit point
aifément au bonheur de lui plaire. 11 etoit . d'ailieurs fi fortement entiché delà
Philofophie à'Ariflott , qu'il avoit embraflee à la perluafioa d'IIerman Conriagiuf.^
s C H CG?
fon beau-pere , qu'il fe fit là delTus ptufieurs afFaires avec les Sa vans qui trou-
voient que les ientimens de cet ancien Philcfophe n'étoient plus de irode.
Il y en a en effet dans les Sciences hun^aincs ; non que la Nature puifTe varier
au gré des Novateurs , mais tout uniment , parce que la raifon cclaiiée par
l'expérience voit les chofes fous un autre point de i'ue que nos pères.
Schelhammer mourut le 1 Janvier 1716 , & félon Mattnias , le 11 Février,
dans la 67e- année. Il étoit de l'Académie des Rlcovrad de Padoue , & de celle
des Curieux de la Nature , dans laquelle il avoit été promu à la place d'Adjoint,
fous le nom de Théoptirajîe. On lui doit une édition de rintrodudion à la Mé-
decine par Conringius , fon beau-pere , avec des notes ; on lui doit aulH beau-
coup d'Obfervations qui méritent d'être lues , fur la Lan2;ue,fur le Larynx,
fur les glandes lalivaires, fur le DiEphragmc , fur le Méfentere , fur le Colon &
le Cœcum , fur le Réfervoir du Chyle , fur les Reins , llir les Doigts & les
Ongles , fur la Lymphe & les Canaux Lymphatiques. Les Ephémérides d'Al-
lemagne contiennent encore plufieurs pièces de cet Auteur , comme l'Anatomie
d'une Mole , un Mémoire fur le calcul du cerveau , &c. : mais rien ne lui a
fait plus d'honneur que les Ouvrages qu'il a publiés en difFérens tems ; on en
pourroit même faire un bon recueil qui ecrichiroit la Médecine , li quelque
éditeur fe donnoit la peine de les élaguer. Voici les titres fous lei'quels notre
Auteur les a fait paroître :
7/1 Phyfiologiam Introducfio. ffelmafiadli , 168 f , /n-4.
Catalogus plantarum rarlorum quas in hortulo domcftlco alult. Ibidem , 168" , t/2.4.
De auditu L'ber unus. Lugdiini Batavorum , 1684 , Ja-8. Il y a plus de Phyfique
que d'Anatomie dans ce Traité.
Catalogus plantarum Horti académie!. Hdmtefladii ^ 16S4 , /n-4. Quoique l'Auteur
n'eût point fait fon affaire principale de la Botanique , il n'a pas laiffé d'orner
ce Catalogue de plufieurs remarques utiles,
Eplftola ad Georgiam Tf^edelium de pulfu. Ibidem , 1690 , /n-4.
Catalogus plantarum clrca HelmiEftadium fpontè nafcentium. Ibidem , 1693 , in-d.
De genuina febres curandi methodô. Jena , 1693 , 1727 , f/1-4.
Eplftola ad Rayum de nova plantas in clajfes digcrendi ratione. Hamburgi i6q- ,
in-4. Jcnce , 1695 , in-4. Il n'y a rien de remarquable.
Orkologia parva ^ feu ^ de kumani corporis Tumoribus , eorumque légitima Curandi rw
tione. Jcnx , 1695 , 1701 , in-4.
Ndtura Jibi & Medicls v'ndicata. Kill<e , ifiçj , /n-4.
Naturte vindicatis F"indicatio , quà ea qiue Librô de Natura ol'im fuerunt afferta
hlteriùs ^onfirmantur atque explicantur. Ibidem^ 1702 , //j-4. Cet Ouvrage a été écrit
contre Sturmius & Boyle. L'Auteur prétend que la Nature eft un être particulier
qui exifte , mais dont on ne peut définir les opérations. Il fe trompe , puifque
la Nature n'eft qu'une manière d'être dépendante des loix du raéchanifme, &
que celles-ci font les fuites des propriétés que le Créateur a imprimées à
nos organes.
^cidularam Schwalbacenfîum S Pyrmontanarum per expérimenta exploratarum inter
fe collât io. Kilite , 1^04 , /n-4.
^nakcla Anaiomico-Phyftologica. Jbldçm , - 1704 , //1-4.
'A^3 B C M
jtinatome Xiphits ad fîoitanum. tiamburgl , 1707 , j/i«4. Le Xiphias eft un poilToo
icétacée , qui a le muleau fait en forme d'épéc. C'eft l'Elpadon.
De Nitro , F'itrîolo , Alumine & Atranienùs Opufculuii. Amftdodami , 1709 , i«'8.
:I1 afibre que le Nitre , dont nous nous fervons , a été inconnu aux Anciens.
D& humani animi adfeêllbus. JCilliS, 17 10, in-^. H prouve, par des exemples plus
ou moins frappans , les effets des paflions fur le corps.
Ars medendi univerfa , ex veris fuis fundamentis eruta , & probatijftmis f^aeram
■& Recentiorum fintentiis curatè expenjls fuperjîru&a. Opus pojîhumum ; nunc demùm
^edidit Ernejlus Fridcricus Burchard. Lipjîte , 1747 , 1748 , 1752 , trois volumes
,4n-4. Le premier volume avoir paru à Weimar en 1717 ; c'eft un Traité de
îPhyfiologie , où l'Auteur cenfure tous les Ijftêmes qui avoient coûts de fon
îîems.
Chrifîian- Etienne Scheffel , Dodteur en Médecine, déBgné Profefieur ordinaire
rdans l'Académie de Griplwald , a publié à Wifmar , en 1727, i/i-8 , le Kecueil
des Lettres que les Sa vans ont écrites à Schelhanimcr , & il y a joint la vie très-
détailléede ce Médecin , avec une lifte fouvent hiftorique de fes Ecrits. Ce Re-
cueil eft intitulé; F'irorum Clarijjimoruni ad Guutlierum Clirifiophorum Schelhammerun
Epijt Jte feleSiores f Rem Liaerariam^ Philofophiam Naturakm ac Mediçinam poùjjîmùm
^Jjpet'ianteu
SCHELLINCÎ, C Conrad J d'Heidelberg, fut Médecin de Philippe, Eleaeur
;Palatin , qui mourut en 1508. On a de lui une Confultation en Allemand fur la
pclte, imprimée à Heidelberg , tn-4 ; on en a encore une autre, mais en Latin,
qui parut dans la même ville & fous le même format, & qui eft intitulée: Con/i-
Vium ad pujîulas m al as ^ morbum ^ quem Malum de Francia vulgus appellat.
SCHENCK , ( Jean ) Médecin, mourut à Nuremberg le 17 Novembre 1588,
après avoir exercé dans cette ville depuis 1568.
On trouve, chez les Bibliographes, un autre Jean Schenck , dit de GrafFenberg,
qui naquit à Fribourg le 20 ou ai Juin 1531. Il fut reçu Doé^eur en Médecine
à Tubingue en 1554, & bientôt après il obtint la charge de Phyficien de fa ville
natale , dont il s'acquitta avec honneur jufqu'à fa mort arrivée le ra Novembre
1598. On a de lui un Recueil d'Obfervations fur toutes les maladies du corps
■humain, même les plus rares , qui eft difpofé en bon ordre depuis Hippocrate
jufqu'à fon tems. La rareté des Ouvrages dont il s'eft fervi pour former ce Re-
cueil, auroit iailfé dans f oubli plufieurs de ces Obfervations, fi ce Médecin ne fe
fùt'pas donné la peine de les publier. Mais il ne s'eft point borné à ce qu'il a
•trouvé dans les Traités qu'il a fournis à fes recherches , il y a joint fes propres
obfervations & celles que fes amis lui ont communiquées. Voici le titre de ce
Recueil :
Obfervationum MeJlcarum , rararum, nnvarum, admirabUium & monjîrofarum volumen^
'Tomls feptem de toto homine injlitutum. Operâ Joannis GenrgH, filii, colle&um. Franco-
furti , 1600, deux volumes i/z-8 , 1609, in-folio. Fiibur^i , 1604, /n-8. Lugdunî,
a644 , in-folio , par les loins de Charles Spon. Francofurti , 1665 , in-folio , par les
ioins de Laurent Siraufs qui a fait quelques augmentations à cet Ouvrage. L'Auteur
»vok
s C H
409
«voit publié ce Recueil par volumes féparés. Le premier , qui traite De capîte hu-
mano, parut à Bâle en 1584; le fécond i>c Thoracc , à Fribourg, en 1594; le
troilieme Ds partibus naturalibus, à Fribourg, en 1595 & 1596; le q^uatrieme Ds.
partlbus genitaiibus mrlujque fexàs, dans la même ville, en 1596; le cinquième De
partibus externis, encore à Fribourg,^ en 1596; le fixieme De febribui , morbis epi-
demicis & contagiofis ^ à Fribourg, en 1597; le feptieme De venenis ^ dans le même
endroit, en 1597. Quelques-uns de ces volumes font i/1-4, & d'autres /a-8.
SCHENCK, C Jean-George J fils de Jean Schmck de Graffenberg , étoit de Fri-
bourg , où il naquit dans le XVI fiecle. H exerça la Médecine à Haguenau avec
beaucoup de iuccès ; mais il ne fe borna point à la pratique , car il fe livra au
goût qu'il avoir pour le travail du Cabinet, & non content de donner fes foins
à l'édition des Ouvrages d'autrui , il mit au jour les fuivans qui fout de fa façon :
-Pinax ^uthorum. de Re Mcdlca , qui Gyntscia feu Mulicbria ex injïuuto fcrîptis
txcoluerunt & illaftrarunt. ^rgcntorati , 1606 , i/i-S,
Pande&arum feu Panitionum Mediclnalium Liber quartus. Francofurti, i6of , in-ii ,
avec quelques Traités qui ne font point de lui.
Exotericorutn ad varias morbos experimentorum Centurie feptem. Ibidem , 1607 , tn-8.
De formandls Medicina ftudiis & Scliolà Medicâ conjiicaendâ , Enchiridion. ^rgento-
ratif 1607, in-in. Bajikce, 1607, iri-12.
Hortus Pdidvinus , cui accejfere Guilandini conjectanea fymnimica plantarum. Franco»
furti , 160B , m-8,
Lithogcnejia , fii-e , de microcofml membris petrefaSlis & calcuUs eidem microcofmo pet
varias mairkes innatis. Ibidem^ 1608,1/1-4.
Btbiia Jatricu, five, Bibliotheca Medica ma£ia ^ conùnuata^ confummata. Ibidem ^
1609, in 8.
Monjlrorum Hîjîoria mirabilis. Ibidem , 1609 , /n-4.
Sylva mcdicamentorum compojitorum. Llpjîa , 1617 , in-4.
SCHENCK , dit de Burgftatt , ( Eufebe ) naquit en Bohême le 11 Avril
1569. Les progrès qu'il avoit faits dans la Philofophie lui méritèrent d'âtre nommé
à la Chaire de Phyfique à Gratz en Stirie ,■ mai* il quitra cette Univerfité
pour fe rendre à Jene , où il reçut les honneurs du Doflorat en Médecine.
Après fa promotion , il alla à Géra en Mifnie , dont il devint Médecin ftipen.
dlé , ainli que du Comte de ReufTen qui en étcit Seii^neur. Cet etrtploi ne
fatisfit cependant point fon ambition ; il afpira à quelque pofte plus érîatant,
& il le trouva à Jene où il retourna en 1618. Il y enfeigna piibliqnr m^nt la
Médecine depuis cette année jufqu-à fa mort arrivée le 27 Oflobre 1628.
SCHENCK, ( Jean-Théodore J fils du précédent, étoit de Jene en Thi'ringe,
où il vint au monde le 15 Août 1619. 11 fit les premières étud'^s à > aumboi rg
& à Arnftadt , & paiia en i6.';7 à Serveft , chez Nathan, f^o.gc Ion parent ,
Médecin de cette ville , qui l'inftruifit des principes de Ion Ait, Au fortir de
cette Ecole, il fe rendit fuccellivement à Leipfic, à Jene & à Altorf où il fit
de grands progrès i mais la réputation, dont les Médecins Italiens jouiflbient,
■r 0 M E I K D d
210 S C ïr:
Je tira de l'Allemagne & 1 engagea à Te rendre à Padoue. Il en fuivit les Pro»
felleurs pendant deux ans ; il l'auroit même fait plus long-tems , fi fa mau-
vaife fanté ne l'eût obligé de retourner dans fa ville natale. Dès qu'il fut
r<5tabli , il fe mit (ur les rangs de ceux qui afpiroient au Doftorat , & il eti
reçut les honneurs à Jene le f Décembre 1643. La pratique de la Médecine
fut toute fon occupation & fon étude jufqu'en 1653 , qu'il obtint une Chaire
dans les Ecoles de fa patrie. Il la remplit pendant dix-huit ans , c'eft-à-dire ,
jufqu'à la fin de fes jours qu'il termina le 21 Décembre 1671 , dans la s,ie. annr'e
de fon îlgc. On a de lui beaucoup d'Ouvrages, dont la plupart font extraits
de ceux d'autrui qu'il a fou vent copiés, fans y ajouter la plus petite réflexion
originale. Tels qu'ils foient , voici leurs titres & leurs éditions :
Humorum corporis humani Hijhria geaeralis. Jea£ , 1654, 1663 , m.4. Francofanl y,
1684 , 4/1-4.
De fera fanguinis ex F'eterum & Recentîorum fcriptls Hiftoria. Jéme^ 1655 , 1663 ,
1671 , i/1-4. On a ajouté à la dernière édition : Difpataùo de natura laciis. Exer-
c'uatio de materîa turgente. On les retrouve dans les éditions de Leiplic de i6fo
& 1672 , in-4.
Hijîoria plantarum gêner ails in. fynopfïm redacla. Jcms , 1656 , /n-4.
Catalo^us plantarum Honi Medici Jencnfîs. Ibidem^ 1659, 'i-li»
Exercltationes u4natomic£ ad ufuni Medlcum. accoinmodatte. Jeme , 1662, 1664» 'i-4*
11 y expofe l'Anatomie du bas- ventre en neuf Differtations.
Schola partium corporis humani fccundùm method-im dijfe&oriam. Ibidem^ 1664 , /n 4.
Marathrolos,ia. Jene ^ 1665, m-4. Cette Difiertation fur le Fenouil eft écrite dans
le goût de l'Académie des Curieux de la Nature, dont l'Auteur étoit Membre.
Synopjîs fnftitutionuni Médianes difputatorite ; Prolegomena , Phyjîologia & Pathologia.-
Ibidem , i658 , /n-4.
Medicina generalis novo-andqua Synopjîs. Ibidem , 1668 , 1672 , //1-4.
Dijfertatio de vexatoruni curatione. Ibidem, 1670, in-^.
Synopjîs Inftitutionuni Medicin<s Difpatatori<e ; Pars Semeïotica , Hygiène S Therw
peurica. Ibidem, 167 1 , i/J-4.
Syntagma componendi & prafcribendi medicamenta. Jénte 6? Llpjîte , 1672, inj^,
SCHENKELIUS C Dominique J) ou SCHENCKELS , Médecin natif de Boif-
leduc , exerça fa profeffion dans fa patrie vers le milieu du XVI fiecle. Soit
par goût , foit parce que la pratique de fon Art ne lui procuroit pas de quoi,
faire fubfifter fa famille , il joignit à l'état de Médecin , & de Médecin Pen-
fionnaire de fa ville natale , celui de Régent d'Hjmanités fous Jean Nemius , .
qui fut Redteur du Collège de Boilleduc environ l'an 1554. Sclienkelius avoit une
grande connoifTance des Belles-Lettres. 11 eft Auteur de quelques Poélies Latines
qui n'ont pas été raflemblées, & de l'Ouvrage fuivant qu'il mit au jour à l'ufage
des Humaniftes , avec la ïradudlion Flamande : Orationcs Terendants. Sylva-Ducis ,
1557 , i/i-8.
Lambert-Thomas Schenkelîus , fon fils , né à Boilleduc le 7 Mars 1547 , fit du
bruit dans les Pays-Bas, en Allemagne & en France , p;,r V^n de la Mémoire
qu'il eoi'eigna pendant plus de 40 ans, Parmi le grand nombre d'Ouvrages qu'il;
s C li 21!
a laifTés , on en trouve quelques-uns fur cette matière , où il a mis beaucoup
de charlatan erie. C'eft ainfi que M. Paquot en parle dans fes Mémoires pour
fervir à l'Hiftoire Littéraire des Pays-Bas.
SCHER.BIUS , ( Philippe ) de Bifchofs-zell , ville de SuilTe dans le Turgaw >
fe fit de la réputation , dans le XVI iiecle , par Iba favoir en Philolbphie & en
Médecine. II étoit Doileur en ces deux Sciences , lorfqu'il enfeigna à Mie la
Philofophre Ariftotélicienne pendant les années 1581 & 1582. En 15B3 , il fut nommé
ProfefTeur de Morale dans les Ecoles de la même ville ; mais il abandonna cette
Chaire en 15S6 pour fe rendre à Altorf , où il remplit , dans le même tems ,
celles de Médecine , de Logique & de Métaphyfique. Il mourut dans cette
dernière ville le 11 Juillet 1605 , âgé de 52 ans. Médeciu médiocre , mais Phi-
lofophe fubtil , il fut un des plus* ardens défenfeurs de la doflrice d^^rijhte.
On a de lui :
De partibus fimultaads. Altorffii , 1586 , in-^.
Thefes Mcdic£. Llpjîa , 1614, in-B. C'eft Gafpar Hcjfmann qui en a fait impri-
mer le Recueil,
Sylva medicamentorum compojltorum , qu£ ufus quotidlanus exig'u. Ibidem^ 1617 , in-B-
SCHEUCHZER , C Jean- Jacques ) favant Médecin Sniffe , vécut dans le XVIl
fiecle. Les Langues Latine , Grecque & Hébraïque lui étoient familières ; & noa
feulement il connoiflbit encore tout ce qui a rapport à la Théorie & à la Pra-
tique de la Médecine, mais il s'étoit fait une étude particulière de la Botanique,
de l'Anatomie & des Mathématiques, Une fcience médiocre eft le partage de la
multitude. Dès qu'un Médecin en fait aflez pour fatisfaire fes malades , il végète
dans le tourbillon de fes femblables & n'agit plus que par routine. Scheuchier
penfa bien différemment. La vivacité de fon efprit ne lui permit pas de s'arrêter
à la fuperficie des choies ,• il voulut les approfondir , & il y réuffit. Ce fut à
les talens qu'il dut l'emploi de Phyficien de la ville de Zurich ; mais plein de
feu & d'ardeur dans l'exercice de fon Art , il s'expofa à tant de fatigues , qu'il
y fuccomba à l'âge de 42 ans,
SCHEUCHZER , ( Jean- Jacques ) fils du précédent , naquit à Zurich le 4
Août 1672. Il fut envoyé en 1692 à Altorf pour y étudier la Médecine ; mais
il quitta les Ecoles de cette ville pendant le cours de l'année fuivante , & fe
rendit à Utrecht , où il fut reçu Doéteur en 1694. Il repaffa à Altorf, en
1695 , pour y voir fes amis & fes premiers Maîtres , & delà il fe mit en route pour
Zurich. Son mérite ne tarda pas à y être connu ; fils d'un père qui s'étoit diftin-
gué dans la pratique de la Médecine , il atteignit à fa réputation en l'imitant, mais
il s'en procura une bien plus grande & plus étendue par les Ouvrages qu'il don-
na au public. Ils lui méritèrent l'entrée de piufieurs Académies. La Société
Royale de Londres , celle de Berlin , l'inflitut de Bologne, lui envoyèrent des Let«
très d'iiggrégaticn ; l'Académie Impériale des Curieux de la Nature le mit au
nombre de fes Membres lous le nom d'Acarnan. En 1710, il fut nommé Phyfi-
ciea de la ville de Zurich & Proteffeur des Mathématiques. Le célèbre Leibnlti
ftia S C H
engagea, en 1712, le Czar Pierre le Grand à appeller Scheuch^er en Ruflîe, en
qualité de Médecin de la perfonne ; mais dans le ftcms qu'il le préparoit à partir
pour le rendre à la Cour de ce ii'rince , le Conl'eil de Zurich le retint & lui af-
iigna un honoraire capable de le dédommager du facrifice qu'on exigeoit de lui.
Ce Savant ne s'appliqua plus qu'à répondre à l'attention qu'on lui avoit té-
moignée; il redoubla de foins & d'ardeur pour être utile à la jeuDefiTe &au public.
Lu manière dont il s'acquitta de fes emplois lui fît beaucoup d'honneur , mais
il s'en fil davantage par les Ecrits qu'il mit au jour. La célébrité de fon
nom étoit pa'I'ée dans toute l'Europe ; il étoit au faîte de la gloire à laquelle un
Homme de Lettres peut atteindre , lorfqu'il mourut à Zurich le 23 Juin 1733.
Il a laifl'é à l'a famille une Bibliothèque nombreuto & bien choilie, avec un
beau Médaillier , & un riche CF.bineî de Curiolités , fur-tout par rapport à
l'Hiitûirç Nalurtjlle. Voici la notice des Ouvrages dont ii a enrichi le public :
Hifiorlte Iîelvaic£ Ni.tiralls Proh^omena. Tiguri , 1700. 11 adonné, en 1716, une
Hiitoire Naturelle de la Suilfe qui eft en Allemand.
Spécimen Lithographies Hdvaicts , quà Lapides ex figuratîs Helveticis fele&ijfimi , ari
inciji jijtuatur. Ibidem, 1702 , in-U. Gedani , 1740, fn-4 , par les foins de Jacques.
Tliéoànn Klein ^ fous le titre de Sciagraphia Lithologica , feu , Lapidant figuratorum
Nomenclator.
Jtincra yîlplna nia , în guibus incola , animaUa , plantée , montium alilcudines Baro-
mctricee , c(xli & fuli temperies , aqua medicatis , mineralia , &c. , & quidquid per Alpes Helvc-
ticas & Rheticas rarum fit exponltur S iconibus illuftratur. Tiguri , 1702-1709 , /n-4 ,
en neuf defcriptions. Londlnl ^ >7oB, in-/[. On n'y trouve que les trois premières
defcriptions , lavoir ^Ipes Saramnfes , Alpes Rhetide , Lapides Oeningenfes ; mais la
féconde avoit déjà paru à Londres en 1706 , par les foins de Jean Thorpe , Mem-
bre de la Société Royale. Lugduni Batavorum , 1723 , deux volumes i/1-4. Cette
édition comprend les neuf defcription?. L'Auteur a fait onze voyages aux Alpes
pour compléter fcs recherches.
Nova Littéral ia Helvetica ab anno 1701 ad annum 1714. Tiguri, 1703 & feq.
in-8.
Pifcium querelle & vindiclee expofîtte. Ibidem, 1708, in 8.
Herbarium Dduvlanum. Ibidem, 1709 , in-folio. Lugduni Batavorum , 1723 , In-folio.
On a ajouté à la leconde édition un Catalogue des plantes dont les emprein-
tes fe trouvent fur diHérentes pierres ; il eft difpoié félon la méthode de
Tournefort.
Mufeeum Diluvianum. Tiguri, i7i.6,Jn-8.
Bibliotheca Scriptorum Hijlories Naturall omnium terra reglonum infervientiam , tati-
^uam Hijioria Naturalis Helvetica Prodromus. Ibidem, 17 16, ii-8.
Dijfertation far la pefte de Provence. Zurich, 1721 , //1-4, en Latin, en haut
Allemand & en François.
Itinera per Heïvetia /Ilpinas rcgiones annô 1703-1711. Lugduni Batavorum , 1723,
quatre Tomes , deux volumes in-4. C'cft le titre de l'édition de Leyde*, dont on
•A parlé à l'occalion de celles publiées à Zurich depuis 1702 jufqu'en 1709.
Phyfica facTts fpecimen de Ljcujîis, Tiguri, 1724, f/1-4. L'Auteur a donné une
s C H -aïs
Phyfique facrée , ou HiRoire Naturelle de la Bible, en Allemand; elle parut en
1-25 , quatre volumes in-folio. Cet Ouvrage lavant , mais diffus , fut traduit en
Latin & publié à Ausbourg , I732-I7,';5 , cinq volumes Ui.f,^io. Il y a encore une
édition Françoife en huit volumes, môme format, Amfterdam, 1734 & années
fuivante*. Ce Livre eft recherché des Curieux pour la beauté des figures qui font
au nombre de 750. Elles ont été exécutées fur le plan & les dclîins de Jean-André
Pfeffel , célèbre graveur d'Ausb.vjrg , qui a fait travailler les plus habiles ouvriers
de fon teins tous fes yeux. L'édition originale furpalTe les autres par la beauté
des planches; & par la même raifon , l'édition Latine eft préférable à la Françoife.
Homo dlluvii tefils. Tlgiiri , 1726, in-4.
De Hdveti£ acribus, aquls , locis, JpednKti I. Ibidem., 17-8, /n-4. Il a écrit un
Ouvrage particulier , en Allemand , fur les Eaux Minérales de la Suifle , dont
l'édition eft de Zurich, 1732, in.4.
SCHEUCHZEli , ( Jean-Gafpar J) fils du précédent, vint au monde à Zurich
en 1702. Il paifa en Angleterre dès qu^l fut décidé à prendre le bonnet de Doc-
teur , & il le reçut à Cambridge à la nomination du Roi George I. Quoiqu'il ne
fût âgé que de 27 ans, lorfqu'il mourut à Londres le 13 Avril 172g, il avoir
déjà une connoillance fort étendue des Antiquités , des Médailles , de l'Hifioire Na-
turelle, ainfi que de la Médecine qu'il excrçoit avec fuccès. On a de lui une
Tradudion Angloife de l'Hiftoire du Japon d'Engclben Koempjcr , qui parut à Lon-
dres en 1727 , deux volumes in-folio ; c'eft la même Hiftoire qu'on a mile en Fran-
çois & dont l'édition eft de La Haye, 172g, deux 'loraes en un volume In-folio.
11 a encore travaillé à mettre en Anglois la Relation des voyages faits en Mol-
covie, en Perlé & aux Indes occidentales par le même Koempfcr ; mais fa mort
prématurée l'a empêché d'achever fon entreprife. Sur la fin de i"a vie , il publia
à Londres un Ouvrage, In-S , où il prétend prouver que toutes choies étant
prifes au pis , il périt à peine un cinquantième des perfonnes à qui on inocule la
petite vérole. Les partifans de cette méthode font aujourd'hui fort éloignés d'ad-
mettre cette aflèrtion; à peine conviennent-ils de la mort d'un inoculé fur cent.
Voici le titre du Traité qu'a donné Scheuch;;^er fur cette matière:
Account of the faccefs of inoculating thc fmallpox for the ycar ^117., 1728,
SCHEUCHZER, f JeanJ frère du iecoziA Jean-Jacques y naquit à Zurich en
1602 II étudia aufli la Médecine, & fe fit recevoir Docteur en cette Science
qu'il exerça avec tant de réputation, que l'Académie des Curieux de la Nature,
les Sociétés Royales de Londres & de Berlin le mirent au nombre de leurs Af-
ibciés. Comme il étoit encore très-entendu dans les affaires , le Confeil de Zurich
le chargea de l'emploi de Secrétaire dans le Comté de Bade, & il en fit les fonc-
tions avec honneur pendant dix ans. Il fut rappelle , au mois de Juin 1733 ' pour
remplir la Chaire de Phyfique & la charge de premier Médecin de la Repu-
blique ; mais il n'en jouit que peu d'années , car il mourut le b' Mars 1738. On
a de lui :
De ufu HiJîorUe Naturalis in Medicîna. Bafika-, t7o5, /n-4. C'eft fa Differtation
inaugurale.
214 ' se H
^;rroftographi<e HdvBtlc<e ProJromus , fîjîcns binas Graminum ^4lplnorum haà'enus non
defcripiorum , & quoramdani ambi^uorum Décades. Ti^url, 1708, in-foUo.
Operis Agrofto^raphici idea ^ feu , Graminum, Juncorum , Cyperorum , Cyperoïdum ,
iifque affinium Mcthodus. Ibidem, ^^'9 > ''"•^•
^^rojhgraphia , feu, Graminum , Juncoram , Cyperorum , Cyperoidum , iifque affinium
Hijioria. Ibidem, IJ'IQ ^ ''2-4'
Et plufieurs Mémoires Latins fur la Phyfique.
SCHIFFMANN, CJofephJ autre Médecin Suifle , étoit de Lucernc. Il alla
s'établir à Veaite après le milieu du XVII iiecle , & il y travailla ^ un Ouvrage,
dont ie premier Livre qui traite des maladies de la tête , parut Tous ce titre :
Corpus Jaris Medicinalis in très Libros divifum , quô Medicus , Nature accufaatls &
JMorbi accufatl judex , propojîtas Vues fecundùm Neoterlcorum fundamenta dirimere fciau
.F'enctUs , 1679 , in 4.
SCHILLING, C André ) d'Itenhejm en Alface, fut reçu Do£teur en Philofopliie
:& en lYlédecine à Strasbourg, où il vécut d'abord en fimpie praticien; mais
ayant fait preuve de ies talens pendant quelques années, il fut aggrégé au Corps
Académique en qualité de Profeffeur de Philofophie & de Médecine. 11 mourut
dans l'exercice de ces emplois, le 18 Novembre 1638, à l'âge de 45 ans. On ne
connoît de lui d'autres Ecrits, que deux DiUertations qu'il foutint pendant le
cours de fes études; encore ces fortes de pièces font-elles fouvent l'ouvrage du
Préfident, & ne méritent pas toujours de groffir les liftes Bibliographiques.
Si^ijmond Schilling, né à Franckenftein en Siléfie , parvint en 1619 à la place
.de Doyen de la Faculté de Médecine de Leiplic , & mourut dans cette ville
le 14 Janvier 1622. On n'a pareillement de lui que des Diflertations Aca«
-démiques.
Henri- Si^ifmond Schilling, Doreur en Médecine à Wittemberg en 1658, fit fa
profeffion à Drefde. Il a mis au jour quelques Ouvrages:
Traclatas de faniiate tuendâ. Drefdte, 1655 , 1/1-4.
ITifcurfus Phyfiologico-Anatomicus de M icrocofmi mlferîâ & perfeUlonis excellentii.
JFinebergie , 1658 , ia-4- Cette pièce a bien l'air d'être la ïhefe de fon Doc-
torat.
Ofleologia Microfcomlca. Drefda^ 1669, i/t-4.
SCHLEGEL (" Paul-Marquart J vint au monde à Hambourg en 1605. 11 étu-
dia la Médecine en plufieurs endroits , en particulier à Padoue , où il reçut les
honneurs du Dodorat en 1627. L'année fuivante , on le nomma à une Chaire
de Médecine en l'Univerfité de Jene, & il y enléigna avec beaucoup de répu-
tation ju<"qu'en 1642, qu'il fut rappelle dans fa ville natale , où il fe borna à l'exer-
cice de la profefiion. 11 fut extrêmement fuivi & mérita de l'être ; mais fes con-
citoyens ne proHterent pas long-tems de l'avantage de le poîféder , car il leur
fut enlevé en 1653 , â Tàge de 48 ans. On a peu d'Ouvrages de la façon de ce
Médecin ; tout fe réduit aux fuivans ;
£>e rcns,uiai<t motu, Commcntaûa, in qua prtecipaè in Riolani fentendam inquirimr. llam-
,è«rgi, 1650 ,.i/i4.
s C H
!^i5
j4dverfarîa memorabilium medictna'ium. Ulmte , 1676 , j/i-4 , dans le Recueil des Coa-
iuliations de Geoi;ge-Jér6me yelfchius.
SCHLEUPNER.C Jean^ du Comté de Glatz en Siléfie , où il vint au mor-
de en 1594 , étudia à Konigsberg vers l'an 1616. Il pafla delà en Italie , &
il y fuivit les grands Maîtres de l'Ecole de Padoue , qui lui donnèrent le bon-
net de Docteur en Médecine en 1620. A l'on retour en Allemagne , i! s'établit
à Wels dans la Haute Autriche , dont il fut nommé Phylicien ; mais ayant été
obligé d'en Ibrtir en 1624 , il erra pendant quatorze ans , tantôt en Allemagne >
tantôt en Hongrie & en Suifle. Au bout de ce terme , il obtint une place de
Médecin d'Armée , & pafla à Vienne avec les troupes commandées pour la gar-
nilon de cette ville. Il en fortit après trois ans de féjour ; & toujours emporté
par la fureur qu'il avoit de courir le monde , il retourna en Hongrie , d'où il alla
à Marienbourg dans la Prufie Royale & enfin à Konigsberg. Ce fur-!i\ qu'il mou-
rut au mois de Juin 1647. Ce Médecin a plus excellé dans la Poéfie que dnns
fa profelîjon ; il a cependant donné un Traité De febre epUcrrii vers l'an 162".
Apparemment que la ville de Wels, où il étoit alors , étoit ravagée par quel-
que maladie populaire.
SCHMAI ou SCHMAUS, C Léonard J) Médecin natif de Saltzbourg , fut en
eftime au commencement du XVI fiecle. La Vérole s'étoit déjà montrée en Ba-
vière , mais la nouveauté du mal n'avoit point encore donné le tems d'en rccon-
noître la nature & les remèdes. Dégoûté du peu de fuccès des fccours qu'on era-
ployoit contre les ravages de cette maladie , Schmai crut tirer un meilleur parii
du Bois de Guayac apporté récemment en Europe ; il iailit ce médicament
avec une forte d'enthoufiatme , le mit en ufage , Je vanta beaucoup , & fut le
premier qui en fit mention dans un Ouvrage intitulé; '
Lucubratiancula de Âîorbo Galllco & cura ejus ncviter repertâ cum L'/gno . Indico. yiii.
gu/?<£ , 1518, i/1-4. Il n'y dit rien de neuf fur la nature du mal vénérien; il fe
borne même à répéter tout ce que Léoidcene en avoit écrit.
SCHMID , ("Jacques^ Membre de l'Académie des Curieux de la Nature,
fous le nom de Podallre III , fit la Médecine à la Cour d'un Prince d'Anhalt. II
rkourut le 5 Janvier 1705 , & laiffa plufieurs Observations parmi celles recueillies
dans les Ephémérides d'Allemagne,
Jean-Henri Sclimid , autre Membre de la même Académie , fous le nom de
Phaéton II , étoit de Scliweinfurt en Franconie. Dès qu'il eut prit le bonnet
de Dodeur en Médecine , il fe livra à la pratique de cette Science , dont il con-
tinua l'exercice julqu'à fa mort arrivée le 23 Mars 1723. Comme il y a eu plulicurs
Médecins de ce nom, je ne fais G c'eft à celui-ci ou à un autre qu'il faut attri-
buer une Diflertation intitulée ;
De iranfita chyli ex ventrizulo ad fanguinem, Lipjîa , 1740, (n-4.
SCHMIDT ("Jean-André ) vint au monde à Worms le iH Août 1552. II en-
feigna la Philofophie à Jene & il y prit le bonnet de Doéteur en Théologie. Tout
occupé qu'il fût de l'étude de cette dernière Science , dont il remplit une Chaire-;
ai5 S C H
à Helmfladt , il ne laifTa p3s d'écrire des Ouvrages qui ont du rapport à la
Médecine, Tels font ceux intitulés : Tkeologia Hippocratis. De Joannh-Saptift-e Hd-
moniii errorlbus. Son érudition lui mérita une place dans l'Académie des Curieux
de la Nature , fous le nom de Scrabo.i II , & la protccVion le fit parvenir à
la dignité d'Abbé de IVlarienthal , Monaftere ProteRant dans la Principauté de
WoUenbuttel. On met la mort au 12 Juin 1726.
11 ne faut point confondre ce Théologien avec Jean- André Schm'iti , natif de
Soeft en Weftphalie , Profsfi'eur de Médecine à Harderwick , qui mourut en
1652. On a de lui :
CompandUim Mcdicinte praclicai. Hardcrvlci ^ 1653 , in ii. Genève, 1659 , i/i-l2,
Farijiu , 166G , in-i2.
SCHMIEDER , f Sigifmond^ de Leubac en Mifnie, où il naquit le 24 No-
vembre lôiJs » s'appliqua de bonne heure à l'étude des Langues. Il y avoit
fait de grands progrès , lorfqu'il fe rendit à Leipfic en 1704 ; & comme il
montra la même ardeur dans l'étude de la Philol'ophie & de la Médecine , il
donna tant de preuves de la capacité à la fin de (on cours , qu'il avoit
interrompu par difierens voyages , qu'on lui accorda les honneurs du Doftorat
«n Tune & l'autre de ces Sciences. Ce fut îe 28 Mars 1714 qu'il fut promu
en Médecine. Peu de tcms après , il le maria & fe rendit à Pirna dans le
deliein de s'y fixer ; mais les avantages qu'on lui préfenta à Lommutfch dans
la même Province , le détermmerent à y pafi'er en 1715 , & il s'y fit la plus
grande réputation par les heureux fuccès de la pratique.
Des l'an 1713 , il avoit été reçu dans l'Académie Impériale d'Allemagne , fous
]e nom* de Sabmus; on lui deftinoit même une place dans la Société Royale de
Berlin, mais il mourut le 15 Octobre 1717, avant que d'y avoir été nommé. Ce
Médecin a communiqué pluheurs Obfervations â l'Académie des Curieux de la
Nature qui en a grolli le Recueil de l'es Mémoires. Il avoit de grandes vues fur
la Botanique, & il les auroit remplies , s'il eût vécu plus long-tems ; il n'a cepen-
dant point laiffc de développer tellement les myfleres les plus fecrets de l'écct-
Bomie animale , qu'on peut lui faire honneur de la conformité de fa conduite à
la devife du Corps dont il étoit Membre : Nunquani otiofus.
SCHMIEDT , ( JeanJ de Dantzick, vint étudier la Médecine à Montpellier,
où il prit les degrés en 1650. Au iortir de l'Univerfité de cette ville, il retourna
dans fa patrie. U s'y livra à la pratique , & parvint à l'emploi de Proto Phyli-
ci'en qu'il remplit avec honneur julqu'à fa mort arrivée en 1690, à l'ûge de 66
ans. 11 a communiqué à l'Académie des Curieux de la Nature un grand nombre
d'Obfervations dont quelques-unes lont intérelTantes ; il a mis au jour Studluin
Monfpelienfe , & il a rédigé , avec Jean-Ernejîe Schefer , la Pharmacopée de Dantzick
qui a paru fous le titre de Difpenfatorium Gedancnfi.
SCHNEIDER, (Conrad-Viftor ) de Bitterfeld en Mifnie, fe diftingua parmi
les Médecins Allemands du XVII fiecle. Il enfeigna l'Anatomie, la Botanique &
la Pathologie dans l'Univ^rfité de Wittembcrg, où il fut enfin nommé à la pre-
mière
s C H 217
Ij^iere Chaire qu'il remplit avec autant d'honneur que les autres qu'il avoit précé-
demment occupées. Schneider mourut l'Ancien de la Faculté le lo Août t68o , à
l'âge de 66 ans. Il a écrit un grand nombre d'Ouvrages dont plufieurs roulent fur
la membrane pituitaire & les os de la tête. Une erreur ancienne avoit cours de
Ion tems; on croyolt que l'humeur catarreufe diflille du cerveau par l'os cribri-
forme. Il Ht voir qu'aucune liqueur, pas même le fang , ne peut palier du cerveau
dans les narines & la bouche , & que la fource de l'humeur catarreufe eft dans
la membrane pituitaire. Voici le Catalogue des Ouvrages que ce Médecin a
ir.is au jour ;
Dlffcrtadones ^naiomkce de partibus , quas vacant , prlncipaîîoribus , corde , capite , he-
paie , cum obfervadonibus ad ^natomiam , necnoa ad ^rtem medendi pcninentlbus. ff^^UtC'
^-rg£ , 1643 , inS.
Oratlo de tequitate & jujîitiâ Natura. Ibidem , 1646 , «-4.
Oratio de bcllis Natura. Ibidem , 1646 , in-folio.
. Dij'pueadones OJîcologic^ aliquot. Ibidem, 1649, '''■^•
Dijfertatio ^natomico-Chlrurgka de natura ojjis frontis & ejus vulnerîbus & vhils, Ibu
d:m , 1650 , tn-4.
'De ojje occipltls i ejuptem vitiis ac vulnerîbus. Ibidem.^ 1653 ? i«-8.
Difputatlo Mcdlca ai^bjftbus temporum. Ibidem, 1653, in-8.
Liber de ojfe cribrlformi , ǧ fmfu ac organô odorat ûs, â? morbis ad utrumque fpec-
tamibus , de coryyi , hemorrhaglâ narium , polypô , Jltrnutatione , amijjïone odoratùSï
Jflttebergx^ 1655, in-ii.
De Catarrhis Libri quinque. Ibidem , i66o»i662 , //1-4. Ce n'eft point par l'éten-
due de l'Ouvrage qu'il faut juger de fon mérite. La partie Anatomique eft ce
qu'il y a de mieux. Du refte , l'Auteur rappelle la mémoire de tant de vieilles opi-
nions qui devraient être rayées du tableau des connoiflances Médicinales ; il eft fi
diffus; il multiplie li fort les citations des Ecrivains Italiens qu'il fait parler à
tout iurtant ; il dit lui-même fi peu de chofes neuves ; il en dit tant de mauvaifes
fur la doftriae des Catarrhes à travers les bonnes qu'on remarque dans ce Traité,
qu'il l'a rendu tout-è-!a-fois long , ennuyeux & obicur.
Liber de Catarrhis fpeclalljjimus. ff^ittebergis , 1664 , £1-4. '
Liber de morhis capltis , fia ctephadàs illls , ut vacant , fuporofis» Ibidem , 1669 ,
ia.4.
Liber de nova graviffîmorvm trlum morborum curatione ; de ^poplexia , de Llpopfychîa
g" Paralyjî. Francofurti , 1672 , w-4.
Liber de fpafmorum natura & jubjectô. JVlttebirg£ , 1678 , ui-4. 11 y a beaucoup de
Théorie Galénique dans cet Ouvrage. Suivant notre Auteur, le fpalme n'efi autre
cliofe que l'eftort de la faculté confervatrice qui cherche à ledébarrafiër de ce qui
lui nuit. Vieux langage qui ne dit rien ; mais pour avoir plus joliment ha-
billé certaines Théories modernes , la plupart de nos Phyfiologiftes en difcnt-ils
davantage T
SCHORER , ( Gottlob J Do^ieur en Médecine , étoit de Leipfic. Il exerça
à Lubeck vers l'an 1697; ii pafia en Livonie en 1698 ; il fut reçu en 1705 dans
FAcadémic des Curieux de la Nature, fous le nom d'^^atkocles. On le retrouve à
T 0 M E IV. E e
«i8 S C H
Leipfic en 1707 , & à la Cour du Czar Pierre I , en 1713. Il étoit Médecin cTe
ce Prince qui l'envoya , en 1722 , au lecours de les lujets , dont le nombre di-
miuuoit tous les jours par les ravages d'une maladie qu'on croyoit contagieule.
Le territoire de Molcow en étoit attaqué. Schober examina l'état des choies , &
trouva que cette maladie dépen lait du leigle ergoté & de la graine des niel-
les des lîleds , qui rendoient la farine rnal laine. Les Aftes de Leipfic ont donné
l'Abrégé d'une Diflertation publiée à ce fujet par ce Médecin ; mais fon goût
pour lobiervation eft allé plus loin, car il a enrichi les Mémoires de l'Académie
Impériale d'Allemagne de l'hilloire des cas les plus importans qu'il a rencontrés
dans la pratique.
SCHODER ( Jean-Samuel ) naquit en Allemagne vers l'an 1660. Son père , qui
étoit Serrurier, voulut l'empêcher de s'appliquer à l'étude, malgré le goût & les
dilpolitions qu'on lui retonnuifibit pour les Sciences. Le jeune Schoder en prit
de l'humeur ; & comme il ne le lentoit point fait pour la tbrge & l'enclume , il
quitta la mailbn paternelle , le rendit à Nuremberg , où il donna un libre ellbr
à fon génie. De celte ville , il palla en 1691 à Altorf , fe mit fur les bancs de la
Faculté de Médecine , & toujours Ibutenu par les libéralités de lés protedeurs, il y
obint le bonnet de Dodkur en 1695. D'abord après fa prffeiotion , il fit de pied
le voywge de Paris ; mais la difticuhé de fubfifter avec honneor ne lui permit pas-
de faire un long féjour dans cette Capitale ; il s'y rendit une féconde fois fous les
aufpices d'une meilleure fortune , & il acheva de s'y perfedionner dans l'Art qu'il
avoit embraflë. En retournant en Allemagne, il fe maria à Sedan & conduifit fa
femme à Nuremberg, où il s'établit avec elle, & le fit recevoir Membre du Col-
lège de Médecine au commencement de ce liecle. L'étude & les malades parta-
gèrent tout fon tems ; heureux s'il en fût demeuré-là. La Bibliomanie l'arracha
tellement à fes premiers devoirs , que converl'ant un jour avec les amis qui lui
p;ir)oient d'un Ouvrage qu'on ne trouvoit nulle part que dans la Bibliothèque
d'Ausbourg, il quitta brufquement la compagnie , alla de pied dans cette vil-
le, uniquement pour y voir le Livre dont on lui avoit parlé. Il ne borna point
là fa fin^ularité. Quelques Juifs , pour l'éprouver , tracèrent fur la porte de fa
mailbn des mots écrits en Hébreu. Schoder ne lavoit pas cette Langue ; & quoi-
qu'il fût déjà bien avancé en âge, il fe mit à l'étudier , fans autre objet que
celui de connoître le lens des mots écrits fur fa porte.
Ce Médecin mourut en 1740 , après avoir mis au jour plufieurs Ouvrages fur
l'Hillûire & les Antiquités Grecques. On en fait peu d'eftime; car fon ftyle rebute
par fon oblcurité. Il n'a rien publié fous fon propre nom; ceux de Pandulphus
Collenutius , de Titius ^nnius Sotcr , de Cn. Cincius Fluminius , furent ceux foufr
lefqutls il aima plus à fe cacher: & pour aftéifler en tout de la fingularité,
il préféra fou vent le premier, par la railbn qu'un Italien, qui portoit ce nom,
avoit été pen.iu.
SCHOLTZ , f Laurent ) dit de Kofenaw , naquit à Breflau le 20 Septembre
1552. 11 prit le bonnet de Dofleur en Médecine en Italie ; & à fon retour en Si-
iélie en 157g, il alla faire ia prcfeffion à Freyftad , enluite dans fa ville natale.
s C H sr^
où il mourut le 22 Avril 1599, avec la réputation d'un favant Médecin & d'un
habile Botanifîe. Ses Ouvrages font:
H'jnus Fratiflavite fitus «S? rarioribus plantis conjïtus , carminé celebratus , cum Catalogo
Sotanico. Fratiflavite , 15B7 , Jn-4. C'eft une brochure de deux feuilles.
^pborifmorum Medicinalium , Theoreiicorum & Practicorum , fe&ionca o&o. Ibidem ,
15B9, in-H, Francofurù ^ 1626 , in-ïi & in-i6.
Catalogus arborum , fru&icum ac plantarum , tàm indigenarum , quàm exoticarum ,
Honi Fratijlavienjîs ^ cum addltionibiis. FratiflaviiE ^ 1594» '"''•4.^
Epijinlarum P kilo fophic arum , Mzdicarum ac Chymicarum , à fummis tetatîs nojîra
Philofophis ac Medicis exaratarum ^ volumea. Francofurti , 1598, in-folio. Hanovia ,
1610 f iii'folio,
Confiliorum Medicinalium , confcriptorum à prajlanùjfimis nojlrorum temporum Medicis ,
Liber (ïngularis. Francofurti , 1598? in-folio. Hanovite , 16 10, in-folio^ avec l'Ou-
vrage précédent.
SCHOLZ. Voyez SCULTETUS.
SCHONBORN, ( Barthélémi J de Wittemberg , fut reçu DodeuT de la Fa-
culté de Médecine de fa ville natale au mois de Juin 1576. On a de lui :
Dialogus de pejie ab eo ServeJttS ^ grajjante ibidem pejîe , annô le^Mi fchptus. ff-lttc-
berg£ , 1613 , /n-8.
SCHONEVELD, (Etienne DE J Médecin natif de Hambourg, fervità la Cour
de Jean- Adolphe, Duc de Holliein-Gottorp , depuis l'an 1600 jufqu'en 1616. Il
revint alors exercer la profeHion dans fa ville natale, où il publia quelques Ou-
vrages. Le principal eîl fon Ichthyologie , fur laquelle Linmsus a remarqué qu'il
avoir tiré beaucoup de fes defcriptions des Traités que Rondelet a écrits fur cette
matière. Voici le titre que de Schoneveld a donné au fien :
Jchthyologia & Nomenclatura animaliam marinorum , fluviatilium , lacuftrium , qu<e in
Ducatibus Slefvici & Holfaiia;^ & In emporio Hamburgo occurrunt trivialia. Ac plero-
rumque hacfenus defideratorum imagines, brèves defcriptiones & explicatlones. Haniburgi.,
1624 , in-4.
SCHONFELD, ( ViifVorienJ) de Bautzen dans la Haute Luface , prit le bonnet
de Doé^eur entKVIédecine à Marpurg le 31 Mai 1555. Les preuves qu'il avoit
données de fes talcns le firent fouhaiter dans l'Univerfité de cette ville, & i! y
fut reçu au nombre des Profelfeurs dès l'an 1558. 11 remplit d'abord la Chaire
des AÎathématiques , mais il pafia à celle de Médecine qu'il occupoit encore à
fa mort arrivée le 13 Juin 1591. Il a lailTé quelques confultations que Laurent
Schohi a inférées dans fon Recueil , & un Livre De Dyfenteria curatione qui fut im-
primé à Fr^incfort en 1584, in-8, ,
SCHC^OCKIUS ("Martin^ eft placé dans ce Di<flionnaire , non point comme
Médecin , car il ne le fut pas , mais comme un Savant dont les connoiflanc^s s'é-
tendirent fur beaucoup d'objets , & en particulier fur ceux qui appartiennent à U
420 S C B
Médecine. Il naquit à Utrecht le premier d'Avril 1614, de Gisbert Schoock & àè
Jeanne F'an F'oorfl. Son aïeul maternel, qui a pafTé pour un prodige de mémoire <
lui enleigna les premiers principes de la Langue Latine qu'il alla enluite étudier
dans le Collège de fa ville natale^ A l'îlge de quinze ans , il paffa à Franequer ,
où il fit un cours de Mathématique & commença celui de Théologie ; mai? per-
fuadé que l'air de cet endroit étoit contraire à fa fanté , il prit le parti d'aller à'
Leyde en 1632, & il y continua les études de Théologie, en même tems qu'il
s'appliquoit à la Philoibphie. De retour dans la patrie , il fut témoin de l'éta-
bliflemeat de l'Univerfité, dans laquelle il reçut , le premier, le bonnet de Maî-
tre-es -Arts.
En lô^S, il fe rendit à De venter, où il enfeigna l'Hiftoire , l'Eloquence & la
Géographie, Deux ans après , il alla à Groningue en qualité de Profelfeur de Lo-
gique & de Phyfique, & ne tarda- pas à fe déclarer contre la nouvelle Philofo-
phie de Dcfcartcs ; mais fur les plaintes de ce Savant, l'Univerfité ordonna à
fon adverfaire, en 1645, de fe dédire de tous les propos outrageans qu'il avoit
débités contre le Philofophe François. Schoockius quitta Groningue vers la fin de
fa vie qu'il alla terminer à Francfort fur l'Oder, où il avoit été appelle pour en-
feigner l'Hiftoire. Jl y mourut en 1665, à l'âge de 51 ans, & laifla beaucoup
d'Ouvrages, dont les fuivans appartiennent au fujet que je traite ;
Dijfertatio de ovo & pullo. UlirajeSf: , 1643, /71-12.
Dijfertado de harcagis^ allas halecibus di&is. Gronings , 1649, în-S.
TraSfacus de Turffis , fia ^ cefpUibus bUumlnoJis quorum u/hs in Hollandia. Ibidem, 1658,
J/1-12 , 1668, in-i2.
Tra&atus de Butyro, cum Diatrlba de averfadone Cafeî. Ibidem^ 1658, 1664, m-12.
Difqaijïdo Phyjica de fignaturis fmàs. Ibidem^ 1659, fn-S.
De Cerevifia Liber ^ in quo omnia ad lllam perdnenda difcuduntur. Cronlng<s^
i66r, in 11.
De fermenta & fermcntaùone Liber , complectens multa Jïngularia^ fpcciatim radonem
coà'ionis cibi in venir iculo. Jbidem , 1663, '"•12.
De Jierniitadone Tra&atm. ^mfielodami , 1664, //1-12. Ibidem ^ auciiar ^ 1666, /n-S.
SCHORER CChriftophe J) naquit le 2 Décembre 1618 à Memmingen , au
Cercle de Suabe dans l'Algow. Elle IFaldner , fon aïeul maternel , exerça la
Médecine. Le jeune Schorer prit du goût pour la même Sùpnce qu'il alla,
étudier à Strasbourg , où il fe rendit en 1639. Il s'y appliqua auffi à l'Aliro-
nomie , & il paroît- qu'il s'en occupa beaucoup ; car il compofa un Calendrier
qu'il publia à Strasbourg en 1641 , & qu'il continua de donner pendant trente
ans. En 1643, il pafîa à Baie, & sprès avoir parcouru la Bourgogne & s'être.
arrêté quelque tems à Montbelliard , il fe rendit à Padoue , où il fut reçu
Dofteur en Médecine le 26 Mai 1654. Il ne tarda point alors à revenir dnns
fa patrie , dont il fut nommé Phy'icien ; il mérita même la confiance du Duc
de Wirtemberg & de plufieurs autres Seigneurs. Ce Médecin mourut le 12 Fé-
vrier 1671 , & lailia beaucoup d'Ouvrages en Allemand, dont les prîncipaux
roulent fur la cure préfervative de l'apoplexie , fur l'ufage des cautères , fur-
ies moyens de perfectionner la pratique de la Médecine en Allemagne ; &c.
s C H 221
SCHRADER , fFréderic ) fils de Chrijlophc , Proft-nèur d^Eloquence à Helm.
ftadt , naquit dans cette ville le 30 Juillet 1657. Il étudia à Wittemberg , à
Leiplic , à Heiaifladt , à Groningue , à Franequer, à L,eyde , mais ce fut dans
les Ecoles de la dernière Univerfité qu'il reçut les honneurs du Dovîlorat. Il
repafla eniuite à Groninguc , où il fit la Médecine pendant quelque tems; il en
fortit en 1683, pour retourner à Helmfladt or profiter des avantages qu'on lui
faiibit ei'pérer dans rAcadcmiê de cette ville. Les Chaires de Phyfique & de Mé-
decine , qu'il y remplit fuccedlvement -avec honneur, lui méritèrent beaucoup
de confidération de la part de les Collègues. 11 étoit leur Ancien , lorfqu'il
mourut le 22 Août ifO-j- La plupart de fes Ouvrages confiflent en DifFertations
Académiques.
Dijfenatio £piJîoUca de mlcrofcopîorum ufu in. Naturali Sckntîa & ^natomc. Got-
tïng£ ^ 168 1 , /a -8.
Dt habitacuUs aninandum. Hdmfladii , 1685, //î'4.
Ds partu dijjicUi. Ibidem, 1683 î <'i-4-
uidditamenta ad Joannls F'cflingii Syntagma .Anatomicum. Ibidem, i61'q' in-/U
Programma de nova Methodô Êotanicà. Ibidem , i6go , in-^.
De vulnerum cura. Ibidem, 1695, in-t^.
Exercitadones de Jîgnis Médias. Ibidem, 1699, /n.4.
Il ne faut point confondre ce Médecin avec Jufie Schrader qui étoit d'Amlîer-
dam, où il publia quelques Ouvrages de Sylvius de Le £oë &c de Guillaume Harvéê.
Tels font:
Francifci de Le Boë Sylvii Fraxeos Médias Liber fecuadus , tertius & quartus. ^mf-
teîodami, 1674, in-l2,
Obfcrvadunes & hiftoria omnes f$ Jïngula è Guilielmi Harvei Libella de générations
mimaliun exccrpi<s , & in. accuraiijfmum ordincm redûd£. Item fP'ilhelmi Lanelii de
gemratione animalium obfervadoncs queedam. ulccedunt ovi fœcundi Jingulis ab' incubations
diebas fa^a in/peSiones : ut & Obfcrvationum ^natomico-Medicarum Décades quatuor
Denique cadavcra halfamô condiendi Mahodus. Ibidem , 1674, in-i2. Son attachement
a l'opinion des Ovariftes l'engagea à bien des recherches. Il prétendit d'avoir ob-
fervé , lur les Ovaires des femmes, autant de cicatrices qu'elles avoient eu d'en-
fans. La prévention peut lui avoir fait voir ce qu'il n'eft point aifé de remarquer;,
mais s'il a mal vu , il n'a point penfé de même , au jugement de ceux qui tien-
nent encore aujourd'hui au vieux fyftême.
SCHREIBER ( Jean- Frédéric J) étoit de Konigsberg , où il vint au monde le
26 Mai 1705, de Michel Sckreiber , Doreur en Théologie. Après avoir tait iba
cours de Phiioibphie dans fa patrie , il fe décida pour la Médecine , & le
rendit , en 1726, à Francfort lur l'Oder & delà à Lcipfic, où il fe mit' à étu-
dier cette Science. 11 ne fit point un long féjour dans ces deux villes; car la
réputation du célèbre Bcerhaave l'attira bientôt à Leyde , & il y fit dos. pro,
grès fi rapides , qu'on lui accorda le bonnet de Doreur en 1728. Sa 1 hefè"
inaugurale , qui eit intitulée De Fletu , eft remarquable par une nouvelle Thione-
qu'il propofe fur la caufe de la douleur & fur toutes les feciations deia^rca'
blés de rt,me. *
aaa S C ïî
Peu de tems après fon Dodorat , il trouva une occafion de le placer en
Rudîe. Le Czar Pierre II avoit befoin de fix iVIédecins pour fes Armées ; Sch.
Tciber foUicita une de ces places qu'il obtint. Cet emploi lui donna le moyen
de fc faire bientôt connoître dans un pays , où les Savans étoient confidérés
depuis que Pierre le Grand y avoit mis les Sciences en honneur. 11 fe fit même
tant de réputation , qu'il parvint à être reçu dans l'Académie de Péiersbourg.
Notre Médecin correfpondit à cet honneur par les Ouvrages qu'il mit au jour ;
il en auroit publié davantage , (i la mort ne l'eût arrêté dans la brillante carrière
qu'il couroit. Ce fut le ; 28 Janvier 1760 qu'elle l'enleva de ce monde.
Outre plufieurs bonnes Obiervaiions qu'on trouve dans les A<ïles de Pétersbourg ,
Schrelber a traduit , de l'Anglois en Latin , l'Olléologie de Clopton Huvcrs , & la
Myologie de Dow^las qu'il & ornée d'une préface de fa façon. Il a encore écrit:
Corp'jris ac moîûs coajiderario. Petropoli ^ 1731 , /n'4.
Blementa Medicinte Phyjico-Mathematica, Lipjîts , 1731 , ia-8 , première partie. Plein
dudefirde procurera la Médecine la môme certitude qu'on remarque dans les Scien-
ces exndtes, il adopte par-tout le langage des Mathématiciens, rejette les anciennes
définitions, & leur en fubftituc d'autres plus géométriques qu'il déduitde la ftruflure
& du méchanilme du corps humain. 11 ne manque au projet de l'Auteur , que d'être
avoué par la Nature qui le couvre quelquefois d'un voile impénétrable à nos yeux.
Lpijîola ad ui. Halleruin de mcdicamento Joann<£ Stephens contra calculum renum &
reficee divulgatô , & incfficac'i & noxiô. Gotiingm , 1744 , in-4. Il ne blâme pas moins tous
les Lithontriptiques en général , que le remède de Mademoifelle Siephens.
ObJ'crvadoms & Co^kata de peJiUentia quai annis 1738 & 1739 in Ucrania grajfata
ejl. kerolini, 1744,1/1-8.
Un Traité en Allemand fur les maladies externes , à la tête duquel on trouve
des principes généraux fur la Chirurgie. Lcipfic , 1756 , in-8.
^Imagejtum Medicam , Jntraducïio PhyJioloj!,ia Medica , pars piima. Lipfics & f^lett'
n«?î 1757' '""4- 11 y traite de l'irritabilité de la fibre , prelque de la même manière
que M. DeHalkr. On y trouve beaucoup de recherches fur la nature du fang, dans
Jequel il admet l'exiftence du fer.
SCHREVELIUS, ( Euvald ^ Dofteur en Médecine, étoit de La Haye, où
il naquit en 1575 ^i dans une famille diRinguée. Il exerçoit avec réputation dans fa
patrie , lorfqu'on l'appella en 1625 à Leyde , pour y remplir la Chaire vacante
par la mort d'^i^Uus-Everard f^orjUus. Ses amis travaillèrent pour qu'on le nom-
mât en même tems à la Chaire de Botanique que f^orjîius avoit occupée avec celle
qu'on dellinoit à Schrerellus : mais les Curateurs de l'Univerlité la donnèrent au
jils de f^orjiius , appelle Adolphe , qui leur repréienta qu'il feroit honteux pour lui
de déloger , avec fa mère & fon ménage , de la maifon qui efi jointe au Jardin
des plantes , où fon pcre avoit demeuré. Curteeus s'intérefTa vivement dans cette af-
faire pour /^or//ius , qui devint ainfi Profefiéur ordinaire en Médecine & en Bota-
nique. Schrevdius fut dédommagé par une penfion de 300 florins , dont il fe con-
tenta. C'étoit un homme accommodant. Le premier rang lui étoit dû dans l'Ecole
de Médecine à railbn de la Chaire,- mais il voulut bien le céder à fon allié, Otlnm
s C U 403
ffeurnius Profefieur public depuis l'an 1602 , fans néanmoins confentir que celui-ci
prît le titre de premier Médecin , ou , comme on dit dans les Univerfités des Pays-
Bas de Profefleur Primaire. Cette conduite fit honneur à Schrevelius. 1! s'acquitta de -
fes 'fonflions pendant environ 23 ans , & il étoit Refteur de l'Académie de
Leyde en 1647 , lorlqu'il mourut. Son corps fut inhumé dans l'Eglife de Saint
Pierre où l'on voit fon Epitaphe conçue en ces termes :
D. O. M. -
Et Ewaldo Schrivelio,
Adriani ,
Trîgefîmè Hag<s ( qu<e Batavorum uiula ejl } Confulata gefiù
Jnfignis y
Filio :
jin. CI 3. ID. LXXf^. ibidem nato :
Smatori & Medico :
JDein Medidna in, Leydenjî ^cademia Profeffbrî Primarîo ,
& ReSoii Magnlfico :
Singularl doSfrlnây virtute , 5? prolixâ in omnes comitate
ClarlJJimo ;
Cui in vita nihil charius , quàin aVùs eam velut dare :
Nihil in morte jucundius , quàm ad mdlorem & immortakm traafire :
^nnô CID. ID. C. XLVII. denato.
Maria van Swaenswyck
( Uxor Marho )
Et Liberi Parenti duldjjïmo , dejïderatijf.
MœJiiJJlmi H. M. P.
Sic TiBi ,
Qui nemini gravis vixifii ,
Terra Levis.
M. Paquot ,de qui j'ai tiré cet article & le fuivanr , a fait des recherches fur les
Ouvrages de ce Médecin, mais il n'a pu parvenir à en connoître aucun; c'eft ce
qui fait croire qu'il n'a rien écrit.
SCHREVELIUS, ( Corneille ) fils de Théodore nu Thierri , alors Principal du
Collège de Harlem , naquit dans cette ville vers l'an 1615. Il paffa à Leyde ea
1625 avec l'on père , qui en cette année fut nommé à la Principalité du Collège de
la même ville , & il y fit ion cours d'Humanités fous fa conduite. Il y étudia en-
fuite la Médecine , il y a même tout lieu de croire qu'il y prit le bonnet de Doc-
teur en celte Science ; mais il le tit plus de réputation par l'étude des Belles-Lettres
que par l'exercice de fa profeilion. 11 foUicita & obtint, en 1642, la charge de
Redeur ou de Principal des Ecoles d'Humanités de Leyde, que fon père ve-
noit d'abandonner à raifon de fon grand âge, & il la remplit avec beaucoup dm
2^4 s C H
zèle jufqu'à fa mort arrivée le ii Septembre 1664. On a de lui des édiiioas d'i%-
were, d'HéJîode, de Cicéron , d'Ovide y de Claudien, de Firgile , de Martial, de /u-
re/îa/, de /^er/è , &c. , à la plupart defquelles il a joint des notes de la façon; on a
encore un Lexicon Grec & Latin qui a été pîufieurs fois imprimé en Hollande , en
Angleterre , en France & en Allemagne. SchreveUus manque de goût dans les
Ouvrages; il a même aflez généralem^ent paffé pour un Critique i'ans exadtitude
& un Compilateur peu judicieux.
SCHllOECK , ( Luc ) fils d'un Médecin de môme nom , qui étoit Phyficien
d'Ausbourg , naquit dans cette ville le 20 Septembre 1646. Après avoir étudié la
Médecine à Jene , où il fut reçu à la Licence en 1669 , il fit divers voyages en
Allemagne & en Italie, & vint enfuite prendre le bonnet de Docteur en la même
TJnivcrfité de Jene l'an 1671. Décidé de fe fixer dans fa patrie , il ne tarda pas à
s'y rendre , & il eut l'avantage d'y voir fes talens récompenfé» par les charges Se
les honneurs, il commença par être Médecin de l'Hôpital ; place qui convcnoit &
bien à un jeune homme plein de zele , & qui fiatroit fon goût pour l'obfervation.
En 1676, il fut reçu dans l'Académie Impériale des Curieux delà Nature, fuus le
nom de Celfe I , & en 1678 , dans ctlle des Ricovrad de Padoue , des Phy(ïcocrl-
dci de Sienne. En i68î , on le nomma Adjoint de l'Académie Impériale, Direc-
teur des Ephémérides en 1685, & Préfident de cette Société de Savans en 1693.
11 fut lept fois Doyen du Collège des Médecins d'^iiisbourg. Il parvint , en 1712 ,
à l'emploi de premier Phyficien de cette ville, & peu de tems après, à celui de
Viiiteur perpétuel des boutiques d'Apothicaires. Comme il remplit toutes ces char-
ges avec diÛiniflion , il mérita pendant fa vie l'eftime de fes concuoyens , ôj à fa
roort arrivée le 3 Janvier 1730, dans la 84e- année de fon âge, il emporta leurs
regrets dans le tombeau. Comme il ne laillà point d'enfans,Tl légua fa Bibliothè-
que, qui étoit nombreufe & de grand prix, à la ville d'Ausbourg , & cette aug-
nienîatiou inattendue enrichit beaucoup la belle coîleiiT:ion de Livres que cette ville
pofiédoit déjà à l'ufage du public. Les Ouvrages de ce Médecin font intitulés:
Phurmacapcxla Augujlaaa rcfl'uuta , five , examen. Animadverfîonum in Dlfp enfatorium
uiagvjlanuni , ejufdemque Manùjjani Hermetlcam Jmnnis Zwdjftri, ^u^ufta Findelico-
Tum^ 1673, 1684, 1694, in-4.
iPharmacopœisi Augujlaiiie rcflituta dcfcnjio. Ibidem , 1675 , Jn-4, C'eft une réponfe
S'JX argumens que Frédcric Hojfmana avoit mis au jour , pour défendre la caufe
.de Zu'dfer.
M^nwria jVelfchîana , (îve , F'ita Gcorgii Hieronimi TFelfchiî. Ibidem , 1678, in-2.
Hiftoria Mofchi ad nonnam Academlte Curloforum confcrlpta. Ibidem , 1682, i/î-4.,
avec figures. Il avoit foutenu une Thefe fur le Mufc , pendant le cours de ie«
études à Jene,
Hygea Jtuguftana , feu , Memoria pecularls CoUegil Medicl yfugujlani. Ibidem, 1682 ,
4,1-4, On y trouve l'hiftoire de ce Collège, celle des plus célèbres Médecins d'Auf^
bourg , & des remarques fur le parti avantageux au public , que cette Compagnie
ja tiré des bienfaits qui lui ont été accordés.
Continuailo progrefsàs AcademicE. Nature Curloforum. NoribergiS , l68g , m-4.
■î'Iiarmacopma Attgufiaiia renovaîa. Aagufifi rindilicorum, 17 1 0, //i-/î///o. L'Editeur
JL
s C H 225
s fait plufieurs corre(Sions importantes à cette nouvelle Pharmacopée d'Ausbourg.
La Médecine , plus fimple aujourd'hui dans les moyens curatifs, voit avec plaifir
qu'on travrille à bannir des dilpcnl'aires ce tas énorme de formules inutiles, dent
les boutiques des Apothicaires raffembloient les compofitions. 11 efl un choix à
faire dans les Médicamens ; trop d'art dans leur combinaiion , ne butte fouvent
qu'à en augmenter le prix & diminuer leurs vertus. Une {implicite plus générale,
mais beaucoup d'exaditude , & l'uniformité la plus grande chez tous les Apothi-
caires d'une ville y efl: le vœu des Médecins. II eft d'autant plus néceflkire de pref-
crire une règle à ceux qui fe mêlent de préparer & de vendre les Médicamens ,
que dans leur profelfion rien ne peut être arbitraire ; il eft néceflaire encore qu'on
veille à ce que cette règle foit bien obfervée & qu'on puniile les négligences &
les défauts des Artiftes , parce que la circonfpedion de leur miniftere doit corref-
pondre à la confiance du public qui ne connoît rien aux drogues qi,'on lui vend.
SCHR.OEDEIt ( Jean J naquit en Weftphalie l'an 1600. Il s'appliqua à la
Médecine en Allemagne, en Dannemarc, en France & en Italie, & après avoir
pris le degré de Docteur , il remplit pendant quelque tems la charge de Médecin
dans les Armées de la Couronne de Suéde. Il vint enluite s'étabhr à Francfort,
dont il fut nommé Phylicien ordinaire; & c'eft dans cette ville qu'il finit la car-
rière le 30 Janvier 1664. On a de lui ;
Pharmacopœia Medico-Chymlca ^ jh-e, Thefaurus Pharmacohgicus, Ulma , 1641, 1649^
1655,1662, 1705, în-if, Lugduni ^ 1649, 166^ , in-^^.. Franco/uni, 1669, in-/^. Ibidem,
1677 , in-4 ) avec des correéïions & des augmentations par Jean-Louis If^it^el.
Lugduni Batavorum, 1672, ia-3. Noriniberge , 1746, in-folio. En Allemand, Nurem-
berg , 1685 , in-4.
Quercetanus redivivus , hoc efl , ^rs Medica Dogmatico-Hermetica , tribus Tomis di -
gcfia. Francofurd-t 1648, 1667, 1679, in-^ On a augmenté & corrigé la dernière
édition.
La Pharmacopée de Schroeder étoit bien du goût du célèbre Boerhaave, car il
en parle avec beaucoup d'éloge dans l'a Metlwdus ftudil Medici, où il l'annonce
comme uti Ouvrage dans lequel la manière de préparer les remèdes chymiques
eft traitée avec clarté , lincérité & exadhude. Mais M. de Hallcr en parle moins
avamageuiement dans fes notes fur la Methodus du même Boerhaave, fon Maîîre;
il taxe Schroeder de trop de crédulité & de penchant pour l'Alchymie. Frédéric
Hoffmann, le père, a travaillé fur la partie de cette Pharmacopée qui traite des
Végétaux. Il y a joint des notes dans un Ouvrage intitulé : Clavis Pharmaceunca.
Haie, 1675, 1681 , in-a^ Jean-Jacques Manget l'a fait paroître à Genève en 1687,
infolio, fous le titre de Pharmacop<xa Sclirodero-Hoffmanniana.
SCHliOEER., ( Samuel J ^^ Bautzen , Capitale de la Haute Luface , vint au
monde le 14 Juin i66g. Il étudia la Médecine à Leipfic , mais ce fut à Erford
qu'il reçut les honneurs du Doirtorat en cette Science. Sa promotion date de 1694.
Il retourna bientôt après à Leiplic , dans l'efpérance d'y obtenir une Chaire dans
ià Faculté; mais fes foUicitations furent inutiles, & il dut fe borner aux Leçons
privées qu'il fit chez lui. 11 palla cependant le refte de la vie à Leipfic , où i}
T 0 M E ir, F f
525 S C ÎJ
la finit le ir Mars 1716. Ses Ouvrages confinent en des Commentaires Allemands
fur l'Alchymie. On a encore une Difiertation Académique fur la nature de l'Opium,
qui a paru fous différens titres:
Dijfirtatio di Opii naturâ &? ufu , ia qua demonftratur Opium ob particulas aciJo-vo~
lariles edere operadones. Erfuni , 1693 , i/i-4. Libéra in naturam OpU inquijîdo, Lipfie ,
1696 , in-'Ô.
SCEil'J.OETER, fjeanj de Weimar dans laThuringe, naquit en 1513. Son
goût pour les Belles-Lettres & la Philolbphie fe développa à Naumbourg & à
Wittemberg , où ilfe diRIngua par les fuccès que lui mérita une application tou-
jours foutenue par le delir de ftJre mieux. En 1545 , il fe rendit à Vienne en
Autriche , d'abord en qualité de Régent de Collège , & bientôt après comme Eco-
lier de là Faculté de Médecine. Mais il quitta l'Univerfité de cette ville, en
1549, pour fe rendre à Padoue , où i! demeura jufqu'en 1551. Il revint alors
reprendre le fil de fes études à Vienne , & le 2 Janvier de l'année fuivante , il y
fut reçu Dodeur, Son mérite reconnu lui procura bientôt de l'emploi; il obtint
une Chaire dans les Ecoles de la Faculté & la charge de Médecin de Maximilien ,
Roi de Bohême.
En 1554 , Jean-Fréderic il , E'-e^eur de Saxe , l'appella à fa Cour pour le
confultcr fur fa fanté. Mais ce Prince mourut avant l'arrivée de Schroeter , à
qui ce voyage ne fut cependant point inutile, car le Duc de Saxe- Weimar le
nomma Médecin de fa perfonne & Profefleur de l'Univerfité de Jene. Comme
la maladie de Jean-Fréderic avoit traîné en longueur , Schroeter avoit reçu différens
Mémoires à confulter pendant (on iéjour à Vienne; il s'étoit même rendu deux
fois en Italie par ordre de cet Eleéteur , d'abord pour prendre l'avis des Mé-
decins de Padoue fur fon état, & enfuite pour demander au Doge de
Venil'e les palT^iports nécefiaires à ce. Prince qui comptoir d'aller aux Bains
d'Abano.
Notre Médecin a travaillé avec le plus grand zèle à l'illuflration de l'Univerfité
de Jene , dont il a été dix fois Reéteur ; il obtint de l'Empereur Ferdinand 1 la
confirmation de tous fes privilèges. Mais ce qui a le plus contribué à la réputa-
tion de cet habile Homme, c'ell la juflefie de fon coup d'œil i on prétend qu'il
lui fuffifoit de voir une feule fois un malade pour connoître le fonds de fon état,.
& pour faiûr toutes les indications qui peuvent en réfulter. Cette admirable faga-
cité lui mérita la plus haute confidération pendant le cours d'une vie longue , que
la gangrené au pied termina le 31 Mars 1597, , à \'^\ye de 80 ans , après avoir
enfe'gné la Médecine pendant trente , dans les Ecoles de Jene. II laifla trois fils
de fon fécond mariage, l'ainé , Jurifconfulte , & les deux autres Médecins. Il Jaiffa
suffi quelques Ouvrages, dont voici les titres:
Typtis ex Hippocrate , Gaknô , aliifque bonis Operibas , per quem , cognitis ex motu
& curfit fvderum mutationibus anni, uno intuitu de futuris indè morbis unufquifque facile
prtedicere poterit. Fienna yiujhiis , 1551 , in-2.
Brevh & neceffaria C^taginnis & pejlls adambratio. Jena, 1684, in-^.
Lpîjîola ad JujUium Pet{oldum de morborum malignorum fui tcmparis curaiione. Dans le
SLecueil des Lettres Médicinales publié par Laurent SchoUi à Francfort, 1604, in -4.
s C H 227
SCHROETFjR , ( Philippe-JacquesJ fils du précédent , vint au mcnde ^
Vienne en Autriche le B Juillet 1553. Il étudia la Médecine à Jene , où fon
père enfeig^noit alors avec réputation. De cette Ecole , il palïa fur les bancs de
celle de Padoue ; irais il reviht à Jene,& il y reçut !e bonnet de Docteur
le 9 Juin 1581. Le 29 Mars de l'année fuivante , il obtint une Chaire dans
rUniverfité de la même ville, à qui il fit honneur par Tes favantes Leçons. Son
zèle pour l'infirudion des Ecoliers , fon aifiduité à remplir fes devoirs , lui méri-
tèrent les regrets de fes Collègue» qui le perdirent le i Juin 1617. On n'a de lui
d'autre Ecrit que fa Thefe Dù(florale, De. Febre ardente.
5CHiiOETER., (" Jean-Fréderic ) frère cadet d« celui dont on vient de parler,
étoit de Jene où il vit le jour en 1559. Comme il correipondit parfaitement aux
foins qu'on prit de fon éducation littéraire , & qu'il montra toujours la plus grande
ardeur pour l'étude, il ne tarda pas à recevoir les m'arques d'honneur par lefquelles
on couronne les travaux Académiques. Il prit le bonnet de Maître-ès-Arts à l'âge de
17 ans i la cérémonie de fa réception lé fit à Jene en 1577. A l'exemple de fon père & de
Ion frère, il fe décida eniùite pour la Médecine qu'il étudia en difîerentes Univerfités.
Les Ecoles de Padoue, de Vienne , de Leipûc , de Jene & de Bâle , furent
celles où il s'arrêta plus long-tems ; mais c'eft dans la dernière qu^il obtint les hon-
neurs du Dodorat. En 1583 , il fut nommé Profefieur de la Faculté de Jene ,
& devint ainli le Collègue de ton père & de fon frère. Cet emploi ne fut cepen-
dant point capable de le fixer dans fa ville natale ; il lui préféra celui de Phyfi-
cien de Bautzen dans la Hawe Luface , & il alla l'occuper en 158B. Tout lui rioit
dans fon nouvel établilltment. Comme il rempliffoit les devoirs de fa charge à la
fatisfadlion d'un chacun, il jouilibit de l'eftime générale, & avec elle, de tous les
autres agrémens qu'il pouvoit fouhaiter ; mais ces avantages ne le contentèrent pas.
11 fe mit en tête d'étudier la Jurifprudence , & à cet éftét, il fe rendit en 1593
à Jene', d'où il alla prendre le bonnet de Doftcur à Bâle le premier de Juin
de la même année. Après cette nouvelle promotion , il revint à Bautzen , & il y
fil tour-à-tour les fonctions de Médecin & de Jurifconfulte ; il les Ht même avec affez
de diftinaion , pour que diftérens Princes cherchaffent à l'engager à leur fcrvice. Sckroe-
ter ne put jamais fe réfoudre à accepter les partis avantageux qui lui furent pro-
pelés; conmie il avoir pris ce Vers pour fa devife .*
Nemo fit alterlùs qui faus ejfe poteft ,
il en fit la règle de fa conduite , &f préféra toujours la vie privée aux con-
traintes de la Cour. C'eft dans ces fentimcns qu'il paffa une vie longue ; il la ter-
mina le II Décembre 1625 , à l'âge de «4 ans , & fut enterré avec un de fei fils.
Viélime de l'amour paternel, il contrada la maladie de ce fils chéri à qui il pro-
digua fes foins , quoiqu'il fût lui-même épuifé de forces. On a quelques Ouvrages
de la faconde ce Médecin:
De omnibus in univtrfum totius corporis humani humoribui Liber. Pâtavii , 1582 ?
«7-4. ♦
JDe natura & origine calidl innatl. Jene , 1583 , i/1-4.
2i8 s C FT
Commtntarlain Librum Bippocratîs de natura humana. fbidem , 1585, in 8, Il y a-
joint: Dl^rejfio de pracipuh illvjîrium Fhilofophorum ^ antè Aiiftotdem, clrca prindpia
generationîs oplnionibas. •
SCHUCHMANN, ( Chriftian ) Membre de l'Académie Impériale des Curieux
de la Nature , fous le nom d'yElianus , étoit de Salfeld , petite ville de Thurin-
ge , où il naquit le 17 Novembre 1652. Après de bonnes études , il reçut
les honneurs du Do^orat à Ërfurt en 1680, & delà il paflk à Ann-aberg dans la
Haute Saxe , où il remplit les devoirs de Phyficien avec beaucoup de réputation.
Il y mourut le 6 Ofkobre 1719, & ne laiffa d'autres Ouvrages, qu'un Traité en
Allemand qui contient la delcription des Bains de Manenberg dans la Mif-
nie , & quelques Obfervations qu'on trouve dans les Mémoires de l'Académie.
Impériale.
SCHULTES. Voyez SCULTETUS.
SCHULZE ( André ) étoit d'Hambourg, Il prit le bonnet de Do^euf etr
Médecine à Bâle en 1657 , mais il ne fe borna point à cette promotion Aca-
démique. Plus emprefl'é de multiplier les grades , que d'acquérir les connoiflances
qui y conduifent , il ie fit inlcrire, en 1662, dans la matricule de la Faculté de
Droit à Franequer, & il s'y fit recevoir Dodeur.Il étoit déjà Chanoine d'Ham-
bourg,'& pour cette raifon , il s'emprefla de revenir dans cette ville, où l'on im-
prudence lui occafionna de mauvaifes alFaires vers l'an 1687. Comme il avoit l'ef-
■prit remuant , il le ligua avec le parti oppofé aux Magiftrats , qui le condamnè-
rent à une grofie amende & l'obligèrent de fortir du territoire de leur ville. 11 fe
réfugia à Altena & il y finit fes jours au mois de Septembre 1691.
SCHULZE , fBalthafarJ de Greiffenberg dans la Poméranie Ultérieure , fufattaché
à Calimir, Duc de cette Province, en qualité de Médecin ordinaire, pendant qu'il
n'étoit encore que Principal du Collège de Colberg. Apparemment qu'il étudioit-
la Médecine par goût , & qu'il s'y étoit fait de la réputation avant que d'avoir
pris le titre de Dodeur. Il alla ù Wittemberg pour le recevoir , & il l'obtint le
8 Septembre 1601. De retour à Colberg il fut en môme tems Principal du Col-
lège & Médecin flipendié de la ville. Ces deux emplois l'occupeietit le refle de
fa vie, qu'il termina le 27 Mars 1627, à l'âge de 58 ans. On a de lui:
Synopjîs univerfe Medlclius duodeclm Difputationibus cxbibha. Lipjîa , ]6oi , H^8. Ce;
font les Thefes qu'il foutint à Wittemberg pour fon Doctorat.
Synopfis Ulflorlis Uaivcrfalis de mundo , item de Jiomine. ff^itteberga ^ 1606, cn-i2,
Confilium Mcdicum pro curanda valetudine. Ibidem^ 1606, /n-12.
SCHULZE, ( George ) Dodîeur de la Faculté de Médecine de Leipfic, exer-
ça à Caflel, où il étoit en réputation vers l'an 1682. Il a mis au jour plufieursj
Difi'ertations , ainfi qu'un Traité en Allemand fur les Eaux Minérales de Geifmasr
dans le Landgtaviat de HelTe.
s C H aap=
SCHULZE ( Godefroid-Samuel ^ naquir à Breflau le 10 Avril 1643. Comme
fon père étoit Profefleur aux Mathématiques dans le Collège de la Magdcleine de cette
ville, il ne manqua rien à fon éducation littéraire, parce que les autres Profefleurs,
Collègues de l'on père, s'empreflcrent à cultiver les dilpofitions d'un élevé en qui ils
remarquoient beaucoup de goût pour l'étude. Ce fut fous eux que le jeune Schul^e
fit les plus grands progrès, non feulement dans les Lettres Humaines, mais encore
dans les Langues & la Philofophie. Il n'en fit pas de moindres fous fon père dans
les Mathématiques.
C'eft avec ces belles difpofitions à l'étude de la Médecine qu'il arriva à Leip-
fic au mois de Mai 1666. Après y avoir féjourné pendant quelque tems , il paf-
fa à Jene où il demeura jufques vers le milieu de l'an 1671 ; il prit alors la réfo-
lution d'aller fe perfedtionner en Italie, & il s'y rendit par Nuremberg, Munich
& le Tirol. Padoue eft la ville qu'il choifit pour achever fon cours de Médecine;
& comme il y donna des preuves d'un favoir fupérieur dans tous les exercices
de l'Ecole , on s'emprefl'a à lui accorder le bonnet de Dofkeur , qu'il prit le 14
Odobre de la même année 1671. Débarraffé des loins qu'a voit demandé fa
promotion , il fe dirpofoit à faire un tour dans le refte de l'Italie , lorfque les let-
tres qui lui annonçoient la maladie de fon père, le rappellerent à Brellau , où il
arriva heureufement à la lin de Mai 1672.
Le plan de vie que Schul^e s'y propofa de fuivre, fut de partager tout fon tems
entre l'étude & les malades; mais il dut bientôt y faire quelque changement, parce
qu'on le chargea d'un travail auquel il ne s'attendoit point. On l'anbcia à quel-
ques Médecins de Breflau pour recueillir & rédiger les obfervations que cette ville
fournilfoit à l'Académie des Curieux de la Nature ; la manière , dont il s'acquitta
de cette commiUîon , lui mérita une place dans la même Académie , où il fut reçu
au mois de Juillet 1676, fous le nom d'^rcAe/ju.?. Le Préfident F^olckamer le nomma
Adjoint en 1689, ^'^^^ celui d'Eginete.
Les connoiflances que ce Médecin avoit des Langues , fui donnèrent les moyens
de travailler à la traduflion de plufieurs Ouvrages. Outre fa Langue maternelle
& la Latine, il favoit l'Hébreu, le Grec, l'Italien, le François, l'Anglois & le
Hollandois. A ces talens , il joignit l'Hiftoire Naturelle & l'Aftronomie ° & il les
pofleda fi bien, que l'Académie Impériale fit le plus grand cas des obfervations
& des recherches qu'il lui communiqua lur l'une & l'autre de ces Sciences. Mais
cet homme, de qui la Médecine efpéroit de plus grandes chofes pour fon avan-
cement , n'a rien publié de Ion propre fonds qui loit digne de remarque. L'affoi-
bliflement de fa fanté en fut peut-être la caufe. En eftet , des chûtes réitérées
lui avoient tellement dérangé la conformation de la poitrine , qu'il fe trouva très--
mal à l'aifc du côté de la refpiration. Son état empira par la toux vive dont il
fut attaqué pendant tout l'hiver de 1697 , & cette toux le conduifit A la con-
fomption qui l'enleva de ce monde le 14 Mai de Tannée fuivante, dans la 56e- de
fon âge.
Quelques Bibliographes ont confondu ce Médecin avec Godcfroid Schul^e ; mais
Gmge Matthias n'eft point tombé dans cette erreur. Suivant lui, ce dernier Schu\e:
étoit d'AItenbourg en Miinic. Il prit le bonnet de Doreur en Médecirc, remplit
la charge de Phyficien de la ville de Schmoellen dans le Bailliage d'AItenbourg^
2-,o S C H
•o
& fut reçu, en 1694, dans l'Académie des Curieux de la Nature, fous le nom
d'ytrclielaus. C'eft à Godefrold , Ô? non point à Godefroid-Samuel , qu'appartiennent
les Ouvragî^s fuivans:
Dijfcrtatio PhannaceudcoTherapeutica de naturaTincluris Bc^oardictB Joannh Michaëlis.
HalliS Suxoniae , 1678 , in-8.
Scrutlaium Clnnabarinum. Jindem , 16S0 , In-B.
SCHULZE, ( Jean-Henri J célèbre Médecin de ce fiecle , étoit de Colbitz dans
le Duché de Magdebourg , où il naquit le 12 Mai 16^7. On ne dit point en quelle
Univeriité il prit fes degrés, mais on fait qu'il enfeigna dans celle de Hall avec
beaucoup d honneur, &: qu'il devint Membre de l'Académie des Curieux de U
Nature, fous le nom à''^Ucin£on. C'étoit un vrai Savant, & il l'étoit dans plus
d'un genre. Il avoir une aflez belle colledion de Médailles , il ne manquoit même pas
.de connoilTances à cet égard. Il lavoit parfaitement les Langues Grecque & Arabe.
Jl étoit fort inftruit de l'Anatomie , mais il ne l'avoit apprife que par l'étude des
Auteurs qui ont traité de la ftru^flure du corps humain; faute de cadavres , il ne
put diflëquer autant qu'il l'auroit voulu. Plein de goût pour le travail du Cabinet,
il s'en occupa long-tems. On a de lui beaucoup de Diflertations intérelTantes fur
différens points de Médecine, & quelques Ouvrages d'une plus grande étendue.
Tous ceux qu'il a écrits, n'ont point paru de fon vivant; il y en a plulieurs
qui ne furent publiés qu'après fa mort arrivée en 1745. Voici les titres des
uns & des autres :
Hijloria Afedlclme à rerum initio ad annum Urbîs Roit£ 53g dedu&a. Lipp<e ,
1728, m-4. Hal(e Magdebur^icte , 1741 , in-8, fous le titre de Compendium Hijlor'ne
Mcdicina à rerum initio ad Hadrianl excejfum. Cet Abrégé content quelques traits
qui ne fe trouvent pas dans le premier Ouvrage. L'Auteur a prelque toujours
luivi Daniel Leclerc ; il ell vrai qu'il ne s'eft point étendu autant que lui, mais
Il a mis un meilleur ordre dans ce qu'il a donné. A certains égards , il a pouffé
fon travail au delà de celui de Leclerc ; car on lui doit beaucoup de chofes fur la
Médecine des Chinois, des Malabares & des Egyptiens. C'eft dommage qu'il
foit mort avant que d'avoir publié l'Hiftoire des Médecins Arabes , à laquelle il
s'appliquoit avec d'autant plus de fruit, qu'il étoit au fait de leur Langue.
.Excurfio ad fervl Medici apud Grtccos & Knmanos condltionem eruendam. Hala, if.Sj»
in'4. Jamais cOnféquence ne fut plus fauH'e que celle qu'on a tirée de la condition
fervile de quelques Médecins de l'ancienne Rome: parce qu'il s'eft trouvé des
elclaves qui ont exercé la Médecine dans cette Capitale du monde ^ on a conclu
que tous les Médecins l'étoient.
PraUStiones de viribus & ufu medicamentorum que in ojjicinis Pharmacofolarum parata
proftant. Norimbergce , 1736 , in-8.
Dijfertatio de ^i/natomes ad praxim chirurgicam ntcejfnate. Halx ^ ïr37»'*'4
DiJJenaciones Medicts & Hiftnrica. Ibidem^ 1743) ''**4«
Tkerapeia gêner alis. Ibidem , 1746 , iu.8.
De Materla Medicâ, Ibidem ^ 1746, in-S , par les foins de Strumpf^ geaàte de
l'Auteur.
De formulis pnefcribendis. Ibidem , 1746 , ia-8.
s C H S3Î
PhyflologlaMedka. HaU ^ 1746, m-8. Il luit affez les fentimens de Boerhaave ,
mais ce n'eft point fans le défier de tout ce qui a l'air de fyfiême.
Patiwlugia generalis- Ibidem, 1747, /ft-8.
Piithologia fpecialis. Ibidem , 1747 , in- 8.
Chirurgia in ufum Auditorum édita. Ibidem , 1747 , trt-8.
Fraktliunes in Difpenfatoriam Brandenburgicum. Nonmberga <, 1752, in-8.
SCHULZE, ( Jérôme^ de Konigsberg , où il naquit le 19 Février 1610 ,
s'appliqua d'abord à l'étude du Droit; mais un fecret penchant la lui fit abandon-
ner, pour fe coDlacrer tout entier à la Médecine. Il fut reçu M&ître-ès-Arts dans
fa ville natale, le 11 Odobre 1636, & après avoir fréquenté les plus célèbres
Ecoles d'Italie , il prit le bonnet de Dod^eur à Bâle en 1638. Malgré le droit
que lui donnoit fa promotion , malgré l'étendue de i^s connoiflsnces , il ne voulut
point encore fe permettre ia pratique de la Médecine ; il voyagea en France, etl
Angleterre, en Hollande, pour fe perfectionner dans l'Aft difficile qu'il avoit em-
bralfé. A ion retour à Konigsberg en 163g, il fut reçu au nombre des Aîleflèurs
de la P'aculté , & l'année fuivante , Vladiflas , Roi de Pologne , le -uomma fon
Médecin & lui accorda un appointement confidérabie. Schuî^e fe diflingua dans
cet emploi. Il ne fe ht pas moins d'honneur dans l'exercice public de fa prof.fiion,
& mourut fort regreté le ai Avril 1660.
On trouve plufieurs autres Médecins du même nom. Je m'arrêterai aux fuivans.
Joachim Schul^e fit la Médecine à Hambourg, la patrie, vers l'an 1618. Simon
Scimlic , natif de Thorn dans ia Pruffe Royale , fut Médecin ordinaire de cette
ville; il y mourut le sg Juillet 1679 , à 57 ans. On a plufieurs Obi'ervaiions de ia-
façon dans les Mémoires de l'Académie Impériale des Curieux de la Nature,
frauder Schul^e , Chirurgien Hollandois , publia en 1673 '^ Relation d'un voyage
aux Indes Orientales. Mais il ne s'eft point borné à cet Ouvrage ; il en a donné
deux autres en Hollandois fur des matières de Chirurgie. Le premier eft un Traité
des plaies de tête, imprimé à Amflerdam en 1694 , //i 8 , & à Roterdam en 1726 ,
même format; il a aufli paru en Allemand à Leipfic en i6g5, ia-S. Le fécond eft
un Traité des Tumeurs, imprimé après fa mort arrivée en 1704, & encore en
1727, à Roterdam, deux volumes in-H. L'Auteur, animé du delir de Amplifier
ion Art, biâme le trop grand ufage des incilions; mais fans elles, la Chirurgie
feroit dun bien foible iècours dans la plupart des Tumeurs.
SCHURIGIUS ,. ( Martin ) Doreur en Médecine , fut nommé à l'emploi de Phy-
ficien de la ville de Drefde , dès le commencement de ce fiecle , & fe fit connoî-
ire dans la République des Lettres par les nombreux Ouvrages qu'il mit au jour.
On les liroit avec plus de plaifir & de fruit, s'il ne les avoit pas défi5:urés par
une quantité de citations & de longs pafiages d'Auteurs qui ont écrit en Alle-
mand , en Itslien & en Hollandoiî. Comme tout le monde n'entend pas ces Lan-
gues, le mê'ange qu'il en fait avec le Latin, rend la ledure de l'es Ouvrages-
extrêmement rebutante. L'Auteur a d'ailleurs manqué de goût dans le choix &
l'ordre des matières qu'il a tirées de quantité de Livres , tant anciens que moder-
nes. Voici les titres ibus lefquels les Écrits de Schuri^ius ont paru ,-.
232 S C II
Spennatologla, Jîve , de femlne humanô , ejafque natnrâ & ufa , Jimulque opai gênera'
dionis peninens , de caftrationc c? de Hcrinaphrodîtis, Francofurti , 1720 , /H-4.
Sialoloj^ia ., Hiftoria Medica^ faliva humants coajideratio ^ ejus natura & ufas , Jîmul-
que morfus brutorum & hominls rabies. Drefdis^ ''7'^?i t «'î-4-
Chylologla , Chyll humanl , five , fucd homînis nutrh'd confideratio Phyjico-Medlco-Fo-
tenjîs. Ibidem , 1725 , t/1-4.
MuUebria , hoc eft , partlum genitalium muUebrium confideratio. Drefdie & Lipfite ,
Ï729, m 4.
Panhenologla , hoc eft , vlrglnltath confideratio , quâ ad eam pertinent pubertas &
menftruatio , necnon. de partium muliebriuni pro virglnitatis caftodiâ , &c. Drcfd(S & Lip-
fi<e , 1729, 2n-4.
GyntECologia , hoc eft , congreftus muîlebris , quâ utriufque fexâs falacitas 6f caftitai ,
necnon cactus ipfe., ejuftjue voluptas ^ cuni ohfervatlonibus, Drefdce & Lipfite, ij'^o , J/1-4.
Syllepfîlogia , hoc eft , conçeptioals muUebris confideratio Phyfico-Medico-Forenfis. Drefdte ,
1731 , m-4.
Jimbryologia , hoc eft , infantis humant confideratio. Ibidem , 17^2 , w-4.
Llthologla , hoc eft , calculi humani confideratio , quà non folàm ipfius gcneratlo &c.
fed etiam in corpore humano affe&us morbofi exponuntur. Ibidem , 1744 > in-4.
Hismathologia , hoc eft , fanguiiis confideratio. Ibidem , 1744 , in-4. Parmi les Obferva-
tions que l'Auteur a recueillies dans ces Ouvrages , il y en a qui lui font propres ,
& un plus grand nombre qui appartiennent à d'autres. Il y a joint quantité de
queftions alTez frivoles , qu'il décide par des railons plus frivoles encore ; en géné-
ral , cet Ecrivain peu circonijpeéï a montré bien de la crédulité à certains égards.
SCHUYL, C Florent J Profefleur de Médecine & de Botanique en l'Uni-
verfité de Leyde , Ce fit de la réputation vers le milieu, du XVII fiecle. Il ne
manqua pas de goût pour le travail , & il eu laifia des preuves. On a de lui
une Traduction Latine du Traité de l'Homme & de la formation du Foetus par
Z>efi:artes. On a encore :
Catalogus plantarum Hortl .Academicl Lugduno-Batavi. Lugdunî Batavorum , 1652 ,
în-11. Ibidem , 166S , in- 11 , avec V Index plantarum qiits propè Lugdunum in Batavis
nafcuiitur. Heidelbergte, 1672 , in-12. En Allemand, Darmdadt , 1679 , /n-ia.
Pro veteri Medicina contra D. Le P^aJJeur. Lugduni Batavorum & .Amftelodami 9
1670 , in- 12.
SCHWAMMERDAM. Voyez SWAMMERDAM.
SCHWENCKFELT , (GafparJ) de Greiffenberg en Siléfie , exerça la Mé-
decine à Gorlitz , où il mourut au mois de Juin 1609. Malgré les occupation^
que lui donnoit l'emploi de Phyiicien de cette ville , & une pratique d'ailleurs
nombreufe , il fut tellement ménager fon tems , qu'il trouva celui de compofer
les Ouvrages dont voici les titres :
Tliefaarus Pharmaceuticus ," medicamentorum omnium feri facultates & praparatinnee
continens , ex probatijfimis quibufque ^utoribus colleclus. ^djeclus eft Cuil. RondeletU .
TraSlutui de Succedaneis. Bafilea^ 1587 , m-8. Francofurti., 1680, in-B.
jStirpiaiu
s C H 2-
Stirplum S? FoJJllium Sihjia Catalogits. In quo prater etymon , natales , tempus , natura
S* v/rcî cam varils experimentis ajji^nj.ntar, L'-pjits , 1600, in-^.
Thcriotropkeiun: S',leji£. In quo anima'ium, hoc eft , quadrupednm ^ reptlUum, arium ^
p'ifcium & infe^orum natura , vis ac ufus per/^ringltur. Lignlcii , 1(^03 , /n-4.
Defcriptio S* ufus Thermarum H'rsbergenjiant. Cuî acccdit de ^luis Mïmralibus c?
Thermis ferlnls ihjîruclio gcneral'is. Gjrlicii^ '6of > In-S.
SCHYN, f Herman ) Hoîlandois qui a écrit l'ïliftoire des Menoonites , eft
cité par M. Puquot dans fe» Mimahes. Cet Auteur croit qu'il naquit à Amflerdam
vers le milieu du XVII (iecle , & il ajoute qu'il s'appliqua dans fa jeunefTe à la
Médecine, qu'il prit eniuite l'' bonnet de Docteur en cette Science, & qu'il le Ht
coucher fur la jiite des Médecins Praticiens d'Anifterdam en 1682 Son attache-
ment à la Sec^e des Menoonites lui mérita d'en être le Prédic.nt : mais il n'aban-
donna point pour cela fa proFenioa de Médecin , qu'il continua jofqu'à fa mort
arrivée en 172S, dans un âge fort avancé.
SCHYRON, rJean ) que o'autrcs nomment SCUTR.ON' , parce qu'il fignoit
ainii lui-même, étoit d'Andolc dans le Diocefe de Nifmes. Selon uijîruc , il fut reçu
Docteur de la Faculté de Montpellier en 1520, & ne tarda point à obtenir la Chai-
re vacante par la mort de Pierre Tremob^r. Une promotion auffi prompte fait cro re-
que .ScAyroft avoir long-tcms fréquenté les Ecoles & qu'il étoit déjà avancé en âge ;
car Strobelberger alTure qu'il mourut dans une extrême vieillefle en 1556. II vivoit
encore lorlqu'ou mit la dernière main à l'Amphithéâtre que Henri if fit conflruire
aux Ecoles de Médecine de Montpellier en la même année , puii'qu'au bas de
i'Infcription qu'on appola à cet édifice , on y lifoit ;
CURANTIBUS
JOANNE SCHYRONIO, AnTONIO SaPORTA ,
GUILLELMO R.ONDELETIO ET JOANNE BoCATIO.
C'étoient fes qi-atre Profeficurs Royaux de ce tems-là.
Schyron eut de la réputation & fit figure entre les Médecins de fon fiecîe. En
>Joverobre 1530 , il préfida au Baccalauréat de Rabelais qui parle de lui d'une
manière honorable dans fon Pantagruel, quoiqu'en badinant félon fa coutume II fut
élu Chancelier de la Faculté en 1539, à la mort de Gilbert Griffi , & i] fut ap-
pelle en 1540 par Henri d'Albret , lècond du nom. Roi de Navarre, & par
TVIarguerite d'Angoulêmc , fœur de François I , fa femme , qui l'honorèrent du titre
de leur Médecin.
On n'a qu'un Ouvrage de ce ProfelTeur, intitulé: Methodi medendi, Jîve, infiitutla-
n'.s Medicince fdciendce ^ und cum traStata de curctione febrium putrldarum ^ Libri quatuor
' C'eft un volume in- 16 que Jean Bleiin , neveu de l'Auteur & Doéîcur de Mont-
pellier , fit imprimer dans cette ville en 1609. Lipenius cite une édition de Genève
1608, même format, & il y en a encore une de 1623. Suivant l'ulage obfervé du
tems de Schyron , il retnplit ce Traité de Recettes , mais elles font un peu moins
chargées de remèdes bizarres , que celles des Médecins du Oecle précédent. A la
TOME Jr, G s
254 s C L s C R
fin de l'Ouvrage , on trouve une efpece de Matière Médicicalc , fous le titre de
TraSlatus de medicamentis tùm Jîmplicibus , tùm compnjïtis , in plurcs clajfes digeJUs. C'é-
toit alors le rrgne de la Polypharmacic. On n'étoit point encore alTez perfuadé
que la conno.lCince des maladies & de leurs caules fait l'eflentiel de notre Art , &
que Se Médecin qui eft bien au fait des maux qu'il doit traiter , n'eft jamais em»
barraflë d'y trouver des remèdes convenables.
SCLANUS. Voyez SALVUS SCLANUS.
SCRIBONIUS LARGUS , Médecin qui vécut dans le premier fiecle , fous
l'empire de Claude , gagna des fommes confidérables par les différentes efpeces Àjt
niédicamens qu'il inventa ou qu'il recueillit de la pratique des autres perfonnesde
l'Art. On fait , en particulier , qu'il le donna beaucoup de mouvemens pour avoir
la compofition du remède de Pacchlus ^ntiochus , & Ton voit delà que, du tems
de Scribmius^ bien des Médecins avoient leurs formules qu'ils tenoient cachées.
Notre Auteur n'en agit point ainfi ; il mit au jour les fiennes entre l'an 43 & l'an
48 de falut i & quoiqu'elles fuiïènt pour la plupart vaines ou luperftitieufts , elles
furent d'autant mieux accueillies, qu'il alfura, en les publiant, qu'elles avoient eu
les plus heureux fuccès. 11 afficha d'ailleurs des fentimens ii honnêtes , qu'il ne
put manquer d'être cru iur fa parole. C'eft moins l'appas du gain , ou l'amour de
ta gloire, dit il , qui l'ont engagé à donner les remèdes au public, que la fatisfac-
tion d'être verlé dans la Médecine. Il ajoute même qu'il ne connoît rien de plus
grand, & qui rapproche davantage l'homme de la Divinité , que de conlerver la
vie à quelqu'un, que d'entretenir fa fanté en vigueur, que de rétablir celle qui
eft altérée. Mais à travers toutes ces bonnes intentions , Freind & plufieurs autres
n'ont vu qu'un Empirique dans la perfonne de Scribonius Largas.
Son Recueil de Médicamens eft fouvent cité par Galien. L'Auteur l'avoit dé-
dié à Julius CaUiJUus, celui de tous les Affranchis de Claude qui étoit le plus en
faveur. Ce n'eft pas feulement par cette dédicace qu'on peut juger du tems auquel
Scribonius a vécu; cet Auteur parle de Meffaline & de Claude, dans un endroit
de Ion Recueil, d'une manière qui ne permet pas de douter qu'il n-'ait écrit fous
leur règne. Après avoir donné la defcription d'un dentifrice , il ajoute : Mejfalina
Dei nojlri de/uris kôc utitar : Meffaline l'époufe de notre Dieu Célar en fait ufage :
expreflion qui ne permet point de douter que cette Piinceffe vivoit encore , confé-
quemœent qui prouve que Scribonius écrivit avant l'an 48, qui eft celui que
Meffaline fut mile à mort , à caufe de fa lubricité.
Scribonius étudia fous Triphoa & ^puleius Celfus ^ in fut grand partifan du fyftô-
me d'^fcUpîade-, ce qui le rapproche un peu de la Se^e méthodique à qui les
opinions de ce dernier ont donné lieu. Le Recutil de notre Auteur contient
beaucoup de remèdes externes ou Chirurgicaux , mais en même tems un plus
grand nombre d'mternes ; & c'eft à tort qu'on a conclu des premiers , que Sert-
èonws étoit Chirurgien & non point Médecin. 11 étoit l'un ôj l'autre, puifqu'il
dit lui-même qu'il a cru ne pouvoir rien faire de mieux que de fe rendre habile
dans toutes les parties de l'Art , qu'il cxercoit déjà ious le tegne de Tibère.
L'Ouvrage qu'il a écrit a été imprimé plulicuri fois fous ce titre ;
s C R »:,5
De compofutone meiîcamentorum Liber. Bafilea , içig , fn-S , par les foins de Ruel.
f^metiis , 1547, in-folio, parmi les Medicte u4riis Principes. Lutctice , 1567 , in-foiio.
Patavii , 1655 , in-4 , avec Jes notes de fean Rhodius.
Quelques Savans ont cru que ce Traité de Scribonius avoit été écrit en Grec »
& que le Livre que nous avons en Latin n'eft qu'une traduflion , qui a même
été faite long-tems après la publication de l'Original. Mais ce fentiment ne s'ac-
corde pas avec ce que l'Auteur dit à Calliftius; car, après l'avoir remercié de la
bonne volonté qu'il a toujours eue pour lui , il le remercie encore d'avoir faifi
l'occalion de le fervir , en préfcntant à l'Empereur fes Livres de Médecine écrits
en Latin : Scripta mea Latlna Mediclnalia.
«•«"Ce qui a donné lieu de croire que nous n'avons qu'une traduction de l'Ouvrage
de Scribonius, c'eft que le Latin ne répond pas à la pureté que cette Langue con-
fervoit encore du tems de Claude. Mais Rhodius a d'une certaine façon démontré
qu'on s'eft trompé à cet égard, & que notre Médecin a tout l'air d'un original,
quoique le langage ne foit pas tout-àfait audi pur que celui de Cdfe qui avoit
écrit peu de tems auparavant. Cela prouve feulement, félon Rhodius, que ceux
qui vivent dans le même fiecle, ne parlent pas toujours également bien. MarfiUo
Cagnaii , favant Médecin de Vérone , eft du fentiment de ce dernier Auteur. M,
Goulia a renchéri fur tout cela. Il remarque, dans fes Mémoires, que Scribonius
défigne beaucoup de maladies fous leur dénomination Latine, & qu'il fait fuivre
le terme Grec , en ajoutant Gr^ci vacant ; or (i ce Traité n'étoit pas original , le
Traducteur auroit fuivi une autre marche ; il auroit préfenté d'abord le nom Grec
de la maladie , & il auroit ajouté , les Latins l'appellent ainfi.
Quant à la perfonne de Scribonius, il eft tout vraifemblable qu'il eft né dans le
fein de l'Empire Romain ; mais quand on fait attention à fon ftyle , on ne fauroit
guère fe perluader que c'eft un Romain de race diftinguée. M. Goalln ajoute qu'il
eli plus ditiicile encore de croire qu'il ait été de la famille Scribonia, quand on fe
r;;ppelle les éloges qu'il donne à CallijHus, les fervices qu'il en a reçus de tout
tems, la cour qu'il paroît lui faire, l'afléflation qu'il montre, lorfqu'il nomme
l'Empereur , d'y joindre les mots Deo & divinis manibus ; tout ceci n'annonce guère
un homme de la famille Scrlbonia, alliée à celle de Pompée & d'Augufte, à moins
que ce ne foit peut-être par adoption. N'annonceroit-il pas plutôt un Affranchi ,
ou le fils d'un Alfranchi, qui chercheroit à s'étayer dans le pofte où il étoit ? Mais
quel étoit ce pofte? Seroit-ce le tromper que de conjeflurer qu'il étoit Médecin
militaire, ou à la fuite de quelques Légions? Car il obl'erve lui même qu'il eft tou-
jours en voyage , en route , fumus enim f ut Jcis ) peregrè.
Il eft parié d'un Scribonius dans l'Infcription fuivante , & Rhodius croit que c'eft
le même dont il s'agit dans cet Article ;
ScRIBONI.<E JUCUND^
L. Scribonius Asclepiades
UxORI STATUIT.
Je ne me lafle point de témoigner la rcconnoiffance que je dois à M. Goulin ;
comme il eft uij guide sûr , je n'ai mr.nqué aucune occafion de profiter de*
a-6 S C R.
•j
favaotcs difcuflions qu'on trouve dans fes Mémoires. C'efl pour fcrvîr à l'Hiftoire
de la Médecine qu'il les a publiés; & delà je luis porté à croire qu'il ne trouvera
pas mauvais que ceux qui travaillent fur cette Hiftoire , emichiiient leurs Ouvrages^
de les connoifiances.
SCUII30NIUS, ( Guillaume-Adolphe ) PhiloPophe & Médecin du XVI fiecle,.
étoi; de Marpurg Grand partilan de Ramus^ il niit de la Logique juiques dans
les choies que l'expérience démontre beaucoup mieux que le raiibnnement ; mais
il abula de la i'ubtilité de ce raiibnnement, lorlqu'il l'employa à exciter les Juges
à lévir contre les lorcicres, & à faire voir qu'on pou voit légitimement avoir re»
cours à Iv preuve de l'eau, yoi-î lever les doutes qui refioient à éclaircir fur la
qualité de ces femmes inuécjlles qi.'on accufoit de lortilegc. Telle fut la crédulité-
dc nos pères , qu'ils employèrent l'eau & le feu pour prouver le crime & Hn-^
nocence.
Sciib:in.lus ne s'eft point borné à foutenir fes opinions de vive voix , il les a
miles au grand jour , par la voie de l'imprcflion , dans les Traités fuivans :
, Jdca Medicin.ce fecundùm Logccas leges iaformandie & dzfcribendcc. Cui ccctjjit , de.
înfpe^ione urinarum contra eos qui ex quulibet urina ^ de quolibet morbo judicare volunt-
Jtem de Hydrope , de Podagra & Dyfenteria , Fhyjîologia corporis, Lemgovits., 1584 ,
in-8. Ba.jilc£, 15H5 , </i-8.
De Sagarum natura & potejlete , deque his reSiè cognofcendis & pvniendis , Phyfiologîa.
' Ubi dz purgatioae earam per aquam frigidam , contra Joannem Ewichium in. Republica
Bremenjî , & Henricura Neuwaldum in ^cadtmia IIelnia:Jiadienji , Doclores Medicos
& ProfeJJbres. Hclmftadii ^ 1584, i«-4. Marpurgî , 1588, in-8.
Rcfponjîo ad examen veritatis de purgatione Sagarum per aquatn frigidam. Franco-
fur ti., 1590» ^'^'^^
SCRIGIAH AL-MALATHI, Auteur Arabe, a écrit une Hiftoire des Méde»
cins & de la Médecine.
SCROFA , ( Sébaftien ) Médecin de Cambray , vécut dans le XVI fiecle. Com.
me il étoit favant en Philofophie , aiali que dans les Langues Grecque & Latine,
& qu'il étoit d'ailleurs extrêmement attaché à la doctrine de Galien^ il traduifit
en Latin quelques Traités de cet Auteur , auxquels il ajouta des notes de fa façon.
Ses Verfions ont paru fous ces titres:
G aient Libellus de bmo & malo fucco. Parifiis , 1.Ç46 , m-S.
De bono & malo facco & de remedUs parabilibus , cum fcholiis. Lugdanl , 1547 ^
in-16.
De remediis parabilibus , mm fckoUls. Farijïîs^ 1548 , in S,
SCROFANO CJcan-AntoineJ naquit à Ragufe le 14 Juillet 1605. Il s'appliqua de-
bonne heure à l'étude de la Médecine , & les progrès qu'il y fir , lui méritèrent
les honneurs du Dociorat qu'il reçut à Meffine le 9 Mai 1(2^. I^es fuccès de fa pra.
tique correipondirem à ceux de (iîs études, il fut bientôt connu dans le Royaume
de Sicile où il s'étoit établi; mais fa réputation ne perça nulle part davantage
s C U 23*
que dans le Comté de ISIodica & le Val de Noto , "qui font les endroits dont il
ne s'pcarta guère , dès qu'il s'y vit recherche. II i"e fixa enfin à Modica", &
il eo fut nommé Médecin flipcndie en 1641;. Le goût qu'il avoir poùr les Belles-Let-
tres le porta à y établir une Académie dont les aflemblées ie tenoient dans fa mai-
fon ; il étoit bien en état d'y figurer , car il ne rcufliUbit pas mal dans la
Poéiie , & il avoit beaucoup de coi^noitrances des Mathématiques & de l'Af.
tronomie.
Scrofano mourut à Modica le 14 Novembre 16B1, & fut inhumé dans une cha.'
pelle qu'il avoit fait bâtir à fes dépens dans l'Eglife de Sainte Marie du fecours.
On a de lui une Lettre imprimée à Palerme en l(^2'^ , in-'à , qui traite De fibre
populari qua vagata eft per wtum Sicilia Regnuin annd 1672.
SCULTÈTUS ou SCHULTES, (JeanJ fils d'un Batelier d'Llm , naquit dans
cette ville le la Octobre 1595. II étudia à Padoue fous Spigelius & prit le degré
de Doéteur en Philofophie , en Chirurgie & en Médecine. Sa promotion eft de
l'an 1621. De retour dans fa patrie, i! s'y fit recevoir dans le Collège des Mé-
decins le 23 Mars 1625, ^ pratiqua enluite pendant vingt ans avec beaucoup de
célébrité.
La qualité de Do(f\eDr en Chirurgie , dont SchuJtcs fe paroit , n'étoît point un
titre vain & (iérile ; il a écrit de façon à faire croire qu'il exécutoit lui-même les
opérations dépendantes de cet Art. Il étoit hardi & entreprenant , car i! auroit
voulu qu'on opérât à la moindre indication qui fe préfenioit. Sa hardiefie eft blâ-
mable à bien des égards , mais elle fut utile dans les cas qui exigent de procéder
à l'opération de l'Empyeme , de la Bronchotomip & du Trépan; il raifonne avec
beaucoup de juftefie, quand il allure que le fuccès n'eft ordinairement douteux
dans ces circonftances , que parce qu'on tarde tiop à employer les moyens cura-
tifs qui dépendent d'une main habile & intelligente. Une chofe encore contre laquelle
il fe récrioif , c'eft la douceur trompeuiè des Chirurgiens qui fe font un mérite
de ménager les incifions dans les ca< même où les petites font préjudiciables.
Ce Médecin étoit à Stutgard pour la maladie d'un Gentilhomme , lorfqu'il Fut
attaqué de l'apoplexie qui le mit au tombeau le premier jour de Décembre 1645.
Son principal Ouvrage eft intitulé :
ylrmamentarium. Chirurgïcum ^"^ Tabulis esri inclfîs ornatum, Ulmte, 1653, 1655, in-
foito. Uaga Comkis , ^656, fn-4. u^mjlchdami , 1662 , 1669, 1672 , /n-8. La der-
nière édition contient une Centurie d'Obfervations Médico-Chirurgicales. F'ens.-
tiis , 1665, /n-8. Francnfurti y 1666, //J-4, avec 56 planches, Lugduni Batavorum ^
1693, /a-8 , par les foins de. Jean TUing. En Hollandois , Dordrecht , 1657, 1670,
in-ïi. Leyde , 1748, în-8. En François par Debcie , fous le titre à^^rfcnal de Chi-
rurgie, Lyon , 1672, m-4. Lyon , 1712 , /n-4, avec des augmentations & 50 plan-
ches. En Allemand, Francfort, 1679 , in-4.
SCULTETUS ou SCHOLZ , ( Jean ) Adjoint de l'Académie Impériale des
Curieux de la Nature , fous le nom de Pcrfcas I , étoit de Nuremberg , où il na>
quit le 7 Août 1621. Devenu Membre du Collège des Médecins de cette ville
en 1652 , il y tint un rang honorable & jouit de beaucoup de réputation jufqu*à
fa mort, qui arriva le 13 Février 1680, 11 a écrit:
238 s C U s E B
Trichiajîs adnnranda , fivc , morbus pilaris obfavatus. Norimbergis ^ i6f8,:n-l2,
Prophylaxls clrca pns/huem & futurum fanltath fiatum. Ibidem, 1665, ui-i2,
Plantarum cultura. Ibidem, 1666, ia-12. C'cft un Dilcours qu'il prononça pour ra-
nimer l'étude de la Botanique.
SCUTIUS , C Corneille ) Médecin & Mathématicien natif de Bruges , prit fes
degrés, en 1541, dans les Ecoles de Médecine en l'Univerlîté de Louvain. U
a donné au public ;
DiJJcrtatio de Mcdicina. ^ntverp'ne, 1546.
DÏ/putatio ^ftrulogica ac Mcdlca contra Dlarlum ^ quod ^Imanachum vacant. Pari
Bruhefii. Ibidem, 1647. 11 compola cet Ouvrage en Grec & en Latin , pour faire
parade de l'on lavoir dans ces deux Langues.
SEBEYDE. ( Raimond De ) Voyez SEBUNDE.
SEBIZIUS ou SEBISCH, CMelchior ) fils de George, DoReur en Droit &
Conieiller du Duc d'Olnitz , vint au monde, en 1539, à Falkenberg dans le
Duché d'Oppelen en Siléfie. Il s'appliqua d'abord à l'élude des Loix, mais il
changea de deffcin en 1563 , & prit le parti de la Médecine. C'étoit alors la
coutume de voyager pour le perfectionner dans cette Science ; les Allemands fur-
tout ne s'en perracttoicnt guère la pratique , avant que d'avoir obiervé la mé-
thode curative des autres nations. Sebifcli fentit toute l'utilité de ces voyages , & il
y donna un tems conlîJérable. 11 étoit en 1566 à Montpellier; en 1569, il le rendit
en Italie avec Matthieu Sebifck , fon coufia , qui fut depuis premier Médecin du
Duc de Lignitz & de Brieg , après avoir exercé dans la HaLte Autriche en qualité
de Phyficien nommé par les Etats. Melchior repafia enfuite . en France , & prit le
bonnet de Dodteur à Valence en Dauphiné , le 25 Août 1571. A l'on retour en
Allemagne, il fut P»1édecin de la ville d'Haguenau; mais étant allé à Strasbourg
<n 1574, il prit la réfolution de s'y fixer. Ses talens le firent monter au rang de
Profcficur ; il y obtint même un Canonicat de Saint Thomas en i>89. Dès qu'il eut
été déclaré Vétéran en 1612 , il fe borna à la pratique de la Médecine qu'il
-continua jufqu'à fa mort arrivée à Strasbourg le 19 Juin 1625 > * ''%e de 86 ans-
SEBIZIUS, ( Melchior ) fils du précédent, étmt de Strasbourg, où il vint au
inonde le ig Juillet 1578. Dès qu'il eut fini l'on cours de Philofopbie , il commença
celui de Médecine fous fon père & Ifraël Spachius. Il étudia, dit-on, dans vingt-
feot Univerfités, particulièrement dans celle de Bâle , où il reçut le bonnet de
Dodeur le a6 Juin 1616. Son mérite lui procura beaucoup de réputation & lui
ouvrit ic chemin aux honneurs qui en font les récompenfes. George Matthias rapporte
qu'il obtint, le 27 Mars 161a, la Chaire de Médecine que fon père avoit abdi-
quée, lori'qu'il s'étoit retiré des Ecoles de Strasbourg. Mais Sebiiius, dans fa lettre
à Charles Sport datée de la même ville le 10 Janvier 1665 , dit fimplement qu'il
fut d'abord Collègue de fon père, & nommé, après fa mort, premier Profeflcur
<le Médecine & Archiatre ordinaire de Strasbourg. Ainfi fa promotiots, en 1612,
ne doit s'entendre que d'une Chaire inférieure à la première. 11 devint cependant
s E B ii^Q
Chanoine de Saint Tliomas en 1613. Sa réputation qui alloit toujours en augmen-
tant, lui mérita la bienveillance de l'Empereur Ferdinand II; ce Prince le créa
Comte Palarin le 7 Octobre 1630. En cette qualité, Sebi^^ius créa lui-même 47
Notaires Impénaux, un Doi5\eur en Médecine & un Doif^eur en Chirurgie.
En 1657, il fut encore nommé Doyen de fon Chapitre, & Prévôt en 1668.
Mais aucune de ces dignités ne fut capable de le diflraire de la pratique
de la Médecine , non plus que de fon alliduité à monter en Chaire; & pen-
dant 62 ans qu'il enfeigna & fut AfTefleur de la Faculté de Strasbourg , il in-
tervint à l'examen de 163 Candidats, & donna, de l'a main, le bonnet à 55
Dodeurs.
11 mourut le 25 Janvier 1674 , à l'âge de 95 ans. Sa fanté toujours conllante
ne foufirit aucune atteinte jufqu'à fa dernière maladie; il ne fe fervit même jamais
de lunettes , & n'eut d'autre incommodité qu'une furdité afiez légère. Le cours
d'une vie fi longue ne fut point inutile au public; i'eôi^iui en profita pour la com-
pofiijjn de dift'érens Traités, &j fur-tout d'un grand nombre de Diflertations Aca-
démiques qui roulent, en partie, fur les Ouvrages de Galien. On trouve plus d'é-
rudition que de découvertes dans les F'crits; c'elt pourquoi Huiler a dit de lui -•
Eruditus f^ir , paràm ufus propriis experimentis. Method. Stud, Med. Telles que foient
les pièces qui lont forties de la plume de Scbi;;_ius , je ne puis me difpcnfer d'en
donner le catalogue.
Dljcurfus M&dicQ- Philo fuphicus de cafa adohfccntis cujufdani u4rgentoraunfis annd
1617 moriul ^ adjacente ipjî ferpente. ^rgentorad , 1618, 1624, 1660, i/1-4, avec
un ^ppendix de quibufdam Serpentum generihus.
Difputaiiones de reSta purgaadi ratlom. Ibidem, 1621, /n-4.
Exercitaiiones Medic.e quinqua^inta-fex ab anno 1622 ad 1636 propojîtie. Ibidem ,
1624, 1631, 1636,^/1-4. Ibidem^ 1672, //1-4, avec les Exercitationes de difcrimine
Jixuum : de nous virginitatis , &c.
DiJJertationum de ^cidulis feSiones date , in quarum prinre agitur de ^clduUs in
génère:, in pojleriore verù de Mfadce uicidulis in fpecie. ^rgentorati , 1627 , /n-4.
Hiftorla mirabilis deftemina quadam ylrgentoratenji^ quts ventrem fuprà modum tumtduni
ultra decennium gejlavh , & tuni hydrope uierinô , tutn nwlis carnojis 76 fait confiiSlata,
uirgcnturuti, 1627, ift-4.
Hieronimi Tragi Herbarium Germanicam ^ au&um & locupletatum. Ibidem^ \6jO , infoL
Mifcetlanearuni QutEjlionum Medicarum FaJ'ciculi quinquaginta très. Ibidem , 1630 ,
1638, in-'é.
GaUni Liber de fympwmatum caufis. Ibidem, 1631,1/1-4.
Problemuta Phlebotoniica. Ibidem, 1631, in-4.
FrûdromL examinis vuinerum pars prima & fecunda. Ibidem , 1632 , //1-4.
Galeni ^rs parva in AXX Difputaiiones refiluta. ^îrgentoraii , 1633 , 1638 , m-S.
Collegium Tlierapeuticum ex Galeni methodo n.edendl depromptum, Ibiacm , 1634 >
1638 , J/1-4.
Lbri Jix Galeni de morborum dijferentiis & caujîs. Ibidem , 1633, ^^?y^ ■> '''*4'
Examen vuinerum partium fimilarium. Ibidem , 1635 , 41-4.
Examinis vuinerum partium dijfimilarium pars prima. Argentorati , 1636 , j/1-4. Pan
1
240 s E B
fecunda , 1637. Pars tertîa , 1637. Pars qvarta , ifi'^r , m.4. Ce font autant de
Difl'-rtations Académique-;, foutenues fous fa Préfidencc.
Examen vuinerum Jïn^ularlum humani corporis paniiim , qiiatenus vel lethalia fnnt v:l
încurabilia, vel ratlone evcntûs faluraria & fannbilia. Ibidem, 1638,1639, /n-4. Ij'Au-
teur a joint à la ieconde édition une uiece intitulée; De fynovia lia melicciya €•
Cclfi. JJ J
De balfamatione cadaverum. Aroentoratl, 1649 , in -4.
De alimentorum facnltatibus Libri quinque , ex opûmurum yluthorum wonumentis conp-
crlpt'i. Ibidem. , 1650 , i/j-4.
Gakni quinque priores Libri de fimpliciam medkamentorum facuhatlbus in XVI Dif-
putationes refoluti. lUiem, 1651 , //i-S.
Commentariui in Gakni Libellas de cuvandi ratlone per fanguinis mijjïonem ; de hirw
dtaibus , revulfione , cucurbituiis , jlarificatione. Ibidem , 1652 , j/1-4.
Manuale , feu ^ Spéculum Mcdicin^ pracUcum. Ibidan^ 1659 > '"'^ ■> i66t, deux vo-
lumes, même format.
Problemata Medica, de p^arloUs , de Ophthalmia^ &c. ^Jrgi:ntorat!, 1662, in-^. Je
iîi'arrôte ici , car fi je voulois donner les titres de toutes les pièces qui lont de la
compolition de Sebiiius , j'augmenterois confidérablement cette notice.
SEBIZIUS, ( Jcan-A!bert_) fils de celui dont je viens de parler, naquit à Straf-
bourg le 22 Odlobre 16 1 5. Il a voit déjà fait de grands progrès dans l'étude de ia
Médecine fous les yeux de fon père, loriqu'il fortit de ia patrie, pour aller fe
perfectionner dans les Univerfités de 13àle, de Montpellier & de Paris. Il revint
à Strasbourg en 1639 , & l'année fuivante , il y reçut le bonnet de Dofleur. Le
mérite de ce Médecin lui procura afl.ez de confidération dans le public, mais ,
îoii par défaut de place vacante, foir par telle autre raifon que je ne connois
point, il ne lui ouvrit l'entrée de la Faculté qu'en 1652. Il obtint alors la Chaire
d'Anatoniie. En 1656 , il fut nommé Chanoine de Saint Thomas , & il fuccéda à
l'on père , en 1675 , dans la charge de Médecin ordinaire de fa ville natale. Ses
Collègues l'eftimerem au point de l'élire juiqu'à vingt-une fois leur Doyen ; auffi em-
porta-t-il tous leurs regrets à fa mort arrivée le 8 Février 1685, dans la foixante-
dixicmc année de fon Age. On a de lui :
uinatomiccs Thefes mlfcdlanete. ^rj^enrorati , 1653 , £«-4.
De Aifculaplo inventore Medicints. ylrgenwrati , 1659 , i/1-4. Ce n'eft qu'une Difler-
tatioa Académique.
Problemata ^natomica qvesdam. Ibidem, 1662, m-4. Ce n'eft encore qu'une Thefe;
mais ce Médecin en a compofé plufieurs autres , dont on troiive les tities dans
Lipenius,
Exefcitatlonum Pathologie arum Tomus prlor , capitis 5? thoracis affeSlus compleSens.
Ibidem , 1674 , //1-4.
SEBIZIUS, C Melchior ) fils de Jcan-yllbert , étoit audi de Strasbourg, où il
vit le jour le 18 Janvier 1664, Apré^ avoir commencé Ion cours de Médecine
dans l'a patrie, il alla entendre les Maîircs des iîcoles de Paris, & revint fou-
tenir j en 16B4 , des Thcfes publiques De rifu & feiu dans celles de fa ville na-
tale ,
s Ë B S E D S E E
141
raie, où il en propofa d'autres De fudore^ en 168S , pour le degré de Dofteur
qu'il obtint. En 1701 , il fut inftallé dans une Chaire de Médecine ; mais il ne
la remplit pas long-tems , car il mourut le 15 Novembre 1704 , occupant alors la
charge de Recleur de l'Univerlité. Il a laiflë une diliertaiion imprimée à Strasbourg
en 1700 , in 4. , Ibift ce titre : De Urinatoribus & arte Urinandi.
Cette famille de Seblilus a été célèbre à Strasbourg par les Médecins qu'elle a
donnes à la Faculté de cette ville; ils le font diflingués dans la Chaire pendanf
134 ans fans aucune interruption , au moyen de quatre perfonnes feulement.
SEBUNDE ou DE SEBEVDE , ( kaîmond ) Philofophe Efpagnol du XV
f.ecle, étoit encore lavant en Médecine & en Théologie. On dit qu'étant forti
de Ion pays pour venir enieigner dans l'Univeriité de Paris , il fut arrêté malgré
lui par le? Ecoliers de celle de Touloufe , où il mourut quelque tems après , en
Scbunde. n'a rien écrit fur la Médecine; mais il s'cft fait connoîtrepar un Traité
Latin fur la Théologie Naturelle , dans lequel on trouve des fmgularités hardies»-
qui plurent aux Philofophes de fon iiecle, & qui ne déplairoient pas à ceux du
nôtre. C'eft apprécier cet Ouvrage , que de dire qu'il fut du goût de Montagne ,
parce qu'il y rencontra beaucoup d'idées conformes aux liennes ; il l'eftima tellement,
qu'il en donna une Traduélion Françoife. Mais tout le monde lait que Michel de
Montagne étoit un de ces profonds méditatifs qui percent tout & qiii fe moquent
de tout. 11 ne fuivoit dans Jii morale & dans fa conduite que la raifon humaine ,
& fermant les yeux à la lumière de la Foi , il flottoit fans cefle dans un
doute univerfel , pendant qu'il laiflbit courir fa plume avec la licence d'un vrai
Cynique.
SEDECIAS , Médecin Juif qui vécut au comthencement du IX fiecle ,
fut attaché à Louis le Débonnaire , Roi de France , fous lequel les Juifs
eurent beaucoup de crédit. Ce Médecin pafia pour un grand Magicien , &
l'on n'a pas craint d'en faire les contes les plus extravagans. Les Hiftoriens qui
<43onnent dans ce travers , difent qu'un jour il mangea , en préfence de la Cour ,
une charette de foin , avec les chevaux & le cocher. C'eft un chef-d'œuvre d'An-
thropophage; mais de transmettre à la poftérité une anecdote aulli évidemment
faulfe , c'en eft un de l'imbécille crédulité du Iiecle dans lequel ces Hiftoriens
ont écrit.
Sidecias fut encore Médecin de Charles le Chauve , fils & fucceficur de Louis.
Méi^ray dit que plulieurs Seigneurs corrompirent ce Médecin & l'engagèrent à
empoifonner le Roi Charles, loriqu'il revenoit d'Italie. Les peuples, ni les Grands
ne pcnierent point à venger la mort dp ce Prince , qui arriva dans une chaumière
du Village de Brio», en deçà du Mont Cenis, le 5 ou le 6 d'Oftobre 877, la
trente-huitième année de fon règne.
Sl^ERUP, ( Nicolas ) Médecin natif de Ripen en Dannemarc, a écrit qiiel.
îiucs Traités contre de Foldtr , f'"an Helmont & Frédéric Hoffmann le perc, C'eft
Geor^i MjrThlas qui a fait cette remarque, mais il ne dit pas fur quoi ces Traités
T 0 M £ ir. H h
242 S E G
roulent ; il ajoute feulement que Seerup venoit de recevoir Is nouvelle de fa no
mination à une Chaire de Philofophie & de Médecine à Copenhague , lorfqu'il
tomba malade & mourut à Paris au mois de Novembre 1691.
George Seerup , frère de Nicolas, naquit à Ripen le 13 Septembre 1660. 11 étu-
dia la Médecine à Copenhague fous Borrichius , mais il interrompit le cours qu'il
fuivoit dans les Ecoles de cette ville , pour aller enfeigner les Belles-Lettres dan»
un des Collèges de fa patrie. 11 en devint Redteur en 1693. Comme il n'avoit pas
dilcontinué de s'appliquer à la Médecine, il l'exerça à Uipen avec affez de réputation
pour fe faire fouhaiter à la Cour , où il fut appelle en 1698 pendant la maladie du
Roi Chriftitrn V. Ce Prince mourut, mais Seerup n'en fut pas moins confidéré ;
car il obtint, en 1699, une Chaire de Philofophie à Copenhague, & peu de teras
après , il fut reçu dans le Collège des Médecins de cette Capitale. Cela l'engagea
à demander le bonnet de Dofteur qu'on lui accorda le 18 Mars 1700. Le Sel de
Saturne & le Vifargent furent les fujets de fa Thei'e inavgurale , il y combatles
Jentimins de Jiigerfchmld fur ces deux fubllances.
George Seeiup ne furvécut guère à fa promotion au Doflorat, car il mourut le
22 Mai 1700.
SEGARRA , ("Jacques- Jean ^ Médecin Efpagnol dans le XVI fiecle , étoit
d'Alicante. Il prit le bonnet de Dofteur dans l'Univerfité de Valence, où il en-
feigna publiquement & fe diftingua par les connoiflances qu'il avoit de l'Art de
guérir, ainfi que par fon intelligence dans la plupart des Langues. 11 pollëdoit,
en particulier, la Grecque ; & c'eft à fon lavoir en ce genre que nous devons les
Ouvrages fuivans:
Comment arii Phyfîologici ^ compleclentes ea qua ad partem Medicina FhyJîologicaiJlpei-
tinent , fcilicet , Commentarios ad Librum Hippocraih de natura homi ùs , ac Libros ires de
xemperamenth ^ ac fuper totidem Galeni I.ibros de facultatibus naiuralibus. f-'alentia ^ Jc,g6 ^
in-folio , avec un Opufcule De ^rtis Medicce Prolegomenis. Ibidem , 1C03', in-folic.-
Claudii Galeni Liber de morborum & fymptomatum différentiis cum Commentariis. Va-
lentia, 1624, in-4 , par les foins àt Jérôme- Fincent Salvator , Médecin & Profeffeur
de la Langue Grecque. Ibidem , 164a , in-4.
SEGERUS , ( George ) de Thorn dans la Pruffe Royale, voyagea beaucoup
& s'arrêta dans plufieurs Univerlités pour y étudier la Médecine, en particulier
dans celle de Copenhague , où il fuivit Thomas Bartholln. 11 pafTa enfuite à B:Me ,
& ce fut dans cette ville qu'il reçut le bonnet de Dofteur en 1660. Delà il re-
vint dans fa patrie. On y conlidéra fon mérite ; car il fut nommé Médecin Pen-
fionnaire en 1665, & prefque dans le même tcms Profefleur du Collège. II
remplit ces emplois jufqu^en 1675 qu'il fe rendit à Dantzick, où il enleigca la Mé-
decine & la Phyfique,fut décoré du titre de Médecin du Roi de Pologne, &
mourut le 19 Décembre lôj^a , à l'âge de 50 ans.
AveugléraeiJt attaohé aux opinions de Bartholln , fon IV'Iaîtrc , il ne msnque
jamais d'en faire l'éloge dan« fes Ouvrages. Voici les titres de ceux qu'il a
laiflés :
SynopJIs rariorum ia Mujko Olm ^Irmii. Hafnia , 1653, 1658, in-4.
s E G "îjfl
Dljjirtaiîo ^natomka de ufu communium corporh humani integumentorum. Ibidem ,
1654, //2-4.
Triumphus cordi , puji captam ex totalL hepatis clade vi&OTÎam , ereclus. Ibidem ,
1654 , /n-4.
Dijfèrtatin ^latonûca de lymphes BanhoUniana quidditau & materlâ. Jbidem , 1655 ,
1668 , in-4.
DiJJertatio udnatomlca de Hlppocrith orthodoxiâ In doSrîna de nutritlone fœtus in
utero. Bdjîle<e , 1660, i/1-4, avec deux autres Diflërtations ; l'une De Democriti hetcro-
doxiâ in doclrina de nutrithne fatùs in utero ^ l'autre De Cotykdonibua utcri.
Memuria Brunniana , feu , Oratio de vita atque obltu J. Jacobi à Brunn. Hafnîcs -,
1660 , in-4.
Triumphus & queriuionia cordis repetitus. Bajîlea , 1661 , /n-4. Les Médecins qui
n'admettoient point la circulation du fang démontrée par Harvée , continuoient
toujours de regarder le Foie comme l'organe de la fanguitication ; 6c leur perfévé-
rancc à foutenir ce fentiment fut la caufe du grand nombre d'Ecrits, dont on
a eu fi fouvent occalion de parler dans le cours de ce Didionnaire.
SEGUIER , (Jean-François ) de Nemours, ville de Tille de France dans le Gâti-
nois, s'eft dillingué ,dansce fiecle , par (on goût pour la Botanique. Il avoit étudié la
Jurisprudence , il croyoit même s'en occuper, lorlqu'admirant les plantes rares que
Pierre Baux cultivoit dans fon Jardin à Nemours , il le ientit tout-à-coup emporté vers
l'objet des plailirs de fon ami. Mais peu content d'admirer la merveilleule (irudure
des plantes en fimple Phylicien , il voulut devenir Botanifie , & après s'être mis
au fait de tout ce que contenuit le Jardin de fon ami, il pouffa fa curiofité juf-
qu'aux plantes qui croifl'entdans les campagnes. Il fentit cependant qu'il avoit be-
foin de maître dans ce nouveau genre d'étude ; il fuivit Chicoyneau à Montpellier
& y^ntoine de Juffieu à Paris. Tout ce que la Nature & l'Art lui préfentoient d'ob«
jets fur la Botanique , fut fournis à l'adlivité de fes recherches. Les Recueils des
plantes enluminées qu'il vit à la Bibliothèque du Roi , & principalement ceux qui font
îbrtis des mains de Nicolas Robert & de Claude ^uhriet , l'engagèrent à s'adreffer à M.
Jean. Paul .S/gn(5n , Bibliothécaire du Roi, pour lui repréfenter le peu d'ordre qu'il y
avcit dans ces Recueils. Ce favant Abbé ientit toute la jufteiïe de fes plain-
tes, & le chargea de la commillion de mieux arranger ces précieufes colleétions.
Sêguier ne l'accepta qu'avec peine i il fallut que le Bibliothécaire, qui connoilToit
fon mérite , employî\t les foUicitations les plus prelTantes pour l'engager à rfm-
plir la tâche dont il vouloir le charger. Ce fut en travallant à mettre les Re-
cueils de la Bibliothèque Royale en meilleur ordre, que Séguier conçut le def-
fein de compofcr l'Ouvrage fuivant , & qu'il l'exécuta à l'aide des notes qu'il avoit
prifes dans les autres Bibliothèques qu'il avoit eu occafion de voir en voyageant.
Ce premier Ouvrage* eft intitulé.:
Bibliotheca Botanica , five , Catalogus ^uSorum & Librorum qui de Re Bvtanica ,
Je medicamentis ex vegetabilibus paratis, de Re Ruftica & de Honicultura tractant. Haga
Comiiis , 1740, in-4 , avec la Bibliotheca Botanica Joannis ^ntonii Bumaldl ., Ceu pa~
tiùs-, Ovldii Montalbani. Il y a une autre édition qui eft de Leyde , i;6o, i/i-4.
244^ ♦ S E G-
par les foins de Laurent-Théodore Gronovius qui l'a enrichie de Vy^u^'uarlum in Bi'
bliothccam Botanicam Seguierii.
Les voyages que Séguicr fit en France , en Angleterre, en Hollande & en
Allemagne avec le Marquis Scipion Maffei, lui procureront par-tout la connoii-
fance des Gens de Lettres les plus célèbres; & ccn-.ne il ne perdit jan^ais la
Botanique de vue dans fes voyages , il en fit une étude particulière lorfqu'il fe
rendit enfuite en Italie. Le champ fertile du Véronefe fut le principal objet de
fes recherches; il en examina toutes les plantes, les recueillit , & il en publia la
defcription dans les Traités fuivans;
Planta P^'eronenfes , feu ftirp'mm , quie in jigro F^eronenji reperiuntur , wethod'ica fy-
nopjîs. ylccedit Bibliotheas Botanica Supphmentum. f^crone , 1745 , deux volumes fn-&
Plant arum qucs in ^gro f^eronenjî reperiuntur volumen tcrtium. Jbidein , 1754 »
in-^.
SÉGUIN , ( Simon ) natif du Diocefe de Sens , fut reçu Uodleur de la Far
culte de Médecine de Paris en 1556, & mourut en 1583. Il y a eu trois autres
Médecins de Paris du même nom.
Pierre Séguin prit le bonnet en 15QO, fut Médecin du Roi , enfuite Confeiller
d'Etat & premier Médecin de la Reine Anne d'Autriche , & mourut l'Ancien de
fa Faculté en 1G48. Il avoif été Profefl^eur au Collège, Royal, La première Chaire
qu'il y occupa fut celle de Chirurgie ; il l'avoit obtenue par Lettres du Roi Henri
IV données au Camp devant Laon le 26 Juin 1594. Mais il abandonna cette Chaire
au bout de cinq ans , & paflh à celle de Médecine, dont 7. Duret s'étoit démis
en fa faveur, 11 en obtint l'agrément le 10 Septembre 1599 , & en fe déchargeant
de la Chaire de Chirurgie le 23 Oftobre de la tnême année , il la remit à Mar-
tin ylkakia fils.
Michel Séguin de Paris , Dofteur en 1616 , fut Médecin du Roi & ProfelTeur
Royal. Sa Faculté le nomma Doyen en Novembre 1622 ; mais il ne finit pas le
terme de fon Décanat , car il mourut le 15 Avril de l'année fuivante,
Claude Séguin étoit aulli de Paris. Jl prit le bonnet en 1629, obtint une Chaire
de Profcfleur Royal , & parvint enfuite à la place de premier Médecin de la
Reine Anne d'Autriche. Si l'on en peut croire Gui Patin ^'û quitta le fervice de
la Cour quelques années avant la mort de celte Princelle , arrivée le 20 Janvier
1666, car ce Médecin s'exprime ainli dans fa lettre, datée du 6 Mai 1664 ••
o Monficur Séguin, Médecin de la Reine Mère, âgé, de 68 ans, veuf il y. a
« long»tems , Abbé d'une bonne Abbaye , & enfin Prêtre fort dévot & très-avare ,
ti s'en va quitter le monde & fe retire dans Samt Viélor avec les Moines , pour
w y pafier le refte de fes jours. Il a un fils Confeiller de la Cour , qui lui donns ,
« du mécontentement , nii eft ex umnl parts beatum. n Voici comme le même
Auteur parie encore dans fa lettre du 28 Août 1668: « Mt. SégLm, Médecin de
u la feue Reine Mère, Anne d'Autriche, s'eft fait Prêtre pour le falut de fon
« ame. L'on dit qu'il s'en va aulli renoncer à la Faculté. Il a les mains garnies ;
a il ne fort pas delà comme BéliCaire les mains vuides. Il a de bons bénéfices &
bien de l'argent , prxmium taciturnitutii c? fidelitatis, n S'il eft vrai que Claude Séguiti
avoit 68 ans en 1Ô64, il eft mort âgé de 85, car il a lurvécu jufqu'cn j68i.
s E I S E N 045
6EID AL-COFTHI. Nom d'un Auteur Copthe ou Egyptien qui compofn ,
vers l'an 695 de l'Hégire , de Talut 1295 , un Livre intitulé ; Enba almoftaihda.
C'eft une hiftoire des Médecins les plus célèbres.
SEID MOHAMMED mourut l'an de l'Hégire 1049, de J. C. 16^. IJ étoit
Rds al'^ttheba, c'eft-à-dire , Chef des Médecins; forte d'emploi qui revient, dans
les villes principales de l'Empire Ottoman , à celui A^ uichimbajfi au grand
Caire. Ce Médecin Turc a écrit, en i"a langue maternelle, un Livre intitulé :
Anmoudha^ Turki , qui eft un Cours de Médecine alTez étendu.
Le célèbre ^vlcenne a porté le titre d'^l-Schcikh ^l-Reis , qui veut dire l'An-
cien & le Chef des Médecins ; mais ce titre ne lui fut donné que pour faira
honneur à fes talens.
SEIDELIUS, CBruno^ d'Erfurt en Thuringe , Médecin & Poëte Latin, étoit
en réputation vers l'an 1577. C'eft ainli que Manget parle fur Ton compte ; mais
d'autres difent qu'il naquit à Quernfurt & qu'il mourut en la môme année 1577.
Il eft au moins certain que Seidelius enleigna la Philofophie & pratiqua la Méde-
cine à Erfurt, qu'il y eut Rodolphe Goclcnius pour difcipîe , ?s: Joachim Camerarius ,
ainli que Jean Pojîlnus pour amis. On a des Poéfies de fa façon en fcpt Livres ,
favoir deux d'Elégies , trois d'Odes , un d'Epigrammes & un autre d'Idylles Epi-
ques; mais on n'eftime guère que fes Elégies qui ont de la douceur & de la naï-
veté. Ses Ouvrages de Médecine font intitulés :
De ujîtato apud Aîedicos viinarutn judiclà Liber. Erfordia , 1562, T571 , /n-8.
Liber morborum incurabiîîum caufas mira hrcvitatc , fummâque Lecioris jucunditate ex»
hibens. Francofurn, 1593, Jn-8. Lugduni Batavorum, 1662 ^ in 8.
De ebriaaie Libri très. HanovI<s , 1594 , 1*1-8.
SEIDELIUS, f Jacques ) d'Olaw dans le Duché de Brieg en Siléfie, fut
d'abord Phyûcien de la ville d'Anclam dans la Poméranie Suédoife; mais étant
pafTé , en la même qualité, à Griplwald, il y obtint encore une Chaire dans fes
Ecoles, & il la remplit jufqu'à fa mort arrivée le 4 Février 1615, à l'âge de 68
ans. On a de iui :
Mctkodic£ ^nhritUis S Phthijïs curatianes, qulbus addita eft Dijputaûo de faliva y
fputô S mucô. Bardi P orner ani<e ^ 159°» ''*-4-
De cùufis y fpeciébus , dijfcrenilh , partibus & facuhatîbus plantarum. Gryphifwaldia y
1610 , 1/1-4.
Obfervationes Medlae. ffafnls , 1665, in 3. Ce Recueil , qu'on a tiré du Cahinct de
Thomas BarthoUn , contient encore des Obfervations faites par J^îchcl Lyfer , Hea.
ri de Moinichcn & Martin Bo^danus.
SENAC, ( Jean ) célèbre Médecin de ce fiecle, naquit dans ?e Diocefe de
Lombez tn Gaicogne. Après de bonnes études , il fut promu au Doitorat , &
ne tarda point à fe faire un nom par les talens. La Lifte chronologique des pre-
miers Médecins de la Cour de France, qui eft à la tête de VLtuc de la Médecine
en Europe pour l'année 1777 , annonce Senac comme DoiSeur de la Faculté de
Rheims,& la Notice de Baron le cite comme Bachelier de celle de Paris , fous
^46 S E N
Nicolas ^ndri élu Doyen en Novembre 1724 & continué en 1725. Son mérite le
fie percer à la Cour; il avoit tout ce qu'il faut pour y plaire. Il obtint une charge
de Médecin-Confultant de Louis XV , devint Membre de l'Académie des Fcien"
ces de Paris, ainli que de la Société Royale de Nancy, & parvint enfin à la
première place, c'eft-il-dire , f? celle de premier Médecin du Roi, dans laquelle
il faccéda à Chicoymau en 1752.
M. Sznac a fu allier la plus grande modeRie avec la plus profonde érudition ;
on a reconnu ("a plume -X travers le voile de l'anonyme, fous lequel ont paru
quelques-unes de fes prcduAions. Les talens qu'il aiitiO.t ainfi à cacher Frappèrent
davantage, dès qu'on en eut découvert la l'ource. Les Ouvrages qu'il a donnés
au public , ie t'ont remarquer par ia manière d'écrire , qui eft claire , chfuiée ,
coulante & harmonieufe^ il s'exprime partout avec nobleffe. On apperçoit un ef-
prit fupérieur qui n'a aucune envie de paroître ce qu'il eft: infiruire & entrer
dans de grands détails , lans i"e parer jamais d'érudition; voilà quel a été Ton ca-
raitere. Il l'a foutenu au point de fe cacher dans un Ouvrage qui ne pouvoit
lui faire que beaucoup d'honneur. Tout jeune qu'il étoit , lorfqu'il publia la
première édition de Y^natomle cTHdfter^W le couvrit du nom de cet Auteur pour
faire pafler fes réflsxions fur la ftrudure &: les ufages des parties du corps hu-
main ; il eut prefque la modeltie de laifler douter ii les vues neuves & intéref-
fantes qu'il avoit fur ces objets, ne partoieot pas de cet Anatomifte Allemand,
Mais à l'éclat, aux grâces , à la force qu'il répandit fur fon coup d'elTai, on ne
manqua pas de reconnoître l'illufire Médecin que la France a vu enfuite chargé
du foin de confervcr les jours précieux de ion Roi 11 eft mort cet homme cé-
lèbre , comblé de gloire, le 20 Décembre 1770, à l'âge d'environ '^■^ ans. Louis
XV ne lui a point donné de iuocefleur , & il. n'y a point eu de premier Méde-
cin depuis cette époque jufqu'à ia mort de ce Prinde en 177.4.
Comme je ne me trouve point en état de taire l'éloge circonftancié de M.Senact
je palfe aux titres des Ouvrages dont il efl: Auteur ou qu'on lui a attribués.
ylnatumis d'Hcifter , avec da ejfais de Phypqut fur Cufogc des parties du corps humain.
P;iris , 1724 , ly^s , ift 8 , avec figures, Paris , 1753 , trois volumes in-ia , avec
iijures. Haller parle d'une Verlion Angloife , publiée à Londres en 1734, t/i-8.
° Réflexions fur les Noyés. Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1725. Il
réfulte de ces Réflexions que les Noyés , ou n'avalent point d'eau , ou qu'ils en
avalent trop peu pour. en mourir ; que c'eft une erreur popuiaire de fufpendre par
les pieds ceux qu'on a retirés de l'eau; que la raort des Noyés eft prompte &
douce; que le gjjnHement ordinaire qu'on leur remarque, vient uniquement du
défaut de reifort , ou de la tenfion naturelle de toutes les parties abreuvées d'eau ,
relâchées & incapables de rellerrer , comme auparavant , l'air intérieur.
Difcours far la Méthode de Franco fi? fur celle de M. Rau touchant- l'opération de
la Taille. Paris, 1727, in"i2. 11 y apprécie les travaux de dilférens Lithofomifies.
heures fur h choix des faignées. Paris, 1730, in-12. Elles ont paru fous le nom
de Julien Morifoa. C'eft Sylva que l'Auteur a en vue; il en combat les principes
fur la révullion & la dérivation , qu'il n'admet guère parmi les effets de la faignéc.
Mémoire fur le Diaphragme. Cette pièce contient des détails également nouveauT.
& cxaiSs,
s E N
24?
Traité des caufes^ des accident & de la cure de la Pefie. Paris, 1744, 'n-^.
Traité de la jïruclure du cœur, de fon action & de fes naladies. Paris, I"49 ,
deux volumes /n-4. M, Tijfot a fait la réflexion fuivante iur le Traité du cœur,
qui eft une des meilleures productions de notre fiecle roJchant l\4natomîe de ce
vifcere .• u cet Ouvrage n'auroit rien laifTé à d^firer, fi fon illuftre Auteur, en an-
n nonçant une féconde édition, ne nous avoit pas appris, qu'il pou voit le rendre
» encore plus parfait. Un grand homme peut fe furnaffer tui-m2me , & voir un
a point de p3rt"eclion que les autres ne deiirent même pas. » Ainfi a penl'é TiJJb: ,
ce bienfaiteur du genre humain , & U a penfc jufte. M. Portai s'eft mis en devoir
de réparer la perte que le public a faite par la mort de M. Senjic , qui n'a point
donné !a féconde édition qu'il avoit promife. L'Hiftorien de l'Anatomie annonçoit ,
^° ï7?3» qu'il étoit fur le point de publier le Traité du caur avec les correciions
& additions qui lui ont paru néceflaires; on l'attendoit encore à la fin de 1776.
Nouveau Cours de Chymiz fuivant les principes de Newton & de Stahl. Paris , 1722
^ ^757 ■) ^eux volumes in-i2. C'efl à tort qu'on l'a mis Iur le compte de iVl. Senac.
Cette produdion eft le fruit intorrae du zèle intéreli'é de quelques éiudians qui
ont recueilli, tant bien que mal, ce qu'ils ont pu des leçons de MM. Geoffroy &
Houlduc au Jardin du Roi ; elle eft abfolument indigne de la plume favante à la-
quelle on l'attribue.
De recondita febrium iniermittentium c? remittentiam naturà. yimflelodami ^ l759i ''"^•
Le célèbre Tiffoi croit que M. Senac eft réellement Auteur de ce Traité; il l'aî-
lure même dans fa lettre à Zlmmermann. Quoiqu'il en foit, il ne dépareroit pas
les autres Ouvrages du grand Médecin dont je parle; car on ne peut difcon-
venir de l'excellence de ce Livre. A en juger par i'urdre , le ftyle, l'élégance, es
ne peut être que le fruit de beaucoup de connoilliinces , de lectures & d'oblerva-
tiens judicicules.
SENDIGOVIUS, ( Michel J Baron Polonois, ou, feîon d'autres, Moravien ,
fut fucceflivement Confeiller de trois Empereurs. 11 s'occupa de la Chymie pen-
dant toute fa vie qui fut longue, car i! étoit âgé de 80 ans, lorfqu'il mourut en
1646. On a de lui quelques Ouvrages fous les noms de Ltfchus & de Cofmopolita ;
mais il paroît que T.Auteur n'a rien tait qui ait contribué aux progrès de la vraie
Chymie, & qu'il n'a eu en vue que la tranlmutation des métaux, cette folie
qui a ruiné tant de gens & fait brûler tant de charbon. Voici les titres des Ecrits
de Sendigovius , dont les Bibliographes m'ont donné connoitiance:
De Lapide Philofophico Tra^iaim duodccim. fruncofurti, lôii, in-3. ^rgentoraû ,
1513, in-ii, dan» le quatrième volume du Théâtre Chymique.
Lumen Chymicum novum duodecim TraS/aiibus divifum. Coloràte ^ i5lf, //1-16. Er»
fordi£, 1624, ''*"^' Gcnevts , 1628, tn-i2. Francofurti, 1678, in-^, dans le Mw
Jkum HiTmtiicum.
De vero fuie fecreto Phîlofjphotum. CaJfdUs , 165 1 , /n-8.
Lucerna falis Philofophorum. u^mftelodjmi , 1658,1/1-8.
SENGIUS ou SENG, fjérémie J iils de Pierre, Echevin la ville de Nord-
lingen en b'ouabe , vint au monde en 1553. Il étoit îigé de vingt ans, lorfqu'il re-
I
:^48 S E /N
çut le bonnet de Doftcur en Médecine à Tubingue ; mais trop jeune alors pour
marcher feul dans le chemin épineux de la Pratique , il luivit celle de quelques
Maîtres accrédités , & palFa enfuite à Rotenbourg fur-le^Tauber , où il fit preuve
de Tes talens. Comme il mérita bientôt la confiance des Magiftrats de cette viUe
de Franconie, il obtint la place de Phyficien ordinaire qu'il remplit, à la fatis-
feftion des habitons , pendant le rcfte de fa vie. Il la termina en 1618 , à
l'âge de 65 ans accomplis. On n'a rien de lui que des Lettres Médicinales qu'on
trouve dans la Cijla Medlca de Jean Hornung , imprimée à Nuremberg en
1625 » '«■4-
SENGUERD ( ArnouldJ naquit à Amfterdam en 1610. Il enfeigaa la Philo-
fophie à Utrccht depuià l'an 1638 jufqu'en 1648 , qu'il retourna dans ia ville na'.a-
.le pour y remplir les mêmes fonition^. Il étoit encore Redleur des Ecoles & Biblio-
thécaire d'Amlterdam , lorfqu'il y mourut le 18 Mars 1667 , à l'âge de 56 ans. On
a de lui divers Ouvrages lur toutes les parties de la Phiîoîophie , mais je me borne
à remarquer le fuivant , comme le feul qui ait rapport à mou objet :
Ojicologia corporis humani. Amjlelodami ^ 1662, ('n- 12 , avec un Difcours De Oflento
Doiano. Il s'agit , dans cette dernière pièce, d'un enfant endurci & trouvé dans le
Jsas-ventre, feize ans après fa conception.
fVolferd Scnguerd , iils A^irmuld , enfeigna la Philolophie à Leyde & publia
pîufieurs Ouvrages fur cette Science. Aucun ne regarde la Médecine , que celui
îfltitulé :
Tracfutus de Taramula. Lugduni Batavoruin , î668, m- 12.
SENNERT, C Daniel J célèbre Médecin du XVII fiecle, étoit fils d'un Cor-
donnier de Breflau , où il naquit le 25 Novembre 1572. 11 fit fon cours d'Huma-
nités dans fa patrie & celui de Philofophie à Wittemberg ; mais comme on lui remar-
qua beaucoup de pénétration dans l'efprit & de iolidité dans le jugement , on s'em-
preffa de lui faire tirer parti de ces heureules difpofitions. On le fit paflér dans les
plus célèbres Univeriïtés d'Allemagne pour y étudier la Médecine, & après qu'il
eut donné des preuves éclatantes des progrès qu'il a voit faits, on le renvoya à Wit-
temberg, où il reçut le bonnet de Dodleur , avec Knobloch^ en Septembre i6ou
Le 15 du même mois de l'année fuivante , il remplaça Jean JeJJenius^ Profelibur
de la Faculté de cette ville ; & comme il fe fit bientôt une réputation qui alla
toujours en augmentant , George I , Eledeur de Saxe , le mit au nombre de fes
(Médecins <:n 1608 , pour reconnoître les fervices qu'il lui avoit rendus pendant
la maladie dangereufe , dont il fe tira heureufement par fes confei!*. Ce Prince lui
lailfa cependant la liberté de demeurer à Witterçberg , afin de ne pas priver le-
publie des lumières qu'il y répandoit par fes leçons. Sennert étoit en é.tu de figu-
rer dans les premiers poftes ; mais il brilla fur-tout dans îa Chaire , & la belle métho-
de d'cnfeigner lui attira toujours un grand nombre d'auditeurs. Non content des
inftrudtiuns qu'il leur dounoit de vive voix, il travailla encore à leur tracer une
route ailée à la Pratique dans h s Ouvrages, dont il a enrichi fes contemporains.
Lie reipcdl: qu'on eut pour lui fut fi grand , même chez les étrangers , qu'on
iienteu'loit jamais prononcer iba nom, ians le découvrir la tête,
La.
S'EN ', 2rj9
■La poftérité a jugé moins favorablement de ce Médecin. Il a été , à Tes yeux , un-
Coinpiiaceur judicieux & érudit , plutôt qu'un Auteur original. Il eft vrai que tout
ce qu'il a écrit ne rel'pire que la 'ihcorie Galénique , & qu'il ne faut pas y
chercher les traces de ces lumières qu'on a acquil'es depuis lui. On doit cependant
convenir que les principes fondamentaux de la Médecine iont l'olidement établis
dans les Ouvrages, & les indications pratiques très-bien déduites; mais cet Au-
teur a mis trop de l'ubtilité dans la diftindion des maladies , & en parlant de
leurs ditférentes eipeces , il n'a point allez remarqué où la difFéreace celTe. La
faute n'eft pas moindre d'établir une différence entre les maladies où il n'y en
a point, que d'en identiHer d'autres qui n'ont aucun rapport entre elles.
M. de Halkr regarde les Ouvrages de Scumn comme un Abrégé de ceux dei
Anciens fur la cure des maladies; & fous ce point de vue, ils doivent être con-
fidérés comme une Bibliothèque complette j dont un Médecin ne fauroit fe palier.
En effet , ils contiennent fouvent plus de vraie Médecine que beaucoup de Livres
modernes fort vantés : pluileurs Auteurs de nos jours n'ont pas même trouvé les
maximes de Scnnen déplacées dans les Traités qu'il» ont fait imprimer. On n'a ce-
pendant point manqué de décrier les Ouvrages de «et écrivain, parce qu'on n'y
a vu qu'un tiflu d'extraits. Le goût de notre fiecle lé porte au neuf ou à
tout ce qui en a l'air ; & delà on a jette une forte de ridicule fur tout ce qui
ne paroît point original. Mais le travail' d'un Compilateur ne mérite-t-il aucun
égard*? S'il eft vrai qu'il fe foit chargé de nous mettre fous les yeux ce qui eft
répandu dans une immenlité de volumes, combien de tems, de peines & de lec-
tures ne nous épargnc-t-il pas'? On me reprochera, fens doute, de plaider ma
caufe dans ces réflexions. Je conviens du fait. J'avoue encore que ce Diélion-
naire eft un affemblage de pièces de xapport : mon but a été de les rendre utiles ;
puillè-je y avoir atteint.
Sennen eft le premier qui ait introduit à Wittemberg le goût des cours de
Chyniie. C'eft en partie l'attachement que ce Médecin a montré pour cette Science ,
mais plus encore la fingularité de quelques-unes de les opinions , & la liberté avec
laquelle il a fouvent réfuté les Anciens , qui lui ont fufcité ce grand nombre d'en-
nem.is qu'il a combattus ou méprifés. Vainqueur de leurs efforts, il jouiiToit de lu
plus haute eftime, lorfqu'il fe dévoua pour la dernière fois au fervice des habitans
de Wittemberg. Cette ville fut affligée de plus de fept épidémies peftilentielles
pendant les 35 ans que Sennert y enfeigna; il n'avoit cependant jamais penfé à
en fortir. Il s'étoit livré dans ces occafions au fecours des malades, avec le
même zèle & le môme défintérefièment qu'il montroit en d'autre tcms envers
tout le monde. Mais il fuccomba durant le règne de la pefte de i-,'^7; il mourut
de cette maladie à Wittemberg le 21 Juillet, à l'âge de 65 ans. Ses enfan» ont
kit graver cette Epitaph* lur Ion tombeau :
r 0 ME I V. I ï
aso- S E N ■ •
D. O. M. S.
Càlcart Jî quU hoc folum quondam potes ,.
Rejifte dam quld te velit Saxum legas.
Hicjhus ejl
Daniel Sennertus Vratislaviensis Silesius ,.
Qui exerando , docendoque Medicinam XXXV annis publiée ,,
Qaoddam quajî falutis augwiiim e^lt,
Eâque de re inter Elecforales ^rchiatros adfcriptus ,
In locum priaciiem fuâ v'rtute afpiravit.
Natus eft die XXV Novemb. A. Crj. ID. LXXII.
Obiit die XX\ Juin A. CID. ID. C. XXXVII.
Gloria et Nomine.
Quod illujlribits aniwi , iageniique
^c indefejpe induftrite editis monumcntis per unlverfam Europam ,■■
Et fibl paravît vivus ,
Et huic cîrcumfudh uicademla faperjles perpétua & immortalh.
Patri incomparabili & de fe etîam optimè mérita
Superflitis Llberl mœrentes lugentefque
PP.
Je pafle maintenant à la notice des principaux Ouvrages de ce Médecin & dé
leurs différentes éditions :
Qu<eftlonum Medicarum controverfarum Liber. Witteberg£^ 1609 , 1610, /n-8,
Jnjiitutiones Medica & de origine animarum in brutis. Jbidem .^lôii , 1620, £1-4,
1624, in-a, 1633, Ï644, 1667, m-4. Parifiis, 1631, in-4.
^ Epltome Scient its Naturalis. Jf^itteberga, 161B, 1624, 1633, in-8. Franeofarti , 1650,
inS. ^mftelodami ., 1651 , /n-12.
De Febribus Libri quatuor, ff^ittebergtp- ., 1619, /n-8 , 1628, 1653, /n-4. Lugdunî ,
1627 , in-H. Parifiis , 1633 , in-^. C'cft ion meilleur Ouvrage.
De confenfu & dijfenfu Galenicorum & Peripateticorum cum Chymlcis. ff^ittcbergie ^
1619, m-8, 1629, t/1-4. Parifiis, 1633, ''^■4- Franeofarti & JFirtebergte , 1655, in-4.
Ce Traité a , pour ain(i dire, fait éclore une nouvelle Sefle en Allemagne, par
îa réunion de la l'héorie Chymique avec la Galénique qui avoient été fi long-teras
oppofées l'une à l'autre. Le tempérament que prit cette Sede , fut de fe tenir
à la Théorie de Galien fur la nature & les caufes des maladies , mais elle y adapta
les médicamens Chymiques pour la cure. Sennert , en travaillant à concilier les
deux partis oppofés des Galéniftes & des Chymiftes, n'a guère fuivi ces derniers
dans fa pratique.
De Scorhuto Tra&atus. ff^itteberga .,. 1624. , in-8 , 1G54, /n-4. Jen^ , i66t, in-4,
avec d'autres Ouvrages iur la même matière, par Baudouin Ronfs , Jean Echtius ^
Jean Ji^ier, Jean Langius,. Salomon Alberti & Manhieu Martini.
Praclicte Medicime Liber primus.JVittebcrgte^ 1628, 1636, in 4. Lugduni, 1629,
s "EN SEP 251
m-8. Libir II. Tf'ittebcrg^ , 1629, 1640, 'n.4. Liber III. Ibidem^ 'iàr:,! , 1648 , f/ï-4^
Liber IV. Ibidem , 1632, 1649, (/1-4 Ltier V. Ibidem, 1654, ''* 4- ^'^^'' VI. Ibidem^
i6'î5 , "'*4- ^^* quatre premiers Livres ont été imprimés à Paris en i6*a & i6r^3 »
/n-4. L'Auteur a rempli cet Ouvrage de formules plus Couvent diétées par la
Théorie que par l'expérience. Il y montre encore toute l'on averfion pour la l'ai?née;
il s'éloigne mcme quelquefois de cette pratique mâ'e qui a fsit tant d'honneur aux
Anciens , quoiqu'on général il fe l'oit Ibuvent modelé lur eux.
TraSatus de ^nhntide ff^lnebergie , lô-^i , 1653, in-4.
Epitome Inftltationum Medicarum difputadonibus XVIII comprehenfa. Ibidem , 1631 ,
£n-l2, 1647, /n-8 , 1664, j/i-i2. Parifiis ^ 1634, m-12. Lugduni^ if'45 > ini2. Ea
Anglois , Londres, 1656, m-8.
Epitome Injlitutionum MedidiiiS & Librorum de Febribas. Wineberg^ ^ 1634 , m-ia ,
1647, (/18, 1654, 1664, i/i-12. uimftelndami, 1644, In-12.
Tabula InjUtuUonum. /ynteberg^ , if'35 » in-folio, par les foins de Winkelmann.
^u&uarium Epitomcs PhyfiCte. ff^'itteberg<e ^ 1635 , /n-8.
Hypomnemata Phyfica. Francofurd , 1635 , 1636 , InS.
Paralipomena cum pnemijfa methodo difcendi Medicinam. Witteberg<e , 1642 , //1-4.
Lùgduni , 1683 , i«-4.
Tous les Ouvrages de Sennert ont été recueillis & publiés fous le titre d^Opera
omnia. f^enetiis , 1645, 1651,^/0/(0. Parifîis, 1645 , i;i-/o/io. Zugc/uni, 1650 , in-folio,
trois volumes. Ily a encore deux éditions de la dernière ville; 1666, cinq Tomes
en trois volumes, in-folij , & 1676, fix Tomes en trois volumes, même format.
Ce Médecin eut pluiieurs fils. André mourut à Wittemberg le 22 Décembre
1689, à rage de 84 ans, après y avoir enleigné les Langues Orientales pendant
plus d'un demi fiecle. Il a écrit un grand nombre d'Ouvrages. Daniel étudioit
la Médecine -A Padoue , lorfqu'il y mourut en 1631, dans la vingt-huitième an-
née. ;WiL;/id prit le bonnet de Dofteur à Wittemberg le 12 Novembre i6go II en-
feigna la Médecine dans l'Univerlité de cette ville, dont il fut pluiieurs fois
Redcur ; il l'étoit encore en 1675. On a de lui quelques DiflTertations Académi-
ques lur l'Anatomie.
SENTINELLI CBarthélémiJ naquit à Rome en 1644. Il exerça la Médecine
dans celte Capitale, où il le difHngua par Ion érudition & ion éloquence. La
transfulion du lang d'un animal dans un autre occupoit alors les cfprits amareurs
de la nouveauté; ce Médecin lentit tout le préjudice qui pouv3lt en réfulttr,
ôj le démontra par un Ouvrage qui a paru fous ce titre:
Confujïo traa^fujlonis fan^uims. R.om<e , 1668 , in 8.
SEPTALIUS ou SETTALA, ( Louis ) Médecin qui a joui de la plus grande
céléb.ité dans le XVil Cecle , ctoit de Milan , où il naquit le 27 Février 155a.
Il témoigna , dès ion e.nfance , une li forte inclination pour les Lettres , qu'on n'eut
pa,-. de peine à prévoir ce qu'on devoit un jour elpûrer de Ion génie. A feize
an-, il louiiot des Thefcs de Phyliqje avec un railonnement qui lurpalla fon %e,
-de même que l'attente des ipeitarcurs, parmi lelquels ie trouva le grand Arche-
vêque de Milan , Saint Ciiarles Borromée.
252
SEP
On crut après cela que Settala fuivroit l'exemple de fes aïeux paternels & xmy
ternels qui a voient acquis beaucoup de réputation dans le Barreau; mais fon in-
clination le porta vers la Médecine qu'il alla étudier à Pavie. 11 en Ht le cours
avec tant de ibccès , qu'on lui accorda le bonnet de Docteur dans fa vingt-unième^
année, & qu'on l'inftalla ProfelTeur dans la vingt-troifieme. Cette promotion ne
fut pas prémiiturée ; comme il étoit lavant au delà de ce qu'on l'eft ordinairement
à fon â^e, il ne lui fut pas difficile de juftitier le choix qu'on avoir fait de lui pouc
remplir une Chaire de la Faculté de P.ivie. Il donna même des preuves ii confi-
dérabics de fa fcience, qu'il fut bientôt connu des hommes les plus célèbres de
Ion lems. La réputation à laquelle il étoit fi rapidement parvenu, auroit eu de
quoi le fati. faire , li l'envie d'être utile à fes conciioyens ne l'avoit porté à pré-
férer leur avantage à la gloire que fes leçons publiques lui procuroient. Ce fut
ce motif qui l'engagea à abandonner fa Chaire au bout de quatre ans , & qui lui
fit reprendre le chemin de fa patrie.
Pendant qu'il y travaiiloit à faire de nouveaux progrès dans la profellion qu'il
avoit cmb.airée, Philippe III, lloi d'Efpagne, le choifit pour fon Hiftoriographe.
Senala eîiima cet honneur comme il le devoir, il s'excufa cependant de l'accepter,
pour n'être poiht détourné de fon objvt principal. Dans l'entretems , i'Eledeur
de Bavière l'avoit demandé pour l'Univerlité d'Ingolftadt, le Grand-Duc pour
Plie, la ville de Bologne pour lès Ecoles; & le Sénat de Venife, enchériifanî
fur tout ce qu'on lui avoit promis d'honneurs & de récompenfes , travailla plus
puillammcnt encore à lui faire accepter une Chaire dans la Faculté de Padoue;
mais toutes ces oflres ne le touchèrent point. Ce fut même inutilement qu'on
revint} à la charge ; l'amour de la patrie l'emporta toujours chez lui fur les
foUicitations. les plus preflantes. Rare attachement! Il lui mérita l'eRime & fafFec-
tion de fes compatriotes , & c'étcit à cela que cet homme favant & modéré bor-
noit tous les dcfirs. Heureux dans fa ville natale, où le ciel bénit fon mariage par
la fécondité de Julie Ripa , fon époufe , qui lui donna fept fils & lix filles, il pré-
féra l'é.lucation & la compagnie de fes enfans à l'éclat de ces demeures, où il
n'auroit pas retrouvé les amis. Il accepta feulement la charge de Proto-Médecin
de lEtat de Milan , que Philippe IV lui donna en 1627 , pour honorer fes vertus
& rccompenfer fei talens.
L'année fuivante , la pefie affligea la ville de Milan. Senala vola au fecours
de les concitoyens, & en travaillant h les fouftraire aux traits meurtriers de cette
cruelle maladi», il en fut atteint. Il n'étoit pas même encore bien guéri, lorfqu'il
tut lurpri.î d'une apoplexie qui lui fit perdre l'ufage de la langue & de la moitié
des rnembres. Il s'en releva cependant & vécut pendant quelques années , mais avec
une l'anté bien languifiante. Ce ne fut que le 11 Septembre lô-X'^, qu'il mourut d'une
fièvre accompagnée de flux de ventre. Son Tombeau eft dans l'Egliie de Saint
Nazaire à Milan.
Ce Médrcin avoit l'efprit fin & le jugement sûr. Attaché â la doftrine d'fflppocrate
autant qu'on peut l'être, ifen étudia les Ouvrages pendant tout le cours de fa
vie &_ne s'écarta jamais de fes maximes. Ce fut fur d'aulli bons principes qu'il
Tcgla la pratique qu,' fut heureufe , & qu'il appuya la plupart des Ecrits qui foat
totiis de lit plume. On a de lui:
s E R 25.',
în. Lcbrum Hlppocratis Coi de acribus , aquis & locis Commentarii qvinque. Cclcnia ,
I^go, tfi'foUo. Francofuitl ^ 1645, in-folio.
In yirijîotdis Problematd Comnientaria Latina. Tomui I. Francofurti , 1602, in-foLo.
Tomus JI. Ibidem , 1607 , in-fuiiu. Les deux Tomes enlemble , Lugduni , 163-;,
în-folio.
DeNavis Liber. Medlolani, i6o5 , in-8. Patavli , 162S , 165 1, zV-S. ^rgentorati ,
1629, j'n-i2. Il attribue les taches de nailiar.ce à l'imagination frappée des fem-
mes grofles , & il déduit , de l'inlpeciion de ces taches , une iuite de ja-
gemens qui ne font point honneur à la ioiidité d'eiprit qu'on remarque dans fes
autres Ouvrages. Mais les plus grands hommes ont leurs défauts; aveuglés par
les préjugés, ils ne s'appercoivent pas toujours des écarts de leur imagination.
^nimadverfionum & Cautionum Mzdicarum Libri feptem. Medlolani.^ 1614, in-M. ^r~
gcntina ., 1C25 , in.11. Patavii , 1638, in-ia,avec le Livre Z>c Nav:s.
^aimadverjionum & Cautionum M:dicariim Libri duo ^feptem allis addlti. Mediolani .,
1621.;, /n-8. Patavii, i6;,o , in-8. Les neuf Livres, revus par /. Periui , entêté impri-
més enfemble à Dordrecht en 1650 , in-S , & à Padoue en 165a & 165g , même
format , avec les notes de Jean Rhodius. Ce Recueil eft le fruit de quarante ans
de pratique. Comme il contient pluljeurs bonnes Obfervations & des recherches
utiles fur les vertus des médicamens , il doit tenir la première place parmi ceux
de la même nature , qui ont paru dans le XVII liecle.
De Margaritis judicium. Mediolani , 1618 , ii-8.
De Pefte & pejiiferis affeciibus Libri V. Ibidem, 162a, /n-4.
^nalycicarum & ^nimafticarum Dijfenatlonum Libri II. Ibidem , 1626 , irt-8.
De morbis ex mucronata cartilagine evenientibus Liber unus. Ibidem , 1632 ^
in-S.
Compendio di Chlrurgia, Milan, 1546 , în-S.
Smateur Settala , fils de Louis , fut reçu dans le Collège des Médecins de M;lan
en 1616, & depuis il monta à la place d'Afieflbur du Tribunal de fanté. On
lui a obligation d'avoir publié quelques Ouvrages de fon père , entre autres , ce-
lui intitulé , De ratione inJîltuciJiS (s' guberminda; familits Libri qiùnque, qui parut à
Milan en 1626, m-8. Il eft lui-même Auteur d'un Traité Italien fur la Thériaque
& lé Mithridate,
SERANE , ( Charles 3 ProfcfTeur de Médecine dans l'Univerfité de Montpel
lier, la patrie, mourut au mois de Septembre 1756, à l'âge de 46 ans. On a dt
lui : Outeftiones Mecic£ XII , pro Cathedra rcgià vacante. Monfpeiii , 1749 , in-4
C'étûit la chaire vacante par la mort de Firi-Gerald. La difpute qui s'éleva entre
Serane & François de Lamure , autre ProfelTeur de Montpellier , donna lieu à
pluljeurs Ecrits que ces deux Médecins publièrent pour foutenir leurs opinions.
SÉRAPION d'Alexandrie , Médecin du XXXVFII fiecle du monde , fut le pre-
mier qui s'avifa de foutenir qu'il ne fett de rien de raifonner dans la Médecine & qu'iî
faut S'attacher uniquement à l'expérience. Cette levée de bouclier contre les Maî-
tres de l'Ecole Grecque annonça le deflcin de Scrapion pour l'établifllment d'uae
nouvelle Sefte ; ce fut VEmpirlgue , dont il devint le chef. Ce Médecin ofa fron-
c
,54 S E !1 '
der la doflnne lV lilppùcrme ; nous apprenons même de GalUn qu'il maltraita ce
grand Homme dans ies Ecrits , où il fit d'ailleurs paroître beaucm p d'orgueil, le
louant à tout propos , & ne faifant aucune elVime des Auteurs qui avoient paru
avant lui. ,,, ,. , c ■ ta
Sérapion paile pour avoir écrit un Livre des Medicamcns qu on peut taire alte-
rnent. On dit qu'il a parii à Veniie en 1558, in-folio, lous le titre de Lihtr Jim-
pllcium ; mais il eft plus probable qu'il appartient à Jean Sérapion , qu'à celui
dont il eft ici queftion. Quoiqu'il en foit , C<ella$ yJurelianiis rapporte quelques échan-
tillons de la pratique , qui font voir qu'il avoit retenu les remèdes d'Hlppocrate
& des autres Médecins de ce tem&-!à , quoiqu'il rejett-lr leurs railbonemens, Oa
n'eft pas bien au fait des moyens dont Scraplon le lèrvoit pour appuyer fes opi-
nions , parce que fes Ecrits font perdus. Ceux des autre> F,mpiriques ont eu le
même ibrt , & ils feroient tous tombés dans un profond oubli , fi leurs adverfaires
n'avoient été obligés d'en parler en les réfutant. Le fyriême de cette Seite ,
îout oppofé qu'il étoit à la faine doflrine, auroit pris facilement fur la multitude,,
1i l'on fe fût emprcd'é à en dém.ontrer le vuide: alurs , comme aujourd'hui, il
iufiiioit d'invoquer l'expérience pour donner cours aux remèdes & aux procédés cu-
ratifs. Mais dès qu'il eft prouvé que l'expérience marche à tâtons , qu'elle eft
même aveugle & téméraire , quand elle n'eft point éclairée par la railbn , le maf-
que tombe , & fous les apparences d'un Médecin Empirique , on ne trouve plus
qu'un charlatan.
11 y a eu un autre Sérapion , Médecin & Poëte. Celui-ci étoit natif d'Athènes
-& vivoit lur la fin du premier fiecle & le commencement du fécond, fous l'Em-
pire de Nerva & de Trajan. Il eut beaucoup de part à l'amitié de Plutarque,
ainfi qu'il falfure lui-même.
SÉliAPION , C Jean J Médecin Arabe que René Moreau place vers l'an 742,
,& IFolfgang Jujlus vers 1066, eft rais à la fin du neuvième (iecie par Freind qui
aifure qu'il a vécu entre Méfué & Rhasès. Il eft de tous les Arabes celui qui s'eft
îe plus occupé de la connoilfance des plantes & des drogues. On voit, à la tête
de fes Ecrits, les noms de foixante dix-neuf Auteurs preique tous de Ibn pays,
des lumières defquels il a profité; mais le corps de l'Ouvrage eft en bonne partie
tiré de Diofcoiide & de Guiicn qu'il a mis tellement à contribution, que fon Re-
.cueil eft chargé d'un tas énorme de médicamens. Il a paru fous ce titre :
Pra'ciica , dida Bnvijrium. Liber de Jimplici Medicina , diStas circa inftans. l^metiis^
1479, i497i 150.^» ii-foliO, de la Verfion de Gérard de Carmone. Ibidem, is^o,
ijijO , in-folio, par ^ndré ^tpagus qui l'a mis en Latin. Lugduni , 1525, in 4, avec
le 'Irélor des pauvres de Flateariui. ^r^entina ,, 1531, in-folio, avec les Opufcules
é''AveTrhuei, de JHia^^s & de quelques autres Médecins, par les foins d'Othoa
Jîiunfeh.
On attribue à Sérapion un Traité J)e medicamentis tàm flmpUcibus quàm compojlûs ,
:guiS antidata vocantur. Il ne par«;ît pas difterer de celui que Nicolas M.itonus a mis en
î^atin , fous ce tiire : De jimplicium medicamentorum Hijiorià Libre J'eptem. Feneùis^
255^1, In-folio. Mais Freind ne croit pas que Sérapion en Ibit l'Auteur; car il jifi-
s E R
255
garde cet Ouvrage comme la produétion d'un Médecin plus jeune que l'Ecri-
vain Arabe.
On ne peut finir cet Article, fans faire remarquer que Sérapion ne traire de
la cure des maladies qu'autant que le régime & les niédicamens y contribuent,
& qu'il n'a rien écrit touchant les opérations Chirurgicales ; il parle cependant
de la Lithotomie & même de la Népbrotomie, mais c'eft uniquement pour faire
obferver les inconvéniens qui en réfultent. On e(l i'urpris de voir que ce Médecin
ait copié Alexandre de Tralles dans plufieurs endroits de fon Ouvrage. Cela fait
preuve du foin qu'il prenoit de s'inftruire par la ledure des bons Auteurs ; car on-
fait que ce dernier étoit peu connu parmi les Arabes.
SERAPIS. Voyez OSIRIS,
SERENUS SAMMONlCUS,C Quintus J) Médecin qui vécut au commencement
du troifieme fiecle, fous l'Empire de Sévère & de Caracalla, Ion fils. Fut afTaf-
finé dans unfeftin par ordre de ce dernier. 11 laifla une Bibliothèque où il y avoir
foixante-deux mille volumes , dont fon fils fut héritier; mais celui-ci la donna à
Gordien III à qui il avoir été attaché en qualité de précepteur.
Serenus le père a écrit plufieurs Traités- d Hiftoire & de chofes naturelles; on
a aufli un Ouvrage de Médecine de fa façon , qu'il a corapole en vers & dont il-
y a un grand nombre d'éditions :
Carmen, de Medicina. f^enetiii, 148B, in- 4. Ibidem,. 1502. Lipjia , 15 15. FenctiU
apud Aldum , \s,i'à. Parifiîs , 1533 , jn-S. Lu^duni^ 1542 , 1554, in.\i. Ibidem , 1566, m-S',-
par les foins de R. Conjîamin, avec les Ouvrages de Celfe. Ha^cnoa , 1528, m 8,
avec les fchoiies de Cafarius. Saligniaci , 1538. 'Tiguri , 1533, 1540, in-^, avec les
Commentaires de Gabriel Humelberg qui a pris foin de la première édition. Ibidem
1581, /ft4, cum addu.onibus C. Jiolfii. f^enetiis , 1547,. in-fflio ^ cum Ldfi Mari
cellà, Scribuniô & aliis. Bafilea , 1559, ii-8, avec les notes de George Pidorius.
Lipfi£ , 1654, tn-8, cum Sexto Flucito, IVJarcellô & Confia nnnc> , par les'^ioins à'^u-
gujiin Rivinus. ^Imjtelodami^ 1662, in 8 , cum emendationibus , prolegomenis & nous
Roberti Keuchenii, foug ce titre: De Medicina pracepta faluberrima , Carminé He.-
roicô confcripta. Patavii, 1722, i«-8 , cum Celfo. Leida , i?,"^! , '"-4, curante P. Bur.
mannô, cum Cafarii^ P:&orii ^ C. IFblfii ^ R. Conftamhd & R. Aeuchenii nous.
Ce Médecin elt foit fuperltitieux dans les remèdes qu'il propofe , & en parti-
culier dans celui qu'il indique pour la guérifon de la lièvre Hémitrltce 11 confille
à écrire le mot Abracadabra fur du papier, & à répéter cette écriture en dimi-
nuant toujours la dernière lettre , jufqu'à ce qu'on vienne à la première , en forte--
que cela falfe comme un cône-..
Infcrlbas charte quod dicitvr Abracadabra ,
SiSpius S" fubt<.r répétas , fid detrahe fitmma.
Et magis atque magis dejint elcntcnia figurii
Singula^ qu<e fcmper rapies & criera figes,
Donec in angufium redigat'ir Viiera conum-
His linô n^xis coUum redimire mementc.
256 s E 11
Abracadabra
Abracadab r
Abracadab
Abracada
A B R A C A D
A B R A C A
A B R A c
A B R A
A B R
A B
A
11 falloit porter le papier , où cette figure étoit tracée « pendu au cou avec uts
îil de lin ; fortes d'^mulctcs à qui il ne manquoit que d'avoir les vertus que la fu-
perftition leur attribuoit. Les Juifs fe font anciennement f:rvi du mot Abracalan, écrit
de la même façon , pour guérir la même efpece de fièvre,
SEKMON (Guillaume ) fe qualifie de Dodeur en Médecine & de Méde-
tin ordinaire de Charles II , Roi d'Angleterre , dans les litres de» Ouvrages qu'il
a rais au jour dans la Langue de Ton pays. George Marthias lui en attribue deux ,
dont les titres peuvent ie rendte par ceux-ci: La compagne des femmes ou l'Ac-
voucheufe Angloife ; L'Ami du malade. Cet Auteur mourut en 1679. ^dntoine ff'md,
fon contemporain, de qui on a une excellente Hiftoire Littéraire de l'Angleterre,
écrite en Latin, a peint Sermon en quatre mots: Procax., vanus & cerebrofus vir .
Cette dénomination peut être vraie, mais il eft généralenient recoiïnu que Wood
avoit le défaut de s'expliquer un peu vivement.
SER.RANO, ( Leu ) d'Evora en Portugal, fe diftingua dans le XVI fieclepar
les talens dans l'Art de guérir & la Poélie. Les premiers lui méritèrent la con-
liance du Roi Sif bafiien qu'il fcrvit en qualité de Médecin ; les féconds le ré-
pandirent avaniageufement dans le monde favant , lorl'qu'il publia un Ouvrage en
"X'ers Latins , <\xi\ fe fentent po du grand âge auquel il étoit parvenu dans le tenjs
qu'il les compola. Manj^ct annonce cet Ouvrage fous ce titre:
De Senectute & ali'is utriufquefexîis atatlbus & moribus , Libri XIF". Olyffipont , 1579 ,
in-8 , avec une pièce intitulée : Deploratio Pnpuli Ifra&Utici juxta flumina Babylon'n,
SERVET, C MicheO de Viila-nueva en Aragon , naquit en 1509 d'un père.
qui étoit Notaire public. Ses parens le deftinerent à l'étude de la Jurifprudence &?
l'envoyèrent à Touloufe pour en faiie le cours ; mais foit qu'il ne pensât pas de même,
ou qu'il eût changé d'avis , il ie tourna du côté de la Théologie à laquelle il s'appli-
qua férieulement. llpafla erfuitc à Lyon , & après un féjour de quelques anné s dans
cette ville , il fe rendit à Paris & s'y mit lur les bancs de la Faculté de Mé»
decine. Ce fut fous Sylvius & Fernd qu'il étudia cette Science , mais il alla en
£3rendre les degrés dans quelque autjre Univerfité. Il revint eufuite à P^is où il
ne
s E \1 0.5?
Tae tarda point à enfeigner les Mathématiques. AppaTcmmeût qu'il fe ttiêloit aufli
de la Médecine ; car Ion humeur contentieuie lui fufcita une querelle , en 1536 ■,
avec les Médecins de la Capitale , & lui fit reprendre le chemin de Lyon , où il
demeura quelque tems chez les Frellons , en qualité de Corredeur d'Imprimerie.
Au fortir de cette ville , il fit un voyage à Avignon ; puis il retourna encore à
Lyon , mais il n'y i'éjourna gucre. En 1540 , il alla s'établir à Charlieu fur les frontières
du JBeaujolois & de la Bourgogne , & après y avoir pratiqué la Médecine pendant trois
ans , il fe rendit une quatrième fois à Lyon , fans pouvoir encore s'y fixer, loujours
inquiet , toujours ambulant , il n'étoit bien nulle part. De Lyon , il pafiâ à Vienne en
Dauphiné, où il fe mit à faire la Médecine. Trop heureux sil fe fût borné à cette
profeffion ; mais dégoûté d'un état qui ne s'accordoit point avec fon humeur , il fe
mêla de dogmaiifer. Abufant des connoiflances qu'il avoit puifées dans l'étude de
la Théologie , il avoit déjà attaqué le myftere de la Sainte Trinité par fept Livres
De Trinitatis erroribui impiiaés. à Haguenau dès l'an 1531 , c'eft-à-dire , avant que
d'avoir atteint fa vingt-deuxième année. Il n'en demeura pas là; à l'exemple de Cal-
vin, il voulut encore être réformateur , & il publia en 1553 , ùi-8 , à Vienne en
Dauphiné, fon Traité intitulé: Chrijîianifmi rejîaut'w. Ce fut principalement cet
Ouvrage qui l'expofa aux pourfuites de Calvin. Cet Héréfiarque qui venoit de
jetter les fondemens de fa prétendue réforme, crut qu'il étoit de fun intérêt & de Ion
honneur de pourfuivre Servet à toute outrance; à ia folUcitation , il fut arrêté, en
^553 î ^ Vienne en Dauphiné , & condamné à être brûlé à caufe de fon opiniâ-
treté à foutenir fes erreurs. Il trouva cependant le moyen de fe fauver & de fe
fouftraire à l'exécution de cette léntence par la fuite ; mais ayant été arrêté de
nouveau au bout de quelques femaines, il fut brûlé vif à Genève le 2^ Octobre
.1553 , dans la quarante-quatrième année de fon âge.
Dans le cinquième Livre de l'Ouvrage intitulé : Chrijlianifml rcftitmio , où Servet
parle du Saint-Efprit , on lit des paliàges affez longs qui prouvent qu'il avoit quel-
que connoilfance de la circulation du fang. Ces paflàges ont été rapportés en en-
tier par Michel de La Roche ^ Tome premier de la Bibliothèque Angloife; par
ff^otton dans un Traité qui a paru fous le titre de Réflexions on antient and modem leur-
ning ; par /. Douglas dans fon Bibliographie Anatotiùc<e Spccimen ; par Manget dans
fa Bibliothèque des Ecrivains en Médecine, au mot Servetus^&c par plufieurs au-
tres Auteurs. Mais ces paflàges ne démontrent rien , finon que Servet connoifibit la
petite circulation, c'eft-à-dire, celle qui fe fait par les poumons ; car il n'eft point
entré dans de plus longs détails , & n'a point appuyé la dodrine du mouvement
circulaire du fang dans toute l'étendue du corps fur des preuves capables de la
mettre en évidence. Il diftingue d'abord trois fortes d'Eiprits qu'il appelle Na-
turalisa uinimalis & Fitalis ; il s'explique enibite ainfi fur leur nature: P^italis eft
Spirims ^ qui per anafiomojïm ab arteriis communie at ur ^ inquibus dicitur Naturalis. Pri.
mus ergo eft fanguis , cujus fedcs eft in hepate & corporis venis, Secundus eft Spiritus Vi-
talis^ cujus fedes eft in corde & corporis arteriis. Tertius eft Spiritus ^nimalis, cujus fedes
eft in cerebro & corporis nervis. Ce paflage n'annonce point une idée bien claire de
la circulation du fang, puifqu'il regarde le foie comme le fiege principal de cette
-liqueur. Il eft vrai qu'il dit exprellément que l'Efprit vital tire fon origine dti
T 0 M E jr. K k
«58 S 2 R
ventricule gauche du cœur , & que les poumons contribuent à fa pcrfe£^ion ; iî
tft vrai encore qu'il conlidere ce dernier organe comme celui qui, au moyen de
l'air inl'piré , donne au i'ang plus d'élaboration & d'affinement .• mais quand il s'a-
git de tracer la route que parcourt le fang , il fe borne à dire qu'il ed porté
par la veine artérieufe ( l'artère pulmonaire ) du ventricule droit du cœur
dans les poumons ; que les rameaux de la veine artérieufe le verfeot dans
ceux de l'artère velneufe Cla veine pulmonaire J avec lefquels ils communiquent;
que le fang elt attiré de l'artère veineuie dans le ventricule gauche du cœur
dans le tems de la diallole ; entin que l'Efprit vital , ou le fang affiné dans les
poumons, cft diftribué du ventricule gauche dans les artères de tout le corps ,
& que la portion la plus tenue pafTe vers les parties fupérieures, où cet Efprit,
de vital qu'il étoit , commence à devenir animal.
Tout cela donne , à la vérité , allez d'idées fur la circulation; mais elles ne
font point cxpofées de façon à pouvoir attribuer à Scrva une connoiifance pleine
& entière du mouvement du iarg La manière , dont il s'eft expliqué , a cependant
fait croire à plufieurs Auteurs qu'il avoir !à defilis les notions les plus claires. On ne
doit point en être furpris i car telle eft l'importance de cette découverte, que qui-
conque a écrit quelque choie qui fembloit avoir du rapport avec elle , a trouvé
des partions qui l'ont préconiie & qui lui en ont fait honneur. Il s'eft môme ren-
contré des Savans qui ont loutenu qn'Hippocrate avoit connu la circulation du fang ;
d'autres ont afluré la même chofe de Gallen ; plufieurs Médecins anciens ont en-
core été vantés à cet égard : grâces au caprice des hommes, qui aiment mieux
traniportcr à quelque perfonnage illuftre une découverte qu'il n'a point faite, que de
fouffrir que Ion Auteur foit iîiuftré en la lui laifTant. Ce tour d'efprit avilit la nature
humaine & déshonore la Philofophie. La dignité de l'homme & la gloire du Philofo-
phe confiftcnt Cl fecouer le joug des préjugés , & à s'attacher à la vérité par-
tout où elle fe montre. Nous ne prononcerons donc point que Servet a connu la
circulation ,• mais nous conviena'rons qu'en remarquant que toute la maflè da
faug palfe par les poumons , par le moyen de la veine & de l'artère pulmonai-
re il a tait le premier pas vers cette importante découverte. Les paflages de fon
Ouvrage intitulé : Chrijlianifmi reftituùa prouvent qu'il eut des notions diftinifltvs
fur le cours du fang par les poumons ; mîiis la manière d'expolcr les idées eft
trop vague, trop indéterminée, pour qu'on puifie lui accorder la découverte plei-
ne & tntiere de la circulation générale. Cet honneur étoit réfervc au célèbre
Ilarvée. qui , partaiil de ces premières obfervations , ainfi que de celles qu'ont
fait Realdui Columbus , ^ndré Céfalpln & d'autres , parvint à former une dé-
jTionftration fnr le mouvement circulaire du fang, qu'il appuya d'une Théorie
corforme à l'expérience & à la r^ifon, utile au genre humain, & abiblument né*
celi'aire aux progrès de la vraie Médecine.
SERVÏLIUS DAMOCRATES ou DEMOCRATES, Médecin qu'on die
avoir vécu dans le premier fiecle fous l'Empire de Néron , a écrit deux Livres ,
en Vers lambiques Grecs, touchant la compofition des médicamens. L'un de ces
Livres étoit intitulé : Philiatms , l'ami des Médecins , & l'autre CUnicus ou le Mé-
decin, On en trouve quelques fragmens dans Galki , & l'on y voit , entre autres chor
s E R
259
3es , la defcriptioa du Mithridate , tel que nos Apothicaires le préparent encore
aujourd'hui. Il y a auffi une delcripticn de la Thériaque , mais elle eft un peu
difîeréDte de celle à" ^ndromaque.
SERVITEURS employés dans la Médecine ancienne. La manière dont la
Médecine le praiiquoit anciennement, & fur-tout chez les Romains, ay^nt four-
ni de l'occupation à beaucoup plus de perionnes qu'on n'en emploie aujou^-rhui
pour le même iujet , il a fallu que ce fardeau tombai fur de« ferviteurs lub her-
nés qui furent, fans doute, tirés du rang des efclaves. La Médecine Gymnaflique
en Qccupoit el'e feule un fort grand nombre. Combien ne falloit-il pa.* de gens
pour fervir ceux qui fe baignoient , ceux qui fe fiifoicnt oindre , frotter , &c. ^:
Les bains, en particulier, étoient adminiftrés par les Baigneurs ( Bdneatorcs) qui
avoient lous eux ( Fornacatores ) ceux qui dévoient entretenir le feu fous les chau-
dières & prendre garde que l'eau du bain fût comme on la demandoit. D'at'tres
étoient chargés de veiller à la prwreté du bain & de tout ce qui tn dt'pec'oit ;
oq donnoit à ceux-ci le nom -de Mtdiaftinl. Il femble c'f.bord que cet otiice éioit
à-peu-près le même que celui des fouillons ou des marmiton- ; on trouve cepen-
dant des Epitaphes par ielquelles il paroît qu'on ne l'a pas jugé ancicnncmtnt
fi abjed , qu'on n'en ait voulu faire parade. 1 elle efl l'Infcription fuivante :
Diis Manibus S.
TiTio Flavo Oleno
Servo S Procurât. Balnei T. Flavi Au§,
VCT. Mediajlino
i^ix. ann, IX, menf. VII, d. VIII.
Titus Flavius T. L. Polymnestus
' Mediafiinus
wfi/g. N. Fac, Car,
Je ne fais, dit Le Clerc, (i Procurator Balnei eft un fynonyme de Medlajîinust
■ou li c'étoit un emploi plus relevé. Ceux qui étoient commis à la direé^ion des bainsî
s'appelloient Prafe'di Balndsi il y en eut de ces derniers qui n'étoleut point de con-
dirion fervile. A l'égard du mot V^C 1 , on croit qu'il fignitie Un&or. Au refte , les
deux perlonnages, dont il eft parlé dans «'Epitaphe qu'on vient de lire, étoient
apparemment des Affranchis ou des Eiclaves de Vcfpaficn, ou de les tils ,
comme le nom & le prénom de Titui Flavius le riontrent; ce qui rendoit leur
office plus confidérabie que s'ils avoient fervi de limales particuliers en la même
qualité. 11 y avoit aulîî des valets pour garder les habirsde ceux qui fe baignoient;
on les appelloit Capfarii.
La manière de vivre & de s'habiller des Anciens leur rendait Tuf^ge des batot
nécefiaire & même indifpeni'able. Le linge l'a rendu moins cnmmtn parmi nous.
Dans les premiers tems , c'étoit fan^- apprêt que les .-'tnciens j rcnoient les bains ;
comme tout répondoit à la fimplicité de leur genre de vie, ils fe baignoient dans
les fleuves ; mais Humere fait déia mcnt'on des bains domeftiqnes. Ce furent les
<îrecs qui les premiers eurent dans leurs œailbns des fallcs dcUinées uuiqueraeEt
20b-'' S E a
pour les bain?. De la Grèce , cet ufage paflâ chez les Romains qui Ce tM!lio?uerent-
en celte partie, comme en toutes les autres, par une magnificence ptodigircle.
Pline le jeune , qui vécut au commencement du fécond fiecle de l'Ere Chrétieune»
fait la dei'cription des bains de fa mailoa de Laurentum ^ elle fuffit pour donner
une idée du luxe que les particuliers y employcient de fon tems. « Aprfts une
» chambre avec ion antichambre par où il faut palier , on entre dans la fa'Ie âes
« bains , où eft un réfervoir d'eau froide. Cette falla efl grande & fpacieufe. Des
» murs opporés fortent en rond deux baignoires li profondes & li larges, que l'oa
« pourroit au befoin y nager à fon aile. Auprès delà eft une étuve pour le par-
n fumer , & enfuire le fourneau néceffaire au fervice du bain. De plein pied vous
» trouverez encore deuxialies, dont les meubles font plus galans que magnifi-
» ques ; 5ï un autre bain tempéré. Aflcz près delà eft un jeu de paume ôjc. »
AinlJ parle Pline. Mais outre ces bains particuliers qui ne fe voyoient que dans
les palais des Princes, des Grands & les maifons des perfonncs riches, il y avoit
des bains publics pour Pûfage du peuple. D^s la Grèce, il n'y en avoit point
d'autres, qu'on pût regarder comme publics, que ceux qui faifoient partie des
Gymnafcs i mais à Rome il y en avoit dans tous les quartiers de la ville, &c la
plupart d'une très-vafte étendue. Chaque particulier pouvoit s'y baigner pour la
quatrième partie de V^is Romain, taxe médiocre, dont les femmes & les garçons -
au deffous de l'âge de quatorze ans étoient exempts. Dans tous les Etats Maho-
métans , où l'uliage des bains eft fort commun, parce qu'il eft regardé comme
une pratique de religion , il en coûte auffi fort peu aujourd'hui ; moyennant urr
Para qui équivaut à iix liards de notre nionnoie , on y eft bien fcrvi.
Le foin du corps ne fe bornoit pas anciennement à le laver;, l'application des
huiles, des onguens & des parfums liquides dont on fe fervoit, foit après le bain,,
foit autrement, occupoit autant de perfonnes que le bain même. Ceux qui fai-
foient profeffion d'adminiftrer ces onguens ou ces huiles , tant aux malades qu'aux
fains , fe faifoient appeller /airaZipf* , c'eft-à-dire. Médecins oignans. lis avoient:
fous eux , ceux qu'on nommoit limplement ^Upt<e en Grec , & Uncfores ou ReunC'
tores en Latin ; quoique le mot Alîpta fe prît aufli quelquefois pour Jatralipta. Ces-'
gens-là qui ne fervoient qu'à oindre, doivent être bien dillingués de ceux qu'on
appelloit Unguentaril ou Ungeiîtarii , qui étoient ceux qui vcndoient les huiles &
les onguens; il ne faut pas non plus les confondre avec ceux qui le nommoient
Olearii^ qui étoient des efclaves qui portoient le pot à l'huile après kurs maîtres
en allant aux bains.
Après avoir oint, avant même qu'on oignît, on frottoit & on racloit la peau,,
ce qui étoit l'ofiice des Frotteurs , Fricatores. Ils fe ;fcrvoient pour cela d'un inf-
trument appelle Strigll ^ qui étoit comme une efpece de cuillère faite de bois, de ,
corne , de fer, ou autre matière. On peut en voir la figure dans Mercuriali &
Pignor'uts.
liCS Jatraliptte avoient encore fous eux des gens qui faifoient profellîon de broytï'
ou de manier doucement les jointures & les autres parties du corps, pour les
ramollir ii les rendre plus fouples. On les appelloit Traclatures. C'eft de ces gens ■
& de leurs remèdes que parle Seneque, lorfqu'il dit en s'échaufiant contre l'abus
qsi fe eoramettoivà cet égard; « Faut-il que jç donne mes jointures à amollir ^-
s E R 26r
« ces effëminés *) Ou faïuil que je fouffre que quelques femmelettes, ou quelque
" homme changé en femme, étende mes doigts délicats*] Pourquoi n'eflimerai-je
« pas plus heureux un Mutius Scevola qui manioit aufli aifément le feu avec la
u main, que s'il l'eût tendue à un de ceux qui font profeffion de broyer ou de
» manier les jointures "] » Ce qui mettoit Seneque de mauvaife humeur contre cette
efpece de remède & contre ceux qui le pratiquoient , c'eft qu'ils le taiCoient la
plupart lans nécellité & par pure délicateire. On employoit même quelquefois à
cet office des femmes qu'on appelloit Tra^atnccs. C'eft d'une d'elles que parle le
Poëte Martial^ en faifant la defcription de la débauche d'un riche voluptueux:
Percurrit agili corpus arte TraSIatrix ,.
Manumque doSlam fparglt omnibus membris.
Lib. III, Epigramm. 82.
Comme les onguens ne pouvoient pas être commodément employés qu'on n'ô-
tftt le poil, les Anciens le iervoient pour cela, premièrement de pincettes & de
pierre-ponces; mais lorique ces moyens n'étoient pas fuffilans , ils le failbient ap-
pliquer des emplâtres appellées Dropaczs , faites avec de la poix & de la réfine.
On levoit ces emplâtres tout d'un coup , en iorte que le poil s'arrachoit avec elles!
Ils fe faifoient aufli oindre a\^ec des onguens appelles Pfdothra , qui procuroient
la chute du poil. Les hommes qui fervoient à cet office , étoient nommés Dropa.
ciftte & ^lipUarii; les femmes , Ficatrices & Paratiltria. Les barbiers appelles
'/"on/oref , fervoient auffi en cette rencontre. Les femmes en avoient aufli entre elles
qui exerçoient le même métier & qui étoient appellées Tonftrices. Le Poëte Martial
& d'autres font mention de ces fortes de femmes , & l'on trouve une vieille Inl-
cription fur ce fujet .*
SEXTIiE L. TERTIiS-
TONSTRICI.
Les Anciens avoient une autre efpece de Serviteurs, dont l'emploi ëtoit de garder
les malades, de les lervir dans toutes leurs néceffités , de leur apprêter à miinser. Çs
de pourvoir i\ tout ce qui concernoit l'appareil de la fépulture & la fépulture'mêtne.
C'étoit ordinairement des efciaves, ou d'autres perfonnes de la plus baflc condi«
tion, qui croient chargés de ces fondions. Ceux qui avoient foin des malades ou
les Gardes-malades , étoient appelles par raillerie , Midici ad maculam , Medxi cn~
qui. Quelques Auteurs leur ont auffi donné le nom de CUrùci ^ parce qu'ils ne quit-
toient pas le lit des malades. Mais c'eft mal interpréter le mot Clinicus , qui d.-.ns
fbn véritable fens défignoit un Médecin proprement dit. Ceux qui s'occupoierr à
laver les corps mons , à les oindre, à les mettre dans un drap, iSj à faire tc-jt
ce qui fe faiibit anciennement avant' que de porter les corps au bûcher , ou
avant que de les enterrer , .«'appelloient PdhnSores.
Dès que les Empereurs Romains eurent etnbralTé le Chriffianifme & qvc l'on-
eut établi des Hôpitaux pour les pauvres, la plupart de ces offices tombèrent avec
le luxe ôi la jaQllelie qui leur avoitnt donné naJifance. On fe borna à ce qyj-
a62 S E R S E S S E V
étoit de néceffité ; & quant aux Hôpitaux , on y mit des gens choifis pr.r les Evê-
ques & les Prêtres , fous le nom d^ï Parabolani , dont le devoir contifioit à le tenir
continaellement auprès des malades pour en avoir loin. Cet office fe rapporte à
«elui de nos Infirmiers.
SEiî-VlUS , ( Pierre ) de Spolete , enfeigna la Médecine Théorique à Rome ,
Je mourut dans cette Capitale en 1(^48. Il a compofé plufieurs Ouvrage?, mais il
ne les a pas toujours publiés fous fon nom ; il s'eiî quelquefois caché ious celui
<ie Pcrjîus Trevas , qui eft l'anagramme de Fetrus Sen'ius. Voici les titres des Trai-
tés qu'on lui doitr
^d Librum de furn Liclls Stcphaiii Roderici Caflrenjls ^Declamailones. Rome .,i(f^Hfin-^.
Jnfiitatlonum , quihus Tyroaes ad Aledicinam informantar , Libri ires. Rom£ , 15^8 »
în-12, avec deux diilertatioas intitulées: Prolujiones dua ad injlruendos ad Citent
Xyrnnes accommoaat<E.
Jiivcniles Feiia ques aint'aunt ^ntiquitatum Romanarum mifcellanea. Ibidem, 1640 , iii-3-
Dijjertatift de oaor.bus. Ibidem , 1^41 ■> '••i-B.
Differtatio de un^acntj armario , jive , do. Nature, .^nifque miraculis. Roma , 1642 ,
564", tn-ii. Nûri.nhcr^e , 1662, £«-4, dans le Theatrum Sympatheticum aucium. 'En
Allemand, Francfort, iôb4, m-H.
SESSA , f Jérôme ) Dofteur en Philofophie & en Médecine, étoit de la ville
de fon nom, dans le Royaume de Naples. Egalement recommandable par lés
vertus & fes talens , il mérita la confiance du Pape Paul IV qui gouverna TE-
•ffiife depuis le 23 Mai 1555 jufqu'au 18 Août 155g. Ce Souverain Pontife le nom-
ma non feulement Ion Médecin, mais il voulut encore lui donner le chapeaa
de Cardinal , que Jcrôme refufa ps.T humilité. On a de ce Médecin quelques
Ouvrages de Ihéologie & d'autres fur l'Art de guérir, mais les Bibliographes fe
bornent à annoncer les dErniers, lans donner ni leurs titres, ni leurs éditions.
On trouve Placide Sejfa dans le fiecle luivant. Il naquit à Meffine , où il le dif-
tingua vers fan i6;,o par fon lavoir en Philofophie & en Médecine, dont il avoit
pris le bonnet. Cortefi parle de lui avec éloge , & ^ntonia Mongitore lui attribue
un Ouvrage intitulé ;
£ revis apalo2,ia ad versus antipraxis nuper editts ^uthorem, pro o&ava F.piftola Decw
-4is notice Mifct^Uaneorum Cornais Joannis-Baptijte Cortefii. MeJJane , 1635, in-^.
SETHI. Voyez SIMEON SETHI.
SETTALA. Voyez SEPTALIUS.
SEVERINI ( Pierre _) naquit en 1540 à Ripen en Dannemarc. II fe fit confi-
dérer par la précocité de ion efprit & l'étendue de fes talens dans les Belles-
Lettres; avant l'âge de ao ans, il enfeigna la PoéCe à Copenhague, où il s'ac-
quit bRaucoup de réputation. Mais comme il a^'piroit 4 f^ ^'r^ un éiablifieroent
plus conlîdérable , il prit le bonnet de Docteur es Arts en i^ô^, , & voyagea
enf'.iite en France jufqu'en 1565 qu'il revint dans fa patrie , où on le chargea
^•enicigner la doéltine des Météores. Comme la Phylique & la Médecine furent
s E V ^r,
j
alors les premiers objets de fes études , il ne tarda point à palTer en Italie pour
fe perfectionner dans Tune & l'autre de ces Sciences qui ont tant de rapport
entre elles. Déjà bien au lait de la Théorie , il l'entit tout le beloin qu'il avoit
d'y ajouter les connoiflances qu'on tire de la Pratique. A cet effet, il s'appliq'ja à
la cure des maladies en différens endroits, & principalement à Veniie ; mais dès
qu'il fut de retour en Allemagne , il redoubla d'ardeur à cet égard & i"e mit -X
fuivre les Médecins les plus célèbres. En 1570, il fut rappelle dans fon pays ; il
n'aima cependant point d'y retourner , fans repalier encore en France , où il prit
le bonnet de Dofteur en 1571. Il arriva à Copenhague dans le cours de \i même
année, & ne tarda point à être nommé Médecin du Roi Frédéric H. Cbriftiern
IV lui donna aaffi toute fa -confiance & le continua dans l'emploi de Médecin
de fa perlonne , lorfqu'il monta fur le trône de Dannemarc en 15B8. Scverini
rendit de grands fervices aux habitans de Copenhague ; mais il fut la vidime de
fon zele durant la pefte qui défola cette ville en 1602. 11 mourut le 29 Juillet
de la même année , & lailTa les Ouvrages fuivans :
Idea Medicirtje Fliilofophlcts , fundamcnta continens tot'ius do&nn<s Paracilfîae , Hip-
pocraticte & Galenica. Bafilas^ ^571 ^ ^«-4- Haga Cjmlth , i55o, i6t)8, m-4. Erfur-
ti , 1616. /n-8. Roterodjnd , 1C68 , jn-4. Les Chymilies ont fait beaucoup de cas
de ce Traité ; mais il a déplu aux Galéniftes , & chaque parti en a jugé fuivant fes
lumières & fes préventions.
Epijlola pro Theophrafio Paracdfo , in qua ratbnis , ordinîs R nomlnum , adcoque
totius Pkilofoph'us cdept^ methodus ofimditur. Bajile<£ , 1572, t/2-8. Les titres feu's des
Ecrits de Severiai annoncent allez Ion attachement aux opinions de Paracelfe.
Ce Médecin ent une fille qui époufa Jona% Charljîus, Dodteur en Médecine &
en Droit , Confeiller du Roi Cbrifliern IV 5t Chanoine de Rolchild. Il eut aulïi
un fils, nommé Frédéric, qui naquit â Copenhague. La proleflion de IVÎédecia
avoit trop réulK à fon père , pour ne pas fuivre les confeils qu'on lui donna de
prendre le même parti. Il fe fit recevoir Doreur, & pafla enfuite à Flensbourg
où il exerça , avec allez de réputation, depuis 1618 jufqu'en 1621 qu'il revint
dans fa ville natale. Il y étoit encore en 163 1.
SEVERINI, ( Marc-AureleJ ou comme il s'appelloit lui-même, Marcus Aurc-
lius Severîaus Thurius Crathigzna TarfenJIs , favant Médecin , étoit de Tarfia dans
la Calabre citérieure , pu il naquit en 1580. 11 avoit d'abord eu du goût pour la
Jurifprudence , mais il en abandonna l'étude pour s'appliquer à la Médecine f"^"-
Jules JaJJoîinus , célèbre Profeflëur de l'Univerfité de Naples, où il f"* f^omu au
Doftorat. Ssverini devint lui-même un des plus grands Maîtres f^" -'^"^ Ecole ; il y
enfeigna l'Anatomie & la Chirurgie avec tant de réputa^^-^ > 1"^ '^^ étrangers pal-
ferent en foule à Naples pour l'entendre. La 1--"^^^ dont il a traité de la Chi,
rurgie dans fes Ecrits , lui a mérité les élw* ^^ BarthoUn. Il fut un de ces hom-
mes hardis qui n'épargnèrent rien pou- fcmettre en vigueur les méthodes adoptées
par les anciens Grecs. Bien au d"ius *^^^ Préjugés de fes contemporams , il trou,
va leurs façons d'opérer trop molles & trop lentes , & chercha à rappeller l'ufage-
trop négligé du fer & du f'^u. U a cependant poulie les choies trop loin, fur-tour
à l'égard "du feu: on remarque une forte de cruauté dans fes confeils; il f^roit
même dangereux de fuivre la plupart des préceptes SLu'il a donnés.
304 * S E V
Ce Médecin mourut à Naplcs le 15 Juillet lô^G , ftgé do 76 ans. I! motitre «
en général, beaucoup de génie dans les Ouvrages qu'il a laiirès,niais on y trou-
ve auili des preuves de Ion goût pour les paradoxes. Si l'on juge de fes Ecrits
par le nombre , on voit afiez qu'il aimoit le travail. Voici la notice de ceux que
les Bibliographes lui attribuent :
Hijioria anatomica , obfervatioque medlca evificrati hominîs. Neapoîl , 162g, in- 4.
De ncond'ua abfccjjuuni naturâ Libri octo. Ibidem , 1632 , in-8. C'eft la féconde édi-
tion, revue, corrigée & augmentée par l'Auteur. Francofuni , 1643, ^'*"4- Ptuav'U ,
165 1, 1668, iR-4. Lugduni Batavorum , 1724, «1-4, avec figures. Le ftyle de cet
Ouvrage eft dui & entortillé , mais le fonds eft admirable. Scverini appuie l'ur
la nécellité de diftinguer les dépots critiques d'avec ceux qui ne le font pas ; il
établit les fignes qui les difiérencient , & fait voir l'importance de recourir aux
înoyens les plus efficaces pour amener les premiers à la luppuration. Cette dodirine,
qui eft bien déduite , lui donne fujct de s'étendre fur les métaftafes.
fripera Pythîa, id e/?, de FJjKrts naturâ , venenù & medidnâ. Patavli^ 1643,1651 ,
H'^. C'eft un T-raité plein de queftions, de controverfes & de difcuflions alTez
inutiles.
Opufculum de qualUate B naturâ Chocolat£. Norlmbergce ^ 1644, in-ii. Il eft tra-
duit de l'Efpagnol A^ Antoine Colmenero, Médecin, dont l'Uuvrrge avoit paru à
Madrid en 1631, i/z-4.
Zootomia Democrltea, id eft ^ yfnatoine generalis totius animantiam opificic^ Libris
.quinque dijUncia. Norimbergce ^ '645, '«-4, par les foins de P^olckamer. Le grand
nombre d'animaux que l'Auteur a difî'équés, lui a fourni beaucoup d'éclairciiFemens
fur l'Anatomie comparée ; on trouve même , dans fa Zootomie , le germe de
piufieurs découvertes que d'autres Ecrivains fe font appropriées en les mettant
au jour.
De efficaci Mediclna Libri très. Francofurti, 1646, in-folio. Parijus , 1669, t/i-4-
Francofurti , 1671» 1682, in-folio. En François, Genève, 1669, ««-4. C'eft dans
ce Traité quil exagère les avantages du fer & du feu dans la cure des maladies,
tant internes qu'externes.
De Lapide Fungifiro , de Lapide Fungimappa , Epiftolts date. Patavii , 1649 , tn-4 ^
avec le Livre De cœna de Baptifte Fiera. Guelpherbyti , 1728, i/i-4. II s'agit ici de
la Racine de champignon , appelîée improprement Pierre à champignon ; elle fe trouve
en difiérens endroits du Royaume de Naples , particulièrement dans la Pouille , &
*^ """î^fporte dans les pays étrangers. On a vu de ces pierres en France qui ont végété
pendant l^^.^^^^ années. Quand elles font couvertes d'un peu de terre , & en-
luite arroiées d eau c^^ ^ ç„gg produifent , au bout de quatre jours , des cham-
p.gnons grands, blanchâtre^ ^^^^^^ ,„ delTous , dont la tête , qui eft convexe, eft
îoutenue par un pédicule d'env..^ ^inq pouces de haut.
Jherapeuta Neapohtanus five cura,,a,.,^^ f^^rium & morborum internorum Me-
zhodus.heapoU, 1653, ;n-8,, avec le Traité s,, p^danchone maligna , & le Com-
anentaire de Bartholm fur ce dernier Ouvrage.
Trimembrls Chlrurgia. Francafurti , 1653, m-4. Lugaur,i Batavorum, irar , m.4.
SeUo.phkbotome cajîigata , Jire , de rena SalvatclU ufa & abufu cenfura. Hanovia.,
s E X i65
1654, in.4, Francofartl , 1668, //i-4 , avec les- Opufcuks de diftërens Anatomiftes.
De aqua Pericardil , cordis adipe , poris ckoledocis. Hanovia , 1654, in-/^. Le même
Ouvrage avec quelques augmentations. Hanavia^ 1664, "^'4' Francofuni, 1668 »
j«- 12.
jintlperipatias , Aoc e^ , advenus ^riftoteleos de refplratione pifcîum Diatr'iba. Nea-
poli, 1659, ''^-folio. jimflelodami y 1661, in-folio. On y a joint; Commentarlus in
Theoplirajlum de pifcibus in ficco viventibas. Phoca anatomicè fpeciatus. De radio Tur'
taris marinl. Tout cela eft du même Severii^l qui s'étoit propolé d orner ce Re«
cueil de figures, mais la mort l'a empêché d'y faire travailler; elle ne loi a pas
même permis de publier ces différentes pièces.
Synopfeos Chirurgien Libri VI. ^inftelodami, 1664, in»i2. C'eft apparemment un
•extrait de tout ce que notre Auteur avoit écrit fur la Chirurgie.
SEXTIUS NIGER., Médecin du quarantième iiecle, aéré difciple d'-^fclépiade
le Bythinien. Pline remarque qu'il a écrit en Grec, quoique la Langue Latine
eût été la fienne. On ne connoît point fes Ouvrages, mais on fait qu'ils lui ont
mérité les éloges de Diofcoride & de Galien. Le premier de ces Auteurs lui donne
même un rang diftingué entre les Sectateurs à" ^fdépiade.
On trouve un Q. Clodius O. L. Ni^er , Médecin Oculifte , dont il eft fait men-
tion dans un ancien monument.
SEXTUS furnommé L'EMPIRIQUE , Médecin que Lechrc compte entre
ceux du XXXVIll ou XXXIX i'ccle , e(l mis par Freind dans le fécond de
l'alut , fous l'Erapn-e d'Antonin le Pieux. 11 étudia, dit Leclcrc , fous Hérodote de
Tarfe , & fut Maître de Saturninus Cythcnas. C'eft tout ce qu'on fait de la per-
-fonne de ce Médecin, mais on connoît mieux fes Ouvrages qui font palTés juf-
qu'à nous. Ils coniiftent en dix Livres, où il difpute contre toutes les Sciences,
& en trois autres qui contiennent les fentimens des Pyrrhonicns. Celui intitulé :
Sexti Placiti, OU comme d'autres veulent, Platonici , de Medlcina animallum., bef-
tiarum , pecorum & avlum Liber , parut à Nuremberg en 1538, i/i-8; à Zurich
en 15391 '"1-4; à Bâle, en 1539, '"-45 avec les notes de Gabriel Hamelberg. Quel-
ques Auteurs l'attribuent à Sextus de Cheronée , Philofophe Platonicien , neveu
de Plutarque & Précepteur de Marc Aurele qui parvint à l'Empire, avec Lucius
Verus , l'an 161 de falut. Mais bien d'autres ne font pas de ce feniimcnt, car ils don-
nent ce Livre à Sextus l'Empirique. Ils prétendent que c'eft Suidas qui a fait cette
équivoque , & qui l'a pouilec au point de dire que Sexius de Cheronée avoit eu
un Hérodote pour précepteur. On ne peut cependant s'y méprendre , quand oc fait
attention que cet Hérodote étoit de Philadelphie , & que le Maître de Sextus l'Em-
pirique étoit de Tarfe.
Les Ouvrages de ce dernier Sextus ont paru en Grec & en Latin à Genève
en 1621, in-folu)\ la verfion eft de Gentlanus Harveius. Il y a encore une édition
de LeipOc , 1718, in-folio, de la verfion de Henri Etienne , avec des notes C'eft
Jean - Gilbert Fabricius qui en a procuré l'impreflion. On a mis en François Les
Hypotypofes ou Inflitutwns Pyrrhnnlenn.es de Sextus l'Empirique , avec des notes : le
' Catalogue de la Bibliothèque de feu M. Falconet cite une édition de 1735 , in-iz-.
TO M E Jr. L 1
26S. S H A
SHARP, C Samuel) Membre de la Société Royale de Londres, AfTocié
étranger de l'Académie de Chirurgie de Paris, Chirurgien en Chef de l'Hô-
pital de Guy , avoit déjà été difciple du célèbre CAé/èWea , lorfqu'il fé rendit à
Paris pour profiter des lumières des iavans Maîtres de cette Capitale. Les
progrès qu'il a faits dans fa profedion , lui, ont mérité les dittind^ions dont on a
honoré les takns. Quoique peu avancé en âge , il étoit parvenu à un tel degré de
célébrité, qu'il pouvoit déjà fe placer parmi les hommes qui avoient rempli la
carrière la plus glorieufe dans leur Art. Mais c'étoit peu pour Sharp de briller
dans l'exercice de la Chirurgie; éclairé des lumières de l'obfervation , il donna un
libre efibr à l'on génie , & mit au jour les Traités que nous avons de lui en fa
Langue maternelle, fous ces titres :
^ Treatife on the opérations of furgery a defcrlption and reprtfentatlon of the injlru-
ments , and an introduction on the nature and trcatment of wounds , abfcejjes and ulcères.
Londres , 1739, 1740, in-8. On y trouve plufieurs choies propres à l'Auteur, en
particulier , la defcription de quelques nouveaux infirumens. Cet Ouvrage , dans
lequel la netteté & la précifion régnent encore , a été mis en François par M.
Jault , Doif^eur en Médecine, fous le titre de Traité des opérations de Chirurgie,
avec ks figures & la defcription des injîrumens qu'on y emploie , & une Introduciion fur
la nature & le traitement des plaies , des abfcès & des ulcères. Paris , 1741 , In-ii.
A Critical enquiry in to the prefent ftate of fargery . Londres , 1750 , i/i-B. Ce Re-
cueil cft compoié de plulieurs diflertations intéreflantes fur les maladies & les opé-
rations chirurgicales. L'Auteur s'attache à faire voir qu'il elt quantité de maximes
affez généralement reçues en Chirurgie, qui font, fuivant lui ,mal fondées; &
delà il conclut qu'on n'a point encore fait , dans cet Art , tops les progrès dont
il eft fufceptible. M. Jauk a aufli traduit cet Ouvrage en François , fous le titre
de Recherches critiques fur Vétat préfent de la Chirurgie. Paris , 175F, ia-ia. Il y a.
encore une Traduaion en Efpagnol publiée à Madrid en 1753, /tt-4.
SHAW, ( Thomas J favant Médecin Anglois qui demeura plufieurs années en
Afrique , étoit de la Société Royale de Londres , Profefîeur en Langue Grecque
& Principal du Collège d'Edmond à Oxford. Séguier ne le cite point comme Mé-
decin ; il le dit fimplement Profcflcur de Théologie. Mais telle profeBion qu'il ait
exercée, Shaw ne doit pas moins être mis au rang de ceux qui ont enrichi l'Hif-
toire Naturelle. Il mourut à Oxford le 15 Août 1751, & laifTa une Relation des
voyages qu'il avoit faits en divers lieux de la Barbarie & du Levant. Cet Ou-
vrage , à qui il doit principalement fa réputation , a paru fous ce titre :
Travels and Obfervations rdating to fêterai parts of Barbary and the Levant. Ox-
ford , 173B, in-fo'i). Il a donné un fupplément imprimé en 1746, même format.
L'Auteur a rendu , avec beaucoup de vérité , tout ce qui a rapport aux Eaux
Thermales , aux Animaux & aux Plantes des pays qu'il a parcourus ; le célèbre
Dillen s'eû chargé de donner à chaque plante le nom qui lui efl propre. Cette Re-
lation a été fi bien reçue du public , qu'on n'a pas tardé à la publier en François .
à La Haye , 1740 , deux volumes /n-4.
ïl ne. faut point confondre cet Ecrivain avec Pierre Shaw ^ premier Médeci»;
s H E 2C7
da Roi d'Angleterre , qui a corapofé un Traité , en fa Langue maternelle , fur
l'hi/îoire & la cure des maladies. Il efi: intitulé;
New pratice of Phyjïc. J^ondres , 1726 & 1738 , deux volumes in-8. On y cherche-
roiten vain des lyftêmes impofans , ou de ces explications étudiées par lelquelles les
Auteuri veulent rendre raifon de toutes chofes; Shaw fe borne à donner l'hiftoire
des maladies avec la plus grande fimplicité. Nous devons encore à ce Ptlédccin :
Enquiry in to tht virtues of Scarborough fpaw waters. Londres, 1734, in-8.
Chymical Ledures publickly read in London 173 1, 1732 , and Scarborough 1733. Lon-
dres , 1734, î.7-8. Ce Traité a été mis en François , fous le titre de Lcçms de
Chymie propres à perfectionner la Phyfique , le Commerce & les u4rts, Paris, iji^g ,
Jfl-4. Le Traducteur y a ajouté des notes qui font, en général, fimples , utiles,
modeftes , & qui figurent très -bien avec le texte de l'Ouvrage. Skaw a encore
mis la plus grande fimplicité dans fes expériences ; mais on en eft dédommagé par
la profondeur de fes réflexions , par la vafte étendue des conféquences qu'il en tire ,
& par le fage emploi qu'il a fait de fes connoiflances.
SHEliAllD , ( Guillaume ) Membre de la Société Royale de Londres &
Doreur en Médecine , peut être mis au rang des Botaniftes de ce fiecle
qui ont mérité le plus d'éloges. Il commença à fe former dans l'Ecole appellée
Merchant - Taylors , après quoi , il devint aflbcié du Collège de Saint Jean à
Oxford. Ses bonnes qualités , ainfi que fes talens , lui procurèrent l'avantage
d'être choifi pour compagnon de voyage de deux Seigneurs , avec qui il
parcourut plufieurs contrées de l'Europe. Comme il voyageoit en Philolbpbe ,
rien ne lui échappa ; il obferva fur-tout , avec la plus grande attention , les
plantes qui étoient propres aux pays par lefquels il pafibit. A Ion retour en An-
gleterre, il fe préfenta une nouvelle occafion de fatisfaire fon goût pour la Bota«
nique. Il fut nommé Conful de Smyrne ; ce qui lui donna la commodité d'exa-
miner , à fon aife , les plantes de l'Afie.
A fa mort, qui arriva après l'année 172 1 , il laifla trois mille livres pour l'en-
tretien du Jardin de Médecine à Oxford , fonda une Leçon de Botanique , &
gratifia Jean-Jacques DilLen de tous fes Manufcrits. Quoique Sherard n'ait publié
aucun Ouvrage de fa compoGtion , on ne le doit pas moins conlidérer pour le
grand foin qu'il a pris de faire imprimer ceux des autres , comme de Paul Hcr-
man , de Jean Ray , de Sébajîien F aillant , àe Tournefort , &c. Le célèbre Boerhaw
vt le regardoit comme un Homme favant , & ne faifoit pas moins d'eftime defoa
ÏTcre Jacques Sherard, dont il parle, en plufieurs endroits, comme d'un Botanifte
exad & curieux. Jacques avoit un jardin rempli de plantes rares , dont Dilka ,
Profeiïeur de Botanique à Oxford , a donné la defcription qui fut imprimée i
Londres en 1732 , in-folio.
SHERLEY, (Thomas J fils d'un Chevalier de même nom , naquit à Weft-
minfter en 1638, 11 étudia la Médecine en France, & après y avoir pris le bonnet
de Dofteur , il revint en Angleterre , où il fe fit tant de réputation par les heu-
reux fuccès de fa pratique , que le Roi Charles II le mit au nombre de fus
Médecins, Sherley ne pouflà pas loin la carrière, car il mourut le 5 Août 1678., i.
a6R S H I S H O
l'âge de 40 an?. On a de lui un Ouvrage en Anglois , dont l'édition eft
de Londres , 1671 , in-S. Après y avoir traité de la génération des pierres
en général , il explique la formation de celles des reins & de la veffie , &
le répand Ibr la cure des maux qu'elles occafionnent. Ce Traité a paru ert
Latin à Hambourg , 1675 , m-ia , Ibus le titre de DlJJcnatlo Philofophka expîicans
caufas probabiles lapidum in Macrocofmo. On a du même Auteur une Difièrtation
Angloife fur le Cnchlearïa , qui fut imprimée à Londres en 1677 » '«-8.
SHIRLEY ( JeanJ étoît de Londres , où il naquit le 7 Août 1648. Il ic
donne le titre de Docteur en Médecine à la tête de fes Ouvrages , quoiqu'il foit
bi^n aflljré qu'il n'en ait jamais reçu le bonnet. Il prit fimplement des degrés
dans la Faculté des Arts d'Oxford , le 28 Novembre 1673 •> ^P'"^^ quoi il parvint
à être Affocié du Collège de la Trinité de la même ville. Apparemment qu'il fe
conduilit mal dans cette Maifon , car il en fut chafTé au bout d'un an. Com-
me il manquoit de fortune, il paflTa à Londres, où il devint Corredeur d'Im-
primerie & fe mit à écrire pour gagner fa vie. Il y mourut le 28 Décembre
1679. On lui attribue quelques Ouvrages en Anglois , comme un Abrégé de Chi-
rurgie , & une Dilfertation iur la génération de l'homme & l'Accouchement; mais-
George Matthias doute que ces pièces ibient de lui. Il femble croire , avec bien,
d'autres, qu'elles appartiennent à un Auteur différent de Shirley ^ dont il eft quef-
tion dans cet Article.
SHORT, ("Thomas^ Dofteur en Médecine & favant Naturalifte de ce fiecle ,
s'ouvrit l'entrée de la Société Royale de Londres par fes talens. Il a employé une
bonne partie de fa vie à travailler à l'analyfe des Eaux minérales d'Angleterre f
il en donne les principes & les propriétés, & il parle fort au long de leur cfprit
volatil, à qui il attribue, avec raifon , beaucoup de vertus. Mais il ne s'eft point
borné à cette matière. Comme il a poulfé fes recherches plus loin , il a pu-
blié des Ouvrages en diftérens genres , ainfi que leurs titres l'annoncent.
Menioirs of the natural Hiftory of médicinal /^aters. Londres , 1709 , in-S.
A Dijfenation of Tea. Londres, 1731 , in-4.
Natural Hijïory of the minerai JVaters of Sorkshire , Lincolnskire , Derbyshlre.
Londres, 1733, 1743,1/1-8.
Medicina Britannica, Londini , 1747 , in-8. C'eft un Catalogue des plantes of-
ficinales- , auquel il a joint le détail de leurs propriétés dans la cure des
maladies.
Difcourfc on Tea , Sugar , Mllke , Made , ff^ines , Spirits , Punch , Tobacco , witk
advicefort gouty ptople. Londres, 1750, i/i-8. L'Auteur a écrit ce Traité en faveur
du peuple & l'a mis à fa portée. 11 s'étend fur l'analyfe du Thé , dont il vante
beaucoup l'ufage, même pour les perfonnes qui fouflrent des nerfs, comme lee^
Hyftériqaes & les Hypochondriaques. 11 vante aufli l'ufage de l'Hydromel, du
Lait, du Sucre, du Vin , des Efprits ardens & du Tabac en mafficatoire, Les
conicils de Short n'auront pas manqué d'être goûtés du peuple Anglois , mak
î^s Médecins fe feront bien gardés de les adopter indiftindemein.
!
1
s 1 F: s I G 0.6g
SIEGFRIED , ( Jean J de Marck-Sulila , Bourg de la Principauté de Saxe-
Weitnar, prit le bonnet de Doéleur en Médecine & enibigna la Phyfique, après
le milieu du XVI ficelé, dans les Ecoles de l'Univerfité de Helmftadt. On n'a
rien de la compofition que des Thelcs Anatomiques ; mais le foin qu'il a pris de
mettre les Ouvrages d'autrui en meilleur ordre, l"a fait autant eftimer, que s'il
eût été un Auteur original. Le Traité de Galien intitulé; De ojjibus ; celui de George,
uigricola qui porte en titre: De Re Llaallkà, & les Obfervations Anatomiqueà de
Fallopio, font les principaux Ecrits fur lefquels il a porté l'on attention, en les
donnant au public.
bIGAULT , C Jean-René ) de Dijon , Dofteur de la Facuiic de Médecine en
l'Univerfité de Paris, a rendu fon nom à jamais mémorable par une opération qui
fera époque dans l'Hifloire de l'Art de guérir. Avant l'hcureufe expérience par
laquelle il a prouvé la jufteH'e de fa façon de peni'er, le moins cruel des moyens
qu'on employoit dans le travail de l'accouchement, lorfque l'enfant ne pouvoir
franchir les voies naturelles de la mère pour parvenir au jour , c'étoit l'opération
ccfarienne. Mais fi cette opération , dit M Sîgault dans le Mémoire lu dans l'ai-
femblée de la Faculté, a été couronnée de quelques fuccès , on ne peut fe difli-
mnler les malheurs dont elle a été iuivie, & encore moins les dangers auxquels
cil expolée l'infortunée qui a le courage de s'y foumettre. Ces dangers feuîs font
capables d'arrêter la main la plus exercée; il n'eft donc pas furprenant que fi peu
de femmes veuillent s'y réloudre , puifqu'il le trouve même peu de Praticiens qui
ofent la propofer. Dans ces circonftances , les manœuvres uiitées , fécondées même
de toute l'adrefTe imaginable, ne tendent fouvent qu'à faire mourir un enfant
dans le corps d'une femme vivante , ou à l'en arracher avec violence , & quel-
quefois par morceaux, en livrant la mère à des tourmens inouis. Touché du dan-
ger que courent l'un & l'autre dans ces momens critiques , M. Sigault imagina un
moyen plus doux & p\a% facile pour extraire le fœtus, quand le baflîn ie trouve
vicié ou trop petit, relativement au volume de l'enfant. C'efl; de la feélion de la
fympbife cartilagineufe des os pubis que je veux parler.
Notre Médecin fuivoit les cours de l'Ecole de Saint Côme, en qualité d'élevé,
lorfqu'il fe déterrajoa à publier fes réflexions. Le premier Décembre 1768 , il com-
muniqua à fAcadémie Royale de Chirurgie de Paris un Mémoire, par lequel il
propofa de fuhltituer la fettion de la lymphife dans certains cas où l'on prati-
qooit l'opération céfarienne. Son projet parut extraordinaire ; il eut quelques par-
tifans & beaucoup de contradiéleurs ; néanmoins on nomma Commiflàire M.
Ru/è/, dont le rapport ne fut pas favorable. Le Mémoire fut rejette & l'opératioii
proicrite.
Toujours occupé de fon objet, M. Sigault ne fut pas déconcerté par l'avis qui
avoit prévalu à l'Académie; une forte de conviftion l'afPuroit que fon opération
éloit praticable; & après en avoir pefé les avantages & les inconvéniens, il en
fit l'effai fur la femme du nommé Souchot , foldat de la garde de Paris, Sgée
d'environ 3g ans , petite & très-difforme dans fa ftature. Elle avoit fait appeller
ce Médecin , le premier Oitobre 1777, à minuit , pour l'accoucher de fon cinquie'
me enfant. Les quatre auues étoieot venus morts au moade , & les plus ha*-
û7o S I G
biles Accoucheurs nvoient Unanimement décidé que cette femme n'en donneroit ja-
mais de vivans , que par l'opération céfariennc,
Affifté de M. yllphonfe le Roi, fon confrère, M. Sigauh a procédé à la fedion
âe la fymphife ; l'écartcment a été de deux pouces & demi ; l'enfant eft forti bien
■ïivant; toute l'opération & l'accouchement n'ont pas daré plus de quatre ou
cinq minutes. Notre Médecin a voulu partager fa fatisfadion avec î a Faculté ,
à qui il a fait part de cet événement, le jour même de l'opération, dans raflèm-
blée dite prima menfis.'Rn conféquence de cette annonce, la Compagnies nommé
Commilfiiires MM.- Granddas ^ Dcfcemu, à l'effet de fuivre le traitement, d'en
obferver les circonftances , & de lui en faire un rapport détaillé.
La nouvelle de l'accouchement de la femme Souchot , ne fut pas plutôt ré-
pandue dans le public, que M. Sigauh fe vit eu butte à la jaloufie qui fe prefle
toujours de déclamer contre les découvertes , parce que l'animofité ne lui permet
pas de fe contenir dans les bornes d'un doute modefte jufqu'à Hn de caufe. On
le récria d'abord contre l'inutilité de la fcdion dans le cas de cette femme, qui,
difoit-on , auroit pu accoucher fans avoir recours à d'autre m.oyen qu'au Forceps.
On condamna enfuite l'opération , dont on exagéra les fuites fâcheufes ; on ails
même jufqu'à attribuer mal-adroitement l'idée de cette opération à M. Camper ^
Médecin de Groningue. Il eft vrai que cet habile Anatomifte Hollandois avoit
annoncé fes expériences, fur la feélion de la fymphife du pubis, dans une lettre
adrclfée à M. f^an Gejfecher , célèbre Chirurgien d'Amfterdam , & imprimée en
Hollandois en 1771 , en Latin en 1774. Mais M. Camper y déclare qu'il avoit
eu connoifiance de cette méthode d'opérer par une lettre de M. Louis, Secrétaire
perpétuel de l'Académie de Chirurgie de Paris, en date du 9 Mars 1769, dans
laquelle il étoJt dit qu'un jeune Chirurgien avoit propofé d'éviter l'opération cé-
l'arienne dans le cas où on la croit indifpenfable , en y fuppléant par la fci^ioa
du cartilage des os pubis. M. Camper fentit dès-lors tous les avantages qui peu-
vent rciulter de cette méthode ; U~cn fit diverfes expériences fur les cadavres &
iur les animaux vivans ; il demanda même au Prince d'Orange de la pratiquer fur
une femme condamnée à la mort ; mais il n'en obtint point la permiflion. C'eft amfi
que le Médecin Hollandois s'explique dans fa lettre du 22 Odtçbre 1777 <» ^° ^^'
ponfe à celle que M. Sigault lui avoit adre{rée,en lui détaillant Topération faite à la
femme Souchot , & fon fuccès.
La lettre de M. Camper fait beaucoup d'honneur au Médecin dont je parle;
îïiais un dernier trait met le comble à fa gloire. La femme Souchot , accompagnée
de fon mari &z de fon fils , s'eft préfentée à la Faculté de Médecine de Pans
le " du mois de Décembre 1777. Légèrement appuyée fur le bras de fon man ,
elle a monté environ une vingtaine de marches pour fe rendre à la falle de l'af-
fembléei là, abandonnée -A elle-même, elle s'eft tenue ferme fur fes pieds pendant
une ou deux minutes, & elle a fatisfait -à toutes les queftions qu'une curiolité na-
turelle & éclairée pouvoir defirer qu'on lui fît. Enfuite cette femme eft lortie , &
]M. Stgauh a lu un Mémoire dans lequel il a expofé les motifs qui l'ont déter-
miné à faire la feclion de la fymphile des os pubis, la méthode qu'il a fui vie
dans cette opération , & les fuccès qu'elle a eus , fe réfervant de s'expliquer plus
Au long dans la fuite.
s 1 G 271
Ce Ménloire a été fort applaudi. MM. GranJcias & Defcemet ont fait leur rap-
port, dans lequel ils ont décrit les parties coupées, les eftets de la Icdion , l'état
des parties voifines ; & après avoir rendu compte de tout ce qu'ils avoient fait ou
vu chaque jour , ils ont annoncé que la femme Souchot étoit guérie. Le rapport
des Commiflaires a attiré ;\ M. Sigauh les plus grands éloges.- la péroraiibn de
fon difcours avoit déjà prévenu l'aflemblée en fa faveur. Les preuves qu'il y don-
na de fa modeflie , de fa fenlibilité , de fon défintéretTement ; la prière qu'il fit à
la Faculté , & par elle à toutes les âmes gcnéreufes , de contribuer au fort de la
raere & de l'enfant ; la proteftation qu'il leur adrefia que cet aifle de bienfaifance
étoit la feule récompcnfe qu'il deliroit de fes travaux; tout cela lui tnérita les ap-
plaudillcmens les plus ûnceres de la part de fes collègues. L^n chacun s'emprefToit
à l'envi de les lui prodiguer, & vouloit qu'on lui déférât les honneurs que l'impor-
tance de fa découverte faifoit imaginer lui être dus ; lorfqu'un Dod^eur obferva
que la Faculté n'étoit point réunie en Corps, que l'aflemblée n'ayant point été
convoquée à cet efîet, il falloit l'indiqutr à un autre jour, &: y appeller toute la
Compagnie pour entendre de nouveau les rapports du Médecin opérateur & de
MM. les Commiflaires.
Cette aflemblée a eu lieu le 6 Décembre 1777; elle étoit très-nombreufe , plus
tranquille , fans être moins tranfportée du luccès de cette belle opération. La
Faculté a unanimement arrêté : 1°. que le récit de ce qui avoit été fait le premier
Octobre & le 3 Décembre feroit imprimé en Latin & en François ; que le Mé-
moire de M. Sigault fur la fedtion de la fymphife des os pubis qu'il avoit pratiqués
lûr la femme Souchot , feroit également imprimé , ainfî que le Rapport & le Ju-
gement de MM. les Commiffaires fur cette fedion , fes efîists & fa guérifon .• que ces
différentes pièces imprimées au plutôt , au nom & aux fraix de la Faculté fe-
roient non-feulement diftribuées à tous fes Dodleurs , aux Médecins regnicoles &
étrangers, mais encore prélentées au Iloi, aux Princes, aux Minières & Ma-
giftrats , afia que tout le monde foit inftruit de la découverte de ce nouveau
moyen de fauver les mères & leurs enfans.
■2°. Que MM. Sigault &i u^lphonfe le Roi ^ qui avoient déjà fi bien mérité de
la Médecine & du Public, feroicnt priés de mettre la dernière main à leur bon-
ne oeuvre, & de communiquer & focmettre à l'examen de la Fuculté , leurs.ob-
fervations fur cette opération, leurs vues pour la pei teflionner , & leur jugement
fur les états de la merc ou de l'enfant qui la rendent néceffaire : que tous les Savans
feroient invités à faire connoître leurs travaux, leur? eflais relatifs à cette opération.
3°. Qu'en môme tems qu'elle ne peut refufer Ton admiration & donner aflez
d'éloges au courage & à la magnanimité de la femme Souchot , elle regrcte vive-
ment de n'avoir pas les moyens de fournir à cette femme & à fon enfant ré-
duits à une cruelle indigence , une penfîon annuelle qui puillè les aider à vi-
vre ; que cependant le Doyen fera chargé de leur délivrer une fomme modi-
dique , pour fubvenir , au moins , aux befoins preffans de la mitére & de la
faim ; elle lui promet en outre fesfervices , fes bons offices, & môme de porter
aux pieds du Roi fes refpçftueufes prières pour elle; v^ de folliciter , aunrès
des Miniftres & de tous les ordres des Citoyens , une récompcnlc pour cette fem-^
2/2 S I G
me forte qui s'eft dévouée à une opération nouvelle; qui par ce dévouement a fait
naître dans le cœur des mères , afltz malheureules pour être dans le même cas ,
Ja douce & légitime efpérance d'échapper à la mort : qui a confervé la vie à nom-
l»re d'enfans que l'on pourra fauver déformais, qui en un mot a procuré un fi
grand avantage à tout le genre humain.
4"^. Que la reconnoillance due à M. Sigault^ qui a imaginé^ foutenu & prati-
qué cette opération , eft d'autant plus grande, qu'il a plus avantageufement en-
richi l'Art de guérir , qu'il a rendu des lervices plus importans en communiquant
-ce fruit de fon génie , en le mettant à exécution , & par la générofité avec la-
quelle il a fourni lui-même aux dépenfes. Qu'il n'ett point en fon pouvoir de dé-
cerner au confervateur des Citoyens une récompenfe digne de ce bienfait : qu'elle
veut que ce Confrère recommandable jouifle dans fon fein d'une diftinftion
honorable , & q'îie la génération préfente &z; les futures apprennent combien il
efi: digne d'eftime , combien il mérite d'éloges ; en conféquence , elle a or-
donné que fur le revers du jetton d'argent du Doyen on gravera l'Infcription
iuivante:
Annô 1768
Sectionem Symphiseos ossium pubis invenit, proposuitt
Annô 1777,
Fecit FELICITER. M. SIGAULT , D. M. P.
Elle a ordonné aufli que cent de ces jettons feroient remis à M, Sigault. Et
comme ce Médecin a rendu publiquement à M. Alphonfe le Roi, fon confrère.
Je témoignage que , par fes expériences , fes travaux & les exhortations , il avoit
beaucoup contribué à lui faire entreprendre cette opération , à achever l'accou-
chement & à guérir la plaie, la Faculté a arrêté que l'Infcription ci-deflbs feroit
terminée par ces mots;
JuviT M. ALPHONSIUS LE ROI, D. M. P.
Et que cinquante de ces jettons feroient donnés à M. h Roi.
Peut-on imaginer quelque chofe de plus g'orieux à M. Sigault, que la teneur
de ce Décret? Mais la conclulion du Rapport de MM. Granddai & Defcema ne
lui eft pas moins honorable. Nous croyons, difent les Coramiffàires, que l'opéra-
tion de M. Sigault eft fans danger pour la vie des malades. Il ne s'agit que d'ou-
vrir les tégumens , de couper le ligament qui eft au devant de la fymphife & la
fubftance ligamento cartiîagineufe qui unit les os pubis. On ne rifquc que d'ouvrir
un petit rameau de l'artere honteufe externe qui fournit peu de fang. Or , la fé-
paration de ces parties n'entraîne aucun accident , & n'eft pas très-douloureufe ,
au rapport de la femme Souchot. Celui qui auroit été le plus à craindre & le
feul qui, jufqu'à préfent a fait rejctter cette opération , étoit l'incertitude que la
fymphife pût fe reflbuder, & que l'opérée eût pu marcher. L'heureufe expérience
que la femme Souchot a faite du contraire , nous confirme dans la perfuafion où M.
Sgauh étoit de la pollibilité de cette réunion. L'ayant vu marcher feule & fans
bandage^
s I Lr flfCy
tandagfe, nou? fommcs autorlfés à conclure qu'elle eft parfaitement guérie, & que
cette opération , qui n'eft ni douloureufe , ni difficile à faire , eft préf rable à l'o-
pération céfarienne dans bien des circonftances, & fur»tout quand l'enfant peut
fortir par les voies naturelles.
C'eft du Récit publié par ordre de la Faculté & imprimé à Paris chez Qinllau,
}T77 » "^■4 •, que j'ai extrait la plupart des chofes que je viens de rapporter. Mais
je ne dois pas laifTer ignorer que , depuis la guérifon de la femme Souchot , le
nombre des contradicteurs de l'opération pratiquée fur elle , n'cft point coofidéra-
blement diminué. M. Piet, Accojcheur chargé par le Gouvernement de fecourir
les femmes indigentes dans les accouchemens ditiicultueux , a élevé la voix contre
l'utilité de cette opération; il a publié fes Réflexions far la fe&ioa de la fymrhifc du.
pubis ^ & il les a préfentées & dédiées à Monlieur Le Noir, ConfciUer d'Etat «
Lieutenant-Général de Police. Paris, 1778, in-8. Cet Ecrit ne fera p-ut-étre pas le
dernier qu'on lâchera contre la nouvelle opération ; il fuffit même qu'elle foit
nouvelle , pour être contredite : mais de ce conflit d'opinions différertes il en ré.
iultera plus de lumières , & le public éclairé faura à quoi s'en tenir fur le parti
que les mères & les enfans pourront tirer de la méthode propolée & exécutée par
M. Sigault.
M. Ci2m6o/i , Confeiiler premier Chirurgien de feu S. A. R. Madame la Pria»
cefie de Lorraine , vient de donner une preuve des avantages attaches à la fec*
tion de la fymphife du pubis , dans le cas où la ftrufture vicieufe du baffin met
obflacle à l'accouchement, & ne permet pas même de le terminer avec le Foraps,
fans mutiler l'enfant, lorfqu'on a des raifons de croire qu'il eft mort dans le icin de
fa mère. Il pratiqua cette opération, le -28 Mars i?fé , iur la femme d'Antoine-
Jofeph Coûte, ouvrier tailleur de pierres de la ville de Mons en Hainaut. Au
moment qu'on imprime cette feuille ("les Mai 1778^ l'accouchée marche & touche
à une guérilon parfaite. Je ne m'étendrai pas fur les raifons qui y ont rendu la
feéïion nécelfaire, non plus que fur les circonftances qui ont accompagné & fu'vi
l'opération ; comme c'eft à la dextérité & à la hardiefTe intelligente de M. Cambon
que l'humanité eft redevable d'un nouveau fait qui vient à l'appui, qui ajoute
même beaucoup de lumières au procédé de M. Sijiault , je me borne à renvoyer
le Lefteur au Mémoire que cet habile Chirurgien le propofe de publier dès que
la cure de la femme Coûte fera entièrement terminée.
SILVA ( Jean-Baptifte ) naquit à Bordeaux , le 13 Janvier 1682 , d'un père
qui exerça la Médecine avec diftinéVion pendant plus de 60 ans, & qni lui inf-
pira le goût de fon état. Le jeune Silva alla fe mettre fur les bancs de la Faculté
de Montpellier, &ily prit le bonnet de Doûeur à l'âge de 19 ans. Il s'etoit prin-
cipalement attaché à Chirac qui lui accorda ion eftime & devint dans la Itite !bn
protecteur. Ce fut à Paris qu'il rcflentit les effets des bons offices de fon ancien
Prfefleur. Silva n'avoit p' fut tardé à paffer dans la Capitale, où il époufa, en
1710 , Marie- Magdelaine Prcvofi , fille d'un riche Procureur au ChâteLt, chez qui
Il demeuroit ; & ce mariage le décida à s'y fixer. Il recommença un nouveau
cours dans les Ecoles de la Faculté de Paris , & il y fut reçu au Do^orat en
TOME IV. Mm
2f4
s I L
1712. Hdvetlas le père contribua à le faire connoître dans cette ville; comme il
l'eftimoit beaucoup , il fe déchargea quelquefois iur lui d'une partie des affaires
dont il étoit accablé. Plufieurs cures importantes achevèrent de le mettre en ré-
putation , & il fut recherché dans les maiibns les plus diftinguée?. En i^cii , il
intervint à plufieurs confultations au fujet de la maladie du Roi ; & comme fes
confeils avoient réudi , il n'eut pas de peine à obtenir l'agrément de ce Prince , en
1724 , pour la place de Médecin Confuitant vacante par la démiflion de M. Bou-
din. Son nom pafla bientôt dans les pays étrangers. Il fit le voyage de Munich
pour l'Eledeur l haries Albert qui fut depuis Empereur. En ij'sS, la Czarine An-
ne lui fit propoier la place de ion premier Médecin avec des avantages confidé-
rables , mais Silva ne voulut pas abandonner le pays à qui il devoit fa naiflance ,
fa réputation & fa fortune; on pourroit ajouter des bonneurs , car Louis XV lui
accorda, en la même année 1738 , des Lettres de Noblcife pour lui & fa poftérité.
Il étoit premier Médecin de Louis-Henri de Bourbon, Prince de Condé, lorf»
qu'il mourut à Paris le 19 Août 1742, à l'âge de 61 ans.
Silva laifla des biens affez confidérables à fes cnfans & quelques Ecrits au public.
Le plus recherché de fes Ouvrages eft intitulé :
Traité de Vufage de dijj^érentei Cortes de faigiiées , principalement de celle du pied-
Paris, 1727, deux volumes ;a-i2. Amfterdam, 1729, deux volumes in-12. Le but
de k'Auteur eft de faire voir qu'on doit pratiquer la faignée révulfive dans la partie
éloignée de celle qui eft afFeftée ; au pied , A c'eft la tête ; au bras , fi c'eft le bas-
ventre. Il n'admet la laignée de la jugulaire, qu'après qu'on a diminué la mafié
du fang par d'autres faignées. Pour la dérivation , il la condamne absolument. I-
foutient d'ailleurs que les artères ne font coniques que tout autant qu'elles font
confidérées chacune en particulier ; mais qu'elles ne le font pas dans leur enfemble,
puifque la fomme des calibres de différentes ramifications d'un tronc artériel , eft
toujours plus grande que le calibre de ce tronc. £.eill avoir déjà fait cette remarque.
C'eft dans cet Ouvrage qu'il attaque celui que Philippe Hecquet a publié fous le
titre A^Obfervations fur la faignée du pied ; mais quoiqu'il ait eu la gloire d'avoir
vidtorieufement combattu cet Auteur , Chevalier & Quefnay ont trouvé matière à
quelques réflexions critiques lut fon propre Traité. Tout ce qu'on en a dit , n'a
cependant donné aucune atteinte à la célébrité de Silva ; il étoit au defius de fon
Livre ; c'étoit un de ces Médecins que AloUere n'eût pu , ni ofé rendre ridicule,
M. Portai dit qu'il étoit doux , affable , autant attaché à l'intérêt public qu'au fien.
Les Médecins eurent en lui un ami tendre & généreux , auflî porté à profiter de
leurs confeils, qu'à leur communiquer Ion avis fur les cas difficiles de la pratique.
Depuis la mort de Silva ^ fes Dijfcrtations ë? Confultations Médicinales ont été pu-
bliées à Paris par M. Bruiner , Dodteur en Médecine. L'édition eft de 1744 , en
deux volumes in-ii.
SILVATICUS , ( Benoit ) étoit de Padoue , où il naquit dans une famille il-
luftre. Il fe décida à érudier la Médecine, malgré les avantages confidérables que
la nobleffe de fon extraflion lui promettoit, & que fes parons lui faiibient envifa-
ger dans toute autre profeflion que celle qu'il étoit réfolu d'embraficr. Aucune
lailon ne put le faire défifter d'un projet didé par fon goût , autant que par fes
s I L
275
difpofitions. Il Te rait fur les bancs de la Faculté de fa ville natale , & à la fin de
fon cours , il obtint les honneurs du Doftorat. Le 30 Odlobre 1607 ' '' parvint à
]a Chaire extrpordinaire de Pratique ; deià il monta par degré à celle de premier
ProfeiFeur, qu'il remplit depuis 1632 jufqu'en 1650. Ce fut en cette dernière an-
née que la diminution de fa fanté lui fit accorder les privilèges de la vétcrance ;
quoiqu'on lui payât les appointemens ordinaires , il eut la permiffion de ne monter
en Chaire que quand il le voudroit. Ce Médecin étoit parvenu à l'âge de 83 ans»
lorfqu'il mourut en 1658. On a de lui :
De Lithotomia 1 /tve, de calculi vejîc£ fediom Confultatio. On la trouve à la fuite
des Obiervations de Grégoire HorJUus \mpnmé es à Ulm en 1628, tn-4, & à Nu»
remberg , 1628 , in-folio. On l'a encore inférée dans le Livre De Calcula de Bevero-
riduî , édition de Leyde , 1638, /a-16.
Confiliorum & Rcfponfionum Mediclnallum Centurie IF. Acctffit e]ufdem. Mahodus
confuLtandi. Paiavii^ 1656, in-folio. Genève, 1662, IJ'SÔ, in-folio.
SILVATICUS, fJean.BaptifteJ de Milan , prit le bonnet de Doreur dans
la Facu'té de Médecine en l'Uaiverlité de Pavie. Son premier objet fut de fe
fixer dans fa ville natale , & à cet efiet , il fe fit recevoir dans le Collège
le prem.er de Juin 1575. Mais comme il changea bientôt d'avis , il retourna
à Pavie , où il obtint une Chaire & parvint enfin à celle de Profelfeur primaire
qu'il rcmpliHuit encore à fa mort arrivée en 1621. Ce Médecin a écrit beaucoup
d'Ouvrages qii lunt , pour la plupart , d'autant moins intéreflans , que l'Auteur
y a fait entrer toutes ces difcuilions Icholaftiques qui étoient au goût des Profv.fleurs
de fon tems.
De fecanda in putrid's fcbribas falvatellâ , deque nojlro in fecandîs venis modo ^ cum
and.uo ccmparato. Mediolani , 15B4 , in-4. C'eft un recueil de Lettres adreflees à
Jofeph Cafatus , Médecin de Milan.
De fri^iJte potu poft melicamenmm. Tbidem ^ 1586^ in-4.
Jnjtitutio Medica de iii qui morbum Jîmulant deprehendendis. Ibidem , 1595 , in.4. Fran-
cofurii , 1631, 1670, in 12.
Traclatus duo. L De materia turgente. II. De Aneuryfmate. Ficenv<s , 1595, in-^.
Fenetiis , 1600, in-4. ^ plupart des Chirurgiens de ion tems mettoient l'Ane vrif-
me externe au rang des maladies incurables , & ne pouvoient pas fe perfuader
qu'il étoit pollible d'en entreprendre la cure. Silvaticus cherche à les déicbulér
dans le iècond Traité, où il leur propofe la méthode de Paul d'Egine que les
Arabes avoient adoptée.
Traciatus de compofitiune & ufu Theriacie Andromachî. Heidelberga,i^g^ ^inS. Fran-
cofurti , 1600 , in-8. Lugduni , 1607 , /n-8.
Controverfice Medica numéro centum. Mediolanl , 1601 , i/1-4. Francofurci , i6or ,
//1-4.
Galeni Hijlorite Médicinales. Hanovia , 1605 , in-folio.
De Unicornu, Lapide Be\oar , Smaragdô & Margaritis., eorumque infebribus pefîHen-
tibus ufu. Bergoml & Fenetiis , 1605 , in-^. C'eft ainli que nos bons aïeux farcilToient
leurs malades de ces remèdes inutiles, que notre fiecle plus éclairé a heureufe*
ment bannis de la pratique.
2^6: s I L s I M^
Collegil Medlolanenjîum Medlcorum orlgo « antlquitas , necejjîtas , &c. Mediolani »
1607 , j/i-4.
MeJIcus. Mediolani^ i6il,în-8.
De anno cUmaderico Tra^tatus. Ticîni , 1615 •, in-8.
SILVATICUS , C Matthieu ) Médecin du XIV fiede, ctoit de Mantoue,
féloa quelques Auteurs , & de Milan , fuivant d'autres. Il vécut à la Cour de
Robert , Roi de Naples & de Sicile , qui fut un des zélés protefleurs de la
Médecine , & il lui dédia, en 1317 , un Ouvrage qui a été plufieurs fois impri-
mé fous ce titre :
Liber ciballs & mediciaalh PandeSarum. Neapoli , 1474» in-folio ^ par les foins â^uin-
ge C atone , Médecin de Bénévent. 5nxt<e , 1474 , in-folio, f^enetiis , 1478, 1480»
1498, 1511,1524, in-folio. Il y a quelques-unes de ces éditions qui font intitulées:
Opus Pandedarum Médiane. Lugduni , 1478, 1535, 1541 » In-folio, uiugvjle TauTtr
norum , 1526, in-folio^ avec des augmentations.
Cet Ouvrage eft une efpece de Diftionnaire qui paroît avoir été corapofé pour
faciliter l'intelligence des Ecrits que les Médecins Grecs & Arabes ont laiffés ; mais
il auroit belbin lui-même d'un autre Diftionnaire pour fe faire comprendre , car
l'Auteur a bien mal rempli fon deflèin. On y trouve cependant beaucoup de
chofes fur la nature & les vertus des plantes, dont Silvaticus a mieux parlé que
perfonne de fon liecle. Ce Médecin a été furnommé PandeSarUts. Le Dodleur
Freind met fa mort vers l'an 1540.
SIMÉON SETHI , Médecin natif d'Antiocbe , étoit plus jeuiie que Pfellus ,
mais il vécut de fon tems , vers l'an 1070. Il a écrit des Commentaires fur les
Ouvrages du même Pfcllus. Son ftyle , qui eft alTez mauvais , dépare l'Original,
qu'il a encore altéré en le copiant ; Sethi auroit dû cependant fe piquer de plus
de fidélité , puifque le Livre qu'il a commenté , étoit alors entre les mains
de tout le monde. Une conduite aufiî blâmable lui attira les reproches de fes
contemporains ; mais elle n'empêcha pas Lilio-Gregorio Gyraldi , de Ferrare , &,
Martin Bogdan^ de Driefen dans la Nouvelle Marche , de traduire cet Ouvrage
de Grec en Latin & de le publier l'un & l'autre , fous ces titres ;
Syntagma per litterarum ordlnem de cibariorum facultate.\^''eîi ainfi que la ver-
fion de Gyraldi eft intitulée. Il en parut une édition Grecque & Latine à
Bâle, 1558, i/i-8, & une autre en Latin feulement dans la même ville, 1561 ,
ï/i-8, avec les correftions de Montefaurus.
Folumen de aUmentorum facultatibus, juxta ordinem litterarum digeftum. C'eft le ti-
tre de la traduflion de Bogdan. Paris, 1658, in-8, en Grec & en Latin.
Siméon Sethi a encore donné d'autres Ouvrages , comme celui De fapientia Indo-
rum qu'il a mis de l'Arabe en Grec. Ce Traité , qui n'eft remarquable que par le
ridicule qui y règne , fut ccmpofé par le Médecin Per^oes à la requifition de
Chofroës II, Roi de Pede , qui fuccéda à Hormifclas lïl en 590. On attribue en-
core à Sethi un Lexicoa de Botanique écrit d'un ftyle afiez barbare ; il eft en Grès;
& il fe trouve en manufcrit dans la Bibliothèque Impériale de Vienne.
s I M 3^7
SIIV1LER.> ( Jofias^ Littérateur SuifTe , a fait imprimer à Zurich en 1574,
«ft-8, un Ouvrage intitulé: Defcrlptla yakfie. De ^Ipibus Commentarius. Il a reparu
à Leyde en 1633 , in 24. On y trouve un Catalogue des plantes qui croiffent fur
les Alpes , que Simler a rédigé d'après ce que les Auteurs ont écrit fur les riches
produdions de ces montagnes; car il n'étoit point Botanifte, il n'a pas même
voulu s'en donner le nom. La vie de Conrad Gefner qui a été publiée à Zurich ea
1566,1/14, avec une Lettre de ce Médecin De Libris à fe ed'uis^ eft encore de la
faconde Simler ^ zmïi que les Traités fui vans;
De Hdvctiorum Republicâ , Pagis , 5?c. Farifiîs , 1577 , in^.
f^ocabula Rel nummarle , ponderum & menfurarum , Graca , Latina , Hcbraïca , ^ra.
bica. Tigiiri^ 15B4, :i-8, avec l'Ouvrage de Dominique Majfaria qui eft intitulé.'
De ponderibus & menfaris Medidaalibus,
Rodolphe Simler ^è\s àe Jojîas , naquit à Zurich en 1568. Après de bonnes études
dans fa patrie & à Herborn , il fe rendit à Montpellier, où il reçut le bonnet de
Dodeur en Médecine , en 1596. II exerça dans fa ville natale avec tant de répu-
tation, qu'il y fut extrêmement regreté à fa mort arrivée en 1611 , à l'âge de 43.
ans. Les Lettres numérales de fon nom indiquent précifément cette année:
roDoLphUs sIMLerUs.
SIMON , Médecin du XXXVIlï fiecle du monde , vécut du tems de Seu-
leucus Nicanor, Roi de Syrie.
11 ne faut point le confondre avec Simon l'Athénien, dont Dlogene de Laërce fait
mention. Quoique ce dernier Simon ait écrit un Livre intitulé ; De la fanté^ il étoit
Vhilofophe plutôt que Médecin; il n'eft point d'ailleurs du même tems, car il a
vécu dans le XXX VI liecle. C'étoit un Ouvrier en cuir, & ce qu'il favoit de la
Philofophie , il l'avoit appris en écoutant les difcours de Socrate qui s'arrêtoit quel-
quefois dans fa boutique.
SIMON, f Léonard) Philofophe & Médecin, étoit de Mefline en Sicile, où
il naquit en 1602. Il pratiqua dans cette ville, & comme il iie raanquoit pas de
talens , il y fut affez conGdéré. On a de lui un Ouvrage qui a paru fous ce titre :
Gelodachria., id eft ^ de naturali & praternaturali rifu & fietu , caterifque humani In-
tilledài proprietatibus , cum Pkyjîogaomia , & earum curatione. Mejfana , 1656 , j/1-4.
M. Portai parle d'Etienne Si.non qui vivoit à Paris en 159Q. Il ne dit rien de la
profellion qu'il y exerçoit ,• car il fe borne à le donner pour Auteur d'une Lettre
écrite à .^drédu Laurens ^ qui contient une defcription laconique , mais allez exacte ^.
de l'organe de l'ouie.
Les Hiftoriens citent encore Bartholde Simon natif d'Hambourg, qui reçut le
bonnet de Docteur en Médecine à Leyde en 1670. Il voyagea enfuite en Angle-
terre & vint mourir à Paris en 1671 , à l'âge de aB ans. C'étoit un jeune homme
de grande expedation.
SIMON DE GENES, ainQ nommé* parce qu'il étoit de cette ville, eft encore
connu fous le nom de Simon Geniaftes à Cordo. Il s'arrêta lon^?-tems à Rome, où
il exerça avec beaucoup de fuccès & devint Médecin du Pape Nicolas IV ea.
278 SIM
lab'B f qui eft l'année de l'cxaltarion de ce Souverain Pontife. Simon étoit Clerc ,
car on lui donne le titre de Chapelain de Nicolas IV ; fi l'on en croit mcmc quel-
ques Auteurs , il étoit Sous-Ducre & encore Chanoine de Rouen. Ce Médecin
a non feulement traduit quclqjes Traités de PArabe en Latin , mais il en a com-
poié d'autres qu'on a mis différentes fois au jour , fous ces titres :
Claris fanatlonis. Patavil ^ 1474» In-folio. F enttiis ^ i486, I507 , 1510, 151^ , in folio.
C'eft un recueil alphabétiqi'e de quantité de médicamcns limples qu'il avoit tirés
des Ecrivains Grecs, Arabes & Latins. Il eft en raanufcrit dans la Bibliothèque
de Florence.
Expojitio Glojpe marginalis ad Alexandri latri Libres Médicinales. Lugduni^ I5°4»
i/1-4. Papi£ , 1520, in'3.
Il faut le diltinguer d'un autre Simon de Gènes, audi Médecin, mais qui vécut
lonf-tems après lui. Ce dernier a f&it des notes fur l'Ouvrage de Matthieu Silvaticus,
qui a paru fous le titre d'Opu> Pindccfarum Medicine. On trouve ces notes dans
l'édition de Lyon de 154 1 , in-folio.
SIMONETA,( Pierte-Paul ) de Milan, failbit déjà la Médecine dans les Ar-
mées en 1571 ; mais il abandonna cet emploi pour le retirer à Pavie , où il en-
fei»na pendant quinze ans & s'occupa beaucoup de la difiec^ion des animaux
On a de lui :
Sreve Compendium totius Medicina, Ticini , 1592 , J«-8. Francofiirti , 1598, in-8.
SIMONI , C Simon ^ Médecin du XVI iiecle , étoit natif de Lucques en Italie.
Il pafia tour-à-tOLir de l'Eglife Romaine dans le parti des Calviniftes, & enfin
dans celui des Sociniens. Uès qu'il eut embrafle la Religion prétendue réformée,
il abandonna fa patrie pour fe retirer à Genève , où il enfeigna la Phi'ofophie. De
Genève il palfa à Heidelberg , & enfuite à Leipfic, où il obtint une Chaire de
Médecine & publia , en 1576 , un Mémoire pour la réfurraation de l'Univerfité.
Ce fut dans la dernière ville qu'il prit goîit pour la Seéte des Sociniens; & pour
en fuivre les fentimens avec plus de hberté, il fe mit à parcourir la Siléfie, la
Moravie , & s'arrêta enfin en Pologne. Ses variations en matière de religion ne
manquèrent pas de lui faire des ennemis qui lé fervirent de ce prétexte pour le
décrier. Le plus acharné de tous fut . un certain Marcel Squardalupi ^ Socinjen
comme lui, qui, après avoir prouvé qu'il étoit fucceflivement paliè de la Religion
Catholique aux Sedes de Calvin, de Luther & de Soc'n, le fait retourner à
l'Eglife Romaine , en le peignant comme un homme conftamment athée. Simoni
eft non feulement chargé de ces griefs dans la latyre que Squurcialupi lança con-
tre lui, mais il eft encore mai-mené fur beaucoup d'autres points, Pcut-êire avoit il
ému la bile de Ion advcrlaire par fon efprit inquiet & turbulent, ainfi que par
les Ecrits qu'il ne celibit de publier contre les Auteurs de Ion tems. Comme fa
plume étoit féconde , les Médecins ne furent point à fabri de fa critique ; on
trouve plufieurs Ouvrages mis au jour contre eux, dans la notice fuivante:
Commentarius in Anjtotelis de fenfu & fcnfibili. I566 , in folio.
ylnti,-Sciiegkidnorum Liber unus^in quo ad objecta Schegkii refpondaur. Bafilea ^ le^jo ^
ia-'ô. Il pafle en revue les erreurs dont, il accufe ce Médecin au lujet de la c<tule
s I I^I û-g
des fièvres putrides , & il prétend qu'il les a multipliées , en foutenant le rentiment
de Galicn.
De partibus anlmallum proprîè vocatîs folidis , atque oblter de prima fœtus conformanone.
IJpJits , 1574, m-4. C'eft une Thefe Académique.
/-^era & indubitata ratio periodorum , necnon continuationci , intermijfionisque febrîum
humoralium. Ibidem^ j^^^^in-^.
. ^rtifidofa curanda peftis metkodus duobiis Libris comprehenfa. Jbldem , 1576 , fn-4.
Synop^s brevijjîma nova Theoria de humoralium fchrium naturâ , peiiodis , ftgnis &
curatlone. Ibidem^ 1577 , fn-8. Bajîlece, 1580, in-8. Il y examine les fentimens de
Bruno SddcUus fur la nature des fièvres humorales.
Mifcellanea Medica. Lugduni , 1578 , in-4.
Difputaiio de putredine. Cracovia^ 1584 ,^«-4. Cet Ecrit a encore bien l'air d'une
Thefe.
Sîmonlus fupplex ad Marcellum Camillum triumpJiantem. Ibidem , 1585 , in-^. C'eft
S.qaarcialupl qu'il attaque & qu'il ne ménage point.
Refponfum de obitu Stephani , Polonorum Régis. Olmutii , 1580, in-^. 11 le défend
contre Nicolas Buccdla qui avoit critiqué fon mémoire fur la mort d'Etienne Bato-
ri , publié fous Je titre de Stcphani I , Polonorum Régis , faniias , vita Medica , <egr/-
tudo^ mors,
Scopte quibus verriiur confutatio quam ^dvocati Nicolai Buccells pojîremà cmifcrunt.
Ibidem , 1589 «.4.
SIMPSON , ( Thomas ) Profefleur de Médecine & d'Anatomie dans l'Univer-
lité de Saint André en Ecofib , s'eft diftingué dans ce liecle , tant par les Mémoires
qu'il a communiqués à la Société d'Edimbourg , dont il étoit ISÎembre , que par
les Ouvrages qu'il a donnés lui-même au public. On peut voir fes Mémoires & fcs
Obfervations dans les Efiais d'Edimbourg publiés par Demours; il y en a dans
prefque tous les volumes. Quant à fes Traités particuliers , ils fe réduifent aux
fuivans.
De Re Medica DiJJ'crtationes quatuor. Edimburgi^ 1726, iV8. 11 s'étend fur les dé-
fauts qu'on remarque dans la Matière Médicale , & fe récrie fur l'abus des compo.
fitions & des formules , où les remèdes fimples font entafles les uns fur les autres.
Comme les anciens Médecins ne jugeoient de la vertu des médicamens que d'après
l'expérience, il fait des vœux pour qu'on s'y rapporte encore aujourd'hui: s'appli-
quer à bien connoître la maladie , s'allurer par l'obfervation des effets des remèdes
qu'on emploie dans le traitement , c'eft , félon lui , le feul & vrai moyen de ré-
duire la Matière Médicale à un petit nombre de médicamens certains.
Syftem of tke wrombe. Edimbourg, 1729, C'eft un Syftême fur la menfiruation.
L'Auteur l'établit fur les fmus de la Matrice qui ne reçoivent point de fang dans
le bas âge.
yjn inquiry how far the vital and animal allons of the more perfe^ animais can be
accounted for indepeadent of the brain. Edimbourg, 1742, //i-8. Cet Ouvrage eft
diviié en cinq articles. Le premier traite du mouvement mufculaire ; & fuivant
l'Auteur , c'eft de l'irritabilité du mufcle qu'il faut déduire les principales caufes de
a8o S 1 N S I T
fon mouvement. Dans les autres articles , il s'agit de la circulation du fang , de
l'analyfe de cette liqueur , des fécrétions en général , du cerveau & des organes
des fens.
SINAPIUS, fjean ) Médecin natif de Schweinfurt, fut en réputation vers le
milieu du XVI iiecie. Sa profoa'.le érudiiion en tous genres de Littérature le fit
rechercher par plufieurs Princes, en particulier, par Hercule d'Efth , Duc de Fer-
rare, qui l'ai-ipella à fa Cour & le donna pour précepteur à la Princefle Ame',
la iille, en même tems qu'il le nomma Médecin de la Duchelî'e, Ion époufe. Mais
PEvéque de Wurtzbourg détermina- Sinapius à quitter l'Italie , en lui préfentant
d'entrer à fon fervlce, II vint en eHet fe fixer dans cette ville Epifcopale , & il y
finit les jours en 1561. On ne connoît rien de lui qu'une ïradudion Latine du
7'ra^opodagra de Lucien.
Les Bibliographes parlent encore de Michel-Louis Sinapius , noble Hongrois ,
dont le nom Allemand étoit Scnf. Il ie fit recevoir Dod\eur en Ph;lofophie & en
Médecine -, & s'aflicha , après le milieu du XVII fiecle , par la hardiefie à débiter
des paradoxes. Prelque toujours d'une opinion contraire à celle des Anciens, il fe
fait une fête de les décrier ; il r'a.iopte guère davantage les fentimens des Mo-
dernes, fur tout à l'égard de l'hiitoire des maladies. Ses Ecrits, dont le ftyle eft
vif & mordant , ont paru Ibus ces titres :
uibfdrda ver a , five, paradoxa Mcdica , occafîone controverjîarum qu<s Neotericis cum
Galenlcis intercédant. F'arfovlie , 1693 , tn-8. Genev£ , 1697 , in-8.
Tructatus de remédia doloris , Jïve , materiâ anudynorum , necnon Opii causa crîminali
in Foro Medlco. Amftelodami^ 1699, «-8. Il fait le procès à V Opium ; mais après en
avoir examiné les vertus, l'uiage & les abus, il lui donne gain de caufe , fous
certaines reftridiions.
SIN IB ALDUS ( Jean-Benoit ) enfeigna la Médecine à Rome, & mourut
dans cette ville en 1658. On a quelques Ouvrages de fa façon :
Gencanthropeia , five , de hominis generatione Decatheucon. Roma, 164a, in-folio. Il
s'eft attaché , dans le plus grand détail , à tout ce qui a rapport au myftere de
la génération. L'édition de Francfort de 1669 , in-4 , comprend YHiJloria Foaùs
Mujjipontani.
Hippocratis ^ntipkonon Libri V. Rome , T650 , jn-4.
George Matthiai cite encore Jacques Sinibaldus qu'il met parmi les Médecins
Italiens qui ont vécu après le milieu du XVII fiecle. Portai dit q'j'il naquit à
Rome & profefTa la Médecine dans le Collège de la Sapience; & l'un & l'autre
lui attribuent un Ouvrage intitulé: ylpollo Btfrons , qui fut imprimé à Rome en
i6qo in-4- ^î'eft une colleaion de Thefes en Latin & en Italien. Mais la Biblio-
thèque Romaine de Profper Mandofius met encore fous fon nom un Difcours
qui roule lur l'abus des véficaloires & qui porte en titre:
Deir abufo di vejjicatorii difcorfo.
SITONUS ( Jean-Baptifte ) étoit Ecoflois d'origine. Il vint au monde à Mi-
Âan le 7 Juin 1605 , & dès qu'il fut en âge , il fe rendit à Pavie , où il étudia
la
s ïi E SKI aSt
ïa Médecine & prit ]e bonnet de Do£lear en cette Science le 19 Juin i6a8.
Après fa promotion , il s'emprefla de revenir à Milan pour y profiter des
lumières de Louis Smala , célèbre Praticien de cette ville. Il y pratiqua en-
fuite lui-même avec beaucoup de léputation , & il y mourut chargé d'hon-
.fleurs & de mérites le 8 Oftobre 1681 , à l'âge de f6 ans. On a de lui un
Ouvrage intitulé:
Jatrofophles Mifullanea , five , Sapientia Medica. Patav'ù , 1641 , Jn-8. Einfîdl<£ ,
1649, '''«•■4> avec beaucoup d'augmentations, ^rgendnts , i6f o , in.8. Colonise ^4grip-
pifKe , 1676, i/i'4. On lui attribue aufli une Oiirertation qui a paru lans indication
du lieu ni de l'année de l'imprelïïon , fous ce titre : Portas fextô menfe natus , &
al'foluté quicumque ante feptimam menfein nafcitur ^ diutiùs vivere^ tiaturalibus functionibus
fungi^ & incvlpatâ frui valetudlne non valet.
Sébafticn Sitonus , fils du précédent , fut reçu Dodleur en Médecine à Pavie
*^° ^^53 1 & fe fit connoître , dès l'an 1656 , par une de ces queftions inutiles qui
occupoient beaucoup les Médecins de Ion teras. 11 publia une Difleriation fur
l'importance de faire la faignée au bras & direfte à la fraflure de la han-
che, Sébajlien mourut à l'Uge de 30 ans , & laiffa un fils , nommé Nicolas ,
qui fut aggrégé au Collège des Médecins de Milan en 1698. On met fa mort
en ifof.
Je ne fais fi Jérôme Sitonus^ dont parle Matthias^ eft de la même famille. II
pourroit être père de Jean-Baptifie ; rien au moins n'y eft contraire pour le tcms,
car il naquit à Milan le <ii Novembre 1561 , fit la Médecine dans cette ville , oè
il mourut'le i Août 1630.
SKEKIUS. Voyez SCHEGKIUS.
SKINNER , ( Etienne ) de Londres ou de la Province de Midlefex , dont
cette ville eft la Capitale , vit le jour vers l'an 1622 dans une famille noble.
Il étudioit en 1638 dans le Collège de Chrift à Oxford , lorfque les guerres ci-
viles qui défoloient fa patrie , l'obligèrent à chercher au delà de la mer un en-
droit plus calme & plus propre, aux Mules , qui s'effraient toujours au bruit des
armes. Il continua fes études dans quelque Univerfité étrangère , & à fon re-
tour en Angleterre , il prit le degré de Maître-ès«Arts à Oxford le 10 Novem-
bre 1646. La noblefle de fon extradion ne fut point chez lui une raifon de défifter
du goût qui le portoit vers l'étude de la Médecine. L'efprit national étoit favora-
ble à fon deflein ; car telle eft la façon de penfer des Anglois , qu'ils croient que
l'exercice de la Médecine eft non' feulement une Profeffion compatible avec
la Nobleffe , mais qu'elle honore même le Gentilhomme qui s'en acquitte
bien. Plein du defir de fe perfe6>ionner , Skînner entreprit de voyager ; il s'ar-
rêta dans les Univerfités les plus célèbres , & vint enfin prendre k bonnet de
Dofteur à Heidelberg. A fon retour en Angleterre , il fe fit incorporer à Oxford
le 26 Mai 1654, & pafla bientôt après à Lincoln, où il pratiqua svec beaucoup
de fuccès & mourut le 5 Septembre 1667.
Ce Médecin excella dans la connoifiUnce des Langues Orientales , & plus fupé^
T O M E JK Nb
iSâ s K K s L E
rieurement encore dans celle de la l>angue Grecque. On peut même dire que fon
favoir fut univerfel , car les contemporains le regardèrent comme une Bibliothè-
que vivante. Il a laifl'é un Traité étymologique de la Langue Angloife , qui fut
imprimé à Londres en i6fi, in-folio.
SKKETA DE ZAVORZTZ, f Henri ^ Médecin natif de Schaffoufe , étoit
Membre de l'Académie Impérisle des Curiei^x de la Nature , fous le nom
de Mcandre. 11 avoit pris le bonnet à Heidelberg en 1670, mais il n'avoit pas
tardé à retourner dans fa patrie , où il fit la Médecine avec affèz de ré-
putation , pour être regreté à fa mort arrivée le 6 Août 1689. On n'a riea
de lui que des Ouvrages en Allemand fur la pefte , fur les fièvres malignes &
peftilcntielles.
SLEGEL ( Paul-VT-irquard ) vint au monde à Hambourg en 1605. Il aima
* voyager , mais ce fut en vue de fe perfeftionner dans toutes les parties de
h. Médecine. A cet effet , il parcourut l'Allemagne , la France , la Hollande , l'An-
gleterre, l'Italie , & vint terminer l'es couries laborieules it Jene , où il prit le
bonnet de Dodeur. En 1638 , il fut nommé ProfelTeur de Botanique & Direc-
teur du JarJin de l'Univerlité de cette ville, & peu de tems après , Médecia
de Guillaume III , Duc de Saxe-Weimar. Mais ces avantages ne purent contre-
balancer la force de l'amour de la patrie, qui le rappelloit à Hambourg ; il y
revint en 1642 pour remplir la charge de premier Phyficien ou Médecin Pen»
fionnairc. Satisfait d'avoir obtenu cet emploi , il n'eut d'autre ambition que de
s'acquitter des devoirs qu'il lui impofoit,- & comme il le fit avec tout le zèle &
la prudence poflible , il mérita l'eftime de fes concitoyens & l'emporta dans le
fombeau le 20 Février 1653.
Ce Médecin fut un des plus zélés partifans de Guillaume Harvée. Il pouffa les
j^^reuves de la circulation du fang jufqu'au dernier degré d'évidence , & pour
convaincre fes contemporains qui réfiftoient à la vérité de cette découverte , il mit
au jour l'Ouvrage luivant.*
De fanguinls mota Commentatlo , in qua pracipuè injoannis Riolani fententtam îaquîrl-
tur. Hamburgi, 1650, i/1-4. C'efl l'opinion de Riolati fur les ulages de la veine-Por-
te , qu'il attaque dans cet Ecrit.
Jean Slegel, fon fils, fut Médecin de la ville d'Hambourg , fa patrie , où
H mourut en 16^6, La pièce que Lipenius lui attribue , n'eft qu'une Thefe
Académique.
SLEVOIGT, C Jean-Adrien ) fils de Paul, Profeffeur de Philofophie à Jene,
naquit dans cette ville en 1653. Il étudia en différentes Univerfités , mais prin-
cipalement dans celle de Jene, où il fuivit les leçons de Kraufs , de fVedeî & de
Fafch , Profeffeurs de la Faculté de ?/Iédecine. Les progrès qu'il fit à leur Ecole,
lui méritèrent les honneurs du Dodorat en 1681. Comme Slevoigt étoit déjà au fait
de la Pratique , il ne tarda point à fe faire une réputation brillante par fes fuc-
«ès ; elle fut même telle , que les Magiftratï de fa ville natale ne balancèrent
joint de le nommer à Temploi de Médecin Provincial. Il en fît les fondions jut-
s L O ^33
«^u'en 1695 ; mais îl abdiqua pendant le cours de cette snnêe , parce qu'il venoit
d'être reçu au nombre des Profbneurs de la Faculté de Jene , où il remplit ,
dans le même tems , les Chaires d'Anatomie , de Chirurgie & de Botanique. En
1722, il paira à celles de Pratique & de Chymie , qu'il garda jurqu'à fa mort arri-
vée le 26 Août 1726. Ce Médecin n'a écrit aucun Ouvrage de grande étendue ;
tout ce qu'on a de lui fe borne à quelques Difiertations , en forme de Thefes ,
fur des lujets d'Anatomie , de Botanique , de Chirurgie & de Pratique. Elles
font en grand nombre, & il y en a plufieurs qui roulent fur des matières fort
intére fiantes. Mais comme Slevolgt étoit encore Accoucheur , il n'a pas oublié de
traiter, dans fes Diiiertations Académiques, des cas les plus importans qu'il
avoir rencontrés dans fa pratique chez les femmes en travail ou nouvelle-
ment délivrées.
SLOANNE,( Le Chevalier Hans ou Jean J l'un des plus favans Médecins
& des plus habiles Phyiiciens du XVIII ficelé, étoit de Killileah dans le Comté
de Down en Irlande , où il naquit de parens Ecofïbis le 16 Avril 1660. Dès l'âge
de feize ans , il avoir fait des progrès confidérables dans i'HiOtoire Naturelle &
dans la Phyfique. 11 étudia enfuite la Chymie à Cambridge , lous Scaffbrd , favant
élevé du célèbre Scahl , & il s'acquit l'eftiroe de Ray & de £uiU qui fe tirent
un vrai plaiGr de lui communiquer leurs connoiflances. En 1683 , il pafia en
France & s'y perfedionna fous Touraefon, Du f^erney & Léimry ; il tit voir à
ce dernier quatre efpeces de Phofphores , dont il avoit parlé dan» fon Livre fans
les avoir jamais vus , tout habile Chymifte qu'il étoit. Huns ^Sluanne profita de
fon féjour en France pour fe faire recevoir Dodieur en Médecine ; ce fut à
Orange qu'il prit le bonnet.
D'abord à fon retour en Angleterre , il gagna l'eftime du célèbre Sydcnham qui
prit plailir à le pouJTer dans la Médecine. En 1685, '^ Société Royale de Lon-
dres faggrégea à fon Corps , & deux ans après , il fut reçu dans le Collège des
Médecins de la même ville. Mais le Duc d'Albermale ayant été nommé Vice-
Roi de la Jamaïque en 1687, Hans SloanneVy fuivit en qualité de fon Médecin.
Ce voyage s'accordoit parfaitement avec le goût qui le dominoit ; aufïî en profita-
t.il pour mulriplier fes connoilfances. 11 vilita la plupart des Ides Caraïbe», & fit
une recherche exade des plantes, des poiilbns , des oifeaux, des infeétcs & des
autres objets d'Hiiioire Naturelle qui fe trouvent dans ces ifles & dans celles de
la Jamaïque. Après la mort du Duc d'Albermale, il revint à Londres en 1C88 ,
rapportant avec lui environ 800 plantes curieufes.
Il avoit déjà communiqué quantité de Mémoires à la Société Royale, lorfqu'il
en devint Secrétaire en 1693. La place importante de Médecin de l'Hôpital de
Chrift vint à vaquer en 1695, & on la lui donna. Il la remplit pendant trente-
fix ans avec un defintéreffement & une générofité qui ont peu d'exemples; il re-
cevoir fes appointemens , en donnoit quittance , & les rendoit fur le champ , pour
être employés au belbin des pauvres. C'eft en leur faveur qu'il établit le D/fpen-
faiûire de Londres; endroit public, où ils ne paient que la va! ur iorrinfemie des
drogues qui entrent dans les remèdes qu'ils y achetet:t. Mais ce Médecin ne fe
contenta pas d'être utile aux pauvres, il voulut l'être aux Savans. Il publia le
Catalogue des plantes de la Jamaïque , fous ce titre ;
i84 S L O
Catalogus plantaium qua in infula Jamaicafponiè proveniunt veî vulgo colantur ^ cum-
earum fynotiimis & locis natalibus ; aJjtciis aliis quibufdain qu(e In. infulis Madera î-
Barbadoi, Nevcs & S. Chrijîophori najcuntur , feu Frodromus Hifiorite Naturalisjamaïctc^
Pars prima. Londini , 1696, /n-8.
Son nom déjà célèbre fc répandit davantage dans les pays étrangers, dès que'
cet Ouvrage y tut parvenu. Dift'érentes Académies le mirent au nombre de leurs^
Membres j telles Ibnt celles de Pétersbourg , de Berlin, de Madrid & de Got-
tingue ; mais fon aggrégation date des tems plus ou moins éloignés les uns de*
autres. Ce fut en 1708 que l'Académie des Sciences de Paris le nomma Ion anbcié..
11 fcntit tout le prix de cet honneur i il fut cependant plus fenlible à celui que
lui fit la Société Royale de Londres , en le choiiiflant Vice-Préiident l'an 1712,
Sloanne s'étoit fait incorporer à Oxford en 1701 , pour fe conformer à la pra-
tique d'ufage parmi ceux qui ont pris leurs degrés dans les Univeriités étrangères
?A qui veulent exercer à Londres. En ifiô, le Roi George I le nomma Cheva-
lier Baronet & Médecin général de fes Armées. En 1719 , il fut élu Préfident du-
Collège des Médecins, & ne quitta cette place en 1735, qu'après avoir fait dey
préfens confidérables à cette lavante Compagnie. Le Corps des Apothicaires de-
la Capitale, qui dès l'an 1673 avoit formé un jardin ipacieux à Chelfea fur un
fonds appartenant à Sioanm , reçut audi des marques de fa générolité. Il rendit
cet établiiTement plus lolide en 1723, par le don qu'il fit aux Apothicaires du ter-
rein , fous la feule condition de préfenter annuellement 50 plantes defféchées à
la Société Royale qui en meuble fon Cabinet de curiofités.
En 1727 , le Roi George II le choifit pour fon premier Médecin, & la Société
Royale pour fon Préfident, ù la place de l'illuftre Newton. Il remplit ces portes
importans jufqu'en 1740, qu'étant parvenu à r-âge de 80 ans , il prit le parti de
fe retirer à fa Terre de Chelfea , où il s'occupa le refte de fa vie à répondre à
ceux qui venoient le confulter, & à publier ries remèdes utiles, C'eft à lui qu'on
doit la poudre contre la rage , connue fous le nom de Pulvis ann-lyjfus , & cette
recette très-elficace contre les maladies des yeux , qu'il fit connoître dans un Ou-
vrage imprimé fous ce titre :
v/n account of a mojl efficacious médecine for firenefs, %feaknefs and other diftempers
ofthe eyes. Londres, 1745, in-4. Ce remède confille dans le mélange de la graiffe
de vipère avec les fines perles, l'Aloë , la Tuthie & la pierre Hématite. 11 y a
une Traduflion Françoife de ce Traité, dont l'édition eft de Paris, 1746, m-i3.
Ce Médecin mourut dans fa Terre de Chelfea le 11 de Janvier 1753, à l'âge
de 92 ans accomplis. Il étoit grand & bien fait. Ses manières étoient aifées & li-
bres, fa converfation gaie, familière & obligeante. Rien n'égaloit fon affabilité
envers les étrangers; on le trouvoit toujours prêt à faire voir fon Cabinet, pourvu,
qu'on l'eût averti à tems. Il tenoit, un jour la femaine , table ouverte pour
les perfonnes de diftinftion , & fur-tout pour ceux de fes confrères de la Société
Royale qui vouloient y venir. Quand il fe trouvoit quelque Livre double dans
la Bibliothèque , il Tenvoyoit foigneufement au Collège des Médecins fi c'étoit
un Livre de Médecine; ou à la Bibliothèque du Chevalier Bodley à Oxford, s'il;
traitoit d'autres matières. Il croyoit par ce moyen 1«$ confacrer à l'utilité publiq^e,.
s M E 28^
Lorlqu'il étoit appelle auprès des malades , rien n'étoit égal à l'attention avec la-
quelle il oblervoit ji:f^u'ai}x moindres lymptomes de la maladie. C'étoit ainfi qu'il
& œettoit en état d'en porter un pronoftic ii sûr , que fes décifions étoient des
efpsces d'oracles. A l'ouverture des cadavres de ceux qui mouroient , on trou-
voit prefque toujours la caule de mort qu'il avoit indiquée. On lui doit de l'o-
bligation au lujct du Quinquina , dont il a étendu l'ufage à un grand nombre de
maladies , fur-tout aux afi'eClions ncrveui'es , aux gangrenés qui^^roviennent de
caule interne, & aux hémorrhagie?. 11 s'en étoit ibuvent iervi lui-même dans les
attaques de crachement de fang auxquelles il étoit fujet.
La célébrité dont Sloanm a joui pendant le cours d'une vie longue , n'eft
due qu'à la fupériorité de fes talens. Tout ce qu'il a fait pour le bien de l'hu-
manité & l'avancement des Sciences , lui a non feulement mérité la plus haute
confidération de la part de fes contemporains , mais encore la reconnoiflance
de. la poftérité. La Relation de fes voyages aux Ifles de Madère , aux Bar-
bades , Saint Cbriflophe & la Jamaïque, avec l'Hiftoire Naturelle de ces Ifles,
mérite en particulier la reconnoiflance des Anglois. Il s'eft fort étendu Icr les
plantes qu'il a difpofées fuivant lu méthode de Ray ; mais il ne s'elt point borné
à en donner les propriétés par rapport à la Médecine, iraauffi parlé des ufa-
ges économiques qui peuvent les rendre précieufes au commerce. Cet Ouvrage in-
téreflant a paru fous ce titre :
A voyage to the /flands Madera , Barbados , Kevci , S. Chrijlophers and Jamaïca
whh the. nataral hifiory of the herbs and trees , four footed beafis , fishes , birds ^ infects
reptiles Se of the lajl of thefe Iflaads. Londres, 1^07 , deux Tomes In-folio ^ avec
figures.
La Bibliothèque de ce Médecin étoit d'environ cinquante mille volumes , dont
347 d'eftampes colorées avec le plus grand foin, 3516 Manufcrits, & un nom-
bre confidérable de Livres rares & précieux. Le Catalogue de fon Cabinet de
euriolités , qui eft en trois volumes in-folio & en huit /n-4 , contient 69-;;2 arti>
clés , avec une courte def:ript!on de chaque pièce ; c'eft la plus riche coîledion
en ce genre qu'aucun particulier a't peut-être jamais eue. Mais comme il fouhai-
toit que ce Tréfor deftiné , félon fes propres termes , à avancer la gloire de Dieu,
6? le bien des hommes^ ne fût pas didîpé après fa mort , & que cependant il ne
vouloit pas priver lès enfans d'une partie fi confidérable de fa fuccelEon , il le
laHTa par fon teftament à h Nation Angloife , en exigeant qu'on en p^yàt
vingt mille livres flerlings à fa famille ; ce qui ne fait qu'une petite partie de
la valeur de fon Cabinet. Le Parlement a accepté le legs & en a rempli les
conditions.
Shanne avoit époufé la fille de Jean Langloy , Alderman de Londres , dont
il a laiffé deux filles mariées avantageufement.
SMELLIE , ( Guillaume^ Médecin & célèbre Accoucheur de Londres, s'etl
diilingué dans cette ville avant le milieu de ce fiecle. Il y avoit déjà long-tcms
qu'il pratiquoit l'Art des Accouchemens à la campagne , lorfqu'il prit la rélbiu-
tion de s'établir dans la Capitale; en dbî ans, il y fit plus de deux cens quatre-
vingt Cours pour l'inftruaioQ des Elevés & des Sages-femmes , & donna d'ailleurs..
285 S M E
tant de preuves de fes talens dans l'exercice de Ton Art , qu'il ne tarda pas à
être un des Praticien^ de Londres les plus recherchés. Mais la réputation ne fut
pas concentrée dans i'a patrie ; il l'étendit au delà des mers par les Ouvrages
qu'il publia lous ces titres :
Midii'lfry. Londres, 1754, in-8. En François par M. de PrevUh , Paris , i;^54,
même format , avec le fecret de Roonhuijcn dans l'Art d'accoucher , traduit du
Hollandois. Ce Traité eft précédé de l'Hiftoire des Accouchemens par ordre
chronologique , & d'un extrait de ce que les Auteurs ont écrit tur cette par-
tie iotértHante de la Chirurgie. L'Auteur donne le manuel du Forceps de foa
invention.
Cafzi in Mliwïfry. Londres , 1754 , 1764 , //1-8. En François par rfe Prevîlle , Paris ,
'756, 1765, ift-8. C'ed uu Recueil d'Oblervations.
^ fet of anatomical tables for M'idwifry. Londres , 1754 , in-fulio. Nuremberg ,
'757' in-folio^ avec les difcours en Allemand. Ces Planches font au nombre de
trente-neuf. Les vingt-deux premières ont été deflinées par M. Rymodyke , les douze
luivantes par M. Camper, & les cinq dernières par le même Rymodyke.
On a publié à Paris tous les Ouvrages de S-nellie en 1771 , quatre volumes
ïn-8 , avec figures , fous le titre de Traité de la Tliéorie & Pratique des ^Jccouchemens ,
traduit de l'Anglois par M. de Preville.
SMENGA, C Pierre^ de la Province de Frife , enfeigna la Langue Grecque
à Louvain pendant huit ans. Il prit le bonnet de Uodleur en Médecine dans les
Ecoles de cette ville, le 19 Odlobre 1578, fous la prélidence de Jean Kautur Fï-
rin^us , & fut nommé Profefieur Royal l'année fuivante, à la place de Corneille
Gemma. Cet homme a vieilli dans les exercices académiques ; car on dit qu'il étoit
dans la foixante-douzieme année de fon Uocl:orat , lorfqii'il mourut à Louvain le
^ de Mars 1650 , âgé de plus de 90. Apparemment qu'il s'y étoit pris de bonne
heure , puifqu'il doit avoir été reçu Dodleur à vingt ans au plus tard , pour
donner un air de vérité aux époques qu'on vient de rapporter d'après Foppens.
L'Hiftoire des Hommes de Lettres nés dans la Frife , attribue quelques Ouvra-
ges à Sinenga ^ comme ^nnmationes in Galenum j Emeudationam. ChiUadte: mais oa
' doute qu'ils aieot été imprimés .
SMET C Henri J naquit à Aloft en Flandre le 29 Juin 1537. A l'Uge de trois
■ans , il perdit fon père qui étoit Médecin de la même ville ; mais ce malheur ne
changea rien au projet que fes parens avoient formé de le pouffer dans les études.
Dès l'enfance même , il étoit arrivé à Smet de iaiiler échapper quelques étincelles
de génie qui annonçoient ce qu'il pouvoit devenir un jour; aulîi fa raere ne man-
qua pas de profiter de ces heureuils dilpolitions , & de l'encourager pendant le
cours des Humanités qu'elle lui fit entreprendre , d'abord qu'il fut en âge de fe
livrer à l'application que les Maîtres ont tant de droit d'exiger de leurs écoliers.
Notre- jeune homme iurpafîh leur attente; car à peine étoit-il parvenu à fa quin-
zième année, qu'il avoit déjà mis en Latin la Batrochomyachie d'Homcre ^ l'Hif-
toire de Sufiinne ôi les paroles mémorables de Pytha^ore. De pareils elikis firent voir
combien il etoit propre à l'étude des Sciences fupériturrs. On l'envoya ù Louvain,
s M E S M I 28?
où n commença fon cours de Médecine qu'il alia continuer à Bologne, & qu'il y
finit par la prife du bonnet de Dofteur en 1561 , à l'âge de 24 an«. A fon retour
en Flandre, il époufa Jeanne Corput , avec laquelle il demeura à Anvers pendant fix
ans; mais le Calvinilme qu'il profellbit , l'ayant obligé de quitter les Pay5-Bas,il fe
retira en Allemagne & s'arrêta d'abord à Lemgow, où il iervit le Comte de la.
Lippe pendant fept ans, en qualité de Médecin. Delà il pafia à Heideîberg Ôc
fut attaché pendant deux ans, en la même qualité , à Frédéric IIl,EledK'ur Pala-
tin. Après la mort de ce Prince, arrivée en 1576, il fe rendit à Franckenthal , &
puis à Neufiadt au Palatinat du Rhin , où il eniéigna pendant iept ans. Mais ayant
trouvé à le placer dans l'Univerfité d'Heidelberg , il retourna dans cette ville ea
1585 , & ne s'occupa plus que de la Chaire & de la Pratique de la Médecine pen-
dant le refte de fa vie. Il la termina le 15 Mars 1614 , à l'ûge de 77 ans. On
mit cette épitaphe fur Ion tombeau :
AUREA MeDIOCRITAS.
Henricus Smetius a Leda
Natus Alofli XXIX Junll , annô MDXXXVil.
Per annos XLII Palatinaïui,
Qui in Aula , quà in Academîa ,
Mcdiclnam faciens , docens :
Joann/e CoRPUTiiE Conjugi fuavijpm^e ,
Et JoANNiE SmetijE FHia charijfimte
Jano Grutero vix biennium nupue ;
Necnon ElizabethjE Corputi.» ,
Francisci Junii Theologi U^ori ,
Matronis caftis , modejlïs , piis , bic pojîtis ,
Jn fpem vitts ccdejlis appojîtus qukfcit.
DefunSus XV Martii , annô Cbrijîi MDCXIV.
Henri Smet a publié quelques Ouvrages en vers Latins , mais on ne connoît rien
de lui fur la Médecine , que le Traité fuivant :
Mifcellunea Medlca in Libros duodecim digefta. Francofard , 1611 , inS. Le douziè-
me Livre a pour objet de démontrer le ftux de la plupart des cures attribuées
à Paracelfe.
SMEUR, C Jacques J DoéVeur en Médecine né à Ziriczée en Zélande , vécut
vers la fin du dernier fiecle. 11 a écrit un Ouvrage , en Flamand , qui fut imprimé
à Middelbourg en 1685, in-i2 , dont le titre peut fe rendre par celui-ci: Traité
des Fièvres , où routes les d'fferentes efpeces de ces maladies font dljUnguées & carad'é'
rifées par leurs phénomènes.
SMITH. Parmi le grand nombre des Médecins de ce nom, on remarque le»
fuivans.
Samuel Smith du Comté de Lincoln , où il naquit dans une famille noble ^ fut
^83 S N E
Teçu Bachelier en Médecine à Oxford le 17 Avril 1620. Il étoit Procurateur de
î'Univerlité de cette ville , lorfqu'il mourut à l'âge de 33 ans , emportant avec lui
Ja réputation d'un grand Philofophe.
Richard Smith j Maître-ès-Arts de l'Univerilté d'Oxford , -fut reçu Dofteur en
JMédecine à Utrecht au n-:ois de Janvier 1675. ^ '°" retour en Angleterre il fe
ifit incorporer à Oxford le 25 Juin 1678 , & devint enluitc un des Membres les
plus diftingués du Collège Royal de Londres.
François Smith , Maître-ès-Afts , obtint le Baccalauréat dans la Faculté de Mé-
<lecine d'Oxford en 1680. Le ai Mai de Pannée fuivante, on le nomma à la
■charge de Principal du Collège de la Magdclaine de la môme ville , mais il n'en
prit point poffeflîon , parce que le Chancelier avoit trouvé bon d'y faire paiTer une
autre perlbnne. Le 5 Juillet 16S9 , il reçut le bonnet de Dofieur en Médecine à
O:;ford,& peu de tems après ia promotion, Guillaume lîl le déclara Médecin
de Ion Armée en Ecofle. Smith mourut dans ce Royaume au commencement de
Juin 1691.
On ne connoît aucun Ouvrage de leur façon ;raais les Bibliographes parlent d'un
Anglois comme Smith, i\m a publié , au commencement de ce fiecle , un Traité iur
les vertus médicinales de l'eau commune. La manière , dont il a écrit , fait afîez
appercevoir qu'il n'étoit pas Médecin; fon Livre n'eft cependant point à raépri-
l'er , tant parce qu'il a recueilli, avec foin, tout ce qu'il a pu trouver fur cette
matière dans les Médecins de fa nation , que par la raifon qu'il rapporte pluiîeurs
expériences faites fur lui même. Ce Traité a été mis en FrançoU par Naguc:^^, avec
différentes autres pièces fur le même i'ujet. L'édition eil de Paris, 1730, deux
x'olumes in- 12.
SNELL .'C Rodolphe^ naquit en 1547 à Oudewater , petite ville des Pro.
vJnces-Unies dans la Hollande. Il étudia à Cologne , à Heidelbcrg ,à Marpurg,
à Pife , à Rome , & par- tout il fit fa principale occupation de l'étude des
Langues Latine , Grecque & Hébraïque , ou de la Médecine. II n'a cepeaiant
laifle aucun Ouvrage fur cette Science ; car il s'efi: borné à écrire fur la Phi-
îolophie , la Rhétorique , l'Arithmétique & la Géométrie. Il enfeigna la Langue
Hébraïque & les Mathématiques à Leyde pendant trente-quatre ans , & il étoit
parvenu à l'âge de 66, lorfqu'il mourut le 1 Mars 1613. On tranfporta fon corps
iians fa ville natale, où il fut enterré honorablement. Son tombeau eft chargé de
cette Epitaphe : ,,-.„, .^ .
Pite Mcmoriie Fin Clanjjimi
RuDOLPHi Snellu a Roven
Patricii Fréter aqulnatls ,
Qui annô M. D. XLVIl , V Oclobris natus eft.
Juventuis partem
Docendis Marpurgi in HaJJta Litteris & u4rtlbus
Cum laude exerçait :
JEtatem reliquam in j^cademia Leydenft ,
Tùm Mathefeos , tùm Hebraa Lingua profejjlone ,
s NO 29f
Cum cura , fidc & bono publico exegU :
Bis Re&orata honorificè fun&us ,
Jlluftr, duobus Maurltiis ,
Princlpî ^UTiaco & Lantgravio HaJfitC ,
Ob artium , quas amabant , pr^Jîantiam carus ,
Tandem Leyda , annô cetatis face 66 , i Manu ,
Deo (S? Nature concejjit.
Hàc patrla locô , ubi cornus humari ipfe volait ,
Monumentum quod Patri decreverat
FiLIUS WlLLEBRORDUS,
Paternte virtutis lucres atque decus ,
Ejufdem. Filius Rudolphus ^vo ponendum curavit.
Hier Leyt begraven
Rudolphus Snellius. van Royen
In lyn leven Profeflbr Mathel'eos
Inde Univerfiteit van Leyden :
Sterft den 2 Mart. Anno lôn.
'j-
Wilhbrod Sntll , dont il eft parlé dans cette Infcriptlon funèbre , luccéda à
fon pcre dans la Chaire des Mathématiques en 1613 , & mourut à Leyde en
1626 , âgé de 35 ans. Il eft Auteur de plufieurs Ouvrages fur la Marine &
fur les Monnoies qui prouvent beaucoup en faveur de fes talens , & qui font
lentir tout ce qu'il auroit pu faire , s'il étoit venu un demi fiecle plus tard.
SNOYUS, ("Reinier) Médecin, Philofophe & Hiftorien qu'Erafine de Roter-
^am a appelle quelque part , Alterun Litterarum Hollandicarum decus , étoit de
<îoude ou Ter-Oow , ville de la Hollande méridionale , où il naquit en 1477.
Il montra fi peu de dilpofition à profiter des inftrué^ions de Tes premiers Maî-
tres , que fon père affligé le mit chez un maréchal ferrant , pour elfayer fi
en le traitant durement dans ce métier , on ne pourroit pas lui infpirer quel-
que goût pour l'étude. Cet expédient réuflit ; car après avoir fait fon cours
d'Humanités dans fa patrie avec diftinftion , il commença celui de Philofophie
à Louvain , l'acheva , & pafla enfuite dans les Ecoles de Médecine de la môme
ville , d'où il fe rendit à Bologne pour y prendre le bonnet de Dodeur. A
fon retour d'Italie , il fe livra tout entier à la pratique de fon Art , il l'exerça
même avec tant de fuccès , qu'Adolphe de Bourgogne , Seigneur de Bevres
& de Ter-Veere , l'honora de fa confiance & de fon eftime , & lui ménagea
encore les bonnes grâces de Charles-Quint. Ce fut alors que Saoy fe fit connoître
fi av&ntageufement du côté de fes talens & fur-tout de fon éloquence , que cet
T 0 M E J P^. O o
2go S N O'
Empereur le chargea de certaines commiCIions auprès de Chrifiiern II , Roi de-
Dannemarc chailë de iès Etats , & de Jacques IV , Roi d'Ecolfe. A Ion retouf
à Goude , il fut nommé Echevin de cette ville ; mais tout propre qu'il eût
été aux afiaires , elles ne furent point long-tems de ion goût. Il leur préféra
l'étude des Belles.Lettres , dont il s'occupa dans fa patrie , où il vécut tran-
quillement dans le fein des Mufes & mourut le premier jour d'Août 15-^7 , dans
la foixantieme année de fon âge. L'étendue de fes connoifl'ances lui a mérité
l'éloge qu'on a fait de lui dans ce diflique .•
Hijloricus , Mcdicus , vates ; hxc fingula Snoyus ,
Unus liomo , paritcr mu nia fujlinuit.
Mais uilard d'Amflerdam a compofé une plus grande pièce en vers à fas
louange :
Ecqu'id ia omnigenis natarte dotibas ufquam ejl ,
Ingenii prcefcs , quidve Minerva paru ,
Ouod non ingénia Snoyus , ftudiôquc frequead
Prendit & abfolvit non fine judicio ?
Quidquid habent nitidi divina Poëniata cultàs ,
Exprimit hoc doctis undique carminibus.
Jnftar apis , variis ex Libris plurima carpfit ;
Melkus hic blandô manat ab ore liquor.
SciV'it inurbanum lepido fcponere diSo ,
Plufquam civili pneditus ingénia.
Reddere perfonte fcit convenientia cuique ,
Et quod jufiitits eft , reddere cuique fuum,
Omnia Rhetorici tenait pracepta nltoris ,
^firorum motus , commeminitque fitus.
Novit athlantiaci metiri pondus olympi ,
Quaque fub ambobus tendiiur ora polis.
Quidquid ab expertis Medicis aliquando repertum efî , , ^
In numérota habuit , fi quis habere potefi.
Nemo F^ir hoc meritô fuit expericntinr unô^
Et plures Medicâ nemo levavit ope.
Quidquid in Hifioricis facris , juxtaque profanls
Scriptum efi , excujjit , calluit , edocuit. .
^bdita Scripturts pénétrons myfleria facrts ,
Obfcurum verbis explicat omne tribus.
Ornandis ftudiis noms , natufque juvandli
Pauperibus , fummd quos fuvef obfequiô.
Latus mi femper vixit , fie latus obivit , .
Quoi benè confidit rfc bonime Dd. .
SOL îQt
Ut clnh & pulvh^ terrxquc eft redJita terra,
Jti cœlos rediit fplruus , andt vcnlt.
Snoy a donné plufieurs Ouvrages en proie & en vers. Parmi ceux du dernier
genre, on remarque les treize Livres De rébus Batavlcis qui font écrits avec élé-
gance, mais d'un fiyle afFedté. Quant à la Médecine, il n'a rien laifle qu'un Ma-
nufcrit fur la Pratique, & un Traité De uirte ^Ichymiflica , qu'on trouve avecfes
Ouvrages imprimés à Francfort en 1620, in-folio.
SOLANO , CFrançois ) Médecin natif de Lucques , Capitale delà Républi.
'que de ce nom en Italie, exerçoit au commencement de ce fiecle à Antequera , ville
d'Efpagne au Royaume de Grenade, Comme il avoit le génie obfcrvateur , il ne
négligea aucune occafion de mettre en œuvre un talent fi nécellaire à tous ceux
qui veulent fe diftinguer dans la cure des maladies. Il étudioit la Médecine à Gre-
nade , lorfqu'il fe mit à luivre Jofepli Pablo , Profefieur & Doyen de l'Univerfité
de cette ville; il vit régulièrement avec lui les malades de l'Hôpital Royal, de
celui de Saint Jean de Uieu & du Refuge , & il prêta la plus grande attention
à tout ce qui leur arrivoit, ipécialement aux modifications du pouls qui lui paroif»
foient les plus fingulieres. Il avoit Ibuvent obfervé \e pouls rebondijfant , ians trop favoir
ce qu'il en devoir augurer , & il lui prit la curiolité d'en demander la raifon au Docteur
Pablo. Celui-ci, qui étoit un homme d'un tempérament afféz violent, lui répondit
fort cruement de ne point s'arrêter à de pareilles bagatelles qui ne provenoient que
des vapeurs fuligineules du fang. Sulano lentit toute la futilité de cette réponie ,
mais il n'en comprit pas moins que fon Maître avoit tort de négliger une choie
qui lui paroiQbit de conféquence. Il fit donc de lui-même des oblérvations fur le
pouls , ainfi que fur ce qui arrivoit aux malades qui avoient eu tel ou tel pouls ;
& par l'étude exadte & fuivie qu'il continua pendant 31 ans, c'eft-à-dire , depuis
1707 jufqu'en 1738 , il parvint à prédire les événemens les plus critiques , fur le
feul fondement des différentes modifications qu'il remarquoit dans le battement des
artères au lit des malades. Charmé de fa découverte, il la crut d'une ailëz grande
conféquence pour en faire part au public dans un Ouvrage qui porte le titre de Lapis
Lydius ^polUnis. L'édition ell de Madrid, 1731 , in-folio. L'Auteur y parle de dif-
férentes efpeces de pouls qui fe réduifent au natal, à l'hépatique, le gaflri-
que , l'inttftinal ^ le rénal & le cutané , fur leiquels il prétend d'avoir porté un
pronoftic toujours sûr.
Cet Ouvrage étant tombé , en 1743 , entre les mains de Jacques Nlhell , Méde-
cin Irlacdois établi à Cadix , l'obfcunté qu'il y trouva lui fit prendre le parti d'al-
ler à Antequera , pour demander à l'Auteur les éclairciffemens dont il avoit be-
foin. Solano fe prêta obligeamment à la demande , & le rendit plufieurs fois témoin
de la juftefle des prédirions faites fuivant lés principes. Mais comme , depuis ce
tems-!à , il eft Ibuvent arrivé à Nihell de faire d'heurenfes applications de ces rè-
gles , il en a rendu compte au public dans un Recueil d'obfer valions qu'il a dédié
au Dudteur Méad , célèbre Médecin de Londres. Guillaume Noonvyk a tradjit ce
Recueil de l'Anglois en Latin , fous le titre de Nova 0bfirvati9n.cs circa variarum
crifium pradicîloncm ex pulfu : accédant Monita de natura crijlum. Le même Ouvrage a
ag2 SOL
paru en François, en 1748, de la traduftion de M. Lavirotte, Médecin des Fa-
cultés de Paris & de Montpellier. Mais teu M. de Burdeu a renchéri fur tout cela ,
car il a beaucoup travaillé à éclaircir & à étendre cette matière , que Solano & Nihill
avoient traitée avec affez d'obfcurité.
SOLENANDEH, CReinier J de Burick au Duché de Cleves , où il naquit en
1521 , fit fa Philoibphia & fon cours de Médecine à Louvain , & ne quitta cette
ville , qu'après y avoir été reçu à la Licence. Il n'étoit point en état de fournir aux
fraix de les études ; mais comme les belles qualités de fon efprit lui avoient méri-
té la proteétion de Guillaume , Duc de Clftves , c'étoit ce Prince qui en avoit
fait toute la dépenfe. Ce fut encore aux libéralités de Guillaume que Soknan-
der dut les avances qui le mirent en état de voyager en France & en Italie. Il fé-
iourna pendant fept ans dans le dernier pays , en s'appliquani toujours à l'é.
"tude de la Médecine. Après avoir vifité les principales Ùniverfités , & s'être en'-
tretenu par-tout avec les perfonnes qui jouiffoient de la plus grande réputation dans
les Sciences, il revint en Allemagne, où il exerça fa profeîlîon avec beaucoup de
gloire , ôt ne tarda point à être honoré du titre de Médecin du Duc Guillaume ,
fon bi>' nfaiteur. Solenandcr mourut à Duflèldorp vers l'an 1596 , & lailia les Ouvra-
ges fuivans :
^polo^ia, quâ Julio ^kxandrino refpondetur pro ^rgenterio. Florent! a , 1556, lad.
De coloris fontiani medlcatorum causa & tempcratione Librl duo. LugJuni , 1 558 y
iV8.
ConfiUorum Medlcindium fe&iones quinque. Francofurti, 1596, in-folio. Hanovla^
1609 , ia- folio,
SOLINGEN, ( Corneille VAN ) célèbre Chirurgien & Accoucheur Hollan-
dois, floriflbit à La Haye vers la fin du dernier fiecle. On a de lui deux Ouvrages
écrits en la Langue maternelle , qui ce font intérefians que par les obfervations
dont il les a remplis, car il ne s'eft guère attaché aux détails théoriques. Le pre-
mier parut à La Haye en 1673 , in-ii , fous le titre à'Embryulcla &c. C'eft na
Traité d'Accouchemens , où l'Auteur expofe les manœuvres les plus ufitées de
cet Art , & même quelques-unes de celles qui lui étoient propres. Le fécond eft
intitulé; Manuale operatien der Chirurgie &c. La Haye , 1685 , ^ Amfterdam , 1698,
iB-4. En Allemand, Francfort fur l'Oder , 1693 , /■/î-4 , & Wittemberg, 1712, même
format. Solingen y pafle en revue les opérations les plus importantes , & donne
fon feniiment fur chacune d'elles.
SOLINIAC , (Louis ^de Bordeaux, fut admis au Dod^orat, en 1631, dans la
Facuhé de Médecine de Montpellier, (bus la préfidence de Jean Delon qui de-
vint enluite fon beau-pere. Celui-ci étant mort en 1637, & George Scharpe ayant
quitté Montpellier en 1^134 , on établit un concours en 1639 , à la fuite duquel
SoUniac obtint la Chaire de Delon. En 1665 , il devint Doyen par la mort de
Siméun Courtaud^ & mourut lui-même dix ans après, en 1675.
Ce Médecin avoit obtenu un Brevet , en date du 21 Janvier 1665 > Q"' '"i
permettoit de fe choifir un furvivancier, tant à caufe de fes infirmités & de fes-
s O JL 293
fréquens voyages , que parce qu'il avoit belbin de tout fon tems pour finir un
Ouvrage qu'il avoit commencé & qu'on n'a jamais vu. Ce fiit en vertu de
cette permiflion qu'il nomma uimé Durant , fils de Jacques. L'Hiftorien de la Fa-
culté de Montpellier, ftu M. yJJtruc , n'a pas manqué de le récrier contre pareils
abus dans fes Mémoires ; il ajoute même que fi ces exemples devtnoient communs ,
li plus court firoit de JUpprimer les Uitiverfités. Mais celle de Montpellier a bien plus
à le plaindre des lourdes manœuvres de les Profeireurs , que toute autre; on s'y
pouffuit autant par l'intrigue , que par le mérite , dans les fiecles précédens. 11
n'en eft plus de môme aujourd'hui; l'émulation y excite les talens qui ouvrent
la porte aux récompenfes.
SOLO C Gérard DE ^ ou Gerardas Bututus de Solo^ félon relfchlus, fut Pro-
feflèur de Médecine en la Faculté de Montpellier, & même Chancelier, fuivant
Ranchin.
Il eft diflidlc de dire au jufte quelle a été la patrie de ce Médecin. F'elfchius le
fait natif de JSourges, Sltarlcenfis; mais ailleurs il l'appelle Médecin Provençal,
Medicus Provlncialis , ce qui ne peut s'accorder. Ainfi parle ^ftruc dans ion Hif-
toire de la Faculté de Montpellier; cependant, pour concilier J'elfchlus avec lui-
même, il n'eft pas éloigné de croire que Gérard de Solo étoit originaire du Dio-
ceie de Beziers , & que par ignorance ou par inattention, on a dit Bituricenfis au-
lieu de Bittcrenfis. Cette dernière origine s'accorderoit avec h\ qualité de Médecin
Provençal ; car le nom Provlncialis convenoit autrefois aux habitans de la première
& de la féconde Narbonnoife.
/^eZ/c/iius attribue à Gérard de Solo un Commentaire fur le Viatique de Conftantin.^
& c'eft ù l'occafion de ce Commentaire qu'il le cite. Tous les Bibliographes s'accor-.
dent aulîi fur le même point; mais ils font tombés dans l'erreur, en donnant cet
Ouvrage à quatre pcrfonnes en apparence , fans qu'il leur l'oit venu dans l'efprit
que ce n'eft qu'un feul & même Auteur. Gerardus Bututus de Solo eft appelle chez
eux, tantôt Gerardus Blcntius Parthienfis^ Gerardus Bututus Parlfienfis, tantôt Ge-
rardus Bituricenfis de Cremona & Gerardus Cremonenfis. U n'eft point douteux que le
catalogue des anciens Médecins ait fouvent été ainfi augmenté par la difi'érence des
noms qu'on donnoit à la même perfonne.
Le Viatique de Confianiin , fur lequel Gérard de Solo travailla, n'eft autre chofe
que le Viatique éi'Ifaac, Médecin Arabe qui vécut vers l'an 660, félon René
Moreau. On l'appelloit, du tems de Gérard de Solo y le Viatique de Confiantin , parce
que ce Médecin Africain l'avoit traduit de l'Arabe en Latin fur la fin du XI
fiecle , & fe l'étoit attribué. Cet Ouvrage eft une elpece de cours de Pratique
fur prefque toutes les maladies, divifé en fept Livres, oià l'on trouve peu de
Théorie, mais beaucoup de remèdes. L'Auteur lui avoit donné un titre que
Confianiin a rendu par le mot Fiaticus , parce qu'il regardoit ce Traité comme un
recueil précieux, dont on devost être toujours pourvu & qu'on devoir porter fur
foi. C'eft ce qu'on appelloir l^ade mecum dans la baffe Latinité , & ce qu'on ex-
prime en Grec par le mot Enchiridion. Les notes de Gérard fur cet Ouvrage ont
été imprimées à Venife en 1505, in folio ^ fous le titre de Commçntuni fu£er yiat'mi
6um uxtu^
«94 ■ S O I\ï .
F'elfchias , quia vu cette édition, convient que ces notes font mal écrites; on
n^'en peut pas moins attendre d'un Auteur qui vivoit avant le renouvellement des
Belles-Letres. On leroit cependant injufte de rejetter cet Ouvrage par la railbn qu'il
eft écrit en mauvais Latin ; car le leul défaut de ftyle nous porte trop légèrement
à condamner les Traités compofés par les anciens Médecins. Pour s'en convain-
cre, il ne faut que confulter Gefner Ss' P^ander Liadcn qui aflurent que Girard de
Solo fut très-habile & très-expérimenté dans la pratique de la Médecine , & qui
blâment, comme des ignorans, ceux qui mépritent les Ouvrages de cet Auteur i
à caufe qu'ils font écrits d'un ftyle groffier & qui fe reflent de la barbarie de
fon fiecle. Quantité de Livres anciens , tombés dans le mépris par le défaut de
didion , ont paru bons & nouveaux dans ces derniers tems , fous le voile d'un titre
neuf & le coloris des plirafes mieux arrangées.
Jeua de Gaddeflen , Médecin Anglois qui vécut vers l'an 1320 , cite fouvent
Gérard de Solo ^ & delà il paroît que celui-ci avoit écrit quelque tcms auparavant,
c'eft-à-dire , environ l'an 1300. Si cette remarque à'^jlruc eft jufte , elle détruit
3'opinion de fFolfgang Jafius qui fait vivre Gérard en 1470; elle renverfe autîi
l'ordre du Catalogue de Ranchia^ où notre Médecin eft placé après Jean de Tor-
namire qui florifibit en 1401 , & rempliflbit alors les fonctions de Chancelier de la
Faculté de Montpellier.
Les autres Ouvrages de Gérard de Solo font: Introdu&oriam juvcnum , feu, de re.
glmine corporis humani in morbis , fcillcct , conjîmlli , officiait R commuai. Libellas de fe-
bribus. Tra&atus de gradibus Medicime. Ces trois Traités ont paru à Venife en 1505
& en 1529, in-folio, avec le Commentaire fur le Viatique. On a outre cela du
.snême Auteur, mais on n'a qu'en manufcrit: Commentum , feu , Praciica faper nonum
Jihafîs ad ytlmanfurem , cum textu. Commentum faper primam Fen priml Cannais ^vicen-
jite S partem fecundi. Summa de conferendbus & nocentibus. De çujhdia fanttatls. ^g~
gregatioaes de crifi & cridcis. diebus & prognofticationibus. Simler , & après lui Schenc-
kius ., ont dit que ces Traités fe trouvoient en manufcrit dans la Bibliothèque de
Matthieu Drejferus , Médecin d'Erford ; & le Baron de Haller a écrit que le Com-
mentum faper nonum Rhafîs avoit été imprimé à Lyon en 1504 , 1/1-4.
Les vieux Auteurs de Médecine citent Gérard de Solo fous le nom de Do^or man-
fuetus & d'ExpoJîtor. Il y a apparence que.c'eft à fes Commentaires qu'il a dû le
dernier titre.
SOMEREN ( Corneille VAN ) naquit à Dordrecht le 28 Septembre 1593 ,
âe Jean Kan Someren &i de Liduine de Bevere, 11 fit fes Hum'anités fous le favant
Gcrard-Jean f^ojjiusy commença ion cours de Médecine à Leyde fous jElius-Eve*
rard Forftius , & alla l'achever à Caen fous Jacques Cahagne^e. Ce fut dans cette
dernière ville qu'il reçut le bonnet de Dodleur, le 16 Odobre 1615, après avoir
foutenu des Thefes publiques fur les pronoftics des maladies aiguës. De retour à
Dordrecht en 1G17, il en fut nommé Médecin ordinaire. En 1627, il entra dans
la Msgiftrature & fut en même tems élu Confeiiiler , charge qu'il remplit encore
l'année fuivante. Comme on lui remarqua beaucoup d'intelligence dans les affaires,
,on ne manqua pas de lui donner différens autres emplois ; il devint l'un des Qua-
rante \q 17 Septembre 1627 , Curateur des Ecoles le 5 Janvier 1637, Echevin le
s O M a()5
28 Septembre 1638 & en lô^^g , 1G45 ' 1646, Tréforier au grand Comptoir en 1647
& 1648, enfin Conleiller-Commis de la Province de Hollande vers l'Amirauté de
Zélande, le 5 Janvier 1649. 11 eut encore diverles autres charges qu'il remplit, à
la fatisFaiftion de fes concitoyens, julqu'à fa mort arrivée le 11 Décembre 1649 ,
dans la spe. année de fon âge. Corneille Boey lui fit une Epitaphe qui commence
aiaii :
Qui Medicas variis decoravit honoribus yirtes
Jus f^alachris tandem diccre jujjiis aquis ,
SoMEK-US , ipfe fuà & Beverorum Jlemmatc clarus ,
Hôc Ventura rcdux daudîiur umbra locô, â?c.
F'an Someren étoit bon Poëte, connoilToit parfaitement fa Langue maternelle, &
favoit encore la Grecque, la Latine, la Françoife & l'Angloife, yînne Blocke , fa
femme, lui a donne quatre fils & fept filles, entre autres Adrien qui fut après
lui Médecin ordinaire de Djrdrecht , & qui mourut le 19 Mai 1663.
Corneille F'an Someren a écrit les Ouvrages fuivans:
Epiftola refponforia de vitte termina. On la trouve dans les EpiJloUca Qu^ftlones de
vtt£ termina de Jean f'^an Beveruyck. Dordrecht, 1634 , m-8. Leyde , 1636, in-^.
De Unltate Liber fingularis ad S. P. Q. D. Dordrecbtl, 1639.
Tradatus de f^arioHs & Alorbillis , cui accejfit ejufdem de renum â? vejica calcula Epif-
tola. Dordrecliti, 1641, i/z-8. Lugduni Batavarum , 1641, in-i2 , avec les Exercitatio^
nés in Hippacratis ^phorifmum de calcula par Jean Van Beverwyck. Le Traité De Va-
riolis <5? Morbillis a été traduit en Flamand par Martin Huygens.
Epiftola refponforia de curât lone itérât i abortùs. Extat cum D. D. Virorum Epiflolis ,
Refponjîs , tum Medicis , tum Philofophicis. Roterodami , 1665, /n-8. Vûilà à-peu-près
tous les Ecrits de ce Médecin qui ont été imprimés ; il en a compofé d'autres ,
comme Liber fingularis Confiliorum de morbis mulierum. Confilia & obfervaiiones Médi-
cinales. Obfervationes Chirurgic£. Methodui curandarum febrium, Epiflnla cum d^ctoru'm
Virorum refponjh. Mais ils font refiés en manufcrit dans la Bibliothèque de Ion fils
Jean, Dofteur en Droit & Avocat à Dordrecht.
SOMEI^S ( Henri ) étoit de Louvain , où il naqnit le 14 Février 1645. Henri,
fon père , Apothicaire de cette ville , mourut en 1671 & fut enierré le 26 Mai
chez les Augufiins; Marie Leunckens , fa mère , finit fes jours !e 13 Avril i6|5 &
fut inhumée dans TEglife des Dominicains. Le jeune Soiuers fit loiit le coors de
fes études à Louvain , oij il prit le grade de Licencié en Médecine !e 22 M'ïrs
1669, & reçut le bonnet de Docteur, le 9 Novembre 1603, avec Jacques Ferre-
gouts de Malines & ^ildrien Rei^nauU de Cahnar. 11 f.it nommé Profefltur des Inili-
tutes en 1677, & il prit pofTeilion de cet emploi ic 30 Avri! He la r.;ême année,-
mais l'une des premières Chaires de la Faculté étant venue à v;. ;api en 1688 ,
par la mort du Dodeur ^(frfea J^'oJfs., Somers l'obtint & ia rc.Bp.lc près de trente
ans, c'eft-à-dire , jufqu'à fii mort arrivée le 12 Dr membre 1717. «^n vot fon Epi-
taphe dans le cimetière de la ParoifTe de Saint Miciiel à Lcuvàiu i elle e(i conçue
en ces termes :
296 S O IM S O N S O P
D. O. M.
ClARISSIMUS DoMlNUS D. HeNRICUS SoMERS LbVANIENSIS ,
Mcd. Do&or & Prof. Primarîus ,
F'ir fiJe , p'ietate & comitate confpicuus ,
^cri ingénia & fingulari facundiâ predims ,
Mcd. Praxi., aquè ac Theoriâ expenijfimus ;
^ul his dotîbus 40 ampliùs annis ^cademiam illujîravit ,
Hic recondi voLuit.
Oblit 12 Decemb. ^f 171?' , etatïs 73,
R. J. P.
Il avoit eu deux femmes , Anm-Elifabnh van Nyverieeh , fille d'un Secrétaire
de Maiines , & Jeanne Dlcrix qu'il époufa le 12 Novembre i66g. 11 laifia plu-
fieurs erUans , entre autres , Jean-Bapdfie Somers , Licencié es Droits , Chapelain
de Saiut Pierre à Louvam , & Prélident du Collège de £reughcl depuis le 14
Avril Î712 , juiqu'à fa mort eu 1732.
SOMMERS , C Jeao-George J Dofteur en Médecine , étoit de Schwartzbourg.
Il fut premier Médecin du Prince de ce nom , devint Membre de l'Académie
Impériale des Curieux de la Nature , fous le titre de Machaon II , & mourut le
2T Août 1705. On a de lui beaucoup d'Ubfervations dan*' les Mémoires de l'Académie
Impériale , & quelques Traités écrits en Allemand , fur la Pefte , fur l'Art des
Accouchemens > fur la meilleure manière d'élever les enfans.
SONER ( Ernelte ) naquit en 1573 à NurCmbera; , de. Marc Soner qui avoit
été ennobli , avec fes frères , par l'Empereur MaximiJien II. Après avoir achevé
fon cours de Philofophie à Altorf & commencé celui de Médecine dan,- la même
ville , il voyagea en Allemagne , en HoUande , en Angleterre , en France , en
Italie , & à fon retour ,- il s'arrêta à Bdle , où il prit le bonnet de Do£>eur en
l6oi. Ce fut dans fa patrie qu'il donna les premières preuves ce lun Ikvoir dans
l'Art de guérir; mais il n'y demeura pas long-iems. PkîUppe Scherbius ^ Profef-
feur de Médecine à Altorf , qui connoifToit fon mérite , le recommanda fi effi-
cacement en mourant , qu'on ie nomma fon lucccfleur, Soner prit pofleilion de
cette Chaire en 1605 , & il en remplit les devoirs av«c tant de diffjcétion , qu'il
emporta les regrets de fes Collègues duns le tombeau , où il defccndit le 28 Sep-
tembre 1612. Ce Médecin a mis plufieurs Ouvrages au jour pour foutenir la Seéte
des Sociûiens , dans laquelle André f^oidovius l'avoit engagé ; mais comme ces .
Ecrits ne font point de mon fujet , je me borne aux titres de ceux qu'il a lailTés
fur la Médecine. Tels font ; De Ttitupbrafto Paracclfo ejujque perniciuzâ Medicinii.
Ep'fioliS Médias. Or adones dute , de in/bmniis & de vita contempladva.
SOPHIA C Nicolas DE SANCTA J) étoit iflii d'une famille noble , originaire
de Conllantinople , mais dont les delcen.^.pns figurèrent parmi la NoblefTe de Ve.
pife , & s'acquirent beaucoup de réputation ôj de richcfies par leurs talens dans
U
s G P agr
la Médecine. Celui , dont je parle , étudia à Padoue , la patrie , fous Pierre de
^pono , & lui luccéda en qualité de Profefleur dans les Ecoles de la même ville.
S'il n'égala pas fon Maître dans la pratique, il mérita autant d'éloges que lui par
fes leçons privées & publiques , & pafPa généralement pour un des premiers Profef-
feurs du XIV fiecle. Nicolas commença d'enfeigner en 131 1 & continua jufqu'en
1350 , qui efl l'année de fa mort. Il a écrit :
Commentarius in jivicennam.
Libri très de di<eta.
Libri duo de curatione febrium pefiilentium & acutarum.
Libellas de morfu fripera & de Sinapifmo.
SOPHIA , C Marfile DE SANCTA ) fils du précédent, enfeigna fucceffive-
ment la Logique & la Médecine à Padoue depuis l'an IJ570 jul'qu'en 1380 ou en-
viron. Il jouiflbit de la plus grande réputation , lorfque Galeace , Duc de Milan ,
s'empara de Padoue. Ce Prince l'eftima beaucoup & lui fit de grandes largefles «
ainfi qu'à fa famille: mais François Carrare, aidé des Armées de Haviere & de
Venife , étant venu à bout de chaflbr Galeace de fa conquête vers 1390, ce Mé-
decin devint fufpedt au Vainqueur, & pour cette raifon , il fe retira à Bologne ,
où il exerça avec fuccès. Après la paix, on ne négligea rien pour l'engager à
revenir à Padoue ; on lui fit les plus fortes inftances pour qu'il y vînt reprendre
fa Chaire : mais comme il étoit toujours mal dans l'efprit de Carrure , la crainte
d'êfre en butte à fes reflentimens le retint à Bologne jufqu'en 1402, qu'il pallâ
à Marignan dans l'Etat de Milan , où Galeace l'avoir fait venir pour le traiter de
la maladie dont il mourut. Il furvécut peu de tems à fon bienfaiteur; car étant
revenu à Bologne en 1403 , il y finit fa carrière dans le cours de la même an-
née , & fut enterré dans l'Eglife de faint François. Sa famille fit graver ces vers
fur fon tombeau :
yivat ut aternùm vit<e jam munere funcias.
Hoc prafiat virtus qua facit una Dtos,
Sic inve£fa polo fuperâ mens régnât in auîa ,
Undique ptr terras Inclyta fama vigct.
Qua mortalis erat jacet hic pars condita , niagni
Exuvias animi coUigit urna brevis.
Quumque procul latè refonet fua gloria , faxum
^ccipit exiguis nomina magna nous.
Marjîlius Patavus , cui dat gens alnia Sophie y
Bononite Medicus, dam docet^ occubuit.
Ce Médecin eft Auteur des Ouvrages fuivans:
Libri Rhajïs ad Almanforem de curatione morborum panicularlum.
Commentarii fubtiles in ^phorifmos Hippocratis.
TraSatus de febribus fuper I Fen IV Canonis .AvicetutiB. Lugduni , 1501 , //1-8, 1517,
i/i*4. f^enedis, 1514, in-folio.
T 0 M E ir. P p
298 S O P
SOPHIA , C Jean DE SANCTA J frère de Marfde , ne dégénéra point de
la vertu de les ancêtres; comme eux, il s'appliqua à l'étude de la \1édecine , &
il en fit profeUion avec beaucoup de gloire. La célébrité que fes talens lui pro-
curèrent dans les Ecoles de Padoue, égala celle de fon perc & lurpallà celle de foa
frère; ce fut vers la fin du quatorzième fiecle & le commencement du fuivant
qu'il enfeigna la Philotophie & la Médecine dans l'Univcrfité de cette ville»
Comme c'étoit alors la coutume de s'en rapporter aux fuffragesdes Ecolier? pour
la nomination aux Chaires , Jean fut choifi tout d'une voix , & n'eut même aucun
concurrent. Ses Leçons attirèrent dans les Ecoles un fi grand nombre d'auditeurs,
qu'elles fuffifoient à peine à les contenir; mais ce Profelfeur ne fe borna pas à
l'inftrudtion publique , il lailfa des preuves plus durables de fa fcience dans un Ou-
vrage difiribué en i8o chapitres, qui eft intitulé : Medicina Pracfica. Cet Auteur
mourut vers l'an 1410, & fut mis à Padoue dans le tombeau de fes pères, qu'on
chargea de cet éloge funèbre :
unifia eximius^ Medicina rite Mmarcha,
yftque falus Paiavi grandis & alta jacet.
Ecce pater fîudii , languentum cura Joannes ,
Onum cui celebris Sandfa Sophia dédit.
Firtmis fpeculum pra/uigcns , fotuj honejlus ,
Norma pudicitits , fidus arnicas erat,
Expcrs nequitiie ^ fcelus ofus, régula vitte
Hic fait, ac omnis fphndida cella boni.
Quidquid ^rijloteks , Hypocras tulit & Galienus ,
Hanfurat: ac quîdquid facra medela cavet.
Praxis verafuit, totique falutifer orbi,
Cujus fama nitcns permcat omne /blum.
Hâc terram juxta volait fepelirier Urnâ ,
Ut mitis natus , feque fubejje patrl.
Terra fuum cepit, cepit fibi débita Cœlum ,
Perfruitur totô mens ubi fancta Dcô.
SOPHIA , C Barthélémi DE SANCTA ) fils de Jean , fut élevé fous les yeux
de fon père, qui l'eut pour difciple pendant fon cours de Médecine à Padoue, &
qui le vit enfuite enfeigner , avec beaucoup de réputation, dans les Ecoles de
rUniverfité de cette ville. Il paffa pour un des premiers Maîtres de ces Ecoles,
il fe répandit même fi avantageufement dans la pratique, qu'il fut recherché par
les perfonnes de la plus haute diftindion. Il mourut à Padoue vers l'an 1448 , &
fut enterré dans le lieu de la fépulture de fa famille. On grava ces vers à la par-
tie fupérieure du Monument qui a été élevé pour éternifer la mémoire des grands^
hommes de fon nom :
(
s O P s O R îigg
Oueni dédit aima domus Sanciic propago Sophitc
Hic jacet injîgnis , pr<£clarus Bartholomceas y
Heu quô lapfa ruît Medicinne lapfa columna
Tanti morie f^iri, pro quo fleat ^ther & Orbis.
Ce Médecin a fait des notes fur le Traité de Pratique de fon père ; mais il ne
s'eft point borné-là, car il a compofé quelques Ouvrages dont le fonds lui appar-
tient. Tels font:
De Sulphure & Nitrô , & horum compojïtînne.
De. Phlebotomia ejufque Topicis.
De quahtate & indicatione excrementoru m.
SOPHIA, ( Galeatius DE SA>fCTAJ Médecin de la même famille, étoit de
Padoue, où il prit le bonnet de Di éteur vers l'an 1490. On a de lui:
De fibribas. De omnium modorum fluxu ventris. Lugduni^ 151?» ''^-4 ^ avec d'au-
tres Ouvrages.
Opus Medicinte pra&icte faluberrimum in noiium Tra&atum Libri Rhajîs ad Alman-
forem. Hagenoa , 1533, infollo , avec le Libdlus introducforius in ^nem parvam Ga-
leni de Ji iinrJtius.
Les Auteurs parlent encore de Guillaume de San&a SupJiia , qui , aicfi que le
précédent , te diftingua à Padoue par les taiens pour la Chaire & pour la Pra-
tique. Ils mouriirent tous deux dans cette ville & furent inhumés auprès de leurs
ancêtres, de même que BanliéUmi le jeune. "Celuvci fut enlevé à la fleur de Ion
âge, au commencement du XV'I fiecle , & fit ainfi évanouir les grandes efpé"
rances qu'on a voit conçues de ("on mérite naiifant. Le dernier de cette famille >
dont il eft fait mention dans l'Hiftoirc de la Médecine, c'efl: Jérôme de Sancta
Sophia^ qui, dès l'an 1644, enfeigna la Théorie dans les Ecoles de l'Univerfité
de Padoue , la patrie.
SORACY, ("Placide ) de Melîine en Sicile, venoit d'avoir pris le bonnet
de Doftcur dans la Faculté de Médecine de Montpellier, lorfqu'il revendiqua la
découverte que Chirac fe flattoit d'avoir faite fur la nature & l'origine des che-
veux. Il y eut à ce fujet une contedation très-vive qui échaufla les elprits vers
la fin du dernier fiecle; elle ne méritoit pas, dit yJftruc , le feu qu'on y mit , puif-
que tout ce qu'il y avoil de nouveau & d'eflentiel dans cette prétendue décou-
verte , avoir été dit & démontré par Malplglil dans fon Traité De externo tacfùs or-
ganô. Ce fut au fujet de cette difpute que Soracy publia les Ecrits fuivans:
Réponfe d la Lettre écrite par M. Chajîelain. Montpellier, 169b', In-ii. Comme
Jean Chajîelain y Doyen de la Faculté de Montpellier , n'aimoit pas Chirac , il avoit
'voulu engager Soracy à donner au public fon Traité de la flrudure des cheveux.
Celui-ci n'en fit rien , & fe borna à foutenir fes prétentions dans un petit Ouvra-
ge intitulé :
Réponfe à la Lettre de Chirac fur la ftrudure des cheveux. 1699, in- 12.
Soracy quitta Montpellier bientôt après cette conteftation. Il vint fe mettre fuî
Soo S O R
les bancs de la Faculté de Paris , où il fut reçu Bachelier & foutint , en 1703,
une Thei'e fur un lujet analogue à la difpute qu'il avoit eue avec Chirac. Quoi»
que M. Portai ait mis notre Auteur au rang des Dofteurs Régens de cette der-
nière Faculté , il eft bien apparent qu'il ne le fut jamais, puifque M. Buron n'en
parle point dans la Notitia Medicoram Parifienjîum,
SORANUS, fils de Mcnandre &de Phocbc , étoit d'Ephelc , & vivoit dans le
deuxième liccle , fous l'Empire de Trajan & d'Adrien. Il profefTa d'abord la Mé-
decine ù Alexandrie, mais comme les talcns étoient mieux accueillis à Rome, il
ne tarda point à s'y rendre. Soranus étoit partifan de la Sed\e Méthodique ; il fut
même un des plus habiles Médecins de cette Seéïe , luivant Calius ^urelianus qui
le regarde comme celui qui a mis la dernière main à la Méthode. Egalement efti-
mé aes Médecins de Ton parti & de ceux qui n'en étoient pas , il a joui de la
plus grande confidération. Galien qui ne devoit guère l'eftimer , par la raifon qu'il
a quelquefois maltraité Hlppocrate , n"a cependant pu fe refufer à parler de lui avan-
tageufement,- il rapporte la defcription de quelques médicamens de la iaçon de
Soraiius , & il lui rend la juftice de dire qu'il a vu , par expérience , que ces
médicamens étoient bons.
Ce Médecin a laiflc quelques Ouvrages qui ne font point parvenus jufqu'à nous.
On en ignoreroit parfaitement le contenu , fi l'on n'avoit ceux de Calius Aurdlanus
pour fe dédommager de cette perte ; car celui-ci a la franchife d'avouer que tout ce
qu'il a écrit , n'eft qu'une traduaion des Livres de Soranus. Mais le Manufcrit que
ÎVl. Coccki , Profeifeur d'Anatomie à Florence , a tiré de la Bibliothèque de cette
ville, où il avoit été apporté de celle de Conftantinople par Jean Lafcarh .^ n'ap-
partiendroit il pas au Soranus dont nous parlons ? Il ell au moins d'un Soranus
d'Ephefe , & il traite des bandages & des fignes des fraisures. Le Do6tcur Coc-
chi l'a publié à F'Iorencc en 1754, in-folio , avec les deux Livres à'Oribafe qui
font intitulés : De fraStis & luxatis.
Il ne faut point confondre Soranus de la Sedle Méthodique avec deux autres
du même nom. Le premier de ceux-ci, natif d'Ephefe comme le précédent, mais
plus jeune que lui , a compofé un Traité des maladies des femmes & de leurs parties
fecretes , dont Adrien Turnebe a publié un fragment en Grec , qui fut im-
primé à Paris en 1554 , tV8 , avec quelques Ouvrages de Rufas Ephéfien .
fous ce titre : De Utero & muliebrl pudendù Libellas. Ce Fragment a aufli été publié
en Latin à Paris en 1556. L'Anatomie y eft mieux traitée que dans les Ecrits de
Galien qui fait ibuvent fes defcription» d'après les ouvertures des bêtes , au-lieu
que le Soranus , dont nous parlons , a travaillé fur le corps humain. La manière
de traiter de fa ftruflure , telle qu'on la remarque dans la pièce que Turnebe
nous a tranfmife , a toujours fait regrcter la perte des autres Ouvrages de ce Méde»
cin. L'attention même avec laquelle il a écrit lur l'Anatomie , le diftingue de l'au-
tre Soranus d'Ephefe qui vivoit fous Trajan ; car tout le monde fait que les Mé-
thodiftes s'occupoient peu de cette partie de la Médecine.
Le fécond Soranus étoit de Malles en Cilicie , d'où on le furnomma ATallotes. On
a cru que le Traité qui porte le t\tt& (y/fugoge faluberrîma in Artem medendi, &que
s O R 301
nous avons de l'édition de Bâle chez Cratandre , 1528, in.folio ^ avec quelques
Ouvrages lur la Matière Médicale , & de celle de Venire chez Aldus , 1547 , in-folio ,
avec les Medici antiqui , étoit du fécond Soranus ; mais P^ojfias aflure qu'il n'en
point de lui, non plus que des deux autres, & qu'il a été comporé par un Auteur
Latin plus récent. Ce qui rend cette opinion vraiiemblable , c'eft que l'Auteur de ce
Livre s'adreffè à Mécène, comme s'il prétendoit faire croire à fes lecteurs qu'il vi-
voit du tems de ce favori d'Augufte : mais l'impoRure eft trop groflierc ; elle n'a
point fait de dupes. Au refie, cette remarque apprendra aux Curieux quelle efti-
me on doit faire des Lettres fous le nom de Marc- Antoine à Suraniis ^ avec les Ré-
ponfes de ce Médecin au fujet de Ciéopatre. Ce ne peut être ni l'un ni l'autre
des i^oninai d'Ephefe qui ait fait ces Réponfcs , puifquc Ciéopatre vivoit dans le
trente-neuvième fiecle du monde & le commencement du quavanticme : on ne croit
pas non plus que ce foit le Soranus de Cilicie qui les ait écrites , ôj elles femblent
plutôt faites à plaifir , ainfi que les Lettres.
SORBAIT CPaul DE^ étoit delà Province d'Hainaut aux Pays-Bas. Après (es
cours d'Humanités & de Philofophie , il commença celui de Médecine , qu'il ache-
va, fuivant toute apparence, à Vienne en Autriche , où il prit le bonnet de Doc-
teur. Son favoir lui mérita non feulement une place dans l'Académie des Curieux
de la Nature, fous le nom de Machaon II , mais encore la première Chaire de Mé-
decine dans les Ecoles de la Faculté de Vienne , qu'il obtint en 1655 & qu'il remplit
avec beaucoup de célébrité jufqu'en 1679. Ce fut pendant le cours de la dernière
année que l'Impératrice Eléonore, Douairière de Ferdinand III, l'honora de l'état
& office de fon Médecin , & ce fut à l'occafion de cette charge qu'il abandonna
totalement les fonéîions académiques.
L'année 1679 eli bien remarquable par les ravages que la pcfte fit dans Vien-
ne; au rapport de Paul de Sorbait ^ elle emporta 76921 perfonnes. Ce Médecin a
donné la defcription de cet horrible fléau dans un Ouvrage intitulé :
ConJiUum Medicum , fîve; Dialugus Loimicus de pcfte f^iennenjl. f-lenn^ yîuftrix ,
1679, fn-i2. En Allemand, Vienne, 1680, même format. L'année de l'édition
Latine eft exprimée par ce Chronographe qui eft au bas du titre;
^nnô quô
DeI ManUs ïangebat nos,
ET VIennensIbUs fer-a strages a LUe pestIfera
ConferebatUr."
De Sortait étoit Confeiller, Surintendant & Inquiliteur de fanté , Chevalier du
Royaum» de Hongrie , lorfqu'il mourut à Vienne le 28 Avril 1691 , dans un
âge avancé. Ses Ouvrages ne fe bornent point à ce qu'il a écrit fur la pcfte ; il
en a laiffé d'autres , fous ces titres ;
Univerfa Medicina , tàm Tkeorka quàm Pra&ica , nempè Ifagoge Inflimuonum Me-
dicarum & yiiiaiomicarum : Methodus medendi cùm controverjîis , annexa Sjlvâ Medicâ.
Deindè fequuntur curaiiones omnium morborum , J^irorum , Mulierum & Puerorum à
caplte ad calcem Se. Noriberga , 1672 , in-folio. Il y a une édition de Vienne en Au-
3oa S O R
triche de 1680 , in-folio , & une autre de 1701 , même format , qui eft intitulée ••
Praxeos Mcdic£ auci£ ^ & à plurimis typi mendls ab ipfo ^uclorc caftigat£ , Tracîatus
primas in qao morborum , à caplce ad calcem , curatloncs Medicte , cum controi'erjïi^ cotVis
capiti aniu'xis , traduniar. Item Tracîatus II , de Lue vcnerca. TraStatus III , de Febnbus
cum controverfiis. Tracîatus IV , de morbis Paerorum. Tracîatus F"^ de Ckirurgia , cum
examine Cliirurgorum. Traciatus VI, de methodo tnedendi, cum quctjUonibas & dofibus
jnedicamcntorum. l'raciatus VII, de modo benè confultandi & rarioribus obfervationibus.
.UUiinù, de modo proinovendi DocHores Vienne, aliquot difcurfibus exornatô &c.
Nova & aacta Injiitutionum Medicarum Ifagoge. Viennes , 1678 , i/1-4.
Commentaria & controverjia in omnes Libros uiphorifmorum Hippocratis. Ibidem , 1680 ,
S701 , /n-4.
Traité des Accouchemens y en Allemand. C'eft un volume i/i-8.
SORBIERE, ( Samuel J de Saint Ambroife , dans le Diocere d'Uzès en Lan-
guedoc, naquit le 17 Février 1610, & Iclon d'autres, 1615. On l'envoya à Paris*
en iG'^g, pour y étudier la Médecine; il fit des progrès dans cette Science, & ii
alla les continuer en Hollande vers 164a. Les habitudes qu'il prit dans ce pays
le décidèrent aie marier à La Haye, mais bientôt après il palla à Leyde, où il
le mit à exercer. Apparemment que fa profeflTion ne lui réuffît pas dans cstte
ville, car il revint en France pendant le cours de l'annéî 1650, & parvint à
fe placer dans l'Univerfité d'Orange , où il obtint la première Chaire. En 1653 ,
il abandonna le Calvinifme dans lequel il étoit né, pour embraffer la Religion
Catholique, & à la fuite de fa converiion , on lui donna des penfioas confidéra-
bles. En 1663 , il fe rendit en Angleterre , & devint Membre de la Société Royale
de Londres le 3 Juin de la même année. Mais ayant déplu au Roi d'Angleterre
par ce qu'il avoit avancé , dans la Relation de fon voyage en ce Koyeume , fur
le compte du Chancelier Edouard Hyde & du Comte d'UIfeld, Seigneur Danois ,
on le Ht fortiv de la Grande Bretagne , d'où il fe retira à Nantes. îl y mourut
peu d'années après, le 9 Avril 1670. On a de lui dift'érens Ouvrages.-
Tradachon des fondemens de la Politique de Thomas Hobbes. Amfterdam , 1649 r
in-o. C'eft le Traité De cive de cet Auteur.
JJifcours de Sorbier e fur fa converjîon. Paris, 1654, Jre.8.
De l\'lnutit, Paris, i66o, in-11.
Lettres & Difcours. Paris, 1660, i/1-4.
Relation d'an voyage en Angleterre. Paris , 1660, in-8. Cologne, l66g , in-ii.
C'eft ce Livre qui le fit chalicr de la Grande Bretagne. Outre la Réponfe à Sor-
biere fur fon voyage d'Angleterre, qui parut in\l, on a les Obfervaùons de Sprat
fur le même fujet, imprimées à Paris en 1674 , //1-12. ^
On voit, par cette notice , que la plume de notre Auteur étoit féconde; mais
il ne s'cft pas borné à la compofition de ces Ecrits , il en a publié^quelques au-
tres fur des matières de Médecine , tantôt fous fon propre nom , tantôt fous ceux
de Guthbert Higland ?i de Sébajîien Aléthophile. Tels font:
Difcours fceptiquc fur le pajfage du chyle & fur le mouvement du cœur. Leyde , 1648,
in-ii. On y trouve quelques obfcrvations.
Syjîi'ni de la Médecine Galàiîque pour le foulagement de la Mémoire.
; s O '!" s P A 303
Difcjuti fur la tranifujion du fung d'un animal dans le corps de Vhomme.
^l'is à un jeune Médecin fur la manière dont il doit fe comporter en la pratique de
la Médecine, vu la négligence que le public a pour elle, & les plaintes qu'on fait
d^:s Médecins. C'eft Henri Sorbiere , l'on fils, qui l'a mis au jour,
SOT1R.A , Sage-femme à qui Pliie attribue un Traité de remèdes pour la
guérilbn des fièvres. Ceci ne doit point lurprcndre , puiique Le Clerc afilire que
les Sages-femmes de Grèce & d'Italie ne le bornoient pas à la pratique des Ac-
couchemens, mais exerçoient encore la Médecine, fur-tout pour les maladies par-
ticulières au fexe. Apparemment que Sotira s'ét'"iit rendue célèbre dans fon Art ,
& que c'elt par cet endroit qu'elle a mérité que Pline en fît mention. Il y a
parmi les Manufcrits de la Bibliothèque de Florence un Ouvrage Grec , intitulé:
Gymecia , qu'on dit de la compofition de cette femme.
SFi\CIliUS, C Ifracl J) de Strasbourg, où il naquit en i5i5o, fut reçu Doflcur
en Médecine àTubingue le 13 Septembre 1581. 11 quitta cette ville d'abord après
fa promotion & revint dans fa patrie , en vue de s'y fixer par quelque emploi
académique. En elfe t , il obtint une Chaire de la Faculté de Médecine, & il la
remplit jufqu'en i6io, qui eft l'année de fa mort. Spachius aimoit le travail, mais
il s'eft moins occupé à mettre su jour de nouveaux Ouvrages , qu'à faire des
recherches fur ce qu'on avoit écrit avant lui. 11 a laifie différens Recueils , où il
paflè en revue les Auteurs de Philofophie & de Médecine, & fpécialement ceuK
qui, parmi les derniers, ont traité des maladies des femmes. Ce qu'il a publié fur
cette m.-itiere , doit être regardé comme une nouvelle édition de l'Ouvrage de
Gafpar Woif, imprimé à Bâle en 1566 & en 1586, in-4. Il y a cependant beau-
coup de choies nouvelles fur les maladies du fexe dans le Recueil de Spachius,
qui comprend les Ecrits qui ont paru fous le nom de Félix Plater, de Mcfchion^
de Trotula , de Nicolas Rocheas , de Louis Bonaccioli , de Jacques Svlvius , de Jean
Ruef , de Jérôme Mercuriali , de Jean-BaptijU Monti , de P^iclor Trincavelli , d'^iZ-
bertin Bottoni, de [ean le Boa, à'^nbroife Paré, d'Alb'icajîs , de François Rouffet ,
de Gjfitar Bauhin , de Maurice de La Corde , de Martin ^kakia & de Louis Mer-
cado. Tous ces Auteurs ont traité, les uns de la génération ou des organes qui
y fervent chez les femmes , les autres de l'Accouchement ou des maladies qui
ibot propres au fexe. Voici les titres des Ouvrages de Spachius.
Nomenclator Scripiorum Grescorum , jjrabum, Latinorum veterum & recentlum Medico-
Tum. Francofurti, 1591 , t/i«B.
Themata Medlca de anim<£ facultatibus. Argentines , 1591 , i/j-4.
Gynaciorum , five , de muUcrum tum communlbus , tum gravidarum , parientium & puer.>
perarum affcclibus & morbis : additis de iifJem al'vjrun quoique: extant Libris ; denuà
funt recogniti , emendati , necejfariis imaginibus ornati, & optimorum Scrîptorum authorita^
îibus illujïrati. Argentin£ ^i^i^j , in-folio, avec fon Nomenclator Scrîptorum Medicorum..
Nomenclator Scrîptorum Philofophorum & Philologorum. Ibidem, -'59B, /n-8.
Joannis Fragojl Hiftoria aromatum , fructuum & finipliclum aliquot medicamentorum
ex India utraque in Europam delatorum. uirgentime, 1600, in-S. Il a traduit cet Ou-
"vrage de l'Efpagnol en Latin , ôîilya ajouté des notes marginales Ô£ une Table.
304 S P E
SPERLING , ( JeanJ) de Laucha , &, fuivant d'autres » de Zeuchfeld en Thurin-
ge, vint au monde le 12 Juillet 1603. Son premier goût fut pour l'étude de la
Théologie , & il s'y appliqua ; mais ayant perdu ia main gauche à la luite d'une
blelliire qu'il s'y étoit faite, il pafia aux Ecoles ue Médecine en l'Univerfité de
Wittemberg , où il fuivit les leçons de Scnnert & prit les degrés. Il y a apj srence
qu'il demeura dans cette ville après fa promotion au Doftorat, car il iuccéda à
George fi^ccker , ]e 12 Février 1634, en qualité de Profeflèur de Phyfique. En
1640, il fut choifi Recteur de l'Univerfité; il étoit même encore revêtu de cette
dignité en 1658, lorfqu'il mourut. Je 12 Août, i. Wittemberg. Ce Médecin a écrit
quelques Ouvrages pour défendre les fentimens de Daniel Sennert , Ton Maître ;
mais il en a compofé d'autres qui , comme les premiers « ne préfentent que des
fubliliiés fcholafliques. Voici les titres fous lefquels les uns & les autres ont paru :
TracSatus Phyfico-Medicus de morbis totius fubjtantiis & co^natis qu<eflionibu.i , ^ra Sea.
mno contra Freitaglam confcriptus. ff^ittebcrgd ^ 1633 , in-8.
Trac/atus Phyfico~Medicus de calido innato , pro Danidc Sennerto contra Joannem
Freita^ium confcriptus. Ibidem , 1634 , z/i-8. Lippe , 1666 , în 8.
Traciatus Phyjîco-Medicus de origine formarum , pro Sennerta contra Freitagium conf-
criptus. JFittcberga , 1634 , tn-8.
Dtf&nfio TraHatâs de origine animarum , pro Sennerto contra Freitagium. Ibidem ,
1634, 1638, ui-8.
Traciatus Phyjîcus de formatione Jiomiais in utero. /&,"(/em , 1641 , 1655, 166 1 , 1672»
i/i-8.
^nthropologia Phyfica. JVittebergte , 1647 , in-H. C'eft un Traité anatomique où il
n'y a rien de neuf , parce que l'Auteur n'a jamais diflëqué , & qu'il s'en eft conf-
tamment rapporté à ce que Spigelius 5r Du Laurens ont écrit f ! ; la ftruciure du
corps humain. L'Auteur n'a voulu briller que du côté de la Théorie , mai' ' il a
affez mal réuffi ; car il a lurchargé fon Ouvrage de quantité de qucftions traitées
dans le goût des Ecoles de fon tems , la plupart inutiles, & toutes pitoyablement
Meditationcs in Julii Cafaris Scaligeri exotericas exercitationes de fubtilitate. îVitteber-
gts , i6e;6 , in-8-
Dijfeitatio de prlncipUs nobifcum natis. Ibidem , 1657 , in-S.
Ci^rpologia Phyfica pojlhuma. Ibidem , 1668 , tn-12. C'eft George-Gafpar Kirchmaier
qui en eft l'éditeur.
SPERLING ( Otton ) naquit à Hambourg vers l'an 1602. Deftiné à la Pharma-
cie & à la Médecine , il apprit les élémens de la première à Amfterdam , & s'ap-
pliqua à la féconde en Dannemarc , fous Thomas Finck 61 fous George Fuiren qu'il ■
accompagna en Norwege dans le deflcin d'y rechercher les plantes médicinales du
pays. Mais Sperling fit de plus grands progrès en Italie ; ce fut-là qu'il eut oc-
cafion de pouffer fes connoifFancts dans la Médecine & la Botanique. Il s'arrêta
d'abord à Padoue , &: palla enfuite à Venife , où il demeura environ deux ans.
Au bout de ce terme, Nicolas Contarini, noble Vénitien, l'envoya en Dalmatie
& en Iftrie pour y obferver les plantes les plus rares. Cette commillion étoit bien
de fon goût , & il la rempliflbit à la fati!>faaion de fon protefteur , lorfqu'il reçut
ordre
s P E 3^5
ordre de fon père de revenir à Hambourg. Avant de quitter Mtalie , il prit le
bonnet de Dorteur en Médecine à Padoue , & regagna fa patrie , en traverlant
la France & l'Allemagne. Mais le delir de voyager le tira oieniôt de fa vilie
natale. II fe rendit à Amfterdam , & voulant delà pafFer en Angleterre, le vail-
feau fur lequel il étoit monté , fut jette par la tempête fjr les rivages de Nor-
Vege. Comme l'hiver approchoit, on lui perfuada de demeurer quelque tems dans
ce pays di d'y pratiquer la Médecine. Il s'établit en 162b à Bergen , & i! s'y^ dif-
tingua tellement par fes cures, qu'il fut nommé, en 1630, à l'emploi d: Phy''ci»;n
de la Province de Bergenhus. Les premiers fuccès de Spenin^ lui fireut oublier
fa patrie , & il ne tarda point à adopter celle oii le hazard l'avo't porté. Mais
comme il fe dégoûta de la charge qu'on lui avoit donnée à Bergen , il pafla en
1632 à Anllo , d'où il fe rendit à Copenhague en 1636. Sou mérite étoit déjà con-
nu dans cette ville , il le fut même bientôt à la Cour ; car le Roi le nomma fon
Médecin en 1638. Il devint encore Médecin de la maifon des Orphelins, il ob-
tint la diredion du Jardin Botanique , & à toutes ces charges , on ajouta celle de
Phyficien de la Capitale en 1642.
Le célèbre Comte d'Uifeld , Seigneur Danois , fat celui qui lui procura tous
ces avantages ; mais la chute d'Uifeld , fous le règne de Frédéric III, entraîna
la difgrace de Spcriing. Dina accufa Ulfeld , en 1651 , d'avoir voulu empoifonner
le Roi, & Sperllng d'avoir préparé le poifon dont on devoit fe fervir ; mais la
calomniatrice ayant manqué de preuves , ils furent tous deux abfous, & elle-
même paya de fa tête le crime qu'elle avoit commis. Cela n'empêcba point le
Comte de fortir fecretcment de Dannemarc & de fe retirer en Suéde. Sperllng ne
fut pas plutôt le parti que fon protecteur avoir pris , qu'il demanda fon cona;é
& l'obtint. Il fe rendit , en 1652, à Amfterdam- où il pratiqua la Médecine;
enfin il retourna à Hambourg , en 1654, &: il y fit fa profelïion avec honneur.
Ulfeld entretint toujours avec lui un commerce de lettres , il lui confia même
l'éducation du cadet de fes fils & la garde d'une partie de fes tréfors. Mais ce
Comte ayant été condamné, en 1663 , pour crime de Leze-Majefté , Sperllng^
dont on avoit intercepté quelques lettres , fut attiré par adreffe hors des murs
de la ville d'Hambourg , & ayant été enlevé , on le conduifit à Copenhague ,
où il fut retenu en pnfon depuis 1664 jufqu'en 1681 , qu'il mourut ,1e 26 Décem-
bre , à l'âge de 79 ans.
Ce Médecin a écrit plus d'Ouvrages fur les Médailles & les Antiquités , que
fur les matières qui ont rapport à fa profelHon. On n'a rien de lui que les pièces
fuivantes :
Catahgai Jlirplum Dan'us indlgenartsm quas In. horto alult annô 1645. On trouve ce
Catalogue dans le Recueil de Bartholin. , qui eft intitulé : Cifta Mcdlca.
Hnrtas Chrijîianeus , Jîve , Catalogus plaruarum quibus Chrifllani IV , Rtgis , Vi-
rldarium Hafnienfe annô 1642 adornatum erac. HafnLs , 1642 , in-\i.
Index plaiitarum indigcnarum quas in itincre fuo obfervav'u. Quoique ce Catalogue ait
paru fojs le nom de George Fulren , on ne l'attribue pas moins à Spirling.
SPERONI , ( Bernardin ) Médecin natif de Padoue , enfeigna dans les Ecoles
de cette ville , dès la fin du XV fiecle. Il n'y remplit d'abord qu'une Chaire
T 0 M E ir. Qq
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,06 s P E
extraordinaire , niais il monta , en iso; , à celle de ProfelTeur ordinaire , qu'iî
abandonna pendant la guerre que le Pape , l'Empereur & le Roi de France
déclarèrent aux Vénitiens , cnfuite du Traité nommé la Ligue de Cambray. Speronl
alla paflTcr ces tcms de troubles iî Rome , où il fcrvir à la Cour du Souve-
rain Pontife ; on l'en tira cependant en 1518, & il vint reprendre la Chaire à
Padoue , où il enleigna jufqu'en 1526. Ce fut en cette année qu'il abdiqua, pour
fe tenir uniquement è la pratique ; mais il ne furvécut guère à fon abdication ,
car il mourut en 1528.
M. Poital parle d'un autre Spironl , Auteur Italien qui a compofé un Ouvrage
imprimé à Vtcife en 1596, fous le titre de Dialo^lil dtl Signar Sperom Speroni. In-^.
Dans le chapitre qui traite Del tempo del pariorire , il admet des groflèlfes de onze ,
douze , treize & même de quatorze mois : on ne peut rien de plus favorable
pour appuyer le fyftême des naiilknces tardives. 11 faut qu'il y ait eu une édition
aniérieure à celle qu'on vient de citer, car on trouve une traduction Françoifc
de .-e Traité , par Gru^et , dans le Catalogue de la Bibliothèque de M. Falconet-
tiiic cil anoo.icée , Paris, 1551 , in-H.
SFËZIOLT , fRomulus^ de Fermo dans la IVlarche d'Ancone , prit le bonnet
ds Dodteur en Philofophle & en Médecine , & s'acquit beaucoup de réputation
dans le territoire de l'a ville natale. Il y HoriHoit déjà en 1660 ; mais étant venu
à Rome en 1675 , lorlque le Pape Clément X fit l'ouverture du Jubilé de l'Année
Sainte , il le détermina à demeurer dans cette ville , dans l'eipcrance d'y faire
plus de fortune que d-ans fon pays. En eflet , il y étoit à peine établi depuis
quelques mois, que le Cardinal Azzolini le préfenta à Chriftine , Reine de Suéde,
qui le nomma fon premier Médecin après la mort de Céfar Macchiati. Cette Prin-
ceffe le conlid;ra beaucoup , & fut li laîi^^faite de fon attachement & de fes fer-
vices , qu'elle lui continua fa confiance juiqu'ù fa mort , c'eft-à-dire , jufqu'au
19 Avril 1689. Elle lui donna encore des marques de fon eftime dans fon tefta-
ment ; car elle ordonna de lui continuer les appointemens , dont il avoit été
gratifié tout le tems qu'il avoit été à fa Cour.
Le mérite de Spi^ioU l'avoit fait connoître des Grands & même de pluGeurs
Cardinaux, pendant qu'il étoit attaché à la Reine de Suéde ; mais perlonne ne
le connut mieux que le Cardinal Pierre Ottoboni. 11 ne fut pas plutôt parvenu
à la Papauté le 6 Oétobre 168g , fous le nom d'Alexandre Vllî , qu'il prit
Speiioli pour fon premier Médecin S: lui donna de grands bénéfices «Jans PEglife
de Saint Pierre. A la mort de ce Pape, arrivée le i Février 1691 , il auroit pu
encore tirer bon parti de la réputation qu'il avoir acquife dans fon Art , mais il
en abandonna entieremeut la pratique & fe fit Prêtre , ne retenant que fa Chaire
dans les Ecoles de la Faculté de Rome. 11 partagea tout fon tems entre les
devoirs de fon nouvel état , l'étude & fes leçons de Médecine , qu'il donna
avec la plus grande aUiduité le rcfte de fa vie.
J'ignore l'année de fï mort , & je ne connois de lui d'autre Ouvrage que celui
qui elt rapporté par Manget , fous ce titre:
^llo fcoUre , che fcrijfe i fogll Indtaluti il Viffinganno , invia i necejfarii ^avertîmenil
Romulo Speiioli, Padoue , i6b4 j f/i-4.
s P I
o'-V
SPIELMAN , ( Jacques Reinbold ) favant Médecin de ce fiecle « naquit à
Strasbourg. Après de bonnes études dans les Ecoles de cette ville , il y re-
çut le bonnet de Docleur , & donna tant de preuves de la fupériorité de fes
talens , qu'il mérita d'être nommé à la Chaire ordinaire de Chymie , de Bota-
nique & de Matière Médicale, C'étoit peu pour cet homme célèbre d'être connu
dans fa patrie ; il méritoit d'avoir part dans l'cftime des étrangers, Aufli s'em-
preflerent - ils à lui donner des preuves de leur confidération. 11 fut reçu dans
l'Académie Impériale des Curieux de la Nature ^ dans les Académies de Pé-
tersbourg , de Berlin , de . Mayence , du Palatinat , & l'Académie Royale
des Sciences de Paris le nomma fon Correfpondant. On a de la façon de ce
Médecin :
InjUtutlones Chyniicte prale&ionîbiis academicis accommodât^, ^rgentlna, 1736. Ibidem,
1766. M. Cadet le jeune a mis cet Ouvrage en François, Paris ,^1770, deux vo-
lumes in- 12.
Inflltutlones Materiis Medic<e prahSionibus academicis accommodâtes, u^rgcntince , 1774.
Jean - Jacques Spîelman , Ton fils , aufîi Médecin de Strasbourg , a traduit ce Traité
en Allemsnd & l'a publii en 1775.
SPIERINCK , ( Jean ) Médecin de Philippe III , Duc de Bourgogne &
<]e Brabant, étoit Dodteur de la Faculté de Louvain & Chanoine de fEglilè de
Saint Pierre de la même ville. 11 fut deux fois Refleur de l'Univerfité , & il
obtint une Chaire de Médecine en 1485. Les fuccès de fa pratique lui firent beau-
coup d'honneur ; mais prévenu contre les médicamens étrangers , il ne voulut jamais
s'en lervir , parce qu'il étoit dans l'idée que les peuples qui les recueillent , altèrent
ces drogues pour nuire aux Chrétiens. Tout finguHer qu'eût été fon fentiment
à cet égard , il l'engagea à faire beaucoup de recherches fur les fimples qui croif-
fent dans nos contrées , & il en préféra toujours l'ufage à celui des plantes
étrangères.
On met la mort de Spierinck au 7 Oflobre 1499. 11 fut enterré à l'entrée du
chœur de l'Eglife de Saint Pierre à Louvain, & l'on grava cette Epitaphe fur !a
pierre qui couvre Ion tombeau .•
JoANNEs Spierinck
Hujus Ecclejîts Canonicus ,
Philippi Ducis Burgundits & Brabantie PhyJIcus.,
Subflamiam fuam facris adibus , egcr.ls & fid!^ famulis reliquit:
Mortaus annù Cl 3. CCCC. XCIX , die VII OSlobris.
Ce Médecin avoit ordonné , par fon teflament , qu'on partageât fa fucceffion
en trois portions égales; une aux Eglifes Collégiales de Bruxelles, de LQUVpin,de
Malines & de Liere,une autre aux pauvres, & la troilicme à les dcuy domefti-
ques. La maifon où il a demeuré à Louvain , eft aujourd'hui convertie en Col-
lège qui porte le nom de Druitius , à caufe de Michel Druitius , Dofteur en Droit
&i Doyen de Saint Pierre , ion fondateur en 1559.
3o3 S' p r
SPIES C Jean-Chrifloplie ) naquit en 1665 à Mogeldorf près de Nuremberg.
Le goût qu'il eut pour la Médecine , le lit fucccfiivemcnt paficr à Altorf , ai
Jene & à Bille , pour y étudier cette Science ; & après avoir reçu les hon-
neurs du Doctorat dans l'Univerfité de la dernière vil'e , il retourna dans la pre-
mière , dans relpcrance qu'il ne lui leroit pas diffi-ile de parvenir à l'une ou
l'autre des Chaires de la Faculté, Pendant qu'il s'occupoit de la pratique , il
ne perdit pas de vue fon deflein ; mais il foUicita vainement les places vacantes ;
& fur les oppolitions qu'on lui fit, il prit le parti d'aller à Nuremberg, où il fut
^SSJ^S^ ^^ Collège des Médecins en 1695. La conduite de Spies déplut bientôt
à les confrères ; ion infociabilité les indifpoia même tellement contre lui , qu'ils le
rayèrent du tableau de leur Collège. Après un ahroc>t de cette nature, notre Mé-
decin ne manqua pas de quitter Nuremberg; il fe rendit en T697 i^ Ratisbonne, où
il débuta plus avantageuiement. Peu de tems après l»>n sirrivée dans cette ville ^
il s'y étoit glillé une maladie épidémique ; mais Sj.ies lui oppofa des fccours fi
efficaces, qu'il réuflit à en arrêter le cours. Cette heureufe circonftance auroit
dû , fembloit-il , le fixer à Ratisbonne ; il en i'ortit cependant pour pafièr à Leut-
kirck en Souabe , où il ne put demeurer à caufe des mauvailis aff'aire» que fon et
prit brouillon & tracaffier lui lufcita. 11 vint enfin s'établir à Culembach en Fran-
conie, & il étoit Phyficien du Margraviat de ce nom, lorlqu'il mourut au mois
de Mars 1745 , à l'âge de 80 ans.
Il ne faut point confondre ce Médecin avec Jean-Charhs Spks, Médecin lui-
même, qui fut attaché, en cette qualité, au Duc de Brunfwic, vers le commen-
cement de ce fiecJe , & qui a donné les Ouvrages fuivans :
MelanchoUa Hypochondriaca falivatione cita , tutà & radichùs extirpata. Hdmftad'd ».
1704 , /n-8.
Rorifmarini coronariî Hiftoria medlca. Ibidem, 1718, in-4.
De jiliquis Convolvuli ^mericani , vulgà f^ainigUis. Htlmjladil., 1721, m-4.
Examen aquarum mincralium Furjienavienjium & f^ichtddcnpum. Ibidem , 1724 f
in 4.
SPIGELIUSou VANDEN SPIEGH EL ( Adrien ) étoit de Bruxelles, où il na-
quit en 1578. 11 étudia la Pbilofophie & la Médecine à Louvain ; mais à pei-
ne avoit-il fait quelques progrès dans la dernière Science , qu'il fe rendit à Pa'
doue, pour y profiter des leçons de Jérôme d"" uiquapendentc & àe Jules Cajferiua
qui lui donnèrent le bonnet de Dodeur. Il le méritoit par l'étendue de fes con-
noiflances dans toutes les parties de l'Art, & fur-tout dans l'Anatomie & la Chi-
rurgie , dont il s'étoit occupé avec plus de chaleur & de goût. Peu de tems après
fa promotion , il retourna dans fa patrie ; mais l'envie de voyager l'en fit fortir
-pour paffer en Allemagne, & il alla s'établir en Moravie, en qualité de Médecin
des Etats de cette Province. Il y jouillbit de la plus grande réputation , lorfque le
. Sénat de Venife le rappella à Padoue le 22 Décembre 1616, fur la recomman-
dation d' ^quapendente. L'invitation étoit trop honorable pour s'y refufer. Il s'em-
prefla de venir occuper la principale Chaire d'Anatomie & de Chirurgie , qu'^-
quapcndente avoit remplie lui-même pendant plufieurs années, & qui vaquoit alors
par la mort de CaJJerius. Le 17 Janvier 1617 , Spigelius entra en exercice de fon
s P I 309
emploi , dont les appointemens étoient de 500 Horins ; mais comme il s'en acquitta
avec tat]t de fuccès , qu'il contribua à rendre les Ecoles de Padoue plus floriflantcs
encore qu'elles n'avoient été jufqu'alors , le Sénat deVenife l'honora du titre de
Chevalier de Saint Marc , le 25 Janvier 1623 , & lui fit remettre un collier d'or ,
en récompenfe de fes Ter vices.
11 avoit eu, en 161Q, quelques démêlés afiez vifs avec Jean Prcvofl^ l'un de
fes collègues; mais l'aftaire fut terminée en faveur de Spigelius , par les foins de
}a Nation Allemande qui lui étoit fort attachée. Deux cours d'Anatomie, qu'il
fit en Janvier 1620 & 1623 , contribuèrent beaucoup à augmenter la réputation de
ce Médecin. Son Age , la vivacité de fon efprit , les forces de fon corps , tout lui
promettoit une vie affez longue pour avoir le tems de fe procurer une célébrité
plus grande encore ; mais il mourut à Padoue le 7 Avril 1625 , âgé feulement de--
46 ans & quelques mois. On dit qu'il avança fes jours par un rtiorceau de verre
qu'il s'enfonça par malheur dans le doigt , au repas qu'il donna à fes amis pour
les noces de fa fille unique. Mercklein ajoute qu'il lui furvint une inflammation
au bras, & que la fuppuration delà tumeur formée fousl'aifielle lui porta le coup
de la mort. Jacques-Philippe Tomafinl rapporte la chofe autrement dans fon Gymna-
fium Paiavlnum. Il dit que Sptgelius , exténué par des travaux continuels , tomba
dans une fièvre lente qui fut fuivie d'un abfcès au foie , dont il périt au bout
de dix femaines. On grava cette Epitaphe fur fon tombeau :
Adrianus Spigelius Bruxellensis ,
Eques D. Marci ,
Medkus y Anatomicus ^ Chirurgus injîgnis.
Qui
Cum poft varias peregrinationes in Gymnajîo Patavlno IX annls
u4natomîam & Chirurgiam ,
In primo loco , indefejja induftriâ adminijlrajjet ,
Summamque do^rinam variis editis Scriptis Orbi teftatam fecijjet ,
Requiem hic reperit , quant vivus non invenit.
P. MŒSTA CONJUX PrUDENTIA.
Obiit VII Jdus^prilis, etatls 47, annù M. D. C. XXV.
Prodidit , adjuvit , fecuit cum laude perennî y.
^bdita , languentes , corpora , Spigelius.
Cingitur hôc faxô corpus , fed fpiritus ajïris,
Hac funt virtutum prtemia. Lecfor abi.
La tnort prématurée de ce Médecin ne lui a pas lailTé le tems de publier
la totalité de fes Ouvrages. Nous les avons de différentes mains , fous ces
titres ;
Jfagogcs in Rem Herbariam Libri duo, PatavU, i6o6, 1608, //j-4, Lugduni Batavo^.
rut]!, 1633, Î1-I2, avec le 'Catalogue des plantes du Jardin de Leyde & des en-
virons de cette ville, Ibldaii , 1673 , iri'ib. Hdwjludil , 16C7 , irt-4. Il y traite
de ia vertu des plantes , & donne plufieurs moyens de fe former des
herbiers fecs.
De L'imbrico lato Liber , cum notis & ejiiJ'Jem Lumbrici icône. PatavH, i6iB,in-4,
avec une lettre De incan) tempore partûs.
De Snui-teniana Librl quaiuur. Francofurii , 1624 » ''ï~4'
Cataftrnphe ^tiatomite pubUc<s in cekberrimo Lyciso Patavlno féliciter abfoluta. Pa-
tavii , 1624 , inw\.
De humani corporls fabrlcà Librl A"", cum Tabulis g8 <eri incijîs. Op'js pnjîhumum. Ve-
netiis , 1625, in-folio, par les foins de Lîberalis Crema qui a pub'ii le manulcrit
de l'Auteur, tel qu'il l'a trouvé. F'enetiis , 1627, in-folio regali. On doit cette édi-
tion à Daniel Bucretius àe Breilau, qui l'a donnée cnfuite des ordres de Spl^elius ,
mai« qui a gâté Toriginal , en voulant y ajouter fes propres opinions. Sa conduite,
à cet égard , lui. a mérité les reproches de Riolan. Francofani, 1632 , in-4 , avec
d'autres Ouvrages, f^enetiis , i6^i^ , in-folio.
De formata fœtu Liber Cuigularis , £nds fi^uris ornatus. Epiftolte duts Anatomlca. Trac-
tatus de ^nhriûdi. Opéra pujthuma. Patavii , 1626, in-folio regali , par les foins de
Liberalis Crema. Francofuiti, 1631 , £«-4, avec fibules.
Opéra qiits extant omnia., ex recenjïnne Joli, .^ntonldx F'ander Liaden, cum ejufdem
Prafatione. Amjhlodami ., 1645 > in-folio, trois volumes.
De tous les Ouvrages de Spigelius , le plus remarquable eft celui qui traite de
la Hruclure du corps humain. Il contient des defcriptions exa6^es, aflez amplement
détaillées , expoi'ées même avec beaucoup de méthode , de clarté & de prcciiion.
L'Auteur y a joint pluiieurs oblervations pratiques, beaucoup de queftions phylio-
logiques, & il a fait remarquer les difl'érences des parties relativement aux Sges ,
aux climats & fouvent aux tempéram.ens. On doit préférer l'édition procurée par
Crema à celle de Bucredus qui a déHguré l'Anatomie de notre Médecin par les er-
reurs qu'il y a fait pafler. Si Riolan & F'ejlmgius avoient confronté ces deux édi-
tions , iis auroieni jette fur le feul Bucralus le blâme qu'ils lui ont fait partager
avec l'Auteur.
SPINA, ( Pierre J) Médecin d'Aix-La-Chapelie , floriffoit vers le milieu du
XVI liecle. Ses talens dans la pratique l'avoient ii bien mis dans l'efprit des Ma-
giftrats d'Aix, qu'ils l'exemptèrent delà profcription fulminée contre les Proteftans
qui fe trouvoient dans cette ville en 1558. Spina y mourut en 156g
Pierre, fon fils , naquit à Aix-La-Chapelle le 26 Mars 1563. Après de bonnes
études, il fe féntit du goiàt pour )a profcffion que fon père avoit exercée; ii le
fuivit , & pafia lucceflivemcnt en difl'érentes UniverCtés. Il fréquenta d'abord les
Ecoles les plus célèbres de l'Alkrnagne , fe rendit eniiiite en France & s'arrêta à
Paris pendant quatre ans; au fortir de cette ville, il prit la route d'Italie & s'at-
tacha principalement aux Profefieurs de Padoue , qu'il ne quitta que pour aller
entendre ceux de Bâle, qui lui accordert. t le bonnet de Doileur en 1586. Il ne
tarda point à revenir dans fa ville natale, où les heureux fuccès de fa pratique lui
méritèrent aflèz de conlidération pour être nommé à la Magiftrature ; mais les
s P I SPC - 31Î
troubles furvenus en 159^, au fujet de la Ligue conclue à Freidberg, près de
Francfort , entre les Proieflau:, ; & ceux qui fuivircnt la fcntence qui mit la ville
d'Aix au ban de l'Empire, l'engaaierent d le retirer à Hcidelber.'î, où l'Eiefccur
Frédéric IV le prit à fon lervice en qua!;té de premier Médecin. 11 fut aîtacbé
à la Cour Palatme julqu'en 16171 qu'il demarjda & obtint la piemicré Chaire dans
les Ecoles de la Faculté de la même ville d'Heidelbcrg; il en remplit le» fonc-
tions avec honneur ju!'qu"à ia mort arrivée le 7 Oéiobre 1622, dans la foixantieme
année de fon âge. On a de lui une édition des cinq Livres de Pratique de Jérôme
Mercuriali, qui etoit en train à Francfort lorfqu'il mourut, mais elle ne fut ache-
vée qu'en 1623.
Pierre Spina , fils de celui dont je viens de parler , prit le bonnet de Dofleur
dans la F'aculté de Médecine d'Heidelberg , où il enfeigna dans la fuite avec dif-
tinclion. En 1624 » il ^^o't I^efieur de l'Univerfité de cette ville. Il fut encore
premier Médecin de Frédéric V , Electeur Palatin , & d'Anfelme-Caiîmir d'Ulm-
ftatt , Archevêque & Electeur de Mayence.
Il a paru , au commencement de ce fiecle , un Ouvrage iotitJlé .• ilfa/'^a?e , j7ve,
Lexicon Fkarmaccuiico-Chymicum injiar compmJu, Mcdicis praciicis & Pharmacopœls ma-
xime commodum. Editio fecunda. Francofurti ad Mœnum , 1715 , in-'d. Il efl de la com-
pofition de David de Spina, Docteur & Profefieur extraordinaire de la Faculté de
Médecine en rUniverfité d'Heidelberg , qui paroît être de la famille des précédens.
SPITTALUS. Voyez PITTALUS.
SPON C Charles _) étoit de Lyon, où il vint au monde le 15 Décembre i6og.
Son aïeul , natif d'Ulm en Souabe , étoit venu établir à Lyon un commerce que
fon père y continuoit avec avantage. A l'âge de douze ans , Charles fat envoyé
à Uim pour étudier les Belles-Lettres j il y fit tant de progrès , qu'à peine a voit-
il atteint fa quinzième année , qu'il excelloit déjà dans la compofition de toutes
fortes de vers Latins. En 1625 , il quitta Ulm pour le rendre à Paris, où il s'ap-
pliqua à la Philoibphic , aux Mathématiques, à l'Aflronomie & à la Médecine fous
les plus habiles Maîtres; mais étant paffé en 1652 à Montpellier, il y fut reçu
Doiteur dans le cours de la même année. Il alla enfuite faire fes premiers efîais
de pratique au Pont-de- Vielle , petite ville de France dans la Breiïe , & revint
au bout de deux ans à Lyon , où il fut aggrégé au Collège des Médecins le 7
Août 1635. La réputation qu'il acquit dans cette ville fe répandit fi avantageufe-
ment , que Cjujînot , premier Médecin de Louis XIV, lui envoya, en 1645, des
Lettres de Médecin du Roi par quartier, comme une récompcnfe due à fon mé-
rite. Spnn fit voir qu'il en étoit digne; car la célébrité, dont il jouiiibit , ne fit que
s'accroître jufqu'à fa mort qui arriva à Lyon le 21 Février 1684.
Comme ce Médecin polTédoit parfaitement la Langue Grecque , & que d'ailleurs
il aimoit la Poéfie Latine , il fe mit , en 1636 , à compofcr des vers qui rendent
les maximes que l'on trouve dans les Aphorifmes 6^ Hlpvocrate. Mais ayant ap-
pris que d'autres s'étoient occupés du même travail, il ne pub'ia pas le fien , &
fe coûtcnta de mettre en vers Héroïques les Pronoftiques du même Auteur, qu'il
fit imprimer fous ce titre ;
3iâ S P O
Sybilla MeJka. LugJunl , 1661, In-^. Cet Ouvrage eft dédié à Gui Patin ^ foQ
ami intime.
Sport a aufli compoié une Myologie en vers , qu'il s'étoit propofé de dédier à
£elée , Médecin de la Princefle de Dombcs , mais elle eft demeurée en raanufcrit
parmi l'es papiers. Majigct a inféré cet Ouvrage dans fa Bibliothèque Anatomique ,
avec un autre Traité qui efl intitulé : Mufculorum Micrucofmi origo & infenig. Voici
un échantillon de la Poéfie de Spon au fujet des rauicles occipitaux ;
Biais occipitalibus
Anjîs, quce rapiunt auriculas retrà^
Onum commodat occiput ,
Ojjis qua médium confpicitur latus:
Fines auilculiS accubant.,
Imo ad frontis eunt ufque lacertulos.
On a encore de la façon de Charles Spon : appendice Chymique à la pratique de Pe-
reda. Pharmacopée de Lyon. Il eft aulli éditeur de plufieursbons Ouvrages. Tels font:
Joannis Schenckii Ohjcryationes Medicts. Lugduni, 1644, in-folio,
Hieronimi Cardani Opéra. Ibidem^ 1663 , dix volumes in-folio.
SPON, ( Jacques ) fils du précédent, naquit à Lyon en 1647, ^ f"* élevé
dans la Religion prétendue réformée. Il fe Ht recevoir Dofteur en Médecine à
Montpellier en 1667, & fut aggrégé au Collège des Médecins de Lyon en 1669.
Peu de tems après, il alla en Italie avec Piaillant, Antiquaire du Roi; mais le
goCit qu'il avoit pris pour l'étude favorite de ce Savant , l'engagea à de plus longs
voyages. II pafla encore en Dalmatie, en Grèce & dans le Levant, pour en ob-
lerver les Antiquités. Il revint en France donner des preuves des progrès qu'il
avoit faits dans cette partie ; il quitta cependant ce Royaume au mois de Septem-
bre 1685, un peu avant la révocation de l'édit de Nantes, pour aller s'établir à
Zurich, où fon père avoit obtenu le droit de Bourgeoifie. Il n'y parvint pas, car
il tomba malade à Vevay, ville du Canton de Berne, & il y mourut le 25 Dé-
cembre de la même année.
Les Académies de Padoue & de Nimes avoient reçu Jacques Spon dans leur
Corps; l'étendue de Ion érudition & le grand nombre d'Ouvrages qu'il a publiés,
lui ont méiité cet honneur. L'Antiquité, l'Hiftoire, la Médecine, font les fujets •
fur îefquels il a écrit.
Recherches des antiquités & curiojîtés de la ville de Lyon. Lyon , 1673 t ''^'S*
Di/cours fur une picce curiccfe du Cabinet de Jacob Spoa. Lyon i6f4,/n-8.
Jgnotorum atque obfcurorum quorumdam Deorum arts. Lugduni , 1 676 , inS , avec
des notes.
Mijcellanea erudita ^ntiquiiatis. Ibidem , 1676 , 1685 » in folio , avec figures. Bon
Ouvrage pour la connuifTance des lofcriptions & des Médailles.
Lciire au Perc de L\i Chaife fur Vantiqulré de la Religion. In-11.
yoya^es d'Italie, de Dalmatie ^ de Grèce & du Levant , faits en 1675 & 1676. Lyon,
1677 ,
s P R s T A 313
1677, trois volufties în-iz. La Haye , 1680, 1689, deux volumes m- 12. Ce re-
cueil cft curieux , favant & utile pour la connoiflance des Antiqui'tés , du com-
merce & des maladies de ces diftérens pays. George 7^'Aeê/er, compagnon de voyage
de Spon , a contribué à la perfection de cet Ouvrage.
Jiéponfe à la critique publiée par Guillet contre feu voyages. Lyon , 1679 , in-12,
Hijioire delà ville de Genève, Lyon, 1682, deux volumes tn-ia. Utrecht , 1685.
Genève, 1700, deux volumes in-4 , ou quatre volumes i/i-ia , avec des figures
& les notes de M. Gautier, Secrétaire d'Etat.
Obfervations fur les fièvres & fur les fébrifuges , à l'occafiou du remède du Che-
valier Talbot. Lyon, 168 r , 1684, jn-i2. En Anglois, Londres, 1682, in^^^.
Recherches curieufes d'Antiquités. Lyon, 1683, J/1-4, avec figures. On y trouve
une Dillertation qui prouve qu'i7 n'eji pas vrai que ce fujfent feulcmcnr les ejclaves qui
exerçajfent la Médecine à Rome, ou que les Médecins en aient jimais été bannis.
Aph'irifmi novl e.v Hippocratis operibus pajfim colle&i. Lugduni , 1684, m.i2, en Grec
&" en Latin, avec des notes.
Spon a encore mis en Latin !e Traité fur l'ufage du Thé, du Cattë & du Cho-
colat , qui avoit paru à Lyon fous le nom de Philippe- Silveflre Du Four , quoique
lui-même en fût 1 Auteur. Sa Traduction a été imprimée à Paris, 1585 , «-12 ,
à Genève, 1699, /n-i2, fous le titre de Tracfatus de potu Caphé., de Chinenjîum Thé
S" de Chocolata , cum notis. La partie de cet Ouvrage qui concerne le CaHé , a
été publiée avec des notes par Jacques Manget, fous ce titre: Bevanda ^fiatica ^
id ejl ., Phyfiologia putûs Cajfé. Lipfi£j 1705, in-^,
SPRACKLING , ( Robert ) de ITianet, petite Me d'Angleterre dan«Ia Province
de Kent , fut reçu Maîtrc-ès-Arts à Cambridge. Il s'étoit fait incorporera Oxford le
13 Juillet 1658, Icrfqu'il prit goût pour la Médecine, à laquelle il s'appliqua dans
les Ecoles de cette ville; il pafla enfuite en France & s''arrêta à Angers, où ^l
obtint le bonnet de Docteur. A fon retour en Angleterre , il entra dans le Collège
Royal de Londres ; mais comme il embrafla bientôt après la Religion Catholique,
il fe retira à Preflon dans la Province de Lancaftre , où il fit la Médecine avec
aflez de réputation. Il retourna à la Religion Anglicane peu d'année> avant fa
mort arrivée vers 1670. On connoît de lui un Ouvrage en Anglois ; il l'a écrit
contre Marchamont Nedham , pour venger la dodrine d'Hippocrate & de Galien at-
taquée par ce ridicule Auteur.
STAHL C George-Ernefle J naquit à Anfpach en Franconie le 21 Octobre
i66o. Il étudia la Médecine à Jene , & après y avoir reçu le bonnet de Dodteur
en 1684 1 iî °e tarda pas à jetter les premiers fucdemens de fa réputation , par les
leçons privées qu'il donna aux Ecoliers de l'Univerfité de cette ville. Mais Stahl
avoit des talens fur qui il pouvoir fonder les efpérarces d'une réputation plus
étendue, S? ce fut aux fuccèi; de fa pratique, qu'il dut la place de i^éiecin or-
dinRire du Duc de Saxe-Weimar en 1687. Frédéric Hoffmann lui rendit juflice en
X694, par l'empreflement avec lequel il fol'icifa la Cluire qu'il obtint pour le Sa-
vant qu'il eftimoit. 11 en donna part à Stahl qui ne tarda point à venir prendre
place parmi les ProfelTeur» de la nouvelle Univerfité de Hall en Saxe; mais à
TOME IV. R r
:,ij[. s T A
peine y fut-j! au rang des Collègues de fon bienfaiteur , qu'il devint quelque chote
de plus que fon émule. HoJ}mann , qui avoit le cœur bon, Je fit toujours un devoir
de relever le mérite d'autrui ; Stahl n'effima jamais aflez celui de les contempo-
rains. Quoiqu'il en ibit , les leçons, les Ouvrages & la pratique de ce Médecin
répandirent bientôt fon nom par toute l'Allemagne. L'Académie des Curieux de la
Nature le mit au nombre de fes Membres en 1700, fous le nom d'Olympiodore ;
& la réputation faifant de jour en jour de nouveaux progrès, il étoit parvenu au
comble de la célébrité , lorique Frédéric-Guillaume , Roi de Pruffe , l'appella à
Berlin en 1716. Les occafions ne lui manquèrent pas de fe répandre avantageu-
fement dans cette ville; il s'y étoit encore rendu en 1734, iorfqu'il fut attaqué de
la maladie qui le mit au tombeau le 14 Mai de la même année, dans la 74s- de
fon âge.
Stalil s'eft fait un parti dans la Médecine , & il a été regardé comme le Doc-
teur d'une Ecole toute contraire aux partifans du Méchanifme. Comme il donnoit
quelquefois dans les profondeurs de la Métaphyijque, cette étude le conduifit au
lyftôme qui établit l'Autocratie de l'ame en fanté & en maladies. Il foutint que
toutes les opérations du corps étoient tellement dirigées par l'ame , qu'il en réful-
toit ordinairement un bien. C'eft pourquoi il vouloit que le Médecin obéît aux
mouvemens de la Nature , tout dérangés & extraordinaires qu'ils paruflent à fes
yeux. Cette dodrine lui fit prefque négliger l'Anatomie ; il regardoit les organes
du corps humain comme des inftrumens qui n'agiffent que paffivemetit. La fin-
gularité de cette opinion auroit dû, femblci^-il , décrédirer Ion fyftênie ; il ne
manqua cependant point de partifans , parce que Iss idées même les plus ablurdes
n'en ont jamais manqué. Stalil fut fi intimement perfuadé que rien n'étoit mieux
conçu, ni plus vrai que fon empire de l'ame fur le corps, qu'il le jetta dans de
profondes méditations pour le Ibutenir contre fes adveriàires. Mais l'ame qui ^
fuivant fon hypothefe, agit toujours pour un bit;n, s'oublia à fon égard; car elle
fit de telles imprelfions fur le corps de ce Médecin , i la fuite du redoublement de
fes études, qu'il en devint mélancholiquc.
Siahl a mieux réulli du côté de la Chymie qu'il commença à étudier dès l'âge
de quinze ans; les idées nouvelles qu'il s'efl: formées fur cette Science, ont con-
tribué aux progrès qu'elle a faits depuis lui. C'eft audj par ce qu'il a écrit en ce
genre qu'il s'eft procuré une réputation qui dure encore ; mais il auroit rendu
fon nom plus célèbre , s'il n'eût pas gâté fes Ouvrages par 1 obfcurité de fon ftyle.
En méditant fur le Collège Chymique de Barmr , il parvint à découvrir un alcali
fixe dans le Nitre. Avec les fecours qu'il tira des Livres de Kunkd & de la Phy-
fique fouterraine de Bêcher , en pelant avec exactitude , comparant & répétant
leurs expériences, il atteignit au plus haut point de perfeif^ion dans l'Art. Les
chofcs nouvelles qu'il trouva, font : 1°. la génération du fouftre artificiel : 2". l'ana-
lyfe du vitriol , la volatililation de l'acide vitriolique & fa reftitution dans fon
premier état de fixité: 3". la prél'ence & l'influence du phlogiflique en différens
corps : 4°. la réfolution du foutlre en un acide fubtil : 5°. la différente fixité des
fels acides minéraux: 6°. la deftrudion fubite du nitre par déflagration: 7°. le fon-
dement réel de la fermentation vineuie &i acéteufe ; 8°. la converiion de l'efprit
s T A S15
<3e vîn & fon iogrès artificiel dans le vinaigre: g®, la transformation du fuc de
citron en vin: iq". le paiiàge de tous les corps fermentables en une terre infipide:
11°. la folution de l'or par le fouffre; 12°.. la iolution du fer par un alcali.
Sans s'arrêter aux difiërtations Académiques de Stahl , on a de lui un nombre
d'Ouvrages alTez confidérable , mais il ne les a point tous mis au jour lui-môme.
Ses difciples en ont fait imprimer plufieurs qui font, ou des extraits de fes Ecrits,
ou les cahiers qu'il leur avoit diftés dans les Ecoles. Voici les titres & les éditions
de ce qu'il y a de mieux parmi les uns & les autres :
Prodromus de indagaùone Cliymico'PhyJîologicâ. Jents , 1683, in-n,
Zymotcchnia fundamaitalis. 1697.
DiJJertationcs de Maallurgia & Doclmaftle fandamenûs. 1697.
Expérimenta & obfcrvadones 300 Chemic<s & Pliyjîos. Francofuni & Lipjïa^ 1697 ,
in-S. Berolini ^ 1731 » 'n-8. C'ert principalement ici qu'il établit l'exiftcnce de fon
phiogiftique comme principe.
^nimadverjlones in Sinem Tin&oriam fundamentahm & expérimentaient.
Dljfcnatlones Medîccs. Hal<s ^ 1707,1712, deux volumes /tt-4. C'eft un recueil de
Theles qui a été publié par Michel ^Iberti.
Diagramma de vera Proefeukrlfeos Medica dignitate & fundamentô verù. Ibidem t
1707 , ia.4.
Theoria Mcdica vera , Phyflologiam & Pathologiam fiflens. Ibidem^ 1708 , fn-4, , 1737?
i/i-4 , avec la Préface de Juncker.
Chirurgia Medica. Ibidem^ ^7^o* '"~4-
Opufculum Ckymico-Phyjîco-Medicum. Hala , 1715, 1740, in-4.
Traité fur le fouffre tant inflammable que fixe. Hall, 1718 , 1723, in- 8 , en haut
Allemand. En François, par le Baron à'Olbach^ Paris, 1766, in-ii.
Obfervationes clinicts. Lipjïte , 1719 , 1735 , /n-8. C'eft GodefroiJ-Henri Ulau qui a
publié cet Abrégé de Pratique , qu'il a extrait des Leçons privées de Stahl.
Negotium otiofum. Halte , 1720 , in-JL. Il y d4fend fa doiTirine de l'ame , comme
principe des fondions tant en i'anté qu'en maladies, & répond aux objeilions de
Leibnit^ qui étoit partifan du Méchanllme.
Fundamenta Chymla dogmatica& experlmentalis. Norimberg<£^ i^^S » I?j2 , Jn-4. /W.
dem.^ 1746, 1747 , trois volumes in-t^. En François, par de Machy , Paris , 1757 , fix
volumes in-i2.Dans tous fes procédés, l'Auteur s'attache à la recherche des prin-
cipes de chaque corps qu'il foumet à fes opération?.
Traité fur les f eh. Hall , 1723, Jn-8 , en haut Allemand, II a paru en François,
de la tradudlion du Baron d'Ôlbach, Paris, 1771, iV.-i2.
Commentarium in Metallurgiam Becheri. 1723.
Obfervationes Medico-PraSilcce. Korimbergte , 1726 , w-4. Cefl: des Ecrits de Stahl
que Chrijîophe Goet^ a recueilli ces Obfervations , qui le réduifent à de courtes deG-
criptions de maladies, avec la cure.
Collegium Praciicum. Lipfi<e ., 1728, 1732, 1745, '1-4. Jean Storch a formé cet Ou-
vrage fur les cahiers écrits à la difiée de notre Auteur.
7raité de la Matière Médicale. Drefde , 1728, in-8, en Allemand.
yJrs fanandi cum cxpc&ationc^ oppofua yirti curandi nudâ cxpe&atione. Offenbaci , l^^o^
in-d. Il cft bien des cas où la Médecine doit être plus expeiflante qu'agiflante j
316 S T A
la fineffe de l'Art confifle même fouvent à ne rien faire , puifque c'eft quelque-
fois un excellent remède que de n'en pratiquer aucun. Mais dans le fens de StahL
qui aitribuoit tant de pouvoir à l'ame , il étoit bien plus important encore de de-
meurer dans l'inadion, en attendant le bien, auquel il fuppofoit qu'elle buttoit
prefque toujours.
Jntroducllon à la Chymie. Hall , 1730 , Iri'S , en haut Allemand.
Collegium cafuale minus , in quo comphcfuntur cafus 102 diverjî argumcnd , numerum.
pkrorumque morborum abfolvmtes. Swidnitil, 1734 1 ^"■'^' ^'pfî'f » 1741 9 /a-4javec une
Préface de la façon de J. G. Bud^us.
STALPART VANDER. WIEL ,( Corneille ) célèbre Accoucheur, Chirurgien
& Médecin de La Haye , fa patrie , naquit en 1620 & mourut après l'an 1667.
Comme il fut bon Anatomifte , il trouva le fecret de deffécher & de conlerver*
les cadavres qu'il dillequoit pour en examiner la ftrufture. Jean , fon frère , fe
fit aulîi beaucoup de réputation à La Haye , où il enfeigna l'Anatomie & la
Chirurgie.
Corneille a laifle un Recueil d'Obfervations , tanr de celles qu'il avoit faites lui-
même, que d'autres qu'on lui avoit communiquées. Cet Ouvrage, qui parut en
Hollandois en 1686, fut traduit en Latyi , Tous ce titre:
Obfervationei rariores Mediccs , Jnatomlcce & Chirurgicts. jiccadlt de Unlcornu DiJfcT'
tatio. Lugduni Batavorum , 16H7, In-'à , deux volumes avec figures. Ibidem ^ 1727,
même format. Planque, Dofteur en Médecine, a mis ce Recueil en François. Pa-
ris, 1758, deux volumes i/i-ia.
Pierre , fils de Corneille^ naquit à La Haye. Il fit le cours de fes études de
Médecine à Leyde , où il reçut le bornet de Doifteur en 1686 , & retourna en-
fuite dans fa ville natale pour s'y livrer aux travaux de la pratique. A l'exemple
de fon père , il fe piqua d'être obfervateur , mais il fe prefia trop à publier fes
découvertes. Il mit au jour à Leyde en 1687, in-ii , une Difîertation Latine
avec figures , dans laquelle il fouîient que le fœtus fe nourrit par la bouche &
que la nourriture ne lui parvient en aucune manière par le cordon ombilical.
Quoique ce ientiment ait été plufieurs fois réfuté par de bonnes raifons , Planque
n'a pas lailîe de mettre en François la Diflertation qui l'avance, & de la joindre
!k la Traduction de l'Ouvrage de Fander Wid le père.
STAPEL. ( JeanJ) Voyez BODJSUS.
STAPHORST, ( Nicolas ) Chymifte du XVTI fiecle , étoit d'Hambourg, où:
il fit imprimer en i68r , i/i-12, un Ouvrage intitulé :
Officina Chymica Londinenfis , Jîve , exacîa notitia medicamentoram fpagyricorum qua apud
Valant Societatis Pharmaceuticie Londinenfis pneparantur & venalia profiant. Apparem-
ment qu'il avoit déjà travaillé à Londres avant la publication de cette efpece
de Difpenfaire; on le retrouve au moins dans cette ville vers 16E6. Il étoit alors
Direfleur du Laboratoire du Collège des Médecins; il remplifibit même encore
eette charge en 1699.
s T A S T E
3rr
STARCIvE f Jean-Henri ) vint au monde , le 20 Juin 1651 , à Lemgow au
Comté delà Lippe en Weftphalie. Après avoir étudié la Médecine à Konigjberg,
il pafTa à Leyde où il donna de nouvelles preuves de ion application , & reçut I3
bonnet de Dodeur le 15 Juin 1676. Mais comme il avoit été déiigné Profefleurà
Konigsberg, avant même qu'il eût obtenu les honneurs du Dodorat , il chercha à
le perfe-i^ionner jufqu'en 1681 qu'il fc rendit dans cette ville. 11 y remplit avec
aflez de réputation la Chaire qu'on lui avoit confiée , & après avoir encore occu-
pé diliérentes charges académiques , il y mourut le 8 Février 1707. On n'a rien de
ce Médeciu que des Obiervations communiquées à l'Académie des Curieux de la
Nature , dans laquelle il étoit entré en 1698 , ibus le nom de Soranus.
STATHMIO , CChriftopheJ que Matthias croit être le mi2rae que Chrifiopbe
Pfundjleîn , Profcfleur de Médecine à Wittemberg au commencement du XVI fie-
cle , étoit de Cobourg en Franconie. Les Gens de Lettres avoient alors la manie
de changer leur nom , à qui ils ne donnoient une tournure Grecque ou Latine ,
que pour fe mettre au deilus du commun des hommes ; car la Icience étoit bien
ambitieufe dans ces tems-là. Elle auroit cependant dû l'être d'autant moins , qu'elle
le refientoit encore de la barbarie des fiecles précédens ; mais la vanité cft pref-
que toujours à côté de l'ignorance. Stathmio laillà des preuves de l'une & de l'au-
tre dans un Ouvrage intitulé :
De tertiana febre ^Jîrologica Experientla, & contra ManarJum definjïo cotijïderaiionis
aftrologlc<e in medicatione. Jf^itteberga , 1556, in S.
STATIUS ANN^US, Médecin du premier fiecle , s'eft diftingué fous l'Em-
pire de Néron. Peribnne n'ignore que Senegue ayant été condamné à mort par ce
Prince cruel, lé fit ouvrir toutes les veines & fe mit dsns un bain -chaud; mais
comme ce genre de iupplice ne le faifoii pas mourir aflez tôt à fon gré , Statius
uinn£us, ion ami, lui rendit le trifte office de lui prcienter dans une coupe le
mêm« poifon que les Athéniens avoient donné à Socrate , c'eft-àdire, du lue de
ciguë. Tacite, qui fait cette remarque, dit que le corps de Scnequc étoit déjà fi re»
froidi par l'écoulement de ion fang , que ce poilbn n'eut point d'effet lenfible.
Aujourd'hui, on prend fans crainte le liic de ciguë réduit en extrait. Cette prépa-
ration en diminue-t-elle la virulence'} Ou notre ciguë eft-elle différente de celle
des Anciens.? H eft bien apparent que le breuvage qu'on fit avaler à Socrate , n'é-
toit pas fimplement le lue de ciguë , ou qu'on lui en fit prendre une quantité con-
fidérablej car il elt à remarquer que dans le même tems qu'on failbit mourir ce
Philolbphe à Athènes avec ce poifon, Hlppocrate traitoit en l'hefiaiie les .maladies
de la matrice avec la même plante , mais prile en petite quantité.
STEEGou VERSTEEG, TGodefroid) Médecin du XVI fiecle, étoit d'Amerf-
fort dans la Seigneurie d'Utrecht. Il étudia à Louvain fous Nicolas £ie/ius, à"
Montpellier fous Laurent Joubert, à Pile fous Fidus Fidlus , & fit enluite fa profef-
lion à Nimegue, dont il fut Médecin ordinaire. On le retrouve en 1579 à Amerf.
fort durant le fiege de cette ville. Ses compatriotes le députèrent vers le Prince
d'Orange, de q^ui il obtint le iJ Mars des promefTes q^ue l'événement démentit
5i5 . S T E
le même jour. En rgog , il dtoit Médecin de Jules Echter de Mefpelbrunn ,
£vêque de Wirtzbourg ; ii le fut depuis de l'Empereur Rodolphe II, qui l'ho-
nora du titre de Comte Palatin. On dit que Steeg , outre la Science dont il faiibit
l'a principale occupation , entendoit bien la Poélie Lstioe, Je ne lais s'il en a
donné des preuves par quelques Ouvrages; il a au moins fait voir qu'il avoit
de grandes connoifiances en Médecine, en publiant les Traités dont voici les
titres :
D^fcrlptio Fonds medlcatl KiJJingenfis. Wir^sburgi ^ I595 » '«-12. La fontaine, dont
îl parle , eft à 60 pas de ia petite ville de Kiflingen , qui eft à fept lieues de
"Wirtzbourg & qui appartient à l'Evéque de cette dernière ville. C'eft à Poc-
cafion de cette fontaine , qu'il s'étend fur les eaux minérales en général & l'ufage
qu'on peut en faire.
TraSiatus dz Pcjle , in quo ver a prcefcrvandi & curandl ratio recenfctur. Wir^eburgi ,
Ï597, i/i-ia.
yJrs Medica , tota confcripta metluyiô dlvi(îvà à Gahno divcrjls lacis propofuâ , com-
mendata & exemplis illujirata , à recendoribus quibufdam clarijjlmis inchoata , fcd à
nemine hac/cnus abfuluta. Francofurd ^ 1606, in-fulio. 11 y a neuf Livres qui traitent
de la Médecine i'péculative , & quinze de la pratique.
STEIN, ( Paul VON J de Konigsberg , où il fut reçu Maître-ès-Arts en 1556,
remplit la charge de Reéîeur de l'Ecole Cathédrale depuis 155J7 jufqu'en 1560 ,
qu'il abandonna cet emploi pour donner tout fon tems à l'étude de la Médecine.
Aprèi avoir reçu les honneurs du Dodorat dans fa patrie , il y obtint la Chaire
de Médecine & de Phyfique en isfg, mais il ne l'occupa que peu d'années; car
il mourut le 31 Décembre 1584, étant alors Refteur de l'Univerfité de Konigf-
berg pour la iixieme fois.
Un trouve quelques autres Médecins du nom de Srdn. Gafpar naquit à Konigf-
berg le g Juillet 1592. Il fut reçu à la Licence à Jene en j6i8, & d'abord après
ia promotion, il voyagea en Italie, en France & en Angleterre jufqu'en 1621,
A ion retour dans fa patrie, il fe dévoua au fervice des malades qu'il traita avec
beaucoup de fuccès; fa réputation fe répandit même ii avantageufement, que la Fa-
culté de Médecine de Jene lui préfenta une Chaire dans l'es Ecoles en 1633. Mais
comme il préféra la vie aftive d'un Praticien à l'état plus fédentaire de "Profcl"-
feur, il n'accepta point cette Chaire, & continua avoir les malades julqu'en 1652,
qui eft l'année de fa mort.
Luc Stda, Doi^eur en Médecine, fit fa profeffion à Lubeck , fa patrie, où il
mourut le 15 Janvier 1699 , îlgé feulement de 35 ans.
Godefrold Stdn , Conlciller & Médecin ordinaire de l'EIetSeur de Brandebourg ,
a écrit un Traité intitulé ;
Lidiographia curiofa. Baruthi, 1703 , in-S. Cet Auteur ' étoit encore partifan des
qualités occultes qui ont fervi ii loag-tems de voile à l'ignorance; il t?iche d'expli-
quer la tbrraation du calcul , mais il en renvoie la caufe à un ciprit lapiditique.
STEINHAUS , C Thomas ) Dofteur de l'Univerfité de Cologne , enfeigna FA-
natomie & la Médecine pratique dans les Ecoles de cette ville, où il fur encore
s T E 319
Profcflèur extraordinaire de Chirurgie. On ne fait rien de plus fur fon compte,
finon qu'il étoit Doyen de fa Faculté en 1714, & qu'il a écrit une Diflertation
Ibus ce titre : Sckntia quoi nullum animal nijî ex ovo. Elle a bien l'air d'une Thefc
Académique.
STENGEL , ( Luc ) d'Ausbourg, où il vint au monde en 1523 , prit le bonnet
de Codeur en Médecine à Padoue l'an 1549. Il fe fixa dans fa ville natale, dont
il fut Médecin ordinaire; mais il ne fe borna pas à lui être utile par les foins qu'il
donnoit aux malades , il foUicita encore fes confrères à travailler de concert avec
lui à la pcrfeéiion de leur Art. Perfuadé que rien ne contribue davantage aux
progrès des Sciences, que de réunir en Corps le^ perfonnes qui s'y appliquent,
il engagea les iVîédecins d'Ausbourg à s'aflemblcr régulièrement , pour s'entrecom-
rauniquer les découvertes & les obfervations qu'ils auroient faites dans le cours
de leur pratique. C'eft à ce titre qu'on doit le regarder comme un des premiers
auteurs de rétabliflement du Collège de cette ville , dont il fut aulli le premier
Doyen. On met la mort de Stengel vers la fin de l'an 15B7 , & on lui attribue les
Ouvrages fuivans :
uâpologia advenus Stib'ù fpongiam , non ità dudùm à Michaëla Toxita in lucem éditant.
./iugujîiE f^inddicorum , 1565, 1569, /n-4.
Ouaftionci très Médias. An Antimanium tsgrotantibus citra noxam exhîberi pojjît *?
//. An ratio curandis Peftis à mijjfione fanguinis au/picaruia fît ? ///. An Pejîem necef-
fario fubfequatur febris ? Ibidem, 1566, Jn-4.
Thefcs de natura, eau fis & curatione morbi epidemici. Ibidem , 1580 , in.4.
Charles Stengel , autre Médecin d'Ausbourg & probablement de la famille du
précédent, a publié les Ouvrages dont voici les titres:
F'ita SanSli Simponi Epifcopi Augufiani. Auguftts Findelicorum , 1615 , in-\<3..
Hiftoria Peftis j in qua ejus cavfs , dir<e grajfadones & remédia divinitàs c^jllnra , fusé
enarrantur. Ibidem, 1614, i/i-8. L'penius & Manget citent une édition de Dillingeo
de la même année.
Hortenfius & Dea Flora. Avgufta f^lndelicorum , i6.\y , i/1-12. Ibidem, i6c,o , //:-i2,
fous le titre d'Honorum , Florum & Arborum Hiftoria.
STENON, C Nicolas _) célèbre Médecin, depuis Evêque de Titiopolis & Vi-
caire Apoftolique dans les Pays Septentrionaux , étoit de Copenhague , où il ra"
quit le 10 Janvier 1638 d'un père Luthérien qui étoit orfèvre de Chriftiern IV,
Roi de Dannemarc. H^étudia la Médecine fous le favaat i?arr/:c/;,T , & s'y rendit
habile, aufli bien que dans la Phylique & l'Anatomie. Cène fut qu'après avoir fait
de grands progrès dans toutes ces ; Sciences , qu'il voyagea en Hollande , en France ,
en Allemagne & en Italie. 11 étoit à Amftcrdam en 1660 , & il paffa les trois an-
nées fuivantes à Leyde , où il ne négligea rien pour fc periedionner. Il arriva à
Paris en 1664, & au bout de deux ans il fe rendit à Vienne, traverfa une partie
de la Hongrie, & entra en Italie par le Tirol. Il vifita les principales villes de
cette belle partie de l'Europe, & après avoir féjourné à Rome pendant quelque-
tems , il alla à Florence, où fa réputation parvint jufqu'à la Cour de Ferdinand
52®
<3 T K
II, Grand Duc de Tofcane , qui le nomma fon Médecin vers l'ao iG6f, & lui
accorda une penlion proportionaée à l'on mérite. Corne 111 honora Sî-cnon de fon
ettime & même de la conriance , puilqu'il le choiiit pour précepteur de fon (ils. Ce
fut alors que ce Médecin, qui avoit été ébranlé à Paris par l'éloquence vidlorieufe
du grand Bofiuet , i"e mit à lire les Livres Catholiques ; !a vérité éclaira l'on ef-
prit , leva le refte de fes doutes pour faire place à la conviction, & le porta k
abjurer publiquement l'Hérélie Luthérienne en 1669.
Frédéric 111 , Roi de Dannemarc , rappella Stenon dans fes Etats fur la fin de
fon segne ; mais comme ce Prince ne voulut po;ct lui accorder la liberté de
jcoaicience , il ne fe rendit point à fes ordres. Chriftiern V, Ion (uccelleur, ne fut
|)oint fi difficile. Notre Médecin retourna â Copenhag-ue peu de terne après l'an-
jiée 1670 , & il y fut nommé à la Chaire d'Anatomie , avec la liberté de faire les
exercices de la Religion Catholique. Il n'eut cependant point en Dannemarc tous
2es agrémens auxquels il s'étoit attendu, & pour cette raiion , il revint à Floren-
ce, où il continua l'éducation du jeune Prince , Jils de Côme III. Ce fut quelque
xevns «près Ion retour en Tofcane qu'il prit du goût pour l'état ecciéiiaftique ; il
l'embraffa en 1677 , & Innocent Xi ne tarda point à le iacrer Evêque de Ti-
tiopolis en Ifaurie. Jean-Fréderic , Duc de Hannovre & Prince de Brunlwick, qui
avoit abjuré le Luthéranifme , appella bientôt après Stenon à fa Cour; le nouvel
Evêque s'y rendit ea qualité de Vicaire Apoftolique dans tout le Nord. Ce la.
-vant Médecin devint ainli un zélé Milïîona re ; le Pays de Hannovre fut le
théâtre de fes courtes & de fes fuccès. Mais Jean-Fréderic étant mort en 167g,
fon luccefleur, qui étoit Luthérien, l'obligea de fortir de fes Etats. Il fe retira
à Munfter , & après y avoir prêché l'Evangile avec tout le zèle que lui infpiroit
fon rainiftere , il le trouva encore arrêté dans fes courfes apoftoliques. L'Elefleur
de Cologne avoit fuccédé à Ferdinand de Furftemberg fur le fiege Epiicopal de
Munfter ; Stenon improuva la nomination de l'Eledeur qui polFédoit déjà trois
Evêchés, & fa conduite ayant été mal interprétée , il paflk à Hambourg & con-
tinua de faire des millions en différentes contrées de l'Allemagne. Il vint mourir à
iîchwerin, dans le Duché de Mecklenbourg , le 25 Novembre 1680, dans la 4g
année de fon âge. Son corps fut traniporté à Florence & inhumé dans le tombeau
des Grands Ducs.
Stenon a enrichi l'Anatomie de plufieurs découverte» importantes. Il e([ le pre-
mier qui ait apperçu les canaux qui portent à l'œil l'humidité néceflhire à la faci-
lité de fes mouvemens. 11 donna, en 1662, la defcription d'ug vailTeau falivaire qui
part des glandes placées aux environs des oreilles , dont peilbnnc n'avoit encore fait
mention. Il remarqua que les fibres mufculaires du pharins font rangées dans un
ordre double de fpirales , l'un qui delcend & l'autre qui monte , fuivant des routes
oppolées ôî en fe croifant à chaque circonvolution. Il a aufli fait des obfervations
fur les canaux lymphatiqv.es , & il a éclairci plufieurs autres points relativement à
la ilrufture du corps dt l'homme & des animaux , comme on peut le voir dans
les Mémoires qu'il a copimuniqués à l'Académie de Copenhague, & dans les Ou-
yr'iges qui ont p&ru fous ces titres :
Objïrvatîoms de. oris^ oculorum & narium vajïs. Lugdanî Butavorum , 1662, In 12
s T E -ot
De mufculis & gîanJuîls obfervatîonum /pecîmen. HafnuSf 1664 , i/1-4. Amfielodaml ^
1664, in-'ii. C'elï le même Traité, mais avec des augmentations.
EUmentorum Myologlie Spécimen , feu , mufcuU defcriptio gcometrîca. Floreniits, 1667,
i/j.4. u4wJlelodami , 1669, 1689, in 8. Ce Médecin étoit fort entendu dans la Myo-
logie. On voyoit dans !e Cabinet de Ruyfch deux cœurs qu'il avoit préparés pour
faire appercevoir la diredtion de leurs fibres, & dont il avoit fait prcfent à ce
célèbre Anatomifte.
De fulido intrà folldum natnraliter contenta Dijfertationis Prodromus. Floreniits , i66g ?
11-4. Lugdunl Batavorum, 1679, in-12. En Anglois , Londres, 167 1 , fn-8.
Difcours fur VAnatomie du cerveau. Paris, 1669, in-11. Le même en Latin, fous
le titre de Differtatio de cerebri uinatomc. Lugdani Batavorum , ift^i , /n-12. On y
trouve plus de détail fur les précautions qu'il faut prendre pour réuffir dans la
diflèflion du cerveau, que fur la ftrud^ure de cet organe.
Obfervationes Anatomice , quibus varia oris , oculorum & narlum vafa dcfcribuntur ,
hovlque falivx^ lacrymarum & muci fontes deteguntur , â? novum Biljîi de lymphe motu
& ufu Commentum examinatur & rejicitur. Lugduni Batavorum^ 1680, in-ia. Cet Ou-
vrage eft, à peu de chofes près, le môme que le premier de cette notice.
Epijîolce dua adverfaria. Lugduni Batavorum., 1680, in-12.
Le célèbre IFinflow , petit neveu de Aeno/i , a glorieufement foutenu la réputa-
tion que ce favant Homme s'étoit acquife dans l'Anatomie. Le difcours de foa
oncle, fur la difleftion du cerveau, le trouve dans YExpofitioa Anatomique qu'il
a publiée.
STEPHANUS, Médecin natif d'Athènes, a demeuré long-tems à Alexandrie;
ce qui a porté plulieurs Auteurs à le furnommer Alexandrin. On a de lui :
Explanationes In Galcni priorem Librum Tlierapeuticuni ad Glauconem. Ce Commen-
taire a paru en Grec à Venife en 1536, z/i-S. En Latin dans la même ville,
1554, iV8, de la traduftion à'AuguJlin Gadaldini. Lyon 1555, Jn-8. Bâle , 1581,
in-S , avec les Œuvres d'Aretée.
Oculare collyrium. Mathias-lliéodore Maland l'a mis en Latin & l'a joint à les
Collec/anca de melancholia qui ont paru à Anvers en 1540 , in-4.
De dïvina & facra Ane Chryfopoex Libri novem. ^ Jean Elichmann , Médecin de
Leyde , en avoit un Manuicrit Grec dans fa Bibliothèque.
Le Livre de Galien , dont il eft ici queftion , eft écrit avec tant de clarté , qu'il
auroit pu le pafler de Commentaire. Mais comme on fe faifoit anciennement un
mérite d'expliquer les Ouvrages du Médecin de Pergame , Stephanus a fuivi !e
goût de Ion fiecle & n'a voulu rien devoir à les contemporains de ce côté-là. Abi
Osbeia , Ecrivain Arabe , parle de fept Médecins d'Alexandrie , parmi klquels
il place Stephanus , qui s'étoient fait un nombreux auditoire par la préciiion & la
juftefl'e avec laquelle ils expliquoient tour-à-tour les Traités de Galien qui leur
étoient tombés en partage; car ils les avoient divifés entre eux, pour ne point
fe répéter.
Le Clerc n'eft point d'accord avec le Dodleur Freind fur le tems auquel Ste-
phanus a vécu. Le premier en parle , dans fon Hiftoire de la Médecine , comirte
T 0 M E ir, S s
"22 S T E.
S'il étoît du troifiemc fiecle; mais fuivant le fécond, il a fleuri beaucoup plus tard,
puifque parlant des Commentaires faits fur les Ouvrages de Galien^ il infinue que
les Auteurs qui en avoient écrit avant lui , étoient bien antérieurs à fon tems. C'eft
ce qui paroît renvoyer Stephanus à un (iecle plus rapproché , mais fans pouvoir
le déterminer. Si ce Médecin étoit le même que Stephanus le Chymifte , il ne feroit
pas difficile de fixer le tems auquel il a vécu. Le dernier a écrit dans le feptieme
fiecle l'Ouvrage intitulé ; CAry/o/^oea , que f^ander Linden & Manget , que nous avons
fuivis, ont mis fur le compte de Stephanus Alexandrin ou Athénien , ce qui revient
au même. Ce Traité eft dédié à l'Empereur Heraclius qui fuccéda à Phocas en
6io , & occupa le trône d'Orient pendant trente ans.
Les Auteurs parlent d'un Stephanus d'Alexandrie qui vécut fous Heraclius, mais
on ne fait point s'il étoit Médecin. Tout ce qu'on l'ait , c'eft qu'il fe fit beaucoup
de réputation par fes prédirions aflrologiqucs & qu'il avança, entre autres choies,
que les Sarrafins ne tarderoient pas à parvenir au plus haut point de gloire & de
puiflance. Il n'étoit point néceflaire de confulter les aftres pour réudir dans cette
prédiftion ; il ne faliuit que jetter un coup d'œil fur l'Fjmpire des Grecs qui s'af-
foîbliflbit de jour en jour.
STEPHENS, CPhilippeJ de Devifes dans le Wilfthire en Angleterre , étoit
Maître-èï-Arts , lorfqu'il fut nommé Procureur de l'Univerfité d'Oxford le 14 Avril
1650. Il prit enfuite du goût pour la Médecine, & il en reçut le bonnet de Doc-
teur dans la même Univerfué , le 16 Février 1656. On lui doit le Catalogue des
plantes du Jardin d'Oxford qu'il publia en 1658 , in-8 , conjointement avec
Guillaume Browne. Les Auteurs ne marquent point au jufte l'année de fa mort; ils
fe bornent à dire qu'il furvécut au rappel da Roi Charles II en 1660.
Jeanne Stephens , Demoilelle Angloife, a fait beaucoup de bruit, vers l'an 1730 ,
par fon remède lithontriptique que le Parlement a eflimé au point d'en acheter le
fecret cinq mille livres fterhngs. Plulieurs Médecins , comme Hartley , Kirkpatrik ,
Lobb , ont écrit en faveur de ce remède ; mais le nombre de ceux qui l'ont con-
damné , ou qui en ont beaucoup diminué les vertus, eft plus conlidérable. Parmi
les Ouvrages qui ont paru à ce fujet , on remarque:
Remèdes de Mlle, Stephens is' dijfertation de M. Le Cat. Rouen , 1739 , in-8.
Recueil d'expériences & d'obfervations fur la Pierre S fur les remèdes de Mlle, Ste-
phens, Paris, 1740-1743, deux volumes in-12.
Davidis Hartley , de Lithontriptico à Jo. Stephens nuper inventa , DiJJertatio. Lugdu-
ni Batavorum , 1741 , in-8.
Expériences fur les remèdes de Stephens, traduites de VAnglois par Cantwel. Paris ^
1742, /n-i2, à la fuite de l'Etat de la Médecine ancienne & moderne par Cllfton.
Le réfultat des difcuflions auxquelles on a fournis ce nouveau remède , fe réduit à
regarder les pilules de Stephens comme utiles dan» les perfonnes chez qui on n'a
rien à craindre de la part des fels lixiviels qui en font la bafe ; encore faut-il que
la Pierre foit mollafie , pour en efpérer la diflblution qu'on n'obtient paF toujours.
Mais dans les fujets Icorbutiques , dans ceux même chez qui on peut foupçonner
quelque vice acrimonieux , ou qui portent des Pierres d'une confiflencc bien dure ,
ce remède re produit aucun effet & fouvcnt il eft préjudiciable, Ceft le jugenient
^u'en a porté le célèbre De Halkr^
s T E s T I s T O 523
STER.RE, fDenis VAN DEll ) Dofteur en Médecine, fut reçu dans l'A-
odémie Impériale des Curieux de la Nature, fous le nom de yderlus Maximus ,
& paflâ au fervice de la Compagnie HoUandoile des Indes orientales , en qualité
de premier Médecin. Il mourut en 1691 , & outre quelques Ouvrages écrits en
fa langue maternelle , il laifla celui intitulé :
Tra&atus novas de generatione ex ovo , necnon de monftrorum produ&ione , duabus Epif-
tolls comprehenfus. ^mjteludami , 1687, ''n-ïi- Une de ces lettres eft adrellëe à Théo-
Jore Craanen , & l'autre à Etienne Blancard.
STILLINGFLEET , ( Edouard ) fils d'un Eveque de Worchefter qui a écrit
beaucoup d'Ouvrages & dont on eftime les Origines Brhannlcte , naquit en 1660. Il
n'étoit que Maître-ès-Arts de TUniverfité de, Cambridge, lorlqu'il fut reçu dans la
Société Royale de Londres le 30 Novembre 1688. Le 21 Juin de l'année iu vante,
il. obtint une C'iaire de Médecine au Collège de Gresham dans la même ville de
Londres , & le 5 Juillet 1692 , il prit le bonnet de Do^iteur à Cambridge. Comme
il ne tarda point à fe marier, il perdit la place qu'il avoit au Collège de Saint
Jean , ainG que l'a Chaire dans celui de Gresham ; ce qui l'engagea à aller
pratiquer t Lyn Régis dans le Duché de Norfoick, & dans d'autres endroits de la
même Province, où il mourut en 1708. Il ne paroît point avoir été aufli laborieux
.^ue fon père, car on ae connoît de lui aucun Ouvrage.
STISSElt , ( Jean.André ) de Lucbau dans la Principauté de Zell an Duché de
Lunebourg, vint au monde le 19 Janvier 1657. ^1 étudia d'abord la Médecine à
Helmftadt , & pafla enluite à Leyde , où il reçut les honneurs du Dodtorat. Ham-
bourg & Brunlwick profitèrent tour-à-tour de les lumières & admirèrent les fuccès
dans la pratique ; mais le goût de la vie Académique leur enleva ce Médecin qui
retourna à Helmftadt , où il obtint la Chaire de Profeflëur extraordinaire en 1687 t
celle de Chymie en 1688, enfin celle d'Anatomie en 1691. SdJJ'er mourut dans cette
ville le ai Avril 1700, & laidà les Ouvrages luivans :
De machinis fumiduStoriis <uriojîs , five ^fumum impellendi intrà corpus Infirumentls , eo-
Tumque in praxi Mcdica adhibendi ratione & u/îi. Hamburgl , i685 , in-4.
uiquarum Hornhufanarum Examen. Helmjîadii, 1689, /n-4.
^c!a Laboratorii Chymici în ^cademia Jalià édita , tribus fpecimlnibus comprehenfa.
Ibidem^ 1690, 1693, 1698, 1*1-4. Il y a encore une édition de Helmftadt, 170 1 ,
in-4. Cet Auteur ne ceffa de faire valoir l'importance de la Chymie dans la Mé-
decine ; il écrivit une Lettre à ce fujet , adreflee à Leibnit^ , qui traite De variii
erroribus Chemics ignorantiâ in Medicina commijjïs.
Solamen jirthriticorum. , feu , de Podagra & fele&ioribus adversàs eam remediis. Helm-
Jîadii , 1690 , /n-4.
Bntanica curiofa. En Allemand à Helmftadt, 1697 , in 4.
Horii Helmfiadienjis catalogus plantas omnes enumerans quarum culturam , ab ann»
1692 ufqae ad annum 1699, in horto fuo inftituit. Helmfladii^ 1699, fn-8.
STOCKELPOT ( JeanJ) étoit de Louvain. Il fut nommé Profeircur es Arts
dès le commencement de l'LJniverfité de cette ville i mais il pafla aux Ecoles de
5M' S T O-
Médecine en 142^, fut reçu à la Licence en 1432 & au Do6lorat ea 1433. 11 eii
le premier de fa Faculté qui ait poffédé un Canonicat de la féconde fondation dans
l'Eglife de Saint Pierre à Louvain. C'eft à ce titre qu'il devint Profcffeur ordi-
naire; mais il obtint une autre Chaire en 1445, & fut trois fois Re£\eur de rUni'
verfité. 11 y a apparence qu^il abandonna les places qu'il rempliflbit dans les
Ecoles , car il fut Curé de la Paroilfe de Saint Jacques à Louvain en I456 , &
il mourut dans l'exercice de cette charge au mois de Juin 1465,
STOCKHAMEIl , C François ) Oofteur en Médecine & Membre de l'Académie
des Curieux de la Nature , fous le nom de Marcus ^'rtorius , étoit de Saltzbourg.
Ses talens le firent connoître à la Cour de Vienne vers la fin du XVU fiecle ,
& il y parvint à l'emploi de Médecin de l'Empereur. On a de lui .-
Microcofmographia , five , panium humani corporis omnium , earumque aiïionum &
ufuum brevls quidem , accurata tamen defcriptio , novh hujus ftsculi inventis exornata. F'iea'
nte Aujlri£f i6ba, i/i-12. Lelda^ 1686, in-12 , fous le titre de Cofmopolitts Hiftoria
Naturalii , compreheadens humani corporii Anatomiam, .
STOIUS ( Matthias ) naquit à Konigsbcrg le 26 Avril 1526. îl prit le' bonnet
de Dodeur en Philoibphie & en Médecine dans l'Univerfité de fa ville natale,
où il obtint, en 15G0, la Chaire de Profelfeur ordinaire dans la féconde Faculté,
Les talens qu'il y montra ne furent pas fans récompenfe ; car il pafla, en I5'6,
à l'emploi de premier Profelfeur , auquel on ajouta la leçon de Mathématique en
1579. Dès l'an 1562 il fut choifi Redleur de l'Univerfité de Konigsberg , & il
avoit déjà rempli, cinq fois les devoirs de cette Magilirature Académique , lorf-
qu'il mourut le 15 Janvier 1583. On a de lui des Conlultations qui le trou.
vent dans le Recueil que Laurent Scholi a publié à Francfort en 1598 ,
în-folio.
STOKHUSIUS ( Samuel ) prit le bonnet de Dcfteur en Médecine en 1644 , 8é
paffa enluite à Wolft'enbuîel dans le deflein de s'y fixer. Mais la place de Phy-
ficien de Goflar étant devenue vacante , il l'obtint & fut par-là obligé de chan»
ger de domicile. Peu de tcms après , il obtint encore la charge de Médecin du
Duc de Brunfwick dans la Forêt noire. Les Bibliographes le difent Auteur d'un
Traité intitulé :
Libellas de Lithargyrû fumd noxiô , cum appendice de affccfu. afthiiiatlcà montano.
Goflari£, 1656, m-12. Sa charge de Médecin dans la Forêt noire confiftoit à veil-
ler à la fanté des Mineurs; & ce fut à cette occafion qu'il remarqua fi bien les
funeltes effets que les vapeurs & les fumées métalliques font éprouver aux ou-
vriers , foit dans les mines, foit dans les fcnderies. M. Gurdane^ Dodcur-Régent
de la Faculté de Médecine de Paris, a jugé fi avsntageufement de cet Ouvrage
de Stokhufen ^ qu'il l'a traduit en François & l'a mis au jour fous ce titre: Traité
des mauvais effets de la fumée de la Litharge. Paris, 177^ y in-12.
STOLTER.FOHT , C Jean- Jacques ) naquit le 19 Odobre 1665 à Slefwick
en Dannemarc ^ de Jacques , Apothicaire de cette ville & enluite de celle de
Lubeck dans le Cercle de la Bafle Saxe. Jean-JacquéS s'appliqua d'abord à l'étude
s T O 325
de là Théologie , mais il changea de defiein en 1692 ; il fit Ton unique occu-
pation de la Mélecine & reçut le bonnet de Dofteur en 1697, Il exerça fi heu-
reulement ia profeliion à Lubeck , qu'après avoir été nommé iecond Médecin fti-
pendié en 170b , on le fit monter à la première place en 1712. On met la mort
au premier Avril 1718 , & on lui attribue dift'érens Opufcules. Matthias don-
ne les titres de quelques-uns qui ne préfentent rien d'intérefiJmt , & Séguier an-
nonce diftérentes Obfervations qui ont été inférées dans les papiers publics d'Al-
lemagne.
STORCK, f Antoine ) Docteur de la Faculté de Médecine en l'Univerfité
de Vienne , Confeiller premier Médecin de Sa Majefté Impériale & Royale
Apoftolique , Marie - Thérele glorieufement régnante , Préfident & Directeur
de la Faculté de Vienne , s'eft fait beaucoup de réputation dans toute l'Europe ,
après le milieu de ce fiecle. Déjà répandu dans la Capitale de l'Autriche par
les talens & fes fuccès dans la pratique , il avoit mérité l'eflime du célèbre
P'an Swiatcn à qui il a fuccédé, lorfqu'il le fit connoître dans le monde Méde-
cin par fes Ouvrages. Ils roulent principalement iur les remèdes tirés des plantes
vénimeufes, qu'il propofe pour la care des maladies les plus rebelles à la méthode
ordinaire.
La Ciguë , la Pomme épîneufe , la Jufquiame , l'Aconit , le Colchique d'au-
tomne font les plantes qu'il a foumifes à l'examen le plus fcrupuleux pour en
reconnoître les propriétés. Il a propofé les expériences au public avec la mo-
deftie d'un vrai Savant , ainC qu'avec toute l'attention d'un Médecin obferva-
teur ; mais elles n'ont pas été également bien reçues de toute part. Les uns, em-
portés par le préjugé , ont d'abord condamné ces remèdes fans vouloir exami-
ner les expériences qui dépofoient en leur faveur ; les autres , trop fervilement
attachés aux opinions de l'Auteur , ont prôné ces médicamens avec une forte
d'enthouiiafme quj ne permet pas toujours d'apprécier les chofes avec juftefie • la
plupart fe loni anfi éloignés du but falutaire auquel viloient les efî'orts du labo-
rieux Storck. Ce Médecin ne demandoit que des expériences faites avec ordre
& méthode, & qui fulfent capables de conftater ou d'infirmer les tiennes; mais la
manière , dont fes remèdes avoient été reçus par certaines perlbnnes & adminif-
très par d'autres, ne manqua pas de les jetter dans une forte de oifcrédit. Ce fut
alors qu'il fe chargea lui-même du foin de mulriplier les fairs , & il en communiqua
bientôt le réfultat au public dans les nouveaux l'raités qu'il mit au jour. Parmi
les expériences , dont il fuit le fil, il y en a de décifivesj répétées aiil.urs, elles
n'ont pas été également heureufes. La Ciguë , fur-tout , n'a point eu de fucccs
briUans d&ns nos Provinces , malgré !a précaution de ne fe fervir que de l'extrait
préparé à Vienne. L'Oxymel Colchique a mieux réuffi. Mais tels qu'euiïent été
les effets des dift'érens remèdes que ce Médecief a publiés , on doit toujours lui
favoir gré de tout ce qu'il a fait pour enrichir la Matière Médicale, & fournir des
armes contre les maladies les plus rebelles. C'eft ce qu'il a eu en vue , en publiant
les Ouvrages fuivans:
Aanui Medicus , quô fijîuntur obferyationes drcàmorbos acutos & chronkos, F"indobon<e .
:S26 S T O
175Q, m-8. II y rend un compte exadt des maladies qu'il avoit eu à traiter dans
l'Hôpital confié à fes Ibins. M. Colin a continué ce travail utile.
Libellas^ quô demonjlratur Cicutam aoti folàm ufu Interna tutlffimè aJhiberi , fed &
ejfc fimul remedium in muUis morbls. Jbidcnif 1760, in-8. En François , Paris , 1761 »
iu'i2. Vienne, 1751 , in-ia, par M. Colin ^ Médecin de cette ville. En Allemand,
Vienne, 1761 , In-S. Dreide , 1762, in-8.
uixnm Medlcus fecundus , quô pftuntur obfcrvationes circa morbos acutos ç§ chronicos.
F^indoboms f 1761 , in 8. Ce qui a paru enfuite fur cette matière, eft dû à M.
Colia qui a fuivi les malades de l'Hôpital auquel M. Storck étoit p*épofé avant lui.
Libellas fecundus de Clcuta. Ibidem , 1761 , in-S.
Supplementum neccjfarium de Cicuta. Ibidem , 1761 , in-B. Ces deux Ouvfages ont
aufli été mis en François. Paris , 1762 , /«-12.
Expérimenta & obfervatioaes circa ufam internum Stramonii , Hyofclami & ^coniti.
Vindoboae^ 176a, inS. En François , Paris , 1763 , /n-12 , avec figures, par M. Le
Bègue de Prefle.
Libellai quô dcmonftratur Colchici autumnalis radicem , non folàm tutà pojfe exhiberi
hominibus , fed & ejus ufu interna curari quandoque morbos dijjîcillimos. F'indobona ,
1763 , in-H. En Allemand , Zurich , 1763 , /n-8. En François par M. Le Bègue
de Prefle. Paris , 1764 , tn-i2 , avec des additions tirées de Locher & de De Hacn,
Libellas quô continuantur expérimenta & obfervationes circa fua nova medicamenta. f^ia-
dobona , 1765 , m«8.
De ufu medlcô Pulfatilla nigricantis. Ibidem , 1771 , m-8. En Allemand , Nurera-
berg , 1771 , '1-8.
Injiituta Facultatis Medica F^lndobonenjîs. f^ienna^ ^775» '"'S.
STORMS. CJean ) Voyez STURMIUS.
STOUGARD ( Chriftian^ naquit le 14 Mars de l'an 1600 dans la Sélande ,
Ifle de la Mer Baltique ; fa mère étoit fille de Jean Paludanus , premier Méde-
cin de Frédéric II , Roi de Dannemarc. Il fit fon cours d'Humanités à Copen»
hague , d'où il pafla à Roftoch & à Wittemberg pour étudier les Sciences fupé-
rieures ; mais la mort de fon père le rappella chez lui en 1630. Ce contrer
tems alloit mettre obftacle à la continuation de fes études , lorfqu'il trouva l'oc-
cafion , en 1621 , de s^engager au fervice d'un Ganalhorame , en qualité de pré-
cepteur de fon fils. Il s'acquitta de cette commilfion d'une manière qui furpaflk
les efpérances <iu'on avoit fondées fur fes talens plus que fur fon %e , & le
père de fon élevé fut fi content de fes foins , qu'il lui fournit généreufement
l'argent néceflaire pour aller étudier pendant trois ans dans les Univerfités étrangères.
Stougard fe rendit d'abord à Leyde , où il s'appliqua à la Médecine , ainfi qu'aux
autres Sciences qui pouvoient lui être utiles ; de Leyde il pafla en Angleterre ,
& delà à Paris. Il y arriva en 1624 & fuivit les meilleurs Profefieurs , tels que
Riolan, Charles & Duval , juf qu'en 1626 , qu'il retourna en Dannemarc , où il
obtint une place de Médecin du Roi. Mais comme il n'étoit pas gradué , il fe
fit recevoir Do£^eur es Arts en 1627 , dans l'intention de prendre aufli le môme
titre en Médecine ; il en fut cependant détourné par l'occafion qui fe préfema
s T R 3 '-?
d'entreprendre un nouveau voyage. On lui propofa d'accompagner un jeune hom-
me , nommé Simon fVibe , & il partit avec lui pendant le cours de la même année
1627. Us parcoururent l'Angleterre, la France & la Lorraine , & vinrent terminer
leurs courfes à Strasbourg, où ils s'arrêtèrent pendant quatre ans. Ce fut au bout
de ce terme que Stougard reçut ordre de venir enfeigner les Mathématiques à
Copenhague ; mais comme il ambitionnoit de remplir cette Chaire avec honneur ,
il paflà à Bâle pour y perfectionner fes connoiffances , & ne revint dans fa patrie
qu'en 1632. Il y étoit à peine arrivé , qu'on lui propofa de voyager avec un jeune
Gentilhomme , appelle Owen Lunge; & comme ce parti étoit plus de fon goût que
celui d'enfeigner les Mathématiques , il l'accepta volontiers & s'embarqua pour la
France avec ion élevé. Après avoir demeuré pendant deux ans , tant à Paris
qu'à Saumur 5« Angers , il le rendit en 1635 en Italie ; mais !a mort de Lunge ar-
rivée à Padoue le 21 Février 1637, l'obligea de revenir à Copenhague, où il prit
poiieliion de la Chaire d'Eloquence le if Juillet 1639. Enfin, comme Tes études
avoient toujours eu la Médecine pour objet , il en reçut le bonnet de Dodleur le
B Décembre 1640. Las d'errer par le monde , il forma alors le defiein de vivre
tranquillement dans fa patrie ; mais le Comte de Woldeinar l'en arracha encore
pour l'emmener avec lui en Ruflie. Il partit de Copenhague en 1641 , pour n'y
plus revenir, car il mourut à la fuite de ce Comte en Janvier 1645. Telle a été
la vie de Stougard. Il étoit profond dans plus d'une Science ; mais continuelle-
ment diliipé par les voyages, il n'a laiîTeàla poftérité aucune preuve de fon fa voir
STR ATEN , ( Guillaume V ANDER ) Seigneur de Williskoop & de Kortheefwyk ,
étoit d'Utrecht , où il naquit en 1593 de Jean , Echevin de cette ville. La fortune,
que les biens de fon père lui afiuroient, ne diminua rien de fon goût pour l'é-
tude ; il fentit de bonne heure qu'un riche ignorant eft un être incommode & mé-
prifable dans la ibciété où il ne fait que végéter. F'andcr Straten s'appliqua à dif-
iérentes Sciences , & fit , en particulier, tant de progrès dans la Médecine , qu'il
obtint la place de premier Médecin de fa ville natale , & qu'il fut autoî-ifé , en
1621 , à enfeigner l'Anatomie en Hollandois, Mais comme on fonda une Univer-
fité à Utrecht en 1636 , on ne manqua pas de jetter les yeux fur lui pour rem-
plir la Chaire de Pratique & d'Anatomie dans les nouvelles Ecoles. Il s'acquitta
de cet emploi avec tant d'honneur , qu'on le fit monter , en 1641 , à la première
Chaire , dont il retint même le titre & les émolumens pendant tout le te.ms qu'il
fut attaché au Prince d'Orange , dont il étoit Médecin.
Les Curateurs de l'Univerfité de Leyde l'invitèrent, en 1648, à venir occuper
la Chaire de Scrlvelius dans les Ecoles de la Faculté de cette ville; mais il pré-
féra fa patrie aux avantages plus confidérables qu'on lui ofFroit ailleurs. La Ré-
gence d'Utrecht fentit toute la généroCté de fon procédé, & récompcnfa fon at-
tachement par la charge de Confeiller en 1674, & celle de Député aux Etats
Généraux en 1677. f^ander Siraten furvécut à cette époque jufqu'au 6 Novembre
î68i , qu'il mourut à l'âge de 88 ans. Il a écrit:
Caufs , fîgna & medda febrlum , comprehenfa & propojîta feptcm Difputat'wnibus in
ylcadcmia Traje&ina. Traje&i ^ 1640, m- 4.
De fallaci urinarum judiciô. Ibidem , 1670, in-S, avec d'autres pièces fur cette
maiieie.
J
i8 S T R
STRATON , Médecin du XXXVIII iiecle du momie , fut difciple A'Erapflrate.
11 eft différent d'un autre perfonnage du même nom , qui , au rapport A'Ariftote \
exerça auffi la Médecine.
On trouve auffi un Straton, Philofophe Péripatéticicn du XXXVllI fiecle , qui
étoii de Lamplaque, II eut Théophrajîc pour Maître & il lui fuccéda dans ion
Ecole ,• il fut même précepteur de Ptolomée Philadelphe qui le combla de bien-
faits. Ce Philofophe a écrit quelques Livres concernant la Médecine & l'Hiftoire
Naturelle, comme on l'apprend de Diogene de Laërce qui ajoute qu'on diftinguoit
ce Stratoa par le titre de PhyJIcien. On l'appelloit ainlî, parce qu'il s'étoit entiè-
rement attaché à la recherche des fecrets de la Nature , & qu'il avoit en quel-
que forte négligé la Morale & les autres parties de la Philofophie. C'eft avec raifon
qu'on lui a reproché de n'avoir pas reconnu l'Auteur de cette Nature qu'il étu-
dioit, & d'avoir fait un Dieu lans ame.
STRATONICUS , Médecin du deuxième Tiecle , étudia fous Sabinus , ancien
Commentateur à' Hippocrate. Le goût qu'il avoit pris , à cette Ecole , pour la doc-
trine du père de la Médecine, palla à Galien fon difciple, qui le fuivit pendant
quelque teras à Pergame , mais qui ne l'eftima guère du côté de i'Anatomie.
STRAUSS, ( Laurent ) premier Médecin de la Cour de Hefle-Darmftadt , &c
Profefieur de Médecine & de PhyCque à GiefTen , étoit natif d'Ulm. Il mourut
le 6 Avril i68f, âgé de 54 ans, & laiflk un fils, Jeait-Danid , qui fe diftingua
itJans la profeflion que fon père avoit exercée avec tant de réputation. Les Ouvrages
ibivans Ibnt de la faconde Laurent Straufs :
Epiftola de pulvere jympathctlco ad Comltcm Dîgbteum. Durmjîadii ^ 165I , i/i-8.
l'heatrum J'ympathcticum. Noriberga , 1660, /n-12 , 1662, in-4. Il eft l'éditeur &
«n partie le traducteur de ce Recueil ; car il a mis en Latin bien des chofes qu'il
a tirées des Auteurs François.
liefolutlo obfervationis fingularis MuJJlpontan/e , fœtus extra uterum in abdomine retenti ,
■tandemqua lapidefcentis. Darmftadiî , i6(5i , 1663 , i/1-4. Francofurtl^ 1^169 , in.-^. II
s'agiflbit d'expliquer le fait que voici : une femme âgée d'environ foixante ans ,
veuve depuis trente , fe piaignoit d'un poids confidérable dans la région ombilicale.
Elle en foufl'roit depuis long-tems, loriqu'un jour, en fe levant du lit , elle fit une
chute & mourut. On l'ouvrit , 6z l'on trouva dans l'intérieur du ba?-ventre , au
deffbus de l'ombilic, une maflè charnue & adhérente aux parties vpifmes par cinq
îigamens ; elle renfermoit un fœtus entièrement développé , mais pétrifié.
Curfus medicus per univerfam Medlcinam. Glejps , 1663 , i/1-4. C'eft un Recueil de
vingt Difl'ertations foutenues fous fa prélidence.
* Conatus jtiiiatomlcus aliquot Difputationibus exhibltus. Francofurti , 1665, i/1-4. Giejfa, •
1666, in-4.
De ovo Gain. Gie//^ , 1669 , i/J-4. Ce n'eft qu'une Thefe Académique.
Exerchationes Medlca ad Grcgoril HorjUl Compendium Inftltutionum Medicarum accom-
.wodatte. Ibidem , 1670, 1/1-4.
Microcofmographia marica , Jîve ^ humanl corporîs hijloria elegiacd carminé exhibita.
Xoiâem, 1679, i/i-8. "
Jfasngi
s T R 325
jyjgoge Phyjî'-^i. Ulais , 1684, în-S.
PaUjtra MedLo traSica. Gicjjk, 1686, fn-8.
On connoît un autre Médecin du même nom. C'efl: Jean'Chrlflophe Straufs qui
naquit à Wittemberg le 5 Octobre 1645. Il étudia dans la patrie & àLeipfic, prit
le bonnet de Docteur en Médecine à Utrecht l'an 1671 , devint Phyficien de la
vîllé de Fiiedberg en Mifnie, enluite premier Médecin de la Cour de Saxe-Merl^
bourg , & mourut le 13 Novembre 1718. Il a écrit un Traité imprimé à Leipfic
en 1695 , J/i-8 , Tous le titre de Tliarmoi CarolitKs , & qui a reparu dans la même
ville en Allemand, en i6;y7 , in-8 ; mais on n^y trouve rien tur ranalyle de ces
eaux thermales. Tout ce qu'il eo a dit, le réduit aux précautions néceflaires pour
j'en fervir avec fruit.
STROBELBERGER , ( Jean-Etienne ) de Gratz en Stîrie, vint en France
«n 1613 & pafia à Montpellier, où il reçut le bonnet de Dofteur en Médecine
Tan 1615. De retour en Allemagne, il s'y Ht connoître fi avantageufement , qu'il
obtint la place de Médecin Im;jérial aux Bains de Carlsbad , dans le Cercle d'El-
lenl)ogen en Eoheme. Grand Praticien & laborieux Ecrivain, il partagea Ion tems
entre les malades & le cabinet, & fe fit eftimer par les Ouvrages. Voici leurs
titres & leurs éditions:
Gallite Politica Mzd'ica Defcrlpth ^ in qua de qaalltatlhus cjus , ^cadcmîls celcbrio-
rlbus , urblbus pnecïpuis , fluviîs dis^nioribus , aquîs medicaîis , fonùbus mirab'libus , plantis
& herbis rarloribus , aliifque notam dignijjîmîs rébus à nemine adhuc pubiiciter emijjîs ,
ingénue dijferitur. Jena , 1620 , t/i-12 , avec le Clypeui fpirîtuaUs de Luc Guarinl ,
& Y Tnfiru&io pro iter agzntibus de Bernard Gordon. Le fouds de cet Ouvrage ne
fépond pas aux promefTes faftueufes de fon titre. II n=y a que trois Sedions qui
aient rapport à l'Hiftcire Naturelle. Dans la première, on lit une énumération
fort fuccinte des productions les plus communes aux environs de Paris, & dan»
prelque tout ie P.oyaume de France. La troiiierae renferme une courte indication
des Fleuves & Rivières , avec le lieu de leur fource , & le nom des principales
villes qiTils baignent , les Fontaines & Eaux minérales du Roy-aume , leur diflance
de la ville la plus voiiiae, leurs qualités, & les maladies contre lefquelles elles
font ou peuvent être employées. La cinquième eft un Catalogue fort imparfait
des plantes de la France , indiquées le plus Ibuvent par le nom générique feul ,
quelquefois avec le lieu où elles viennent naturellement. Les defcriptions que
Sirobelberger donne de ces plantes, ne peuvent pas le faire regarder comme ua
Botanifte bien habile. Souvent il compte au rang des plantes rares, de» efpeces
fort corhmunes; & il n'en a pas trouvé de nouvelles dans des pays où on en
a tant reconnu après lui , & même de fon tems. 11 paroît avoir pris dans les Ou-
vrages de Mattlùas Lobd , ce qu'il dit des plantes des Provinces Méridionales de
la France.
Tra&atus novus, in quo de Cocco Baphico 6? que îndè paratar Confe&ionis ^Ichermes
recld ufa dîjferctur. Ibidem , i6ao , f/1-4 , avec Laurentii Catelani Confcclionis appaian-
d<& mnhodus.
Hljloria Moarpelienjîs ^ in qua tum urbii Monfpdlacat tum Schole ejufdem cdeberrl'
TOME jr, T t
.^-,0 s T R
m<e brevis dcfcrlptlo ac vitee illvftrlum ejnfhm ProfeJJorum , guln & accîptèndé îMdent
Do&arte ritus & privilégia rcccnfentui:. Nnrimf^ergce , 1625, in-ii. L'Auteur pprle très-
honorablement de rUniverfité de Montpellier; il le devoit autant par jufiice que
par reconnoiflknce. Mais on a fait de même de lui dans leDilcours intitulé: ^poU
Unis Monfpelienfîs BiUiutheca , qui fut prononcé le 2 Novembre 1^65 pour le
Doélorat de M. PeUijjlcr.
Prceh&lonum Monfpdimfîum in Monte-Pdio publicè habitarum brevh recapitulaiio. No*
TÎmbcrga, 1625 > in-ii.. Ces Leçons roulent en partie fur le premier Livre de Ga^
Ika qui traite De locis affecîis.
■ Dijfirtationes facdncls de Pefie. Ibidem , 1625 , fn-8.
Epijlolaris Concertatio fuper varlis tant Theurlcis quàm Practlcls Quajlionibus , fcbrim
malignani feu petediîaUm concernentihus. Lipjia , 1626 , /n-8. L'Auteur & Joaclilm Sur-
fer étoient d'avis différent fur la nature & la cure de ces maladies.
Publica innmatio de fais tàm propriis , quàm clients novis , cùm Oberndorjjîams , tàm
Jenlclilanis Operibus Medicîs eJendis publicandlfqie. Norlmbergœ , 1626 , i/î-4. Si
l'on en croit M, de Haller , les Ouvrages annoncés dans ce Programme n'ont
point paru.
Jicmediorum Jîngtilarlum pro curandis febribus Jntrodu&io. Ibidem, 1626, in-S.
Laareanonum Medicarum apud exteros pro'^tritaru.m , adversùs obirecratores , brè-
ves vîndida , in honovem Sdiolce Medicee Monfpdienjîs propojïtce. Ibidem , 1628 ,,
in- 8.
Syftematica urùverfe Medicints adumbrado. Lipjïa , 1628, în-B.
Maflichologla ^ feu, de unlvcrfi Maftiches naturâ Dijjertatio Medica. Ibidem, 1628,
?n-8. 11 s'eft plus attaché à rénumération des formules dans lefquelles on a fait en-
trer le Maftic , qu'à l'analyfe de cette Gomme-Réfme & à la .defcription du Len-
îifque d'où elle découle.
£revijfima manuducilu ad curandos puériles affè&us. Lipjia , \62g , in-8.
De dentium podagrâ feu poùùs odontagrâ , doloreve deaiiuin Tra&atus ahfoluiîjfmus.
Ibidem^ 1630, 1657, in-'o.
STR.OM C Chriftian ) enféigna la Médecine dans les Ecoles de l'Univer-
fité d'IIarderwick au commencement de ce liec/e. Grand partifan du Méchanif-
me , il le foulint contre ceux qui condamnoient la doctrine de Pitcairn & de
Jioerhaave. 1! n'eft rien qu'il ne fafie pour faire valoir le fyftdme qui dominoit de
fon tems dans les Académies Holiandoifes ; il remonte jufqu'à Hippocrate, & pré-
tend que ce Perc de la Médecine n'a tant recommandé l'étude de la Géométrie
à Thcjfalus, foo fils, que par la raifon qu'il avoit fenti toute l'importance des prin-
cipes méchaniques dans la cure des maladies. Cependant Hïppnciate n'a jamais
plus brillé que par l'obfervalion de la Nature , & fes Ecrits font preuve qu'ir
s'eft prefque toujours borné à l'étudier. Plus hardis que lui du côté du raifon-
nement , différcns Profefleurs de ce ficelé fe font mis au defilis de la Nature ; il$-
luii ont tracé la marche qu'elle devoir- iuivrc. Mais Sirom n'a point donné
dan« ces écarts. Pcrluadc delà nécellité de Toblcrvation , il s'y efl appliqué,- tout
ce qu'il a fait de plus ,, c'eft de chercher, à rendre raifon des faits, & il paroîtr
y avoir réuiii dans les Ouvrages fuivans:
s T R. ^^ S3I
Radociniorum mechaaiccrum ia Medklna ufus vîndicatus. Lus,duni Batavorum , ij^of ,
ln-8.
Kaya Theoria moiuuin reciprocorum machine anlmaîis , ex partium organicaruoi
JlruEiarà & proprietatibus , juxia aternas motuum legcs dcduSa, ^mfldodami , 1707,
iA-8.
STROMER, fHenri^ natif d'Aurbach en Mifnie, fut reçu Doreur en Mé-
decine à Leiplic au commencement du XVI Gecle. Ses fuccès dans la pratique
lui méritèrent l'eRime de George, Duc de Saxe, qui le combla de bienfaits ;
& la variété de fes connoifTances le mit ii bien dans i'efprit d'Erafms , que ce Sa-
vant lui accorda l'on amitié & lia un commerce de lettres avec lui.
Stroner vouloit de la gaieté dans fes malades & ne négligeoit rien pour la leur
ÎDfpirer. Il difoit fouveni que depuis quarante ans qu'il faifoit la Médecine , il avoit
obleryé que la trifîeffe avoit emporté plus de gens , que toutes les efpeces de
morts violentes enlemble. Convaincu de la vérité des principes qu'il infinuoit
aux autres , il vécut gaiement , & mourut de même vers l'an 1542. On a
de lui :
Salubcrrima advenus Peftilentiam Obfcrvat'wnes, Mogum'ue , 15 17 5 ii^à. Lipjia «
15 19, in .4.
Décréta Medica de ebrlaate. Lip(Σ ^ 1531 , in-^.
Décréta M^dica de fenectute. Noriberga , 1537 , i/1.4.
STRUTHIUS , ( Jofeph ) de Pofnanie , ville de la Grande Pologne , naquit en
1510. 11 étudia la Médecine dans les Ecoles de Padoue , & après y avoir recules
honneurs du Doctorat, il fut nommé à une des Chaires delà Faculté, qu'il rem-
plit avec diffinétion jufqu'p.u tems qu'il retourna en Pologne , où il fut élevé à la
charge de premier Âlédecin du Roi Sigifmond II. Il mourut au fervice de ce Prin-
ce en 156B, à fàge de 58 ?.ns. A l'exemple de tant d'Hommes de Lettres de foo
liecle-, il a changé fon nom Polonois en celui de Struthius qui eft tiré du mot Grec,
qui fignifie tout ce qui a rapport au moiaeau.
On a de lui une Traduiflion Latine des Pronoftics de Gaiun qui parut à Lyon
en 1550 , iVi-B , & quelques autres Traités d'anciens Médecins Grecs qu'il a égale-
ment mis en Latin ; mais fon principal Ouvrage eft fur le pouls. Il lui mérita les
plus grands applaudiflèmcns delà part des Profifleurs de l'UniverOté de Padoue,
lorfqu'il le publia dans cette ville en 1540. Ceux qu'il reçut du public ne furent
pas moindres , car i'empreflemjnt à fe procurer ce Traité alla à un tel point ,
qu'on en vendit Bca exemplaires en un feul jour. Voici le titre fous lequel cet
OuvTage fut imprimé à Bàle :
^rs fphygmica^ feu, Pulfuum do^rina fupra 1200 annos perdita & dejidcrata , omni-
bus taimn Medicinam cum nominls ceUbrUùu , maxiii.âque utilitate faccre volent'bus fu-n-
mè neccJJ'aria, Libris quinque confcripta. BujiiciS ^ ^540, //1-12, Ibidem^ 1602, /n-8 ,
avec le Traité De Pdfibas âe Jérôme Capivaccio , ii celui de Gafpar Baukin, qui
efl iatitulé : Iniroducfb puljauin fynopjîm coatincas.
-^-1 s T U
STUBBE ou STRUBBE ( Henri ) vint au inonde le a8 Février 1631 (Jans
un village nommé Partney , dans le Comté de Lincoln en Angleterre. Il étoif
IWaî re ès-Arrs depuis le i-^ Décembre 1^56, lorlqu'il fut promu , l'année luivante,
à la chîirge de fyus-Bibliothécaire de Bodley à Oxford ; mais il en fut privé au
bout de trois ans d'exercice; on le déclara môme déchu de fa qualité de IVIembre
du Collège de Chrift dans l'Univerfité de cette ville. Se voyant fan? emploi , il
palTa à Staford , où il fe mit à pratiquer la Médecine. Il ne s'y arrêt** guère ; car.
peu de tcm^ après le rappel du Roi Charles II en 1660 , il s'embarqua pour la
Jamaïque, fit la Médecine dans celte Ifle avec affez de fuccès, & ne fnngea à re-
venir en Angleterre qu'en 1665. Dès qu'il y fut arrivé , il alla s'établir à War-
wick , où il continua d'exercer fa profeffion. Il avoit tout ce qu'il falloit pour y
réulîir. Il pofl'édoit les Langues Latine & Grecque ,• il étoit favant en Botanique ,
en Anatomie & en Chymie ; ôz comme il avoit la mémoire heureufe , il favoit
profiter des obfervations que lui ou d'autres avoieat faites, en le les rappellant à
propos dans le cours de fa pratique. Mais tout eftimable qu'il fût du côté de ces
talens , il fe fit mépr.fer d'ailleurs , parce qu'il manqua de la qualité la plus eflen^
tielle à un homme public. Sans prudence & fans réHexion , il donna dans tant
d'éciirts, que là conduite dans le monde ne fut qu'un tiflu de Ibttifes. Il périt
«iférabkment le 12 Juillet 1676. Comme il alloit à cheval voir un malade pendant
la nuit , il fe noya dans une rivière qu'il voulut traverfer.
Ce Médecin a beaucoup écrit, mais toujours en Anglois. Ses Ouvrages conlif-
tent en pluiieurs pièces contre la Société Royale de Londres, en Traités lur la
faignée , fur la Cofmétique , fur le Chocolat , fur l'état politique & eccléCaftique
de l'Angleterre,.
STULL, CJean ) dé Grandmont en Flandre, étudia la Médecine à Louvain,
où il prit fes degrés vers le commencement du XVII fiecle. Il exerça à Courtray,
& ne tarda pas a rendre compte au public de la méthode curative qu'il avoit:
adoptée; c'eit dans le Traité iuivant qu'on la trouve;
Medndi pra^tica gcncralis in très fiifclculos contracia. Antvcrpîce ^ 1606, In-I1. UrfeU
Zii,,i6o6, in-ib , fous le titre de Metliodus Praxeos Medica..
STUPPAN f Jean Nicolas ) étoit de Pontrafm au Pays des Grifons , où il na-
quit le II Décembre 1542. Il fut envoyé à Bfile à l'âge de quinze ans, & il y
fit tant de progrès dans fes études, qu'ayant entrepris celle de la Médecine, il
mérita le bonnet de Dodieur qu'il reçut des mains de Théodore Zwîn^er en 1569.
Ses talens le firent fouhaiter dans l'Univerfité de Bâle , on l'y retint Ibus la pro-
melfe de le placer à la première occaiion , & l'on ne manqua pas de lui tenir
parole. Il fuccéda, en 1575, it Jean Hofplnlcn dans la Chaire de Loeiqoe , & en
ij^gg à Zwin^er lui-même dans celle de '^-'^édecine. La manière, dont il les rem-
plit, lui fit honneur; il étoit encore tifilaire de la dernière, lorlqu'il mourut à
Bâle. le II, Août 1621 , à l'aie de 7c) ans. On a de lui une tradudion Latine de
THiftoire de Naples que Pandulphe Colleaucie avdt publiée en Italien , & pluli&urs-
autres fur diflérens fujets. Quant à la Médecine,,'' a écrit.-
F.aites curporis humani cQm£çadiQiè enurrata, jBajik<s tiùoi-, J/i-4,
s T U
00-1
Prolegomena Mcdica de Midklne prajîantîâ , cert'uudine , Medlcorum fe&ts &c. Ibb-
dtin , 1608, i'J-4.
Medicina Thoirica ex Hippocratis & Galeni Phyjîologicis , Pathologicis & Sitmïoticli
L'ibris coRtracia. Ibidem , 1614 , m-8.
Praloguiuin pro Hippocratka Medicina. Ibidem , 1620 , fn-4.
£'pijtd£ Afedicis. On les trouve dans la Cijia Medica de Hornung y qui fut impri-
mée à Nuremberg en 1625 , /n-4.
Emmanuel Siuppan , fon hls , naquit à Bâle en 1587. Il étudia d'abord la Philo»
Ibphie dans la maifon paternelle , mais pour profiter des avantages de l'enfei-
gnement public, lupérieurs à tous égards à ceux qu'on retire des Leçons privées,,
il se tarda point à fe rendre à Genève , où il fit ion cours fous Colladon. & Gaf
par Laurent. L'exemple de Ion père le décida enfuite pour la Médecine , 6e
après avoir fuivi les Protiefieurs des plus célèbres Univerfités d'Allemagne & d'I-
talie , il revint à Bâle, où il reçut les honneurs du Doctorat en i6£3. Comme
les infirmités de ion père ne lui pcrmettoient prefaue plus de monter en Chai-
re , il fut chargé d'en remplir les devoirs peu de tems après la promotion , & il
mérita de lui luccéder en 1621. La Faculté de Bâle le poiïeda pendant un long
cours d'années , car il étoit dans la 436. de fon Profefibrar, lorlqu'il mourut le "O
Janvier 1664. l\ a publié le Lexicon Miàfcum de Cajhllus avec des augmenta-
tions, le Syjlema uiriis Mediclnalis de Rwlan avec quelques correcTions, & les
Jnjiicutioncs Mcdica de Léonard Fuch avec des augmentaiions & des corre6^ions.
On a , de fa façon , une Oraifon Latine fur la mort de Gafpar Bauhin , & un
Traité intitulé :
yerè aureorum ^phorifmorum Hippocratis enarrationes cf commentaria. Bafîka ,,
161 5 , :/i-8.
Il y a apparence qu'-r^itto/ne Stuppan , Médecin natif du Pays dés Grifons ,
étoit de la même famille. 11 mourut de la pefie à Bâle en Hî^i- Le Difpenfaire
de Nicolas Myrepjas publié à Lyon en 154'^ , Zn-4 , eft enrichi de quelques addi-
tions de la main de Stuppan. Suivant Lipenius , cet Ouvrage reparut à Bâle en^
1614 - //1-8.
STURIE, C Renaud ) Médecit» du XV fiecle , étoit de SoifFons. Il mérita
Veftime de les contemporains par icstalens, il lailfa même à la poftérité des Ouvra-
ges qui prouvent qu'ils ne la lui avoiem point accordée fans railon. On remarque
principalement fon Traité contre les athées, & il eft bien du reffort de la Médecine
de combattre leur incrédulité ; car il eft impolTible d'étudier la Nature, fans être
frappé de toutes les merveilles qui annoncent un Dieu créateur. On remarque en-
core les Paraphrafes Poétiques que Sturk a publiées lur les Aphorifmes d'Hippo-
cratt , fous ce titre .•
Jn feptem Libros ^'tphorifmorum Hippocratis Paraphrajîs Poëtica., ad illorum memonani-
fummè uilUs. Lu^duni , 1583 , in 8. Ibidem , 1619 , in-16.
STURM, f Jean Chriftophe J) favant Mathématicien, étoit d'IIippolftcin , où
il viat au monde le 3' Novembre 1635. U fit pendant cinq: ans le» fdndions-
S34 S T U
de Minière , & devint enruite Profcfleur de Phyfique -& de Mathématique à Al-
torf , où il mourut le a6 Décembre ij?o3 , 3gé de 68 ans. 11 a compolé plufieurs
Difi'ertations Académiques (ur des fajets qui ont beaucoup de rapport à la Mé-
decine; comme, fur rinluffilànce des principes chymiques pour expliquer les phé-
nomenes de la Nature , fur la transfuiion du lang , lur la refpiration , 5*c. Ses
autres Ouvrages regardent , à la vérité , moins directement la Médecine ; on
peut cependant les mettre au rang de ceux qui ont contriDué aux progrès ce celte
Science. Voici leurs titres:
Colkgium expérimentale curiofum , in quo primaria hujus ftecull inventa & expérimenta
Pbyjîco'Mathemalica recenjlntur. Nnrimbergss , 1676 , 16B5 , 1701 , £«-4. Il y parle de
la Chambre obfcure, delà Machine pneumatique, des Baromètres, Thermomètres,
Télelcopes , Microlcopcs , &c ; & à l'occalion de ces derniers , ii donne une
Théorie de la vlfion, qui cfl: affez bonne.
Upiftola de veritate propojitionum in Juannis ^Jphonjï BoreUi Librum primum de motu
animalium. Ibidem ^ 16B4 , i/2-4 , dans V Appendix à la léconde année des Mémoires de
TAcadcmie des Curieux de la Nature.
Phyfica elecilca five kypothetica. uihorffii , 1686 , i6g8 , ij^'^o , deux volumes m-4.
Norimbergic , 1697 , i«-4 , avec une Préface de la façon de Chrétien Wolf. L'Auteur
de cet Ouvrage paiTe non feulement en revue toutes les opinions anciennes âe
modernes , mais il donne fou jugement fur ce qu'elles valent.
Phyficts concUiatricis commina. Norimbcrga , 1687, in-ii.
Pralectlones cuntra ^ftrolo^ics divinatricis vanitatem. Lippe , 1722 , £«-4 , deux vo»
lûmes. C'eft aux foins de David ^Igoiver qu'on doit cette édition.
Mathciîs favenllis^ en deux gros volumes m-S. Son deiiein, dans ce dernier Ou-
vrage , fut d'introduire l'étude des Mathématiques dans les Collèges.
Maurice- Ejchairc Sturnt ^ fon fils, naquit à Altorf le 28 Mai 1676. I! étudia la
Médecine dans les Ecoles de la Faculté de cette ville, où il reçut le bonnet de
Doéleur en ifco, & s'attacha eniuite au Comte Louis-Ferdinand Mariigli qu"*il
accompagna en Hongrie , en qualité de Botanifte, A fon retour en Allemagne ,
il fut nommé Phyticien ordinaire de la viile de Bibcrach en Souabe , & il y fit la
Médecine avec diftinftion. On a de lui ;
Oratio de Lingua Gr^eca in Jîudio mcJico utilitate & necejjhate ^horffii , 1695, i/i-4,
en Grec & en Latin.
STUÎ^M , ( Louise de Weimar dans la Thuringe , prit le bonnet dr.ns la Fa-
culté de Médecine de Padoue , & vint emeigoer cette vScieace dans celle de Jcne, où
il monta en Chaire le 24 Mai 1567. I! diipnrut brufqucment peu de tems après , &
il alla mourir à Meisbourg dan? la Miiiiie.
Les Bibliographes citent plufieurs autres Médecins de ce nom , comme Roland
Sturm ou Sto'rms natif de Louvain. Un Ouvrage de fa façon imprimé à Bologne,
en 1636 , in-'o , fou.s le titre A' Hippocr atico - Hermeticnlogia , JIvc , Dialogus inter Hip-
pocraticam & Hcrmeticum , porte à croire qu'il étoit alors en Italie. Mais on le re-
trouve eniuite dans ks Pays-Bas, & ce fut-ià qu'il compofa une Apologie du Quin-
quina contre Chl^iet in P Icmpius , poor foutenif l'opinion à'Ihnoré Fabri fur les ver-
tus admirables de cette écorce. L'édition d'Anvers, I6^9 , i/1-12, a paru lous
u
S3S
le titre dé PHnâlcle pulvtrh fcbrlfugî 7':ruvlanî compleSfentes ejus hl/lorlam ,- vires ac
proprîctaiesy & celle de La Haye, 1681, rr.cme Ibrmat, Ibus celui de Dejcripth
Conlcis China CU'uke,
STtJRM, C Samuel ) de Luccan , v'ile capitale de laHa/Te Lufsce, abandonna
l'étude de la 'l'hcologie pour s'aopliqucr à ia Médecine , dont il prit le degré de
Licence à Jetle en 1654. Sa ville natale fut ccMe qu'il choifit pour y Faire fa
profelîion. 11 l'exerça ci' 'ne manière fi diftinguée , qu'il fjt nommé Phyficien de
la Hîîfle Luface, & qu'il devint encore le Médecin de toute la Nobieffe de cette
Province. Il mourut en 168B. Ses Ouvrages confiftcnt en pîufieurs pièces d'Elo»
queace, de Poéiie, d'Hiftoire, de Politique , & les fuivantes de iVlédecinc:
Difcurfds \fedicus de Mcdicis non Midlcis , in faluteni pericUtamis proximi fcriplus. TP^U*
tcbcrgis , 1663 , in-4 , avec une Lettre de Jean Danid Mopr , qui eft intitulée : Dt ora-
culis Medidncs ergà qiusiitis , ff votivis convaUfcenilum Tabdlh. Le Dilcours de Sturm
a pour objet les maiheurs qui réfultent de la cotifiance aveugle du public aux
charlatans.
Mifcdlanea McdicO'Chirurgîca , pra£lica & forenjla. Opus pojUiumum à Gotd. Buda$
editiim.
STURM , C Jean ) favant Phiîofophe & Médecin du XVÎ ficoîc , étoit de
Slcida dans rEjfel pics de Cologne, où il naquit Je premier jour du mois d'Oélobre
1507. Après avoir fait fes premières études dans fon pays av^ec le fils du Comte
de Manderlchcid , dont ion père étoit Receveur, il palFa à Licge 6« delà à Lou-
vaia en 1524. Son iéjour dans cette dernière viHe fut de cinq ans. Comme il en-
tendoit fort bien le Grec, Budger yie/duî , Pr<ifeiTeur de cette Langue, l'aJfocia
à rétabliflement de rimprimcrie , d'où font fortis les Ouvrages de plufieurs Au-
teurs qui ont écrit dans ia même Langue. De Louvain, Siurm fe rendit à Paris
ca 1529. Sa réputation l'avoit précédé dans cette Capitale, & il n'y fut pas
plutôt arrivé, qu'on l'engagea à ihire des leçons publiques fur les meilleurs Ecri-
vains Grecs & Latins, ainii que, .fur la Logique. 11 accepta cette commifîion &
S'en «cquitta avec tant de méthode & de prufondeur , que les plus grands Hom-
mes de ce tems-là ne purent lui refufer leur eftime. Mais comme il avoit depuis
long-rems du goût pour la Médecine, il profita de fon fôjour à Paris pour s'en
iuftruire, & il alla enfuite demander le bonnet de Docteur en cette Science dans
quelque autre Univerfiré. De rerour à Paris, il fe déclara fi ouvertement pour les
nouvelles héréfie.';, qu'après avoir couru de grands dangers, il prit le parti de fe
retirer à Strasbourg , pour y remplir la Chaire que la Régence de cette ville lui
avoit fait préfenter. U y ouvrit une Ecole qui devint fi célèbre , qu'il obtint d«
l'Empereur MajJip.iJien II qu'elle pr?t le titre d'Académie en 15615.
Starm entendoit bien ks Humanités , écrivoit purement en Latin & enfeignoit
avec beaccoup de n:éthode. Ce fut principalemect par ces talens qu'il fe difiin-
gua; car on ne voit pas qu'il ait bri'lé daos la Médecine. On le nomma Redleur
du Collège de Strasbourg qu'il rendit le plus flcriffant de l'Allemagne; on le
chargea de plv.ficurs députations im'ionantes , dont il s'acquitta avec honneur; mais
les Miûiarcs Luthériens furent bientôt jaloux de la gloire; ils l'accuferent d'avoif
536 S T U
abandonné le Luthéranifme pour embrafll-r Je Calvinifme , & réulîîrent enfin à lui
faire ôtcr fa charge. Stann lupporta cette difgrace avec beaucoup de courage ;
& lorlqu'il perdit encore la vue, il ne montra pas moins de force, quoique cette
privation dût être bien affligeante pour un Homme de Lettres. Il mourut à Straf-
bourg le 3 Mars 1589, âgé de 82 ans, & ne laifia aucun enfant de l'une ni de
l'autre de les femmes. Il s'étoit marié en premières noces à Paris avec Jeanne
Pondère y en fécondes à Strasbourg avec Murguirite JVigand ^ & en trniOemes dan»
la même ville avec EUfabeth d'Holienburg qui lui iurvécut. Ce Médecin Littéra-
teur a écrit plufieurs (3uvrages fur la Dialectique , fur la Langue Latine , fur
l'Eloquence, des Commentaires fur Efchine , fur Démcithece, fur Cicéron, fur
Horace , & U a procuré une édition complette des Œuvres de Galien. , qui parut
à Uâle en 153 1, in- folio.
STURM lus autrement STORMS ( Jean J naquit à Malines le ag Août 1559.
Après fon cours d'Humanités, il pafla au Collège du Lis àLouvain, où il é.'-udia
la Philolophie; il s'appliqua enfuite à la Médecine dans les Ecoles de la Faculté
de la même ville, & il y prit le degré de Licence. A ce titre , il fut admis au
Confeil de i'Univerfué le f Février 1591 ; il étoit alors, ou il devint très-peu de
tems après , Profeiieur de Philofophie au Lis , & vers l'an 1593 , il joignit à cette
charge celle de Régent ou Principal du même Collège. Comme Sturmius n'avoit
point perdu la Médecine de vue , il le préienta au Doctorat pendant le cours de
l'année 1593, & il obtint le bonnet le 9 de Novembre. Bientôt après, il fut nommé
à la Chaire Royale des Mathématiques qui vaquoit par la démiiîion d'Adrien Romain.
Vers 1606, il abandonna la Régence du Lis, à caufe de fon mariage avec Fran-
çoifi van Thiencn ^ dont il n'eut qu'une fille, nommét; Catherine. Mais ayant perdu
la femme en 1619, il erabraiic l'état eccléfiaftique , & au mois de Mars 1612, il
fut pourvu d'un Canonicat dans la Métropole de Cambray , qu'il réfigna fous pen-
fjon à Jacques de la Rille. Ea 1634, il obliat une Chaire ordinaire de Médecine,
à laqjelle ell attachée une prébende cîu fécond rang dans la Collégiale de Saint
Pierre, & il confcrva cette place jufqu'à l'a mort arrivée le 9 Mars 1650, dans
la 91 *• année de Ion âge.
Starmias étoit un homme d'un erprit extrêmement vif. Il fut tel jufqu'à la fin
de fa vie, mais d'ailleurs ail'abie , modeite , d'une franchile honncte & d'une droi.
rure à toute épreuve. Je ne lais , dit M. Paquet dans fes Mémoires , s'il s'appliqua
beaucoup à la Médecine. Il çft.sûr qu'il s'imufa long-tems à faire des V^ers Latins
fur tous les lujcts qui fe préîentoieat à fou efprit , & qu'il s'en fit une habitude
li forte, qu'il répondoit fouvent en Vers â ceux qui lui parloicnt; mais s'il fe dif-
tingua, dit le même Ecrivain , par la qualité de Verlificuteur , il n'atteignit jamais
à celle "de Poëte.
On ne connoît que deux Ouvrages de la façon de Sturmius qui aient quelque
rapport à la Médecine. Tels font :
De Kofa Hievichumina Liber unus , in quo de ejus natura , proprUtatibus , monbm &
caulîs dljjeritur. Luvwiii , 1607 , i«-i2. La prétendue Rofe de Jcrico cft une Ibrte
de Thlafpi qui croît dans l'Arabie déferte , aux Ueux fabloaneux, aux rivages de la
Mer rouge , d'où elle nous cft apportée Icche. Quoiqu'on l'ait appcliée Rofc de Jé-
rlco >
s T U s U E r,',?
TTico , elle n^efl point une Rore , & l'on n'en trouve point autour de Jérico. Pen-
dant que cette plante eft encore en vigueur fur la terre, elle paroît en bjuquet;
mais à mefure qu'elle fe feche , les rameaux s'entrelacent les uns dans les autres, &
les extrémités le courbant en dedans , fe réuniflënt à un centre commun & com-
poiènt une efpece de petit globe , que les Charlatans font accroire au public ne
devoir s'ouvrir que le jour de Noël. Ils la vendent aufli aux femmes enceintes ,
en leur prédii'ant que fi elles mettent cette Rofe tremper quelque tems dans l'eau ,
pendant les douleurs de l'accouchement , elles verront alors fes rameaux s'écarter
peu-à-peu, s'épanouir, & les fleurs paroître , ce qui les foulagera beaucoup dan^
leur travail. Mais en quelque tems que l'on humede cette plante , foit homme , foit
femme , foit fille , la Rofe de Jérico produira le même phénomène ,• & dès qu'on la retire-
ra de l'eau , elle fe féchera& fe retèrmera comme auparavant. Cette plante vaut
mieux pour marquer les variations de l'air , que pour annoncer la fin du travail de
l'accouchement. C'eft un vrai Hygromètre. Quand le tems eft lec , la prétendue
Rofe fe reJTerre ; & à l'approche du tems pluvieux, elle fe gonfle & fe développe.
Theoremata Phyjîces jivc Philofophi<e JS'aturalis , verfu heroïcô dcfcripta & brcvibus
fcholi.s illuftrata. Lovanii , i6l0,//i-l2.
STUR.TIADES, ( George J Médecin qui étoit en réputation vers l'an 1520 ,
cnfeigna à Erfort dans la ^Ihuringe , & mérita l'eftime d^Eobanus HeJJas & de Jea»
Cimerarius par fes talens. On a de lui ; i
De. febrium divifione Tabula. Erphordiee^ 1624, tn-8.
SUE , C Jean-Jofeph ) du Diocefe de Vence , fut reçu Maître en Chirurgie à
Paris le 7 Août 175 1. Ses Ouvrages méritent un Article dans ce Dictionnaire ; il
le mérite lui-même par les talens qui l'ont promu aux places qu'il occupe & qu'il
remplit avec beaucoup de célébriié. 11 eft Profefleur d'Anatomie aux Ecoles de
Chirurgie &à l'Ac^-démie de Peinture & de Sculpture de Paris, Cenfeur Royal,
Confeiller du Comité de l'Académie de Chirurgie , Chirurgien en Chef de l'Hôpital
de la Charité, de la Société Royale de Londres & de celle d'Edimbourg. .Ces places
lui font honneur, & les Ouvrages qu'il a mis au jour, prouvent qu'il en eft digne.
Traité des bandages & des appareils. Paris , 1746, 1761 , j/i-io.
abrégé d'Anatomie. Paris, 1748, deux volumes in-12. Paris, 1754» deux volu»
mes, même format.
U Aathropotomie ou V Art dfinje&er, de dijjequer & d'embaumer. Paris, 1749, 1765,
in-8.
Elémens de Chirurgie. Paris, T755 , in-12.
Traité d'Oftéologie traduit de l'Anglois de M. Monro.^ auquel l'on a ajouté des
Planches en taille-douce, qui repréfentent au naturel tous les os de l'adulte & du
fœtus , avec leurs explications. Paris , 1759, deux volumes in /0//0. Le célèbre
Monro a publié trois éditions de fan Oftéologie, la dernière en 1741. Cet excel-
lent Ouvrage manque de figures , parce que l'Auteur les regardoit comme fu.
perflues après celles de M. Chéfclden , qui ont paru en 1733 , & qui dévoient bien-
tôt être fuivies de celles de M iVl. Trew iiDouglas. M Sue., adoptant l'Oftéologie de
Mmro comme iupérieure à toutes celles qui av oient paru juiqu'alors , a cru aucoE.
2 0 M E IF. V V
335 S U L S U R
traire qu'il y mnnquoit des figure?. Il a fait traduire par un de fes Elevés infé-
conde édition de 1732 , & a fait la dépenfe de trente & une planches à la façon
des tables à'Eujtachi par Lanciji , & de celles d'ALhinus; c'eft-à-dire , que le njême
fujet occupe deux planches , dont l'une repréfente la figure avec toutes fes otn-
bres , teintes & demi - teintes i l'autre n'eft exprimée que par le fimple trait ou
l'efqnifTe, pour laifler d'un côté la gravure plus nette, & de l'autre , la place né-
ceffàire pour recevoir les lettres indicatives toutes feules. M. Sue a enrichi la 'J'ra- •
dudlion par des notes intéreflantes qui font de lui. Cet Ouvrage eft un chef-d'œu-
vre de Typographie à la magnificence duquel tout concourt: papier , caraderes ,
burin, frontifpice élégant, vignettes , culs-de-lampe, &c.
Pierre Sue le jeune, de Paris, fut reçu dans le Collège de Chirurgie de cette
ville le 17 Septembre 1763. Il fait honneur à fon Corps, dont il eft ancien Pré-
vôt , ancien Profeffeur en Anatomie & en Chirurgie à l'Ecole pratique , Confeiller
du Comité perpétuel. Ses talens lui ont encore mérité la charge de Chirurgien or-
dinaire de l'Hôtel-de ville de Paris , & la qualité de Membre des Académies
de Montpellier, Rouen & Dijon. On a de lui.-
Traduâion des Tomes VI & VII des Aphorifmes de Chirurgie commentés par
f^an Swieuen , en fociété avec M. Ferrand , Chirurgien du Collège de Paris. Pa-
ris, 1768 , (7112.
TraduSHon de la Pathologie de Gautius. Paris , 1769 , /n-12.
Dicilonnaire portatif de Chirurgie^ ou Tome Ille- da Diflionnaire de fan(é , con-
tenant toutes les connoifTanccs, tant Théoriques que Pratiques de la Chirurgie, ie
détail & les ufages des meilleurs inftrumens , avec la figure des plus ufités. Paris ,
1771 , /«-8.
Eloge hijhrique de Devaux, Chirurgien de Paris. 1772, in-8.
Elémens de Chirurgie en Latin & ea Françoi?. Paris, 1774, fn-ia.
Difcours prononcé aux Ecoles de Chirurgie le 3 Odobre 1774, in-8.
Eloge de Louis XV. 1774 , In b'.
SULZBERGER, C Jean-Rupert J de Gratz en Stirie, prit le bonnet de Doc-
teur en Médecine le 30 Août 1621. Il enfeigna dans les Ecoles de l'Univerfité de
Leipfic , où il avoit reçu les honneurs de la Licence & du Doétorat , & il finit
par être médecin de la Cour de Drefde.
Son fils , Sigipnond- Rupen , étoit de cette dernière ville. Il étudia la Médecine à
Leipfic, & après y avoir été admis à la Licence le 15 Avril 1656, il obtint le
bonnet de Doifïeur , & i>e tarda pas à être nommé à la Chaire d'Anatomie & de
Chirurgie , d'oii il monta à celle de Pathologie qu'il remplit le refte de fes jours.
Il étoit l'Ancien de fa Faculté , lorfqu'il mourut le 15 Avril 1675 , âgé feulement
de 47 ans. Lipenius lui attribue quelques Thefes, & Matthias l'Hiftoire d'une ma,
ladie qui, du tems de l'Auteur, étoit nouvelle en Allemagne & qu'on y appelloit
Friefel. C'eft le Pourpre des femmes accouchées.
SURSIN, fjean ) Dofteur en Médecine au XVII fiecle, étoit de Nogent îe-
Rotrou dans le Perche. 11 fut d'abord Régent de Rhétorique dans le Collège de
la Fromagerie à Angers, mais il en devint Principal en 1596. Ce fut pendant le
s U s s W A ' 559
cour? de cette année qu'il fit imprimer une Grammaire Grecque , avec un Lexicon.
des Racines, en un petit volume in-fnlio. Quelque tems après, il reçut le bonnet
de Docteur en Médecine à Angers; & comme en cette qualité il entra dans le
Corps de TUniverfité de cette ville , il en fut choifi Redteur en 1611. Pendant
Ion Reflorat , il fit tous les efforts poflibles pour engager fes Collègues à établir
une Ecole de l^angue Hébraïque , qu'il croyoit auffi nécefiaire que celle de la
Langue Grecque.
SUSIUS,( Jean-Baptifte^ Médecin de Mantoue , étoit de la Mirandole , ville
capitale du Duché de ce nom. 11 éîudia fous Matthieu Curtius qui l'engagea à écri-
re pour foutenir les avantages de la faignée contre les partifans de la doéirine des
Arabes. Sufius n'avoit que vingt ans à la mort de Curtius en 1544 , & malgré le
peu de connoiflànces qu'il devoir avoir à cet âge, il avoit déjà compofé trois Li-
vres De venis è direSio fccandis. Mais comme il fcntit tout le befoin d'amener cet
Ouvrage à une plus grande perfection par l'étude & l'expérience, ce ne fut qu'en
155g qu'il le publia à Crémone en un volume m 4. Il n'avoit cepenJanl pas tardé
jufques-là à foutenir les bons effets de la faignée contre les craintes que la doctri-
ne des Arabes infpiroit aux Médecins; il avoit mis au jour un Traité De mijjîone
/anguinis , in quo ojimditur guàd in quibufdam hodie Midici cnntra Hippocratis & Gahmi
rcntentiam peccent circa Phlebototniam. Il y a des éditions de Bâle, 1558, 157 1, ^i-B ,
de Rome , 1628 , in-12 , avoc la Préface de Jojiph Truller, On a encore de la
façon de Sufius un Ouvrage intitulé : Liber de Pejle. Mantua , 1576, fn-8.
SWALWE ( Bernard^ naquit vers l'an 1625 à Embden , Capitale de l'Ooft-Frife.
Il paroît que ce fut à Leyde qu'il étudia la Médecine & qu'il prit le bonnet de
Doéleur , mais il aila s'établir à Harlingue , où il parvint à la charge de Méde-
cin ordinaire & fut reçu dans le Conieil de l'Amirauté, On fait qu'il exerçoit en-
core ces emplois en 1677, mais on ignore s'il furvécut à cette année.
Sn>alu>e étoit zélé partifan de la do<ftrine Cartéfienne, ainlj que des fyfîêmes
â'Othnn Tachenius & de François de le JSoë , qui ne valoient pas mieux que ceux
du Philolo^he Defcartes. La Médecine étoit alors fou? l'empire des hypothefes.
Le libre effor que chacun donnoit à fon imagination en produilbit de nouvelles
tous les jours , & elles fe foutenoient plus ou moins , fuivant le nombre & la qua-
lité des partifans que leur attiroit la réputation des Auteurs, Les Médecins n'é-
toient pas ceux qui tardoient davantage à les adopter ; ils fe faifoient non feule-
ment un mérite de les Ibutenir de vive voix, ils publioient encore des Ouvrages
qui marquoient tout leur attachement aux opinions de leurs Maîtres. Jamais on ne
vit paroître plus d'Ecrits en Médecine , que lorlqu'on fe mit en tâte de foutenir
des fyftêmes défavoués de la Nature ; la bonne cauie le fait jour à peu de fraix ,
parce qu'elle eft marquée au coin de la vérité ; la mauvaife ne peut éblouir que
par un grand étalage de raifonnemens. Les Ouvrages de Swalwe doivent être
rangés dans la claflë de ceux qui font faits fur ce dernier plan. Voici leurs titres :
Difquifitio Therapeutlca generalis , fîve , Methodus medmJi ad recemioram dogmata
adornata & ff^aleana methoda conformata. Amftelodami , 1657 , în-lî. Jen£ , 1677 , in-ïi.
f^entricuU querelte &opprobria. Amjldodamiy 1664, ia-ii. Ibidem , i66g , 1675 , /n-ii ,
%^o, s W A
ft)us le titre de Querdte & opprobria ventricull renovata. Ce n'eft pâS l'Auteur qv c
parle dans cet opufcule , c'eft l'eflo'Tiac Lo pauvre lire , dit M. Paqnot dans-
fcs Mémoires, y gronde de l'on mieux contre l'humeur bourrue des iVledecins ^
qui règlent Icrupuleufement l'ordre de fa nourriture , qui s'avifent d'y mêler des.
purgatifs déplacés en tout tems , qui le mettent en tâte que les alimens peuvent
changer le tempérament du corps , & vont Ibr ce beau fondement lui interdire,
ceux dont il a la meilleure envie. Je fuis éloigné de penfer comme l'Auteur de.
cette note, qui, tout en badinant fur les fentimens de Swdwc ^ fait allez voir
qu'il ne contredit pas fon avis. Mais M. Paquot fait & a écrit tant de bonnes cho-
fes , qu'on doit lui palier les fautes qu'il a faites, quand il a voulu parler Médecine^
Pancréas pancrene ( plein de trous ) five , Pancreatis & fucci ex eo prufluentis com-
mentum fuccinclum. Ibidem , 1667, in-12. Jen<e ^ 1678, ia-12. Le ftyle de cet Ou-
vrage eft badin.
Natures & yîrtis inflrumenta publica , alcali & acldum , per Neochmam & Palaphatum
hinc indè ventdata & praxi Medica fuperjîructa pramijja. Amjldodami , 1667, i6fo ».
t/i- 12. Francofurû ^ ^^77 ■> in-i^-
SWAMMER.DAM ou SCHWAMMERDAM , ( Jean ) célèbre Anatomifle ,
étoit d'Amfterdam , où il naquit en 1637. 11 commença fon cours de Médecine
à Leyde , & avant de l'avoir achevé , il pafla en France pour fe perfeftionner
dans l'Art des dine61:ions. Il étoit en 1664 à Paris avec Stcnon qui avoit en vue
le même objet que lui. Content des progrès qu'il avoit faits dans cette partie ,
îl revint à Leyde , & il y prit le bonnet de Dofteur en 1667. Bientôt après , il
retourna à Arafterdam & fit fa principale étude de la ftrudure du corps de l'hom-
me & des infedes. On lui doit l'idée d'injefter dans les vailfeaux une matière
liquéfiée par la chaleur , pour qu'étant devenue folide par le froid , elle rendît
ces vaifleaux plus fenfibles & plus ailes à diflëquer. On lui doit encore l'invention
d'un Thermomètre pour apprécier le degré de chaleur des malades & des ani-
maux : Boerbaave a perfedionné cet inftrumcnt en vue de le rendre utile â la
pratique de la Médecine.
Swammcrdam avoit déjà poufle bien loin fes recherches Anatomiques , lorfqu'une
fièvre quarte vint interrompre fes travaux. Il changea de goût après fa convalel^
cence , & il abandonna totalement l'étude du corps de l'homme en 1674 , pour
ne s'adonner qu'à celle des infeétes , dans laquelle il fit de fi grands progrès. Il
s'en étoit occupé depuis long-tems .• car il avoit diflequé plufieurs fois à Paris
fous les yeux de Thevcnot , qui ne manqua pas de l'encourager & de l'aider dans
les obfervations fur la nature & la ftruciure des infcdes des environs de cette
Capitale. A fon retour en Hollande , il continua les mêmes recherches , & il parvint
à fe faire un très-riche Cabinet d'Hifloire Naturelle , qu'il mit en vente l'année de
fa mort , mais qui ne fut exécutée que par les héritiers.
La Médecine pratique n'eft pas le rô.é brillant de Swammerdam ; il ne l'aîmoit
pas, & il la cultiva d'autant moins qu'il étoit tout ablbrbé dans l'es autres études.
Mais la contention d'efprii avec laquelle il avoit poulTé fes travaux , ne manqua
pas de le jetter dans l'Hypocondrie, Cet habile obfervateur de la Nature devint
îi fingulier , qu'à peine daignoit-il répondre à ceux qui lui parloient ; il regardoit
s W A ■ S4r
& dcmeuroit immobile. 11 étoit dans cet état , lorfque les feotimens d'Antoinette
Bo'jrignon , dévote fanaiique de Liile en Fiandre , firent une telle imprcllion fur
fon elprit , qu'il adopta l'on nouveau fyflême de piété mal entendue & abandonna
tes opérations anatomiques , par l'idée qu'il s'étoit faite que Dieu en étoit ofFenfé.
Admirateur de cette fille illuminée qui croyoit avoir reçu du Ciel la commiflion
de réformer le Chriftianifme , il jetta le fcalpel par fcrupule , & courut par en-
thouiiafme joindre cette fanatique dans^le Holftein. 11 revint cependant à Amfter-
dam , où il vécut dans la retraite jufqu'à fa inort arrivée en 1680 ^ la même
année que la Bourignon mourut à Franequer. Maigre & décharné comme un fque-
lette , il avoit à peine la figure humaine fur la fin de fa vie ; & peu de tems
avant fa mort , il fut faifi d'une fureur mélancholique fi violente , que dans un
de fes accès il brûla tous fes Ecrits. Voici la notice de ceux qui nous reftent :
Traciatus Phyfico~^natomico-M:dicus de Refpiratîom, ufuque Pulmonum. Lugduni Ba»
tavorum , i66f , 1677 , iC^g , m-8 , 1738 , m-4. La dernière édition comprend la Diffcr»
tation Anatomique du célèbre de Hallcr , qui eft intitulée : De /hu/cu/ïî diaphragmatis.
De Graaff avoit étudié l'Anatomie fous F'an. Home dans le même tems que Swam-
merdam^ mais il n'avoit pas confervé pour fon Maître un attachement aulii refpec-
teux que fon compsgnon d'école. Lorfque De G raaff mit l'es découvertes au jour,
Sifammerdam crut avoir quelques raifons de lui en faire des reproches ; il l'accufa
même d'avoir profité des recherches de leur commun Pvlaître , & d'avoir eu le front
de fe les approprier comme un vrai plagiaire. De Graaff , piqué d'une accufation
auOi grave, écrivit contre fon adverfaire qui ne manqua pas de lui répliquer; &;
cette difpute a donné occafion à plufieurs Ouvrages de part & d'autre. Mais De
Graaff eft forti viéïorieux de ce combat littéraire.
H'ijlolre générale des Jnfe&es. Utrecht , 1669 , Jn-4 , en Hollandois. Dans la rnSme
ville , 1685 , in-4 , en François. Leyde , 1685 , /n-4 , en Latin , avec de magnifi-
ques figures.
Miracu'um Natur£ ^ feu,, uteri muUebrls fabrica. y4dje&a efl nova methodvs cavitates
eorporis ità praparandi ^ ut fuam femper genulnam faciem fervent. Lugduni Batavorum ,
167a, 1679, *.7'7 » ï?'29,i/i-4, avec figures. C'eft le Prodromus Obfervatîoniim pu-
blié par Jean F'an Horne , qui a poufle Swammerdam à donner cet Ouvrage & à s'y
déclarer l'auteur des expériences qu'on vouloir lui enlever.
JJijîoria InfeSiorum generalis ; adjicitur iilucldatio , quâ fpecialia cujufvis ordinis exem-
fia figuris accuratijfimè , tàm natural'i magnitudrne , guàm ope microfcupii auSla , illuflran-
tur. Lugduni Batavorum , 1733 , 1/1-4. C'ert à Henri-Chrétien Hcnninius qu'on doit cette
traduéVion de l'Hiftoire des Infeétes de l'original Hollandois en Latin. Jérôme- Da-
vid Gaubius l'a aufli traduit en Latin , mais l'édition qu'il en a procurée, ccm*
prei:d aufli le texte Hollandois , & Boerhaave y a joint une Préface dans laquelle
il s'étend fur la vie de l'Auteur. Ce précieux Ouvrage a paru à Leyde en 1737».
deux volumes in-folio , grand papier , (bus ce titre ; Biblia Natarts , Jîve , Hiforitt
Infe&oruni in claffes certas redac/a, necnon exemplis & anatomicà variorim anim dcvlorum
examine, <encifque tabulis dluflrata , infertls numerojîs rarinrum Nutura: ob'^irvaiîonibus.
Le Livre de Sn-ammcrdani eft divilë en quatre parties, fuivact les r,oa're ordres
de changement qu'il avoit obfcrvés par rapport aux Infedtes. Daas chact^ne de
«es parties , il commence par expliquer l'ordre de changement qui ia carattérife j;
«4â S W I .
li fait enfuite réaumératioa , & fouvent rhiUoire des Infe£\es qu'il y rapporte.
Il s'attache encore à réfuter les erreurs des Naturalifies , & fur-tout celles des
Anciens fur la génération de ces animaux ; &c comme il a trouvé des Infedes
dans les Infedes , il a donné l'hiftoire entière de quelques-uns de ces der-
niers. L'Anatomie fait le grand mérite de ce bel Ouvrage ; Swammerdam
s'y eft tellement diftingué , qu'il a furpaffé tous ceux qui font entrés dans la
même carrière. Il a traité cette partie a^c une induftrie li admirable , que les
vifceres même des abeilles font gravés dans fes planches avec la plus grande
exaditude. Rcaumur , qui a. écrit fur UQ pareil fujet , n'a pu parvenir à ce
point de perfe£\ion, & défefpérant d'y atteindre , il n'a pas balancé de pren-
dre les Hgures anatomiques de notre Auteur pour orner fes Ouvrages. L'Ab-
bé Pluclie a aufli tiré grand parti de Su-ammcrdam dans les endroits de fon Spe&a-
clc de la Nature , où il traite des Infetles.
SWIEITEN , C Gérard VAN J Commandeur de l'Ordre Royal de Saint
Etienne , Confeilier , premier Médecin , Bibliothécaire de leurs JVîajeftés Impériales
& Royales Apoftoiiques, PréGdent de la Cenfure des Livres, Vice-Préfident de
la Commiilion Impériale & Royale des études , Diredeur perpétuel de la Fa-
culté de Médecine de Vienne ôz de toutes celles des Pays Héréditaires Autrichiens ;
de l'Académie Impériale des Curieux de la Nature & de Pôtersbourg, de l'Aca-
démie Royale des Sciences de Paris & de celle de Chirurgie de la même ville ,
de la Société Royale de Médecine d'EdÙTiboarg, de celle des. Sciences de Harlem,
de la Société Potanique de Florence , de la Société Allemande de Jene , de celle
degli urJgiaii de Rovérédo , de l'inftitut de Bologne , &c. , étoir ae Leyde , où il
naquit, le 7 Mai 1700, de Thomas Fan Swienea & a'EUfaàah Loo. Sa famille, déjà
illulire depuis plus de 400 ans, eft alliée avec les principales des Pays Bas ; elle
a donné des Tréforiers à fEtat , des Receveurs généraux à la Hollande & à U
Zélande , des Procureurs généraux à la Cour de Hollande , des Guerriers aux
Armées , & elle a pofledé des terres & des richelTes allez confidérables pour fonder
d'opulens Monafteres.
ÎSé avec un goût infini pour les Sciences, Fan Swietten montra dans le cours
de fes études un defir infatiable de le diftinguer dans la carrière des Lettres.
Beaucoup d'intelligence, de pénétration, lui en ouvrirent le chemin; beaucoup
de lagacité, de netteté daiis le jugement, une mémoire prodigieufe , une appli-
cation iuivie , lui méritèrent les progrès iurpreoans qui couronneront fes travaux.
La mort lui enleva les parens dans le tems où iis eufléat été Je plus nécelfaires
à fon éducation. On lui donna des Tuteurs qui , peu foigneux de fes biens , le
furent moins encore de la culture de ion cfprit ; il le vit réduit à former & à
façonner lui môme fes takns. Lès qu'il eut achevé fes Humanités à Leyde, il
fut envoyé à Louvain, à l'âge de feize ans, pour y étudier la Philoibphie ,* &
après un cours de deux ans , il obtint place dans la première Ligne. On chercha
à le retenir dans cette Univerfité, mais Ion goût pour la Médecme, vers laquelle
ion inchnation le portoit tout entier, le rappella à Leyde, où il fe mit au rang
des difciples du grand Boerhaave. S'il s'efiima heureux «le fe voir ibus un tel
îblaîire, Boerhaave fe félicita de l'acquifitioa d'un difciple li propre à étendre la
s W I 343
Science qu'il profefTuit. Après fept ans d'étude , yan Stpkttcn reçut les honneur»
du Dodorat en 1725 , & dès lors Bucrhaavc , malgré l'autorité que lui donnoit fon
^je , malgré la céU;brité, malgré la haute confidcration , dont il jouiUbit, Ht de
l'on jeune Elevé l'on ami, vit en lui fon lucceffeurj ion émule, un homme dont 1p.
gloire égaleroit la fienne. Mais comme il le voyoit ians jaloufie , il l'inftruifoit fars
celle & lui communiquoit tous les l'ecrets de l'Art. F'an Smetten de l'on côté , malgré
les connoiflances qu'il avoit acquifes, malgré la dignité de Profellèur, dont il ne
tarda pas à être revêtu, continua toujours de travailler d'après les idées de Ion
cher Maître , & lui voua une reconnoiflance qui a dui-é autant que l'a vie.
Il n'eft point étonnant que f^un Swietten ait fait tant de progrès dans la Science
de guérir; la manière dont il a rempli la carrière de l'es études, lui a procuré
les plus grands avantages. Rechercher les principes fondamentaux des Sciences
dans leur première origine, c'eft-?.-dire , dans les Ecrits des Auteurs, de l'Anti-
quité la plus reculée ; les i'uivre pas à pas jufqu'à notre tems par une route
longue <k pénible , mais la plus utile; approfondir toutes les règles , tous les pré-
ceptes , jutqu'à ceux-mêmes qui paroilfent les moins dignes d'attention ; ne pas fe
'Dorner à connoître la l'ubflance des chofes, mais s'attacher à tout ce qui peut fa-
ciliter ou éclaircir l'objet principal ; tirer , par la combinail'on , des principes déJA
connus des vérités nouvelles & les conftater par d'exafles expériences; renoncer,
pour y travailler foiidement, à toute fociété, s'enfermer dans la folitude, n'en point
î'ortir même aux heures du repas , ne prendre de réfeflion , que lorique le befoia
y force, prendre au contraire beaucoup fur fon fommeil ; continuer ainlî jufqu'à
ce que l'ame accablée tombe dans une fombre & trifie mélancholie , jufqu'à ce
que le corps épuifé fuccombe fous ie poids, que les forces s'anéantillènt , que le
lommeil s'évanouilfe , que les alimens , que les araufemens même n'infpirent plus
que le dégoût : voilà quelle fut pendant plufieurs années l'immenlité des travaux
de F'an Swleuen qui ne croyoit pas pouvoir acheter la fcience à trop haut prix.
Cette ardeur étoit cependant un excès , & la prudence de Boerhaave y mit des
bornes qui empêchèrent fon Elevé d'être la vidime de ia paffion pour l'étude:
mais la route que tiennent les efprits lupérieurs eft toujours une route extraor-
dinaire. Par celle que Fan Swicnen fuivit , il fut honoré du nom de Savant à l'âge
de 25 ans.
Après l'on Dod^orat, il continua à travailler fous Boerhaave, & à profiter pen»
dant vingt ans de fes Leçons; mais il n'ouvrit pas moins les trcfors qu'il avoit accu-
mulés pour les partager au monde , & en cela , il fuivit l'amour de l'humanité qui le
guidoit, & le noble defir qu'il avoit d'être utile à la fôciété. Dès qu'il fut nommé
Prot'efleur, on accourut en foule à fes Leçons; l'Allemagne, la France, l'Angle-
terre lui fournirent chaque année un nombre G confidérable de difciples, qu'il fe
vit en butte à l'envie, cette paillon balTe qui eft toujours ennemie du vrai mérite.
F^an Swiettcn étoit Catholique, & les ennemis fe couvrirent du mafque de la Re-
ligion pour l'attaquer; ils réclamèrent les lois de l'Etat contre lui, & parvinrent
à le faire defcendre de la Chaire qu'il rerapliiibit fi dignement dans l'Univerlité
de Leyde.
C'eft en 1729 qu'il longea à fe marier. Il époufa , pendant le cours de
cette année , Mara - Lambertine - Tbérefe Beek van CoesfdJ , d'une ancienne
i
344 S W I '*
Camille patricienne , origitiatre de Caflcl dans la lîefie. Il etl açU deux fils &
<ieux filles.
L,e caradere de f^an Sipimen le mit au defTus des tracafleries qu'on lui avoit fufci-
tées pour lui ôter la place qu'il occupoit dans la Faculté de Leyde. Couvert de la gloire
que fes dotées travaux lui avoient acquife& qu'on ne put lui enlever, il mérita une nou-
velle gioire parla magnanimité avec laquelle il s'efibrça d'arrêter la vengeance éclatante
qu'une jcunelTe irritée vouloit prendre de fes ennemis. Rendu à lui-même , il employa
Ibn loilir à travaillera lés admirables Commentaires fur les Aphorifmes de B'>erliaave.
JLe premier volume avoit déjà paru & le fécond touchoit à ih fin , lorfque l'Augufte
Marie-Thérbse l'invita à venir fe fixer à fa Cour, Vainement il s'excufa de
pafler à Vienne à la propofition qui lui en fut faite ; vainement il voulut facri-
fier un emploi aulfi coufidérable qu'honorable à la vie fimple , tranquille & pai-
iible qu'il chérilfoit ; il fallut obéir aux décrets du ciel & céder aux bontés de Ma-
rie-Thérèse qui lui ofFroit à Vienne une nouvelle patrie, où il oublia bientôt
ia Hollande. Il arriva dans la Capitale de l'Autriche le 7 Juin 1745.
Attaché en qualité de premier Médecin à la Cour principale de l'Europe , hono-
ré de la confiance de nos Auguftes Souverains , iîxé à leur fervice par des émo-
lumens confidérables , élevé enluite à la dignité de Baron , ces honneurs &i ces
avantages ranimèrent en lui l'ardeur qu'il avoit toujours confervée pour les Scien-
ces. A peine fut-il inftruit des vues bienfaifantes de l'Impératrice pour en hâter
îes progrès , qu'il les féconda par des travaux immenfes. Il crut que le moyen le
plus sûr pour remplir ces vues , étoit de faire d'abord connoître qu'il étoit une
méthode mieux fondée & plus certaine d'enfeigner que celle dont on s'étoit fervijuf-
<qaes-là dans les Ecoles de Vienne; & qu'il falloit commencer à inipirer du goût
pour cette méthode , avant que de jetter les fondemens de l'étabhOement qu'il
projettoit. Sur ce principe , il fe chargea de l'em.ploi de Profefleur , & on le
vit , pendant plufieurs années , en exercer lui-même les pénibles fonclions. Quels
foins , quelles attentions , n'apporta - 1 - il pas à réformer les abus 1 Quelles ob-
fervations ne fit - il pas pour l'avenir ? Quel zèle ne montra-t-il pas dans tou-
tes les parties de la charge qu'il s'étoit impofée , mais fur - tout à reconnoître &
à encourager les talens ? Quels avantages ne leur procura - 1 - il pas ? C'eft aux
Médecins , dignes Membres de la Faculté de Vienne , à publier les louanges
que mérite f^an Swietten par cet endroit ; pleins des fentimens d'une jufte recon-
noiflànce , ils publieront leur gloire en publiant celle de leur illuftre Maître, Si l'on
a vu à Vienne autant de talens le développer, fi le defir de s'inftruire , fi le zèle
de fecourir l'humanité fouffrante fe font enflammés , fi l'efprit d'émulation a
cté excité, files Etats héréditaires de l'Impératrice-Reine ont été peuplés de tant
de Médecins favans , fi dans une heureufe perfpedtive on voit les foins que de
dignes Elevés prendront de la fanté des fujets de l'Augufte Marie-Thérese
& de leurs derniers neveux , c'eft l'ouvrage de l'infatigable f^an Swktten. Il
a tiré les Sciences de l'état de médiocrité où elles languifibient & il les a fait
monter au point où il fouhaitoit qu'elles fufient ; il a rendu à l'Univerfité de
Vienne fon ardeur primitive , elle qui dès long-tems raffafiée de ion ancienne
gloire iembloit fe repofer tranquillement fur fes antiques lauriers, fans fongcr à en
«neillir de nouveaux, Quel
s W I .-i^S
Quel hcmmc étoit plus capable de cette hcureufe révolution que le célèbre
J^an Sukttcn ? Non feulement il pollèdoit toutes les connoifiâuccs relatives à
la Médecine , à la botanique , à l'Anatomie , à la Chiiurgie , à l'Art im-
portant des Accouchemcns , à la Chymie , mais il favoit la plupart des Lan-
gues de l'Europe. 11 étoit déjà confommé dans Ion Art & charq;é d'une multitu-
de d'afFaires , lori'qu'il apprit l'Arabe & le Hongrois. Il pc iTédoit à fo^d^ le Grec
& le Latin , & il s'exprimoit dans cette dernière Langue avec ure énergie ,
une élégance & une clarté peu communes. Il étoit non ieulement très - inftruit de
la Litt(?rature Grecque & Romaine , mais il avoit encore le talent d'en répan-
dre les fleurs lur les Ecrits les plus férieux & les Difcours les plus graves. D;ins
le même tcms qu'il feinWoit s'adonner tout entier à la Médecine , il étudia feul
& fans l'aide de perfonne les Elémens d'EucUde , & delà il paCTa à diverfes bran-
ches des Mathématiques, qu'il connoifl' t aflez pour en faire le plus g'-anJ cas. Il
écoit fondamentalement verfé dans THiftoire Naturelle & les principes de la Phy-
sique.; il avoit d'ailleurs d'utiles notion» de Théologie, du Droit, oe la Politique
& de l'Hiftoire , quoique ces objets fuflènt étrangers à la Médecine. Savant du
premier ordre, homme d'un jugement exquis, d'un efprit vafte , d'un efprit qui
embrafibit tous les genres de Sciences , d'une leflure immenfe , & par deffus tout ,
appréciateur & appui des talens, promoteur & fouticn des Lettres; homme en-
lin , dont le nom vivra auffi long-tt-ms qu'on élèvera des temple.- & des autels aux
Sciences. Faut-il s'étonner aprè-^ cela fi l'iiugufte Marj e-Thérese, dont la pé-
nétration difcerna d'abord la lupériorité du génie de f'an. Swlenen , l'a honoré de
toute fa confiance ? Faut->1 s'étonner après cela qu'elle lui ait demandé ion avis dans
joute ce qui concernoit les Sciences , qu'elle l'ait confuké , & que ^ convaincue de
fes lumières & de fa droiture, les confcils de ce Médecin aient toujours déter-
miné les réiolutions de cette grande Princefle T Quand le Baron Van Swltt-
ttn n'auroit pas fait pour l'avantage des Sciences tout ce qu'il a fait par lui-
même , fon crédit li heureufemeni employé en leur laveur fuftiroit pour immor-
îalifer fon nom.
Ce fut d'après fes repréfentations que fa Majefté l'Impératrice Reine Apoftoli-
que , glorieulement régnante, fit rebîitir l'Hôtel de l'Univerfité de Vienne avec la
plus grande magnificence. Les plus célèbres Architeéles & les plus habiles Peintres
y ont épuifé leur Art. On admire fur-tout la façade de cet Hôtel , fes portiques
& la grande falle deftinée aux exercices publics ; on admire également le laboratoire
de Chymie & un cabinet qui fert pour l'Aftronomie. L'Ecole de Chirurgie & d'Ana-
lomie a aufli été l'objet des bontés de cette AuguHe Princefle ; c'eft par fes or-
dres qu'on n'a rien négligé de tout ce qui peut contribuer aux progrès de cei
^sciences utiles. On a encore augmenté le Jardin des plantes, dont on a donné la
diredion à M. Laugier ; on p établi le Collège pratiqi^e dans un des premiers Hô-
pitaux , où feu M. De Hasn faifoit obferver à fes difciplcs le cours des maladies ,
les variations de kurs.fymptômes& les effets des remèdes indiqués pour la gué-
rifoD. Quelles obligations n'ont pas au célèbre Van Siyienen ceux qui s'appliquent
à la Médecine dans l'Univerfité de Vienne , lui qui a perfuadé l'Impératrice Reine
de la néceflité de pareils établilTcmens ? Les confeils des grands hommes font tou-
jours la règle des déciûons des grands Prmces ; il femble -que le ciel n'a fait naître
TOME ir. X X
S4G S W ï
les premiers que pour illuftrer le règne des féconds, en leur fuggérant des projets
utiles à l'humanité. C'eft pour honorer le mérite de l^an Smetten & récompenfer
fon zèle, que leurs Majeftés Impériales ont ordonné, en 1763, de placer le por-
trait de cet homme célèbre dans les Ecoles de Médecine de l'Univerfité de Vien-
ne , avec cette inl'cription :
Franciscus I & Maria Theresia Augg.
Hanc EJfigieni
Gerardi L. B. Van Swietten ,
Ob ftudium Medlcum ab Ipfo féliciter emendatum ,
J/i ^uditorio hujus Facuhatis publicè appendi jujjerunr.
Die XXX Decembris M. DCC. LXIII.
Ce fut en 1746 que F'an Swietten conçut le projet de réformer l'étude de la Mé-
decine dans l'Univerfité de Vienne; & pour l'exécuter avec plus de promptitude
& de fuccès, il commença , dès la même année, à enfcigner la méthode d'étudier
cette Science dans le veftibuie de la Bibliothèque Impériale. Il expliqua enfiiite les
Inllitutes de Boerhoave, & il en fit quatre cours, chacun de deux ans. Mais les oc-
cupations de la charge de premier Médecin s'étant beaucoup multipliées, il fut
obligé de fe faire remplacer par des Profelfeurs qu'il crut capables de féconder la
grandeur de fes vues. Tel fut d'abord Jean,Mdchior Storck , aujourd'hui premier
Médecin de la Cour Impériale , & enfuite Henri Crant^ , qui ont fait l'un & l'au-
tre honneur à fon choix. .
Pendant que Van Swietten fembloit tout occupé du rétabliffement des études
dans l'Univerfité de Vienne , il porta un coup d'oeil attentif fur la Bibliothèque
Impériale , dont la diretlion lui étoit confiée. La falle fuperbe qui la contient ,
paroiffoit plutôt faite pour fatisfaire la vue des curieux , que pour l'ufage auquel
elle eft deftinée ; on s'y étoit fait une loi bizarre & digne des fiecles barbares ^
d'y refulcr la liberté de noter ou d'extraire. Aujourd'hui, ce Temple des Mufes eft
ouvert toute Tannée, & chaque jour durant plufieurs heures, à quiconque s'y
préfente. On y a pourvu aux rigueurs de l'hiver pour ceux qui la fréquentent
pendant cette faifoa ; & loin d'empêcher maintenant de faire des notes & des ex-
traits à ceux qui en ont la volonté, ils trouvent tout ce qui leur eft néceffaire
pour cela.
Ami des Lettres, il fuffîibit d'avoir bien mérité d'elles, pour afpirer à la bien-
veillance de Fan Sinctten ; tout Savant pouvoif compter fur la bonne volonté &
fur fa proteftion. Comme il étoit perfuadé que les Sciences languiffent dans le chemin de
k perfcftion , tandis que ceux qui les eofcignent ne font point dans une certaine
aifance , il employa tout ion crédit pour la leur procurer; & la main libérale de
l'Augufte Marie I'héresb répandit fur les Profelfeurs les fruits d'une munifi-
cence vraiement royale. Ce ne fut point encore afiez pour lui , il voulut que ceux
qui parcourent la carrière des études participaffent auffi à cette protedlion ; il
jetta même fes regards fur les jeunes gens en qui il remarquoit du génie, & ne
manqua jamais de leur procurer les moyens de pourfuivre utilement des études ,
s W I 34?
que le défaut de fortune leur auroit empêché d'achever. Ea général , Pheureux
■emploi qu'il a fait de Ion crédit, n'a eu fa fource que dans la bonté de fon cœur;
paffionné qu'il étoit pour la gloire des Sciences , il a ennobli tous fes travaux
par autant de vertus. La Religion , la probité , la droiture » l'attachement invaria'
ble à les devoirs & à les Auguftes Maîtres , joints au plus grand délintéreflement
& à la modeftie la plus rare , ont été conftamtnent le mobile & le guide de tou-
tes fes actions. Il eft vrai qu'il étoit d'un tempérament ardent & impétueux. Né
févere & ferme, un penchant naturel l'attachoit à l'ordre , & il l'obfervoit avec une
pondualité fcrupuleuie. Tout ce qu'il faifoit , il le faifoit d'après une mûre délibé-
ration & même d'après conviction ; & c'eft pour cette railon qu'il ne revenoit
guère de la réfolution qu'il avoit une fois prife. On lui a reproché de s'emporter
avec feu contre les négligences, contre les oppofitions , contre les fautes qui con-
cernent l'ordre , & contre ce qui blefibit les loix au maintien defquelies il étoit char-
gé de veiller .• mais dans ces circonftances , il n'avoit que le dehors de la colère ,
& lorfqu'il cmployoit les reproches les plus vifs & les menaces les plus fortes , la
tranquillité de fon ame n'étoit point altérée. Comme il n'agiflbit aitfi que pour
maintenir l'ordre & les loix, de la févérité des réprimandes il paflbit bientôt à la
douceur des confeiis ; il avoit même la nobîe franohife de convenir des excès de
Ion emportement & il les rcparoit par des fervices réels.
Accoutumé par les Sciences à l'unique recherche du vrai , ce mobile le gui-
doit en tout , & principalement en ce qui avoit rapport aux mœurs. Il avoit pour
le menlbnge une horreur invincible ; il le regardoit comme le partage de l'ame la
plus méprifable & la plus balTe. 11 n'étoit point pour lui de loi plus facrée que celle
de rendre à la vérité un hommnge confiant ; mais il exigeoit que les autres fuf-
fent comme lui foumis à cette loi. La vérité pouvoir tout iiir lui ; & ce cœor ,
qu'on traitoit de dur, d'inflexible, fe brifoit , s'attendriffbit , étoit porté à l'indul-
gence au moment où on avouoit ingénument la fnute qu'on avoit commife , fans
chercher à la pallier, à l'exculer par des fubterfuges. Mais vouloir lui en impofer
en la moindre chofe , c 'étoit s'expofer à lui faire rompre fur le champ & fans re-
tour les nœuds de l'aminé, même la plus intime.
Par cet empreffement à remplir fes devoir? , & par fon zèle pour le fervice
de la Souveraine, F'an Swletten s'eil: acquis la réputation d'un homme également
droit & tincere. Né dans, le fein d'une République, où l'on ne cortradle pas
peut-être pour les Souverains cet amour que nous fuçons avec le lait , il n'en fut
pas moins véritablement, moins tendrement attaché à Marie-Thérèse depuis le
moment qu'il parut à fa Cour. Il ne fut découragé ni par la multitude , ni par
l'embarras des affaires dont cette Princeflé jugea à propos de le charger ; fon âge
même & le dépériliement de fes forces ne lui firent point fufpendre fes travaux;
& comme dans fa jeunefle il avcit travaillé avec toute la maturité de la vieilleCTe,
il travailla dans la vieilltffe avec to.te l'activité de la jeunefle.
Accablé de fatigues , il ne pouvoit pas manquer de fuccomber fous le poids de l'ira-
menii é des travaux qu'il avoit entrepris par zèle; & en ettet, il reflèntit bientôt les
attemtcs du mal dangereux qui dcvoit un jour terminer fa vie. Sa fanté qui avoit
été allez bonne jufqu'en 1769, fe dérangea confidérabltment; il la foutint cepen-
dant , par beaucoup de foins , julques vers la fia du mois de Mars i^f 2, Il parut a»
34^ S W I
doigt d'un de fes pieds une petite tumeur blanchâtre qui laifl'a fuinter de la féroi
lîté, l'os le découvrit & la gangrené s'empara de cette extrémité. Environné dcs-
lors des ombres de la mort, il attendit courageufement qu'elle vînt fe montrer,
iuivons-le jufqu'au ternie de fa carrière, & voyons-le orné de cette vertu qui cou-
ronne toutes les autres , & lans laquelle il n'en eft point qui foit d'éternelle durée. J'en-
tends la Religion , à qui il a donné tant de preuves de fon zèle & de fon attachement.
Non feulement il la profefla en homme de bien & craignant Dieu , mais il fortit
vidorieux de toutes les attaques qu'il foutint pour elle. Il fut tenté par les bril-
lantes alliances qu'il auroit pu contraif^er en Hollande , s'il tût voulu fe déterminer
à l'indifférence en fait de Religion. Il préféra la perte des honneurs, de la dignité,
*les émolumens de l'emploi de Protefleur public , plutôt que d'adopter la fauffe
do(fïrine de fa patrie. 11 refufa l'offre féduifante qui lui fut faite de paffer en An-
gleterre , où on vouloit placer pour lui & pour l'es defcendans à perpétuité , dans
les fonds publics , un capital qui lui affureroit le revenu de mille livres fterlings ;
& il refufa cet avantage, parce qu'il vouloit exercer publiquement la Religion de
fes pères,
C'eft à la pratique réunie de toutes les vertus qu'il avoit montrées féparément pendant
îc cours de fa vie , qu'il dut la belle mort qui la termina. Il la reçut comme le coup qui
alloit accomplir Ion facrifice ; il s'abandonna tout entier à la volonté de PEtre fuprême ,
fe jetta dans les bras de fa miféricorde, ranima fon efpérance & fon amour par
les leifiures réitérées des promelies d'un Dieu , vivifia ces fentimens par la piété
]a plus ardente , fe dépouilla fans réferve de ce qui étoit mondain , pour fe livrer
tout entier à fon Créateur , & mourut à Schonbrunn le i8 Juin ij?f 2 ,. dans la 73e,
année de fon âge , avec une rélignation tranquille & l'efpérance la plus vive dans
les miféricordes du Seigneur. Les l'entimens de P'an Sipiemn expirant ont fait l'ad-
miration de tous ceux qui ont été préfens à fa mort. L'Augufite Marie-Thérese,
qui a été le voir fouvent pendant fa maladie , & huit jours encore avant fa mort , n'a
pu affez l'admirer , ni s'empêcher de mêler les larmes de fa douleur à celles d'ad-
miration & d'édification. C'eft ainii que mourut ce grand Homme , cet ornement , cet
appui des Sciences , cette iburce des connoiliances les plus riches , ce bienfaiteur des
Savans , ce reftaurateur de la Médecine dans l'Univerlité de Vienne , cet homme da
bon confeil . cet ami vrai, ce citoyen vertueux, ce bon mari , ce père tendre , cet
homme Lienfaifant , modefte , cet homme fi fîdele , fi éclairé , fi zélé , fi plein de ref-
peél pour la Religion; cet homme enfin admiré de tous, pleuré par Marie-Thérese,
&dont le nom paflèra à la poftérité la plus éloignée. L'Impératrice Reine l'a immorta-
lifé par une ftatue qu'elle lui a fait ériger dans une des falles du Palais de l'Uni,
verfité ; mais elle l'a immortalifc d'une manière bien plus digne d'envie , par fes larmes
précieuies. Cette grande Princeflé a voulu que le corps de F'an Sn^lettcn fût tranf-
porté à Vienne , pour y être enterré aux Auguftins dans une chapelle où repofent
les cendres des Héros , & d'autres hommes illuftres qui ont fait honneur à
leur fiecle.
J'ai extrait la plus grande partie de cet Article d'un petit Ouvrage imprimé à
Vienne chez Jofeph Kurboeck , 1773 , in-i'i. C'eft la Traduflion Françoife de
l'Eloge funèbre de Gérard F'an Snictten, prononcé en Allemand dans la grande falle
à^ l'Univerfité ;i le 2 de Septembre 1772, par le R. P. Ignace ff^uri de la Corn»--
s Y D S4g
pagnie de Jefus , Doreur en Théologie , ProfefTeur d'Eloquence en la même Uni-
veriité.
11 me refte à parler des Ouvrages de Fan. Swittun. On lui doit d'excellens
Commentaires fur les Aphorifmes de Bocrhaavc: l'efprit du Maître eft pafle tout
entier dans ces Commentaires , que le Dilciple a enrichis de tout ce qu'une éru-
dition fage & confo.nmée pouvoit fournir d'utile & d'intérelfant. Peu de jours avant
fa mort , f^an Su-ictten eut la fatisfaftion d'apprendre que le cinquième & dernier
Tome étoit achevé d'imprimer ; il fembloit n'attendre que ce moment pour ter-
miner une carrière laborieufe , & auffi glorieufe pour lui qu'elle a été utile au
monde. Voici le titre fous lequel ces Commentaires ont paru:
Gerardi L. B. Fan. Swietten Commentaria in Hermanni Boerkaave ^phorlfmos dt
cognofccndh c? curandis morbis. Lugdunl Batavoram ^ ^743 ? deux volumes in-4 ; pre-
mier & iecond Tomes. Ibidem, 1745, 1749, 1753 > ^764, quatre volumes i/1-4;
premier, fécond, troilieme & quatrième Tomes. Ibidem, ^77- ■> w-4» cinquième
Tome. Par ifiis , 1746- 1754, trois volumes //ï-4. C'eft la première édition de Paris;
la féconde eft de 1755 & années fuivantes , cinq volumes i/i-4. 11 y a aufli une
édition de lurin fous le même format, 1745 & années l'uivantes. Venife , 1746
& années fuivantes , JC-4, Francfort, 1762 & années fuivantes ,i«-4. Cet Ouvra-^'ea
paru en Allemand à Leipfic , & en Anglois à Londres.
Nous avons encore de la façon de ce Médecin une Defcription abrégée des ma-
ladies qui régnent communément dans la armées ., avec la méthode de les traiter. Vienne
1759, in-8. Paris, 1760, in-11. On a trouvé, parmi fes papiers, un Traité Ds
Corde qui appartient à Boerhaavc^ mais que Fan Swletten a enrichi de l'es notes.
Les Aphorifmes de Boerhaave , depuis le 144e. jufqu'au 55^6., & les Commen-
taires de notre Auteur fur ces Aphorifmes, ont été traduits en François pour la
commodité des Chirurgiens. Ils ont paru fous le titre ' d'' aphorifmes de Chirurgie d'Her^
mon Boerhaave., commentés par M. Fan Sirtetten , traduits du Latin en François. Paris.,
1753, cinq volumes i/2-12. Mais il vaut mieux lire l'original que la traduction
qui n'a pas toujours rendu le vrai fens du Latin. Cette partie des Commentaires
de l'illuftre Fan Smetten attache fur-tout par une multitude de faits hifîoriques
rapportés avec la plus grande fidélité.
SVDENHAM C Thomas J naquit vers l'an 1624 à Winford Eagle dans le
Comté de Dorfet en Angleterre. Sydenham étoit né A^éJecin. Il avoit déjà palTé
quelque tems dans l'Uni verlité d'Oxford , lorfqu'il fe retira ailleurs pour éviter les
ttoubles des gtierres civiles. Ce fut alors qu'il rencontra un célèbre Médecin chez
fon frère qui étoit malade. Ce Médecin l'engagea à fe livrer à la Médecine; il le
lit, & il devint l'émule d" Hippocrate.
Sydenham prit le degré de Bachelier à Oxford le 14- Avril 1648, mai^ ce fut
à Cambridge qu'il reçut les honneurs du Dodlorat. Il fe rendit enluite à Weftminfter,
oià il fit fa profeffion avec tant de luccès, que dès l'an 1660 il joui.Toit déjà de
la plus grande réputation Se palfoit pour un des premiers praticiens de l'Angleterre.
♦Son mérite avoit percé à Londres avant qu'il allât s'y fixer; ce ne Fut que vers
la fin de fa vie qu'il y vint à titre de Licencié du Collège Royal, i?i il y mourut
k OQ Décembre 1689, après avoir été long-tems tourmenté de la goutte, àon%.
.50 S Y D
il a écrit un Traité , auquel il ne travailloit que pendant Ses attaques de cette
pénible m-diadie. Ses Ouvrages font intitulé-^:
Mcthodus curanJi febrcs propriis obfervanonibus fuper(lru?t(i. Lond'ml , 1666 , /n-8. jimf-
tdcdaini, 1666, i/i-y. Le même, i'ous le titre à'Obfcrvationes ciica morborum acuto-
runi hiftoriam & curationem. Londini, 1668, 1677, tn-8. Genève^ 1683 , in-ia , avec
les BpijîoliS Rcfponfurlts. C'eli à l'es fuccès -que Sydinkam a dû le nom de guérii-
ieur des tievres. Il s'étoit d'abord montré partilan des remèdes chauds , en par-
ticulier des iudorifiques ; mai? conduit par la nature des fièvres , il abandonna ce»
remèdes , contre lel'quels LangLus s'étoit tant récrié dans le XVI fi^:cle , & il adopta
la fage méthode de ce Médecin dans l'utage qu'il fit des rafraîchilTans.
Epljlola Refponforia prima ad R. Brady. Epijïola R^fponfjriu fccanda ad H. Pâmait
de morbh epldcmkis é? Lue venereâ. Londini^ 1680» in S.
Dijfertatio Epljlolaris ad G. Cde de yariulis , malo Hyjhricd S$ Hypochondr'iacô. Ibi-
dem , 1682 , in-8.
De fcbre putrida ia varioUs confluentibus , de miSu cruentô in Calcula , de afftciiotie
Hyjlericâ. Ibidem , i68a , inH.
Tra&atus de Podagra & Hydrope. Londiai, 1683, inS. Amftehdami ^ 1685 , //1-8.
Schedula monltoria de nov<s febris ingrejju. Londini , i685 , 1/1-8.
ProceJJas integri in varils morbis. Opus pojlmmam. Londini, 1693, jn-12 , I7I2,
în-8, 1742, i/i-ia. ylmftelodami, 1694., m-8.
Le Recueil de ces diftérens Traités a paru fous le titre à'Opera omnia. ^mfie-
lodami , 1683, 1734, m-8. Loniini ^ 1685, 1705, 1734» ia-B. On fent aflcz que la
première édition a'Amftcrdam & de Londres n'eft pas complette. Lipfîa , 1695 ^
171 1, in-8. GeneviC, i6g6 , i/i-8, 1716, 1723, 1736, 1749» 1757. in-4 , avec plu-
fieurs Ouvrages qui ne font pas de notre Auteur. Lugduni Batavorum , 1726, 1741,
1754, in 8. En Anglois, Londres, 1729, 1742, //1-8. En François, par M. Jault ,
Paris, deux volumes in-8,
Sydenham s'étoit convaincu que la connoiflance des voies de la Nature conduifoit
feule à l'Art de guérir , & que c'efl: uniquement par-là qu'on peut éviter l'erreur.
Auflî fut-il l'homme le plus expérimenté de fon tems, & comme il fut encore le
plus diligent Obiervatcur des démarches de la Nature, il peut, à jufle titre, en
Être appelle l'Hiftorien. Il en a , pour ainfi dire , fuivi toutes les allures pas à pas ,
& il nous les a tracées avec la dernière précifion.C'cft lui , c'ell cet homme fage,
ce lègiflateur moderne , qui , à force d'oblerver, nous a laifië les règles les plus
sûres pour guérir heureufement les maiadie?. Peu flatté de mettre au jour une
Théorie brillante , il ne voulut que des faits qui indiquaîTent les marches de la
Nature : en Architede judicieux , il a bâti , fur les plus folides fbndemens , un
édifice plus durable que le bronze & l'airain , oti la critique & l'envie font plus
d'une fois venues fe briier. Cet édifice fera toujours l'admiration des plus grands
connoifl'eurs , fervira de guide aux jeunes Praticiens, d'afyle afluré aux malades
& de modèle aux meilleurs Maîtres. Le témoignage de Boerliaave fuffit pour con.
iirmer la vérité de ce qu'on vient de dire. Ce Médecin HoUandois ne louoit qu'a-
vec difcrétion ; mais dans fon diicours De cominendando ftpdio Hippocratico , qu'il pro-
nonça en If 01, lorfqu'il prit polfeilion de la Chaire des inftitutes, il ne crut pas
s Y E S Y L S Y M S Y N 551
en pouvoir dire aflez pour louer Sydenham félon fes mérites. Voici comme s'expri-
me le célèbre Eocrhaave: Unum exlmlum habeo Thomam S\d^r.ham , j-Jn^lite lumens
^ri'ts Phœbum ; cujus ego nomen fine liomnifica prafatione memorare erabefcerem: quem
quoties comtemplatur ^ occurrit animo vera Hippocratici f^irijpecics , de cujus ergà Rempii-
bllcam Medicam mer'uis nunquam ira mai^nificê dicam , quin ejus id fit fuperatura dignî-
tas. Peut-on louer quelqu'un plus honorablement '\ Mais ce qui relevé le mérite de
cet éloge, c^eft qu'il part du cœur: on remarque dans plulieur* endroits des Ou-
vrages du grand Boerhaave, qu'il ne prononce jamais le nom de Sydenham qu'avec
une forte de vénération.
SYEN ( Arnoud J enfeigna la Médecine & la Botanique à Leyde après le mi-
lieu du XVII fiecle. Comme il étoit également favant & laborieux , il fit des notes
intérellantes fur la première partie du grand Ouvrage qui parut à Amfterdam ,
1678 & années fuivantes, douze volumes in-folio , fous le titre d^Hortus Malabaricus
coniiner^s regni Malabarlci , apud Jndos celeberrimi , omnis generis plantas rarlores &c.
SYENNESIS, Médecin du XXXVI liecle , étoit de Cyre. Il eft cité par ^rif-
tote qui rapporte quelques petits fragmens de fes Ecrits.
SYLVIUS. r Jacques J Voyez DUBOIS.
SYLVIUS. CJeanJ Voyez DUBOIS.
SYLVIUS DE LE BOÊ. Voyei DUBOIS DE LE BOË.
SYMMACHUS , Médecin de Rome , vécut dans le premier fiecle du tems
de Martial. Comme il avoir coutume de fe faire accompagner de tous fes audi-
teurs , quand il rendoit ^lite aux malades , le Poëte parle ainfi de lui , Livre V ?
Epigramme IX :
Languebam : féi tu comitatus protlnàs ad me
Fenijïi centum , Symmache , difcîpulls,
Centum me tetigere manus aquilnne gelatte;
Non habuî febrem , Symmache , nunc habeo.
Martial parle encore de ce Médecin dans la XVIIe- Epigramme du feptienae
Livre :
Pedere te mallem : namque hoc nec inutile dlcU
Symmachus , & rifum res movet ifta fimul.
SYNALUS, Médecin d'Annibal, vécut dans le XXXVIII fiecle du monde.
Silius Italicus, Poëte du premier liecle de l'Ere Chrétienne, de qui il nous refte
l'Hiftoire de la féconde guerre Punique en Vers, contenant les expéditions d'Aiv.
nibal en XVII Livres, rapporte que Synalus s'entendoit fort bien à faire fortir le
fer d'une plaie par des enchantemens ou par des paroles , & qu'il favoit aflbupir
355
'S Y N
les ferpens. Il ajoute que ce Médecin étoit defcendu d'un ancien Synalus qui avait
4e même talent qu'il tenoit de Hammon, fon père. On voit par cet exemple que
la charlatanerie a été le vice de tous les tems. Anciennement, ceux qui le mê-
loient de la Médf'cine , cachoient leurs procédés fous le voile myftérieux des en-
chantemens & des incantations ; aujourd'hui , les détours obliques , les menées baf-
fes , la fouplelfe adroite , font les talens qui réufiifient à faire des dupes.
T.
T A B TAC 353
T.
^ ABARY ( Jean J natif de Limoges , fut Médecin de Charles VI , Roi de
France , & lui dédia un Ouvrage intitulé : De Re Medicâ Librl /ex. La Médecine
étoit alors entre les mains des Clercs, qui protitoient volontiers de la faveur des
Princes pour s'avancer dans l'état eccléfiaflique. Tabary iè poufla avantageufement
dans cet état ; car après avoir été Chanoine de Cambray , d'Arras , de Tournay
& de Lille , il monta fur le fiege Epifcopal de Térouane en 1383. Il vint mourir
à Paris en 1403.
TABERNA-MONTANUS C Jacques THEODORE dit } du Heu de fa naif-
fance , Berg Zabern en Alface, fut d'aboid Apothicaire; mais après avoir étudié
Ibus Jérôme. J'ragus qui lui infpira fon goût pour la Botanique , il pafla en France,
où il le fit recevoir Dodeur en Médecine. Théodore s'avança tellement dans cette
protbifion, qu'il devint premier Médecin de l'Eiedlieur Palatin, de l'Evêque de
Spire & de plufieurs Seigneurs de la plus grande naifi'ance. Il fut encore Phyficlen
de la ville de Worms ; mais il abandonna cette place pour fe rendre à Heidel»
berg, où il mourut en 1590.
Comme ce Médecin étoit perfuadé que Dieu avoit mis dans les plantes de
chaque pays les vertus convenables aux maladies des habitans , il fe fervoit de
peu de remèdes étrangers ou compofés , & parmi ceux-ci , il préféroit la Thériaque
& le Mithridate à tous les autres. Lors même qu'il exerça , en 1552 , l'emploi de
Médecin d'armée pendant le fiege de Metz, il n'employa que la poudre d'Armoife
pour la guérilon des officiers & foldats ; mais c'eft trop étendre l'ufage qu'il en
iit , que de le repréfenter fe fervant de cette poudre dans la cure des plaies d'ar«
mes à feu. La confiance qu'il avoit dans les végétaux, Pengagea à travailler pen-
dant trente -ûx ans au Recueil de trois mille plantes qu'il publia en Allemand. Le
premier volume parut à Francfort en 1588, in-folio , & le leccnd dans la même
ville en 1550 , in-folio , par les foins de Nicolas Braun qui fe chargea de l'édition ,
à caufe de la mort de l'Auteur. Cet Ouvrage a été plufieurs fois imprimé depuis
ce tems-là:à Francfort, 1613, 1625, in-folio: à Bâle , 1613 , 1664, 1687, 1731 ,
in-folio. On y trouve 2255 figures , la plupart tirées de Matthiole , de L'Efclufe &
de UObel ; mais on y trouve auflii des plantes gravées d'après nature par les foins
de l'Auteur. Ce Médecin a encore écrit un Traité Allemand fur les bains & les
eaux minérales , dont on a des éditions de Francfort , 1584, 160B, in-8.
Parmi les dix-huit enfans de Théodore , on en trouve deux qui fe fout diftingués
dans la pratique de la Médecine. Jean-Jacques étoit prépolé au foin des malades
de l'Hôpital d'Heidelberg , lorfqu'il mourut d'une chute. Philippe Jacques fut pre-
mier Médecin d'Everard, Evêque de Spire.
TACCONI, (Cajetan^ Doaeur en Médecine & Lefteur public dans l'Uni ver-
fité de Bologne , enfeigna la Chirurgie dans l'Hôpital de Sainte Marie de la Mort
de la môme ville. Il s'eft fait honneur par les obfervations qu'il a communiquées
T O M E JK Y y
354^
TAC
à l'Académie de Bologne ,& par les Ouvrages qu'il a mis au jour vers le milieu!
de ce fiecle. On remarque les fuivans :
De raris quïbufdam hepatls aVwrumque vlfcerum affeciibus obfervationes. Bonnniie , 174O,
jrt 4. L'Auteur, qui s'eft principalement attaché à jetter de nouvelle? lumières fur
les maladies du foie, parle favamraent des abfcès de ce vifcere, dé la jauniffe &
des calculs biliaires.
De nonnulUs cranii ojjiumque fra^uris. Bononlte ^ ijfsi , avec un Opufcule de Ba-
lani qui eft intitulé : Hlftoria monftri.
TACHENIUS ou TAKEN, (OthonJ d'Herford enWeftphalie , s'appliquoit à la
Pharmacie ,lorfqu'il prit du goût pour la Médecine & l'étudia Ibus Timpkr , Praticien
de fa ville natale. 11 correfpondit mal aux bontés de fon Maître qu'il eut la baf-
fefle de voler. 11 fut chafle de fa mailon ; & pour fe fouflraire aux reproches que
méritoit fa conduite , il alla cacher fa honte dans les pays étrangers. Kiell fut la première
ville oùilfe retira; il s'y mit en fervice en qualité de Garçon Apothicaire; mais au
bout de quelque tems , il palTa à Dantzick.& delà à Konigsberg. Vers 1644 il alla en
Italie , & prit le bonnet de Dofteur en Médecine à Padoue. 11 fe rendit à Venife
après fa promotion, & plein du fyfiême qu'il avoit en tête fur la doiflrine de l'a-
cide & de l'alcali, il prépara dès-lors la forte de révolution qu'il ne tarda pas à
faire dans la pratique de la Médecine. Les Ouvrages qu'il a compofés ne refpirent
que ce lyftêrae qui malheureufement n'a eu que trop de partifans. Voici les titres
fous lefqucls fes Ecrits ont paru ;
Epîftola de famofo liquore alkahejî. Hamburgi , 1655 , £«-4 , avec les F'indicla à''Hd'
vlch Dieterich. Cette Lettre avoit été imprimée précédemment à Venife & l'Au-
teur l'avoit dédiée au Doge.
Echo ad vindicias Chyrofophi de liquore alkahejî. F'enetiis ., 1656, £1-4. Pour toute ré-
ponfe à l'Ecrit de Dieterich , il cherche à l'accabler fous le poids d'une fatyre in-
décente ; mais les traits qu'il y a lancés , lui ont fait plus de tort qu'à fon ad-
verfaire.
Hippocrates Chymicus , qui novijfimi viperini falis antiquijjîma fundamenta oftendit, P'c-
netiis, 1666, in-12, Brunfvigce , 1668 , in«i2. Lutetia , 1669, j/i-8 , 1673 , '"-12. Lug-
duni Batavorum , lôj'i , in-11. BruxelUs , i6go , j/i- 12.
Clavis Midicin£ Hippocratica. Francofurti , 1669, 1673 , in-12. Lugduni Batavo-
rum, 167 1 , m-8.
Tracfatus de morborum principe , in quo plerorumque gravliim ce fonticorum prater na-
zuram affe&uum hermenca vera & folida curatio proponîtur. Ofnabrugl ^ *6f8, /n-12. II
avoit déjà paru avec {'Hippocrates Chymicus , à Brunfwick , i658 , fB»i2 , à Leyde 3
1671 , in-12.
Tachenius vécut en même tems que De Le Boë, & foutint comme lui l'impor-
tance de la Chymie dans l'explication des principaux phénomènes de l'économie
animale. Il fe chargea de la défenfe de la doftrine chymique contre tout ce qu'il
rencontra d'adverlaires , & les Ouvrages , qu'il publia , frappèrent tellement
les efprits par le nombre d'expériences & de raifonnemens qui femblent venir
à l'appui de fes opinions, que l'amour de la nouveauté ne tarda pointa les
faire adopter. Ceu« fatale révolution arrêta , pour ainfi dire , les progrès de
TAC 35?
% Médecine. Od abandonna les faits pour courir après les hypothefes ; on jctta
dans le plus grand dilcrédit les Auteurs Grecs , ces fidèles obfervateurs des mar.
ches de la Nature ; tout le monde fe tint pour convaincu que cette Nature
r/opere qu'en Chymifte , que la vie de l'homme eft Ton ouvrage , que les parties
du corps font fes inftrumens ; en un mot, que la variété des opérations animales
s'exécute par des moyens purement Chymiques. On pouflà plus loin cette dodrine;
non feulement on l'appliqua au corps humain , mais encore à l'Univers entier; on
s'imagina que fans la Chymie rien ne pouvoir être mu , dirigé , accru , diminué &
détruit. Les Ecoles des Univerfités ne retentirent bientôt que de ces propolitions ,
& les Ecrits des Médecins en furent remplis.
Par la raifon que certaines liqueurs corrodent les métaux par leur acidité, on
conclut que c'eft un acide qui difîbut les alimens dans l'eftomac. Et parce que les
acides extraits par le feu produifent une ettervefcence violente , lorlqu'on le* mêle
avec les huiles des aromates , on en conclut encore que l'acidité du chyle devoit
produire la chaleur en fe mêlant avec le baume du fang, & que loifqu'il arrive
que le chyle & le fang font l'un & l'autre fort acres , il devoit s'y allumer une
fièvre ardente. Le Nitre , le Sel Marin & particulièrement le Sel Ammoniac refroi-
diflbnt l'eau ,• & fur ces connoilTances , on alfura que c'étoit à ces matières qu'il
falloit attribuer le frilfon de !a fièvre. Les exhalaifons du vin en ébullition fe por-
tent naturellement dans un vailfeau placé au deflus d'elles ; & l'on crut trouver
dans cette opération , la vive image de la génération des efprits dans le cer-
veau.
Telles étoient , entre plufieurs autres , les idées théoriques & patTiologiques que
préfentoit la Nature devenue Chymilie. Qui pourra croire que ce fyftême ait percé
jufqu'à notre fiecle 1 J'ai fuivi des ProfefTeurs qui foutenoient férieufement cette
hypothefe romanefque , & qui étoient fi pcrluadés que c'efl: ainfi que les aérions
naturelles s'exécutent , que plus d'une fois ils ont jette le trouble & la confufion
dans les Ecoles par la violence de l'animofité , avec laquelle ils foutenoient
leurs opinions. Si la Médecine, étoit ce que la Sefte Chymique a voulu qu'elle
fût, elle ne feroit plus cet ^rt long pour lequel Hlppocrate a déclaré que la vie
étoit trop courte. Auffitôt qu'on poffédoit bien le détail de ce fyftême ridicule,
on étoit cenfé un grand Médecin; & c'étoit l'ouvrage d'un jour que de s'en inf-
truire. 11 falloit commencer par prendre des notions claires d'acide & d'alcali; par
connoître les fignes qui les diflérencient, & par conféquent , le cas où l'un ou
l'autre prédomine ; ce qui reftoit à faire enfuite , c'étoit de venir au fecours du
plus foiWe & de rétablir entre eux la balance. Voilà en fubftance , un échantil-
lon de la doftrine que débita fort au long Tachenius , grand feéîateur de 5y/M~.s
de Le Boc. Il fe fit écouter comme ce dernier ; on le comprit peu , on l'admira
beaucoup , & tout le monde luivit fes fentimens. On auroit pardonné à ces Chy-
niiftes toutes ces imaginations, & ils n'auroient été que ridicules, s'ils n'en
avoient pas fait le fondement de plufieurs pratiques fatales au genre humain. Com-
bien de tems s'eft-t-il perdu pendant que ces opinions dominoient dans la Méde-
cine '] Non feulement on n'a rien fait pour en avancer les progrès ; mais es
abandonnant la route tracée par les Maîtres de l'Ecole Grecque, on s'eft jette
dans de vaines difcudions, dont le réfuUat ne fut qu'un tiflu d'eireurs plus
dangereules les unes que les autres.
356 T A C T A D T A G
TACKIUS, (Jean ) de Wetzlar dans la Wétéravie , enfeigna l'EIoquehce &
la Médecine dan» les Ecoles de l'Univerfité de Gieflcn , & fut premier Médecin
du Landgrave de MelTe-Darmfiadt. 11 mourut le 30 Août 1675 , à l'âge de 58
ans, & laifla quelques Ouvrages qui ne refpirent que la dodrine chymique, ft
dominante alors en Allemagne, Ils font intitulés :
Chryfogonia anîmalis S miner ails. Darmjladil ^ 1664 , 1670, «-4.
Triplex Phafls Sophicus folis orbz expcditus , humanaque frag'ditati & fpel refurre&iunis
nrum confecratus. Francofurti , 1673, //i-4, avec le l'raité précédent.
Louis- Chriftlan , Ion tils , prit le bonnet de Douleur en Médecine à GieQ'en en
1675. Sa Diilertation inaugurale roule fur la goutte d'Afa, Roi de Juda, & à
cette occafîon, elle s'étend fur le caradere & la cure de cette maladie.
Jean. Tack.^ Médecin de Leyde , a publié dans cette ville en 1755 , in-if , un
Ecrit fous le titre de Spécimen ohjhtricium , de partu capite infands pneviô. Il y décrit
les diverfes efpeces d'enclavement du fœtus, parie de dittérens forceps & leviers^
& donne les moyens de s'en fervir.
TADIiVlJS, ( Alexandre^ fils do Jean-Jacques & d'Elifabeih Monti^ étoit de
Milan , où il fut reçu dans le Collège des Médecins le 16 Juillet 1603. Il parloit
bien , avoit l'efprit fubtil & pénétrait , & poffédoit mieux que perfonne la Phi-
lofophie , l'Aftronomie & la Médecine. Les fervices qu'il rendit à fa patrie pen-
dant le règne de la peRe qui la défola en 1630 , lui méritèrent des emplois qu»
font autant d'honneur à ies talens qu'à la reconnoiflance de fes compatriotes. 11 tut
nommé Préfet des archives du Collège, Membre du Confeil de fanté & Proio-
Médecin tenant la place de Louis Seuala. Il iurvécut à celui-ci , car il ne mourut
que le 16 Novembre 1661. On a plufieurs Ouvrages, en italien, de la façon de
Tadinus , comme des RéHexions fur la compofition des médicamens , un Abrégé
de la cure de toutes les tumeurs externes, une Hiftoire de Ja grande pefte d'Ita-
lie en 1629 , 1630 & 1631. Les deux premiers font tirés prelque entièrement dea
Ecrits de Seitala, mais le fuivant appanient à notre Auteur;
Compendium de venerandi Collcgii Phyjîcorum Mediolanenjîum andquitatc^ priviîegiis ,
ftatutii ,ordinationib:is. Mediolani, 1645, in-4.
George Matthias fait mention de deux autres Médecins, du nom de Tadinus f.
qui florilToient à Milan vers le milieu du XV fiecle. Alexandre étoit bon Philo-
fophe & Agronome. Jean-Barthélémi , qui le fuivit de près , étoit aggrégé au Col-
lège de Milan.
TAG4.ULT fjean ) palTe pour être né à Amiens, mais la Notice de M.
B^-on le dit lîmplemeat du Vimeu en Picardie. Il étudia la Médecine dans les
Ecoles de la Facultf; de Paris , où il reçut les honneurs du Do£ïorat fous le Dé-
canat de René Drouyn qui fut à la tête de fa Compagnie en 152a & 1523. Tugault
remplit lui même cotte charge pendant les années 1534, '535 » 1536 & 1537. On
dit que la pratique de ce Médecin le fit moins confidérer à Paris que fes talens
littéraires ; il y jouiiïbit cependant d'une grande réputation , lorfqu'il mourut au
mois d'Avril 1545. Il eft un des premiers qui aient écrit en Laiin fur la Chirur-
gie , mais fes Ouvrages ne le bornent point à cette feule partie de l'Art; il eff
a compolé d'autres, dont voici les titres:
T A G T A I :,sr
Comment ariorum de pur gannbus medicamentls Jîmplicibus Lîbrl JuOi Parijlis , 1537, («-4.
ÎMgduni, 1549, (n-i6, 1553 , in.11. Parlfiis , 1571 , Jn-S, par les ioins de Nicolas
Hovd. Notre Auteur a publié ua autre Ouvrage lur les médicamens, dont l'édi-
tion eft de Paris , //i-b , lans indication d'aunée , chez Hiérôme Marnef. Le titre
porte : Canon univerfd de Jean Méfué des fimples medlcamens , avec les Commentaires de
Tagault , traduit en. François.
De CIlirurgica Inji.tutione Libri quinque. Parlfiis , 1543 , in-folio. F'eneiils , 1544 , 154Q ,
in-B. Lugduni , 1547 , i/i-8. On a ajouté le fixieme Livre De materia Chirurglcâ de
Jacques HoulUer à l'édition de Lyon, 'tiguri , 1555 , In-folio , avec d'autres l'raités
de Chirurgie. Liigduni , 1560 , 1567, in-B. Fr-ancofurti ., 1574, in-folio. En Italien y
Venife , 1550. En François, Lyon, 1580, /n-8 , fous le titre de Chirurgie de M''
Jean Tagault , Docteur en Médecine, avec plufieurs figaies des injlrumens nécelfaires pour
l'opération manuelle. Encore en François , Paris , 1618, i.1-8. Rouen, 1645, in-12.
En Hollandois , Dordrecht, i6ai , in-folio. Il n'eft point étonnant qu'on ait ainfl
multiplié les éditions de cet Ouvrage ; c'étoit encore le tcms où la Chirurgie ne
recevoir prelque aucune lumière que de la part des Médecins.
Metaphrajis in Guidonem de Cauliaco. Parlfiis, 1545, inS, C'eft la Chirurgie de
Gui de Cauiiac réformée , corrigée & augmentée.
TAGLIACOZZO ou TAGLIACOZZL Voyez TALlACOTiUS.
TAISNIEti , ( Jean ) d'Ath , ville de la Province d'Hainaut , fe rendit célè-
bre dans le XVI fiecle par les cocnoiffsnccs dans le Droit, la Philofophie , la
Médecine , les Mathématiques , la Poéiie , & la Mufique. Il avoit non feulement
la Théorie de ces Arts & Sciences , mais il excelloit encore dans ia Pratique de
pluiieurs. Il voyagea dans preique toute l'Europe, & parcourut encore une grande
partie de l'Afrique, où i! étoit pafl'é à la fuite de l'Empereur Charles V, au tems
de l'expédition deTunis en 1535. Les mots Quô Fata tiiahunt étoient la devife
de Taifhier ; ils rendent raifon de fon goût pour les voyages.
Cet habile homme enfeigna les Mathématiques à Rome, à Ferrare , & dans plu*
fieurs Univerûtés des pays qu'il parcourut. 11 fut Maître de Mufique à Ja Cour de
Jean-Gerard , Archevêque de Cologne ; mais s'étant lafl'é de voyager, il ne s'arrêta
que pour écrire différens Ouvrages de Mathématique, qui ont été publiés en 1^59^
1560 & 1562. On remarque fon Traité De natura 6? eficcfibus Magmtis. Cohmite ,
1563, t/1-4. Opui Mcthematicum octo l.ibris comprelicnfam. Ibidem ^ ^5^3* in-filio. L'Au-
teur étoit grand partifan de l'AHrologie judiciaire & de la Chiromancie.
On ne connoîf rien de lui fur la Médecine ; peut-être que les notions qu'il ea
avoit, étoient bornées à celles que les voyageurs cuiieux ne manquent pas de re-
cueillir dans les pays qu'ils parcourent. Il mourut avec la réputation d'un homms;
favant, & l'on Ht ces quatre vers pour lui fervir d'épitaphe;
Taisnerius jacet h'ic , parvâ refupiniis in urna.
Qui vaga, dum vixit, fidera tranfillit.
Quo non dexteritas , quô non prtenobile magnl
Pertigit ingen'uini , cura , laborque F'irl T
558 T A K T A t
TAKEN. Voyez TACHENIUS.
TALBOT , ( Robert ) Chevalier Anglois , eft cet homme célèbre qui le pre-
mier apprit aux François à tirer du Q^ulnquina tous les avantages que ce médica-
ment promet , quand on s'en fert avec méthode.
Il eft fait mention de Talbot dans le Dictionnaire Univerfel de Médecine , oii
l'on trouve ce qui fuit à l'Article Quinquina : n En 1679 un nommé Tabor , qui
3> fe faifoit appelier Talbot pour fe rendre plus recommandable, jugea à propos de
» fe tranfporter en France, où ayant guéri le Dauphin d'une lièvre quarte très-
» opiniâtre par le moyen de ce remède , il acquit une li grande réputation, que
» le Roi trouva à propos d'acheter fon fccret , & de le rendre .public. Ce reme-
» de, qu'on nommoit alors le Remède anglais ^ confiftoit en une infufion de Quin-
T, quina dans du vin. Il parut vers ce tems-Ià un petit Traité intitulé : Remède An~
» g/oji- pour les fièvres. i-> Je ne fais fi Talbot étoit Médecin , mais il a écrit un Ou-
vrage fur la fièvre , qui a paru en Anglois à Londres , 1672 , in-B , fous le
ùtre de Pyretologia or a rational account^ of the caufz and cure of agues , wiih
their Jigns.
TALIACOTIUS ( Gafpar ) ou TAGLIACOZZO, Profefieurde Médecine Théo-
îique & d'Anatomie dans l'Univerfité de Bologne , étoit de cette ville , où il
naquit en 154(5. I! fit beaucoup de bruit par un Ouvrage qui enfeigne la manière
d'ajufter un nouveau nez, des oreilles & des lèvres, qu'on taille dans les chairs,
auxquelles on a réuni par l'art de la Chirurgie ce qui refte de la partie da
corps qu'on veut réparer. Cette méthode avoit été exécutée avant Taliacot -,
car on trouve dans les annales de Pierre Ran:^ano , Evêque de Lucera , ville
de la Capitatiate au Royaume de Naples , que Branca , Chirurgien Sicilieo ,
fe mêloit de cette opération : Ran^ano en parle fous l'année 1442, Ce Chirur-
gien eut un fils, nommé -^nrot/ii.' , qui fe diftingua par le même art; mais après
P-un & l'autre parurent les trois Fianeus , Floneus ou Fojanus ^ c'efl-à dire , Fia-
cent^ Bernardin, l'on neveu, & Pierre fils de Bernardin , qui demeurèrent à Tro-
pea dans le Royaume de Naples. Cortejî , qui palFa par cette ville vers l'an i.^^gg »
dit qu'il n'y trouva plus perfonne de la famille de Boiani ou Fojani qui exerçât
l'art de réparer les parties du corps. Il avoit dit précédemment que l'habileté des
Boiani dans cet art leur étoit aufii familière, que les connoiflances anatomiques l'a-
voient été anciennemem aux ylfdépiades \ & que de même que ceux-ci le met-
toient au fait de la ftrufture du corps humain par une tradition non interrompue
qui fe perpétuoit de père en fils , ceux-là inflruifoient leurs defcendans & les exer-
çoient dans l'art de réparer les défauts des parties mutilées. Mais comme Pierre
Boiani^ fils de Bernardin , vivoit encore en 1571 , il eft vraifemblable qu'il cefla de
fair-e un fecret de la méthode qu'il tenoit de les ancêtres, & qu'il la communiqua
à TagUaco^io qui étoit bien en âge d'en tirer parti , puifqu'à cette époque il avoit
vingt-cinq ans.
Notre Médecin trouve une forte d'analogie entre la méthode des Boiani & celle
de greffer les arbres. Si Ton confidere , dit-il, avec attention ces deux efpcces de
4jreffes, on verra certainement que les premiers fondateurs de l'art fur lequel nous
T A L -559.
écrivons, ont été, ainli que nous, conduits par une cocjeflure non douteufe , à
faire cette opération artificielle ; en forte qu'ils n'ont pas hélité à croire que l'on
pouvoit par ce moyen rétablir & réparer les parties de notre corps qui avoient été
tronquées. Car comme ils voyoient des arbres d'une nature abfolument difierente ,
placés à une diftance confidérable l'un de l'autre , fe coller par le moyen d'une
longue branche de l'un attachée à la louche de l'autre , au point de prendre le
même caraftere ; comme d'ailleurs ils les voyoient s'unir fortement , ils ont jugé ,
par une conléquence néceflaire , que des membres coupés pourroient fe joindre bien
plus aifément , & en beaucoup moins de tems , avec d'autres membres , d'ailleurs
fains & d'une nature analogue.
Beaucoup d'Auteurs ont parlé de la méthode de Taliacot , mais la plupart fe
bornent à en faire mention, fans trop l'approuver. Si ce Médecin ne difoit pas
lui-même qu'il a pratiqué cette opération , on feroit tenté de croire que fon fyftê-
me , quelque ingénieux qu'il foit , n'a jamais pu être vrai que dans la Théorie. Au
moins ne voit-on pas qu'il ait convaincu i'es contemporains des avantages de fa
méthode ; car fi cela eût été , les expériences faites Tous leurs yeux auroient tranf-
mis cette manière d'opérer au fiecle fuivant , & par fuccefiion jufqu'au nôtre , qui
ne manque pas d'occafions de mettre en ufage la méthode de Taliacot. Que de
difTorrnités ne guériroit-on pas par cette pratique fi curieufe en PhyGque , mais
prelque trop cruelle en Chirurgie 1 Quoiqu'il en foit , voici les titres des Ouvrages
que notre Auteur a donnés fur cette matière :
Epijlola ad Hkronlmum Mcrcurlahm de narlbus , multo antè abfcijjis , refidendls. Fran-
cofunl , 1587 , /n-8 , avec le Traité De decoratione recueilli des leçons de Mercuria-
}i & publié par Jules Mancini. Taliacot rend compte de fa méthode & promet de
faire imprimer bientôt un Ouvrage fur cet objet.
De curtorum Chirurgiâ per injîtionem Librl duo , additis cutis traducis , inftrumentorum
omnium , atque delîgationum iconibus & tabulis. Femtiis ., 1597, in-filio. Franco/uni,
1598, in-B, fous le titre de Chirurgiâ nova de narium , aurium ^ labiorumque defe&u ,
per injhionem cutis ex humer 0 , arte hacienus omnibus ignotâ , farciendô.
Ce Médecin mourut à Bologne le 7 Novembre 1599, '^ ^''^n^ «^e S, ans. Son
corps fut inhuiȎ dans l'Eglile des Religieufes de Saint Jean-Baptifte. Les Magif-
trats de cette ville honorèrent fa mémoire par une ftatue qu'ils firent placer dans
l'Auditoire de Médecine ; elle lui eft refTemblante , & pour faire connoître à la
poftérité la méthode qu'il avoit propofée dans fa nouvelle Chirurgie , on lui a mis
un nez dans la main. La Faculté de Bologne voulut aufli lui élever un monument
qui fût capable de prouver toute l'étendue de fa reconnoifïànce envers un Profef-
feur qui avoit tant contribué à la célébrité de les Ecoles ; elle fit graver l'infcrip-
tion fuivante fur une table de marbre placée dans le même Auditoire;
D. O. M.
Gaspari Tagliacozzo civi Bononiensi ,
Philofopho ac Medico atatis fua celeberrinw ,
Cum univerfam humani corporis ^inatomen
la doêlljjimorum rirorum frequentljfimô conventu^
m oi*<f>
if^ T A L
Publicè admlnîftratam\
Fdcundlâ , mtthodù ac doclrinâ admirabïH expUcârit ;
JJjuJqae incompenas adhuc partes in lucem prodiderU ;
ylnimi grad & perpétua memori£ ergo ,
Le&. Medicique PP.
Ordinarite yfnatomes nh illo adminijïrata Monumentum.
GhiUnl rapporte encore une infcription en l'honneur de Taliacot : la date fait voir
qu'elle fut placée du vivant de ce Médecin:
EiDEM Clarissimo atque Excellenïissiivïo Viro
a GASPARI TALIACOTIO.
Ingenium morefque tuos celebramus & artem ,
Gafpare , tum dociâ corpora fecia manu.
^t magis invljis quoi nos cumulaveris auSlor
Manerlbus , tumulos qu£ latuere v'irûm.
Ergd pro meritis tsternàtii hôc marmore vives ,
Clare vlr ingenîô , morlbus , arte , manu.
^nnô M. D. LXXXII. XVI. calend. Januar.
TALPA, ( Pierre ) Dodeur en Médecine, naquit dans la Frife, & pratiqua
en différentes villes de cette Province, mais principalement à Sneevk & à Léwarde.
Il vivoit encore en 1590. Ce iavant homme s'étoit fait une affaire capitale de
bannir de la lociété civile cette foule d'empiriques qui courent le monde ; il n'y a
rien qu'il ne fit pour détromper le public fur le compte de. ces faux Médecins, ôz'
le convaincre de l'aveuglepient avec lequel il leur donne fi aiféraent fa confiance.
C'eft pour remplir cet objet qu'il a écrit les Ouvrages fuivans:
Exilium Empiricorum hrevi elegiâ ., fatyricô fale cindïiâ^' dcfcrîptum. Leovardia, 1579,
in-y, avec un autre intitulé: Empiricus , five, indoclas Medicu,s ^ Dialogus. Celui-ci a
paru feul à Franeker en 1595, in-8.
Talpa s'attache à prouver que l'expérience ne f'ufïlt point pouf favoir donner
à propos les médicamens capables d'opérer la guérilbn des maladies, & que le
luccès dépend très-fouvent d'une fuite de raifonneraens qui en déterminent la jufîe
application. En effet, fans les réflexions judicieufes que fait le Médecin fur les
difi"érentcs circonflances des maladies & de leurs caufes , l'expérience le conduivoit
dans un abyme d'erreurs, parce que l'expérience qui n'eft pas raifonnée ne s'ap-
perçoit guère des bévues qu'elle peut faire. Mais tout ce que Talpa a dit, & tant
d'autres après lui, n'a point corrigé le monde ; la crédulité du peuple eft un mal
incurable. Phèdre avoir déjà déclamé contre les charlatans fous l'empire d'Augufle ,
& la belle fable du Cordonnier Médecin n'a pas fait plus d'imprefiion fur fes con-
îemporains, que fur la pofiérité, Un peut aujourd'hui, avec autant de raifon que
dans le premier fiecle , faire ce reproche à la plus grande partie des hommes ;
Quanta.
T A M TAN -,Gï
o*-
^uantiS putath vos e£e dementla.
Qui capita vejîra non dubitatis credere,
Cui calceandos nemo commljh pedes ?
TAMIMI AL-MOCDESST. Nom d'un excellent Médecin qui vécut fous
Adhadaldoulat , Sultan de la Dynaftie des Buide^, en 370 de l'Ere Mahométane »
de falut q8o. 11 a écrit un Ouvrage inritulé ; Morfclied ela gianuaher alagdlah , dans
lequel il traite particulièrement des chofes comeflibles qui fervent ou qui nuifent
à la faaté. Ce Livre eft dans la Bibliothèque du Roi de France, N", 942.
TANDLER CTobieJ pafle pour être de Torgau, parce qu'il y fut élevé,
mais il naquit à Drefde le 24 Juillet 1571 de Chrijiophe Tandhr , un des plus fa-
meux Architectes de fon teras. Il prit le bonnet de Maître -es -Arts à Wittem-
berg en 1599, & celui de Doi^eur en IVÎédecioe le 14 Odlobre de l'année fui-
vante. Le jour même de fa promotion , il époufa la veuve de Jérôme Nymann^
ProfefTeur en Médecine, lin 1605 , on le nomma à la Chaire des Mathématiques ;
mais comme il ne tarda pas à entrer dans le Collège de la Faculté de Wittem.
berg, on le fit monter à celle de Botanique & d'Anatomie, le 4 Mars 1608. Il
mourut dans cet emploi le 3 Août 1617, âgé de 46 ans. On a de lui plulieurs
Diflertations fur les fpedlres , fur les enchantemens & les fafcinations , fur les ac-
tions fingulieres & les divinations des mélancholiques, fur les noctambules. C'ed
de ce Recueil dont il s'agit dans le fécond des Ouvrages qui ont paru fous ces
titres ;
De hîrudinum ufu , fcarîficatione feliciùs adhibendâ , Pblelotome puerorvm & pragnan-
tîum^ de hyjlerocdc ^ hvfierotomiâ , &c Witteberg<e^ i6io , fn-4.
Dljfertadones PhyficoMedicee de fpecin's , de fafcino , de melancholite & melancholico'
rum vaticiniis , de noStifurgio , Se Quibus accejferunt Nymanni de imaginaiione Oratio ,
& Biermanni de magicis acHonibus ex&afis. Ibidem^ 1613» ti"8. Quantité de Médecins
Allemands ont écrit fur les apparences merveilleufes que le peuple croit entre-
voir dans certaines aftions des hommes ; quelques-uns de ces Ecrivains ont
même été les dupes de leur crédulité : mais depuis que les lumières d'une Philo-
fophie plus laine ont éclairé le monde, on fait à quoi s'en tenir au fujet de ces
adtioas apparemment extraordinaires; elles ne font que les effets, ou d'une imagi.
nation qui travaille & s'égare, ou de Hmpofture qui emploie des moyens artifi-
cieux pour parvenir à fon but.
TANKE, C JoachimJ de Perleberg dans la Marche de Priegnitz, fut reçu
Dofteur en Médecine à Leipfic en 1599. Son mérite le fit bientôt monter au rang
de Profefleur de cette Univerfité , où il remplit la Chaire d'Anatomie & de
Chirurgie jufqu'à fa mort. 11 n'avoit que 52 ans , lorfqu'il fut enlevé de ce monde
le 17 Novembre 1609. On a de lui:
SuccinSla ^rils Cbemica înftructio. Lipfits^ 1601; , î/i-8.
De phlegmone ex fcntentia Galène. Ibidem^ 1608, in'^.
Promptuarium Akhymîe. Ibidem, 1610 , 1614, i/i-8. Ibidem^ 1619, w-8 , avec une '
uippendix.
TOME ir, 2,8
«6i T A P T A R
Di obfervatlmlhus quibufdam ^natomicis Ep'iflola. Ulmes, 1628, //1-4 , avec les ob«
fervations de George HorjUus.
On doit encore à Tankc l'édition du Traité de Henri Waren'ms qui eft intitulé:
u4ffecfuuin humanornm curatio Hennenca & Galenlca^ il l'a fait paroîcre à Leipfic en
1605 , /n-4 , avec une Préface de la façon.
TAPPIUS C Jacques ) vint au monde en 160'^ à Hildesheim dans la PjfTe
Saxe. 11 fit de bonnes études de Médecine & reçut les honneurs du Doi^o)i»t ,
en 1631 , dans les Ecoles de l'Univerfité de Helmftadt. L'année fuivante , il ob-
tint une Chaire dans les mêmes Ecoles, & il y enfeigna avec t'aot de réputa-
tion, que le Duc de Brunfwick le décora du titre de fon premier Médecitj,
Tapplus éfoit l'Ancien de l'Univerfité de Hehnftadt , lorfq.i'il tomba malade de la.
fièvre quarte, & mourut le 10 Oiflobre 1680, ^gé de 77 ans. On a de lu; une
DiiTertation fur les rits facrés & profanes qui étoient en ufage chez les Anciens
à la naifTance de leurs enfans. Il a encore écrit:
Oratlo de Tabaco ^ y'^fi^e hodiernd abufu. Hdmtsftadli^ 1653, j66o , 1673 ? 1689,
irt-4.
Dijfertat'wnes de prlnclpum , Jive fenfuum internorum , fanùionum l<£Jîonibas , carumque
caufis S curadonibus. Ibidem , 1676 , in -4.
TARDIN , ( Jean ) Médecin du XVII fiecie, fit fa profelfion à Iburnon dans
le Vivarais. Il a publié dans cette ville en 1618, in 11 ,\'HiJluue naturelle de la Fon.-
taiac qui brûle près de Grenoble ^ avec la recherche de fei caufes & .principes, & ample
traité de fes feux fouterrains. Cet Ouvrage eft comme tous ceux de ce tems-là ,
rempli de digrellions un peu étrangères au fujet, & d'enthoufiafme pour une mer*
veille qui n'en efi: plus une. Tardin étoit d'ailleurs un Médecin habile. On a de
lui plufieurs Diflertations , dont voici les titres :
. Difquijîtio Phyjiologica de Pilis, Turnoni , 1619 , i/i-8.
Difquifitio de ca qu<e undecimô menfe peperit. Ibidem , 1640, inS. Paris, 1765 »-
in-8 , à la fuite d'une confultation que M. Bouvard a donnée pendant qu'on agi-
toit la fameufe queftion fur les nailîances tardives.
TARDY , C Claude ) du Diocere de Langres , reçut le bonnet de Do6leur dans
la Facnlté de Médecine de Paris en 1645. ^' niarcha fur les traces de Richard
Lower & de Jean Denis , il renchérit mcme fur les opérations de ces Médecins , au
fujet de la transfulion du fang d'un animal dans un autre. Plus hardi qu'eux , il
exécuta la transfufion d'un homme dans un autre homme, ainfi qu'il l'affure
dans un Ouvrage publié à Paris en 1667 , tn-4 , fous le titre de Traité de VécoU"
lement du fang d'un homme dans les veines d^un autre , & de fes utilités. On a encore
de lui une Lettre à M. le Breton, Docteur Régent de la Faculté, touchant la tranf.
fujion. Paris, 1668, '1.4. Bien des gens s'emprefibient à partager l'honneur de
cette découverte; mais les mauvais fuccès de l'opération mirent bientôt les con-
currens d'accord.
Tardy s'occupa de quelque chofe de mieux ; U travailla fur Hippocrate. On re°
inarqi>e fon Ouvrage intitulé :
In Librum Hippocratis de virginu:ii morbis. Parijus, 1648, i/1-4. Mais fuivant M..
T A R
o^J
TJa^nn , dans fes notes fur l'Eloge Hiftorique de la Faculté de Médecine de Paris ,
qu'il prononça en Latin le i6 Odtobre 1^70 , & qui fut imprimé en François en
177^, Claude Tardy publia aufli, en 1657, fa Traduiftion Françoife des Livres de
GulUn fur la formation du fœtus & l'accouchement au feptieme mois. La Faculté
ne donna cependant pas fon approbation à ce Livre; elle ne vouloit point que la
Trailuclion des Œuvres des Princes de la Médecine parût en langue vulgaire. Il
y a long-tems qu'on ^jenle différemment. Mais comme la Faculté de Paris avoit
alors fort à cœur que fes Membres fe conformaflênt à fes intentions , elle accorda
une penlion de 300 livres à 'J ardy qui étoit pauvre, à condition qu'il ne mcttroit
au jour aucun Ouvrage fans l'attache de fa Compagnie. Il paroît que ce P*léde-
cin ne s'embarraffa guère de la façon de penfer de fes confrères , car il fit impri-
mer à Paris en 1662, i«-4 , un Cours de Médecine^ dans lequel il n'a fait que cnm-
menter les Livres d'Hippocrate , d"où il a tiré ce qui fe trouve de plus intérelfant
dans le fien.
TARIN C Pierre J) naquit à Courtenay dans le Gâtinois. 11 étudia la Médecine
dans les Ecoles de la Faculté de Paris, mais il n'y prit d'autre degré que celui
de Bachelier. Il mourut en i76i,& laifla Leaucoup d'Ouvrages, dont la plupart con-
cern-ent l'Anatomie C'eft à lui qu'on doit tout ce qui fe trouve fur cette Science
dans l'Encyclopédie ; il y a même inféré un Dilcours fur l'origine & les progrès
de cette pàriie de la Médecine.
Les Ouvrages de Tarin fe font fuccédés alTez rapidement , pour croire que ce
Médecin s'occupa davantage du travail du cabinet que de la pratique de fun Art»
On remarque ;
Probhmata ^natomica , utrum inter artcrias meferaicas , venafque la&eas , imtncdiatum.
daiur commerciutn? Purijîis , 174B , in-B. L'Auteur y foutient l'affirmative.
u-Inthropotoniie ^ ou Van de difféquer. Paris, 1750, deux volumes in-is. Ce Traité
cft rempli de préceptes intérellkn»,* il contient même diverfes remarques fur la
ftrudure des parties. M. Portai en parle avec éloge.
uidvcrfaria ^natomica. Parifiis , 1750 , /71-4 , avec figures. Il n'y eft queftion que
de la defcription du cerveau & du cervelet.
Démof^rapbie , ou defcription des ligamens du .corps humain. Paris, 1752, in-8. C'efl
une Tradué^ion du Latin de JFeitbrecht , Profefleur de Phyfiologie à Pétersbourg
& Membre de l'Académie Impériale de cette ville.
Eiémens de Phyfiologie. traduits du Latin de Haller. Paris , 1752 , iV8. On lui doit
encore les Eiémens de Chymie traduits de Boerhaave par AUamand , qu'il a publiés
avec des augmentations en fix volumes in 12.
Diciionnaire ^natomiqae , fuivi d'une Bibliothèque Anatomique & Phyfiologique,
Paris, 1753, m-4. La partie Bibliographique n'eft qu'un extrait de l'Ouvrage in«
tilulé : Methodus Jludii Medicî par Haller.
OjUo^raphie ^ ou defcription des os de r adulte , du fœtus &c. Paris, T753» '"•4 »
avec un grand nombre de figures, la plupart copiées à' ^Jlblnus & des Ouvrages
de difïérens Auteurs modernes. Il en eft de même du fonds de ce Traité i l'Au.
teur y a raffemblé les morceaux épars dans les Ecrits des Anatomiftes.
Myographie., ou defcription des mufclis. Paris, 1753, in-^ U a profité des planchée
3(1-4 TAS TA U
dti célèbre ^Ib'inus pour faire graver les fiennes , mais l'Artifte les a mal rendue»;
Obfervatlons de Médecine & de Chirurgie. Paris, 1758, trois volumes ia-iz. Elles
font extraites de plufieurs Auteurs.
TASSIN , ( Léonard ) natif de Vandœuvre , petite ville de France en Cham-
pagne , s'appliqua à la Chirurgie à Paris, & alla exercer fa profeffion h Ma'^rpcht,
ou il parvint à la charge de Chirurgien-Major de l'Hôpital. IK mourut le 13 Avril
1687, & laifla les Ouvrages fuivans :
Chirurgie Militaire. Ntmegue , 167,';, in-M. Paris, r688, tn-12.
.Adminiftradons ^natomiques & Myologie. Paris, 167b, 1688, 1723, in- ta. Lyon ,-
l6g6, in-i2. En Allemand , Nuremberg, 1676 , in-8. Cette Traduftion eft une
preuve qu'il y a une édition antérieure à la première de Paris. En Hollandois ,
1730 j in-8. L'un & l'autre de ces Traités annoncent alTez que l'Auteur a écrit d'à.
près fes obfervatlons & les recherches , plutôt que d'après les Icdures. Il a même-
fait taire ion imagination, pour n'écouter que la voix de la Nature qui parle fou--
jours à ceux qui l'interrogent dans les malades & les cadavres.
TAURELLUS , C Nicolas J de Montbelliard , où il vint au monde le 16'
Novembre 1547 , fut reçu Maître.èS'Arts à Tubingue en 1565 , & Docfleur en
Médecine dans la même Univerfité, en 1570. On lui connoillbit des talens pour
la Chaire ; mais faute d'occafion , on ne put le placer convenablement à Tubin-
gue. C'eft pour cette raifon que Taurellus fe rendit à ISâle , où il obtint , eu
1577 , une place de Profefibur qu'il remplit avec affez de réputation. Dès que
la K.égence de Nuremberg eut obtenu de l'Empereur Rodolphe II un Diplôme'
pour l'établiflement d'une Univerfité à Altorf , notre Médecin quitta Bàle &
palia dans la nouvelle Académie , où il commença d'enfeigner en 1581. Il y exer-
ça fa profeffion en habile homme ; il n'y fut cependant point à l'abri de la ca-
lomnie. Comme il j'écartoit quelquefois du chemin battu par fes collègues Sx qu'il
fe plaifoît à fronder leur façon de penfer en Phyfique & en Médecine , il ne
manqua pas de fe faire des ennemis ; l'animofité contre lui fut même pouffée fi
loin , que les Théologiens d'Heidelberg le diffamèrent comme un athée ; mais il
le difculpa viftorieufement de cette accufation. Content d'avoir repoulië les traits
de l'envie, il s'enveloppa, comme Horace, de fa propre vertu, & n'eut d'autre
ambition que de bien remplir les devoirs de fon état. Il en étoit tout occupé ,
loriqu'il mourut à Altorf le 28 Septembre 1606, dans un tems de contagion.
Nous avons de lui pluiieurs Ouvrages , parmi lefquels on remarque une Criti-
tique févere des fentimens qu'u'Jndré Céjalpin avoit mis au jour dans fes Queftiona
Péripatétiques.
Medicte pradi&ionis methodus , hoc eft , reSta brevifque ratio , coram agris , praterlta ,
vrtefentia.) futur aque pradicendi , morbos fcHicct , morborumque caufas ., mortem ^ fanitatem ^
recidivam., aliaque fymptomata. Francofurti , 1581, in^.
De partibus corporis humant. ^Icorfil^ 1583,1^-4.
Difputatio de cordis naturâ & vitibus. Norimbergcs, 1585, in-4,
i)s ventriculi namrâ & viribus. .Jltorfii , 1587, i/1-4.
TAU 3%
jtifts c<e/2e, hoc eft , Andrée Cefalpîni, hali ^ monftrofa & fuperba dogmata'_ difcujja
B excuffii. Francofurti , 1597 , m-8.
TAURER , C Maurice J de Graefenthal dans la Thuriogc , prit le bonnet de
Do(fleur en Médecine à Jene en 1561 , & pafiâ au nombre des AflefTeurs de la
Faculté en 1562. On ne dit point corrbien de tems il remplit la Chaire qu'il
avoit obtenue , mais on lait qu'il la quitta pour fe rendre à la Cour de Cafièl ,
où il s'acquitta avec honneur de l'emploi de premier Médecin de Philippe , Land-
grave de Heffe. Taurer n'a laifle aucun Ouvrage. 11 n'eft parlé de lui chez les Bi-
bliographes , qu'au iujet de fes Confultations , dont Jeaa IVittich a grolîi le recueil
qu'il a publié à LeipOc en 1604 , in-4.
TAUVRY C Daniel ) naquit en 1669 à Laval au Bas Maine , d'^mbroifc
Tauvry , Médecin de cette ville. Son père fut Ion maître pour le Latin & pouc
la Philofophie ; il lui enfeigna aufli la Médecine , & le mit au fait de la pratiquer
de cette Science par les leçons qu'il lui donna dans l'Hôpital de Laval. Charmé
des progrès du jeune élevé , dans un âge où les autres font encore fur les banca
des claffes d'Humanités , ce père crut ne devoir rien négliger pour procurer à fon
fils les moyens de perfedionner fes connoilTances. Il l'envoya à Paris à l'âge de
treize ans. Daniel s'y appliqua à tout ce qui a rapporta la Médecine, & il le fit
avec tant de fuccès , qu'au bout de deux ans , il fe préfenta à la Faculté d'An-
gers qui le jugea digne d'être reçu au nombre de fes Doé^eurs. C'efl une efpece
de phénomène littéraire que de voir un jeune homme revêtu de la pourpre aca-
démique dans fa quinzième année ; mais cet honneur paffa moins dans le public
comme une preuve de la fcience de Tauvry , que comme un aiguillon propre à re-
doubler de foins pour l'acquérir. En effet , il retourna à Paris d'abord après la
prife de bonnet, & il y continua fes études avec plus d'ardeur qu'auparavant. L'A-
natomie en fut le principal objet pendant les trois années fuivantes. Au bout de
ce terme , c'eft-à-dire , à l'âge de dix-huit ans , âge où les meilleurs efprits fe font
encore un devoir d'apprendre , il ofa s'afKcher comme un Maître en état d'infîruire
les autres. Non content d'avoir ouvert une école , la vivacité de ion génie
le rendit Auteur; à vingt-un ans, il publia foa ^inatomie raîjbnnée^ dont il y a plu-
fieurs édirion?. Paris, 1690, 1693, 1698, //i-ia , avec figures, 1721 , //î-8. Ulm ,
1694 , in-'è , en Latin. On fait peu de cas de cet Ouvrage ; il fe fent de l'âge de
fon Auteur ; & s'il mérite quelque attention , ce n'eft que par des hypothefes
extravagantes & une théorie la plus lingulierement imaginée.
De l'étude de l'Anatomie Tauvry paffa à celle des remèdes. Le jugcmert qu'on
avoit porté fur fon premier Ouvrage , ne l'empccha pas d'en faire imprimer un
autre , fous le titre de Traité des mcdi:amens & la manière de s'en fc.vir pour la gué-
rifoa des maladies. Paris , 1690 , deux volumes in-ia,, 1699 , i«-8, 1711 , deux vo-
lumes /n-i2.
Comme la hardieffe contribue quelquefois à relever le mérite , Tauvry parvint
à fe faire connoître de M. rfe ZonteneZ/e, qui s'emprelTa d'autant plus à lui témoi--
gner l'ef^ime qu'il faifoit de les taiens , qu'ils refiembloient aux fiens ; lui dont l'efprit »
plutôt que le génie, a fi. fouvent donné naiffance aux fruits de fon imagination^
o
m 'T A Y
M. de Fonteneîle le choifit pour Ton élevé à l'Académie des Sciences , &
dès -lors Tauvry fe décida à Te fixer à Paris. Mais les défenies que le
Roi fit aux Médecins étrangers de pratiquer dans cette ville , l'obligèrent à
fe mettre lur les bancs de la Faculté & à demander le bonnet de Dod^eur qu'il
obtint le 12 Mars 1697. Revêtu de ce titre , il redoubla d'ardeur pour l'étude
d'une profeflion qu'il avoit embralTée prelque dès le berceau. Comme il avoit
l'elprit fertile en réflexions , & que Tes leftures & fon expérience lui en four-
niflbient continuellement de nouveaux fujets , il compofa la Nouvelle pratique des
maladies aiguës cf de toutes celles qui. dépendent de la fermentation des liqueurs. Cet
Ouvrage fut imprimé à Paris en 1698, deux volumes i/j-8, & depuis dans la mê-
me ville, 1706, 1720, deux volumes //1-12.
En 1699, lorfque Louis XIV lit un nouveau règlement pour l'Académie des
Sciences, Tauvry pafi'a de la place dEleve à celle d'Alfocié , & bientôt après, il
s'en^-agea contre Mery dans la fameufe difpute de la circulation du fang dans le
fœtus. A cette occaiion , il fit fon Traité de la génération & de la nourriiuve du fœtus ,
qui fut publié à Paris en 1700, in-ii. Cette difpute fjt très-vive , & contribua
peut-être à la maladie dont il eft mort. Comme il avoit en tête un grand adverfaire
dans la perfonne de Mery , il fit de grands efforts de travail pour tficher de lui
faire face ; mais la difpoiition naturelle qu'il avoit à l'alThme ayant augmenté vers
le commencement de l'année 1700, il mourut phthifique au mois de Février 1701,
à r^^e de trente-un 'ans & demi. On ne peut refufer à ce Médecin beaucoup d'ef-
prit *& de pénétration , mais on doit avouer qu'il l'employa fort mal & qu'il pafla
toute fa vie à enfanter des fyftêmes.
TAYLOR., CJ^an ) Médecin Oculifte du Roi d'Angieter,re , a exercé fon Art
dans les différentes parties de l'Europe, qu'il a parcourues vers 1730 & les an-
nées fuivantes. Cet Oculifle avoit d'affez bonnes notions de l'organe de la vue
& de fes maladies. Il a inventé plufieurs nouveaux inftrumens, dont il fe fervoit
avec beaucoup d'adreffe; & comme il raettoit la fcarification du blanc de l'œil
au rang des moyens curatifs , il recouroit fouvent à cette opération , qu'il exé-
cutoit avec un petit pinceau fait de barbes d'épi de bled.
Tayhr avoit du mérite , mais il l'aflichoit trop ; il fe plailbit même à répandre
dans le public ces papiers d'annonce qui ne iiéent qu'aux charlatans qui fe prt-
conifent. Il m'elt tombé dans les mains un de ces papiers , fous le titre de Seconde
lettre à Mcffieurs de V académie Royale de Chirurgie de Paris , où l'Auteur parle
ainli de lui : Le Chevalier Taylor , Oculijîe Pontifical , Impérial & Royal , aujfi
bien que du feu Roi de Pologne , Staniflas I, du feu Roi de Pologne ^ Augufte III , ,
du Roi d'Angleterre , du Roi de Dannemarc, du Roi de Suéde, 6fc. , du feu Prince
Dom Philippe , Infant d'Efpagne, de tous Zes Eleckurs du Saint Empire & de plufieurs
autres Têtes Couronnées & Princes Souverains ; Membre de plufieurs Illuftres Sociétés
de Savons , C? Valeur d'un très-grand nombre d'Ouvrages fur VŒU R l'ylrt de guérir
fes maladies, icrits en différentes Langues, qui font le fruit d^une pratique des plus éteU"
dues pendant plus de trente années , que perfonne n'a égalé dans le fiecle où nous femmes, i
Cette Lettre eft terminée par le Catalogue exact des Ouvrages que le Chevalier de M
Taylor a icrics en différentes Langues S publiés en divers Pays. Je paffe fur les ./inec- M
T E I 56r
àvres de fa vie, î/1-4, les extraits de l'HiJloire de fes voyages, trois volumes in 8, &
l'abrégé de fa vie, i/i-8, pour dire que cet Oculifte annonce les Ouvrages fuivans;
Defcripùon exacte de deux cens quarante-trois différentes maladies auxquelles VŒU ,
fes enveloppes & fes parties contiguës font cxpofées. Il y a des éditions en Latin, en
François & en Anglois.
Le' méchanifsne de VŒU, avec l'ufage de fes différentes parties ou de cdles qui lui
font contiguès. En Efpagnol , i^'.'^S. En François, Paris, 173B , inv8, avec figures.
En Allemand , 1750 , in-'6. Encore en Danois & en Suédois. La première édition
eft en Anglois , 1727.
Traite fur les maladies de Vorgane immédiat de la vue. En François , Paris , 1735 ,
in-11. ^mfterdam , i2?^5 1 '«-12. En Atglois , en Allemand , en Italien.
Traité Çat les maladies de l'humeur cryftalline. En Anglois, Londres, 1756, in-S.
Tous les maux des yeux exad\ement écrits dans l'ordre de fes Leçons & pour le
fervice de les Elevés. En Anglois, en Allemand & en Italien. Son cours étoit
de trente Leçons.
£ffai fur la vifion. En Anglois & en Italien.
JDe vera caufa Strabifni. Parifiis, 1738, in-8. Encore en Italien,
Differtation. fur l'Art de conferver la vue. En Italien.
Differtation fur les diiî'érentes efpeces de foiblefie de la vue & la manière de les
guérir. Dans la même Langue.
Traité univerfel de la nature S guérîfan. des maux des yeux , avec une defcription.
ixacfe de plus de 50 différentes opérations ^ la plus grande partie de fon invention, &
que perlbnne ne pratique que lui feul & fes Elevés , avec 243 figures en taille-
douce , repréfentant tous les diitérens maux qui affligent les yeux & leurs contigus ;
le tout deffiné avec la dernière exactitude. In-folio.
TEICHMEYER, CHerman-l'rédericJ Profefleur de Médecine dans l'Univer-
iité de Jene , a publié un grand nombre de Dillertations intéreflàntes , qui ont
été foutenues Ibus fa préfidence dès le commencement de ce fiecle. Huiler y fon
gendre , en a inléré plufieurs dans fes colletlions. On doit encore a'auires Ou-
vrages à Teichmcyer. Tels font ;
Elementa Philofophits Naturalis experimentalis , in quibus omnium rerum naturalium.
àffeSiiones recenfentur , earumdemque caufx, quantum fieri poteft, deteguntur, & per ex-
périmenta tàm ex Maihejî , tàm ex Chymia imprimls dejumpta, declurar/ur. Jence , 1717,
1724 , i/1-4.
Elementa anthropologie , Jîve , Theoria corporis humani, in qua omnium partium
aSiones , ex recentiffmiis inveatis ^natomicis , & ratiombus tîim Phyjlcis , tàm Ch\ miels ^
tàm denique Mechanicis, dtclarantur. Ibidem, 1719, in-4 , avec rigure.-. Il y pafie en
revue les principaux points de la Pbyliologie , & donne une deicription fuccinte des
parties deftinées aux fonctions.
Injlitutiones Medicina Legalis & Forenfis , in quibus pracipuis materia civiles , crim'f
nales S conjijloriales , fecundàm principia Medlcorum decUend<e , ex rccentiffimis -atque
optimis eorum hypotkefibus eruta , traduntur. Jenx , 1723, in -4. Les Facultés de Jene
& de LeipGc le font toujours diftinguées par la Jurilprudence Méuicioale. L'Au-
teur de cet Ouvrage a foutenu l'honneur acquis à fon Corps par la juftefle ds-
-6» T E L T E N
j
fes décifions en ce qui concerne la virginité , la grofiefTe, l'accouchement naturel,
ravortement, la luperfétation , la mole, les hermaphrodites, rimpuifilmce , les poi-
fons , les plaies mortelles , l'infanticide , la torture , &c.
f^iudicite querumdam inventorum jinatomicorum. Jtne y \'^l'^yin-^, & dans la Col'
leflion des Differtalions Anatomiques recueillies par le célèbre Haller. Notre Mé-
decin y décrit le trou de Rivinus , dans la membrane du tympan , & prétend qu'il
elt pourvu d'une valvule. ïl y parle encore de quelques ofiblets qu'il dit avoir
découverts dans l'oreilie interne.
TÉLAMON eft mis, avec fon fils Teucer , au nombre des difci pies du Centaure
Chiroa, par qui ils tarent inftruits de la Médecine. Pliiloftrate. l'allure du premier,
& le Tiucrium , plante connue qui porte le nom du fécond , eft une marque qu'il
l'a découverte , iî l'on en croit la tradition. Mais comme ces témoignages ne but-
tant à rien d'intéreflant pour l'Hifloire de la Médecine, ]c me conteste d'en
avoir fait la remarque. Il en eft de ra<5ra2 du perfonnage qui fait le fujet de l'ar-
ticle luivant.
TÉLESPHORE ou ÉVÉMÉRION pafle pour Médecin. Egalement célèbre
par fon Art & par celui de deviner , qui faifoit anciennement partie du premier ,
il mérita les hommages de la Grèce & fut mis au nombre de fes Divinités tutélaires-
TENNETAR, fMichel DU ) Doreur en Médecine, Membre de la Société
Littéraire de Metz, remplit aujourd'hui la Chaire de Chymie dans les Ecoles de
î'Univeriité de Nancy, On a de lui les Ouvrages fuivanst
Effah far les moyens d'améliorer les études. Nancy, 1769, m-i2.
JJi&ionnaire- d^s proncfiics. Paris, 1770, ia-iz.
Visionnaire du diagnojtic^ Ibus le nom de M. Hélian. Paris, 1771 , m-12.
TENON, C Jacques-René J de Sepaux , près de Joigny, Diocefe de Sens, oii
il naquit le aa Février 1724 , fut reçu dans le Collège de Chirurgie de Paris le
14 Janvier 1757. Ses talens lui ont ouvert l'entrée de l'Académie des Sciences ,
de la Société d'Agriculture de Paris , & lui ont mérité la Chaire de Profefleur
Royal aux Ecoles de Chirurgie. 11 foutint une Thelè De cataracia pour obtenir la
Maîtrile ; cette Uillertation , qui préfente des détails intéreflans , eft la fuite d'un
Mémoire fur cette maladie de l'œil , inféré dans ceux de Mathématiques & de
Phylique. On doit à M. Tenon plulieurs autres Mémoires également importans ,
qu'on trouve dans le Recueil de l'Académie des Sciences. On remarque , en parti-
culier , ceux qui roulent fur l'exfoliatioa des os & la nature des pierres ou calculs.
TENQUES , ou comme d'autres écrivent TENCKE , C Jérôme ) natif de Mar-
ti^ues en Provence , étoit Doreur d'Aix , lorfqu'il vint fe préfenter à la Faculté
de Médecine de Montpellier , où il prit de nouveaux degrés en 1662. Il fe mit
fur les rangs pour concourir après la mort de Pierre Benoit^ & parmi les quatre
fujets que la Faculté propofa au Roi , il fut celui qui obtint la Chaire vacante ,
par provifions du 3 Août 1668. Ce Médecin mourut en 1687 , & laifîa un Ou-
■SMage intitulé.-
** fnjtrumeiua
T E N S6i>
Inftrumcnta curatîonls morborum dcprompta ex Pharmacia Galenlcà & Chymlcâ , Chi-
rurgiâ & DUetâ. Lugdunl , 1683, 1687, 171;,, 1755, "'12. Biterris , 1686, in-ï2.
En François , lous le titre de Formules de Médecine tirées de la Galéaîque & de la
Chymie. Lyon, 1682, 1690, in-12.
TEN RHYNE, f Guillaume ) Doreur en Médecine dans le XVII iîede ,
étoit de Deventer dans la Province d'Overiflel. Il étudia fous de h Bot , & fut
pendant pluiieurs années Médecin delà Compagnie des Indes Orientales à Batavia.
A fon retour tn Europe, il publia une defcription du Cap de Bonne Efpérance,
avec une Hiftoire des Hottentots , dont le Catalogue de la Bibliothèque de FaU
conet annonce une édition Latine de Bîlle, 1710, :n-8. Mais on a de Ten Rhyne
des Ouvrages plus utiles aux Médecins. Tels font :
Meditatioms In magni Hippocratls Textum vigejmuni»quartum de vcteri Mediclnâ.
Lugduni Batavorum , 1672, in-12.
Excerpta ex Objervati'mibus Japponîcîs de frucîlce Thée , cum fafdcuh rarîorum plan-
tarum ah ipfo in Promontorio Borne Spei & Sardanha fînu. annô 16^^^ colleciarum , at-
que demùm ex India annô 1677 in Europam ad Jacobum Breynlum tranfm'ijfarum. Geda-
ni, if^^^ , in-folio. C^eR Jacques Breynius lui-même qui a publié ces pièces dans
la première Centurie de les Exotica , aliaque minus cognita: planta.
DiJJenatio de Anhritide. Manrijfa fchematlca de acupun&ura. Orannnes tra. T. De
Ckymite & Botanicte antîquitate & dignitate. 11. De Phyjîognomia. III. De Monftris.
Singula ipfius ^utnris notis illufirata. ' Londinl , 1683 , /n-8. Il a écrit le? deux premiè-
res parties de ce Recueil en 1676, lorfqu'il étoit auK Indes. Dans la dilTertation
De ^nhritide , ce Médecin s'étend fort au long fur l'efficacité d'un remède Chi-
nois dans cette maladie. C'eft le Moxa , qui eft aulTi appelle Jomongi & Nophouts
par les Naturels du Pays, Ce Cotonier eft une efpece d'Armoife très-velue , dont
on fépare le duvet en coton ( qui eft une efpece de bourre ) en écrafant les feuil-
les. Les Chinois, les Japonois & plufieurs nations Européennes en forment des
mèches groflès comme un tuyau de plume , defquelles ils fe fervent pour guérir la
goutte ; ils mettent le feu à une de ces mèches , ^Jls en brûlent la partie affli-
gée d'une manière à produire peu de douleur. Ten^^hyne a eu plufieurs fois l'oc-
cafion d'obferver les bons effets de ce remcde , ainfi que de l'aiguille, pendant
fou léjour aux Indes Orientales. Par l'aiguille, on entend la ponftion faite en dif-
férentes parties du corps. Cette aiguille eft prefque toujours d'or , rarement d'argent ,
jamais d'autre métal ; on l'introduit par une fimple piquure , ou en la tournant
entre le pouce & le doigt indicateur , ou en l'enfonçant légèrement avec un mail-
let , félon la nature de la maladie & la ftruflure de la partie fur laquelle on opère.
TENTZEL, C André J Médecin Allemand du XVII fiecle , eft Auteur d'un
Traité curieux , dans lequel il décrit fort au long les Mumies , leurs vertu? &
leurs propriétés, ainfi que la manière de les compofer ît de s'en fervir 'it-ns les
maladies. Plufieurs Ecrivains ont parlé des cadavres embaumés par les Egyptiens ,
que nous connoiflbns fous le nom de Momie ou Mumie ; & M. Rouelle^ entre
autres, a donné là delfus un mémoire intércfiant qui le trouve parmi ceux publiés
par l'Académie des Sciences de Paris. Il ne faut pas crpire que les Momies de
TOME If\ Aaa
57° TER
commerce foient véritablement tirées des tombeaux des- anciens Fys;yptiens; celles-
ci l'ont trop rares , on ne les garde guère que par curiofité. Ceilc.'' que les Uro»
guiftes tirent du Levant , viennent des cadavres de diverfes pcrionnes que les
Juif»- ou les Chrétiens embaument , après les avoir vuidés , avec des aromates ré-
fmeux & le bitume de Judée ; ils mettent lèchtr au four ces corpb ainii embau»
mes, jufqu'à ce qu'ils foient privés de toute humidité. On employoit autrefois ces
Momies , qui ne font point d'une odeur déCagréable , pour détcrger , réfoudre »
réfiiler à la gangrené ; mais on ne s'en fert plus aujourd'hui dans la pratique de
la Médecine. Leur principal ufage fe réduit à prendre du poiflon que la Momie
attire comme appas,
Lipenius attribue à Tentiel un Traité de la pefte en Allemand , imprimé à Er»
fort en 1627 > '"-4 i f^andcr Llnden & Manget le difent Auteur des pièces
iuivantes :
Exegefis Chymiatrlca. Erfurtî, 1628, 1630, Jn-8, avec le Ternarium Bc^oardicorunt
d'y/nge Sala.
Mediciaa Dlaftatica in traclatum tertium de tempore , feu , Philofophia D. Theophrajîl
Paracdjî. /e/i<c, 1629^, in-12. Erfunl^ 1666, in-11.
TERENZONI , ( Jean-Antoine ) Do«fl:eur en Médecine , enfeigna cette
Science dans l'Univerfité de Pife dès la Hn du XVII fiecle. Manget dit qu'en
1726 il y avoit déjà trente-deux ans qu'il tnontoit en Chaire. On a de la façon de
Teren^oni .:
Exercitationcs PhyJîcO'Medica. Luccts , 1^08 , 1V8. Elles traitent des chofes appel-
lées non-naturelles.
De morbis uterl. Ibidem , i^ï^ , m-8. Tout ce qu'il avance , pour démontrer la
cauie du flux menftruel , n'eft qu'un tiflu de raifonncmens pleins d'inconlé-
quences.
TERILLUS , ( Dominique ) Médecin de Venife, floriflbit au commencement
du X.VII fiecle. Les Ouvtagei'.qui font fortis de fa plume méritent d'être lus pour
les bonnes chofes qu'on y trouve ; ils ont paru fous ces titres :
De F'eficantium reclô ufu ac utilitatibus , mîrificifque in praxi eorum frucîibus. l'^ene-
t/ji, 1607,1/1-4. L'Auteur qui employoit fréquemment les Vélicatoires dans fa pra-
tique, fait voir combien l'ufage en efl: avantageux dans piufieurs maladies, &
fur-tout dans celles où l'humeur morbifique s'eft déplacée par métaftale.
De caujîs mords repentincs diftinciijjîma Traclatio. Ibidem ^ 1615 , wi-4 La defcription
de la vie humaine eft rendue avec toutes les expreflions qui la caraclérifent. L'hif-
toire de la mort eft tracée d'après l'obfervation , & c'eft d'elle que les cau-
fes de la mort fubite font déduites ; l'anévrilme en eft une aifez fréquente , fui-
vant ce Médecin.
11 ne faut point le confondre avec Dominique Terelius de Lucques , qui a écrit
deux Livres De generatione & partu hominis , imprimés à Lyon en 1578, in 8.
TERRANEUS, f Laurent ) Doreur en Philofophie & en Médecine , étoit
de Turin. Les connoillknces qu'il avoit acquifes dans la Phyfique , l'Anatomig
T E R.
57Î
& la Botanique, le faifoient regarder comme un homme bien capable d'enrichir
ces Sciences par fes Ouvrages , mais le public en a été privé par ia mort préma-
turée qui arriva le 4 Juin 1714, à I'à?e de ;,6 ans. Ce qu'il a laifië le borne à un
volume d'Oraifons choifies , & au Traité dont voici le titre :
De ^landulh univerfim & fpeciatim ad uretbram virilem novis. Taurlnî , 1709 , in 8.
Lugdunl Batavorum , 1721 , 1729 , in-'S. C'eft dans cet Ouvrage qu'il a fait la
delcription des glandes, dont Coti^per a voulu s'attribuer la découverte. Blanchi qui
en fait honneur à 'ferraneus , afllire que cet Anatomifte en avoit fait la démonftra-
tion en 169B & 1699 ; mais Mery en a parlé dans le Journal des Savans , av^ée
1684 , & fuivaot M. Portai , Columbus en a déjà fait mention vers le milieu
du XVI liecle. L'Auteur , dont je parle , a joint à fon Traité deux figu-
res , où Morga^ni a remarqué quelques imperfections ; il parvît cependant à
IVÎ Portai que les canaux excréteurs des glandes de l'urètre y font bien re-
prcleniés.
TERRER MORENO ,( Pierre ; Médecin & Chirurgien du XVII fiecle ,
étoit de Calataiudf ville d'Ei'pagne dans le Royaume d'Aratron. Nicolas /intonio ,
qui en fait mention dans fa Bibliothèque , lui attr'bue un Ouvrage l'ur les diilo-
cations & les fra^ures. 11 a paru à Madrid en Efpagnol , 1640 , tn-8.
TERTRE , ( Marguerite DU ) Veuve du Sieur de La Marche , MaîtrefTe
jurée Sage - temme de la ville & de l'Hôtel - Dieu de Paris , fe fit de la réputa-
tion ûans fon Art après le milieu du XVII fitcle. Les Adminiftrateurs de cet
Hôtel la chargèrent de taire des cours publics d'accoochemens , & pour les rendre
plus utiles , elle mil au jour un Traité par demandes & par réponfes , Ibus
ce titre :
Jnjiruclion touchant les chofes qu'une Sage-femme doit favoir pour Vexercice de fon uin.
Paris, 1677, in-vi. Louife Bourjier ea a donné une nouvelle éoition qu'elle a aug-
mentée de les remarques. Paris, 1710, m- 12. La Dame Du Tertre s'étend davan-
tage fur l'accouchement naturel que fur ceux contre nature; car elle parle allez fuc-
^ cintement des derniers.
• TERZAGO, ( Paul-Marie ) Doreur de la Faculté de Médecine de Pavie,
étoit de Milan. Le 14 Mars 1654, il fut reçu dans le Collège des Médecins de
fa ville natale, & comme il lui fit honneur par fes talens, on rendit juftice à
fon mérite en le nommant à la charge de Doyen, Une longue & heureufe pra-
tique le fit aulli confioérer par les habitans de Milan , qui le regreterent à fa
murt arrivée le 4 Février 1695. Ce Médecin a publié en 1681 , in-folio , un Mémoi-
re intérellant fur la dilt&nce qu'on doit mettre entre les terres propres à la culture
du ris &î les murs de Novare , pour alfurer la faiubrité de l'air de cette ville. Tout
le monde lait que le ris ne donneroit point de graines , s'il n'étoit fréquemment arrofé
au moyen des canaux & des rigoles quicharient au beibin l'eau des rivières voilines ,
quand le fonds numide & marécageux , qui eft celui qui convient le plus à la
culture de cette plante , eft mi.m;cé de quelque dcfiechement Mais la chaleur du
climat produit des exhalailons dangcreules qui ne permettent pas d'établir des planta»
372 TES
lions de ris à la "portée des villes ; c'eft fjr les précautions qu'on doit prendre à
cet égard , que roule le Mémoire de Ter^ago.
Ce Médecin a encore écrit un Ouvrage imprimé à Tortone en 1664, in-4 , fous
le titre de Mufcsum Septalianum^ mm centnnibus de natura cryfldll ^ corallii , tejîa^
ceorum , &c. Il a été mis en Italien par le Dofteur Pierre-François ScarabdLi.
Notre Auteur a laifle un fils, nommé yeVÔTje , qui fc fit au di aggréger au Collège
des Médecins de Milan. Il mourut dans cette ville avant l'an 1715.
TESCHENMACHEli ( EnglebertJ étoit d'Elverfeidt , village du Duché de
Bergues, où il naquit le 4 Août 1608. Il apprit les premiers élémens des Belles-
Lettres dans la mailbn de fon père, qui, après avoir été Médecin de ce village,
paira à Devenier dans la Province d'OverilTel. Il continua enlbite fes études à
Herborn & à Cologne , & il alla les achever à Leyde, où il le fit recevoir Doc-
teur en Médecine le 3t Novembre 1656. La réputation que fon père avoir ac-
quife à Deventer , l'engagea à fe fixer dans cette ville. Il y mérita , comme lui ,
l'eftime des habitans ; il y fut môme nommé Profefleur extraordinaire de la Faculté
de Médecine au mois d'Août i6-;b. On l'alTocia depuis à fon père, en qualité de
Médecin de la ville, & en Novembre 1644, il obtint encore l'emploi de Ma-
thématicien. Enfin on lui donna la Chaire ordinaire de Phyfique dans le courant
de Septembre 1646, mais fans lui ôtcr fes autres places, qu'il remplit toutes juf-
qu'à fa mort arrivée le 3 Juin 164Q, à l'âge de 41 ans.
On a de lui un Difcours D& dlgnitate & utlUtate jinatomia^ imprimé à Deventer
en 163b, i/2-4. C'efi- apparemment le Difcours inaugural qu'il prononça lorfqu'il
prit poifeiljon de la Chaire extraordinaire de Médecine. En qualité de Mathé-
maticien, il 3 publié en Hollandois les Almanachs de la ville de Deventer, depuis
1644 jufqu'en 1649 inclufivement.
TESTA f Léonard ) vint au monde à Meflîne le 16 Décembre 1493. JJ s'ap-
pliqua à l'étude avec tant de fruit , qu'il devint un des plus célèbres Médecins de
fon tems. Mais comme l'aclivité de fon efprit ne lui permettoit pas d'être jamais
à rien faire, il cultiva les Belles-Lettres par araufement, & il fe rendit, en parti-
culier , fi habile dans la Poéfie , que ce talent ne lui laifla encore rien â dcfirer ^a«
côté de la réputation à laquelle il afpiroit dans la carrière des Sciences. Il avoit*
lieu d'être fatisfait de celle dont il jouiflbit , loriqu'une maladie rebelle à tous les
remèdes lu» annonça fa fin. 11 mourut dans fa ville natale le 8 Juillet 1556 & fut
enterré dans l'Eglife de Saint Auguftin , où l'on éleva à la mémoire un maufolé&
de marbre fur lequel on grava cette inlcriptioni
Leonhardo Testée Messenio
Medico & Poëta cehberrimo y
Patri béni merentijfimo
Filù plentijjîmi pofuere.
rixît annos LXIl, menfes VI, dies XXIIL
Obiit VIII Idus Juin 1556. -
TES T E U T E X T H A 373
TESÏI , C" Louis) Médecin natif de Modene, exerça fa profeflTion à Venife vers
la fin du dernier fitcle, & fe fit un nom par la d-coiu'crte du iucre de_^U;it, Sac-
charum ladis , dont il publia les propriété^ iS: les, utages dans va. 'ir.-ité ^imprimé
à Venife en i6q8 , in-folio, & en j^oo , in 8. il avoir déjà publié un Mémoire lur
la lalubrité de l'air de Venife , & il ne manque point de raiibns qu'il appuie fur
la Phylique , l'autorité & l'expérience , pour fane valoir km opinion. Cet Ouvrage
a paru en Italien à Venife , fous le nom de Cologne , 1694. , i/1-4 , & ea Latin à
Leyde, 1705, in- 8.
TEUCER eft mis au nombre des élevés du Centaure Chiron. Pline ■\m attribue
la découverte de la plante appellse Tcucrium , mais rien n'eft fi frivole que tout
ce qu'il en dit au Livre XXV de Ion Hirtoire Naturelle. C'eft au hazard qu'il
rapporte la connoilfance des propriétés de cette plante. On avoit jette fur elle
les entrailles d'un animal, & l'on remarqua, dit-il, qu'elle s'attacha à h rate
dont elle détruiiit bientôt la fubllance. C'eft delà , ajoute t-il , qu'eft venue l'opi!
nion où l'on eil que les cochons , qui ont mangé de la racine de cette plante ,
n'ont point de rate.
TEXTOR, ( Benoit ) Médecin natif du Pont-de-Vaux, petite ville de France
dans la Brefle , vécut dans le XVI Uecle. On a de lui :
Stirpium diffcrcndce ex Diofcoride fccundàm locos communes. Luutits ^ ^534 > in-ll,
Fenedis, 1537, in-i2. ^rgentorati, 1552, m-4, avec le Livre des plantes de Jé-
rôme Tragus.
De cancro ^ ejus naiurâ & curatione Liber. Lugduni , 1550, in~8. Ce Traité eft
écrit avec allez d'ordre , mais il eft d'une fi petite étendue , que l'Auteur n'a fait
qu'effleurer 16n fujet.
De la manière de préferver de la pejîllence & d'en guérir, Lyon, 155 1, ln-8.
Je ne lais fi F'incent Textor étoit Médecin. Les Auteurs n'en parlent que pour
donner le titre d'un Ouvrage de fa façon, qui a para à Genève en 1604, tn-B,
fous le titre de Traité de la nature du vin ^ & de Vabui ^ tant d'icelul, que des autrç^
breuvages , par le vice d'ivrognerie.
THABET BEN CORRAH, BEN HAROUN, AL-SABI AL-HARRANI,
Médecin, Mathématicien & Pbilofophe que les Européens appellent Thabit , na-
quit à Harran, ville de Mélopotaraie, en 221 de l'Hégire, de l'Ere Chrétienne,
^35 » & il y mourut en 288 des Mahométans , de falut 900. Le Calife Motadhed
ht tant d'eftime de ce Médecin , qu'il le mit au nombre de fes Aftrologues &
qu'il fe plut à s'entretenir familièrement avec lui. Thabet a traduit les Elémens
à'Euclide en fa Langue maternelle.
Thabet Ben Senan Ben Thabet, petit-fils du précédent, ne céda rien à fon grand -
père du côté des Sciences. Il fut Médecin de l'Hôpital de la ville de fiagdet, &
il écrivit une Hiftoire de fon teras , qui s'étend depuis environ l'an 390 de l'Hé»
gire, de lalut 902, jufqu'en 360 de l'Ere Mahomctane, de J. C. 970. 11 mourat;
pendant le cours de cette dernière année.
§74 T H A
THADEE naquit à Florence dans le XIII fiecle. Ses parens, qui étoient d'une
condition oblcure , ne lui donnèrent aucune éducation ; il vécut dans la pareile
jufqu'à rage de 30 ans & ne s'occupa que de l'exercice des plus vils métiers. Ce-
pendant fon ame engourdie l'embla quelquefois vouloir lortir de l'afîbupillèraent
où elle étoiî plongée; la voix du génie i'e faifoit entendre & lui reproclioit l'état
cTabjeélion auquel il étoit attaché par indolence. 11 en ibrtit enfin , prit du goût
pour l'étude , s'y livra , & dès qu'il eut fait quelques progrès dans les Lettres ,
il s'appliqua fucccflivement à la Philofophie & à la Médecine dans l'Univerlité de
Bologne, où il enfeigaa enlUite avec tant de gloire, qu'il fut fjrnommé le Gahen.
de fon ttms.
Certains Auteurs ont couvert de mépris la mémoire de Thadéc , en lui repro-
chant d'avoir été plus attaché à l'argent qu'à l'étude de fa profcifion. Ce qui a
donné occaiion à lui faire cet odieux reproche , n'eft point une preuve de fon ava-
rice. Ce Médecin é:oit parvenu â un ii haut degré J'eflime , que les malades
des villes d'Italie , chez qui il ierendou, ne croyoieot pas trop le récompenfer
de fes lervices , en lui payant un honoraire de cinquante florins d'or par jour. Lors
même qu'il fut demandé à Rome pour la maladie du Pape Honoré IV, on lui
compta deux cens florins par chaque jour , outre une gratification de dix mille flo-
rins en récompeni'e des foins qu'il avoit pris pour rendre la faute à ce Souverain
Pontife. Mais tout cela ne fe reffent point de l'avarice du Médecin qui extorque
l'argent de fes malades; on n'y voit que des preuves de leur reconnoiflance.
Jean Onelll , Auteur de PHiftoire des Manufcrits de la Bibliothèque de Flo~
rence , met la mort de Tkadée au 8 de l'an 1303 , & les Ecrivains qui ont re-
cueilli les Catalogues des Ouvrages publiés fur la Médecine, lui attribuent les
Commentaires dont voici les titres :
Jti Claudii Galeni Ancin parvam Commentaria. Neapoll , 1522 , in-folio.
Expojîtionei in arduum ^phorlfmorum Hippocrads F'ulumen ; in divïnum Prognq/lico'
rum Hippocrads Librum ; in prceciarum regiminls acutorum Hîppocraris Opus ; in fubtlUf.
Cimum joannitu Jfagogavum Libdlum. Fenetds , 1527, in folio , par les foins de Jean-
Baptijie. NicoUini.
THALES, Philofophe originaire de Phénicie , étoit delà plus illuftre naifl'ance,
car il defcendoit de Cadmus & d'Agénor; il fut lurnommé Milélien, foit parce
qu'il naquit à Milet,foit parce qu'il s'y établit. La Sede Ionique l'a reconnu com-
me fon fondateur, & il a paflé pour le premier qui ait écrit fur la Phyiique. C'eft
delà qu'on infère qu'il avoit des connoiflances qui ont contribué aux progrès que
Ja Médecine a faits de Ion tems; mais on n'en peut pas douter après ce que dit
Dioge/ie de Laërce fur le léjour de ce Philofophe en Egypte, où il avoit étudié
les Sciences que cultivoient les Prêtres de Memphis , dont la plupart étoient Mé.
decins. Tkales mourut en 548 avant J. C, à l'îlge de 95 ans , fuivant l'opinion de
Jiiccioli dam fa Chronologie réformée; mais Ihomas Stanley ne lui en donne que
9i, penJant que Lucien & Sjrncelle le font vivre au delà de cent
Vlogene de Laërre croit que ce Philofophe n'a lailfé aucun Ouvrage; d'autres
afllrent cependant qu'il a compofé quelques Traités en vers fur les météores,
iur l'équinoxe &c., mais ils ne font point parvenus jufqu'à nous.
THE S7S
On rapporte que Thala tomba un jour dans un fofle, pendant qu'il étoit occupé
cfe la cortemplation des aftrcs. Une vieille iervante qui s'apperçut de fa chute , le
railla en des termes qu'on pourroit encore oppoler aujourd'hui à la vanité trop eu.
rieule de certains Phiiofophes, qui prétendent fouiller dans ce qui eft au delà de
la fphere de l'efprit humain , pendant qu'ils ignorent parfaitement les raifons des
chofes qu'ils touchent de leurs mains & voient de leurs yeux. On pourroit leuc
dire, comme la fervante à Thaïes: Fous entreprenez de parcourir ks deux ^ & vous
ne voye^ pas ce qui eft à vos pieds.
THEBESIUS , ( Adam-Chrétien ) Médecin de ce fiecle , étoit d'Hirfchberg en
Silélie, Il fe fit beaucoup eftimer par un Ouvrage qu'il publia fur la circulation
du iang dans la fubftance du cœur. La defcription des routes que le fang parcourt
dans ce vifcere eft rendue avec exaflitude ; il y eft fait mention des vaiiïeaux qui
dépofent immédiatement dans les ventricules le liquide qu'ils reçoivent par les
artères coronaires ; il y eft encore parlé, de ceux qui s'ouvrent dans les oreillettes.
Thébejïus annonça ia découverte en 1708. C'eft le fujet de la DifTertation inaugu-
rale qu'il publia à Leyde le 15 Mai de cette année , lorfqu'il y prit le bonnet de
Doiîïeur. 11 y a encore une édition de Leyde, 1716, in-B , & une autre de Leip-
^'•^ ' 1739 » '«-4 •) fous le titre de Dijfercado Medica de circula fanguinis in corde.
Jean Ehren Frled Thebefius , fon fils , naquit à Hirfchberg le 5 Décembre 1717.
Après de bonnes études dans fa patrie, il fe rendit à Leipfic pour y commencer
fon cours de Médecine , qu'il lit fous les Profefleurs JValther ., Platner , Hebcnflrelt ^
Quelmali & Ludmg. Il y reçut le bonnet de Doftecr en 1759 ; mais comme il
étoit perfuadé que rien ne perfeftionne plus promptement un Médecin que les
voyages, il vifita les principales L^niverfités de l'Allemagne, d'où il palTa à Straf-
bourg , à Paris , à Leyde » & s'attacha par-tout aux plus grands Maîtres de l'Art.
C'eft à ces courfes utiles qu'il employa l'année qui iuivit fa promotion ; il revint
enfuite dans fa patrie & s'y fit aggréger au Collège des Médecins. Ses talens lui
méritèrent bientôt l'eftime de fes confrères ; & comme il ne manqua pas de com-
muniquer différens Mémoires à l'Académie des Curieux de la Nature, le Préfident
de cette Compagnie s'emprefla à lui envoyer des Lettres d'alTociation.
Ce Médecin mourut en 1758, & laifia un Traité des accouchemens qu'il a écrit
en fa Langue maternelle. Il parut à Hirfchberg en 1756, in-8.
THÉMISON , Médecin qui eft fouvent cité par Pline & par CeZ/è, étoit de
Laodicée en Syrie. Il naquit dans le quarantième fiecle du monde & vécut jufques
vers l'an 25 de l'Ere Chrétienne. Quelques Auteurs l'ont mis au nombre des au-
diteurs à'' u-lfclépiade , mais M. Goulia a prouvé le contraire dans fes Mémoires.
n S'il avoit entendu yîfclcpiade , dit-il , on voit qu'il auroit vécu 109 ans. Mais
» quand on fuppoferoit que Tliémifon aurcit atteint l'Age de 80 ans , ii eft évident
» qu'il ne feroit né que vers l'année 5949, loxïqa' ^fclépiaJe n'exiftoit déjà plus,
n Donc il ne fut pas fon diiciple. ^ Il eft vrai que Thémijm avoit d'abord em-
braflë les fentimens A'' j^lfcUpiade , mais il eft vrai encore qu'il les abandonna dans
la fuite, & qu'il en adopta d'autres fur lefquels il établit la Seéte Méthodique ,
dont il eft auteur. DiofcoridQ rapporte que ce Médecin ayant été mordu par un
376 THE
chien enragé , ou , comme veulent d'autres , ayant fervi avec affiduité un de Tes
amis qui étoit tombé dans la rage , fut attaqué de la même maladie. Ccelius ^ure-
lianus ajoute que la cure traîna en longueur, & que pendant le tems qu'elle dura,
Thmifoii fut tenté plufieurs t'ois d'écrire fur la nature & les fymptômes de fon
mal , mais qu'autant de fois il lui en reprit de nouveaux accès. Il parvint cepen-
dant à fe guérir radicalement , après avoir été beaucoup tourmenté de cette mala-
die. Suivant Ctelius , ce Médecin a compofé plulieurs Ouvrages , dont il rapporte
înêrae les titres, mais aucun n'tft parvenu jiiqu'à nous. Galiea parle auffi de Thé.
mifon & nous apprend que c'eil à lui qu'on doit la defcription du DiacoJe , remède
compofé du fuc & de la décoction de têtes de pavots & de miel. Il nous dit
encore qu'il avoit écrit fur les propriétés du plantain fimple , & qu'il s'en attribuoit
la découverte. Le même Médecin eft aufli auteur d'une compolîtion purgative ,
appellée Hiera ,& l'on croit qu'il eft le premier qui ait employé les langfues ; on
ne trouve au moins perfonue qui s'en foit fervi avant lui , comme d'un moyen
curati£
Thémifon vécut aflez vieux , car on fait qu'il étoit avancé en âge , lorfqu'il
jetta les premiers fondemens de fa Seéîe. M. Goulin croit qu'il pouvoit
avoir 55 ans , lorlqu'il abandonna la doctrine à'^fclêpiade pour établir la fienne.
Les Vers qu'on lit dans la dixième Satyre de Juvenal , ont porté quelques
Auteurs à croire qu'il avoit pouffé fa carrière jufqu'à l'Empire de Domitien qui
commença à régner l'an 81 de falur, mais les Critiques avouent que le Poëte
parle ici de Thémifun, , pour défigner tel Médecin de fa Sefte qu'on voudra. Voici
ces Vers :
Quorum fî nomma quisras^
Fromptiùs expediam^ quot amavcrit Oppia mœckos ;
Quoi Thémifon tegros autumnô occiderît unô.
Le Juvenal François , Bolleau , a fuivi l'idée du Poëte Lafm , quand il a mis
k nom de Gucnauld dans la tradué^ion de ces Vers ; il a voulu parler indiftinfie-
raent de tous les Médecins partifans de l'Antimoine :
J'aurois plutôt compté combien dans un printems
Guenauld & l'Antimoine ont fait mourir de gens ,
Et combien &c.
Ce minéral étoit vanté comme un remède excellent par les uns , tandis que
d'autres publioienr le martyrologe de ceux qu'ils regardoient comme les vifli-
înes de ce médicament. Gii Patin étoit à la tête des derniers : la plupart de fes
lettres font remplies de reproches adreffés aux Médecins donneurs d'Antimoine ,
& en partirulkr à Gucnauld. Ww l' Antimoine a triomphé des clab.uderies de
Gui '.^atin , & les Médecins ont fu tirer parti de ce minéral qui leur a fourni plu-
iîeurs remèdes efficaces. A propos de remèdes , on remarque dans l'Hiftoire de
la Médecine qu'on étoit anciennement fort attaché aux vieux ulages ; ceux qui
exerçoien£
THE ;;t
exerçoient cette Science refletnbloient à Jufli Lipfc , & comme lui , difoient faos ceffe
Moribus antiguis. Aujourd'hui leschofes ont changé de face ; nos Médecins moder-
nes font généralement plus portés à adopter les médicamens que le toQ du fie-
cle ou la cupidité des vendeurs ne ceffe d'inventer , que les Anciens n'é-
îoient oppolés à l'introduftion de ceux qui leur déplaifoiert fi fort. Les ficelés
précédens avoient trop de ténacité aux vieux ufages ; le nôtre eft le jouet de
ion aveugle crédulité , par la manière avec laquelle il iailit tous les remèdes qu'on
lui vante.
THEODAMAS, fils de Mélampz^ hérita des connoifTanccs que fes ancêtres
avoient acquiles dans la Médecine. L'Hiftoire nous apprenti que Polyidus , petit-
fils de Mélamps , avoit luccédé à Tliéodamas dans les fonftions de Médecm ; mais
elle ne nous dit rien de ia pratique.
THÉODORE. C Jacques ) Voyez TABEIÎ.NA - MONTANUS.
THÉODORIC , Religieux de l'Ordre des Frères Prêcheurs, fut fucceffive-
ment Chapelain de l'Evêque de Valence , Pénitencier du Pape & Evêque de
Cervie ou Cervia dans la Romagne . Il publia, fous fon nom, une Coïledlioa
de Chirurgie qui eft tirée prefque mot à mot de Brunus ^ avec quelque? addi*
tions prifes dans les Ecrits de Hugua de Luca , fon Maître. Le Père Echard,
dans (on Ouvrage De Scriptoribus Ordinis Pnedicatorum , infinue que ce Théo-
doric étoit Efpagnol & différent de celui qui fut Evêque de Cervie. Ce fenti-
ment eft allez probable ; cependant on trouve ces mots , TheodorLi Ccrvlenfis
JSpifcopi &c. , dans les plus anciennes éditions de la CoUeflion dont on a parlé.
Quant au tems auquel Tliéudoric a vécu, on s'en rapporte au Dofteur Frùnd qn\
le dit contemporain de Guillaume de Salicet , dont on met la mort en 1280, Voici
ie titre de l'Ouvrage de Théndorlc:
Chirurgla fecundùm medlcaùonem Hugonis de Luca. fetietiis , 1490, in-folio. Ibidem,
1519, in-foHo ^ avec la Chirurgie de Cauliac , de Brunus,, de Roland & d'autres.
Jbidetn , 1546 , in folio , cum ^rte Chirurglcâ. Cet Auteur fait confifter la plus grande
partie de la Chirurgie dans l'application des médicamens; ce qu'il dit de plus re-
marquable , conlifte à avancer qu'il faut caflcr l'os quand la fracture eft mal réduite ,
& que pour y parvenir , les fomentations & les emplâtres futHfent dans le calus ré-
cent , mais quand il eft ancien , qu'il faut fe fervir du fcalpel. Théodorlc fe glorifie
de ne rien propofer qui ne loit confirmé par l'expérience , cependant il fe vante
d'avoir guéri une frafture du crâne par l'application d'une poudre & le récit rayf-
térieux de quelques Vers. Il parle auffi d'une tum.eur à l'épaule , à l'extirpation
de laquelle il s'eft fortement oppofé, dans l'idée qu'on pouvoit la difibudre par l'u-
fiige des remèdes. Cela ne fait pas l'éloge de fon favoir en Chirurgie. Il raifon-
noit mieux fur d'autres points , car il n'approuvoit pas la méthode de panfer
durement avec les tentes , & il en fait le reproche à ceux qui s'en lervoient. Dans
les plaies des parties nerveules , la Térébcnthiae étoit fon remède favori.
On trouve beaucoup de Clercs qui fe font mêlés de la Médecine dans les fiecles
antérieurs à celui de la renaiflaDce des Lettres , mais on n'en voit guère qui
T 0 ME IV. B b b
373 THE
euflènt exercé la Chirurgie , parce que cette profefTioti étoit incompatible avec
leur étal. Cependant le Théoduric ^ dont il eft ici qucltic>n , par'e d't ne manii re à
ne laifTer aucun doute fur l'exercice qu'il a Fait de la Chirurgie, puilqu'il en ap-
pelle à fa propre expérience; mais comment concilier la pratique de cet Art avec
les places & les dignités qu'il a occupées ? Je fuis tenté de croire ou que le f hé'.doric ^
qui a écrit l'Ouvrage dont on vient de donner le titre, eft différent de IFvêque de
Cervie , ou que cet Evêque s'étoit appliqué à la Chirurgie dans fa jeureH'e , & que par-
venu à un âo;c mûr-, il n'avoit pas cru déroger à fon érat de Clerc en compilant ce qui
fe trouvoit de mieux , à Ion goût , dans les Ecrits de diffèrcns Chirurgien.*. C'eft la pen-
fée de Frelad dans fon Hiftoire de la Médecine. La coutume des Auteurs de ce fiecle ,
dit-il , étoit de fe piller mutuellement. Brimas avoit copié les Arabes ; à peine
avoit - il fermé les yeux , que Thdodoric , d'abord Moine & enluite Evêque de
Cervie, marchant fur ces traces , le copia lui-même, & joignit à fon recueil les
fables qu'il avoit tirées de Hugues de Luca , fon IVlaître. Comme il étoit Moi-
ne , ajoute Freind , il crut que cette qualité lui afluroit un droit fur les bien*
des laïques.
THEODORUS PRISCIANUS, difciple de rindicianvs , vécut dans le quatriè-
me fiecle, fous l'Empire de Gratien & de Valcntinien II , & fuivit, comme fon
Maître , le parti des Médecins Méthodiques. ^Jiruc , page i6i du quatrième vo-
lume de fon Traité des maladies des femmes, ne le croit point auffi ancien; il
penfe qu'on doit le rapporter au huitième ou neuvième fiecle: mais fuivant le
Docleur Freind , le Médecin du nom. de Theodoras ou Theodocus qui vécut vers la
fin du fepticme fiecle , étoit un célèbre Profefisur , probablement d'Alexandrie ,
différent de celui dont nous parlons.
Théodore Prifckn étoit à Confiantinople lorfqu'il écrivit fe? Ouvrages en Grec ,
à la perfuaiion d'Olympiiis l'on Collègue; mais étant venu à Rome, il traduilit en
Latin les quatre livres que nous avons de lui. Le premier efl intitulé:
Loglcus de curadonibus omnium morb^nim corporls Immani. Il ne contient rien moins
que des raifonnemens philofophiques ; tout au contraire , l'Auteur fe déchaîne , dans
fa Préface, contre les Médecins-P'nilofopfies ou raifonnsurs. Si la Médecine, dir-il,
étoit exercés par des gens fans étude , qui n'cufient eu d'autre Maître que la Na-
ture , qui ne connuflent point la Philolbphie , on feroit expoié à des maladies plus
légères, & on uferoit de remèdes beaucoup plus fimples. Mais, pourlbit-il , on a
négligé la manière la plus naturelle de tra'îer la Médecine. Cet Art eft en la dii-
po fit ion de certaines geus, qui font confifter toute leur gloire à écrire avec poli-
telle , & à contredire , avec efprit , tous ceux qui ne font pas de leur lentiment.
Le refte de cette pièce eft un tiffu d'imprécations contre l'abus qu'il vient de cen-
furer , & i! fe déclare fi. ouvertemsnt pour l'Empirifme , qu'on le piendroit pour-
un des partiians de cette Ssfte , fi l'on ne favoit combien il étoit attaché à la
Méthodique. Mais on doit le rappeller que les Médecns M<^'ho.fiques eux-mêmes
font ailés beaucoup plus loin que les Empiriques , dans l'entrcprite qu'ils ont faite
d'abréger & de faciliter l'étude delà Mcdccine Au refte, on ne voir pas d'où vient
à cet Ouvrage le titre de Logicus qu'on a fubftitué dan;; l'édiiion d Aldus à celui
d'^upA'Tij^ort, ou des remèdes faciles à trouver & à préparer, qu'il porte dans
î'éduion de Bâle de 15.32, i/i-4».
I
THÉ
0/y
^Prîfclen a dédié cet Ouvrage à fon frère Tirpothée. C'eft eocore à lui qu'il a
adrcfTé le fécond , où il traite des maladies aiguës & chroniques. Ce Livre elt in-
titulé Logicus dans l'édition de Bùle , ^ ce titre paroît lui convenir, parce qu'il
eft plein de raifonnemens. Dans l'édition d'Aldus le même Livre eft intitulé;
Oxyoris, feu de acuds & chronicis pajjtonibus.
Le troifieme porte ce titre :
GyiKscla , feu de mulieruni accidentlbus & curis eorumdem. Il eft dédié à une fem-
rtne qui a diflcrens noms dans les différentes éditions. Elle eft appellée l^i&oria
dans celles d'Aldus & de Strasbourg, & Salvina dans celle de Bàle.
Le quatrième eft intitulé ;
De Phyfica Scientiâ experimentorum. Il éft adrefle à un des fils de l'Auteur qui
s'appeiloit Eufebe. Le commencement de cet Ouvrage n'a poirt de rapport avec
le titre. 11 n'y eft point queftion de Phyfique; c'eft une compilation de médica-
méns ou de fpécifi^ues empiriques , dont quelques-uns font rnême fuperftitieux.
Prifcien. revient fur la fin à la Phyfique, dont i! agite quelques queftions, telle
que la nature de la femence , celle de quelques parties du corps, & quelques-
unes des fondiions animales ; le tout d'une manière barbare.
Le ftyle de ce Médecin a beaucoup de rapport avec celui de Ctelius ^ardianus ; ce
qui adonné lieu de conjeifturcr qu'il étoit /vfricain, ainfi que ce dernier. La prem-ere
édition de les Ouvrages s'cfi faite à Strasbourg en 1532 , infulio ; il y eft nommé
Quinms Horatianus & il y porte le ^itre û'Archiater : mais cette édition eft pleine de
fautes , comme l'a remarqué Reinejîus qui a expliqué plufieurs endroits de cet Au-
teur dans fes Leçons. La féconde édition fe fit la même année à Bftie , fous le
nom de Theodorus Prifciunus , mais le quatrième Livre ne s'y trouve pas. En 1544,
on publia à Strasbourg une troifieme édition in-folio. Etifin , Aldus & les fils en
donnèrent une quatrième en 1547 , dans laquelle ils réunirent les Œuvres de Prif-
cien à celJes de tous Jes anciens Médecins qui ont écrit en Latin. Il ne porte
point le titre d'^rchiater dans cette édition. Le Livre qui traite des maladies des
femmes a été inféré dans le Recueil que Spachlus a publié fur cette matière.
Les Bibliographes citent un Ouvrage intitulé ; Z)i<eta , çuièus vel falubriter uiendum
vel cautiùs abfllnendum fit. Il a paru à Strasbourg en 1544 , In folio , à Hall en Saxe
en 1632, in-8, avec les notes de Sckreiner. On l'a attribué à un ancien Médecin,
nommé Tnéodore , que Reinefius croit être le même que Théodore Prifcien,
THEODOSIUS, CJean-Baptifte J) Médecin qui floriflbit au commencement du
XVI liecle , étoit de Parme , & non pas de Bologne , comme F'ander LinJen &
Afjnger l'ont dit. Il enieigna avec aflbz de célébrité dans les Ecoles de la dernière
ville; ce fut même là qu'il finit fes jours & fut enterré dans l'Egliie de fAnaon
ciation. On y voit fon épitaphe conçue en ces termes :
Parma parens , primas Mirandula cejfu honores
Déclarât civem me Jmola grata fuum.
Ad fe do&a vocat me tandem Felfîna ; défient
Artes me Medic<e , do^a cohorfque F'irum.
Défient maft£ Urbes Ipfce , Civemque repofcunt
Jmola i Mirandiat JTiljtna , Parma .£arçns.
3r>5 T 11 E
JoANNi- Baptiste Theodosio
Medico
FF. pientiffinti PP.
P^ixît annoi LXIII.
Obilt 1538, menfe Scptembrl.
Ce Médecia a publié à Bologne ea 152a, Jn«8, les Commentaires de Nicolas^
Nicole de Florence fir les Aphorifines d' Hlppociate. Il a auHi laifie le fonds d'ua
Ouvrage qu'on a inis au jour lous ce titre :
Médicinales Epiftola LXf^III ., in quitus complures , vatiaque res ad Medicinam., Phy-
ficemqae fpe&antes difenijfimè traduntur. Bajîlea , 1553, m-8. Lugduni ^ ^557» in-folio,-
Les premières Lettres traitent de la vertu des plantes.
THEOMBROTUS. Voyez CLEOMBROTUS.
THEON , Médecia d'Alexandrie , vécut dans le premier fiecle fous l'Empire
de Néron, & compoia un Traité De exercitationibus ^ qui cft cité par Galien. Ce
Médecin eft appelle Archiatre dan» le titre d'un autre de fes Livres , dont Phoùus-
a parlé i il y traite des maladies de toutes les parties du corps & des remèdes
propres à les guérir. Ce Livre eft intitulé : V Homme par Théon , archiatre d'uikxan-
drie. Galien cite encore d'autres Ouvrages que le même Théon avoit écrits touchant
la Gymnaftique , mais il ne lui donne pas le titre d' Archiatre.
Etienne de Byzance parle d'un 7'héon , Médecin qui avoit commenté le Livre
de Nicandre intitulé : Theriaca. Mander Linden & Manget citent un fragment de l'Ou-
vrage d'un r^eon , qui fe trouve dans les Ecrits d'^éiÎHS , fous cette dénomination."
f^lni pur^antis bilem praparatio.
THÉOPHILE PROTOSPATH ARIUS. Voyez PROTOSPATARIUS.
THÉOPHRASTE, Philofophe natif d'Erefe , ville de l'Ifle de Lesbos dans
l'Archipel, Horiffoit vers l'an du monde 3680. 11 étoit fils d'un Foulon ; mais le
goût qu'il fentit pour les Sciences lui fit quitter l'attelier de Ion père , pour fe
mettre fous la conduite d'un certain Leucippe qui étoit de la même ville que lui.
De cette Ecole, il paffa à celle de Platon & enfuite à celle d'^riftote, où il fe
diftingua parmi fes condifciples. Ce dernier Maître fut fi charmé de la beauté de
fon efprit & de la douceur de Ion éloquence , qu'il lui changea fon nom, qui
étoit Tyname , en celui d'Euphrafle qui fignifie celui qui parle bien. Mats ce nom
ne répondant point encore alTez à la haute eftime <\n'^r'iftote faiibit de fon génie
& de la façon de parler , i! l'appella Théophrajle , ceft-à-dire , un homme dont
le langage eft divin.
u^riftoie .) i'e voyant oblige de fortir d'Athènes, où il craignoit le fort de Sncrate ,
abandonna fon Ecole & Thdopbrafte , dont le nom devint alors fi célèbre par toute
la Grèce, qu'il compta dans le Lycée julqu'à deux mille dilciplcs, & mérita,
par fes bonnes qualités , l'eftirae du peuple & la bienveillance des Rois, Théophrajle.
mourut chargé d'années; il cefla tout-û-la-fois de travailler & de vivre. Toute h-
Grèce le pleura, & le peuple d'Athènes aflifta à fes funérailles.
T H E -,8r
j*-
Saint Jérôme , dans une lettre à Népotien , met la mort de Théophrajle à la
cent-ieptienie année de Ion âge; mais le lentiment le plus commun eft qu'il ne
vécut pas au delà de la quatre-vingt-cinquième, C'eft alTez loin poufTer la carrière;
cependant Cicdrnn rapporte que ce Philoiophe le plaignit de la Nature en mourant,
de ce qu'elle avoit accordé aux cerfs & aux corneilles une vie fi longue & li
inutile , pendant qu'elle avoit tellement raccourci celle des hommes , qu'ils ne
pouvoient point atteindre à la perfedion dans les Sciences & dans les Arts. Mais
cette plainte eft fondée fur une vieille erreur. Les Naturalifles modernes affurent
que les animaux ne vivent point auHi long-tems qu'on le croit encore aujourd'hui,
& M. P'ulmont de Bomarc fait là dcfîus cette remarque, article Cerf de l'on Dic-
tionnaire d'Hiftoire Naturelle : comme la durée de la vie dans les animaux efl
proportionnelle au tems de leur accroiflement," le cerf qui eft cinq à iix ans il
croître, vit aufll fept fois cinq ou fix ans, c'eft-à-dire , trente-cinq à quarante
ans , malgré ce que l'on a débité de fabuleux fur la durée de là vie. Ainfi parle
M. Falmont. Mais toute jufte que puiile être fa réflexion à l'égard des animaux ,
elle ne ftra pas celfer les plaintes de l'homme qui reprochera à la Nature de
n'avoir pas mis la même proportion entre le terme de fon accroiflement & la
durée de fa vie.
JDiogeae de Laërce fait mention de plus de deux cens Traités que Théophra/Ic a
compofés fur toutes fortes de fujets. La plus grande partie eft perdue par les
malheurs des tems , & l'autre fe réduit à une vingtaine de pièces qui ont été re-
cueillies dans le volume de fes Œuvres, dont on a les éditions fuivantes :
De hîjîoria plantarum Libri X. De caujîs plantarum Libri VJ. ^ccejfere ArlftoteUs
& A!exandri ^phrodifienfis Opufcula qu<edam, F enetiis ^ in-folio , en Grec, fans indi-
cation d'année. Empédoclc eft le premier qui ait reconnu dans les plantes la diffé-
rence des fexes. ^irijlotc ^ qui floriflbit ij6 ans après lui, c'eft-à-dire, l'an -^44
avant l'Ere Chrétienne , nous a confervé le fentiment de ce Philofophe-Médecin ,
qui étoit aufij le lien. Ce fut encore celui de Théophrajle^ fon difciple ; Pline môme,
qui écrivoit plus de trois cens ans après ce dernier , attefte que les Naturaliftes ad-
mettent la différence des fexes , non léulement dans les arbres , ntais encore dans
toutes les plantes. Il femble que ces obfervations auroient dû faciliter les progrès
de la Botanique, mais elles furent négligées durant une longue fuite de iiecles..
En 1^96, Camcrarlds rappella des idées trop long-tems méconnues; 7'aillant ^ cq
France, obferva le méchanifme & la fécondation des plantes; Charles von Linné y
en Suéde, renchérit fur tout ce qui avoit été dit avant lui, & comme il établit,
mieux que perlbnne, le fyftême lexuel, il en a tiré autant de gloire que s'il en
eût été l'inventeur.
Tarviju, 1487,, info'llo^ en Latin, de la verfion de Théodore Ga^a. Ce Savant
avoit beaucoup de connoiffances des Langues , mais comme il étoit auffî fort
hardi dans fes traduftions, & qu'il ne faifoit point de difticultc de créer, pour
ainfi dire, de nouveaux mots Latins, on ne le comprend pas toujours aifément.
Mais ce n'eft pas la feule plainte qu'on ait faite fur les anciennes éditions des
Ouvrages de Théophrafle ; il y â long-tems qu'on a remarqué qu'elles font toutes.
plu$ ou motos déie^uevifes.
382 THÉ
Opéra omnla. f^enetils , 1495 , în-follo , en Grec.
Ibidem, 1498, in-folio , en Grec.
Ibidem , 1504 , in-folio, ex intcrpretauone G«j^<e , cum jJriJlotelis Libro de animalibus
Ibidem, 1513, in-folio.
Pjrijîis , 1529, in-3.
Bafilca, 1534» in- folio.
Ibidem, 1541 , in-folio. ^
Ibidem , 1 550 , in-folio.
P^enetiis , 155a , in-ii , en Grec.
Hanovia , 1605 , in folio , interpredbus Daniele Farlanô Cretenjî & uidriaaù
Turncbà.
Lugduni Batavorum , 1613 » ia-folio , ex interpretatione Theodori Ga^e , & caf-
t'igatione Danielis Beinfi. Liber de lapidibus ex interpretatiune Furlani, Caractères
ab Jj'aaco Cafaabono. Reliqua Opufcula ab Adriano Turnebo. En Grec & en Latin.
De hijtoria & caufîs plantarum libri, cum iwils & commentariis Bodai à Stapel , Ju-
m Cefaris ScaLgeri in eofdcm animadver(lonibus , & Roberd Conjîantini Cadomenfîs anno-
tationibus. ylwfteludami , 1644 , in-folio.
IJe fuffruchcibus, herbifque ac frugibus ^ fivc Theophrajli de hifloria plantarum Libri
quatuor , ( àf^I ad IX ^ Theodorô Ga^â interprète, uirgemorati, in-12 , fans indication
d'année.
De caufis plantarum Liber primas. ParlJJls , 1 550 , ïn-4 , en Grec.
Z)e caujis plantarum Liber fextus. Ibidem , I588 , in-B, En Grec & en Latin.
Gli cre primi Libri delV Iftoria délie plante di Tkcopkrajîo , tradotti in Italiano da
Mxkde-Aiigdo Biondo , Medico. YenKe , 1549, in-4.
Ce Fhilolbphe a parlé , dans fes Ouvrages , de la nature , des différences &
des vertus de plolieurs plante*!, ainfi que des phénomènes qui regardent leur
végétation & leur culture. On a fait tant d'eftime de ce qu'il a écrit fur cette
matière , que de favans Auteurs fe font occupés à l'éclaircir par leurs commen-
taires Tels l'ont :
Juin Ccefaris Scaligcri Commentaria in, fex Libros, Theophrafii de caufis plantarum.
Luteiia , 1556 , in-folio. Genève, 1566, in-folio,
Obfervationes in Libros de Hifloria âf caufis plaPAarum Theophrafii per Dominicum
J^ignam faclte , Jludià Andréa Ckeccacii. Pifîs , 1625 , in*4.
Ildephonji Sorcllts Epitome Medica de differentiis herbarum ex Hifloria plantarum
Theophrafii, f^'alentior » 1642 , in-8.
Mais les Ecrits de Théophrafte , qui ont rapport à la Médecine , ne fe bornent
point à ceux qu'il a donnés fur les plantes ; il y en a d'autres fur différentes ma-
tières , comme :
De Lapidibus , Daniele Furlanô interprète. Hill en a publié une belle édition à
Londres , 1746, in-folio , en Grec & en Anglois , avec de favantcs notes.
De Igné. f:'an,iis , 1552 , /a-4, en Grec, Hardervici , i6i6 , ea-12, de la verlion
û^Adrun Turnebe.
De Odoribus. Hardervici ,1616 , in-12. En François , Ï556 , in-8, par VEftrade.
De Sudoribus, Daniele FurLnô interprète, he même, avec un Livre De F'ertigine.
M'arifiis, iz^b , /««.'J , en Grec & en Latine
THÉ 383
Bt LaJJltudin'bus.
De Pifcibus in. Jicco degentlbus. Il y a une édition en Grec de Paris , 1578,
in 4.
JJe nervorum refolutione.
De aninii defcSionc.
De Mdle.
De innato fpirîtu. Ce Livré eft attribué à u4rlftote par quelques Auteurs.
THESEE , ancien Héros de la Grèce , eft mis au nombre de ceux qui furent inf-
truits de la Médecine à l'Ecole du Centaure Chiron. Théophrajîe parle d'une plante
qui porte le nom de Théfcc, & il infère delà qu'il en avoir découvert les qualités,
qui conliftent principalement à lâcher le ventre.
THESSALUS , fils aine d^Hïppocraie & frère de Dracon, participa à la gloire
de fon père , & montra les mêmes fentimens que lui dans l'exercice noble & dé-
fintérelTé qu'il fit de la Médecine. Ceux qui ont foutenu le contraire , ont pris
TheJJaîus , de même que Dracon, pour les fils d'un autre Hippocrate qui étoù d'A-
thènes, En effet ces derniers éf oient fi ignorans , que pour parler d'un mal-habile
homme , on difoit en proverbe : // ejl aujji ignorant que les fils d' Hippocrate.
TheJJalus vécut dans le XXXVI isecle, & paffa la plus grande partie de fa vie
à la Cour d'Archeîaus, R.oi de Macédoine. On lui attribue , auffi bien qu'à (on fi-ere
& même à leurs enfans , quelques-uns des Livres qui fe trouvent dans le recueil
des Œuvres à' Hippocrate , & l'on étoit déjà dans cette opinion avant GaVen.
Les enfans de Thejpilas fe font beaucoup diftingués dans la Médecire. L'airé por-
toit le nom d'Hippocratc & les autres s'appelioienî , l'un Gorgias & l'autre Drarun.
THESSALUS» Médecin qui naquit à Tralles, ville de Lydie, fut en réputa-
tion dans le premier fiecle , fous l'Empire de Néron ; il ei't beaucoup de part aux
bonnes grâces de ce Prince, Comme T^ejfalus fut le premi<ir qui étendu l» iyf-
tême des Méthodiques , il paffa pour l'avoir porté à la perfection; & fi l'on en
croît ce qu'il dit dans plufieurs endroits de fes Ouvrages , il doit même être re-
gardé comme le fondateur de cette fefte.
Au rapport de Galien , ce Médecin étoit fils d'un cardeur de laine ; mais la
bafftflè de fon extradion & le peu de foin qu'on avoit eu de fon é^ucaion,
n'empêchèrent pas qu'il ne fît une fortune étonnante. Il trouva Is moyen d«.- -'n-
troduire chez les Grands , il fut adroitement profiter du goût qu'H I<^ ur connut pour
la Hatterie , il obtint leur confiance & leurs faveurs pur les lâches ccmplaMan es
auxquelles il ne rougit point de s'abaiffèr , enfin il joua à la t'o r un perlb-^nage
ind'gne d'un (Vîidecin. Ces moyens, dit M. Goiilin dan.; fes Mf^moires, oct tou-
jours conduit à la fortune , chez, les nations où la confiiération ei\ accorHée eux
richefl'es. Tel étoit l'état où Tueffalus trouva liome, loriqu'il s y nmr.tra ; tel il
étoit encore dans le tcms où Galien y vivoit. Le pf-raier , comme beaucoup ri'i.u-
tres , pr( fit!! de ces circonf*aoces ; le fécond crut indigne de lui de les m- ttve
en
1 ufage ; les firin.ipcs de la faine Philoiophie , qu'ii avoit lucés de bonne fleure,
. dont il fe nourrit toute fa vie, l'affranchirent du joug de l'intérêt; il préféra i
384 THE
h médiocrité de l.'honnête homme , à l'or qu'il falloit acheter au prix de la liberté,
& par des baflcfies & des intrigues. A l'entendre parler , on ic periuaderoit à peine
que c eft un homme ieparé de nous par un intervalle de feize ficelés. Voici comme
le même M. Goulin rend le texte de Galicn. u A Rome, perionne ne s'occupe
„ à la recherche de la vérité; on ne délire que l'argent, les charges publiques,
•n les plaifirs ; on ne travaille , on ne s'agite que pour le les procurer. Celui qui
» fe livre à l'étude de la Philoiophie , eft regardé comme un inlenl'é. Parmi ceux
» qui paroiflent s'intérelTer à moi, quelques-uns me reprochent Couvent d'être trop
■B attaché à la vérité; il.', prétendent que je n'en retirerai jamais aucun avantage,
» ni pour eux , ni pour moi , tant que je ne renoncerai point à cet atta-
3> chemcnt , tant que je ne ierai pjint exaft à faire ma cour le matin , &
a que je n'irai point fouper chez les Grands. C'eft par ces afliduités en effet
« qu'on fe procure des connoiflances , qu'on s'attire des protedteurs , qu'on
» obtient d'être appelle ; c'eQ: p^sr ces aiHiuités que les artiftes inCpirent de
*) la confiance , &£ non par des talens réels dans leur profelTion. Eh ! qui fe.
» roit capable d'en juger '] Seroient-ce de-, hommes , dont tous les inftans de
» la journée font remplis ? Le mnio eft employé en vilit.'s réciproques ; après
j» quoi on fe quitte , on fe fépare ; beaucoup fe rendent au barreau pour y (ui-
>» vre leurs procès ; un plus grand nombre courent voir les danfeurs & la courfe
» des chevaux; la plupart fe mettent autour d'une table de jeu, ou volent à un
T) rendez-vous de galanterie, ou vont aux bains, ou s'enivrer dans une taverne»
» ou faire quelque partie de débauche , ou contenter quelque goût , quelque fan-
» taifie. Mais le loir , chacun fe ralfemble & fe réunit pour fouper ; & , après
V) avoir bu beaucoup de vin , on ne fuit plus la coutume des Anciens dans leurs
j) repas agréables, où l'on donnoit à ta ronde aux convives, une lyre, une harpe,
T) ou quelqu'autre inllrument de mufique ; ( il étoit alors du bon ton d'en lavoir
» toucher, & honteux de ne pas le favoir ) ; on n'y agite plus de ces queftions
» qui araufoient en même tems qu'elles inftruifoient ; en un mot , il ne s'y paflè
11 rien d'honnête. Mais on s'y préfente des défis le verre à la main ; c'eft à qui
5) vuidera le plus grand; & l'on décerne la palme, non pas à celui qui fait tou-
» cher le plus d'inftrumens, ou difierter le mieux fur des objets philofophiques ,
■n mais à celui qui met à fec le plus de coupes, & les plus amples. Aufti, le ma-
5) tin , 1?. plupart de ceux que je rencontre , font encore ivres ,• ils exhalent l'odeur
>j du vin , comme s'ils venoient de le boire. Lors donc que tous ces gens vien-
5) nent à tomber malades, ils n'appellent point les plus habiles Médecins, qu'ils
11 ont négligé de connoître, étant en lanté , mais ceux qui lont de leurs parties,
5) qui les flattent; qui leur accorderont de l'eau froide, s'ils en demandent, le bnin ,
5) s'ils le délirent , de la glace ou du vin , en nn mot tout ce qu'ils s'aviferont -
» de fouhaiter. Ce n'eft pas là la conduite que tenoient ces anciens Médecins , illuf-
Ti très defcendans d'Efcidape , qui vouloient être obéis des malades, comme les
Ti Généraux d'armées de leurs foldats, & les Rois de leurs lujets. Le Médecin
» le plus exercé dans fon Art, n'eft pas celui auquel ils donnent leur confiance
» & qu'ils confultent, ils la réfervent pour celui qui a le pii:s afljduraent fait fa
}3 cour : c'eft pour lui que les chemins font applsnis ft? faciles , c'eft pour lui que
jj toutes les portes s'ouvrent; en peu de tems il devient riche & puifiânt, & il a
sî pour
THE 385
» pour difcipîes des valets de chambre, qui ne font plus eti âge de fervir. T'nef.
» falus , profitant adroitement des circonftances & de la dirpofuicn des efprits, ne
9 i'e contenta point de flatter les riches de Rome , mais il fe vanta de montrer
n toute la Médecine eu fix mois: par cette forfanterie, il s'attira beaucoup de
r> difcipîes, n A ces réflexions , Galien ajoute que Thejfalus n'avoit qu'un trop grand
nombre d'imitateurs ; d'où nous pouvons conclure qu'on diftinguoit alors , aufli bien
qu'aujourd'hui, la fin de l'Art & la fin de l'Ouvrier.
lia hauteur que Galien loue fi fort dans les del'cendans d'Efciilape^ cft un fenti-
ment que lui a d\é.\é ion attachement à cette ancienne famille : Hippocrate ea
étoit, & perfonne ne fut plus humain & ea même tems plus décent que lui. Les
baffefles que Galim reproche à TlieJJalus , auroient cependant été blâmées par
Hippocrate lui-même ; ce grand homme vouloit qu'un Médecin fût bien ea toutes
chofes, & fon Livre De decenii ornatu nous préfente des maximes qui font honneur
à, fa façon de penfer. Elles ne font pas moins recommandables pour être an-
ciennes; mais le mépris qu'on en fait, ainfi que de tant d'autres confeils répandus
dans les Ecrits de ce favant Maître , nous font encore rencontrer des Ihejfalus
dans les maifons des malades. Malheureufement pour l'honneur de la Médecine
& le bien du genre humain , la race ne s'en éteindra jamais.
Aux qualités, dont nous avons paT\é , TheJJalus ajoutoit une impudence exceflive»
Autant qu'il étoit humble & fournis avec ceux dont il vouloit acquérir & con-
Terver la proteé^ion & la confiance , autant il étoit infolent & fier vis-à-vis de
ceux qui exerçoient la même profelOon que lui. On pourroit croire que Galien ,
qui en parle de la forte, le faifoit par paflion ; d'autant plus qu'il maltraite ex-
traordinairement ce Médecin en toute occafion, & qu'il n'épargne pas plus fes dis-
ciples, qu'il appelle les u^nes de Theffalus. Mais une preuve que Galiei avoit quel-
que raifon de le traiter d'impudent , c'eft qu'encore qu'il fût tout vifible que Tlief-
falus avoit bâti fur les fondemens jettes par Thémifon & en partie par ^fclépiadc ,
il ne laiflbit pas de fe vanter que tout étoit de fon invention. Il débutoit par
ces termes dans une Epitre adrelTée à Néron; j'ai fondé une nouvelle feifte,
qui eft la feule véritable , y ayant été obligé , parce qu'aucun des Médecins qui
m'ont précédé, n'a rien trouvé d'utile, ni pour la confervation de la fanté, ni
pour chafler les maladies, & qn'Hippocrate lui-même a débité fur ce fujet plu-
ïîeurs maximes nuilibies. Non content d'avoir dit qu'il Vy avoit perfonne à qui
il n'enfeignât aifément l'Art de la Médecine en fix mois, il ajoutoit qu'il n'avoit
eu d'autre maître que lui-même , & qu'il avoit compofé tant d'Ecrits , qu'il ne
pourroit jamais avoir le tems de les lire.
Cette promeflè de TheJJalus d'enfeigner la Médecine en aufTi peu de tems ,
lui attira une grande foule de difcipîes. En eftet , fi cet Art n'eût confifté
qu'en ce que les Méthodiques vouloient que l'on sût , il eft certain qu'il ne
falloitpas un long terme pour l'apprendre. D'un côté , ils retranchoient aux Mé-
decins Dogmatiques l'examen des caufes des maladies ; d'un autre , ils fubftituoient
aux pénibles oblervations , fur lefquelles les Empiriques fe fondoient uniquement ,
les indications tirées de deux genres des maladies qui étoient la bafe de leur fyf-
tême , & en môme tems la chofe la plus aifée. De cette manière , le feul travail
qui reftoit aux Méthodiques , ne confiftoit prefque qu'en la connoifiance & I5
T 0 M E Jr. Ccc
286 T H E • .
choiK des remèdes ; ce qui n'étoit pas non plus fort difficile , puifquHls n'en che?-
choient principalement que de deux fortes. Cette Médecine reflembloit - elle à
cet Art qxi'Hippocratc avoit déclaré long, & pour lequel il regardoit la vie trop
courte ?
Comme Tiiejfalus fe .vantoit d'avoir feul trouvé le véritable fecret de la Méde-
cine , cet entêtement le porta à traiter d'ignorans & de ridicules tous les Méde»
cins qui l'avoient devancé, fans en excepter aucun. Can&a majorum placita & rabie
quâdain in omnis isvl Medicos perorantem: ce font les propres termes de Pline qui em-
ploie les couleurs les plus fortes pour le peindre. Thejfalus écrivit contre les Apho-
rifmes àlHippocrate un Ouvrage qui eft cité par Galien & par la plupart des An-
ciens. Il tft cependant sûr , qu'à l'exception de quelques changemens qu'il intro-
duifit dans la méthode de traiter les maladies, il n'avoit rien invepté de nou-
veau dans la Médecine: tout ce qu'il fit, confifta à renchérir fur les principes
de T:iémifon , chef des Méthodiques , qui vécut environ cinquante ans avant
lui. Ses autres Ouvrages font intitulés , l'un D& Communitatibus , l'autre De Syn-
crit ca.
Ce Médecin mourut à Rome vers l'an 65 de falut. On voyoît anciennement
fon tombeau en la Voie Appienne. Il avoit ordonné d'y graver cette courte ,,
mais autant infultante que faitueuie infcription : F'ainqueur des Médecins.
THESSALUS , Médecin que Juftln joint à ceux d'Alexandre le Grand , fut ac-
cufé d'avoir eu part à Vempoifonnement de ce Prince. Quelques Savans ont cru
qu'il y a une faute dans le texte de cet Auteur , & qu'au lieu de Medicus Thef-
falus , il faut lire Médius Thejfalus , c'eft-à-dire , Médius Thefialien. En eftet , Plutar.
que , Arrien & Diodore parlent d'un Médius , courtifan & l'un des flatteurs d'Alexan-
dre , chez qui ce conquérant avoit paffé la nuit à jouer & à boire , lorfqu'il tom-
ba malade, C'eft delà qu'on a dit qu'il avoit été empoifonné ; mais ce poifon eft
une fable , fous laquelle on a caché la débauche en vin qui lui a donné la
mort.
THEVART ( Jacques ^ naquit à Paris , dans une famille noble , le 22 0<ao-
bre de l'an 1600, Il s'appliqua de bonne heure à l'étude de la Médecine , & après
avoir voyagé en Italie pour s'y perfe(ftionner,il revint dans fa ville natale , où il prit
le bonnet de Uoiteur dans les Ecoles de la Faculté en 1627 , fous le Décanat
de Nieolds Piètre. Les talens de Thcvart lui méritèrent les premiers emplois ; il fut
Médecin de la Reine Marie de Médicis , &i enfuite d'Anne d'Autriche & de Louis
XI.V •• beaucoup de piété, de politelTe , & de fcience , étoient les qualités qui formoient
fon caradcre. Il s'amufa de la Poélie Latine & Françoife ,& compofa quelques Ou-
vrages pour la défenfe de "émctique. On varie fur la date de fa, mort. George
Matthias la met au 8 Septembre 1670, à l'ftge de 72 ans, & dans ce cas, il faut
renvoyer fa naifiance à l'année 159!). Le UidHonnaire de Moréri dit qu'il mourut
le 14 Décembre 1674; ce qui ne s'accorde point avec le fentiment de Matthias,
u^tim PLnforif première femme de Thevart , lui a donné dix-fept enfans ; Françoife
de Poix., fa féconde, ne lui en a donné que trois.
Guillaume Baillou ,. grand p- onde du Médecin dont je parle , lui a laiffé par
THE 38?
teftament iioe partie de fes Ouvrages manufcrits , que ce digne neveu mit pour
la plupart au jour , avec de favantes remarques de fa façon. L'édition qu'il pu-
blia à Paris en lô-^s , quatre Tomes , en deux volumes f/1-4, contient un Traité
De F'Lrginum & Mulkrum morbîs ; Conjîllorum Mzdiclnalium Libri très ; Epidemiorum
& Ephemeridum Lihri duo ; Definitionum Medicarum Liber , & un Commentaire fur
Théophrajîe. Suivant Lipenius , Thivart a encore procuré les éditions fuivantes des
Ouvrages de Baïllou :
Libellas de convuljïonibus. Parijîis , 1640 , tn-4.
De arthritide ^ de calcula^ de urinarum hypoftajî. Ibidem, 164*, m-4.
A ce compte Thevart a mis au jour tous les Ecrits de fon oncle , à l'exception de
î'Opufcule De Rheumatifmo 6? Plmrinde dorfali ; mais M.Tronchin a publié une édi-
tion complette qu'il a ornée d'une Préface de fa façon. Elle a paru fous ce titre :
Guillelmi Ballonii Opéra omnia in quatuor Tomos divifa , jludiô , & operâ M, Ja-
cobi Thevart^ Medici Parifienfis digefta , denuo in lucem édita. Genevue , 1^62 , quatre
volumes //2-4,
THEVENIN , ( François J Chirurgien natif de Paris , grand Oculifte pour
fon tems & Opérateur ordinaire du Roi , mourut le 25 Novembre 1656. C'eft au
moins ainfi qu'il eft dit dans le Di(flionnaire de MorAri , contre le fentiment de
Devaux qui met la mort de ce Chirurgien au même jour de l'année 1658. 11
paroît qu'on ne devroit point douter de la juftefle de cette dernière date , puif-
qu'elle eft prife d'après les tables nécrologiques du Collège de Saint Corne; M.
Portai la trouve cependant fautive, puii'que dans deux approbations des Œuvre»
de Thevenin , l'une du 4 Février, l'autre du 26 du même mois de l'année 1657 , on
lit feu M. Thevenin ; d'où il conclut qu'il faut mettre (à mort en 1656.
Ce Chirurgien a laiffé, en manufcrit, un Traité des opérations , un autre des
tumeurs contre nature , & un Diftionnaire étymologique des mots Grecs fcrvans à
la Médecine & à la Chirurgie. GuiZ/aume Parthon, fon neveu & Chirurgien Ocullfle
du Roi , rafiembla ces différentes pièces & les fit imprimer fous ce titre :
Œuvres contenant un Traité des opérations de Chirurgie, un Traité des tumeurs, &
an Diclionnaire des mots Grecs fervans à la Médecine. Paris, 1658, 1669, JB-4. Cet
Ouvrage eft dédié à la très-lllujlre , très-ancienne & très-Célebre Faculté de Médecine
de Paris. On voit encore dans l'Epitre dédicatoire des traits de la bonhommie
reconnoilFante , dont fe piquoicnt autrefois les Chirurgiens de Paris envers la Fa-
culté de cette ville. Guillaume Parthon s'exprime ainli : En effet , Messieurs ,
le témoignage que toute fa vie il a rendu , â? l'aveu fîncere qu'il a fait , que les meil-
hures connoijfances qu'il cujl acquifes il les tmolt de vous , font des preuves certaines , qu'en
le publiant,, il n'aurait point cherché d'autre prote&lon que la voftre , non feulement afin
de faire éclater Vcftime particulière , & cette vénération qu'il a toujours eue pour voftre
ïlluftre Corps, mais encore pour vous laijfer des marques de fa rcconnoijfance. Et vérita-
blemeiit quelque advantage qu'il euft reçeu de la nature , qui fans doute luy fut ajfe^
libérale , & quelque foin qu'il euft pris d'ailleurs pour fe rendre confidérabh dans fa pro~
fejfiun , on peut ajfeurer que fans le bonheur qu'il a eu d'approcher de vous , & de pui"
fer fi long-tems dans cette fource pure de la Médecine , dont_ vous eftes les maiftres S les
feuls poJ]'i:Jfeurs , jamais il ne ferait venu à cette réputation dans laquelle il a yefcu , &
588 T H I
qui a fait à tout Paris regretter fa perte Toute la grâce quej'ay à vous demander pour
mioy , c'eji que vous me conjldériei aujfi refpecfueux à voftre égard , & aujp fournis que feu
mon Oncle l'a tousjours ejîé. Quant au fonds de l'Ouvrage de Thevenin , on peut
dire qu'il n'y a prefque rien qui ne foit extrait de ceux des Auteurs qui l'ont
précédé. Le principal mérite de ce recueil confide dans la précifion avec laquelle
ce Chirurgien a détaillé , dans un leul volume , ce que d'autres n'avoient dit que
dans de plus gros & même plus nombreux Ecrits.
THIBAULT, (Antoine ) natif de Couillet, village du Comté de Namur , Te fit
beaucoup eftimer dans l'emploi de Chirurgien-Major de l'Hôtel Dieu de Paris. Il
avoit quitté de bonne heure fa patrie pour fe rendre dans cette ville oii il fe mit
en fervice , parce qu'il manquoit de fortune. Son maître fut li fatisfait de fa fiiéli-
té & de fon attachement, qu'il fe priva volontiers de lui pendant quelques heures
de la journée , dès qu'il eut remarqué qu'il avoit du goût pour la Chirurgie. Thi-
bault fréquenta IHôtel-Dieu en qualité de Garçon-Chirurgien externe, & après fix
ans d'afiiduité dans cet Hôpital, on le mit au nombre des internes qui ont table
& logement dans l'Hôtel. Débarrafl'é du foin de fe procurer les chofes néceflaires
â fa fubfiftance , il ne s'occupa plus que de l'éiude & de la pratique de la Chirur»
gie; il le fit même avec tant de fuccès, qu'il parvint à la Maîtrife dans cet Art.
Ï5on adrelfe à tailler les perfonnes affligées de la pierre auroit pu lui faire un fort
avantageux, s'il eût voulu quitter l'Hôtel-Dieu pour fe hvrer aux malades qui le
Techerchoient dans la ville & ailleurs ; mais toujours également attaché au fervice
de cette Maifon, il y montra tant de zèle & de talens, qu'il mérita d'être reçu
Chirurgien-Major en furvivance à Mery , que fon grand ftge empêchoit fouvent
d'exécuter les opérations dont il étoit chargé par état. Thibault le remplaça avec
tant de diftinfïion , qu'il fuccéda à la célébrité de ce Chirurgien ; les malades de
la ville l'arrachèrent, pour ainli dire, à ceux de l'Hôtel, auxquels il étoit attaché
par préférence autant que par devoir. Mais comme il n'étoit pas toujours le maî-
tre de fe refufer à ceux qui follicitoient fon fecours , il fe vit obligé de fe parta-
ger entre les fondions de fa charge & les occupations du dehors. Ce redouble,
ment de fatigues, qui alloit au delà de les forces, ne tarda pas à le jetter dans
une maladie chronique , dont il mourut le 17 Mars 1725, à l'âge de 58 ans.
THIBAUT, f Jean ) Médecin empirique du XVI fiecle, entreprit d'exercer à
Paris contre la difpofition des réglemens , & donna bien de la peine à la Faculté
par l'artifice de fes intrigues. Crérier en parle fort au long dans i'Hiftoire de fU-
niverfité de Paris. Thibaut avoit été attaché à Marguerite d'Autriche, tante pater-
nelle de l'Empereur Charles V & Gouvernante Générale des Pays-Bas. Après la
mort de cette PrinceflTe , arrivée en I5.",0, il fe rendit à Paris, où il diloit qoe
François I Tavoit appelle pour y exercer fes talées. Il n'eut pas plutôt commencé
à y voir des malades, qu'aufîitôt procès fut intenté contre lui par les Médecins
de la Faculté, qui demandèrent qu'il lui fût enjoint de fe préfenter pour fubir l'exa-
men. Alfigné au Châtelet & même emprifonné , Thibaut ïè pourvut au Parlement
& il obtint d'être élargi. Mais fur la requête des Médecins de Paris le Parlement
rendit un arrêt provifoirs , qui enjoignit au Médecin épanger de fe faire examiner
T H I 3^9
par quatre Doreurs en préfence de deux Conleillers en la Cour, & jufqucs-là dé
s'abfteoir de tout exercice de la Médecine.
Cet Empirique fe défioit apparemment de fon favoir ; au lieu de fe préfenter à
l'examen, il trouva moyen d'obtenir des Lettres de Médecin du Roi. La Faculté
ne quitta point prife pour cela. Elle découvrit que ces Lettres n'étoient qu'une il-
lulion & un titre fans réalité. Le prétendu Médecin du Roi ne luivoit point la
Cour , ne fortoit point de la ville ; & François I lui-même voulut bien s'expliquer
fur ce fait & déclarer qu'il ne le tenoit point pour Ion Médecin. Ainlî , à la pour-
fuite de la Faculté & fur les conclulions des Gens du Roi, intervint le i Mars
1536 un fécond arrêt confirmatif du premier ,& qui enjoignoit à Thibaut de fe faire
examiner dans huit jours pour tout délai. Le même arrêt défend à quiconque n'au-
ra pas été reçu & approuvé par la Faculté de Médecine d'en pratiquer l'Art
dans Paris , fous peine d'une amende de cent marcs d'argent pour la première con.
rravention,& de prilbn & autre amende arbitraire en cas de récidive.
'J'kibaut éio'it ea même tems Aftrologue : cette profeflion & celle d'Empirique
vont bien enfemble. Il avoit compolé & fait imprimer un Livre mêlé de Méde-
cine & d'Aftrologie; il en défavouoit un autre qui lui étoit attribué, & qui con-
finoit en pronoftications & almanachs. Le Parlement ordonna que trois Docleurs
nommés par la Faculté exarriincroient ces Livres en préfence de deux Commiflàires
de la Cour qui en feroient leur rapport: & en général, il défendit à tous les fujets
du Roi , dans l'étendue du reflbrt , de compofer ni faire imprimer , & à tous
Imprimeurs & Libraires, d'imprimer ou mettre en vente aucun Livre de Méde.
cine, qui ne fût muni de l'approbation de trois Dofteurs en la Faculté de Paris.
Il paroît, par les regiftres de cette Faculté, que l'arrêt fut exécuté en ce qui
regarde la cenfure des Livres compofés par Thibaut ou à lui attribués ,■ mais pour
ce qui concerne fa perfonne, il n'en eft plus guère parlé. On voit pourtant qu'il
étoit encore à Paris en 1558, & qu'il tâchoit toujours de tirer parti de l'admirable
talent de guérir les maladies par la connoiflance des adres. C'cft fur ce frê!e fon-
dement qu'il a écrit un Ouvrage , dont on a une édition de Paris de is,^^ , fous
ce titre;
Tréjor des remcdes préfervatifs & curatifs de la pejïe & des fièvres peftlkntes; des
caufes de la goutte, des remèdes de l'épilepfle, apoplexie & ilzuréjîe.
Je ne fuis entré dans le détail de cette affaire , en fuivant M. Crevzer, que pour
faire voir, d'une part, la fage févérité de la Faculté de Rîédccine de Paris envers
les aventuriers qui, fous le titre ufurpé de Médec'n, portent des coups mortels
à la vie des hommes; & pour fiiire remarquer, d'une autre part, combien il eft
néceflaire que les Magiftrats féviiïent contre les Empiriques, en vue de mettre
les citoyens à l'abri des maux que leur procure une confiance aveugle. Ce qui
s'efl paffé dans le feizieme fiecle au fujet de l'ignorance & des détours de Thibaut^
le reproduit tous les jours fous nos yeux: les hommes ne font que fe répéter dans
le bien comme dans le mal. Mais dans la plupart des villes , les Médecins ne font
point écoutés fur le compte des charlatans qui courent le monde ; on leur fuppofe
des vues d'intérêt, quelquefois même de Ja jaloufi:, & delà on conclut que leurs
repréfeotations portent toutes fur leur bien«être perionnel. Miférable Logique? Si
les Miniitrcs de la famé avoieot l'ame ailèz badé pour n'écouter que la voix de
SfP T II I .
«e prétendu bien-être , ils ouvriroient eux-mêmes la porte au charlatanifme , & par
elie cntreroit cette foule de maux qui ne manqueroit pas de multiplier les occa.
lions d'implorer leurs fecours. C'eft uniquement l'avantage du peuple qui ouvre la
bouche des Médecins; ils pleurent fur Tnidulgence des Magiftrats à l'égard de
ces audacieux aventuriers qui fe font un trafic de la vie des hommes. L'exemple
du Roi de Pruife régnant mériteroit bien d'être fuivi : ceux qui fe prélcntent,
ians titre, pour faire la Médecine dans fes Etats , en font toujours chaffés comme
•vagabonas & quelquefois punis comme tels.
THIER.M AYR , C François-Ignace J) Docleur en Médecine , fils de Thomas , Mé-
decin lui-même , commença par enieigner dans les Ecoles de l'Univerlité d'Ingolf-
îadt , & finit par être Confeiller premier Médecin de l'Electeur de Bavière. Il pu-
blia à Munich, en 1673 , un Ouvrage in-folio , fous le titre de SchoUorum & confiUorum.
Medicorum Libri duo. L'eftime qu'il failoit des Manufcrits lailfés par Thomas Mer-
mann qui avoit fervi avant lui à la Cour Electorale, l'engagea à les chercher de
îoute part; & comme ils étoiunt les uns en Allemand & les autres en Italien , il
les traduifit en Liitin , les enrichit de fes notes , & les donna au public. Ils font
intitulés :
Thomas Mermanni Confuhamnes ac Refponfîones Medica. Ingolftadii , 1675 , iii'folio.
THIEULLIER , ( Louis- Jean Le ) natif de Laon , prit le bonnet de Dofteur
dans la Faculté de Médecine de Paris en 1724. La manière dont il fe conduifit
dans fa profcŒon , lui fit honneur; il jouiflbit de la réputation d'un bon Praticien ,
lorlqu'il mourut en 1751. Les Ouvrages que nous avons de lui, font des preuves
fubfiftantes de^fon attention à recueillir l'hifloire des faits les plus propres à ré-
pandre du jour fur la cure des maladies, l'els font :
Lettre à l'yiutcur des Obfcrvations far la patte vérole. Paris , 1725 , 111-12.
Obfervatlones Medico-PraSicte. Parljîis, ^TS? , 1739 ? i/i-12.
ConfuUationes Medics. Ibidem^ 173- > deux volumes /n-8. En François, Paris,
Ï745, quatre volumes m.12.
Obfervatiims de Médecine fur un remède Jympathique contre le Rhumatifme fîmple &
goutteux. Paris, 1746, în-'ô.
Louis Pierre-FéliX'Iiené y fils du précédent, naquit à Paris, où il fut reçu au
Doctorat en 1752. Comme il marche fur les traces de fon père, il a obtenu la
charge de Confeillcr-Médecin du Roi en fon Grand-Conl'eil, & la Faculté l'a
nommé à celle de Doyen en Novembre 1768 & 1769. On ne connoît rien de lui
ijue la Traduftion Françoife du Dil'cours Latin que fon père prononça aux Ecoles
le aB Août 1744 ; mais s'il a trouvé bon de ne point coirmuniquer au monde
Médecin les lumières dont il pourroit l'éclairer, il s'eft rendu recommandable par
tant d'autres endroits, qu'en reconr.oi{iance de fes grands fcrvices , la Faculté l'a
élu de nouveau pour fon Doyen en Novembre' 1772. Voici ce qu'on a dit de ce
Médecin dans la note de la page 76 de l'Eloge Hiftorique de la Faculté de Paris ,
par M. Ha^on. n Sa vigilance , fon aftivité , l'on intelligence dans les affaires , l'el-
» time qu'il s'acquit ,dans l'efprit des Miniftres , des Magifirats & de tous ceux qu'il
u approcha, le mirent à portée de rendre des fcrvices trcs-importans à la Faculté,
T H O 39ï
j, pendant le cours de fon Décanat double. Tl éclaira fur-tout la conduite de
» ceux qui, avec des titres pompeux, prétendoient exercer publiquement la Mé-
n decine à Paris, mais ne l'exerçoient pas légalement. Si pendant le tems de fon
» Décanat , il fe montra habile dans les affaires , l'a réputation dans la pratique
n de la Médecine n'étoit pas moins bien établie, r,
THOGNET, ( Nicolas ) de Paris, fut reçu Maître de la Communauté de
Saint Côme & fe diftingua parmi les Chirurgiens de Ibn tems. Devaux , qu\ met
la mort de Thognet, au 29 Décembre 1642, bjoute qu'il fut enterré dans l'Eglife
de Saint Etienne du Mont , & ne croit pas pouvoir en faire un plus grand éloge ,
que de rapporter les Vers qu'on a gravés fur fon tombeau:
Pajfdnt , qui que tu fois , arrête (^ conjidere ,
Oui gt/ fuus ce tombeau :
Tu fçauras que Thognet , par un fecret myjiere.
Ce monde abandonna pour en prendre un plus beau.
Son An & fon fçavoir garantiffoient les hommes
Bien fouvent de mourir.
Mortels , penfe:^ à vous , dans le Jlecle où nous f)mmes.
Puifque Thognet n'cjl plus , qui pourra nous guéiir.
THOGRAI ne fut pas feulement Médecin, mais encore Poëte, Philofophe ,
Rhéteur , Alchymifte & Hiftorien. Il naquit à Ifpahan , ville capitale de la Perfe.
Ses lalens relevèrent à l'emploi de premier Miniftre du Prince Mafchud , frère
du Soudan d'Aiie , & il amaflà dans ce poRe des richeffes immenfes. Mais Ion
maître s'étant révolté cortre ibn frère & ayant été pris & empriibnné , ThoTai
fut dépouillé de tout ce qu'il pofTédoit , attaché à un arbre & percé de coups de
flèches, l'an de l'Hégire 515 & de J. C. 1121. Outre fes Ouvrages hiftoriques &
poétiques, il a laiffé un l'raité fur l'Alchymie , dont le titre peut fe rendre par'
celui-ci: Le rapt de la Nature.
THOM^US , C Nicolas Léonic DE TOMAIS o\x) né dans l'Epire , obtint
le droit de bourgeoifie à Venife , &r fut le premier Profclfeur de Philofophie à
Padoue , qui prit pour texte les Ecrits Grecs d'Arifiote & de Platon. Son
intelligence dans les Langues le fit sppeller à Venile en 1504, pour y enfeigoer
la Grecque fi la Latine. Il mourut dans cette ville le 28 Mars 1531 , & laiflà
pluticurs Ouvrages , en particulier , la verfion de quelques Traités de Galien &
&Ari}lote. Ce qu'il a fait fur ce dernier Auteur a été imprimé à Paris em
1542 , /n-8 , fous le titre d'Explanatio Libri ^rljlotells de partibus animalium.
THOMPSON, ( Alexandre J) Médecin Ecoffois que le célèbre Haller foup-
çonne d'avoir été difciple de Bicrhaave , étudia bien aliurcment fous Du Ver-
ney. Il eft non feulement eftimable par le fonds de fes Ouvrages qui roulent
fur des objets intérelTans , mais encore par le tour aifé de fon ftyle , & par la:
incériié qu'on reoiarque dans les obfcrvaiions qui viennent à l'appui de fes fec»
«92
T H O
timens. On a de lui lîji Diflbrtations imprimées à Mont-Rofs en 1704 , à Londres
en 1705, in-8, & à Leyde en 1705, même format. Dans la Préface, il s'étend fur
tous les fynâmcs qui étoient alors en vogue dans !a Médecine, & il paroît ne
s'attacher à aucun. Dans le corps de l'Ouvrage , il traite de l'adion du fer fur
le corps humain , de celle du mercure & de l'Opium , ainli que des paffions de
l'ame. Il fait conlifter les vertus du fer dans l'augmentation qu'il procure au réf.
fort des fibres ; il déduit celles du vif-argent de la figure fphérique de tes particules ,
d'où dépend la divifiun de la mafle trop épaifie des liquides; il attribue à l'O-
pium la propriété de mettre le fang dans un état de raréfaé\ion. Tous ces prin-
cipes font expofés avec tant de netteté dans les Ecrits de Thompfon, qu'on n'a pas
manqué de les accueillir.
Il ne faut point confondre ce Médecin avec Samuel ni avec George Thompfon ^
tous deux plus anciens que lui. Le premier reçut le bonnet de Dodeur à Ox-
ford le 14 Avril 1648; mais il ne paroît pas qu'il fe foit occupé à écrire fur la
Médecine , car les Bibliographes fe bornent à lui attribuer des réflexions en An»
glois fur quelques paOages de l'Ecriture Sainte. Le fécond ne fe contenta pas de
faire fa proftflion en Angleterre, fa patrie, il travailla encore à corapofer les
Ouvrages foivans :
Ep'dogîpni Chymici Obfervatlones , necnon remédia hermetlca , longâ in ^rte latricâ
exercitatione , eonfiabilita. Lugduni Batavorum , 1673, t/i-i2.
Expérimenta aJmirandacum obfervationibus infolitis Medico'Chymicis , in quitus Materia
][Iedica , ejufque manufaciara Phihfophica ampliùs examinatur. Londini , l68o, in-d.
Chymiatrorum uicas Mûgnetlca , five , recla Chymicê curandi methodus. Francofurti ,
ï686 , m- 12. Ce Traité a été traduit de l'Anglois par Henniken. Les titres leuls
des Ouvrages de George Thompfon prouvent combien il étoit attaché à la Polyphar-
macie Chyraique.
THONER, ( Auguftin ) Médecin du XVII fiecle , naquit A Ubîi.Il étoit l'An,
cien & le Diredeur du Collège de cette ville , lorfqu'ii mourut à l'âge de plus de
82 ans. On a de lui :
Obfervationum Medicinalium haud vulgarium Libri quatuor. Hlfce tuijanSi faut Con-
fultadonum cum diverfarum regionum Medicis habitarum , 6? Epijiolarum de variis ré-
bus Medlco-Philofophicis dijferentium , Libre duo. Ulm<e, 1649, 165 1 , i/1-4.
Epijiolarum Midicinalium ^ppendlx. l'ubingte , 1653 , m*4. Comme il publia ces
Ouvrages fur la fin de fa vie , lorfque l'âge lui avoit déjà affoibli l'cfprit , il y
prend le ton ordinaire à la plupart des vieillards qui ont aflez la coutume de van-
ter tout ce qu'ils font, Partifan des préjugés dont l'Allemagne étoit fort entichée ,
cet Auteur en a rempli fon Recueil, On y remarque des hiftoires fort abrégées de"
maladies , de longs détails fjr les remèdes , beaucoup de penchant à en multi-
plier & varier l'ufage , & la plus grande avcrfion pour la faignée,
THORER ( Aubin J étoit de Winterthour au Canton de Zurich ; il y naquit
vers l'an 1489. Sa première profellion fut celle de Maître d'école ; mais trop
borné dans cette fphere , il s'élança plus haut, étudia la Médecine, & devint
yn des plus habiles ProfefTeurs de la Faculté de B;\]e, à qui il fit honneur par les
verfions
T H O 395
A'erfions & les éâltions des anciens Médecins Grecs & Latins qu'il prit foin de
-publier. On met fa mort au 23 Février 1550.
THORIUS, ( François J Médecin & Poëte natif de Bailleul en Flandre , fut
en réputation vers l'an 1562. 11 s'étoit déjà fait admirer à Londres , lorfqu'ii fe
rendit à Paris , où il publia un Poëme fur la paix , des Epigrammes & des Sa-
tyres. L'eftime qu'il failbit de Jean Strafdius , qu'il regardoit comme fon compa-
triote, parce qu'i) é toit né à Strazeele , à deux lieues de Bailleul, l'engagea à faire
imprimer un Ouvrage de ce Savant, fous ce titre:
Joannii Strafeui , Belgis , ProfcJJbris Graci , Commentarlolus in. aurea carmina Pytha-
gorte 1 cum ejufdem Strafdli Epitaphiis. Parijiis , 1562, /n-8. Strafdius avoit| enfeigné
Je Grec à Paris depuis vingt-fix ans, lorfqu'ii y mourut en 1556.
THORIUS , C Raphaël J Médecin & Poëte Latin , fut eftimé en Angle-
terre fous le règne de Jacques I. Quoiqu'il n'eût pris aucun degré à Oxford ,
où il avoit étudié la Médecine , il ne lailià pas de l'aller exercer à Londres ; il
s'y fit même une réputation brillante qu'il foutint par fes fuccès jufqu'à fa mort
arrivée en 1629.
Ce Médecin aimoit pafllonnément le vrn , & portoit à fes amis les affauts les plus
terribles avec d'amples rafades de cette liqueur. On conte à ce fujet que M. de
Peirefc , Confeiller au Parlement de Provence & l'un des plus beaux génies du
XVII fiecle , dinant à Londres avec pluiieurs gens de Lettres , parmi lefquels étoit
Thnrius , ne put jamais obtenir difpenfe â l'égard d'une famé que ce Médecin lui
porta. Le verre étoit d'une grandeur démefurée , Peirefc s'excufa îong-tems &
allégua mille raifons pour obtenir grâce ; mais il fallut qu'il le vuidât. Avant que
de le faire , il ftipula cependant que Thorius boiroit la fanté qu'il lui porteroit à fon
tour. Dès qu'il eut bu ce vin, il fit remplir d'eau le même verre & l'avala, après
avoir porté cette fanté au Dodleur. Celui-ci frappé comme de la foudre , penfa
tomber de ion haut , & voyant qu'il n'y avoit point de moyen de s'en dédire ,
il jetta de profonds foupirs , il porta mille fois la bouche fur les bords du verre
& l'en retira autant de fois. Il appella à fon fe cours tousses bons mots des Poètes
Grecs & Latins, & il fut prefque toute la journée à vuider ce verre d'eau à plu-
Jieurs reprifes,
Thorius a écrit deux lettres De caufa morbi & mords ffaacl Cafauboni. On a encore
de %i : Hymnus Tabad , Ouvragé^ Poétique dont il y a des éditions de Leyde *
1622, 1623, 1628, i/i-4, d'Utrecht, 1644, Jn-12.
Jean Thorius, fon fils. Bachelier es Arts du Collège de la Magdeleine à Oxford,
& Dod^eur en Médecine de Dublin ^ fe fit incorporer dans la Faculté de la pre-
mière ville, le II Juillet 1627.
THORMAN. ( George ) Voyez PILANDER.
THOT. Voyez ATHOTIS.
THOT. Voyez HERMES.
T O ME ir. Ddâ
394 T H R ï H U
THRASIAS , Médecin natif de Mantinée , vécut dans le XXXVI fiecle. Il Te
vantoit d'avoir trouvé une drogue qui avoit la propriété de faire mourir fans au-
cune douleur : belle découverte pour un homme , dont l'efprit ne devoit s'occuper
que de la recherche des chofes qui peuvent conierver la vie. On ne connoît plus
cette drogue aujourd'hui. La perte n'eft pas grande ; il n'y a qu'un mélancholique
partifan du fuicide qui puifle la regreter.
Thrafias diloit que l'adlion des purgatifs n'eft point abfolue , mais relative aux
difFérens tempéramens, parce qu'une choie purge l'un & ne purge pas l'autre. H
prouvoit fon fentiment par l'exemple d'un berger qui mangeoit une poignée d'el-
lébore , fans que cela lui fît rien. Il ajoutoit même à ce berger un de les propre*
difciples , nommé Alexias ^ qui fut un célèbre Médecin; un nommé Eudeme , ven-
deur de médicamens , & un autre Eudeme de Chic , qui tous trois n'étoient point
purgés par l'ellébore.
THR.IVERIUS. Voyez DRIVERE.
THRUSTON , ( Malachie ) Doreur de la Faculté de Médecine en l'Uni-
verlîtéi de Cambridge, compofa en 1664 un Traité fur la rcfpiration, dans lequel
il parcourt la plupart des maladies du poumon. Comme c'eft à la pléthore qu'il at-
tribue un grand nombre des maux qui attaquent cet organe , il met la faignée aa
rang des premiers remèdes. Ce Traité tarda quelque tems à voir le jour. Il parut
à Londres en 1670, fous le titre de Diatrlba de rejpirationis ufu primariô y & de-
puis à Leyde, 1671 , 1679, in 8. Quelques Bibliographes citent un autre Ouvrage
de ce Médecin , qui eft intitulé : Nuvts hypothefeos de pulmonunt motu & refpirationîs
ufu fpecimcn. Londini , 1671 , in-8.
THUILLIER C Charles ) naquit à Orléan?. Il fit d'abord la Médecine à
Rouen; mais s'étant rendu à Paris, il s'y mit fur les bancs de la Faculté & prit
le bonnet de Dodleur en 1698. Avide de réputation & d'argent, il s'annonça au
public comme un homme qui avoit une méthode particulière pour la guérifon des
maux vénériens. Le Traité qu'il fit imprimer à Rouen en 1684 , in-S , n'a point
d'autre objet ; il a paru fous ce titre : Obfervatîons fur les maladies vénériennes & fur
un remède qui les guérit feurement & facilement. L'Auteur ne manque ni d'efprit, ni
de favoir; mais il s'eft déshonoré par fa conduite. 11 fe vante de poflTéder un fpé-
cifique contre la vérole, & il en cache lacompi^fition , en vue d'en faire fonrfjro-
fit. Je doute que la réception dans la Faculté de Paris lui ait infpiré des (enti-
raens plus patriotiques , poifqu'^y/rac n'a pas connu ce remède, & qu'en 1736 il
en étoit encore au foupçon que l'Antimoine & le Mercure en faifoient la bafe»
Malgré le décridans lequel Ihuillier a voulu jetter la falivation qu'il regarde comme
une méthode incertaine , difficile & périlleufe , fon Ouvrage n'a pas iaiffé que d'être
plûfieurs fois réimprimé. 11 y a trois éditions de Paris, 1693 , 1707, 1716, in-ii^
avec quelques augmentations.
THURINUS ou TURIN I ( André J exerça à Florence avec tant de répura»
îion, qu'il fut honoré du titre de Médecin des Papes Clément VIT & Paul III ^
ainli que des Rois de Fiance Louis X,II & François premier. Turini eut de viveS'
T H U T ï A '39s
^fputes avec les plus favans hommes de Ton temi fur pluGeurs points de pratique.
Dè^ l'an i^ib il écrivit contre Curtiûs fur la préférence de la faignée du bras op.
pofé au côté attaqué dans la pleurélie. Sa méthode étoit d'y faire d'amples faignées
les premiers jours de la maladie , & de les répéter du côté afieé^é dans le fort du
mal. Mais ayant été lui-même atteint d'une plearéfie très-vive, il abandonna fa
Théorie fur la laignée, & voulut être traité iuivant la coutume des Grecs , qui ont
toujours commencé par faire tirer le fang du côté direft à la douleur. Malheureu-
fement pour la Médecine, on a plus fouvent raifonns qu'obfervé. C'eft à de pareil-
les dilculljons que s'appliquoient la plupart des Praticiens qui vivoitnt du tem> de
Turiid ; & comme lui-même eft entré en lice avec eux, il n'a pas manqué de faire
valoir les opinions par les Ecrits qu'il a mis au jour, dont le recueil a paru à
Rome en 1545 , ire -/ù/io. Voici les titres des éditions qui ont été publiées féparément :
Alcdtca diJcLptatiuncula advenus opiaioneni Mauhai Curtu de cocna & prandià, Paiijilst
l5-,5 , in-H , & avec l'Ouvrage Iuivant : -
Dd curatione phuiitidii per vcme fecHonem. Lugduni , 15"^» '"-4.
De embrocha nova , /'eu deuciâ artificîali , quâ utuntur Florentmi ad varias morbos.
Lugduni, 1537 /in-4.
Refponfionti contra Matihaum Curtium de vena in pleuritlde fecandâ. Parijîis, 153^»
1/1-4. Bononie, J54,'> ' 'i"4-
Ep'Jiolu contra Mattlneam Curtium de vena in phuritide fecanda. Parijîis, ^538 ,
in-4 Bononits , 1543 , 4/1-4. Cette pièce 61 la précédente l'ont comprifes dans le même
volume.
De bonitate aquarum ,fintante & ciflern<e. Bononits , 1541 , //i 4.
Hipp'tcratis & Galeni defcnfio de caufis dierum criticorum contra Hieronîmum Fracafto'
rium. Bononi<e , 1543 , //î-4.
Defenfio contra Marcum j^ntonium Mon'ijîanum , quod non ia omni febre putriJâ con-
veniut fanguinis mijjio. Rama, 1549) in-folio.
THUI'INEISSER. , f Léonard^ "fameux Alchymifle & Aflrolo^ue , étoit
de Bâle. 11 mourut à Cologne en 1^0 à fon retour de Berlin , oii il avoir fi-
guré pendant quelque tems , comme Médecin & Chymifte de l'Elefleur de Bran-
debourg. Les Ouvrages qu'on a de lui font les uns en Allemand , les autres en
Latin. Parmi ceux écrits dans la première de ces langues , on remarque un Abr '»
gé d'Anatomie avec des planches qui ("ont en partie de lui, en partie de F'éjale.
L'édition eft de Berlin , 1576, in-folio. Il eft encore auteur d'une grande Alchy-
roie qui parut en Allemand dans ia même ville en 1583 , in folio ; il y foutient
fortement les opinions de Paracelfe , dont il . étoit un des plus ardens fecla-"
tejrs. Les Ouvrages Latins de ThurneiJJer font intitulés :
Onomaliicon polyglojjbn^ multa pro Chymicîs & Medicis continens. BeroVmi , 1574 , //i-S.
Bijloria feu defcriptio plantarum omnium , tàm domefticarum quâm exoticarum , eariini'
dem vinutes infiuentiales , elementares & naturales^ nccncn icônes etiam veras ad vivum
exprejjas proponens. BeroUni^ iSf^ » in-folio. Colonie, 15^7» in-folio.
T1AR.A , ("Pierre^ de Worcum dans la Fril'e , où il naquit le 15 Juillet
1514, favou les Langues, les belles- Lettres , la i'hiiofophic & la Médecine. I?
.96 T I A
employa une partie de fa jcunefiTe â voyager en Italie , en Allemagne & en France y
à foa retour , il donna à Louvain des leçons privées fur la Langue Grecque,
qu'il enfeigna enluite publiquement dans les Univerlités de Douay & de Leyde
qu'on venoit de fonder tout récemment. Il eft apparest qu'il proHta du léjour
qu'il fit dans l'une & dans l'autre de ces villes , pour fe perfectionner dans
la Médecine qu'il avoit déjà étudiée ailleurs , car on le trouve à Delfr ,
où il fe livra aux travaux de la pratique & fut même retenu par une pen.
fion. La célébrité que lui méritèrent fes talens , les récompenfes que les îWa-
giRrats lui accordèrent , rien de tout cela ne fut capable de le fixer à Delft. II
paflà à Franeker , & au moment de la fondation de l'Univerfité de cette ville en
TcBc , il obtint une Chaire , mais il ne la remplit pas long-tems , car il mourut
le Q Février de l'année fuivante. Tiara avoit l'efprit propre à la culture des Scien-
ces beaucoup de génie & de jugement. Sa taille étoit plus haute que médio-
cre , la tcte grofie & la barbe fort longue.
Tout ce qu'on connoît de lui touchant la Médecine , fe réduit â quelques Ou-
vrages iur les Aphorifmes & les Pronoftics à'Hlppocrate , encore lont-ils demeurés
en raanufcrit. On en a d'autres de fa façon , qui ont été imprimés , mais ils n'onf
point de rapport à mon objet.
Le Tombeau qu'on a élevé à la mémoire de Tiara dans le Temple principal
de Franeker , eft chargé d'un éloge eu vers qui lui tient lieu d'épitaphe :
JJms ! quicumquc terli hac facri limina templl ,
Sufpice pauîifper , verbaque pauca lege.
Sonem. difce tuam , & qu£ te quoque fata manebunt ^
Ociùs aut fera , corde reconde tuô.
Hôc faxô tegitur Petreius ilh Tiara ,
Ingens Doctorum , Pieridumque decus.
SValdrichcm ei patria eft , Frijïorum Uttore clara ,.-
Qucsque rudimenth nobilhata Vlri eft.
jirtibus Harlcmum pofi pluribus imbuit , atqut
Linguis ornavit vint facilem îngenii.
Inde Machaoniam naturâ du&us ad ^rtetn , ":
Lovanium vixdum, facias ephebus adlt.
Tandem Pergameô , Coôque , aUifque Magîftrls ,
^rûi honos cejftt fummus in ftalia.
Hanc deinceps totô coluit féliciter tevô ,
Mufam , Graiamque , ylufoniamqae fimul.
ScUicet injJgnis Medicus , fammufqae Poëta
Aadïit , ô? linguâ Philofophus geminâ.
Lovanium expertum eft Doctorem , ipfumque Duacum ,
Lugdmm in Baiavis , Frankera parva fuum.
T I D T I G 59?-
iiat poflquam clvem , querii multos foverat annos ,
Gratè compkxa ejî , & Schola docla fenem ,
CrandcEvum & vita faturum mors abrupit atrox ,
^ggregat & civem civibus indè fuis.
Difcite trigeminas non ulli parcere Parcas ,
Nec quid in hoc magno fiare perenne folô.
Nam pariter dodos rapit , îndocfofque , bonumqut
Unâ falce virant mors nietit atquc malam.
Natus If^aldricheml
uinnd Domini M. D. XIIll , JuUi XV ;
Mortuus annô uldmi temporis
M. D. LXXXVI , Februarii IX.
riùt annos LXXII , menfes VI , dies XXV.
DOMINICUS TiARA ,
Fratcr Fratri charljjmo ,
JOANNES ThEODORETUS ArCERIUS ,
.^micus ^mico,
■In memoriam ultime rcfurrecîionis pofuerunt. .
TIDICiEUS , ( François J de Dantzick , prit le bonnet de Doé^eur en Mé-
decine à Bâle le 5 Décembre 1583 , & devint enfuite Phyficien ordinaire de la
ville de Thorn dans la Prufle Royale au Palatinat dé Culm , où il mourut en
1617. Les Bibliographes le difent auteur des Ouvrages iuivans :
Jn latromajiigas de recto & falutari ufu , de abufu item multiplici atque nefariô ,
nobilijpma ac falutiferts ./inis Medice , Libdlus. Turoni Borujforum ^ 15Ç2 , 1598, '"8'.
Microcofinus_ f.hoc efl , defcriptio homlnia & mundi. Lipfi<e , 1615 , 1638 , j/i-4.
TIGEON , fThomasJ Médecin d'Angers , a publié un Ouvrage , dans lequel
il a entalië fable fur fable au fujet des hermaphrodites & des lignes de la virgi-
nité. Voici le titre fous lequel il a paru :
AntimtËologiCum qud demonjlratur objlecricibus non'ejje tàntùm fidendum de virginitate
mit defioratione mulieris aiulta tefiimonium fcrentibus, Lugduni , 1574 , i/i.8.
TIGNOSIUS C Nicolas _) efl; encore nommé Nicolas de Foligni , parce qu'il
étoit de cette ville dans l'Ombrie , où il naquit en 1402. Comme il le dirtingua
de bonne heure par fon l'avoir en Philofophie & qu'il publia dans la faite det^ Com-
mentaires fur les Ouvrages à^^rijlote , il palfa une partie de fa vie à ecfeigner la duclri-
ne de cet ancien Maître. Dès l'an 1426 il fut appelle à Bologne ; on le trouve à
Florence en 1451 & ;à Pife en 1473. Il ne faut cependant pas croire qu'il ait de-
meuré conftamment dans l'une ou l'autre de ces villes , car on fait qu'il fit la
Médecine à Arezzo en Tofcane i mais ce fut à Fife qu'il mourut le 14 Septembre
1474 , ftgé de 72 ans. Son corps fut honorablement enterré dans l'Egi.'le ae Saicte
Croix hors de la porte de la ville , & fon tombeau fut couvert d'une pierre
chargée de cette épitaphe ;
g# T I I.
NiCOLAO TiGNOSIO FULGINATI ,
Me d ICO înjîgni ,
Onnlum fui temporis PhUofjphorum Inter rarljjlmos numerando^
uic multorum Ariflotdis Librorum Commeatutori acuiijfimo.
CuRius Marius
F il: us Patri Optimo
Et fuis mîris vircutibus Civitate jiretiaâ donato^
Pofuù.
yixlt annos LXXll , menfes V , dies XV.
/jecejjit cum Pljis legeret,
XVill Kdaid. Oàobris Mllil. LXXIV.
TÏLING, ("Matthias ) de Jévern en Weftphalie, prit le bontîet de Dof^eur
en Médecioe à Riniien en 1625. L'Univeriité de cette ville éiuit ettccre au ber-
ceau , car la fondation ne date que de 1621. Elle avoit conlëquemment bcfoin de
ProRileurs qui lui donnaflent Oe ia célébrité , iSi Tiling fut un de ceux qji y con-
tribuèrent par leurs leçon;. 11 remplit la première Chaire en 1669 & parvint
bientôt après à la charge de Médecin de la (Jour de Helfe. En 1674 , il fut reçu
dans rAcadémie Impériale des Curieux de la Nature , fous le nom de Z^pliyrm
\\; il mentoit cet honneur par le loia qu'il avoit pris de communiquer fcs oblcr-
vations â cette Compagnie de bavans. Ce Médecin mourut en 1685, après av ir
donné beaucoup d'Ouvrages au public , dont quelques-uns roulent lur l'Anaioraie,
IVlais entraîné par l'exemple de tant d'autres Ecrivains , il s'eli moins occupé à
faire des recherches fur la Ikudture du corps humain, qu'à repeter ce qui avoit
été dit avant lui. Tels que toient les Ouvrages , je ne puis me diipe^fer a ea
donner les titres & les éditions .•
De tuba uttTL , dtqut Fœiu nuper in GaUia , exira uieri cavitaum , in tuba conceptd,
Exercitaiio anatomica. Rinthelii , 1670, in- 12.
^icliora Jalutis facra , feu de Lauduno opLuo Francofurti , 1671 , in-8.
JJe placenta uceri Difquifuio anatomica. Riithelii , 1672 , in-12.
■ J)e adndranda renum flrudturâ ^ eurumque ufu. Fruncufurii , 1672, in 12.
^natomia licnis ad circulatioacm fanj^uiais , aliaque Receaiioruin inventa accommodata.
RinthelU , 167-;, 1676, in-i2.
Difquijitb) Pnyjici/. Medica de fermentatiuae , Jïve , de motu intejîino panicularum in
quovis corpore. Brem£, l^^7^-> in-\2.
Prodronius Praxeos Chymiutricts Rlnthdil , '674, i/i-8.
Ve Fcbribus Petechialibui Truc/atus Francufurn , 1676 , tn-8.
Digrejjh Phyfico- ^Inatnmica curiofa de vafe brcvi lienis , ejufque ufu in corporis humani
ixcononuâ. Mindie ^ 1676, in 12.
Rhabarbarologia , feu , curiofu Rhabarbari Difquifuio. fraacofurti , 167g, t/1-4.
De recidiVii TraSaïus aureus. Minda: ^ i6?9 •> '"'î-
Cirinabaris^mineralis ^ feu , M.nii naiurahs Scrutif.ium. Francofarù„ 1681, in 8^
lidiuia curiofuin , feu , accurata LiUi albi defcripUo. Ibidem , 1683 , in-8.
T 1 L T 1 M 5Q<^
Oplologla nova , mcdcrnls ^nis Mcdlca prlncipiis fvperJîruSia. Ibidem , 1697 »
{«-4.
TILING ( Jean ) naquit le 10 Oaobre 1668 à Brème dans le Cercle de la
Baflè Saxe. Après de bonnes études à Amfierdam & à Leyde , il reçut les hou-
ncurs du Dodorat en 1692 , & ne tarda point à être employé dans fa ville
natale , en qualité de Profefieur , quoiqu'il n'y eût point d'Univerlité. Il fat char-
gé d'enfeigner la Médecine en 1694 , & en 1696 & 1697, la Logique , la Phy-
fique & la Métaphyfique. La manière dont il s'acquitta de ces coramillions , lui
mérita la place de Médecin itipendié de Brème , & il la rcmpliflbit encore l'an-
née de fa mort qui arriva le 13 Septembre 1715. On ne connoît aucun Ouvrage
de fa façon , mais il a publié les Opérations Chirurgicales de Kuck & l'Arfenal
de Scuhet , avec des notes.
Les liibliographes parlent de Jean-Chrijlîan Tllin^ qui a fait imprimer à Leipfic
deux pièces de fa compofition , l'une De calcula ad veficuni adhérente, if 37 i «i-4 »
l'autre fous le titre d'Obfervaùones circa ufam Thermarum Carolinarum , 1751, in-d-
TILLI, ( Michel-Ange^ Dofteur & ProfelTeur de Médecine en l'Univerfité
de Pife , naquit à Caftro Caltaldo dans la Tofcane l'an 1653, & mourut après
l'an 1716. Il voyagea eo Afrique, où il s'appliqua à la recherche de tout ce qui
a rapport à l'Hiftoire Naturelle , dont il le fit un objet d'étude jufqu'à la fin
de fa vie. La Botanique fut cependant fon objet de préférence ; & comme il la
cultiva toujours en Philofophe , il examina les plantes avec cet eiprit de ré»
flexion qui fait remonter les efièts aux caufes. Il le plut fur -tout à y faire voir
la main tout-puiflaote du Créateur , dont les delTeins ne font pas moins admirables
dans la Moufle qui couvre la terre, que dans le Chêne qui s'élance vers les nues,
Ti7/t s'attacha auHî à la recherche des minéraux & des fubftances concrètes qui fe
trouvent dans le corps des animaux ; & ce fut à l'étendue de fcs connoifTances en
ces diftérens genres qu'il dut l'entrée de la Société Royale de Londres , à qui il
fit part de ies découvertes. Il y avoit quarante ans qu'il enfeignoit â Pile, lorf-
qu'il publia le catalogue des plantes du Jardin que Ferdinand de Médicis ,
Grand -Duc de Tofcane , avoit établi dans cette ville en 1595. Cet Ouvrage ,
dans lequel on trouve une ample collettion de plantes indigènes à l'Italie , fut
imprimé à Florence en 1723, in-folio, avec figures, fous Je titre de Catalogui plan-
larum Hord Pifani.
TIMÊE de GULDENKLÉE, ( Balthafar J Seigneur de Neugane, de Rufe»
now & de Rofenberg, ctoit de Frauftadt en Siléfie , où il naquit en 1600. Après
avoir étudié la Médecine à Wittembcrg fous Danid Sennert , il voyagea en Italie ,
& revint delà en AHemagne pour y prendre le bonnet de Docteur. Décidé qu'il
étoit à fe livrer aux travaux de la pratique, il fe rendit à Colberg en Poméranie ,
& s'y diftingua tellement par les qualités qui entrée t dans le caradere du vrai
Médecin & du citoyen qui a époufé les intérêts de la pairie qu'il s'cfl choifie^
que la Régence le nomma fuccellivement aux emplois de Phyficien, de Confeil-
1er, de Directeur des Ecoles & de Conlul. 11 finit par être premier Médecin d?
40O ' T I M
>'rédeTic-Guillaume, Eiedeur de Brandebourg, & mourut 'au fervice de ce Prince
le 7 Mai 1667.
En 1630 , il avoit publié à Dantzick un Avis en Allemand fur la pefte. Son
frère, ChrijUan Tlmée ^ Dodleur en Médecine & Echevin de la ville de Treptow
en Poméranic , l'a traduit en Latin & l'a donné au public en 1653. Les autres
Ouvrages de Baltliafar^ font;
Cafus médicinales praxi tHginta-fcx annorum obfervati. Lippe ^ 1662, 1667, in-4.
JEpiJioU & Confilia. Ibidem , 1665 , 1677 , /n-4.
Refponfa medica & Dixtencon. Opus pofthumum. Ibidem , 1668 , in-^. Tous les Ecrits
de ce Médecin ont été recueillis en un volume qui parut à Leipfic en 1677, in-4,
fous le titre d'Opéra Medico-Pra^ica. 11 y a encore des éditions de la même ville
de i6gi & de 1715 , ia-4.
TIMÉE de Locres, Philofophe Pythagoricien, a été mis au nombre des Mé-
decins, parce qu'il a écrit un petit Traité de la Nature & de l'Ame du monde ,
/jui eu en dialecte dorique. On a imprimé , fous ion nom , une Lettre De vacuo»
Rome , 1648, ;«-i2.
Pline cite un autfe Tîméc qui eft Auteur d'un Ouvrage fur la Médecine métal-
lique.
TIMON Phlialien, Philofophe de la Sefte de Pjrr/;oa, vécut dans le XXXVIH
fiecle , fous le règne de Ptolomée Philadelphe. Il étoit encore Médecin & Poëte,
'&i il eut un fils nommé Xanthus^ à qui il enfeigna la Médecine.
TIMONE, ( Emmanuel J <^e Conftantinople , Dodleur en Philofopbie & en
JVlédecine des Univerfités d'Oxford & de Padoue, étoit Membre de la Société
Royale de Londres. 11 a adreffé un Mémoire à cette Société fur l'Inoculation
de la petite vérole , lequel fut inféré dans les Tranfaftions Philotbphiques de l'an
1714. Le Journal de Leipfic de la même année annonce que le Mémoire du Doc-
teur Timone avoit été imprimé à Conftantinople en 1713 , mais cela n'eft guère
apparent.
Ce Médecin, qu'on peut regarder comme l'introduifteur de l'Inoculation en
Europe , fit inoculer fa propre fille à l'âge de fix mois ; mais fuivant le rapport
d'Antoine Timone, Dofteur en Médecine, fils ai" Emmanuel, elle n'en mourut pas
moins de la petite vérole naturelle à l'-Age de il ans.
On allure que la pratique de l'infertion étoit ancienne en Circafiie & en Mingrélie,
lorlqu'elle palïa à Conftantinople. Ce ne fut point tant le defir de fe conferver la
vie, que celui de défendre la beauté des jeunes Circaffiennes & Mingréliennes
xontre les infultes de la petite vérole , qui donna l'idée de cette opération. Des
filles deftinées àfatisfaire la palfion des Mufulmans, fetrouvoient privées du barbare
honneur d'être eniévelies dans le ferrail du Prince ou des Grands, par les traces
que la petite vérole naturelle avoit laifTées fur leur viiage;& lespavens qui avoient
fait de la dépenie pour leur donner des grâces par l'éducation , fe trouvoient en
^ême tems privés des avantages qu'ils efpéroient tirer de la proftitution de ces
^.éatures. C'eft pourquoi on s'avifa de leur donner artificiellement la peti.te vérole,
quasii
T I M Ao
qnand elles étoient encore en bas âge , afin de ne fe mettre en Fraix pour leurédu-
catioa , qu'après qu'elles auroient couru les rifques de cette maladie , & qu'elles
en feroient forties fans aucune diminution de leurs charmes. Mais la confiance dans
rrnocuJation gagna infcolîblement. Les fuccès qu'avoient obtenu les pères & mères
qui failbient le barbare commerce de livrer leurs filles à la proflitution , firent
étendre cette pratique à la généralité des enfans ; on les foumit tous à cette opé-
ration, en vue de les mettre à l'abri des dangers qui accompagnent ordinairement
la" petite vérole naturelle.
C'eft au Médecin, dont nous parlons, & au Do6\eur Jacques Pylarlno , qui touj
deux ont exercé leur profefiion à Conftantinople , que nous devons les premières
connoiffànces fur l'Inoculation. Il parut à Leyde un Ouvrage , fous leur nom
qui eft intitulé; Traclatas de nova variolas per tranfplantationem excitandi met/wdd,
172 1 , in-S.
Les témoignages de ces deux Médecins furent foutenus de l'exemple de Miledy
Worthiey Montaigu , Ambafiàdrice d'Angleterre à la Porte, qui avoir fait inoculer
fon fils unique à Conflantinople en 1718, & qui à Ion retour à Londres foumit
i"a fiUe à la même opération en 17:0. Ces premiers fuccès enhardirent les^Méie-
cins, les Chirurgiens & les Apothicaires Anglois à pratiquer l'Infertion; la nouvelle
méthode piéfentée fous les apparences les plus^ Hatteufes engagea d'autant mieux
tout le monde à s'en mêler, qu'on favoit que les femmes du peuple inoculoient à
Cooftantinople fans d'autres principes que ceux fondés fur la routine. Cette pra-
tique eut bientôt des partifans dans toutes les conditions; elle gagna toujours du
terreih , malgré l'oppofition conftante des Dofteurs fFagftafe , Blackmore , G, Dou'
glas & Freind , habiles Médecins de Londres qui la condamnoient hautement. Il
eft certain qu'elle devint sffez commune en Angleterre jufqu'en 1728, mais on
convient, fans en dire la caufe, qu'elle y fut fufpendue & comme oubliée depuis
cette année jufqu'en 1743. On ajoute cependant qu'elle s'y eft relevée depuis ,
pour n'y plus efluyer aucun revers femblable, C'eft ainfi que parle l'Auteur du
Recueil des pièces concernant l'Inoculation de la petite vérole , qui fut imprmé
à Paris en 1756 , /n-12 ; mais c'eft au tems à vérifier la jufteflë de fa prédiction.
On a ti\ché d'étendre l'Infertion dans tous les Etats de l'Europe , & l'on a eu
foin d'informer le public du fuccès des épreuves qu'on a faites dans quelques-uns.
En particulier , on n'a rien négligé pour la faire adopter en France. Mais malgré
tout le zcle qu'on y a mis, & toute l'attention qu'on a eue d'en prôner les avan-
tages , elle n'y a pas fait d'abord tous les progrès dont on s'étoit flatté. 11 eft vrai
que le ton de la nouveauté a féduit beaucoup de perfonnes; la multitude n'y a
cependant point donné dans les premiers tems : quelques exemples ont frappé les
efprits & les ont portés à réfléchir fur les conféquences.
Ainfi parloir le célèbre ^Jîruc en 1761. Le môme Auteur ajoute qu'il a vu une
conjonfture très .favorable à l'Inoculation , où il y avoir à parier qu'elle alloit
prendre hautement le deflus. Ses partifans fentirent les avantages de ce moment ,
& ils ne négligèrent rien pour aider aux circonftances. Mais leurs efpérances s'éva-
nouirent bientôt , & ce mauvais fuccès pourroit bien être funefte pour l'Inoca-
latioo; car dès que la nouveauté n'a pas entraîné les fuffrages , dès qu'on donne
T 0 M E IK E e c
4o2 T 1 M
à la raifoo le tems d'examiner , de pefer & de juger , l'établiflemetit de cette pra-
tique paroît en danger. Elle a cependant fait bien du chemin vcr> la meilleure
fortune depuis le tems qu'^firuc a tiré fon horofcope : fes prédiitions ne le font
point réalilëes, & l'exemple des Anglois conftarament attaches à l'inoculacion , a re«
levé Je courage des François , leurs émules, q^ue de malheurcules avetaures avoient
femblé ralentir.
Mais quel jugement peut-on enfin porter fur l'Inoculation? Les plus grands Maî-
tres ont condamné & condamnent encore cette pratique , pendant qu'elle eft préco*
nifée par d'autres qui ne leur cèdent ni en fcience , ni en célébrité. Le ton far
lequel elle eft en Angleterre; les EcritS que les/un/i, les Kirkpatrik , les ^rbw
îhnot , les Some , les Ramhy , les Barges , les Backer , les Schulti , les Dlmfdah , les
Bromfdld ont publiés ; la fondation des Hôpitaux deftinés à y recevoir ceux qui
veulent fe faire inoculer ; les fuffrages des Médecins du Collège de Londres ;
tout cela a donné de la vogue à l'Infertion dans la plupart dés pays de l'Europe.
L'Allemagne a adopté cette pratique; les Royaumes du Nord l'ont accueillie; on
l'a même reçue en Suéde avec une forte d'enthoufiafme. On a frappé une médaille
à Stockholm , dont le Type eft un autel d'Efculape entouré d'un ferpeni , avec ce»
mots p&ur légende.:
SUBLATÔ JURE NOCENDI.
Au revers, oo voit une couronne civique, en dedans de laquelle on lit:
Ob infantes civium felici ausu servatos.
Et fur le lien de la couronne , le nom de la Coroteflè de Geers , la première
Dame Suédoil'e qui l'a méritée en faifant inoculer fes enfans.
Toutes ces circonftances font bien favorables à la pratique de l'Infertion ; elles
en font le triomphe & femblent annoncer qu'elle va être univerfeilement adoptée.
Mais comme c'eft du recueil des faits, plutôt que du raifonnement, qu'il faut atten-
dre la décilîoa en matière de Médecine, il y a encore bien des gens que le nombre
d'expériences , quelque grand qu'il fbit , n'a point entièrement raffurés fur les fuites
que l'Inoculation peut laiffer après elle. Le célèbre f^an Swicttai s'eft fort étendu
iur les avantages & les défavantages de cette méthode dans le cinquième Tome
de fes Commentaires ; & quoiqu'il eût été témoin des opérations faites à Vienne
jufques dans la Famille Impériale, il n'en finit pas moins ic chapitre, où il traite
de la petite vérole , par ces mots bien remarquables : Sic breviter recenfui rationcs 9
qua me permoverunt , ut ha&cnus ncminl F^ariolarum injîiionem j'uaferim.
Mais il en fera peut-être de la petite vérole artificielle , comme de la circulation
qui a diviié fi long-tems les Médecins de l'Europe ; comme des remèdes antimo-
niaux qui ont partagé les fentimens de la Faculté de Paris; comme de la plupart deg
grandes découvertes en Médecine : une expérience fuivie & bien réfléchie a mis
le fceau de l'approbation aux chofcs dont je viens de parler. Une pareille expé»
rience eft feule capable de décider des avantages de la petite vérole prife par
l'Inoculation , fur la petite vérole naturel'e.
Ce fut pour éclairer les doutes qui reftoient fur cette expcrience , que le Parle-
T I M 403
ment de Paris, raifant droit furie requifitoire du Procureur Général, rendit le 8
Juin 1763 un Arrêt par lequel il ejl ordonne aux Facultés de Théologie & de Méde-
cine des'affembler f de donner leur avis précis fur le fait de P Inoculation &c. , s'il convient
la permettre , la défendre ou la tolérer & cependant par provijhn , il eft fait
défenfe de pratiquer cette opération dans les villes & fauxbourgs du rcjjort de la Cour cTc
La Faculté de Médecine de Paris, pour répondre aux vues du Parlement ,
nomma douze Commiflaires , favoir MM. De L'Epine , yijlruc , Cocha , Bouvart »
£aron\e jeune , F'erdelhan , Petit, Geoffroy, Lorry, Thicrri , Maloet , Macquarf»
qui travaillèrent, avec M. Belletete , Doyen, à examiner & à difcuter les avanta'
ges ou les inconvéniens de l'Inoculation , afin de le mettre en état de porter un
jugement afluré fur les qucftions propofées par le Parlement. Pour obtenir encore
de plus grands éclairciflemens , la Faculté prit la fage précaution de confulter les
plus célèbres Univerfités de l'Europe , & principalement celles d'Angleterre.
Les Commiflaires fe font trouvés partagés de fentiment. M. De L'Epine , ancien
Doyen, lut le 9 Août 1764 un long Mémoire contre l'Inoculation, ôe conclut
qu'elle devoit être décidément rejettée , comme nuifible & dangereufe au genre hu-
main. Ce Mémoire étoit ligné ^ftruc , Bouvart , Théodore Baron , F'erdelhan des
Moles & Macquart. Le 5 Septembre de la même année, M. Antoine Petit fit la
leéture d'un premier rapport en faveur de l'Inoculation , dans une aîTemblée de
quatre-vingt-dix Docteurs , & conclut à ce que cette pratique fût au moins tolérée.
Le procès inftruit de part & d'autre, il reftoit à délibérer fur le fonds de la
queftion ; on le fit dans la même alfemblée. La Faculté rendit un Décret , à la
pluralité de 52 voix contre a6, pour la tolérance de l'Inoculation; elle prit ce
parti, parce qu'elle ne voulut pas d'abord être trop favorable à la nouvelle mé-
thode , dans la crainte que l'expérience ne la démentît à Paris , où elle s'introdui-
foit depuis peu.
Mais comme il efld'ufage, dans cette Faculté, qu'un Décret foit confirmé dans
trois aflemblées pour avoir force de loi, la féconde fut indiquée pour le il Septem-
bre. Celle-ci fut orageufe. Le chef des fix Commiflaires oppofés à l'Inoculation
voulut faire annuller la délibération précédente , & prétendit qu'on ne pouvoir
aller plus avant , fans écouter la letlure des notes qu'il avoit faites fur fon Mé-
moire. La délibération ne fut point annuUée ; mais on convint qu'on entendroit la
ledture des notes, & qu'il feroit permis à M. Petit de difcuter les faits allégués
par M. De L'Epine. Le recueil des notes de celui-ci fut lu dans les aflemblées du
•20, aï & 24 Oétobre. M. Petit, de fon côté, prépara une réponfe au Mémoire
de fon adverfaire & en fit la ledlure , au commencement de l'année 1766 , dan»
les aflemblées de la Faculté qui en ordonna la publication.
Les rapports contradiftoires des douze Commiflaires , partifans & ennemis de l'In-
fertion , furent imprimés & diftribués aux Membres de la Compagnie , afin
que chacun d'eux pût en faire une ledure réfléchie , & comparer à loiGr les
raiibns alléguées de part & d'autre. Cette précaution étoit néceflaire pour les met-
tre en état déporter leur jugement , avec connoiflance de caufe , dans une der-
nière aflemblée qui devoit enfin décider le fort de l'Inoculation en France. Ce fut
le 15 Janvier 1768 que la Faculté tint cette aflemblée j dans laquelle la méthode
404 T I M
de procurer artificiellement la petite vérole fut enfin jugée admifîïble à la plura-
lité de trente deux voix contre vingt-trois qui la rejetterent.
Cette délibération releva les efpérances des Inoculateurs; ils s'attendirent bieti
de voir accroître leur nombre par les nouveaux fuflTrages des Docteurs qui n'a.
voient point alors voulu le décider. En eflet , le parti des fauteurs de l'infer»
lion a prévalu en France ; cette pratique cft devenue aflez générale: mais les
mécrêans n'ont pas moins les yeux ouverts fur \ef fuites qui peuvent en réful-
ter, & ils attendent que le tems les ait éclairés, pour fe tirer de l'indécifion oii ils
font encore,
IVIais tout ce qu'on a dit ou écrit contre l'Inoculation, ne l'a point empêché
de s'étendre dans prelque tous les Etats de l'Europe. On y a permis de la pra.
tiquer hors de Tenceinte des villes ; on y a même defliné des Hôpitaux pour
ralFcmbler les inoculés. L'Impératrice Reine Apoftolique n'a pas craint de foU'
mettre â ceite opération l'Archiduc Maximilien & l'Archiduchefiè fa petite fille;
la Noblcfle de Bruxelles a faivi cet exemple à l'égard de fes enfan? ; & les Pays-
Bas ont été au moment de préparer de nouveaux triomphes à la petite vérole
ariificielle , p^r l'imprelfion que les premiers fuccès ont faite fur les efprits. La fim-
plicite de la méthode Sutionicnne , l'inutilité reconnue des anciennes précautions ,
le décri de ces attentions mcfurécs fur lefquelles on avoit établi la réuflite de
l'opération ; tout cela Itmbloit devoir en étendre la pratique dans nos Provin-
ces. Mais le peuple, li aifé d'ailleurs à donner dans les nouveautés, n'a point
encore adopté cette manière de prendre la petite vérole, parce que cette mala-
die n'eft point ordinairement meurtrière dans les Pays-Bas , & qu'elle y règne à
des intervalles afTcz éloignés , pendant qu'elle ne cefle jamais dans les villes où
l'Inoculation a pris ftiveur.
La pefanteur d'efprit que des nations plus vives reprochent aux Belges , n'eft chez
eux que réflexion. Accoutumés à pefer le pour & le contre des chofes , avant
que de fe décider , il leur refte un doute qui les éloigne de la pratique de Mn-
fertion. ils ont appris, par l'expérience, que la contagion qui a infefté le fang
dans la petite vérole , doit produire à la peau un nombre de puftules néceffaires
à la dépuration ; mais fans donner dans les erreurs du régime chaud qui multiplie
ces puftules & rend la maladie plus fâcheufe , ils ne peuvent fe mettre en tête
qu'un Inoculateur foit le maître de borner l'éruption des puftules par Pair
froid , dans le )uel il tient les perfonnes qu'il foumet à l'opération. Le peuple fe
révolte, quand on lui dit qu'il faut bien, pour l'honneur de l'Inoculation, af-
fujcttir les malades à ne refpirer qu'un tel air , parce que fans cela ils auroient
autant de puftules que dans la petite vérole naturelle. Telle raifon qu'on lui
apporte pour démontrf r la néccflîté de ce procédé , il ne cède point encore aux"
remontrances qu^on lui fait fur l'entêtement qu'il montre à fe refufer à une pra-
tique , dont tant de nations font l'éloge. Il voudro.t qu'on lui donnât des afiu-
ranccs que l'Infertion ne fait périr perfonne ,* qu'au moins elle ne défigure ja-
mais ceux qui s'y foumettent , & qu'elle les garantit à toujours de l'invafioa
de la petite vérole naturelle. Le peuple demande trop ; on lui alFure la rareté
des rechûtes , des difformités fit des vidimes , & il n'eft pas fatiffait. Il craint
I
TIN TIR 405
d'être compris dans ce nombre rare ; il poufTe itîême fon opiniâtreté à réfifter à
l'Inoculation , jufqu'à vouloir cbicrver J- cette pratiqi e ne portera à la longue
aucune atteinte à la fanté de ceux qui .«'y f)nr livrés. Tels font les hom-
mes dans nos Provinces ; plus riirpotés que bien d'autres à adopter le ton
les modes & tout ce qui tient à la Frivolité de» nations voifines , ils n'aiment
pas de quitter les vieux ufages en ce qui touche leur conftitution phyfique &
civile.
TINCTORIUS C Chriftophe ) naquit en Prufle le 7 Novembre 1604. Il
étudia la Philofophie à Konigsberg , & après y avoir été reçu Maître-ès - Arts
le 15 Avril 1632, il voyai^ea en Hollande , en Angleterre & en France, & vint
prendre le bonnet de Dodeur en Médecine à Baie en 1635. L'année fuivante
on lui donna la féconde Chaire de la Faculté de Konigsberg, d'où il pafla à la pre-
mière en 1655. Il éToit Médecin du Roi de Pologne & de l'Eleéieur de Brande-
bourg, lorfqu'il mourut le !•; Avril i6b2. On n'a de lui que des Diflertations Aca-
démiques , dans une defqueiles i! s'étend iur la maladie qui attaqua tous les
écoliers d'une même maifon en 1649.
TIRAQUE4U , ( André ) de Fontenay le-Comte , ville de France en Bas-
Poitou , fut d'abord Lieutenant Civil dans fa patrie , & enfuite Confeiller au
Parlement de Bordeaux , d'où il pafTa à celui de Paris. Il mourut dans un
âge très- avancé en 1558, & fat père à vingt enfans , engendrés d'un légitime ma-
riage. Il ne buvoit cependant que de l'eau. Cet exemple détruit bien le préjueé
qui fait croire à tant de perfonnes que cette boiffon , que la nature a préparée
pour notre ufage , affoiblit les forces de Tefprit & du corps; car Tiragueau rem-
plit encore Iès devoirs du Barreau & s'occupa conOamment du travail du Cabinet
d'où lont fortis plulieurs favans Ouvrages. On a dit de lui qu'il donnoit tous les ans
un enfant & un Livre à l'Etat ; penlée qu'on a rendue par l'épitaphe fui-
vante :
Hic jacet
Q^ui aquam bibendo ,
f^igintt Uberos fufceptt.^ vi^inti libroi edidlt ;
Si merum bibijfet ,
Totum orbem implejfet.
F'ander Lindm & Manget placent Tiraqueau dans le Catalogue des Ecrivains en
Médecine, parce qu'il a parié de cette Science dans le Chapitre XXXI de fon
Traité De Kobilitate. Il y difcute les points fuivans : ^n ^rs Mediclna KobUhatl
deroget ? San&i qui Medxi aut MeJ/cinâ ulî fmt. j4ngdi MedicL Imperatores Medici.
Ke%es Medici. Summi Pundfices MeJici. Pnètte Medici. Philofophi Mddici. Medicameti'
torum ^ fecundùm omnes quai t nés ., vires alphabeti ordine. Medicoram par alphabetum no-
menclatara. Veterlnaril Medici. Ftemina Medica. Qu£ contra Medlcos dlci foknt &
poffuni. Rcfponfio cd objeSta. Ce Traité fut imprimé à'Sâle en 1561 , in-folio i à Lyon
€D 1602, même format.
406 1' I S
TISSOT, es. A. D.) Doaeur & Profeflbur en Médecioe dans le Collège de
Lauranne , ville de Sui/Te au Canton de Berne , naquit en 1728. Il étudia à
Montpellier depuis 1746 jurqu'en 1749, & après y avoir pris le bonnet, il retourna
dans fonpays, où il le diftingue aujourd'hui par les heureux iuccès de la pratique»
ainfi que par les beaux Ouvrages qu'il donne de tems en tems au public. Ses talens
lui ont ouvert l'entrée de la Société Royale de Londres, de l'Académie Phyfico-
Médicinale de Ijâle & de la Société Economique de Berne; mais ce qui achevé
fon éloge, c'eft qu'i! a mérité l'eftime du célèbre Di Huiler, ce bon juge des
hommes précieux à l'humanité par leurs connoiffances dans l'Art de guérir.
M. Tijjot ne s'eft point borné à Ja tradudion des Ouvrages d'autrui , il en a
^onné un plus grand nombre de fa façon. Voici le catalogue des uns & des autres :
L'Inoculation jufilfiée , Dijfenation pratique & apologétique fur cette méthode , avec un
EJJai far la mue de la voix. Laufanne , 1754 , fn-12.
Dijfertatlon fur les parties irritables & fenfibles des animaux. Laufanne, 1757, ùuia.
Elle eft traduite du Latin de M. De Haller.
Mémoires fur le mouvement du fang & fur la effets de la faignée. Laufanne , i^Sf ,
in-ia. D'après le même Auteur.
Differtatio de febribus biliojîs , feu, Hiftoria Epidémie billofui Laufanaenjts anni 1755-
Laufannte^ 1758, in-8, avec le Tentamen. de morbis ex manujlupratione. Lovanii^ 1760»
in-b. La féconde pièce a été mife en François, fous ce litre: VOnanifme^ ou
Differtation Physique fur les maladies produites par la mafiurbation. Laufanne, 1760,
1764, in.i2. Paris, 1769, /«-12.
Lettre à M. De Haen en réponfe à fes quejîions fur V Inoculation. Vienne , 1759 , i/i-8.
Laufanne , 1765 , in-12.
J. G. Zimmermanno ^ de morbo nigro , fchirris vîfcerum , cephakâ , inoculatiom, irri-
tabilitate^ cum cadaverum fe&ionibus. Laufanna^ 1760 , 1765 , m-i2. Lovanii, 1764 , tn-i2.
./ilb. Hallero , de variolis, apoplexiâ & hydrops. LaufanniS, 1761 , 1765, in-12. io-
vanii,, i?64> '«-12. On a recueilli à Laufanne les Opulcules Latins de M. Tiffot^
Î770 , in-12. Il y a aulli des éditions de Paris de ces Opufcules.
uivis au peuple fur fa fanté. Laufanne , 1761 , t/1-12. Paris, 1763 , ini-2, avec des
augmentations par M. Le Bègue de Prejle. Paris, 1764, i/i-12 , fuivant l'édition
augmentée par l'Auteur. Encore Paris, 1767, /n-ia, avec deux nouveaux cha-
pitres , l^un fur l'Inoculation , & l'autre fur la fanté des perfonnes valétudinaires.
Mais ce ne fut point feulement à Laufanne & à Paris qu'on imprima i'^vis au
peuple i il parut en Allemand à Zurich, de la tradudlion de M. Hir^el, premier
Médecin de ce Canton. On a encore deux autres traduirions en Allemand. M.
Blkker , célèbre Médecin de Roterdam,a mis le même Ouvrage en Hollandois. Il
a auffi paru en Italien. En un mot , en moins de fjx ans , il s'eft fait dix éditions
Françoifes de ce Traité , & fept verfions en différentes Langues de l'Europe.
Comme il étoit fufceptible de ^jeaucoup d'augmentations , il a été imprimé en
François à Laufanne, 1770, deux volumes in-11.
Differtation fur Vinutilité de V amputation des membres. Paris, 17(54, tn-12. M. Tiffot
2 traduit cette pièce , du Latin de BUguer^ avec des notes de fa façon.
Latre à M. Hir^el fur quelques critiques de M. De Haen, Laufanne, 1765, Ô1-12,
T I T 40?
Lettre à ^immermann fur V Epidémie courante. Lsufanne , 1^5, ia-l2.
De valaudine Litteratorum. Laufanna , 1766, i/i- 8. En François, Tous le titre
6'uins aux gens de Lettres fur leur famé. Paris, 1768, in-li. Laufanne, 1770, ira-b'.
C'ell lé Dilcours inaugurai qu'il prononça le 9 Avril 1766, en prenant pofief»
fion d'une nouvelle Chaire de Médecine dans le Collège de Laufanne.
Ouvrages divers en Latin fif en François. Paris , 1769 , & fuiv. , huit volumes in-l2.
On a réuni ia plupart des Ouvraa;es de M. Tijfit dans cette coUeftion.
EpijMts MediCû-PraciiciS , aucfte & emendatts. Laufanna, 1770, in- 12. C'eft encore
un recueil des Ecrits de ce Médecin.
Traiié de rEpilepfie , fàifant le Tome troifieme du Traité des nerfs & de leurs
maladies. Paris, 1770, in-11. Des railbns particulières ont engagé M. Tif[bt à faire
paroître cette partie de l'Ouvrage avant celles qui dévoient naturellement la
<■ précéder. Le Traité des nerfs & de leurs maladies doit être en fix volumes in-iz.
EJjai fur les maladies des gens du monde. Laufanne , chez François Gradet, Paris,
1771 , in-i2. Cette édition eft la troifieme.
L'^4vls au peuple & les traductions qu'on en a publiées, font preuve des fenti-
mens d'humanité dont le^ Médecins fe piquent. Cet Ouvrage les juHifie encore
du reproche qu'on leur fait li fouvent, de jetter un voile myftérieux fur la pra-
tique de leur Art, pour la cacher au public. ,11 n'y a aujourd'hui que trop de
Livres de Médecine en Langue vulgaire. Celui de M. Tijjot mérite d'autant plus
qu'on l'excepte de la condamnation qu'on pourroit porter fur plulieurs autres ,
que cet Auteur y développe les principes de l'Art avec la fimplicité qu'il conve-
noit d'y mettre pour qu'on puiffe aifément les faifir. C'eft aux hommes, à qui
cet Ouvrage eft adreffé , à en' tirer un parti qui foit conforme au but de ce
Médecin.
Dans le tems que les premières éditions de V Avis au peuple fe répandoient dans
le public, la Gazette de Hollande rapporta une anecdote qui fait trop d'hon-
neur à M. Tijfot , pour la paifer fous iilence. Il y eft dit que ce Traité infpira
de fi grands fentimens de reconnoiflance aux habitans de la campagne dans
l'Etat de Genève , qu'ils folliciterent la Régence de cette Répub'ique d'accorder
une peniion à fon Auteur , en récompenfe des loins qu'il avoir pris pour la con-
fervation des hommes qui ne font point à la portée des Médecins. Leur requâte
fut appointée ; les Magiftrats ne voulurent point céder en générofité à tout un
peuple qui n'avoit que des vœux & des fentimens à préfenrer au bienfaifsnt Tijfor.
Ce trait eft bien flatteur pour lui ; il reçut cette marque d'efiime , fans y avoir
penfé. Mais il en reçut une autre de la part de la Chambre de fanté du Canton
de Berne. Elle lui lit remettre une médaille peu de tems après la publication de
fon .Avis au peuple , avec une lettre par laquelle elle l'aflure de la fatisfaflion que
ce Livre lui a cauiée. C'eft l'Auteur lui-môme qui rapporte cette deuxième anec-
dote dans la préface de l'édition de Laufanne de 1762.
TITIUS , ( Simon ) Doreur en Philofophie & en Médecine , étoit de Wei-
mar dans la Thuringe, Il enfeigna dans l'Univerfité de Konigsberg depuis 1553 •
jufqu'à fa mort arrivée en 1579 , à l'âge de 55 ans. Tinus a encore rempli la
charge de Médecin du Duc de Saxe- Weimar , & celle de diredeur des études-
d' Albert-Frédéric , Prince héréditaire.
Ao3 TOCTOITOL
11 ne faut point confondre ce Médecin avec Michel Titlus qui naquit le 28
Septembre 1614 près de la ville de Brandebourg dans la moyenne Marche. Com-
me il partagea fon tems entre la Théologie & la Botanique , & fit , en particu-
lier , de grands progrès dans l'étude de la dernière , l'Eledeur , Ion Souverain ,
le chargea de travailler au recueil des plantes qui croifîènt dans la Prufle. Il s'ac-
quitta fi bien de cette commiflion , que la Faculté de Médecine de Konigsberg
l'invita à enfeigner publiquement la Botanique dans fes Ecoles, quoiqu'il n'y eût
pris aucun grade. Titiys mourut le 17 Février 1658 , & laiflà un Catalogue des
plantes du Jardin Eleftoral de Konigsberg , qui fut imprimé dans cette ville
en 1651.
TOCKLElt , f Conrad ) de Nuremberg , reçut le bonnet de Doifïeur en
Médecine à Leipfic en 15 n. L'année fuivante , il fut revêtu de la dignité de
Redteur de l'Univerlité de Cette ville ; on croit même qu'il y fut nommé
Profelfeur. 11 ' mourut en célibat le 10 Novembre 1530, & comme il fe trouva
fans héritiers qui lui appartinllènt de bien près, il légua tout ce qu'il poffédoit
à l'Académie de Leipik , à charge d'y fonder une Leçon de Phyfiologie , qui
fubfifle encore fous le nom de Tockkria ou Norlca. Le Profelfeur qui remplit
cette Chaire, eft prépofé à la cure des véroles qu'on reçoit dans l'Hôpital de la
même ville.
TOIGNARD,( Antoine & Jean ) frères , tous deux natifs de Clerroont en-
Argonne , petite ville de France dans le Verdunois , étoient Médecins. Le pre-
mier a compofé un petit Livre fur les Eaux de Pjombieres , qui eft rare. 11 fut
imprimé à Paris en 158 1 , in- 16, fous le titre d'Lntlir difcours de la vertu & pro-
priété des Eaux de Plombières.
L'un & l'autre étoient fort unis avec les frères Antoine & Nicolas Le Pois ; &
Jean. Toignard , pour témoigner à celui-ci combien il approuvoit le Livre qu'il
vouloir publier , lui adrelTa des Vers Grecs & Latins qui fe trouvent à la tête
de l'Ouvrage.. Les deux Toignard étoient fi attachés à leur patrie, qu'ils en pre-
noient toujours le nom ; ils ajout oient Medicus Clanmontanus à leur lignature. An-
toine a cependant pallé une partie de fa vie au fervice de Charles III, Duc de
Lorraine , dont il étoit Médecin ordinaire. Ce Prince lui témoigna l'eftime qu'il
faiibit de fes talens par des Lettres d'ennobhfferaent du 12 Mars 1562.
TOLET , ( François ) Chirurgien de la ville de Paris , fa patrie , gagna la
maîlrife dans l'Hôpital de la Charité. Il fe fit beaucoup de réputation par fes ta.
lens, & fur-tout par fon adrelfe à tailler ceux qui étoient attaqués de la pierre.
On a de lui un Ouvrage fur cette opération , qui eft intitulé;
Traité de Lithotomie ou de Vextracîion de la pierre hors de la vejjle. Paris , 1681 ,
1682, 1689, 1708, 1718, 1722, m-12. En Ai:glois, Londres, 16B3 , /n-8, En Fran-
çois , La Haye , i686 , in-iz. En Hollandois j Utrecht , 1695 , f/i-8 En Al-
lemand , Hannovre , 1695 , m-8. Wéfel , 1700 , in-8 , en la même langue. La
rapidité avec laquelle ces éditions fe font multipliées , eft une preuve de l'accueil
que le public a lait à ce Traité. L'Auteur y a mis autant d'ordre & de précifion
<jue
T O L 4c9
que de clarté. Il parle des trois mcthodes connues de fon tems, c'eft-à-dire du
haut, du petit & du grand appareil ; mais comme le premier n'étoit guère goûté des
Chirurgiens , il étoit aufli bien moins pratiqué que les deux autres. ToUt mourut à
Paris le 9 Août 1724 , à l'âge de -7 an?.
Pierre Tolet , IVîédecin du gri.nd Hôpital de Lyon, fut en eftime vers l'an 1534.
Il eft auteur des Ecrits luivans :
appendices ad opufculum Pauli Bagellardi de mcrbls pucrorum. Lugduni , 1538 >
jV8. , .
Paradoxe de la faculté du vinaigre. Lyon , 154g , i/i-S.
^âfiO judicialis ad Seaatum Lu^dunenfem in Un^ueniarios pejîilentes & no&urnos fares,
Lu^duni , 1577 , jra-8.
F'erta de la racine de ITnde de Méchioacaa, proprement nommée Rhaindice. in-8.
TOLETANUS, CGerard ) Pbilofophe & Médecin , étoit de Crémone. II fe d!f-
tingua dans le XVI fiecle par fon érudition ; & comme il travailla , ainfi que
réfale & Torinus , à mettre les Ouvrages de Rhaiès en Latin , il contribua à la
tradudion des meilleurs morceaux de ce Médecin Arabe , qui partt à Bâle eo
1544 > in-folio.
TOLL, C Adrien J Doreur & Profeffeur de Médecine en l'UniverGté de
Leyde , la patrie, mourut de la pefle en 163^. 11 s'eft plus occupé à écîaircir les
Ouvrages d'autrui par fes notes & fes oblervations , qu'à travailler à ceux qu'il
auroit pu compofer lui- môme. Tout ce que nous avons de lui, fe réduit aux édi-
tions fuivantes:
Galeni in Hippocratis ^phorifmos Commentaria , ex interpretaûone Foëjii & Plantii.
Lugduf.i Batavorum , 1633, "i-'2, avec des notes.
Obfervationes in praxim auream Joannii Scockeri. Ibidem^ '^34» '657, in-il.
Commentarium in Hijîoriam gemnarum & lapilum Anfelmi de Boidt. Tbidzm^ 1636 ,/n-8.
Jbldem, 1647, m-S, avec un Traité de Jean de Laet fur le même fujer. Il y a audi
une édition Françoil'e qui parut à Lyon en 1644, in-8 , fous le titre de Parfait
Joaillier , ou Hifioire des pierreries par ^nfelme Bcëce de Boodt , avec les annotations
d'Adrien Toll.
TOLL , ( Jacques J) habile Ecrivain du XVII fieole , étoit d'un village de la
Seigneurie d'Utrecht. 11 étudia dans l'Univeriité de cette ville, & lar la recom-
mandation de Gronovius f de Grav.us & de quelques autres Sav^ins , il entra au
fervice de Nicolas Hdnfîus , en qualité de Secrétaire , & Kt plulieurs voyages avec
lui. Son maître lui remarqua du génie & ne manqua pas de cultiver les dilpo-
fitions qu'il avoit à l'étude des Belles-Lettres i mais il eut bien Ai lieu d'être mé-
content de fa conduite ; comme il s'apperçut qu'il continuoit à lui voler fes
papiers, il le congédia. TAl reprit le chemin de la Hollande & fe rendit \ Utrecht,
cù il fit fon cours de Médecine qu'il finit par la prife du bonnet de D>é\eur Peu
de tems après , il fut nommé Redeur de l'Ecole de Goude ; mais l'infok nce de
les d fcours lui fit ôter cet emploi. Ce traitement bien mérité le piqua au vif; il
fortit de cette ville & alla cacher fa honte à Norwich dans la Province de Nor-
T 0 ME IV. F f f
L
4IO , T O M
fûick en Angleterre , où il enfeigna la jeunefie & fe mêla de la pratique de la
Médecine. La peine qu'il eut à fubfifter dans cette ville, lui Ht taire bien des ré-
flexions fur la conduite qu'il avoit tenue en Hollande; il fone;ea lérieulVmtnt à fe
corriger; il donna même tant de preuves de Ion amendement, lorlqu'il Fut de
retour à Leyde , qu'on lui accorda la charge de direfi:eur de l'Ecole d'HumanitPs,
& que dans la fuite on rendit de lui un témoignage fi avantageux, qu'il obtint la
Chaire d'Hiftoire , d'Eloquence & de Langue Grecque à Duisbourg dans le Duché
de Cleves. Il ne la remplit que peu d'années ; car l'envie de voyager lui étant
venue en tête, il pafla en Allemagne & en Hongrie dont il vifita les mines & les
Bibliothèques , fe rendit enfuite en Italie, où il embraflk la Religion Catholique. De
retour à Utrecht , il fe mit à donner des leçons privées; mais l'Univcrfité lui
défendit de les continuer. Dénué de tout focours & manquant de refiburce pour
fa fubfiftance , il traîna une vie miférable & mourut dans la plus grande pauvreté
en 1696. On a de lui un Recueil ibus le titre û'LpJio'ts /ùnerarite^. une édition
è'Aufune^ une de L'ingin, !n quelques autres Ouvrages curieux. Ceux qu'il a écrits--
fur la Médecine fe reffentent de Ion goût pour la Chymie , & de fa crédulité
aux fables q^u'on a débitées fur l'origine de cette Science. Voici les titres qu'ils-
portent :
Fonuita in quitus^ prêter cutica nonnuUa , tota fabularis Hijîoria Graca , Phanicîa,
^gyptia ad Chaniam penin&re adfuritur. uimftdodami , 1687 , i/i-8. Ce Livre contient
beaucoup de corredlions d'anciens Auteurs, des réflexiotis & des notes fur les
mêmes , & en particulier , lur ce qui a rapport à la Chymie.
ManuduSil) ad Cœluni Chemlcum Ibidem, 1688, m-8. Le même en François, in-11,
Sapientia infaniens , feu , Promijfa Chcmica ad Confuks civitatis uimftdeedamenfiS'
Ibidem , i68g , in- 8.
TOMITANUS ( Bernardin J) ou TOMITANO , Médecin & Philofophe origi-
naire de Feltri dans la Marche Trévifane , naquit à Padoue. 11 fit fon cours de
Médecine dans cette ville, & il y prit le bonnet de Dofleur en 1531 , à l'âge
de 25 ans, Tomitano ne manquoit pas de l'avoir ; il en avoit même donné des mar-
ques de bonne heure par quelques pièces, tant en profe qu'en vers , qui fervirent
beaucoup à établir fa réputation. Il enfeigna aflez long-tems la Logique dans l'U-
nivcrfité de Padoue , & ce fut à fon école que plufieurs grands hommes vinrent
apprendre l'art de raifonner, entre autres le Cardinal Commendon &? Jacques
Zabarella. Ennuyé de répéter fi ibuvent la même chofe , il fe dégouta de fa Chaire
& fe préfenta pour en remplir une autre qui vaquoit dans la Faculté de Méde-
cine; mais on ne voulut point lui accorder fa demande, parce qu'il n'étoit guère
pollible de trouver un Profcffeur de Logique qui fît autant d'honneur à fon emploi.
Ce refus le mit de mauvaife humeur; il quitta abibluraent l'Univcrfité en isG;^ ,
& telles inflances qu'on lui eût faites pour y reprendre fes exercices, on ne put
jamais venir à bout de l'engager à défifttr du parti qu'il avoit pris. Il perfifta dans
la rélolution de ne plus s'occuper que de la pratique de la Médecine , & palTa
le refte de fes jours dans cette tranquillité que procure l'amour des Lettres. Sans
defir , comme fans ambition, content de fon état, il mit toute fa gloire à fe rendre
sgréable à fes amis & officieux envers ceux qui avoient recours à lui.
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Tomltano mourut de la pefte en isj'ô , à l'âge de j'O aos. Il la'ffa à'EUfabetk
.ZempcJ'cki , fon époufe , un fils unique , nommé Donat , qui eft mort l'ans poltérité.
Quant à fes Ouvrages, la Médecine n'en a pas tiré grand parti; à peine mérirent-
ils qu'on en fafTe mention, car l'ennuyéuie fécondité du Dialecticien qui entafle
argumens fur argumens , en rend la kfture inlbutenable. Parmi ces Ouvrages, on
remarque ceux intitulés :
argumenta quatuor In. novem qutejîta y^verro'is demonflratlva.
Jn u^verroë & ^rlftoteh contradicllonum foIution.es.
De Morba Gallico Libri duo. Ils font remplis de qutftipns frivoles & inutiles.
TONSTALL ( George ) naquit vers l'an 1616 dans la Province d'Yorck en
Angleterre. Il fut reçu Bachelier en Médecine à Oxford le 2 Avril 1647. Appa-
remmem qu'il continua le cours de fes études & qu'il obtint les grades ultérieurs,
or il prend le titre de Douleur dans un Ouvrage iur les eaux de Scarbouroug ;
ijui parut en Anglois l'an 1672.
TOliELLA C Gafpar ) naquît â Valence en Efpagne d'un père qui exerçoit la
Médecine avec diftinci^ion. Lui-même fe lit recevoir Docteur en cette Science »
ainfi que les deux frères aines, & il montra tant d'habileté dans fa profeflion ,
qu'il parvint à la plus haute eftime. Il eut beaucoup de part à l'amitié du Cardi-
nal Roderic de Borgia, qui fut nommé en 1455 à l'Archevêché de Valence par
Calixte m, fon oncle, & qui fuccéda en 1492 au Pape Innocent VIII, fous le
nom d'Alexandre VI. Torella obtint de lui la charge de Médecin ordinaire peu de
tems après fon exaltation, & Jules II, qui fuccéda à Pie III le premier Novem-
bre 1503 , le nomma auflî au même emploi.
Comme Torella étoit Clerc, il tira bon parti de la proteflion de la "Cour de
Rome , pour s'avancer dans l'état eccléfiaftique. Il dit lui-même , dans la préface
de fon Traité de la vérole imprimé en 1497 , qu'il y avoir déjà dix ans qu'fl
étoit attaché à cet état; mais on ne fait point au jufte en quelle année il fut facré
Evoque de Sainte Juftine par Alexandre VI; on affure cependant que ce fut
^vant 1497. Cet Evôohé eft en Sardaigne fous la Métropole d'Oriftagni ; & quoi»
qu'il eût été fuppriraé en 1504, pour être joint à l'Archevêché de cette dernière
Tille , Torella en retint toujours le titre. Il le prit encore au Concile de Larrao
auquel il aflifta en 1512, fous Jules 11. Je pafle maintenant aux titres des Ouvra-
ges de ce Médecin :
Judicium générale de ponentîs , prodigils & ojlentls. Roma , ou félon d'autres , Ter-
gemfie , 1477, m.4.
Tracfatui cum confilils contra Padendagram , Jîve , Mirbam Galllcum. i?om<e,i497,
in-4.
Didlogus de dolore , cum Traclatn de ulcerlbus in pudendagra evenire folitls. Ibidem ,
1499. lordla eft un des premiers Ecrivains qui aient donné des hiftoires fuivies fur
le traitcmi'nt des perfonnes attaquées de la Vérole, & li l'on en peut croire yijlruc ^
\\ employoit le mercure dans Ci traitement.
De tsgritujine ovilld ConJIlium. Roma , i ^05.
De regimine feu prafervatione fanitatis , de efcukntis & poiukntii Dlalogus. JHomis ,
414 T O R
1506 t £«-4. On lit ces mots à la fin de l'Ouvrage .• Finit Dlalogus pro re^lmtne fani
tatis valdè utilis , editus à Magijîro Cafpare Tordla , natione P'alintinà , Epifcopd Sunc-
ta Juft£ , ac S. S. D. N. Jul'u II Medicô ac Pralatô Domejllcô , cum quo modum cog~
nofcendi coniflexiones , tàm ejcukntorum , quàm potalentorum , docet. ^anô à nativitatt
Dom'ini 1506 inprejfus per Mugilirum Joannem Bejîcken,
TORINUS, ( Albanus ) de Winterthour , ville du Canton de Zurich, prit le
bonnet de Doé^eur en MéJccine à Montpellier , & pratiqua à Bâie vers le com-
mencement du XVI liecle. A l'exemple de tant d'autres qui s'occupoient alors de
la tradudtion des Auteurs Grecs & Arabes , il publia des notes fort amples fur
Alexandre Trallien & J^an DamafcenCy mit en Latin les Œuvres de Rhasés , les dix
]jivres De re culinarïa de délias ^p'aius , le Livre de finitate tuendâ de Diodes de
Caryfte , & compofa des Commentaires fur les Opulcules de Pulybe ^ de Tiiéophile
& de PlUlarete. On a auflj de lui une tradu6lion des Ouvrages de Paul d'Egine,
qu'il fit paroître à Bâle peu de tems avant que Gonthier d'Andernach publiât 1*
iienne à Paris en 1531 , in-folio. Comme celui-ci critiqua afiez fcverement la ver-
fion de Tjfinus , ce Médecin Suiffe en prit de l'humeur & mit au jour une Let-
tre , lous ce titre ;
^d clarijjinium Dominum Cuînterium Joannem ^ndernacum , Epi/îola ^pchsettca Al-
bani Tor,ni , quâ calamnias illius impudentijjimas refellit ^ & verjîonem ejufdeni Pauli
Eg:ne[£ mendofam ^ & malâ fide natam ojtendit, Bafde£ , 1539, in 8. Cette Lettre cft
chargée a'mvediives grolîieres , elle eft écrite d'un flyle emphatique & remplie
d'all^fions puériles aux paliages des Anciens , dont Tarlnus affede de fe fervir
fans cefle. Gontti'nr ne fit aucune réponfe , du moins direfle ; mais cette Lettre
leule juR\fie tes reproches , auxquels fon adverfaire ne répond que par des récrirai*
naiions , ou en convenant qu'il étoit peu verfé dans le Grec , dans le Latin & dans
la Médecine, quand on l'a engagé à donner fa tradudtion , qui a été imprimée i
mefure qu'il la compoloit. Cet aveu ne prévient pas en faveur des autres Ouvra*
ges de Torinus \ aulli n'ont-ils pas obtenu les iuftrages du lavant Haller.
TORNAMIRA , C Jean DE) Médecin François, a été ainfi appelle du liea
de fa naiflance , qu'^jîruc loupçonne être Tornemire dans le Kouerge. On convient
que c'étoit un des plu» favans & des plus habiles IVJédecins de fon tems. Il fut Doyen
de la Faculté de Montpellier, dont il devint Chancelier dans la Ibite ; on voit même
qu'il occupoit cette dernière charçje en 1401. Cette date ce s'accorde pas avec le
fentimcctde René Moreau qui dit <^\ie Jean de Jirnamira floriflbit en 1450-, il étoit
mort alors , ou il vécut fort vieux. Mais /foif^ang J'jJIus fé trompe bien davan-
tage , îorfqu'il avance que ce Médecin vivait en 1.^04-
Le principal Ouvrage de Tomamira cft intitulé ; Clarif.cat'^rîum fuper nono ad -<fZ-
man'orem^ cum textu ipfîus Rhajîs. C'eft une traduflion de l'Arabe en alTez mauvais
Latin, avec un commentaire fur le neuvième Livre de Rhafîsii Aimanfor. Turaa-
irdra avoit déjà enl'eigné pendant dix» leuf ans dans les Ecoles de Montpellier ,
lorlqu'il y di<Ra ce Traité qui renferme une pratique générale de toutes les ma-
ladies en g'î chapitres. Il y en a différcnt-^s éditions. Une de Lyon en 1490 ;
une autre de la môme ville en 1501, in-4 , à la fin de laquelle on trouve un Livre
De febribus du même Auteur, Degx autres de Venife en 1507 & 1521 , in folio.
T O R 413
A la fin de la Pratique de falefcus de Tarama , connue fous le n^m de Philo-
nium, on rencontre ordinairement un (ouvrage, ions le titre é'' IntrodnSforium ai
Prncticam Medrine , qui eft du même Jean de 7'ornaniird. On lui attribue tncore
Celui intitulé : Commcntum fuper Galenum de interloribus.
TORRjEUS, ( George J de Li'Ie en Flandre, prt le bonnet de DoiS^eur en
Médecine à Montpellier en 1626. Sa Thefe inaug;urale eft intitulée:
Dj PoJagra Tkeorico-Pra^icis Paihiones , Medlcis , Medicinajue Candidatis , pro LaU'
rea ^^olllneâ confeqaendâ , amicte ventilutlani expojîtte. Monfpelil , 1626 , in-^. L'an-
née précédente , il avoir paru à Francfort une pièce du même Médecin , fous
le titre A'EpiUptica conjîdsrado ^ id eft ^ Morbi Comuialis quà theorctica , quà praSUca
medicina. Jn /^.
TORRE. ( Jérôme DELL A ^ Voye^ TURRÏaNI.
TORRINI, CBarthélémi ) premier Médecin de Viaor-Amédée II, Duc de
Savoie , étoit au icrvice de ce Prrnce vers l'an 1675. Comme il ne manquoit pas
d'efprit , qu'il avoit une grande connoiffance des Belles-Lettres , & qu'il brilloit
par l'éloquence ptriuafiv'e de fes difcour» , il ne lui lut pas difficile de fe faire efti-
mer^ mais la profondeur de Pa fcieace dans l'Art de guérir le lit bien autant conli-
derer que fes. autres talens. Plus attaché à la doàrine des Anciens qu'à celle
des Modernes , il avoit eu quelque dâlfein d'écrire des commentaires iur les
OuvragCi des premiers. Il ne paroît cependant point qu'il ait rempli cette tâche ;
car à peine avoit-il comaiencé à fentir les infirmités de l'âge , qu'il l'uccomba à
une attaque d'apoplexie. Tout ce qu'on a de lui , fe réduit aux Traités fui-
vans :
Parnajfus triceps , feu , Mufarum affiatus Phyllairo-Mathematlcl de wyfteriis Natura
& ^niy ^■^ujta I aurlnorum , 1657, in-fullo.
uid Francjium l'elinum yinacrîjis in eju/aem paradoxum de fe&lonc faph^n£ in fup-
prejjlone meiiftruorum. Ibidem , 1661 , m-b.
TORTI, ( François^ de Modene , enfeigna la Médecine dans les Ecoles
de fa ville natale , & mérita la confiance de Renaud , fon Souverain , qui le
nomma premier Médecin de fa perionne. Tortl fi": honneur à cet emploi , & jouit
d'ailleurs d'une réputation fi fjlidement établie , qu'elle ne reçut aucune atteinte
jufqu'à fa mort arrivée en 174t. C'eft à ion favoir qu'il a dû la célébrité , dont
Je fouvenir eft encore cher à fa patrie quil a illufirée par la variété de les ta-
lens. Il a\ o-;t iur-tout celui de l'oblervation , & il en fit un fi bon ufage pour avan-
cer le? progrès de la Médecine , que fes Ecrits ont été univerlellement accueillis
par les Maîtres de l'Art. Ses premiers efFais parjrent en 1709: mais comme il ne
tarda pas à voir qu'ils étoiect futceptibles de beaucoup d'augmentations intéref-
iantes, il y mit la dernière main & les publia fous ce titre;
Therapeutice /peciaîis ad febrei quafdam pernlcio/às inopinaro ac repente hthales. Ma-
tlnx ^ 171a, ï7:,o , //2-4. /^e/it'fià, 173a , 1743 , «-4. Li>/?<e , 1756 , i/1-4. L'édi-
tion de 1709 a paru à Modene, sn-8.
414 T O S T O U
Rama^[ini & Manget s'efforcèrent d'enlever à Tord l'honneur que cet Ouvrage
lui avoit procuré ; ils condamnèrent hautement fa méthode d'adminïHrer !e Quin-
quina. Mais le premier fut vidorieufement combattu par les Képonfes Jatro apo-
logétiques de notre Auteur, qui les publia à Modene en 1715 , tfl-4. On les trou-
ve jointes à toutes les éditions de fa Thérapeutique qui font poftérieures à cette
année. Quant à M'jnget , il fentit li bien toute la force des railbns de 2'orti , qu'il
lui adreflà des lettres d'excufe en 1720.
TOSORTHIiOS étoit fils de Menés , ce Roi d'Egypte qu'on a dit être le mê.
me que Mefraïm , Kls de Chum. Comme le royaume de Menés fut partagé entre
les enians , Memphis échu à Tofunhros qui étoit le troifieme , & il y régna
vers l'an du monde 1816. 11 s'appliqua à la Médecine , ainfi que faifoient alors
les pères de famille , & même les chefs des peuples. Suivant M. Dujardin , dans
ion riilloire de la Ch'-ruvgie , il étudia les propriétés des plantes , & les progrès
qu'il fit duns l'Anatomie & la Chirurgie, le rendirent recommandable à fa Na.
tion. Le même Auteur ajoute que pour perpétuer fon nom & fes bienfaits , il
eut foin de faire graver fur des pyramides fes découvertes médicinales , & fur-
tout celles qui regardo'ient !a ftrudture du corps humaim On a prétendu qu'il eft
le mCimc que VL/'culape Egyptien, mais allez mal-àpropos. Peut-être n'efl-on pas
«lieux fondé à lui attribuer les connoiflances dont on lui fait un mérite,' car dans
ces tcms , couverts pour nous de ténèbres , il eft impoflible d'aller trouver la
vérité à travers la confulion qui règne dans l'Hiftoire de la Médecine : la critique
la plus éclairée fait toujours de vains eflbrts pour percer les nuages épailEs par une
auili longue fucceffion de iiecles.
TOVAR. ,CSimon DEJ) Bofteur en Médecine dans le XVI.fiecle , étoit de Séville.
JS^icolas Antonio qui en parle dans fa Bibliothèque d'Efpagne , dit qu'il entendoit
alfez bien les Mathématiques, qu'il étoit favant dans fon Art, & qu'il avoit fait
une étude particulière de la préparation & compofition des médicaiîiens. C'eft
fur cette matière que roulent les Ouvrages qu'il a laifles au public , fous ces
titres .*
De compojïtorum medicamcnwrum examine nova Metkodus. ^ntverp'ne , 1586, 1/1-4.
Hlfpalicnfium Pharmacopollorum rccognitio , uhi de ponderum ab antlquis ATcdicis ufîta-
torum repumlone , item de medicamentorum expvrgaatium tritura , ac muWpUci in ea Phar-
macopolarum errore. Hifpali, 1587 , /n-4 , avec le Traité précédent. Hag<e Comitis ^
1640 , i/i-i2, avec Mcthodus mifcendi & conficiendi medicamenta par Jean du Boys.
TOUCHE , ( Gervais DE LA ) Gentilhomme Poitevin , vécut datis le XVI .
fiecle. M. Portai en fait mention dans le premier fupplément à f )n Hiftoire de l'A-
n-itomie & de la Chirurgie, au fujet d'un Ouvrage également remarquable pat
la tournure du ftyle , la naïveté des expreffions & la bonté des préceptes. C'eft
un Traité qui regarde l'Art des accouchcmens , & que /)e La Touche a dédié à
toutes Royncs 6? Princeffes , à toutes Dames S* Damoifelles d'honneur , d toutes Femmes
débonnaires , de vertu & de patience. Voici le titre qu'il porte ;
La très-haute & très-fouveraine Science de fart & induftrie naturelle d'enfanter p
T O U 4TS
eontn la mauJicle & perverfe împéricie dis Femmes que Von e^pelle S a'iges- femmes ou.
Bdks-Mcres , kfqueUes par leur ignorance font journellement périr une Infinité de Fem-
mes (Sf d'Enfans à Venfantement : ad ce que déformais toutes Femmes enfantent heureu-
fcment , & fans aucun péril n'y defiourbier , tant d'elles que de leurs Enfans , ejlant
toutes faites & pérîtes en icelle Science. Paris 1587 , in-ï2. H paroîc à l'Auteur que
rien n'eft plus avantageux pour rhumanité , que de confier aux hommes la prati-
que des accouchemens , parce que ^ dit-il, pourveu^ de la ralfon , ils font fafceptibles
de raifmnement. Cette manière de penfer n'eft pas bien polie. Mais voyons comme
W railonne lui-môme dans ion Ouvrage; voici le lambeau que donne M. Portai :
■n Et quoy 'î >Je voyons-nous pas ordinairement, que le Laboureur, avec toute
n patience, attend neuf ou dix mois, que par nature le bled qu'il a ftmé foit par-
n venu à pleine & entière maturité? N'attendonsHious pas, avec toute patience ,
y> que les fruits de la terre foient bons & meurs, par nature, pour nous en fervir
» à.noftre néceliité. Quoy 'î Penferions-nous bien, par noftre impatience, eftre ft
•n faiges que de donner confeil à Dieu & à Nature, pour avancer ou retarder le»
» choies par lui déterminées"} Nature ne veut-elle pas , avec toute patience , avoir
a fon cours audi bien comme toutes les chofes terreftres " Que nous fervira t-il
w donc , de penfer leulement , par nofire impatience , pouvoir forcer & violenter
a nature , en abbrégeant ou allongeant l'exécution de fes effets? Ah! poftérité ,
» poftérité , donnez-vous bien garde déformais, de penfer feulement que cefte
» Grande-mere , Nature, Gouvernante de toutes chofes par l'ordonnance de Dieu,
T. ait aucunnement affaire de voftre aide , es chofes qui deppendent de fa charge, «c
Cet échantillon fait voir combien TAuteur connoiffoit l'importance de ne venir
qu'à propos au fecours de la Nature qui fe fuiKt à elle-même , lorfqu'il n'y a pomt
d'ûbftacle à l'Accouchement, opération qui dépend du méchanifme & qui par - là
eft naturelle.
TOURNEFORT CJofeph PITTON DEJ naquit à Aix en Provence, le 5
Juin 1656, de Pltton , Ecuyer, Seigneur de Tournefort , &r d'^imare de Fagoue-
d'une fi^mille noble de Paris. On le mit au Collège des Jéfuites de fa ville natale;
mais quoiqu'on l'appliquât uniquement , comme tous les autres écoliers, à l'étude
du Latin , dès qu'il vit des plantes , il le fentit Botanifte. Il voulait lavoir
leurs noms, il remarquoit foigneufement leurs différences, & quelquefois il rr.r.n-
quoit à {"a claflè pour aller herborifer à la campagne , & pour étudier la Nature ,,
au-lieu de la Langue des anciens Romains. La plupart de ceux qui ont excr!!é
en quelque genre , n'y ont point eu de maîtres ; Tournefort n'en eut d'nutre que-
la Nature , il étudia de lui-même fes produétions , ?c il apprit, en peu de tems ,
à connoître les plantes des environs de la ville d'Aix.
Quand il fut en Philofophie , il prit peu de goiàt pour celle qu'on ^ui enfe'gnoit.
Il n'y trouvoit pas cette Nature qu'il fe plaifoit tant à obferver , mais des 'dées
vagues & abftraites qui fe jettent , pour ainfi dire , à côté des choie- & n'y tou-
chent pas. Il découvrit dans le Cabinet de fon père la Philolbphie ('e Defcartes ,
peu fameufe alors en Provence , & la reconnut pour celle qu'il therchoir. C'é'oit
en effet ce qu'il y avoit de mieux alors. îl ne pouvoir cependant jouir de cette
lecture que par furgrife &< à la dérobée , mais c'étoit avec d'autant plus d'ardeurj,
4i6 T O U
fon père, qui s'opp&foit à cette étude, lui en augmentoît le goût, & ccntrlbuoit
ainfi , fans y penfer , à fa meilleure éducation.
Comme on deflinoit Tournefon à l'Eglife , on le m't dans un féminaire pour y
étudier la Ihéologie; mais la dcftiDation naturelle prévalut iur les vues de fon
père. Il faîloit qu'il vît des plantes ; il al'oit faire fes études chines dans un jar-
din afiez curieux d'un Apothicaire d'Aix , ou dans les campagnes voilines de cette
ville , ou £ur la cime des rochers. Il pénétroit môme par adrefle ou par préfent
dans tous les lieux fermés , où il pouvoit croire qu'il y avoit des plantes qui n'é-
toient point ailleurs. Si ces fortes de moyens ne lui réulTîîfoieDt pas , il fe réfolvoit
plutôt à y entrer furtivement ; & un jour , il penfa être accablé de pierres par des
payians qui le prirent pour un vo'eur.
Il n'avûit guère moins de pafiion pour l'Anatomie & pour la Chymie , que
pour la Botanique. Enlin, la Phylique & la Médecine le revendiquèrent avec tant
de force fur la Théologie qui s'en étoit mile injuflement en pofleffion , qu'il fallut
qu'elle leur abandonnât. Il ctoit encouragé par l'exemple d'un oncle paterne! ,
Médecin fort habile & Fort eflimé ,• & la mort de Ion père, arrivée en i6j'7 , le
laifla entièrement maître de fuivre fon inclination. 11 profita auflTitôt de fa liberté,
& parcourut en 1678 les montagnes du Dauphiné 6î de la Savoie, d'où il rap-
porta quantité de belles plantes feches qui commencèrent fon Herbier.
La Botanique n'eft pas une Science lédentaire & parcfleufe qui fe puiffe acqué-
rir dans le repos & dans l'ombre du Cabinet, comme la Géométrie & l'HiRoire,
ou qui tout au plus comme l'Anatomie, la Chymie & TAfironomie , ne demande
que 'des opérations d'alfez peu de mouvement. Elle veut que l'on courre les moa-
ta,gnes & les forâts , que l'on gravilfe contre les rochers efcarpés , que l'on s'ex-
pole aux bords des précipices. Les feuls Livres qui puiflent. nous inOrcrre à fonds
iur cette matière , ont éié jettes au hazard fur toute la furtace de la terre , &■ il
faut fe rétbudre à la fatigue & au péril de les chercher & de les ramaflër. Delà
vient auiïï qu'il eft [\ rare d'exceller dans cette Science : le degré de padlon qui
fufiit pour faire un Savant dans une autre cfpece , ne fuffit pas pour faire un
grand Botanifte , & avec cette pallion même , il faut encore une fanté qui poille
la fuivre, une force de corps qui en fupporte toutes les fatigues. Tournefon
étoit d'un tempérament vif, laborieux, robuOe ; un grand fond» de gaieté natu-
relle le foutcDoit dans le travaiJ, & foa corps , aulli bien que fon efprit, avoit
été fait pour la, Botanique.
En 1679, il partit d'Aix pour Montpellier, où il fe pcrfcclionna beaucoup dans
l'Anatomie & dans la Médecine. Le jardin des plantes établi en cette ville par.
Henri IV, ne pouvoir pas, quelque riche qu'il fût, iati.'faire la curiofité ; il courut .
tous les environ» de Montpellier ù plus de dix lieues, & il en rapporta des plantes
inconnues aux gens môme du pays Mais ce» courfes étoient encore trop bornées;
il partit de Montpellier pour Barcelone au mois d'Avril 1681; il pafla jufqu'à la
Saint Jean dans les montagnes de Catalogne , où il étoit fuivi par les Médecins
du pays & par les jeunes Etudiar.s en Médecine , à qui il démontroit les plantes.
On eut prelque dit qu'il iinitoit les anciens Gymnofophiftes, qui mcnoient leurs
difciples dans les déferts où ils tenoieot leur Ecole.
Les
T O U .4^?
Les hautes montagnes des Pyrénées étoient trop proches pour n'être pas tenté
3'y monter. Il favoit cependant qu'il ne trouveroit dans ces vaftes iblitudcs qu'une
fubliflance pareille à celle des plus aufteres Anachorètes , & que ks malheureux
habitans qui la lui pouvoient fournir, n'éroient pas en plus grand nombre que
ks voleurs qu'il avoir à craindre. Audi tut-il plulieurs fois dépouillé par les Mi-
quelets Efpagnols, 11 avoit imaginé un flratagême pour leur cacher un peu d'ar-
gent dans ces fortes d'occaiions. U enfermoit des R.éaux dans le pain qu'il portoit
fur lui, & qui étoit fi noir & li dur, que quoiqu'ils le volaflent fort exactement
& ne fuirent pas gens à rien dédaigner, ils le laiflbient avec mépris. Son inclination
dominante lui faifoit tout furmonter ; ces rochers affreux & prefque inaccefilbles qui
l'environnoient de toutes parts, s'étoient changés pour lui en une magciiique bi-
bliothèque, où il avoir le plaifir de trouver tout ce que fa.curiofité demandoit. Se
où il paflbit des journées délioieufes. Un jour, une méchante cabane où il cou-
choit , tomba tout-à-coup ; il fut deux heures enfeveli fous les ruines & il y auroit
péri , fi l'on eût tardé encore quelque tems à le retirer.
Il revint à Montpellier vers la fin de 1681 , & delà il alla chez lui à Aix, où
îl rangea dans fon Herbier toutes les plantes qu'il avoit amaffées en Provence,
en Languedoc, en Dauphiné , en Catalogne, furies Alpes & les Pyrénées. 11 n'ap-
partient pas atout le monde de comprendre que le plaiiir de les voir en grand
nombre, bien entières, bien confervées, difpofées félon un bel ordre dans de
grands Livres de papier blanc, le payoit fuffifamtnent de tout ce qu'elles lui
avoient coûté.
Il jouiffbit de ce tréfor plus précieux pour lui que l'or même , lorfgu'il fut ap-
pelle pour figurer fur un théâtre fupérieur à celui de la ville d'Aix. Heureufement
pour les plantes, Fagon^ alors premier Médecin de la Reine Marie-Thérefe d'Au-
triche , s'y étoit fort attaché , comme à une partie des plus curieufe» de la Phy-
fique & des plus eilentielles à la Médecine. U favorifoit la Botanique de tout le
pouvoir que lui donnoit fa place & fon mérite ; mais il lui manquoit un homme
qui fût en état de poufler cette Science à une plus grande perfeftion. Tournefurt
étoit cet homme. Son nom parvint à Fagon. de tant d'endroits différens, ôe tou-
jours avec tant d'uniformité , que ce Médecin fongea férieufement aux moyens
de l'attirer à Paris , rendez-vous général de preique toug les talens répandus
dans les Provinces. 11 s'adrellà pour cela à Madame de Venelle, Sous- Gouver-
nante des Enfans de France, qui connoilToit la fatnille de Tournefon , & qui
réuffit à le perfuader de venir dans la Capitale. Il y arriva en 168" , & cette
Dame le préfenta à Fagon , qui , dès la même année , lui procura la place de Pro.
feflëur de Botanique au Jardin Royal des plantes, que Louis XllI a établi à
Paris pour Tindruiftion des Etudians en Médecine.
Cet emploi ne l'empêcha pas de faire ditterens voyages. Il retourna en Elpagne
& pafla jufqu'en Portugal; il y vit des plantes, mais prefque fans aucun Bota-
nifte. En Andaloulie, qui eft un pays fécond en palmiers, il voulut vérifier ce
qu'on difoit depuis long-tems des amours du mâle & de la femelle de cette efpece ■
il comme il n'en put rien apprendre de certain, ces amours fi anciennes furent
pour lui un myftere qu'il ne fut parvenir ù développer. Il alla aulli en Hollande
& en Angleterre, où il vit & des plantes & plufieurs grands Botanifte« , dont v
r 0 M E ir. ■ Ggg
4i8 T O U
gagna l'amitié & l'enitne. Il n'en faut point d'autre preuve que l'envie qu'eut
Herman, Profefleur de Botanique à Leyde , de lui réfigner fa place, parce qu'il
avançoit en âge. 1! lui en écrivit avec beaucoup d'inftance; & le zèle qu'il avoit
pour la Science qu'il profeffoit, lui faifoit choifir un fuccefleur , non f-ulcment
étranger, mais d'une nation qui étoit alors en guerre avec la Holhnde. Il promet-»
toit à Tourncfon une penfion de 4000 livres de la part des Etats Généraux, & lui
fàiloit efpérer une augmentation quand il feroit encore mieux connu. La penfion
attachée à la place du Jardin Royal étoit fort modique ; cependant l'amour de
la patrie lui fit réfuter ces offres avantageuies. Une autre raifon encore qu'il di-
foit à fes amis, c'eft qu'il trouvoit que les Sciences étoient pour le moins â un
aufii haut degré de perfedîion en France, qu'en aucun autre pays.
L'Académie des Sciences ayant été mife en 1(91 fous Tinfpedion de l'Abbé
Bignon , un des premiers ufages qu'il fit de fon autorité, deux mois après qu'il
en avoit été revêtu, fut de faire entrer Tuurnefort & Homberg dans cette Compagnie,
il ne les connoilfoit que par les noms qu'ils s' étoient fdit. Après qu'ils eurent été
agréés par le Roi , fur ion témoignage , il les préfenta tous deux enlemble à
l'Académie; deux prem'crs nés, pour ainfi dire , dignes de l'être d'un tel père , &
d'annoncer toute la famille fpirituelle qui les a fuivis»
Le laborieux Tourncfon ne fut pas long-teras à rfonner au public les première»
preuves de fes fuccès dans le genre d'étude qu'il avoit embralfé. U mit au jour
à Paris un Ouvrage intitulé : EUniens de Botanique oit Méthode pour connoître les
plantes , qui fortit en 1694 de l'Imprimerie du Louvre , en trois volumes in-8.
Il eft fait pour mettre de l'ordre dans ce nombre prodigieux de plantes femées
fi cocfufément fur la terre & même fous les eaux de la mer , & pour les diftri-
buer en genres & en efpeces qui en facilitent la connoiflance , & empêchent que
la mémoire des liotaniftes ne foit accablée fous le poids d'une infinité de noms
différens. Cet ordre îi nécdîàire n'a point été établi par la Nature , qui a pré-
féré une confufion magnifique à la commodité des Phyficiens ; c'eft à eux à met-
tre ,. prefque malgré elle , de l'arrangement & un fyftême dans les plantes. Puif-
que ce fyilême eft l'ouvrage de leur efprir , il n'eft point étonnant qu'ils fe foient
partagés , & que chacun ait donné la préférence à fa méthode. Celle que Tour-
nefort a adoptée , après une longue & favante difcuilion , confifte à régler les gen-
res des plantes par les fleurs & par les fruits pris enfemble, c'eft- à-dire, que tou-
tes les plantes femb^aldcs par ces deux parties doivent être rangées dans le même
genre ; après quoi les variétés qui s'obfervent dans la tige , dans la racine , ou
dans les feuilles, défignent les différentes efpeces. Tourncfon a été plus loin; au
deflus des genres , il a mis des clalfes qui ne fe règlent que par les fleurs ; & il eft
le premier qui ait eu cette penfée , beaucoup plus utile à la Botanique qu'on ne l'a
cru d'abord , puifqu'il n'a trouvé que quatorze figures différentes de fleurs qu'il faille
s'imt>rimcr dans la mémoire. Ainfi quand on a entre les mains une plante en
ileur, dont on ignore le nom, on voit auffitôt à quelle claffe elle appartient dans
le Livre des Llcmens de Botanique ; quelques jours après la fleur , paroît le fruit
qui détermine le g^ nre dans le même Livre ; & les autres parties donnent l'efpece,
Ûe cet'c Ibrte , on trouve en un tmm.-rt , & le nom que Tourncfon lui donne
par rapport à foo fyftâtne , & ceu;& que d'autres Botaniftes lui ont donnés , ou^
T O U 419
par rapport à lewr fyflême particulier , ou fans aucun rynême. Par-là on rft
en état d'eruJier ce te plan'e dans les Auteurs qui en ont parie, fans craindre de
lui attribuer ce qu'ils auront dit d'une autre , ou d'at rib er à une autre ce qu'ils
auront dit de celle-là. C'eft un prodigieux foulagcment pour 'a m m 'i-c , que
tout le réduile à retenir quatorze figures de Heurs, par le in. yen -It !qui 1! = on
delcend à fix cens Ibixante-ireize genres, qui cottipren en: fous cix h' it trille
huit cens quarante-fix eCpece» de plantes , l'oit de terr.- , loit de rr^r. conni-cs
juiiju'au tctns de ce Livre. Que ieroit • ce s'il falUrt corn'î're in n:t d'a'i n cnt
ces 6846 elpeces , & cela fous tous les noms dift'érens qu'il a p'u i^ux Botaciiies
de lejr impoier ?
Ce fy^ôme fut approuvé de la plupart des Phyficiens ; un Botanifte An^^'oi,': ,
JR.ay , l'attaqua cependant fur quel^jucs po'nts ; mais Tournefort lui répo-idu en
169' par une Diflenatioa (^ntiae qji el: airelT^e à Surard , autre Anglois habile
d?.n> la mSme 6(ience. Cet Ecrit eft intitulé:
Z)j optima mciliodù injVtueadâ in Re Hcibunâ Fp^fiula ^ in qua refpondetur Raîo de
varis plantarum matlwds. Purijiis , 1697, in-S. La dilpLtc fbt (ans ai.ereur iV mî-
me aflèz polie de pt;rt & d'iurre. ()n dira peut-être que le lujct ne valoir guère
la peine qu'on s'échaufi'ât. Car de quoi i'agifloit-il ? De lavoir C les fleurs
& les fruits fuffifent pour établir les getircs, fi une certaine plante eft d'un genre
ou d'un autre. Mais on doit tenir compte aux hammes , & plus particulier ment
aux bavans , de ne s'échauffer pas beaucoup fur dés fujets légers. Tournefon ,
dans un Ouvrage pofiérieur à la dilpute , a donné de grands éloges à Ray ,
& même lur ion l'yftême des plante.». Sur quoi il eft à propos de remarquer que
dift'érens Botaniites ont eu le leur ; comme ils ont envif^gé les plantes fous di.
ver» alpeéts , ils ont établi leur iyftême , les uns parles Heurs & par les étamines,
les autre< par les corolles ou péta es , ou par les femcnces ou autres parties de la
fructitication ; d'autres par leur laveur , leur odeur , leurs propriétés médicinales
ou tecnniques.
Tiurncfoit le fit recevoir Dodeur de la Faculté de Médecine de Paris en 1696»
& Tannée faivante ^ il dédia fa première Th. fe de PréfiJence à M. Fa^on. Il y
fouti.-t affirmativement la queftion : ^n morborum curjtlo ad mcchanicis liges referen-
da ? Cette Thefe fur célébrée d'une manière digne de celui à qui elle éroit
dé liée. Les Ecoles étoient fuperbement décorées ; la Thcfe magnifiquemc^it en-
ca irée , ornée de fculpture & de dorures , étoit couverte d'un verre de Bohê-
me. Au frontilpice de la Ihefe paroilToit le portrait de l'illuHre premier Médecin.
L'ag^regaiion de Tournefnrt à la Faculté de Paris fut pour lui un nouvel
aiguillon qui l'excita à continuer fes uavaux litiles. Il publia un Ouvrage fou*
ce titre.'
H Jtoie des plantes qui naifTent aux environs de Paris , avec leur uf âge dam la A.édicme.
Pafi*. ifx)», in io.. Il a encore été imprimé dans la même ville en 1725, deux
volumes w-12, avec des augmentations par M. Bernard de f'iffieu. Je ne cite pas
l'édition de T741 , parce qu'elle eft la même, avec un frontifpice nouveau. En An^
glois ^.ar '\1unyn . Londres, i^-i , ij-f» . deux volumes m 8 , avec des additions.
11 eft hors de doute que celui qui avoit été chercher des plantes fur le fomoîef
4-0 T O U
des Alpes & des Pyrénées , n'avoir pas négligé d'herborifer dans tous les environsdè
Paris , depuis qu'il y faifoit ion réjour. Mais la Botanique ne feroit qu'une Science
de pure curiofité , li elle ne fe rapportoit pas à la Médecine ; & quand on veut
-qu'elle loit utile, c'eft la botanique de ion pays qu'on doit le plus étudier. Non que
la Nature ait été aulFi ib-goeufe qu'on le dit quelquefois , de mettre dans chaque
pays les plantes qui doivtnt convenir aux maladies des habitans ; cette opinion
détruit les liens qui unifrent la grande famille des hommes qui font faits pour s'en»
tr'aider les uns les autre». Le principal avantage de la Botanique indigène, c'eft
qu'il eft moins difpendieux & plus commode d'employer ce qu'on a fous la main ,
qu'il eft plus sûr , & que ibuvent ce qui vient de loin , n'en vaut pas mieux.
Dans cette Hiiloire des plantes des environs de Paris , notre Auteur raHem-
ble non feulement leurs différens noms & leurs defcriptions , mais encore les analyfcs
Chymiques que l'x^cadémie en avoit faites , & leurs vertus les mieux prouvées.
Ce Livre feul répondroit fuffifamment aux reproches qu'on fait quelquefois aux
Médecins de n'aimer pas les remèdes tirés des plantes communes , parce qu'ils
ibnt à portée de tout le monde & d'un effet trop prompt. Certainement Tourne'
fort en produit ici un grand nombre ; cependant ils ibnt la plupart adez négligés ,
& il femble qu'une certaine fatalité ordonne qu'on les defirera beaucoup & qu'on
s'en iervira peu.
C'eft à ce Médecin qu'on doit attribuer un Livre , ou du moins la partie d'un
Livre qui a paru fous ce nom , quoiqu'il ne l'ait point fait imprimer. On prétend
que Guillaume Sherard l'a mis en état de voir le jour , mais qu'un Anglois nom-
mé Simon ïVhanon , qui avoit étudié la Botanique tous Tournefort pendant trois
ans au Jardin du Roi, eft celui qui l'a publié ibus ce titre;
Schola Botanica ^ fîve , Catalogus plantarum quas ab allquot annls In Horto Reg,co
Parificnfi Jludlujîs indlgitavit F'ir darijjtmus Jofephus Plnon de Tournefort , DoShr Me-
dicus , ut & Pauli Hcrmannl , Paradlfi Batavi Prndromus. ^mftdodami , 1689 , in-12.
Comme les Elémens de Botanique avoient eu tout le fuccès que l'Auteur pou-
voiî délirer , il en donna, en 1700, une tradudion Latine en faveur des étrangers.
Llle parut en trois volumes /ft-4, fous le titre d' /nfiitutlmes Rei Herbarla. Cette
édition eft de Paris. Je ne connois point la date de !a féconde , dont parlent cer-
tains Auteurs; mais la troiiieroe iut publiée dans la même vilie en 1719, trois
volumes /n-4., avec figures , par les foins de M. Antoine de Juffieu qui fa enrichie
de quelques augmentations. 11 y a encore une édition de Lyon, 1719, trois volu-
mes i/i-4 , & deux en Anglois, Londres , 17 19, 1730, deux volumes de même format.
Le premier volume de l'impreftion de Paris ccntient les noms des plantes dif-
îribuées félon le fyftême de l'Auteur, & les deux autres, leurs figures bien gra«
vées. A la tête de cette tradu(ftion eft une grande Préface ou introduifiion à la
Botanique , qui contient non feulement les principes du lyftême de Tournefort in-
génieulément & folidement établis, mais encore une Hil^oire de la Botanique 6e
des Botaniftes , recueillie avec beaucoup de foins & agréablement écrite. On n'au-
ra pas de peine à s'imaginer qu'il orna cette Préface de tous les agrémens dont
elle étoit iufceptible ,• car il s'occupoit toujours avec plaifir de tout ce qui avoit
rapport à l'objet de Ibo amour. Cet amour n'étoit cependant point fi fidèle aux.
jglaates, qu'il ne fe portât prefque avec la même ardeur à toutes les curiofités da.
»
T o l; 411
Ta Pbyfique. Pierres h^urces, marcaflites rares, pétrific-ation» & cryfîallifations ex-
traordinaires , coquillages de difterentes efpeces ; tout cela méritoît fa plus grande
attention ik Tatiachoit vivement. Il eft vrai que du nombre de ces fortes d'infidé-
lités , on en pourroit excepter foo goijt pour les pierres; car il croyoit que c'é-
toient des plantes qui végétoient & qui avoient des graines: il étoit même aflez
difpolé à étendre ce lyfiâme jufqu'aux métaux , & il femblc qu'autant qu'il pou-
voit , il tran.sformoit tout ea ce qu'il aimait le mieux. Il ramaffint aufli des habil-
lemens , des armes , des inftrumens des nations éloignées ; autre forte de curiofi.'
tés qui, quoiqu'elles ne foient pas immédiatement fonies des mains de la Nature,
ne laiflcnt pas de devenir philoiophiques pour qui fait philoiopher. De tout cela
enfemble , il s'étoit fait un Cabinet îuperbe pour un particulier ; il étoit fameux
dans Paris, & les Curieux l'efiimoient à quarante-cinq ou cinquante mille livres. Ce
feroit une tache dans la vie d'un Philofophe , qu'une fi grande dépenfe , li elle
avoit eu tout autre objet que de répandre des lumières fur les mœurs & les ufa-
ges des peuples ; mais cette dépenfe n'eût elle butté qu'à fatisfaire une curiofité
d'oftentatton , encore prouveroit-elle que Tournefort , dans 'une fortune aufîi bornée
que la fienne , n'avoit pu guère donner à. des glaifirs plus frivoles & cependant
beaucoup plus recherchés.
Avec toutes les qualités qu'il avoit , on peut juger aifémem combien il étoit pro-
pre à faire un excellent voyageur; car on entend par ce terme , non ceux qui
voyagent fimplemtm, mais ceux en qui fe trouvent, & une curiolité fort étendue
qui eft affez rare , & un certain don de bien voir , plus rare encore. Les Phiio-
fophes ne courent guère le monde, & ceux qui le courent ne font ordinairement
guère phiiofophes ; & par-là un voyage de Philofophe eft extrêmement précieux.
AuQi l'on regarde comme un bonheur pour les Sciences , l'ordre que Tournefort
reçut de Louis XIV, en 1700, d'aller en Grèce , en Afie & en Afriqtje, non feu.
iement pour y reconnoître les plantes des Anciens & peut être auffi celles qui leur
étoieni échappées, mais encore pour y faire des obfervations fur toute l'Hiftoire
naturelle , fijr la Géographie ancienne & moderne, & même fur les mœurs , la re-
ligion & le commerce des peuple?. Il eut ordre d'écrire , le p'us iouvent qu'il pour-
roit , à M. le Comte de Pont-Chartrain qui lui procuroit tous les agrémens podibles
dans fon voyage ,& de l'informer en détail de fes découvertes & de l'es aventures.
Tourncfurt, accompagné de GunJe/s.'ieimer, excellent Médecin Allemand, & d'^a.
briet , habile Peintre, alla jufqu'à la frontière de Perfe , toujours herborifant & obfer.
vanc Les autres voyageurs vont par mer le plus qu'ils peuvent, parce que la mer
eft pius commode, & fur la terre, ils prennent les chemins les plus battus. Ceux-
ci n'al.'oiunt par mer que le moins qu'il étoit poffible; ils étoient toujours hors des
chemins , & s'en faifoient de nouveaux dans des lieux impraticables aux autres,
On lit , avec un plaifir mêlé d'horreur, le récit de leur defcente dans la grotte
d'Antiparos, c'eft-à-dire , dans trois ou quatre abîmes aHreux qui le fuccedent. Tour-
nefort eut la joie d'y voir une nouvelle efpece de jardin, dont toutes les plantes
étoient différentes pièces de marbre , encore naiflantes ou jeunes , & qui , félon
toutes les circonftances dont leur formation étoit accompagnée , n'avoient pu que
végétsr. En vain la Nature s'étoit cachée dans des lieux fi profonds & fi inaccefii-
bles pour travailler à la végétation des pierres," elle fut, pour ainfi dircjprile liiSï
le fait par des curieux G hardis..
42Î T O tJ
L'Afrique étoit compriie dans le deflein du voyage de Tournefjrt^ mais la pefte,
qui étoit en Egypte , le fit revenir de bmyrne en France l'an ij-oa Ce fut-là le
premier obftacle qui l'eût arrêté. 11 arriva, comme l'a dit un grand Poëtc , pour
une occalion plus brillante & moins utile , cliar^^é des dénnuilhs de fOricnt. 11 eQ
rapporta , outre une infinité d'obfervations , 1356 nouvcl'es clpeces de p'anies ,
dont une grande partie venoit Ce ranger delle-môme lous quelqu'un des 673
genres qu'il avovt établis. 11 ne fut obiii^é de créer pour le relie que vingt-cinq
nouveaux genres, fans aucune augmentation de clafles^ ce qui prouve la commo-
dité d'un fyflême , où tant de plantes étrangères que l'on n'attendoit point, en-
troitnt fi Facilement. 11 en fir un lupplérncnt à l'édition Latine de l'es Eitmens de
Botanique , qui parut fous ce titre :
Curollarium Jnjîuudonu'ii Kei fJerburi^ , in quo plantce 1355 muni'îcentiâ Ludovicl
tnagrù in 0,ientalibus regionibus obfcrvatcs ncznfcntur & aJ fuu gcncra revocantur. Pa-
rijus, 1703 , irt-4.
Dès qu'il tut revenu dans la Capitale, il fmgea à repreniire la pratique de 1*
Médecine qu'il avoir facrifiée à ion voyage du Levant , dans le tems qu'elle com-
mençoit à lui réuHir beaucoup. L'expérience fait voir qu'en tout ce qui dépend
d'un ctitjin goût du public, & fur-tout en ce genre, les interruptions font dan-
gereufes. L'approbation des hommes cft quelque choie de f^rcé & qui ne de-
mande qu'à finir. J'ournefurt eut donc quelque peine à renouer le fil de ce qu'il
avoir abandonné. D'ailleurs, il falloit qu'il s'acquittât des anciens exercices du
Jardin Koyal. On y ajouta encore ceux du Collège Royal , où il eut une place
de Proftfieur en Médecine ; les fondions de l'Académie lui demandoient aufli du
tems. Enfin, il voulut travailler à la relation de fbn grand voyage, dont il n'a-
voit rapporté que de fimples mémoires, informes & intelligibles pour lui feul. Les
courfes & les travaux du jour lui rendoient le repos de la nuit plus nécelfaire,
mais d'autres travaux l'obligeoicnt à paflér les nuits & à prendre fur fon fommeil
pour en hâter l'éxecution. iVIa!heur;ulement il étoit o'une conftitution alTez forte
pour rei^oub er de foins & de fjtigue pendant long-tems , fans être fenfibiemcnt
incommodé; ma'is à la iin fa fanté fe dérangea, & il ne la ménagea pas davan-
tage. Lcrfqu'il étoit dan> cette mauvaife d'f(.>ofirion , il reçut, par hazard , un coup
fort violent à la poitrine, dont il ji'gea bientôt qu'il mourroit. Il ne fit p'us que
languir pendant quelques mois , & il mourut le 2B Décembre 1708. Il avoit fait fon
teftameni , y'«T lequel il a lailTé fon Cabinet de curioiitls au Roi pour l'ufage des
Savans, & ffs Livres de Botanique à l'Abbé Bignon. Ce fécond article ne mar-
que pas moins que le premier. Ion amour pour les Sciences; c'eft leur faire un
prélént , que d'en faire à ceux qui veillent à leur accroiHem:!nt.
De deux volumes (n-4 que devoit avoir la Relation du voyage du Levant, le
premier étoit déjà imprimé au Louvre quand Tournefon mourut, & on acheva
le fécond fur le manulcrit qu'on trouva dans fon cabinet Les éditions (e (ont mul-
tipliées depuis ce tems-là. 11 y en a une de Paris, 1717, deux volumes m-4;d'Aml-
terdam . 1718, deux volumes , même format ; de Lyon, 1727 » trois volumes jn-8;
en Anglois, 171B, in-A, & 1741 , in-S. Cet Ouvrage eft intitulé;
^dation d'un voyage du Livant ^ fait par ordre, du Roi y contenant l'H^uire ancienne
T O X 433
ê? moderne dî plufieun fjles de V Archipel , de Confiantinople , des Côtes de la Mer
aoire , de l'Arménie , de la Géorgie , des frontières de Perfe & de Vuijie mineure.
Enrichie de defcriptions & de figures d'un grand nombre de plantes rares ^ de divers
animaux; & plujicurs obfcrvations touchant VHiftoire naturelle. Ce précieux Recueil
a confervé ia première forme de Lettres adreffées à M. de Pont.Cbartrain; on y
trouve deux cens planches très-bien gravées , qui repréientent les plantes , les an-
tiquités , les plans des villes &c.
Tourncfon a laifTé en Manulcrit un Traité de Matière Médicale , qui contient la
defcriprion des plantes, leurs vertus, & l'énumération des formules dans lefquelles
elles entrent. Cet Ouvrage pofthume a été mis en ordre par Henri Befnkr , Doc-
teur de la Faculté de Médecine de Paris, & publié dans cette ville en 1717, deux
volumes in- 12.
Je tinis cet article par dire que la plupart des chofes qu'on a lues dans l'abrégé
de la vie de Tournefort , l'ont extraites de l'Hiftoire de l'Académie des Sciences
de Paris , année ifo8.
TOXARIS vécut dans le XXXIV lîecle du monde. Les Athéniens l'appelloient
te Médecin étranger & lui failbient tous les ans des facrifices , en reconnoifiance
de ce que leur viile avoit été délivrée de la pefte par ion moyen, ou plutôt par
le moyen d'une femme qui avoit fongé que Toxarls , qui demeuroit à Athènes ,
lui difoit que cette pefte cefleroit , fi l'on arrofoit toutes les rues avec du vin. Ce
coni'eil fut fuivi , & la pefte ceffa.
On n'a pas été jufqu'ici fans voir combien la fahuleule Antiquité a employé de
myftere , pour donner un air merveilleux aux événemens les plus communs.
TOXITES , C Michel ) Médecin de la ville d'Haguenau en Allemagne , étoit
du Pays des Grilons. Ses talens dans la Poélie lui méritèrent, en 1529, d'être
nommé Comte Palatin par l'Empereur Charles-Quint, à la Diète de Spire. Il fut en»
fuite reçu Maître-ès-ArtP à Tubjngue , & peu de tems après, il y obtint la Chaire
d'Lloquence ; mais comme il favoit ménager ton tems, les devoirs de ProfcfTeur
ne l'empêchèrent point d'étudier encore la Médecine & d'en prendre le bnnrjcr '
il fe fit même tant de réputation par les connoiflances qu'il avoit acquiies dans
cette Science, que la Faculté de Tubingue le nomma fon Doyen en i^zq. On
ne fait pas combien de tems il occupa cette place. Les HiPoriens fe bornent à
dire qu'il l'abandonna, ainii que l'Univerûté, pour fe retirer à Hat^uenau où
il vivoit encore en 1573.
Ce Médecin fut aiiez attaché à la doftrine de Paracelfe; il ne donna cependant
point dans tous les travers de cet enthoufiafte ; car bien loin de rcjetrer les fen-
timens & la méthode de Galien , il tâcha de concilier les opinions de ces deux
Auteurs. On a de la façon de Toxites:
Spongia ftibii advenus Luca Stengelii , Mcd. Docf. & Pkyjîcl Augujîanl , afverglnes,
jirgentoratl^ '567, in-4.
Onomaftica duo. I. Philo fophlcum Medicum fynnnlmum , ex va'-ils vulgaribu'gue Llnguis.
IL Theophraftl Paraceljî, hoc f)? , earum rocum, quorum in fcriptls ejus fulet ufus
ijfe ., explicaiio. Ibidem^ ^574» '""S-
iitri iiuatuordecim para^raphorum Phillppl TheophrajU Paracelfi. Ibidem. , 1575 , j/i-S,
4^4-
T O Z
TOZZI C Luc ) naquit vers l'an 1640 à Averl'a , petite ville du Royauitie de
Naples dans la l'crre de Labour. Il fit Ton cours d'Humanités dans la Capitale ,
& paflU enfuite aux Ecoles de Médecine , où ii luivit Onuphrc Riccio , célèbre Pro-
feilcur de ce tems-là, & prit le bonnet "de Doûeur en 1661. Dans la luite , il
fut reçu lui-même au nombre des Proteffeurs. Il commença par enfeigner, les prin-
cipes de la Phyiiologie, mais lans appointemens ; il fuppiéa encore pendant plu-
iieurs années pour Thomas .Curndio de Coience , que Ion grand âge empêchoit
de remplir les devoirs de les Chaires de Médecine & de Mathématique. Il fut
auin chargé de remplacer André Lamei, autre Profeflëur que le Vice-Roi em-
ployoil ailleurs , de forte qu'il donnoit bien iouvent juiqu'à quatre leçons par
jour. Tant de fatigues & d'afliduité ne pouvoient pas demeurer fans récompenfe;
il obtint enfin la première Chaire de Théorie, qu'il avoir remplie fi long-tenis
pour Cornelio. Le zc!e qu'il avoit mis dans l'es fonéitons , avant que de parvenir
à la place de Profelfeur en titre , n'étoit pas fufceptible d'augmentation , parce qu'il
avoit toujours été autant adHf qu'officieux. Il continua d'enleigner avec la même
ardeur , mais il le fit avec plus de célébrité ; & fa réputation étant paflee jufqu'à
Padoue, l'Univerfité de cette ville t^.cha de l'attirer dans fes écoles vers l'an 1679.
înébi-anlable au milieu des ibllicitations les plus prefian^es, Toni réfifta à toutes les
tentatives qu'on lit pour l'engager à quitter Naples; l'appas même des offres les
& il refufa conllammeut d'accepter une
à lés premiers devoirs lui
& enfuite celui de Proto-
Médecin du Royaume de Naples.
Mais la mort de Maicel Maipighi , arrivée le ig Novembre 1694, fit changer
de rélolution à To^ii Le Pape Innocent XII le nomma , au commencement de
l'année fuivante , pour remplacer Malpighi dans la charge de premier Médecin
de la perionne , & il ne put fe refufer aux invitations de fa Sainteté , qui le
nomma encore .à la première Chaire dans le Collège de la Sapience. Après
la mort d'Innocent , arrivée le 27 Septembre 1700, To:iii tut choifi Médecin
du conclave ; mais il ne put fe rendre aux vœux dss Cardinaux , parce qu'il
fut alors appelle en Efpagne de la part du Roi Charles II , dont la fanté étolt
bien chancelante. Il étoit en chemin pour fe rendre à Madrid , lorlqu'il apprit à
Milan que ce Prince avoit fuccombé à la grandeur de fes maux. Cette nouvelle
l'engagea à retourner à Rome pour rendre iés relpedts au nouveau Pape Clé-
ment XI , dont il étoit connu & même eftimé. Ce Pontife lui offrit les con-
ditions les plus avantageufes pour qu'il prît le parti de demeurer à Rome j
mais Toitii avoit pris celui de retourner dons fa patrie, d'où le Duc de Médi-
na Celi , Viceroi , ne lui permit plus de lortir. Il mourut à Naples le n Mars
1717 , à l'âge d'environ Y7 a°s. On a de lui quantité d'Ouvrages qui ont
été recueillis fous le titre d'Opéra cmnia Mcdlca , & qui ont été imprimés à
Venil'e en 1711 & en 1728 , cinq volumes in.'^. Les éditions particulières
font :
Rccondlta Natures opéra jam detecïa , ubl drca quatuor caufas objervat'i cotmta ae
.m^nfc Dccanbris tranfaSli anni 1664 , ^ftrcnomko • Fhyjicè edijjeritur. Neapoli , 1665 ,
4Û-12. ATedlclna:
T R A 4^5
Medlcîna pan prîor , curîofa, tumex Phyjîologicîi ^ tum Paihohgkh deprompta^ J^c-
>terum Jlecentiorumgue medendi methodum compleSiens, Lugduni , i68l « Jn-B.
Medlcinis pars altéra , qu<e ha&ems advzrsàs morbos adinvcata funt , lucuknter & bnvif'
Jîmé explicans. ./ivenione , 1687 <, î/i-8 , deux volumes.
/« Hippocrath AphoTifmos Commentaria t'ubî univerfs Mediclna , cùm Theorlca , tàm
Pra&icx ceUbrlores quafiiones perpcnduntur , aique nedam Recentiorum inventa , fcd
& gcnuina ejufdem Hippocrath menti congruenies quàm dilucidè explicantur. Neapoll ,
1693 , in 4.
Ce Médecin avoit des opinions fingulieres. Il rejettoit les véficatoires , la
feignée , & n'admettoit aucune pléthore. Partifan de /^an Hdniont & de Sylvius
de Le Boë , il établiflbit l'acide pour caule de la plupart des maladies , employoit
les abiorbans dans la cure, & Te fervoit généralement de beaucoup de remèdes.
boa fpécitique dans les fièvres continues , c'eft le Mercure précipité quil adou-
cit en y faifant brûler de l'efprit de vin ; dans la confomption , c'eft l'eau diftillée
de ferpens.
TRABONA, ( Hyacinthe ) de Politio, ville de Sicile dans la Vallée de Dé-
mona, naquit le 20 Août 1595. Son premier dellein fut d'cmbrafler la vie cléri-
cale ; il avoit même reçu les ordres mineurs dès l'année 1613 ; mais il ne perfévéra
pas dans cette vocation , & il l'abandonna pour le jetter dans la Médecine , dont
il prit le bonnet de Dofteur. Après fa promotion , il fe rendit à Céfaledi
dans la même Vallée de Démona , où il fit fa profedion avec tant de fuc-
cès , qu'il mérita les regrets des habitans , lorfqu'il y mourut le i6 Février 1664.
Il a publié une Diflertation De medicamento purgante quartâ die. Elle fut imprimée
à Palerme en 1636 , tn-4.
TR.ABUCCUS, ("Mario ) Dofteur en Philofophie & en Médecine , étoit de
Calata.girone , ville de bicile dans la Vallée de Noto. Son maître dans la prati-
que fut Jean-Léonard Bofcartlli , célèbre Médecin de cette ville. Il le luivit avec tant
d'attention, & fit fous lui tant de belles obferv&tions fur la nature , la marche &
la cure des maladies , que, livré à lui-même, il ne tarda pas à mériter la con-
fiance de toute la Sicile. Ce Royaume fut attaqué d'une maladie épidémique en
1622, & Trabuccus devint le libérateur de fa patrie par les foins qu'il fe donna
pour en arrêter les progrès, Plulieurs Auteurs parlent de lui avec éloge, entre au-
tres, yeûn-5û/)/i/Ze Cnrteji & Pierre-Paul Morretta. Ce Médeci-' n'a publié aucun
Ouvrage, mais ^nvmin Mongitore fait mention de ceux qu'il a laifles en manuf-
crit. Tels font : PraEtica Medidne. De morbls muUcrum & puerorum. De febribus &
pracipuè de febre malignâ. Confulta varia Medica pro Siciliee Dynaftis ac PntfuUbus.
De morbo epidemico Jirangulatorio anni 1622.
TRAGUS ou BOCK. (" Jérôme ) vint au monde en 1498 a Heidefpach , villa-
ge près de Breiten en Souabe. Après avoir été Moine, il fe mu à tenir école
à Deux-Ponts , & cet emploi l'occupa pendant neuf ans ; mais comme il avoit
du goût pour la Botanique , il le chargea encore de la dircilion du Jar-
din du Prince Louis , qu'il embellit d'un grand nombre de plantes rares. A Is
TOME IF. """
4^6. T R A
niort de ce Prince en 155'^, il pafla à Hornbach , où il fut en même tems Vrêt^
dicateur & Médecin. H Hnit fes jours dans cette ville; une conf>mption, d^nt
il étoit attaqué depuis feize ans, l'emporta le ai Février 1554. Le goût qu'il
avoit pris pour la Botanique a procuré aux Médecins Allemands un 'ouvrage
écrit en leur Langue , dont il y a grand nombre léditio is , toutes in-foUii , à
Strasbourg, 1539, 1546, 1551 , 1572, 15^0, 1586, 1595 & 1630. David Kyber Vz
mis en Latin , lous ce titre ;
7?e Sùrp'um , max'mè earam que înGermania nafcuntur ^ufîtatis nnmenclatiirh^provrUf'
cjue d'fferentiis , necnnn tcmperaturis & facultatibus^ Cnni:nentariorum Lihri tre\ HU acctf'
feruni Prafationes due , alttra Conradl Gefneri rei herbaria Scriprorum qui in hune ufque
dicm. fcripferunt Caialouum compUêfens ; aliera Ipjîus ^ucforis herharie coj^nitionii laudes
contiaens, Praterea , Corollarii vice ad calcem adjc&us eft Benedili Texroris , Segufiani , de
Stirpiun dlffer^nnîs Libellas. Ar^entorati , 1552, in-^. Tragu j n'a voit pas manqué de
conlulter les Ouvrages des anciens Botaniftes ; mais peu iatisf.iit de ce qu'il y
avoit trouvé , il voulut encore confulter la Nature dans les montagnes des Vof-
ges & dans prelque toute la Suide , & il y fit une ample moiflbn de plantes.
Le recueil des figures qui ont rapport à l'Ouvrage que je viens de citer, eft
intitulé:
ycre atqre ad vivum exprejje imagines omnium herbarum , fruSticum & arborum ,
quarum nomenclaturam & defcriptinnes Hienmymus Bockius in fuo tum Germanicô , tant
Liùnitate dunatô ac recens editô Herbariô comprehendit , no/ic primùm minorl forma ex-
cufe. ^r^enùne, 1553 & 1554, in'4 , avec 5O7 figures.
THALLES . f Jean-Chriftian J) de Strelen en Siléfie , exerça la IVédecine à
Breflau & fut Membre de l'Académie Impériale des Curieux de la Nature, fous
le nom à^^venioar, Augufie , Roi de Fologne , le nomma fon Médecin en 1697 ♦
mais il ne jouit guère de cet honneur , car il mourut l'année luivante , au retour
de la CampHgne où il avoit fuivi ce Prince qui étoit allé pacifier les troubles fur-
venus dans fes nouveaux Etats , à la fuite de l'éleétion du Prince de Conti ,
fon concurrent à la couronne. On ne connoît rien de Jton-ChrijUan Tralles qu'un
Ouvrage imprimé en 1680, In 8 , fous ce titre: De inju^ckntia exfpuitîonis fuhva
pro obtinenda gluriâ prefervatlonis univerfalis naturalis peftis.
Balthafar-Lo'Ai Tralles , célèbre Médecin de Brellau , où il naquit le premier
de Mars 1708, étoit de la famille du précédent. Après avo'r étudié à Hall en
Saxe fous Frédcric Hoffmann , il ne tarda pas à fe diftinguer dans fa patrie, dont il
mérita la confiance & l'eftime. Déjà répandu dans le monde favant par des Ouvra-
ges qui font tous marqués au bon coin , il fut reçu dans l'Académie Impériale d'Alle-
magne , dont il devint Adjoint fous le ncm à'^Jven^nar II. La Société Royale de
Berlin le mit audi au nombre de lés Membres. Mais comme on ne peut mieux
juger de Tralles que par fes Ecrits , je paflè à la notice que les Biolio^raphes en
ont donnée:
Extrcitatii) Phyfîco-Medica de virtute Camphore réfrigérante , cum prefatlone Frldericl
Hoffmami. f^ratiflavie & Llpjtai , 1734, in-S. Lipjîe ., 1738, '"18.
De vena ju^ulari frequentiùs fecandâ , Commentano. Lipjite ^ 1735 , in-8. Il y parle
de la (aignée à la Jugulaire, comme du plus puiliànt de tous les lecours contre la
plupart des maladies de Ja tête>-
T R A 427
Traité fur le régime des femmes grofTes. Preflau, 1736, m-8 , en Allemand.
Traité coctre les préjugés des Allemands. Breilau , 1736 , in -8 , dans la même
Langue.
yirium , qu£ terrds remedlls fia£fenus groth cdfcr'pie funt , examen rigorojîus. F'ra'
tifldv:a & Lipliie , 1740, in-4. C'eft aux iyl^êmcs que difiérens Médecins ont ima-
gmes fur les caufes des maladies, qu'on doit en partie attribuer la Polypharma-
cie qui a rendu la cure de pos maux fi rebutante. Les Anciens r'ort point connu
tout ce fatras de médicamens terreux , dont les Moiernes farcha'^ent C icutile-
inent lefîomac des pauvres malades. L'idée d'ablorber , de corriger, de chan-
ger la qualité'dominante de nos humeurs, a fait croire que ces méiiLamens étoient
propres à cet effet,- c%! parce qu'on a remarqué que les abforbans tempèrent les
aigreurs qui réiultent d'une digeiiion foible & lente , on a étendu l'aélion de ces
remèdes jijfques lur le fang , où ils ne paflent jamais,
■ Exa.v.en rigorojius , quô Jîmul multarum traduhnum praclicarum Mytholagla & vanltai
dîlucidè declaratur. Lipjia , 1740, in -4.
De machina & anima humanâ prorfus à fe invîcem dlfiln&îs , Commentatîo. Z i/^i/^e, 1749 ,
în-8. Cet Ouvrage combat vidiorieufement les aflertions impies que le Médecin La
Mittrie a efirontément publiées dans Ion Triité intitulé : VHomme machine.
Hifioria Choiera acroCijJlme quam fuftlnuit ipfe & perfanavit tegerrlmè. F'ratiflav'a «
Ufus Opii falubris & noxius in mortorum medelâ , folidis & certis principiis fuper-
flrucfus. Ibidem ,1757, 17(^0, 1762, quatre ferions en deux voltmes i/1.4. Suivant
lui, VOpium augmente le mouvement du cœur & des artères, conféquemment la
vitefie de la circulation & la chaleur naturelle du corps ; il raréfie , il atténue le lang , à
qui il procure une turgefcence qui équivaut à l'augmentation delà maffe ; il rend la
relpiratioQ plus accélérée & plus difficile , détermine plus abondamment le fang vers
la tête : c'cft delà que l'Auteur céduit tous les effets qu'on remarque dans les
perlbnnes qui ont fait uiage de ce fuc épaiffi de pavot, qu'on nous envoie fous le
nom de Meconiam. Mais Tralles ne fe borne point à détailler les avantpges & les
inconvéniens de VOpium coniiJéré par lui-même ; il examine ce médicament Ibus
un autre point de vue, & en déterminant les cas qui rendent fon aéfion utile ou
dangereufe , il faifit l'occafioo de s'étendre fur la naturelles caufes, la marche & le
traitement de prcique toutes les maladies.
De mcihûdo mcdaidi varlilis hacten-js cogn'ttâ pepe in/ufficiente , magnô pro inoculatione
argumeniô , Dijfertatio. Fraùflavi^ , 1761 , in-8.
De methodo medendi in curatione variolarum pejjimtt Indnlis. Ibidem , 1 764 , in-8. C'eft
une Lettre apologétique adreflée à Antoine De Baen , Médecin de Vienne, qui avoit
cenfuré la méthode curative.
f^exàt'ijjimum nojlrâ tctate de infîtione variolarum vel admîttendâ vel repudîandà argumen-
tum f curatiùs evolucum c§ expcnfum. uilditur brefis difquijîtio de ufu mijfionis Janguinis &
Opii in fecunda varilarum ftbre. Ibidem^ ^l^^S") "'■^•
f^era vatrem patrits fanam & longavum pnsjlandi methodus. Ibidem ,1767 , in-4 Cet Ou-
vrage eff dédié à Staniflas-Augufle , Roi de Pologne, qui avcit invité Tralles à fe
rendre à Varfovie .pour y remplir la charge de fon premier Médecin. Plufieurs rai-
fons le détournèrent daccepter ce parti honorable. Son attachement à la Rc)j-
4aS T R A T R E
gion Evangélique qu'il auroit dû abandonner ; l'ftge de 60 ans qu'il avoit alors ; le
irain d'une vie unie & toute littéraire, asiquel il ctoit habitué , ^ que le tumuUe
de la Cour ne lui auroit pas toujours ptrmis de fui- re à fon gré: c-'a l'engagea
à prier le Roi de le dirpenfer de quitter Jireflau. Mais potir ne point être inu-
tile à ce Prince , il lui adrcfla les conleils diététiques qui font la matière du Traité
dont on a vu le titre.
TRALLIANUS. Voyez ALEXANDRE TRALLIEN. '
TRAPHAM , CThomas ) de Maidltone dans la Province de Kent en Angle-
terre , le fit examiner à Oxford , où il obtint la permi'^'oa de pratiquer la Chirur-
gie, Sa réception eft du 3 Mars 1633. Comme il donna des preuves de fes taleus
dans cet Art , Olivier Cromwel le clioilit pour ion Chirurgien en 1648 ; mai» il re*
tourna à Oxford l'année luivante, le mit lur les bancs de la Faculté de Méde-
cine ,& prit le titre de Bachelier le 19 Mai. U paroît qu'il en demeura-là ; car on ne
voit pas qu'il fe Ibit préfenté pour obtenir d'autres grades , quoiqu'il ait lurvéca
jufqu'à la fin de Décembre 1683. U mourut à Abingdon , ville d'Angleterre dans
le Comté de Barck.
Thomas Trapham^ Ion fils, fut reçu Mattrc-ès-Arts à Oxford en 1658. II voyagea
beaucoup & prit le bonnet de Dodeur en Médecine dans une Univerfité étran-
gère. Cette promotion lui fuftit pour entrer dans le Collège Royal de Londres »
mais il ne profita pas long-tems des avantages que fa réception pouvoir lui procu.
rer en Angleterre; car il pafla bientôt après dans la Jamaïque, où il vivoit encore
en 1692. La DilTertation qu'il a écrite fur les maladies des habitans de cette lile «
a paru en Anglois en 1679,
TRAPOLINUS, ("Pierre ) Médecin natif de Padoue , vécut vers la fin du
XV fiecle. 11 enieigna la Théorie dans les Ecoles de cette ville , & ne manqua
pas , comme tant d'autres , de raifonner fur la Vérole , maladie alors nouvelle en
Italie. Tout ce qu'il en a dit, le réduit à des queftions fcholaftiques qui ne jettent
aucune lumière fur la méthode curative;on en a cependant formé un Traité qu'on
trouve dans le deuxième Tome de la CoUedtion de Venile De Morbo Gullico'
Mais comme ce Iraité eft imparfait & plein de lacunes , ^ftruc faupçonne que
quelque Ecolier l'a fait imprimer fur les cahiers qu'il avoit écrits à la diflée de
Trapolinus.
François , fils de ce Médecin & Médecin lui-même , enfeigna la Logique à Padoue
en 1501 & la Philofophie en 1504 ; mais il abandonna l'Univerfifé de cette ville ,.
pour aller remplir une Chaire dans celle de Florence, qu'il quitta à fon tour,,
pour le rendre à Rom& où il mourut.
TREVISIUS ( André ) naquit dans le Novarefe au Duché de Milan. Déjà
connu dans cette partie de l'Italie par les heureux fuccès de là pratique , il y faû
foit la Médecine avec toute la réputation qu'un homme de Lettres peut ambition-
ner, lorlqu'il lé préfenta une nouvelle, mais trifte occafion de rendre lervice à fa
patrie. Une %vre épidémique déiola l'Eut de Milaa eo i^H^ Su isbB; il vola pas^
T R. E 425
four, & il employa des moyens fi bien concertés contre les ravages que cette
Hialadie faifoit , qu'il vint à bout d'en arrêter le cours. Sa conduite le répandit
avantageulement dans toute l'Italie ; fon nom pafla même jufqu'en Efpagne. 11 fut
nommé Médecin de l'Infante Ifabelle-Claire-Eugénie , Epoufe de l'Archiduc Al-
bert, & palTa avec cette Princefle dans les Pays-Bas, où il demeura julqu'en 1622,
qu'il revint dans l'a patrie ; il y vivoit encore en 1627. Témoin de la mort de
l'Archiduc Albert, il coniacra à la mémoire de ce Prince un Ouvrage intitulé ;
Pkœnix Principum, Jîve ^ ^Ibtrii Fii morientis f^ita. Il avoir publié précédemment:
Traciatiis de caujis , naturâ , moribus ac curatione pejlilentium febrium valgo diSarunt
cum Jïgnis five petechiis. Midiolani ^ 15^8, 1595 jin-^.
TREW , ( Abdias ) Profeffeur de Phyfique & de Mathématique dans l'Uni-
verfité d'Altorf , étoit d'Anipach en Franconie , où il naquit le 29 Juillet 1597.
11. remplit avec beaucoup de célébrité la Chaire qu'on lui avoit donnée ,& il l'oc-
cupoit encore loriqu'il mourut le 12 Mars 1669. Tretf ne fut point Médecin. Oa
ne fait ici mention de lui , que parce qu'il a publié un Ouvrage , feu* ce titre :
uijlrologia Medica quatuor difputationibus comprehenfa. ^hdurfii, 1664 , /n-4. En
condamnant les extravagances de l'Aflrologie , il fe croitjui-même exempt d'erreur
dans les principes qu'il déduit de l'influence des aftres fur les corps fublunaires. Il
les étend cependant B avant ces principes, qu'il les applique à la Médecine, &
ibutient que les maladies & les affeftions de l'efprit de l'homme dépendent de l'ac-
tion des globes lumineux qui ornent le ciei.
Chrijlophe, fils (i'^bdias, naquit à Altorf le 20 Septembre 1641. Il s'attac^ia à la
Pharmacie qu'il exerça à Lauffen en Franconie ; mais il fe raêloit auffi de la Mé-
decine , & comme il ne manquoit pas de talens dans cette Science, on lui conlia
le foin de veiller à la fanté de la garnifon de Rothenbourg-fur-le-Tauber. 11 mourut
le a8 Juillet 1717, & laifla un Ouvrage en Allemand fur la bierre de LauU'en
Chrijiophc-Jacques Trew , fils du précédent, naquit en 1695 dans la ville de Laufl.
feo. Il fit la Médecine à Nuremberg avec tant de diftindion , qu'il parvint A la
place de Directeur de l'Académie des Curieux de la Nature, dont il s'acquitta à
l'avantage de cette Compagnie & du public. Aidé de quelques-uns de fes confrè-
res , il travailla à un Ouvrage périodique qui commença à paroîrre à Nuremberg
CD 1731» fous le titre de Commercium Littcrarium ad Rei Mcdic<e & Scieatle nuiura-
Jii incrementum infiUutum ; il y a inféré diverfes obfervations de fa façon , & il y a eu
part jufqu'au quinzième volume qui fut imprimé en 1745. Mais Trew ne s'eft point
borné à la rédadion de ce Recueil; laborieux comme il étoit, il a mis les Ou»
vrages fuivans ea état de voir le jour ;
De vafii lingute fJlvalibus , Epljlola ad A. UaJhr. Nuribergte, ^T,4» ''«•4-
Dijfenatio de diJJerentUs quibufdam iarer bominem natum & nofctnduni inurcedentibus.
Jbidim ., 1736, in 4. On y trouve beaucoup de détails anatomiques.
Jcoms pojthuma: Gefneriana. Ibidem , i^^ii^ in-falio. Ces planches de Gejner , dont il'
avoit fdit l'acquifition , contiennent 216 figures de plantes gravées en bois.
Sele&arum plantarum Décades. Augujits A^indelicorum., i^^o , in folio.
Librorum Botanicorum Libre duo , quorum prior recentiora quojdam , poflerior pleroCn
2in anii^uos ad annum 1550 uf^ue sxcufm recenjlt, Norimber^a y ^752 , infulio.
430 TRI
Planta fchcîa quorum imagines ad exempîarla naturalla Londlnî in hortis cur'wforum
nutrita , manu, artificiosâ pinxit Georgius Dionyflus Ehret Germanus , ccUegit , nominibus
notifjue lllujlravit C. J. Trew. /bcden , 1754 > in-folio regali.
CeJrorum Libanl hijtoria^ eorumque chara&nr Botanicus , cum illo Larlcis ^ ^bieds,
Pinique comparatus. ^ccedit d'ifqnVitio , an hmc arhor Jh illa Ipfa in facro codiez prte
omnibus cdebrata. NorlmbergtE , 1757 , in-4 , avec figures.
TklBOULLEAU, ("Michel ) Maître Chirurçien delà ville de Paris , fa patrie ,
fe lit une étude particulière delà Phylique & de l'Anatomie , dont il tira beaucoup
de lumières qui contriliurrcnt à l'avancement de fon Art. Il Fut choifi en l'^yo
pour remplir la chargée de Chirurgien-Major du Régiment des Gardes , & en cette
qualité, il iervit dans les Armées jufqu'à la paix de liylwick en 1697. Comme les
l'uccès de la pratique lui av oient mérité l'eftime & la contiance du Corps auquel
il étoit attaché , fa réputation ne s'établit que plus folidement dans la Capitale ;
elle fe répandit même fi avantagcufement pour lui, qu'elle ne tarda pas à jctter
les fondemens de cette fortune brillante à laquelle il eft parvenu. Les pauvres de
fa Paroiffe qu'il affeé^ionnoit beaucoup, fe reffentirent de l'état d'opulence où fa
proFelïion l'avoit mis; il'fe dévoua fpécialement à leur fervice, & les aida de fa
bourfe autant que de fa main. Lorfque les infirmités de l'âge ne lui permirent plus
de leur être utile du côté de fon Art, il continua de les aider par les aumô-
nes , dont il alla recevoir la récompenle le 2 Juillet 1714 , dans fa ^^me. an-
née. C'eft à fon école que le célèbre Jean Louis Petit s'eft formé dans la pratique.
11 y a fucé de bons principes; car Tribouileaa , également prudent & hardi dans
fes opérations , a non feulement redrelfé difl'érens abus qu'une aveugle routine
avoit introduits dans la Chirurgie , mais il a encore ofé autorifer, par fon exemple,
des procédés curatifs qu'on redoutoit de mettre en ufage , malgré la néceflité ré-
fultante des indications.
TRIBUNUS , Médecin célèbre dans le VI fiecle , du tems de Chofroës I ,
étoit de la Paleftine. Il avoit tellement gagné les bonnes grâces de ce Prince,
qu'ayant été fait prifonnier par les troupes de l'Empereur Jullinien, Chofroës ne
voulut accorder aucune trêve à fes ennemis, avant que ce Médecin lu: fût rendu.
Elle fut conclue à cette condition , & Tribunus revint à la Cour de Perfe , où ,
plus cocfidéré que jamais, il fembloit devoir s'y fixer pour toujours. Mais le rang
diftingué qu'il y tint, l'eftime, l'amitié même de Chofroës, rien de tout cela ne
put le déterminer à demeurer en Perfe au de'à d'un an après fa délivrance. Le
Roi mit en œuvre les moyens les plus efficaces pour l'engager à abandonner le
delfcin qu'il avoit formé de fe retirer. II le tenta par les endroits qui pouvoient
le tlitter davantage. Voyant enfin que Tribunus étoit bien réfolu de fuivre le parti
qu'il avoit pris, il fe borna à ce que lui diéloit la reconnoidance , & fit préparer
les prélens les plus magi^ifiques pour le récompenfer de fes fervices. Mais par une
fupértorité d'ame digne de fon grand cœur, ce Médecin ne voulut point les
accepter; & fuivant le témoignage de Procope ., Ecrivain contemporain, il de-
manda, pour toute grâce, la délivrance des Romains détenus en captivité. Le gé-
néreux Chofroës lui accorda fa demande , & donna ordre de renvoyer les foldat»
T R I 43Ï
de Juftioien, de quelque nation qu'ils funent, jufqu'au nombre de 3000, Cette ac-
îioa de Tribunus rendit ion nom célèbre par tout l'Empire.
TRILLE R.,( Daniel-Guillaume^ Dofteur en Philofophie & en Médecine , étoit
d'Erfort dans la haute Thuringe. Il enCeigna dans les Ecoles de Wittemberg, où
it vivoit encore en 1770. La première Thefe à laquelle il préfida , eft de 1716; il
venoit de prendre le bonnet, car on trouve une autre Diflertation Académique qu'il
ioutiut comme réponoant en 1715.
Abraham Gronovlus A profité des notes de ce Médecin fur l'Hiftoire des animaux de
Claude Eiien , <<< il en a enrichi l'édition Grecque & Latine qui a paru à Londres
en 1744, 'n-4. Trille- &i Jean- Etienne Bernard ont aufli £iit des remarques fur l'Ou-
vrage d'Hypaïus qui eft intitulé : De partibus corporii , & qui a été imprimé , en
Grec & en Latin, à Leyde , 1744, in-B. Notre Médecin a pris part à la difpute
fur l'ancienneté de la petite vérole entre ïFerlhof & Hahn , & il a adreflë deux Let-
tres au dernier , fous le titre é^Epijîola de anthracibus c? varlolis f^aerum. In-^, Ses
autres Ouvrages font:
De nova Hippocratis editione adornandâ. La^duni Batavoram , 1728, în-4.. L'édition
6'Hlppocrate, dit M. GouUa dans la feuille N". 28, année iY7f> > a été le point
mélancholique qui a occupé la tête de Triller pendant toute fa vie. En 1720, il
écrit a M. Freind & lui demande fon avis fur l'édition d'Hippucrate qu'il préparoit
& qui devoir être bientôt prête à ê'.re mile fous la prefle. En 1728, il le propofe
de corriger les fautes que Fuës avoit îaillées en plusieurs endroits de ia verfion ,
ainli que ReineJIus l'avoit très bien prouvé. 11 donne en même tems un effai des
notes qu'il fe propofe de joindre au texte , qu'il écrafe de commentaires, après
avoir accufé Fuës d'être diffus en cette partie. Ce n'eft pas que fa vafte érudition
y loil déplacée & qu'il ne foit à louhaiter que tout Hippncrate foit éclairci de la
forte, aicfi que l'a trè>-bien déliré M. De Haller ; mais Trilkr veut borner fon
Hippocrate à deux volumes //i-4, tandis que fes commentaires iont au texte & à la
tradudion au moins comme ieize Ibnt à un. Il obferve , pourfuit M. Goulin , qu'il
a trop avancé fa parole pour n'être pas Lien décidé à la tenir , & qu'il travaille
depuis douze ans dans ce.-, vues. Sur quoi il faut remarquer qu'en écrivant en 17ÎO
à M. Frctnd qui a publié lès Epidémies o' H p^acrais en 1716, ils'ex:ufe beaucoup
de ce qu'il n'a pu le faire plutôt ; on en fent la raifon. L'Ouvrage de Freind lui
avoit porté le coup d'émulation, & il falloit bien au moins quatre ans de prépa-
ration pour ne pas parler a vuide à un par«:il homme. Mas pendant quarante ans,
il remplit quatre vol j mes in 8 de Poëmcs Latins fur la Mé^^ecine , il publie des
diflertation^, des opuicules, un Iraiié médiocre fur la pleuréfie, défigure l'excel-
lente Phiimicopée de Witiemberg en la furchargeant de citatons & dénotes, où
il cite fouvent les Poéfics Latines, & fait voir, à travers beaucoup de jeux de
mjts très puériles», qu'il n'cft ni Pharmacien, ni Médecin; & cependant il écrit
encore à FranLf>rt en i^fn qu'il donnera fon //f/;/7ocrdfe qu'il n'a pas donné , quoi-
qu'il vécut encore en 1770. Le l'raitc de la pleurétie & la Pharmacopée, dont
parle M Goulin, ont paru fous ces titres:
Succinclii commentait) de pleuritide ejufjue curatione. Francofurti ^ 174° » '1-8. Il y
établit la piéfereoce de ia iaignée directe.
«« TRI
Dtfpenfatoriam Pharmaceutîcum unlverfaîe , five , Thefaurus tneJ'camentnrum tàm fimi
plîcium quàm compofitnrum îocupktijfimus ; ex omnibus difpenfatoriis & Ubris de materia
medicâ , ac remeJiorum & celeberrimorum Mcdlcorum operibus congejtus , digefius , & variis
obfervutionibus praSicis fele&ioribus inftruSus. Francofurti , 1764 , deux volumes /n-4.
Peut-on mieux Faire preuve de Ion goût pour la Polypharmacie ?
Le Journal de Médecine , Février 1777, annonce un autre Ouvrage de la fa-
^on de Trilleri
Ciinotechnia Medica andquarîa , five de diverjîs agrotorum le&is , fecundùm îpfa varia
morborum gênera convenlenter injiruendis , Commentarius Medico-crlticus. Francofurti ai
Mœn^m^ I774- Ce morceau de Recherches fur les lits eft d'un Médecin odiogé-
naire. U a divifc fon Traité en trois parties : la première eft employée à parler
des lits des Anciens en général : la léconde renferme les particularités qu'on
peut y oblerver : dans la troifieme font expofées les diverfes formes que les An-
ciens donnoient aux lits , félon la différence des maladies. Si cet Ouvrage n'eft
poiuî pofthume , il fait voir que Triilcr a vécu au delà de 1^70.
TRIMARCHI, C André J DotSeur en Philofophie & en Médecine, étoit
de Meliine en Sicile , où il naquit dans une famille noble. Il fe diftingua telle»
ment par fes connoilianccs médicinales & fur-tout par celles qu'il avoit dans
l'Anatomie , que le Collège de fa ville natale le choifit pour fon Prieur. Mais
les talens de Trimarchi ne fe bornèrent point à ceex qui ont rapport à là pro-
'felfion ; il eut encore un goût décidé pour les Belles-Lettres , & fpécialement
pour la Poélie , dans laquelle il ne réulljt pas mal. Il mourut vers l'an 1660 1
âgé de 80 ans , &r laiffa au public uc Ouvrage Italien qui avoit paru à MeRine
«n 1644 t in 4 , fous le titre de Difcorfo capriccio ^natomico.
TRINCAVELLI C Vidor J vint au monde à Venife en 1496. Il commença
-fon cours de Médecine à Padoue , & delà il palTa à Bologne , où il fe diftingua
tellement entre fes condifciples par fon intelligence dans la Langue Grecque ,
& fa jutieiTe à iaiûr le fens des Auteurs qui ont écrit en cette Langue, que les
Profelleurs Is coniultoient l'ur l'explication des textes les plus obfcurs. Ce talent
lui mérita le nom d'Ecolier Grec.
Après fept ans de iéjour à Bologne , Trlncavelli revint à Padoue pour y rece-
voir les honneurs du Doftorat. De cette ville, il pafla à Vcnile , & comme il
ne tarda pas à être connu du côté des Sciences , on le nomma à la Chaire
de Philofophie que Sébaftlen Fufcareni venoit d'abdiquer. Il partagea fon tems en-
tre les leçons publiques , l'étude & la pratique. Celle-ci lui avoit déjà «procuré
beaucoup de réputation, lorfque le bien de l'Etat le fit fortir de Venile , pour
voler au fecours des habitans de l'Ille de Murano qui en eft voiline. Il s'y dé-
voua avec tant de zèle & de fuccès au fervice des malades, qui l'attendoient
comme leur libérateur , que fon Iéjour dans cette Ifle fut affez court , parce qu'il
y ramena bientôt la famé & la joie. Venife le vit rentrer dans les murs avec
toute la fatisfatftion qu'on a de polTéder un .homme qu'on eftimc & qui mérite
d'être confidéré. Il fe Ht alors aggréger au Collège des Médecins de cette ville ;
& comme la réputation alloit toujours en augmentant, il fut tellement recherché
par
TRI 433
par toute l'Italie , qu'oQ nfiure que fa pratique lui valoit annuellement au delà de
•trois mille écus d'or. Ce gain , tout contidérable qu'il étoit , ne l'empêcha pas d'o-
béir aux ordres du Sénat de Venife qui le chargea , en 1551 , de remplir la
Chaire que la mort de Jean-Bapnjle Mmtl laiflbit vacante dans la Faculté de Pa-
doue. A ne confidérer que fon avantage , cette place n'avoit pas de quoi flatter
TrincavcIU; mais les devoirs de citoyen l'emportèrent chez lui fur les vues d'in-
térêt, qui demandoient qu'il fût le maître de fuivre fon train de vie ordinaire.
Il fe rendit donc à Padoue , & fe contenta d'un honoraire de 950 écus aux cou-
ronnes, que la munificence du Sénat fit enluite monter jufqu'à i6co.
Ce Médecin fe diftingua à Padoue par fon inteHigecce dans la Langue Grec-
que ; il eft le premier ProfeKeur de cette ville qui ait expliqué Hlppocrate fur
l'original même. Il enleigna depuis 1551 jufqu'en 1568 qu-*!! pafTa en Carnioie , par
ordre de la Seigneurie de Venife , pour y traiter André Pegel , perfonnage attaché au
feryice de la Cour de Vienne. Il guérit heureufement fon msbde ; mais comme il
étoit déjà épuilé par l'étude & par l'âge , il s'apperçut d'une telle diminution
de forces à la fuite de ce voyage, qu'il demanda la permiflion de retourner dans
fa patrie . où il mourut de la fièvre pendant le cours de la même année 1568 ,
à l'âge de '^2 ans. On a de lui plulieurs Ouvrages qu'on a recueillis après f»
mort en deux volumes In-folio , Tous ce titre :
Opéra omnia , panim ex diverfis editionibus in unum collecta , partim nunc primùm in
lucem emijfa. Lugduni , 1586 , 1592. l^enenis , 159g.
Les éditions féparées , dont il eft fait mention dans Lipenias & Manget, font
les fuivantes :
Ouajliones très de rea^ione juxta deStrlnam Arlftotelis & Averrhoïi. Patavii , 1556 »
W'8.
Qu<efîio de vena fecandâ in Plcurïtlde & aliis vifierum internoram Inftammationîbus. Jbl-
dem , 1563, /n-8.
Aa in morbi initia ante concociionem purgare tune folùm liceaz , càm materia turget.
Ibidem , 1567 , «1-8.
De ufu & compojîtione medlcamentorum Librl quatuor. Fenetus , 1571, i/:-4. Bafîlea^
157 1 , t/i-8.
Explaaationes in Galenl Libros de diffèrentils febrium. In prîorem Llbrum de arte eu-
randi ad Glauconeni. Tra&atus de febre ptftilintl. f^enetiis ^ 1575 , in'folio.
PraleSliones de ratione curandi umnes corporis humani affe&us, in duodecim Libres
diftinclte. Ibidem, 1575, In-folio ^ par les foins de Bélifaire Gadaldini , Médecin de
Venife.
ConfiUa Medica,poJl editionem Fenetam & Lugdunenfem , accejjïone 128 conpllirum
locupletata & per locos communes digejîa, Bajîlets , 1587 , in folio , avec quelques-uns des
Ouvrages précédens.
Controverfiarum Mcdicinalium praclicarum Librl quinque. Francofurti , 1617, 1/1-4.
De cognofcendis curandifque morbls tàm externis quàni internis , Opus claboratifjimum,
Bajîkie , 1607 , 162g , /n-8.
Commentarii in Galcnum de compojîtione medlcamentorum & in Prognofiica Hippocratîi,
Ulma, i676,m-4, avec les Obfervatioas de George-Jérôme relfchius.
TOME ir. I i î
/
4.-4 TRI
TRISSINUS , ( Louis ^ Médecin natif de Vicen7e , enfeigna la Philofiphie
à Ferrare dès l'âge de 20 ans. Il mourut vers 1543 , ayant à peine atteint fa vingt*
fixieme année. Si le Ciel lui avoit accordé de plus longs jours , il les auroit employés
à l'avancement des Sciences ; car l'amour qu'il avoit pour elles , la pénétratioa
de fon efprit , la iolidité de fon jugement , le goût de l'étude & du travail ,
tout annonçoit qu'il auroit vérifié l'augure que le public avoit tiré de ces heureti-
fes difpolitions. Il en a même laiffé la preuve dans un Ouvrage intitulé :
Problematutn Medldnalium Libri fex , ex Galeni fentendâ. Bafik<e , 1547, in-8. Patavii^
1629 , fn-8.
TRIVISANUS ou DE TRIVISO ÇBernardin ) étoit de Padoue , où il naquit
en 1506 de Marc, Médecin de réputation. Il fit tant de progrès dans les études,
qu'à l'âge de 18 ans , on le jugea capable d'enfcigner la Philofophie à Salerne
dans le Royaume de Naples. On vient de voir dans l'Article précédent que c'étoit
moins à l'âge qu'aux talens que les villes d'Italie ^'arrêtoient , pour confier l'en-
feignement public ," apparemment que Trïv'fanus ctoit encore un de ces Savans
précoces , dont la nature avoit formé le génie plus que l'éducation. De retour dan»
fa patrie , le jeune Profefieur s'appliqua A la Médecine & prit le bonnet de Doc-
teur en cette Science. Mais l'Univerfité de Padoue ne fe preffa pas à le faire
monter en Chaire ; car malgré les preuves de capacité qu'il avoit données à Sa-
lerne , elle tarda jufqu'en 1549 à le nommer à celle de Logique. Trivifanus paffa
à la Chaire des Inftitutes de Médecine en 1566 , & il la rempliflbit encore, lorfqu"il
fut atteint de la maladie dont il mourut le 19 Mars 1583. Ses Ouvrages ont la
Pierre Philofophale pour objet. Comme il eut beaucoup de goût pour la Chymie ,
il fe laifTa éblouir par les vaines promefies des partifans du grand Œuvre ; & H
l'on raanquoit de raifons pour croire qu'il en fut la dupe , on en trouveroit dans
les Ecrits qu'il a laifles fous ces titres :
De Chymico miraculo quod Lapidem FhilofopMcum appellant. Bajîlee , 1583 , 1600 , in-S^
Opus hijîoricun Sf dogmatkum ex Gallico in Latinum verfum. UrfellU , 1598 , in-8.
Francnfurd , 1625 , in-8, avec trois Livres De ^uro , qui font de la façon de Jeaw-
François Pic. L'Ouvrage François , dont il eft ici parlé , avoit paru fous le titre
à''Opufcuîe de la vraie Philofophie naturelle des métaux , par Denis Zahaire & Bernard
Trevifand.
TRIUMPHETTI , ou TRlONFETTt ( Jean-BaptilTe ) prit le bonnet de Doc-
teur en Phiofophie & en Médecine dans l'Univerfité de Bologne, fa patrie , mais
il abandonna cette ville pour fe rendre à Rome , où il remplit , dès la fin du
XVII fiecle , les chaçges de Profeffcur de Botanique & de Direfleur du Jardin
des plantes. Il prit tant de foins pour l'embellifllment de ce Jardin , qu'au rap--
port de Baglivi , il contenoit au delà de 6000 plantes. Lalio 7'rînnfail, fon frère,
î'av oit beaucoup aidé dans fes recherches,- car malgré fa qualité de Chanoine de
Sainte Marie Majeure de Bologne , il cultivoit la Botanique par goût. Comme
il étoit favant en plus d'un genre, l'Inftitut de la même viile de Bologne le nom.
ma fon Préfixent en 1713, & il occupa cette place jufqu'à fa mort arrivée en 1722.
feaa-BaptlJîe finit fes jours à Rome en 1707 , & laifla quelques Ecrits au public
Tels font :
T R O 435
Syllabus plantarum Horto Romano addharum. Rnma , 1681 , tn-^.
Obfarvationes de oriu ac vcgetaiinne pLiuurum , cum novaiuw filrp'ium hîflorlà iconi-
bus illnjhatâ. Romte , 1685, ''"■4' 1' arraque Maipis,hi qui s'éioit fort étendu , dans
fes Ouvrages , iur la véi^étatioa , la ftru3ure & la reprodnf^ion des plantes.
Quant à lui , il prétend démontrer que les plantes fe repr^duilnt lans graine •>
en fe pournlTant, 6î que la graine peut germer lans air ; mais fes démocflrations
n'ont convaincu perlbnne , parce qu'elles ont été reçues comme des paradoxes.
ProIuJJo ad publicas herbarum oJJcnlwnes habita in. Horto publico SapUntiiS Rr:man<s.
Ibidem , 1700 , in-^. 11 fort de fa thcfe dans ce Difcours ; car après y avoir lancé
quelques traits défavorables à la mémoire de Malpl^bi , il s'étudie à rabattre de l'uiJ.
lité de l'Anatomie dans la pratique de la Médecine, au moins de cette Ana'oraie
fine & minurieule qui étend fes recherches julqu'aux parties les plus déliées du
corps humain.
f^indicliz verîtatis à cafîi^ationibus quarumdam propofitionum qu£ habentur in Opufculo
de ortu plantarum. Pan prior , in qua expérimenta ac novtB obfervationes de ortu & vc-
getatione plantarum cominentar. Rama, 1703, ia-^. Il a toujours en vue A^atpi^hi
qui avoit critiqué fes oblérvations fur l'origine & la végétation des plantes ; mms
comme les Bibliographes n'annoncent point d'édition antérieure à celle ci , il eft ap-
parent qu'il a gardé le fiience iur les objeélions de Malpighi mort <a 1694 ? tandis
que Ton fyftême n'a pas été attaqué par de nouveaux adverfaires-
TRONCHIN, CThéodore J de Genève, prit le bonnet de Docleur en Méde.
cîne à Leyde, & ne tarda pas à fe faire un nom dans la pratique de cette Scien-
ce. Il eft enlin parvenu à l'emploi de premier Médecin de S. A. S. M. le Duc
d'Orléans , & en cette qualité , il s'eft établi à Paris , où il eft logé au Palais
Royal. La Chaire de Médecine & de Chirurgie qu'il a remplie avec honneur dans
l'Académie de fa ville natale , lui a frayé le chemin aux titres & aux places
dont H a été revêtu. Succeflivemeat preinier Médecin de feu S. A. R, l'Infant
Dom Philippe & de l'iufant d'Kfpagne Dom Ferdinand , Duc de Parme, il fut af-
Ibcié aux Académies de Stockholm , d'Edimbourg , à celle de Chirurgie de Paris ,
ainli qu'aux Académies Royales de Londres & de Berlin. Tout cela fait preuve
de fon mérite; mais rien ne le fit éclater davantage, que le fuccès de l'Inoculation
de la petite vérole , pratiquée en 1756 à Paris Iur la perlbnne du Duc de Chartres.
Cette opération étoit encore une nouveauté dans la Capitale; elle étoit connue de
Tronchin depuis long-tems, car dès l'an 1748 il en avolt fait reffai fur fon fils à
Amflerdam , oii il rempliflbit alors la charge d Infpecfleur du Collège des Médecins.
Lorfqu'il vint à Paris pour inoculer le Duc de Chartres, il fe répandit dans cette
ville comme Médecin , & fut habilement profiter du foible de certains malades
que la longueur de leur^ maux défoie, ou qui dans les maladies aiguës, croient
trouver plus de refiburce dans la pratique d'un nouveau venu. Il fit des cures qui
contribuèrent à le tenter par difTérens moyens de lé fixer à Paris ; mais il les éluda
adroitement, & fe rabattit toujours fur les raifons qui l'attachoient à fa patrie. Une
de ces raifons fut , dit-on , la conduite des Doéteurs de la Faculté , qui blâmoient
hautement la manière fingulicre qu'il afiettoit dans le traitement des maladies. L'Au-
teur d'ua Ouvrage intitulé : EJfai hijlorique fur la Médecine en France , ("feu M-
436 T R O
Chumd) a renchéri fur la cenfure de fes Confrères ; car il s'exprime , à la noîe
de la page 25 , d'une façon à faire croire qu'il n'a eu perfonne en vue que M-
Tronckln. Voici les termes de la note. ■» Ce que les Hiftoriens nous difent des
» d;f}érens c raderes des Médecins les plus accrédités de Rome auroit lieu de
» nous étonner, li nous ne voyions pas reparoître , comme par intervalle , des hom-
» mes aufli fmguliers. La poftérité aura peine â croire qu'on ait vu à Pari» un
» Médecin étranger, fort à ia mode & fort couru, qui cependant rejettoit de fa
« méthode , faignées , purgations , lavemens , Quinquina , Opium » Emétique ,
» Lait , Bains , Eaux minérales , Véficatoires , &c. Toute fa pratique fe bornoit à
» confciller des frictions , du mouvement , de l'exercice , de longues promena-
» des à pied, l'ufage du vin, de la viande froide. D'une thele particulière, vraie,
» il en faifoit une trop générale , & croyoit que toute fièvre étoit nécelfaire à la
n guérifan des maladies ,• il excitoit cette tievre , l'allumoit, l'entretenoit par des re-
» medcs chauds & adifs , peu ou point de remèdes chymiques , beaucoup de
y> cordiaux , des gommes précieufcs , de la Myrrhe, de l'Aloos, de la Gomme
» ammoniaque , du Sagapenura , des baumes, des poudres, & autres fatras de
» l'ancienne Médecine Arabefque. b'on tempérament froid infiuoit fans doute
» fur la conduite. Jl ne croyoit jamais pouvoir affez augmenter le cours du fang
» & des humeurs , pour faciliter des criles , dont il attendoit panemment la gué»
» r fi»n du malade; méthode perfide dans les maladies aiguës, capable feulement
» d'amuler ceux qui s'imaginent être malades. Aulïi ne lui a-t-on vu traiter ou
» guérir que des femmes , des vaporeux & des mélancholiques. t> Cette fortie efk
bien vive.
M. Tronchln. en efluya une autre au fujet de fon Traité De Collca Picîonum ^
qu'il publia à Genève en i^S? ■> "î*^- ^^ imprima un Examen de ce Livre ^
qui en eft une critique délicate & judicieufe. f^andermonde en a parlé ainfi dans le
Journal de Médecine du mois d'Avril 1758. ■« Les opinions de M. Tronchin
" y lont acalyfées , combattues & réfutées avec une fagacité & une érudition
» ungulieres. On y rend , fans partialité , aux différens Auteurs tout ce que
" 2>o/ic/!in avoit fu s'apprx)prier fans leur aveu. On l'attaque dans fes propres
» penlées , & on lui prouve qu'elles font toutes ou faufles ou dangereufes , de
■" îaçon que l'on retire beaucoup plus de profit & d'agrément de la ledl:ure de cette
■" criiique, que de l'Ouvrage même. L'Auteur s'efl donné le titre de Médecin de
Faris. Le Traité de M. Tronchin. méritoit-il un pareil adverlaire 1 Quoiqu'il en
» loit, quand on obiérve les traits de force & de lumière qui brillent de toutes
■" parts dans cette critique , on y reconnoît aifément la main d'un très -habile
■n homme , qui , s'il n'eft pas Médecin de Paris , eft très - digne de l'être, n Le
Journalifle connoiffoit parfaitement l'Auteur de cette critique , & favoit que
c'étoit M. Bouvan ^ fon Confrère. Ceci prouve encore que M. Tronchin à Paris
auroit été dans un pays ennemi , s'il s'y fût fixé dans ces premiers momens qui
donnent du ton à un étranger. Le mérite eft alors en butte à la jaloufie , ibuvent
même il s'éclipfe par la poflèffion , parce qu'un nouveau venu y perd à être va
de trop près ou trop long tems. On ne peut cependant difconvenirdes talens de
«£ Médecin ,& l'on doit avouer que c'eft à lui que le parti des Inocuiatcurs de Is.
r R O 432.
Capitale eft redevable des eflais qui les ont enhardis à pratiquer l'Inferiion. Peut-
être auroient-ils encore tardé à adopter cerre méthode, fi l'heureux îuccès de l'o-
pération faite au Duc de Chartres par Trunciiin. , ne les avoit autoriiës à la répéter
l'ur d'autres perfonues.
M. Tronclùn a procuré une belle édition des Œuvres de Guillaume Baillou ,
Genève, 1762, quatre volumes in-4, avec une préface de la façon , où l'on trouve
«n précis l'uccint de l'Hiftoire de la Médecine.
TRONUS, ( Pierre-Martyr ) Profelfeur de Chh'urgie à Pavie , étoit du No-
varefe dans le Duché de Milan. 11 mourut après le milieu du XVI fiecle , & laifTa
un Traité Italien fur la méthode de fe préferver de la perte. Il en laifla un
autre , que Frédéric Gbijleri , Médecin & fon gendre , fit imprimer fous ce titre :
Z>e ulcerlbus & vulneribui capitis Libri quatuor. Ticini^ 15^4» '«-4'
TROSCHENREUT , ( Godefroid ÏHOMASIUS DE J) célèbre Médecin ,.
Adjoint de l'Académie Impériale des Curieux de la Nature fous le nom de F'in.'
dicianus , étoit de Leiplic , où il naquit le 24 Mars 1660 de Jacques , Profelfeur
de Philofophie. 11 fut reçu Maftre-ès-Arts à l'âge de iB ans , & ne tarda point à
paflèr dans les Ecoles de la Faculté de Médecine de fa ville natale , d'où il lortit
après quatre ans d'application , pour aller continuer les études dans les principa-
les Univerfités de la Hollande & de l'Angleterre. A fon retour en Allemagne
il s'arrêta à Francfort fur le Mein , à Hall, à Drefde , & la Phyfique, la Méde'
cine , ainfi que l'Hiftoire Littéraire , y fareat tour-à-tour les objets de fes médita-
tions les plus profondes,
II reçut le bonnet de Dodîeur à 'Wittemberg en 1689, & fe rendit bientôt
après à Nuremberg où il avoit defiein de fe fixer. Il y époufa la fille de Jeari'-
George Fblckamer le 12 Août 1691 , & la même année , il fe fit aggréger au Col-
lège des Médecins , dont il eut fept fois l'honneur d'être choifi Doyen. C'efl à la
juftice que fes Confrères rendirent à Ion mérite, qu'il dut cett« nomination fi fou-
vent réitérée ; mais le haut degré de réputation auquel il parvint dans la fuite
Tauroit fait monter à des emplois plus honorables encore ,' s'il ne les eût refufés
pour n'être point diflrait de fes chères études. Il fut nommé deux fois Diredeur
de l'Académie Impériale & une fois Préûdent , fans vouloir accepter ces charges
importantes. 11 refufa pareillement la place de Bibliothécaire de la Cour de
Vienne & celle de Médecin de TEledeur de Saxe ; il accepta cependant le titre-
de Confeiller - Médecin de l'Elefleur de Mayence , du Marquis de Cuimbach
& de l'Evêque d'Aichftat , mais fous la condition de ne point quitter Nuremberg
où il étoit réfolu de pafler le refte de fes jours, par anachement à la AîailonTeul-
tonique qu'il fervoit. Ce n'eft pas qu'il ne fe Ibit quelquefois abienté de cette vil-
le , foit pour aller voir des malades de diftinifkion, foit pour fe rendre à la Cour
des Princes qui airaoiect à le confulter fur la formation ou l'arrangement de leurs
Bibliothèques , fur l'ordre à mettre dans leurs Cabinets de Médailles ôTfur l'explicat oir.
des légendes qu'elles portoient ; pour d'aoïres railons , ce n'étoit qu'avec la plus
grande peine qu'on l'arrachoit de Nuremberg. Sa maifon étoir pour lui un endroit
de délices, où l'amour des Lettres lui faifoit trouver les plailirs les plus ravilliny,-.
4s8 T îl O
11 ne faut cependant pas croire que cet amour ait préjudicié à ce qu'il devoit à
fa profenion; il étoit habile Médecin, mais il étoit (avant au delà de fon Art, car
il pollédoit les Langues Hébraïque, Grecque , Efpagoole , Italienne, Françoife &
Angloile ; il faifoit de beaux Vers en Allemand , en Grec , en Latin & en Fran-
çois ; il avoir une grande intelligence dans la icience des Médailles ; il connoif-
foit l'Hiftoire Littéraire de différentes nations , & il paflbit pour un excellent Phy-
ficien.
Le grand âge de Trofchenreut augmenta la vénération que cet aflemblage de
talens lui avoit fi jutleroent méritée. Quoiqu'il eût atteint fa 86«- année , lorsqu'il
mourut le lo Mai i^'+ô, les Savans le pleurèrent comme un homme dont la Répu-
blique des Lettres pouvoit encore tirer grand parti. On a cependant peu d'Ouvra-
ges de fa façon; ils confiftent principalement en Vers, en quelques pièces fur la
MuGque & la Gymnaftique. Mais comme il n'étoit point avare de fes coonoif-
fances , il fe faifoit un plaifir de les communiquer à fes amis , qui en ont proKté
pour enrichir leurs propres Ecrits. Ce Médecin lailfa la Bibliothèque la plus belle
& le Cabinet de Médailles le plus complet de l'Allemagne pour un particulier.
TROSSELIER, ("Jean ) Médecin du XV fiecîe , étoit orig-inaire du Gévau-
dan. Il y a apparence qu'il fut élevé au Collège de Mende qui avoit alors beau-
coup de réputation, & que le Pape Urbain V avoit fondé à Montpellier en faveur
des Etudians en Médecine du Gévaudan. TroJJelkr fe fit eftimer dans l'Univerfité
de cette ville ; il y parvint même à la dignité de Chancelier de la Faculté , à la-
quelle il fut nommé en 1484, à la place de Deodé BaJJblly. Il parvint encore à
ia charge de premier Médecin de Charles VIII qu'il fuivit dans l'expédition de Na-
pTes. Il revenoit en France , lorfqu'il mourut à Sienne en 1495 > ^ '^ rnême an-
née , on fit mettre une Infcription à fon honneur fur ia façade des Ecoles de Mont-
pellier. Elle eft conçue en ces termes ;
JOANNES TrOSSBLLER-I, GaBALITANU»,
DoSor & Cancdlarius Univerfîtatis ,
Suâ tempejlaie illujîrh & cdcbris ,
Tult quidem magnis extolUndus laadibus.
Qui cuni CaroU FJIJ , Francorum Régis , primas Medicui atque Conjîliarius
Extltlt ,
Dum Neapoli uni cum Rege remearet<,
Boni Mtdici ojfkiô funSas ,
Senh dlem claufit extremum.
M. CCCC. LXXXXV.
TROTULA eft le nom fous lequel on a un Traité qui a rapport aux maladies
des femmes , & qui a été inféré dans la CoUeétion intitulée :
Gyntccloram Liber , curandarum agritudinum in , antè & poft partum. jirgentina , 1544 ,
1597, infollff. Parifiis, 1550. ^ . ^ ,. , -r n- a
M.RanJlni qui a publié à Florence en I7?6 , tn-fohoy le troifieme lome du
T R O T R U T R Y 439
Catalogue des Manufcrits Latins de la Bibliothèque de Médicis , cite un Ouvrage
de Trotula , fous ce titre : In. udlitatem mulkrum , â? pro dccorationc earum , fcilicet
de fade & de vulva earum. , .„^. . j
Les Ecrits de Trotula , quoique très-peu importans, n'ont pas laifie de donner
lieu à quelques difputes. Les uns les ont regardés comme venant d'une Sage-
Femme de Salerne, appelJée Trotula^ qu'on croit avoir vécu au XIII fiecle ;
les autres les ont attribués à un certain Erns , Mé<lecin & AfFranchi de Jolie ,
fille d'Aogufte, Si ce n'eft pas de celui-ci que parle une des Infcriptions que Gruter
a recueillie? , c'eft au moins d'un perfonnage du même noin , qui étoit auffi Mé.
decin d'une Princefle de famille Impériale , ainfi qu'il paroît par ces mots :
Eros Auguste Medicus
Sposianus.
Mais ce qui prouve que le Traité inféré dans les Gynacia n'eft point de la fa-
çon d'£rof, Médecin de Livie , c'eft que le ftyle n'eft point du tems d'Augufle:
il ne peut même pafler pour une verûon de l'original , qu'on pourroit fuppofer
avoir été écrit en Grec par l'Auteur , puifque Galicn y eft cité , auili bien qu'un
certain Cophon qui eft un Ecrivain du commencement de l'onzième liecle. Haller
attribue cet Ouvrage à un Eros , Médecin de Salerne , qui vécut tout au plutôt
dans le treizième , puifqu'il parle d'un nommé Gérard qui fc fervoit de lunettes )
dont on ne fit la découverte qu'au coinmencemcnt du môme fiecle.
TROUILLARD, ("Jacques ) du Mans, eft mis au nombre des Dodeurs de
Montpeliitr par La Croix du Maine. Cet Ecrivain dit qu'il étoit un homme ducic i$
Langues ., grand Philofophe naturel^ & bien verfé en la Médecine. 11 ajoute que Trouil-
lard a traduit en Fraaçois un Dialogue de Théophrafle Paracelfe, contenant la défenfe
de la Chryfopée , ou manière de faire de Vor , & au. contraire Vaccufation de l'Mchy.
mie fuphijtique. Mais ce Livre n'a point été imprimé.
Troudlard fut Médecin d'Antoine de Bourbon, Duc de Vendôme, qui devint
Roi de Navarre, en 1555, par la mort de Henri II, fon beau.pere. Après la
mort d'Antoine en 156a, il fe retira en Anjou, où il vivoit encore en 1584.
TRUMPH, C Jean.George ^ de Goflar au pays de Brunfwick , prit îe bonnet
de Dodïeur en Médecine, & fut reçu, en 1676, dans l'Académie Impériale des
Curieux de la Nature, fous le nom de Rufus. George Matthias^ qui dit qu'il exerça
dans fa ville natale en qualité de Phyficien, ajoute qu'il publia un Ecrit intitulé:
ScrutinLum Chemicum fitrioU ; mais fuivant Lipenius , ce n'eft qu'une Theie Aca-
-démique que l'Auteur foutint fous la préfidence de Roifincky 5? qui parjt à Jene
en 1666, Jn-4 Manget cite aufli cette Diflertation , ainfi que les titres des obfer-
vations que Trumph a communiquées à l'Académie d'Allemagne.
TRUSIANUS. Voyez CRUSCIAN US.
TRYPHON eft mis par Celfe au nombre des Médecins qui ont exerce 'a Chi-
rurgie. Mais lorfque Celfi écrivoit vers Tan 50 de falut , Tryphon n'exiftoit déjà
.4-P
T S C
j)lus ; ii y avoit cînq ou fix ans qu'il étoit mort. Scribonîus Largm parle de la com-
poiition de plufieurs emplâtres fous le nom de Trjplion y fon Maître; il en décrit
îiiéme une qu'il dit tenir de lui: Acccpimm à Tiyphone ^ praceptore noftrd.
TSCMTRNHAUSEN, ( Erfroi-Wautier DE ) Sei^eur de Kifiingfwald & de
Stolzeabtrg , étoit du premier de ces endroits , litué dans la Luface , où i! naquit
le 10 Avril 1651. Il fut élevé avec beaucoup de foius , & comme il montra un
goût particulier pour les Mathématiques & pour l'Hiftoire Naturelle , on lui donna
Jes Maîtres les plui propres à l'inftruire & à le perfeétionner dans l'une & l'autre
ide ce* Science*. En 1672 , il fervit dans les troupes de Hollande en qualité de
volontaire,' mai» ce ne fut point pour long-tems , car il le mit à voyager. Il
avoit parcouru l'Allemagne, l'Angleterre, la France & i'Itaiie, lorfqu'étani venu
à Paris pour la troificme fois, en 1682, il propola à l'Académie des Sciences la
.découverte de ces fameules CaujUqucs , li connues ibus le nom de Caujîiques de
M. TfchirnhaufeR y & fut reçu dans cette Acatiémie. Tout le monde lait que les
■Caujîiques lont le» courbes formées par le concours des rayons de lumière , qu'une
autre courbe quelconque a réHéchis ou rompus. Elles ont une propriété remarqua-
ble , c'ett qu'elles font égales à des lignes droites connues , quand les courbes qui
les produifent font géométriques.
De retour en x'illemagne, Tfchirnhaufm voulut travailler à la perfeftion de l'Op-
ttique. A cet effet , il établit trois verreries , d'où l'on vit fortir des nouveautés
jnerveilleufes de Uioptrique & de Phyfique , & entre autres , le miroir ardent qu'il
prélenta au Duc d'Orléans. C'eft encore à ce Pbyficien que la Saxe eft redevable
de fa porcelaine ; au moins ce fut lui qui mit fur les voies qui ont conduit cette
manufacture à la perfedion que l'on admire aujourd'hui. Un homme qui réunif-
Ibit tant de talens, méntoit bien les honneurs auxquels on voulut l'élever , mais
il les refuia tous. Comme les Sciences & le plaifir de les pofféder étoient les feuls
objet» de fon ambition, il fe borna aies cultiver jufqu'à fa mort arrivée le 11
Odlobre i^ûS. Le Roi Augufte fit les fraix de fes funérailles.
Quand Tfchirnhaufai n'auroit pas contribué aux progrès de la Médecine par fes
découvertes dans la Phyûque & l'Hiftoire naturelle, il mériteroit place dans ce
Diilionnaire par un Livre qu'il a donné en Allemand, en deux parties. La pre-
mière traite de la Médecine de l'efprit & la féconde de celle du corps. Cet Ou-
vrage a aulfi paru en Latin , fous ce titre :
Medidna meiitu , feu, Tintamen gcnuina Logîca .... Cui annexa efl Medlcina cor-
ponSyfcu, Cogitaiioms admoJùia probabdes de confervanda fanltate. Avjhlodami, 1686,
£n-4, Lipiite ^ 1^95» "•"4» ^i^nn£ , 1727, in 8. L'Auteur ne peut être accufé d'avoir
traité une matière étrauq-ere au plan de fes études , puiiqu'il s'étoit appliqué A la
Médecine à Leyde fous Sylvlcii & Drelincourt , qu'il y avoit mâme affidument fré-
quenté les Collèges Théorique & Pratique, & qu'il s'étoit encore lié à Drefde
avec un Médecin qui lui avoit donné un libre accès dans fa Bibliothèque , pour
y puifer les lumières nécefîV.ires à la compofition de l'Ouvrage qu'il fe propolbit
de mettre au jour. Tfchirnhaufm a mis la plus grande fimplicité dans fa .Méde-
cine du corps; mais jl eft tombé dans Terreur, pour n'avoir pas diflingué les cas
O'i
TSCTUDTUI 441
où le Médecin doit agir , d'avec ceux où il peut demeurer dans l'exreflatioo. 11
prétend que le moyen le plus sûr de conicrvcr la fanté , conlifte dans la juRe
proportion des alimens de diH'ércns genres, & dans l'attention de modérer (on ap-
pétit à propos. Quant aux maladies, il veut qu'on y apporte remède de bonne
heure; mais ce remcde, fuivant lui, doit fe borcer au repos, à l'abftmence , à
Ja iiieur Ipontanée, ians qu'il ioit nécelliiire d'appeUer le Médecin au lecours, &
encore moins de fe fervir de médicamens, qu'il croit trop ac\ifs pour )a ftruclurc
fragile du corps humain. Pour les plaies, il ne veut d'autres remèdes que le repos,
l'application continuelle de quelque fubftance hujleuie, & la privation du coctaét
àe l'air. Tels ont toujours tté les Philofophes. Quand ils fe font mêlés de parler
de Médecine , ils ont rarement évité les extrêmes.
TSCHUD, C Gilles ) Médecin & Géographe du XVI Cecle , étoit Suiflè de
Dîition. I! mourut en 1572 & lailfa pluGeurs Ouvrages, entre autres :
De prifca ac vcra Alpina Rhatla, cum c£tero ^tpiaarum gendum traduy dcfcrîptlo'
BafiUa , 1538, in 8,
TUDECCI, C Simon-Louis J Doreur de la Faculté de Médecine de Prague,
i'e fit de la réputation, vers la fin du XVII fiecle, par fes talens dans la prati-
que, qui lui méritèrent la place de PbyQcien du Royaume de Bohême. Je ne lais
- il les obfervations qu'il communiqua à l'Académie Impériale d'Allemagne, lui ou-
vrirent l'entrée de cette Compagnie; George Matthias ne le cite point dans la
lifte qu'il poulie jufqu'à l'année 1700. On a quelques Ouvrages d'une plus grande
étendue de la façon de Tadzcci , àc ils oat paru fous ces titres :
Nucleus Pharmacei^tlcus Medico-PracHcQ non. minus utilis quàm necejfarius. Norimberge 9
iÇgS, m-ia.
^mujjls antllolmica ad mentem quorumdam Ctar. ^rchiatrorum , tùm veterum tùm re-
centiorum f in une peritorum cncinnata , & praSicè adhibita. Ibidem .> i^5 » '1-12. Il
fait tiwntion de la comète qui parut en cette année , & fcmble mettre fes influences
fur les corps fublucaires, au rang des caufes qui ont produit les tievres malignes
& pétéchiales, dont il parle.
TUILLIER, ou comme d'autres écrivent THUILLIER. , ( Eufebe- Adrien )
naquit à Paris le 10 Janvier 1674. Il fut d'abord defliné au Barreau, il s'y dif-
tingua même dès l'âge de 22 ans ; mais une inclination naturelle pour la Phyfique
lui lit quitter cette profeflion ; il embrafla celle de Médecin , 5r il fut reçu Doc-
teur de la Faculté de Paris le 21 Octobre 1700. Au renouvellement de l'Académie
des Sciences en 1699 •> •' (^'O.ir^ dans cette Compagnie en qualité d'Elevé de Eour-
ielln^ fi lorfque Lémtry fuccéda à celui-ci, à titre d'Académicien penOonnaire ,
M lui fut également attaché comme Elevé. Tuilller pafi'a à Keyferiwert , en 1702,
pour y prendre foin de l'Hùpital militaire; mais comme le fiege de cette place
flitlong par la vigoureufe défenfe du Marquis de Blainville , ce Médecin eut la-^t
de malades & de bleffés à voir , qu'il fuccomba à la fatigue ic mourut le 2 Juin
<ie la même année.
T O M E IK Kkk
442 ï U L
TULP, ( Nicolas) fils de Pierre Dirx , riche négociant d'Amfterdam , naquit
dans cette ville le ii 06\obrc 1593. 11 n'eft guère connu lous le nom de fon père ,
parce qu'il le changea pour prendre celui de la maitbn où il dcmeuroit fur le canal
de l'Empereur ; cette maifon s'appelloit de Tulp , la Tulipe , par la raiibn peut-
être qu'elle en portoit l'enfeigne.
Il fut d'abord Garçon-Chirurgien; mais la connoifTance parfaite qu'il avoit de iR
Langue Latine , & fon génie propre aux Sciences les plus profondes , le portèrent
à embrafier la Médecine, qu'il étudia à Leyde fous Adolphe Forjïius^ Heurnius &
les autres Profclfeurs de l'Univerfiré de cette ville. Après y avoir pris le bonnet de
Dof^cur, il retourna à Amfterdam , où il pratiqua pendant cinquante-deux ans
avec beaucoup de réputation. Son attention à tenir une note exadïe des cas les
plus rares , nous a valu un Recueil d'obfervations qu'il a fait imprimer & qu'il a
dédié à Pierre Tulp , Doifleur en Médecine, qu'il avait eu de fon premier mariage
avec Eve Egberts vander f^uegh. Ce Recueil a paru fous ce titre:
Obfervationum Medlcarum Libri très, ^mflelodaml ^ 1641, 1652, in-12 , avec figures-
Les éditions fuivantes font augmentées d'un quatrième Livre. Amftdodami , 1672,
1685, iVi2. Lugdunl Batavurum y 1716, in-ii. Ces obfervations roulent principale-
ment fur la Pratique; on y trouve cependant quelques remarques Anatomiques ,.
& au rapport de M. De Haller , Tulp eft le premier ou un des premiers qui aient
obfervé les veines laftéss. Ce Médecin doit-être mis au nombre des bons Obfer-
vateurs ; mais outre le rare talent de bien voir , il avoit celui de préfenter les
objets avec autant d'ordre que d'élégance. Son ftyle eft pur fans affeélation &
concis fans obfcurité.
Tulp fe diftingua pendant l'expédition de Louis XIV contre la Hollande, Amf-
terdam fe trouvoit en 1672 dans la fituation la plus critique. Cette ville étoit prefl'ée
de fe rendre aux armes viilorieufes du Roi ; mais notre Médecin plaida avec
tant de force pour les intérêts de la patrie , qu'il décida le Confeil affemblé à
faire les derniers efforts pour s'oppofer à l'ennemi ; & en conféquence de cette dé-
libération , on prit des mefures fi efficaces , qu'Amfierdam fut fauve. On ne s'étoit
point attendu à trouver tant de fermeté dans un homme de fon âge ; on fut même
furpris de voir combien le courage de ce fier Républicain s'étoit enflammé à la
vue du danger qui menacoit fa patrie. Mais il paflbit depuis long-tems pour un
des plus zélés citoyens ; & cette qualité lui avoit acquis une eftime fi générale ,
que dès l'an 1622, il fut élu Confeiller de fa ville natale, & nommé enfuite juf-
qu'à fix fois à la place d'Echevin. En 1652, il parvint à la charge importante de
Bourguemeftre , qu'il remplit encore en 1656, 1660 & 167^ Tulp mourut en 1674 ,
âgé de 80 ans. Il avoit pris un emblème allégorique à fes travaux i^ tant ceux
qu'il avoit confacrés au bien de l'Etat,, que ceux dont l'avancement des Science»
étoit l'objet; on y voyoit une lampe allumée, avec cette devife , ^liis infervUndo
confumor.
On frappa une Médaille d'argent pour apprendre à la poPtérité que Tulp avoit
rempli, durant cinquante ans, l'emploi de Confeiller de la ville d'Amfterdan>.
Van Loon en donne l'empreinte dans fon Hiftoir^; métallique des Pays-Bas. Tulp
y paroît en bufte , revêtu de la robe de Bourgucmeftre , avec cette légende , dont
îes lettres numérales expriment l'année 1672 :
T IJ R 443
-N. tTJLp. aMsterD. Cos. IIII. senator annIs qUInqUagTnta,
Au revers un Plane fort haut, perçant les nues de fon fommet , & autour ces
mots de Virgile, tirés du 114 vers du fixieme Livre de l'Enéide:
Vires itltra sortemque senect/E.
Jean Six ^ Seigneur de Vromade & Echevin d'Amfterdam , qui avoit époufé
Marguerite, fille de Tulp Sx. àc Marguerite Flaming d'Oudshoorn ^ fa féconde femme ,
compofa les Vers fuivans à l'occafion de cette Médaille:
Amftelidum Confal , Medica lux Tulpîus Artis ,
Ter duodenorum gîorîa prima Patrum :
jilba llcet fuperet criais candore ligufira ,
Ore nives ; anima candldiore vtget.
FtUci effigie dum vultus peSIora monfirat,
Quid Jït exteriùs , quid fit & intùs habet.
Le portrait de Tulp , fort bien gravé par L. F'ijfcher , fe voit à la tête de fes
Obfervations , environné de ces mots :
Nicolaus Talpius atat. LXXXI. A*. M. DC. LXXIV.
On lit au bas:
Hic ille utrinque fofpltator Tulpius ^
Inferviendo fanitati & Patria.
■ En 1716 , on voyoit chez Jean Six^ dont j'ai parlé plus haut , une ftatue
de marbre de Nicolas Tulp , taillée par le fameux Quellyn d'Amtterdam.
TURINI. Voyez THURINUS.
TURNEBE, ( Adrien ) l'un des plus favans Critiques du XVI fiecle , étoit
d'Andely, près, de Rouen. 11 fe rendit habile dans les Belles-Lettres, dans le
Grec & dans le Droit , & enfeigna les Humanités, avec une réputation extraor-
dinaire , à Touloufe & à Paris, Il devint enfuite Profefieur Royal de la Langue
Grecque , & mourut à Paris en 1565 , à l'âge de 53 ans , emportant avec lui , dans
le tombeau , les regrets de tous les Savans de l'Europe. La plupart de ies Ou-
vrages ont été recueillis & imprimés à Strasbourg en 1606 , in-folio. Ce qui mté-
reUe la Médecine, c'eft queTurnebe a mis en Latin plufieurs Traités de Tkàiphraftc
d'Erefe , en particulier ceux De igné & De odoribus , qui ont paru féparément à
Harderwick en 1656 , in-ii. On a d'ailleurs de la façon de l'Auteur dont je
parle :
Libdli de vjno, calore & méthode, cam ylriftotelii Libro de hU qu<s auJitu percîpiantur.
Parifùi, 1600 ï in- 8. Heimfiadii , 1603, 1619, in-^. Cet Ouvrage a été. joint au
Commentaire de Jean-Henri Mcibomius , qui eft intitulé : De cereviJUs , gotibufgue Ci
tbriaminihus extra viniim aliis.
444
T U R
TUK.NER., C Guillaume^ de Morpeth dans le Northumberland , prit le boîï-
net de Doéieur en Médecine en Italie , où il s'étoit rendu après avoir été chafli
de Ta patrie. Il y revint vers 1547, fous le règne d'Edouard VI, & gagna teller
ment refUme & la confiance de ce Prince, qu'il eo obtint une prébende à Yorck,
enfuite une autre à VVindfor , & enfin la place de Doyen du Chapitre de Wells.
Ces dignités eccléfiaftiques n'empêchèrent point Turner àc continuer l'étude de la
Médecine ; il fe fit triênie aggréger à l'Univerfné d'Oxford : mais fous le règne
de Marie , il fut une féconde lois exilé de fon p!;ys , où il ne rentra que fous
celui d'Elizabeih. Il mourut le 7 Juillet 1568.
Turner employa utilement le tems de fes deux exils. 11 parcourut l'Allemagne ,
la Suifle & l'Italie, & il y fit une ample colleiïion de plantes, qu'il confronta avec
ce que les Ecrivains Grecs en avoient dit. A fon retour , il y joignit celles qu'il
obferva en Angleterre , & après les avoir arrangées dans un bel ordre , il en fit la
matière d'un Traité qu il publia en Anglois , fous ce titre :
^ new herball , trherdn arc contayned the names of herbes în Grecke , Latin , ^n-
gJysh , Duch ^ Frenche ^ and in the Potecaries and herbaries Latin , with the properties ^
degrees, and natural places of the famé gathered. Londres, I551, In-folio, avec figures,
dont la plupart font tirées de l'Hiftoire des plantes de Fach. La féconde partie de
cet Ouvrage a para dans la même ville & dans la même Largue , 156a , la
troiiieme en 1568, suffi in-folio. Les deux premières ont été imprimées du vivant
de Gefner qui en fit tant d'eflime , qu'il accorda fon amitié à leur Auteur.
On a encore, de la faconde Turner^ un Traité fur les eaux thermales , quelques
autres fur la nature des eaux & des vins, & une Hifloire Latine des oifeauxdont
Pline & ^riftott ont fait mention. Il ne fe borna point à rapporter ce que l'un
& l'autre de ces Auteurs ont écrit fur cette matière . il pouffa fes recherches plus
loin Sa les publia fous ce titre :
^vium pr<ecipuarutn , quarum apud ^riftotelem & Plinium mentio eft , trevis & fuc
cincla Hijîoria. Cûloniee , 1544 , m-8.
On trouve un autre X^uillaume Turner , favant Médecin de la ville de Londres , fa
patrie. H fut reçu Maître-ès-Arts à Cambridge & incorporé , en cette qualité , à
Oxford l'an 1602. 11 alla enfuite étudier la Médecine dans les pays étrangers . d'où
il revint encore à Oxford pour y prendre le bonnet de DoÂeur , qu'il obtint le
I Juin 1608. Delà il pafTa à Londres & fe fit aggréger au Collège des Médecins»
dont il fut un des Membres les plus dtftinguéâ.
TURMER , C Robert ) Médecin EcolTois , fe rendit célèbre par les Ecrits
qu'il publia vers l'an 1590. 11 n'y eft point queflion de Médecine ,• ce font de»
Oraifons , des Lettres & d'autres Ouvrages de Littérature , dont le recueil a paru
à Ingolftadt en 1602, J/i-8.
Il y a plufieurs autres Médecins du nom de Turner. Pierre fut reçu Dod^eur à
Heidelberg en 1571 ; mais étant repsffé en Angleterre, fa patrie, il le fit incor-
porer à Cambridge & à Oxford, & alla pratiquer à Londres, où il mourut le 27
Mai 161 4, âgé de 72 ans. Deux de fes fi's prirent aufii le parti de la Médecine.
L'ainé , Samuel Turner, obtint le grade de Maître-ès-Arts à Oxford le 22 Oc-
toï>re 1604, & après quelques années de voyage dans les pays étrangers, où il re^'
T U R 445
çbt les honneurs du Do^orat, U vint pratiquer la Médecine en Angleterre & il y
mourut en 1647. Il avoit été plufieurs fois Député au Parlement de la part de la
ville de Shaftsbury dans le Dorfetshire.
Le cadet , Pierre Turner , fe fit beaucoup de réputation par l'étendue de fes
coDDoiliànces dans les Langues Latine , Grecque , Hébraïque & Arabe. Comme il
étoit aulli Tort favant dans les Mathématiques , il fut chargé d'enfeigner la Géo-
métrie dans le Collège de Gresham à Londres ; mais il pafia , en 1630 , à Oxford
pour y remplir une pareille Chaire dans celui de Savill , & il profita de fon fé-
jour dans cette Univerfité pour y étudier la Médecine , dont il prit le bonnet en
1636. La guerre s'étant enfuite élevée entre le Roi 61 le Parlement , Turner aban-
donna la profeffion des Lettres. Le bruit des armes réveilla fon humeur martiale;
il courut à la défenfe de fon Prince, qu'il fervit avec autant de valeur que de
fidélité. Les Parlementaires , pour fe venger de l'attachement qu'il avoit montré
pour la caufe de fon Souverain, le privèrent de tous fes emplois. Il mourut ea
Janvier 1652 , âgé d'environ 66 ans.
Daniel Turner, Chirurgien Anglois qui prit le bonnet de Dof^eur en Médecine,
fut reçu en cette dernière qualité dans le Collège Royal de Londres. Il fe mit à
écrire dès le commencement de ce fiecle , mais il n'a rien publié qu'en fa Langue
maternelle. Voici le catalogue de fes Ouvrages :
Cufe in Surgery being an account of an uncommon fraclare and deprejjion of the Skull
in a child about jîx years accompany^d with a vajl apofiume of the brain. Londres ,
1709, i'rt-S. Il y rapporte plufieurs Obfervations fur les fractures & les déprellions
du crâne, s'étend iùr les fuites, en particulier, fur les abfcès du cerveau.
'freaiife of Jifeafes incident to tht skln. Londres, 171 4, 1726, ii-8. En François,
fous ce titre : Traité des maladies de ia peau en général , avec un court ytppendix fur
^efficacité des remèdes topiques dans les maladies internes , & leur manière d'agir far le
corps humain. Paris, 1743, deux volumes in-12.
Siphylis, Londres, 1717, in-B. C'eft la première partie; la féconde a paru en
1727 dan« la même ville. Les deux cnfemble : Siphylis. u4 prctical Differtation on the
venercal difeafe. Londres , 1732 , 1739 , in-8. En François , fous ce titre ; Dijfertation
far les maladies vénériennes. Paris , 1767 , deux volumes in-T2. L'Auteur s'étend aC-
fez fur la nature des maux vénériens , mai» il ne met poinr , dans fon Ouvrage ,
cet ordre &£ cette méthode dont la matière efl fufceptibie. 11 n'eft sûrement point
de maladie fur laquelle on ait autant écrie que fur la vérole , & il n'en eft point
dont le traitement ait tardé audî long-tems à être pouffé à fa pcrfeiflion.
The ^tt of Surgery. Londres, 1722, 1725, 1736, t<>8. Ceft un abrégé de Chi-
rurgie pratique, avec quelques bonnes obiervations.
Difcourfe concerning gleats. Londres, 1719 , //1-8.
Difcûurfc concerning fevers. Londres , 1732, i/i-B.
The antient phyjician's legacy impartlaV.y furvyd. Londres , 1734 , in-B. H fe rdcrie
contre les abus qui fe font gUfTés dans l'uJagc de la liaignée Sz du '^îcrcirc.
^phrcdijidcus. Londres , 1736 , in-S. C'efl r.n recueil fuccict des Auteurs dont il
eu parlé dans l'Ouvrage de Louis Luifinus qui parut k Venife eu 1529 , deux vtK
lûmes in-folio.
445 T U II
La Kibîiotheque Phyfique de la France annonce un petit Traité des Eaux de
Spa , de la compoUtion de George Turner;'û a été imprimé en Anglois ;\ Londres»
1733 , /rt-8, C'ell apparemment le môme Ouvrage, dont on a une édition Françoife
de 1734, in-i2, fous le titre de Relation des Eaux de Pyrmont fi? de Spa^ par M-
Tarncr ^ Dofteur en Médecine.
TURODIN , ( Joieph ) natif d'Aleth , fut Chirurgien Major dans les Armées
du Roi Louis XIV^. Ce Prince l'honora de fon eftime , & les Généraux, ainfi que
les Otiiciers , eurent en lui la plus grande confiance. Tarod'm avoit mérité l'une &
l'autre par la lupériorité de fes talens; mais les fuccès , dont les cures les plus dii-
iiciles furent couronnées , parlèrent bien autrement en la faveur. C'eft un avanta-
ge d'être reconnu favant. Le public veut cependant quelque choie de plus dans
l'Art de guérir; car telle brillante que foit la réputation d'un homme qui s'applique
à cet Art , le public ne l'apprécie que par les faits d'une pratique heureufc. Notre
Chirurgien jouifibit de toute la confidération que la reconnoiffance des malades ne
arefufe jamais au favoir qui rend des fervices utiles , lorfqu*il fut attaqué d'une
iîevre maligne & opini-Atre en 1709. Il s'en releva, & quoique foibie encore, il fe
tit tranlporter au fiege de Béthune , où fon devoir l'appelloit. Mai» la fatigue qu'il
ellliya dans la route acheva de l'épuifer ; il ne put palier Chaulny-fur-Oife , ville de
rille de France. M. de Fenélon , Archevêque de C.ambray , qui avoit toujours eu
pour lui l'eftime la plus diliinguée & même l'amitié la plus tendre , n'eut pas plu-
jtôt appris fa fituation , qu'il le fit conduire dans Ion palais épifcopal, où il lui pro-
digua tous les foins qui pouvoient contribuer à fa guérilon. Mais ils furent inutiles;
Turodin mourut le 0 Juillet 1710 , & le digne & charitable Prélat le fit honorable-
ment enterrer dans fon Egliie Métropolitaine. Si la conduite du vertueux Arche-
vêque grolîit le nombre des preuves qu'il a tant de fois données de la bonté de
Ion cœur , elle ne fait pas moins l'éloge du Chirurgien dont je parle ; i'eflime ,
i'amiiié , les foins officieux de ce grand Prélat , luppofent uii mérite folide dans
celui qui en a été l'objet.
TURQUET DE MAYERNE. Voyez MAYERNE.
TURRE ( George. DE ) vint au monde à Padoue en 1607. Ce fut dans fa
ville natale qu'il puifa ces rares connoifTances qui répandirent ion nom par toute
l'Italie. A l'âge de 30 ans, il palToit déjà pour un Médecin habile & pour le plus
grand Botanifte de fon pays ; mais comme il fe pcrfeclionna encore par fon
afliduité à l'étude, on ne balança pas à le nommer, en 1649, à la Chaire à\x cé-
lèbre f^eflingius. La réputation de celui auquel il fuccédoit , fut pour lui un puif-
fant aiguillon qui l'engagea à foutenir dignement la liennc. Il remplit les devoirs
de la place avec beaucoup de fuccès, & partagea le refte de fon tcms entre l'é-
tude de fa profeflion, celle des Belles-Lettres, des Mathématiques, & de l'Hif-
toire par la connoillance des Médailles. Il avoit une Ibrte de paflion pour ce
dernier genre d'application.
En i665, il remplaça /lirômc Fri^itncUca , !x. Jérôme f^ergeri en 1680; mais il con-
tinua d'êire charge de la diredion du Jardin des plantes, dans lacueiie on lui joi-
T U.R
44?
gnit Félix F'iali. En lôB'^ , il obtint les droits & les honneurs attachés à la première
Chaire ; il n'y monta cependant qu'en 16S7. La réputation qu'il s'étoit acquife
dans les autres places, ne fit qu'augmenter dans celle-ci; déjà vénérable par fon
âge , il le devint encore plus par les talens qu'une longue expérience avoit mûris.
Mais cet homme célèbre fut bientôt enlevé à la Faculté de Padoue ; il mourut
en 1688. On a de lui un Catalogue Latin des plantes du Jardin de cette ville ,
qui parut en 1660 , in-8 , & en 1662 , avec des augmentations. On a encore :
Junonis & Neftis vires in humanee fdlutis obfcquium traJu5\e. Patavii^ 1668, /n-4.
Dryadum, ^madryadum , Chloridifque triumphus , ubi plantarum natura fpecîatur ^ af-
feSiones cxpenJuntur , facilitâtes explicantur. Ibidem , 1685 , in-filio.
TURRIANI, C Jérôme ) Gentilhomme natif de Vérone , étoit encore Ecolier
à Padoue , lorfqu'il fe fit admirer par l'étendue de fes eonnoifiances dans les Bel-
les-Lettres. Dès qu'il fjt fur les bancs de la Faculté de Médecine , il ne donna
pas de moindres preuves de fes progrès; il en donna même de fi grandes, lorf-
qu'il fut plus avancé dans le cours de fes études, que le Sénat de Vende le nom-
ma à une Chaire de Pratique avant qu'il eût reçu les honneurs du Dodîorat, En
i486 , la ville de Ferrare envia cet habile Profeflbur à l'Univcrfité de Padoue,
Elle employa tant de moyens pour l'attirer dans fes Ecoles , qu'elle eut enfin la fa-
tisfadion de l'y voir enfeigner la Médecine avec la plus haute célébrité. Mais le
Doge Barbarigo rappella Turriani à Padoue en 1488 , & le fit monter à la pre-
mière Chaire qu'il remplit pendant pluGeurs années. Plein de zèle pour le bien du
public & la gloire de fa Faculté, ce Médecin auroit continué d'y former de fa-
vans difciplcs julqu'à la fin de fa vie , fi les infirmités de l'âge ne feufient obligé à
prendre quelque repos. Ce n'eft pas qu'il ait cherché à fe' fouflraire entiereinent
au travail ,• la molle oifiveté étoit pour lui le plus pefant des fardeaux. Il s'occu-
pa, dans la retraite, à revoir les Ecrits de fa compofition qu'il fe propofoit de faire
imprimer; mais une fièvre ardente l'empêcha d'y mettre la dernière main. Il eirt
cependant une forte de convalefccnce qui lui fit efpcrer qu'il pourroit fe faire
tranfporter à Vérone. La mort rompit fes projets , car elle l'enleva à Padoue le
II Février 1506. AIwc- Antoine ^ fon fils, fe chargea du foin de faire conduire fon
corps dans fa ville natale , où il fut honorablement enterré dans la Chapelle de
fa famille.
Les Ouvrages que Jérôme Turriani fe difpofoit à mettre au jour , lorfqu'il fut
furpris par la mort , font intitulés :
Contmemarîa continua in Galenum.
Confîliorum Libri très.
De variolis Liber unus.
De plantis & fioribus Libri dwo.
TURRIANI, ( Marc-Antoine J fils du précédent, étoit de Vérone, Il fit de-
grands progrès à l'école de fon pcre , fous qui il étudia les Mathématiques & la
Médecine, Les talens qu'il y avoit acquis furent bientôt connus, & par eux, ainfi
«iue par les belles qualités du cœur & la figure la plus intérelfante , il mérita l'e^-
448 T U R T W Y
time de tout le monde. Son attachement à la dodkrae des Médecins Grecs fut Q
grand, qu'il n'épargna rien pour la venger de l'injune mépris dan» lequel elle
éioit tombée de l'un tems. Comme la plupart des Académies le gîorifioient encore
d'être Arabefques , il éleva la voix, contre les ProfelFcurs de fon fiecle, avec toute
la force que la bonté de fa caufe lui infpiroit, & il leur prouva que c'étoir chez
les M'iîtres de l'Ecole Grecque qu'il falloit chercher la véritable Médecine. II leur
démontra encore que tout importantes que fuflbut les connoiOances qu'on pou-
voit tirer des Ecrits de ces anciens Maîtres , on devoir aller plus loio- qu'eux ,
& qu'il manquoit à l'Art de guérir quelque chofe du côté de la Botanique & de
l'Anatomie, qu'il étoit nécellaire d'enrichir par des recherches plus profondes. Ce
fut pour prêcher d'exemple , qu'i! publia un volume d'Oblérvations Anatomiques_,
OÙ il renchérit fur les découvertes de Galien qu'il avoit pris pour guide.
La ville de Padoue fut le premier théâtre où Turriani déploya l'es talens ; il y
remplit la Chau-e de Théorie; mais il paffa enfuite à Pavic» où il enleigna avec
la même célébrité. Ce fut de fes mains que Paul Jove reçut le bonnet de Doc-
teur en Médecine.
Marc^ntoinc Turriani fut enlevé trop tôt à la République des Lettres ; il n'a-
voit que 33 ans, lorlqu'il mourut de la fièvre en 1512, dans les environs du
Lac, dit Lago di Garda, dans le territoire de Vérone. Son corps fut inhumé dans
fa ville natale , près de celui de fon père. Il emporta dans le tombeau les regrets
de tous ceux qui l'avoient connu. Le Comte Nicolas d'Arco a dit de lui:
uitite annos fcivîjfc nocet; nam maxima virtus
Fcrfuafit morti , ut crederet ejfc fenem.
TURRISANUS. Voyez CRUSCIANUS.
TWYNE, ( Thomas _) de Cantorbery dans le Comté de Kent en Angleterre,
exerça la Médecine à Dorchefter avec aflcz de réputation, avant que d'avoir pris
;;ucun degré dans cette Science. Ce ne fut que le 10 Juillet 1593 qu'il fut reçu
Bachelier à Oxford, & il pratiquoit depuis l'an 1564. Il paffa enluite à Cambridge
où il prit le bonnet de Dodîcur. Le principal mérite de ce Médecin confifta dans
les talens qu'il avoit pour la Poéfie, l'Aftronomie & la compoiition des Almanachs.
Ce feroit peu de choie aujourd'hui pour un homme de fon état ; mais l'Afirono-
mie avoit de li grandes influences fur l'Art de guérir dans le XVI Cecle , qu'elle
reievoit beaucoup l'idée qu'on fe formoit de la capacité d'un Médecin. Tel fut
pendant long-tems l'empire du préjugé ; la crédulité du public , à cet égard , obli-
gea, pour ainfi dire, les miniftres de la famé à afficher un charlatanifme déshono.
rant pour une Science, qui a de quoi faîisfaire par la folide vérité de les prin- •
cipes. Mais dans le fiecle éclairé où nous vivons, pourquoi trouve-t-on encore des
gens qui fe conduiiént fur le faux & honteux principe , que pour parohre bon Mé-
decin , il faut être un peu charlatan ? La raifon eft toute claire ; cette maxime dé-
îeftable fraie le chemin à la réputation & à la fortune, parce que la plupart des
hommes ne j':gent les autres que fur les apparences. Jul'qu'à quand nos Médecins
ô la mode craindront-ils de parler le langage de la vérité'? Quand auront-îls la
forc€
T V/ Y * T Y s 449
fores d'cfre complaifans faos bafT^fTe , polis fans afieflation, fiocercs fans détour»
officieux fies foibleiil- , vrais fans déguilVmcnt ? Il eti certain que les malades ai-
ment à être Hattéç; mais il ne faut que les confoler , calmer leurs inquiétudes,
guérir leurs maux. Dans cotre Art, il efl bien important d'éviter les extrémités ;
on doit autant rcjettcr la dure févérité de Cdlianax , que la baffe complaifance
d ^Jdcpiade. JLe caraflere du premier n'étoit propre qu'à lui faire perdre la cor-
nance des malades; celui du fécond le portait à en abufcr. Imitons la conduite
d'Hippocrjte ; perfonne n'a mis dans l'exercice de la Médecine plus de nobleffe ,
plus de fentimcns, plus de décence, plus de délintcreiTemeut, plus de zelc, plus
de droiture, plus de fiacérité , en m.cme tems perfonne n'a plus illuftré fa pro-
feffiou & n'a nmdu plus de fervices à l'humanité.
Je reviens à Twyni^ dont la conduite a donné lieu à cette digreffion. Ce Mé-
decin mourut le 4 Septembre 1613, âgé de 70 ans, fans avoir rien fait pour l'a-
vancemcnt de l'Art qu'il a exercé près d'un demi Ceclc.
TWY.SDEIV, ( Jean ) du Comté de Kent en Angleterre, prit le bonnet de
Docteur à Angers en 1646. 11 défendit h Médecine des Anciens contre les atta-
ques indécentes de Marchamont Ncdham , & fit voir encore, par d'autres Ouvrages,
qu'il n'y avoir point de changement à introduire dans la Pratique, qu'il ne Va-
giffoit que de la pcrfcaicnner. Le Collège de Londres, dont il étoit membre, fit
de fes Ecrits toute l'cftime qu'ils méritoient. Ce Médecin fe diRingua auffi par ceux
qu'il publia fur les Mathématiques & les Livres Sybillins. Les uns & les autres
font en Anglois.
TYSON C Edouard ) naquit en 1651 dans le Duché de Sommerfet en Angle-
terre. Il étudia la Médecine à Oxford où il fur reçu Bachelier en \(:"o; mais ce
fut à Cambridge qu'il prit le bonnet vers l'an 1680. Il paffa delà à Londres en-
tra dans le Collège Royal en 1683, & peu de tems après, fut nommé à l'em-^loi
de Médecin des Hôpitaux de Bethléem & de Bridewcll. Sa réception dans la So-
ciété Royale , & fa nomination à la Chaire d'Anatoraie dans le Collège des Chi-
rurgiens de la Capitale, lui firent beaucoup d'honneur,- mais il en fir davantage
lui-même aux places qu'il occupoit, fur-tout à celle qu'il avoit obtenue dans la
Société Royale. Il a lu un giand nombre de Differtations lur l'Anatomie de
l'homme , des bêles & des irfefles dan? les affemblées de cette Compagnie , qui
les a fait inférer dans les Traniaétiocs Philorophiques, avec les obfervn'ions de
pratique qu'il lui avoit commuriquées. On a imprimé féparément fon P'iocœna ou
Anatomic du Porc marin qui fut démontrée au Collège de Grcsham. Cet Ouvrage
parut à Londres en 1681 , avec un Dilcours préliminaire fur l'Anatomie en gé-
néral & l'Hiftoire naturelle des animaux.
T O ME IK LU
440 V A C V A D
V.
Y
ACHER , CNO Maître en Chirurgie de Paris, Chirurgien Confultant des
Armées du Roi , exerça à Bel'ançon avec beaucoup de célébrité , & mourut dans
cette ville en 1760. On trouve quelques Obfervations de fa façon dans les Mé-
moires des Académies Royales des Sciences & de Chirurgie ; mais, il a publié lui-
même diflerens Ouvrages fous ces titres :
Obfervation de Chirurgie fur une ejpece d^empyeme au bas-ventre. Paris, 1737» mil.
L'opôration fut faite à la fuite d'un épanchement de fang dans cette capacité, &
elle eut un heureux fuccès.
Dijfertation far le cancer des mammelUs. Befarçon , 1740, In-ii. L'Auteur s'appuie
fur l'obrr-rvation & l'expéritnce , pour décider que l'opération eft le feul moyen
curatif du cancer; mais il décide en homme indruit, & s'attache à fnire voir que ■
ropôratioo n'cft poii:t admiflible dans tous les cas , qu'il y a des fignes qui'
l'icdiquent & d'autres qui doivent la fjire profcrirc.
Bifioire de Frère Jacques , Liihotom'Jle. Belai:çon , 1756, in-is,
M. Tliomas Levacher de la leuir'.e., l)o<flcur de la b'aculté de Médecine de Pa-
ris, naquit dans le Diocefe d'E^reux, On a de lui un Traité du Rak't.s ^ ou V^rt
de redrejfer Us enfms cor.tr e faits. Farir , 1772, </î-8 , avec hgures. 11 s'étend fort au
long lur la natuie , le liège, le diagnotnc, les cauits , le prcncflic , le traitement
de cette maladie , par les remèdes internes , & finit par l'espc fition des raoyeiis
méchaciques que lai-même & difi'ércns Auteurs ont propofés. Ce Médecin avoit
pris le bonnet dans la Faculté de Caen, avant que de venir le mettre tur les
bancs de celle de Paris. Il- eft le premier qui ait prc fité du Legs de M. ,
Jean de I^ieft , Doftcur-Régert de la Kacuhé. de Médecine de Paris, qui a fon-
dé un concours , dont le prix eft l'obtention gratuite des degrés depuis le Bacca-
lauréat jufqu'à la Régence inclulîvement. M. Levacher a remporté ce prix en
1766, & pour donner un témoignage pubiic de fa rcconnoifiance , il a dcd é l'Ou^
vrage , dont je viens de parler , à la Mémoire immortelle de fja bienfaiteur.
VADIANUS , C Joachim ) autrement dit JVjtte , favant Ecrivain du XVI
Cecle , étoit de. Saint Gai en SuilTc , où il naquit le 29 de Novembre 14S4. Après
avoir achevé le cours de fes premières études , il fe mit à enfcigner les enfans à
Villach dans la Carinthie ; mais comme dans l'eotretems de les occupations il
s'anpliqua férieufement à la Poéfie , il y Ht tant de progrès , qu'il remporta
la couronne de laurier que les Empereurs donnoieni alors à ceux qui excelloicnt à
faire des Vers. Ce fut à Lintz qu'il reçjt cette couronne, en 1514, des mains
de Maximi'iien I.
F'adianus pafla enfuite à Vienne en Autriche , où il fat nommé Profeffeur
d'Humanités, & même au Redtorat de l'Univerfité. li étoit digne de cet honneur
par l'étendue & la variété de fes connoiflances ; car il étoit habile dans les Belles-
î^ettres, la Philofophie, la Géographie ^ les Matliétnatiques , ôf fur-tout dans la
V A 1 4:51
Médecine , f^ont il avoît pris le bonnet de Dodkur , eo lgï8 , dans latnême Univer-
sité. Ce Médecin voyagea beaucoup. A l'on départ de Vienne, il parcourut la
Pologne , la Hongrie , l'Allemagne , l'Italie , & fe retira enluite dans la ville na-
tale , où l'a candeur, l'a probité & fon favoir lui méritèrent l'eftime de fes con-
citoyens. Ce fut à ces qualités qu'il dut Phonceur d'être élevé au rang de Séna-
teur de Saint Gai en 1526 ; mais il s'acquitta des fondions de cette charge avec
tant de prudence & d'intégrité, qu'on le nomma encore huit fois à la dignité de
Confeiller.
Nous avons plufieurs Ouvrages de la façon de F'adianus , dont un feul regar-
de la Médecine; c'elt celui qui pan.t à Bâ!e en 1522 , in.folio^ fous le titre de
Cùnjîltum contra peftem. Le plus confidérable eft un Commentaire Latin fur Pom-
ponlus Mda , De fîtu Orbis. Il eft encore Auteur de quelques Traités Théoîogi-
ques , qui ont pour objet de ïbutenir le parti des Evangéliques qu'il avoit embraffé
en 1519 , après avoir abandonné les feniimens de l'Eglife Romaine. Il mourut
dans fes erreurs en 1551 , ^gé de 66 ans.
VAILLANT C Jean - François FOYJ étoit fils de Jean<, habile Antiquaire que
le goiit des Médailles arracha à la Médecine, Suivant l'Abbé Ladvocat , dans fon
Dictionnaire Hiftorique, Jean-François naquit à Rome le if Février 1665, pendant
que fon père s'y attachoit à la recherche des monumens antiques ; mais fuivant
le relevé que M. B^ron. a fait des Aftes foutenus dans les Ecoles 3e la Faculté
de Médecine de Paris , il étoit de Beauvais : apparemment que f^aillant le difoit
ainli , parce qu'il étoit originaire de cette ville , où fon père vint au monde
en lôfjS.
A peine eut-il commencé de fe livrer à l'étude à fon arrivée à Paris, qu'il
paBa en Angleterre. Il y prit beaucoup de goût pour la Science numifmatique ,
mais fans perdre celui qu'il avoit de fe faire Médecin, De retour à Paris, il y
fit fon cours dans les Ecoles de la Faculté , & pendant qu'il étoit fur les
bancs , il compola un Traité de la nature & de Vufage du Café. En 1691 , il fut
reçu Docleur; en 1702 , il prit place dans l'Académie Royale des Infcriptions.
Dès le moment de fon entrée dans cette Compagnie , il donna des preuves pu-
bliques du progrès qu'il avoit fait dans l'étude des médailles. On a de lui plu-
fieurs Diflertations curieufes fur cette matière , ainfi qu'un Difcours fur les Dieux
Cabires- /^aillant n'eut pas le tems de communiquer à l'Académie toutes les ad-
■mirab'es connoiflances qui étoient les fruits de fes recherches; il mena une vie
-afiez languillànte , & mourut le ij' Novembre 1708 , à l'âge de 44 ans.
Son père fut envoyé en Afie & en plufieurs autres contrées par M. Colbert ,
pour y chercher des Médailles & des Manufcrits; il en rapporta quantité de pie-
•ces rares & fiagulieres qui n'ont pas peu fervi à enrichir le Cabinet & la Biblio-
thèque d« Roi. raillant le père mourut à Paris le 23 Oftobre 1706, & fut en-
terré dans l'Esl'fe de Saint Benoit , où Mark-Loulfe ^ fa fille, fit graver cette mf-
cription fur Ion tombeau :
451 "V A I
D. O. M.
JoANNi Foy-Vaillant bellovaco ,
DvSlori Medîco ,
Ludovici Mâgni Antlquarîo ,
Cenomanenfium Duels Cimetiarco ,
Regiie Infcriptionum S Numfmatum ^cademl£ foclo y.
Firo famâ nomlnis toiâ Europâ celeberrimo ,
Summis Prindpibas probctijpmo y
Qui fub hoc Lapide ,
Unà cuin carijjima Conjure
LUDOVICA AruiEN,
Contumulari vuluit.
Obiit XXIIl Ocl. M. D. ce. VI. atath LXXV»
Ht
JoANNi Francisco Foy-Vaillant ,
Joannis Filio , '
Do&ori McdiCQ Farijïenjï ,
Paternorum ftudiorum temulo ,
De B.e. Andquarla benè merito :
A quo fperanda fuerant non pauca ,
SI diuturnior d vita contigijfet.
Obiit XVII Novcmbr. M. D. CC. VIII. atatis XLIV.
Maria Ludovica Fov-V aillant .
AmantiJJîmis Pareadbus , Fratriqat dulcijjrma y
Ex hujus Tejîatnento ,
Hoc Moaumentum poni curavit.
Rcquiefcant In pace.
VAILLANT, ÇSébaftien J très-habile Botanifte , naquit le 26 Mai 1669 à Vi-
gny près de Pontoil'e. Dès la plus tendre jeuneflb , il fit paroître une paflion ex-
trême pour la connoifiance des plantes; à peine avoit-il cinq ans, que ibuvent on
le trouvolt occupé à cueillir celles qui lui plaifoient davantage , qu'il alloit enfuite
planter dans le jardin de (on père. Celui-ci dut borner l'inclination naiffànte de
cet enfant, qui, par la multitude des plantes champêtres qu'il mettoit dans ce
jardin , en auroit banni celles qui fervent aux bcfoins de la vie & à l'agrément ;
il lui céda une portion de terrein, dont il le rendit maître, avec délenfe de tou-
cher au refte.
Ce goût pour les plantes s'accrut tellement avec l'âge , que /^aillant ayant été
mis à Poctoife, fous la conduite d'un Prâtrc , pour apprendre à lire , à écrire, &:
les premiers rudimens du Latin, il ne profitoit de la promenade où ce Maître le
aonduifoit avec les compagnons d'école , que pour aller cueillir des herbes qu'il
V A I
45J
rnpportoit au logis, îr qu'il y examinoit avec tout le foin que fon inclination lui
ialpiroit. Il ne négligea cependant point fes études principales; il y ht même tant
de progrès , que ion père lui fit encore apprendre la Mulique. Il touchoit l'orgue
avec tant de délicateliè, que les Bénédidins de Pontoile le choilirent pour leur
Organifle à l'âge d'onze ans ; mais il les quitta pour paffer chez les Religieuies
Holpitalieres de la même ville, qui lui avoient préfeaté de meilleures conditions
que ces Pères.
Ce fut alors que fe Tentant du goût pour la Médecine , il profita de fes heures
de loiiir pour obferver le cours des maladies ; & pour être plus à portée de con-
tinuer cet exercice, il entra à l'Hôtel-Dieu de Pontoile en qualité de Garçon-
Chirurgien. Mais cène fut point affez pour lui de voir des malades; il voulut pui-
fer dans les Ecrits des plus célèbres Maîtres en Chirurgie & en Anatomie la coa-
noiflaace des moyens qui pouvoient le mettre en état de leur être utile. Il pafia
dans l'étude tout le tem» qui lui reftoit après fes fonftions à l'Hôpital , & fouvent
ir employa la plus grande partie des nuits à difféquer les membres qu'il emportoit
furtivement dans fa chambre.
En i6b8 , /^ûi7/anz s'attacha à un Chirurgien d'Evreux, mais il le quitta, en
1690, pour fuivrc en Flandre le Marquis de Goville , Capitaine dans les troupes
de Jirance , qui fut tué le premier Juillet de la même année à la Bataille de Fleu-
rus. Cela fut caufe qu'il revint à Evreux, d'où il pafla à l'Hôtel-Dieu de Paris en
1691 , & S'y appliqua à la Chirurgie en qualité de Garçon externe. Peut-être auroit-
il toujours continué l'étude de cet Art , fi les démonftrations du célebie Toumefon ,
au Jardin des plantes , n'euflènt réveillé fon ancienne inclination. 11 n'y put
réûfier. Son affiduité à fuivre les hctborii'ations , Ion application particulière à la Bo-
tanique, fes recherches , la lefîure des meilleurs Auteurs; tout cela lui fit faire des
progrès ii rapides , que Tournefon en fut furpris. Mais 7'^aîllam manquoit de for-
tune, & il lui eût été difficile de fe foutenir dans le cours d'une étude qui deman-
de beaucoup de peines & de dépenfes ; c'eft pouquoi ii ne laifla pas échapper l'oc-
cafion qu'il trouva de fe placer , en qualité de Secrétaire , chez le Père de Valois ,
Jéfuite & Confcfleur du Duc de Bourgogne. Ce fut-là qu'il eut l'avantage d'être
connu de M. Fagon ^ premier Médecin de Louis XIV, qui le prit à fon fervice
en la même qualité de Secrétaire. Cette place convenoit mieux aux talens de
F'aillant \ auffi l'habile homme, à qui il étoit attaché, n'eût pas plutôt connu cei.x
qu'il avoit pour la Botanique, qu'il lui donna entrée dans tous les Jardins du
Roi , & lui fit avoir la direction de celui de Paris , dont les richeJles fe multiplie
rent par fes foins, /''aillant devint enluite Profefièur & Sous-Dtmonfirateur de ce
Jardin , Garde des drogues du Cabinet du Roi , & s'ouvrit enfin i'entrée de l'A-
cadémie des Sciences, à qui il a communiqué difiërens Mémoires.
Ce Savant Botanille mourut de l'afthme le at Mai lyaa. 11 a InifTé d'excellens^
Ouvrages , & en particulier un Livre des plantes qui oaifTcnt ai)X environs de
Paris. Boerhaave en publia un eliai Latin à Lcyde en I/S3, /n-S; mais il fut de-
puis magnifiquement imprimé, fous ce titre:
Botanicon Parijîcnfe, ou dénombrement , par ordre nlphaliétiquc , des plantes oui:
fe trouvent aux environs de Paris. Leydc & Amilerdam , ip-îl, in-folio, en très-
^
45-4 V A ï.
grand papier, avec plus de 500 figures deffinées par Claude Aubriet , Peintre du
Cabinet du Roi. Il y a encore une édition de Leyde ( Paris J 1743» in-8. Voiq
ia note des autres Ecrits de Piaillant :
Nuvum plantarum genus , ylralîqjlri nominc , cujas fpe:ies ejî celebratijpmum illud
Niniln , fivc Ginfeng Sinenjîum. Hannovcra , ifib, in-4. On trouve une oblerva-
tion de fa façon fur le Ginieng , d^ns les Mémoires de l'Académie des Sciences ,
année 1718.
Difcours fur la ftni£lure des fieurs , leurs différences e? Vufage de leurs parties. Leyde ,
1718, /rt-4. Le même en Latin. Leyde, J728 , /n-4. Il fut prononcé en François
au Jardin Royal de Paris le 10 Juin 1717,
EtablilTement de trois nouveaux caractères de trois familles ou claflès des plantes
à fleurs compofées^ favoir des Gynarocéphales , des Corymbiferes & des Chico-
racées. Mémoires de l'Académie des Sciences, années 171^, I7'9i 1720, 1721.
Carafteres de quatorze genres de plantes , le dénombrement de leurs efpece» ,
les defcriptions de quelques-unes & les figures de pluiicurs. Ibidem ^ année 171^.
Suite des Corymbiferes , ou la féconde clalïé dei plantes à fleurs compofées. An-
nées 1720, 1721,
Suite de l'établiflèment de nouveaux caradteres de plantes. Clafle des Dipfacées.
Année 172a.
Remarques fur la méthode de Tourne/on. Mémoires de l'Académie, année 1722.
VAL, CDU ) Voyez DUVAL.
VALCASSAR, ( François J Dofteur en Médecine , étoit de Trapani en Sicile.
Son intelligence dans fon Art , fon éloquence & Ion érudition lui méritèrent les
regrets de fes concitoyens, à la mort arrivée en î6gi dans fa ville natale, ^n.
tonin Mongitore parie de lui dans fa B:bUotheque Sicilienne , mais il ne lui attri-
bue d'autre Ouvrage que l'Oraii'on funèbre d'Antoine Crifpus , qui fut imprimée à
Trapani en i68g, in-^, ibus ce litre:
Ld fama impeguata per gli Enconiii délia F'irtu. Oratlone funèbre in, morte del famofîf-
fiino Medico D. ^atonio Crifpo,
VALDAGNO , C Jofeph ) Médecin de Vérone , a vécu dans le XVI fiecle.
Il a traduit de Grec en Latin & il a enrichi de notes l'Ouvrage de Proclus fur
le mouvement Cette Tradudtion a été im^^rimée à Bâle en 1563, m.8. On a de
la façon de y-ildaguo plufieurs queftions de iVlédeciie , & deox Livres qui parurent
en X570 & '571» tous ce titre: De Theriacjs u(à iafcbrlbus pejiilentibus. Il a aufli pu-
blié-l'apologie de fa dodeline & l'examen de cel!e ûe Jérôme Doniellini^ Médecin
de Vérone, dans un Ouvrage intitule; Eudoxi Philakthis ^pologia. Cet Ecrit fut
mis au jour en 1573 , au lujet d'un autre que Don^elUni lui avoit adreflë fur la
nature de la fièvre pcUilentielle.
VALDAJ(JL. ( Homme» du ) On appelle airfi une fat^ille du Valdajol, contrée
de la LorraiLe à trois lieues au dellbs de Romiremont, compofée de plufieur»
.villages 6i han^îaux. Cette famille , qui demeure dans le v illage de La îiroche ,
i"e diftingue depuis long-:ems , de pcre eu fils, par fou aureflc à traiter les frac-
V A L 4S5
• btes & les luxations. Il tti vrai que ces Hommes ne font point une étude rsi.
fbnnée de certc part'e de la Chirurgie , & que pour cette railon , on pourro t
dire que c'cft mai à- propos que je le.* ai placés parmi les Maîtres de l'Art. iVJais
comme l'hum.mité n», tire pas n oins d'avantages de la routine de ces bonnes gens,
que de- la méthode fondée lut les raifonnemens de la Théorie & les règles de la
Pathologie Chirurgicale, j'ai cru que c'étoit rendre juftice à leurs talens , que de
témoigner quelque rcconuoiflance à des Hommes qui-ie diftinguent par leurs ioins
otHcicux , & qu'il ne faut pas confondre avec ces aventuriers qui courent le mon-
de , fous le n.m de cette famille. Nous en avons vu un dans nos provinces , il y
a quelques années 4 il n'a fait que des cures momentanées , dont les malades ont
été les dupes.
Le premi r, dont on fe fouvienne , qui fe foit fait connaître par le talent de
réduire les luxations & les fradures , s'appelloit Nicolas Demenge. Il n'eut qu'une
fille, qu'il maria à N'olas Fleurot. Celui-ci reçut les infirudlions de Ton beau-pcre ,
& dtvint bientôt aulli habile que lui ; il communiqua le fecret de fon art à foa
fîls qui fut nommé Demenge - Fleurot, Jean , petit fils de ce dernier , étoit, il
y a quarante fans , le plus ccnnu de tous pour fon adreflè dans l&s opérations que
les pères avoient pratiquées.
Le grand nombre de cures qu'ils ont faites , & que ceux qui travaillent au-
jourd'hui coniinuent de faire , les auroit mis dans une fituation brillante , s'ils
euflent eu de l'ambition; maiscontens de leur fore de villageois, ils préfèrent une
vie dure & tranquille it une élévation bien au deffus de leur état. Leur défintéref-
fement ne leur fjit pas moins d'honneur ; ils refuient conftjmment des fommes con>
fidérables que leur méritent les guériibns qu'ils opèrent. La moindre reconnoifTance
leur futKt. Le Duc Léopold , de gloricufe mémoire , leur Kt offrir l'exemption
de la taille par un de fes Officiers , en récompenfe des lervices qu'ils reudoient
au public. Ils furtntfenfibles , autant qu'on peut l'être , à cette marque de diftindlion
& ils fentirent tout le prix des bontés de ieur Souverain ; mais ils remercièrent
cet Officier , en difant qu'ils ne vouloient point être à charge à leurs compatriotes.
Leurs exercices pour s*inftruire font auflî fimples que leur manière d'opérer. Ils
apprennent , dès leur plus tendre jeuneflTe , l'Oftéologie & la- Méchanique du Sque-
lette ; ils en font enfuite la comparaifon lut un homme fain & vivant. Bien im-i
bus de ces connoitranccs , ils s'mftruifent aux opérations par les leçons de prati-
que que les Anciens leur donnent fur les malades , en leur failiant remarquer ce
que chaque cas a de lingulier & de relatif avec c^ox qu'ils ont vus , ou qu'ils
pourroient voir. On diroit que leur méthode d'enléigner eft calquée lur celle
des premiers ^,fclép:ades , qui ne le fcrvoient que de la tradition orale dans les
leçons familières qu'ils fa'foient à leurs enf.»ns. Tout cela conduit les Elevés du
Valdajol à une méthode prompte & certaine. Ils n'emploient que la mam dans
leurs opérations, jamais d'inltrumens , & prefquc pas d'appareil. Ceci paroîtra peut-
être moins lijr(.renant , quand on laura qu'Us ne fe mêlent précii'ément que dé
fractures , de luxations, & des maladies qui ont quelque rapport avec elles. Ils fe
font glore d'ignorer le rtfe de l'Art , fatisfaits de réulfir dan* la parcie dont lesr;
babitans des montagnes , où ils demeurent , ont fi ibuvent befoin.
456 VAL- ■
VALENS. \'oyez VECTIUS VALENS.
VALENTIN. Voyez BASILE VALENTIN.
VALENTIN, C Louis- Antoine _) de Saint Jean d'Angeîy en Saintonge , fut
reca Maître Chirurgien de Paris le 16 Février 1763 , ^: enluite Adjoint au comité
perpétuel de l'Académie. Dès l'an 1759,11 avoit publié V Eloge dî M. le Cat ^ bro-
chure,/r.U, de 59 pages. En 1761,1! fit imprimer une autre brochure , /n.ia, Ibus
le titre de Outjîlun Chlrurr'Jco- Légale , rdoùve à Fûjfaire de la demo'fdlt F amln ^ fem-
me du peur Lancra , acciféi de juppreffwn de pan. Il y ftUlgne les iymptômes cora-
rnuns & particuliers aux vrp.ies groirefies & aux fauiies , & il y ct&blit des princi-
pes pour diftingucr sûrement fi une fer^me cft accouchée ou fi elle a eu une hy-
dropili- de matrice. Cette pièce a reparu à Paris en 1768. Mais rien n'a fait plus
d'honneur à iVL l-'ali'.nibi , que fon Ouvrage intitulé :
Recherches criiiq'.ei fur la Chirurgie moderne. Paris, 1772, in- Ta. C'eft un petit vo-
lume qui contient de? remarques importantes fjr plufieurs opérations. IJ cil terminé
par nruf lettres adreflees à M-. Louis., Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale
de Chirurgie , dans lefquclles l'Auteur ne flatte guère fon Collègue.
VALENTINI C Michei-BernaKd ) étoit de Gieiien dans la Haute Hcfle, où il
naquit le 0.6 Novembre 1657. Il étudia la Médecine dans l'Univerliré de cette
ville, & bientôt après y avoir été reçu à' la Licence en 1680, il fut nommé à la
place de Médecin de la garnifon de Ihilisbourg. Mais il abandonna cet emploi en
it'62 pour retourner à Gieflen , où il reprit le fil de fes études. La nouvelle de
l'on îidmiflîon dans l'Académie Impériale des Curieux de la Nature, fous le nom
de Theffalus , fut le premier aiguiLon qui l'excita à redoubler d'ardeur au travail. Il
prit la réfolution de voyager pour s'enrichir des tot.noilîànces de l'étranger, &
•après avoir féjourné à Heidelberg & à Francfort lur le Mein pendant quelques
mois de l'année if'05 & de la fuivante , il fe mit en route pour la Hollande ,
l'Angleterre & la France qu'il parcourut. Mais comme il avoit été nommé Docteur
ea Médecine durant fon abfence , il revint à Giefîen en 1687 pour la cérémonie
de fa prife de bcncct , & il fe mit cnfuite à enfeigncr publiquement !a Pbylique.
Le mérite de /"'^ik-nft/it lui procura la place d'Adjoint dans l'Académie Impériale;
il y fut nommé en 16^9, & bientôt après, à celle de Direéleur. I! entra audi dans
l'Académie des Recuperad de Padoue. En 1696, il obtint la Chaire extraordinaire
de Médecine dans ia Fac'uUé de Gieiien ; mais il ne la remplit pas long tcms , car
il pallk à celle de Profefl'eur ordinaire en 1697. Les talens qu'il déploya dsn? cette
charge, & les Ouvrages dont il enrichit la Republique des Lettres, ne tardèrent,
point à faire palier fon nom chez les étrangers qui lui donnèrent des témoignages
bien flatteurs de leur efîime. La Société Royale de Berlin le reçut dans fon corps
en 1705 , & celle de Londres en 1717.
F'aleatini étoit l'Ancien de l'Univerfité de GiefTen depuis 1700, lorfqu'il mourut
dans cette ville le 13 Mars 1729, î^gé de 71 ans. Voici la notice des Ouvrages
<iu'il a donnés au public ;
Hljlorla Moxte^ cum adjun&ls medUationibas de podagra. Lugduni Batavorum, i685 ,
jfl-ia. Difcurfui
VAL- 457
Dîj'curjhs [/icaitm'icus de China China. Gkjfe y 1697, Jrt-4.
-De Ipecacoanha^ nova Gallurum antiJyJfentericô. Ibidem., 1698, m-4. On a vu cU
devant ]e détail des circonftances qui ont facilité à Helvîtius la découverte des
vertus de l'Ipécacuante dan> la dyiîcnterie. Voyez l'article de ce Médecin.
Medicina Ivoy-^nùqaa , tradcns unlverfum Medldna curfum è fcriptis Hippocratlcis ad
mentcm Modei-norum erutum'. Francofuni ad Matnunt , 169S, 1715» 'n-4« C'eft un
abrégé de Médecine écrt dans l'ordre adopté dans les Ecoles pour la diviûon de
difFérentes parties de cette Science.
\Pulychrcfln exoùcd in curandis affeSibus coatumaciffmts probatijjima. Ut & nova Hen
niarum cura. Jb'.dzm ., 1700 1 'n-^.
■Pande3<£ Medico- Légales, yZve, Refponfa Medico-Forenfia ex archhis yicademiariun
8 celebriorum Medicorum defumpta. Ibidem, 1701, trois volumes in.4, 1722, in-folio.
L'Auteur nefe borne point aux lomicrcs qu'il répand fur la Jurifprudence Médici-
nale; il déclame contre les abus qui «é rencontrent dans l'exercice de différentes bran-
ches de l'Art. Mais les déclamations font d'autant plus inutiles , qu'il ne fait qu'indi-
quer le mal , fans fuggértr Jes moyens d'y remédier. Son Ouvrage eft un iiHu de
reproches contre les Chirurgiens de ion tems qui fe mêloient de traiter les mala-
dies vénériennes, dont ils ne connoiifoient point aflex la nature ni la cure. 11 y
mené aulli fort durement les Herniaires & les Sages-Femmes, & donne quantité
de preuves de leur impéritie. En tout cela, il n'avoit pas tort; car la Chirurgie
& les profeflions qui y tiennent, ont été en Allemagne, bien plus long-iems
qu'ailleurs, à fecouer le joug de l'ignorance , & à franchir les bornes de cette rou-
îine aveugle qui s'oppoîe aux progrès des Sciences & des Arts.
Dijfertatio de Lapide filtrô. Giejfce ., 1702, 1/14.
Mufaum Mufeorum. En Allemand, Francfort, Tome I, ^704, in-folio. Tomes
il & lll , 1714 , in-flio. C'ett un Ouvrage de la plus grande étendue far la Ma-
tière Médicale. Jean-Conrad Becker l'a mis en Latin , fous le titre d'HiJioria jim-
plicium refjrmata. ^ccedit Jndia Liuerata quant Latinitate donavit Au3otIs filins. Fi an-
cofarti^ 1716, in folio. Giejfts & Francofuni, 1723, ia-foUo. Offenbaci ad Mxnuwy
1733 , in-folio , avec figures. On a joint aux éditions Latines un abrégé de la vie
de yaleniini, qu'il avoit lui-même compofé en Vers.
De Magnejîa alba. Giejfte, I707 , in-i,.
Prodromui Hijlorie naturalis Hajfue. Ibidem , 1707 , ia-^
uirmamentarium Natura fyjlematicum. Ibidem , 1709, i/i-4# avec l'Hiftoire Litté<
raire de rAcadémie des Curieux de la Nature.
Cynofura Muterie Medic<e, Argentiiia , 1710, ia-^. Ibidem, 1726, trois volume»
10-4, avec les augmentations de Boeder ^ qui conliftent dans l'hiftoire des iimpleg
& rénumération de toutes les chofes , jufqu'à la plus petite plante , qui peuvent
entrer dans les formules des médicaniens. f^akntini avoit didé fon Ouvrage à fes
diioiplcs.
Nivelle Midico- Légales, feu. , Refponfa Medico-Forenfîa. Francofurti , 1711, ^n-4.
Praxis Medicina infalliblUs , cum Nufocomio Academico. Ibidem ^ 171 1, 171 5 , deux
volumes i/z-4. Ibidem , 1721 , m- 4. Il y décrit les maladies de diftërens âges , &
traite aifez fuccintement de celles qui font du reflbrt de la Chirurgie.
Phyfiologite BibLca capita fekita. Gie^a , 1711 , w-4.
T O M E ir. Moiffl
458 VAL
uimph'aheatrum Zootomicuirif tabulis anels quamplurimis exhibens Hlftoriam anlmaVium
jiaatomlcam. Francofani , 1720 & 17^0, in-folio. Les figures, dont on a orn;^ cet
Ouvrage, font aflez mal rendues.
f^iriJjrium reformatum. Ibidem , 1720 , in-folio. On y a joint beaucoup de planchai
infiniment fupérieures à celles du Traité précédent.
Corpus Juris Mcdico-Legalé, ottjlcns è P andtctis ^ Novdlis S ^uthcnticis Jatrco-Fo-
renjîbus. Ibidem^ 1722 , in-folio. C'eft un Recueil des Ouvrages de l'Auteur fur la
Juril'prudence Médicinale. Les Médecins Allemands fe font beaucoup occupés de
cette matière ; on doit même avouer qu'ils en ont mieux traité que les Ecrivain*
des autres nations.
Chrijîophe-Bernard Fakntinl , fils du précédent, fut reçu Dodleur en Médecine
dans l'Univerlité de Gieflen , où il enfeigna publiquement , & prit place dans l'A-
cadémie Impériale des Curieux de la Nature, fous le nom de Thejfalas IL Oa
a de lui :
Labyrinthas Medici ftudii féliciter faperandus. Giejfa , 171 1.
Tournefonius contraclus , fub forma tabularum jîjlens Injliturlones Rei Herbaria. j4c^
ctdit Materia Medica à Paulo Hermanno in. cenas clajfes charaSeriJticas rtdacla. Fran.'
cofurti arf ikfœnum , 17J5 , in-folio , nvec figures.
VALESCUS DE TAllANTA étoit Portugais , fuivant Ranchin. Il fe donne
lui-même le nom François de Bahfcon de Tliarare , dans la préface qui eft à la
tête de fon grand Recueil de Pratique qu'il commença en 1418. 11 exerçoit la
Médecine à Montpellier depuis 1382,- d^'où il paroît qu'il ne fe mit à écrire qu'a-
près s'être perfectionné par une expérience de trentc-fix ans. Il le dit ainfi lui-
même : Inceptus eft auiem liber ifte , r.um aiixilio magni & teterni Dei^ poft praci'cam
ufualem annorum 36 per me F'alefcum^ anno Domini 1418, in vigilia SanSi Bamabts
ûîpoiloli. Son Ouvrage traite de toutes les maladies, en neuf Livres qui compren-
nent 27a chapitres, où il explique en détail les caufes, les fignes diagnofiics &
pronoftics, la curation de chaque maladie particulière. -/^O'^rac , qui regarde cet
Ouvrage comme un très»bon Cours de Médecine, ajoute qu'il eft long & écriî
d'un ftyle barbare, ainfi que tous ceux de ce tems-là ;.mais qu'il eft clair & mé-
thodique. On y trouve même des obfer valions excellentes fur la pratique de la
Médecine & de la Chirurgie ; & l'Auteur appuie ordinairement , ou éclaircit ce
qu'il avance, par des faits dont il a été le témoin, C'cft ce qu'il appelle Decla-
rationes. Comme la Médecine eft mieux traitée dans ce Recueil qu'elle ne Ta été
par les Arabes, on en a fait aufli plus d'eftime; & c'eft la raifon pour laquelle
les éditions fe l'ont tant multipliées. Voici la note de celles dont parlent les Bi-
bliographes , en annonçant l'Ouvrage fous ce titre :
Philonium Pkarmaceuticum & Cheirurgicum de medendis omnibus , càui internii ^ tùrn
externii humani. corporis affeSUbus. ^eaeri/s , 1490 , l£02 , 152 1 , 1532, in-folio. Lug-
duni , 1500 , ia-4 , 1521 , in-folio , 1535, 1-4 minori. Le Catalogue de la Bi-
bliothèque de Fakonet cite encore une édition de Lyon de 1526 , m4 , à
laquelle on a joint fntroduSio ad Praciicam Medicims de Jean de Tornamîra, Lug-
duai , 1560 , in-d. 11 faut remarquer que cette édition n'eft qu'un Abrégé de
i'Oavrage de FaUfcus , ii qu'il eft de la façon de Gui Z?W(êr,. Médecin du Mo»
T A I. 459
■eaftere âe Saint Antoine de Vienne. Prancq/uni , 1599 , jn-4 ^ par les foins de
Jean Hartmann. Beycr. C'eft encore un Abrégé , mais plus tronqué que le précé-
dent ; le rédaftcur eft même d'autant plus cond?mnaWe, qu'il n'a pss fait de^'^if-
ficulté d'y inlcrer beaucoup de maximes de Paracdfz. Francofurii & Lifj1.e ,
1680 i w 4. /,;■'//«, 1714, /n-4. _ . «/,'j • j
Cajhlldn & randcr Linden donnent à ^defcus le t.tre de premier Medccm de
Charles VI, Roi de France. ^Jhuc ignore fur quel fondement; mais fur leur
autorité , il a cru devoir le lui donner aufli : cependant on ne trouve point le
nom de fatefcus dans les meilleures liftes des premiers Médecins. Celles qui font
à la tête de V£Jfai Hljlcrique fur la Médecine en France par Chôme! , & de VLtat de
la Médecine en Europe , année 1^-77 , n'en difent pas le mot.
"^^ALESIO , ( François ) autrement VALLES de Covarrubias , fut probablement
ainfi aj pelié du lieu de la naiffance dans la vieille Caftille. 11 fe fit beaucoup ef-
timer dans le XVI fiecle , tpccialement à Alcala de Henarez , où il enfeigna la Mé-
decine avec tant de réputation , qu'il mérita d'être furnoramé V^me de Galicn. Philip-
pe II , Roi d'Efpagne , l'appella i fa Cour pendant un de fes accès de goutte. P^w
lejîo lui confeilla de fe baigner les pieds dans l'eau tiède pour en mitiger les dou-
leurs; Use comme le remède réulîit au gré du malade, ce Médecin parvint à la
plus grande faveur & fut magnifiquement récompenfé.
Les Ouvrages que F^alefio a donnés au public , font également preuve de fon
amour pour le travail & de fon attachement à la dod^rine de l'Ecole Grecque.
Voici leurs titres ^ leurs éditions :
In quatuor Libres Meieorologicorum .^rijîotelis Commentaria, Complut!^ 1558 , in.8.
Taurini, 1588, in-8. Patavil ^ 1591, in-4.
Commentaria in Gahnl de locis patientibus L'bros fex. Lugduni , 1559, 'n-8, & ail-
leurs avec les. autres Commentaires de rAuteur fur Calien.
Tradiatus AledLUales. Jbliim , 1559, i/i-8.
In ^phorlfmos Hippocraiis , jimul S in Libellum ejufdem de allmento Commentaria.
CompluU , 1561, in M. Colonie , 1589 , Infuiio. Cette dernière édition contient le
Recueil des Commentaire^ de l^alejîo iur Hippozrate & Galien.
O&o L'bri Arijlottlii de phyfica du&rina. Compluti , 156a , in-folio,
Controverfiarum Mcdîcarum & Philofophicarum Llbri decem. j4cccjfit Libellas de hcls
maniffjlè pugnantibus upud Galenum. Compluti.^ 1564 , 1585 , in-fuUo. Francnfarti , 1582 ♦
1590, 159,, in-folio. Bafilea^ 1590, in-4. f^enaiis , 1591, in- 4. HanovU, 1606 , in-
fuiio. Liigduni , 1625 , /■n-4. L'Auteur y foutient la dodlrine de Galicn contre les re-
proches dont les Médecins Arabes Tavoicnt chargée dans leurs Ecrits; & comme
le nombre de leurs feflateurs étoit encore grand en Eipagne dans le XVI fiecle ,
il cherche à leur ouvrir les yeux & à leur faire voir la préférence que mérite l'E-
cole Grecque fur celle des Arabes.
Commentaria in Galeni ./irtem M&iicinalem. Compluti ^ 1567, '«-S. F'enetlls, 1591 ,
in-8.
Deurlnis, pulfibus & febribus Libelli. Compluti ^ i^6g , J/i-8. Tdunnt , 1588 , in.8. Pa-
tavli, T591 , tn 8.
La Libros Pranclmum , in Libros de raitone vlSûs in morbli acutis Commentarlc
Compluti f ï5^9> '" ^- Taurini, 1590, irmS,
46o VAL
Jn Hippoerath Libros Epidemlon Commentaria. Matritl^ I5jf7 , in-foli). Cohnl<e , 1589-^
infoiio , avec les autres Commentaires de l'Auteur iur Hippocrate & Galun. Nea-
poli, 1621, in-f)Uo. yiurdie f 1654, in-folio, Ibus le titre de Commentaria in Hippa-
craiis de mot bis populuribus & prognojlica. Parijih, 1663, infulio.
De Sacra J^hilofophia , five , de iis qute fcripta funt Phyjicè in Libris Sacris. LiigJU'
ni, 15BB , Î592, I59t , 1622, i/i-8. Taurini , 1587 , <n-4. Franco/uni , 1590, 1608,
îaS. La plupart de ces éditions comprennent le Traité Z>e Plantis Sacris de Liévla
Lemnius , & celui De Gemmis de François de La Rue.
Methodus medendi in quatuor Libros divifa. F'enetiis, 1589, JnB. Matriti , 1614 «(n-8.
Lovanii , 1647, '""8' ■Pai'ijiis, 1651 , inia.
Commentaria illujîria in Galcai Pergameni Libros. Colonla , 1592 * in-folio,
Tratado de las aquas dejîiladas , pefos y medidas ^ de que los Boticarios deben ufar, Ma-
drid, 1592, in~8,
VALLA , ("George y Médecin natif de Plaifance , mourut avant Tan 1497. VL
pofféda parfaitement les Langues lavantes , & pafla pour un des meilleurs Philofo»
phes de Ton tems. Mais comme ion empreffement à contribuer aux progrès des
Sciences fut égal au goût qu'il eut pour elles , il publia ou traduifit les Ouvrages des
Anciens qui étoient les plus rares & les moins connus. C'eft ainli qu'il a facilité
les études dans un tems où les Lettres géminbient encore (bus l'empire de la bar-
barie ; fes Ouvrages les ont aidées à en fortir. Tels l'ont :
Univerfe Medicin<e , ex Gracis potijfimùm contra&<e ^ Libri feptem. yenctiis., Ï501 ^
in-folio.
Inxerpretatiu Latina ^hxandn ^phrodifei de febrlum caufis & differentiis. Lugdunî.y
1506, m-8, avec le Livre De Medicina claris Scriptoribus qui eft de la façun de
Sjmphoriea Champier.
Cicero de fato , cum explanationibus, Parijîis , 1509, /n-4.
De humani corporis partibus Opufculum. Bajllea , 1527, in-8, avec d'autres Ouvra-
ges Anatomiqucs. f^eaetiis, 1538, inS , 1555, in- 12.
Rkai^is de pejMentia Liber Gracè inrerpretatus. Bajîlex , 1529, /n 8 , avec les deUR
Livres de Pfeilus qu'il a mis en Latin , fous ce titre .- De viMs ratione.
De Simplicium naturâ Liber unus. ^Irgcntinte , 1528, t/2-8.
De inventa Medicina, & ia qaot parus diftributa fit ^rs parva Jokannitii Afedici illuf-
Trîs. Ibidem , 1529 , £/i-8.
De aniverfî corporis purgatione. Ibidem., ^529, //i-8 , avec un Traité De naturaocu^
lorum.
De tuenda fanitate per viSum , (^ qua fecundùm cujufque naturam ia viS'u fequendg
eut fugienda funt Ibidem , 1529 , ia-8 , avec l'Ouvrage intitulé : De ciborum facultaiibus ,
qui eft de Paul dPEgine.
De corporis humani commndis & tncommodis Libri très. Quorum primas , de anima ;
ficundas, de corpore; tenius, de urinis ex Hippocrate 6? jEgineiâ , dcque Gal&ni quef-
tionibus ia Hippicratem agit, ytrgentorati , 1529, 1531, 'n-8.
■^phrodifei problematum quinque fe&ioaum expofitio. yenetiis , 1529, in-folio^ eum eX"
jmjîtionibus Pétri de ./Ipono in ulrijlotelis problcmata.
^'eniefii de natura homiais Liber è Crceco Laiimu faSus. Lugduni , 1538 , in-B.
VAL 46t
De differentiis pulfuum. Probîemata ^riftotelis Je Re MeJica. Dlahgus Panhenii de
fedione humani corporis. ^rgmiin<s , 1599 , ir.-^.
VALLE , C" Jean-François^ de La Clrfc, petite ville de Savoie, fut renommé
vers la fin du XVII licclè , pour la lubtilité de l'on elprit & la fidélité de ia mé-
moire. Une maladie l'avoit privé de la vue dans l'on enfance. Il ientit toute la
peine de cette perte, lorfque le goût des Sciences fe développa en lui; mais fe
trouvant dans l'impolTibilité de s'en inftrjire par lui-même, ii te fit donner des
leçons par d'habiles Maîtres & il en profita fi bien , qu'il parvint à la réputation
d'un favant Phi'ofophe & d'un Médecin qui connoifioit les différentes parties de ioa
Art. Quoiqu'il n'eût d'autre relfource que dans la mémoire , il A\c\9. un Ouvrage ,
partie en Profe , partie en Vers , qui parut être le fruit de la leAure des meilleur»
Auteurs. Cet Ouvrage, qu'il fit imprimer à Mont-Réal en Languedoc, traite deï
fignes diftinaifs des maladies qui ont le plus de rapport entre elles.
VALLEMRERT, f Simon DE^ né dans le XVI fiecle à Avallon en Bour-
gogne, cultiva également la Littérature & la Médecine. Selon La Croix du Maine,
il étoit , en 1558 , Médecin de Marguerite de France , Duchefle de Savoie & de
Berri ; & avànt 1565 , il avo.t obtenu le même emploi chez le Duc d'Orléans.
Vallembert eft Auteur de plufieurs Ouvrages , parmi lelquels on remarque les lui-
vans qui ont rapport à la Médecine :
Traité de la conduite des Chirurgiens. Paris , 1558 , in-8.
Medicamcntorum fimplicium cognofcendorum methodiis. Turonlhus ^ 1561 , m-4.
Cinq Livret de la manière de nourrir & gouverner les enfant dèi leur naijfance.
Poitiers*, 1565 , in-^.
VALLER.IOLA CFrançois^ s'appelloit VARIOLA , mais comme il étoit d'une
fort petite ftature, on lui donna le premier nom qui ett le diminutif du lien. Affez
fouvent ces petites figures , à qui la Nature a refu(ë toute la matière qu'il faut
pour former un corps d'une étendue proportionnée à leur âge , ont l'eiprit vif &
pénétrant ; J^alleriola étoit doué de cet avantage. II fe diftingua à Valence en Dau-
phiné , où il enfeigna la Médecine dans le XVI fiecle. De cette ville , il paffa à
Turin, & il y remplit une des premières Chaires de la Faculté avec tant de ré-
putation , qu'on chercha à le fixer dans cette Capitale par des appointeraens con-
fidérables. Il s'y arrêta , & fit honneur à Ion Univerfiié par le nombreux concours
d'Ecoliers qui fe rendoient à (e« leçons. Les Ouvrages qu'il a mis au jour , lui
ont fait à lui-même un honneur infini. Ses contemporains en firent beaucoup de
casi on les eliimoit encore long-tems après fa mort arrivée vers l'an 1580. Voici
leurs titres:
■ Commeaiaria in fex Libroi Gaknî de morbis & fymptomaùbui. Lugduni ^ 154°, in 8,
Venaiis , 1 548 , i/i-8.
De Re Medicâ , Oratio. F'enetiis, 1548, in-B.
Enurrationum Medidnaliun Libri fex. Refpanjïonum Liber unus, Lugduniy I554,
in-fulio^ liS^9» ''^-^' f^enetiis, i555 » '''-^'
Lod Midicina: communes tribus Libris d:gefti. Lugduni , 1562, //I-I2, 15S9, deux
volumes in-^ f^caeius^ 1563, /n-8. Gemvg , 1604, in-B.
40% -VAL
Obfavailonum Midlcinalium Llbrl fex. Lugduni, ig^S ♦ în-foUo ^ 1588, 1605 , fc-8.
lya levure des Ouvrages des Anciens lui avoit donné tant de goût pour l'obler-
vation, qu'il s'appliqua lui-même à ce genre d'écrire. Le Recueil qu'il a publié,
contient piufieurs hilloires de maladies graves qui fe font heureufement terminées;
on y trouve encore les remarques qu'il a faites far les cadavres, dont il a fou-
vent Ole entreprendre l'ouverture , en bravant le préjugé de foa fiecle qui s'y
cppofoit. Ce préjugé eft palfé jufqu'à nojs. On cro;t quo c'efl ialulter aux
morts, *que de fjuiller dans leurs entrailles, pour y chercher les caufes des ma-
ladies & oblerver les ravages qui en font les effets. Ces ouvertures font cependant
néceflaires dans une infinité de ca?. Mais ce qui devroit guérir le public de fon
opiniâtre icliltance à cet f gard , c'eft l'exemple des Souverains & des perfonnes
de la plus grande diftiné^ion , dont les corps font toujours ouverts après leur mort,
Eft-cc manquer au reipeft qu'on leur a porté pendant la vie & à celui qu'on
doit à leur mémoire, que de foumettre au fcalpel les triftes rcftes de leur hu-
roanité ?
Comment arli in Librum G aient de conJlUutîone y^rtis Medxie. ^jgujî<e Taurlnorum
S Gencvts , ;i5f 7 , In-'à. I^aoduni , 1626 , m-8 , fous le titre d'Anis Medica funda-
mina fecundàm Galenum.
Aaimadvcrfwnes , five , Annotata in omnia Laurcntu Juubern Paradoxa. Francofunl ,
1599 » ï'545 ' '''•/^'"' * '^^^^ '^ fécond Tome des Œuvres de Jouben.
VALLES de Covarrubias. Voyez VALESIO.
VALLISNIERI (" AntoineJ naquit le 5 Mai 1661 àTrafilico , Château» du petit
pays de Carfagnana dans le Modenois, de Laurent f^allipiieri qui en étoit Gouver-
neur pour le Duc de Modcne, & de MaricLucrece Davlni , d'une ancienne fa-
mille de Reggio. Ce fut dans cette ville qu'il acheva le cours de fes première»
études, qu'il avoit commencé à Scandiano & continué à Modene ; ce fut aufli à
Rc^gio qu'il s'appliqua à la Philofophie & foutint des l'heles fur cette Science ,
Qu'il dédia au Prince Louis d'Efth. En 1683^ il pafla à Bologne où il fuivit les le-
çons des plus célèbres Profefleurs de la Faculté de Médecine , mais il s'attacha
par préférence à Saiani & à Malpighi. Les progrès qu'il fit fous ces habiles Maî-
tres , lui méritèrent le bonnet de Do(fteur qu'il obtint en 1^185 ; & comme il
voulut ie perfedionner dans la profeflion qu'il avoit embrafiee , il ^'arrêta à Bo-
logne jufqu'en 1687, uniquement occupé de la pratique de la Médecine, de l'é-
tude àe. l'Anatomie, de la Botanique & de l'Hiftoire Naturelle. Enfin, po^r ne
rien négliger de tout ce qui pouvoit augmenter fon favoir dans l'Art important
qu'il ambitionnoit d'exercer avec diftiniiion , il palla à Venife , où il s'appliqua
à la cure des maladies fous le Médecin Florio & à la Chirurgie fous Jacques Grandi.
La réputation de Jacques- Pompée Sacco qui enfeignoit à Parme, l'engagea encore
à aller prendre fes leçons.
Suffifamment inllruit, il retourna à Scandiano en 1689 . & fe m't ^ Y faire la
Médecine; mais il ne s'appliqua pas moins à l'Hiftoire Naturelle, pour laquelle
il avoit toujours eu la plus forte inclination. L'étude des Inleftes qu'il culriva à
i'exèmple de Goedan , de Sifammerdam ^ de Malpi^hi^ de Redi & d'autres Savans,
VAL 453:
^ conduifit aux b'elles découvertes que l'on trouve dans fes Ouvrages. Sa répu-
tation perçoit inrenfiblement ; on ne tarda même pas à lui procurer l'occafion de'
mettre les talens au grand jour. En 1700 , il obtint la Chaire extraordinaire de Pra-
tique dans les Ecoles de la Faculté de Padoue , où il remplaça Sacco , ion ancien
Maître, qui étoit monté à la Chaire ordinaire de Théorie; & il conferva ce pofte
jul'qu'en 1709, que les Réformateurs de l'Univerfité de Padoue lui donnèrent la
lèconde Chaire de Théorie, vacante par la mort d'Alexandre Borromée.
Les leçons publiques & les malades prirent beaucoup fur le tems que F'aUïfnierî
deiHnoit à la compofition de fes Ouvrages; mais plus il fe voyoit de devoirs à
remplir , plus il redoubloit d'ardeur & d'induftrie pour faire Face à toutes fes oc-
cupations. Sa promotion à la première Chaire de Théorie en 171 1 , dans laquelle
il fuccéda à Dominique Guglidmini , ne dérangea même pas le train de vie qu'il
avoir embrafle depuis Jong-tems. Tout au contraire, il s'impofa de nouvelles obli-
gations; & comme il préféroit Hippocrate à tous les anciens Médecins, il fe chargea
encore d'expliquer les Aphorifmes de cet Auteur dans fes leçons ordinaires.
L'eftirae du public & les honneurs font les récorapenfes les plus Hatteufes qu'on
puiffe accorder aux grands Hommes, & elles furent celles que Faliifnieri mérita.
Il avoit été aggrégé, dès l'an 1707, à l'Académie des Curieux de la Nature,
fous le nom de Philagrlus. Peu de tems après, il fut reçu dans la Société Royale
de Londres: quant aux Académies d'Italie, il n'en eft prefque aucune qui ne
l'ait mis au nombre de fes Membres. On lui offrit, en 1720, la place de Médecin
du Pape Clément XI , que la mort de Lancifi avoit iaillëe vacante ; mais fon at-
tachement à rUniverfité de Padoue l'empêcha de l'accepter. Il rcfufa même îa pre-
mière Chaire de la Faculté de Médecine de Turin, qu'on lui préfenta encore en
ifao, avec des appointemens capables de tenter une ame moins déJintérclfée que
la tienne. En 1728, le Duc de Modene le créa Chevalier, de fon propre mouve--
ment, par lettres patentes du 50 Janvier , qui accordoient la même qualité à tous
fes defcendans aines. C'eft ainli que f^allifnieri eut l'avantage flatteur de voir Ton
mérite généralement reconnu, fans qu'il celsât pour cela de travailler à augmenter
fa réputation par l'acquifition de nouveaux talens. Mais cet homme , à qui rien n'a.
voit pu faire filpendre fes travaux, fe vit arrêté , dans la courfe ta plus brillante,
par la plcuréiîe qui le furprit à Padoue dans la foixante-ceuvieme année de fon
âge, & qui le mit au tombeau le îb Janvier 1730.
Ce Médecin étoit d'une conftitution robufte , d'une taille avantageufe & bien
prife , d'une phyfionomie revenante & d'une converfation agréable. Il s'étoit ac-
quis l'eftime & l'amitié d'un grand nombre de peribnnes dif;;cpbées, & il avoit
un commerce littéraire très-étendu avec les hommes les plus favans d'Italie ,
d Angleterre, d'Allemagne, de la Hollande & de la Suifie. Il a laiflc de fa fem-
me , Laurc Mattacodi^ qui étoit d'une ancienne famille de Reggio, un fils âgé de
25 A 26 ans, Dodeur en Droit à Padoue.
Sa Bibliothèque étoit riche , 6l fon Cabinet plus riche encore ; il y avoit amafTé
toutes fortes de raretés de la Nature & de l'Art , qui formoient la colledlion
la plus nombreufe & la mieux choifie de l'Italie. Ce Savant n'a rien 4crit qu'en
fa Langue maternelle, ii l'on excepte les Obfervations qu'il a communiquées iV
464 VAL
l'Académie des Coricvx de îa Nature. Outre plufiears pièces de Ta façon , qu'on
trouve t^ans les papiers publics de fon Pays, il a fait imprimer beaucoup d'Ou-
vraocs qui traitent de la Médecine, de l'Hiftoire Naturelle , des Infedtes i &c.
Voici leurs titre- :
Dialogi fra Malpi^hî è Plinio intorno la curhfa origine di mohl infetti. Veoife «
1700, it-iï.
Confid^rni'one intorno alcreduto cervello di bue impîetrito. Padoue, ifOf, l?lo, m-4. Il
y examine la delcriptioD d'un cerveau pétrifié , donnée par Duverney à l'Académie
des Sciences de Paris en îfo^ , & il prétend qu'on a pris une exoflofe du crâne
pour une pétrification du cerveau.
Frima Raccolta di OJfervaiiuni ei' Efperienie. Venife , 1710 , grand in-8.
Conjîderaiioni ed' Efperienie intorno la genera^ione de" Fermi del corpo umano. Pa-
doue, 17 10, in-4.
Nuove Ojferva^ionî t^ Efferier^e intorno alP Ovala fcoperta ne' P^ermi tondi delî*
huomo^ è de" vitelli ^ con varie Letiere fpettanii alV Jjlnria Medica è Natûr ah. V&àovit ,
Ï713 , in.4. L'Auteur prétend que les vers qui font dans les premières voies ,
pondent des œufs qui , venant à éclorre , produifent de nouveaux vers.
Efperienie ed* Offerva^loni fpettanti aW Jjloria Medica è Namrale. Padoue , 1713 ,
£a-4.
Jjloria del Cameïeonte ^fricano è divari ylnlmall dVtalia. Venife , ijnt; , J/i-4. Cette
description du Caméléon eft plus compktte que celles que Dominique Panaroli, Per-
rault & Daverney ont données. A cette occalion, l'Auteur attrilue les différentes
couleurs des animaux à une liqueur colorée qui s'épanche dans les interftices de
la peau.
Jjloria délia generaxione delVhuomo , è degU animali , fe Jîa dà vermiceUi fpermatici
Se. Veniie , 1721 , in'^. 11 y adopte l'opinion des Ovariftes,& il y réfute plutieurs
points de doftrine adoptés par ^ndry , Médecin de la Faculté de Paris , qui a
donné un Traité de la génération des vers. Il déclare d'ailleurs que les animalcu-
les rpermatiques , luppoiant la réalité de leur exiftencc , n'ont aucun rapport à la
propagation de l'efpece.
De' corpi marinl , chefa montifi trovano , délia loro origine , è dello ftato del mnndo avantl
il Diluvio , ne/ Diluvio . è doppo il Dduvio , Lettere criiiche &c. , aile quali s'aggiungono
tre altre Lettere critiche contra le Opère del Sign. ^ndry Francefe , è fuoi Giornali
&c. Veniie, 1751, /n-4,
Giunta di Lettere MeJîco-Fifiche Jîâ del F'allifrùerl a' Letterati fcritte , fia da^ La-
terati à lui. Padoue , 1726 , in-4.
£)ell' ufo è dell' abufo délie Bagnaiure ., è bevande calJe à fredde. Modene , 1726,
In'H,. Il paffe en revue les avantages & les ioconvéniens dts bains & des boilPons
chaudes ou froides, &î il paroît donner la prcf^rence aux boiHbns chaudes, qroi-
quil ibit d'avis que Teau fioide, tact en bain qu'en boillbn , puiflb ôtre utile i
bien des égards.
Lcifone ^cademir.a intorno l'origine délie Tontana &c, Venife, 1726, jn-4. C'cfl la
icconde édition que l'Auteur a earic^-ie de plufieurs pièces nouvelles , pour ap-
puyer fon fyftême fur l'origine des FontHÏres.
Le fils de f^alUfnieri a fait imprimer le Recueil des Ouvrages de ce Médecin,
fous ce titre : Opère
VAL 4^5
Opère Fljîcc-Medlcke conitnetuî un graa numéro di Tratiatl , OJfervaxlonl ^ Ragîona-
menti è Dijferta^îonl ftpra la Fiflca , la Med'.ciaa è la Storia Naturale. Veoife , 17315 ,
deux volumes in-folio , avec figures. II n'eft prefque point de partie de l'Hiftoire
Naturelle que l'Auteur n'ait perfedionnée par fes études & fes recherches, 11 ins-
pira fon goût aux Italiens , à qui il a fait fouvent le reproche de préféreT la dic-
tion brillante & les faillies de l'eiprit à robfervation des merveilles de la
Nature, C'eft à cet objet intéreflant qu'il a voulu les ramener par fon exemple.
VALLOT C Antoine ) prit le bonnet de Dodeur en Médecine à Rheims,
fuivant Gui Patin ; mais félon Chomel , ce fut à Montpellier. ^Jlruc n'a cependant
point trouvé fon nom dans les Regiftres de la Faculté de la dernière ville. Il eft
vrai que cet Auteur en parle dans fes Mémoires pour fervir à THiftoire de la
Faculté de Montpellier ; mais il dit que c'eft moins pour apprendre les bienfaits
qu'elle a reçus de yullot , que pour qu'on n'oublie pas le tort qu'il lui a caufé ,
en remplifiant , à prix d'argect , les Régences qui y vaquèrent pendant qu'il fut
^n place,
y^allot fut premier Médecin de la Reine Anne d'Autriche , mère de Louis XIV,
dans le tems que F'autier étoit premier Médecin de ce Roi ; il lui fuccéda dans
cette place en 165a. Gui Patin afTure qu'il lui en coûta 300CO livres qu'il fallut don-
ner au Cardinal Maiarin ; & il ajoute que Guenaud V avait refufée à ce prix-là. Mais
on fait le fondement qu'il faut faire fur le témoignage de Gui Patin.
C'eft d'après le même Patin qu'on apprend que ballot étoit attaché I M. Fou.
quet. Surintendant des finances, & qu'il étoit fon Médecin dans le tems qu'il fut
arrêté prilonnier le 8 Septembre 1661. Cette liaifon devoit être grande, s'il eft
vrai , comme Gui Patin le dit , que le Roi ait reproché à F'allot d'être efpion pen-
fionnaire de Fouquet. Patin prétend même que ce Médecin en reflentit un chagrin
fi vif, qu'il tomba malade & fut attaqué d'une fièvre continue, accompagnée de
rhumatirme & d'érélipele.
l^allot étoit fur la Médecine dans les mêmes principes que Vautîer & Guenaud «
c'eft-à-dire, qu'il fuivoit dès lors la pratique qui a enfin prévalu, & qu'il ordon-
noit rEmétique,le Quinquina & le Laudanum^ remèdes profcrits dans ce tems là
par une partie de la Faculté de Paris & particulièrement déteftés par Gui Patin.
Delà vient le ton fatyrtque , dont ce dernier parle de yalloi , en écrivant à Fd-
conet. Le Cornes Archiatron d'aujourd'hui , dit-il , qui nihil aliud eft quàm ignarus &
ineptus ncbulo , magnus agyrta , qui fait l'entendu par l'autorité que lui donne fa
charge nous favons bien , quàm fit illî curta fupellex , prtetcr garrulitatcm nativam^
& artes aulicas , quarum copia é ro6are po//er. Cependant ce PTallot ^ pourfuit u4ftruc,
fi méprifable lelon Gui Patin , fe foutint avec honneur dans fon emploi , & fa mé-
thode eut un heureux fuccès dans la grande maladie que Louis XIV fit à Calais
en 1658. Ce fut à l'émétique donné à propos que le Roi dut principalement fa
guérifon , quoiqu'en ait dit Gui Patin dans le récit qu'il a fait de cette maladie »
lettres 118 & 120 du Toma premier.
Notre Médecin ne fut pas auflî heureux dans le traitement de la maladie de
Henriette, Reine d'Angleterre. Patin, qui ne laiie échapper aucune occafion de
maltraiter /-'aZ/of , rapporte le» Vers qui furent faits au fujet de la rooit de ccrtç
T 0 ME IV. Naa
465 VAL
Priocefie ; elle étoit alors en France , où elle avoit dû Te réfugier pour Te Çoadnltt
aux fureurs de la guerre allumée contre Charles I , fon mari. Les voici ces Vers ♦
tels qu'on les trouve dans le Recueil des lettres de Patia :.
Le croiriez vous, race future»
Que la fille du grand Henri
Eut en mourant même aventure
Que Ion père & fon mari ;
Tous trois font morts par alTanin ,
Ravaillac , Cromwel , Médecin.
Henri d'un coup de bayonnette ,
Charles finit fur le billot ,
Et maintenant meurt Henriette
Par l'ignorance de Vallot.
Mais encore une fois , on fait ce que vaut le témoignage de Patin. On n'ignorr
point d'ailleurs, que la Médecine & les Médecins font toujours en butte aux
traits fatyriques des Poètes & aux reproches du public, dan> les premiers jours
qui fuivent la mort des Grands. 11 eft rare qu'on ne charge point les Médecins
d'avoir employé des moyens qui ne convenoient pas à la cure de la maladie , &
d'en avoir négligé d'autres qu'ils auroient dû pratiquer : c'eft ordinairement fur ces
chefs que le public établit fes jugemens ,• mais comme ils font prononcés fans con«
noiflance de caufe , ils ne peuvent manquer d'être faux.
f^allot étoit d'une aflcz mauvaife conftitution , fujet à un afthme opiniâtre , dont
il avoit de fréquens accès, accompagnés de fièvre & de crachement de iang, 11 ne
laifia cependant point de poufler aflez loin fa carrière ; car il étoit âgé de 75 ans ,
lorfqu'il mourut, le 9 Août 1671 , au Jardin Royal, où il avoit pris le parti de fe
retirer.
On a publié, fous fon nom, un Ouvrage intitulé : i/ortas Reglus. Parifils, 1665 j^
in folio. C'eft la féconde partie ; la première fut imprimée dans la même ville en
1663, tn-/b/Jo, avec ;itîe préface. Fagon , Mauvillain. &i Joncquet font les Auteurs
de cet Ouvrage, Fallut s'acquitta fort bien de la direftion du Jardin des plantes,
dont il étoit chargé. Ceux qui avoient été prépofés à Ion entretien avant lui, s'é-
toient conduits afléz négligemment à cet égard ; mais tout mal arrangé qu'il eût
trouvé ce Jardin, les foins qu'il prit de fon rétablillèment lui réulfirent d'autant
mieux, qu'il fut profiter de la bonne volonté & du travail des trois Médecins
dont je viens de parler.
A juger Fallût Ibr le caraf^ere que Gui Patia lui donne, on devroit le regarder
comme un homme qui vendoit tout ce qui! pou voit pour faire de l'argent ; la
manière dont il dilpofoit des Régences de Montpellier , ne le préfente même
point fous un afpedt plus favorable. Cependant Gui Patin nous apprend que Fal.
lot procura gratuitement à Daquin , qui fut enluite fon fuccelleur , la charge de
premier Médecin de la Reine Marie-Thérefe d'Autriche, vacante par la mort de
Guenaud arrivée en 1667. Apparemment que fon alliance avec Daquin, qui avoitr
égoufé la oiece de ia femme , lui avoit mérité cetu faVeur,
V Â î. 467
VALMONT DE BOMARE, CJ. Ch. ) Maître en Pharmacie de Paris, s'eft
beaucoup attaché à THinoire Naturelle , dont il eft démonftrateur. Ses talens dans
cette partie . & dans les autres qui concernent fa profedion , lui ont mérité le titre
de Membre honoraire de la Société Economique de Berne, d'AflTocié de l'Acadé-
mie des Sciences, Bel 'es-Lettres & Arts de Rouen, de Corrcfpondant de la So-
ciété Royale de Montpellier , d'Aflbcié de l'Académie Royale des Belles.Lettres
de Caen, &c celui de Membre de la Société Littéraire de Clermont Fenrand. On
a de lui :
Catalogue de fon Cabinet (PHiJîoire Naturelle. Paris, 1758, In-ia,,
Minéralogie. Paris, 1761 & 1762, inS.
Extrait nomenclateur du fyjtême complet de lH'néralogie.
Traité particulier & fynuptlque de Minéralogie. Paris , 1774.
DicSionnaire raifonné unlverfd d'HiJloirc Naturelle. Paris , 1764, cinq volumes m-l2 ,
avec un fupplement qui a paru en 176B , même format. Paris, 1775, fix volu-
mes Jn-4 , neuf volumes in-d. Cet Ouvrage a aufli été imprimé à Liège , fix vo-
lumes, in-S-, â Lyon, neuF volumes, petit in 8. L'édition de Paris de 1775 eft
confidérablenient augmentée ; outre plulieurs articles nouveaux , on y trouve des
additions nomoreufes fur les matières dont l'Auteur avoit déjà traité.
VALSALVA , C Antoine - Marie J célèbre Médecin & Anatomifte , étoit
d'Imola dans la Romagne , où il naquit en 1666 dans une famille noble. Son goût
pour la difleftion fe développa de bonne heure; il s'amufa , dès l'enfance, à exa-
miner la ftruéture du corps des oifeaux , & à jetter un œil curieux fur leurs or-
ganes. Après de bonnes études d'Humanités ,de Philofophie & de Mathématiques,
il commença fon cours de Médecine , & s'attacha particulièrement à Malpi^hi ,
dont il fut le difcipîe chéri. Il reçut le bonnet de Docteur à Bologne en 1687 ,
& fe livra enluite , avec plus d'ardeur que jamais , à fon goût pour l'A natom.ie. Peu
content de la méthode qu'il avoit fuivie jufques là & qui étoit alors celle de la
plupart des Ecoliers, il ne le borna point à lire les Ouvrages des Anatomiftes; il
voulut mettre la main à l'œuvre, & fa principale occupation fut de dilTéquer,
pour voir de les propres yeux tout ce qu'il y a de plus caché dans le corps hu-
main. Ses progrès dans cette partie lui méritèrent la Chaire d'Anatomie à Bo-
logne en 1697, & il la remplit avec tant d'éclat, qu'il contribua infiniment i
la réputation des Ecoles de cette ville. 11 s'en fit beaucoup à lui-même, dans le
public , par les talens qu'il montra dans la pratique de la Médecine & de la Chi-
rurgie ; il excella tellement dans la dernière , qu'on le nomma à l'emploi de Chi-
rurgien de l'Hôpital des incurables de Bologne. Avant qu'il fût monté à cette
place , on appliquoit des boutons de feu pour arrêter le fang à la fuite de l'am»
putation des membres ; il banmt cet ufage de l'Hôpital confié à fes loins , & il
le remplaça par la ligature. La furdité paflToit , dans la même Maifon , pour un
mal au delfus de tout remède ; il prouva le contraire & le démontra par d'heureux
fuccès. Il donna une nouvelle forme à plufieuft inftrumens de Chirurgie trop com-
pofes , & les réduilit à une fimplicité plus sûre & plus commode.
Mais fa réputation ne fut pas renfermée dans les murs de Bologne ; elle paiïb k
l'étranger. La Socéité, Royale de Londres honora du même -titre lé Maître &
é^U VAL
le difcipîe, en recevant Malpigkl Si Falfalva su nombre de fes Membres. Parmi
les lervices que le dernier a rendus au public , on doit compter cette foule d'A-
natomiftes & de Médecins habiles qui font fortis de fon école & qui Ce Ibnt dif-
tingués en marchant fur fes traces.
L'Académie de Bologne le nomma, avec Jean Stancari, pour examiner la pre-
mière partie des jidverfarîa jinatumica de Morgagni. Pour bien remplir cette com-
miffion, il voulut vérifier , fur les cadavres & dans les Livres, les faits que Morga-
gnl avançoit ; mais comme ces recherches exigeoient un trop long travail , il refufa
nettement l'approbation qu'on lui demandoit , & fe contenta de dire qu'il ne coa-
poifTiit rien de faux dans les Ecrits de l'Auteur , ni d'étranger & de contraire
aux vues de l'Académie. La conduite de f^alfalva parut finguliere; on lui en fit
des reproches qu'il repoufTa en difant qu'il aimoit Morgagni , comme difcipîe &
comme ami , mais encore plus la vérité,
F'alfalva mourut à Bologne le 2 Février 172'; , à l'âge de 57 ans , & laifla un
Traité de l'oreille qui contient plufieurs chofes nouvelles & intéreffantes. 11 eft di-
vifé eo deux parties. Dans la première , l'Auteur donne une defcription de l'o-
reille ; dans la féconde , il indique les ufages des organes dont elle eft compo*
fée , & il y parle fommairement des principales maladies qui l'attaquent. Ce
Traité a paru pour la première fois à Bologne en 1704 , 'n-4 , & depuis à
Utrecht en 1707 , même format , avec la defcription & de nouvelles figures de la
Luette & du Pharynx. Morgagni , qui a publié les Ouvrages de notre Auteur , les
a commentés & cenfurés avec une éloquence mâle , Texaélitude la plus rigoureufe
& l'érudition la plus profonde. Il en a rehaulTé les beautés avec la même impar-
tialité qu'il en a blâmé & corrigé les défauts. La quatrième édition de ce Recueil
fut publiée à Venife en 1740, deux volumes tn-4 , avec figures, fous ce titrer
uintonii Maria Falfalva Opéra , hoc eft , de uiure humanà & Dijfenationes u^nato-
micts , cum additlonibas J. B. Morgagni. L'Editeur remarque que le feul Traité de
l'oreille avoitcoûtéà A^a//à/va plus de feize anslde travail , & qu'il avoit diflëquéplus
de mille têtes pour découvrir la véritable ftruélure de cet organe. Les Diflerta-
tions Anatomiques font au nombre de trois ; l'Auteur les avoit communiquées à
l'Académie de Bologne , dont il étoit Membre. Dans la première , il décrit les troii
ligamens du Colon , les finus de l'artère Aorte , & fait quelques remarques fur les
nerfs acceflbires de la huitième paire , ainfi que fur les muides des yeux. Ce qu'il
a dit fur ces mufcles eft contraire à l'obfervation ; différens Anatomiftes l'ont prou-
vé , en démontrant combien l'opinion de Falfalva , fur leur adhérence à la dure
mère, étx>it éloignée de la vérité. La féconde Diflertation eft prelque un com-
mentaire de la précédente; l'Auteur y ajoute cependant que la catarafte dépend
de l'opacité du cryftallin ,' & que cette partie du globe de l'œil eft jaune dans
le glaucome. Il foutient , dans la troiCeme Diflertation , que les reins fuccenturiauK
ont un canal excréteur , lequel aboutit aux tefticules dans les mâles & aux ovaires dans
les femelles. 11 rapporte enfuite quelques expériences , & d'après elles il croit pouvoir
conclure que les reins fuccenturiaux fervent à la génération. L'ignorance du vrai
ulàge de ces» organes a enfanté bien des opinions fur les fonctions auxquelles la Nau
iure les a deftinés.
V A L V A N 4&9
VALVER.DA , ( Jean ) Médecin du XVI liecte , naquit en Elpagne dans le
Royaume de Léon , &u Uiocefe de Palencia. Il étudia à Padoue fous M.<ialdus Co"
lumbus, & paffa enluitt à Rome, où il fut Médecin du Cardinal Jean Tolet , de
l'Ordre des Frères Prêcheurs , qui devint Archevêque de CompolitUe.
En s'appliquant à l'étude dc$ Ouvrages Anatomiques de f^éjale , il y remarqua
tant d'obfcurité fur plufieurs choies , qu'il furma le deflcin de retoucher les Traité*
de ce grand Homme : c'étoit beaucoup entreprendre , car on ne voit pas qu'il fe
foit difiingué par de fréquentes dilfedions. Quoiqu'il en foit , il écrivit un Ouvrage
enElpagnol, fous ce titre;
Hijîoria de la com^ojicion dd cuerpo humano. Rome , 1556 , in-folio. 11 le mit eO'
fuite en Italien , à l'aide d'un de fes amis , &z le publia dans la même ville ea
1560, in-fol.o^ Ibus le titre 6' ^aatomia dd corpo umano. Il y a auffi une Traducfen
Latine de la façon de Michd Columbus , 6t les éditions font de Venife , 15^ , ^^7»
in-folio.
f^alverda a encore écrit un Traité intitulé :
De animi & corporis funitaie tu&adâ. Lutetite^ 155^? '"-S* f^eaetiis , '553 1 '"8.
C'eft à ce Médecin que TEfpagne doit l'émulation qu'on y vit depuis lui dans
l'étude de l'Anatomie. Quand il publia les planches de J^éfale qu'il avoit fait gra-
ver en cuivre à Rome par Galpar Bezerra, l'ouvrier le plus habile de l'on tems ,
il fit quelques additions aux delcriptions de cet Auteur , & il ajouta à fes planches
quatre tigures nouvelles. La première marque la direftion & le cours des fibres
qui compofent les mufcles de l'extérieur du corps; la féconde repréfente une femme
greffe,- la troiiieme & la quatrième indiquent toutes les veines qui fe trouvent à
la lurface externe du corps humain. Ces planches font inférieures à celles que
yifaie avoit données fur la Myologie ; les autres qu'il a tirées de fOuvrage
même de cet Anatomifte , font à la vérité plus belles à la vue , parce* qu'il les a
fait graver fur cuivre , mais elles n'ont pas plus de jufteflb. Tout ce qu'on peut
dire à l'avantage de falverda , c'eft que fes travaux font louables dans le fonds ;
ils ne futËfent cependant pas pour lui affigner une. place parmi les Anatomiftes
du premier rang. Le plus grand éloge qu'on puiffe faire de lui , c'eft de dire
qu'il a montré plus d'ardeur à encourager les compatriotes à l'étude de l'Anatomie,
que de capacité pjiir les éclairer fur les différentes parties de cette bcience.
VANDALE. Voyez DALEN. ( Antoine DE )
VAN DER LINDEN, f Antoine Hendricx ou Henrici ^ fils aine de Henri
jiathonis F'an der Linden, fucceflivement Miniftre à Enckhuyfen & à Franequer,
naquit vers l'an 1570 dans quelque endroit de l'Ooft-Frife , où l'on père s'étoit
retiré en 1568, lorfqu'il fut banni de la Hollande pour caufe de Religion. Le 17
Avril 1587, jintoine fe fit infcrire au nombre des étudians en Théologie à Frane-
quer; mais au bout de quelque teors il changea le plan de fes études , & paffa dans
les Ecoles de Médecine de l'Univerûté de la même ville , où il reçut le bonnet
de Docteur en 1608. Bientôt après , il fut nommé Recteur du Collège d'Enckhuy-
fen; & comme cet emploi ne l'empêchoit point de faire la Médecine, il parvint
à un tel degré de réputation par fes fuccès, qu'on l'engagea à paffer à Amfter^
470 VAN
dam en 1625. Il mourut dans cette ville en lô^'; , âgé de 62 ans. Oq dit que ce
Médecin avoir l'clprit fort vif, qu'il étoit profondément vcrle dans les Belles-Let-
tres , & qu'il n'eniendoit pas mal !a Théologie de l'on pays. Il a beaucoup écrit
fur la Médecine , mais rien n'a été imprimé fous fon nom. Ses Manufcrits font
paffés en mains de fon fils, qui en aura lâns doute tiré parti pour la compolition
des Ouvrages qu'il a publiés. M. Paquot donne ainli la lifte de ces Manufcrits :
Phyjîologia explicans res naturales ocîo Libris , quorum primas de Elementis ; fecundus
de Temper dinentU ; tertius de Humoribus j quart us de famine & fanguîne menftruùi
guint'-is de Panibus ; fextus de Calidn innatô & Spiritibus ; feptimus de yinima ejufque
facultaiibus ; oJuvus de ylâionibus. Quibus prxmijfa funt prtecognita generalia in univer-
fam Medicinam.
Pathob giu explicans res pr^ternarurahs tribus Libris^ quorum primas Nnfologica, feu
de miirbis ; fccundus JEùologlca , feu de caujîs morborum; tertius Symbologica , feu de
fympt'unatis S ji^nis morborum.
Meiiodi gêner alii cognofcendl ^ pradicendi , carandiquc morbos ^ Litri très.
De fcbribus Liber.
De capitis ajjeciuam ctiratione Liber.
De oculorum uff^^uum curatione Liber.
De aurium ajjcc/uum curatione Liber.
De narium affc&uum curatione Liber.
De oris affèSuum curatione Liber.
Obfervationum Medicinalium Décades allquot.
Loci communes medicamentorum empiricorum, pngulis ferè humant corporis^ à capitc
ad pedes ufquè , partibus -appUcatorum , ex probatiffimis tàm f^eterum , tàm Recentiorum
fcriptis coUeclorum.
Synopfis Medicina pra3ic£ , continens : 1°. Pharmacopœam. 2?. Medicamentorum com,
pofuLonem. 3°. Medicamenta Jïngularum partium. 4". Medicamenta Jingulorum affe&uum.
Pharmacapœa continens : 1°. Medicamenta fimplicia quorum ufus Medico neceffàrius.
^°. Medicamentorum compojîtorum titulns^ ^Jthorumque nomina qui ea defcribunt. î%
Medicamenta que paruta in Pnurmacopolio fervari debcnt.
Herbaiius continens fimplicia ad MeJicinam utilia.
De Tlieriacce ylndromachi compolîtione Libellas.
.dphnrifmi Hippocratis nova methodd difpofiti , ac Commentariô illuftrati.
uid Praxim Medicime theoricam & cmpiricam Gualihcri Bruelis Annotatiuncula.
Univerfa Medicina nova ac façlli methodô tradita. Cet Ouvrage eft demeuré im-
parfait.
VAN DEt^ LINDEN , ( Jean - Antonides ) fils du précédent, naquit à
Enckhuyfen le 13 Janvier i6og. 11 fut élevé avec beaucoup de loins , & après
avoir tait à Leyde fon cour? de Phil< fophie qu'il avoir commencé en 1625 , il fe
décida pour l'étude de la Médecine. Ce fut dans l'Uaiverfi'é de la même ville
qu'il s'y appliqua pendant quatre ans fous les Profedeurs Othon Heurmus , F.valde
Schr-.velius , Adrien Falcoburgias & Adolphe F'orjUus. Au bout de ce terme , il pafTa
à Franequer, où il fe logea chez Menelas JVinfemius; mai»-- il ne profita pas lon^-
ten^s des iaftrud^ions de ce nouveaa Maître , car il reçut de lui le bonnet de Doc-
VAN 47t
teur le 18 Oflobre 1630. Un demi-an après , il fe rendit à Amfterdam anprès de
fon père & il s'exerça à la pratique fous les yeux; il s'y diftingua même telle-
ment après fa mort ,' qu'on l'appella à Franequer en ifii^g , pour remplir la Chaire
que JFinfcmias avoit lailTée vacante. Il en prit pofTeflion le 25 Novembre de la
môme année; mais comme il étoit le feul Profeffeur de la Faculté de Médecine
de cette ville, ainfi que l'avoit été fon PréJéceiTjur , il fut obligé d'enfeigner toutes
les parties de cette Science. Cette furcharge ne l'empêcha cependant point de pren-
dre fon des malades qui avoient recours à lui ; & toute nombreufe que fiit la
pratique , on l'engagea encore , en 1648 , à accepter l'emploi de Bibliothécaire. W
s'en acquitta avec tant d'attention , qu'il fit rentrer dans la Bibliothèque quantité
de Livres qu'on en avoit enlevés , & qu'il engagea plufieurs perfonnes opulentes
à l'enrichir de leurs libéralités. Ce fut encore par les ibllicitations, autant que par
fes foins , que les richefles du Jardin des plantes furent augmentée.», fie qu'on y
bâtit un édifice riant & commode pour iè mettre à l'abri des injures de l'air pea*
dant les démonftrations.
Les exercices Académiques & les malades, tout en grand nombre qu'ils étaient,
ne pouvoient point abforber un homme aulfi ménager de fon tems que l'a été P^an
der Linden; il donnoit encore des Ouvrages au public. L'eftime qu'on en fit, le
répandit bientôt hors de Ja Frife, & donna l'envie à d'autres Univerfités d'en at-
tirer l'Auteur dans leurs Ecole.*;. En 1649, ceux d'Utrecht le foîliciterent de venir
enfeigner chez eux, mais il n'accepta pas leurs offres. Les Curateurs de l'Académie
de Leyde agirent plus efficacement en 165 1 ; ils lui préfenterent , au moisde Février,
une Chaire de Médecine qu'il accepta , & dans laquelle il fut inftallé le 7 Juin fuivanr.
Il l'occupa jufqu'en 1664 qu'une maladie de peu de jours , cauiée par le froid ,
l'tmporta le 5 Mars, à l'âge de 55 ans. Jean Cucceïus , Profilieur en Théologie,
prononça fon Oraiibn funèbre le 11 du même mois,
F'an der Unden laidk fa femme, Hélène GronJt , qu'il avovt épouféeen 1634, char-
gée de deux fils & de cinq filles. L'ainé , H&nri ^ étudioit la Médecine à Paris lous
la conduite de Gui Patin.
Plufieurs Auteurs ont peint f^an der Linden dans leurs Ecrits. Le Baron de-
Haller a dit de lui: yir Grèce do3us d? Latine^ in praxi ad Chemicam Sechm încli-
Bans & parum Clinicus, ex judicio GaiJonis Patini , amici Lindeniani^ acuti catcrùm
ingenii Scriptor. Ceci ne peut manquer d'exciter la curiofité fur ce que Patin dit de
f^an der Linden, 11 en parle en plufieurs endroits de lés lettres, mais nulle part
plus au long que dans la 312e. & la 29?^- Voici ce qu'il en écrit dans la première:
» Cet Auteur eft mort à Leyde âgé de 53 f 55 ) ans , d'une fièvre avec flaxioiï
« fur la poitrine , après avoir pris de l'Antimoine & fans s'être fait faigner. Quelle
» pitié! Faire tant de Livres , içavoir tant de Grec & de Latin, & fe lailfer mourir
» de la fièvre & d'un catarre fufioquant fans le faire faigner. J'aime mieux être
» ignorant & me faire faigner quelquefois Voilà corr.me meurent 'es fous & les
n Chymiftes. » Il s'exprime ainfi dans la féconde lettre: 1- ^an der Linden étoit un
n bon homme & riche, mais qui étoit féru de la Chymie & de la Pierre Philofo-
a phale. N'eft-ce pas là pour faire un bon Médecin '■ Aulfi haïfllnt-il notre bon-
3 Galien. \\ louoit Hippocrate , Paracelfe, & f^an Helmunt , en quoi il imitoit cet Em-
■» pereur qui avoit dans fon Cabinet, les portraits de Jefus«Chrift, de Véaus, da
472 VAN
" Pnape & âe Flore. N'étoient-ce pas là des tableaux bien aiTonis? Il voyoit
» peu de malades & ne fairjit jamais laigncr. 1/ failblt profeflîon d'un métier qu'il
» c'cntcndoii guère ... Il eft mort deux jours avant que Ion Livre eût paru , &
» fans rAntimoine, fon Hippocrate auroit été beaucoup meilleur. J'en fuis potfr-
•»» tant fâché, le reconnoilTant plus honnête homme qu'U n'étoit éclairé. 11 y a de
•n ces Hollandois qui font rudes & qui ne le poliflbnt qu'en voyageant. P'an dcr
» Lindzn auroit bien fait de prendre un peu à Paris de notre bonne méthode qui
1» l'auroit tiré de beaucoup d'erreurs. t> Il y a du vrai dans ce jugement; mais
l'averfion de Patin contre ceux qui aimoient la Chymie & rAntimoine , a gâté la
plupart des portraits qu'il a faits des Médecins de fon leras.
Je pafle maintenant aux Ouvrages de f^an der Linden ; voici leurs titres & leurs
éditions .*
Ual\&rf/s MidiclHit Compendlum decem Dlfputatîonibus propolituin. Franekerte, 1630,
ifl-4. C'eft le Recueil des Thefes qu'il a foutenues avant fon Dodorat.
Manaduèilo ad Medicinam, yimjhlndami , 1637 , i/i-S. Ce Traité dédié à Purrt
Tulp , fut d'abord imprimé à la tête de celui qui fuit , & à part fous le titre
é'Editlo altéra, interpalata à F'opifca Fortunato Pkmplo^in. ^cademia Lovaii'icnfl Antt'
£eJfore ; cum hajus Epiftulà ai Studiofos fuos. Lovan'ù, 1639, in-12. Halte, 1726, //i-ia.
De Scripiîs Medicis Llbri duo. y/mjlelodami , 1637, 1651,1662, inS. L'Auteur
« augmenté cet Ouvrage à chaque édition. Après fa mort , il en a paru une
beaucoup plus ample , fous le titre fuivant : Lindenius renovatus , Jîve , Joannis An-
tpnida fan dcr Linden de Scriptis Medicis Libri duo &c. , à Georgio ^brakamo Mercm
klino. Norimbergis , 1686, £«-4. Les augmentations de cette édition font la moitié
«Ju volume qui eft de togjr pages , fans en compter 160 pour la Cyao/hra Midica ,
fivt rerum & materiarum Index. Cependant Merckhln a ignoré plus de la moitié
des Ouvrages & des Auteurs. On peut juger delà combien l'Ouvrage de f^an
der Linden eft imparfait, fans parler des fautes qu'on lui a reprochées. 11 eft vrai
que l'Editeur en a corrigé la plus grande partie ; mais il en a encore lailfè beau-
coup, & il en eft palfé un bon nombre dans la Biblîotheca Scriptorum Medicvrum
veterum & rccentiorum de Jean-Jacques Manget , où l'on a fait entrer tout le L'tndc-
nius renovatus. Les Ouvrages de P^an der Linden & de Merckhln ont trop de rap-
port avec ce Dictionnaire , pour ne point joindre ici la Note que donne le cé-
lèbre Haller dans l'édition qu'il a publiée à Amrterdam , en 1751 , du Traité inti-
tulé : Hermanni Botrhaave Methodus ftud'd Medici. Il s'exprime ainG , page 972. F'ir Grâ-
ce c? Latine eruditîjjlmus , primus pleniorem Bibliothecam omnium Medicorum , qui
Latine fcripferuni , meditatus ejî, & cent non mediocrem laborem Impendît, ut etiam
reconditos indè Libros gentis fucs hic hauferit Nicolaus Antonius. Ordo Is eft , ut brevem
vitam Scriptorum tltuli & editiones fequanrur , ahfque judiclls. /idjutnrcs habuit Joannera
Van Home , Carolum Oflredum , Guidonem Patinum , Robertum de Farvaques ,
Petrum Neurat ( hune Madrid ) Nico'aum de Witte , aliofqiie. Hoc Opus auxît S*
continuavlt Georgius Abrabamus Wlercyi\iu\3i Noribergenjîs , & fub titulo Lindeniire-
novaii edidlt Noriberg^y 1686, jn-4 , pnft qnem nemo fimlle quid pr^ftltit. HunGi enint
Sioane deftinatus Llbrorun fuorum cenfui nunquam prodiit. u^it Mcrcklinus , treccntos,
ft legijfe Catalogos , uiuH'ires addidijfe 742 , vitas novas 222 , au&as 22 , adjutum vero
.'.Ki à VVelfchio , Lucâ Schroeckiô, M. Hoffmannô , P. Hcrmannô , alilfque. Hoc Opus
'^ equidem
V A~N 473
K^'iiidem non àhfque navo ejî , neque facile ejje potejî in tatnfu/b labore. Muhi Scripto-
r es bis cenft funt ; Nicolaus Severus & Nicolaus Stenonis filius '^ Aloyiius Cornarus
& Ludovicus CorDelius ; Hieronymus Seni'« & Hieronymus ab Aquapendecte j
Jacobus Bercngarius ë? Carpus; Michaël Villanovanus ( Servetus ) ; Sardianu? &
Oribafius ; Theodorus Turquet & Theodorus Mayerne. Neque rdliil omljfum fuijfe
quifquam aut credidit aut defideravit. Magnas tamen & utilis labor eJî , quô plurimùm &
ufus eJî I. Douglaffius, & ego utor. On pourroit ajouter que ceux qui ont écrit fur
cette matière après Haller , en ont fait de même:
Medulla AJedicina partibus quatuor comprehenfa. Franekera , 1642 , in-d.
uidriani Spigelii Opéra qute extant omnia. uimftelodami ^ 1645, trois volumes In-foUo-
Hieronymi Cardani dt utilltate ex adverfis capiendà Libri quatuor feriù emendati. Fra-
nekera , 1648, /n«i2.
Medicina Phyjlologica , nova curatâque metkodô ex optimis quibufque ^uSoribus cowé
•tra^a , & propriis obfervationibus locupletata. ^mftelodami , 1653 , «-4. C'eft proprement
vn Ouvrage Anatomique qui eft diftribué fuivam les trois grandes capacités du
corps humain. J'ai trouvé , dit Gui Paria , que tout ce Livre n'étoit que de la crème
fouettée; que cet homme étoit un homme dod^e , mais que c'étoit écrire Z)e ^na-
îomicis non ^natomicus. Le travail de f^an der Linden mérite cependant quelque
conlidération. Cet Auteur a puile dans d'afièz bonnes fources. F'éfale lui fert commu-
nément de guide , quoiqu'il le blâme dans plufieurs endroits ; il a auffi eu recours à
Gallen , dont il a iouvent confulté les Ecrits dans leur Langue originale, il a admis
les découvertes d' Haryée iîuT la génération, mais il ne lui accorde point celle de la
circulation qu'il a fait remonter jufqu'à Hippocrate. Il attribue à Salomon Albert la
découverte de la valvule du Colon; il croit la fubftance du cerveau infenfible ;
il n'eft point du l'entiracnt de Pojîhius qui donne iix mufcles à l'Urètre , & il n'en
admet que quatre avec Spigelius; il penlè , avec uirantius ^ que l'Ouraque eft un
ligament dans l'état naturel ; il fait une defcription très-détaillée de l'oreille ; ce
qu'il dit des mufcles eft aflèz étendu; il communique les recherches qu'il a faites fur
Torgane de la vue, & en parlant des mufcles, il fait mention du petit compkxus
de ff^inflow.
DlJJenatio de LaSfe. Groninga , 1655 , tn-i6 , avec deux DiiTertations d'Antoine
Deufingius , l'une De motu cordis , l'autre De LaSe.
Sele&a Medlca & ad ea Exercitationes Batava. Lugduni Batavorum , 1656 , in-/^. Ce
Recueil contient feize pièces , dont plufieurs font curieufes.
Cornelii Celfî de Medicina Libri o3q , recogniti. Lugduni Batavorum ^ 1657, l66g ,
ia-11. Gui Patin a beaucoup contribué à cette édition, en communiquant à f^an
der Linden des exemplaires corrigés de la main de Fernel ^ de Scaliger & d'autres
Savans: mais Thomas Bartholin prétend que notre Editeur a été trop hardi dans
fes correftions lur Celfe , aufli bien que dans celles qu'il a faites fur Hippocrate.
De Hemicrania menfiruâ Hijîoria & Confilium. Ibidem^ 1660, 1668, in-4.
Meletemata Medicina Hippocratic£. Ibidem^ i66o , i/i«4. On y trouve beaucoup de
détails phyfiologiques , extraits des Anciens, notamment des Auteurs Grecs qu|
ne brilioient pas dans cette partie. Jean-Jacques Dobelius a publié l'Abrégé de
cet Ouvrage à Francfort en 1672 , i/1-4,
T 0 ME ir. O 0 e
tPA
VAN
Hippocrates de circuim fanguinis. Lugduni Batavorum^ l66i , ia.4. Il entreprend
de prouver <\\i' Hippocr au a connu la circulation du fang ; mais une chofe merveil-
leule , c'eft qu'avant que le célèbre Harvée eût démontré l'exiftence du mouvement
circulaire de cette liqueur, aucun des Modernes n'avoit pas même Ibupçonné
le Médecin Grec d'en avoir parlé.
Oratio funebrii in Firi Clarijjïmi Adolphîî P^orftii , Medicina & Botanices Profejforis
primarii , excejjam. Lugduni Batavorum ^ 1664, in-4.
Hippocrath On Opéra omnia Grttcè & Latine , dunbus volumînibus comprehenfa & ai
omnes alias editioms accommodata. Ibidem , 1665 , inS. Il s'étoit propofé de faire des
remarques fur Hippocratc, mais la mort le furprit avant d'avoir commencé à y tra«
vailler.
VANDERMONDE, C CharleS'Auguflin ) Doaeor-Régent de !a Faculté de
Médecine en l'Univerfité de Paris, ancien Profeffeur de Chirurgie Françoife, Cen-
feur Royal , Membre de i'inftitut de Bologne , étoit de Macao, viile de la Chine
dans la Province de Quanton ,où il naquit le 18 Juin 1727 de Jacques-François F'aa-
dcrmonde de Landrecies dans le Hainaut, & de Uona Efpérancc Caçilla. Son père
fut reçu Do(Steur en Médecine à Rheims, & peu de tems après, c'eft-à-dire en
1720 , il partit avec M. Didier, Ingénieur du Roi & fon ami particulier, que le
Duc d'Orléans , pour lors Régent du Royaume de France , avoit chargé de vifj-
tef rille de Pulocondor fur les côtes de Cambaye, où l'on avoit deifein de for-
mer un établiflement. Dans le tems que le vaifleau de M. Didier étoit à la rade
de cette Ille , le hazard fit qu'un vaifleau Elpagnol vint faire de l'eau dans la mê-
me plage, f^andermonde fe lia d'amitié avec le Capitaine qui l'engagea à paflèr
avec lui à Macao; il fuivit ce confeil & fe rendit dans cette ville, où il exerça
fa profeflion avec tant de fuccès , qu'il obtint des Lettres de naturaiité du Roi de
Portugal , avec le titre de Médecin de la garniion & de la colonie Portugaife.
C'eft dans ces circonftances qu'il époufa Dona Caçilla , fille d'un noble Portugais ,
qui ne lui apporta pour toute dot que fa beauté & ià naiflance.
Charles-^ igujlia F'andermonde fut le fruit de ce mariage. Mais fa mère étant ve-
nue à mourir , fon père fe détermina à repaller en Europe , emmenant avec lui ce
fils qui n'avoit alors que quatre ans. Arrivé à Paris , il réiblut d'y fixer fon féjour;
il y prit inâme le bonnet de Dofteur en Médecine le 23 Décembre 1734. Son fils
étoit le principal objet de fes foins; auilî ne négligea-t-iï rien pour lui donner une
excellente éducation , & telle qu'elle convenou à l'état de Médecin , auquel il le
deftinoit. Il le confia , à cet effet, à l'Abbé Batteux qui voulut bien fe charger de
lui répéter un cours de Belles-Lettres ; mais ce père tendre n'eut pas la confola-
tion de jouir du fruit de fes travaux ; il mourut dans le tems que fon fils commen-
çoît à profiter de fes leçons.
Livré à lui-môme dans un âge où la plupart des hommes ne font lenlibles qu'à
l'attrait du plaifir , le jeune f^andermonde chercha à réparer, par fon affiduité à l'é-
tude , la perte qu'il venoit de faire. Il eft vrai qu'il trouva, dans MM. de Jujpeu ^
des amis qui voulurent bien lui fervir de père; auffi s'abandonna-t-il fans rélerve sii
leurs confcils. Le tems de fes premières études fini, il fe mit fur les bancs de la
Faculté pour faire fon cours de Licence. C'eft-là qu'il commença à recueillir !&
VAN
47S
fruit de fon application. Le fécond rang qu'il obtint, moins par indulgence dont
la Faculté ufe quelquefois envers les fils de l'es Membres, que par fes talens, fut
pour lui une diltindiion d'autant plus tiatteufe , que la Licence étoit nointretle &
bien compofée.
Il eft d'ui'age , lorfque la Licence eft finie , que l'un des Récipiendaires prononce
un difcours , après lequel il trace le portrait de chacun de ceux que la Faculté
vient d'adopter. Cet acte qu'on nomme Paranymphes , fe fait ordinairement avec
beaucoup de cërén:uDie ,■ il cft même d'ufage d'y inviter les Cours Souverai»
nés. Il étoit arrivé plufieurs fois que l'Orateur s'étoit permis les plaifanteries le?
plus fortes fur fes confrères , qui lui répondoient ordinairement fur le même ton.
La Faculté crut devoir réprimer on abus qui dégradoit la majefté de fes Ecoles
La gêne qu'elle impc fa au Paranyraphant , ne fervit qu'à faire éclater le talent
que f^andermoiidi avoit pour la parole. Chargé des Paranympbes de fa Licence ,
il réunit tous les fuflrages,- il ne mit dans fes portraits que ces légères pl^lanteries ,
qui font rire ceux môme qui en font Jes objets.
Ayant enfin reçu le bonnet de Doftcur le lo Septembre 1750 , il ne fongea plus
qu'à i"e former à la pratique de la Médecine. Pour cet effet , il fe renierma dans
fon cabinet & ne vit que quelques hommes de Lettres, dont il crut que le com-
merce lui ieroit utile. De ce nombre étoit l'Abbé A'olkt , avec lequel il faifoit fou-
vent des expériences de Phyfique. Les liaifons qu'il avoit avec ce Savant , lui
firent tomber entre les mains la dclcription que Car^io , Médecin de Naples, vcnoit
de publier d'une maladie finguliere de la peau qu'il avoit guérie avec le Mercure.
Il en entreprit la 'l'radui^ion & la fit imprimer fous ce titre:
Dlffcitation Anatamiqui. & pratique fur une maladie de la peau d'une efpece fort rar^
& fort Jïn^uliere, traduite de l'Italien de Cur^io. Paris, 1755, in-12.
C'eft le premier Ouvrage qui foit forti de fa plume. Quelques remarques qu'il
y avoit ajoutées , firent connoître qu'il étoit capable de donner quelque chvjfe de
mieux que des Trsdu(?tions. Ce premier eliai fut bientôt fuivi d'un Ouvrage plus
importante On vit paroître le Traité intitulé :
EJfai fur la manicrc de perfciSionner l'efpece humaine, Paris, 1756, deux volumes
in-12. 11 y donne des règles pour préferver le fœtus des accidens auxquels il eft
expofé dans le fein de fa mère, & qui en corrompant fa forme, nuifent pour tou-
jours à fon exiftcnce. Jl y développe , d'une façon très-lumineufe , une idée bril-
lante qu'un Phyficien n'avoit préfentée qu'en palfantjje veux parler du croifcment
des races pour la perfeftion de l'efpece humaine, comme pour celle des animaux.
11 étoit d'autant plus en état de donner du poids à cette opinion , qu'il étoit lui-
même le produit d'un pareil croifement , & bel homme. Mais ce qui rend cet
Ouvrage encore plus précieux, ce font les excellens préceptes qu'il y donne pour
l'éducation corporelle des enfans.
yandirmondi eft encore Auteur du DiStionnaire de fanté ^ dont il y a eu plufieurs
éditions. La féconde fut publiée à Paris en 1760 , deux volumes i/i-i2. Il ne crut
jamais devoir s'en reconnoître l'auteur ; il n'y avoit que fes plus intimes amis à
qui il avoit ofé en faire l'aveu. M. Sue le jeune a fait imprimer à Paris en 1771 «
in-8 , le DiSHonnalre portatif de Chirurgie , qu'on peut regarder comme le troifiemf
Tome du Didionoaire de fanté.
476. VAN
De? que F'incent , Imprimeur.Libraire de Paris , eut acquis le privilège du Joumai
d'Oblcrvations de Médecine , il ne crut pas pouvoir mettre ce Recueil périodique
en de meilleures mains qu'en celles de f^andtrmonde. En efFet , ce Recueil, donï
Je projet avoit été imaginé par un homme de Lettres qui n'é toit pas Mtdecin,
& qui par cela môme n'étoit pas en état d'infpirer au public la confiance qui
pou voit en alTurer le luccès, prit fous fa plume une nouvelle forme & une nou»
velle coniirtence qu'il a loutenue jufques vers la fin de 1^76, Ibus la diredVion de
M. Roux^ Médecin de la Faculté de Paris, qui a remplacé /^an^ermonie , & qu'il
foutient encore Ibus celle de MM. Dumangin & Bâcher , Dodeurs de la même
Faculté , qui travaillent au Journal depuis la mort de M. Roux. C'eft à celui-ci
que je dois l'Article de F^andermonde ^ je l'ai extrait de l'éloge qu'il a fait de ce
Médecin à la tête du XVlIei volume de l'Ouvrage périodique dont je parle.
La réputation que notre Médecin s'étoit acquife par fes Ecrits , ne demeura pai
renfermée dans les bornes de la France; l'Inllitut de Bologne fe hâta de l'adopter
au nombre de les Membres. M. Becari , Préfident de cette Compagnie , lui écrivoit
à ce fujet ; Vacquîjîtion d'un Membre y tel que vous , ne peut que faire honneur à tout le
Corps: il devrait vous remercier d'avoir permis que votre nom fe trouvât parmi les nôtres i
mais Vufage ne permet point aux académies de s'exprimer en ces termes avec leurs yijjo'
dés : fouff'rei donc que je le fajfe en fon nom.
Jufques ici, nous n'avons repréfeoté Vandermonde que comme Auteur; il ne mé-
rite pas moins nos éloges comme Médecin. Sa pratique étoit fage & prefque tou*
jours heureufe ; aufli la confiance du public augmentoit-elle de jour en jour ; &
ce qui étoit plus flatteur pour lui , il devenoit l'ami de tous ceux dont il étoit
Médecin. L'humanité faifoit le fonds de Ion caraflere ; il n'étoit pas moins alîidu
auprès de ceux de fes malades dont il n'attendoit aucune récompenfe , qu'auprès
des riches qui pouvoient le payer & même le récompenfer : les regrets des mal-
heureux à qui il prodiguoit fes foins , ont feuls fait connoître tout le bien qu'ils
avoient reçu de lui. Bon ami , perfonne ne rempliifoit plus exactement les de-
voirs qu'impofe ce titre; mais aufli exigeoit-il un peu trop de rigueur dans l'exac.
titude avec laquelle il vouloiî que ceux, qui étoient liés avec lui, en remplirent
les devoirs à leur tour. Il leur pardonnoit difticilement les torts qu'ils pouvoient
avoir , & il faiiiflbit toutes les occalions de leur en témoigner fon reflentimenr.
Cette foiblefle , fur laquelle il n'a jamais pu fe vaincre, lui avoit fait quelques en-
nemis , fuppofé qu'on doive toujours donner ce titre à des gens avec qui on rompt
tout commerce. Un peu plus d'indulgence pour les défauts d'autrui auroit rendu
fa lociété moins contentieufe ; mais la véracité de fon caradere ne fouflroit ni dé-
tours , ni finefle , ni l'ombre de l'artifice ,• comme il avoit le cœur fur la main \
il vouloit voir celui des autres à découvert, & au moindre doute, il finiflbit par
être foupçonneux.
A la veille de contrafter un mariage qui faifoit l'objet de tous fes defirs, & pour-
lequel il avoit déjà pris des arrangemens, il fut attaqué d'une fièvre qui le dé»
termina à fe faire quelques remèdes, quoiqu'il la crût d'affez peu de coniéquenceï
pour faire avertir aucun de fes confrères. Il le regardoit convalefccnt,. lorf(^u'ii :
mourut fubitement le vendredi 28 Mai 1762.
V A N V A R 4??
Outre les matériauK qu'il avoit raflemblés pour le Journal de Médecine, on a
■trouvé dans fes papiers quelques Manufcrits , parmi lefquels il y en a un fur la
Médecine & fur les Médecins de la Chine , compofé en partie des obfervations
de fon père, M. Maloain , Docteur de la Faculté de Paris & Médecin ordinaire de
la Reine, a ainfi parlé de cet Ouvrage , page 8 du premier volume de fa Chy-
mie Médicinale^ édition de 1755. » J'ai fait ulage du Manufcrit Chinois, intitulé:
» Pen Sau Kan Mou , dont l'Auteur fe nomme Li Tchi Sin ; c'ert M. de Jujjlea
» qui a eu la bonté de me le prêter pour cet ufage. 11 paroît que l'Auteur de
» ce Manuicrit Chinois y a fait un précis de toute la Médecine, comme quelques
» Savans critiques aflurent qa'Hippocrate a fait dans lès Ouvrages le précis de
» toute la Médecine des Grecs, Ce Manufcrit a été traduit à la Chine par M.
a f^andermonde , Médecin delà Faculté de Paris, n C'eft as rand&rmonde ^\s perc,,
dont M. Malouin veut parler.
VAN HELMONT. Voyez HELMONT,
VAN HOORNE, Voyez HOORNE.
VARANDAL, VARANDÉ ou VARAND^EUS ( Jean ) étoit de Nifmes ,
ville du Languedoc. Après avoir étudié la Médecine le tems convenable, il fut
reçu Bachelier dans la Faculté de Montpellier le 5 Juin 15B5 , fous la préfidence
de Jean Saporta , & Dofteur , fous le même, le 11 Avril 1587. Il fréquenta en.
fuite les exercices des Ecoles en qualité de Dofteur ordinaire, & mérita, par
fon adiduité , d'être nommé en 1597 à la Chaire que Nicolas Dortoman laifla vacante
par la mort. Après celle de Jean Saporta^ qui , fous le titre de V^ice-Chancelier ,
avoit rempli les fondrions d'André du Laurens que fa charge de premier Médecin
du Roi retenoit à la Cour, F'arandi fut nommé pour lui fuccéder ; en 1600, il
devint Doyen de la Faculté par la mort de Jean Blejln , & il mourut lui-même
le dernier jour du mois d'Août 1617.
f^arandéîux. un de ces favans Profeflèurs qui firent honneur aux Ecoles de Mont-
pellier. Il compofa plufieurs Traités mieux écrits que ceux qui avoient paru avant
lui , & débarraffés de ce tas de recettes frivoles , ainfi que de cette quantité de
remèdes inutiles , dont les Ouvrages des Sénateurs des Arabes avoient été fur*
chargés jufqu'alors. Il n'en publia cependant aucun; comme il n'avoit point d'a-
mour propre , & qu'il étoit d'ailleurs li timide qu»il ne craignoit rien tant que la
cenfure du public, il n'ofa jamais produire fes Ecrits au grand jour. Mais oà
s'emprelTa de les faire imprimer après fa mort, & c'eft à fes Ecoliers qu'on en
doit les éditions : il fembloit qu'ils s'étoient donné le mot pour publier , chacun
de fon côté, les cahiers qu'il leur avoit di^és. Voici les litres fous lefquels ils
ont paru :
Formula remedlorum internorum & externorum. ffanovi<s , 1617, in-8 , avec le fuivanr.
par les foins de Pkrre Janichius de Dantzick, Monfpelii , 1620 , in-^ , avec les au-
tres Ouvrages de F'arandé.
Traclam de afeSibus renum S vejlcee. Hanovle , 1617 , in-8. MonfpeUi , i6ao-;
473 V A R
Phyfîoh^'ia & Pathohg'ia , qulhus accejferunt Tra&atas Prognofllcus c? Tractatus de indi.
'tatiOiubus curacif's. rldnaifix , 1619, in-8. Alonfpelii, i6ao , m-8.
De murbis & ajfyJibus Mullcram Libri très. Lugduni ^ 1619 , i/i-8, par les foins de
pierre Mytzau. Hanoria , 1619 , in-8. Monfpelii^ 1620, in-8, parles foins de Ro-
main, de la Cfjie.
Trj&atus Tkerepeuticus ptimus de morbis ventrîcuU. Monfpeli'i ^ l6ao, in-d. Lugdu-
ni , i6ao , in-d^ par Claude de Bofls ., Médecin du Forés.
TraSatus de EUptuintiafi feu Leprâ. Jtem de Lue Fenereâ & Hepatitlde. Geneva ,
i6ao , in-8.
Comme ces difî'érens Traités étoient devenus tares , Henii Gras, Médecin
<îe Lyon , prit le parti de les ralfembler & de les faire imprimer fous ce
«itre :
Opéra omnia ad fideni Codicum ipjîus ^tithoris manufcriptorum recognita & emendata,
jpojlremâ hàc éditions maliis TraSatibus nunquam anteà editis audinra. Lu^duni , 1658 ^
in-folio. Malgré toute la diligence de l'Editeur , les Traités Dt Ekphamiafi , De
Lue f^enereâ , De Hepatitlde manquent dans celte colieéiion I! y a inféré celui
De morbli gcaicalium ia viris^ que f^arandé difioit en 1617 & qui eft demeuré im-
parfait i & un autre qui doit être regardé comme l'interprétation du Livre à'Hip-
vocrate. De aatura hominis, lequel fut donné à riotre Auteur pour la matière de
fes cours, c'eft-à-dire, des leçons qu'il faut faire après le Baccalauréat dans la Fa-
culté de Montpellier.
l^aran.dé eft un des Ecrivains que Gui Patin fait profeffion d'eflimer , lui qui
n'en eftimoit guère. Il dit dans la lettre datée du i6 Août 1647 -> " Je \o\i% puis
» affurer , que tant que mes leçons ont duré , j'ai pris plaifir de dire du bien des
« Médecins de Montpellier ,\ ex quibus potijjimàm colo Joubertum & f^arandteum. »
VARENIUS, C^^i'n^'^'^ ) ha^'ils Médecin Hollandois , vécut fur la fin du
dernier liecle. On a de lui une defcription curieufe du Japon & du Royaume de
Siam , qui parut en Latin à Cambridge en 167;^ , ift-8. H a aulfi écrit une Géo-
graphie qui porte le titre de Geographia Univerfulis, in qua affectiones générales TcU
luris explicantur. C'eft un Livre excellent , dont il y a plufieurs éditions, ffaac
J^ewion l'a eftimé au point de le mettre 'en Anglois , d'y jomdre des notes , &
de le publier à Cambridge en 168 1 , in-8. Cet Ouvrage a été traduit de l'Anglois
en François : Géographie générale de rarenlus , revue par Netn.n , augmentée par
Jurin , i^^SS » quatre volumes trt-12 , avec figures.
Matthias cite Henri P^urenius , mais il n'en dit rien , finon que Joachîm Tanke
publia en 1605 le Recueil des Thefes qu'il avoit Ibutenues dans les Ecoles
de Médecine de Roftock , Ibus le titre fuivant ; Nofologia , feu , affeShtum humanorum
curatio Hermeiica & Galenica. f^arenius étoit mort , quand Tanke fit imprimer ce
Recueil.
VARENT , C Jacques VANDER J d'Audenarde en Flandre, paflTa de laFa-
culte des Arts dans le Confeil de l'Univerfité de Louvain , le premier d'Oftobre
Î549. Comme il étoit Licencié en Médecine , il obt nt, en 1556, la Chaire de Pro-
filûeur ordinuire , à laquelle eft attachée une prébende de la nouvelle fondation dans
V A R 4jr5
îa Collégiale de Saint Pierre. F'ander r'arent reçut les honneurs du Dod^orat ea
1561, & tut trois fois Ilecteur de l'Univerlité , la première en 156a. Les Hifto.
liens mettent la mort au 25 Avril 1577, & dilent que Ion corps fut inhumé aU'
près de l'autel de Saint Luc dans l'Ej;i.fe de Saint Pierre à Louvain ; mais com-
me ce Médecin n'a donné aucua Ouvrage au public, les Bibliographes n'ont eu
aucune raifoa de parler de lui.
VARIGNANA, CBarthélémi^ Médecin de Bologne , publia en 1501 une
Pratique qui roule fur le traitement des maladies qui font du reflbrt de la Mé-
decine & de la Chirurgie. L'une & l'autre de ces partie's de l'Art furent non feu-
lement les objets de Tes études , mais il les exerça encore autant bien qu'il étoit
poffible dans ces premiers tems du renouvellement des Lettres en Italie. 11 pa-
roît que la famille de f^arignana avoit toujours eu affez de goût pour la Médeci-
ne., car on a dit d'elle :
F'arignana Domus Mîdicorum fcmper alumna.
Guillaume , fils de Barthélémi , a embrafl^ la même Profeffion. Il avoit enfeigné
la Médecine pendant plufieurs années dans les Ecoles de Bologne , fa patrie , lorl""
qu'il fut appelle à Gènes , où il écrivit les Traités fuivans:
Sécréta Medicin<s ad varias curandoi morboi. Papia , 1519, in-8. feneùis , 1520, in-8.
Lugduni , 1526, m 4 , 1539, in-8. Bajîlea , 1597 , /n-8 , avec les notes de Gafpar
Bduhin. Bon Ouvrage pour les Médecins polypharmaques; car on y trouve un
nombre prodigieux de formules.
Opéra Medlca de curandis morbis univerfalibus & panîcularWus. Bafilea , 1545, w-4,
1595 , in.'fi. Lugduni , 1560 , in-8.
VARIOLA. Voyez VALLERIOLA.
VARNIER , ( Louis Jl Doreur en Médecine & Membre de la Société Royale de
Châlons-lur-Marne , naquit à Vitri-te-Fraoçois en Champagne, vers le commence-
ment de ce Gecle. Attentif aux inconvéniens qui réfultent de la faignée du pied en
certains cas, il ofa combattre une pratique établie fur un faux fyftême & foutenue
du préjugé du public. Il publia un Mémoire imprimé en 174a , in- 12 , fur la faignée
du bras pratiquée , enfuite des couches , dans le cas oii elle doit être préférée à
celle du pied. Mais ce Médecin ne s'eft point borné à ce qui regarde dired^ement
la cure des maladies , il a étendu fes recherches jufques fur l'Hiftoire naturelle de
fon pays,& il a communiqué à l'Académie de Châlons différens Mémoires qu'elle
conferve dans fes Regiftres. Tel» font :
Mémoire far la marne qui fe trouve aux environs de F'itri le- François.
Mémoire fur les pétrifications du lieu de Soulains,, EleEfion de Bar-fur-^ube.
Obfervaiions au fajct de différentes plantes qu'il a trouvées dans la Province de Cham^
pagne. L'Auteur lésa lues, en 1760, à la féance publique de la Société de ChâloBS-
fur-Marne.
Mémoire fur quelques plantes rares , trouvées dans Us environs de FUri-h-FrançoU^
ijSo V A R
VAROLI , ( Gonflant ) Dotteur en Philofophie & en Médecine , étoit de lîo.
-îogne , où il naquit en 1542 de Sébafiien F'aroU, Il enl'eignoit la Chirurgie dans les
Ecoles de fa ville natale, lorfque le Pape Grégoire XIII, qui fut élu le 13 Mai
I572,rappella à Rome peu de tems après fon exaltation, & le nomma ion premier
JVlêdecin. L'Anatomie qu'il démontra publiquement dans la capitale du monde
chrétien & qu'il enrichit de' plufieurs découvertes ; l'opération de la Taille qu'il y
fit avec beaucoup de fuccèsj les grandes connoiflances qu'il avoit d'ailleurs dans
l'Art de guérir ; tout cela lui mérita une réputation fort étendue. On le regardoit
comme un homme qui s'occupoit férieuiement de tout ce qui pouvoit contribuer
•aux progrès de la Médecine , & qui étoit fait pour en accélérer la marche ; mais
-une mort prématurée l'enleva à la République des Lettres en 1575 , à l'âge de 3a
ans. Son corps fut inhumé auprès de celui de fon père dans l'Eglife de Saint
Marcel , où l'on mit cette épitaphe fur fon tombeau ;
DEO OPT. MAX.
Sebastiano Varolio Patri
Et
CONSTANTIO FiLIO
yix trium & viginti dierum fpatià d fuperftiti ,
Qui Medicinam. & Chirurgiam percallens ,
Eruendi calcuU peritljfimus ,
Cum m Gymnafio Romano Anatomlcam. LeSfionem ,
Se&ionemque projtteretur ,
Gregorio XIII Pont. Max.
jidmodLtm. gratus.
jinnô tetatis futs XXXII ,
/gnotô morbô opprejjus deceJJJt.
Francisca de Angelis
Marito & Fillo ,
PORTIA DE VIOLIS
Socero & Marito Bonon.
De fe opt, merk.
MœsTiss. PP.
Obiit ann. Sd. Hum. M. D. LXXV,
On attribue à rWi la découverte de la valvule du Colon , ^celle du Prouffus
trànfverfal du Cerveau, ou des appendices vermiformes qui, de fon nom,lont ap.
pellées le Pont de VaroU. Il eft le premier qui ait apperçu des glandes dans le
PZex.5 CWie,& qui ait divifé le Cerveau en tro.s parues en ^]°"^«,''^ '.«"'' ^^^"^
parties de l'ancienne divifion, le commencement de la ^oe'^^f °"^"„*^J^,^\"
qui eft contenu fous le crâne. Il avança même que c'eft delà que partent les
nerfs, dont on rapportoit auparavant l'origine au Cerveau. Selon lu. , le ne F op-
tique Daît de la païïe poftéricure de la Moelle allongée, & non de la baie d
r
T- A R V A S 4Se
''Cerveau dans fa partie antérieure , aînfi que Galien & d'autres l'ont préteodu. C'eft
dans les Ouvrages fuivans qu'on trouve ces nouveautés Anatomiques , mêlées avec
beaucoup d'autres recherches que l'Auteur a faites fur la flrufture du corps humain.
De nervis opticis Epljlola. Patavii , 1575 , îaS,
uinatomLs , five , di refolutloae corporis .humani LVjtI quatuor. Patavii, 1573, i/i-8 ,
avec des planches allez défeé^ueufes, Francofunl , 1591 , i/î'8 , avec la Lettre fur
les nerfs optiques.
VARUS ( Antoine ) étoît de Weiœar dans la Thuringe , où il naquit le 12 Dé-
cetjibre i^'?- ^on goût le porta vers la Médecine , & il s'y appliqua en dif-
férentes Univerfités d'Allemagne & de France , mais fur-tout à Paris où il de-
meura troi.« ans. A ion retour , il prit le bonnet de Dofleur à Bâie le 19 Août
1586, & pafTa enfuite à Jene, où il fut d'abord Profeflcur extraordinaire de Logi-
que , &: quelque tcms après, Profeffeur ordinaire de Médecine. Il vécut long-
tems dans l'Univerfité de cette ville , car il en étoit l'Ancien lorfqu'il mourut le
ao Août 1637 •) ^ i'âgs ds ^o ^°^> ^^^ ^'3 rien de lui que des Diflertations Aca-
démiques , comme De calcule renum & vejîcx : Ds vfa Lienis : De morbo anicu-
îari feu AnhrivJe.
VASSES ou VASS^US ( Jean^ étoit de Meaux en Brie. Il fut un des
habiles Médecins de la Faculté de Paris, il en fut même Doyen en 15^2 fie
continué en 1533. Comme il étudia beaucoup Hippocrate & Galien , il prit
tant de goût pour les Ouvrages de ces anciens Maîtres , qu'il en traduiGt
quelques-uns en Latin & les publia avec des remarques de fa façon. Il a
aufli donné des pièces qui lui appartiennent , & qu'on trouvera dans ia lifle
fuivante :
HippocratU Liber de Ptifana , cum Galeni Commentarils. Parijîls^ ï543 > '« 8 » Grec
& Latin.
Epijlola quâ Ptifana ufam dzfendit contra Manardum. ibidem, IS43 » *s-8, avec
le Livre précédent.
De judiciis Urinarum Tra&atai. Ibidem, 1545, «n-8. LugJuni , x^:\g , 1553 , in^ji.
Tigurl , 1555 , £n-S , par les foins de Conrad Gefner.
Bippocratis Libri Epidemiorum primas , lenius & fextus , cum Galeni Commenrariis.
Lugdunit 1550, m-12. Lipenius cite une édition de Paris, 1546, in-folio. Chomden
fait de même , en parlant de ce Médecin dans la lifie des Doyens de la Faculté
de Paris, qui eft à la fuite de Ion EJfai Hijlorlqae fur la Médecine en, France. II dit
que la Traduftion Latine du Commentaire de Galien fur les Epidémies d'Hippn~
crate avoit déjà paru ea 1546 , in-folio , de l'édition de Paris qui contient 816
pages, une Table & une Epitre dédicatoire à Odon de Châtillon , Cardinal, da.
tée du 11 Septembre 1545. C'eft la bonne édition.
Galeni Commentarii très In primum Prorhttid Librum Hippocratî attributum. hem Com^
mentarii quatuor ia Librum Hippocratii de viciùs ratloaein morbis acutis. Lugduni, 1563,
Î/2-I2.
Il y a quelques difficultés fur l'Auteur d'une Anatoraie du corps humain réduite
«n Tables , que les Bibliographes annoncent fous ce titre :
T 0 ME SK P PP
4§a V A S V A T
Ludovici F'affxi Catalauaenjîs in ^natoimn orporis humanl Tabula quatuor. Luîeîle\
1540, 1553, in.folio. Pcaetiis , 1544, in-d, Lugduni , 155a, 1560, //1-8. En Fran-
çois par /. Canapé , Lyon , 1542. Paris , 1555 » "'"^•
Plufieurs Ecrivains attribuent cet Ouvrage à un certain Louis F'affé ou Le
P^ajfeur qui naquit en Catalo3;ne & fut dilciple de Jacques Sylvius d'Amiens. Ils
djfent que f^affé ayant fait attention à la peine qu'on avoit de recueillir ton ce
que Galien & les autres Anatomîlles ont écrit fur la ftrut^ure du corps humc^in ,
travailla à remédier à cet inconvénient, en drefTant des Tables qui fraient le che-
min au Traité de Galizn qui eft intitulé : De ufu panium. Ces Ecrivain? ajoutent
même que l'Auteur a tellement réuffi daas l'exécution de fon deffein , qu*ii n'y a
pas ^de partie du corps, fi petite qu'elle foit, dont on ne trouve la dcfcription
dans Tes Tables. Tel a été le jugement àe Douglas ; il y a cependant plutieurs par-
ties que ^ajfé a oubliées , & il en efi: un plus grand nombre à qui il manque la vérité'
de l'expreliion. Le. titre de l'Ouvrage ne s'accorde pas d'ailleurs avec l'opinion
des Bibliographes fur la patrie de ce Médecin. S'il fût né en Catalogne, il au-
roit défigné fa patrie par le mot Catalanus ; & CatalaunenJIs veut dire né à Chft-
lons-fur-Marne.
La variété de fentimens au fujet du pays où l'Auteur de ces Tables Anato-
miques a pris naiflance , a porté certains Ecrivains à les attribuer à Jean
Vajfaus^ dont il eft queftion dans cet Article. Ils fe fondent fur ce que ce Mé-
decin fit une étude particulière de la ftrudture du corps humain , & parvint à ija
tel degré de réputation , qu'il mérita d'avoir F2Jak pour difciple. Le changement
de nom n'infirme point leurs conjeftures ; ils difent que l'Auteur, à l'exemple de
plufieurs autres , s'eft caché fous le voile de ce changement par des raifons qui
n'ont point eu lieu , lorfqu'il a fait paroître les Traités que tout le monde recon-
noît pour être de lui.
On met la mort de Jean f^ajjaus en Novembre 1550.
VASSEUR., ( Loui» LE ) de Paris , prit fes degrés à Montpellier en 1658,
11 a lailfé quelques Ouvrages, où il combat les opinions de Sylvius de h Bot fur
l'acidité du fuc Pancréatique. Tels font :
Di Sylvlano humcirt trlumpbali EpiJluJtS ad Petrum .^iigvjîam Rumphîum. Ldd<e , lôf)'^ ,
in-12, Parijiis^ 1668, /n-ia. C'eft ^flruc qui attribue ces Lettres à Le Vajfeur ,
mais^ d'autres ,les donnent à Drelincourt.
Sylvius coufutatus , feu , in Pfeudo-Schuylli veteris falso dic!<e ab eo Midicine dcfenfio-
nem ylnimadverfiones. Ibidem, 1673, ''^-12.
11 ne faut point confondre ce Médecin avec Claude Le Fajfeur , auflî natif de
Paris. Celui-ci fut reçu Do(fteur de la Faculté de fa ville natale le 12 Od^obre
1639.
VATËIi, CChriftian)de Jutterboch dans la Tburicge , naquit en 1651. Il étudia
à Witccmbero- , (Sz après avoir reçu les honneurs du Dockrat dans les Ecoles de
la Faculté de Médecine de "cette ville en 1681, il prit le parti de s'y fixer , dans
l'efpcrancc d'obtenir quelque emploi. On le nomma Médecin Provincial en 16^65.
en 1690 , il parvint à une Chaire extraordinaire , d'où il patTa , en 1692 , dans 1*
V A T 455
clafîe des Profefieurs ordinaire». Dès l'an 1690, fon mérite & les Ôbrervations in.
îéreflaotes qu'il avoit communiquées à l'Académie Impériale d'Allemagne , lui avoient
ouvert l'entrée dé cette Compagnie, Tous le nom de Nicomachus. Dans la fuite,
il fut Médecin de la Princeffe Douairière d'Anhalt & du Prince Régent , & conti-
nua À ie diftinguer par l'enfeignement & la Pratique jufqu'à fa mort arrivée le 6
Odlobre 1732, à l'âge de 81 ans. On a de lui un Ouvrage intitulé:
Phyfiologia experimentalis. IFittiberj^£ , 1701 , 1712, t/1-4. Le même, fous le titre
d'/njUtutiones Medice fuccln&h aphorifmis comprehenfs. IbiJein , 1721, in-4. 11 a per-
fedionné cette Phylioiogie à chaque édition ; la dernière préfente même des vues
neuves qui ne dcpareroient pas les Traités de nos Ecrivains les plus récens. Je
pafTe iur les Diilèrtations Académiques qu'il a fait paroître depuis 16S7 jufqu'ea
1720 ; elles font bien faite* , & à ce titre , elles ont mérité l'approbation des
connoifièurs.
VATER , f Abraham j) fils du précédent, vint an monde à Wittemberg ea
1684. Après avoir étudié dans plufieurs UnivcrGtés d'Allemagne, fpécialement dacî
celle de fa ville natale , où il reçut le bonnet de Do£teur en Médecine l'an 1710,
il voyagea en Angleterre & en Hollande , & s'y fit eftimer des Savans II profita
fijtr-tout de fon iéjour à Amfterdam pour lier commerce avec le célèbre Rnyfch
qui lui donna des inftruftions particulières fur l'Anatomie, & lui apprit tout lart
de ces belles injeftions , qui étoit ion grand talent, f^ater fit de tels progrès à l'é-
cole de Ruyfch , qu'il parvint à l'adrefle de fon Maître , & qu'après avoir été fon
difciple , il fut fon émule.
Augufte, Roi de Pologne, employa ce Médecin à plufieurs opérations fecretes
de Chymie , qu'il exécuta * la fatisfaftion de ce Prince. Il paroît delà que f^attr
excelloit dans diëérentes parties de fon Art ; mais comme il avoit encore d'admi-
rables talens pour la Chaire , il remplit fucceffivement les devoirs de Profefleur
d'Anaromie , de Botanique & de Médecine daOs les Ecoles de Wittemberg. La
réputation qu'il y acquit , foutenue qu'elle étoit par fes découvertes & fes Ouvra-
ges , lui mérita une place dans l'Académie des Curieux de la Nature, ainfi que
dans les Sociétés Royales de Londres & de Berlin. Il mourut à Wittemberg en
1752, à l'âge de 68 ans, & laifTa des préparations Anatomiques qui ne cèdent en
rien à celles de Ruyfch. Elles compofoient un cabinet magnifique , dont il a fait 'ui-
même la defcription qui a été publiée à Helmftadt en 1750 , in-4 , avec une Pré-
face de Laurent fJeiJler , lous le titre de J^ateri Mufeum ^natomicum proprium. Ses
autres Ouvrages confident en Diifertations Académiques qu'il a données depuis 1710
jufqu'en 1750, & en quelques Traités parriculiers. Je ne grofîirai point ce Di:lion-
naire du titre de toutes ces Diilertatiotis ; je ne m'arrêterai qu'à celles dont les
Auteurs ont fait une forte danalyfe,
Epiftnla ad Fridericum Ruyfchlum. 1708. j^mftdodamî , 1714. L'Aute^r croit que
rair s'infinue des vaifTeaux aériens dans les vaifleaux fanguins du poumon, & il
décrit les voies de communication entre ces deux efpecej de canaux. M. Pond
ajoute que F'ater s'étend fur la ftrué\ure des organes fécrétoires & fur l'origine des
nerfs du cerveau. Tout ce qu'il en dit, n'eft pas toujours conforme aux fentimcns
de Ruyjch ; mais comme il ne s'eft point borné à avancer fes opinions , & qu'il a
43f V A T
ofé attaquer celles du Médecin Hollandois , celui-ci lui a fait une réponfe pour
défendre fa dodtrine.
Novum diveniculum bllis. Wiitehe.rgiS ^ 1710. Il y parle d'une produftion du canal
cholédoque qui fe joignoit avec une des branches du canal pancréatique , & fe
perdoit dans le rein.
Programma de modo quô foramen ovale claudltur. fbidem , I719 , în-4. La defcriptioQ
qu'il donne du Trou ovale , eft aflèz bonne ; mais on fait peu de cas des raifons
qu'il propofe pour expliquer l'oblitération de ce trou dans les enfans nouveaux nés*
Dt meikodo tranjplantandi f^arlolas pcr infitlonem. Ibidem ^ 1^10 , /n-4 L'Inoculation,
déjà connue en Allemagne en 1720, puifqu'on étoit en état de differter fur fei
avantages & fes inconvéniens , a tardé encore bien du tems à faire fortune dans
ce pays.
De vulaerum inteftinorum leihalltate. ÏFittebergts^ 1720. Il rapporte quelques cures
fingulieres de plaies confidérables aux inteftins, mais comme il les met au rang,
des guérirons extraordinaires, il ne déclare pas moins ces fortes de plaies mortelles.
Les connoifîances & la dextérité de nos meilleurs Chirurgiens ont cependant bien
fouvent mis la vie des malades en sûreté , dans les grandes plaies du bas-ventre^
Obfervatio de novo dudu falivaU glardulie Ungualis. Ibidem, 1720 , 1721 , 1723 ^ i/1-4.
Inftruit des recherches de Morgagni & àWeiJier fur le trou c<tcum de la langue, &
fur le canal excréteur qu'ils avoient cru y aboutir, Vater entreprit, dit M. Portai^.
de lever le doute. Il inje£\a diverfes liqueurs dans le trou de la langue, & par*
vint enfin , après plulieurs tentatives infruètueufcs , à découvrir un canal qui abou-
tillbit à une grolfe glaaJe, placée à la baie de la langue, & qui, fuivant lui, com-
munique avec la Thyroïde par quelques canaux, f^ater en donne une ample def-
cription , ainfi que de ion canal excrétecr; mais les détails qu'il en fait, ne iont
pas tous également juftes. Des Anatomiftes plus modernes ont dit que le trou
ctzcum n'eft autre choie que la rencontre des conduits excréteurs des glandes fi«
tuées dans l'épaifleur de la langue , 6? qui fourniffent une f^Iive épaifiTe.
Jnannls Curvi Stmmedi pugdlus rerum Indicarum , quô comprthenditur hijloria variorun
S-mplicium ex fidia orientait, America, aliifque terra panibus allatarum. fViiteberg<e ,
1^22 , £1-4. Il a traduit cet Ouvrage du Portugais.
Catalogus plantarum exoncarum Hord Academici ff^Utembergenfis. Ibidem , 1722 , în/L.
Supplementum. Ibidem^ 1724, ii>^. Il y a encore une édition de Wittemberg, 17-^8 ,
itt'é , fous le titre de Syllabut plantarum potijpmùm exoticaruin qua m Horto Medico
^cademits IVittembergenfïs aluntur.
Programma de Anatomes utilitate r's morbls. Ibidem y 1723, Il parle de plufieur»
maladie*, & prouve, par fes propres obfervations, qu'il e(l indifpenfable d'avoir
de grandes connoiffances en Anatomie, pour bien diriger leur traitement.
Programma de laboribus Anatomicis & Bntanicis. 1733. " ^^^^ compte de tout C9
qu'il a fait pour l'avancement de l'Anatomie & de la Botanique.
De vclore & fufficieatiâ jîgnorum Infantem recens natum , vlvum aut mortuum editum
arguf.niiiim , ad dijiidicandum ii infanticidlo. 17;^. Il y a plufieurs chofes curieufea
■dans cette Differtation ; elle répand un grand jour iur les fignes qu'on apporte , poo?
fiiftinguer fi l'enfant eft né mort ou vivant. Dans le foupçoa d'homicide, il n'efir
V A T V A V V A U 4^5
J.â^ îtioins important d'avoir des fi^nes certains, à la faveur defquels on puilTe-
décider fi la pcrlbnne noyée jouiflbit i^e la vie juand elle a été jettée à l'eau , ou
fi ell,e étoit morte. Il importe également de favoir ditiinsçuer l'homicide du iuicide
dans les pendus. Ces deux dernières matières ont occupé , depuis quelque tems,
des Auteurs déjà célèbres par d'ai-tres C>uvrages.
Catahi^us pr<eparata Ruyfclilana & aliorum cetebcrrimorum virnrum exhibens. Î735.
L'Auteur y 'bit Ruyfch dans les travaux , Sr parle des principaux Cabinets d'A-
oatomJe & d'Hiftoire Naturelle de l'Allemagne.
De calculis In locis inufitatis natis & per vias infbl'tas exdujîs. 1741. f^ater prouve
qu'il n'y a pas d'endroit dans le corps humain , où il ne puifTe le formtr des cou»
erétions pierreufes , & il appuie ce qu'il avance par diverfes obfervations.
Ce Médecin a communiqué pluiieurs Mémo'res intéreflans aux Académies , dont
ft étoit Membre ; oti en trouve quelques-uns dans les Tranfaiflions Philolophiques.
VATTIER , C Pierre J Médecin de Gafton , Duc d'Orléans , étoit d'un en-
droit voiiia de Lifieux en Normandie , & fleuriffî^it vers le milieu du XVil liecle.
Comme il avoir beaucoup de goût pour les études en général , & qu'en particu-
lier il étoit extrêmement verlé dans les Langues Grecque , Latine & Arabe , il
s'appliqua à lire les Nataraiiltes & les Médecins anciens , dont il fit des extrait;;. On
lui doit quel:iaes verûons d'Ouvrages Arabes qu'il a fait imprimer fous ces titici :
Hijtoire Mahométanc. Paris , 1657 , m-4.
dibu^alii C Avlcenna ) de morhis mentis TraSatus, Parlais , 165g , jn.8.
Elégie de Tho^rai. Paris , 1660 , in. 8.
L Egypte de Murtadi : des Pyramides , da débordement du M/ &c, Paris , 1666
fn-i2 Les Savans trouvent les traductions de f^attier fautives en bien des endroits.
Cet Auteur avoit promis de mettre tous les Ouvrages à'Avicenne en Latin, & il
a efFedtivement achevé cette entreprife qui loi a coûté un travail immenfe j mais-
y s'eft borné à publier la pièce que je viens d'annoncer.
VAVASSEUR, ( Guillaams J de Paris, fut nommé, en 1544, premier Chi-
rurgien de François I , Roi de France. Il traita ce Prince d'une incommodité fe-
crette avec tant de fuccès , qu'il mérita toute fa confiance depuis cette cure , &
qu'il eut même auprès de lui le plus grand crédit. Mais il n'en profita que pour
le bien public , en particulier pour celui de fa profeflicn qui avoit befoin d'ému-
lation dans le XVI fiecie. Comme il étoit un de ces génies rares, piuti t faits-
pour donner la loi que pour la recevoir , il fe fit reconnoître pour Chef du Corps-
des Chirurgiens de Paris , .V voulut jouir de toutes les prérogatives attachées à
ce titre, afin de pouvoir diriger par ton autorité & animer par Ion e.semple le
zèle de fes confrères pour ravarcemcot de leur Art. Il y contribua efficacement ^
en obtenant des Démonftrateurs pour les élevés ds l'Ecole de Saint Côme, qui
dès lors ne furent plus. obligés d'adifler aux leçons des Médecins,
VAUGHAN , ( Thomas J Auteur de Chymie 5î de Médecine qui s'cft qneJ^.
quefois caché fous le rom à'FM^inlus Philahtkes ^ étoit de Newton dans la Pr.C
■vince de Hrecnock au Paya de Galles, oii il naquit en i52i. Apr^s avoV étudié
la. Philolophie, il fe roit dans le Clergé de fa nation; mais les troullci &r,cn!^£-
m V A t7 '
en Angleterre lui firent abanàonner cet étaf, pour étudier la Médecine. Il s'y
appliqua à Oxford, & paKà enibite à Londres, où iî s'occupa de JaChymie, fous
la protection de Robert Murray , noble Ecolîbis qui fut le premier Prcfident de
la Société Royale & mourut le 4 Juillet 1673. faagban étoit grand r.dmirateur
des Ouvrages d'^grippa ^ il reconnoiflbit même lui devoir tout ce qu'il favoit. Plus
attaché encore à la Société des^ Frère? de la Role-Croix , il adopta tellement leurs
rêveries , qu'il eft douteux li le fanatrfme qu'on remarque dans fes Ouvrages , ne
l'emporte pas du côté de fon enthoufiafme pour cette Société, fur fon aveugle
confiance aux Chymiftes les plus paQîonnés pour la recherche de la Pierre Philo-
fophale. Ce Médecin favoit plufjeurs Langues Orientales & faifoit aflez paOablement
des Vers en Latin & en Anglois. Tous les Ouvrages qu'il a compofés , font écrits
en cette dernière Langue ; mais trop peu intéreflans pour en parler,
F'aughan mourut fubiteraent le 2^ Février 1666, en travaillant à une prépara-
tion de Mercure.
VAUTÎER, ( François ) n a uP d'Arles en Provence, alla étudier la Médecine
à Montpellier, où il prit le» degrés en i6ia. Il fut delà à Pans, & réuflit telle-
ment à s'introduire à la Cour, qu'il parvint, en 1624, à la charge de premier
Médecin de la Reine Marie de Médicis, mère de Louis XIIT. L'afcendant qu'il
prit fur l'eiprit de cette Princeffe, fut fi grand, qu'on crut qu'il la gouvernoit ; ce
qui engagea le Roi à profiter du mécontentement que les démarches de la Reine
lui donnoient , pour lui ôrer ce Médecin.
La cabale formée contre le Cardinal de Richelieu s'étoit extrêmement fortifiée ,
beaucoup de gens de la Cour y étoient entrés , & l'on crut ce Miniftre
perdu; rasis ayant eu le bonheur d'entretenir le Roi & de lui faire voir les in-
teutions de ceux qui le fervoient fi mal auprès de fa perfonne , il renverfa le
projet de tous les ennemis , & excita contre eux la colère du Roi qui les punit
îéverement : c'eft i cette occaiion que f^autier {ut arrêté & mis, en 1631 , dans
les pril'ons de Senlis.
Le Roi fouhaitoit que la Rciî?e , fa raere , qu'il avoir laifTée à Compiegne , fe
Tendît à Moulins pour y refter : & dans ce cas , il étoit réiolu de lui renvoyer
yaiiùcr qu'elle demandoit avec empreffement. Mais quand il s'appcrçut qu'elle
s'obftinoit à demeurer à Compiegne & qu'elle fembloit même décidée à y prolon-
ger fon féjour , il donna ordre de transférer f^aaûer à la Barhlle , pour couper
plus sûrement tout ce qu'on fuppofoit de communication entre ce Médecin & la
Reine. Celle-ci fortit enfuite du Royaume 5? fe retira en Flandre, où elle demanda
fouvent qu'on lui renvoyât F'<rjtier , mais avec plus d'inftance en 1633 , pendant le
cours d'une fièvre continue qui dura quarante jours & qui la mit en danger. Le Roi
qui en fut informé , dit le Père Grifiet dans fon Hiftoire de Louis XÎIl , » fit partir
•n les fleurs Piztrc & Riolan , fameux Médecins de Paris , pour l'alîifter dans cette
w maladie ; mais elle fit mander qu'elle avoit befoin des confeils rie f^am'ur qui
3> étoit toujours à la Baflille. On lui permit de le confulter par écrit , & on refufa
s> de le lui envoyer. »
T> yant'ur fut ainfi confulté ; mais il ne voulut pas donner fon avis , difant qu'il
-Cl îhlloit abfolument qu'il vît la Reine-Mere pour pouvoir juger de fon mal & de*
V A U 4Sf
;, remèdes capables de la foulager. Peut-être efpéroît-il qu'on feroît obligé à la fia
. de le tirer de la Baftille ; mais on aima mieux que la Reine le palsât de ies avis,
» par rapport à la fanté, que de la meure à portée de fuivre aveuglément les con-
« leils pernicieux qu'il auroit pu lui donner pour fa conouite. «
Le procède de la Cour fait voir ce qu'on y penfoit lur le compte de ramier ,
& combien on fe méfioit de fon caraé^ere intriguant ; car malgré que la Reine
eût réitéré plufieurs fois les mêmes demandes , elles ne furent pas mieux écoutées ,
& fon Médecin reita à la Baftille près de douze ans , c'eft-à-dire , julqu'à la mort
du Cardinal de Richelieu en 1642. 11 reparut alors à la Cour, & il y reparut
avec une conlidération qui lui procura , au bout de peu d'années, la place de
premier Médecin de Louis XIV.
Après la mort à'Héroard arrivée en 1627, Charles Bouvard^ Dofteur de la Fa-
culte de Paris , fut nommé premier Médecin de Louis XIII ; il remplit cette char-
cre jafqu'à la mort de ce Prince. A l'avènement de Louis XIV à la Couronne ,
£ouvard eut le crédit de faire choifir pour premier Médecin Jacques Coujînot , le fils ,
Dodteur de la Faculté de Paris & ion gendre. Celui-ci étant mort en 1646, Gau-
tier fut nommé à cette charge importante , dans laquelle il fe foutint avee
honneur jufqu'à la fin de fes jours qu'il termina en 1652 , à l'âge de 63 ans.
On voit par ce que nous venons de rapporter d'après le célèbre ^ftruc ,
qu'il y eut bien du haut & du bas dans la vie de Pautkr. 11 étoit homme d'elprit ,
habile dans la profeliion , plein de fentimens. Si Gui Patin, en a dit du mal , c'eft
qu'il employoit dans fa pratique les émétiques antimonlaux , le Laudanum & le
Quinquina , remèdes abhorrés par ce Médecin Satyrique qui , dans la lettre LXX
du premier Tome , écrit A Spoa que ce premkr Médecin du Roi étoit le dernier du
Royaume. Mais la Cour penlbit mieux fur fon compte , comme il paroît de la Ga-
zette de France du 24 Avril 1649, où il eft dit : Leurs Majeflés reconnoijfant les foins
continuels du Sieur Vautier, premier Médecin du Roi^ & pour marque particulière de
leur fouvenir de la cure par lui faite en la perfonne de Monjïcur , Frère unique de Sa
Majejîé , Font gratifié de l'abbaye de Saint Taurin d'Evreux , vacante par le décès du
Sieur Du Perron , Evêque de ladliie ville. Ceci prouve que Gautier n'étoit pas
marié,
VAUX, f Pierre DES J connu fous le nom de Petrus de P^allibus , étoit de
Bourges. 11 prit le bonnet de Doftenr dans la Faculté de Médecine de Paris ,,
dont il fut élu Doyen en Novembre 13C.5. Si je parle ici de lui , c'eft uniquement
pour avoir occafion de dire un mot de la rareté des livres , avant l'invention de
l'Imprimerie, qu'on date communément de J440, Dix ou douze volumes compo-
foient,dans les premiers teras, toute la Bibliotheqne de la Facul.é ; on en trouve
l'énoncé dans le plus ancien des Rcgifires de cette Compagnie, fous IcDécanat
de Pierre des Vaux :
La Concorde de /ean de Saint- ^tnand , Chanoine de Tournay & MCdecin de Pa»
ris , en i2co.
La Concordance de Pierre de Snint-Flour , ou San-Flnranus , aufiï Médecin de la
Faculté , en 1325. Le Livre de Galien , De uju partluin , en un feul volume. Le
Traité de Méfué , des Médicameus , avec la pratique du même.
I
4^5 U C A V E C
L'Ouvrage de Rkatès nommé ordioaircment : Totum Cominens Rhap , en deux
Tomes.
Le 'l'raité de la Thériaque.
L'Antidotaire A"" Alhukajh.
L'Antidotaire clbrifié , ou de Nicolas Myrepfe , de l'an 1300,
Un Manufcrit d^ Aviccnne avec les Commentaires de Jacques Defpan , donné par
Jean VL'iôque, Doyen en i4;o , 51 & 52.
Les Livres d'^vicenne & les Commentaires étendus , compoiés par le même
Jacques Defpars^ que cet Auteur légua à la Faculté par ion teftament.
Avant l'Art de riraprimerie & même depuis , c'eft à-dire , avant que les Prefles
fuflcDt communes, on prenoit les précautions les plus iLrupuleules , lorsqu'on prê-
toit un Manufcrit. Le Roi Louis Xï envoya à la Faculté de Paris un député ho-
norable , ponr lui demander qu'elle lui communiquât deux petits Tomes de Rha-
ses , à deffein d'en tirer copie & de l'inférer dans la Bibliothèque. Gages énormes ,
caution , Notaire, tout fut employé pour s'afiùrer la refHtution du Cominens Rha-
jïs. Ce qui feroit malhonnête & impraticable aujourd'hui , ne l'étoit pas apparem-
ment il y a trois cens ans. Lfcs Manulcrits étoient (î précieux alors, qu'au befoin,
la Faculté de Paris les engageoit pour des fommes allez fjrtes. Les occafions les
plus urgentes étoienî iorfqunl falloir envoyer des députés aux Cours des Princes,
aux Etats Généraux, aux aflemblées de l'Egliie Gallicane, aux Conciles Œcumé-
niques. Si l'engagement des Msnulcrits n'étoit pas la feule reffource de la Faculté
dans ces circonrtances , elle y eatroit pour beaucoup.
L'invention de l'Imprimerie ne diminua rien de l'eftime qu'on faifoit des Manuf-
crits. Leur prix excitoir la tentation de les voler. Ce fut pour cette raifon qu'un
Dofteur de la Faculté de Paris donna , en 1509, deux écus d'or pour enchaînet
les Livres, river les chaînes & les fixer au Bureau. Comme leur couverture, gar-
nie de peau de veau ou de parchemin , éîoit de bois , elle permettoit de les tenir
ainli attachés.
UCA Y , ( Gervais ) Dofteur en Médecine natif de Touloufe , vécut dans le
XVII fiecle. On a de lui une Lettre qui a étl inff'rée dans les Tranfaftions Phi-
lofophiques , dans laquelle il fait la defcription d'un Hermaphrodite; vieille erreur,
dont nos pères ont eu tant de peine à fe déiabufer. Mais ce Médecin eft plus
connu par un Traité fur les maux vénériens qui parut d'abord à Touloufe, & qui
fut depuis réimprimé fous ce titre :
Traité de la maladie vénérienne , où l'on donne les moyens de la connaître dans tousfes
degrés, avec une méthode de la traiier plus sûre & plus facile que la commune , & la ré'
folution d'un grand nombre de Problèmes trcs-curicux fur ces matières, Amllerdam ,
1699, '"-i^. Paris , if02. If iB,i/i-i2, L'Auteur y reconnoît l'efficacité du Mercure
mais il condamne fon ufage en frif\ion« , tant à raifon de l'incommodité qu'il trou,,
ve dans le traitement, que du danger qu'il croit pouvoir en réfulter. C'eft pour,
quoi il préfère les préparations mercuriellcs , prifes intérieurement.
VECTIUS VALENS, Médecin du premier fiecle, qui a été difciple à'^pu^
Mus CelfuSy eft vraifemblablement le même que C<elius ^urellanus appelle f^alensU
Phvficie^..
V E G V E I 4S9
Phyricieo. PUne parle d'un Ferlas F'alens qu'il loue beaucoup pour Ton éloquence
-& qu'il met au nombre des complices des débauches de MefTaline , femme de l'Em-
pereur Claude. Comme cet Hiftorien ajoute qu'il fut Auteur d'une nouvelle fede ,
Leduc a pris ce P'aleas pour un Médecin , dont la doctrine ne différoit de celle
de Thémifon que par quelques changemens. A l'exemple des autres Méthodiques &
dans le même deffein, il chercha à fe donner de la réputation dans fon Art, en
s'érigeaot en fonaateur de quelque fe6te qui eût l'air de nouveauté.
Mais les anciens Auteurs qui ont parlé de Fe&lus F'akns cité par Plim , ne lui attri-
buent pas la qualité de Médecin , & delà on a de fortes railbns de croire que Lederc
a confondu l'aduirere de Meiïàline avec un autre perfonnage du même nom , qui fut
difciple é^ ^JpuLdus Ceîfus. Tache, ne donne aucune qualité à Veclius F'ahns qui étoit
de la Cour licencieufe de MefTaline; Senegue^ dans la plaifanterie amere qu'il com»
pofa fur la mort de Claude , ne qualifie point ce f^alcns de Médecin , mais il in-
Cnue qu'il étoit Chevalier Romain. Tout cela a fait croire à M. Goulin qu'il y eut >
dans le même tems , deux f^ecîius F'alens , l'un Médecin, & l'autre Chevalier Ro-
main qui fit puni de mort l'an 48 de falut, avec les autres compb'ces des dé-
bauches de Hnfâme MefTaline.
VEGA, fChrifiophe DE ) Dofteur & ProfefTeur de Médecine ep l'Univerfité
d'Alcala de Henarez , fa patrie, ie Ht beaucoup de réputation dans le XVI tiecle.
11 fut Médecin de l'infortuné Charles, fils de Philippe II, Roi d'Efpagne , qui
mourut le 25 Juillet ijôb.ioit de maladie, foit de mort violente ; toute l'Europe a
été du dernier fentiment. De P'ega l'urvécut à ce malheureux Prince jufqu'en 1573 ,
& lailTa plufieurs Ouvrages qui font preuve de la préférence qu'il a donnée à la
Médecine Grecque fur celle des Arabes, Voici leurs titres & leurs éditions :
Commentaria in Hippocratis Prognojika , adJitis ^Innotadonibus in Galeni Commenicrios.
Salmantic£ , 1551 , in-folio. Complud , 1553 , avec les Commentaires du Médecin
dont je parle, ibr les Aphorifmes d' Hippocrate. Lugduni ^ 1568, 1570, /n-8. Taurini ,
1569, i/i-B. P^cnetils, 1571 , in-Q. l'outes ce» éditions comprennent également les
Commeniaires fur les mêmes Aphorilmes.
De curatlone carunculurum. SalmanùctE ^ 155^^» In'folio, Complud^ ï553î avec les
Ouvrages précédens.
Commentaria in Libros Galeni de differentiis febnam. Complud , 1553.
De puljibus & urinis. Complud , 1554 , i/i«b.
De methodo medendi Libri très. Lugduni , 1565, in'folio. Compluti ., 1580» In-folio^
Tous ces Ouvrages ont paru en un volume , même format, avec les notes d 3
Louis Serranus , Lugduni ^ 1576,1587, 1626.
VEGIUS, ( Scipion J de Milan , fut Proto-Médecin du Duché de ce nom , &
mérita le titre à'Efculape de fa patrie. Son intelligence dans les affaires engagea
François Sforce 11 à l'élever , en 1529 , au rang de Sénateur , & à lui donner
différentes commillions , pour aller traiter avec les Princes d'Italie. Ce Médecin a
écrit l'HiRoire de Ion tems.
VEIGA fThomas-Roderique DE J étoit d'Evora , ville du Portugal dans PA-
kntejo. Il pafTa pour un des premiers Médecins de fôn pays. Ses contemporains
T 0 M E ir. Qqq
49© V E L'
poulTerent fi loin l'admiration , qu'ils ne furent ce qu'ils dévoient plus cOimer eit
lui, ou la i'ubtilité du génie, ou la nobleiTe de Ion élnqucnce , ou la pr;ri>nleur
de fon lavoir. Ces qualités le firent aimer de Jean 111 , ion Souverain, &î au re-
nouvellement des études dans l'CJaiverfité de Coimbre en 11^48 , ce Princ.e le
nomma à une Chaire de Médecine qu'il remplit jufques dans un âge fort avancé.
Feiga avoir eu dcfiein de faire des remarques & des Commentaires fur tous les
Ouvrages de Gal'un , mais il s'eft borné aux Ecrits fuivans :
Commentariorum in Galenum Toinus prîmus , in quo complexus ejî interpretadonem ^C-
lis Mcdicts & Librorum fex de loch affk&b. ^ntvzrpitz , 1564 , in-folio.
Commentarii in Libros duos Galeni de fcbrlum differentiii. Conimbrica; ^ "5771 î'»-4»
Commentaria in Libros Hlppocraiis de vicias ratiane.
Praclica Medica. jiiccedit Tractatus de funtanellis & cauteriis. UlyJJlpone , 1678 , in-^,
La plupart çjes Ouvrages de ce Médecin ont été recueillis & imprimés à Genè-
ve en 1586, in-folio, & à Lyon en 1594, même format.
VELIUS ("Théodore ) naquit en 1572 à Hoorne , ville de la Hollande. Il étoi't
encore bien jeune , lorfqu'il déclara fon goût pour la Médecine. Ce fut à Leyde
qu'il en commença le cours ; & après y avoir fait quelques progrès , il fe rendit
à Padoue , où il fe perfeftionna & prit le bonnet de Dodleur le 10 Oflobre 1594.
Peu de tems après fon retour à Hoorne , il en fut nommé Médecin ordinaire ; il
entra même dans la Magiflrature au bout de quelques années d'exercice de cette
première charge.
yelius pofl'édoit les Langues Grecque , Latine , Françoife & Italienne ; il étoit
habile dans fa profelfion ; il excelloit dans la Poéfie Latine : mais comme il joi-
gnoit, à tous ces talens , le plus charmant caractère & la probité la plus exaif^e ,
il fut tellement aimé & confidéré de tout le monde , qu'on le pleura à fa mort
arrivée le 23 Avril 1630 , à Page de 58 ^ns. Son corps fut inhumé dans le Tem-
ple principal de la ville de Hoorne , où l'on grava fur fon tombeau cette épitapbe
qu'il s'étoit faite :
Velius hic recubat , forfan cul fata dedijjent
Nonnullum à Jiudiis nomen habere fuis :
PéEonis ^rs vernit , dam multis milUbus illum
jEgrorum Medicà cogît adejfz manu.
Jpfc fibi P.
Obilt die XXIII ^prilis , uinnô Domini M. D. C. XXX.
Ce Médecin a compofé un Ouvrage en Vers Héroïques , qui fut publié à Hoor*-
ne en 1617, fous le titre de Weflfrifia. Il a encore mis au jour les Chroniques-
de fa ville natale, qui ont paru en Hollandoi? l'an 1604; mais elles furent aug-
mentées, après fa mort, dans les éditions de 1645 ^ ^^ 1648, /n-4.
VELSCHlUSou" WELSCH ( GodefroidJ étoit de Leipfic, où il vit le jout
le 12 Novembre i6i8. Ce fut dans l'Univerfité de cette ville qu'il commença fes
itudes de Médecine ; & après en avoir liiivi les Profefleurs pendant (quelques ac«-
V E L
491
nées , il alla fe perfe<fiionncr en Italie , en France , en Angleterre & en Hollande.
Li'occaGon qui ié préfenta de s'exercer à la pratque , lui Ht accepter la place de
Médecin dans l'Armée de Torftenfon , Générai de Chriftine, i^eine de .Suéde;
mai» comme il n'avoir pas perdu de vue l'établillement plus lo'ide qu'il ambition»
noir d'obtenir à Leiplic , ii y retourna & demanda le bonnet de Dodleur , qu'il
reçut le 4 Avril 1644. Peu de tems aprè» la promotion , on le nomma à la Chaire
d'Anatomie dans les Ecoles de la même vi;le , d'où il pafla à celle deThéraj^eu-
tique, dans laquelle il continua de fe diUinguer jufqu'â la mort arrivée le 5 de
Septembre 1690. Il étoit alors l'Ancien de la Facu'té. Ce Médecin a mis au jour
des Ouvrages qui lui ont tait honneur; on remarque le*; fuivans;
Hiftoria Mtdica novum puerperarum mot hum continens , qui ipjh der Friefel dicitur,
Lipjîa ^ 1655 , //1-4. Il eft le premier Médecin Allemand qui ait écrit fur cette ma»
ladie. C'eft une fièvre miliaire , plus commune en Allemagne que par-tout ailleurs,
parce que les Accouchées y font ordinairement mal conduites. 11 y a long tems
qu'on a reconnu que cette fièvre eft produite par la chaleur étotfiante dans la-
quelle on tient les femmes durant leurs couches. On les lurcharge de couvertures
dans leur lit, on les tient dans des chambres chaudes, dont l'air n'e^ que peu oa
point renouvelle. Plulîeurs Médecins fe font récriés contre cette pernicieuïè mé-
thode ; mais comme elle eft établie fur d'anciens préjugés , ils ne font point en-
core parvenus à convaincre le public du danger , dans lequel l'excès oe chaleur
& le défaut du renouvellement de l'air précipitent tant de femmes accouchées,
& généralement tous les malades.
Rationale vulnerum lethaLlum judicium. Lipjïte , 1660, 1674, 1684, in 8. En Alle-
mand , Nuremberg , 1719, in-8. L'Auteur examine la nature des plaie^ les plus
graves, fuivant l'ordre méthodique qu'il prend pour la divilion du corps humain,
& il en détermine le danger, tant fur les décifions de la Faculté de Leipfic , que
fur le fentiment des Ecrivains qui !e l'ont attachés à cette partie de 1» Jurifpru-
dence Médicinale. Il pouflè cependant trop loin la févérité de l'es jugemens ;
car il déclare mortelles bien des plaies qui ne deviennent telles que par ac-
cident.
De MeJicis 6f medicamenns Germanorum. Lipjle , 1688, m-4.
■VELSCHIUS, ( Chriftian-Iyouis j) fils du précédent, vint au monde à Leipfic
le 72 Février 1669. A l'exemple de fon père , il voyagea en Italie pour profiter
des leçons des grands Maîtres qui faifoient alors tant d'honneur aux UniverCtés
de Padoue , de Bologne & de que,lques autres villes. Dès qu'il fut de retour en
Allemagne, il -fongea à prendre fes grades : en 1690, il reçut le bonnet de Maî-
tre-ès-Arts à Leipfic, & en 1693, celui de Dodleur en Médecine à Wittemberp,
Cette promotion n'empêcha pas la Faculté de Leipfic de l'aggréger à fon Corps en
1700, parce qu'elle ne voulut point être privée d'un homme qui pouvoir lui faire
honneur. 11 remplit en cHét l'attente qu'on avoit conçue de lui, & fe fit tellement
cftimer de fes Collègues , qu'il emporta leurs regrets dans le tombeau le premier
Jour rie Janvier i7i9.-On a de lui:
Compen '■ i )fii Jlatàs hominis naturalls hiftoria. Bafilea , 1692, tn-4.
£ajïs JSotanica , /è«, brevis ad Rem Hcrbarlam manuducilo , omnes plantarum panes g
49» V E L
unà cum earumdem vinutibus , fecundàm novijfinia Botantcorum fandamenta ^enerali qaà^
dam meihodô demonjlrans ; cum Onomaftico plantarum in climat e Lipjîenjî crefcentîum.
LipJΣy if^97-> in 12. Le favant Haller ne fait aucun cas de ce Traité.
Tabula ^natomicts LXI univerfam humani corporis fabricam perfplcuè ac fuccindè
exhibent es. J bide m ^ 1697, 1712, in-folio, hes premières planches repréfentent les inf-
trumens néceflaires aux dillèctioas ; la cinquième jufqu'à la vingt-deuxième appar»
tiennent à l'Oftéologie; la vingt-troiGeme peint la ftru(fture de quelques mufcles;.
les fuivantes fe rapportent aux autres parties du corps humain , fpécialement aux
vifceres , dont les figures font nombreufes.
VELSCHIUS, C George- Je rôme ) né à Ausbourgle 28 Oftobre 1624 de Gafpar,
Apothicaire de cette ville , fe fit beaucoup confidérer par la diverfité de fes talenSi
11 apprit les Belles-Lettres, la Philolophie , les Langues Grecque» Hébraïque &
Arabe, la Muiique fi la plupart des Art*, libéraux; aufli parut-il comme un pro-
dige dans les principales Univerfités d'Allemagne , entre autres dans celles de Tu-
bingue & de Strasbourg, où il s'étoit rendu pour fe perfectionner dans la Philofo-
phie. Uèi- qu'il y eut tait ces admirables progrès qui lui méritèrent l'cftime de fcs
Maîtres, il apprit encore le Syriaque & même un peu de Théologie. La Médecine
fut enfuite le principal objet de iés études ; il s'avança tellement dans cette
ijcience, qu'il obtint le bonnet de Dofteur à Bâle en 1645 Bientôt aprè^ , il voya-
gea en Italie , s'arrêta à Padoue , & fut reçu par tout avec honneur & diflindion-
11 revint dans fa patrie vers la fin de 1649 ^ °^ tarda point à fe livrer à la pra-
tique," il acquit môme tant de réputation par les fuccè? de fes cures, que le Col-
lège de» Médecins d'Ausbourg fe glorifia de l'avoir pour Membre, & que l'Aca-
démie des Curieux de la Nature s'empredà à le mettre au nombre de^ liens , fous
le nom de Nejlor \. Il correfpondit parfaitement â cet honneur , car il communi-
qua quantité d'obfervations intéreflantes à cette Conipi:gnie de Savans,
F'eijckius étoit un peu entêté de rAftrolo3;ie, qui de fon tems avoit beaucoup
d'influence fur la Médecine. I! aimoit li paffiannémcnt la lecture , qu'on peut dire
qu'il dévoroit les fivresi il aimoit également à écrire, car à fa mort arriviie l'on-
zième jour de Novembre 1677 , on trouva dans fon Cabinet pl-fieurs Ouvrages
imparfaits, mais prêts à recevoir la dernière main. Parmi ces Ouvrages, il y eu
avoir de ceux d'autrui , qu'il s'étoit propofé de publier avec des augmentations ,
ides notes & des corrections. Il eft étonnant combien de Livres ce Médecin avois
entrepris de compofer ou de perfedionner i parmi ce grand nombre on ne con-
itoît que les ILiivans qui aient vu le jour.
Dijjcnatio de jE^agroptîls , fivc calcuUs in Rupicapraram ventriculis reperiri folitls,
Ajgujte f^inddi£orum , 1660 , 1668 , in-/^.
Sylloge curjtionum CJ* obfervationum. Medicimlium , Centurie VJ. Ulmte^ 1668, J1-4.
liCS obfe-rvations de Marcel Cum anus ^ de Jérémie Manias, d'^Jiille Gajferus , à'if-
ddlrlc Rumler de Jérôme Reufner , de Prevot & de 5Zcgc/ , lui ont fourni le fonds
de ce Recueil.
Exercitatio de yena Medinenjl ad mentem Ebn Sine , flve , de Dracunculïs Feterum^
fpecimen exhibcas aive verfionis ex ^Jrabico , cum Commentariis. ^ugujle P^indelicorum 3
j6f4, i«-4, avec un Traité intitulé ; Di f^ermicuUs ca^Ularihi infaniium.
V E L 4^3
llecatofihea dute ohfervatînnum Phyjïco-Medicarum. Ibidem^ 1675, 1/1-4. On y trouve
l'hiftoire de quHqu^s maladies rares,
Somnium F'indidani ^ f^ve , Dejiderata Medicin£, Ibidem^ 1676, i/i-4- Cet Ouvrag»
eft écrit dans le goût des contes fabuleux.
Curatinnum exoticarum Chiliades duts & confîliorum Mcdiclnalium Centurla quatuor^
cum adriotationibu: JbUem , i6q8, /n-4. Les quatre Centuries de GODlultations avoient
paru plus de vingt ans ai.pfravant, & comme l'Auteur les avoit dédiées au Sénat
de Venile , il reçut une lettre pleine d'éloges, que le Doge Louis Comarini lui
écrivit le 2 Jdnvier if^jG , au nom de la Seigneurie.
Curaiionum propiiuruiii 6? confilinrum Mcdioram Décades X. Ibidem^ 1698, (n-4. Il
fuivit la méthode de Ion teras dans le traitement des maladies; les remèdes chauds»
& ces Bézoardiques fi vantés & fi inutiles ou nuiljbles , teooient le premier rang
dan> la tievre. La manière dont il trace la plupart de fes obfervations eft d'autant
plus défedueufe , qu'il s'attache moins à carai^érifer les maladies, qu'à donner les
foritiules qu'il croit propres à les guérir.
F'e.fch.ui travailla long tems à IHifloire de la Médecine qu'il fe propofoit de
metcie au jour, mais il mourut lans ('avoir achevée. Il s'occupa beaucoup du
Iraitê De fcriftis Medicis publié par Fander linden; outre les additions & les cor-
rechons qu'il cbtrchoit à y faire, il vouloir y joindre les jugcmensque les Savan»
ont portés fur les Ouvrages repris dans le lîecueil de ce Bibliographe. Il s'oc-
cupa encore de la Chronologie des Médecins & de l'Hilîoire de ceux qui fe
font diftingués cLez les Orientaux. On a trouvé là deflus des Mémoires dans fa
Bibliothèque.
VELSIUS ou WELSENS, f Jean- Guillaume ) Médecin & Mathématicien
natif de Léwsrde cr. Frife , a écrit des obfervations aftronomiques & géométriques ,
ainfi que des Centuries de ceux qui fe font fait mourir, ou qui ont péris par les
mains de la juftice. Pitoyable matière pour en tirer le fujet d'un Livre! 1) doit
faire gémir l'humanité, puifqie d'une part, on n'y trouve que des traits de folie
ou de deielpoir , & de l'autre , tous les crimes qui ont été punis du dernier, fup-
plice. Fofpeas u parlé de ce Médecin, mais il n'a rien dit du tems auquel il a vécu.
VELSIUS ou WELSENS ( Jofië J vint au monde à La Haye au commence-
ment du XVI fiecle. Après avoir achevé fon cours de Ihiloibphie à Louvain, U
ne fut trop quel parti prendre; la Médecine, la Théologie. les Belles-Lettres,
furent tour à-tour les objets de fes études, La Médecine par* ît cependant l'avoir
fixé davantage , puifqu'il en prit le bonnet de Doékur dans les Ecoles de la Fa-
culté de Louvain en 1541. Mais quatre on cinq ans après , il abandonna cette
ville par la crainte de i'inquilition , & fe retira à Strasbourg , où les Protelians
vivoient en sûreté; il évita néanmoins de fe déclarer ouvertement de leur parti.
En V551 , il fe rendit à Ma'-purg où il enleigna publiquement pendant quelques
mois. Apparemment qu'il s'y fit de la réputation, puH'que Pierre Ni^idius , Redeur
du Collège des Humanités de cette ville, a ainfi parle de lui dans ces Vers rap-
portés par Freher:
494 V E L
Felfîus hue venîens , paucos tantummodà menfes
In. nojîra cœpit rite dncere fcholâ.
Cur verà rurfus fuhito difcejjerit idem ,
Akfcio ; nec quonùm vene.ru ipfe fcio.
Eximius fané vir hic exjiuit ; atque Galenif
Slcut & Hippncraiis , noverat ille libros,
JjCgit AriftoteLim , monument aque dia Platonis .
Excdlens McdiCUi , vir polyhijlor eraK
Quin etiam jujjk Grtsch conjcripia libellis
Jlomand pariter more Latina l .qui.
Jn Tabnlam fcripfit Thebani muUa Cebetis ,
Magnificâ ptenos utditaie libros :
Z)ignus , ob e^regias igiiur , quas noverat^ artes ^
Matnufalamteos aquiparare dics.
On voit , par ces Vers , que Nigldius n'a pas fu que Fdfius^ après avoir quitté bruf-
«quement Marpurg , étoit paffé à Cologne, Les Magiftrats de cette dernière ville lui
accordèrent d'autant plus volontiers une Chaire de l'hilolophle , qu'ils s'imaginèrent
que ce Médecin n'avoit quitté Strasbourg que pour caule de religion. Mais fes
mauvais ientimens, par rapport à l'Eglile Catholique, ayant bientôt trantpiré,
rUniverlité de Cologne condamna un de fes Ouvrages & le qualifia de hbelle
diffamatoire , féditieux & hérétique ; lui-môme fut emprilbnné & enfin chaflé du
territoire de cette ville.
Après cette démarche, ce Médecin ne fit plus qu'errer d'un endroit à un autre-
Vers la fin de fes jours , il repaifa en Hollande , où il le mit à dogmatiier & pré-
tendit prouver la million parues miracles; mais la Régence de Leyde le bannit
de fa Jurifdiclion. Il écrivit alors contre ces Magiftrats pour fe venger de l'atiront
qu'il en avoit reçu , & il alla finir ailleurs une vie qu'il avoir rendue miferable par
ies rêveries , Ion obftination & fes erreurs.
On a dit que F'djius a excellé dans lu 'Botanique & la Médecine , mais il ne
refte aucune preuve de fon habileté dans ces Sciences , à l'exception du vo-
lume fuivant qui traite de différentes matières qui ont rapport à la ieconde.
Oratio , utrum in Medico variarum Ariium ac Scienciarum cognitio dejlderetur. Hip-
jjocratis de injbmniis Liber ,' & Galeni de ea , qa<e ex infomniis habetur , affe&uum
d.gnodone Tractatui à fe converjî. f^aria infuper leciio ^phnrifmi quinti Hippocraiis , &
GaUni ad eumdem Commentariui. Bafilets^ 1540 î ï543> '''-4- -^ntverpite, 1541 , i« 8*
VELTHUISEN , C Lambert j) favant Ecrivain du XVII fiecle , était d'Utrecht
où il naquit en i6aa. Apre* de bonnes études d'Humanités & de Phiofophie , il
ie fit recevoir Dodteur en Médecine, mais il n'exerça jamais cette prnfelîion. Em-
porté par Ibn goût, il s'appliqua davantage à la 'l'héologie & à la PhiUjîopV.ie; &
comme il étoit zélé partifan de Defcanes ^ il en défendit les opinions contre /^od-t/w,
avec toute la chaleur que les gens de Lettres ne manquent guère de mettre dan«
ifis démêlés foutenus par l'efprit de parti.
V E N 495
Vdihulfcn entra dans la Magiftrature d'Utrecht, & il en remplit les fon<ftions
pentliiit pluficurs années; mais ies ennemis ayant trouvé moyen de le dépofleder
de cette charge , il vécut dans la retraite jufqu'à fa mort arrivée en 16B5 , à l'âge
de 63 ans. Ses Ouvrages ont paru en 1680 à Roterdam , deux volumes ir.'^ ; le fé-
cond renferme pluficurs Traités de Philofophie , d'Aftronomie , de Phyfique & de
Médecine. Parmi ceux-ci, on remarque:
Tra&jtus Phyjico-Mcdlci duo , unus de L'.ene , alter de generatione. Ils avoient déjà.
été imprimés à Utrecht en 1657 & en 1675, in-12.
VENEL , C Gabriel-François ) de Pézenas, petite ville du Languedoc, enfei-
gna ia Médecine dans les Ecoles de l'Univerfité de Montpellier & fut nommé Inf-
pefteur général des Eaux minérales de France. Né dans une famille toute occu-
pée de l'Art de guérir , il fentit le môme goût, le même penchant , & ne douta
prefque pas qu'il lui étoit poffible de fe faire un jour plus de réputation que fes
pères. Jeja-françois I^encl , fon aïeul, s'ctoit diRingué par une étude fuivie, par
des connoiliances profondes & par une pratique longue & heureufe. Comme il
aimoit les voyages , il proHta de l'occafion qu'il eut de fe fàtisfaire. Médecin ,
compagnon & ami de M. d*Andrezel, Ambafiadeur à la Porte , il parcourut,
avec lui ou fous fes aufpiccs , tout l'Empire Ottoman , & s'occupa de la colleflioQ
des plantes utiles aux Arts & à la Médecine. C'eft à fa patrie qu'il vint enfuite
confacrer le fruit de fes couries & de fes travaux; il lui donna fes foins juf-
qu'à l'âge de quatre-vingt-quatre ans; & avant de terminer cette longue carrière,
il vit fes leçons & Ion exemple fruflifier dans fa famille , il fat même le témoin des
prémices qui annonçoient la gloire de la féconde génération.
Etienne f^enel ^ père de Gabriel & à'^ndré^joj^ph , eut la confolation de les voir
l'un & l'autre honorer leur protellion & fervir leur pays. Son ame forte dans un
corps fain réiiftoit encore aux efforts du tems en 1777. Déjà plus qu'oéiogénaire ,
il n'avoit point interrompu le cours d'une pratique utile & nombreufe.
Celui, dont je parle , ne tarda pas à faire connoître fes difpofitions pour les
Sciences & fon penchant pour la Médecine. 11 fut envoyé à Montpellier , oîi.
il fe voua à l'étude avec une application toujours foutenue, & obtint le grade de
Bachelier en Avril 1741. Sa Thcfe eft intitulée: Dijfcrtado de humorum r.rajfnudi-
ne , ubi de incidentibus & attenuantibus ^ cum theoria & curatione objlrucîlonum in gé-
nère. Quoiqu'il fut à peine âgé de dix-huit ans , il y ofa lutter contre l'enfeigne-
ment de fes Maîtres ; il puifa , dans les recueils les plus facrés , dans les Ecrits des
plus fages praticiens, dans les Mémoires des Académies , des principes lumineux.
& des faits intérefl'ans ; il exerça une critique fage fur l'abus des purgatifs- ; il ré-
duilit à leur jufte valeur les vertus trop préconilées de certains médicamens ; iL
diltmgua , avec Baglivi , la nature du climat dans lequel il écrivoit , pour préve-
nir les inconvéniens des préceptes trop fouvent géneralifés. Au travers de la mar-
che compaifée de l'écolier foumis, on remarqua l'eflor que prenoit fon gér/ie aclif
& indépendant ; il étonna fes Maîtres par fes progrès , fes écarts & fa péné»
tration.
Après avoir fubi , avec la même diflini^ion , les autres examens , il reçut le-
■bonnet de Dod^eur, quitta les Ecoles, & alla s'inllruirc au lit des malades, Soa
4<)5 V E N
imagination inquiète & fouvent trompée cherchoit un livre conforme à la Nature ,
où elle fût peinte avec, des couleurs vraies & fous une forme qui la fît coonoître./f'i'-
pocrate s'oftrit à les délits , & lui donna l'occafion d'admirer l'inconféquence des
hommes , & le contrafte toujours rcnaiffant entre la Théorie & la Pratique, entre les
paroles & les faits. La leflure des Ouvrages da Pore de la Médecine lui fitfeo-
tir l'abfurdité & l^nutilité de toutes ces claffifications méthodiques de maladies; le
vice & le peu de fondement de tous les fyftêmes que la Phyfique corpufculaire »
la Méchanique , la Chymie avoient introduits dans cette Science. Il fe convainquit
qu'il n'y avoit qu'une voie & une voie néceflaire pour fe former des principes sûrs
en Médecine; il eut recours à l'obfervatioa de la Nature, elle qui ouvre un champ
li vafte aux travaux des Médecins. Mais trop fervilement attaché à l'obfcrvation ,
ycacl n'eftima point affez la raifon qui en éclaire les réfultats; à fes yeux, la Bo-
tanique & l'Hiftolre naturelle parurent de* Sciences de mots , dont la principale par-
tie conlifie en nomenclatures plus propres à enrichir la mémoire qu'à étayer l'ob-
fervation. 11 jugea prefque auffi féverement l'Anatomie, & n'en crut véritablement
utiles que les détails qui roulent fur la difpofition des organes elfentiels , des prin-
cipaux troncs vafculeux & nerveux, il apprécia mieux les Théories de foa tems ;
il condamnoit hautement tous les fyftêmes qui ne peignoient pas l'homme tel qu'il
eft dans l'état de vie & de liante.
Son efprit avide de connoifTances avoit en horreur le vuide affreux dans lequel
iine forte de pyrrhonilme le faifoit languir; il fentit tout le befoin de chercher ail-
leurs les lumières qui Iqi manquoient , & il crut ne les rencontrer que dans la
Capitale du Royaume. Il fe rendit donc à Paris , & s'attacha fur tout à l'Hôpi-
tal de la Charité , où il fuivit & conftata la marche de la Nature dans le cours
des maladies. Mais, foit goût naturel, foit difpofition d'un efprit qui n'eft fatisfait
que par les Sciences démontrées, foit preffentiment des avantages de la Chymie
& de Ion influence fur la Médecine , f^^enel fe livra à cette étude avec ce pen-
chant qui en allure le fuccès , quand il eft fécondé par le génie. Il fut le difci-
pie du célèbre Roudh ^ bientôt fon ami, & devint enfin !e rival fans ccfler d'être
l'admirateur reconnoiffant de fon Maître- Comme il marthoit à grands pas dans la
carrière brillante où il étoit entré , fon mérite connu lui prépara une place auflli glo-
rieuie à fes talées que favorable à leur exercice. M. le Duc d'Orléans l'alla cher-
cher dans l'obfcurité de fon cabinet , pour le placer à la tête de ("on Laboratoire
& lui en confier le loin & la diredion : à la mort de ce Prince , fon fils fe l'atta-
cha par le don qu'il lui fit d'une place de Ion Médecin; & bientôt après , le Chan-
celier de France le chartjea de la cenfure des Livres de Chymie. Les lumières &
la façon de penfer de yuid\u\ procurèrent enfuite la connnidiince des Savans qui.
formèrent le projet de l'Encyclopédie; il ne tarda pas à êire adbcié à leur travail;
il fut même chargé de toute la paitie chymique de ce Dictionnaire.
Le defir public & le jugement des Savans qui appelloient notre Médecin à l'a.
nalyfe générale des Eaux minérales du Royaume, fut enfin cor firme par le Gou-
vernement en i^SPv II fe voua tout entier à ce travail pénible & fatisfaifant ,
dont il s'acquitta en Médecin oblervafur & en Chymifle éclairé: M. J?(ïj'en , Artifte
célèbre, fut chargé du manuel des opérations. Fenel continua, ians interruption
)es courfei qu'exigeoit le grand ouvrage fur les Eaux minérales, jufqu'en 1756 |
alof$
^^ E N 49?
alors & pendant quelques années , les fonds deftinés â cette dépenre furent détour-
nés par la guerre qui ravsgeoit l'Europe ; mais pour n'être point inutile dans les
momcns de loifir que lui laiflbit le repos , il s'emprefla de communiquer fes lumiè-
res à la Société Royale des Sciences de Montpellier qui ne tarda point à fe l'af-
focier. Le 23 Novembre 1758, il lui préfenta un Mémoire fur la manière de fépa-
rer l'acide nitreux de fa bafe , par le moyen du foufFre, & de rendre le fouffre
mou & flexible comme du cuir; & il fut aggrégé à cette Compagnie favante le 50
Novembre fuivant. En 1762 , il tâcha de faire fentir l'utilité des Sciences , relative-
ment aux Arts , & fur«tout les avantages qu'on doit fe promettre de l'applica-
tion de la Chymie à l'agriculture. Quelques années après , il lut une DiBertstion
fur ]|i couleur verte des plantes, dont il trouve les principes dans le fer. Son der-
nier Ouvrage académique a pour objet les effets de la fumée du tabac.
Rendu à lui-même , il alla puifer les douceurs de la vie domeftique dans le fein
d'une famille chérie, auprès d'un perc chargé de mérite & d'années, d'une fœur
tendre, d'un frère digne d'être fon ami. Après avoir pafle la belle faifon à vifiter
Jes fontaines minérales , il tcrminoit fes courfes dans la maifon paternelle ; & là ,
dans un laboratoire qu'il y avoit établi , il examinoit à loiGr les réfidus des expé-
riences qu'il avoit faites fur les lieux. Oracle de tout ce canton , il ne profita ja-
mais de fa réputation que pour être plus utile aux malheureux ; il fut toujours leur
reflburce , leur refuge & leur confeil ,• il fe plaifoit à exercer fur eux cette Méde-
cine émule de la Nature , économe de remèdes , qui fait les plus grands effets avec
le moins de moyens. La fatisfadion d'avoir fait du bien étoit la feule récompenfe
qu'il defiroit ; fouvent même il joignoit à fes foins des fecours fans lefquels ils eut-
fent été inutiles. C'étoit comme moyen d'obliger , ou comme échange des plaiGrs ,
qne l'argent lui paroUfoit précieux & defirable," il étoit auffi éloigné de penfer à
î'accumuler , que de l'employer à un luxe perfonnel. Il pouffoit la négligence dans
les habillemens jufqu'à l'excès ; mais , bien plus fimple encore dans fes mœurs,
dans fes manières , dans fes prétentions , il faifoit les délices en même tems que
l'ornement de la fociété.
Dès l'an 1758, on lui propofa une Chaire qui vaquoit dans les Ecoles de la
Faculté de Médecine de Montpellier ; mais on exigea de lui qu'il fubît les forma-
lités d'une difpute. Ceux qui oferent entrer en lice avec lui n'ignoroient , ni le mé-
rite de leur adverfaire , ni fa nomination anticipée ; mais ils fjrent décidés par
l'honneur d'un tel com-bat & par l'efpoir de quelques circonftances favorables que
l'événement réalifa. La Cour defira que la Chymie fût le principal objet des quef-
tions qui dévoient être agitées , moins parce que cette matière , plus familière à
notre Médecin, étoit plus propre à faire briller fes talens, que par la railon que
cette partie de l'Art étoit trop peu connue à Montpellier , malgré rétablidèment
très-ancien d'une Chaire particulière & des leçons annuellement faites avec beau-
coup de régularité, f^end l'emporta fur fes concurrens , & ne tarda point à fe
livrer à l'initru£ïion , avec tout le zèle & l'aé^ivité que demandoit la place qu'oa
lui avoit confiée.
Partifan déclaré à'Hip^ocrate , & attaché à Stahl qu'il avoit adopté pour foc
maître en Chymie comme en Pratique , il en répandoit avec ardeur les principes
& la méthode , loriqu'il fut invité à continuer fon travail fur les Eaux minérale*^
T 0 M E JK Rrr
498 V E N
Il fe remit en route en 1773. L'acnée fuiv ante le rappella au même ouvrage ; ii
étoit prôt à le terminer par IVxamen des lources de l'Allace, de !a Franche Com-
té; il le propolbit encore de pafler jufqu'à Aix-la-Chapelle: mais un ulcère à la
jambe le retint quelque tems dans l'inaaion. Las de ce repos forcé, il le brave,*
il gagne le Pont-Saint-Efprît où fa voiture fe Irie; il arrive à MontelimHr p'eia
du defir d'examiner les Eaux minérales de cette contrée du Dauphiné : il ne jetta
cependant fur elles qu'un coup d'oeil rapide , parce que fa mauvaife fanté & quel-
ques circonflances défagréables accélérèrent Ton retour à Montpellier. Les devoirs
de fa charge de Profelièur le privèrent du repos dont il avoit un beloin réel ;
les Etats de la Province de Languedoc le furchargerent même par un nouveau
travail fur la nature , les qualités , les propriétés & les ufages de la houille ou
charbon de terre.
Après avoir terminé cet Ouvrage important & avoir fourni fa carrière profciïb-
rale, i! alla fe délaffer à la cam.pagne , ou plutôt s'occuper du foin de fkiir fon
Traité des Eaux minérales. Ce travail étoit pour lui une vraie fatisfaétion ; il y
mettoit la dernière main , lorfqu'il s'apperçut du développement de la maladie dont
l'iflùe devoit être fi funefte. Il en fentit les atteintes au mois de Juin !776, & fe
détermina, au mois de Septembre fui vant, à fe faire transporter à Montpellier ; mais
les foins officieux de fes confrères ne purent réuflir à arrêter le cours d'un mal ; u-
tant rebutant qu'il fut long. Les ulcères des extrémités inférieures entretenus pc ^a
dégénération fcorbutique des humeurs, emportèrent F'enel en I777 , à l'âge de 54
ans. Sa mort excita à Montpellier un deuil univerfel ; elle répandit la douleur &
3a confternaiion dans tous les cœurs.
Je dois les meilleures chofes, que j'ai fait entrer dans cet Article , à l'Auteur de
VEloge Hijîorique de. M. Fmd , imprimé à Grenoble en 1777 , in-S. En attendant
que le même Auteur publie le précis des Ouvrages de ce Médecin, qu'il a promis,
je joins ici la notice de ceux qui font venus à ma connoiflance :
Examen des nouvelles Eaux minérales de Pajfy , conjointement avec M. Baycn.
Paris , 1755 , in-8.
uinalyfe chymique des Eaux de Pajfy ^ avec M. Bayen, Paris , 1757 , fn-ia.
Quajîiones Chymios Xli pro cathedra raconte per obitum D. Serane. Mon/pslii ,
1759, /n-4.
Hygiènes pro/peffum & prolegomena Jifiens DîJJertatiuncuîa. Ibidem , 1762 , in-4.
Jnjlruc/ioas fur Fufage de la Houille , plus connue fous le nom impropre de Charbon de
terre , pour faire du feu ; fur la manière de l'adapter à toute forte de feux , & fur les
avantages ^ tant publics que privés ^ qui réfulterom de cet ufage. Publiées par ordre dm
Etats de la Province de Languedoc. Avec figures. Avignon , 1775 , in 8 , de 543
pages , compris la Table, & de 12 pour le Difcours préliminaire. L'Auteur détruit
les préjugés établis au fujet de la houille , & prouve qu'elle peut, en tout & par.
tout, dans les maifons & dans les atteliers , dans tous les ufages économiques , &
domefiiques, fuppléer au bois, fans qu'il en réfulte aucun inconvénient pour la {an-
té , aucune altération pour le produit des arts.
Mémoire fur Vanalyfe des Eaux de Selter ou de Selti. On le trouve parmi les
Mémoires de Mathématique & de Phyfique préfentés à l'Acadcmie des Sciences^^
Xome II j page 53 & 80.
V E N V E R 499
^quarutn GuU'us mtneraUum ^nalyfls. Manufcrit de fa Bibliothèque en deux vo-
lumes in-^. Cet Ouvrage eft le fruit de fes recherches & de fes longues courfes.
ylnalyfe de deux fontaines minérales de Gabian , «fans le Diocefe de Béliers. Autre
Manufcrit de fa Bibliothèque.
VENETTE, Ç Nicolas ) Doaeur en Médecine & ProfelTeur Royal d'Anaîo-
mie & de Chirurgie à la Rochelle, fe fit affez de réputation vers la fin du XVII
fiecle. Les Ouvrages qu'il a mis au jour, ont beaucoup contribué à le faire con-
noître. Celui qui fit le plus de bruit , parut foos le titre de Tableau de V amour con-
jugal ; c'eft un vrai Roman qui eft rempli d'hiftoires indécentes , plus propres
à corrompre la jeunefle qu'à l'inftruire. Il fut cependant imprimé pluQeurs fois , d'a-
bord fous le nom de Salonici , Vénitien , Amfterdam , 1688 , ia-ii , & enfin fous
le propre nom de l'Auteur. Une des dernières éditions eft celle de Londres
C Paris ) 1751, deux volumes in-ii. Les antres Ouvrages de iTenette lui ont fait
plus d'honneur. Tels font:
Traité du Scorbut. La Rochelle , 1671 , *a-l2.
Obfervations fur les eaux minérales de la Rouillafle en Salntonge , avec une Dlffer-
taîion fur l'eau commune. La Rochelle , 1682 , in-8.
Traité des pierres qui s'engendrera dans les terres & dans les animaux , où Von parle
dci caufes qui les forment dans les hommes , de la méthode de les prévenir & des abus qu'on
commet pour s\n garantir & les chajfer hors du corps. Amfterdam, 170 1 , fa- 12 , avec
figures. On y trouve d'aflez bonnes obfervations, mais la théorie de l'Auteur, fur la
formation des pierres, eft bien ridicule.
VENNER CTobieJ naquit vers l'an 1577 à Pétherton, près de Bridgewater
dans le Duché de Sommerfet en Angleterre. Il étudia la Philofophie & la Mé-
decine à Oxford , & après y avoir reçu les honneurs du Dodorat en cette der-
nière Science , il s'y arrêta encore pour fe former à la pratique. Mais il quitta
cette ville en 1624 , & il alla exercer faprofeffion, d'abord à Bridgewater, & en-
fuite à Bath. Sa probité, fa politefle , les fuccès de fes cures, lui méritèrent une
eftime générale dans l'un & l'autre de ces endroits , & il en jouit jufqu'à fa mort
arrivée le 29 Mars 1660. Ce Médecin n'a rien écrit qu'en Anglois. Ses principaux
Ouvrages font un Traité fur les moyens de vivre long-tems & une Differtatioa
Philofophique fur le régime le plus convenable à l'entretien de la fanté.
VENUSTI , ( Antoine-Marie J noble Milanois , prit le bonnet de Dodieur en
Médecine à Bologne après le milieu du XVI fiecle, & fit fa profeffion à Triefte ,
où il étoit en réputation vers l'an 1570. On a de lui:
Dlfcorfo générale intorno alla generatione , al nafcimento degu huomlnî. Venife ,
1562, m-8.
Confilia Medlca , in quihus vera quidam confultandl methodus proponitur , multi morbi
cum fuis caujîs &Jïgnis conjîderantur , multa arduts quafliones Médias pertra&aruur. Ve-
nstiis f 1571, /n-4. Francofuni , 1605, 1/1-4.
VERCELLONI ,( Jacques:,) Médecin Piémontois , étoit de Biella , petite ville,
capitale du Beilefe , où il vint au monde le 25 Mars 1676. Il fit fon cours de Phi-
Soe VER
lofophie â Turin , & fe rendit enfiaite à Pavie pour y étudier les Mathématiques. Les
ibccès que lui méritèrent les premiers pas qu'il fit dans la carrière des Sciences , ne
laiiferent aucun doute iur ceux qu'il pouvoit obtenir encore , en continuant de s'ap*
pliquer ; mais comme fa fanté étoit foible & chancelante , on ne favoit trop fi le
parti des Lettres étoit celui qui lui convenoit mieux, f^ercdloni , qui le préféroit
à tout autre, détermina Ton oncle à appuyer fes fentimens de toute l'autorité que
lui donnoit la confiance de fa famille ; on confentit enfin à lui faire étudier la Méde-
cine , dans l'elperance que travaillant à conferver la fanté des autres , il trouveroit
le moyen d'affermir la Cenne. 11 paflk donc à Montpellier, oii il cultiva tour-à«
tour les différentes parties de l'Art; il n'y arriva cependant point comme un éco.
lier tout neuf, à qui les inftruftions de fes Maîtres paroiflènt fi admirables, qu'il
o'a rien de plus preffant que d'en adopter aveuglément toutes les maximes. Fercd-
loai avoit déjà fait tant de progrès & il étoit fi bien initié dans la doftrine â'Hip-
pncrdte & de Galkn , qu'il ne put goûter les leçons théoriques de Pierre Chirac qui
fuivoit en tout les fyftômies de Defcaries & de Sy,lvius, Mais pour plaire à ce Profefieur ,
il dut faire la grimace d'oublier les bons principes de l'Ecole Grecque & d'adopter
fes fentimens , quoiqu'ils lui paruflent imaginés par un elprit plus brillant que fo-
lide. S'étant rendu à Rome en 1699, il y eut l'avantage de profiter des entretiens
de Bagiivi fa de Lanciji , qui lui firent fentir , plus que jamais , le faux du fyftê*
me de Chirac. Il fit à Rome quantité d'obfervations fur les caufes , les fignes &
le traitement des maladies , & ce fut à la place de Médecin afiiftant de l'Hôpital
des Incurables qu'il dut l'aifance & l'occafion de les multiplier à fon gré. 11 revint
enfuite dans fon pays , où il exerça à Afti avec tant de réputation , qu'il fut nonamé
premier Médecin de cette ville le ao Janvier 1724.
P^ercelloni a publié quelques Ouvrages , dans lefquels il n'a point fuivi les prin-
cipes qu'il avoit reçus des^ célèbres Praticiens de Rome , Bagiivi & Lanciji. Dès
qu'il le mit à écrire, il donna un libre efibr à fon imagination, & fuivit l'exem-
ple de fes contemporains , qui n'ont que trop Ibuvent préféré le bri'lant des lyftô-
mes à la Qmplicité fous laquelle la vérité aime i fe montrer. C'eft dans ce goûl
que notre Médecin a ccmpofé les Traités fuivans :
De glaadulis œfophagi conglomeratis , humore verô dlgefîlvô & vermibus , Dijjirtatlo
jinaxomico-Midica. ^fia , ifii , î/1-4. Il n'avoit que 25 ans, lorfqu'il écrivit cette
Diflertation qu'il fe difpofoit t mettre au jour ; mais docile aux confeils de Barthé'
Umi Torini & de Jean FanwrJ , il prit du tems pour réîléchir Jfur les matières qu'il
y avoit difcutées. Il n'a rien changé au fujet des vers, car il fe fait illufion juf-
qu'à ne voir que ces animaux dans les glandes de l'œfopbage & de la trachée.
De pudendorum morbis & Lue venereâ Tarabiblioiu Ibidem, 1716, in-4. Lugdunl ffa»
tavoTum , If 22, itt-8. Comme il y a plus de mauvais que de bon dans cet Ouvra-
ge , il n« méritoit guère la peine que Devaux s'eft donnée de le mettre en Fraa-
çois. La traduftion de ce Chirurgien fut publiée à Paris en 1730, ia-ia.
VERDIER fCéfar ) naquit à Morieres près d'Avignon le 24 Juin 1685. Aprèt
avoir fait de bonnes Humanités dans cette ville, il fut deftiné à la Chirurgie,
& les Ecoles de Montpellier , qui étoient à fa portée , jouiCTant alors de la plu»
gracde répuutioo * il ne balança pas à s'y rendre pour faire^ les cours. NiJ[QU ,,
VER 30Ï
Chirurgien qui occupoit la place de Démonftrateur Royal d'Anatotnie dans les Eco-
les lie la Faculté, tut le Maître à qui il s'attacha davantage; il en devint même
Ve penfionnaire , afin de pouvoir en fuivre plus exadement les leçons tant pu-
bliques que particulières, il y joignit celles de M. de La Peyronic qui , dès l'an
1703, commençoit à être connu, & donnoit déjà des elpérances de ce qu'il de-
voit être un jour.
Le goût décidé que f^erdier avoit pour l'Anatomie & les progrès qu'il y avoit
faits, le portèrent à croire qu'il pourroit déployer avantageuTement fes talens dans
la capitale du Royaume. Il vint à Paris, où le Jardin Royal attira toute Ion at-
tention. Dans ce tems là, c'étoit eft'edtivement l'Ecole la plus brillante. Deux
hommes uniques, l'un Profeffeur, l'autre Démonftrateur pour l'Anatomie & la ChL
lurgie, fembloient Te diiputer une lupériorité que les connoifleurs n'ont pu fans
injuftice accorder plutôt à l'un qu'à l'autre, car chacun montroit des talens émi'
nens dans ion genre.
Du Vcrney joignoit la facilité du langage à fes profondes connoifFances en
Anatomie, fur lelquelles il n'avoit rencontré de rival redoutable que Mery, & il
féduifolt autant fes auditeur» par la vivacité du débit, que par fes préparations re-
cherchées ; mais )ur la Chirurgie, il n'avoit que la Théorie pour lui. Arnaud^ ajoute
M. Muraad que je fuis dans la première partie de fes Opufcales , ne fe prélemoit
point avec l'appareil pompeux du ProtetFeur; mais , Démonftrateur exaft en Ana«
tomie , il donnoit le ton far les matières de Chirurgie , & parloir en Maître égale-
ment éclairé par la plus faine judiciaire & la plus grande pratique.
C'eft à-peu-près dans le même tems que f*erà, connu par fa fcience en Ana-
tomie , en tenoit école chez lui ; il y attira F'crdUr pour partager fes travaux &
lui confia le foin de Ion Amphiihéatre. L-a vie ailée que cet habile Chirurgien
fe fit un plaiOr de lui procurer, fi le produit de fes leçons, le mirent en état
de le pré'énter à la Communauté de Saint Côœe, où il fut reçu Maître en 1724-
L'année fuivante , il fut nommé parle Roi, fur la préfentation de M. Marefchal
fon premier Chirurgien , Démonftrp.teiir Royal pour l'Anatomie aux Ecoles de fa
Communauté. C'e('-là où il montra la plus grande fagacité pour enfeigner tout ce
qui concerne la ftrudïure du corps humain. Une expofition claire de fes parties ^
de leur ûiuation rsaturelle, de leur rapport, de leurs fondions, étoit fuivie d'une
démonftration prélentée de toutes fortes de manières. Préparations fraîches & feches,
injections, pièces confervées dans l'efprit de •win , morceaux d'Anatomie comparée,
coupes finguiieres , dellins, planches colorées, il n'y avoit pas de moyens que
T^erdier n'employât pour inculquer fes propre? connoilfances. On le voyoit arriver
à l'Amphithéâtre avec une efpece de magnificence, & une profulion de pièces
d'autant plus utiles aux Etudians , que ce qui échappoit à leur intelligence fous
une forme , étoit faifi fous une autre ; & fi la nature lui donna une volubilité dans
la parole qui l'empêcha quelquefois d'être fuivi. Ion cœur favcit y fuppléer par
une patience à toute épreuve vis-à-vis des élevés même indifcrets. II en étoit
le père autant que le Maître ; & fi ceux qu'il a fecourus dans leur indigence
publioient leurs noms , la lifte auffi nombreule qu'édifi.mte auroit de quoi éton-
ner: mais Ferdier aimoii à obliger pour fatisfaire fon inciioatioa , ûi il y mettoife
îa coQditioQ de foublL
5oa VER
Indépendamment Je fes leçons publiques , un prodigieux nombre d'écoliers Te
rendoit chez lui où il donnoit des leçons privées, & c'eft pour eux qu'il publia
un Abrégé- d'u^natomle qui eft plein de notions claires , exades , précifes , de
toutes les parties de cette Science indifpenfabiement nécefTaires au Chirurgien, C'eft
fur cet Ouvrage que s'eft formée une multitude de jeunes élevés qui fe font ré-
pandus dans les Provinces , après avoir fuivi les leçons de ce grand Maître. Il y
a eu jufqu'à neuf éditions Françoifes de Vjibrégé tT^naiomU.- Paris, if'^S , in.^12 ,
1729, 173g, Î754, if59, 1761, deux volumes in-ii. Bruxelles, 1752, in 8,
1^65, deux volumes in-U. Paris, 1768, deux volumes ÎB-ia , avec les corrections
& augmentations de M. Sabatkr , Chirurgien dont tout le monde connoît le mé-
rite & le favoir. Il y a encore une édition en Allemand, Hambourg, 1744, //1-8,
& une en Angloi.5 par Ingram^ Londres, 1750, même format. Cet Abrégé eft un
bon extrait de l'expofition Anatomique de M. ff^inflow, auquel F'zrdler a ajouté
quelques réflexions Chirurgicales, dans le goût de l'Ouvrage de Pzlfin,
En 1731, le Roi ayant permis î'établifièmeiit d'une Société Académique , deve-
nue depuis l'Académie Royale de Chirurgie , Merdier fut admis dans îa première
clalTe des Membres dont elle fut compofée, & il fe faifoit un devoir efTentiel d'en
luivre les aCTemblées. Le fécond & le troifieme Tomes des Mémoires de cette Aca-
démie renferment trois pièces de fa façon; des recherches fur les hernies de la
veffie , qui pafTeront toujours pour un chef-d'œuvre , ainfi que la planche qu'il y
a jointe; des obfervations lur une plaie au bas-ventre & fur une autre à la gorge.
Après la mort de M. Petite fon ancien Maître , l'Académie Royale des Sciences
defira de le voir remplacé par f^erdier ^ & M. Morand fut chargé de lui en par-
ler ; mais il fe refufa conflaromerit à fes folHcitatfons par un motif de modeftie fi
rarement compagne des talens fupérieurs. D'ailleurs, il étoit d'un âge avancé &
méditoit férieufement fa retraite. EfFedivement , après avoir çnfeigné l'Anatomie
dans les Ecoles de Saint Côraa pendant vingt-cinq ans, & en particulier, pen-
dant cinquante , il abdiqua fa place ^e Démonftrateur & Profeflèur Royal en fa-
veur de M. Sue , fon élevé , homme fi digne de lui fuccéder en tons points.
FcrdicT forma alors le projet de partager fon tems entre fes devoirs de reli-
gion, la ledîure & un commerce focial foutenu par d'anciennes liaifons. Jufte ap-
préciateur du mérite , il favoit mettre chacun à fa place. Plein de probité & de
politede , il cherchoit par fes égards à ne déplaire à perfonne. 11 proconçoit vo-
lontiers ce mot , qui étoit comme fa devife , ^"hni de tout le monde ; mais on doit
avouer que cette amitié générale l'empêchoit quelquefois de prendre le parti de
les amis particuliers. Du refte, comme il faifoit plus de cas des qualités du cœur
que des talens de l'elprit, il ne pouvoit fouffrir les traits de l'envie, & encore
moins ceux de la fatyre.
Cet homme vertueux, s'étant fait un état heureux '& tranquille par la Hniplicité .
de fa conduite, jouiffoit paifiblement , dans le célibat, de la moifibn qu'il s'étoit
préparée dans fon jeune ftge par des tfvivaux Port durs , lorfqu'il fut attaqué d'un
catarrhe fuRoquant qui le mit au tombeau en peu de jours , le ig Mars 1759 ,
âgé de foixante-quatorze ans. Il emporta les regrets des Maîtres qui jouiBbient
avec lui de la fociété la plus douce , des élevés qui avoiant en lui l'homme le plus
2élé ûj le plus ardent pour leur inflruftion, enfinl de tous les gens de bien qui
VER 503
favoient d'autant plus admiré , qu'il leur étoit une preuve que la Science n'eft
point incompatible avec les mœurs aufleres & la pieté la plus éminente ; qaa'iîés
dout les Philolbphes de notre tems font peu de cas , parce qu'ils les croiroient vo-
lontiers propres à nuire à leur réputation.
Outre V Abrégé iT Anatomle ^ on attribue à Ferdier un Traité de Phlébotomie ^ In- 12^
que Martin a revu & corrigé. On dit encore qu'il a fait des notes fur V Abrégé di V An
ia Accouchirmns corapofé psr Madame Buurjîcr du Coudray ou Loulfe Bourgeois , Sage-
fèmme de Marie de Médicis, Reine de France. Cet Ouvrage qui £.voit été imprimé
à Paris en 1609, in-ii-, a reparu avec ces notes en if59 , fous le même formct.
VERDIER, rJean ) Confeiller Médecin ordinaire du feu Uoi de Pologne ,
Avocat en Parlement, naquit le 25 Avril 1735 à la Fertc. Bernard au Maine. îl
fit imprimer à Paris en 1763, fn-ia, un EJfai far la Jur if prudence de la Médecine en.
France. Sa double qualité d'Avocat & de Médecin fit bien augurer de l'Ouvrage,
dont cet Eflai préfeotoit le Profpcêlus. Eo efi'et, M. F'erdler donna d'abord ]a Jurif-
prudence particulière delà Médecine, qui fut publiée à Paris en la m*me année 1763,
deux vol. i«-i2;elle fut fuivie de ]?i Jurifprudence particulière delà Chirurgie en France ,
Paris , 1764, deux vol. i/i-12 : mais on n'a rien vu paroître de ce que l'Auteur avoit
promis fur la Jurifprudence particulière de la Médecine & de la Pharmacie. 1! s'ulî ap-
pliqué à un tout autre genre d'étude ; &: après avoir lorg-tems réfiécbi lur la manière
de penle? des Anciens, qui regardoient l'éducation pb yfique , comme la bafe de fes autres
parties, il eft parvenu à prouver que cous n'auroBs jamais d'éducation, à moins que
le Médecin ne devienne mftituteur , ou que Finftituteur ne devienne Pbyfiologifte.
Cette propofition paliera pour ud paradoxe chez bien des gens. ; mais elle ceiîëra de
l'être , fi l'on fe donne la peine de fuivre l'Auteur dans le développement pra-
tique qu'il en donne dans POuvrage qu'il vient de mettre au jour, fous ce titre ;
Cours d'éducation à Vufage des élevés defiinés aux premières prcfejpons & aux grands
emplois de V Etat ., coiuenant les plans d'éducation littéraire., phylique^ morale & religieufe
de l'enfance , de Vadolefcmce & de la première jsunejje ; le plan encyclopédique des études ,
ô? des ré^lemens généraux d''édacaxlon. Paris, if^?, J«-ia, avec cette épigraphe , jV/c/ii
fana in corpore fano. C'ert à l'Hôtel de Magni, à côté du Jardin du Roi, Rue de
Seine Saint Vidlor , à Paris, que M, F'erdier a ouvert fon nouveau cours d'é.iu-
cation. 11 a réuni, dans une maifon fpacieuie & bien fituée , une bibliothèque i'uf-
fifante pour les vues, un cabinst de machines de mathématique & de phvfique
de fubftances d'hiftoire naturelle, de productions des arts; un fallon orné des por-
traits des grands hommes, de médailles , de tables d'tîiftoire , de cartes géographi-
ques ; un jardin botanique , un gymnaie , des Maîtres pour toutes les parties des
études fcholaftiques , des gouverneurs pour les différentes parties de l'éducution.
Voilà les inftrumeas de toutes les opérations, dont le zèle, la fcience & Texpé-
rience de M. F'erdîer femblent afibrer les fuccès.
VER DUC, C Laurent J de Touloufe , fe fit recevoir Maître en Thiri rgîe à
Paris , où fon Art ne lui procura pas moins de célébrité, que le erand nombre
d'élevés qui fortirent de fon école. II mourut dans la Capitale le 18 Juillet 1695 ,
& il emporta , dans le tombeau , la réputation d'un homme plein de car. leur ôi de-
charité. Ce fut en faveur de fes élevés qu'il mit au jour l'Ouvrage intitulé:
.^* ■ VER.
La manière de guérir ki fraUures 6? les luxations &c. , par h moyen des bandages^
Paris, 1685, /n-i2, 1689, in-xi , avec figures & un Traité des plaies d'arquehufade.
Paris, 1711, î/i-ia. Amfterdam , 1691 ,218, en Hollandois. L'Auteur a profité de
ce qu'il avoit trouvé dans les Œuvres d'Hippocrate fur les fraétures & les luxations,
mais comme cette matière a ifté enrichie par les Modernes , il y a joint les décou-
vertes poftéricures au Père de la Médecine, 6î en particulier les bandages les plus
en ufage chez les Chirurgiens de l'on fems.
JeanBaptiJie P^erduc , fils du précédent , fut reçu Maître en Chirurgie à Paris ;
mais comme il prit quelque part lebonnet de Dofteur en Médecine ,& qu'il mou-
rut à la fleur de (on âge, il n'eut guère le teras de s'appliquer à la pratique des
Opérations. Il trouva cependant celui d'écrire des Ouvrages que plus de réflexions
& d'expérience auroient rendus meilleurs. Tels qu'ils foient , voici leurs titres :
Nouvelle OJléologie , avez le fqucUue du foetus. Paris , i68g , 1693 , ifl-8. C'eft le
moins mauvais des Traités qui iont fort's de (a plume.
Les Opérations de la Chirurgie ^ avec ur^t Pathologie. Paris, 169.3,1701, I703,"troi«
volumes jn-8. Amlierciam , 1739, trois volumes w-8. En Allemand, Leipfic,i7i2,
in-4. La Pathologie a paru feule à Paris , if 10 - deux volumes in-ia , avec des
augmentations,* à Amflerdam , 1714, deux volumes in-ia, & 1717, deux volu-
mes i/i«8. Le Traité des opérations eft très-luccict ; encore l'Auteur ne parle-t-il
que d'après autrui: {"a Pathologie eft remplie de fierions & d'hypothcfes.
Traité de Vufage des parties. Paris, 1696, 1711, deux volumes in 8. En Anglois »
1704 , in-8. Cet Ouvrage , qui fut mis au jour par Laurent , fon frère , eft chargé
d'explications futiles & bazardée».
Suite de la nouvelle OJléologie , contenant un Traité de Myologle raifonnée. Paris ,
1698, 1711 , inni. La Myologie , qui n'eft qu'un fimple Abrégé, a paru en Latb
fous le titre de Syllabus mufculorum corparis humani. Londini , 1698 , in 8.
Laurent Perdue, frère de Jean-Baptljte, embrafTa la profcflîon de ion père, dans
laquelle il donna de fi grandes preuves des progrès qu'il avott faits , qu'il obtint
gratis Je titre de Maître en Chirurgie de la Communauté de Saint Côme. Il s'ap-
pliqua beaucoup aux Démonfirations Anatoœiques & fut affez fuivi dans l'es
cours; mais il ne put pouITer bien loin fes recherches, puifqu'il mourut dans un
âge peu avancé , le 6 Février 1703. Nous avons de lui un Ouvrage qu'il fit d'a-
bord paroître fous le nom de fon père , & qui eft intitulé :
Le Maître en Chirurgie ^ ou , .abrégé dé la Chirurgie de Gui de Chauliac. Paris ,
1691 , 1699, 1704, iVia. Il eft fait par demandes & par réponfes. Le fonds de
cet Abrégé ne répond guère au titre , car l'Auteur a peu fuivi Gui de Chauliac ,
ron modèle.
VERDUIN, ( Pierre- Adrien J Maître Chirurgien à Amfterdam, fe fit un nom
dans fon Art vers la fin du XVII Gecle , par la méthode de faire l'amputation
des membres qu'il propofa comme nouvelle , & qui fut appcllée amputation à lam-
beau. Le Doéîeur Maffuet ne regarde pas F'erduin comme le véritable auteur de
cette méthode ; fur le témoignage de Tonge , Chirurgien Anglois , il l'attribue à un
certain Lowdham qui avoit imaginé de confcrver un lambeau plus de dis huit ans
avant f^erduin. Quoiqu'il en foit , celui-ci publia un Ouvrage pour annoncer là dé-
couverte, & il l'intitula.- ViJerKUlu
VER 5CS
TyiJJertatïo eplfldlarU de nova artuum decurtandorum ratlone. jimflélodaml , 1696 , in-S.
L'année fuivante, cette DifTirtation parut en Hollandois à Amiterdam , i/i-b. Il y
1» aulH une édition Françoile par Majfuet , Paris ,(" Amiterdam ) 1756, /n-8, avec
notes & figures. Mais il y en avoir eu précédemment une autre , en la même
Langue, par Jufcph. Fer^nol ^ Chirurgien Françoii retugié, fur lequel yerduln avoit
opéré i'uivant la nouvelle méthode.
f^trduin conCervoit un lambeau de chair dans l'amputation , & il en recouvroit
le moignon, lans faire aucune ligature aux vaifTeaux; mais comme il ne croyoit
pas le malade à l'abri de l'héraorrhsgie , il avoit la urécaution d'employer un
bandage particulier pour ferrer le membre plus ou moins , lelon les circonftances.
La méthode de notre Auteur a été reçue aflez favorablement par de célèbres Anato-
miftes & de favans Chirurgiens. Goeltcke , Perdue , Man^et l'ont préconifée ; Sabou-
rin , Chirurgien de Genève, la propol'a à l'Académie des Sciences de Paris, &
Du yerney & Mery n'en parurent pas éloignés, f^ermuk , Ravaton s'en font fer vis avec
avantage, en y faifant quelques corredions. Garengeot l'a adoptée pour le fonds;
La Fayt a cru ^u'on pouvoit en tirer parti , & M. Louis a tâché d'en corriger
]es inconvéniens.
VEREYCKEN ( Godefroid ) naquit à Anvers en 1558. Il s'étoit rendu habile
dans les Langues Latine & Grecque, ainli que dans la Philolbphie de l'on tems ,
lorsqu'il palTa en France où il fe fit connoître fi avantageufement , qu'il fut rete-
nu à Paris pour enféigner dans le Collège de Boncour. Tandis qu'il y rempliflbit
les fondtions de Profcllèur de Philolbphie , il employa les heures libres à l'étude de
la Médecine; & après y avoir fait des progrès fuffilans pour afpirer aux honneurs
du Dodtorat , il alla à Touloufe demander le bonnet qu'il obtint le i-; Juin "1586.
Il ne paroît point qu'il lé foit empreffé à retourner dans fa patrie après fa promo-
tion; car il ne fut admis au nombre des Médecins d'Anvers qu'en 1591. 11 y exerça
fa profeflion pendant plus de quarante ans, & il eut bonne part à l'éreé^ion du
Collège des Médecins de cette ville , qui fut arrêtée le 28 Avril 1620. Vers la fin de
fa vie, il fe retira à Malines chez Ion fils , Avocat au grand Confeil , & il y mou-
rut au bout de trois ans , le 2 Décembre 1635 , dans la ^b'e. année de Ion âge. Son
corps fut inhumé dans l'Eglile Paroiffiale de Saint Jean. On a de lui un Traité
dédié au Magillrat d'Anvers, fous ce titre:
De cognidonc & confervatione fui. Mcchlinlte, 1625, 163';, i/i-I2. 11 y parle d'un
ufage également ridicule & fuperftitieux , qui de fon tems étoit obfervé par le peu-
ple , en vue de mettre les enfans à l'abri des maladies qui avoient conduit leurs
parens au tombeau. S'ils étoient morts de phthilie, on eulevoit le poumon ; fi c'é-
toit d'hydropifie , on tiroit le foie, & l'on mettoit l'un & l'autre de ces vifceres
fous les pieds du cadavre que l'on enterroit ainli.
VERGERlCJérôme) naquit en 1622 à Capo d'Iftria , capitale de la prefqu'ine
de ce nom en Italie. Il étudia la Médecine à Padoue où il reçut les honneurs du
Doctorat, & dès l'âge de 33 ans, il enfeigna à Pife avec tant de réputation, que
le .Sénat de Venife l'arracha , pour ainfi dire , de la Chaire qu'il y occupoir , pour
le faire pafler à celle de premier Profefleur de Théorie en l'Univerfité de Padoue,
TOME IV. Ss$
So<5 VER.
Ce fut en 1665 qu'il y monta, ranis on le nomma à la féconde de Pratique eni626;
Le chagrin de n'avoir point d'enfant fit fur lui une telle impreffion, qu'il en mourut
en 16^8, • Matthias dit en 1680. Fergcri a écrit plufieurs Ouvrages dont les Biblio-
graphes ne citent point les éditions. Tels font :
PrxkStioncs in primam Fin primi Canonis jivlantue , & in ejufdim Libruta dt
febribus.
PrtekSîlones in Artvn Medîcinalem Gahaî.
Tractatus de Urinis.
Syntaxis medicamentorum omnium , tutn intirnorum^ tum externorum , Jïmpllcium âP
compojïturum.
Duo Medicina fontes , Chirurgia & Pharmacia.
Tracfatus de formulis medicamentorum ufitatloribus.
VEI-IGILE. fMarcelJ Les diflërentes parties delà Médecine ont quelquefois tanî
charmé des hommes, dont la profeffion n'étoit pas celle de guérir , qu'ils en ont fait l'ob-
jet de leur.^ études. Tel fut celui qui eft le fujet de cet Article. Il vécut dans le XVI fiecle »
& luccéda à Léonard Poggio & Barihélémi Scala dans la place de Secrétaire de la ville
de Florence. Comme il étoit habile dans les Langues favantes & qu'il avoit fait afiez de
progrès dans la Botanique a il s'attacha adonner plus d'ordre aux Œuvres de /^io/co.
ride qu'il traduifit de Grec en Latin. Sa verlion a paru fous ce titre :
Pedacii Diojcorid<s ^na^arbai de Medtca Materia Libri V^. De lethalibus venenis^
eorumque pracautîone & curatione. De cane rabidô , deque notis , gn<e morfus , ISlufvt
anlmalium venenum relinquentium fequuntur , deque eorum curatione. Interprète Marcello
ycr^ilià , ejujdem in hofce Diofcoridls Libros Commentarii doSiJJlmi. Flurentia , 1518 j
1523» in-foUo. Colonie ^ ^5^9» in-folio,
VERHEYEN , C Philippe^ célèbre Doreur de la Faculté de Médecine en
l'Univerfité de Louvain , étoit de Verbrouck , village du Pays de Waes , où il
naquit 'e 23 Avril 1648. Thomas ferlieyen & Jeanne Coemans , fes père & mère ^
l'excitèrent , par leur exemple , à la pratique des devoirs de Chrétien & d'hon»
nête homme ; & il les remplit toute fa vie avec la plus grande exaditude. Ces
principes d'éducation , les feuls néceifaires , furent ceux auxquels fes parens fe bor-
nèrent à fon égard. Comme ils étoient fort médiocrement avantagés de la fortune ,
ils n'eurent d'autres defleins fur lui , que de i'affocier à leur travail & à la culture
de quelques petites portions de terre qui faifoient tout leur bien. Mais Jean
Jafpars , Curé de Verbrouck , ayant remarqué dans ce jeune homme un eïprit
propre à de plus grandes chofes , il fe donna la peine de lui enfeigner les rudi.
mens de la Langue Latine pendant l'hiver ;& voyant que maltjré les occupa-
tions de l'été , fon élevé continuoit à y faire des progrès conOdérables , il l'envoya
à Louvain en 167a , pour y commencer fon cours d'Humanités. Ferheyen étoit
alors dans fa vingt-quatrième année : nn écolier de cet %e ne croupit pas ordi-
nairement fur les bancs. Il acheva fon cours en trois ans, & pafla enfuite au CoL
lege du Lis de la même ville , où il commença celui de Philofophie. Ce fut prin-
cipaleraent dans ce genre d'étude qu'il fit preuve de la pénétration de fon efprit.
Les matières qu'on expliquoit alors à Louvain dans les Ecoles de Philofophie ,
'Itoieat des plus aWlraites j mais Faheyen en approfondit tellement les difficultés,,
VER _ 507
■^û^il remporta, en 1677 > les lauriers de la première place dans !e célèbre concours
des quatre Collèges.
Les avantages attachés à cette place lui procurèrent les moyens de pourfuivre
fes études avec aifance. Il prit l'habit clérical , entra dans le grand Collège du
Saint Efprit & fe mil lut les bancs de la Faculté de Théologie dans les Ecoles
<de Louvain. Mais la Providence qui l'avoit deftiné à l'étude de la Médecine ,
l'arrêta dans Ion premier projet. Il lui vint une inflammation fi conlidérable à la
jambe, que le mal étant empiré jufqu'à y produire la gangrené, on fut obligé de
la lui couper. Cet accident le rendoit moins propre aux fondions eccléfiaftiques •*
ce fut pour cette raifon qu'il tourna fes vues du côté de la Médecine , & qu'a-
près le cours ordinaire, il prit le degré de Licence en cette Faculté le premier de
Février 1681.
D'abord après fa promotion, il fe rendit à Leyde, oià il fit d'heureux progrès
fir fe perfeétionna dans toutes les parties de la Médecine. Mais l'affection qu'il
«voit confervée pour l'Univerfité de Louvain le rappella bientôt dans fes Ecoles ;
& comme il avoit deffein de s'y fixer , il époufa , en 1683 , Marie-^nne f-^anden
Zyppe , fœur de François Zjpaus , alors ProfeDTeur d'Anatomie. En cette même an-
née , il fut admis au degré de Dofteur; il différa cependant de prendre le bonnet
jufqu'en 1695. Ce n'eft pas qu'il eût été jufqu'alors fans avancement ; car il avoit
été nommé à la Chaire Royale d'Anatomie en 1689, & l'on y avoit ajouté celle
de Chirurgie en 1693. Il y fit preuve de l'étendue de fes connoiflances , & il
eut bientôt la gloire de voir que fa réputation augmentoit de jour en jour le nom-
bre de les diiciples , & que fon nom pafibit dans les pays étrangers au moyen de»
Ouvrages qu'il donnoit au public. Parmi ceux que nous avons de lui , il n'en eft
point qui lui ait procuré plus de célébrité que fon Anatomie , dans laquelle on
trouve plufieurs détails mieux tracés que dans les Ecrits des Anatomiftes qui l'ont
précédé, f^crheyen étoit un homme infatigable, & fi fes recherches ne l'ont pas
toujours éclairé dans Texpofition de la ftrufture du corps humain, c'eft qu'il n'a
pu diflëquer aiTez de cadavres pour multiplier fes obfervations & reflifier fes er-
reurs. Comme fon Traité d'Anatomie s'eft prodigieufement répandu dans les pre-
miers tems de fa publication, lesSavans ont été extrêmement divifés dans les jii.
gemens qu'ils en ont portés. Les uns en ont fait les plus grands éloges, les autres,
peu fatisfaits de contredire les faits contenus dans l'Ouvrage , en ont critiqué juf-
qu'à la didion. Morgagni a été un des plus rigides cenfeurs de F'erheyen , & Heljîer
o'a pas toujours rendu un témoignage avantageux des travaux de ce Médecin.
Hallcr lui attribue plufieurs deicriptions exades , & en effet on ne peut difcon-
Tenir que l' Anatomie de notre Auteur ne contienne de bonnes chofes; aufli fe
décide-t-on allez à dire aujourd'hui que la vérité y brille d'une part , mais que
l'erreur fe fait vifiblement reconnoître de l'autre. On trouvera , dans la notice fui-
vante , les diflérens titres fous lefquels cet Ouvrage de yerheyen a paru,* je lei
rapporte avec ceux de fes autres Ecrits :
Compendii Theoria PraSîca in quatuor partis dljlribiuî Pan I & II, LovanU ^
1683 , i/i-8.
J)c Fcbribus. Ibidem , 1692 , î«-i2.
5oa VER
^natom'ia corporii humani. Lovanii, iGg^^ m«4. Lippue t iGgg, 1716, 1*718. En AL
îemand , Konigsberg, ij'ôQ, in S. L'Auteur avoit perfei^ionné ce Traité, lorfqu'il
parut ibus ce titre : Corporis humani ^natnmia Lihcr prinui, Editio fecunda ab Au-
thore recognita , novis obfervationibus & invcntis , pluribufque figuris auSid. Bruxellis,
I710 , ia-^. Supplementiim yinatomicum ^ fivc ^ yJnatomite corporis humani Liber fecunduS'^
Bruxdlis, 1710, 4/1-4. ^° trouve beaucoup de planches dans ces deux volumes,
mais on n'en eftime ni le burin « ni l'exprefljon. Bruxdlis , 17^6 , deux volumes
£n-4. NeapoU, 1717» deux volumes in-4. Lipjîte , 1731, deux volumes I/1-8. uimp-
teloJaml , 173 1, deux volumes /n-8.
Lettre à un. Maître Chirurgien. Paris, 1698, in-12.
Seconde Lettre â un .Anatomifte de Gand. Paris, 1698, m-12. L'une & l'autre
iônt adrefiëes à Palfin.
F'era hiftoria de horrendo fanguinit fluxu ex oculis, nartbus , aurlbus & are R, P,
Joannis-Baptijîa Onraet Sacietatis Jefu , c? miraculosâ ejufdem fanatione per iiuercejfio.'
neni SanSi Francifci Xaverii Lovanii , 1708 , /n-8.
Verheyen méditoit ie plan d'un Ouvrage conGdérable , qui étoit un Traité de
pratique ibndé fur l'Anatomie , mais la mort l'a empêché d'exécuter fon deffein.
Elle le furprit à Louvain le 28 Janvier 1710 dans la Ibixante-deuxieme année de
fon âge, au grand regret de l'Univerlité. Il fut enterré dans le cimetière de l'E-
gliie de Saint Michel , fa paroifle. Comme ce grand Homme avoir fait beaucoup
de dépenfes pour l'avancement de l'Anatomie , comme il avoit même employé
en fraix d'étude la meilleure partie de fes revenus , il ne laifla d'autre bien à fes
enfans que fa réputation , & d'autre teflament que cette Epitaphe qu'il avoit
compofée lui-même.*
PHILIPPUS VERHEYEN,
Medicin^e Doctor et Professor.,
Partetn fui materialem hic in Cimaterio condi valait ,
Ne Templum dchonejîaret aut nocivii halitibui mficereu
R. j. P.
L'année de fa mort eft exprimée par ce Chronographe ;
JaCet VerheYen, honor MeDICIn^.'
VERLA, ( Jean-Baptifle J Médecin Italien, vécut dans le XVII fiecle. Il a»
écrit en fa Langue maternelle un Traité fur la ttrui^ure de l'œil , qui fut imprimé
à Florence eu 1677, zn-12 , fous le titre A^ Anatomia. artlfi^iale ddV ucchio umano ,
& en Latin à Amfterdam , 1680, même format , fous celui éi'Anatomia anlficialis
Qculi humani. On trouve encore cette Verfion parmi les Mémoires de l'Académie
des Curieux de la Nature, & dans la Bibliothèque Anatomique de Manget. L'œil
que Jean-Baptijîe F'erla , père du Médecin dont je parle , avoit fait en ivoire-
l'an 1674 , a donné occafion à la publication de ce Traité.
M. Portai dit que F'erla, le père, étoit Tourneur de CômellI, Grand Duc de
Tofcane. Comme il favoit rAnaioraiç > il s'étoU propofé de repréfenter en ivoira
VER 509
toutes les parties du corps humain dans leur proportion naturelle, & avec toute la
Tymmétrie dont elles Ibnt fufoeptibles. Son objet étoit de faciliter l'étude de l'A-
natomie aux Curieux & aux Dames. 11 commença par l'œil , liîais il ne poufla
pas plus loin fes travaux. •
VERMALE, ( Raimond DE^ premier Chirurgien de l'Elefteur Palatin, Af-
focié Correipondant de l'Académie Royale de Chirurgie de Paris , lé déclara pour
l'amputation à lambeaux, que F'erduin avoit mile en ufage dès la fin du dernier
fiecle. Ravaton, Chirurgien-Major de Landau, rettifia cette méthode & la prati-
qua avant De F'ermah ; mais celui-ci y fit encore des changemens , parce qu'il
crut que Ravaton avoit rendu l'opération plus laborieufe , ians en augmenter les
avantages. Celle du Chirurgien dont je parle, confifte à former deux lambeaux, à
Icier enfuite Tos, à faire la ligature des vailTeaux, à appliquer les lambeaux pour
en procurer la prompte réunion, & pour éviter l'exfoliation de l'os, ainli que la
grande fuppuration. Ravaton formoit les lambeaux par des inciljons longitudinales,
& De F'ermale dirige les fiennes fur des plans obliques , en donnant aux bords des
lambeaux une figure iémi-lunaire. Notre Chirurgien a mieux détaillé fa manoeuvre
dans un Ouvrage publié fous le titre d'Obfervadons & remarques de Chirurgie prati~
que, dont il a donné une féconde édition à Manheim en 1767* In-ii. On a encore
de fa façon une Lettre fur l'extra&lon du cryftallîn hors du globe de l'œil, nouvelle
opération imaginée par le célèbre M. Dayieî. 1751 , zVia. Il paroît que De P'ermale
s'occupoit auffi des maladies des yeux, car il a publié plufieurs pièces fur cette
matière par la voie du Journal de Médecine.
VERMEULEN. ("Jean ) Voyez MOL ANUS.
VERNA, fJean-Baptifte^ Chevalier du Saint Empire, étoit de Laociano
ville d'Italie, au Royaume de Naples,dans l'Abruzze citérieure. Il étudia la Mé~
decine à Naples , & après avoir reçu le bonnet , il fe forma à la pratique fous le
Profefleur Cajetan de ytlteriis , & il alla enfuite l'exercer à Meifi dans la Bahlicate ,
d'où il pafla dans la Pouille. 11 n'étoit âgé que de 37 ans , lorfqu'il publia un
Traité imprimé à Veniié en 1713, ^-4, fous le titre de Princeps acutorum morborunt
Pleuritis ; il y combat les fentimens dErafîftrate & de F'an Helmont , & prouve com-
bien il eft important de recourir à la faignée dans le traitement de cette maladie.
Mais comme il étendoit l'ufage de ce remède à une infinité de circonftances ,
il mit au jour un autre Ouvrage intitulé ; Princeps medicaminum omnium. Phkboinmia ;
l'édition eft de Padoue , Ï716, in-4.
P'erna fe fit connoîtrc fi avantageufement par le premier de ces Traités, que dès
l'an 1714, on jetta les yeux fur lui pour remplir la Chaire de Médecine pratique
que Bernardin Ramanini avoit occupée dans l'Univerfité de Padoue. La manière
dont il s'acquitta de cet emploi, répandit tellement fa réputation, que le Roi de
Sardaigne lui fit faire les offres les plus gracieufes pour l'engager à accepter la^
première Chaire de pratique dans les Ecoles de la Faculté de Médecine de Turin j
mais difterentes raifons l'empêchèrent de fe rendre dans cette ville. Il étoit trop-
tonûdéré à Padoue pour abandonner la place qu'il y occupoit. Man^et dit qpa c&-
=^îo VER
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Profefreur étoit , vers 1730, au moment de publier un Ouvrage en fa Langue ma-
ternelle fur l'état de la Médecine en Italie , les devoirs , les fondlions & les pré-
:rogalives des Médecins , & qu'il le propoloit d'y joindre l'hiftoîte de ceux qui
f'eiuicnt diilingués ,loit par Knleignement , Ibit par leurs Ecrits. Cet Ouvrage étoit
intitulé : H Mcdico nobile Italiano. Je ne iais s'il a paru.
VE RN AGE, C Michel-Louis J Dofteur-Régent de la Faculté de Médecine de
Paris, Conteur Royal, naquit dans cette ville le 5 Mai 1697, de François Vev
njge. Médecin de la même Compagnie , & de MarU-Anne. Ha:{pn. 11 fit les études
au Collège Mazarin , avec fuccès. Comme fon père dcfiroit de lui voir embraffet
la prot'eUion, il s'ouvrit à Ton fils; mais ne le croyant pas en droit de le décider,
il lui laiiia le tems néceiiaire pour s'examiner lui même. Les fouba'ts du père ne
furent point trompés. La Médecine n'avoit pu s'offrir aux yeux du jeune f^emage,
lans l'animer du defir d'être un jour du nombre de ceux qui la profelFent &:
qu'elle illuitre. On croit aifément qu'à tous les motifs qui le déterminoient , fe
joignit audi i'el'pérance d'être formé dans fon Art pcr un père flatté de le voir
marcher fur fes traces, & plus capable que perfoone de lui procurer une excel-
lente inftruftion.
Le mérite de M . ^ernsge , père , étoit bien connu de tous ceux qui pou voient le
plus sûrement l'apprécier; il l'étoit fur-tout de M. Fugi^n qui , cbargé de choifir un
premier Médecin au Duc d'Anjou , nouvellement Roi d'Efpagne , jetta les yeux
fur iTirnage. Celui-ci , au grand étonnement de Fagon , refufa une place i laquelle
font attachées plus de prérogatives que n'en a en France le premier Médecin du
Roi. Cette place, en faifant fa fortune, devoit aîfurer celle d'une famille nom-
breufe; mais convaincu que le bonheur ne fe calcule point, & ne peut s'évaluer
que parle fenîiraent, il jugea que rien ne le dédommageroit de la douceur qu'il
trouvoit à partager fon tems entre fes malades, fon Cabinet & fes amis. Quelque
tems après, ( en Novembre 1702^ par une iuite de la confidération d^nt il jouif-
foit parmi fes Confrères , la Faculté de Médecine le nomma fon Doyen. Il ne crut
pas devoir le refufer au vœu de fa Compagnie ; mai? il le montra tel qu'il étoit «
en ne s'appropriant de cette place que le travail pénible qu'elle exige , en fe déta-
chant de ce qu'elle a de purement honorifique. C'eft un ulage ancien que les
Doyens de la Faculté de Médecine de Paris f^ fient graver leurs portraits fur les
jettons qui s'y diftribuent. M. f^ernage fe priva de fon droit, pour faire -tourner
fa modeltie au profit de fa reconnoillànce. Ne mettant aucune différence entre un
fervice offert & un bienfait accepté , il faifit l'occalion de conlacrer , d'une maniè-
re publique & durable, le fouvenir de ce qu'il devoit â M. Fagon , & voulut que
les jettons fulTent frappés à fon coin Sacrifice bien délicat , & à la généroUté du-.
quel la malice ne put donner atteinte, puilque l'intérêt en étant banni, il fe faifoit
aux dépens du feu! amour propre. ,, ^
Avec de tels ientimens , un père devoit être un excellent mftituteur. M. Fer-
na-re fe fit un peint de religion de former fon fils , dont il fe regardoit comme
la'' caution envers le public ; & il s'établit l'infpeaeur de fon travail. On ne
teut mieux rendre l'exaditude avec laquelle il s'aciuitta de ce devoir, que
par le laa<^age qu'il tint à fon fils qui , s'étant livré aux amuferaeas plufieur*
VER 5ti
^ors de fuite, prenoit beaucoup fur les nuits pour remplir fa tâche jourDaliere. Il
lui dit qu'il ne pouvoit pas conll-rver longtems fa fanté , en continuant de fe li-
vrer le jour à la dilfioation & la nuit à l'étude; que cette conduite lui déplailoit,
parce qu'invariable dans la façon de pcrfer, il ne le relàchoit point de ce qu'il
exigeoit de lui : il ajouta même ces paroles remarquables , ^ous né me verrex_ de^
jirer la confcrvadon de votre vie , qu'autant que vous travaillerei pour la faire devenir
utile à vos concitoyens^ & honorable à V'Usmùne. Un pareil difcours porte-t-il l'em-
preinte d'une févérité outrée, ou n'eft-il pas plutôt l'exprcffion la plus vraie da
l'amour paternel bien fenti ^J Cette queftion n'efl: point problématique; mais fi de
nos jours elle la devenoit, elle feroit en même tems la cenfure de l'indulgence
des pères.
F'ernage juftifia bientôt , par fon application & fes progrès , l'excellence de l'é-
ducation qu'il avoit reçue. Un des premiers fruits qu'il en recueillit, fut d'obtenir
le bonnet de Docteur dans les Ecoles de la Faculté de Médecine de Paris en
1718; il n'avoit alors que vingt-un ans. Ce fut à-peu-près dans le môme tems qu'il
perdit fon père. Aine de quatre enfans, il fe chargea du foin des trois autres,
& il oia efpérer qu'il pourroit être bientôt leur foutien. Sa probité , le fonds de
favoir qu'il avoit acquis , Ton application fouteaue ; telle étoit la baie folide de
fês efpérances. Mais l'expérience, fi nécefiaire à un Médecin, pafie pour incom-
patible avec la jeuneffe ; & cet âge, qui donne de l'éclat à tant d'autres talens»
eft un défaut, prelque un ridicule, que certaines gens ont peine à pardonner aux
jeunes Médecins. Heureufement pour P^ernage , M. Helvetius , père du premier
Médecin de la feue Reine de France, fe fouvecoit encore des attentions parti-
culières que le père de notre nouveau Dofteur avoit eues pour fon fils lors de
fa Licence. Fernage le cultiva , & cet ancien ami fut flatté de pouvoir acquitter
fa dette. Hdvaius jouillbit d'une telle réputation à Paris que , furchargé de la con-
fiance d'une grande partie du public do cette' ville immenfe , plufieurs malades
le coniultoient Ibuvent fur le choix d'un Médecin. Le fils de fon ami fut un de
ceux qu'il produifît avec le plus de confiance , & dont il eut le plus à fe glorifier»
Avec ce fecours , de» occafions brillantes ne tardèrent pas à fe préfenter. f^er-
nage avoit à peine vingt-cinq ans , lorfqu'il fut envoyé auprès de M. le Cardinal
de Maiily, Archevêque de Rhciras, attaqué d'une violente apoplexie. II arriva
affez à tems pour donner un confeil utile, puifqu'il en réi'ulta le retour de con-
noiffance nécefiaire pour faire recevoir au malade les Sacremens de l'Eglife. C'é-
toit tout ce qu'on pouvoit faire dans une maladie , dont le genre & Je degré
ne laiflbient aucun efpoir de gucrifon. Comme il ne ceflà point de donner des
preuves de fon habileté , il fut compté de bonne heure au nombre de> Médecins
accrédités de la Capitale. Une réputation fi prématurée lui fut très-utile pour fe
perfeftionner dans Ion Art. Il fe irouvoit fouvent avec fes Confrères les plus ex»
périmentcs; il étoit firéquemment dans le cas de les faire appeller en confulta-
tion ; fouvent il y étoit lui-même invité avec eux; & l'ardeur dont il étoit animé
ne lui laiflbit rien perdre de ces conférences , dont on lui a fouvent ouï dire Qu*i|
svoit tiré le plus grand profit.
Des fuccès répétés décidèrent la réputation de Verna^e. Bientôt connu à la villa
jta VER
& à ]a Cour , il parvint rapidement à la plus grande célébrité. 11 fut toujours ap-
pelle lorlque les têtes les plus chères à la nation coururent quelque danger.
Peu de Médecins furent aufli conitamment & aulii prodigieufement répandus ;
auffi eut . il befoin de toute la vigueur de ion tempérament pour fourenir le
poids dp fes travaux. Quoique fes journées fe paflaflent tout entières à l'exercice
pénible de fa profelîion, on avoit peine à comprendre comment il y pouvoit
î'utiire. Il n'en venoit à bout que par un ordre exadt, une économie p&rfa'ite de
loD tcms , & une aftivité incroyable. Chargé d'une multitude de malades ,
obligé de parcourir plufieurs fois le jour les quartiers les plus éloignés , il avoit
îe talent de le reproduire avec une étonnante facilité ; & dans le tems où il étoit
le plus accablé d'afiaires importantes, & de confultations par écrit qui lui étoient
fréquemment demandées , il n'eft jamais arrivé qu'aucun de ies malades , quelque
peu inquiétant que fût fon état , eût eu à le plaindre de fon défaut d'alîiduité ,
ni qu'aucun de les Confrères eût eu à lui reprocher le moindre retard aux heures
indiquées.
Une confiance fi générale , dont le public honora M. P^ernage , s'eft conftam-
znent loutenue- 11 avoit efteftivement tout ce qui eft néceflàire pour l'obtenir &
la conierver. Né avec une grande juftcITe d'elprit & une fagacité peu commune,
jl ne cefla d'en faire ui'age dès la plus grande jeunefle. La pratique de la Méde-
cine, à laquelle il fe vit livré de bonne heure, ne fut point pour lui une école
ïumultueufe, où il fe contentât de puil'er en courant quelques principes vagues &
généraux , pour en faire au hazard des applications guidées par une routine aveu-
gle. 11 s'étoit fait une habitude de méditer fans ceffe fur des objets de fa profef-
iion. Ses malades l'occupoient continuellement. Les réflexions que lui fuggéroit leur
état , interrompoient fouvent le repos de les nuits. Il avoit fous les yeux la mar-
che d'une maladie , tout ie tems de fa durée. Ses Confrères reconnoilToient en luî
une faoihté fingulierc à faire fes expofés avec autant de clarté que de précifion.
Ces fortes de tableaux fe gravoient même G profondément dans fon efprit, que
lorfqu'il vbyoit un malade à qui il avoit donné fes Ibins dans une autre occafion,
il ie rappelloit la maladie précédente , quelqu'ancienne qu'elle fût , & en faifoit fur
le champ le journal le plus circonftancié.
On remarque plufieurs époques glorieufes dans le cours de la pratique de M.
yerna^e. Il étoit encore fort jeune Médecin , quand il fut envoyé , par ordre de
Louis XV, auprès du Roi de Pologne, Staniflas , qui étoit malade à Chambord j
& il eut le bonheur de conferver des jours qui ont été marqués eniuite par
tant de traits de bienfaiiance. En 1752 , il fut l'un des quatre Médecins de
Paris appelles à Verfailles pour fe joindre aux Médecins de la Cour, & pour
traiter de la petite Vérole feu M. le Dauphin , alors l'objet des allarmes de la
France, comme il a été depuis celui de fes juftes regrets. Après la guérifon de ce
Prince, freinage eut, ainfi que fes Confrères, des Lettres de Noblefiè; & le pu-
blic applaudit à la légitimité du titre. A la mort de Herment , Médecin de Ja Fa-
culté de Paris, chargé du foin des malades de la Baftiile & de Vmcennes, M.
Jîerryer , pour lors Lieutenant-Général de Police, vint à bout, par toutes les inf-
îances de l'aixàtié , de déterminer M. f^crna^e à confentir qu'il le propofât au
Miniftere
1
VER 5,3
iVlmiftere pour remplir ce pofte de confiance. Le choix fut auffitôt approuvé
Comme la pratique ablorboit tout le tems de ce Médecin, il n'eft point éton-
nant qu'on n'ait de lui aucun Ouvrage de longue étendue. Le feul qu'il a publié ,
encore a t-il gardé l'anonyme , a paru en 1773 , J/i-12, fous le titre modefte d'OZ/er-
votions fur la petite Firole naturelle & artificielle. Dans cet Ecrit, il a donné quelques
avis lur l'Inoculation. On fait qu'il a été favorable à cette méthode dès le moment de
Ion introdudiion à Paris ; mais accoutumé à traiter , avec toute l'attention dont il étoit
capable, la petite Vérole naturelle , il fupportoii avec peine qu'on commençât à met-
tre trop de légèreté dans le traitement de l'artificielle ,quoiqu'infiniment plus douce &
plus bénigne. 11 a donc cru pouvoir s'armer de fon expérience pour réclamer con-
tre cet abus; prévoyant d'ailleurs que d'autres dangers pourroient naître des varia-
tions de quelques Inoculateurs & de leurs divifions , il a ofé lever le voile dont on
couvroit la forte de charlatanerie qu'on mettoit alors dans la pratique de l'Infertion.
Un Médecin étranger, qui réiidoit depuis quelques années à Paris & quichercboit à
s'y accréditer par cette méthode , fe croyant défigné dans l'Ecrit dont on parle ,
fil dont il ne pouvoit ignorer l'Auteur, y répondit d'un ton mêlé d'aigreur, f^er-
nage s'abftint de répliquer. Il avoit rendu compte au public de fa façon de pen-
fer : il fe crut quitte envers lui, & ea même tems difpenfé , par toutes fortes de
railons, de fe livrer au genre polémique pour lequel il avoil d'ailleurs beaucoup
d'éloignement.
Après avoir confidéré ce Médecin dans l'exercice de fa profeflîon , il refte à
l'examiner lous un autre point de vue. Né fcnfible & bienfaifant , c'eft en fuivant le
goût qu'il avoit reçu de la Nature & que l'édgcaiion avoit fortifié , qu'il a eu
rineftimable bonheur de rendre à différentes perlbnnes des fervices de plus d'un
genre. Sa plus douce fatiffadion étoit d'obliger les jeunes Confrères qu'il aimoit
îincerement. Dans une forte d'opulence , qu'il devoir uniquement à fa profeffion 1
il ne s'eft jamais permis d'oublier les foins pénibles du commencement de fa car-
rière; & jamais il n'«toit plus flatté, que lorfque des circonflances heureufes le
mettuient à portée de faciliter les premiers pas aux jeunes Médecins.
Le fort des gens de Lettres l'intérelfoit auffi beaucoup ; comme il n'ufoit point
de fon crédit pour lui-même , il a lu l'employer au profit de quelques-uns d'entre
eux , en leur procurant des occafions qui font devenues depuis très>utiles pour leur
fortune.
La multitude de liaifons que fa profeffion l'avoit mis à même de former , lui
avoit donné le moyen de connoître à fonds les différens carafteres ; & fes amis
particuliers ont vu plus d'une fois combien il avoit le taéï exercé dans le difcerne-
ment des hommes. L'habitude qu'Us ont de fe fréquenter continuellement donne
naiflance à ce qu'on appelle Ufage du monde. On y a mis un grand prix dans la fo-
ciété ; mais ou a toujours obfervé que les âmes ne fe poliffent guère dans ce com-
merce, ians une altération de leur caradere propre, fans quelque déchet de leur
valeur intrinfeque : elles ont le fort des pièces de monnoie , qui en circulant n'ac-
quièrent une furtace plus unie , qu'aux dépens de leur poids & de leur empreinte.
L'ame de remake , franche & vraie , ne perdit par ce frottement aucun de fes
traits, qui demeurèrent fortement prononcés. U refta toujours lui-même. Naturel.
T 0 ME ir, ^^*
514 VER
lement eDnemi de l'art de feindre, jamais il ne tenta de copier qui que ce €m .'
vanité puérile, qui devient l'ouvent le noviciat de la diflimulation.
Touché de la reconnoiflance qu'on lui témoignoit , il donnoit à les fentimens aP-
fedtueux tout l'edor de fa vivacité naturelle. Une fois nés en lui , on étoit sûr de
ne les voir jamais fe démentir. Un tel caradtere étoit bien propre à lui faire des
amis. 11 a joui du bonheur d'en avoir toute fa vie; c'eft ce qu'attefte encore la
multitude de ceux qui le regretent.
Depuis la mort de fon père , f^ernagz a été le foutien de fa famille qui étoit
née lans biens. Un frère & deux Ibeurs , qui tous trois font reflés dans le célibat,
la compofoient originairement. Le frère , après avoir paffé trente années de fa vie
dans la Terre de fon aine , qui lui avoit procuré cette retraite honnête & dans fou
goût, lui a furvécu un peu plus de deux ans. De ces deux fœurs , il perdit Tainée
encore jeuae Ôj la pleura long-tems. Il lui en reftoit une , dont fes amis particuliers ne
fe rappellent point le fouvenir fans attendriffement. Elle réunilToit toutes les qualités
de fon frère , avec la douceur de fon fexe. f^ernage avoit fu l'apprécier ; fa fociété
étoit pour lui pleine d'agrémens & de délices. Il la perdit en 1756, & il en fut
long tems inconfolable.
Le dérangement de fa fanté lui avoit rendu le féjour de la Campagne nécef-
faire ; il y alloit paffer les étés. Ce fut-là qu'il eut occafion de connoître une jeune pcT-
fonne de condition , Mademoifelle De Quinemont. Les agrémens de fa figure & le»
grâces de tout fon extérieur ne l'empêchèrent pas de découvrir en elle le mérite le
plus folide, II l'époufi en 1761. La vertu de Madame Fernage , fes foins pour ion
mari, infpirés par l'attachement le plus tendre, la conlidération perlbnnelle qu'elle
s'eft acquife dans le monde , ont été pour lui une fource de bonheur pendant les
dernières années de fa vie.
11 y avoit déjà quelque tems que M, F'ernage dépériffoit fenfibleraent; lui feul ne
s'en appercevoit pas. Son adivité toujours foutenue , ainfi que fon goût conf»
tant pour fa profeQîon , lui en impofoient fans doute. Enfin excédé de fatigues qui.
furpaflbient fes forces , il a fini par y fuccomber. Sa maladie, du genre des infîam-'
matoires , n'a pas duré cinq jours : il s'eft fervi de la connoiflance qu'il avoit
de fon état , pour recourir aux Sacremens qu'il a reçus avec une piété vraiment
chrétienne. Il eft mort , fans avoir eu d'enfant, le 11 Avril 1773, ^^ns fa foisante-
feizieme année ; il étoit l'Ancien de fa Compagnie depuis 1770.
M. Mdoet , Dofteur.Régent de la Faculté de Médecine de Paris , premier Médecin
de Madame Viftoire & de Madame Sophie , Tantes de Louis XVI , fe glorifioit trop
qui . . . . _
vrage que j'ai extrait l'Article de l'Homme célèbre que je viens de peindre. Com-
me la bonté de fon cœur égaloit la force de fon efprit , & comme il n'étoit pas
moins eiliraable par la fupériorité de fes connoiflances que par les qualités de fon ca-
raftere , il fera toujours le modèle des plus grands Médecins. On ne lui a fait qu'un
reproche , qui eft celui d'avoir été trop amateur de la faignée. Ecoutons ce que
dit li-delfas M. Malo&t , fon apologifte : « On ne peut difçonvenir qu'il n'ait exifté.
VER Sî5
8 un tems où plufleurs Médecins , fur-tout en France , ont donné dans l'excès des
B faignées. Mais il eft également vrai, que d'autres font tombés viGhlement dans
n l'excès oppofé en épargnant quelquefois , avec une funefte économie , un fang
» qu'on eût verfé avec beaucoup de profit. Pourquoi donc , en général ,les clameurs
» contre l'excès de la faignée ont-elles laiflë une impreffion plus durable , que celles
■" qu'on eft en droit dejetter également contre l'Hoemophobie , c'eft-à-dire , la peur
» de verfer le iang ? Setoit-ce parce que les pilaintes contre la multiplicité des faignées
• viennent de gens , qui guéris par ce fecours , regretent le fang qu'ils ont perdu ;
■n tandis que les plaintes contraires ne peuvent plus être formées par ceux qui ont
» été les vidimes de l'épargne outrée de leur fang? S'il enétoitainfi, la queftion
» feroit décidée pour la multiplicité des faignées. Au refte , notre objet n'eft point
•" de la juftiHer ici 4 mais en faveur d'une caufe qui n'eft pas la nôtre, nous
» propofbns feulement un doute, au nom de ceux qui pourroient tenir encore à
» cet ancien fyftême; & nous le faifons uniquement pour tendre de plus en plus
» à la découverte de la vérité.
D Quoiqu'il en (oit, il eft certain qu'au tems où M. ycrnage commença l'exercice
» de ià profeffion, la faignée étoit dans la plus grande faveur. La fermentation ex-
ji citée parmi les Médecins à la fuite de la découverte de la circulation du fang ,
« & qui a fubfifté long-tems , n'étoit pas appaifée. Les principes de la Médecine
t) méchanique dominoient. <.)d croyoit avoir des idées plus nettes de l'inflammation:
11 on en avoit formé depuis peu une Théorie ingénieule. On rappelloit à ce genre
r> de maladie non feulement toutes les maladies aiguës, mais encore un grand ncm-
» bre d'autres , & aflez généralement toute efpece de fièvres. M. Fernage fut élevé
» au milieu de ces principes. Mais on s'eft apperçu que par la fuite il y avoit
» apporté de l'adouciiiément ; & que dans fa pratique il S'étoit abfolument rappro-
» ché de celle qui réutit aujoura'hui tous les bons Médecins , & qui conlifte à
» éviter également les deux excès. Tout ce qu'il avoit confervé de l'ancienne fa-
n çon de penfer , c'étoit de craindre que la modération apportée par le tems &
« l'expérience à l'emploi de la faignée, ne dégénérât en cette timidité, qui, fous
» prétexte d'épargner le fang des malades, rend les maladies aiguës meurtrières,
» ou les métamorphofe en des maladies chroniques incurables. » Ces réflexions
de M. Maloet font on ne peut plus fenfées.
VERNEY. Voyez DU VERNEY.
VERTUNIEN. ( François DE SAINT ) Voyez SAINT VERTUNIEN.
VERZASCHA (BernardJ naquit à Bâle , en Décembre 1629 , d'un père qui étoit
Dofteur en Médecine. Il étudia lui-même celte Science dans fa patrie ; il voyagea
enfuite en Allemagne , en Hollande , en Angleterre , & pafFa en France où il prit
le bonnet à Montpellier en 1650. A peine fut-i! de retour à Bâle, que les mala-
des le recherchèrent de toutes parts ; mais quelque grandes qu'aient été les occu-
pations de fbn état , elles ne l'empêchèrent point de s'acquitter encore des devoirs
de citoyen ; car il remplit les charges civiles de fa patrie pendant plufieurs années.
Il mourut en i6b'o,& laifTa au public un Ouvrage de Botanique en Allemand, qui fut
impritné à Bâle en 1678, in-folio^ avec figures. On a encore:
Si6 V E S-
La^art Riverii Medldna PraSica îa fuccinêtam compendlum reda&a. Bafîlete , 1663',
*i8.
Centuria prima Obfervationum Medicarum , cui accejferunt celeberrimorum y.rorum con^
filia & epijlola. Bajïke & ^mftdodami , 1677 , in-8.
VÉSALE, (Pierre) Médecin, fut le triiaïeul S /tudri^ cet Anatoniifte célèbre
dont nous parlerons à l'Article fuivant. Fitrre, a écrit des Commentaires fur Av'i.
tenue. \ André en parle dans fa Lettre Dt radice Chinte.
Jean f^éfah , fils de Pierre^ naquit à Bruxelles. Il fut long-tems Médecin de Ma-
rie de Bourgogne , fille de Jean furnommé Sans peur , qui épotfa en 1406 Adol-
phe , Duc de Cleves & Comte de la Marck. Dans fa vieilleffe , il quitta la
Cour & procura à fon fils Everard l'agrément de fa place. Celui-ci n'étoii point
encore gradué en Médecine ; il ne le fut à Louvain qu'en 1433 '■ '"^'^ '' ?^ P^^'
fita pas long-tems des avantages attachés à fa promotion, car il étoit à peine âgé
de 36 ans , lorfqu'il mourut.
Ce fut en i4aQ que Jean f^éfale quitta la Cour de Marie de Bourgogne. Il fe
retira à Louvain où il paffa le refte de fa vie à eufeigner la Médecine: on trouve
même fon nom dans la lifte des Refteurs de i'Univerfité de cette ville , fous les
années 1430, 143a & i435-
VÉSALE ( Andréa étoit de Bruxelles, où il naquit le 30 Avril 15 13, feloQ
Foppens dans fa Bibliothèque Belgique, & le 31 Décembre 1514 , fuivant plu-
fieurs autres. Son père, André ^ Apothicaire de l'Archiduc Charles, depui* Em-
pereur cinquième du nom , tiroit fon origine de Wéfel dans le Duché de Cleves
& defcendoit de la famille dont je viens de parler.
11 étudia à Louvain, & après y avoir achevé fon cours de Philofophie au Col-
lège du Château , il donna toute fon application à la Langue Grecque qu'il pofi'éda
parfaitement , ainfi que la Latine. 11 palTa enfuite à Cotogce , delà en France ,
où il s'arrêta à Montpellier, à Paris, & fit de grands progrès dacs la Médecine,
principalement fous Jacques Sylvius , Profefleur au Collège Royal de la dernière
ville. La guerre qui avoit commencé dès l'an 1521 entre François I & Charles"
Quint, fe continuoit avec plus de fureur que jamais, & cette raifon obligea Pl£-
fale à quitter Paris & Sylvius ^ fon Maître, plutôt qu'il n'avoit compté de le faire..
11 revint dans les Pays-Bas & fervit dans les Troupes Impéria'es, en qualité de
Médecin & de Chirurgien , depuis 1535 jufqu'en 1537. Ce fut pendant le cours
de la dernière année qu'il pafl'a en Italie, où il enfeigna publiquement l'Anatomie
dans les Ecoles de Padoue à l'âge de 24 ans. 11 y demeura jufqu'en 1543 qu'il
fe rendit à Bologne & enfuite à Pife, pour enfeigner encore dans les Ecoles de
ces Univerfités: l'emprefTement qu'on eût de l'entendre fut G grand, qu'il dut fe
partager pendant le même hiver & pafler fucceffivement de l'une de ces villes
à l'autre.
En 1546 , il fit un voyage à Bâle pour y prendre des arrangemens au fujet
d'une nouvelle édition de fes Ouvrages; mais comme il fut obligé d'y faire un
plus long féjour qu'il n'avoit penfé, il employa une partie de fon tems à démon-
«ter l'Anatomie, & prépara un fquelette humain, dont il fit préfent à la Faculté •
V E s 51?
de Médecine. Ce fquelette fe voyoit encore à Bâle au commencement de ce fie-
cle , avec l'Infcription qu'on avoit fait mettre par reconnoiOance dans l'endroit
où il étoit placé. On lifoit ces mots;
Andreas Vesalius Bruxell.
Caroli V AuG. Archiatrus
LaudatlJJ'. ^natomicarum ^dminiftr. Comm.
In. hac Urbe Regiâ publicaturus ,
F'irile quod cerais Sceleton ,
^riis & înduftrits fuie fpecimea,
^nnù Chrifiianô M. D, XLVI
Exhibu'u erexhque.
C'étoit à la fin de 1543 ou au commencement de 1544 que P'é/ale avoit été
appelle à la Cour de Charles-Quint pour y remplir la charge de premier Méde-
cin; & lorfque ce Prince abdiqua le gouvernement de les vaftes Etats en 1555 >
il fut continué dans le môme emploi fous Philippe II. Depuis ce tems, il ne
quitta plus la Cour jufqu'au moment où il eut occafion de voir à combien de
travers font fujettes les fortunes les plus brillantes & les plus folidement établies.
Un Gentilhomme Efpagnol mourut en 1564, f^éfale qui n'avoit pu venir à bout de
connoîtie la caufe de ia maladie , demanda aux parens la permiilion d'ouvrir le
cadavre. On la lui accorda. Il diffeque ; mais les aflidans s'étant apperçus que le
cœur palpitoit encore, coururent en donner part à la famille du Gentilhomme,
qui , indignée de cette méprife , intenta un procès criminel au malheureux Médecin
& le déféra à l'Inquifition. L'accufation parut grave à ce Tribunal alors fi févere j-
& l'infortuné f^éfale auroit été pourfuivi avec la plus grande rigueur, fi le Roi ne
l*eût mis à l'abri de la fentence infamante qu'on s'apptêtoit à lancer contre lui.
On fe borna à le condamner à faire un pèlerinage dans la Terre fainte, en expia» -
tion de l'on imprudence plutôt que de fon crime. En conféquence, il pafla en
Chypre avec Jacques Malatefta , Général des Vénitiens, & deîà à Jérufalera. Il
y étoit encore, lorfque le Sénat de Venife voulut l'engager à venir remplir la
Chaire d'Anatomie que Fallopio avoit laiffée vacante à Padoue par fa mort. Soit
qu'il eut accepté ce parti, foit que d'autres raifons, & en particulier celle de l'ac-
complilTement de ion pèlerinage , l'euflènt engagé à revenir en Europe , il eft cer-
tain qu'il ne tarda point à s'embarquer. Mais fon vaifTeau ayant fait naufrage il
fut jette dans l'Iile de Zante , où il mourut dans un village le 15 0(ftobre i;;64.
Un Orfèvre qui aborda par hazard en cet endroit , lui procura une lépukureho-
norable dans l'Eglife de la Sainte Vierge de la même Ifle , ôe fit mettre cette In&
cription fur fon tombeau :
TUMUI-US
ANDREA VESALII BRUXELLENSIS
Qui obîit fdibus Ociobris , ^nnô M. D. LXIV ,
JEtat's verà fute L ,
Quum Hierofolymis rediijfet.
-HB V É S
Avec un génie fupérieur , aidé d'un travail infini & d'une induftrie finguliere ,
f^éfale acquit une connoiflance ii profonde de la ftruéïure du corps humain , qu'il
fut l'ornement du ieizieme iiecle & l'admiration des fuivans. C'eft le deftin des
Sciences de tomber entre les mains de gens lervilemeni attachés aux opinions de
quelque Auteur du premier ordre qui les a devancés,- elles languiflent & ne font
aucun progrès, tandis qu'on n'ofe lecouer le joug de la fervitude. Mais dès qu'il
paroît un homme plus hardi qui cherche à penfer par lui-même , qui confidere la
vérité de fes propres yeux & lui immole toute autorité , alors on voit les Sciences
faire les progrès les plus rapides. Lorlque Féfale commença la carrière , les Anato-
miftes fléchiffoifcnt le genou devant Galien ; ils auroient cru fe rendre coupables
d'une efpece de facrilege , s'ils avoient ofé le contredire, yéfah n'eut aucun égard
pour la façon d'agir de fes contemporains , & fans trop s'embarrafler de l'attache-
ment des liecles précédens aux opinions de cet Auteur, il entreprit de dévoiler
fe» erreurs , de ies expofer & de les corriger , tant en Médecine qu'en Anatomie ,
& particulièrement dans cette dernière Science. Mais comme la jaloulie eft une
des foiblefles prefque inféparables de l'émulation dont fe piquent les gens de Let-
tres , leur amour-propre s'irrite à la vue d'un homme d'un mérite extraordinaire ;
ceux qui délelperent d'être fes rivaux , deviennent bientôt fes cenfeurs & même
quelquefois les ennemis. Tel fut le fort de Féfak. Quelques Auteurs défendirent
leur célébrité chancelante, en acculant ce Médecin d'ignorance, de manque de po-
iiteffe,de vanité & de plagiat. Cependant toutes les cenfures qu'on a lancées contre
lui, quoique fort vives & très-aigres , n'ont fait aucune impreflion fur Jes perfon-
nes impartiales; fa réputation n'a point été ébranlée; fes Ouvrages ne fe font non
plus reflentis des efforts des Critiques , que les rochers fe reflentent de l'impétuo-
iité des vents. Ils jouiront de l'eftime qu'on en a faite, tant que la Médecine &
l'Anatoraie feront regardées comme des Sciences utiles au genre humain. Ce n'eft
pas que les Ecrivains qui ont fuivi f^éfak n'eulfent renchéri fur fes travaux en les
perfedionnant , ou en relevant les erreurs qui lui font échappées; ils ont fait l'un
& l'autre; cependant ceux qui étoi'ent de bonne fol, ont avoué fans peine que cet
homme célèbre a toujours été leur guide & leur modèle.
Nous n'avons pas tous les Ouvrages de Féfalc. Les tracafleries qu'on lui a fuf.
citées nous ont privés de fes Ecrits fur Galien-^ G l'on en croit M. De Haïler, il
jetta au feu les Livres de cet ancien Médecin qu'il avoit corrigés. Mais nous avons
de quoi nous conibler par ce qui nous refte fur d'autres matières.
Paraphraps ia nonum Librum Ràaia ad ^Imanforem , de afe^uum fingularîum cor.
poris panium curatione. BafiUa , 1537, //1-8. LHgrfun: , 1551 , w-12. fTitteberea
1587, i/i-8. " '.
Epiftola docens venant axillarem cubiti in dolore laterali fecandam , ǧ mdanchrUcum
faccum ex ven<e ponarum ramU ad fedcm pertinentibus purgari. Bafilee^ ij^^Q, in-A.
Suorum de corporis humani fahricâ Librorum Epitome. Bajîlea , 1542, in-folio: bonne
édition pour les planches. Parifiis , 1560, /n 8. fFineberga , 1582 , in 8 , fans "figures.
Colonie ^gnppin<e^ \toOt in-folio. Luji,iuni Batavorum^ ibi6^ i/1-4 , avec les notei
& les commentaires de Pi;rre Paa»\ u^mjlelodami , i6if, in-folio. Ibidem, 163-; ,
V E s S»9
î/1-4 , avec les notes de Paaw. Ibidem^ 1642, in-folio, avec les annotations de Ni-
colas Fontanus. On recherche cette dernière édition , tant pour les figures qu'on y
a ajoutées, que pour les obfervations intéreH'antes qu'on y trouve fur l'Anatomie
pratique. Londini , 1642, in-folio. En Allemand, par ^Ibanus Torinus^ 13âle, 154^9
in-folio maxiwo.
De humani corporis fabricâ Libri feptem. Bajilea ., 1543, in-folio regali^ avec de
belles figures gravées en bois. Si les dePJns ne font pas du Titien , comme quel-
ques Auteurs l'ont afiiiré , ils font au moins de la main des plus habiles Maîtres
de ce tems-là. Tiguri, 155 1, 1573 » in-folio. Bafileo: , 1555 , 1563 , in -/o/(8. Boerhaavc
donne la préférence à l'édition de Bâle de 1543 pour les planches , & à celle de
I555 pour le texte que f^éfale a corrigé lui-même. Lugduni , ISS^» 'n-8 , deux volu-
mes fans figures. Parijiis, 1^,6^^ in-folio. F'enetUs , 1568 , in-folio, avec de petites
figures, ^ntverpia, 1572, in.folio. C'eR Chrijîophe Plantin , célèbre Imprimeur d'An,
vers, qui a fait graver les planches dont cette édition eft ornée ; on y a mis le
plus grand foin & la plus grande exaditude pour les bien rendre: mais le rnon-
tant de la dépenfe furpaffoit la fortune de Plantin qui auroit été arrêté au milieu
de l'Ouvrage, fi le Magiftrat de la même ville d'Anvers ne lui eût donné des fe-
cours en argent pour l'achever. Flnedîs , 1604, in-folio , avec des fragmcns de Ru»
fus & de Soranus. Francofurti, 1604, 1632 , :n-4. ^mjlelodami , 1617 , 1640, in-folio.
En Allemand, Nuremberg, 155 1. En François, Paris, 1509, in-folio.
De radice Chine Epijlola. De modo ac ratione propinandi radicis Chinée decoêfi. ^e*
netiis , 1542, 1546, Jn-8. Bajîlets, 1543, in-8 , i ^^6 ^ in-folio. Lugduni , 1547» in-.i2>
On trouve ces deux pièces dans le premier Tome du Recueil De morbo GallicO'
L'Auteur a gliflë plufieurs remarques Anatomiques dans fon Ouvrage , & en par-
ticulier , il y réfute les erreurs de Galien fur J'Oftéologie.
.Anatomicarum Gabrielis Fallopii Obfervationum Examen. Matriti , 1561. i^enetiis *
1564, in-4. Hanovia, 1609, fn-8. Ce fut en la même année 1561 que Gabriel Fal-
lopio ^ autrefois difciple de P^éfale, tout grand admirateur qu'il étoit encore de fors
Maître , prit le parti de Galien contre lui. Plus modéré que Sylvius qui avoit lâché
contre F'éfale les injures les plus flétrifTantes, il ne s'écarta pas du relpeft que lui
diftoient l'eftime & la reconnoîflance. Il parla en Anatomifte inftruit , & non en
homme emporté , jaloux & vindicatif; mais s'il fe maintint dans les règles de la
bienféance envers Ion Maître, celui-ci oblerva envers fon difciple les procédés les
plus doux & les plus honnêtes. A peine les remarques de Fallopio furent-elles par.
venues en Elpagne, que réfale lui répondit comme un pcre auroit fait à fon fils*
Confiliam pro illujtrijfimi Terr<s-Nov£ Ducis fiftulâ. f^enetiis^ 1568 , i/1-4 , avec d'au-
tres Ecrits de la même nature.
Chirurgia magna in feptem Libros digefta. Fenetils , 1569 , in-H , par les foins de
Profper Borgarucci , difciple de l'Auteur. La Chirurgie de F'éfale eft bien moins
intéreflaote que fon Anatomie ; plufieurs Ecrivains ne l'ont même regardée que
comme une compilation, & fouvent une traduétion de ce qui avoit été dit par le»
Anciens.
Opéra omnia ylnatomica & Chirurgica. Lugduni Batavorum , 1725 , deux volumes
in-folio., avec de belles figures, par les foins de Boe/haave & de Bernard- SifroM
uilbiaus.
.520 ■ V E s
L'induftrieux & infatigable F'éfale a enrichi l'Anatomie par un grand nombre
de découvertes. 11 a prétendu que le Penh étoit attaché , dans l'endroit de la
réunion des os Pubis ^ par un certain petit ligament que Cowper a décrit fous le
nom de Ligamentum pénis fufpenforium. Il eft le premier qui ait donné la figure des
ofTelets de l'organe de l'ouie. Il a découvert que le nerf optique ne s'inféroit pas droit
au centre de l'œil , mais qu'il entroit un peu de côté. II a dit que le ligament du fémur
n'étoit point implanté au milieu de la tête de cet os, mais aulîi un peu de côté. Il
a preffenti l'exiftence de la circulation , puifqu'il n'a point ignoré que le cœur pouflbit
. le fang dans les artères , & que celles-ci ne fe dilatoientque par la force de l'impulfion
de ce liquide. Je pafle fur bien d'autres chofes dont on eft redevable au célèbre Fi-
fale; ceux qui veulent en être inftruits , peuvent recourir à l'analyfe que M. Portai
a donnée des travaux Anatomiques de ce Médecin , page 401 & fuîvantes du
premier volume de fon Hifioire de f^natomie R de la Chirurgie.
f^éfale eut un frère ciidet , nommé François , qui mourut long-tems avant lui. Il aima
l'étude de la Médecine avec tant de paflion, que malgré les ordres de fes parens
qui vouloient qu'il s'appliquât au Droit , il courut les rifques de leur déplaire en
fuivant fon goût. Il employa une partie de fa vie à voyager; & comme il excel»
loit dans l'Anatomie, il fut arrêté à Ferrare pour y démontrer la ftrudlure des
parties fur les cadavres qu'il diliëqua. Las enfin de voltiger d'un endroit à l'autre ,
il alla rejoindre fon frère en Efpagne , où la mort le furprit environ l'an 1555 , lorf-
qu'il étoit tout occupé de la défenfe des Ecrits de ce grand Anatomifte , à qui les oc-
cupations delà Cour ne permettoient guère alors de fe livrer au travail du Cabinet.
VESLINGIUS ( JeanJ naquit en 1598 à Minden en Weftphalie. Son père,
qui vouloit le pouffer dans les études, le conduifit à Vienne en Autriche; il y
acheva heureufement fon cours d'Humanités , & fit enfuite de grands progrès dans
la Philofophie & la Médecine. Il y avoit déjà pluCeurs années qu'il s'appliquoit
à cette dernière Science , lorfqu'il forma le deiFein de voyager dans le Levant ,
pour étudier l'Hiftoire Naturelle de ce pays fur les lieux mêmes. L'Egypte l'arrêta
plus long-tems que toutes les autres contrées de l'Afrique ; il finit fes courfes par
aller à Jérufalem , où il fut reçu Chevalier du Saint Sépulcre. II aborda enluite à
Venife , & il y donna , en 1628 , des leçons privées d'Ànatomie & de Botanique avec
tant de réputation , que les Ecoles de cette ville furent bientôt défertes. La Ré-
publique attentive à faire l'acquifition d'un homme de cette importance , le nomma
en 1632 à la première Chaire d'Anatomie , vacante à Padoue. La connoifTance
qu'on avoit de fes talens prévalut fur celle de fes défauts naturels, qui fembloient
le rendre moins propre à eni'eigner publiquement. Fefllngius étoit un peu fourd ,
& l'embarras qu'il avoit à la langue , l'empêchoit de parler avec cette aifance qui
rend la voix du Maître intelligible à fes auditeurs. On pafia au deflus de ces défauts:
on le chargea même encore delà Leçon de Chirurgie, & bientôt après, de celle de
Botanique. Mais il ne tarda pas à fentir le poids de cette furcharge ; c'eft pour-
quoi il demanda, en 1638, d'être difpenfé d'enleigner la Chirurgie , pour fe tenir à la
Chaire d'Anatomie & de Botanique , avec la dire<aion du Jardin. Vcilingius fut
alors dans fon centre. L'étude des plantes étoit fon goût dominant , & pour le fa-
Vibfaire, il entreprit de rendre le Jardin de Padoue un des mieux fournis de l'Eo.
rope.
V E^ s 5*ï
TOpe. A cet effet, il foUicita la permidlon d'aller faire une ample moifTon de nou-
veaux fim pies dans Mlle de Candie & quelques autres contrées du l,rvant, ^ il ob-
tint , en 1648, ce qu'il demandoit avec tant d'innance. L'objet de ion voyage fut
parfaitement rempli; mais il s'étoit fi peu épargné dans fes recherches, qu'il revînt
à Padoueépuifé de fatigues, & qu'il y fuccomba le ;^o Août 1649. Nous avons de lui :
Obfervatioms & notée ad Profperl yilpinl Lihrutn de plancis ^ligyptii , cum add'ita-
mento aliarum plantarum ejufdem regionis. Patavii^ 1638, ««-4. Ray a profité du
travail de P^eflingius.
Syntagma ^natomicum , publlcis dîjfe&lonibus In audîtorum ufum aptatum. Patavii, 1641 ,
in 8^ fans figures. Ibidem, 1647, tn-4, avec figures. Les meilleures lont celles qui
repréfentent les parties qui compofent l'organe de l'ouie, & le fœtus; les autreg
ne valent pas grand'chofe. Francofurti, 1641, in 12. ^vjlelodami , 1649 , in 12. Pa-
tavii, 1651, in-B, 1677, fn-4. ^mftelodami , 1659, l'^iôô , in-4, avec un iupplé-
ment & les obfervations de Gérard Blajîus. Trajecii ad Rhenum , 1696, in-4. Cette
édition plus correéïe que les deux précédentes , contient auili les additions de
Blajius. En Hollandois, Leyde , 1652, in-4. En Anglois, Londres, 1653, in-folio,
par Culpepcr En Allemand, Nuremberg, 1676, i6d8, in-8.
Catalogus plantarum Horti Patavini. Patavii^ 1642» <ra-I2. Ibidem, 1644^ tn-I2»
avec des augmentations.
Opobalpimi P^eteribus cogniti F'indicla. ^cceffit Pansnefis ad Rem Herbariam. Jbi''
dcm, 1644 , in-8.
De puilitione ^gyptiorum , & alite Obfervatioms ^naiomic£ , 6? Epiflolte Medlca
pojlhumte. //a/ni(S, 1664 , in 8, avec la Difiertation de Thomas Bartholin qui eft inti-
tulée : De infoUtis panas humani viis. Hagce Comitis , 1740, in-8. Tout le monde fait
que les Egyptiens fe font refervé long tems le fecret de faire éclore des poulets fanj
le moyen des poules. Ils conftruifent de longs & fpacieux fours d'une forme par'
ticuliere, dans lefquels ils mettent une grande quantité d'œufs : par le moyen d'un
feu doux & bien ménagé, ils leur procurent une chaleur égale à celle que les pou-
les donnent aux œufs qu'elles couvent , & au bout d'un certain nombre de jours ,
on voit éclore un fi grand nombre de poulets, qu'on peut les mefurer & les ven-
dre au boiffeau. La chaleur du climat fuffit pour amener les poufiins à leur perfec-
tion. M. De Réaumur a fait tant d'expériences fur cet objet , qu'il eft enfin par.
venu à enlever aux Egyptiens leur fecret.
VESTI CJufteJ étoit d'Hildesheira dans la Bafle Saxe, où il naquit le 13 Mai
1651. L'Univerfité d'Erford fut celle qu'il choifit pour y faire fon cours de Mé-
decine , & il l'acheva par la prife de bonnet le 25 Oftobre 167.:;. En 1677, u
revint dans fa patrie , où il exerça fa profeilion pendant quatre ans avec beaucoup de
fuccès ; mais ayant obtenu la Chaire de Botanique à Erford , il quitta Hildesheim pour
aller la remplir. Ce fut à ce titre que la Faculté le reçut au nombre de fes Membres ;
il s'y avança , car il devint Profedeur d'Anatomie ^^ de Chirurgie en 1682 , & il pafia à
la Chaire de Pathologie en 1690. II l'occupoit encore, lorfqu'il mourut le 27 Mars
1715. On a plufieurs Diflcrtations Académiques de la taçon de ce Médecin , telles
que celles qui portent en titre : De Struma : Do&rina de purgaiione : De pulvere fympa-
thctico : De fymbnln Pythagore , Fabis abftineto. De fru^aum honcnfium & efculeniorum
T 0 ME IV. V V V
52Î V E T V E Y U F F
abufa : De pants' ufu alimentosô & medicamenwsô : De prteftantia medicamentnrum jîmpUclum
& GaUnicorum , pr<£ Cliymich. Mais il a publié des Ouvrages plus conlidérables :
Collegium Chymicum Crameri , cum Obfervatiunum Medicarum Décade prima. Franco-
furti & LipJΣ ., 1688, /n-4.
Œconomia corporis humant. Erfordits , 1688. Lipjîa , 1731 , fous le titre de Competi'
dium JnftUut'wnuin Medicin£.
Gafpar-Henri f^ejîi , fils de Jufie , fut reçu Dofteur en Médecine à E rford en
1703 , & mourut en 1713.
VETR.ANI , ( André _) de Palerme , étoit Doiïeur en Philofophie & en Méde-
cine. Il pratiquoit dans fa ville natale avec le litre de Confulteur du Gouverneur
& de Proto-iVlédecin , lorfqu'ii devint veuf. Bientôt après , il embralTa l'état ec-
cléliadique , & s'appliqua à l'étude de la Jurifprudence & de la Théologie. U s'a«
vança dans fon nouvel état, car il devint Curé de Saint Nicolas , Protonotaire
Apoftolique , Confulteur du tribunal de l'Inquifition , Juge Synodal , Examinateur
du Dioceie de Palerme & Député des Monalteres. 11 mourut dans fa patrie le
24 Mars 1689 , à lâge d'environ 64 ans , & lailfa les Ouvrages fuivans :
Trutina apologenca ConfiUi Medici à Paulo Stredes nuper editi pro ^kxandro La
Barbera & Rejiivo , contra RR. PP. & Moniales Carmelitas dijcalceatos. Panorml ,
165 1 , in-4.
Oratio gratulaiorîa de recepta Cataîaunia vidloriâ. Ibidem , 1653 , In-^,
uimujjii Medicamentarïa ad ufum Pharmacopolarum Urbis Panorml. Ibidem , 1655 ^
in -4.
Medicum difcrlmen de Lepra Gallicâ. Ibidem , 1657 , '«-4.
Oratio funebrls Marcl Antonli Alaimi , Anium & Med. Do&. Ibidem , 1662 , /n-4.
VEYRAS , C Jacques ) Médecin du XVI fiecle , prit fes dégrés à Montpellier ,
où il fut dilciple de Laurent Joubert. Divers abus regnoient alors parmi les Chirur-
giens , qui , en particulier , ne pouvoient le réfoudre à abandonner le tamponnement
des plaies , & â le dépouiller de leurs fentimens fur la brûlure dans celles pro-
duites par les armes à feu. F'eyras attaqua ces abus dans un Ouvrage qui
parut fous ce titre :
TraiM de Chirurgie contenant la vraye méthode de guérir playes d'arquebufade , avec
la réfatjtlon de ce Trai&é par Tannequin Guillaumet, & Vadvls & jugement de M.
Laurent Joubert. Lyon , 1581 , in-ii. Gm7/aumet , Chirurgien de Nifmes , prétendoit
qu'on devoit s'attacher à la brûlure , & non point à la contufion dans le ttaitement
des plaies d'armes à feu , & il avoit foutenu fon opinion dans un Ouvrage publié
contre F^yras^ à qui il répliqua encore en 1590.
UFFENBACH C Pierre ) étoit pafle de la place de Phyficien ordinaire de Franc-
fort fur le Me'm à celle de premier Médecin, lorfqu'ii mourut dans cette ville ett
1635. Il employa une partie de fa vie à publier ou à traduire les Ouvrages d'autrui ;
on lui doit, en particulier, une édition de ceux de Earthtlémi Montagnana , qu'il a
enrichis de fes réflexions , & une autre du Pantheum Midicinte felccïum ù'Hercule
Saxonia. Il a encore mis au jour :
VIA sa^
o
^natomla ç§ Medldna (quorum CaroJi Ruini. Francofurtl , 1603. Ceft une Traduc
vion de l'Italien de cet Auteur. Il a audî traduit de cette Langue en Allemand
VHerbario nuovo de Cajîor Durantes, & il en a donné deux éditions à Francfort,
1609 ' '"-4 & l^V, t inS.
Thefaurus Chirurgicus, Francofani , i6to, in-folio. C'eft une colled^ion des principaux
Traités à' ^mbroife. Paré., de Jean Tagault ^ àc Jacques HoulUer ., de Marianus Sanc-
tus , d'^ige Bolognini , de Michel- Ange Blondus , d'Alphonfe Ferrius , de Jacques
Dondus & de Fabrice Hildaa. 11 y a joint une defcription Anatomique du corps
humain , qui qft bien incomplette.
F>:fpenfatorium Galena-Chymicum , cont'inens Joannis Renodtei Tnftitutionum Pharma-
ceuticarum. Libros V ^ iz Materia Medicâ Libros III , & Antidotarium variiim & ab-
JbltitiJJimum ; item Jofephi Qaercetani Pharmacopœam Dogmaticorum refiitutam. Franco-
fani , 163 1, i/1-4. "^
VIALI , ("FélixJ de Padoue , commença par enfeigner la Botanique à Pife ;
mais il vint enluite remplir les mêmes fondions dans fa ville natale , où il devint
Diredteur du Jardin des. plantes en 1687, obtint la vétérance en 1719, & mourut
le 11 Janvier 1722. On a de lui :
Planta, fûtes in fiminario Hurti Patavinl annô 1686. Patavii , in-ii.
VIANEUS, ( Vincent ) qu'on nomme encore f^ioneus ou f^ojanus , Médecin
& Chirurgien né en Calabre, eft cité par Gabriel Barri dans un Ouvrage imprimé
à Rome en 1571 , in-8 , fous ce titre : Pe aniiquitate & fitu Calabrite. Ctt Hiftorien
en parle comme de Pinventeur de la méthode de réparer les défauts des lèvres &
du nez; Primus labia & nafos mutilas injiaurandi artem excogitavit. Cette citation
pourroit induire en erreur fi on la prenoit au pied de la lettre. Ce n'eit point à
f^incent yiuneus qu'on doit cette méthode ; ^ranca l'avoit pratiquée avant lui, ainfi
que le dit Pierre Ran^uno , Evoque de Lucéra dans le Royaume de Naples, qui
en parle Ibus l'année 1442 dans le huitième tome de fes Annales du monde, pré-
cieux Manulcrit de la bibliothèque des Dominicains de Palerme.
Bernardin Fianeus , neveu de f^incent, & Pierre , fils de Bernardin^ ont été fort
attachés à la praiique de la même méthode. Il eft aflez vraifemblable que ce fut
Pierre qui en iniiruifit TagUaco^^o dit Taliacot.
VIARDEL, C'Côme) Chirurgien privilégié , exerça l'Art des accouchemens à
Paris après le milieu du XVII fiecle. 11 a fouvent critiqué Mauriceau , dont il étoit
l'émule , mais il ne le valoit pas ; Mauriceau à fon tour a relevé l'es erreurs ,
peut-être avec trop de véhémence , animé qu'il étoit par la fingularité des opinions
de fon adverfaire. En effet , f^iardel a donné tête baiil'ée dans la plupart des
pratiques fuperftiiieules des bonnes femmes , & U a conl'eillé afiez mal à-propos
i'ulage des médicamens , même dans les cas où l'Accoucheur n'a beloin que de
la main. La lienne n'étoit pas heureufe ; car il a quelquefois renverfé la matrice
en travaillant à l'extraclion du placenta , & il en fait Thiftoire , fans rougir de
ian impéritie , dans l'Ouvrage qu'il a écrit , fous ce titre :
Obfervations fur la prat'que des Accouchemens naturels , contre nature 6? mon/îrueux.
524 Vie
Paris, 1671 ,tn-S. Ibidem, 1^48, in-S , avec quelques nouvelles obfervations ie-
peu d'importance. Il y a aufli une édition eu Allemand, Francfort, 167B, 'iB.
VICARIUS, ( Jean -Jacques J ou VICARY , prit le bonnet de Dodeur eo
Philolophie & en Médecine dans rUnivcrfué de Fribourg en Brifgaw , où il obtint
la première Chaire. L'Académie Impénale des Curieux de la Nature fit tant
d'eltime de les talens » qu'elle le mit au nombre de lès Membres , en i6()7 , fous
le nom d'^naximander. Il méritoit cet honneur par les obiervations qu'il a voit
communiquées aux Directeurs de cette Société ; mais les Ouvrages qu'il publia dana
la fuite , l'en rendirent encore plus digne, 'l'els font :
Hydrophylacium , feu , Dijcurfus de ^qu'is falubrlbus mineralibus. Ulmte Suevorum ,
1699 , in-8.
Bafis unlverfe Mcdîcina in quinque Libros Inftitutinnuni pro veteri more divifa , acjuxta
Ncotericos in principiis Mathematicis , Meclianicii & Anatomicis fundata. Ibidem^ 17°0 ,
in-8. argent orati , 1710 , /«•8.
Traclatus de intemperato Hippocratico , feu cacochymiis Gakni , în très Libros divifuf.
Arge^itorati ^ 1712, in.4.
VICARY , ( Thomas ) Chirurgien du XVI fiecle , étoit de Londres où il fit
fa proftllion. La circonftance la plus remarquable de fa vie par rapport à l'Hif-
toire de la Médecine , c'eft qu'il eft le premier qni ait écrit ea Anglois fur l'Ana»
tomie. Son Ouvrage eft intitulé :
The EngUihman's treafure or the nue ^natomy of man's body , c'eft-à-djre , le Tréfot'
d'un Anglois fur la véritable Anatomie du corps humain. Londres , 1548 , 1577 ,
in-8, 1587, 1633 , in./^.
VICQ d'AZYR , ( Félix 3 de Valogne en Baffe Normandie, prit le bonnet de
Do£leur dans la Faculté de Médecine de Paris. Ses talens lui ont mérité l'entrée
de l'Académie Royale des Sciences , la place de Médecin ordinaire de M. le
Comte d'Artois , & celle de Commiflàire général & premier Correfpondant de la
Commiflion des Médecins établie à Pans pour les maladies épidémiques & épi-
zootiques. La Société & Correfpondance Royale de Médecine eft un de ces éta-
bhflèmens qui illuftreront le règne de Louis XV [ , & qui mettront ce Prince au
rang des bienfaiteurs de l'humanité. Cette Société , vraiment utile , a été établie
par un Arrêt du Confeil du 29 Avril 1776, où il eft dit que » Le Roi s'étantfait
■n rendre compte des précautions anciennement prîtes , & des moyens qui ont été
» employés pour porter des fecours à fes fujets & veiller à leur confervation , lorf»
„ que des maladies épidémiques ont affligé quelques provinces , ou lé font répan- X
„ dues dans les campagnes; Sa Majefté a reconnu qu'il étoit digne de fa bienfai- i
„ fance de pourvoir à cet objet important , par des inflitutions publiques fx. capa- j|
> „ blés de remplir plus sûrement leur objet : qu'une longue expérience prouve que les *
„ épidémies, dans leur commencement , font toujours funeftes & deftruétives , parce
„ que le caraftere de la maladie étant peu connu , laifle les Médecins dans l'in-
», certitude fur le choix des traitemens qu'il convient d'y appliquer .• que cette
n incertitude naît du peu de foin qu'on a eu d'étudier & de décrire les fymptô^
vie 525
„ mes des différentes épidémies , & les méthodes curatives qui ont eu le plus de
„ fuccès : que ii quelques Médecins habiles ont écrit &: confervé leurs obicrvations
,, iur les épidémies qu'ils ont vu régner, ces Ouvrages ifolés Ibnt demeurés ians
„ utilité, faute d'ôtre raflemblés, & de concourir , parleur réunion & leur compa-
,, raifon , ii la formation d'un corps complet de dodirine: que cependant la vérita-
„ ble & la plus sûre étude de la Médecine, confiftant dans l'oblervation & dans
„ l'expérience , le véritable code des Médecins feroit dans le recueil de tous les
„ faits que les hommes les plus inftruits de l'Art ont obfervés, & des traitemens
„ dont ils ont éprouvé , dans les épidémies , les bons ou les mauvais fuccès : que pour
„ encourager les Médecins habiles à conCerver leurs obfervationl , & pour parve»
„ nir à les réunir & les comparer enfemble , rien ne feroit plus utile que l'établif-
„ fement d'une CommiffioQ corapofée de Médecins choifis par Sa Majefté , & qui
„ leroient par elle fpécialement chargés de s'occuper de l'étude & de l'hiftoiredes
» épidémies connues ; de fe ménager des correfpondances avec les meilleurs Méde-
T. cins des provinces & même des pays étrangers; de recueillir & de comparer leurs
v> obfervations , de les raflembler en un feul corps ; enfin de fe tranfporter , toutes
X» les fois qu'jl leur feroit ordonné , dans toutes les parties du Royaume, où des
» maladies épidémiqucs requerroient les fecours de leur Art : l'objet efientiel de
n ceux qui l'exercent , étant fur-tout de ne négliger aucuns rrioyens de fe rendre utiles
« à l'humanité; Sa Majefté a droit d'attendre du zèle de ceux qu'elle aura choilis,
» qu'à l'exemple des plus grands Médecins de l'Antiquité , ils ne dédaigneront pas
» d'étudier pareillement les maladies des animaux & les remèdes qui leur convien-
r> nent. » Ces confidérations ont engagé le Roi à ordonner qu'il fe tiendra à Paris
une afl'embiée des Membres de la Commidion au moin* une fois par femaine , & il
a nommé M. De Lajfone , foo premier Médecin en furvivance , pour prélider à cet
établillement , dont M. /^icq d^yj^yr a été déclaré Commiffaire général (g premier
Correfpondant avec les Médecins des provinces. Celui-ci eft tenu de faire un cours
d'Anatomie humaine & comparée. Il entre encore dans le plan de la nouvelle int-
litution , d'y aggrégfr fix Dodeurs en Médecine nommés par M. De LaJJhnc , qui
doivent , au beloin , f-* tranfporter dans les provinces où ils feront jugés nécelfaires
pour le fouiagement des hommes & des befiiaux. Et pour étendre le plus qu'il fera
poflîble l'utilité que le public doit retirer de cet établiflement , M. De Laffbne , fur
le rapport de M. f^icq d'^iyr, admet aux aflemblées des Dofïeurs ou étudians en
Médecine , faifant leur cours à Paris , même des Chirurgiens , ou des élevés ea
Chirurgie , à qui Sa Majefté accordera des encouragemcns proportionnés aux preu-
ves qu'ils auront données de leur application & de leur amour pour le travail.
M. f^icq d' /4iyr ne peut manquer de faire Heurir cet établiflement, puifqu'il eft
au fait des matières qu'on a données pour objet aux délibérations des Membres de
la Correfpondance Royale. Non léulement il s'en eft occupé depuis long-tems ,
mais il a encore publié diftërens Ecrits au fujet des épizooties qui ont régné en
France pendant les années dernières. Tels font .•
Obfervations fur les moyens que l'on- peut emplyer pour préfcrver les animaux fains de
la contagion, & pour en arrêter les progrès. Avec une addition intitulée: Précautions
pour la purification des étables. Bordeaux, 1774, In-ii. Ce Médecin, étoit alors oC'
cu^é , de la part du Gouvernement , à faire des recherches Pbyiiques 6i Médicinales»
52 J Vie
fjr la maladie épidémique qui attaquoit les befliaux dans les Généralités de Bor-
deaux, Auch , Rayonne & Montauban,
Jnjlru&ions relative à l'épi^ootU. JnjlruQlon pour les Syndics. Rouen , 1775 , J/1-4 ,
de lîx pages.
Jnjlruciions relatives à Vépii{notie , pour les foldats de détachement defiinés à former une
chaîne pour circonfcrirela maladie. Kouen, 1775 » ^'""41 ^^ *''°'^ pages.
Recueil d'obfervaiions fur les différentes ,néthodes propofées pour guérir la maladie épi^oo-
tiqite qui attaque les bêtes à cornes , fur les moyens de la reconnoître par -tout où elle
pourra fe manifejier , & far la manière de déJînfeSler les étables. Paris , 1775, iu 4, de
JnjLructloa fur la manière de défmfecfer les cuirs des beftiaux morts de l'épixpotie , &
de les rendre propres a être travailles dans les tanneries fans y porter la contagion. 1775 ,
in-4, de 6 pages.
Confultation fur le traitement qui convient aux befliaux attaqués de Vépiiootie. Bordeaux,
1775 ' ''"■'^ •> ^'^ ^^ P^i^^-
Second Mémoire injlruciif far Vexécution du plan adopté par le Roi pour parvenir à dé-
truire entièrement la maladie qui s'ejî répandue fur les beftiaux dans les Provinces méri-
dimales de la France. Paris, 1775, '1 4 , de 2^ pages.
Jnftruciioa fur la manière de déjinfecier les établa où il y a eu anciennement des bef-
liaux attaqués de Vépiiooiie. Paris , 1776 , f/z-4 , de trois pages. Ce Mémoire n'cft
pas le même que celui qui a paru en 1775.
Expofé des moyens curatifs & préfervatifs qui peuvent être employés contre les maladies
' pcftilentielles dzs bêtes à cornes. Paris, 1776, in 8, de 728 pages.
VICTORIIS ( Léonelle DEJ étoit de Faenza ou Fayence , ville d'Italie dans
la Romagne. Dès l'an 1475 '' eoleigna la Médecine dans les Ecoles de Bologne ,
& il poulïa l'a carrière jufques vers 1530; mais il avoit abandonné fa Chaire bien
du tems auparavant, pour fc borner à la pratique qu'il exerça dans quelques au-
tres endroits. Les Ouvrages des Grecs étoient déjà bien connus en Italie du vi-
vant de ce Médecin ; on ne voit cependant point qu'il en ait profité , car on oc
trouve que la pure doclrine des Arabes dans les Ecrits qu'il a laiflës & qui ont
été imprimés fous ces titres:
De agritudinihas infantum Tra&atus. fngolftadii., 1544, in 8. Lugduni , 1546, in-8 ,
15541 1574» '''-i^- ^'^«"''"s » ^557» ^"■^■
Praciica medicinalls ., fi^'^ > de medendis morbis membrorum omnium totius corporis huma,
ni Liber, cum fcholiis Joanais Kufneri. Ingolftadii , 1545, m-4. Lugduni , 1546, t/i 8 ,
Î574, 1593» '1-12» avec le Traité des maladies des enfans.
VICTORIIS , ( Benoit DE J neveu du précédent , étoit auffi de Faenza , où
il naquit vers I4tji. 11 pafla pour un des meilleurs Phiîolopbes de l'on tems, &
fut très-iuivi dans la pratique de la Médecine , dont Laurent Gryll allure qu'il rem-
plit les devoirs pendant foixante ans. Rertoit ne fut pas moins en réputation par
les leçons qu'il donna à Jiologne, où il raontoit en Chaire vers l'an 1540. Les
Ouvrages qu'il a compolés ont aufli contribué à fa célébrité ; on voit cependant ,
dans la plupart de fcs Ecrits , combien il étoit attaché aux principes de l'Empirif-
vie 527
me, car on n'y trouve prcfque que les noms des maladies, mais une foule de
remèdes. Voici la notice que les Bibliographes donnent des Ouvrages de ce Mé-
decin:
Liber Théories ladtudimm Midicime. f^enetih , 1516, in folio. Florentia ^ 155^»
in-fulio , avec les Commentaires de l'Auteur fur les Pronoftics à' Hippocrate.
De morbo Gallico Liber. Bafilea:, 1536, (n.4 , avec d'autres Traités fur la cure des
maux vénériens. Florenii£ ^ 1551 , in-8. 11 eft bien apparent qu'il n'a eu aucune part
à l'édition de Bâle , & que ce font fes difciples qui y ont fait iniérer ce qu'il
leur avoit dit ou à\£ié. La preuve eft claire; il réclame contre ce qu'on lui prête
dans cette édition , & s'en plaint au chapitre X de celle de Florence , à la Hn
de laquelle il ajoute qu'il avoit foixante-dix ans, lorfqu'il écrivit ce Traité: mais
comme il étoit né vers 1481 , il ne pouvoit avoir cet âge en 1556.
Liber de curatione Pleurnidis per Jan^uinis mijjionem. f^enetHs^ I53^i '"-4- Floren-
tla , .1551 j in-^-
Compcndium de dofibus Medicinarum , avec les Opufcula lllujïrium Medicorum de do-
fibas. Pdtdvii , 1550 , ia-8 , 1579 , /tt-4. F^enetiis , 1562 , in-U. Lugduni , 1584 , m-8*
Medicinalia conjilia ad varia morborum^cncra. fuietils ., 155 1, '«•4, ^557^ '"-8.
In. Hippocraùs Prognojlica Commentarii. Floreniia., 155 ï > in folio, avec le Liber
Theoricee latitudinum Medicina.
Empirica Mcdicina Àe curandls morbis totius corporis & febribus. f^enedis , 1555 » "^"^'
Lugduni , 1558, 1572, ia-12. Francofurd , 1598, 1626, Jn-8 , avec le Dlfpenfaiurlum.
Chymicum.
Commentaria in Hippocraùs^ ^phoripnos. Fcnedis , 155S , in-i..
Pra⁣s magn<e de morbis car an dis ad Tyrones.^ Toml duo. Ibidem, 1^62, in-foUc.
Francofurd , 1628, fn-8. 11 a fuivi les Auteurs. Grecs dans cet Ouvrage, il y a
même inféré quantité de chofes tirées . de leurs Ecrits.
VICTORIUS, ( François ) Médecin natif de Bergame dans l'Etat de Venife ,
fur comparé à Thémiftocle , à Céfar, à Séneque , à Mithridate , à Ariftophane ,
à caufe de l'excellence & de la sijreté de fa mémoire ; il fut même furnommé
La Mémoire, pour déiigner la fupériorité de cette faculté de fon ame.
Après avoir appris la Grammaire & les Belles - Lettres à l'école de fon père,
il alla étudier la Philofophie & la Médecine à Padoue. Les progrès qu'il fit dans
ces deux Sciences furert fi grands, qu'il ne tarda point à être appelle dans les prin-
cipales Univerfités d'iialie, qui fe font long-tems glorifiées de l'avoir eu pour
Profeliëur. Mais il s'arrêta davantage à Padoue , où il remplit tour-à-tour les Chaires
de Théorie & de Pratique dans les Écoles de la Faculté de Médecine. Ce fut
dans cette ville qu'il mourut le jour de Saint Martin 1523 , fuivant l'Hiftorien de
rUniverlité de Padoue, qui ne s'accorde point avec l'omafmi ; car celui-ci-met
la mort de- F'iciurius après l'an 1528. On allure que ce Médecin a écrit plufieurs-
Ouvrages, mais qu'ils furent conl'umcs dans un incendie, fans qu'il en eût rien
été publié.
Les Bibliographes parlent d'^ige Fi&orius , autre Médecin Italien qui fit im-
primer en 1613 un Traité intitulé : Hijloria palpitadunis curdis, rupiarumque cojîarum-
Philippi Neri. Ce Saint Fondateur fut attaqué d'une tumeur à la poitrine qu'il porta
S28 V I D V I E
julqu'à fa mort arrivée en 1595, à h'îge de 80 ans. On lui trouva deux côtes
caflees par la violence des palpitations de cœur qy'il avoit reflenties.
f^icitorius a encore laiflë des confultations qui ont été imprimées après fa mort,
par les foins de f^inceat Manutius. L'édition eft de Rome , 1640 , in-fulio.
VIDUS VIDIUS, Médecin natif de Florence, eft plus conau fous ce nom,
que fous celui de f^ital F"iduro , qui eft le véritable. 11 exerçoit fa profeffion avec
beaucoup de célébrité dans la patrie , lorfque François 1 l'appelia à Paris vers l'an
1542, & lui donna le titre de l'on Médecin, ainfl que la Chaire de Chirurgie
dans le Collège qu'il avoit fondé dafas cette ville en 1530. f^idlus n'y enfeigna pas
long - tems ,' car après la mort de François I , arrivée en 1547 , . Côme I ,
33uc de Tolcane , le rappella en Italie & le nomma à une Chaire de Médecine
dans les Ecoles de l'Univerfité de Pile. Il la remplit jufqu'à la fin de fa vie,
c'cli-â-dire , an del>. de vingt ans, puifqu'on ne met fa mort qu'au !î<5 de Mai
1569. Ce Médecin pafle pour avoir parfaitement entendu Hippocrate & s'être nourri
de fa doftrine; on ne peut même en douter à la vue de tes Ouvrages qui dépo-
fent en faveur de cette opinion. Voici leurs titres :
De Chirurgia Lihri V è Graco in Latlnuvi converfi , cum Commentarïls propriis &
Galeni. Lutetitt , 1544, in folio , avec figures. Cette tradudion de la Chirurgie d'Hip-
pocrate eft dédiée à François I.
De febribus Libri Fil , quibus accédant fnfiltudonum Meâicinalium Llbri ///. Flu-
rcntiie, 15B5 , Jn-4. Patavii , 1591 , 1595, '«-4» avec le Livre De febre malignâ in
qua punSicuH apparent, qui eft de la façon de Mercatus.
yirs Mcdicinalis in qua cunSa que ad humant corporis valetudinem prafentem tuen-
dam & abfentem revocandam pertinent , methodô exaSfiJfimâ explicantur. Florentin, 1594,
in-folio. Cet Ouvrage devoir être divile en quarante-cinq Livres, mais il ne s'en
trouve que trente-quatre dans cette édition , & ce font ceux que l'Auteur a revus.
Son neveu a mis la dernière main aux onze reftans que f^idius avoit laîll'és ébau»
chés à fa mort ; ils ont paru à Francfort en 1596 , In-folio. Les éditions fuivantes
font cotîipleites. P^cnetiis 161 1 , in-folio, trois volumes, Francofurti y 1626, 1645,
1667 , in- folio , fous le titre d'Opéra omnia Medica , Chirurglca & ^natomica.
De Anutomc Libri Vil. Venetln , 1611 , in-folio. Comme Fallopio n'avoit point
donné de figures, Vidus Vidius s'efî chargé du foin d'en faire graver en cuivre, &
on les a jointes à cet Ouvrage en 78 planches , qui font allez groflieremeot e^iécu-
tées & ne font point toujours conformes à l'exprelîion de la nature. Le fquelette eft
reprélenté fous plufieurs formes , & il eft accompagné d'une defcription particuliè-
re de chaque os , dans laquelle l'Auteur expoie leur figure , leur pofition , leur
connexion &c. Quoiq'je cet Ouvrage foit enrichi de quantité de remarques tirées
de fèfaley il n'eft point totalement d'emprunt, car on y trouve beaucoup de dé.
tails Anatooaiquei qui appartiennent à Vidius.
VIEUSSENS C Raimond^ naquit en 1641 dans un village du Rouergue ,d'^-
hxandre-Henry-Louis.Gaf'par de Vicajfens, Lieutenant Colonel du Régiment de Kle-
irÀs ,qui laiffa fon fils fans fortune, ayant dépenfé au fervice la plus grande par-
tie de fes biens. Livré à lui-même , Raimond fuivit le goût quil avoit pour l'étude ,
f
VIE 529
3f fa Philofophie à Rhodcz, alla enfuite fe mettre l'at les bancs de la Faculté de
Médecine de Montpellier, où il acheva Ion cours, prit fes degrés & s'éiablit.
En 1671 , il obtint la place de Médecin de l'Hôpital de Saint Eloy , & il en pro-
fita pour fe perfedïionner dans la pratique, & pour étudier l'Anatomie fur les ca-
davres qu'il diffequa aufli Ibuvent qu'il le put. Il paroît cependant qu'il s'attacha
plus particulièrement à la Névrologie, qui , malgré ce que WilUs avoit publié »
étoit alors la partie la moins connue & la plus négligée. Ce fut après une appli-
cation confiante de près de dix ans, qu'il le vit en état de mettre au jour celui de
les Ouvrages qui lui a fait le plus d'honneur. Il eft intitulé :
Nevrologia univerfalis , hoc eft , omnium humani corpnris nervorum , Jîmul ac cerebri »
■jnedullxque fplnalis -defcnçtio u4natomica. Lu^duni ^ 1685, in-folio. Francufurti , 1690 ^
j/i-8. LugJunl , 1^61 , in-folio. Tolofa , 1775 , /n-4. La partie Anatomique de ce TraL
té eft excellente ; mais la Phyfiologie , qui comprend la moitié du volume, ne con-
tient que des chofes triviales, dont la plupart font faufles , ou dont on tait peu de
cas. Dans tous les Ecrits de fieujjens on ne manque jamais d'y reconcoître oa
homme inftruit de la ftrudîure du corps humain, & on l'admire ; il ne fait pas la
même fenlation lorfqu'il ie mêle de raifonner & c'eft alors que le Phylicien nuit
à l'Anatoroitie.
Peu d'années après , ce Médecin fit imprimer un autre Ouvrage qui eft pure-
ment Phyfiologique & qui porte ce titre .*
Tra£!utui duo. Primus de remotis & proximU mixti principils^ in ordine ad corpus hUm
itianum fpectatis. Secundus ., de natura^ di_^erentiis , condidoaibus 6P caujis fermentationis ,
in quo prgcrpua , qute la ipfa fermentatione obfervantur pluenomena , explicantur. Lugdunî^
1688, 1715 , i/1-4. On pallèroit à l'Auteur d'avoir été un zélé partifan de la fer-
mentation , s'il n avoit point fondé fa pratique fur de tels principes ; il paroît ce-
pendant qu'il s'eft corrigé dans la fuite , car on a de lui un Ouvrage pofthume
fur la cure des maladies , où il s'attache davantage aux faits qu'aux raifonnemens.
Les principes de la Phyfique CartéGenne font inceflamment amenés dans ces deux
Traités; aufli furent-ils aflez mal accueillis quand ils parurent, & ils font depuis
tombés dans l'oubli, parce qu'ils ont été effacés par de meilleurs Ecrits, "*
Soit que les produirions littéraires de ce Médecin euflent porté fa réputation
julqu'à la Cour , foit qu'il y eût trouvé quelque protecteur , il y fut appelle , vers
1690, à la mort de Du Bellay. Mademoifelle de Montpenfier le demanda pour en
remplir la place auprès d'elle ,* il l'accepta avec joie , & s'y maintint jufqu'à la
mort de cette Princefle. Il prit alors le parti de retourner à Montpellier, où il ren-
tra dans fa charge de Médecin de l'Hôpital de Saint Eloy. Il reprit en même-tems
les études ordinaires, mais il s'appliqua plus particulièrement aux recherches Chy»
miques. Celle qui l'occupa d'abord , fut de travailler à extraire du fang un fel aci-
de qu'on n'y a pas encore trouvé. Il crut y être parvenu en diftillant par la fe-
torte le tel fixe qu'on retire du Caput monuum du fang, en le mêlant avec du bol,
comme on en joint au le! marin pour extraire fon acide par la diftillation. Il étoit
fort douteux ii l'acide qu'on tiroit du Caput monuum étoit celui du fang; du moins
éloit.il certain que la portion qu'on obtenoit par la diftillation étoit fi petite,
qu'elle ne devoit rien changer dans l'économie des fondions. N'importe, yieuffens
enchanté de cette découverte , la répandit avec oftentation dans toute l'Europe ,
T 0 ME ir. Xxx
S3®
V I E
par des lettres drcnîaîres envoyées , en 1698, aux Facultés de Médecine. Celle ât
Lsipfîc publia la lettre qu'elle avoit reçue , fous ce titre ;
Epiftola de fanguinïs humant cùm falc fixa , tùm volatili^ In certa proportione fangui-
nis phlegma , fpii'uum fubrufum , ac oleum fcctidam ingrcdiente. Lipjî<e, 1698, /n-4 ,
avec la réponfe des Médecins de Leipric.
Mais f^ieujjens ne fe borna pas à ces lettres, il publia encore fa découverte par
un Ecrit intitulé:
Deux Dcjfertatlons , la première far le fd acide du fang , & la féconde fur la quantité
proportionnelle des principes de cette liqueur. Montpellier, 1698, in-8.
Il étoit fi prévenu en faveur de cette découverte , qu'il pria enfuite la Faculté
de permettre qu'il en fît la démonflration en fa préfence dans l'Amphithéâtre des
Ecoles, On y confentit fans peine; l'afiemblée fut nombreufe: niais dans le tems
qu'il s'applaudiflbit du fuccès de ion opération, Chirac^ un des ProfeHeurs, fe leva
& réclama cette découverte comme une chofe qui lui appartenoit , pour l'avoir
communiquée à deux Etudians en Médecine, de qui il prétendrt que F'îeuffens l'a-
voit apprife. On peut juger de l'effet que dut avoir une pareille fortie. L'afiemblée
fe fépara , & comme on ne fongea plus de part & d'autre qu'à préparer fes atta-
ques & fes défenfes , les Ecrits polémiques ne tardèrent pas à voler des deux cô-
tés. Ils eurent le fort de tous ceux de cette efpece ; autant pleins d'aigreur qu'ib
étoient inutiles pour les progrès de la Médecine , ils ne fervirent qu'à faire torï
aux deux contendans. Après beaucoup de débats, f^ieujfens & Chirac prirent .^ftruc
pour arbitre; mais fon jugement ne fut favorable ni à l'un ni à l'autre: en effets
il leur démontra que la découverte n'étoit rien moins que réelle , & qu'il étoit
ridicule de fe difputer pour un être imaginaire , puifque tout l'acide de la diftilla-
îjon du Caput mortuum du fang dépend oit du bol qu'on y joignoit.
Las de cette conteftation , f^leujfens revint à fon étude favorite , je veux dire
à l'Anatomie. Il fit imprimer un Traité , fous ce titre :
Novum vafvrun carporis humani fyftema. uimftelodaml , 1705, £h-T2. Cet Ouvrage
lui a mérité les éloges de fes contemporains. Il y parle du palfage du faog dans
' les vaifieaux lymphatiques, & il en déduit la théorie de l'inflammation. Mdpighi
& Bellini avoient déjà tiré delà des conje<ftures qui parurent fi railbnnablcs &
Boerhaave, qu'il les propofa dans les Ecrits, yieajjens , embarrafl'é de donner la
xaifon de la rapidité avec laquelle les eaux minérales palfent par les urines , ima-
<rina une nouvelle clafle de vaifieaux deftinés à porter immédiatement de l'cftomac
dans la velfie les boiflbns , dont nous faifons un ulage abondant.
Notre Médecin avançoit en âge , mais cette r.ifon ne l'empêcha pas de con-
tinuer fes recherches & d'écrire. Il compofa , en François , trois Traités qui fu-
ient imprimés à Toulouie , 1715 , en deux petits volumes i/j-4. L'un, De la frac-
ture & des caufes du mouvement naturel du cœur , eft orné de treize planches alfez
cxa6\es , mais qui vaudroient mieux fi elles n'exprimoient point aufli grofliercmeBt
les objets. L'autre , De la f maure de Vorcîllii contient fix planches fi mal faites,
qu'il n'eft guère poflible d'y reconnoître la nature. Le troficmt , l^es LAq'icurs ^
c''eft-à-dire^ des humeurs du corps humain, roule en partie fur l'analyle de ces hu-
meurs que l'Auteur fait aflez imparfaitement; il en déduit toujours l'exiftcnce ds
l'acide du fang, qu'il s'opiaiâtre à regarder comme chofe démontrée.
VIE ^^i
Dès l'an 1706, on avoit imprimé à Paris un Ecrit de f^ieujjens, intitulé ; Nou-
velles découvertes fur le cœur ^ in-i2. Le célèbre /"re/nrf en parle & donne à ce Livre
l'épithete de Tadii plenijjimus ac frugis omninà expers. M. Senac en a porté un
jugement plus étendu & plus févere encore dans Ion Traité du cœiT. Voici
comme il s'exprime; « L'elprit d'hypothele a fur-tout régné en France; il lemble
» que nous ayon^ porté dans la Phyfique la même legtreté qu'on nous reproche dans
» nos adion>. Les travaux de l'Académie des hciences ont pu à peine corriger
» notre goiit dépravé, f^ieujfens parut à Montpellier comme un homme qui avoit
» plus de zeie que de génie. Son Ouvrage l'ur les nerfs lui mérita cependant l'ef-
a time de tous les Médecins , excepté de les Confrères : leur jaloufie attribua à
n des Ecoliers un travail qui pouvoit honorer les plus grands Maîtres," mais
r. l'équité du public l'a enfin vengé de cette injuftice. Le nom de cet Anato-
55 mifte auroit paCTé fans tache à la poftérité, s'il s'étoit borné à cet Ouvrage;
» mais il a voulu philofopher fur ce qu'il ignoroît. Il attribue le mouvement du
n cœur à une force éiaftique, qu'il fuppol'e dans le tilfu des fiores du cœur, &
» au concours des eiprits animaux. Tout eft hypothefe dans ion opinion. Comment
» ces deux caufes produilent-elles la contrad;ion & la dilatation alternative du
n cœur *? C'eft ce qu'il ne fauroit expliquer. 11 n'a d'autre mérite dans fes con-
« jeétures hazardées, que d'avoir épargné à fes leéieurs l'ennui de la longueur. >»
La réputation de f^uujjens a eu du haut & du basj elle alloit en proportioD
de l'accueil qu'on faifoit à fes Ouvrages. C'eft dans les momens les plus favora-
ble» que la Société Royale de Londres le reçut dans fon Corps; mais fa gloire
étoit bien éclipfée dans les dernières années de fa vie, qu'il termina en 1716.
Voici le portrait que M. AJlruc a tracé de ce Médecindans fon Hiftoire de la
Faculté de Montpellier, d'où j'ai tiré la plupart des chofes que j'ai rapportées
dans cet Article. « rieujjens étoit avide de gloire & très-laborieux ; il auroit été
s loin, s'il avoit eu de l'elprit, & lur-tout un jugement critique pour difcerner le
n bon, le vrai & le folide, d'avec le mauvais, le faux & le médiocre. Son ftyle
» étoit long & prolixe , & fon Latin plein de gallicifmes,- mais il étoit clair & on
» le lit fans peine. Malgré ces défauts, qui le déprécient, je ne crois pas qu'on
» puifle le difpenfer, fans injuftice, de mettre Fieuffem au nombre des Médecin»
9 illuftres que la Faculté de Montpellier a fournis. »
Mais les Ouvrages dont j'ai parlé, ne font pas les feuls qu'on doit à f^ieujjens;
on lui attribue encore les fuivans :
Confultadons. Aix, 1691 , in- 11.
Réponfe à trois lettres Je M. Chirac. Montpellier , 1698 , în-d. Elles ont rapport
à la conteftation fur l'acide du fang.
Expériences & réfiexions fur la Jîrucfure & l'ufage des vifcerts. Paris , 1755 , in-iz,
C'eft le réfultat des injedions que l'Auteur a faites avec le mercure.
Epiflola de fabrïca uteri ad Man;^etum. On la trouve dans l'édition de l'Anatomie
de yerheyen publiée à Genève.
uinalyfe des eaux minérales de Balaruc en Languedoc , avec leurs propriétés & ufage.
Mémoires de l'révoux. Août 1709,
Hiftoire des maladies internes. Paris & Touloufe , 1774-1776, quatre volumes /0.4 ^
avec un grand nombre de figures en taille douce. Cet Ouvrage pofthume , auquel
532 V" I G
on a ajouté la Névrographîe & le Traité des vaiffeaux, préfente un recueil com-
plet des maladies qui affligent l'humanité : on y reconnoît l'obfervateur , qui ctoU
enfin parvenu à fe dépouiller de l'elprit de lyftême , dont une longue pratique
l'avoit apparemment guéri.
VICIER, CJean ) Médecin de la Faculté de Montpellier, rélidoit à Caftre»
en Albigeois; c'eft au moins le l'entiment de M. Portai. Il s'appliqua à la Chi-
rurgie, & il l'étudia , avec aflez de fruit, dans les Auteurs Grecs, Arabes & La-
tins j peut-être fe mêla-t-il aulH de la pratiquer. Ce Médecin vécut au commen-
cement du XVlI fiecle , & fe mit à écrire dès fan 1629 , ainli qu'il paroît de.
la notice que les Bibliographes donnent de fes Ouvrages, l'els font:
Les ^phorlpnes (THtppocrate traduits en François , enrichis de très-belles & riches notei
& commentaires fur chaque fentence. Range^ & difpofe^ par lieux communs , & félon, la
difpofîtion des parties du corps humain. Lyon, 1620, in- 12.
Tra&atui de Catarrhe , Rheamatifmo , &c. Genevts , 1624 , t/i-8.
La grande Chirurgie des Ulcères. Lyon, 1656, in-8. C'eft la féconde édition.
La grande Chirurgie des Tumeurs. Lyon, 1657, tn-8.
Œuvres Chirurgicales, trolfîeme partie , contenant un Manuel ^ n atomique où fe trouve
une exaile defcription de toute la Jlrucfure du corps humain & Vhiftuire du foetus. Lyon ,,
1658 . i/j-8.
Les Traités Chirurgicaux de cet Auteur ont paru en Latin , fous ce titre :
Opéra Medico-Chirurgica , in quibus nihil dejîderarl potejl , quod ad perfe&am atque Irt-
tegram de dignofcendis , pnenofcendis & curandis externis humani corporis morbis methodum
pertineat. Hagts Comitis , 1659 , in-4,
VIGIUS , fCorneille ) Médecin natif de Hoorne en Hollande , exerça fa pro-
feflion à Dole en Franche-Comté avec tant de réputation , qu'à ion départ de
cette ville , il fut créé Chevalier , en récompenfe des fervices importans qu'il avoit
rendus au public. A fon retour en Hollande, il fut Médecin du Comte de Frife 5
mais l'amour de la patrie le rappella à Hoorne , où il continua de pratiquer foa
Art jufqu'à fa mort arrivée en 1602.
VIGNE ( Michel DE LA ) étoit de Verqon en Normandie , o^ il naquit
le 5 Juillet i5!^/8. Chaffé de cette petite ville par les tailles & les fubfides, il fe
réfugia à Parus , & fe mit à enfeigner la Rhétorique dans le Collège du Cardinal
Le Moine; mais ayant repris peu-â-peu l'exercice de la Médecine, il chercha à
s'y faire autoriler par fa promotion dans la Faculté de cette capitale. Il y prit le
bonnet de Dodeur le premier jour d'Ortobre 1614 ; & comme il parvint dans la
fuite à fe faire confidérer de les Confrères , il fut élu Doyen en Novembre 1642
& continué en 1643. On a de lui deux Difcours qu'il prononça contre Thé:phrajte
Renaudot pendant Ion Décanat , au fujet des prétentions de ce Médecin de Mont*
pellier. Lipenius en cite une édition de Paris, 1644, m 4.
La connoiliànce que De La feigne avoit des hevres & de leurs remèdes , lui pro-
cura tant de célébrité , qu'il en acquit une augmentation de fortune & qu'il ob-
iiot le titre de Médecin de Louis XHl. Sa méthode de traiter les fièvres fut coc-
V î G 533
Srmée par tant de cures heureufes , que plufieurs pcrfonncs diftinguées par leur
rang & leur favoir tâchèrent de l'engager à écrire lur cette matière ; mais il n'en
fit rien, car il n'a laiiié qu'un fort petit Traité qui fut imprimé à Paris en 1671 »
/n-i2 , fous le titre de Diata fanorum , ïïve , ylrs fanitads.
Ce Médecin mourut le 14 Juillet 1640, & laifla une fille, l'illuflre Mademoifelle
De La Fignc^ l'une des plus favantes & plus fpirituelles perlbnnes de Ion fexe
qu'il y ait eu de fon teras. Elle furvécut à fon père jufqu'en 1684. 11 eut
auffi un fils, Michel , qui naquit à Paris & fut reçu Bachelier de la Faculté de Mé-
decine de cette ville en 1648 ou 1649 •> f°"* ^^ JJécanat de Jean Piètre, Sa promo-
tion au Dodlorat eft du 23 Novembre 1650.
VIGNIER C Nicolas ) naquit en 1530 à Bar-fur-Seine , fuivant le Prélident de
Thdu , & à Troyes en Champagne , félon l'Abbé Ladvocat. Gui, ion père, &
Edmunde de Hors, fa mère, étoient tous deux de bonne famille. Nicolas, ayant per-
du fon bien durant les guerres civiles , fut obligé de chercher fortune ailleurs ;
mais d'autres alfurent qu'il n'abandonna fon pays , que pour fjivre plus librement la
Religion proteftante , qui étoit la ficnne. Au moins eft-il vrai qu'il le rendit en Alle-
magne , où il exerça la Médecine à la Cour de plufieurs Princes. Les talens de
^/gnier n'étoient point bornés aufeul Art de guérir ; comme il avoit beaucoup étudié
î'Hiftoire , il y avoit acquis tant de connoiflar.ces , qu'il vint à bout d'en éclaircir les
points les plus difficiles. A fon retour en France, il embrafla la communion de l'E-
glife Romaine, Su fut honoré de la charge de Médecin du Roi Henri lll,ainiique
de celle d'Hiftoriographe, On a de lui un grand nombre d'Ouvrages en Latin &
en P'rançois , qu'on ne lit plus , mais que les Savans confultent avec fruit , pour
en tirer des lumières fur l'Hiftoire. Tels font :
Sjmmaire de VHiJlo'.re des François. Paris , 157g , in-folio.
Traité de Vétat & de l'origine des anciens Françns. Troyes , ijBi , ii-4. Le laborieux
compilateur André du. Chefne a traduit ce Livi% en Latin , pour le metae à la tête
de fa colleflion des anciens Hiftoriens François.
Bibliocbeque Hljloriale. Paris , 1598 , quatre volumes in-folio. Et plufieurs autres
fur difFérens points de l'Hiftoire.
_ J^i^nier mourut à Paris le 13 Mars 1596, à2:é de 66 ans. Jean & Nicolas , fes fils,
le chargèrent du loin de faire imprimer ton Hijloire EcctéjïajUque , à laquelle il
n'avoit pu mettre la dernière main.
VIGO, C Jean DEJ Dofleur en Médecine natif de Gènes & originaire de Ra-
pallo, étoit en eftime vers le commencement du XVI fiecle. Il pafià une bonne
partie de fa vie à la Cour de Rome , où il fut appelle en 1503 , pour y r'^mplir la
charge de premier <Sbirurgien de Jules II, qui le combla d'hoiincurs & de prêtées De
yigo étoit au deflus du préjugé à qui le partage de la Médecine a donné leu.
Bien loin de croire qu'il dérogeoit au titre de Dofleur, dont il etoir rovâtu , en.
pratiquant les opérations Chirurgicales , comme le trépan *r l'autrcs cgalenii-nt im-
portantes , il le fit honneur des talens qui le rendoient doublement unie à l'huma-
nité. C'elt par cet em^roit qu'il mérita l'eftime de Sixte Gara de Ruvcre, ncweu:
de Jules II & Cardinal du titre de Saint Pierre aux Liens i il en recevoit tous kg»
■^3-4 ' \' I G
ans une penfion de trois cens écus d'or , en récompenfe des fervices dont le pu-
blic lui étoit redevable.
Dt f^i^o commença à travailler à fa Pratique de Chirurgie en 1505 , 8z il l'acheva
en 1513- 11 la dédia à Badioelli de Sauli^, Cardinal de Sainte Sabine , & la fit
imprimer à Rome, Tous ce titre;
FiacTica in. ^rte Cnirurglcâ copiofa^ conttnens novem Lihros. Le grand nombre d'é-
ditions qu'on a publiées, tant en Latin qu'en d'autres Langues, eft une preuve de
l'aoci-eil qu'on a fait à cet Ouvrage. 11 a paru : iîo/n<c , 15 14 , ùi /0//0. /.ug^uni, 15 16,
J/i-4, 151B , 1530 , 1534^ «53^ ■) 1542, 1561, 158a, in-8. f^enetùs ^ 1520, 1599,
in-foUo , 1561 , tn-8. hloreniU^ 1525 , ia-'à. loutes ces éditions font en Latin, mais
, celle» de Lyon font fi rapprochées les unes des autres, qu'on eft tenté de croire
qu'on en a grolfi le nombre par le changement d'années dans de nouveaux titres»
En î/rançois , Paris , 1530 , in-folio. Cette édition eft intitulée : Pratique de. Chi-
rurgie de. très excellent Dotïeur en Médecine^ Maître Jean de J^igo , nouvellement tranf-
îaiéc en Françtns. Liy on , 1537, 1610 , in-S. En Eipagnol, Valence, 15^7 , in-folio,
Saragollè , 1581 , in-folio. En Italien, Veniie , 1540 , 1560 , 1568, 1581 , 1598 , i6io,
în.~± En Angiois, Londres, 1543, in-folio, 1580, in-4. En Allemand , Nuremberg,
1677 , i"--^ En Portugais , Lisbonne , 1713 , in-folio. 11 y a un Abrégé de cet
Ouvrage, qui parut en Latin à Venife en 1570, in-folio., fous le titre de Pracllca
compendiofa. La divifion de la Chirurgie de Jean de f^igo eft affez méthodique.
Dans le premier Livre , l'Auteur traite de l'Anatomie , mais ce n'eft pas en quoi
U brille. Dans le fécond , il traite des tumeurs , & fa pratique eft àuffi fage , que
fa théorie eft lumineule. Ce qu'il dit des plaies dans le troilieme Livre , eft ap-
puyé fur plufieurs obfervations intéreflantcs ^ il y parle même de l'ufage de lier ies
veines & les artères dans le cas d'hémorrhagie , & par -là il. enlevé à Ambroife Pa-
ri la gloire de cette invention. Le quatrième Livre roule fur les ulcères ; ce qu'il
y avance eft curieux & utile , à l'aKception des fiftules dont il n'avoit que des
connoilïances imparfaites. Dans le cinquième , il s'étend fur la Vérole & les mala-
dies des articulations; dans le fixieme , fur les maladies des os, comme fradtures ,
luxations &tc ; dans lefeptieme, lur la nature des (impies; dans le huitième , fur les
drogues qu'il eft néceflaire à un Chirurgien d'avoir : en général , fa Matière Chi-
rurgicale eft fort étendue; on peut même lui reprocher d'avoir été Polypharma-
que. Le neuvième Livre comprend un fupplément à l'Ouvrage.
Jean, de F'igo n^ett. point le premier , ainfi que plufieurs Ecrivains le difent , ^ji ait
trouvé dans les firidlions mercurielles le véritable fpécifique contre les maladies véné-
riennes. Il avoue lui-même que tout ce qu'il a propofé de plus efficace contre ces
maladies, eft tiré des Œuvres de Théodoric & A'uirnauld de F'illeneuve. D'ailleurs,,
îong-ttms avant qu'il fût queftion de la Vérole en Europe, cm s'étoit fervi d'on-
gucn» mercuriels dans la j^ale, dans les dartres, & dans toutes les maladies de la
peau qui ont quelque rapport avec elles & qui étoient connues fous les noms de
Malum mortuum & à'^fafati. Mais comme on remarqua que la Vérole fe déclaroit
priccipa'ement par des puftuies,ou ne balança point d'employer le même remède ,
qui réudit dans cette maladie, ainfi qu'il avoit fait dans les précédentes. Tout le
myftere conlifta à proportionner le mercure à la grandeur du mal , à le dofer con*
x'p-nablement, & à ménager fes eflets.
VIL 535
Tout inftruît qu'ëtoît ]tm it Vigo de la matière qu'il av'oit traitée dans fon Ou»
vrage , il eut la modeftie de ne le point publier, fans l'avoir loumis à la cenfure
de quelque Savant. 11 le Ht corriger par un Médecin de les amis, nommé /ea.i
^nthracini , qui avoit long-tems enieigné à Padoue & à Rome , & qui devint dans la
Ibite premier Médecin du Pape Adrien VL Cette défiance fait honneur à notre Auteur ;
& ceux qui penfeût comme lui, font heureux, lorfqu'ils peuvent trouver un ami
aflèz lincere pour les avertir de leurs fautes & alFez éclairé pour les corriger.
VILLACORTA , C François HENRIQUEZ DE J Médecin du XVII fiecle ,
enfeigna dans les Ecoles de la Faculté d'Alcala de Henarez, en qualité de pre-
mier Profeffeur. Philippe IV , Roi d'Efpagne , le mit au nombre de les Médecins ,
& Charles II, fon fuccefleur, l'honora de la même confiance. On a de i^iliacorta
un Recueil de DilTertations Académiques , fous ce titre :
Laurcte Doctoralis Medica Complutenfis Tumi duo. Lugduni , 1670 , in- folio.
VILLALOBOS , ( Fratsçois DE^ Dcfleur en Médecine dans le XVI fiecle»
étoit de 1 olede. Il fervit à la Cour de l'Empereur Charles V & de Philippe , fon
fils , en qualité de Médecin ordmaire. Déjà connu dans le monde par un Traité
de la maladie vénérienne qu'il publia à Salamanque en 1498 j in-folio , fous !e titre
de Tratado de la enfermedad de las Babas , il n'eut pas de peine à mériter la con-
fiance de ces deux Princes, Mais comme il étoit laborieux, il chercha à foutenir,
à augmenter même fa réputation par d'autres Ouvrages. Tels font ;
Glojfa in Plinii Hifloile Katuralis primum & fccundunt Libros. Compluû , 1524 ,
lH'folio.
Probhma con otros dialogos de Medicina y familîaTes. Zamora , 1543 , în-folio , &
ailleurs , in-4.
VILLARS ( Elle COL DE ) étoit de La Roche-Foucauld , ville de France
dans l'Angoumois , où il naquit en 1675. Comme il eut l'occafion de fe rendre à
Paris pour y élever un jeune homme de famille , il profita du féjour de cette ville
pour s'avancer dans la Médecine; il fe mit fur les bancs de la Faculté, acheva
heureufement Ton cours , & reçut le bonnet de Doé^eur en 1713- Au bout de quel-
ques années , il obtint la charge de Médecin du Roi au Châtelet, & il la remplit
pendant dix huit ans; il fut encore Médecin de l'Hôtel-Dieu pendant douze ans, &
de l'Hôpital des Incurables pendant un moindre efpace de tems. La Faculté le
nomma deux fois Profefieur de Chirurgie en Langue Françoife , & il s'acquitta des
fondions de cette Chaire avec éclat 11 obtint le Décanat de fa Compagnie en
1740 , fut continué en 1741 , & paffa à un nouveau terme de deux ans en
174a. Ce fut fous ce l'ecood Décarat que la Faculté fit rebâtir l'Amphithéâtre
de fes Ecoles. Col de yUlars mourut le 26 Juin 1747 , & lailla les Ouvrages
fui vans :
Cours de Chirurgie dldé aux Ecoles de Médiane. Tome premier & fécond , Paris ,
1738, in 12. Tome troilieme , 1746. Tome quatrième, 1747, in-ii. I,a mort de
l'Auteur auroit prive les éievts de ce qui f fioit à publier pour cotnplcter ce Trai-
té ciafljque, fi heureufement M. Pierre Poijfonicr , Dotleur-Régeut de h Faculté
536 VIL
de Médecine de Paris , de l'Académie des Sciences de la même ville , & Membre
de celles de Pctersbourg , de Stockholm , &c. , ne fe fût chargé de continuer l'Ou-
vrage. L'édition à laquelle il a préiidé eft en cinq volumes tn- ia,& le dernier a
paru en 1749. Mai'' 'e Cours de Chirurgie s'eft perfeftionné entre fes mains , non
jeulcment par les additions qu'il y a faites , mais encore par des correftions d'au-
tant plus neccflaires, que l'Auteur avoit laifle glifler quantité d'erreurs &i de iupei"
Huilés dans l'original. 11 y a une autre édition de Paris, 1764, fix volumes tn-12.
Dictionnaire Irançoh & Latin des termes de Médecine & de Chirurgie. Paris , 1741
& 1760, m-i2. On y trouve les définitions les plus exadles.
VILLEERS , f Gérard DE ) Seigneur de Vileer-Perwin , étoit de Louvain, où
i\ fut reçu Uodleur en Médecine , avec Thomas Fienus , le 9 de Novembre 1593.
L'année même de la promotion, il obtint la Chaire de Profefieur Royal, & il
parvint dans la fuite à l'emploi de Médecin ordinaire des Archiducs Albert &
Ifabelle. De f^illeers mourut le la Mai 1634, âgé de 68 ans.
VILLERS, fServais-Auguflin DE ) Dofteur & Profefieur primaire de la Fa-
culté de Médecine en l'Univerlité de Louvain, étoit de Hui dans l'Etat de Liè-
ge, il y naquit le 28 Août 1701 de Servais de /^t//e/-5. Major de Cavalerie, depuis
trois Fois Bourguemeftre de cette petite ville , & de Marie-Jeanne De Sarta native
■de Liège. Les grandes dilpofitions qu'il montra pour l'étude , furent toujours fou-
tênues par les foins qu'on prit de les cultiver. Il fit Ion cours de Phiiofophie au
Collège du Porc à Louvain, & il remporta la huitième place dans la promotion
générale de l'an 172a. Mais comme fon application à la Phylique avoit augmenté
le goût qu'il avoit pour la Médecine , il ne tarda pas à fe mettre fur les bancs de
cette Faculté ; & après avoir rempli , avec diltinClion , les charges de Fifc & de
Doyen des Bacheliers, il fut reçu à la Licence le 14 Odobre 1725. Il en fit l'Adte
fous les heureux aufpices de la Séréniflime Archiduchefle Marie-Elizabeth qui paf-
Ibit à Louvain pour fe rendre à Bruxelles , où elle alloit prendre pofiéffîon du
Gouvernement général des Pays-Bas Autrichiens, auquel Charles VI , fon augufte
Frcre, i'avoit nommée. Cette PrincelTe permit que De Fillers lui dédiât fa 'l'hefe
de Licence, & après la cérémonie , elle lui fit prêtent d'une chaîne d'or, d'où
pendoit le portrait de l'Empereur, repréfenté fur une médaille de même métal.
Après deux ans de pratique à Liège , ce Médecin fut rappelle à Louvain pour
y rempUr la Chaire de ProfcfTeur Royal aux Infiitutes , dans laquelle il fut inRallé
le 7 de Juillet 1727. Il fe difhngua beaucoup dans cette Chaire , tant par le fonds
des matières dont il traitoit , que par l'éloquence léduilante du dilcours. La Fa-
culté vit avec plaifir arriver le moment qu'elle alloit s'aflbcier plus étroitement un
fujet qui lui faiibit tant d'honneur: De F'illers demanda le bonnet de Doéteur , &
il Je reçut le 14 Avril 1733.
Comme ce Médecin avoit l'art de faire briller les talens de fon état par ceux qu'il
avoit acquis par l'étude des Belles-Lettres ,* comme il connoiiib't d'ailleurs , plus
que perfonne de Louvain, les règles & les beautés de la Langue Françoife, le ^
Juillet 1740 , ii obtint la Chaire de cette Langue , qui vaquoii depuis plus de fix
ans pur la iport à! Antoine- François de Pratel. Le 2 Juin 174?, OB le nomma à la
nouveli®
VIL 53?
nouvelle Chaire des Eaux Minérales, à l'occafioa de raoalyle de celles de Mari-
mont, qj'ilavoit faite avec Rega, l'on Collègue, & Sajfenus , Profefleui de Chymie.
Z)e f^Ulers a publié deux Ouvrages lur la nature & les propriétés des Eaux de
Marimont.
u4nulyfe des Eaux Minérales qui fe trouvent au Château. Royal de Marlmont en Hal-
naut , où Con examine la. nature & les preuves des principaux principes qui caraclérifent
les Eaux Minérales en général , & celles de Marimoni en particulier : on y joint une ex-
pofîtion fuccinte S raifonnéé des cas auxquels les Eaux M nérales font convenables ou né-
cejjaires , avec la manière de les boire , & le régime qu'il faut obferver pour lors- Lou-
vain , 1741 , in-ii.
Supplé lient aux Traités des Eaux de Marlmont^ où Von confirme leurs quali'és miné-
Taies S vertus falutaires ., tant par de nouvelles preuves faites d Louvain ^ que par plu-
fieurs cures communiquées par le fieur Delval , Médecin & Dire&eur de ces E lUx. On y
a joint Vanalyfe de deux autres fontaines du même endroit ., dont Vune ejî appelles La
Roi.lemnrt & l'autre La Montaigu, avec le détail des maladies auxquelles elles font
convenables. Louvain, 1742, in-12 , conjointement avec M. Rega.
Peu d'années aj.rès mourut le Dodeur Nare^ , natif de Binch à trois lieues de
JWons ; ce célèbre Praticien, qui toute la vie s'occupa de l'Art de guérir & ignora
toujours l'art du Médecin , étoit Profelleur Primaire. C'eft ainlî qu'on appelle à
Louvain ceux qui rempHlfent les deux premières Chaires , qui font à la collation
du Magiflrat & des Doyens des Arts &f Métiers. De f^dlers fuccéda à Nare^ le
12 Décembre 1744 , & il fe fit dans cette place la même réputation qu'il avoit
eue dans les autres. Ce Médecin mourut à Louvain le '; Décembre 1759, à la
fuite d'une chute de cheval II lailTa huit enfans , quatre fils & quarre fi!les, qu'il
avoit eus de fon mariage avec Marie- Elifabeth de Rorive , Demoilelle de qualité
native d'Ama, Hourgar'e prè- de Hui. Son corps repo'é dans le petit cimetière
de PRojlUe Collégiale de Saint Pierre, où fes héritiers lui ont fait drefler cette
Ëpicaphe :
D. O. M.
Hic fepultus eft NobîUJf. ^mpUjf. ac Clarljf. Dominus
Ser-Vat. August. De Villers Huensis ,
Med D'&. & Prof Prlm.
Necnon Lingue Gall & Jquar. Minerai. Prof. Reg.
Ex antiq. nobditat. jam d trib. quatuorve fecul. familià Puiria Leod.
Nutus ,
Plurib. Illuflrib. ejufd. Patrie Leod. famll. jundlâ.,
A Serenijf. ac Celjijf. Princ. .^Jrch. Mar, EUfab. Belg. ^uf Gub.
<. Catenâ aureâ ,
Unàque effigie ^ueujtijf. Imp. Caroli VI ,
^nnô 1725 condecoratus ,
f^tr fumml ingenii & judicii ^
Rare & miranda eloquentite ,
Anls MedictF rerà peiltijfmus ,
20 ME ir. Yyy
53S VIL
Schoïte MeJlca 6? Univerjîtatis perpet. Jecas S* ornamentum ,
Jn pauperes lîberalijf.^ omnibus obfequens &fincerus^
Longô tevô fané dlgnijjimus.
uit bîennio languore fatali prejfus
E vira universè plan&us ereptus ejî.
In memorlain tanti excell. F'iri
NoB. DîJA Maria Elisab. De Rorive,
Uxor ejus ,
Et Liberi eorum mœftiJJ', hoc Monum. cl & Jibi pofuerunt.
Obiit ille 3 Xbris , 1759» *'«'• 5^>
-■ Jlla verà , ,
R. J. P.
Voici les titres des autres Ouvrages de M. De F'ilkrs :
Jnjlitutionum Medicarum Libri duo , compleclentes Phyjîolo^iam & Ryglelmn. Lovanlî^
1736, jn-4. Ce fut à l'occafion de ces Inltitutes qu'il s'éleva une difpute littéraire
entre l'Auteur & Favelet, fon Collègue. Plulieurs Ecrits polémiques parurent de part
& d'autre; mais la vivacité & l'aigreur que fon adverfaire mit dans ceux qu'il
publia , ne purent faire oublier à notre Médecin ce qu'il devoit à ion Confrère ,
autrefois fon proteéleur. La reconnoilTance lui rappella , au milieu de la difpute,
le fouvenir des bienfaits dont Favelet l'avoit comblé avant la promotion au Doc-
torat , & il en fit publiquement l'aveu avec autant de candeur, que de franchife ,
dans un Ecrit intitulé :
f^entiîabri , per CL ac vimplijf. D. Favelet , Med. DoSi. & Prof. Prlm. prima hujus
annî pro Strena & Antldoto exhîbitl^ inchoata P'entilatlo , cum adjecià Epijtolâ per mo»
dum Jlrence reciproc£ ad eumdem Cl. D. Favelet. Lovanii^ 1736, in-ia.
DiJJenatîo Medica de Hamorrholdibus. Lovanii , 1748 , in-12.
VILLIERS, ( Jacques-François DE ) de Saint-Maixent en Poitou, ancien
Médecin des Armées du Roi & Médecin de l'Ecole Royale Vétérinaire , prit le
bonnet dans la Faculté de Pont-à-MouHbn en 1757, & depuis dans celle de Paris.
Comme il a une connoiflance fort étendue des différentes parties de fon Art ^
& qu'il a d'ailleurs beaucoup de goût pour le travail, il n'a pas manqué de faifir
les occafions de contribuer à la perfeélion des Ouvrages que d'autres Ecrivains
s'apprêtoient à publier. Il a fourni un grand nombre d'articles de Chymie pour
les volumes V, VI & VU de l'Encyclopédie,- il aauHi donné la colleflion de»
fourneaux, vaiffeaux & inRruraens. Il a eu part i la traduétion des AphoriTmoi
de Chirurgie de Boerhaave , commentés par le Baron F'an Swietten. Cette traduc-
tion a été publiée en 1753. Il a revu la tradufkion des Inflituts de Chymie de
Splelman, par M. Cadet, le jeune, & outre les notes qu'il y a ajoutées, il a
augmenté confidérablement le Catalogue des Auteurs qui fe trouve à la fin de
ce Traité. C'eft encore à M. De yUliers qu'on doit le Catalogue des pièces fur
les conteftations des Médecins & des Chirurgiens de Paris, qui eft inféré dans le
Tome VI de l'Hiftoire de l'Anatomie de M. Portai ; on lui doit pareillement uns
V I L V I N • V I O 5S9
l^ettre fur l'édition Grecque & Latine des Œuvres d' Hlppocrate k de GalUn pu-
bliées en 163g, 164g, 167g, & que nous devons à René Chanter. Cette Lettre eft
inférée dans" les ^iémoire> Littéraires de M. Goulin. Mais M. De nUien ne s'eft
point borné à contribuer aux (ouvrages d'autrui , il en a mis au jour quelques-uns
qui lui appartiennent. Tels l'ont:
L'An des ejfais de Cramer, traduit du Latin. Paris, T755 , quatre volumes in-i2.
Supp'cmenc au Mémoire fur le fei^le ergoié. Paris, I770, m-4. C'ett une fuite de
•celui de M. yetillan.
Mé'hode pour rappeller les noyés à ta vie. Brochure Jn-4, de 55 page».
Manuel fecret & analyfe des remèdes de Sutton pour Vlnoculation de la petite vérole.
Paris, 1774 > i'n-B.
VILVAINE, C Robert) d'Excefier dans le Devonshire en Angleterre, reçut
les honneurs du Dod^orat en Médecine à Oxford le 20 Juin 1611. Sa ville natale
fut celle qu'il cboifii pour y faire fa profeliion. Econome de fon tems , il le par-
tagea entre la vifite des malades & l'étude du Cabinet; mais comme la Médecine
ne fut pas le feul objet qui l'occupa, il parvint à exceller dans la compofition
des Epigrammes, il publia même quelques Ouvrages de Théologie & de Chrono-
logie, qui furent eftiraés dans fon pays. J^ilvaine mourut le ai de Février 1663,
à l'âge de 87 ans.
VINARIO. Voyez RAIMOND DE VINARIO.
VINDICL\NUS , Médecin Grec , étoit de la Sefte Méthodique. Il eft appelle
le grand Médecin de fon fiecle par Saint Auguftin , & il prend lui-même le titre
de Comte des Archiatres de l'Empereur Valentinien L Je ne fais s'il occupa le
même office fous Valentinien II , qui fut proclamé Empereur peu de jours après la
mort de fon père , en Novembre 375 , à l'âge de quatre à cinq ans ; il ei\ au
moins certain qu'il ne perdit rien de fa réputation fous le règne de ce jeune
Prince. Théodore Prifden étudia fous f^indicianus ^ & ne manqua pas d'adopter les
principes de la Sede à laquelle fon Maître étoit attaché. Si l'on en croit le Doc-
teur Freind , ces deux Médecins étoient prefque leg feuls qui tinlfent encore pour
le parti des Mcthodilies; car toutes les Sectes avoient tellement perdu leur crédit
depuii la mort de Gallen , qu'il n'en étoit même plus queftion dans l'Ecole d'A-
lexandtie, fi célèbre dans les fiecles fuivans. Galien avoit établi la Sefte Dogma-
tique fur des principes fi évidens , qu'elle domina furies autres & les éteignit peu-à-
peu îquoiqj'à dire vrai , le Dogmatifme ne fût pas proprement une Sefte qui eût fes
opinions particulière» , mais le recueil des maxime» les plus certaines que les chefs
des autres Seftes avoient propol'ées à leurs partifans.
On n'a rien de f'^indicianus que des fragmens d'un Ouvrage qu'il a écrit en Vers
touchant la Médecine , & une Lettre fur cette Science , qui fe trouve dans les
Medicï antiquif page 86 de l'édition de Vcnife en 1547, in-folio.
VIOLET , (Jean 3 Dofteur en Médecine dans le XVII fiecle, n^eft guère
connu que par un Ouvrage, où il a mêlé fes opinions avec les obiervations qu'il
a f«ites fur les cadavres. Cet Ouvrage eft intitulé .•
S4C V I R •
La parfaite ^ entière conno'jjance de toutes la maladies du corps humain caufees pat
objîru&ton. i^aris , 1635 ^ ln-8.
VIR.IDET C Jean J étoit de P&ray en Charollois , ou il naquit dans une
honnête famille en 1655. Aprè.< avoir achevé fon cours de Philolopliie à Die
en Dauphiné , il alla étudier la Médecine à Montpellier , mais ce Fut à Valence
qu'il prit le bonnet de Do6\eur. Plein du defir de fe perfectionner dans la pro-
fellion qu'il avoit embrsllee, il le rendit à Paris , où il s'appliqua à 1 obicrva-
tion dans les Hôpitaux. JL'Edit de Nantes, qui fut révoqué le 22 Oelobre 1685,
obligea F"iridet à quitter la France, parce qu'il étoit Proteftant ; il le retira à Ge-
nève , & pafia enluite à Rolles dans le pays de Vaud , où il vivoit encore en
^735' Il y a appjifence que ce fut à Morges qu'il finit les jours.
Comine ce Médecin n'avoit puifé que des idées confuies fur la di2;e(Vion dans
les Ecoles qu'il avoit fréquentées, il fe fit une affaire de la recherche des caufes
& du méchanifme de cette fondlion. 11 ne fut pas plutôt forti de France, qu'il lut
avec beaucoup d'attention tout ce qu'on avoit écrit iur cette matière : mais ne trou-
vant pas que les fentimens des Anciens & Modernes fufient établis fur des raifons
affez folides pour les adopter , il s'occupa de la réfutation de tout ce qui avoit été
dit avant lui, & finit par mettre le premier agent de la digeftion dans undilTolvant
contenu dans lafaiive & principalement dans le fuc ftomachal. Sa jeuneffe le porta
à fe défier de Ion fyftême , & pour cette raifon , il confuita de favans Philofophes
& Médecins , fur-tout ceux de PAcadémic des Sciences par le miniflere de Gai*
lois , Secrétaire de cette Compagnie. Sur leurs avis , il donna fon premier Ouvrage
au public , fous ce titre :
Tra&dtus de prima co&ione, Geneva^ 1691 , /n«i2. Mais il augmenta bientôt le mê-
me Traité, qu'il Ht imprimer fous cet autre titre : Tru&atus novus Mtdico-Phy ficus de
prima cocllone ^ practpuêque de ventriculi fermenta. Geneva ^ 1693, t/i-8.
Tout le monde ne fut pas de fon avis. Il s'éleva un grand nombre d'opinions
contraires à fon fyftême 4 & pour les combattre , il donna un nouvel Ouvrage ,
qu'il intitula :
Les caufes de la produUion du bon chyle & du mauvais , avec les remèdes. Je n'en
connois point la première édition. Tl y en a une de Paris, i;^35 , deux volumes jn-8.
Mai» comme il avoit remarqué que le chapitre des Vapeurs de l'eflomac étoit d^u«
ne étendue beaucoup plus longue que les autres , il le réduifit en Diflertation
particulière , qui fut imprimée lous ce titre :
Dijfcrtation fur les Fapeurs qui nous arrivent. Yverdun , 1726 , ind.
\UUNGUS ou VAN VIElilNGEN f Jean-Wautier ) étoit de Louvain , où
il naquit ver? l'an 1539. Il apprit le Latin & le Grec dans cette ville , (S? il y termina foa
cours d'étude parle grade de Licencié en Médecine, qu'il obtint en 1561. Bientôt
après, il pafFa à Terveere enZélande, dont il fut Médecin Penfionnaire ; mais étant
revenu dans fa patrie en 1571 , il y prit le bonnet de Dodleur & ne tarda point à mon-
ter dans Iq première Chaire , qui vaquoit dans les Ecoles de la Fa.-ulté par la démiflion
de Guillaume Bernaerts. Il la remplit l'efpace de vingt-deux ans.
Vers l'an 1578, il perdit fa femme qui fut emportée parla contagion. Il embrafla
VI R 54,
alors l'état Eccléfiaftique , mais il tarda jufqu'en 1593 * recevoir l'ordre de Prêtrife.
Il paroît qu'il s'avança dans fon nouvel état, car il devint Chanoine de la Cathé-
drale d'Arras, où il alla réfider, & depuis, il fut l'un des Chapelains des Archiducs
Albert & HabeJle. Firingus étoit un homme d'une conduite trèf-édifiante ; auffiinf-
pira t-il le goût de la piété à tes enfans. Ses bonnes qualités le firent autant confi-
dérer que ion favoir ; elles lui méritèrent même d'être élevé trois fois à la dignité
de liecleur de l'Univerlite de Louvain, en 15^9, en 1582 & en 15B7.
Ce Médecin a donné, en Flamand, un Abrégé du Théâtre Anatomique de
Fifale^ qui fut imprimé à Bruges en I569, in- 4. 11 a publié en Latin:
Tabula Jfas^oglca ojjium corporis humani connexionem ac numtrum complcStens ollm
Lovanii édita , nunc recognita & au&a. Duaci , 1597 , folio patente.
De jejunio & abjlincntiâ Medico - Ecclejîafiici Libri qulnque. Rigiaci ^trebatum izay
4/14, avec cette double épigraphe. Qui ahjUnens eft adjiciet vitam. Ecclef "j, A'on.
fatiaii cibis faluberrlmum. Hippocr. in Epidem^ Cet Ouvrage eft dédié au Prince Al-
bert , "Archiduc d'Autriche , Cardinal & Gouverneur des Pays-Bas , qui fut inftallé en
cette dernière qualité le 16 Février 1596. Mais comme ce Prince époufa en icq8
l'Infante H'abelle. Claire-Eugénie , à qui Philippe II , Ion père, avoir accordé la Sou.
veraineté des Pays-Bas, il y fut depuis connu Tous le feul nom d'Archiduc Albert
Suivant la coutume de ce tems-là , le commencement du Livre eft rempli d *
quantité de pièces de Poélie Latine adrefiees à l'Auteur. On y remarque en car-
tjculier cette Anagramme qui fait allulion à la matière qui eft le l'ujet de l'Ouvrage •
JoANNES Waltierius Viriivgu?.
En vigor unus salutaris jejuni.
On y remarque encore une Infcription que la Faculté de Médecine de Louvain
confacra à l'honneur de F'iringus , Su qui eft conçue en ces termes-
MEMORI-'E SACRUM.
Reverendo Clarissimoque Viro
D. JOHANNI VjRINGO ,
Quondam aima nojlrte Univerfitads ^rchlatro ^
EcclejU Catharalis B. Mérite ^trtbutcnfis Canonico ,
Pro fuis in Facultatcm & Scholam mentis ,
Pro ornamento & décore ,
Publicâ XX/^I ( 22 ) annorum Prufeffione ,
In eam coilutis ,
Sua gratitujinis & obfcrvantia publiée tefianda ergo ,
^d lias elucubratlones ,
Medica Avmje. Universitatis Lovaniensis FaccltIs
Hoc Maemofynon P.
VIRSUNGUS ou WIRSUNGUS rChriftopheJ) naquit à Ausbour-, en 1500,
dans une famille patricienne. 11 prit le parti de la Médecine qu'il étudia avec lue-
.^42 V I R V I s
ce? , & qu'il exerça avec dlflind^ion, dans fa ville ratale , jufqu'à fa mort arrivée
en 1571. On a de lui un Commentaire fur l'Ouvrage qui parut ious le faux nom
de Fulingenius , & qui eft inntulé : Zodiacus vlt£ humante. On a encore une Pratique
de Médecine en Allemand, dont il y a plulîeurs éditions : Heidellierg , 156B ,
ia-folio : Francfort, 1577, in-folio: Neufiadt, 158B & is,g;^ , in folio: en Hoilandois,
Dordrecht, 1601, nîême format.
Chrijiophe Virfungus , autre Médecin d'Ausbourg , fut en réputation vers l'an
1590. 11 eft fans doute de la famille du précédent, peut-être fon fils.
VlkSUNGUS ou W1R.SUNGUS r Jean-Geprge J étoit Bavarois. 11 fe rendit
à Padoue en 1629, & il y étudia la Médecine fous Fefiingius. La découverte du
conduit pancréatique qu'il démontra en 1642, le rendit célèbre, non feulement à
Padoue où il s'occupoit des recherches Anatomiques, mais encore par toute l'Eu-
rope. C'eft de lui-même qu'on apprend qu'il envoya la figure de ce conduit à
Riolan le 7 Juillet 1643. t)ifférens Auteurs remarquent qu'il n'eft pojni le pre-
mier Anatomifte qui ait obfervé cette partie ,• pluiieurs l'avoient vue avant lui &
l'avoient prifc pour une artère : on ajoute que Maurice Hoffmann l'a rencontrée dans
un coq d'Inde en 1641 , & qu'il l'a reconnue pour ce qu'elle eft. Cependant, com-
me f^iifungus eft le premier qui ait démontré le canal pancréatique dans l'homme,
cet organe eft généralement connu fous fon nom , & on s'accorde alfez à lui lait
fer l'honneur de la découverte.
Le mérite de ce Médecin lui fufcita des ennemis; on fait même là deflus une
hiftoire pour prouver que le compagnon de fa découverte le fit affafliner , parce qu'il
s'en étoit attribué toute la gloire , malgré la convention qu'ils avoient faite de la
partager entre eux. Un Italien, dit-on, gagné par argent, le tua d'un coup de pif-
tolet, avant qu'il piàt faire imprimet l'Ouvrage qu'il fe propofoit de donner au pu-
blic. Mais le Bsron de Haller rej>arde cette hiftoire comme une fable; il dit tout
fimplement que F'irfangu.s fat alTaHiné par un Médecin Dalmate , qui, piqué d'a-
voir été réduit au filenoe dans une dilpute publique , fe vengea de cet affront par
la mort de fon vainqueur.
Le célèbre Morgagni parle ainfi de la mort de f^irfangus dans fa première Let-
tre Anatomique : 22 uiu^ujïi illuxlt fatalis dies Noh. Lxcdl. & Clarljf, D. Joh, Geur^
§io H^irfang, Phllofophite ac Mcdicime Docfori^ incljtts natlonis nojtrte affèjfori honoran'
du, qui circa 24 noS.s horam , ex folito , fub propria domàs januâ , familiariter cum ail-
quibiis Doainis concivibiis eùdein contuberniô utentibus ,conver/atus,à D. Jacobo Cambier ^
ob nefcio qmd odlum privatum , fchpetô majori , quod Carabine vu/gô dlcunt , petitus ,
^lobùque tranijcl:ius , cum fanguinls copia Jîmul S animam fudit^ hac verba idenddem repe-
teni , fon morto io , o Cambier , o Cambier.
VISCHER C Jean ) vint au monde à Wemdingen en Bavière le 16 Décembre
1524. Après avoir fait de grands progrès dans la Philofophic, dans la Théologie,
ainli que dans l'étude des Langues Grecque & Hébraïque , il fe fit recevoir Maî-
tre-ès-Arts à Wiitemberg le 19 Février 1549, Il palfa enfuite aux Eco es de Mé.
decine de la même ville, d'où il alla entendre les Profcfleurs de Tubinge ; &
après avoir profité des inftruélions de Pitrre-jindri Matthiok à Gorice , il fe readit
!
VIS VIT si^.
en Italie , s'arrêta dans les Univerfités de Padoue & de Bologne , & reçut le-
honneurs du Dov^orat clans la dernière le 10 Juillet 1553. L'année fuivante , il
enleigna publiquement la Médecine à Ingolftadt ; en 1555, il fut appelle à Nord-
lingue, pour y remplir les fonctions de Phylicien; en 1562, le Margrave Georgc-
Fréderic d'Onoltzbach le nomma Médecin de fa Cour. Mais F'ifchcr n'étoit pas
à fa place; il avoit de grands talens pour la Chaire , & il auroit été préjudiciable
aux progrès de la Médecine de les négliger plus long-tems. Pour cette raifon ,
on l'attira à Tubinge en. 1568 , & on le chargea d'une Leçon publique qu'il donna
jufqu'à ia mort arrivée le 22 Avril 1587 , à l'âge de 63 ans. On a de lui une ef-
pece de Commentaire fur les Aphorilmes d'Hippocrate fie une Lettre à Maithiok i
le refle de Tes Ecrits confifle en Thefes foutenue.* fous fa préfidence.
De. ufa atque officia fphnis in. homîne, Tubinge , 1577 , in-^.
De affecilbus uterl humani. Ibidem , 158 1 , i/1-4.
De lacîls ejufque partium naturâ S viribus. Ibidem , 1586 , j/1-4.
De ratione cxplorandi & judicanJi Leprojos. Ibidem, 1586, in-4,
Enarratio brevis Aphonfmorum Hippocratis , monjîrans quàm concinnd ac bond ordine
fenuntiis ijîte aphorijhcis dijpofîta jint , atque invicem conaexa. Ibidem, 1691 , //i-4,
par les foins de fon fils.
Epijlolu ad Petrum ^ndraam Matthiolum , in qua tra&aïur de venigine , occipiiii
dolore , flupore , pilorum defluviô & glandibus in inguinibus exortis. Dans le cinquième
Livre des Epitres de Matihiole.
VISCHER. , ( Jérôme ) fils du précédent , naquit à VVemdingen le 9 de Février
1556. Il étudia la Médecine à Tubinge Ibus Ion père , & il prit le bonnet de
Dofïeur le 10 Janvier T582. Pendant le cours de la même année , il pafla â
Nuremberg, où il fe fit recevoir dans le Collège, & ne tarda pas à être nommé
à la charge de Phylicien ordinaire , qu'il remplit avec beaucoup de réputation.
On attendoit de lui de grandes chofes, dont il avoit conçu le projet; mais il
n'eut pas le tems de l'exécuter , car il n'étoit que dans la quarante-unième année
de fon âge, lorfqu'il mourut le 18 Août 1596. On n'a rien de lui que deux
Lettres Médicinales, qu'on trouve dans le Recueil de Jean Hornung, imprimé à
Nuremberg en 1625, in-4, fous le titre de Cijia Medica.
Jérôme Fifcher laiffa un fils , du même nom que lui , né à Nuremberg en 1593.
Il devint Membre du Collège des Médecins de cette ville en 1619, & mourut
en 1631.
ViTALlS, C Louis ) Dofteur en Philofophie & en Médecine , enfeigna l'Af-
tronomie à Bologne pendant quarante ans. Il ne le borna pas à la connoilTance
des aftres & de leurs révolutions dans ces efpaces immenfes qu'ils embelliflent ;
il pafTa à l'Aftrologie , cette Science auiïî ancienne que faufil, & il en déduifit
des préceptes qu'il appliqua à la Médecine dans un Ouvrage qu'il mit au jour
en Italien. Ce Profefleur mourut à Bologne le 8 Mars 1554.
VlTALIS, C-SarîiWius J) de Palerme, floriffoit vers l'an 1570. I! pafla pour
un des plus lavans Médecins de Ion tems , & fe diHingua encore par la pro-
fondeur de fes connoiflances dans ia Littérature, aicfi ^ue par la pureté de fe5
544 V 1 Z V L E V L 1 U L M
mœurs. L'Académie des ylccenjî de Palerme , qu'il honora par tant de mérite ,
perdit en lui un de les principaux Membres. Ce Médecin a laifle un Ouvrage ,
fous ce titre :
J)e Midicamento folvcnu fextd die non exhibendd, Opufculum, Panormi ^ 15"° ? 'i^-
ViZ<ANI ( Enée J enfeigna luccefifivement la Logique, la Philolbphie & la
Médecine dans les Lcoies de l'Uni verlité de Hoiogne, où il eut un fi grand nom-
bre de dilci pies, que ta réputation le répandit non léulement avec eux dans toute
l'Italie, mais encore au aeià des Monts. Il mourut le 4 Odobre 1602, à l'îlge de
53 ans, 61 fut en'erré avec beaucoup de pompe dans TEglife de Saint Domini-
que à rfologne. Orlaadi parle de ce Médecin, & Manget lui attribue un Ouvrage
intitulé ;
Cimjîlla Medica, Francofurn , 1605,
VLEESCHOUWER. ( Jean ) Voyez CARNARIUS.
VLIERDEN, (-Daniel VAN ^ Médecin du XVI iiecle, étoit de Bruxelles,
ovk il naquit dans une famille patricienne qui étoit originaire d'Oirfchot & qui
polTédoit anciennement la Seigneurie de Vlierden dans la Mairie de Boiileduc-
C eft ainfi que le rapporte M. Faqi'ot dans fes Mémoires ; il ajoute que Daniel
fut le premier fils de Balihafar Van P^iierden & de Catherine. Fan Tàienen, fa fé-
conde femme. Après avoir achevé Ibn cours de Philolophie à Louvaio , il y fré-
quenta les Ecoles de Théologie pendant quatre ans & parut tout décidé pour l'é'
tat Eccléliaftique ; mais il abandonna ce genre d'étude, fe rendit en Italie, lé mit
fur les bancs de ia Faculté de Médecine de Bologne, foutint des Thefes en J543,
fx fut reçu Dodeur. A Ion retour à Bruxelles , il fe diftingua tellement dans fa
profetiion, qu'il obtint la charge de Médecin de Marie d'Autriche , foeur de
Charles-Quint & Douairière de Louis , Roi de Hongrie , qui fut nommée au Gou-
vernement général des Pays Bas après la mort de Ion mari. On ne lait rien de
plus fur le compte de F'an FUcrden^ linon qu'il eft Auteur d'un Ecrit intitulé:
Epijtola^ non minus Tlieulogica quàni Medica ^ ojîendens Mediaim non corpori folùni ^
verùm etian aninits fuppetias dare. Bajïkes , J544> '1-8.
ULMUS. (-François^ Voyez OLMO.
ULMUS ( Marc-Antoine ) étoit de Padoue , félon Manget qui lui attribue les
Ouvrages fuivans :
Utérus muliebris , hoc eft , de indlciis cognofcendi temperamenta uteri , vel partium ge-
nhdlium ipjîus nmUeris , Liber unus. B"nnni<e, 1601 , («-4,
Phyjîologia barbts humante, ^cccjjit uii^pendix hiftorica & fymbolica, barba humana.
Sunonia , 1603 , in-folio. Fencna , ifi04 , in-folio.
Hippocrates Medicus. Liber Meiicis rationalibus , atque iifdem politioribus admodum
neceffarius. In qun , prcctcr multa fcitu dignijfinia , declaratur ipfîus & gcnealogia &
ingenuitas. Bononia , 1603 , in-^.
Nous n'aurions rien à ajouter à cet Article , fi M. Goulin n'avertilTiit , dans
ia jLatre à M, fiéron., que Marc- Antoine Ulmus nous apprend , dans le premier
Ouvrage^
U L s U N T 545
Ouvrage , qu'il avoit long-tcms pratiqué la Médecine à Montechiaro , ville du
Breflàn ; qu'il dit même , dans le lecood , que dans Ta jeuneH'e il avoit écrit Inr
i'art de réparer les nez , lur lequel il promet de donner par la fuite un Traité
plus complet , A: accompagné des tigures néceffaires. M. Goulin ajoute que ce
Médecin donna l'a fœar en mariage -a. Jacques Zcnaro ^ habile Chirurgien de la
même ville de Montechiaro , i'a patrie , qui femble avoir pratiqué l'art de répa-
rer les nez , ou peut-être fimplemeût écrit fur cette méthode.
ULSENIUSou ULSTENIUS, CThcodoric ) Médecin & Poëie , Frifon de
naiflance , tieurifloit vers la fin du XV fiecle. TrUhtme en parle comme d'un
homme de grande érudition ; & George. Matthias croit qu'il remplit la charge de
Phylicien de la ville de Nuremberg dès l'an 1486 , qu'il la rempHîlb^t même encore en
1514. On ne lait point précilément l'année de fa mort, mais on apprend de Foppens
qu'il finit fes jours à Boifleduc , où il fut enterré dans l'Eglife de Saint Jean. Ce
Médecin a lailfé un Livre d'élégies & d'épigrammes , & deux auti-es fous ce
titre :
De Pfiarmacandi comprobatâ ratione Libri duo. Norimbergts , 1496, i/i-S. Bafilcx ,
1571 , inJ6 , avec les commentaires de George Pictorius,
ULSTAD C Philippe _) étoit de Nuremberg , où il vint au monde vers la fin du
XV fiecle. U exerça la Médecine avec affez de fuccès , & fe fit confidérer à Fri-
bourg, où il enfeignoit dans les Ecoles de la Faculté en 1525. Ses Ouvrages con-
îribuerent à fa réputation, fur-tout le fécond de ceux que je vais citer; car cet Au-
teur vivoit dans un fiecle ^ où on fe repaiflbit des vaines promefl'es de l'Al-
chymie.
De Epidemia Tractaïus. B a filets , 1526 , iti'^.
Cœlum Pkllitfophorum , feu , de fecreiis Natura Liber , ex variis Auihoribus accuratè
fehcius^ varbfque figuris illuflratus. ^rgentorati , 1528, in-folio. Lugdunl , 1553, " '2^
avec Joannis ^ntonii Campejîi Direcloriujn fummx fummarum Medicina , Jive , dg
tr.bus minerls principalibus e.x quihus fit Lapis Philofophorum. Lugduni , 155^ , in 12.
Fianffunl^ 1600, m la. ^rgentina. 1630, in-8. Il y a dans le Catalogue de Fal-
conu une édition de Paris, 1544, m-8, fous ce titre ; Jouanis de Kupefciffa^ Raymun-
dii Lullii , Arnoldi de f^illanova , Alberti magal Cœlum Philofophicum , feu fecraa NatU-
ra^fiudiù Philippi Ulfiadii.
UNTZER fMaihias") naquît en T581 à Hall en Saxe. Il ne négligea rien pour
s'avancer dans l'étude de la Médecine; & pour s'y perfeflionDer d'autant mieux,
il fréquenta les Ecoles de Leipfic , de Tubinge , de Padoue , & en dernier lieu
celles de Bâle , où il reçut les honneurs du Dotïorat. Après fa priCe de bonnet ,
il ne tarda pas à retourner dans la ville natale, pour y faire part de fes lumières
à fes concitoyens. Ceux-ci le revirent avec plaifir , mais avec plus d'avantage encore;
car il leur rendit de grands fervice» julqu'en 1(^24, qui eft l'année de fa mort, arri-
vée le 7 Août, à l'âge de 43 ans. On a piufieurs Ouvrages de la façon de ce
Médecin :
De Nephrhide , feu renum calculù , Florilegium Medico.Ckymicum in duos Librns d'.ftriba-
TOME jy. Zzz
5^6 V O C V O E
tum. Halte Saxonum ^i6l^ ^ în-4. Mas.dehur^î ^ 162^, , in-^.V cm]?lo!e'F f-"or>r? J îvr«
tout entier à faire l'énumération des médicamens qu'il croit propres ^ ^irévenir ou à
guérir la gravelie , & il les tire de l'un & de l'auirc des irois Reçnes.
J)e Lie peflifcrâ Llbrl très. Bt.lte Saxonum, 1615, /n-4.
Bieronofologia Chemlatrica ^ hoc e/î, EpUepjïx , feu , Morbi facri accuratijjima defcrlp--
ûo.Jbidern, i6t6, /n 4.
£>e Sulphure Tracfatus Medlco-Chymlcus. Tbidem , 1620, /n-4.
uiaatomia Mercurii fpagyrica , feu de Flydrargiri naturâ , prnprietate , vîribui atque
ufu , Libri duo. Ibidem , 1620 , in-4.
ulntldiitarium pejîi'entiale in duns Libros diflrlbutum. Ibidem,, ifiii , /tt-4.
Phyjiohgia Salis , Jîve de Salis naturâ ejufque prima origine^ différent: is , proprietate
atque ufu Commentatio PhiloJophico^Mzdica. lildem ^ 'f'24î 'n*4.
Tracïaïus Medico-Chymici feptem , ut de Sale , Sul, huie , Mercurlô , Nephrit'de Jiu
■=■ num calcula , dupUces de Pejle & Epilepfià , mulvs in locis ab ipfi aurore auSii. 'ht-
dent ^ 1634,4/1-4. C'eftun recueil de tous \c.s Ouvrages à'Unfyer. Ce Médecin a rais
difFérens Auteurs à contribution ; c'eft d'eux qu'il a extrait le fonds des matières
dont il traite. Laborieux comme il étoit, il auroit pu rendre fes Ecrits plus utiles,.
S'il le fût conduit avec plus de jugement.
VOCHS, ( Jean J Médecin natif de Cologne , a fait paflèr à la poftérité l'hifloire
de la pelle qui a délblé la patrie au commencement du XVI iiecle. Son Ouvrage
eft intitulé ;
De Pejlilentia anni 1507 & ejus cura. Cum qulbuflam dublls 6? digreffinnibus ,, fine:
quitus cura non perficitur. Magdeburgl , 1508 , in-4. li y a une édition poftérieure , revue
^av Jean Driander , fous ce t'nre : Opufculum praclarum de omni pejtiientiâ y fîve fit ab
aère corruptô , five ab aquis putridis ciu cadaveribus : & de diuturna pefte Morbi Gallici , .
qute non cejfabit ., donec putredo ejufdem murbi funditùs eradicetur. ColonitS , 1537, in 8.
VOET, ( Daniel ) fils de Gisbert, fameux Théologien Hollandois, naquit le 31
Décembre 1629 à Heufden , ville des Provinces Unies à trois lieues de Boifleduc,
Son père l'emmena avec lui à Utrecht en 1634, & dès qu'il fut en à^e d'appren-
dre les Langues lavantes , il le mit fous les plus habiles Maîtres de l'Univerlité qui
venoit d'y être établie. Daniel fit enfuite ion cours de Philoi^phie & de Médecine,
& prit le bonnet de Doéîeur dans l'une & l'autre de ces Sciences. Il n'étoit âgé que
de 23 ans, lorfqu'il fut nommé Profefîeur extraordinaire de Philofcphie le 20 Dé-
cembre 1652. On lui donna Jean de Bruyn pour Collègue , & l'on partagea l'en-
feignement ertre eux; celui-ci fut chargé de remplir la Chaire de Phylique ISt des
Mathématiques, & Voet celle de Logique 6e de MétaphyfitjUe. Mais notre Mé- ,
decin pafia au rang de Profefleur ordinaire le 5 Avril 1656 , & il ne s'y difiingua
pas moins que dans le premier qu'il avoit occupé. C'eft doramige qu'il foit mort
fi jeune. Il n'étoit que dans fa trente unième année, lorfqu'il fut arrêté au milieu
de fa brillante carrière le 29 Juillet 1660. Daniel Vitt n'a rien écrit que fur la
Philoibphie , mais il a beaucoup écrit, eu égard au tems qu'il a vécu. Ses Ou^-
vrages (ont :
Comp:ndium Phyfiae.
V O G ,,^
^Mehtemata Philofophica.
■Compcndium Meiaphyfic<e. Trajecll , i6fio , în-ii.
CoiiipenJium Pncumaticte. Ibidem, i6f)i , /n-i2.
^'tyJiologla , jive de rerum naturâ Libri (ix. Amfldodami, i66l , in-i2. Trajecll ,
lObb , la-b , avec les notes de Gérard de furies.
VOGELS, ( EvaldeJ Alchymifte du XVI fiecle , que Konlg afiure être le raê-
me que Tliibaut de Ho^helandc , pafl'c aufli pour la même pcrlonne dans le Tome
Vlll Qes Mémoires de M. Paquot. Ce dernier yiuteur a cependant fait un Article
iépaté pour chacun de ces Alchymiftes , qu'il dit avoir été contempora n? ; mais
comme il attribue les mêmes Ouvrages à l'un & à l'auire , iJ étoit néceria'rc qu^ii fjt
quelque etiort d'imagination pour établir l'iJentité de ces Ecrivaiii?. Evalde IScThéobal-
de ou Thibaut^ dit il , peuvent pafier pour le même nom un peu varie, ^'o^e/i aura
été le furnom de Théobalde ^ qui, conformément à l'ufage de fon tems , le fera dit
de Middelbourg, quoique né au village de Hoghdande^ qui n'eft qu'à une demi-
lieoe de cette ville.
A l'exemple de M. Paquot, ]Wi mis l'Article Hoghelande dans ce Diiiionnaire ,
& je l'ai fait avec d'autant plus de railon , que ce lavant Littérateur dit qvie f^ogels
naquit en Brabant , & Thibaut de Hoghelande à Middelbourg ou près de Middelbourg ,
capitale de la 'Zélande. Cette variation ne laiilèroit aucun doute fur la différence
de ces deux perfonnages , li les Bibliographes ne s'accordoient à leur attribuer les
mêmes Ouvrages ; cependant Liyenius n'en met d'autre fur le compte de f^ogels,
que le Livre intitulé:
De Lapiais Philofiph'cî condltlonihus , quô abditijjimorum ^inhorum , Gcbri & Lul-
lii, methodica continetur explicatio , èf Chymiflarum omnium Opéra ^ tanqua.n ad nnrmam
examlnantur ^ utrum in perfeclwnis vlà confîjlant , necnè. CuiiniiS ^ '5951 in- 12. ^rgento-
rati , 16159 , i(i-B, dans le Theairum Chent-.cum.
Que i^o^ch & Hoj^helande foient deux perfonnes différentes ou non , il importe
peu à i'Hiltoire de la Chymie , qui ne s'arrête à faire mention des partifans du
Grand-Œuvre , que pour montrer à quel excès dé délire l'tfprit de l'homme
peut être porté. M. Paquot en donne la preuve dans l'analyfe qu'il fait du Traité
que je viens de citer. Suivons-le : » On voit d'abord ici une Préface , in qua dl-
» verfi ac varii Anificum labores recenfentur , & Jtu&.tris imtntio dcclaratur. f^ogels y
» dit que fon but eft d'expliquer les fzpt propriétés de la Médecine, ou de la Pierre
» Phyjîque , enfeignées par Ge'jer , & de rendre intelligible ce que les Anciens en
» ont dit , en enveloppant leurs inftrudions ious des termes fi obfcurs , que l'efprit
» humain n'y peut guère atteindre fans une lumière célefîe. Après ce!a , il ofc aflurer
» que Paracc'fc n'a pas connu la Pierre Philofophale ,& n'a vu goutte dans les Ecrits
y, de Raimond Lulle & des autres Do^curS de cet Art ( malheur qui eft arrivé à
» bien d'autres. ) Enfuite il dit que tous ceux qui auront trouvé dans leurs opé-
» rations les fept conditions de l'EUxir qu'il va décrire, auront tout à fe promet-
» tre pourvu toutefois qu'ils connoifTent bien !e feu philoiophiquc , le fourneau ,
^ la retorte , & la proportion qu'il faut y garder. La Préface eft fuivie de deux
« chapitres de Ceber , où il s'agit de ce merveilleux Elixir. Après vient le Livre
54^* V O G ^
*) de notre Auteur, divifé en fept chapitres, où il traite, i°. de la fufion fubite &
j> convenable . qui fe perfeéhonne au moyea de l'Oléaginlté minérale. ■2". De la
» fubtilité fpirituelle Cou ipiritueufe ) de la matière. 3°. De l'affinité qui fe trou*
» ve entre l'Elixir & la matière tranfmuab'e. 4". De l'humide radical des métaux,
» & de la manière dont il congelé & confolide les parties retenues , &c. 5°. Dc
» la clarté mondificaiive de la pureté , qui jette un éclat extraordinaire , qui garantit
» Je la brûlure & qui ne brùie pas. t)°. De la terre propre à fixer , tempérée , mince ,
n fixe , mcombuft;ble , &c. 7". De la teinture qui forme une couleur éclatante , & un
» blanc parfait , ou un orangé vif, & qui produit enfin la Lunification ou la Solificqùon
» des êtres tranfmuables. L'Auteur aime tant la clarté, qu'il prie fes Ledeurs de
» n'attribuer qu'à l'uiage des Alchymiftes & à la fuh'imité de leur Art ce qui refte
» d'oblcurité dans fon Livre. 11 craint môme , je ne fais pourquoi , qu'on ne l'accufe un
» jour d'un grand crime , comme ayant révélé des myfteres , que fes prédécefleurs
» avoient cachés li foigneufement dans la crainte de les expot'er au mépris des
» profanes. « Aioli parle M. Paq^u: , & fuivant lui , on eft bien en droit de
bouder contre des Philofophes qui font de magnifiques promelTes dans leurs Traités
d'Alchymie , fans rien effectuer. Audi voit-on que les hommes crédules , qui fe font
attachés à eux dans l'elpérance d'être initiés dans leurs myfteres, ont fini par fe
récrier contre l'impofture de leurs Maîires, dont ils ont été les dupes; & fi d'au-
tres ont fait grâce aux Ouvrages des partifans du Grand-(}iuvre , ce n'a été qu'en
confidération de quelques heureufes découvertes , dans lefquelles ces enthoufiaftes
font tombés comme par hazard , en courant après la tranfmutation des métaux qu'ils
n'ont jamais trouvée.
VOGLER. , CGodefroid ) de Francfort fur l'Oder, entreprit le voyage d'Italie,
en vue de profiter des inftruétions des favans Maîtres qui donnoient tant de célé-
brité aux villes de Padoue , de Bologne & de Pife. 11 fuivit les ProfclTeurs de
l'une & de l'autre de ces Univerfités,& fit ibus eux tant de progrès dans la Mé-
decine, que pafiant par Bâle,à fon retour d'Italie, il obtmt les honneurs du Doc-
torat. Il vint eniuite exercer fa profeffion à Verden en vVeftphalie , ?c il s'y pro-
cura tant de réputation, qu'on l'attira à HtlmRadt en 1620. Ses talens furent ac-
cueillis dans cette Univerfité i il en étoit Redeur , lorfqu'il mourut le 13 Février
J624 , à lâi^e lealeraeitt de 38 ans.
U laifia un fils, Falentin Henri , né à Heîmftadt le 17 Septembre Î6212. Jaloux
^e participer à la gloire que fon père s'étoit acqu'le , il fe rendit habile dans les
Belles-Lettres, la Philolbphie, la Médecine & l'irlidoirc. Ce fut dans les Ecoles
de là ville natale & celles d'AItort qu'il étudia la Médecine; & après avoir ob-
tenu le degré de Licence dans les premières , il alla pratiquer à Francfort fur le
Mcin & à Oppenheim. Mais ayant été nommé en 1652 à une Chaire de Méde-
cine à HcImftadt , il y prit le bonnet dc Dodeur l'année iuivante , & fit dans la
fuite tant d'honneur à cette Univerfit^, qu'il fut généralement regrtté à fa mort
arrivée le 13 Mai 1677. Ses Ouvrages ont foutenu la réputation qu'il s'étoit acquife
dans la Chaire. Le plus connu & le plus eftime , en fait de Littérature , eft inti-
tulé : Ufiiverfaiis Introia&io in notidam cnjafque. generis bonorum Scnptorum ; mais 1«
tncilieure édition eft celle que Henri Meibomius a donnée à Heîmftadt en 1691 , in-^ ,
V O G 549
avec des remarques fi des additions. Voici les titres des Traités de Médecitse qui
font de la façon de fn^hr le H-s ;
Injikmionum Phy iolugicarum Liber. Quô natura ekmentorum , mixtionh ac tempera'
menti dilucidatur. Helmafludii ^ 1661, /n 4.
Diateticnruin Comment ariua , cum Dtfputatione de vi ima^lnationis in pejîilent'ia proda-
cendâ. Jbidcm , 1667 , in. 4.
De naturiill ia bonarum doSrinarum Jludia propenjîone , deleciu îngenlorum , fludiarutn
hodiernorum corruptells , earumque caujîs , DiJJcnationes quinque. Jbdem , 167a, /rt-4,
Pbyjïologi i Hijlori£ Pajionis Jcfu Chrifti ^ nempè de angore ., J'udore, fyin.tà coronâ ,
vinô myrrhâ condud S actô feileô ., itcmque de foiis obfcurutone , Jui ^ hyjfopô , acctô ,
clamore , repentinâ morte , terra motu , kamoribus ex latere ftuentitun & condiiurâ corpom
ris. Ibident y 1673, m 4.
De f^aletudine hominii cognofcendâ Liber. Helmteftadîi , 1674 , /n-4.
De rebas naturalibus S Medicis , quarum in Scripiuris fucris fit mentio , Cummentarius.
accejjit PhyCidogla Hftorlis pajjionis Jefu-ChrijU. Ibidem , 1682 , /n-4.
VOGLI, ( Jean-Hyacinthe J célèbre Médecin de ce fieclc , naquit le vingt Avril
1697 dans le Bolooez. Il fit toutes les études dans la Capitale de cette Province ,
& il y reçut les honneurs du Doétorat en Médecine à 1 âge de dix-fept ans. Mais
comme il l'entit que la fLiecce qu'on acquiert dans les Ecoles ne lui iuffilbit point»
qu'elle devoit être perfectionnée par l'obiervanon qui eft l'ouvrage du tems, &
qu'à Ion âge on n'étoit point allez au fait du cours des maladies pour en entre-
prendre le traitement, il prit la fage réfolution de fe rendre à Florence, où il
s'appliqua à la pratique dans l'Hôpital de Sainte Marie la Neuve. Après plulieurs
années qu'il paila à voir, à obferver & à réfléchir , il revint à Bologne , & ij y
Ibutint des 1 hefcs publiques (ur toute la Philolophie & la Médecine , ainfi qu'il eft
d'ufage , lorfqu'on ai'pire au rang de Profeflëur dans l'Univerfité de cette ville. Ces
Thefes lui ont fourni ia matière des deux Traités qui- ont paru fous les titres fuivans:
De AnthropOi^onia , Dijjenatio Anaiomico Phyfica , in qua & de viviparorum pcnep •
& pars prima qua refellit ova vivipara ; & pars altéra qute propugnat novum fpcclmenper
uterina fjhjlantite elongationcm atque ordinazam texturam ex feminibus plafmamibus. Bo-
nonie , 1718, //1-4. Après avoir rejette tous les fyftêmes des Modernes fur la gêné»
ration, il a recours aax facultés plaftiques des Anciens, à qui il donne une tournure
neuve , en fuppolànt que la matrice n'eft pas plutôt (ortie de l'état d'irritation que
la lemence lui a procuré, qu'elle permet â les fibres amollies de s'étendre, de s'al-
longer, de fe contourner en dittérentes manières ; d'où réfulte l'arrangement des
particules organiques en un corps qui eft celui de l'embryon.
Fluiii nervei H.jraria. Bononi£ ., 1720 , /n-8. Il y donne un court expofé du mé-
chanifme des fécrétions , poir en venir à celle du flL.ide nerveux; félon lui, la
fubftance corticale ■'*<: les au'res parties du cerveau ne concourent point à la lécrétion
de ce fluide , c'cft dans les méninges qu'elle fc fait ; c'eft même dans ces membranes
qu'il établit l'orieine des rrrf-;. ,
Comme les nouvelles Ihcories ne manquent jamais de partifaas, l\li s'en fit
aflez p3ur efpcrer qu'il trouvcroit des proteaeurs dans fes prétentions â la premiè-
re Chaire qui vieodroit à vaquer à Bologne. En l'attendant , il alla s'exercer à la
550 VOL
pratique en différentes villes de la Marche d'Ancone & de TOmbrie ; mai? il n'étoit
point dans Ion centre; il le fentoit fait pour la vie fédentaire du Cabinet, plutôt
que pour les courles que le loin des malades exige. Il revint donc à Kologne , où
il fut reçu au nombre des Profefiburs d'Anatomie , ^ titre d'aggrégé. Pour tirer
parti de l'cb talens , on le chargea de compoier en Italien des Tablettes chronolo-
giqucî de l'hiftoire des hommes illuftres qui avoient fait honneur à rUniverfué ,
loit par leur icicnce , loit par leurs emplois. Cet Ouvrage comprend tout le dix»
feptieme fiecle & une partie du dix'huitieme ,julqu'au tems où il parut à Bologne
en 1726, //j-4 L'Auteur en fut récompcnfé par la Chaire qu'il obi'nt, & par la
réccpiion dans l'inftitut de Bologne, l'oujours actif & laborieux, f^ogli a travaillé
à un Cours entier de Médecine qui devoit paroître en trois volumes «-4 ; il a aufli
commencé un Traité lur la génération de l'homme & des animaux vivipares ;
mais je ne lais li ces Ouvrages ont été donnéi au public , ou en quelle année ils
ont paru.
VOLCKAMER. f Jcati-George ) étoit de Nuremberg, oii il naquit le 9 de
Juin i6i6 de Jean, riche Commerçant qui s'appliqua par goût à la Chymie & à
la Botanique, qui cultiva même cette dernière Science avec tant d'ardeur, que
c'eft à lui qu'on doit l'établiflement du Jardin des plantes qui porte encore fon
nom. Jean F'akkamer mourut en 1661 , à l'âge de 85 ans.
Jean- George prit le parti delà Médecine. Elevé fous les yeux d'un père qui
jrouvoit un plailir à s'occuper de deux parties efientielles de cotre Science , cet
exemple ne put manquer de lui donner un goût plus étendu. Ce fut pour le fa-
îisfaire, qu'après avoir étudié à Jene & à Altorf, il fe rendit en 1638 à Padoue,
où la Nation Allemande le nomma fon Confeiller & Bibliothécaire. En 163g , il
revint à Altorf pour s'y difpolér à la réception des degrés Académiques ; & dès
qu'il eut foutenu fes Thefes de j^icence , il repafl'a en Italie au mois de Septembre
de la même année , & reprit le fil de fes études fous les Profefleurs de la Faculté
de Padoue. Trop inftruit pour ne pas favoir que l'Art de guérir fe perfediionne
tous les jours par Tobtervation & les découvertes, il voulut encore s'enrichir des
connoiflances des plus grands Maîtres des Univerfités de France ; à cet effet , en
quittant Padoue , il dirigea fa route par ce Royaume , & delà il la continua vers
l'Allemagne. Peu de tems après fon arrivée à Nuremberg , il -etourna à Altorf
pour fon Doflorat. On lui en accorda les honneurs le 30 Avril 1643 , & le 7 de
Juin fuivant, il fut aggrégé au Collège des Médecins de l'a ville natale, dont il
devint Doyen pour la première fois en 1664. L'Académie des Curieux de la Na-
ture le reçut dans fon Corps, en 1676, fous le nom d'Helianihus I; mais il ne
tarda pas à en être Directeur, il en fut même Prefident en 1686. 11 eft le troi-
fieme qui ait occupé cette place honorable.
yolckamer mourut le 17 Mai 1693 , à î'âge de 77 ans. Outre le grand nombre
.(d'Obfcrvations qu'il communiqua à l'Académie d'Allemagne, il lailTa les Ouvrages
qui ont paru fous ces titres :
Opobulfami Orientalis in TneTiaces confectlonem Rnma revncaù examen. Norîberf.ce^
>î644, in'ii , avec le Livre à' Jntoine Colmenem ^ qui eft intitulé: De Chocolaut-
Jndte aualltatibus 8 naturâ , 6? plufieurs autres pièces.
VOL 551
Collegium Anatomlcum conctnnatum ex CUriJJlmis Triamvlris Jajjolinô, Scverind &
CubroUô. Hanovlte , 1654, m-4. Fran:qfani , i658, in-4.
Oratio in. laudcm Gafparis Hoffmanni. Francnfanl , 1668, 1680, In-/^,
Epijtola de calcula frangendo. Ibidem, 1669, in-4, ^° Latin & en Allemand.
Epijlola de Scomacho. ylltorfii , 1682 , in-^.
Jean-George , fils du Médecin dont je viens de parler , étoit auffi de Nurem-
berg; , & il y vint au monde le 7 Mai 1662. A l'exemple de Ion père, il prit le
parti de la Médecine , dont il fat reçu Docteur , & mérita , comme lui , d'entrer
dans l'Académie des Curieux de la Nature, Ibus le nom d'Heliauthus II. Son ad-
mifiion dans le Collège des Médecins de fa ville natale date de 1685 ; il lui fit
long-tems honneur, car il étoit l'Ancien de cette Compagnie, loifqu'il mourut le
8 de Juin 1744. On a de lui plufieurs Oblervations dans les Mémoires de l'Aca-
démie Impériale d'Allemagne , & un Traité qu'on eftime , fous ce titre :
Flora Aoribergenjîs , jivi , catalogui plantarum in Agro Norlbergenfi tùm fponiè naf'-
centium , quàm exoticarum. Noribergce , 1700, 1718, in'4 , avec figures. 11 a ciré boa
parti des travaux de Morifon , d'Hcrmann , de Ray & de Rivlnus
Jean-Chrijlophe f^olckanier , natif de Nuremberg comme les précédens , & pro-
bablement de leur famille, fut un des plus favans liotaniftes de fcn pays. Ce fut
à ce titre qu'il entra dans l'Académie des Curieux de la Natir^, fous le nom de
Florentius. Il s'appliqua à la culture des Orangers , des Citronniers & des Limo-
niers, dont il avoit acquis une connoifTance parfaite, lorfqu'il demeuroit pour les
affaires de fon commerce à Rovoreit , ville du Tirol fur les contins de l'Etat de
Venife. Le jardin qu'il forma dans le fauxbourg de Nuremberg étoit uniquement
defliné à fatisfaire fa belle paflion pour la Botanique; il s'en occupa jufqu à fa
mort arrivée le premier jour de Septembre 1720. On a de lui une Oblervation
De Gelfemino uirabico ^ fracium Café fereme , arbore ; elle fe trouve dans le» Mé-
moires de l'Académie d'Allemagne. On a auffi un Traité de fa façon , qui parut
en Allemand à Nuremberg en 1708, in-folio^ & qui fut traduit en Latin, fous
ce titre :
Hejperidum Korimbergenjïum , Jïve , de Maîorum Cltrcorum , Limonizm , ^urantiorumM
que culturâ S ufu Libri quatuor. De fioribus rarioribus in ^-Igro Kurico caliis. Kurim.
bcrgx, 1713, 1714, deux volumes in-folio. Il y ell parlé de plulieurs plantes des
Indes.
VOLDER, ( Burcher DE ) habile Mathématicien & l'iin des plus célèbres
Philoibphes de Ion tems , naquit à Amfter»iam le 26 Juillet 164'^ , de Jufle ou
Jn[fe de f^^iUcr & de Marie ^an Licfdd, Quoiqu'il eût été extrêmement "foible &
délicat dans fon enfance, la grande inclination qu'il témoigna pour Tétude , en-
gagea fon père à l'envoj'er au Collège & à lui fournir aufant de i"ecoLir<; qje la
médiocrité de fa fortune lui permettoit. Le jeune De Voler fit beai'coiir» de pro» ■
gtès dans les Langues Latine & Grecque ; puis ayant achevé l'on cours de Philo-
foi-hie fous ^mould Sengucrd^ & pris des leçons <\''ylhxandre de Pic fi;r 'a Mé.
decine , il fortit d'Amfterdam pour fe rendre à l'trccKt , où il fu^ refo Maîfre-ès.
Arts le 18 Oclobre 1660. Comme la Philcfophie Péripatéticienne étoit celJe qu;
tJominoit de fon tems dans les Ecoles, il s'y attacha, aicfi que tant d'autres:;
r5^ VOL
mais il s'en dégoûta , dès qu'il eut commencé à fuivre François Duhoh àe Le BoS
qui profeflbit la Médecine a Leyde avec réi^uiation. 11 fou tint dans c tte ville»
ie ^^ Juillet 1664, des Thefes fur la Nature fort oppol'ées aux opinions courantes ,
& ù prit, le même jour, le bonnet de Do(iteur en Médecine. 11 alla erfoite
exercer là profefljoo à Amfterdam , où il fut Médecin des pauvres de ia Com-
munauté des KcWKntrans ; mai* les occupations ne lui firent pomt négliger l'é-
tude des IVÎatiiJiustiques, ni celle de la Phiiofophie qui étoit li fort ce fon gpùt.
La réputation à laquelle il parvint du côté de la dernière Science, pona tes Cura-
teurs de i'Univeriité de Leyde à lui en offrir la Chaire qui vaquoit dans les
Ecoles. Il l'pccepta & il en prit pofiélfion le 18 Octubre 1670. D-jpjis ce mo-
ment , De yjdcr ne ie diftingua plus que comme Philolophc ; il paroît même que
tout abforbé dans ce genre d'étude , & dans les Mathématiques dont il obtint la
Chaire en i6bi , il en négligea enuerement la Médecine. Ce lavant homme mourut
le afl Mars 1709, âgé de 65 ans &l quelques iiiois, fans diipoier de ion bien &
fans avoif été marié. Régulier dans fa conduite, il étoit, dit M Paijuot , doux «
généreux, modeftc , zélé p^ur la liberté de la patrie, bon ami, toujours dirpol'é
à rendre juftice au mérite , & à fuivre le parti de la venté auiant qu'il lui étoit
connu , mais fans emportement contre ceux qui éîoient dans d'autres principes.
11 avoit en particulier beaucoup d'affabilité envers les dilciples , & il les inftrui-
foit d'une manière li claire & li méthodique , qu'il ne faut pas s'étonner que tant
d'habiles gens foieot fortis de ion écolt.
J)c F'older n'a lailfé aucun Ouvrage bien important ; ce qu'il a écrit fe rédoit
aux pièces fuivantes :
0 ratio habita in future Sibertl Coeman. J. U. D.& Profejforis, Lugduni Batayorum ,
1675, in-4.
Oratio de conjungendo cum Philofophia Mathefeos ftud'.d. Ibidem^ i68i> &i 4. C'eft
îe Difcours qu'il prononça le 15 Juiû 16S1 , en prenant pofleflion de la Chaire
<des Mathématiques.
Dijfertatinnus Ph'dofuphica de rerum naturalium. princîpîîs^ ut & de aèris gravUate,
Ibidem , 1681, in-B.
Oratio habita in. fuaere CL. V. Lucx Schacht Med. D, 6f ProfeJJbrîs. Ibidem^
1689, in-nt.
Oratio de ratîonis virlbus & ufu in SckntVu. Lugduni Batuvorum ^ rôgS, in-8.
C'eft le Difcours qu'il nronocça en fortant du Reftorat.
Oratio quâ , confentientibus lUuft. ^cad~ Curatoribus , Urbifque Leidenjîs Cojf. , fefe
laboribus Mcademicii abdicavit. Habita A. D. XIX Oêfobris anni 1705. Ibidem^ 1705,
ifl-4.
Le 3 Juillet ifi<?9 , De Solder préfida à un aé>e public qu'aucun Profefreur ne
fe fouvenoit d'avoir vu à Leyde. il reçut Maître-ès- Arts, avec les cérémonies
anciennes, M. Gah . depuis Médecin de Londres, & il lit à cette occafion , une
harangue fort ingénie ufe fur les Anciens & Ici Modernes, que le célèbre Boer-
haave a pris loin de publier.
VOLGNADIUS, C Henri j ou VOLT-GNAD, de BreOau , naquit de parens
nobles le 6 Mai 1634. ^1 étudia les Lettres Humaine» daos fa patrie avec tant
de
VOL V^O R. 553
de Tuccès, qu'on prévit dès-îors tout ce: qu'on étoit en droit d'efpérer de lui dans
les Sciences fupérieures. Parmi celles-ci, il choifit la Médecine , dont il commença
îe cours à Leipfic en Mai 1655 ; & après cinq ans d'application autant heureufe
qu'elle avoit été connante , il fe rendit à Altenboarg dans le Cercle de la Haute
Saxe, en vue de joindre la Pratique à la Théorie. Pour remplir cet objet im-
portant, il fuivit Chrifiophe ^usfeld , favant Médecin de cette ville, qui ne né-
gligea rien pour le mettre au fait de la cure des maladies. Vollgnad demeura chez
lui jul'qu'en 1662 , à la réferve d'une courte abfence qu'il fit en 1660, à l'occafion
de la mort de fon père. Mais il étoit tems de penfer aux honneurs du Do<Rorat ,
& ce fut pour les demander qu'il fe rendit à Wittemberg vers le mois de No-
vembre i66a. Sa promotion ne le décida point encore à fe livrer au public ; il
voulut fe perfeftionner dans l'Art important & difficile qu'il avoit enibrallë , avant
que d'entreprendre de l'exercer. A cet effet, il parcourut l'Allemagne, l'Italie,
la Suifle, les Pays-Bas, l'Angleterre, la Hollande, & i! y recueillit les confeils
^ les inftruétions des plus habiles Maîtres. Chargé des connoiflances dont il s'étoit
enrichi pendant ce voyage, il ne revint à Breflau, en 1664, que pour fe confa-
■crer au fervice de fes concitoyens. Comme ceux-ci s'emprefTerent à profiter de
fes lumières , il ne fut bientôt parlé que de lui , & les heureux fuccès de fes en-
treprifes lui aflurerent enfin la confiance de toute la ville. Son nom étoit déjà ré-
pandu en différentes contrées de l'Allemagne , quand il fut reçu dans l'Académie
des Curieux de la Nature , en 1669, fous le nom de Sirius ; mais fa réputation
s'accrut tellement dans la fuite , qu'elle parvint à ce point flatteur que les Gens de
Lettres qui fe piquent de fentimens , regardent comme la principale récompcnfe de
leurs travaux. F'ollgnad étoit au comble de fes délits il cet égard , lorfqu'il mourut le 3
Janvier 1682 , dans la quarante-huitième année de fon âge. On n'a de lui que des Mé-
moires adreflës à l'Académie Impériale. Comme l'illuttration de ce Corps ne celfa
point de l'occuper depuis la réception , il y contribua G avantageufement du côté
de la Médecine & de l'Hiftoire Naturelle , qu'on a dit de lui , qu'il avoit exafie»
ment rempli la devife de l'Académie : Nunquam otiofus.
VOLPINI. Voyez VULPIN US.
VORSTIUS , f ^lius Everardus _) célèbre Médecin, étoiJ de Ruremondc, où
il vit le jour le 25 Juillet 1565. Il fit fes humanités , partie à Dordrecht , partie
à Leyde , & il s'appliqua à la Philofophie & à la Médecine à Heidelberg , ainfi
qu'à Cologne. Mais la réputation dont jouiffoient les Profeffeurs des Univerfités
d'Italie , fengagea i quitter l'Allemagne pour aller les entendre ; il s'arrêta dans
prefque toutes les Ecoles, fpécialement dans celles de Bologne & de Padoue , &
jze fut dans la dernière ville qu'il reçut le bonnet de Dodteur. Il revint dans les
Pays-Bas en 15Ç6. A peine eut-il pratiqué pendant deux ans à Deift , qu'il obtint
une Chaire de Médecine à Leyde ; il la remplit avec honneur jufqu'à fa mort
arrivée le 22 Oftobre 1624. Pierre Cunaus , Dodieur en Droit & Reé^eur de l'U-
■îiiverlité de cette ville, prononça fon Oraifon funèbre.
Quoique F'orftius eût été un homme qui airaoit le travail du Cabinet , nous
T O MB IV, Aaaa
554 V O^ U R A
n'avons de lui qu'un petit Commentaire De annuloram origine, (x les deux Difcours
fuivans :
Oratio in funere Carol'i Clufîl. Lugduni Satavorum ^ 1605, in. S.
Or ado honori & mcmori^ Petrl Paawi diSa. Ibidem, 1617, ''■"■'^•
Ce n'eft pas qu'il n'eût travaillé à d'autres Ouvrages , mais ils n'ont point vu le
jour, parce que la mort l'a empêché d'y mettre la dernière main. Tels font,i\^of<s
ad Cornelium Celfum de Re Mcdica: Objervationes rerum memorabllium per magnam GrX'
cîam , Japygiam , Lucaniani , Brutios^ adjacentefque regiones : De Batavia pifcibus,
VORSTIUS, ( Adolphe J fils du précédent, naquit à Delft le 23 Novembre
1597. 11 avoit fait de bonne» études, lorfque l'exemple de fon père l'engagea à
embraflér la même profeffion. A cet effet , il fe mit fur les bancs de la Faculté
de Médecine de Leyde , & ne les quitta qu'à l'âge de 22 ans, pour voyager en
Angleterre , en France &z en Italie , atin de profiter encore des intlrudions de ceux
qui enl'eignoient dans les plus floriffantes Univerfitéi de ces diftérens pays. Comme»«
il avoit formé le deffcin de prendre le bonnet à Padoue , il s'attacha particulière-
ment aux Profeffcurs de cette ville , où il reçut les honneurs du Doftorat le ao
Août 1622. A fon retour à Leyde, il y fut confidéré, non feulement du côté de feS
connoifTances Médicinales , mais encore pour celles qu'il avoit des Langues Hébraï-
que, Grecque & Arabe. On l'affocia , en 1624, au Corps des Profeffeur». 11 fut
chargé d'enfeigner les Inftitutes , & devint ainfi le Collègue de fon père ; mais à la
mort de celui-ci, on le nomma à la Chaire de Botanique, dont il prit ^offeflion en
1625. Comme il en remplit les devoirs avec beaucoup de zèle & d'honneur, il di-
minua la douleur que la Faculté de Leyde relTentoit encore de la mort de fon
père ; il parvint même à faire oublier la perte qu'elle avoit faite , tant il donna de
célébrité à fes Ecoles. Mais les regrets n'en furent que plus grands , lorfque cette
Faculté le perdit lui-même en 1663 , à l'âge de 66 ans.
Adolphe Furftius a écrit un favant Commentaire fur le Traité des plantes de
l'ancien Philofophe Théophrajîc d'Erefe ; c'eft dommage qu'il n'ait pas été rendu pu-
blic. On û'A que les pièces fuivantes de la façon de ce Médecin ;
Recognitio verjionis Johannis Opfopoii Aphorifmorum Hippucratis. Lugduni Batavorum ,
1628, i/i-24. Il y a une autre édition, auffi de Leyde, à laquelle on a ajouté un
parallèle des penfées d^Hippocrate & de Celfe^ avec un Index fort étendu.
Catalogui plantarum Hord Academici Lugduno-Batavi. Ibidem, 1636, in-^.
Orado funebris recitata in exequiis Pétri Cunai , Juris ProfeJJbris primaTii, Ibidem ^
1638 , fn-4.
Catalo^us plantarum Horti Academici Lvgduno-Batavi , quibus is inftruclus erat annà
1642. Accedlt Index plantarum indigenarum , que propè Lugdunum in Batavis nafcun-,
tur. Ibidem, 1643, 1/1-24, 1649, ^^r>^ * '«-ï6. Ce Jardin étoit bien éloigné alors de
ia beauté & de la richeffe qu'on y remarque aujourd'hui.
Oratio in exceffum Cl. Salmajïi. Ibidem, 1654, tn-8.
URANIUS, homme d'un génie fmgulier, étoit Syrien de nation. Il exerça la
Médecine à ConREntinople vers l'an 560 , Sf quoiqu'il ne connût aucun des prin-
cipes fondamentaux de cette Science , il vantoit impudemment la fupériorité de (et,
U R. s • S5'
talens , dans le tems même qu'il donnoit des preuves de l'ignorance la plus crafie.
Il attroupoit dans les places publiques ceux du petit peuple qui avoient la patience
de l'écouter , & il leur expliquoit , à fa mode , les quêtions qu'il fe formoit fur des
êtres de raifon ou fur des choies impénétrables à l'efpnt humain. L'obCcurité de
les difcours lui attira des admirateurs parmi les gens qui mefurent leur eftime fur
les grands mots qu'ils ne comprennent pas. Sottement flatté de voir grollir tous les
jours le nombre de ceux qui venoient l'entendre , Uranius s'enhardit jufqu à ofer fe
préfeuter à la porte des Grands. La curiofité le fit recevoir dans leurs palais. U y
débita des contes plus ridicules les uns que les autres , fervit de jouet par les ex-
travagances que la boifTon lui fit faire ; mais comme il étoit afiez libre 4 dire les pen-
fées, il n'en fortit louvent, qu'après avoir elfuyé les mauvais traitemens que Ion
indilcrétion lui avoit mérités.
Sa conduite le rendit enfin fi méprifable à îoute la ville de Confîantinople , qu'il
n'eut d'autre parti à prendre que d'aller chercher fortune ailleurs. 11 le mit à la fuite
d'un certain ^rebindus qui pafibit en Perle pour une ambalTade folemnelle. Il s'ha-
bHla à la manière des Philofophes , & s'étudia fi bien à compofer (on extérieur , à
cacher même fes défauts , qu'il en impofa à Chofroës I , dit le grand. Ce Prince
l'honora de fon eflime pendant fon féjour en Perfe, & comme û la lui continua
après fon retour à Conftantinople , il lui écrivit plufseurs lettres, dans leiquelies il
l'appelle fon précepteur & fon maître. Chofroës pouvoit avoir les qualités nécel-
faires au gouvernement de fes Etats, mais quant à la fcience dont il aimoit à
faire parade , il faut qu'elle ait été bien mince , pour s'avouer le difciple d'un hom-
me du caraé^ere dUranius. Les entretiens que celui-ci avoit eus avec les Sages de
la Peife , n'ont pas peu contribué à le faire confidérer du Roi ; cependant l'avan-
Kage qu'il rempc 'a de ces entretiens ne méritoit guère l'accueil qu'on lui fit. II
eut beau jeu de donner cours à fon babil dans un pays où les connoifTances étoienr
fi bornées, que tout ignorant qu'il fût, il eut encore à difputer avec des gens plus
ignorans que lui. C'eft de l'Hiftorien ^gathias que le Doreur Freind a tiré ce -
qu'il a dit de l'aventurier dont je viens de parler.
UR.SICIN , Médecin de Ravenne , remporta la couronne du Martyre dans le
premier f»ecle de lalut , fous J'empire de Néron.
Saint Ambroife parle de ce Médecin, & c'eft d'après lui qu'on rapporte ce qui
fuit. Les Gentils avoient pris à Ravenne un Chrétien, Médecin de profeflion, nom-
mé OVy/cm, lequel après avoir foufiert plufieurs tourmens avec beaucoup de conf-
tance pour la foi de Jcfus-Chrift, fut condamné à avoir la tête tranchée. Mais fe
voyant au moment de recevoir le coup de la mort , il commença i trembler & à
témoigner du découragement , dans la crainte de perdre la vie. Alors f^'iial, père des
Saints Martyrs Gervais & Protais & depuis Martyr lui-même, qui alîiftoit à ce fpec-
tacle , lui cria de toutes fes forces : » Qu'eft-ce cela , Urficin *! Que doutes.tu ? Que
» crains-tu'? Toi, qui en qualité de Médecin a donné la fanté aux malades, tu te
» vas laifler bleffer fans pouvoir jamais te guérir? Tu as déjà triomphé de tant de
•n tourmens, veux-tu perdre en un moment la gloire de tes trophées, & rendre
•n mutile tout ce que tu as amafie avec tant de peine *? Souviens-toi que par cette
■il mort qui paffera- comme le vent , tu t'acquerra une vie immortelle dans l'éter-
556 U R S
» nité. j» Ces paroles furent i\ efficaces, qu'elles touchèrent ce Martyr oui chancél--
Joit déjà, & l'encouragèrent fi bien, qu'il mourut généreufement pour if; noir âà
Jekis-Chnft le 19 de Juin, f^ital ^ non content d'avoir donné la vie .\ l'am • à
Urficin, enterra Ion corps, après l'avoir enfeveii avec beaucoup de chanté Sr de
dévotion.
Molanus fait auffl mention de ce Médecin dans fon Ouvrage intitulé: Diarium
Ecclejîajîicurn SanSlorum Medicorum.,
URSINUS , CJean ) de Léopol , ville de Pologne dans la Kulïje rouge, étudia
la Philolbphie à Cracovie & la Médecine à Padoue. Après cinq ans d applicHiioQ
dans l'Univerfité de cette dernière ville , il y prit le bonnet de Dodteur & retour-
na enfuite en Pologne, où il le mit à enicigner la Médecine à Zamoski. Ce ne
fut pas pour bien du tems ; car il abandonna fa Chaire pour entrer dans les Or-
dres (acres; il étoit même Chanoine, lorfqu'il mourut en 16x3, à l'âge de plus de
50 ans.
Ce Médecin étoit bon Aftronome & poffédoit parfaitement la Langue Grecque.
Ou a de lui trois Traités d'Oftéoiogie.
11 ne faut point le confondre avec un autre Jean Urjînus que Lîpenlus dit Fran-
çois de nation , & que Manget , d'après JVolfgang Jujius , croit avoir vécu ve s .
l'an 1540. Ce fécond Urfinus étoit Médecin; il a même laiffé des Ouvrages que
les Bibliographes annoncent fous ces titres :
Profopopœia animalium atiquot , cum Scholiis Jacobi OUvarii , ^ven'wnenjîs. VUnna
Gallorum , 1541 , in-4.
ElegU de Pefte , eâque Medlcin<e parte qua In vlSfûs rations confifllt. jiUxandria , ,
1549, jn-4.
Sé^uier parle d'un troifieme Jean. Urfinus qui naquit à Spire ea 1608 & mourut en
1666. Il étoit Prévôt de l'Egliie de iiatisbonne. On a de lui:
^rboretum Biblicum , in quo arbores & fruStus pajpm in facris Litteris occurrentes Tiotis
Philologicis , P^'dofophicis , Theologicls exponuntur & illujlrantur. Noriberga^ 1663,
1665, m 8, 1685, deux volumes /n-12.
On trouve encore des Médecins du même nom. Léonard UrJïnus^ dit Seer en
Allemand, vint au monde à Nuremberg le 21 Janvier i6»8. Après de bonnes étu«
des, il devint Profefleur de Botanique à Leipfic en 1652, & de Phyfiologie en
i6,:i6. L'Acadértiie Impériale d'Allemagne fe l'aflbcia fous le nom de Zephyrus , &
il lui fit honneur par fes Ouvrage?, On remarque ion riridarium Lipfienfe , & celui,
intitulé: rulipa de Alepo^ qui fut imprimé à Leipfic en 1661 , in- 4.
Léonard Urfinus mourut le 1 de Février: 1664,
Chrifiophe Urfinus naquit en Poméranie l'an 1607. L'Univerfité de Francfort fur
rO Jet fut celle où il prit le bonnet de Dofteur en Médecine ; fa promotion date
de 1639.. L'année fuivaote , il y fut nommé Profefleur, & en 1643, il en fut Rec»
leur. Les ioins qu'i' le donna pendant Ion Rei^orat pour les progrès des Sciences
& pour faire oblerver les !oix Académi<^ues, lui méritèrent d'être encore plufieurs
fois revêtu de cette Magiflrature. 11 mourut à Francfort fur l'Oder le i Juillet
1676.
Joachim Urfinus^ de Stolpen dans la '^oméranie ultérieure , obtint l'emploi d€
Médscin de la ville de Lubeck vers l'an i6i6, .
V U L
ssr
FUI.PINUSou VOLPINI, ( Jean-Baptifle ) Philofophe & Médecin natif
d'Afti dans le Montferrat, floriffoit au commencement de ce liecle. Il a donné
pluficurs Ouvrages au public; le principal fut imprimé en 1710 , fous le titre de
Spafmologla. U s'y fait une fête de contredire la doé^rine de Galien , fur-tout au fujet
des purgatifs; fi le fameux Hecquet n'a point copié cet Auteur, il a penfé comme
lui , tani lur cet objet , que fur plufieurs autres. F'olpini mourut dans fa patrie âgé
de plus de 70 ans, après en avoir paffé cinquante à pratiquer la Médecine.
Jofeph f^olpLni , autre Médecin Italien , a écrit différens Ouvrages , dont le Recueil
a été publié i Parme en 1726 , m-4 , fous le titre à''Opere Medico-Pratiche è Filofb-
fiche. On y trouve fix Traités. Il eft queftion , dans le premier , de» vers qui fe
rencontrent ordinairement dans le corps de l'homme , & dans le fécond , des moyens
propres à s'en prélérver. Il examine , dans le troificme , l'opinion de ceux qui ont
recours aux vers fpermatiques pour expliquer le myftere de la génération , & dans
le quatrième , il répond aux objeétions du Dofteur Dominique Marie Tarava^^o con-
tre le lyftême des Ovariftes. Le cinquième Traité contient les obfervations prati-
ques de l'Auteur , & une expofition des remèdes qu'il croit les plus sûrs dans le
traitement des maladies. Enfin, le fixieme roule fur l'ufage & l'abus des Véfica-
toires & des Epifpaftiques en général ; c'eft de la nature de la maladie , de la conf-
titution du fujet & de la qualité dominante des humeurs, que Folpini déduit les
railons qui le portent à condamner ou à conleiller l'application de cette efpece de-
médicament topique..
553 W A C W A G
W.
Vv ACHENDORFF, ( Everard-Jacquoe VAN ) Doreur en Médecine , Profef-
feur de Chymie & de Botanique dans l'Univedité d'Utrecht , mourut dans cette
ville vers le milieu de ce liecle , à l'âge de 56 ans. On a de lui quelques Difierta-
tions Académiques ^ mais je ne m'arrête qu'aux deux pièces dont voici les
titres :
Oratio Botanico.Medica de plands , immenfitatis inuUeclùi Divini tejîibui locupîedjjlmis y
publiée habita , quum ordinariam Medicince , liuianicts & Chzmics Frofejfionem fujcipera.
Trajccii ad Rhenum, 1743 , jn-4.
Hord Ultrajeclini Index. Ibidem^ 1747 > ^"■'^-
WAGNER ("Jean- Jacques J naquit en Suiflè le 30 Avril 1641. De bonnes
études lui méritèrent le bonnet de Dodteur en iViédecioe, & la connoiflance qu'il
avoit des Livres , lui procura la charge de Bibliothécairt de la ville de Zurich.
Son goût pour l'oblervation le mit à même de communiquer quantité de Mémoi-
res à l'Académie des Curieux de la Nature , dont il étoit Membre fous le nom
de Paon II. Il mourut le 14 Décembre 1695 » ^ \a\ffit au public un Ouvrage in.
titulé :
Hifloria Naturalis Helvedts curiofa , in feptem Sedtlones digefla. Tigurî , 1680, /n-i2.
La quatrième Sedion traite des plantes de la Suifle ; Ray en a profité dans quel-
ques-uns de fes Ecrits, notamment dans celui qui porte le titre de Sdrpium Eu-
rop^arum extra Britannias nafcentium fylloge. On y trouve un Catalogue des plantes
Helvétiques tiré de notre Auteur.
WAGliET, ( J. P. ) Médecin de ce fiecle , exerça fa profefOon dans les Hô-
pitaux François des Pays-Bas , en particulier dans ceux de Valenciennes & de
Douay. Il ne négligea rien pour avancer fa fortune & fe faire un nom ; & ce fut
dans cette vue qu'il écrivit quelques Ouvrages, dont le flyle bourfoufflé gâte les
bonnes chofes qui s'y trouvent. Tels Ibnt :
Obfervations de Médecine & de Chirurgie faites dans les Hôpitaux de Valenciennes-
Paris » 1717 , tn-B.
Nouveau Traité de la petite vérole. Douay, 1718, i/i-8. Il y propofe la méthode
de réduire cette maladie à la fièvre varioleufe , fan* qu'il s'enfuive aucune érup-
tion. C'eft la penfée que Boerhaave- a adoptée danb fes Aphorifmes , lorfqu'il a dit;.
M'jrbas variolofus Japè fine variolii fit.
WAGSTAFF CThomasJ naquit en Angleterre l'an 1645. Il étudia la Médecine
à Oxford & il y prit le bonnet de Dofteur en celte Science ; mais ce fur moins
par elle qu'il le diftingua , que par les emplois qu'il obtint dans l'état Ecclcfiafti-
que de ion pays. Il éioii Chancelier de rEglifc Cathédrale de Litchfield dans la
Province de Staford , lorfqu'il parvint à la charge de SuHragant d'iplwich. Il mou*
rut eti 1712 &£ laifla pluficurs Ouvrages cftjmés des Aijglois , dans lefquels on
remarque qu'il aételtoit rhorrible traitement fait au Roi Charles 1.
W A L 559
Guillaume JFagstaff, Médecin Anglois de ce fiecle , *'eft fortement oppofé à Vin-
trodutlion de l'Inoculation dans fa patrie. On a de lui un Ecrit à ce fujet , fous le
tirre de Lettre à Freind , montrant le danger tS? Vincen'uude d'inférer la petite vérole-
Londres, 1722, in-'è. Tout ce que les vieux Médecins de Londres ont fait & écrit
pour détourner leurs compatriotes d'adopter l'Inoculation , lorfque Miledy Worth-
ley voulut l'introduire à fon retour de Confiantinople en 1720 , n'a point em-
pêché cette méthode de s'établir & de parvenir à la vogue qu'elle a aujourd'hui.
Une des craintes de Jf^agstajf, c'étcMt la contagion qui fe communique du fujet ino-
culé aux perfonnes laines ; & cette crainte n'eft encore que trop réelle.
WALiEUS ou DE WALE , C Jean } fils d'Antoine qui étoit de Gand, vint
au monde à Koudekerke , bourg de la Zélande près de Middelbourg , le 27 Dé-
cembre 1604, C'eft par la raifon que le lieu de i'a naiflance ell voiiin de Middel-
bourg , que F'alere yindré le dit natif de cette ville.
Après avoir étudié les Mathématiques & les Belles-Lettres pendant plufieurs an-
nées , Wal<Em s'appliqua tout entier à la Médecine , dont il prit le bonnet à Ley-
de en 1631. La même année , les Curateurs de l'Univerfité de cette ville l'en-
voyèrent en France pour engager Saumaife à fe rendre en Hollande , & il fe con-
duifit dans cette commiflîon avec tant d'adreffe , qu'il décida ce Savant à venir fe
fixer à Leyde. En 1632, notre Médecin y fut nommé ProfefTcur extraordinaire, &
il remplit les devoirs de cette place jufqu'au 8 Février 1648 qu'il obtint une Chaire
ordinaire. 11 exerça fa profeflion avec beaucoup de fuccès ; & quoique les malades
& les fondions Académiques prifient une bonne partie de ion tems , il ne put Ja-
mais fe réfoudre à abandonner la diffedion des animaux qu'il avoit entreprife , en
vue dé reconnoître plus particulièrement tout ce qui concerne la digettion , la dif«
tribution du chyle, le mouvement du cœur & du iang. Comme il travailla fou-
vent fur les animaux vivans , fes recherches le conduifirent à plufieurs découvertes
qui le perfuaderent fi fortement ce la vérité de la circulation , qu'il fut un des pre-
miers qui l'enfeignerent en Chaire. H ne fe borna pas là , car il la foutint de toutes
fes forces contre ceux qui la rejettoient. Jaloux de la gloire de Guillaume Harvée ,
il prétend que la circulation n'a point été inconnue aux Anciens , & qu'on en
trouve des preuves dans les Ecrits d' Hippocrate ^ de Diogene ^poUoniate, de Platon.
& d'^rijîote. Il avoue cependant que les Grecs qui vinrent après ces Auteurs , ne tirè-
rent aucun parti des premières lumières qu'on avoit répandues fur cet objet impor-
tant ; que bien loin d'en profiter , ils en obfcurcirent l'éclat par de fauffes inter-
prétations. Gdlien lui-même ne s'occupa guère de vérifier ce que fes prédéceffeurs
avoientjdit de la circulation, & ceux d'après lui, marchant fur fes traces, fe con-
tentèrent de fuivre fa doi^rine , fans y rien changer.
C'eft rfelà qu'il eft arrivé , dit JValitas , que la circulation eft demeurée inconnue
jufqu'au tems de Paul Sarpi , Religieux Serviîe à Venife, qui a ouvert les yeux
à Fabrice d'Aquapendente , & enfin au célèbre Harvée , dont les recherches ont mis
le fceau de la certitude à la découverte qu'il s'eft appropriée. Telle eft 1 hiftoire
que notre Médecin a faite pour enlever à Guillaume Harvée la gloire que lés tra-
vaux lui ont méritée chez toutes les nations favantes. Je me borne à ce récit , afin de
ne point répéter ce que j'ai déjà dit dans ce Diftionnaire , lorfqu'il s'eft agi de dit-
■560 W A 1.
cuter les différens fentimens des Auteurs fur la date à laquelle il faut renvoyer la
découverte de la circulation du fang.
IFaUus mourut à Leyde en 1649 , à l'âge de 45 ans , & laifla au public les Ob"
vrages qui ont paru fous ces titres:
Eplflola du£ de motu chyli & fanguinis ad Thomam Bartholïnum ^ Gajparîs fiîium.
Lu«duni Batavorum^ 1641, 1645, 1651 , 1669 , 1673, /n-8, avec les Infiitutions
Anatomiques de Gafpar Banholin. Hag<£ Comicis , 165^ , 1663, i/i-8. A part, Patavii ^
in.-ll. ^.njlilodami , 1645, in-folio, avec les Œuvres de Splgdius. Lugduni Batavo'
rum , 1647 > "^'4 » ^^^^ '^^ Recentiorum difceptationes de motu cordis, fangulaii & chyU
in aninialibus.
Jnjiiiutioncs compendiofe Medlc'me. En trois Livres.
Methodus medmdi brevljpma , ad circulaiiontm fanguinis adornata , ac in uicadcmla ,
nu<e Lugduni Bituvorum eft ^ Jludlofa juvenruti privatim prtslecfa. Ulrme , 1660, in- 12.
^Jugufie Finàdicorum. , 1679 , m-i2,avec les remarques de George-Jérôme Vdf-
chius.
Opéra Medlca omnia, qute haSienus inveniri potuere , ad chyli & fanguinis drculationem
déganter condnnata. Londini , 1660 , (n-8, par les foins de C.Jervin, Chirurgien d'E-
dimbourg , qui a formé ce Recueil d'après les Leçons de Walteus. L'Editeur
a fait tort à la réputation de ce Médecin ; car ce Traité ne vaut aucun de
ceux qui font fortis de fa plume,
WALDSCHMIDT,C Jean- Jacques) Membre de l'Académie Impériale des Cu-
TÏeux de la Nature , fous le nom de Priante , étoit de Rofdelheim dans la Wétéravie ,
où il naquitlei3 Janvier 1644. Il étudia la Médecine pendant dix ans, d'abord àGief-
ien , puis à Vienne , à Prague , ainfi que dans plufieurs autres Univerfités d'Allemagne ,
Ôï vint enfin recevoir les honneurs du Do6\orat, en 1667 , dans les Ecoles de la pre^
iniere ville. fFaldfchmidt s'eft appliqué de bonne heure à la Médecine ; car fi ce qu'on
vient de dire eft vrai, il doit en avoir commencé le cours à l'âge de treize ans.
■Quoiqu'il en foit , il eft au moins certain qu'il fe mit fi bien au fait de la Prati-
que tous les différens Maîtres qu'il fuivit, qu'il fut en état de l'aller exercer à Ha.
-nau d'abord après fa promotion. La réputation qu'il acquit dans cet endroit par
Ves fuccès, lui mérita l'attention de la Faculté de Marpurg, qui l'invita, en 1674 ,à
venir remplir une des premières Chaires dans fes Ecoles. A cette place , elle ajouta
bientôt après celle de Profefleur de Phyfique , & la Cour de Heife-Caffel y joignit en-
core la charge de fon Médecin. Waldfchmidt s'acquitta des devoirs de tous ces em-
plois avec beaucoup de diftindlion ; il étoit même parvenu au plus haut degré
d'eftime dans l'Univerfité de Marpurg , iorfqu'il y mourut de la dyflenterie le
12 Août 1689.
Ce Médecin , femblable à tant d'autres qui ont voulu fe faire un nom par des
opinions particulières, afficha les fiennes & les foutint de toute l'autorité d'un Maî-
tre qui s'eft acquis de la célébrité par des talens utiles. 11 fe fit une affaire d'in-
troduire les principes de Defcartes dans la Médecine, Infatué des favantes rêveries
de la Phiiofophie corpufculaire , il voulut en faire le fondement de l'Art de gué-
^\x , qui ne peut être folidement établi que fur les faits. Il condamna hautement l'u-
W A L 5*51
^age des eaux minérales, ainfi que celui des pnrgatifs qu'il tâcha d'exclure de la
pratique. La lienae confiftoit principalement dans les remèdes chauds , les abforbans ,
& dans un grand éloignement pour la l'aignée. Mais pour donner plus de poids à
fa façon de penfer , il ne le borna point à la faire valoir dans la Chaire, il la fit
«ncore pafler dans les Ouvrages qu'il a laifl'és fous ces titres:
Fundamenta Medlcints. Lugdiini Batavoram , 1685 , in-8.
Chirurgus Cartejïanus detegens aliquot in Chirurgîa errores. Marpurgi^ 1687, //1-4.
Commercium epijlolare cum Joanae Dolteo. Lugduni Batavorum , 1688 , in-12. Fran.'
<ofurti , 1689, in-4.
Inftitutiones Mediclme rationalis. Merpurgl , 16B8 , În-I2. Ldda , 1691 , i/i-8. Fraïf
eofuni, 1696, 1717, w-8.
Decas Epiftolarum de rébus Phihfophicis & MeJicis. Francofurd, 1689, '"•4*
^iichora falutis pro variolofis. Ibidem^ 1689, fn-4. En Allemand, 1690, in'/[. Il y
prornet un fpécifique contre la petite vérole. Halter foupçonne que tout fon fecret
confiftoi't dans la teinture des rofes rendue aigrelette
Praxis Medidnce rationalis fuccirM a , per cafus tradita. Franco/uni, 1690, in-S. Pari-
fiis ^ i6gi , in-\i.
Nota ad Praxim Chirurglcam Pauli Barbette. Francofurtl , 1695, i/1-4 , 1707, /« 8,
dans le Recueil de les Œuvres.
Opéra Medico.Pradica. Ibidem , 1695 , fn-4 , 1707 , deux volumes /a-8. NeapoU ,
1717 , deux volumes /n-4. Lugduni , 1736 , deux volumes in-^.
Munita Medïca circa Opii & oplatorum naturam. Marpurgi, 1697 , fn-4. C'eft une
nouvelle édition d'une Thel'e qui avoiî été foutenue fous fa préijdence dès l'an
1676.
WALUSCHMIDT , f Guillaume- Hulderic ) fils du précédent, vint au monde
à Hanau en 1669. Il étudia à Marpurg , à Gieiïen, à Heidelberg, à Tubinge , à
Zurich , & parcourut enfuite la Hollande & l'Angleterre , d'où il revint en Alle-
magne occuper l'emploi de Médecin des troupes de Hefle. Mais comme cette
charge l'obligeoit à mener une vie ambulante , & par.là ne s'accommodoit pas avec
le goût qu'il avoit pour l'étude du Cabinet, il s'emprefia de la quitter pour aller
jpouir de lui-même dans quelque Univerfité , où il efpéroit de trouver à s'établir.
En 1691 , il obtint les Chaires d'Anatomie & de Botanique dans les Ecoles de
Kiell, & en 1693, ^'^^^^ ^^ Phyfique expérimentale. Tout furchargé qu'il fût par
la multiplicité des devoirs que ces différentes places lui impofoient , il ne manqua
à aucune , & les remplit toutes avec honneur. L'Académie Impériale d'Allemagne
le reçut dans fon Corps, en 1698, fous le nom de Diodes, & la Faculté de Kiell
Je fit' monter à la première Chaire de fes Ecoles en 1719. Il étoit Reéieur de VU-
niverfité de la même ville , lorfqu'il mourut le 12 Janvier 173 1.
Outre plufieurs Diflertations Académiques que ce Médecin a laifTées , on a de
lui un petit Traité Latin fur la fuperfétation , un autre en Allemand fur l'Aloc
qui fleurit à Gottorp en 1705 , & les deux pièces fuivantes:
De ufa & abuju Thée in génère, pracipuè vero in hydrope. Kiloniî ^ 1692 , /n-8.
Ep'flola de rébus Medicis & Philofophicis. Ibidem , lôp'j , m-4. Ce fut pour foutenir
les feniimens de fon père contre Tillng , qu'il mit cette lettre au jour.
T 0 M E IK B b b b
562 W A L
WALDUN6,que d'autres nomment BALDUNG , (" WolFgang ^ naquit ^ Nu-
remberg en 1554. Dès Tan 1582,1! fe mit à enleigner la jeuneffe; mais il paffa en
1585 à Altorf, où il régenta la féconde clafle du Collège Académique. En 1592,
on le nomma Profeflèur de Phyfiquc dans la même ville ;& quoiqu'il n'eût pris
aucun degré en Médecine , il ne laifi'a pas de ie mêler de la pratique de cette
Science , pour laquelle il avoit beaucoup de goût, ffaldung mourut le 18 Oé^obre
1621 , & laifla plufieurs Diflertations & Difcours touchant la Médecine , ainfi qu'un
Ouvrage intitulé :
Lagographia , feu , de natura Leporum , qu<e prlfci Autorts & recentlores prodiJere ,
gu'uive utilitatis in Re MeJica ab ifto quadruj/cde percipiatur , Liber Jlngularis, uimberge ^
1619 , irt-4.
WALTHER, C Auguftin-Fréderic^ Médecin Allemand, fut nommé, en 1723,
à la Chaire d'Anatomie & de Chirurgie dans l'Univerfité de Leiplic. Il eut extrô^»
mement à cœur l'honneur de fa Faculté, & il y contribua par l'étendue de fes
connoiflknces dans l'Anatomie & les Mathématiques. Les autres parties de la Mé-
decine ne lui étoient pas moins familières que celle qui s'occupe de la ftrudture
du corps humain; mais c'eft dans cette dernière qu'il excella. Il enfeigna cependant
la Pathologie avec beaucoup de diibn£tion , & en général , il mit la plus grande
exactitude dans les Diflertations Académiques qu'il publia fur des fujets toujours
intérelfans. Ses autres Ouvrages ne valent pas moins pour le fonds ; tout ce qu'il
y manque , c'eft une didion plus nette &.plus claire. Voici leurs titres:
Thcfaurus Obfcrvationnm. Lipjiee, 1715 , in-B.
Oratio de ufu & pneftantiâ foUdloris in An.atomicis fcimtiee. Ibidem , i^'i^, ■> ii-^.C'eû
le Difcours qu'il prononça , lorfqu'il prit pofielLon de la Chaire d'Anatomie.
De iingua humana , novis invends 080 fublingualibus faliva rivis , nunc ex fuis fontibus
glandulis fublingualibus edu&is , irrigua, Jbidcm , J724 , in-4. Harlemi ^ 1745» in-^,
L'Auteur donne une defcription fort ample & fort exatfte des glandes falivaires ;
il parle de quelques canaux excréteurs qui partent d'autant de glandes voifines des
parotides , & qui aboutiflent dans le canal de Sunon. Les Ades de Leipfic parlent
avantageufement de cet excellent Ouvrage, & ne donnent pas moins d'éloges à
Walther , au fujet des autres pièces , dont on trouve les extraits fous les années
fuivantes. 1725. Sarcoceles , feu , todus membrl genitalis tumoris vufti rarifimiqrre in ca-
davere exemplum. 1727. Additamenta ad Obfervaùones de glandulis fdivalibus fublingua"
Jium glandularum. 1730. /ineria Cœllaca Tabula ^ ejufque defcriptîo.
De arnculis , Ugamentis B mufculis hominis incejfu Jlatuque dirigendis ^ Obfervationes,
Lipjùe , 1728 , Jn-4. On fat cas de cet Ouvrage.
Hiftoria fufocationis & Obfervationes uinatomicis. Lîpjia , 1729 , i/1-4.
DeJîy,natio plantarum quas Bonus Augujlini Frederici JF^dihcri compleciitur . uiccedunt
nova plant arum icônes XXI f^. Ibidem^ '735 1 ^'^•8.
Les Bibliographes citent plufieurs Auteurs de ee nom. On remarque , en parti-
culier, Conrad-Louis IF'nhher , Chirurgien de Hall en Saxe, de qui on a un Recueil
d'obfervations imprimé à Leipfic en 1715, i/i-8 , fous le titre de Thcfaurus Me
dico.Chirurgicanm Obfervatlonum curiofarum. Le judicieux Haller en fait peu d'eflime.
Jean-George JFahher ^ Médecin du XVII fiecle , exerça fa profeflion à Lignitz
C{H, Silélie , fa patrie, & compofa un Ouvrage intitulé:.
W A s W E C 563
ISylva Medlca opulentljjima , tallier ha&enus non vîfa. Budijfe , 1679 , in-4. C'cft
"Une Nofologie alphabétique des maladies obfervées par les Anciens & les Mo-
dernes ; mais l'Auteur ne s'étend guère i'ur les fymptômes qui caradtérifent ces
maladies ; il s'attache davantage à indiquer les endroits où les Médecins qu'il cite
en ont parlé.
WASSENAER , ( Nicolas DE J) de Heufden dans la Province de Hollande , fit
la Médecine à Amflerdam au commencement du XVII fiecle. Ses Ouvrages font:
^n Medica ampllata., uimjlelodami , 1624.
Hiftoire des chofes mémorables paffées en Hongrie entre les Turcs & les Princes
Chrétiens. C'eft ainfi qu'on peut rendre le titre d'un Livre écrit en HoUandois
& imprimé à Amfterdam en 162g, In-folin.
Le fiege de la ville de Harlem. En Vers Grecs. Il ne falloit pas que l'Auteur
eût recours à cet étalage d'érudition, pour annoncer fon favoir dans cette Langue;
il éfoit iuffilamment connu de ce cd;é-là.
WECKER, ( Jean- Jacques ) Dodteur en Médecine, étoit de Bâle , oij il na-
quit en 1528. Il pratiqua à Colmar dans la Haute Alface avec tant de réputa-
tion, que la charge de Médecin penlionné de cette ville étant venue à vaquer
en 1566, il n'eut pas de peine à l'obtenir. On ne dit point s'il pafia le refte de fes
jours à Colmar ; tout ce qu'on lait , c'eft qu'il mourut en 1586. Les malades &
le Cabinet partagèrent utilement le tems de M''ecker -^ il ne rentroit chez lui, après
les courl'es de la pratique , que pour fe rappeller les obfervations qu'il avoir faites
& les configner dans fes Mémoires. C'eft delà qu'il a tiré les meilleures chofes
qu'on trouve dans fes Ouvrages. Voici leurs titres :
De fccrctis Uhrl XFIl. Bajile^ , 1560, 1508, 1603,1629, 1642,1662, 1701 ,
in-8. En François , par Jean du Fal qui a intitulé ce Recueil : Thréfor difpenfatoire
& ^ntidotaire. Genève, 1616, in-4. Voilà bien des éditions pour une rapfodie
copiée de diftérens Auteurs , & en particulier d'Alexis Piemontois , dont le Traité
Italien , traduit par JVecker , eft pallë tout entier dans celui de ce Médecin. Ces
fortes d'Ouvrages , enfans de la crédulité & de la fuperftition , font heureufement
tombés dans l'oubli qu'ils méritent.
uinûdotarlum fpcciale. BafiUts , 1561 , in-4.
Syntdxis Mcdicints utriufque ex Greecorun , Latinorun & uirabum Tlufauris colk&a.
Ibidem^ 1562, 1576, 1581, 1601, in-folio.
uintidotarium générale. Ibidem^ 1580, '"1-4. Ces deux Antidotaires ont paru en-
femble , fous le titre à'Aniidotarium geminum. Bafilae , 1585, in-folio , 1601 , 1617,
1642, «-4.
Pra&ica Medlclne ^mer dis. Ibidem ^ I585» 1597» 1602, :Vl2. Lugdunl, 1606,
ja-i2. Fenetiis , 1644, in- 12,
^natomia Mercurii fpagyrica. Halte Saxonum, 1620 , inr-^. 11 y a une édition de
Bâle de 1-50, //1-8, dans laquelle on a fait entrer ce qu'il y a de mieux dan»
les Ecrits de Wecker,
564 W E D
WÉDEL, C Georgc-Wolfgang^ favant & laborieux Médecio , étoit de Goîtzen
dans la Lnfact , où il naquit le 12 Novembre 1645 de Jean-George U'idd , Miniftre
de cette ville. Il prit la première teinture des Lettres dans fa patrie, & au bout
de (ix ans d'application Ibus les Régens du Collège de la Porte, il palFa à Jene,
où il commença fon cours de Philofophi» en i65r. A peine eut -il été rem
Maître - es • Arts , qu'il fe mit fur les bancs de la Faculté de Médecine èa
la même Univerfité , & il en fuivit les ProfefTeurs jufqu'à fa prife de bonnet. Il
fe rendit enluite à Gotha , où il pratiqua pendant cinq ans ; mais il retourna à
Jene en 1673, pour y remplir la Chaire à laquelle oji l'^voit nommé. L'année
précédente , l'Académie des Curieux de la Nature fe létoit alTocié fous le nom.
é^^ Hercule l. Bientôi les honneurs le fuccéderent les uns aux autres; & comme fon
mérite fut reconnu par toute l'Allemagne, on ne manqua pas de l'illuftrer par de
nouveaux titres. Eu 1679,, le Duc de Weimar lui donna celui de fon premier
Mcciecio ; en 1685, les Ducs de Saxe lui accordèrent la même faveur; *en 1694,
l'Empereur Léopold le créa Comte Palatin ; en ij-oô, la Société Royale de Berlin
le reçut au nombre de fes Membres; en if 16, l'Empereur Charles VI le nomma
fon Conleiiler ; en 1718, les Princes de Saxe le déclarèrent Affefleur de leur
Cocfeil; enfin , un mois avant fa mort arrivée le 6 de Septembre 1721 , Lothaire-
François de Schoeoborn , Eledeur de Mayence, le choilit pour fon premier:
Medccia.
On ne doit pas s'étonner de rêmprefleœent des Princes d'Allemagne à illuftrer
TiédeL II avoir mérité leurs bontés, non feulement par un grand fowds de modef-
tie , de probité , & par un dévouement eatier au lérvice des pauvres , mais en-
core par l'étendue de fes talens dans la Médecine, la Phyfi4ue, les Mathéma-
tiques 6r la Poéiîe. On ne peut afsùrement lui relufer une place diftinguée parmi
les Savans de fon fiecle ; cependant, les occupations d'une pratique nombreufe,
la quantité d'Ecrits qui Ibnt fortis de fa plume, les devoirs de la Chaire qu'il
a remplie à Jene un peu moins de cinquante ans , ne lui ont pas permis d'ex-
celler autant dans fon Art qu'il auroit fait, s'il eût pu jouir plus fouvent de lui-
même dans le filence du Cabinet. Voici le catalc)gue de fes Ouvrages, auquel je
n'ai joint qu'un petit nombre de fes DilTertations Académiques, parce qu'il leroit
trop long de les annoncer toutes.
Non. Enda Chymica , five , Catalogus eorum Operum , Operationumque Chymlcarum ,
quis cum noa fint in rerum naturâ , nec efjc pojfint , mas,nû tamen cum ftrepita à vulga
Chyinicorum pajjim circumferantur â? orhi obtrud:zntur. Francofurd , 1670, /n-12.
Specïintn experimenti chymici novi de fuie volatUi plamarum^ quô demonftratur pojje ex
plantii^ modo particulari , parari fal volatile vetiim & ^enumuni. IbiJeni , 1672, /n-ia.
Sous le titre d'Experimehturu chymicum novum dî fait volatili plantarum. Jente^ 1675 ,
1682, in-\l.
Opiologia ad meatem Académie Natar^ Curioforum elaborata. Jene, 1674,1682,
in 4.
Exercltatlones paihologlco - Therapetinca. Ibidem , 1675 , ifiç? , :n.-^.
Pharmacia in arcis furmam redaSta. Ibidem , 1677 , i685 , 1693 , /r!'-4.
Theoremata Medica , fta^ Introduciio ad Medicinum. Ibidem, 1677, '-^92, in-JT.
De medicamentoramfaculiatibtis cognofccndis & appUcaodis Libri duo. Ibidem, 1678»
iôgô, ifl-4. En Angtois, Londres, 1685 , m-8,.
W E D 565
Tabula fynoptka de medîcanuntorum compojîtlone extemporamâ. Jena , 1675 « în-folio ,
169-5 •> '"-4-
Phyjïologia Medica. Ibidem , 167g, 1682, i-^o^ ,An-/{.
Progrejfus Aeadtmix Nature Curloforum. Ibidem , 1680 , /n-4.
De murbis à fafcino. Jb'dem , 1682 , in 4.
uimanitates Materits Medica. Ibidem, 1684, 1700, 1704, in-4.
Exercitationum Mediço Philologicarum Décades du£. Jents •> 1686, in-^. Decas III. Ibl"
iemy 1687, i/1-4. /3cc3î /^, 16.89. I><^ca:> V., 1691. Decas Vl & VIL Ibidem, 1692
6? 1694 , //1-4. Z)ec<îi VIII y 1696. Decdi /^X, 1699. Decas X. Ibidem , 1701, in-4,
C'eft un Recueil des Thei'es Ibutenues fous là prélidence.
Tabula Pathologico-Thcrapeuiica omnium morborum. Jerne , 1C86 , 1/1*4.
Phyjïologia reformata. Ibidem , if-SH , Jn-4.
De Sinapi Scriptune Propempticon. Ibidem , 1690 , in-^.
Pathùlogia Medica Dogmatica. Ibidem , 1692 , /n-4.
Dijjertatio de fpeclris. Ibidem, 1697,, in-4
uiphorifmi Hippocrans in pnrijmata refoluti. Jente , 1695, /fl-l2.
Diata Lirteraturum. Ibhiem, 1^195, in-11.
Dijjertatio de fœtore praternaturali. Ibidem , 1696 , /rt-4.
De Rejîna ^gyptiâ Plaati. Ibidem, 1697 > ''''4*
De Camphora. Ibidem , 1697 » '" 4-
De vino modicô Propempticon. Ib.dem , 1698 , 1/1-4.
Exercitationes SemeioticO'Paihohigica. Jen<e , 17CO, «-4.
Dijjertatio de ^ro. Ibidem , 1701, i/i 4.
Tlieoria faporum Medica. Ibidem , 1703 , in-4.
Centuria jfecunda Exercitationum Aedico-Philologicarum Decas prima. Jena , 1704 ,
w-4, Decas II. Ibidem .^ 1708. Decas III, 1711. Decas IV, i2i^.\ Decas F. Ibi-^
iem , 1720 , /n-4. '
IntroduSio in yllchymiam. Jen^ , 1705» '"'4*
De Ipecacuanha uimericanâ & Girmanicâ.Jena , 1705 , /n-4.
Compendlum praxeos clinica exemplaris. Ibidem , 1706 , in-j^.
Epitome praxeos clinicts, SeUio pti.nj. de morbis capitis. Ibidem, 1710 , in-4. Les
remèdes qui plailbient davantage à If'édel , c'étoient les abforbans , les Bézoardiques
& la plupart des drogues incendiaires. Il c'eft pas le feu! à qui ce reproche s'a-^
drefle ; car ces ferres de médicamens étoieot tellement au goût des Médecine Al-
lemands de Ion tems , que leurs Ouvrag;es en lont furchargés.
De Serpcatar'ia Virginianâ. Ibidem, 1710,1/1-4.
Schedi>ifma de fale volaiili oleosô. Jena, 171 1 , «1-4.
De Moly Homericô. Ibidem , 1713 , /n-4.
CompcndluiT' Chymia theoretica & pra&ica. Ibidem , 1715 , /a-4.
Liber de morbis infantum. Ibidem , 1717 , //1-4. C'eft un de fes meilleurs Ou-
vrages.
ï'xperimentum curiofum de Colchico venend & alexipharmacô Jîmplici & compojiiô.
Ibidem,! Y i9 , in-J^.
. Tentatnen Botunicutn , fioris planiarutn in chjjes dividendo , cognitioni nominis y generi^
W E D W E I
înfimo ad quod planta pminet cowpeteads , infcrvkns. Jene , 1^49, in-4. C'eft la fé-
conde édition.
WÉDEL, CErnefte-Henri ) fils du' précédent , naquit à Gotha dans la Thurin-
ge le I Août 1671. Après de bonnes études d'Humanités , il commença fon cours
de Philolophie à Jene en i6go , & enluite celui de Médecine, qu'il fit fous la di-
redion de fon père. Les progrès de l'élevé correfpondirent aux foins du Maî-
îre, & il en donna des preuves, lorfqu'il fut reçu Dodeur en 1695. S" talens lui.
^méritèrent une Chaire dans les Ecoles de la Faculté de Jene; mais comme il mou-
rut dans cette ville le 13 Avril 1709, avant d'avoir atteint la fin de fa trente-hui-
îieme année , on n'a de lui aucun Ouvrage que des Thefes Académiques.
Jean-u^dolphe, fon frère, étoit de Jene , où il vint au monde le 17 Août 1675.
L'exemple d'un père célèbre dans la Médecine le détermina à fe livrer à l'étude
de cette Science , & il en commença le cours , en 1692 , dans les Ecoles de fa ville
îiatale. Conduit par une main habile , c'eft-à-dire , par celle de fon père , à qui il
ambitionnoit de reflcmbler un jour, quels fruits ne remportât il pas de fon afllduité
au travail? Mais ceux qu'il avoit recueillis à Jene ne contentèrent pas l'infatiabilité de
fon goût pour la fcience ; ce ne fut qu'après avoir encore profité des inftrué^ions des
plus lavans Maîtres de Leipfic , qu'il revint dans fa patrie pour y demander le bonnet
de Dofteur , qu'on lui accorda le 4 Août 1697. Il demeura fans emploi public jufqu'à
la mort de fon frère en 1709 ; il le remplaça , tant dans la Chaire extraordinaire qu'il
avoit occupée à Jene , que dans la place de' Médecin Provincial. On ne dit point
l'année de fa mort ; on ne lui attribue même d'autres Ouvrages que des Difler-
tations en forme de Thefes.
av<
étoit .^ — .— . D
vembre 1645 , à i'îlge de 67 ans. On a de lui:
Thcfaurus Pharmaceuticus Galeno-Chymicus , five , Traciatus praclicus^ ex optlmorum
^uthorum , tàm f-^aerum , quàm Neotericorum , plaçais conjcriptus , atque in fex Libros
digi^jlui. Francofurtl , 1626 , in-folio , 1670 , J/î-4. Jean Schroder a revu la féconde
édiiioD.
De varlls & periculojîs morbli Praclica univerfulls Gahno-Chymlca , in fex Libros dl-
•vifa. Ibidem , 1643 , in-folio. George Matthias foupçonne que cet Ouvrage eft le
même que le précédent, fans autre changement que celui du titre; mais Lipenius
l'annonce comme tel dans fa Bibliutheca realis Medica.
WEIDNEIl, ( Paul ) Médecin Juif, vécut dans le XVI fiecle. Il étoit
établi à Udine, ville d'Italie dans le Frioul , lorfqu'il fut appelle en Carin-
thie pour y exercer fa profeffion. La penfion qu'on lui avoit faite , le retint
pendant fix ans dans cette province; & durant cet efpace de tems , il conçut
des doutes fur fa religion , qui l'engagèrent à comparer le vieux avec le nouveau
Teflament. Comme il comprit, par cette ledlure, que Jefus-Chrift eft le vrai
Mellie, il xéfolut d'embralTer ouvertement le Chriftianifme ; mais les préjugés de
W E I 56f
l'éducation le firent encore chanceler un an entier. Enfin, il quitta la Carinthie
& le rendit à Vienne , où il fat folemnellement baptifé , avec l'a femme & fes
quatre enfans, le ai Août 1558. Ses talens le firent confidérer dans cette villes
& il y fut nommé à la Chaire de la Langue Hébraïque. *
Lipenius cite Jean fFeidner qui a écrit un Ouvrage imprimé à Bautzen en 1610 ,
in-4 , fous ce titre : De Ant Chymicà ejufque cukoribus.
George Matthias cite aufli un Médecin du même nom. C'efl Godefrold ïVeidner ,
qui, après avoir pris le bonnet de Doileur en Droit à Orléans en 1610, reçut
les honneurs du Doi5\orat en Médecine i Valence en Dauphiné l'an 1613. Il en
feigna cette dernière Science à Francfort fur l'Oder dès l'an i6i6 , & il y mourut
le 4 Avril 1639, après avoir été plufieurs fois Refleur de l'Univerfité de cette
ville. On n'a de lui que des Diflèrtations en forme de Thefes.
WEINHART, C" Ferdinand-Charles J ProfefTeur en l'Univerfiré d'Infpruck &
Médecin ordinaire de l'Empereur Charles VI, fut en eftime dès la fin du dernier
fiecle. 11 a donné plufieurs Ouvrages au public , mais il avoue franchement que
tout ce qu'il y a de mieux, eft tiré des favantes remarques qu'il avoit héritées de
fes ancêtres, qui ont été de célèbres Praticiens. Voici les titres que Jf'einhan a
donnés à fes Ouvrages :
Nucleus unlverfe Aledicina în très partes difiributus , in quaruni prima unlverfe Medi-
clnts Théories, in fccunda & tertiâ PraSiicte fundamtntorum fumma cuntinetur. Fatavii
i7'5» ^7^1 in-B, en trois Tomes..
Medxus ojjictofus^ feu ^ de officlo Medici. N'orimberga , 1715 » 1716, ia-8. Ibidem,
1^23, 'ft-4 , avec le Commentaire de /. Lœuw.
De Medici prudentiâ. Œniponti , 1726, in-B.
WEINLEIN C Jofaphst ) naquit à Hall en Suabe le 30 Décembre i6or.
Comme ibo père, qui étoit un habile Apothicaire, le deftinoit à l'étude de la
Médecine, il lui enfeigna la Pharmacie Galénique & Chymique, & le mit ainfi au
fait de la Matière Médicale , dont les jeunes gens ne prennent point toujours des
connoifiances aflez étendues dans les Univerfités. Weinlein fit fon cours à Tu-
binge, & il y obtint les honneur» du Dodiorat au mois de Mai 162a. L'année iui-
vante, il fut nommé Médecin de la ville de Creilsheim en Franconie ; mais en
1627 , il P'ff" à Rotenbourg-fur-le-Tauber , uont il devint le premier Phyficien en
1631. L» réputation qu'il fe fit dans cet emploi , lui mérita un rang honorable v>ar-
mi les praticiens: elle lui mérita encore les regrets du public, à fa mort arrivée
le 25 Février 1662.
Jean-Chrijlophe , fon fils , fut aufli Dofteur en Médecine.
WEINRICH, ("Martin ) Profefleur de Phyfique & d'Eloquence à Rrcflau , fa
patrie , fut un habile Médecin de cette vibe. Il y mourut le 25 Décembre 1609 ,
à l'âge de 61 ani , & laiffa plufieurs Oovrages , dont les Bibliographes font mention
fous ces titres : 1
Problemata Phyjico-Medica ex Johanne Baptîjla Montana . ff^itttberga ^ 1590, în-8^.
Dès l'an 1587, il ivoit publié à Francfort, in-fulio, un Recueil ii3Ùiu]é : Johannil
568 W E I W E L
JSapt'iftte Montant Unlverfa Mcdicina , ex Leifionibus ejus ceterlfque OpufcuUs fcrlptis ^
inipreffîs colkSfa.
Commentarlus de monftrîs. In quo ejfentîa , differentits , caufa & affeclionu mirabilium
anîmaliam explicantur . F'ratiJlavliS ^ ^SQS'» "»-8.
Il a traduit de l'Allemand en Latin Je Traité de Jean Craton de Crafftheim , qui
xoale fur la méthode de le préierver de la fièvre peftilentielle & de la guérir.
WEITBR.ECHT, CJoiias ) célèbre Médecin de ce fiecle & Profefleur de Phy-
liologie à Pétersbourg , eft Auteur de plufieurs Mémoires intérefTans qu'on trouve
tlans les Ades de l'Académie de cette ville , dont il eft Membre. 11 a encore écrit
tn Ouvrage généralement eftimé , fous ce titre:
Syndefmulugia, five , hiftoria ll^amentorum corporis humani. Petropoli f 1742 ^ ''*'4 >
avec trente îix planche» lupérieurement exécutées. En François, par Tarin^ Paris»
1752, in-S.
M. Portai parle ainfi du Traité des ligamens de JF.hhrecht. « L'Hiftoire des liga-
» mens étoit à peine ébauchée. Les Anciens avoient très-peu écrit fur cette matie-
•n re. Charles Etienne , Rtulan , & en dernier lieu M. ff^:nJlow , ibm ceux qui y ont
T, travaillé avec le plus de loin : mais bien loin d'avoir épuiié les objets qui ap-
T> partiennent à la Syndefmologie , ils en avoient omis un grand nombre , que M.
» JVekbrecht a recueillis avec beaucoup d'avantage.
» M. fyékbrecht avoit commencé fon Ouvrage long-tems avant que parût l'Ex-
r, pofition Anatomique de M. Winjlaw , & il dit dans la Préface , qu'il trouva
D dans l'Ouvrage de cet excellent Anatomifte , la defcription de plufieurs ligamens
j> qu'il le flattoit avoir découverts ; c'eft ainli que deux hommes doués d'un efprit
» jufte & clairvoyant , & perfuadcs de la néceflité de leurs travaux, ont couru
■n vers le même objet, & l'ont rencontré. M. Wdtbrecht trouva donc dans l'Ou-
•n vrage de M. ff^^nflow y un nouveau degré de certitude fur plufieurs defcriptions
^ qu'il le propoioit de donner i mais M. ff^injlow avoit oublié un grand nombre
i) de ligamens que M. WcUbreclit décrit dans cet Ouvrage. Il eft divile en fix fec-
» tions. Dans la première , l'Auteur traite des ligamens en général ; dans la fecon-
„ de, il décrit les ligamens des extrémités lupérieures ; dans la troifieme , ceux de
» la tête ; dans la quatrième , ceux du tronc ; dans la cinquième , ceux des
» extrémités inférieures; & dans la iixieme , les ligamens qui fixent d'autres par-
n ties que des os. Ces i'eftions font remplies de découvertes & de nouvelles def-
j) crlptions des ligamens connus des autres Anatomiftes. M.- fFîitbrecht a donné plu-
■n fîcurs nouveaux noms, & il a fait dépeindre tous le» ligamens qu'il a décrits dans
» trente-iix planches fupérieurement exécutées. »
WELLS, C ^'^"j^'"''' ) ^^ Depfort , Bourgade d'Angleterre fur la Tamife près
de Londres, vint au monde en 1616. Après avoir été reçu Maîtreè;-Arts à Ox-
ford, il fit tant de progrès dans l'étude de la Médecine, qu'au retour d'un voya-
ge dans les Ifles Angluifes de l'Amérique , il obtint la Licence dans l'Univerfité
de la même ville, le 10 Décembre 1650. Il a''a enfuite fe fixera Greenwich dans
i-a Province de Kent, à deux lieues de Londres; mais comme il étoit devenu
/juinteux & raélaucholique , ies malades u'eurcDî guère de coafiaace en lui , & il
fut
W E L W E P 559
fut peu cccupé. Ce A ô fon Wfir qu'on doit un Onvra?e en AflpWs Tar îa goutte
& le rhumnTirme , ainfi one la traHuftioti rl'un Trai'é de Brlce Saudcron fur la cu-
re des maladies aiguës. fl^//j mourut le 12 Avril 1678.
WELSCH1U5 ou WELSCH. Voyez. VELSCHIUS.
WELSENS. Voyez VELSiUS.
W.^^PFER. , ( JeaD-Jacque» ^ célèbre Médecin , Membre de l'Académie Impé-
riale d'Allemagne, i .u» le nom de Machaon IJi, étoit de Scliaftlioufe , où il oa-
quit le 2;^ Décembre 1620 I< étudia a Strasbourg ^Sj à I3;Ve pendant buit ans; &
après en avoir employé deux autres à luivre les plus lavads ProftlTeurs des Uni-
vtffités d'Italie, il revint à Bâle où il pnr le bonnet de Dofleur le 21 Juillet 1617.
Ses lalens le mirent bientôt en réputation; il fut très-recherché, non leuiement dan^ l'a
viilc natale & '-«ar toute la Suifle, mais encore dans les Cours des Princes. d'Aileniagne,
Le Duc ae "Wutemberg !e nomma fon .Médecin en 1675, ^ P^'J de tems adirés,
il obtint le mctne titre du Marquis de Dourlach & de l'Ëieif^eur Falatin. Les ibins
qu'il le donna , en 1691, pour la guéni^ndu Duc de Wrtemberg , ainfi que pour
celle des loldats ce l'Armée impériale que ce Prince commandoit , altérèrent
conli léfab'ement la lanté. Agé qu'il fut alori de 70 ans , il «'épargna fi peu , qu'on
peut dire qu'ii expoia cunftamment fa vie aux plus grands dangers pour le fervjce
de l'Ar.nét de l'Empereur L^opold, que les ravages d'une fièvre épijémique di-
minuoieai de jour en jour 11 fut la victime de fon zèle. Il contraé^a un aftbme qui
le plongea dan» l'I.ydrof. iiie , dont il mourut le 28 Janvier 1695.
Ce Médecin a loupçonné que tout le chyle ne palibit pas par le Canal thora-
chique, & il elt le premier qui ait avancé que la fubftance du Foie eft glandu-
leule. Du refte , il n'étoit point du nombre de ces Anatomiftes qui n'ont que des
y^-ux; il lavoit approfondir les caufes & tirer la vérité de l'obiervation des phé-
nomènes. On lui doit plufieurs Traités , dont on a multiplié les éditions , tant on
les a trouvé curieux , intéreflans , & propres à jetter de nouvelles lumières fur la
pratique de la Médecine. Voici leurs titres :
Oraiio de Thcrmarum. potu in Barheyurio. Bajîlett , 1646 , în 8.
Obfcrvat'oncs ^/iutomic<e ex cadaveribus eorum quos fuftulh apopUx'a , cum exercîta-
tîone de ejus loco offeSto. Schùfhufii , 1658, 1675, in-S. Amfielodauù , 1681 , //7 8.
Sous cet autre titre : Hfioria Apopledxarum , cum obfervjtiunibus cekbrium M.dxorum,
^mftelodami , 1710, 172+ , in-S. :,
De dubiis anaiomicis Lpiftola qtue continu objidiionts nonnuUa% contra Billîl doâfnnam.
TJorimberga , 1664, in 4. ^rgentorati ,^ 1665 , (n-8 , avec l'Ouvrage de Jacques Henri
Pauli qui eft intitulé : ylnatomia BUJian<e ^naiome.
Hfioria aiaton-ica de puella fine cerebro nota. Schiijfhufil , t66ç , h-B.
Cicuta aquat c* hifioria & noxa. Bafilee , rô^g , in-^ Ibidem^ 1716 , in-4, avec
deux DilTeriations d'un Aut'.-ur anonyme , l'une De h'rha 1 kie , l'autre De herba
Cvmbalaria. Lugduni Batavorum , 173^ , in-S , par les foins de Zwinger. yenetUs
jt/jq , in-S Bon Ouvr:.gc qui dit plus que le titre ne promet.
Obfervationes Medico-tracUca de ajfeciibui capitis internis & externis. Schaffiiufil ,
TOME JK Cccc
5?o
W E P W E R
1727, m-4, par les foins de Bernardin. & de George-Michel ff^epfer , petit'ff.s de.
l'Auteur. Ti^uri , 1745 , in'^. hes héritiers conlervent encore plulieurs autres
Ecrits qui n'ont pas vu le jour : Hallcr , qui les a lus , en parle avec éloge.
WEPFER , C Jean ) i'rere de celui dont on vient de parler , naquit à Scbaff-
houie le ig Juin 1635. Après de bonnes études à Bâle , à Stra>bourg & à Paris ,
il revint dans la première ville , où il prit le bonnet de Dodeur en Médecine en
1659, & ne tarda pas à être nomme AiTefleur de la Faculté. iVlais il quitta Bâle
pour aller exercer fa profeflion à .SchaU'houle , qui le perdit le 10 Janvier i6~o ,
dans la trente-cinquième année de ion âge.
WEPFER, ( Jean-Conrad J R]» de Jean Jacques , vint au monde dans la même
ville de Schaffhoufe le 7 Juillet 1657. ^'^° P^'^ ^"^ '°° premier maître , & de fon
école, il paflà à Uâle & à Leyde où il fe perfeéïionna. La Faculté de Leyde lui
accorda les honneurs du Dodorat en 167g II vint er.fuite fe fixer dans fa patrie,
& il y exerça la Médecine avec tant de fuccès, qu'il fit toute la joie de fon père,
& qu'il mérita une place, en i6g4, dans l'Académie des Curieux de la Nature ,,,
fou» le nom de Mélampe. 11 furvécut julqu'au mois de Juin 11711. Trois de les fils
prirent ic bonnet de Doflear en Médecine. L'ainé mourut en 170g, âgé feulement
de ag ans. Bernardin fut premier Médecin du Prince d'Orange, & Geor-^e-Michel^ le
troilieme , fit i'a profeflion k Schafihoufe.
WEREMBER.G , f Jacques J de Hambourg ou des environs de cette ville ,,
fut reçu Dofteur en Médecine à Wittemberg. On a de lui un Recueil de Dillèr-
tatioDS Académiques qui fut imprimé, in-S , fous ce titre: De corpnris humani fabri-
câ Difputaiiones decem. L'édition efl de Wittemberg , où il eft bien apparent que
l'Auteur enfeigna , puifque ces Thefe» ont été défendues fouf . fa prélidencc par dix
candidats, en 1608 & en 1609, ^^^* 's* Ecoici de l'Univerlité de cette capitale
du Duché de Saxe.
WERLHOF, CPaul-Gottlieb^ petit-neveu du célèbre Henri M^ibomius^ fut un
des plus heureux Praticiens de ce fiecle. Il y avoit onze ans qu'il étoit forti de
Hehnftadt, fa patrie, & cinq qu'il étoit établi à Hanoovre , loriqu'il fut rappelle ,
en 172g, dan» l'Univerlité de fa ville natale ,pour y remp'ir la Chaire vacante par
la mort du ProfèfTéur Spies. Cet emploi etoit allez de fon goût; il fe dilpoi'oit même
à lie rendre à Helmfisdt ; mai» George II , Roi d'Angleterre, le nomma à la char-
ge de fon premier Médecin dans les Etats d'Allemagne, >Si par-!à le retint à Han-
novre. fFirlbof y mourut en 1767 dans un âge avancé, & laifla plufieurs bons Ou»-
vrages, 1 els font :
De Medlctna methodkce ftda , ejufque ufu & abufu. Helmftadii , 1723 , /n-4.
Obfervationei de febribus priecipuè intermittent. bus. Hannuvcra , I7.'52 , 174;; , /n-4. Fe-
neuij , 1757, in-H. Il y traite des grands eflets du Q-^inquina dans les fièvres tier-»
ces foporeufes.
Cautiunum Midicarum Tra&atus duo. Hannovera , T734 , in-S. F'enctiis ., 1759, î'n-S,
Il relevé, avec efprit , lei écarts de Siahl ôi de fe» Sedlaieurs fur ce qu'ils oat-
W ï: s W E Y W H A 5jri
appelle Conatus Katur<e ; il fait voir que tous les mouvemens de la Nature ne font
poini i"alutaire> , conféquemment qu'ils ne doivent point être aidés par le Médeciii^
Difqutjitio Med'ca & Philolos,ica de variolis & anthracibus ^ ubi de utriufque affeciùs
antiqultatibus ^ fîgnii ^ d>Jferentih , wedelis dijjer'uur. Hannuvera , i^^.c^ ^ in-/^, f^enetiis ,
1759, in-8. Cet Ouvrage n'eft proprement qu'une réfutation de celui de Jean-Gode-
froid Hahn, qui eft intitulé: De variolarum amiquîtatibus.
Specimina d.io de mea'-amento altérante ex Mercurio & de ^urig'tne. Eplftola de Ca»
merariano ^uriginls ren .dio ; ubi fimul Difputationi de laude febris pcfiremum Corollarlum
addhur. Hannnverte , ijf-^s , Jn-4. Fenaîh , 1759, in-B. Les deux Efiais, l'un fur ua
remède altérant qui eft compofé de Mercure doux , fublimé lix tois , & de fouft're
doré d'antimoine , l'autre fur la JaaaiiTe , font traduits de l'Anglois & tiré* des
Adtes des Mc.lecins d'Edimbourg. La Lettre adrefTée ii Jean- Samuel Berger roule fur
le Quinquina, qui étoit le i'ecret de Camerarius dans la jaunifle. Wirllwfea fait l'a-
pologie , mais il infifte beaucoup fur les précautions que ce remède demande , pour
en obtenir de bons effets.
AVESENFELD , ( Conrad ) Anatomifte du XVII fiecle , cnfiigna la Médecine
à Francfort fur l'Oder. Au rapport de Jean-Pierre ^Ibrecht , Médecin de I Evèque
d'Hildesheim , ïF^J'enfeld dilfequa le cadavre a'un homme qui avoit été fapplicié ,
& il crut y remarquer des conduits de communication entre l'inteftin rc!:ium & la
veffie: mais perfonne, depuis lui , n'a eu aucune railon de foupçonner leur esiftence.
WESTHUYSE , ( Matthias VAN j) Doreur en Médecine natif de Middel-
bourg , mourut le 29 Mai 1679. Il s'eft amufé de la Poéfie Flamande, & parmi les
pièces qu'il a di nnées en ce genre , on remarque la Paraphrafe de cent Pfeaumes
en vers d'une même mtfure. Cet Ouvrage a été mis en mufique par Rémi Schry.
ver & Pierre Buftyn , fucceffivement Organiftes i Middelbourg.
WESTPHAL, ( Jean-G fpar ) Doaeur en Médecine & Membre de l'Acadé-
mie des Curieux de la Nature, fous le nom d'^lhucafîs , étoit de Rugenwalde
dans la Pomcranie ultérieure. 11 fit fa profellion à Delitsch en Mifnie , en qualité
de Phyficien de cette ville, & il y mourut le 24 Mars 1722. On a de lui ;
Paihtlogia Dxmunlaca , Id eft ^ Obfervjtinnes circa Damonomanias & morbns convulfl-
vos. Lipftts , 1707 , /n-4. Il eut plufieur» attaques à foutenir au lujet de cet Ouvra-
ge. Tout crédule qu'il foit à certains égards, il ne le fut point aflez au goût des
perfonnes qui alors, comme aujourd'hui, regardoient les gefticulatîons convuTives»
& rimmobi:ité des malades attaqués de Cataleplie , comme des cfFets furnaturcls
dont le démon eft l'auteur.
WEYER. Voyez WIER.
WHARTON ( Thomas ) naquit en 1610 dans le Duché d'Yorch. Il fut reçu
Dccteur en Médecine à Oxford à la recommandation du Général Fairfax ; fa pro-
motion date du 8 Mai 1647. H étoit alors Membre du Collège de la Trinité; mais
les troubles qui furvinrcnt dans l'Univerfité d'Oxford , l'obligèrent à lortir de cette
^ilie. Il fe retira à Londres , où il s'appliqua à la pratique ibus. le Dodteut./^oA
sn w H r
Bathurft^ & parvint, eu 1650 , à fe faire aggréger au Collège des Médecins, dont il
fut Cenieur pendant cinq ou (ix ans. Les talcns de JVhanon lui méritèrent encore
la place de Led>eur d'Anatomie au Collège de Gresham. Il en remplit les devoirs
avec honneur, il le fit même de la réputation par l'on Adénographie , ou Traité
des içlaaJes , qu'il publia en 1656. On ne connoît point d'autre Ouvrage de la
façon de ce Médecin ; ioir que les malades aient abiorbé tout fon tenis ,
foit que l'âge ait ralenti Ion goût pour l'Anatomie , il en cft demeuré à ion
hiftoire des glandes, quoiqu'il ait poufl'é fa carrière jufqu'au mois d'Oi\obre ou de
Novembre 1673. Voici le titre fous lequel il a publié cette hiftoire :
^denographia, five, ^landularum totius corporis dej'criptio. Londini , 1656, in-S. Cette
édition eft préférable aux autres: pour les figures qui , en général , ne font pas bien
excellente*. ^mjlelodami\, 16^.9, in-ii. Koviomagi^ '665, in'ii. f^ejalia., 1671, ln.-i2.
L'Auteur avoue iogénumenr qu'il a profité des travaux d'autrui ; mais comme
il n'a pas négligé les diflcdioBs , il donne auffî le rél'ultat de fes recherches.
C'eft avec toute la bonne foi polfible qu'il rapporte les chofes qu'il a vues ;■
il ne .^'amufe même guère â raifonncr ^ finon qu'il hazarde quelques conjeftu-
res fur les liqjiles qui s'échappent des nerfs, ûuerbaave a regardé JVliarton
comme un obfervateur exa:l ^ judicieux ; mais Halkr n'en a point porté uQ'
jug- ment auflî favorable , car il ne balance point de dire qu'on ne trouve pas
la même certitude dans toutes fes ob'.ervations. Les meilleures defcriptioos qu'il
ait données, lont celles des giardet ialivaires. il rapporte là deflus des choies ouf
n'etuient pas bien connues de Ion tems ; en particulier , il décrit le canal qui part
des glandes conglomérées qui lont lîtuées au côté le plus éloigné de la mâchoire
inférieure , & qui fournit la falivc qu'il décharge dans la bouche vers le milieu
du mj.nton.
Les Bibliographes parlent d'un autre WJiarton. C George J né le 4 Avril \6\f
à Kirby-Kendal dans le Comté de Weft-morland en Angleterre. Il «xerça la Mé-
decine dans ce Royaume , mais il s'y diflingua moins par cette îscience utile , que
par les Calendriers, les Ouvrages de Poifie , de Politique & d'Aftrologie. Il a
paffé pour le premier Allrologue de fon tems , & dans les F'criis qu'il a donnés
en crtte qualité , il t'eft quelquefois caché aux yeux du public lous le nom de
George-Nitwunh , qui eft l'anagramme du fien. ToljS fes Ouvrages lont Anglois.
(joa de lui dans la même Langue un Traité des crifes dans Ils maladies, & ua
a' tre fur la Chiromancie , qui elt la tradtéHon de celui que le Wedecin Jean
R ihamnn av/)it fait imprimer en Latin à Erford en 1595. On ne lait rien de plus
de tVharvtn , lijon qu'il avoir pris les armes dans fa jeunelfe , en qualité' de Capitaine
de Cavaltfie , pour la dëfenie des droits de Charles I , & qu'il mourut le la
Août i68ï.
WHISTLER, r Daniel J) étoit de W-,!thamflow dans le Comté d'ElTex en
Angleterre , où il naquit ver^ l'an i6ig. Il fit fes cours de Philolbphie & de Mé«
decine à Oxford, mais il alla terminer le fécond 4 Leyde par la récption ■-'tr
bonnet de Dodte(]r , qu'on lui accor-ia en 1645. Le 20 M:u 1647, il fut incorporé
à 1 Uciverfité d'Oxford, cù ïl enfeiena trluite d^vs le Col'fge de Memin , en
.fu%ii(é de premUi: Profetiiïur dç la fondatioa de Linucre, £a 1653 , il fuivit es
W H I W H V 575
Suéde rAmbaffH!^''ur que la Cour de Londres envoyoit dans ce Royaume. A foa
letour en Angleterre, il le fixa dan^ ta Ca^JÏtale , où ton mérite lui procura l'entrée de
la Société Royale- peu de tems aprè-. que Charles II y eut réuni fes Membres ea
1660; & en 16)3, il fut nommé Prdi.îent du Collège des Médecins , à la plpce
de Thhinai Cox qu'on venoit de depi.ier , parce qu'il étoit ouvertement attaché
au parti de Whists. Whljîler ne remplir point long-tems cette chare;e; car il mou-
rut le II Mai 1684, au graod regret de fes Colle!J:ues qui faifoient beaucoup d'eOi-
me de fes taltns. On a de lut une DiHirtation iur la maladie des erfans que les
Anglois appellent tht Rickits , les François la Chartre , & qu'on nomme en Latin
Rachitis. C'efl la 1 hefe qu'il foutini en 1(^45 à Leyde pour (on Doiflurat, & qui
reparut à Londres en la même année , & encore en 1685 > rj-4.
WHITAKEU , ( Goillaume^ félon Georj^e Matthias , eft nommé Toble par Li-
penius^ Ai an ^et fi Sé^u.er, il prit le bonnet de Docteur en Mé Jecine à Franek.r;
mais ayant été aggregé à l'Univerliié d'Oxford , il devint Membre du CoJie^e
Royal de Londres , 6j tit (a profc!ii.)ii daas cstte ville junu'à fa mort arrivée
à la fil dd mois de Décembre 1670. Il a écrit ua Ouvrage en Anglois Iur Je
vin ; la veriioa L&tiae a paru lous ce titre :
2rdciiitus ae uvte jungu.ne, naturâ & ufu ^ Ditstakè & Phirmaceuticè. Francofurti
1^55 1 '"-^- ^«S« Comitis , 1655 , w-8 , avec le Catalo^us Rcgum & Sanciorum pto-
WHYTT , ( Robert J Membre de la Société Royale de Londres & du
Colltge des Médecins de cette Capitale , enfeigna dans les Ecoles de la Faculté
d'Ldimbourg vers le milieu de ce lit cie. Déjà connu par les Mémoires de fa
façon , qu'on trouve dans les Eflais d'Edin:bv)urg , il fut encore plus accueilli
du public , lorfqaTl mit au jour les Ouvrages qui furent imprimés lous ces titres -
v/a EJfay on thc vital and other involuntary mutton. if animais. Edimbourg, 17c i
i"ft 8. Purtifan zélé de la doé-îrioe de Stuhl ^ il attribue à l'ame les principales fonc*
tions i on voit cependant à travers fon attachement au parti des ^nin.ijîes ^ qu'il
lent ia nécrdiié de recourir aux principes des Méchaoïcicns , car il s'efforce de tems
en ttras de combiner les idées de Sfahl avec ce îles de Boerhaavc.
jfn. Ejjay on the virtuei of liais water , in tht cure of the Sione. Edimbourg , î^ee
in il. C'eft la féconde édition , augmentée & corrigée par l'Auteur. M Roux, Doc-
teur de la Faculté de Médecine de Paris, a traduit cet Ouvrage en François, fous
le titre à*£Jj'ai fur la vertui de l'eau de chaux pour la guérifnn de la pierrt. Paris
j'FS? ' '""'^ • avec la Méthode de dîjjoudn la pierre par la voie de^ injeSlions., par ffutUr
Pliyjîolog'cal Effays contuinin^ an inquiry ;nto the caufcs wich promote the ciiculation.
of the fluid il the very fmall vejjcls of animal.^ :, O'^fervations on the fenflbility anJ irri-
tah'l'ty of the parts of tnan and other animale. Londres, I755, in 12. Edimbourg
1757 ' T^lî • '" ^'^- " *'<^'Eve contre Iç' principes que M. de Haller a déduits de fes-
expériences fur la ienûhilité & l'irritabilité des parties.
M. Le Bcgue de Prefle , Doc'^eur Régent de la Faculté de Médecine de Paris .
a traduit de l'Anglois un Traité de ff^hytt , qu'il a fait paroître fous ce titre: Les
Vapiun iS maladia tumufit , hy£ochondriaiuei fi? hy^tùtqua , reconnues ^ traiiéis daass
5?4.
W I E
les deux fexes. Paris, 1^67 , deux volumes in-i<i. Les fymptômes , qui réfultent des
dcibrdres du fyftême nerveux , font fi nombreux & lî difierens quelquefois d'eux-
siiêmes, qu'on a railon Ac regarder ces maladies corrme de véritables Prothées.
Kien n'eii plus difficile que d'en donner une deicripiion exade; aufli M. Jf^tytt
s'eft contenté d'en tracer l'elquifle, quoiqu'il ait été attaqué lui-même d'une mala-
die de celte elpece. Les remèdes qu'il propole pour la cure , i"e réduilent principa-
IcmiEnt aux atîiers,au Quinquina, au Mars, aux bains froids, à l'exercice, & aux
amufemens qui égaient & dillraifent les malades , en éloignant la crainte , le cha-
grin & l'inquiétude , dont ils font fi cruellement tourmentés,
WIEL. ( Corneille VANDER ) Voyez STALPART.
WIER. ou WEYEii , CJean ) dit en Latin Wlerus & quelquefois Pifclaarius^
habile Médecin, étoit de Grave fur Meufe , où il naquit en 1515 dans une famille
noble. On s'appcrçut de bonne heure de la diipofition qu'il avoit pour les Scien-
ces , & pour ne point la négliger, on lui fit faire fon cours d'Humanités, & on le
mit enluite lous la direéiion du célèbre Henri-Corneille agrippa , qui lui apprit la
Phiiolbphie, Il conferva toute la vie une fi grande reconnoiflance envers fon Maî-
tre, qu'il publia ie Livre de la vanité de la Magie fous le nom à.'' yJgrippa , quoi-
qu'il en fut lui-même l'Auteur.
Apre» fa Philoiophie , il vint continuer fes études à Paris & à Orléans. Il s'y
appliqua à la Médecine , mais il alla prendre ailleurs le bonnet de Doileur i ce
fut vers l'an 1534 qu'il l'obtint. Il voyagea enfuite en Afrique, d'oui! paffa dans
l'iile de Candie , & peu de mois après en Allemagne, Le Duc de Cleves , à la
Cour duquel il s'arrêta , mit en lui fa confiance &t le nomma Médecin de fa per-
fonne. ff'ier remplit cette charge avec beaucoup d'honneur & de fuccès pendant
trente ans; il fut môme fouvent confulté par les Empereurs Charles V , Ferdinand I ,
Maximilien II ,& liodolphe II,
On ne peut certainement refufer un grand fonds de fcience à ce Médecin, mais
tout le monde ne s'accorde pas fur l'ufage qu'il a fait de fes talens. Les uns lu,
ont reproché d'avoir plaidé la caule des Sorciers, pour les mettre à l'abri des
pourluites criminelles que les juges intentoient contre eux ; les autres l'ont accufé de
tenir une école de Magie, où il enfeignoit la méthode de faire les invocations, de
le iervir de cercles, de figures, & de tout ce qui compolé l'attirail de la monar-
chie diabolique, dont on loi attribue l'inventaire. Dilciple à'^grippa, il dev'oit
.être expofé aux mêmes reproches que fon iMaître; mais il a trouvé, comme lui
des apologiftes qui n'ont rien oublié pour le décharger des imputations flétriHantes '
dont on a noirci fa mémoire. Ces Auteurs prétendent que tout le crime de Wier à
conlifté dans le ridicule qu'il a voulu jetter fur les préjugés de (on fiecle. Il chercha
d'abord à en guérir les juges , en leur prouvant que la plupart de ceux qu'on ac-
cufoit de forcellerie, étoiect des gensi qui la mélancholie avoit troublé le cerveau
& qui s"iraaginoient, fans railon & contre la vérité, avoir commerce avec le àh-
ble , durant les accès de l'humeur noire qui les plongeoit dans de fombre» & ef.
irayantcs rêveries. Notre Médecin difoit hautement que ces gens étoient plus ^S'
W I E - 575
joïs de compaffion que de châtiment, II convient cependant que la malice des
hommes a quelquefois employé les moyens les plus luperftitieux & les plus crimi-
nels pour parvenir à fes fins, mais il doute que le fortiiege ait été aufli fouvent
réalile qu'on Vi cru dans le tems où il paflbit pour être commun.
La folie de certaines perlbnnes , d'une part, l'ignorance des caufes & des effets
phyfiques , d'une autre , ont donné cours aux foupçons de Magie dans les iiecles
qui ont précédé la renaiflacce ào Lettres; malgré les lumières qui venoient d'éclai-
rer le monde , ces foupçons fubfjfloient même encore dans le feizieme. Quelques-uns
le croyoient Sorciers, parce qu'une imagination dérangée leur faifoit illufion , au
point de le perfuader qu'ils l'étoient. Comme ils fe virent d'ailleurs pourfuivis com-
me tels, ils ne doutèrent plus qu'ils éîoient véritablement initiés dans tous les myf-
teres de la Magie. Ceux qui fembioient faits pour éclairer les autres, n'avoient
point encore les yeux Tuffifamment deffillés; tout ce qui étoit merveilleux leur pa-
roifloit extraordinaire : à les en croire , la plupart des phénomènes de la Phyfique
expérimentale pouvoient pafier pour des effets qui étoient contre l'ordre de la na^
turc. Préoccupés de ce» principes didés par l'ignorflnce , ii n'eft point étonnant
qu'il» aient réclamé l'autorité de la juftice, & qu'ils l'aient engagée à fe fervir de
ion glaive pour punir des hommes qui ne fe diloient Sorciers, que parce qu'ils pen-
foient l'être. Prefque auflî imbécilles que ceux-ci , ils les accufoient d'une chofe ,
dont les uns ni les autres n'avoient point d'idée bien nette.
Jf-^ier fut d'un tempérament fi fort & fi robufie , qu'on affure qu'il paffbit fou-
vent quatre jours fans boire ni manger, & qu'il n'étoit nullement incommodé d'un
jeûne fi extraordinaire. Ainfi l'a-t-il fait croire à fes contemporain? ; mais les iu-
percheries de cet gens qui aiment à jouer un rôle fingulier dans le monde , font
trop connues aujourd'hui, pour ajouter foi à dépareilles hiiîoires ; elles ne font
garanties que par le témoignage de ceux qui en ont été Ks dupes. Notre Mé-
decin mourut fubitement à Tecklenbourg , ville d'Allemagne au Cercle de
Weftphalie , le 24 Février 158S, à l'entrée de fa foixante-treizieme année. Son
corps fut enterré dans le Temple principal , & (es fils chargèrent foo Tombeau
de cette Inlcription ;
S. Christo s.
JOANNES WIEliUS,
Nobili Zdandhe Inundatte Familiâ ortus
Pietate in D^um , probitaie trga quofvis ,
Eruditione exîmiâ ,
Médian*, Rerumgue PoUticarum fcientiâ , u/u, felidtate.
Publiai ingenii dorumendSy
Jmperatorum
Caroli V minijlerid, Fcrdtnandi, Maximiliani & Rodolphi Jîngulari gratiâ ^^
Magnorurr.que per Germanium exterafque narones f^irorum
^midtiâ S tejîimoniis ClanJJimu^ :
lUuJlrijJlmi aivl£ & Jriia Duds Guilidmi ^rdilaur;
Den , Priaçlpi & Putna ,
FidCy confiliô & operâ, ad vita fu<e finem devotijfimus. ■
I?6 W I E W I G W I L
Quum niuftrem Dominum Arno^dum ,
Comîtem m Benihem & in TeckHenborgh ,
Summô gratificandi Jiudlô inviferet »
Hujus faculi fatur ,
InviU in Chriftum fiduriâ ,
Plaridè aaimam Deo rcddidit ^
Corpus hic ad diem univcriaLs refurreâlionis ifepr>fh!t ^
Et ii,i£jtijjimum fui dejiderium fuperfiitibus film
Theocer-Ico , Henrïco, Galeno et Joanni Wxeris
ILdiquit ,
^nnù natl Chnjii M. D. LXXXVIÎl ,
Maif. Fsbr. die 24 , annù ataus Jute LÀXII.
Vive et vivas.
A travers les expreflions faftueufes, floDt cette épitaphe eft furcbargée , on ec
f emarque d'autres qui caradtérilènt le m- rite réel de ff^'ur i mai^ l .- fai» He ce Mé-
decin auroient-ils ofé parler aicfi de leur père dans un monument public, fi l'cis
eût eu i lui reprocher cit attacbtn.tnt à la Magie, dont on a noirci fa mémoire.
C'eft le Traité intitulé : Ue damonum prajli^iis S incantud nbus qui l*aura ta't pafl'er
pour un h», mme qui erf^gnoit «Nî prati^uuit ctt art illicite; mais on ne peut
guère juger un Auteur lur le titre de fon Ouvrage, ff^ur en a écrit plufiturs
autres :
Miàicamm Obfcrvat'ionum rarîorum Liber unus. De Scorbuto, de quart ma ^ de pefii-
leniiJti aiij>inâ , de pleur liJe & peripneuntan.â , de hyiropi' curaiione , de curatione mea.
tuum nataraUuni claujbrum <Sf quib-Jdum alus ^i.jieloddmi , 1557 » in- 12. Bajïlea «
1567, in 4.
De Laniiis. De ira morbd. De prtejigHs demoium, Amlldjdami , 1660, /n-4. Le
Traité De ira a oaru leul , io\i> le tiire le Lihdlus de ir£ morbô & ejus curatione
P;iib{ophicâ , Médita d? Theulogicâ Bajî.'ex, 1577, in-H.
De dtsmonum pne'M^ i, & .ncuutarioninui LU ri f^l. Bajîlea; , 1664, in-B.
2'raBams dt cninmeniiiii> jcjunùs. Ibidem, ifHj, i/j-4. i^'abOinence de quatre jours,
dont on a parlé , peut être mile aj rang de ces jeûnes finiulés.
'De tujfi epidemiâ aani 1580, cum Tratluiu de morbis incogaitis, Francofarti, 1583,
în.8.
De varm'is, jnorbà endemiô fP:Jiohal>rum permnttflo. C'eft le titre que Henri Wler a
donné à la Traduétion Latine ie r()uvr;nje que/eai, ion père, a écrir en Aile-,
mand iur cette maladie, qui cft une enflure ou diftenfion péri(;diq';e du coros,
avec douleur Henn Sma a mléré cette 'fraducUon dans les Mtjcellanea qui ont
paru* Francfort en i6ti, ii-b
WIGANUUS. Voyez WILLI'JS.
WILDE C Simon J) fut reçu Doacur en Médecine à Jene le 29 Mars 1558;
il eft le premier qui ait été promu dans la Faculté de cette ville. George Manhias
ajout ^
:&icnte qu'il fervît Jean-Frcderic III, Duc de Saxe, eu qualité de premier Mé.
•de:in, & qu'il mourut à Weimar en Août i5')o. Jeun H^.tUch a loi-.ré le» coa-
ibltations de fVUde dans le Recueil publié à Lcipfic en 1604, i/1-4.
AVILLÏCH , C JoflTe J natif de Refiel , ville du Palatinat de Warmie d:rs
la Poloiïoe, étoir Maître-ès-Arts & Doif>eur en Médecine. Dès Tâge de ^^.irze
ans, il ie mit à enleigner la jeunefle à Francfort fur l'Olr, où il eryUqua en-
iuite les Bucoliques de F'irgilei mais comme on lui reconmit des ta'' n« propres
à de plus grandes choies , on ne tarda point à lui donner l'emploi de ProfefTtur aux
L-pttres Grecques, & enfin une Chaire de Méd^-cine en '-542. H avoit reçu le
bonnet de Docteur en cette Science en 1540. Willich mourut d'apoplexie le 12
Novembre 1552, ?^é de 51 ans, au Châttau de Libiie, où il s'étoit rétiré pour
ie garactir de la pefte qui défoioit les habitans de Francfort fur l'Oder.
Ce Médecin le diftingua par fon attachement à la dodkine à'' Hippocrate II ne
s'occupa , dans la Chaire , que de l'explication des Ouvrages de ce grand Maî-
tre , & il tâcha d'infpirer le mtme goût à les Collègues. L'habileté qu'il mon'ra i laUir
le vrai lens des oracles du Père ue la Médecine, contribua beaucoup à étendre la
réputation que ffs autres talées lui avoient acquife , & que fes Ecrits ont foute-
nue. Je me borne à ceux qui regardent l'Art de guérira
Obfervûtiones Mtdica in Libsllu:n Luciênnl Firmiani , qui de opificio Dei infcribltur.
^ccedit H'ppocruii< Lbcllus de genitura. Francofurii ad Oderum ^ '54^1 "ï'^-
Prjblematd de tbriorum affeâtonibus & moribus. Ibidem ^ I543i '" ^•
Commeitarius ^natomLus , feu , diiigens omn''um partlum corporis humanl enumeratio.
Dialogui de Locujlis. yirgentorad , 1544 , in-b'. C'eit un abrégé de l'Anatoraie de
Galien.
Régime en tems de pejle. Francfort fur l'Oder, 1554, in-4 . en Allemand.
^rs magirica , Iwc e/2 , coquinaria ^ de cibariis , firculis^ obfoniis , alimends & potibus
diverfîs paranuis , eorumque fucuUatibus. T'guri , 15^3 , i.i-8.
Urinarum probationes illufiraia ScholiU Axedlcis Hitronymi ReufnerL Bafilea , T582 ,
j'n 8. yimjldodami ^ 1688, /1-8.
Jojje ffillich^ fils de celui dont je viens de parler, étudia 'a Médecine en Italie
& reçut le bonnet de Uodeur à l^âle. Il mourut le 5 Juillet 1590 à Fraccfort fur
roder , où il enfeignoit la Phyfique depuis l'an l>7=.
Il y t d'autres Médecins du nom de ff^ilUcb. Chrijlophe- Frédéric , mtiï' de Ham.
bourg, avot déjà acquis de la réputation dans cette ville, lorfque la mort vint
l'arrêter dans le commencment de fa carrière, le 11 Janvier 1646, à l'âge de 36
ans. Martin fVllch ^ fii= d'un Mm'ltre de la même ville de Hambourg, fur nom-
mé , vers l'an 1685 , à l'emploi rit Médecin de la Cour de Frédéric-Guillaume ,
Electeur de brandebourg dit le grand.
WIl.LIS , r Thomas, ) célèbre Médecin Anglois, é^oit de Great-Bedwin dans
le Comté de W.lt , où il naqint le 6 Février 1622. Il étudioit dans la Maifoa
de Chnft à (îxford , le fqu'il perdit fon père à l'âge de vingt ans,- c'eft ce qui
robligea à retourner chez loi pour mettre orare a fes affaires. De- qu'il eut pris
les arrangcmens qui convenoient à fes vues, il s'empreilk de retourner à Oxlor^î
TOME IV. D d d d
578 W I L "
pour y continuer fes études; mais il les interrompit encore pour fuivre fon zèle &
prendre Jes armes, avec pluiieurs autres écoliers, en faveur de fon Roi. Ce mo-
ment d'humeur guerrière ne ralentit point fon ardeur pour les Sciences; il revint
enlVite à Oxford & fe mit fur les bancs de la Faculté de Médecine. En 1660 ,
année du rétabliflèment de Charles II fur le trône , }f^ilHs fut nommé i 1« Chaire
de Phi'ofophie naturelle que Guillaume Sedley avoit fondée , & le 30 Oftobre de
la même année , il reçut le bonnet de Dofteur. Les Membres épars de la Société
Royale venoient d'être réunis à Londres en un feul Corps par Charles II , lorf-
que notre Médecin apprit que ce Prince Favoit aggrégé à cette Compagnie de
Savans. Cette railbn & piufieurs autres l'engagèrent à quitter Oxford en 1666 pour
fe rendre dans la Capitale , où il exerça fa profedion avec plus de célébrité
qu'il n'en méritoit pf.r la théorie , qui n'eft pas toujours bien fenfée. En effet , ce
Médecin peu philofophe regardoit les eiprits animaux comme une matière quiétoit
dans une agitation coniiruelle, qui reHuoit avec violence vers le cerveau, qui pro-
duifoit des effets femblables à ceux de la poudre à canon. C'efi; fiir ces belles
imaginations qu'il a fondé la Théorie de la Médecine , & c'eft de cette Théorie
qu'il a déduit les règles de fa pratique. On peut juger par-là de fes fuccès. Le
célèbre Auteur de l'Anatomie à'Hcijler, avec des Eflais de Phyfique ( feu M. Sé-
nat )aHlire que le Roi Charles II difoit fouvent , en riant, que IFillis lui enlevoit
plus de fujets que n'auroit fait une armée ennemie.
Meilleur Anatomifte que Médecin , Willis connoiflbit la ftrudure du cerveau ,
des nerfs, de l'eftomac & des icaftins ; il a très-bien écrit fur toutes ces parties.
C'eft dommage qu'il ait eu tant de goijt pour les fyftêmes; mais c'étoit la fureur
de fon fiecie. Tout le monde s'empreffoit alors à mettre au jour les fruits de fon
imagination ; il auroit même été honteux à un Auteur de publier un Ouvrage qui
ne contenoit rien de nouveau à cet égard. La façon de penfer eft différente au.
jourd'hui: on veut plus de faits que de fyftêmes, & lorfque ceux-ci ne font point
appuyés fur ceux-là, on les regarde , avec raifon , comme les produdlions d'un ef-
prit plus vif que folide,
La réputation que ff^ilUs s'étoit attirée par fes Ecrits , & le mérite qu'il avoit
d'ailleurs, lui fufcittrent des envieux qui le traitèrent en ennemi, lis lui firent mille
tracalTeries , auxquelles il fur fi fenfsble qu'il en prit du chagrin , dont l'amertume
ne contribua pas peu à abrégtr les jours. Il n'étoit que dans la 54e. année de fon
fige , quand il mourut à Londres le 11 de Novembre 1675. On a de lui un 'J'raité
en Anglois, imprimé pour la dernière fois en 1690, qui roule fur un moyen affuré
& facile^ pour fe préferver & peur guérir de la pefte & de toute maladie contagieu-»
fe. Ses .Ouvrages Latins font:
De fermcntatione. De febribus. De urinis. Hage Comltli , 1659, In-S , 1662 , in. 12,
Londinl , 1660 , 1662 , 1677 , ln-8. uimjldodaml , 1663, 1665, 1C69, '«-12. Lug-
diini BatavoTum , 1680 , inS. Edmond de Meara ^ Médecin Irlandois , a écrit contre
le Traité des fièvres ; mais Richard Luwer s'eft fait une affaire de foutenir les fen-
timens de ff^JUs.
Cerebri Anatome •, & nervorum defcripdo & vfus. I.ondîni , 1664, 1670, //2-12. u4nip'
tehdami, 1664, 1667, 1674, 1676, £/i-i2, 1682, in-4 , avec fes autres Ouvrages.
On met celui-ci au rang des meilleures produdlions de l'Auteur , & ToQ fait cas
de fes defdJptioas du cerveau & des perfs.
PathologliB cerebri & mrvojî fienerh Spécimen , in qm agîtur de rnorbh convuljîvis S*
fcorbutô. Oxonii, ifiôj'.Jn-ia, ^mjlelodaml , i568 , 1670 , /«-l a. Londni^ 1678, in- 12.
Z>e accenfione fan^uinis S motu mufcular'u Londini , 1670. Leida , 1671, /nia.
yiffe&hnum qua dicuntur hy/ierica & hypochondrlacdt Pathologla. Londini, 1670 ,
i'n-8, 1676, /n-4. Lugduni Batavorum , 1671 , in-12.
2)e a/z/OTa brutonim- Londini, 1672, in 8. ^mflelodaml ^ T674, in-8.
Pharmaccut'ice rationalls. Oxonii^ 1674, in-4 , 1678, in-8, //jg<e Comitls , 167;;, in-l2.
Tous ces Ouvrages ont été recueillis & imprimés à Genève en 1676 & en 16H0 >
'1-4 ; à Lyon, 1681 , in-4; à Amfterdam, 1682, deux volumes in-4 , avec figures,
par les foins de Gérard Blafius ; à Venife , 1720 , même format.
*VILLIUS , C Jean-Valentin ) Médecin qui s'eft quelquefois caché fous le nom
<ie Joachim-F'ite fVi^and , étoit de Coiraar dans la Haute Alface. Il prit le bonnet
de Doéteur à Strasbourg en 1671 , fe mit eniuite à voyager, & finit par exercer fa
profeffion dans les troupes de la Couronne de DanneiEarc, On a de lui:
Tradlatus Medicus de morbls caftrenfibui internis. Hafniie , 1676, in-4.
Be^oar Septentrionalis ^ Jîve , de Salis cornu cervi ufu & abufu , Puèma Medlcum. Ibi-
dem, 1676, /n-4.
De Philiatrorum Germanoram itlnirlbus DiJJ'ertationes très, Frlburgi^ 1678, in-12. Cet
Auteur a fait inférer plulicurs Obfervations dans les Aftes de Copenhague.
WILLOUGHBY , f François _) Chevalier Baronet , fut reçu dans la Société
Royale de Londres le i Odtobre 166a. I! écrivit un Ouvrage en Latin fur l'hil-
roire des Oifeaux , & il travailloit à un autre fur l'hifloire des Poifibns , lorfqu'il
fut furpris par la mort le 3 Juillet 1672 , à l'âge de 37 ans. Ces deux Traités ont
été revus & corrigés par Jean Ray , qui les a publiés lous ces titres :
Ornithologie Libri très. Londini , 1676 , 1686 , in folio. La plupart des planches ont
été recueillies par l'Auteur pendant fes voyages dans les principales partie» de
l'Europe. Il y a une vcrfion Angloife de. cet Ouvrage i l'édition cft de 1678.
De Hijloria Pifcium Libri quatuor. Oxonii, 1686, 1743, in-folio. Les planches qui
ornent ce volume , font plus grandes que celles de l'hiftoire des Oifeaux. W llougk-
by a fait ufage des obfervations de Baldner dans l*un & dans l'autre de ces Traités.
Baldner ^ homme intelligent, étoit un pécheur de Strasbourg, qui a fait , dans le
cours de vingt ans, un Recueil des animaux des environs de cette ville. Son Ou-
vrage, achevé en 1666 & écrit de fa propre main ,eft aujourd'hui dans la Biblio-
thèque de M. Spielman., Profelfeur en Médecine à Strasbourg.
Il ne faut point confondre le Naturalise dont je viens de parler, avec Charles
JVillnughby , Membre du Collège de Merton Jt Oxford, qui fe fit incorporer à la
Faculté de Médecine de cette ville le 31 Mars 1664, après avoir été jeçu Dodleur
à Padoue.
WILSON » ( Edmond J Doreur en Médecine de la Faculté de Cambridge ,
fut incorporé à Oxford le 12 Juillet 1614, & ne tarda pas à le faire recevoir dans
le Collège Royal de Londres Le 18 Décembre 1616 , on lui donna une prébende
-à Windfor; mais comme il ne paroiflbit guère emprelfé d'embraffer l'état eccléiiaf
S86. . W I N-
tique de fon pays , on le priva de ce bénéfice. Cela l'enea^ea â reprendre la pra*
tique de la Médecine, qu'il exerça à W adlor pendant pluiieurs années avec aH'ea
de luccès 11 vint mourir à Londres au commencement d'Odk/bi^e 1633 » ^ il 'é-
gua fa lîibliotheque au Collège He Lincoln à Oxfjrd.
On trouve un autre Edmutid Wîlftn , natif d'Oxford , qui fut reçu Bacbel'er en
IVlédecine à Cambridge le 9 Avril if>;^8 , & Doéteur à Padoue en Ja'ivier 1642.
A ion retour en Angleterre , il fut aggrégé à la Faculté de fa ville natale. On a de
lui un Traité en Anglois fur une ancienne fontaine minérale de la ville de Durham ,
«apitale de la Province de ce nom , & un autre , dans la même Langue , fur l'ef-
prit de fel.
Mû/iget parle d'un troifieme H^Ufon f George^ Chymifte Anglois, quia écrit en
fa Largue maternelle un Cours de Chyraie contenant 300 opérations. Cet Ouvra-
ge parut à Londres en 1699, ii-^* fous ce titre: ^ compleat Courfc of Chymijiry ,
avec figures.
WINCKELE ( Jean DE ^ iiaquit â Louvain,oii il remporta la première pîàce
à l'âge de leize ans, au concours de Philofophie de l'an 1506. Il continua d'étu-
dier dans fa patrie , & il fit tant de progrès dans la Médecine, qu'il reçut les hon-
neurs du Doé\orat en 1515. Il époufa enfuite Mar^uerue .fiogaerr , fille de Jacques ,
qu'il perdit le 3 Odobre 1545. Son état de viduité le rendit habile à la charge de
Kedeur , & il y fut nommé en 1552 ; mais il firvécot peu à cette éleftion, car il
mourut dans fa ville natale le 27 Mars 1554 , à l'âge de 64 ans. Ce Médecin fut beau,
coup regreté par fes Collègues, dont il avoit mérité l'effime par fa fcience comme
par fes qualités perfonnelles : fa mémoire eft encore chère à rUnivcriité de Lou-
vain, qui l'a mis au nombre de fes bienfaiteurs, pour avoir londé le Collège qui
porte fon nom. On voit l'épitaphe de fTinckelc dans l'Eglife de Saint Pierre, oij il;
eft enterré,- elle «ft conçue en ces termes:
Hic jacet Spcdabilis Flr
D. JOANNBS à WlNCKELE»,
Civis Lovanienjis ,
jirtium & Mcdicina DoSor injîgnls ,
Fer£ pietatis & publicte utilitatis cultor ptrpetuus.
Oblit ana. XVc. LIV , die XX VII Marnl.
WINCKLER r Daniel J étoit de Niraptfch , petite ville de Silëfie dans la
Principauté de Brieg. Il fit de bonnes études de Médecine & les acheva à Wit-
temberg par la prife de bonnet le 15 Janvier 1624. Les Habitans de Breflau , où
il exerça, lui accordèrent leur eftime & leur confiance i & les Savans virent, avec
plaifir, les Ouvrages qu'il publia foug ces titres;
^nimadverfiones in Tracfaium qui infcrib'mr , Dtjfertatio de vita fœtus in utero. Jen<s e
1630 , tn-4.
De Opio TraSiam , in quo fimul Liber de O^lo Joannis Freita^ii examinatur, Lipfusi,.
1635, in-d.
D ne faut point confondre ce Médecin avec Daniel fP'inckler , fon fils. Celui-ci acom.
itiuniqué beaucoup d'obfervation» à l'Académie des Curieux de la Nature, qui
vetiûit d'être établie en 1652 , par Jean-Laurent BauÇch.
Les Bibliographes font mention de quelques autres Médecins du môme nom.
Godefroid-Chràlen JVinckler , de Brieg en Siléfie, Membre de l'Académie Impériale
d'Allemagne depuis 1673 , fit la Médecine dans la ville natale , où il mourut le
4 Juillet 1684. On . n'a rien de lui que des oblervations qui fe trouvent dans
les Mémoires de la même Académie.
Nicolas ff^inckler , natif de Forcheim en Franconie , reçut le bonnet de Dodeur
en Médecine à Tubingue, avec George fon frère, le 31 0<flobre 1564. 11 alla
exercer fa profellion à Hall en Saxe, & comme il avoit pris beaucoup de gOût
pour la Botanique fous Léonard Fuch , il le porta dans cette ville, où il écrivit
un Ouvrage qui fot imprimé fous ce titre :
Chronica herbarum, florum , feminum , fruSuum^ radicum, fuccorum , anlmaliuniy
atque eorundem partium^ quù nlmiram tempore Jîngula eorum colligenda , atque in ufum
fint offerenda Medicum. Auguftie f^indelicurum , 1571 , in-4. En Allemand, à Auf-
bourg , 1577» in-H. C'eft un Livre de peu d'importance. Il n'eft utile qu'aux
Apothicaires, à qui il peut fèrvjr de directoire pour la cueillette des plantes in-
digènes & de leurs différentes parties,.
WINSEMIUS ou VAN WINSEM ( Pierre ) vint au monde à Leuvarde vers
l'an 15B5. Après avoir achevé le cours d'Humanités dans fa patrie , il le fit inl-
crire dans la matricule de l'Académie de Franequer le 13 Avril if^ot , & prit les
leçons de Jean Arccrius Theodoretus fur la Langue Grecque , de Lollius ab .^dama
fur la Logique , & de Henri de yeno fur la Phylique. Au fortir de l'Ecole de ces
l'avans Maîtres, il fe mir fur les bancs de la Faculté de Médecine dans la même
Univerfité & ILivit fort afliduraent les Frofefleurs Alari Aulaiu% & Raphaël Clin^hyl,
dont il le concilia l'eltime. Cependant s'étant laiflë emporter à quelques excè^ dé-
fendus par les Loix Académiques , la proteition de fes Maître^ ne put le mettre
à l'abri de la peine décernée par les mêmes Loix; il fut chalfé de l' Univerfité de
Franequer en 1607. f^nemoet croît que fa faute a conlifté dans la violation d>, l'Or»
donnance du mois d'Août 1606 , par laquelle les Curateurs avoient profcrit une
ancienne & burlefque cérémonie , appellée la Dépofition du Bec jaune.
On appelloit Bejauncx ou Bec-jjuaes l:s étudians d'Humanités qui entroient ea
Philofophie; on les fa-f Vit palFer par certains ufages aflez fâcheux , pour les déniaifer
ou leur ôter le Bec jaune. Cette cérémonie , anciennement pratiquée à Athènes par
les diCciples des Phiiofophes à l'égard de leurs nouveaux coratiagrons, s'étnit in-
troduite, pour le fonds, dans diverles Aca.^émies de France & d'Aiiemagie, &
en particulier dans celle de Cologne, d'où elle avoit été communiquée ù plu.leurs
autres, avec des ufages relatifs au goût du liecle & au penchant j las ou moins
brouillon des écoliers vétérans.
Suivant C évier , Hiftoire de l'Univerfité de Paris, Tome IT, les R.égens de
la Faculté t^es Arts n'étoient pas même exempts d'une partie de cène cérémonie.
Cet Auteur par'e d'un ftatut de la Narion de France c^e l'an 13-6 , qui f^it
meaùoQ du Jiijuuae, ou diroit de biço-venue, que payoient tous ctux qui comi
îiiençoienî à régenter. Mais comme cet ufagc conduifoit à de grands excès à
l'égard des écoliers nouveaux venus, le 21 Mars 1342, l'Univerfiic de Paris ré-
prima, par un décret féverc , les abus qui fe commcttoient à roccaiion du droit
prétendu de Béjaune, que l'on faifoit payer auK étudians récemment arrivés. Une
jeuneirc pétulante exigeoit de les camarades des Ibmmes quelquefois conlidérables ,
& qui pouvoient incommoder de pauvres écoliers: & ces femmes étoient employées
■^ boire, à manger & à fe divertir. Souvent on leur jou oit des tours, on les in-
jurioit , on les frappoit. L'Univerfité , convoquée par le Red^eur pour remédier à
ces excès, abolit totalement le Béjaune, fi ce n'eft dans le cas où un écolier ar-
rivant otfriroit volontairement de le payer à fes compagnons d'habitation. Il falloit
que les violences pour l'exailion du Bcjaune euflent été portées bien loin , puifque
l'UniverRté ordonna que ceux qui s'en ièroient rendus coupables, fuflent dénoncés
^ l'Official , s'ils étoient Clercs non jurés , c'efl-à-dire , smIs n'avoient pas prêté fer-
ment à rUniverlité ; s'ils étoient laïcs, au Prévôt de Paris, pour être punis fui-
vani leurs mérites, â condition néanmoins que la peine n'allAt pas jufqu'à l'eflufiOQ
du fang. Aicfi parle Crévler. M. Paquot que je fuis au fujet de If^infemim ^ rap-
■porte que dès l'an 14^,3, c'eft-à'dire, fept ans après la fondation de l'Académie
de Louvain, la Faculté des Arts avoit déjà publié un décret pour réprimer les in-
folences des écoliers vétérans à l'égard des nouveaux venus. Mais telle qu'ait été
la vigilance de cette Faculté pour s'oppofer à la continuation de pareils abus ,
ils n'ont pas moins fubfifté jufques bien avant dans ce iîecle.
La dJigrace arrivée à Winfemius dans l'Univerfité de Franequer , obligea fon père
de l'envoyer continuer les études à Leyde. Il y entendit Daniel H<.infius H Paul
Mcrula fur les Belles-Lettres , Pierre Paaw , Evcrard f^orftius & Otton Heurnius fur
la Médecine. Son cours fini, il fe mit à voyager & continua pendant dix ans.
Toujours occupé de l'étude , il changea d'objet en courant le monde ,• il aban-
donna même entièrement l'Art de guérir, pour embrafler la Jurifprudence , dont
il prit le boanet de Do<fleur à Caen le 2t Avril 1611. A fon retour en Frife , il
exerça les fondions d'Avocat à Leuvarde ; mais dégoûté du Barreau , il fe retira
à la campagne pour y cultiver les Lettres avec plus de tranquillité. Il finit par
être Hiftoriographe des Etats de Frife, & enfuite Profefleur d'Hiftoire & d'Eloquence
à Franequer , où il mourut le 2 Novembre 1644. ff^infemius a laifTé beaucoup d'Ou-
vrages, mais ils n'ont aucun rapport avec la Médecine.
■\VIÎ\SEM1US, ( MénélasJ frère puiné du précédent , naquit à Leuvarde vers
I5gî. Il fit les Humanités dans fa patrie , & fe rendit enfuite à Leyde , où il
étudia la Médecine, mais il n'y prit point fes degrés: ce fut ailleurs qu'il alla de-
mander le bonnet. Après avoir exercé fa profeffion à Embden pendant quelque
îcms , il pafla à Franequer en 1616, pour y remplacer uiugujlin jidama qui avoit
été deftitué de fa Chaire vers la fin de l'année précédente. Il fut inftallé le 21
Mars, & il s'acquitta des fonftions de cette charge pendant 25 ans , c'eft à-dire ,
jufqu'à fa mort arrivée le 15 Mai 1639. Son corps fut inhumé à Franequer dans l'Eglife
de Saint Martin, où fon frère lui fit élever un maufolée qu'il chargea de cette inf-
cription & de ces vers ;
WIN .5^
VlTA CIRCENSE CURRICULUM.
D. S.
Et aterne Memoria
CL. VIRI MENELAl WINSEMII
Med. , Anat. , Botan, per annos XXUI Profcjf. cdeb. ,
Fratris unicl & dtfiderau
Majl. P. C.
Ja&et ^poUineos fubûlis Grtecia Myftai,
ExtoUat Coos , Pergameofque Senes.
Roma fuum Graiis componat libéra Celfum ,
Et jibi bis natum vendicet Hippocratem.
Hic tibi Pergameum donavit , Frijîa , Civcm :
Hic dédit & Coiis te quoque pojfe loqui.
Hic tibi Romani detcxit dogmata CdJI ,
Nomen ut è Graiis duccret & Latiô.
PIERIUS WINSEMIUS
Illujl. Ord. HiJlorLogr., Elaq. S Hiftor. Prof.
"\^INSLOW,(' Jacques-Bénigne) petit-neveu du célèbre Sienon , éloit d'Oden-
fée, ville de Dannemarc dans l'Ide de Funen oa Fionie. Il y naquit , le g Avril
1669, de P:ene}f^infiow , Curé d'Odenfée, & de Marthe Brun. Sa famille qui étoit
originaire de Suéde , avoit eu depuis long-rems du iervice dans le miniftere ecclé
bout de ce terme , il obtint une penfion du Roi de Dannemarc, à la charge d'al-
ler s'inftruire dans les principales Univerfités de l'Europe. Il panit de Copenhague
le 7 Février 1697, avec Bacweld qui fut dans la luite Profefieur dans les Ecoles
de cette Capitale & Médecin de fon Souverain. Ils le rendirent en Hollande , où
ils féjournerent un an. En iG^è ., Jf^'inflow arriva à Paris. 11 étudia fous Duvemey ^
Maître habile qui trouva dans ce jeune homme un diiciple digne de lui, & le goût
te plus décidé pour i'Anat( m.e. Sérieuftnient occupé de cet objet, il ne quittoit
l'étude, que pour difcuter quelque point de fa religion avec le fils d'un Préfident
Danois , qui étoit alors à Paris. Comme il avoir été arrêté que fVinfloiv feroit l'ag-
greflêur dans les conférences qu'ils faifoient entre eux fur les poicts principaux de
controverie , il importoit à notre Médecin de fe munir d'armes pour livrer &
foutenir le combat. Un jour qu'il étoit allé acheter la PhvGque de Rohault chez
Delprez, Libraire, il trouva dans le même endroit l'Expuiition de la doclrioe de
l'Eglife par l'iiluftre Bofuet , & il crut que cet Ouvrage lui fourniroit d'abondans
moyens pour intriguer fon adverfaire. 11 le lut avec tant d'attention, qu'il fut frap-
pé de la folidité des principes de notre Religion , & que l'éloquence perfuaiive du
favant Evêque de Meaux l'ébranla dans fa croyance. Mais colnme avec ce Livre
il réduifit fon antagonifte au lilence, les doutes le multiplièrent tellement dans ibs
çg4 ^^ î ^
•«rprit, qu'il implora le fecours de Dieu & le pria de l'éclairer dans une Occafion
il prefiantc 11 lui vint alor:? l'idée de conlulter l'Evêque de Meaux ; il le rençJit à
ia msiibn de campagne dcGermigni, lui propof , fes doutes, & i •oracle de TEglife
Gallicane les diiFipa apr^is plulieurs conférenceJ. tVinflow fit foa abjuration ectre
les mains de ce Prélat, qui lui adminiftra le Sacrement de la Confirmation & lui
donna ion nom.
Ce changement de religion attira à TVlnflow la dîrgrace de fes paréos qui lulre-
fuferent tout lecours. M. Bojjuet lui fcrvit de père. Cependant il falloit prendre ud
état; \u Théologie auroit pu lui convenir , mais il fe détermina à continuer fes étu-
des de Médecine. Il fe préfeota à la Faculté de Paris en 1702, & en 170'^ il fou-
tint une Thel'e qu'il dédia à M. l'Evoque de Meaux ; ce reipeflable Prélat fe fit
îranfporter dans les Ecoles , quoiqu'il fùc accablé d'infirmités, /Vinjlow étoit encore
<}anii le cours de laLi'.cnce , lorlqu'il perdit fon bienfaiteur le J2 Avril 1704. Ce coHr
tretems l'obligea de s'adrelfer à la Faculté pour être admis à l'examen de pratique,
& cette iavbnte Compagnie lui accor^^a non feulement fa demande , mais elle le
difpenla de tous les fraix pour le rcfte de fes grades. Elle le reçut au Doctorat
en 1-05.
Tous les getîs de bien s'emprefïereot à rendre ferviceà M. 7^'inflow. Duverney ,
qui connoifloit fes talcns, le preftnta en 1707 à l'Académie Royale des Sciences ,
qui le nomma , le 12 Mai de la même année , à la place d'élevé de ce grand Ana-
tomifte. Duvtruey le chargea pendant loog-^'-ms de faire pour lui les leçons d'A-
«atomie & de Chirurgie au Jardin du Roi: Wmflow ne lui fuccéda cependant point ;
ce ne fut qu'après la mort de M. Hunauld qu'il obtint cette place le 5 Jan-
vier 1743.
■L'Académie des Sciences de Paris avoit fait monter notre Médecin de la clafie
d'élevé à celle d'aflbcié , lorfque la Société Royale de Berlin le reçut au nombre
de fes Membres. Dès lors fa réputation fe répandit dans toute l'Europe ; 's-
comme il ne la dut qu'à fes travaux , qu'à fon génie , qu'au vrai goîjt de
l'Anatoraic dont il étoit fupérieurement doué , il n'eft point douteux qu'elle
fubfiftera loug-tems après lui. tVinflow parvint à une extrême vieillefle, malgré la
délicateffè de fon tempérament. Rien ne put altérer fa fanté ; il fut feulement atta-
qué de furdité quelques années avant fa mort, qui l'enleva au milieu de fes tra-
vaux le 3 Avril 1760, à l'âge de 91 ans. Il avoit époufé , en 1711, Demoifelle Ca-
therine. Gilles , dont il eut un fils & une fille. Il fut enten'é dans l'Eglife de Saint
Benoit, oii on lit cette épitaphe fur fon tombeau:
D. O. M.
Hic jacet
In fpem beatte immortaîitatis
Jacobus - Benigni^^s WinsloW^
Pdtrlâ Danus^ commoratiune Gallus^
Onu & gencre nob'ilU , nobiUor vlrtute & doSlfînâ.
Parentibas Lutheranis natus ,
ifLereJïm , guam infans imbiberai , vir ejuravît ,
Et
WIN 555
Et aânïtente flluftrijjîmd Epi/copd MelJenJî
Jacobo-Beniono Bossuetio ,
Cujus nomen Benigni in Confirmatiome fafcepit^
uid Ecclejîam Cathr.lkam evocatus ,
StciU in. ejus fide , vixit fub ejui l^c ,
Obiit in cjus fînu ,
P^ir ttquè verax & pias ,
Jn pauperei fummè miferlcors «
NuUâque erroris aut vîtii pravitate afflatus.
Regius Linguarum Teutunicarum fntapres^
Salubcrrlmce Facultatis Parlfîmfîs Do9or- Regens ,
Illum Medicte yirtis , & preflrdm ^natomica ,
Do£Iorem ac Profejforem perîtljfimum ,
Hegia Erudltorum Societas Serohni^
Hegia Sciendarum ^cademia Lutcùa^
Sucium. commuai fuff'ragîô elegcre ;
Et utrâqut dignijjtmam
Ejus fcientiâ illujiratus Orbls
Publicô judicid comprobavlt.
y-ità exceJJJt II f Non. Apr. ^nn. Sal. MDCCLX^ atadsgj.
Pio Conjugi & Parenti
Uxor & Liber l hoc Monumentum
Mœrentet pofuere.
W^nflnw s'eft diftingué davantage du côté de PAnatoœie que de la pratique de
Is Medrcine 11 ne maaquoit '■ùrement pas de lumières lur les relTorts & le jeu de
la machine humaine ; il en avoit peut-être de plus grandes que la plupart de fes
contemporains; mai> fon arae n'étant pas imbue de certaines vérités, dont on peut
tirer beaucoup de conléquences immédiate.» , il doutoit & craignoit de le tromper
dans l'application des moyens de guérir C'eft ainfi qu'en a parlé feu M. Le Camus y
Docteur- liegent de la Faculté de Paris , daa- fa Méitciit Pratique publiée en
1769 11 ajoute que ce lavant Anatomifte trerr.bloit , lorfqu'il prefcrivoit une faignée ,
& qu'il le mettoit en prière avant d'ordonner deux onces de Manne. M. Le Camus
bacimoit volontiet'i.
iVinfl-ow a écrit plufieurs IVlémoires qu'on trouve parmi ceux publiés par l'Aca-
démie des Sciences. On a de lui une Lettre fur le Traité des maladies des os du
célèbre Petit ; une autre qui eft jointe au Traité de !a Taille au haut appareil
publié à Paris en 1728, in-ïi; une Dijfertation fur l'incertitude des lignes de la
TTiort , que Bruhier a étendue au point d'en faire un Ouvrage imprimé à Paris
en 1742 , ii-Ii; des Remarques lùr le Mémoire de M. Ferrein touchar.t le mouve-
ment de la mâchoire inférieure. Paris, 1755, m-12. Mais le Traité le plus impor-
tant que nous ayons de la façon de M. fnnflou>„sii intitulé:
T 0 M E ir. ' Eeee
586. WIN
Expajîtîon ^natom'quc de la firaSure du. corps humain. Paris, 1^31, trt-4 , & cinq'
volumes ira- 12. Amftcrdam , 1743 , quatre vol. .n-'2, 1754 , 1762 , quatre volumes
/«-y, avec cinq planches 6j les explications à' /ilblnus. Bâle , 1752, quatre vol. in -8.
En Allemand, tierlin , 1735 , in-4 & 1V8. En Anglois , LoD<ires , 1734, i/1-4 , par
le Docteur George Douglas. En Italien , Naplcs, 1746, i'n-4. En latin , FrancFiirt,
1753 , quatre vol. m-B. Encore en FranijO'', Waris , 1765 , 1767, quatre vol. m-i2. Cette
édition, qui a été publiée d'après l'exemplaire trouvé dans le Cabinet de l'Auteur,
eft enrichie d'une figure néceirairc. Ce Traité pafle pour un des meilleurs lyftê-
mes Anatomiqucs. L'Oftéologie eit excelleare , Ipécialemcnt au fujet des os frais ,
des ligameos & des cartilages; la IMyologie efi admirable. L'Auteur décrit les ar-
tères &i les veines avec la plus grande exactitude ,& ce qu'il dit l'ur les nerfs n'eft
pas moins prcus. On remarque en général beaucoup de clarté & d'ordre dans cet
Ouvrage; on y trouve par-tout la Nature, que M. ff^injlow a plus contultêe,
que les Ecrits des Anatomiftcs. D'ailleurs, les termes nouveaux qu'il a introduits,
fervent intiniment à éclaircir la matière & à rendre les connoilfanccs plus nettes &
plus vives.
Il eit à propos de remarquer , au fujet de la Diflertatron de M. Tf^injlow & du
Traité de Bruhier fur l'incertitude des fignes de la injrt, qu'il y a beaucoup à ra-
battre de la crainte d'être enterré vivant. Il eft vrai que cette crainte eft appuyée
fur des exemples qu'on ne peut révoquer en doute , mais ces exemples font rares ; il
arrive bien plus fouvent que le malade qu'on a jugé mort, meurt en effet, parce
qu'on Ta abandonné ou qu'on ne l'a fecouru que foiblement. En général , on eft cou-
pable de négligence à l'égard de ceux qui meurent de mort fubite ; on s'éloigne d'eux ,
ians avoir employé les moyens qui pourroient ics rappeller à la vie s'ils ne font
qu'afphydtiques ou dans un état de mort apparente. On doit douter de la réalité
de la mort, toutes les fois qu'elle n'a pas été précédée psr des lymptômes capa»
blesdela procurer, c'eft-à-dire , dans tous les cas qu'on appelle morts lubites. Il
eft vrai que telle eft la façon de penfer de la plupart des hommes , qu'ils ont at-
taché une efpece de ridicule aux fecours qu'on donne & un cadavre; mus les
aracs fenfibles doivent méprifer les propos auxquels elles t'expolénr par rinutiHté
de leurs foins , pour ne pas encourir la honte qu'il y auroit d'avoir abandonné
un malade, en qui il exifte un refte de vie fous les apparences de la mort. Du
moins les hommes devroient-ils s'accorder à ne pas éloigner trop tôt de leur pré-
fencc ceux de leurs lemblables qui peuvent ,ab(b!ument parlant, devenir les vifti-
mes de cette précipitation. On dira qu'il eft incommode de foutenir le voifinage
d'un cadavre ; on ajoutera même que c'eft le vrai moment de l'écarter d'auprès
de nous ; mais la fcnfation défagréable qu'éprouve la dt'icateffe de nos fens , n'eft
rien en comparaifon du doute cruel qui pourra nous refter ; car la précipitation
cxpofe , dans bien des cas, à livrer aux horreurs du tombeau un homme qui vit
encore Ces cas font moins rares qu'on ne le penfe. Les perfonnes noyées, celles
qui font fuffoquécs par des effets méphitiques , por la vapeur du charbon ; les en-
fans qui paroiU'ent morts ou mourans en venant au monde . 6ic. , en fourciffeot
des exemples fréquens , puifqu'il eft poftib ede rappe'lcr les uns & les autres à la vie
par des moyens analogues à ceux qu'on emploie en faveur des noyés. Vcy^z là drflus
Vj^i'i'' au peufile fur les afphyxics ou mort^ apparentes ^ fubites , par M. Garia->
ne , Dudieur- Régent de la Faculté de Médccuic de Paris.
W I N 58J
VriNSTON C* Thomas ^naquit en 1575. Il a voit Mt de grands progrès i Cam-
■'bridge dans l'étude de la Philolo^^liie , lorfqu'il pafTa en haî^e où il s'appliqua à la
Médecine, dont il prit le bonnet à Padoue. A ion retour en Angleterre en 1607,
il le Ht aggréger à la Faculté de Cambridge ; & quoiqu'il n'eût pas tardé à fe rtn-
<dre à Londres , qu'il y eût même pratiqué avec afiez de réputation , il ne fut
reçu dans le Collège des Médecins de cette ville qu'en 1614. 11 s'embarqua pour
la France en 1642 & ne revint dans i"a patrie qu'en 165a. Tout vieux qu'il étoit
alors , il reprit cependant Je fil de la pratique; mais ce ne fut pas pour long-ttms,
car il mourut à Londres le 24 Odîo'ore 1655 , à l'âge de 80 ans. Il laifl'a des Le-
çons Anatomiques, écrites en Anglois, qui ont été imprimées api es fa mort fous le
titre d'^nacomy Lectures of Gresham Collège. Londres , 1659 , ia-iî. Ce Médecin avoit
enfeigné dans ce Collège dès l'an 1615.
Ce fut du tems de Jf^mjîon , ou peu après, que les Anglois qui étoient pî-fi^en
Italie en vue de s'y appliquer à PAnatomie , ranimèrent le gcût de cette î>rience
dans leur pays. Cutler fit bâtir un Théâtre Anatomi^ue ; on s'emprefTa à faire im-
primer les Ouvrages de Harvey , de GliJJbn , de Whanon ; & Winjlon lui-même fit
valoir les connoiffances qu'il avoit priles à l'école de Fabricio & û''^ilpini , fcs
Maîtres.
WINTER., ( Frédéric^ né dans le Duché de Cleves , reçut le bonnet de Doc-
teur en Médecine à Francfort fur l'Oder en if^o. Il revint enfuite dans fa patrie,
ck en 1740, il fut nommé Profeffeur de la Faculté de Médecine en l'UniverGté
d'Herborn. Quatre ans après , il alla à Franequer pour y remplir la Chaire de Mé-
decine & de Chymie ," mais il ne tarda pas à être appelle à Leyde , où il s'ac-
quitta des mêmes fondions. Winter mourut dans cette ville au commencement du
mois de Novembre 1760 , à l'âge de 48 ans. On a de lui quelques Dilièrration»
Académiques, & deux Dilcours De certitudlne in AleJicina ^ imprimés à Leuvarde
en 1740 & 1747, infulio.
WINTHER. Voyez GUINTHER.
WINTRINGHAM, ( Cliftoa J Médecin Anglois & Membre de la Société
Royale de Londres, s'eft fait de la réputation, dans ce fiecle , par les Ouvrages
qu'il a donnés au public. On remarque les fuivans :
Traclatus de pndagra, in quo de ultimis vajh & liquidis ff f'uccô nutritiô tra&atur.
Eboiaci, 1714,4/1-8. Il croit la guénlon de la goutte d'autant plus difficile, que la
caufe prochaine de cette maladie élude prefque toujours l'adion des remèdes les
mieux indiqués. Suivant lui, cette caufe réfide dans la vifcofité acrimonieule du li-
quide nerveux, la rigidité des fibres & retrécillèmcnt du diamètre des vaifTeaux
qui avoilinent les articulations.
yf Treatife of endémie dijeafes. Yorck , 1718, zV8. C'eft aux difl'érentes tempéra-
tures de l'air, aux vents qui régnent, à la nature du fol , à celle de l'eau & des
aiimcns , que l'Auteur attribue les maladies particulières à certains pays.
Commentarium nofologicum morbos epidemicos c? ueris varlationes in urbe Lboracenfi ,
locifque viciais f ab anno 1715 ad aini 1725 ^nem grajfantes compk&ens. Londini , i^zj ^
58& ' W 1 R W I S
in-8. Ibidem^ ï?",!» '"-8. Le récit des faits eft accompagné d'une théorie bien eni
tendue & propoiee avec modeflie.
^a expérimental inquiry on fome parts uf the animal ftruSure. tx>ndres, 1740, ïn 8.
Les expériences de ce Médecin rouient fur la deniité> répaUFeur & la force des
tuniqufj des gronTes artères & des grofles veine«, & fur le» propriété» des parties
de l'oeil. Ses rétultats font curieux , pluiieurs même influent fur la pratique.
^i inquiry into the eyility of the vtffds uf a human budy. Londres, 174;^* in-8. Il
y confidere toutes les fibres du corps , fans s'arrêter particulièrement à celles des
vailfeaux; & il y combat l'opinion de K'eili fur la nutrition, qu'il rapporte à d'au-
tre caufe qu'au fimple développement des parties.
Wll^DlG ( Sébaftien ) naquit à Torgaw en 1613, Dès qu'il eut fini fon cours
de Philof iphie à VVittemberg , il pafTa à ivonigsberg , où il fit celui de Médecine
qu'il te.m.na, le i de Septtmbre 1644, par la prile du bonnet de DoiSteur. Peu
de t; aii après là promotion., ;1 le mit à enfeigner la Phyfique & la Médecine à
Derpi en Livonie; mnis le» troubles de la guerre l'ayant obligé de quitter cette
ville, il le rttira i Rolto^k en 1655 ,& il y remplit une Chaire de Médecine juf-
qu'à fa m'>rt arrivée en lôbf. Il n'cii point de paradoxes que fFisdlg n'ait foute-
nus : l'Alirologic judiciaire , la Métemplycofe, les Amuletes , tout etoit de fon goût.
C'eft dans l'Ouvrage lùivant qu'il a conligoé le» délires de Ion imagination:
A'jva Medkina fpirituum. Han.bar^i ^ i^7?-,t 1688, in-Xi. Les Univtrfités de Rof-
to k Si di W.ticmbcrg le récrièrent hauttment contre les fentimens de ce Méde-
cin. Il poulik la fingularité de fon fy^ênae fur les efprits, jufqu'à établir 1» forma»-
tion des corps fur leur coagulation.
WIRSUNGUS. Voyez VIU.SUNGUS.
WIRTH , ( George ) de Lauban dans la Haute Lufece, où il vint au monde ew
1524, fut reçu Doiteur en Médecine à Bologne le 9 Avril 1552, Il luivit la Cour
de l'Empereur Charles V,en qualité de Médecin , & fut également attaché à Phi-
lippe 11, ton fils; mais ceiui-ci ayant quitié Bruxelles pour fe rendre en Elpagne ,
iTlrth palia à Vienne en Autrichej, 'où il fut Médecin de Henri, Burggrave de
JVlilnie , jufqu'en 1563 qu'il alla fe fixer à Leipfic. Il continua d'exercer la profel^
iiciii dans cette ville , 6z il la fit avec le même luccès q^j'il avoit eu ailleurs. 11 y
fin,t fcs jours le 9 de Septembre 1613, * i'^ge de 89 ans, & laiffa un Traité des
remèdes les plus aiTarés contre la peue.
WISEMAN,:( Richard J Chirurgien de Londres dans le XVIT fiecle , fervità
la Cour du Roi J^L■qaes 11. Il a écrit pluGeurs Traités en fa L,angue ma'eroelle . ,
qu'il a fiit rtvoir ôi ccrriger j.ar fcn «mi Necdhatt. Ce» Traités rouient lur les tu-
meurs, les ulcères, le.*' maladies de l'anus, les écrouelles , les plaies, les plaies
d'ara.es à feu, les fradlures, les luxations & la vérole. On en a publié le recueil
ibus le titre de Sévirai Chirurgical Treatifes. Londre? , 1676, 1686, 1^05 , in-folio^
& 17 9, deux volumes in-8.
Li' Auteur avou beaucoup d'expérience, & quoiqu'il air été languiflant & maladif
i^codant vin^t aas, il ne pccdit rka di) «été de l'eiprit, 6: continua de donner d«£
W ï T W O L 58C>
preuves de la folidné de fon jugement. LoBg tems avant Bel-fle t H rsppella la mé«
thode de Céfar vlagarui dans la pratique île la Chirurgie. 11 eft autant fincere que
modefte dans ies Ecrits ; fes bons & fes mauvais luccès y font rendus avec la.
même fir'éi'té; & comme il ne cherche point à faire illufion par une théorie briî-
lante , il a encore pris loin de bannir tout raifonnement fuperflu de fes Ouvragei.
WITTE ou WITTEN ( Hcnning ) naquit le 26 Février 1634 à Riga en Li-
vonie. Il eafeigna l'Eloq.ience & l'Hiftoire dans le Collège de cette v lie , où il
mourut le 22 Janvier i6y6. On ne fait ici mention de lui, que parce qu'il a écrit
fur l'Hiftoire des Médecia» de fon liecle. Ses Ouvrages font intitulés;
M-morite Mcdicorum nojîri feculi claTiJjmort/m renovata. Decas prima. Francofurtî ,
1676, 'n-B. Dccas Jecunda. Ibidem^ eddcm annô & forma.
il ne faut point confondre ce Littérateur avec Nxolas ff^itte de LUienan qui étoit
auili de Riga Celui-ci rempliflbit la charge de premier Médecin de fa ville natale,
loriqu'il y mourut les Janvier 1688, à 1 âge de ^o ans. Il a laiflë quelques Ecrits
concernant fa proftflion , & des Poëmes Latins , Grecs & Ailtmands.
WITTIE, C Robert J Doaeur de la Faculté de Médecine de Cambridge, fit
fa profeliion pendant dix-huit ans , avec Jacques Prlmerofe , à K.infton-Upon-Hul
dans le Uuché d^Vor-^k en Angleterre, il pafla à Londres dans la vieillefl'e , «Si
il y mourut en Novembre 1684. On a de lui pluS.urs Ouvrages en Anglois, parmi
letquels on remarque la trjidudion du Traire de Frimerofe, qui eft intitulé : Z?e
vulgi eiroribus in Mcdidna ; un Traité fur l'origine & l'ufage des Eaux Minérales ,
& pricci^alemcnt de celles de Scarbouroug , qu'il mit enfuite en Latin ; un Traité
fur l'accord de la Médecine Galéni»jue & Chymique, ik quelques Ecrits d'Afiro-
nomie & de Poéfie,
WOLF, CGaipar ) de Zurich, étudia la Médedne à Montpellier, où il fut
reçu Docteur en 1558- 11 enfeignoii la Phylique dans fa vilJe natale , lorlque
Conrad Gejhcr lui communiqua le iiecueil qu'il avoir Commencé iur ies Auteurs
qui ont traité des maladies des femme», & qu'il l'engagea à le continuer. fVotf ïq
chargea volontiers de cette commiflion qui auioit été pénible pour un homme moins
intelligent & moins laborieux que lui; mais comme il avoit beaucoup de goût pour
le travail, il publia ua volume in-4 lut cette matière , & même plufieurs autres
Ouvrages , dont voici les titres .•
J^iiUicuin novum de omaium ferè particularlum morborum curaiione. Tigurl, ^S^Sî
in- 12, 157b, ia-8.
F'nlumea G\n£cioram^ de mulierum gravidarum ., panuriendum & aUarum naturâ
morbii. Bafiice^ 1566, 1586, m-4 Arj^enturati , 1597, in-folio., avec les additions
à'ifrd&l Spuchius , qui conliftent en uo Traité de Martin uikikia qui n'avoit point
encore vu le jour, 6c celui de Louis Mercado., publié à M^irid en 1594.
^tphubetuni empiricum , jîve , DiofcorlUs & Stephani ^thenicnjis de remcdiis expcnls
Liber. Tiguri, '581, in-^.
De fiirpium. coUe&ione Tabula, tant générales, lum per duodecin menfes. Ibidem j
1587 , in-8..
5
:^90 ^^^ ^ '^
Tdbula generalls dlverporum ponderum. f^irorum illuftrium alphahetica enumeratio , qui
.de pundcrum & menfururum doSrinâ jcripfcrunt. On trouve ces deux pièces dans le
Traité De ponderibits , qui c!> de la façon de Dominique Majfaria.
i^bif diî , dans la Préface de l'Ouvrage intitulé; F'iaticum novum, que parcourant
les plus célèbres Univerficés de France & d'Italie, où il s'étoit rendu, vers 1553 ,
en vue de fe perFedionncr dans la Médecine, il avoit trouvé , dans une ancienne
liibliotheque , le Manufcrit qu'il donnoit au public. 11 ajoute qu'après avoir héfité
^pendant quelque tems à le faire imprimer , il s'étoit enfin déterminé à le mettre au
jour, pour ne point laifler perdre un Traité qui lui paroiflbjt mériter d'être connu
de tout le monde. Ce Traité eft diftribué en 68 chapitres, où il eft parlé de
prelque toutes les maladies félon la doftrine des Arabes; mais comme il n'eft dans
Je fonds qu'un recueil d'afiez mauvaifes recettes, la Médecine n'auroit rien perdu,
ii If'cif eût pris le parti de le fupprimer. Cet Auteur s'eft occupé plus utilement,
en publiant quelques Ouvrages de Gepitr , qui ont paru enfemble à Zurich en
1577 , i/i-4. Tels font : Epifiolarum Medidnalium Librl très. De Acaiûto Liber. Aj[e'
verailo & de Oxymdiis Hdkboratl utriufque defcrlptlone & ufa,
WOLF,( Henri J d'Œttingen dans la Haute Bavière , fut reçu Maître-ès-Arts
à l'ubinge le 2 Janvier 1542, & prit enluite le parti de la Médecine, dont il
obtint le bonnet dans l'Univerlité de la môme ville. Décidé qu'il étoit de fe fixer
à Nuremberg, il s'y fit aggréger au Colkge des Médecins en I553 , & fe livra,
bientôt après, aux travaux de la pratique, qu'il continua julqu'à la mort arrivée
Je 11 Décembre 1581.
WOLF , ( Jacques ) Doéleur en Philofophie & en Médecine , Adjoint de VA-
cadémie Impériale des Curieux de la.Nature , fous le nom de Socrate I , étoit de
Xviaumbourg en Mifnie , où il naquit le 30 Décembre 1642 de Jacques , lavant
Apothicaire de cette ville. La raaifon paternelle fut fa première école ,• il y prit
tant de goût pour la l^édecine , & fur-tout pour la Botanique , qu'après avoir
achevé ion cours d'Humanités, il paQa à Leiplic en 1665, pour y luivre les plus
célèbres Profeffeurs de Philolophie, & fe préparer par-là à l'étude de la Médecine
qui étoit fon objet principal. Le 26 Mars 1669, il reçut le bonnet de Maître-ès»
Arts , & ne fongea plus qu'à mériter celui de Dodleur en Médecine , qu'il obtint
le 24 Novembre lôbi. On voit par toutes ces dates que fTulf ne faiioit pas le
cours de fes études avec cette rapidité , qui ne permet guère d'approfondir les ma-
tières auxquelles on s'applique. La maturité de l'âge ne le rendoit que plus capable
d'accélérer la marche de fes progrès; mais les grandes dépenfes qu'il faut faire à
JLciplic pour obtenir le titre de Dofteur , l'engagèrent à retarder fon A de julqu'à
ce qu'il eût trouvé des compagnons d'Ecole , pour en partager les l'raix avec lui.
Une demeura cependant point oifif durant le tems qui fe palTa entre l'examen &
Ja cérémonie ; il fe mit à pratiquer & il le fit avec tant de fuccès , que fa promo-
•îion n'ajouta prelque rien à la confidération que des talens fans titre lui avoient déjà
Méritée, Ce fut à fes foins que la ville d'Altenbourg en Mifnie dut la confervaiion
Kle fes principaux citoyens; les cures qu'il y avoit faites , pendant fon féjour , étoient
îii brillantes , qu'il fe vit généralement regreté , lorfqu'il paila à Jene en 1682. Ou
W O L 591
iuî avoir promis la place de Profeflcur extraordinaire dans les Ecoles de cette Univer-
fité , fi après l'avoir obtenue en 1690, il n'en fut pas moins empreflë de voler au
fecours des habitans ; il trouva la mort dans les foins charitables qu'il leur donna
pendant le rogne d'une fiuvre épidémique. Il en fut atteint & il y fuccomba le 25
Juillet 1694. On a de lui plufieurs Obfervations dans les Mémoires de l'Académie
Impériale , un Ouvrage en Allemand qu'il fit paroître fous le titre de Tréfor de
la Nature & fous le nom <ie Jacques Luplus ^ & les Traités fuivans :
Exercitationes de Litteratorum poiu , ejufque ufu& abufu, Jen<e , 1684 , In-^. I] ne
manqua pas d'y parler de la bierre de Naumbourg.
S rutiniunt amuletorum Medicum , in quo de natura S* attributîs illorum ^ ut & pîurimls
altis , qutt pajjim in ufum , tàm in Thcoria quàm Praxi , vocari fueverunt. Lipjîte & Je-
me, 1690, i/1-4. Francofurti, 1692, /n-4 , avec l'Ouvrage- de Jules RcicheU qui efî:
intitulé : Exercitationes de amuletis.
WOLF ( JeanJ vint au monde le 10 Août T537 à Berg-Zabern dans le Duché
de Deux-Ponts. Après de bonnes études de Médecine & une pratique couronnée par
les plus grands fuccès , il obtint, le 16 Février 1578 , l'emploi de Profefleur dans l'Uni-
verfité de Marpurg, & au bout de quelques années de régence, celui de premier
Médecin du Prince de HefTe. Il remplillôit encore ces charges , lorfqu'il mourut
le premier de Juin 1616.
ff^ilf prétendoit avoir un fecret pour la guérifon des bémorrhoïHes externes. Il le
communiqua au Landgrave qui lui Kt la rente viagère d'un bœuf gras par chaque
année, pour le récompenfer de la découverte de ce remède. Ce fut par ailufioa
à cette rente, que ce Médecin étant un jour interrogé fur la difi'érence qu'il y a
entre la plante nonunée £fula & celle qui s'appelle Linaria , répondit par ces deux
tuauvai vers:
Efula lacfe/citijîne la&e Linaria crefch ,
Eiula nil mihl dat, Jed dat Linaria bovem.
1! paroît de fa,réponfe que la Linaire entroit dans la compofition de fon fecret 5
peut êire n'étoit-il autre chofe que l'Onguent de Linaria , dont on le f?rt encore
avec fuccès pour adoucir l'irritation des hémorrhoïdes. Nous avons peu d'ouvrages
de la façon de ce Médecin. Ils confiftent dans celui intitulé : Dialogi décent de na-
turx humants fjbricâ. C'elt une Traduiflion de l'Italien de Jean-Baptifte de Gdlo ^
dont l'édition eft d'Amberg, i6og, irt-12. La Lettre De aqua vitte Juniperinâ a pa.
ru à Ulm en 1628,1/1-4, parmi les Oblervations Médicinales de Grégoire Hoijîius.
Ce que f^olf a luiflë de mieux , efl fcn Traité intitulé :
De Aciddli fVddangeaJîbas ^ earumq.ue mineris , naturà^ viribut ac usas ratione brevis
txplicatio. Murpurgl, 1580, m-4.
HermanJVolf^ fon frcre , reçut les honneurs du Doiflorat dans la Faculté f'e Mé^
decine de Marpurg le u Mar- 158$. Il fut eniuite ProftlTeur de Phyfiqac dans
les Ecoles de la même Univçrfité ; mais il pafTa . en '591, à la Chairr oe Méde-
cine qu'il remplit jufqu'à fa mort arrivée en 1620. Herman reun'Hoit les ra'ens de
Perrault; Architede & Médecin, il enrra , dès l'an 159^, au ftrvice du Landgrave.
de Helfe en l'une & l'autre de ces qualités.
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WOLF , fjean ) Doreur de la Faculté de Médecine en l'Unîvcrfité de Helœ-
ftad, étoit d'Oldendort au Duché de Lunebourg , où il naquit eo 1580. 11 fe fit
beaucoup d'honneur à BruniVii-k par les fuccès de i'a pratique ; mais il s'en fit da»
•vantage à HelmUad, où il fut appelle en 1612 pour y remplir une Chaire de Mé-
decine. En 1631 , il parvint à )a charge de Médecin de la Cour de lyunebcr^ ;
\&; comme elle ne rairojettifloit |>as aune réfidence fixe, il n'en continua pas moms
les devoirs Académiques julqu'è la roorr arrivée à tiannovre le 2H Août 1645. Oa
B* rien de lui qtje des Iheies qui furent imprimées à He'mftadt en i^ao, m-4 ^
fous le titre d'ExercUduiones Semeiotxte ad Claudu Gakni Libros de locis ujjicds.
WOLF, ( Ives ) Chirurgien aflez expert, mais Anatomifte très-médiocre, étoit
-du Comté d'OI<l€mbourg en Weftphahe, où il vit Je jour le 2 Avril 1615. Ce
fut à brème qu'il s'appliqua à la Chirurgie , & après y avoir fait tous les pro-
grès qu'il pouvoir attendre des lumières de fon Maître, il fentit combien il avoit
beloin d'aller fe perfectionner ailleurs. A cet efiet , il voyagea en Dannemarc ,
en Pologne, en RuUie , en Hollande, en Angleterre, en France, en Eipagne,
& il s'attacha par-tout aux Chiruigiens les plus célèbres. Il en revint bon Prati-
cien; mai;- comme il manquo!t de théorie, cette partie elilntielle de l'Art qui
éclaire l'opérateur dans les cas ditfactles & compliqués , ii le conrtu'fit uniquement
par l'expérience qu'il avoit rapportée de te? voyages. Prudent & adrou , il ne laiffa
pas de faire des cures brillantes; il parvint même à une telle réputation, qu'il fat
honoré de la contiance de plulieurs Princes d'Allemagne, & qu'il la conferva juf-
qu'à fa mort arrivée en 1694.
h&n-Chxiftlan^ Ion fils, vint au monde le 28 Décembre 1673. Il quitta la maifon
de fon père qui lui avoit appris les ^iremiers élémens de la Chirurgie , pour pafier
à Francfort fur l'Oder , où il commença fon cours de Médecine. Delà il fe rendit
à Wittemberg, & après y avoir été reçu à la Licence en i6y6, il voyagea en
Daonemarc , dans les Pays-Bas & en Angleterre, & reviut enfuite .^an^. la même
ville pour demander le bonnet de Dodteur, qu'il obtint en 1700. Ce fut â Quedlin-
bourg dans le Cercle de la Haute Saxe qu'il alla fe fix^^r. Il y fit fa proftflioa
avec afiez dé célébrité, &: il y mourut le 11 Octobre 1723. On a de lui deux
l^ivres d'Obfervations , qu'il a mis en Latin d'après l'ongioal Allemand de fon
père, & qu'il a enrichis de not^s lavantes. Cet Ouvrage eit intitulé :
Obfefvatlonum Ckirurgico.Medicarum Lihri duo , cum SctiuUU S varLis interjperjîs Hlf~
loriis Midicis. Quedlimburgi , 1704 , in-8.
WOLF ( Simon ) naquit dans le Comté de la Lippe le f Août 1620. Il étudia
à Brème, à Riotlen, à Padoue,& enfin à Leyde où il prt le bonnet de Doc-
teur en Médecine le 16 juillet 1649. Peu de ttrtis iprès, la ville d'Oldembourg
ie nomma fon Médecin , & le Comte de Jcvern , airfi que le Prince d'Oollfrife ,
l'honorèrent de leur confiance. A la mort de celui ci , ff^nlf prit le parti d'aller
fe fixer à Brème; il y arriva le premier jour de l'r n 1671, & il y jouit de l'cftime
uu public jufqu'à fa mort arrivée le 28 Février 1681. On ne connoît point d'Où-
•v,rage de ia façon de ce Médecin.
Les Auteurs parlciit cn;ore ds Pancrace ^'// qui reçut les honneurs du Doc,
torxt
tcir^i à AîtorFea 1(^74. Î1 fit la Médecine dans plufieurs villes d'AlK^maene, «n
particulier , à Hall en Saxe où il remplit une Chaire dan!- les Ecoles de la Facul-
té Ce Profefîeur eut quelques démêlés avec Stahl au fujet de l'or fu'minart , &
d'autres avec Michd Albeni fur diHërentes matières Comme il étoit parifan du
Méchanilme , il publia un Ouvrage pour ibutenir les opinions & lui donna le titre
fuivant ;
Phyfica Hlppocratica , quâ exponitur human<e nanir<£ muhanlfmus Geometrico'Chymicus.
Lipfi<e , 171-;, m-8. Fort éloigné de recourir à l'ame pour expliquer la plupart des
Opérations du corps huma'n , airfi qu'on faifoit dans l'Ecole de Stahl , c'eft de la
grandeur, de la figure, de la lituation & du m^uveme;lt qu'il -déduit les condi-
tions phyfiques qui amènent après elles les différentes propriétés de nos organes. H
y joint l'aétion des principes chymiques,& trouve dans les fels , dans le T^uffre Se
dan« le mercure , des agens capables de prc>djire k» mêmes eUets dans l'économie
animale, que les Artiftes oUrrvent dans leuT bboratcire à la fuite du m^'an^e de
ces diverfes lubftan ces. ^^0// auroit mieux railbmé , s il n'eût écrii qu'en Phyfirjen;
mais il s'elt égaré avec les pariilans de la Sedle Cbymique, dont il a adopté les
délires.
WOLFART, ( Pierre ) p-eœter Médecin du Prince de Hefi'e-Caflel , étoit
d'Hanau , où il naquit en 1675 , dans une famille a-tachée depui* lono;.tcms à l'é-
tx^y'.e de la Médecine, ^on aï.:ul avoir été Médecin de la Cour du Prince d'Oran-
ge, & fon père de celle du Comte d'Hanau,
Après avoir beureurement achevé fon cours d'Humanités & de Philofophie dans
■fi ville natale, i-yiiifan phfla è Gieflisn prur y commencer celui de Médecine, & il
le poufla juiqu'au Doctorat , dont il obtint les honneurs en i6g6. 11 revint alors
dans la patrie , mai» il en lortit en 169B & prit le chemin de la Hollande , d'où il
fe rendit en Angleterre & entiiite en France. Comme ce Médecin avoit l'art de
voyager , il profita de toutes les occalions qui pouvoient augmenter la mi^ffe de les
connoiflances ; & il y réullit ti bien , qu'il ne fut pas plutôt de retour à Hanau ,
que le» concitoyens ne balancèrent point à lui accorder leur confiance. Il y corref^
pondit par les iuctès dans la pratique. Mais on ne tarda point à s'apvicrcevoir que
fes talens s'étendoient au delà de ceux qui font abfolument necefïaires à un homme
de fon état; on lui trouva un fonds de fcience fi rare, qu'on chercha bientôt à le
me'tre en place de communiquer les lumières aux autre?. Il fut nommé, en 170_'5,
à la Cl aire de Phyfique & d'Anatomie dans l'Ecole d'Hanau. La manière dont il
s'acquitta des devoirs de cette charge , le répandit fi avantageufement dans le pu-
blic, que le Prince de Hefle le cboifit pour fon Médecin , & que l'Académie Im-
périale des Curieux de la Nature fe l'afibcia en 1708, Ibus le nom de Polytenus»
Dans les années fuivantes , on rendit juftice à ion mérite par d'autres récompenfes
également honorables ;& comme tout lui rioit prefque au delà de fes defirs , il éroit
au comble de cette gloire qui fert d'aliment à l'émulation des Gens de Lettres ,
Jorfqu'il mourut eti 1726.
C^n a de lui plufieurs Diflerratîons fur la Phyfique & la Médecine; elles furent
imprimées à Gielfen , à Hanau <V à Caflèl , depuis i6gç infqu'en i-rig. On a encore
quelquei Traités Allemands & Latins de ia façon. Voici leurs titres:
"^ 2 O M £ jr. F f f f
S94 W O L W O O
Clavis Phihfophite experlmental's. Hanovia ^ ï?04.
uiwxnkates Hajft<e inferioris fubterraaea. Cajfdh ^ I711.
Phyjîca ciir^nfa exper'imentalîs. Ibidem, i^ia , t«-4, avec figures.
De Thermh Embfenjibus. Ibidem, '''?» in-J^.
mftoyia Namralis Hajjie inférions. Pars prima. Ibidem^ 1719* in-folio, en Latiti
& en Allemand.
F'om Srabacher faver-br'innen. Herborn , 1720 , //1-8.
BeJeken von dem bey hof Geifnar Vtgenden gefaund brunnen. Caffcl, 1725, in-8.
ChriJiophe-Joack!m, fils de Pierre fFolfan^ a iuccédé à la réputation de l'on père,
par les taleos dans la Médecine.
WOLKAMER. Voyez VOLCKAMËR..
WOODWARD C Jean J naquit le i de Mai 1665 dans une famille noble du
Comté .de Derbi en Angleterre. Malgré les avantages qu'il pouvoir tirer de fa
naiflance , foit du côté des Sciences , foit du côté de l'état militaire , on le mit
à l'â^e de ieize ans chez un Tifferand de Londres , qui fut chargé de lui apprendre
fon métier. Mais Pierre Barwick , Médecin de cette ville , l'arracha bientôt de
fon atteiier , le fit étudier , & le retint chez lui pendant huit ans. Atîimé par le&
bienfaits de Ion proteéleur, JVoodward faifit le goûl que Barwick lui iirfpira pojr
l'étude , & fit de grands progrès dans les Lettres Latines & Grecques. 11 fit
même enluite fes cours de Philolophie & de Médecine avec tant de fuccès ,
qu'avant la prife de bonnet en cette dernière Science, il fut jugé capable de l'en-
feigner publiquement dans le Collège de Gresham. Ce fut en i6g2 qu'il y rem-
plaça le Dodleur SdlUngfleet. En i^^xjt, , il entra dans !a Société Royale de Lon-
dres, & après avoir reçu les honneurs du Doiiorat à Cambridge ea 1696, il de-
vint Membre du Collège de Pembrock de la même ville ; mais il fe fit incorporer ,
«0 1702, à celai de» Médecins de la Capitale.
JVoodward eut toute la vie un goût décidé pour l'Hiftoire Naturelle, & ce fut
priacipaiement par fes conuoiiTances en ce genre qu'ii mérita la confidération dont
il a joui. Suivant les Jourualiiies de Trévoux, il mourut dans le fcin de la Reli-
gion Romaine le 25 Avril 1728 ; & félon les papiers Anglois , i! fonda i Cam-
bridge une Chaire de Pbyfîque , avec charge au Proftrteur d'expliquer ion Hiftoire
Naturelle de la Terre & de diflerter fur l'état & les progrès de la Médecine. On
ajoute qu'il légua à rCJoiverlité de cette ville deux riches Cabinets qui contenoieut
tous les foffiles d'Angleterre.
L'Hirtoirc Naturelle de la Terre parut en Angloi* en 1695, tn-8; mais cet Ou-
vrage a été jugé fi important , qu'on en a publié des éditions en d'autres Langues.
Telles font les fuivantes:
Spécimen de Terra v$ corporibus urreftribus , fpeciatim de mlneralibus. Tigurî , 1704 ,
in-^. La Traduftioa eft de la main de Jeaa.Jacques Scheuch\er.
Naturalis Hijîoria Telluris illujtrata & auaa , unà cum ejufdem Jcfenjïone. u^ccedit
methodica & ad ipfam Nature normam inflituta foffûium in claffes d'ftributîo, Londinl
& Roterodami, 1714, inS.
Géographie PhyjJque,ou EJfai fur V Hiftoire Naiurelk deja Terre, Pms, 1735, in-f»,
pat Noguii.
W O O 595
E:r,jamin mUon-^v a donné une édition Aogloife de cet Ouvrage, avec que',
ques aouveaux Traités. Londres, 1726, i/i-8. Il y a auffi une édition Allemande.
JErfurt , 1745» in-S.
C'eft en la Langue maternelle que rVoodward a publié l'Etat de la Médecine
& des maladies, avec des recherches fur les caufes de raccroiffement de celles. ci,
en particulier de la petite vérole , & des remarques fur la nouvelle méthode de
purger dans le traitement de la dernière. 11 fit imprimer cet Ouvrage à Londres
en 1718 , /n-y. C'eft une vraie fatyre contre la Pratique & les Médecins de Ibn
tems, lur-tout contre le Dodtcur Freind^ qui donna une réponle à cet Ecrit, fou»
Je nom du Doreur Byfield. Méad fut auffi compliqué dan» cette difpute littéraire,
qui fut poulFéc avec affez de vivacité & d'aigreur de part & d'autre. On a une
Tradudion Latine de l'Etat de la Médecine, fous ce titre:
Medlcin<£ & morborum ftatus. ^ccedit JEi'wlogia lacremtati eorum In hifie tmporibus ,
fpeciatim de f^ariolis. Tlguri ^ if 20 , ln-8.
Mais les Ouvrages de ce Médecin ne fe bornent point à ceux qu'on vient de
citer. 11 y a encore deux Traités en Anglois de fa façon, qui parurent après
fa mort. Celui fur les fofliles & la méthode de les ranger fut publié à Londres
eiT 1728, i/i-8 ; le Catalogue des folfiles d'Angleterre fut imprimé dans la même
ville en 1729, deux volumes in-'à. Apparemment qu'on a fouftrait l'un & Tautrc
de la cadette où Woodward avoir renfermé fes Manufcrits ,• car il avcit ordonné
aux exécuteurs de fon teftament de les brûler d'abord après fon enterrement.
WOOLHOUSE , C Jean -Thomas ) Oculifte de Guillaume Hl , Roi de la
Grande Bretagne, étoit de Londres, où il naquit dam une famille noble. Paris
fut le théâtre qu'il choifit pour y déployer fes lalens. 11 dit lui-même qu'il y avott
vingtfept ans qu'il travailloit dans cette ville, lorfqu'il y publia, en 1711, un Ecrit
contenant fes Expériences de différentes opérations manuelles & des guérifons qu'il a
pratiquées aux yeux. Cet Ouvrage fut mi» en Latin fous le titre de Quadraginta
drciter operationes Chirurgien, quas ocuUs laborantibus adminijîrat^ docetque in CoUeglo
vulgà dtctô de /'Ave Maria , juxtà Ecclejîam Parochiakm Sancîi Stephanl de Monte ,
in Univerfitace Parifîenfi. Franco/uni^ 17*9^ î"-^-
H^'oolhoufe eut de vives difputes fur la cataraéte avec Laurent Heifttr , & il publia
à ce lujet quelques Differtatiom far la cataracle & le glaucome de quelques Modernes
& principalement de MM. Brijfeau , jtntoine & Heifter. Ce Recueil , qui parut à Of-
fenbach en 1717 , jn-S , fut mis en Latin par Chnftophe Le Cerf. L'édition eft de
Francfort, 1719, même format, fous ce titre: Dijjertitiones de cataracfa & %lauco-
mate contra fyjiema Brijjei, ^ntonll, Heifter & allorum. H n'eft poirt de moyens que
l'Auteur n''erapioie pour érayer fon opinion lur la cataraéïe membraneufe , mais u
ne s'eft point fait beaucoup de partifans. Ses autres Ouvrages (ont :
Catalogue d''inftrumens pour les opératiom des yeux. Paris , i6ij6 , tn-S.
Obfervations critiques fur un Livre imprimé en yJngleterre. Londres , 17131 '''"^- ^*
quelques Mémoires dans le Journal de Trévoux , dans celui des Savans , & dans
le Mercure de France. Ce font tout autant d'Ecrits polémiques contre Sr'Jfeau ,
Heifter , Coward ., fFinflow , Saint '/ves & Morand ; car Woolhoufe n'avoit point l'avan-
tage de penfer, fur bien des points , de la même façon que ces habiles Maîtres,
S96 W O R
Treaiife of tht CataraU and Glaucoma. Londres , 1745 , in-B. C'eft l'Ouvrage d'utp
de les élevés.
WOR M IUS,('01aus> célèbre Médecin Danois, étoit d'Arhufen dans le Nord-
Judand , où il naquit le 13 Mai 158B. Après de booaes études des Langues La-
tine & Grecque , il s'appliqua à la Philolophie & à l'Hiftoire df.ns les L^niverlités
de GiefTen & de Marpurg.,- mais s'étant décidé pour ia rviédecine en 1607 , il alla
en commencer le cours à Strasbourg, d'où il pafla à Bâle , & fur la fin de l'an-
née 1608 à Padoue. En 1609,1! fe rendit à Montpellier ,* il y prit même fes degrés
félon ^ftruc qui l'aflure lans fondement , car Mercklem & Matthias les lui font pren-
dre à Bâle , d'après ce qui eft dit dans l'Oraifon funèbre que Thomas Bartholiit.
prononça â Copenhague à la mort de notre Médecin.
En 16 10, fVurmius étoit à Paris, & ce fut-ià qu'il prit la réfoîution de parcourir
la Hollande & l'Angleterre avant que de retourner dans fon pays. Comme il fa-
voit voyager, il le conduifit par-tout, non feulement en homme cu'ieux qui paffe
d une ville à une autre pour y voir les chofes les plus remarquables , mais en
amateur des Sciences» dont l'objet principal eft de recueillir les fecrets de la Na-
ture & de s'enrichir des découvertes des Savans. En 161 1 , il arriva à Marpurg
dans le deflein d'y faire un cours de Chymie. La pefte lui fit abandonner les
Ecoles de cette Univerfité ; il le rendit à Calfel où il travailla dans le laboratoire
du Prince. Vers la fin de la même année , il retourna à Bâle pour y recevoir les
honneurs du Doétorat ; peu de tems après , il fit un fécond voyage en Angleter-
re, & ne revint dans fa patrie qu'au mois de Juillet 1613.
En arrivant à Copenhague , on lui prélénta la Chaire de la Langue Grecque &
enfuite celle de Phylique^ mais c'étoit peu pour un homme qui paflbit déjà pour
' un Savant du premier ordre. Comme il ne put être placé aulfi avantageufement
qu'il le méritoit, on attendit une occafion plus favorable; elle le préi'enta en 1629»
La mort de Gafpar Barthoiin le fit monter alors A une Chaire de Médecine , dans '
laquelle il ne le diftingua pas moins que fon prédécefleur. Peu de tems après ,
Wormius devint Chanoine de Lunden & Médecin du Roi Chriftiern IV. Mais ce
ne fut point uniquement à fa patrie qu'il dut les récompenfes dont on le gratifia ;
ic Cardinal Mazarin lui fit paffér de magnifiques préiens au nom du Roi , fon Maî-
tre, qui pendant un long règne n'encouragea pas moins les takns de fei fujets par
les faveurs, qu'il n'excita l'émulation des étrangers par fes libéralités.
Notre Médecin mourut le 31 Août 1654., occupant alors !a charge de Ref^eur
de rUniverfité de Copenhague. Il laifia un grand nombre d'enfans qui fe diftin-
guerent en Dannemar».k & parvinrent aux premières places. L'Hiftoire de fon pays
& la Médecine font les fujets des Ouvrages qu'il a compofés. Voici les titres des^
plu» intérefians :
SeUSa Controvirfiarum Medîcarum Centurla. Bafilea^ 1611 , iV4>
Quajlionum mlCcdlanearum Decas, Hjfni^e^ 162a, in- 4.
Liber de muado , Comment arius in ^rijîotelem. Rojlochii , 1625 , in-8i
Fajli Dunici. Ibidem , 1626, 1651 , in-folio.
Danica Literatura antiquljfima , vu/gô Gotkica d'i&a, ^cudil Pîjfertatîo de prlfca
Banorum Pvc/i, Ha/nins, 1636, /(1-4, 1651 , in-folio.
w o n
5^'
JaftUutionum Medicarum epUome. Ibidem , 1640 > /n-4.
Monumentorum Danicorum Libri fex. Rojlocbu , 1643 , in-Jblio:
Duplex ferles antiqua Rcgum Dania, & Um'uum inter Daniam 6? Sutciam. defcriptlo,
Hafnite , 1643, in-foUo.
Lexicon Runicum & appendix ad monumenta Danica. Roftochil , 1650 , in folio.
Hiftoria anlmalis quod in Norvcgia quandoque è nublbus decidit & jata & gramina
depafcitur. Hafnia , 1653, 01-4. Linmeus a éclairci cette hjftoire dans les Ades de
Stockholm & les Tranladions Philofophiques.
Dijfenatlo de renum officia in re Medicâ & Fenereâ. Ibidem , i6fO , //1-8 , avec la
Diflèrtation de I^homas Barthol'ui qui eft intitulée : De ufu flagrorum in re Medicà &
Venereâ.
Epljlola. Hafni£y 1751, deux volumes t'n 8.
JFormiui laiffa un Manufcrit fort curieux, qui contient l'Hiftoire des chofes natu-
relles & artificielles, dont il avoit rempli fon Cabinet , un des plus riches du Nord.
Guillaume^ fon iils, le fit imprimera Leyde chez EIzévir, 1655, in-folio, fous ce
titre :
Mufaum îformîanum , feu ^ Blfloria rerum rarlorum tàm naturdium quàm artificialium ,
tàm domejlicarum quàm exoticarum , qua Hafnite Danorum in esdibus ^uthuris fervantur , va-
riis & accuratis iconibus illujirata. C et Ouvrage ne préfente point un fimple catalogue des
raretés que fiK,rmius avoit recueillies ; il contient une defcription exaite des pierres ,
des terres, des plantes exotiques, des animaux du Kord , avec les figures du cé-
lèbre graveur De Laet, qui ne font point un des moindres ornemens de ce Livre.
George Seger avoit déjà donné un abrégé de cette précieule coUeftion. L'édition
eft de Copenhague, 1653 , «2-4.
WORMIUS, ( Guillaume ) fils aine du précédent, naquit à Copenhague le n
Septembre 1633. Après le cours ordinaire des premières études, il s'appliqua à la
rMédecine fous la direétion de fon père & de Thomas BarthoUn, En 1^52, il fit le
voyage d'Angleterre à la fuite des Ambafi'adeurs de Dannemarck. Delà il paffa dans
les Pay?-Bas qu'il parcourut , ainfique l'Allemagne , la France & l'Italie , & l'e lia par-
tout avec les Savaos qu'il eut occafion de confulter 11 s'attacha plus particulière-
ment à ceux de l'Univerfité de Padoue , & ce fut dans les Ecoks de la Faculté
de Médecme de cette vilie qu'il prit le bonnet de Docteur en 1657. Pour s'initier
même dans la pratique de fon Art, il fuivit , pendant deux ans , le célèbre Pierre de
Cdjtro; & lorfque celui-ci fut appelle à \1antoue , en qualité de premier Médecin,
il l'y luivit , & profita encore de fes lumières durant fix mois, i^ u bout de cp ter-
me , il retourna en France , ôe dans le tem? qu'il méditoit de palTer en Elpaj;ne ,
le Roi de Uannemarck lui fi' connoîne le dcfir qu'il avoit de le revoir dans fes
Etats. ff''<rmius y fut accuei!;! ; &• comme il y exerça la Médecine avec braucoup
de réputation, les talens lui m^M'crent bienrôt pli fteurs charges autan"^ bonr<rables
^ue lucratives. 11 devint Profelftur de Phylique expérimentale, Hil*oro?raphe
& Bibliuihecaire Royal, Préûdent du Tribunal fuprêmc de Juftice , & Conleiller
d'Etat & de Conf'rences.
On vient de voir qje c'eft à ce Médecin qu'on doit rédit'on du Cabinet de CQ»
riofité? de fon père; mais on lui doit encore deux Lettres De vajîs lymphaticis & re^
.i;no W O T
ceptaculô ia Iiomînc , qu^W & écrites de Leyde à Thomas Bartholin en \6i;^ & i5î;4,
& qu'on trouve dans la ieconde centurie des Lettres Médicinales de cet Au-
teur.
Wormiui mourut en 1704, à l'âge de 71 ans. Deux de fes fils fe font beaucoup
diftingués en Dannecr.arc. Oluus , qui étoit l'ainé , fut Profefièur d'Eloquence ,
d'Hiftoire & de Médecine dans l'Univerfité de la Capitale. Il mourut le a8 Avril
1708 , dan,-, la quarante-unième année de fon âge , & laifla deux Diflertations , l'une
De CloJJoparis , l'autre I>e vuihus medicamentorum fpecificis ^ & quelques autres .Ou-
vrages de Phjfiquc &i de Littérature. Chrijliern^ le cadet, fut Dodleur & Profef-
ièur en Théologie , & parvint à i'Evêché de Sélande , d'où il pafla à celui de
Copenhague.
WOTTON , ( Edouard ^ Médecin natif d'Oxford, pafla vers Tan 1520 en Ita-
lie , où il reçut les honneurs du Doélorat dans les Ecoles de Padoue. Peu de
tems après fon retour dans fa viiie natale , on le nomma à la Chaire de la Lan-
gue Grecque, & en ^525, on l'aggrégea à la Faculté de Mtdecine. Son rricrite
l'éleva enluite à l'emploi de Médecin ordinaire du Roi Henri VIll, & bientôt après
fa nominat'on à ceife charge , le Collège de Londres 'e mit au nombre de fes
Membres. Wotvia mourut dans la Capitale le 5 0(itùbre 1555 , à l'âge de 63 ans ,
& fut enterré à Saint Aubin,
Son Ouvrage intitulé .- De différentus anîmalium Libri decem , fut imprimé à Paris
en 1552 , in-folio. Comme il eft rempli d'audition , il lui acquit l'eftime des Savans
delonfiecle. Pojfevln dit que cet Auteur a fi bien réufli à recueillir tout ce que les
Anciens ont écrit fur cette matière , & qu'il les a concilié* les uns avec les autres
avec tant de jufteflè , qu'il femble que tout ce qui ett rnpportc dans fon Livre foit
l'ouvrage d'un ieul homme, Wottnn ne s'eft point borné à traiter fervilement fon fu-
jet i il a fait diverfes correclions judicieules & d'excellentes remarques fur ce qui
avoir été publié avant lui.
Henri Wutton , fon hls , Procureur de l'Univerfité d'Oxford en 1556, enfuite Lec-
teur de la Langue Grecque , fut reçu Bachelier en Médeciae aans les Ecoles de
la même ville en 1562 , & Doéteur le ta Juillet 1567 11 le Ht prelv^ue autant de
réputation dans la pratique , que fon père s'en étoit faite par les Ecrits.
11 ne faut pas confondre ce dernier avec un autre Hearl l-Fouon qui étoit de
Bockton-Hall dans le Comté de Kent, où il naquit en 1568. Celui-ci montra de
bonne heure un goût décidé pour rAnutùmie , & il alla s'y perfcdionner en
France, en Italie & en Allemagne. Revenu en Angleterre après neuf ans d'ab-
fence , il auroii pu s'y diftinguer par les connoiliances qu'il avoit recueillies dan.>-fes
voyages ; mais il ne paroît pas qu'il fe (bit fait une affaire de fe pouflér dans la Mé-
decine. Il devint Secrétaire de Robert, Comte d'Efléx , qui fut déclaré coupable
de haute trahiion. La crainte d'être impliqué dans cette procédure , l'obligea à quit-
ter la patrie; il fe réfugia à Florence, où il lé fit tellement eftimer du Grand Duc
que ce Prince ]*envoya fecretement en EcoUb vers Jacques VI , avec des lettres
qui contenoient le détail de la confpiration que les ennemis de ce Roi tramoient
contre fa vie. Jacques fentit toute l'importance de ce fervice , & s'en reifouvint
W U R 599
îorfqu'il fut parvenu à la Couronne d'Ao^'eterre en 1605. ï] créa Tf^nton Chevalier,
& mit en lui tant de confiance , qu'il le chargea d'affaires importantes en différentes
Cours. Ce Prince le nomma encore Frévôt d'Katon en 1623. C'eft un bourg fur la
Tamife dans la Province de Buckmgham , qui elt fameux par fon Collège où l'on
élevé gratis 70 écoliers qu'on envoie delà à Cambridge. IVottoii mourut dans ce bourg
en 163g , & laiffa plufieurs Ouvrages qu'on n'eliime guère , fi l'on excepte celui
qui traite de l'état de la Chrétienté.
AV Ul^FFB AIN , (. Jean-Paul J) Dire^eur de l'Académie des Curieux de la Nature ,
fous le nom d'Hermès 11, éroit de Nuremberg , où il vint au monde le 13 Décem-
bre 1655. Ce fut à Altorf qu'il étudia la IVjédecine , & après y avoir été admis à
la Licence en i6f b , il voyagea en Hollande , dans les Pays-Bas & en Angleterre.
Les Cabinets des rarttés de la Nature & de l'Art, les Ecoles les plus célèbres, les
Amphithéâtres, les Jardins publics, les perfonnes qui étoient en réputation de
fcience, furent tour-à-tour les objets qui l'arréterem davantage; & il en tira une
infinité de connoiifances utiles. A Ion retour en Allemagne , il prit le bonnet de
Docteur à Altorf, palfa entuite à Nuremberg, & s'y fit recevoir dans le Collège
des Médecins en 1679. Il mourut dans cette ville le 17 Janvier 171 1. On a de
lui un Traité en Allemand, qu'il publia en 1686, in-^ , avec figures ; il contient
toute» les fingularités que Jean-Sijiifmond ^ ion père, avoir obiervées aux Indes
Orientales pendant un féjour de quatorze ans.. On a encore de lui les pièces
fuivantes :
E^ijtola ad Amicum , quà nonnulla in D. Joannls H'iskie Cardilucii Germanicô Idio-
mate nUper demàm eJUd Tra3.atu de pejle contenta , ad examen revocantur. 1679.
Salam:nd'iiiJia , hoc efl , Defcriptio Hiflorico Phllologico-Philoftphico-MedlcaSalaman-
dra. Kurlmbergte , 16^4 , «■4, avec figures.
WUR.TZ, C Félix ) de Bâ!e, exerça la Chirurgie à Zurich dans le XVI ficelé,
& fut un des amis particuliers de Conrad Gefner qui fit beaucoup de cas de lés
talens. Cet habile Médecin , fenfible aux maux que U-'urt^ louftroit , lui confeii'a
de fe faire pratiquer l'Artériotomie , opération qu'où avoit abandonnée depuis
long-ttms , & il eut le plaifir d'en voir le fuccès. Les Hiftoriens ne donnent point
la date de la mort de ce Chirurgien , mais les Bibliographes conviennent unani-
mement qu'il laiiia un Manufcrit qui fut plufieurs fois imprimé, fous le titre de
pra^-ca der Wundaryiey. Quoique Fabrice de Hildan eût cenfuré cet Ouvrage ,
Boerhaàve n'tn a pas fait moins d'eflime ; il a rendu à Ion Auteur toute la juf-
tice que méritent les talens d'un homme expérimenté. Le Traité de ff^urtc^ con-
tient trois Livres fur les plaies , un fur les médicamens , & un autre fur les ma-
ladies des enfans. Notre Chirurgien fc récrie hautement contre leslutures, le tam-
poonement & l'abus des tentes; il condamne encore la pratique des Maîtres de
fon tems , qui , trop curieux de l'avoir ce qui (é pafle dans le fond des plaies ,
y portoient fréquemment la fonde.
C'ell Rodolphe , frère de Félix ^ qui s'eft chargé de l'édition de cet Ouvrage ;
la première a paru à Bâlc en 1576 , in-S. Le grand nombre qu'on en a donné-
depuis cette année , prouve afiéz le cas qu'on a fait de ce Livre de pratique-..
^00
W Y B
J\ fut imprimé à Bàle en 1596» en i6ia , en 1616 , /««S. Dans la même ville
en 167^, in 8, avec un Traité des accojchemens orné de figures, par H. Schaeu,
Encore à Haie en 1687, '>- 8. Breflau , 165 1 , in-8- Wolfenbuttel , 1624, in-8.
Stettin , 1649, 165g, même format. François Sauvin. a mis cet Ouvrage en Fran«
çois & l'a publié à Paris en 167a, in- 11.
/i'urti eft auteur d'un onguent connu dans les Pharmacopées fous le nom
.^''U'igumtam fufcum ; il s'en fervoit , avec fuccès , dans le îraicement des ulcères
anciens Ûi baveux.
WYBERD C Jean ^naquit vers Tan 1614 dans une famille noble du Comté
d'F.iicX. 11 étudia la Médecine i Oxford , & ne quitta cette ville que pour fe
rendre dans les pays étrangers , où il f^journa pendant deux ans. Comme il éroit
Télblu de fe faire recevoir Uodeur , il s'arrêta a Franequer , & il y orit le bon-
net en 1644. Peu de tems après , il revint dans fa patrie , mais il tarda jufqu'en
i6(;4ife faire aggréger à la Faculté d'Oxford; ce ne fut même encore qu'au bout
de plufieurs années , qu'il devint Mtmbre du CoHetre kcyul de Londres. Il
-fit la Médecine dans cette ville avec aflez de réputaiion , & il y publia queî-
-ques Ouvrage» en fa Langue maternelle.
X
X Ê N «îi»
X.
ÉNOCIIATE, Médecin du premier fiecle , vécut fous l'Empire de Néron.
Mous apprenons de Galîen qu'il étoit d'Aphrodifias en Cilicie , & qu'ayant écrit
fur la Matière Médicale , il n'avoit rempli fes Ouvrages que de remèdes, la plu-
part impraticables. Il s'étoit encore attaché à publier des recettes , dont les unes
paflbient pour être nuifibles , & les autres font fuperftitieufes. Parmi les dernières ,
il vantoit beaucoup les philtres de fa compolition , c'eft-à-dire , les médicamens à
qui il attribuoit la propriété de donner de l'amour, de la haine, des fonges , &c.
Ce n'eft pas qu'il n'ait mêlé quelques bons remèdes parmi tant de mauvais; on y
trouve la defcription d'une ïhériaque de fa façon & plufieurs autres compofmons
utiles.
Il eft palTé jufqu'à nous un Livre qui porte le nom de Xénacrate '& ^qui traite
de la nourriture tirée des animaux aquatiques, C'eft mal à- propos qu'on l'a attribué
à Xéaocrate de Chalcédoine , qui fut auditeur de Platon ; car on ne concoît aujour-
d'hui aucun des Ecrits de ce dernier. On loupçonne que le Livre , dont il eft
queftion , pourroit bien être d'un Xéiiocrate Ephéfien , fils de Zenon . qui vécut pro-
bablement dans le premier fiecle. Cet Ouvrage fut d'abord imprimé en Grec , mais
il a paru en Latin à Zurich en 1559, in-8 , de la traduaion de Jean-Baptlfte Ra.
fario , avec les notes de Conrad Gejner , & le Traité de Jean Dubraw qui eft inti-
tulé : De pifcinis & pifcium naiuris Libri qulnque. Il y a un Manufcrit beaucoup plus
ample de l'Ouvrage de Xénocrate dans les Bibliothèques du Louvre & du Vatican,
*ù il eft joint à un autre Ecrit du même Auteur fur les pierreries ou les pierres.
XÉNOPHON , Médecin de l'Empereur Claude, étoit de Mlle de Cos & fe
difoit de la race des .^fctepiaJes. Il fut tellement en faveur à la Cour de ce Prin-
ce , qu'après un Dilcours prononcé en plein Sénat par l'Empereur en 1 honneur
i'Efculape & de fes delcendans les plus célèbres , il y fut dit que le lavoir & la
naiflance de Xénophoa mcritoient que les babitans de Cos fulTent déclarés exempts
de tous impôts en fa cunlidération ; & cette grâce leur fut accordée. Ce Médecin
oublia ce bienfait , 6? par la plus noire des ingratitudes , i! fe laifîa gagner par
Agrippine , femme de Claude , & hâta la mort de cet Empereur, en lui n^ettant
dans legolier une plume enduite d'un poifoa très- prompt , fous prétexte de le taire
vomir. C'eft ainfi que l'impudique Agrippine, après avoir fait commettre des meur-
tres fans nombre à Ion imbecille & ridicule mari , mit le comble à fes cruautés, en
le frifant mourir lui-même par les mains de Xeno;;/m , pour donner la couronne im-
périale à Néron , fon ti.s du premier lit , qu'elle avoit eu de Cn. Domitius
iEnobardus. • t jt
11 ne faut pas confondre ce Médecin avec un autre du môme nom, qui tut dit-
ciple d'EraJîfirate. Le dernier vécut dans le trente -huitième iiecle du inonde, &
le premier vers l'an 60 de l'cre chrétienne.
TOME if^' Gués
6w X I M X Y N
XIMENES DECAliMONA, CFrançois^ Médecin du XVII fiecle , étoit de
Cordoue. il reçut les honneurs du Dodtorat à Salamanque , & il y enleigna l'A-
natomie avec alltz de réputation. Il pafla entuite à Mexico dans la Nouvelle Ef-
pagne , & à l'on retour en Europe , il alla fe fixer à Sèville , où il fit fa profeflioa
juiqu'à la fin de ta vie. On a de lui des remarques fur le mot de Pline: Per fw
picniiam mori , & les Traités fuivans :
Quairo L.bros de la naturak^^a de las plantas y animales que ejîan recebidos en d ufb
de la Medtcina en la nueva Efpana. Mexico , 1615. Le Chevalier Stoanne en parle
dans fon Hiftoire de la Jamaïque &c. , imprimée en Anglois à Londres en 1707,
in-folio.
Tratado de la grande excelencia de la Aqua y de fus maravillas , vlnudes y calidades ^.
y eleccion f y del buen ufo de enfricar con nieve. Séville , 1616, in-^.
XIMENES SAVAR.IEGO ( Jean^ fleuriflbitaucommencement du XVII fiecle,
li fut prtmier Médecin des Galères Efpagnoles , ainli que de l'Amiral Dom Mar-
tin PaliUa. On a quelques Ouvrages de fa façon, qui Ibnt écrits en fa Langue
mafernelle , comme un Traité des maladies des enfans , un autre de la petite vé-
role , & un troifieme de la pefte. Celui-ci fut imprimé à Antequtra en 1602, in-4j,
ious ce titre : Tratado ae pejle , fus caufas , prefervacion y cura.
XIMENES C Jérôme ) étoit d'Epila , dans le Comté d'Aranda au Royau-
me d'Aragon, où il naquit dans le XVI fiecle. Il fit la Médecine à Saragofle & don-^
na quelques Ouvrages au public. Tels font :
Qjjecjliones Mcdicte. Epila , in-folio.
Inftitutlunun Mcdicarum Libri quatuor. Ibidem , 1578, 1596, m-4. Toletl , 1583 j
in-folio.
XIMENES, f Pierre ) Doéteur en Médecine dans le XVT fiecle, a voit étudié
à Paris, ik eufuite à Louvain fous Jérôme Drivere, avant que de prendre le bonnet
à Valence en Efpagne , où il enleigna avec beaucoup de ré pi taf ion. Comme il avoit
encore fuivi André f^éfale à Pavie, il le mit fi bien au f;it de l'Anatomie fous cet
hal.ile ProfelFcur , qu'il fe trouva en état de publier quelques Dialogues en Efpagûol
feir cette Science.
XYN-NUM. Voyez CININGO.
V V É Go-î
V7
Y<
Y.
VES ( Charles SAINT ) naquit le lo Novembre 1667 à La Viotte , près de
Rocroy. Sa famille étoit attachée à quelques parties du domaine de Mademoifelle
de Guile dans ce quartier , & cette Princefiè , qui a voit des bontés pour elle,
voulut ben fe charger de Charles & de fon frère aine. Ils paflèrent tous deux à
Paris , où Mademoifelle de Guife eut foin de leur éducation ; elle les prit même
dans la fuite comme pages.
A l'â^^e de iSou ig ans. Saint fves voulut fe retirer du monde , & il choifit la MaL
fon de Saint Lazare. Il y fut reflU le 9 Oftobre i6b6, & après avoit fait fon no-
viciat , on l'admit à la prot'eflion. Au bout de quelque tems , on jetta les yeux
fur lui pour être employé à l'Apothicairerie ; mais comme il avoit eu auparavant
du goût & des ditpofitions pour la Médecine & la Chirurgie , il s'y appliqua en
môme tcms qu'il travailioit à la préparation des drogues. En peu d'années, il fit
de grands progrès dans ces trois parties; en forte que non feulement il gouvernoit
tous les malades de la Maifon de Saint Lazare, mais qu'il étoit encore confulté
par les perionnes du dehors. C'eft ainfi que pendant douze ou quinze ans de pra-
tique , il eut occalion de voir & de traiter beaucoup de maladies des yeux.
Comme ces maladies font la plupart du refiibrt de la Chirurgie & qu'elles en
font une branche eflentielle , il s'y livra d'autant plus particulièrement , qu'il fentit
tout le befoin d'avoir en France des hommes qui en fiffent leur unique occupation.
En effet , cette partie de l'Art étoit alors aflèz négligée. I! fe fit donc une affaire de
l'éclairer par fes recherches, & il y réuflit fi bien, que les guérifons furprenantes
qu'il procura , lui attirèrent une affluence confidérable de malades de la ville &
de toutes les Provinces du Royaume. Son nom & fa réputation palTerent même dans
les pays étrangers. Aux lumière» de l'^fprit , à l'adreflè de la main , Saint 9ves
joignit les qualités du cœur qui ennobliflent les talens utiles à l'humanité fouF-
frante. Bon & charitable , il quittoit tout, même fes repas, quand on lui difoit
que c'étoit des gens de la campagne qui venoient le confulter & qui dévoient
retourner le même jour. Il leur fourniUbit, ainli qu'aux pauvres de la ville, les
ordonnances & fes remèdes gratis ; & fi leurs maladies exigeoient des opérations ,
il les failbit demeurer à Paris , follicitoit des aumônes pour leur iubfiRance , &
le plus fouvent il y fourniffoit de fa bourfe.
En 171 1, il alla s'établir, avec fon frère, à la Ville-neuve, faux- bourg de
Paris; & comme il étoit forti de Saint Lazare fans avoir rien épars^né de fon tra-
vail , il fut obligé d'acheter à crédit les meubles qui lui étoient néceffaires. Il con-
tinua depuis à confacrer fes talens à l'avantage du public, mais avec la même
charité & le même défintérelTement : tout Pans lui a rendu juft^ice à cet égard. Il
étoit furchargé d'occupations, lorlqu'en 1715 il choifit un jeune Garçon-Chirurgien,
nommé Léoffroy , qu'il mit en état de remplir avec lui les vues de charité , dont
tl étoit animé. Saint 2ves n'avoit qu'uo neveu, Nicolas-Jean Palmier, qui avoit
604, Y V" r
travaillé fous lui ï Saint Lazare au traitement des maladies des yeux; maïs ce-
neveu ayant eu le malheur de déplaire à une fille nommée Mann, qe fou
oncle avoit prife chez lui d'abord en qualité de cuifiniere & enluite en celle d'é-
conome de l'on ménage , il ne tarda pas à perdre les bonnes grâces de l'oncle
même. L'empire de cette fille fjr l'ei'prit de Sdint Ti>cs tenoit de l'enchantement»
elle étoit une de ces fervantes maîtrefles & officieules, qui le font un art de
faire valoir aux y«ux des vieux garçons l'importance de leurs fervices. Mais
Manon ne fe borna pas à fubjuguer TeCprit de l'oncle, elle voulut gagner le cœur
de Palmier. La qualité d'héritier préfomptif fit que celui-ci lui plut , & pour ne
point manquer la fucceffion de l'oncle , elle voulut devenir la femme du neveu.
Comme Palmier ne goûta pas la propofition , il fut chalTé de la maifon. Léoffroy
prit la place, ôz réuflit fi bien à gagner les bonnes grâces de Manon ^ qu'il par*^
vint à 1 époufer. *
La qualité de mari de cette fille fit valoir aux yeux de Saint Tves les heureufes
difpofitions de foo élevé ; le Maître redoubla de foins & d'attentions pour l'inf-
truire & le rendre capable de figurer un jour avantageufement dans l'Art qu'il
exerçoit. II fit plus , il l'adopta & lui donna fon nom , fous les motifs ex-
pofés au Roi de l'utilité que le public en retireroit. Un tel objet a déterminé
Sa Majellé à lui accorder des Lettres patentes qui furent enrégiftrées au Parle-
ment , pour avoir leur effet après la mort de Saint Tves.
Dans le même tems qu'il procuroit à Léoffroy les Lettres , dont on vient d«
parler , il publia un Traité des maladies des yeux & de leurs remèdes. Les éditions
lont de Paris, 1722, in-12, d'Arafterdam, 1736, m-8, de Paris, fous le nom
d'Amfterdam , 1767, jn-12, avec quelques augmentarions par M. Cantwel, Cet
Ouvrage a paru en Anglois par Stokton, Londres, 1741 , j/i-8 , & en Allemand
à Berlin , i;'44 , même format. On a aufîî une Réponfe de Saint Tves à la critique
de fon Traité; elle eft adrelfée à Mauchard & elle fut imprimée à Paris en
1723 , J/I-12.
Notre Oculifté continua de travailler jufqu'en 1732, mais comme de fréquens
accès de goutte & de colique néphrétique l'empêchoient fouvent de vaquer à fes
occupations , il fe faifoit aider par ion élevé. Ce fut en cette année 1732 , qu'à la
fuite d'une violente attaque de goutte , il fe fit un transport d'humeur arthritique
lur les reins, qui lui caufa une fuppreffion d'urine, dont il ne fut foulage qu'au
quinzième jour, après avoir été à toute extrémité. 11 s'étoit alftz bien rétabli de
cette maladie; mais l'année luivante il en fut tourmenté avec plus de violence,
& malgré les remèdes les mieux indiqués qui l'avoient guéri la première fois , il
mourut le dix-feptieme jour de cette féconde attaque, le 3 Octobre 1733. Il avoit
fait fon telîameot, & avoit demandé d^être enterré à Saint Lazare ; car il continua
d'aimer cette iVlailon jufqu'à la fin. Son neveu, l^icolas'Jean Palmier , fut déshé-
Tité. Etienne Léojfroy & fa femme furent mllitués les légataires univerlels, &'jou^
lent aiuli de tout Ion bien.
YVES ( Elieiane Saint _) le jeune , nommé Léoffroy avant fon changement de
nom, naquit à Pagny-fur-Meule, à deux lieue? ue Toui , &? il y fut baptifé 1«
i^ A VI il 1693. A l'âge de 15 o^ 16 ans, il aiiu à Vmi^ dans le deflèin d'y ap».
Y V E
605^
prendre la Chirurgie. Saint 9^ves en jugea en habile phyfionomifte , & fut tellement
charmé de fes belles difpofitions , qu'il le prit à fon fervice & s'appliqua à lui
montrer les fecrets de Ion Art. 11 lui fit enfuite époufer fa gouvernante lui ob-
tint du Roi des Lettres patentes pour porter ion nom après fa mort , & le dé-
clara lui & fa femme héritier de tout fon bien, qui montoit à plus de 500000
livres.
Le procès que Saint 9^'es le jeune foutint au fujet de fon adoption , fe trouve
dans le cinquième Tome des Caufes célèbres. L'aft'aire fut pJaidée au Parlement
où le légataire gagna fon procès par Arrêt du 7 Mai 1736. Fier de ce triomphe *
il intenta lui-même un procès à Palmier , fur ce que celui-ci prenoit la qualité de
neveu & d'élevé de Charles Saint ives, fon oncle. 11 fut moins heureux dans cette
féconde affaire , que dans celle qui lui affura la riche fucceffion dont Pa/m/er avoit
été fruflré. Maître de Gennes , célèbre Avocat au Parlement de Paris a iolide-
ment réfuté une prétention auJIî ridicule que mal fondée , dans un Mémoire qui a
été donné au public dans les Caufes amujantes & connues.
La réputation de Saint 2\>es le jeune a égalé, fi point furpafig celle de fon Maî-
tre. Comme il avoir fait un grand nombre de cures importantes dans Paris & dans
les Provinces, il paffa bientôt pour le plus habile OculiPe du Royaume- la célé-
brité de ion nom ne tarda même point à fe répandre dans les principales Cours dé-
î'Europe. ^
^6 Z A B Z A C
Z.
ABAllELLA (" Jacques J étoit de Padoue. George Matthias qui l'appelle le
jeune, dit qu'il obtint, en i6if, la place de troifieme profeffëur extraordinaire de
Médecine pratique dans les Ecoles de ia ville natale , & en i6iB,le même rang
dans la Chaire de Théorie. Manget & L'penius lui attribuent les Ouvrages fuivans :
De rébus naturalibus Tracfatus. Colonite , '595» '"A-
De. docirinie ordine Apologia. Patav'ù^ lf)o6, in-fulio.
: Les Hifloriens parlent i1e quelques autres ZabarcUa plus anciens que celui que
je viens de citer. Tels l'ont le Cardinal François Zabarelia & Barthélémi , fon
neveu, qui proteflà le Droit Canon à Padoue, fut enluite Archevêque de Floren-
ce & référendaire de l'Eglife fous le Pape Eugène IV. Mats ils n'appartiennent
point au fujet que je traite. Aiatihlas a fans doute eu en vue Jacques Zabarelia qui
raquit à Padoue en 1533 & mourut dans la même ville en 15^9, après avoir paffé
une partie de fa vie à y enfeigner la Phiiofophie ; c'eft à ce dernier qu'il compare
ÏAutTS Jacques Zabarelia , lorfqu'il l'appelle le jeune. Il ne refte plus maintenant
qu'un doute; c'eft de favoir auquel des àcnii Jacques Zabarelia il faut attribuer les
Ouvrages dont j'ai donné les titres. Ils femblent être de la façon de l'ancien, qui
<5ft encore Auteur d'un Commentaire fur ^rijlote.
ZACCHIAS , C Paul ) Proto-Médecin de l'Etat de rEglifc , & Médecin du
Pape Innocent X, étoit de Rome, où il fe rendit célèbre dans fa profeflîon. La
vivacité de fon efprit & fon goût pour le travail ne lui permirent pas de s'arrêter
à un feul objet; il embrufla prefque toutes les isciences & les Vîcaux Arts, & fe
diftingua en particulier dans la Littérature , la Poéfie , la Peinture & la Mufique.
11 mourut dans fa patrie en 1659 , à lâge de 75 ans , & fut enterré dan» TEglife
de Sainte Marie in F'aUicella. Ce Médecin a beaucoup écrit, mais tous fes Ou-
vrages n'ont point vu le jour ; car la plupart font demeurés en mains de fes
héritiers, tels qu'ils les avoient trouvés à l'ouverture de fa fuccellion. Parmi le
nombre de ceux qui ont été rendus publics, foit du vivant de l'Auteur , foit après
fa mort, on remarque un Traité Italien fur ia vie Quadragéiimale , qui parut à
Rome en 1637, in-8; trois Livres, dans la même Langue, iur les maladies hypo-
chondriaques , imprimés à Rome en 1639, 1641 , 1651 , in-4, à Venife en 1665 , /n-^.
La traduction Latine de ce dernier Ouvrage a été publiée à Ausbourg en 1671 ,
s/i-8. On a encore de la façon de Zaccliias un Traité De quiète jervandâ in curandis
morbis^ un autre De fubitls & infperatis moriis eventibus. Mais celui qui a fait le
plus de bruit, eft divilé en fept Livres qui ont paru fuccefiivement à Rome,in-4,
le premier en 1621 & le dcrn'er en 1635, Ibus ce titre:
Quajîiones Msdico - Légales , in quibus omnes ets materie Medica , que ad Légales Fa*
cultates videntur pertinere , proponuniur ^ pertraclantur , refolvuntur. On a différentes
autres éditions de cet Ouvrage. Lipfîte , 1630 , j/i-8. Les iept Livres enlemble :
^mjlelodami , 1651 j in-folio, ^venions, pan prima , 1660, in-foll')} pars pofterior ^ Lug'
Z A C 60?
iatiî , ifi6i , In-follo. Francofurtï , 1666 , in-folio , en neuf Livres par les Toins de
Jean. Daniel Horftius. Lu^duni , 1674, 1701 ,1726, in-folio. Francofuni ., 16H8 , in-folio,
avec la Préface de George Francus. Korimberg^ , 1726, in-folio. Fenctiis ^ 1737 ,
in-folio. Les éditions de Francfort font les moins eftimées. Celle de Nuremberg fe-
roit plus recherchée , fi l'on n'étoit point adbjetti à partager fon attention entre le
texte de Zacchias & les additions qu'on a voulu diftinguer de ce texte, en les ré-
parant par des crochets. L'Ouvrage de notre Auteur n'en vaudroit que mieux, s'il
n'étoit pas fi diflus. On y trouve beaucoup d'érudition, de jugement, de lolidité ,
& il eft autant nécellaire aux Théologiens qui s'appliquent à l'étude des cas de
confcience, qu'aux Médecins pour leurs rapports en juflice. Le troifieme Tome ren-
ferme plufieurs confulrations & réponfes touchant la Jurifprudence JVlédicinale , &
LXXX.V Uéci lions de la K.ote , que Lan franc Zaccliias^ neveu de Paul, a pris
foin de recueillir.
ZACHARIAS ou ZACHALIAS, Babylonien , vécut dans le XXXIX fiecle
du monde, du tems de IVlithridate VI à qui il dédia un Ouvrage de fa compo-
fition. C'ett un Livre qui traite des pierres précieufes & de quelques autres plus
communes; comme de ia pierre Hématite , dont l'Auteur vante les propriétés, fur-
tout pour les maladies des yeux, il y a apparence que Zacharlas étoit de la Re-
ligion Judaïque.
ZACHARIE le Taiphurien , Médecin Arabe, fut confidéré dans le IX fiecle
de falut , lous le règne des Califes Almamon & Almotaleme. Il s'attacha à Aphf-
chin Chaidar, Gouverneur de quelques provinces de l'Arabie, & il l'accompagna ,
en 835 , dans la guerre contre le rebelle Babcck. On rapporte un trait qui prouve
bien i'ancienn'îîé des Quid pro quo chez les Apothicaires. La converlation entre Zu"
charte & le Gouverneur étant un jour tombée fur ceux de cette proléflion , le Mé-
decin avança qu'on ne leur demande jamais rien, qu'ils ne difcnt aulTitôt l'avoir
dans leur boutique, quoique Ibuvent cela fe trouve fiux. Là deiius Aphfchin or-
donna qu'on lui apportât la lifle des habitans d'Ofchrulchna ; ce qui ayant été fait
il choifit une vingtaine de ces noms , les écrivit fur un billet , & envoya chez tous
les Apothicaires demander les médicamens quM y avait fpécifiés. Quelques-uns
avouèrent franchement qu'ils ne connoiflbient point ces drogues ; m^i* il y en eut
d'autres qui prirent l'argent & envoyèrent au hazard quelques remèdes de leur
boutique. Aphlchin fut tellement indigné de la conduite des derniers, qu'il les fit
chafler de ion armée & n'y garda que les premiers. Au refte , Zacharie jouilToit
non feulement de l'eftime de ce Gouverneur , mais i' étoit encore en liailon avec
tous ceux de fon tems , qui faifoicnt le plus de figure dans la Médecine.
ZACUTO ou ZACUTUS dit LUSITANUS, parce qu'il étoit natif de Lif-
bonne , vint au mond'e en 1575 dans une famille noble & ancienne , & fut
élevé dans la Religion Chrétienne. On lui remarqua , dès l'enfance , beaucoup de
pénétration & de génie; c'eftce qui engagea les pprens à le mettre ibus la conduite
d'un précepteur qui cultiva les heureules dilpofitions de fon élevé & lui enfeigna
la Langue Latine & les Belles-Lettres. Se* premiers progrès furent rapides; & de
l'école de ion Maître , il pafl* fuccellivetnwnt uaas celles des Univerlités de Salai»
tuS 2 A C
manque & de Coîmbre , où il étudia la Philofophie & la Médecine. Il s'appliquoît
à cette dernière Science , iorfqu'il perdit fes parens & le vit prefque réduit à l'in-
digence. Ce contre-tcms ne l'arrêta pas dans la carrière qu'il couroit. Comme il
fentit toute la néceflité de faire valoir les talens pour rétablir fa fortune , il pour-
fuivit fes études avec tant d'ardeur, qu'il n'avoit pas encore atteint fa vingtième
année , Iorfqu'il fut reçu Dodeur à Siguenza dans la nouvelle Caftjlle. Empreffé
de profiter des avantages attachés à ce titre , il retourna à Lisbonne & il s'y dif»
tingua dans la pratique de la Médecine pendant l'efpace de trente ans. Il aban-
donna cette ville au bout de ce terme , au fujet de Tédit que Philippe IV fit pu-
blier en 1625. Comme il y étoit défendu aux Juifs & à leurs enfans de demeurer
davantage dans le Portugal, & comme il étoit lui-même né de parens Juifs, l'exer.
eice de la Religion Catholique qu'il avoit profeflee dès la jeunefle la plus ten*
dre , ne fut pas capable de le raflurer contre les frayeurs de l'Inquifition. Dans cet
embarras , il quitta Lisbonne & prit le parti de le retirer en Hollande , où il fe
1k circoncire la même année de fon émigration, & vécut toujours depuis dans la
Religion Judaïque.
Son habileté dans la pratique de la Médecine ne lui fit pas moins d'honneur
en Hollande qu'en Portugal ; il y fut même autant confidéré par les qualités
du cœur que par celles de l'efprit. Sa tendrefle envers les pauvres , qu'il
aiiioit de les libéralités & à qui il ne refuloit jamais les fecours de fon Art ;
fes manières douces & obligeantes ; la régularité de fa conduite ; tout contri'-
bua i lui mériter une ertime générale. Son nom pafia même chez les étrangers ,
& la haute opinion que plufieurs Médecins de Portugal , d'Efpagne , d'Allema-
gne , &c. , eurent de la capacité , lui ménagea une exaéle correfpondance avec
eux , ainfi qu'on le voit par les lettres qui font à la tête des Ecrits que nous
avons de lui.
Zucuto mourut à Amflerdam le 21 Janvier 164a , dans la 67e. année de fon âge.
Les Ouvrages qu'il a lailfés font en alTez grand nombre , & le Recueil en a paru
à Lyon , i64'2 , 1649 , 1657 , 1667 , 1694 , deux volumes in-folio , fous le titre d'O-
pera omnla. Le premier volume contient lix Livres De Mzdicnrumprincipum hijloriâ.,
qui avoient été imprimés à Amfierdam avant l'édition de Lyon. Le premier de
ces Livres fut publié en 1629 & en 1637, f/i-b , le fécond en 1636, le troifieme
en i6';7 , le quatrième , le cinquième & le fixieme en 1638 , tous du même format.
Ce volume eîl plein d'obfervations furies maladies, avec des remarques qu^- l'Au-
teur a tirées de la plupart des Médecins qui Pont devancé. Le fécond Tome ren-
ferme les pièces fuiv«ntes: Praxis hiftoriarum Librl quinque. Introïtus Mcdici ad Praxim.
Pliarmacopœa clegantijjîiua. Praxis Mîdica admiranda. Les cinq Livres intitulés Praxis
hiftoriarum ont été imprimés féparcment à Amfterdam , le premier en 1641 avec
VJntro'itus & la Pharmacopée, le fécond en la même année , & les trois autres en
1642, tous in-8. C'eft un Abrégé des curations qui conviennent à chacune des ma-
ladies, dont Zdcuto a parlé dans le premier volume.
•On a encore ,de la façon de ce Médecin , une Lettre De Calcula adreffée à Be-
vtrwyck, & qui le trouve dans le Traité de celui-ci fur la même matière, édiiioa
dit Lcy.de, 1638, in-12. Mais Zacuto avoit encore travaillé à d'autres Ouvrages
qu'on
1; A M 609
■ .qu'on ne coonoît que par leurs titres, parée qu'ils n'ont point été imprimés. Tels
lont:
De ChirurgoTum principum Hlftorlà.
De regimine Principum,
De juniurum Medicorum erroribus.
De Medlcà doSrinâ fdeSa.
Bippocratis & Galeni ep'uome.
On trouve un grand nombre -de remarques fmguiieres & curieufes dans les Ou-
vrages de Zacuto , & elles roulent autant fur les maladies que fur leurs remèdes.
ÎJ y a auffi beaucoup de favoir & d'érudition dans les commentaires; mais on ne
croit pas tout ce que cet Auteur rapporte & Ton ne voudroit pas s'en renùre le
garant. On le Ibopçonne d'avoir louvent préféré l'ornement à la vérité, dans la
vue d'exciter l'admiration de fes Lefteurs & de le procurer plus de réputation.
Encore même qu'on ferolt aflez indulgent pour décharger cet Ecrivain du reproche
■quVjn lui a fait à ce lujet , encore qu'on lui luppbferoit les intervins les plus droi«
tes, il's'eft toujours expofé à être dupe, parce qu'il Veft trop aveuglément coufié
au récit d'autroi, ians ie vérifier par ("es propres obfervatiocs. Au relte , comme
ii étoit fort attadiéli la pratique des Anciens qu'il avoit pris pour modèles , il fou-
tint vivement la coétrine de Gaiien contre les partifans de l'Eco'e Arabe ; mais
«uffi crédule que ceux ci, il eut le même goût pour les Temedes iecrets, dont il
eima tant à faire parade.
ZAMBECCARI, CJofeph ) favant Médecin de Florence qui fut en grande
•Réputation après le milieu du XVII liecle , employa une partie de fa vie à faire
des expériences fur les animaux. Ses talens le firent fouhaiter à Pife ; il y pafl*
vers l'an 1680 & il y enfeigna l'Anatomie , qu'il a enrichie par fes recherches»
Manget dit que ce Médecin vivoit encore en 1^26. On a de lui une Lettre adref-
fée à François Redij dans laqueUe il rend compte de les expériences fur les vifceres
qu'il avoit enlevés du corps des animaux vivans. Manger & Leckrc n'ont pas man*
îjué d'iniérer cette pièce dans la Bibliothèque Anatomique qu'ils ont fait paroître à
Genève en 16^5 & en 169g , in-folio. On a encore de la façon de Zambeccari:
£rcve Trattato de'' Bagni di Fifa e dl Lucca. Padoue , 1712, i/î-4.
ZAMOLXIS, perfonnage que les Gctcs adorèrent comme leur Dieu, fut,felo«
les uns ,1e Maître, félon les autres , le diiciple de Pytha^ore. A ce compte, il doit
avoir vécu dans le XXXV fiecle du monde; il paU'e cependant pour plus ancien,
& au fentiment d'Hérodote, il tàut le renvoyer à des tcms antérieurs à Pytha^ore.
On a attribué de grandes connoiflbnces, Médicinales à Zamolxis ; m'Ai les ténè-
bres qui couvrent l'hilloire de l'Art de guérir ue permettent pas de vérifier toi.'t ce
qu'on a dit de lui. Il avoit rour principe qu'on ne pouvoir guérir les yt^x Tans
guérir la tête , ni guérir la tête fans guérir tout le refte du corps ; i! ajoutoit même
qu'on ne pouvoir loulager le corps fans s'occuper de l'ame , &i il prétendoit que
les Mé.îev;'ns Grec» , faute d'avoir connu cette gradation , avoient fouveot travail-
lé fans fuccès à la gucritbn des maladies.
Les enchantcmensétoicnt les moyens que Zamolxis eniployoit pour c^uérir l'amco
TO ME ir. Utîhh
'ro
Z A M Z A N
mais, s'il en faut croire Platon, ils ne reffembloient point à ceux à^Efculape^ caP
ils ne coniiitoient qu'en dilcours ou entretiens honnêtes, autant propres à infpirer
la fagtfle, qu'à rappcller le calme & la fécurité dans l'elprit.
ZAMORA,( Antoine J de Salamanque , fut reçu Maître-ès-Arts & Dbfteur ea
Mé lecme dans l'Univerlité de cette ville. Comme il ne manquoit point de talens
pour ia Chaire , on laifit la première occafion de l'y faire monter. Il enfeigna non
feulement la Médecine dans les Ecoles de Salamanque , mais encore les Mathé-
matique* ; & il rempht ce double emploi avec beaucoup de réputation pendant utt-
grand nombre d'années , car U parvint à un âge très-avancé, fan» avoir rien perdu
de l'intégrité des facultés de l'ame. Il poufia fa carrière aflez avant dans le XVIF
fiecle , & laifia plufieurs Ouvrages au public , parmi lefquels on remarque celui
intitulé :
Repetiriones dua fupsr caput primum & tertium Galenl dt dîjferendh fymptomatunu
Salmamica y 1621 , in-^.
Ses deux fils , Jofeph & François, ont enfeigné le Droit ft Salamanque.
ZANARDO CMichel ) naquit en 1570 à Bergame dans l'Etat de Venife, &
mourut en 1642. Il a publié des Diflertations en forme de Ihefes, Les unes ont
été imprimées à Venife en 1619 , /n-4, fous le titre de Difputaciones de univerfo de-
meniari in très partes divLa; les ai' très fous celui de Difputat'mms de univerfo parvo »
mixtô homine ^ ufque in fenium conftrvaadd ^ ont aufli paru à Venife, 1619, i/1-4. Cet
Auteur y traite fa matière en Philofophe Ôi en Médecin; il parle même en Natu-
ralifte , car il s'étend fur les eaux , les poilfons , les métaux , les pierres j les plan-
tes, les ferpens , les quadrupèdes, &c.
ZANGMAISTER. f Jean- Paul ) prit la qnalité de Patrlclus v^uguyZanw , Pa-
tricien d'Ausbourg, lorfqu'il s'infcrivit, en 1573, dans les regiftres de la Faculté
de Médecine de Montpellier, li obtint le Baccalauréat fous Jouben en 1575, & le
I)o(ftorat l'année fuivante.
yijiruc dit que Zm^mii'lierkTo'\t à peine connis , G Jouben n'eût publié quelques-uns
de fes Ouvrages Tous le nom de ce Médecin. C'étoit aflez la coutume de ce Profcfièur,
qui aimoit à eflayer le goût du public fous le voile d'un nom étranger.
ZANNICHELLT, ( Jean- Jérôme J né à Modene en Avril 1662 , fit fes prefc-
roieres études dans ia patrie , & paCa à Venife , dès l'âge de douze ans , pour
s'appliquer à la Pharmacie. Les cont^oifiànces qu'il acquit dans cet Art , le firent
recevoir, en 1684, d^ns le Collège des Apothicaires ; «Si comme il étoir autant la'
borieux qu'intelligent, il établit à Venife un Laboratoire, cù il s'occupa de I9
préparation des remèdes Chymiques les plus accrédités. Ses procédés lui donnèrent
matière à la réflexion. II fit de nouveaux effis, dont il recueillit les rélultats en
Philofophe obfervateur; ^ pour ne point laiffer périr les fruits de fon travail g
il les communiqua au public dans un Livre intitulé :
Promptuarium remedlorum Chymicorum. Fcnetns , I701 , m-8.
Mais les talens de Zannichelll r/étoîent point bornés à la Pharmacie & à la
Chymie. 11 fut un de ces Apothicaires otncieux qui, par l'habitude de voir.W
Z A N -61Ï
■fjfdoBnances âei gens de l'Art & le foin d'en obferver les effets, prêtent volon-
tiers leur miniftere aix malades qui ont recours à eux, avant que de s'adreffer
au Médecin ou au Chirurgien. Apparemment qu'il remplit les fondrions de l'un
6t de l'autre avec fuccès , puifqu'il s'y fit de la réputation , & que François Far-
neie , Duc de Pdrme , lui envoya des Lettres patentes , en ij'02, par lefquelles
il le nommoit Dofteur -en Médecine , en Chymie & en Chirurgie dans toute re-
tendue de Tes Etats.
ZannichelU ne fut cependant point ébloui de ce vaîn titre ; il fut fe rendre juf-
tice , & il fentit combien il lui étoit important de ne point abandonner fes pre-
miers devoirs. En 1710 , il commença à Trxaminer les Foffiles, & l'on peut dire
qu'il ponfli» fort loin fes recherches en ce genre. Sa paflion pour tout ce qui a
rapport à l'Hiftoire Naturelle lui fit entreprendre plulieurs voyage? Hepuis cette
année jufqu'en 1726, & il en recueillit les plus grands fruits. Dès l'an 171 1 &
17x2, il avoit déjà amalTé un tel nombre de coqui'lages, de plantes, de poilTons
pétrifiés, de dents d'animaux, de fragmens de métaux & de mit:éraux, qu'il
îufiit pour orner le frontilpice de fa maiibn le jour de la proceflion de la Fête-
X)ieu. Il en publia le Recueil fous ce titre :
Catalogus plantarum ttrreftrium S marinarum &c,, qulbu: domus ejus ornate erant
■ in ftfto Corporis Chriftl. F'eattîis, 1711, 1712.
Comme il fut confiant dans le goût qu'il avoit pris pour tout ce qui a rapport
à la Matière Médicale &à l'Hiftoire Maturelle, il mit bientôt au jour une Difi'er-
tation curieufe qui eft intitulée:
De Ferro ejufque nivis prxparadone. f^enetiis , ifij » in-8 , 1719, in-j^. Il écrivit
cet Ouvrage , enfuite des recherches qu'il avoit faites pour découvrir la pré-
paration de la Neige de Mars, remède dont un certain Saint Hilaire vantoit Té-
Dergie , mais qu'il avoit décrit fort obfcurément dans un Livre François de fa
compofitioo.
En 17141 il adrefla une Lettre favante à Chrijlino Manlndli^ fous ce titre:
De Myriophillo pelagico, aliâque plantulâ marina anonymâ, F'cnttiis ^ ln-8. Et comme
il continuoit de s'occnper de la recherche des productions que la Nature a répan-
dues fur la furface & dans les entrailles de la terre, il fit imprimer, en 1721 ,
là Lithographia duorum montium 'f-^eroncnjîam , vulgà Monte di Borîcolo 6f di Zopp'ica.
Ce fut pour fatisfaire fa curiofité toujours inipariente, qu'il entreprit, en 1722, le
voyage d'Iftne avec Pierre StefanelU ^ & qu'il en fit deux autre» en 1724, le
premier dans les environs de Feltri dans la Marche Trévifane & le fécond dans
le territoire de Vicence. En 1725 , les Seigneurs de la chambre de ianté le dé-
clarèrent Médecin-Phyficien de tout le pays de la domination de la République
de Venife; & pour rcmp'ir les devoirs attachés à ce titre, Zannichel'i fit en
la même année, un fécond voyage en Iftrie avec Pierre Antoine Michel!, & en
1726 , il retourna dans la Marche Trévifane avec Stefanelli. Le principal objet
de ces voyages étoit l'Hiftoire Naturelle , mais plus particulièrement la Botanique.
En 1727, il publia à Venife un Traité i/j-8, intitulé: De Rufco ejufque prap ara',
tione ^ & bientôt après, une Lettre fur un infefte de mer , qui fut comme l'avant-
coureur d'un grand Ouvrage qu'il méditoit depuis long-tems fur l'hiftoire des
Plantes, dss Zoophytes & des loie(îïes de la Mer Adriatique. Mais il moorut avant
que de l'avoif achevé, le Tt Janvier 1729, à la fuite des accideus occaConné^
par une chute faite fur le Mont Cavallo dans fon voyage de 1726.
Jean-Jacques^ fon fils, qui fut en même tems l'héritier de fa fcience & de fes
biens , trouva de riches matériaux dans le Cabinet dont il étoit devenu le maître
par la mort de. fon père. . Comme il a voit le même goût pour l'Hiftoire Natu-
relle, il mit en ordre les Manufcrits qu'il jugea dignes de voir le jour & les
donna au public , fous ces titres :
Opu feula Botanica pofthuma,. coatinencta varia itincra Botanlca per fjlriam , Monte$
Caballum^ F'ettarum ^ . Summanum & Eugeneos. f^enenis , i^r>^o , tn-4.
IJloria délie plante chc nafcono ne" Lidi intorno a ^ene;5;/a..Venife, 175 1 , in-folio. L'é-
diteur y a joint 311 figures, dont les delîîns re font pas bien exa6ïs, & il y a
fait les additions qu'il a cru nécelfaires à la perfedion de cette Hiftoire. Mais tous
•es foins qu'il s'eft donnés , n'ont point contenté les amateurs qui croyoient y trouver
ce grand nombre de plantes ,, dont la Nature a enrichi cet heureux pays.
Jean-Jacques ZannichelU ne s'eft point borné à publier les Ouvrages de fon père ,
il a donné les luivans qui font de fa façon.;
Lettera Intorno alla facolta ddV Ippocaftano. VenWe; 1733', ««'-4. 11 prétend que les
propriétés de la première écorce du Marronier d'Inde valent celles du Quinqui»
na pour la guérifon des fièvres intermittentes. M. Sabarot de La^Verniere, Dofteut
3gg'"^g*^ au Collège des Médecins de Nimes , a vérifié cette obfcrvation par les ex-
périences qu'il a communiquées par la voie du Journal de Médecine , Avril 1777.
Enumeratio rerunt naturalium qua in Muftsu Zanniclielllano ajfervantur. F'cnetiis y
3736 , ;n-4. ,
ZANONI, C Jacques J) de Montecchio , ville d'Italie au Duché de Reggio,'
s'appliqua à la Pharmacie jufqu'à Page de 27 ans ,• mais comme il paflbit pour
m des plus habiles Botaniftes de fon pays, il fut tiré de fon laboratoire pour oc-
cuper l'emploi de Diredeur du Jardin de l'Univerfité de Bologne. Son premier
ioin fut de reconnoître les plantes qui croiffent dans le territoire de cette ville ;
il fit différens voyages lur les montagnes du Bolonez , fpécialement en 1652 , & ne
manqua pas d'annoncer fes découvertes par une feuille qui parut fous le titre
•à'' Indice délie plante ponate nelV anno 1652 nel viaggio dl Caftlglione ed altri Mond
di Bologna.
Il ne fe borna pas à étudier la Nature , il confulta encore les Auteurs, tant an-
«iens que modernes; il les compara enfemble , les accorda fur plufieurs points, &
s'apperçut bien clairement que quantité de plantes décrites fous des noms différens
par divers Botaniftes , font exadteraent les mêmes. Convaincu qu'il étoit de la
néceffité de diftiper la confufion qui regnoit dans cette partie de l'Hiftoire Nato-
relle, il en fit fa principale occupation dès le moment qu'il fut choili Direfteur du
Jardin de Bologne , & il s'y livra fans relâche jufqu'à la fin de fa vie , qu'il ter-
mina dans la même ville de Bologne en 1682 , à l'âge de 67 'ans. Il laiflà un Ou-
vrage qui parut en 1675 •> in-folio , fous le titre d'/ftoria nella. quale fi defcrivono aL
cune plante de gli anticki , da moderni con altre nominl propofte , &c. Cajetan Monti '
îe traduifit de l'Italien en Latin & le donna au public avec beaucoup d'aogtaentS- -
^toQî. Sa ïradu^ion eft intitulée : .
ZANZAPZASZAU Çr^
Rar'iorum ftlrpium Hiflorla ex pane olim édita , nunc centum plus tabuUs ex comment
tariis Autoris ampliata. Bononite , 1742, in-folio, avec figures. Romts^ 1745 , in-folio ^
avec figures.
ZANTEN f Jacob VANJ étudia la Théologie , & parvint, au plus tard
en 1707 , à la charge <fe Mjniftre des Mennonites à Harlem. Comme il avoic
aufli étudié la Médecine & qu'il s'étoit fait aggréger au Collège de la même
ville , il en fut plufieurs fois Doyen avant fa nomination au Miniftere ; mais
à cette époque , il cefTa de s'occuper des affaires du Collège , & fe borna
à la pratique de la Médecine & à l'exercice de les fontlions chez les Men».
Bonites : il s'acquittoit encore de ce double emploi en 1729. JLes Ouvrages de
yan Zanten font en HoUandois. Aucun n'a rapport à l'Art qu'il profelfoit ,•
finon un Traité traduit du Latin de Jean. Dolaus , fur les moyens de guérir
& de fe préferver de la goutte , en buvant du lait. L'édition eft de Harlem.,
1709, m- 12.
ZANTVLIET, fjean DE ) Médecin, étoit de la Province de Brabant &vi-
voit au commencement du XVI fiecle. Ceux qui ont parlé de lui , n'en difent que
deux mots ; Foppens , qui naquit dans la même Province , fe borne môme à nous* lé
donner comme Auteur d'un Traité De dicetis totius anni , dont on a une édition de
Lyon, 1515, «-4, avec l'Ouvrage de Afag/i/nw , qui eft intitulé : Regimen fanitatis.
ZAPATA, ( Jean-Baptifte^ Médecin de Rome, fe fit de la réputation , vers Ta
fin du XVI fiecle , par un Recueil de fecrets, qu'il publia fous le titre de Secreti va-
Ti di Medidna e di Chirurgia. Rome , 1586 , in-S. Venife , 1595 , i/i-8. Cet Ouvrage
eft pafie de la Bibliothèque de M. Falconet dans celle du Roi de France. David
Spkjfius , Dofleur en Médecine natif de Schaffhoufe , l'a traduit en Latin & l'a intitulé:
Mirabilia Jive Sécréta Medico-Chirurgica denuà inventa , ad fanandos omnes humani
corporîs affeclus. Ulmx , 1696, m-8. M. Falconet avoit aulli cette édition dans fa
Bibliothèque.
ZAS, C Nicolas ) Médecin du XVIÎ fiecle, fit fa proféftion à Roterdam & fe
diftingua parmi les feflateurs de Louis de Bils. Ce fut pour loutenir les opinions
théoriques de cet Anatomifte , qu'il publia en 1660, z/i-ia, un Traité écrit en Hol-
landois fur la rol'ée des animaux.- l'édition eft de Roterdam. Suivant M. De Haller
Zas prétend que le chyle eft repompé par les veines, la vapeur par les vaifleaux
roriferes , & que plufieurs vaiffeaux lymphatiques aboutiflent au cœur. Diemerbroeck a
aufli parlé de cet Auteur, en particulier , au fujet du tiflu cellulaire , que cet homme
à paradoxes regardoit comme le centre qui attiroit à lui toutes les humeurs féreules.
ZAUCARIUS ou DE ZACHARIIS, C Albert ) Médecin de Bologne, eft cité
avec éloge par divers Auteurs. Il fut en réputation vers l'an i-^aô & laiflh
quelques Traités qu'on trouve en manufcrit dans les Bibliothèques des Curieux. Lp
p^us connu eft celui intitulé: GloJJa fuper Traitatum Avicenn<s de cura Upr^s,
«14 Z E C Z E F
ZECCHIUS C 3ein ) naquit à Bologne en 1533. Tl enreigna la Médecine dam
les Ecoles de cette ville vers l'an 15B0, mais comme il ne tarda point à le rendre
à kome , il fut nommé premier Médecin de Sixte V qui parvint au Souverain
pontificat en 1585. L^es iuccès de les cures dans les maladies les plus opiniîltre»
lui méritèrent une fi grande réputation , qu'il palfa pour le plus habile praticien de
fon tems , & que îsixte V le regarda toujours comme tel. Je ne lais li ies Papes
Urbain VU, Grégoire XIV & Innocect IX le prirent à leur lérvice ; la courte
durée de leur règne eft peut-être Ja caule que les Hiftoriens n'en oarlent pas .-mais
Clément VIII , ce jufte eftimateur des Sciences & ce grand protedteur des Savans,
le prit pour Ion premier Médecin en 1592, qui eft Tannée de Ion exaltation.
L'opinion avactageufe que ce Pape avoit conçue de l'habiicié de Zecchius , l'en-
gagea à prendre l'on avis fur la difpute qui s'étoit élevée entre le* Médecins de
îsaples & de Rome, au lujet de la méthode curative de» Hevres, Il dilcuta la
quelbon en prérence de Clément, & le fit avec tant de force, de folidité & d'é-
loquence, qu'il vit tout le monde embraffer ion parti & décider, comme lui, que
la pratique des Médecins de Rome méritoit la préférence. Zecchius mourut dans
cette Capitale le 2 du mois de Décembre 1601 , à l'âge de 68 ans. On a pluficurs
Ouvrages de la façon:
De Aqaarum Porrc&anaram ufu atque j>ra:Jîantiâ. Bonoila ^ IÇ76 , tn-4.
In priinam Hippocratis ylphorifmorum fzSlionan dilucidijjîma USiones. Ibidem, 1586 ^
1629 , in-4. Il y a joint diff'érens '1 raités , tant fur les jours critiques & la vérole ,
que lur la laignée & la purgation.
De ratlone purgandi , prafertim febre^ ex putrido ortas hamore , à Medlch haS/cnus in
TJibe fervatâ. Rom^, 1596, i« 4. Ce fut au fujct de la dilpute entre les Médecins
de Naples & de Rome , qu'il mit cet Ouvrage au jour.
Confultatioms Mcdicinalcs , in quibus unlverfa Praxis Medica exaStè penra&amr. Ro-
m£ ^ 1S09-I 1601, fn-4. f^enetiis , 16:7, m-4. Francofuni , 1650, i6;'9, i/i-8.
De urinls brevis & pu/cherrinia mahodui, Bononi£ , 1613, Jn-4 , avec une Diflerta-
tion De laterali dulore cumfcbre putridâ. C'eft Hercule Zecchius , DotUur en Phiio-
fophie & en Médecine, neveu de l'Auteur, qui a publié cet Ouvrage. Il en a
donué lui même quelques-uns de fa façon, mais ils confillent principalement en
différentes pièces de Poéfie Italienne.
ZEFFIRI, CSilvio ) Médecin du XVI fiecîe, étoil de Rome, oii il naquit
dans une famille honorable. Après d'excellentes éiudes qui lui frayèrent le chemin
à la célébrité dont il a joui dans la pratique, il enfeigna datis les Ecoles de fa
ville natale. Le Pape Paul III, qui fut élu le 13 Oétobre 1534, le nomma fon
premier Médecin & ne -manqua aucune oci,afion de rendre juftice ft fon mérite.
C'eft à ce Ibuverain Poatife que Zeffiri dédia le Traité qu'il mit au jour contre
ies aflèrtions de quelques Médecins de Padoue , fous ce titre.*
De putredine, Jive , de protrahenda vitA Libellas. Romte, I536, i/J-4.
Cet Auteur eut un frère aine que le même Pape éleva à la place de Châtelai»
4e la citadelle d'Ancone.
Z E L 6t5
2ELLER.,( Jean-Godefroid) Médecin Allemand, naquit le 5 Janvier 1656. Il
Itudia d'abord la Thfologie, mais étant paflë, en 168 1 , dans /es Ecoles de la Fa.
culte de MédeciiJt' de Tobingp, il y fut reçu à la Licence, & ie mit enfuite à
voyager en France , en Hollande & en ditlërentes parties de l'Allemagne. Ses cour-
fes finies, il revint dans l'Uûiverlicé de la même ville pour y demander le bonnet
de Dodeur , & il l'obiint en 1684. Le Prince d'Œttingen le prit à fa fuite en
1686 , en qoalite de Méiittin, & i! accompagna ce Seigneur dans fon voyage de
Hollande & de France. Comme ZclUr n'avoit pas perdu de vue rétabliflement
qu'il eipéroit d'obtenir à Tubinge, il vint s'y Hxer au retour de ce voyage, & il
ne tarda point à être lucceflivtment nommé Protëflèur extraordinaire & ordinaire
de la Faculté, Il le diHlDguî» dans i'une & l'autre de ces Chaires. La pratique lui
fit auflî beaucoup d'honneur , & lui mérita la contiance des Cours de Wirtemberg,
de Brunfwick & d'Œrtingen , dont il fut déclaré Conleiller-Médecin. Sa réputa-
tion paflk même jufqu'à Vienne. En 1716, il fut appelle dans cette Capitale de
l'Autriche , pour veiller à ia fanté de l'Impératrice Elilàbeth-Chrilîine de Brunl-
wick-Bianckenbourg , qui étoit enceinte. Il affilia à fes couches , & dans toutes les
occalions, il donna tant de preuves de fa prudence & de Ion favoir , qu'on le
combla de préfens à fcfi départ de Vienne. Revenu à Tubinge, il reprit fes exer-
cices Académiques, & les continua jufqu'à fa mort arrivée le f Avril 1734.
Ce Médecin a travaillé à donner le meilleur ordre podible à l'Amphithéâtre Ana»
tomique & au Laboratoire de Tubinge f il a auffi introduit une réforme néceffaire
dans les Pharmacies tant publique» que particulières du Wirtemberg , & il n'a
rien négligé pour foutenir la vogue àcs Eaux Minérales de ce Duché. Les princi-
paux Ouvrages qu'on a de lui font en Allemand , & ils ont la Chymie pour objet.
Ceux qu'il a é .rits en Latin fe réduifent à des Dilferrations en forme de Thefes ,
la plupart fur des matières curieufes & intéreflantes. On remarque parmi elles :
Difputatlo MedlcO'Forenfii , quod pulmonis in aqua fubfidtnna infant'uidai non abfolvat.
Tubing£, i6gi,in-^. Hala , 1746, in-ïi. Il y prouve que deux ou trois refpira-
tions ne futtilent pas pour dilater les véficuies pulmonaires & faire furnager le pou-
mon. D<;li il conclut que !a précipitation de ce vifcere au fond de l'eau n'eft point
un ligne certain que l'cufant n'a pas vécu.
f^iia huTiana ex funt ptndcns.Tubins,<s , i6g2 , In^. Il y confidere le foetus na-
geant dans les eaux & attaché au placenta par le cordon ombilical; mais comme
il n'ira-ginoit pts que la fource de ces eaux étoit dans les mammelons qui unif-
fcnt les membranes à la lurface interne de l'Utérus, il a fuppolé des glandes dan&
l'Amnios.
De morbis ex flruSura glandularum pnettrnaturaU- Ibidem , 1694 ,£1-4. 11 a donné,
en 1695 , une féconde Diflertation fur le même fujet.
Docimujiica fuper caufam R noxas vint liihargyriô niangonîfati. ^horfiî , 1707. Tout
le monde connoît la manœuvre des marchands qui adouciflcnt l'âpreté du via
avec la litharge; il rcfulte de ce mêlarge un vrai poifon , dont le moindre effet
eft de caufer la colique de Poitou. L'Auteur fe récrie contre cette pratique dé-
teftable , il remarque même que la juftice a quelquefois févi contre cet abus,
au point de condamner à la mort les pcrfonnes qui s'en étoient rendues coupables.
On trouve dans les Traités de Bibliographie un Jean-François Zdler qui a conjy-
tbib ZEN Z E R
^ofé une DifTertation imprimée à Prague en 1741 , 1/1-4, ^o^s ce titre: De bih &
■»ju% uju medicamentosô. Comme il exagère les ufages de la bile , il met la caufe de
prelque toutes les maladies dans les difl'érens vices de cette liqueur.
ZENAliO, ( Jacques j) de 'Montechiaro, ville du Brcfian , étoit un très-habile
■Chirurgien du XVI iîede., au rapport de François Olnto ou Ulmus ., dont il avoit
lépoufé la lœuT. Si Zenaro n^a point écrit fur la méthode de Taliacot^ il s'en
eft déclaré grand partilan ; il a même prouvé , par fon expérience , qu'il étoit poC-
ifible de réparer ks mutilations de différentes parties du vilàge.
ZENON de Chypre , célèbre Médecin du quatriem^e fiecle, enfeigna à Sardes,
où il eut Oribafe pour diiciple. 11 palTa delà à Alexandrie , & il continua de fe
faire de la réputation par le grand nombre d'auditeurs qu'il eut dans fa nou-
"velle £cole.
11 y avoit eu auparavunt d'autres Médecins du même nom, comme Zenon,
Seétateur d'Hcrophile dan» le premier fiecle , qui a écrit fur les médicamens. Galien
cite un Zenon de Laodicée & un autre qui étoit d'Athènes: on croit que le pre-
mier eft le même que l'Herophilien. GalUn ajoute que celui-là a compote un petit
Ouvrage fur les fjgnes des maladies , mais qu'il a été réfuté par ^rijîoxene^ Mé^
«âecin de la fede d'Hérophdc.
ZENON, C Antoine ) Médecin natif de Venife, fe fit beaucoup de réputation
dans fa patrie vers la fin du XV fiecle. On a de lui un Traité intitulé :
Dt natura humana & embrjone. Fenetiis , 1491, in-^.
ZERBIS C Gabriel DE ) étoit de Vérone. 11 enfeigna la Philofophie à Fa-
<3oue avant l'an 1482, & pafià enfuite à Rome, oà fes talens lui méritèrent un
accueil diftingué. On voulut l'engager, en 1492 •» à accepter la Chaire de Méde-
cine pratique qu'il étoit bien capable de remplir avec honneur, mais il la refuf»
pour fe livrer au goût qu'il avoit pour les voyages. 11 fut tué par les Turcs en
1505 , parce qu'il n'étoit point venu à bout de guérir un Bâcha hydropique qu'on
îui avoit mis en mains. C'eft tout ce qu'on fait de ce malheureux Médecin , iinoQ
qu'il a laiUë plufieurs Ouvrages , dont voici les titres .•
^natomite corporb humani (S? fingulorum illius membrorum Liber. Vmeùis , 1502 ,
1533, ia-folio. 11 eft difficile de trouver une plus mauvaife édition pour les ca-
raderes, que celle de 1502. Le fonds de ce Traité ne vaut pas mieux , car il
tit furchargé de raifonnemens vuides de chofes ; & ce qui achevé encore de gîiter
les connoilFances Anatomiques qui méritent qu'on s'y arrête, c'eft que le ftyle
de l'Auteur eft des plus barbares.
De cautelis Medicorum Liber, f^enetiis , 1503, in-folio. Lugduni, 1525, m-4. Pa-
fia, 159B.
^aaiomia itifantîs e? forci ex traduione Cophonls. Marpurgi , 1537 , in.'^. Ibidem ,
ï5i^5 , (/1-4 , avec l'Anatomie de Mundlnus. Si l'on en croit Jacques Carpi dans
fe» Commentaires fur Mundinus , Gabriel de Zerbis fut banni de ia patrie pour
vol; il ajoute même que les fils, qui avoient apparemment une femblable inclina-
ÙQQm ont termiaé honteufement leur vie parla corde.
ZEUXÎS
Z E u z r M
5ljr
ZEUXÏS de Tarente, Médecin de h Se^is d'Hérophlk^ a commenté les Ou-
, vrages à'Hlppocrate. Sirabon. parle d'une Ecole d'Hérophiliens , qui floriiroit encore
de Ion tems dans la Phrygie , c'eft-à-dire , fous le règne d'Augufte & de Tibère.
Zeuxis avoir enfeigné dans cette Ecole, & il fut remplacé ^ai uilexandre furnommé
Pkilahthe, ou l'ami de la vérité.
ZIMMER.MANN, ( Jean-George J) célèbre Médecin de ce ficelé, étudia fous
\& xv ^"^^^^ ^ Gottingue , prit fes grades dans TUniverfité de cette ville, & vint
«établir à Brugg, Canton de Berne, où il fait fa profellion. 'Ses talens lui ont
ouvert l'entrée de plufieurs Académies ; il eft Membre de celles de Berlin , de
Munich, de Palerme , de Péfaro, & des Sociétés de Zurich , de Baie, de Berne,
&c. M. Ze/eévTd , qui a traduit en François le Traité de l'expérience, peint ainfi no-
tre Auteur dans l'Introduaion qu'on trouve à la tête de cet Ouvrage : n M.
». Zimmermann eft un de ces hommes nés pour le bien de l'humanité, & qui a ef-
» fuyé , comme tant d'habiles gens, les traits malins des erreurs populaires: audi
« démafque-t-ii bien ces erreurs. Produit par la candeur & la vérité, fon mérite,
» reconnu de plufieurs Académies, s'eft fait avouer; & fcs ennemis fe font tus.
» Habitant d'un pays heureux , où l'elprit de liberté qui anime toutes les Sciences \
» donne toujours un libre effor aux facultés de l'amej intime ami & imitateur zélé
» d'un des premiers hommes de notre fiecle; CM. le Baron de HalUr J doué de
» toutes les qualités qui font l'aimable homme , il s'eft fait connoître par les titres
n les plus avantageux. Philofophe prudent , Médecin éclairé , citoyen zélé
» ennemi de l'erreur ; telles font les qualités qui l'ont rendu intércli'ant à la fo-
» ciété. r, Ses Ouvrages lui ont mérité l'eftime du public, & tout ce qui eft forti
de fa plume , figure très-bien à côté des lavantes produirions que nous devons
aux célèbres De Hallcr & Tljjbt., fes compatriotes. On remarque d'abord la The-
fe qu'il foutint à Gottingue pour fon Doilorat , & qui parut dans cette ville,
en 175 1 , Jn-4, fous ce titre: Dijfertatio de irrhabilltate. Mais on lui doit encore:
Traité de VexpérUnce en général, & en particulier dans VArt de guérir. Traduit de
l'Allemand par M. Lefebvre. Paris, 1774, trois volumes i/i-ia. Cet Ouvrage a reçu
en France le môme accueil qu'il a éprouvé en Allemagne ; il n'a rien perdu dans les
mains du Traduéïeur. Les gens du monde y trouveront un excellent préfervatif contre
l'empirifme & le charlatanifme ; ils y apprendront à diflinguer le vrai Médecin , l'hom-
me de génie , de ces routiniers aveugles qui font de la Médecine un vil métier. Les
Médecins apprendront à mieux connoître les fources où ils doivent puifer les connoif-
fances qui leur font néceffaires , & les moyens d'acquérir la véritable expérience ,
celle qui peut les mettre en état d'être véritablement utiles à leurs concitoyens. C'eft
ainfi que feu M. Roux a parlé de ce Traité dans le Journal du mois de Juin 1774.
Traité de la dyjfenterie , traduit de l'Allemand par le miSme. Paris, 1775, /n-ia.
L'Auteur , dit M. Lefebvre dans la Préface, qui exerce la Médecine dans un pays
où cette maladie fait prefque tous les ans les plus cruels ravages, s'eft rendu plus
intéretfant que ceux qui l'avoient précédé. Moins attentif à la méthode des
Ecoles & à tous les fyfiêmes , qu'à bien établir la vraie méthode curative , il
çxpofe d'abord les Faits dont il a été témoin , enfuite il en examine la nature,
TOME IK iiii
6i3 Z I N Z I T 2 O B
après quoi il détaille tout ce qui a rapport à la cure. C'eft à-peu-près ce qu'ont fait
ceux qui ont écrit avant lui fur cette maladie ,• mais notre Auteur les furpaflè , en dé",
montrant que les épidémies d'une année, ou môme d'une faifon , n'ont pas toujours le
même taradere. Il propofe les moyens de reconnoître ces variétés, ISi en généraliiant
les préceptes du traitement , il s'attache à faire voir les nuances qu'on doit mettre dans
l'appHcation de ces préceptes dans les difléretites épidémies. M. Roux n'a point parlé
moins avantageul'ement du Traité de la dytienteric que de celui de l'expérience. Il ter-
mine ainli l'extrait qu'il a tait du premier , Journal de Février 1776 : pour ne rien laiflèr
à defirer fur la m<ttitre qu'il avoit entrepris de traiter , notre Auteur a confacré deux
chapitres à l'examen de quelques nouveaux médicamens & de certains fpécifiques
qu'on a vantés contre cette cruelle maladie," il fe montre à cet égard , comme fur
toit le relie , excellent obiervateur & praticien confommé. Son Ouvrage eft cer-
tainement le meilleur Traité que nous ayons fur cette matière importante.
ZINN , ( Jean-Godefroid_) célèbre Profeffeur de Médecine à Gottingue , mou--
rut dans cette ville le 6 Avril 1758 , à l'âge de 32 ans. Comme il avoit marché
à pas de géant dans la carrière des Sciences, fa jeuneffe ne l'empêcha point de
figurer avantageufement à côté des grands Hommes de l'Académie de Gottingue ,
de l'inftitut de Bologne & de la Société Royale de Berlin , qui le virent avec
plaifir au nombre de leurs Collègues, Profitant de l'afcendant que lui donnoit fon
génie, il foutint les opinions de M. De Haller , fon Maître, & publia de nouvel-
le>i expériences fur l'infenfibilité du péricrâne & de la dure-mere , fur les bleflures
du cervelet & de la moelle épiniere. Plus occupé cependant de les recherches fur
la ftrudure de l'œil, il ne s'eft point borné aux Dilfertations qui ont été foutenues
dans les Ecoles de Gottingue fur cet organe, il a encore communiqué à l'Acadé-
mie de la môme ville quelqiïes Ménwires intéreffans , & il a fini par publier l'Ou-
vrage le plus complet & le meilleur que nous ayons fur cette matière. Le titre porte."
Defcriptio Anatomica oculi humanl Iconibus illuflrata. Gottingx^ ^755 » ''^-4'
Mais Zinn n'étoit pas feulement Anatomifte ; il avoit encore fait de fi grandi-
progrès dans la Botmique, qu'il fe trouva en état de mettre au jour un Catalo-
gue raifonné des plantes du Jardin & des environs de Gottingue. Il eft intitulé:
Catalogus plantarum Horti Academici & Agri Cottingenfis. Gottinga , 1757 , jn-8 »
avec figures.
ZITTMANN , ( Frédéric ) de Toeplitz en Bohême, fit la Médecine dans les
troupes de la Couronne de Pologne. II y avoit iervi depuis long-tems , lorfqu'il prit
le parti de retourner, dans le lieu de fa naifiànce, où il mourut le 15 Mai 1757,
Il s'appliqua à recueillir les décifions de la Faculté de Leipfic fur les cas les pluj
rares qui avoient été fournis à fon jugement , & il en forma un volume qui com-
prend les réponfes données depuis 1650 jufqu'en 1700. Ce recueil parut à Franc-
fort en 1706, in-4, avec figures; il eft écrit en Allemand,
ZOBEL ( Frédéric ) naquit dans le Holftein. Il fut nommé en 1636 à l'emploi
de premier Médecin du Duc de Holftein-Gottorp , & comme ce Prince aimoit la
Chymie , il lui confia encore la direflion de ion Laboratoire. Zobel mourut vers
J'an 1647 ,. &i environ trente ans après fa mort , Giorgc-fVolf^ang Widd publia ua
ZOLZOPZOR 619
Ouvrage qu'il avoit écrit fur les préparations du Tartre , auxquelles on avoit tra-
vaillé de fon tems dans le Laboratoire de Gottorp. Cet Ouvrage eft intitulé :
Tartarologia fpagyrica^ feu^ medicamentorum ex tartaro in Laboratorio Gottorpimfi pa-
ratorum fiddis defcrlptio. Jerns , 1676, 1684, in- 12.
ZOLLICOÏ'FER, CHedor J de Saint-Gai , ville alliée des Suiflès , prit le bon-
net de Dodeur dans la Faculté de Médecine de Montpellier en 1620. Les Biblio-
graphes ne parlent de lui qu'au fujet d'une Diflertation De Phlltris, que Jean-Jacques
Genathius inféra dans le recueil publié à Bâlc en 1622 , in-^.
ZOPYRUS , Médecin du XXXIX fiecle, communiqua à Mitîiridate VI, dit
Eupator, Roi de Pont, la recette d'un antidote contre toutes fortes de poilbns.
Ce Prince en fit faire diverfes expériences fur des criminels condamnés â la mort ,
tx la plupart réufljrent.
Celfe parle d'un antidote appelle ^mbrojîa , qui fut compofé par un Médecin du
même nom pour un Roi Ptolomée; on en trouve la defcription au Livre V, Cha-
pitre XXIII, De antidotis S quibus mails opituUntur. Mais cet antidote cft différent
du premier ; il pourroit cependant être de la compolition du même Médecin ,
qui l'auroit préfenté à l'un des Ptolomées , contemporain de Mithridate VI.
Il fe trouve un autre Zopyrus , Médecin qui vécut dans le deuxième Jiecle , du
tems de Plutarque.
ZOROASTRE apalfé , chez quelques Auteurs , pour avoir inventé l'Aftrologie.
On l'a confondu avec Noé, avec Mefraïm, avec Abraham; & d'autres l'ont fait
difciple d'Elie , d'Elifée , des Réchabites. Pierre-Daniel Huet , Evêque d'Avranches ,
prétend que Zoroafire n'eft point différent de Moïfe. Grégoire de Tours le fait pafTer
pour Cham, fils de Noé , &à cette occafion , il obferve que le nom de Zoroafire
Cgnifie Etoile vivante, L'Abbé Banier croit qu'il eft le même que Mefraïm , fils de
Cham j iijufîin, au commencement de fon Abrégé de Trogue Pompée , rapporte
que Zoroafire a été Roi de la Baiftriane & qu'il fut tué dans une bataille contre
ÎJinus , Roi des AfTyriens.
La différence des opinions fur le tems auquel ce perfonnage a vécu , eft une
fuite de celles qu'on a eues fur ce qu'il étoit lui'-même. Selon Xanthus le Lydien ,
il vécut 600 ans avant l'expédition de Xerxes en Grèce ; fuivant Plutarque & Suidas ,
6000 ans avant Platon , c'eft-à-dire , plus de 2000 avant Adam / mais cette erreur de
Chronologie tire fa iburce des fables des Egyptiens qui faifoiffnt le monde plu»
ancien qu'il n'eft.
Il eft afl'ez vraifemblable que la divtrfî'té de fentimens fur le compte de Zoroafire^
a pour fondement l'exiftence de plufieurs hommes de ce nom. Un de ceux-là a palTé
pour Médecin, & parmi les Livres qu'on lui a attribués, on en trouve quelques-uns
cités par Pline ^ qui traitent De la nature des pierres précieufes. On le fait d'ailleurs
inventeur de la Magie ; mais cet Art , fondé fur l'impofiure , avoit tant de part
dans la Médecine ancienne , que lui feul peut avoir donné occafion de ranger Zo-
Toaftre entre les Médecins. Lipenius parle d'un Manufcrit qu'on a tiré de la Bi-
bliotheque de lianioyius & qu'on a publié en Latin à Hambourg, 1593, in-8 , fous
le. litre de Magia Philofophicaj hocefi^ Zoroajl^ ^ ejus CÇÇXX Oracula Chaldffùa,
Cio *Z ^O S ^Z U M
Il y a auflî une édition de Francfort, 1673, tn-ia, dans le Tnnuin Maglcum de
Céfjr Longlnus.
Encore que Zoroafîre n^auroit été que le chef des Ma^es , c'ert-à-dirc , de ces Phi-
iorophes qui joignoient l'étude de la Métaphyfique , de la Phyfique & de la Science
Naturelle à l'étude de la Religion , ces coniioiflances dévoient encore le faire pla-
cer au nombre des Médecins , parce qu'anciennement ceux qui fe difoient tels,
s'appliquoient à tout ce qui peut éclairer l'eiprit. On dit que ce chef des Mages
vécut dans la iblitude des mortagnes, & qu'il apprit aux Perfes à adorer la Di.
viuité , Ibus le 'ymbole du feu. Il eft encore en vénération parmi ceux de cette
nation "qui ne (uivent pa? la religion de Mahomet , mais l'ancienne croyance du
pays. On nomaie Guebres , c'eft-à-dire , infidèles , les i'edïateurs de Zoroajlre qui lub-
fiftent en Perle.
Les Bibliographes parlent d'an Zoroajlre qui a écrit de la Vétérinaire ou de 1»
Médecine des bâtes.
ZOSIME fut furnoramé Panopolitain, parce qu'il étoit de Panopolis, ville d'E-
gypte. Le Pcre Dtlrlo & Naudé. dilect qu'il eft le plus ancien Auteur qui ait écrit
en Grec fur la Chymie, & ils le placent fous l'Empire de Dioclétien , vers la
fin du troifieme (jecle» Boerhaave , qui parie de Zojime au chapitre Z>e Hijloria
u'Inis qui eft à la tête de Tes Elémens de Chymie, dit que George ^gricola z vu,
en 1550, les Manufcrits de cet Auteur, & que Jofeph Scaliger & Olaus Borrich'ius
les ont trouvés dans la Bibliothèque du Roi de France. Ils font en Grec ; mais
pour ne point laiffer ignorer leurs titres à ceux qui ne connoifient point cette
Langue , on les a rendus ainfi en François :
Ouvrage de Zofime fur la compojuion des eaux.
Livre du divin Zofime fur la vertu & V interprétation.
Ouvrage de Zofime fur V^rt facré & divin.
Ouvrage de Zofime fur les infirumens & les fourneaux.
Lies Hiitoriens font mention d'un autre Zofime .^ Philofophe qui étoit d'Alexandrie
& qui vécut fous le règne de l'Empereur Théodofe le jeune , vers Tan 410. Ses
Ouvrages , dont Cellarius a donné une édition Grecque en 1696, font entremêlés
de divers dilcours qu'on ne peut lui attribuer avec juftice , parce qu'il y eft quef-
tion de plufieurs chofes qui étoient parfaitement inconnues aux anciens Médecins
de la Grèce, & qui n^ont été nommées & mifes en ufage que par les Perfes &
les Arabes. Dans fon 'Jraité adrelië à Théoiebfen, il rapporte les fpéculations-
des Platoniciens & les fables des anciens Egyptiens à la Chymie ; il applique
.même la vifion prophétique d'Ezéchiel , au liijet de la réfurret^ion, aux procédés
de cet Art.
ZUMBACH DEKOESFELD, C Lothaire ^ de Trêves, où il naquit le 27
Aoîit i66i , remplit, pendant trois ans, les places de Maihématicien & de Mufi.
cien à la Cour de Maximilien-Henri de Bavière , Electeur de Cologne. A la mort
de ce Prince en 1688 , il fe rendit à Leyde , fe mit fur les bancs de la Faculté
ée Médecine, & mérita les honneurs du Doi^orat en 1692. Les connoifiances
qu'il avoit de l'Aftionomie engagèrent les Curateurs de l'UnivcrGté de Leyde as
Z U s Z W E 6ai
le retenir dans leurs Ecoles pour y enfeigner cette Science ; màfs il fe dégoûta
bientôt de cet empla' qu'il quitta pour aller fe fixer à Caflel , où il avoir été
rommé à la Chi.ire des Mathématiques, quoiqu'on sijt bien qu'il profeflbit la Re-
ligion Catholique Romaine. Zumbach mourut dans cette ville le ag Juillet 1729,
& iaifla un Ouvrage imprimé à Leyde en i6go , in.B , fous ce titre : Flore Lu^duno.
Bdtdvts flores , /îve, Sdrpes annô 1689 demonjhatis à Paulo Hermanno.
Conrad Zumbach^ fon fils, embrafia auffi le parti de la Médecine, fur laquelle
il a écrit :
De vero in Mcdlcina invenlendô. Lugdunl Batavorum , 1724 , w-4.
De puljlbus 6? urlnis. Ibidem, 1741, in-li.
ZUSNER , C Urbain ) reçut le bonnet de Docteur en Médecine à Wittem-
berg le 13 Juillet 1571, & paffa enfuite dans la Carinthie , où il mourut en 1645,
à l'âge de 96 ans, après 56 de pratique.
^dam.^ fqn fils , de Clagenfurt en Carinthie , naquit le 16 Septembre 1602. Il
n'avoit que douze ans, lorfqu'on l'envoya étudier à Strasbourg, où il acheva fon
cours d'Humanités & fit celui de Philolophie. Mais comme on le defiinoit à la
Médecine, il employa une partie des fix années qu'il demeura dans cette ville , à
s'appliquer à la Chymie fous Jean. JCufer. Au bout de ce terme, il paffa fucccilive*
ment à Tubingue & à Padoue, & après un féjour de deux ans dans chacune de
ces Univeriités , il quitta la dernière pour fe rendre dans fa patrie par la France.
Il retourna à Padoue en 1628, & en 1630, il y reçut le bonnet de Dofleur en
Philofophie & en Médecine des mains de Céfar Crenuaini. Revôtu de ce titre, &
fupérieurement au fait de toutes les connoilfances nécelTaires à l'exercice des fonc-
tions qui y font attachées , il ne parut pas plutôt dans fon pays, qu'on s'empreffà
à le nommer Médecin ordinaire de la Province. Il fut cependant obligé d'aban-
donner cet emploi pour caufe de religion; il fe retira en 1637 à Nuremberg, où
il mourut le premier de Mars 1661.
ZWELFER C Jean ) naquit dans le Palatinat du Rhin en i5i8. Son premier
goût fut pour la Pharmacie & il s'y appliqua pendant leize ans; mais voulant fe
pouffer à quelque chofe de plus que cette partie miniOrante de l'Art de guérir,
il le mit à étudier 1" fonds même de cet Art , & fe rendit enfuite à Padoue , où
la Faculté de Médecine lui accorda le bonnet de Dofteur, D'abord après fa pro-
motion, il pafia à Vienne en Autriche & s'y fit eftimeti on affure même qu'il
enfeigna publiquement la Chymie dans cette ville & qu'il fut Médecin de la Cour
Impériale; il ne s"en donne cependant point le titre à la tête des Traités Phar-
maceutiques qui furent imprimés différentes fois avant fa mort arrivée en 1668, à
l'âge de 50 ans. On a de lui :
^nimadverjîcmes in Pharmacopœïam yiuguftanam & annexam ejus mantljfam. F'iennts
^uftria , 16^1 , in-folio. Goudte , 1653 , ira-8. Roterodami , 1653, "^'S- J^orlmbergce ^
1657, 1667, in-folio. Dordrechii, 1672, deux volumes i/1-4. Norimbcrgis , 1675,
in-folio^ 1693, ''*"4* ^" Y a J'jint quelques autres Ouvrages du même Auteur.
uippendix ad an'madverjlones in Phannacnpϕam ^uguftanam. Pharmacopoiia Regia^
feu y D'fpenfatorium abfolutijpmuin. JDifcurfas aplogeticui tidrcnàs Hippocratem Chjmicunx
&i^ Z W l
Ottonls Tackenll, & T^lndida contra Francl/cum rerny, Pharmacopaam MotifpelUnftm.
Wdfchîus a foutcnu la Pharmacopée d'Ausbourg contre les remarques de Zwelfer
qui a manqué ion but, pour avoir voulu poulfer fa cenfure trop loin, & princi-
palement pour n'avoir pas été afle^ inftruit de la Chymie. Comme notre Auteur
s''eft d'autant plus livré au goût de fon fiecle & de fon pays pour la Polyphar-
macie , qu'il en avait pris les principes durant le cours de fes premières études ,
il aimoit à entafier les rerpedes les uns fut les autres : les Arabes n'auroient pas
donné dans un tel excès.
ZWINGEIi, C Théodore ) de Bifchofs-Zell , ville de Suiflè dans le Turgaw,
îiaquU le a Août 1533. Ceft le fentiment de Matthias qui n'eft pas d'accord avec
Manget fur le lieu de la naiflance de ce Médecin. Selon le dernier , Théodore vint
au monde il Bâle de Léonard Zwïnger , bourgeois de cette ville , mais natif de
3ifchofs.Zell , & de Chrétienne Oporin^ fœur de /ean, fameux Imprimeur. Cette
difi'érence d'opinions ne mérite pas qu'on s'y arrête ; il fuffit de l'avoir fait re-
jnarquer.
Théodore abandonna la maifon de fon père qui vouloit l'obliger à travailler dans
fa boutique de corroyeur. Comme il ne fe fentoit pas fait pour ce métier , il
pafla à Lyon, où il demeura trois ans chez un Imprimeur, & donna à l'étude
tout le tems dont il étoit le maître. Delà il vint à Paris , & après y avoir fuivi
les leçons de Philofophie de Ramus , il fe rendit en Italie & s'appliqua à la Mé-
decine pendant fix ans dans les Ecoles de Padoue. Il y prit le bonnet de Doc-
teur en 1559, & retourna enfuite à Bâle , oti il enfeigna la Langue Grecque,
& fucceffivement la Morale , la Politique & la Médecine. Zwinger fe fit eftimer
dans cette ville par la diverlité de fes talens; il y fut même fort regreté à fa
mort arrivée le 10 Mars 15B8 , à l'âge de 54 ans , fept mois , huit jours. On chargea
fon tombeau de cette épitaphe:
Triuni Sacrîjivi.
THEODORUS ZWINGER.US BASILIENSIS,
■Cam ex Philofophia tenebras.
Ex Artz MeiicçL humanas miferlas deprehendijjht ,
Summi boni cognofcendi , potiundique defîderià accenfus ,
Chriftiano Pkilofopho dignam mentis commendationem inftltuit
yivenfque mortuus efi , ut mortuus viveret.
B. annos 54 , menf. 7 , dies 8 ob.
uinnô Chrijîi 1588, VI Jdm Martii.
Aima fides abiit , fpes indubhata ncefft.
Perfruor, iatueor , Jhlus ainor remanet.
C3O
z w 1 fci
Le principal Ouvrage de ce Médecin eft le Théâtre de la vie humaine qui avoit
été commencé par Conrad Lycofthene, fon beau-pere; mais comme celui-ci n'avoit
pu y mettre la dernière main , il pria Zwinger , en mourant , d'y donner fes
foins & de l'achever. Notre Auteur y travailla & le fit paroître en Latin à Bâle
en 1565, in-folio. Nous avons encore de fa façon:
Jn yinem Medlcinalem Galeni Tabula & Commentarii. Bafilea , 1561 , ia- folio.
In Galeni Librum de conftituûont ^nis Mcdica Tabula & Commentarii. Ibidem ,
1561 , in-folio, avec l'Ouvrage précédent.
Meihodus ruftlca Catonis atque F'arronis , prxceptis aphorifiicis , per locos commuais
digejlis , typlcè ddlneata & illufirata. Ibidem , 1576 , in H.
Methodus apodemica , feu ., de itlnerihus. Bajîlea ., 1578, //i*4.
Hippocratis Coi v'.^inti-duo Commentarii Tabulis illufiraii. Ibidem., 1579» in-folio,
Conjilia & Epljîolte quadam Medice. Francofarti, ^59^» in-folio, dans le Recueil
de L. Schol^ius.
Phyjîologia Medica eleganti carminé confcripta , rebufque fcitu dignijfimis , Theophrafti
item Paracelfi y totius ferè Medicine dogmatibas illufirata. Bafika: ., 1610, i/i-8. Cet
Ouvrage n'cft point écrit dans le goût de notre Auteur , & par.là on cft autorifé
à le mettre au nombre des pièces qu'on a fait paroître fous fon nom. Zwinger fut
un des plus ardens feiîïateurs à'Hippocrate, & conféquemment contraire à la Seiïe
Chymique, mais fur-tout à la doétrioe de Paracdfe, Matthias attribue cette Phyfio-
logie au Médecin dont je vais parler,
2WINGER, ("Jacques^ fils du précédent, vint au monde à Bâle Je rc Août
1569. 11 étudia les Beiles-Lettres dans fa patrie, mais il fe rendit en 1585 à Padoue
pour fon cours de Médecine. Avant que de revenir chez lui , il parcourut toute
l'Italie & fit d'excellentes remarques fur les monumens qu'il vit^dans cette partie de
l'Europe, qui mérite toute l'attention d'un voyageur curieux. Il retourna à Bâle en
1593, & l'année fuivanie, il prit le bonnet de Dodeur en Médecine. Peu de tems
après fa promotion , il fut nommé à la Chaire de la Langue Grecque ; il ne tarda
même pas à obtenir l'emploi de Médecin de l'Hôpital de Bâle , qu'il eut la gêné,
rofité de remplir gratuitement pendant plufieurs années. Son délintérelfement lui mé-
rita l'eftime de Guillaume ^rragojîus de Touloufe, qui avoit été Médecin de trois
Rois de France & de l'Empereur Maximilien II. 11 fit fon tcftament en faveur de
Zwinger & le nomma fon héritier univerfel; mais celui-ci ne jouit pas long-tems de
ce bienfait, ^rragofius finit fa carrière le 13 Mai 1610, & notre Médecin mourut
de la pefle le 11 Septembre de la même année, à l'âge feulement de 41 ans.
Jacques Zwinger a corrigé & augmenté le Théâtre de la vie humaine publié par
fon père, & comme il avoit beaucoup de goût pour le travail, il fe difpofoit à
donner des Ouvrages de la façon, lorCque la mort arrêta fa plume & Ibn zèle.
La Médecine loi doit un Traité intitulé;
Principiorum Chymicorum examen ad gêneraient Hippocratis , Galeni , aeterorumque
Gracorum & jirabum confenfum inftitutam. Bajîlea , 1606 ,in-S. On n'a pas manqué de
recueillir les oblervations & les Lettres Médicinales de cet Auteur ; on les trouve
parmi les Oblervations Chirurgicales de Guillaume Fabrice Hddan , 6j dans Ja Cifla
Jdidica de Jean Hornuag.
624 Z \V I
ZWINGER-, C Théodore^ fils de Jacques , naquit en isgjr. Il eut d'abord du
goût pour la Médecine , mais il changea de deflein au retour d'une grande mala-
die, & le détermina à étudier la Théologie. En 1627 , il fut nommé Pafieur de
Saint Théodore ; & comme il ne laifloit pas d'être palFablement au fait de la Mé-
decine , pour le peu de tems qu'il s'éioit appliqué à cette Science , il eut occ'afion
d'ailier les fondions du Miniftere avec celles de Médecin, durant la pefte qui
ftffligea la ville de Bâie en 1629.
yejB, fon fils, enfeigna le Grec à Bâle & fut Bibliothécaire de l'Univerfité de
cette ville , où il mourut en 1696. On a de lui :
De monjhis ^ eorumque caufis ac dlfferentiis. Bajilea , 1660, in-^
ZWINGEll, C Théodore ) fils de fcan, vint au monde à Bâle te 26 Août
1658. 11 étudia la Médecine dans les Ecoles de fa ville natale, & il y reçut les
honneurs du Dod^orat en 1680. Les progrès qu'il avoit faits dans fa patrie ne le
contentèrent pas ; il voulut fe perfectionner chez les étrangers. A cet effet , il pafTa
en Allemagne & en France , & il y léjourna pendant deux ans. Au bout de ce
terme , il revint dans la patrie qu'il enrichit de les connoifiances. Il en avoit fait
une récolte fi abondante chez les Savans auxquels il s'étoit attaché , qu'on ne tar-
da point à le mettre en place de communiquer aux autres le grand fonds de fcience
qu'il avoit acquis en différens genres. Depuis 1684 jufqu'en if 11 , il fut fuc-
cellivement Profefieur d'Eloquence , de Phyiique , d'Anatoraie , de Botanique , de
Théorie & de Pratique. A tant de charges publiques , les Cours de Wirtemberg ,
de Helfe-Caffel & de Bade ajoutèrent encore celles de leur Médecin , & l'Aca-
démie des Curieux de la Nature l'aggrégea à fon Corps fous le nom d'Ariflatz I ,
pendatit que la Société Royale de Berlin le raettoit au nombre de fes Membres.
Zwinger mourut le 22 Avril 1724 & fut beaucoup regreté de l'Univerlité de Bâle»
à qui il avoit fait autant d'honneur par la Chaire que par fes Ouvrages. Voici les
titres fous leiquels ils ont été publiés:
Thcatram Botanicum. Bâle, i6go, in-folio , en Allemand. Bernard F'eriafcha avoit
donné « en 1678, les planches de Camerarius , & Zifln^er , pour faire quelque chofe
de mieux , augmenta ce Recueil de toutes les eipeces de plantes qu'il trouva dans
les Ecrits de Gafpar Bauhin.
Scrutiniam magnens Phyfico-Medicum. Bafdeee , 1697, '"•^•
Spécimen Phyjlcis Eckciico-Experimentdis. Ibidem^ m-12.
LJichaëlis Ettmullcri Opéra omnia in compcndium redacia. Londtnl , 1701. Cet Abrégé
des Œuvres A'Ettmuller a reparu à Lyon, 1705, jn-8; à Bâle, 1724, 1738 ,
deux volumes i/i-8.
Diffenatio de acquirenda vitiC lon^âivitate, Bafikte, 1703, m-4 , 1711 , i/i-8.
Theatrum Praxeos Medic<s. Jb!dem , 1710 , 1740, //1-4.
Fafcicalus Dijfenadonum Msdicarum. Jbldem , 1710 , m-4.
De methodo mathemaùcâ docendi Mcdicinam. Ibidem^ 1714 , fn-4.
Trl^a Dijfenadonum de plantis najlurcinis , de epilepfia & de morbis prteUaatlam.
Ibidem , 1716, in-4.
Pœdujatreia Medica , fcii , curatio morborum puerîlium : acceffn fpecimen Materia
Medica , cam lemedlorum formuUs. Bafilsfi, 1722 , deux volumes //i-8. Il y parle
aile%
Z W I Z Y P 6os
aflez bien des maladies des enfans , pour lefquelles il confcille l'ufage des abfor-
bans. Harris a fuivi la même méthode.
■ Dijfirtationcs ds morbts à fafcino & fafclnô contra morbos. Ibidem , 1723 , in-/^.
ZWINGEIi, ( Jean- Jacques ) fils aine du précédent, étoit de Kâle , où il
naquit le n AoCit 1685. U étudia la Médecine avec tar,t de luccè? , fes pro.
grès furent même fi grands & fi rapides , qu'il obtint les honneurs du Doaorat
au bout de l'année qu'il s'étoit mis fur les bancs. Né dans une famille de Mé-
decins , l'exemple de fes pères avoit réveillé le goiàt qu'il avoit hérité d'eux
pour la Médecine , & les inftruflions domefiiques l'avoient initié dans la Science
qu'il fe propofoit de cultiver dans les Ecoles de fa patrie. Tel accueil qu'on
eût fait à fes talens , il jugea moins favorablement de lui-même ; il voulut
voyager pour chercher l'occaiion de multiplier fes connoiflances , & fur-tout
celles qu'il vouloit acquérir dans la Botanique qu'il aimoit. Il commença l'es voya-
ges par Genève j mais la mort l'arrêta dans cette ville, où il termina fes courfes
& fa vie le 9 Odobre 1708 , à l'âge de 23 ans. On le regreta , moins pour
ce qu'il valoir , que pour ce qu'il auroit été en état de valoir , fi la Provi-
dence lui eût accordé de plus longs jours. Sa Dificrtation inaugurale, qu'on efii»
me , traite De valetudine plantaram fecundâ &" adversâ.
Jean ■ Rodolphe ^ fon frère , aufiii Dofleur en Médecine de la Faculté de Bâie,
fa patrie , enfeigna la Logique, pendant dix ans , dans les Ecoles de cette
ville. En 1721 , il fuccéda à Jean -Henri Stahel dans la Chaire d'Anatomie &
('e Botanique , & depuis il remplaça fon père dans celle de Pratique. On a
îe lui un Ouvrage Grec & Latin, qui cft intitulé ;
Magni Hippocratis Opafcula ^phorijiica Semeiodco-Tliernpeutlca oclo. Bajihie , 1748 ,
1-8. Il contiem les Aphorifmes , les Prénotions , les Prorrhétiques » les Livres
les humeurs , des crifes & des jours critiques , auxquels il a joint Spéculant
llppocraticum , qui eft une Table exaifle des fentences & des prédidlions A'Hip-
pocrate , fuivant l'ordre des maladies & des chofes qui fe rapportent à la
Médecine.
Frédéric Zipinger , le plus jeune des fils de Théodore , dont on a parlé à
l'article précédent , étudioit le Droit lorfque fon père mourut en 1724. Il pafla
alors dans les Ecoles de la Faculté de MéJccine , & il y fit tant tie progrès,
qu'on prévit bientôt qu'il atteindroit un jour à la fcience & à la réputadon
de i'cs ancêtres. Il enfeigna l'Anatomic & la Botanique à Bâle avec tant de
difiinilion , que le Marquis de Bade-Dourlach Je nomma fon Médecin. Quant
à fes Ouvrages, ils conliftent en Thefes Anatomico-Botaniques, dont le recueil
fut imprimé à Bâle en 1731 , i/1-4. En 1745 > il publia le Théâtre Botanique de
fon père , avec des augmentations ; mais comme celui-ci y avoit mis psu de
figures de plantes', il en ajouta plufieurs aflez bien gravées en bois.
ZYPE , Ç François VANDEN ) dit Zyp^us , ProfelTeur d'Anatomie en l'U-
niverfité de Louvain , fa patrie , flonifoit vers la fin du XVII fiecle. Avant
que d'enleigner à Louvain , il avoit été Ledeur d'Anatomie & de Chirurgie à
Bruxelles; & comme il s'étoit acquitté de cet emploi avec une eftime séné-
TOME ir. Kkkk ^
626 Z Y P
raie , qu'il av*ît même méri'é celle du Prince de Parme , Gouverneur des
Pays-Bas ,^^41 ne lui fut pa- difficile de monter au rang de Prof.fTeur dans les
Ecoles de'fa ville natale. F'^nden 'Zype prend le titre de dépcfiraire royal de
la méthode de Bih pour rembaumement des cadavres, & il s'en pare i^latête-
du Traité iuivant : '
Fandamenta MzUcin£ Pliyfico-yfnatnmica. 5ruxe/?/j , 16R3 , 17:^1, in-11. Lugdunl,
l6gî , inii. Cet Ouvrage a été long-tems au nombre des Livres cladlques de
la Faculté de Médecine de Louvain ; mais les InRitures du Uofleur De Filkn
l'ont fait tomber , & eux-mêmes ont cédé la place à la grande Phyfiologie du
favant Di Huiler.
F 1 N.
^Mi^=^-j==^ ^^'-
PERMISSION.
Ks Onvragesquî ont l'utilité publique pour objet, méritent d'être s ccueillis. Celui
intitulé : DiS.nnnairt hijtorique de la AîiJecine ancurine & moderne , e(t de ce nombre ;
il eft autant propre à inlhuire les Médecins fur tout ce qui a rapport à THiltoire
de leur Art , qu'à bannir de la Médecine les lyltêmes & les maximes dangereules
ou inutiles, qui en dé>honorent la Pratique. L.es perinnnes même qui ne font pas
profi-flion ce cet Art , trouveront dans ce Dictionnaire des pr'ccptes & des ré-
flexions dont elles pourront profiter. Nous en permettoas rimprtliion.
Mons , ce 6 de Juillet 177?.
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